Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Vendredi 22 juin 2001.)

  2   (Conférence de mise en état.)

  3   (L'audience est ouverte à 10 heures.)

  4   (Les accusés sont dans le prétoire.)

  5   (Audience publique.)

  6   (L'audience est présidée par un Juge unique, le Juge Hunt.)

  7   M. le Président (interprétation): Veuillez citer l'affaire?

  8   Mme Taylor (interprétation): Affaire IT-95-14/2-A, le Procureur contre

  9   Dario Kordic et Mario Cerkez.

 10   M. le Président (interprétation): Veuillez-vous identifier?

 11   M. Yapa (interprétation): Je m'appelle Upawansa Yapa, je suis membre de

 12   l'accusation et j'ai, à mes côtés, M. Norman Farrell, et Mlle Edel Guzman

 13   est notre assistante.

 14   M. le Président (interprétation): Oui, Maître Naumovski?

 15   M. Naumovski (interprétation): Monsieur le Président, je m'appelle Mitko

 16   Naumovski. Je suis avocat-conseil de la défense de M. Dario Kordic, je

 17   viens de Zagreb.

 18   M. le Président (interprétation): Merci. Monsieur Cerkez?

 19   M. Kovacic (interprétation): Je m'appelle Bozidar Kovacic, je viens de la

 20   Croatie et je représente M. Cerkez.

 21   M. le Président (interprétation): Merci.

 22   Monsieur Kordic, est-ce que vous comprenez, est-ce que vous entendez

 23   l'interprétation?

 24   M. Kordic (interprétation): Oui, certainement, Monsieur le Président. Je

 25   comprends.


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  1   M. le Président (interprétation): Oui, très bien. Vous pouvez vous

  2   rasseoir.

  3   Monsieur Cerkez, est-ce que vous pouvez entendre les procédures dans la

  4   langue que vous comprenez?

  5   M. Cerkez (interprétation): Oui, certainement, Monsieur le Président.

  6   M. le Président (interprétation): Il s'agit d'une conférence de mise en

  7   état, conformément à l'Article 65 bis.

  8   Avant de procéder à notre programme, est-ce qu'il y a quelque chose que

  9   l'accusation désire soulever?

 10   M. Yapa (interprétation): Non, Monsieur le Président.

 11   M. le Président (interprétation): Voulez-vous soulever quelque chose de

 12   nature générale de la part de M. Kordic?

 13   M. Naumovski (interprétation): (Hors micro.)

 14   Excusez-moi. En fait, de nature générale, je n'ai rien de particulier à

 15   soulever. Je désire simplement peut-être aviser la Chambre que nous avons

 16   fait deux requêtes hier. Etant donné que vous n'avez peut-être pas eu

 17   assez de temps hier pour examiner le tout, je voulais simplement vous

 18   aviser que nous les avons soulevées.

 19   M. le Président (interprétation): Oui, certainement, c'est un peu tard.

 20   J'ai consulté les documents mais il faudrait néanmoins essayer de nous les

 21   présenter un peu plus à l'avance la prochaine fois.

 22   De la part de M. Cerkez, est-ce que son avocat-conseil aurait quelque

 23   chose à dire?

 24   M. Kovacic (interprétation): (Hors micro.)

 25   Je suis désolé. Monsieur le Président, nous n'avons rien de particulier à


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  1   soulever. Nous avons également examiné les documents provenant de M.

  2   Kordic, mais étant donné que j'étais en voyage lorsqu'ils sont arrivés,

  3   les impressions que j'ai eues, d'après ce que j'ai lu, sont en effet que

  4   je vais certainement être d'accord.

  5   Je vais me joindre à ce qui a été présenté dans les arguments et donc cela

  6   est lié aux documents qui existent en Bosnie-Herzégovine et aux documents

  7   qui se trouvent dans les archives de la Bosnie-Herzégovine et de la

  8   Fédération de Bosnie-Herzégovine. Donc je ne suis pas tout à fait prêt

  9   aujourd'hui à entamer cette argumentation, si vous désirez. Mais je suis

 10   néanmoins prêt à accepter et je me joins à ce qui a déjà été dit.

 11   M. le Président (interprétation): Avant d'en arriver là, Monsieur Yapa,

 12   pourriez-vous m'entretenir, s'il vous plaît, et me dire que représentent

 13   les archives de la Bosnie-Herzégovine? Vous en avez fait état dans votre

 14   lettre. A quoi vous référez-vous exactement?

 15   M. Yapa (interprétation): Monsieur le Président, juste un instant, s'il

 16   vous plaît.

 17   Monsieur le Président, selon les informations reçues, je pourrais vous

 18   dire que les documents qui ont été communiqués, en fait, c'est un document

 19   qui a été communiqué, il a été obtenu de la part des archives de la

 20   Bosnie-Herzégovine. Je ne peux pas vous donner une évaluation précise pour

 21   ce qui est du moment même, où le document a été communiqué.

 22   M. le Président (interprétation): Non, je crois que vous m'avez mal

 23   compris. Selon votre lettre que nous avons reçue sur une base ex parte, et

 24   en fait je vais vous la remettre dans un instant, elle est datée donc du

 25   30 juin, dans votre lettre, nous lisons que:


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  1   "Les documents qui sont joints représentent les résultats de nos

  2   recherches faites auprès des archives de la Bosnie-Herzégovine."

  3   En fait, j'ai également reçu un grand nombre de documents. J'aimerais

  4   savoir que représentent pour vous ces archives de la Bosnie-Herzégovine?

  5   Comment les interprétez-vous? Qu'est-ce que c'est?

  6   Nous avons en fait beaucoup à faire avec les archives de Zagreb mais il

  7   s'agit d'une autre archive ici, n'est-ce pas, dans ce cas-ci?

  8   M. Yapa (interprétation): Eh bien, si je puis revenir et vous parler de la

  9   façon dont le document a été communiqué…

 10   M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Yapa, c'est une question

 11   très simple et c'est la suivante: que représentent les archives de la

 12   Bosnie-Herzégovine? Est-ce qu'il s'agit d'un ensemble de documents que

 13   l'accusation a obtenus? Et si oui, à quel moment est-ce que vous les avez

 14   obtenus?

 15   M. Yapa (interprétation): Oui, merci, Monsieur le Président.

 16   Il s'agit d'un ensemble de documents. Ce sont des documents qui ont été

 17   obtenus des archives de la Bosnie-Herzégovine au cours d'une opération au

 18   mois d'octobre 2000, et cela a été situé sur l'étagère 5E7 dans la

 19   troisième chambre d'archives de la Bosnie-Herzégovine.

