Page 22641
1 Mercredi 12 juillet 2000.
2 Audience Publique
3 (L'audience est ouverte à 10 heures 35.)
4 M. le Témoin (interprétation): Monsieur le Président, je déclare
5 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la
6 vérité.
7 M. le Président (interprétation): Vous pouvez vous asseoir, monsieur.
8 M. le Témoin (interprétation): Merci.
9 M. le Président (interprétation): Monsieur Naumovski, je suis désolé de
10 vous avoir tous fait attendre, mais l'un d'entre nous avait un rendez-vous
11 à l'hôpital, qui a pris plus de temps que prévu. Ce que nous allons faire,
12 c'est siéger à présent jusqu'à 12 heures 15 à peu près, nous aurons une
13 pause d'un quart d'heure à ce moment-là et nous terminerons la matinée
14 ensuite.
15 Vous avez la parole.
16 (Le témoin, M. Anto Puljic, est interrogé par M. Naumovski)
17 M. Naumovski (interprétation): Merci. Monsieur le Président. Monsieur
18 Puljic, veuillez je vous prie, décliner votre identité complète pour les
19 Juges et nous dire quelle est votre date de naissance?
20 M. le Témoin: Je m'appelle Anto Puljic, je viens de la ville de
21 Kresevo en Bosnie et je suis né en 1958.
22 M. Naumovski (interprétation): Merci. Nous pouvons, je crois passer en
23 revue rapidement les autres éléments d'identification qui vous
24 caractérisent. Monsieur Puljic, en 1990, vous entrez dans l'organisation
25 d'une section locale du plus important parti politique croate en Bosnie-
Page 22642
1 Herzégovine, à savoir l'union démocratique croate, et toute l'année 1991,
2 vous avez été ce qu'on peut appeler un membre actif du HDZ de Bosnie-
3 Herzégovine, n'est-ce pas?
4 M. Puljic (interprétation): Oui. Dans mon organisation municipale donc
5 après les actions d'organisation qui on eu lieu en 1990, alors que
6 l'organisation était encore illégale et ensuite au cours de diverses
7 activités qui ont eu lieu après la fondation du HDZ à Kresevo.
8 Question: En avril 1992, vous avez déménagé de Kresevo à Busovaca où
9 vous avez passé deux mois à peu près, et vous avez participé dans cette
10 ville à la préparation de la défense contre la menace que constituait
11 l'armée Serbe de Bosnie qui attaquait, et les attaques de la JNA, n'est-ce
12 pas?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Les Juges de cette Chambre ont déjà entendu parler abondamment
15 de tout cela, mais nous pouvons y revenir brièvement. Les Croates de
16 Bosnie-Herzégovine se sont plus tard organisés en conseil croate de
17 défense pour défendre leurs biens et leurs familles, n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Dites-moi, monsieur, dans les premiers mois de la guerre en
20 Bosnie-Herzégovine, le HVO était une organisation assez mal définie, un
21 peu hybride, n'est-ce pas?
22 Réponse: Eh bien, on pourrait dire que c'est un embryon de quelque
23 chose qui allait se développer, c'est-à-dire que le HVO a été crée et
24 s'est efforcé d'organiser aussi la vie civile, car il y avait des besoins
25 ressentis par la population dans ces régions à l'époque, en matière de
Page 22643
1 santé, d'éducation, etc, indépendamment des circonstances.
2 Question: Eh bien, en rapport avec cela, au cours du printemps et de
3 l'été 1992, vous vous occupiez de l'approvisionnement en nourriture, en
4 produits d'hygiène et en autres articles de première nécessité, tout cela
5 dans le cadre d'efforts très importants accomplis pour préparer la
6 défense, n'est-ce pas ?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Après votre séjour à Busovaca au mois de juin 1992, vous êtes
9 retourné à Kresevo où vous avez travaillé dans l'entreprise TAO jusqu'à la
10 fin de l'année 1992, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui.
12 Question: - Au début du mois de janvier 1993, le Président du conseil
13 exécutif du HVO, le Dr Jadranko Prlic, vous a nommé au poste de chef de
14 l'administration chargé de la défense à Travnik. Et vous avez rempli ces
15 fonctions jusque qu'au mois de juin 1994, c'est-à-dire jusqu'à une date
16 postérieure à la guerre, si nous pouvons parler ainsi, n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui, lorsque j'ai quitté mes fonctions, à ma demande et j'ai
18 obtenu l'autorisation de le quitter du ministre de la défense.
19 Question: Nous reviendrons là-dessus plus tard, mais peut-être pouvons
20 nous résumer cela en une phrase à présent. Dans le cadre de vos fonctions
21 en tant que chef de la défense à Travnik, vous avez travaillé au
22 recrutement de nouveaux soldats, à la mobilisation des hommes, ainsi qu'à
23 l'acquisition de matériel et d'équipement, n'est-ce pas ?
24 Réponse: Oui, c'était à peu près ce que je faisais, la nature de mon
25 travail au sein de cette administration.
Page 22644
1 Question: Merci. Veuillez avoir l'amabilité de dire en deux phrases aux
2 Juges de cette Chambre, quel était le département dont dépendait
3 l'administration de la défense de Travnik, quelle était la structure de
4 cet organisme au niveau supérieur et au niveau inférieur?
5 Réponse: L'administration chargée de la défense à Travnik fonctionnait
6 comme un organe administratif dépendant du département de la défense sur
7 le territoire de la Bosnie centrale, c'est-à-dire que c'était un organe
8 administratif territorial du département de la défense.
9 Question: Eh bien essayons de rendre les choses un tout petit peu plus
10 claires pour les Juges. Nous pouvons leur rappeler que le département de
11 la défense dont vous venez de parler, est l'un des départements de la
12 branche civile du HVO, conseil croate de défense, qui était dirigé par
13 Jadranko Prlic, n'est-ce pas?
14 Réponse: Oui. Cette administration avait compétence sur le territoire
15 de la Bosnie centrale et les niveaux inférieurs d'organisation étaient
16 donc les bureaux municipaux, qui permettaient de mettre en oeuvre les
17 tâches décidées.
18 Question: Merci.
19 Réponse: Je pourrais ajouter quelques mots pour rendre les choses un
20 peu plus claires, si vous m'y autorisez.
21 Question: Je vous en prie.
22 Réponse: Eh bien, il y a des similitudes entre cette administration et
23 l'administration de la police qui elle, dépendait du ministère de
24 l'intérieur. Nous fonctionnions d'une façon assez similaire, étant entendu
25 que nous avions nos propres missions et que l'administration de la police
Page 22645
1 avait elle, ses missions à elle, son travail à elle.
2 Question: Très bien. Nous avons déjà signalé il y a quelques instants
3 que le département de la défense était donc une structure supérieure à la
4 vôtre, ce département de la défense remplissait les fonctions qui sont les
5 fonctions classiques d'un ministère dans d'autres gouvernements. Et il a
6 été dit que vous étiez un organe, qui au niveau municipal organisait les
7 différentes tâches liées à la défense et vous coordonniez les activités
8 des bureaux dans diverses municipalité., Vous étiez donc l'élément
9 coordinateur entre les bureaux municipaux et le département de la défense?
10 Réponse: Oui, je rendais compte au chef du département de la défense et
11 par la suite, lorsque le département s'est développé pour devenir un
12 ministère à part entière, je rendais compte au ministre de la défense.
13 Question: A l'époque, où se trouvait le siège de l'administration de la
14 défense, le siège de l'administration de la défense de Travnik?
15 Réponse: Il se trouvait à Mostar.
16 Question: Et qui était le chef de ce département de la défense à
17 l'époque?
18 Réponse: C'était M. Bruno Stojic.
19 Question: L'administration de la défense de Travnik, vous nous avez
20 parlé des différents niveaux municipaux, locaux et supérieurs au niveau
21 municipal, mais tous ces différents bureaux se trouvaient dans la vallée
22 de la Lasva. Travnik, Novi Travnik, Busovaca et Vitez étaient des
23 municipalités différentes, n'est-ce pas ?
24 Réponse : Oui.
25 Question : Depuis le mois de janvier 1993 et jusqu'à la fin de la guerre
Page 22646
1 au printemps de 1994, vous avez dirigé l'administration de la défense,
2 n'est-ce pas ?
3 Réponse : Oui.
4 Question : J'aimerais que l'on remette au témoin le document Z 696 dont
5 j'ai une copie, et il serait sans doute bon de placer ce document sur le
6 rétroprojecteur.
7 (L'huissier s'exécute.)
8 Question : Monsieur Puljic, à la fin du mois d'avril 1993, une escalade
9 de la guerre s'est produite sur le territoire de la Bosnie centrale.
10 Veuillez d'abord dire aux Juges qui a attaqué, et en deuxième lieu, qui a
11 attaqué qui à Zenica, d'après ce que vous savez personnellement ?
12 Réponse : L'attaque a été réalisée par ceux que l'on appelait l'armée de
13 Bosnie-Herzégovine. Cette attaque a visé les unités et les territoires
14 contrôlés par le conseil croate de défense.
15 Question : Dites-moi, à cette époque-là, receviez vous des informations
16 au sujet des événements qui avaient cours à Zenica ? Réponse : C'était
17 l'époque où Vitez était déjà en flammes et Zenica aussi. Des informations
18 tout à fait dramatiques nous parvenaient de diverses sources au sujet de
19 morts, de blessés, de destruction de bâtiments, d'incendies de maisons
20 particulières.
21 Question : A votre avis combien de croates ont fui Zenica au début de
22 cette offensive, au mois d'avril ?
23 Réponse : D'après les informations que nous recevions, 13000 personnes
24 croates à peu près se sont déplacées pour essayer d'atteindre le
25 territoire libre, c'est-à-dire le territoire sous le contrôle du Conseil
Page 22647
1 croate de Défense, et ce dans deux directions : en se dirigeant vers
2 Ovnak, c'est-à-dire le territoire protégé par la brigade Jure Frantic, ce
3 qui faisait que les gens se sentaient plus sûrs, ils se sentaient protégés
4 dans leur fuite et essayaient donc de se diriger vers les endroits où ils
5 pensaient que leur sécurité était mieux assurée.
6 L'autre direction de cette fuite à été via Trenica, dans la direction de
7 Cajdrak où malheureusement les éléments de la brigade de Zenica ont été
8 incapables d'effectuer une percée, de sorte que les gens qui se sont
9 dirigés dans cette direction n'ont plus été protégés.
10 Question : Vous venez de parler de Cajdrak, et sur le rétroprojecteur
11 nous voyons une lettre qui est devenue une pièce à conviction de
12 l'accusation Z 696. Vous rappelez vous cette lettre et vous rappelez vous
13 qui à écrit cette lettre et à qui elle était adressée ?
14 Réponse : Oui je me rappelle très bien. les événements qui se sont
15 produits à cette époque-là sont profondément inscrits dans ma mémoire.
16 Cette lettre c'est moi qui en suis l'auteur ; c'est ce que je considérais
17 être un appel à l'aide des Croates de Zenica.
18 J'ai envoyé cette lettre au commandant du bataillon britannique de la
19 Forpronu, je crois que c'était le lieutenant-colonel Stewart. Je l'ai
20 envoyée au chef de la mission des observateurs de la communauté
21 européenne, Jean-Pierre Thébault, ainsi qu'au représentant de la Croix-
22 Rouge internationale.
23 J'ai écrit cette lettre parce que, dans ces moments dramatiques, je
24 considérais, puisque nous n'avions plus, ni la force ni la possibilité
25 d'apporter de l'aide aux civils de Zenica, j'ai donc considéré qu'il était
Page 22648
1 indispensable d'écrire cet appel à l'aide pour tenter d'éviter la
2 catastrophe qui a été vécue par ce peuple.
3 J'ai donc écrit cette lettre, je l'ai signée, mais je considérais que pour
4 lui donner un effet plus fort, plus puissant, il convenait d'ajouter
5 également la signature de M. Dario Kordic et de M. Ignac Kostroman.
6 En effet, à l'époque je n'étais pas suffisamment connu sur la seule base
7 des positions que j'occupais pour laisser une empreinte suffisamment forte
8 dans cet appel à l'aide.
9 Question: Nous voyons votre nom, votre signature en bas de ce texte, en
10 bas à gauche. Est-ce bien votre nom qui est écrit ici ?
11 Réponse : Oui. je vois aussi que j'ai signé au nom de M. Kostroman et de
12 M. Kordic.
13 Question : - Il y a un mot qui est écrit, le mot "ZA", ce qui signifie en
14 Croate "au nom de". Est-ce exact ?
15 Réponse : Oui, je n'ai pas demandé leur autorisation pour utiliser leur
16 nom, mais les connaissant et connaissant leurs principes moraux et leur
17 conception, j'ai pensé qu'ils auraient agi exactement comme je l'avais
18 fait s'ils étaient dans la même situation.
19 A l'époque, je me trouvais à Vitez, je ne savais pas s'ils envoyaient le
20 même genre de lettre à partir de Busovaca ou d'un autre endroit. Nous
21 n'avions pas de communication, elle était interrompue à l'époque et les
22 combats étaient en cours autour de Vitez.
23 Question : Pour que nous nous comprenions bien, vous n'avez pas demandé
24 leur autorisation ni leur agrément pour écrire cette lettre et la signer
25 comme vous l'avez fait, mais vous l'avez écrite et envoyée à votre propre
Page 22649
1 initiative pour les raisons que vous venez d'exposer
2 Réponse : C'est absolument cela.
3 Question : Une question technique maintenant : cette lettre a été rédigée
4 en anglais, mais vous ne parlez pas anglais. Je suppose donc que vous
5 l'avez rédigée en croate d'abord et que vous l'avez fait traduire ?
6 Réponse : Oui, absolument. Il y avait une femme qui connaissait
7 l'anglais qui l'a traduite.
8 Question : Passons au paragraphe 10 de votre résumé de déposition. Vous
9 venez de parler des événements du mois d'avril, de cette attaque de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine contre les unités du HVO, et je vous demande
11 de partir du début, de l'époque où la JNA a attaqué à la fois les Croates
12 et l'armée de Bosnie-Herzégovine A ce moment-là, combien y a t-il de
13 réfugiés Musulmans qui ont fui les régions occupées par les Serbes ?
14 Réponse: D'après notre évaluation, à peu près 100000 réfugiés
15 exclusivement Musulmans, sont arrivés de Bosnie occidentale, de la région
16 que l'on désignait sous le nom de Krajina Bosniaque, ainsi que de Bosnie
17 orientale, c'est-à-dire des territoires qui longent la Drina. Question:
18 Sur le plan militaire, quelles étaient les lignes que ces personnes
19 devaient franchir pour arriver en Bosnie centrale ?
20 Réponse: Puisque nous tenions le front de Jajce, et le front qui
21 faisait face à Travnik, et que ces réfugiés venaient de Bosnie occidentale
22 entre autres, il leur fallait franchir les lignes tenues par le conseil
23 croate de défense, les lignes croates. Et c'était la même chose en
24 provenance de Bosnie orientale, où il fallait franchir les lignes qui
25 faisaient face au mont Igman et à Bjelasnica, puisqu'il y avait une partie
Page 22650
1 du front qui était sous le contrôle du HVO également dans cette région.
2 Question: Monsieur Puljic, à l'époque vous étiez membre actif du HDZ et
3 par la suite, vous avez accepté un engagement professionnel en tant que
4 chef de la direction de la défense à Travnik. Pendant toute cette période
5 de 1991 à 1993, avez-vous jamais entendu dire que les dispositions
6 statutaires des institutions qui mettaient en oeuvre la politique
7 officielle, prévoyaient des persécutions des Musulmans sur le territoire
8 de la communauté croate d'Herceg-Bosna, devenu plus tard République croate
9 d'Herceg Bosna. En d'autres termes, sur les territoires sous le contrôle
10 militaire du HVO?
11 Réponse: Cela n'a jamais été une politique officielle, pas plus
12 d'ailleurs qu'une politique officieuse. Sur ces territoires, vivaient les
13 populations qui y résidaient, qui étaient des Musulmans entre autres, mais
14 il y avait aussi sur ces territoires, des Musulmans qui étaient réfugiés
15 et qui était arrivés de Bosnie occidentale et orientale, et c'est avec
16 l'arrivée de ces réfugiés que la situation s'est modifiée, car l'équilibre
17 a été rompu, ce qui a contribué à faire pression sur les ressources qui
18 étaient les nôtres. Nous étions déjà sur le plan des ressources
19 matérielles, à la limite de ce qu'il était possible de faire pour loger
20 les gens et les nourrir. Dans une maison, vivaient plusieurs familles,
21 mais je répète que cette politique n'a jamais été une politique
22 officielle, d'ailleurs si elle l'avait été, je n'aurais pas souhaité y
23 participer, je l'affirme en fait, car cela aurait été insensé de créer un
24 tel conflit, de mener une politique de nettoyage ethnique, pour l'appeler
25 par son nom, d'une telle ampleur, compte tenu de la population qui était
Page 22651
1 présente sur ces territoires, de son importance notamment. Nous étions une
2 petite population, il n'aurait pas été logique pour nous de mettre en
3 oeuvre de telles mesures.
4 Question: Vous venez de parler de pression sur les ressources
5 matérielles dont vous disposiez. Cette pression, due à l'afflux massif de
6 réfugiés, plusieurs milliers de groupes divers qu'il était impossible de
7 maintenir sous son contrôle, est-ce que ces événements ont abouti à une
8 multiplication des délits et des sanctions pénales, c'est-à-dire de
9 l'absence de loi dans ces régions?
10 Réponse : Absolument, des gens qui par le passé avaient eu des tendances
11 délinquantes et étaient passés par les tribunaux, sont arrivés sur notre
12 territoire, et bien entendu, nos autorités policières ont éprouvé
13 d'énormes problèmes à l'époque. Toutes les structures gouvernementales du
14 HVO, qu'il s'agisse des structures civiles ou de la police, se sont
15 efforcées de faire le maximum pour essayer de rétablir l'ordre face à la
16 multiplication des incidents, des cambriolages, des meurtres. Mais la
17 situation était ce qu'elle était, et elle a été créée très rapidement, en
18 raison de cet afflux massif et soudain d'un grand nombre de personnes, et
19 nos autorités bien sûr n'avaient pas la possibilité de savoir exactement
20 qui était arrivé et où, n'est-ce pas.
21 Question: Vous avez dit, que le cadre même d'une vie civilisée s'était
22 démantelé, n'est-ce pas?
23 Réponse : Oui, complètement démantelé. Tous les aspects régissant la
24 vie civile ont disparu. Le gouvernement central basé à Sarajevo était
25 isolé, coupé du reste de la Bosnie-Herzégovine, et toutes les institutions
Page 22652
1 de la Bosnie-Herzégovine ont cessé de fonctionner. Donc, nous avons essayé
2 de nous relever des cendres à ce moment-là, si je puis m'exprimer ainsi,
3 sur le plan des ressources matérielles.
4 Question: Mais ces incidents, ces cambriolages dont vous venez de
5 parler, se produisaient-ils d'un seul côté, ou des deux côtés?
6 Réponse: Ce genre de choses se passait indépendamment de l'appartenance
7 ethnique, à savoir qu'à l'époque, il était impossible de dire que c'était
8 la population croate ou la population musulmane qui était victime de ce
9 genre d'actions criminelles. En fait, tout dépendait de l'endroit où on se
10 trouvait, et de la nature des groupes criminels qui traversaient la
11 région. Il n'y avait pas de distinctions ethniques, et ces incidents
12 pouvaient même frapper des personnes de la même appartenance ethnique que
13 ces groupes criminels.
14 Question: C'est intéressant. Donc les membres d'une appartenance
15 ethnique différente pouvaient faire partie du même groupe criminel?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Encore une question sur ce sujet. Ces éléments criminels qui
18 commettaient des actes de violence et des provocations, pensez-vous qu'ils
19 étaient partie prenante à une politique orchestrée, imposée par une
20 direction ou pas?
21 Réponse: Non, ces groupes criminels qui agissaient dans certains
22 secteurs, notamment à Sarajevo, Zenica et Banja Luka ne faisaient que se
23 déplacer vers un autre territoire, le territoire libre pour poursuivre le
24 même genre d'activité qu'ils avaient accompli auparavant. Il n'y avait pas
25 de coordination due à une direction quelconque, que ce soit au niveau
Page 22653
1 local ou au niveau régional.
2 Question: Merci. Monsieur Puljic, vous avez déjà répondu à un certain
3 nombre de questions relatives au développement de la situation de guerre,
4 des opérations de guerre, mais dites-nous ce qui s'est passé au HDZ de
5 Bosnie-Herzégovine. Qu'est-il arrivé à cet organisme en tant que parti
6 politique? Est-il resté opérationnel pendant toute l'année 1992, 1993, ou
7 y a-t-il eu arrêt de son fonctionnement?
8 Réponse: Lorsque la Bosnie-Herzégovine a été agressée, attaquée en
9 1992, le HDZ a gelé son activité et je crois que nous pouvons dire que
10 pendant toute l'année 1993, à partir de la mi-1992, cette action s'est
11 interrompue.
12 Question: Vous étiez un représentant civil, vous n'étiez pas un soldat,
13 mais compte tenu du travail qui était le vôtre, vous aviez des contacts
14 avec les cadres ou bien, pour être plus précis, je dirai avec les
15 personnes qui accomplissaient un travail militaire. Je vous demande si
16 vous avez jamais entendu dire qu'au HVO il ait existé ce qu'on peut
17 appeler des commissaires politiques issus du HDZ de Bosnie-Herzégovine, à
18 savoir des personnes remplissant à peu près les mêmes fonctions que les
19 hommes "polit" du régime soviétique en U.R.S.S.. Vous savez que cela a été
20 dit au cours de ce procès.
21 Réponse: Non. Dans toutes les brigades, lorsque ces brigades ont été
22 créées, il existait un organe appelé IPD et chargé de l'information et de
23 la propagande. A ce moment-là il existait un certain nombre de personnes
24 qui, selon l'évaluation faite par les commandants de brigade, étaient
25 capables d'effectuer ce genre de travail et j'en connaissais quelques uns
Page 22654
1 car notre direction avait son mot à dire dans la nomination de ces
2 personnes.
3 Question: Le service IPD existait également ailleurs, mais est-ce qu'on
4 peut dire que ces commissaires politiques existaient tout simplement pour
5 pouvoir exercer une influence dans la chaîne de commandement?
6 Réponse: Non absolument pas. En ce qui concerne le rôle de
7 commandement, il revenait au commandant. Les commissaires politiques
8 n'existaient pas, moi, je n'ai jamais entendu parler de cela.
