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1 (Mercredi 6 septembre 2000.)
2 (Audience publique.)
3 (La séance est ouverte à 9 heures 35.)
4 (Le témoin, M. Jozo Radman, est introduit dans le prétoire.)
5 M. le Président (interprétation): Je demande au témoin de prononcer la
6 déclaration solennelle.
7 M. Radman (interprétation): Je déclare que je dirai la vérité, toute la
8 vérité et rien que la vérité.
9 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.
10 M. Radman (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
11 M. le Président (interprétation): C'est à vous, Maître Kovacic.
12 (Interrogatoire de M. Jozo Radman par M. Kovacic.)
13 M. Kovacic (interprétation): Merci. Bonjour, Monsieur Radman.
14 M. Radman (interprétation): Bonjour.
15 Question: Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous répéter votre nom ainsi que
16 votre date de naissance?
17 Réponse: Je m'appelle Jozo Radman. Je suis né le 1er avril 1966 à
18 Travnik. J'habite actuellement le village de Zabilje, qui se trouve dans
19 la municipalité de Vitez.
20 Question: Vous êtes marié et vous avez deux enfants, n'est-ce pas?
21 Réponse: Oui. Je suis marié et j'ai deux enfants.
22 Question: Avant la guerre, dans l'ex-Yougoslavie, vous avez fait votre
23 service militaire au sein de la JNA?
24 Réponse: Oui, c'est exact.
25 Question: Est-ce que vous avez quitté la JNA avec un grade quelconque?
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1 Réponse: J'ai fait mon service militaire au sein de la JNA à Samobor et
2 j'ai quitté la JNA avec le grade de caporal.
3 Question: Maintenant, vous êtes un soldat, vous êtes membre de l'armée
4 de Bosnie-Herzégovine?
5 Réponse: Je suis soldat de l'armée de la Fédération de Bosnie-
6 Herzégovine.
7 Question: Et vous êtes capitaine, n'est-ce pas?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Pouvez-vous, s'il vous plaît, en quelques mots, me répondre à
10 la question suivante: en 1991, pendant les troubles qui ont secoué la
11 Croatie et la Bosnie-Herzégovine, étiez-vous intéressé par ce qui se
12 passait?
13 Réponse: Oui, bien entendu, parce que cela touchait le peuple croate.
14 Question: Quelle a été votre vision de ces événements? Quand avez-vous
15 réalisé que tout cela pouvait entraîner une guerre civile en Bosnie?
16 Réponse: Eh bien, tout d'abord, les événements qui ont eu lieu sur le
17 territoire de la République de Slovénie ont été suivis par des événements
18 sur le territoire de la République. Tout cela a fait comprendre à tous que
19 cela allait se répercuter sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine. Moi
20 aussi, je l'ai compris.
21 Question: Dans votre village de Zabilje, à l'époque, y a-t-il eu des
22 gardes villageoises organisées?
23 Réponse: Oui, à la fin 1991.
24 Question: Au printemps 1992, ces gardes étaient-elles bien organisées,
25 régulièrement organisées?
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1 Réponse: Oui, dès le début du printemps 1992, chaque soir, dans le
2 village, on organisait des patrouilles villageoises.
3 Question: Quel était l'objectif de ces patrouilles villageoises?
4 Réponse: Au début, c'est parce qu'on avait peur de la criminalité; il y
5 avait de plus en plus de criminels et de criminalité. On ne pouvait pas
6 rester sans rien faire, à regarder ce qui se passait dans la municipalité
7 de Ravno.
8 Question: A Ravno, la JNA a attaqué le village de Ravno, avec les Serbes
9 de Bosnie. C'est le premier acte de guerre mené par la JNA en Bosnie-
10 Herzégovine, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Dans la municipalité de Vitez, dans le village de Zabilje, où
13 vous résidiez?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Ce village se trouve tout à côté de Sadovace, n'est-ce pas?
16 Réponse: Oui, les maisons des deux villages sont tout à côté les unes
17 des autres.
18 Question: Zabilje et Sadovace appartiennent à la même communauté?
19 Réponse: Oui, c'est exact.
20 Question: Quelle était la composition de la population du village de
21 Sadovace?
22 Réponse: A Sadovace, la population était pratiquement à 100% musulmane,
23 à l'exception d'une maison croate, alors qu'à Zabilje, toute la population
24 était croate.
25 Question: Avant cette regrettable guerre, est-ce qu'il y a eu des
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1 problèmes entre les deux villages?
2 Réponse: Non, bien au contraire, nous avions beaucoup d'amis à
3 Sadovace.
4 Question: En 1992, les deux villages avaient des patrouilles
5 villageoises, n'est-ce pas?
6 Réponse: Oui, c'est vrai.
7 Question: Est-ce que les relations entre les deux villages ou entre les
8 gardes villageoises étaient tendues ou est-ce qu'il y avait une
9 coopération et de quelle nature était cette coopération?
10 Réponse: Eh bien, le soir, quand les patrouilles patrouillaient, la
11 patrouille de Zabilje allait du centre communal de Zabilje au centre
12 communal de Sadovace et retournait, et c'était la même chose pour les
13 gardes villageoises de Sadovace.
14 Question: Donc il y avait des contacts entre les gardes villageoise des
15 deux villages et est-ce qu'ils échangeaient les informations dont ils
16 disposaient?
17 Réponse: Oui, c'est indéniable. Il s'agissait, en ce qui concerne ces
18 informations, essentiellement de savoir si, par exemple, un véhicule
19 inconnu était entré sur le territoire des villages et s'apprêtait à faire
20 quelque chose d'interdit.
21 Question: Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple de coopération
22 entre ces deux gardes villageoises?
23 Réponse: A plusieurs reprises, je suis personnellement allé au centre
24 communal de Sadovace, mais je pense que le meilleur exemple serait le
25 suivant. En été, nous avons reçu une information selon laquelle la JNA ou
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1 les Serbes plutôt avaient envoyé un groupe de saboteurs à Stozerak.
2 Stozerak, c'est un point géographique qui se trouve au-dessus des villages
3 de Zabilje et de Sadovace, et ce jour-là, les habitants de Zabilje, de
4 Sadovace et de Muratovici, qui se trouve au-dessus de Stozerak et qui est
5 également un village musulman, donc nous sommes tous allés à Stozerak
6 ensemble et nous n'avons absolument rien vu à Stozerak, mais nous sommes
7 montés là-haut ensemble.
8 Question: Est-ce que l'on peut dire que ce n'est pas l'exemple unique de
9 coopération entre vous?
10 Réponse: Bien entendu que non. Je l'ai déjà dit et je le répète: chaque
11 soir, on allait du centre communautaire...
12 M. le Président (interprétation): Il est inutile, Monsieur le témoin, de
13 répéter quelque chose que vous nous avez déjà dit.
14 M. Kovacic (interprétation): Poursuivons donc. Quand avez-vous, pour la
15 première fois, reçu un appel du quartier général municipal vous disant de
16 vous préparer à vous défendre contre les Serbes?
17 M. Radman (interprétation): Pendant l'été 1992, quand je suis allé sur la
18 ligne de front à Vlasic.
19 Question: Auparavant, c'est-à-dire à la fin 1991 et jusqu'à l'été de
20 l'année 1992, vos seules activités dans ce domaine étaient au sein de la
21 garde villageoise, n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et vous vous êtes porté volontaire au niveau du QG du HVO en
24 cas de besoin, s'ils avaient besoin de vous pour la défense de cette
25 organisation.
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1 Réponse: Oui.
2 Question: Donc en 1991, vous vous êtes déjà présenté, porté volontaire
3 pour assurer la défense du territoire.
4 Réponse: Oui.
5 Question: A Galica et Vlasic -répondez, s'il vous plaît, par oui ou par
6 non-, vous vous battiez contre la JNA, n'est-ce pas?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Il s'agissait d'une position géographique qui pouvait
9 constituer un danger pour la vallée de la Lasva, à commencer par Novi
10 Travnik, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Combien de temps avez-vous passé à Galica pendant cette
13 première action?
14 Réponse: Cinq jours.
15 Question: Ensuite, vous êtes rentré dans votre village.
16 Réponse: Oui.
17 Question: A votre retour dans votre village, qu'avez-vous fait?
18 Réponse: Eh bien, j'ai poursuivi mes activités civiles.
19 Question: A l'époque, est-ce que vous aviez un emploi?
20 Réponse: Oui, je travaillais chez Vitezit.
21 Question: Donc vous avez continué à aller au travail.
22 Réponse: Oui.
23 Question: A ce moment-là, quand vous êtes revenu de cette première
24 opération militaire, vous considériez-vous comme un civil ou comme un
25 militaire?
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1 Réponse: Comme un civil, je travaillais chez Vitezit.
2 Question: Mais en ce qui concerne les gardes villageoises, c'était une
3 activité que vous faisiez volontairement.
4 Réponse: Oui.
5 Question: Personne ne vous a demandé officiellement, formellement, de
6 devenir membre des patrouilles villageoises, n'est-ce pas?
7 Réponse: Non.
8 Question: Pendant cette première opération militaire, est-ce que vous
9 étiez armé?
10 Réponse: Vous parlez de l'opération de Vlasic? Oui, j'étais armé.
11 Question: Quel type d'arme aviez-vous?
12 Réponse: J'avais un fusil automatique que j'avais emprunté à un
13 collègue qui appartenait aux forces de réserve de la police, la police
14 civile.
15 Question: Est-ce que vous aviez un uniforme?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Comment avez-vous obtenu cet uniforme?
18 Réponse: Je l'ai acheté.
19 Question: Monsieur Radman, je vais vous demander d'examiner un document
20 qui fait partie des éléments de preuve dont nous disposons et je
21 souhaiterais que l'on présente au témoin la pièce Z70.2.
22 Question: Monsieur le Témoin, je vous demande de lire la première page
23 et de vous pencher sur la deuxième page de ce document. A la page
24 suivante, en haut de la deuxième page, que peut-on lire?
25 Réponse: République (?) d'Herceg-Bosna, Bosnie-Herzégovine
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1 (Les interprètes demandent à avoir une copie du document sur le
2 rétroprojecteur.)
3 M. le Président (interprétation): Les interprètes ne sont pas en mesure de
4 voir le document qui n'est pas sur le rétroprojecteur. Mais je voudrais
5 savoir: de quoi s'agit-il ici? Quel est ce document? Je ne l'ai pas vu
6 moi-même.
7 M. Kovacic (interprétation): Ce document a été présenté précédemment par
8 l'accusation et le nom de ce témoin apparaît sur ce document, à la
9 première page.
10 M. le Président (interprétation):Qu'est-ce que c'est que ce document?
11 M. Kovacic (interprétation): D'après la défense, il s'agit d'un document
12 qui a été établi par les autorités civiles qui souhaitaient établir une
13 liste des volontaires qui avaient participé d'une manière quelconque à la
14 défense de la vallée de la Lasva.
15 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous donner de nouveau la
16 cote de ce document, s'il vous plaît?
17 M. Kovacic (interprétation): Z70.2.
18 M. le Président (interprétation): Et que souhaitez-vous que le témoin
19 fasse au vu de ce document?
20 M. Kovacic (interprétation): Je souhaiterais que le témoin reconnaisse sa
21 signature qui figure au bas de la page du document. Pourquoi a-t-il signé
22 ce document?
23 M. le Président (interprétation): De quelle page du document s'agit-il?
24 M. Kovacic (interprétation): La première page du document.
25 M. le Président (interprétation): Monsieur Radman, veuillez, s'il vous
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1 plaît, examiner la première page de ce document. Au bas de cette page,
2 pouvez-vous nous dire s'il s'agit bien de votre signature que l'on peut
3 voir?
4 M. Radman (interprétation): Oui, c'est la signature n°2.
5 M. le Président (interprétation): Bien.
6 M. Kovacic (interprétation): Monsieur Radman, on voit trois signatures
7 ici. A côté de chaque signature, on voit un bureau, une fonction plus
8 spécifique qui est mentionnée; je parle ici du bas de la page. Donc, je
9 lis le premier nom: Mirko Djotlo, je crois qu'il s'agit de Mirko Djotlo.
10 Et ensuite, on voit "Coordinateur": qu'est-ce que cela signifie
11 "Coordinateur"?
12 M. Radman (interprétation): Les coordinateurs, c'étaient des gens qui
13 travaillaient au quartier général de la municipalité. Ils assuraient la
14 coordination au niveau du quartier général municipal. Eux, ils
15 travaillaient au niveau des villages.
16 Question: Votre signature est la deuxième. A côté de votre nom, on peut
17 voir la chose suivante: "Commandant". Pourquoi y a-t-il écrit
18 "Commandant"?
19 Réponse: "Commandant" parce qu'après, en avril 1993, vers le 20 avril,
20 j'ai été nommé commandant de cette zone. C'est pourquoi on peut lire ici
21 le terme "Commandant". Cela suit… C'est en dessous du quartier général
22 municipal.
23 Question: Et après, le nom de Perica Djotlo, premier nom, on peut voir
24 "Président de l'organisation de base".
25 Réponse: C'est un nom qui était utilisé avant l'établissement des
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1 quartiers généraux municipaux. C'était une organisation qui existait dans
2 plusieurs villages sur la base des partis politiques.
3 Question: Cela veut-il dire que ces trois personnes garantissent ici que
4 les personnes mentionnées sur cette page ont effectivement participé à la
5 résistance organisée à l'agression?
6 M. le Président (interprétation): Laissez parler le témoin, Maître
7 Kovacic. Ne présentez pas vous-même les éléments de preuve. Le témoin se
8 contente de dire oui: il est plus utile que le témoin s'exprime librement
9 lui-même. Demandez-lui ce que faisaient ces gens, pourquoi ils étaient là?
10 Posez-lui ce genre de question, mais ne le mettez pas devant le fait
11 accompli.
12 M. Kovacic (interprétation): Dernière chose au sujet de cette liste.
13 Monsieur le témoin, sur cette page, on voit que vous avez participé à ces
14 actions, n'est-ce pas?
15 M. Radman (interprétation): Oui.
16 Question: Pouvez-vous nous montrer votre nom sur cette feuille de
17 papier?
18 (Le témoin obtempère.)
19 Réponse: C'est le nom qui est au-dessous du n°3.
20 Question: Votre signature est dans la colonne de droite, n'est-ce pas?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Merci.
23 Réponse: Je vous en prie.
24 Question: Une autre question à ce sujet et nous en aurons terminé sur ce
25 thème. Pourquoi, s'il vous plaît, vous êtes vous engagé dans ces
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1 activités, dans ces patrouilles villageoises? Je parle aussi bien de 1992
2 que de 1993 ou 1991 même.
3 Réponse: Je voulais protéger mon village.
4 Question: Merci. Après cette opération de Galica, avez-vous participé à
5 d'autres opérations? Avez-vous participé à la lutte contre l'agresseur, la
6 JNA, avec le HVO?
7 Réponse: J'ai participé à des opérations à Turbe, Slatka Voda, au
8 dessus de Novi Travnik.
9 Question: Dans quel contexte vous a-t-on invité à participer à ces
10 opérations?
11 Réponse: Cela s'est fait par l'intermédiaire du quartier général
12 municipal.
13 Question: Et le système fonctionnait de la même façon qu'auparavant?
14 Réponse: Oui, par le biais d'un coordinateur.
15 Question: Est-il exact que, chaque fois, on vous envoyait des documents
16 pour vous mobiliser, pour vous appeler à participer à ces opérations ou
17 est-ce qu'on vous appelait oralement?
18 Réponse: Eh bien, parfois le coordinateur nous disait qu'on avait
19 besoin d'un certain nombre de personnes pour aller sur la ligne de front à
20 Novi Travnik, Turbe, etc. A ce moment, un certain nombre de jeunes hommes
21 se présentaient pour répondre aux besoins.
22 Question: Quel était le statut de ces hommes?
23 Réponse: C'étaient des civils mais beaucoup retournaient ensuite dans
24 les entreprises où ils travaillaient.
25 Question: Quand est-ce que, s'il vous plaît, la Brigade Stjepan
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1 Tomasevic a-t-elle été créée?
2 Réponse: En 1992, en décembre 1992.
3 Question: En ce qui concerne ceux qui allaient sur la ligne de front,
4 est-ce qu'il y a des choses qui ont évolué, pour vous?
5 Réponse: Non, c'était toujours à Slatka Voda.
6 Question: Vous a-t-on nommé à un autre endroit, est-ce qu'on vous a
7 nommé à une caserne précise?
8 Réponse: Nous n'avions pas de caserne.
9 Question: Vous êtes allé au nord-ouest de Novi Travnik, à Mravinja,
10 Slatka Voda, est-ce bien exact?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Est-ce que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait son propre
13 secteur sur place?
14 Réponse: Oui, sur notre droite.
15 Question: Aviez-vous des contacts avec l'armée de Bosnie-Herzégovine?
16 Réponse: Pas moi personnellement, mais les hommes qui se trouvaient sur
17 le flanc droit, nos hommes sur le flanc droit, eux avaient des contacts
18 avec l'armée de Bosnie-Herzégovine.
19 Question: Est-ce que vous savez quand la Brigade de Vitez a été créée?
20 Réponse: En mars 1993.
21 Question: Y a-t-il eu une évolution dans votre situation personnelle au
22 sujet de vos activités sur la ligne de front?
23 Réponse: Non, rien de particulier. On nous a juste assigné un secteur,
24 le secteur de la Brigade de Vitez, sur la ligne.
25 Question: Donc il s'agissait d'un secteur différent sur la ligne de
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1 front?
2 Réponse: Oui. La localité de Mravinja, Kamenjas, Slatka Voda, Viteska.
3 Question: Et la ligne de front est restée la même?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Et donc vous travailliez en équipes, des équipes qui se
6 relayaient, n'est-ce pas?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Monsieur le Témoin, à votre connaissance, quand est-ce qu'on a
9 vu apparaître des tensions visibles entre les Musulmans et les Croates, là
10 où vous habitiez?
11 Réponse: Au début 1993, quand j'allais sur la ligne de front, j'ai
12 commencé à voir apparaître ce genre de choses.
13 Question: Dans quelles circonstances? Qu'est-ce qui se passait
14 exactement?
15 Réponse: Nous avions des problèmes en passant la rue Kalinska à Novi
16 Travnik. A une occasion, un des membres de notre équipe s'est fait tirer
17 dessus alors que nous avancions vers la ligne de défense.
18 Question: La rue Kalinska, qui la contrôlait?
19 Réponse: C'était l'armée de Bosnie-Herzégovine.
20 Question: Et cette rue se situait à Novi Travnik, n'est-ce pas?
21 Réponse: Oui, exactement.
22 Question: Est-ce qu'il arrivait que vous ne pouviez pas prendre la route
23 la plus courte de Vitez à Novi Travnik, pour rejoindre votre position?
24 Réponse: Oui. Il est arrivé que nous ne puissions pas passer par
25 Kalinska.
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1 Question: Donc vous avez dû faire un détour?
2 Réponse: Oui, c'est ça. Nous avons dû prendre une autre route qui
3 n'était pas très praticable.
4 Question: Monsieur le Témoin, quand avez-vous été présent pour la
5 dernière fois sur la ligne de défense?
6 Réponse: Environ une dizaine de jours avant le conflit.
7 Question: A votre connaissance, quand a débuté le conflit entre les
8 Croates et les Musulmans?
9 Réponse: Le 16 avril 1993.
10 Question: Je voudrais maintenant présenter un élément de preuve et je
11 souhaiterais que l'on me donne la cote de ce document, s'il vous plaît.
12 Monsieur Radman, je vais vous demander d'examiner ce document.
13 M. le Président (interprétation): Pouvons-nous avoir une cote, s'il vous
14 plaît?
15 Mme Thompson (interprétation): Ce document portera la cote D100.
16 M. le Président (interprétation): Je crois qu'il faudra ajouter une barre
17 oblique et un 2.
18 Mme Thompson (interprétation): Effectivement: D100/2.
19 M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Témoin, j'espère que vous avez eu
20 la possibilité d'examiner ce document?
21 M. Radman (interprétation): Oui.
22 Question: Sur la base de cet ordre, est-ce qu'on vous a envoyé pour
23 faire partie de cette dernière équipe?
24 Réponse: Oui, je pense que c'est effectivement l'ordre, cet ordre-là.
25 Question: Comment pouvez-vous le dire?
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1 Réponse: Après que j'ai été là-bas, à Slatka Voda, une autre équipe
2 s'est rendue sur place et elle était sur place, sur la ligne de défense,
3 lors du début du conflit.
4 Question: Au point 2 de cet ordre, on peut lire "qu'un peloton venant de
5 la 2e Compagnie a été envoyé sur la ligne de défense". Qu'est-ce que
6 c'étaient ces compagnies qui sont mentionnées ici?
7 Réponse: Les compagnies? Ce sont des gens qui allaient sur la ligne de
8 défense et qui se relayaient par équipes, c'est-à-dire que tout le monde
9 n'y allait pas en même temps. Il y avait une rotation.
10 Question: Bien. Je vous vais vous demander de regarder un document pour
11 voir si vous pouvez nous aider. Je vais demander à la Greffière d'audience
12 de présenter au témoin le document Z 653, et je souhaiterais que l'on
13 présente au témoin la version en langue croate et que l'on place sur le
14 rétroprojecteur la version anglaise. Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous
15 dire qui a signé ce document?
16 Réponse: Il n'y a pas de signature. Ici, on voit que c'est l'officier
17 du SIS du 1er Bataillon.
18 Question: Qu'est-ce que signifie, à votre avis, ce sigle "SIS"?
19 Réponse: Ce sont les services de sécurité.
20 Question: Est-ce que vous savez qui c'était lorsque ce document a été
21 établi? Est-ce que vous connaissez son nom, son prénom?
22 Réponse: Je ne connais pas cette personne.
23 Question: A la première page de ce document, au point 2, on mentionne
24 une compagnie. J'imagine que c'est la 2ème Compagnie dont le commandant est
25 Slavko Badrov.
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1 Réponse: Oui.
2 Question: Voici une liste de villages. Est-ce que votre village figure
3 dans cette liste?
4 Réponse: Oui, le village de Zabilje figure ici.
5 Question: Et le nombre d'hommes ici indiqué, qui participaient à la
6 défense, correspond-il à la réalité?
7 Réponse: Oui, ces hommes allaient parfois sur la ligne de front.
8 Question: Donc vous apparteniez à un groupe de 29 personnes qui allait
9 sur la ligne de front.
10 Réponse: C'est exact.
11 Question: Et ce chiffre, est-ce que cela signifiait que l'on faisait
12 appel aux hommes qui figuraient sur cette liste pour qu'ils aillent sur la
13 ligne de front?
14 Réponse: Oui, suivant les besoins.
15 Question: Est-ce que cela voulait dire que ces hommes étaient
16 constamment en armes?
17 Réponse: Non. Quand ils revenaient de leur service, ils redevenaient
18 civils.
19 Question: Merci. Peut-être que nous pouvons procéder à la partie du
20 témoignage concernant le début même du conflit de la vallée de la Lasva.
21 Vous souvenez-vous où vous étiez exactement le soir du 15 avril et ce que
22 vous avez fait?
23 Réponse: J'étais dans le centre de coopérative, le centre social de
24 Zabilje.
25 Question: Dans quelles fonctions? Pour quelle raison?
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1 Réponse: Juste contigu au centre se trouve un club de football, par
2 conséquent un terrain de football où je me suis rendu en civil.
3 Question: Avez-vous exercé également vos devoirs en matière de garde
4 villageoise?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Avez-vous, au cours de la soirée, obtenu quelque information
7 concernant les événements?
8 Réponse: Oui.
9 Question: De la part de qui?
10 Réponse: De la part de M. Slavko Badrov.
11 Question: C'est justement lui le capitaine, l'officier, celui du
12 document? Que vous a-t-il dit?
13 Réponse: Oui, c'est cela. Il a dit que le 16, les Musulmans pouvaient
14 tenter d'attaquer quelque part dans le domaine de la municipalité de
15 Vitez.
16 Question: Slavko Badrov vous a-t-il dit d'où il tenait l'information,
17 par quel moyen, etc.?
