Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mercredi 26 Juillet 2000.)

  2   (Audience publique.)

  3   (Le témoin, M. Sajevic, est introduit dans le prétoire.)

  4   (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

  5   M. le Président (interprétation): Vous avez la parole, Maître Kovacic.

  6   (Le témoin, M. Sajevic, est interrogé par M. Kovacic.)

  7   M. Kovacic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

  8   Je souhaite demander à l'huissier de distribuer un document pour reprendre

  9   là où nous nous en somme arrêtés hier. En attendant que le document soit

 10   distribué, je souhaite vous poser une question que j'ai omis de vous poser

 11   pendant la phase liminaire de mon interrogatoire.

 12   Monsieur Sajevic, aujourd'hui, vous travaillez dans les services de la

 13   sûreté de l'Etat de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Est-ce exact?

 14   M. Sajevic (interprétation): C'est exact.

 15   Question:   C'est l'organe le plus important au sein de la Fédération de

 16   Bosnie-Herzégovine, chargé de la question de la sécurité nationale?

 17   Réponse:    Je ne sais pas si c'est l'organe le plus important puisque nous

 18   avons aussi des organes de sécurité auprès des forces armées, mais c'est

 19   l'un des plus importants, certainement.

 20   Question:   Merci. Le document a été distribué. Essayons de l'examiner

 21   brièvement.

 22   Hier, nous avons dit qu'à partir du moment où l'armée a confisqué les

 23   armes de la Défense territoriale, les armes ont été également enlevées des

 24   entreprises. Nous avons un premier document ici: c'est un compte rendu

 25   attestant qu'il y a eu remise des armes et des munitions.


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  1   Pouvez-vous confirmer à la Chambre qu'il ressort de ce premier document

  2   que les armes ont été remises conformément à cette liste, conformément à

  3   la description qui figure dans le document, donc les armes qui se

  4   trouvaient dans l'usine SPS et qu'elles ont été remises au quartier

  5   général municipal de la TO? C'était à la fin de l'année 1990. Vous y

  6   travailliez: vous étiez au courant? C'était le 7 novembre 1990.

  7   Réponse: Oui, je travaillais dans la Défense territoriale. Je me rappelle

  8   cet événement et je peux confirmer que ce que vous venez d'avancer est

  9   vrai.

 10   Question: En ce qui concerne le deuxième document, il s'agit d'un document

 11   qui a été adressé par le Conseil de la municipalité?

 12   M. le Président (interprétation): Excusez-moi, un petit moment, je vais

 13   juste essayer de comprendre ce premier document.

 14   Est-ce que, Maître Kovacic, il s'agit de ce deuxième document qui donne

 15   l'explication du premier? Moi, je suis en train de regarder le premier.

 16   Est-ce que, dans ce premier document, on voit qu'au fond, il y a un

 17   transfert des armes du SPS à la Défense territoriale ou bien de la Défense

 18   territoriale et qui a été effectué par Mario Cerkez? Ensuite, il y a une

 19   liste de tout ce qui a été remis.

 20   Est-ce que c'est bien de cela que nous parlons? Mais, d'un autre côté, où

 21   est-ce que je peux trouver l'information à qui on avait remis des armes,

 22   s'il vous plaît?

 23   M. Kovacic (interprétation): Pour ce qui concerne ce document, on voit

 24   clairement que c'est l'entreprise de la Défense territoriale qui avait

 25   remis des armes, mais on peut poser la question au témoin et voir comment


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  1   cela s'est déroulé par la suite. Donc dans ce document, nous voyons la

  2   première étape de l'opération.

  3   M. le Président (interprétation): Bon, mais dans ce cas-là, on va procéder

  4   de manière régulière.

  5   Nous avons un document qui contient deux ou trois pages en anglais et qui

  6   est daté du mois de novembre. Il devrait d'abord porter une cote.

  7   Mme Ameerali (interprétation): Ce sera la pièce D76/2.

  8   M. le Président (interprétation): Maître Kovacic, le témoin peut-il nous

  9   l'expliquer brièvement?

 10   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, vous venez d'entendre ce

 11   que vient de dire Monsieur le Président. Pouvez-vous nous expliquer ce qui

 12   ressort de ce premier document?

 13   M. Sajevic (interprétation): Eh bien voilà, au début de l'action "Galeb",

 14   quand on a commencé à enlever les armes à la Défense territoriale, dans un

 15   premier temps on a cherché à mettre à l'écart les armes, exclusivement

 16   dans les quartiers généraux de la Défense territoriale qui avaient des

 17   possibilités de les entreposer. Il était plus difficile de demander les

 18   armes aux entreprises, telle que l'usine SPS qui se procurait ces armes

 19   par ses propres moyens et qui avait des dépôts adaptés. En outre, elle

 20   avait un service de surveillance au sein de l'entreprise pour garder cela.

 21   M. le Président (interprétation): Commandant Sajevic, ce que j'ai demandé,

 22   c'était quel était le contenu du document. Ne nous évoquez pas le

 23   contexte, s'il vous plaît. Expliquez-nous simplement ce que dit le

 24   document, en quelques mots.

 25   M. Sajevic (interprétation): Ce document prouve que M. Mario Cerkez, en


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  1   tant que personne chargée de ces équipements, les a remis entre les mains

  2   du quartier général municipal de la Défense territoriale.

  3   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

  4   M. Kovacic (interprétation): Une question supplémentaire au sujet de ce

  5   document.

  6   On voit ici, n'est-ce pas, que cela s'est produit avec la participation

  7   d'une commission qui était composée d'un certain nombre de membres -en

  8   page 3, figurent leurs noms, ou en dernière page-, et que la personne qui

  9   était à la tête de ce service au sein du SPS, donc du service compétent,

 10   M. Dusan Lukovic, l'a signé lui aussi. D'autre part, figure la signature

 11   du commandant de la Défense territoriale où vous travailliez. Est-ce

 12   exact?

 13   M. Sajevic (interprétation): Oui.

 14   Question:   Le document suivant. Puis-je avoir la cote, s'il vous plaît?

 15   Mme Ameerali (interprétation): La cote sera D 77/2.

 16   M. Kovacic (interprétation): Le document suivant dans cette série de

 17   documents porte la même date. C'est un document qui émane du Conseil de la

 18   défense populaire. Est-ce exact?

 19   Réponse:    Exact.

 20   Question:   On voit dans ce document que c'est justement cette remise qui

 21   est demandée, la remise qui figure dans le premier document?

 22   Réponse:    Exact.

 23   Question:   Le document suivant. Puis-je avoir la cote?

 24   Mme Ameerali (interprétation): Ce sera le document D 78/2.

 25   M. Kovacic (interprétation): D'après la composition de ces équipements,


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  1   nous n'avons ici qu'une confirmation de ce qui a été remis, donc un

  2   certificat.

  3   M. Sajevic (interprétation): Oui, et je tiens à préciser qu'en haut, on

  4   voit les numéros des ordres que nous avons reçus au sein du quartier

  5   général municipal de la TO, ainsi que ce que nous avons reçu au niveau de

  6   Vitez, au niveau du Conseil municipal de Vitez. Donc nous avons ici tous

  7   ces documents.

  8   Question:   Sur la base desquels ceci a été conduit?

  9   Réponse:    Oui.

 10   Question:   Le dernier de document, s'il vous plaît. C'est un exemplaire

 11   d'un article qui a été publié dans les journaux, qui porte la date du 8

 12   avril 1991. Vous habitiez là-bas: savez-vous de quel journal il s'agit?

 13   Réponse: Je suppose que c'était le journal du soir de Sarajevo, "Vecernje

 14   Novine".

 15   Question:   Alors, il est dit qu'à Vitez précisément les citoyens

 16   réagissent, car l'usine a engagé ces moyens financiers afin d'acheter des

 17   armes et, à présent, ceux qui avaient voté le budget et qui avait décidé

 18   d'allouer un certain montant à l'achat de ces armes protestent. Êtes-vous

 19   d'accord avec cette constatation?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question: Donc nous avons dit que les armes ont été enlevées également aux

 22   entreprises dans la propriété sociale, n'est-ce pas, vers le mois

 23   d'octobre, novembre 1991, en Bosnie?

 24   Réponse:    C'est exact.

 25   Question:   Avant de poursuivre, il nous faut une cote pour l'article qui


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  1   constitue un extrait de la presse. C'est le dernier document.

  2   Mme Ameerali (interprétation): Ce sera le document D79/2.

  3   M. Kovacic (interprétation): La Défense territoriale, qu'a-t-elle fait?

  4   Qu'a-t-elle fait de ses armes à l'époque? Le quartier général municipal de

  5   la défense de Vitez.

  6   M. Sajevic (interprétation): Le quartier général de la TO de Vitez,

  7   s'agissant de ses armes et du reste des équipements, il les a transportés

  8   pour les entreposer dans les entrepôts de la JNA, pour que cela reste là-

  9   bas.

 10   Question:   Alors, par rapport à tout ce que nous venons de dire jusqu'à

 11   présent au sujet des armes, est-ce que l'on peut en conclure que la JNA

 12   qui, à l'époque, était déjà pratiquement placée entièrement sous le

 13   contrôle d'une seule République, à savoir la Serbie, a en fait désarmé de

 14   cette manière les Républiques en enlevant d'abord les armes à la Défense

 15   territoriale au niveau municipal et au niveau de la République et, par la

 16   suite, en se saisissant des armes qui étaient la propriété des entreprises

 17   et qui avaient été achetées par les moyens de l'entreprise et n'avaient

 18   rien à voir avec l'Etat? Est-ce exact?

 19   Réponse:    Oui, je suis profondément convaincu que c'est cela.

 20   Question:   Je pense que nous pouvons poursuivre alors.

 21   Monsieur Sajevic, à partir de la fin de l'année 1991, un certain nombre

 22   d'événements se produisent, qui se généralisent et qui se produisent

 23   également chez vous qui travailliez dans la Défense territoriale. Est-il

 24   exact que c'est pour la première fois que la question des divergences de

 25   points de vues, de divisions se manifeste et ce, sur la base de


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  1   l'appartenance ethnique? Pouvez-vous nous décrire un peu ce processus,

  2   s'il vous plaît?

  3   Réponse:    Personnellement, ce que j'ai remarqué, c'est qu'il y a eu

  4   quelques divisions. Au début, c'étaient uniquement des différences de vues

  5   entre les individus, s'agissant de l'approche à ce problème. Après

  6   l'attaque sur le village Ravno, où les victimes de l'attaque ont été des

  7   Croates, les Bosniens au sein du quartier général de la Défense

  8   territoriale, probablement pour suivre la ligne officielle de leur

  9   politique, considéraient qu'ils n'étaient pas concernés par cela, que cela

 10   ne les regardait pas. Cependant, les Croates à mon avis ont bien évalué la

 11   situation correctement, car nous ne pouvions pas être indifférents compte

 12   tenu de ce qui a commencé à se produire dans ce sens.

 13   Question:   Vous, les Croates de Bosnie, à l'époque, vous voyiez ce qui

 14   était en train de se produire en Croatie?

 15   Réponse:    Oui, tout à fait.

 16   Question:   Généralement parlant, de ce que vous venez de dire, est-ce que

 17   l'on considérait que la partie bosnienne, pendant qu'il y avait cet essor

 18   en 1991, a pris ses distances par rapport à ce problème, ne s'attendant

 19   pas à ce que les mêmes choses se produisent en Bosnie? Pourrait-on

 20   constater cela?

 21   Réponse:    Oui, c'est exact.

 22   Question:   D'une manière générale, vous, les Croates de Bosnie, étiez-vous

 23   un peu plus sensibles à ce sujet parce que le peuple croate faisait

 24   l'objet de l'attaque à cette époque?

 25   Réponse:    Oui, en partie à cause de cela. Mais d'autre part, parce que


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  1   nous avons vu comment évoluait la situation, nous avons vu ce qui s'est

  2   passé en Slovénie puis en Croatie, et nous pensions que quelque chose de

  3   semblable risquait de se produire chez nous.

  4   Question: Très bien. Ce processus a évolué. Est-il exact que, dès 1992, au

  5   printemps 1992, vous vous êtes senti malvenu au sein de la Défense

  6   territoriale?

  7   Réponse:    Vous avez dit au début de l'année 1992?

  8   Réponse: Dites-nous à quel moment vous avez compris pour la première fois

  9   que vous n'étiez pas quelqu'un dont la présence était vraiment souhaitée.

 10   Réponse:    Eh bien, cela a commencé au moment où nous avions encore en

 11   cours des réalisations, des plans au niveau du commandement de l'état-

 12   major. C'était au début de l'année 1992. Là, je parle de nos affaires

 13   courantes. Et nous avions aussi des stages de formation de notre

 14   commandement. C'est là qu'ont commencé à se regrouper les Bosniens; ils

 15   cherchaient à imposer, comment dire, leur manière de faire, leur méthode

 16   de travail. Et ces différences, ces écarts n'ont fait qu'augmenter de jour

 17   en jour, jusqu'au moment où il y a eu effectivement ce point culminant.

 18   Question: Le volume de votre tâche, est-ce qu'il s'est réduit? En fait, on

 19   ne vous confiait plus de travail, ce sont d'autres personnes qui se

 20   voyaient chargées de ce travail?

 21   Réponse:    C'est exact.

 22   Question:   Et les réunions du SDA, de ce parti du SDA se tenaient dans les

 23   bureaux de la Défense territoriale, est-ce exact?

 24   Réponse:    C'est exact.

 25   Question:   Est-il exact qu'on a commencé à cacher certaines informations,


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  1   certains documents aux Croates qui étaient membres du quartier général

  2   municipal de la TO, pour que vous, qui étiez dans ce quartier général, ne

  3   les voyiez pas, n'appreniez pas certaines choses?

  4   Réponse:    Oui, c'est exact.

  5   Question:   Et, à ce sujet, j'ai une chose à vous demander.

  6   M. le Président (interprétation): S'il vous plaît, ne posez pas de

  7   questions directrices à partir de maintenant.

  8   M. Kovacic (interprétation): Merci. Enfin, dites-moi comment vous avez

  9   quitté le quartier général de la Défense territoriale? Comment s'est

 10   terminé votre travail là-bas?

 11   M. Sajevic (interprétation): De fait, j'ai été chassé du quartier général

 12   de la Défense territoriale, et cela s'est passé de la manière suivante. Un

 13   matin, je suis arrivé au travail comme tous les jours; à l'époque, le

 14   quartier général de la Défense territoriale ne se trouvait plus dans ces

 15   bureaux où il était situé en temps de paix: c'était dans une maison qui se

 16   trouve à une distance de 400, 500 mètres des anciens locaux. Je suis entré

 17   dans la pièce principale que nous appelions "salle des opérations". A ce

 18   moment-là, c'est mon ex-collègue, qui avait déjà travaillé avec moi au

 19   sein du Quartier Général, Muhamed Patkovic, qui m'a abordé. Alors, il a

 20   commencé à m'accuser en disant que j'étais un traître, ou quelque chose

 21   dans ce sens-là. Il a appelé le garde qui se trouvait devant le bâtiment,

 22   à l'entrée. Il lui a dit: "Sajevic doit être désarmé et arrêté". Le garde

 23   lui a répliqué en disant: "Muhamed, c'est toi qu'il faudrait d'abord

 24   désarmer, et lui uniquement par la suite". Alors, je ne sais pas pourquoi

 25   ce garde a dit cela, mais enfin, quoi qu'il en soit, j'ai quitté les


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  1   locaux du quartier général et je n'y suis plus jamais revenu.

  2   Question:   Monsieur Sajevic, à ce moment-là, y avait-il une raison

  3   quelconque qui aurait pu amener la Défense territoriale, en tant

  4   qu'institution, à souhaiter vous écarter? Ou bien, se serait-elle sentie

  5   obligée, pour une raison quelconque, de vous chasser, de vous relever de

  6   vos fonctions ou quoi que ce soit? Avez-vous fait quelque chose qui aurait

  7   justifié ce genre d'attitude?

  8   Réponse:    Je suis sûr que je n'ai rien fait qui pourrait justifier cette

  9   attitude, d'autant que, dans cette même pièce, se trouvaient présentes

 10   quatre ou cinq personnes, quatre ou cinq membres de ce quartier général.

 11   Eux aussi ont été étonnés de voir sa réaction et lui ont demandé: "Mais

 12   Muhamed, qu'es-tu en train de faire, que se passe-t-il"? Mais moi, j'ai

 13   tourné le dos, je suis parti et je n'ai plus pris contact avec eux.

 14   Question:   Monsieur Sajevic, parmi les personnes présentes, il y avait des

 15   Croates et des Musulmans, à l'époque encore?

 16   Réponse:    A l'époque, il me semble qu'il y avait un seul Croate parmi mes

 17   collègues, Goran... Je me rappellerai le nom de famille. Quant aux

 18   Musulmans, quant aux Bosniens, il y avait Sulejman Kalco, Zenada Causevic;

 19   eux deux certainement, mais pour les autres, je ne me rappelle plus, je ne

 20   suis plus sûr.

 21   Question:   Vous rappelez-vous si, à ce moment-là, la Défense territoriale

 22   ne comptait plus parmi ses membres Zeljko Vrebac, un de vos collègues?

 23   Réponse:    A ce moment-là, non, Zeljko Vrebac était encore là.

 24   Question:   Donc il est parti un peu plus tard que vous?

 25   Réponse:    Quelques jours après moi.


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  1   Question:   Et Mme Granic, à quel moment est-elle partie? Avant ou après

  2   vous?

  3   Réponse:    Je pense que c'est avant. Elle n'était même pas membre du

  4   quartier général de la Défense territoriale au niveau du poste de

  5   commandement avancé, donc dans cette maison.

  6   Question:   Donc elle avait déjà été écartée. Et Zarko Livancic?

  7   Réponse:    Il est parti avant, mais il n'est pas parti... -comment dire?-

  8   il n'est pas parti pour rejoindre le peuple croate, mais il est parti dans

  9   la caserne de Zenica, dans la caserne de la JNA. Plus tard, il paraît

 10   qu'il se serait rendu à Zepce, etc.

 11   Question:   Très bien. Mais est-il exact qu'il a, lui aussi, été placé dans

 12   une situation où il a été obligé de partir?

 13   Réponse:    Oui, c'est exact.

 14   Question:   Monsieur Muhamed Patkovic, on en a parlé plus tard, au cours de

 15   la guerre... Enfin, je ne vais pas vous poser une question directrice.

 16   Comment s'est-il montré par la suite?

 17   Réponse:    Je l'ai rencontré à quelques reprises, pas trop souvent, mais

 18   j'ai appris par ses collègues -après la guerre notamment- qu'il a rejoint…

 19   -je ne sais pas comment expliquer cela- un mouvement des Moudjahidin: ce

 20   sont les guerriers, les grands guerriers. Je ne sais pas, enfin, j'en ai

 21   parlé par la suite avec un certain nombre de collègues et c'est ce que

 22   l'on m'a dit.

 23   Question:   De toute façon, nous pouvons convenir qu'il appartenait à un

 24   groupe des extrémistes de l'armée?

 25   Réponse:    Oui, j'en suis convaincu.


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  1   Question:   Et, au cours de 1993, il était commandant également dans le

  2   secteur de Vitez, un des commandants. Est-ce que c'est vrai?

  3   Réponse:    Oui, c'est exact. Je ne sais pas à quel niveau il était

  4   commandant, mais je sais qu'il était un des commandants dans ce secteur.

  5   Question:   Mais est-ce que vous avez appris que, dans un certain nombre de

  6   rapports, on avait mentionné son nom au cours de 1993?

  7   Réponse:    Je ne me souviens pas.

  8   Question: Merci. Pour ce qui concerne la mise en place du quartier général

  9   du HVO, elle commence à peu près à cette époque-là. Tout comme le

 10   processus qui s'est engagé au sein de la TO, nous pourrions dire que

 11   c'était le mois de mai 1992. Qu'est-ce que vous en pensez?

 12   Réponse:    Oui, je pense que c'est à peu près à cette époque-là.

 13   Question:   Est-ce qu'à cette époque-là, la TO constitue un certain nombre

 14   d'unités pour les envoyer sur les lignes de front face aux Serbes?

 15   Réponse:    Oui, à cette époque-là, la Défense territoriale a créé un

 16   certain nombre d'unités qu'elle a envoyées du côté de Visoko, à mon avis,

 17   sur les lignes de front, mais ce n'est absolument pas à côté des

 18   délimitations administratives de notre municipalité. C'est la raison pour

 19   laquelle cela n'avait rien à voir avec notre municipalité.

 20   Question:   En avril 1992, l'état de guerre a été proclamé officiellement

 21   par le Président de la présidence de la République de Bosnie-Herzégovine.

 22   C'est exact, n'est-ce pas, vous vous en souvenez?

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Et, à ce moment-là, la Défense territoriale a été transférée

 25   dans cette maison jaune.


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  1   Réponse:    Oui, à Podgradina.

  2   Question:   Pourrions-nous nous mettre d'accord qu'après le mois de mai

  3   1992, il n'y avait plus de Croates à la Défense territoriale?

  4   Réponse:    Oui, nous pouvons convenir avec votre constatation. Je ne peux

  5   pas vous dire vraiment à un jour près mais, depuis le mois de mai, à mon

  6   avis, ou plutôt à la fin du mois de mai, il n'y avait plus de Croates à la

  7   Défense territoriale.

  8   Question:   Pour ce qui concerne le quartier général qui était en train de

  9   se former, quelle était sa tâche, s'il vous plaît?

 10   Réponse:    Le quartier général du HVO avait pour objectif d'organiser,

 11   d'une façon ou d'une autre, le peuple croate à Vitez, également dans

 12   d'autres municipalités, je pense, de l'organiser pour combattre contre la

 13   JNA et l'agresseur serbe. Car, à cette époque-là, Vitez avait été déjà

 14   pilonnée, Busovaca également; les avions de guerre serbes pouvaient voler

 15   et, par conséquent, pouvaient pilonner ce secteur. Et, en même temps, à

 16   Turbe, à Vlacic, les forces serbes se concentraient au fur et à mesure. Et

 17   il était logique également de supposer qu'ils avaient l'intention de

 18   descendre dans la vallée de la Lasva et de maîtriser ce secteur. C'est la

 19   raison pour laquelle il était indispensable d'organiser la défense.

 20   Question:   Est-ce que, vu ce souhait de vouloir organiser sa propre

 21   défense, les Croates avaient bien compris que personne d'autre n'allait

 22   organiser la défense, étant donné que, de l'autre côté, on n'a pas eu la

 23   même approche de la défense?

 24   Réponse:    A cette époque-là, nous avons très bien compris que la Défense

 25   territoriale n'approchait pas de la même manière ce problème. Cependant,


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  1   il y avait une disposition, une volonté de notre part. Nous avons

  2   véritablement essayé de nous mettre d'accord avec la partie bosnienne

  3   concernant la constitution des formations conjointes qui opéreraient au

  4   niveau de la défense de Vitez.

  5   Question:   On ne va pas parler des formations conjointes, mais on va

  6   terminer d'abord ce que l'on n'a pas encore terminé.

  7   Vous avez dit que des quartiers généraux municipaux du HVO avaient pour

  8   tâche d'organiser le peuple, d'organiser la défense. Est-il vrai de dire

  9   que, du point de vue de l'organisation, ceci voulait dire que les

 10   quartiers généraux auraient dû normalement mettre en place la

 11   mobilisation, entre autres tâches? Ce qui, autrefois, était dans les

 12   prérogatives du conseil municipal, car il y avait quelqu'un bien

 13   évidemment qui aurait dû dresser les listes pour mobiliser les conscrits,

 14   toutes les fiches et tout ce qui va ensemble avec la mobilisation.

 15   Réponse:    Oui, c'est exact. Le quartier général du HVO avait pour tâche

 16   principale d'avoir au moins sur le papier les noms des effectifs qui

 17   étaient en âge de combattre et d'essayer d'organiser, de mettre en place

 18   des structures dans ce sens-là. Au moment où on avait dressé des listes,

 19   il a été clair que nous ne pouvions pas compter sur les membres du groupe

 20   ethnique bosnien.

 21   Question:   Mais le quartier général s'est également chargé d'une autre

 22   fonction, autre fonction qui a été...

 23   M. le Président (interprétation): Ne posez pas de question directrice.

 24   Oui, je n'avais pas mon micro branché.

 25   M. Kovacic (interprétation): Je voulais simplement être plus rapide mais


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  1   ceci ne pose aucun problème.

  2   M. le Président (interprétation): Amenez le témoin à s'exprimer sur un

  3   point précis, demandez-lui de décrire brièvement ce qui s'est passé. Mais

  4   vous savez, un témoignage qui est fourni par un avocat n'a aucune valeur.

  5   Alors demandez-lui ce que faisaient ces états-majors municipaux.

  6   Commandant, pouvez-vous répondre à cette question?

  7   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, quelle était la deuxième

  8   fonction du quartier général?