9 Question: Monsieur Puljic, vous étiez chef de la direction de la défense
10 et vous avez agi à Travnik et vous avez également couvert la zone
11 opérationnelle de Bosnie centrale à la tête de laquelle se trouvait le
12 colonel Blaskic?
13 Réponse: Oui, effectivement cette zone de responsabilité qui était la
14 mienne correspondait à la zone de responsabilité du colonel Blaskic.
15 Question: Nous allons maintenant terminer de ce sujet concernant les
16 commissaires politiques. Est-ce que vous avez entendu dire qu'un
17 représentant politique ait éventuellement délivré des ordres, des
18 consignes ou des instructions, qu'il ait donné des ordres à une formation
19 quelconque dans votre zone de responsabilité?
20 Réponse: En ce qui concerne ma zone de responsabilité, le commandant de
21 la zone opérationnelle était celui qui délivrait les ordres, je parle de
22 la Bosnie centrale, ou bien des commandants et des brigades et des unités
23 qui ont été subordonnées à la brigade. Mais je n'ai jamais entendu parler
24 d'un homme politique qui ait pu délivrer des ordres. D'ailleurs cette
25 possibilité n'existait pas parce qu'il y avait cette chaîne de
Page 22655
1 commandement qui était bien structurée et bien ancrée.
2 Question: Par conséquent, vous n'avez jamais entendu parler de tels cas?
3 Réponse: Absolument, vous avez raison je n'en ai jamais entendu parler.
4 Question: Merci. Monsieur Puljic, quelques questions au sujet de M.
5 Kordic. Je pense que vous avez eu l'occasion de le connaître à cette
6 époque-là, au moment où vous avez commencé à vous préparer pour vous
7 défendre contre l'armée des Serbes de Bosnie en 1990, vers les années 1990
8 et 1991.
9 Réponse: C'est en 1990 que nous nous sommes rencontrés dans des
10 réunions qui étaient élargies, réunion du HDZ. En 1991, la situation en
11 Bosnie-Herzégovine, sur le plan sécurité, sur le plan politique, s'est
12 détériorée et nous avons eu l'occasion de nous rencontrer beaucoup plus
13 fréquemment, car nous avons considéré que la situation était dramatique et
14 que ce moment dramatique que nous avons vécu était indispensable d'essayer
15 de chercher les solutions. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes
16 rencontrés à plusieurs reprises. Et au cours de la guerre, au cours de
17 cette agression, nous avons eu également l'occasion de nous rencontrer
18 lors des réunions. Je dois dire que je connais assez bien M. Dario Kordic.
19 Question: Au moment où la communauté croate d'Herceg-Bosna a été créée,
20 M. Kordic avait occupé un certain nombre de postes; il a exercé quelques
21 fonctions, est-ce que vous savez quelle était la fonction qu'il avait
22 exercée?
23 Réponse: Au moment où le HDZ a été créé, M. Kordic a été élu un des
24 deux vice-présidents, le président était M. Mate Boban et le vice-
25 président M. Dario Kordic et M. Bozo Rajic. Je connais son rôle, je sais
Page 22656
1 ce qu'il a fait au sein du HDZ.
2 Question: Pourriez-vous nous dire où se trouvait le siège de votre
3 bureau, ou plutôt de votre direction de la défense de Travnik au cours de
4 1993 ?
5 Réponse: Au cours de 1993, c'est pour des raisons de sécurité que nous
6 avons eu notre siège à Vitez, sinon normalement nous aurions dus être à
7 Travnik, mais comme le front était à côté, Travnik a été pratiquement
8 pilonnée quotidiennement par l'armée des Serbes de Bosnie à partir du
9 plateau et de Vlasic et que Komar. C'est la raison pour laquelle nous
10 avons considéré qu'il était indispensable de déplacer notre siège et nous
11 avons développé nos activités pendant tout ce temps à Vitez. C'était un
12 poste avancé, en quelque sorte.
13 M. Bennouna: Pardon, monsieur Naumovski. J'aimerais demander au témoin
14 pour nous aider à mieux comprendre la situation. Il dit qu'il y a les
15 commandants sur le plan militaire et que s'ils n'ont rien à voir avec les
16 politiques, est-ce que vous pouvez nous dire quel était le rôle de M. Mate
17 Boban dont vous venez de parler, président de la communauté d'Herceg-Bosna
18 sur le plan militaire par rapport au HVO?
19 M. Puljic (interprétation): Monsieur Mate Boban était président de la
20 communauté croate d'Herceg-Bosna et lui il était commandant suprême du HVO
21 au moment où le HVO a été créé. Il était le commandant suprême et il était
22 le seul à pouvoir délivrer des ordres au quartier général et à l'Etat-
23 major.
24 Ensuite, l'état-major délivrait des ordres aux zones opérationnelles, aux
25 commandants des zones opérationnelles, et ensuite il y avait une zone
Page 22657
1 opérationnelle en Bosnie centrale.
2 Moi, je pense qu'il y en avait 3 ou 4. Il y en avait une à Tomislavgrad,
3 une autre à Mostar, et je pense qu'il y avait également un état-major, une
4 zone opérationnelle de Posavina. Mais je ne connais pas tout à fait le
5 statut de cette zone opérationnelle. Ce n'était pas dans mes activités, et
6 c'est la raison pour laquelle je n'étais pas tellement intéressé à savoir
7 un peu plus sur cette zone opérationnelle...
8 M. Bennouna: On peut dire dans ce cas, que pour M. Mate Boban, il y
9 avait une confusion ; il avait disposé en même temps du pouvoir politique
10 et du pouvoir militaire.
11 Réponse: Il était tout d'abord à la tête du HVO, et à une certaine
12 étape on a fait la distinction entre la branche civile et la branche
13 militaire. A ce moment-là, c'est M. Jadranko qui était à la tête de
14 l'exécutif alors que Boban est resté Président de la Communauté croate de
15 Herceg-Bosna et commandant suprême.
16 Je ne sais pas, monsieur le Juge, si j'ai réussi à vous donner des
17 précisions et à répondre à votre question.
18 M. Bennouna: Non. Ma question était de savoir si M. Mate Boban avait
19 une autorité politique et militaire à un certain moment ?
20 Réponse : Oui.
21 M. Bennouna: Dans ce cas-là, quel était le rôle des Vice-présidents,
22 notamment de M. Kordic ?
23 Réponse : Monsieur Kordic avait un rôle politique uniquement. C'est le
24 Président qui commandait le HVO, ce qui figure dans les documents, ce qui
25 est stipulé dans les documents de la communauté croate de Herceg-Bosna. Et
Page 22658
1 ceci s'est passé au moment où l'agression s'est produite sur la Bosnie-
2 Herzégovine.
3 Monsieur Kordic n'avait pas d'autorité sur les forces armées du HVO.
4 M. Bennouna: Est-ce que vous n'êtes pas au courant de délégations de
5 pouvoirs militaires que M. Mate Boban aurait pu consentir à M. Kordic ?
6 Réponse : De telles délégations de pouvoirs n'ont jamais été transmises.
7 Moi, je n'avais pas cette occasion de le voir et puis M. Kordic ne m'a
8 jamais donné un ordre quelconque, et aucun commandant n'aurait accepté de
9 tels ordres.
10 Il n'y avait que le commandant de la zone opérationnelle qui aurait pu, à
11 l'époque, délivrer des ordres.
12 M. Bennouna: Je vous remercie.
13 M. Naumovski (interprétation): Merci. Monsieur, encore un détail juste
14 pour éclairer quelques questions. En ce qui concerne le décret portant sur
15 les forces armées, le Président de la communauté croate de Herceg-Bosna
16 était commandant suprême à la fois ?
17 Réponse : Oui.
18 Question : Dans ce décret on ne parle pas des Vice-Présidents du
19 commandant suprême, cette fonction n'existe pas.
20 Réponse : On n'a pas du tout parlé des postes, des fonctions des vice-
21 Présidents dans le décret.
22 Question : Mon collègue Sayers me dit qu'il s'agit de la pièce à
23 conviction D182 /1, 7 et 20.
24 Vous avez dit que votre siège se trouvait à Vitez. Pourriez-vous nous dire
25 dans quel bâtiment vous étiez ?
Page 22659
1 Réponse : Nous étions à l'hôtel Vitez, on nous a mis à la disposition un
2 appartement pendant toute la guerre. Ensuite, on avait une toute petite
3 pièce ; c'est là où nous nous sommes organisés pour pouvoir fonctionner.
4 Les conditions n'étaient véritablement pas les meilleures possibles, mais
5 nous avons mis à la disposition, le plus grand nombre des personnes aux
6 forces armées et au commandement.
7 Question : Vous veniez tous les jours au bureau, vous avez eu l'occasion
8 de voir également les personnes qui se rendaient au siège de la zone
9 opérationnelle de Bosnie centrale ?
10 Réponse : Oui.
11 Question : Pourriez-vous nous dire si M. Kordic venait souvent au siège
12 de la zone opérationnelle ou rarement ?
13 Excusez-moi juste un petit moment, parce que les Juges se consultent.
14 (Les Juges se concertent.)
15 Je vous en prie.
16 Réponse : J'ai vu de temps en temps mais très rarement M. Kordic à
17 l'hôtel, mais il s'y rendait de temps à autres pour assister à des
18 réunions, des réunions élargies qui ont été tenues où on a passé en revue
19 la situation politique d'un moment donné, étant donné que la crise a duré
20 dans ce territoire en 1992, 1993 et même 1994. Mais c'est surtout 1993 et
21 1994.
22 A cette époque-là, j'y étais, et j'ai eu l'occasion de le rencontrer. Je
23 l'ai rencontré au moment où il y avait des réunions. Il y avait une salle
24 de conférence à l'hôtel, et par conséquent; il y avait tout le reste pour
25 assurer les tenues de tels types de réunions, pour qu'un grand nombre de
Page 22660
1 personnes puissent assister à des réunions qui représentaient aussi bien
2 le volet politique, l'exécutif.
3 Moi aussi, j'étais le chef de la direction qui assistait à de telles
4 réunions, le chef de police, et c'est à cette occasion là que j'ai eu
5 l'occasion de le rencontrer.
6 Question : Par conséquent, si je peux conclure, il s'agissait de réunions
7 qui étaient spéciales, c'était des occasion toutes spéciales, les réunions
8 élargies qui ont eu lieu à l'hôtel dans ces salles de conférence ?
9 Réponse: Oui tout à fait.
10 Question: Vous avez dit tout à l'heure à la réponse au Juge Bennouna, en
11 disant que Dario Kordic ne faisait pas partie de la chaîne de
12 commandement, par conséquent il ne pouvait pas délivrer d'ordres.
13 Pourriez-vous nous dire si M. Kordic, dans un premier temps, avait un rôle
14 déterminé au cours de 1992, quand il y a eu encore des combats violents
15 qui ont eu lieu du côté du front de Jajce. Est-ce que vous vous souvenez
16 de l'une de ses activités et de cette époque-là ?
17 Réponse: Monsieur Kordic avait le rôle d'un homme politique local,
18 régional, qui était la voix du peuple, et qui suivait le déroulement des
19 événements, les activités qui ont eu lieu en Bosnie centrale. C'était un
20 homme politique, et il s'intégrait dans ces activités, dans ce sens
21 politique. Il a également essayé d'aider, comme moi d'ailleurs. Mais sur
22 le plan ordre, il n'a jamais donné d'ordres. Il y a eu des quartiers
23 généraux municipaux et la chaîne de commandement a été organisée et
24 passait par les quartiers généraux municipaux, avant que les brigades ne
25 soient constituées. Il n'avait aucun rôle de commandement, même pas à
Page 22661
1 cette époque-là, mais ce qui était caractéristique, parce que vous avez
2 parlé de Jajce, les membres du HVO de Jajce se sont renforcés pour
3 s'organiser sur cette ligne de front et intégrer également des volontaires
4 d'autres municipalités. Au début, les résultats n'étaient pas vraiment
5 très bon parce que le principe de volontariat n'était pas véritablement
6 respecté, et il y avait très peu de gens qui voulaient partir sur le
7 front. C'est la raison pour laquelle, M. Kordic a organisé un certain
8 nombre de réunions, il a fait des appels aux commandants des quartiers
9 généraux municipaux, à leurs collaborateurs et il a parlé lors des
10 conférences de presse, il a également écrit un certain nombre d'appels
11 dans des journaux municipaux, et c'est comme cela qu'il a encouragé les
12 gens à se rendre sur le front de Jajce. Il a encouragé des volontaires,
13 pour aider les membres du HVO de Jajce.
14 Question: Nous pouvons par conséquent dire, qu'il a encouragé les gens
15 à aller sur le front, mais sur une base volontaire?
16 Réponse: Oui tout à fait.
17 Question: A travers cette action politique qui fut la sienne, y compris
18 tout que vous avez dit tout à l'heure, avez-vous entendu dire que M. Dario
19 Kordic avait une attitude qui était extrémiste, qui pouvait blesser un
20 groupe ethnique, dénigrer un groupe ethnique, n'importe lequel, y compris
21 le groupe ethnique Musulman ?
22 Réponse: Non je n'ai jamais entendu parler de telles paroles de la
23 bouche de M. Kordic, et je ne pense pas d'ailleurs qu'il en soit capable,
24 parce que chaque fois quand je l'ai rencontré, il y avait déjà des
25 conflits qui étaient déclenchés, il y avait des centaines de personnes qui
Page 22662
1 avaient été victimes de ces conflits, nous étions toujours un petit peu
2 dans une position défensive, mais il n'a jamais prononcé de telles paroles
3 et surtout pas au cours des discours qu'il avait prononcés à l'intention
4 du grand public.
5 Question: Dans cette première étape, quand vous-mêmes et M. Kordic, vous
6 avez commencé à organiser le HVO, vous étiez dans cette phase initiale de
7 la création du HVO, c'était votre activité qui s'est fondée sur une base
8 volontaire quand chacun avait à s'occuper de son propre segment, de son
9 propre aspect. Est-ce que à cette époque-là, vous avez été formés du point
10 de vue militaire, vous-mêmes et M. Kordic ?
11 Réponse: A ma connaissance, M. Kordic n'avait pas été formé. Je pense
12 qu'il a fait son service militaire comme toute autre personne dans l'ex
13 JNA. Moi même, je n'avais aucune formation militaire, c'est la raison pour
14 laquelle je ne pouvais pas véritablement m'intégrer, réfléchir ou discuter
15 de ces questions-là.
16 Question: Mais dans ce premier temps, vous-même et M. Kordic, est-ce que
17 vous vous êtes occupés de l'aspect militaire ou éventuellement de cette
18 autre volet qui était rattaché à l'organisation de la défense, de la
19 logistique ?
20 Réponse: Mais notre champ d'activité était axé sur l'aspect logistique.
21 Monsieur Kordic a encouragé les gens pour s'intégrer dans la défense, ceux
22 qui avaient des qualifications, des formations, du courage également si
23 l'on peut dire ainsi, pour s'intégrer dans de telles activités. Par
24 conséquent, nous avons axé nos activités sur la logistique. Moi-même, j'ai
25 développé ces activités grâce à l'appui et l'aide de M. Kordic.
Page 22663
1 Question: Merci M; Puljic. Le tout dernier sujet, c'est le paragraphe 16
2 et j'aimerais vous poser quelques questions à ce sujet là. En votre
3 qualité de chef de la direction de la défense, vous aviez le département
4 et les bureaux qui vous ont été subordonnés, votre tâche était de
5 mobiliser les conscrits pour la défense, et vous avez travaillé dans le
6 cadre de la direction de la défense, dont le siège à un moment donné se
7 trouver à Mostar ?
8 Réponse: Oui, mais vu les opérations militaires, c'est la direction qui
9 a été déplacée à ce Citluk.
10 Question: Vous n'êtes pas sans savoir qu'un certain nombre de soldats
11 sont nés en Bosnie-Herzégovine. Parmi eux, il y avait des Croates, mais
12 il y avait des Musulmans également, qui ont servi sous les drapeaux de
13 l'armée croate et qui ont défendu la Croatie contre l'agression sur la
14 Croatie.
15 Réponse: Oui je connaissais un certain nombre de ces personnes là,
16 parce que j'avais des voisins également qui étaient nés en Bosnie, et qui
17 étaient partis en Croatie pour combattre.
18 Question: Est-ce qu'un certain nombre de ces gens-là, qui sont allés
19 volontairement défendre la Croatie contre l'agression, est-ce qu'un
20 certain nombre de ces gens-là sont retournés en Bosnie-Herzégovine au
21 moment où la guerre s'est déclenchée en Bosnie-Herzégovine?
22 Réponse: D'après mes évaluations, plus de 85% de ces gens-là sont
23 retournés en Bosnie et on rejoint les rangs du HVO. C'était déjà des
24 jeunes hommes qui avaient une expérience de guerre, et leur aide nous a
25 été extrêmement importante. Nous ne savions pas quel était leur statut
Page 22664
1 dans l'armée de Croatie, mais chez nous, ils étaient membres du HVO, ils
2 venaient rejoindre les rangs individuellement, ce n'étaient pas des
3 groupes de combat, même pas par trois. Ils venaient un par un,
4 individuellement. Probablement à partir du moment où ils avaient eu la
5 permission de se rendre en Bosnie-Herzégovine, et il y en avait
6 probablement qui quittaient carrément la république de l'armée croate.
7 Question: Vous les avez, par conséquent, pris dans vos rangs étant donné
8 qu'ils étaient déjà nés en Bosnie-Herzégovine et leurs noms figuraient sur
9 les registres et les extraits, les actes de naissance.
10 Réponse: Mais ce n'était pas notre préoccupation véritablement, ce
11 n'était pas dans mes activités.
12 Question: Merci. Mais pendant tout ce temps-là, au cours de 1993
13 jusqu'au printemps en 1994, pendant que vous êtes resté directeur de la
14 direction de la défense, pourriez-vous nous dire si dans le territoire
15 dans lequel vous avez opéré, est-ce qu'il y avait des unités de l'armée
16 croate ou non?
17 Réponse: Non, il n'y en avait pas, je l'ai déjà dit tout à l'heure.
18 Même quand les conscrits revenaient de Croatie chez nous et quand ils
19 rejoignaient nos rangs, ils ne sont pas venus comme des unités de combat
20 et je vous dis qu'une unité de combat comprend entre trois et cinq
21 soldats. Ils venaient, ils revenaient individuellement.
22 Question: Merci, monsieur Puljic, c'est ainsi que je termine mon
23 interrogatoire principal. Merci.
24 M. le Président (interprétation): Maître Mikulicic, vous avez la parole.
25 (Le témoin, M. Puljic, est interrogé par M. Mikulicic)
Page 22665
1 M. Mikulicic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
2 monsieur Puljic. Je vais vous poser quelques questions au nom de la
3 défense de M. Mario Cerkez dont je défends les intérêts dans ce procès.
4 Nous venons d'apprendre par vous-même que dès le début de 1993 vous avez
5 été nommé chef de la direction de la défense de Travnik avec un siège à
6 Vitez, à l'hôtel de Vitez où se trouvait également le siège de la zone
7 opérationnelle, n'est-ce pas ?
8 M. Puljic (interprétation): Oui.
9 Question: J'aimerais vous demander, M. Puljic, de bien vouloir jeter un
10 coup d'oeil sur un organigramme que je vais vous montrer et pour
11 information de la Chambre, c'est un organigramme qui a été utilisé dans le
12 procès Blaskic et j'aimerais bien aborder un sujet qui me paraît utile,
13 opportun de discuter ici.
14 (L'huissier s'exécute.)
15 Pourriez-vous placer sur le rétroprojecteur cet organigramme, s'il vous
16 plaît.
17 Mme Ameraali (interprétation): Il s'agira de la pièce portant la code D
18 69/2.
19 (L'huissier s'exécute.)
20 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Puljic, nous voyons sur cet
21 organigramme tout à fait en haut le HVO de la communauté croate d'Herceg-
22 Bosna et pour traduire cela dans une langue plus compréhensible, il
23 s'agirait du gouvernement de la communauté croate d'Herceg-Bosna.
24 (Le témoin acquiesce.)
25 Il y a plusieurs ministères donc un ministère est un ministère, un
Page 22666
1 département comme on l'appelle ici de la défense, et vous étiez le
2 fonctionnaire de ce ministère?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Monsieur Puljic, est-ce que vous pouvez nous dire quels
5 étaient les sous direction, les sous départements? Comment ils étaient
6 organisés?
7 Réponse: Moi, j'avoue que pour ce qui concerne le département de la
8 défense, je n'ai pas tout à fait bien compris jusqu'à la fin. Je
9 connaissais ces sous directions qui étaient chargées du volet civil, mais
10 dans l'organigramme, on ne le voit pas, on ne peut pas véritablement voir
11 clairement, mais il y a une chaîne de commandement qu'on voit.
12 Question: Mais de toute façon, moi, j'aimerais que l'on puisse éclaircir
13 un certain nombre… dans le cadre du département ou du ministère, il y
14 avait cette sous direction et vous étiez membre civil. Quelles étaient ces
15 tâches?
16 Réponse: Nos activités étaient de tenir des registres militaires, de
17 nous occuper de la mobilisation. Il y avait un certain nombre de choses
18 que nous avons eues à remplir au niveau de la mobilisation par exemple,
19 s'il s'agissait également des biens immobiliers, par exemple des sociétés,
20 c'était également dans nos tâches, dans nos activités.
21 Question: Mais quand vous parlez de la mobilisation, est-ce que vous
22 voulez dire qu'un certain nombre de sociétés, un certain nombre d'objets à
23 caractère civil sont rattachés aux formations militaires, n'est-ce pas,
24 dans le cadre de la guerre?
25 Réponse: Oui, effectivement ce qui était notre objectif, c'était de
Page 22667
1 tenir des registres sur les mobilisations, les mobilisations comprenaient
2 aussi bien les effectifs, les potentiels humains que les biens. C'est le
3 volet civil et c'est vis-à-vis du gouvernement que nous avons eu à remplir
4 ces tâches.
5 M. le Président (interprétation): Maître Mikulicic, je vais vous
6 interrompre. Pourriez-vous nous parler de cet organigramme que vous venez
7 de soumettre? Quelle est son origine, sa provenance? Ceci nous permettra
8 de mieux suivre.
9 M. Mikulicic (interprétation): Cet organigramme a été déjà produit dans le
10 procès Blaskic. Moi, je voudrais tout simplement m'y référer dans le sens
11 d'expliquer un certain nombre de points, ce n'est pas un organigramme qui
12 est complet, qui est exact, mais on peut s'y référer pour essayer
13 d'apporter un peu plus de précision.