 20   M. le Président (interprétation): Non, non, nous n'avions pas besoin

 21   d'autant de détails. Mais vous dites que vous avez saisi ces documents,

 22   vous avez pris ces documents au mois d'octobre 2000? Est-ce exact?

 23   M. Yapa (interprétation): Oui, c'est exact.

 24   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous avez communiqué ces

 25   documents à la défense?


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  1   M. Yapa (interprétation): Non, nous n'avons pas encore communiqué ces

  2   documents à la défense.

  3   M. le Président (interprétation): Pour quelle raison?

  4   M. Yapa (interprétation): Oui? Vous m'avez posé la question: pourquoi nous

  5   n'avons pas communiqué ces documents?

  6   M. le Président (interprétation): Oui.

  7   M. Yapa (interprétation): Eh bien, nous n'avons pas communiqué ces

  8   documents.

  9   M. le Président (interprétation): Oui mais pourquoi n'avez-vous pas

 10   communiqué ces documents?

 11   Voyez-vous, vous avez une obligation qui… vous êtes lié à une obligation,

 12   selon l'Article 68, c'est que tous les documents que vous avez en votre

 13   possession, vous avez l'obligation, selon l'Article 68, de communiquer ces

 14   documents.

 15   Cet ensemble de documents sur lesquels vous avez mis la main dessus, il y

 16   a donc 8 mois que vous avez déjà en votre possession ces documents! Et la

 17   question est la suivante: quelle est la raison pour laquelle vous n'avez

 18   pas communiqué ces documents auparavant, vous les avez communiqués en date

 19   du 13 juin?

 20   M. Yapa (interprétation): Eh bien, c'est en fait quelque chose que nous

 21   n'avions pas vraiment considéré comme étant des documents qui feraient

 22   l'objet de divulgation, de communication. Nous ne croyions pas qu'il

 23   s'agissait de ce genre de documents-là. Et lorsque nous avons mis la main

 24   sur ce genre de documents, nous nous sommes dit: "Oui, c'est le genre de

 25   documents qu'il faudrait communiquer".


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  1   M. le Président (interprétation): Vous n'aviez donc pas fait de

  2   recherches, vous n'aviez pas revu ou relu ces documents jusqu'en juin et

  3   vous ne vous étiez pas conformés à l'Article 68?

  4   M. Yapa (interprétation): Oui particulièrement, selon l'Article 68.

  5   M. le Président (interpretation): Oui, c'est une obligation qui est

  6   continue, il faut communiquer les moyens de preuve à décharge.

  7   M. Yapa (interprétation): Oui mais nous avons fait les recherches.

  8   M. le Président (interpretation): Oui, à quel moment avez-vous fait les

  9   recherches? Dites-nous à quel moment vous avez examiné ces documents que

 10   vous avez reçus au mois d'octobre de l'année dernière, selon l'Article 68?

 11   A quel moment est-ce que vous avez fait les recherches pour vous conformer

 12   à l'Article 68?

 13   M. Yapa (interprétation): Eh bien, nous avons… Bien sûr, l'attention que

 14   nous portons à ces documents est une attention qui se fait sur une base

 15   continue.

 16   M. le Président (interpretation): Non, je ne veux pas avoir de réponse

 17   évasive. Vous ne voulez peut-être pas être évasif de façon délibérée mais

 18   vous ne répondez pas à mes questions.

 19   Lorsque quelqu'un a dit: "Nous devons examiner ces archives provenant de

 20   la Bosnie-Herzégovine pour nous conformer à l'Article 68"?

 21   M. Yapa (interprétation): Mais cela a été fait, cela a été fait depuis le

 22   tout début, Monsieur le Président, avec tout mon respect.

 23   M. le Président (interpretation): Depuis le mois d'octobre, il y a donc

 24   quelqu'un qui examine ces documents, c'est cela que vous êtes en train de

 25   nous dire? Depuis le mois d'octobre de l'année dernière?


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  1   M. Yapa (interprétation): Je crois que cela devrait être comme cela.

  2   M. le Président (interpretation): Mais ce n'est pas une réponse.

  3   Est-ce que quelqu'un s'est penché sur ces documents, oui ou non?

  4   M. Yapa (interprétation): Monsieur le Président, pour vous donner une

  5   réponse très précise à cela, je ne peux pas, je ne suis pas en position de

  6   vous répondre pour l'instant, mais je suis absolument certain que la

  7   recherche avait été faite. Lorsque nous avons mis la main sur ces

  8   documents, nous les avons communiqués.

  9   M. le Président (interpretation): Et quelle est la taille, quelle est

 10   l'ampleur, ou que représentent ces documents exactement?

 11   Ce sont des choses qui sont très pertinentes, vous savez. Et dans la

 12   dernière décision que j'ai rendue dans cette affaire, j'ai attiré

 13   l'attention sur le fait que c'est très important de communiquer, c'est

 14   aussi important que l'obligation de faire un procès.

 15   L'accusation ayant donc soulevé la description et ayant parlé du fait

 16   qu'ils représentent la justice -cela est tout à fait vrai- mais l'une des

 17   obligations que l'accusation a en tant que représentants de la justice,

 18   est de communiquer tous les moyens de preuve, non seulement sur l'Article

 19   68 mais l'accusation est liée à une obligation générale de communiquer

 20   tous les moyens de preuve.

 21   L'année dernière, cette affaire était donc encore en cours, et pour la

 22   première fois vous avez découvert ces documents au mois de juin, il me

 23   semble que vous n'avez peut-être pas l'explication tout à fait à la portée

 24   de votre main en ce moment, mais vous allez devoir nous expliquer cela.

 25   M. Yapa (interprétation): Oui, merci.


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  1   M. le Président (interpretation): S'agissant maintenant de l'implication

  2   de M. Kordic concernant une prolongation, un délai, que désirez-vous dire

  3   là-dessus?

  4   M. Naumovski (interprétation): Monsieur le Président, excusez-moi, je ne

  5   peux pas ne pas dire quelque chose sur ce que l'accusation vient de dire

  6   pour parler de l'origine, c'est-à-dire de la date depuis laquelle

  7   l'accusation tient entre ses mains le document en question.

  8   En effet, dans notre requête déposée le 18 juillet 2000, cette Chambre a

  9   établi une ordonnance à l'adresse de la Bosnie-Herzégovine en vue de

 10   communication des éléments demandés par le conseil de la défense.

 11   L'accusation sait très bien que le conseil de la défense est à la

 12   recherche de ces documents depuis l'an dernier.