  9   M. Sajevic (interprétation): La deuxième fonction, c'était d'abord, dans

 10   un premier temps, de rassembler des volontaires dans la municipalité de

 11   Vitez, de les constituer en groupes car, à cette époque-là, on ne pouvait

 12   aucunement parler de formations militaires, et d'essayer grâce à la

 13   présence des volontaires d'entreprendre un certain nombre d'actions, mais

 14   restreintes, face à l'agresseur serbe, à Vlacic et à Turbe. Ces

 15   volontaires de Vitez se rendaient sur cette ligne de front et, en retour,

 16   ils rentraient chez eux.

 17   Question:   Merci. Qui était le chef de l'état-major depuis que cet état-

 18   major avait été créé?

 19   Réponse:    C'était Marijan Skopljak.

 20   Question: Il y avait combien de personnes au total qui se sont rassemblées

 21   et qui pouvaient être considérées comme la première composition de l'état-

 22   major?

 23   Réponse:    Je pense qu'ils étaient six ou sept, quelque chose comme cela.

 24   Question:   Est-ce que M. Mario Cerkez était dans ce premier groupe?

 25   Réponse:    Oui, M. Mario Cerkez était dans ce groupe. Il était remplaçant,


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  1   suppléant de M. Marijan Skopljak, quelque chose comme cela.

  2   Question:   Est-ce qu'il y avait des différences en ce qui concerne les

  3   tâches qui avaient à être effectuées entre le mois d'avril et jusqu'en

  4   1992 par rapport à Marijan Skopljak?

  5   Réponse:    Oui, il y avait quelques différences parce que Marijan Skopljak

  6   était à la tête de la politique et des options politiques de cet état-

  7   major, alors que Mario Cerkez normalement avait pour tâche de résoudre un

  8   certain nombre de problèmes de logistique; notamment, quand il s'agissait

  9   des groupes qui se rendaient sur les lignes, lui également était à la tête

 10   de ces groupes quelquefois. Je pense que c'est cela la distinction qu'il

 11   fallait faire entre les deux.

 12   Question:   Est-il vrai de dire qu'il avait été promu depuis le début

 13   jusqu'à la fin?

 14   Réponse:    Oui, il a été intégré dès le début. Par conséquent, il est

 15   normal également qu'il soit promu.

 16   Question: Monsieur Sajevic, est-ce que cette institution, cet organe qui a

 17   été créé et qui s'est maintenu jusqu'en décembre 1992, est-ce que

 18   l'organisation était très rigoureuse et ferme sur le plan de la

 19   description des tâches à remplir, sur le plan de la communication, etc.?

 20   Réponse:    Non, il n'y avait pas véritablement une organisation très

 21   stricte. Il n'y avait même pas de documents, de règlement, il n'y avait

 22   pas de règlement sur les relations de travail. Nous autres, qui avons

 23   travaillé dans cet organe, nous avons eu un certain nombre de décisions

 24   pour savoir tout simplement qu'on a été nommés à tel et tel poste, mais je

 25   pense qu'en effet, dans un premier temps, c'était un travail qui a été


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  1   organisé sur une base complètement bénévole. Nous étions des volontaires.

  2   Question:   Il n'y a aucun doute, et je pense que vous le savez, que Cerkez

  3   avait participé à quelques opérations militaires qui ont été organisées

  4   par l'état-major municipal et face aux Serbes?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Est-ce que vous vous souvenez de quelques opérations?

  7   Réponse:    Je me souviens par exemple à Vocnjak, à Turbe, à Vlacic, à

  8   Galice également. J'ai oublié, je ne peux pas vous dire toutes ces

  9   actions.

 10   Question:   Est-ce que Cerkez a participé aux opérations concernant Jajce?

 11   Réponse:    Je ne pense pas qu'il ait pris part directement.

 12   Question:   Mais est-ce qu'il a organisé les départs sur la ligne de front

 13   de Jajce?

 14   Réponse:    Oui, je pense qu'il avait participé à l'organisation des

 15   départs.

 16   Question:   Est-ce que toutes ces actions, toutes ces opérations étaient

 17   exclusivement organisées face aux Serbes?

 18   Réponse:    Oui, effectivement.

 19   Question:   Est-ce qu'il y avait des plans ou est-ce qu'il y avait des

 20   réflexions au sujet d'un éventuel conflit avec des Musulmans de Bosnie?

 21   Réponse:    Non, absolument pas.

 22   Question: Au moment où la ligne a été établie, au mont Vlacic, la ligne de

 23   front contre les Serbes, l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a été créée

 24   entre-temps et le HVO détenaient quelques portions de ce front face aux

 25   Serbes, n'est-ce pas?


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  1   Réponse:    Moi, je ne peux pas vous le dire avec précision. Je ne sais pas

  2   quelles étaient les positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je n'étais

  3   pas sur place moi-même, personnellement. Ce que je sais, c'est que nos

  4   hommes se rendaient sur cette ligne de front, mais jusqu'à quel point

  5   véritablement les membres de l'armée y étaient présents, je ne sais pas.

  6   Mais je pense que, pour ce qui concerne l'armée de Bosnie-Herzégovine,

  7   tout au moins à cette époque-là, elle n'était pas présente.

  8   Question: Mais plus tard, quand on savait pertinemment que les deux armées

  9   étaient sur place, est-ce qu'il y avait une coordination entre les deux?

 10   Réponse:    Mais je ne peux pas vous donner de réponse précise là non plus.

 11   Je pense que, normalement, une coordination aurait dû exister, on aurait

 12   dû bien évidemment savoir qui était à gauche et qui était à droite, qui

 13   était déployé à gauche ou à droite.

 14   Question:   Monsieur Sajevic, en guise de conclusion, pourriez-vous nous

 15   dire à quel moment l'état-major a cessé de fonctionner? Je parle de

 16   l'état-major municipal de Vitez.

 17   Réponse:    L'état-major municipal de Vitez a cessé ses fonctions à

 18   l'automne 1992, quand on a créé le Bureau de la Défense. C'est Marijan

 19   Skopljak qui est devenu chef de ce bureau de la défense. C'est lui qui

 20   s'est chargé alors de la mobilisation et de toutes les activités

 21   concernant la mobilisation, alors que d'autres personnes qui appartenaient

 22   à l'état-major sont restées dans une situation qui n'a pas été tout à fait

 23   bien définie, jusqu'au moment où la brigade Stjepan Tomasevic a été créée.

 24   Question: Monsieur Sajevic, au moment où le Bureau de la Défense au niveau

 25   de la municipalité a été créé, au moment également où Marijan Skopljak


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  1   avec un certain nombre d'effectifs du personnel s'est chargé des activités

  2   au sein du Bureau de la Défense, vous autres qui êtes restés dans cet

  3   état-major, dont les tâches n'ont pas été définies, le gouvernement du HVO

  4   vous a déjà dit qu'il avait l'intention de créer la brigade?

  5   Réponse:    Oui, c'est exact.

  6   Question:   Par conséquent, vous avez pratiquement attendu tous les jours

  7   que la brigade soit créée. C'est en quelque sorte comme cela?

  8   Réponse:    Oui, c'est exact.

  9   Question:   Pendant que vous attendiez le développement de la situation,

 10   est-ce qu'à cette époque-là également, vous avez envoyé des équipes sur

 11   Vlacic?

 12   Réponse:    Oui, je peux vous le confirmer. A cette époque, on envoyait des

 13   équipes sur la ligne de front de Jajce.

 14   Question:   Est-ce qu'à cette époque-là, c'était déjà de la routine en

 15   quelque sorte?

 16   Réponse:    Oui, on pourrait dire que c'était en quelque sorte de la

 17   routine. Mais il y avait des problèmes également que nous avons

 18   rencontrés, notamment sur le plan de la composition des équipes, parce

 19   qu'en effet, on n'avait pas de dispositif à notre disposition pour forcer,

 20   pour imposer au conscrit d'aller sur la ligne de front. Tout se passait

 21   pratiquement sur une base volontaire.

 22   Question:   Est-il vrai de dire qu'à partir du moment où le conscrit ait

 23   reçu la notification, s'il sentait une obligation morale d'aller sur la

 24   ligne de front, il le faisait, sinon personne ne pouvait véritablement lui

 25   imposer d'y aller?


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  1   Réponse:    C'est vrai, on ne pouvait pas, on n'avait pas du tout de

  2   possibilité de le forcer. Il pouvait inventer mille raisons pour ne pas y

  3   aller.

  4   Question:   Et en ce qui concerne maintenant encore le quartier général, où

  5   était le siège, le premier siège de l'état-major municipal une fois qu'il

  6   a été créé?

  7   Réponse:    Le premier siège était dans la maison de Marijan Skopljak.

  8   C'était le début de la création de l'état-major municipal. Ensuite, à

  9   l'hôtel; il a été transféré à l'hôtel de Vitez.

 10   Question:   Et après l'hôtel?

 11   Réponse:    Après l'hôtel, c'est le Bureau de la Défense de Vitez qui a été

 12   créé; ensuite, nous sommes restés sur place, enfin, je dis quelques

 13   membres. Nous étions chargés de rassembler les volontaires, d'envoyer des

 14   équipes en attendant que la brigade Stjepan Tomasevic soit créée. C'est à

 15   ce moment-là que nous nous sommes déplacés à Novi Travnik. Je ne me

 16   souviens pas exactement de la date, mais c'est la zone de responsabilité,

 17   la zone opérationnelle de Vitez qui est venue s'installer à l'hôtel Vitez.

 18   Question:   Mais quand vous parlez de la zone de responsabilité de Vitez,

 19   vous pensez probablement à la zone opérationnelle qui a été commandée par

 20   Blaskic?

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question:   On a parlé de la zone opérationnelle. On utilise deux termes

 23   différents: est-ce que c'était la même chose?

 24   Réponse:    Au début, je me souviens qu'on appelait cela "la zone

 25   opérationnelle de Bosnie centrale". Je ne suis pas sûr que Tihomir Blaskic


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  1   était tout au début à la tête. Moi, je pense qu'il s'agissait de Filipovic

  2   qui était à la tête de cette zone opérationnelle. Ensuite, on a donné le

  3   terme définitif de "zone de responsabilité". C'est comme cela que Tihomir

  4   Blaskic est venu à la tête de cette zone de responsabilité, zone

  5   opérationnelle de Bosnie centrale.

  6   Question:   Mais, de toute façon, les deux termes signifient exactement la

  7   même chose?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question: Est-il vrai que, pendant une période très brève, une fois que le

 10   siège s'est trouvé à l'hôtel, vous êtes passé au cinéma, au bâtiment du

 11   cinéma? Est-ce que vous vous souvenez de cette époque-là? C'était déjà

 12   après l'arrivée de Blaskic à Vitez.

 13   Réponse:    Je pense qu'au moment où nous sommes partis de l'hôtel à Novi

 14   Travnik, à la brigade Stjepan Tomasevic, je pense que c'est à cette

 15   époque-là que la zone opérationnelle a été transférée à l'hôtel. La zone

 16   opérationnelle de Vitez.

 17   Question:   Bon. Tout à l'heure, vous en avez parlé quelque peu, mais nous

 18   allons éventuellement apporter quelques précisions. Au printemps et

 19   jusqu'à très tôt en été 1992, vous avez dit qu'il y avait un certain

 20   nombre d'activités dans le sens d'organiser des actions conjointes. Quand

 21   je dis conjointes, je pense entre le HVO, l'état-major municipal de Vitez,

 22   d'un côté donc, et l'armée de Bosnie-Herzégovine. A cette époque-là, vous

 23   avez encore coopéré. Est-ce que vous avez essayé de vous organiser dans la

 24   défense contre les Serbes?

 25   M. le Président (interprétation): Monsieur Kovacic, est-ce que vous


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  1   pourriez essayer de poser des questions brèves, courtes, bien ciblées et

  2   neutres? Demandez simplement s'il y avait, au cours de l'été 1992, une

  3   coopération entre le HVO et la Défense territoriale. Je pense que nous

  4   pourrons ainsi progresser plus rapidement et les choses seront présentées

  5   de façon neutre, plutôt que de vous avoir à faire des discours.

  6   M. Kovacic (interprétation): Oui, je voulais simplement présenter le

  7   récit, mais je vais m'exécuter.

  8   En ce qui concerne la coopération au printemps 1992, pourriez-vous nous

  9   dire quelque chose à ce sujet-là, s'il vous plaît?

 10   M. Sajevic (interprétation): Oui, il y avait un certain nombre de projets.

 11   Nous avons eu l'intention de créer, ensemble avec la partie bosnienne,

 12   quelques formations qui opéreraient sous forme de la défense contre

 13   l'agresseur serbe. Il y avait également donc cette intention d'échanger

 14   des armes, par exemple, si jamais nous avions disposé d'un peu plus

 15   d'armes, de leur remettre ces armes ou ce type d'armes. A plusieurs

 16   reprises, nous avons également organisé des réunions ensemble avec la

 17   Défense territoriale.

 18   Nous pouvons parler maintenant non pas de la TO mais parler de l'armée. Et

 19   lors de ces réunions, il a fallu aboutir à un certain nombre de

 20   conclusions, et dans le sens d'organiser des réunions conjointes. Lors de

 21   ces réunions, j'ai participé moi-même et j'ai été délégué de la partie

 22   croate. J'avais eu pour charge donc de mener ces entretiens et, ensemble

 23   avec moi, il y avait Franjo Nakic.

 24   Cela dit, nous n'avons pas abouti à des résultats au cours de ces

 25   réunions. La toute dernière réunion dont je me souviens a eu lieu dans les


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  1   locaux de la Défense territoriale. Franjo Nakic et moi-même, nous nous

  2   sommes rendus à cette réunion et, au bout de quinze minutes, donc quand

  3   nous avons tenu cette réunion pendant quinze minutes, après l'ouverture et

  4   les discours d'introduction, etc., on m'a dit que, malheureusement, ils ne

  5   pouvaient pas véritablement accepter ni conclusion ni proposition avant

  6   que le parti SDA ne termine sa propre réunion qui était en cours. Et nous,

  7   on ne voulait pas attendre la fin de cette réunion. Nous avons considéré

  8   que le SDA était un parti politique; à notre niveau, il nous fallait

  9   résoudre un certain nombre de problèmes. Et voilà, nous sommes partis.

 10   C'étaient donc les tentatives pour résoudre les problèmes.

 11   Question:   Et on avait même envisagé de donner un nom à cette unité

 12   conjointe, n'est-ce pas? Comment était-elle censée être appelée?

 13   Réponse:    Eh bien, on a fait des propositions, on pouvait l'appeler

 14   "Conseil croate de défense croato-musulman". Nous avons pensé aussi à

 15   établir une brigade sur le territoire de la municipalité de Vitez qui

 16   serait appelée la "1e Brigade de Vitez". Donc il y a eu toutes sortes

 17   d'idées qui ont été exprimées à cette époque.

 18   Question:   Monsieur Sajevic, manifestement… Ou plutôt, est-ce que c'était

 19   un processus, est-ce que ceci s'est poursuivi pendant un certain temps?

 20   Réponse:    Oui, tout à fait.

 21   Question:   Est-ce qu'au cours d'une de ces séquences dans ce processus,

 22   est-ce que les choses semblaient s'arranger? Est-ce qu'à votre avis, les

 23   choses allaient marcher?

 24   Réponse:    Mais je pense que oui. Nous avons même été jusqu'à établir une

 25   liste des personnes qui allaient commander cette unité qui était censée


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  1   être mise sur pied. On pensait à une forme de commandement de ce conseil

  2   de Défense croato-musulman qui n'a jamais vu le jour mais qui était censé

  3   être créé. Nous voulions avoir diverses missions affectées au commandement

  4   de ce HMVO, mais cela n'a jamais été plus loin que l'idée.

  5   Question:   Pourriez-vous, en conclusion, nous dire à quel moment on a

  6   abandonné cette idée? A quel moment vous êtes-vous rendu compte qu'à

  7   l'évidence, les choses n'allaient pas pouvoir déboucher sur quelque chose

  8   de concret?

  9   Réponse: Eh bien, je pense que cela s'est passé fin août 1992. Nous avons

 10   compris que rien de fructueux n'allait être produit en dépit des efforts.

 11   Question:   D'après vous, puisque vous avez été partie prenante à ce

 12   processus, si l'échec et ce qui est sorti de ces négociations, si les

 13   négociations ont échoué, est-ce à cause des hommes politiques?

 14   Réponse:    Oui, je pense que ce sont les hommes politiques et leurs

 15   attitudes au cours de ces négociations qui en sont la cause.

 16   Question:   Vous parlez donc des partis politiques?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Vous avez parlé de l'établissement de ce bureau et aussi de la

 19   création de cette brigade. Pourriez-vous nous dire à quel moment la

 20   brigade Stjepan Tomasevic a été constituée?

 21   Réponse:    Elle l'a été vers le début du mois de décembre 1992.

 22   Question:   Et qui en était le premier commandant?

 23   Réponse:    C'était Borivoje Malbasic.

 24   Question:   Où se trouvait le premier état-major, le premier quartier

 25   général de cette brigade?


Page 23233

  1   Réponse:    A l'hôtel Novi Travnik.

  2   Question: En fait, ils sont partis de rien du tout, de zéro lorsqu'ils ont

  3   mis sur pied cette brigade? Cette brigade n'avait pas eu de brigade qui

  4   l'avait précédée et qui aurait été transformée afin de constituer cette

  5   brigade?

  6   Réponse:    Non, il n'existait pas d'unité officielle qui aurait été

  7   prédécesseur de ceci.

  8   Question:   Et quelle était la fonction ou le poste exercé par M. Mario

  9   Cerkez?

 10   Réponse:    Il était commandant de la brigade ou plutôt il était le chef

 11   d'état-major de la brigade.

 12   Question:   Et dans vos formations, à l'époque, le chef d'état-major était

 13   automatiquement le commandant en second de la brigade, n'est-ce pas?

 14   Réponse:    Oui, tout à fait exact.

 15   Question:   A quel moment Malbasic a-t-il quitté ce poste de commandant de

 16   la brigade Stjepan Tomasevic?

 17   Réponse:    Je pense que cela s'est passé au cours du mois de janvier 1993,

 18   mais je n'en suis pas tout à fait sûr.

 19   Question:   Peut-être un peu plus tard?

 20   Réponse:    Oui, un peu plus tard.

 21   Question:   Est-ce qu'il aurait été possible que ce soit en février 1993?

 22   Réponse: Oui, tout à fait, tout à fait. Oui, je ne me souviens plus de la

 23   date exacte.

 24   M. le Président (interprétation): Nous avons déjà entendu pas mal le

 25   témoin. Si le témoin n'insiste pas, n'insistez pas vous non plus, Maître


Page 23234

  1   Kovacic.

  2   M. Kovacic (interprétation): Par la suite, et ceci ne fait aucun doute, M.

  3   Cerkez a pris le commandement de cette brigade, n'est-ce pas?

  4   M. Sajevic (interprétation): Tout à fait. Tout d'abord, il a été

  5   commandant faisant fonction, puis il a été commandant tout court.

  6   Question:   Merci. Il n'y en avait pas beaucoup de Vitez qui faisaient

  7   partie du commandement?

  8   Réponse:    C'est exact.

  9   Question:   Vous souvenez-vous de certains noms de telles personnes?

 10   Réponse:    Eh bien, outre Mario Cerkez et moi-même, il y avait Stipo Ceko,

 11   Tomislav Krizanac... Un instant. Ivo Sucic… J'essaie de me souvenir en

 12   fonction des différents services dans lesquels travaillaient les hommes.

 13   Question:   Quoi qu'il en soit, vous étiez plusieurs?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Est-il exact de dire qu'il s'agissait là de la seule brigade

 16   mixte qui se trouvait à ce moment-là, sur le territoire de deux

 17   municipalités en Bosnie centrale, en même temps?

 18   Réponse:    C'est exact. Toutes les autres brigades du HVO, qui avaient été

 19   constituées en décembre 1992, avaient une base territoriale qui se

 20   concentrait exclusivement sur une municipalité.

 21   Question:   C'était bien cela, n'est-ce pas?

 22   Réponse:    Oui.

 23   Question:   Cerkez avait deux fonctions essentielles au sein de ce

 24   commandement, même au moment où M. Malbasic se trouvait dans cette unité.

 25   Pourriez-vous nous décrire en l'espace de quelques mots quelles étaient


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  1   ces attributions essentielles?

  2   Réponse:    Eh bien, il avait pour fonction essentielle d'assurer la

  3   coordination pour ainsi dire, de travailler avec les structures

  4   municipales de la municipalité de Vitez et de celles de Novi Travnik pour

  5   ce qui est de l'appui logistique, pour assurer l'équipement matériel de la

  6   brigade. Il y a eu de temps en temps des malentendus.

  7   Question:   Quelle était son autre fonction?

  8   Réponse:    Il devait organiser les activités de l'état-major municipal,

  9   lui-même, du poste de commandement.

 10   Question:   Et à l'époque, la brigade Stjepan Tomasevic n'avait qu'une

 11   fonction, n'est-ce pas, une mission dans le cadre de sa zone de

 12   responsabilité?

 13   Réponse:    Oui, elle devait combattre l'agresseur serbe et sa zone de

 14   responsabilité de Vitez Novi Travnik, à partir de Slatka Voda jusqu'à

 15   Kamenjas. Je pourrais vous le montrer sur la carte.

 16   Question:   Ce secteur de responsabilité de la brigade impliquait qu'il y

 17   avait participation des hommes de Vitez et de Novi Travnik?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question:   Il y avait deux bataillons?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   Ces bataillons étaient stationnés sur le territoire des

 22   municipalités concernées, n'est-ce pas? L'un était surtout basé à Novi

 23   Travnik et l'autre à Vitez, n'est-ce pas?

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question: Dites-moi, Monsieur Sajevic, vous êtes arrivé au commandement et


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  1   vous avez été au commandement en même temps que Cerkez, c'est-à-dire

  2   décembre 1992, mars 1993, n'est-ce pas? Pourriez-vous nous dire si, à

  3   l'époque, il y a eu un conflit entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le

  4   HVO pendant votre séjour-là?

  5   Réponse:    Eh bien, je ne dirai pas qu'il y avait des hostilités ou un

  6   conflit entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO. Il y a eu quelques

  7   incidents mineurs, disons. Vous savez, des choses se sont produites comme

  8   ça, sur le terrain. Elles avaient sans doute à leur origine des

  9   particuliers, des personnes individuelles. Il n'y avait pas de conflits

 10   organisés, loin de là.

 11   Question:   Pensez-vous qu'il puisse s'être produit des incidents auxquels

 12   aurait participé le HVO en tant qu'unité? Est-ce qu'il y aurait eu des

 13   incidents ou des conflits de plus ou moins grande proportion, organisés

 14   sur les ordres de quelqu'un?

 15   Réponse:    Non.

 16   Question:   En êtes-vous sûr?

 17   Réponse:    Tout à fait.

 18   Question:   Je pense que nous pouvons maintenant passer à la Brigade de

 19   Vitez.

 20   Monsieur le Président, nous avons déjà entendu beaucoup de témoins à ce

 21   propos, mais je voulais montrer tous les documents relatifs à la création,

 22   à la fondation de la brigade. On en a parlé, mais avec plus ou moins de

 23   précision, et je pense qu'il est utile de verser aux dossiers cinq ou six

 24   documents importants. Nous aurons ainsi une idée bien complète des

 25   modalités de création de la brigade. En ai-je l'autorisation, Monsieur le


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  1   Président?

  2   M. le Président (interprétation): Oui.

  3   M. Kovacic (interprétation): Merci.

  4   Pendant que ces documents sont en train d'être distribués, nous pouvons

  5   déjà parler à ce sujet. Qui a pris l'initiative de créer la Brigade de

  6   Vitez dans la municipalité, à savoir cette idée d'une brigade pour deux

  7   municipalités?

  8   M. Sajevic (interprétation): Je crois que cela vient du gouvernement du

  9   HVO à Vitez parce que, à toutes fins utiles, c'était la seule municipalité

 10   qui n'avait pas sa propre formation.

 11   Question:   On va se référer à la traduction. C'était la logique du concept

 12   de la défense nationale généralisée qui existait en ex-Yougoslavie, n'est-

 13   ce pas?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, parcourir le premier

 16   document, qui date du 1er mars 1993?

 17   (Le témoin prend connaissance du document.)

 18   Je vais demander également d'attribuer, s'il vous plaît, une cote à ce

 19   document.

 20   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce D80/2.

 21   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, si vous avez déjà parcouru

 22   ce document, auriez-vous l'amabilité de nous dire ce qui ressort de ce

 23   document, qui a envoyé à qui ce document, ce que l'on a demandé par ce

 24   document?

 25   M. Sajevic (interprétation): On voit, dans ce document, que le Bureau de


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  1   la Défense à Vitez a envoyé une requête au commandement de la zone

  2   opérationnelle de Bosnie centrale pour les modifications au niveau de la

  3   mobilisation. Il demande, dans ce document, de créer le plus tôt possible

  4   une brigade de la municipalité de Vitez.