14 M. le Président (interprétation): Et qui l'a produit dans l'affaire
15 Blaskic?
16 M. Mikulicic (interprétation) : A ma connaissance c'est la défense de M.
17 Blaskic qui avait produit cet organigramme.
18 M. le Président (interprétation): Et pourriez-vous nous dire par le
19 truchement de quel témoin ceci a été produit?
20 M. Mikulicic (interprétation): Malheureusement, Monsieur le Président, je
21 ne le sais pas.
22 M. le Président (interprétation): Je suis sûr que nous pouvons tirer ceci
23 au clair, mais s'agissant de ce témoin-ci, il ne peut manifestement pas
24 nous aider.
25 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur le Président, je suis d'accord
Page 22668
1 avec vous et je ne m'attendais certainement pas que le témoin confirme
2 l'exactitude de cet organigramme, mais je voulais que ce soit en quelque
3 sorte comme un manuel auquel on se réfère et j'aimerais poser quelques
4 questions à ce sujet-là si vous me le permettez, Monsieur le Président,
5 Messieurs les Juges.
6 M. le Président (interprétation): Oui.
7 M. Mikulicic (interprétation): Merci. Monsieur Puljic, je voudrais vous
8 poser encore deux questions à ce sujet-là et ensuite nous allons passer à
9 un autre sujet. Si vous regardez à gauche et à droite par rapport à cette
10 petite case qui s'appelle le HVO, on voit qu'il y avait des cases de la
11 police militaire et du SIS, et les deux sont rattachés directement à la
12 direction de la défense. Est-ce que vous pouvez me donner des précisions ?
13 M. Puljic (interprétation): Mais je vous ai déjà dit que je ne connais pas
14 tout à fait bien et je ne sais pas comment fonctionner cet organigramme,
15 c'est la raison pour laquelle je ne peux pas vous donner un peu plus de
16 précision.
17 M Mikulicic (interprétation): Dans ce cas, nous n'allons pas nous pencher
18 davantage sur cet organigramme et nous allons passer à un autre sujet.
19 Vous nous avez dit que le Département de la Défense et les bureaux qui
20 étaient au niveau municipal avaient pour but également de compléter les
21 effectifs dans les territoires bien précis.
22 Monsieur Puljic, vous savez que le deuxième accusé, M. Mario Cerkez que je
23 défends, avait été nommé commandant de la brigade de Vitez à la fin du
24 mois de mars 1993 sur l'ordre du colonel M. Blaskic de l'époque.
25 Est-ce que à cette époque-là, il y avait à Vitez la brigade qui a été
Page 22669
1 créée ? Est-ce que vous êtes au courant ?
2 Réponse : Moi, j'étais au courant des nominations étant donné qu'on nous
3 a demandé de compléter les effectifs des brigades qui ont été nouvellement
4 créées. C'est la raison pour laquelle j'ai été bien évidemment au courant
5 de toutes ces activités, car il fallait coopérer. Il fallait que moi
6 également, je puisse délivrer un certain nombre d'ordres et de consignes à
7 mes collaborateurs dans ma direction.
8 Question: Je parle de la fin de mars 1993. A cette époque-là, vous
9 saviez quelle était la situation sur le plan effectif de la brigade de
10 Vitez. Pourriez-vous nous donner plus de détails ?
11 Réponse : La brigade de Vitez a été complétée jusqu'au niveau d'un
12 bataillon : 600 personnes à peu près. A mon avis, c'était le cas à cette
13 époque-là. C'était une brigade de campagne qui, normalement, aurait dû
14 avoir 2000 conscrits, mais nous ne pouvions pas compléter les effectifs
15 jusqu'à un tel nombre. C'est la raison pour laquelle nous pouvons dire que
16 la brigade ne disposait que de 500 ou 600 personnes à travers les
17 structures, toutes les structures -commandement, ensuite des unités de
18 logistique, transmission etc..- cela dépend de la structure de la brigade.
19 Question : Mais si je vous comprends bien, monsieur Puljic, vu les
20 chiffres que vous nous avancez, cette brigade théoriquement aurait dû
21 avoir 2000 personnes alors qu'elle ne se composait que de 500 ou 600. Par
22 conséquent, 25 ou 30 % sur le chiffre total théoriquement parlant des
23 effectifs.
24 Réponse : Oui effectivement. Moi, j'accepte votre évaluation, je pense
25 que vous avez raison.
Page 22670
1 Question : D'après votre propre expérience, pourriez-vous nous dire
2 combien, en temps de paix, il est indispensable de mettre du temps pour
3 qu'une brigade, telle la brigade de Vitez, en passant par la mobilisation
4 soit complétée et soit créée définitivement ?
5 Réponse : Entre 3 et 4 mois en temps de paix. A ce moment-là, tous les
6 segments fonctionnent, y compris les registres, les convocations, les
7 mobilisations totales.
8 Question : Merci. Monsieur Puljic, au cours de votre déposition, vous
9 avez également dit qu'au cours de 1992 et plus tard, le HVO tenait les
10 lignes de front face à l'armée des Serbes de Bosnie et la JNA qui ont
11 organisé une agression contre la Bosnie-Herzégovine, et que l'aide venait
12 de toutes les municipalités de la Bosnie centrale.
13 Réponse : Oui.
14 Question : Est-ce que vous savez s'il y avait des équipes de la
15 municipalité de Vitez qui se rendaient sur la ligne de front ?
16 Réponse : Moi je peux vous parler de 1992 et de ces deux mois que j'ai
17 passés à Busovaca, et de 1993 pendant que j'ai exercé mes fonctions, je
18 sais qu'il y avait des unités de Vitez qui se rendaient sur la ligne de
19 front pour les opérations de combat.
20 Question : Pourriez-vous nous confirmer si, dans une équipe de Vitez il y
21 avait entre 80 et 100 hommes qui se rendaient sur ces lignes de front ?
22 Réponse : Moi, je n'étais pas au courant du nombre d'hommes et ce n'était
23 pas mon rôle. Je ne sais pas comment ils étaient organisés. Il y avait un
24 certain nombre de choses que nous avons pu évaluer sur la base des
25 demandes logistiques ; qu'il s'agisse du carburant, qu'ils nous
Page 22671
1 demandaient des véhicules etc..
2 Question : Mais d'après votre évaluation -si vous ne savez pas peu
3 importe.
4 Réponse : Mais non, je ne pourrais pas véritablement être précis et c'est
5 la raison pour laquelle je n'aimerais pas vous donner la réponse.
6 Question : Monsieur Puljic, savez-vous que même le 16 avril, en date du 16
7 avril, quand, à Vitez et dans les environs ces opérations de combat ont
8 explosé, une équipe était restée coupée dans le secteur de Turbe et de
9 Meceme.
10 Réponse : Oui, je suis au courant parce que nous ne savions pas ce qui
11 s'était passé avec ces gens-là. Effectivement, il y avait un peu longtemps
12 -d'après les informations dont je disposais mais je ne suis pas tout à
13 fait sûr si ma mémoire est bonne- il y avait un peu longtemps qu'ils
14 restaient sur la ligne de front.
15 Question : Entendu. Monsieur Puljic, au moment où vous êtes arrivé à ce
16 poste et vous étiez dans ce poste avancé à Vitez, je pense que vous avez
17 coopéré étroitement avec le chef du bureau municipal de la défense,
18 M. Skopljac.
19 Réponse : Mario Skopljac était mon premier collaborateur et j'ai coopéré
20 avec lui. C'est la logique des choses.
21 Question : Il était la personne qui s'est occupé de la mobilisation, des
22 novices etc., et tout ceci pour compléter les effectifs et les unités
23 militaires ?
24 Réponse : Oui.
25 Question : En octobre 1993, il a été relevé de ses fonctions. Est-ce
Page 22672
1 exact ?
2 Réponse : Oui. En 1993 il y avait un certain nombre de faiblesse et de
3 lacunes au niveau de ce bureau sur le plan mobilisation, la mise en oeuvre
4 d'un certain nombre d'activité.
5 Ils sont sortis également de champs de l'activité et ils ont outrepassé
6 leurs compétences. Nous n'étions pas satisfaits et c'est la raison pour
7 laquelle nous l'avons révoqué. Nous avons demandé au ministre de le
8 révoquer ; c'est le ministre qui nomme les chefs de bureau.
9 Question : Et que s'est-il passé une fois qu'il a été relevé de ses
10 fonctions. ? Qui a occupé le poste qu'il avait quitté ?
11 Réponse : Au vu des problèmes, le deuxième homme au bureau M.
12 Stipo Zigonic n'était pas près de prendre ces fonctions, car lui ne se
13 considérait pas en état psychique ni physique d'occuper ce poste.
14 Nous nous sommes trouvés dans une situation assez difficile, et puis je me
15 suis concerté avec M. Tihomir Blaskic et j'ai demandé à ce que la brigade
16 de Vitez reprenne une certaine partie de ces activités en attendant que le
17 chef du bureau soit nommé. Cela a duré assez longtemps, pendant deux mois
18 cette procédure qui a été engagée pour nommer un nouveau directeur du
19 bureau de la défense municipale. Et pour que ces activités ne s'arrêtent
20 pas, nous avons pratiquement transmis toutes ces activités à la brigade de
21 Vitez, étant donné que cette brigade avait de très bon cadres, des
22 effectifs qui étaient vraiment de très bonne qualité, ils étaient très
23 bien organisés. C'est la raison pour laquelle nous avons considéré que
24 cette brigade devait vraiment se mettre à notre disposition, pour que le
25 bureau n'arrête pas ses fonctions, vous voyez, pour que les activités ne
Page 22673
1 s'arrêtent pas et c'est la raison pour laquelle M. Tihomir Blaskic a
2 délivré un ordre à son subordonné M. Cerkez, pour mettre en oeuvre ces
3 activités. Et moi, en tant que chef de la direction de la défense, j'ai
4 délivré un ordre au chef du bureau municipal.
5 Question: Par conséquent, c'était une nécessité. Vous avez en quelque
6 sorte, mélangé le volet civil et le volet militaire.
7 Réponse: Oui effectivement parce que cela s'est imposé par la force des
8 choses.
9 Question: Je pense Monsieur le Président que le moment est propice pour
10 lever l'audience et faire une pause.
11 Monsieur le Président (interprétation): Vous pensez que votre
12 interrogatoire va durer combien de temps ?
13 M. Mikulicic (interprétation): Dix minutes, pas plus.
14 M. le Président (interprétation): Fort bien nous allons faire une pause et
15 nous reprendrons à 11 heures 50.
16 L'audience, suspendue à 11 heures 50 est reprise à 12 heures)
17 M. le Président. - Je vous en prie Maître Mikulicic.
18 M. Mikulicic (interprétation) : Monsieur, avant de faire la pause, nous
19 nous sommes arrêtés au moment où vous avez donné la description de la
20 révocation de Marjan Skopljak, et vous avez dit que le volet civil et
21 militaire ont coïncidé à un moment donné. Pourriez-vous voir s'il vous
22 plaît un document qui parle de Pero Skopljak. Vous le connaissez ?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Je vais vous demander de me faire un commentaire à ce sujet
25 là.
Page 22674
1 Mme Ameraali (interprétation). - Il s'agit de la pièce de la défense D
2 70/2.
3 M. Mikulicic (interprétation) : Monsieur, c'est un document, vous le
4 voyez, en en tête, c'est le département de la défense et puis, bureau de
5 la défense à Vitez, Pero Skopljak est autorisé de se charger des
6 prisonniers, des réfugiés, de négocier avec les représentants de la
7 communauté internationale, et ce monsieur, Anto Valenta, l'avait signé,
8 alors qu'il a été autorisé, ce document, par le colonel Tihomir Tihomir
9 Blaskic, qui était commandant de la zone opérationnelle. Est-ce que ce
10 document prouve ce que vous avez dit tout à l'heure ?
11 Réponse : Je pourrais dire que M. Blaskic était obligé de se mettre
12 d'accord pour que M. Skopljak puisse occuper ce poste, étant donné que la
13 population civile, et également si on voulait procéder à un échange, moi
14 je n'en suis pas sûr, mais je sais que pour les civils, que Pero Skopljak
15 aurait dû se rendre dans des lieux ou ils ont été mis à l'abri, car Vitez
16 est sous les flammes, c'est le 23 et la ligne de front existait déjà. On a
17 donc essayé de voir quoi faire, quoi entreprendre à l'égard de la
18 population civile, pour les mettre à l'abri. Il s'agissait de la salle de
19 cinéma à Vitez qui se trouvait dans le foyer de culture croate. Il y avait
20 d'autres endroits, partout il fallait abriter la population civile. Pour
21 qu'il puisse s'y rendre, M. Skopljak devait disposer de l'autorisation de
22 M. Tihomir Blaskic, pour que les commandants acceptent de le faire entrer
23 dans ces endroits. C'est tout à fait par hasard que d'ailleurs cette
24 lettre est sur l'en-tête du département de la défense, car M. Valenta ne
25 pouvait pas encore faire fonctionner son bureau. J'explique les raisons
Page 22675
1 pour lesquelles il y a cet en-tête.
2 Question: Merci. Mais Pero Skopljak était un civil, ce n'est pas
3 contestable?.
4 Réponse: Oui.
5 Question: Il a été coordinateur chargé des affaires sociales, et il se
6 chargeait à cette époque-là également, des prisonniers, ce n'est pas
7 contestable, n'est-ce pas ?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Merci. Tout à l'heure vous avez mentionné M. Puljic, que ce
10 document a été produit au moment où Vitez était en flammes, ce sont les
11 mots que vous avez utilisés. Nous savons que l'attaque sur Vitez a eu lieu
12 le 16 avril 1993. Par ailleurs, vous nous avez dit le point de vue que
13 vous aviez en ce qui concerne les effectifs, la manière dont ces effectifs
14 ont été complétées, vous avez dit que c'était à un niveau vraiment très
15 bas, cette situation exigeait d'effectuer une mobilisation complémentaire.
16 Pouvez-vous nous dire si le commandant de la zone opérationnelle, le
17 colonel Blaskic, le 16 avril, au cours de l'après-midi, a ordonné de
18 procéder à une mobilisation complémentaire ?
19 Réponse: Tout à l'heure, à une question que vous m'avez posée, j'ai dit
20 également qu'il y avait une dynamique d'activités que nous avons
21 respectée, et ceci également au niveau de compléter les effectifs des
22 brigades. Il fallait donc suivre ce calendrier, mais comme cette agression
23 s'est produite, nous avons été obligés de raccourcir les délais,
24 d'accélérer également la mobilisation et ceci pour pouvoir répondre à ces
25 attaques qui se sont produites dans la zone opérationnelle de Vitez. Je
Page 22676
1 peux le confirmer parce qu'il était véritablement dans une telle
2 situation, il était dans la situation d'être obligé de mobiliser de
3 nouveaux hommes et ces activités auxquelles nous nous sommes convenus, il
4 fallait, par conséquent, que ces activités soient accélérées en une heure
5 si c'était possible.
6 Question : D'accord, mais nous parlons du 16 avril ?
7 Réponse: Oui, tout à fait.
8 Question: Monsieur Puljic, au sein de votre département, au sein du
9 bureau de la défense également, il y avait également, si je peux dire, un
10 segment de votre activité, c'était la fabrication, la production entre
11 deux guerres?
12 Réponse : Oui, mais c'était au niveau de la direction pas du département
13 ni du bureau.
14 Question : Je vous comprends. Pourriez-vous s'il vous plaît entrer peu de
15 temps nous dire ce que veut dire la production de guerre?
16 Réponse : Une fois que nous avons évalué la situation, à la fin du mois
17 de juin, et disons déjà au mois de mai, on a évalué la situation politique
18 et de sécurité, on a constaté que les ressources n'ont pas été utilisées
19 aux fins de la guerre de défense, je parle de l'industrie à Vitez, à Novi
20 Travnik. La partie libérée de Travnik de Busovaca et c'est la situation
21 nous a imposé que toutes ces industries soient en quelque sorte intégrées
22 et surveillées et mises sous une tutelle. C'est à cette époque-là que l'on
23 m'avait demandé, lors de cette réunion, j'étais chargé pour dire très
24 précisément de préparer une proposition dans ce sens-là et c'est dans ce
25 sens-là que j'ai avancé une proposition : j'ai demandé d'organiser les
Page 22677
1 structures intérieures différemment. J'ai proposé à mon ministre et à mon
2 chef Stojic cette nouvelle structure.
3 Question : Donc je comprends cette production de guerre a donc été
4 organisée dans le cadre de l'administration de la direction de la défense?
5 Réponse : Oui.
6 Question : Et elle représentait un secteur civil?
7 Réponse : Absolument.
8 Question : Même si en dernière analyse elle servait aux forces armées?
9 Réponse : Oui, mais il s'agissait aussi de satisfaire les besoins des
10 hôpitaux, des centres de santé, etc.
11 Question : Je comprends.
12 Réponse : Tout ce qui était nécessaire, mais cette énergie parce qu'il y
13 avait une très grande crise à l'intérieur de ces territoires et il fallait
14 que nous utilisions au mieux de façon la plus rationnelle possible les
15 ressources nécessaires.
16 Question : Vous avez donc placé votre adjoint à ce poste.
17 Réponse : Marko Ljulic oui, surnommé Markesa a été chargé de la
18 production de guerre.
19 Question : Pour résumer, il était donc votre adjoint chargé de la
20 production de guerre dans les fonctions que vous venez de décrire et un
21 civil, n'est-ce pas, c'était un civil qui accomplissait ce travail ?
22 Réponse : Oui.
23 Question : Monsieur Puljic, par la nature des choses, vous avez passé les
24 moments les plus difficiles de cette période à Vitez. Vous avez établi des
25 contacts avec un grand nombre de personnes et je suppose que vous êtes
Page 22678
1 entré aussi avec M. Cerkez, n'est-ce pas?
2 Réponse : Oui, à plusieurs reprises car l'une de mes méthodes de travail
3 consistait à discuter avec les commandants des diverses unités qui
4 dépendaient du département de la défense. Je parlais avec eux des besoins
5 en logistique et des besoins pratiques, c'est-à-dire de tout ce qui
6 pouvait servir dans le concret à ces hommes. Donc M. Cerkez et ses
7 collaborateurs, qui s'occupaient de compléter les effectifs, avaient de
8 fréquents contacts avec moi.
9 Question : Je comprends. Est-ce que au cours de ces conversations avec M.
10 Cerkez, vous l'avez jamais entendu dire qu'il était favorable à une forme
11 de discrimination à l'égard d'autres groupes ethniques ? L'avez-vous
12 entendu dire quelque chose de péjoratif à l'égard d'autres groupes
13 ethniques et je pense plus précisément aux Musulmans ?
14 Réponse : Je n'ai jamais rien entendu de tel. D'ailleurs, pour autant
15 que j'ai pu le voir, compte tenu de ses conceptions morales et
16 individuelles, il n'aurait pas pu prononcer de tels mots. Vous comprenez.
17 Et puis, je sais aussi entre autre chose, qu'il a aidé une femme
18 musulmane, je crois que c'était une accoucheuse ou une sage-femme de
19 Vitez. C'est juste un exemple.
20 Question : Merci, monsieur Puljic. Monsieur le Président je n'ai pas
21 d'autres questions pour ce témoin.
22 (Le témoin, M. Puljic, est contre-interrogé par M. Nice)
23 M. Nice (interprétation): Monsieur Puljic, j'ai plusieurs questions à vous
24 poser. Commençons par les aspects les plus généraux, si vous le voulez
25 bien. Les tâches, qui vous étaient confiées, étaient entièrement civiles,
Page 22679
1 n'est-ce pas ? Dans votre travail il n'y avait rien de militaire ?
2 M. Puljic (interprétation): En effet.
3 Question : Et vous étiez responsable devant qui ?
4 Réponse : J'étais responsable devant le représentant du département de
5 la défense qui est devenu ensuite ministère de la défense au moment où le
6 gouvernement de la République Croate d'Herceg-Bosna a été mis en place.
7 Question: Ma question est la suivante : le grand état-major du HVO, et
8 je regarde le document qui nous a été remis même si vous n'avez pas l'air
9 d'y attacher une grande importance, le grand quartier du HVO est un organe
10 militaire également partie intégrante du ministère de la défense, n'est-ce
11 pas ?
12 Réponse : Non, il ne fait pas partie du département de la défense, il ne
13 peut être question que d'une chaîne verticale, chaîne hiérarchique qui le
14 relie au département de la défense, mais du point de vue de ces fonctions
15 il était responsable devant le président du conseil de défense, de la
16 communauté croate d'Herceg-Bosna.
17 Question : Mais le grand quartier général du HVO et le schéma 69/2 nous
18 le montre bien. J'espère qu'il demeurera une pièce à conviction. Le grand
19 état-major du HVO était donc l'organe devant qui était responsable les
20 commandants des zones opérationnelles 1 et 2, n'est-ce pas ?
21 Réponse : Oui.
22 Question : Donc il ne fait aucun doute que le grand état-major du HVO
23 était un organe militaire ?
24 Réponse : Le grand état-major du conseil croate de défense était
25 absolument un organe militaire. Il s'occupait des unités et des formations
Page 22680
1 militaires. C'était bien là qu'étaient ses compétences.
2 Question : J'essaie de comprendre comment il peut se faire que votre
3 travail qui ait été lié de toute évidence à des questions militaires
4 pouvait s'intégrer à ces questions militaires. Alors corrigez-moi si je me
5 trompe, mais d'après ce que vous avez dit je crois avoir compris qu'il
6 vous fallait arriver au sommet du département de la défense avant de
7 pouvoir trouver quelqu'un qui avait une responsabilité vis-à-vis des
8 civils et vis-à-vis du grand quartier militaire. Est-ce que c'est ainsi
9 que les choses se passaient ?
10 Réponse : Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je crains de
11 n'avoir pas été bien compris. Le grand Etat-major n'était responsable que
12 de certaines unités, donc de certaines formations militaires du Conseil
13 croate de défense.
14 Question : Oui mais...
15 Réponse : Je vous en prie, permettez-moi de terminer. Le ministre au
16 département de la défense avait plusieurs tâches à accomplir et, entre
17 autres, il recouvrait plusieurs secteurs et entres autres, un secteur
18 civil dans lequel moi-même j'étais nommé à mon poste.
19 Il était responsable de la mobilisation des registres militaires, du
20 recrutement etc..