 13   Nos débats ici ont déjà pris fin vers le mois de décembre. Si certains de

 14   ces documents avaient été communiqués au Tribunal, je crois pouvoir dire

 15   que probablement la décision du Tribunal aurait été différente.

 16   Il s'agit en effet, Monsieur le Président, de documents d'intérêt crucial.

 17   Voilà pourquoi je ne peux pas accepter ce que vient de dire l'accusation.

 18   Depuis le mois de décembre de l'an dernier, ils avaient en leur possession

 19   ces documents alors qu'ils ne m'ont été communiqués qu'en date du 14 de ce

 20   mois-ci.

 21   M. le Président (interpretation): Oui mais, si je comprends bien, c'est

 22   que vous vous êtes occupé vous-même, vous vous êtes chargé vous-même de

 23   ces documents, les documents ayant été déposés ex parte, l'accusation ne

 24   pouvait pas savoir que vous étiez à la recherche de ces documents.

 25   Je ne comprends pas pourquoi vous avez fait vos requêtes ex parte, encore


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  1   que je ne comprenne pas tout à fait pour quelles raisons aucun de ces

  2   documents n'a été déposé de concert avec la requête ex parte.

  3   M. Naumovski (interprétation): Essayons de commencer par la fin.

  4   Lorsque j'ai déposé ce mémoire, je voulais que ces documents soient

  5   communiqués mais j'ai eu bien peur de ne pas évidemment faire infraction

  6   quant à la nécessité de garder le secret de tout le document.

  7   Voilà pourquoi j'ai voulu demander d'abord au Tribunal de rendre publics

  8   tous ces documents. Ce que j'ai craint, c'est de faire une infraction à la

  9   règle.

 10   M. le Président (interpretation): Il s'agit d'une grande différence entre

 11   documents qui ont été rendus publics et documents qui ont été communiqués

 12   par une partie à l'autre partie.

 13   Lorsque vous parlez d'ex parte, c'est que vous prenez certaines mesures,

 14   vous faites certains actes sans dire pour autant à l'accusation ce que

 15   vous voulez dire par là. Vous ne demandez aucune ordonnance!

 16   Voilà pourquoi je ne comprends pas pourquoi vous l'avez fait ainsi.

 17   Les mesures de protection sont là pour ne pas que le document traité soit

 18   considéré comme rendu public.

 19   M. Naumovski (interprétation): Mais c'est ce que l'accusation a fait

 20   également de son côté, elle a demandé certains documents en ex parte, elle

 21   l'a fait auprès de certains Etats. C'est ce que nous avons fait. C'était

 22   la praxis d'ailleurs empruntée.

 23   Pour ce qui est de la Bosnie-Herzégovine, ne serait-ce que pour parler

 24   d'un premier temps, nous avons voulu prendre possession de quelques

 25   documents pour pouvoir les manipuler, les traiter, avant de présenter nos


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  1   éléments de preuve.

  2   Mais il faut dire également que nous avons développé une ample

  3   correspondance avec les officiers de la confédération de Bosnie-

  4   Herzégovine, malheureusement cette coopération n'a donné aucun résultat.

  5   Mais l'accusation, quant à elle, savait très bien que nous avions demandé

  6   tous ces documents à la Bosnie-Herzégovine. Je le sais parce que même en

  7   audience publique on l'avait dit.

  8   Peut-être que pour parler de certaine annexes considérées comme

  9   confidentielles, on pourrait le dire ainsi. Mais on savait très bien que

 10   nous étions à la recherche de documents et nous les avons demandés à

 11   l'ONU, à l'Union européenne et à d'autres Etats également.

 12   M. le Président (interprétation): Le principe fondamental concernant

 13   chaque affaire, c'est qu'une procédure ex-parte ne doit être appliquée que

 14   lorsque ceci se situe dans l'intérêt de la justice, de la justice qui nous

 15   concerne tous.

 16   Lorsque la communication à l'autre partie ou lorsque le fait d'une requête

 17   quelconque est de nature à être onéreux et à aller à l'encontre des

 18   intérêts de la partie adverse ou à l'encontre de certaines parties qui ont

 19   trait à ces requêtes, l'ensemble -il s'agit d'ailleurs de l'ensemble des

 20   décisions établies par ce Tribunal international- et si ceci devait être

 21   une pratique générale, voilà le bon moment où il faut l'arrêter cette

 22   pratique. En tout cas, nous pouvons nous en occuper un peu plus tard.

 23   Ce qui me préoccupe maintenant concernant votre mémoire, votre requête,

 24   c'est que si vous ne le faites pas et si l'accusation continue de

 25   travailler à ce rythme lent, vous ne les aurez jamais ces documents parce


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  1   que d'autres documents surviendront.

  2   Voilà la raison pour laquelle vous ne pouvez pas déposer votre requête

  3   comme vous avez voulu le faire. Le moment venu où les documents seront en

  4   votre possession, vous serez emmenés dans une affaire où cette

  5   documentation ne correspond plus à votre requête.

  6   Nous devons faire avancer les affaires. Votre client était en détention et

  7   depuis longtemps. Et la Chambre d'appel doit évidemment faire poursuivre

  8   la procédure en appel.

  9   M. Naumovski (interprétation): J'accepte volontiers, Monsieur le

 10   Président, ce que vous venez de dire. J'aimerais bien que tous ces

 11   documents qui ont été présentés en ex-parte soient rendus publics. Je ne

 12   sais plus quelles ont été les "discovery" documents de la part de

 13   l'accusation. C'est dans ce sens-là que j'avais demandé à la Chambre

 14   certaines dispositions.

 15   Mais revenons au principe, Monsieur le Président. Le document qui nous a

 16   été communiqué, et sur la base duquel nous voulons déposer notre requête,

 17   nous semble être d'intérêt crucial.

 18   Tout au long de l'affaire qui a duré pendant huit mois entiers, nous avons

 19   discuté notamment de persécutions: qui a attaqué qui dans la vallée de la

 20   Lasva, si les deux parties ont été prêtes ou pas etc., etc.

 21   Voilà pourquoi vient la consternation qui est la mienne lorsque j'entends

 22   dire par l'accusation qu'au mois d'octobre, l'an dernier, l'accusation

 23   avait entre ses mains ce document avant que l'affaire soit close. Et il

 24   s'agit évidemment d'un document clé.

 25   D'autre part, si on a rendu possible l'accès aux archives de Zagreb à


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  1   l'accusation, alors je crois que pour parler équitabilité, on devrait

  2   parler évidemment des mêmes chances d'accès. Nous aussi par rapport à

  3   l'accusation, nous entendons pour la première fois que ces archives

  4   existent, pour parler des archives de Bosnie-Herzégovine. Et pour parler

  5   de notre requête à nous, évidemment nous pouvons dire que nous ne savions

  6   pas que ces archives existaient. Alors que maintenant nous voyons que ces

  7   archives existent.

