Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 17253

  1               Le jeudi 13 avril 2000

  2               [Audience publique]

  3               [Les accusés entrent dans la Cour]

  4               [Le témoin entre dans la Cour]

  5               --- L’audience débute à 9 h 32

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Monsieur

  7   Nice.

  8         TÉMOIN :  FILIP FILIPOVIC

  9         (SOUS LE MÊME SERMENT)

 10         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NICE

 11         (interprétation) :  [Suite]

 12         Q.    Miro Andric faisait partie de l’état-major de

 13   Blaskic en quelle qualité, Général ?

 14         R.    Miro Andric était membre de la commission

 15   chargée d’arrêter le conflit et a été nommé lors d’une

 16   réunion entre Izetbegovic et Boban.  Moi-même, j’ai été

 17   nommé lors de la même réunion.  En cette qualité, il a

 18   passé une dizaine de jours dans cette commission, mais il

 19   n’a jamais fait partie du quartier général de Blaskic.

 20         Q.    Donc, si Blaskic aurait déposé sur le fait

 21   que lui, il faisait partie de son état-major, il s’agirait

 22   là d’une erreur ?

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je pense qu’il

 24   s’agit d’un commentaire là.

 25         Me NICE (interprétation) : 


Page 17254

  1         Q.    Est-ce que vous pouvez examiner maintenant la

  2   pièce à conviction 124.1, s’il vous plaît ? 

  3         Me NICE (interprétation) :

  4         Ceci n’est pas traduit, mais veuillez placer ça

  5   sur le rétroprojecteur.  Nous recevrons une traduction par

  6   la suite.  Il s’agit là de six documents courts au total.

  7         Veuillez placer ça sur le rétroprojecteur, s’il

  8   vous plaît.  Permettez au témoin d’abord de l’examiner et

  9   ensuite, nous allons placer ça sur le rétroprojecteur.

 10         Q.    Il s’agit là d’un document en date de juin

 11   1992 émanant de Susak en Croatie qui concerne Miro Andric. 

 12   Nous voyons son nom là au numéro 1 : Est-ce exact ?

 13         R.    Oui, il est exact que Miro Andric correspond

 14   au chiffre « 1 ».

 15         Q.    Le document suivant est 127.2 et nous avons

 16   une traduction de ce document.

 17         Me NICE (interprétation) :  Placez l’anglais sur

 18   le rétroprojecteur, s’il vous plaît, et donnez l’original

 19   au témoin.

 20         Q.    Il s’agit donc du document en date du 8 juin. 

 21   Il s’agit d’un ordre d’un colonel croate qui donne l’ordre

 22   d’envoyer au front du sud un certain nombre de personnes

 23   afin de s’acquitter d’une tâche provisoire, y compris Miro

 24   Andric au numéro 1, la même personne ?

 25         R.    Oui, c’est exact.  La personne que vous


Page 17255

  1   mentionnée figure sur la liste.

  2         Q.    La pièce à conviction suivante : 877.1.  Il

  3   s’agit là d’un document en date du 3 mai 1993.  Maintenant,

  4   l’on mentionne Miro Andric et puis, c’est lui qui a signé. 

  5   À côté, il y a un sceau de l’Herceg-Bosna, Travnik, et il

  6   s’agit là d’un rapport envoyé par lui concernant les

  7   membres de la Brigade de la HV.

  8         Donc, il s’agit des soldats croates de la 101e

  9   Brigade de la HV qui ont été envoyés au front sud de la

 10   Communauté croate d’Herceg-Bosna, conformément à l’ordre

 11   donné par le ministère de la Défense de la Croatie, afin de

 12   s’acquitter de ses tâches au mois de mars, et il a cité son

 13   propre nom en tant que la première personne parmi ces

 14   officiers ?

 15         R.    Tous ces documents ne contestent pas ce que

 16   j’ai dit, à savoir que le Colonel Andric n’était jamais

 17   membre de la Zone opérationnelle de la Bosnie centrale, de

 18   son commandement, et j’ai déjà mentionné qu’il avait un

 19   rôle dans la commission chargée de cessation des hostilités

 20   en Bosnie centrale.

 21         Q.    Qu’est-ce qu’il faisait en Bosnie centrale

 22   s’il a pu signer un document avec le sceau de Travnik s’il

 23   ne travaillait pas pour Blaskic ?

 24         R.    Moi, Cerkez, Andric, Delic et Amidja, nous

 25   étions à Sljivcica, au-dessus de Vitez, de même que le


Page 17256

  1   commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine, et nous avions

  2   des discussions concernant l’échange des prisonniers et la

  3   libération des prisonniers et nous étions sur la ligne de

  4   front.  Moi, je m’en souviens très bien.

  5         Donc lui, il était aussi à Vitez, à Stari Vitez et

  6   à Mahala pendant que nous avions ces discussions visant à

  7   faire libérer ces prisonniers.  Puis, il a été également au

  8   cinéma et puis, il a été aussi à l’hôtel Vitez.  Là, je

  9   cite très exactement ce que cette personne faisait.

 10         Me NICE (interprétation) :  Je n’ai pas le temps

 11   de me lancer dans les débats avec ce témoin à ce sujet. 

 12   Donc, je passe au document suivant.  Il s’agit du document

 13   2360.17.

 14         Q.    Il s’agit de nouveau du 19 mai mais il s’agit

 15   là quand même de la période pendant laquelle vous exerciez

 16   vos fonctions.  Il s’agit d’un document émanant de Croatie,

 17   du Général Bobetko qui donne des instructions afin que le

 18   Bataillon Frankopan soit déployé en Bosnie centrale sous le

 19   commandement de Zorica Zulu, dont nous avons entendu parler

 20   hier, et ensuite, Tole devait prendre la direction de cela. 

 21   Nous avons entendu parler de cela également.

 22         Il s’agit là d’une indication tout à fait claire

 23   de l’implication de la Croatie, n’est-ce pas ?

 24         R.    Il est vrai que Zulu est à Bugojno et à

 25   Uskoplje.


Page 17257

  1         Q.    Et il est vrai que Bobetko, au nom de la

  2   Croatie, envoyait un bataillon à Bugojno ?

  3         R.    Ce bataillon n’est jamais arrivé, mais il

  4   envoyait énormément de documents, des milliers de

  5   documents.  Cependant, il n’y a pas eu de lutte là-bas.

  6         Me NICE (interprétation) :  Je souhaite que l’on

  7   examine finalement le document 2381.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous n’avez

  9   pas répondu à ce que le Procureur a dit, à savoir votre

 10   réponse était que Zulu était à Bugojno, mais ce que le

 11   Procureur vous a dit c’était que ceci montrait

 12   l’implication de la Croatie dans cette guerre.  Quelle est

 13   votre réponse à cela ?  Est-ce que ceci montre

 14   l’implication, la participation de la Croatie ou pas, et

 15   sinon, pourquoi pas ?

 16         R.    L’armée croate n’a pas participé aux

 17   opérations en Bosnie centrale.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien,

 19   pourquoi est-ce qu’il a dit : « Préparez et envoyez le

 20   Bataillon Frankopan à Bugojno », signé par un général de

 21   l’armée croate ?  Qu’est-ce que ça veut dire si ça ne veut

 22   pas dire que la Croatie est impliquée ?

 23         R.    Monsieur le Président, moi, je sais ce que je

 24   sais.  Peut-être que ce monsieur a donné des ordres.  Peut-

 25   être qu’il avait l’intention de le faire.  Moi, je ne


Page 17258

  1   conteste pas le document.  Je n’ai pas la puissance de le

  2   contester.  Mais je sais ce qui se passait sur le terrain,

  3   et sur le terrain, il n’y a pas eu d’armée croate, ou plus

  4   précisément ce Bataillon Frankopan, mais Zulu en tant que

  5   personne, il y était.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

  7         Me NICE (interprétation) : 

  8         Q.    2381 :  Il s’agit là du document du 5 octobre

  9   1992 émanant de Blaskic où il est ordonné qu’on envoie des

 10   données concernant les officiers de la HV au sein des

 11   unités et ceci est envoyé aux commandants de différents

 12   quartiers généraux municipaux.  Je n’ai pas suffisamment de

 13   temps pour discuter avec vous.  Donc, veuillez me répondre

 14   de manière brève.

 15         Dites-moi :  Est-ce que ceci montre qu’il y a eu

 16   des officiers de la HV en Bosnie centrale qui étaient

 17   placés sous le commandement de Blaskic ?  Est-ce exact ?

 18         R.    Il y a eu certains hommes au sein du HVO qui

 19   avaient été au sein de la HV auparavant et qui avaient reçu

 20   des grades dans le cadre de la HV.  Ce document vise à

 21   établir s’il y a des officiers, s’il y a des militaires de

 22   la HV sur place, et si oui, d’envoyer des données

 23   concernant ces personnes.

 24         Q.    Y compris l’information concernant la

 25   question de savoir s’ils sont payés par le HVO ou bien par


Page 17259

  1   la HV ?  C’est clair ?

  2         R.    Je sais que nous, nous recevions nos soldes

  3   des municipalités.  J’ai déjà dit : 20 à 30 DM, et ceci se

  4   référait à tout le personnel du HVO.  Quant à la question

  5   de savoir si quelqu’un recevait sa solde de l’armée croate

  6   ou de la Croatie, ça je ne sais pas.

  7         Q.    Le document suivant est le document 643.

  8         Toujours la même chose, Général.  Le 12 avril

  9   1993, Blaskic donne l’ordre aux commandants de toutes les

 10   brigades d’envoyer des listes des officiers de la HV au

 11   sein de leurs unités et de citer quelles sont leurs tâches

 12   actuelles.  Donc, ceci montre clairement qu’il y a eu une

 13   participation en continu des officiers de la HV sous le

 14   commandement de Blaskic ?

 15         R.    Ceci est la preuve des pressions exercées

 16   sans arrêt du commandement plus élevé afin de fournir les

 17   données concernant ces personnes si ces personnes

 18   existaient sur place.  Je répète :  Dans la Zone

 19   opérationnelle, dans le commandement de la Zone

 20   opérationnelle de Colonel Blaskic, il n’y a eu que des

 21   personnes locales.  Je n’ai jamais rencontré qui que ce

 22   soit qui n’était pas originaire de cette région.  Donc, en

 23   ce qui concerne ces données requises, il s’agissait du

 24   résultat de pressions exercées sur le Colonel Blaskic afin

 25   de constater si ce genre d’officiers étaient présents sur


Page 17260

  1   place, et dans ce cas-là, d’envoyer des données concernant

  2   ces personnes.  Mais il n’y en a pas eu.

  3         Me NICE (interprétation) :  Monsieur le Président,

  4   j’ai deux questions auxquelles il est possible de répondre

  5   par « oui » ou « non ».  Compte tenu du temps, je vais

  6   juste passer ces deux questions et ensuite, je terminerai. 

  7   Je ne souhaite pas me lancer dans un débat concernant ces

  8   questions-là.

  9         Q.    Général, un officier britannique, Williams, a

 10   déposé, y compris sur vous.  En partie, il s’est exprimé

 11   favorablement vis-à-vis de votre attitude, mais il a dit

 12   que le 2 février… je n’ai pas marqué.  Je crois qu’il

 13   s’agissait de 1993.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  1994. 

 15   Williams.

 16         Me NICE (interprétation) :  Oui, 1994.  Lors d’un

 17   échange potentiel des prisonniers à Stari Vitez lié à

 18   l’aide humanitaire, Blaskic vous a laissé alors que lui, il

 19   s’est échappé par la porte en arrière de son quartier

 20   général et il vous a laissé dans une situation où vous

 21   deviez donner des excuses complètement inacceptables de

 22   votre refus concernant l’échange de l’aide pour les

 23   prisonniers.

 24         Est-ce que vous acceptez que vous avez dit à

 25   Williams : que cet échange ne pouvait pas se faire et que


Page 17261

  1   Blaskic vous a laissé avec une tâche complètement

  2   impossible ?

  3         R.    Je suppose que je peux me souvenir de cette

  4   réunion puisqu’il y a eu un grand nombre de réunions lors

  5   desquelles j’ai parlé avec le Colonel Williams et avec

  6   d’autres personnes.  Je ne me souviens pas si la cause pour

  7   laquelle la réunion a eu lieu était ce que vous venez de

  8   citer, mais moi, j’ai essayé toujours d’avoir une attitude

  9   transparente vis-à-vis de tous les responsables sur place

 10   dans la région de la Zone opérationnelle de la Bosnie

 11   centrale, y compris le Colonel Williams, qui était un

 12   officier tout à fait correct et qui se comportait de

 13   manière tout à fait correcte dans la région de la Bosnie

 14   centrale.

 15         Q.    En septembre 1993, vous avez exercé les

 16   fonctions de l’adjoint.  Vous avez remplacé Blaskic pendant

 17   que lui, il était parti, au moment où Grbavica était

 18   attaqué.  Est-ce que c’est vous qui avez donné l’ordre de

 19   cette attaque ?

 20         R.    Moi, j’ai participé au commandement et à la

 21   préparation de cette opération, mais Blaskic était sur

 22   place.

 23         Me NICE (interprétation) :  Compte tenu du temps,

 24   je n’ai plus de questions à poser.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Naumovski.


Page 17262

  1         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

  2   le Président.

  3         Le Général a passé beaucoup de temps devant ce

  4   Tribunal en déposant.  Donc, je n’aurai pas beaucoup de

  5   questions.

  6         RÉINTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI

  7         (interprétation) :

  8         Q.    Je n’ai que quelques questions à vous poser,

  9   Monsieur le Général.

 10         Tout d’abord, en ce qui concerne ces négociations

 11   à Sarajevo dont on a parlé beaucoup aujourd’hui, où

 12   Monsieur Kordic a remplacé le Colonel Blaskic, est-ce que

 13   vous êtes d’accord pour dire que lors de ces réunions, on

 14   discutait surtout des passages à travers les points de

 15   contrôle organisés par des différentes parties ?  Donc, il

 16   s’agissait de sujets liés à la normalisation de la vie dans

 17   la région de la Bosnie-Herzégovine ?

 18         R.    Oui.  Je peux être d’accord avec cela, même

 19   si je n’ai pas participé à ces négociations, mais je peux

 20   être d’accord pour dire qu’il s’agissait surtout des

 21   questions liées au passage des convois de l’aide

 22   humanitaire, y compris les convois de la FORPRONU, et en

 23   général, le passage en sécurité des hommes à travers les

 24   lignes de front.

 25         Q.    Donc, nous allons terminer en ce qui concerne


Page 17263

  1   ce sujet.  Sur la base de ce que vous venez de dire, nous

  2   pouvons conclure qu’il n’était pas nécessaire que des

  3   personnes soient des spécialistes en matières militaires

  4   afin de pouvoir discuter de ces sujets-là ?

  5         R.    D’après notre estimation, compte tenu des

  6   problèmes et des sujets traités lors de ces réunions, nous

  7   avons donc conclu que Dario Kordic pouvait représenter

  8   notre partie avec succès.

  9         Q.    Merci.

 10         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je souhaite que

 11   l’on montre au témoin le document Z769, s’il vous plaît.

 12         Q.    Nous allons en parler très brièvement.  Il

 13   s’agit d’un des documents qui vous a été montré hier.

 14         Cela dit, vous avez vu un grand nombre de

 15   documents ces derniers jours et si j’ai bien compris, vous

 16   n’avez jamais vu un quelconque de ces documents

 17   auparavant ?  Donc, ceci n’a pas pu permettre de vous

 18   rafraîchir la mémoire.

 19         R.    Tous les documents qui m’ont été présentés,

 20   je les ai vus pour la première fois ici.

 21         Q.    C’est le document qui a été versé au dossier

 22   hier.  Il s’agit du document… vous l’avez vu pour la

 23   première fois.  Donc, vous avez dit que vous n’étiez pas

 24   sûr s’il s’agissait d’un document authentique ou pas, mais

 25   ma question porte sur la dernière page.  Veuillez regarder


Page 17264

  1   la dernière page du texte en langue croate, s’il vous

  2   plaît, Général, à la fin, là où Blaskic parle d’autres

  3   observations.

  4         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Vous pouvez

  5   placer sur le rétroprojecteur la dernière page concernant

  6   les autres observations.

  7         Q.    Donc, il s’agit de la dernière page, Général. 

  8   Vous voyez le point 7 sur lequel le Procureur vous a posé

  9   la question d’exprimer votre opinion ou bien plutôt

 10   d’interpréter.

 11         Dites-nous :  Dans notre langue, compte tenu de la

 12   manière que ceci a été écrit, est-ce que vous êtes d’accord

 13   pour dire que le Colonel Blaskic dit que c’est d’autres

 14   personnes qui disent qu’il est gentil, et cætera ?

 15         R.    Oui, je vois.

 16         Q.    Donc, vous êtes d’accord pour dire qu’il ne

 17   s’agit pas de l’opinion exprimée par Blaskic mais de ce que

 18   Blaskic dit sur les opinions exprimées par d’autres ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    D’ailleurs, c’est clair d’après le document

 21   parce qu’il est mentionné ailleurs que Dzemo Merdan a

 22   exprimé une telle opinion.

 23         Veuillez examiner le point 8 aussi.

 24         R.    Le point 8 est encore plus caractéristique.

 25         Q.    Là, Blaskic exprime son opinion personnelle. 


Page 17265

  1   Est-ce que vous êtes d’accord avec moi ?

  2         R.    Oui. 

  3         Q.    En disant que son impression personnelle est

  4   que : soit ils sont complètement perdus, alors ils ont

  5   accepté tout, soit ils ne peuvent plus contrôler leurs

  6   propres actions, alors ils acceptent tout maintenant afin

  7   de créer de l’espace afin de lancer une nouvelle attaque. 

  8   Ça, c’est l’opinion du Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Merci. 

 11         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Nous n’avons plus

 12   besoin de votre aide.

 13         Q.    Ensuite, le document Z1477.  Il s’agit là du

 14   document qui vous a été présenté lorsqu’on a parlé de la

 15   proposition de décorer le Colonel Blaskic de la décoration

 16   du Roi Kresimir.  Inutile de parler en détail de cela, mais

 17   simplement, dites-moi :  Est-ce que vous savez que le

 18   Colonel Blaskic n’a jamais reçu cette décoration, c’est-à-

 19   dire que cette proposition n’a pas porté des fruits ?

 20         R.    Je ne sais pas.

 21         Q.    Merci.  Nous allons traiter de cela plus tard

 22   dans ce cas-là.

 23         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 24   Président, Messieurs les Juges, hier, nous avons fait une

 25   objection concernant le document Z134.  Il s’agit du


Page 17266

  1   document où le Procureur n’était pas sûr s’il s’agissait de

  2   1992 ou 1993.  Nous avons examiné notre objection

  3   concernant tous les documents et nous voulons souligner que

  4   nous avons fait une objection vis-à-vis de ce document.  Je

  5   voulais que ce soit clair pour le compte-rendu.

  6         Q.    Général, aujourd’hui, nous avons parlé de

  7   Miro Andric.  Si j’ai bien entendu, hier, nous l’avons

  8   mentionné.  Il était Herzégovine d’origine, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui.  Il venait d’un village près de Mostar,

 10   Bijelo Polje près de Mostar.  Peut-être qu’il n’était pas

 11   né là-bas mais il a été élevé là-bas.  Il a grandi là-bas.

 12         Q.    Et il a travaillé dans cette Commission

 13   conjointe, et lorsqu’il est venu, il était officier du HVO

 14   et vous avez dit qu’il avait été nommé par l’état-major

 15   principal ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Aujourd’hui, le document Z2360.7 vous a été

 18   présenté, de juin 1992.  Je crois que ceci est lié au

 19   Bataillon Frankopan à Bugojno.

 20         Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire

 21   qu’au mois de mai 1992, il y a eu des combats violents avec

 22   les Serbes, avec l’armée de la Republika Srpska, l’armée

 23   des Serbes de Bosnie dans cette région, parlant de cette

 24   période-là ?

 25         R.    C’était les seuls combats qui se déroulaient


Page 17267

  1   à ce moment-là.  Là, je parle de mai 1992.

  2         Q.    Vous nous avez expliqué que Bugojno ne

  3   faisait pas partie de la Zone opérationnelle de la Bosnie

  4   centrale ?

  5         R.    Si.  Durant la période dont on parle, si.

  6         Q.    Mais après, après la restructuration, ce

  7   n’était plus le cas ?

  8         R.    Non.

  9         Q.    Donc, Bugojno ne faisait pas partie de votre

 10   Zone opérationnelle au moment où le conflit a éclaté entre

 11   le HVO et l’armée de Bosnie-Herzégovine en Bosnie

 12   centrale ?

 13         R.    C’est correct.  C’est exact.

 14         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 15   Président, j’ai terminé.  Je remercie le Général Filipovic

 16   de sa patience.  Merci.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Avant que l’on

 18   poursuive, vous avez exprimé votre objection vis-à-vis de

 19   la pièce à conviction 134.  Je suppose que c’est à cause de

 20   la date 1992 qui a été remise en question.  Il a été dit

 21   que le plus probablement, il s’agissait de 1993.  Il s’agit

 22   d’une question que les juges devront évaluer et

 23   interpréter.  Il ne s’agit pas de la question de savoir si

 24   le document est admissible ou pas, mais les juges devront

 25   décider quel est le poids qu’ils vont accorder à ce


Page 17268

  1   document.

  2         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je souhaitais

  3   dire que nous avons eu une objection vis-à-vis de

  4   l’authenticité de ce document puisqu’il n’a pas été signé. 

  5   Personne ne l’a signé.  Donc, nous ne savons pas vraiment

  6   qui l’a vraiment délivré.  Donc, ça c’est une objection

  7   supplémentaire.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vois.  Nous

  9   avons déjà pris une décision à ce sujet, à savoir que le

 10   sceau suffit s’il n’y a pas de signature.

 11         Me KOVACIC (interprétation) :  Je ne souhaite pas

 12   m’impliquer mais pour que ce soit dit maintenant pour des

 13   raisons pratiques, je vais le dire maintenant pour le

 14   compte-rendu.  Il est clair si nous regardons le numéro de

 15   référence qu’il y a la barre oblique et ensuite 1993 et

 16   ceci indique qu’il s’agissait le plus probablement de

 17   l’année 1993.  Donc, il s’agissait d’une erreur lorsqu’il a

 18   été écrit « 1992 ».

 19         Deuxièmement, référence est faite à la Brigade

 20   Stjepan Tomasevic alors que cette brigade n’existait pas en

 21   1992 et elle existait en 1993.  Donc, il s’agit là des

 22   éléments qui peuvent contribuer lors de l’évaluation du

 23   poids à accorder à ce document.  Mais je ne souhaitais pas

 24   vous influencer, je souhaitais simplement attirer votre

 25   attention sur ces éléments-là.


Page 17269

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

  2         Merci d’être venu, Monsieur le Témoin.

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  Est-ce que je peux

  4   dire quelque chose, Monsieur le Président ?

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très

  6   brièvement.  Normalement, nous ne le permettons pas.

  7         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je souhaite

  8   remercier les juges, la Défense et le Procureur de leur

  9   comportement correct.  À un moment, il m’a été dit que je

 10   ne disais pas la vérité.  Je ne l’ai pas pris

 11   personnellement mais je me suis dit que ça fait partie de

 12   la profession et des procédures qui peuvent parfois pousser

 13   les personnes à dire ce genre de choses.  Donc, je ne l’ai

 14   pas mal pris et je remercie tout le monde.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

 16                     [Le témoin se retire]

 17         Me NICE (interprétation) :  Donc, je souhaite

 18   intervenir avant le témoin suivant.

 19         Tout d’abord, il s’agit de correction d’une pièce

 20   à conviction.  On a donné la cote 634 hier.  Ce devrait

 21   être 634.1.

 22         Deuxième chose :  Dans la première question lors

 23   de l’interrogatoire principal, on peut lire au compte-rendu

 24   d’audience :  « Je peux être d’accord. »  En fait, je crois

 25   qu’il a dit :  « Je pense que je ne suis pas d’accord », et


Page 17270

  1   ensuite, il a dit qu’il pouvait être d’accord sur d’autres

  2   choses, mais il n’a pas accepté tout ce qui lui était

  3   présenté, tout ce qui était affirmé.

  4         En ce qui concerne le troisième point, c’est à la

  5   Chambre de décider si l’on peut poser des questions

  6   directrices dans le cadre de l’interrogatoire

  7   supplémentaire.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Nice,

  9   vous n’avez pas à faire d’observation à ce sujet.

 10         Me NICE (interprétation) :  En ce qui concerne la

 11   déclaration dont on a parlé hier, la Défense en disposait

 12   précédemment.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  On a

 14   fait référence à un document.

 15         Mais pendant que l’on fait entrer le nouveau

 16   témoin, je voudrais intervenir quelques instants au sujet

 17   du calendrier qui va obligatoirement devoir être modifié,

 18   et en l’occurrence, nous n’allons pas siéger le 12 juillet.

 19               [Le témoin entre dans la Cour]

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous prie

 21   de m’excuser, mais dites au témoin de s’asseoir pendant que

 22   nous traitons de ces questions.

 23         Je recommence donc.  Le 12 mai, il n’y a pas

 24   d’audience.  Ensuite, passons à juin et encore à juillet. 

 25   Donc en juin, pendant la semaine du 5 au 9 juin, Monsieur


Page 17271

  1   le Juge Bennouna doit siéger dans le cadre de l’appel

  2   Celebici qui fait l’objet d’audience cette même semaine, et

  3   en conséquence, Monsieur le Juge Robinson et moi-même, nous

  4   proposons de siéger pendant les trois premiers jours de

  5   cette semaine aux termes de l’article du Règlement numéro

  6   15 bis.  Donc, nous tiendrons audience pendant trois jours,

  7   mais il n’y aura pas d’audience le 8 et le 9 juin.  Mais

  8   pour rattraper cela, la semaine qui suivra, nous siégerons

  9   le 13 et le 14 juin.  Le 12, en effet, est un jour férié.

 10         Donc, le 12 mai [sic], pas d’audience ; le 8 et le

 11   9, pas d’audience, mais audience le 13 et le 14.

 12         Il y aura des modifications dans notre calendrier

 13   en juillet du fait d’autres affaires ainsi que du fait de

 14   la plénière, mais nous ne pouvons pas traiter de ceci tout

 15   de suite.  Nous vous ferons connaître la situation dès que

 16   possible.

 17         Monsieur le Témoin.  Je vous prie de nous excuser

 18   de vous avoir ainsi fait attendre, Monsieur Nakic.

 19         Que le témoin prononce la déclaration solennelle.

 20         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 21   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 22   rien que la vérité.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez vous

 24   asseoir.

 25         TÉMOIN :  FRANJO NAKIC


Page 17272

  1          (ASSERMENTÉ)

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

  3   Président, permettez-moi d’aborder deux questions très

  4   brèves avant d’entamer l’interrogatoire principal du

  5   Général de brigade Nakic.

  6         En ce qui concerne le Témoin Gelic, le Commandant

  7   Gelic, il est arrivé d’Istanbul hier.  Malheureusement, ses

  8   bagages ne sont pas arrivés avec lui.  Ils semblent s’être

  9   perdus.  De ce fait, il est actuellement en train de

 10   s’acheter des vêtements et nous espérons que nous pourrons

 11   terminer avec la préparation de sa déclaration ce soir et

 12   qu’il pourra témoigner demain si cela est possible et si

 13   nous… en tout cas, nous avons un autre témoin qui est prêt

 14   déjà à déposer.  Donc, il n’y aura aucune perte de temps.

 15         D’autre part, il y a une erreur au compte-rendu

 16   d’audience.  À la page 17228, lignes 19 à 20, d’après le

 17   compte-rendu d’audience, on peut lire que :  « Kordic était

 18   préoccupé ou s’occupait de Merdan ».  En fait, le témoin a

 19   dit exactement l’inverse.  Donc, nous souhaiterions que le

 20   service de traduction vérifie ceci si possible. 

