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1 Le mercredi 12 avril 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 [Le témoin entre dans la Cour]
5 --- L’audience débute à 9 h 32
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers.
7 Me SAYERS (interprétation) : Permettez-moi
8 d’intervenir quelques instants pour vous dire ce qu’il en
9 est de nos témoins.
10 Le témoin suivant est prêt à venir déposer. Il
11 est dans notre bureau. Il est en train de signer la
12 version définitive du résumé de sa déposition préalable.
13 En ce qui concerne le troisième témoin,
14 malheureusement, il semble qu’il soit allé de Sarajevo à La
15 Haye par Istanbul, et donc, il est coincé à Istanbul. Il
16 n’est pas là actuellement, mais nous pensons qu’il sera là
17 ce soir et que nous pourrons le préparer pour qu’il dépose
18 demain.
19 Quant au quatrième témoin, il est prêt et nous
20 espérons pouvoir en terminer avec sa déposition vendredi.
21 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Il préfère
22 peut-être Istanbul à La Haye.
23 Me SAYERS (interprétation) : Peut-être en effet,
24 Monsieur le Juge.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers,
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1 nous allons essayer d’écouter tous ces témoins. Comme je
2 l’ai dit, il faut que nous ayons une conférence de mise en
3 état, et cette semaine, nous allons également siéger
4 vendredi après-midi, ceci afin d’essayer d’entendre tous
5 les témoins.
6 Me SAYERS (interprétation) : Oui, mais j’ai un
7 avion à 17 h 00. Donc, il est possible que je quitte le
8 prétoire un peu plus tôt.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Faites-nous-le
10 savoir par les canaux habituels de façon que nous puissions
11 organiser une conférence de mise en état.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Mikulicic.
13 Me MIKULICIC (interprétation) : Bonjour, Monsieur
14 le Président et Messieurs les Juges. Bonjour, mes
15 confrères du Bureau du Procureur.
16 TÉMOIN : FILIP FILIPOVIC
17 (SOUS LE MÊME SERMENT)
18 INTERROGÉ PAR Me Mikulicic
19 (interprétation) : [Suite]
20 Q. Bonjour, Général. Nous allons poursuivre là
21 où nous sommes arrêtés hier. Je vais tout simplement vous
22 rappeler. Nous avons parlé d’une action conjointe entre
23 les Musulmans et les Croates, de la prise de l’entrepôt à
24 Slimena, qui à ce moment-là était dans les mains des forces
25 d’occupation JNA.
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1 Outre cette action que de prendre la caserne, il y
2 avait une autre action également dans le secteur de
3 Busovaca pour prendre la caserne Draga, n’est-ce pas ?
4 R. Je pense que c’était quelque peu plus tard.
5 Q. Mais c’était également une action conjointe
6 qui a été planifiée entre les forces musulmanes et les
7 forces croates, entre le TO et le HVO ?
8 R. Il y avait Draga et il y avait Silos. Ce
9 sont deux bâtiments séparés et les deux ont été repris – je
10 veux utiliser ce terme – de la JNA.
11 Q. Vous parlez de la Draga à Busovaca ?
12 R. Oui.
13 Q. À ce moment-là, il y avait 1 000 fusils qui
14 ont été pris, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est une donnée
15 exacte ?
16 R. Je ne peux pas vous l’affirmer. En ce qui
17 concerne Draga et Silos à Kacuni, je ne peux pas vous
18 l’affirmer.
19 Q. Mais de toutes les façons, en ce qui concerne
20 Draga, Silos et Slimena, ceci a permis de rassembler
21 beaucoup d’armes et c’est là où il y avait l’initiative
22 pour mettre en place une brigade conjointe dans le secteur
23 de Busovaca-Vitez : Est-ce que c’est exact ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous-même, mon Général, ensemble avec
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1 Monsieur Cengic du côté musulman, vous avez lancé cette
2 initiative pour créer une telle brigade, vous avez
3 également nommé Franjo Nakic et Sefkija Dzidic de la
4 Défense territoriale pour mettre en œuvre ce plan
5 opérationnel, cette tâche ?
6 R. Oui. C’était ce que nous avons souhaité.
7 Q. Est-ce qu’on a parlé également du nom de
8 cette brigade ? On avait proposé la 1ère Brigade de Vitez.
9 R. Si mes souvenirs sont bons, effectivement,
10 c’est la désignation qu’elle aurait dû avoir.
11 Q. Par la suite, il y avait également un certain
12 nombre de volontaires qui ont été mobilisés, il y a des
13 registres qui ont été établis ?
14 R. Oui, effectivement. C’est le commandement de
15 la Brigade de Vitez qui devait s’en occuper.
16 Q. Mais est-ce que vous êtes au courant que
17 Marijan Skopljak, le chef de l’état-major, normalement
18 devait s’occuper d’imprimer des livrets militaires pour les
19 membres de cette brigade ?
20 R. Je ne sais pas. Je sais qu’il y avait un
21 certain nombre de préparatifs mais je ne sais plus si ces
22 livrets militaires avaient été imprimés ou non.
23 Q. Malheureusement, ce n’a pas abouti et cette
24 brigade n’a pas vu le jour véritablement. Pourriez-vous
25 nous dire quelles étaient les raisons pour lesquelles ça
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1 s’est passé comme ça ?
2 R. C’est difficile également de vous donner la
3 réponse, mais il y avait un manque de coopération, en ce
4 qui me concerne, du côté des Musulmans, mais probablement
5 du côté des Croates également, car dans l’ensemble de la
6 vallée de la Lasva, c’était une véritable tentative pour
7 créer une brigade mixte. Il y avait également à Travnik,
8 Novi Travnik un certain nombre de tentatives de ce type-là,
9 mais malheureusement, ça n’a pas porté de fruits.
10 Q. Par conséquent, cette tentative de la
11 municipalité de Vitez, si on compare avec Travnik et Novi
12 Travnik, la situation était quand même différente parce
13 qu’entre les Musulmans et les Croates à Novi Travnik et
14 Travnik, il y avait des relations qui étaient assez
15 correctes, assez bonnes, n’est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. En même temps, et nous parlons de la mi-1992
18 – hier, vous avez dit quelque chose à ce sujet-là – il y
19 avait des combats très violents menés pour Jajce. Vous-
20 même, vous avez été impliqué. Vous avez dit qu’il y avait
21 une centaine de kilomètres de lignes de front et il fallait
22 donc défendre cette ligne de front.
23 Mon Général, est-ce que vous savez que le HVO de
24 Vitez avait organisé également des relèves des volontaires
25 sur le front de Jajce ?
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1 R. Il y avait 20 personnes : une première équipe
2 qui devait assurer le corridor. Sur les 20, 15 étaient de
3 Vitez, et ensuite, il y avait des équipes qui se sont
4 relevées.
5 Q. Mais il était très dangereux, très risqué,
6 que de traverser ce corridor car l’armée des Serbes de
7 Bosnie avait contrôlé ce corridor par les pièces
8 d’artillerie, n’est-ce pas, et par l’infanterie également ?
9 R. Mais on était pratiquement à 50 mètres par
10 rapport à leur ligne.
11 Q. Il y avait combien de membres d’une équipe de
12 Vitez qui allaient sur le front de Jajce ?
13 R. Entre 300 et 400 hommes.
14 Q. Est-il vrai également que les volontaires du
15 HVO de Vitez maintenaient la ligne Vrbica-Podovi dans
16 l’enclave ?
17 R. Je ne sais pas. Pour Vrbica, je sais.
18 Podovi, je ne sais pas, mais je sais qu’ils ont maintenu
19 cette ligne de front.
20 Q. Mon Général, comme nous parlons par
21 conséquent de cette guerre qui se passe par les équipes qui
22 se relèvent, est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit
23 peu comment ça s’est passé ? Il y avait des volontaires,
24 par conséquent, qui étaient appelés, qui faisaient partie
25 des équipes. Ce n’était pas des professionnels. Ils
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1 n’étaient pas stationnés dans les casernes, quand il
2 s’agissait de Vitez, bien évidemment. Est-ce que c’est
3 exact ?
4 R. C’est le membre du HVO et également le membre
5 du TO qui se rendait sur la ligne de front de chez lui.
6 C’est la raison pour laquelle, par conséquent, la guerre
7 était difficile, car chaque fois, la famille prenait congé
8 de ce membre de famille. Donc, il partait sur la ligne de
9 front, il y restait sept jours, et puis, il revenait.
10 C’est comme ça. Il partait de chez lui.
11 Q. Par conséquent, cet homme qui revient chez
12 lui, il poursuivant normalement ses activités. Il
13 travaillait dans les champs, par exemple, si c’était un
14 agriculteur, ou bien il travaillait dans l’usine ou autre
15 chose, je n’en sais rien ?
16 R. Mais oui. En effet, il était de réserve.
17 C’était quelqu’un de réserve, et dans la pratique, une fois
18 rentré du front, il vivait normalement, si on peut parler
19 d’une vie normale dans un contexte pareil.
20 Q. Et ceci était vrai aussi bien pour la partie
21 croate que pour la partie musulmane, n’est-ce pas ?
22 R. Pour la partie croate et pour la partie
23 musulmane, exception faite du côté des Musulmans qui sont
24 arrivés de l’extérieur et qui étaient 24 heures sur 24
25 heures des soldats et qui étaient stationnés soit à
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1 Travnik, soit dans d’autres bâtiments, je n’en sais rien.
2 Q. Pourriez-vous me dire, sur la base de votre
3 expérience personnelle, combien de positions sur le théâtre
4 d’opérations de Jajce ont été tenues par le HVO et combien
5 relevaient à la Défense territoriale ?
6 R. En mai 1992, c’était 10 par rapport à 10.
7 Par la suite, c’est passé de 70 à 30 en faveur des
8 Musulmans.
9 Q. Quand vous dites 70 pour cent, vous pensez
10 plutôt au HVO et 30 pour cent des Musulmans ? Je pense que
11 je vous ai bien compris.
12 R. Oui, oui. C’est ça.
13 Q. Outre le front de Jajce, il y avait également
14 un autre front qui était nord-ouest à Travnik face à
15 l’armée des Serbes de Bosnie. Vous avez également
16 probablement quelques connaissances sur ce qui s’est passé
17 sur cette ligne de front ?
18 R. Oui. C’est au niveau du col de Komar. Il y
19 avait Mravinjac et – je ne peux plus me souvenir exactement
20 – il y avait 12 kilomètres à peu près qui étaient tenus par
21 les soldats de Vitez mais également des combattants de Novi
22 Travnik.
23 Q. C’était un secteur sud. C’était Kraljevica,
24 Logor, Strikavina et Mravinjac, n’est-ce pas ?
25 R. Oui.
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1 Q. Au moment critique, Dzelilovac, Potkraj,
2 Skulji et Secevo ont été tenus par le HVO, ou plutôt par
3 des volontaires de Vitez ?
4 R. Oui. Avec la chute de Jajce, Karaula est
5 tombé. C’est au nord de Jajce. C’est la partie musulmane.
6 Il y avait des réfugiés qui sont arrivés de Karaula, et
7 puis ensuite, il y avait des villages croates, Dzelilovac
8 et une partie de Potkraj, et c’est là où on avait arrêté la
9 pénétration de l’armée serbe et il y avait des formations
10 d’intervention qui ont participé dans cette action avec les
11 combattants de Vitez qui ont été guidés par Cerkez.
12 Q. En 1992, le 25 décembre, une brigade désignée
13 Stjepan Tomasevic a été créée : Est-ce que c’est vrai ?
14 Est-ce que c’est exact ?
15 R. Je ne connais pas la date exacte, mais oui,
16 c’est vrai. C’était les membres de Vitez et Travnik qui
17 formaient cette brigade.
18 Q. Est-ce que cette brigade avait le siège à
19 Novi Travnik ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce qu’il y avait une nécessité de créer
22 le commandement à Novi Travnik à cause de ce qui s’est
23 passé également sur le front face aux Serbes ?
24 R. Oui. Effectivement, Novi Travnik avait une
25 ligne de front avec les Serbes, ce qui n’était pas le cas
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1 de Vitez.
2 Q. Est-ce que le commandant de cette brigade
3 était Boro Malbasic, après la formation de cette brigade en
4 février 1993 ?
5 R. Oui.
6 Q. Et en mars, je pense qu’une fois que Malbasic
7 est parti, c’était Mario Cerkez qui est venu à ce poste de
8 commandant ?
9 R. Je ne connais pas le détail. Je sais que
10 Boro Malbasic a été commandant en février 1993. Je sais
11 que par la suite, Cerkez est venu le remplacer, mais je ne
12 connais pas les dates.
13 Q. Le 2e Bataillon de Vitez tenait la ligne face
14 aux Serbes de Bosnie jusqu’au 17 avril 1993. C’est à ce
15 moment-là qu’ils ont été coupés des autres. Est-ce que
16 vous vous souvenez de ces événements ?
17 R. Oui, moi, je me souviens, et puis, j’ai parlé
18 avec d’autres personnes également qu’il y avait un certain
19 nombre de personnes qui sont restées sur cette ligne de
20 front parce qu’il n’y avait pas de relève, et c’était
21 probablement le 17 avril. Je ne peux pas vous le dire
22 exactement. Je ne connais pas les dates. Mais nous
23 parlons d’un front, il faut le préciser, qui se trouve dans
24 la municipalité de Novi Travnik, alors que moi, j’étais à
25 Travnik, pas à Novi Travnik.
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1 Q. Comme nous parlons de Travnik, de Travnik où
2 vous étiez vous-même en personne, est-ce que vous vous
3 souvenez de l’événement quand en juin 1992, une vingtaine
4 de cars avec des combattants musulmans armés jusqu’aux
5 dents se sont rendus ? Il y avait 1 000 personnes qui se
6 sont rendues à Novi Travnik. Est-ce que vous vous
7 souvenez ?
8 R. Non, pas à Novi Travnik, à Travnik.
9 Q. Excusez-moi. Oui, à Travnik.
10 R. Oui, effectivement. C’était un événement
11 crucial, clé, qui s’est passé dans la région de Travnik.
12 Il y avait donc le rapport des forces qui était moitié-
13 moitié. Tout a été moitié-moitié à peu près à tous les
14 niveaux, et puis tout d’un coup, il y a plus de 1 000
15 hommes qui se rendent sur place par les cars – c’était déjà
16 organisé – de nationalité musulmane. Il s’agissait des
17 soldats qui étaient des soldats 24 heures sur 24 heures.
18 Mon soldat, mon homme, mon combattant était deux, trois
19 heures par jour, alors que là, il s’agissait des
20 combattants 24 heures sur 24, ce qui a déséquilibré, si
21 vous voulez, la situation à Travnik.
22 Q. En ce qui concerne ces combattants musulmans,
23 ils sont arrivés d’où, s’il vous plaît ? Ils sont arrivés
24 en bus, vous l’avez dit, en car, mais d’où ?
25 R. Les cars portaient l’immatriculation « Pula
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1 Zadar Split », mais je ne peux pas vous dire plus.
2 Q. Est-ce qu’au début, ils vous ont admis comme
3 commandant, ces combattants ?
4 R. Dans la pratique, ils m’acceptaient. Tout au
5 moins, ils acceptaient mes suggestions, mon expérience
6 également, mais cette brigade, 17e Brigade de Krajina,
7 n’acceptait même pas d’être dirigée par des Musulmans de
8 Travnik et encore moins ne m’acceptait. Par conséquent, je
9 ne peux pas dire véritablement que j’ai été commandant à
10 ces combattants en aucun moment.
11 Q. Eh bien, outre cette brigade qui est devenue
12 17e Brigade de Krajina, est-ce que vous vous souvenez des
13 mois de juillet et août 1992 et de la position de Kotor
14 Varos, parce que c’est une ville qui était mixte ? Qu’est-
15 ce qui s’est passé avec des combattants musulmans de ce
16 bataillon à cette époque-là ?
17 R. Le Bataillon de Kotor Varos jusqu’en juillet
18 1992 était un bataillon mixte des Musulmans et des Croates.
19 La structure de commandement était mixte, également la
20 chaîne de commandement, et puis le financement également
21 provenait de cette municipalité. Ce n’est que par la suite
22 que ce bataillon opérait du côté de Dobratici et essayait
23 de se joindre à leurs hommes de Kotor Varos. C’était un
24 bataillon qui opérait bien et qui était de bonne qualité.
25 Ensuite, j’ai rencontré Dzemo Merdan ainsi que
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1 Petrovic qui avaient une réunion avec des Musulmans, et au
2 bout de quelques jours, j’ai organisé donc une réunion au
3 sein de ce bataillon et j’ai essayé de faire comprendre aux
4 Musulmans qu’il fallait qu’ils restent dans ce bataillon et
5 que c’est la meilleure des choses, mais malheureusement,
6 ils ont quitté ce secteur pour rejoindre les brigades
7 musulmanes.
8 Les Croates ou plutôt quelques Croates voulaient
9 interdire leur départ parce qu’ils considéraient que
10 c’était une trahison, alors que moi, j’avais dit que chaque
11 individu avait le droit de choisir librement s’il restait
12 ou s’il partait. Eh bien, tous sont partis rejoindre les
13 rangs de l’armée de Bosnie-Herzégovine. En général, ce
14 sont les personnes qui sont de Siprak (ph.). La plupart
15 ont été tués par la suite ou bien ont été blessés, parce
16 que quand les nouveaux arrivent dans un milieu nouveau, à
17 ce moment-là, on en profite un peu trop.
18 Q. Par conséquent, il est vrai que ces
19 combattants musulmans n’ont jamais été chassés de cette
20 unité de Kotor Varos ? Personne ne les a vraiment
21 chassés ?
22 R. Non. Au contraire, on voulait les garder de
23 force parce que c’était une formation qui était de bonne
24 qualité. Ils ont opéré deux fois et avec beaucoup de
25 succès. Ils ont détruit deux chars. Ils ont réussi à
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1 véritablement faire passer 30 personnes bien équipées avec
2 l’armement, des sacs, et cætera, à traverser les lignes des
3 fronts qui ont été gardés par les Serbes jusqu’à Kotor
4 Varos. Par conséquent, c’était une très, très bonne et
5 très bien entraînée unité.
6 Q. Mais quelle était votre conclusion ? Quelle
7 était la raison pour laquelle ces combattants sont partis ?
8 Pourquoi ils ont reçu une instruction d’un commandement ?
9 Pourquoi ?
10 R. Non, mais c’était… de toute façon, je l’ai
11 dit. La Défense territoriale se renforçait, et de toute
12 façon, elle devant se transférer en armée. Sur le plan
13 ethnique, il fallait qu’ils soient une seule ethnie. Donc,
14 sur le plan propagande, sur le plan mass média, sur le plan
15 option soi-disant politique, il s’agissait d’une chose qui
16 était inconcevable, mais pour les trois parties, c’était
17 vrai. Chacun se groupait autour de sa propre unité.
18 Q. En ce qui concerne Zoran Pilicic, il était
19 commandant de ce bataillon de Kotor Varos ?
20 R. Oui. Il était quelqu’un qui était connu, et
21 puis, il y avait un autre également combattant dont le
22 surnom est la lune, Mjesec. Je ne peux pas me souvenir
23 d’autres, mais de toute façon, il y avait de très, très
24 bons combattants très bien entraînés dans ce bataillon.
25 Q. Mon Général, on va passer à un autre sujet.
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1 Vous en avez parlé quelque peu hier. Il s’agit de votre
2 participation à cette Commission conjointe qui a été formée
3 en avril 1992. Du côté croate, le Général Petkovic, vous-
4 même, Andric et Totic, alors que du côté musulman, c’était
5 Sefer Halilovic, Rasim Delic, Stjepan Siber, et Dajdza, je
6 pense ?
7 R. Totic aurait dû y être, mais nous n’avons pas
8 réussi véritablement à l’avoir parce qu’ils ne voulaient
9 pas le laisser partir, ils ne voulaient pas lui permettre
10 de venir. Dajdza n’y était pas non plus. Les autres,
11 c’est entendu. Il y avait un homme qui s’appelait Amidza.
12 C’était Vehbija Karic.
13 Q. Entendu ! Mais il y avait également un
14 niveau opérationnel de cette commission. Franjo Nakic et
15 Dzemal Merdan faisaient partie de cette commission ?
16 R. Ils étaient à la tête mais il y en avait
17 d’autres également qui étaient avec eux.
18 Q. Mais quel était l’objectif de cette
19 commission ?
20 R. L’objectif de la commission c’était d’essayer
21 de négocier le cessez-le-feu, séparer les forces d’un côté
22 de l’autre. Nous l’avons fait. Un premier acte c’est que
23 Sefer Halilovic, Petkovic, Delic, moi-même, Karic, Andric
24 également, nous avons tout de suite laissé ou plutôt libéré
25 les prisonniers de Mahala, de Stari Vitez. Il y avait 80
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1 personnes au total à peu près. Je parle de Vitez. Il y
2 avait 150 au total. Ensuite, nous sommes allés vers
3 Zenica, vers Konjic, vers Jablanica, et cætera.
4 Q. On va rester un petit peu à Vitez encore.
5 Vous avez dit que vous avez donc participé à la libération
6 des prisonniers de Stari Vitez et de Vitez, et il
7 s’agissait du cinéma de Vitez, n’est-ce pas ? Nous avons
8 entendu parler énormément du cinéma, mais on n’a jamais
9 parlé des prisonniers de Stari Vitez. Est-ce que vous dire
10 à la Chambre ce qui s’est passé à Stari Vitez ?
11 R. Il y avait à Stari Vitez, à Mahala, deux
12 caves. Moi, j’y suis allé. Tous ceux qui étaient de
13 nationalité croate y étaient confinés. Il y avait des
14 enfants, il y avait des vieillards, et au cinéma, ce
15 n’était que des hommes en âge de combattre.
16 Q. Et quand vous avez vu ces hommes dans les
17 caves à Stari Vitez, ils étaient dans quel état de santé
18 sur le plan psychique ?
19 R. Mais je ne voudrais pas parler en détail.
20 Quand vous voyez une femme, une mère avec un enfant, dans
21 les yeux, vous voyez la terreur, en ce moment-là, vous
22 comprenez ce que je veux dire.
23 Q. Entendu ! En ce qui concerne la vallée de la
24 Lasva, il y avait des formations militaires différentes qui
25 couvraient des secteurs différents. À l’hôtel Vitez, il y
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1 avait le siège de la Zone opérationnelle. À l’époque, à la
2 tête de ce commandement était le Colonel Blaskic. La
3 question que je voudrais vous poser c’est la question qui
4 est liée à votre expérience professionnelle en tant
5 qu’officier de carrière.
6 Quand, par exemple, sur une région telle que
7 Vitez, il y a une formation qui arrive et qui vient de
8 l’extérieur, elle est subordonnée à qui ? Elle doit se
9 subordonner à la Zone opérationnelle, au commandant de la
10 Zone opérationnelle ?
11 R. Mais bien évidemment que c’est le
12 commandement qui commande la Zone opérationnelle, mais il y
13 avait une cacophonie, un chaos, quelque chose qui se
14 passait qui n’était pas normal. Par conséquent, je ne peux
15 pas affirmer que tout ce qui devait se produire s’était
16 produit effectivement.
17 Q. Mon Général, au moment où vous êtes arrivé
18 dans cette région, vous avez quitté la JNA et vous êtes
19 rentré dans votre propre région, est-ce que vous avez pu
20 remarquer les unités du HOS ? Est-ce que vous vous
21 souvenez de ça ?
22 R. Mais le HOS était à Travnik et à Vitez. Il y
23 avait des unités du HOS à Novi Travnik et à Vitez. C’était
24 le 14 ou le 15 avril. Je me souviens. C’est de mon propre
25 commandement qui a été également inauguré par Blaskic.
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1 J’ai pu rencontrer les membres du HOS. Monsieur Kraljevic
2 en personne, je l’ai aperçu. C’est une formation qui avait
3 entre 30 et 40 hommes à Ribnjak, mais c’est une formation
4 qui n’a pas été subordonnée au HVO.
5 Q. Est-ce que vous savez si plus tard quand le
6 HOS a été dissout à Zenica, est-ce que vous savez que cette
7 unité qui a été menée par Kraljevic s’est transformée en
8 unité de Vitezovis ?
9 R. Il y avait les trois hommes d’abord qui sont
10 venus me voir. Ils ont dit que soi-disant ils étaient des
11 chefs pour Bosnie-Herzégovine. Pour moi, ça me paraissait
12 ridicule, de toute façon. J’essaie de vous brosser le
13 tableau de l’ambiance qui régnait à cette époque-là. Plus
14 tard, je ne sais pas exactement à quel moment mais je pense
15 que c’était l’été 1992, le HOS avait accepté de se
16 soumettre aux ordres du HVO, et officiellement, le HOS est
17 devenu partie intégrante du HVO.
18 Q. Merci. Outre ces unités dans la vallée de la
19 Lasva, il y avait également quelques petites unités qui
20 opéraient dans la vallée de la Lasva qui en effet n’avaient
21 que pour but la contrebande et puis le pillage ?
22 R. Non seulement dans la vallée de la Lasva.
23 Moi, j’ai trouvé à Jajce trois unités du HOS. Il y en
24 avait une qui était uniquement croate, une autre musulmane
25 et une autre mixte. Moi, je parle de Jajce. Mais il y
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1 avait des groupements d’hommes qui s’organisaient entre
2 eux, qui avaient des positions telles à pouvoir participer
3 à la résistance ou bien faire ce qu’ils voulaient. De
4 toute façon, tous ces groupements avaient pour motif de ne
5 pas être obligés de se soumettre à un commandement tel et
6 tel mais tout simplement de faire ce qu’ils entendent
7 vouloir faire, et quand leur patrimoine ou leurs familles
8 éventuellement étaient menacés, à ce moment-là, ils s’y
9 intégraient.
10 Q. Mais est-ce qu’on ne peut pas dire que ça
11 faisait partie de la dégradation générale des institutions
12 et de tous les organes qui étaient censés maintenir l’ordre
13 et l’état de droit ?
14 R. Oui.
15 Q. Mon Général, j’en ai presque terminé. Il ne
16 me reste qu’un thème que je souhaiterais aborder avec vous.
17 Est-il exact qu’en 1994, pour la première fois,
18 des gardes villageoises et gardes nationales ont été mises
19 en place ?
20 R. Oui. C’était dans le cadre de la
21 réorganisation des brigades. Ce qui auparavant était des
22 brigades sont devenues des régiments.
23 Q. Dans ce contexte, la Brigade Stjepan
24 Tomasevic qui était à Novi Travnik est devenue le régiment
25 de garde nationale, le 90e Régiment de garde nationale ?
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1 R. Oui.
2 Q. Et la Brigade de Travnik s’est transformée en
3 91e Régiment de la garde ?
4 R. Oui.
5 Q. Et la Brigade de Vitez est devenue le 92e
6 Régiment de la garde nationale ?
7 R. Oui.
8 Q. Et la Brigade Nikola Subic-Zrinjski de
9 Busovaca est devenue le 93e ?
10 R. Oui.
11 Me MIKULICIC (interprétation) : Merci, mon
12 Général. Je n’ai plus de questions à vous poser.
13 Me NICE (interprétation) : Je vais demander à
14 l’Huissier d’avoir la gentillesse de déplacer le
15 rétroprojecteur parce que je ne suis pas en mesure de voir
16 le témoin. Donc, je pense que c’est un manque de
17 courtoisie de m’adresser à quelqu’un que je ne vois pas.
18 Merci beaucoup.
19 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NICE
20 (interprétation) :
21 Q. Je vais vous poser un certain nombre de
22 questions, Monsieur, au nom du Procureur.
23 Tout d’abord, je souhaiterais que vous m’aidiez à
24 comprendre la chose suivante. Je voudrais savoir comment
25 vous êtes en mesure de vous souvenir de ces événements et
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1 dans quelles circonstances vous avez préparé votre
2 déposition et je voudrais savoir si, à un moment
3 quelconque, vous avez fait des déclarations au sujet de ces
4 questions à des institutions quelconques, que ce soit à la
5 police croate, les unités de renseignements croates. Est-
6 ce que vous avez fait des déclarations à de tels organismes
7 ?
8 R. Non.
9 Q. Quand les avocats de Kordic sont venus vous
10 voir, c’était en fait la première fois que vous avez essayé
11 de façon officielle, de façon formelle de vous souvenir des
12 événements ?
