Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1                    Jeudi 4 mai 2000

  2                     (Audience publique)

  3               L'audience est ouverte à 9 heures 33.

  4   M. Nice (interprétation) : J'ai demandé que l'on ne fasse pas

  5   rentrer le témoin immédiatement. Deux minutes seulement, monsieur le

  6   Président. C'est une question d'administration relative à une pièce à

  7   conviction dont nous avons parlé hier : la pièce 2360.18.

  8   Je croyais que la version complète de ce document se trouvait dans le

  9   classeur relatif au conflit armé international des enquêteurs, mais il est

 10   possible que ce ne soit pas le cas.

 11   Mais nous allons maintenant présenter la version qui fera foi avec la

 12   bonne numérotation de page.

 13   M. Sayers (interprétation) : La défense a une objection, monsieur le

 14   Président et nous aimerions qu'elle soit consignée au compte rendu

 15   d'audience. Nous contestons l'authenticité de ce document. Il semble que

 16   deux tableaux mentionnés hier ont une numérotation en haut à droite de la

 17   page qui est donc celle de l'accusation et ces numéros d'identification

 18   n'apparaissent pas sur les deux premières du document. Donc, si nous

 19   n'avons pas un fondement valable prouvant l'authenticité de ce document,

 20   nous la contestons.

 21   M. le Président (interprétation) : Très bien.

 22   M. Nice (interprétation) : Le deuxième point que j'aimerais évoquer

 23   est plus général. Je pense qu'il convient que je fasse consigner au compte

 24   rendu d'audience que les informations que nous recevons de ce témoin de

 25   façon générale –je ne m'en plains pas- sont celles que nous pouvons


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  1   recevoir dans le temps limité qui nous est imparti. Nous ne pouvons pas

  2   faire plus que cela. Nous...

  3   M. Robinson (interprétation) : Un exemple, monsieur Nice, s'il vous

  4   plaît au sujet de ces informations.

  5   M. Nice (interprétation) : Oui. Quand le témoin arrive ou que son

  6   résumé est fourni, il arrive que des détails soient apportés entièrement

  7   nouveaux, que nous n'avions jamais vu jusqu'à ce moment-là et si en

  8   quelques jours, nous recevons un grand nombre des témoins, nous ne pouvons

  9   pas procéder à toutes les vérifications qui conviendraient. Quand le

 10   témoin est assis sur la chaise des témoins dans le prétoire, nous sommes

 11   parfois dans l'impossibilité de remettre en cause ou éventuellement

 12   d'admettre tout ce qui est nouveau et nous ne sommes pas en mesure de vous

 13   aider, vous, messieurs les Juges, par rapport à ces informations.

 14   M. Robinson (interprétation) : Mais vous recevez ces déclarations

 15   combien de temps à l'avance ?

 16   M. Nice (interprétation) : Quelques jours avant. Quelquefois un ou

 17   deux jours avant. Mais même si nous recevons ces documents deux jours

 18   avant, cela ne signifie pas que nous pouvons toujours faire ce que nous

 19   devrions faire dans votre intérêt, messieurs les Juges.

 20   M. Robinson (interprétation) : Oui mais je pense que la défense et

 21   vous-même êtes dans la même situation. La défense, en effet, formulait à

 22   peu près les mêmes plaintes quand elle présentait ses témoins. Je crois

 23   que c'est une question de coopération entre vous.

 24   M. Nice (interprétation) : Non, pas toujours un problème de

 25   coopération. Je crois qu'il faut voir les choses sous un angle différent :


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  1   la défense n'est pas dans la même situation. Elle connaît nos arguments en

  2   général depuis des années et nous, ce n'est pas le cas. Pour nous, ce sont

  3   des informations tout à fait nouvelles lorsque nous entendons les témoins

  4   de la défense. Je ne me plains pas d'ailleurs. Je dis simplement que vous

  5   ne pouvez pas obtenir les résultats parfaits que vous pourriez obtenir

  6   dans des procès de civil la où les témoins sont préparés assez longtemps

  7   à l'avance. Donc, c'est un problème pour nous et cela a deux conséquences

  8   dangereuses. Premièrement, il est possible que les témoins disent un

  9   certain nombre de choses que nous devons admettre simplement. Car si nous

 10   avions un certain temps devant nous pour procéder à des vérifications,

 11   nous pourrions dire que tout va bien et que cela ne soulève pas de

 12   contestation. Mais la deuxième chose dangereuse est que quelquefois, nous

 13   ne pouvons pas vous apporter l'aide que nous pourrions et devrions vous

 14   apporter à l'aide d'un contre-interrogatoire détaillé si nous disposions

 15   du temps nécessaire. Le témoin qui va arriver maintenant dans le prétoire,

 16   nous ne savions pas qu'il serait entendu cette semaine. Nous pensions

 17   qu'il le serait la semaine prochaine. Un fax a apparemment été envoyé

 18   le 28, mais nous n'avons pas pu le retrouver. Nous ne disons pas qu'il n'a

 19   pas été envoyé.

 20   M. le Président (interprétation) : J'en ai une copie.

 21   M. Nice (interprétation) : Nous n'avons pas réussi à retrouver une

 22   copie de ce fax. Donc c'est hier matin que nous avons appris son arrivée.

 23   Son résumé a été envoyé hier à six heures du matin. Je ne l'ai pas reçu

 24   avant la soirée d'hier. D'ailleurs, cela n'aurait pas fait de différence

 25   si je l'avais reçu la veille, car j'avais d'autres tâches à effectuer. Je


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  1   dis simplement que nous faisons de notre mieux dans les limites qui nous

  2   sont imposées.

  3   M. le Président (interprétation) : Puisque nous parlons de cela,

  4   monsieur Nice, j'aimerais revenir sur une question plus générale dont j'ai

  5   déjà parlé il y a un ou deux jours, le temps imparti à ce procès. Nous

  6   avons trois autres affaire à juger et le procès auquel nous participons

  7   ici a déjà occupé une année entière. Bien entendu, il faut consacrer le

  8   temps nécessaire à un procès mais la Chambre d'instance est sous la

  9   pression du temps. C'est le cas également de toutes les personnes

 10   concernées qui travaillent ici. Des pressions sont exercées pour que ce

 11   procès s'achève le plus rapidement possible. Cela pose aussi un problème

 12   de moyens.

 13   M. Nice (interprétation) : Je comprends bien, monsieur le Président.

 14   M. le Président (interprétation) : Voilà la difficulté réelle à

 15   laquelle nous sommes confrontés, il faut que nous établissions un

 16   équilibre entre l'équité nécessaire pour toutes les parties, mais aussi la

 17   nécessité de procéder rapidement. Donc, je vous serais reconnaissant si

 18   vous gardiez cela présent à l'esprit.

 19   M. Nice (interprétation) : Absolument. D'ailleurs, cela fait partie

 20   des problèmes qui se posent à nous. Mais si nous passons trop rapidement

 21   sur un témoin, il est possible qu'il y ait un risque d'omission d'un

 22   certain nombre d'éléments. Je vais vous prendre un exemple. Il y a deux

 23   jours, un témoin a évoqué de nouvelles questions quand il a parlé de

 24   Zenica et Busovaca. Il a fourni des renseignements tout à fait nouveaux

 25   parlant de l'attaque dont ces deux villes ont été l'objet et nous devons


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  1   dans ces cas-là, chercher le moyen de remettre en cause la crédibilité du

  2   témoin mais cela nécessite un travail de recherche. Si nous le faisions

  3   sans ce travail de recherche, cela ne serait pas très responsable de notre

  4   part. Cela étant, vous comprendrez nos difficultés. Nous comprenons les

  5   responsabilités des Juges de cette Chambre de première instance. Nous

  6   ferons tout pour abréger le contre-interrogatoire en toute responsabilité.

  7   M. le Président (interprétation) : Merci beaucoup.

  8   M. Naumovski (interprétation) : Monsieur le Président, une ou deux

  9   questions très importantes avant l'arrivée du témoin dans ce prétoire, si

 10   vous m'y autorisez.

 11   M. le Président (interprétation) : Très bien.

 12   M. Naumovski (interprétation) : Merci. Je voudrais reprendre le fil

 13   de ce que vient de dire mon collègue le Procureur. J'ai sous les yeux une

 14   lettre qui a été envoyée le 19 avril. Le témoin qui va être entendu à

 15   présent, Marko Prskalo son nom figure dans cette lettre. Donc, cela fait

 16   un certain nombre de jours que son arrivée est connue. C'est le premier

 17   point que je voulais évoquer. S'agissant des résumés des dépositions des

 18   témoins, nous les remettons au Procureur au moment où ces documents sont

 19   signés par le témoin. Nous ne pouvons pas le faire plus tôt. Bien entendu,

 20   le Procureur a entendu nos arguments liminaires au début du procès. Il

 21   connaît donc l'orientation générale de ce que nous allons dire et il peut

 22   -je crois- se préparer au contre-interrogatoire sur cette base. C'est le

 23   seul commentaire que je voulais faire. Je voudrais arriver à une requête

 24   et parler des témoins. Nous avons un certain nombre de témoins qui sont

 25   prévus pour la semaine prochaine. Parmi eux Marinko Palava et Ivica Krisko


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  1   ont annoncé qu'ils ne pouvaient pas venir. Ivica Krisko a des problèmes

  2   professionnels. Son employeur refuse de le laisser partir car il fait face

  3   à certaines contraintes importantes. Quant à Marinko Palava, il avait

  4   d'abord dit qu'il pouvait venir et aujourd'hui, nous ne sommes plus sûrs

  5   qu'il pourra le faire en raison d'un certain nombre de problèmes

  6   personnels également. Hier, nous avons également dit au Procureur quels

  7   étaient ces deux témoins qui posaient problème, deux autres témoins qui

  8   posent problème. Je ne vais pas mentionner leurs noms car ils ont demandé

  9   des mesures de protection. En tout cas, nous ne sommes pas en mesure de

 10   dire s'ils vont venir cette semaine ou la semaine prochaine. Il y a des

 11   modifications dans la présentation des témoins ici devant ce tribunal.

 12   Nous fournirons la nouvelle liste des témoins dès qu'elle sera en notre

 13   possession. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'interruption de l'audition

 14   de ces témoins. Une autre question : un témoin dont le nom figure sur la

 15   liste de nos témoins a appelé mon bureau et a envoyé à mon bureau la

 16   convocation qui lui a été adressée par madame le Procureur Carla del Ponte

 17   qui l'a reçu à Busovaca. Dans cette convocation, il lui était demandé de

 18   se rendre au bureau du Tribunal international à Sarajevo dans un délai

 19   déterminé pour parler des crimes à Kacuni, Busovaca en janvier 1993.

 20   Il devait se rendre à Sarajevo les 4 et 5 et 6. Nous avons donc parlé avec

 21   ce témoin, il a donné son accord pour témoigner dans le présent procès

 22   mais il nous a appelés au téléphone car ce que je viens de dire a été vécu

 23   par lui comme une menace. Et cette convocation de madame le Procureur, a

 24   été ressentie par lui comme une pression qui l'a effrayé. Je ne remets pas

 25   en cause le droit du Procureur de mener son enquête comme il le souhaite,


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  1   en application de l'article 18 2 du statut et de l'article 39 1 du

  2   Règlement de procédure et de preuve, mais nous estimons qu'il serait

  3   correct tout de même, quand le Procureur envoie des documents de ce genre

  4   un témoin, que le Procureur nous le fasse savoir à nous : d'ailleurs ce

  5   n'est pas seulement M. Grubicic qui a reçu ce genre de convocation, mais

  6   d'autres témoins également, 4 autres témoins dont les noms ont été soumis

  7   au Tribunal le 30 mars de cette année.

  8   Donc nous demandons l'autorisation au Tribunal de procéder comme je suis

  9   en train de le demander, c'est-à-dire d'être informés.

 10   Nous sommes dans l'obligation quand nous voulons discuter avec un témoin

 11   de l'accusation, de remettre un document écrit stipulant cette demande et

 12   je pense que la réciproque devrait être vraie et que nous devrions

 13   quelques jours à l'avance être informés de telles situations quand elles

 14   se produisent à l'égard de nos témoins.

 15   Pour l'instant nous devons dire à tous les témoins que nous demandons de

 16   citer à la barre qu'une telle situation risque de se produire.

 17   M. le Président (interprétation) : Avez-vous parlé de cela avec le

 18   Procureur ?

 19   M. Naumovski (interprétation) : Non, Monsieur le Président j'ai été

 20   informé de cela hier soir.

 21   M. le Président (interprétation) : Il serait bon pour commencer

 22   d'échanger quelques mots avec le Procureur sur le sujet, pour voir quelle

 23   est la situation. Si le problème ne peut pas être résolu, manifestement il

 24   sera nécessaire d'évoquer le problème devant la Chambre de première

 25   instance. Une première étape devrait consister à en parler avec le


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  1   Procureur pour voir quelle est sa position.

  2   M. Naumovski (interprétation) : Très bien Monsieur le Président, je

  3   souhaitais que les Juges de cette Chambre soient informés de cela. Merci.

  4   Si vous en êtes d'accord Monsieur le Président, nous pouvons faire

  5   pénétrer le témoin dans le prétoire.

  6   M. le Président (interprétation) : Un instant je vous prie.

  7               (Les Juges se concertent sur le siège.)

  8   M. le Président (interprétation) : Je demande l'aide du juriste de

  9   la Chambre.

 10   Peut-on faire entrer le témoin suivant ?

 11   M. Naumovski (interprétation) : Pendant que nous attendons l'arrivée

 12   du témoin, il y a un point que j'ai omis d'évoquer. Nous avons aujourd'hui

 13   remis au Tribunal, déposé une requête urgente. Et je voulais vous en

 14   informer.

 15   Je pense que vous la recevrez au cours de la pause de ce matin.

 16               (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 17         (Le témoin Marko Prskalo est interrogé par M. Naumovski.)

 18   M. le Président (interprétation) : Monsieur le témoin, pouvez-vous

 19   prononcer la déclaration solennelle ?

 20   M. Prskalo (interprétation) : Je déclare solennellement que je dirai

 21   la vérité toute la vérité et rien que la vérité.

 22   M. le Président (interprétation) : Veuillez vous asseoir Monsieur.

 23                     (Le témoin s'exécute.)

 24   Maître Naumovski, allez-y.

 25   M. Naumovski (interprétation) : Merci Monsieur le Président. Bonjour


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  1   Monsieur Prskalo.

  2   R.    Bonjour.

  3   Q.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, notre témoin suivant est

  4   commandant en retraite de l'armée et il s'appelle Marko Prskalo. J'ai dit

  5   votre nom et votre prénom vous êtes né le 19 septembre 1941, dans les

  6   villages Fojnica, n'est-ce pas ?

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Votre village se trouve dans la municipalité de Uskoplje

  9   anciennement connue sous les noms de Gornji Vakuuf.

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Vous êtes croate de Bosnie de nationalité et catholique de

 12   religion ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Où habitiez-vous avant le début de la guerre civile en Bosnie-

 15   Herzégovine ?

 16   R.    Avant le début de la guerre civile en Bosnie-Herzégovine, j'habitais

 17   Bugojno qui est une ville de Bosnie de Bosnie-Herzégovine.

 18   Q.    Monsieur Prskalo, j'ai nécessité d'appeler votre attention sur le

 19   fait que puisque nous parlons la même langue, il convient de ménager une

 20   pause entre ma question et votre réponse de façon à faciliter

 21   l'interprétation de nos propos dans les diverses langues officielles du

 22   Tribunal. Dites-moi, je vous prie, où habitez—vous aujourd'hui ? Vous

 23   n'habitez plus à Bugojno ?

 24   R.    Je vis avec ma famille dans la ville de Benkovac en République de

 25   Croatie.


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  1   Q.    Pourquoi avez-vous quitté Bugojno ?

  2   R.    Parce qu'après la guerre à Bugojno, je n'ai pas pu retourner dans ma

  3   maison avec ma famille.

  4   Q.    Quelqu'un d'autre habite aujourd'hui dans votre maison ?

  5   R.    Oui, une famille musulmane habite dans ma maison.

  6   Q.    Vous êtes marié, vous avez trois enfants n'est-ce pas ?

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Monsieur Prskalo, jusqu'à la moitié de l'année 1997, vous faisiez

  9   partie du HVO, n'est-ce pas ? Et ensuite vous avez pris votre retraite

 10   avec le grade de commandant ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Vous êtes économiste de profession ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Vous avez eu une carrière professionnelle d'une certaine durée, vous

 15   avez pendant quelques années également été député de ce qui a été au

 16   départ la République de Bosnie-Herzégovine et après la signature des

 17   accords de Dayton, la fédération de Bosnie-Herzégovine ?

 18   R.    Oui, cela fait longtemps que je m'occupe de politique comme vous

 19   venez de le dire et après la création des conditions pour que la Bosnie-

 20   Herzégovine soit représentée de façon pluraliste, c'est-à-dire après le

 21   démantèlement de l'Union Soviétique, le multipartisme et la démocratie ont

 22   été introduites dans l'ex-Yougoslavie, en tout cas sur certains

 23   territoires de l'ex-Yougoslavie car comme chacun le sait ici, la

 24   démocratie ne règne pas encore sur la totalité du territoire de l'ex-

 25   Yougoslavie. Donc en 1990, lors des premières élections pluri-partites,


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  1   j'ai été élu à l'assemblée de Bosnie-Herzégovine en tant que député et

  2   avant ces élections, j'avais adhéré au plus grand parti pro-croate, le

  3   HDZ. J'ai également été élu au poste de Président du HDZ, poste que j'ai

  4   occupé pendant quelque temps....Un an environ, jusqu'au milieu de l'année

  5   1991.

  6   Q.    Très bien. Nous allons procéder étape par étape, si vous le voulez

  7   bien. Vous avez dit que vous étiez Président du HDZ de Bugojno.

  8   M. Vladimir Soljic avait un poste important à Bugojno également, n'est-ce

  9   pas ?

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Nous vous avons montré le document Z 27 qui est une copie du

 12   document traitant de la création de la communauté croate d'Herceg-Bosna.

 13   Vous avez vu ce document, n'est-ce pas, la communauté croate d'Herceg-

 14   Bosna a été créée le 18 novembre 1991 et je vous demande qui a signé cette

 15   décision à Bugojno.

 16   R.    Oui, j'ai vu effectivement ce document et j'ai constaté que c'est

 17   Vladimir Soljic qui a signé ce document.

 18   Q.    Vous le connaissez bien parce que vous avez étudié l'économie tous

 19   les deux à Zagreb en même temps, n'est-ce pas ?

 20   R.    Oui, nous avons étudié à la faculté d'économie de Zagreb en même

 21   temps. Je connais très bien M. Soljic, nous étions très proches puisque

 22   nous avons fait nos études ensemble et donc j'ai reconnu son écriture car

 23   je la connais.

 24   Q.    Je crois que nous avançons bien par rapport à votre résumé de

 25   déposition. Vous savez n'est-ce pas que Mate Boban était Président de la


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  1   communauté croate d'Herceg-Bosna. D'ailleurs les Juges en ont déjà entendu

  2   parler mais c'est un fait que vous connaissez bien.

  3   R.    (Signe affirmatif du témoin).

  4   Q.    Vous savez donc qu'il était Président et qu'il était également le

  5   chef suprême des forces armées du HVO ?

  6   R.    Oui, ces éléments sont très bien connus de moi. Il était le

  7   commandant suprême des forces armées et le Président de la communauté

  8   croate d'Herceg-Bosna. D'ailleurs, plus tard il a été également Président

  9   de la République croate d'Herceg-Bosna.

 10   Q.    M. Mate Boban a été Président de la République croate d'Herceg-

 11   Bosna. Il a été nommé à ce poste lors d'une réunion qui s'est tenue en

 12   février 1994 à laquelle vous avez assisté en tant que membre du Parlement

 13   de l'Herceg-Bosna, n'est-ce pas, la réunion s'étant tenue à Livno ?

 14   R.    Oui, j'ai assisté à cette réunion en tant que député du Parlement et

 15   j'ai assisté à la démission de M. Boban.

 16   Q.    J'en arrive aux paragraphes 12 et ultérieurs de votre résumé de

 17   déposition. Nouveau sujet : le référendum tenu le 29 février et 1er mars

 18   1992 a permis à la République de Bosnie-Herzégovine de déclarer son

 19   indépendance le 6 mars 1992, si je ne m'abuse.

 20         Monsieur Prskalo, vous avez participé à l'organisation de ce

 21   référendum, n'est-ce pas ?

 22   R.    Oui, j'ai participé à l'organisation de ce référendum et avec votre

 23   autorisation j'aimerais en dire davantage à ce sujet.

 24   M. le Président (interprétation) : Monsieur le témoin, je vais vous

 25   expliquer le règlement qui s'applique. Les témoins qui viennent ici bien


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  1   entendu doivent être entendus, ils témoignent, mais il y a certaines

  2   questions qui sont pertinentes eu égard au procès et d'autres qui ne le

  3   sont pas. Il appartient aux Juges d'en décider.

  4   Je vous prierai donc de bien vouloir vous concentrer et de répondre

  5   exclusivement aux questions posées par le conseil de la défense qui, lui,

  6   sait quelles sont les questions pertinentes et les questions non

  7   pertinentes, les Juges étant les arbitres ultimes sur ce point.

  8   Je ne voudrais donc pas manquer de courtoisie à votre égard en limitant ce

  9   que vous allez dire, mais je vous demanderai de bien vouloir vous

 10   concentrer sur les réponses précises aux questions qui vous sont posées.

 11   Maître Naumovski, vous pouvez reprendre.

 12   M. Naumovski (interprétation) : Une question simplement pour ne pas perdre

 13   de temps. C'est d'ailleurs un point que les Juges de cette Chambre

 14   connaissent bien. Le SDS, le parti serbe, a boycotté ces élections, n'est-

 15   ce pas, et une partie des habitants serbes de la ville n'est pas venue

 16   voter au référendum. Mais le référendum a réussi parce que vous, les

 17   Croates et les Bosniens de Bosnie avaient voté en faveur de l'indépendance

 18   de la République, n'est-ce pas ?

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Merci. Donc c'est un fait que la déclaration d'indépendance de la

 21   République de Bosnie-Herzégovine a eu lieu, mais cette indépendance n'a

 22   pas pu se manifester en bonne et due forme. Car pour vous les Croates de

 23   Bosnie, il est apparu que suite à l'attaque, à l'agression des Serbes de

 24   Bosnie sur Mostar, il est donc devenu clair à vos yeux que la guerre qui

 25   faisait déjà rage dans certaines régions allait arriver chez vous, n'est-


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  1   ce pas ?

  2   R.    Oui, c'est devenu très clair pour nous plus tôt d'ailleurs, dès

  3   l'attaque du village serbe de Ravno, en 1991.