21 Question : Je ne pense pas vous avoir mal compris. Si nous pensons aux
22 choses dans l'abstrait, c'est seulement au niveau du ministère de la
23 défense, n'est-ce pas, ou du département de la défense -quel que soit le
24 nom qu'on lui donne- que l'on trouvait quelqu'un devant qui était
25 responsable, à la fois la branche civile et la branche militaire. C'est
Page 22681
1 bien cela, n'est-ce pas ?
2 Réponse : Dans mon travail, en tant que Président du département à mon
3 poste, dans mes fonctions, je n'étais responsable que devant le ministre
4 ou plutôt ce qui était à l'époque le chef du Département de la Défense, et
5 qui devait ensuite devenir un ministère.
6 En ce qui me concerne, j'avais un certain nombre de groupes qui étaient
7 responsables devant moi. C'étaient les chefs des bureaux de la défense.
8 Eux ne pouvaient pas s'adresser directement au ministre.
9 Question : Non, non !
10 Réponse : Sans mon autorisation.
11 Question : Vous nous dites qu'il y a donc une séparation complète entre
12 les branches civiles et militaires, et donc dans ces conditions, il
13 n'aurait pas été acceptable que votre département communique directement
14 avec le département de la défense au niveau local, n'est-ce pas ? Vous ne
15 pouviez pas le faire sans l'accord du Département de la défense ?
16 Réponse : Les manuels, les instructions internes données aux membres du
17 Département de la défense, ainsi qu'à tous les secteurs du Département de
18 la défense précisent très bien tout cela.
19 Donc vis-à-vis des unités, je parle des brigades qui se trouvaient sur le
20 territoire correspondant aux responsabilités du département, nous n'avions
21 pas de voie hiérarchique ; nous n'avions qu'une coordination, une
22 collaboration horizontale. A savoir que nous devions répondre à leurs
23 exigences sur le plan de la satisfaction des besoins matériels en hommes,
24 en véhicules, en ressources.
25 Question : Donc au niveau local, la branche civile et la branche
Page 22682
1 militaire étaient en fait totalement confondues, et vous traitiez avec ces
2 deux branches directement ?
3 Réponse : Notre rôle consistait à fournir des moyens en hommes et des
4 moyens matériels aux unités et c'est là que notre travail s'arrêtait.
5 Une fois que les unités obtenaient ces moyens en hommes et ces moyens
6 matériels, et bien la responsabilité se transférait sur elles, quant à la
7 façon de les utiliser, mais sur le plan hiérarchique, oui peut-être.
8 Question : Nous savons donc depuis quelque temps que le grand état-major
9 est un organe militaire, mais qu'est-ce qu'un poste de commandement
10 avancé? Pourriez-vous nous éclairer sur ce point , je vous prie ?
11 Réponse : Un poste de commandement avancé est une expression militaire,
12 qui appartient donc à la terminologie militaire, et qui est utilisée
13 lorsque le chef du grand état-major, en raison des besoins des unités de
14 l'armée, déplace son poste de commandement en y plaçant, soit son adjoint
15 soit un autre commandant.
16 Autrement dit, il s'agit du déplacement physique du poste de commandement
17 en raison, soit de l'intensité des combats, soit d'autres conditions liées
18 au déroulement de ces combats.
19 Nous, nous utilisions cette expression, peut-être pas dans les communiqués
20 officiels, mais si le quartier général était sis à Travnik et que nous
21 passions tous notre temps, que nous travaillions en permanence à Vitez à
22 cause de la situation sur le front, eh bien, à Vitez nous utilisions ce
23 terme.
24 Question : Tout à fait au début de votre propos, vous nous avez parlé de
25 la création de la communauté de Herceg-Bosna et de la fondation des partis
Page 22683
1 politiques, le HDZ en particulier.
2 Dans tout cela, vous avez joué un rôle central, n'est-ce pas, en tant que
3 membre du comité exécutif ?
4 Réponse : Je n'étais pas membre du comité exécutif, je faisais partie
5 d'une instance municipale à Krecevo.
6 Question : - Et Krecevo, est-ce bien la ville d'où est originaire
7 Kostroman, au fait ?
8 Réponse : Oui M. Kostroman vient de Krecevo.
9 Question : Etait-ce un ami à vous ?
10 Réponse : Nous nous connaissions, nous travaillons tous les deux dans la
11 même entreprise.
12 Question : C'est très bien. Merci.
13 Réponse : Si je peux finir, s'il vous plaît.
14 M. le Président (interprétation): Seulement si c'est pertinent,
15 monsieur Puljic, car vous devez comprendre que nous avons très peu de
16 temps. Si ce que vous voulez dire a une pertinence par rapport à M.
17 Kostroman, vous pouvez le faire, mais je vous prierai de faire en sorte
18 que votre réponse soit aussi courte que possible.
19 Réponse : Merci, monsieur le Président.
20 M. Nice (interprétation): Je ne voudrais pas parler de cela très
21 longtemps, mais il est exact, n'est-ce pas, que vous étiez présent lors
22 des premières réunions qui ont précédé la création du parti en juillet
23 1991 à Busovaca et à Vitez, n'est-ce pas ?
24 Réponse : De quelle époque vous parlez ? Je n'ai pas bien compris.
25 Question : Juillet 1991 et puis janvier 1992. Vous étiez présent lors de
Page 22684
1 ces réunions.
2 Réponse : Le HDZ a été créé en 1990. Quant à la communauté croate de
3 Herceg-Bosna, il s'agit d'une organisation territoriale, ce n'est pas une
4 instance politique. C'est un territoire qui a été créé en tant qu'entité
5 territoriale pour défendre des intérêts particuliers.
6 Moi, j'étais effectivement présent en tant que représentant de Krecevo à
7 la réunion que vous venez d'évoquer.
8 Question : Parlons quelques instants de M. Kordic puisque lui aussi était
9 présent à ces réunions. Vous nous avez dit qu'il ne faisait rien de
10 militaire, mais quelle était donc son action ?
11 Réponse: Monsieur Kordic, ainsi que ceux qui participaient à ces
12 réunions, étant donné que la crise sévissait sur le territoire de Bosnie-
13 Herzégovine, crise politique et autre, nous avons été forcés de réfléchir
14 et de discuter en tant que responsables, pour savoir ce qu'il convenait de
15 faire dans ces circonstances difficiles. Donc ces réunions étaient
16 politiques...
17 Question: Je vais vous interrompre. Peut-être ma question était-elle mal
18 formulée. C'est ma faute, ce n'est pas la vôtre. Depuis le début et
19 jusqu'en 1994, j'aimerais avoir au moins une idée de ce que faisait M.
20 Kordic, et je restreins ma question de la façon suivante : vous aviez un
21 travail, vous aviez une tâche particulière à accomplir, des ordres à
22 donner, des lettres à écrire etc. Les gens qui gèrent un ministère on
23 donc un certain nombre de fonctions dans le cadre de leur ministère, ils
24 savent ce qu'ils ont à faire. Alors je vous demande ce qu'entre 1992 et
25 1994, faisait M. Kordic, quel était son travail ?
Page 22685
1 Réponse: Monsieur Kordic était notre dirigeant politique au niveau
2 régional, qui est sorti du peuple, et en tant que porte-parole du peuple,
3 il suivait bien sûr tous les événements sur le territoire de Bosnie
4 centrale ainsi que d'ailleurs dans toute la Bosnie, et encore plus loin,
5 et il s'efforçait en tant que porte-parole du peuple, de calmer les
6 choses, étant donné que les moments étaient particulièrement difficiles.
7 Voilà pour l'essentiel quelle était la nature de son travail.
8 Question: Il était effectivement dans les faits, le dirigeant politique
9 régional, n'est-ce pas ?
10 Réponse: C'est tout à fait cela. Il était disons, ce qu'on peut
11 appeler, un tribun populaire en qui le peuple avait confiance et qui
12 exprimait particulièrement bien les besoins du peuple à ce moment-là.
13 Question: Vous vous rappellerez sans doute que M. le Juge Bennouna vous
14 a posé une question au sujet de Boban. Alors oubliez un instant les
15 aspects formels liés aux documents dont il a été question, et je crois que
16 vous pourrez répondre à ma question très rapidement. Y a t-il quelque
17 chose de concret dans l'histoire qui explique que M. Kordic ait été, soit
18 l'adjoint de M. Boban dans votre région, ou bien qu'il ait été
19 l'équivalent légal de M. Boban dans votre région. Que pensez vous de
20 cela ?
21 Réponse: Je crains de ne pas vous avoir bien compris. Pouvez-vous
22 répéter votre question ? Elle était assez longue, je ne l'ai pas bien
23 saisie.
24 Question: Monsieur Kordic était-il dans la réalité, l'adjoint de M.
25 Boban dans votre région ?
Page 22686
1 Réponse: Après la création de la communauté croate de Herceg-Bosna, M.
2 Kordic était le vice-Président de cette communauté.
3 Question: Je vous demande d'oublier complètement tous les règlements
4 écrits, tous les documents écrits, et de nous dire dans la réalité ce
5 qu'il était. Est-ce que dans la pratique, il était l'adjoint de Boban dans
6 votre région ?
7 Réponse: Il ne pouvait pas être l'adjoint ou le suppléant de Boban, il
8 était le numéro 1 politique chez nous. Il était vice-Président, il ne
9 pouvait agir que dans le domaine politique, et c'est d'ailleurs dans ce
10 domaine qu'il agissait.
11 M. Bennouna. - Pardon de vous interrompre. Je voudrais demander au témoin,
12 suivant cette question et votre réponse, que signifie pour vous, être
13 vice-Président ? Qu'est-ce que cela veut dire être vice-Président ? Pour
14 M. Kordic, que signifie être vice-Président ? Est-ce que cela à un
15 contenu ?
16 Réponse: Mais de quel contenu parlez-vous. Le contenu de l'action de M.
17 Kordic était de nature politique. Autrement dit, il n'y avait aucun aspect
18 de son action qui entrait dans le cadre du gouvernement exécutif ou de la
19 chose militaire. Monsieur Kordic n'avait pas plus compétence dans ce
20 domaine que M. Bojo Rajic, et là je ne parle plus simplement des
21 règlements, mais de la vie dans sa réalité. C'était ainsi dans la réalité
22 de la vie. C'est de cette façon, que selon mon expérience personnelle, je
23 vis les choses.
24 M. Nice (interprétation): Mais votre première réponse à consisté à nous
25 ramener au règlement n'est-ce pas ? Il est exact de dire, que lorsque vous
Page 22687
1 le décrivez comme un tribun, ce terme de tribun ne se trouve pas, dans les
2 règlements régissant la communauté croate d'Herceg Bosna, n'est-ce pas ?
3 Réponse: Je ne vous ai pas compris. Auriez-vous l'amabilité, je n'ai
4 pas compris votre question.
5 Question: Vous avez décrit le rôle de M. Kordic et le mot tribun a été
6 utilisé en interprétation anglaise. Ce que je vous dis, c'est que ce rôle
7 que vous avez défini, n'est pas établi, n'existe pas du tout dans les
8 règlements.
9 Réponse: Mais c'est vous qui avez dit cela!
10 Question: Etes-vous en train de dire que le rôle de M. Kordic et un
11 certain nombre de choses qu'il a faites, se retrouve totalement et
12 intégralement dans les règles et réglementations régissant la communauté
13 croate d'Herceg-Bosna?
14 Réponse : Il était vice-Président, donc il n'agissait que dans le
15 secteur politique, en tant que dirigeant politique sur ce territoire.
16 J'espère maintenant avoir suffisamment éclairé votre lanterne.
17 Question: Mais je n'ai toujours pas une idée très claire de ce qu'il
18 faisait. Je vais revenir là-dessus dans un instant, mais vous dites, et je
19 vous demande votre confirmation: il était suffisamment jeune pour se
20 retrouver dans les rangs d'une armée, puisqu'il était en âge de porter des
21 armes, n'est-ce pas ?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Puis, lorsque la guerre a véritablement éclaté, j'aimerais
24 avoir une idée précise, qu'est-ce qu'il faisait tout au long d'une
25 journée? Est-ce qu'il envoyait des lettres, est-ce qu'il n'en recevait pas
Page 22688
1 beaucoup, que faisait-il tout au long de la journée ?
2 Réponse: Ecoutez, M. Kordic agissait comme un homme politique. Il
3 recevait des missions et tout au moins c'était pendant que moi, j'y été.
4 Ce sont les délégations des municipalités de la Bosnie centrale qui se
5 rendaient chez lui, les gens discutaient avec lui. Souvent on parlait de
6 la situation politique, de sécurité en Bosnie centrale. Par conséquent, il
7 a essayé d'agir du point de vue politique pour essayer d'apaiser la
8 situation en Bosnie centrale.
9 Question : Je suppose que si quelqu'un venait invoquer un problème
10 militaire, il devait refuser de l'entendre il devait dire: ça ne m': ça ne
11 concerne pas, adressez-vous à quelqu'un d'autre. Est-ce que c'est bien
12 cela ce qui se passait?
13 Réponse : Je ne sais pas s'il y avait quelqu'un qui s'est présenté à lui
14 en lui posant des questions militaires. Moi, je ne le connais pas, je ne
15 sais pas.
16 Question : Mais je suppose que de toute façon il n'aurait aucune autorité
17 pour s'occuper de telles questions?
18 Réponse : Bien sûr que non.
19 Question : Est-ce que vous savez pourquoi il était entouré de militaires
20 armées ? Savez-vous pourquoi cela se passait comme cela ? Réponse :
21 J'ai déjà expliqué que la situation sur un plan sécurité n'était pas
22 très bonne, il ne faut pas oublier qu'il y avait un peu plus que 100000
23 réfugiés qui se sont rendus en Bosnie centrale et parmi les réfugiés il y
24 avait également des personnes qui étaient portées à la criminalité, des
25 meurtres ont eu lieu et la situation sur le plan sécurité s'est aggravée.
Page 22689
1 C'est la raison pour laquelle en tant que leader politique et qu'un être
2 humain qui a été respecté il avait opéré et non seulement qu'il avait
3 entrepris un certain nombre d'activités, mais on a été obligé de lui
4 assurer une escorte parce que c'était indispensable pour sa propre
5 sécurité. Question : Nous allons examiner des documents dans l'ordre
6 chronologique, mais en réponse à une question posée par, M. le Juge
7 Bennouna, vous avez dit quelque chose qui me pousse à poser une question.
8 Vous avez dit: qu'à aucune époque il a été l'adjoint de Boban, est-ce que
9 vous avez bien dit ce genre de chose ?
10 Réponse : Il a développé ses activités comme un homme politique et en sa
11 qualité d'un homme politique. Mais si jamais M. Boban s'entretenait pour
12 un certain nombre de tâches spéciales avec M. Kordic à ce moment-là je
13 n'étais pas au courant. Il ne faut pas oublier que j'ai occupé un poste
14 qui ne me permettait pas d'être au courant.
15 Question : Examinons si vous le voulez bien la pièce 1208 que l'on va
16 vous remettre dans un instant, monsieur.
17 (L'huissier s'exécute.)
18 Ce document portera la date du 20 septembre 1993. Vous allez examiner
19 l'original pour bien vérifier, on y voit votre nom et votre signature.
20 Maintenant revenons aux corps même du document. Veuillez suivre l'original
21 pendant que nous faisons simplement la synthèse de la traduction en
22 anglais. Ce document est en fait un ordre. A propos de conscrit faisant
23 des tâches de travaux obligatoires dans une usine, de conscrit qui assure
24 la sécurité d'une usine et l'on dit que les locaux et le périmètre de
25 cette usine doivent être sous scellés en présence du commandant de la
Page 22690
1 sécurité de l'usine. Exactement, c'est le commandant de la brigade de
2 Viteska et le chef du bureau de la défense de Novi Travnik qui sont
3 responsables de la bonne exécution de cet ordre. A votre avis est-ce qu'il
4 s'agit ici d'une question militaire, d'une question civile, ou d'une
5 question à la fois civile et militaire ?
6 Réponse : Je me dois d'être quelque peu plus précis et long en vous
7 donnant la réponse à cette question que vous venez de me poser. En effet,
8 nous avons mis sur place un département chargé de la production de guerre.
9 Par conséquent, il y a des structures qui ont été créées, nous avons
10 examiné la situation sur le terrain, nous avons évalué la situation
11 politique sur le terrain, nous avons considéré qu'il était indispensable
12 que nous entreprenons de telles activités et ces activités étaient tout à
13 fait civiles. Nous avons délivré un ordre, mais à cette époque-là au
14 bureau de la défense, le bureau de la défense a été déjà transféré dans
15 les prorogatives de la brigade de Vitez. Par conséquent, nous avons
16 adressé cet ordre au bureau, mais les activités ont été transférées déjà à
17 la brigade. Moi, je connais très bien de quoi il s'agit dans ce document.
18 Question : Vous comprendrez que ce qui m'intéresse ici, c'est ce que
19 qu'on voit sur la page où figure la signature. Vous nous avez expliqué ce
20 qu'était un poste de commandement avancé. Maintenant nous le savons.
21 Maintenant Kordic signe en qualité de chef du poste de commandement avancé
22 du bureau du Président de la République. Alors qu'est-ce que c'est cela
23 sinon une occupation de facto, un poste de facto d'adjoint ou de suppléant
24 du Président ?
25 Réponse : Je ne sais pas, mais c'est une désignation que j'ai utilisée
Page 22691
1 parce que c'est dans les médias qu'on avait utilisé normalement ces
2 désignations.
3 Question : Excusez-moi, je n'ai pas compris.
4 Réponse : Je veux dire quand on parle de la correspondance officielle,
5 notamment, on n'a jamais eu cette désignation, cette nomination, mais ce
6 poste avancé a été utilisé dans des situations tout à fait précises et
7 j'ai peut-être commis une erreur en marquant cela est la raison pour
8 laquelle, excusez-moi vous me permettez de terminer. La raison pour
9 laquelle j'ai signalé ces personnes, c'était justement pour que cette
10 décision puisse avoir un peu plus de poids dans la mise en oeuvre, car je
11 ne me sentait pas suffisamment en force pour pouvoir le faire tout seul.
12 Question : Vous avez parlé d'une utilisation de ce terme à l'intention
13 des médias, pourriez-vous être plus précis afin que nous comprenions mieux
14 ce dont il s'agit ?
15 Réponse : Ecoutez, un certain nombre de conférences de presse ont eu
16 lieu, M. Kordic prenait part à ces conférences de presse, dans les mass
17 media également on reprenait tout ce qui se disait. Chaque municipalité
18 avait son journal, il n'est pas impossible que c'est en me référant à ces
19 journaux j'avais repris la même désignation, probablement c'est de cela
20 qu'il s'agit.
21 Question : Mais c'est signé de sa main, n'est-ce pas, monsieur ?
22 Réponse : Oui il l'a signé, mais je dis que je lui ai demandé de signer
23 pour que mon autorité soit un peu plus renforcée, pas vis-à-vis du bureau
24 de la défense, mais c'est à la population que je me suis adressé. Il
25 s'agissait de l'usine SPS, et c'est l'opinion publique qui devait être
Page 22692
1 touchée.
2 Question: Je veux vous comprendre : vous dites que vous avez consigné un
3 titre dont vous savez qu'il était faux. Or, M. Kordic a signé, a apposé sa
4 signature au regard de ce titre, alors qu'il savait que, manifestement,
5 c'était un faux titre, une mauvaise désignation. Où avez-vous plutôt ici
6 indiqué un titre qui correspondait manifestement à la vérité, à la
7 réalité ?
8 Réponse: Non, au moment où M. Kordic a signé cet acte, il n'avait même
9 pas ce titre. Mais je maintiens que j'ai pris ce titre et vous avez bien
10 utilisé le terme des journaux.
11 Mais c'était un homme politique, c'est incontestable, c'était un leader
12 politique, et personne ne faisait attention à de tels titres. Pour lui,
13 c'était cela qui était important. Même si on signalait le titre, ce
14 n'était pas important pour le commun des mortels.
15 Question: Et vous dites que vous n'avez... Est-ce que vous alliez dire
16 qu'il ne faisait pas attention à ce qu'il signait et puis vous avez changé
17 d'avis ?
18 Réponse: Non, non, je n'ai pas changé d'avis, non, absolument pas. Je
19 dis que ce qui était important, c'était que son nom figure ainsi que
20 l'autorité qu'il avait à cette époque-là.
21 Question: Et bien examinons la pièce 12 09 qui concerne le même jour.
22 (L'huissier s'exécute.)
23 Cet ordre-ci porte sur des activités précisées à l'article 14 du décret
24 sur les forces armées ; activités confiées à la brigade de Vitez. On parle
25 aussi des employés du bureau de la Défense de Vitez qui doivent faire
Page 22693
1 immédiatement rapport au commandant de la brigade de Vitez qui va les
2 déployer, et le chef du bureau va remettre les dossiers, les documents,
3 les ressources au commandant de la brigade de Vitez. Et puis, on dit que
4 c'est la Brigade de Vitez qui va s'acquitter des activités du bureau de la
5 défense.
6 Alors, c'est le moins qu'on puisse dire qu'il s'agit ici d'un recoupement
7 très net et très complet des activités civiles et militaires ?
8 Réponse: C'est vous qui avez tiré cette conclusion, ce n'est pas moi
9 qui l'ai dit. Mais quand Me Mikulicic m'avait interrogé, j'ai bien dit
10 quelles étaient les raisons pour lesquelles nous avons rédigé un tel
11 papier.
12 D'abord, nous avons évalué que la situation était très dure. Nous avons
13 également dit que le Bureau de la défense de Vitez a présenté un certain
14 nombre de lacunes.
15 Question: Je vous rappelle -je serai bref avant de passer à autre chose-
16 mais là, il signe dans ces deux documents en qualité de colonel, chef du
17 poste de commandement avancé du Président de la République, parce que
18 c'était un homme militaire.
19 Et tout comme Boban était le commandant en chef des forces armées, ici on
20 voit le pouvoir dont il dispose en tant que personne disposant du
21 commandement sur les forces armées, n'est-ce pas ?
22 Réponse: Non. Votre conclusion est totalement erronée. Monsieur Kordic
23 était un homme politique, il n'a jamais pu délivrer un ordre à aucune
24 formation.
25 Même d'après ce document, ce n'est pas lui, c'est moi ; j'étais le chef du
Page 22694
1 bureau de la défense. C'est moi qui ai rédigé ce texte et cet ordre.