13 R. Non, mais j’ai contacté la Défense également
14 du Général Blaskic.
15 Q. Oui, mais en dehors de cela, vous n’avez à
16 aucun moment parlé de ces événements avec des avocats, des
17 officiers de police, et cætera ?
18 R. Non.
19 Q. Le résumé qui nous a été communiqué hier,
20 quand a-t-il été préparé, s’il vous plaît ?
21 R. Ce résumé a été préparé hier, le dimanche.
22 Q. Pas avant ?
23 R. Non.
24 Q. Auparavant, avant dimanche, il n’y a pas eu
25 de préparation, d’étude, d’enquête sur votre déposition
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1 pour la préparer ?
2 R. Tout premièrement, il fallait que j’accepte
3 de venir déposer. Donc, on en a parlé bien évidemment. Je
4 parle du papier que j’ai sous mes yeux et il est évident
5 que c’est moi qui l’avais rédigé et c’est dans l’office
6 qu’on l’avait tapé.
7 Q. Vous nous dites donc que tout ce qui figure
8 dans ce document, c’est vos propres mots ? Cela vient de
9 vos souvenirs ? C’est ce que vous êtes en train de nous
10 dire ?
11 R. Oui. Ce sont mes propres mots, oui.
12 Q. On vous a posé des questions au nom de
13 Monsieur Cerkez et je voudrais que vous répondiez à la
14 question suivante par oui ou par non. Est-ce que vous
15 aviez eu précédemment des contacts avec les avocats de
16 Monsieur Cerkez ?
17 R. Oui. J’ai parlé pendant 20 minutes avec ses
18 avocats.
19 Q. Donc, vous saviez déjà à peu près quelles
20 questions on allait vous poser à l’avance ?
21 R. Oui.
22 Q. Pendant la période de temps où vous avez
23 essentiellement travaillé aux côtés de Blaskic, divers
24 documents ont été tenus, ont été conservés et rédigés dans
25 un ordre, de façon ordonnée, n’est-ce pas ?
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1 R. Le Général Blaskic avait l’habitude de
2 prendre des notes. En ce qui me concerne, moi, j’ai
3 participé aux combats pendant 12 heures et puis en fonction
4 de la situation, j’avais encore deux, trois, quatre heures
5 pour éventuellement décrire ce qui s’était passé. C’est la
6 raison pour laquelle je n’ai pas véritablement écrit
7 beaucoup. En revanche, le Général Blaskic et d’autres qui
8 étaient à l’état-major, ils ont pris note de tout ce qui se
9 passait.
10 Q. Nous savons qu’un grand nombre de documents
11 écrits ont été établis et ce n’était pas d’ailleurs limité
12 à des ordres. Il s’agissait également des rapports sur les
13 événements, d’évaluations des événements, de documents de
14 cette sorte ?
15 R. Je ne sais pas si j’ai vraiment bien décrit
16 la situation. Ceux qui travaillaient au commandement
17 disaient que Blaskic insistait à ce que des écrits restent
18 et qu’on mette sur le papier tout ce qui se passait. Moi,
19 je n’ai pas insisté là-dessus. Moi, j’étais sur la ligne
20 de front, mais je ne vais pas contester non plus qu’il y
21 ait beaucoup de documents qui aient été établis, que
22 personnellement, je ne les ai jamais vus, mais je sais
23 qu’il y avait des documents qui avaient été établis.
24 Q. D’autre part, il y a également des documents,
25 au moins pendant la période où vous avez servi d’adjoint à
Page 17113
1 Blaskic, il y a également des documents que vous avez vous-
2 même établis, n’est-ce pas ?
3 R. Oui. Il y en avait, oui. C’est logique
4 parce que c’était une période assez longue.
5 Q. Ces documents traitaient notamment, par
6 exemple, du déploiement des hommes, du déploiement des
7 soldats, n’est-ce pas ?
8 R. Entre autres.
9 Q. Le déploiement de pièces d’artillerie, par
10 exemple ?
11 R. Oui. Le déploiement de pièces d’artillerie,
12 entre autres.
13 Q. Non seulement Blaskic a établi des documents
14 extrêmement détaillés, mais d’autre part, il insistait pour
15 que ces documents soient conservés ? Il était très
16 méthodique en ce qui concernait la conservation de ces
17 documents ?
18 R. Probablement.
19 Q. Nous savons à partir d’autres sources qu’il
20 affirme qu’il semble avoir tenu un journal. Est-ce que
21 vous l’avez vu tenir ce journal ?
22 R. J’ai déjà dit que lui, il était quelque peu
23 maniaque. Il voulait absolument qu’il y ait des traces
24 écrites qui restent, mais il y avait probablement des
25 agendas sur lesquels il avait pris des notes et il
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1 décrivait les événements. Si c’était un journal, ça, je ne
2 peux pas vous le dire.
3 Q. Vous-même, teniez-vous un journal ?
4 R. Oui.
5 Q. Avez-vous consulté ce journal avant de venir
6 déposer ici ?
7 R. Je dois vous dire très franchement que non.
8 J’ai le journal, mais je ne l’ai pas consulté.
9 Q. Je vois. Donc, vous n’avez absolument pas eu
10 besoin de consulter votre journal pour préparer votre
11 déposition ?
12 R. Je vous dis que je n’ai pas consulté mon
13 journal depuis un mois. Donc, je parle de cette période
14 qui avait précédé ma déposition, mais de toute façon, on ne
15 peut pas facilement non plus consulter mon journal en ce
16 moment.
17 Q. En ce qui concerne le reste des documents que
18 nous avons évoqués, je voudrais savoir si vous les avez
19 étudiés avant d’envisager et avant de témoigner dans
20 l’affaire Blaskic ou avant de témoigner en l’espèce.
21 R. Je ne sais pas de quoi nous parlons. Nous
22 parlons de mon journal ou de quoi, s’il vous plaît ?
23 Excusez-moi, je ne vous suis plus.
24 Q. Non. Je pense aux autres documents,
25 documents qui ont été conservés par Blaskic et par d’autres
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1 membres de son entourage. Est-ce que vous avez consulté
2 ces documents avant de déposer ici même ?
3 R. Je n’ai rien à faire avec le journal de
4 Blaskic et encore moins avec les documents. Non, non, je
5 ne les ai pas consultés.
6 Q. Vous nous dites que votre propre journal se
7 trouve à un endroit où il est assez difficile à consulter.
8 Est-ce qu’il est entre les mains d’un organisme officiel ?
9 R. Non, non, non. C’est une question tout à
10 fait personnelle.
11 Q. Très bien ! Je ne vais pas insister à ce
12 sujet, mais je voudrais, s’il vous plaît, que vous essayiez
13 de répondre à la question suivante : Ces documents qui
14 existaient en 1994, je parle des documents relatifs à la
15 Zone opérationnelle de Bosnie centrale, qu’est-il advenu de
16 ces documents ?
17 R. Les documents officiellement se trouvent dans
18 des archives. À la fin de l’année, les fonctionnaires de
19 la Zone opérationnelle avaient pour tâche de déposer les
20 documents dans des archives.
21 Q. À ce stade, où se trouvaient les archives ?
22 R. Les archives se trouvaient dans la Zone
23 opérationnelle. Je parle de 1994, 1995, quand la situation
24 s’est quelque peu équilibrée.
25 Q. Donc, quand vous nous parlez du QG de la Zone
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1 opérationnelle, à quel endroit spécifique pensez-vous ?
2 R. Je parle de l’état-major à l’hôtel Vitez.
3 Q. Savez-vous comment il se fait que ces
4 documents sont partis de l’hôtel Vitez et se sont retrouvés
5 ailleurs ?
6 R. Officiellement, il y avait un danger que les
7 archives risquaient. C’est la raison pour laquelle il
8 fallait transférer les archives principales au QG, QG à
9 Mostar ou à Posusje, ça dépend.
10 Q. Avant que je ne commence à traiter des
11 questions qui m’intéressent de manière chronologique, je
12 souhaiterais aborder certains points de manière
13 préliminaire, certains points divers. Vous avez dit hier
14 en parlant de Monsieur Kordic, de son style rhétorique,
15 vous avez dit qu’il était extrêmement convaincant. Je
16 voudrais savoir dans quelle mesure et sur quoi il était
17 convaincant dans ses discours.
18 R. Bien, la vie quotidienne, les dangers que les
19 gens couraient, enfin, il y avait plein de choses. Il y
20 avait également un certain nombre également de paroles
21 qu’il utilisait. Par conséquent, il avait la façon de
22 parler facile.
23 Q. Quel était son message ?
24 R. Vis-à-vis de moi ? C’est ça que vous me
25 demandez ? Je ne comprends pas.
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1 Q. Non. Quel était son message, quel était le
2 message qu’il transmettait à ceux qui l’écoutaient et quel
3 était ce message qui était si convaincant ?
4 R. Les lignes directrices de son message étaient
5 qu’il était indispensable de s’organiser, de se défendre,
6 de ne plus penser à ses propres intérêts, mais de penser
7 aux intérêts généraux. Voilà ! C’était les lignes
8 directrices de son message, le fil conducteur.
9 Q. Vous nous dites qu’il n’a jamais été d’aucune
10 façon que ce soit un militaire ?
11 R. Oui.
12 Q. Si je vous ai bien compris, le grade dont
13 vous avez décidé qu’il avait besoin pour les négociations
14 de Sarajevo, ce grade ne lui a été conféré que pour cette
15 unique et seule raison ?
16 R. C’est moi qui avais dit : « Mon Colonel, vous
17 allez vous rendre à Sarajevo maintenant. » Je pense que
18 c’est moi qui avais donné l’initiative mais ça a été
19 accepté par Blaskic, par les autres et probablement par
20 l’état-major principal. Je ne sais pas, mais c’est moi qui
21 ai donné l’initiative.
22 Q. Auparavant, il n’avait jamais été Colonel,
23 n’est-ce pas ?
24 R. Non. Il n’était même pas Sergent, il n’était
25 pas Lieutenant. Par conséquent, il est devenu Colonel
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1 directement.
2 Q. Après les réunions de Sarajevo, il n’avait
3 plus besoin d’utiliser le grade de colonel et il n’aurait
4 pas été justifié qu’il l’utilise, cela n’aurait pas été
5 correct, n’est-ce pas ?
6 R. J’ai essayé lors de ma déposition d’hier de
7 vous brosser un tableau de la situation. Il y avait
8 beaucoup d’hommes qui utilisaient les grades parce
9 qu’effectivement on n’était pas encore structuré. Il n’y
10 avait pas de grade officiellement. Par conséquent, même
11 moi, je m’adressais à quelqu’un en utilisant un grade parce
12 qu’on avait agi dans une ambiance où c’était le fait
13 accompli.
14 Moi, je fais l’erreur peut-être, mais en ce qui
15 concerne l’autorité militaire, connaissances, expérience,
16 je pense que moi, j’étais véritablement probablement un
17 officier de carrière et j’avais le plus d’expérience et
18 c’est du point de vue donc de mon expérience que je vous en
19 parle.
20 Q. Je vais revenir à ma question. Après les
21 réunions de Sarajevo, il n’était plus nécessaire pour lui
22 d’utiliser le grade de colonel et il n’aurait pas été
23 approprié qu’il l’utilise car cet homme n’avait aucune
24 expérience militaire, ni aucune fonction militaire, n’est-
25 ce pas exact ?
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1 R. On ne peut pas répondre par un oui ou un non.
2 Vous ne pouvez pas enlever les vêtements, si je peux
3 m’exprimer d’une manière imagée, à un homme dans une
4 situation pareille. J’ai dit que tout le monde était en
5 tenue militaire, portait des uniformes, mais de toute façon
6 personne ne contestait le grade de colonel. Tout le monde
7 l’appelait Colonel.
8 Je ne sais pas si c’est clair, si vous voyez la
9 situation dans laquelle nous étions, l’époque que nous
10 vivions car le grade du colonel était un grade qui
11 normalement doit être attribué par une autre autorité, mais
12 de toute façon, vous ne pouvez pas, une fois que vous avez
13 appelé quelqu’un Colonel, lui demander de lui retirer ce
14 grade alors qu’il a été déjà reconnu comme tel même par la
15 communauté internationale. Je ne sais pas si vous
16 comprenez ce que je veux dire.
17 Q. Dans votre déclaration, dans le résumé, vous
18 dites que c’était un homme politique local d’influence.
19 Qu’entendiez-vous par « local », s’il vous plaît ?
20 R. Tout d’abord, quand il s’agit de la vallée de
21 la Lasva, à Busovaca, il y avait Dario Kordic; à Novi
22 Travnik, Sekic; à Vitez, Santic; et à Travnik, Matisic; à
23 Gornji Vakuf, Sekerija; à Jajce, Bilic; et cætera. C’est
24 dans ce sens-là que j’ai parlé des commandants locaux, mais
25 ils avaient quand même une autorité qui dépassait la
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1 municipalité.
2 Travnik est une très grande municipalité, la
3 majorité des Croates, et par conséquent Matisic avait quand
4 même une autorité qui dépassait sa municipalité, quand il
5 s’agit des Croates bien évidemment.
6 Q. Avec le départ de Matisic, si j’ai bien
7 compris, Kordic est devenu le personnage qui avait le plus
8 d’influence dans une zone qui était relativement vaste,
9 n’est-ce pas ?
10 R. Je vous ai parlé de mon estimation, de mon
11 appréciation. Je vous ai dit quelles étaient les
12 personnalités influentes. Si ce n’est pas trop de dire,
13 c’est l’homme sur lequel vous pouviez compter pour la
14 défense.
15 Q. Kordic était l’homme le plus puissant dans
16 cette région, n’est-ce pas ?
17 R. Je répète une fois de plus. Il est devenu
18 certainement la personne la plus puissante avec le temps,
19 mais par le fait même qu’il était de Travnik, il était
20 certainement plus influent que ceux qui venaient de
21 Kiseljak ou ceux qui venaient d’une autre municipalité.
22 Par conséquent, il fallait vraiment œuvrer pour pouvoir
23 occuper cette position dont vous parlez.
24 Q. Vous nous dites, je crois, au paragraphe 54
25 qu’il n’était actif qu’au niveau politique lorsque c’était
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1 nécessaire. Qu’entendez-vous par là ?
2 R. Tout premièrement, il fallait communiquer
3 avec les gens, avec le peuple. Tout dépend également dans
4 quel domaine. Moi, je vous ai dit que moi, j’étais sur le
5 front. Moi, j’étais avec les combattants. Il y avait
6 quelqu’un qui devait organiser la vie, accepter, accueillir
7 les réfugiés, trouver l’hébergement, la nourriture, avoir
8 de l’essence, enfin, essayer également de rassembler les
9 moyens financiers. Il y avait quelqu’un qui devait
10 s’occuper de tout ça pendant la guerre.
11 Q. Oui, effectivement, quelqu’un devait le
12 faire, mais moi, ce que je veux savoir c’est ce que vous
13 nous dites que Kordic faisait du point de vue politique.
14 R. Il parlait avec les hommes et puis il
15 exerçait une influence sur les hommes.
16 Q. En faisant quoi, quelle sorte de choses, s’il
17 vous plaît ?
18 R. Je ne sais pas ce que vous me demandez.
19 Q. Vous avez été sur place pendant une bonne
20 partie de ces événements malheureux. Vous étiez très
21 proche de Blaskic et pendant un certain temps, vous avez
22 même eu un poste de commandement. Donc, je voudrais savoir
23 ce que vous avez vu Monsieur Kordic faire. Je parle
24 d’activités politiques. Qu’est-ce qu’il faisait ?
25 R. Il s’adressait aux réfugiés, il s’adressait
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1 aux villageois, enfin, au peuple. Il organisait des
2 réunions, des réunions avec des personnes qui devaient se
3 charger d’un certain nombre de missions. Ensuite, il
4 prenait une attitude sur un certain nombre d’événements.
5 Il organisait également les conférences de presse, il y
6 participait. On organisait les conférences de presse dans
7 la vallée de la Lasva. Voilà ! Ce sont ses missions et
8 puis chaque fois, quand il fallait, il se rendait sur des
9 points critiques où véritablement on a été exposé et on
10 aurait pu être tué.
11 Q. Les activités que vous venez de nous décrire,
12 est-ce que ce sont des activités qui sont toutes pacifiques
13 ?
14 R. Oui. En temps de guerre, ce sont des
15 activités de très grande importance.
16 Q. Il n’a jamais participé aux décisions
17 militaires actives ? Il n’a jamais participé à des
18 discussions militaires, n’est-ce pas ?
19 R. C’est exact.
20 Q. Maintenant, j’ai deux choses à vous demander,
21 s’il vous plaît. Pourquoi était-il entouré de gardes du
22 corps armés si c’était un homme de paix, si c’était un
23 homme qui s’occupait uniquement de problèmes sociaux ?
24 R. Chaque commandant et chacun de ceux qui
25 faisait quoi que ce soit à l’extérieur de sa maison et
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1 surtout à l’extérieur de sa municipalité, il était
2 impossible et inimaginable que la personne travaille sans
3 escorte. Moi, j’en avais entre deux et quatre.
4 Q. Kordic n’était pas un commandant, n’est-ce
5 pas ?
6 R. Il n’était pas commandant, mais s’il fallait
7 passer entre Busovaca et Jajce ou bien Travnik, ce n’était
8 pas possible de faire cette route tout seul.
9 Q. Deuxièmement, pourquoi assistait-il à des
10 réunions militaires, dans quel but ?
11 R. Comme je l’ai déjà dit, d’autres personnes
12 ont assisté. Je crois que j’ai cité leurs exemples.
13 C’était afin de connaître mieux la situation, afin
14 d’influencer les gens pour qu’ils mettent en œuvre les
15 choses le plus efficacement possible, pour nous aider, moi
16 et Blaskic, dans notre travail, pour nous aider à nous
17 défendre de manière efficace puisque l’enclave que nous
18 défendions est une enclave très étroite. Il est très
19 facile de tuer qui que ce soit dans cette enclave de
20 l’extérieur et il n’est pas possible d’agir sans travailler
21 avec les gens.
22 Q. Peut-être c’est moi qui ai fait une erreur.
23 Donc, mis à part le fait qu’il se tenait au courant, il
24 n’avait aucune vraie fonction au cours de ces réunions ?
25 Il ne pouvait pas donner une quelconque contribution, sauf
Page 17124
1 qu’il pouvait donc se tenir au courant et éventuellement
2 recruter plus de volontaires. Est-ce exact ?
3 R. Il n’y a pas eu de réunion tenue avec la
4 partie musulmane ou la communauté internationale sans
5 qu’une dizaine ou une quinzaine de personnalités à la fois
6 de la communauté internationale et d’autres entités aient
7 assisté à ces réunions. Donc, il ne s’agissait pas
8 simplement, par exemple, de la présence du Commandant du
9 Bataillon britannique de Vitez mais de tout un groupe
10 d’autres personnes qui assistaient à ces réunions donc,
11 pour simplifier les choses.
12 Q. Très bien ! Je vais maintenant laisser de
13 côté l’ordre chronologique et vous poser la question de
14 savoir si vous en tant que militaire de profession qui a eu
15 une expérience longue avec Blaskic, est-ce que vous
16 acceptez que le commandement global de cette guerre était
17 politique ?
18 R. Chaque parti était sous la direction
19 politique.
20 Q. Encore une fois, je vais sortir peut-être un
21 peu du contexte, mais je veux terminer ce genre de
22 questions. Comment les dirigeants politiques se
23 présentaient-ils lors de ces réunions et ailleurs dans la
24 vallée de la Lasva ?
25 R. Par le biais de la mobilisation de toutes les
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1 forces autour d’un seul but qui était la défense du
2 territoire. Il a fallu convaincre le directeur de
3 l’entreprise dont l’entreprise n’existait plus, alors qu’il
4 disposait de certains biens, certaines ressources, de
5 donner, par exemple, des pelleteuses pour les lignes de
6 front, de donner, par exemple, des sacs remplis de sable
7 afin de les utiliser également pour fortifier les lignes de
8 front.
9 Q. Excusez-moi, peut-être je n’étais pas
10 suffisamment clair. Dans une guerre, au moment où des
11 décisions sont prises, elles sont soit prises ou approuvées
12 par les hommes politiques. Qui prenait ou qui approuvait
13 les décisions militaires au nom des hommes politiques, s’il
14 vous plaît ?
15 R. La Communauté croate d’Herceg-Bosna en ce qui
16 concerne les Croates en tant que partie en place en Bosnie-
17 Herzégovine ou bien en ce qui concerne dans la vallée de la
18 Lasva.
19 Q. Vous vous trouviez en haut de la pyramide
20 militaire. Donc, vous serez à même de nous dire qui au
21 sein de la Communauté croate d’Herceg-Bosna donnait des
22 instructions ou bien alternativement approuvait des
23 décisions prises par les militaires. Qui était cette
24 personne ?
25 R. Il y avait le Président de la Communauté
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1 croate d’Herceg-Bosna puis il y avait également le
2 gouvernement de la Communauté croate d’Herceg-Bosna comme
3 organisme politique de cette partie.
4 Q. En tant que soldat, je suis sûr que vous avez
5 étudié l’histoire de la guerre à toutes sortes d’endroits.
6 Je suppose qu’au cours de la Première Guerre mondiale par
7 exemple, les soldats sur la ligne de front se plaignaient
8 parfois ou bien approuvaient les décisions prises par leurs
9 leaders politiques.
10 Quels seraient les noms des Croates mentionnés
11 dans une telle situation politique théorique en ce qui
12 concerne la question de savoir s’ils approuvaient ou s’ils
13 se plaignaient des décisions prises ?
14 R. Je ne vous comprends pas. Moi, j’ai eu huit
15 aïeux qui luttaient au cours de la Première Guerre
16 mondiale. Il s’agissait de la période où il y avait un
17 roi. Je ne sais pas où vous voulez en venir.
18 Q. Est-ce que vous ne voulez pas donner le nom
19 d’un homme politique individuel, un ou plusieurs qui
20 étaient les politiques qui ont mené cette guerre ?
21 R. Vous parlez de cette guerre ?
22 Q. Oui, et je parle des Croates.
23 R. Ah ! vous parlez des Croates dans la vallée
24 de la Lasva, dans la Zone opérationnelle d’Herceg-Bosna.
25 En ce qui concerne cette partie de la Communauté croate
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1 d’Herceg-Bosna, c’est le Président de la Communauté croate
2 d’Herceg-Bosna qui était responsable de cette personne-là.
3 C’est le peuple lui-même qui a choisi d’appartenir à cette
4 partie.
5 Q. En ce qui concerne cela, vous avez dit que
6 vous vous êtes approché des leaders politiques par le biais
7 de Blaskic. Que vouliez-vous dire par là ?
8 R. Je ne l’ai pas dit hier.
9 Q. Je pense que c’est ce que nous avons entendu
10 sur la base de l’interprétation.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Peut-être vous
12 pourriez vérifier cela pendant la pause.
13 Me NICE (interprétation) : Oui, je vais le faire.
14 Q. Avant de poursuivre, veuillez confirmer la
15 chose suivante, s’il vous plaît. Il n’y a pas eu d’homme
16 politique sur le terrain en Bosnie centrale qui était
17 supérieur à Dario Kordic pendant la période pendant
18 laquelle vous étiez là-bas, n’est-ce pas ?
19 R. En Bosnie centrale, non.
20 Q. Il est possible de trouver la phrase que j’ai
21 citée à la page 17051, ligne 20. Vous avez dit à cet
22 endroit-là…
23 L’INTERPRÈTE : Me Nice parle hors micro.
24 Me NICE (interprétation) :
25 Q. Donc, vous parliez notamment de Jajce et de
Page 17128
1 la question de savoir comment 30 personnes ont décidé de se
2 porter volontaires pour y aller.
3 Ensuite, vous avez dit : « Ensuite, je me suis
4 rapproché des leaders politiques par le biais de Blaskic,
5 mais j’ai approché Monsieur Kordic. »
6 Est-ce que vous pourriez expliquer cela maintenant
7 ou bien est-ce que vous souhaitez en parler le moment venu,
8 compte tenu de l’ordre chronologique ?
9 R. Cette nuit-là, il fallait que je mène un
10 convoi de 30 véhicules avec 300 hommes jusqu’aux lignes de
11 front serbes à Jajce et je m’attendais à 300 personnes
12 alors que 30 personnes sont arrivées. Je n’ai rien pu
13 faire cette nuit-là. Tout ce que je pouvais faire c’était
14 de prendre ces gens-là, mais puisque leur nombre n’était
15 pas suffisant, j’ai souhaité mobiliser d’autres personnes,
16 activer d’autres personnes, faire quelque chose, surtout
17 par le biais de Blaskic.
18 Moi, je ne me souviens pas avoir parlé directement
19 avec Kordic. L’équipe n’est pas arrivée jusqu’à Blaskic
20 depuis Busovaca ou Travnik. Je ne sais pas combien
21 d’hommes devaient arriver. Peut-être il s’agissait même de
22 Kakanj ou Kiseljak. Et moi, j’ai essayé de faire en sorte
23 que la nuit d’après, on puisse partir, et ceci s’est fait
24 pendant la nuit, les organisations, et il était autour de 2
25 h 00 du matin.
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1 Q. Et donc, vous aviez besoin de l’aide d’un
2 homme politique afin de réaliser cela ?
3 R. Oui. Compte tenu des circonstances dans
4 lesquelles nous nous trouvions, oui.
5 Q. Très bien ! Et hier, vous nous avez dit que
6 vous avez parlé, je pense… dans le transcript, il est
7 indiqué que vous parliez avec Kordic ?
8 R. Oui.
9 M. LE JUGE BENNOUNA : J’aimerais avoir une
10 précision de la part du témoin.
11 Vous lui avez demandé, je crois, de quel
12 responsable militaire de son niveau recevait-il des
13 instructions politiques et il a dit : « Du Président de la
14 Communauté croate d’Herceg-Bosna ». Et vous lui avez dit
15 ensuite quelle était la personne sur le plan politique qui
16 était responsable en Bosnie centrale et il avait répondu
17 que c’est Monsieur Kordic qui avait la responsabilité
18 politique, l’homme politique le plus important en Bosnie
19 centrale.
20 Est-ce que vous pouvez nous dire, Général
21 Filipovic, si vous vous souvenez d’avoir reçu des
22 instructions d’hommes politiques pendant la période où vous
23 avez exercé votre commandement ?
24 R. Mon entrée dans les combats, lorsque je
25 lançais des combats, je le faisais en fonction de ma propre
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1 décision et de ma propre estimation. Les hommes politiques
2 n’y participaient pas du tout. Moi en tant que militaire
3 ou général, j’étais prêt à faire la guerre pour défendre
4 mes convictions. Donc, en ce qui me concerne, les hommes
5 politiques ne m’ont pas influencé dans mes choix et par la
6 suite non plus dans mes actes liés aux affaires militaires,
7 et moi, je demandais de l’aide de tout le monde capable de
8 nous aider dans cette région, de défendre la région le plus
9 efficacement possible.
10 M. LE JUGE BENNOUNA : Ce n’est pas exactement la
11 question que je vous ai posée.
12 Est-ce que vous avez reçu, est-ce qu’il vous est
13 arrivé de recevoir des instructions de la part d’hommes
14 politiques ? Est-ce qu’il vous est arrivé de recevoir des
15 instructions quelconques quant à la stratégie à mener de la
16 part d’hommes politiques dans la période où vous exerciez
17 votre commandement ?
18 R. Non.
19 M. LE JUGE BENNOUNA : Je vous remercie.
20 Me NICE (interprétation) :
21 Q. Je vais parler de choses liées à la question
22 posée par Monsieur le Juge plus tard mais nous allons
23 poursuivre l’ordre chronologique.
24 Vous étiez officier de carrière réussi de Travnik
25 et je pense, sur la base de votre déposition, vous étiez
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1 loyal à votre patrie locale et à votre patrie en général ?
2 R. Tout d’abord, j’étais loyal à la Yougoslavie,
3 et au moment où la communauté internationale a reconnu la
4 non-existence de cet État, je suis devenu loyal à la
5 Bosnie-Herzégovine. Dans cet État de Bosnie-Herzégovine,
6 les Croates avaient le même statut que les Serbes et les
7 Musulmans. Donc, ils avaient leurs propres traditions, ils
8 avaient leur propre mode de vie et leur propre éducation.