18 Réponse: Non, pas à moi. Nous étions nombreux dans ce centre.
19 Question: Quel était l'ordre qu'il vous a donné?
20 Réponse: Tout simplement d'être sur le qui-vive.
21 Question: Excusez-moi, je suis un peu pressé (... inaudible).
22 En ce moment, vous l'a-t-il dit en tant que supérieur ou tout simplement
23 c'était un conseil donné aux gardes villageoises?
24 Réponse: C'était une information qui nous concernait tous, tout
25 simplement pour nous inviter à être prudents.
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1 Question: A ce moment-là, Slavko Badrov a-t-il été compétent de vous
2 informer, vous, en tant qu'équipe d'une garde villageoise?
3 Réponse: Non.
4 Question: Et qu'avez-vous fait lorsque vous avez entendu cette
5 information?
6 Réponse: Je me suis adressé à l'équipe de la garde villageoise à ce
7 moment-là de redoubler d'efforts quant à leur prudence et sécurité et de
8 ne pas se rendre au centre de Sadovace cette soirée-là. Cela dit, nous
9 avons passé l'information à la garde villageoise de Stozerak d'être
10 vigilante quant à elle aussi.
11 Question: Qu'est-ce que cette localité, cette côte de Stozerak?
12 Réponse: C'est une côte dominante derrière le village de Brda.
13 Question: C'est à partir de cette côte-là que l'on pouvait bien observer
14 ce qui se passait en bas?
15 Réponse: De la côte de Stozerak, on avait une bonne visibilité et on
16 voyait jusqu'à Stari Travnik, Novi Travnik jusqu'à Vitez et jusqu'à la
17 route menant à Busovaca.
18 Question: Monsieur le Président, je pensais que nous aurions pu peut-
19 être placer sur le rétroprojecteur une carte géographique pour aider un
20 peu le travail du témoin, c'est-à-dire sa déposition, pour qu'il se
21 débrouille mieux.
22 Pour ce qui est d'une série de questions que je vais vous poser
23 maintenant, le mieux serait de nous montrer, moyennant un pointeur, toutes
24 ces côtes et localités pour lesquelles je vous poserai des questions.
25 Regardez plutôt cette carte à droite sur le rétroprojecteur. Est-il juste
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1 de dire que le matin, vous avez entendu des coups de fusil tirés de
2 différents côtés de la municipalité?
3 Réponse: Oui, c'était le matin du 16 avril.
4 Question: Quelles informations avez-vous pu tenir et obtenir à ce
5 moment-là?
6 Réponse: Jusqu'à midi, aucune information. Au cours de la journée, plus
7 tard, nous avons été informés que dans le bas de la municipalité de Vitez,
8 une attaque avait été perpétrée par les Musulmans contre la municipalité.
9 Question: Et qu'avez-vous fait dans un premier moment?
10 Réponse: Nous avons tout simplement redoublé d'efforts et renforcé nos
11 effectifs de la garde villageoise à Stozerak.
12 Question: Voulez-vous nous montrer, s'il vous plaît, avec le pointeur.
13 (Le témoin montre l'emplacement sur la carte.)
14 Où se trouve le village?
15 Réponse: En bas, au-dessus de la côte.
16 Question: A quelle altitude?
17 Réponse: A environ 800 mètres.
18 Question: Combien d'hommes avez-vous eu à vos côtés pour l'observation,
19 en haut de Stozerak?
20 Réponse: 14 personnes.
21 Question: L'unité de l'armée de Sadovace a-t-elle entrepris quoi que ce
22 soit à ce moment-là?
23 Réponse: L'unité de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Sadovace était
24 déjà en train de former la ligne de défense depuis Zabilje jusqu'à
25 Sadovace en date du 16 avril.
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1 Question: Dans la matinée?
2 Réponse: Oui, au cours de la matinée, très tôt le matin.
3 Question: Voulez-vous nous montrer où se trouvait cette ligne de
4 défense?
5 (Le témoin indique et montre avec le pointeur.)
6 Réponse: La ligne allait derrière les villages.
7 Question: Bien. Par conséquent, cette ligne devient la ligne de
8 démarcation entre ces deux villages?
9 Réponse: C'est vrai.
10 Question: A droite, à l'est de Sadovace, pour les Musulmans, est-ce
11 exact?
12 Réponse: Oui, c'est exact.
13 Question: C'était l'armée de Bosnie-Herzégovine?
14 Réponse: Oui, et renforcée par les gens de Krajnici et Karaulci.
15 Question: J'ai été trop rapide; je reprends; on vient de me demander si
16 le témoin avait prononcé 14 ou 40?
17 Réponse: J'ai dit 14.
18 Question: Je vous remercie. Vous avez fait mention de Krajnici et
19 Karaulci. De quoi s'agit-il?
20 Réponse: Nous appelions "Kraijnici" tous ceux qui ont été persécutés
21 par la JNA et les Serbes depuis la Krajina, et "Karaulci", ce sont les
22 citadins du village de Karaule qui appartenait à la municipalité de
23 Travnik, par conséquent eux aussi expulsés par les Serbes.
24 Question: Par conséquent, ce sont des réfugiés qui sont venus au village
25 de Sadovace où ils se sont pratiquement établis?
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1 Réponse: Oui, provisoirement.
2 Question: Est-ce vrai que, parmi ces gens-là, il y avait des civils et
3 des militaires?
4 Réponse: Oui, des civils et des militaires.
5 Question: Pour l'information du Tribunal, vous avez mentionné Krajina;
6 c'est quelle région de Bosnie?
7 Réponse: Depuis Klujic à Sanski Most, région autour de Banja Luka.
8 Question: Ces forces de Sadovace, qu'avaient-elles entrepris plus tard?
9 Réponse: Elles ont formé et bien établi la ligne de défense près de
10 Grbavica, pour encercler en quelque sorte, à Grbavica Sadovace, et pour
11 couper la communication avec Vitez et Travnik.
12 Question: Voulez-vous nous montrer sur la carte?
13 (Le témoin montre avec le pointeur.)
14 Question: Quelle est la partie contrôlée par l'armée sur cette ligne-là?
15 Réponse: L'armée contrôlait la rive gauche de la rivière Bila jusqu'à
16 son confluent de la Lasva et entrecoupe la communication avec la route de
17 Vitez.
18 Question: Montrez-nous quelle partie de la route -de cette route
19 principale le long de la vallée qui est contrôlée par la force de
20 l'armée-, quelle partie de la route?
21 (Le témoin montre avec le pointeur.)
22 Question: Les véhicules du HVO peuvent-ils y circuler?
23 Réponse: C'est depuis le pont jusqu'au Divjak que la route est
24 contrôlée et personne ne pouvait y passer.
25 Question: Alors, vous qui êtes de Zabilje, comment vous rendiez-vous à
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1 Vitez après que la route a été rompue? Montrez par ce pointeur, s'il vous
2 plaît.
3 (Le témoin montre avec le pointeur.)
4 Question: Et où mène ensuite cette route?
5 (Le témoin montre avec le pointeur.)
6 Vous avez donc dû prendre les chemins environnants. Ce dernier tronçon de
7 la route passe donc à travers les usines SPS?
8 Réponse: Oui, c'est cela, à travers les usines SPS.
9 Question: Cette situation a régné jusqu'à quand?
10 Réponse: Jusqu'en septembre 1993.
11 Question: Revenons quelques instants à ces premières journées de
12 conflit. Avez-vous réussi à maintenir entre vos bases Stozerak?
13 Réponse: Non.
14 Question: Qui vous a pris Stozerak et comment?
15 Réponse: Le 18 avril 1993, les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine
16 ont attaqué Stozerak et l'ont pris le même jour; Stozerak, ainsi que
17 l'armée a pris des maisons de Ivcici, Sucici et Kriste.
18 Question: Jusqu'à quel moment l'armée de Bosnie-Herzégovine a-t-elle
19 tenu ses positions à Stozerak?
20 Réponse: Jusqu'à la fin de la guerre.
21 Question: Par conséquent, jusqu'aux accords de Washington?
22 Réponse: Oui, c'est cela.
23 Question: Quant aux lignes de front derrière le village, elles étaient
24 toujours maintenues en même état?
25 Réponse: Oui, à cette époque-là jusqu'à Sadovace. Mais, plus tard, le
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1 19 mai 1993, l'armée de Bosnie-Herzégovine a pris également le village de
2 Djotle.
3 Question: Y avait-il eu des blessés et des morts?
4 Réponse: Oui, il y avait treize victimes.
5 Question: Civiles ou militaires?
6 Réponse: Civiles et militaires.
7 Question: De nationalité?
8 Réponse: Croate et serbe.
9 Question: Au temps de l'attaque contre Stozerak, le 18, étiez-vous en
10 mesure -étant donné vos capacités- d'y résister?
11 Réponse: Non. Non, n'avons pas été en mesure de nous défendre.
12 Question: Vous n'avez même pas essayé?
13 Réponse: Oui, on a essayé avec ces quatorze hommes que nous avons
14 envoyés à Stozerak, mais c'était insuffisant, bien insuffisant pour le
15 faire, pour se défendre.
16 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, lorsque le 16 avril la guerre a
17 commencé, à quel moment la mobilisation a été effectuée dans votre
18 village?
19 Réponse: A la suite de la chute de Stozerak.
20 Question: Pouvez-vous nous dire peut-être un jour, deux jours, cinq
21 jours après la chute de Stozerak?
22 Réponse: Deux jours après la chute de Stozerak.
23 Question: Par conséquent, nous pouvons dire que vers le 20 ou le 21
24 avril, vous avez été mobilisé.
25 Réponse: Oui, le 20, parce que depuis que nous avons pu parler du 18
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1 avril, etc.
2 Question: Cette mobilisation, comment a-t-elle été effectuée? Qui vous a
3 dit, de fait: "Voilà, maintenant vous êtes mobilisé, vous êtes sous les
4 drapeaux"?
5 Réponse: C'est que j'ai reçu un ordre d'après lequel j'ai été nommé
6 commandant de la région, de la localité, du village de Zabilje.
7 Question: Et les autres membres des gardes villageoises de chez vous,
8 là-bas, eux aussi, ils ont été d'une façon ou d'une autre informés qu'ils
9 étaient dorénavant membres de la brigade HVO?
10 Réponse: Oui, c'est bien cela.
11 Question: Y a-t-il eu des dilemmes aucuns pour dire qu'à partir de ce
12 jour-là, vous avez été subordonnés à toute la discipline et aux ordres
13 donnés par le commandement de la brigade?
14 Réponse: Aucun dilemme, nous étions membres de la brigade.
15 Question: Et qui était votre supérieur à cette époque-là?
16 Réponse: Slavko Badrov.
17 Question: Savez-vous, du point de vue de la hiérarchie, qui était son
18 supérieur?
19 Réponse: Mario Cerkez.
20 Question: Je vous remercie bien. Vous avez fait mention de cet ordre où
21 a été fixé le secteur de votre défense.
22 Réponse: C'est cela. Il s'agit de cette région de défense qui était la
23 nôtre.
24 Question: Avez-vous eu une autre affectation ou bien quant aux région ou
25 bien c'était la même région comme avant, lorsque vous étiez en garde
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1 villageoise?
2 Réponse: C'était la défense du village qui était notre région.
3 Question: Est-ce que plus tard en 93, vous avez eu des mutations à
4 subir?
5 Réponse: Non. C'est seulement le 5 septembre, lorsqu'il y avait cette
6 attaque contre les maisons de Djotline.
7 Question: Est-ce que votre unité a été transférée ailleurs ou gardait
8 toujours les mêmes positions pour garder le village?
9 Réponse: Mon unité est restée toujours sur les mêmes positions parce
10 qu'étant donné que nous n'avions pas suffisamment d'effectifs, il a fallu
11 bien défendre nos maisons.
12 Question: Monsieur Radman, à en juger d'après ces positions que vous
13 venez de mentionner, est-il vrai de dire que depuis l'armée ennemie et le
14 village où vous êtes, vous étiez toujours en quelque sorte en sandwich en
15 tant que HVO?
16 Réponse: Voulez-vous répéter la question?
17 Question: Je voulais dire: est-ce que vous étiez face à l'ennemi et le
18 village était dans votre dos?
19 Réponse: C'est bien cela.
20 Question: Je vous remercie. Le jour du commencement du conflit, aviez-
21 vous déjà établi des fortifications dans et autour du village?
22 Réponse: Non.
23 Question: Est-ce que c'est plus tard que vous avez creusé les tranchées?
24 Réponse: Plus tard, oui.
25 Question: D'après vous et votre souvenir, à quel moment avez-vous creusé
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1 les premières tranchées?
2 Réponse: A la suite de la chute de Stozerak.
3 Question: Les tranchées ont été creusées par qui?
4 Réponse: Par les soldats eux-mêmes.
5 Question: Y a-t-il eu une unité de travail quelconque qui venait
6 travailler?
7 Réponse: Oui, il y a eu une unité de travail, le 5 septembre 93.
8 Question: Où cela?
9 Réponse: Sur la ligne de front, près de Zabilje, à la suite de la chute
10 des maisons de Djotline Kuce.
11 Question: Pour quelle raison avez-vous eu besoin de cette unité de
12 travail?
13 Réponse: Parce que tout simplement Djotline Kuce, après la chute, était
14 en danger. Il y avait beaucoup de blessés et de morts. Nous étions seuls,
15 nous n'avons pas pu creuser les tranchées à nous tout seuls.
16 Question: Pourquoi dites-vous que vous étiez seuls? Est-ce le facteur
17 temps qui jouait ou quoi?
18 Réponse: Oui, le facteur temps bien sûr, mais le manque d'effectifs
19 également.
20 Question: Monsieur Radman, dites-nous, s'il vous plaît, si au cours de
21 l'année 93 vous avez reçu la visite d'officiers, surtout d'officiers du
22 IPD des brigade ou de votre bataillon?
23 Réponse: Oui, nous avons eu la visite de ces officiers.
24 Question: En quelles fonctions étaient-ils venus?
25 Réponse: Les officiers qui nous rendaient visite en premier lieu
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1 devaient agir dans sens de la morale, c'est-à-dire encourager les
2 effectifs, ensuite porter à la connaissance de chacun nos devoirs, nos
3 obligations tant sur le front que lorsque nous avons agi parmi les civils,
4 et ceci d'un côté et de l'autre.
5 Question: Monsieur Radman, dites-nous, s'il vous plaît, y a-t-il eu une
6 situation quelconque où vous avez été en action d'offensive contre un
7 village où il se trouvait une population musulmane?
8 Réponse: Oui, lorsque nous parlons de cette ligne de défense, ligne sur
9 laquelle se trouvait l'armée BH.
10 Question: Avez-vous jamais donné d'ordre ou exercé un ordre où il a
11 fallu attaquer les maisons habitées uniquement par des civils?
12 Réponse: Non.
13 Question: Au cours de la guerre, avez-vous jamais eu des prisonniers?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Etait-ce des civils ou des militaires?
16 Réponse: Il y en avait des deux, civils et militaires.
17 Question: Voulez-vous dire devant ce prétoire comment vous les avez
18 traités, ce que vous avez fait avec?
19 Réponse: Nous les avons tout simplement reconduits vers le commandement
20 du bataillon.
21 Question: Que savez-vous de leur sort?
22 Réponse: Je crois qu'ils ont été échangés.
23 Question: En quelle période de la guerre était-ce?
24 Réponse: Depuis l'été 93 jusqu'à la fin des hostilités, la fin de la
25 guerre.
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1 Question: Et comment se fait-il que ces civils soient venus chez vous?
2 Réponse: Il y avait deux femmes qui s'étaient perdues, un militaire de
3 Sadovace que je connaissais personnellement parce que, perdu dans le
4 brouillard, il se trouvait sur la ligne de front, de défense, et puis ils
5 étaient en voiture, se trouvant là jusqu'à Zabilje. Il y avait un juge
6 parmi eux et puis un autre membre pour lequel nous avons pu dire qu'il
7 s'était perdu. Et nous les avons pris pour les conduire ensuite vers le
8 commandement du bataillon.
9 Question: Est-ce vrai qu'à aucun moment vous n'avez pas pu prendre un
10 terrain par exemple et y trouver une population civile?
11 Réponse: Non.
12 Question: Peut-on dire que ces gens-là se trouvaient perdus sur ce
13 terrain-là que vous avez pris?
14 Réponse: En général c'est bien le cas.
15 Question: Je vous remercie. Juste pour tirer certaines choses au clair,
16 vous avez mentionné tout à l'heure que vers le 20 ou le 21 avril, vous
17 avez été nommé responsable, chef de section de ce secteur, de cette
18 région. Faudrait-il y voir un peu plus clair. Comment vous avez surtout
19 procédé pour organiser la défense?
20 Réponse: Qui dit région veut dire région environnante d'un village. Par
21 exemple, on parle de Zabilje, on parle des environs de Zabilje. Plusieurs
22 villages qui, du point de vue territorial, font un tout devraient composer
23 un secteur. Le chef responsable d'une région est quelqu'un qui viendrait
24 du village en question. Par conséquent, sur la ligne de défense, les
25 responsables sont pratiquement les gens des villages respectifs du secteur
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1 considéré comme un tout.
2 Question: Lorsque nous parlons de région, au cours de la guerre, y a-t-
3 il eu une autre unité qui serait venue pour vous aider à des moments
4 critiques?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Pouvez-vous peut-être citer un exemple et citer l'unité?
7 Réponse: Le 5 septembre, avec la chute de Dotline Kuce, les membres de
8 Vitez étaient venus pour arrêter la percée et l'avancement de l'armée
9 Bosnie-Herzégovine.
10 Question: Ils s'étaient donc invités en renfort?
11 Réponse: Oui, justement. Après la chute de Dotline Kuce, pour ne pas
12 que l'armée Bosnie-Herzégovine prenne la ville de Zabilje.
13 Question: Pouvez-vous vous rappeler: pour Vitez, quels étaient leurs
14 effectifs?
15 Réponse: Ils étaient de quinze à vingt personnes. Ils restaient ce
16 jour-là et la journée suivante tant qu'une nouvelle ligne de défense
17 n'était pas rétablie.
18 Question: Au moment où ils étaient venus, ils étaient subordonnés à qui?
19 Réponse: A leur commandant, c'est-à-dire le commandant adjoint, parce
20 que le commandant était mort lors de leur entrée dans le village.
21 Question: Est-ce que, dans cette région-là où ils étaient pendant ces
22 deux journées-là, ils vous étaient subordonnés à vous, qui étiez chef de
23 région?
24 Réponse: Non.
25 Question: Leur avez-vous expliqué la situation, les problèmes, les lieux
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1 considérés comme dangereux? Leur avez-vous fourni des informations pour
2 mieux agir?
3 Réponse: Oui. Nous les avons amenés jusqu'à la ligne de défense, là,
4 qui se trouvait en danger, où il a fallu arrêter justement -si possible-
5 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
6 Question: C'était au cours de cette attaque perpétrée par l'armée de
7 Bosnie-Herzégovine?
8 Réponse: Oui, c'était le 5 septembre.
9 Question: Pouvez-vous nous dire par qui ils étaient envoyés, les
10 Vitezovi?
11 Réponse: Non. Tout simplement, nous avons informé le commandement du
12 bataillon que la ligne de défense a été interrompue, qu'il y a eu des
13 blessés et des morts, et qu'un certain nombre de nos membres étaient
14 restés encerclés.
15 Question: Quand la ligne de front a été stabilisée, cette aide vous a
16 été retirée?
17 Réponse: Le lendemain, effectivement, nous avons stabilisé le front.
18 Question: Monsieur le témoin Radman, pouvez-vous nous dire, pendant la
19 durée de cette guerre, vous rappelez-vous combien de vos hommes sont morts
20 dans ce secteur?
21 Réponse: 36.
22 Question: Et quelle était la composition hiérarchique de ce groupe?
23 Réponse: Il y avait de simples soldats. Vingt d'entre eux étaient de
24 simples soldats, le reste étaient des civils et des membres d'un peloton
25 de travail.
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1 Question: Et les blessés, pendant cette même période?
2 Réponse: Aux environs de 130.
3 Question: Toujours des civils et des militaires?
4 Réponse: Surtout des militaires mais il y avait aussi quelques civils.
5 Question: Mais vous avez parlé du peloton de travail qui est venu vous
6 aider à creuser les tranchées. Savez-vous si l'un ou l'autre des membres
7 de ce peloton de travail a été capturé?
8 Réponse: Non, aucun ne l'a été.
9 Question: Merci. Au cours de ce conflit, vous avez été blessé, n'est-ce
10 pas?
11 Réponse: Oui, au mois de juin 1993.
12 Question: Votre blessure était-elle grave, légère?
13 Réponse: J'ai été blessé au bras gauche.
14 Question: Combien de temps êtes-vous resté à l'hôpital?
15 Réponse: On m'a emmené à l'hôpital de Nova Bila. Et comme l'hôpital
16 était plein, on m'a ramené chez moi.
17 Question: Combien de temps avez-vous arrêté pour blessure?
18 Réponse: Une semaine à peu près.
19 Question: Ensuite, vous êtes retourné au front?
20 Réponse: Oui.
21 Question: A votre retour sur le front, vous avez repris les fonctions
22 qui étaient les vôtres avant votre blessure?
23 Réponse: Oui, j'ai continué à exercer les responsabilités de chef de
24 secteur.
25 Question: Monsieur le témoin Radman, dans votre village ou dans le
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1 village voisin de Sadovace, y avait-il un bâtiment religieux?
2 Réponse: Il y avait une "mativa"(?) dans le village voisin.
3 Question: Ce bâtiment a-t-il été endommagé au cours de la guerre?
4 Réponse: Je ne sais pas car nous ne pouvions pas le voir. Nous n'avions
5 pas de visibilité nous permettant de le déterminer.
6 Question: Et pendant cette même période, quelqu'un a-t-il essayé
7 d'endommager ce bâtiment?
8 Réponse: Non.
9 Question: Auriez-vous eu la moindre raison d'agir de cette façon?
10 Réponse: Non.
11 M. Kovacic (interprétation): Merci, Monsieur Radman. Je n'ai plus de
12 questions.
13 M. Sayers (interprétation): Je n'ai pas de question pour ce témoin,
14 Monsieur le Président.
15 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Jozo Radman, par M. Nice.)
16 M. Nice (interprétation): J'aimerais d'abord que l'on remette sous les
17 yeux du témoin le document Z70.2.
18 Monsieur le Témoin, j'aimerais que vous nous apportiez des explications au
19 sujet de ce document. Pouvez-vous nous dire, en parlant librement, quelle
20 est la nature exacte de ce document?
21 M. Radman (interprétation): A la fin de la guerre, on a beaucoup commencé
22 à parler de certificats permettant de répartir les propriétés acquises par
23 la Bosnie-Herzégovine. Puisque nous étions un secteur, nous avons été
24 chargés de vérifier quelles ont été les personnes qui, depuis le début du
25 conflit et jusqu'à la fin de la guerre, ont participé à la résistance
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1 organisée. Pourquoi trouve-t-on trois signatures à la fin de ce document?
2 Depuis le mois de septembre, le Président de cette instance...
3 Question: Je vais vous interrompre pour gagner du temps, si vous le
4 permettez. Ce que vous venez de dire est déjà très utile. Nous constatons
5 que ce document qui porte l'intitulé HDZ 1991-1992, détermine donc une
6 période particulière. Pouvez-vous apporter des explications sur ce point?
7 Réponse: HDZ, pendant la période 1991 à 1992. Cela signifie qu'il est
8 question des personnes qui ont participé à la résistance organisée pendant
9 cette période.
10 Question: Je vois que votre nom figure sur ce document. Vous avez
11 commencé à participer en septembre 1991. Et puis, en face de la plupart
12 des noms, on trouve une signature et –parfois- il n'y a pas de signature.
13 Est-ce parce qu'il s'agit de personnes décédées ou parce qu'on n'a pas pu
14 les retrouver?
15 Réponse: A ce moment-là, au moment où cette liste a été dressée,
16 certaines des personnes n'ont pas pu être trouvées chez elles.
17 Question: Mais ce que montre ce document, n'est-ce pas, est bien qu'un
18 parti politique, le HDZ, était considéré comme l'organe chargé d'organiser
19 la résistance militaire? Est-ce bien cela?