  4   Q.    Au mois de septembre 1991 ?

  5   R.    Oui, oui.

  6   Q.    Donc, dès le début de l'agression due à l'armée serbe de Bosnie qui

  7   devait devenir plus tard l'armée de la Republika Srpska, Sarajevo a été

  8   occupé et assiégé et la présidence de Bosnie-Herzégovine a pris une

  9   décision qui déclarait qu'il existait une menace imminente de guerre,

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Je crois que cela s'est passé le 6 avril ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Et immédiatement après cela, M. Mate Boban a signé un décret qui

 15   créait le Conseil croate de défense, n'est-ce pas ?

 16   R.    Oui, c'est exact.

 17   Q.    C'était une mesure indispensable, nécessaire pour assurer votre

 18   défense, la défense des Croates, qui ressentiez l'existence d'une menace

 19   contre vous, n'est-ce pas ?

 20   R.    Oui, si cette organisation n'avait pas existé, je crois que le

 21   peuple croate de Bosnie-Herzégovine tout entier aurait vécu beaucoup plus

 22   mal la guerre qu'il ne l'a fait, et d'ailleurs, en dépit de cela, nous

 23   avons vécu cette guerre de façon très difficile.

 24   Q.    Je n'ai peut-être pas été assez précis dans ma dernière question,

 25   mais c'est bien le 8 avril que la décision créant le HVO a été prise,


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  1   n'est-ce pas, cela ne pose aucun problème cette date ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Monsieur Prskalo, vous êtes entré au HVO en juin 1992, n'est-ce

  4   pas ?

  5   R.    Oui, je suis entré au HVO en juin 1992, au moment d'ailleurs où le

  6   siège de la zone opérationnelle de Bosnie centrale se trouvait à Uskoplje,

  7   c'est-à-dire dans la ville que l'on connaît mieux : car c'était son nom

  8   antérieur- sous le nom de Gornji Vakuf.

  9   Le colonel Blaskic est arrivé au commandement de cette zone opérationnelle

 10   et à ce moment-là j'ai reçu pour mission de diriger le bureau chargé des

 11   informations et de la propagande.

 12   Q.    Merci, merci. Pour que tout soit clair, vous êtes arrivé dans la

 13   zone opérationnelle à un moment où l'ancien commandant M. Zoric, surnommé

 14   Zulu, a quitté ses fonctions juste avant que le colonel Blaskic ne prenne

 15   les siennes, n'est-ce pas ?

 16   R.    Oui, oui.

 17   Q.    Vous venez de dire qu'à ce moment-là vous avez été chargé de diriger

 18   le bureau chargé des informations et de la propagande. Dites-moi, je vous

 19   prie, était-il effectivement interdit aux soldats membres du HVO d'avoir

 20   une activité politique ? Et vous-même, est-ce que vous vous occupiez de

 21   l'action politique des partis politiques ou de quelque chose de

 22   complètement différent ?

 23   R.    Au sein du HVO on ne faisait pas de politique car il y avait une

 24   interdiction d'exercer une activité politique au sein du HVO. En d'autres

 25   termes, nous avons eu la tâche qui était totalement différente. Ceci tout


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  1   d'abord concernait les activités d'information, ensuite le moral des

  2   troupes, les activités culturelles, également de répondre aux besoins

  3   psychologiques des soldats du HVO. Nous n'avons pas fait de politique,

  4   comme je l'ai dit, car il y avait des partis politiques qui étaient en

  5   dehors de l'armée et qui exerçaient ce type d'activité.

  6   Q.    Vous avez énuméré un certain nombre d'activités, vous avez parlé de

  7   la formation et aussi des soldats ou bien vous ne l'avez pas dit ?

  8   R.    Oui, vous avez raison, j'ai omis de le dire.

  9   Q.    Monsieur Prskalo, dans votre zone opérationnelle et là nous parlons

 10   de ce que vous savez, vous avez organisé un certain nombre de conférences

 11   de presse, je pense que ça a eu lieu à Bijela et vous avez convoqué aussi

 12   bien les citoyens à ces conférences de presse, vous avez de cette manière

 13   là informé de ce qui se passait au sein du HDZ, HVO vous en avez également

 14   informé les citoyens et la communauté internationale ?

 15   R.    Oui, vous avez raison, nous avons organisé des conférences de presse

 16   qui ont été tenues par des hommes politiques, il y avait des conférences

 17   de presse qui ont été organisées par les représentants du commandement de

 18   la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Ce que je me dois de vous dire,

 19   c'est que ces deux types de conférence de presse ont réuni aussi bien les

 20   personnalités politiques, que par exemple, je me souviens d'autres

 21   représentants outre le colonel Blaskic qui a assisté à ces conférences, il

 22   y avait d'autres officiers militaires. Le colonel Blaskic a parlé de ce

 23   qui s'était passé au niveau militaire en Bosnie centrale mais de temps à

 24   autre M.  Kordic assistait également à ce type de conférences et il avait

 25   comme sujet à débattre des  activités politiques. Par exemple il avait


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  1   parlé des demandes de la communauté internationale qui étaient introduites

  2   ou bien des conclusions  auxquelles on est arrivés au sein des négociation

  3   par la suite. Il y avait d'autres personnes comme Anto Valenta venu pour

  4   parler des aspects économiques et des activités économiques donc il y

  5   avait des personnes différentes qui participaient à ces conférences de

  6   presse.

  7   Q.    Nous allons éclaircir ce que vous venez de dire. Il y avait donc

  8   deux types de conférence de presse des conférences, celles liées à

  9   l'armée, à l'activité de l'armée et d'autres conférences de presse où les

 10   politiques ont pris part, ainsi que les représentants de la zone

 11   opérationnelle, le plus fréquemment, c'était le colonel Tihomir Blaskic

 12   n'est-ce pas ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Vous-même avec le colonel Blaskic vous étiez présents à ces

 15   conférences de presse où il n'y avait pas uniquement les hommes politiques

 16   mais aussi les représentant du gouvernement tel Anto Valenta. Vous étiez

 17   avec eux donc il fallait peut-être donner lecture, proclamation

 18   différente ?

 19   R.    J'ai assisté de temps à autres à ces conférences ; j'avais comme

 20   tâche de donner lecture d'un certain nombre de proclamations ou de

 21   communications ou de communiquer qui concernaient les opérations

 22   militaires.

 23   Q.    Merci. Nous allons passer aux paragraphes 19 et 20, c'est le

 24   chapitre D. Monsieur Prskalo, vous savez que le Bureau du Procureur essaie

 25   d'affirmer que les Croates sont incriminés de planifier et d'inciter la


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  1   persécution de tous ceux qui n'appartenaient pas aux groupes ethniques

  2   croates. Qu'en pensez-vous ?

  3   R.    Moi je dois dire que ce n'est pas du tout exact car en réalité ce

  4   n'était pas le cas. Nous savons ce qui s'était passé dans le territoire de

  5   Bosnie-Herzégovine, et ici je tiens à insister sur un point : en 1992, au

  6   moment où les Serbes avaient entrepris des offensives de grande envergure

  7   sur l'ensemble du territoire de. Bosnie-Herzégovine, quand ils ont attaqué

  8   des villages et de villes croates, mais aussi des villages et villes

  9   musulmanes, dans un tel contexte et dans de telles circonstances, les

 10   Serbes qui avaient leurs objectifs de vouloir préserver tout le territoire

 11   de Bosnie-Herzégovine dans le cadre de la Yougoslavie car en effet, le

 12   parti serbe démocratique avait pour objectif de rester dans un seul et

 13   même état, ce qui est complètement absurde et ce qui est inconcevable, ce

 14   qui n'est pas permis dans un pays démocratique.

 15   Q     Excusez-moi de vous interrompre. Je ne vais pas vous interrompre,

 16   car sinon nous allons perdre de l'interprétation, mais nous allons faire

 17   pas à pas s'il vous plaît.

 18   R.    Oui, d'accord.

 19   Q.    Donc vous avez donné quelque peu le back ground, vous avez parlé du

 20   contexte dans lequel vous avez agi fin 1992, mais si nous prenons

 21   fin 1992, début 1993, les Croates en Bosnie-Herzégovine, vous étiez

 22   répartis dans plusieurs territoires, vous étiez dans des poches, dans des

 23   enclaves ?

 24   R.    Oui les Croates de Bosnie centrale étaient dans des enclaves et

 25   restreints dans un territoire très précis. Donc il est tout à fait


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  1   inconcevable de vouloir prétendre que de Croates de Bosnie voulaient

  2   persécuter qui que ce soit, de quelque peuple qu'il s'agisse car nous

  3   étions pratiquement séparés. Moi je vous donner à titre d'illustration un

  4   exemple : nous avons eu l'enclave Novi TravnikVitez-Busovaca en Bosnie

  5   centrale. Ensuite une autre enclave de Vares, ensuite l'enclave Kiseljak

  6   et il y en avait d'autres, il ne faut pas perdre de vue que ces enclaves

  7   étaient encerclées en partie par des Serbes et en partie par des Croates.

  8   Il est inconcevable de vouloir prétendre que les Croates avaient

  9   l'intention de persécuter qui ce soit et qu'une telle politique existait

 10   car une telle politique n'était pas conçue ni auprès des hommes politiques

 11   ni personne... Personne d'autre n'a pu avoir une telle idée, notre

 12   objectif principal était de préserver la Bosnie-Herzégovine et à plusieurs

 13   reprises, j'ai parlé de ces choses, il y a un certain nombre de documents

 14   où l'on souligne que c'était notre objectif fondamental.

 15   Q.    Merci. Je pense que vous avez fait un lapsus. Vous avez dit que les

 16   enclaves étaient encerclées d'un côté par les Serbes, de l'autre par les

 17   Croates. Probablement vous pensiez aux Musulmans ?

 18   R.    Oui, je m'en excuse.

 19   Q     Quand nous parlons des enclaves, je voudrais rappeler à la Chambre

 20   que dans le volume 3, tableau H, nous avons présenté les enclaves dont

 21   parle le témoin.

 22   Monsieur Prskalo, nous allons donc mener à terme ce thème. Avez-vous

 23   entendu vous-même qu'un soldat ou quelqu'un qui vous était supérieur ou

 24   subordonné avait mis en application "cette politique de persécution en

 25   l'encontre des Musulmans" ?


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  1   R.    Non, je n'ai jamais entendu dire ni par nos commandants ni par les

  2   soldats ni pas les politiques qui auraient parlé d'une telle politique, se

  3   serait engagés pour une telle politique.

  4   Q.    Vous savez par ailleurs que dans le cadre de ce procès, on essaie

  5   de prouver que le HDZ de Bosnie-Herzégovine avait un certain nombre de

  6   contacts, au niveau des ordres avec la chaîne de commandement en Croatie

  7   et ceci, sous forme de commissaire politique. Je pense que vous êtes bien

  8   placé comme témoin pour pouvoir nous en parler étant donné que vous étiez

  9   assistant du commandant de la zone opérationnelle en Bosnie centrale,

 10   chargé de ces activités d'information de la propagande. Est-ce que ceci

 11   est exact ?

 12   R.    Non ceci n'est pas exact du tout et je vais vous dire comment moi-

 13   même j'ai été nommé et puis je sais aussi comment d'autres assistants ont

 14   été nommés, ceux qui étaient chargés des informations de la propagande.

 15   Nous n'avons jamais été des commissaires politiques, comme en Union

 16   soviétique qui avait de très grandes prérogatives. Nous étions en fonction

 17   de militaire, en fonction des tâches militaires, nous n'avons jamais eu de

 18   telles fonctions.

 19   Q.    Outre vous-même, qui avez exercé cette activité, il n'y avait pas de

 20   représentant du HDZ politique qui aurait été nommé à un poste au sein de

 21   l'armée ?

 22   R.    Non, on n'avait personne du HDZ mais on n'avait jamais reçu

 23   d'instructions ou d'ordres de la part du HDZ ou d'un autre parti.

 24   Q.    Je vais résumer. Monsieur Prskalo, vous voulez parler d'une chaîne

 25   de commandement normale dans votre zone opérationnelle. On savait


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  1   pertinemment qui était le commandant, le colonel Blaskic, dans la zone

  2   opérationnelle, le colonels Siljeg, les deux avaient leur supérieur au

  3   grand état-major ?

  4   R.    Oui, le grand état-major était celui devant lequel il était

  5   responsable, c'était une chaîne de commandant qui a été créée de telle

  6   façon, comme ceci correspondait au contexte au moment donné.

  7   Q     Pendant que vous étiez au commandement de la zone opérationnelle,

  8   avez entendu dire ou d'une source ou par le colonel Blaskic ou par

  9   quelqu'un d'autre, qu'éventuellement, un homme politique représentant d'un

 10   parti politique ait donné des instructions au colonel Blaskic pour des

 11   opérations militaires qu'il avait à entreprendre.

 12   R.    Au cours de mon travail, je n'ai jamais entendu dire que le colonel

 13   Blaskic ait eu des instructions ou des ordres de quelconque politique que

 14   ce soit. Et partout où le HVO avait opéré, je n'ai jamais entendu qu'un

 15   commandant ait eu des instructions ou un ordre d'un politique.

 16   M. Benounna : Je voudrais demander au major Prskalo : major, pensez-

 17   vous que le colonel Blaskic opérait de façon complètement autonome sans

 18   aucune relation avec aucune autre autorité ? Vous qui êtes un homme

 19   politique ?

 20   R.    Il avait des prérogatives qui concernaient son domaine d'activité.

 21   Il était commandant dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale alors

 22   que le grand état-major était quelqu'un qui lui a été supérieur.

 23   M. Benounna : D'où recevait-il ses instructions ? D'où le

 24   colonel Blaskic selon vous, recevait-il ses instructions ?

 25   R.    Je suppose qu'il a reçu des instructions du grand état-major.


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  1   M. Benounna : Je vous remercie.

  2   M. Naumovski (interprétation) : Merci. Nous pouvons poursuivre.

  3   Monsieur Prskalo, il s'agit du chapitre E, paragraphes 21 jusqu'à 23.

  4   Juste quelques questions. Savez-vous qu'en octobre 1992, les forces de

  5   l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient arrêté à Ahmici un convoi avec les

  6   soldats du HVO qui devaient se rendre sur le front de Jajce ?

  7   R.    Oui, je sais qu'en octobre 1992, ce convoi a été arrêté et le HVO

  8   envoyait des soldats sur la ligne de front face à Jajce. Etant donné qu'à

  9   ce moment-là, ce théâtre d'opération a été menacé. Il y avait un risque

 10   que les Serbes de Bosnie s'emparent de ce territoire et qu'ils pénètrent

 11   jusqu'à Travnik. Cette colonne a été arrêtée. Si vous le permettez, je

 12   peux poursuivre et vous dire les détails, ce qui s'était passé en même

 13   temps quand cette colonne, ce convoi a été arrêté, l'armée de Bosnie-

 14   Herzégovine à Novi Travnik attaque les Croates de Bosnie ou plutôt, des

 15   positions du HVO avec l'objectif de prendre un espace, un territoire assez

 16   important où se trouvait l'usine de fabrication militaire. Elle était

 17   extrêmement importante pour les opérations militaires. Donc, dans des

 18   circonstances critiques quand il fallait protéger, défendre Jajce, l'armée

 19   de Bosnie-Herzégovine entreprend un certain nombre de démarches qui sont

 20   absolument inconcevables. Je me dois de dire que tout ce qui s'est passé à

 21   ce moment-là et les débuts de la guerre à Novi Travnik nous a coûté cher,

 22   car nous avons perdu Jajce. C'était un préjudice pour les Musulmans et

 23   pour les Croates car nous étions des alliés et nous avons eu à nous

 24   combattre contre l'agresseur. A cette époque-là, c'étaient des Serbes.

 25   Q.    Entendu. Par conséquent, vous avez dit quelle était la raison pour


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  1   laquelle l'armée de Bosnie-Herzégovine a attaqué les Croates. Il s'agit de

  2   l'usine Brasvo. Vous-mêmes, les Croates, vous avez réussi à reprendre le

  3   contrôle de l'usine après octobre 1992 ?

  4   R.    Une fois que cette usine a été prise à Novi Travnik, les Croates

  5   jusqu'à la fin de la guerre n'ont jamais réussi à reprendre le contrôle de

  6   l'usine.

  7   Q.    Je pense que vous connaissez aussi un autre détail qui confirme ce

  8   que vous venez de dire : qui a attaqué qui à Novi Travnik ? Il y avait

  9   commandant du HVO dont la famille est restée dans la rue Kalinska. Voulez-

 10   vous nous en donner le détail ?

 11   R.    Oui, je connais ce cas et la meilleure preuve justement, c'est que

 12   le commandant du HVO avait sa propre famille qui était restée à la rue

 13   Kalinovska. Par conséquent, s'il était vrai ce que les Musulmans disaient

 14   que c'étaient les Croates qui avaient attaqué en premier, à ce moment-là,

 15   le commandant n'aurait pas laissé sa propre famille dans la rue Kalinska

 16   qui a été sous le contrôle des Musulmans.

 17   Q.    Merci. Monsieur Prskalo, vous étiez membre d'une commission

 18   conjointe créée après ces conflits de Novi Travnik, commission créée entre

 19   les deux parties. C'était pour assurer la paix et essayer de surmonter les

 20   problèmes, de restituer les biens, d'échanger les prisonniers. Vous vous

 21   en souvenez ?

 22   R.    Oui. J'étais membre de cette commission. Il y en avait deux autres

 23   membres à part moi, représentants du HVO qui étaient membres de cette

 24   commission, M. Stanislav Nusbaum et Svonko Vukovic. Nous avions de l'autre

 25   côté aussi les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine et la tâche de


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  1   cette commission était d'apaiser la situation, d'essayer de procéder à

  2   l'échange des prisonniers et comme vous avez dit aussi, de restituer les

  3   biens. On pense tout particulièrement aux véhicules car on avait confisqué

  4   un certain nombre de véhicules aux particuliers.

  5   Q.    Encore une autre question s'il vous plaît. Qui vous a nommé dans

  6   cette commission de la part du HVO ?

  7   R.    Nous avons obtenu l'ordre du colonel Blaskic.

  8   Q.    Dernière question concernant ce chapitre : est-ce que M. Kordic

  9   était membre de cette commission conjointe ?

 10   R.    Non, M. Kordic n'avait rien à faire avec cette commission. Je ne

 11   vois pas pourquoi il aurait eu à faire avec cette commission conjointe ?

 12   Q.    Quelqu'un a-t-il parlé de lui ?

 13   R.    Non, on n'en a pas parlé. Je ne vois pas pourquoi on aurait parlé de

 14   M. Kordic.

 15   Q.    Maintenant, nous allons passer au chapitre F, paragraphe 24 et plus

 16   loin, les combats qui ont eu lieu à Busovaca. Monsieur le Président,

 17   messieurs les Juges, j'aimerais verser au dossier un document. Nous allons

 18   pouvoir parler plus facilement avec le témoin. Il s'agit d'un rapport que

 19   M. Prskalo a rédigé en personne. Il était assistant de la zone

 20   opérationnelle de Bosnie centrale et chargé du bureau des informations et

 21   de la propagande. L'information qui date de 1993, du 23 janvier. Je vais

 22   demander à l'huissier de bien vouloir remettre la version en Croate à

 23   M. Prskalo.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   Mme Ameerali : Le document portera la cote D206/1.


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  1   Q.    Monsieur Prskalo, il s'agit du rapport que vous avez envoyé le

  2   23 janvier 1993 en fonction de l'assistant du commandant chargé de l'IPD.

  3   Vous envoyez ce rapport à Mostar à l'assistant du grand état-major de

  4   Mostar qui était chargé des informations et de la propagande. Ce bureau

  5   était chargé de l'information et de la propagande. Je vais attirer votre

  6   attention sur le troisième paragraphe, tout ce qui a précédé à Busovaca

  7   l'attaque qui a eu lieu le 25 janvier 1993, un certain nombre d'incidents

  8   ont précédé. Vous en parlez au paragraphe 3. Vous avez parlé d'un incident

  9   au paragraphe 3 ?

 10   R.    Oui. C'est exact. C'est un document que j'ai rédigé moi-même et je

 11   l'ai signé. Au troisième paragraphe, si vous permettez, je peux en donner

 12   lecture ?

 13   Q.    Je pense que la Chambre dispose d'une copie. Ce qui m'intéresse,

 14   c'est tout simplement que vous nous disiez quelque chose au sujet de cette

 15   attaque, à l'encontre de Ignac Kostroman qui en est sorti vivant, mais

 16   c'était de son non enlèvement que vous parlez dans ce paragraphe, n'est-ce

 17   pas ?

 18   R.    Oui, effectivement, c'est un incident qui a à lieu. Il y avait un

 19   certain nombre de circonstances heureuses qui ont fait que M. Kostroman

 20   ait pu s'en sortir vivant car c'est à ce moment-là que les représentants

 21   de la Forpronu sont passés dans un véhicule. Sinon je suis sûr que si ce

 22   n'était pas le cas, Kostroman n'aurait pas été vivant.

 23   Q.    Je pense qu'il y a une erreur de date. J'ai dit que le document date

 24   du 23 janvier 1993. Je vous ai demandé s'il s'agissait d'un incident qui a

 25   eu lieu le 20 ou 21 janvier alors que vous avez répondu que c'est à cette


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  1   date-là que l'incident a eu lieu ?

  2   R.    J'avoue que je ne me souviens pas exactement de la date de

  3   l'incident mais ceci avait eu lieu un jour ou deux avant que je ne rédige

  4   le texte, le rapport.

  5   Q.    Il y a un autre aspect de ce document, et je pense au paragraphe 4.

  6   Plus loin, vous parlez de la radio, de la télévision de Sarajevo et de

  7   Zenica qui étaient sous le contrôle de la Bosnie-Herzégovine. Monsieur

  8   Prskalo, est-ce qu'au nom de la zone opérationnelle de Bosnie centrale

  9   vous avez envoyé un certain nombre d'informations et de communiqués à la

 10   radio de Zenica et de Sarajevo ?

 11   R.    Oui, effectivement j'ai envoyé à plusieurs reprises de telles

 12   informations. Malheureusement je dois dire que ces informations n'ont

 13   jamais été publiées, n'ont jamais été communiquées au public. Et ces

 14   informations étaient rédigées de manière justement à apaiser la situation,

 15   pour rétablir la paix car le HVO n'avait pas intérêt et ne souhaitait pas

 16   la guerre avec les Musulmans et l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 17   Q.    Par conséquent, vous avez souhaité tout simplement infirmer par les

 18   faits ce qui a été une désinformation de l'autre côté ?

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Est-ce que vous voulez répéter, s'il vous plaît ?

 21   R.    Je pense que j'ai dit -et je le répète- qu'aucune communication,

 22   aucun communiqué n'a été publié comme je l'avais souhaité.

 23   Q.    Nous allons maintenant parler du 25 janvier 1993 et de la période

 24   qui a suivi. Vous savez bien évidemment que c'était le tout début de la

 25   guerre, indépendamment des incidents qui ont eu lieu entre l'armée de


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  1   Bosnie-Herzégovine et le HVO. Qui a attaqué le premier, le 25 janvier

  2   1993, qui a organisé l'attaque à Busovaca ?