9 Donc, de ce point de vue là, j’ai été loyal à la Bosnie-
10 Herzégovine. J’ai voté pour elle et j’ai lutté pour
11 maintenir cela, et la manière dont je menais cette lutte,
12 c’était par le biais du HVO, à savoir avec l’arme dans les
13 mains.
14 Q. Est-ce que vous étiez particulièrement ou
15 fortement loyal à la Bosnie-Herzégovine ou bien est-ce
16 qu’il s’agissait d’une loyauté logique, compte tenu de
17 votre fonction ? Comment est-ce que vous décririez cela ?
18 R. J’étais loyal en tant que citoyen normal, et
19 à l’époque aussi, en tant que la personne qui luttait pour
20 la Bosnie-Herzégovine, Croate qui luttait pour la Bosnie-
21 Herzégovine, parce que les Serbes aussi appartiennent à la
22 Bosnie-Herzégovine et les Musulmans aussi. Cependant, il y
23 a certaines forces, comme je l’ai déjà dit hier, qui se
24 sont d’abord emparées de prés se trouvant sur les monts de
25 Vlasic, alors que depuis des siècles, mes aïeux utilisaient
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1 cela pour leur bétail, et à partir de cet endroit-là, ils
2 utilisaient des pièces d’artillerie, ils tiraient depuis
3 des pièces d’artillerie depuis le calibre de 155
4 millimètres ou bien ils voulaient s’emparer de Turbe, et
5 compte tenu de cela, il était logique que l’on s’oppose à
6 cela avec tous les moyens, qu’on lutte contre cela. Donc,
7 ma loyauté était une loyauté normale de citoyen.
8 Q. Et vous êtes resté au sein de la JNA pendant
9 le siège de la JNA contre Vukovar, pendant la période
10 pendant laquelle la JNA attaquait cette ville. Ceci ne
11 posait pas de problème pour vous ?
12 R. C’était un grand problème pour moi, et
13 Vukovar et Ravno, un village croate en Bosnie-Herzégovine,
14 et il m’a fallu, pendant des mois et des mois, subsister
15 dans une situation alors que quelque chose est en train de
16 se désintégrer. Vous appartenez toujours à cette entité
17 alors que vous ne la soutenez pas.
18 Je tirerais une parallèle entre cette situation et
19 les Français qui émotionnellement soutenaient de Gaulle et
20 qui étaient obligés de lutter pour Pétain et de perdre leur
21 vie pour lui.
22 Q. Vukovar s’est terminé vers le mois de
23 novembre 1991 alors que vous, vous avez démissionné
24 seulement au mois d’avril ?
25 R. Ma dernière réalisation concernant le
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1 caractère de la JNA et les évolutions de la JNA, au moment
2 de Vukovar, lorsque j’ai vu une colonne Chetnik avec des
3 insignes qui n’avaient rien à voir avec nous, c’est à ce
4 moment-là que j’ai compris que ma place n’était plus dans
5 la JNA. À ce moment-là, mon épouse est devenue malade de
6 cancer, elle a subi une opération à Sarajevo, et ensuite,
7 nous luttions par le biais de trois étapes thérapeutiques
8 pour sa santé, et c’est pour ces raisons personnelles que
9 j’ai été forcé de remettre ma sortie de la JNA.
10 Q. Est-ce qu’il est possible de dire que vous
11 étiez tout d’abord un militaire, que c’est ce que vous avez
12 choisi et ce que vous aimez faire et ce que vous faites
13 bien ?
14 R. Je suis un homme d’artillerie. Je suis un
15 professionnel. Pendant toute ma vie, j’ai été commandant
16 des unités d’artillerie, mais je ne suis pas analphabète du
17 point de vue politique, surtout venant de la région où il
18 est nécessaire de prévoir ces possibilités de défense, je
19 dirais presque instinctives vis-à-vis de la région dont la
20 personne est originaire.
21 Q. Je ne voulais pas vous critiquer, simplement
22 je voulais souligner également que d’autres témoins dans
23 cette affaire ont parlé en bien de vous en tant que
24 militaire. Mais je ne comprends pas tout à fait votre
25 première nomination, sur la base de votre déclaration.
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1 Donc, est-ce que vous pourriez nous dire à quel
2 moment vous avez été nommé à un poste pour la première
3 fois ?
4 R. Ceci s’est produit vers la mi-avril. Lorsque
5 j’ai réussi à faire en sorte que ma femme aille à Split
6 pour continuer avec ses thérapies, moi, je connaissais la
7 situation. Je savais que professionnellement, personne
8 n’était plus compétent que moi pour faire face à la
9 situation. Donc, j’ai dit : « Je dois être commandant. »
10 Q. Et qui vous a nommé ?
11 R. Moi-même, je me suis nommé et ma nomination a
12 été confirmée ou acceptée, si vous voulez, par des
13 personnes qui s’y trouvaient, des commandants militaires et
14 aussi les leaders politiques. Par exemple, des gens
15 venaient de Zepce afin de me chercher, afin de m’engager,
16 parce que par exemple, tout d’un coup, un colonel se
17 trouvait sur place. À l’époque, c’était rare. Donc, ils
18 m’ont accepté tout de suite en tant que commandant.
19 Moi, je n’aurais pas voulu m’imposer si j’avais vu
20 qu’il y avait une autre personne qui avait des
21 qualifications semblables, mais Messieurs Ljubicic et
22 Vukovic, à ce moment-là, étaient des hommes qui pouvaient
23 être utilisés pour les tactiques au niveau de la compagnie
24 par exemple mais pas vraiment pour des questions
25 stratégiques.
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1 Q. Pourquoi est-ce que vous avez rejoint les
2 rangs de cette armée-là et non pas l’armée de Bosnie-
3 Herzégovine, comme par exemple Siber ?
4 R. L’armée de Bosnie-Herzégovine et ceux qui se
5 trouvaient à Sarajevo à l’époque me rendaient la vie plus
6 difficile. On tirait constamment sur nous lorsque j’étais
7 dans la caserne. Si je devais rendre visite à ma femme à
8 l’hôpital, il a fallu que je porte des vêtements civils et
9 j’ai été arrêté une trentaine de fois par des gens qui
10 voulaient vérifier mon identité, et cætera, et cætera. À
11 l’époque, c’était une armée… ils s’appelaient, je crois,
12 les Bérets verts ou la Ligue patriotique. Ce n’était pas
13 une armée que j’aurais pu accepter à cette époque-là. Ma
14 place était dans ma région natale à ce moment-là.
15 Q. Vous avez remplacé Ljubicic. Pourquoi ?
16 Pourquoi est-ce qu’il a fallu le remplacer ?
17 R. Je vous répète encore une fois : L’homme qui
18 ne peut pas commander, son niveau ne correspond ni à la
19 stratégie ni aux questions opérationnelles. Donc moi,
20 j’étais commandant en attendant que quelqu’un d’autre soit
21 nommé à ce poste de manière officielle. Donc, il n’y a pas
22 eu de décret approuvant ou introduisant ma nomination à ce
23 poste.
24 Q. Ljubicic avait des liens étroits avec Kordic,
25 n’est-ce pas ? Vous le saviez. Il était une sorte
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1 d’assistant de Kordic.
2 R. Ça, je ne le sais pas. Moi, j’ai vu Ljubicic
3 et Zvonko Vukovic qui était l’adjoint de Ljubicic.
4 Q. Et au moment où vous vous êtes nommé vous-
5 même, qui parmi les hommes politiques avez-vous vu afin de
6 discuter des choses : Monsieur Kordic ?
7 R. À Busovaca, Kordic; à Vitez, Santic; à
8 Travnik, Matisic; à Novi Travnik, Sekic : C’est ce que j’ai
9 déjà dit. Je ne sais pas si c’est suffisamment clair.
10 Moi, je faisais mon travail et je contactais avec eux
11 simplement pour les pousser à faciliter les choses, pour
12 leur expliquer qu’il fallait agir ainsi ou ainsi. Donc, je
13 n’ai jamais été subordonné à qui que ce soit d’eux à aucun
14 moment. Mais moi, j’étais dans une situation où il fallait
15 agir rapidement, où chaque heure, chaque jour comptait, et
16 la situation sur le terrain le confirmait.
17 Q. Et vous étiez conscient dès le début que le
18 HVO était une création du HDZ de la Bosnie-Herzégovine ?
19 Donc, c’est le HDZ de Croatie qui avait créé cet autre
20 HDZ ?
21 Me SAYERS (interprétation) : Objection ! Ceci
22 n’est pas conforme à la réalité. Je pense qu’il est clair
23 que le HVO a été créé par Mate Boban, le Président de la HZ
24 H-B.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le conseil a
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1 le droit de poser ces questions au témoin et le témoin peut
2 dire s’il est en accord ou en désaccord avec cette
3 affirmation.
4 Vous pouvez, en fait, poursuivre, Monsieur Nice.
5 Me NICE (interprétation) : Oui, je vais le faire,
6 à moins que le témoin ne souhaite répondre à ma question.
7 R. J’ai dit que non, puisque d’après la manière
8 dont la question a été posée, elle n’est pas du tout
9 conforme à la réalité. Mes activités patriotiques
10 n’étaient pas liées à un parti politique, aux opinions
11 politiques. C’était lié à la lutte pour la survie, pour la
12 survie de l’homme à ce moment-là, pour maintenir la
13 situation la plus rudimentaire pour l’homme à ce moment-là.
14 Q. Avant la pause, dites-nous : Cet homme,
15 Ljubicic, que vous avez remplacé pendant une certaine
16 période, il était votre adjoint, n’est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. Et après cela, au cours de votre longue
19 période de fonction, sous Blaskic, il était quelqu’un dont
20 vous étiez conscient ? Vous saviez qu’il y était ?
21 R. Oui.
22 Q. Donc, lorsque nous parlerons d’Ahmici, est-ce
23 que vous pouvez nous dire s’il sera la personne que vous
24 avez mentionnée en tant que l’homme responsable pour
25 Ahmici ou bien non ?
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1 R. Je ne sais pas. Non.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
3 procéder à une pause de 30 minutes maintenant.
4 --- Suspension de l’audience à 11 h 02
5 --- Reprise de l’audience à 11 h 35
6 Me NICE (interprétation) :
7 Q. Mon Général, je souhaiterais que vous
8 m’assistiez, s’il vous plaît. Donc, j’aimerais que vous me
9 donniez des informations au sujet de certains événements
10 qui ont eu lieu pendant que vous commandiez.
11 Il est clair, n’est-ce pas – j’essaie de retrouver
12 la référence – que dans un ordre délivré le 10 avril par
13 Mate Boban, un ordre dont je pense vous aviez connaissance,
14 le HVO est devenu le seul organe légal ayant le pouvoir de
15 commander les forces armées, les forces de la défense ?
16 Acceptez-vous ceci ?
17 R. Je ne connais pas cet ordre, enfin ce papier
18 du 10 avril 1992, mais moi, j’accepte, j’admets que le HVO
19 aurait dû être donc un corps légal et qu’il aurait dû
20 assurer la défense contre l’agression.
21 Q. Il s’agit de la pièce à conviction Z71. Je
22 ne demande pas d’ailleurs qu’on la consulte, mais dans cet
23 ordre, d’autre part, il est stipulé que toutes les autres
24 formations militaires présentes dans la zone sont
25 illégales. Le reconnaissez-vous ?
Page 17139
1 R. Oui. C’est logique.
2 Q. Pendant la période de votre commandement, le
3 22 avril, Dario Kordic a délivré un ordre, pièce à
4 conviction 78, sous l’autorité du ministère de la Défense.
5 Il s’agissait de la livraison de pièces d’artillerie à
6 partir de l’usine de Novi Travnik. Pouvez-vous nous donner
7 des explications à ce sujet, s’il vous plaît ? Si vous
8 souhaitez voir la pièce à conviction, bien entendu, on vous
9 la présentera.
10 Me SAYERS (interprétation) : En ce qui concerne
11 Monsieur Kordic, si l’on entend poser des questions
12 détaillées au sujet d’un document, je pense qu’il vaut
13 mieux pour le compte-rendu que le document soit présenté au
14 témoin.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est à la
16 Chambre de décider. Il est inutile d’interrompre le cours
17 du contre-interrogatoire.
18 Me NICE (interprétation) :
19 Q. Vous souvenez-vous de ce que je viens
20 d’évoquer, mon Général ?
21 R. Je me souviens que moi, je me suis chargé
22 justement que des armes qui étaient entreposées à Bratstvo
23 soient le plus tôt possible livrées car c’était également
24 un objectif des vols aériens. J’ai engagé également aussi
25 bien les hommes du côté musulman que du côté croate de
Page 17140
1 convaincre le directeur de cette usine Bratstvo. Ils
2 avaient entre 50 et 100 hommes qui étaient des gardes de
3 sécurité. Il fallait se battre avec eux. Donc, j’ai
4 demandé l’autorisation qu’on puisse prendre ce matériel,
5 ces armes.
6 Il est vrai que c’est la partie musulmane et la
7 partie croate qui ont participé. Il y avait des hommes
8 politiques et il y avait également l’armée qui était
9 présente et on y est arrivé, on a négocié donc cette
10 autorisation. Je ne sais pas s’il y avait un papier et si
11 c’était légitime. Qui avait signé, qui a entrepris une
12 démarche ou une autre, je ne sais pas, mais c’était dans ce
13 but-là que nous l’avons entrepris.
14 Q. Est-ce que cela correspond à l’idée que vous
15 vous faisiez de Monsieur Kordic en tant qu’homme politique
16 qu’il donne des ordres dans le cadre du ministère de la
17 Défense et sous l’autorité de ce ministère ?
18 Me SAYERS (interprétation) : J’ai une objection,
19 Monsieur le Président.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers,
21 moins nous aurons d’objection, plus rapidement nous
22 pourrons avancer. Je vais vous écouter, mais je souhaite
23 que vous vous rappeliez qu’on ne vous a interrompu que très
24 rarement lors de vos contre-interrogatoires et il convient
25 que vous vous comportiez de la même façon. Qu’y a-t-il ?
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1 Que souhaitez-vous dire ?
2 Me SAYERS (interprétation) : Je prends bien note
3 de ce que vous m’avez dit. J’essaierai de faire des
4 objections aussi rarement que possible, mais la pièce à
5 conviction Z78 n’est pas un ordre. Il s’agit d’un reçu.
6 Donc, on semble indiquer dans la question, et d’ailleurs
7 c’est très important, on semble indiquer que Monsieur
8 Kordic a le pouvoir de délivrer des ordres. Or, ceci n’est
9 absolument pas confirmé par la pièce à conviction.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je n’ai pas ce
11 document. L’un des désavantages de la disposition de ce
12 prétoire c’est qu’il n’est pas possible pour nous de
13 disposer des pièces à conviction ici même. C’est un
14 désavantage très regrettable. Donc, je n’ai pas le
15 document sous les yeux. Normalement, je souhaiterais
16 l’avoir.
17 Me NICE (interprétation) : Je peux tout à fait
18 répondre à ce que vient de dire Me Sayers à ce sujet et je
19 pense qu’il convient mieux que le témoin dispose de la
20 pièce à conviction et qu’on la place sur le
21 rétroprojecteur.
22 M. LE JUGE BENNOUNA (interprétation) : Donnez le
23 document au témoin et placez-le sur le rétroprojecteur.
24 Me NICE (interprétation) :
25 Q. Mon Général, donc si vous avez l’original, on
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1 pourrait placer la traduction en anglais sur le
2 rétroprojecteur et on peut voir donc ici la signature de
3 Dario Kordic qui stipule qu’un certain nombre de documents
4 et d’équipements ont été reçus, documents fournis sur la
5 base d’un ordre du ministère de la Défense.
6 Donc, je répète ma question : Est-ce que pour
7 vous, le fait que Monsieur Kordic s’occupe d’équipements
8 militaires comme le montre ce document, est-ce que cela
9 correspond et est-ce que c’est conforme à l’idée que vous
10 aviez de Monsieur Kordic en tant qu’homme politique ?
11 R. J’aurais pu ne pas voir ce document. J’ai
12 déjà dit que nous avons entrepris tout pour rendre possible
13 que cet équipement puisse être livré, pour que cet
14 équipement sorte de Bratstvo. Je ne sais pas en quelle
15 qualité il avait assisté à cette livraison des armes. De
16 toute façon, que ce soit lui ou un autre qui ait signé, ça
17 m’est égal, mais je pense qu’en ce qui concerne les
18 documents que nous disposions, c’est un peu le même genre
19 de documents qu’on avait signés pas de cette façon-là parce
20 qu’il n’y a pas d’en-tête. Vous voyez ? Donc, rien ne
21 correspond à des documents que normalement on avait.
22 Q. Ce n’est pas vraiment le document qui
23 m’intéresse. Je souhaite seulement avoir votre réaction au
24 fait que Monsieur Kordic, un homme politique, signe un reçu
25 relatif à des équipements militaires reçus donc le 22 avril
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1 1992, à un moment où vous-même, vous occupiez le
2 commandement de cette zone, où vous étiez un officier de
3 très haut niveau. Pourquoi a-t-il donc signé ce document ?
4 R. Quand vous dites commandement, à ce moment-
5 là, c’est moi-même en personne. À ce moment-là, il n’y
6 avait véritablement aucun commandement. Il n’y avait
7 qu’une seule personne : Filip Filipovic. Je n’étais pas en
8 mesure de faire tout. Par conséquent, il fallait organiser
9 tout cela, il fallait aboutir à l’objectif, à notre but.
10 Par conséquent, si ce papier nous a aidés pour
11 mettre en œuvre ce que je me suis proposé comme objectif, à
12 ce moment-là, j’aurais envoyé n’importe qui parce que chez
13 nous, par exemple, les gens, ils ne voulaient jamais livrer
14 quoi que ce soit sans qu’il y ait des signatures, alors que
15 Filip Filipovic, bien évidemment, avait signé beaucoup de
16 papiers et Dario Kordic, dans ce même sens, a signé des
17 papiers.
18 Q. Ensuite, la date suivante, c’est une décision
19 relative à la remise des casernes de la JNA par une cellule
20 de crise du HVO. Il s’agit de la caserne de Kiseljak.
21 Est-ce que vous connaissez cette décision ?
22 Me NICE (interprétation) : Il s’agit de la pièce
23 à conviction Z83 si quelqu’un souhaite la consulter.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Placez,
25 s’il vous plaît, ce document sur le rétroprojecteur.
Page 17144
1 Me NICE (interprétation) :
2 Q. Aviez-vous connaissance de cet ordre ou de
3 cette décision ?
4 R. C’est la première fois que je prends
5 connaissance de cet ordre, mais je sais que j’avais donné
6 des instructions et que j’avais demandé à ce qu’on obtienne
7 un accord. Je ne sais pas comment m’exprimer. Je veux
8 dire que j’ai demandé donc à ce qu’on prenne la caserne à
9 Kiseljak et c’est la première caserne dont nous avons
10 réussi à prendre et il y avait une formation de combat qui
11 s’y trouvait et le HVO l’avait prise le 24 avril 1992 et
12 c’était en accord avec le TO, Défense territoriale, et à
13 cette époque-là, ces jours-ci plutôt, c’est déjà le Général
14 Blaskic qui était à la tête de cette action.
15 Q. Est-ce que vous avez vu des conférences de
16 presse télévisées avec Dario Kordic et Sliskovic à l’époque
17 ?
18 R. En avril 1992 ?
19 Q. Oui.
20 R. Non, je n’en ai pas vu.
21 Q. Nous avons entendu des témoignages au sujet
22 de ce type de conférences de presse et on y disait
23 apparemment que Busovaca serait prise. Est-ce que vous
24 avez vu une quelconque de ces conférences de presse ?
25 R. Non.
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1 Q. Cependant, étant donné tous les contacts que
2 vous aviez avec les hommes politiques importants dont Dario
3 Kordic, est-ce que vous aviez connaissance du fait que cela
4 allait se produire ?
5 R. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
6 Prendre quoi ? Prendre Busovaca en tant que ville, en tant
7 que municipalité ? Est-ce que vous voulez me reposer la
8 question.
9 Q. Volontiers. En tant que ville ou
10 municipalité, en aviez-vous connaissance de ce plan de
11 Kordic ?
12 R. Non.
13 Q. Est-ce qu’à cette époque, il portait un
14 uniforme ?
15 R. Oui.
16 Q. Quand nous parlons d’uniforme, est-ce qu’il
17 s’agissait d’un uniforme avec des insignes, et si c’est le
18 cas, des insignes de quoi ?
19 R. L’uniforme sans aucun insigne ou avec un
20 insigne. De toute façon, c’était un uniforme de
21 camouflage. C’était un signe distinctif par rapport à
22 celui qui était un civil. Par conséquent, il portait un
23 uniforme de camouflage et c’est dans ce sens-là que je
24 parle. Je ne parle pas encore des insignes parce qu’il
25 n’est pas encore question des insignes.
Page 17146
1 Q. À ce moment-là, est-ce que Vares faisait
2 partie de votre zone de compétence ?
3 R. J’ai déjà précisé qu’outre Posavina et
4 Herzégovine, le reste de la Bosnie, oui.
5 Q. De ce fait, saviez-vous qu’à Vares, des
6 Bosniens ont été invités à rejoindre les rangs du HVO
7 pendant la période de temps où vous avez commandé, mais à
8 la condition qu’ils portent des insignes du HVO ? Aviez-
9 vous connaissance de ce fait ?
10 R. Non, je n’étais pas au courant, mais si mes
11 souvenirs sont bons, il ne s’agissait même pas des
12 insignes. Ce n’est que plus tard que ces insignes ont été
13 fabriqués. Il y avait quelqu’un qui aurait dû donc
14 fabriquer ces insignes. On parle du mois d’avril. On
15 parle également du mois de mai. À ce moment-là, il n’y a
16 pas encore d’insigne et personnellement, moi, je n’avais
17 pas d’insigne.
18 Q. Peut-être mais, mon Général, saviez-vous que
19 le territoire que vous commandiez effectivement, que sur ce
20 territoire, on exigeait des Bosniens, s’ils voulaient
21 rejoindre le HVO, on exigeait d’eux qu’ils portent les
22 insignes du HVO ? Aviez-vous connaissance de cela ?
23 R. Non, ce n’est pas exact. De toute façon, je
24 ne suis pas au courant parce qu’il y avait une politique
25 qui a été conçue que les Bosniens et les Croates ensemble
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1 doivent faire face à l’agression. Ni les Croates ni les
2 Musulmans ne pouvaient donc agir séparément. Par
3 conséquent, c’est une politique que j’ai mis en œuvre, et
4 Tole également, pendant huit jours, donc, Blaskic en
5 définitive. Nous avons mis en route cette politique.
6 Q. Ce que je vous dis nous vient d’un témoin
7 pendant la période où vous avez été au poste de
8 commandement. Je voudrais savoir si pendant cette période,
9 il était nécessaire pour rejoindre les rangs du HVO de
10 porter ces insignes.
11 R. Non. À titre d’illustration, il y avait
12 d’abord la première fois où nous avons aligné une formation
13 de Travnik. C’était sur un lieu de culte, et moi, j’ai
14 dit, je me souviens : « Nous allons arborer sur une main
15 les insignes du HVO, sur l’autre, n’importe quoi, mais plus
16 personne n’osera enlever nos insignes croates. »
17 Moi, je ne sais pas véritablement que qui que ce
18 soit est conditionné avec l’appartenance au HVO de porter
19 des insignes croates. Non, ça, je ne m’en souviens pas.
20 Je n’ai pas gardé ce souvenir.
21 Q. Pour revenir à ce que vous avez dit
22 précédemment, si vous aviez décidé de tout organiser de
23 façon conjointe au niveau de la Défense, pourquoi garder
24 deux armées ? Pourquoi n’avoir pas une seule et unique
25 armée ?
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1 R. Nous avions trois armées en Bosnie-
2 Herzégovine. L’armée de la Republika Srpska qui s’est
3 séparée, par conséquent, c’est avec des fusils qu’ils
4 défendaient leurs propres objectifs. Ensuite, nous avions
5 l’armée des Musulmans. Donc, ils arboraient des insignes
6 différents, que ce soit des drapeaux, que ce soit également
7 des bérets verts, et cætera, et enfin, nous avions une
8 composante ou une partie qui défendait les intérêts de
9 cette partie.
10 Si vous parlez donc de la défense conjointe des
11 Musulmans et des Croates, des Bosniens et des Croates, à ce
12 moment-là, nous étions ensemble mais on ne pouvait pas à
13 cette époque-là avoir la même armée. Ce n’était pas
14 possible. Il faut se rappeler de ce contexte.
15 Théoriquement, oui, mais dans la pratique, non.
16 Q. Vous-même, vous n’avez rien fait pour tenter
17 de mettre en place une armée mixte, une armée conjointe ?
18 Vous étiez satisfait du statu quo, c’est-à-dire de cette
19 armée unique, n’est-ce pas ?
20 R. En ce qui me concerne, j’ai véritablement
21 œuvré pour que la vie en Bosnie-Herzégovine se normalise et
22 sous une armée, une police, une organisation de la santé,
23 une structure politique, mais j’étais quand même également
24 dans un contexte et la réalité, elle était différente,
25 alors que cette réalité, une fois que la Yougoslavie a été
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1 désintégrée, on ne pouvait pas s’imaginer qu’il n’y ait pas
2 de désintégration de Bosnie-Herzégovine.
3 Je parle de cette réalité. Après l’éclatement de
4 la Yougoslavie, la désintégration de la Yougoslavie, on
5 vivait dans un contexte très précis en Bosnie-Herzégovine.
6 Q. Êtes-vous en train de nous dire que déjà à
7 cette époque, vous estimiez que les communautés ethniques
8 devaient être séparées et être représentées par des
9 personnes différentes ?
10 R. Non, je ne parle pas de séparation, mais une
11 fois que la Yougoslavie s’est désintégrée, ça s’est déroulé
12 de manière assez douloureuse et ça a duré. Par conséquent,
13 moi, j’étais face à une réalité.
14 Q. La réalité, n’est-ce pas, c’était que les
15 différentes communautés ethniques vivaient harmonieusement
16 ensemble, n’est-ce pas ?
17 R. À un moment donné, oui.
18 Q. La réalité était également que la
19 désintégration généralisée de la Yougoslavie a permis à
20 ceux qui désiraient s’emparer du pouvoir d’enflammer la
21 haine et l’animosité entre les communautés alors que cette
22 haine n’existait pas ou du moins qu’elle était en sommeil ?
23 R. J’ai l’impression que pour vous, tout est
24 clair. Moi, je ne sais pas pourquoi nous sommes ici. Ce
25 n’est pas si simple. Il n’est pas possible non plus de
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1 donner une réponse précise. C’est moi qui l’ai vécu.
2 C’est moi qui, comme je l’ai dit, j’ai été loyal à l’ex-
3 Yougoslavie, mais comme la Yougoslavie n’a pas pu survivre,
4 en juin 1991, une fois que la Slovénie a quitté la
5 Yougoslavie, il n’y avait plus question de parler de la
6 Yougoslavie.
7 Théoriquement parlant même, ni la Croatie, ni la
8 Bosnie-Herzégovine ne pouvaient plus rester en Yougoslavie,
9 mais de toute façon, maintenant, c’est une envergure
10 politique.
11 Q. Je souhaiterais que vous répondiez à ma
12 question. La situation fragile de la population en Bosnie-
13 Herzégovine, cette position vulnérable a permis à ceux qui
14 souhaitaient exercer le pouvoir d’attiser l’animosité et la
15 haine entre les communautés ethniques : Est-ce que c’est
16 exact ou est-ce que ce n’est pas exact ?
17 R. Ce n’est pas exact, tout au moins pas de la
18 manière dont vous avez formulé.
19 Q. Vous, bien entendu, vous n’étiez pas à
20 Busovaca. Donc, vous n’avez pas pu assister aux premiers
21 discours prononcés par Monsieur Kordic, n’est-ce pas ?
22 R. Non, je n’y étais pas.
23 Q. Avez-vous eu l’occasion de les voir depuis ?
24 R. Non.
25 Q. Vous nous avez dit que vous avez pu voir
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1 plusieurs de ces discours prononcés devant différents
2 groupes, n’est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Nous allons visionner maintenant rapidement
5 une vidéo que vous n’aurez pas vue et je vous demande de la
6 visionner et ensuite de nous dire de quoi il s’agit.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Peut-on avoir
8 une cote ?