  5   Question:   Par conséquent, il s'agit de cette initiative dont il a été

  6   question, dont vous avez parlé?

  7   Réponse:    Oui.

  8   Question: Par conséquent, c'est le Bureau de la Défense qui demande auprès

  9   de la zone opérationnelle de créer cette brigade? Nous sommes bien

 10   d'accord là-dessus?

 11   Réponse:    Oui, tout à fait.

 12   Question:   Est-ce qu'au moment de ces événements, vous étiez au courant

 13   qu'une telle initiative a été lancée, qu'un tel document a été adressé?

 14   Réponse:    Oui, j'étais au courant.

 15   Question:   Merci. Maintenant, je vais vous demander également, s'il vous

 16   plaît, un autre document du 12 mars 1993, et je demande la cote de ce

 17   document.

 18   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira du document portant la cote

 19   D81/2.

 20   M. Kovacic (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, parcourir le

 21   document?

 22   (Le témoin prend connaissance du document.)

 23   Est-ce que vous êtes d'accord pour dire... Ou bien, faites le commentaire,

 24   excusez-moi: quelle est l'importance de ce document? Quelle est la tâche

 25   qui a été assignée à Cerkez par ce document?


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   1   M. Sajevic (interprétation): C'est un ordre. Il s'agit d'un ordre qui a

  2   été délivré par le commandant de la zone opérationnelle, le colonel

  3   Tihomir Blaskic. Il désigne M. Mario Cerkez coordinateur pour qu'il puisse

  4   préparer le terrain afin que la brigade de Vitez soit mise en place.

  5   Question:   D'accord. Maintenant, nous allons voir le document du 23 mars

  6   1993.

  7   M. le Président (interprétation): Je pense que tous ces documents ou

  8   quasiment tous ont déjà été présentés par l'accusation, n'est-ce pas?

  9   M. Kovacic (interprétation): Je pense que oui. Je ne sais pas ce qu'il en

 10   est de celui-ci, mais il y en a un qui porte la cote 81/2 qui a déjà été

 11   versé au dossier.

 12   (Questions relatives à la procédure.)

 13   M. Bennouna: Monsieur Kovacic, j'aimerais bien que vous m'expliquiez

 14   effectivement, dans votre stratégie de défense, quelle est la

 15   signification de présenter ces documents au témoin pour qu'il nous dise

 16   simplement qu'il lise ce qu'il y a dedans. Lorsqu'un document, comme le

 17   précédent document que vous avez présenté, parle de lui-même et que le

 18   témoin ne fait que relire en nous disant: "Oui, le document dit que M.

 19   Cerkez est le commandant de la brigade et qu'il est chargé...", comme ici,

 20   par exemple, le document que vous venez de présenter, "et qu'il est

 21   chargé...": il relit la coordination, la supervision, l'organisation, etc.

 22   Je crois que ce n'est pas nécessaire. Cela a été présenté, le document

 23   existe, nous le savons. Vous devriez quand même prendre en compte ce qui

 24   vous a été dit jusqu'à présent et mener une défense de façon pertinente,

 25   c'est-à-dire sur les éléments qui rentrent dans votre stratégie pour faire


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  1   valoir votre cas, et vous concentrer là-dessus, je pense. Autrement, il

  2   n'est pas nécessaire, si vous voulez de revenir sur des éléments que nous

  3   connaissons, pour amener simplement un témoin à vous dire "oui, oui, je

  4   lis le paragraphe 2". Cela n'est pas nécessaire pour nous.

  5   M. Kovacic (interprétation): Oui, je vais m'y conformer, Monsieur le Juge.

  6   Bien évidemment, j'essayais d'être pertinent, mais l'idée était justement

  7   de faire parcourir tous les documents qui concernent la création, la mise

  8   en place de la brigade. Car, voyez-vous, hier pour la dernière fois, on a

  9   une fois de plus soulevé la question de la date de la création de la

 10   brigade.

 11   Moi, je pense que c'est une question pertinente. Il faut bien quand même

 12   pouvoir définir si mon client, juste avant le conflit, avait la brigade

 13   qui a été déjà créée ou non, et vraiment mettre au clair cet ordre.

 14   Quelles étaient les circonstances dans lesquelles la brigade a été créée,

 15   devant qui elle était responsable, qui l'avait créée, etc.? C'est pour

 16   cette raison que je pose la question.

 17   M. le Président (interprétation): Le problème, vous voyez, Maître Kovacic,

 18   est celui-ci: nous allons avoir une grande confusion si vous commencez à

 19   soumettre des documents qui ont déjà été produits, qui ont déjà reçu une

 20   cote.

 21   Je ne vais pas vous arrêter maintenant parce que vous avez déjà organisé

 22   ceci, mais à l'avenir, je vais devoir vous demander ceci: si vous

 23   produisez des documents, tenez-vous-en à la cote initiale, originale pour

 24   ne pas introduire au dossier d'instance un autre jeu de documents, des

 25   mêmes documents avec une autre cote. Sinon, cela va semer la plus grande


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  1   confusion.

  2   S'agissant du dernier document, je pense que nous avons déjà examiné ce

  3   document. A l'avenir, veuillez simplement nous renvoyer à la cote

  4   initialement donnée, comme l'a présenté l'accusation.

  5   M. Kovacic (interprétation): Tout à fait. Je voulais simplement rassembler

  6   en un seul lieu les quatre ou cinq documents disponibles et pertinents

  7   pour la question, d'autant qu'hier, la question a été posée qui mettait en

  8   doute la réalité de cette date.

  9   M. le Président (interprétation): Quelle était la question en jeu?

 10   M. Nice (interprétation): Eh bien, beaucoup de ces documents parlent

 11   d'eux-mêmes, mais la question qui se posait hier était celle de savoir

 12   quels étaient les pouvoirs effectifs, de facto, de l'accusé Cerkez avant

 13   la création de jure de la brigade.

 14   M. le Président (interprétation): Question d'administration de la preuve.

 15   Mais vous ne contestez pas les documents?

 16   M. Nice (interprétation): Pas du tout.

 17   M. Kovacic (interprétation): Je n'ai pas l'intention de verser au dossier

 18   des documents qui y sont déjà, mais je dois vous rappeler qu'il y a

 19   effectivement beaucoup de documents qui ont été introduits au dossier ou

 20   versés au dossier à plusieurs reprises.

 21   M. le Président (interprétation): Eh bien, si cela s'est passé dans le

 22   passé, il faut mettre un terme à cette pratique.

 23   M. Kovacic (interprétation): Oui, je pense qu'il est utile et pratique de

 24   les avoir rassemblés à un seul endroit. Mais je ne vais pas recommencer

 25   l'expérience.


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   1   Monsieur Sajevic, le troisième document de cette liste, qui date du 23

  2   mars. Vous avez eu le temps de parcourir la liste; il s'agit d'une

  3   liste... Excusez-moi, est-ce que vous pouvez nous dire de quel document il

  4   s'agit, quelle est l'importance du document?

  5   M. Sajevic (interprétation): On a demandé l'aval du Président du HVO sur

  6   la composition de la brigade de Vitez qui, à cette époque-là, aurait pu

  7   être constituée comme ceci figure sur la liste.

  8   Question:   Est-ce que vous savez que c'est le document que le gouvernement

  9   du HVO, donc l'organe civil, avait adressé au commandant de la zone

 10   opérationnelle, Blaskic?

 11   Réponse:    Oui.

 12   Question:   Par conséquent, c'est l'autorité civile qui dit: "Nous

 13   autorisons ceci et nous le proposons"?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Par conséquent, c'est la municipalité qui organise la défense.

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Mais, par la suite, cette brigade va être mise, placée sous le

 18   commandement de la zone opérationnelle?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Mais c'est la municipalité donc qui coordonne les activités au

 21   début?

 22   Réponse:    Oui, ça c'est l'ordre chronologique.

 23   Question: Et il y a un autre document qui a déjà été versé au dossier, qui

 24   date du 24 mars 1993. Monsieur le Président, nous pourrions peut-être

 25   attribuer la cote ou bien maintenir la cote telle qu'elle a été


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  1   auparavant?

  2   M. le Président (interprétation): Eh bien, pour le dernier document, ce

  3   sera la dernière fois où nous aurons une nouvelle cote mais, à l'avenir,

  4   nous garderons la cote du document originel.

  5   Mme Ameerali (interprétation): Le document du 23 mars 1993 portera la cote

  6   D82/2 et le dernier document portera la cote D83/2.

  7   M. Kovacic (interprétation): Je pense que l'on n'a pas besoin de

  8   commentaire au sujet de ce document. Est-ce que vous êtes d'accord que ce

  9   document correspond aux faits, tout au moins à votre meilleur souvenir?

 10   M. Sajevic (interprétation): Oui, tout à fait.

 11   Question: Est-il vrai de dire que vous autres, membres du commandement, ce

 12   jour-là où Mario Cerkez a été nommé commandant, avez considéré que la

 13   brigade a été définitivement créée?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Est-ce qu'à partir de ce moment-là, vous vous êtes attaché à la

 16   tâche d'organiser de manière très stricte le commandement de la brigade?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Quel était votre objectif au moment où vous avez commencé vos

 19   activités?

 20   Réponse:    Notre objectif était de structurer le commandement de la

 21   brigade, de voir quelles étaient les unités qui devaient faire partie de

 22   la brigade à partir du niveau le plus bas pour pouvoir organiser le

 23   fonctionnement. Donc organiser d'abord le commandement et, ensuite,

 24   organiser, structurer la brigade.

 25   Question:   Au cours de ces jours d'organisation de la brigade, vous avez


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  1   envoyé encore les équipes à Vlacic?

  2   Réponse:    Non, à cette époque-là, on n'envoyait pas les équipes sur la

  3   ligne de défense de Vlacic mais à Slatka Voda. Les équipes s'y rendaient

  4   régulièrement, les relèves étaient utilisées régulièrement.

  5   Question: Excusez-moi, mais quand vous parlez de Slatka Voda, c'est Slatka

  6   Voda, Kamenjas, etc.?

  7   Réponse:    Oui.

  8   Question: Est-ce que ce sont les choses qui se développent de manière tout

  9   à fait routinière et c'est Perkovic qui est un soldat qui s'en occupe?

 10   Réponse:    Oui.

 11   Question:   Est-ce qu'à ce moment-là, vous avez pensé qu'éventuellement un

 12   conflit direct aurait pu être déclenché dans cette guerre généralisée

 13   entre l'armée d'un côté et le HVO? Je parle bien de ce temps-là, de cette

 14   époque très précise.

 15   Réponse:    Non, à ce moment-là, je n'ai jamais eu la moindre idée que ceci

 16   aurait pu arriver, même dans les pires des hypothèses.

 17   Question:   A la veille du conflit, donc avant le 16 avril 1993, pourriez-

 18   vous nous dire quelle était la situation au sein de la brigade et jusqu'à

 19   quel niveau la brigade a été véritablement structurée?

 20   Réponse:    Jusqu'au 15, 16 avril, nous avons disposé de peu de temps. Il

 21   n'était pratiquement pas possible de structurer une brigade dans le vrai

 22   sens de ce mot et conformément à ce que cette brigade aurait dû être. Je

 23   pense que même des pays beaucoup plus riches et qui avaient plus de moyens

 24   n'auraient pas pu aboutir à créer une brigade bien structurée. Nous

 25   l'avons appelée "Brigade de Vitez", mais tous les experts militaires de


Page 23245

  1   par le monde savent quels sont les effectifs d'une brigade.

  2   Moi, je dois dire que nous n'avons jamais eu de brigade, nous ne les avons

  3   toujours pas, alors qu'il y a plusieurs années que la guerre s'est

  4   terminée. Je suis même sûr à 100% que, même actuellement, la brigade n'est

  5   pas structurée comme il le faut. Par conséquent, ce n'étaient que des

  6   tentatives. Nous avons essayé d'organiser des groupes et dans des secteurs

  7   différents de la municipalité. On avait essayé de rassembler les groupes,

  8   de créer des entités. Je ne peux même pas parler de formations, je ne peux

  9   pas parler d'unités; c'était justement indispensable d'assurer les relèves

 10   des équipes pour envoyer sur la ligne de front. C'était presque plus

 11   facile.

 12   Question:   On va y revenir. Je vais vous montrer une autre pièce à

 13   conviction. L'huissier voudra bien m'aider.

 14   Mme Ameerali (interprétation): Ce sera le document D84/2.

 15   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, vous avez une copie qui est

 16   de très mauvaise qualité, qui a été prise d'une autre affaire. Ensuite,

 17   vous avez le manuscrit également en croate. Je vais vous demander, s'il

 18   vous plaît, de voir la date et également le contenu, bien évidemment, et

 19   l'heure.

 20   M. Sajevic (interprétation): C'est une des preuves qui confirment ce que

 21   j'ai dit: ce n'est que le 14 avril 1993 qu'une requête a été envoyée au

 22   Bureau de la Défense pour que la brigade soit complétée.

 23   Question:   D'après vous, dans un contexte de l'époque, qu'est-ce que

 24   voulait dire ce document?

 25   Réponse:    Cela veut dire que l'on a commencé à compléter les effectifs de


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  1   la brigade qui, normalement, aurait dû compter plus de 2.000 hommes. Ce

  2   n'est qu'à ce moment-là que nous nous sommes adressés au Bureau de la

  3   Défense. Nous avons demandé qu'il nous envoie par la voie officielle des

  4   hommes pour leur donner des affectations de guerre.

  5   Question:   A ce moment-là, on pourrait peut-être dire ceci de la manière

  6   suivante: par conséquent, le Bureau de la Défense, conformément au

  7   concept, aurait dû voir quels étaient les hommes à leur disposition, les

  8   appeler sous les drapeaux, ensuite les verser à la brigade?

  9   Réponse:    Oui, c'est exact.

 10   Question: Est-ce qu'à cette époque-là, vous avez déjà un certain nombre de

 11   personnes qui sont des volontaires et qui faisaient partie des équipes?

 12   C'était une seule force dont vous disposiez?

 13   Réponse:    Oui, c'est exact. C'est la raison pour laquelle, ici, on avait

 14   dit 24 heures pour que cette tâche soit accomplie. Mais ce n'est pas les

 15   délais qui auraient pu être respectés. Mais, ayant en vue que nous avions

 16   déjà un certain nombre de groupes de volontaires sur lesquels nous avons

 17   pu compter pour organiser les équipes qui se rendaient sur la ligne de

 18   front, c'est la raison pour laquelle M. Mario considérait probablement que

 19   ce délai devait être quelque peu réduit. On a accéléré, on voulait

 20   accélérer quelque chose.

 21   Question:   Par conséquent, ces groupes qui existaient ne dépassaient pas

 22   300 hommes, n'est-ce pas?

 23   Réponse:    Oui, au maximum.

 24   Question:   Merci. Seriez-vous d'accord avec moi pour dire...

 25   M. le Président (interprétation): Est-ce que cela est contesté? Je ne


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  1   pense pas. Comprenez bien, Monsieur Kovacic, si vous posez des questions

  2   directrices, alors vous dites, par exemple: "Est-ce que vous acceptez le

  3   fait qu'il n'y avait pas plus de 300 soldats de cette liste"? Alors,

  4   écoutez, il faut bien comprendre que ce n'est pas possible, car il s'agit,

  5   ici, d'une question essentielle dans cette affaire. En déposant vous-même,

  6   pour ainsi dire, à la place du témoin, vous privez cet élément de sa

  7   valeur. Il vous faut poser vos questions de façon neutre.

  8   M. Kovacic (interprétation): Oui, je le ferai, mais je pense que ce

  9   chiffre n'était pas contesté, ce chiffre de 300. L'accusation l'avait

 10   présenté et nous n'avions pas contesté ce chiffre.

 11   M. le Président (interprétation): Posez la question au témoin puisqu'il

 12   était sur place, laissez-le déposer: c'est lui qui vous dira ce qu'il en

 13   était.

 14   M. Bennouna: Maître Kovacic, il faut une certaine logique. Ou bien le

 15   chiffre n'est pas contesté et ce n'est pas la peine d'avoir un témoin, ou

 16   il y a nécessité de témoigner et donc vous devez poser une question

 17   neutre. Vous ne pouvez pas nous dire: "Je pose une question directive

 18   parce que ce n'est pas contesté". A ce moment-là, c'est de la perte de

 19   temps.

 20   M. Kovacic (interprétation): Excusez-moi, je vais essayer d'éviter ce

 21   genre de situation. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire, le 15 avril

 22   1993, la veille, vous étiez où, s'il vous plaît?

 23   M. Sajevic (interprétation): J'étais chez moi, j'étais malade.

 24   Question:   Est-ce que l'on vous a envoyé une notification pour vous

 25   demander de vous rendre au quartier général?


Page 23248

   1   Réponse:   Oui.

  2   Question:   Pourriez-vous nous relater qui se trouvait sur place et ce que

  3   l'on vous a dit?

  4   Réponse:    Moi, j'étais malade. A 19 heures, le permanent, celui qui

  5   organisait la permanence, moi, je pense que c'était Bozo Jurevic, m'a

  6   appelé au téléphone et m'a dit que le commandant me demandait de me rendre

  7   dans des locaux; alors moi, j'ai répondu à cet appel en disant que j'étais

  8   malade, que j'avais de la fièvre à 40. Il m'a dit d'accord et il a

  9   raccroché. Au bout d'une heure, par conséquent à 20 heures, il m'a rappelé

 10   et il m'a dit qu'il faudrait que je me rende dans des locaux du

 11   commandement et qu'il fallait absolument que je le fasse.

 12   Question:   Merci.

 13   M. le Président (interprétation): Le moment peut se prêter à la pause,

 14   n'est-ce pas, Monsieur Kovacic? Nous allons faire une pause d'une demi

 15   heure.

 16   (L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 35.)

 17   (Questions relatives à la procédure.)

 18   M. le Président (interprétation): Je voudrais aborder un point avant de

 19   poursuivre.

 20   Monsieur Nice, pourriez-vous nous aider, s'il vous plaît, au sujet du

 21   versement des doublons de pièces à conviction? Il me semble que cela a

 22   commencé il y a un moment et nous n'avons pas particulièrement cherché à

 23   attirer l'attention sur cela. Mais cela nous entraînera dans une situation

 24   totalement chaotique si l'on poursuit. Je pense que, pendant les vacances,

 25   nous aurons besoin de vous pour que vous nous aidiez au sujet de ces


Page 23249

  1   documents. A notre retour, il faudra constater quels sont les documents

  2   qui se présentent en plusieurs exemplaires ou deux exemplaires, et il

  3   faudra retirer le doublon.

  4   La règle sera la suivante: à chaque fois qu'une cote est attribuée à un

  5   document, cette cote est permanente, elle reste pendant toute la durée du

  6   procès. Cela s'est posé au sujet des documents de Me Kovacic, puisqu'il

  7   souhaitait réunir les documents, considérant que c'était plus adapté. Mais

  8   cela risque de créer une situation confuse: il convient donc de l'éviter.

  9   M. Nice (interprétation): J'espère qu'il n'y aura pas de doublons qui

 10   seront produits. Mais lorsque vous examinerez les pièces à conviction de

 11   la défense de Kordic, vous verrez qu'il y a énormément de documents qui se

 12   présentent sous forme de doublon. Je pourrai peut-être vous aider au sujet

 13   de ces documents-là, les documents présentés par la défense de Kordic.

 14   M. le Président (interprétation): Mais je pense que ce que nous allons

 15   faire, ce sera de les écarter. Il serait peut-être approprié pour les

 16   documents qui sont produits qu'ils soient produits dans un ordre déterminé

 17   par les parties, mais il n'empêche que ces documents doivent conserver

 18   leur place au sein du système de documents.

 19   M. Nice (interprétation): Deux petites choses. La défense de Kordic a

 20   aussi fait un sommaire des pièces déposées, donc ce sera plus facile de

 21   relever les doublons.

 22   Deuxième chose, il ne faut pas négliger ceci: si l'on fait une référence

 23   dans le compte rendu d'audience à une autre pièce déjà produite, il faut

 24   comprendre que ceci renvoie à la première pièce. Cela ne va pas être une

 25   chose aisée à faire. Mais si nous laissons de côté, pour l'instant, les


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  1   documents que vient de soumettre la défense de Kordic et si nous gelons la

  2   situation à l'heure actuelle, nous allons partir à la recherche de

  3   documents dans les classeurs déposés par la défense. Il y a deux séries de

  4   pièce D et nous pourrions peut-être avoir une annexe qui dit: "Voilà, D,

  5   X, Y, Z/1=Z pièces de l'accusation, autant". Puis on examinera le compte

  6   rendu d'audience au moment de la préparation du réquisitoire, des

  7   plaidoiries ou du jugement; il faudra voir s'il y a possibilité de

  8   référence.

  9   M. le Président (interprétation): Heureusement qu'on en parle maintenant

 10   parce que sinon cela mène droit à la catastrophe. Il faut utiliser la cote

 11   initiale lorsqu'on fait référence à un document. Ce sera donc un document

 12   Z. S'il y a compilation de telle ou telle pièce par la défense, pour ses

 13   pièces à elle, nous devrons prendre une décision s'il y a doublon. Ou si

 14   on nous présente un autre argument plus convaincant, on gardera ces pièces

 15   dans le classeur tout en gardant la nomenclature initiale, la cote

 16   initiale.

 17   M. Nice (interprétation): Madame Alinde Verhaag a déjà suivi ceci de très

 18   près et elle pourra peut-être vous aider lorsque vous en discuterez avec

 19   le Greffe, afin de préparer un document qui sera notre guide.

 20   M. le Président (interprétation): Oui, ce sera bien plus facile parce que

 21   nous avions déjà beaucoup de documents dans ce dossier et il faudra

 22   veiller à éviter tout doublon. Et s'il y en a, eh bien, nous remettrons

 23   les pièces à qui de droit.

 24   Monsieur Kovacic, poursuivez.

 25   M. Kovacic (interprétation): (Hors micro.)


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   1   Je ne voudrais pas m'aventurer dans ce genre de débat, Monsieur le

  2   Président, mais en deux mots, si vous me permettez: il ne fait aucun doute

  3   que, jusqu'à présent dans cette affaire, nous avons adopté une certaine

  4   pratique. Nous avons versé certainement, sans aucun doute, des documents

  5   sous des cotes différentes.

  6   M. le Président (interprétation): Si tel a été le cas, c'est regrettable.

  7   De toute évidence, c'est quelque chose sur quoi la Chambre de première

  8   instance ne s'est pas polarisée jusqu'à présent, mais c'est une pratique

  9   qui doit être arrêtée. Un document doit porter une seule cote.

 10   M. Kovacic (interprétation): Je suis entièrement d'accord avec la Chambre.

 11   Veuillez m'excuser d'avoir versé moi-même aujourd'hui un doublon, mais mon

 12   objectif était de réunir quatre documents, de faire une compilation

 13   puisque, dans l'Acte d'accusation, il est dit que cette brigade a été

 14   constituée en 1992. Ce que je cherchais à faire, c'était de relier ces

 15   documents. Veuillez m'excuser d'être à l'origine de ce problème.

 16   M. le Président (interprétation): Il n'est pas utile ni nécessaire de

 17   présenter vos excuses, mais vous avez versé quatre documents qui possèdent

 18   leur cote initiale Z, une cote Z.

 19   M. Robinson (interprétation): Mais cela ne vous empêche pas d'utiliser les

 20   pièces à conviction versées par l'accusation. Vous n'y perdrez pas.

 21   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 22   M. le Président (interprétation): Maître Kovacic, je vous demanderai de

 23   vous conformer à ce que nous venons de dire à l'avenir. Et, demain matin,

 24   je vous prierais de nous fournir les cotes Z pour les pièces que vous avez

 25   versées aujourd'hui. Je vous demanderai donc de nous présenter cela avec


Page 23252

  1   les intercalaires, sous la forme sous laquelle ces documents ont été

  2   versés par l'accusation. Il n'est pas utile de le faire aujourd'hui, vous

  3   le ferez demain. Poursuivez à présent.

  4   M. Kovacic (interprétation): Monsieur, vous vous rappelez où nous nous

  5   sommes arrêtés avant la pause. Vous avez dit que vous avez reçu un coup de

  6   fil, que vous vous êtes levé alors que vous étiez au lit. A ce moment-là,

  7   vous êtes-vous rendu au commandement?

  8   M. Sajevic (interprétation): Oui, j'y suis allé entre 20 heures et 20

  9   heure 30, à peu près.

 10   Question:   Et qui avez-vous trouvé sur place?

 11   Réponse: Au commandement, j'ai trouvé un certain nombre de mes collègues.

 12   C'était naturel puisqu'il y avait toujours quelqu'un sur le terrain,

 13   d'autres qui revenaient. C'est M. Cerkez également que j'ai trouvé là-bas.