  3   R.    Quand on parle de la guerre, du conflit de Busovaca, je dois dire

  4   que c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a opéré en premier et c'était

  5   une partie de leur propre stratégie, de l'objectif qu'ils poursuivaient.

  6   Ils voulaient couper les communications entre Busovaca et Kiseljak. En

  7   effet, on a procédé en trois directions... cette attaque est partie de

  8   trois directions. D'abord Busovaca Kiseljak : ils ont attaqué les villages

  9   croates qui longeaient la route de Busovaca Kiseljak, Donje Polje,

 10   Gusti Grab, Oseliste. L'objectif des forces musulmanes à cette époque-là

 11   était de s'emparer de l'axe de communication le plus important qui était

 12   l'axe d'approvisionnement. Du point de vue stratégique, c'était très

 13   important pour l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ensuite il y avait deux

 14   autres directions de l'attaque sur Busovaca qui venaient de Zenica.

 15   Par conséquent, leur objectif était de bloquer la route, de prendre les

 16   villages importants du point de vue stratégique. C'était Merdan, Grabje,

 17   les villages qui ont la position permettant aux forces qui tiennent ces

 18   villages de contrôler en même temps la route qui mène à Kaonik. C'est un

 19   carrefour entre Busovaca et Vitez. Ensuite, il y a une boucle, une route

 20   qui mène vers Zenica.

 21   Il y avait une autre direction également de leur attaque, c'était

 22   l'attaque sur l'axe de communication qui liait Ducina et Lasva, les deux

 23   villages. Quand les forces musulmanes ont pris ce territoire, ils ont pu

 24   contrôler un axe de communication très important pour l'approvisionnement.

 25   Je dois dire qu'au cours de ces opérations, il y avait des crimes très


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  1   graves qui ont été commis.

  2   M. le Président (interprétation) : Répondez aux questions que l'on vous

  3   pose. Vous avez répondu à la question maintenant.

  4   M. Naumovski (interprétation) : Merci. Monsieur Prskalo, je ne vous ai pas

  5   interrompu parce que je pensais utile de vous laisser dire les choses à

  6   votre manière mais il y a un détail qui m'intéresse, nous y reviendrons

  7   plus tard.

  8   Vous étiez membre de la commission conjointe de Busovaca et vous avez donc

  9   visité ces villages en février et en mars. Après l'offensive, je parle de

 10   Donje Polje, Gusti Grab, Oseliste, etc., vous avez eu la possibilité à ce

 11   moment-là de voir l'état dans lequel se trouvaient les maisons croates. A

 12   quoi ressemblaient ces maisons quand vous vous êtes rendu sur place ?

 13   R.    Oui, avec la mission d'observation, dans le cadre de la commission

 14   conjointe avec des membres de l'ECMM, des représentants du HVO et de

 15   l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous nous sommes rendus dans cette zone et

 16   surtout dans les villages que vous avez mentionnés à partir de Kacuni,

 17   dans la direction de Bilalovac, et malheureusement les choses que nous

 18   avons vues étaient assez catastrophiques. Les maisons qui pourtant étaient

 19   des maisons solides avaient pour la plupart été détruites, incendiées et

 20   ce n'était pas quelque chose de très agréable à voir.

 21   Q.    Bien. Nous pouvons maintenant passer à autre chose. Je vais demander

 22   un autre document, un document qui a été rédigé par M. Prskalo le

 23   26 janvier 1993, un rapport.

 24   Pendant que l'on distribue des exemplaires de ce document, je voudrais

 25   dire que la Chambre de première instance pourra le voir elle-même mais il


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  1   s'agit d'un document qui a trait aux événements de Busovaca, des

  2   événements qui ont eu lieu ce jour précis, ce jour du 26 janvier 1993.

  3   (L'huissier s'exécute.)

  4   Q.    Je pense que l'on peut placer l'exemplaire en anglais sur le

  5   rétroprojecteur, c'est un document très bref. S'agit-il d'un rapport

  6   rédigé par vos soins Monsieur Prskalo ?

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Je vous prie de m'excuser mais je pense qu'il y a un petit problème

  9   au niveau du compte rendu d'audience. Vous avez bien dit que c'étaient des

 10   maisons qui appartenaient à des Croates ?

 11   R.    Oui, j'ai bien dit que c'étaient des maisons qui appartenaient à des

 12   Croates.

 13   Q.    Monsieur Prskalo, au paragraphe premier de ce document, vous dites

 14   que Zvonko Rajic, le commandant d'une section de la Lasva est allé sur

 15   place avec trois soldats ?

 16   R.    Malheureusement les forces musulmanes ont tué M. Zvonko Rajic ainsi

 17   que 11 autres membres de la communauté croate dans la vallée de la Lasva,

 18   un crime atroce, révoltant. Il est totalement incompréhensible que de

 19   telles choses aient pu se produire. C'était le premier crime de ce type,

 20   la première atrocité qui a eu lieu en Bosnie centrale.

 21   Q.    Monsieur Prskalo, vous nous avez dit que l'un des cameramen qui se

 22   trouvait alors à Ducina et à Zenica vous a montré une vidéo et Monsieur le

 23   Président, Messieurs les Juges, je souhaiterais présenter cette vidéo et

 24   je souhaiterais que nous en visionnions une partie, un extrait très bref.

 25   M. le Président (interprétation) : Demandons tout d'abord une cote ?


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  1   Mme. Ameerali (interprétation) : Ce document portera la cote D 207/1

  2   pour le document.

  3   M. le Président (interprétation) : Maintenant, nous allons avoir une

  4   cote pour la vidéo, ce sera 208 ?

  5   Mme. Ameerali (interprétation) : Oui, la vidéo portera la

  6   cote D 208 1.

  7   M. le Président (interprétation) : Il s'agit Maître Naumovski d'un

  8   extrait de la vidéo en question ?

  9   M. Naumovski (interprétation) : Oui, un extrait d'une très grande

 10   brièveté, une ou deux minutes. La vidéo quant à elle est beaucoup plus

 11   longue et nous fournirons un exemplaire de la totalité de cette vidéo à

 12   l'accusation. Je vais demander que soit lancée la vidéo.

 13   (Diffusion de la vidéo.)

 14   Nous pouvons faire un arrêt sur image ici, merci. Monsieur Prskalo, vous

 15   avez vu cette vidéo déjà en 1993. Quel est le corps de la personne qu'on

 16   voit ici ?

 17   R.    On voit qu'il y a une partie du corps qui manque.

 18   C'est le corps de M. Rajic.

 19   Q.    Je crois que nous pouvons voir le reste de cet extrait très bref.

 20   (Diffusion de la vidéo.)

 21   Q.    Je pense que cela suffit.

 22   Plus tard vous êtes allé à Ducina. Vous aviez des informations sur ceux

 23   qui avaient commis ces crimes à Ducina ?

 24   R.    Oui. Je suis allé à Ducina suite aux évènements. Avec la mission

 25   d'observation, nous sommes aussi allés dans des villages dans la vallée de


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  1   la Lasva  et d'après les informations que nous avions, c'étaient des

  2   membres de la 7ème Brigade qui s'était rendue coupable de ces crimes

  3   atroces. J'ai aussi entendu dire que des membres de le 305èmeBrigade de

  4   Jajce et des membres de la 17ème Brigade de Kraiska ont participé à ces

  5   crimes.

  6   Q.    Merci. Vous savez aussi qu'un certain nombre de civils ont été

  7   emmenés dans un camp ?

  8   R.    Oui. J'ai obtenu des informations selon lesquelles quelques

  9   30 civils croates avaient été emmenés au camp Kacuni, un village qui était

 10   entre les mains des Musulmans suite à ces atrocités.

 11   Q.    C'était le camp qu'on désignait sous les termes de Silo à Kacuni ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Quand vous étiez à Ducina, avez-vous eu l'occasion de voir les

 14   maisons croates ?

 15   R.    Oui, les maisons croates étaient détruites, nous avons rencontré un

 16   petit groupe de civils, ils étaient terrorisés, et ne sachant pas qui nous

 17   étions exactement, ils étaient un peu réticents, ils ne voulaient pas

 18   vraiment nous parler.

 19   Q.    Pendant les combats qui ont eu lieu dans la municipalité de

 20   Busovaca, sur l'ensemble du territoire de la municipalité, est-ce que vous

 21   avez appris si l'armée de Bosnie avait pilonné la ville de Busovaca et les

 22   zones environnantes ?

 23   R.    Oui l'armée des Musulmans de Bosnie a attaqué la ville de Busovaca

 24   ainsi que les environs de la ville.

 25   Q.    Dernière question à ce sujet, Monsieur Prskalo. Est-ce que le HVO


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  1   est jamais parvenu à reprendre le contrôle de ces axes de communication

  2   névralgiques que vous avez mentionnés ?

  3   R.    Après ces opérations à Busovaca, après la guerre qui a eu lieu à

  4   Busovaca, les Croates ne sont jamais parvenus à reprendre le contrôle de

  5   ces zones jusqu'à la fin de la guerre.

  6   Q.    Bien, nous pouvons avancer. J'ai quelques questions à vous poser au

  7   sujet de la commission conjointe de Busovaca. Les Juges de la Chambre ont

  8   eu l'occasion d'entendre beaucoup de témoin à ce sujet, mais vous en

  9   faisiez partie du 30 janvier 1993 jusqu'au 10 mars 1993. C'est bien exact

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Vous avez été nommé à ce poste par qui ?

 13   R.    J'ai été nommé pour faire partie de la commission conjointe suite à

 14   une décision prise par le colonel Blaskic. Et il y avait aussi M. Franjo

 15   Nakic qui a été nommé, c'était le chef d'état major de la zone

 16   opérationnelle de Bosnie centrale.

 17   Q.    Pendant un certain temps, vous avez siégé au sein de cette

 18   commission avec lui ?

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Une autre question : est-ce que M. Kordic a jamais été invité à une

 21   réunion de cette commission, a t-il participé aux négociations dans

 22   lesquelles était impliquée cette commission, a t-il fait un travail

 23   quelconque ?

 24   R.    On n'a jamais invité M. Kordic à participer à cette réunion, il n'a

 25   jamais participé à aucune négociation ayant lieu dans le cadre du travail


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  1   de cette commission.

  2   Q.    Passons maintenant au paragraphe 30. J'ai un certain nombre de

  3   questions au sujet des combats à Vitez ou la poursuite de la guerre en

  4   avril 1993.

  5   Il n'y a aucune contestation au sujet du fait que le 16 avril 1993, des

  6   combats très durs se sont déclenchés à Vitez ?

  7   R.    Oui, oui c'est indiscutable et je peux confirmer la chose car

  8   j'étais sur place, mais je dois dire que le 16 avril, ce n'est pas

  9   vraiment le jour du début de la guerre à Vitez parce qu'on peut dire que

 10   les combats ont en fait commencé dans la nuit du 15 avril, quand les

 11   forces musulmanes ont attaqué une hauteur, un plateau qui se trouvait dans

 12   la direction de Zenica. Et c'est là qu'a commencé la guerre à ce moment-

 13   là. Il y a eu des combats extrêmement durs à cet endroit et ce n'est que

 14   le lendemain le 16 avril que les combats se sont intensifiés et se sont

 15   propagés dans la région.

 16   Q.    Vous nous parlez d'un point géographique extrêmement important,

 17   c'était le mont Kuber n'est-ce pas ?

 18   R.    Oui, le mont Kuber.

 19   Q.    Et c'est un point qui domine le village de Loncari ?

 20   R.    Oui, le village de Loncari, de Putis et de Jelina.

 21   Q.    Le HVO a d'abord perdu ce point et a dû se retirer en bas du mont

 22   Kuber ?

 23   R.    Oui, le HVO a dû battre en retraite car l'attaque lancée par l'armée

 24   de Bosnie-Herzégovine était extrêmement violente..

 25   Q.    Monsieur Prskalo, étant donné vos fonctions, vous étiez informé de


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  1   ce qui se passait pendant ces journées. Avant cette offensive, il y a eu

  2   un grand nombre d'actes de provocation, des officiers ont été enlevés, des

  3   choses de ce genre se sont produites.

  4   R.    Tout à fait exact. Avant le début de ces combats extrêmement

  5   intenses qui ont commencé le 16 avril il y a eu un certain nombre de

  6   provocations, surtout d'ailleurs dans les jours qui ont précédé

  7   l'offensive. Je voudrais signaler à l'intention de la Chambre de première

  8   instance un événement qui a eu lieu dans la zone de Novi Travnik, lorsque

  9   le 13 avril des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, et en

 10   particulier des membres de la septième brigade musulmane ont enlevé trois

 11   officiers du HVO et leur chauffeur. Ceci a été suivi d'un autre incident

 12   qui pour moi aussi est tout à fait incompréhensible, un incident qui a eu

 13   lieu le 15 avril, au début de la journée, à l'aube.

 14   Lorsque le commandant de la brigade du HVO, Zifko Totic, a été attaqué, il

 15   se trouvait dans un véhicule en compagnie d'une escorte militaire. Ces

 16   gens étaient criblés de balle... Puis-je poursuivre ?

 17   M. le Président (interprétation) : Essayons de nous concentrer sur

 18   ce qui est vraiment pertinent. Il faut savoir, monsieur Prskalo, que nous

 19   avons déjà entendu un grand nombre de témoins dans cette affaire. Comme

 20   vous le comprendrez, ces incidents, la Chambre de première instance en a

 21   déjà entendu parler à de très nombreuses reprises. Mieux vaudrait que vous

 22   essayiez de répondre précisément aux questions que le conseil de la

 23   défense souhaite vous poser.

 24   Q.    Merci monsieur le Président. Monsieur Prskalo, M. Totic va venir

 25   déposer lui-même. Il sera en mesure de nous relater cet événement. Mais


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  1   ceci me permet de vous poser une autre question que je souhaitais vous

  2   poser. Vous étiez présent lors d'une conférence de presse extraordinaire

  3   qui a eu lieu le lendemain de l'enlèvement du commandant Zifko Totic. Et

  4   c'est à cause de l'enlèvement qu'on a organisé la conférence de presse en

  5   question ?

  6   R.    Oui effectivement, j'ai participé à cette conférence de presse, une

  7   conférence de presse exceptionnelle qui a été organisée du fait de

  8   l'enlèvement du commandant Totic, et lors de cette conférence de presse

  9   j'ai donné lecture d'une déclaration relative à cet incident malheureux.

 10   Le colonel Blaskic est intervenu lui-même pendant la conférence de presse

 11   et M. Kordic était présent également. La conférence de presse avait pour

 12   objectif unique d'informer l'opinion publique de ce qui s'était passé

 13   parce que nous ne voulions pas que se produise ce qui malheureusement

 14   s'est produit ultérieurement.

 15   Q.    Monsieur Prskalo, vous avez entendu tous ceux qui se sont exprimés

 16   lors de cette conférence, y compris M. Kordic ?

 17   R.    Oui, j'ai entendu M. Kordic s'exprimer, je dois dire que son

 18   intervention était extrêmement modérée. Il a utilisé un langage très

 19   modéré, dans un esprit de conciliation, il n'a nullement utilisé de termes

 20   injurieux envers les Musulmans ou quiconque. Il a simplement exprimé le

 21   sentiment d'horreur que lui inspirait cet acte qui avait été commis.

 22   D'après nos informations, c'était le fait de membres de la 7ème brigade

 23   musulmane.

 24   Q.    Les Juges de la Chambre disposent de la transcription de la

 25   conférence de presse, donc nous n'allons pas nous appesantir sur cette


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  1   question car cela se passe de commentaires.

  2   Vous savez donc que cette conférence de presse a été enregistrée et

  3   diffusée à de nombreuses reprises à la télévision ce jour-là ?

  4   R.    Oui, cet incident malheureux a fait l'objet de reportage à la

  5   télévision locale de Busovaca. L'objectif était d'informer aussi bien la

  6   population croate que la population musulmane, car de Zenica on pouvait

  7   voir les émissions diffusées par cette chaîne de télévision.

  8   Q.    Et du fait de vos fonctions, vous étiez appelé à suivre les médias

  9   locaux, y compris la télévision de Vitez. Est-ce qu'il y a d'autres

 10   allocutions, autres que celles de M. Kordic qui ont été montrées à la

 11   télévision ce jour-là ?

 12   R.    Je ne pense pas qu'il y ait d'autres discours de M. Kordic qui aient

 13   été diffusés à la télévision ce jour-là, à l'exception de son allocution

 14   lors de la conférence de presse.

 15   Q.    Et si cela avait été le cas, vous l'auriez su du fait de vos

 16   fonctions ?

 17   R.    Oui, je l'aurais su du fait de mes fonctions.

 18   Q.    Dernier thème que je souhaite aborder au sujet des combats à Vitez,

 19   avec Zoran Bilicic vous avez participé aux négociations de cessez-le-feu

 20   qui ont eu lieu les 16 et 17 avril 1993 sous l'égide de la Forpronu et en

 21   l'occurrence du Bataillon britannique. Mais le 17 avril 1993 un autre

 22   incident malheureux s'est produit, n'est-ce pas ?

 23   R.    Oui, après la fin de la réunion de négociation, alors que je

 24   retournais vers Nova Bila depuis la base, avant d'entrer au quartier

 25   général de l'hôtel Vitez, les officiers britanniques ne sont pas allés


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  1   directement à l'hôtel. Nous avons été pris sous les tirs des forces

  2   musulmanes qui venaient du côté musulman. Nous avons été blessés.

  3   Q.    Qui vous a blessés ?

  4   R.    Des membres des forces musulmanes de Stari Vitez parce que c'était

  5   un espace dégagé où nous nous trouvions. Le QG du HVO se trouvait très

  6   près de Stari Vitez où étaient déployés les soldats musulmans.

  7   Q.    Dernière question à ce sujet. Monsieur Prskalo, vous avez séjourné à

  8   l'hôpital, ensuite vous avez été en convalescence pendant trois mois ?

  9   R.    Oui, il m'a bien fallu trois mois pour me remettre car j'avais été

 10   blessé grièvement.

 11   Q.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je sais qu'il ne me

 12   reste que deux ou trois minutes. Je m'apprête à passer au dernier thème

 13   que je souhaite aborder avec ce témoin. Donc le moment est peut-être bien

 14   choisi pour faire la pause car je ne serai pas en mesure de terminer en

 15   deux ou trois minutes. Je ne pense pas en avoir pour plus de dix minutes

 16   pour en terminer avec l'interrogatoire principal.

 17   M. le Président (interprétation) : Fort bien. Nous allons donc lever

 18   l'audience et faire une pause de 30 minutes..

 19   L'audience, suspendue à 10 heures 56, est reprise à 11 heures 32.

 20   M. le Président : Maître Naumovski, vous avez la parole.

 21   Q.    Merci monsieur le Président. Monsieur Prskalo, nous avons déjà parlé

 22   à plusieurs reprises de Dario Kordic. J'aimerais que nous résumions ce que

 23   vous avez déjà dit pour arriver au terme de cet interrogatoire. Vous

 24   connaissiez Dario Kordic. Vous l'avez connu depuis l'année 1990 jusqu'à la

 25   fin de la guerre tout au long de votre travail politique. Que


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  1   représentait-il à vos yeux ? C'est exact : j'ai connu Dario Kordic pendant

  2   toute la durée de la guerre. A mes yeux, il était un représentant

  3   politique puisqu'à l'époque, il était vice-président de la communauté

  4   croate de Herceg-Bosna.

  5   Q.    Dans vos souvenirs, avait-il des responsabilités au sein de la

  6   République croate d'Herceg-Bosna ?

  7   R.    Plus tard, quand la République de Herceg-Bosna a été créée, il a

  8   rempli les fonctions de vice-président au sein de cette République. Donc,

  9   c'était un homme politique.

 10   Q.    Je ne vous ai pas tout à fait bien compris. Je vous prie de

 11   m'excuser. Nous avons d'abord parlé de la communauté croate de Herceg-

 12   Bosna, mais au sein de la République croate de Herceg-Bosna, le poste de

 13   vice-président n'existait pas. J'ai cru vous entendre dire qu'il avait été

 14   vice-président de cette République. Je vous parlais de la République

 15   croate de Herceg-Bosna. Il n'existait qu'un président au sein de la

 16   République croate de Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?

 17   R.    Oui, je me suis trompé. Je vous prie de m'excuser.

 18   Q.    Dans le cadre de votre déposition, vous avez dit qu'en tant

 19   qu'adjoint au commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale

 20   chargé de l'IPD, donc de l'information et de la propagande, vous étiez à

 21   un poste où vous aviez une vision très précise de tout ce qui s'est passé

 22   au cours de la guerre. Nous avons déjà parlé des conférences de presse.

 23   Vous teniez certaines conférences de presse en tant que soldat, des

 24   conférences distinctes des autres conférences de presse où apparaissaient

 25   les hommes politiques et les représentants du gouvernement dont M. Valenta


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  1   ainsi que d'autres représentants importants du Gouvernement et de la zone

  2   opérationnelle. Vous voyiez donc à partir de ces conférences de presse ces

  3   évènements sous un angle professionnel dans le cadre de vos fonctions. Et

  4   vous devez savoir sans doute que le Procureur affirme qu'en 1992 ou en

  5   tout cas, dans le cadre de ces conférences de presse, M. Kordic aurait dit

  6   que le village d'Ahmici serait brûlé, incendié et rasé, à moins que le

  7   barrage routier érigé par l'armée de Bosnie-Herzégovine près du cimetière

  8   catholique d'Ahmici en octobre 1992 ne soit démantelé. Est-ce exact ?

  9   R.    Je ne peux pas dire que c'est exact. C'est absolument absurde,

 10   insensé.

 11   Q.    Auriez-vous entendu dire que quelqu'un d'autre avait proféré cette

 12   menace ? Une autre personne que M. Kordic ?

 13   R.    Je n'ai jamais entendu parler d'une personne qui aurait proféré une

 14   telle menace, qu'il s'agisse de représentant croate travaillant dans le

 15   civil ou de militaire croate.

 16   Q.    Nous avons parlé de la conférence de presse qui s'est tenue le

 17   15 avril 1993 lors de l'enlèvement de Zifko Totic qui était à l'époque

 18   colonel. Nous vous avons montré des cassettes vidéos qui correspondent aux

 19   pièces à conviction de l'accusation Z665 et Z665.2. Sur ces images, nous

 20   voyons donc la conférence de presse à laquelle vous avez assisté?

 21   R.    Oui, j'ai visionné ces cassettes vidéos. Ce sont des cassettes qui

 22   montrent des images tirées de cette conférence de presse effectivement.

 23   Q.    Vous avez déjà parlé d'un certain nombre d'évènements qui ont déjà

 24   fait l'objet de relations de la part d'autres témoins, donc nous n'avons

 25   pas besoin d'y revenir, mais j'ai une question à vous poser pour en finir


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  1   avec cette question des conférences de presse. Ce 15 avril, d'après ce que

  2   vous savez, seules les images de la conférence de presse du 15 avril 1993

  3   tenue à Busovaca ont été montrées à la télévision, n'est-ce pas ?