 21         INTERROGÉ PAR Me SAYERS

 22         (interprétation) : 

 23         Q.    Je vous prie de m’excuser de ce léger retard,

 24   mon Général.

 25         Donc, nous avons sous les yeux un résumé de vos


Page 17273

  1   déclarations que vous avez lu et que vous avez signé. 

  2   C’est bien exact, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Tout ce qui figure dans cette déclaration

  5   est, à votre connaissance, conforme à la réalité, n’est-ce

  6   pas ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Je vais passer très rapidement sur les points

  9   suivants.  Votre nom, c’est Franjo Nakic, n’est-ce pas ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Vous êtes né le 18 septembre 1941 à Vitez,

 12   vous êtes marié et vous êtes marié depuis 35 ans ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    La Chambre de première instance dispose du

 15   résumé de vos déclarations, et avec la permission de la

 16   Chambre de première instance, je souhaiterais que ce

 17   document reçoive une cote, et ensuite, on se concentrera

 18   sur certains paragraphes.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Notre décision

 20   est la même que précédemment.  Nous n’acceptons pas que les

 21   déclarations des témoins, que l’on en fasse des pièces à

 22   conviction qui soient versées au dossier, à moins qu’il n’y

 23   ait aucune objection.

 24         Me SAYERS (interprétation) :  

 25         Q.    Donc, vous avez été à l’école primaire à


Page 17274

  1   Vitez et au lycée à Sarajevo, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Je crois que vous êtes marié depuis 35 ans,

  4   vous avez une fille qui est mariée et une petite fille,

  5   n’est-ce pas ?

  6         R.    C’est exact, effectivement.

  7         Q.    Vous avez étudié la gestion des entreprises

  8   et le marketing à Belgrade et vous avez travaillé pour les

  9   chemins de fer nationaux de 1960 à 1975, c’est-à-dire

 10   pendant 15 ans, n’est-ce pas ?

 11         R.    C’est exact.

 12         Q.    À partir de 1985 et jusqu’en 1988, vous avez

 13   été actif au sein du gouvernement de Vitez, mais

 14   auparavant, entre 1975 et 1984, vous avez été officier

 15   professionnel de la Défense territoriale ou TO dans la même

 16   ville de Vitez, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui, c’est également exact.

 18         Q.    Ensuite, à partir de 1988 jusqu’à 1992, vous

 19   étiez directeur d’une usine, d’une fabrique de vêtements

 20   pour enfants à Vitez, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Je ne vais pas vous donner lecture de ces

 23   paragraphes pour que vous y répondiez par oui ou par non

 24   parce que cela pourrait susciter des objections.  Je vais

 25   vous demander donc de nous donner un résumé sur vos


Page 17275

  1   activités militaires avant le début de la guerre.

  2         R.    Oui.  Eh bien, j’ai fait mon service

  3   militaire dans l’armée populaire de Yougoslavie en 1961 et

  4   1962 à l’école de réserve à Bileca.  Donc, j’étais dans

  5   l’ex-JNA.  Je suis sorti de cette école avec le grade de

  6   sous-lieutenant et ensuite, quand j’ai été réintégré dans

  7   la structure civile, j’ai participé à la structure de la

  8   Défense territoriale de la JNA, de ce qui était alors la

  9   JNA.

 10         J’ai assisté à de très nombreux séminaires et de

 11   très nombreux cours, et grâce à cela, j’ai pu accumuler une

 12   certaine expérience et je me suis spécialisé dans

 13   l’infanterie.  J’ai travaillé professionnellement au sein

 14   de la Défense territoriale entre 1975 et 1984.

 15         Ensuite, dans le cadre de l’armée, tout d’abord,

 16   j’ai été nommé au sein de la 1ère Brigade de partisans de

 17   Travnik qui couvrait la zone de Vitez.  Là, j’ai été Chef

 18   d’état-major sur une base volontaire dans cette brigade. 

 19   J’ai reçu plusieurs récompenses et plusieurs décorations

 20   dans le cadre de cette brigade et c’est à ce moment-là

 21   qu’on m’a conféré le grade de commandant.

 22         Q.    Que s’est-il passé en avril 1992 ?  Est-ce

 23   que vous êtes resté au sein de la JNA ou est-ce que vous

 24   l’avez quittée, et si c’est le cas, pourquoi ?

 25         R.    Non.  En 1991, je n’étais plus membre de la


Page 17276

  1   1ère Brigade de partisans de Travnik et ceci était déjà une

  2   indication que les Croates n’étaient pas les bienvenus dans

  3   les unités de la JNA. 

  4         Donc, dès ce moment-là, j’ai été libre et à partir

  5   d’avril 1992, du fait de la situation telle qu’elle

  6   évoluait dans l’ex-Yougoslavie et dans mon propre pays, la

  7   Bosnie-Herzégovine, j’ai réalisé qu’il était temps pour moi

  8   que je rejoigne les rangs du HVO, des unités du HVO.  Donc,

  9   c’est ce que j’ai fait.  C’est-à-dire que ces unités

 10   n’étaient pas des unités au sens où on l’entend, par

 11   exemple, auprès de la JNA.  Il s’agissait d’individus, de

 12   personnes qui s’étaient organisées pour protéger, garder

 13   leur village face aux positions des forces serbes à Jajce.

 14         Q.    Donc, vous vous êtes porté volontaire pour

 15   être sur la ligne de front face à l’armée serbe à Jajce et

 16   ceci en avril 1992 ?

 17         R.    Oui.  À ce moment-là, j’ai réalisé, bien que

 18   j’étais un commandant dans la réserve de la JNA, donc à ce

 19   moment-là, je me suis porté volontaire pour être soldat au

 20   sein du HVO parce que Travnik était bombardée : Slobodan

 21   Princip Seljo et la garnison militaire de Busovaca.  Donc,

 22   j’ai vu qu’il y avait effectivement agression de l’armée

 23   serbe sur la Bosnie-Herzégovine et c’était la confusion la

 24   plus totale qui régnait.  Le pillage était de plus en plus

 25   répandu.


Page 17277

  1         Donc, nous nous sommes organisés pour garder nos

  2   villages pendant la nuit.  Ça a été le début de

  3   l’organisation à l’époque.

  4         Q.    Est-il exact, mon Général, qu’en août 1992,

  5   vous avez accepté de prendre le commandement d’une

  6   compagnie de garde villageoise à Bila ?

  7         R.    Bila, c’est une entité qui recouvre plusieurs

  8   villages et les dirigeants de Bila se sont rendu compte

  9   qu’il fallait s’organiser de la sorte.  C’est ainsi qu’on a

 10   vu apparaître les gardes villageoises, et moi, j’ai accepté

 11   de commander une compagnie à Bila qui recouvrait trois ou

 12   quatre villages.  Nous nous sommes organisés donc en

 13   adoptant la structure d’une compagnie.

 14         Q.    Pouvez-vous dire aux juges comment il se fait

 15   que vous êtes devenu Chef d’état-major de la Zone

 16   opérationnelle de Bosnie centrale, qui vous a contacté et

 17   comment cela s’est passé et à quel moment ?

 18         R.    La proposition m’a été faite par le Président

 19   de la cellule de crise, Monsieur Santic, qui a proposé au

 20   commandement de la Zone opérationnelle qui était à Kruscica

 21   à l’époque, donc, ils ont proposé mon nom.  Ils m’ont

 22   appelé le 29 novembre et ils m’ont dit de venir au QG du

 23   commandement.  Ça se trouvait alors dans un hôtel.  Ils

 24   m’ont demandé de venir les voir et le 1er décembre 1992, je

 25   suis allé au QG et c’est à ce moment-là qu’on m’a nommé


Page 17278

  1   Chef d’état-major.

  2         Q.    À ce moment-là, vous avez parlé avec le

  3   Colonel Tihomir Blaskic ?

  4         R.    Oui.  Ceci a été précédé par une conversation

  5   avec le Colonel Blaskic et c’est lui qui m’a nommé au poste

  6   de Chef d’état-major.

  7         Q.    Cette nomination a eu lieu le 1er décembre

  8   1992, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui, oui, le 1er décembre.

 10         Q.    Est-ce que vous avez jamais été d’une façon

 11   ou d’une autre l’adjoint au Colonel Blaskic ?

 12         R.    Je n’ai jamais été le second du Colonel

 13   Blaskic.  À partir de ce jour jusqu’à la fin 1987, j’ai

 14   toujours été Chef d’état-major.

 15         Q.    Je crois que vous releviez du Commandant de

 16   la Zone opérationnelle, le Colonel Blaskic, ainsi que de

 17   son second, le Colonel Filipovic, à l’époque, n’est-ce

 18   pas ?

 19         R.    Oui, oui.  J’étais subordonné au Colonel

 20   Blaskic et à son adjoint, le Colonel Filipovic.  Le Colonel

 21   Filipovic était un ex-officier de la JNA et il avait passé

 22   20 ans dans la JNA.  C’était un commandant qui avait

 23   beaucoup d’expérience, un soldat professionnel et il était

 24   sur la ligne de front au sud-ouest de Travnik face aux

 25   Serbes.  Il était le plus souvent absent du commandement de


Page 17279

  1   la Zone opérationnelle.  À ce moment-là, il était

  2   commandant d’un groupe opérationnel qui luttait contre les

  3   Serbes.

  4         Q.    Quand il était absent du quartier général,

  5   est-il exact que c’est vous qui effectivement preniez les

  6   fonctions d’adjoint au Commandant de la Zone

  7   opérationnelle ?

  8         R.    Pas officiellement, pas du fait de mon grade,

  9   mais quand Blaskic était absent, j’étais la personne à qui

 10   on s’adressait si le Colonel Filipovic était absent,

 11   effectivement, mais je n’avais pas de fonctions de

 12   commandement en tant que telles.  J’étais Chef d’état-

 13   major.

 14         Q.    Il est exact de dire, n’est-ce pas, qu’à

 15   partir de juin 1992 jusqu’à la fin de la guerre, c’est le

 16   Colonel Blaskic qui a été Commandant de la Zone

 17   opérationnelle jusqu’à la fin mars 1994, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Si j’ai bien compris, vous avez gardé le

 20   poste de Chef d’état-major du QG jusqu’en 1996 et vous avez

 21   été subordonné au Colonel Blaskic, à son remplaçant, le

 22   Colonel Filipovic et à son remplaçant, le Général

 23   Dragicevic ?

 24         R.    Oui, c’est tout à fait exact.

 25         Q.    Je crois qu’on vous a conféré le grade de


Page 17280

  1   Général de brigade dans le cadre de l’armée de la

  2   Fédération de Bosnie-Herzégovine et vous avez pris votre

  3   retraite de l’armée le 31 décembre 1996 ?

  4         R.    Oui.  On m’a conféré le grade de Général de

  5   brigade.  C’était en janvier 1996 et après, j’ai été

  6   démobilisé de l’armée du HVO.

  7         Q.    Ensuite, vous avez travaillé dans le cadre du

  8   service des affaires économiques de la municipalité de

  9   Vitez.  C’est exact ?

 10         R.    Oui, oui.  J’ai travaillé dans la

 11   municipalité de Vitez, et maintenant, je travaille dans une

 12   entreprise qui s’appelle Ekonomik.  Je suis responsable du

 13   service de marketing et de l’organisation du travail dans

 14   cette entreprise.

 15         Q.    Merci.  J’ai une dernière question d’ordre

 16   général.  Vous êtes un Croate de Bosnie, c’est votre

 17   appartenance ethnique, vous êtes catholique et je crois que

 18   vous n’avez jamais été membre du HDZ, n’est-ce pas ?

 19         R.    Oui, c’est bien exact.

 20         Q.    Pouvez-vous nous dire quelles étaient les

 21   difficultés auxquelles vous avez été confronté, les tâches

 22   qui étaient les vôtres lorsque vous êtes devenu Chef

 23   d’état-major de la Zone opérationnelle au début ou plutôt à

 24   la fin décembre 1992 en Bosnie centrale donc ?

 25         R.    Quand je suis arrivé dans la Zone


Page 17281

  1   opérationnelle, il y avait au QG de la Zone opérationnelle

  2   11 personnes et seule l’une de ces personnes avait une

  3   formation militaire.  C’était le Colonel Blaskic.  Tous les

  4   autres, c’était des gens qui auparavant étaient civils et

  5   qui avaient été au lycée.  Je crois qu’aucun d’entre eux

  6   n’avait même été à l’université.

  7         Le Colonel Blaskic m’a donné la mission

  8   d’organiser le commandement au sein du QG de la Zone

  9   opérationnelle et il m’a dit donc de créer une formation

 10   organisée, des formations organisées parce que ça

 11   n’existait pas.  Donc, j’avais pour mission d’organiser le

 12   QG et d’organiser et de former l’armée, c’est-à-dire de

 13   l’organiser et de la former pour lutter contre l’armée

 14   serbe. 

 15         C’était ma mission et elle était considérable

 16   parce qu’il y avait très peu d’officiers au sein des

 17   Croates, au sein du peuple croate qui avaient suivi une

 18   formation militaire supérieure.  Il n’y avait que le

 19   Général Filipovic dont j’avais entendu parler.  Il venait

 20   de la région d’où je venais moi-même et c’était lui le seul

 21   officier.  Ensuite, il y en a eu des plus jeunes qui sont

 22   venus, deux ou trois plus jeunes qui sont venus et qui eux

 23   aussi avaient reçu une formation militaire supérieure.

 24         Q.    Un point de détail historique.  En janvier

 25   1993, est-il exact que Monsieur Kostroman et Ivo Arar et


Page 17282

  1   Mario Musa, ses deux gardes du corps…

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il me semble

  3   que la question que vous posez va être tendancieuse. 

  4   Deuxièmement, si vous souhaitez introduire ce genre

  5   d’élément de preuve, il faut nous donner le fondement de

  6   cette question parce que cela va susciter des objections. 

  7   C’est toujours le cas.

  8         Me SAYERS (interprétation) : 

  9         Q.    Général Nakic, est-ce que vous avez

 10   connaissance d’événements qui se sont passés au point de

 11   contrôle mis en place à Kacuni à la fin janvier 1993, et si

 12   c’est le cas, pouvez-vous nous en parler ?

 13         R.    Oui.  Le 20 ou le 21, je ne suis pas tout à

 14   fait sûr, nous avons été informés par le QG de Busovaca que

 15   Ignjac Kostroman et ses deux gardes du corps avaient été

 16   arrêtés, enlevés, et je crois que Blaskic et Monsieur

 17   Kordic n’étaient pas présents dans cette zone.

 18         Q.    Nous allons maintenant passer au conflit qui

 19   s’est déclenché vers la fin janvier à Busovaca. 

 20               M. LE JUGE BENNOUNA :  Me Sayers, j’aimerais

 21   demander au témoin, à Monsieur Nakic :  Il nous a dit

 22   textuellement d’après la traduction : « Je crois que

 23   Monsieur Kordic n’était pas présent dans cette zone. » 

 24         Monsieur Nakic, qu’est-ce qui vous fait dire que

 25   Monsieur Kordic n’était pas présent dans cette zone ?


Page 17283

  1         R.    Je l’ai dit parce que nous avons été informés

  2   par le QG que seul Ignjac Kostroman était là.  C’est

  3   l’information que nous avons reçue du QG de la municipalité

  4   de Busovaca.

  5         M. LE JUGE BENNOUNA :  C’est l’information qui

  6   vous a été transmise.  Comment l’information vous a-t-elle

  7   été transmise ?  On vous a dit textuellement que Monsieur

  8   Kordic n’était pas présent ou bien on vous a dit que

  9   Monsieur Kostroman était présent ?

 10         R.    On nous a dit que Monsieur Kostroman était

 11   présent et qu’il avait été arrêté mais que le Colonel

 12   Blaskic ou Kordic n’était pas là sur place.

 13         Me SAYERS (interprétation) :  Pour l’information

 14   de la Chambre de première instance, nous allons fournir un

 15   grand nombre d’éléments de preuve au sujet de ce point

 16   précis.

 17         Q.    Maintenant, en ce qui concerne le conflit de

 18   Busovaca qui s’est déclenché le 25 janvier 1993 et qui

 19   s’est poursuivi pendant les jours qui ont suivi, Général,

 20   est-ce que vous pourriez, s’il vous plaît, dire à la

 21   Chambre de première instance qui a attaqué qui et la façon

 22   dont le conflit s’est développé de votre point de vue en

 23   tant que Chef d’état-major ?

 24         R.    J’ai déjà dit que le 19 janvier, un point de

 25   contrôle avait été établi à Kacuni.  Nous avons reçu des


Page 17284

  1   informations à ce sujet au QG de la Zone opérationnelle, à

  2   savoir que dans le village de Kacuni, entre Busovaca et

  3   Kiseljak, un point de contrôle avait été établi par l’armée

  4   de Bosnie-Herzégovine, qu’il était contrôlé par des soldats

  5   de l’armée de Bosnie-Herzégovine et que c’était une

  6   compagnie d’environ sept sections avec une trentaine de

  7   soldats, qu’ils avaient des lance-roquettes, des RPG et des

  8   armes automatiques et quand on sait à quoi sert ce type

  9   d’armes, eh bien, on pouvait s’avoir qu’ils s’attendaient à

 10   une attaque parce que ce type d’armes est utilisé pour

 11   détruire des véhicules et ce genre de choses.

 12         Donc, on a bien vu qu’ils s’efforçaient de

 13   contrôler l’axe d’approvisionnement entre Busovaca et

 14   Kiseljak et le passage de tous les convois sur cette route. 

 15   Le Général Blaskic se rendait à Kiseljak tous les jours. 

 16   Donc, l’objectif c’était de l’empêcher de passer librement

 17   sur cette route et les incidents ont ainsi commencé.

 18         Nous avons des informations selon lesquelles une

 19   offensive se préparait dans la zone de Busovaca, ceci afin

 20   d’isoler, de couper une partie qui faisait 11 kilomètres de

 21   l’axe d’approvisionnement entre Kiseljak et Busovaca, entre

 22   Brestovsko et Kacuni, qui se trouvait un peu plus au nord.

 23         C’est effectivement ce qui a eu lieu, ce qui s’est

 24   passé le 25 et le 25 ou le 26.  Nous avons dû quitter le

 25   village de Dusina et de Lasva parce que c’était un village


Page 17285

  1   qui se trouvait sur l’axe de ravitaillement principal pour

  2   tout ce dont avait besoin l’armée de Bosnie-Herzégovine.

  3         Une offensive a été lancée à Donje Polje et dans

  4   de nombreux villages et pratiquement toute la population

  5   croate du village de Solakovici a été obligée de partir. 

  6   Ce qu’ils ont fait tout d’abord, ça a été de faire partir

  7   tout le monde dans le village de Lasva où il y avait 28

  8   familles et puis le village de Dusina où il y avait

  9   également 28 familles.  Il y avait une unité de gardes

 10   villageois menée par Zvonko Rajic qui s’est opposée à cela,

 11   et lorsqu’il est revenu dans le village pour négocier, il a

 12   été tué dans ce village.  Il a été massacré dans le village

 13   lui-même.

 14         Q.    Permettez-moi de vous poser un certain nombre

 15   de questions de points de détail.  Vous avez parlé d’armes

 16   de type RPG.  « RPG », ce sont bien des lance-grenades

 17   antichars, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire où se

 20   trouvait le QG de la 333e Brigade de montagne de l’armée de

 21   Bosnie-Herzégovine à votre connaissance ?

 22         R.    Il a établi le barrage avec son unité à

 23   Kacuni parce que c’était là que se trouvait le QG de la

 24   333e Brigade de montagne.

 25         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais attirer


Page 17286

  1   l’attention de la Chambre de première instance sur la pièce

  2   à conviction D103/1.  Il s’agit d’un bulletin de

  3   renseignements militaires qui a trait à ces événements.

  4         Q.    Deux autres questions, Monsieur.  Est-il

  5   exact que le village de Donje Polje est également connu

  6   sous le nom de Polje ?

  7         R.    Oui.

  8         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais

  9   maintenant demander l’extrait du recensement de 1991 et

 10   ceci pour définir deux choses.

 11         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le document sera

 12   marqué D205/1.

 13         Me SAYERS (interprétation) :  

 14         Q.    Général, en ce qui concerne le document, la

 15   pièce à conviction que vous avez sous vos yeux, donc un

 16   extrait du recensement de 1991, il y a beaucoup d’éléments

 17   qui y figurent.  Il y a des chiffres également.  Je

 18   voudrais simplement affirmer que Donje Polje était

 19   exclusivement croate et il n’y avait pas beaucoup de

 20   Musulmans, à votre connaissance, tout au moins au début

 21   1993.  Est-ce que c’est vrai ?

 22         R.    Il n’y avait aucune maison musulmane dans ce

 23   village.

 24         Q.    Est-ce que vous aviez la possibilité à

 25   n’importe quel moment en janvier 1993 de voir dans quelles


Page 17287

  1   conditions physiques était le village de Donje Polje après

  2   les combats qui ont eu lieu en janvier ?

  3         R.    Oui.  J’avais l’occasion car, accompagné de

  4   Dzemo Merdan et des membres de l’ECMM ainsi que des membres

  5   de la FORPRONU, j’ai pu visiter les villages de Lasva et

  6   Dusina, et ceci pour faire sortir trois vieillards, les

  7   oncles de Zvonko Rajic.  Moi-même, je me suis rendu en

  8   personne et au retour du village de Dusina.  Nous avons

  9   visité Nezirovici, Solakovici et Donje Polje.  Et j’ai pu

 10   constater que le village était vide, incendié.  Il n’y

 11   avait pas de Croates.  Il y avait trois fosses communes à

 12   côté de la maison de ces vieillards et nous avons déterré

 13   cette fosse et il n’y avait plus de population, de

 14   villageois croates dans ce secteur, dans cette région.

 15         En ce qui concerne les bâtiments, il y avait un

 16   certain nombre de signes laissés par la 7e Brigade

 17   musulmane et par la 17e Brigade de Krajina.  C’était marqué

 18   17e de Krajina et 7e Brigade musulmane.  Par conséquent,

 19   outre la 333e Brigade, il y avait la 7e Brigade musulmane

 20   et les formations de la 17e Brigade de Krajina qui ont

 21   participé aux attaques.

 22         Q.    Entendu !  Maintenant, en ce qui concerne

 23   l’état des maisons à Donje Polje, elles étaient incendiées

 24   et puis le village a été vidé des civils croates.  Est-ce

 25   que vous avez remarqué également que ceci était le cas


Page 17288

  1   également à Oseliste et Gusti Grab, Nezirovici, dans

  2   d’autres villages également dans la région de Kacuni ?

  3         R.    Comme c’était à Donje Polje, c’était pareil

  4   également dans les villages que vous venez de citer.  Il

  5   n’y avait aucun habitant.

  6         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

  7   Président, je sais que nous n’avons pas beaucoup de temps

  8   mais je pense que la Chambre de première instance connaît

  9   bien le terrain.  C’est la raison pour laquelle il n’est

 10   pas indispensable que le témoin nous montre sur la carte où

 11   se trouvent ces villages.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, vous avez

 13   raison.  Ce n’est pas indispensable.

 14         Me SAYERS (interprétation) :  Merci.

 15         Q.    Maintenant, nous allons revenir au paragraphe

 16   3 du résumé… 23, excusez-moi, du résumé.  Nous en avons

 17   déjà parlé.  Est-il vrai que vous avez été nommé comme

 18   représentant du HVO par le Colonel Blaskic et que vous

 19   deviez donc être avec les autres membres de l’armée de

 20   Bosnie-Herzégovine pour mener les négociations ?  C’était

 21   en 1993.

 22         R.    Oui.  C’est le Colonel Blaskic qui m’avait

 23   délivré l’ordre pour me rendre avec Dzemal Merdan pour les

 24   négociations.  Il était adjoint du Commandant du 3e Corps

 25   et effectivement, avec les représentants de la FORPRONU et


Page 17289

  1   de l’ECMM, nous avons eu des entretiens à Busovaca dans le

  2   Bataillon néerlandais qui se trouvait à Tisovac, à l’hôtel. 

  3         C’est là où nous avons créé, établi des groupes de

  4   travail.  En dehors de moi-même, il y avait Zoran Pilicic

  5   et il y avait Marko Prskalo également.  Et avec

  6   Hadzihasanovic, Enver Hadzihasanovic, il y avait deux

  7   autres personnes de l’armée de Bosnie-Herzégovine et nous

  8   avons constitué un groupe de travail, une équipe mixte ou

  9   bien une commission mixte ayant pour objet de résoudre les

 10   questions dans la région de Busovaca à cette époque-là.

 11         Q.    Je pense que vous vous êtes rendu à Kiseljak. 

 12   Comment vous vous êtes rendu à Kiseljak ?

 13         R.    Il y avait des obstacles sur la route et

 14   c’est la raison pour laquelle c’est par les véhicules de la

 15   FORPRONU que nous nous sommes déplacés.  On ne pouvait pas

 16   se déplacer différemment.  C’était des Warriors de BritBat

 17   car c’est là également que nous avons eu un certain nombre

 18   de réunions et de réunions de travail.

 19         Q.    Entendu !  Après les opérations de combat en

 20   janvier 1993, le HVO a-t-il réussi à contrôler la voie

 21   principale qui était également l’accès d’approvisionnement

 22   entre Busovaca et Kiseljak ou bien il n’a pas réussi ?

 23         R.    On n’a jamais réussi jusqu’à février 1994,

 24   donc, après les Accords de Washington.

 25         Q.    En d’autres termes, pour ce qui concerne la


Page 17290

  1   région de Busovaca et de Kiseljak, du point de vue

  2   géographique, c’était deux secteurs qui ont été isolés

  3   depuis janvier 1993 jusqu’à la fin de la guerre ?  Est-ce

  4   que j’ai raison ?

  5         R.    Oui.  La route a été coupée sur une longueur

  6   de 11 kilomètres.  Le HVO n’avait absolument pas la libre…

  7   ne pouvait pas circuler librement en direction de Busovaca.

  8         Q.    Entendu !  Maintenant, nous allons passer au

  9   paragraphe 24 de notre résumé.  Pourriez-vous nous dire si

 10   Monsieur Kordic était en quelque sorte commandant, un

 11   commandant militaire dans la région de Busovaca à n’importe

 12   quel moment, si vous êtes au courant ?

 13         R.    Monsieur Kordic était une figure politique. 

 14   C’était un homme politique.  Il n’a jamais été commandant

 15   militaire.  En ce qui me concerne et mes activités à

 16   Busovaca, je ne me suis jamais adressé à Monsieur Kordic. 

 17   Lui non plus, il ne s’est pas adressé à moi.  J’avais des

 18   commandants à Busovaca et tous les ordres allaient dans

 19   cette direction.  Il n’a jamais été commandant militaire. 

 20   Il n’avait pas de formation militaire.  C’était quelqu’un

 21   qui manquait de l’expérience et de la formation militaire.

 22         Q.    Et à votre connaissance – je pense que nous

 23   en avons parlé déjà, mais pour la transcription, c’est

 24   important – avait-il une formation outre que le service

 25   militaire qu’il avait fait normalement comme tous les


Page 17291

  1   autres hommes ?

  2         R.    Non.  Je ne pense pas, parce que quand la

  3   guerre a éclaté, pendant la guerre, il ne savait absolument

  4   rien sur le plan militaire.  Enfin, il n’avait pas de

  5   connaissances militaires.

  6         Q.    À votre avis, était-il qualifié sur le plan

  7   par exemple formation pour être un commandant militaire ?

  8         R.    Monsieur Kordic était quelqu’un qui était

  9   très populaire dans le peuple.  Le peuple l’aimait beaucoup

 10   mais c’est tout simplement parce que c’était un leader

 11   politique, mais il n’a jamais commandé.  Il ne s’agirait

 12   pas d’ailleurs… sur ce plan-là, il ne m’a jamais délivré

 13   des ordres.  D’ailleurs, moi, je ne lui ai jamais transmis

 14   des ordres non plus.  C’est avec Monsieur Kordic.  Je ne le

 15   voyais pas souvent.  Il me saluait gentiment parce que

 16   j’étais son aîné et puis, il me demandait comment j’allais,

 17   mais c’était tout.