 14   Question:   Donc M. Cerkez était sur place quand vous vous y êtes arrivé?

 15   Réponse:    Oui, il y était.

 16   Question:   Cerkez, que vous a-t-il dit? Qu'a-t-il dit aux officiers

 17   présents?

 18   Réponse:    Je lui ai posé une question: je lui ai demandé pourquoi il

 19   m'avait appelé et de quoi il s'agissait. Je ne savais pas de quoi il

 20   s'agissait, je ne voyais pas quelle était l'urgence, pourquoi devais-je y

 21   aller bien que je fusse malade. Et alors, compte tenu du fait qu'il y

 22   avait eu plusieurs incidents avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, il m'a

 23   dit qu'il y avait un certain nombre d'indices laissant entendre qu'un

 24   incident plus grave risquait de se produire et qu'il convenait alors de

 25   rassembler un certain nombre d'hommes pour garantir la sécurité de la


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  1   route en direction de Kruscica et de Vranska; et qu'éventuellement, il

  2   fallait à un moment donné empêcher les forces de l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine de pénétrer dans la ville.

  4   M. le Président (interprétation): Lorsque vous dites "nous", vous faites

  5   référence à qui?

  6   M. Sajevic (interprétation): Et bien, je pense à ces hommes qui étaient,

  7   pendant cette période-là, dans cette période de structuration de la

  8   brigade de Vitez, qui figuraient sur nos listes: je pense aux soldat du

  9   HVO. Je fais référence aux membres de la brigade de Vitez, qui étaient

 10   membres de cette brigade à ce moment-là.

 11   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, Cerkez a-t-il dit d'où il

 12   tenait cette information? A-t-il évoqué sa source?

 13   M. Sajevic (interprétation): De prime abord, je lui ai demandé s'il avait

 14   un ordre par écrit pour cette activité et il a dit que non. Il a dit que

 15   c'était l'information qu'il avait reçue dans la zone de responsabilité.

 16   Question:   Le commandant de la zone opérationnelle à l'époque était qui?

 17   Réponse:    Le commandant était Tihomir Blaskic.

 18   Question:   Cerkez a-t-il dit qu'il allait finir par recevoir un ordre par

 19   écrit ou il n'en a pas du tout été question?

 20   Réponse:    Il a dit qu'au cours de la nuit, un ordre par écrit devait

 21   arriver, mais que cet ordre ne devait contenir rien de neuf, que c'était

 22   ce genre de situation qui se reproduisait régulièrement. Souvent, on nous

 23   disait qu'il fallait augmenter un peu le niveau d'alerte mais que cela

 24   risquait d'être légèrement plus grave, parce que les tensions étaient un

 25   peu plus importantes entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine


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  1   puisqu'il y a eu, comme je l'ai dit, un certain nombre d'incidents, de

  2   provocations dont l'importance n'était pas aussi grande.

  3   Question:   Monsieur Sajevic, cette information vous a-t-elle permis de

  4   conclure que l'attaque allait se produire certainement ou bien, vous avez

  5   évalué le degré de probabilité qu'une telle attaque ait lieu?

  6   Réponse:    Je n'ai pas eu l'impression qu'il s'agissait d'une probabilité

  7   de 100% que cette attaque se produise. Simplement, comment dire... C'était

  8   une hypothèse, on supposait que l'attaque pouvait se produire.

  9   Question:   A quel moment Cerkez a-t-il quitté le commandement?

 10   Réponse:    Je ne sais pas exactement quand il est parti. Il a vu que

 11   j'étais là. En fait, il m'a appelé pour que je vérifie les documents

 12   opérationnels au niveau de la brigade. Quand il a vu que j'étais vraiment

 13   malade, que j'avais de la fièvre, il m'a dit de rentrer chez moi et de me

 14   soigner. Il m'a dit de revenir le lendemain matin et il m'a dit que je

 15   pouvais contrôler cela le lendemain matin, que ce n'était pas si urgent

 16   que cela. Je suis donc rentré chez moi, je ne peux pas savoir à quel

 17   moment M. Cerkez est parti du commandement.

 18   Question:   A quel moment êtes-vous revenu dans le commandement de la

 19   brigade?

 20   Réponse:    Je suis revenu assez tôt le lendemain matin. Je voulais

 21   contrôler les documents. Les hommes qui étaient de garde s'acquittaient de

 22   leurs tâches. Je suis arrivé assez tôt, c'était peut-être vers 5 heures

 23   30. Je ne peux pas vous dire avec précision. Toujours est-il que je suis

 24   arrivé avant le début du travail, enfin, l'heure normale du retour au

 25   travail, avant 7 heures.


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  1   Question: A un moment quelconque dans la soirée, après avoir appris cette

  2   information, après avoir vu Cerkez, avez-vous discuté avec vos collègues

  3   de ce que vous veniez d'apprendre de la bouche de Cerkez?

  4   Réponse: Lorsque M. Cerkez nous a transmis cette information, je ne suis

  5   resté que cinq ou dix minutes supplémentaires dans le commandement. J'en

  6   ai discuté avec quelques-uns de mes collègues. L'un me disait: "Mais ce

  7   sont des provocations habituelles, on augmente un peu le niveau d'alerte

  8   sur les lignes de front, on décide d'envoyer quelques hommes pour garantir

  9   cet axe de Kruscica". Donc je suis simplement rentré chez moi.

 10   Question:   Vous-même, que pensiez-vous de cela? Vous avez certainement

 11   réfléchi au sujet de ce qui venait de se passer: comment évaluiez-vous la

 12   situation?

 13   Réponse:    Eh bien, je me disais que jusqu'à ce moment-là, à plusieurs

 14   reprises il y avait eu des incidents mineurs. La zone opérationnelle, à

 15   ces moments-là, nous envoyait un ordre écrit nous demandant d'augmenter le

 16   niveau d'alerte. Il nous demandait simplement de faire en sorte que

 17   quelques hommes se présentent à des endroits désignés et qu'ils soient

 18   prêts à agir; donc qu'il convenait d'appeler les hommes, enfin, le reste

 19   de nos effectifs chez eux ou bien... Donc il fallait avoir des hommes sur

 20   place et maintenir le niveau de préparation, le niveau d'alerte. Voilà,

 21   c'était ça mes réflexions.

 22   Puis, je me disais que la situation était peut-être un peu plus sérieuse à

 23   cause des événements qui s'étaient produits, tout ce qui s'est passé avec

 24   M. Totic, tout le monde le sait. Comment dire? Je n'avais pas l'ombre

 25   d'une idée qu'un conflit ouvert risquait de se déclencher parce que,


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  1   enfin... Comment… Que puis-je dire?... C'était quelque chose qui était

  2   absolument impensable pour moi.

  3   Question:   Monsieur Sajevic, le soir en question, avez-vous entendu une

  4   autre information au sujet de Kuber?

  5   Réponse:    Je me souviens que, pendant que j'étais encore dans les locaux

  6   du commandement, je ne sais plus si c'était l'homme de service ou

  7   quelqu'un d'autre qui est venu de l'extérieur et qui nous a dit qu'il

  8   avait entendu des coups de feu en provenance de Kuber. Mais nous n'avions

  9   aucune information précise. C'est plus tard que j'ai appris qu'ils

 10   essayaient, en fait qu'ils ont essayé par des communications, par le

 11   téléphone ou autre moyen, ils ont essayé de vérifier ce qui se passait. Ce

 12   n'est qu'un jour ou deux plus tard que j'ai appris qu'il y avait eu des

 13   coups de feu là-haut et qu'il y avait eu des victimes. Deux membres de nos

 14   unités, me semble-t-il, ont disparu à ce moment-là et ils sont toujours

 15   portés disparus encore à ce jour. Mais c'est tout ce que je sais à ce

 16   sujet.

 17   Question: Au sujet des cartes qui ont été présentées par le témoin Elford,

 18   je souhaite que ce témoin nous présente les endroits qui ont été décrits

 19   comme les principales positions où la brigade s'attendait à recevoir une

 20   attaque.

 21   M. le Président (interprétation): Si c'est une pièce, on peut s'y référer

 22   comme à toute autre pièce. Vous avez une carte?

 23   M. Kovacic (interprétation): Oui, j'ai une carte et on voit bien sur cette

 24   carte.

 25   M. le Président (interprétation): Allez-y. Si vous soumettez cela, vous


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  1   devez nous dire qui a apporté des indications sur cette carte.

  2   M. Kovacic (interprétation): Oui, je vais expliquer.

  3   M. le Président (interprétation): La cote?

  4   Mme Ameerali (interprétation): Ce sera la pièce D85/2.

  5   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Témoin Sajevic, est-il exact que

  6   c'est vous-même qui avez préparé cette carte et que vous vous en êtes

  7   servi pour me préciser les positions?

  8   M. Sajevic (interprétation): C'est exact.

  9   Question: Pouvez-vous dire à la Chambre ce que contient la légende, ainsi

 10   que ce que signifient très brièvement ces lignes et ce que vous cherchez à

 11   nous présenter à l'aide de cette carte?

 12   Réponse:    Sur cette carte, j'ai tenté de représenter les positions des

 13   hommes qui étaient membres de la brigade de Vitez en date du 16 avril, à 5

 14   heures 30, car, plus tard, j'ai pris connaissance d'un document écrit qui

 15   a été reçu de la part de la zone opérationnelle, un document qui donne

 16   l'ordre d'occuper les positions de la manière dont c'est représenté à 5

 17   heures 30.

 18   Question:   Le Greffe peut-il nous présenter la pièce D60/2? Je souhaite

 19   demander au témoin s'il s'agit bien de l'ordre auquel il fait référence.

 20   M. le Président (interprétation): En attendant, cette carte montre-t-elle

 21   les positions après que les forces se soient déplacées pour prendre

 22   position en fonction de l'ordre, ou bien est-ce la position antérieure?

 23   M. Sajevic (interprétation): On voit cela dans la légende et c'est ce que

 24   je cherchais à montrer: c'est la situation à 5 heures 30. Autrement dit,

 25   c'est la situation qui résulte de l'ordre. C'est là que devaient être


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  1   déployées nos forces à l'heure indiquée.

  2   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Témoin Sajevic, pourriez-vous,

  3   s'il vous plaît, consulter cet ordre? C'est un document qui a déjà été

  4   versé au dossier. D'après la teneur de ce document, s'agit-il bien des

  5   positions dont a parlé quelques heures plus tôt Cerkez? Est-ce bien à cela

  6   qu'il se référait, en fonction d'un ordre verbal, lorsqu'il a annoncé

  7   qu'un ordre écrit arriverait quelques heures plus tard? Est-ce que cela

  8   correspond?

  9   Réponse:    Oui, cela correspond.

 10   Question:   Et les positions que vous avez marquées sur cette carte

 11   représentent donc ce qui est demandé au point 1 de cet ordre?

 12   Réponse:    C'est exact.

 13   Question: Donc au point 1 de cet ordre, il est précisé quelle est la tâche

 14   de la brigade?

 15   Réponse:    Absolument.

 16   Question:   Et c'est ce que vous avez dessiné ici?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Je souhaite attirer votre attention au point 3 de cet ordre…

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question: …où le commandant Blaskic fournit une description. Je lirai dans

 21   l'ordre ce qui est dit: "Devant vous se trouvent les forces du 4e

 22   Bataillon de la police militaire. Derrière vous, se trouvent vos forces. A

 23   droite, vous avez les forces de l'unité Nikola Subic Zrinski et, sur votre

 24   gauche, vous avez les forces de la police civile".

 25   Compte tenu de cette description, comment doit-on s'orienter sur le


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  1   terrain pour interpréter la situation?

  2   Réponse:    C'était vu en provenance du sud vers le nord. Donc on regarde

  3   vers Zenica d'où, d'après les évaluations précédentes, on s'attendait à

  4   des mouvements, à des arrivées de groupes de sabotage. C'est dans cette

  5   direction-là donc qu'on regardait d'après ce point 3. C'était donc vu du

  6   sud vers le nord.

  7   Question:   Pour que ce soit absolument clair...

  8   Réponse: Excusez-moi, je vais être plus précis. C'était du sud-ouest vers

  9   le nord-est.

 10   Question:   Autrement dit, le commandant supérieur rédige cet ordre, en

 11   s'orientant face aux forces ennemies les plus puissantes, donc en

 12   direction de l'endroit d'où il s'attend à l'attaque?

 13   Réponse:    C'est exact.

 14   Question: Et si nous essayons d'interpréter ce point 3 en nous basant sur

 15   la carte, lorsqu'on regarde ce que vous avez indiqué le long de la ligne

 16   bleue, où se trouve le 4e Bataillon de la police militaire?

 17   Réponse: Le 4e Bataillon de la police militaire se trouve au nord-est par

 18   rapport à nos positions.

 19   Question:   Donc entre vous et Zenica, est-ce exact?

 20   Réponse:    C'est exact.

 21   Question: Mais sait-on de manière plus précise où il se trouve? Se trouve-

 22   t-il au nord-est par rapport à vous?

 23   Réponse:    Je ne comprends pas ce que vous demandez.

 24   Question: Mais à quel endroit précisément? Puisqu'ici on voit où sont les

 25   positions des forces ennemies, d'après ce que vous savez et d'après cette


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  1   description, où se trouvait exactement le 4e Bataillon de la police

  2   militaire?

  3   Réponse:    Mais c'était absolument devant les premières positions de

  4   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je ne sais pas exactement les points de

  5   manière précise puisque je ne me suis pas rendu sur le terrain; et puis,

  6   je ne suis pas entré dans les détails à ce moment-là. Mais naturellement,

  7   elle se trouvait, pour simplifier, entre ces deux lignes qui figurent ici

  8   en vert.

  9   Question:   Pouvez-vous nous le montrer à l'aide du pointeur, s'il vous

 10   plaît, sur la carte?

 11   (Le témoin désigne l'emplacement.)

 12   Réponse:    Donc, normalement, elle se trouvait à peu près ici, dans cette

 13   zone-là.

 14   Question:   Est-ce que cela signifie qu'elle pouvait se trouver également

 15   dans la région d'Ahmici et des villages alentours?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Est-ce que ceci veut dire que, derrière vous, se trouvent vos

 18   propres forces?

 19   Réponse: Excusez-moi, est-ce que je peux vous donner quelques précisions?

 20   Est-ce que vous me le permettez?

 21   Question:   Oui, je vous en prie.

 22   Réponse:    En effet, l'ordre est quelque peu contradictoire car, à un

 23   moment donné, il parle des forces devant nous et des forces qui sont

 24   derrière nous. Mais, en ce qui concerne la position des effectifs de la

 25   Brigade de Vitez, ces positions sont définies de manière très claire. Si


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  1   nous nous référons au point 3, à ce moment-là, nous pouvons voir que les

  2   forces du 4e Bataillon sont devant nous. Par conséquent, on pense à cette

  3   direction Vitez/Zenica. Dans ce cas-là, les forces qui sont derrière nous,

  4   c'est un groupe de quinze à vingt hommes qui se trouvaient au motel de

  5   Kruscica; c'est donc derrière nous. C'est tout ce qui est resté derrière

  6   nous.

  7   Question:   Est-ce que nous parlons des départs de vos équipes, Kamenjas,

  8   Slatka Voda, etc.?

  9   Réponse:    Oui, effectivement, c'est là où se préparaient des équipes.

 10   Question:   Par conséquent, à gauche, vous avez les forces de la police

 11   civile. Qu'est-ce que ceci veut dire?

 12   Réponse: "A gauche par rapport à nous" veut dire: les forces de la police

 13   civile qui pratiquement sont dans la ville elle-même, au centre-ville, et

 14   face à l'armée qui se trouvait à Mahala, à Vitez, au centre-ville. Si,

 15   maintenant, nous nous référons au point 3, ce sont les forces qui sont à

 16   gauche par rapport à nous.

 17   Question: Et à droite, ce sont les forces de Nikola Subic Zrinski. Qu'est-

 18   ce que ceci veut dire?

 19   Réponse:    Ceci veut dire que l'aile droite, pour nous, est la brigade du

 20   HVO de Busovaca. A droite, par conséquent, se trouve la brigade de

 21   Busovaca.

 22   Question: La délimitation administrative n'est pas très loin par rapport à

 23   vous. Est-ce que c'est exact?

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question:   Par conséquent, la Brigade Nikola Subic Zrinski est dans sa


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  1   propre municipalité, n'est-ce pas?

  2   Réponse:    Oui.

  3   Question:   Cela peut ne pas être absolument la ligne de démarcation entre

  4   les deux municipalités.

  5   Réponse:    Non, c'est à 100 mètres, éventuellement 200 mètres.

  6   Question:   Il y avait également un troisième point sur lequel je voulais

  7   attirer votre attention et qui ressort de cet ordre. Pourriez-vous, très

  8   brièvement, nous donner l'explication du point 2? Quelle est la

  9   signification de ce point? C'est là où la tâche de votre brigade a été

 10   définie, il y a des directions qui sont précisées au point 2. Pourriez-

 11   vous nous l'expliquer du point de vue militaire, s'il vous plaît?

 12   Réponse:    Le point 2, d'après moi, si j'interprète cet ordre, suivait un

 13   concept de la manière dont les ordres militaires ont été délivrés,

 14   rédigés. Il fallait donc définir les tâches à chaque groupe plus restreint

 15   -ce sont les affectations compressives- pour savoir quelle est la tâche de

 16   chaque groupe particulier. D'après moi, dans cet ordre, cette affectation

 17   qui figure dans cet ordre n'était pas indispensable. Moi, j'ai compris que

 18   c'était plutôt pour bloquer les axes de communication, interdire que

 19   l'armée de Bosnie-Herzégovine, éventuellement, se rende en provenance de

 20   Kruscica ou circule. Mais éventuellement, en ce qui concerne Sivrino Brdo

 21   et Vranska, les forces ont pu être utilisées pour procéder au ratissage de

 22   ce bois, de cette forêt pour voir si éventuellement il y avait encore des

 23   forces qui y restaient.

 24   Question: Une toute dernière question concernant cet ordre: pourriez-vous

 25   nous dire si éventuellement, d'un point ou d'un autre de cet ordre, il


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  1   ressort qu'à votre unité, on avait demandé d'agir de manière offensive,

  2   active?

  3   Réponse:    Non.

  4   Question:   Si, par exemple, on se réfère à un certain nombre d'ordres qui

  5   ont été délivrés, d'après vous, il s'agit d'un ordre de défense ou

  6   d'offensive?

  7   Réponse:    Non, c'est un ordre de défensive. Cela se voit également dans

  8   l'en-tête, dans la désignation. On voit que le caractère est purement

  9   défensif.

 10   Question:   Merci.

 11   M. le Président (interprétation): Vous ne prenez plus la carte? Vous vous

 12   écartez de cette carte mais elle n'est pas traduite: on ne peut pas

 13   l'admettre comme pièce.

 14   M. Kovacic (interprétation): Nous l'avons oublié, Monsieur le Président.

 15   Nous pourrons préparer ceci pour demain. Il y a simplement une phrase à

 16   traduire. Je peux vous expliquer ce qu'elle signifie.

 17   M. le Président (interprétation): Qu'est-ce qu'elle signifie?

 18   M. Kovacic (interprétation): Eh bien, le premier titre c'est "polozaj", à

 19   savoir "position". Puis, l'on voit "Djelovi Viteska Brigade"; on donne la

 20   date du 16 avril 1993 à 5 heures 30. Puis, on a entre crochets, en rouge,

 21   "ZZP": c'est une abréviation pour dire que c'est un ordre où "ZZP", c'est

 22   la zone opérationnelle ou district militaire, "SB" de Bosnie centrale, "16

 23   avril 1993, à 1.30".

 24   M. le Président (interprétation): Et c'est la pièce D62, n'est-ce pas?

 25   M. Kovacic (interprétation): Oui. Au sommet, vous avez aussi cette cote,


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  1   la D60/2. Nous avons l'heure, la date, 16 avril en l'occurrence, aux

  2   toutes premières heures du matin.

  3   M. le Président (interprétation): Ceci nous donne une explication de la

  4   carte, mais qu'est-ce que "VBR" signifie?

  5   M. Sajevic (interprétation): "VBR", je n'ai pas eu suffisamment de place

  6   pour marquer la Brigade de Vitez; par conséquent, c'est le poste de

  7   commandement.

  8   M. le Président (interprétation): Poste de commandement, je vois. Merci.

  9   Que signifient les lettres "STO Vitez"?

 10   M. Sajevic (interprétation): D'après les signes topographiques, cela veut

 11   dire le "poste de commandement du quartier général de la TO de Vitez". Il

 12   se trouvait à Mahala. C'était un quartier général musulman bosnien.

 13   C'était dans la partie bosniaque de Vitez.

 14   M. le Président (interprétation): Merci. Maintenant, nous avons "ZP

 15   Vitez". Qu'est-ce que cela signifie, Monsieur?

 16   M. Sajevic (interprétation): C'est le poste de commandement de la zone

 17   opérationnelle de Vitez.

 18   M. le Président (interprétation): Et nous avons des lignes en vert.

 19   Qu'est-ce qu'elles représentent, Monsieur le Témoin?

 20   M. Sajevic (interprétation): Les lignes en vert sur cette carte

 21   représentent une ligne imaginaire qui sépare le territoire qui a été

 22   contrôlé d'un côté par le HVO et, de l'autre côté, par l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine. Par conséquent, si je peux parler de la ligne qui se trouve

 24   en haut, tout au nord, elle était contrôlée par l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine: les villages, les axes de communication, etc. au nord de


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  1   cette ligne. Ceci est vrai également pour le reste.

  2   M. le Président (interprétation): Merci, nous avons compris. Et la ligne

  3   bleue, que représente-t-elle?

  4   M. Sajevic (interprétation): La ligne bleue représente des positions, des

  5   parties de la Brigade de Vitez, le 16 avril à 5 heures 30, au moment où

  6   l'on avait délivré l'ordre d'alerte, à savoir que des forces soient prêtes

  7   pour opérer si besoin était.

  8   M. le Président (interprétation): Et afin que nous ayons une idée complète

  9   de la situation, nous voyons qu'il y a "1325". Est-ce que ceci fait

 10   référence à une brigade musulmane?

 11   M. Sajevic (interprétation): Oui. Il s'agit du poste de commandement de la

 12   325e Brigade alpine de Bosnie-Herzégovine.

 13   M. le Président (interprétation): Et nous avons un cercle en bleu en-

 14   dessous de ce chiffre?

 15   M. Sajevic (interprétation): Ce cercle bleu signifie nos effectifs qui se

 16   trouvaient au motel Plavac à Kruscica, entre quinze et vingt hommes à

 17   cette époque-là.

 18   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

 19   M. Kovacic (interprétation): Remarquons aussi qu'il y a un triangle, un

 20   petit drapeau au nord, le numéro 2. Pourriez-vous, s'il vous plaît, dire

 21   ce qu'est ce triangle?

 22   M. Sajevic (interprétation): C'est le poste de commandement du bataillon à

 23   Preocica. C'était le 2e Bataillon de la 325e Brigade, ce qui se voit:

 24   2/325e. Par conséquent, dans l'armée normalement on dit "2e Bataillon de

 25   la 325e Brigade".


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  1   Question:   De l'armée de Bosnie?

  2   Réponse:    Oui.

  3   Question:   Et au sud, c'est le 1er Bataillon?

  4   Réponse:    Oui, le 1er Bataillon à Kruscica.

  5   Question:   Pour être tout à fait précis -je ne sais pas si tout a été

  6   clair-, cette ligne bleue, au sud, en effet veut dire...

  7   M. le Président (interprétation): Le témoin nous l'a déjà dit.

  8   M. Kovacic (interprétation): D'accord. S'il n'y a plus de question à poser

  9   à propos de cette carte, nous pouvons l'enlever du rétroprojecteur.

 10   (L'huissier s'exécute.)

 11   M. le Président (interprétation): Oui, nous pouvons déplacer la carte.

 12   M. Kovacic (interprétation): Qu'est-ce qui s'est passé le matin? Est-ce

 13   que véritablement une attaque a commencé ou non?

 14   M. Sajevic (interprétation): Comme je l'ai dit, je me suis rendu au

 15   quartier général un peu plus tôt, j'ai parcouru le registre opérationnel

 16   car, jusqu'à maintenant, il n'y avait pas un journal de guerre.

 17   Normalement, il faut tenir un journal de guerre, mais nous ne l'avons pas

 18   tenu. Je ne sais pas pour quelle raison d'ailleurs, mais il n'y avait pas

 19   d'opérations intenses et les effectifs n'opéraient pas régulièrement,

 20   quotidiennement. C'est la raison pour laquelle on n'a pas tenu le journal

 21   de guerre et on n'a pas fait de rapports quotidiens.