  4   R.    Oui.

  5   Q. Vous avez dit que M. Kordic était une personnalité politique.

  6   (Signe affirmatif du témoin.)

  7   Ma question est la suivante : M. Kordic, en tant que représentant

  8   politique avait-il la compétence nécessaire pour émettre des ordres

  9   destinés que soit y compris à la police militaire, à des unités

 10   spéciales ou à d'autres personnes ?

 11   R.    Ce que je peux dire, c'est que M. Kordic n'avait pas cette

 12   possibilité. Il ne l'a pas fait pour autant que je le sache. Il n'a émis

 13   aucun ordre de cette nature. Ces ordres émanaient de soldats, de membres

 14   du HVO.

 15   Q.    Avez-vous jamais entendu dire qu'un autre ou que cela aurait été

 16   fait par M. Kordic ? Est-ce qu'un autre officier par exemple vous l'aurait

 17   dit ?

 18   R.    Non. Je n'ai jamais entendu dire une chose de ce genre.

 19   Q.    Vous savez que certains s'adressaient à M. Kordic en l'appelant

 20   colonel. Avait-il à votre connaissance un grade ?

 21   R.    Oui, je suis au courant de cela. Je sais qu'un grade a été décerné à

 22   M. Kordic à un certain moment, mais je crois que c'était un grade

 23   théorique, que cela était fait parce qu'il devait participer à des

 24   pourparlers à Sarajevo avec des représentants de la communauté

 25   internationale.


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  1   Q.    A quel moment ?

  2   R.    A la fin de 1992, mais je ne me rappelle pas la date exacte.

  3   Q.    Pendant toute la durée de vos fonctions dans la zone opérationnelle

  4   de Bosnie centrale, avez-vous jamais entendu dire que M. Kordic aurait

  5   jamais utilisé ce grade théorique ou formel –je ne sais pas très bien

  6   comment l'appeler- ce grade honorifique, pour émettre des ordres ou des

  7   instructions destinés à des unités en vue d'une action militaire ?

  8   R.    Non, je n'ai jamais entendu dire que M. Kordic aurait utilisé ce

  9   grade pour émettre un ordre quelconque.

 10   Q.    Vous avez dans le cadre de vos fonctions communiqué avec un très

 11   grand nombre de personnes. Vous aviez des officiers qui dépendaient de

 12   vous et qui travaillaient dans les brigades. Vous communiquiez avec tous

 13   les représentants du HVO sur le territoire de la zone opérationnelle de

 14   Bosnie centrale par l'intermédiaire de vos subordonnés. Avez-vous jamais,

 15   à quelque moment que ce soit, reçu une information quelconque selon

 16   laquelle M. Kordic aurait à quelque moment que ce soit émis un ordre

 17   militaire ?

 18   R.    Aucun des adjoints du commandement chargé de l'IPD dans les brigades

 19   et aucun autre officier ne m'a jamais dit que M. Kordic aurait à un moment

 20   quelconque émis un ordre quelconque.

 21   Q. Monsieur Prskalo, je vous remercie de votre réponse. Monsieur le

 22   Président, j'en ai terminé avec mon interrogatoire. Je vous

 23   remercie.

 24   (Le témoin Marko Prskalo est interrogé par Me Kovacic.)

 25   M. Kovacic (interprétation) : Merci, monsieur le Président. Monsieur


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  1   Prskalo, j'ai deux brèves questions à vous adresser pour profiter de votre

  2   présence dans ce prétoire. Au cours de votre déposition, vous avez dit

  3   avoir été à Novi Travnik et avoir siégé à la commission conjointe après le

  4   conflit d'octobre 1992 à Novi Travnik. Je parle du conflit qui a opposé

  5   les Croates aux Musulmans à Novi Travnik.

  6   J'aimerais donc prendre la liberté de vous poser la question suivante.

  7   Vous connaissiez donc bien la situation à Novi Travnik, n'est-ce pas ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Après ce conflit survenu en octobre 1992, et jusqu'au déclenchement

 10   du conflit généralisé entre les Croates et les Musulmans en avril 1993,

 11   est-il permis de dire qu'un statu quo régnait à Novi Travnik dans cette

 12   période ?

 13   R.    Après ce premier conflit, quand les choses se sont calmées, quand un

 14   accord de cessez-le-feu a été conclu grâce aux actions de cette

 15   commission, je dois dire qu'il n'y a plus eu de heurts dans ce secteur, à

 16   part quelques incidents isolés.

 17   Q.    Merci beaucoup. Encore une question je vous prie. Vous avez parlé

 18   assez longuement des premiers jours d'existence du HVO, du travail du

 19   gouvernement central de Bosnie. Vous avez dit que vous étiez un

 20   représentant politique et que vous disposiez d'informations assez

 21   détaillées à ce sujet.

 22   Conviendriez-vous avec moi que l'homme de la rue habitant de la Bosnie

 23   centrale, en 1992, pouvait penser que le Gouvernement n'existait pas en

 24   fait à ce moment-là, en se fondant sur ce que l'on pouvait voir dans les

 25   domaines de l'armée, de la santé, de l'administration, de l'éducation. Que


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  1   pouvait penser l'homme de la rue ?

  2   R.    Eh bien, je puis dire que c'était l'opinion non seulement de l'homme

  3   de la rue, mais de chacun, y compris mon avis personnel à l'époque. Le

  4   gouvernement de Bosnie-Herzégovine n'existait plus à ce moment-là, je

  5   crois que chacun ici sait bien que pratiquement tous les villages avaient

  6   leurs propres dirigeants, leur propre gouvernement, et qu'aucune

  7   institution ne fonctionnait à ce moment-là. Il est tout à fait permis de

  8   le dire.

  9   Q.    Merci beaucoup. J'ai l'impression que les choses qui figurent au

 10   compte-rendu d'audience ne sont pas absolument claires. Le 16 avril, vous

 11   êtes allé à Vitez pour des pourparlers avec M. Pilicic. Vous étiez

 12   représentant de la zone opérationnelle, n'est-ce pas ?

 13   R.    Oui, c'est exact.

 14   Q.    J'aimerais à cet égard vous poser une question au sujet de rumeurs

 15   que j'ai entendues et j'aimerais savoir si vous les avez également

 16   entendues. Plus tard, en 1994, après la guerre, des rumeurs ont circulé

 17   selon lesquelles une tentative d'attentat a été organisée contre vous et

 18   M. Pilicic, lorsque vous êtes revenus de ces pourparlers et que la

 19   population en Bosnie a été informée de votre voyage. Avez-vous entendu ces

 20   rumeurs ?

 21   R.    Oui, j'ai entendu ces rumeurs, mais moi, je n'avais pas de poste de

 22   radio chez moi, contrairement aux représentants musulmans. Je peux même

 23   dire que le représentant musulman a discuté avec sa base alors que nous

 24   attendions le début des pourparlers. Ces rumeurs qui ont circulé par la

 25   suite m'ont amené à penser qu'il devait être exact que les Bosniens


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  1   avaient rendu publics les préparatifs à cette réunion. Et il semble bien

  2   qu'il était prévu que moi-même et M. Pilicic soyons tués à l'occasion de

  3   notre voyage.

  4   Q. Merci beaucoup, je n'ai pas d'autres questions à vous poser.

  5   (Le témoin Marko Prskalo est contre-interrogé par M. Nice.)

  6   M. Nice (interprétation) : Quand vous a-t-on demandé pour la première fois

  7   de vous remémorer tous ces événements, Monsieur Prskalo, en vue de

  8   témoigner ?

  9   M. Prskalo (interprétation) : Me demandez-vous quand la question m'a été

 10   posée par les avocats ?

 11   Q.    Oui, par les avocats de M. Blaskic ou par ceux de M. Kordic. A quel

 12   moment ?

 13   R.    Eh bien, on ne m'a pas demandé cela de façon très concrète. J'ai

 14   fait savoir que j'étais prêt à témoigner pour faire prévaloir la vérité

 15   sur les événements et tous ceux qui m'entouraient le savaient bien. Une

 16   personne que je connaissais et qui habitait Vitez m'a téléphoné un jour

 17   pour me dire que les avocats allaient sans doute arriver à Split et que je

 18   pouvais me rendre à Split pour faire connaître mon point de vue sur les

 19   événements qui se sont déroulés.

 20   Q.    Mais cela s'est passé quand ? Cette année ou l'année dernière ?

 21   R.    Cela s'est passé cette année.

 22   Q.    Et à ce moment-là, est-ce que vous aviez déjà entendu parler de ce

 23   qui s'était dit dans d'autres procès jugés par ce Tribunal ?

 24   R.    Non, je n'ai pas suivi ces informations.

 25   Q.    Mais aujourd'hui, vous avez sans doute certaines informations au


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  1   sujet de ce qui s'est passé dans le cadre des procès Blaskic et

  2   Kupreskic ?

  3   R.    Je vous prie de m'excuser, mais je ne sais pas à quoi vous faites

  4   référence.

  5   Q.    Donc c'est volontairement que vous avez proposé votre aide. Vous

  6   êtes un homme qui a travaillé dans le domaine de la propagande au cours de

  7   sa vie, n'est-ce pas ?

  8   R.    Je ne qualifierais pas cela de propagande, à quelque titre que ce

  9   soit.

 10   Q.    Nous reviendrons sur la dénomination de cette institution dans

 11   quelques instants. Lorsque vous avez rencontré les avocats, quel document

 12   aviez-vous en votre possession ?

 13   R.    Je n'avais aucun document. Je n'avais à ma disposition que mes

 14   souvenirs et éventuellement un certain nombre d'informations qui me sont

 15   revenues en mémoire.

 16   Q.    Vous n'aviez pas de journal en votre possession ?

 17   R.    Non.

 18   Q.    Et chez vous à la maison, là où vous habitez aujourd'hui ou à

 19   quelqu'autre endroit que ce soit, vous n'avez jamais eu accès à un

 20   document relatant des événements de 1992-1993 ?

 21   R.    Non.

 22   Q.    Avez-vous été autorisé à examiner un quelconque document au moment

 23   de vos conversations avec les avocats ?

 24   R.    Au cours de cet entretien, je n'ai examiné aucun document. Nous nous

 25   sommes contentés de discuter des événements survenus à l'époque et des


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  1   souvenirs que j'en avais gardé.

  2   Q.    Les deux documents que vous avez produits aujourd'hui, je vous

  3   demande votre aide à ce sujet, dites-nous, je vous prie, quelle est leur

  4   source ?

  5   R. Je ne sais pas de quel document vous parlez.

  6   Q.    Vous avez produit quelques documents, ce n'est peut-être pas

  7   essentiel, mais des documents qui portent sur janvier 1993. Vous ne vous

  8   rappelez pas avoir produit ces deux documents ?

  9   R.    Ce qui a été présenté aujourd'hui, ce que les avocats ont présenté,

 10   ce ne sont pas des documents qui m'appartiennent à moi, ce sont des

 11   documents de la défense.

 12   Q.    Mais des documents apparemment signés par vous ?

 13   R.    Oui c'est moi qui les ai signés mais ce n'est pas moi qui ai apporté

 14   ces documents.

 15   Q.    Savez-vous où ces documents se sont trouvés entre le moment où vous

 16   les avez signés et le moment où les conseils de la défense vous les ont

 17   montrés. ?

 18   R.    Non, ça, je ne le sais pas et je ne suis d'ailleurs pas informé de

 19   l'endroit où sont conservés les documents du HVO. Vous savez sans doute

 20   que cela fait quelque temps que j'aie quitté ces fonctions, et même avant,

 21   je ne savais pas ce genre de choses.

 22   Q.    Mais y compris quand vous avez rencontré les avocats, vous n'avez eu

 23   sous les yeux aucun autre document quand vous les avez rencontrés à Split

 24   ou ici. Quand vous êtes arrivé à La Haye les conseils de la Défense ne

 25   vous ont montré aucun autre document, c'est bien cela ?


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  1   R.    Non en effet.

  2   Q.    Reparlons du département pour lequel vous avez travaillé. Sa

  3   dénomination était Département de l'information et de la propagande",

  4   c'était bien cela sa dénomination officielle ?

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Pourquoi avez-vous manifesté une certaine réticence à utiliser le

  7   mot propagande lorsque j'ai dit que c'était l'activité qui était la vôtre,

  8   je vous prie ?

  9   R.    Vous avez utilisé ce terme en rapport avec un certain document, si

 10   je me rappelle bien ce que vous avez dit et il ne s'agissait pas de

 11   propagande.

 12   Q.    Nous n'allons pas nous appesantir sur ce sujet mais y a t-il quelque

 13   chose dans le terme "propagande" qui vous met mal à l'aise ?

 14   R.    Non.

 15   Q.    Un homme répondant au nom de Bozo Rajic a établi votre mandat en

 16   octobre 1992, n'est-ce pas ?

 17   R.    Eh bien, un programme destiné à définir le travail de l'IPD a été

 18   élaboré effectivement et je ne sais pas si les Juges de cette Chambre

 19   savent que Bozo Rajic était le numéro 1 de l'IPD.

 20   Q.    Admettriez-vous que les trois critères choisis par Bozo Rajic comme

 21   devant présider au travail des responsables de l'IPD tels que vous,

 22   étaient les suivants : premièrement être un combattant avéré favorable aux

 23   idées du HDZ, deuxièmement, avoir des talents de communication et de

 24   rapport avec les gens, et troisièmement, être qualifié pour travailler

 25   dans l'environnement qui devait être leur environnement de travail.


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  1   Admettez-vous que ces trois critères ont été choisis comme conditionnant

  2   le travail au sein du département de la propagande ?

  3   R.    Je ne me rappelle pas tout cela, tout ce qui était écrit dans ce

  4   document. Mais si je me souviens bien, il n'y avait pas de critère

  5   politique.

  6   M. Naumovski (interprétation) : Excusez-moi Monsieur le Président,

  7   nous avons entendu en langue croate qu'il a été fait mention de la

  8   communauté croate de Herceg-Bosna, or au compte rendu d'audience, nous

  9   lisons les sigles HDZ. Je ne sais pas si c'est une erreur de l'interprète,

 10   mais j'aimerais savoir si c'est la communauté croate d'Herceg Bosna ou le

 11   HDZ qui a été mentionné par le Procureur.

 12   M. Nice (interprétation) : C'est la communauté croate d'Herceg Bosna qui

 13   doit figurer au compte rendu d'audience, j'espère que c'est bien le cas.

 14   Monsieur Prskalo, admettez-vous que vous étiez qualifié en tant que

 15   combattant avéré favorable à l'idée de création d'une communauté croate

 16   d'Herceg-Bosna ?

 17   R.    Je ne pourrais donner cette réponse puisque j'étais membre du HVO et

 18   mon objectif était d'accomplir les tâches qui étaient assignées à l'IPD.

 19   Q.    Admettez-vous que l'IPD était subdivisée en trois secteurs ? D'abord

 20   le secteur chargé de l'information et de la propagande, deuxièmement le

 21   secteur chargé de l'administration et de la psychologie préventive et

 22   troisièmement le secteur chargé de l'histoire, de la culture, du sport,

 23   des loisirs et des publications ?

 24   R.    Je ne suis pas sûr que ce soit cette organisation qui ait été mise

 25   en place, mais il est possible qu'elle l'ait été dans une certaine mesure.


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  1   Q.    Il ne fait aucun doute que si l'IPD était organisée de cette façon,

  2   il était tout à fait clair et net que le secteur dont vous étiez

  3   responsable était celui chargé de l'information de la propagande et de

  4   l'administration ?

  5   R.    Cela devrait être le cas mais concrètement, et parlant non seulement

  6   du secteur dont j'étais chargé moi-même ainsi que des autres secteurs je

  7   dois dire que nous étions très mal organisés au début comme d'ailleurs

  8   c'était le cas de l'armée. Le peuple s'est lancé dans une activité

  9   consistant à défendre ses foyers.

 10   Q.    Je ne souhaite pas vous interrompre, mais je vous prierai de

 11   raccourcir un peu vos réponses dans l'intérêt d'un gain de temps.

 12   Admettez-vous que M. Rajic, lorsqu'il a élaboré ce plan destiné à définir

 13   votre travail, a stipulé très clairement que tous les documents et tous

 14   les éléments de preuve concrets devaient être conservés par les

 15   institutions de la communauté croate d'Herceg-Bosna et gardés par

 16   l'administration dans l'intérêt de l'Histoire ? Donc gardés... excusez-

 17   moi, monsieur le témoin, j'ai fait un lapsus... gardés par le secteur

 18   chargé de l'administration et de l'Histoire ? Est-ce que c'est exact ?

 19   Vous pouvez répondre très brièvement.

 20   R.    S'agissant de la conservation des documents, je me rappelle qu'il a

 21   existé un document stipulant ce type d'exigence. Mais je dois dire que les

 22   événements survenus au cours de la guerre très concrètement dans le

 23   secteur où j'agissais, c'est-à-dire le territoire de la zone

 24   opérationnelle de Bosnie centrale, ces événements nous ont empêchés de

 25   travailler très sérieusement dans ce sens. Ces événements ont été si durs


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  1   que pour autant que je le sache, ce genre de chose n'a pas pu être

  2   accompli.

  3   Par ailleurs, il est permis de dire que sur le plan territorial, mais

  4   aussi sur le plan des communications, nous étions dans une certaine mesure

  5   isolés. D'ailleurs, je l'ai dit dans ma déposition d'aujourd'hui.

  6   Q.    Mais ce n'est pas une surprise pour vous de constater que deux

  7   documents signés par vous il y a dix ans ou plutôt, excusez-moi, il y a

  8   sept ans, sont disponibles aujourd'hui dans des archives, quelque part, et

  9   que vous pouvez les revoir pour les identifier ?

 10   R.    Je ne sais pas d'où viennent ces documents.

 11   Q.    Eh bien, parlons quelques instants de ces documents, si vous le

 12   voulez bien, pour avancer. Où étiez-vous basé en janvier 1993 ?

 13   R.    En janvier 1993, j'étais à Vitez.

 14   Q.    Où exactement à Vitez ?

 15   R.    Le siège à Vitez était dans l'hôtel, pour être concret.

 16   Q.    Et votre bureau ?

 17   R.    Oui, j'avais un bureau dans lequel je dormais aussi, parce qu'il n'y

 18   avait pas assez de place.

 19   Q.    Aviez-vous une secrétaire ?

 20   R.    Non.

 21   Q.    Qui tapait vos lettres pour vous ?

 22   R.    Eh bien, je n'avais pas de secrétaire particulière mais nous avions

 23   à notre disposition une jeune femme qui travaillait pour le commandement.

 24   Q.    Son nom ?

 25   R.    Il y avait une certaine rotation de ces jeunes femmes, donc très


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  1   franchement je ne suis pas en mesure de me rappeler son nom.

  2   Q.    Partagiez-vous votre bureau avec quelqu'un, par exemple Valenta ?

  3   R.    Monsieur Valenta était un civil, ce n'était pas un soldat.

  4   Q.    Et les initiales V.S. font référence à qui ?

  5   R.    Je ne saurais le dire.

  6   Q.    Rapidement pour que nous avancions, parlons de ces lettres. Vous

  7   avez dit que quelque chose était arrivé à M. Kostroman et diverses dates

  8   vous ont été signalées ainsi que des résumés de documents. Mais je vous

  9   demanderai de nous dire ce qui est effectivement arrivé à M. Kostroman.

 10   R.    Beaucoup de temps s'est écoulé depuis cet événement, sept ou huit

 11   ans, donc je ne me souviens pas de tous les détails mais dans mon souvenir

 12   je crois que M. Kostroman, revenant de Kiseljak, a été arrêté par un

 13   groupe de soldats musulmans... enfin de soldats membres de ce qu'on

 14   appelait l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ils l'ont fait sortir de son

 15   véhicule, et c'est grâce à l'arrivée d'un véhicule de la Forpronu... Il

 16   est fort probable que les hommes de la Forpronu aient vu qu'il se passait

 17   quelque chose de bizarre. Ils sont donc sortis eux-mêmes de leurs

 18   véhicules et l'ont trouvé lui avec son chauffeur.

 19   Q.    Il n'est donc pas question d'un homme qui aurait été emmené quelque

 20   part et placé en détention ou quelque chose de ce genre ?

 21   R.    Je ne peux pas dire avec certitude s'il a été obligé de quitter la

 22   route -je parle de la route Kiseljak Busovaca- mais en tout état de cause

 23   on l'a fait sortir de son véhicule.

 24   Q.    Et ensuite, il a été sauvé par les gens qui se trouvaient dans les

 25   véhicules de la Forpronu et qui passaient par là ? Vous êtes sûr de cela ?


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  1   R.    Oui, c'est l'information que j'ai reçue.

  2   Q.    M. Kostroman a-t-il simplement été arrêté par des soldats

  3   musulmans ?

  4   R.    Oui, j'ai entendu quelque chose de ce genre.

  5   Q.    Eux-mêmes étaient dans une voiture ou à pied ? Pouvez-vous nous

  6   aider sur ce point ?

  7   R.    Vous parlez des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  8   Q.    Oui.

  9   R.    Cela, je ne saurais pas vous le dire.

 10   Q.    Mais rien n'a été dit au sujet que M. Kostroman où une autre

 11   personne aurait été désarmée, qu'on lui aurait enlevé ses armes ou quelque

 12   chose de ce genre ?

 13   R.    Je ne sais pas exactement, mais je crois que M. Kostroman n'avait

 14   aucune arme, c'était un civil, ce n'était pas un soldat.

 15   Q.    Avec qui voyageait-il ?

 16   R.    Je ne sais pas s'il était accompagné par qui que ce soit en dehors

 17   du chauffeur, je crois que personne ne l'accompagnait en dehors du

 18   chauffeur.

 19   Q.    Vous n'avez jamais entendu dire qu'il y avait plusieurs voitures ?

 20   Vous pensez qu'il n'y en avait qu'une, n'est-ce pas ?

 21   R.    Je ne suis pas au courant de cela.

 22   Q.    Je demande si vous pouvez examiner les originaux de ces documents,

 23   documents 206 et 207. Examinons tout d'abord le 207.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   On peut même placer l'original sur le rétroprojecteur. Oui, je vous


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  1   demande, monsieur l'huissier, de placer la version en BCS sur le

  2   rétroprojecteur.

  3   Il s'agit, monsieur Prskalo, de votre signature, n'est-ce pas ?

  4   R.    Oui.

  5   Q.    Et nous dites, si je comprends bien ce que vous avez dit quand ce

  6   document a été produit, qu'il s'agit là d'une photocopie exacte d'un

  7   document que vous avez rédigé en janvier 1993, vers 10 heures du soir ?

  8   R.    Oui, tout à fait.

  9   Q.    Et si nous examinons la partie inférieure de ce document, on peut

 10   voir 5 lignes avant la fin du document MP/VS.... il va falloir que vous

 11   nous confirmiez ce point... est-ce que ceci, ces initiales MP/VS ont trait

 12   à vous-même et à la personne qui a dactylographié ce document ?

 13   R.    Je ne suis pas sûr, ce n'est pas impossible, mais je ne suis pas

 14   sûr.