9 Me NICE (interprétation) : Il s’agit du document
10 2699 et nous avons indiqué l’extrait que nous souhaitons
11 voir.
12 [Diffusion d’une cassette vidéo]
13 L’INTERPRÈTE :
14 « Tout au début, je vais dire que je souhaite que
15 notre État croate vive dans le bien-être. »
16 La foule : « Vive la Croatie ! Vive la Croatie !
17 Vive la Croatie ! »
18 « Cette manifestation magnifique et splendide vaut
19 bien les litres de sang, de sueurs qui ont été versés pour
20 nous permettre de vivre ce rêve qui pendant neuf siècles
21 n’a qu’été qu’un rêve pour le peuple croate, à savoir un
22 État indépendant et souverain reconnu par plus de 50 États
23 internationaux.
24 « Si hier soir, nous avons peut-être craint qu’il
25 n’y ait pas de célébration ici à Busovaca, beaucoup ont été
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1 détrompés. L’esprit croate vit ici à Busovaca et cette
2 soirée prouve que le peuple croate à Busovaca fait partie
3 de la nation croate unifiée et prouve combien les Croates
4 dans l’État croate font partie de l’État croate.
5 « Il y a des gens de Kiseljak, de Kresevo, de
6 Fojnica, de Vitez dont on avait annoncé qu’ils allaient
7 participer ce soir à notre réunion et j’espère qu’ils vont
8 venir. Si certains d’entre eux sont déjà arrivés, je les
9 accueille chaleureusement parce que cela va honorer notre
10 manifestation.
11 « Quand j’ai dit que le peuple croate a entendu
12 pendant neuf siècles cette union, il faut se souvenir que
13 des dizaines de milliers de personnes sont mortes et
14 qu’elles ont donné leur vie pour l’État croate. Donc, pour
15 tous ceux qui au cours des siècles ont sacrifié leur vie
16 pour leur patrie et pour les quelques milliers de Croates
17 qui ont perdu leur vie dans cette sale guerre menée par
18 notre agresseur, l’armée de la grande Serbie contre la
19 nation croate, je voudrais que nous observions une minute
20 de silence pour la paix éternelle de tous ces Croates qui
21 ont donné leur vie pour nous permettre de vivre ce que nous
22 vivons aujourd’hui. Seigneur, qu’ils reposent dans la paix
23 éternelle.
24 « Quand j’ai parlé au début de Busovaca, je viens
25 de parler de Busovaca donc et maintenant, je voudrais dire
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1 que la Communauté croate d’Herceg-Bosna, qui comprend
2 Busovaca, a aussi le droit de célébrer ce grand jour, ce
3 grand jour de la création de l’État croate. Je voudrais
4 également dire qu’aujourd’hui, nous devenons partie
5 intégrante… [partie inaudible]. Le peuple croate ne fera
6 partie d’aucun autre État. Il s’agit ici de la terre
7 croate et c’est ainsi que cela sera toujours.
8 « Ne m’en veuillez pas, s’il vous plaît, mais je
9 suis très, très nerveux, très enthousiaste, très nerveux,
10 mais je dois insister sur deux choses.
11 « Je voudrais tout particulièrement remercier la
12 nation allemande, c’est-à-dire le peuple et l’État allemand
13 qui nous ont tellement aidés pendant tout ce temps. Longue
14 vie à eux.
15 « Pour reprendre les mots qui ont été prononcés
16 par le leader du peuple croate à Vitez, quand on fait le
17 bien, on en est toujours récompensé et je voudrais
18 paraphraser cela en disant que le peuple allemand et l’État
19 allemand ont récompensé le peuple croate parce que le
20 peuple croate n’a jamais trahi l’histoire et le peuple
21 croate a toujours été fidèle à sa foi chrétienne.
22 « Je voudrais dire enfin que ceux qui ne croyaient
23 pas qu’ils vivraient un jour une telle journée, ces gens
24 peuvent vivre aujourd’hui un rêve qui leur paraissait peut-
25 être impossible mais qui s’est réalisé et la machinerie de
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1 la grande Serbie et des Chetniks a été cassée par les
2 guerriers croates qui ont fait preuve d’énormément de
3 courage.
4 « Le peuple croate a prouvé qu’il était
5 extrêmement fort et qu’il continuerait toujours à exister,
6 qu’il ne pourrait cesser d’exister tant que nous resterons
7 ensemble et avec l’aide de Dieu.
8 « Si nous plaçons notre confiance entre les mains
9 de Dieu et si les Croates font confiance à Dieu, ce n’est
10 pas un hasard que la Vierge soit apparue à Medjugorje peu
11 avant les événements qui ont suivi la guerre et qui ont
12 amené l’effondrement du système communiste.
13 « Vive la Croatie ! Longue vie à la Croatie en
14 tant qu’État indépendant ! »
15 Me NICE (interprétation) : Merci.
16 Q. Mon Général, est-ce que ce discours
17 correspond aux autres discours que vous avez vu Monsieur
18 Kordic prononcer ?
19 R. C’est un discours. Si je peux me concentrer,
20 il a été fait au moment où les autres États, enfin la
21 communauté internationale avait reconnu l’État croate.
22 L’État croate a été reçu aux Nations Unies et je pense que
23 c’était à cette occasion-là et je pense qu’outre le terme
24 « République de Croatie », tout le reste est correct, et
25 moi également, j’aurais applaudi.
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1 Q. Donc, la phrase « de l’État indépendant de
2 Croatie » ne vous gêne absolument pas ou est-ce qu’il ne
3 s’agit peut-être pas d’une façon de s’exprimer un petit peu
4 dangereuse si on fait référence à une entité qui existait
5 au moment de la Deuxième Guerre mondiale ? Qu’en pensez-
6 vous, mon Général ?
7 R. Il a parlé tout simplement au moment où
8 l’État croate a été reconnu officiellement par des États
9 démocratiques. La désignation officielle de l’État, à mon
10 avis, c’est tout simplement… vient de sa méconnaissance,
11 mais le reste, je dis qu’il ne me gêne pas.
12 Q. Est-ce que dans la référence qu’il fait au
13 soutien apporté par l’Allemagne, est-ce que vous trouvez là
14 quoi que ce soit d’inquiétant, de dangereux ?
15 R. Non. L’État allemand est un État
16 démocratique. Tous nos hommes sont employés en Allemagne
17 et y travaillent. Ils réfléchissent en comptants
18 deutschmarks. Il y a des liens traditionnels. Non, non,
19 je ne vois pas pourquoi ça me gênerait.
20 Q. Vous savez pertinemment qu’au cours de la
21 guerre qui a eu lieu récemment, le mot de « Ustasha » a de
22 nouveau été utilisé, surtout par la partie adverse, mais
23 parfois, il a également été utilisé, est apparu, il a été
24 utilisé par ceux qui défendaient les intérêts croates.
25 Est-ce que vous ne pensez pas ou est-ce que vous pensez
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1 qu’il est dangereux de rendre hommage ainsi à l’Allemagne
2 dans un tel discours ?
3 R. Moi, je n’ai pas vu sur la cassette l’insigne
4 « U », Ustasha. Si c’est exact, à ce moment-là, j’aimerais
5 bien revoir la cassette.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous
7 avancerons plus rapidement, mon Général, si vous répondez à
8 la question qui vous est posée. Ce n’est pas la question.
9 Veuillez la répéter, s’il vous plaît, Monsieur
10 Nice.
11 Me NICE (interprétation) : Bien volontiers ! Je
12 vais d’ailleurs la résumer.
13 Q. Sachons ce que nous savons de l’utilisation
14 du terme « Ustasha » au cours de ce conflit, est-ce que
15 vous estimez qu’il était dangereux de rendre hommage ainsi
16 de façon si particulière à l’Allemagne dans ce discours et
17 à l’Allemagne du fait de son rôle historique, pendant ce
18 discours ?
19 R. Non. Ce sont nos ennemis qui nous ont
20 appelés Ustasha au cours de cette guerre pour nous humilier
21 et pour dire que nous étions des êtres inhumains. Le 15
22 mai 1992, 15 soldats capturés à Vlasic ont été tués et ils
23 se justifient en disant qu’il s’agissait des Oustachis
24 alors que c’était des gens qui étaient des propriétaires de
25 ces champs et qu’ils se trouvaient sur leurs propres
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1 terres, alors qu’ils justifiaient tout simplement leur acte
2 parce que soi-disant c’était des Oustachis. Au cours de
3 cette guerre, le terme « Oustachi » a été utilisé pour
4 humilier la partie à laquelle j’appartenais.
5 Q. Et en ce qui concerne le discours que nous
6 venons de voir, si vous aviez été Musulman, est-ce que vous
7 auriez vu quoi que ce soit qui vous aurait encouragé ou
8 conforté dans ce discours ?
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il s’agit
10 d’une question tout à fait hypothétique. Il s’agit d’une
11 question sur laquelle il reviendra à la Chambre de première
12 instance de se pencher.
13 Me NICE (interprétation) :
14 Q. Mon Général, en dehors de ce discours qui a
15 été prononcé à ce moment-là et des circonstances dans
16 lesquelles il a été prononcé, est-ce que les sentiments
17 exprimés dans ce discours et la façon dont il a été
18 prononcé, est-ce que cela variait beaucoup des autres
19 discours, des autres allocutions prononcées par Monsieur
20 Kordic ?
21 R. La question que vous avez posée, comment je
22 me sentirais en tant que Musulman, peut-être serbe. De
23 toute façon, on n’a pas parlé de Musulman. On a parlé… et
24 en ce qui concerne le discours…
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il s’agissait
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1 là de la question précédente.
2 Je vais vous demander, Monsieur Nice, de répéter
3 votre deuxième question très vite, s’il vous plaît.
4 Me NICE (interprétation) :
5 Q. J’ai demandé si les sentiments qui sont
6 exprimés dans ce discours, la façon dont ils sont exprimés
7 était semblable à ce que vous avez constaté lors de
8 précédentes interventions publiques de Monsieur Kordic.
9 R. Non. Je dirais ça autrement. Il y avait
10 d’autres circonstances dans lesquelles il a parlé mais
11 c’était pour la défense, s’engager dans la défense. Tout
12 au moins en ce qui me concerne, c’est ça que je sais et ce
13 que j’ai vu. Il ne s’agissait pas de meeting, il ne
14 s’agissait pas de manifestation de tel type. Il y avait
15 des réunions tout simplement avec lui.
16 Q. Est-ce que vous acceptez que c’est Monsieur
17 Kordic, comme nous l’a dit un témoin, que c’est Monsieur
18 Kordic qui a organisé le retrait de l’armée serbe de
19 Busovaca pendant la période où vous avec occupé une
20 fonction de commandement en mai 1992 ?
21 R. Je ne crois pas que Kordic ait organisé cela.
22 Il a éventuellement aidé, notamment quand il s’agissait de
23 la caserne Draga et quand il s’agissait du Silos également.
24 Moi, j’avais tout simplement chargé Pasko Ljubicic et je
25 pense que lui-même ainsi que quelques autres également
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1 devaient s’occuper d’un troisième bâtiment. Enfin, je ne
2 me souviens pas exactement.
3 Q. Est-ce que vous vous souvenez expressément
4 avoir donné cet ordre, avoir demandé à Ljubicic de faire
5 cela ?
6 R. Oui. Moi, j’ai donné des instructions, je
7 l’ai demandé, j’en suis sûr. Il ne faut pas que je m’en
8 souvienne.
9 Q. Est-il possible que vous avez demandé à
10 Kordic de le faire ? Est-il possible que de son propre
11 chef, il l’ait fait de lui-même ?
12 R. Non. Ça n’aurait pas été possible.
13 Q. Est-ce que vous acceptez le fait qu’à ce
14 moment-là, Kordic s’est rendu à l’usine Bratstvo, il a
15 obtenu deux lance-roquettes multiples, il s’est rendu là-
16 bas avec une centaine de soldats ?
17 R. Oui. Je peux admettre qu’il avait tout
18 simplement reçu l’équipement de Bratstvo.
19 Q. Et donc, il était ou il aurait été en
20 position d’aller vers l’usine avec des soldats armés et en
21 uniforme pour le faire ?
22 R. Mais non, pas de les guider. Enfin, il y
23 avait quelqu’un. Probablement qu’il y avait un autre
24 commandant au niveau de la municipalité à Busovaca à cette
25 époque-là. Je ne me souviens plus du nom et du prénom de
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1 la personne en question. Mais du point de vue militaire,
2 c’est le commandant qui était là-bas.
3 Q. Mais à ce moment-là, comment peut-on
4 expliquer que Kordic semblait être à la tête de ces
5 soldats, s’il l’était effectivement ?
6 R. Kordic ne pouvait pas être quelque part à
7 l’arrière. Il était toujours devant. C’était une
8 personne, une figure qui se manifestait automatiquement,
9 d’abord parce qu’il a une grande taille et puis de l’autre
10 côté également, il communiquait facilement avec les gens.
11 C’est pour ça qu’on aurait pu avoir l’impression que
12 c’était lui qui était à la tête, mais je parle des
13 structures du HVO.
14 Q. Avant de passer à autre chose, il était
15 effectivement la personne ayant le poste le plus élevé lors
16 de ce meeting, lors de cette réunion, mais je voudrais
17 savoir, et nous aurons peut-être le temps de visionner ceci
18 ultérieurement, je voudrais savoir comment se fait-il
19 qu’étant au milieu de militaires, ce soit lui qui était
20 l’orateur principal et pas eux, pas les militaires ?
21 Comment ça se fait-il ?
22 R. Vous parlez du discours que nous avons vu
23 juste-là à la cassette ?
24 Q. Non, dans des réunions. Général, c’est vous-
25 même. Vous-même, vous avez dit : « Effectivement, c’était
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1 la personne la plus importante lorsqu’il y avait une
2 réunion. » Nous verrons peut-être des vidéos qui nous
3 montreront ce genre de réunions. La Chambre a entendu
4 parler de diverses réunions.
5 Pourquoi, s’il vous plaît, quand il y avait ces
6 réunions avec des militaires extrêmement qualifiés,
7 pourquoi c’était Kordic qui menait les débats ?
8 R. Je n’ai pas dit que c’est lui qui menait les
9 débats. Je n’ai pas dit qu’il était la personnalité la
10 plus éminente. J’ai dit que c’est quelqu’un qu’on voyait
11 et qui se manifestait en premier, mais ce n’est
12 certainement pas lui qui était à la tête des militaires et
13 je ne sais même pas de quoi vous parlez, quand et où il
14 aurait été important.
15 Q. Mon Général, vous savez pertinemment que
16 c’était la personne la plus éminente lors de ces réunions
17 parce que c’était le plus puissant de tous ceux qui étaient
18 présents, n’est-ce pas ?
19 R. Non, non. Je parlais plutôt du prestige, de
20 la réputation. Moi, je… non, je n’ai pas parlé qu’il était
21 le plus puissant. J’ai dit que déjà quand vous le voyiez,
22 sa physionomie, la manière dont il communiquait, sur un
23 plan donc du HVO, Filipovic était donc la figure la plus
24 importante, ensuite Blaskic et ensuite les autres.
25 Q. Il y avait à Travnik un institut de
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1 maintenance technique. Pendant la période où vous avez
2 assumé le rôle de commandant, savez-vous que Kordic s’est
3 rendu sur les lieux, s’est rendu dans cet institut avec des
4 soldats, une fois encore afin d’obtenir des équipements ?
5 R. Je ne sais pas, mais est-ce que vous pouvez
6 s’il vous plaît me préciser la date ?
7 Q. Il s’agit de quelque chose qui s’est passé au
8 cours du mois de mai 1992 et il était venu chercher des
9 équipements de communication pour les communications
10 mobiles. Avez-vous connaissance de ce fait ?
11 R. Non. Je ne suis pas au courant mais je sais
12 que le 4 juin, nous avons pris le poste militaire. Donc,
13 c’était cette usine de Travnik. De toute façon, c’est le
14 poste qui avait le chiffre 1523.
15 Q. Et vous en avez pris le contrôle parce que
16 vous vouliez prendre possession d’équipements de
17 communication, n’est-ce pas ?
18 R. Oui, mais c’est un bâtiment également qu’on
19 devait prendre pour pouvoir prendre la caserne, parce que
20 c’est en quelque sorte en annexe. La caserne a été prise
21 le 6 et les PTT, donc cette remotnizavo (ph.), on l’a pris
22 quelques jours après, le 9.
23 Q. Je vais vous demander, en sortant un petit
24 peu de l’ordre que je m’étais fixé, de regarder la pièce à
25 conviction suivante qui porte la cote 76.1. Je ne dispose
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1 pas de traduction encore mais je ne pense pas que ce soit
2 vraiment nécessaire. Donc, on va placer ça sur le
3 rétroprojecteur.
4 L’INTERPRÈTE : L’interprète se corrige. Tout à
5 l’heure, il s’agissait donc du bâtiment des PTT qui a été
6 pris le 4 juin. Donc, c’est un institut de réparation et
7 de maintenance.
8 Me NICE (interprétation) :
9 Q. Il s’agit d’un document, comme vous le voyez,
10 qui est signé par Monsieur Kordic. Pouvez-vous nous
11 confirmer la nature de ce document, s’il vous plaît ?
12 R. C’était exactement comme le document que nous
13 avons vu précédemment mais il y a une forme qui est
14 différente. Par conséquent, il s’agit des deux organes et
15 puis, il y a un acamnon (ph.).
16 Q. Il s’agit d’un reçu officiel. On peut voir
17 sa signature et il y a également un sceau qui figure sur ce
18 document.
19 R. Je ne sais pas s’il l’avait signé. De toute
20 façon, pour ce qui est le cachet, je vois, oui. Ça ne se
21 voit pas clairement.
22 Q. Je vous prie de m’excuser mais là, j’ai un
23 peu rompu avec l’ordre chronologique. Bien ! Nous pouvons
24 maintenant retirer ce document du rétroprojecteur.
25 Le 10 mai donc, est-ce que vous avez eu
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1 connaissance du fait que Kordic a ordonné la prise de
2 Busovaca par les forces du HVO ? Cela comprenait notamment
3 l’immeuble des PTT.
4 R. Je ne le sais pas, et notamment dans le
5 contexte de Busovaca.
6 Q. Seriez-vous surpris, et je ne veux pas vous
7 accabler de documents, mais seriez-vous surpris si je vous
8 disais qu’il a signé des documents à ce moment-là en tant
9 qu’adjoint au Président du HVO ?
10 R. Non, ça ne me surprendrait pas parce qu’à ce
11 moment-là, le HVO en même temps représentait des autorités
12 civiles et des autorités militaires. Je l’ai dit lors de
13 ma déposition hier que c’est au fur et à mesure que nous
14 avons séparé les forces armées du HVO et de son ensemble.
15 Au moment où je me suis rendu pour la première fois dans
16 cette région, le HVO pratiquement était tout ce qui
17 fonctionnait du côté des Croates et ce n’est que par la
18 suite, même le gouvernement municipal, il était désigné
19 comme le gouvernement municipal du HVO.
20 Q. Saviez-vous – et il s’agit là de la pièce à
21 conviction 100 si quelqu’un souhaite la consulter – saviez-
22 vous que Kordic et Brnada ont annulé l’accord qui avait été
23 passé sur la distribution des armes ce même jour, le 10 mai
24 ?
25 Me NICE (interprétation) : Ne remettez pas ce
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1 document au témoin à moins qu’il ne souhaite le voir.
2 Q. Saviez-vous que l’ordre relatif à la
3 distribution des armes a été annulé par Kordic et Brnada ?
4 R. Non.
5 Q. Aviez-vous connaissance du fait que le
6 Général Merdan avait été arrêté ainsi que Monsieur Alagic
7 le même jour ?
8 R. Non, ce n’est pas possible. Ce n’est pas
9 possible parce que d’abord, Alagic, on le voit pour la
10 première fois en été ou en automne 1992, mais de toute
11 façon, je n’étais pas au courant.
12 Q. Seriez-vous surpris d’apprendre – pièce à
13 conviction 101.2 – seriez-vous surpris d’apprendre que
14 Kordic avait suffisamment d’autorité pour fournir au
15 Général Merdan un sauf-conduit lorsque celui-ci a été
16 libéré et que ce document a donc été considéré par tous
17 comme un document tout à fait valide et valable ?
18 R. Non, ça ne m’aurait pas surpris. Moi, je me
19 suis porté garant à des dizaines de milliers de personnes
20 non seulement de circuler librement à Busovaca mais partout
21 et dans tout le territoire contrôlé par le HVO, il y avait
22 des dizaines et des centaines de telles signatures que moi,
23 j’ai apposées en personne.
24 Q. Général, vous étiez un soldat. Pourquoi la
25 signature de Monsieur Kordic aurait-elle garanti un sauf-
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1 conduit dans une zone qui était contrôlée par les soldats,
2 s’il vous plaît ?
3 R. Ce n’était pas des signatures uniquement pour
4 les soldats et pas uniquement là où les soldats se
5 trouvaient. Je ne sais pas comment vous expliquer la
6 situation. Les gens possédaient des dizaines et des
7 quinzaines de laissez-passer, des autorisations, des
8 permis, pas un seul laissez-passer. Ils disposaient de
9 plusieurs choses, plusieurs papiers pour pouvoir circuler
10 librement.
11 Q. Ceci nous amène à la fin de la période où
12 vous avez assumé le commandement d’après ce que j’ai
13 compris à la lecture du résumé qui nous a été communiqué
14 hier. La plupart et peut-être même la totalité des
15 événements que j’ai évoqués, vous en aviez connaissance.
16 Étiez-vous vous-même satisfait de ce qui se passait ou non
17 ?
18 R. Je ne comprends pas votre question.
19 Q. Étiez-vous satisfait de ce qui se passait
20 dans votre zone de responsabilité et dont vous saviez que
21 cela se produisait ? Je veux parler notamment de
22 l’introduction de la monnaie croate. Aviez-vous
23 connaissance de cela ?
24 R. Je ne sais pas. Vous utilisez le terme
25 « heureux ». Je ne sais pas si c’est vraiment le terme que
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1 vous avez utilisé. Je ne sais pas comment peut-on être
2 satisfait, comment peut-on être heureux quand on vit la
3 situation qu’on a vécue à l’époque. Par conséquent, il
4 fallait améliorer la situation. Il fallait faire quelque
5 chose pour que cette situation s’améliore, et moi, je l’ai
6 fait. J’ai essayé de le faire et l’introduction de la
7 monnaie croate faisait partie intégrante de la vie que nous
8 avions là-bas.
9 Il y avait d’autres monnaies également dans cet
10 espace qui ont été introduites et même actuellement, toutes
11 ces monnaies sont utilisées dans le territoire où j’habite.
12 Q. Saviez-vous que le 10 mai, Kordic avait
13 dissout la Défense territoriale juste à la fin de la
14 période… ou plutôt, non, je me reprends, pendant la période
15 où vous commandiez ?
16 R. Non, je ne connais pas.
17 Q. On nous a dit lors des témoignages précédents
18 que vous étiez, mon Général, d’abord un soldat et que vous
19 étiez également un modéré. Donc, la question que je
20 souhaite vous poser maintenant est la suivante : Pendant
21 cette première période où vous avez eu le commandement
22 général, le commandement global, est-ce qu’il vous est
23 arrivé d’être gêné, d’éprouver un certain malaise du fait
24 des actions faites par d’autres ? Est-ce que vous avez
25 pensé qu’ils allaient trop loin ?
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1 R. Il y avait des démarches qui n’étaient pas
2 logiques, il y avait des démarches qui étaient erronées, il
3 y avait également des situations où on risquait plein de
4 choses. Moi, ce n’est pas avec Kordic ou avec Blaskic que
5 j’étais d’accord. Si par exemple, je considérais que ce
6 n’était pas comme il fallait faire, moi, je le disais.
7 Moi, je n’étais pas modéré. Moi, j’étais un
8 combattant qui allait sur les lignes de front, là où on a
9 été pilonné. Il y en a beaucoup qui ont été cités ici qui
10 ne se sont jamais rendus sur les lignes de front où les
11 obus tombaient. Par conséquent, moi, je ne suis pas un
12 combattant modéré. Moi, je suis un combattant qui n’est
13 pas modéré du tout.
14 Q. Vous m’avez mal compris. C’est mon erreur.
15 Il va falloir que je vous explique ma pensée mieux.
16 Lorsque j’ai dit qu’on a entendu que vous étiez peut-être
17 modéré, je ne voulais pas dire modéré en tant que soldat,
18 mais par rapport à ce qui se passait sur ce territoire en
19 général, qu’instinctivement, vous aviez tendance à être en
20 bons termes avec vos collègues musulmans. Est-ce que vous
21 acceptez cela ?
22 R. Oui. C’est une appréciation correcte, mais
23 aussi avec les Serbes et les Croates. Moi, je négociais
24 aussi avec les Serbes. Moi, j’ai dû faire sortir 13 corps.
25 J’ai donné 19 prisonniers qui étaient vivants, en bonne
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1 santé parce que je considérais qu’il fallait résoudre les
2 problèmes. De ce point de vue-là, j’étais modéré et peut-
3 être quelqu’un d’autre n’était pas modéré, mais là nous
4 parlons des problèmes, de la situation dans laquelle nous
5 avons vécu.
6 Donc, non pas seulement avec les Musulmans et les
7 Croates mais aussi avec les Serbes, c’est-à-dire que j’ai
8 eu un rapport normal, professionnel vis-à-vis de mes
9 obligations, les obligations que je considérais comme les
10 miennes.
11 Q. Donc, j’ai clarifié ma question. Je vous
12 explique. Je m’excuse de ce malentendu.
13 Ma question est de savoir si, à votre avis,
14 certains autres responsables du HVO sont allés trop loin.
15 R. Trop loin de quel point de vue ?
16 Q. Dans la prise de Busovaca qui s’est opérée de
17 la manière dont elle s’est opérée. Dites-le-nous.
18 R. D’après la manière dont vous, vous
19 interprétez les choses, oui, je dirais qu’ils sont allés
20 trop loin.
21 Q. Puisque vous, vous avez été remplacé par
22 Tole, qui vous a remplacé, qui vous a démis de vos
23 fonctions, qui a pris cette décision ?
24 R. Tole.
25 Q. De quel soutien disposait-il afin de prendre
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1 vos fonctions, qui l’a soutenu ?
2 R. Il est venu avec un document émanant du
3 quartier général principal, mais avant ma rencontre avec
4 lui, il s’était rendu aux municipalités dans la vallée de
5 la Lasva, et tout de suite, compte tenu de ses propos
6 tenus, et les Bosniens, donc musulmans et croates, l’ont
7 accepté. Et moi, j’ai été frappé, étonné par ce soutien
8 vis-à-vis de lui, compte tenu du fait que moi, je n’avais
9 pas réussi à assurer un tel soutien dans absolument toutes
10 ces municipalités.
11 Donc, il a été accepté dans la vallée de la Lasva
12 comme commandant et en ce qui concerne cette brève
13 rencontre avec lui, moi, je me demandais si je devais
14 l’arrêter puisque je le connaissais depuis la garnison de
15 Derventa où il était l’officier chargé de la sécurité.
16 Q. Quel était le soutien des Croates de Bosnie
17 dont disposait Tole et dont vous, vous ne disposiez pas ?
18 R. Moi aussi, je l’avais, mais lui, en peu de
19 temps, il a reçu à la fois le soutien des Musulmans et des
20 Croates. Donc, il a eu leur soutien et il s’est mis tout
21 de suite à réaliser ce qu’il devait réaliser, à savoir de
22 mettre en place un quartier général et il a voulu le faire
23 à Uskoplje, à Gornji Vakuf.
24 Q. Monsieur Kordic était déjà, comme nous le
25 savons, une personnalité politique d’influence. Est-ce que
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1 Tole avait le soutien de Kordic ?
2 R. Je ne sais pas.
3 Q. D’après le document avec lequel il est venu,
4 comme vous le dites, je suppose qu’il était clair sur la
5 base de ce document qui le soutenait ?
6 R. Il disposait du soutien du centre de la
7 Communauté croate d’Herceg-Bosna.
8 Q. Il était seulement en charge, à la tête
9 pendant 10 jours, n’est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Le premier jour après sa prise de fonctions,
12 vous êtes devenu son adjoint pendant 10 jours, et à ce
13 moment-là, un homme appelé Trako a été tué. Est-ce que
14 vous savez quoi que ce soit à ce sujet ?