20 Réponse: Pouvez-vous, je vous prie, répéter votre question?
21 Question: Oui, bien sûr. Un parti politique, le HDZ, est l'organe qui
22 organise la résistance armée. C'est bien cela, à en juger par ce que vous
23 nous avez dit jusqu'à présent?
24 Réponse: Oui, au début, la résistance organisée l'a été par lui.
25 Question: Et vous avez signé ce document, à la fin de la deuxième page
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1 qui est en fait la première page de texte, en votre qualité de commandant
2 militaire, n'est-ce pas, comme vous nous l'avez dit?
3 Réponse: Oui, j'ai signé cela en tant que commandant.
4 Question: Parce que, pour des raisons concrètes, l'organisation
5 militaire, l'organisation politique ne faisaient qu'une seule et même
6 activité?
7 Réponse: Non, elles ne faisaient pas une seule et même activité.
8 Question: Eh bien, pourriez-vous, si cela vous est possible, nous
9 expliquer pourquoi, dans ces conditions, vous apposiez votre signature sur
10 un registre politique, un document politique qui a rapport avec la
11 résistance armée? Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous l'avez signé?
12 Je comprends mal.
13 Réponse: Afin d'assurer la continuité dans la vérification de
14 l'engagement d'un certain nombre de personnes dans la résistance
15 organisée. On commence par le président de l'organe territorial qui
16 représentait le quartier général municipal. Ensuite, lorsque les quartiers
17 généraux municipaux ont été créés, le coordinateur appose sa signature de
18 façon à ce qu'il y ait continuité.
19 A partir du mois de mars 1993, lorsque la Brigade de Vitez est créée, le
20 commandant du secteur appose également sa signature. Donc, ce que l'on
21 recherchait, c'était simplement d'assurer la continuité à des fins de
22 vérification.
23 Question: Peut-on résumer vos propos en disant que la résistance
24 militaire a été lancée par un parti politique avant d'être remise entre
25 les mains des militaires?
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1 Réponse: Non, pas la résistance armée: la résistance organisée à
2 l'agression. Mais on ne peut pas dire qu'il s'agissait d'une résistance
3 militaire ou armée.
4 Question: Et, bien sûr, comme vous le savez, à en juger par la structure
5 du HVO et de l'Herceg-Bosna, ce sont les partis politiques qui ont créé le
6 HVO. Le HVO possédait une composante militaire, n'est-ce pas?
7 Réponse: Le HVO est, en tant que tel, une composante militaire.
8 Question: Encore un point pour déterminer le contexte et juger de votre
9 expérience militaire. Lorsque la JNA a attaqué la Slovénie, elle est
10 passée par la Croatie, elle a dû passer par la Croatie, n'est-ce pas?
11 Réponse: La JNA est restée en Croatie.
12 Question: Pour attaquer la Slovénie?
13 Réponse: Oui. Je ne sais pas exactement comment elle s'est déplacée,
14 mais elle avait aussi des casernes en Slovénie.
15 Question: Et, à votre connaissance, la Croatie n'a pas empêché l'avance
16 de la JNA en faisant sauter des ponts ou par d'autres actions du même
17 type?
18 Réponse: Je ne suis pas vraiment informé à ce sujet.
19 Question: J'aimerais que nous regardions la carte que vous avez déjà
20 utilisée. Je suis pratiquement convaincu qu'elle est identique. Puis-je y
21 jeter un coup d'œil? Elle est identique en partie, en tout cas, à notre
22 carte, la pièce 2271. Sur la gauche, elle ne va pas tout à fait jusqu'au
23 même point mais elle est identique pour l'essentiel. On peut peut-être
24 prendre la carte 2271? Cela sera peut-être plus facile.
25 Je vous demanderai de reprendre votre carte; elle pourrait être utilisée
Page 24188
1 plus tard. Cela nous permettra de mieux comprendre l'aspect géographique
2 des choses.
3 Peut-on placer la carte sur le rétroprojecteur et remonter plus vers le
4 nord? Il faudrait la redescendre un peu.
5 (L'huissier s'exécute.)
6 Très bien. Merci, Monsieur l'huissier.
7 Pour orienter un peu mieux les Juges de cette Chambre, je demande aux
8 techniciens de faire le point pour voir Vitez sur la carte.
9 On sort de Vitez, on passe par Stari Vitez, on arrive à Mosunj en passant
10 par Divjak, et on trouve deux routes qui permettent d'atteindre votre
11 village, n'est-ce pas: vous pouvez passer par Divjak ou prendre une autre
12 route par laquelle le trajet est un peu plus long, n'est-ce pas?
13 Peut-on agrandir un peu l'image? Merci. On voit donc bien que deux routes
14 mènent à votre village. Une route qui passe par Divjak et une route que
15 l'on retrouve un petit peu plus loin et qui est un peu plus importante,
16 n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Les Juges de cette Chambre se rappelleront que votre village,
19 au nord-ouest de Vitez, est tout près du village de Kruscica -qui n'est
20 pas sur cette carte pour l'instant, mais qui se situe davantage au sud.
21 Ces deux villages sont l'un en face de l'autre, n'est-ce pas, dans deux
22 directions opposées?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Nous avons entendu des témoins qui nous ont parlé d'un groupe
25 de soldats, appelés les "Scorpions" ou la "Force Alpha". Il s'avère que
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1 ces dépositions ne sont pas tout à fait claires, car elles parlent aussi
2 bien de Zabilje que de Kruscica qui, bien entendu, sont dans des
3 directions opposées. Mais pourriez-vous nous apporter votre aide en nous
4 disant si les "Scorpions" ou la "Force Alpha" avaient un quartier général
5 en 1992, sur l'une ou l'autre de ces deux routes qui mènent à Zabilje?
6 Réponse: Non, je n'ai aucune connaissance à ce sujet.
7 Question: J'ai cru comprendre que vous nous aviez dit que les gardes
8 villageoises étaient une instance différente de la Brigade de Vitez. C'est
9 bien cela que vous nous avez dit?
10 Réponse: Les gardes villageoises ne dépendaient pas de la Brigade de
11 Vitez.
12 Question: Et pourtant, vous-même êtes allé au front, à plusieurs
13 reprises, en tant que membre de la Brigade de Vitez?
14 Réponse: Oui, au moment où la Brigade de Vitez a été créée.
15 Question: Qu'en était-il avant? A moins que j'aie mal compris votre
16 déposition, je crois savoir que vous êtes allé sur le front également dans
17 la période précédente?
18 Réponse: Oui, je suis allé sur le front sur convocation du quartier
19 général municipal.
20 Question: Oui, mais dans quelle unité? A quel groupe de soldats
21 apparteniez-vous lorsque vous êtes allé sur le front, dans cette période?
22 Réponse: En tant que représentant de mon village.
23 Question: Qui avait la possibilité de vous donner un quelconque
24 commandement lorsque vous vous rendiez sur le front, à ce moment-là?
25 Réponse: Le quartier général municipal a envoyé des convocations grâce
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1 à son coordinateur, convocation selon laquelle un certain nombre de jeunes
2 gens de mon village devaient aller sur le front pour aller se battre
3 contre les Serbes.
4 Question: Oui, mais qui avait capacité, au sein de votre communauté
5 locale, de donner un tel ordre?
6 Réponse: Personne ne pouvait me donner un ordre.
7 Question: Quand vous êtes allé au front, vous étiez placé sous le
8 commandement de qui?
9 Réponse: Quand nous sommes allés sur le front, nous étions sous le
10 commandement du commandant de l'équipe.
11 Question: Et ce commandant d'équipe appartenait à quelle unité? La
12 Brigade Tomasevic, la Brigade de Vitez?
13 Réponse: Il faisait partie de l'équipe représentant son village.
14 Question: Son village qui était sur la ligne de front ou son village qui
15 était où?
16 Réponse: Dans ces moments-là, quand certains d'entre nous, originaires
17 de mon village et des villages avoisinants, nous rendions sur le front,
18 dans ce groupe que nous constituions, nous, les habitants de ces villages,
19 se trouvait le commandant de l'équipe.
20 Question: Mais j'essaie de comprendre. Vous avez été soldat et fait
21 partie de la JNA. J'essaie de déterminer la structure du commandement dans
22 ces moments-là, lorsqu'en 1992, vous alliez sur le front. Pouvez-vous nous
23 l'expliquer?
24 Réponse: Il y avait des coordinateurs qui assuraient la coordination
25 pour le quartier général municipal. Grâce à leur intervention, on
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1 rassemblait les hommes qui devaient aller sur le front et c'étaient les
2 coordinateurs, au cas où nous étions d'accord d'aller sur le front, qui
3 choisissaient parmi nous un homme qui dirigeait le groupe qui allait sur
4 le front.
5 Question: L'état-major ou le quartier général municipal est bien le
6 quartier général municipal de Vitez. Il s'agit donc de la Brigade de
7 Vitez, n'est-ce pas?
8 Réponse: Non, ce n'est pas la Brigade de Vitez; c'est le quartier
9 général municipal de la municipalité de Vitez.
10 Question: Quand vous a-t-on envoyé pour la première fois sur le front,
11 en 1992?
12 Réponse: Au cours de l'été 1992.
13 Question: Avançons dans le temps. J'aimerais vérifier un point. Vous
14 avez bien été blessé à Brdo?
15 Réponse: Oui, en juin 1993.
16 Question: Ce n'est donc pas au moins de juillet?
17 Réponse: Durant l'été 1993, en juin ou juillet. Mais je crois que
18 c'était juin.
19 Question: Oui, car si nous lisons la pièce à conviction 1463.4 qui va
20 vous être remise dans un instant –peut-être pourrait-on placer la pièce en
21 anglais sur le rétroprojecteur-, nous voyons qu'il s'agit d'un document
22 qui apparemment porte la date de 1994. En tout cas, c'est ce que l'on
23 croit pouvoir discerner dans le document original.
24 Ce document confirme.. Je crois savoir que vous êtes né en 1966; ce point
25 est confirmé dans ce texte. Il est confirmé également que vous avez été
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1 blessé le 22 juillet, à Brdo, au cours du conflit avec les Musulmans. Il y
2 est stipulé que vous avez subi une blessure mineure à l'épaule gauche au
3 combat, alors que vous exécutiez vos missions de combat sur ordre d'un
4 officier supérieur. Il est bien question de vous dans ce texte, n'est-ce
5 pas?
6 Réponse: Oui.
7 Question: J'aurai deux questions à ce sujet. La première est la
8 suivante: ce texte stipule très précisément que vous avez été membre de la
9 Brigade de Vitez du HVO, du 8 avril 1992 au 30 mai 1994. C'est dit très
10 clairement dans ce texte, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui, que j'étais membre du HVO.
12 Question: … Et de la Brigade de Vitez.
13 Réponse: Non, pas de la Brigade de Vitez. Le HVO a été créé le 8 avril
14 1992.
15 Question: Ce document est signé par Mario Cerkez. Vous rappelez vous
16 qu'il a signé ce document vous concernant?
17 Réponse: Non, je ne me rappelle pas exactement à quel moment il l'a
18 signé. Nous n'avions guère la possibilité d'approcher M. Cerkez; c'étaient
19 des actions qui étaient accomplies par des soldats.
20 Question: Mais la réalité n'est-elle pas très simple, à savoir que, quel
21 que soit le nom que vous lui donniez, lorsque vous êtes allé sur le front,
22 vous travailliez effectivement dans un groupe de soldats qui ont fini par
23 porter le nom de Brigade de Vitez?
24 Réponse: Non, j'étais un habitant de mon village et je suis allé sur le
25 front sur instruction du quartier général municipal. La Brigade de Vitez a
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1 été créée plus tard.
2 Question: Ma dernière question sur le sujet est la suivante: à votre
3 avis, l'instance qui vous envoyait sur le front était-elle identique à
4 celle qui coordonnait les activités des gardes villageoises que vous nous
5 avez décrites?
6 Réponse: Non, nous allions sur le front en fonction des besoins du
7 quartier général municipal et les gardes villageoise agissaient
8 indépendamment, en dehors de toute influence du quartier général
9 municipal.
10 Question: Très bien. Peut-être reviendrai-je sur le sujet, peut-être
11 pas.
12 Admettez-vous que le HVO municipal à Vitez a d'abord été placé sous le
13 commandement de Marjan Skopljak, puis sous le commandement de Mario
14 Cerkez?
15 Réponse: Marjan Skopljak dirigeait le quartier général municipal. Au
16 moment où la Brigade de Vitez a été créée, Mario Cerkez a été nommé au
17 poste de commandant de la Brigade.
18 Question: Voyez-vous, ce même Témoin AS -dont je vous parlais tout à
19 l'heure- nous a dit qu'à l'été 1992, il y avait de nombreuses unités du
20 HVO stationnées à Vitez et dans ses environs. On nous a décrit des gardes
21 villageoises également, etc.
22 Pouvez-vous nous aider, grâce à votre expérience de militaire, et nous
23 dire si, à l'été 1992, il y avait de nombreuses unités du HVO stationnées
24 à Vitez et dans ses environs?
25 Réponse: C'est inexact.
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1 Question: Certaines unités du HVO, quelques unités du HVO stationnées à
2 Vitez et dans ses environs à l'été 1992?
3 Réponse: A l'été 1992, les unités stationnées à Vitez et dans les
4 environs de Vitez étaient en fait inexistantes.
5 Question: Ah, je vois! Pouvons-nous à présent parler de 1993? Vous
6 rappelez-vous un incident survenu dans votre secteur ou dans votre village
7 au cours duquel des soldats du HVO se sont vus désarmer. Je crois qu'ils
8 étaient au nombre de huit. Après quoi, des négociations ont eu lieu
9 portant sur le rôle que pouvaient jouer Pasko Ljubicic et Sefko Dzidic,
10 pour obtenir que leurs armes leur soient restituées. Vous rappelez-vous un
11 incident de ce genre?
12 Réponse: Non.
13 Question: Vous-même, avez-vous vu ou avez-vous une quelconque expérience
14 quant au fait que des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine se seraient
15 rendus sur le front à la fin de 1992 ou peut-être au début de 1993?
16 Réponse: Sur le front qui faisait face aux Serbes? Oui.
17 Question: Oui. Est-il exact, et nous trouvons cela à la page 8400 du
18 compte rendu d'audience, que des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine
19 étaient de temps en temps désarmés par le HVO dans votre secteur,
20 lorsqu'ils se dirigeaient vers le front?
21 Réponse: Je n'ai aucune connaissance à ce sujet.
22 Question: Pourrions-nous dire quelques mots de plus au sujet des deux
23 documents dont vous avez parlé aujourd'hui? D'abord, le document Z653. Je
24 demanderai qu'il soit placé sur le rétroprojecteur. Merci beaucoup.
25 J'aimerais que vous nous apportiez vos explications.
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1 Monsieur le Président, c'est la traduction la plus ancienne et, suite à ce
2 qui a été dit hier en cours d'audience, chacun se rappellera que la
3 traduction la plus récente porte un titre différent. Ce texte est la liste
4 du 1er Bataillon, selon leurs positions et leurs origines? C'est l'autre
5 titre.
6 Monsieur, nous voyons donc ici qu'il est question de la 2e Compagnie dont
7 le commandant est Slavko Badrov. Et nous trouvons à un certain endroit le
8 chiffre de 29 hommes pour Zabilje. Qu'est-ce que cela veut dire?
9 Réponse: Cela veut dire qu'il s'agit des hommes qui allaient sur le
10 front de Kamenjas et de Turbe, en rotation. Il y avait donc des rotations
11 qui ont concerné l'ensemble de ces hommes.
12 Question: Mais ces hommes n'étaient pas des gardes villageois ou ce
13 genre de chose?
14 Réponse: Ces hommes faisaient effectivement partie des gardes
15 villageoises mais, selon les besoins, lorsqu'il était nécessaire d'aller
16 sur le front, ils constituaient une équipe pour se rendre sur la ligne de
17 défense.
18 Question: Mais en quoi est-ce que ces 29 hommes pouvaient se distinguer
19 de quelques autres gardes villageois du village de Zabilje?
20 Réponse: Ils ne se distinguaient en rien des membres de la garde
21 villageoise de Zabilje. Simplement, ils allaient de temps en temps sur la
22 ligne de défense.
23 Question: Cela faisait deux des membres de la 2e Compagnie placée sous
24 le commandement de Slavko Badrov, alors que tous les autres gardes
25 villageois dont vous avez parlé n'avaient pas de commandant de compagnie.
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1 Est-ce cela que vous êtes en train de nous dire?
2 Réponse: Ces 29 hommes étaient sous le commandement de Slavko Badrov
3 uniquement lorsqu'ils constituaient une équipe pour aller sur la ligne de
4 défense. Ils n'étaient donc pas toujours sous son commandement. Ils
5 n'étaient sous son commandement, au cas où c'était Zlatko Badrov qui
6 commandait, que lorsqu'ils étaient sur la ligne de défense.
7 Question: Mais il n'y a absolument aucun doute pour ces 29 hommes qu'ils
8 étaient membres de la Brigade de Vitez?
9 Réponse: Non, ils étaient membres d'une garde villageoise. Ils
10 faisaient partie de ces membres d'une garde villageoise qui, de temps en
11 temps, allaient sur la ligne de défense.
12 Question: Et vous-même, étiez-vous membre de la Brigade de Vitez, à ce
13 moment-là?
14 Réponse: Non.
15 Question: Vous n'aviez aucune activité militaire du tout, à ce moment-
16 là, le 14 avril?
17 Réponse: Non, hormis la participation à la garde villageoise.
18 Question: La décision appartient à la Chambre, mais voyez-vous,
19 Monsieur, ce que je vous affirme, c'est qu'on voit ce nombre de 29 hommes
20 correspondant à Zabilje. Mais regardez le titre du document: "Brigade de
21 Vitez, 1er Bataillon - Vitez". Donc, j'affirme que ce document indique
22 bien qu'il y avait 29 membres de la Brigade de Vitez à Zabilje. Et
23 regardez la référence précédente, au-dessus; cela indique donc 29 membres
24 de la Brigade de Vitez pour Zabilje et 12 membres de la Brigade de Vitez
25 pour Santici. Est-ce exact?
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1 Réponse: 29 membres d'une garde villageoise qui, de temps en temps,
2 vont sur la ligne de défense. Lorsqu'ils sont sur la ligne de défense,
3 leur commandant est Zlatko Badrov.
4 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre.
5 Monsieur Radman, je vous demanderai de veiller pendant cette pause à ne
6 parler à personne de votre déposition, à ne permettre à personne de vous
7 en parler. Et lorsque je dis "personne", cela inclut également les membres
8 de l'équipe de défense.
9 Nous suspendons pour une demi-heure.
10 (La séance, suspendue à 11 heures 05, est reprise à 11 heures 37.)
11 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice?
12 M. Nice (interprétation): Je remercie l'huissier qui nous a remis l'autre
13 traduction; il s'agit du document 653.
14 Monsieur Radman, avant que je ne passe à un autre document, ce document
15 que nous observions donc avant la pause a été présenté par M. Blaskic dans
16 le cadre de sa défense, lors de son procès. Il a dit qu'il s'agit là de la
17 composition du bataillon. Et il dit que chaque officier mentionné dans ce
18 document était commandant de l'unité qu'il dirigeait. Voilà comment il
19 décrivait le document. Qu'avez-vous à dire à cela?
20 M. Radman (interprétation): Pour moi, ici, on ne voit pas la composition
21 du bataillon. On voit: "Zabilje: 29", et cela veut dire que 29 membres de
22 la garde villageoise de Zabilje allaient dans le cadre d'un roulement
23 d'équipe sur la ligne de front.
24 Question: Et si on dit qu'il s'agissait là d'une tentative pour créer
25 une brigade et où l'on s'est appuyé sur les gardes villageoises des
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1 villages et chaque village envoyant une unité pour composer cette brigade;
2 qu'avez-vous à dire à cette interprétation de ce document? Et ceci, de
3 nouveau, c'est une déclaration qui a été faite par M. Blaskic en personne.
4 Réponse: Dans les villages, à l'époque, il n'y avait pas encore
5 d'unités constituées.
6 Question: Moi, j'avance que vous essayez de minimiser la réalité
7 professionnelle de la Brigade de Vitez, à l'époque dont vous nous parlez.
8 En fait, les choses étaient extrêmement bien organisées: ce document nous
9 prouve que tout était très bien organisé. Est-ce que ce n'était pas plutôt
10 cela la réalité?
11 Réponse: Non, ce n'est pas vrai. A Zabilje, l'organisation des unités
12 n'a été effective qu'à partir du 20 avril. Par un ordre, j'ai été nommé
13 commandant de cette unité et c'est à ce moment-là uniquement que cette
14 unité a été mise sur pied officiellement.
15 Question: Pour récapituler et pour comprendre l'utilisation que vous
16 faites des différents termes, vous reconnaissez qu'entre avril et novembre
17 1992, il y avait à Vitez un quartier général municipal du HVO qui
18 dirigeait tout?
19 Réponse: A partir d'avril jusqu'à décembre; en décembre, il y a eu la
20 Brigade Stjepan Tomasevic.
21 Question: Oui, nous reviendrons aux dates précises si c'est nécessaire.
22 Mais le quartier général municipal du HVO était contrôlé par Cerkez,
23 n'est-ce pas?
24 Réponse: Non, non. C'était placé sous le commandement de M. Marijan
25 Skopljak.
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1 Question: Maintenant, nous en arrivons à la Brigade Stjepan Tomasevic. A
2 partir de novembre -vous, vous diriez décembre 1992- jusqu'en février
3 1993, est-ce que vous reconnaissez que M. Cerkez était le commandant
4 adjoint ou le commandant de cette brigade?
5 Réponse: Je ne sais pas exactement ce que faisait M. Cerkez.
6 Question: Vous ne le savez pas? Pourtant, c'est une région extrêmement
7 limitée géographiquement dont nous parlons.
8 Réponse: Oui.
9 Question: Alors, à ce moment-là, qui était responsable de la Brigade
10 Stjepan Tomasevic?
11 Réponse: Je ne sais pas parce que, si vous regardez la hiérarchie,
12 c'est bien au-dessus de moi. Moi, je participais à des équipes et je
13 connaissais le commandant de chaque équipe, mais si on montait les
14 échelons aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie, moi, je ne sais
15 pas.
16 Question: Mais vous reconnaissez sans doute que Cerkez était responsable
17 de la Brigade de Vitez une fois qu'elle a été constituée officiellement,
18 n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui, en avril 1993.
20 Question: Est-ce que vous reconnaissez que ce qu'on a qualifié de décret
21 -un ou plusieurs décrets des forces armées pour le HVO- fait la différence
22 entre les forces d'active et les forces de réserve? Est-ce que vous vous
23 souvenez de cela?
24 Réponse: Non.
25 Question: Mais Marijan Skopljak, c'était le chef civil, n'est-ce pas? Et
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1 Cerkez, lui, c'était le responsable militaire?
2 Réponse: Marijan Skopljak était au quartier général municipal.
3 Question: En tant que responsable civil, chef civil?
4 Réponse: Je ne sais pas.
5 Question: Bien. Eh bien, essayons de passer à quelque chose sur lequel
6 vous savez quelque chose. Vous nous avez parlé un peu de Slavko Badrov.
7 Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de cette personne? Quels
8 étaient vos rapports avec lui?
9 Réponse: Quand il était nécessaire d'aller sur les lignes de défense,
10 M. Slavko Badrov, la plupart du temps, c'était celui qui emmenait une
11 équipe ou une autre sur la ligne de défense.
12 Question: Et pour que les choses soient bien claires, c'est lui qui vous
13 emmenait, non pas parce qu'il était commandant, mais parce qu'il avait une
14 autorité, une certaine autorité, n'est-ce pas?
15 Réponse: Je ne sais pas quelle était la nature de l'autorité de Slavko
16 Badrov. Tout ce que je sais, c'est que lorsqu'on allait sur la ligne de
17 défense avec une équipe, c'est lui qui dirigeait l'équipe en question.
18 Question: Donc, en fait, vous savez très peu de choses au sujet de M.
19 Slavko Badrov: il apparaissait parfois pour emmener les gens sur la ligne
20 de front. C'est cela que vous êtes en train de nous dire?