  8   Monsieur le Président, ce n'est pas que je veuille me justifier mais

  9   regardez le calendrier. Le 14 de ce mois-ci, j'ai reçu la lettre de

 10   l'accusation. Le 18 de ce mois-ci, M. Kordic reçoit la sentence en croate,

 11   alors que ce n'est seulement qu'en date du 20, mercredi, que j'ai pu

 12   déposer ma requête lorsque j'étais venu à La Haye avant-hier.

 13   Je ne veux pas me justifier par cela pour dire que ce n'est qu'hier que

 14   vous avez pu avoir cette requête, Monsieur le Président. Mais voilà

 15   comment les choses ont évolué depuis quelque temps.

 16   M. le Président (interprétation): Mais j'aimerais encore entendre la

 17   réponse à ma question. Peut-être devrais-je formuler la question

 18   autrement? Avez-vous d'autres fondements sur quoi vous baser en appel?

 19   M. Naumovski (interprétation): Nous avons plusieurs raisons pour

 20   interjeter appel, pour parler de la sentence de la Chambre de première

 21   instance, et qui ne concernent pas ce que nous venons de dire pour parler

 22   d'un autre organe. Je m'excuse auprès de nos interprètes, je parle

 23   beaucoup trop vite.

 24   M. le Président (interprétation): Pourquoi donc ne pouvez-vous pas déposer

 25   votre requête en appel où vous pourriez exposer les autres raisons de


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  1   votre plainte?

  2   M. Naumovski (interprétation): Je crois, Monsieur le Président, que nous

  3   pouvons lire l'Article 11, l'alinéa 11 de notre mémoire à savoir, où nous

  4   parlons de ces raisons pour lesquelles nous n'avons pas pu le faire.

  5   Lorsqu'en date du 18 ou du 20, ou 19 ou 20, M. Kordic a pu lire la

  6   sentence, il a pu repérer certaines nuances de cette sentence qui lui ont

  7   été inconnues il y a quelques jours seulement.

  8   Et pourquoi inconnues? Inconnues parce que tout simplement je n'étais pas

  9   en mesure de lui assurer la traduction de l'ensemble de la sentence telle

 10   qu'elle m'a été rendue, non plus que je n'ai pu repérer moi-même certaines

 11   nuances. Je dois le reconnaître moi-même.

 12   Voilà la raison pour laquelle, notamment dans l'intérêt de la justice,

 13   dans l'intérêt de la protection des droits de l'appelant et de mon client,

 14   je peux dire maintenant qu'on devrait proroger le délai, permettre à M.

 15   Kordic, une fois qu'il a lu la sentence, pour préciser certains points sur

 16   lesquels nous devons nous baser dans notre appel.

 17   Nous ne devons pas demander un nouveau délai de 90 jours mais nous prenons

 18   la liberté de vous demander un délai de 30 jours supplémentaires sous

 19   forme alternative. Et si vous me permettez de le rappeler, Monsieur le

 20   Président, je crois qu'il est d'intérêt crucial d'avoir une vue d'ensemble

 21   des archives.

 22   M. le Président (interprétation): Je vous en prie, je ne veux pas vous

 23   entendre répéter ce que vous avez dit. Dites-moi pourquoi est-ce que vous

 24   ne pouvez pas faire acte d'appel jusqu'à un certain temps? Ajoutez ensuite

 25   les documents en supplément plus tard. Vous dites vous-même que vous ne


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  1   parlez ni le français ni l'anglais, n'est-ce pas?

  2   M. Naumovski (interprétation): Je ne parle pas français, je parle un peu

  3   anglais juste de quoi me débrouiller. Mais évidemment, le Greffe n'a pas

  4   toujours pu se rendre compte de la connaissance de l'anglais qui est la

  5   mienne pour que je puisse m'occuper de la sentence pour la traduire. Tout

  6   le temps de la durée de l'affaire, je ne me suis servi que de la langue

  7   croate, Monsieur le Président.

  8   M. le Président (interprétation): Alors, vous pourriez peut-être expliquer

  9   de quelle façon vous êtes qualifié pour être un des conseils de la

 10   défense. Parce qu'après le Règlement, vous devez connaître l'une des deux

 11   langues de travail, à moins qu'il n'y ait certaines qualités dont vous

 12   faites preuve et signalées par vous au Greffe?

 13   M. Naumovski (interprétation): Si je comprends bien, tout ceci a été

 14   valable dans les cas où il s'agissait d'avocats commis par le Tribunal.

 15   Moi-même, j'ai été choisi par M. Kordic.

 16   Tout au long de la durée du procès, j'ai eu des co-conseils des Etats-Unis

 17   d'Amérique qui, bien sûr, parlaient très bien l'anglais étant donné que

 18   c'est leur langue maternelle.

 19   M. le Président (interprétation): Mais la règle est tout à fait concrète.

 20   Il s'agit d'une application d'ordre général de cet Article. Il ne s'agit

 21   pas évidemment de conseil de la défense désigné par le Tribunal

 22   international lorsqu'il s'agit de représenter les intérêts d'un accusé.

 23   L'avocat pourra représenter les intérêts d'un client, d'un accusé, s'il

 24   est en mesure de parler l'une des deux langues de travail du Tribunal

 25   international; il s'agit d'une règle d'application générale.


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  1   Et demain, dans le 44B, nous pouvons lire que: "Le Greffe peut, à la

  2   demande du suspect, etc., admettre un conseil ne parlant aucune des deux

  3   langues de travail du Tribunal mais lorsque ceci se situe dans l'intérêt

  4   de la justice". Encore que je ne comprenne pas tout à fait comment vous

  5   pouvez dire que vous êtes là en tant que conseil de la défense si vous

  6   n'êtes pas qualifié en cette matière?

  7   M. Naumovski (interprétation): Avec tout le respect que j'ai pour vous,

  8   Monsieur le Président, je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir dire

  9   qu'en décembre 1997, lorsque M. Kordic m'avait désigné comme étant un des

 10   conseils de la défense, cette condition ait été de rigueur. Cette

 11   condition ne m'a pas été posée par le Greffe pour dire si je suis qualifié

 12   pour le reste du travail qui est le mien. Je ne voudrais pas m'y

 13   prononcer.

 14   Pour parler évidemment de la langue anglaise, je vous dis, Monsieur le

 15   Président, que j'avais à mes côtés toujours mes collègues avocats qui

 16   parlaient bien l'anglais et qui étaient là pour m'aider. Nous sommes dans

 17   une situation tout à fait spécifique maintenant.