 18         M. LE JUGE BENNOUNA :  J’aimerais demander à ce

 19   propos au témoin, au Général Nakic, s’il y a une relation

 20   entre les militaires et les politiques, parce que les

 21   militaires opèrent effectivement à travers une chaîne de

 22   commandement de l’armée, mais est-ce qu’ils opèrent d’une

 23   manière complètement autonome ou non et quelle est leur

 24   relation avec les responsables politiques.  C’est la

 25   question que je voudrais vous poser, Général Nakic.


Page 17292

  1         R.    Ni le commandement ni moi-même, nous n’étions

  2   en aucune relation avec les hommes politiques.  Il n’y

  3   avait pas de relations entre nous, mais bien évidemment que

  4   notre commandement, c’était le QG et c’était selon leurs

  5   ordres que nous avons agi et nous avons mis en exécution

  6   les ordres du commandement.

  7         M. LE JUGE BENNOUNA :  Est-ce qu’on peut dire de

  8   Monsieur Kordic que c’était un homme d’influence ?

  9         R.    Au niveau de l’armée ?  Non.

 10         M. LE JUGE BENNOUNA :  Et au niveau de la Zone de

 11   Bosnie centrale ?

 12         R.    Non.

 13         Me SAYERS (interprétation) :  Avec la permission

 14   de la Chambre, dans ce sens, ce sont des sujets qui sont

 15   couverts par les paragraphes 35 et 36.  Par conséquent,

 16   nous pouvons passer tout de suite.

 17         Q.    Général, le Juge Bennouna vous a posé des

 18   questions concernant les relations entre les militaires et

 19   les politiques dans la chaîne de commandement.  Est-ce que

 20   vous pouvez donner la description à la Chambre ?  Comment

 21   la chaîne de commandement a-t-elle fonctionné ?  Vous

 22   pouvez commencer par le QG à Mostar, si vous voulez bien.

 23         R.    En ce qui concerne la chaîne de commandement

 24   à la Communauté croate d’Herceg-Bosna, il y avait d’abord

 25   le QG et le Général Milivoj Petkovic en était le chef de


Page 17293

  1   l’état-major ; ensuite, la Zone opérationnelle, Colonel

  2   Blaskic ; et à titre d’exemple, au nord-ouest

  3   d’Herzégovine, une autre Zone opérationnelle, le commandant

  4   était Zeljko Siljeg. 

  5         Toutes les unités de Domobrani appartenaient à la

  6   Zone opérationnelle de Bosnie centrale, donc, quand il

  7   s’agissait des unités qui se trouvaient dans cette région.

  8         En ce qui concerne les unités PPP (ph.) comme

  9   Tvrtko II, Vitezovis et les autres étaient subordonnés au

 10   QG, donc à l’état-major, à Milivoj Petkovic et au ministère

 11   de la Défense.  En ce qui concerne la police militaire à

 12   Ljubuski également, il a été indispensable de demander une

 13   autorisation de la police, et quand il s’agissait de Tvrtko

 14   II, il fallait demander l’autorisation de l’état-major pour

 15   pouvoir les commander, même si elles se trouvaient dans

 16   cette région.

 17         Ce n’est qu’à partir du 4 juin 1993 que toutes les

 18   unités ont été rattachées au commandement qui a été

 19   commandé par le Colonel Blaskic et ce n’est qu’à ce moment-

 20   là qu’on a pu les utiliser.

 21         Q.    Pour que la transcription soit claire, en ce

 22   qui concerne les unités spéciales dont vous avez parlé

 23   telles que Vitezovis ou Tvrtko II, est-ce que vous pouvez

 24   nous dire sous quel contrôle, du point de vue

 25   administratif, étaient rattachées ces unités ?


Page 17294

  1         R.    C’était l’état-major.

  2         Q.    Et sur le plan opérationnel ?

  3         R.    Il a fallu demander l’autorisation pour les

  4   intégrer dans les combats.  Si par exemple, le Colonel

  5   Blaskic donnait l’ordre, à ce moment-là, on pouvait les

  6   utiliser.  Mais j’ai dit : À partir du 4 juin 1993, ils ont

  7   été rattachés au Colonel Blaskic.  Ils étaient dans la Zone

  8   opérationnelle du Colonel Blaskic.

  9         Q.    En ce qui concerne la police militaire,

 10   Général, une fois de plus, qui était chef du département,

 11   de la section de la police militaire à Ljubuski ?

 12         R.    C’était Monsieur Valentin Coric.

 13         Q.    Entendu !  Maintenant, nous allons passer au

 14   paragraphe 36.  Dans cette affaire, il a déjà été dit que

 15   le HVO avait été organisé de la manière dont était

 16   organisée l’armée en Union Soviétique à l’époque et qu’il y

 17   avait un commissaire politique également.  On avait dit que

 18   ce commissaire politique ordonnait en quelque sorte les

 19   activités avec le commandant.  Il représentait le parti

 20   politique, le seul politique tel que fut le cas en Union

 21   Soviétique.

 22         Est-ce que dans la Zone opérationnelle de Bosnie

 23   centrale ou bien au sein du HVO, il y avait un tel système

 24   également qui fonctionnait ?  Est-ce que vous le savez ?

 25         R.    Il y a 20 ans, avant que la guerre se


Page 17295

  1   déclenche, la JNA avait changé son organisation et elle

  2   s’adaptait à l’occident et plutôt s’adaptait donc à

  3   l’organisation au sein des armées occidentales, et moi, je

  4   le sais parce que j’y ai travaillé longtemps.  Par

  5   conséquent, ce sont les normes de l’occident que nous avons

  6   suivies.  On a rejeté depuis longtemps la manière de

  7   s’organiser au sein des formations selon le concept

  8   soviétique.  Par conséquent, au début, nous avions un

  9   commandant, un adjoint du commandant, et nous avions

 10   également deux vice-présidents.  C’était par conséquent les

 11   gens qui étaient chargés du moral et de la formation de

 12   l’armée pour les activités politiques.  Il y avait

 13   également des personnes qui étaient chargées de logistique

 14   et puis, il y avait également… moi, j’étais chef du

 15   personnel.  Nous avions, bien évidemment, quelqu’un qui

 16   était l’aide et qui était chargé de la propagande.  C’était

 17   Marko Prskalo, mais il a été blessé.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Excusez-moi,

 19   mais ce que j’aimerais savoir c’est que, pour que ce soit

 20   tout à fait clair :  Au moment où vous avez commencé à

 21   parler de la JNA, vous avez dit : « notre formation » et

 22   c’était un commandant.  Ensuite, vous aviez un vice-

 23   commandant.  Vous aviez donc des adjoints qui étaient

 24   chargés de l’information, de la politique, et cætera.  Vous

 25   parlez du HVO dans ce cas-là, vous ne parlez plus de la


Page 17296

  1   JNA ?

  2         R.    Oui.  Je parle du HVO et pas de la JNA.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Merci. 

  4   Vous pouvez poursuivre.

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Merci.

  6         Q.    Pour ce qui concerne l’officier chargé des

  7   activités politiques et de logistique, qui c’était, s’il

  8   vous plaît, pendant votre mandat ?

  9         R.    C’était Monsieur Marko Prskalo jusqu’au

 10   moment où il a été blessé, et par la suite, c’est Dragan

 11   Ramljak qui l’avait remplacé.

 12         Q.    Quelle était la fonction, quel était le rôle

 13   et quelles étaient les activités de l’officier chargé

 14   d’informations et d’actions politiques ?

 15         R.    Mais il devait tout simplement renseigner le

 16   Colonel Blaskic sur toutes les activités politiques et

 17   d’informations, sur la vie culturelle, d’enseignement, de

 18   formation.  Donc, il devait en informer le Colonel Blaskic

 19   et on passait par cet officier.

 20         Q.    Est-ce que ceci veut dire que ces officiers

 21   organisaient des conférences de presse, et ceci pour

 22   éventuellement donner des informations à la FORPRONU ou à

 23   l’ECMM ?

 24         R.    Mais c’était une des missions, une des tâches

 25   de ces officiers.  Ils ont participé régulièrement aux


Page 17297

  1   conférences de presse.

  2         Q.    Entendu !  Nous vous avons déjà montré le

  3   décret sur les forces armées du 17 octobre.  Est-ce que les

  4   activités politiques au sein des forces armées étaient

  5   permises à votre connaissance ?

  6         R.    Oui.  J’étais au courant et j’ai bien retenu

  7   l’article 55.  On avait interdit toute activité politique

  8   au sein de l’armée et que ces soldats n’avaient pas le

  9   droit d’être membre d’un parti quelconque.

 10         Q.    Vous avez parlé de l’article 55 et je pense

 11   qu’il s’agissait plutôt de l’article 25, mais vous n’êtes

 12   peut-être pas sûr.  Est-ce que vous avez respecté cet

 13   article ?

 14         R.    C’est l’article 25 effectivement et nous

 15   l’avons respecté.

 16         Q.    Merci.  Nous pouvons maintenant revenir, sauf

 17   si les juges ont d’autres questions à poser.  Nous pouvons

 18   revenir au paragraphe 24.  Juste quelques questions.

 19         Un juge vous a demandé sur le rôle de Monsieur

 20   Kordic et également des hommes politiques au sein de

 21   l’armée et vous avez donné la réponse.  Est-ce que Monsieur

 22   Kordic, à votre connaissance, faisait partie de la chaîne

 23   du commandement de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski à

 24   Busovaca ?

 25         R.    Non.  Le commandement de cette brigade n’a


Page 17298

  1   jamais compté parmi ses membres Monsieur Kordic. 

  2   Jozinovic, Dusko Grubesic et autres officiers, pendant que

  3   j’étais à Busovaca, et j’y suis resté pendant un mois et

  4   demi.  Par la suite, je suis passé à Vitez.  Mais c’est

  5   toujours par Dusko Grubesic que j’ai communiqué et jamais,

  6   je ne suis passé par Monsieur Kordic.

  7         Q.    Merci.  Nous passons au paragraphe 25.  Est-

  8   il vrai, Monsieur, que le Colonel Blaskic avait son QG à

  9   l’hôtel Lovac dans le village Kruscica au moment où vous

 10   avez été nommé comme chef de l’état-major et que par la

 11   suite, il avait transféré à l’hôtel Vitez où il est resté

 12   jusqu’à la fin de la guerre ?

 13         R.    À l’hôtel Kruscica, il y avait d’abord le

 14   commandement de la Zone opérationnelle, mais au moment où

 15   je suis arrivé moi, je suis allé à l’hôtel Vitez car trois

 16   ou quatre jours auparavant, ils étaient déjà à l’hôtel

 17   Vitez.  C’est là où j’ai poursuivi mes activités.  Nous y

 18   sommes restés jusqu’à la fin de la guerre.

 19         Q.    Merci.  Très brièvement et rapidement, nous

 20   allons poursuivre.  La question concernant le QG :  Est-il

 21   vrai que le QG de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski à

 22   Busovaca était d’abord dans l’immeuble des PTT, et par la

 23   suite, il a été transféré dans l’immeuble Sumarija qui

 24   était de l’autre côté de la ville ?

 25         R.    À partir du moment où je suis arrivé, nous


Page 17299

  1   étions dans l’immeuble des PTT.  C’était le 1er décembre. 

  2   Je ne sais pas quand mais ce n’est que plus tard qu’ils ont

  3   été transférés à Sumarija et c’était de l’autre côté de la

  4   ville.

  5         Q.    Entendu, mais ce que je voulais savoir

  6   c’était tout simplement de constater que la brigade n’a

  7   jamais eu son QG dans la région de Tisovac au sud-ouest de

  8   Busovaca, n’est-ce pas ?

  9         R.    Non.  Je ne sais pas.  Je ne suis pas au

 10   courant.

 11         Q.    Merci.  Nous allons passer maintenant à la

 12   Commission conjointe mixte de Busovaca.  Vous étiez membre

 13   de cette commission.  Pourriez-vous dire à la Chambre s’il

 14   vous plaît comment vous avez été nommé membre de cette

 15   commission, qui était encore membre de cette commission et

 16   à quel moment on vous a demandé également de prendre part

 17   aux activités de cette commission ?

 18         R.    Mais personne ne m’a demandé, m’a prié.  On

 19   m’a tout simplement délivrer un ordre.  C’est le Colonel

 20   Blaskic qui a délivré cet ordre.  Donc, Prskalo était avec

 21   moi et nous avons eu pour tâche de négocier le cessez-le-

 22   feu, de séparer les armées, de ratisser le terrain, de

 23   combler les tranchées et puis de réorganiser la vie dans la

 24   municipalité de Busovaca.  Marko Prskalo et Zoran Pilicic

 25   étaient avec moi dans cette Commission conjointe.


Page 17300

  1         Q.    Est-il vrai que la Commission conjointe à

  2   Busovaca au début a été présidée par le Lieutenant-Colonel

  3   Stewart et il y avait également Jeremy Fleming de l’ECMM

  4   qui a participé aux activités de la commission ?

  5         R.    C’est BritBat qui avait assuré sur le plan

  6   technique l’organisation des réunions.  C’est le

  7   Lieutenant-Colonel Stewart qui nous a beaucoup aidés. 

  8   Ensemble avec nous, il y avait les membres de l’ECMM qui

  9   ont participé et ils ont été effectivement guidés, présidés

 10   par Monsieur Jeremy Fleming.  Eux aussi, ils étaient

 11   présents avec leurs représentants au cours des travaux et

 12   des activités de cette Commission conjointe, mixte.

 13         Q.    Et qui a signé l’accord sur le cessez-le-feu

 14   en date du 30 janvier 1994… excusez-moi, 1993 ?  Justement,

 15   c’est à ce moment-là que les hostilités ont cessé à

 16   Busovaca.

 17         R.    Mais il y avait moi-même et puis il y avait

 18   Dzemal Merdan également.  Nous avons été autorisés par nos

 19   supérieurs.

 20         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

 21   Président, je pourrais maintenant passer sur quelques

 22   autres paragraphes mais je pense que l’Accusation n’a pas

 23   d’observations et d’objections à ce sujet-là.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 25   prie, poursuivez.


Page 17301

  1         Me SAYERS (interprétation) : 

  2         Q.    Est-il vrai que Monsieur Pilicic et Mario

  3   Prskalo étaient avec vous mais vous, vous étiez le

  4   principal ?

  5         R.    Oui.  J’étais celui qui présidait le groupe. 

  6   Le deuxième c’était Mario Prskalo qui était chargé des

  7   activités politiques et de propagande, et puis, Pilicic qui

  8   était chargé du personnel.  Je parle de la Zone

  9   opérationnelle.  Ils m’assistaient.

 10         Q.    Et de l’autre côté, je pense que c’était

 11   Dzemal Merdan, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.  Il y avait Dzemal Merdan, il y avait

 13   deux autres membres de la commission, mais j’avoue que les

 14   noms m’échappent de ces deux autres membres.

 15         Q.    Mais si je comprends bien et si j’ai bien

 16   compris la structure de la commission, il y avait un comité

 17   de coordination et ce comité de coordination ne se

 18   réunissait pas régulièrement.  Ensuite, il y avait un

 19   groupe de travail.  Donc, vous y étiez ainsi qu’il y avait

 20   également des membres de l’autre partie, et vous vous

 21   réunissiez pratiquement tous les jours pour essayer de

 22   résoudre les problèmes quotidiens dans la région de

 23   Busovaca.  Est-ce que j’ai raison ?

 24         R.    Oui.  En ce qui concerne nos activités de

 25   Busovaca, c’était les activités quotidiennes.  Nous avons


Page 17302

  1   même séjourné à Busovaca.  Nous avons été hébergés à

  2   l’hôtel Tisovac, donc avec le Bataillon des Pays-Bas.

  3         Nous avons travaillé pratiquement tous les jours. 

  4   On a fait énormément.  On a fait beaucoup de choses au sein

  5   de la commission.  Les briefings du matin commençaient très

  6   tôt et nous avons organisé également des sous-commissions

  7   et ces sous-commissions étaient composées des membres de la

  8   Brigade de Busovaca.

  9         Et puis, il y avait des membres également de la

 10   333e Brigade et ils ont transmis les tâches qui étaient les

 11   nôtres sur le terrain, et j’ai dit, par conséquent, qu’il

 12   fallait d’abord cesser les activités de combat et essayer

 13   de résoudre les incidents si jamais notamment il y avait

 14   des incidents au niveau des individus.

 15         Ensuite, on séparait les armées sur la ligne de

 16   front.  D’abord, c’était 50 pour cent au début, ensuite, 70

 17   pour cent, et puis ensuite, ces lignes ont été complètement

 18   séparées et nous sommes arrivés également à combler les

 19   tranchées.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Excusez-moi. 

 21   Je vais vous interrompre.  Si jamais on a besoin des

 22   détails, c’est la Défense qui va vous poser les questions.

 23         Me SAYERS (interprétation) :

 24         Q.    Nous allons y revenir, mais est-il vrai que

 25   chaque partie envoyait les représentants sur le terrain


Page 17303

  1   pour entreprendre des investigations en ce qui concerne les

  2   plaintes qui ont été soulevées et ensuite, ils devaient

  3   vous rapporter également tous les jours et

  4   quotidiennement ?  Est-ce que c’est vrai ?

  5         R.    Oui.  Le matin, on a parlé des incidents qui

  6   ont eu lieu au cours de la nuit, ensuite, on envoyait les

  7   gens sur le terrain avec des tâches très précises. 

  8   L’après-midi, on se rencontrait de nouveau et le soir,

  9   nous, on envoyait les rapports à notre état-major, alors

 10   que l’ECMM a envoyé leur rapport à Zagreb parce que c’est

 11   là-bas où ils avaient leur siège.

 12         Q.    Merci.  Au cours du mois de février et du

 13   mois de mars, vous avez passé beaucoup de temps dans vos

 14   activités au sein de cette commission.  Ensuite, en mars,

 15   elle a été transférée à Vitez et elle a changé son nom ?

 16         R.    Ceci a été transféré à Vitez parce qu’il n’y

 17   avait pas beaucoup de place et il y avait un immeuble a

 18   côté du Bataillon néerlandais et c’est là où la désignation

 19   de cette commission était une nouvelle désignation de

 20   Busovaca.

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je pense que

 22   c’est le moment propice pour faire une pause, une pause

 23   d’une demi-heure.

 24         Nous allons vous demander s’il vous plaît,

 25   Général, de revenir d’ici une demi-heure.


Page 17304

  1               --- Suspension de l’audience à 11 h 02

  2               --- Reprise de l’audience à 11 h 32

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

  4   prie, Me Sayers.

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Merci.

  6         Q.    Monsieur Nakic, nous sommes arrivés jusqu’au

  7   paragraphe 31 du résumé.

  8         Pourriez-vous nous dire maintenant si vous voulez

  9   bien si au cours des négociations et des entretiens

 10   auxquels vous avez participé, est-ce qu’éventuellement vous

 11   avez abouti sur l’accord sur le cessez-le-feu en janvier,

 12   donc le 30 janvier 1993, et est-ce qu’on a parlé de

 13   Monsieur Kordic lors de ces entretiens, de ces

 14   négociations ?

 15         R.    La commission qui était mixte a travaillé de

 16   manière tout à fait autonome avec les représentants de

 17   l’ECMM et avec l’escorte de la FORPRONU.  Lors de ces

 18   réunions, nous étions parfaitement autonomes et il n’y

 19   avait personne qui y a participé, sauf un certain nombre

 20   bien évidemment des parties qui étaient intéressées, qui

 21   participaient à titre d’observateurs.

 22         Q.    Excusez-moi, je vais vous interrompre.  Au

 23   moment où vous avez eu des négociations, et ces

 24   négociations ont abouti quand même à un accord le 30

 25   janvier 1993, est-ce que les représentants du BritBat, les


Page 17305

  1   représentants de l’ECMM ou les représentants de la partie

  2   musulmane avaient parlé ou mentionné le nom de Monsieur

  3   Kordic ?

  4         R.    Non, jamais.  On n’a jamais demandé quoi que

  5   ce soit à son sujet.  On n’a jamais mentionné son nom.

  6         Q.    Entendu !  Maintenant, nous allons passer au

  7   paragraphe 32.  Il est vrai également que Monsieur Kordic

  8   n’a jamais assisté non plus à aucune réunion de la

  9   Commission mixte ou celle de Vitez une fois qu’elle a été

 10   transférée en mars 1993 ?

 11         R.    Non, il n’a jamais assisté à des réunions.

 12         Q.    Je pense qu’il est vrai également qu’on n’a

 13   jamais mentionné son nom, tout au moins à votre

 14   connaissance, lors d’aucune réunion du comité de

 15   coordination de la Commission conjointe, que ce soit de

 16   Busovaca, que ce soit de la Commission de Vitez ?

 17         R.    Non.  On n’a jamais mentionné Monsieur

 18   Kordic.  On ne l’a jamais appelé.  On ne s’est jamais

 19   adressé à Monsieur Kordic.

 20         Q.    Merci.  Entendu !  Par conséquent, il n’a

 21   jamais été employé, fonctionnaire, un facteur dans les

 22   activités de cette commission, et lors de votre déposition,

 23   il en ressort clairement qu’il n’a pas participé aux débats

 24   de la Commission conjointe, ni lors des réunions militaires

 25   en janvier 1993, ni plus tard ?


Page 17306

  1         R.    En ce qui concerne les réunions où moi-même,

  2   j’ai pris part, il n’a jamais assisté à ces réunions et il

  3   n’a jamais pris part aux débats.

  4         Q.    Entendu !  Maintenant, nous allons passer au

  5   paragraphe 33.  Votre homologue de l’autre côté était le

  6   Colonel Merdan.  Pourriez-vous nous dire ce que vous avez

  7   eu comme sentiment, jusqu’à quel point le Colonel Merdan

  8   avait-il un esprit de coopération ?  Est-ce qu’il s’est

  9   tenu aux accords et aux libellés d’accords ?

 10         R.    Monsieur Merdan était quelqu’un de très

 11   raisonnable, quelqu’un qui appartenait à l’ex-JNA, mais

 12   j’ai l’impression qu’il a quand même interrompu ses

 13   négociations et les accords sur lesquels nous sommes

 14   tombés.  Souvent, lors de mes entretiens, j’ai parlé avec

 15   Monsieur Merdan de la 7e Brigade musulmane et j’ai appris

 16   par d’autres personnes que Merdan était une personne

 17   d’influence et je voulais qu’il contacte la 7e Brigade,

 18   mais il a nié les contacts avec la 7e Brigade musulmane et

 19   il n’est jamais intervenu auprès de cette brigade.

 20         Q.    Nous passons au paragraphe 34.  Y avait-il

 21   éventuellement… pardon (l’interprète se reprend), est-ce

 22   que le Colonel Merdan pouvait circuler librement jusqu’au

 23   30 janvier 1993 ?

 24         R.    Oui.  Monsieur Merdan circulait librement à

 25   Busovaca.  Il avait même sa tante qui habitait Busovaca et


Page 17307

  1   il la visitait régulièrement.  Il n’avait aucune

  2   restriction, aucune contrainte de ce côté-là.

  3         Q.    Nous avons déjà parlé des paragraphes 35 et

  4   36.  Je passe maintenant à 37 et 38.  Par conséquent, de

  5   votre point de vue… vous étiez donc Chef du personnel de la

  6   Zone opérationnelle de Busovaca.  Pourriez-vous nous dire

  7   quel est votre point de vue au sujet de la stratégie

  8   militaire qui a été adoptée par la partie adverse en Bosnie

  9   centrale et au cours de 1993 ?

 10         R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 11   la Bosnie centrale est une des plus belles régions de

 12   Bosnie-Herzégovine.  Pour ce qui concerne la population qui

 13   habitait cette partie de la Bosnie, elle était répartie

 14   50/50.  Il y avait des Croates et des Musulmans.  Il y

 15   avait très peu d’autres groupes ethniques qui étaient

 16   représentants des villages.  La ville même a été mixte. 

 17         Malheureusement, avec ce qui s’est passé après

 18   l’agression de l’armée serbe, elle a fait venir en Bosnie

 19   centrale des réfugiés de Bosnie orientale et de Krajina et

 20   c’est de cette manière-là que la population, le nombre a

 21   commencé à augmenter et des choses laides sont arrivées,

 22   des excès différents, des incidents, des pillages,

 23   contrebandes, tout ce qui ne se passait jamais, mais ce qui

 24   s’est passé pendant cette période n’était véritablement pas

 25   beau.  Enfin, c’était terrible.


Page 17308

  1         D’après moi, les Croates et les Musulmans locaux

  2   ne seraient jamais rentrés en conflit s’il n’y avait pas

  3   des réfugiés qui sont venus en très grand flux et qui

  4   cherchaient à s’installer en Bosnie centrale, alors qu’ils

  5   sont arrivés de la Bosnie orientale et de la Bosnie de

  6   l’est.  Moi, je considère que le conflit a éclaté à cause

  7   de ces réfugiés parce qu’eux, ils voulaient absolument s’y

  8   installer et ce sont eux qui ont provoqué des incidents. 

  9   Ils ne voulaient pas se rendre sur les lignes de front face

 10   aux Serbes et ils disaient que ce n’était pas leur propre

 11   guerre, alors que les Croates allaient régulièrement sur

 12   les lignes de front face aux Serbes.  Ce sont eux qui ont

 13   défendu Jajce.

 14         Moi, je me suis rendu au début sur cette ligne de

 15   front et je ne sais pas quelles étaient les portions qui

 16   étaient défendues par l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais

 17   sur 12 600 personnes habitants de la ville de Vitez, plus

 18   de 700 personnes ont été tuées, plus de 2 000 sont blessées

 19   grièvement, beaucoup de handicapés, d’invalides, beaucoup

 20   de ceux qui se sont expatriés et qui sont partis un petit

 21   peu partout dans le monde.

 22         Nous véritablement, dans cette Zone

 23   opérationnelle, nous avons mis en œuvre et nous avons

 24   respecté les Conventions de Genève.  Nous avons même

 25   demandé le respect de ces Conventions.  Il y a des


Page 17309

  1   individus bien évidemment qui les ont violées, je le

  2   comprends et je le sais, mais le commandement ne pouvait

  3   pas véritablement exercer une influence sur chaque

  4   individu.

  5         Q.    Nous allons maintenant revenir en janvier

  6   1993 une fois de plus.  À la veille des opérations de

  7   combat à Busovaca, auriez-vous des connaissances sur les

  8   détachements de l’armée de Bosnie-Herzégovine de Zenica qui

  9   venaient dans la région de Kacuni ?

 10         R.    L’armée de Bosnie-Herzégovine avait la

 11   Défense territoriale qui était très bien organisée.  Ils

 12   sont restés vraiment bien organisés au sein de la Défense

 13   territoriale.  Chaque communauté locale avait sa compagnie

 14   et les villages avaient leurs pelotons.  Ils ont également

 15   hérité de l’armement de la Défense territoriale car leurs

 16   commandants, à cette époque-là, à Vitez, à Busovaca et à

 17   Novi Travnik avaient des QG de TO et ils étaient déjà à la

 18   TO et c’est comme ça qu’ils ont pratiquement hérité de

 19   l’équipement.  Tout est resté à la disposition de l’armée

 20   de Bosnie-Herzégovine par la suite.

 21         Q.    Excusez-moi, je vais encore une fois vous

 22   interrompre.  La question est beaucoup plus restreinte.  Ce

 23   que je vous demande c’est de savoir quels étaient les

 24   combats au mois de janvier 1993 à Busovaca.  Est-ce que

 25   tout de suite après ces opérations militaires, il y avait


Page 17310

  1   des détachements de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui sont

  2   venus de Zenica à Kacuni et il y avait également des unités

  3   de la 7e Brigade musulmane ?

  4         R.    Oui.  Il y avait la 333e Brigade, ensuite,

  5   Krajisnici et la 7e Brigade musulmane.  Tous se sont rendus

  6   à Kacuni.  J’ai vu des insignes, des symboles qui sont

  7   restés, dont les traces sont restées sur les immeubles qui

  8   n’ont pas été détruits.