 15   Q.    Mais à quoi pourraient se référer les autres initiales sinon à la

 16   personne qui a dactylographié le document ? C'est pourquoi, quand je vous

 17   ai demandé si vous saviez ce que signifiait VS, vous m'aviez dit que vous

 18   ne le saviez pas, mais vous nous avez dit que les jeunes filles qui

 19   dactylographiaient vos documents changeaient régulièrement. Donc il s'agit

 20   peut-être de l'une d'entre elles ou alors que représentent ces initiales ?

 21   R.    Je ne sais pas, c'est possible que ce soit des initiales de la

 22   personne qui avait dactylographié le texte.

 23   Q.    Bien. Maintenant examinons le document suivant, document 206/1. Je

 24   vais vous demander d'examiner ces documents en les plaçant l'un à côté de

 25   l'autre. Si vous examinez le bas de ce document, on voit que les initiales


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  1   qui figurent ici ne sont pas VS mais SV ce qui se produit parfois dans

  2   votre pays. Parfois, on place le nom de famille en premier et le prénom

  3   après ou le contraire. Il n'y a rien de très surprenant à cela, n'est-ce

  4   pas ?

  5   R.    Je ne sais pas. C'est possible.

  6   Q.    Mais il est possible que ce soit la dactylographe, n'est-ce pas ?

  7   R.    Je ne sais pas ; je ne suis pas sûr. C'est possible.

  8   Q.    Ce document n'est séparé que de 3 jours du précédent document. Si

  9   l'on regarde les deux documents, il apparaît très clairement que ce sont

 10   des documents qui se présentent de différentes façons sur plusieurs

 11   points. Par exemple en ce qui concerne le nombre de centimètres en retrait

 12   au début de paragraphe, les lignes laissées entre chaque paragraphe, la

 13   façon de présenter la date avec un zéro ou non avant le jour ou le mois,

 14   etc.. Donc, nous allons examiner la version anglaise de ce document et

 15   vous, vous pouvez suivre sur l'original. Voici le document où vous dites

 16   que vous êtes déjà au courant de l'attaque musulmane sur Ignac Kostroman,

 17   secrétaire général du HDZ qui a été sauvé par le plus grand des hasards.

 18   C'est-à-dire par l'intervention de la Forpronu, n'est-ce pas ?

 19   R.    Oui, c'est ce que j'ai dit.

 20   Q.    Comment cela se fait-il, monsieur Prskalo, un tel événement, un

 21   événement où l'on a vu M. Kostroman être accosté par des personnes. Est-ce

 22   que c'est le genre d'événements qui fait l'objet d'un rapport détaillé par

 23   quelqu'un de votre bureau ?

 24   R.    Ceci ne veut pas dire que j'avais parlé en détail de ce qui s'était

 25   passé. De toute façon, tous mes rapports, toutes mes informations se


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  1   basaient sur ce que j'avais appris par d'autres personnes : donc, si

  2   j'avais reçu des informations détaillées, j'en ai fait un rapport

  3   détaillé, sinon je n'ai pas pu le faire.

  4   Q.    Oui, mais ici, on voit que vous êtes déjà au courant de l'offensive

  5   musulmane. Donc, il semble qu'avant ce document, il y a eu une

  6   communication où l'on a déjà pris note quelque part dans un autre document

  7   de ce qui est arrivé à M. Kostroman. Il doit y avoir des documents qui ont

  8   pris note de cet événement. Il doit y en avoir quelque part dans votre

  9   bureau ?

 10   R.    Je ne pense pas comme vous.

 11   Q.    Cette lettre est le seul document qui existe et qui montre qu'il a

 12   été agressé de la façon que vous présentez ici.

 13   R.    Il s'agit d'un document que j'ai rédigé moi-même. Si quelqu'un

 14   d'autre dispose d'un autre document, je ne peux pas vous le dire. Je suis

 15   ignorant.

 16   Q.    Pour en terminer avec ce sujet : la signature. Je sais que nous

 17   n'avons là qu'une photocopie, mais la signature, c'est bien votre

 18   signature, n'est-ce pas ?

 19   R.    Tout à fait.

 20   Q.    Donc, ce document a été rédigé en 1993. Est-ce qu'il existe une

 21   possibilité pour que ce document ait été préparé plus récemment ?

 22   R.    Qui l'aurait fait ? C'est un document que j'ai rédigé à l'époque des

 23   événements. Je sais, je me souviens que ceci est arrivé.

 24   Q.    Vous vous en souvenez ?

 25   R.    Je me souviens que ceci est advenu.


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  1   Q.    Quand on vous a posé des questions au sujet de M. Kordic, vous avez

  2   donné vos opinion et c'était qu'il était devenu vice-président de la

  3   République. A ce moment-là, on vous a repris en vous disant que ce poste

  4   n'existait pas, mais vous, vous aviez dit qu'il était vice-président de la

  5   République. Pourquoi avez-vous dit cela ?

  6   R.    C'était une erreur de ma part. J'ai fait une erreur. Mais il a été

  7   vice-président de la communauté croate de Herceg-Bosna et pas de la

  8   République.

  9   Q.    Ou est-ce que la situation était que pratiquement, c'était l'adjoint

 10   de Boban et donc, dans les faits, le vice-président ?

 11   R.    Si je me souviens bien, M. Kordic n'a jamais été adjoint ou

 12   quelqu'un qui était suppléant de M. Boban.

 13   Q.    Y avait-il quiconque d'autre dans la zone qui avait le niveau de

 14   responsabilité dont jouissait M. Kordic au niveau politique ?

 15   R.    Je ne sais pas. A qui pensez-vous ? Pour ce qui concerne le secteur

 16   où j'opérais, il y avait aussi des forces musulmanes et des autorités

 17   musulmanes.

 18   Q.    Dans la HZ-HB, dans le HVO, disons du côté croate, dans votre

 19   communauté à cette époque, est-ce qu'il y avait un homme politique ou

 20   plusieurs hommes politiques qui étaient supérieurs en rang à M. Kordic ?

 21   R.    Si vous pensez à la zone opérationnelle de la Bosnie centrale, le

 22   rang politique de M. Kordic était le plus élevé. Tout au moins, c'est ce

 23   que je pense.

 24   Q.    Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui était du point de vue politique

 25   placé en-dessous de M. Boban, à savoir un subordonné de M. Boban et qui


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  1   exerçait un pouvoir politique dans votre région en dehors de M. Kordic ?

  2   R.    Je ne le sais pas.

  3   Q.    Monsieur Prskalo, vous étiez la personne qui rassemblait les

  4   renseignements, les informations. Vous nous avez dit que vous étiez un

  5   homme politique enthousiaste et cela pendant des années.

  6   R.    Je ne le nie pas.

  7   Q.    Est-ce qu'il y avait un homme politique qui se trouvait entre Boban

  8   et Kordic du point de vue de l'autorité politique ?

  9   R.    Je vais vous dire quelque chose, monsieur. Depuis que j'ai regagné

 10   le HVO, j'ai cessé d'être homme politique. Donc, je vous prie d'avoir en

 11   vue ce que je viens de vous dire. Par conséquent, à partir du moment où

 12   j'ai eu un poste militaire au sein du HVO, je n'étais plus un homme

 13   politique et je n'étais plus en contact avec les personnes qui auraient pu

 14   me passer des informations sur les événements. Je n'ai pas eu en vue de

 15   tels documents.

 16   Q.    Ceci m'amène à dire deux choses : premièrement, il a été dit que les

 17   militaires n'avaient pas le droit d'avoir des activités politiques. Où

 18   peut-on trouver l'ordre relatif à cette disposition ? Ceci afin que nous

 19   puissions le trouver et être satisfait du fait que cette restriction

 20   existait bel et bien ?

 21   R.    Tout d'abord, je ne disposais d'aucun document sur moi-même. Et en

 22   ce qui concerne l'organisation de l'IPD, vous devez savoir que nous étions

 23   pratiquement débutants. Car toute organisation a commencé à zéro. Donc, on

 24   ne peut pas parler des structures normales que vous connaissez. Y compris

 25   l'IPD.


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  1   Q.    Je suis désolé, mais je ne comprends pas votre réponse. Mais je vais

  2   poursuivre en posant la question suivante : êtes-vous en train de nous

  3   dire que vous avez décidé que vous ne deviez pas avoir d'activité

  4   politique ou y avait-il une règle externe qui stipulait que vous ne deviez

  5   pas avoir d'activité politique ?

  6   R.    Cela ne pouvait pas être ma propre décision, c'était quelque chose

  7   qui a été décidé, qui était valable dans tous les secteurs de toutes les

  8   activités du IPD.

  9   Q.    Deuxième chose, qui découle de votre réponse : même s'il y avait des

 10   limites à l'activité politique que vous pouviez exercer, comment se fait-

 11   il que vous ayez été complètement protégé ou que vous n'ayez eu aucune

 12   connaissance des informations qui montraient quelle étaient les hommes

 13   politiques actifs dans la région ?

 14   R.    Je n'ai pas très bien compris la question.

 15   Q.    Vous nous dites que vous étiez un soldat, et de ce fait, vous n'êtes

 16   pas en mesure de donner des informations aux Juges. Vous ne pouvez pas

 17   dire aux Juges s'il existait un homme politique qui se trouvait au niveau

 18   de la hiérarchie entre Kordic et Boban. Quelle est l'explication de ce

 19   fait, comment se fait-il que vous n'ayez pu être au courant de cela,

 20   monsieur Prskalo ?

 21   R.    J'ai dit que je ne disposais pas d'informations, je ne peux pas vous

 22   dire s'il y avait quelqu'un d'autre entre ces deux hommes, mais n'oubliez

 23   pas que nous sommes dans un contexte de guerre, et moi j'étais en contact

 24   avec mes propres activités, ce qui m'intéressait ce que je faisais moi-

 25   même.


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  1   Q.    La réalité, monsieur Prskalo, c'est que vous savez pertinemment que

  2   Kordic était l'homme politique numéro 1 dans la zone. Il était supérieur à

  3   tout le monde à l'exception de Boban, mais vous n'êtes pas prêt à le dire

  4   aux Juges de cette Chambre, c'est bien exact n'est-ce pas ?

  5   R.    Non, ce n'est pas un secret, nulle part ici non plus, que M. Boban

  6   était l'homme politique numéro 1 de la communauté croate de Herceg-Bosna.

  7   M. le Président (interprétation) : Ce n'est pas la question. La question

  8   est de savoir s'il existait un homme politique qui se trouvait du point de

  9   vue hiérarchique, entre M. Boban et M. Kordic. Pouvez-vous nous aider à

 10   répondre à cette question ? Oui ou non ?

 11   R.    Je pense que j'ai été clair en donnant la réponse, j'ai dit que je

 12   n'étais pas au courant qu'il y avait éventuellement quelqu'un d'autre

 13   entre les deux.

 14   M. le Président (interprétation) : Bien.

 15   M. Nice (interprétation) : Vous avez participé à des réunions où il y

 16   avait des représentants politiques et militaires et ceci de façon très

 17   régulière n'est-ce pas ?

 18   R.    Je ne peux pas dire que j'ai assisté à toutes les réunions et

 19   surtout des réunions dont vous parlez. Si vous pensez aux conférences de

 20   presse, c'est une autre chose, je ne sais pas si c'est à cela que vous

 21   pensez.

 22   Q.    Oui, les conférences de presse. Vous avez participé à des

 23   conférences de presse où il y avait des militaires, des politiques. Vous

 24   avez parlé à la presse au public. A une reprise, les Juges ont pu voir

 25   cette vidéo. Donc lors d'une de ces conférences, c'est vous qui avez pris


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  1   la parole en premier en donnant lecture d'une déclaration préparée à

  2   l'avance, mais vous êtes en train de nous dire que vous n'avez aucune idée

  3   d'où se trouvait le pouvoir politique en Bosnie centrale. Est-ce vraiment

  4   ce que vous êtes en train de nous dire monsieur Prskalo, dans le cadre de

  5   votre témoignage ?

  6   R.    Je me dois de vous dire, pour ce qui est du pouvoir politique en

  7   Bosnie centrale, qu'il était détenu un peu partout. Là où c'étaient les

  8   Croates, c'étaient les Croates ; là où c'étaient des Musulmans, c'étaient

  9   des Musulmans. En ce qui concerne Vitez et Stari Vitez, il y avait déjà le

 10   pouvoir musulman donc, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais

 11   c'était comme cela.

 12   Q.    Vous n'avez pas répondu à ma question, mais je vais cependant passer

 13   à une autre question. La propagande, c'est quelque chose qui fait entrer

 14   en jeu parfois la vérité, parfois une présentation particulière de la

 15   vérité et parfois cela fait entrer en jeu la désinformation et le mensonge

 16   n'est-ce pas ?

 17   R.    Oui, c'est la caractéristique de la propagande.

 18   Q.    Pouvez-vous nous donner des exemples de mensonges qui ont été

 19   répandus par la propagande croate pendant que vous avez assumé vos

 20   fonctions au sein de ce service de l'IPD ?

 21   R.    Je dois vous dire que moi, je n'avais pas de tels types de

 22   propagande.

 23   Q.    Je vois. Donc votre service de propagande ne faisait usage que de la

 24   vérité c'est cela ?

 25   R.    Exact.


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  1   Q.    Est-ce que c'était par exemple la décision, la politique de

  2   M. Blaskic qui voulait qu'on ne devrait dire que la vérité ?

  3   R.    Oui à ma connaissance.

  4   Q.    Et vous n'avez jamais pu constater qu'il ait modifié cette

  5   politique, sa stratégie, même après l'incident qui vous a envoyé à

  6   l'hôpital ?

  7   R.    Je ne sais pas.

  8   Q.    Sur la base de votre expérience, de vos contacts avec cet homme et

  9   de ceux qui ceux qui travaillaient avec lui, lorsqu'il menaçait de faire

 10   sauter un édifice quelconque, il ne s'agissait pas de désinformation, de

 11   mensonge, c'était la vérité, il avait véritablement l'intention de faire

 12   sauter quelque chose ?

 13   R.    Moi, je ne sais pas qu'il avait menacé de faire sauter quelque

 14   chose.

 15   Q.    Vous le connaissez, vous connaissez l'homme, vous connaissez sa

 16   stratégie ; s'il dit : "je vais dynamiter ce pont", ce ne serait donc pas

 17   une menace de pure forme, ce serait quelque chose de bien réel, puisqu'il

 18   ne se laissait pas aller à des mesures de propagande et de

 19   désinformation ?

 20   R.    A ma connaissance, il n'a jamais fait de la propagande de tel type.

 21   Q.    La propagande, comme vous l'avez reconnu vous-même, cela consiste

 22   parfois à présenter la vérité de façon bien particulière, donc pour

 23   quelqu'un qui s'adonne à la propagande, l'image est extrêmement

 24   importante. Le reconnaissez-vous ?

 25   R.    Je ne sais pas ce que vous voulez dire par cela.


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  1   Q.    Généralement, le travail de quelqu'un qui fait de la propagande

  2   consiste à présenter des informations pour que la présentation de cette

  3   information soit aussi efficace que possible. Parfois l'image… Restons-en

  4   à ce que je viens de vous dire : la propagande consiste à présenter

  5   l'information de façon aussi efficace que possible, c'est exact n'est-ce

  6   pas ?

  7   R.    Si vous pensez aux informations que nous avons préparées, je pense

  8   que j'ai été déjà clair tout à l'heure. Les informations que nous avons

  9   rédigées se fondaient sur la vérité.

 10   Q.    Je reviendrai aux termes… pour la plupart ultérieurement mais tout

 11   d'abord je souhaiterais vous demander la chose suivante : il n'était pas

 12   nécessaire en Bosnie centrale de diminuer l'importance de M. Blaskic ?

 13   R.    Moi je dirai qu'il n'y avait pas besoin véritablement que son

 14   importance soit sous-estimée ni sur-estimée.

 15   Q.    Parce que lui, autant que vous le sachiez, conduisait la guerre sous

 16   réserve uniquement d'ordres militaires qui lui venaient d'un autre

 17   endroit. C'est ce que vous êtes en train de nous dire, monsieur Prskalo ?

 18   R.    Je ne peux pas parler des ordres mais si vous parlez de la guerre, à

 19   ce moment-là les Croates ou bien encore mieux le HVO se défendaient dans

 20   la région où il opérait. C'était la défense.

 21   Q.    Mais il était responsable des activités militaires. Donc c'est lui

 22   qui conduisait la guerre ? C'est ce que je déduis de vos propos ?

 23   R.    Eh bien, je dirais plutôt que les circonstances étaient telles... il

 24   s'agissait des conflits et les gens pratiquement défendaient leurs propres

 25   foyers. C'est de cela qu'il faut parler.


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  1   Q.    Bien. J'aimerais que vous essayiez de répondre à la question

  2   suivante : pourquoi lors de toutes les conférences de presse c'est

  3   toujours Kordic qui est assis au milieu ?

  4   R.    Moi, je ne pourrais pas vous dire pourquoi il était assis au milieu

  5   comme cela. Et d'ailleurs, je ne pense pas que qui que ce soit disposait

  6   les gens autour de la table, je ne pense pas qu'il était toujours au

  7   milieu, je n'en suis même pas sûr.

  8   Q.    Oui, bien entendu, si vous êtes quatre, il n'y a pas de milieu, il y

  9   en a qui se mettent de côté et puis les autres au milieu. Mais vous, vous

 10   étiez présent lors de cette conférence de presse. Dites aux Juges de la

 11   Chambre qui paraît être le responsable quand on a trois personnes qui sont

 12   assises à une table. C'est bien la personne qui est assise au milieu,

 13   n'est-ce pas, dont on pense immédiatement que c'est elle qui occupe le

 14   poste le plus important ?

 15   R.    Ceci n'est pas obligatoirement le cas. Ce n'est pas parce qu'il

 16   était au milieu qu'il était le principal.

 17   Q.    Je vois. Si ultérieurement vous pensez à une autre réponse que vous

 18   pourriez apporter à cette question, faites-le moi savoir.

 19   Je vais essayer de passer en revue très rapidement un certain nombre des

 20   éléments chronologiques. En ce qui vous concerne, je vais élaguer pas mal

 21   dans les sujets que je souhaitais aborder mais si vous me le permettez, il

 22   faut que je passe en revue mes notes.

 23   Donc, vous étiez un homme politique engagé et nous savons qu'il y a eu une

 24   scission entre Kljujic et les autres. Quelle était votre position en ce

 25   qui concerne Kljujic ?


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  1   M. Naumovski (interprétation).- Monsieur le Président, objection.

  2   Pourquoi parler des sujets dont je n'ai pas parlé dans l'interrogatoire

  3   principal ? Je n'ai pas parlé de M. Kljujic.

  4   M. le Président (interprétation) : Ceci est en rapport avec la

  5   crédibilité du témoin. Monsieur Prskalo, la question que l'on vous pose

  6   c'est : de quel côté vous situiez-vous ?

  7   R.    Si c'est cela que vous voulez savoir, monsieur le Président, je

  8   n'étais ni d'un côté ni de l'autre.

  9   Q.    Vous ne ressentiez pas qu'il existait une différence entre ce que

 10   l'on pourrait qualifier de position dure et l'autre position, l'autre

 11   partie représentée par M. Kljujic en faveur d'une communauté mixte ? Vous

 12   n'étiez pas conscient de cela ?

 13   M. le Président (interprétation) : Avant de laisser le témoin

 14   répondre, le compte-rendu d'audience ne reflète pas ma décision, à savoir

 15   que la question posée par le procureur a trait à la crédibilité du témoin.

 16   Q.    Vous n'étiez pas conscient du fossé qui séparait Kljujic et Kordic ?

 17   R.    Je me dois de vous dire que je ne sais même pas quel était le

 18   malentendu, quelle était la discorde entre Kljujic et Kordic ?

 19   M. Naumovski (interprétation).- Monsieur le Président, excusez-moi,

 20   il faut que j'intervienne. Ce n'est pas correct de poser cette question

 21   car c'est M. Kljujic qui était celui à mettre M. Kordic à la place qu'il

 22   voulait. Je ne vois pas pourquoi M. le Procureur pose une telle question.

 23   M. le Président (interprétation) : Il me semble me souvenir d'un

 24   mémo changé par ces deux hommes qui faisait apparaître une division, mais

 25   je ne pense pas qu'il soit nécessaire de passer beaucoup plus de temps sur


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  1   cette question.

  2   Q.    En mars 1992, où habitiez-vous ? A Bugojno ?

  3   R.    En mars 1992, j'étais à Bugojno, j'habitais cette ville et je

  4   travaillais dans une société.

  5   Q.    Mais vous étiez déjà un membre actif du parti ?

  6   R.    A cette époque-là, j'étais membre du HDZ de Bosnie-Herzégovine mais

  7   je n'avais aucune mission que d'être député représentant à l'assemblée de

  8   Bosnie-Herzégovine.

  9   Q.    Mais est-ce que vous n'êtes pas devenu président du parti local en

 10   septembre 1990 ? Je ne veux pas m'appesantir sur cette question, mais je

 11   souhaite juste que vous réfléchissiez deux secondes à cela.

 12   R.    Même au cours de ma déposition aujourd'hui, je l'ai dit et je veux

 13   bien le répéter, j'ai été nommé président de la communauté croate

 14   d'Herceg-Bosna, section de Bugojno, et j'ai été pendant un an président de

 15   cette section. Par la suite, j'ai quitté cette institution, je l'ai déjà

 16   dit.

 17   Q.    Donc pour la réunion qui a eu lieu le 15 mars 1992 au cours de

 18   laquelle Kljujic a été expulsé, nous disposons de la liste des présents,

 19   vous ne figurez par sur cette liste mais je voudrais savoir si vous êtes

 20   au courant de la tenue de cette réunion. Répondez par oui ou par non s'il

 21   vous plaît.

 22   R.    Je n'ai pas compris, vous me posez la question de savoir si j'étais

 23   conscient. Vous voulez dire probablement si j'avais eu l'information. Ce

 24   n'est pas la même chose que de demander si j'étais conscient et si j'avais

 25   l'information.


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  1   Q.    Avez-vous eu connaissance de la tenue de cette réunion et du fait

  2   que Kljujic a été expulsé ?

  3   R.    Moi, je l'ai appris par les mass media, par les journaux.

  4   Q.    Vous n'avez jamais publiquement ou par écrit soutenu la cause

  5   défendue par Kljujic, n'est-ce pas ?

  6   R.    Je pense que je l'ai répété plusieurs fois aujourd'hui lors de ma

  7   déposition. Je n'étais ni d'un côté ni de l'autre. Je ne me suis rangé ni

  8   d'un côté ni de l'autre.

  9   Q.    Je passe à autre chose. Un point de détail sur les faits. Nous avons

 10   entendu un témoin nous parler des événements de Gornji Vakuf à peu près à

 11   la même période, en juin 1992, le témoin Damon. Il avait dit qu'il avait

 12   été arrêté à Gornji Vakuf en juin 1992 par la Défense territoriale et

 13   qu'on l'a obligé. Là, c'est le HVO qui s'est occupé de lui car il occupait

 14   cet endroit, est-ce exact ?