21 Réponse: Moi, quand j'allais avec mon équipe… Eh bien, voilà ce que je
22 sais sur Slavko Badrov: quand j'allais sur la ligne avec mon équipe,
23 c'était lui qui nous emmenait. Enfin, quand lui commandait l'équipe en
24 question.
25 Question: Avant de passer à autre chose, je voudrais savoir la chose
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1 suivante. Dans le résumé de vos déclarations, vous dites que vous étiez de
2 service au-dessus de Travnik. Est-ce que cela couvre Mravinjac, Kamenjani.
3 Réponse: Kamenjas, Slatka Voda, c'est le secteur en effet, cette zone.
4 Question: Et est-ce qu'il est apparu de plus en plus clair, à la fin
5 1992 et au début de l'année 1993, que les Serbes et les Croates
6 poursuivaient un objectif commun contre les Musulmans?
7 Réponse: Les Croates et les Serbes n'avaient pas d'intérêt en commun.
8 Les Croates et les Musulmans avaient des intérêts communs: il s'agissait
9 de défendre la zone contre les Serbes.
10 Question: Nous n'allons pas nous lancer dans une discussion à ce sujet.
11 Revenons à Badrov. Vous ne savez rien de lui. Mais en dehors de ces
12 périodes de temps que vous avez passées avec lui sur la ligne de front,
13 est-ce que vous avez servi avec lui?
14 Réponse: Une fois -je crois que c'était dans la dernière équipe à
15 laquelle j'ai participé-, c'est moi qui commandais l'équipe à Slavko
16 Badrov.
17 Question: Oui, mais vous n'avez rempli aucune autre fonction avec cet
18 homme puisque ce n'était pas votre commandant et que vous n'avez participé
19 à aucune opération de guerre avec lui?
20 Réponse: Non, je n'étais pas un soldat d'active.
21 Question: Donc ce que vous nous dites, c'est qu'il apparaît, il arrive
22 le 15… A quelle heure est-il apparu?
23 Réponse: Pendant la nuit, vers 20 heures; disons plutôt en début de
24 soirée.
25 Question: Est-ce qu'il est venu à pied ou en voiture?
Page 24202
1 Réponse: Je ne sais pas, on était très nombreux.
2 Question: Depuis combien de temps ne l'aviez vous pas vu?
3 Réponse: Jusqu'à la dernière équipe ou la garde à laquelle j'ai
4 participé.
5 Question: Et combien de jours ensuite se sont écoulés jusqu'au 15? Dix
6 jours?
7 Réponse: Environ dix jours avant le 15.
8 Question: Je vais vous demander d'examiner le document suivant, qui
9 porte la cote 653.4. Veuillez remettre l'original au témoin et placer la
10 version anglaise sur le rétroprojecteur. Etudions ce document page par
11 page; nous utiliserons ensuite la carte, donc je vous prie de la laisser
12 sur le rétroprojecteur, si c'est possible.
13 Donc ce document, il s'agit d'un rapport concernant un accident du travail
14 et l'organisation en question s'appelle la Brigade de Vitez, 2e Bataillon.
15 Ce document est en date du mercredi 14 avril et on voit que l'endroit où a
16 eu lieu l'accident du travail, c'est en service, pendant le service, lors
17 d'une mission de reconnaissance. Si vous examinez la première page du
18 document, Monsieur le Témoin, on voit que cet accident du travail est dû à
19 une arme à feu.
20 Premièrement, est-ce que vous vous souvenez de cela?
21 Réponse: Non.
22 Question: Maintenant, passons à la deuxième page et à la ligne n°16. La
23 personne en question a reçu une balle tirée par une arme à feu; et à la
24 ligne suivante, on voit que ceci s'est passé le 14 avril 1993, alors que
25 la personne en question entreprenait une mission de reconnaissance à
Page 24203
1 Grbavica.
2 Maintenant, je vais vous demander de replacer la carte au-dessus de ce
3 document sur le rétroprojecteur pour rappeler aux juges de quoi nous
4 parlons. Nous voyons sur la carte Divjak qui se trouve en bas à gauche, en
5 dessous de Mosunj. Donc cette zone-là, c'est celle de Divjak, n'est-ce pas
6 ou plutôt de Grbavica, c'est bien cela? Au-dessus de Divjak, il y a une
7 zone qui s'appelle Grbavica: c'est cela, n'est-ce pas?
8 (Le témoin indique la zone en question.)
9 Maintenant en ce qui concerne le document, il concerne Slavko Marjan
10 Badrov. Est-ce que c'est la personne dont nous parlions encore il y a
11 quelques instants?
12 Réponse: J'imagine que oui.
13 Question: On peut lire que c'est un homme qui auparavant était plombier.
14 Est-ce que cela correspond à la personne que vous connaissez?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Maintenant, si nous passons dans la version anglaise, à la
17 page 5 de ce document, au bas de la page 5, à la ligne n°50, tout d'abord,
18 on a ici des informations sur le supérieur direct de la personne
19 concernée. Il s'agit de Zorka Saric, commandant de compagnie. Ensuite, on
20 peut lire le nom de Jozo Radman, qui réside à Bila Zabilje. Il s'agit
21 d'informations relatives aux témoins de l'incident.
22 Dans votre version, dans la version que vous avez sous les yeux, vous
23 trouverez une case où figure une signature. Dès que vous l'aurez trouvée,
24 je vous demanderai s'il vous plaît de placer la page en question sur le
25 rétroprojecteur ou de demander à l'huissier de le faire pour vous. Est-ce
Page 24204
1 que vous avez trouvé une case où figurent votre nom et aussi votre
2 signature?
3 Réponse: Je vois bien mon nom, mais je ne vois pas de signature.
4 Question: Il y a des signatures à droites. Est-ce que vous pouvez
5 reconnaître l'une d'entre elles?
6 Réponse: Moi, je vois Zepackic Anto. C'est ce que je vois.
7 Question: Pouvez-vous m'expliquer pourquoi, ici, on voit indiqué votre
8 nom et vous êtes présenté comme personne ayant assisté à un incident qui a
9 eu lieu le 14 avril 1993? Or vous nous avez dit que cet homme était arrivé
10 uniquement le lendemain. Est-ce que vous pouvez nous donner une
11 explication?
12 Réponse: Je ne peux pas.
13 Question: Maintenant, nous allons passer à un autre document qui porte
14 la cote 1429.2. Donc vous avez sous les yeux un rapport signé Dragana
15 Petrac. Est-ce que vous connaissez ce nom?
16 Réponse: Oui.
17 Question: C'est la coordonnatrice pour les services sociaux de la
18 Brigade de Vitez. Est-ce que vous vous souvenez des fonctions de cette
19 personne?
20 Réponse: Je connais un autre Petrac Dragan.
21 Question: Qui appartient à la Brigade de Vitez?
22 Réponse: Petrac Dragan, c'est un voisin qui habite dans les collines,
23 près de Zabilje.
24 Question: Ce document est un rapport. On peut y lire: "Par le présent
25 rapport, nous vous informons que le commandant Slavko Marjan Badrov, né en
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1 1955 à Mosunj, a été blessé le 14 avril 1993 à Grbavica; incident au cours
2 duquel il a été blessé gravement à l'épaule droite. Les témoins de cet
3 incident sont Matosevic Ivica et Radman Jozo. Et ce rapport a été demandé
4 par les personnes mentionnées précédemment".
5 Donc, Monsieur le témoin, ce document montre que vous étiez témoin de cet
6 incident au cours duquel cette personne a été blessée, avant le 15 avril?
7 Réponse: Je ne sais rien de ce document. Si j'avais vraiment été
8 témoin, on m'aurait demandé de faire une déclaration et de signer quelque
9 chose.
10 Question: Oui, mais apparemment… Mais ces documents existent bel et
11 bien. Pouvez-vous nous donner une explication?
12 Réponse: Eh bien, on a mentionné des témoins un peu à la légère, ceci
13 afin de permette à M. Badrov de recevoir un traitement médical adéquat.
14 Question: Donc vous êtes en train de nous dire qu'on a donné votre nom
15 en tant que témoin sans vous demander votre avis, alors qu'on pouvait très
16 bien s'attendre à ce qu'on vous en parle et qu'on vous pose des questions
17 au sujet de cet incident. C'est ce que vous nous dites?
18 Réponse: Je sais que le 14 avril, je n'étais pas à Grbavica.
19 D'ailleurs, je n'y étais même pas dans les jours qui ont précédé, même
20 dans le mois qui a précédé.
21 Question: Mais est-ce que vous nous dites que, lorsque le commandant est
22 arrivé, le 15 avril, il n'était pas blessé? Lorsque Badrov est arrivé le
23 15, il n'était pas blessé?
24 Réponse: Il n'avait pas de blessure apparente, il ne portait aucun
25 bandage, rien n'indiquait qu'il avait été blessé.
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1 Question: Nous aurons peut-être d'autres informations à ce sujet en
2 temps utile. Mais pouvez-vous, s'il vous plaît, nous parler de ce que vous
3 a dit Badrov dans la nuit du 15. Pourquoi est-ce qu'il est venu vous voir?
4 Pour quelle raison?
5 Réponse: Parce qu'il était chargé de la coordination, de l'organisation
6 avec le QG municipal pour l'envoi des équipes. C'est pour nous donner
7 cette information, ce soir là, qu'il était venu.
8 Question: Mais aller en équipe sur la ligne de front contre les Serbes,
9 cela n'a rien à voir avec la coordination de la défense dans la zone de
10 Vitez, coordination de la défense contre l'agression musulmane. Or vous
11 affirmez avec force que vous n'étiez pas membre de la Brigade de Vitez et
12 que cet homme n'avait aucune autorité dans le cadre de cette structure.
13 Donc pourquoi est-ce que soudain cet homme est venu pour faire ce qu'il a
14 fait?
15 Réponse: Je ne sais pas.
16 Question: Mais c'est parce que vous ne nous dites pas la vérité, n'est-
17 ce pas? La vérité, c'est que vous apparteniez à la Brigade de Vitez, que
18 tout était bien organisé et qu'il se peut -je ne sais pas- il se peut que
19 Badrov soit effectivement venu le 15. Et ce serait la raison pour laquelle
20 il serait venu: ce serait pour vous parler parce qu'il était votre
21 commandant. Est-ce que ce n'est pas ce qui s'est passé effectivement, si
22 cela s'est effectivement passé?
23 Réponse: La vérité, c'est que le 20, c'est-à-dire deux jours avant la
24 chute de Stozerak, j'ai reçu un ordre qui me nommait commandant de la zone
25 et commandant de compagnie. Jusqu'alors, les gens allaient sur les lignes
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1 de défense volontairement.
2 Question: Donc Badrov est venu juste par bonté d'âme pour vous dire à
3 vous, brigade villageoise indépendante, de faire quelque chose. Est-ce que
4 c'est cela que vous êtes en train de nous dire, s'il vous plaît? Aidez-
5 nous à comprendre.
6 Réponse: Moi, je n'étais pas commandant de la brigade, de la garde
7 villageoise. Nous n'avions pas de commandant. Il y avait une garde
8 villageoise; Badrov est venu le 15 avril au soir et il nous a donné les
9 informations que je vous ai déjà décrites.
10 Question: Et donc c'était pour que vous fassiez quoi? Qu'étiez-vous
11 censés faire après avoir reçu ces informations?
12 Réponse: Eh bien, être en état d'alerte supérieur, maximum.
13 Question: Mais vous n'avez pas de commandant, vous n'avez aucune
14 structure digne de ce nom et pourtant vous êtes censées vous mettre en
15 état d'alerte. C'est ce que vous êtes en train de nous dire?
16 Réponse: Eh bien, il fallait prévenir les membres de la garde
17 villageoise qui étaient de garde cette nuit-là: il fallait leur dire
18 d'ouvrir l'œil.
19 Question: Mais vous ne pouvez pas nous dire si ces informations que vous
20 avez reçues de Vitez, le 15 avril, c'était de la propagande ou si cela
21 correspondait à la réalité?
22 Réponse: Je ne sais pas. Vitez se trouve...
23 Je ne comprends pas votre question. Vitez est à une douzaine de
24 kilomètres, donc c'est Zabilje qui a reçu l'information en dernier.
25 Question: Vitez est loin de six à sept kilomètres, n'est-ce pas?
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1 Réponse: Non, environ dix kilomètres depuis Vitez et Zabilje.
2 Question: Oui, ça va bien. Le matin du 16, qu'avez-vous remarqué en
3 premier? Qu'avez-vous entendu d'abord?
4 Réponse: J'ai entendu des détonations.
5 Question: D'où venaient-elles, ces détonations?
6 Réponse: Je ne pouvais pas évidemment me décider pour savoir d'où elles
7 venaient. Peut-être que depuis la ligne de défense de Vojslisa(?) qui
8 allaient vers les Serbes, vers les forces serbes et Travnik.
9 Question: Et ensuite?
10 Réponse: Lorsque je suis sorti devant ma maison, j'ai pu comprendre que
11 c'étaient les détonations qui venaient de la direction de la villa.
12 Question: Pouvez-vous, s'il vous plaît, prendre cette carte -que nous
13 n'avons pas classée comme étant pièce à conviction-, tout simplement pour
14 permettre d'éclairer un peu la situation. Je prie M. le témoin d'indiquer
15 sur cette carte la ligne de front, qui était la ligne de démarcation
16 depuis votre village et à la ligne de front.
17 Réponse: Depuis quand? Depuis le 16?
18 Question: Oui. Vous pouvez peut-être commencer par la date du 16.
19 (Le témoin indique l'emplacement.)
20 Merci beaucoup de l'avoir fait. Par conséquent, cette ligne va depuis
21 Zabilje à Mosunj. Et puis, en bas, la ligne descend pour suivre en partie
22 la route.
23 Je vous prie de présenter le document 704.1. Il s'agit d'un document qui a
24 été d'ailleurs classé en tant que pièce à conviction par le témoin Elford.
25 Je vous prie de bien regarder ce document et surtout le paragraphe 2 dans
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1 le texte. Il est dit que: "On devait déployer une ligne de défense
2 décisive pour prévenir l'entrée en ville de l'ennemi à Vitez et organiser
3 les secteurs comme suit: secteur Zabilje, Brda, (?), Vrhovine".
4 Cela correspond-il à l'intention, c'est-à-dire suivant la ligne de front
5 et de défense que vous avez tracée vous-même?
6 Réponse: Je ne le sais pas.
7 Question: S'agit-il grosso modo que ceci serait similaire à ce que vous
8 avez obtenu?
9 Réponse: Cette ligne de défense que j'ai présentée sur la carte n'était
10 pas établie par nous. Le 16 avril, a été établie cette ligne par le HVO,
11 et justement depuis Vitez à Brda.
12 Question: Est-ce qu'à partir de ce moment-là, ultérieurement, votre
13 objectif consistait à déployer les forces, les effectifs, de sorte à
14 prévenir l'ennemi d'entrer dans la ville de Vitez et de prendre le
15 contrôle de la route Kaonik/Vitez/Bila, à en juger par la première partie
16 du texte?
17 Réponse: Je ne peux pas commenter cet ordre parce que je le vois pour
18 la première fois de ma vie.
19 Question: Il s'agit d'un ordre qui a été signé par Blaskic et communiqué
20 par celui-ci à Cerkez, le 17 avril, et je voulais savoir si vous aviez
21 reçu les ordres de Cerkez conformément à cet ordre-là?
22 Réponse: Uniquement à partir du 21 avril 1993.
23 M. Nice (interprétation): Je vous prie de jeter une fois de plus un regard
24 sur la carte. Peut-être faudrait-il la classer comme partie intégrante des
25 pièces à conviction. Peu importe s'il s'agit d'une pièce à conviction de
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1 l'accusation ou de la défense.
2 Mme Thompson (interprétation): Peut-être qu'il s'agit d'une pièce à
3 conviction 101, c'est-à-dire "Amendement à la pièce à conviction 90/2".
4 Cette fois-ci, la carte portera la cote 102.
5 M. Nice (interprétation): Je vous remercie, Mademoiselle.
6 Regardez la carte. Vous nous avez parlé d'un tronçon de la route qui
7 n'était pas entre les mains du HVO. S'agit-il là de ce tronçon marqué par
8 vous en bleu, là où la ligne bleue suit le long de la route, le tronçon?
9 M. Radman (interprétation): C'est un tronçon de la route prise par l'armée
10 depuis le 16 avril, par conséquent contrôlée par celle-là.
11 Question: Par conséquent, lorsque vous vous rendiez à Vitez, si j'ai
12 bien compris, vous empruntiez pas plus cette route de Divjak, mais plutôt
13 la route du département, vers l'ouest; puis, après, vous bifurquiez au sud
14 pour contourner la région prise par l'armée pour ensuite, suivant cette
15 route-là, arriver à Vitez. Si l'on comprend bien, on allait à Donja
16 Veceriska et à Gacice. Est-ce vrai?
17 Réponse: Non, ce n'est pas vrai. Je passais par Mosunj, par Fabrika et
18 par Vitez. Je ne passais pas par Donja Veceriska.
19 Question: Bien. En ce qui concerne la ligne que vous venez de tracer sur
20 la carte, on peut dire -à en juger d'après cela- que Mosunj ne vous était
21 pas accessible, c'est-à-dire n'était pas sous votre contrôle. Par
22 conséquent, vous avez pu arriver jusqu'à Mosunj pour ensuite contourner
23 pour aller vers Vitez.
24 Réponse: Pour aller à Vitez, je traversais Mosunj et ensuite, par
25 Fabrika pour continuer jusqu'à Vitez.
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1 Question: Et cette route-là, jusqu'en septembre 1993, était pratiquement
2 tenue par vous-même: vous avez pu l'emprunter?
3 Réponse: Jusqu'au mois de septembre 1993, nous avons pu le faire, oui.
4 Question: Bientôt, on verra bien ce qui s'était passé, mais avant,
5 j'aimerais bien que l'on confirme une fois de plus comme suit. Les tout
6 premiers travaux sur les tranchées par les Musulmans dans le village, qui
7 est le premier voisin parmi les villages des vôtres, étaient quelque chose
8 qui s'était passé avant le 16 avril, d'après vous?
9 Réponse: Je n'avais aucune connaissance de ce fait-là, à savoir que
10 ceci aurait pu se passer avant le 16.
11 Question: Par conséquent, il n'est pas question de dire qu'il y a eu un
12 signe quelconque comme quoi ils se préparaient à une attaque par les
13 Musulmans contre votre région, avant cette date du 16?
14 Réponse: Je ne peux pas faire de commentaire au sujet de ce qu'ils
15 pouvaient avoir comme intention.
16 Question: Vous avez parlé de gardes villageoises, de reconnaissance à
17 Stozerak. Je crois qu'on peut le voir: Stozerak, sur cette carte, qui me
18 semble a une échelle plus grande. Je vous prie de la placer sur le
19 rétroprojecteur de sorte qu'on puisse le voir. En haut de l'écran, on voit
20 la cote 799 mètres d'altitude, à l'est de Zabilje. Pourquoi un membre de
21 la garde villageoise se serait-il déployé en ce lieu-là?
22 Réponse: Si vous voyez Zabilje autour de Stozerak, Sucici, Kriste,
23 Brdo; sur la carte, on ne voit pas Dotline Kuce, non plus que Ivcici Kuce,
24 tout près de Stozerak, à 200 mètres de Stozerak. Tous ces lieux étant
25 évidemment habités par les Croates.
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1 Question: De qui était cette idée de déployer des gens ici ou une
2 personne, étant donné qu'il n'y avait pas de structure de commandement au
3 village? De qui venait-elle donc cette idée d'y placer quelqu'un en
4 reconnaissance?
5 Réponse: Tout simplement d'avoir quelqu'un au milieu de ces localités
6 habitées, que je viens de mentionner et de citer tout à l'heure. Depuis
7 l'été 1992, lorsque, de concert avec les membres des gardes villageois de
8 Sadovace, nous étions sortis sur Stozerak, depuis cette époque-là, la
9 garde villageoise y est toujours le soir, surtout lorsqu'il y a évidemment
10 patrouille d'équipe.
11 Question: Mais vous ne m'avez toujours pas répondu de qui pourrait-elle
12 être cette idée de déployer les gens? Est-ce que vous voulez dire tout
13 simplement qu'il n'y avait pas quelqu'un qui en serait l'ordonnateur? Ou
14 qu'il n'y avait pas un ordre, que par instinct tout simplement on le
15 faisait?
16 Réponse: Je vous le disais tout à l'heure qu'en été 1992, nous tenions
17 une information que les Serbes avaient infiltré un groupe dans Stozerak,
18 étant donné que c'était une côte dominante et que, depuis ce moment-là,
19 depuis l'été, étant donné que les maisons sont très près de là, nos
20 patrouilles de nos gardes villageoises sortaient la nuit à Stozerak.
21 Question: Monsieur le Président, je crois que j'ai peut-être une petite
22 série de questions pour ce témoin pour essayer de tirer au clair. Une fois
23 que vous êtes devenu formellement commandant du secteur, quelles étaient
24 vos obligations?
25 Réponse: La défense du village.
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1 Question: Et maintenant, on doit dire que vous avez eu une certaine
2 autorité sur les autres membres des gardes villageoises ou sur les
3 citadins qui travaillaient pour le bien de la Brigade de Viteska?
4 Réponse: Depuis le 22 avril, lorsque j'ai été nommé commandant de la
5 région, j'ai acquitté justement cette tâche-là conformément aux ordres que
6 j'ai reçus depuis le bataillon.
7 Question: En fait, est-ce vrai de dire que votre situation n'avait pas
8 changé? Vous avez fait ce que vous faisiez avant. Mais voilà: pourquoi
9 encore Badrov était-il venu pour vous parler?
10 Réponse: Non, ce n'est pas vrai. Jusqu'en avril 1993, je me rendais en
11 équipe, en patrouille, pour y passer de sept à dix jours pour être de
12 retour ensuite. Une fois de retour, je n'étais qu'un civil. Il n'y avait
13 pas d'unité, il n'y avait pas de structure.
14 Question: Qui dit équipe du point de vue HVO, Grbavica, par rapport à
15 Divjak, s'est passé au début août 1993, au moment où Blaskic a organisé
16 une attaque contre cette région-là?
17 Réponse: Voulez-vous répéter votre question, s'il vous plaît?
18 Question: Bien entendu. Grbavica était libérée ou reprise pour ainsi
19 dire par Blaskic en automne 1993
20 Réponse: Oui, elle a été reprise et libérée au mois de septembre 1993.
21 Question: Oui, mais vous étiez, enfin, vous avez eu connaissance de ce
22 qui s'était passé là-bas?
23 Réponse: Oui, je savais seulement que cette action de combat était en
24 cours. Nous avons évidemment redoublé de mesures de vigilance. C'est ce
25 qui nous a été demandé du commandement du bataillon.
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1 Question: Avez-vous pu voir des épisodes de cette opération ou, ne
2 serait-ce que pour dire, des conséquences des opérations, la destruction
3 des maisons musulmanes?
4 Réponse: Non, nous n'avons eu autre chose que de consolider la défense
5 sur la ligne de défense.
6 Question: Avez-vous appris ce qui s'était passé avec les Musulmans?
7 Avez-vous entendu dire qu'on avait décapité des Musulmans?
8 Réponse: A Grbavica, on ne l'a pas entendu, on ne l'a pas su.
9 Question: Avez-vous entendu dire que des Musulmans auraient été
10 décapités ailleurs?
11 Réponse: Non.
12 Question: En vérité, je pense que c'est bien cela; je dis la vérité.
13 Question: En juillet 1993, avez-vous reçu un tracteur?
14 Réponse: Non.
15 Question: Ce serait un tracteur d'un certain Musulman?
16 Réponse: Non.
17 Question: Avez-vous appris que d'autres gens ont pu être dotés
18 d'automobiles, de tracteurs, etc. qui –préalablement- étaient propriétés
19 de Musulmans?
20 Réponse: Au cours de la guerre, il arrivait que quelqu'un reçoive de
21 quelqu'un quelque outil ou machine agricole mais, quant à moi, je n'ai
22 jamais rien reçu. Et je ne sais rien sur cela, comment enfin ces dons se
23 passaient, comment et dans quelles circonstances.
24 M. Nice (interprétation): Je vous remercie.
25 (Questions supplémentaires de Me Kovacic à M. Jozo Radman.)