2 M. le Président (interprétation): Aidez-nous. Le seul poste de
3 commandement avancé du Président de la République ou du bureau du
4 Président de la République, qu'est-ce que c'était ?
5 Réponse: Je ne sais pas vous donner l'explication. Quand j'ai parlé du
6 poste avancé, je parlais du poste avancé des formations militaires, du
7 commandant de la zone opérationnelle, du commandant la brigade, sinon je
8 ne peux pas vous donner d'autres explications, monsieur le Président,
9 messieurs les Juges.
10 M. le Président (interprétation): Et quelle était l'intention que vous
11 poursuiviez par l'emploi de cette désignation ?
12 Réponse: J'avais l'intention que Dario Kordic, vu les conditions dans
13 lesquelles cet ordre aurait du être délivré, étant donné qu'il y avait
14 également l'ordre du commandant de la zone opérationnelle, M. le colonel
15 Tihomir Blaskic, car il ne faut pas oublier que c'est en accord avec moi,
16 il avait délivré l'ordre au commandant de la brigade de Vitez, de prendre
17 ces activités du bureau parce que la mobilisation ne pouvait pas
18 s'arrêter.
19 Il y avait la mobilisation des effectifs, des ressources matérielles et
20 pour que cela continue à fonctionner, il a été impératif de transférer ce
21 segment à la brigade de Vitez, en attendant la nomination au poste du
22 bureau de la défense, car nous nous sommes dit qu'il nous faudrait du
23 temps, alors que nous avions eu besoin quotidiennement des effectifs, des
24 potentiels humains, des biens, des ressources matérielles.
25 Et ceci était indispensable, cela s'imposait vu la situation politique
Page 22695
1 dans la municipalité de Vitez, et la situation au niveau de la sécurité
2 également.
3 C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à M. Kostroman, à M. Valenta et
4 à M. Kordic pour appuyer avec leur signature ce que moi-même j'ai délivré
5 comme ordre. Mon ordre avait plus de poids et la valeur d'être, et la
6 force presque de loi si je peux dire ainsi, parce que sinon, c'est moi qui
7 aurais été responsable directement de la mise en oeuvre de cet ordre.
8 Quand je dis responsable, et que je dis que j'étais responsable, le seul
9 responsable devant mon ministre de la défense.
10 Je ne sais pas si je vous ai aidés, monsieur le Président, messieurs les
11 Juges, mais j'ai essayé de vous aider.
12 M. Nice (interprétation): Dernière question sur ce document, même si je
13 vais vous la reposer à un autre endroit. Répondez par un seul mot, si vous
14 pouvez nous aider sur ce point.
15 Est-ce que vous dites que c'est vous seul qui avez eu l'idée d'utiliser ce
16 titre, que vous l'avez tout simplement inventé ? Oui ou non ?
17 Réponse: Je ne peux pas vous répondre par oui ou par non. C'est un
18 terme que j'ai pris des journaux, de la presse, je ne sais pas quelles
19 sont les raisons pour lesquelles la presse a utilisé cette désignation ;
20 en ce moment, je ne peux pas vous dire pourquoi, et même à l'époque
21 d'ailleurs, je n'aurais pas pu vous donner la réponse.
22 Question: Une question supplémentaire. On nous a beaucoup parlé des
23 titres utilisés par M. Kordic. Au cours de la période qui nous intéresse,
24 on l'appelait vice-Président de la République, vice-Président de Herceg-
25 Bosna, vice-Président du parti. Alors pourquoi ne pas avoir choisi l'un de
Page 22696
1 ces trois titres, si vous vouliez obtenir sa signature ou investir sa
2 signature d'une certaine autorité, puisque c'étaient des titres qui
3 étaient parfaitement à votre disposition, n'est-ce pas ?
4 Réponse : Il faut suivre cet événement dans le contexte donné ; dans les
5 médias c'est une désignation qui était utilisée comme je l'ai dit.
6 Question : Je vois. Je vais un peu remonter dans le temps et nous allons
7 examiner certains documents. J'espère que nous pourrons le faire assez
8 rapidement. Un instant s'il vous plaît.
9 Cependant, auparavant je dois vous dire autre chose: quand avez-vous
10 commencé à occuper vos fonction. En décembre 1992, c'est bien cela ?
11 Réponse : C'était novembre 1993, décembre 1993. Si vous pensez au poste
12 de chef de la direction de la défense.
13 Question : Bien. Qui vous a nommé à ce poste ?
14 Réponse : C'est le Dr Jadranko Prlic, le premier ministre, le président
15 du gouvernement du HVO qui m'a nommé à ce poste du volet civil du HVO.
16 C'est lui et par sa décision qu'on m'a nommé chef de cette direction.
17 Question : Est-ce que M. Kordic a aussi joué un rôle important dans votre
18 désignation à ce poste ?
19 Réponse : J'avoue que je ne me souviens pas comment cela s'est passé, la
20 procédure. Je ne me souviens pas exactement qui m'a proposé, comment cela
21 s'est déroulé. Car avant d'être nommé, j'étais à Kresevo.
22 Question : Examinons la pièce 345. Nous allons examiner certains
23 documents, vous les soumettre pour voir si vous pouvez les commenter.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Afin que nous ayons une idée complète, je vous précise le contexte. Ici
Page 22697
1 c'est un document qui propose des désignations au poste de chef des
2 bureaux de la défense. Et nous avons une recommandation formulée par M.
3 Kordic en sa qualité de vice-président du HDZ de Bosnie-Herzégovine. Et
4 vous avez apposé le cachet et vous avez signé ce document. Alors quel
5 était le rôle qu'il a joué dans tout ceci ?
6 Réponse : Il s'agissait d'une procédure qui était d'actualité à cette
7 époque-là, au moment où on devait proposer les candidats. Je pense que
8 c'est M. Kordic qui l'a signée et ce n'est pas lui qui a posé des sceaux,
9 ce sont les sceaux de la municipalité de Novi Travnik. D'abord il y avait
10 le bureau du HDZ, la direction de la défense et le département de la
11 défense qui ont signé, apposé des sceaux.
12 Question : Cependant, c'est lui qui signe ce document dans lequel on
13 propose une certaine personne au poste de chef du personnel de bureau de
14 la défense?
15 Réponse : Il s'agit tout simplement d'une proposition. Les représentants
16 du département de la défense auraient pu accepter ou ne pas accepter.
17 Chaque proposition qui fut la mienne aurait pu être acceptée ou non par le
18 chef du département, c'était… ou plutôt du ministère de la défense. Le
19 ministre aurait pu accepter ou non la proposition que j'avais proposée.
20 Question : Je ne vais pas vous soumettre la pièce 346.
21 M. le Président (interprétation): Parlons de l'emploi du temps. Nous
22 allons lever l'audience à 13 heures 5. Nous allons reprendre à 14 heures
23 40, mais nous ne pouvons pas siéger après 16 heures 5.
24 M. Nice (interprétation): J'en aurais terminé à ce moment-là. Vous voyez,
25 j'ai plusieurs documents à soumettre au témoin parce que le nom de ce
Page 22698
1 témoin figure dans beaucoup de documents.
2 M. le Président (interprétation): Essayez de terminer au moment opportun à
3 13 heures 05.
4 M. Nice (interprétation): Tout à fait. Un instant, Monsieur le Président,
5 si vous le voulez bien. Examinons la pièce 365.
6 (L'huissier s'exécute)
7 Je n'aurais peut-être pas dû vous soumettre ce document, mais puisque vous
8 l'avez sous les yeux, examinons le rapidement. C'est un document que vous
9 avez préparé en date de 1993, du 16 janvier 1993 et qui révèle le type
10 d'activité qui était le vôtre, puisqu'on parle de la préparation de liste
11 de conscrits militaires qui ont quitté la municipalité de 1992. Ce qui
12 m'intéressait dans ce document, c'est le fait que vous essayez d'exercer
13 une pression considérable sur les conscrits afin qu'ils réintègrent la
14 mère patrie pour qu'ils la défendent. Ils devaient se présenter avant le
15 22 février et vous aviez lancé un avertissement par les médias pour leur
16 faire savoir qu'ils seraient considérés comme des déserteurs s'ils ne
17 répondaient pas à cet ordre.
18 Vous souvenez-vous avoir envoyé cet ordre ?
19 Réponse : Je dois attirer votre attention sur le fait que sur le dos,
20 c'est bien ma signature du document que j'ai devant mes yeux, mais sur la
21 première page, je ne vois pas, la copie est mauvaise. Il ne faut pas
22 oublier qu'en ce qui concerne la mobilisation en Bosnie-Herzégovine, il y
23 avait l'état de guerre qui a été proclamé. En 1992, je pense que c'était
24 le mois de juin. Ce qui veut dire que tous les conscrits avaient les mêmes
25 obligations, et c'est en fonction de l'état de guerre qu'ils auraient dû
Page 22699
1 se comporter. Ce n'est pas une pression, c'était ma tâche principale.
2 Question : Et qui vous a à l'époque donné ces instructions ? Est-ce que
3 vous vous en souvenez ?
4 Réponse : J'ai reçu des consignes du représentant du ministère de la
5 défense. Il y avait également un décret sur les forces armées et qui
6 réglementait cette question-là.
7 Question : Est-ce qu'à cette date du 16 janvier, il y avait eu des
8 incidents, mais on était loin d'avoir une bataille de grande envergure
9 contre les Musulmans, n'est-ce pas ?
10 Réponse : Notre territoire était déjà occupé par l'armée des Serbes de
11 Bosnie et par la JNA en 1992. Ensuite, pour pouvoir évaluer la situation
12 au sein de la direction, c'est en janvier 1993 que nous l'avons créé. Il a
13 fallu également voir quelle était la situation sur le terrain, sur le plan
14 des conscrits, sur le plan des autres éléments. Il ne faut pas oublier que
15 50 % de conscrits avaient quitté le territoire et c'est donc la première
16 catégorie de conscrits jusqu'à l'âge de 35 ans, car la crise économique a
17 commencé dans les années 80. Les gens ont quitté, sont partis à l'étranger
18 sans parler de 1990, 1991 etc.
19 Question: On a beaucoup entendu parler de ceci, mais est-ce qu'en fait,
20 au début du mois de janvier ou vers le milieu de ce mois, est-ce que vous
21 ne vous attendiez pas avoir besoin de forces supérieures, parce qu'il se
22 pourrait qu'il y ait un conflit vous opposant aux Musulmans ?
23 Réponse : Non. On n'a pas fait de telles évaluations et on ne
24 s'attendait pas à cela.
25 Question : En janvier 1993 où vous trouviez-vous ? Etiez-vous à Travnik?
Page 22700
1 Réponse : Comme je l'ai déjà dit, le siège de la direction se trouvait à
2 l'hôtel de Vitez. Depuis janvier 1993, la question qui se posait pour moi,
3 c'était d'abord d'avoir des locaux où j'allais agir et au début, cette
4 direction pouvait être appelée Anto Puljic et le sceau dans sa poche. Par
5 conséquent, il fallait que d'abord je trouve des locaux, des effectifs
6 etc.
7 Question : Je vous interromps vu le peu de temps que nous avons. Dernière
8 question avant la pause, si ceci convient à la Chambre, la voici: le 20
9 janvier, il y a des choses qui se sont produites dans la ville voisine de
10 Busovaca, n'est-ce pas ?
11 Réponse : Oui. Il y avait cette agression sur Busovaca et sur Kiseljak.
12 Ce week-end là, j'étais à Kresevo chez moi pour passer le week-end avec ma
13 famille et j'ai été occupé. Ce n'est qu'au mois de mars que j'ai réussi à
14 me rendre à Vitez, au siège de ma direction. Et depuis les événements de
15 Busovaca, de Kiseljak, Kacuni et Bilalovac, moi, j'ai été obligé de gérer
16 tout cela à partir de l'endroit où je me suis trouvé.
17 Question : Le 20 janvier le HVO a attaqué des biens Musulmans à Busovaca,
18 tout ceci apparemment à la suite d'un incident qui était produit à un
19 point de contrôle à Kacuni, n'est-ce pas ? Est-ce que vous acceptez ce
20 résumé des événements que je vous présente ?
21 Réponse : Non, les incidents avaient lieu partout en Bosnie centrale de
22 manière continue. Il faut remonter en 1992 et au cours de 1992 nous avons
23 perdu notre commandant Ivica Stoljak de Travnik.
24 Question : Est-ce que vous acceptez ce que je vous ai résumé, s'agissant
25 de Busovaca en janvier, pour le 20 janvier 1993? Est-ce que vous acceptez
Page 22701
1 ce résumé ?
2 Réponse : Non, je n'accepte pas. Je n'accepte pas parce que cette
3 situation, je ne la connais pas suffisamment. Tant que je la connais, les
4 événements ont commencé bien avant et les incidents avaient lieu
5 pratiquement au cours d'une période continue, et cet incident très
6 concret, je ne le connais pas.
7 M. le Président (interprétation): Le moment se prête bien à la pause.
8 Monsieur Puljic, veillez, au cours de la pause à n'avoir aucun contact
9 avec qui que ce soit à propos de votre déposition, tant qu'elle ne sera
10 pas terminée et ceci concerne aussi la défense de M. Kordic. Veuillez être
11 de retour à l'audience à 14 heures 40.
12 M. Puljic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
13 (L'audience, suspendue à 13 heures 05 est reprise à 14 heures 50.)
14 M. le Président (interprétation):Maître Nice, vous avez la parole.
15 M. Nice (interprétation): Monsieur Puljic, j'essaie de préciser un certain
16 nombre de choses. Vous pourrez sans doute nous aider. Nous sommes sous la
17 contrainte du temps, et donc je vous demanderai d'aller aussi vite que
18 possible.
19 Examinons d'abord les documents 551.1 et 551.2 datés du 18 mars 1993.
20 Admettez vous qu'à ce moment-là, le nombre d'incidents impliquant des
21 actions criminelles et destructrices dues à des individus portant un
22 uniforme du HVO s'étaient multipliés, s'étaient accrus, et qu'en raison de
23 cela, vous avez rappelé aux commandants leur devoir de s'occuper des actes
24 criminels commis par des conscrits ?
25 Vous admettez cela ?
Page 22702
1 Réponse : Il faudrait que je voie le document. C'est seulement après que
2 je pourrai m'exprimer.
3 Question : Donc, rapidement je demande qu'on vous remettre les documents
4 551.1 envoyé à 8 heures du matin au bureau de la défense d'un certain
5 nombre de municipalités. D'accord ?
6 (L'huissier s'exécute)
7 Et quand vous aurez jeté un bref coup d'oeil à l'intitulé de ce
8 document...
9 Réponse : Excusez-moi, mais pouvez-vous m'aider. A quel point
10 particulier pensez-vous dans ce texte ?
11 Question : Je parle de l'intégralité du document. Ce n'est pas trop
12 difficile, on lit dans le titre qu'il s'agit d'instructions quant à la
13 façon de traiter les conscrits qui agissent de façon destructrice et
14 criminelle, et il est stipulé dans le texte qu'au mois d'avril, on a
15 assisté à une augmentation du nombre d'actes criminels et qu'il convient
16 donc d'imposer des sanctions disciplinaires à ces conscrits.
17 Réponse : Ce document se compose d'instructions données au chefs des
18 bureaux de la défense dans lequel il est signalé que les membres des
19 brigades qui sont démobilisés et qui ont un comportement inapproprié,
20 doivent être affectés à des unités de travail. C'est-à-dire qu'ils ne
21 doivent pas être relevés de leurs fonctions dans la guerre, mais doivent
22 se voir affectés à des tâches différentes, en raison de leur conduite
23 dangereuse. Il s'agit de quelques cas individuels.
24 Question : Et une demi-heure plus tard, vous avez envoyé un document à M.
25 Valenta et à d'autres personnes. Jetez un coup d'oeil à ce document et
Page 22703
1 nous pourrons passer au suivant.
2 Le Z.604.3, daté du 5 avril, c'est le document suivant. Je vous propose de
3 façon générale, cet après-midi, si vous le voulez bien, monsieur Puljic,
4 qu'en réalité, il existait une partie pratiquement indépendante de la
5 Herceg-Bosna qui se trouvait dans votre région et qui était donc sous le
6 contrôle régional de M. Kordic, et que les questions civiles et militaires
7 y étaient très liées.
8 Je vous prie donc de ne pas perdre de vue que c'est l'une des propositions
9 que je vous soumets.
10 Ce document, le document Z 604.3 est un document du 5 avril, une
11 convocation -je pense que les Juges s'en souviennent-, invitation qui est
12 envoyée par vous aux chefs des bureaux municipaux de défense d'un certain
13 nombre de municipalités pour participer à un séminaire. Là encore, le
14 sujet de la discussion recouvre la création des bureaux municipaux de
15 défense, mais également l'organisation des forces armées sur le territoire
16 de la communauté croate de Herceg-Bosna.
17 N'est-ce pas là un des aspects de l'action civile effectué par les bureaux
18 municipaux de la défense et de l'interaction entre cet aspect civil et
19 l'aspect militaire ? Répondez rapidement pour nous permettre d'avancer.
20 Réponse : Ce document a été envoyé à un certain nombre de bureaux de la
21 défense qui étaient sous la responsabilité de la direction que je
22 dirigeais. Et le sujet, vous vous rappellerez qu'au mois de mars, j'avais
23 déjà parlé de la nécessité de compléter les effectifs des unités. Donc je
24 demande que l'on m'informe au sujet de ce qui a été fait dans le cadre des
25 actions qui auraient dû être accomplies à ce moment-là.
Page 22704
1 Cela porte sur plusieurs aspects : le nombre des hommes dans les unités,
2 le nombre des hommes affectés aux diverses unités selon les instructions
3 précédentes reçues de moi. Je crois que cela a commencé au mois de mars.
4 Question : Merci. Le document suivant est un document que nous avons déjà
5 vu. Daté du 8 avril, il s'agit du document 631 qui porte sur une
6 importante réunion tenue à Travnik le jeudi de Pâques 8 avril, si je ne
7 m'abuse.
8 Dans la première page, il est question du comité directeur. A la réunion,
9 ont assisté un certain nombre de personnes dont vous, et j'aurai quelques
10 questions à vous poser au sujet de cette réunion.
11 D'abord, vous rappelez vous cette réunion ?
12 Réponse : Je me rappelle cette réunion, car la situation du point de vue
13 de la sécurité politique sur le territoire de Bosnie centrale à été l'un
14 des points abordés. C'était un point important dans le domaine politique
15 et sur le plan de l'exécution de la politique de la communauté croate de
16 Herceg-Bosna.
17 Donc, sur la base de cette discussion, j'ai eu tout loisir de faire
18 connaître un certain nombre de problèmes qui se posaient à nous dans
19 l'actualité.
20 Question : Page 3, version anglaise, page 3 également sans doute en
21 version croate, sous l'intitulé "absence excusée", cela fait référence à
22 quelque chose dont nous avons parlé récemment -c'est en fait en page 2 en
23 version croate- nous lisons que les représentants de Kiseljak et de
24 Kresevo sont absents, et que leur absence est excusée car des barricades
25 ont été érigées par les Musulmans à Bilalovac et à Kacuni.
Page 22705
1 Je rappelle aux Juges que ce texte date du 8 avril 1993. Je vous demande
2 d'abord si vous vous rappelez l'érection de barrages routiers à Bilalovac
3 et à Kacuni ?
4 Réponse : Je m'en souviens très bien, car après les conflits du mois de
5 janvier, après le début de l'agression sur les territoires de Kiseljak et
6 de Busovaca, un certain nombre de voies de communication ont été coupées ;
7 la route Kiseljak Busovaca notamment. Je m'en souviens très bien car cela
8 m'a empêché de me rendre chez moi.
9 Question : Puisque vous avez eu la pause déjeuner pour y réfléchir, vous
10 vous rappelez cette agression ouverte contre Busovaca comme vous
11 l'appelez, et pendant la pause déjeuner, je vous demande si vous vous êtes
12 rappelé qu'il y a eu à Busovaca une agression, une attaque de la part des
13 Croates contre les Musulmans, ou bien cette attaque échappe elle toujours
14 à votre mémoire ?
15 Réponse : A Busovaca, vous-mêmes vous avez montré que des incidents se
16 multipliaient et qu'au sujet de ces incidents, nous avons pris un certain
17 nombre de mesures pour empêcher ces incidents.
18 Il ne s'agissait pas d'agressions ouvertes, mais simplement de
19 comportements dus à des individus incontrôlés. Et dans tout ce processus
20 que l'on voit dans ce document, mais également dans d'autres, nous voyons
21 que les brigades ont pris des mesures disciplinaires, en tout cas, c'est
22 ce dont j'ai été informé. En raison de ces événements et parce qu'ils
23 remplissaient les fonctions qui étaient les leurs au sein des brigades. Au
24 début du mois d'avril, par exemple, nous avons donné l'ordre d'envoyer ces
25 hommes pour les affecter à des unités de travail et également de les
Page 22706
1 désarmer en tout cas, s'agissant des armes qui étaient la propriété des
2 brigades.
3 Question : Merci. Page 4 en version anglaise, page 3 en version croate,
4 paragraphe 5, vous étiez présent à la réunion et nous lisons ce qui suit :
5 " la réunion a décidé d'accorder un plein soutien à M. Mate Boban pour ses
6 efforts surhumains dans la solution des problèmes liés au destin
7 historique du peuple croate." Fin de citation.
8 Ce destin impliquait-il de vivre dans un état croate élargi ?
9 Est-ce que c'est ce que vous entendez par les mots destin historique du
10 peuple croate ?
11 Réponse : Il n'est pas question de cela. La crise croate était déjà
12 internationalisée. Elle a commencé dès l'année 1992 et les discussions au
13 sujet de la crise croato-bosniaque avaient déjà débuté. Par conséquent, je
14 pense que ce texte fait référence à un texte donné à M. Mate Boban dans
15 les efforts déployés sous la direction de la communauté internationale.
16 Donc il s'agit des négociations.
17 Question : Je rappelle pour que les Juges le voient bien, que le
18 fonctionnement des organes du HVO, implique des exigences de participation
19 proportionnelle des Musulmans, mais nous sautons un paragraphe, et sous le
20 titre organisation militaire nous lisons ce qui suit, je cite : "les
21 autorités militaires doivent travailler le plus possible au renforcement
22 de l'organisation militaire, pour que la défense du territoire croate
23 puisse être totalement réalisée et que des individus soient nommés aux
24 postes clé, après consultation avec le HDZ." fin de citation.
25 Monsieur Puljic, vous étiez membre du HDZ, vous étiez membre du bureau de
Page 22707
1 la défense, vous connaissiez l'armée, n'est-ce pas, l'aspect parti
2 politique, l'aspect civil, l'aspect armé, vont inéluctablement ensemble
3 comme nous le constatons à la lecture de ce paragraphe, n'est-ce pas ?