 15   R.    Je ne connais pas les détails sur cet événement. Vous me posez une

 16   question à laquelle je ne peux pas vous donner une réponse.

 17   Q.    En 1992, alliez-vous régulièrement à Gornji Vakuf ?

 18   R.    Au cours de 1992, je ne suis pas allé souvent à Gornji Vakuf, même

 19   si c'est ma propre municipalité car il faut savoir aussi que la guerre

 20   avait déjà commencé et pendant que j'étais à Bugojno, dans mon bureau,

 21   l'aviation serbe, la soi-disant armée populaire yougoslave, pilonnait

 22   Kupres.

 23   Q.    Le HVO dont vous avez rejoint les rangs dans votre région pas très

 24   loin de Gornji Vakuf, s'agissait-il d'une organisation qui, à l'époque

 25   était déjà supérieure à la Défense territoriale ? Est-ce qu'elle avait des


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  1   pouvoirs sur la Défense territoriale dès juin 1992 ?

  2   R.    Je ne le dirais pas. Je ne dirais pas que le HVO était plus puissant

  3   car je pense que déjà à cette époque-là, le gouvernement était déjà

  4   divisé, enfin, je veux dire que les autorités civiles aussi étaient

  5   partagées, tout comme militaires. Il y avait bien un objectif qui nous

  6   était commun, c'est de lutter ensemble contre les Chetniks, contre

  7   l'agresseur. C'était cela notre intérêt.

  8   Q.    Vous avez dit quelque chose au sujet du rôle du HVO. Je crois que

  9   c'était dans votre déclaration et peut-être même lors de votre déposition.

 10   Je voudrais savoir de qui relevait le HVO dans l'organisation globale qui

 11   prévalait à l'époque ?

 12   R.    Je suis désolé mais votre question n'est pas tout à fait claire pour

 13   moi.

 14   Q.    Le HVO était en partie une organisation militaire, n'est-ce pas ?

 15   R.    Le HVO était une organisation militaire alors que vous, vous voulez

 16   me faire dire que le HVO était une organisation politique.

 17   Q.    Qui était responsable du HVO ? A qui le HVO devait-il rendre des

 18   comptes si l'on observe la chaîne de commandement, la partie supérieure de

 19   cette chaîne de commandement ?

 20   R.    Pour ce qui concerne la chaîne de commandement, je ne connais pas

 21   les détails de ces structures et de cette hiérarchie, mais sur le terrain,

 22   il y avait des forces armées et le peuple armé. Mais on peut dire tout

 23   simplement que les gens se sont organisés de façon autonome pour défendre

 24   leurs propres foyers.

 25   Q.    Donc, vous n'étiez pas au courant de ce qui apparaît dans la Narodni


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  1   List en septembre 1992, à savoir que le HVO et la HZ-HB et tous les

  2   membres du HVO étaient responsables auprès de la présidence de la HZ-HB.

  3   Ne le saviez-vous pas ?

  4   R.    Moi, je n'ai pas lu le journal en question.

  5   Q.    Pourtant, c'est une publication qui, théoriquement, était distribuée

  6   partout. Au paragraphe 11 de votre déclaration, que vous avez signée, vous

  7   dites la chose suivante et je vous prie si vous le souhaitez, de prendre

  8   votre exemplaire en BCS qui se trouve dans votre poche, vous dites que

  9   vous saviez que Mate Boban était président de la présidence de la HZ-HB,

 10   qu'il était aussi président la HZ-HB et commandant suprême des forces

 11   armées du HVO. Ce que ne dit pas en revanche votre déclaration -et je

 12   voudrais savoir pourquoi-, c'est qu'en fait, le HVO relevait de la

 13   présidence, était responsable devant la présidence. Ce paragraphe de votre

 14   déclaration, est-ce qu'il reflète vos propres mots, vos propres termes ?

 15   Ou est-ce que c'est quelqu'un d'autre qui vous a aidé à le rédiger ? Je me

 16   réfère au paragraphe 11.

 17   R.    C'est ma propre déclaration. Je sais que M. Boban était président du

 18   HZ-HB de la communauté croate de Herceg-Bosna. Il était aussi commandant

 19   suprême des forces armées. J'étais au courant de cela.

 20   Q.    Très bien. Pièce à conviction 223, s'il vous plaît.

 21                     (L'huissier s'exécute.)

 22   Q.    Il s'agit d'un document que -je pense- vous devriez connaître. Il

 23   s'agit d'un document du 22 septembre, procès-verbal d'une réunion qui a eu

 24   lieu à Busovaca le 22 septembre 1992. Alors, vous étiez en mesure… vous

 25   vous êtes rendu à Busovaca puisque l'on voit que vous figurez sur la liste


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  1   des présents. Vous souvenez-vous de cette réunion ? Monsieur Prskalo, vous

  2   vous souvenez de cette réunion ?

  3   R.    Je ne me souviens pas de cette réunion, tout au moins à l'instant je

  4   ne m'en souviens pas.

  5   Q.    Excusez-moi, je vous ai interrompu. Bien, essayons de procéder de

  6   manière logique. Il s'agit d'une réunion des conseils de la défense dans

  7   les municipalités de Bosnie centrale. Il aurait dû y avoir un représentant

  8   de votre municipalité, n'est-ce pas ?

  9   R.    Un petit moment, je m'excuse, je n'arrive pas à me souvenir de cette

 10   réunion, je ne sais pas où la réunion a eu lieu exactement. Mais c'est

 11   possible aussi que le maire y ait été présent.

 12   Q.    Vous voyez que votre nom figure avec votre titre exact : adjoint au

 13   commandant de la défense de la Bosnie centrale chargée de l'information et

 14   de la propagande. Votre nom figure sur ce document, deux ou trois noms

 15   avant la fin.

 16   R.    Oui, je vois mais j'avoue que je ne me souviens pas de thème sur

 17   lequel nous sommes entretenus lors de cette réunion. Il y avait toute une

 18   série de réunions que nous avons organisées à cette époque-là. Il n'est

 19   pas impossible qu'à une réunion quelconque, il y ait eu aussi bien des

 20   représentants militaires que des représentants politiques du peuple croate

 21   qui se sont rassemblés mais je ne me souviens pas des thèmes dont il a été

 22   question.

 23   Q.    Voyons si je peux vous rafraîchir la mémoire. Si vous examinez la

 24   partie consacrée à Travnik, les Juges de la Chambre trouveront ceci sur

 25   les pages qui sont référencées 377 et 378 dans la version en anglais.


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  1   Vous, monsieur Prskalo, je vous demande de regarder le document en version

  2   BCS et de trouver le paragraphe intitulé Travnik. Il s'agit sans doute

  3   pour vous de la page 4. Avez-vous trouvé le passage ?

  4   R.    Désolé, mais je n'ai pas trouvé Travnik, je ne sais pas où c'est.

  5   Q.    C'est la page 4 et c'est à peu près au milieu de la page, le

  6   numéro 4 figure en haut de la page.

  7   R.    Excusez-moi mais la copie est très mauvaise et vraiment, je ne vois

  8   pas où se trouve Travnik. Pouvez-vous m'aider ?

  9   M. le Président (interprétation) : Peut-être pouvez-vous donner lecture

 10   des passages pertinents...

 11   Q.    Oui, avant cependant je souhaiterais dire la chose suivante :

 12   Travnik était une ville à majorité musulmane, n'est-ce pas ?

 13   R.    A cette époque-là peut-être.

 14   Q.    Lors de cette réunion, il a été décidé -ceci est en haut de la page

 15   référencée 378 en anglais, et je vais lire lentement- : "Le gouvernement

 16   du HVO s'est détaché récemment du gouvernement conjoint et on a prévu de

 17   déplacer le commandement à Travnik. Certains départements ministériels de

 18   la Bosnie centrale devraient être déplacés de Mostar à Travnik. Les

 19   personnes suivantes se transfèrent également à Travnik : le vice-président

 20   de la HZ-HB Ante Valenta, le vice-président de la HZ-HB etc... et Ignac

 21   Kostroman également".

 22   Apparemment, vous avez participé à cette réunion. Quelle aurait été la

 23   conséquence du déplacement d'une organisation croate comme le HVO ? Quelle

 24   aurait donc été la conséquence de déplacer une telle organisation dans son

 25   ensemble vers Travnik ?


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  1   R.    Si cela s'était passé, à ce moment-là je ne sais pas quelles

  2   auraient été les conséquences, je ne peux vous donner la réponse.

  3   Q.    Cela aurait été une provocation, n'est-ce pas ?

  4   R.    Malheureusement, je dois dire que même avant cette réunion si elle

  5   s'était passé de cette manière-là, il y avait des provocations. Ce n'est

  6   pas la première. Et quand je parle des provocations, je parle des

  7   provocations de la part des Musulmans.

  8   Q.    Vous ne répondez pas à ma question, s'il vous plaît. Si une

  9   organisation purement croate, croate à 100 %, s'était déplacée à Travnik,

 10   cela aurait constitué un acte de provocation, n'est-ce pas ?

 11   R.    Oui, la partie musulmane aurait vécu probablement ce déplacement de

 12   cette façon-là.

 13   Q.    Mais vous ne vous êtes nullement prononcé contre cette décision et

 14   vous étiez présent, n'est-ce pas ?

 15   R.    Je n'ai même pas voté.

 16   Q.    Merci. Ensuite paragraphe 1, Krecevo. Ensuite observations faites

 17   dans toutes les municipalités. On peut y lire que les Musulmans se

 18   comportent comme s'ils ont le droit exclusif au pouvoir, tous les permis

 19   doivent être uniformisés et il faut qu'il y ait une propagande énergique

 20   de la part du HVO partout".

 21   Vous avez dû être au fait de cette évolution et vous avez dû agir en

 22   conséquence, n'est-ce pas, en tant que personne chargée de la propagande ?

 23   R.    Je n'ai jamais fait de propagande dans ce sens-là, c'est tout ce que

 24   je peux dire à ce sujet-là.

 25   Q.    Si l'on passe à la page suivante en anglais, un document que je


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  1   mentionne qui a déjà été communiqué précédemment aux Juges, ici on passe

  2   un peu plus bas, dans ce même paragraphe, et on voit l'observation

  3   suivante -je cite- : "Il n'y a pas de langue bosniaque et c'est une

  4   insulte aux Croates lorsque quelqu'un essaie de faire de la langue croate

  5   une sorte de langue bosniaque".

  6   Je souhaiterais que vous trouviez ce passage. Cela figure dans le compte-

  7   rendu, si vous souhaitez vérifier que cette phrase y figure bien. Est-ce

  8   que c'est une opinion que vous partagez monsieur Prskalo ?

  9   R.    Je dois dire qu'un membre et le représentant de n'importe quel

 10   peuple en Europe aurait été vexé si jamais on essayait de changer le nom,

 11   la dénomination ou le terme qui désigne sa propre langue.

 12   Q.    On peut voir dans ce document, tout à la fin de ce document, "que

 13   les organes militaires du HVO pour la Bosnie centrale vont préparer des

 14   plans de défense contre les attaques éventuelles menées contre les forces

 15   d'intégristes musulmans et qu'il convient donc de faire respecter la

 16   discipline."

 17   Est-ce que ce sont des conclusions qui vous agréent, monsieur Prskalo ?

 18   R.    Si vous voulez que je vous dise qu'une partie ou une autre en

 19   Bosnie-Herzégovine ne préparait pas la défense, alors que ce n'est pas

 20   vrai car tout le monde s'est préparé pour se défendre, nous aussi on était

 21   bien obligés de nous défendre.

 22   Q.    Je reviens à votre réponse quant à la dénomination de la langue et

 23   au changement de cette dénomination. Est-ce qu'il y aurait eu une

 24   conséquence ? Est-ce que les habitants d'une région donnée auraient eu une

 25   réaction particulière si cette région avait vu sa dénomination changer, si


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  1   par exemple, soudain, elle s'était appelée HZ-HB... Quel effet cela aurait

  2   pu avoir sur les habitants musulmans de cette région ? Est-ce que cela les

  3   aurait blessés ?

  4   R.    Je ne sais pas mais dans les régions où les Musulmans étaient

  5   majoritaires, c'est fort possible que ceci aurait pu les blesser.

  6   Q.    Je vais essayer de réduire au minimum les questions qu'il me reste à

  7   poser cet après-midi.

  8   M. le Président (interprétation) : Nous allons lever l'audience

  9   maintenant. Monsieur Prskalo, je vais vous demander pendant cette pause et

 10   toutes les poses qui pourraient éventuellement avoir lieu cet après-midi,

 11   de ne parler à quiconque de votre déposition, de ne permettre à personne

 12   de vous en parler jusqu'à la fin de votre déposition. J'entends par là

 13   aussi les membres de l'équipe de la défense. Je vous demande de revenir

 14   dans le prétoire à 14 heures 30.

 15   (L'audience, suspendue à 13 heures est reprise à 14 heures 35.)

 16   M. le Président (interprétation) : Maître Nice, vous avez la

 17   parole.

 18   M. Nice (interprétation) : La pièce à conviction 223, je vous

 19   prie. Monsieur Prskalo, j'espère que vous avez sous les yeux les documents

 20   que nous allons consulter. Dès que la pièce 223 sera sous vos yeux, vous

 21   pourrez confirmer que vous avez été promu en octobre 1992 pour accéder à

 22   la présidence, n'est-ce pas ?

 23   R.    Je n'ai pas compris de quelle présidence vous parliez.

 24   Q.    Eh bien vous allez sans doute pouvoir me l'expliquer. Le document

 25   dont nous parlons est la pièce 233 est un document daté du 6 octobre


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  1   émanant de la République de Bosnie-Herzégovine, quartier général de

  2   Busovaca. Le sceau est celui de la communauté croate d'Herceg-Bosna de

  3   Mostar et il s'agit d'un extrait de procès-verbal relatif à une réunion

  4   des dirigeants du Conseil croate de défense de la Bosnie centrale. Votre

  5   nom figure sur la liste des personnes présentes à cette réunion. Elle

  6   s'est tenue à Busovaca et la présidence de cette réunion est stipulée

  7   comme ayant assurée par MM. Valenta, Kostroman et par vous-même.

  8   Donc je vous demande si vous étiez membre de cette présidence de

  9   travail.

 10   R.    Excusez-moi mais je ne vois toujours pas où figure mon nom.

 11   Q.    Je vous prie de nous excuser pour la mauvaise qualité de la

 12   photocopie mais si vous regardez à la fin du premier tiers de la page, là

 13   où je mets mon doigt, vous verrez à droite les noms de Kostroman et de

 14   Marko Prskalo.

 15   M. Naumovski (interprétation).- Excusez-moi mais je dois

 16   intervenir. Le numéro du document n'est pas très clair à mes yeux. Il y a

 17   déjà un document Z233 qui est daté du 6 octobre 1992 et nous en possédons

 18   un autre qui porte la date du 22 septembre 1992 avec la même cote. Donc

 19   j'aimerais savoir de quel document nous sommes en train de parler en ce

 20   moment.

 21   M. le Président (interprétation) : Oui, nous demanderons l'aide

 22   de madame la greffière pour éclaircir ce point.

 23   M. Nice (interprétation) : Je trouve votre nom, monsieur

 24   Prskalo, je vais faire une observation après quoi nous passerons à un

 25   autre point et le conseil de M. Kordic pourra vérifier la cote des


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  1   documents.

  2   Il y a eu des recommandations qui ont été prises à l'issue de cette

  3   réunion. Vous avez dû participer à la prise de ces recommandations et

  4   l'une de ces recommandations, comme les Juges de cette Chambre peuvent le

  5   constater, se trouve dans ce document et consiste à résoudre le problème

  6   de la création des organes de la communauté croate d'Herceg-Bosna qui vont

  7   devoir être transférés à Travnik.

  8   Donc il apparaît que vous faisiez partie du plan général destiné à

  9   transférer les organes, les instances de la communauté croate à Travnik,

 10   ce que je pense que vous admettrez comme étant une provocation ?

 11   R.    Je vois mon nom mais je dois dire que je n'ai jamais fait partie

 12   d'une quelconque présidence de travail à quelque réunion que ce soit. J'ai

 13   été invité à cette réunion en tant que membre de la zone opérationnelle de

 14   Bosnie centrale.

 15   Q.    Je vous demanderai en temps utile si en fait votre rôle en tant que

 16   membre du département de propagande ne faisait pas de vous quelqu'un de

 17   très étroitement associé au service de renseignements généraux et si

 18   globalement vous n'avez pas rempli des fonctions d'une sorte ou d'une

 19   autre pour M. Kordic éventuellement ?

 20   J'aimerais que l'on remette au témoin la prochaine pièce à conviction qui

 21   porte sur la réunion du 25 octobre 1992 à Sarajevo. C'est un document

 22   supplémentaire Z255.2. Je signale pour le compte rendu d'audience que nous

 23   n'avons pas examiné un certain nombre de documents précédents celui-ci,

 24   notamment la pièce 248.

 25   M. le Président (interprétation) : Le document 233 daté


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  1   d'octobre est celui qui a déjà été versé au dossier.

  2   Q.    C'est le document dont je viens de parler, que je viens de produire.

  3   Donc nous parlons en ce moment du document 255.2 mais je demanderai qu'on

  4   examine d'abord le document 252 que madame la Greffière va nous remettre.

  5   Cela dit le témoin devrait conserver par de vers lui le document 255.2.

  6   Le document 252, monsieur Prskalo, est un document tapé à la machine,

  7   relatif à la réunion de Sarajevo. Il est possible d'ailleurs que ces notes

  8   émanent de vous. Est-ce bien vous qui avez préparé ces notes relatives à

  9   la réunion de Sarajevo à laquelle vous avez assisté ?

 10   R.    Ce n'est pas moi qui ai élaboré ce rapport. Je peux confirmer que

 11   j'ai séjourné à Sarajevo au mois d'octobre pour participer à des

 12   pourparlers. Je crois que la réunion dont nous sommes en train de parler

 13   était la première réunion d'une série de réunions tenues à Sarajevo.

 14   Q.    Deuxième page de la version anglaise, dans votre version monsieur

 15   Prskalo, il s'agit également de la deuxième page, si je ne m'abuse, on y

 16   voit mention du fait que le colonel Blaskic a déclaré que le HVO ne

 17   pouvait accepter l'interruption des actions militaires, à moins que

 18   Refik Lendo soit remis à la justice. M. Subic a déclaré que dans aucune

 19   armée il n'est acceptable qu'un représentant de cette armée soit remis à

 20   la justice.

 21   Alors je vous demande, monsieur Prskalo, si c'est bien pour cette raison

 22   que cet homme a été remplacé ?

 23   R.    Je suis incapable de confirmer ce fait, d'ailleurs je ne suis même

 24   pas certain que ce rapport ou cette série d'informations soit un document

 25   authentique.


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  1   Q.    Merci. Vous avez sous les yeux un document daté du 25 octobre. Nous

  2   pourrions en parler maintenant. Je parle donc de la pièce 255.2. Dans ce

  3   document il est stipulé que vous avez été nommé au poste de représentant

  4   du commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale pour faire

  5   partie d'une commission conjointe basée à Novi Travnik.

  6   D'une façon ou d'une autre, il est permis de dire que vous avez travaillé

  7   au sein de plusieurs commissions responsables d'une zone importante, pas

  8   la totalité de la zone mais une zone importante ?

  9   R.    Je ne dirais pas qu'il s'agit d'une zone importante. Puisque nous

 10   parlons de cela, aujourd'hui dans ma déposition j'ai dit et confirmé, et

 11   je le répète à présent, qu'effectivement j'ai été membre de cette

 12   commission conjointe à laquelle ne siégeaient pas uniquement des

 13   représentants croates mais également des représentants musulmans. Je

 14   répète encore que l'objectif de cette commission était d'établir la paix

 15   dans la zone de Travnik, de permettre le retour d'un certain nombre de

 16   personnes dans leur foyer, grâce à des échanges de prisonniers et

 17   d'établir un certain nombre de détails relatifs aux équipements et au

 18   matériel.

 19   Q.    Très bien. La pièce 249 je vous prie.

 20   Vous dites que M. Kordic n'avait aucune compétence militaire de quelque

 21   nature que ce soit, c'est bien cela ?

 22   R.    C'est exact.

 23   Q.    Vous n'imaginez pas que M. Kordic ait pu à quelque moment que ce

 24   soit, émettre un ordre militaire ?

 25   R.    Je ne peux l'imaginer, je ne suis pas informé du fait que M. Kordic


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  1   l'ait fait à quelque moment que ce soit.

  2   Q.    Bugojno est bien votre région d'origine n'est-ce pas ?

  3   R.    Je ne comprends pas votre question, vous parlez de quelle période ?

  4   Q.    De la période dont nous sommes en train de parler, octobre 1992.

  5   R.    En octobre 1992, j'étais dans la zone opérationnelle de Bosnie

  6   centrale.

  7   Q.    Mais je vous demanderai de regarder les documents. C'est un document

  8   où l'on voit les noms de MM. Kordic et Blaskic et sur le côté, une note

  9   manuscrite au sujet du fait qu'il a été reçu le 24 octobre. Il y est

 10   stipulé : "nous avons reçu des informations dignes de confiance selon

 11   lesquelles l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire deux bataillons, se

 12   déplace de Bugojno le long la Bistriza dans la direction de Ravno,

 13   Rostovo, Pecuj dans l'intention d'effectuer une jonction avec les forces

 14   musulmanes de l'ENDA. Cela correspond-il à votre souvenir ?

 15   R.    Je ne me souviens pas, je ne peux pas confirmer cela à la lecture de

 16   ce texte, je suis incapable de certifier qu'il s'agit bien d'un document

 17   authentique.

 18   Q.    Je poursuis la lecture : "si ces unités participent au combat nous

 19   utiliserons des pièces d'artillerie de longue portée contre Bugojno et

 20   l'heure limite est une heure après réception du message". Fin de citation.

 21   Je suppose que vous vous intéressiez au moins à ce qui se passait à

 22   Bugojno et vous dites que vous n'avez aucune connaissance d'un plan de

 23   cette nature émanant de MM. Kordic et Blaskic ?

 24   R.    Je ne sais pas de quel plan il s'agit, je ne crois pas qu'un tel

 25   plan ait jamais existé.