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1 M. Kovacic: Monsieur le Président, j'ai quelques questions à poser pour
2 essayer de clarifier une question qui a été posée par l'accusation. Le
3 Procureur a fait allusion à des pillages.
4 Je vais vous poser une question: avez-vous jamais pris part à des
5 pillages, vous et votre unité, quant aux propriétés des Musulmans?
6 M. Radman (interprétation): Aucun membre de mon unité, au cours de la
7 guerre, n'est sorti de Zabilje pour prendre part à quelque action que ce
8 soit ou à aucune criminalité du genre en dehors de la région.
9 Question: Est-ce que je peux conclure que vous et votre unité, vous
10 n'êtes jamais entrés dans un village musulman?
11 Réponse: Non, nous n'avons jamais eu l'occasion.
12 Question: Je vous remercie. Cet ordre qui vous a été présenté tout à
13 l'heure -et je prie l'huissier de le présenter et vous l'avez maintenant
14 sous les yeux-, le document Z704.1, est un ordre du 17 avril 1993. Ayant
15 en vue la date que porte cet ordre où l'on dit qu'il faut organiser la
16 défense d'après les secteurs et dans les secteurs, ainsi que précisé, est-
17 ce que vous voulez dire qu'à partir de ce moment-là, on devait travailler
18 dorénavant sur l'organisation?
19 Réponse: Le 17 avril, via un ordre depuis le commandant de la zone
20 opérationnelle de Bosnie centrale, pour mettre en application tout cela
21 depuis 22 heures 10. C'est seulement le 18 avril que cet ordre lui
22 parviendra au commandant et le commandant devra prendre les mesures
23 nécessaires, prendre les voies et les moyens pour organiser les secteurs,
24 d'abord les structurer en région. Pour cela, il faut un certain temps.
25 Question: Il est vrai, à la fin des fins, que vous avez reçu cet ordre
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1 portant structuration des régions?
2 Réponse: C'est exact.
3 Question: Et vous parlez de la date du 20?
4 Réponse: Oui, c'est bien cela.
5 Question: Néanmoins, ces derniers temps, peut-être pendant les six mois
6 qui se sont écoulés ou au cours de l'année écoulée, avez-vous eu enfin
7 connaissance de cet ordre?
8 Réponse: Non, je l'ai vu le jour où je l'ai reçu.
9 Question: Vous êtes sûr que c'était en date du 20, ou peut-être plus
10 tard aussi?
11 Réponse: Peut-être plus tard.
12 Question: Lorsque vous dites la date du 20, est-ce bien cette journée-
13 là?
14 Réponse: Oui, à peu près, parce que je sais qu'après la chute de
15 Stozerak, cet ordre nous était parvenu.
16 Question: Je vous remercie. Au cours du début même du contre-
17 interrogatoire, il s'agissait de questions portant sur la liste des
18 membres qui avaient des mérites, où l'on parlait de certificats. Je crois
19 que vous avez vous-même essayé de parler certificat. De quel certificat
20 s'agissait-il?
21 Réponse: Cette liste-là -qui porte trois signatures, trois personnes-,
22 à la fin des hostilités, après les accords de Washington, a été une source
23 de rumeurs parmi les habitants comme quoi il y aurait des certificats
24 délivrés à tel ou tel, depuis les personnes qui ont atteint l'âge de 18
25 ans jusqu'aux vieillards de 70 ans. Ayant en vue le fait que ces gens-là
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1 sont bien nombreux, ces listes ont été établies chez nous aussi, si l'on
2 peut se le dire ainsi, pour se partager un morceau du gâteau; encore que
3 ce gâteau ait été bien amer en Bosnie, pour parler toujours évidemment de
4 ces deux peuples dans le cas de la Fédération.
5 Voilà la raison pour laquelle les listes ont été établies comme elles
6 l'ont été. Voilà pourquoi elles portent trois signatures pour assurer la
7 continuité de l'engagement de tous ceux qui ont pris part à la défense
8 contre l'agression, c'est-à-dire le président de la branche de base, le
9 coordinateur et le commandant; c'est-à-dire suivant la chronologie et
10 suivant la hiérarchie du processus.
11 Question: Cela veut-il dire que vous, Croate de Vitez, agissant ainsi,
12 signant ainsi et établissant un tel contrôle, vous avez voulu aboutir
13 vraiment à des listes qui seraient véridiques et réelles?
14 Réponse: Oui, tout à fait réelles.
15 Question: Vous avez dit que ceci a été objet de rumeurs et évidemment de
16 surprise et d'émotion; on s'en est occupé pendant des mois, n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui. Encore aujourd'hui, on s'occupe de ce thème-là, de ces
18 listes-là et des mérites.
19 Question: Est-ce que, dans le temps, vous pouvez situer votre souvenir
20 que peut-être une administration devait s'en charger; c'est-à-dire
21 administration dans le sens du commandement et de direction?
22 Réponse: Plus tard, la procédure a été reprise par des institutions qui
23 ont dû bien régulariser les certificats et la liste.
24 Question: Est-ce que cela veut dire que cette liste-là n'était pas la
25 base même pour délivrance de tous certificats?
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1 Réponse: Cette liste-là ne servirait pas de source valable.
2 Question: Donc, il s'agissait plutôt de dire que la procédure a été
3 entreprise par les organes de direction de la Sup (?) du département?
4 Réponse: Oui, c'est bien cela.
5 Question: Je vous remercie.
6 Nous avons parlé donc du document Z70.2. Au début même de son
7 interrogation, M. le Procureur vous a… Au début, on a voulu savoir s'il
8 n'y avait pas de doute que la JNA avait ses casernes et ses troupes
9 partout en Yougoslavie, au début même des hostilités, en 1991?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Au moment où les actions de combat ont été engagées par la JNA
12 en Slovénie, il y en avait également en Slovénie des casernes et des
13 troupes?
14 Réponse: Bien sûr, partout en Slovénie.
15 Question: En Croatie, également?
16 Réponse: En Croatie, également.
17 Question: Je vous remercie. La JNA avait des casernes en Bosnie aussi?
18 Réponse: Dans la vallée de la Lasva, il y avait plusieurs casernes,
19 surtout à Travnik, une importante caserne.
20 Question: Vous avez fait votre service dans la JNA. Est-il vrai que le
21 concept fondamental de défense de l'ex-Yougoslavie était sur le principe
22 que l'ennemi pourrait arriver jusqu'à la Bosnie, mais c'est en Bosnie
23 qu'il devait être arrêté?
24 Réponse: Oui, cette conception était une conception de défense contre
25 l'ennemi étranger.
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1 Question: Je vous remercie. Quant à la documentation portant votre
2 blessure et qu'on vous a montrée tout à l'heure aussi, on parlait des
3 dates du 8 avril... Non, pardon, du 8 avril au 30 avril; qui porte
4 réellement au 30 mai. S'agit-il de périodes où vous étiez dans
5 l'organisation du quartier général municipal, ou bien de la Brigade
6 Stjepan Tomasevic ou de Brigade de Viteska? En tant que membre, vous avez
7 pris une part active en tant que membre?
8 Réponse: Depuis le 8 avril et même avant, sous forme toujours de garde
9 villageois, comme je l'ai déjà dit d'ailleurs.
10 M. Kovacic (interprétation): Cela concerne le document Z1463.4.
11 Monsieur le Président, le témoin a déjà dit qu'il n'a jamais vu le
12 document Z653.4, mais pour le dossier, je voulais dire que la défense
13 -elle non plus- n'a jamais eu l'occasion de consulter ce document. En
14 fait, je me trouve un peu inquiet, car si seulement nous avions pu
15 consulter ce document auparavant, nous aurions pu procéder à une
16 instruction. Mais étant donné que nous ne l'avons pas vu, nous protestons
17 évidemment contre le versement au dossier de ce document. Peut-être que ce
18 document est faux ou autre chose. Enfin, le moins que je puisse dire est
19 que nous ne l'avons jamais reçu. Par conséquent, nous ne pouvons pas
20 organiser la défense et la décharge.
21 M. le Président (interprétation): Un des problèmes, c'est que récemment
22 encore, vous n'avez pas cité le nom de ce témoin. Par conséquent,
23 l'accusation ne pouvait pas savoir quelle serait la pertinence de ce
24 document.
25 M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Président, avec tout le respect
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1 que je vous porte, je suis tout à fait sûr -malheureusement, je n'ai pas
2 de liste sur moi- mais je suis sûr du fait que le nom de ce témoin
3 figurait parmi les noms de 65 témoins que nous avons cités, mais nous
4 pouvons toujours vérifier.
5 M. le Président (interprétation): De toute évidence, ce document est
6 pertinent quant à la crédibilité de la documentation. Par conséquent, il
7 s'agit d'un document pertinent important et nous l'adoptons. Avez-vous
8 autre chose à ajouter ou en avons-nous fini avec cela?
9 M. Kovacic (interprétation): Je crois que nous en avons déjà fini avec
10 cette déposition. Mais pour être sûr quant à la documentation portant sur
11 la blessure, Monsieur Radman, juste pour vous demander, dans le document
12 Z1463.4, on a parlé de la 92e Domo Vranska, le régiment.
13 Cette unité existait-elle à l'époque où l'on parle de vous pour parler de
14 votre ancienneté en tant que membre de la brigade?
15 M. Radman (interprétation): Non, cette unité pratiquement fait la
16 continuation, le 92e Régiment fait la continuation de la Brigade de
17 Viteska. Je ne sais pas… vers les 94, 95, etc., mais c'est à la suite des
18 accords de Washington que le 92e Régiment a été formé.
19 Question: En tant que militaire blessé au cours de la guerre, pour faire
20 valoir vos droits, d'après la réglementation, vous avez été obligé de vous
21 faire délivrer un certificat de la part de quelqu'un. Ce certificat, vous
22 avez dû le demander au 92e Régiment?
23 Réponse: Oui, étant donné que ce régiment fait la continuité de la
24 Brigade de Viteska.
25 Question: C'est-à-dire qu'il détenait tous les registres concernant les
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1 données des membres?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Savez-vous que cette organisation détenait aussi les données
4 concernant les gardes villageoises?
5 Réponse: Les gardes villageoises ne faisaient pas partie intégrante de
6 la Brigade de Viteska. Le régiment ni la brigade ne pouvaient détenir les
7 données concernant les gardes villageoises.
8 Question: Avaient-ils eu la possibilité de savoir comment se
9 présentaient les unités, les quartiers généraux, peut-être, qui pouvaient
10 les leur délivrer?
11 Réponse: Je le suppose ainsi.
12 Question: A propos, lorsque vous avez demandé ce certificat, c'est vous-
13 même qui l'avez rempli, le formulaire?
14 Réponse: Non.
15 Question: Non. Je vous remercie.
16 Monsieur le Président, peut-être encore un sujet qui fera l'objet de deux
17 ou trois questions rapides. Parlons de ce document Z653 qui traite de la
18 blessure de Slavko Badrov.
19 Lorsque vous aviez un emploi, avant la guerre, avez-vous jamais subi un
20 accident du travail?
21 Réponse: Non.
22 Question: Avez-vous jamais été blessé à ce moment-là?
23 Réponse: Non.
24 Question: Lorsque vous aviez donc encore un emploi, avez-vous jamais eu
25 l'occasion de voir un document similaire à celui-ci?
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1 Réponse: Je n'ai jamais subi d'accident, donc je n'ai pas eu l'occasion
2 de voir un tel document.
3 Question: Encore un point que j'aimerais vérifier auprès de vous.
4 Connaissez-vous une autre personne répondant au nom de Slavko Badrov?
5 Réponse: Non, je ne pourrais pas dire cela.
6 Question: Merci. Suite à toutes les questions qui vous ont été posées,
7 je vous demande si, dans cette période critique -nous parlons de la mi-
8 avril-, vous avez appris qu'à un certain moment, une mobilisation générale
9 a été décrétée?
10 Réponse: Oui, je l'ai appris au moment de l'attaque sur la ville de
11 Vitez.
12 Question: Avez-vous appris que le gouvernement du HVO de Vitez a déclaré
13 officiellement que tous les hommes en âge de combattre devaient être
14 mobilisés et devaient donc se faire connaître?
15 Réponse: Nous avons appris qu'une mobilisation générale avait été
16 décrétée mais, à Zabilje, nous n'avions encore reçu à ce moment-là aucune
17 instruction.
18 Question: Donc personne n'est venu vous voir dans votre village avec des
19 listes pour vous dire: "A partir d'aujourd'hui, vous êtes mobilisés"?
20 Réponse: Non.
21 Question: Vous avez dit qu'après cette date, un ordre est arrivé jusqu'à
22 vous, qui déterminait la création d'un certain nombre de secteurs et la
23 répartition des hommes selon ces secteurs. Est-ce exact?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Et c'est à partir de ce moment-là que les gardes villageoises
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1 ont été subordonnées à la Brigade, n'est-ce pas?
2 Réponse: Oui, nous avons reçu un document indiquant que nous étions
3 désormais des compagnies, que nous avions un secteur sous notre
4 responsabilité et qu'en tant que compagnie, nous étions affectés à telle
5 ou telle brigade, les gardes villageoises étant réparties entre ces
6 compagnies.
7 Question: Est-ce que des hommes en âge de combattre dans le village,
8 l'un des hommes donc que vous connaissiez dans votre village, auraient dit
9 à un moment quelconque: "Je ne suis pas conscrit parce que je suis inapte,
10 donc je ne suis pas apte à servir" ou quelque chose du même jour?
11 Réponse: Oui, il y en a eu de nombreux cas. Mais combien il y en a eu,
12 je ne sais pas.
13 Question: Eh bien, ces hommes ont-ils été mobilisés?
14 Réponse: Ceux qui étaient aptes à servir au sein d'une unité ont été
15 mobilisés, parce qu'un médecin est venu dans le village, après un certain
16 temps, pour établir qui était apte et qui ne l'était pas. Et ceux qui
17 n'étaient pas malades sont devenus membres d'unité.
18 M. Kovacic (interprétation): Merci. Je n'ai plus de questions pour ce
19 témoin, Monsieur le Président.
20 M. le Président (interprétation): Monsieur Radman, vous êtes arrivé au
21 terme de votre déposition. Je vous remercie d'être venu devant ce Tribunal
22 international. Vous êtes libre de vous retirer.
23 M. Radman (interprétation): Je vous remercie également, Monsieur le
24 Président, de m'avoir permis de témoigner.
25 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
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1 M. le Président (interprétation): Quel est le témoin suivant?
2 M. Mikulicic (interprétation): Notre témoin suivant, Monsieur le
3 Président, est M. Dragan Strbac.
4 (Le témoin, M. Dragan Strbac, est introduit dans le prétoire.)
5 M. le Président (interprétation): Je demanderai au témoin de prononcer la
6 déclaration solennelle.
7 M. Strbac (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
8 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
9 M. le Président (interprétation): Vous pouvez vous asseoir, Monsieur.
10 M. Strbac (interprétation): Merci.
11 (Interrogatoire principal de M. Dragan Strbac par M. Mikulicic.)
12 M. Mikulicic (interprétation): Bonjour, Monsieur Strbac.
13 M. Strbac (interprétation): Bonjour.
14 Question: Au nom de la défense de M. Mario Cerkez, je m'apprête à vous
15 poser quelques questions auxquelles je vous prierai de bien vouloir
16 répondre au mieux de vos souvenirs. Je vous prie également de bien vouloir
17 attendre quelques instants la fin de l'interprétation de la question qui
18 vous sera posée par les interprètes du Tribunal, donc de ménager une brève
19 pause avant de répondre.
20 Réponse: Oui.
21 Question: A la fin de vos réponses, je ménagerai également une pause de
22 quelques instants, de façon à aider les interprètes dans leur travail.
23 Monsieur Strbac, pour le compte rendu d'audience, je vous demande de
24 décliner vos nom et prénom, ainsi que votre date de naissance.
25 Réponse: Je m'appelle Dragan Strbac. Je suis né le 29 juillet 1963, à
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1 Vitez.
2 Question: Vous êtes de nationalité croate et de religion catholique
3 romaine, n'est-ce pas?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Vous êtes citoyen de la République de Bosnie-Herzégovine et de
6 la République de Croatie: vous avez une double nationalité?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Ce sont les règlements en vigueur au sein de la République de
9 Bosnie-Herzégovine qui régissent votre situation militaire, n'est-ce pas?
10 Réponse: Absolument.
11 Question: Monsieur Strbac, vous êtes né à Vitez et vous avez résidé à
12 Vitez depuis votre naissance pratiquement?
13 Réponse: Oui, depuis ma naissance.
14 Question: En ce moment, vous n'êtes pas marié et vous n'avez pas
15 d'enfant?
16 Réponse: Exact.
17 Question: Pouvez-vous nous parler de votre cursus éducatif?
18 Réponse: J'ai achevé mes études primaires à Vitez, dans la localité de
19 Dubravica, et j'ai terminé mes études au lycée ensuite à Vitez, avant
20 d'aller à la faculté de métallurgie à Zenica où j'ai obtenu un diplôme
21 d'ingénieur en métallurgie.
22 Question: A la fin de vos études universitaires, avez-vous travaillé
23 dans votre branche de spécialité?
24 Réponse: Non.
25 Question: Pouvez-vous nous dire où vous avez trouvé un emploi à la fin
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1 de vos études universitaires?
2 Réponse: J'ai d'abord attendu un emploi pendant deux ans ou deux ans et
3 demi et, le 1er septembre 1991, j'ai obtenu le poste de chef de la défense
4 civile dans la municipalité de Vitez.
5 Question: Aviez-vous à ce moment-là accompli votre service militaire?
6 Réponse: Oui, je l'ai accompli en 1982 et 1983.
7 Question: Avez-vous obtenu un grade pendant votre service militaire?
8 Réponse: Non.
9 Question: Monsieur Strbac, vous venez de nous dire qu'à partir du 1er
10 septembre 1991, vous avez obtenu le poste de chef de la défense civile
11 dans la municipalité de Vitez?
12 Réponse: Exact.
13 Question: Et vous avez conservé ce poste jusqu'au mois d'octobre 1994?
14 Réponse: Exact.
15 Question: Je vous prierai de bien vouloir, en quelques mots, nous
16 expliquer ce que représentait la défense civile selon les règlements en
17 vigueur dans l'ex-Yougoslavie, comment elle était organisée et ce qui
18 constituait son objectif.
19 Réponse: La défense civile est le niveau d'organisation suprême dont le
20 but consiste à assurer la sécurité, la protection des biens matériels et
21 des citoyens en cas de catastrophe technique ou technologique, de
22 catastrophe naturelle ou de guerre. A cette époque-là, la défense civile
23 était organisée selon les règlements en vigueur, c'est-à-dire selon les
24 lois régissant la défense populaire de ce qui, à l'époque, était la
25 République fédérale de Bosnie-Herzégovine et en application des lois
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1 fédérales régissant la défense au sein de la RSFY.
2 Question: Très bien. Donc, au moment où vous êtes devenu chef de la
3 défense civile, à la fin de 1991, les événements regrettables qui se sont
4 déroulés en ex-Yougoslavie avaient déjà commencé, événements qui ont mené
5 à la désintégration de la Yougoslavie?
6 Réponse: Oui, la guerre en Croatie avait commencé. Une certaine
7 confusion régnait à ce moment-là et commençait à affecter de façon
8 négative les habitants et la vie en général dans notre région également.
9 Question: Il ne fait aucun doute, Monsieur Strbac, que la défense civile
10 dépendait de la structure civile du pouvoir local, n'est-ce pas?
11 Réponse: Absolument. Selon la loi, c'est une structure qui est de
12 caractère civil.
13 Question: Et les fonctions de la défense civile étaient déterminées par
14 les lois en vigueur à ce moment-là?
15 Réponse: Oui, comme je viens de le dire, il s'agissait de défendre les
16 biens matériels et, bien entendu, les vies humaines.
17 Question: Très bien. Est-il exact, Monsieur Strbac, qu'à l'époque où
18 existait encore l'ex-Yougoslavie en tant qu'Etat fédéral, il existait ce
19 qu'on appelait des lois fédérales ainsi que des lois établies au niveau de
20 la République et qui devaient ne pas contredire les lois fédérales?
21 Réponse: C'est exact.
22 Question: Ces lois et règlements, après la déclaration d'indépendance de
23 la République de Bosnie-Herzégovine, et après reconnaissance de cette
24 République de Bosnie-Herzégovine par la communauté internationale, ces
25 lois de l'ex-Yougoslavie ont-elles continué à être applicables?
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1 Réponse: Oui, elles ont continué à s'appliquer car l'Etat de Bosnie-
2 Herzégovine a effectivement été reconnu mais, pour des raisons connues de
3 chacun, cet Etat n'a pas fonctionné comme il l'aurait dû, de sorte que les
4 organes responsables ont été contraints à reprendre à leur compte les lois
5 existantes. Car il était impossible, dans un délai aussi court, de voter
6 toutes les lois et tous les textes officiels qui auraient pu régir la vie
7 dans tous ses aspects et, notamment, la vie des civils dans notre région.
8 Question: Je comprends bien. Donc, après la proclamation de la
9 souveraineté de l'Etat, des lois ont peu à peu été votées qui,
10 progressivement, ont remplacé les lois de l'ex-Yougoslavie?
11 Réponse: Oui, mais pendant toute la durée de la guerre, les lois en
12 vigueur précédemment sont restées applicables.
13 Question: Très bien. Compte tenu du travail qui était le vôtre, vous
14 connaissiez sans doute très bien les actes officiels régissant votre
15 activité?
16 Réponse: Oui, je connaissais les documents qui régissaient notre
17 activité dans la région.
18 Question: Pouvez-vous nous dire si l'organisation et le fonctionnement
19 de la défense civile étaient censés être différents en temps de guerre de
20 ce qu'ils étaient en temps de paix?
21 Réponse: Cette défense est assez spécifique, à savoir qu'elle est
22 censée fonctionner de façon différente selon les circonstances. Autrement
23 dit, elle fonctionne différemment en temps de paix et dans des périodes
24 exceptionnelles, comme nous les appelions, c'est-à-dire en cas de
25 catastrophe technologique ou de guerre. En temps de paix, la défense
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1 civile est placée sous la responsabilité du secrétariat de la défense
2 populaire mais, en cas de catastrophe, au niveau de la municipalité, la
3 défense fonctionne dans le cadre d'un état-major de la défense civile qui
4 est un organe strictement opérationnel, destiné à s'occuper de la
5 population civile et à protéger les biens matériels et les habitants
6 contre les catastrophes dont j'ai déjà parlé.
7 Question: Je comprends. Autrement dit, en temps de paix, la défense
8 civile fonctionnait comme partie intégrante de ce qui était, par le passé,
9 le secrétariat de la défense populaire au niveau municipal?
10 Réponse: Oui, c'était donc une section exécutive de l'état-major
11 municipal.
12 Question: Mais malgré cette dénomination d'état-major ou de secrétariat
13 de la défense populaire, il ne fait aucun doute que cette instance
14 municipale était bien une instance civile, n'est-ce pas?
15 Réponse: C'est exact.
16 Question: Lorsque l'état de guerre a été décrété en Bosnie-Herzégovine,
17 en 1992, la défense civile municipale a commencé à fonctionner dans des
18 conditions marquées par la guerre, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Et c'est à ce moment-là que l'état-major de la défense civile
21 a été créé, cet organe dont vous venez de parler?
22 Réponse: En fait, il a été créé, l'état-major est créé en temps de paix
23 également; il fait partie des instances municipales. Je dis bien qu'il
24 existe au niveau de la municipalité. Donc cet état-major de la défense
25 civile avait été créé avant la guerre. Mais il n'était pas opérationnel.
Page 24230
1 Au moment où la guerre éclate, l'état-major de la défense civile au niveau
2 municipal est mis en action et doté d'un Président et d'un certain nombre
3 de membres dirigeants.
4 Question: Le commandant de cet état-major municipal, au moment où il a
5 été activé, était qui?
6 Réponse: Sulejman Smirko.
7 Question: Cet homme, Sulejman Smirko, était musulman, n'est-ce pas?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Et quel poste occupiez-vous vous-même?