  9         Q.    Excusez-moi.  Je vais vous poser une question

 10   d’ordre général avant de passer au paragraphe 38. 

 11   Pourriez-vous me dire si, en ce qui vous concerne, vous

 12   considérez que la stratégie musulmane était de contrôler la

 13   route d’approvisionnement, la route principale de Novi

 14   Travnik- Vitez et de Vitez à Busovaca, ensuite au sud vers

 15   Kiseljak ou non ?  Quelle est votre appréciation ?

 16         R.    L’objectif était de s’emparer de la Bosnie

 17   centrale.  La stratégie était de couper la Bosnie centrale,

 18   par conséquent au niveau de Busovaca et au niveau de Vitez

 19   et ensuite, quand la Bosnie centrale a été coupée, il

 20   fallait donc également s’emparer des axes de communication

 21   et puis de chasser, d’expulser le peuple croate.  C’était

 22   ça la stratégie et l’objectif.

 23         Q.    Entendu !  Maintenant, nous allons

 24   poursuivre, si vous voulez, bien au paragraphe 39. 

 25   J’aimerais donc attirer votre attention sur la mi-avril


Page 17311

  1   1993.  Si j’ai bien compris, à ce moment-là, vous n’étiez

  2   pas à Vitez.  Au moment où les combats ont commencé, vous

  3   étiez absent entre le 14 et le 17 avril 1993, n’est-ce

  4   pas ?

  5         R.    Oui.  Entre le 14 et le 21 avril, je n’étais

  6   plus au commandement de la Zone opérationnelle de Bosnie

  7   centrale.  Le 14 avril, on a arrêté quatre officiers du HVO

  8   de Novi Travnik.

  9         Q.    En effet, il y avait trois officiers du

 10   quartier général et il y avait un chauffeur, n’est-ce pas ?

 11         R.    Oui.  Trois officiers et un soldat.

 12         Q.    Entendu !  Cet enlèvement – la Chambre s’en

 13   souvient probablement – a eu lieu le 13 avril 1993.  Est-ce

 14   que vous pouvez très brièvement nous relater cet événement,

 15   expliquer à la Chambre en quelle relation vous étiez

 16   concernant cet incident, ce que vous avez fait à ce sujet-

 17   là ?

 18         R.    Le matin, lors du briefing, le 14 avril, la

 19   Commission conjointe avec moi-même et Monsieur Merdan ainsi

 20   qu’un représentant de l’ECMM – je sais que c’était

 21   Valentin, un Espagnol ; je ne me souviens pas qui était

 22   l’autre également avec nous – nous avons pris la décision

 23   d’aller enquêter ce qui s’était passé et nous avons essayé

 24   de trouver ces trois officiers qui ont été kidnappés,

 25   enlevés, et ce soldat.


Page 17312

  1         Nous sommes partis de cet immeuble de l’ECMM de

  2   Bila et la première information que nous avons reçue dans

  3   l’immeuble de l’armée à Novi Travnik, nous avons obtenu par

  4   conséquent les informations selon lesquelles c’était les

  5   Mujahedins qui les ont enlevés, que ces officiers avaient

  6   des missions à remplir à Mescema et la ligne de front face

  7   aux Serbes, qu’ils rentraient de cette ligne de front,

  8   qu’on les a capturés et que c’est en direction de Rostovo

  9   qu’on les a emmenés.

 10         On nous a dit quel était le véhicule sur lequel on

 11   les a fait monter.  Il s’agissait d’un camion, camion qui

 12   normalement transportait la viande de Bugojno.  On les a

 13   fait monter dans ce camion et on les a emmenés vers Ravno

 14   Rostovo. 

 15         Nous n’avons pas obtenu d’autres informations

 16   auprès du commandement de l’armée.  Nous nous sommes par

 17   conséquent dirigés vers Ravno Rostovo.  C’était un endroit

 18   où on formait l’armée de Bosnie-Herzégovine et il y avait

 19   une compagnie de Mujahedins qui entraînait les soldats dans

 20   cette région.

 21         Nous nous sommes rendus par conséquent à Rostovo. 

 22   On ne nous a pas permis de rentrer même pas dans le cercle

 23   de la caserne et encore moins dans l’immeuble.  Ils ne

 24   voulaient même pas discuter, s’entretenir avec nous.  Dzemo

 25   Merdan a insisté, mais la réponse était la suivante :


Page 17313

  1   « Nous ne savons absolument rien de ce qui s’est passé. 

  2   Nous n’avons rien à faire avec.  Par conséquent, nous ne

  3   voulons pas parler avec vous. », même si nous avions des

  4   informations que le véhicule, la voiture se trouvait juste

  5   derrière la caserne et que des officiers avec le soldat se

  6   trouvaient dans la cave de cette caserne. 

  7         Nous sommes allés jusqu’au Commandant de la Zone

  8   opérationnelle à Bugojno – Selmo Cikotic était son nom – et

  9   nous lui avons demandé l’autorisation pour retourner une

 10   fois de plus à la caserne, pour nous mettre en contact donc

 11   avec ces messieurs qui étaient à Ravno Rostovo, et il nous

 12   a dit qu’il n’avait rien à faire avec et que de toute

 13   façon, il n’était pas au courant.  Il était commandant du

 14   groupe opérationnel et dans sa Zone opérationnelle était la

 15   caserne Ravno Rostovo.

 16         Par conséquent, nous avons fait marche arrière. 

 17   Nous n’avons rien fait.  Nous sommes retournés à Novi

 18   Travnik et nous avons tout simplement informé les

 19   représentants du HVO que nous n’avons pas trouvé les hommes

 20   que nous avons cherchés.  Le Commandant de la police

 21   locale, Monsieur Stipe Bavrka, a dit à Monsieur Merdan :

 22   « Vous pouvez vous considérer, Monsieur Merdan, comme

 23   quelqu’un qui est mon prisonnier, mon détenu, et que vous

 24   êtes arrêté à Novi Travnik et vous allez y rester tant que

 25   vous ne nous ramènerez pas nos officiers. » 


Page 17314

  1         C’est là où j’ai réagi et j’ai dit : « Monsieur

  2   Bavrka, vous ne pouvez pas vous comporter de cette manière-

  3   là.  Monsieur Merdan est avec moi.  C’est moi qui le

  4   protège.  C’est moi qui suis responsable pour lui. », alors

  5   que Monsieur Stipe Bavrka a dit : « Alors, Monsieur Nakic,

  6   vous-même, vous êtes arrêté également. »

  7         C’était dans la soirée, c’était à 22 h 30 à peu

  8   près, et après les entretiens que nous avons eus avec

  9   Bavrka, avec le Commandant Zeljko et moi-même, j’y étais,

 10   nous n’avons pas réussi à résoudre le problème et j’ai

 11   demandé tout simplement qu’on en informe le Colonel

 12   Blaskic.  Moi, je l’ai informé sur ce qui s’était passé. 

 13   Après un entretien qui était fort pénible et dur, après les

 14   supplications également, au bout de deux heures et demie,

 15   nous avons été relâchés.  Nous étions détenus dans une

 16   pièce dans cet immeuble et au bout de deux heures et demie,

 17   comme je l’ai dit, nous avons été relâchés.

 18         Après cela, c’était déjà tôt le matin, j’ai fait

 19   un rapport au Colonel Blaskic et je lui ai relaté tout ce

 20   qui s’était passé.  À ce moment-là, le Colonel Blaskic nous

 21   a dit : « Étant donné que le 13 était une journée

 22   extrêmement dure pour la commission, rentrez chez vous,

 23   Monsieur Franjo, et c’est après-demain que vous pouvez

 24   revenir au travail.  Je vois que vous n’avez pas dormi. »,

 25   ce que j’ai fait.  Je suis rentré chez moi.


Page 17315

  1         Le 15, par conséquent, je l’ai passé chez moi.  Le

  2   16, au moment où je suis parti au travail, où j’étais sur

  3   le point d’ailleurs de me préparer, j’étais sur la route. 

  4   Il y avait déjà des points de contrôle, enfin, des

  5   obstacles et des barrages sur la route.  Il y avait l’armée

  6   de Bosnie-Herzégovine devant les bases de la FORPRONU, côté

  7   Vitez, et j’ai fait marche arrière.

  8         Je suis rentré chez moi.  J’ai appelé au téléphone

  9   Monsieur le Colonel.  Il m’a dit de rester dans mon

 10   village, dans ma formation, de suivre la situation et de

 11   voir ce qui se passait dans mon village parce que dans les

 12   environs, il y avait le village Sadovace.  C’était la ligne

 13   de séparation d’une longueur de 300, 400 mètres.

 14         Effectivement, moi, je suis resté sur place.  Je

 15   me suis mis en contact avec le commandant local et il m’a

 16   dit que, de toute façon, il n’y avait rien d’extraordinaire

 17   qui se passait mais qu’on avait annoncé que des voisins à

 18   Sadovace commençaient à creuser des tranchées, et moi, je

 19   lui ai suggéré également qu’il était indispensable qu’on

 20   commence à creuser des tranchées de l’autre côté, mais

 21   surtout de ne pas provoquer, et c’est ce que nous avons

 22   fait.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais vous

 24   interrompre, Monsieur le Témoin.

 25         Me Sayers, s’il n’y a rien d’autre qui serait


Page 17316

  1   pertinent, à ce moment-là, nous pouvons poursuivre.

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Non.  Nous pouvons

  3   passer au paragraphe 40.

  4         Q.    Est-il vrai qu’en ce qui concerne votre

  5   propre expérience, Général, le 3e Corps a toujours essayé

  6   donc de soi-disant s’opposer par rapport aux Mujahedins,

  7   par rapport à la 7e Brigade musulmane comme des brigades ou

  8   des formations dont il ignorait tout ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Est-il vrai que depuis la mi-avril jusqu’au 8

 11   juin 1993, Slavko Marin, quelqu’un qui vous était

 12   subordonné, était également chargé de vous remplacer ?

 13         R.    Oui.  Au moment où je suis allé au

 14   commandement conjoint, c’est Slavko Marin qui m’a remplacé

 15   jusqu’en juin.

 16         Q.    Merci.  Maintenant, nous allons passer au

 17   paragraphe 42.  Là, vous présentez vos points de vue.  Il

 18   s’agit donc de votre appréciation sur l’armée de Bosnie-

 19   Herzégovine et son attitude en avril.  Bien évidemment,

 20   vous pouvez nous en parler si vous voulez bien là-dessus.

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Nous allons passer également maintenant au

 23   commandement conjoint qui a été établi à Travnik.  C’était

 24   le résultat des négociations en avril 1993 sur le cessez-

 25   le-feu.  La Chambre a entendu parler beaucoup de cet


Page 17317

  1   événement.  Par conséquent, nous pouvons accélérer.

  2         Est-il vrai que le commandement conjoint de

  3   l’armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO a été établi en

  4   résultat des négociations sur le cessez-le-feu et l’accord

  5   auquel on a abouti le 21 avril 1993 ?

  6         R.    Il y avait une réunion qui a eu lieu entre le

  7   Général de brigade Petkovic, Sefer Halilovic, Blaskic et

  8   Hadzihasanovic et le résultat de cette réunion était

  9   l’ordre qui m’a été délivré par le Colonel Blaskic selon

 10   lequel moi-même, Zvonko Vukovic et Vlado Juric devaient

 11   donc être transférés au commandement conjoint avec l’armée

 12   de Bosnie-Herzégovine et le QG aurait dû se trouver à Bila.

 13   Ensuite, nous avons transféré ce QG à l’immeuble des PTT de

 14   Travnik.

 15         Q.    Vous avez donc travaillé à Busovaca, à Vitez

 16   et maintenant, on vous a demandé d’être au commandement

 17   conjoint, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui, parce qu’il fallait stabiliser la paix

 19   dans Busovaca et dans Travnik.  C’est la raison pour

 20   laquelle le commandement conjoint a été stationné dans la

 21   cave de l’immeuble des PTT.  C’est là où nous avons

 22   commencé à travailler.  Nous avons établi des plans pour

 23   lutter contre les Serbes dans la région nord-ouest de

 24   Travnik.

 25         Moi-même, j’ai élaboré ces plans avec mon équipe


Page 17318

  1   et Dzemo Merdan avec son équipe.  Il y avait un certain

  2   nombre de conditions et de contraintes et je dois dire que

  3   nous nous sommes véritablement déployés et nous ne nous

  4   sommes pas ménagés pour faire ces plans.  Il me semble…

  5         Q.    Excusez-moi, je vais vous interrompre, s’il

  6   vous plaît, Général.  Au sein de cette Commission mixte, le

  7   Général Merdan était du côté de l’armée de Bosnie-

  8   Herzégovine et il était votre homologue, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Pourriez-vous maintenant nous dire si le

 11   Général Hadzihasanovic, le Commandant du 3e Corps d’armée,

 12   a été coopératif ?  Est-ce que lui, il a également négocié

 13   au sein de cette commission avec le Colonel Blaskic ou non

 14   quand on lui a demandé ?

 15         R.    Au sein du Commandement conjoint, d’après les

 16   informations et d’après nos propres appréciations, on

 17   savait que l’armée préparait quelque chose et moi, j’ai

 18   insisté auprès du Colonel Blaskic pour qu’il rencontre

 19   Hadzihasanovic pour qu’ils s’entretiennent sur les

 20   questions d’actualité, mais même si Stewart, Fleming et les

 21   autres avaient également insisté que cette réunion ait

 22   lieu, Blaskic également avait insisté pour que la réunion

 23   ait lieu, la réunion n’a vraiment jamais eu lieu.  Pourquoi

 24   et quelles étaient les raisons, je pense que ça a été

 25   confirmé le 3 juin 1993.


Page 17319

  1         Q.    Merci, Général.  Maintenant, nous allons

  2   passer au paragraphe 45.

  3         Me SAYERS (interprétation) :  Pour informer la

  4   Chambre, je voudrais tout simplement attirer l’attention de

  5   la Chambre à la pièce à conviction D194/1, page 10.  Il

  6   s’agit du résumé d’un rapport du BritBat où il est bien

  7   écrit que Hadzihasanovic avait refusé ces négociations et

  8   cette réunion avec le Colonel Blaskic.  C’était juste à la

  9   veille de l’offensive qui a eu lieu le 6 juin 1993 à 8 h

 10   00.

 11         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire si cette

 12   offensive a été de grande envergure et que cette offensive

 13   a été déclenchée au début juin 1993 ?

 14         R.    C’est le 3 juin 1993 que nous avons vu les

 15   premiers incidents et le 6 juin, à ce moment-là, j’étais au

 16   siège du commandement conjoint à Travnik et j’ai essayé

 17   d’apaiser la situation car c’était des incidents qui ont

 18   été provoqués par l’armée le 3 et le 4 juin et je pensais

 19   que nous allions surmonter les problèmes et que le conflit

 20   n’allait pas être déclenché.

 21         Cependant, le 6 juin, une offensive de grande

 22   envergure a commencé en provenance du nord-ouest, sud-

 23   ouest, les municipalités de Travnik, des parties de Novi

 24   Travnik, Busovaca et Vitez ont été attaquées.  Selon mes

 25   estimations, il s’agissait d’une offensive violente et de


Page 17320

  1   toutes les directions et de tous les types d’armes.

  2         Moi, j’avais considéré, d’après également des

  3   informations de nos services de renseignements, que le

  4   rapport était un par rapport à huit.

  5         Q.    Je vous interromps.  Vous voulez dire que le

  6   HVO était beaucoup moins nombreux, les représentants du HVO

  7   étaient beaucoup moins nombreux que l’armée de Bosnie-

  8   Herzégovine ?  C’était huit par rapport à un, n’est-ce

  9   pas ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Pourriez-vous nous dire, s’il vous plaît, ce

 12   qui s’était passé avec la population croate à l’est et au

 13   nord de Travnik et dans d’autres villages également dans la

 14   municipalité de Travnik ?  Qu’est-ce qui s’est passé

 15   pendant cette offensive ?

 16         R.    Au cours de cette offensive, c’était les

 17   villages dans les environs de Travnik qui ont subi de plus

 18   grandes pertes et Travnik également.  D’abord, il faut dire

 19   que la municipalité de Travnik est une grande municipalité. 

 20   Dans les montagnes, il était très difficile également de

 21   défendre ces villages car il y avait véritablement des

 22   combats qui étaient très violents.  Il y avait des villages

 23   sur les pentes de Vlasic qui sont restés vides.  Les gens

 24   se sont enfuis de Travnik vers Zenica, Cukle, Podovi,

 25   Brajkovici, Han Bila.  Tous ces villages ont été vidés. 


Page 17321

  1         La population civile a été expulsée dans la

  2   municipalité de Vitez.  De Vitez, ils ont été transférés

  3   vers Zenica.  Les maisons ont été détruites, incendiées. 

  4   On voyait des flammes partout.  Travnik est restée

  5   complètement vidée de Croates.  Tout le monde a été chassé,

  6   expulsé.  Il y en avait qui ont été tués également.  À

  7   Maljine, par exemple, 48 personnes ont été tuées.  On ne

  8   sait même pas où ces personnes ont été enterrées. 

  9   Brajkovici, Grahovici également, 81 personnes portées

 10   disparues.  Il y avait d’autres villages également. 

 11   Miletici, par exemple, a subi de très grandes pertes.  Moi,

 12   j’ai transféré les cadavres à Bila.

 13         Q.    Quelques points de détail.  À peu près

 14   combien de réfugiés, de personnes déplacées d’appartenance

 15   ethnique croate ont été forcées de quitter leur domicile

 16   dans le cadre de l’offensive que vous venez de nous

 17   décrire, s’il vous plaît ?

 18         R.    Plus de 20 000 personnes autour de Bila et

 19   Nova Bila, environ 20 000 personnes.  Il y a des gens qui

 20   sont restés à Guca Gora.  Ils se sont réfugiés dans une

 21   église, et grâce à l’officier Duncan, j’ai pu les en faire

 22   sortir.  Malheureusement, sept hommes sont restés sur place

 23   et, le lendemain, j’ai dû les enterrer près de l’église.

 24         Q.    Pendant qu’ils étaient enterrés, il y avait

 25   des balles qui sifflaient au-dessus de la tête de ceux qui


Page 17322

  1   assistaient à cet enterrement, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui, oui.  Les gens sont sortis de l’église

  3   pour l’enterrement, pour la mise en terre, et il y avait

  4   certes une protection de la FORPRONU avec cinq ou six

  5   Warriors, mais on a ouvert le feu sur nous et le Général

  6   Merdan ne pouvait rien faire.  Il y avait des balles qui

  7   sifflaient autour de nous.

  8         Q.    Il a été dit que ces 20 000 personnes environ

  9   ont quitté suite à des campagnes de propagande et qu’elles

 10   n’ont pas été expulsées par la force armée.  Pouvez-vous

 11   nous donner vos réactions à ce sujet, s’il vous plaît ?

 12         R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 13   mais qui quitterait sa maison pour aller se réfugier dans

 14   les bois alors qu’il était impossible de savoir ce qui

 15   allait se passer, s’ils allaient pouvoir trouver refuge

 16   chez quelqu’un de suffisamment bon pour les accueillir. 

 17   Aucune mesure de propagande qu’on puisse s’imaginer ne peut

 18   obliger les gens à quitter ainsi leurs foyers.  Il faut

 19   qu’ils aient été forcés à le faire, et quant à ceux qui

 20   n’ont pas quitté leurs foyers, eh bien, on ne les a plus

 21   jamais retrouvés.

 22         Q.    Maintenant, passons au paragraphe 47. 

 23   Pendant les réunions entre les représentants du HVO et de

 24   l’armée de Bosnie-Herzégovine, est-ce que vous pouvez nous

 25   dire si le Colonel Merdan a fait des observations, si les


Page 17323

  1   esprits se sont parfois échauffés, s’il y a eu des

  2   désaccords qui se sont exprimés lors de ces réunions ?

  3         R.    À la veille de cette offensive,

  4   effectivement, il a dit :  « Vous vous souviendrez de nous

  5   une fois que l’armée se sera mise en train. », et je peux

  6   vous dire qu’effectivement, on s’en est souvenu.

  7         Q.    Si vous me le permettez, maintenant, je vais

  8   passer au point suivant, à savoir le Convoi de la Joie,

  9   paragraphes 48 à 51.

 10         Au milieu de cette offensive dans la zone de

 11   Travnik, il est exact, n’est-ce pas, qu’un convoi organisé

 12   par des personnes privées a essayé de traverser la zone de

 13   guerre, un territoire qui auparavant était contrôlé par les

 14   Croates de Bosnie, les forces armées des Croates de

 15   Bosnie ?  C’est bien exact, n’est-ce pas ?

 16         R.    Oui, c’est exact.

 17         Q.    Nous savons tous car nous avons entendu un

 18   grand nombre de témoins au sujet des circonstances dans

 19   lesquelles ce convoi a été arrêté et a été pillé et il a

 20   été avancé que cet incident était le résultat d’un plan

 21   délibéré qui avait été échafaudé non pas par les militaires

 22   mais par les politiques.  Est-ce que vous pouvez nous

 23   donner votre opinion à ce sujet, s’il vous plaît, mon

 24   Général ?

 25         R.    Je n’ai jamais entendu parler d’un tel plan,


Page 17324

  1   du fait qu’il existe ou de sa mise en œuvre.  Il s’agit là

  2   de quelque chose de spontané.  La population était en

  3   colère.  Il y avait donc 20 000 réfugiés qui n’avaient rien

  4   à manger, rien n’était organisé et le Colonel Blaskic a

  5   délivré un ordre aux fins de laisser passer le convoi dans

  6   toute sécurité.  Les militaires n’avaient rien à voir avec

  7   tout cela et je vais vous le prouver, vous en donner un

  8   exemple.

  9         Moi, j’étais avec Dzemal Merdan.  Un membre du HVO

 10   revenait à la maison et il a été tué par la FORPRONU à

 11   environ 100 mètres de chez lui alors qu’il revenait dans

 12   son foyer.  La FORPRONU l’a pris pour quelqu’un qui

 13   participait à l’incident.  Il s’appelait Zoran Matosevic. 

 14   J’ai reçu des excuses officielles de la part de la FORPRONU

 15   mais c’était trop tard, bien entendu.

 16         Q.    La nuit où le convoi a été arrêté dans la

 17   zone de Novi Travnik-Vitez, est-il exact que huit enfants

 18   croates de Bosnie ont été déchiquetés par des obus de

 19   mortiers de calibre 128 qui étaient tirés d’une position

 20   située près de Stari Vitez ?

 21         R.    Oui, c’est exact.  C’est l’incident le plus

 22   grave qui ait touché les enfants de la ville de Vitez à

 23   cette époque.  Deux jours plus tard, je suis allé sur

 24   place.  Je suis allé au point d’impact de cet obus, et à

 25   mon avis, c’était un obus de 120 millimètres.  Je ne pense


Page 17325

  1   pas qu’il aurait été lancé de Stari Vitez mais plutôt de

  2   Bukve ou de Trebinje qui se trouvent près de Bila et de

  3   Guca Gora.  Moi, à mon avis, c’est la direction d’où aurait

  4   pu venir cet obus.

  5         Sur la base de ce que j’ai vu sur place, je peux

  6   vous dire que c’était une vision d’horreur et je ne peux

  7   même pas imaginer quelle a pu être la réaction des mères

  8   qui ont ainsi trouvé les corps de leurs enfants

  9   déchiquetés.

 10         Q.    Mon Général, je passe maintenant au

 11   paragraphe 51.  On a avancé que Monsieur Kordic était

 12   quelqu’un qui avait orchestré l’arrêt de ce convoi :  Est-

 13   ce que c’est exact ?

 14         R.    Moi, je sais simplement que Monsieur Kordic,

 15   on s’est adressé à lui pour lui demander de l’aide et il,

 16   en effet, a fourni son assistance à la FORPRONU pour

 17   assurer le libre passage et la sécurité du passage du

 18   convoi et je n’ai entendu rien d’autre au sujet de

 19   l’implication de Monsieur Kordic.

 20         Q.    Maintenant, passons au paragraphe 52.  Est-il

 21   exact que les commandants du 4e Bataillon de la police

 22   militaire du HVO ont été : tout d’abord, Zvonko Vukovic

 23   jusqu’au 18 janvier 1993 ; ensuite, suivi de Pasko Ljubicic

 24   qui a occupé ce poste à partir du 18 janvier 1993 jusqu’au

 25   1er août 1993 ; et ensuite à la fin de la guerre, Monsieur


Page 17326

  1   Marinko Palavra qui a repris les fonctions de Monsieur

  2   Ljubicic à partir du 1er août 1993 ?

  3         R.    Oui.  Il s’agit des trois officiers qui ont

  4   occupé le poste de commandant pendant la période où j’étais

  5   dans la Zone opérationnelle, au QG de la Zone

  6   opérationnelle.

  7         Q.    Maintenant, passons au paragraphe 53.  Est-ce

  8   que vous avez vu vous-même des détachements, des unités,

  9   des hommes de l’armée croate en Bosnie centrale, pendant la

 10   guerre, bien entendu ?

 11         R.    L’armée croate n’a jamais été présente en

 12   Bosnie centrale.  Ce qu’on pouvait voir en Bosnie centrale

 13   c’était des personnes individuelles qui auparavant avaient

 14   été membres de l’armée croate et je crois qu’en fait, ils

 15   étaient motivés par le désir de se mettre en avant, de

 16   frimer, si je puis dire, en portant ces insignes.  Moi, on

 17   m’a chargé de faire en sorte que ces insignes ne soient

 18   plus portés par ces gens, mais on n’a pas pu le faire

 19   jusqu’au bout et il y a même des officiers qui ont refusé

 20   d’enlever ces badges, ces galons.  Il y avait environ six

 21   ou sept personnes qui portaient ce type de badge mais vous

 22   ne trouverez personne qui pourra vous dire qu’il y avait

 23   des soldats de l’armée croate en Bosnie centrale.

 24         Q.    Mais ces gens qui ont refusé d’enlever ces

 25   insignes de l’armée croate, est-ce que c’était des soldats


Page 17327

  1   du HVO ou des soldats de l’armée croate ?

  2         R.    Non.  C’était des Croates de Bosnie qui

  3   avaient été sur la ligne de front en Croatie pour se battre

  4   contre les Serbes et qui étaient revenus à la maison et qui

  5   étaient revenus avec leurs uniformes.  Donc, c’était des

  6   Croates de Bosnie.

  7         M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) :  Me Sayers,

  8   est-ce que le témoin a une idée du nombre de ces Croates de

  9   Bosnie présents et qui étaient revenus et arboraient des

 10   insignes de la HV ?

 11         Me SAYERS (interprétation) :

 12         Q.    Mon Général, vous avez entendu la question de

 13   Monsieur le Juge.  Que pouvez-vous y répondre ?

 14         R.    Sept ou huit.  Je peux même vous donner

 15   certains de leurs noms, mais pas plus que ça.

 16         Q.    À moins que cela ne soit pertinent, je ne

 17   pense pas qu’il soit nécessaire de donner ces noms.

 18         Mon Général, en temps que Chef d’état-major de la

 19   Zone opérationnelle de Bosnie centrale, est-ce que vous

 20   avez reçu des ordres, est-ce que votre état-major, est-ce

 21   que vos officiers ont jamais reçu des ordres en provenance

 22   de la HV ?

 23         R.    Non, jamais.

 24         Q.    Est-ce que vous avez jamais entendu quelqu’un

 25   affirmer, suggérer, sous-entendre que d’une certaine façon,


Page 17328

  1   les commandants du HVO étaient sous le contrôle d’organes

  2   de commandement de la HV ou d’une façon ou d’une autre

  3   qu’ils se trouvaient sous la coupe de la HV ?

  4         R.    La Bosnie centrale n’avait aucun lien avec la

  5   HV.  Notre état-major principal se trouvait à Mostar et

  6   toutes les communications allaient dans ce sens.