 18   M. le Président (interprétation): Maître Naumovski, ce que je voulais vous

 19   dire, c'est tout simplement que pour déposer un mémoire, il faut avoir

 20   l'avocat qualifié suffisamment, c'est-à-dire être en mesure de parler

 21   l'une des langues de travail. Quand il s'agit du co-conseil, il est dans

 22   l'intérêt de la justice de permettre à cet avocat d'être un des

 23   défenseurs, mais avoir pour autant quelqu'un qui serait capable de lire,

 24   ne serait-ce que de lire les sentences.

 25   Or, je voudrais savoir si maintenant vous pouvez saisir, si vous voulez


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  1   saisir ce fait-là pour avoir une prorogation de délai?

  2   M. Naumovski (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai rien voulu

  3   faire de la sorte. C'est tout simplement M. Kordic qui, en lisant la

  4   sentence, vous l'a demandé ainsi, et c'est en son nom que je vous le

  5   demande maintenant.

  6   Notre conseil de la défense était bien sûr composé de gens qui parlaient

  7   le croate et l'anglais, mais par la force des choses, me voilà seul

  8   maintenant à être le défenseur de M. Kordic. Je ne voulais certainement

  9   pas exploiter ceci comme étant un fait mais je crois que M. Kordic doit

 10   évidemment avoir droit à une prorogation de ce délai, ne serait-ce que

 11   d'un mois supplémentaire. Pour toutes ces raisons que je viens d'évoquer.

 12   Evidemment tout dépendra de vous, Monsieur le Président.

 13   M. le Président (interprétation): Je crois qu'évidemment il faudra faire

 14   preuve de patience mais le fait est que l'accusé n'est pas en mesure de

 15   lire dans sa langue originale la sentence rendue, mais évidemment tout

 16   ceci ne devrait pas empêcher que des requêtes soient déposées, encore que

 17   ce fait puisse être pris en considération en vue d'une prorogation du

 18   délai.

 19   Il a été dit que la décision sera faite, la sentence sera faite et rendue

 20   publique au cours de ce mois-ci, et en langue croate, et ceci a été fait.

 21   Pour parler de l'alinéa 11 de votre requête, à vrai dire, il n'apporte pas

 22   grand-chose de nouveau.

 23   Avez-vous quelque chose d'autre à ajouter?

 24   M. Naumovski (interprétation): Pour ce qui est de notre mémoire, si vous

 25   croyez que je n'ai guère besoin de revenir sur le sujet des archives de


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  1   Bosnie-Herzégovine, alors je n'ai plus rien à dire.

  2   Mais si vous me permettez, je pourrais dire quelque chose volontiers

  3   également sur les archives de Bosnie-Herzégovine.

  4   M. le Président (interprétation): Maître Naumovski, c'est une question à

  5   part. En ce qui me concerne, il s'agit d'une affaire dont vous pouvez vous

  6   occuper dans le cadre de la requête qui sera la vôtre. Mais ce mémoire

  7   devra être fait d'ici la date butoir, dans le cadre du délai qui vous a

  8   été accordé, et il vous sera rendu possible également d'ajouter d'autres

  9   suppléments lorsque vous serez en mesure de faire vos recherches en

 10   matière d'archives, si l'accusation a fait une omission pour vous

 11   communiquer tout cela, évidemment ne concernant que cette affaire

 12   concrète. Mais au stade où nous sommes, je ne parle que de votre requête

 13   portant prorogation du délai.

 14   Avez-vous quelque chose à dire là-dessus?

 15   M. Naumovski (interprétation): Non, Monsieur le Président, je n'ai plus

 16   rien à dire là-dessus.

 17   M. le Président (interprétation): D'accord.

 18   Monsieur Yapa, avez-vous quelque chose à dire au sujet de ces documents

 19   déposés en ex parte?

 20   M. Yapa (interprétation): (Hors micro.)

 21   Monsieur Farrell vient de me dire que nous avons en fait assez de

 22   documents qui nous indiquent que les documents ont été soumis de façon ex

 23   parte, et ces documents sont présentés sous scellés.

 24   M. Farrell (interprétation): Concernant ces documents, concernant les

 25   documents ex parte, le Procureur est tout à fait d'accord avec ses


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  1   collègues et nous ne voyons pas la raison pour laquelle ces documents ont

  2   été soumis de façon ex parte.

  3   M. le Président (interprétation): Oui, je crois que je devrais les laisser

  4   ou j'ai le désir de les laisser en tant que documents confidentiels, car

  5   ils seront sujets à discussion plus tard. Mais je suggère que ces

  6   documents soient disponibles également à vos collègues?

  7   Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle ces documents ont été présentés

  8   ex parte?

  9   M. Farrell (interprétation): Non, il n'y a en fait aucune raison à ce

 10   moment-ci.

 11   M. le Président (interprétation): Oui mais le Procureur a demandé la

 12   déposition de ces documents ex parte, mais je ne comprends pas la raison?

 13   M. Farrell (interprétation): Non, pour être franc, moi non plus je ne

 14   comprends pas.

 15   M. le Président (interprétation): Si je vous dis que ces documents

 16   pourraient être faits de façon ex parte, si vous voulez avoir des

 17   documents de l'Etat, vous pouvez peut-être ordonner que ces documents

 18   soient présentés de la sorte. Mais si l'Etat revient pour dire: "Nous

 19   avions des préoccupations en ce qui a trait à la sécurité", alors nous

 20   devrions soumettre ces documents de façon ex parte.

 21   Mais je crois que les deux parties désirent toujours avoir les documents

 22   ex parte, les ordonnances ex parte, mais cela doit s'arrêter. Il faudrait

 23   arrêter ce genre de pratique.

 24   M. Farrell (interprétation): Oui, vous avez tout à fait raison. Mais un

 25   seul commentaire, si vous voulez que nous répondions à cette requête


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  1   concernant la réordonnance de cet ordre qui vient de la Bosnie-

  2   Herzégovine.

  3   M. le Président (interprétation): Non, pas tout à fait.

  4   M. Farrell (interprétation): Nous ne pouvons pas répondre à la requête car

  5   nous venons de la recevoir. Mais si vous voulez rendre une ordonnance pour

  6   rendre que cette ordonnance ex parte soit levée, en fait je ne sais pas si

  7   en ce moment-ci la Chambre d'appel a en fait rendu l'ordre concernant ces

  8   documents en Bosnie-Herzégovine, et je ne sais pas si on a demandé que ces

  9   documents soient versés ex parte.