10 Réponse: J'étais chef de l'état-major municipal.
11 Question: Pouvez-vous, je vous prie, nous expliquer la différence entre
12 le chef et le commandant de l'état-major municipal? Autrement dit, la
13 différence entre le poste que vous occupiez vous-même et le poste
14 qu'occupait Sulejman Smirko?
15 Réponse: L'état-major municipal est censé s'occuper de tous les aspects
16 concrets de la situation sur le terrain. Moi, mon poste de chef de cet
17 état-major municipal me donnait donc un rôle opérationnel. J'étais censé
18 prendre toutes les mesures qu'il fallait appliquer et lui, en tant que
19 commandant, en assurait l'exécution.
20 Question: Je suppose que vous aviez également quelqu'un qui vous aidait
21 dans votre travail, n'est-ce pas?
22 Réponse: Nous avions les membres de l'état-major municipal à notre
23 disposition. Ce sont des professionnels spécialistes de différentes
24 questions, qui s'occupaient de prendre les diverses mesures nécessaires
25 pour assurer la défense civile, au niveau municipal.
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1 Question: Donc, c'étaient des experts dans leur travail?
2 Réponse: Au sein de l'état-major municipal, c'étaient des volontaires,
3 mais c'étaient des professionnels spécialisés dans divers domaines, comme,
4 par exemples, la médecine, la médecine vétérinaire, la construction, la
5 protection RKB, ce genre de domaines. Donc, c'étaient des professionnels
6 dans leur domaine qui, compte tenu du fait que la guerre avait éclaté, ont
7 été mis à la disposition du quartier général municipal pour l'aider au
8 mieux.
9 Question: Donc, ce n'étaient pas des personnes rémunérées, ce n'étaient
10 pas des responsables officiels. C'étaient simplement des personnes qui
11 avaient été mises à la disposition de l'état-major municipal parce qu'ils
12 avaient une formation spécialisée, n'est-ce pas?
13 Réponse: C'est tout à fait cela.
14 Question: Monsieur Strbac, vous nous avez dit que cet état-major de la
15 défense civile, qui a été mis en action après la proclamation de l'état de
16 guerre, agissait dans le cadre de la composante civile du HVO, n'est-ce
17 pas?
18 Réponse: Oui, dans le cadre du gouvernement du conseil croate de
19 défense à Vitez.
20 Question: Et d'après le poste que vous occupiez, vous étiez également un
21 membre de ce pouvoir civil municipal de Vitez?
22 Réponse: Oui, mais comment est-ce que je pourrais le dire? Je
23 n'exerçais ce genre de fonction que selon les besoins. Lorsque, au niveau
24 de la municipalité, les discussions en cours portaient sur un sujet qui
25 exigeait l'intervention de la défense civile, eh bien, j'assistais à ces
Page 24232
1 réunions.
2 Question: Vous rappelez-vous qui, à l'époque, était responsable du
3 gouvernement civil?
4 Réponse: C'était M. Ivica Santic.
5 Question: Monsieur Strbac, pouvez-vous nous dire comment les hommes
6 nécessaires étaient affectés à la défense civile?
7 Réponse: Au début, c'était le secrétariat de la défense populaire qui
8 assurait l'engagement des personnes nécessaires et ensuite, à partir du
9 deuxième semestre 1992 -comment est-ce que je pourrais dire?-, le
10 secrétariat de la défense populaire a été rebaptisé et il s'est désormais
11 appelé bureau de la défense. C'est donc lui qui a assuré l'affectation des
12 hommes dans leurs responsabilités.
13 Question: Vous rappelez-vous qui dirigeait ce bureau de la défense?
14 Réponse: Vous parlez du chef du bureau de la défense?
15 Question: Oui.
16 Réponse: C'était M. Marijan Skopljak.
17 Question: Monsieur Strbac, ce mode de fonctionnement de la défense
18 civile existe-t-il toujours aujourd'hui dans la République de Bosnie-
19 Herzégovine?
20 Réponse: Oui, au jour d'aujourd'hui, les tâches de cette nature sont
21 accomplies par le bureau de la défense des diverses municipalités.
22 Question: Dans la deuxième moitié de 1992 -et nous avons déjà entendu un
23 certain nombre de témoins s'exprimer sur ces événements-, une certaine
24 distanciation s'est opérée entre les Croates et les Musulmans dans cette
25 région, de façon générale et plus précisément sur le territoire de la
Page 24233
1 municipalité de Vitez. Quels sont vos souvenirs au sujet de cette période?
2 Réponse: Eh bien, mes souvenirs correspondent tout à fait à ce que vous
3 venez de dire. On a commencé à constater qu'un certain nombre de personnes
4 partaient volontairement du pouvoir municipal et ceci a affecté également
5 la défense civile, donc nous nous sommes trouvés confrontés à des
6 problèmes. Au cours du deuxième semestre de 1992, nous avons constaté que
7 M. Smirko manifestait une certaine tendance à éviter de participer à nos
8 réunions, de sorte que j'ai été contraint d'assurer la fonction de
9 commandant et de chef de la défense civile au sein de l'état-major
10 municipal.
11 Question: Je comprends. Pouvez-vous, sur la base de votre expérience
12 personnelle, nous dire si des pressions ont été faites sur les Musulmans
13 pour qu'ils quittent leurs fonctions?
14 Réponse: Non. Ce sont les événements de l'époque qui ont amené, par
15 eux-mêmes, à la situation que je viens de décrire. Je dois dire,
16 s'agissant de la défense civile, qu'avant la séparation, nous avons essayé
17 de nous organiser pour tenter de surmonter ces problèmes politiques. Nous
18 avons organisé des réunions dans les diverses localités et, dans ces
19 localités, lorsque la majorité de la population était musulmane, nous
20 invitions les Musulmans; lorsque la majorité de la population était
21 croate, nous invitions les Croates.
22 Et nous disions à la population comment il importait de se comporter parce
23 qu'à ce moment-là, l'agression de la JNA contre la Bosnie était en cours.
24 Donc un danger d'attaque existait et nous ne faisions pas attention à
25 l'appartenance ethnique; nous essayions de développer notre activité
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1 indépendamment de l'appartenance ethnique.
2 Question: Je comprends.
3 Réponse: Donc nous agissions selon une structure territoriale et, pour
4 essayer de surmonter ces problèmes politiques, nous allions ensemble à ces
5 réunions, mais nous ne parlions pas ensemble dans toutes les localités.
6 Donc nous couvrions tout le territoire, chacun s'adressant aux siens.
7 Question: Vous venez de dire qu'à cette époque-là, l'attaque de la JNA
8 créait des craintes que la menace d'une telle attaque existait. Des raids
9 aériens ont-ils effectivement frappé Vitez en 1992?
10 Réponse: Oui, il y a eu plusieurs raids aériens. Nous avons construit
11 des abris ensemble pour les civils, qui ont pu donc se mettre à l'abri.
12 Question: C'était la première fois que la défense civile participait
13 activement à des activités de guerre, n'est-ce pas?
14 Réponse: Oui.
15 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur le Président, si cela vous
16 convient, nous pouvons maintenant faire la pause?
17 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Strbac, nous allons
18 maintenant suspendre l'audience pour le déjeuner pendant une heure et
19 demie. Je vous demanderai de veiller à ne parler à personne de votre
20 déposition tant qu'elle n'est pas terminée. Et lorsque je dis "personne",
21 cela inclut les membres de l'équipe de défense. Et je vous demanderai de
22 revenir dans ce prétoire à 14 heures 30.
23 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 33.)
24 M. le Président (interprétation): Maître Mikulicic, c'est à vous.
25 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Strbac, recommençons où nous en
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1 étions restés avant la pause déjeuner. Afin de faciliter les choses, je
2 vais indiquer que je passe au paragraphe 2.5.
3 Vous avez dit ce matin que le secrétariat de la Défense nationale
4 recrutait des gens pour la Défense civile?
5 M. Strbac (interprétation): Oui. Et ultérieurement, également pour le
6 ministère de la Défense.
7 Question: Puisque nous parlons du secrétariat de la Défense nationale et
8 le département ou le service de la Défense, est-ce qu'il s'agit du même
9 organisme qui a été rebaptisé?
10 Réponse: Oui, il s'agit d'une seule et même institution qui s'est
11 transformée et qui a repris donc les fonctions du secrétariat.
12 Question: J'imagine qu'il y avait des dossiers relatifs aux conscrits de
13 la défense civile.
14 Réponse: Oui, c'est exact. Chaque conscrit de l'armée ou chaque
15 conscrit dans le cadre de la défense civile avait un dossier au service de
16 la Défense, c'est-à-dire qu'il y avait effectivement des dossiers et que
17 nous, au niveau de la défense civile, nous avions des dossiers individuels
18 pour chacun des conscrits.
19 Question: Quelle était la différence entre les dossiers qui se
20 trouvaient au secrétariat de la Défense nationale et ceux concernant la
21 défense civile? Est-ce qu'il y avait une différence?
22 Réponse: Il y avait très peu de différence entre ces différents
23 dossiers: les dossiers personnels étaient les mêmes et les dossiers unité
24 étaient remis à l'unité en question. Et là, je vous parle des dossiers
25 gardés au niveau des unités.
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1 Question: Donc on peut dire que ces dossiers qui étaient entre les mains
2 de la défense civile étaient plus précis que ceux qui se trouvaient au
3 niveau du département de la Défense?
4 Réponse: Lorsqu'il est devenu difficile de communiquer, pendant les
5 opérations de guerre, nous avons utilisé un système de messagers. Mais en
6 ce qui concerne donc les papiers de mobilisation, nous les avons envoyés
7 par la poste, tant que la poste a fonctionné.
8 Question: L'organisation de la défense civile sur le terrain faisait
9 appel à des officiers, des personnes chargées de la défense civile sur
10 place?
11 Réponse: Oui. Oui, oui. C'étaient des gens qui se chargeaient de la
12 défense civile et qui étaient chargés de certaines régions. C'était divisé
13 sur le plan territorial.
14 Question: Et quelle était la tâche de ces commissaires de la défense
15 civile?
16 Réponse: Ils assuraient la liaison entre nous et la défense civile, et
17 sur le terrain. D'autre part, toutes les informations dont nous avions
18 besoin, nous les obtenions par l'intermédiaire de ces commissaires de la
19 défense civile.
20 Question: Maintenant, je vais vous demander de regarder un document et
21 de nous faire vos observations à ce sujet. Je vais demander qu'il soit
22 distribué.
23 (L'huissier s'exécute.)
24 Monsieur Strbac, de quel document s'agit-il ici, s'il vous plaît?
25 Réponse: Il s'agit ici d'une liste de commissaires de la défense civile
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1 de la municipalité de Vitez, une liste qui date du 16 février 1993. Cette
2 liste porte ma signature.
3 Question: Bien, merci. Je vais maintenant vous demander une explication
4 pour éviter tout malentendu.
5 Dans la partie introductive du document, ou plutôt dans le titre, on peut
6 voir "État-major de la protection civile et tirée du peuple". Pouvez-vous
7 nous expliquer de quoi il s'agit?
8 Réponse: Dans la terminologie utilisée précédemment, ce matin, j'ai
9 parlé d'une législation qui avait trait justement à ce domaine précis. Le
10 concept de la défense civile était utilisé donc précédemment. Mais, comme
11 vous le savez, il y a eu une agression contre la Bosnie-Herzégovine, une
12 agression qui était en train de se produire et qui était du fait de la
13 JNA, de l'ex-JNA. Donc, à ce moment-là, les gens n'avaient pas envie
14 d'employer toute cette terminologie qui était liée au pays, à ce qui était
15 utilisé auparavant. Donc au lieu d'utiliser cette terminologie, on a
16 utilisé le terme de "peuple". C'était ce que l'on faisait en Croatie
17 précédemment. Mais tout le monde ne sauvait pas à quoi cela correspondait:
18 c'est pourquoi on a précisé qu'il s'agissait de protection civile pour que
19 les gens sachent bien de quoi il s'agit.
20 Question: Je vais demander une cote pour ce document.
21 Mme Thompson (interprétation): Le document portera la cote D101/2.
22 M. Mikulicic (interprétation): Merci. En examinant ce document, on peut
23 voir que les commissaires de la défense civile étaient déployés auprès de
24 diverses unités. Pouvez-vous nous donner vos observations à ce sujet?
25 Réponse: Il y a plusieurs régions qui sont prises en compte. A
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1 l'époque, on parlait de bataillons ou de zones qui étaient organisées,
2 régions qui étaient organisées. Donc vous aviez des bataillons qui
3 recevaient le nom de l'endroit auquel ils se rapportaient pour que le
4 travail se fasse de façon plus efficace. Ils couvraient une zone
5 géographique bien précise.
6 Question: Je comprends. Donc vous utilisez le terme de "bataillon", qui
7 est un terme militaire, mais en fait ce terme désignait ici quelque chose
8 de bien différent?
9 Réponse: Oui. Oui, tout à fait. On peut voir 1er Bataillon, 2e
10 Bataillon, 3e Bataillon, mais cela n'a absolument rien à voir avec
11 l'armée. Le mot est militaire mais cela n'a rien avoir avec une
12 organisation militaire.
13 Question: Merci. Monsieur Strbac, la défense civile avait des
14 commissaires et puis des unités, n'est-ce pas?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Quelle était la fonction de ces unités de la défense civile?
17 Comment étaient-elles divisées?
18 Réponse: Vous aviez deux types d'unités de la défense civile: il y
19 avait des unités donc spécialisées et puis des unités qui n'étaient pas
20 spécialisées, des unités qui avaient des fonctions générales et que l'on
21 appelait "unités de travail". C'est ainsi qu'on les désignait au sein de
22 la population parce que, pour eux, c'était plus facile de dire "peloton de
23 travail" ou "unité de travail" que de dire "unité générale". Voilà comment
24 on les appelait.
25 Question: Bien. Je vais vous poser des questions, moi, de façon que nous
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1 puissions procéder plus rapidement. Donc ces unités généralistes, comment
2 étaient-elles organisées?
3 Réponse: Eh bien, ces unités généralistes, elles faisaient des tas de
4 sortes de choses suivant les besoins.
5 Question: Est-ce que cela signifiait qu'elles participaient à des
6 opérations de nettoyage du terrain, à la construction d'abris, etc.,
7 n'est-ce pas?
8 Réponse: Oui, je peux vous expliquer cela en quelques mots. Les unités
9 spéciales, comme le nom l'indique, ce sont des unités spécialisées qui se
10 consacrent à des fonctions tout à fait spéciales. Et, puisque vous en
11 parlez, effectivement, il y avait des unités qui dégageaient les ruines,
12 par exemple, et il y avait des unités qui se consacraient uniquement à
13 cela. Mais si cette unité, cette unité spécialisée dans ce genre de tâche
14 n'était pas suffisante; à ce moment-là, on lui assignait une unité
15 généraliste qui allait l'aider.
16 Question: Oui, j'ai bien compris. Après le début du conflit, après
17 l'escalade des hostilités à Vitez et dans la zone environnante, à la mi-
18 1993, vous avez eu des difficultés, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit?
21 Réponse: Eh bien, comme vous le savez vous-même, la situation dans la
22 vallée de la Lasva était ce qu'elle était. Et avant le conflit, nous
23 avions eu une organisation de la défense civile qui était adaptée au temps
24 de paix. Mais quand la guerre s'est déclarée -comment dire?-, certains
25 commandants ont agi de façon arbitraire, ou plutôt les dirigeants de
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1 gardes villageoises, dans certains hameaux, plutôt que commandants, donc,
2 ils ont envoyé les membres de la défense civile réaliser des opérations
3 militaires pour peu. Et ça, c'était un problème parce qu'à ce moment-là,
4 nous, nous devions trouver d'autres personnes pour travailler pour la
5 défense civile, mais ces gens-là n'avaient pas les qualifications
6 nécessaires, n'étaient pas aptes physiquement. C'est le problème que nous
7 avons rencontré à ce moment-là.
8 Question: Donc vous, en tant que responsable, quand vous avez remarqué,
9 pris conscience de cette difficulté, vous avez réagi. Je vais vous
10 demander d'examiner le document suivant et de nous dire ce que vous en
11 pensez.
12 Mme Thompson (interprétation): Ce document portera la cote D102/2.
13 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Strbac, veuillez, s'il vous plaît,
14 examiner ce document et nous donner vos observations en quelques mots.
15 M. Strbac (interprétation): Il s'agit d'un document que j'ai rédigé. Il
16 s'agit d'une lettre qui porte ma signature. Nous l'avons envoyée au nom de
17 l'état-major municipal de la défense civile, au commandement du 2e
18 Bataillon de Vitez. Nous évoquons dans cette lettre les problèmes que nous
19 rencontrons et les problèmes que je viens d'évoquer à l'instant, à savoir
20 qu'un certain nombre de conscrits de la défense civile étaient recrutés
21 pour des opérations militaires, pour des fonctions différentes des leurs.
22 Et pour nous, cela remettait en question le travail de la défense civile
23 au niveau de la municipalité de Vitez.
24 Question: Je comprends. Donc, pendant cette période, c'était encore une
25 période pendant laquelle les équipes allaient à la frontière, à Vlasic,
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1 pour défendre le territoire contre l'agression serbe?
2 Réponse: Oui, c'est exact puisque cette lettre date du 10 mars 1993.
3 Question: Merci bien. Maintenant, je vais vous demander de regarder
4 l'annexe de ce document où figure une liste des membres de la défense
5 civile et j'ai un certain nombre de commentaires à vous demander au sujet
6 de cela.
7 Réponse: Oui, j'ai envoyé cela à Anto Bertovic, le commandant du 2e
8 Bataillon. Le 2e Bataillon, c'est notre Bataillon de Vitez qui, avec le
9 Bataillon de Novi Travnik, composait une seule et même unité.
10 Question: C'était la Brigade Stjepan Tomasevic?
11 Réponse: Oui. Donc Mario Ganic, c'est l'ex-secrétaire qui travaillait à
12 l'ex-secrétariat de la défense.
13 Question: Bien. Maintenant, en ce qui concerne cette liste: si l'on
14 revient à ce que vous nous avez dit ce matin quand vous nous avez expliqué
15 que, peu à peu, les Musulmans ont quitté les unités de la défense civile,
16 on peut voir cependant que certains d'entre eux sont restés à leur poste
17 et que certains d'entre eux figurent d'ailleurs toujours sur cette liste.
18 Par exemple, M. Stipo Sulejman se trouve toujours mentionné sur cette
19 liste. Il y a le numéro 17 également, le numéro 20; je ne vais pas
20 mentionner tous ces Musulmans. Ce sont tous des Musulmans qui sont membres
21 de la défense civile, n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui. Encore une chose. Il ne s'agissait pas des seuls
23 Musulmans membres de la défense civile. Ce matin, j'ai expliqué que nous
24 avions, M. Smirko et moi, des rencontres conjointes dans plusieurs
25 hameaux et M. Smirko, lui, avait cette liste des membres de la défense
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1 civile qui étaient musulmans. Il avait cette liste. Donc à l'époque, on
2 travaillait ensemble. Mais, comme je l'ai expliqué, en raison de
3 l'atmosphère politique qui prévalait à l'époque, nous avons dû évoluer
4 avec la situation.
5 Question: Bien. Vous nous avez déjà expliqué tout cela. Nous en avons
6 fini avec ce document maintenant.
7 Pendant le deuxième semestre de 1993, donc au moment de la guerre, vous
8 nous avez dit que vous aviez un problème: c'était que vos hommes étaient
9 recrutés par l'armée?
10 Réponse: Oui. Oui, ils étaient recrutés au niveau de l'armée.
11 Question: Qu'est-ce que vous avez fait à ce moment-là? Est-ce que vous
12 avez essayé de trouver des remplaçants?
13 Réponse: Eh bien, nous avons été contraints de trouver d'autres
14 personnes pour remplacer ces autres personnes. Et nous avons même fait
15 appel à des femmes. Donc moi, j'avais 115 environ, 115 commissaires
16 femmes. Au niveau des unités mêmes, moi, je ne suis parvenu à garder que
17 les hommes âgés qui n'avaient pas à servir au sein de l'armée. Enfin, on
18 est parvenu à garder un minimum de personnes pour que la défense civile
19 puisse remplir ses fonctions.
20 Question: Etant donné le grand nombre de femmes qui étaient employées
21 comme commissaires de la défense civile, est-ce que l'on peut dire qu'à ce
22 moment-là, la défense civile est devenue une organisation féminine?
23 Réponse: Non, je ne dirais pas cela. Mais la plupart des membres de la
24 défense civile étaient des femmes; 60% si je me souviens bien, 60% de tous
25 les membres de la défense civile étaient des femmes.
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1 Question: Dans cette situation, donc, vous étiez assiégés,
2 l'approvisionnement se faisait très difficilement, cependant à ce moment-
3 là, il y avait quand même de l'aide humanitaire qui arrivait. Est-ce que,
4 dans ce contexte, la défense civile a eu un rôle à jouer?
5 Réponse: Oui. Oui, parce que la défense civile a distribué dans la
6 municipalité de Vitez toute l'aide humanitaire qui arrivait sur zone.
7 Question: Est-ce que la distribution de l'aide humanitaire se faisait en
8 fonction de l'appartenance ethnique des destinataires?
9 Réponse: Absolument pas. Tous les citoyens de la municipalité de Vitez
10 recevaient une part égale de ce que l'on recevait. C'était tout à fait
11 égalitaire comme système de distribution.
12 Question: Monsieur Strbac, vous avez parlé des unités généralistes de la
13 défense civile, il y a quelques instants?
14 Réponse: C'est exact.
15 Question: Et vous avez également dit que, dans la population, on les
16 désignait sous le terme de "pelotons de travail"; c'était le nom usuel,
17 n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Parlons brièvement de ces pelotons de travail. Pouvez-vous,
20 s'il vous plaît, nous parler du concept de "peloton de travail"?
21 Réponse: Le concept, eh bien, disons: qu'est-ce que c'est qu'un peloton
22 de travail? Dans le contexte de la défense civile, c'est une unité
23 généraliste. Mais, en dehors de la défense civile, il y avait également
24 des pelotons de travail qui avaient d'autres fonctions.
25 Question: Mais ce terme de peloton de travail, est-ce que c'est un terme
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1 militaire ou un terme civil, à votre avis?
2 Réponse: Moi, je pense que c'est un terme militaire, le terme de
3 peloton de travail. Mais, à l'époque, c'était un terme usuel et on donnait
4 ce nom à toutes sortes d'unités, même si elles n'étaient pas purement
5 militaires.
6 Question: Monsieur Strbac, vous avez rempli vous-même ces fonctions et
7 vous nous avez dit, au début de votre déposition, que vous connaissiez
8 très bien la législation ayant trait à ces activités?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Maintenant, je vais vous demander de regarder deux documents
11 qui ont trait à cette législation et je vais demander à l'huissier de les
12 distribuer. Je voudrais savoir si vous avez déjà vu les documents que je
13 vais vous présenter. Ensuite, je vais vous demander vos observations à ce
14 sujet.
15 M. le Président (interprétation): Peut-on procéder assez rapidement,
16 Maître Mikulicic, et limiter au maximum les observations du témoin? Nous
17 disposons de ces documents. De quel document souhaitez-vous parler en
18 premier pour que nous puissions lui attribuer une cote?
19 M. Mikulicic (interprétation): Je vais déjà parler du document qui est le
20 décret fédéral et qui est facilement reconnaissable; il porte le n°215
21 dans le coin inférieur droit.
22 M. le Président (interprétation): Je ne vois pas ce numéro. Pouvez-vous
23 nous dire quel est le titre?
24 M. Mikulicic (interprétation): Je vous prie de m'excuser, mais j'étais en
25 train de regarder l'original.
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1 M. le Président (interprétation): Donnez- nous le titre. Si nous avons le
2 titre, nous pourrons voir de quoi il s'agit et le trouver.
3 Mme Thompson (interprétation): Est-ce que cela finit avec "…la République
4 de Yougoslavie"?
5 M. le Président (interprétation): Un instant ! Pouvez-vous, s'il vous
6 plaît, nous donner le titre du premier document?
7 M. Mikulicic (interprétation): Je vais vous donner le titre: "Décret sur
8 l'organisation et les obligations de travail importantes pour la défense
9 du peuple".