4 Réponse : C'est votre conclusion. A ce sujet, j'ai un point de vue tout
5 à fait différent. Il est normal que l'on cherche pour toute action, à
6 réaliser les cadres les plus efficaces, que l'on parle d'aspect militaire
7 ou d'aspect civil de l'avis. On cherche toujours pour quelque action que
8 ce soit les meilleures protagonistes possibles.
9 Question : Très bien.
10 Réponse : C'est naturel.
11 Question : Je n'ai pas l'intention de vous interrompre. Nous savons que
12 c'est le parti qui a créé la communauté, qu'elle a donc été créée par le
13 HVO en dehors de tous votes. Et donc la partie militaire du HVO existe.
14 Comment se fait-il qu'un parti politique soit consulté au sujet d'une
15 nomination au sein d'une armée, si cela n'est pas en réalité une seule et
16 même instance ? Dites le moi, s'il vous plaît.
17 Réponse : Le parti ne nommait pas les cadres, elle ne pouvait qu'être
18 consulté sur des propositions ce qui ne signifie en aucun cas que cette
19 proposition sera acceptée si les candidatures sont proposées par le parti.
20 Quant au commandant des brigades du grand quartier général, et des autres
21 unités, il était normal qu'il demande son avis au HDZ.
22 Question : Dernière page en anglais, ce sera également la dernière page
23 de la version croate, nous pouvons résumer: les débats au cours de cette
24 réunion ont impliqué la participation des représentants de Vares et de
25 Kakanj et si nous prenons le bas de la page, en anglais, monsieur Puljic,
Page 22708
1 nous voyons que les points de vue et les opinions politiques de Boban ont
2 été rendus publics et que les dirigeants de Vares et de Kakanj ont donné
3 leur appui et remercié le président Boban et la délégation pour ces
4 tentatives en vue de rétablir les deux municipalités au frontière de la
5 province croate. Que veulent dire les mots "province croate", je vous
6 prie ?
7 Réponse : Il est question des négociations du plan Vance-Owen. Quand les
8 municipalités de Kakanj et de Vares se sont retrouvées en dehors des
9 Zupanja, dans lesquels les Croates étaient en majorité, là ils étaient
10 minoritaire, mais les pourparlers, les négociations n'étaient pas
11 terminées. La partie croate, pour autant que je m'en souvienne, a signé
12 cet accord, mais les négociations n'étaient pas totalement terminées.
13 C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la tentative d'obtenir de
14 meilleures solutions, car que ce serait-il passé si le plan n'avait pas
15 fonctionné ? Nous avions déjà connu d'autres plans de paix que nous avions
16 acceptés et malgré cela ils n'ont pas été mis en oeuvre.
17 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, pourriez-vous me dire la
18 cote de cette pièce à conviction je vous prie.
19 M. Nice (interprétation): Oui Z 631, excusez-moi.
20 M. le Président (interprétation): Et la référence à l'organisation
21 militaire se trouve à quelle page ?
22 M. Nice (interprétation): Page 4, en bas de page.
23 M. le Président (interprétation): J'aimerais dire un mot à madame la
24 greffière.
25 Je vous en prie.
Page 22709
1 M. Nice (interprétation): Nous voyons que ce document est signé par M.
2 Kordic avec la désignation de colonel Kordic et vice-président du parti.
3 Pouvez-vous nous dire pourquoi il signe en tant que colonel ?
4 M. Puljic (interprétation): Je n'ai pas compris votre question. Auriez-
5 vous l'amabilité de la répéter ?
6 Question : Bien sûr. A la dernière page vous voyez que M. Kordic signe ce
7 texte et qu'il est désigné comme Pukovnik, donc colonel. Pouvez-vous nous
8 aider ? Peut-être n'en avez-vous pas la possibilité, pouvez-vous nous
9 aider en nous disant pourquoi en tant que représentant du parti il est
10 désigné comme colonel ? Vous voyez ce que je veux dire ?
11 Réponse : Monsieur, compte tenu que des négociations tripartites ont été
12 organisées avec la Forpronu à Sarajevo, je crois que c'est le général
13 Morillon, commandant de la Forpronu à cette époque-là en 1992 qui
14 dirigeait ces pourparlers qui se déroulaient en général à Sarajevo dans la
15 zone de l'aéroport. Monsieur Kordic n'allait pas en général à ces
16 pourparlers, mais un peu plus tard dans une deuxième étape il a commencé à
17 y participer. Et je crois que c'était une fonction symbolique car il n'a
18 jamais commandé aucune unité et il n'a jamais fait partie de la hiérarchie
19 militaire. Donc c'est la seule possibilité à laquelle je pense, à la fin
20 de 1992 et au début de 1993, en raison de la situation difficile sur le
21 plan de la sécurité, c'est la raison pour laquelle il utilise ce terme.
22 Question: Vous semblez avoir des difficultés à expliquer qu'il était
23 véritablement quelqu'un qui n'avait aucun désir d'agir sur le plan
24 militaire. Alors pourquoi est-ce qu'il utiliserait ce terme militaire
25 aujourd'hui ? Et il y a eu de nombreuses réunions à Sarajevo, pourquoi
Page 22710
1 s'en tenir au titre de colonel, à moins que cela ne rende compte d'une
2 fonction réelle exercée par lui dans la région, à ce moment-là ?
3 Réponse: Je ne crois pas que c'était l'objectif de cette signature, car
4 M. Kordic ne pouvait pas émettre un ordre ou donner des instructions à qui
5 que ce soit, pour une quelconque tâche, il n'avait aucune compétence dans
6 le domaine de la direction et des ordres à donner aux forces armées à
7 l'époque. Je ne sais pas pourquoi ce terme est utilisé. Moi je n'ai pas
8 participé à la création.
9 Question: Très bien. Vous admettrez je suppose, n'est-ce pas, qu'il y a
10 une différence entre quelqu'un qui signe en tant que colonel, et quelqu'un
11 qui signe en tant que dirigeant politique? Si quelqu'un signe en tant que
12 colonel par rapport à la zone opérationnelle de Bosnie centrale, cela fait
13 une différence, n'est-ce pas ?
14 Réponse : Eh bien si mes connaissances sont bonnes, quand il s'agit de
15 forces armées, si quelqu'un occupe un poste de commandant et qu'il signe,
16 à ce moment-là son ordre a été mis en œuvre et il a été exécuté. Par
17 conséquent, je vois qu'ici, il s'agit d'une réunion où l'on a examiné
18 cette question.
19 M. Nice (interprétation):Merci. Nous n'avons pas le temps de poursuivre et
20 maintenant nous allons voir le document qui est côté 653.3.du 14 avril.
21 Par conséquent nous allons voir une fois de plus, c'est le document du 14
22 avril, c'est vous qui l'avez signé, vous avez également apposé le sceau,
23 le document est adressé à Skopljak à la tête du bureau de la brigade de
24 Vitez. Il est dit également: "que nous avons été avertis que la Brigade
25 n'a pas été complétée, et étant donné que tous les délais ont pris fin en
Page 22711
1 ce qui concerne cette activité, nous vous avertissons qu'il est
2 indispensable de terminer ces taches avec le 22 avril, la dernière date
3 butoir". Est-ce qu'il s'agit d'une instruction civile ou militaire ?
4 Réponse: Oui, il a bien été question d'une instruction civile et après
5 une inspection qui a été mise en oeuvre dans la brigade de Vitez, qui
6 normalement concernait la zone opérationnelle de Vitez, on a commencé les
7 travaux et nous avons justement demandé que ces tâches soient remplies
8 comme ceci a été envisagé.
9 Question: Merci. Nous allons maintenant parler quelque peu des incidents
10 à Ahmici. Etes-vous au courant de cet incident ?
11 Réponse: Ce que je peux vous dire, c'est que moi je ne suis pas
12 directement informé. On m'a informé deux jours après l'incident, je pense
13 que déjà à ce moment-là, j'ai donné quelques consignes au bureau de la
14 défense pour assainir le terrain, pour enterrer les victimes. Je ne sais
15 pas quelle était l'envergure de cet incident, mais de toutes façons, ce
16 n'était pas dans le champ de mes activités. A cette époque-là j'étais
17 ailleurs, j'ai été à la direction.
18 Question: Mais pourriez-vous nous dire à quel moment vous avez
19 exactement découvert ce qui s'est passé à Ahmici?
20 Réponse: Non, je n'ai pas découvert moi-même, on m'a informé. Question:
21 A quel moment avez-vous obtenu les informations. Réponse: Par la
22 presse.
23 Question: Vous n'avez jamais entendu parler vous-même? Vous êtes chef du
24 bureau de la direction, tous les autres bureaux vous sont subordonnés et
25 là maintenant, vous nous dîtes que jamais vous n'avez entendu directement
Page 22712
1 ce qui s'est passé à Ahmici, alors qu'il y a 100 personnes qui on été
2 tuées là-bas, et vous ne l'avez pas appris?.
3 Réponse: Je dis que mes premières informations proviennent des mass
4 media. Deuxièmement, en ce qui concerne la responsabilité de la direction
5 de la défense, notre compétence était la brigade de Vitez et autres, nous
6 n'étions pas responsables vis-à-vis des formations et des unités
7 militaires. Ce ne sont pas les unités militaires qui devaient nous
8 informer, à partir du moment où elles avaient opéré dans cette zone de
9 responsabilité ou ceci à eu lieu.
10 Question: Nous allons poursuivre si vous voulez bien et nous allons vous
11 donner une autre occasion. Vous allez voir que c'est quelque chose qui va
12 éventuellement vous intéresser. C'est un sujet qui est extrêmement
13 intéressant et si vous permettez, j'aimerais vous poser la question
14 suivante: est-ce que vous avez demandé à quelqu'un ce qui s'était passé ?
15 Est-ce que vous avez essayé de le savoir ?
16 Réponse: Bien évidemment, en tant que personne responsable, je me suis
17 intéressé. La première fois, quand j'ai appris ce qui s'était passé, je
18 voulais savoir ce qui était réel, mais en ce qui me concerne, je me dois
19 de vous dire une fois de plus, que je n'ai jamais obtenu un rapport
20 officiel. J'ai essayé d'obtenir l'information dans la zone opérationnelle
21 et d'un autre côté également, en passant par la défense civile, pour
22 savoir sur place ce qui s'était passé. Par conséquent, dans ce cas-là,
23 c'était dans les compétences de la direction de la défense. Il faut pas
24 oublier que les combats ont duré pendant deux ou trois jours et nous
25 n'avons jamais pu nous rendre sur les lieux.
Page 22713
1 Question: Pouvez-vous nous aider et aider les Juges de cette Chambre, en
2 nous disant sur la base des informations reçues par vous, qui a commis ce
3 massacre monsieur ?
4 Réponse: Je ne peux pas, parce qu'encore aujourd'hui, je ne le sais pas
5 avec précision. Je n'ai jamais reçu cette information, en tous cas
6 officiellement, je n'ai jamais été informé de l'identité des unités et je
7 n'avais pas besoin, je n'avais d'ailleurs pas le droit de chercher à
8 savoir quelles étaient les unités qui opéraient dans quelle zone de
9 responsabilité. S'agissant de l'emploi actif des forces, je n'étais pas...
10 Question: Très bien, très bien. J'en arrive à ma question suivante. Je
11 vous demande de prendre la pièce à conviction 2812 (a) datée du 17 avril.
12 Voyez-vous, donc juste après Ahmici, c'est un document qui vous parvient
13 et qui vous est envoyé par Gavro Maric.
14 Lorsqu'il sera sur le rétroprojecteur, nous pourrons en dire quelques
15 mots. Il vous est donc adressé et nous lisons ce qui suit dans ce
16 document, je cite : "Nous avons envoyé un rapport hier -cela a dû être le
17 16- dans lequel nous vous avons informés que 2 soldats de Vitez ont été
18 tués dans le conflit avec les forces musulmanes. La nuit dernière le 16
19 avril, un autre a été amené. Voici les noms :" -et suivent 3 noms.
20 Manifestement, il y a des erreurs dans les dates de naissance car même si
21 2 d'entre eux désignés comme étant nés en 1970 peut être vraisemblable, la
22 naissance du troisième en 1997 est manifestement une erreur.
23 Ensuite le texte se poursuit comme suit : "puisque la municipalité de
24 Busovaca..
25 Réponse: Non, je crois que c'est 1979, ce doit être une faute de
Page 22714
1 frappe. Excusez-moi.
2 Question : Oui. Je poursuis la lecture du texte : "Puisque la
3 municipalité de Busovaca n'a pas les conditions nécessaires pour conserver
4 des corps de personnes décédées pendant de longues périodes, nous vous
5 demandons d'informer le commandement et les organes de la municipalité de
6 Vitez puisque nous ne pouvons pas entrer en contact." Fin de citation.
7 Deux questions à ce sujet : d'abord ce que révèle ce document, c'est que
8 des soldats de Vitez ont été découverts morts dans la zone de Busovaca,
9 n'est-ce pas ?
10 Réponse : Et bien, c'est sans doute exact parce que cela n'aurait pas
11 été dit de personnes qui ont été tués si cela ne l'était pas.
12 Question : Deuxièmement, nous voyons qu'il n'y a aucune protestation
13 contre la façon scandaleuse dont ces personnes ont été tuées. Il est
14 simplement signalé qu'ils sont morts au cours de conflits avec les forces
15 musulmanes.
16 Vous rappelez-vous, puisque ceci a semble-t-il été débattu la veille au
17 soir, où ces hommes ont été tués ?
18 Réponse : Je ne le sais pas. D'ailleurs je ne peux pas le découvrir à la
19 lecture de ce rapport. Dans ce rapport je ne vois pas sur quel champ de
20 bataille ils ont trouvé la mort. Donc je ne suis pas au courant.
21 Ce que je pouvais faire, c'était charger le chef de la défense de voir ce
22 qu'il pouvait faire. Il m'a informé du fait qu'il réglerait le problème le
23 lendemain, et je suppose que cela a été fait.
24 Mais à la lecture de ce document, je ne peux rien dire et je ne me
25 rappelle pas cette situation, car il y a eu beaucoup de morts dans cette
Page 22715
1 période ; des civils aussi mouraient. La situation était très chaotique.
2 Question : Oui, mais ce que je vous dis, c'est que le 16 avril, le HVO a
3 organisé une attaque. Le HVO n'a pas été la victime ; il a organisé une
4 attaque, et en raison de cette attaque, des soldats ont été tués.
5 Nous le voyons à la lecture de ce document qui correspond à ce que je
6 viens de dire.
7 Réponse : D'abord, je ne sais pas ou ces hommes sont morts, ou ces
8 soldats sont morts, sur quel front ? Ca, c'est la première chose. Je ne
9 suis donc pas au courant de cela.
10 Et deuxièmement, nous étions attaqués. Savoir si ces soldats sont morts
11 dans la zone d'Ahmici ou sur un autre front, je ne le sais pas. Cela
12 aurait pu arriver aussi sur le front de Vitez qui est à 70 kilomètres.
13 Ce que je disais que, c'est que je ne suis pas au courant et qu'à la
14 lecture de ce rapport, je ne peux pas le découvrir. D'ailleurs,
15 finalement, il n'était pas nécessaire que je le découvre car nous n'avions
16 pas besoin de savoir sur quel front les soldats étaient tués.
17 Question : Merci. Le document suivant que j'aimerais que vous examiniez
18 une nouvelle fois rapidement est le document 696. Je rappelle les Juges de
19 cette Chambre que dans ce document, vous utilisez le nom de M. Kordic et
20 de M. Kostroman sans leur en avoir demandé l'autorisation. Il n'ont rien à
21 voir avec ce document. c'est bien ce que vous nous dites ?
22 Réponse : Absolument. D'ailleurs, je l'ai déjà dit. Mais je pense qu'ils
23 auraient été d'accord avec la teneur de ce document, connaissant leur
24 personnalité, leur façon d'aborder la vie, leur façon humaine d'aborder la
25 vie etc..
Page 22716
1 Question : Oui je comprends cela. Et bien entendu vous écrivez ici au
2 colonel Stewart qui est étranger aux arcanes de votre organisation. Est-il
3 permis de s'exprimer ainsi ? Il ne pouvait pas savoir s'il était
4 vraisemblable ou pas que M. Kordic et M. Kostroman signent ce document.
5 Donc, ils ne se seraient pas étonnés de trouver leur signature au bas de
6 ce document.
7 Réponse : Monsieur, nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer avec
8 M. Bob Stewart. D'ailleurs mes prérogatives ne m'amenaient pas à avoir des
9 contacts avec les organisations internationales. Mais lorsque nous avions
10 des doutes sur l'avenir et sur le destin de civils en raison des combats
11 qui font rage, à ce moment-là, j'ai fait ce quai j'ai pu pour essayer de
12 protéger les civils.
13 C'était le sens et l'objet de ce document. Mois je n'ai jamais eu la
14 possibilité de converser personnellement avec Bob Stewart.
15 Question : Au nombre des tâches qui étaient les vôtres à l'époque, était-
16 il prévu que vous exagériez les souffrances des Croates, car ce qui
17 s'était passé à Ahmici était déjà connu ? Cela faisait il partit de votre
18 travail ?
19 Réponse : Non. Ce document je regarde la date : 17. J'avais des
20 informations quant au fait qu'un certain nombre de civils avaient quitté
21 leur domicile à Zenica et la même chose se passait en très grand nombre
22 dans la municipalité de Vitez. Nous étions informés de cela.
23 Donc, je répète qu'au sujet des événements d'Ahmici, je n'avais pas
24 d'information. Si j'en avais eu, j'aurais vraisemblablement, voire très
25 certainement, entrepris un certain nombre d'actions. Cela aurait été
Page 22717
1 normal.
2 Question : Finalement, admettez vous, je vous prie, que c'était une chose
3 d'utiliser le nom de M. Kordic si vous écriviez à un officier du bataillon
4 britannique -je dis bien sans le consentement de M. Kordic- mais c'était
5 quelque chose de tout à fait différent d'utiliser le nom de Kordic ou de
6 Kostroman pour s'adresser à un membre très haut placé du HVO ou du HDZ ?
7 Réponse : Je ne vous comprends pas ?
8 Question : Vous ne me comprenez pas, et bien je vais m'expliquer une
9 nouvelle fois. Vous ne pouviez pas justifier le fait d'utiliser le nom de
10 M Kordic sans son consentement si vous écriviez à M. Boban par exemple.
11 Vous n'auriez pas pu justifier d'agir de la sorte, n'est-ce pas ?
12 Réponse: Il n'était pas nécessaire que j'envoie une lettre dans ces
13 conditions. La situation ne l'exigeait pas. Si la situation l'avait exigé,
14 je peux vous assurer que j'aurais écrit le même genre de lettre à Boban si
15 la situation avait prévalu, s'il avait fallu organiser la défense des
16 civils indépendamment de leur appartenance ethnique.
17 Question : - Mais vous n'auriez pas pu justifier d'emprunter le nom de
18 Kordic, si vous aviez écrit au supérieur immédiat de Kordic. Vous n'auriez
19 pas pu utiliser son nom sans le consentement de Kordic. Il aurait été
20 terriblement embarrassé, Boban lui aurait dit : "J'ai reçu une lettre de
21 toi" et il aurait répondu: "Comment, quelle lettre?" Vous n'auriez pas pu
22 justifier cela, n'est-ce pas ?
23 Réponse : Je répète ce que j'ai déjà dit : j'aurais écrit exactement la
24 même lettre à M. Boban, je pense d'ailleurs qu'une lettre de moi a été
25 envoyée à M. Boban. Une lettre de même nature.
Page 22718
1 Question : Vous comprenez ce qui vient. Je demande la pièce à conviction
2 697 et effectivement le même jour, vous avez écrit à M. Petkovic à M.
3 Boban à M. Stojic et à d'autres une lettre qui comporte des termes assez
4 semblables et vous signez au nom de Kordic et de Kostroman.
5 Voici la lettre. Peut-on placer la traduction sur le rétroprojecteur? Les
6 termes utilisés sont les mêmes: "Suite au massacre, organiser
7 l'évacuation, défense circulaire". On trouve les mêmes termes dans les
8 deux lettres. Et vous signez une nouvelle fois la lettre pour vous, pour
9 Kordic et Kostroman. Et vous l'avez fait avec leur consentement comme vous
10 êtes le premier à le savoir.
11 Réponse : Non, pour cette lettre non plus, je n'ai pas demandé leur
12 consentement, car je ne pouvais pas l'obtenir puisqu'il y avait coupure
13 des voies de communication.
14 Question : Où étaient MM. Kordic et Kostroman le lendemain d'Ahmici ?
15 Réponse : Je sais qu'ils n'étaient pas à Vitez. Autrement, leur siège
16 était à Busovaca, donc je suppose qu'ils étaient à Busovaca. Ils ne
17 pouvaient pas venir à Vitez en raison des combats qui affectaient la voie
18 de communication reliant Busovaca et Vitez.
19 Question : Ont-ils communiqué avec vous pour vous dire d'envoyer cette
20 lettre, et ma question porte plus précisément sur M. Kordic ?
21 Réponse : Non.
22 Question : Ce que j'affirme pour ma part, c'est que ceci faisait partie
23 d'une défense planifiée de la part du HVO qui savait ce qui venait, ce qui
24 arrivait. Et, je parle de point de vue très négatif qui aurait pu être
25 exprimé une fois connu les événements d'Ahmici, n'est-ce pas le cas ?
Page 22719
1 N'est-ce pas une réaction de défense de la part du HVO ?
2 Réponse : Absolument pas.
3 Question : Très bien. Nous allons maintenant parler du document 701.1 qui
4 n'est pas un document dont vous êtes l'auteur, je vous demande simplement
5 de l'identifier. Savez-vous qu'à la même époque, le 17 avril, quelqu'un
6 qui s'appelle Tomic, il n'est pas nécessaire de le placer sur le
7 rétroprojecteur. Savez-vous que quelqu'un qui s'appelle Tomic affirme que
8 la Forpronu est aux côtés des forces musulmanes pour ouvrir le feu sur des
9 maisons croates. Savez-vous que ce genre de désinformations circulait ?
10 Réponse : C'est la première fois que j'entends parler de cela.
11 Vous avez dit qu'il existait un document, est-ce que je pourrais le voir ?
12 Question : Certainement, mais vous n'êtes pas l'auteur de ce document
13 701.1, vous pouvez y jeter un coup d'oeil.
14 Réponse: D'accord, si je ne suis pas l'auteur de ce document alors...
15 (L'huissier s'exécute.)