15 R. Non.
16 Q. Vous n’en avez même pas entendu parler ?
17 R. Non.
18 Q. Est-ce que vous connaissiez Cerkez à cette
19 époque-là ?
20 R. Oui.
21 Q. Il ne vous a rien dit concernant le meurtre,
22 l’enquête, l’arrestation, quoi que ce soit de ce genre ?
23 R. Non.
24 Q. Vous étiez donc l’adjoint de Tole. Donc,
25 vous auriez dû être au courant si quelqu’un a perdu la vie
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1 et si c’est lié à une sorte de violation de la discipline.
2 Normalement, vous auriez dû être au courant, n’est-ce pas ?
3 R. Si nous parlons de la période pendant
4 laquelle Zarko Tole était le commandant, nous étions
5 pendant toute cette période dans la région de Uskoplje-
6 Bugojno. Les combats se déroulent et il disparaît. Est-ce
7 que j’aurais dû être au courant en ce qui concerne Trako ou
8 pas ? Peut-être. Lorsque, d’après les exemples scolaires,
9 on imagine la situation, Tole arrive, il est au courant de
10 tout. Mais à ce moment-là, un homme comme ça devait avoir
11 le temps d’être partout mais en ce qui concerne les combats
12 et non pas les meurtres.
13 Q. Tole est resté à ce poste seulement pendant
14 10 jours. N’est-ce pas que pendant cette période, la prise
15 du contrôle de la caserne de Slimena a eu lieu ?
16 R. Non, ça n’a rien à voir avec Tole en ce qui
17 concerne cette prise de contrôle de la caserne.
18 Q. Oui, mais est-ce que ça s’est passé durant la
19 même période ?
20 R. Non. Tole est arrivé vers la fin mai 1992 et
21 en ce qui concerne Slimena… attendez, fin mai, oui. Et en
22 ce qui concerne Slimena, c’était à peu près, oui, dans la
23 même période, mais peu importe, il n’y a aucun lien entre
24 Tole et Slimena.
25 Q. Non. En fait, c’est vous qui avez mené
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1 l’opération de la confiscation des armes de Slimena et vous
2 l’avez fait conformément aux ordres émanant de la cellule
3 de crise de Vitez. Est-ce exact ?
4 R. Non, ce n’est pas vrai. C’est moi qui ai
5 conçu cela, qui ai commandé cela et qui ai mené cela. Je
6 ne sais pas si quelqu’un entre-temps a délivré d’autres
7 ordres, mais ça, c’est autre chose.
8 Q. Je ne vais plus m’attarder à ce sujet.
9 Zorica, connu comme Zulu, a pris ses fonctions le 30 mai et
10 vous, vous êtes resté au poste de son adjoint et Zulu ou
11 Zorica est resté à ce poste seulement pendant 20 jours,
12 jusqu’à à peu près le 20 juin. Comment est-ce que vous
13 avez pu garder votre poste de l’adjoint du commandant ?
14 Pourquoi est-ce que vous n’avez pas pu reprendre votre
15 poste de commandant en chef ?
16 R. Je pense que lorsque Tole a disparu, il y a
17 eu des doutes soulevés indiquant que peut-être moi,
18 j’aurais joué un rôle dans cela et ce doute a été écarté
19 seulement au moment de l’échange dans le cadre duquel Tole
20 et d’autres prisonniers ont été échangés. C’est pour cela
21 que j’ai fait l’objet de manque de confiance.
22 Q. Est-ce qu’il existe un document indiquant que
23 Zorica, qui est connu aussi comme Zulu, est nommé à ce
24 poste ?
25 R. Moi, je n’ai pas vu de tel document.
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1 Q. Zorica était-il un homme concernant lequel on
2 peut dire qu’il avait des opinions extrémistes ?
3 R. Non. Il favorisait la coopération entre les
4 Croates et les Musulmans, mais à mon avis, il n’était pas
5 compétent pour être commandant à un poste lié à des
6 problèmes d’aussi grande envergure. Donc, moi, j’ai essayé
7 de réagir et de dire qu’une telle erreur ne devrait pas se
8 reproduire. J’ai proposé que quelqu’un d’autre soit nommé
9 à ce poste et, entre autres, j’ai proposé que ce soit le
10 Général Blaskic.
11 Q. Un instant, s’il vous plaît. Il est un peu
12 difficile de conclure très exactement quels étaient vos
13 postes sur la base du résumé.
14 Donc, vous étiez tout d’abord le commandant,
15 ensuite l’adjoint, ensuite l’adjoint de nouveau et
16 l’adjoint pendant longtemps. Est-ce que ceci veut dire que
17 l’on appréciait vos qualifications militaires, mais que les
18 supérieurs politiques n’étaient pas tellement contents de
19 vos opinions politiques modérées ?
20 R. Je ne peux pas donner une réponse à cette
21 question. Peut-être c’était le cas.
22 Q. Entre-temps, Monsieur Kordic était justement
23 cela, Monsieur Kordic, pendant cette période ?
24 R. Oui.
25 Q. L’établissement militaire se développait
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1 pendant cette période, devenait de plus en plus efficace
2 petit à petit ?
3 R. Non, pas plus professionnel mais mieux
4 organisé, mieux structuré, avec une meilleure structure en
5 ce qui concerne la manière dont les commandants étaient
6 nommés, et cætera. Il a fallu organiser de l’entraînement
7 afin de rendre cela professionnel, alors que nous, nous
8 n’avions pas d’entraînement.
9 Me NICE (interprétation) : Je me demande si l’on
10 peut montrer au témoin la pièce à conviction 134. Encore
11 une fois, veuillez remettre au témoin l’original et, bien
12 sûr, l’exemplaire en anglais sur le rétroprojecteur. La
13 première page, s’il vous plaît, nous concerne pour le
14 moment.
15 Q. Veuillez examiner le document si vous en avez
16 besoin. Il s’agit du document du 15 juin. Donc, il s’agit
17 de la période à peu près vers la fin des fonctions de
18 Zorica. Il s’agit d’un ordre de combat émanant du
19 département de la Défense de la République de Bosnie-
20 Herzégovine, Communauté croate d’Herceg-Bosna, le HVO, le
21 commandement de la Zone opérationnelle de la Bosnie
22 centrale et c’est adressé au Commandant de la Brigade
23 Tomasevic à Novi Travnik.
24 Est-ce qu’il s’agit, d’après vous, d’un ordre
25 régulier ?
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1 R. Le 15 juin, signé par Blaskic, 1992, je ne
2 trouve pas ça normal du tout.
3 Q. Le sceau a l’air tout à fait régulier de
4 « Herceg-Bosna, Travnik ».
5 R. Oui. Le sceau, oui, mais les dates et le
6 signataire, ça ne me paraît pas réaliste.
7 Q. Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a deux
8 noms à l’endroit où se trouvent les signataires et puis il
9 y a le nom de Kordic avec l’abréviation pour Colonel. Est-
10 ce que vous pouvez expliquer cela ?
11 Me SAYERS (interprétation) : Nous avons une
12 objection vis-à-vis de ce document parce que la fondation
13 n’a pas été expliquée, le bien-fondé de ces affirmations
14 parce qu’apparemment, en plus, la version croate n’est pas
15 signée.
16 Me NICE (interprétation) : Oui, mais apparemment,
17 il y a un sceau.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est un
19 document qui a déjà été versé au dossier ?
20 Me NICE (interprétation) : Ça a été versé au
21 dossier.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Dans ce cas-
23 là, il ne peut pas y avoir d’objection. Continuez.
24 Me NICE (interprétation) :
25 Q. Donc, prenez tout votre temps même si nous
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1 avons des problèmes de temps, mais dites-nous, compte tenu
2 du contenu de ce document, s’il y a quoi que ce soit qui
3 vous indiquerait qu’il s’agit d’un document qui ne serait
4 pas authentique. On parle ici du regroupement des forces
5 ennemies, des attaques d’autres personnes, des attaques par
6 les forces armées musulmanes, des préparations, la défense
7 du peuple, et cætera.
8 R. Si le document avait la date 1993, j’aurais
9 pu prendre en considération sérieusement ce document, mais
10 si la date est 1992, il s’agit là d’un document absurde.
11 Q. À cause de la signature au recto ?
12 R. Non, mais à cause de la date, le 15-06-92 où
13 l’on mentionne la Brigade Stjepan Tomasevic et où les
14 signataires sont « Pukovnik », et cætera, c’est-à-dire
15 Colonel, et cætera. Ça, c’est complètement absurde.
16 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Monsieur
17 Nice, d’après mes propres informations, je veux savoir quel
18 est le rapport entre cela et la période pendant laquelle le
19 témoin a attribué à Monsieur Kordic ce grade, le grade de
20 colonel.
21 Me NICE (interprétation) : C’était seulement en
22 novembre 1992.
23 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Ici, il
24 s’agit du 15 juin 1992 ?
25 Me NICE (interprétation) : Oui, si la date est
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1 correcte.
2 Q. Si la date est exacte, le 20 juin, cinq jours
3 plus tard, Blaskic a remplacé Zorica. Je n’ai pas compris
4 ce que vous avez dit hier. Qui a décidé que ça devait être
5 Blaskic ?
6 R. Il a été nommé depuis le quartier général
7 principal du HVO.
8 Q. Oui, mais qui l’a recommandé ?
9 R. C’est moi qui l’ai recommandé au Commandant,
10 le Colonel Petkovic, et aux autres, mais il faut savoir que
11 les liens ne fonctionnaient pas tellement bien, les liens
12 de communication, mais j’ai envoyé le message aux autres
13 par le biais de personnes qui se rendaient sur place. Moi,
14 je disais que Zorica ne pouvait plus rester au poste de
15 commandant parce qu’il était complètement incompétent et
16 c’est ce que j’ai expliqué. En ce qui concerne qui a pris
17 la décision, en ce qui concerne les autres recommandations,
18 je n’en sais rien.
19 Q. Encore une fois, pourquoi pas vous ? Vous
20 étiez beaucoup plus expérimenté que Blaskic, vous vouliez
21 ce poste. Pourquoi ? Est-ce que vous agissiez seulement
22 derrière les coulisses, derrière quelqu’un d’autre ?
23 R. Comme je l’ai déjà dit, le 12 ou plutôt le 13
24 avril, moi, je suis intervenu. Suivant la logique, il n’y
25 a pas de place pour les discussions. Moi, je dois être le
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1 commandant. Ce n’était pas bien. Ce n’est pas la bonne
2 manière d’agir, sauf dans une telle situation. Moi, je ne
3 peux pas continuer à me proposer moi-même. Je n’ai pas pu
4 le faire. Probablement, j’aurai fait un coup militaire,
5 j’aurais organisé un coup militaire afin de remplacer Zulu
6 si Blaskic n’était pas venu le remplacer. Donc, je n’étais
7 pas derrière les coulisses. J’ai eu un certain rôle.
8 J’étais sans arrêt dans les tranchées.
9 Q. Je ne comprends pas quelque chose. Vous avez
10 dit qu’on a établi éventuellement un lien entre vous et le
11 départ de Tole et qu’avant que ce problème ne soit résolu,
12 vous ne pouviez pas être promu. Là, je parle de la période
13 pendant laquelle Zorica avait ses fonctions. Au moment où
14 Blaskic était le Commandant, est-ce que la question
15 concernant Tole était résolue ?
16 R. Pas du tout puisqu’on ne savait pas du tout
17 encore dans quelles circonstances l’armée de la Republika
18 Srpska s’était emparée de lui.
19 Q. Hier, vous avez donné une autre explication,
20 une autre raison expliquant pourquoi vous, vous ne pouviez
21 pas être le numéro 1, n’est-ce pas ?
22 R. Je ne sais pas si j’ai donné d’autres
23 explications.
24 Q. Ne vous souvenez-vous pas ? Vous avez donné
25 une explication concernant la raison pour laquelle vous ne
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1 pouviez pas être le numéro 1. Vous parliez de la méfiance
2 compte tenu du fait que vous aviez appartenu à la JNA
3 auparavant. Vous ne vous souvenez pas nous avoir parlé de
4 cela ?
5 R. Eh bien, c’est normal. Moi, j’avais été
6 commandant de régiment. J’avais un grade élevé et il est
7 normal que certaines personnes étaient réservées,
8 réticentes. Ils se demandaient si la JNA ne m’avait pas
9 infiltré afin que je travaille pour eux. C’est pour cela
10 que pendant au moins un an pendant la guerre, j’ai fait
11 l’objet de réticences, de réserves, mais je n’étais pas une
12 exception. Tout le monde était suspicieux vis-à-vis de
13 tout le monde.
14 Q. Un grand nombre de militaires, d’ex-
15 militaires de la JNA ont eu une grande réussite tout au
16 long de cette période, par exemple, Petkovic. Pour quelle
17 raison vous, vous n’avez pas pu devenir le numéro 1 ? À
18 cause de Tole, à cause de la méfiance liée à votre
19 expérience au sein de la JNA ou autre chose ?
20 R. S’il vous plaît, ces questions sont
21 extrêmement désagréables. Je ne vous demande pas pourquoi
22 vous, vous n’êtes pas devenu le Président du Tribunal à La
23 Haye. Donc, ne me demandez pas pourquoi moi, je ne suis
24 pas devenu le Président, le numéro 1. Moi, je peux avoir
25 mes idées, mes suppositions.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : S’il vous
2 plaît, ne vous disputez pas avec le Procureur. Si vous ne
3 pouvez pas répondre, dites-le.
4 R. Merci.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Poursuivons.
6 Me NICE (interprétation) :
7 Q. Il n’est pas clair sur la base de votre
8 résumé, mais est-ce qu’on peut dire qu’à partir du moment
9 où Blaskic a été nommé jusqu’à la fin de la guerre, vous
10 travailliez pour lui ?
11 R. Jamais pour lui. Je faisais ce que je devais
12 faire. C’était mon travail.
13 Q. Votre travail, dites-le nous encore une fois,
14 c’était quoi ?
15 R. J’étais l’adjoint du chef de la Zone
16 opérationnelle, l’adjoint du Commandant de la Zone
17 opérationnelle chargé des opérations de combats et à partir
18 d’octobre 1992, j’ai demandé, et ceci m’a été accordé, de
19 devenir le Commandant de la Brigade de Travnik parce
20 qu’après le départ de Monsieur Ivica Stojak, je ne voyais
21 pas qui d’autre aurait pu être à même de prendre ces
22 fonctions-là.
23 Q. Le fait est également que le 4 juillet, vous
24 avez été nommé au poste du Commandant de la Zone
25 opérationnelle numéro 2 à Dobrice, n’est-ce pas ?
Page 17182
1 R. Nous avons divisé les zones opérationnelles
2 en groupes opérationnels. Il y a eu quatre groupes
3 opérationnels et moi, j’étais le commandant de l’un de ces
4 groupes opérationnels.
5 Q. Durant la même période, à la mi-1992,
6 beaucoup de choses se passaient au sein de la HZ H-B. Je
7 souhaite simplement savoir, il ne s’agit pas d’un test là,
8 mais je souhaite savoir : En ce qui concerne les dates qui
9 figurent dans votre déclaration, est-ce qu’il s’agit là de
10 dates que vous connaissiez vous-même ou bien est-ce que
11 quelqu’un vous les a proposées ? Par exemple, en ce qui
12 concerne le décret sur la création des forces armées, est-
13 ce que vous connaissiez la date ?
14 R. Certaines dates, l’on s’en souvient et
15 parfois, il y en a qui nous échappent. Je pensais que là
16 il s’agissait de la date du 3 juillet. Donc parfois, je me
17 souviens ou bien le 22 avril, la prise de la caserne à
18 Kiseljak ou bien une autre date en ce qui concerne la prise
19 de la caserne à Travnik. C’était en juin, par exemple.
20 Q. Quand est-ce que vous avez entendu pour la
21 première fois que le décret sur les forces armées est daté
22 du 3 juillet ?
23 R. Je ne me souviens pas très exactement.
24 Q. Ceci s’est produit en même temps ou plus tard
25 ?
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1 R. Peut-être je l’ai entendu, peut-être je l’ai
2 appris un mois plus tard ou bien trois jours plus tard.
3 Grâce à quelque chose, cette date est restée dans ma
4 mémoire. Il s’agit là d’une date importante.
5 Q. Est-ce que cette information a été
6 distribuée, diffusée à vous et aux autres personnes ayant
7 le même rang que vous ou bien est-ce que vous avez appris
8 cela lorsque ça a été rendu public ?
9 R. Je ne m’en souviens pas.
10 Q. Parce que ceci a été publié en septembre 1992
11 pour la première fois. Donc, je me demande comment vous
12 avez pu apprendre cela.
13 R. Donc, j’ai remarqué cela le mois de juillet
14 et le mois de septembre. Je suppose que quelque chose m’a
15 permis de retenir cette date.
16 Q. Lorsque vous étiez un collaborateur étroit de
17 Blaskic, je suppose que d’une manière ou d’une autre, vous
18 aviez l’accès aux informations, à tous les détails
19 d’informations concernant les événements qui s’étaient
20 produits dans la vallée de la Lasva. Est-ce exact ?
21 R. Oui.
22 Q. En ce qui concerne tout ce qui a été dit dans
23 le commandement opérationnel, en ce qui concerne tout ce
24 qui a été écrit sur les événements de Ahmici et ailleurs,
25 tous ces documents-là vous étaient sans doute accessibles,
Page 17184
1 Général ?
2 R. Tout était accessible pour moi si je
3 demandais ce genre d’informations, si j’étais poussé à les
4 demander, si je devais le faire.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le moment est
6 opportun ?
7 Me NICE (interprétation) : Oui, c’est ce que je
8 pense aussi.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
10 nous n’avons pas beaucoup de temps cette semaine. Donc,
11 nous vous serons gratifiants si vous coopérez avec nous et
12 si vous essayez de terminer votre contre-interrogatoire et
13 si nous pouvons commencer avec un autre témoin aujourd’hui.
14 Me NICE (interprétation) : Les juges seront
15 d’accord avec moi sans doute pour dire que ce témoin a
16 parlé de l’ensemble des faits figurant dans l’acte
17 d’accusation. Il s’agit de quelqu’un qui avait un poste
18 extrêmement important, mais je ferai de mon mieux.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci, et nous
20 vous serons reconnaissants.
21 À 2 h 30.
22 --- Suspension de l’audience à 13 h 03
23 --- Reprise de l’audience à 14 h 30
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
25 afin d’essayer d’aller aussi rapidement que possible, nous
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1 siégerons aujourd’hui un peu plus tard. Nous travaillerons
2 jusqu’à 4 h 45 et nous ferons une pause vers 3 h 45, une
3 pause d’environ 10 minutes.
4 Me NICE (interprétation) : Je vais faire de mon
5 mieux pour en terminer avec le contre-interrogatoire, mais
6 de ce fait, je ne serai pas en mesure de présenter la
7 totalité de ma thèse et de ce fait, je ne présenterai pas
8 un certain nombre de documents que je réserverai pour la
9 fin de la présentation de mes éléments. Je ne les
10 utiliserai pas dans le contre-interrogatoire.
11 Je voudrais corriger deux choses, un lapsus. En
12 ce qui concerne l’arrestation de Merdan, je l’ai associée à
13 un nom qui n’était pas le nom correct. J’aurais dû
14 associer son nom à celui de Alija Begic.
15 Deuxièmement, en ce qui concerne le document de
16 juin 1992 qui porte le grade ou l’inscription de
17 « colonel », le témoin avance qu’il s’agit d’une erreur
18 typographique dans la date. Nous sommes en train d’étudier
19 la question et il est possible que ce soit vrai et qu’il
20 faut lire 1992 au lieu de 1993.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui,
22 effectivement. On parle du conflit à Novi Travnik et je
23 sais qu’effectivement… je ne me souviens pas qu’en juin
24 1992, il y ait eu quoi que ce soit. C’est plutôt juin
25 1993.
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1 Me NICE (interprétation) :
2 Q. Mon Général, est-ce que vous reconnaissez que
3 le 3 juillet 1992, l’un des divers décrets qui ont été
4 délivrés avait pour objectif de s’approprier tout ce qui
5 appartenait à la JNA et pour le placer entre les mains de
6 la HZ H-B ? Reconnaissez-vous ce fait ? Ou plutôt le HVO.
7 En fait, la HZ H-B, en fait. Je vous pose cette question
8 afin que vous n’ayez pas à regarder de document.
9 R. Moi, je ne connais pas ce document et je ne
10 sais pas véritablement si ce document régit la propriété.
11 Non, je ne connais pas ce document.
12 Q. Bien ! Je traiterai de ceci ultérieurement.
13 Maintenant, si l’on revient à un mois en arrière…
14 Me NICE (interprétation) : Est-ce qu’on pourrait
15 montrer rapidement la pièce à conviction 128 ?
16 Q. Pendant qu’on vous la distribue, je vais vous
17 dire qu’il s’agit d’un laissez-passer qui a été délivré à
18 un soldat et l’importance de ce document est la suivante.
19 Il s’agit d’un document qui a été délivré par
20 Kordic et qui garantit le libre passage non seulement dans
21 la Communauté d’Herceg-Bosna mais également dans la
22 République de Croatie. Est-ce que ceci vous surprend, mon
23 Général ?
24 R. Non, ça ne me surprend pas.
25 Q. Qu’est-ce que cela nous dit au sujet de
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1 l’autorité en Croatie du signataire de ce document, Dario
2 Kordic ?
3 R. Ceci prouve que ce monsieur dont il est
4 question, si le document est authentique, peut bénéficier
5 de l’aide de tous ceux sur lesquels il va tomber. Donc, il
6 y a Kordic qui l’a signé, mais il y a Filip Filipovic
7 également qui a signé d’autres documents de tel type.
8 Q. Afin que les choses soient bien complètes, je
9 voudrais savoir si vous-même, vous avez signé des laissez-
10 passer qui étaient valables également sur le territoire de
11 la République de Croatie.
12 R. Oui, mais les gens, bien évidemment, se
13 déplaçaient en direction de la République de Croatie, oui.
14 Sinon, ils n’allaient pas ailleurs. J’ai signé de tels
15 documents.
16 Q. Oui, mais dans ce document, on précise qu’il
17 s’agit du passage à partir de Vares en passant par la HZ H-
18 B et sur la République de Croatie. Êtes-vous en train de
19 me dire que vous-même, vous n’avez jamais délivré de
20 laissez-passer qui ait une portée aussi grande ?
21 R. Moi, j’ai délivré des laissez-passer, des
22 milliers de laissez-passer, pour que les gens puissent
23 traverser le territoire et arriver jusqu’à l’endroit qu’ils
24 avaient marqué. Si c’était Varazdin, si c’était Zagreb ou
25 n’importe ou, ça dépendait de la destination. Moi, de
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1 toute façon, je signais pour confirmer avec ma signature
2 que je voulais l’aider pour qu’il passe librement dans ce
3 territoire.
4 Q. Bien !
5 Me NICE (interprétation) : La pièce à conviction
6 suivante : il s’agit d’un extrait d’une conférence de
7 presse, la pièce à conviction 173. Je vais fournir la
8 totalité de la transcription de cette conférence de presse
9 si elle se révèle utile ultérieurement, mais là, je vais
10 traiter de la chose assez rapidement.
11 Je crois que la vidéo est prête à partir. Oui.
12 Pièce à conviction 173.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : De quelle date
14 s’agit-il ?
15 Me NICE (interprétation) : Je crois qu’il s’agit
16 du 28 juillet. Théoriquement, nous devrions entendre
17 quelque chose, mais apparemment, pour l’instant, ce n’est
18 pas le cas.
19 [Diffusion d’une cassette vidéo]
20 Me NICE (interprétation) : Je vous prie de faire
21 l’arrêt sur l’image et nous parlerons du contenu de la
22 cassette ultérieurement.
23 Q. Mon Général, il s’agit là d’une conférence de
24 presse assez classique, n’est-ce pas, avec Monsieur Kordic
25 au milieu flanqué de deux militaires ?
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1 R. Oui, dans un certain sens typique.
2 Q. Cela ne vous surprendrait pas d’apprendre, si
3 c’est effectivement le cas, qu’on l’a présenté comme étant
4 le Vice-Président du Conseil de la Défense croate ?
5 R. J’insiste une fois de plus qu’on sous-
6 entendait sous le HVO plein de choses, mais que plus tard,
7 cette notion était réduite sur les forces armées, sur
8 l’armée.
9 Q. Seriez-vous surpris d’apprendre que le 28
10 juillet – il s’agit de la deuxième page de la transcription
11 de cette vidéo, page 19 en anglais. Si je vais trop vite,
12 que les interprètes se manifestent d’une façon ou d’une
13 autre – donc, il dit quelque chose qui dit à peu près
14 cela :
15 « J’ai participé à la résolution des problèmes qui
16 sont apparus hier et la veille au soir sur le territoire de
17 Busovaca. Il y a eu tout d’abord des malentendus au sein
18 du QG militaire de la municipalité de Busovaca et du
19 Conseil de la Défense croate. »
20 Ensuite, il continue à donner des explications à
21 ce sujet. Est-ce que vous seriez surpris d’apprendre qu’il
22 prononce ce genre de propos ?
23 R. Non, ça ne me surprend pas.
24 Q. Il parlait de questions militaires, n’est-ce
25 pas ?
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1 R. Oui. Il a parlé d’un certain nombre de
2 malentendus, si j’ai bien compris, qui se sont manifestés
3 au sein du HVO de Busovaca.
4 Q. Merci.
5 Me NICE (interprétation) : Je vais en terminer
6 avec cette pièce à conviction et si nécessaire, nous y
7 reviendrons ultérieurement.
8 Q. Un détail maintenant, mon Général. Vous avez
9 parlé de l’emplacement où se trouvait le chalet de Ivancica
10 à Tisovac, un endroit où a été installé le QG de Blaskic.
11 Brièvement, qui se trouvait à cet endroit avant Blaskic ?
12 Le savez-vous ?
13 R. J’ai déjà parlé de Blaskic et de son QG qui
14 était à l’hôtel Kruscica de Vitez, mais en ce qui concerne
15 Ivancica, avant que j’arrive dans ce secteur, c’était le QG
16 de Pasko Ljubicic et de Zvonko Vukovic. C’est là où ils se
17 rencontraient.
18 Q. À moins que je ne me trompe, au paragraphe 26
19 de votre résumé, vous avez parlé de Tisovac en nous disant
20 que… en fait, vous nous dites qu’au début, le QG de la Zone
21 opérationnelle se trouvait dans la zone de Tisovac, au sud
22 de Busovaca, dans un ancien restaurant qui s’appelait la
23 villa Ivancica. Vous souvenez-vous avoir dit cela ?
24 R. Oui. C’était avant que j’arrive et avant que
25 j’aie pris le commandement.
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1 Q. Très bien ! Vous nous dites que le résumé
2 qu’on nous a communiqué, ce sont vos propres mots et on
3 nous dit ici que c’est l’endroit où se trouvait le QG. Et
4 ensuite, vous nous dites la chose suivante (je cite) :
5 « Quand le Colonel Blaskic a été nommé à son
6 poste, il a déplacé le QG de la Zone opérationnelle à
7 Kruscica pendant un certain temps. » Fin de citation.
8 Vous nous avez confirmé ce matin qu’il s’agit là
9 de vos propos et des propos de personne d’autre. Donc, on
10 comprend à lire cela que le QG se trouvait à Tisovac
11 jusqu’à ce que Blaskic soit nommé à son poste. Est-ce que
12 donc il y a une erreur dans votre résumé ?
13 R. Je vais répéter ce que j’ai dit : Au moment
14 où je suis arrivé, il y a une situation que j’ai trouvée
15 sur place et elle est la suivante. Le QG se trouve à
16 Tisovac, à Busovaca. Des opérations de combat sont à
17 l’ouest. Moi, j’insiste d’être installé, stationné à
18 l’hôtel Lovac à Vitez. Ensuite, Tole est venu. Il a dit
19 que le QG se trouvait à Uskoplje. Il a même commencé à
20 faire des travaux d’aménagement. Il a ramené donc des
21 engins dans ce sens-là.
22 Par conséquent, c’est dans ce sens-là que nous
23 avons transféré de Uskoplje, de Gornji Vakuf, le QG à Lovac
24 à Kruscica.
25 Q. Vous êtes allé à Tisovac quand Kordic s’y
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1 trouvait ?
2 R. Moi, je suis allé à Tisovac une fois ou deux
3 fois.