 22   Mais le matin, ce matin là, on a entendu, je ne sais pas quelle heure il

 23   était, à peu près c'était vers 6 heures du matin, on a entendu des

 24   échanges de tirs. Au premier moment, ce n'était pas tellement étrange car,

 25   normalement à Vitez, dans la ville, dans les environs, ce n'était pas


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  1   quelque chose de vraiment inhabituel, car, si les gens buvaient un peu

  2   plus, souvent on tirait en l'air. C'est la raison pour laquelle on ne s'en

  3   est pas préoccupé parce que ce n'était pas une intensité véritablement

  4   importante et on n'attendait pas d'opération de grande envergure. C'est au

  5   moment où les obus ont commencé à tomber sur Vitez que nous avons compris

  6   qu'il s'agissait de quelque chose de beaucoup plus sérieux. Mais moi, je

  7   tiens à souligner que même à ce moment-là, comme j'étais malade et que

  8   j'avais de la fièvre, je ne me rendais pas véritablement compte.

  9   Monsieur Cerkez est arrivé au poste de commandement, car lui n'y était pas

 10   au moment où moi j'y étais. Une demi-heure plus tard, une heure plus tard,

 11   il m'a demandé une fois de plus de retourner chez moi. C'est le 16, au

 12   matin, que je suis allé voir le médecin en urgence. On m'avait donné des

 13   piqûres, des médicaments et tout cela. J'ai suivi un traitement.

 14   Question: Entendu. Par conséquent, pendant une demi-heure, une heure, une

 15   heure et demie -je ne sais pas exactement-, vous avez passé au

 16   commandement tout ce temps-là: est-ce que vous avez reçu des informations

 17   fiables sur ce qui se passait au niveau de la municipalité?

 18   Réponse:    Non, on n'avait aucune information fiable, on ne savait

 19   absolument pas à ce moment-là ce qui se passait. Moi, personnellement, je

 20   n'étais pas au courant. Je supposais, ainsi que toute autre personne qui

 21   était avec moi, qu'il y avait éventuellement quelques opérations à Kuber.

 22   Un jour auparavant, il y avait eu cette information que nous avions reçue

 23   selon laquelle on tirait à Kuber, mais je n'étais pas présent au moment où

 24   on nous a dit que nous avions des hommes, nos hommes, qui avaient été tués

 25   à Kuber. Après, on a appris que deux personnes avaient été tuées sur cette


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  1   ligne de front.

  2   Question: Mais au moment où Cerkez est arrivé, est-ce que lui-même vous a

  3   transmis quelques informations? Est-ce qu'il vous a apporté des

  4   informations?

  5   Réponse: Non, à ma connaissance, il n'a apporté aucune autre information.

  6   Il nous a dit, si je ne m'abuse, qu'il avait pris la décision de venir un

  7   peu plus tôt au travail parce qu'il avait entendu les tirs. Car il y avait

  8   ces parties de la brigade de Vitez qui étaient cantonnées à un endroit, et

  9   il n'y avait pas véritablement de percée qui s'était produite à cette

 10   époque-là. Mais de toute façon, je vous dis que là, c'était en provenance

 11   de Kruscica, mais on n'a rien dit d'autre; il n'y avait pas d'ordre.

 12   Question:   Mais est-ce que, d'après vous, vous avez eu l'idée

 13   qu'éventuellement, lui également ne pensait pas que quelque chose

 14   d'important allait se passer?

 15   Réponse:    Oui, effectivement. C'était ce que j'ai eu comme idée.

 16   Question:   Est-ce que vous pouvez m'aider, s'il vous plaît, Monsieur

 17   l'huissier, pour distribuer le document? Il s'agit des copies du registre

 18   qui a été tenu au dispensaire.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   Il y a donc les deux pages. Est-ce que vous pouvez voir, s'il vous plaît,

 21   la dernière page, Monsieur le Témoin, quand vous l'aurez?

 22   M. le Président (interprétation): De nouveau, ce document n'est pas

 23   traduit.

 24   M. Kovacic (interprétation): Je vais vous expliquer ce qu'est ce document.

 25   Je voulais seulement obtenir une confirmation de ce témoin. Nous disposons


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  1   de ce document depuis longtemps. Ceci vient de mes enquêteurs qui ont fait

  2   une copie de ce livre. Nous nous sommes dit que ceci pourrait s'avérer

  3   être une information importante le moment voulu.

  4   Ce témoin, une fois arrivé à La Haye, nous a dit qu'il avait été malade.

  5   Nous avons vérifié ce protocole ici, et nous avons trouvé le nom du témoin

  6   dans une page consacrée au 16 avril 1993. Nous pouvons simplement demander

  7   à ce témoin ce qu'il a reçu comme médicaments puisqu'il s'agit d'une

  8   simple confirmation et que c'est un document international.

  9   M. le Président (interprétation): Avez-vous l'original de ce document?

 10   M. Kovacic (interprétation): Je l'ai vu moi-même il y a 18 mois, de mes

 11   propres yeux, au centre de santé de Vitez, mais je ne l'ai pas ici à La

 12   Haye. J'essaie de vous expliquer que nous avons véritablement effectué la

 13   photocopie de ce document à l'époque parce que nous essayions de trouver

 14   des personnes susceptibles d'établir tel ou tel élément. C'est simplement

 15   au moment de l'arrivée de ce témoin que nous avons vérifié ce registre

 16   pour voir si l'on y trouvait le nom de ce témoin ou pas.

 17   Je vais peut-être demander au témoin le type de médicaments qu'on lui a

 18   prescrits. Vous verrez ainsi le lien.

 19   M. Nice (interprétation): Je ne vais pas être trop technique, mais je

 20   pourrais soulever toute une série d'objections. Je ne veux pas importuner

 21   la Chambre pour le moment avec ceci.

 22   M. Kovacic (interprétation): Si ceci vous semble être un élément de preuve

 23   important, je pourrai dans quelques semaines vous apporter le registre de

 24   Vitez.

 25   M. le Président (interprétation): Mais je vous demande de ne pas verser au


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  1   dossier des pièces qui ne sont pas traduites. Nous venons d'en recevoir

  2   deux d'affilée. Vous connaissez le Règlement, Maître Kovacic!

  3   Oui, nous pouvons lire qu'il s'agit ici de pénicilline. Est-ce exact,

  4   Commandant, que vous avez reçu de la pénicilline?

  5   M. Sajevic (interprétation): C'est exact.

  6   M. le Président (interprétation): Merci. Je ne pense pas qu'il faille

  7   verser ce document au dossier pour le moment; il n'a pas beaucoup

  8   d'intérêt.

  9   M. Kovacic (interprétation): C'est simplement à titre d'information. Je ne

 10   pensais pas que ceci pourrait constituer une pièce. Mais si vous voulez,

 11   nous pourrons apporter l'original du registre de Vitez ou tout du moins

 12   une copie certifiée conforme, car je ne sais pas s'ils voudront bien nous

 13   donner ce registre.

 14   M. le Président (interprétation): Poursuivons, poursuivons!

 15   M. Kovacic (interprétation): Commandant Sajevic, pourriez-vous nous dire

 16   maintenant à quel moment vous êtes retourné au commandement, au siège du

 17   commandement?

 18   M. Sajevic (interprétation): Je suis retourné au siège du commandement le

 19   17, je pense. J'y ai passé peu de temps. Puis, une fois de plus, j'ai subi

 20   ce traitement de piqûres, enfin des médicaments. Et je pense que, le 18

 21   avril, j'ai pratiquement passé tout le temps au siège du commandement.

 22   Question:   Entendu. Au moment où vous êtes venu, quelle était l'activité

 23   principale au commandement? Qu'est-ce que vous y avez trouvé?

 24   Réponse:    Je ne sais pas quoi vous dire. Moi, au commandement, j'ai

 25   trouvé, si je peux m'exprimer ainsi, le chaos, une situation chaotique.


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  1   J'ai remarqué qu'on emmenait les hommes de Vitez, des Bosniens que je

  2   connaissais, des hommes en âge de combattre. Comme Vitez a été pilonnée,

  3   je pense que le commandement, qui normalement avait des locaux au premier

  4   étage, est descendu dans des locaux au rez-de-chaussée.

  5   Question: Monsieur Sajevic, je n'ai peut-être pas été tout à fait précis.

  6   Je ne vous parle pas du bâtiment, mais de ce qui concerne les activités du

  7   commandement: quelles étaient ses activités, sur quoi ils se sont

  8   concentrés? Quelle était l'activité principale du commandement?

  9   Réponse:    Mais l'activité principale du commandement consistait dans le

 10   fait de compléter la brigade de Vitez. On a commencé à demander les

 11   hommes, car les opérations de combat ont commencé dans des secteurs de la

 12   municipalité et il a été indispensable de compléter les effectifs,

 13   d'assurer le nombre d'hommes pour ces opérations, pour ces activités.

 14   Ensuite, à cette époque-là, on avait également une équipe à Slatka Voda.

 15   Je pense qu'à ce moment-là, il y avait également quelque problème parce

 16   que les gens ne pouvaient pas retourner de cette position, Slatka Voda.

 17   Ils devaient traverser un certain nombre de villages musulmans du côté de

 18   Novi Travnik et ils ont été lapidés, on les a empêchés de passer. C'est la

 19   raison pour laquelle on craignait également de les retirer ou d'en envoyer

 20   d'autres.

 21   Question:   Entendu. A ce moment-là, le 18 ou, je ne sais pas, deux jours

 22   après le déclenchement du conflit, la mobilisation a été proclamée ou non?

 23   Réponse: Je pense qu'effectivement, la mobilisation a été proclamée mais

 24   ce n'était pas par des moyens classiques, par les mass media. Etant donné

 25   qu'il n'y avait plus d'électricité, ce n'était pas facile de l'organiser


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  1   en envoyant, de manière classique, les appels aux conscrits. Je pense que,

  2   même au Bureau de la Défense, on n'avait pas de listes complètes, les

  3   messagers ne fonctionnaient pas comme il fallait. Mais on avait tout

  4   simplement envoyé des appels à un certain nombre de personnes dans

  5   quelques secteurs de la municipalité, notamment à ceux qui étaient chargés

  6   des équipes, de la composition des équipes, à tous ceux qui déjà avaient

  7   participé auparavant à un certain nombre d'opérations. Je pense que ce

  8   sont eux qui ont été appelés tout au début. Il n'y avait pas véritablement

  9   un système organisé de mobilisation. Ce n'était même pas possible à cette

 10   époque-là.

 11   Question:   Mais il y avait une mobilisation, une mobilisation qui a

 12   commencé?

 13   Réponse:    Oui, effectivement, on a recouru à tous les moyens possibles

 14   pour mobiliser les gens.

 15   Question:   Entendu. Monsieur Sajevic, excusez-moi, je ne veux pas

 16   compliquer la question. Est-ce que les conscrits qui habitaient la ville

 17   ont été mobilisés? Est-ce qu'ils répondaient aux appels?

 18   Réponse:    Très peu.

 19   Question: Mais il y en avait quand même un certain nombre qui ont répondu

 20   à l'appel?

 21   Réponse:    Oui, mais pas comme on le souhaitait, comme nous nous y

 22   attendions.

 23   Question: Mais est-ce que vous avez une évaluation, est-ce que vous savez

 24   à peu près combien d'hommes ont été mobilisés? Je sais que vous ne pouvez

 25   pas nous donner un chiffre exact, mais approximativement.


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  1   Réponse:    Je pense 30% des effectifs mobilisables.

  2   Question:   Et les 30% ont été envoyés vers quelles positions?

  3   Réponse:    On les a versés sur les lignes de front qui étaient en train

  4   d'être créées, quelque peu du côté de Kuber, Krtine, Mahala, Bobasi, à peu

  5   près.

  6   Question:   Est-ce que les positions autour de Vranska ont été renforcées?

  7   Je parle de Crveno Brdce, notamment.

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question: Est-ce que les positions du côté de Kruscica ont été renforcées?

 10   Réponse:    Oui, normalement.

 11   Question:   Pourriez-vous nous dire maintenant, en ce qui concerne les

 12   conscrits qui habitaient dans les villages, ont-ils répondu à l'appel et

 13   comment le faisaient-ils?

 14   Réponse:    A cette époque-là, si je peux dire, l'ensemble de la

 15   municipalité, ou tout au moins la partie qui était contrôlée par le HVO,

 16   connaissait quelque peu une situation de chaos. On ne pouvait pas

 17   s'attendre véritablement à ce que les membres de la Brigade de Vitez qui

 18   étaient chez eux... Parce que nous n'avions jamais les 300 personnes dont

 19   il a été question à un seul endroit, on ne pouvait pas les garder à un

 20   seul endroit. Par conséquent, une fois ils étaient sur la ligne, ils

 21   retournaient, ils étaient chez eux. Par conséquent, on ne pouvait pas

 22   s'attendre à ce que ces gens-là quittent leur famille, laissent leur

 23   travail, leurs parents, les enfants, les femmes et viennent répondre à

 24   l'appel alors qu'on tirait autour de leurs maisons.

 25   A ce moment-là, je pense que c'est gens-là étaient parfaitement conscients


Page 23274

  1   qu'il y avait quelque chose de grave qui commençait. C'est la raison pour

  2   laquelle ils sont restés dans leur village, pour défendre leur village,

  3   leur hameau, leur maison. Quand on parle donc de ce signal de mobilisation

  4   qui a été lancé, on peut dire que les gens ont répondu vraiment à un

  5   pourcentage qui était très restreint. Disons que ce n'était vraiment pas

  6   comme on s'attendait qu'ils répondraient. Ils sont restés d'abord à côté

  7   de leur maison, pour défendre leur propre maison.

  8   Question: Est-il vrai qu'en ce qui concerne les gens de la ville, ils ont

  9   répondu plus facilement que ceux qui étaient dans les villages?

 10   Réponse: Mais c'est très difficile, si vous voulez, d'évaluer quoi que ce

 11   soit maintenant et avec précision.

 12   Question:   Entendu. Mais je pense qu'il y a une autre question qui

 13   s'impose: est-ce qu'à ce moment-là, dans ces premiers jours de la guerre

 14   -bien évidemment, on ne peut pas faire la distinction très nette-, mais

 15   est-ce que les officiers de la brigade de Vitez pouvaient, par exemple,

 16   envoyer un soldat du village "A" sur la position qui se trouvait dans le

 17   village "B"?

 18   Réponse:    Très difficilement. Je l'ai déjà expliqué, il y avait des

 19   groupes de jeunes hommes de chaque village qui se rendaient sur les

 20   lignes, par exemple à Vlacic, à Jajce, etc. Au moment où on a commencé

 21   véritablement à tirer, à échanger des tirs, il y a même des personnes

 22   beaucoup plus âgées qui ont commencé à participer aux différentes

 23   opérations, mais il était très difficile également de déplacer les gens

 24   d'un village à l'autre. Ces gens-là restaient pour défendre leur propre

 25   village, leur propre hameau, leur propre maison.


Page 23275

  1   Question: Sous l'angle de l'organisation, qu'est-ce que l'on a fait pour,

  2   enfin, constituer cette armée?

  3   Réponse:    Pour établir finalement cette armée, à mon avis, l'idée de

  4   constituer une brigade classique à Vitez a été abandonnée. Je veux dire

  5   une brigade qui correspondrait aux manuels militaires régissant la

  6   constitution d'unités organiques. En vertu des ordres émis par le

  7   commandant de la zone opérationnelle, une défense par secteur a été

  8   organisée. Ceci signifie qu'il n'y avait pas d'unités au sein de la

  9   brigade, que l'on faisait une défense par secteur. Ceci voulait dire qu'il

 10   fallait établir la défense en fonction de secteurs au sein d'une

 11   municipalité, bien sûr, des parties qui se trouvaient sous notre contrôle.

 12   Il serait alors plus facile d'intégrer tout ceci dans un système de

 13   défense.

 14   Il n'était pas tout à fait possible d'ordonner une telle structure au

 15   moment où on avait un meilleur contrôle.

 16   Question: Et ce dont vous parliez auparavant, à savoir qu'un soldat devait

 17   rester chez lui dans son propre village, est-ce que c'était cela le

 18   principe sous-jacent à cette organisation?

 19   Réponse:    Tout à fait.

 20   Question: Au moment où le conflit a éclaté, est-ce que la brigade donnait

 21   des ordres aux patrouilles ou aux gardes des villages? Mais je vais

 22   d'abord vous poser une question liminaire pour éviter toute objection.

 23   Qu'est-ce qu'étaient les gardes ou patrouilles de village?

 24   Réponse:    Eh bien, comment vous dire? C'étaient des formes assez

 25   arbitraires d'organisation, de personnes qui s'organisaient, qui


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  1   décidaient de s'organiser dans les villages afin de quelque peu contrôler

  2   le passage de personnes étrangères au village qui passaient par ce

  3   village. Parce que, vous savez, quand il y a une guerre, il y a souvent

  4   des voies de fait qui sont commises, des choses qui sont non souhaitables,

  5   ce qui veut dire aussi que les personnes assuraient la garde de leur

  6   maison, de leur village et surtout pendant la nuit. Ils avaient un ou deux

  7   vieux fusils, pas plus. En tout cas, ils assuraient le contrôle du passage

  8   d'étrangers par leur village. C'est à cela que cela revenait. Au cours de

  9   la journée, ces patrouilles ne circulaient pas.

 10   Question: Ne donnez pas trop de détails, répondez par un simple oui ou par

 11   non. Est-ce que, en 1992, ce type de patrouille villageoise existait déjà?

 12   Réponse:    Oui.

 13   Question: En deuxième lieu, est-ce qu'il y avait diversité? J'entends par

 14   là est-ce que l'on essayait de reprendre des membres des deux

 15   appartenances ethniques dans certains villages ou pas? Est-ce que tout

 16   était fonction de la situation telle qu'elle se présentait par village?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question: La troisième raison pour laquelle je vous pose une question est

 19   la suivante: au moment où le conflit a éclaté, est-ce que cette brigade

 20   avait un pouvoir de commandement sur ces gardes ou patrouilles de village

 21   d'une quelconque façon?

 22   Réponse:    Pas du tout.

 23   Question:   Puisque l'on a décidé de passer à l'organisation de secteur,

 24   est-ce que la brigade pouvait de façon indirecte abolir ces patrouilles

 25   villageoises ou les coopter?


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  1   Réponse:    Pas directement parce que les gens ont compris que ce n'était

  2   plus un jeu, qu'une vraie guerre avait commencé. A ce moment-là, les gens

  3   ont commencé à mieux écouter ce qu'on leur disait. J'espère que vous me

  4   comprenez.

  5   Question: Est-il vrai de dire qu'une fois que le conflit s'est déclenché,

  6   pour parler très concrètement, depuis que ce système par secteur a

  7   commencé à fonctionner, les patrouilles villageoises n'existaient plus?

  8   Réponse:    Il est vrai que ces patrouilles villageoises n'existaient plus

  9   étant donné que les lignes de front avaient été établies. C'est la raison

 10   pour laquelle il n'était pas indispensable de maintenir les patrouilles

 11   villageoises à l'intérieur des villages, étant donné qu'à ce moment-là

 12   nous avons été encerclés. C'est au sein de ce cercle que nous avons

 13   organisé la défense. Il n'était pas indispensable que ces patrouilles

 14   villageoises se maintiennent. Tout le monde a été pratiquement engagé dans

 15   la défense.

 16   Question:   En ce qui concerne la majorité des hommes du village, ils ont

 17   été mobilisés, n'est-ce pas?

 18   Réponse:    Oui, mais pas de manière classique. Les gens venaient

 19   spontanément ensemble, avec leurs voisins, se joindre à ceux qui opéraient

 20   déjà. Ils ont été pratiquement mobilisés, ils se trouvaient sur les lignes

 21   de front, ça c'est un fait.

 22   Question:   Entendu. Maintenant, je vais vous montrer une carte que le

 23   témoin a dessinée et où vous allez pouvoir voir les secteurs de la défense

 24   et la manière dont la défense a été organisée par secteur.

 25   Monsieur le Président, demain nous aurons certainement la traduction de


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  1   ces quelques remarques qui sont portées sur la carte. Le témoin a fait

  2   cela depuis qu'il est arrivé à La Haye uniquement.

  3   Nous allons, à présent, soumettre un autre document.

  4   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce D86/2. La pièce

  5   suivante portera la cote D87/2.

  6   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Témoin Sajevic, un instant s'il

  7   vous plaît. Je vous prie d'examiner ce document. J'aimerais savoir si vous

  8   avez déjà eu l'occasion de le voir?

  9   M. Sajevic (interprétation): Oui, je l'ai vu.

 10   Question:   J'attire l'attention sur deux points dans ce document avant de

 11   passer à la carte. Premièrement, peut-on douter du fait que la brigade a

 12   envoyé ce document au commandement supérieur? Ce document est signé par le

 13   commandant de la brigade?

 14   Réponse:    Il ne fait aucun doute que ce document a été envoyé au

 15   commandement supérieur.

 16   Question:   Ce document porte la date du 24 avril 1993?

 17   Réponse:    Exact.

 18   Question:   La première phrase du texte ...

 19   Réponse:    Oui?

 20   Question:   Que peut-on déduire de cette phrase?

 21   M. Nice (interprétation): Puis-je interrompre? Excusez-moi de vous

 22   interrompre, Maître Kovacic. Nous ne savons pas dans quelles circonstances

 23   le témoin aura vu ce document auparavant. Ce document ne lui est pas

 24   adressé et je ne pense pas qu'il en soit l'auteur d'une quelconque façon.

 25   Alors, ce à quoi nous parvenons de cette façon, c'est d'avoir en fait la


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  1   teneur de ce rapport qui vous est soumis. Je ne m'y oppose pas, mais il

  2   faudrait que ceci soit motivé, fondé.

  3   M. le Président (interprétation): Vous voulez dire que l'auteur, ce serait

  4   M. Cerkez, ce serait par lui qu'il faudrait présenter ce document?

  5   M. Nice (interprétation): Oui, je ne veux pas tomber dans la technicité,

  6   mais je crois qu'il faudrait étayer le fondement de tout ceci avant qu'on

  7   ne demande à la Chambre d'envisager le versement de cette pièce au

  8   dossier.

  9   M. le Président (interprétation): Oui. Vous pourriez demander au témoin ou

 10   établir avec celui-ci s'il a un rapport quelconque avec ce document ou

 11   pas.

 12   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Témoin Sajevic, avez-vous

 13   participé à la rédaction de ce document? C'est ma première question.

 14   M. Sajevic (interprétation): Oui.

 15   Question: Est-ce que cela signifie que vous avez eu l'occasion de voir ce

 16   document quand il a été produit?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Etes-vous sûr que ce document a été signé par Cerkez?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Etes-vous sûr qu'il a été envoyé à la zone opérationnelle?

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question: Puis-je ajouter, Monsieur le Président, que la défense a reçu un

 23   exemplaire de ce document de l'affaire Blaskic. C'était le seul exemplaire

 24   que nous avons pu nous procurer puisque d'autres moyens ne nous étaient

 25   pas accessibles, notamment les archives.


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  1   M. le Président (interprétation): Veuillez poursuivre.

  2   M. Kovacic (interprétation): Pouvez-vous nous expliquer la première phrase

  3   de ce texte, s'il vous plaît?

  4   M. Sajevic (interprétation): La première phrase de ce texte est une phrase

  5   que nous avons rédigée parce que, le même jour, nous avons reçu de la part

  6   de la zone opérationnelle un acte nous engageant à accélérer la

  7   répartition par secteurs de la défense. Suite à leur demande en date de...

  8   En fait, je ne me rappelle pas la date. Nous avons fait ce qui a été

  9   demandé mais visiblement, ils n'ont pas reçu notre réponse.

 10   Si vous me permettez, j'expliquerai quelques détails à présent. Nous avons

 11   le même jour rédigé ce document et nous l'avons envoyé.

 12   Question:   Bien. Et que peut-on déduire de la deuxième phrase, s'il vous

 13   plaît?

 14   Réponse:    C'est justement cela qui ressort de la deuxième phrase, que ce

 15   n'est que le 21 avril 1993 que nous avons reçu l'ordre de la part du

 16   commandant de la zone opérationnelle nous demandant d'organiser les

 17   secteurs de la défense. Donc uniquement à cette date-là, le 21 avril.

 18   Question:   Bien. Et pour autant que vous vous en souveniez, c'est donc

 19   uniquement le 21 avril que vous adoptez cette organisation par secteurs?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   Cette organisation par secteurs, quels étaient les délais dans

 22   lesquels vous étiez en mesure de l'appliquer? Etait-ce une question

 23   d'heures, de jours, de semaines? Cette période transitoire a pris combien

 24   de temps?

 25   Réponse:    Eh bien, je dois vous dire qu'au sein du commandement, la


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  1   planification n'a pas pris longtemps, c'était plutôt très bref. Mais quant

  2   à la mise sur pied de cela, on peut parler de jours; cela a pris quinze à

  3   vingt jours. Je dois vous dire que, même jusqu'à la fin de la guerre, nous

  4   avons connu des problèmes s'agissant de cette organisation par secteurs.