16 Ah, mais écoutez, ceci vient du commandement de la zone opérationnelle,
17 moi, je n'avais pas accès là-bas. Cela fait partie de la composition des
18 forces armées.
19 Question : Au fait, et là je parle d'un autre document que vous pouvez
20 regarder si vous le voulez, l'auteur en est M. Blaskic, pas vous, il
21 s'agit du document 702. Saviez-vous que le même jour, donc toujours le 17
22 avril, bien que Blaskic ait protesté quant au fait que les Croates de
23 Zenica souffraient en raison des Musulmans, il disait aussi que toutes les
24 attaques d'aujourd'hui ont été repoussées et que l'ennemi a été écrasé.
25 Etiez-vous au courant de cela ?
Page 22720
1 Réponse : Je ne suis pas au courant, car je ne traitais pas les
2 informations relatives à la situation de nos forces sur le front. Vraiment
3 je ne le faisais pas. Monsieur Blaskic à ce moment-là était à son poste de
4 commandement et je ne pouvais pas d'ailleurs directement obtenir ce genre
5 d'observations, et lui n'avait pas pour responsabilité de me les envoyer.
6 Question : Très bien. Nous passons au 2 juin, pièce 1009.
7 (L'huissier s'exécute.)
8 C'est un document qui vous est adressé, qui vient du colonel Kordic, vice-
9 président de la communauté. Il est daté du 2 juin et c'est une décision.
10 Il se lit comme suit, je cite : " Conformément à un accord oral avec le
11 président du HVO de Novi Travnik, le bureau de la défense affecte les
12 véhicules de la façon suivante: un véhicule est affecté à Stjepan, un
13 deuxième au HVO de Novi Travnik et un troisième au bataillon de police
14 militaire". Ce qui montre clairement que M. Kordic avait compétence sur
15 tous les secteurs de l'armée, n'est-ce pas ? Il pouvait affecter ou
16 confisquer des biens matériels sans que personne ne le lui conteste cette
17 possibilité?
18 Réponse : Je ne suis pas d'accord avec vous.
19 Question : Mais ce texte démontre-t-il autre chose ?
20 Réponse : La seule chose que je peux comprendre à la lecture de cette
21 décision, c'est que ces affectations avaient déjà été faites et ceci n'est
22 qu'un document d'information qui fait suite à ces affectations de
23 véhicule. Moi, je vois dans ce texte davantage une information qu'un
24 ordre.
25 Question : Mais qui d'autres prenait des décisions si ce n'était pas M.
Page 22721
1 Kordic, je vous prie ? S'agissant de Stjepan Tamasevic, je vous rappelle
2 que c'était la brigade de Novi Travnik, un bataillon militaire. Qui
3 d'autre prenait les décisions ? Qui d'autre avait compétence sur ce genre
4 de décisions?
5 Réponse: J'ai expliqué le processus de mobilisation qui avait eu lieu.
6 Les brigades avaient compétence sur leur zone de responsabilité, c'est le
7 cas à Novi Travnik, c'est aussi le cas qui dépendait donc du bureau de
8 défense de Novi Travnik, et c'est aussi le cas à Vitez, qui dépendait du
9 bureau de défense de Vitez et ainsi de suite. Ces diverses unités
10 recevaient ce dont elles avaient besoin et ce qui était disponible au
11 bureau de la défense dont elles dépendaient à ce moment-là.
12 Question: J'ai une question simple et je passe à la suivante. Qui,- et
13 je vous demande le nom d'une personne individuelle,- avait compétence sur
14 les trois groupes qui sont mentionnés dans ce texte, sinon M. Kordic ?
15 Réponse: Après la mobilisation, ce n'était plus le cas d'une personne
16 individuelle. J'étais responsable de la mobilisation, pas seulement pour
17 ces trois municipalités, mais aussi pour d'autres et en particulier, pour
18 ces trois municipalités.
19 Question: Merci passons à la pièce 1135 où nous voyons un exemple du
20 fait que Kordic avait exercé un contrôle sur vous. La date est celle du 2
21 juillet, et la signature est celle du vice-Président du bureau du
22 Président de la République de Herceg-Bosna. Alors, le Président de Herceg-
23 Bosna avait compétence militaire, et maintenant, il signe en tant que
24 vice-Président, et il donne des ordres au sujet des conscrits, des
25 nouvelles recrues, de l'entraînement. Ce n'est pas un ordre civil ceci,
Page 22722
1 c'est bien un ordre militaire oui ou non ?
2 Réponse: C'est un document civil. Il est question ici d'enregistrer
3 dans les documents militaires, le nom d'un certain nombre de personnes et
4 les dates auxquelles ces hommes ont fait leur service militaire, parce que
5 c'était une génération qui pouvait être engagée par nous, puisque les
6 circonstances étaient des circonstances d'urgence, des circonstances de
7 guerre. Si vous regardez le détail de cet ordre, vous comprendrez bien
8 pourquoi les choses se sont passées de cette façon. Ceci n'est pas un
9 ordre militaire, mais un ordre civil. Il est adressé au bureau de la
10 défense.
11 Question: Ce que j'affirme, c'est que vous dites n'a aucun sens, mais
12 peut-être pourrez vous nous aider sur le point suivant en répondant
13 également à ce que j'affirme. Pourquoi signe t- il aujourd'hui en qualité
14 de vice-Président du bureau de la présidence?
15 Réponse: Eh bien, écoutez, cela, je ne le sais pas. Moi j'ai reçu cette
16 lettre 2, je ne peux pas vous expliquer cela, mais selon le règlement des
17 forces armées, et vraisemblablement en raison du fait que les moyens de
18 communication étaient coupés avec M. Boban, il a fallu prendre cette
19 décision, parce que nous étions déjà dans une situation où les effectifs
20 manquaient dans les unités. Il a donc fallu compléter la mobilisation,
21 parce que les hommes manquaient et ceci est un des moyens que nous
22 pouvions mettre en oeuvre. Envoyer régulièrement des hommes à
23 l'entraînement, c'est ce que l'on fait dans toutes sortes de situations,
24 mais plus particulièrement dans celle dans laquelle nous nous trouvions.
25 Même en temps de paix, cela se fait
Page 22723
1 Question: Monsieur le Président, je vois que le temps passe, je vois que
2 le nombre de documents et important. Nous allons en examiner certains,
3 peut-être n'allons nous pas tous les examiner. Mais je vous demande une
4 minute, simplement pour faire le tri.
5 1198.3, 9 septembre. Ce document vous parvient, il est envoyé par le
6 colonel Blaskic. Ce document est daté du 9 septembre, donc Tihomir Blaskic
7 vous écrit, il vous informe que les membres suivants des Vitezovi, une
8 unité spéciale, ont été mis à la disposition de la direction de la défense
9 de Travnik, au poste de commandement avancé de Vitez, et nous voyons la
10 liste des noms. Cela signifie qu'ils sont mis à la disposition de la
11 brigade de Vitez, n'est-ce pas, ou bien est-ce que je me trompe ?
12 Réponse: Ceci vient de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, de M.
13 le colonel Blaskic qui m'informe quels sont les conscrits qui sont relevés
14 de leurs tâches au sein des Vitezovi. Et il me dit de quelle municipalité
15 ces hommes proviennent, de façon à ce que je puisse établir une liste,
16 pour la remettre au chef des bureaux de la défense de Travnik et de Vitez.
17 Question: Ces soldats auraient donc travaillé ...
18 Réponse: Et il me dit aussi quels sont ceux qui viennent de Zenica,
19 parce qu'il dépendait du bureau de la défense de Vitez. Ils sont désormais
20 disponibles, ils doivent être êtres envoyés aux brigades qui manquent
21 d'hommes.
22 Question: Merci.
23 Réponse: Par exemple à Travnik, il y avait deux brigades.
24 Question: Un échange régulier de soldats ? Il y avait bien un échange
25 régulier de soldats entre des unités spéciales et d'autres unités, n'est-
Page 22724
1 ce pas ?
2 Réponse: Non. Ici, il s'agit de conscrits qui sont libérés de leurs
3 obligations à un endroit, pour être mis à la disposition du bureau de la
4 défense, et c'est le bureau de la défense qui décide dans quelles unités
5 ils seront versés pour respecter leurs obligations de travail. Il peut
6 s'agir d'obligations de travail et aussi, puisque ce sont des hommes assez
7 jeunes, il est fort vraisemblable qu'ils seront versés dans une autre
8 unité. Les deux possibilités existent. Donc il y a processus de
9 transformation d'un soldat en civil puis… si vous me permettez de
10 terminer, je peux terminer?
11 Question: Non, c'est tout ce dont j'avais besoin. Merci.
12 Z-1253. Nous avons déjà vu un document du mois de septembre, dans lequel
13 Kordic est associé au titre de chef du poste de commandement avancé de
14 Président. Ceci est un autre document qui vous est envoyé par le ministre
15 de la défense lui-même, donc votre chef suprême. Et il y a un certain
16 nombre d'ordres. Nous lisons le texte comme suit, je cite : "Les ordres
17 susmentionnés ont été émis par le chef de la direction de la défense de
18 Travnik M. Anto Puljic avec l'approbation des hommes dont les noms
19 suivent". Et nous voyons du bas vers le haut le nom d'Anto Valenta, vice-
20 président, le nom de Kostroman, son poste de Secrétaire général de la
21 République, comme cela s'appelait à l'époque, et nous voyons le nom du
22 colonel Dario Kordic, chef du poste de commandement avancé du bureau du
23 président de la communauté de la République croate d'Herceg-Bosna. Que
24 pensez vous de cela ?
25 Réponse : Eh bien c'est ... Je vous ai déjà expliqué quelle était la
Page 22725
1 nature de cet ordre. C'était une information que j'envoyais à M. Stojic,
2 Bruno Stojic, ministre de la défense de la République croate d'Herceg-
3 Bosna. Quant à la situation du bureau de la défense de Vitez, j'ai déjà
4 souligné que cela a été discuté dans les médias. Donc j'ajoute le titre à
5 côté du nom de Kordic, le titre qui était utilisé dans la presse. Je ne
6 sais s'il ne l'a jamais utilisé lorsqu'il correspondait avec d'autres de
7 façon officielle. Simplement c'était un terme qui était utilisé dans les
8 médias à l'époque et parce qu'à la conférence de presse il avait été
9 utilisé, etc. etc. Ce n'était pas officiel.
10 M. Robinson (interprétation): Est-ce que le témoin pourrait expliquer ce
11 que signifie le sigle IZM, poste de commandement avancé dont le colonel
12 Kordic était le chef ?
13 M. Nice (interprétation): Pouvez-vous répondre à la question de M. le
14 Juge. Que signifie IZM? En fait, Monsieur le Juge je crois que c'est
15 simplement un sigle dont les trois lettres sont les initiales des trois
16 mots "poste de commandement avancé".
17 M. Puljic (interprétation): C'est un sigle qui était surtout utilisé dans
18 les unités du conseil croate de défense par les commandants dans leurs
19 diverses zones de responsabilité, au niveau du commandement principal et
20 des brigades. C'est un terme qui circulait et je pense que ce titre a été
21 donné à M. Kordic, bien qu'il n'ait pas rempli ces fonctions, il n'était
22 pas habilité à donner le moindre ordre à une quelconque unité militaire.
23 Il ne pouvait... La seule personne autorisée à délivrer de tels ordres,
24 était quelqu'un qui faisait partie de la hiérarchie militaire, c'est-à-
25 dire un membre de l'état-major ou des échelons inférieurs dont les ordres
Page 22726
1 étaient reçus. Donc le chef du grand état-major par exemple j'espère que
2 cela vous satisfait, Monsieur le Juge.
3 M. Robinson (interprétation): Je voulais savoir quelle était la
4 signification du sigle IZM et la signification des mots "poste de
5 commandement avancé"?
6 M. Puljic (interprétation): Non, non dans ce cas, sûrement pas.
7 M. Robinson (interprétation): Mais de quoi s'agit-il ?
8 Réponse : Moi-même, je ne pourrais pas l'expliquer de façon précise. Je
9 viens de dire que dans les médias, cela circulait, les postes de
10 commandement et les noms des commandants des unités militaires étaient
11 diffusés et tout d'un coup dans les médias, on parle de poste de
12 commandement avancé, alors que M. Kordic ne pouvait assurément pas avoir
13 de telles fonctions, parce que toutes les institutions fonctionnaient dans
14 le cadre du système.
15 M. Bennouna: Mais c'est vous-même qui avez signé ce document. Ce n'est pas
16 quelque chose qui est dans les médias. Vous avez approuvé ce titre,
17 commande poste, c'est vous-même qui signé. Alors comment cela se fait que
18 vous avez approuvé dans le document ?
19 C'est à vous que je pose la question, monsieur.
20 M. Puljic (interprétation): Eh bien, Monsieur le Juge, je viens justement
21 d'en parler, parce que je n'ai jamais reçu aucun document officiel de M.
22 Kordic et il n'a jamais exercé cette fonction. Comme à ce moment-là, dans
23 les médias ceci circulait au moment où j'ai rédigé cet ordre où j'ai
24 rédigé ces consignes, il y avait un document qui avait précédé ce
25 document, c'est la raison pour laquelle je me suis adressé au ministre en
Page 22727
1 lui envoyant un rapport. C'est pour cela que j'ai repris ce terme, je l'ai
2 repris des masses media, de la presse, mais ce n'était pas sa fonction
3 officielle et je n'ai jamais reçu de documents officiels. C'est la raison
4 pour laquelle, je ne peux pas véritablement dire quoi que ce soit, s'il y
5 avait une erreur, une lacune alors c'est de ma faute, ce n'est pas de M.
6 Kordic. C'est un document que j'ai autorisé, et c'est mon adjoint M.
7 Ljubicic qui l'a signé alors que moi, je suis responsable, c'est mon
8 adjoint, mon suppléant qui l'a signé.
9 M. Nice (interprétation): Pour être tout à fait franc, vous nous racontez
10 une version, mais ceci n'est pas vrai et vous le savez très bien. Si vous
11 le dites, c'est tout simplement pour protéger Kordic. En effet, il s'agit
12 ici d'un document qui est secret confidentiel. Par conséquent, il s'agit
13 d'un document qui traite des questions militaires et vous le savez
14 parfaitement bien, n'est-ce pas ?
15 M. Puljic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, au
16 sein de la direction de la défense, on a eu un règlement concernant la
17 systématisation, l'organigramme. Il y a eu également un certain nombre de
18 règles concernant la conservation des documents, de l'aspect confidentiel,
19 du secret, etc, et c'est comme cela que nous avons observé un certain
20 nombre de règles et c'est la raison pour laquelle nous avons pris de
21 telles références. D'un autre côté, nous avons été obligés également de
22 marquer "défense", pour protéger l'aspect confidentiel du document. Il
23 s'agissait des activités de guerre, il s'agissait de la guerre.
24 Question: Pourrions-nous maintenant très brièvement voir la pièce à
25 conviction 1290 du 9 novembre ?
Page 22728
1 (L'huissier s'exécute.)
2 Ici également, c'est marqué qu'il s'agit du secret militaire, la date 9
3 novembre, il s'agit de l'évacuation de la population. Vous avez signé
4 vous-même ce document. Il traite de Kiseljak. Vous l'avez envoyé au bureau
5 du Président de la République, au bureau du vice-président de la
6 République M. Dario Kordic. Il était bien vice-président et ceci veut dire
7 que dans votre secteur, il avait quand même exercé un pouvoir, il avait
8 une certaine autorité, n'est-ce pas ?
9 Réponse : Pour ce qui est de ce document, tout d'abord, je me dois de
10 dire qu'il y avait une situation qui était difficile que nous avons vécue
11 à Varesano. Un certain nombre très important de réfugiés sont arrivés à
12 Kiseljak en partie, et l'autre partie des réfugiés étaient sur la route en
13 provenance de Vares, traversaient Iljas pour regagner Kiseljak. C'est dans
14 cette lettre que j'ai demandé d'assurer l'hébergement aux civils qui
15 étaient des réfugiés, d'assurer leur évacuation dans des conditions les
16 plus sûres possibles. C'était une situation dramatique et le chef du
17 bureau...
18 Question : Excusez-moi, mais le temps nous presse, monsieur Puljic. C'est
19 la raison pour laquelle il faut que je vous interrompe. Je pense que j'ai
20 10 minutes et il y a d'autres documents qui vous appartiennent et que
21 j'aimerais présenter à la Chambre.
22 J'aimerais savoir, s'il vous plaît si vous pouvez répondre à la question
23 suivante : vous l'avez envoyée à M. Kordic qui était vice-Président au
24 niveau de la communauté croate de Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?!
25 En réfléchissant à cette question, je vais vous demander de trouver le
Page 22729
1 document Z 13.16 C'est la proposition d'un certain nombre de tâches, qui
2 une fois de plus, est un document militaire. Et il y a un autre poste qui
3 était vacant et auquel on aurait du nommer une personne.
4 Réponse : Il est vrai que c'est à Kordic que la lettre a été envoyée,
5 mais je ne sais pas si, à cette époque, il était vraiment vice-Président.
6 Mais dans ce document, je m'adresse à lui comme vice-Président et c'est
7 moi qui l'ai rédigé. Mais je répète une fois de plus qu'il a joué un rôle
8 politique ; il n'a jamais été dans l'exécutif, ni civil ni militaire.
9 Le document que vous venez de me présenter est un document qui est en
10 effet ma proposition, pour que Ljubomir Jurcic, mon adjoint, soit nommé à
11 un poste au ministère de la défense. Moi j'avais demandé à ce que M.
12 Kostroman et M. Dario Kordic donnent leur propre point de vue à ce sujet
13 là. Ils l'ont signé.
14 C'est une proposition qui a été adressée au ministère de la défense, et
15 pour nommer cette personne à tel et tel poste au sein du ministère...
16 Question : Merci. Vous ne pouvez pas nous expliquer quelle est la raison
17 pour laquelle il signe comme vice-Président de la République ? Est-ce que
18 c'est vrai ?
19 Réponse : Oui, en ce moment, je ne peux pas vous le dire, mais c'était
20 dans les médias. Moi je suis pratiquement sûr qu'à cette époque-là, il
21 n'était pas vice-Président ; il était vice-Président de la communauté
22 Croate de Herceg-Bosna, mais pas de la République.
23 Question : Merci. Et maintenant nous allons voir une pièce à conviction
24 13 17.1. Une fois de plus, elle se rapporte à M. Kordic du 27 novembre ;
25 elle n'a rien à voir avec M. Kordic, mais ce qui m'intéresse, c'est de
Page 22730
1 savoir s'il s'agit d'une approche standard, normale.
2 Vous avez demandé 300 tonnes de charbon sous forme de l'aide humanitaire,
3 vous en aviez besoin sous forme de carburants pour la production de poudre
4 et du carburant pour les lance-roquettes.
5 Quel était le groupe humanitaire que vous avez réussi à convaincre pour
6 vous fournir en charbon ?
7 Réponse : Mais je n'ai absolument pas essayé de convaincre qui que ce
8 soit. J'avais envoyé cette lettre, j'ai dit que nous avions besoin de
9 charbon. C'était le carburant pour la fabrication combustible, et il y
10 avait une usine également qui a été utilisée à cette époque-là pour
11 couvrir les besoins de la population civile, parce que c'était l'hiver et
12 il y avait besoin de chauffer la population.
13 Question : Mais ici, on parle de l'aide humanitaire. Quelle était
14 l'association humanitaire que vous avez convaincue pour vous envoyer, pour
15 vous approvisionner en charbon ?
16 Réponse : Mais j'ai essayé de les convaincre. De toute façon, je n'ai
17 pas réussi à les convaincre et ce n'était est plus mon problème.
18 Question: Entendu. Nous savons par ailleurs -vous l'avez confirmé au
19 cours de votre déposition ce matin- que l'état-major principal est une
20 organisation militaire.
21 Par conséquent, j'aimerais vous montrer quelques documents maintenant.
22 Nous avons très peu temps. Par contre, je vais vous demander parcourir
23 tous ces documents très rapidement. Il s'agit de la pièce à conviction Z
24 1357.2.
25 Au moment où nous allons vous présenter ce document -plus tard nous allons
Page 22731
1 pouvoir en argumenter- il s'agit du 14 janvier 1994. Vous l'avez signée et
2 vous avez envoyer la lettre entre autres à M. Kordic en sa qualité
3 d'adjoint de l'état-major principal. Est-ce que vous avez ce document,
4 s'il vous plaît ?
5 Réponse : Oui, je dispose de ce document, ceci, en vue de mettre, de
6 créer le département de transmission. A cette époque-là, ce système de
7 communication, nous l'avons créé en Bosnie centrale pour pouvoir envoyer
8 nos documents, et nous avons également reçu un certain nombre de moyens
9 techniques, et c'est là où nous envoyons l'information que le secteur
10 civil -et c'était la pratique quand on envoyait les documents du
11 gouvernement, de passer par le système de transmission qui a été créé,
12 c'était la pratique...
13 Question : Excusez-moi, il va falloir que je vous interrompe ; on ne peut
14 pas vraiment rester trop longtemps sur les documents. Ce matin, vous avez
15 dit -vous ne saviez pas ce que j'allais avancer plus tard- que l'état-
16 major principal est un corps, est un organe militaire... Excusez-moi
17 "militaire", vous n'avez pas fait de parenthèse, Monsieur Puljic, c'est ce
18 que vous nous avez dit...
19 Par conséquent, maintenant, nous pouvons voir un autre document : il
20 s'agit du document Z 13 63. Vous pouvez voir ce document Z 13 63 en date
21 du 25 janvier 1994.
22 Il s'agit ici de la production de poudre et vous avez envoyé également à
23 Sliskovic et à l'adjoint du chef de l'état-major des forces armées de la
24 Communauté croate de Herceg-Bosna, M. Dario Kordic, C'est de la poudre à
25 canon.
Page 22732
1 Pouvez-vous voir le document 13 63.1. Excusez-moi, je parcours en vitesse
2 tous ces documents parce que nous avons très peu de temps. Il s'agit d'un
3 document du 26 janvier 1994. C'est vous-même qui l'avez signé, alors qu'il
4 fallait l'adresser à l'adjoint du bureau du chef de l'état-major
5 principal, au colonel Dario Kordic.
6 Dans cette lettre, il est dit que sur la base de ce qui a été convenu
7 oralement avec le colonel Dario Kordic, vous avez nommé le groupe de
8 travail, mais gardez ces documents. Auparavant, je vais vous de demander
9 un autre document Z13 65.2 du 2 février 1994.