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  1   Q.    Document 316.1, je vous prie.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   Q.    Peut-on remettre ce document au témoin ? Il est daté du

  4   15 décembre 1992. Il traite d'une conférence de presse, avec un résumé de

  5   ce qui a été dit durant cette conférence. Les Juges de la Chambre

  6   examineront la page 2 qui commence au sous-paragraphe 2. Je vais en donner

  7   lecture lentement pour les interprètes, en tout cas, je lirai la partie

  8   intéressante. Je cite : "M. Kordic a pris la parole, il s'est concentré

  9   sur deux questions, deux problèmes liés à la coopération entre l'armée de

 10   Bosnie-Herzégovine et le HVO. Des soupçons antérieurs relatifs à l'armée

 11   de Bosnie-Herzégovine se sont avérés exacts ; un incident s'est déroulé à

 12   Konjic au moment où un commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine de haut

 13   rang a quitté son armée pour entrer dans les forces serbes." Fin de

 14   citation. Il y est question de l'arrestation de dirigeants musulmans et de

 15   la possibilité de friction entre les Croates et les Musulmans à

 16   Novi Travnik ainsi que de l'occupation de bâtiments de l'armée et le texte

 17   se poursuit avec une mention d'un groupe de travail militaire. Une

 18   conférence de presse de cette nature est-elle typique de celle que tenait

 19   M. Kordic ? Etait-il typique de traiter de questions de ce genre ?

 20   R.    Je crois que ce n'était pas le cas, je ne sais pas ce qui s'est

 21   passé à cette conférence de presse à laquelle je n'ai pas assisté.

 22   Q.    Il y est question de problèmes militaires n'est-ce pas ? Est-ce un

 23   domaine dont s'occupait régulièrement M. Kordic ?

 24   R.    C'est inexact.

 25   Q.    Etes-vous en train de dire que les questions dont je viens de donner


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  1   lecture, les problèmes liés à l'armée, les actions de la cinquième

  2   colonne, les arrestations de soldats, ne sont pas des questions

  3   militaires ? Est-ce bien ce que vous dites aux Juges de cette Chambre ?

  4   R.    D'une certaine façon, il est permis de le dire, mais ce n'était pas

  5   la question.

  6   Q.    Je suis désolé, vous dites que ce n'est pas la question, je pensais

  7   vous avoir entendu dire que M. Kordic était uniquement un représentant

  8   politique et n'avait rien à voir avec la chose militaire. Je vous demande

  9   votre aide monsieur, en tant que personne ayant des connaissances au sujet

 10   de ces conférences de presse. Pouvez-vous nous dire comment il se fait que

 11   M. Kordic traite de questions militaires, je vous prie ?

 12   R.    Je n'exclue pas la possibilité que M. Kordic ait à quelques reprises

 13   traité de questions militaires, mais il n'était pas la personne qui

 14   prenait les décisions ou qui avait le dernier mot sur les questions

 15   militaires, c'était un représentant politique.

 16   Q.    Pourquoi lors de cette conférence de presse à laquelle ont assisté

 17   des soldats, pourquoi ces soldats n'ont-ils pas traité des questions

 18   militaires ? Apportez-nous votre aide ?

 19   R.    Les soldats s'occupaient des questions militaires et compte tenu de

 20   la situation, je n'exclue pas la possibilité que certains civils aient

 21   également traité de ces questions militaires de temps à autres.

 22   Q.    Le 12 janvier 1993, vous avez été nommé au sein de la commission

 23   chargée du personnel qui dépendait de Blaskic et plus de Sliskovic. Vous

 24   rappelez-vous avoir été nommé pour siéger à cette commission ? Je n'ai pas

 25   besoin de la pièce à conviction pour vous poser cette question, il s'agit


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  1   de la pièce 359.

  2   R.    Je ne me rappelle pas, mais j'aimerais examiner le document.

  3   Q.    Document 359, je vous prie.

  4   (L'huissier s'exécute.)

  5   Vous constatez que ce jour-là, vous avez été nommé pour siéger à la

  6   commission chargée du personnel, chargée des cadres, avec Blaskic et

  7   Sliskovic et Nakic. C'était une commission très importante, n'est-ce pas ?

  8   R.    Il est certain qu'il est logique de dire que la commission chargée

  9   des cadres est une commission très importante, mais je ne me rappelle pas

 10   avoir pris une quelconque décision liée aux cadres en rapport avec l'ordre

 11   que j'ai sous les yeux.

 12   Q.    Très bien, nous passons à autre chose. Je propose la diffusion d'une

 13   séquence vidéo. Avant de voir ces images, parlons de Busovaca et de

 14   l'attaque. Vous avez dit que Busovaca avait subi une attaque en

 15   janvier 1993.

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Et que c'était une attaque imprévue de la part des forces

 18   musulmanes ?

 19   R.    Oui, c'est exact ?

 20   Q.    A laquelle les Croates et le HVO n'ont répliqué d'aucune façon ?

 21   R.    Que voulez-vous dire par cela ?

 22   Q.    Je suppose qu'ils se sont défendus, mais ils n'ont rien fait

 23   d'autre ?

 24   R.    N'est-il pas naturel, dans quelque circonstance que ce soit, lorsque

 25   l'on est attaqué de se défendre ?


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  1   Q.    Bien sûr, mais quelle est la date de l'attaque des Musulmans sur

  2   Busovaca, je vous prie ?

  3   R.    Cela s'est passé vers la fin du mois. Je ne me rappelle pas à

  4   l'instant la date exacte. Mais cela s'est passé à la fin du mois.

  5   Q.    C'était le premier acte de violence à Busovaca cette attaque

  6   musulmane. C'est bien ce que vous nous dites ?

  7   R.    Il y a eu d'autres incidents avant.

  8   Q.    Eh bien, regardons les images de la cassette vidéo. Pièce 1705.

  9   (Diffusion de la vidéo.)

 10   Q.    Pourriez-vous expliquer comment… excusez-moi... cela suffit. Ne

 11   perdons pas de temps. Ces images vous sont familières, monsieur Prskalo ?

 12   Elles proviennent de votre zone de responsabilité ?

 13   R.    Ce que j'ai vu sur ces images, ce sont quelques maisons endommagées,

 14   des rues endommagées aussi, mais je ne peux pas en conclure de quoi il

 15   s'agit exactement.

 16   Q.    Nous voyons ici Busovaca et des locaux et commerces musulmans. Vous

 17   étiez à cet endroit ; vous étiez responsable de la propagande. Vous

 18   receviez des informations. Je vous demande, monsieur, s'il vous plaît, ce

 19   qui a été la cause de ces dommages subis par les commerces musulmans à

 20   Busovaca en janvier 1993.

 21   R.    Je dois dire que je ne vérifiais pas quelles étaient les maisons

 22   endommagées, même du côté croate. Je ne peux pas dire s'il s'agit d'images

 23   authentiques provenant de Busovaca et à quelle période ces images se

 24   rapportent.

 25   Q.    C'est votre droit de parler ainsi, mais je demande que l'on me


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  1   corrige si je me trompe, cette vidéo a été tournée à Busovaca et le fait

  2   que des commerces musulmans aient été endommagés n'a pas été contesté. Il

  3   est possible que cela ait bien eu lieu. Je vous demande comment il se fait

  4   que seuls des commerces musulmans aient été endommagés à Busovaca en

  5   janvier, si ce que vous dites est vrai, monsieur ?

  6   R.    Si ces images sont effectivement les images d'entreprises musulmanes

  7   à Busovaca, je ne vais pas le contredire, mais je dois dire aussi que nous

  8   avons constaté des dommages à Busovaca du côté croate. Nous étions dans

  9   une situation très complexe. De nombreux incidents se sont produits à

 10   cette période que je connais très bien. Je sais par exemple que dans la

 11   ville de Vitez, à Novi Travnik et à d'autres endroits, des bâtiments

 12   croates ont été dynamités.

 13   M. Benounna : Monsieur Prskalo, vous avez vu ce film. Avez-vous

 14   reconnu Busovaca ?

 15   R.    J'ai déjà dit tout à l'heure que je n'étais pas capable de

 16   reconnaître s'il s'agissait bien de Busovaca ?

 17   M. Benounna : Combien de temps avez-vous passé à Busovaca ? Etiez-

 18   vous familier avec la ville ?

 19   R.    Je ne connaissais pas bien Busovaca, mais je me suis rendu à

 20   quelques reprises à Busovaca. Au cours de ma déposition ce matin, j'ai

 21   déjà dit qu'en tant que membre de la commission d'observation, j'ai

 22   séjourné un peu plus d'un mois à Busovaca. Mais je n'étais pas uniquement

 23   en ville. Nous étions à l'hôtel à Busovaca et cette mission d'observation

 24   où les équipes se rendaient sur le terrain dans les secteurs différents.

 25   M. Bennouna. : Vous n'avez pas reconnu pour une petite ville, tout


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  1   en ayant séjourné tout ce temps, vous n'avez pas reconnu les rues d'après

  2   les images ?

  3   Réfléchissez car c'est une question de crédibilité vous concernant. On

  4   pourrait vous repasser le film éventuellement, si vous voulez vous en

  5   assurer ?

  6   R.    Je ne sais pas si quelque chose pourrait changer, mais je ne sais

  7   pas. Enfin, je reconnais des rues en Bosnie, elles sont typiques pour la

  8   Bosnie, mais que ce soit Busovaca, je ne peux pas le confirmer. Je

  9   voudrais bien pouvoir le confirmer, mais je ne veux pas nier, contredire

 10   si c'est la vérité. Je dois dire la vérité. Je ne sais pas s'il s'agit des

 11   photos, des images de Busovaca.

 12   M. Bennouna. : Je vous remercie.

 13   M. Nice (interprétation) : Vous avez dit qu'il y avait eu des

 14   incidents des deux côtés. Je ne veux pas vous faire dire des choses que

 15   vous ne voulez pas dire, qui ne correspondent pas à ce que vous souhaitez

 16   dire. Mais n'avez-vous pas dit que c'étaient les Musulmans qui avaient

 17   attaqué Busovaca et les environs et que la paix régnait auparavant.

 18   R.    Non, je ne l'ai pas dit car malheureusement il y avait des incidents

 19   de tous les côtés et dans les territoires différents, dans les zones

 20   différentes. Mais en ce qui concerne les commerces dont il a été question,

 21   je pense que je l'ai dit -et si je ne l'ai pas dit je vais le répéter- :

 22   il y avait des Croates également qui ont dynamité des commerces de Croates

 23   pour différentes raisons. Il y avait des gens envieux qui le faisaient,

 24   nous vivions dans un chaos, la situation était très pénible, il n'y avait

 25   pas d'autorité qui fonctionnait, rien ne fonctionnait.


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  1   Q.    Dites-le nous alors, est-ce qu'il y a eu une offensive injustifiée

  2   du HVO sur Merdani par exemple. Répondez par oui ou par non s'il vous

  3   plaît ?

  4   R.    Je ne sais pas que ceci s'est produit.

  5   Q.    Avant que je ne passe à la pièce à conviction suivante, monsieur

  6   Prskalo, dites-moi la chose suivante : à la mi-janvier ou vers la fin

  7   janvier 1993 est-ce que vous-même et donc d'autres personnes dans votre

  8   entourage étiez préoccupés du fait que les Musulmans vous avaient soumis à

  9   des offensives injustifiées ou bien est-ce que c'étaient des combats où il

 10   y avait des offensives qui se valaient des deux côtés ?

 11   R.    Je peux dire que toute attaque me préoccupait indépendamment de qui

 12   il s'agissait.

 13   Q.    Monsieur Prskalo, vous devez savoir de manière générale si en

 14   janvier 1993 vous étiez les victimes d'actes de violence et de guerre

 15   totalement injustifiés ou si vous étiez engagé dans des combats où il y

 16   avait des combats et des offensives des deux côtés. Quelle était la

 17   situation ?

 18   R.    Ce que je savais, c'est que nous avons été attaqués et dans de

 19   telles conditions nous nous sommes défendus.

 20   Q.    Très bien. Blaskic était à Kiseljak où il était coincé, il n'était

 21   pas en mesure de revenir.

 22   R.    Si mes souvenirs sont bons, effectivement le colonel Blaskic ne

 23   pouvait pas rentrer de Kiseljak car les forces musulmanes ont bloqué

 24   toutes les routes du côté de Busovaca et de Vitez.

 25   Q.    En son absence, avec qui étiez-vous en contact ? Avec M. Kordic ? A


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  1   qui aviez-vous affaire ?

  2   R.    Je dois confirmer ici qu'à ce moment-là je n'ai pas contacté

  3   M. Kordic car Kordic était un homme politique.

  4   Q.    A ce moment-là, avec qui étiez-vous en contact à Busovaca ou Vitez ?

  5   Qui était votre interlocuteur ?

  6   R.    Pourriez-vous me préciser la période dont vous parlez ?

  7   Q.    Oui. Quand Blaskic était à Kiseljak, qui était votre supérieur

  8   immédiat ? De qui releviez-vous ?

  9   R.    Nous avions le chef de l'état-major. A cette époque-là pratiquement

 10   je n'étais responsable devant qui que ce soit d'autre. Par conséquent

 11   j'avais à remplir mes propres tâches.

 12   Q.    Je souhaiterais que soit distribué au témoin ainsi qu'aux Juges la

 13   pièce à conviction 2801.3. Il s'agit de la transcription d'une cassette

 14   audio.

 15   (L'huissier s'exécute.)

 16   Je vous prie de m'excuser, il s'agit de la pièce portant la cote 2801.2.

 17   Avez-vous trouvé ? Merci.

 18   Il existe une cassette audio qui a déjà été versée au dossier et il est

 19   reconnu que ce soit les voix de Blaskic et de Kordic que l'on entend sur

 20   cette cassette. Nous avançons que cette cassette a été enregistrée le

 21   24 janvier, lorsque Kordic était à Busovaca et Blaskic à Kiseljak. Vous me

 22   comprenez ?

 23   Certaines choses sont contestées au sujet du montage de cette cassette

 24   mais quant aux voix il n'y a pas de contestation. Donc je souhaiterais que

 25   vous examiniez l'original de cette transcription. Je vais en donner


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  1   lecture moi-même et je voudrais que vous vous assuriez que cela correspond

  2   bien à ce que vous avez sous les yeux.

  3   Je dois corriger la cote que j'avais donnée. L'original de la

  4   transcription porte la cote 2801.2.A, la traduction 2801.2.B. Vous verrez

  5   que sur cette transcription figurent plusieurs intervenants auxquels on a

  6   donné des numéros. Les voyez-vous ?

  7   Ensuite, vous passez à la page suivante et vous voyez qu'il est écrit

  8   "voix 6 et voix 7". A un moment, à voix 6 on peut lire : "envoie-nous ce

  9   lance-roquettes multiples, mon copain". Quand vous aurez trouvé ce

 10   passage, dites-le moi.

 11   Vous avez trouvé le passage où on parle d'un lance-roquettes multiples ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Le passage qui m'intéresse est celui qui commence par la chose

 14   suivante : "Envoie-moi ce lance-roquettes multiples, mon pote, prépare-le

 15   moi pour Kacuni et Longovi, je veux l'entendre gronder". Cette voix, c'est

 16   celle de Kordic.

 17   Voix suivante, Blaskic : "Quand ? Maintenant ?". Réponse de Kordic : "Pas

 18   nécessairement". Voix suivante : "Dis-moi quand il faut que cela se

 19   passe". Voix suivante : "Ecoute, tu prépares tout, tu choisis les cibles

 20   pour les mortiers, etc.. et ensuite on va tout brûler". Blaskic : "Je vais

 21   déjà préparer tout ça". Kordic : "Vous, vous avez tout préparé et nous

 22   aussi nous préparons". Fin de citation.

 23   Vous étiez sur place. A quoi se préparait votre armée ce jour-là de

 24   janvier 1993 si ce n'est l'attaque sur Merdani ?

 25   R.    En vérité, je ne peux pas confirmer qu'il s'agit là d'une


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  1   conversation authentique. Je ne sais pas qui avait conversé avec qui, je

  2   n'ai même pas l'information et je ne sais pas qu'une chose pareille s'est

  3   passée à ce moment-là.

  4   Q.    Très bien. J'ai une dernière question à vous poser au sujet de cette

  5   transcription. Ensuite je passerai à autre chose. D'après ce que vous avez

  6   dit aux Juges de cette Chambre, à ce moment, vous, les Croates et en

  7   particulier les Croates de Busovaca veniez de subir une offensive de la

  8   part des Musulmans. C'est exact, n'est-ce pas ?

  9   R.    Est-ce que vous pouvez me préciser la période ?

 10   Q.    Janvier 1993, puisque vous avez déclaré dans votre déposition que

 11   les Musulmans avaient lancé une offensive contre les Croates à Busovaca.

 12   R.    Oui ?

 13   Q.    Ceci devait être à l'esprit de tous, à ce moment-là, n'est-ce pas ?

 14   R.    Normalement les gens réfléchissent.

 15   Q.    Donc si on se place à la position où vous vous trouviez à l'époque,

 16   Blaskic dit : "Vous vous préparez", ensuite "Reste où tu es..." ensuite on

 17   fait référence à Batinic au sujet d'un obusier Nora et pour préparer un

 18   VBR pour Zenica. Blaskic : "Très bien, fais lui-en charger 40, etc... en

 19   tirez une salve". Voix suivante : "Je lui ai dit mais il refuse de faire

 20   quoi que ce soit sans ordre, je lui ai dit que nous frapperions si Zenica

 21   réagissait. Sinon on ne le fera pas, uniquement Kacuni". Fin de citation.

 22   Est-ce que c'est un plan dont vous aviez connaissance ?

 23   R.    Moi je n'ai jamais eu connaissance de ce plan, je ne connais pas les

 24   détails; je ne peux presque pas croire que les choses se sont déroulées de

 25   la manière dont vous les présentez.


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  1   Q.    Très bien, poursuivons la lecture. Blaskic dit : "Ils ont demandé à

  2   me voir à la télévision. Est-ce que je dois entrer en contact avec eux ?

  3   Ton enterrement a été préparé quand on aura fini le travail".

  4   (Les interprètes signalent que ce genre de traduction est pratiquement

  5   impossible).

  6   M. Bennouna : Je crois qu'il y a des problèmes avec la traduction

  7   simultanée dont il faut tenir compte, je vous le signale.

  8   M. Nice (interprétation) : Monsieur Prskalo, est-ce que vous arrivez

  9   à suivre ce que je suis en train de vous lire ?

 10   R.    Non, je n'ai pas pu suivre dans le texte, mais je vous écoute lire.

 11   Q.    Je vais aller plus lentement parce qu'il arrive un moment où Kordic

 12   dit : "Ils ont tué deux de nos amis". Réponse : "Deux". Question : "Deux

 13   de nos amis, ils les ont tués et de façon perfide, par derrière, au point

 14   de contrôle à Kacuni". Fin de citation. 

 15   Vous vous souvenez du meurtre de ces deux personnes à Kacuni, n'est-ce

 16   pas ?

 17   R.    A cette époque-là des incidents se sont produits à plusieurs

 18   endroits mais je ne peux pas me souvenir de ces incidents.

 19   Q.    Ensuite, il poursuit quatre lignes plus loin. Kordic dit : "Il faut

 20   en tuer 100 pour chacun des nôtres". Ensuite, page suivante, il dit :

 21   "Nous allons.... on parle de Kakanj, Fojnica, Visoko, etc.." Fin de

 22   citation.

 23   Mais ici, on ne parle que du meurtre de ces deux personnes à Kacuni. Et

 24   cette cassette dit la vérité, n'est-ce pas, à savoir que lorsque vous

 25   dites qu'il y avait une attaque contre Busovaca, en fait il n'y en avait


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  1   pas, et que vous n'étiez pas du tout les victimes mais qu'au contraire le

  2   HVO était dans une position d'agression.

  3   R.    Malheureusement je ne peux pas abonder dans votre sens. Si c'était

  4   comme cela, à ce moment-là comment on peut expliquer les crimes qui ont

  5   été commis dans la municipalité de Busovaca ?

  6   Q.    Vous niez ? Je ne nie pas que les Musulmans aient pu se rendre

  7   compte de certaines exactions à d'autres endroits, mais en ce qui concerne

  8   l'attaque sur Busovaca je me porte en faux contre vous ?

  9   R.    Les crimes dont je parle faisaient partie de l'attaque en question.

 10   Q.    J'en ai terminé avec ces pièces à conviction. Merci.

 11   Pièce à conviction 422, maintenant. Monsieur Prskalo, vous dites ignorer

 12   un grand nombre de choses, mais en fait, comme nous l'avons vu, parfois

 13   vous aviez des postes assez importants et élevés dans la hiérarchie. Nous

 14   allons le voir avec la pièce à conviction suivante. Il s'agit de la

 15   pièce 419.3 en fait. On va bientôt vous la remettre.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   Il s'agit de votre écriture monsieur Prskalo ?

 18   R.    Oui, il va sans dire qu'il s'agit d'un document qui m'appartient,

 19   c'est le mien.

 20   Q.    Ce document date du 30 janvier. Ce jour-là, vous étiez présent lors

 21   de négociations aux fins d'établir la paix et vous avez peut-être écrit

 22   cette lettre à ce moment-là. Mais nous pouvons voir que ce que vous dites,

 23   un commandant de la brigade Banja Licic, je cite : "Il serait utile que

 24   vous parliez avec le colonel Blaskic et nommiez un membre venant de

 25   Kiseljak à la commission conjointe. Envoyez-moi une proposition de


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  1   candidats aussi rapidement que possible, et ceci avant 9 heures demain".

  2   Fin de citation.

  3   Donc vous aviez l'autorité nécessaire pour donner des instructions à des

  4   commandants de brigade ?

  5   R.    Premièrement, je dois dire que je n'avais absolument pas ce rôle

  6   d'émettre des ordres et lors de ma déposition ce matin, j'ai déjà dit que

  7   je ne jouais pas le rôle de commissaire politique. Il s'agit d'une lettre

  8   tout simplement dans laquelle on demande de compléter le nombre de membres

  9   de la commission qui auraient dû commencer ces activités. Vous pouvez le

 10   constater, il s'agit d'une lettre, ce n'est pas un ordre.

 11   Q.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges,, il y a une autre une

 12   réponse à cette lettre qui existe. Mais je ne vais pas l'utiliser

 13   maintenant. Mais je souhaiterais maintenant revenir à ce que je disais ce

 14   matin. Je dispose d'un document au sujet des activités du département de

 15   la propagande que je n'ai pas eu le temps de faire traduire, mais je

 16   communiquerai à la défense si elle le souhaite ultérieurement. Ce document

 17   n'est disponible qu'en BCS. Le 3 février, nous avons entendu des éléments

 18   de preuve nous faisant savoir qu'un certain Jennings a rencontré Kordic.

 19   Il semble que cette personne vous ait rencontré également. Vous souvenez-

 20   vous d'un officier britannique du nom de Jennings, un homme jeune ? Vous

 21   souvenez-vous qu'il ait rencontré Kordic ? Il a déclaré qu'il y avait

 22   d'autres personnes dans la pièce ; apparemment, vous étiez également

 23   présent, vous êtes tous resté silencieux pendant que Kordic s'est exprimé

 24   pendant un certain temps, environ une demi-heure à 40 minutes.

 25   R.    Pourriez-vous me dire de quelle pièce il s'agit ? Pouvez-vous être


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  1   plus précis ?

  2   Q.    Je crois que c'était à l'hôtel Vitez.

  3   R.    Je ne me souviens pas de cet événement.

  4   Q.    Il nous a dit la chose suivante : il a demandé à Kordic s'il voulait

  5   qu'on s'adresse à lui en disant Monsieur ou Colonel et Kordic a dit les

  6   deux allaient. Donc, est-ce exact, est-ce qu'il acceptait volontiers

  7   d'être appelé colonel ?