 10   M. le Président (interprétation): Oui, certainement.

 11   M. Farrell (interprétation): Eh bien, de cette façon-là, tous ces

 12   documents devraient être rendus disponibles sur une base confidentielle.

 13   Nous allons donc évaluer le tout et répondre en considération.

 14   M. le Président (interprétation): Oui, très bien. Je vais donc donner

 15   l'ordonnance que le matériel qui accompagne le tout soit disponible à

 16   l'accusation sur une base confidentielle.

 17   Est-ce que le Procureur désire soulever quelque requête que ce soit, ou

 18   voulez-vous dire quelque chose concernant le délai? Est-ce que vous vous

 19   êtes préoccupé par cela?

 20   M. Farrell (interprétation): Le Procureur sera en mesure, ou conformément

 21   à notre requête faite le 9 août, nous nous conformons au délai car la

 22   version en langue BCS n'a pas été disponible pour nous.

 23   Nous comprenons très bien dans les circonstances que cela devrait être

 24   allouée. Nous ne croyons donc pas qu'il devrait y avoir une raison pour ce

 25   délai supplémentaire.


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  1   M. le Président (interprétation): Oui.

  2   M. Kovacic (interprétation): Si on peut ajouter encore quelque chose au

  3   sujet de la question, ou on la traite tout à l'heure?

  4   M. le Président (interprétation): Si vous voulez faire une jonction de ces

  5   requêtes, vous devez tout de même déposer le document, mais j'aimerais

  6   bien entendre ce que vous avez à dire pour corroborer ce que vous venez de

  7   dire. Vous devez avoir évidemment en vue ce que j'ai dit tout à l'heure,

  8   vous devez avoir également d'autres raisons de votre appel. Le tout devra

  9   être fait d'ici le mois d'août.

 10   Si vous avez quelque chose à dire, allez-y.

 11   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Président, bien sûr, je le ferai

 12   par écrit de façon formelle pour parler de cette requête, mais étant donné

 13   que nous sommes en train de discuter du fond même j'aimerais pouvoir

 14   ajouter quelque chose que je considère comme étant spécifique pour la

 15   défense de Cerkez.

 16   Un premier point: c'est ce que vous avez déjà dit dans une première

 17   ordonnance qui était la vôtre, lorsque vous avez prorogé le délai qui nous

 18   était imparti, j'ai étudié la matière avec toute l'attention nécessaire.

 19   Or, l'une des questions clés qui se pose maintenant, c'est au fait

 20   d'établir un équilibre entre le droit de l'accusé à avoir un procès rapide

 21   et le droit qui est le sien de pouvoir avoir recours à tous les moyens et

 22   de disposer de suffisamment de temps en vue d'une défense de bonne

 23   qualité.

 24   Ce procès dure autant qu'il dure, pratiquement depuis 1997. Nous

 25   considérons que, dans une étape préalable au procès, il y a eu beaucoup de


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  1   temps perdu, mais peu importe, le procès tout court a été extrêmement

  2   rapide, je crois pouvoir dire beaucoup trop rapide à notre encontre, mais

  3   peu importe, ce n'est pas une remarque pertinente. Mais ce qui est

  4   pertinent c'est que l'accusé se trouve au moment et dans une situation où

  5   nous, de notre côté, nous semblons préoccupés lorsqu'il faut savoir si

  6   tous ses droits ont été respectés, pour parler de la rapidité et de la

  7   vitesse à laquelle le procès a été fait.

  8   Or, il y a certains faits nouveaux, le fait est que de nouveaux documents

  9   existent.

 10   Est-ce que nous allons maintenant proroger les délais? Est-ce que nous

 11   pouvons peut-être encore une fois empiéter sur le droit qui est le sien de

 12   se faire défendre de façon réaliste rapide et équitable?

 13   Un second point que je voudrais toujours soulever, toujours dans le cadre

 14   de la demande de prorogation de délai, est une question d'ordre

 15   parfaitement pratique, Monsieur le Président. Laquelle question se pose

 16   lorsqu'il s'agit évidemment de préparer, d'élaborer l'appel.

 17   Malheureusement, je dois travailler dans cet esprit-là ou je serai obligé

 18   de déposer notre appel jusqu'en août prochain. Et lorsque nous parlons des

 19   parties de notre appel où nous devons traiter de quelques questions, de

 20   quelques points de droit et de quelques points de fait, tout me semble

 21   être sans encombre.

 22   Mais un troisième point, dont nous nous occupons dans notre appel,

 23   concerne les faits, et en majeure partie, il s'agit de la valeur probante

 24   de certains éléments de preuve que cette Chambre a évidemment trouvés

 25   comme elle les a trouvés. Et dans ce sens-là, je ne peux plus me souvenir


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  1   s'il s'agissait de deux ou de trois points du "draft" même où l'accusation

  2   nous a notifié plusieurs paquets, lesquels paquets, lesquels colis que

  3   nous n'avons toujours pas pu voir.

  4   Lorsque nous les avons reçus, certains de ces documents, nous avons dû

  5   faire marche arrière. Et en fait, nous avons été obligés de nous en tenir

  6   autrement, c'est-à-dire d'échanger un petit peu l'essence même de la

  7   défense qui était la nôtre.

  8   Par conséquent, la question pratique est la suivante: serait-il pertinent

  9   d'élaborer, de dresser l'appel tel quel pour avoir la possibilité plus

 10   tard de recevoir de nouveaux documents, où entre-temps nous pouvons peut-

 11   être faire quelques enquêtes en attendant de nouveaux documents -en

 12   l'occurrence, documents concernant les archives de Bosnie-Herzégovine-

 13   pour ensuite essayer de mordre dans telle ou telle partie des archives

 14   pour l'ensemble de notre appel? Voilà comment je vois l'affaire.

 15   Et si je peux conclure, Monsieur le Président, si nous parlons de

 16   l'équilibre des trois, alors et pour parler de notre client, je crois que

 17   ce qui devrait prévaloir ici, c'est le droit de mon client de prendre part

 18   au procès; c'est-à-dire d'avoir suffisamment de temps pour se préparer à

 19   ce qu'il doit élaborer, et notamment étant donné le droit qui lui est

 20   imparti également, à savoir avoir droit à un procès rapide.

 21   Or, où en sommes-nous maintenant, Monsieur le Président?

 22   Voilà quatre ans que ce procès dure. Pardon! Pas quatre ans, un peu plus

 23   de trois ans. Et une seconde proposition que j'ai à formuler, toujours

 24   dans le même sens, de voir proroger ce délai. Car je suis persuadé, pour

 25   ma part, que la force probante de nos arguments ou que, disons, la méthode


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  1   d'approche qui sera la nôtre, ce serait beaucoup plus utile pour notre

  2   appelant, plus utile aussi pour les autres parties et en définitive plus

  3   utile pour le Tribunal qui devra s'en charger.