  5   Mais c'est en quinze, vingt jours, voire un mois éventuellement, que nous

  6   avons mis cela sur pied.

  7   Question: Très bien. Alors je vous demanderai d'utiliser le pointeur et, à

  8   l'appui de ce document qui continue en décrivant les secteurs de la

  9   défense, je vous demande de nous montrer sur cette carte où se situent les

 10   différents secteurs? Pouvez-vous nous expliquer la légende également: la

 11   ligne bleue, que signifie-t-elle?

 12   Réponse: Les lignes bleues, ce sont les positions de nos unités, pour les

 13   appeler ainsi. Là où vous voyez indiqué le premier secteur, il y a deux

 14   lignes bleues interrompues. Elles sont interrompues à cet endroit parce

 15   que c'est l'endroit où se situent les forces des Nations Unies. Nous ne

 16   pouvions donc pas avoir de position à cet endroit et, plus tard, il n'y a

 17   pas eu de conflit à cet endroit non plus.

 18   Passons maintenant au deuxième secteur. Vous voyez comment il s'étend. Et

 19   puis au troisième secteur.

 20   Concrètement, sur le terrain, vous pouvez voir dans ce rapport quelle

 21   était l'étendue des secteurs, et ici vous voyez aussi le quatrième et le

 22   cinquième secteurs; chacun de ces secteurs était divisé aussi en parties

 23   moins importantes, enfin en petits segments.

 24   Question:   La ligne verte, que montre-t-elle?

 25   Réponse:    La ligne verte indique les positions de l'armée de Bosnie-


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  1   Herzégovine.

  2   Question:   Par rapport à la carte précédente, j'observe que nous n'avons

  3   plus de petit cercle bleu dans la partie sud de Kruscica?

  4   Réponse:    Non.

  5   Question:   C'était votre groupe situé à Kruscica?

  6   Réponse:    Oui.

  7   Question:   Et il est où à présent?

  8   Réponse:    Il s'est replié puisque ce groupe a été attaqué à cet endroit.

  9   Je pense que ce bâtiment a été détruit et ils se sont repliés par les

 10   bois. Je pense qu'ils avaient même des civils avec eux, des civils

 11   croates. En tout cas, je ne sais pas par où ils sont passés, mais ils sont

 12   arrivés à Vitez.

 13   Question: Monsieur, à partir du moment où nous avons cette répartition des

 14   secteurs, pendant les deux premiers jours du conflit, l'armée de Bosnie-

 15   Herzégovine a-t-elle attaqué Poculica?

 16   Réponse:    Pour autant que je le sache, l'armée de Bosnie-Herzégovine a

 17   attaqué Poculica dès le 16 avril au matin.

 18   Question:   Et Grvavica?

 19   Réponse:    Grvavica, je ne sais pas exactement quand. Je ne sais pas si

 20   c'est exactement le 16, mais je sais que si ce n'est pas le 16, c'est le

 21   17.

 22   Question:   L'armée a-t-elle attaquée Sivrino Selo plutôt, le hameau

 23   Krcevine le premier jour de l'attaque?

 24   Réponse:    Krcevine?

 25   Question:   C'est la partie inférieure de Sivrino Selo.


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  1   Réponse:    Vous voulez parler de Pirici?

  2   Question:   On voit Pirici, Vidovici, il me semble qu'il y a eu une

  3   inversion de localités.

  4   Réponse:    Oui, c'est une erreur dans la production de la carte.

  5   Question: A côté de Sivrino Selo, en bas à droite, à côté de Sivrino Selo,

  6   on voit Pirici. Cela ce sont des Vidovici? Et c'est l'endroit qui a été

  7   attaqué le 16 avril?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Stari Vitez a été bouclé entièrement le jour en question et a

 10   été placé sous le ce contrôle de la Défense territoriale?

 11   Réponse:    Oui.

 12   Question:   Nous n'allons pas rentrer dans les détails à présent. La seule

 13   chose que je vous demande de dire à la Chambre, c'est d'interpréter la

 14   légende de la carte. C'est vous-même qui l'avez rédigée. On voit que ce

 15   sont les secteurs de la défense des différentes portions de la Brigade de

 16   Vitez.

 17   Réponse:    C'est exact.

 18   Question:   Et vous avez dessiné ce qui ressort du document D87/2.

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Je vous remercie.

 21   Monsieur le Président, est-ce qu'on enlève la carte du rétroprojecteur?

 22   M. le Président (interprétation): Oui, et demain veillez à ce que toutes

 23   ces légendes soient traduites.

 24   M. Kovacic (interprétation): Nous y veillerons, Monsieur le Président.

 25   Monsieur Sajevic, pendant les premiers jours du conflit on a dit, entre


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  1   autres, que certains événements s'étaient produits au sujet de Gacice. Je

  2   souhaite verser une carte, un plan à présent pour que le témoin puisse

  3   nous présenter des choses qui ont déjà été mentionnées.

  4   C'est l'accusation qui nous a fourni cette carte au tout début du procès,

  5   mais elle n'a jamais été versée. Elle nous a été communiquée pour que nous

  6   puissions nous en servir à des fins de présentation.

  7   (Le document est remis au témoin.)

  8   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce de la défense D88/2.

  9   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le témoin Sajevic, s'il vous plaît,

 10   montrez sur la carte la ville même de Vitez, tout d'abord. La ville même.

 11   Pouvez-vous encercler?

 12   (Le témoin s'exécute.)

 13   Par la suite, l'ensemble de l'usine SPS. Savez-vous quelle est la

 14   superficie en hectares? On dirait que l'usine occupe un territoire plus

 15   large que la ville elle-même.

 16   M. Sajevic (interprétation): Oui, j'ai eu l'occasion de voir cela mais je

 17   n'arrive pas à me rappeler.

 18   Question:   Donc on pourrait dire que c'est à peu près la même superficie?

 19   Réponse:    Je sais que le SPS couvre une superficie très importante.

 20   Question: A l'aide du pointeur, pouvez-vous nous montrer les frontières du

 21   territoire occupé par le SPS? On voit des entrepôts, au nord également.

 22   Oui, justement la partie que vous venez de montrer, à gauche de votre

 23   pointeur. Ah bon, ce sont cela les frontières? Merci. Bien.

 24   Monsieur le Témoin, s'il vous plaît, quels sont les villages qui se

 25   situent sur les côtés qui avoisinent le SPS?


Page 23285

  1   Réponse:    C'est Donja Vecerska et Gacice.

  2   Question: D'un point de vue purement militaire, est-il possible de garder

  3   le SPS sous le contrôle si on ne contrôle pas Donja Vecerska?

  4   Réponse: Je pense que non, ce n'est pas possible parce que Donja Vecerska

  5   et Gacice occupent des côtes, se trouvent en hauteur par rapport à la

  6   dépression où est situé le SPS.

  7   Question:   La même chose vaut pour Gacice?

  8   Réponse:    Oui, c'est à 100% vrai.

  9   Question: Donc les deux village non seulement bordent ce territoire mais,

 10   en plus, dominent le terrain qu'occupe le SPS.

 11   Réponse:    C'est exact.

 12   Question:   Monsieur le Président, ce serait peut-être un moment opportun

 13   pour faire une pause?

 14   M. le Président (interprétation): Oui, je pense que oui.

 15   Nous allons suspendre l'audience. Notre suspension sera un peu plus longue

 16   que d'habitude. Nous allons reprendre à 15 heures et nous travaillerons

 17   jusqu'a 16 heures 30. J'espère que vous en aurez ainsi terminé de l'examen

 18   principal de ce témoin, Monsieur Kovacic?

 19   M. Kovacic (interprétation): Sincèrement, j'espère avoir terminé dans le

 20   cadre de la période que vous nous avez impartie.

 21   (L'audience, suspendue à 12 heures 55, est reprise à 15 heures 05.)

 22   M. le Président (interprétation): Maître Kovacic, vous avez la parole.

 23   M. Kovacic (interprétation): Commandant Sajevic, nous avons montré la

 24   position de Gacice, de Donja Veceriska vis-à-vis du SPS. Je pense…

 25   Excusez-moi, je vais peut-être me  répéter, mais je voudrais quand même


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  1   préciser, sur le plan élévation, que les deux villages sont au-dessus de

  2   l'usine SPS, n'est-ce pas?

  3   M. Sajevic (interprétation): Oui.

  4   Question:   Par rapport à la ville de Vitez, ils ne sont pas facilement

  5   accessibles sur le plan des opérations militaires, notamment quand il

  6   s'agit de l'armée qui, de Vitez essaie de rejoindre Grcica?

  7   Réponse:    Dans tous les cas, étant donné que c'est un village qui se

  8   trouve en hauteur, qui se trouve dans une position beaucoup moins bonne

  9   que, par exemple, ceux qui venaient de Gacice?

 10   Question:   Au début du conflit, y avait-il des forces armées à Gacice?

 11   Réponse:    Gacice était habitée en gros par les Bosniens. Par conséquent,

 12   on aurait pu s'attendre à ce que les membres de l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine habitent éventuellement ce village, qu'il y ait éventuellement

 14   quelque unité de logistique.

 15   Question:   C'était votre évaluation?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Est-ce qu'il a été démontré qu'effectivement, il y avait une

 18   unité?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Le lendemain matin, le HVO a pris Gacice, n'est-ce pas?

 21   Réponse: Non. Moi, je ne dirais pas que c'était le HVO. Gacice était une

 22   position intéressante vu la proximité de l'usine Princip, mais la brigade

 23   de Vitez n'avait pas suffisamment d'hommes pour pouvoir prendre tous les

 24   points dans le secteur et sur le territoire qui était intéressant à cette

 25   époque-là. C'est la raison pour laquelle... Je vous en prie, posez la


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  1   question.

  2   Question: Est-ce que, par conséquent, vous êtes sûr que la brigade n'a pas

  3   pris Gacice?

  4   Réponse:    La brigade de Vitez n'a pas participé à la prise de Gacice.

  5   Question: Mais est-ce que vous savez quelle est l'unité qui s'est emparée

  6   de Gacice?

  7   Réponse: C'étaient les membres des unités spéciales Vitezovi qui ont pris

  8   Gacice.

  9   Question:   Mais cette unité n'a pas été placée sous le commandement de

 10   Mario Cerkez et de la brigade de Vitez?

 11   Réponse:    Aucunement.

 12   Question:   Est-ce que c'était l'unité spéciale PPN?

 13   Réponse: Mais je viens de le dire: c'est une unité spéciale, c'est comme

 14   ça qu'on l'appelait: PPN.

 15   Question:   Je vais vous montrer un document et vous demander de bien

 16   vouloir le parcourir et de nous dire si ceci correspond à vos

 17   connaissances.

 18   (Le document est remis au témoin.)

 19   Le document, en effet, est un rapport, un rapport de l'unité PPN/Vitezovi.

 20   Je vais vous demander de bien vouloir jeter un coup d'œil sur la première

 21   page, de voir le déroulement des événements, des villages, de nous donner

 22   un commentaire sur le contenu, de nous dire également si ce qui correspond

 23   aux villages qui sont mentionnés, aux heures également qui sont

 24   mentionnées sur cette première page et à ce que vous avait retenu, à ce

 25   dont vous vous souvenez.


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  1   M. Nice (interprétation): Même question à propos de ce rapport que ce que

  2   j'ai soulevé comme objection s'agissant de documents précédents: il faut

  3   poser la base, présenter ce qui est le fondement de ce document avant de

  4   demander le versement à la Chambre de ce document.

  5   M. le Président (interprétation): D'où vient ce document? Qu'est-ce que

  6   c'est?

  7   M. Kovacic (interprétation): Ceci vient du travail d'enquête que j'ai fait

  8   en 1998. Permettez-moi de préciser ceci, Monsieur le Président: il y avait

  9   de nombreux documents, surtout ces dernières  semaines, qui ont été

 10   introduits par la partie adverse, de documents que nous non plus nous

 11   n'avions jamais vus.

 12   M. le Président (interprétation): Cela n'a rien à voir. Nous parlons

 13   maintenant de votre document. Demandez au témoin s'il est possible

 14   d'étayer la base qui est à l'origine de ce document.

 15   M. Kovacic (interprétation): Est-ce qu'en 1993, l'unité spéciale Vitezovi

 16   a opéré dans le secteur de Vitez?

 17   M. Sajevic (interprétation): Oui.

 18   Question:   Par conséquent, vous êtes au courant de l'existence des PPN

 19   Vitezovi?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   Est-ce que vous avez entendu dire ou parler qu'ils avaient

 22   rédigé des rapports sur leurs opérations à leurs supérieurs?

 23   Réponse:    Je n'ai jamais vu cela. Je n'ai pas eu de contact avec leurs

 24   activités.

 25   Question:   Mais peut-on s'attendre à ce qu'une unité PPN écrive des


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  1   rapports au commandement?

  2   Réponse:    Mais c'est logique. Normalement, ils auraient dû écrire; je ne

  3   sais pas à qui mais de toute façon, ils auraient dû faire des rapports.

  4   M. le Président (interprétation): La cote, s'il vous plaît?

  5   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce D89/2.

  6   M. Bennouna: Ce document, ce rapport, d'abord il faudrait nous dire ce que

  7   l'on entend par les initiales PPN. Deuxièmement, il est signé mais on ne

  8   sait pas à qui il est adressé. Il faudrait peut-être nous donner des

  9   éléments pour apprécier le document en question. Merci.

 10   M. Kovacic (interprétation): Oui, Monsieur le Juge, je pense que j'ai

 11   l'original. De toute façon, il est visible au bas du document, il y a un

 12   sceau qui est apposé. C'est bien marqué "Unité spéciale Vitezovi" et la

 13   signature "Darko Kraljevic, commandant de cette unité".

 14   Je pense que nous en avons beaucoup entendu parler. C'est l'abréviation

 15   "PPN".

 16   Il y a eu également un autre rapport de l'unité dont il a été question et

 17   c'est l'adjoint ou le suppléant du commandant qui avait signé ce document,

 18   Dragan Vinac. Il a été suppléant adjoint de Darko Kraljevic.

 19   Eh bien, si jamais vous mettez en doute l'authenticité du document, je

 20   peux citer le témoin qui peut confirmer la signature. C'est une question

 21   technique bien évidemment, mais si vous permettez, j'aimerais encore poser

 22   une autre question ou plutôt préciser la chose suivante: le témoin a

 23   participé à ces événements et personnellement, je voulais parler du

 24   contenu de cette première page et des événements. Des villages sont cités

 25   alors que tous ces villages ont été déjà mentionnés. Nous avons également


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  1   des preuves qui corroborent ce que je tiens à dire pour prouver que ceci

  2   effectivement confirme.

  3   Je dois dire que je souhaite tout simplement confirmer devant la Chambre

  4   quelque chose qui me paraît important, à savoir que le témoin doit

  5   confirmer que Gacice a été prise par les Vitezovi. Dans ce rapport, c'est

  6   bien marqué que ce sont les Vitezovi qui se sont emparés de Gacice. Le

  7   témoin d'ailleurs vient de le dire.

  8   M. le Président (interprétation): Oui, mais on ne peut pas produire ce

  9   document par le truchement de ce témoin. Celui-ci peut tout au plus

 10   l'examiner, voir ce que dit ce rapport. Et nous pouvons le voir, il s'agit

 11   d'un rapport dressé le 18 avril. Mais beaucoup de rapports ont déjà été

 12   admis, alors adoptons le même traitement pour celui-ci. Il sera admis pour

 13   le moment, pour ce qu'il vaut, bien sûr.

 14   M. Kovacic (interprétation): Absolument, Monsieur le Président.

 15   M. le Président (interprétation): Poursuivons.

 16   M. Kovacic (interprétation): Je voudrais tout simplement confirmer ce

 17   paragraphe dont je viens de parler. Monsieur le témoin Sajevic, troisième

 18   paragraphe de ce rapport.

 19   M. le Président (interprétation): Nous le voyons, nous l'avons déjà lu.

 20   M. Kovacic (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, m'expliquer

 21   quelque chose? Est-il vrai de dire que Darko Kraljevic a pratiquement

 22   profité de cette opération pour vous humilier?

 23   M. Sajevic (interprétation): Oui. C'était peut-être véritablement son

 24   objectif, mais il en a profité. Et il voulait tout simplement diminuer la

 25   valeur des membres de la brigade de Vitez et faire dire que les membres de


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  1   son unité sont de très grands hommes, puissants, etc., que nous autres, on

  2   est des "grands-mères" en quelque sorte, nous sommes restés à la maison et

  3   nous ne savons pas nous battre. Eh bien, c'est tout cela pour diminuer

  4   notre poids, notre importance. Il en a profité certainement pour nous

  5   humilier, pour mettre en cause ce que nous avons fait.

  6   Question:   Monsieur le commandant, est-ce que l'unité des Vitezovi de

  7   Kraljevic était une puissance, une force importante par rapport aux

  8   autres? Est-ce qu'il a bien évalué les choses?

  9   Réponse:    Oui, en quelque sorte. Si nous prenons en compte les trente

 10   hommes de Vitezovi et qu'on les compare aux trente membres de la brigade

 11   Vitezovi, à ce moment-là, on pourrait dire que c'est à peu près la même

 12   qualité, la même valeur. Mais il faut dire quand même qu'il avait des

 13   personnes sur lesquelles il pouvait compter alors que nous, on ne pouvait

 14   pas avoir 500 hommes de cette qualité.

 15   Question:   Au moment où la guerre a commencé, les Vitezovi avaient une

 16   expérience des opérations qu'ils avaient entreprises auparavant, une bonne

 17   structure, une expérience de combat?

 18   Réponse:    Oui, effectivement. Ils avaient une expérience dans les

 19   opérations militaires, mais je ne sais pas comment ils ont été constitués,

 20   quelle était leur base, quelle était leur structure. Je ne le sais pas,

 21   mais je sais qu'ils avaient beaucoup d'expérience.

 22   Question:   Merci. On avait bien marqué sur la carte votre position le 16

 23   avril. Pourriez-vous nous dire maintenant, vous n'étiez pas là pendant les

 24   deux premiers jours mais le troisième jour, vous vous êtes rendu au siège

 25   du commandement, vous avez appris ce qui s'est passé. Est-ce qu'à ce


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  1   moment-là vous étiez au courant? Est-ce que vous saviez quelle était

  2   l'armée qui était à Ahmici?

  3   Réponse:    Je ne peux pas vous le dire exactement. Je ne sais pas quand

  4   j'ai appris ce qui s'est passé à Ahmici et le crime qui a été perpétré à

  5   Ahmici. Je ne sais pas si c'était le troisième, le quatrième ou le

  6   cinquième jour après mon retour au commandement. Mais il est vrai que très

  7   vite après être revenu au commandement, je l'ai appris. Je me souviens

  8   qu'à un moment donné, sur l'ordre de M. Cerkez, j'ai visité une partie de

  9   la ligne où se trouvaient des membres de la Brigade de Vitez. Le

 10   chauffeur, le conducteur m'avait relaté ce qui s'était passé. Il m'a dit

 11   qu'il y avait plein de choses qui se sont passées à Ahmici. C'est à partir

 12   de ce moment-là que j'ai commencé à me rendre compte de ce qui s'était

 13   passé.

 14   Par la suite, bien évidemment, mes informations ont été beaucoup plus

 15   complètes parce que les gens ne voulaient pas tellement en parler au

 16   début, tout au moins pas les gens qui avaient participé directement. Mais

 17   il n'y avait pas de rapport, de rapport écrit et je n'ai jamais vu de

 18   rapport écrit. Actuellement, je sais bien évidemment ce qui s'est passé,

 19   je sais comment ceci s'est passé. Je pense que je sais également quelles

 20   sont les unités qui ont participé à cette opération.

 21   Question:   Eh bien, pour notre affaire, il est très important, si vous

 22   pouvez nous confirmer et si d'après les informations dont vous disposiez

 23   vous pouvez nous dire qu'il y a eu des Jokeri qui étaient sur place à

 24   Ahmici, éventuellement la police militaire?

 25   Réponse:    Oui.


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  1   Question: Est-ce que l'on peut dire si Mario Cerkez a reçu un ordre de son

  2   supérieur Blaskic ou des informations concernant l'action à Ahmici le 16

  3   avril 1993?

  4   Réponse:    Non, certainement pas.

  5   Question: Est-ce que Cerkez aurait pu délivrer un ordre sans que cet ordre

  6   lui soit également délivré par Blaskic, celui qui lui était supérieur?

  7   Réponse: Non certainement pas, parce qu'au cours de la guerre je l'aurais

  8   appris, ou plus tard. Du point de vue théorique, ce n'est même pas

  9   possible, il n'aurait pas pu délivrer un ordre de ce type-là.

 10   Question:   Est-il vrai de dire que la Brigade de Vitez, plus tard, le 7

 11   mai, a pris des positions sur la ligne de front Krtine et Pirici?

 12   Réponse:    Oui, c'est possible car au début du mois de mai, il y avait un

 13   ordre, je pense, qui a été délivré par la zone opérationnelle. Selon cet

 14   ordre, la Brigade de Vitez avait pour objectif de préparer une équipe pour

 15   remplacer le 4e Bataillon sur la position.

 16   Question: Vous avez été informé auparavant qu'il y a un certain nombre de

 17   documents qui, actuellement, sont communiqués. D'un autre côté, nous nous

 18   sommes mis d'accord également pour que la partie qui dispose d'une

 19   traduction la remette également à l'autre partie. Je pense qu'il y a même

 20   un accord auquel nous sommes parvenus. Malheureusement, je pensais que

 21   j'aurais la traduction de ce document ce matin, qui est très important.

 22   Donc j'ai distribué les documents aux cabines, les documents qui allaient

 23   être soumis au témoin.

 24   M. le Président (interprétation): Ce document est-il long?

 25   M. Kovacic (interprétation): Il est très bref.


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  1   M. le Président (interprétation): Nous souhaitons avoir la traduction

  2   demain matin. A présent, vous pouvez le placer sur le rétroprojecteur.

  3   M. Kovacic (interprétation): Pour des raisons pratiques, si vous m'obligez

  4   à faire cela, je ne peux pas m'engager aujourd'hui à l'avoir demain.

  5   M. le Président (interprétation): Mais il vous faut combien de temps?

  6   M. Kovacic (interprétation): Il me faut deux ou trois jours, au moins

  7   trois jours. Mais l'accusation recevra la traduction dès que nous l'aurons

  8   retrouvée.

  9   M. le Président (interprétation): Placez cela sur le rétroprojecteur,

 10   Maître Kovacic.

 11   M. Kovacic (interprétation): Si vous me permettez, je tiens à dire que

 12   nous avons un autre document qui est lié à cela, un bref document que nous

 13   allons reproduire par la suite et je pense que c'est dans l'intérêt de la

 14   Justice. C'est le seul témoin qui peut confirmer l'authenticité de ce

 15   document. Il était là, il peut confirmer l'information.

 16   M. le Président (interprétation): Très bien.

 17   M. Kovacic (interprétation): Cela ne prendra pas beaucoup de temps et

 18   j'aurai besoin de l'assistance de l'huissier. Je rappelle aux interprètes

 19   que je leur ai fourni ce document ce matin.

 20   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce D90/2.

 21   M. Kovacic (interprétation): Je donnerai lecture des parties les plus

 22   importantes et on fera des commentaires brefs.

 23   Est-ce que l'on s'attend à ce que je donne des explications? Le document

 24   émane du HVO, il vaudrait peut-être mieux que je parle croate. Ce document

 25   émane du HVO du commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.


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  1   Le document porte un numéro. Il a donc été émis le 7 mai 1993 à 11 heures

  2   45, le destinataire est le commandant de la brigade de Vitez.

  3   A la ligne, on voit qu'il doit être fourni également au commandant du 4e

  4   Bataillon de la police militaire de Vitez, entre parenthèses: (pour

  5   information).

  6   C'est le colonel Tihomir Blaskic qui signe le document et son sceau figure

  7   en bas du texte.

  8   Le début du document relève de la VB sur la ligne de "défense ordre".

  9   Début du texte: "Compte tenu du besoin qui s'est manifesté consistant à

 10   devoir engager la VB sur des tâches de police dans la zone de

 11   responsabilité du 4e Bataillon de la police militaire -le VB signifiant

 12   "police militaire"-, l'ordre est donné, premièrement, d'engager des

 13   préparatifs immédiatement et d'assurer la relève des membres de la police

 14   militaire le long de la ligne de la défense Kratine-Pirici.

 15   Au point 2, cette relève doit s'effectuer le 8 mai 1993, l'heure limite

 16   étant 12 heures. Un rapport doit m'être fourni au sujet de ce qui a été

 17   exécuté.

 18   Au point 3, le commandant de la brigade est responsable de l'exécution de

 19   cet ordre. Il est responsable devant moi-même."

 20   Et nous voyons que cet ordre a été rédigé, enfin produit en trois

 21   exemplaires et nous voyons quels sont les destinataires.