  8   R.    Je ne me souviens pas avoir entendu un tel échange, mais vous parlez

  9   de ces faits, j'aimerais savoir si ce monsieur britannique était membre de

 10   la commission ?

 11   Q.    Je vous prie de m'excuser, c'était en fait le bâtiment des PTT à

 12   Busovaca et c'était un officier du Bataillon britannique.

 13   R.    Je crois que si c'était dans le cadre de l'ECMM à Busovaca, à ce

 14   moment-là je me souviens qu'à un moment donné, sur la demande, ce n'étais

 15   pas moi qui ai pris des décisions, mais les observateurs décidaient où

 16   nous allions nous rendre. Je me souviens qu'une fois ils nous ont demandé

 17   de nous rendre chez Dario Kordic, ils ont dit qu'il souhaiteraient

 18   s'entretenir avec lui sur un certain nombre de problèmes, je ne sais pas

 19   si c'est de cette réunion dont vous parlez éventuellement ?

 20   Q.    Je vais parler d'une autre vidéo dont je demande le versement au

 21   dossier. Il s'agit d'une vidéo assez longue, je vais demander à la cabine

 22   technique de lancer la première partie de cette vidéo où l'on voit le

 23   témoin, afin qu'il identifie ce que l'on voit sur cette vidéo et ensuite

 24   je vais demander qu'on visionne une autre partie de la vidéo avec un autre

 25   extrait où l'on voit M. Kordic. Donc vont vous être distribuées les


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  1   transcriptions de l'intégralité de la vidéo, la traduction et je vais

  2   demander à la cabine technique de lancer la première vidéo, uniquement aux

  3   fins de permettre au témoin de l'identifier. Pièce 652.

  4   M. le Président : Est-ce que ceci a déjà été versé au dossier ?

  5   M. Nice (interprétation) : Non, c'est pourquoi j'introduis cette

  6   pièce maintenant, sinon je procéderai encore plus rapidement.

  7   Je n'ai plus qu'une ou deux pièces à conviction ensuite que j'exploiterai.

  8   (Diffusion de la vidéo. Les interprètes ne disposent de la traduction, il

  9   ne peuvent pas assurer la traduction.)

 10   Q.    Je vous prie de m'excuser pendant que l'on prépare la vidéo

 11   suivante, 652 1 qui commence à la page 18, je souhaiterais demander la

 12   chose suivante au témoin. Est-ce que vous êtes d'accord avec les

 13   commentaires faits au sujet de Stefan Kljujic ?

 14   R.    Eh bien je ne sais pas, c'est une déclaration. C'est madame Maria

 15   qui on a donné lecture.

 16   Q.    C'est communiqué pour le public.

 17   Q.    Ni à ce moment-là ni ultérieurement, vous ne vous êtes désolidarisé

 18   des actions qui ont été prises à l'encontre de M. Kljujic ?

 19   R.    Je ne sais pas ce qui a été fait à l'encontre de M. Kljujic.

 20   Q.    Bien. Maintenant je vais vous demander… au moment où on arrive au

 21   passage qui figure à la page 18, il s'agit d'un document signé par

 22   M. Boban et pas par Izetbegovic. Nous sommes maintenant sur la vidéo à la

 23   page 18.

 24   (Diffusion de la vidéo.)

 25   "Le libre passage des personnes et des marchandises sera immédiatement


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  1   établi sur toutes les routes de os régions et de nos provinces. Le HVO de

  2   la Herceg Bosna exprime l'espoir que M. Izetbegovic réalisera l'importance

  3   exceptionnelle de ces déclarations et le signera puisque cela reflète un

  4   désir de paix. Il a été décidé lors de la session du HVO, que si cette

  5   déclaration n'est pas signée par les dirigeants de la délégation

  6   musulmane, à ce moment-là, les dispositions de plan de paix à ce sujet

  7   seront appliquées au sujet des provinces 3-8 et 10, quels que soient les

  8   accords séparés entre les Croates et les Musulmans. Si la déclaration

  9   commune n'est pas mise en œuvre, les organismes militaires compétents du

 10   HVO de la HZ HB mettront en oeuvre ce paragraphe du document de base

 11   relatif au plan de paix sur le territoire dans les provinces 3, 8 et 10.

 12   L'organisation de la police au niveau provincial ira dans le sens de ces

 13   principes, les organisations de la police qui cesseront d'exister dans les

 14   provinces 3, 8 et 10 dans le cadre de la HZ-HB seront mis à la

 15   connaissance du public. En ce qui concerne ce fait, on voit déjà que nous

 16   avons reçu de nouveaux uniformes pour les membres du MUP et ces personnes

 17   auront la tâche de maintenir l'ordre dans la région. Puisque dans le

 18   document de base sur l'organisation transitoire, les compétences des

 19   gouvernements sont clairement séparées, toute tentative de mettre en place

 20   des organes différents comme par exemple des districts sera combattue.

 21   Alors que toutes les décisions sur la future présidence transitoire de la

 22   République de Bosnie-Herzégovine et le gouvernement central de Bosnie-

 23   Herzégovine seront respectés et mis en oeuvre sur les territoires des

 24   provinces 3, 8 et 10 en conformité avec les obligations acceptées dans le

 25   cadre de la signature du plan de paix. Voici donc l'opinion du


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  1   gouvernement, mais depuis le 15, c'était la date limite de la mise en

  2   place de ce plan de paix, il apparaît donc que des délais supplémentaires

  3   ont été donnés au président Ilija Izetbegovic pour qu'il comprenne que

  4   c'est la seule façon de mettre en oeuvre le plan Vance-Owen. C'est

  5   pourquoi je peux dire en toute responsabilité que rien ne sera résolu par

  6   la force et que nous allons essayer de réaliser cette proposition par le

  7   biais de négociations entre Boban et Izetbegovic parce que la proposition

  8   elle-même est basée sur le plan signé par M. Izetbegovic. Donc,

  9   M. Izetbegovic et les dirigeants du peuple musulman, à tout moment

 10   maintenant, dans les jours qui vont venir, vont dire au peuple musulman en

 11   conformité avec le plan Vance-Owen que nous allons vivre dans le cadre du

 12   plan Vance-Owen et je crois que c'est la seule façon de trouver une

 13   solution qui convienne aux deux peuples parce qu'il est clair que de

 14   nombreux points de controverse ont été réglés par une signature.

 15   Cependant, ce n'est pas encore le message qui est envoyé au peuple

 16   musulman dans la région. Comment sinon peut-on interpréter les campagnes

 17   contre certains dirigeants de la HZ-HB et du HVO. Des mensonges haineux

 18   sont ainsi répandus. Mais je pense que le colonel Blaskic a bien démontré

 19   l'existence d'un de ces mensonges en disant que les hommes qui sont

 20   présents ici à cette conférence de presse ainsi que d'autres qui sont

 21   absents sont les premiers responsables de la chute de la Bosnie orientale.

 22   Je crois que la responsabilité est celle des gens de Visoko qui se sont

 23   préparés à des offensives sur les régions peuplées par les Croates. Car il

 24   est évident qu'il y a encore des extrémistes au sein de l'armée musulmane

 25   qui n'ont pas abandonné l'idée de résoudre les problèmes par la force et


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  1   qui n'ont abandonné l'idée de détruire le HVO à Kiseljak et Busovaca. Les

  2   informations que nous recevons indiquent qu'entre le 15 et le 20 avril, il

  3   y aura encore des agressions contre Busovaca et Kiseljak. Nous avons dit

  4   ce qu'il en était aux représentants de la mission d'observation

  5   européenne. Nous les avons informés à ce sujet. Ce sont des informations

  6   très graves et nous leur avons demandé de vérifier ces allégations, de

  7   faire tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir la paix dans la

  8   région car le HVO et la HZ-HB ne veulent pas de conflit supplémentaire et

  9   le peuple croate ne veut pas être en conflit avec le peuple musulman, mais

 10   je dois dire également que le peuple croate ne va pas autoriser que l'on

 11   brûle les drapeaux croates car ceci, c'est une attaque contre le peuple

 12   croate. Nous avons le droit de défendre la dignité du peuple croate parce

 13   que le drapeau croate et les bannières croates ne sont pas des choses que

 14   l'on a le droit de brûler. Le peuple croate a déjà prouvé qu'il respecte

 15   les jours fériés des autres peuples et il entend que l'on respecte ses

 16   propres traditions. Puisque j'ai la parole, je vais en profiter pour dire

 17   une chose ..."

 18   Q.    Deux questions au sujet de ce que nous venons de voir qui n'avait

 19   pas encore été présenté aux Juges de cette Chambre. Vous étiez chargés de

 20   la propagande et vous aviez donc accès à des informations, à des

 21   renseignements. Quelles étaient les informations que vous receviez au

 22   sujet des craintes que l'on avait en ce qui concerne une possible

 23   offensive entre le 15 et le 20 avril ?

 24   R.    Je dois vous dire que je n'avais pas d'information. Les informations

 25   que je recevais portaient sur les renseignements obtenus des assistants de


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  1   l'IPD et au niveau des brigades. C'était la procédure que l'on a

  2   poursuivie.

  3   Q.    Très bien. Vous ne pouvez pas m'aider sur le point dont je parlais

  4   tout à l'heure, les références à une attaque ?

  5   R.    Non.

  6   Q.    Simplement avancées en tant qu'excuses justifiant les plans déjà mis

  7   en place et organisant une attaque contre des lieus tels que Ahmici

  8   quelques jours plus tard. Est-ce que c'est cela qui s'est passé ? La

  9   meilleure défense étant l'attaque.

 10   R.    Non, je ne pense pas que ce soit vrai. Je l'ai dit aujourd'hui au

 11   cours de ma déposition, en ce qui concerne Ahmici, le convoi a été arrêté.

 12   J'ai dit également que c'est à cause de ces événements à Ahmici, à

 13   Novi Travnik que nous avons pratiquement perdu Jajce.

 14   Q.    L'attaque contre Ahmici, où vous trouviez-vous vous-même au moment

 15   de cette attaque ?

 16   R.    Je ne sais pas de quelle date vous parlez ?

 17   Q.    Du 16 avril.

 18   R.    Le 16 avril, j'étais au commandement de la zone opérationnelle.

 19   Q.    Que pouvez-vous nous dire dans ces conditions au sujet de cette

 20   attaque ?

 21   R.    Si vous voulez que je vous dise des choses plus précisément, j'étais

 22   au lit quand ceci s'est produit.

 23   Q.    Excusez-moi ! Poursuivez. Vous étiez au lit quand cela s'est passé.

 24   Très bien. A quel moment ?

 25   R.    Oui. C'était un peu avant 6 heures du matin. Ce sont les tirs qui


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  1   m'ont réveillé. Moi, je suis sorti de mon lit en vitesse, je suis descendu

  2   au rez-de-chaussée et j'ai entendu les obus tomber. Voilà, c'était le

  3   début.

  4   Q.    Quelles étaient les unités du HVO qui attaquaient Ahmici ? Je vous

  5   demande cela car vous étiez tout près. Quelles unités ?

  6   R.    Je ne sais pas qui a attaqué où. Je vous ai dit que j'ai été

  7   réveillé, que j'étais au lit. Pratiquement, je n'étais même pas vêtu, je

  8   suis descendu en vitesse à l'abri dans la cave.

  9   Q.    Combien de temps êtes-vous resté dans cette cave ?

 10   R.    Je suis resté dans la cave en attendant l'officier de liaison de la

 11   base du BritBat de Bijela. C'est lui qui a demandé le colonel Blaskic et

 12   il a demandé que le colonel Blaskic envoie un certain nombre de personnes

 13   du HVO qui allaient s'entretenir sur le cessez-le-feu.

 14   Q.    Pendant cette période où vous attendiez de vous rendre à la réunion

 15   de Bila qui a commencé à 12 heures 30, nous le savons, vous vous êtes

 16   rendu compte que le HVO attaquait des villages qui se trouvaient tout près

 17   de votre quartier général. Je vous demande quelles étaient les unités qui

 18   ont participé à cette attaque.

 19   R.    Je ne sais pas véritablement qui a attaqué, où et comment.

 20   L'information dont je disposais, c'était que l'armée de Bosnie-Herzégovine

 21   attaquait les positions du HVO.

 22   Q.    Vous êtes au quartier général, quartier général du HVO, dans la

 23   cave. Qui est à la cave avec vous ? Blaskic ?

 24   R.    Dans la cave il y avait le colonel Blaskic également.

 25   Q.    Je suppose que vous n'êtes pas resté assis dans la cave en silence,


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  1   vous avez parlé les uns avec les autres. Blaskic vous a-t-il dit ce qui se

  2   passait ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    Alors que vous a-t-il dit, je vous prie, au sujet des emplacements

  5   où il avait déployé ses troupes ?

  6   R.    Il m'a tout simplement dit que nous avions été attaqués. Nous

  7   n'avons pas parlé du déploiement des troupes. D'ailleurs, ce n'était pas

  8   indispensable qu'il me le dise, d'autant plus que moi je n'étais pas

  9   quelqu'un qui travaillait sur le plan opérationnel dans le sens militaire.

 10   Q.    Monsieur Prskalo, je vous en prie, qui d'autre était dans cette

 11   cave ?

 12   R.    Si mes souvenirs sont bons, M. Ljubo Juricic était dans la cave.

 13   Q.    Où était M. Kordic ?

 14   R.    Je n'en ai aucune idée, je ne sais pas où se trouvait ce jour-là

 15   M. Kordic. Ce que je peux confirmer, et en toutes responsabilités, c'est

 16   qu'il n'était pas avec nous.

 17   Q.    Vous êtes resté dans cette cave 6 heures et vous dites que vous

 18   n'avez pas la moindre idée de ce que faisaient les forces du HVO, alors

 19   que vous prétendez que vous étiez en train de subir une attaque ?

 20   R.    Je n'ai véritablement aucune information, je vous parle de manière

 21   véridique de ces détails. Je me souviens que ce matin-là il y a eu cet

 22   ordre verbal qui a été délivré par le colonel Blaskic et j'ai envoyé un

 23   message à l'ECMM et à l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ceci concernait les

 24   événements qui ont eu lieu.

 25   Q.    Qu'était cette lettre ? Est-ce que c'était d'une certaine façon une


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  1   lettre de protestation ? Quelle était la nature de cette lettre ?

  2   R.    Oui, c'était une plainte. Dans tous les cas similaires on envoyait

  3   de tel type de message si de telles choses arrivaient par exemple.

  4   Q.    Il existait donc un plan de protestations orchestrées et nombreuses

  5   envoyées ce jour-là et le lendemain et dont le but consistait à présenter

  6   le HVO comme la victime et non comme l'agresseur ? C'est bien la vérité,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.    Nous avons reçu également un message de la part de l'armée de

  9   Bosnie-Herzégovine, c'est vrai.

 10   Q.    Voyons ce que vous faisiez à 12 heures 30. Je demande la pièce à

 11   conviction 671.1 je vous prie.

 12   (L'huissier s'exécute.)

 13   Je comprends très bien que vous aviez la peur de votre vie, vous avez

 14   passé 6 heures dans cette terreur, dans la cave, en train de subir une

 15   attaque. C'est bien ce que vous nous dites dans votre déposition, monsieur

 16   Prskalo ?

 17   R.    Oui, c'est exact.

 18   Q.    Emmené à la réunion à 12 heures 30... je vais toujours dans votre

 19   sens. La réunion commence donc à 12 heures 30. Vous avez le procès-verbal

 20   sous les yeux ? Je demande que la version anglaise soit mise sur le

 21   rétroprojecteur.

 22   R.    Oui, oui, je vois.

 23   Q.    Les représentants de l'ennemi sont présents à cette réunion qui se

 24   déroule au quartier général de la Forpronu à Bila. Préside cette réunion

 25   le commandant du bataillon britannique, le commandant Brian.


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 14   pagination anglaise et la pagination française.

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  1   Vous et Pilicic en tant que votre adjoint représentez le HVO, et Sefke

  2   Dzidic représente l'armée de Bosnie-Herzégovine. Le sujet de la réunion,

  3   c'est la fin des combats à Vitez, à la demande du HVO. Il faut donc

  4   arrêter les opérations offensives à Vitez, le commandant Totic a été

  5   enlevé, il doit être libéré, et les membres du quartier général du HVO

  6   doivent être libérés, ceux qui ont été enlevés.

  7   Le colonel Stewart dit que Totic est peut-être en vie et que l'on attend

  8   sa libération un peu plus tard dans la journée.

  9   Conclusion : séparation des forces, libération des prisonniers,

 10   vérification de cette libération.

 11   Etes-vous en train de nous dire que ce qui a été dit à cette réunion

 12   reflète le fait que vous étiez en train de subir une attaque très violente

 13   qui durait depuis six heures alors que vous vous trouviez dans la cave ?

 14   R.    Je n'ai pas compris qu'il s'agissait de la question. De toute façon,

 15   j'étais à la cave avant de me rendre à cette réunion.

 16   Q.    Rien n'apparaît dans cette réunion que vous subissiez une attaque

 17   depuis six heures puisque rien n'est dit, au cours de cette réunion, de

 18   l'attaque subie par le HVO.

 19   R.    J'ai dit que je n'avais pas d'information ce matin et que je ne

 20   savais pas ce qui se passait sur le terrain ce jour-là. Les attaques ont

 21   eu lieu, ceci n'est pas contestable, et je n'ai pas dit que les obus

 22   tombaient pendant six heures, de manière continue, mais de temps à autre.

 23   Je peux dire que pendant que nous avons discuté à la base de Britbat, nous

 24   avons entendu les obus tomber car on entendait le bruit du pilonnage.

 25   Q.    Les documents établis au moment des événements élaborés au quartier


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  1   général montrent ou montreront, s'ils existent et qu'ils sont

  2   authentiques, quelles étaient les dispositions prises en rapport avec le

  3   déploiement des forces, n'est-ce pas ?

  4   R.    Je ne sais pas, si vous disposez de tels documents à ce moment-là

  5   c'est vrai.

  6   Q.    Vous n'aviez connaissance d'aucun effort déployé pour que des

  7   documents de cette nature vous soient soumis avant votre déposition ici,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.    Je ne sais pas.

 10   Q.    Très rapidement, je demande la pièce 631. Monsieur Prskalo, vous

 11   êtes bien en train de dire, n'est-ce pas, que la politique et la chose

 12   militaire étaient deux domaines complètement distincts d'activité ?

 13   R.    Tout à fait.

 14   Q.    C'est un document du HDZ daté du 8 avril qui a été rédigé à l'issue

 15   d'une réunion tenue ce jour-là. Vous n'êtes pas indiqué comme ayant été

 16   présent mais je souhaiterais entendre votre commentaire sur trois aspects

 17   de ce texte, page 4 sous le titre "organisation militaire". Pouvez-vous

 18   trouver ce titre "organisation militaire" ?

 19   Je cite : "Les autorités militaires devront travailler dans la mesure du

 20   possible au renforcement de l'organisation militaire et à l'aptitude

 21   complète au combat des défenseurs du territoire croate et des personnes

 22   doivent être nommées à des postes clé après consultation avec le HDZ".

 23   R.    Je suis désolé, je n'ai pas trouvé le paragraphe dont vous parlez.

 24   Q.    Très bien, le titre est "organisations militaires" troisième ou

 25   quatrième grand titre dans le texte. Vous l'avez trouvé ?


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  1   R.    Oui, je l'ai trouvé maintenant. C'est la troisième page alors que

  2   vous avez dit que c'était quatrième page.

  3   Q.    Je suis désolé. "des nominations donc sont envisagées après

  4   consultation avec le HDZ". L'armée dont nous parlons est une armée

  5   totalement politisée, n'est-ce pas ?

  6   R.    Moi, je ne peux pas le dire étant donné que nous étions à une étape

  7   d'organisation. Il aurait pu arriver que quelqu'un dise des choses qui le

  8   dépassent et qui ne rentrent pas dans ses compétences.

  9   Q.    Quelques pages plus loin, page 6 en version anglaise, je ne saurais

 10   dire avec certitude quel est le numéro de la page en BCS, en tout cas, le

 11   titre est le suivant : lancer des activités du HZD en Bosnie-Herzégovine.

 12   Je lirai le texte -je cite- : "Le parti doit prendre en charge…" Les

 13   interprètes ne peuvent lire que s'ils ont le texte sous les yeux.

 14   Je répète : "Le parti doit prendre en charge la politique du personnel, la

 15   politique des cadres de l'armée" fin de citation. Tout cela montre bien

 16   que l'armée en question était politisée. Les décisions relatives à la

 17   guerre étaient effectivement prises par les représentants politiques.

 18   R.    Je ne peux pas le confirmer car je ne sais pas qu'on ait pris de

 19   tels types de décisions.

 20   Q.    Admettez-vous que durant ces conférences de presse Dario Kordic

 21   disait de temps en temps des choses de ce genre ? Monsieur le président,

 22   j'ai fourni avant cette audience l'ensemble des transcriptions des

 23   conférences de presse à la défense. Admettez-vous que M. Kordic lors de

 24   ses conférences de presse disait des choses de ce genre –je cite- :

 25   "Faites appel au sommet de la conférence islamique. Il serait préférable


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  1   que lui, Izetbegovic aille à Djedda car Djedda semble un lieu plus

  2   approprié pour lui que le territoire de la Bosnie-Herzégovine." Etait-ce

  3   un genre de choses qu'il lui arrivait de dire d'après vous ?

  4   R.    Je n'exclue pas que de telles choses aient été dites, mais moi, je

  5   dis que je ne les ai pas entendues.

  6   Q.    Je crois que c'était la pièce 376. J'aimerais que les choses soient

  7   tout à fait claires. Vous avez déclaré que le 15 et avant cette date, une

  8   attaque a eu lieu contre un plateau montagneux. Il est possible qu'il y

  9   ait eu une attaque, mais elle n'a pas eu lieu à ce moment-là. Ce que vous

 10   dites au sujet du fait qu'une attaque ait eu lieu antérieurement à la nuit

 11   du 15 et la journée du 16 est inexact et vous le savez très bien, n'est-ce

 12   pas monsieur que vos dires sont inexacts ?

 13   R.    Je n'ai pas dit que ce n'était pas exact. Je vous prie de me répéter

 14   la question que vous venez de me poser.

 15   Q.    Très bien. J'en ai terminé monsieur le Président.

 16   M. le Président : Oui, maître Naumovski ?

 17   M. Naumovski : Je voudrais poser la question de savoir jusqu'à quand

 18   nous allons travailler aujourd'hui. Il y avait beaucoup de questions qui

 19   ont été posées. J'aurais besoin de plus de temps. Est-il bien de commencer

 20   aujourd'hui ou demain. ?

 21   M. le Président : Demain matin. Si vous voulez bien rentrer demain.

 22   Monsieur Prskalo, il faudra que vous reveniez pour terminer votre

 23   déposition demain matin à 9 heures 30, je vous prie.

 24   L'audience est levée à 16 heures.

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