  4   C'est dans ce sens-là que je voulais me faire entendre, Monsieur le

  5   Président, pour parler notamment de cet équilibre qui doit être fait.

  6   Essayons de parler peut-être d'un délai tout à fait modéré et qui nous

  7   semble raisonnable d'un ou deux mois pendant lequel nous devons jouir

  8   d'une prorogation. Ne serait-ce que pour avoir le temps de nous servir de

  9   quelques-uns des éléments de preuves supplémentaires pour faire, nous, les

 10   constructions de notre appel, peut-être pour ajouter quelque chose selon

 11   ce que vous venez de suggérer vous-même.

 12   Et si vous me permettez de revenir à quelques-unes des idées évoquées par

 13   vous à l'adresse de mon collègue Naumovski et à l'accusation, peut-être

 14   que le conseil de la défense se trouve dans une situation défavorable

 15   lorsqu'elle ne voulait pas accepter le dépôt des documents d'archives de

 16   Bosnie-Herzégovine en ex-parte.

 17   Le fait est qu'en octobre de l'an dernier, au cours du procès, il devait

 18   être clair et de façon tout à fait notoire à l'accusation, comme ceci

 19   devait être clair à tous ceux présents dans cette Chambre, dans ce

 20   prétoire, qu'il y avait pas mal de documents qui manquaient et qui

 21   seraient de provenance des archives de Bosnie-Herzégovine.

 22   Pour quelle raison? Parce que nous n'avons pas pu faire des révélations et

 23   des communications en temps utile et sur un pied d'égalité. Je crois que

 24   vous avez pu vous en rendre compte, Monsieur le Président. Pour avoir

 25   accès à certains documents, nous ne l'avons fait que vers la phase finale


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  1   du procès, lorsque j'ai déjà dû faire ma plaidoirie.

  2   Et pendant ce temps-là, on pouvait voir qu'il y avait des documents

  3   communiqués d'un côté alors qu'ils ne l'ont pas été de l'autre. Encore que

  4   même pour parler de l'étape préalable au procès, le conseil de la défense

  5   a tout fait pour pouvoir avoir accès aux archives de Bosnie-Herzégovine.

  6   Le fait est que pendant le procès même nous n'avons pas pu avoir l'accès

  7   aux documents des archives de Bosnie-Herzégovine. Ces documents

  8   n'existaient pas. Le fait est qu'on sentait toute la nécessité de ces

  9   documents-là. Mais pendant tout ce temps-là, les archives devaient être

 10   accessibles à l'accusation et au conseil de la défense. Nous étions

 11   souvent ensemble là-bas.

 12   Tout un tas de document a été communiqué à ce Tribunal, sans avoir pour

 13   autant les documents de Bosnie-Herzégovine. Le problème c'est que tous les

 14   documents qui étaient d'origine bosniaque, c'est-à-dire en possession des

 15   autorités de Bosnie-Herzégovine, tous ces documents étaient venus

 16   parallèlement à l'Acte d'accusation, c'étaient les tout premiers documents

 17   venus. Mais une fois que ces documents étaient devenus, d'une certaine

 18   manière, contestables, alors là et au cours du procès on n'avait plus

 19   droit à des documents de ce genre et de Bosnie-Herzégovine. Et voilà ce

 20   qui nous préoccupe fort, Monsieur le Président.

 21   Lorsque nous avons reçu cette lettre de l'accusation en date du 18 de ce

 22   mois-ci, nous nous sommes rendu compte qu'une archive de Bosnie-

 23   Herzégovine existe. Dans le cadre desquelles archives existent des

 24   documents, et notamment la 7e Brigade de Bosnie-Herzégovine, brigade

 25   musulmane.


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  1   Alors, si nous pouvons faire une recherche maintenant de ce qui s'était

  2   passé, nous nous rendrons compte que cette 7e Brigade musulmane était un

  3   facteur important, ne serait-ce que pour dire au moins 200 fois pour ne

  4   pas dire 1.000 fois.

  5   Or, je m'en tiens, Monsieur le Président, aux propositions que je viens de

  6   formuler et je vais m'associer par écrit aux propositions faites par mon

  7   collègue Naumovski.

  8   M. le Président (interprétation): Et qu'arrivera-t-il lorsque l'accusation

  9   produit un autre document, lequel document on retrouvera lors des

 10   recherches des archives? Est-ce que vous allez demander une nouvelle

 11   prorogation d'un délai d'un mois à nouveau?

 12   Et de plus, vous devez comprendre comment se présentent les réalités. La

 13   Chambre d'appel connaît bien toute cette matière. Si le conseil de la

 14   défense veut déposer tout de façon concrète et parfaite, et si en

 15   attendant, il faut s'attendre à toutes les recherches, ceci n'est pas

 16   possible.

 17   Le Tribunal international est tenu d'aller de l'avant. Je vous ai dit que

 18   vous devez avoir d'autres bases sur lesquelles vous pouvez vous fonder,

 19   peut-être sur des points qui seraient d'ordre procédurale, etc.

 20   Nous voulons que vous soyez convaincus, tout à fait convaincus que vous

 21   serez en mesure d'ajouter d'autres éléments si d'autres éléments de preuve

 22   apparaissent. Il n'y a pas de raison pour laquelle vous ne pouvez pas

 23   faire avancer votre travail, ne serait-ce que dans une partie de vos

 24   travaux, alors que certains de ces documents ont été déjà implicitement

 25   mentionnés dans votre requête.


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  1   Voilà, c'est là-dessus que je devrais procéder à des consultations. Avez-

  2   vous quelque chose d'autre à ajouter?

  3   M. Kovacic (interprétation): Non, Monsieur le Président. Je n'ai rien plus

  4   à ajouter. Je suis tout à fait d'accord avec vous au sujet de ce vous

  5   venez de dire. Nous ne pourrions plus voir la fin de notre procès si nous

  6   devions raisonner de la sorte. Autrement dit, d'une manière ou d'une

  7   autre, nous devons trouver un milieu raisonnable et réaliste.

  8   Maintenant, que nous nous sommes rendu compte de l'existence de documents,

  9   au sujet desquels documents moi-même je devais abdiquer, croyant qu'on ne

 10   pourrait jamais les voir, essayons de voir s'il y a quelque chose

 11   d'intérêt crucial dans ces documents.