 22   Ce document correspond-il au fait que vous avez évoqué, à savoir qu'en

 23   surplombant Ahmici, vous avez relevé la police militaire?

 24   Réponse:    Oui, c'est ce document.

 25   Question: Et lorsqu'on parle de Kratine-Pirici, où se situe exactement cet


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  1   endroit pour que l'on ne reprenne pas la carte?

  2   Réponse:    C'est au nord-ouest d'Ahmici, mais très près d'Ahmici.

  3   Question: Merci. Puis-je avoir une cote pour ce document, s'il vous plaît?

  4   Mme Ameraali (interprétation): Le numéro que nous avons attribué est

  5   D90/2.

  6   M. Kovacic (interprétation): Merci. Monsieur le Président, nous abordons à

  7   présent le point 7. Il s'agit des événements du 20 octobre 1993, des

  8   événements au sujet de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  9   Mais je dois néanmoins revenir brièvement à un sujet. Monsieur Sajevic,

 10   nous parlons de l'événement qui s'est produit le 20 octobre 1992, et une

 11   partie de ces événements s'est produite en contrebas par rapport à Ahmici,

 12   sur la route?

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question: Savez-vous que, le 19 octobre, deux barrages ont été érigés sur

 15   la même route en contrebas d'Ahmici?

 16   Réponse:    Oui, c'est exact.

 17   Question:   L'un était à Bila, près de l'entreprise de construction Bosna?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question:   Pouvez-vous, s'il vous plaît, me répondre par un oui ou par un

 20   non pour que cela aille plus vite. Savez-vous que ce barrage près de

 21   l'entreprise Bosna a pu être enlevé grâce aux négociations qui ont été

 22   menées par M. Franjo Nakic?

 23   Réponse:    Oui, je suis au courant de cela.

 24   Question:   Est-il exact que l'armée de Bosnie-Herzégovine a dressé ces

 25   barrages afin d'empêcher le départ des unités du HVO de Kiseljak et de


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  1   Busovaca en direction de Jajce?

  2   Réponse:    Pour autant que je sache, telle était la raison.

  3   Question: Est-il exact que, durant la journée du 19 et dans la nuit du 19

  4   au 20, plusieurs négociations ont été engagées entre les pouvoirs civils,

  5   le HVO, l'armée ainsi que tous les protagonistes afin d'essayer de

  6   résoudre ce problème, d'enlever le barrage?

  7   Réponse:    Oui, je sais qu'on a cherché à aboutir à une solution par des

  8   voies pacifiques.

  9   Question:   Et les forces de Kiseljak finalement ont attaqué à cet endroit

 10   où se trouvait le barrage et ce sont elles qui ont enlevé le barrage?

 11   Réponse:    Oui, je pense que c'étaient ces forces-là.

 12   Question:   Savez-vous qu'un membre du HVO de Kiseljak est mort à cet

 13   endroit?

 14   Réponse:    Oui, j'ai entendu dire qu'il y a eu un soldat qui s'est fait

 15   tuer et un soldat de l'armée. Soit il était originaire du village soit il

 16   était d'ailleurs.

 17   Question:   Et cet autre soldat, il était donc quelqu'un qui était natif de

 18   l'endroit. Savez-vous s'il était bosnien?

 19   Réponse:    C'était un Bosnien, un soldat.

 20   Question:   C'est ce que vous avez appris?

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question:   Mais vous n'aviez pas d'autres détails, d'autres informations

 23   plus directes?

 24   Réponse:    Non.

 25   Question:   Au moment de l'attaque sur ce barrage, sur la route, plusieurs


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  1   maisons ont été incendiées durant cette opération. Le savez-vous?

  2   Réponse: A vrai dire, je ne me souviens pas très bien. Il me semble qu'il

  3   y a eu quelque cas... Je n'arrive pas, je n'arrive pas à me rappeler. Je

  4   ne peux pas vous l'affirmer à 100%.

  5   Question:   Etes-vous sûr qu'il n'y a pas eu de dommages très importants?

  6   Réponse:    Cela, c'est sûr.

  7   Question:   Avez-vous entendu dire qu'il y a eu des personnes qui ont reçu

  8   des dédommagements par la suite de la part de la municipalité pour pouvoir

  9   réparer les dégâts sur leur maison?

 10   Réponse:    Oui, j'ai entendu cela.

 11   Question: Mais au sujet de votre brigade, car c'est cela la chose qui nous

 12   intéresse le plus, c'est le moment où vous étiez toujours organisés sous

 13   forme de quartier général municipal. Est-ce exact?

 14   Réponse:    C'est exact.

 15   Question:   A ce moment-là, avez-vous entrepris quoi que ce soit pour

 16   pouvoir placer quelque part votre dépôt de Lovac à Kruscica?

 17   Réponse:    Oui, oui, je me rappelle maintenant. Lorsqu'on a dressé ce

 18   barrage sur la route, puisqu'à Kruscica, nous avions notre entrepôt pour

 19   le matériel, les équipements, les munitions -également je ne sais pas s'il

 20   y avait autre chose-, eh bien, nous avons décidé, et il me semble que

 21   c'était le 19 au soir, de sortir cela de Kruscica parce que ce que nous

 22   redoutions, c'était qu'il y ait également un barrage dressé en direction

 23   de Kruscica, ce qui nous aurait coupé de notre entrepôt. Voilà, cela,

 24   c'est exact.

 25   Question: Etait-ce une mesure préventive en quelque sorte afin de protéger


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  1   votre entrepôt des équipements et des matériels?

  2   Réponse:    Oui, dans tous les cas.

  3   Question: La brigade -c'est ma dernière question à ce sujet- a-t-elle joué

  4   un rôle quelconque dans l'attaque menée sur ce barrage?

  5   Réponse:    Ecoutez, si je vous ai bien compris, vous voulez savoir si les

  6   soldats -comment dire- de notre brigade, de la brigade Viteska ont

  7   participé à l'attaque sur le barrage? C'est cela que vous vouliez?

  8   Question:   Je parlais du quartier général municipal.

  9   Réponse:    Oui, parce qu'on ne peut pas parler de brigade, notamment en

 10   1992. Eh bien, non. Non, pour autant que je le sache, les membres de...

 11   -comment les appeler?- des groupes n'ont pas pris part directement aux

 12   actions qui ont mené au démantèlement de la brigade.

 13   Question:   Et vos équipements, vos matériels, vous avez réussi à les

 14   transporter pour les entreposer ailleurs?

 15   Réponse:    Je crois que oui.

 16   Question:   Un autre sujet. Connaissiez-vous Marko Ljuic, qu'on appelait

 17   Markesa et que certains appelaient également Topnik?

 18   Réponse:    Oui, je le connais.

 19   Question:   A un moment quelconque, a-t-il été officier dans la brigade de

 20   Vitez?

 21   Réponse:    Non.

 22   Question: A-t-il été membre de la brigade de commandement de la brigade de

 23   Vitez?

 24   Réponse:    Non.

 25   Question:   Et qui était l'officier chargé de l'artillerie dans la brigade


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  1   de Vitez, depuis sa création?

  2   Réponse:    Pour autant que je le sache c'était Blazenko Ramljak?

  3   Question: Blazenko Ramljak. Son nom figure-t-il dans le document, là où on

  4   voit l'aval de la municipalité au sujet du commandement?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Et vous êtes sûr que Blazenko Ramljak était effectivement à ce

  7   moment-là l'officier chargé de l'artillerie dans cette brigade?

  8   Réponse:    Oui, absolument.

  9   Question:   La brigade comptait-elle parmi ses membres un poste spécial de

 10   chef adjoint, chargé des systèmes de missile?

 11   Réponse:    Non, pour autant que je le sache.

 12   Question:   Mais aviez-vous des systèmes de missile?

 13   Réponse:    Non.

 14   Question:   Marko Ljuic que nous avons mentionné était-il à la tête de la

 15   production de guerre dans le SPS?

 16   Réponse:    Ça, c'est exact.

 17   Question:   Vous le connaissiez personnellement?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question:   De manière superficielle ou plutôt bien.

 20   Réponse:    Très superficiellement.

 21   Question: A un moment quelconque... Excusez-moi, je retire ma question. Je

 22   dois présenter le contexte.

 23   Pendant toute cette période à partir de la fin de l'année 1990, vous

 24   connaissiez Cerkez?

 25   Réponse:    Voulez-vous répéter votre question, s'il vous plaît?


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  1   Question:   Excusez-moi. Pendant toute cette période, vous connaissiez

  2   Cerkez?

  3   Réponse:    Oui.

  4   Question:   Vous avez passé beaucoup de temps avec lui de toute évidence?

  5   Réponse:    Si vous voulez dire au travail et pendant la guerre, oui, nous

  6   avons passé pas mal de temps ensemble. Or, si vous faites référence à la

  7   période avant la guerre, ma réponse est non.

  8   Question:   Donc, pendant la guerre, au sujet de votre travail?

  9   Réponse:    Oui, pour le travail.

 10   Question: Donc pendant toute cette guerre, à l'époque où votre seul ennemi

 11   était l'armée serbe, mais aussi plus tard, lorsqu'il y a eu le conflit

 12   entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, à un moment quelconque,

 13   avez-vous entendu Cerkez parler de manière dénigrante de Musulmans en tant

 14   que peuple?

 15   Réponse:    Je ne me souviens pas qu'il ait employé des propos injurieux,

 16   non.

 17   Question:   Et au sujet des forces ennemies?

 18   Réponse: Non. Non, non. Ce n'était pas dans ses habitudes de proférer des

 19   propos injurieux. Peut-être parfois au sujet d'un individu, un tel ou un

 20   tel qui était un peu extrémiste. Enfin comment dire, un cas extrême

 21   plutôt. Mais il ne disait pas des choses comme cela au sujet des gens, que

 22   ce soit l'armée ou l'agresseur serbe. Simplement, il avait un point de vue

 23   militaire. Pour lui, un adversaire, c'était un adversaire, sans plus.

 24   Question:   En tant qu'officier du HVO, dans un ordre quel qu'il soit,

 25   verbal ou écrit, émanant du commandement supérieur ou au sein de votre


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  1   commandement, avez-vous pu avoir l'impression que le HVO met en place ou

  2   souhaite mettre en place une politique de harcèlement à l'encontre des

  3   civils musulmans vivant dans votre zone?

  4   Réponse:    Jamais.

  5   Question: A votre avis, compte tenu de l'ensemble des événements auxquels

  6   vous avez pris part, quel était l'objectif principal de l'armée de Bosnie-

  7   Herzégovine dans la vallée de la Lasva?

  8   Réponse:    Eh bien, d'après moi, l'un des principaux objectifs de l'armée

  9   de Bosnie-Herzégovine dans la vallée de la Lasva, c'était de prendre le

 10   contrôle de tout ce qui était production militaire à Vitez. Et c'était

 11   logique, car ils avaient déjà entre les mains Bratstvo de Novi Travnik,

 12   donc l'usine d'armement, ils avaient l'usine Slavko Rodic de Bugojno, une

 13   usine des amorceurs. Donc ils avaient besoin d'une usine d'explosifs.

 14   Toute armée souhaiterait compléter son processus de production de ses

 15   matériels et équipements pour pouvoir être autonome sur ce plan, pour

 16   pouvoir produire les armes et les munitions. Ils avaient Konjic où ils

 17   fabriquaient les munitions. Cela leur aurait donc permis de boucler la

 18   boucle, d'avoir tout le processus de production sous leur contrôle.

 19   C'était, à mon avis, un des principaux objectifs stratégiques de l'armée

 20   de Bosnie-Herzégovine.

 21   Question: Et plus tard, même après le conflit, enfin durant le conflit et

 22   jusqu'à la signature des accords de Washington, quelles étaient les

 23   principales lignes d'attaque?

 24   Réponse:    Eh bien, cela s'est confirmé à plusieurs reprises. Quand on

 25   analyse, les principales lignes d'attaque étaient en direction de la


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  1   vallée de la Lasva. Ce qu'ils cherchaient, c'était de procéder par une

  2   manière classique de mener la guerre et d'entrecouper la vallée de la

  3   Lasva afin de pouvoir s'emparer plus facilement des différents secteurs.

  4   Pour ce qui est de Vitez, les directions principales d'attaque allaient

  5   vers Vitez, que ce soit du nord ou du sud.

  6   Question:   Je vous remercie.

  7   Monsieur le Président, pourrait-on faire une pause maintenant et nous

  8   venons de recevoir la traduction. C'est le résultat des efforts déployés

  9   par l'accusation.

 10   M. le Président (interprétation): Très bien.

 11   M. Nice (interprétation): A un moment, la Chambre souhaitera peut-être

 12   recevoir plus de détails au sujet de la traduction de ce document. J'ai pu

 13   fournir un projet de traduction. Je n'ai pas la traduction finale, donc un

 14   projet de traduction pour Me Kovacic, mais nous aurons la traduction en

 15   temps voulu.

 16   M. Kovacic (interprétation): C'est la traduction d'un document qui a déjà

 17   été versé. Est-ce que je peux poursuivre?

 18   M. le Président (interprétation): Oui.

 19   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, à un moment quelconque au

 20   cours de l'année 1993, voire au cours de l'année 1992, à un moment

 21   quelconque, dis-je, le commandant de la brigade de Vitez, Mario Cerkez,

 22   était-il en mesure de commander les Vitezovi?

 23   M. Sajevic (interprétation): Absolument pas.

 24   Question:   Pouvait-il commander une autre unité spéciale du HVO qui se

 25   trouvait, soit à titre occasionnel soit en permanence, dans le secteur de


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  1   la municipalité de Vitez?

  2   Réponse:    Non.

  3   Question:   Cerkez a-t-il jamais commandé des unités extérieures à la

  4   municipalité de Vitez, à l'exception de Kamenjas et Slatka Voda où il y

  5   avait des combats contre les Serbes?

  6   Réponse:    Non, il n'a commandé aucune autre unité. Seulement quand il

  7   était à Tomasevic, donc partiellement, il y avait des forces de Novi

  8   Travnik. C'était quand la brigade était conjointe.

  9   Question:   Quand vous combattiez les Serbes?

 10   Réponse:    Oui.

 11   Question:   D'un point de vue militaire et du point de vue de votre

 12   organisation militaire, dans quel cas Cerkez pouvait-il ou aurait-il pu

 13   commander une autre unité du HVO, dans les circonstances données? C'est

 14   une question hypothétique.

 15   Réponse:    Eh bien, sous forme d'hypothèse, on pourrait envisager qu'en

 16   fait, il aurait pu commander une unité s'il n'y avait pas de commandement

 17   de la zone opérationnelle à Vitez, donc que notre commandement supérieur

 18   n'était pas à Vitez. Monsieur Cerkez ne pouvait pas commander les unités

 19   dans la même zone où se trouvait le commandement de la zone

 20   opérationnelle, ce commandement lui étant supérieur. Donc, si c'était

 21   ailleurs, à un autre endroit où se situe le commandement le plus haut

 22   placé et le commandement de la brigade. Donc c'est là qu'il pourrait, en

 23   fonction du temps et de l'espace, commander pour des tâches spécifiques.

 24   Question:   Donc uniquement si un ordre le précisait?

 25   Réponse:    Oui, sûrement.


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  1   Question:   Vous venez de mentionner le commandement supérieur de la zone

  2   opérationnelle de Bosnie centrale, mais cela se situe à combien? A 200, à

  3   300 mètres de chez vous, n'est-ce pas?

  4   Réponse:    A trente mètres environ.

  5   Question:   A l'hôtel près du cinéma?

  6   Réponse:    Peut-être quarante mètres.

  7   Question:   Et parfois, pendant la guerre, il était difficile de franchir

  8   cette distance?

  9   Réponse:    Oui. Si vous me permettez d'apporter quelques éléments

 10   supplémentaires, il y avait des tireurs isolés depuis la Mahala et ils

 11   nous voyaient bien: là, il y avait une bonne visibilité. De nuit, on

 12   pouvait traverser, puis, de jour, on traversait en courant.

 13   Question: A un moment donné, Blaskic a-t-il demandé à Cerkez d'essayer de

 14   prendre Gacice? Vous rappelez-vous cela?

 15   Réponse: Je ne peux pas l'affirmer avec certitude, mais je crois qu'il a

 16   probablement demandé, pendant que M. Cerkez expliquait que nous n'avions

 17   pas suffisamment d'hommes ni de forces pour ce genre d'opération. Je

 18   suppose qu'il l'a demandé, mais je n'ai pas vu un ordre écrit.

 19   Question:   Donc la seule chose que vous savez est que Cerkez a expliqué

 20   qu'il ne pouvait pas?

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question:   Et c'est ce qui vous permet de supposer que cela lui a été

 23   demandé?

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question:   Cela a à voir avec l'histoire au sujet de Kraljevic qui en a


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  1   tiré profit pour vous humilier?

  2   Réponse:    Oui.

  3   Question:   Monsieur le Témoin, vous connaissiez le Dr Mujezinovic?

  4   Réponse:    Oui.

  5   Question:   Vous étiez présent quand il a été amené, le 19 avril au soir,

  6   dans les locaux de la Brigade de Vitez.

  7   Réponse: J'étais présent. Mais quand on dit qu'on l'a amené, on pourrait

  8   comprendre, peut-être, que c'était sous la contrainte mais en fait, on lui

  9   a demandé de venir et il est venu.

 10   Question:   Et quel était son rôle, ses fonctions à l'époque?

 11   Réponse:    Monsieur Mujezinovic est un médecin et c'était l'un des

 12   habitants les plus éminents de Vitez.

 13   M. le Président (interprétation): Commandant Sajevic, inutile d'évoquer

 14   tout ceci. Contentez-vous de nous dire ce qui s'est passé ce soir-là.

 15   Monsieur Kovacic, quel était l'élément que vous vouliez faire valoir?

 16   M. Kovacic (interprétation): D'après ce que le témoin nous a dit, ce

 17   n'était pas tout à fait la même chose que ce que le Dr Mujezinovic a dit

 18   en déposant.

 19   M. le Président (interprétation): D'accord, mais faites-le rapidement.

 20   M. Kovacic (interprétation): Si vous vous rappelez, Monsieur le Président,

 21   nous avons contesté à l'époque ces détails, ces faits-là.

 22   Quoi qu'il en soit, le Dr Mujezinovic avait des fonctions au sein du

 23   parti, n'est-ce pas?

 24   M. Sajevic (interprétation): Oui.

 25   Question:   Savez-vous quelle était sa fonction dans le SDA?


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  1   Réponse:    Je ne sais pas précisément.

  2   Question: Mais il était l'un des chefs de file de ce parti. Cela, vous le

  3   savez?

  4   Réponse:    Oui.

  5   Question: Vous avez déjà indiqué pour quelles raisons on l'a appelé, donc

  6   nous le laisserons de côté. Mais ce que je vous demande est la chose

  7   suivante: la veille de cet événement, la veille que Mujezinovic ne vienne

  8   sous escorte dans ce bâtiment du cinéma, il y a eu un cessez-le-feu signé

  9   entre Izetbegovic et Boban, donc à un niveau supérieur?

 10   Réponse: Oui, je me souviens qu'il y aurait eu une trêve signée, mais il

 11   y en a eu plusieurs durant la guerre sans que ce soit respecté. Mais

 12   enfin, oui, il y a eu un accord, un genre d'accord qui a été signé. Je ne

 13   sais pas comment on l'a appelé: trêve ou cessez-le-feu ou autrement.

 14   Question:   Compte tenu de la situation dans la ville ces jours-là, le Dr

 15   Mujezinovic pouvait-il se sentir en sécurité en se déplaçant de chez lui

 16   jusqu'au cinéma?

 17   Réponse:    Je pense que non.

 18   Question:   Lorsque Mujezinovic est arrivé, une réunion s'est tenue. C'est

 19   exact?

 20   Réponse:    Exact.

 21   Question:   D'autres personnes sont venues assister à la réunion, d'autres

 22   personnes qui étaient détenues au cinéma, des personnes qui étaient

 23   d'origine musulmane?

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question:   Et qu'est-ce qui a fait l'objet de cette réunion? Pouvez-vous


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  1   l'expliquer en deux ou trois mots?

  2   Réponse:    Eh bien, brièvement, il me semble que c'est M. Cerkez qui a eu

  3   cette idée d'inviter les habitants les plus en vue de Vitez et de leur

  4   proposer de s'adresser par la voie de la télévision à tous les citoyens,

  5   notamment aux Bosniens, et de les inviter à faire taire des rumeurs qui

  6   circulaient. Notamment des rumeurs consistant à dire que le Dr Mujezinovic

  7   avait été tué pendant qu'il faisait son travail au dispensaire, car ces

  8   rumeurs avaient une certaine influence sur la population musulmane de

  9   Vitez. Donc il s'agissait de calmer un peu la situation, de reprendre le

 10   contrôle, car cela commençait à échapper au contrôle. Voilà. Parce que

 11   c'était...

 12   M. Kovacic (interprétation): Très bien.

 13   Monsieur le Témoin, Cerkez a assisté à cette réunion. L'a-t-il quitté

 14   avant ou après vous?

 15   Réponse:    Avant moi.

 16   Question:   Donc vous étiez présent à cette réunion, pendant tout ce temps

 17   où Cerkez était là?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question: Pendant que Cerkez était là, d'une manière quelle qu'elle soit,

 20   directement ou indirectement, a-t-il menacé Mujezinovic ou qui que ce soit

 21   d'autre parmi les présents?

 22   Réponse: Non, absolument pas, loin de là. Qui plus est, M. Cerkez a prié

 23   littéralement ces gens-là d'aller voir les autres. Il a dit: "Allez,

 24   montrez-vous à la télévision pour qu'on vous voie. Il ne faut pas qu'on

 25   pense que vous êtes des victimes d'un mauvais traitement. Eh, Docteur, je


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  1   ne veux pas qu'on ait l'impression que le HVO vous a tué ou je ne sais pas

  2   quoi!" Il a vraiment demandé et supplié ces gens-là de le faire.

  3   Question: Vous venez d'évoquer la télévision. La télévision de Vitez était

  4   dans les mêmes locaux, dans le même bâtiment que vous?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question: Ces bureaux, me semble-t-il, étaient juste à l'opposé mais dans

  7   le même couloir que vous?

  8   Réponse: Oui, dans le même couloir et c'était non seulement la télévision

  9   mais aussi les bureaux du HDZ, et je ne sais pas quoi d'autre... Il me

 10   semble qu'il y avait aussi Radio Vitez, enfin plusieurs bureaux.

 11   Question:   Très bien. Laissons cela pour le moment.

 12   Notamment Cerkez, pendant cette conversation, a-t-il dit au Dr Mujezinovic

 13   que le HVO avait entre ses mains 2323 détenus et que ces détenus allaient

 14   être exécutés s'il n'y avait pas de fin d'attaque par le 3e Corps de

 15   l'armée?

 16   Réponse:    Non, absolument pas. Surtout, ces chiffres sont complètement

 17   faux. Mais je n'ai jamais entendu de menace et je n'ai entendu personne

 18   évoquer le nombre de détenus.

 19   Question: Pendant cette réunion, Cerkez ou qui que ce soit d'autre aurait-

 20   il mentionné l'événement d'Ahmici en tant qu'une menace implicite?

 21   Réponse:    Je n'ai pas entendu cela. Personne ne l'a dit pendant que j'y

 22   étais.

 23   Question: Mais à ce moment-là, Cerkez pouvait-il savoir combien il y avait

 24   de détenus, que ce soit à Vitez ou ailleurs?

 25   Réponse:    Ecoutez, peut-être aurait-il pu le savoir, mais ce n'était pas


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  1   nécessairement le cas. En plus, les situations changeaient d'heure en

  2   heure. Quant au nombre exact, même à ce jour, nous ne le savons peut-être

  3   pas.

  4   Question:   Mais si vous arrivez, s'il vous plaît, à vous rappeler le jour

  5   en question, le 19 au soir, c'était le troisième jour du conflit, quel

  6   était le nombre de détenus? Donnez-nous un ordre de grandeur: combien

  7   aurait-il pu y en avoir? Combien d'hommes internés, combien de Musulmans?

  8   Réponse: C'est difficile. Il est difficile de dire cela. Je ne sais pas.

  9   Peut-être ce chiffre variait-il... C'était peut-être environ 200, mais

 10   c'était peut-être 20 ou 30 de plus ou de moins. Je n'arrive pas à me

 11   rappeler, car il y a eu des moments où l'on a amené des gens, puis on

 12   laissait repartir des malades, on les emmenait chez le médecin. Puis il y

 13   avait d'autres personnes qui venaient d'elles-mêmes parce qu'elles

 14   n'osaient plus rester seules à la maison. Elles voulaient se placer sous

 15   notre protection. Donc ce nombre a fluctué.

 16   M. le Président (interprétation): Pourriez-vous ralentir le débit? Les

 17   interprètes vous demandent de ménager une pause également.