4 Q. Quand Kordic s’y trouvait ?
5 R. Kordic également.
6 Q. C’est un endroit qui se trouve au fond d’une
7 forêt, au bout d’un sentier, d’une route de montagne et
8 quand Kordic s’y trouvait, c’était un endroit qui était
9 protégé par un grand nombre d’hommes armés, n’est-ce pas ?
10 R. Il s’agissait d’une maison de repos, enfin,
11 mais il y avait des chambres également, d’une usine, je ne
12 me souviens plus laquelle, d’une entreprise, d’une société.
13 De toute façon, en ce qui concerne la défense, nous l’avons
14 organisée tout comme dans tout autre territoire de Bosnie-
15 Herzégovine, enfin, dans tout autre secteur.
16 Q. Nous serons peut-être en mesure de présenter
17 une vidéo ultérieurement, mais je vais vous dire la chose
18 suivante. En face de la villa Ivancica, on trouve un
19 élevage de poissons et des bâtiments appartenant à cet
20 élevage où nous savons que des prisonniers étaient détenus.
21 Vous le savez également certainement ?
22 R. Non, je ne le sais pas. Je ne savais pas que
23 des prisonniers étaient capturés à cet endroit-là, qu’ils
24 étaient là.
25 Q. Dans le cadre de vos fonctions, avez-vous
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1 jamais craint que Blaskic ne vous cache certaines choses ?
2 R. Blaskic ou n’importe qui d’autre aurait pu me
3 cacher des choses, mais moi, j’avais un certain nombre de
4 prérogatives et je devais agir dans le cadre de ces
5 prérogatives et dans ce domaine-là, je n’avais pas le
6 sentiment qu’il me cachait quoi que ce soit.
7 Q. Vous seriez en mesure de confirmer que les
8 étangs appartenant à l’élevage de poissons sont visibles
9 depuis la villa parce qu’ils en sont très proches. C’est
10 exact, n’est-ce pas ?
11 R. Je ne suis pas sûr, mais je suis pratiquement
12 sûr qu’il y a un point à partir duquel on pouvait voir
13 parce qu’il s’agit d’un espace où il y a beaucoup de
14 forêts, beaucoup d’arbres.
15 Q. Vous n’êtes pas en train de nous dire que
16 d’autres personnes résidaient dans cette villa alors que
17 Kordic s’y trouvait ou est-ce que c’est ce que vous essayez
18 de nous dire ?
19 R. Je ne crois pas que d’autres personnes
20 pouvaient l’utiliser pour se reposer, non.
21 Q. Je souhaite que les choses soient bien
22 claires. Est-ce que vous êtes en train de nous dire que
23 Monsieur Kordic n’était rien de plus qu’un porte-parole qui
24 était chargé de faire des déclarations à la presse ou est-
25 ce que vous nous dites qu’en fait, ses fonctions allaient
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1 au-delà ?
2 R. Il n’était pas le porte-parole de la presse.
3 Je pense que ça ne fait aucun doute d’ailleurs qu’il ne
4 l’était pas. Il a été leader à Busovaca. Il était un
5 homme politique également dans la vallée de la Lasva, donc
6 dans la Zone opérationnelle de Bosnie centrale. Il avait
7 beaucoup de tâches à remplir, il avait des activités
8 diverses.
9 Q. Pouvez-vous indiquer aucune de ses fonctions
10 dont nous avons dit ce matin qu’elles étaient pacifiques,
11 pouvez-vous donc identifier une de ses fonctions pour
12 lesquelles il aurait nécessité, il aurait eu besoin d’avoir
13 un QG caché, loin de tout et protégé par des personnes
14 armées ?
15 R. Eh bien, en ce qui concerne le commandement
16 ou bien, si vous voulez, le centre où les choses se
17 passent, en 1992, il ne pouvait se trouver ailleurs que
18 dans un endroit caché. À Vitez, c’était une remise, une
19 annexe d’une propriété privée et comme ceci ne me convenait
20 pas, moi, j’ai transféré par conséquent ce QG à Kruscica, à
21 Lovac. Dans la forêt, c’était encore également un
22 immeuble, une propriété qu’il fallait défendre, mais pas
23 facilement accessible. Il y avait beaucoup d’hommes qui
24 portaient des armes.
25 Q. Je vais vous interrompre afin d’essayer de
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1 gagner du temps. Moi, peu m’importe où se trouvaient les
2 commandants militaires, mais étant donné les activités
3 pacifiques qui étaient les siennes, est-ce que vous pouvez
4 nous expliquer pourquoi il avait besoin d’un QG isolé,
5 éloigné de tout et gardé par des hommes armés ?
6 R. Je n’ai pas parlé de ses activités pacifiques
7 ou bien il y a quelque chose au niveau de la traduction qui
8 n’est pas bon. J’ai dit qu’il avait un certain nombre
9 d’activités qu’il avait à remplir et à exercer. De toute
10 façon, en temps de guerre, ce n’est pas l’amour
11 malheureusement dont on peut parler. Par conséquent, moi,
12 je ne trouve pas que le terme « pacifique » convienne.
13 Q. Je vais passer à un autre sujet. Vous nous
14 dites que la Bosnie-Herzégovine, c’était votre pays,
15 c’était en quelque sorte votre pays pour lequel vous
16 travailliez et votre pays a déclaré que la Herceg-Bosna
17 était contraire à la constitution et ceci en septembre
18 1992. Vous en avez entendu parler, n’est-ce pas ?
19 R. J’ai entendu parler de nombreuses activités,
20 mais je tiens à dire que la Bosnie-Herzégovine est le pays
21 où je suis né, où j’ai été formé et j’espère que je vais y
22 mourir mais la Bosnie-Herzégovine, comme je conçois cet
23 État de Bosnie-Herzégovine, de ma tradition et de ce que
24 j’ai appris, hier, j’ai dit que je ne voudrais pas que mes
25 filles portent le voile et je ne voudrais pas que mes
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1 filles soient obligées d’écrire en cyrillique. La Bosnie-
2 Herzégovine est mon pays. Elle ne m’appartient pas
3 uniquement à moi mais c’est également mon pays.
4 Q. Je ne suis toujours pas sûr de bien vous
5 comprendre. Au moment de la déclaration de septembre 1992
6 selon laquelle la Herceg-Bosna était contraire à la
7 constitution, est-ce que vous aviez décidé à ce moment-là
8 que votre État était complètement au service des intérêts
9 des Musulmans et qu’on allait forcer vos filles à porter le
10 voile ?
11 R. Vous avez parlé d’un État qui n’était pas
12 constitutionnel. Je ne vous ai pas bien compris. Est-ce
13 que vous pouvez, s’il vous plaît, me poser une question
14 très concrète pour que je puisse vous comprendre et vous
15 répondre ?
16 Q. Mon Général, vous aviez un poste de très haut
17 niveau au sein du HVO. Il s’agissait pour vous de servir
18 les intérêts de la Herceg-Bosna. Est-ce que vous n’avez
19 pas réalisé que le pays dans lequel vous viviez avait
20 annoncé officiellement que l’institution au sein de
21 laquelle vous étiez actif était contraire à la constitution
22 ?
23 R. Tous les documents que je recevais ou que je
24 signais, si c’était possible, marquaient l’en-tête Bosnie-
25 Herzégovine, Herceg-Bosna ou bien Communauté croate
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1 d’Herceg-Bosna ou République d’Herceg-Bosna, et cætera, de
2 toute façon, municipalité de Travnik, et cætera. Par
3 conséquent, je ne sais pas ce qui était contraire à la
4 constitution. De quoi parlons-nous ?
5 M. LE JUGE BENNOUNA : Monsieur Nice, peut-être
6 faudrait-il demander au Général Filipovic s’il avait
7 entendu parler d’une décision de la plus haute instance
8 judiciaire de Bosnie-Herzégovine concernant
9 l’inconstitutionnalité de la Communauté d’Herceg-Bosna,
10 l’inconstitutionnalité de la création de la Communauté
11 d’Herceg-Bosna.
12 R. Non, je n’ai pas entendu parler de cela, mais
13 si je l’avais entendu, j’aurais tout simplement estimé
14 qu’il s’agissait de la propagande de quelqu’un d’autre et
15 certainement pas du côté de mon peuple.
16 M. LE JUGE BENNOUNA : Pardon, Me Nice. Vous
17 venez de nous dire que vous aviez au moins un sentiment de
18 double appartenance, d’appartenir à un peuple croate et à
19 l’ensemble qui s’intitule la Bosnie-Herzégovine. Est-ce
20 que c’est vrai ou pas ?
21 R. Oui, c’est correct.
22 Me NICE (interprétation) :
23 Q. Est-ce que dans les journaux, vous n’aviez
24 même pas entendu dire, vous n’aviez pas lu que la
25 constitutionnalité de l’organisme pour lequel vous
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1 travailliez avait été mise en cause ? Vous ne le saviez
2 pas ? Vous n’en aviez pas entendu parler ?
3 R. Il faut comprendre qu’en Bosnie-Herzégovine,
4 il y a des journaux différents et vous ne lisez pas tous
5 les journaux automatiquement et pas à l’avance. Moi
6 personnellement, je suis de très près les journaux, mais je
7 n’ai jamais entendu parler qu’il y avait une décision d’une
8 Cour constitutionnelle selon laquelle soi-disant c’était
9 contraire et opposé à la constitution.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
11 je ne suis pas sûr que nous puissions beaucoup avancer sur
12 ce sujet.
13 Me NICE (interprétation) : Je vais passer à autre
14 chose.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
16 Témoin, êtes-vous en train de nous dire que vous n’aviez
17 absolument pas entendu parler de cette décision ?
18 R. Je n’ai jamais entendu parler de cette
19 décision.
20 [La Chambre discute]
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
22 Me NICE (interprétation) :
23 Q. Les cérémonies de prestation de serments sont
24 un événement important dans la vie d’un soldat puisque
25 c’est pour lui l’occasion de s’engager pour sa cause,
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1 n’est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Lors des cérémonies de ce genre, on fait des
4 saluts et on répond à ces saluts par d’autres saluts,
5 n’est-ce pas ?
6 R. Oui. Ça devrait être une cérémonie
7 officielle.
8 Q. Pendant l’été 1992, pourquoi Monsieur Kordic
9 avait ce genre d’activités lors de ces cérémonies de
10 prestation de serments alors qu’il n’était qu’un homme
11 politique ?
12 R. Bien, au moment où on organisait de telles
13 cérémonies, il y a également des hommes politiques qui sont
14 convoqués, qui sont invités.
15 Q. Est-ce que vous avez vu Monsieur Kordic faire
16 le salut que l’on associe avec le HVO ?
17 R. Moi, j’ai été à une cérémonie et à une autre
18 où Monsieur Kordic assistait et il s’agissait d’une
19 cérémonie de prestation de serments.
20 Q. Est-ce qu’il a salué ? Est-ce qu’il a fait
21 ce salut ?
22 R. Oui. Probablement, oui.
23 Q. Est-ce que cela vous gênerait de nous montrer
24 de quoi il s’agit, s’il vous plaît, qu’est-ce que c’est que
25 ce salut ? Pouvez-vous nous en faire la démonstration ?
Page 17200
1 R. En ce qui concerne la manière de faire le
2 salut, il y avait une certaine identification qu’on
3 cherchait. On a commencé de cette façon-là. Ensuite, on a
4 fait un autre signe. On a essayé quand même de se
5 rapprocher un petit peu à ce qu’on faisait à l’époque à
6 l’ex-JNA ou les Britanniques.
7 Q. Est-ce que précédemment, on a utilisé un
8 salut différent qui est associé avec les termes « Za Dom
9 Spremni » ? Est-ce qu’il y a eu auparavant un autre salut
10 qui a été utilisé ?
11 R. De nombreux hommes utilisaient « prêt pour la
12 patrie », « Za Dom Spremni », mais ça, c’est une expression
13 croate. Tout simplement, c’est « prêt pour la patrie »,
14 c’est « prêt pour le foyer », « prêt pour la famille ».
15 Enfin, c’est dans ce sens-là. En ce qui me concerne, en ce
16 qui concerne ceux que je commandais, j’ai essayé
17 d’apprendre aux hommes, enfin, à obéir aux ordres et de
18 leur apprendre comment se comporter.
19 Q. Cet autre salut pour la patrie, est-ce qu’il
20 était utilisé à cette époque ?
21 R. Officiellement, non, et puis je ne sais pas
22 véritablement comment on a fait le salut. Il y avait un
23 certain nombre d’individus bien évidemment qui faisaient
24 des saluts différents et il y avait des individus, par
25 exemple, qui portaient également des croix gammées. Il y
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1 en avait qui arboraient des insignes assez grands ou bien
2 des emblèmes différents. Je parle des premiers mois de
3 notre organisation.
4 Q. Est-ce que vous avez vu Monsieur Kordic faire
5 ce salut, s’il vous plaît ?
6 R. Non.
7 Q. En êtes-vous sûr ?
8 R. Oui.
9 Q. Bien ! Je vais passer à autre chose
10 maintenant. Le 21 octobre – pièce à conviction 243 qui est
11 en phase de distribution – vous étiez à Novi Travnik.
12 Me NICE (interprétation) : Veuillez donner
13 l’original de ce document au témoin, s’il vous plaît, et
14 placer la version en anglais sur le rétroprojecteur. Une
15 partie de ce document se trouve déjà dans le classeur
16 consacré à Novi Travnik.
17 Q. Page 1, s’il vous plaît. Tout d’abord, mon
18 Général, dans le cadre de votre préparation, la préparation
19 de votre déposition, est-ce que vous avez vu ce document ?
20 R. Non.
21 Q. Si vous le parcourez rapidement, vous verrez
22 qu’il s’agit d’une annonce au sujet de Novi Travnik et de
23 Jajce en date du 21 octobre 1992. Si on passe à la
24 troisième page en anglais maintenant – je crois qu’il
25 s’agit de la dernière page dans votre langue – on peut lire
Page 17202
1 au paragraphe 10 :
2 « Pendant que les opérations de défense se
3 poursuivent, le Vice-Président de la HZ H-B, Dario Kordic,
4 et moi-même sommes à Novi Travnik où nous menons en continu
5 les opérations militaires avec une connaissance approfondie
6 de la situation et en gardant toutes les forces sous notre
7 contrôle. Le Commandant des forces, le Colonel Filip
8 Filipovic, est également présent. »
9 Ce document est signé par le Commandant de la zone
10 Blaskic ainsi que l’adjoint au Président de la HZ H-B Dario
11 Kordic. Vous étiez sur place. Est-ce que le reste de ce
12 qu’on peut lire ici correspond à la réalité ? Est-ce qu’il
13 y avait effectivement des opérations de défense qui étaient
14 menées par Dario Kordic et le Colonel Blaskic ?
15 R. Oui. Il y a la signature du commandement de
16 la Zone opérationnelle, Blaskic. De toute façon, c’est ce
17 qui est marqué. C’est lui qui était chargé de l’opération
18 dans le sens du commandement. En ce qui me concerne,
19 j’étais sur place également parce que j’étais chargé des
20 activités à Novi Travnik et ça couvre la période de
21 l’ordre.
22 Q. Vous nous avez dit que Monsieur Blaskic était
23 quelqu’un qui écrivait beaucoup, qui conservait avec soin
24 les archives, les documents. Cette lettre ou ce rapport
25 est très clair. On peut lire la chose suivante :
Page 17203
1 « Kordic et moi-même nous trouvons à Novi Travnik.
2 Nous conduisons en continu les opérations militaires avec
3 une connaissance approfondie de la situation et en
4 maintenant toutes les forces armées sous notre contrôle. »
5 Fin de citation.
6 Alors, est-ce que le Colonel Blaskic a raison ou
7 pas ?
8 R. « Nous nous trouvons à Novi Travnik. Nous
9 sommes en train de présider les opérations militaires de
10 manière continue. Nous contrôlons toutes les forces
11 militaires. Le Colonel du HVO à Novi Travnik, Filip
12 Filipovic, est là. »
13 Si le document est authentique, moi, je n’ai pas
14 de raison d’en douter. C’est probablement pour vouloir
15 dire que les ouï-dire selon lesquels Filipovic ou Blaskic
16 ou les autres ont été tués. Stojak a été tué à Travnik au
17 point de contrôle et pas à Novi Travnik où il y avait des
18 opérations. C’était peut-être à cause de ça.
19 M. LE JUGE BENNOUNA : Général Filipovic, la
20 question qui vous est posée, vous n’y répondez pas. C’est
21 la deuxième fois, je crois. Comment est-ce que vous pouvez
22 expliquer que dans des documents de caractère militaire
23 adressés à l’armée concernant la conduite des opérations
24 militaires – vous vous êtes cité même directement – comment
25 se fait-il que ces documents sont signés conjointement par
Page 17204
1 Monsieur Blaskic et par Monsieur Kordic ?
2 En d’autres mots, pourquoi le Colonel Blaskic
3 sentait-il la nécessité d’avoir la contre-signature de
4 Monsieur Kordic ? Il y a une double signature. Pourquoi ?
5 Parce qu’il aurait pu se contenter de le signer tout seul.
6 Alors, il y a la double signature et il cite nommément le
7 Colonel Kordic comme menant étroitement avec lui toutes les
8 opérations.
9 Est-ce que ça faisait partie de l’organisation,
10 selon vous, ou pas ? Voilà la question qui vous est posée.
11 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
12 il s’agit d’une information destinée à tous les QG du HVO,
13 tous les QG municipaux et ceci pour donc empêcher les
14 rumeurs, pour empêcher la panique et c’est le Colonel
15 Blaskic, Tihomir Blaskic qui a signé et ça peut être
16 contresigné par plusieurs. Dans le cas concret, c’est le
17 Colonel Tihomir Blaskic qui a signé, mais en ce qui
18 concerne d’autres personnes, il y en a beaucoup qui peuvent
19 contresigner.
20 Vous me posez la question pourquoi Kordic. Au
21 cours de cette période et avant, je vous ai déjà dit qu’il
22 s’agissait d’une figure importante dans la vallée de la
23 Lasva, dans la Zone opérationnelle et je suis même étonné
24 d’ailleurs des raisons pour lesquelles on parle également
25 de moi, de Filip Filipovic. Blaskic a probablement eu
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1 besoin justement de marquer mon nom pour dire que ni
2 Kordic, ni Filipovic, ni lui-même, personne n’a été tué,
3 mais que nous sommes toujours aux postes qui nous ont été
4 assignés.
5 Me NICE (interprétation) :
6 Q. Il n’y a pas de signature manuscrite sur ce
7 document, mais on peut lire que ce document a effectivement
8 été reçu le 27 octobre à 7 h 00 du matin. On voit une
9 indication, une note manuscrite qui indique que ce document
10 a été reçu par… on voit le terme « HBIBUS ». Vous le voyez
11 sur l’original.
12 Avant de passer à autre chose, je voudrais savoir
13 la chose suivante : Est-ce que vous nous dites que d’une
14 certaine façon, le Colonel Blaskic disait que cela n’était
15 pas le cas, que ce n’était pas conforme à la vérité quand
16 il affirmait que Monsieur Kordic participait aux opérations
17 militaires ? Est-ce que c’est ce que vous êtes en train de
18 nous dire ?
19 R. Je maintiens que la chaîne de commandement
20 existait et qu’on savait très bien qui occupait quel poste.
21 Par conséquent, si Kordic ou n’importe qui d’autre
22 commandait des unités, des formations, en dehors de
23 Blaskic, en dehors de Filipovic et dans le cadre de ses
24 prérogatives, c’est de ça que vous devez me parler parce
25 que ce que je viens de voir, ça sous-entend que c’est une
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1 chaîne de commandement qui était normale, mais il y en
2 avait d’autres qui aidaient la mise en œuvre.
3 Q. Je ne vais pas aller plus loin sur ce thème.
4 Maintenant, poursuivons notre parcours
5 chronologique. Vous nous l’avez dit vous-même, trois jours
6 plus tard, le 24 octobre, on vous a nommé à la tête du
7 quartier général du HVO de Travnik. C’est bien exact,
8 n’est-ce pas ?
9 R. Oui. C’est moi qui ai nommé le Commandant du
10 QG de Travnik.
11 Me NICE (interprétation) : Ce document est
12 disponible mais je ne vais peut-être pas le produire afin
13 de ne pas augmenter le nombre de documents auxquels a à se
14 référer la Chambre. Le témoin vient de reconnaître la
15 validité de ce document.
16 Q. Donc, maintenant, nous en venons aux
17 fonctions militaires conjointes ou aux groupes de travail
18 conjoints de Sarajevo. Vous affirmez que c’est vous qui
19 avez décidé que Monsieur Kordic devait porter le grade de
20 colonel.
21 Est-ce qu’il vous vient à l’esprit un document
22 quelconque qui puisse nous expliquer dans quelles
23 circonstances on a pris la décision que Monsieur Kordic
24 porterait le grade de colonel ?
25 R. J’ai dit que j’avais initié et que j’avais
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1 insisté également qu’à la place de Blaskic, il fallait que
2 ce soit quelqu’un d’autre qui aille sur les réunions parce
3 que lui, il perdait beaucoup de temps, et je ne sais pas
4 comment le nom Kordic est venu à l’ordre du jour. Et puis
5 moi, j’ai dit : « Il n’a pas de grade ». Et puis, j’ai
6 dit : « De toute façon, il doit obtenir un grade », et
7 c’est dans ce contexte que je parle.
8 Je ne sais pas s’il y a un papier. Je ne sais pas
9 si on a confirmé son grade. Ça existe peut-être, je ne le
10 sais pas, mais c’est comme ça qu’on est venu à le nommer.
11 Q. En ce qui concerne la dernière pièce à
12 conviction du 21 octobre, vous nous avez confirmé qu’à
13 votre connaissance et pour ce qui vous concernait, Kordic
14 n’était pas un militaire. Vous, vous nous dites que pour
15 lui, en dépit de ce qui est inscrit dans ce document, ce
16 n’était pas un militaire. C’est exact ?
17 R. Oui. Il n’est pas militaire.
18 Q. Donc, un mois plus tard, quand ils ont besoin
19 de quelqu’un qui a de l’expérience en matière militaire,
20 qui est capable de mener les hommes toujours sur le point
21 militaire, quelqu’un qui est capable de négocier avec des
22 militaires de haut rang à Sarajevo, pouvez-vous m’expliquer
23 pourquoi, s’il vous plaît, on envoie quelqu’un qui n’a
24 aucune expérience dans le domaine militaire ?
25 R. J’ai déjà dit que c’est le Colonel Blaskic
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1 qui s’était rendu là-bas et il y a été deux ou trois fois.
2 Il a participé à deux ou trois réunions. Il était
3 compétent par conséquent. Ensuite, Mladic et Halilovic se
4 faisaient remplacer. Ils envoyaient leurs adjoints, enfin,
5 les personnes qui les remplaçaient.
6 Donc, Blaskic normalement devait envoyer quelqu’un
7 pour le remplacer. Par conséquent, ni Filipovic ni Blaskic
8 ne devaient pas s’y rendre. Il fallait trouver la personne
9 qui pouvait correspondre sur le plan négociations et, d’un
10 autre côté, ne pas perdre donc sur le plan défense car il y
11 avait des opérations qu’on menait.
12 Ce n’était pas le manque de sérieux face aux
13 négociations, tout au moins pas en ce qui nous concerne,
14 mais c’était la réalité, comme je l’ai dit, à cette époque-
15 là.
16 Q. Comment un homme qui n’était pas un militaire
17 aurait pu prendre des engagements quelconques au sujet de
18 ce que pouvaient faire les militaires, s’il vous plaît ?
19 R. Monsieur Mladic et Monsieur Sefer pouvaient
20 se rendre en une heure à ces réunions et puis ils
21 repartaient car c’est l’endroit qui correspondait à ces
22 deux personnes, et en effet, il faut dire que lors de ces
23 réunions, on n’avait abouti à rien et puis on avait une
24 expérience également de ce côté-là. On n’a pas abouti à
25 grand-chose lors de ces réunions et c’est comme ça que je
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1 voyais le problème.
2 Q. Si la véritable raison, c’était les
3 difficultés d’accès à Sarajevo, pourquoi ne pas envoyer
4 Monsieur Kljuic ? Il se trouvait à deux pas de là.
5 Pourquoi envoyer Kordic ?
6 R. Monsieur Kljuic, si je le connaissais,
7 j’aurais pu éventuellement proposer que ce soit Monsieur
8 Kljuic. À cette époque-là, je ne le connaissais pas.
9 Q. Personne d’autre n’a eu l’idée de se porter
10 volontaire pour cet exercice extrêmement dangereux, n’est-
11 ce pas ?
12 R. Je le redis une fois de plus : Il y avait un
13 problème, un problème donc qui est apparu et c’est qu’on
14 essayait de le résoudre le plus tôt possible.
15 Q. Vous ne nous dites pas la vérité à ce sujet,
16 mon Général. La vérité c’est que Kordic a sauté sur
17 l’occasion, sur la possibilité de prendre les rênes en
18 main. Est-ce que vous acceptez le fait qu’il est allé là-
19 bas et qu’il s’est présenté au Général de brigade Cordy-
20 Simpson comme étant le supérieur de Blaskic et non pas
21 quelqu’un qui était venu là pour le remplacer ?
22 R. Je n’accepte pas cela.
23 Q. Je vois. Bien ! Je vais passer à autre
24 chose. Nous en arrivons à la fin de 1992 et nous passons à
25 l’année 1993. Il y a donc maintenant huit mois que vous
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1 vivez en Herceg-Bosna.
2 Hier, vous avez dit ou plutôt, c’est Me Naumovski
3 qui a dit à la Chambre que c’était bien à vous qu’il
4 convenait de poser des questions au sujet de l’influence
5 politique des uns et des autres et je voudrais savoir
6 pendant ces huit mois de quelle manière s’était exercée
7 l’influence politique dans la région et par qui ?
8 R. Je parle de l’influence politique quand il
9 s’agit des activités qu’il fallait développer, et ceci pour
10 assurer la vie dans cette communauté. J’ai dit qu’en été
11 1992, les parties ont cessé de fonctionner officiellement.
12 Je ne veux pas parler autrement. Alors que les
13 gouvernements du HVO, je ne sais pas si on avait changé le
14 nom par la suite, ces gouvernements du HVO développaient
15 donc leurs activités sur le plan politique, communications
16 avec le peuple, contacts, et cætera.
17 Q. Vous n’arrivez pas à répondre à la question
18 de savoir qui donnait des instructions, des directives
19 politiques en Herceg-Bosna aux membres de l’armée. Vous ne
20 pouvez pas y répondre ?
21 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
22 j’aimerais qu’on me pose des questions précises et je vais
23 vous répondre de manière très concrète. Je ne peux pas
24 donner la réponse qu’on souhaite obtenir de moi. Quand on
25 me demande qui était à la tête de l’Herceg-Bosna, je l’ai
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1 dit, c’est le Président de la Communauté croate d’Herceg-
2 Bosna. S’il s’agit de la personnalité, du nom de la
3 personnalité qu’il faut que je parle.
4 Q. Votre position, mon Général, ressemble
5 beaucoup à celle qu’elle était en 1992-1993. Vous êtes
6 sous pression. Est-ce que vous vous souvenez avoir grimpé
7 une colline avec un journaliste du nom de Vulliamy ?
8 C’était une situation extrêmement risquée, je crois. Est-
9 ce que vous vous en souvenez ?
10 R. Grimper une colline, vous disiez ? Ça devait
11 être Vlasic. J’étais avec Alagic et puis il y avait un
12 journaliste. Je ne me souviens plus.
13 Q. C’est exact. En fait, vous faisiez un geste
14 très fort en étant ainsi vu en public avec Alagic et ce
15 journaliste, n’est-ce pas ?
16 R. Moi, je ne pensais pas que c’était un geste
17 très fort. Moi, je pensais tout simplement que ça faisait
18 partie également de la lutte qu’on menait pour survivre
19 dans cet espace.
20 Q. Ce n’est pas tout à fait ce que vous avez dit
21 à Monsieur Vulliamy parce que ce que vous lui avez dit, en
22 maudissant Blaskic et Boban, c’est qu’ils vous plaçaient
23 dans une situation où vous ne souhaitiez pas vous trouver.
24 Est-ce que vous reconnaissez avoir dit cela ?
25 R. Non, je n’accepte pas comme tel.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Quand ceci
2 aurait-il été dit ?