  7         Q.    Maintenant, nous allons passer aux

  8   paragraphes 54 et 55.  Il a été avancé dans cette affaire

  9   qu’il existait une politique concertée au sein des Croates

 10   de Bosnie qui soi-disant aurait été mise en œuvre par le

 11   HVO et qui avait pour objectif de persécuter les citoyens

 12   musulmans de Bosnie.

 13         Est-ce que vous pourriez s’il vous plaît assister

 14   la Chambre de première instance et nous dire si, à votre

 15   connaissance, il existait une telle stratégie, et si c’est

 16   le cas, de quelle manière elle était diffusée ?

 17         R.    Je n’ai jamais entendu parler de telle

 18   position politique, et si j’en avais entendu parler, jamais

 19   je n’aurais mis cet uniforme.  Donc, je n’en ai jamais

 20   entendu parler et personne ne m’a jamais parlé ou donné des

 21   instructions relatives à une telle stratégie, une telle

 22   politique.  Moi, j’ai mis cet uniforme pour lutter contre

 23   les Serbes.  C’est la seule raison pour laquelle je l’ai

 24   fait.  Cependant, plus tard, les combats ont pris une telle

 25   nature que j’ai dû me battre pour protéger ma famille.


Page 17329

  1         Q.    Vous nous dites que vous n’avez jamais

  2   entendu exprimer de telle position politique et que si ça

  3   avait été le cas, vous n’auriez jamais porté cet uniforme. 

  4   Que voulez-vous dire par là, mon Général ?

  5         R.    Jamais.  Eh bien, je n’aurais pas rejoint les

  6   rangs d’une telle armée.  Ça, c’est indéniable.  Moi, je ne

  7   pouvais pas donner de tels ordres ou accepter de tels

  8   ordres.  J’ai été élevé pour apprendre à vivre en Bosnie-

  9   Herzégovine avec toutes les communautés ethniques.  C’est

 10   là que je suis né, c’est là que j’ai grandi et c’est là que

 11   j’espère pouvoir continuer à vivre jusqu’à la fin de mes

 12   jours, de la même façon, parce que la Bosnie-Herzégovine

 13   c’est mon pays et je n’en ai pas d’autre.

 14         Q.    Avez-vous eu connaissance d’ordres donnés aux

 15   soldats du HVO aux fins de harceler, de persécuter les

 16   personnes musulmanes dans les zones relevant de la

 17   compétence de la Zone opérationnelle de Bosnie centrale ?

 18         R.    J’ai délivré ces ordres mais pas aux fins de

 19   persécuter les gens.  Ce type d’ordre n’a jamais existé. 

 20   Mes officiers chargés des opérations ont écrit ces ordres

 21   mais ils n’ont jamais été signés par Monsieur Blaskic.

 22         Q.    À quels ordres faites-vous référence ?

 23         R.    La seule chose qu’il ait signé c’était

 24   relatif à l’utilisation des troupes et au respect des

 25   Conventions de Genève mais aucun ordre tendant à persécuter


Page 17330

  1   les Musulmans.

  2         Q.    Mon Général, avez-vous entendu parler d’une

  3   telle stratégie politique de persécution, de harcèlement

  4   aux fins de rendre la vie difficile aux Musulmans ?  Est-ce

  5   que vous avez jamais entendu une telle politique encouragée

  6   par des membres, des militaires croates de Bosnie ou tout

  7   autre groupe politique ou toute autre personne ?

  8         R.    Non, jamais.

  9         Q.    Je vais en terminer assez rapidement avec

 10   votre interrogatoire principal.

 11         Dernier sujet : le paragraphe 60.  Si on vous pose

 12   des questions à ce sujet, on va peut-être vous demander des

 13   questions au sujet des massacres de Croates à Dusina,

 14   Miletici, Krizancevo Selo et Buhine Kuce et autres endroit

 15   que vous avez mentionné.  Vous pouvez répondre, n’est-ce

 16   pas ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Mais moi, quant à moi, je ne vais pas évoquer

 19   cela.  Je vais passer au paragraphe 56.  Je voudrais savoir

 20   si vous connaissiez Monsieur Kordic avant la guerre.

 21         R.    Je ne le connaissais pas avant la guerre.

 22         Q.    Et pendant la guerre, est-ce que vous le

 23   connaissiez bien ?

 24         R.    Pendant la guerre, je ne le connaissais pas

 25   non plus très bien parce que nos différentes fonctions


Page 17331

  1   étaient différentes.  Moi, je m’occupais des affaires

  2   militaires, Monsieur Kordic lui, d’affaires civiles.  Et là

  3   où je l’ai vu le plus souvent, c’était lors des conférences

  4   de presse.  Mais souvent d’ailleurs, le plus souvent à la

  5   télévision s’il y avait de l’électricité.  Mais je l’ai vu

  6   très rarement à l’état-major.  Je l’ai rencontré

  7   personnellement très rarement.

  8         Q.    Est-ce que pendant la période que vous avez

  9   passée à la tête de l’état-major de la Zone opérationnelle,

 10   est-ce que vous avez eu des discussions avec Monsieur

 11   Kordic au sujet d’affaires militaires ?

 12         R.    Autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais

 13   parlé à Monsieur Kordic de questions militaires.  Moi-même,

 14   j’étais un soldat.  J’avais un officier supérieur et

 15   c’était à lui que je m’adressais pour parler de questions

 16   de ce type et également avec mes subordonnés.  Si les

 17   civils étaient impliqués, les autorités civiles étaient

 18   impliquées, je pouvais également m’adresser à elles, mais

 19   je ne me suis jamais adressé à lui personnellement à ce

 20   sujet.

 21         Q.    Est-ce que le Colonel Blaskic vous a jamais

 22   dit ou suggéré que vous étiez contraint d’accepter les

 23   ordres ou les instructions de Monsieur Kordic d’une façon

 24   ou d’une autre ?

 25         R.    Monsieur Blaskic ne m’a jamais dit que


Page 17332

  1   monsieur Kordic lui a jamais ordonné quoi que ce soit.  Ils

  2   avaient des entretiens, mais je ne sais pas à quel sujet.

  3         Q.    Avez-vous jamais entendu dire que Monsieur

  4   Kordic ait essayé ou ait donné des ordres ou des

  5   instructions de nature politique au Colonel Blaskic ou à

  6   qui que ce soit d’autre détenant un poste élevé au sein du

  7   HVO ?

  8         R.    Non, jamais.

  9         Q.    Enfin, dernière question :  Est-ce qu’à votre

 10   connaissance, Monsieur Kordic avait un contrôle quelconque

 11   sur la police militaire ou sur des unités la constituant

 12   telles que les Jokeris ou des unités spéciales ?

 13         R.    Je n’ai jamais entendu parler de cela et je

 14   ne pense pas que c’était le cas.  Il n’y avait aucune

 15   raison pour cela parce que ces unités avaient leurs propres

 16   commandants.

 17         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, mon Général.

 18         Maintenant, les conseils de la Défense de Monsieur

 19   Cerkez vont vous poser des questions et il y aura également

 20   des questions qui viendront de l’Accusation.

 21         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC

 22         (interprétation) :  

 23         Q.    Bonjour, Général Nakic.  Nous avons eu

 24   l’occasion de parler brièvement avant votre déposition. 

 25   J’aimerais vous poser quelques questions, mais par


Page 17333

  1   différence à mon confrère, Me Sayers, vous avez parlé deux

  2   langues différentes alors que nous, on parle la même

  3   langue.  C’est la raison pour laquelle je vous demande de

  4   bien vouloir attendre la fin et ménager des pauses pour que

  5   les interprètes puissent terminer la traduction, s’il vous

  6   plaît.

  7         Donc, juste pour éclaircir quelques points, étant

  8   donné que vous avez résidé dans cette région à plusieurs

  9   reprises, on en a parlé aujourd’hui, on a parlé du village

 10   Bila.  Bila se trouve dans la région de la municipalité de

 11   Vitez, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Il y a un autre village dont on a parlé et

 14   qui s’appelle Nova Bila et la municipalité Travnik.  Est-ce

 15   que c’est vrai ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Eh bien, le village Bila est dans la

 18   municipalité de Stari Vitez, alors que l’autre, Nova Bila,

 19   est dans la municipalité de Travnik, n’est-ce pas ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Moi, je pense que c’est par moment confus

 22   pour quelqu’un qui ne connaît pas bien la géographie,

 23   notamment quand on vient de l’extérieur, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Vous, de cette région, quand vous dites Bila,


Page 17334

  1   on parle en effet de Nova Bila alors que quand on dit Stara

  2   Bila, à ce moment-là, on parle de la Stara Bila de Vitez. 

  3   Est-ce que nous sommes bien d’accord là-dessus ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Par conséquent, le village où vous habitiez

  6   s’appelle Marasi ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Par conséquent, il s’agit d’un village qui

  9   est dans le territoire de Bila ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Par conséquent, c’est la municipalité de

 12   Vitez, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Vous nous avez parlé beaucoup aujourd’hui de

 15   janvier 1993, plutôt de la fin du mois de janvier 1993. 

 16   Quand les conflits se sont déclenchés à Busovaca, il n’y

 17   avait pas de conflit à Vitez entre les Croates de Bosnie et

 18   les Musulmans de Bosnie ?

 19         R.    Non.

 20         Q.    En ce qui concerne les barrages sur la route

 21   qui traverse Vitez, la vallée entre Busovaca et Vitez et ce

 22   barrage a été érigé en octobre 1992, entre le 20 et le 25

 23   octobre 1992, c’est ce barrage qui a été dressé à côté de

 24   Ahmici.  Il y a un conflit ouvert qui s’est déclenché entre

 25   l’armée de Bosnie-Herzégovine de Ahmici et le HVO.  Vous


Page 17335

  1   êtes au courant, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    À ce moment-là, donc à la veille, le 19

  4   octobre 1992, l’armée de Bosnie-Herzégovine a érigé un

  5   barrage sur cette même route mais de votre côté donc dans

  6   le secteur de Grbavica.  Est-ce que vous êtes au courant ?

  7         R.    Oui, tout à fait.

  8         Q.    Je pense que vous-même, vous vous êtes rendu

  9   en personne parce que vous y habitez ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Pourriez-vous me dire qui a érigé ce barrage

 12   et comment il se présentait, s’il vous plaît ?

 13         R.    Le 19 octobre, vers 10 h 00, moi, j’étais

 14   commandant local dans la communauté locale Bila et j’ai été

 15   informé qu’il y avait un barrage qui a été dressé en

 16   contrebas par rapport à Grbavica dans le secteur de GP

 17   Bosna.  Il s’agit de Grbavica et d’un quartier qui est

 18   habité par des Musulmans.  J’ai appris qu’il y a donc des

 19   barrages qui ont été dressés pour bloquer la route Travnik,

 20   Vitez, Busovaca, Kiseljak.

 21         Moi, je suis donc rendu sur place.  J’étais chez

 22   moi à la maison et je suis allé pour voir un petit peu ce

 23   qui se passe et en dessous de Bosna, il y avait un

 24   tracteur, il y avait un car, il y avait quelques troncs

 25   d’arbres également qu’on avait mis tout ensemble et il y


Page 17336

  1   avait une foule également, une dizaine de soldats.  Les

  2   autres, c’était des civils et ils ont tout simplement

  3   bloqué la route.  La parole principale a été menée par

  4   hodza, par l’imam de Han Bila, alors que Han Bila est à 10

  5   kilomètres au nord de Stara Bila.

  6         J’ai demandé à parler au commandant, à mon

  7   collègue Enver Salkic.  Je voulais tout simplement lui

  8   parler, savoir qui a dressé ce barrage.  Il m’a dit qu’il

  9   n’y était pas.  L’imam était venu et il a dit : « C’est moi

 10   qui l’ai dressé.  C’est moi qui suis le principal ici. » 

 11   Moi, j’ai rétorqué, j’ai dit : « Toi, tu ne peux pas être

 12   le principal tant que Enver est là et tant que j’y suis. 

 13   Toi, tu peux retourner à Han Bila pour essayer de mettre de

 14   l’ordre et c’est nous qui allons mettre de l’ordre ici. »,

 15   alors que lui, il a résisté et il a dit :  « Enver ne fera

 16   strictement rien. »

 17         Au bout de deux heures, Enver est venu.  Nous

 18   avons eu un entretien qui était tout à fait raisonnable et

 19   le barrage a été démantelé, mais pendant que je me suis

 20   entretenu avec lui, du côté donc croate également, on a

 21   érigé un barrage.  Il y a quelques arbres qui ont été

 22   abattus et moi, je suis allé également là-bas et au bout de

 23   quelque temps, le barrage a été démantelé, la route a été

 24   libérée.

 25         Q.    Est-ce que, Général, ces événements


Page 17337

  1   démontrent que la situation était assez tendue dans la

  2   vallée ?

  3         R.    Oui.  Une fois de plus, ça s’est démontré. 

  4   Ce sont les gens de l’extérieur qui s’ingéraient dans les

  5   affaires qui ne les concernaient pas et c’est comme ça que

  6   ça a commencé.

  7         Q.    Au moment où vous avez demandé qu’on

  8   démantèle le barrage, est-ce que vous avez entendu

  9   également parler des raisons pour lesquelles ce barrage a

 10   été monté ?

 11         R.    C’est tout simplement qu’on voulait interdire

 12   le passage des soldats du HVO alors que notre armée se

 13   rendait à Jajce, à Vlasic pour mener la lutte contre les

 14   Serbes.  Ce n’était pas une guerre des Musulmans.  C’était

 15   une guerre entre les Croates et les Serbes.  Je ne sais pas

 16   pourquoi ils voulaient nous empêcher de passer.  C’était

 17   l’armée qui devait donc venir en provenance de Busovaca et

 18   de Kiseljak et aller sur les lignes de front contre les

 19   Serbes.

 20         Q.    De toute façon, ce matin, vous avez essayé de

 21   résoudre cette situation.  Est-ce que vous avez appris

 22   également qu’il y avait un barrage qui a été dressé sur la

 23   route de Ahmici ?

 24         R.    Oui, je l’ai appris.

 25         Q.    Juste pour apporter un peu plus de


Page 17338

  1   précisions, est-ce que quelqu’un vous a demandé des

  2   instructions pour résoudre la question ou bien

  3   éventuellement c’est sur votre propre initiative ?  Vous

  4   êtes commandant local.

  5         R.    Bien évidemment, je n’ai reçu aucune

  6   instruction.  C’est moi-même qui ai pris la décision de

  7   résoudre la question.

  8         Q.    Merci. Vous avez parlé des patrouilles

  9   villageoises maintenant et vous étiez donc le commandant

 10   local de ces patrouilles.  J’aimerais vous demander

 11   d’apporter quelque peu plus de précisions.  Au cours de

 12   1992, les patrouilles villageoises ont été organisées un

 13   petit peu partout dans les villages ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Elles existaient aussi bien dans les villages

 16   croates que dans les villages musulmans, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Par moments, ces patrouilles étaient mixtes

 19   également, n’est-ce pas ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Ça dépendait également de l’ambiance qui

 22   régnait dans le village, un peu plus d’animosité ou un peu

 23   moins et ça changeait en fonction de ça ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    À Marasi, c’était un village croate à 100


Page 17339

  1   pour cent ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Votre patrouille était établie et elle

  4   existait ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    E le village avoisinant ?

  7         R.    Oui.  Il y avait également une patrouille

  8   villageoise.

  9         Q.    Et Sadovace, c’était un village musulman en

 10   majorité ?

 11         R.    Oui.  Il y avait peut-être une maison, mais

 12   le reste, c’était des Musulmans.

 13         Q.    Il y avait un autre motif pour établir, créer

 14   des patrouilles villageoises qui se résumait à la peur de

 15   l’autre ?

 16         R.    Il y avait une ambiance générale qui était le

 17   résultat de l’agression de l’armée serbe sur la Bosnie-

 18   Herzégovine et comme mon village se trouvait à proximité de

 19   Novi Travnik et de Vitez qui ont été pilonnées et qui ont

 20   été bombardées, les lignes de front serbes se trouvaient à

 21   16 kilomètres, 15, 16 kilomètres.  Ce n’était pas loin. 

 22         Par conséquent, c’était tout à fait normal.  Nous

 23   avons tout simplement eu pour objectif de défendre nos

 24   propres villages car à Vlasic, ces lignes auraient pu très

 25   vite être reprises par les Serbes et par conséquent on


Page 17340

  1   s’attendait à ce qu’on nous sache.  Tout pouvait arriver. 

  2         C’est la raison pour laquelle les gens se sont

  3   organisés au sein des patrouilles villageoises.  Ils ont

  4   tout simplement circulé en ville pour défendre leurs

  5   propres maisons et leurs propres villages.

  6         Q.    Général, à cette époque-là, la République de

  7   Bosnie-Herzégovine était déjà reconnue.  C’est un nouvel

  8   État.  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire que

  9   le gouvernement central de cet État ne fonctionne pas à ce

 10   moment-là et qu’une des raisons pour lesquelles le peuple

 11   s’organise tout seul est à cause de ça ?

 12         R.    Oui.  C’est une autre raison.  Il n’y avait

 13   pas donc de pouvoir qui était mis en place en Bosnie-

 14   Herzégovine, même au sein de la municipalité.  Le

 15   gouvernement était quelque peu dissout et puis il y avait

 16   des points de vue différents, et pour organiser la vie, il

 17   était indispensable que les gens se regroupent, se

 18   rassemblent et c’est une deuxième raison, effectivement. 

 19   Il y avait une absence de fonctionnement des autorités de

 20   l’État et des autorités au niveau de la municipalité.

 21         Q.    Nous sommes encore en 1992.  Je pense qu’il y

 22   a la criminalité qui est en hausse ?

 23         R.    Oui.  Hors-la-loi, la criminalité, le

 24   pillage, le flux des réfugiés assez important.  Ils

 25   recherchent tout : aussi bien la nourriture que l’argent,


Page 17341

  1   les voitures, le patrimoine.  Il y avait cette troisième

  2   raison également pour laquelle ces patrouilles villageoises

  3   ont été organisées.  C’est parce qu’effectivement il y a ce

  4   flux de réfugiés.  Il y avait donc ce pillage, les

  5   contrebandes, enfin, il y avait l’augmentation de la

  6   criminalité, et cætera.

  7         Q.    Les patrouilles villageoises en 1992 n’ont

  8   pas fait partie des formations militaires, ni dans les

  9   villages musulmans, ni dans les villages croates ?

 10         R.    Non.  C’était des unités qui étaient

 11   autonomes et les commandants également étaient désignés de

 12   la manière où, par exemple, quelqu’un venait et il disait :

 13   « Moi, je suis votre commandant.  Par conséquent, vous

 14   devez m’obéir.  Vous devez donc faire partie des

 15   patrouilles villageoises, vous rendre sur les lignes de

 16   front », et cætera.  Non, ce n’était pas organisé du point

 17   de vue militaire.

 18         Q.    Monsieur Nakic, ce sont vos voisins qui vous

 19   ont désigné commandant local des patrouilles villageoises ?

 20         R.    Oui.  Il y avait quelqu’un qui probablement a

 21   eu l’idée de me désigner parce qu’on avait appris que moi,

 22   j’avais une formation militaire et c’est la raison pour

 23   laquelle on m’avait désigné comme commandant local de trois

 24   ou quatre villages.

 25         Q.    Encore quelques petites questions.  Qui a


Page 17342

  1   armé et comment ?  D’où ils ont eu les armes ?

  2         R.    Chacun se débrouillait comme il pouvait.

  3         Q.    Il n’y avait pas donc de fournitures et de

  4   livraisons d’armes organisées ?

  5         R.    Non.

  6         Q.    Est-ce qu’il y avait des différences entre

  7   les Musulmans et les Croates à ce niveau-là en 1992 ?

  8         R.    C’était absolument la même chose, sauf que

  9   les Musulmans déposaient de l’équipement et des armes de la

 10   Défense territoriale.  Je ne sais pas où ça se trouvait, de

 11   toute façon.

 12         Q.    Merci.  En ce qui concerne l’armée de Bosnie-

 13   Herzégovine qui s’est transférée en armée à partir de la

 14   Défense territoriale vers la fin 1992 et 1993, elle avait

 15   quatre points d’appui à Vitez ou plutôt dans la

 16   municipalité de Vitez.  Si vous voulez bien me le confirmer

 17   ou me corriger si je fais une erreur.

 18         Je pense qu’ils avaient un point d’appui à

 19   Preocica.  Il y avait le commandement de la 325e Brigade de

 20   l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Est-ce que c’est exact ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Est-ce que vous pouvez nous donner la période

 23   également ?  Est-ce que vous pouvez nous dire à quel moment

 24   ils se sont installés là-bas ?

 25         R.    C’était en octobre à peu près.


Page 17343

  1         Q.    C’était l’automne 1992 ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Ensuite, il y avait Kruscica, et pour le

  4   secteur de Kruscica et de Vranjska, il y avait le 1er

  5   Bataillon également qui stationnait et le commandement, le

  6   QG, n’est-ce pas ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Ensuite, Poculica… Excusez-moi.  Je m’excuse

  9   auprès des interprètes.  Il paraît que je parle trop vite.

 10         À Poculica, qui couvrait Ahmici et d’autres

 11   villages, il y avait le 325e Bataillon de l’armée de BiH ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Ensuite, Bukve, qui couvrait Sadovace et

 14   également Grbavica, c’était le 3e Bataillon ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    C’était par conséquent les points d’appui de

 17   Bosnie-Herzégovine début 1993 ?  C’était fin 1992, début

 18   1993 ?

 19         R.    Oui, mais il y avait le 4e Bataillon à Stari

 20   Vitez.

 21         Q.    Oui.  J’y ai pensé, mais je n’ai pas parlé de

 22   ce 4e Bataillon.  Mais comme vous parlez de Stari Vitez,

 23   Général, et pour ne pas revenir plus tard à cette question,

 24   est-ce que vous serez d’accord avec moi, en votre qualité

 25   de militaire, que Vitez était donc un siège militaire ?  Je


Page 17344

  1   parle de Stari Vitez.

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Vous avez également mentionné que, enfin, le

  4   Bataillon de la 325e Brigade y était.  Est-ce que vous

  5   savez à peu près quels étaient les effectifs de ce

  6   bataillon ?

  7         R.    Entre 600 et 700 hommes.

  8         Q.    Uniquement à Stari Vitez ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Par conséquent, vous êtes d’avis qu’outre les

 11   soldats, il y avait également tous les conscrits qui

 12   étaient pratiquement mobilisés ?

 13         R.    Oui.  Tout le monde a été mobilisé.

 14         Q.    Conviendrez-vous avec moi que cette unité

 15   était armée ?

 16         R.    Non, dans un premier temps, mais plus tard,

 17   oui.

 18         Q.    Quand le 16 avril, le conflit s’est

 19   déclenché, elle était déjà armée ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Seriez-vous d’accord avec moi pour dire que

 22   malgré l’environnement général, elle avait également des

 23   possibilités pour s’approvisionner ?

 24         R.    Oui.  Je pense que oui.

 25         Q.    Seriez-vous d’accord avec moi que, malgré


Page 17345

  1   deux actions et deux offensives du HVO, Stari Vitez ait pu

  2   se maintenir et que le HVO n’a jamais contrôlé cette

  3   région ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Et que cet état de fait a duré pendant 11

  6   mois ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Est-ce qu’en votre qualité de militaire et

  9   connaissant également la situation parce que vous étiez sur

 10   place, vous avez pu conclure qu’il s’agissait, en effet,

 11   d’une localité qui a été détendue du point de vue

 12   militaire ?

 13         R.    Je pense que c’est une région qui a été bien

 14   défendue du point de vue militaire.

 15         Q.    Merci.

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 17   Président, excusez-moi, juste pour la transcription, je

 18   pense qu’il y a une petite erreur qui s’est glissée à la

 19   ligne 19.  Je pense que la réponse n’était pas correcte,

 20   mais de toute façon, nous pourrons le vérifier tout à

 21   l’heure ou bien éventuellement demain matin.

 22         Q.    Vous nous avez parlé de vos activités au sein

 23   de la Commission conjointe, de la Commission de Vitez. 

 24   Pour ne pas revenir à cette première partie quand elle

 25   était encore la Commission de Busovaca, je vais essayer de


Page 17346

  1   résumer.  Je ne suis pas sûr que tout le monde a tout

  2   compris.

  3         Au niveau supérieur de cette commission, il y

  4   avait les représentants de la Zone opérationnelle.  Dans le

  5   cas concret, c’était vous ainsi que votre homologue,

  6   représentant du 3e Corps d’armée, Monsieur Dzemal Merdan. 

  7   Est-ce que je vous ai bien compris ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Il y avait d’autres représentants.  Vous

 10   n’avez pas retenu leurs noms.  Si je vous dis Vezir

 11   Jusufspahic ?

 12         R.    Oui, effectivement.  Jusufspahic.

 13         Q.    Il était un des hommes de Merdan ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Est-ce qu’il était membre de la commission ou

 16   plutôt sous-commission chargée du passage à travers le

 17   territoire ?

 18         R.    Je ne me souviens pas.

 19         Q.    Vous ne vous souvenez pas ?

 20         R.    Non, malheureusement.

 21         Q.    Entendu !  Il y avait ensuite un niveau qui

 22   était inférieur par rapport à celui que vous occupiez,

 23   donc, au sein de la Commission mixte et ce niveau inférieur

 24   avait pour objectif de déterminer un certain nombre de

 25   détails et la mise en œuvre également, ce que vous avez


Page 17347

  1   convenu à votre niveau ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    À ce niveau plus bas, si je peux dire, quand

  4   il s’agit de Vitez, il y avait la Brigade de Vitez et il y

  5   avait également la 325e Brigade de l’armée de Bosnie-

  6   Herzégovine.  Est-ce que je vous ai bien compris ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Est-ce qu’à ce niveau-là, à votre

  9   connaissance, il y avait des négociateurs qui étaient

 10   permanents ou bien vous avez éventuellement désigné les

 11   personnes en fonction de la situation ?

 12         R.    C’était les gens qui étaient permanents et

 13   puis c’est en fonction de ce que nous avons décidé qu’ils

 14   mettaient en œuvre.

 15         Q.    Par conséquent, vous avez pris la décision,

 16   ce sont eux qui se sont chargés de mettre en œuvre ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    En ce qui concerne d’autres questions, la

 19   méthodologie que vous avez pratiquée, c’était exactement la

 20   même.  Le matin, vous avez eu donc votre réunion.  Vous

 21   passiez en revue un certain nombre de questions.  Ensuite,

 22   vous envoyiez les gens sur le terrain et puis vous

 23   établissiez des rapports le soir pour les envoyer par la

 24   suite ?

 25         R.    Oui.


Page 17348

  1         Q.    Ceci tout simplement a donné un certain

  2   nombre de résultats ?  C’est une méthode qui a montré que

  3   des résultats pouvaient être obtenus et que ces résultats

  4   étaient bons ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Général, vous n’êtes pas sans savoir que

  7   Blaskic avait délivré l’ordre au mois de mars 1993 par

  8   lequel il a nommé Mario Cerkez Commandant de la Brigade de

  9   Vitez ?

 10         R.    Oui, oui, je connais cet ordre.

 11         Q.    C’était très précisément le 23 mars, n’est-ce

 12   pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Mon Général, la brigade jusqu’à ce moment-là

 15   n’existait pas ?  Elle venait d’être établie ?

 16         R.    Oui.  Avant, elle n’existait pas.

 17         Q.    Par conséquent, nous parlons d’une brigade

 18   nouvellement formée dans la municipalité de Vitez et nous

 19   parlons du 22, 23 mars 1993, n’est-ce pas ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    En ce qui concerne cette brigade, cette

 22   brigade a commencé avec le 2e Bataillon.  À cette époque-

 23   là, elle a été appelée Stjepan Tomasevic.  Est-ce que j’ai

 24   raison ?