10 Mme Thompson (interprétation): Ce document portera la cote D103/2.
11 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Strbac, vous avez ce décret sous
12 les yeux. C'est un décret fédéral, n'est-ce pas?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Très brièvement. Ce matin, vous avez dit qu'au niveau de l'ex-
15 République de Yougoslavie, il y avait des réglementations au niveau
16 fédéral et au niveau des républiques?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Est-il exact que ce décret réglementait les obligations de
19 travail sur la totalité du territoire de l'ex-Yougoslavie?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Est-il exact qu'à l'article 2 de ce décret, il est stipulé que
22 "des unités de travail peuvent être organisées pour aider les forces
23 chargées de la défense civile et les entreprises de construction"?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Et à l'article 2, au dernier paragraphe de l'article 2, on
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1 peut lire que "ces unités étaient censées aider à la construction de
2 fortifications, d'abris, etc."?
3 Réponse: C'est exact.
4 Question: Merci. Maintenant, nous allons nous pencher sur un autre
5 document et j'imagine qu'il portera la cote D104/2. Je vais demander à la
6 Greffière d'audience de le confirmer.
7 Mme Thompson (interprétation): C'est exact. Ce document portera la cote
8 104/2.
9 M. Mikulicic: Cet autre document, c'est un décret qui réglemente la même
10 chose, mais au niveau de la République. C'est exact?
11 M. Strbac (interprétation): Oui.
12 Question: La substance en est la même quant à ce document?
13 Réponse: Oui. Il s'agit de ce document qui, cette fois-ci, au niveau de
14 la République doit être rendu conforme à la réglementation fédérale.
15 Question: Je vous remercie. Je crois que nous avons fini avec ce
16 document, nous pouvons aller de l'avant. Maintenant, revenons à la
17 situation vers le milieu de l'année 1992, à Vitez, lorsque le conflit en
18 escalade a fait que la situation de Vitez a été en quelque sorte
19 spécifique.
20 Vous venez d'être d'accord avec moi. La ligne de front étant longue, il y
21 avait très peu de gens en âge de porter les armes?
22 Réponse: C'est exact. C'est-à-dire qu'il y avait peu de gens,
23 insuffisamment pour couvrir l'ensemble de la ligne de front.
24 Question: Par conséquent, insuffisance d'effectifs pour couvrir donc la
25 ligne de front?
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1 Réponse: Pour ne pas parler évidemment des autres tâches qu'il fallait
2 remplir en vue des travaux qui étaient les nôtres dans le domaine de la
3 protection civile.
4 Question: Dans ces situations-là, était-ce uniquement possible, toujours
5 en accord avec les réglementations, par conséquent justifiées, d'organiser
6 des pelotons de travail pour l'aménagement des fortifications pour les
7 besoins des forces armées?
8 Réponse: Ceci devait être fait de cette sorte-là mais, après la
9 proclamation de la mobilisation générale, chaque personne en âge de porter
10 les armes et chaque personne apte au travail avait pour tâche et
11 obligation de se présenter devant la section, le secrétariat au travail et
12 à la protection civile pour se mettre à la disposition de ce dernier.
13 Ainsi, avons-nous fait pour la municipalité de Vitez.
14 Quant aux fortifications, nous avons dû nous servir de ce peloton de
15 travail pour justement les envoyer sur la ligne.
16 Question: Donc, c'est justement ces spécificités de vos besoins dont
17 vous parliez?
18 Réponse: C'est exact.
19 Question: Vous avez dit qu'en cas d'interruption des communications en
20 situation de guerre, les services d'estafette ou de courrier ont été
21 encore dans l'impossibilité de travailler, de fonctionner?
22 Réponse: Est-ce que vous pensez au QG municipal et à ses estafettes?
23 Bon. En réponse, je dirai qu'il est difficile d'envoyer toujours notre
24 coursier où il le fallait parce que les routes avaient été barrées, des
25 tireurs étaient embusqués partout. Par conséquent, autant de problèmes.
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1 Question: En conséquence, vu ce problème, est-ce que, dans la pratique,
2 vous avez vu certains commandants militaires engager eux-mêmes, de leur
3 propre initiative, des pelotons de travail?
4 Réponse: Oui, et cela leur a été rendu possible étant donné la
5 réglementation dont vous venez de donner lecture. Excusez-moi, on parle
6 évidemment des pelotons de travail qui devaient travailler pour les
7 besoins des forces armées!
8 Question: C'est bien cela à quoi je pensais!
9 Vous souvenez-vous, Monsieur Strbac, du moment où la mobilisation générale
10 a été proclamée?
11 Réponse: Le 16 avril 1993. Autant que je me souvienne, dans les heures
12 de l'après-midi.
13 Question: Cet acte de proclamation de la mobilisation générale voulait
14 dire que toutes les personnes aptes à porter les armes et au travail
15 devaient s'y présenter?
16 Réponse: C'est bien cela.
17 Question: Mais il y avait, ce n'était pas toujours le cas peut-être, pas
18 toujours en nombre souhaité, la situation de voir des Musulmans. Etait-ce
19 vrai?
20 Réponse: Ils étaient peu nombreux ou il n'y en avait pas du tout.
21 Question: Dans cette situation-là, étant donné que les citoyens de
22 nationalité musulmane vivant à Vitez ne répondaient pas à l'appel de
23 mobilisation, il y avait une réglementation qui permettait de contraindre
24 ces gens-là à être mobilisés?
25 Réponse: Certainement. Lorsque nous avons dit tout à l'heure que la
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1 mobilisation générale a été proclamée, les citoyens ont été obligés de se
2 présenter devant le département municipal en la matière. Ceux qui ne l'ont
3 pas fait, évidemment, étaient passibles de peines. Je ne peux pas dire que
4 c'étaient des cas fréquents, mais lorsque c'était le cas, nous avons été
5 obligés de délivrer des mandats d'amener. Pour cela, nous avons dû nous
6 servir de la police civile, mais de la police militaire également.
7 Question: Je vois bien. Avez-vous connu des cas du genre où ces citoyens
8 de nationalité musulmane ont été intégrés dans ces pelotons ou dans ces
9 unités pour combattre ensuite leurs propres nationaux?
10 Réponse: Non, je n'ai jamais entendu parler d'un cas pareil.
11 Question: D'autre part, les citoyens de nationalité musulmane de Vitez
12 étaient-ils incorporés dans des pelotons uniquement de travail?
13 Réponse: Oui. Cela oui, cette fois-ci, parce qu'ils était évidemment
14 obligés de répondre à cette obligation de travail.
15 Question: Vous avez dit que cette obligation n'a pas été sans être
16 sanctionnée, c'est-à-dire qu'on courait un certain risque si on ne
17 répondait pas à cette mobilisation?
18 Réponse: Pour ma part, ayant en vue l'ensemble de la situation qui
19 régnait dans la municipalité de Vitez, sauf certains mandats d'amener ou
20 des avertissements donnés à la personne ainsi emmenée, lorsqu'il faut lui
21 faire comprendre que les obligations de travail sont là, je n'ai
22 personnellement jamais eu recours à d'autres sanctions.
23 Question: C'était peut-être votre bonne volonté d'en user ainsi?
24 Réponse: Oui, bien sûr. Je répète: ayant été profondément conscient de
25 la situation de guerre qui régnait, par conséquent, je trouvais que déjà
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1 les gens vivaient des temps difficiles et je ne devais pas évidemment en
2 rajouter à leur malheur. Cela ne veut pas dire qu'il y avait des gens qui
3 ne pouvaient pas éviter une contravention disciplinaire, c'est-à-dire
4 d'être gardés a vue pendant une nuit. Mais en ce qui me concerne, moi-
5 même, et la section que je commandais, nous n'avons pas eu recours à de
6 telles sanctions.
7 Question: Monsieur Strbac, vous l'avez déjà dit quant à l'organisation
8 de cette obligation de travail, c'était de la compétence de la section de
9 Vitez, c'est-à-dire le département municipal en tant que partie intégrante
10 des autorités civiles?
11 Réponse: C'est bien cela.
12 Question: Est-ce qu'en janvier 1994, la situation avait changé, d'après
13 vous?
14 Réponse: Oui, grâce à une décision du gouvernement municipal de Vitez,
15 la protection civile s'est chargée de tous les pelotons de travail. Donc,
16 outre les unités de protection civile, nous nous sommes occupés également
17 de ces pelotons de travail dans la région qui était la nôtre.
18 Question: Par conséquent, à partir de ce moment-là, il n'y avait plus de
19 dualité pour dire qu'il y avait des pelotons de travail du côté militaire
20 et du côté civil?
21 Réponse: Non. Et cela pour des raisons opérationnelles: avec le temps
22 qui s'écoulait, les problèmes étaient plus lourds et plus grands. Nous, à
23 Vitez, conscients du fait de la situation, nous avons voulu que ces
24 pelotons de travail soient quand même du ressort de la protection civile,
25 pour qu'on puisse les gérer à partir d'un seul poste.
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1 Question: Puisque vous parlez déjà des autorités civiles de Vitez, est-
2 ce que ces autorités fonctionnaient tout le temps de la guerre?
3 Réponse: C'est exact, tout le temps de la guerre.
4 Question: Je vous prie de bien observer un document, Monsieur Strbac, et
5 vous prie d'en faire un commentaire. Il s'agit du document D70A/2.
6 Je prie l'huissier de passer l'original du document au témoin et de placer
7 la version en anglais sur le rétroprojecteur.
8 (L'huissier s'exécute.)
9 Monsieur Strbac, ce document indique-t-il qu'au nom du gouvernement du
10 HVO, M. Pero Skopljak a été nommé coordinateur des affaires sociales, des
11 activités sociales pour justement s'occuper en tant que civil et, cette
12 fois-ci, au nom du gouvernement?
13 Réponse: Cela est exact.
14 Question: Il n'y a aucun doute donc: M. Pero Skopljak était un civil?
15 Réponse: Aucun doute. Il était membre du gouvernement civil de la
16 municipalité de Vitez.
17 Question: Je vous remercie. J'aimerais bien vous faire voir -et je prie
18 l'huissier de bien vouloir le distribuer- le document, le dernier
19 d'ailleurs que j'ai à ma disposition comme pièce à conviction.
20 Mme Thompson (interprétation): Le document porte la cote D105/2.
21 M. Mikulicic (interprétation): Tout à l'heure, nous avons mentionné que le
22 gouvernement a fondé ce corps d'activités sociales dont le chef a été Pero
23 Skopljak. Ce document nous permet de voir, si vous prêtez attention à la
24 signature même, que c'était bien la signature de M. Pero Skopljak. C'est
25 bien cela?
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1 Réponse: Oui, je peux la reconnaître.
2 Question: Par conséquent, au nom du gouvernement civil du HVO, il
3 s'adresse à l'UN, au HICR, à la Croix-Rouge et à la mission européenne de
4 recherche et d'observation pour toutes ces affaires concernant l'accueil
5 des réfugiés, aide aux civils, etc.?
6 Réponse: Oui, c'est bien cela. Toujours à titre d'aide.
7 Question: Pouvez-vous vous mettre d'accord avec moi pour dire que ce
8 document porte sur l'activité dans son ensemble du gouvernement civil de
9 la municipalité de Vitez, tout au long de la guerre et des hostilités dans
10 cette région?
11 Réponse: C'est tout à fait cela.
12 Question: Je vous remercie. Pour terminer, encore un dernier volet, un
13 dernier thème. Le thème, c'est justement notre client, M. Mario Cerkez.
14 Dites-moi, est-ce que vous connaissez M. Mario Cerkez?
15 Réponse: Je le connais.
16 Question: Depuis quand le connaissez-vous?
17 Réponse: Je le connais depuis longtemps, mais nous nous sommes mieux
18 connus dans les années 1990 et 1991, notamment depuis que j'ai été chargé
19 des affaires de la protection civile. Je crois que nous nous sommes mieux
20 connus à bien des égards.
21 Question: Avez-vous pu coopérer personnellement?
22 Réponse: C'était nécessaire et indispensable.
23 Question: A quel titre Mario Cerkez venait-il vous voir lorsque vous
24 parlez coopération?
25 Réponse: A quelle période pensez-vous?
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1 Question: Je me réfère à la période depuis la moitié de l'année 1992.
2 Réponse: Nous étions ensemble dans le QG municipal, cellule de crise,
3 lui avec sa charge à lui et moi, en matière de protection civile, cette
4 cellule de crise étant formée à Vitez, et une fois que nous avons été
5 convoqués pour traiter de la défense, la présence des deux était
6 nécessaire.
7 Question: Plus tard, lorsque le département de la Défense a été fondé,
8 vous avez eu des contacts avec lui?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Et quelle était sa fonction? Reprenons la question: quelle
11 était la fonction de Skopljak?
12 Réponse: Il était chef du département de la Défense.
13 Question: A ces réunions, avez-vous jamais pu remarquer que M. Cerkez a
14 pu montrer de la haine, de l'agression ou d'avoir observé des termes
15 insultants à l'égard des membres d'appartenances nationales autres que
16 croate?
17 Réponse: Jamais, nullement. Je crois qu'au temps de la guerre, il a
18 toujours fait preuve de professionnalisme dans les travaux qui étaient les
19 siens. Et, plus tard, même à l'égard des ennemis, qu'il s'agisse de
20 Bosniaques, de Musulmans, je n'ai jamais entendu de termes insultants à
21 leur égard. Il les a traités comme tels. Ennemis, oui, mais que peut-on y
22 faire? Je n'en puis mais.
23 M. Mikulicic (interprétation): Je vous remercie. Monsieur le Président,
24 j'en finis par là.
25 M. Naumovski (interprétation): Le conseil de la défense n'a pas de
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1 question à poser à ce témoin. Merci.
2 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Dragan Strbac, par Mme Somers.)
3 Mme Somers (interprétation): Monsieur Strbac, vous avez déjà déposé ici à
4 une reprise, devant ce Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie de La
5 Haye?
6 M. Strbac (interprétation): A deux reprises, Madame.
7 Question: Dans quelles affaires?
8 Réponse: Dans les affaires Furundzija et Aleksovski.
9 Question: Dans ces deux affaires, vous avez été témoin à décharge. Cela
10 est vrai?
11 Réponse: Cela est vrai.
12 Question: Une fois, dans l'affaire Aleksovski, les questions ont été
13 posées dans l'interrogatoire par mon collègue Me Mikulicic. Cela est vrai?
14 Réponse: Cela est vrai.
15 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, où se trouvait, à Vitez, le
16 département de la protection civile?
17 Réponse: Dans la mairie même. Mais je vous prie de me préciser la
18 question en vous référant à la période, sinon je dois prolonger ma
19 réponse: jusqu'au conflit avec les Musulmans, dans la mairie même et,
20 après le conflit, nous étions installés dans les locaux de la bibliothèque
21 municipale.
22 Question: Lorsque vous dites "jusqu'au moment du conflit avec les
23 Musulmans"...
24 Réponse: Est-ce que vous voulez dire le conflit ouvert, ou des
25 altercations, ou des rixes?
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1 Question: C'est moi qui vous pose la question.
2 Réponse: Eh bien, tout a commencé le 16 avril par l'attaque contre
3 Vitez.
4 Question: Donc, vous étiez -disiez-vous- à la municipalité, à la mairie
5 et puis à la bibliothèque municipale. Pouvez-vous nous faire la
6 description, nous localiser en quelque sorte ces deux bâtiments par
7 rapport aux bâtiments du cinéma dit "Kino", de la station de médecine
8 vétérinaire, du club d'échecs de Vitez ou d'autres?
9 Je pourrais peut-être, encore une fois, répéter pour vous la liste de ces
10 bâtiments.
11 Réponse: Faut-il préciser, localiser la mairie et la bibliothèque
12 municipale?
13 Question: Autrement dit, est-ce que le bâtiment de la mairie est éloigné
14 de la bibliothèque municipale? Cela pourrait nous être utile.
15 Réponse: A vol d'oiseau, je dirai qu'il s'agit d'une distance de 200 à
16 250 mètres.
17 Question: C'est vraiment à proximité, n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Etant donné que ces deux bâtiments ne sont pas éloignés l'un
20 de l'autre, comment les localisez-vous par rapport au bâtiment du cinéma?
21 Réponse: Pour ce qui est de la mairie, il y a environ 150 mètres. Pour
22 ce qui est de la bibliothèque municipale, toujours à vol d'oiseau, il doit
23 y avoir dans les 200 mètres.
24 Question: Pour ce qui est de la station vétérinaire?
25 Réponse: Eh bien, la station de médecine vétérinaire se trouvait en
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1 dehors de la ville, dans une localité dite Rijeka.
2 Question: Le SDK, service de comptabilité sociale de Vitez se trouvait
3 où?
4 Réponse: Les services du SDK se trouvaient à environ 150 mètres de la
5 bibliothèque, tout comme de la mairie et du bâtiment du cinéma.
6 Question: Pour ce qui est du club d'échecs de Vitez?
7 Réponse: Eh bien, ce club est à environ 50 mètres.
8 Question: Et pour ce qui est de l'école élémentaire de Dubravica?
9 Réponse: Peut-être qu'elle est à 2,5 kilomètres, je pense bien. En
10 dehors de la ville, par conséquent.
11 Question: Pendant le conflit, vous-même, personnellement, ou peut-être
12 avez-vous pu vous rendre vous-même ou à l'aide du HVO pour circuler dans
13 la région tenue par le HVO de la municipalité de Vitez?
14 Réponse: Avec difficulté, même si l'on devait circuler, on risquait nos
15 vies car, pendant tout ce temps, l'ensemble du territoire était exposé aux
16 pilonnages, surtout au début même du conflit.
17 Question: Avez-vous dit très exactement quelles étaient vos obligations
18 qui vous incombaient à votre poste de travail? Vous en avez parlé en
19 termes généraux. Pouvez-vous nous dire s'il y avait un autre rôle à jouer
20 et que, peut-être par mégarde, vous avez oublié de dire lors de
21 l'interrogation?
22 Réponse: Non, pas par mégarde, mais je n'ai d'ailleurs pas énuméré
23 toutes les activités qui étaient les miennes. Je peux répéter. Nous avons
24 d'abord dû couvrir tout ce qui est secourisme, ensuite protection contre
25 le feu et l'incendie, ensuite défense RKB, défense radiologique, chimique
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1 et biologique donc, ensuite, domaine de la protection des végétaux,
2 assainissement des terrains et surtout protection, sauvetage des humains
3 des décombres.
4 Question: Vous avez parlé d'assainissement de terrain. Cela veut-il dire
5 aussi de récupérer des corps d'humains ou des carcasses d'animaux aussi?
6 Réponse: Il s'agit bien de corps humains et de carcasses d'animaux
7 morts, tués.
8 Question: S'agissait-il de dire que récupérer les corps de personnes
9 humaines était quelque chose qui était de votre ressort?
10 Réponse: Oui, c'était exactement de la compétence de la protection
11 civile, car c'est ainsi qu'il a fallu empêcher le déclenchement de
12 maladies contagieuses.
13 Question: Je demande à M. l'huissier de nous présenter le document,
14 pièce à conviction Z882.2. Dans ce document, qui a été délivré le 4 mai
15 1993, la commission chargée d'échange d'objets, échange de personnes
16 sinistrées et mortes, est-ce que, dans le bas de la page, on voit votre
17 signature? Allez-y, vous pouvez jeter un coup d'œil.
18 (Le témoin prend connaissance du document.)
19 Réponse: Oui, c'est bien notre document, le document que nous avons
20 envoyé à la commission chargée des échanges de défunts.
21 Question: C'est dans ce document qu'il a été dit que vous avez eu
22 également l'autorité d'exiger l'exhumation de corps. Non seulement de les
23 récupérer mais de les rassembler parce que, troisième point, il a été dit
24 que l'équipe était chargée d'exhumer et de préparer les échanges.
25 Réponse: Après l'exhumation, nous avons été chargés des enterrements
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1 également. Lorsque nous parlons évidemment de personnes sinistrées de
2 nationalité croate, nous les avons enterrées dans des cimetières croates,
3 où cela était possible, selon leur domicile. Nous avons voulu enterrer
4 telle ou telle personne morte ou tuée et, lorsque nous parlons évidemment
5 de personnes, de défunts de nationalité musulmane, alors nous les avons
6 enterrés dans le cimetière de Gacice, le cimetière musulman. Pourquoi?
7 Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai dit pour quelle raison nous nous
8 sommes occupés d'assainissement des terrains et de situations. La
9 commission chargée d'échanger les corps des tués devait procéder; par
10 conséquent, nous avons dû d'abord les exhumer pour ensuite les remettre à
11 la commission chargée de l'échange.
12 Nous, en tant que protection civile, nous n'avons jamais demandé
13 l'exhumation pour des raisons qui seraient les nôtres. Avec l'enterrement,
14 je crois que notre tâche a été bien accomplie.
15 Question: Par conséquent, la réponse à ma question a été tout à fait
16 positive?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Maintenant -et nous parlons du point 2-, comment avez-vous pu
19 conclure qu'aucun cadavre n'a été trouvé à Gacice? Comment avez-vous pu le
20 conclure?
21 Réponse: Les citoyens de Gacice nous ont dit qu'il y a eu des morts,
22 mais notre équipe s'est rendue sur place et nous n'avons rien trouvé.
23 Question: Par conséquent, ayant mentionné que vous avez dû remplir aussi
24 la fonction de récupération des corps de défunts, il y avait une autre
25 fonction: la distribution des affaires et des biens des défunts. Etes-vous
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1 d'accord?
2 Réponse: Non, non. Pas des biens et des affaires, mais on a parlé de
3 distribution de dons et d'aide humanitaire.
4 Question: Essayons de voir maintenant le document Z1141.2, avec la
5 permission de M. le Président.
6 Nous avons eu très peu de temps à notre disposition, nous avons essayé
7 d'en faire un résumé pour voir de quoi il s'agit. Essayons de passer le
8 document sur le rétroprojecteur. Il y a une seule phrase et peut-être que
9 les traducteurs pourraient nous aider là-dedans: cela peut avoir une
10 importance clé.
11 Monsieur l'huissier, ce que j'aimerais faire voir aussi aux traducteurs se
12 trouve à la première page de la version en croate: "Zabilje".
13 Mais, Monsieur Strbac, pouvez-vous quant à vous vérifier et confirmer que
14 ce document, qui porte la date du 8 juillet 1993, a pour objet "véhicules
15 diesel" et que votre signature y figure?
16 Réponse: Il s'agit tout simplement d'une liste, d'un listing complet de
17 moyens et matériels techniques de la municipalité de Vitez.
18 Question: Et vous avez été donc responsable de signer, mais pas
19 d'organiser la distribution?
20 Réponse: Non. Tout à l'heure, j'ai expliqué la fonction des
21 commissaires en matière de protection civile. Voilà une des tâches qui
22 nous incombaient, à savoir que le commissaire était obligé de faire un
23 listing des matériels, véhicules et le reste d'ordre technique qui se
24 trouvaient dans leur domaine. Tout simplement pour avoir une vue
25 d'ensemble de ce dont nous disposions en général.
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1 Question: Etes-vous l'auteur de cette liste?
2 Réponse: Non, ce sont les commissaires de la défense civile qui ont
3 rédigé cette liste.
4 Question: On trouve un titre à la première page "Zabilje" et, sous cet
5 intitulé, on voit le deuxième nom "Radman Jozo" avec, à côté de ce nom, le
6 mot "tracteurs". Je pense pouvoir traduire ce mot, car il me semble tout à
7 fait facile à traduire. Puis, entre parenthèses, après le mot "tracteurs",
8 on lit quelques mots. Pouvez-vous nous lire ces mots?
9 Réponse: Les mots qui suivent "Radman Jozo" et le mot "tracteurs" et
10 qui sont entre parenthèses se lisent comme suit: "Confisqués aux
11 Musulmans".
12 Question: Merci. Je crois savoir également que vous aviez des
13 responsabilités eu égard aux pompiers, à la brigade des pompiers. Vous
14 deviez vous assurer qu'elle pouvait remplir correctement ses fonctions,
15 n'est-ce pas? C'était important, notamment en temps de guerre?