10 Vous avez envoyé à M. Kostroman qui est assistant du chef de l'état-major
11 principal des forces armées de la République croate de Herceg-Bosna à M.
12 Dario Kordic, et il s'agit d'un point de vue sur la création du bureau de
13 la défense de Zenica.
14 Ensuite, je voudrais voir le document 13 69, s'il vous plaît, du
15 9 février 1994.
16 (L'huissier s'exécute).
17 M. Nice (interprétation): Je ne suis pas intéressé par le contenu de ce
18 document, mais c'est un document que vous avez signé. Dans l'en-tête, il
19 est dit que le document doit être remis à l'adjoint du chef de l'état-
20 major principal des forces armées à M. Dario Kordic, en mains propres, à
21 Busovaca.
22 Il s'agit maintenant du document Z-13 71. Dans le document précédent, il
23 fallait dire colonel Dario Kordic.
24 Maintenant, nous sommes en train d'étudier le document Z-13.71, c'est le
25 document du 11 février 1994 et du document qui a été signé par le colonel
Page 22733
1 Tihomir Blaskic. Sur la première page en anglais, nous pouvons le voir
2 également en croate, nous voyons en date du 9 février 1994 à 15 heures,
3 une réunion a été tenue au commandement occidental, l'adjoint du chef de
4 l'état-major du HVO, colonel Dario Kordic, vice-président à la République
5 croate de Herceg-Bosna.
6 Nous avons également un autre document Z-13.88.1. Je pense que nous avons
7 du temps jusqu'à 16 heures 10. Il y a un autre document que je vais voir
8 et ce sera le dernier. Par conséquent, ce document que nous sommes en
9 train de regarder est le document Z-13.88.1 du 1er mars 1994. Il est
10 question des hélicoptères, et il est dit dans ce document qu'il doit être
11 remis à l'adjoint du chef de l'état-major principal, Dario Kordic à
12 Busovaca. On l'appelle encore colonel, n'est-ce pas ? Il s'agit d'un
13 document qui coordonne avec les documents qui ont été délivrés par M.
14 Blaskic. Pourriez-vous me dire pourquoi vous vous adressez à lui comme
15 colonel ? C'est une fonction militaire et c'est clair..
16 Réponse: Quand je me suis adressé à M. Kordic, il s'agit d'un homme
17 politique, mais toutes les informations l'intéressaient. Notamment quand
18 il s'agissait des situations qui étaient quelque peu extrêmes. Et chaque
19 fois que je considérais qu'il fallait l'informer, je lui envoyais ces
20 lettres. D'un autre côté, j'ai déjà précisé que lui, il n'a jamais délivré
21 un ordre quelconque, et que dans ce sens-là, il figurait à l'état-major
22 principal.
23 C'est tout simplement que ceci circulait dans la presse comme je l'ai dit
24 et c'est la raison pour laquelle je reprenais dans mes lettres ce titre.
25 Sinon, il n'a jamais délivré aucun ordre dans ce sens-là. D'ailleurs M.
Page 22734
1 Kordic est devenu le Président du HDZ, parce que sinon, il aurait grimpé
2 dans l'état-major de M. Blaskic, s'il était militaire.
3 M. le Président (interprétation): Monsieur Puljic, vous étiez un
4 fonctionnaire et un officiel, quelqu'un qui représentait officiellement
5 cette organisation. Vous avez été chargé de la direction de la défense.
6 Vous vous êtes adressé à ceux qui vous ont été supérieurs, ou bien vous
7 vous-êtes adressé en personne à M. Kordic?
8 Pourriez-vous nous dire si vous voulez affirmer véritablement, que vous
9 avez utilisé le titre parce que vous l'avez vu dans la presse ? Pourquoi
10 l'avez vous fait ?
11 Réponse: Monsieur le Président, c'est justement ce que j'affirme, car
12 vu le poste que j'occupais, je n'ai jamais été informé officiellement que
13 M. Kordic avait été nommé à tel et tel poste. On ne m'a jamais informé,
14 d'ailleurs, des affectations différentes à l'état major principal, ni au
15 ministère. On m'envoyait des informations concernant mes propres tâches.
16 Sur un plan communication, on a été coupé. Ce n'est que 7 mois après...
17 excusez-moi, 10 mois après être nommé à mon poste, que j'ai pu rencontrer
18 mon ministre.
19 C'est au mois d'octobre, car nous avons été coupé du point de vue
20 communication. C'est un détail pour vous dire jusqu'à quel point on avait
21 des problème.
22 M. le Président (interprétation): Par conséquent, en d'autres termes
23 vous avez utilisé ce titre parce que vous avez vu cela dans la presse. Et
24 c'est à ça que vous voulez qu'on fasse confiance ?
25 Réponse: Monsieur le Président, je suis venu ici pour dire la vérité.
Page 22735
1 C'est ce que j'ai fait. Moi j'ai vécu cela, c'est de cela dont je vous
2 parle.
3
4 M. le Président (interprétation): Merci. Je ne sais pas si toutes ces
5 pièces ont été versées au dossier.
6 M. Nice (interprétation): Oui, je le pense. Je pense monsieur Puljic que
7 vous comprenez que c'est bien une deuxième fonction que vous avez repris
8 des journaux, pas une seule, mais les deux titres que vous reprenez des
9 mass media, c'est bien ce que
10 vous affirmez ?
11 Réponse: C'est ce que j'ai dit tout à l'heure.
12 Question: Mais c'était quoi comme presse ?
13 Réponse: C'étaient les journaux qui, à cette époque-là, étaient à notre
14 disposition. C'était la télévision locale, les journaux locaux.
15 Question: Mais à ce moment-là, nous pouvons supposer que la presse
16 locale l'a décrit, comme l'adjoint du chef de l'état-major principal, et
17 que l'on n'a jamais apporté de correction à ce sujet-là, et qu'en
18 permanence, on l'avait appelé
19 adjoint du Président.
20 Réponse: Je n'ai pas suivi de très près tout ce qui s'est passé à la
21 radio, à la télévision, dans les journaux, mais chaque fois que je
22 pouvais, j'ai pu constater que ce titre-là lui a été attribué.
23 Question: Trois documents. Le premier, nous allons remonter dans le
24 temps, c'est le 327.1. En effet monsieur
25 Puljic, vous devez beaucoup à M.
Page 22736
1 Kordic. Vous avez obtenu votre travail grâce à lui, c'est lui qui vous a
2 nommé à ce poste, n'est-ce pas ?
3 Il s'agit du 18 décembre 1992... Excusez-moi, je pense que j'ai commis une
4 erreur. Il s'agit du 28 décembre 1992. Il s'agit
5 d'une recommandation
6 selon laquelle Anto Puljic devait prendre le poste de chef de la direction
7 de la défense, car depuis le tout début de la guerre, il participe
8 activement au HVO. Il est fondateur du HDZ. Il a effectué des fonctions à
9 Kresevo, il était président, c'est la raison pour laquelle, il faudrait
10 lui attribuer ces tâches, ce travail. Nous voyons donc que c'est le vice-
11 Président de la communauté croate d'Herceg-Bosna et du HVO, colonel Dario
12 Kordic et Tihomir Blaskic et Kostroman qui vous ont proposé pour ce
13 poste ?
14 Réponse: Moi je vous ai dit ce matin que je n'étais pas au courant de
15 la procédure et que je ne savais pas comment on m'a nommé à ce poste. Je
16 ne connais pas véritablement comment ces procédures s'étaient déclenchées.
17 Actuellement, je dois vous dire en ce moment même, que je suis content de
18 voir comment on a procédé à cette nomination
19
20 Question: Est-ce que vous étiez au courant en revanche que le 7 octobre
21 1993, au moment où vous n'étiez pas dans ce secteur, quand vous étiez
22 absent de ce secteur, qu'il y avait eu une réunion, et que lors de cette
23 réunion, on a essayé de vous faire démissionner, de vous révoquer. M.
24 Vidak s'est employé pour vous révoquer de ce poste.
25
Page 22737
1 Est-ce que vous vous en souvenez ?
2 Réponse: Je me souviens, ce n'est que plus tard que j'ai pu lire le
3 procès-verbal.
4 Question: Est-ce que Kordic est la personne qui a réussi à vous sauver à
5 ce poste, à vous faire rester à ce poste ?
6 Réponse: Non je pense que c'est le ministre de
7 la défense. S'il avait
8 considéré qu'il fallait me faire révoquer à ce moment-là, il l'aurait
9 fait, il n'aurait pas demandé l'avis de M. Kordic.
10 Question: Il y a un tout dernier document. Je voudrais savoir quel est
11 votre point de vue. Il s'agit du document coté 1189.1.
12 L'huissier s'exécute.
13
14 M. Nice (interprétation): Il s'agit de votre document. C'est le 1er
15 septembre 1993. J'aimerais apprendre votre commentaire. En effet ceci
16 correspond à quelque chose que je vous ai déjà demandé. Il s'agit du
17 peuple croate en République croate de Herceg-Bosna qui mène une guerre de
18 défense qui lui a été imposée par l'ennemi et tous ceux qui mettent en
19 cause sa survie et l'intégrité territoriale de son Etat est son ennemi. De
20 quel Etat, s'il vous plaît ?
21 Réponse: De Bosnie-Herzégovine on parle.
22 Question: Ou bien, éventuellement il s'agissait de l'Etat de Croatie qui
23 vous a préoccupé ?
24 Réponse: C’est Bosnie-Herzégovine qui nous préoccupait. Vous avez dû
25
Page 22738
1 remarquer que tous les documents avaient dans l'en-tête, Bosnie-
2 Herzégovine et les sceaux qui ont été apposés portaient toujours cet
3 insigne.
4 Question: Merci. Je m'excuse de la rapidité avec laquelle on a été
5 obligés de parcourir ce sujet.
6 (Questions supplémentaires de M. Naumovski au témoin Puljic)
7 M. Naumoski (interprétation): J'ai encore beaucoup moins de temps Monsieur
8 le Président, mais je vais essayer de poser des questions supplémentaires
9 rapidement. On a parlé des titres, Monsieur Puljic, que vous avez utilisés
10 et que vous avez mis à côté du nom de M. Dario Kordic.
11 L'accusation avait
12 parlé de deux titres, moi je pense qu'il y en avait trois dans les
13 documents qui ont été présentés à la Chambre.
14 Les Juges vous ont également demandé ce que voulait dire IZM. Vous avez
15 dit ce que vous en pensiez. Mais il y a un autre terme qui suit et on n'en
16 a pas parlé. C’est marqué IZM et Kancelarija le bureau. Eh bien ceci veut
17 dire le bureau, Kancelarija, n'est-ce pas ?
18 Réponse: Oui.
19
20 Question: Est-ce que le terme Kancelarija a été utilisé quand on donnait
21 la description du commandement militaire?
22 Réponse: Non.
23 Question: Quand on dit bureau, chancellerie on pense donc Kancelarija,
24 chancellerie. Quel est l'organe qui porte
25 le terme chancellerie?
Page 22739
1 Réponse: Ceci peut être le bureau ou le cabinet du Président du
2 gouvernement. Le bureau de toute façon.
3 Question: Est-ce que bureau, Kancelarija, c'est un organe des autorités
4 civiles ou militaires?
5 Réponse: Exclusivement civil.
6 Question: Vous avez parlé du poste avancé de commandement. Vous-même
7 également vous avez eu un siège qui a été déplacé. Par conséquent ce
8 n'était pas un poste avancé, c'est votre bureau qui était déplacé, n'est-
9 ce pas ?
10
11 Réponse: Oui, effectivement.
12 Question: Parce que vous n'avez pas travaillé à Travnik, mais dans une
13 autre ville à Vitez ?
14 Réponse: Oui tout à fait.
15 Question: Par conséquent, quand on dit déplacé, ce n'est pas
16 automatiquement avancer de commandement, n'est-ce pas ? C'est ce que je
17 veux expliquer à la Chambre ?
18
19 Réponse: Oui. Ca veut dire que c'est un bureau qui a été déplacé. Je ne
20 sais pas, je ne connais pas tout à fait vraiment la terminologie IZM, mais
21 ce n'est pas véritablement avancé c'est plutôt déplacé.
22 Question: Entendu. Mais où se trouvait le bureau de M. Kordic et de M.
23 Kostroman Où ils étaient stationnés?
24 Réponse: A Busovaca, dans les locaux de
25 la villa Ivancica Tisovac.
Page 22740
1 Question: Est-ce que c'est le commandement militaire qui s'y trouvait ou
2 le bureau ?
3 M. Robinson (interprétation): Maître Naumovski je voudrais être sûr que
4 j'ai véritablement compris. Lorsque vous utilisez le terme Kancelarija,
5 nous avons ici la pièce à conviction de Z1253 et en croate en original, je
6 vois qu'à côté de Kancelarija il est marqué également IZM. A côté de IZM
7 c’est marqué Kancelarija. Voulez-vous dire qu’il s'agissait véritablement
8 d'un bureau civil et pas militaire?
9
10 M. Naumovski (interprétation): Monsieur le Président, Monsieur le Juge,
11 IZM veut dire Izmisteno Mesto, et non de commandement. Par conséquent un
12 bureau qui est déplacé. Monsieur Puljic vient de dire il était chef du
13 bureau de la défense de Travnik, mais il n'a pas travaillé à Travnik mais
14 à un endroit qui a été déplacé dans... Et son siège était à Vitez. Il
15 n'était donc pas au sein d'un commandement militaire mais il a travaillé
16 dans un organe civil.
17 M. Robinson (interprétation): Merci, Monsieur Naumovski.
18
19 M. Naumovski (interprétation): Un détail du début. Je pense qu'il y avait
20 un malentendu au moment où le Procureur vous a posé la question tout à
21 l'heure. Je vais y revenir. Quand est-ce que vous avez été nommé comme
22 chef du bureau de la défense de Travnik?
23 En janvier 1993 et c'est en juin 1994 que j'ai quitté ce poste sur ma
24 propre demande.
25
Page 22741
1 Question: A la page 46, il est marqué que vous avez travaillé, ligne 16,
2 à partir du mois de décembre, de novembre 1993.
3 Réponse: Non. Décembre 1993. C'est au mois de décembre qu'il y avait
4 éventuellement une proposition qui est partie mais je n'étais pas encore
5 nommé chef.
6 Question: Il y avait également un autre document que vous avez envoyé à
7 M. Kordic, Z110.90. Monsieur Puljic a bien marqué le bureau déplacé et
8 vous parlez de M. Dario Kordic. Vous vous adressez à lui comme à un homme
9 politique. Et dans le texte on parle
10 des réfugiés de Vares, dernier
11 paragraphe où vous dites, je cite : "Nous vous prions d'entreprendre
12 toutes les démarches politiques et autres pour résoudre le statut des
13 réfugiés." Fin de citation. Est-ce que c'est de cela que vous avez voulu
14 parler devant la Chambre ?
15 Réponse: Oui exactement. C'est la raison pour laquelle j'ai parlé de ce
16 document Z 1290.
17
18 Question: Nous allons maintenant passer très vite à d'autres documents Z
19 345. C'est encore un autre document. Vous proposez à votre supérieur de
20 nommer un monsieur au poste du chef du bureau de la défense à Travnik et
21 ici, il y a un certain nombre de personnes
22 qui ont été citées comme les
23 personnes qui ont été d'accord pour cette nomination, entre autres Dario
24 Kordic ?
25
Page 22742
1 Réponse : Oui, c'était une pratique qui était officieuse à partir du
2 moment où nous avons nommé ou proposé telle et
3 telle personne pour tel et
4 tel poste.
5 Question : Je voudrais savoir si M. Ivica Markovic a été proposé pour une
6 fonction civile ou militaire ?
7 Réponse : Civile car le chef du bureau de la défense est une fonction
8 civile.
9
10 Question : Merci. Eh bien, je suppose que ceci est également le cas avec
11 la pièce à conviction Z 1209. Et ce document concerne les événements à
12 Vitez, Ignac Kostroman, Ante Valenta et Dario Kordic
13 également ont signé.
14 Réponse : Mais j'aimerais voir le document.
15 Question : Il s'agit de la pièce à conviction Z 1209.
16 Réponse : Je suppose qu'il s'agit véritablement de cela.
17 Question : Nous sommes en train de parler du bureau de la défense.
18 S'agit-il des organes civils ou militaires ?
19 Réponse : Civils.
20
21 Question : Il y a encore un autre document, c'est le Z 1208. Ecoutez, si
22 vous ne l'avez pas, ne le cherchez pas, je crois que nous avons déjà
23 entendu beaucoup d'éléments sur ce point de votre part aujourd'hui. Donc
24 ce n'est pas nécessaire de donner davantage de
25 détails. 1208, il est
Page 22743
1 question ici d'un consentement, qu'est-ce que cela veut dire ?
2 Réponse : J'ai fait savoir au sujet de cet ordre que la réaction
3 politique, que le climat politique aurait dû être un
4 peu plus calme. Le
5 Procureur a montré un certain nombre de documents qui évaluaient situation
6 et qui montraient bien que les réactions pouvaient être ce qu'elles ont
7 été. Je voulais simplement parler de la situation politique pour…
8 Question : Mais lorsque vous demandez un soutien, vous demandez un
9 soutien à qui dans cette région et je précise des civils ou des
10 militaires ?
11 Réponse : Des civils absolument.
12
13 Question : Merci. Un grand nombre de documents, d'écritures que vous avez
14 envoyés à M. Kordic ont été discutés, certains traitent de points
15 techniques, certains de la formation, de la création de bureau de défense
16 etc. Je vous demande simplement si d'après vous, il s'agit de questions
17 militaires au sens étroit du terme ou si la teneur de ces documents est
18 d'une nature différente ?
19
20 Réponse : Eh bien, puisque M. Kordic est un homme politique, je lui
21 demandais sa position, son avis puisqu'à des moments particuliers, il
22 pouvait s'intégrer à certaines actions.
23 Question : Ma dernière question pour vous monsieur Puljic. Il a été
24 question d'un certain nombre de titres que vous
25 utilisiez lorsque vous
Page 22744
1 transmettiez des documents à M. Kordic. Avez-vous jamais entendu dire que
2 M. Kordic, jusqu'à la fin de la guerre, c'est-à-dire jusqu'au printemps
3 1994, avez-vous jamais entendu dire que M. Kordic aurait dans cette
4 période exercé une quelconque fonction, au sein du grand quartier général
5 de Mostar pour le HVO ?
6 Réponse : Monsieur Kordic n'a jamais exercé une telle fonction au grand
7 quartier général de Mostar.
8 Question : Merci, monsieur Puljic, j'en ai terminé.
9 M. le Président (interprétation): Monsieur Puljic, nous en sommes arrivés
10 au terme de votre déposition. Je vous remercie d'être venu devant le
11 Tribunal pénal international pour témoigner. Vous pouvez maintenant vous
12 retirer.
13 M. Puljic (interprétation): Merci à vous aussi, Monsieur le Président.
14 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
15
16 M. Nice (interprétation): Deux points de détail. J'attends que le témoin
17 se retire. Je sais que nous manquons de temps. Je ne serais là ni lundi ni
18 mardi, mais j'ai pris des dispositions avec ceux qui interrogeront les
19 témoins pour l'accusation
20 ainsi qu'avec la défense.
21 Le témoin M. Petkovic va être entendu jusqu'à mercredi, nous sommes
22 reconnaissants de disposer du résumé de sa déposition et puis il y a aussi
23 la question des affidavits qui est en suspens.
24 Nous avons préparé les documents habituels, lorsque nous parlons
25
Page 22745
1 d'affidavits, et je demande simplement s'il est possible de remettre le
2 débat sur ce point à mercredi prochain. Bien sûr, si d'autres témoins
3 doivent être entendus, ils devront être entendus dans l'intervalle pour M.
4 Cerkez, mais enfin, je ne pense pas que cela ait une très grande
5 importance et je demande simplement si nous
6 pourrons parler des affidavits
7 à partir de mercredi.
8 M. le Président (interprétation): Oui, nous le ferons, mais faites nous
9 remettre une écriture.
10
11 M. Nice (interprétation): Les questions qui viennent d'être évoquées
12 figurent dans un document déjà écrit.
13
14 M. le Président (interprétation): Monsieur Sayers, pouvez-vous nous
15 envoyer l'ordre des témoins comme vous le faites d'habitude? Nous n'avons
16 pas parlé des affidavits, nous le ferons à partir de mercredi prochain. Il
17 faut aussi que nous parlions des transcriptions d'audience, que nous
18 parlions des témoins que vous entendrez la semaine prochaine. Savez-vous
19 combien vous allez en citer la semaine
20 prochaine ou est-ce qu'encore
21 impossible à déterminer?
22 M. Sayers (interprétation): Nous pensons que le témoin DK pourra être
23 entendu lundi matin et nous pensons avec une certaine certitude que le
24 [expurgée] suivra le témoin DK. Nous avons moins de certitude quant
25
Page 22746
1 au fait que notre troisième témoin sera Marinko Palavra, et nous sommes
2 encore moins sûrs du fait que ce témoin, ce dernier témoin acceptera de
3 témoigner en étant physiquement présent.
4
5 M. le Président (interprétation): Nous devrons travailler lundi et mardi
6 sans doute, maître Sayers. Mercredi, nous pouvons soit entendre un témoin,
7 soit traiter d'un certain nombre d'arguments juridiques. Cela pourrait
8 être utile que vous prépariez quelque chose, même si c'est quelque chose
9 d'oral pour nous dire ce qu'il y a dans vos pièces à conviction. Je ne
10 souhaite pas une liste détaillée.
11
12 M. Sayers (interprétation): Oui, nous proposons de le faire, Monsieur le
13 Président. Nous allons soumettre un document qui énumère toutes les pièces
14 à conviction que nous avons versées au dossier jusqu'à présent, puis nous
15 soumettrons également un résumé de chacun des classeurs séparés que nous
16 avons remis à la Chambre de première instance, en vous informant du
17 contenu de ces documents.
18
19 Il y en a encore deux volumes qui seront versés au dossier ; je regrette
20 de dire que nous avons découvert toute une pièce remplie de documents de
21 la Forpronu que nous avons dû consulter pendant la semaine dernière, et
22 nous avons encore deux classeurs pleins de documents de la Forpronu. Mais
23 je ne peux penser qu'il y ait objection au versement de ces pièces. Elles
24 seront donc acceptées et proposées de jeudi à vendredi. Nous les
25
Page 22747
1 examinerons entre jeudi et vendredi.
2 M. le Président (interprétation): Nous nous retrouvons lundi à 9 heures
3 30.
4 (L'audience est levée à 16 heures 25.)
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25