3 Me NICE (interprétation) : En janvier 1993.
4 Q. Est-ce que vous leur avez dit qu’ils vous
5 obligeaient à marcher sur le tranchant d’un couteau ?
6 R. Oui, probablement.
7 Q. Cette lame sur laquelle vous étiez contraint
8 d’avancer, c’était la lame qui sépare les politiques des
9 militaires. C’est ça, n’est-ce pas ?
10 R. Non. Excusez-moi, il faut que je donne une
11 explication quelque peu plus large pour être correct.
12 À partir du moment où je critique quelque chose,
13 il faut d’abord que je me critique moi-même ou bien ceux
14 qui m’entourent. C’est la manière dont je me comporte. Je
15 ne peux pas parler de Alija Izetbegovic et ne pas parler de
16 Boban parce que c’est comme ça que je crois et je vois les
17 choses.
18 Si on parle des hommes politiques, Izetbegovic et
19 Boban et Karadzic, tous les trois sont coupables pour le
20 conflit et c’est dans ce contexte-là également que je peux
21 parler de Boban, mais je ne sais pas si les autres osent
22 parler de Karadzic ou de Izetbegovic et c’est dans ce sens-
23 là que j’ai eu un entretien ou éventuellement une
24 déclaration que j’ai faite, je n’en sais rien, à cette
25 époque-là ou bien ailleurs.
Page 17213
1 Q. Donc, c’était Boban et Blaskic qui vous
2 obligeaient à opérer ainsi ?
3 Me SAYERS (interprétation) : Je pense qu’il
4 serait peut-être justifié que l’on dise exactement au
5 Général ce qu’on affirme qu’il a dit précédemment.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est
7 parfaitement clair. Ce qu’on est en train de lui dire
8 c’est qu’il a fait un certain nombre d’observations à un
9 journaliste en la présence de Monsieur Alagic.
10 Me NICE (interprétation) :
11 Q. Est-ce que Boban et Blaskic vous forçaient à
12 marcher ainsi, comme vous le disiez, sur la lame d’un
13 couteau ?
14 R. Non, mais je ne pense absolument pas que
15 c’était dans le contexte de Blaskic. S’il s’agissait de
16 Boban, à ce moment-là, c’était dans le contexte
17 Izetbegovic, Karadzic. Si c’était Blaskic, à ce moment-là,
18 c’était Hadzihasanovic parce que lui, il était à la tête du
19 3e Corps d’armée, et puis de l’autre côté, vous aviez
20 Blaskic qui était le Commandant de la Zone opérationnelle.
21 Q. Je vais être très, très clair avec vous, mon
22 Général. Je ne conteste nullement que vous étiez très
23 déterminé dans votre activité de soldat et également pour
24 vous défendre contre les Serbes. J’espère que vous
25 comprenez bien.
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1 R. Oui. Moi, j’étais fidèle sur le plan
2 militaire aussi bien en ce qui concerne les Serbes qu’en ce
3 qui concerne les Musulmans parce qu’il y avait des actions,
4 il y avait des crimes, il y en avait de tous les côtés. De
5 toute façon, tout le monde m’a trahi en quelque sorte.
6 Vous ne pouvez pas séparer de cette mosaïque un
7 seul événement et puis essayer d’axer votre réflexion et
8 votre attention sur un événement et faire abstraction
9 d’autres. Ce n’est pas possible.
10 Q. Je vais passer à un autre sujet et, pour
11 gagner du temps, il y a un grand nombre d’incidents que je
12 ne vais pas mentionner, mais je souhaite évoquer un point
13 de détail.
14 En janvier 1993, vous nous dites dans le résumé de
15 vos déclarations que la Brigade Nikola Subic-Zrinjski était
16 sous le commandement de Jozinovic jusqu’à la fin janvier,
17 moment auquel il a été remplacé.
18 Vous ne nous avez pas donné la date de ce
19 remplacement. Pouvez-vous nous dire quand Dusko Grubesic
20 l’a remplacé ? Je veux qu’il ne subsiste aucun doute à ce
21 sujet parce que je souhaite savoir qui était responsable
22 vers le 25 au moment de l’attaque sur Busovaca. Pouvez-
23 vous me répondre, s’il vous plaît ?
24 R. Vers la mi-janvier 1993, il y a eu le
25 remplacement entre Jozinovic et Grubesic.
Page 17215
1 Q. Merci. Donc, c’est lui qui a été à la tête
2 au moment de l’attaque de Busovaca vers le 25. Que savez-
3 vous concernant l’attaque contre Busovaca en janvier 1993 :
4 rien ou quelque chose ?
5 R. Je sais des choses seulement sur la base des
6 rumeurs concernant un crime qui a eu lieu à Dusina,
7 concernant également la défense du territoire. Et puis par
8 la suite, au mois d’avril 1993, lorsque la commission a
9 commencé à fonctionner, je suis allé à Jelinak et encore un
10 village dont les Croates avaient été expulsés. Donc, j’y
11 suis allé avec la commission.
12 Q. Nous aurions pu parler de bien d’autres
13 choses, par exemple, les attaques contre Vitez, mais est-ce
14 que vous dites vraiment aux juges que vous ne saviez pas du
15 tout que des habitants de Busovaca avaient subi quoi que ce
16 soit de désagréable le 25 janvier 1993 ou bien autour de
17 cette date ?
18 R. Eh bien, les habitants de Busovaca, moi, je
19 sais que la défense de Busovaca a été organisée. Là, je
20 parle de la défense externe de Busovaca, mais si vous
21 parlez des événements qui se sont produits dans la ville de
22 Busovaca à l’égard des habitants de Busovaca, je ne sais
23 pas. Je n’ai pas pu le savoir.
24 Q. Est-ce que vous pourriez rappeler aux juges
25 quelle est la taille de ce territoire ? Où viviez-vous à
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1 l’époque, en janvier 1993 ?
2 R. Travnik, Turbe, à peu près dans cette région-
3 là.
4 Q. Combien de kilomètres est-ce qu’il y a entre
5 cet endroit et Vitez ?
6 R. Seize kilomètres.
7 Q. Et entre Vitez et Busovaca ?
8 R. Je crois qu’il s’agit de 12 à 15 kilomètres.
9 Q. Il s’agit donc d’une région géographique de
10 petite taille où vous pouviez voyager rapidement si vous
11 réussissiez à passer assez rapidement les points de
12 contrôle ?
13 R. Oui, mais si par exemple, il fallait passer
14 en évitant le point de contrôle à la mosquée bariolée,
15 Sarena Dzamija, il fallait passer par Vlasic ou Vilenica et
16 Alagic ne pouvait pas me protéger. J’aurais pu être tué à
17 n’importe quel moment. Donc, il fallait dans ce cas-là
18 passer par Vlasic ou Vilenica, ce qui voulait dire
19 plusieurs heures à chaque fois. Donc là, je parle du point
20 de contrôle auprès de la mosquée. Il était nécessaire de
21 passer par là. C’est la mosquée à Travnik.
22 Q. À ce moment-là, est-ce que vous aviez des
23 communications par téléphone portable ou autres ?
24 R. À l’époque, il n’y avait pas de téléphone
25 portable, mais de toute façon, moi, ce n’est pas moi qui
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1 travaillais avec les téléphones. Je ne les employais pas.
2 Q. Est-ce que vous êtes en train vraiment de
3 nous dire que vous ne saviez pas du tout qu’une quelconque
4 attaque avait été lancée à Busovaca vers la fin du mois de
5 janvier 1993 ?
6 R. L’attaque contre Busovaca, pour autant que je
7 le savais, avait été lancée par l’armée de Bosnie-
8 Herzégovine, la Défense territoriale, afin de s’emparer des
9 positions à Busovaca, de s’emparer de Busovaca. C’est ce
10 que je sais concernant Busovaca.
11 Q. Revenons cinq jours en arrière en ce qui
12 concerne Busovaca, le 20 janvier. Vous dites aux juges que
13 vous saviez ou que vous ne saviez rien concernant le
14 meurtre de Mirsad Delija qui a peut-être déclenché le reste
15 ? Que saviez-vous là-dessus ?
16 R. C’est aujourd’hui de votre part que
17 j’apprends pour la première fois quoi que ce soit sur ce
18 nom et ce meurtre.
19 Q. Je vais reposer ma question : Blaskic ou
20 Kordic, est-ce qu’ils vous cachaient des informations sur
21 ce qui se produisait d’une manière ou d’une autre ?
22 R. Ils ne m’informaient peut-être pas, mais ils
23 n’étaient pas obligés de m’informer. À l’époque, j’étais
24 le Commandant de la Brigade de Travnik. J’étais
25 complètement débordé de travail, essayant d’éviter qu’un
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1 conflit ouvert n’éclate parce que le danger en était grand,
2 et mis à part cela, ils venaient tellement rarement à
3 Travnik que je ne vois pas comment ils auraient pu me tenir
4 au courant.
5 Q. Est-ce que vous êtes conscient du fait qu’à
6 peu près à ce moment-là, c’est-à-dire à la fin du mois de
7 janvier 1993, les lignes téléphoniques avec Kiseljak
8 fonctionnaient avec difficulté ?
9 R. Je crois qu’elles étaient coupées.
10 Q. Elles étaient inexistantes, sauf en ce qui
11 concerne une ligne, la ligne entre le bureau de poste et
12 puis peut-être un autre bureau ?
13 R. Non.
14 Q. Très bien ! Maintenant, je vais vous
15 demander d’examiner la transcription d’une cassette et de
16 nous dire comment est-ce que ceci est conforme à votre
17 déposition concernant Monsieur Kordic à l’époque.
18 Me NICE (interprétation) : Il s’agit de la pièce
19 à conviction 2801.2A et 2B. Ceci a déjà été versé au
20 dossier.
21 Veuillez remettre ça au témoin : 2801.2A. Il
22 s’agit de l’original. Veuillez remettre ça au témoin et
23 placer sur le rétroprojecteur 2801.2B.
24 Q. Est-ce que vous avez l’original sous les yeux
25 ? Je veux dire la version en langue croate. Il y a trois
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1 feuilles, trois pages.
2 Il s’agit là d’un enregistrement qui a été fait
3 d’une conversation entre Kordic et Blaskic. Est-ce que
4 vous comprenez, Général ?
5 R. Depuis la guerre, j’ai pu lire cela dans la
6 presse depuis la fin de la guerre.
7 Q. Eh bien, maintenant, vous pouvez voir le
8 transcript. Veuillez maintenant passer à la page 2 où vous
9 allez voir une voix d’homme qui figure en haut de la page 2
10 en anglais.
11 En anglais, il est dit que : « Ce VBR, donc
12 lance-roquette multiple, prends-le, mon ami. Prépare-moi
13 ça pour Kacuni et Lugovi ici. Je veux l’entendre hurler. »
14 Est-ce que vous avez trouvé cela ? Je crois que
15 ça figure à la page 2.
16 R. Oui, je l’ai trouvé.
17 Q. La ligne suivante, il est écrit : « Quand ?
18 Maintenant ? »
19 La ligne d’après : « Pas nécessairement tout de
20 suite. »
21 La ligne d’après : « Eh bien, tu me diras
22 quand. »
23 La ligne suivante indique : « Écoute, toi, tu
24 n’as pas préparé tout. Choisis les cibles pour les
25 mortiers et le VBR et tout le reste. Brûlons tout. »
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1 Il s’agit là d’une conversation entre Blaskic et
2 Kordic. Est-ce que vous avez l’impression qu’il s’agit là
3 effectivement d’une conversation entre Blaskic et Kordic ?
4 R. Ça ne ressemble pas à une conversation entre
5 Kordic et Blaskic même si en ce qui concerne les noms et
6 nos munitions…
7 Q. Vous voyez, c’est Kordic qui dit : « Prenez
8 le lance-roquette multiple. Je veux l’entendre hurler. »
9 Ensuite, c’est lui qui dit : « Prépare tout.
10 Choisis les cibles. Brûlons tout. »
11 Donc, ceci montre bien quel est le niveau de son
12 autorité vis-à-vis de Blaskic et c’est la vérité, n’est-ce
13 pas, Général, et vous le savez ?
14 R. Tout d’abord, je ne suis pas sûr s’il s’agit
15 effectivement d’une conversation entre Blaskic et Kordic
16 ici. S’il a de l’autorité, comme vous le dites, elle se
17 baserait sur un rapport personnel dans ce cas-là.
18 Q. C’est justement l’autre alternative. Donc,
19 vous dites qu’il est possible alors que vous ne le savez
20 pas ?
21 R. Je ne permets aucune possibilité, moi. Moi,
22 je dis simplement ce qui aurait dû être le cas, ce qui
23 pouvait être le cas et ce qui était le cas. C’est le champ
24 dans le cadre duquel je m’exprime.
25 Q. Nous allons examiner encore brièvement le
Page 17221
1 reste de la page. Vers le milieu, probablement ligne 17,
2 Kordic dit : « Prépare l’obusier Nora et le VBR pour
3 Zenica. »
4 Ensuite, il dit : « Je lui ai dit. Je lui ai
5 dit, mais il ne voulait faire quoi que ce soit sans ordre.
6 Je lui ai dit que nous allons attaquer si Zenica réagit.
7 Sinon, nous n’allons pas le faire, juste Kacuni. »
8 Est-ce que ceci est conforme à ce que vous dites ?
9 R. Ce n’est pas conforme à quoi que ce soit.
10 Moi, je ne fais pas partie de ce genre d’histoire. Moi,
11 j’ai l’impression qu’il s’agit là de documents qui ont été
12 bien construits pour servir à l’Accusation.
13 Q. Je vois, je vois.
14 La ligne 29 : « Deux de nos jeunes hommes, ils
15 les ont tués de manière perfide de derrière au point de
16 contrôle à Kacuni. »
17 Je suppose que vous savez que ceci est conforme
18 effectivement ?
19 R. Excusez-moi, excusez-moi, mais les lignes ne
20 correspondent pas aux lignes que j’ai dans ma version à
21 moi.
22 Q. Je m’excuse. Donc, vers la fin de la page :
23 « Deux de nos jeunes hommes, ils ont été tués. Ils les ont
24 tués de dos... »
25 R. Oui.
Page 17222
1 Q. [Suite de la question précédente] « …au
2 point de contrôle de Kacuni. »
3 Mais si deux de vos jeunes hommes ont été tués à
4 Kacuni, c’est quelque chose dont vous auriez été au
5 courant, et en fait, vous étiez au courant de cela, n’est-
6 ce pas ?
7 R. Je ne sais pas. Je ne pouvais pas le savoir.
8 Q. Quatre lignes plus tard, il est dit : « Cent
9 personnes doivent être tuées pour chaque personne. »
10 Est-ce que ceci est conforme à vos souvenirs des
11 propos de Monsieur Kordic à l’époque ?
12 R. Veuillez me dire de quelle ligne il s’agit de
13 nouveau, s’il vous plaît ?
14 Q. Peut-être les lignes ne correspondent pas
15 dans les deux versions. Si oui, il s’agit de la ligne 34
16 et le premier mot, c’est « Cent ». C’est ainsi que vous
17 pourrez trouver cela.
18 R. Ce n’est pas du tout la même chose que ce que
19 vous dites, que ce que vous interprétez.
20 Q. Nous allons apprendre à la fin, Général, que
21 malgré toute votre loyauté, vous n’avez pas été récompensé
22 de manière appropriée. Vous vous êtes retiré, vous avez
23 pris votre retraite de l’armée et votre statut en ce moment
24 n’est pas particulièrement élevé.
25 R. Je n’ai pas reçu de décoration alors que je
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1 m’attendais à recevoir cela logiquement puisque j’avais été
2 commandant d’une unité de grande taille. Je suis convaincu
3 que ceci est la conséquence du manque de connaissances ou
4 de la faiblesse des personnes qui proposaient ce genre de
5 décoration, et en ce qui concerne le reste, je ne vois pas
6 de quoi vous parlez.
7 Q. Nous allons revenir en arrière. C’est les
8 juges qui décideront le moment venu si cette conversation a
9 réellement eu lieu ou pas, mais est-ce que vous croyez que
10 peut-être certaines informations concernant certains des
11 événements qui se produisaient étaient cachées de vous ?
12 R. Je ne crois pas qu’une activité délibérée
13 était menée afin de me cacher quoi que ce soit. Cela dit,
14 j’ignorais beaucoup de choses et j’en connaissais d’autres.
15 Q. Une question de détail. Bien sûr, en ce
16 moment, je ne peux pas traiter d’absolument chaque point.
17 Maintenant, il y a un détail : Lorsque vous
18 parliez des paies à la pièce à conviction 383.2…
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Quand vous
20 aurez posé votre question, nous allons procéder à une
21 pause.
22 Me NICE (interprétation) :
23 Q. Général, donc, c’est votre ordre concernant
24 les paies et il est intéressant de savoir que les gens
25 recevaient des paies et de voir de quelle manière ça se
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1 faisait, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse là.
2 Au paragraphe 2, vous parlez des personnes qui ont
3 été nommées afin de recevoir des paies et ensuite, vous
4 citez les unités. Mis à part les trois bataillons et le
5 commandement de la brigade, il y a également la police
6 militaire du bataillon mais aussi la Brigade de la police
7 militaire Tvrtko II et toutes sortes d’autres unités.
8 Toutes ces unités étaient placées sous votre
9 commandement, n’est-ce pas, ou bien sous le commandement de
10 Blaskic, en 1993, puisque c’est vous qui organisiez leurs
11 paies ?
12 R. Moi, je donnais l’ordre que les paies soient
13 versées au personnel de la municipalité de Travnik, des
14 gens venant de Travnik, parce que c’est la municipalité de
15 Travnik qui a mis l’argent à la disposition de l’armée pour
16 que ceci se fasse. Donc, il aurait été très gênant si les
17 uns recevaient leurs paies alors que les autres ne les
18 recevaient pas.
19 Q. Oui, mais ce que je veux dire c’est que la
20 police militaire et la brigade de la police militaire
21 étaient payées par vous, et lorsque nous parlerons
22 d’Ahmici, je suppose que vous nous direz qu’ils étaient
23 sous le contrôle de Blaskic.
24 R. En ce qui concerne ce peloton de la police
25 militaire qui appartenait à la brigade, lui, il était placé
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1 sous mon commandement, mais il faisait partie également du
2 4e Bataillon de la police militaire ou bien plutôt de la
3 compagnie conjointe de Novi Travnik et Travnik. Donc, il
4 s’agissait d’une compagnie appartenant au 4e Bataillon de
5 la police militaire.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
7 Nous allons faire une pause de 10 minutes.
8 --- Suspension de l’audience à 15 h 50
9 --- Reprise de l’audience à 16 h 06
10 M. LE JUGE BENNOUNA : Monsieur Nice, vous deviez
11 normalement terminer le contre-interrogatoire avant le…
12 before the break.
13 Me NICE (interprétation) : [Non interprété] Oui.
14 Il paraît que j’avais la traduction anglaise. Par
15 conséquent, je vais demander aux interprètes de bien
16 vouloir changer le canal parce que sinon, je ne connais pas
17 bien le français et je ne pourrai pas suivre.
18 Q. Général, je pense que maintenant, nous
19 entendons tous la traduction respective en anglais, en
20 français et en B/C/S. J’entends bien là maintenant. Donc,
21 nous allons très vite parcourir un certain nombre de
22 questions.
23 Me NICE (interprétation) : Est-ce que nous
24 pouvons voir d’abord la pièce à conviction 631 ? La
25 majorité de ce document, de toute façon, sera laissée pour
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1 les argumentations.
2 Q. Mais de toute façon, il s’agit par conséquent
3 d’un procès-verbal d’une réunion. Il s’agissait d’une
4 réunion de la Communauté croate d’Herceg-Bosna et de la
5 République d’Herceg-Bosna. Il s’agit de PV et on peut
6 constater que parmi les militaires, il y a Blaskic qui est
7 présent et la neuvième ligne d’en haut, on peut constater
8 également que vous étiez présent. Il s’agit par conséquent
9 d’une réunion qui a eu lieu le 8 avril 1993.
10 Il s’agit d’un événement politique. Je mets
11 l’accent là-dessus et on va peut-être revenir sur ce
12 document avec d’autres témoins, mais ce qui est important
13 de constater c’est que sur la page 4, par exemple, au
14 moment où il est question des activités des organes
15 différents, des organes de la Communauté croate, on n’a pas
16 respecté la réciprocité, la proportion, que les Musulmans
17 n’étaient pas présents autant que les Croates.
18 Et puis vous pouvez voir également plus loin, page
19 5, version anglaise, vous voyez qu’il y a un bureau de HZ
20 H-B qui a été créé à Travnik comme une filiale pour cette
21 région, et ceci pour assurer le pouvoir législatif et
22 exécutif du HVO et pour assurer donc ce caractère
23 rationnel.
24 C’est exact, n’est-ce pas : Travnik était en
25 quelque sorte un poste avancé pour le QG ? Est-ce que vous
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1 êtes d’accord avec moi, Général ?
2 R. Oui. Je sais qu’il y avait un office, un
3 bureau de Anto Valenta qui a été créé, que ce bureau se
4 trouvait une dizaine de jours à Travnik et que c’était à
5 Sebesic, oui.
6 Q. Le document a été signé par le Colonel
7 Kordic. Maintenant, nous allons passer à l’autre document.
8 Mais il s’agit par conséquent d’une période où on
9 avait hissé également des drapeaux. Une seule question :
10 En ce qui concerne le drapeau du HVO qui a été hissé,
11 c’était un acte qui pouvait enflammer, n’est-ce pas, les
12 animosités ? Vous ne pensez pas ?
13 R. Pas le HVO. Ce n’est pas le drapeau du HVO,
14 mais c’est le drapeau du peuple croate et ces drapeaux ont
15 été hissés au moment des célébrations et des
16 manifestations, sauf bien évidemment si on avait tout
17 simplement biffé, effacé tout signe, insigne qui était en
18 liaison avec le peuple croate dans cet espace.
19 Q. Pourrions-nous maintenant voir la pièce à
20 conviction suivante ? Il s’agit de la pièce à conviction
21 cotée… eh bien, ce document en date du 9 avril, il s’agit
22 des conclusions, une fois de plus, signées par Pervan.
23 C’est le Président de la municipalité de Travnik et il est
24 cité que les personnes suivantes doivent en être informées
25 parce qu’il s’agissait d’un drapeau croate qui a été
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1 incendiée. Il fallait donc en informer Dr Tudjman, Boban
2 et Prlic et c’est vous qui auriez dû vous y rendre pour
3 leur parler de cet événement ?
4 R. Je ne sais pas. C’est la première fois que
5 je vois ça, mais ça aurait été un honneur pour moi d’aller
6 les informer là-dessus.
7 Q. Pourquoi à ce moment-là parler d’un autre
8 Président, d’un Président d’un autre État alors que vous
9 apparteniez à un État indépendant, à un organe également
10 indépendant de Bosnie-Herzégovine ?
11 R. Je l’ai déjà dit lors de ma déposition hier,
12 on avait besoin d’aide. On avait besoin de beaucoup
13 d’aide. Il s’agissait véritablement de survie et je le dis
14 vraiment très strictement, très rigoureusement. L’État qui
15 était le plus proche de nous, c’est la Croatie. Nous avons
16 demandé l’aide internationale. Nous avons demandé à tous
17 ceux qui pouvaient nous aider de nous aider. Oui, on s’est
18 adressé à tout le monde.
19 Q. Vous avez obtenu cette aide, n’est-ce pas ?
20 Vous l’avez obtenue sous une forme différente, l’aide,
21 n’est-ce pas ?
22 R. Non.
23 Q. Qu’est-ce qui s’était passé avec Andric ?
24 Andric était également au QG de Blaskic, n’est-ce pas ?
25 R. Non. Andric a été à la commission, à cette
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1 commission dont je faisais partie également. Il y est
2 resté une dizaine de jours. Lui, il vient de Bijelo Polje,
3 de Mostar.
4 Q. Il est venu de Croatie, n’est-ce pas ?
5 R. Il est venu du QG de Mostar.
6 Q. D’accord. On va y revenir plus tard à cette
7 question.
8 Il y a la pièce à conviction suivante que
9 j’aimerais voir, 636.3. Il s’agit d’une traduction
10 officieuse et on va avoir besoin bien évidemment d’en faire
11 une traduction officielle. L’original est un manuscrit.
12 Par conséquent, vous êtes en train de jeter un
13 coup d’œil, de parcourir ce PV. Je ne sais pas si
14 éventuellement vous avez déjà eu l’occasion de le voir,
15 mais de toute façon, vous pouvez également voir ce procès-
16 verbal, enfin, vous voyez qu’il y a votre nom qui y figure.
17 Est-ce que vous pouvez accepter, admettre qu’il
18 s’agit d’un rapport qui a eu lieu le 10… enfin, d’une
19 réunion qui a eu lieu le 10 avril ? Est-ce que vous avez
20 vu également votre nom ? Est-ce que vous avez vu ces
21 quelques points qui se rapportent à vous, Général ?
22 Dans ce PV, on voit très bien qu’il était
23 indispensable d’interdire aux Musulmans de traverser les
24 postes frontaliers. En ce qui concerne les drapeaux, vous
25 avez dit également qu’il faudrait en quelque sorte ne pas
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1 permettre de provoquer de cette façon-là les gens parce que
2 vous avez probablement vous-même également considéré que
3 ceci causait des problèmes ?
4 R. Il y avait beaucoup de réunions. Je ne sais
5 pas qui avait tenu ce procès-verbal. De toute façon, je ne
6 nie pas que c’est vrai. Mais moi, je maintiens ce que j’ai
7 déjà dit. Il s’agissait pour moi d’une lutte de survie.
8 Par conséquent, être sur la lame d’un couteau, c’est peut-
9 être un peu trop fort. Enfin, c’est moi qui utilise ce
10 vocabulaire, mais de toute façon, ce n’est pas contraire à
11 ce que moi, j’ai fait normalement au cours de la guerre.
12 Q. Est-ce que vous n’étiez pas satisfait que de
13 voir que des forces ont hissé des drapeaux ? Est-ce que
14 vous étiez mécontent ?
15 R. Il n’y a pas de drapeaux qui étaient hissés
16 de force. Aussi bien des Musulmans que des Croates, nous
17 avons hissé les drapeaux en 1992 devant les casernes ou
18 ailleurs. À ce moment-là, le drapeau croate ne gênait pas,
19 mais quand l’autre partie est devenue plus forte, à ce
20 moment-là, elle voulait que Travnik n’ait pas de tels
21 drapeaux ou que, par exemple, un soldat ne porte pas un
22 uniforme et n’arbore pas des insignes et c’est pour ça que
23 je disais qu’il y avait par conséquent des forces
24 extrémistes du côté des Musulmans qui commençaient à
25 devenir de plus en plus fortes.
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1 Imaginez-vous que même le commandant musulman qui
2 a été admis à l’époque, tout d’un coup, ne peut plus
3 circuler librement au centre-ville ou traverser la ville.
4 C’est de ça que je parle. Par conséquent, il y avait ce
5 résultat qui en est sorti et il n’est pas impossible que
6 j’aie dit qu’il ne fallait pas véritablement hisser autant
7 de drapeaux parce qu’on pouvait sous-entendre que la 7e
8 Brigade musulmane allait riposter ou organiser des
9 représailles sanglantes. C’est tout.
10 Me NICE (interprétation) : On a la pièce à
11 conviction 645.1. Il s’agit une fois de plus du procès-
12 verbal en date du 12 avril. C’est également un manuscrit.
13 C’est un manuscrit. Il y a une traduction officieuse, mais
14 nous allons faire une traduction officielle.
15 Q. Si vous voulez bien juste jeter un coup d’œil
16 sur la troisième page, vous allez voir à côté de votre nom,
17 il est noté que vous donnez des explications et que vous
18 dites que le soldat Matic avait un certain nombre de tâches
19 à remplir, mais qu’il n’avait pas réussi à le faire plus
20 tard. Donc, il s’agissait de ce soldat Matic.
21 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Il s’agit d’une
22 pièce à conviction. On ne sait même pas d’où elle vient,
23 qui sont les auteurs de ce document. Donc, il est très
24 difficile véritablement de l’admettre. Enfin, il n’est pas
25 complet, ce document. C’est dans ce sens-là que je soulève
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1 l’objection. Merci, Monsieur le Président.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pourriez
3 peut-être poser la question au témoin.