 25         R.    Oui.


Page 17349

  1         Q.    Le Commandant de ce bataillon était Anto

  2   Bertovic, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui, c’est exact.

  4         Q.    Est-ce que vous-même, vous connaissiez Anto

  5   Bertovic ?

  6         R.    Je le connaissais parce que nous sommes des

  7   voisins.  Il s’agit d’un jeune homme qui a été élevé dans

  8   une famille qui est tout à fait bien.  Il s’est formé à

  9   l’académie militaire.  Très intelligent, honnête.  Je suis

 10   sûr que si la guerre n’avait pas rompu sa carrière, il

 11   aurait été un officier de très grande classe.

 12         Q.    Anto Bertovic a été également un soldat de

 13   l’ex-JNA ?

 14         R.    Oui.  Il a quitté l’ex-JNA à partir du moment

 15   où la Yougoslavie s’est désintégrée.

 16         Q.    C’est en 1992 qu’il a rejoint les rangs du

 17   HVO, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Je pense que vous êtes au courant que

 20   Monsieur Anto Bertovic a participé de manière active dans

 21   ces équipes pour se rendre sur les lignes face aux Serbes,

 22   aux Chetniks ?

 23         R.    Oui, je le sais.

 24         Q.    Il a été assez engagé, très activement

 25   engagé ?


Page 17350

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Quand le 16 avril, le conflit s’est

  3   déclenché, un conflit armé ouvert, est-ce que vous

  4   considérez que la Brigade de Vitez était déjà mise en place ?

  5   Est-ce qu’elle aurait pu vraiment être mise en place ?

  6         R.    Non.  Elle n’a pas pu être mise en place, et

  7   d’ailleurs, nulle part dans le monde elle n’aurait pas pu

  8   être créée en si peu de temps.  D’ailleurs, elle n’a pas

  9   été créée même jusqu’à la fin de la guerre.  Jusqu’au bout,

 10   elle n’a pas été organisée.

 11         Q.    Qu’est-ce que vous voulez dire ?  Si je vous

 12   comprends bien, à ce moment-là, vous dites que c’est un

 13   processus et que cette brigade donc était en train de

 14   s’organiser, de se former dans les temps de la guerre ?

 15         R.    En temps de guerre, c’est très difficile,

 16   mais en temps de paix, il vous faut six mois pour

 17   structurer une brigade.

 18         Q.    Merci.  Est-ce que vous connaissiez quelle

 19   était la composition du commandement de la brigade au

 20   moment où elle a été créée ?  Est-ce que vous savez si, du

 21   point de vue expérience, il y avait des officiers

 22   professionnels qui en faisaient partie ?

 23         R.    Je ne pense pas qu’il y ait eu des officiers

 24   professionnels outre Bertovic.

 25         Q.    Et au ministère de la Défense ?


Page 17351

  1         R.    Il y en avait un qui était du ministère de la

  2   Défense et l’autre de la Défense territoriale.  C’est tout.

  3         Q.    Merci.  Il a été question ici… je pense que

  4   le témoin qui vous a précédé a soulevé un certain nombre de

  5   questions ou plutôt a répondu aux questions qui lui ont été

  6   posées, sur lesquelles j’aimerais revenir.

  7         Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire

  8   que l’armée de Bosnie-Herzégovine, lors des offensives

  9   qu’elle a menées au cours de 1993, a essayé de couper la

 10   poche de Vitez à un endroit au moins et, de cette manière-

 11   là, s’emparer de cette région ?  Est-ce que j’interprète

 12   bien cela ?

 13         R.    Oui.  L’armée a essayé justement de couper

 14   Slivcica et Kruscica.  Deux kilomètres à peu près séparent

 15   ces deux villages.

 16         Q.    Par conséquent, c’est probablement l’endroit

 17   qui est le plus restreint, enfin, ou c’était le corridor le

 18   plus restreint, le plus réduit ?

 19         R.    Oui, et d’un autre côté, ils avaient des

 20   forces également qui étaient très puissantes et qui étaient

 21   stationnées à Kruscica.

 22         Q.    Si vous étiez Commandant de l’armée de

 23   Bosnie-Herzégovine, c’est dans cette direction-là que vous

 24   vous seriez orienté ?

 25         R.    Oui, parce que, comme je l’ai dit, il y avait


Page 17352

  1   une distance de deux kilomètres.  Donc, c’était le plus

  2   logique.

  3         Q.    Mon Général, excusez-moi…

  4         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

  5   Président, je vais me référer à la pièce à conviction 68 en

  6   date du 6 juillet, la pièce à conviction qui a déjà été

  7   versée comme pièce à conviction D58/2.  Je ne pense pas que

  8   le témoin ait besoin de parcourir ce document.  Le document

  9   est en anglais.  Je vais juste utiliser une phrase du

 10   premier paragraphe et une autre du deuxième paragraphe.

 11         Q.    Il s’agit par conséquent d’un rapport du

 12   BritBat du 6 juillet 1993.  Il est dit (je cite) :  « Comme

 13   ceci a été déjà précisé autrefois, la dernière route

 14   d’approvisionnement qui passait par Sebesic est coupée par

 15   l’armée de Bosnie-Herzégovine dans la nuit du 2 juillet

 16   1993. »

 17         Est-ce que ça correspond à vos connaissances ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Par conséquent, nous allons convenir pour

 20   dire que le 4 juillet, la dernière route

 21   d’approvisionnement de la poche de Vitez a été coupée ?

 22         R.    Oui.  C’était le blocus total et

 23   l’encerclement du HVO.

 24         Q.    Depuis, il n’y avait absolument pas de

 25   possibilité d’approvisionner ou en armement ou en


Page 17353

  1   nourriture le HVO par la route, par les voies terrestres ?

  2         R.    De nulle part.  Même un oiseau ne serait pas

  3   passé.

  4         Q.    Dans le rapport du BritBat, point 4 du

  5   document, je vais vous en donner lecture et ensuite, je

  6   vais vous poser la question (je cite) :  « Fikret Cuskic,

  7   Commandant de la 17e Brigade de Krajina, affirme que Mario

  8   Cerkez, Commandant de la Brigade de Vitez du HVO, a délivré

  9   l’ordre à ses troupes pour préciser que les soldats de

 10   l’armée de Bosnie-Herzégovine qui vont être capturés seront

 11   tués et ensuite qu’ils allaient récompenser chaque soldat

 12   ou chaque homme qui ramène les parties de corps de ces

 13   soldats, à savoir 400 DM pour une oreille et 50 pour un

 14   doigt. Cette information a été reçue soi-disant d’un soldat

 15   du HVO qui a été capturé et qui gardait dans sa poche une

 16   oreille. »  Fin de citation.

 17         Je voudrais vous poser quelques questions,

 18   Général.  Est-ce que vous avez entendu parler qu’un

 19   commandant du HVO dans la vallée de la Lasva ou dans la

 20   poche de Vitez ait donné un tel ordre ?

 21         R.    Non.  Ce n’est pas vrai.  C’est un mensonge

 22   pur et simple.

 23         Q.    Général, vous avez parlé également des

 24   attitudes du Colonel Blaskic et des ordres qui ont été

 25   délivrés.  Je vais vous poser une question tout à fait


Page 17354

  1   directe :  Est-ce qu’un commandant qui était subordonné,

  2   rattaché à Blaskic éventuellement a pu délivrer un tel

  3   ordre, alors que… vous connaissez bien Blaskic.  Comment

  4   Blaskic aurait-il réagi ?

  5         R.    Connaissant Blaskic, je suis sûr qu’il serait

  6   rentré en conflit directement avec cet homme.  Si jamais

  7   quelqu’un ne respectait pas ses ordres, c’est lui-même qui

  8   s’en prenait à ce quelqu’un.

  9         Q.    Général, est-ce que vous avez entendu parler

 10   de ce Fikret Cuskic ?

 11         R.    Oui.  Je le connais très bien.  Il était aux

 12   renseignements à l’ex-JNA et je suis sûr que lui, il est

 13   assez disposé à la propagande.  Dans l’ex-JNA, il était

 14   officier de renseignements et ça ne m’étonne pas de lui.

 15         Q.    Par conséquent, vous conviendrez avec moi

 16   qu’une telle information aurait pu être également une

 17   partie de la guerre de propagande, de renseignements ?

 18         R.    Oui.  Ça peut être tout pour faire une

 19   pression sur quelqu’un.

 20         Q.    La 17e Brigade de Krajina était une brigade

 21   qui était assez agressive ?  Tout au moins, c’est ce qu’on

 22   disait, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui.  Le peuple croate était terrorisé par

 24   cette brigade.

 25         Q.    Cette unité, paraît-il, a commis un certain


Page 17355

  1   nombre de crimes de guerre à l’égard des civils ?

  2         R.    Oui, en général.

  3         Q.    Est-ce que de par sa réputation, il

  4   s’agissait d’une unité la plus odieuse et la plus terrible

  5   dans les yeux du peuple croate ?

  6         R.    Oui, après la 7e Brigade musulmane.

  7         Q.    Par conséquent, elle gardait la deuxième

  8   position ?

  9         R.    Oui.

 10         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 11   Président, je vais passer à un autre sujet.  Je pense que

 12   maintenant est le moment propice peut-être pour la pause-

 13   déjeuner.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous envisagez

 15   combien de temps ?

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Je pense que je

 17   vais terminer en une heure, moins d’une heure.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Entendu ! 

 19   Nous allons maintenant faire une pause.

 20         Général Nakic, je vais vous demander de ne pas

 21   vous entretenir avec qui que ce soit pendant cette pause

 22   sur votre déposition, jusqu’à la fin de votre déposition,

 23   ce qui comprend également les membres de la Défense. 

 24   Merci. 

 25         14 h 30.


Page 17356

  1               --- Suspension de l’audience à 13 h 00

  2               --- Reprise de l’audience à 14 h 34

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me

  4   Mikulicic.

  5         Me MIKULICIC (interprétation) :  Monsieur le

  6   Président, avant de commencer, une petite digression.

  7         J’ai remarqué une erreur dans le compte-rendu,

  8   page 86, ligne 19.  Lorsque l’on a posé la question au

  9   témoin de savoir si, à son avis, Stari Vitez était un

 10   endroit militairement défendu, il a dit : « Oui, très bien

 11   défendu », mais ce n’est pas ce qui est consigné au compte-

 12   rendu et ce qui est consigné c’est que cet endroit était

 13   défendu de manière volontaire plutôt que de dire : « Très

 14   bien ».  Donc, c’est la seule correction.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien !

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.  Puis-je

 17   poursuivre ?

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 19         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.

 20         Q.    Monsieur le Général de brigade, vous savez

 21   qu’au cours de l’année 1992, vers la fin de l’année, la

 22   Brigade Stjepan Tomasevic a été établie, la brigade

 23   intermunicipale avec le siège à Novi Travnik.  Est-ce

 24   exact ?

 25         R.    Oui.


Page 17357

  1         Q.    Cette brigade était financée par deux

  2   municipalités, Novi Travnik et Vitez ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Monsieur Nakic, est-ce que vous serez

  5   d’accord avec moi pour dire que la seule tâche, la tâche

  6   exclusive de cette brigade et sa zone de responsabilité se

  7   trouvait au nord-ouest de Travnik, sur les lignes contre

  8   l’agresseur ?

  9         R.    Oui.  C’était les lignes de front de

 10   Strikovoci (ph.), Mesan (ph.).

 11         Q.    Slatka Vodica ?

 12         R.    Slatka Vodica et Medjas (ph.).

 13         Q.    Merci.  Plus tard au cours de l’année 1993,

 14   comme nous l’avons déjà dit aujourd’hui, au cours de la

 15   deuxième moitié du mois de mars 1993, la Brigade de Vitez a

 16   été créée.  C’était une brigade municipale dans la

 17   municipalité de Vitez et elle, elle a continué à tenir les

 18   lignes de front sur la même position ?  Là, il s’agit

 19   encore une fois des lignes de front contre la JNA avec les

 20   unités paramilitaires serbes ?

 21         R.    Oui, c’est exact, mais je souhaite simplement

 22   dire que cette brigade n’a pas été encore établie à ce

 23   moment-là, mais l’ordre a été donné de la créer.

 24         Q.    Vous voulez dire qu’à ce moment-là, l’ordre a

 25   été donné, mais la brigade n’a pas encore été établie ?


Page 17358

  1         R.    C’est exact.

  2         Q.    Merci.  Hier, nous avons entendu de la part

  3   de votre collègue, le Témoin Filipovic, un récit assez

  4   détaillé et je ne souhaite pas répéter les choses,

  5   concernant le fait que vers la mi-1993… je m’excuse, la mi-

  6   1992, il y a eu beaucoup de discussions concernant les

  7   tentatives de créer une brigade conjointe constituée à la

  8   fois du HVO et de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la

  9   Défense territoriale afin de renforcer la défense contre la

 10   JNA et les Serbes.

 11         Dans cette partie, l’on a mentionné l’une des

 12   tentatives de créer la brigade conjointe qui était appelée

 13   lors de ces réunions-là la 1ère Brigade de Vitez et vous,

 14   vous avez été mentionné en tant que candidat au poste de

 15   commandant de cette brigade et Monsieur Sefjika Dzidic…

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Écoutez,

 17   Monsieur Kovacic, nous allons accélérer les choses si vous

 18   posez des questions de manière rapide.  Il n’est pas

 19   nécessaire de répéter ce qui a déjà été dit.  Est-ce que

 20   vous pouvez passer à autre chose plus rapidement ?

 21         Me KOVACIC (interprétation) :  Bien sûr, Monsieur

 22   le Président.  Justement, j’avais l’intention de raccourcir

 23   le débat, mais apparemment, je n’ai pas vraiment réussi.

 24         Je demanderais à l’Huissier de distribuer à tout

 25   le monde présent dans le prétoire et le témoin le document


Page 17359

  1   suivant. 

  2         Q.    Monsieur le Général de brigade, vous allez

  3   voir un document.  Veuillez l’examiner et répondre si ce

  4   document correspond au résultat de ces efforts de créer une

  5   force conjointe chargée de la défense.

  6         R.    Oui.  Ce document constitue la proposition de

  7   la création de la 1ère Brigade de Vitez qui devait être

  8   créée à Vitez et qui devait être constituée à la fois des

  9   Croates et des Musulmans.  C’est la cellule de crise qui a

 10   eu l’initiative de cela avec le Président de la

 11   municipalité, le Président de la cellule de crise à la

 12   tête, à savoir Monsieur Ivica Santic.

 13         Q.    Monsieur le Général, donc il s’agissait d’une

 14   initiative municipale ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    À Vitez ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Vous savez, bien sûr, que malheureusement, ce

 19   plan n’a jamais été réalisé ?

 20         R.    Ces personnes se sont réunies dans l’état-

 21   major municipal de la Défense territoriale avec Sefkija

 22   Dzidic à la tête.  Nous avons créé ce document.  Nous avons

 23   proposé que les responsables se prononcent là-dessus, mais

 24   nous n’avons pas reçu d’écho là-dessus.

 25         Q.    Sur la base de ce document, vers la fin,


Page 17360

  1   nous pouvons voir qu’il a été demandé que toutes les

  2   parties concernées acceptent ça.

  3         R.    Oui, qu’elles approuvent.

  4         Q.    Donc, d’un côté, le HVO, et d’autre part, la

  5   Défense territoriale et le SDS et le premier camp, c’était

  6   le HVO et le HDZ ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Donc, il n’y a pas eu d’accord, mais est-ce

  9   que vous savez qui a été en désaccord ?  Est-ce que vous

 10   avez jamais reçu de réponse ?

 11         R.    Non, jamais et donc, je ne sais pas qui a été

 12   en désaccord.

 13         Q.    Est-ce que vous savez si d’autres mesures

 14   préparatoires ont été prises afin de préparer la

 15   constitution de cette brigade ?  Par exemple, est-ce qu’on

 16   a organisé l’impression des cartes d’identité militaire

 17   pour les membres de cette brigade ?

 18         R.    Oui, tout à fait.

 19         Q.    Et du point de vue logistique ?

 20         R.    Oui.  Nous avons fait des préparatifs

 21   logistiques, mais rien n’a été fait.

 22         Q.    Tout ça a été fait pour faire face à la JNA ?

 23         R.    Oui.  C’était l’idée.

 24         Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que l’on

 25   peut donner une cote à ce document ?


Page 17361

  1         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Il s’agira du

  2   document D67/2.

  3         Me KOVACIC (interprétation) : 

  4         Q.    Monsieur Nakic, au cours de l’année 1992,

  5   est-ce que vous aviez des contacts en tant que soldat avec

  6   l’Accusé Cerkez ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    Est-ce que vous avez jamais eu de discussion

  9   particulière avec lui en ce qui concerne l’organisation des

 10   lignes de front ?

 11         R.    Vers l’armée des Serbes de Bosnie ?

 12         Q.    Oui.

 13         R.    Non.  C’est seulement lorsque je suis devenu

 14   membre du commandement que ceci s’est produit.

 15         Q.    Donc, par la suite ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Est-ce que vous saviez que Cerkez avait

 18   participé activement dans certaines opérations importantes

 19   au cours de l’année 1992 contre la JNA et les Serbes ?

 20         R.    Oui.  J’ai entendu parler de ces actions.

 21         Q.    Merci.  Monsieur Nakic, vous nous avez dit

 22   que vous êtes venu dans la Zone opérationnelle de la Bosnie

 23   centrale au moment où le commandement avait déjà été

 24   transféré à l’hôtel peu de temps après le transfert.  Est-

 25   ce que vous avez entendu pourquoi ce transfert s’est opéré


Page 17362

  1   entre Kruscica et l’hôtel Vitez ?

  2         R.    Je ne connais pas la raison.

  3         Q.    Merci.  Au cours de l’interrogatoire

  4   principal ce matin, vous avez mentionné un soldat tué du

  5   HVO, Zoran Matosevic.  Ceci s’est produit lors de

  6   l’incident concernant le convoi.  On a tiré sur lui tout

  7   simplement parce qu’il se trouvait sur place en uniforme et

  8   avec des armes.  Est-ce que vous pouvez me dire où ça s’est

  9   produit ?

 10         R.    À Stara Bila, près du café Brale, ce qui se

 11   trouve à 100 mètres par rapport à sa maison.

 12         Q.    Merci.  Dites-moi, s’il vous plaît, Général : 

 13   Est-ce qu’il est vrai en ce qui concerne ce convoi que les

 14   problèmes, l’incident concernant ce convoi avec les civils,

 15   et cætera, que ceci a commencé sur le territoire de la

 16   municipalité de Novi Travnik ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Est-ce qu’il est exact de dire que lorsque le

 19   convoi est arrivé jusqu’à la municipalité de Vitez, qu’il

 20   s’agissait surtout des tentatives de rassembler les

 21   éléments du convoi et d’assurer son passage ?

 22         R.    Oui.  Le passage du reste du convoi.

 23         Q.    Est-ce que vous savez que l’un des endroits

 24   où on a essayé de rassembler de nouveau les véhicules du

 25   convoi était à Zume, dans la carrière ?


Page 17363

  1         R.    Oui, j’en ai entendu parler.

  2         Q.    Merci beaucoup.  Compte tenu de votre poste

  3   au sein du commandement de la Zone opérationnelle, veuillez

  4   nous répondre à certaines questions afin de mieux expliquer

  5   certains points.

  6         Dites-nous, s’il vous plaît :  Est-ce que vous

  7   vous souvenez s’il y a eu une unité d’artillerie MTD, à

  8   savoir l’unité motorisée d’artillerie ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Est-ce que vous vous souvenez qui était son

 11   commandant ?

 12         R.    Il y en a eu plusieurs.

 13         Q.    Le premier ?

 14         R.    Stodic.

 15         Q.    Et ensuite ?

 16         R.    Ensuite, Ramic.

 17         Q.    Merci.  Dans la structure de la Zone

 18   opérationnelle de la Bosnie centrale, il y a eu également

 19   la Défense antiaérienne, mis à part ce MTD, n’est-ce pas ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Qui était le commandant de cette unité ?

 22         R.    Hakic.  Je ne suis pas sûr en ce qui concerne

 23   son prénom, peut-être Ivica.

 24         Q.    Très bien.  De toute façon, beaucoup de temps

 25   s’est écoulé.  C’est compréhensible.  Est-ce qu’il


Page 17364

  1   s’agissait peut-être d’une personne qui avait une maladie

  2   de la peau ?  C’était visible sur ses mains.  Il souffrait

  3   du psoriasis ?

  4         R.    C’est Ramniasis (ph.) et là, c’était Zvonko

  5   Bajo qui était l’adjoint chargé de l’artillerie.

  6         Q.    Très bien !  Merci.  En ce qui concerne ce

  7   MTD mentionné, donc la division motorisée d’artillerie, en

  8   ce qui concerne sa constitution, est-ce qu’il est exact de

  9   dire que les pièces d’artillerie de 120 millimètres et plus

 10   faisaient partie de ce genre d’unité ?

 11         R.    Oui, 120 millimètres et plus.

 12         Q.    Donc, 122 et 152 ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Merci.  En ce qui concerne la Défense

 15   antiaérienne, donc ce qu’on appelait le PZO, est-ce qu’il

 16   est exact de dire qu’en ce qui concerne les pièces

 17   d’artillerie, ils disposaient des PAT de 40 millimètres, 20

 18   millimètres et les PAM de 12.7 millimètres ou multiples ?

 19         R.    Oui, rien d’autre.

 20         Q.    Est-ce que vous savez quelle était l’origine

 21   de ces pièces ?

 22         R.    Il s’agissait de pièces qui avaient été au

 23   SPS auparavant et une partie de ces pièces a été attribuée

 24   à la Défense antiaérienne.

 25         Q.    Ces deux unités faisaient partie du


Page 17365

  1   commandement du Commandant de la Zone opérationnelle de

  2   Vitez ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Merci.  Monsieur Nakic, nous allons parler

  5   maintenant d’un sujet qui n’a pas été abordé jusqu’à

  6   maintenant.  Vous, vous avez travaillé dans une petite

  7   usine de textile à Vitez ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Cette usine produisait également des

 10   uniformes, n’est-ce pas ?

 11         R.    Avant la guerre, oui.

 12         Q.    Avant la guerre.  Donc, au cours de l’année

 13   1992 ?

 14         R.    Au cours de 1992, oui.

 15         Q.    Elle vendait ses produits sur le marché ?

 16         R.    Oui.  Elle était orientée vers le marché.

 17         Q.    Est-ce que cette usine produisait, par

 18   exemple, des vêtements pour le HVO ?

 19         R.    Pour la Défense territoriale.

 20         Q.    La Défense territoriale aussi ?

 21         R.    Seulement la Défense territoriale.

 22         Q.    Le HVO n’y achetait jamais quoi que ce soit ?

 23         R.    Non.

 24         Q.    Est-ce qu’il est exact de dire que cette

 25   usine a été attaquée, je veux dire qu’un acte criminel a eu


Page 17366

  1   lieu, il y a eu un vol ?

  2         R.    Oui.  Cinquante uniformes ont été volés.

  3         Q.    Quand est-ce que ceci s’est passé ?

  4         R.    C’était à peu près au printemps 1992.

  5         Q.    Général, est-ce qu’au cours de la guerre, on

  6   a parlé du fait que l’armée de Bosnie-Herzégovine aurait

  7   employé des uniformes utilisés par quelqu’un d’autre ?

  8         R.    Je n’en ai pas entendu parler.

  9         Q.    Vous n’en avez pas entendu parler ?  Très

 10   bien !  Merci.

 11         Au cours de votre interrogatoire principal

 12   aujourd’hui, vous avez mentionné ou plutôt on a parlé des

 13   soldats dans la région de la municipalité de Vitez qui

 14   portaient malgré tout les insignes du HVO, même après

 15   l’avertissement.  Vous avez dit que vous vous souvenez même

 16   de certains de leurs noms.  Est-ce qu’il est exact de dire

 17   que l’une de ces personnes était Kreso Garic ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-ce que vous savez que Kreso Garic vivait

 20   à Gacice ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Est-ce que vous savez par hasard que Kreso

 23   Garic vivait littéralement avant la guerre, il passait la

 24   moitié de son temps à Gacice et la moitié à Zagreb ?

 25         R.    Oui.  Il vivait à Gacice et il est allé


Page 17367

  1   travailler pour la police à Zagreb.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Arrêtez-vous,

  3   s’il vous plaît.  Quelle est l’utilité de ce genre de

  4   questions ?

  5         Me KOVACIC (interprétation) :  En ce qui concerne

  6   la pertinence, Monsieur le Président, c’est que nous avons

  7   entendu une affirmation selon laquelle les soldats portant

  8   des insignes de la HV pouvaient être trouvés, se trouvaient

  9   au sein des unités de la Viteska Brigade.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Le

 11   témoin a donné son explication.

 12         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 13   Président, l’une des explications, comme par exemple en ce

 14   qui concerne ce soldat, mais aussi certains autres est

 15   simplement que ces personnes vivaient à deux endroits avant

 16   la guerre, à la fois à Zagreb et à Vitez et puisqu’ils

 17   avaient été des volontaires dans la guerre qui a eu lieu

 18   dans la République de Croatie, lorsque la guerre s’est

 19   terminée, ils sont rentrés et ils ont rejoint les rangs.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien ! 

 21   Veuillez le faire rapidement.

 22         Me KOVACIC (interprétation) :  Je pense que nous

 23   avons presque terminé.

 24         Q.    Donc, vous êtes d’accord pour dire qu’il a

 25   vécu à Zagreb et Gacice ?


Page 17368

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Vous avez entendu parler du fait qu’il avait

  3   été volontaire en Croatie ?

  4         R.    Oui, je le sais.

  5         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci, Monsieur le

  6   Général.  Je souhaite vous remercier d’avoir répondu à mes

  7   questions.

  8         Je n’ai plus de questions, Monsieur le Président,

  9   Messieurs les Juges.  Je vous remercie.

 10         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NICE

 11         (interprétation) : 

 12         Q.    Avant d’oublier, Général, je souhaite dire en

 13   ce qui concerne Kreso Garic que la vérité est, n’est-ce

 14   pas, qu’il avait vécu à Zagreb depuis 18 ans – je pense que

 15   nous avons entendu parler de cela – et il est rentré

 16   spécialement afin de lutter dans cette guerre, et ensuite,

 17   il est retourné à Zagreb ?  Est-ce exact ?

 18         R.    Non, ceci n’est pas correct.  Ceci n’est pas

 19   exact.  Kreso a grandi à Vitez, il a terminé son école à

 20   Vitez et lorsqu’il est parti de Zagreb, lorsqu’il est

 21   rentré à Vitez, il avait à peu près 30 ans.  Donc, s’il a

 22   vécu à Zagreb, c’était simplement parce que pendant un

 23   certain temps, il ne pouvait pas trouver d’emploi à Vitez 

 24   Je le connais très bien.  Je connais très bien sa famille,

 25   sa sœur et tout ce que je dis est vrai.


Page 17369

  1         Q.    Est-ce qu’il a passé 18 ans à Zagreb ?

  2         R.    Non.

  3         Q.    Parlons d’abord de certains autres points

  4   généraux. 

  5         Est-ce que vous avez donné d’autres déclarations,

  6   mis à part le résumé que vous avez sous les yeux ou que

  7   vous aviez sous les yeux ?  Est-ce que vous l’avez

  8   toujours ?

  9         R.    Non.

 10         Q.    Pourquoi pas ?

 11         R.    La seule déclaration que j’ai donnée, c’est

 12   celle que j’ai signée.

 13         Q.    Non.  Je veux dire : physiquement, est-ce que

 14   le résumé est toujours en votre possession ?  Je parle du

 15   résumé que vous pouviez examiner ce matin.

 16         R.    Pas en ce moment.

 17         Q.    Où l’avez-vous mis ?

 18         R.    C’est resté dans mon sac.  Je crois que je

 19   n’en ai plus besoin.

 20         Q.    Parce que même si je n’ai pas demandé de voir

 21   ça, je crois que c’est quelque peu différent par rapport à

 22   l’exemplaire que nous avons puisqu’il s’agit du document

 23   qui est en votre langue.

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Vous avez signé la version en anglais.  Est-


Page 17370

  1   ce que vous avez signé la version originale en langue

  2   croate ?