 18   M. Kovacic (interprétation): Monsieur Sajevic, vous avez cité le chiffre

 19   de 200. Etait-ce le nombre maximal au cinéma? Pensez-vous que le jour en

 20   question, il y avait déjà tant de personnes?

 21   M. Sajevic (interprétation): Ecoutez, je pense que c'est vraiment le

 22   maximum. Je n'arrive pas à vous donner le nombre exact, mais je pense que

 23   c'était cela le grand maximum.

 24   Question:   Vous avez déjà abordé quelques détails au sujet des personnes

 25   détenues ou internées. Puisque vous étiez dans le même bâtiment, vous, la


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  1   télévision, les personnes internées, j'aimerais savoir qui contrôlait, qui

  2   surveillait les personnes internées au cinéma? C'était qui?

  3   Réponse:    Ils étaient sous le contrôle de la police militaire.

  4   Question:   Excusez-moi, je vous ai interrompu. La police militaire les a

  5   emmenés jusqu'au cinéma, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    Oui.

  7   Question:   La police militaire était au rez-de-chaussée, c'est elle qui

  8   contrôlait le bâtiment?

  9   Réponse:    Oui, tout à fait.

 10   Question:Merci. Le 4e Bataillon de la police militaire avait son siège où,

 11   s'il vous plaît?

 12   Réponse: Je pense que le 4e Bataillon, à cette époque-là, avait son siège

 13   à l'hôtel, ensemble avec le commandement de la zone opérationnelle, à

 14   l'hôtel Vitez.

 15   Question:   En ce qui concerne les membres du 4e Bataillon de la police

 16   militaire, ils avaient leur base là-bas, ils avaient des dortoirs, ils

 17   dormaient à cet endroit-là?

 18   Réponse: Oui, ils dormaient à l'hôtel, ils dormaient dans des chambres de

 19   l'hôtel.

 20   Question: Est-il vrai de dire que, par la suite, ils avaient également un

 21   autre bâtiment qui était à l'opposé par rapport à votre entrepôt?

 22   Réponse: Oui, actuellement c'est le Tribunal de Vitez. Ils ont utilisé ce

 23   bâtiment pour leurs propres besoins.

 24   Question:   Par conséquent, il s'agissait d'une armée qui disposait d'une

 25   caserne. Est-ce que j'ai raison?


Page 23312

  1   Réponse:    Oui.

  2   Question: Excusez-moi, je vais recommencer. Vous aviez autour du bâtiment

  3   un peloton qui s'appelait la "police militaire rattachée à la brigade,

  4   auprès de la brigade". Qu'est-ce que c'était, s'il vous plaît?

  5   Réponse:    Mais nous, on appelait cela la police militaire de la brigade.

  6   Mais de toute façon, la brigade n'avait pas de police militaire, dans le

  7   vrai sens de ce mot, sur le plan de la structure. C'était une partie de la

  8   police militaire du 4e Bataillon qui assurait le siège de la zone

  9   opérationnelle. Et, comme la brigade avait son siège de commandement à

 10   côté, ils assuraient également, ils gardaient le siège du commandement de

 11   la brigade.

 12   Question: Il s'agissait d'un peloton, n'est-ce pas, même pas complètement?

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question:   Pourriez-vous nous dire -pour être tout à fait au clair, je

 15   pense qu'il est indispensable que la Chambre puisse vraiment avoir des

 16   précisions-, quand vous parliez oralement entre vous, comment vous avez

 17   utilisé ce terme: vous avez parlé de la "police militaire de la brigade"

 18   ou bien vous avez utilisé un autre terme?

 19   Réponse:    Mais cela aurait été plus facile que de dire "la police

 20   militaire de la brigade" que de parler de "1er, 2e, 3e Peloton du 4e

 21   Bataillon de la police militaire", etc. Donc on a parlé de "la police

 22   militaire de la brigade", tout simplement parce qu'un certain nombre de

 23   ceux-là étaient rattachés à la brigade de Vitez également pour nous aider,

 24   pour remplir un certain nombre de fonctions de la police militaire, parce

 25   que la brigade n'avait pas ces gens-là.


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  1   Question:   Est-ce qu'éventuellement, un des officiers de la brigade, ou

  2   bien le commandant Cerkez, pouvait commander, donner des ordres à cette

  3   police militaire de la brigade?

  4   Réponse:    Non.

  5   Question:   Si jamais vous aviez besoin, par exemple, que la police

  6   militaire ou le soldat, un soldat par exemple soit utilisé, comment vous

  7   faisiez?

  8   Réponse:    Il fallait s'adresser à la zone opérationnelle, il fallait

  9   envoyer une demande écrite au commandant du 4e Bataillon de la police

 10   militaire. Il fallait tout simplement s'adresser par écrit, demander que

 11   tel ou tel soldat soit mis à disposition de la brigade.

 12   Question:   La police militaire de la brigade gardait la porte d'entrée.

 13   Ensuite, ils assuraient également la garde autour de votre bâtiment?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Si jamais, par exemple, il y avait un invité qui devait se

 16   présenter chez vous, monter au premier étage, qui lui posait la question

 17   de présenter la carte d'identité, de perquisitionner, etc.?

 18   Réponse:    Mais c'étaient les membres du 4e Bataillon de la police

 19   militaire, ce n'étaient pas les membres de la brigade. C'étaient les

 20   membres du 4e Bataillon de la police militaire, mais le terme n'est pas

 21   tout à fait propre.

 22   Question:   Par conséquent, c'est un terme que vous avez tout simplement

 23   utilisé, c'était plus facile pour communiquer.

 24   Réponse: Oui, tous, nous les avons appelés comme cela. Mais si vous me le

 25   permettez, je voudrais également vous dire également, pour qu'ils puissent


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  1   savoir qui est chargé de la zone opérationnelle, qui éventuellement était

  2   rattaché à la brigade, qu'ils avaient probablement détaché un certain

  3   nombre d'autres personnes pour d'autres brigades et ils le savaient.

  4   Question:   De toute façon, il n'y avait pas de possibilité de les

  5   commander. C'est la raison pour laquelle il était indispensable de passer

  6   par le commandement pour, éventuellement, délivrer des ordres à de tels

  7   soldats, mais ceci a créé un certain nombre de problèmes.

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Est-ce qu'éventuellement, un officier ou un autre pourrait, en

 10   passant par la requête ou par un ordre direct, délivrer à ces membres de

 11   police militaire de la brigade un ordre de se rendre pour participer à une

 12   opération militaire?

 13   Réponse:    Non.

 14   Question:   Ou, par exemple, d'aller en ville et d'arrêter quelqu'un?

 15   Réponse: Mais je vous ai bien expliqué tout à l'heure, si jamais on avait

 16   besoin de ces soldats, de ces policiers militaires, il fallait s'adresser

 17   par écrit à leur commandement pour pouvoir en disposer. Excusez-moi, je

 18   n'ai pas terminé.

 19   M. Kovacic (interprétation): Je vais vous poser une autre question: est-ce

 20   que vous vous souvenez à quel moment cette chaîne de subordination a été

 21   changée?

 22   Réponse: Je pense que c'était en été 1993. En effet, il y avait plein de

 23   malentendus et de doublons parce qu'il y avait des compétences qui

 24   n'étaient pas très bien définies, les policiers militaires ne pouvaient

 25   pas, ne recevaient pas d'ordre de la brigade ou bien, ceux qui étaient


Page 23315

  1   membres du 4e Bataillon de la police militaire se considéraient comme des

  2   soldats supérieurs par rapport aux autres soldats.

  3   Il y avait des malentendus, des incidents, pas de très grande envergure,

  4   mais je pense qu'au mois d'août, peut-être fin juillet 1993, il y avait un

  5   ordre qui a été délivré et selon lequel quelques parties de la police

  6   militaire qui étaient auprès de la brigade étaient placées sous le

  7   commandement de la brigade. C'est à ce moment-là que le commandant de la

  8   brigade pouvait délivrer l'ordre à de tels soldats.

  9   M. Kovacic (interprétation): Excusez-moi, mais il y a un tout dernier

 10   document que j'ai eu à la dernière minute. Je vous ai dit que nous

 11   n'avions pas de traduction pour ce document, mais maintenant nous avons la

 12   traduction grâce aux efforts déployés par la partie adverse.

 13   (Le document est remis au témoin.)

 14   M. le Président (interprétation): Est-ce que nous pourrions avoir une cote

 15   pour cette pièce?

 16   Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce D91/2.

 17   M. Robinson (interprétation): Eh bien, j'espère que cette coopération avec

 18   la partie adverse se poursuivra!

 19   M. Kovacic (interprétation): Oui, j'en sais gré à M. le Procureur. Nous

 20   allons échanger aussi la liste de documents que nous avons reçus de Zagreb

 21   parce que là aussi, semble-t-il, se présentent quelques problèmes d'ordre

 22   administratif.

 23   Commandant Sajevic, il y a le document du 18 août 1993. Pourriez-vous,

 24   s'il vous plaît, nous dire s'il s'agit du document où l'on précise quelles

 25   sont les relations entre la police, d'un côté, et la brigade, de l'autre,


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  1   donc le moment où la police a été placée sous le commandement de la

  2   brigade?

  3   M. Sajevic (interprétation): Oui, il s'agit de ce document qui, en effet,

  4   représente un pas en avant et qui rend possible au commandant de la

  5   brigade de compléter la police militaire, donc de compléter par des

  6   soldats qu'il considère appropriés, adéquats.

  7   Question: Monsieur Sajevic, pourrions-nous dire que ce document, en effet,

  8   rend possible au commandant de la Brigade de Vitez de disposer de toutes

  9   les prérogatives et, en même temps, de la responsabilité pour cette unité?

 10   Réponse:    Oui, selon ce document, c'est exact.

 11   Question:   Merci. Je vais essayer de gagner du temps lors de l'examen du

 12   point suivant, le point 15 du résumé parce que je crois que, dans

 13   l'intervalle, nous avons entendu un autre témoin qui s'est exprimé sur la

 14   question. Mais je serai bref.

 15   Nous vous avons déjà montré encore à Vitez, quand nous nous sommes

 16   entretenus, avant que vous ne soyez cité à la barre, de cette liste très

 17   complète 1779: c'est une pièce à conviction qui a été versée au dossier

 18   déjà.

 19   Réponse:    Vous pensez à la liste des hommes?

 20   Question:   Oui, effectivement.

 21   Réponse:    Oui, oui, je sais de quoi vous parlez.

 22   Question: Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que la brigade de Vitez,

 23   c'était fin 1993 -on ne peut pas reconstruire véritablement- avait des

 24   effectifs qui, à cette époque-là, étaient au maximum et qu'ils étaient

 25   1800 à peu près, 1800?


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  1   Réponse:    Oui, je partage votre point de vue.

  2   Question:   Est-ce qu'éventuellement, il y a quelqu'un qui sait quels sont

  3   les effectifs au total où vous êtes arrivés?

  4   Réponse:    Peut-être quelqu'un, pas moi.

  5   Question:   Mais est-ce que publiquement éventuellement, on a parlé de la

  6   totalité des effectifs?

  7   Réponse: Non, je ne me souviens pas parce qu'il ne faut pas oublier qu'en

  8   1995, j'ai quitté l'armée. C'est la raison pour laquelle je ne connais pas

  9   tout à fait. Mais il n'est pas impossible que quelqu'un qui ait travaillé

 10   sur la question des effectifs éventuellement dispose de données plus

 11   exactes.

 12   Question: Mais pourriez-vous éventuellement me dire si vous êtes d'accord

 13   ou non avec moi, si l'on peut dire qu'il y avait des gens qui ont rejoint

 14   les rangs de la brigade, d'autres qui l'ont quittée? Il s'agirait de 2200

 15   personnes à peu près au total.

 16   Réponse: Je ne sais pas. Comment voulez-vous dire qu'il y a des gens qui

 17   ont quitté et qui sont rentrés dans la brigade. Je pense que tous ceux qui

 18   étaient à Vitez ont rejoint évidemment les rangs de la brigade. Il y avait

 19   quelques autres membres, d'autres municipalités qui ont rejoint les rangs

 20   de la brigade, mais dans les situations qui étaient assez spéciales. Mais

 21   leurs noms ne figurent pas sur la liste qui est la liste des membres de la

 22   brigade de Vitez.

 23   En revanche, si par exemple les trente, quarante personnes de la brigade

 24   Stjepan Tomasevic devaient venir en renfort à ce moment-là, ils sont

 25   arrivés bien évidemment pour nous aider, et puis sont retournés vers leur


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  1   propre brigade. Je ne sais pas à quoi vous avez pensé.

  2   Question: Non, mais moi, je pensais plutôt au fait qu'il y avait des gens

  3   qui ont été tués, d'autres qui ont été blessés et d'autres qui ont quitté

  4   la brigade. C'est à cela que je pensais.

  5   Réponse:    Je ne sais pas, je ne peux pas vous donner la réponse totale,

  6   mais je pense qu'effectivement, 2200, c'est à peu près les effectifs de la

  7   brigade.

  8   Question:   Il y a quelques détails qui ont été soulevés au sujet de la

  9   carte. Il s'agit de la carte Elford et du point 16. Je vais demander à

 10   l'huissier également de bien vouloir m'aider pour nous montrer une autre

 11   pièce à conviction, D70/2. C'est un document qui a été déjà versé au

 12   dossier avec le témoin Puljic.

 13   Il a parlé quelque peu au sujet de cette pièce à conviction mais, comme il

 14   s'agit d'un témoin qui éventuellement pourrait nous apporter quelques

 15   précisions, je vais peut-être me référer à cette pièce, si vous me le

 16   permettez, Monsieur le Président.

 17   Monsieur Sajevic, je vais vous demander de regarder très attentivement ce

 18   document. J'aimerais vous poser deux ou trois questions.

 19   (Le témoin prend connaissance du document.)

 20   Réponse:    Je vous en prie.

 21   Question:   Est-ce que vous avez déjà vu ce document?

 22   Réponse:    Non.

 23   Question:   Est-ce que moi, je vous l'ai montré?

 24   Réponse:    Non.

 25   Question:   Est-ce que, d'après ce document, on peut conclure qu'il s'agit


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  1   du Bureau de la Défense dont vous avez parlé lors de votre déposition, qui

  2   a été mis en place comme partie intégrante du gouvernement du HVO, après

  3   l'état-major municipal dans lequel vous étiez?

  4   Réponse:    Oui, je pense effectivement qu'il s'agit du Bureau de la

  5   Défense, mais d'un niveau plus élevé.

  6   Question:   Excusez-moi. Mais en ce qui concerne le Bureau de la Défense

  7   municipale, il correspond à cette direction de la défense?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question: Mais c'est probablement une autorité civile. Est-ce qu'il y a un

 10   doute éventuellement qu'il s'agissait d'un organe civil?

 11   Réponse:    Non, absolument pas.

 12   Question: Il ressort de ce document... Non, excusez-moi, une fois de plus,

 13   je vais changer ma question. Est-ce que M. Pero Skopljak était un ce civil

 14   ou un militaire?

 15   Réponse:    Mais un civil.

 16   Question: Est-ce que ce document correspond à votre vision concernant les

 17   personnes qui ont été détenues, la manière dont elles ont été contrôlées,

 18   maintenues en détention?

 19   Réponse:    Oui, moi, je pense que ça correspond parfaitement.

 20   Question: Vous avez dit que c'était la police militaire qui les a gardées.

 21   Est-ce qu'ils se sont occupés de ces personnes détenues ou est-ce que

 22   c'est la substance même ou comment cela s'est passé?

 23   Réponse:    Mais la police militaire les a gardées, les a gardées dans des

 24   locaux du cinéma. Donc ils les ont gardées. C'est dans ce sens-là... Je ne

 25   sais pas si c'est la question que vous m'avez posée. Est-ce que vous


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   1   voulez reformuler votre question?

  2   Question:   Moi, ce que je voulais savoir: la police militaire en effet

  3   avait pour objectif d'assurer la garde mais, sur le plan de la détention

  4   elle-même, dans la substance même, ce sont les autorités civiles qui en

  5   étaient responsables?

  6   Réponse:    Oui, je pense que l'on pourrait dire cela parce qu'il y avait

  7   également des commissions pour l'échange des détenus. Ce n'est pas la

  8   police militaire qui s'en est occupée, c'est la mission civile qui était

  9   chargée des détenus.

 10   Question: Par conséquent, ce sont les autorités civiles qui prenaient les

 11   décisions. Est-ce que nous sommes bien d'accord avec vous?

 12   Réponse:    Oui.

 13   Question: Donc, d'après vos informations, c'étaient les autorités civiles

 14   qui prenaient les décisions?

 15   Réponse:    Oui, tout à fait.

 16   Question:   Merci. Je crois en avoir terminé. Par politesse, je préciserai

 17   que nous avons présenté une déclaration sous serment dont certaines

 18   parties sont à l'appui de ce témoignage. Inutile, je pense, de m'étendre

 19   et de vous donner d'autres explications.

 20   M. le Président (interprétation): Eh bien, nous allons adopter la

 21   procédure habituelle en ce qui concerne les déclarations sous serment.

 22   Oui, Maître Naumovski, vous avez la parole.

 23   (Le témoin, M. Sajevic, est interrogé par M. Naumovski.)

 24   M. Naumovski (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 25   Monsieur Sajevic, je voudrais me présenter. Je m'appelle Mitko Naumovski,


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  1   je suis avocat de Zagreb et, avec mon confrère, M. Browning, je défends M.

  2   Kordic. Je suis sûr que vous êtes quelque peu fatigué, vous avez déposé

  3   pendant la journée, mais je vais vous poser quelques questions seulement.

  4   Vous êtes un militaire, vous avez passé la plupart de votre temps actif en

  5   travaillant avec les militaires. La question que j'aimerais vous poser est

  6   la suivante: Monsieur Kordic était un militaire ou un civil?

  7   M. Sajevic (interprétation): Monsieur Dario Kordic, pour moi, était un

  8   homme politique. S'il faut éventuellement que je rajoute autre chose, je

  9   le peux.

 10   Question:   Non, non, ça suffit. Dites-nous, s'il vous plaît, pendant que

 11   vous-même, vous étiez membre de l'état-major municipal du HVO et plus tard

 12   membre du commandement de la brigade de Vitez, est-ce que M. Dario Kordic

 13   vous a délivré un ordre quelconque, un ordre militaire?

 14   Réponse:    Pas à moi et je ne connais aucun cas pour lequel je pourrais

 15   dire que M. Dario Kordic ait délivré un ordre à un officier ou à un membre

 16   du commandement de la brigade de Vitez. Nous avions notre propre

 17   commandant.

 18   Question: Tout à l'heure, il a été question des civils de la municipalité

 19   de Vitez, Pero Skopjak qui était président du HDZ, ensuite, M. Anto

 20   Valenta qui était vice-président du gouvernement volet civil du HVO. Est-

 21   ce que quelqu'un des civils avait des prérogatives ou pouvait délivrer,

 22   émettre des ordres à la Brigade de Vitez?

 23   Réponse:    Non. A ma connaissance, non. Personne.

 24   Question:   Pourriez-vous nous dire maintenant si vous avez rencontré M.

 25   Kordic? Est-ce que vous savez si M. Kordic s'était rendu au siège de votre


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  1   commandement?

  2   Réponse:    Moi, je l'ai rencontré une seule fois, mais ceci ne veut

  3   certainement pas dire qu'il ne s'était pas rendu au siège du commandement.

  4   Moi, je ne l'ai pas vu. Je l'ai vu une fois au commandement du 1er

  5   Bataillon, c'était à la fin de la guerre en 1994/1995. Il est passé en

  6   vitesse, il est resté 3 à 4 minutes. Il nous a salués, il a demandé

  7   comment cela se passait. Il leur a souhaité bon courage et puis il est

  8   parti.

  9   Question:   Mais, de toute façon, vous n'avez jamais entendu dire qu'il

 10   avait visité votre brigade?

 11   Réponse:    A vrai dire, je ne m'en souviens pas. Si quelqu'un me l'a dit,

 12   je l'ai peut-être oublié. En ce moment-là, je peux affirmer que je ne m'en

 13   souviens pas.

 14   Question:   Je suppose qu'au cours de 1991, 1992, 1993, vous avez

 15   éventuellement pu suivre une conférence de presse lors de laquelle M.

 16   Kordic avait parlé à l'occasion de faits différents. Est-ce que vous avez

 17   entendu, éventuellement, que Kordic prononçait des discours dénigrants à

 18   l'égard d'un peuple quelconque musulman ou autre?

 19   Réponse:    Non, jamais. J'ai écouté plusieurs discours de M. Kordic.

 20   D'après moi, il a toujours mis l'accent sur le peuple croate. Il a

 21   toujours demandé au peuple croate de ne pas quitter leur territoire. Il

 22   disait toujours que ceci était également notre Etat et qu'il appartenait

 23   également au peuple croate comme à tout autre peuple. Moi, je n'ai jamais

 24   entendu dire qu'il avait prononcé des injures ou des mots dénigrants à

 25   l'égard d'un autre peuple.


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  1   Question:   Merci. Nous allons passer à un autre sujet. Vous avez parlé de

  2   ce blocus au niveau du cimetière catholique pas trop loin d'Ahmici. En ce

  3   qui concerne cet événement qui a eu lieu en octobre 1992, pourriez-vous me

  4   dire si vous avez entendu dire éventuellement si Kordic avait menacé la

  5   population d'Ahmici, si jamais il ne démantelait pas ce barrage qu'ils

  6   avaient érigé en 1992?

  7   Réponse:    Non, je n'ai jamais entendu parler de cela, je n'ai jamais

  8   entendu Kordic menacer qui que ce soit à cette époque-là ou plus tard.

  9   Monsieur Kordic n'était pas un homme politique d'un tel niveau.

 10   D'ailleurs, je ne pense même pas que cela lui passait par l'esprit. Ce

 11   n'était pas ce niveau-là de menacer les gens qui se trouvaient sur un

 12   barrage.

 13   Question:   Merci. Et vous avez parlé du 15 avril 1993. Vous avez dit

 14   également que vous aviez de la fièvre ce jour-là. Est-ce

 15   qu'éventuellement, ce jour-là, à la télévision vous avez entendu M. Kordic

 16   qui soi-disant a parlé publiquement le 15 avril 1993? Il a dit que les

 17   Croates et les forces croates étaient prêtes et que c'était, en quelque

 18   sorte, une menace car il disait que les Croates et les formations croates

 19   étaient prêtes pour une opération militaire.

 20   Réponse:    Moi, je ne l'ai pas entendu dire. De toute façon, je n'y crois

 21   même pas parce que M. Kordic est un homme qui savait très bien quel était

 22   le rôle des Croates en Bosnie centrale et en République de Bosnie-

 23   Herzégovine. C'est la raison pour laquelle je doute qu'il ait pu le dire.

 24   17% des Croates en Bosnie-Herzégovine ne pouvaient pas véritablement

 25   représenter une force dans cet Etat.


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  1   Question:   Vous n'avez jamais entendu parler de quelque chose de cette

  2   sorte-là?

  3   Réponse:    Non.

  4   Question: Encore une autre question qui concerne un autre sujet. Monsieur

  5   Sajevic, je pense que vous êtes véritablement l'homme à qui il faudrait

  6   poser la question. Est-ce qu'il y avait les formations de l'armée croate

  7   en Bosnie centrale ou à Vitez où la Brigade de Vitez avait opéré?

  8   Réponse:    Non, jamais. Pas un seul soldat. Si, bien évidemment, on ne

  9   pense pas à Kreso Galic qui est de Vitez et qui était dans l'armée croate.

 10   Mais c'était un particulier et il est vrai qu'il est venu à Vitez à un

 11   moment donné.

 12   Question:   Merci. Je n'ai plus de questions, Monsieur le Président,

 13   Messieurs les Juges. Je viens de terminer mon interrogatoire.

 14   M. le Président (interprétation): Vous commencerez demain matin, Monsieur

 15   Nice. Quelle sera la durée de votre contre-interrogatoire?

 16   M. Nice (interprétation): J'ai un certain problème parce que la déposition

 17   porte sur la totalité de la défense de Cerkez. J'y ai réfléchi tout cet

 18   après-midi et je ne pourrai pas forcément reprendre tous les chefs

 19   d'accusation que nous avons portés contre M. Cerkez, même si le Règlement

 20   l'exige techniquement. Je ferai donc une sélection.

 21   Je sais qu'il y a des problèmes de traduction. Je pourrai peut-être en

 22   parler après le départ du témoin.

 23   M. le Président (interprétation): Inutile d'expliquer, je suis conscient

 24   des difficultés.

 25   M. Nice (interprétation): Je comprends parfaitement la difficulté que


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  1   rencontre M. Kovacic.

  2   M. le Président (interprétation): Fort bien.

  3   Commandant Sajevic, je vais vous demander de revenir demain à l'audience à

  4   9 heures 30. Vous pourrez ainsi poursuivre votre déposition. L'audience

  5   est suspendue.

6            (L'audience est levée à 16 heures 30.)

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