4 Me NICE (interprétation) : Oui, d’accord.
5 Q. Si vous regardez un peu plus loin, mon
6 Général, vous allez voir, je pense que c’est la quatrième
7 page, version anglaise, traduction officieuse, il y a
8 quelque chose qui est formulé comme ça (je cite) :
9 « Tant que nous n’avons pas de forces, nous ne
10 pouvons pas cesser de discuter avec des Musulmans et on ne
11 peut certainement pas approuver des incidents au sein de
12 nos unités. » Fin de citation.
13 Par conséquent, vous semblez être beaucoup plus
14 modéré et le ton est un petit peu comme ça. Est-ce que
15 vous vous en souvenez ? Est-ce que vous avez gardé le
16 souvenir de ces événements ?
17 R. Je ne sais pas véritablement quelle est la
18 question que vous me posez de manière très précise. Par
19 conséquent, il faudrait que je puisse en prendre
20 connaissance et savoir ce qui a été dit de manière exacte.
21 Mais moi, j’ai parlé comme un militaire et j’ai essayé
22 d’avertir en permanence les gens, de dire que nous sommes
23 dans une position inférieure, que par conséquent, personne
24 ne devait provoquer, ne devait initier le conflit et que
25 dans le cadre de tous ces événements, si jamais il y a un
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1 incident ou autre, il fallait donc ne pas permettre qu’un
2 conflit soit ouvert. Et puis, il ne faut pas oublier non
3 plus que j’étais en contact avec Alagic.
4 Moi, je n’étais pas plus modéré que d’autres.
5 Moi, dans un certain sens, j’épousais une approche
6 extrémiste du point de vue militaire. Moi, j’ai essayé par
7 conséquent de faire comprendre comment il fallait se
8 comporter, ce qu’il fallait entreprendre dans le sens
9 militaire.
10 Me NICE (interprétation) : Il y a également une
11 lettre qui est la conséquence de cette réunion. Je pense
12 qu’elle a été adressée au Dr Tudjman ensemble avec d’autres
13 documents. Je vais par conséquent présenter cette lettre
14 et ceci pour pouvoir me conformer au temps qui m’a été
15 imparti pour le contre-interrogatoire.
16 Q. Mon Général, est-ce que vous vous souvenez
17 qu’il y avait un haut fonctionnaire de l’ECMM qui a été
18 très préoccupé du fait que votre autorité a été réduite
19 parce qu’il considérait que vous exerciez une influence
20 assez positive dans le sens de maintenir la paix, alors que
21 celui qui vous a remplacé a créé d’autres problèmes et a
22 provoqué d’autres soucis ? Je ne peux pas bien évidemment
23 mentionner ici le nom de ce fonctionnaire.
24 R. Je ne sais pas, mais c’est peut-être le
25 sentiment qu’une personne a pu avoir. Je ne peux pas en
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1 dire plus.
2 Q. Entendu ! Je reviens à ces réunions une fois
3 de plus. Il y a un certain nombre de pièces à conviction
4 que nous avons versées au dossier. Ces réunions ont eu
5 lieu quelques jours avant Ahmici.
6 Est-ce que vous voulez dire à la Chambre de
7 première instance que vous n’étiez pas au courant de ce qui
8 allait se passer le 16 avril et que vous étiez ignorant sur
9 le plan attaque qui allait se préparer ?
10 R. J’ignorais absolument tout. Je ne savais pas
11 quelles étaient les activités le 16 avril en ce qui
12 concerne la Zone opérationnelle de la Vallée de la Lasva,
13 non.
14 Q. Vous-même, vous étiez où le 16 avril ?
15 R. Je pense que j’étais à Travnik. Excusez-moi,
16 non. J’étais à Jankovici. C’était un poste avancé.
17 Q. Est-ce que vous avez suivi… et probablement
18 vous avez suivi les procès à travers la presse, pour passer
19 très vite maintenant, mais vous savez ce que l’Accusation
20 maintient en ce qui concerne les attaques qui se sont
21 suivies au cours de cette journée ? Vous savez quel était
22 le nombre de villages également qui ont subi l’attaque ?
23 Par conséquent, en tant qu’un officier de carrière, un
24 militaire, vous acceptez probablement que quand il s’agit
25 de l’envergure de ces attaques, qu’il y avait également une
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1 planification, qu’on n’aurait pas pu avoir une telle
2 envergure sans que ces attaques soient planifiées ?
3 Qu’est-ce que vous en pensez en tant que militaire ?
4 R. Excusez-moi. C’est une question que vous
5 posez ?
6 [Les conseils de l’Accusation discutent]
7 Me NICE (interprétation) :
8 Q. Excusez-moi. Oui, c’est une question parce
9 que vous êtes un militaire et puis vous avez un certain
10 nombre de connaissances et vous savez ce qui s’était passé
11 le 16 avril. Vous savez qu’il y avait des attaques qui ont
12 été organisées. Par conséquent, l’Accusation souhaiterait
13 savoir si vous êtes d’accord avec nous pour dire que ces
14 attaques ont été planifiées, étant donné l’envergure de ces
15 attaques.
16 R. Oui. En principe, les attaques se préparent
17 et sont planifiées.
18 Q. Une attaque de cette envergure, si elle a été
19 planifiée depuis le quartier général de Blaskic de quelque
20 manière que ce soit, il y aurait des documents corroborant
21 cela puisque d’habitude, les documents faisaient part des
22 événements ?
23 R. Je ne sais pas de quelle planification vous
24 parlez, mais en principe, l’on donnait des ordres écrits
25 afin de lancer des attaques.
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1 Q. À ce moment-là, la mi-avril 1993, que faisait
2 Sliskovic ? Ça m’intéresserait de savoir aussi ce qu’il
3 faisait en général, mais à ce moment-là, que faisait-il ?
4 Qui était-il, Anto Sliskovic ?
5 R. Anto Sliskovic était l’adjoint chargé de la
6 sécurité du Commandant de la Zone opérationnelle de la
7 Bosnie centrale. Je pense que c’était son poste.
8 Q. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que faisait-il
9 alors ?
10 R. Il s’occupait de la sécurité du quartier
11 général. Il était chargé des adjoints de brigades qui
12 étaient responsables directement de la sécurité des
13 brigades, ensuite, concernant le fait de découvrir
14 d’éventuelles activités masquées de l’ennemi, ce genre de
15 choses.
16 Q. Quel était son rôle en ce qui concerne Ahmici
17 si jamais il y en a eu ?
18 R. Je ne sais pas.
19 Q. Est-ce que vous dites vraiment devant ce
20 Tribunal qu’après Ahmici, personne n’en a vraiment parlé au
21 sein du HVO ? Est-ce que c’est vraiment votre récit ou
22 bien est-ce que vous essayez de vous distancier de ce dont
23 vous êtes certainement au courant, Général ?
24 R. Ahmici était un maillon dans la chaîne des
25 événements dans cette région et durant cette période.
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1 Comme je l’ai déjà dit, en ce qui concerne les centres
2 d’intérêt, Ahmici est devenue connue en 1994 et 1995. Pour
3 moi, il s’agissait là d’un point crucial, d’une notion
4 cruciale dans le contexte des attaques et des contre-
5 attaques et aussi des crimes, si vous voulez, dans la
6 région dans laquelle j’étais actif.
7 En ce qui concerne Ahmici concrètement, j’ai pu
8 remarquer une sorte de gêne au sein de la population
9 d’Ahmici et des alentours puisque ce qui s’est passé à
10 Ahmici a gâché tout ce que nous avions atteint de positif
11 dans la région couverte par la Zone opérationnelle et donc
12 en Bosnie centrale. Avec ce crime, quelqu’un a réussi à
13 créer une notion tellement négative que ceci a gâché tout
14 ce que nous avions fait et qu’il nous a été impossible
15 d’améliorer cette image en ce qui concerne tous les
16 événements qui se produisaient entre 1992 et 1995.
17 Q. Lorsque vous dites que les habitants étaient
18 assez embarrassés, éprouvaient de la gêne, de qui vous
19 parlez ?
20 R. Je parle de chaque personne dans la vallée de
21 la Lasva. Quand vous mentionnez Ahmici, la personne se
22 sent tout de suite bloquée. Un crime a été commis. Une
23 culpabilité existe vis-à-vis d’un événement qui est
24 certainement un crime et les gens ont été choqués en se
25 disant : Est-il possible qu’un tel crime a pu être commis ?
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1 Moi personnellement, et je l’ai déjà dit, je suis
2 allé au cimetière et c’est pour ça que je savais à quelle
3 date les gens ont été tués dans la vallée de la Lasva et on
4 peut conclure, on peut voir qu’il y avait des dizaines de
5 jeunes hommes tués.
6 Q. C’est seulement vers la fin 1993 que vous
7 vous êtes rendu au cimetière, d’après votre déposition.
8 Donc, est-ce que vous dites que ce massacre d’environ 100
9 personnes ne faisait même pas l’objet de discussions de
10 Blaskic avec des gens qui lui étaient proches comme vous ?
11 R. Tout d’abord, je n’étais pas proche de
12 Blaskic. Il s’agit là d’une appréciation erronée. Je
13 collaborais avec lui, je faisais partie de son
14 commandement, mais je n’étais pas proche de lui.
15 Moi, je ne parlais pas du passé, de ce qui s’était
16 déjà produit. Il fallait se tourner vers l’avenir,
17 continuer à agir. Moi, je ne proposais pas l’enquête
18 concernant Krizancevo Selo même si certaines personnes du
19 HVO avaient une responsabilité puisqu’ils avaient omis
20 certaines choses, ce qui a permis ce crime. Tout comme
21 Buhine Kuce, Krizancevo Selo aussi.
22 Donc, en ce qui concerne Ahmici, je l’ai appris
23 par Bob Stewart après le 20 avril et de manière intense.
24 Q. Est-ce que vous savez si Blaskic vous a donné
25 des instructions en avril 1993 de mener une enquête sur les
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1 crimes de guerre, sur la base d’informations limitées ?
2 Est-ce que ceci s’est produit ?
3 R. Non.
4 Q. Est-ce qu’on vous a demandé en avril 1993 de
5 mener une enquête sur les crimes de guerre ?
6 R. Non. On ne m’a pas demandé cela et je ne
7 l’ai pas fait. Je n’ai pas mené d’enquête sur les crimes
8 de guerre.
9 Q. Mais lorsque vous nous avez dit hier, si j’ai
10 bien compris, les combats ont éclaté le 16 avril, à quel
11 moment avez-vous appris cela, que des combats se
12 déroulaient ou commençaient à se dérouler le 16 avril : où
13 et quand ?
14 R. Je n’ai pas parlé de combats mais des
15 incidents, des incidents dans la région de la municipalité
16 de Travnik. Donc, sans arrêt, on arrêtait des gens sur les
17 points de contrôle, on saisissait les biens personnels, on
18 passait des gens à tabac. Il a eu des meurtres. Je ne me
19 souviens pas de tous les meurtres ni des dates, mais par
20 exemple, je viens de citer le meurtre de l’épouse de
21 Monsieur Zvonko Gaso aussi dans l’appartement de Maljencic.
22 Ensuite, des bombes à main, des grenades à main étaient
23 jetées.
24 Ensuite, une réunion a eu lieu également à
25 Travnik, assisté par des représentants de la Communauté
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1 européenne. Moi, j’ai assisté à cette réunion, et aussi
2 Alagic et puis d’autres personnalités, aussi des hommes
3 politiques. Il y avait 15, 16 personnes.
4 Sans arrêt, il y a eu des attaques, non seulement
5 lancées par les Musulmans. Les Croates ont participé à ce
6 genre d’attaques aussi.
7 Q. Très bien ! Nous n’allons plus perdre votre
8 temps concernant ces attaques puisque vous dites que vous
9 n’en saviez rien, alors que moi, je n’accepte pas cela.
10 Deux autres choses. Votre description de
11 Sliskovic, est-ce que ça veut dire qu’il faisait partie de
12 la police militaire ou pas ?
13 R. Il n’est pas membre de la police militaire
14 mais il a l’autorité vis-à-vis de la police militaire afin
15 de l’employer dans le cadre de certaines activités.
16 Q. Le point suivant : Tuka, vous savez qui
17 c’est, n’est-ce pas ? Vous le connaissez ou bien vous
18 savez qui c’est ?
19 R. Oui.
20 Q. Donc quelques jours après Ahmici, lui, il est
21 un Croate et il s’est opposé aux instructions d’attaquer
22 Dusina au sud de Fojnica, dans la municipalité de Fojnica,
23 puisqu’il avait peur de représailles éventuelles.
24 Est-ce que vous le saviez, et si oui, dites-nous
25 si vous seriez d’accord avec une telle attitude ?
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1 R. Non. Je ne sais pas du tout que Tuka devait
2 lancer une attaque contre Dusina ou Fojnica ou quoi que ce
3 soit, de ce genre.
4 Q. Très bien ! Marin : Vous savez qui était
5 Marin ?
6 R. Est-ce qu’il a un nom de famille, Marin ?
7 Q. Slavko Marin.
8 R. Slavko Marin : Ah oui ! je sais. Il était
9 chargé des opérations dans la Zone opérationnelle.
10 Q. Et vous ne seriez pas en désaccord avec lui,
11 qui a dit qu’à ce moment-là, en avril 1993, qu’il y a eu
12 des obusiers de calibre à la fois de 122 millimètres et de
13 152 millimètres à l’ouest de Puticevo ?
14 R. Dans la région de Puticevo, effectivement, il
15 y a eu des obusiers sur l’une des positions, de calibre de
16 122 et 152 millimètres.
17 Q. Merci. Et ceci s’applique à cette période :
18 avril 1993 ?
19 R. Je ne sais pas exactement mais ces pièces
20 d’artillerie étaient positionnées dans la région vaste de
21 Puticevo.
22 Q. Et ceci figurerait comme information dans le
23 cadre des documents gardés dans le commandement central,
24 n’est-ce pas, les documents pouvant le confirmer, les
25 documents archivés ?
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1 R. Ça devrait être le cas.
2 Q. Étiez-vous présent le 26 avril ou peut-être
3 le 29 dans la salle de cinéma à Vitez où on a dit aux
4 prisonniers qu’ils allaient être relâchés, mais il
5 s’agissait d’une promesse fausse ? Est-ce que vous vous en
6 souvenez ? Nous avons entendu cela de la part du Témoin G
7 qui a dit que vous aussi, vous étiez sur place à ce moment-
8 là.
9 R. J’ai déjà dit que dans le cadre du travail de
10 la commission, et Petkovic et moi-même et Sefer Halilovic
11 et Delic, nous sommes allés à Stari Vitez, à Mahala et
12 aussi à l’hôtel, donc le commandement de la Zone
13 opérationnelle, et aussi dans le cinéma où se trouvaient
14 ces détenus.
15 Q. Est-ce que vous étiez présent à cette
16 occasion lorsque cette fausse information concernant le
17 relâchement des prisonniers leur a été fournie ?
18 R. Non. La pratique était telle que si nous
19 allions à l’endroit où les prisonniers étaient des Croates,
20 nous, nous parlions avec les gens, et lorsque nous allions
21 quelque part où les prisonniers étaient des Musulmans,
22 c’est Halilovic et Delic qui parlaient avec les gens. Je
23 ne sais pas qui disait quoi.
24 Q. Général, je vous ai donné la possibilité
25 d’accepter que l’un de vos problèmes avec vos leaders est
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1 qu’ils souhaitaient que vous fassiez des choses que vous ne
2 souhaitiez pas faire. Est-ce que vous serez surpris de
3 savoir que dans le Washington Post du 2 mai 1993, l’on vous
4 a loué avec Alagic comme personnalités qui ont essayé de
5 préserver Travnik de la destruction dont Vitez a fait
6 l’objet ? Si ce genre de propos ont été publiés, est-ce
7 qu’il s’agit là d’un reflet de la réalité ? Est-ce que
8 vous avez pensé que Vitez avait souffert énormément et est-
9 ce que vous, avec Alagic, vous avez continué à essayer,
10 même en mai 1993, de faire tout afin de préserver Travnik ?
11 R. En mai 1993, je n’étais pas avec Alagic. Je
12 faisais partie de cette commission, je l’ai déjà dit. Mais
13 en avril 1993, c’est vrai. Cet article est paru au mois de
14 mai. Donc, je suppose que l’article traite de mes
15 activités avec Alagic à Travnik, mais il s’agissait du mois
16 d’avril et il s’agissait uniquement de Travnik.
17 Q. Et en mai, vous et Dzemal Merdan, vous avez
18 essayé de mettre en place un commandement conjoint : Est-
19 ce exact ?
20 R. En mai 1992 ?
21 Q. C’est à vous de me dire. Peut-être que je me
22 suis trompé. C’était en mai 1992 ou mai 1993.
23 R. En ce qui concerne Dzemo Merdan, je n’ai
24 jamais mis en place un commandement avec lui. Nous
25 n’étions jamais des homologues. Mais dans le cadre de
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1 cette commission dont j’ai parlé, je suis allé à Zenica, et
2 là, il me montrait où devait se trouver le commandement
3 conjoint à Zenica, de l’armée et du HVO.
4 Q. Est-ce que vous vous souvenez des discussions
5 avec le HVO concernant un commandement conjoint ?
6 R. J’ai parlé du commandement conjoint avec
7 Sefer, avec Delic, à ce moment-là, à Zenica aussi avec
8 Siber. Peut-être que le Général Merdan y était lui aussi
9 mais je ne m’en souviens pas en ce moment. Je ne peux pas
10 m’en souvenir.
11 Q. Acceptez-vous que lors des discussions, même
12 en 1992, peut-être pas en 1993, alors de votre discussion
13 avec Dzemo Merdan, mis à part ce que vous avez dit sur le
14 commandement conjoint, vous lui avez dit que Kordic n’était
15 pas d’accord mais que vous ne pouviez pas vous opposer à
16 Kordic et que c’était la raison pour laquelle Blaskic vous
17 a remplacé ?
18 R. Non. La personne qui avait le même niveau
19 que Monsieur Dzemo Merdan et qui coopérait avec lui c’était
20 Franjo Nakic. Donc, c’est eux deux qui pouvaient avoir un
21 nombre de discussions de ce genre. Mais je répète : Je
22 n’ai pas beaucoup parlé, négocié et collaboré avec Dzemo
23 Merdan. Parfois, je le voyais, mais en ce qui concerne les
24 problèmes que lui, il essayait de résoudre et les problèmes
25 dont j’étais préoccupé, ils ne correspondaient pas les uns
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1 aux autres. Donc, ce que vous dites n’est pas conforme à
2 la réalité.
3 Q. Vous ne vous souvenez pas que vous avez dit à
4 un moment quelque chose allant dans le sens qu’en ce qui
5 concerne certains sujets, Kordic n’était pas d’accord avec
6 vous et vous ne pouviez pas vous opposer à Kordic et que
7 c’est pour ça que vous avez été remplacé ?
8 R. Mais je n’ai jamais été remplacé. Je ne sais
9 pas de quoi vous parlez. Peut-être que Kordic était
10 préoccupé par Dzemo Merdan puisque Dzemo Merdan était de
11 Busovaca, mais je ne vois pas pourquoi j’aurais discuté de
12 cela avec lui. Je ne sais pas.
13 Me NICE (interprétation) : J’essaie de procéder
14 rapidement afin de parler de certains points que j’ai omis
15 tout à l’heure.
16 Je me demande si l’on peut placer sur le
17 rétroprojecteur la pièce à conviction 249, je pense. Eh
18 bien, il s’agit par conséquent de la pièce à conviction
19 243. Excusez-moi. Ça fait partie justement de ce document
20 et tout à fait par hasard, il s’est… ce n’est pas tout à
21 fait l’ordre chronologique. Donc, je vais justement
22 traiter de cette question concernant Monsieur Kordic.
23 Q. Il s’agit du document dans lequel on stipule…
24 il a été d’abord signé par Blaskic et Kordic. Ça c’est
25 pour commencer. Il y a un certain nombre de noms qui sont
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1 dactylographiés. Ensuite, pour ce qui est le texte qui est
2 manuscrit, c’est un reçu, et dans ce texte est
3 l’information suivante.
4 Le message est pour le HVO à Bugojno : « Si ces
5 unités doivent participer dans les combats, à ce moment-là,
6 ils doivent utiliser des pièces d’artillerie pour la grande
7 distance. » Et ensuite, il y a le Commandant Blaskic et
8 Kordic également qui ont signés le document.
9 Et vous, vous maintenez qu’il n’a jamais participé
10 dans le sens de décisions qui ont été prises ?
11 R. Mais j’ai l’impression qu’il s’agit de 1992,
12 24 octobre 1992.
13 Q. Oui. C’est vrai. Moi, je l’ai dit tout à
14 l’heure. C’est hors de l’ordre chronologique. C’est vrai.
15 R. Mais je ne vois pas. Je ne vois pas pourquoi
16 et je ne vois même pas comment un tel document peut
17 exister. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on faisait à
18 l’époque, en dehors de toutes les normes. Je vous dis : il
19 y a l’en-tête « Bosnie-Herzégovine », il y a le reste
20 également qui doit suivre. Moi, je ne vois pas. Moi, je
21 mets en question ce document et l’authenticité du document.
22 Q. Donc, nous allons voir l’autre document, 769.
23 Il a déjà été versé au dossier.
24 Mon Général, donc, la pièce à conviction 769 a été
25 signée par le Colonel Blaskic. Il y a également un sceau
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1 qui est apposé.
2 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : On va
3 revenir au document 249, si vous voulez bien. Je pense que
4 le témoin a mis en question ce document et l’authenticité
5 de ce document. Par conséquent, la question que j’aimerais
6 poser c’est tout simplement de constater sur quelle base,
7 comment il se fonde et pourquoi il met en question
8 l’authenticité du document.
9 Me NICE (interprétation) :
10 Q. Mon Général, vous vous souvenez que vous avez
11 également mis en cause le document précédent que nous avons
12 vu, 249. Est-ce que vous vous limitez tout simplement au
13 fait que vous voyez que la signature de Kordic est apposée
14 mais qu’il y a des instructions qui concernent les pièces
15 d’artillerie qui sont utilisées pour les grandes portées ?
16 R. Non, mais je dis que tout simplement, je ne
17 vois pas comment ce document peut-il être pertinent.
18 Q. Le juge souhaiterait savoir quels sont les
19 fondements sur lesquels vous basez votre mise en question.
20 Kordic, bien évidemment, figure avec son nom, mais y a-t-il
21 d’autres raisons ?
22 R. Non. Le document n’est pas authentique. Il
23 n’y a pas le destinataire. On ne sait pas ce qu’il veut
24 dire, enfin, sur le plan contenu également.
25 Q. Oui, certes. Vous auriez accepté
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1 probablement qu’au moment où on communique, de quelle
2 façon… parce que c’est par Paket qu’on communiquait entre
3 les QG. Dans ce cas-là, on agissait de cette façon-là, on
4 rédigeait les documents de cette façon-là ?
5 R. Oui, mais dans ce cas-là, on aurait pu quand
6 même constater qui avait reçu ce document, à qui il a été
7 destiné. De toute façon, en ce qui me concerne, moi, je ne
8 crois pas à cette formule de communication. Je ne crois
9 pas que ça ait pu exister.
10 Q. Excusez-moi, mais de toute façon, vous avez
11 pu voir également qu’il y avait donc un reçu, un manuscrit
12 et qu’il y avait la signature. Vous l’avez bien vu ?
13 R. Non. En ce qui me concerne, moi, je n’ai pas
14 cet exemplaire.
15 Me NICE (interprétation) : Excusez-moi, mais je
16 pense que je suis quelque peu pressé à cause du temps, sauf
17 si la Chambre de première instance, bien évidemment, me
18 permet de poursuivre. À ce moment-là, je n’insisterai pas
19 là-dessus.
20 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Oui, vous
21 pouvez continuer, s’il vous plaît.
22 Me NICE (interprétation) :
23 Q. Donc, nous passons à la pièce à conviction
24 769. Il y a donc la signature et il y a le sceau.
25 Mon Général, est-ce que vous pouvez voir ? Il
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1 s’agit du 21 avril 1993, par conséquent, très brièvement…
2 21 mai 1993, tout de suite après Ahmici. Il y a donc eu
3 cette réunion et j’aimerais savoir quel est votre
4 commentaire au sujet du paragraphe à la dernière page. Il
5 s’agit d’une réflexion. C’est par conséquent intitulé :
6 « Diverses observations », numéro 7.
7 Entre autres, on dit : « Je n’aurais pas eu
8 raison si c’est Kordic qui me donnait des instructions, des
9 ordres. »
10 Excusez-moi, excusez-moi. Je me suis trompé.
11 C’est Blaskic. C’est Blaskic qui justement décrit ce qui
12 s’était passé, et comme je l’ai dit, c’est précisé sous le
13 titre « Autres observations ».
14 Est-ce que ceci aurait pu advenir ou bien
15 éventuellement vous ne connaissez jamais cet homme et par
16 conséquent vous ne pouviez pas dans ce sens-là faire aucun
17 commentaire ?
18 R. En ce qui concerne les documents que je viens
19 de voir, pour moi, ils me semblent comme des documents qui
20 ne sont pas authentiques, et de toute façon, pour moi, ça
21 ne correspond absolument pas au type de documents que
22 j’avais à la période que ces documents couvrent. Par
23 conséquent, je ne sais absolument pas comment vous répondre
24 parce que ça ne fait pas partie de ce que moi, je sais sur
25 les événements.
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1 Q. Je vais vous demander de bien vouloir
2 éventuellement y revenir s’il y a des questions
3 supplémentaires qui vous sont posées.
4 Maintenant, si vous voulez bien, on passe à un
5 autre document, la pièce à conviction 1477.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice, eh
7 bien, moi, j’ai une réunion. Il faut que je sois à cette
8 réunion à 5 h 00. Est-ce que vous pouvez terminer par 5 h
9 00 ?
10 Me NICE (interprétation) : Malheureusement, je
11 pense qu’il y a encore quelques questions, et tout à
12 l’heure, le témoin ne m’a pas répondu à mes questions.
13 Pour demain matin : 10 minutes ? J’en ai besoin.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : D’accord. Dix
15 minutes demain matin. D’accord.
16 Vous posez votre dernière question.
17 Me NICE (interprétation) :
18 Q. Eh bien, en ce qui concerne ce document,
19 c’est un document qui concerne la décoration qui a été
20 décernée par l’État croate à Monsieur Kordic. Je pense que
21 vous, on vous a décerné également une décoration, mais elle
22 n’est pas de la même envergure, enfin, de la même
23 importance, n’est-ce pas ?
24 R. Oui, effectivement. Vous avez raison.
25 Q. Eh bien, il a reçu la décoration Roi Kresimir
Page 17251
1 avec la bande et, comme nous pouvons en constater à la
2 ligne 4, cette décoration lui a été décernée déjà au moment
3 où il a joué ce rôle à Busovaca. Et de toute façon, il a
4 tout le temps participé à toutes les activités. Il a
5 également bloqué la pénétration des Serbes Chetniks en
6 Bosnie centrale. On lui a également décerné cet ordre
7 parce qu’il était à la tête de la Communauté croate
8 d’Herceg-Bosna et du HVO et on précise également que
9 pendant la période la plus sanglante et les opérations que
10 les Croates ont menées en Bosnie centrale, il a joué un
11 rôle important au cours des batailles et au cours des
12 combats en Bosnie centrale.
13 Est-ce qu’ils ont interprété de manière erronée ce
14 qu’il a eu comme rôle ?
15 R. C’est tout simplement un fonctionnaire, un
16 apparatchik qui a rédigé un texte et qui a pensé qu’il
17 fallait donner une description aussi détaillée au moment où
18 on décorait Monsieur Kordic. En ce qui me concerne, moi,
19 je ne suis pas un apparatchik. Par conséquent, c’est la
20 raison pour laquelle on n’a pas parlé de cette manière-là
21 de moi.
22 Me NICE (interprétation) : Eh bien, Monsieur le
23 Président, je ne voudrais pas abuser de la patience des
24 juges. Par conséquent, je vais vous demander 10 minutes
25 demain, s’il vous plaît. Je vous en saurais gré.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Général,
2 pourriez-vous, s’il vous plaît, être ici demain à 9 h 30
3 pour terminer votre déposition ?
4 --- L’audience est levée à 17 h 00
5 pour reprendre le jeudi
6 13 avril 2000 à 9 h 30
7
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9
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11
12
13
14
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16
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