  3         R.    Non.  Seulement en anglais, mais avant cela,

  4   je l’ai lue et j’ai très bien vu ce qui était écrit dans ma

  5   langue maternelle, la langue croate.  Je suppose qu’il

  6   s’agit de la même version puisque ma version a été traduite

  7   sur place.

  8         Q.    Sans vous critiquer, n’est-il pas vrai de

  9   dire que ce matin, vous avez plusieurs fois lu certaines

 10   parties du résumé de la déclaration que vous aviez sous les

 11   yeux ?

 12         R.    Tout simplement, je m’en servais afin de me

 13   rappeler les dates et les périodes pendant lesquelles les

 14   événements se produisaient.

 15         Q.    Je reviens à ma première question :  Est-ce

 16   que vous avez donné d’autres déclarations aux autres

 17   instances de pouvoir ?

 18         R.    J’ai donné une déclaration pour la Défense de

 19   Monsieur Blaskic et j’ai donné une déclaration pour la

 20   Défense de Monsieur Kupreskic et puis ensuite, il y a cette

 21   déclaration, la déclaration que j’ai donnée pour cette

 22   Défense-ci.

 23         Q.    Vous n’avez pas donné de déclaration à la

 24   police ou au service de renseignements ou aux autorités

 25   militaires concernant ces événements-là ?


Page 17371

  1         R.    Non, à personne.

  2         Q.    Quand est-ce que vous vous êtes demandé pour

  3   la première fois de revenir en arrière, de réfléchir à ces

  4   événements-là ?  Quand est-ce que les avocats de Monsieur

  5   Kordic vous ont demandé ça pour la première fois afin de

  6   préparer votre déclaration ?

  7         R.    Très exactement le 30 mars de cette année.

  8         Q.    En tant que Chef d’état-major, vous avez

  9   passé beaucoup de jours, beaucoup d’heures avec Blaskic,

 10   n’est-ce pas ?

 11         R.    Oui, mais pendant la période entre le mois de

 12   juin et plus tard et avant juin, très peu.  J’ai passé plus

 13   de temps avec les organisations internationales et Monsieur

 14   Merdan qu’avec Monsieur Blaskic.

 15         Q.    Donnez une idée dans ce cas-là, s’il vous

 16   plaît, du temps que vous passiez avec lui.  Est-ce qu’il

 17   s’agissait de toute la journée, chaque jour ou bien une

 18   fois par semaine, par exemple ?  Est-ce que vous pouvez

 19   nous l’expliquer ?

 20         R.    Jusqu’à la création de la commission à

 21   Busovaca – là, il s’agit du mois de janvier – dans

 22   l’ensemble du mois de janvier, nous avons travaillé sur

 23   l’organisation de l’état-major, la constitution de l’état-

 24   major, et ensuite, à Busovaca, peut-être deux, trois heures

 25   par semaine afin d’informer Monsieur le Colonel, ensuite,


Page 17372

  1   au sein du commandement conjoint, très peu.  Je lui donnais

  2   simplement des informations brèves concernant la situation

  3   et je recevais ses ordres.  Donc, durant cette période, je

  4   n’ai vraiment pas passé beaucoup de temps avec Blaskic.  À

  5   partir du mois de juin, j’ai passé beaucoup de temps avec

  6   Blaskic.

  7         Q.    À partir du mois de juin, vous pouvez

  8   confirmer qu’il tenait des registres méticuleusement en ce

  9   qui concerne tous les événements qui se passaient ?

 10         R.    Tous les officiers du HVO prenaient des notes

 11   officielles lors des réunions.  Moi, je faisais la même

 12   chose.  Je faisais des notes officielles et Monsieur

 13   Blaskic le faisait aussi.  Tout ce qui était fait pendant

 14   la nuit, pendant le jour était noté et ces notes

 15   officielles existaient.  Je pense que Monsieur Blaskic

 16   disposait de ces notes officielles.

 17         Q.    Vos notes concernent toute la période, y

 18   compris la période pendant laquelle vous travailliez au

 19   sein de la Commission conjointe ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Où se trouvent ces notes maintenant ?

 22         R.    J’ai remis mes notes aux amis du Général

 23   Blaskic en 1996.  J’ai reçu l’information selon laquelle

 24   ces notes auraient été détruites et n’existent plus.  Il

 25   s’agit de cinq cahiers qui existaient.  Donc, c’est vers la


Page 17373

  1   fin de l’année 1996 que je les ai remises dans l’espoir que

  2   ça allait lui être utile.

  3         Q.    Je vois !  Sur la base de ce qu’on vous a

  4   dit, comment se fait-il que vos notes à vous aient été

  5   détruites ?

  6         R.    Moi, je ne me suis pas penché… je n’ai pas

  7   mené d’enquête, mais tout simplement, il n’y a plus de

  8   notes.  Elles n’existent plus.

  9         Q.    S’il vous plaît, il s’agit de vos notes

 10   personnelles concernant cette guerre.  Certainement,

 11   évidemment, elles peuvent être importantes potentiellement

 12   pour vous et pour d’autres personnes qui risquent d’être

 13   traînées en justice.  Est-ce exact ?

 14         R.    Oui.  Pour moi, ces notes représentaient ma

 15   vie pendant cette période entre 1992 et 1996, et puisque

 16   moi, j’avais été le Chef d’état-major au sein du

 17   commandement de Monsieur Blaskic et en même temps son grand

 18   ami, je n’avais aucune raison de ne pas remettre, de ne pas

 19   donner ces notes.  Mais malheureusement, c’est ce qui s’est

 20   passé et je le regrette profondément parce que je suppose

 21   que ces notes seraient utiles demain pour écrire l’histoire

 22   et même pour ma petite- fille, pour qu’elle sache où son

 23   grand-père avait été à l’époque et pour qu’elle n’ait pas

 24   honte de moi.

 25         Q.    À quels amis avez-vous donné ces notes, ces


Page 17374

  1   notes qui ont été détruites par la suite ?

  2         R.    Il s’agissait de l’escorte de Monsieur

  3   Blaskic.

  4         Q.    Quel est son nom ?

  5         R.    Thomas.

  6         Q.    Est-ce que c’est là son nom en entier ou est-

  7   ce qu’il y a autre chose ?

  8         R.    C’est son prénom.  Je ne connais pas son nom

  9   de famille.

 10         Q.    Est-ce que ces notes devaient être

 11   communiquées aux avocats de Blaskic ou à Blaskic lui-même ?

 12         R.    À Monsieur Blaskic directement.

 13         Q.    Savez-vous si, d’une façon ou d’une autre, il

 14   les a jamais communiquées à ses avocats qui, bien entendu,

 15   vous ont rencontré afin que vous prépariez une

 16   déclaration ?

 17         R.    Je ne suis pas au courant.

 18         Q.    Donc, qui les a détruites ?

 19         R.    Je ne sais pas.

 20         Q.    Comment savez-vous qu’elles ont été

 21   détruites ?

 22         R.    J’ai reçu cette information.

 23         Q.    De la part de qui ?

 24         R.    Eh bien, je l’ai entendu dire, mais ce n’est

 25   pas Thomas qui me l’a dit.  J’ai entendu dire que ces notes


Page 17375

  1   n’existaient plus.

  2         Q.    Y avait-il, mon Général, dans ces notes quoi

  3   que ce soit qui aurait pu porter préjudice à la position de

  4   Monsieur Blaskic ?

  5         R.    Je ne crois pas.  Je ne crois pas.  Il

  6   s’agissait de mes tâches au quotidien, ce que je faisais

  7   dans le cadre de la commission, dans le cadre de mes

  8   fonctions.  Il n’y avait rien qui allait à l’encontre des

  9   intérêts de Blaskic.  Blaskic en avait certainement besoin

 10   à cause des dates et pour retrouver la chronologie de ce

 11   qui s’était passé avec la commission internationale et tout

 12   ce qui s’était passé sur le terrain parce que moi, je

 13   tenais ces notes de façon très exacte en notant les dates,

 14   les noms, et cætera.  Sinon, il n’y avait pas grand-chose

 15   de grand intérêt pour la Défense de Blaskic.

 16         Q.    Est-ce que dans ces notes, vous avez consigné

 17   votre réaction à ce qui s’était passé à Ahmici ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    [Hors microphone]

 20         R.    Oui, j’en suis sûr.

 21         Q.    Est-il possible – et j’y reviendrai peut-être

 22   ultérieurement, je vous demande d’y retourner, j’y

 23   reviendrai donc – mais est-il possible que vous ayez, afin

 24   de raffermir votre propre position, que vous ayez consigné

 25   dans ces notes des réserves au sujet de ce que Blaskic


Page 17376

  1   était en train de faire ?

  2         R.    Pas du tout.

  3         Q.    Vous avez à de très nombreuses reprises

  4   rencontré des officiers du Bataillon britannique, n’est-ce

  5   pas ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce que c’était des hommes d’honneur ?

  8         R.    Oui.  Des hommes d’honneur,

  9   incontestablement.

 10         Q.    Est-ce que vous avez constaté qu’ils avaient

 11   une attitude impartiale et équilibrée vis-à-vis des

 12   différentes parties en présence, des parties

 13   belligérantes ?

 14         R.    En tout cas, là où je me trouvais, oui. 

 15   C’est indéniable.

 16         Q.    Vous n’avez jamais ressenti dans leur façon

 17   d’analyser les événements, la façon de percevoir les

 18   événements, qu’ils étaient partiaux envers l’une ou l’autre

 19   des parties en présence ?

 20         R.    Non.  Je n’ai jamais eu l’occasion de

 21   remarquer quoi que ce soit.

 22         Q.    Je dois dire que le Colonel Stewart a parlé

 23   en bien de vous et de vos qualités.  Donc, il est bien de

 24   voir que ceci est réciproque.  Vous le voyez maintenant.

 25         Donc, en avril 1992, et vous n’avez pas participé


Page 17377

  1   à tout cela bien entendu, est-ce que vous avez eu vent de

  2   la formation du HVO en avril 1992 ?

  3         R.    Je ne comprends pas votre question.

  4         Q.    Quand le HVO a-t-il été établi ?

  5         R.    J’ai déjà dit que le HVO était constitué à

  6   partir des unités créées au niveau des villages, les gardes

  7   villageoises et c’était le 8 avril et il s’agissait des

  8   premières unités qui ont assuré la garde des villages et

  9   c’est sur la base de ces villages qu’on a ultérieurement

 10   constitué les unités du HVO pendant la guerre elle-même,

 11   c’est-à-dire le 8 avril 1992.

 12         Q.    Saviez-vous, de la nature de la structure

 13   politique, saviez-vous quelles étaient les activités

 14   politiques qui sous-tendaient la création du HVO ?

 15         R.    Non, je ne sais rien à ce sujet.  Moi, je

 16   n’avais pas d’activités politiques et je n’ai rejoint les

 17   rangs du HVO que parce que je sentais que c’était mon

 18   devoir et parce que je voulais défendre la Bosnie-

 19   Herzégovine face à l’agression serbe.

 20         Q.    Vous nous dites que vous ne saviez absolument

 21   pas que le HVO avait des relations avec le HDZ de Bosnie-

 22   Herzégovine ?

 23         R.    Pour moi, le HVO, c’était les unités

 24   constituées du peuple croate qui s’étaient organisées pour

 25   lutter contre les Serbes.


Page 17378

  1         Q.    Vous n’aviez connaissance d’aucun lien entre

  2   le HVO et la Communauté d’Herceg-Bosna ?

  3         R.    L’Herceg-Bosna, c’était une communauté du

  4   peuple croate qui a été proclamée afin de mettre en place

  5   une autorité en Bosnie-Herzégovine parce que c’était le

  6   chaos le plus total.  Donc, on a mis en place cette

  7   structure de cette façon en Herceg-Bosna.  On a mis sur

  8   pied un gouvernement, des structures de commandement, et

  9   cætera.  L’objectif, c’était d’établir une armée du peuple

 10   croate.

 11         Q.    Donc, vous saviez, n’est-ce pas, que la

 12   structure à laquelle vous vous joigniez était une armée

 13   croate et non pas une armée mixte ?

 14         R.    Non, ce n’était pas l’armée croate, mais

 15   c’était une armée du HVO.

 16         Q.    C’était une armée constituée de Croates et

 17   non pas une armée constituée de Croates et de Musulmans ? 

 18   Vous aviez conscience de rejoindre les rangs d’une telle

 19   armée, n’est-ce pas ?

 20         R.    J’ai rejoint les rangs de cette armée parce

 21   que le HVO, dans mon village, là où j’ai rejoint les rangs

 22   du HVO, c’était un village purement croate. 

 23         Q.    Vous auriez pu rejoindre les rangs de l’armée

 24   de Bosnie-Herzégovine plutôt que du HVO.  Est-ce que vous

 25   nous dites que c’est le simple hasard qui a décidé de cela ?


Page 17379

  1   C’est le simple fait que vous viviez dans un village

  2   croate qui a décidé de cela ?

  3         R.    Moi, je me suis porté volontaire là où je

  4   vivais et là où je vivais, il n’y avait pas d’armée de

  5   Bosnie-Herzégovine.  Les seules structures organisées,

  6   c’était ces patrouilles de nuit et moi, je suis devenu

  7   membre de cette garde villageoise.  D’ailleurs, à l’époque,

  8   l’armée de Bosnie-Herzégovine n’existait pas.

  9         Q.    La raison pour laquelle je vous pose ces

 10   questions c’est qu’en écoutant ce que vous nous avez dit ce

 11   matin, on pourrait en déduire que vous suggérez que toute

 12   cette guerre ou plutôt la guerre entre les Bosniens et les

 13   Croates est une guerre qui est due aux ambitions

 14   territoriales des Musulmans de Bosnie.  Est-ce bien ce que

 15   vous nous dites ?

 16         R.    J’ai dit et je ne nierai pas que c’est bien

 17   mon opinion.  J’ai dit que la guerre en Bosnie centrale

 18   s’est déclarée du fait des prétentions en Bosnie centrale

 19   des réfugiés de la Krajina et de l’est de la Bosnie et la

 20   guerre ne se serait jamais déclenchée en Bosnie centrale

 21   sans l’arrivée de ces réfugiés et d’autres personnes qui

 22   venaient d’ailleurs.

 23         Q.    Oui.  Je crois que vous nous l’avez déjà dit. 

 24   Vous avez dit que les gens vivaient en harmonie avant la

 25   guerre mais qu’une fois que les troubles ont commencé, à ce


Page 17380

  1   moment-là, vous dites que tout ceci, tout ce qui s’est

  2   passé est dû aux ambitions territoriales des Musulmans ?

  3         R.    Oui, les Musulmans, mais les Musulmans qui

  4   sont venus sur le territoire de la Bosnie centrale.

  5         Q.    Je vois !  Est-ce que vous pensez qu’il est

  6   possible que la création de la Communauté d’Herceg-Bosna se

  7   soit accompagnée de ses propres ambitions territoriales ?

  8         R.    Je ne sais rien à ce sujet.

  9         Q.    Concentrons-nous toujours sur mai 1992.  Il

 10   faudra d’ailleurs qu’ultérieurement je revienne sur ce

 11   sujet avec un certain nombre de documents.  Donc, où étiez-

 12   vous en mai, où viviez-vous ?

 13         R.    J’habitais dans mon village Marasi.  Je

 14   travaillais dans une usine de vêtements pour enfants.

 15         Q.    Qui se situait dans quelle ville ?

 16         R.    Vitez.  Dans la municipalité de Vitez.

 17         Q.    Est-ce que les routes étaient ouvertes à

 18   cette époque ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Est-ce que vous avez eu connaissance de la

 21   prise par le HVO d’installations-clés névralgiques dans la

 22   ville de Busovaca qui se trouvait à peu de kilomètres de

 23   celle où vous étiez vous-même ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Parce qu’à la mi-mai, d’après ce que vous


Page 17381

  1   pouviez voir, il n’y avait aucune justification à cela,

  2   n’est-ce pas ?

  3         R.    D’après moi, non.

  4         Q.    Saviez-vous que la Défense territoriale avait

  5   fait l’objet d’un ordre tendant à sa dissolution ?

  6         R.    Non.  Je ne connais pas un tel document.  Je

  7   n’en ai pas entendu parler.

  8         Q.    À votre avis, à l’époque, qui aurait eu le

  9   pouvoir, l’autorité nécessaire pour donner un tel ordre,

 10   pour ordonner la dissolution de la Défense territoriale ?

 11         R.    Uniquement l’état-major de crise qui à

 12   l’époque était conjoint, mais je ne suis pas sûr que ce

 13   soit lui qui ait donné cet ordre.

 14         Q.    Donc, si un tel ordre avait été donné par

 15   Monsieur Kordic, cela ne serait pas justifié, n’est-ce pas,

 16   d’après votre vision des événements à l’époque ?

 17         R.    Ça ne serait pas justifié.  Je suis sûr qu’il

 18   n’a pas donné un tel ordre.

 19         Q.    Vous étiez toujours en dehors de l’armée,

 20   mais est-ce que vous avez eu connaissance d’accord au sujet

 21   de la répartition d’armes ?  Je parle des armes qui

 22   appartenaient à la JNA et accord de répartition entre

 23   différents groupes.

 24         R.    Non, non, je ne savais rien de cela.  Moi, je

 25   travaillais dans une entreprise qui n’avait rien à voir


Page 17382

  1   avec l’armée.  Donc, je ne connaissais rien de tout cela.

  2         Q.    Une fois encore, est-ce que vous seriez

  3   surpris d’apprendre qu’un tel accord, un tel accord aux

  4   fins de répartir des armes, a été rendu nul et non avenu

  5   simplement du fait d’une décision prise par Monsieur Kordic

  6   et Monsieur Brnada à Busovaca ?  Est-ce que cela vous

  7   surprendrait ?

  8         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  9   Président, je vous prie de m’excuser, mais je souhaite ici

 10   soulever une objection.  Le témoin nous dit qu’il n’a

 11   aucune connaissance à ce sujet.  Je ne vois pas pourquoi le

 12   représentant du Procureur continue à lui poser des

 13   questions à ce sujet.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, il

 15   peut poser la question au témoin.  Quant à savoir si la

 16   réponse nous aidera, j’ai quelques doutes à ce sujet.

 17         Me NICE (interprétation) : 

 18         Q.    Connaissiez-vous un homme qui s’appelait

 19   Zarko Andric et qui était également connu sous le nom de

 20   Zuti ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Le 11 mai 1992, il a chassé un Musulman de

 23   son domicile, du domicile de ce Musulman à Nova Bila.  Vous

 24   avez dû en entendre parler ?

 25         R.    Non, je ne le savais pas.


Page 17383

  1         Q.    Mais vous connaissez bien Nova Bila, n’est-ce

  2   pas ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Un tel incident, c’est un incident dont il

  5   est difficile de ne pas prendre connaissance.  Si ça s’est

  6   passé, comment se fait-il que vous n’en ayez pas eu

  7   connaissance ?

  8         R.    Peut-être que c’était un incident isolé, mais

  9   comme je vous l’ai dit, moi, je n’étais pas impliqué dans

 10   ce genre de choses.  Moi, je travaillais.  Je faisais mon

 11   travail comme beaucoup d’autres personnes.  Cet incident a

 12   effectivement peut-être eu lieu, mais c’était peut-être un

 13   incident isolé.

 14         Q.    On reviendra à Zuti plus tard.  Quand vous

 15   avez travaillé finalement sous les ordres de Blaskic, vous

 16   n’avez jamais appris que Zuti avait expulsé un Musulman ou

 17   des Musulmans, et d’autre part, vous n’avez jamais eu

 18   connaissance du fait que Blaskic l’ait sanctionné pour

 19   cela ?

 20         R.    Non, je n’ai jamais eu connaissance de cela.

 21         Q.    Le 21 mai, un certain Trako a été tué.  Est-

 22   ce que vous en avez entendu parler ?

 23         R.    Non.

 24         Q.    Vous nous avez parlé avec beaucoup de

 25   conviction de vos opinions sur le niveau d’autorité dont


Page 17384

  1   jouissait Monsieur Kordic, une autorité limitée d’après

  2   vous.  Est-ce que ceci repose sur ce que vous avez

  3   découvert en étant en contact avec lui ou est-ce que vous

  4   l’avez découvert du fait de votre proximité avec Monsieur

  5   Blaskic ?

  6         R.    Pendant la guerre, j’ai rencontré Kordic un

  7   certain nombre de fois.  On n’a jamais parlé avec lui de

  8   Blaskic.  On n’avait tout simplement pas le temps de le

  9   faire.  Du fait de la relation assez étroite que j’avais

 10   avec lui, je me suis rendu compte que c’était un homme

 11   honorable.

 12         Q.    Je souhaiterais que vous examiniez un

 13   document qui sera la pièce à conviction 120.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que ce

 15   document a déjà été versé au dossier ?

 16         Me NICE (interprétation) :  Oui, oui.  Il s’agit

 17   de la pièce à conviction portant la cote 120.

 18         Q.    Donc, j’ai une question à vous poser au sujet

 19   de ce document.  Je vous demanderais tout d’abord de

 20   l’examiner.  C’est un document qui a été établi avant que

 21   vous ne participiez.  Il s’agit d’un ordre daté du 1er juin

 22   de la Communauté croate à Busovaca, aux termes duquel le QG

 23   de Vares reçoit l’ordre d’envoyer une unité de trois hommes

 24   immédiatement dès réception au village de Tarcin Do à cause

 25   du danger qui pèse sur ce village et cet ordre est signé de


Page 17385

  1   Kordic et Kostroman.

  2         Or, est-ce que vous êtes en train de nous dire que

  3   ceci ne correspondait pas à ce que vous avez vu de Kordic

  4   alors que vous travailliez avec Blaskic ?

  5         R.    Oui, je vois bien cet ordre, mais pour moi,

  6   ça ne correspond pas avec la structure de commandement.  Je

  7   vois bien qu’il y a la signature de Kordic, mais il

  8   n’aurait pas pu commander cette unité.

  9         Q.    En tant que Chef d’état-major, vous étiez

 10   très proche de Blaskic et, de ce fait, vous connaissez

 11   peut-être beaucoup de choses au sujet de ce qui s’est passé

 12   sur le plan militaire et je voudrais savoir si vous avez

 13   une explication quant à l’existence d’un tel ordre. 

 14   Comment un tel ordre a-t-il pu être rendu, donné ?

 15         R.    Ceci provient d’une période de temps pendant

 16   laquelle je n’étais pas présent à l’état-major.  Donc, je

 17   ne sais pas dans quelles circonstances cet ordre a été

 18   délivré.

 19         Q.    Il y a une possibilité sur laquelle je

 20   reviendrai plus tard peut-être et je souhaiterais que vous

 21   la gardiez à l’esprit.  C’est la chose suivante :  Blaskic

 22   vous utilisait pour remplir un certain nombre de fonctions,

 23   mais il est possible que d’une certaine façon, vous ayez

 24   été une sorte d’outsider et que vos opinions ne

 25   correspondaient peut-être pas exactement aux siennes.  Est-


Page 17386

  1   ce que ça, c’est possible ?

  2         R.    Je relevais de Blaskic.  J’étais son

  3   subordonné.  J’exécutais les ordres qu’il me donnait.  Ce

  4   qu’il m’ordonnait de faire, je le faisais.  Donc, il n’y

  5   avait pas de contradiction dans nos opinions et il n’y

  6   avait pas de contradiction dans nos relations, dans ce

  7   qu’il me communiquait et ce que je lui communiquais.

  8         Q.    Le 19 juin 1992, le bâtiment de la

  9   municipalité et le poste de police à Vitez ont été pris par

 10   le HOS, par des soldats du HOS.  Vous en souvenez-vous ?

 11         R.    J’en ai entendu parler, mais je ne me

 12   souviens pas de la façon dont ça s’est produit parce qu’à

 13   l’époque, je ne travaillais pas là.  J’en ai entendu parler

 14   en tant que civil, en tant que citoyen.

 15         Q.    Vous nous dites que vous n’étiez pas là. 

 16   Vous n’étiez pas là dans la zone, dans la région ou vous

 17   n’étiez pas là ce jour-là ?

 18         R.    Non.  J’ai entendu dire que ça s’est produit,

 19   mais je n’étais pas sur place.  Je ne suis pas passé devant

 20   cet endroit et je n’avais rien à faire à cet endroit.

 21         Q.    À l’époque, avec quelle institution associez-

 22   vous le HOS : avec le HVO ou avec l’armée de Bosnie-

 23   Herzégovine ?

 24         R.    Au départ, le HOS, c’était une structure qui

 25   était associée aussi bien à la Défense territoriale qu’au


Page 17387

  1   HVO.

  2         Q.    Est-ce qu’il y a eu une attaque sur Novi

  3   Travnik allant au-delà de l’occupation de l’immeuble

  4   municipal et du poste de police ?  Je parle d’une attaque

  5   qui a eu lieu le même jour dans la soirée.

  6         R.    Je ne sais que très peu de choses au sujet de

  7   l’offensive sur Novi Travnik.  À l’époque, je résidais dans

  8   mon village.  Donc, j’ai certes entendu des tirs, mais je

  9   ne sais pratiquement rien de ce qui s’est passé à Novi

 10   Travnik.

 11         Q.    À ce moment-là, mon Général, vous étiez donc

 12   un civil et non pas un soldat, mais quoi qu’il en soit, il

 13   est vrai que les Musulmans n’avaient rien fait pour mériter

 14   une telle offensive, n’est-ce pas ?

 15         R.    Je ne sais pas, mais il y a eu des incidents

 16   qui ont été provoqués par les deux côtés, il y a eu des

 17   routes bloquées, des incidents de ce genre.  Il y a eu

 18   aussi des frictions au sein du quartier général de la

 19   Défense territoriale.  J’en ai entendu parler également. 

 20   Je crois, en fait, que nous n’avons pas été capables de

 21   mettre sur pied la 1ère Brigade de Vitez du fait des

 22   frictions qui existaient au sein du quartier général de la

 23   Défense territoriale au sein duquel on trouvait à l’époque

 24   aussi bien des Croates que des Musulmans.

 25         Q.    Vous nous parlez de frictions au sein du


Page 17388

  1   quartier général.  Est-ce que vous entendez par là que la

  2   Défense territoriale a refusé de se rendre au HVO ?  Est-ce

  3   que c’est ce que vous qualifiez de frictions ?

  4         R.    Non.  Je ne savais même pas qu’on lui avait

  5   demandé de le faire, de se rendre.

  6         Me NICE (interprétation) :  La dernière pièce à

  7   conviction dont on a dit qu’elle a été produite fait peut-

  8   être surgir une petite ambiguïté parce qu’il y a encore une

  9   question à régler au sujet des pièces à conviction, de leur

 10   production, et cætera.  Je ne pense pas qu’il faille en

 11   parler pendant que nous entendons une déposition, mais je

 12   voudrais savoir si je peux utiliser cette pièce à

 13   conviction si nécessaire.

 14         Je vais donc demander maintenant qu’on montre au

 15   témoin la pièce 139.

 16         Q.    Encore une fois, ceci ne s’est pas produit

 17   pendant la période pendant laquelle vous étiez actif

 18   militairement.  Ceci concerne le HVO de Vares.  Il s’agit

 19   d’un ordre selon lequel le HVO doit permettre une activité

 20   non interrompue du HVO à Ilijas.  Pendant que vous, vous

 21   travailliez pour Blaskic, Vares relevait du commandement

 22   général, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Est-ce que vous vous attendiez à ce que ce

 25   genre de question soit réglée par un militaire ou bien par


Page 17389

  1   un homme politique ?

  2         R.    Seulement par un militaire.

  3         Q.    Vous voyez que c’est signé par Kostroman et

  4   Kordic.  Est-ce que ceci vous surprend compte tenu des

  5   informations que vous avez pu recevoir par la suite ?

  6         R.    Je n’ai jamais entendu parler de cela et je

  7   ne savais pas que de tels ordres existaient, mais à mon

  8   avis, si un commandement de la Zone opérationnelle de la

  9   Bosnie centrale existait, c’est ce commandement qui aurait

 10   dû donner ce genre d’ordre.