16 Réponse: La défense civile s'occupe également de la défense des
17 citoyens contre l'incendie, donc en fonction des possibilités, nous
18 faisions du mieux possible, selon les moyens que nous avions à notre
19 disposition. Lorsque des hommes spécialisés dans ce domaine étaient
20 disponibles, nous avions des effectifs relativement satisfaisants. Mais
21 compte tenu du début du conflit, après le 16 avril, il est logique que la
22 disponibilité de ces effectifs de la défense civile s'est modifiée de
23 façon quelquefois un peu négative; ce qui a affecté également l'unité
24 chargée de la protection contre l'incendie. Donc, dans ce secteur qui
25 relevait de la responsabilité du HVO, nous nous sommes trouvés dans
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1 l'incapacité de faire appel à la brigade des pompiers volontaires de
2 Vitez, car ils étaient sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine
3 se trouvant à Stari Vitez. Nous n'avions qu'un seul véhicule à notre
4 disposition, qui était très ancien, qui avait été construit en 1963 et qui
5 se trouvait à l'usine Impregnacija de chez Besic.
6 Question: Excusez-moi de vous interrompre. Je crois avoir obtenu une
7 réponse à ma question et avoir reçu les informations que je souhaitais.
8 Réponse: Oui, bien sûr.
9 Question: J'aimerais que vous examiniez à présent le document Z291.2. Ce
10 document date d'une période que vous décrirez -je pense- personnellement,
11 comme précédent le début du conflit. La date que l'on voit sur ce document
12 est celle du 23 novembre 1992. Et je vous demanderai de confirmer que ce
13 document ne comporte pas votre signature mais celle d'un homme qui a signé
14 en votre nom. Il s'agit d'une convocation apparemment destinée à un
15 pompier, n'est-ce pas?
16 Réponse: Oui, c'est une convocation du type de celles que nous
17 adressions à tous les volontaires, à tous les pompiers que nous avions à
18 notre disposition. Tout à l'heure, lorsque je parlais des problèmes
19 auxquels nous nous sommes trouvés confrontés, lorsque j'ai dit que nous
20 avons été dans la nécessité de faire appel à nos effectifs pour remplir
21 d'autres tâches, eh bien, ils se voyaient délivrer un document de ce
22 genre, comme on le voit ici; et c'est sur ordre d'un supérieur que nous
23 avons dû délivrer ces documents.
24 Question: Excusez-moi, mais sur l'ordre de quels supérieurs? Je vois
25 dans le compte rendu en anglais le nom de Striko, mais pouvez-vous répéter
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1 ce nom?
2 Réponse: C'est le commandant, M. Sulejman Smirko, qui nous a dit de
3 délivrer ces documents.
4 Question: Merci. J'aimerais à présent vous interroger au sujet de la
5 ligne qui précède celle de la signature, où l'on voit qu'il n'y a pas eu
6 réaction positive à cette convocation. La notion de responsabilité est
7 invoquée étant donné l'existence de réglementations en vigueur dans les
8 forces armées de l'Herceg-Bosna, de la Communauté croate d'Herceg-Bosna.
9 Il semble que cette législation d'Herceg-Bosna comportait la possibilité
10 de sanctions pénales s'il n'y avait pas exécution d'une telle convocation.
11 Est-ce exact?
12 Et l'article cité semble être l'article 4, mais j'ai du mal à lire à cause
13 du sceau que l'on trouve sur le document. En tout cas, il y est question
14 d'un document législatif d'Herceg-Bosna, n'est-ce pas?
15 Réponse: Ceci, c'est le genre de convocation que nous utilisions, mais
16 ce n'était pas notre bureau qui rédigeait ces convocations.
17 Question: Mais la législation d'Herceg-Bosna est citée dans le texte,
18 n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui, dans le bas du texte, on trouve mention d'une loi
20 relevant du département de la Défense de la communauté croate.
21 Question: Merci beaucoup. N'aviez-vous pas également pour
22 responsabilité, notamment à cette époque, lorsque vous dites qu'il y avait
23 conflit ouvert avec les Musulmans, de traiter de questions telles que le
24 logement, la distribution d'appartements, le relogement de personnes
25 déménageant d'un appartement à un autre? Ce type d'action entrait-il dans
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1 vos compétences?
2 Réponse: La défense civile avait pour devoir de fournir un logement aux
3 réfugiés, d'une part; et nous disons bien qu'il s'agit de la défense
4 civile. Elle a accompli cette tâche pendant toute la période concernée
5 c'est-à-dire pendant toute l'année 1992, ainsi qu'après le 16 avril, qui
6 correspond à une période un peu différente, comme nous l'avons dit tout à
7 l'heure.
8 Moi-même, j'ai été nommé par décision du gouvernement local de Vitez pour
9 siéger dans une commission dont je ne me souviens pas exactement le nom,
10 mais qui était chargée de veiller à la distribution des appartements. Je
11 ne me rappelle pas exactement le nom de cet organisme. Parce qu'une fois
12 que la guerre a éclaté dans la municipalité de Vitez, un certain nombres
13 nombre d'appartements se sont retrouvés inhabités; nous pensions qu'il
14 était possible que ces appartements libres soient utilisés pour loger les
15 réfugiés, à condition bien sûr qu'un document leur soit délivré à cette
16 fin.
17 Question: Vous rappelez-vous un Musulman de Vitez répondant au nom de
18 Muhamed Saraganovic?
19 Réponse: Muhamed Saraganovic?
20 Question: Vous rappelez-vous un Croate de Zenica qui répondait au nom
21 d'Ivica Komcic. Cela vous mettra peut-être sur la voie.
22 Réponse: Non, non.
23 Question: Pourriez-vous nous dire pour quelles raisons cet homme
24 répondant au nom de Saraganovic déclare que vous êtes celui qui, le 24 mai
25 1993, lui a fait signer, sous la contrainte, la remise de son appartement
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1 à un Croate de Zenica répondant au nom de Komcic? Pourquoi aurait-il parlé
2 ainsi devant un enquêteur du Tribunal?
3 Réponse: Je n'en ai pas la moindre idée. Moi, je veillais à la
4 protection de tous les habitants de Vitez, qu'ils soient Croates ou
5 Musulmans. Donc, le fait que j'ai pu expulser quelqu'un est impensable.
6 Cela n'a aucun rapport avec la réalité. Je n'ai jamais contraint
7 d'ailleurs qui que ce soit à faire une déclaration ou à quoi que ce soit
8 d'autre.
9 Question: Je demanderai l'autorisation au Président d'audience de
10 procéder à la diffusion de trois petites séquences vidéo correspondant aux
11 cotes Z855.2 et nous y verrons, surlignées, quelques lignes qui sont
12 particulièrement pertinentes.
13 Madame la Greffière, il y a une page supplémentaire à cette transcription
14 de vidéo et il serait sans doute bon qu'elle se voie affectée une cote
15 différente de manière à pouvoir la distinguer du gros du document, qu'on
16 lui assortisse la lettre A, par exemple.
17 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur le Président?
18 M. le Président (interprétation): Oui?
19 M. Mikulicic: La défense de M. Cerkez, bien sûr, n'a pas la moindre idée
20 de la nature de cette vidéo mais, à la lecture des documents qui nous ont
21 été communiqués, nous voyons qu'il est question d'une déclaration faite
22 par quelqu'un qui serait un témoin, en tout cas par quelqu'un.
23 Nous nous opposons à cette façon de présenter des éléments de preuve, car
24 il s'agit ici de traiter le témoin entendu d'une façon qui ne correspond
25 pas à la procédure en vigueur. Nous n'avons pas vu cette vidéo, nous
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1 n'avons pas pu l'examiner, nous déterminer par rapport à cette vidéo.
2 Nous pensons donc qu'il est inacceptable qu'un élément de preuve soit
3 versé au dossier de ce procès par voie de diffusion d'une séquence vidéo
4 de ce genre.
5 Bien entendu, nous avons toujours le droit de procéder au contre-
6 interrogatoire du témoin ou, si tel n'est plus le cas, il convient que
7 cela soit dit de façon officielle. Nous faisons donc objection à cette
8 façon de procéder.
9 M. le Président (interprétation): Madame Somers?
10 Mme Somers (interprétation): Merci de m'autoriser à répondre. Bien sûr,
11 nous ne savons pas, lorsque nous présentons le résumé de la déposition
12 d'un témoin, quelles seront les points qui seront évoqués par le témoin.
13 Nous avons reçu ce résumé ce matin et nous nous efforçons de découvrir
14 quels points doivent être plus particulièrement remis en cause dans la
15 déposition du témoin.
16 La vidéo est pertinente, car elle concerne une allégation faite par un
17 soldat du HVO qui a été fait prisonnier au sujet de la façon dont les
18 choses fonctionnaient à Vitez.
19 Je demanderai aux Juges de cette Chambre de se concentrer plus
20 particulièrement sur la page 2 du document plus volumineux, le document
21 Z855.2, quatre paragraphes à partir du bas.
22 Il est dit dans ce texte que c'est Strbac qui s'occupait de régler les
23 questions de logement, les questions d'appartements. Cela est vu dans la
24 vidéo; bien sûr, ce n'est pas une déclaration non étayée.
25 M. Mikulicic (interprétation): Avec votre autorisation, Monsieur le
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1 Président, bien sûr, la défense ne dénie pas le droit de l'accusation à
2 contester les éléments de preuve présentés par elle, mais il peut y avoir
3 réplique. C'est sans doute le bon moment pour traiter de cette question.
4 M. le Président (interprétation): Eh bien, j'en doute compte tenu du
5 temps. Le témoin peut donc répondre, mais nous examinerons les arguments
6 présentés.
7 (Les Juges se concertent sur le siège.)
8 M. le Président (interprétation): Madame Somers, si je vous ai bien
9 comprise, vous proposez que l'on diffuse cette vidéo?
10 Mme Somers (interprétation): Une séquence, Monsieur le Président,
11 simplement: celle qui correspond à la page ajoutée aux documents
12 volumineux. Et la défense peut avoir accès à la totalité du document, si
13 elle le juge bon.
14 M. le Président (interprétation): Bien sûr, elle pourra le faire pendant
15 la pause. Combien de temps cela prendra-t-il?
16 Mme Somers (interprétation): Une minute à peu près, si tout va bien.
17 M. le Président (interprétation): Bien sûr, on me dit que c'est un élément
18 qui a un rapport direct avec la crédibilité du témoin, sinon avec d'autres
19 éléments. C'est un document qui a été mis à la disposition de l'accusation
20 et l'accusation est habilitée à soumettre ce document au témoin pour voir
21 ce qu'il peut en dire. Donc, nous autorisons la diffusion.
22 (Diffusion d'une séquence vidéo.)
23 "Question: Les Musulmans étaient-ils les seuls à être expulsés?
24 Le soldat: Oui, exclusivement les gens de nationalité musulmane. Les
25 Croates de Cajdras, de Poculica et Zenica dont les maisons avaient brûlé
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1 allaient à Vitez et s'efforçaient de prendre des maisons musulmanes.
2 Question: Donc, toi et tes collègues policiers, à ce moment-là, vous aviez
3 en principe la tâche d'empêcher cela?
4 Le soldat: Oui.
5 Question: Comment l'empêchiez-vous?
6 Le soldat: Lorsque quelqu'un arrivait à la porte d'un appartement, par
7 exemple, nous l'emmenions auprès de M. Dragan Strbac qui résolvait le
8 problème à la bibliothèque nationale.
9 Question: Qui est-ce?
10 Le soldat: Dragan Strbac? Il règle les problèmes d'appartement. Oui,
11 Strbac".
12 (Fin de la vidéo.)
13 Mme Somers (interprétation): Monsieur Strbac, se pourrait-il que vous ayez
14 reconnu ce jeune homme, ce détenu qui parle et que l'on voit sur ces
15 images?
16 M. Strbac (interprétation): Je ne l'ai jamais vu.
17 Question: Vous surprendrait-il d'apprendre qu'il sait qui vous êtes?
18 Réponse: Cela peut arriver que n'importe qui connaisse n'importe qui.
19 Question: Merci.
20 M. Mikulicic (interprétation): Monsieur le Président, excusez-moi
21 d'interrompre. La défense ne parvient toujours pas à comprendre si cette
22 séquence vidéo va être versée au dossier de ce procès ou pas. Si elle est
23 versée en tant qu'élément de preuve dans ce procès, nous aimerions
24 demander au Procureur de nous dire qui est la personne que l'on voit sur
25 ces images? Qui a interrogé cet homme? Quand? A quelle occasion? Dans
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1 quelles circonstances? Car s'agissant de nous, nous estimons que c'est un
2 anonyme.
3 M. le Président (interprétation): Vous pouvez faire cela en temps utile.
4 Ce que nous avons fait jusqu'à présent, c'est simplement autoriser au
5 contre-interrogatoire de se poursuivre au sujet de cette vidéo. Si
6 l'accusation souhaite nous donner des détails complémentaires à ce sujet,
7 nous l'écouterons.
8 M. Bennouna: Madame Somers, est-ce que vous pouvez nous dire, très
9 brièvement, quelques éléments d'information sur cette vidéo? D'où vient-
10 elle? Présentez-la rapidement. Et après, la défense pourra, comme vient de
11 le dire M. le Président May, faire ses commentaires au moment voulu.
12 Mme Somers (interprétation): Bien sûr, Monsieur le Juge. Je crois que la
13 meilleure présentation que je peux faire consiste à renvoyer les Juges de
14 cette Chambre au document Z855.2 où ils trouveront les informations,
15 c'est-à-dire les déclarations recueillies par l'enquêteur Taylor.
16 Dans cette vidéo, pour l'essentiel, on voit les images d'une partie
17 d'interrogatoire d'un jeune soldat croate, Ivica Jankovic. Ce sont les
18 autorités bosniaques qui procèdent à cet interrogatoire. Je suis incapable
19 de vous en donner la date mais, à entendre ses réponses, on peut conclure
20 qu'il s'agit de l'année 1993. Donc, ce sont ces événements qui sont
21 évoqués dans la vidéo.
22 M. Bennouna: Qui est l'enquêteur Taylor? Qui est-il?
23 Mme Somers (interprétation): Mademoiselle Taylor est un enquêteur du
24 Tribunal à qui cette vidéo a été donnée par Mehmed Ahmic, dont on voit le
25 nom dans le passage en caractères gras. Son frère travaillait à Vitez, à
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1 la télévision de Vitez. C'est tout ce que je peux dire aux Juges de cette
2 Chambre pour l'instant. Le frère s'appelant Salih Ahmic.
3 M. le Président (interprétation): Ce qui nous inquiète un tout petit peu,
4 c'est que la question est une question secondaire: le fait de savoir si ce
5 témoin s'est occupé de la distribution ou de l'affectation des
6 appartements.
7 Monsieur Strbac, avez-vous la moindre connaissance au sujet de cette
8 distribution d'appartements, affectation d'appartements?
9 M. Strbac (interprétation): J'ai dit, il y a un instant, que la défense
10 civile...
11 M. le Président (interprétation): Ne nous dites pas cela! Répondez à ma
12 question, je vous prie.
13 M. Strbac (interprétation): A Vitez, il y avait un certain nombre
14 d'appartements qui étaient inoccupés et j'ai dit -il y a quelques
15 instants- que, sur instruction du pouvoir municipal du HVO de Vitez -le
16 nom de Dragan Rados a été prononcé il y a quelques instants; il y avait
17 aussi une troisième personne avec nous-, nous avons été nommés pour siéger
18 à la commission. Mais il ne s'agissait pas de redistribuer ou quoi que ce
19 soit de ce genre. Simplement, lorsqu'il y avait dans la ville de Vitez un
20 appartement inoccupé, en tant que membre de la commission, nous pouvions y
21 installer quelqu'un, mais nous ne l'avons pas fait de la façon que
22 certains imaginent.
23 M. le Président (interprétation): Mais avez-vous joué un rôle dans
24 l'installation de certaines personnes dans ces appartements?
25 M. Strbac (interprétation): Non.
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1 M. le Président (interprétation): Qui a joué ce rôle?
2 M. Strbac (interprétation): Il s'agissait de gens qui, de leur propre gré,
3 s'installaient dans un appartement et venaient ensuite nous voir pour
4 faire savoir officiellement qu'elles s'étaient installées dans
5 l'appartement d'un tiers.
6 (Les Juges se concertent sur le siège.)
7 M. le Président (interprétation): Madame Somers, nous ne sommes pas
8 absolument convaincus qu'un poids quelconque puisse être attaché à cette
9 vidéo. Donc nous ne l'admettons pas. Nous excluons cette vidéo des
10 éléments de preuve. Mais si vous souhaitez poser une question, bien sûr,
11 c'est quelque chose de tout à fait différent.
12 Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Ce que je
13 voulais faire, c'était resserrer un peu le cadre de la question grâce à
14 des questions portant sur le même problème, en rappelant ce qui a été dit
15 dans l'affaire Aleksovski. Je souhaitais interroger le témoin sur ce point
16 de façon peut-être un peu plus approfondie.
17 Monsieur Strbac, lorsque vous avez témoigné en faveur de Zlatko
18 Aleksovski, M. Niemann, le Procureur, a-t-il évoqué cette question avec
19 vous?
20 Réponse: Très brièvement.
21 Question: Vous rappelez-vous avoir dit à M. Niemann qu'il existait ce
22 que vous avez appelé des accords internes parmi les gens? Cela
23 apporterait-il éventuellement une explication à la question dont nous
24 sommes en train de discuter ?
25 Je peux vous rafraîchir la mémoire, si vous le souhaitez, et vous dire ce
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1 que vous avez dit dans l'affaire Aleksovski.
2 Réponse: Non, non, je peux apporter des explications, il n'y a aucun
3 problème.
4 Question: Je vous en prie.
5 Réponse: Je ne me rappelle pas ce que j'ai dit dans ma déposition
6 précédente, mais je peux m'expliquer de façon plus approfondie. Je ne peux
7 pas citer la date car, étant donné les nombreux événements qui ont eu lieu
8 dans notre région, je ne peux plus me rappeler les dates exactes. Mais
9 lorsque les Croates ont été expulsés des municipalités de Zenica et de
10 Travnik, le nombre des personnes privées de logement s'est accru et ces
11 personnes sont arrivées sur le territoire de la municipalité de Vitez.
12 Elles ont donc abandonné leurs maisons, leurs appartements et, de leur
13 propre gré, volontairement, par l'entremise d'amis ou de membres de leurs
14 familles, ils ont recherché des habitants de la municipalité de Vitez qui
15 habitaient toujours à cet endroit ; ils ont discuté avec ces habitants, je
16 ne sais pas de quelle façon exactement, afin d'aboutir à l'échange de leur
17 logement contre le logement des personnes avec lesquelles elles ont
18 discuté.
19 Donc un Croate de Zenica pouvait échanger un appartement avec un Musulman
20 de Vitez, et la chose se produisait dans l'autre sens également. Ensuite,
21 ces personnes venaient nous voir de façon que nous légalisions le
22 processus à la municipalité. Quant à moi, j'étais opposé à ce genre de
23 chose. Donc toutes les personnes qui venaient me voir avec une telle
24 demande, je leur précisais que nous n'avions pas compétence dans ce
25 domaine, mais que ces personnes pouvaient volontairement conclure un
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1 accord individuel portant sur ce type d'échange. A l'époque, je ne voulais
2 certainement pas me laisser aller à m'occuper de ce genre de choses, car
3 je me rendais bien compte de ce qui se passait à ce moment-là. Je savais
4 qu'une telle action ne pouvait pas être légitimée sur le plan légal.
5 Mais pour calmer ces personnes, moi-même et les autres agents de la
6 défense civile, nous disions à ces personnes: "Ecoutez, je peux vous
7 donner une table, une chaise, un stylo. Vous pouvez rédiger vous-mêmes
8 l'accord dont vous avez besoin. Et, si vous voulez, nous pouvons attester
9 du fait que nous avons été témoins de la conclusion d'un tel accord."
10 Donc, ces personnes recherchaient des gens avec l'aide de voisins ou de
11 membres de leurs familles, je ne sais pas, et c'est comme cela que la
12 chose se faisait.
13 Mais la défense civile n'était pas juridiquement, légalement habilitée à
14 faire ce genre de choses. Cela dit, il faut tenir compte de l'état
15 psychologique de ces personnes. Donc, on leur disait: "Ecoutez, faites-le
16 par vous-mêmes, mais ne nous demandez pas, en tant qu'institution,
17 d'apporter une caution légale à ce genre de choses, car c'est impossible".
18 Question: Monsieur Niemann vous a posé la question suivante: "Le
19 processus consistant à échanger des maisons bosniennes contre des maisons
20 croates, vous n'y avez pas participé?" Vous avez répondu: "J'y étais
21 inclus, j'ai été inclus pas à l'échange des maisons mais j'étais chargé de
22 chercher des logements à Vitez. Mais je n'ai pas été chargé d'échanges de
23 logements. En plusieurs occasions, lorsque les Musulmans ont quitté Vitez,
24 ils concluaient des accords internes avec des Croates provenant d'autres
25 municipalités, accords grâce auxquels…, qu'ils venaient ensuite me
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1 demander de signer. Cependant, s'agissant de l'échange de logements, il
2 existait donc des accords internes parmi la population. Ils étaient signés
3 et ne comportaient aucun scellé ou quelque autre signe officiel de ce
4 genre provenant d'une institution, d'un département de la défense civile
5 qui ne participait pas à ce processus. C'est tout ce que je sais de cela."
6 Fin de citation.
7 Vous rappelez-vous avoir dit cela?
8 Réponse: Non, comme je viens de le dire, je ne me rappelle pas ma
9 déclaration précédente, mon témoignage précédent. Mais, comme je viens de
10 l'expliquer, nous n'avons jamais participé à l'échange des appartements.
11 Je ne sais rien de ceux qui ont pu dire que la défense civile a participé
12 à cela. Non, la défense civile n'a participé à aucun échange de ce genre
13 et j'ai dit que, s'il y a eu des "échanges" -et je tiens à mettre le mot
14 échange entre guillemets-, c'est un processus qui a été accompli par les
15 gens eux-mêmes, de leur propre initiative et d'aucune autre façon.
16 Question: Monsieur le Président, je pense que la déposition d'un procès
17 précédent -que je viens de citer- peut avoir éventuellement une influence
18 sur la décision de la Chambre.
19 M. le Président (interprétation): Oui, nous tenons compte de notre
20 décision.
21 Il est maintenant 16 heures. Avez-vous encore des questions à poser,
22 Madame Somers?
23 Mme Somers (interprétation): Demain matin, si la Chambre m'y autorise,
24 j'en aurai encore pour 35 minutes à peu près.
25 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous suspendons donc
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1 l'audience.
2 Monsieur Strbac, vous vous rappellerez, comme ce fut le cas à la pause
3 précédente, de ne parler à personne de votre déposition et je vous
4 demanderai de revenir dans ce prétoire pour 9 heures et demie, demain,
5 pour la fin de votre déposition.
6 (Questions relatives à la procédure.)
7 M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Président, je dois informer la
8 Chambre que, malheureusement, nous n'avons plus qu'un seul témoin pour la
9 journée de demain.
10 M. le Président (interprétation): Et qu'en est-il de votre dernier témoin?
11 M. Kovacic (interprétation): C'est lui qui suivra le témoin dont je viens
12 de parler, mais nous n'en avons plus qu'un pour demain.
13 M. le Président (interprétation): Un seul pour le reste de la semaine?
14 M. Kovacic (interprétation): Pour le reste de la semaine. Cela est dû à
15 des circonstances regrettables.
16 Un témoin s'est vu refuser son passeport en Croatie. Nous avons essayé de
17 le remplacer par un autre témoin qui est en train de rendre visite à des
18 parents en Allemagne. J'ai travaillé sur cette question jusqu'à hier soir
19 mais, malheureusement, cette personne n'a pas pu changer ses projets. Nous
20 pensions avoir recours à un témoin faisant partie du deuxième groupe,
21 celui qui devait venir jeudi, demain soir. Nous étions prêts à l'entendre
22 le lendemain matin, vendredi. Malheureusement, ces témoins vont voyager
23 jeudi et vendredi, donc nous n'avons pas confirmation de leur
24 disponibilité en raison des vols d'avion.
25 M. le Président (interprétation): Nous verrons ce qu'il en est demain.
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1 Merci. Suspension d'audience jusqu'à demain, 9 heures 30.
2 (L'audience est levée à 16 heures 05.)
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