 12   Nous pouvons supposer tout de même qu'il y a quelque chose dans tout cela

 13   et qui serait d'intérêt crucial. Alors, donnez-nous quelque temps,

 14   Monsieur le Président, ne serait-ce que pour nous permettre d'élaborer en

 15   première ligne notre défense et notre acte d'appel.

 16   Plus tard, bien sûr, nous ne devons pas demander toujours de nouvelles

 17   prorogations, je sais que de nouveaux documents surgiraient. Mais,

 18   Monsieur le Président, tel ne sera pas le cas, à savoir que vous devez

 19   nous voir toujours, une fois les nouveaux documents apparus, revenir pour

 20   demander de nouvelles prorogations de délai. Non! Ceci n'aura pas lieu.

 21   Mais essayons de dire ainsi, étant donné que certains documents ont fait

 22   apparition. Je ne veux pas descendre dans le détail ni pour parler des

 23   documents que l'accusation nous a communiqués, encore que moi aussi j'ai

 24   quelques documents de grande valeur et qui sont au nombre de 4 ou 5.

 25   Ecoutez, nous avons 260 documents nouveaux à recevoir, 262 plus


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  1   précisément. Est-ce que je vais les traiter, Monsieur le Président? Est-ce

  2   que je peux m'en servir? Y a-t-il des documents utiles dans ce lot de 262

  3   documents qui ont été annoncés?

  4   Je crois que nous avons tout de même mérité, Monsieur le Président, je ne

  5   veux pas être difficile pour le demander, mais nous avons mérité une

  6   certaine prorogation de délai. Nous pouvons préparer notre appel. Et en

  7   attendant de voir au sujet de ce que je viens de dire, nous pouvons peut-

  8   être préparer quelques suppléments également au sujet de telle ou telle

  9   question.

 10   Ensuite, je le répète, nous avons la seconde partie de notre appel qui ne

 11   concerne pas les faits. Eh bien, cette partie de l'appel va bon train et

 12   au rythme déjà connu, et pour laquelle, laquelle partie de notre appel,

 13   nous ne demandons pas de prorogation de délai. Je vous remercie, Monsieur

 14   le Président.

 15   M. le Président (interprétation): Pourriez-vous me parler de ces 262

 16   documents dont vous avez fait état? Ce sont de nouveaux documents? Vous

 17   dites que ne vous ne les avez pas encore reçus ou est-ce que vous dites

 18   que vous n'avez pas encore pu examiner ces documents?

 19   M. Kovacic (interprétation): Non, Monsieur le Président, je n'ai

 20   physiquement pas reçu ces documents. L'accusation a été très

 21   bienveillante. Ils m'ont appelé au téléphone, je crois que c'était mardi

 22   de cette semaine. Ils m'ont appelé pour m'informer que ces documents se

 23   trouvent sur un disque compact. Ces documents m'ont été communiqués dans

 24   ma boîte aux lettres. Nous avons essayé de demander à ce que… En fait, si

 25   l'on passe par les bureaux, tels que le DHL et d'autres services postaux,


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  1   je sais que cela prend toujours une semaine.

  2   Donc j'ai demandé à l'accusation de me soumettre en fait ce document, de

  3   le mettre dans ma boîte aux lettres. Ils ont été aimables, ils m'ont donné

  4   tous les noms, tous les titres, ils m'ont également dit d'où provenaient

  5   ces documents, non seulement qu'ils proviennent des archives de Zagreb,

  6   mais ils m'ont également informé de quelle boîte provenaient ces

  7   documents. Je pouvais donc avoir une idée thématique, et brièvement ils

  8   m'ont informé du titre de chaque document pour la plupart.

  9   Je dois vous dire qu'hier soir, j'ai examiné tous ces documents hier à

 10   l'hôtel, il s'agit d'une liste comprenant 262 documents, et je vois qu'il

 11   y a un bon nombre de documents très intéressants qui s'y trouvent.

 12   Je dois également vous dire qu'il y a certains thèmes qui m'intéressent

 13   particulièrement, tels que la détention du détenu.

 14   Nous avons des centaines de documents concernant cela. Mais il y a peut-

 15   être des documents qui n'ont absolument aucune pertinence. Je vois le

 16   thème principal et général, mais il y a quelques thèmes et quelques titres

 17   qui m'intéressent beaucoup.

 18   Et d'après ces titres-là, je vois que cela pourrait être des documents

 19   intéressants, spécialement si on voit la date de leur émission.

 20   Parce que, Monsieur le Président, dans cette affaire, nous sommes saisis

 21   depuis très longtemps, mais tout ce qui est arrivé dans la vallée de la

 22   Lasva est arrivé au mois d'avril 1983 et je m'y suis concentré sur ce mois

 23   d'avril, et je vois qu'il y a un bon nombre de documents qui parlent de ce

 24   mois d'avril.

 25   Je ne sais donc pas ce que contiennent ces documents. Je m'attends à


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  1   découvrir quand même des documents assez intéressants. Et je me joins à la

  2   pensée de mes collègues de l'accusation. Je ne vais certainement pas

  3   examiner des documents qui ne seront pas pertinents.

  4   Je ne sais pas si vous êtes au courant de tous les détails, mais avant

  5   cela nous avions reçu en date du 24 mai, 8 documents, en date du 31 mai,

  6   18 documents, et en date du 18 juin, j'ai également reçu des documents, ce

  7   document de la Bosnie dont j'ai fait état. Je parle des dates lors

  8   desquelles j'ai reçu ces documents dans mon bureau. Ils ont été envoyés

  9   quelques jours auparavant.

 10   M. le Président (interpretation): Merci. Bien. Au moins nous avons le tout

 11   consigné au compte rendu d'audience. Lorsque vous allez donc revenir, et

 12   si jamais vous nous revenez et que vous désirez parler de ces documents,

 13   nous en saurons un peu plus long. Merci bien.

 14   Y a-t-il autre chose que le Procureur désire soulever? Monsieur Yapa, y a-

 15   t-il quelque chose?

 16   M. Yapa (interprétation): Non.

 17   M. le Président (interpretation): Pour M. Kordic, Maître Naumovski?

 18   M. Naumovski (interprétation): Non, Monsieur le Président.

 19   M. le Président (interpretation): Maître Kovacic?

 20   M. Kovacic (interprétation): Non.

 21   M. le Président (interpretation): Très bien. Une décision sera donc rendue

 22   dans les plus brefs délais, et concernant M. Cerkez il faudrait que la

 23   requête soit jointe à l'application le plus vite possible. Nous allons

 24   maintenant lever la séance.

 25   (L'audience est levée à 10 heures 55.)