 11         Q.    En été 1992, encore une fois, avant votre

 12   engagement actif, il y a eu plusieurs manifestations,

 13   c’est-à-dire notamment des manifestations de la prestation

 14   de serments.  Est-ce que vous n’y êtes jamais allé vous-

 15   même ?

 16         R.    Non, jamais.  Je ne suis jamais allé afin d’y

 17   assister ni afin de prêter serment.

 18         Q.    Est-ce que vous avez vu ces événements à la

 19   télé ?

 20         R.    Parfois, oui. 

 21         Q.    Est-ce que vous étiez inquiet de voir qu’il y

 22   a eu cette parade des soldats appartenant à un seul groupe

 23   ethnique qui prêtaient serment de cette manière-là ?

 24         R.    Je ne réfléchissais pas à cela et ceci ne

 25   m’intéressait pas particulièrement, ce genre d’événements.


Page 17390

  1         Q.    Au moment de la prestation de serments, par

  2   exemple, en été 1992, les Musulmans n’avaient rien fait

  3   afin d’être subjugués aux Croates, n’est-ce pas ?

  4         R.    Je ne sais pas.

  5         Me NICE (interprétation) :  La pièce à conviction

  6   202, s’il vous plaît.

  7         Q.    Pendant qu’on attend, vous pourriez nous dire

  8   quelque chose sur la manière dont les troupes étaient

  9   payées.  Comment étaient-elles payées ?  Nous verrons la

 10   pièce à conviction dans un instant.  Dites-nous d’abord

 11   comment étaient-ils payés, les soldats ?

 12         R.    Lorsque moi, je suis venu au commandement de

 13   la Zone opérationnelle, il n’y avait pas de soldes au sein

 14   de l’armée.  Moi-même, avant le mois de décembre 1994, je

 15   n’ai pas reçu de soldes au sein de l’armée.  Donc, je ne

 16   sais pas comment étaient-ils payés et si c’était le budget

 17   municipal qui en était chargé, mais en ce qui me concerne

 18   personnellement, je n’ai jamais reçu de soldes avant le

 19   mois de décembre 1994.

 20         Q.    Très bien !  Veuillez examiner ce document,

 21   cette note qui était écrite à la main, apparemment signée

 22   par Ivica Rajic.

 23         Il est écrit :  « Concernant les arrangements

 24   financiers pour les soldats appartenant à votre état-major

 25   municipal, Messieurs Ante Pejcinovic et Borivoje Malbasic


Page 17391

  1   doivent contacter d’urgence Monsieur Dario Kordic. »

  2         C’est seulement quelques mois avant que vous ne

  3   soyez venu.  Sur la base de ce que vous avez appris lorsque

  4   vous avez pris vos fonctions, est-ce que vous pouvez

  5   expliquer comment se fait-il qu’il lui était possible à lui

  6   de financer les soldes des soldats de la manière décrite ?

  7         Me SAYERS (interprétation) :  Nous avons une

  8   objection, Monsieur le Président.  Je n’ai pas la liste des

  9   documents qui font l’objet de notre objection.  Je ne sais

 10   pas, peut-être que ce document a déjà été refusé, mais le

 11   Procureur aurait dû demander au témoin s’il a vu ce

 12   document auparavant, et si la réponse était oui, dans ce

 13   cas-là, on aurait pu lui poser des questions.

 14         Je me souviens que lorsque nous, nous voulions

 15   poser des questions au témoin, il a fallu d’abord savoir si

 16   le témoin a vu le document ou pas, et sinon, nous n’avions

 17   pas le droit de poser des questions et je pense que c’était

 18   justifié.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice, qu’en

 20   dites-vous ?

 21         Me NICE (interprétation) :  Très bien !

 22         Q.    Témoin, dites-nous s’il vous plaît, est-ce

 23   que vous avez déjà vu ce document ?

 24         R.    Non, jamais.

 25         Q.    Le quartier général de Blaskic était


Page 17392

  1   responsable de toutes les affaires, y compris le paiement

  2   de ces soldes lorsque ces soldes pouvaient être versées,

  3   n’est-ce pas ?

  4         R.    Je suppose que oui, mais je sais qu’il n’y a

  5   pas eu de soldes.

  6         Q.    Donc, en ce qui concerne les registres, ce

  7   genre de registres existaient et couvraient entre autres

  8   choses ce genre de sujets, n’est-ce pas ?

  9         R.    Ces notes ne doivent pas être conformes à la

 10   vérité.

 11         Q.    Très bien ! 

 12         Me NICE (interprétation) :  La pièce à conviction

 13   229, s’il vous plaît.

 14         Q.    Vous vous souvenez de mes premières questions

 15   concernant la question de savoir si ce conflit avait été

 16   provoqué par des ambitions territoriales des Musulmans ou

 17   pas.  C’est seulement à cause de la manière dont vous avez

 18   décrit les choses que je vous pose ce genre de questions. 

 19         Il s’agit ici d’un document que vous n’avez

 20   probablement jamais vu.  Je vous le montre tout simplement

 21   pour que vous sachiez pour quelle raison je vous pose cette

 22   question.  Il s’agit d’une réunion qui a eu lieu le 30

 23   septembre 1992.  Au cours…

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il faudrait

 25   placer une copie sur le rétroprojecteur, s’il vous plaît.


Page 17393

  1         Me NICE (interprétation) :  Je m’excuse.  J’ai la

  2   version en anglais. 

  3         Q.    Bien sûr, vous ne saviez pas que ceci a eu

  4   lieu, mais si au cours de cette discussion, Monsieur Kordic

  5   était inquiet et souhaitait que tous les réfugiés soient

  6   placés dans une municipalité musulmane, est-ce que c’était

  7   conforme à vos convictions de l’époque, à savoir qu’il

  8   devrait y avoir un partage entre les deux communautés ? 

  9         En ce qui concerne la version en anglais, ceci

 10   figure à la page 4.

 11         Est-ce qu’il était justifié de dire qu’à l’époque,

 12   la situation était tellement tendue que les Musulmans

 13   devaient être tenus à l’écart vis-à-vis de la communauté

 14   croate ?

 15         R.    Je n’ai jamais vu ce document.  Je ne l’ai

 16   jamais eu dans les mains.  Je ne peux pas donner un

 17   commentaire comme ça tout rapidement avant de lire

 18   l’ensemble du document, et en ce qui concerne mon opinion,

 19   je l’ai et je la maintiens.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je pense qu’il

 21   est inutile de poser d’autres questions à ce sujet. 

 22   Passons à autre chose.

 23         Me NICE (interprétation) : 

 24         Q.    Général, je souhaite dire qu’au moment dont

 25   nous avons parlé tout à l’heure, d’après vos propos, il n’y


Page 17394

  1   a eu aucune preuve selon laquelle on pourrait conclure que

  2   les Musulmans étaient tellement agressifs afin d’être

  3   traités comme des ennemis ?

  4         R.    Je pense que nous n’avons pas agi de cette

  5   manière avant l’attaque contre nos villages parce que

  6   comment voulez-vous expliquer mon travail dans le cadre de

  7   la Commission conjointe à Busovaca lorsque nous avons eu

  8   des discussions avec la communauté internationale

  9   concernant le nombre de maisons croates abandonnées ?  Il y

 10   en a eu 528, alors que les maisons musulmanes, il y en a eu

 11   128.

 12         Donc, ça doit servir à comprendre la question de

 13   savoir qui a expulsé qui de la Bosnie centrale.  Il y a eu

 14   150 000 Croates qui avaient été expulsés de chez eux contre

 15   50 000 Musulmans.  Donc, il s’agit d’un rapport de trois

 16   contre un.  Donc, c’est les Croates qui ont été expulsés et

 17   c’est les Croates qui ont été attaqués.

 18         Q.    Peut-être la situation a changé parce que les

 19   Musulmans sont devenus plus puissants, mais ici, je parle

 20   du début de la situation.  En novembre 1992, est-ce que

 21   vous pensez qu’il était justifié d’obliger les Musulmans à

 22   plaider leur loyauté, à prêter serment sur leur loyauté au

 23   gouvernement du HVO sous peine de perdre leur emploi ? 

 24   Est-ce que c’était justifié ?

 25         R.    Je pense que ceci ne s’est pas produit.  Je


Page 17395

  1   n’ai pas entendu parler de ce genre de cas.  En ce qui

  2   concerne les pertes d’emplois, les Croates aussi perdaient

  3   leurs emplois.  Ma femme, par exemple, qui travaillait

  4   avant ne travaillait plus.  Elle avait travaillé dans la

  5   même usine avec les Musulmans.  Elle a perdu son emploi en

  6   juin 1992 et elle n’a jamais regagné son poste. 

  7         Donc, les gens perdaient leurs emplois, ils

  8   rentraient chez eux et ceci concernait à la fois les

  9   Croates et les Musulmans qui sont restés aux autres postes

 10   avant que le conflit n’éclate à Vitez.

 11         Q.    Qu’est-ce que vous pouvez dire en ce qui

 12   concerne 10 immeubles, les cafés et restaurants qui ont été

 13   détruits, démolis par le HVO, par les soldats du HVO en

 14   1992 ?  Il n’y a pas eu de justification à cela.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’était en

 16   janvier.  Oui.  Allez-y.

 17         R.    Je me souviens qu’on a détruit un certain

 18   nombre de leurs commerces, mais il faut savoir qu’il y a eu

 19   encore plus de bâtiments et de commerces croates qui ont

 20   été détruits et ceci a été fait surtout afin de procéder à

 21   des vols, à des pillages.

 22         Me NICE (interprétation) : 

 23         Q.    Donc, c’est dans une telle situation, dans de

 24   telles circonstances que vous avez pris vos fonctions en

 25   novembre 1992, n’est-ce pas ?


Page 17396

  1         Me SAYERS (interprétation) :  Objection, Monsieur

  2   le Président.  Le Procureur a dit en anglais « joined up »

  3   pour « prendre les fonctions ».  Je pense que ceci n’est

  4   pas suffisamment clair parce qu’il a rejoint les rangs du

  5   HVO en avril 1992 et il est devenu Chef d’état-major en

  6   novembre 1992.

  7         Me NICE (interprétation) :  Mon collègue de la

  8   Défense a raison.  Je parlais du moment où il a commencé à

  9   travailler auprès de Blaskic en novembre 1992. 

 10         Q.    Donc, c’est dans de telles circonstances que

 11   vous étiez prêt à collaborer avec Blaskic sans hésitation ?

 12         R.    J’ai accepté de travailler dans le

 13   commandement de la Zone opérationnelle le 1er décembre

 14   1992.  À ce moment-là, il y a encore eu des combats

 15   violents contre les Serbes et il n’y a pas eu de combats

 16   contre les Musulmans de Bosnie du tout.

 17         Q.    C’était quelques jours après une réunion du

 18   groupe de travail militaire mixte à Sarajevo, n’est-ce

 19   pas ?  Vous vous en souvenez ?

 20         R.    Je ne sais rien en ce qui concerne ce groupe

 21   de travail.

 22         Q.    Est-ce que vous ne savez rien concernant le

 23   fait que c’est Monsieur Kordic qui était votre représentant

 24   au cours de cette réunion ?

 25         R.    Non.


Page 17397

  1         Q.    Au cours de cette réunion, ni au cours d’une

  2   autre réunion qui a eu lieu à la fin du mois de décembre,

  3   vous ne saviez pas du tout non plus ?

  4         R.    Oui.  En décembre, j’ai entendu qu’il est

  5   allé à une réunion.

  6         Q.    Est-ce que vous comprenez pourquoi on

  7   l’appelait « colonel » ?

  8         R.    Personne n’avait de grade de colonel dans le

  9   HVO.  Monsieur Filipovic était appelé « colonel », Monsieur

 10   Blaskic était appelé « colonel » et d’autres officiers

 11   aussi.  On les appelait en utilisant les grades employés

 12   officieusement par les gens.  Je n’ai jamais vu d’ordre

 13   avant janvier 1996, d’ordre de promotion de quelqu’un à un

 14   quelconque grade du HVO.  C’est seulement en janvier 1996

 15   que nous avons reçu nos grades de manière officielle, mais

 16   parfois, les gens, en parlant avec quelqu’un, disaient

 17   « colonel » et j’ai entendu qu’ils appelaient Monsieur

 18   Kordic ainsi, « colonel ».  Moi personnellement, je ne lui

 19   disais jamais « colonel ».  Je lui disais « Monsieur

 20   Dario » quand je lui parlais.

 21         Q.    Il a été promu en janvier 1996.  Quand il a

 22   été promu, est-ce que c’est bien le grade qu’il a reçu à ce

 23   moment-là ?

 24         R.    Je pense qu’il a reçu le même grade que moi,

 25   celui du général de brigade.


Page 17398

  1         Q.    Donc, nous parlons maintenant du mois de

  2   janvier, de votre travail au sein de la commission.  Est-ce

  3   que vous accepteriez la caractérisation suivante de vos

  4   fonctions au sein de cette commission, à savoir que vous

  5   deviez contacter Blaskic afin de prendre des décisions ?

  6         R.    Je préparais des rapports à l’attention de

  7   Monsieur Blaskic au sujet de ce qui était fait après les

  8   décisions qui avaient été prises parce que c’est lui qui

  9   signait les ordres avec Hadzihasanovic si quelque chose

 10   devait être fait, des ordres envoyés à moi et

 11   Hadzihasanovic.  Donc, suite à ça, moi, je préparais des

 12   rapports pour lui ou j’allais directement au QG pour lui

 13   dire ce qui avait été fait dans le cadre de la Commission

 14   conjointe.

 15         Q.    C’est une chose d’écrire un rapport pour dire

 16   ce qui s’est passé mais une autre de consulter quelqu’un

 17   avant de prendre des décisions.  Je voudrais savoir, car

 18   notamment Monsieur Filipovic nous l’a dit, si vous le

 19   consultiez avant de prendre des décisions.

 20         R.    Je ne comprends pas.  Quelles décisions ?

 21         Q.    Des décisions prises au sein de la

 22   commission.

 23         R.    Non.  Les décisions prises au sein de la

 24   commission étaient ensuite transmises vers le bas de

 25   l’échelon hiérarchique.  C’était la tâche de Blaskic et


Page 17399

  1   Hadzihasanovic et il s’agissait également d’établir la paix

  2   à Busovaca, de séparer les armées à Busovaca, de réduire le

  3   nombre de soldats, de remblayer les tranchées, et caetera,

  4   et moi, je lui faisais des rapports sur ce genre de choses

  5   à Blaskic parce que c’était sur la base d’un ordre conjoint

  6   signé par lui-même et Hadzihasanovic.

  7         Q.    Il a été dit que le manque d’autorité dont

  8   vous disposiez vous rendait incapable de prendre des

  9   décisions au sein de la commission et ceci a créé des

 10   tensions au sein de cette commission.  Est-ce que vous

 11   acceptez la véracité de cette affirmation ?

 12         R.    Non, non.  Tout ce qui a été ordonné, je l’ai

 13   mis en œuvre.  S’il n’y avait pas d’ordre, je ne pouvais

 14   pas le faire parce que moi, j’étais un subordonné.

 15         Q.    Bien !  Nous allons passer à janvier.  Je

 16   vous demande d’examiner la pièce à conviction 248.1. 

 17         En janvier, vous étiez en contact avec Blaskic,

 18   c’est indéniable, et sans doute commenciez-vous à vous

 19   familiariser avec l’évolution de la situation sur le

 20   terrain.  C’est exact, Général ?

 21         R.    Pouvez-vous, s’il vous plaît, répéter votre

 22   question ?

 23         Q.    En janvier 1993, vous étiez en mesure de

 24   commencer à comprendre comment les choses fonctionnaient

 25   sur le terrain au niveau du quartier général de Blaskic, et


Page 17400

  1   de toute la zone d’ailleurs également ?

  2         R.    Moi, ma mission, c’était d’organiser l’état-

  3   major et les unités.  Malheureusement, je n’y suis jamais

  4   parvenu à cause du travail au sein de la Commission

  5   conjointe et du fait que je travaillais au sein du

  6   commandement conjoint.  On a terminé la guerre alors que le

  7   HVO n’avait, en fait, pas été véritablement formé.

  8         Q.    Oui, mais comme vous nous l’avez dit,

  9   Blaskic, c’était le militaire et Kordic, lui, n’avait rien

 10   à voir avec les questions militaires ?

 11         R.    Non.

 12         Q.    Parce qu’ici, nous disposons d’un document

 13   qui vient de Gornji Vakuf, en date du 10 juin 1993, et qui

 14   vient de la Brigade Ante Starcevic, à l’intention de la

 15   Zone opérationnelle de Bosnie centrale, et on demande donc

 16   que soient fournis 150 obus de mortiers de 120 millimètres

 17   de calibre du genre de ceux qui sont disponibles à l’usine

 18   SPS de Vitez et ceci est adressé également à Monsieur

 19   Kordic.

 20         Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?  Vous étiez

 21   sur place à l’époque.

 22         R.    Je n’ai jamais vu ce document auparavant.  Je

 23   crois que c’est une erreur le fait qu’on l’ait envoyé à

 24   Monsieur Kordic parce qu’en fait, le destinataire

 25   véritable, c’est la Zone opérationnelle et son


Page 17401

  1   commandement.

  2         Q.    Est-ce que le fait que ce document ait été

  3   adressé également à Monsieur Kordic fait que sur le

  4   terrain, il y avait une chose qui était claire pour tout le

  5   monde, à savoir que c’était lui qui détenait le pouvoir ?

  6         R.    À l’époque, c’était Luka Sikira qui pensait

  7   ça.  Moi, non, je ne pensais pas ça.

  8         Me NICE (interprétation) :  Monsieur le Président,

  9   si la Chambre est prête à siéger un petit peu après 16 h

 10   00…

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Jusqu’à 16 h

 12   10. 

 13         Me NICE (interprétation) :  Je voudrais passer à

 14   un autre moment dans la chronologie, avancer dans la

 15   chronologie et donc, je souhaiterais passer au 10 janvier

 16   et je demanderais à la Chambre de consulter sa copie de la

 17   cassette audio.  La transcription de cette cassette porte

 18   la cote 2801.3 et je souhaiterais que Madame Bauer puisse

 19   communiquer au témoin la transcription en croate de la

 20   dernière conversation et je souhaiterais que la version en

 21   anglais de ce même document qui figure à la page 32 soit

 22   placée sur le rétroprojecteur.

 23         Q.    Mon Général, ne lisez pas le document parce

 24   que j’ai d’abord deux questions à vous poser. 

 25         Le 25 février 1993, est-il exact que vous aviez un


Page 17402

  1   seul moyen de communiquer entre Busovaca et Kiseljak ?  Il

  2   s’agissait d’une ligne téléphonique qui se trouvait dans

  3   l’immeuble des PTT ?

  4         R.    Oui.  Il y avait une ligne jusqu’à ce qu’elle

  5   soit coupée par les forces de l’armée, mais je ne sais pas

  6   exactement quand elle a été coupée.

  7         Q.    Vous avez utilisé cette ligne téléphonique

  8   vous-même ?

  9         R.    Non. 

 10         Q.    À ce moment-là, je souhaiterais que vous

 11   écoutiez cette cassette.  Je signalerai quand il faudra

 12   arrêter la cassette.  Donc, je voudrais que vous l’écoutiez

 13   en suivant si possible la version croate que vous avez sous

 14   les yeux.

 15         Me NICE (interprétation) :  Un instant, s’il vous

 16   plaît, Monsieur le Président, que je me retrouve dans mes

 17   notes.  Je vais demander à la cabine technique de lancer la

 18   cassette.  La qualité n’est pas excellente, je vous le

 19   signale tout de suite.

 20               [Diffusion d’une cassette audio]

 21         L’INTERPRÈTE :  Les interprètes de la cabine

 22   française ne disposant pas de la transcription ne peuvent

 23   assurer la traduction de cette cassette.

 24         Me NICE (interprétation) : 

 25         Q.    Il n’y a pas d’interprétation de cette


Page 17403

  1   cassette car ce n’est peut-être pas possible, mais je

  2   voudrais savoir si vous reconnaissez la voix qu’on entend

  3   sur cette cassette.

  4         R.    Non, je ne reconnais aucune des voix qu’on

  5   entend.

  6         Q.    Est-ce que vous avez été en mesure de suivre

  7   ce qui est dit sur la base du transcript que vous avez sous

  8   les yeux ?

  9         R.    Oui, j’ai suivi.

 10         Q.    On fait référence ici à un homme du nom de

 11   Franjo.  Qui pourrait-ce être à part vous ?

 12         R.    Ce n’est pas ma voix et ce n’est pas une

 13   conversation que j’ai tenue.

 14         Q.    Avez-vous reconnu l’autre voix ?

 15         R.    Non.

 16         Q.    Pouvez-vous nous apporter votre assistance

 17   pour nous dire qui éventuellement aurait pu utiliser cette

 18   ligne téléphonique, quelqu’un qui s’appelle Franjo ?

 19         R.    Il n’y avait pas de Franjo au commandement. 

 20   À part l’assistant chargé de la logistique qui s’appelait

 21   Franjo, je ne connais personne d’autre qui portait ce nom,

 22   mais ce spécialiste en logistique, ce n’est pas celui qu’on

 23   entend sur la cassette.  Ce n’est pas non plus ma voix et

 24   d’ailleurs, je ne reconnais aucune des voix qu’on entend

 25   sur cette cassette.


Page 17404

  1         Q.    Il est indéniable que la qualité du son est

  2   très mauvaise.  Est-il possible que l’une des autres voix

  3   qu’on entend soit celle de Blaskic ou pas ?

  4         R.    Aucune de ces voix n’appartient à Blaskic.

  5         Q.    J’y reviendrai peut-être demain mais je

  6   voulais avoir votre réponse à cette question en particulier

  7   ce soir.  Merci beaucoup. 

  8         À ce moment-là, pour les quelques minutes qui nous

  9   restent, revenons à ce que vous nous dites au sujet de

 10   janvier.

 11         Vous nous avez parlé du point de contrôle et de

 12   l’arrestation de quelqu’un au point de contrôle.  Avant

 13   d’en parler, je voudrais savoir si vous avez des

 14   informations quelconques au sujet du meurtre de Mirsad

 15   Delija.

 16         R.    Je n’ai jamais entendu ce nom auparavant.

 17         Q.    Bien !  Parlons maintenant du point de

 18   contrôle parce que je voudrais approfondir ce que vous nous

 19   dites.  Comment avez-vous appris qu’il y a eu cette

 20   arrestation au point de contrôle ?

 21         R.    Sur la base du rapport écrit envoyé par

 22   l’état-major municipal de Busovaca qui a été envoyé à la

 23   Zone opérationnelle.

 24         Q.    Oui.  Qui l’a envoyé ce rapport ?

 25         R.    Le quartier général municipal de Busovaca,


Page 17405

  1   l’état-major municipal.

  2         Q.    Qui l’a rédigé ?  Qui en était l’auteur ?

  3         R.    Dusko Grubesic.

  4         Q.    Est-ce qu’il s’agissait d’un simple rapport

  5   sur un incident ou bien est-ce qu’il demandait de l’aide ou

  6   autre chose ?  Quelle était la position ?

  7         R.    Il envoyait le rapport et il a demandé que

  8   l’on intervienne à Zenica pour faire libérer cette

  9   personne.

 10         Q.    Quelle personne ?

 11         R.    Ignjac Kostroman.

 12         Q.    Quand est-ce que le rapport a été envoyé ?

 13         R.    J’ai déjà dit que c’était le 20 ou le 21.  Je

 14   ne me souviens pas exactement.

 15         Q.    À quel moment de la journée est-ce qu’il a

 16   été envoyé ?

 17         R.    Dans l’après-midi.

 18         Q.    À ce moment-là, d’après ces informations, où

 19   est-ce que Monsieur Kostroman était détenu ?

 20         R.    Je ne le sais vraiment pas.

 21         Q.    Mais le but en était de faire libérer cette

 22   personne.  Qui a reçu cette demande dans le bureau ? 

 23   C’était vous ou quelqu’un d’autre ?

 24         R.    C’était l’officier de garde chargé des

 25   opérations qui était dans la Zone opérationnelle.


Page 17406

  1         Q.    Et ?

  2         R.    Je ne m’en souviens pas.

  3         Q.    Qui a réagi lorsque le message a été reçu :

  4   vous, Blaskic, quelqu’un d’autre ?

  5         R.    Moi, je n’ai pas agi.  Simplement, j’ai reçu

  6   cette information.  L’information a été transférée,

  7   transmise au commandant, mais je ne sais pas ce qui a été

  8   fait.  Il a été relâché.

  9         Q.    Il a été relâché au bout de combien de temps,

 10   s’il vous plaît ?

 11         R.    Croyez-moi que je ne le sais pas.  Je ne m’en

 12   souviens pas.  Ceci s’est produit il y a longtemps et moi,

 13   je vaquais à mes propres affaires.

 14         Q.    L’on ne vous a pas demandé des questions

 15   concernant cet incident au cours de la préparation de votre

 16   déposition dans le cadre de deux autres affaires où vous

 17   êtes apparu comme témoin ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Donc, corrigez-moi si je me trompe, mais la

 20   première fois que vous avez pu repenser à cet incident

 21   était il y a quelques semaines, lorsque pour la première

 22   fois, l’on vous a proposé de comparaître dans le cadre de

 23   cette affaire ?

 24         R.    Le 30 mars, j’ai fait ma première déclaration

 25   et à ce moment-là j’ai simplement dit que nous avons reçu


Page 17407

  1   un rapport sur le fait qu’ils ont été arrêtés, arrêtés avec

  2   leurs deux escortes, et je n’ai dit rien d’autre à la

  3   Défense.  Je n’ai pas pu dire rien d’autre ni à la Défense

  4   ni à vous parce que je ne me souviens plus d’autres détails

  5   de ce qui s’est passé par la suite.

  6         Q.    Donc, eux, ils ont été arrêtés avec leurs

  7   deux escortes.  De qui parlez-vous ?

  8         R.    Je ne sais pas si j’ai dit : « eux ».  J’ai

  9   dit : « Ignjac Kostroman avec ses deux escortes. »

 10         Q.    Le rapport n’a-t-il dit rien d’autre

 11   concernant d’autres personnes, citant d’autres noms, n’est-

 12   ce pas ?

 13         R.    Non, non, sauf que Kordic et Blaskic

 14   n’étaient pas présents sur place.  Ça aussi a été mentionné

 15   dans le rapport, puisque Blaskic n’était pas Blaskic dans

 16   la Zone opérationnelle à ce moment-là.

 17         Q.    C’est moi qui me suis trompé si je n’ai pas

 18   bien compris.  Cette information a été envoyée à l’état-

 19   major de Blaskic afin de demander de l’aide.  Est-ce

 20   exact ?

 21         R.    Il s’agissait d’une sorte d’information.  Ma

 22   tâche n’était pas de m’occuper de cette affaire.  J’ai

 23   transmis ça au service de sécurité qui était chargé de ce

 24   genre d’affaire.  Donc, c’est le service de sécurité qui

 25   devait résoudre le problème et je ne sais pas comment le


Page 17408

  1   problème a été résolu.

  2         Q.    Si ceci a été envoyé à l’état-major de

  3   Blaskic afin de demander de l’aide, c’est ce que je pensais

  4   et j’ai relu le transcript.

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Si nous nous

  6   penchons sur la ligne 21, page 140, il est clair que le

  7   témoin a dit que ceci a été envoyé en tant qu’information

  8   et je pense qu’il a ainsi répondu à la question.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il est 4 h 10

 10   maintenant. 

 11         Me NICE (interprétation) :  [Hors microphone]

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Il est

 13   possible de reprendre demain matin.

 14         Général Nakic, veuillez rentrer demain matin à 9 h

 15   30, s’il vous plaît.

 16         --- L’audience est levée à 16 h 12

 17         pour reprendre le vendredi

 18         14 avril 2000 à 9 h 30

 19  

 20

 21

 22

 23

 24

 25