Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL             

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3                           Mardi 08 juin 1999

  4               L'audience est ouverte à 10 heures 10.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour Messieurs les Juges.

  6   Affaire IT-95-14/2-PT, le Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  7   M. le Président (interprétation). - Maître Lopez-Terres ?

  8   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

  9   nous recevons ce matin un témoin, un témoin du nom d'Ekrem Mahmutovic, qui

 10   va nous indiquer et nous fournir quelques indications sur des faits qui

 11   sont survenus dans la municipalité de Vares et dans le village de

 12   Stupni Do dans les années 1992-1993.

 13   Monsieur Mahmutovic va, au cours...

 14   M. le Président (interprétation). - Il y a d'abord la

 15   déclaration solennelle, Monsieur Lopez-Terres, que le témoin en donne

 16   lecture.

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Je déclare solennellement que

 18   je dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

 19   M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir,

 20   Monsieur.

 21   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 22   comme je l'indiquais, M. Mahmutovic va évoquer des faits survenus dans la

 23   municipalité de Vares et dans le village de Stupni Do dans les années

 24   1992-1993. Il va être amené, au cours de sa déposition, à donner le nom de

 25   sept lieux ou localités qui apparaissent sur des cartes dont nous


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  1   disposons.

  2   Je me propose, avant d'entamer sa déposition, de soumettre au

  3   témoin les deux cartes qui ont été préparées à cet effet et sur lesquelles

  4   il pourrait désigner les différentes localités dont nous allons parler

  5   dans sa déposition.

  6   Il s'agit des cartes faisant l'objet des pièces à conviction

  7   Z 2612-4 et Z 2612-5 que je demande à M. l'huissier de présenter au

  8   témoin.

  9   (Les documents sont remis au témoin et aux parties.)

 10   M. Lopez-Terres. - Monsieur Mahmutovic, vous disposez des deux

 11   cartes qui vous ont été présentées. Successivement, sur ces deux cartes,

 12   en commençant par la plus grande, la carte 2612-4, pouvez-vous localiser

 13   les différents lieux dont nous allons parler et que vous avez évoqués dans

 14   votre témoignage, à savoir pouvez-vous indiquer où se trouve Vares sur la

 15   carte ?

 16   (Le témoin montre l'emplacement.)

 17   Est-ce que le document apparaît sur l'écran ? Oui.

 18   Vous pouvez désigner à nouveau ? Pouvez-vous montrer à nouveau

 19   où se trouve Vares sur la carte ?

 20         (Le témoin s'exécute.)

 21   Je vous remercie.

 22   Nous serons amenés également à évoquer au cours de votre

 23   déposition la localité de Strijezevo.

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Vares se trouve au nord-est de

 25   Sarajevo, sur la route Sarajevo-Vares-Olovo, à une cinquantaine de


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  1   kilomètres. La montagne qui se trouve près de Vares est Zvijezda.

  2   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous indiquer où se trouve la localité

  3   de Strijezevo ? Pardonnez-moi pour la mauvaise prononciation.

  4   (Le témoin montre l'emplacement.)

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Strijezevo se trouve au sud-

  6   ouest de Vares, à droite de la route qui mène à Sarajevo, à treize

  7   kilomètres environ de Vares.

  8   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous indiquer où se trouve la localité

  9   de Dabravina ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Dabravina se trouve sur la

 11   route Sarajevo-Vares, à quatorze kilomètres de Vares.

 12   M. Lopez-Terres. - Je vous demande également de situer le point

 13   dénommé Paytov Han.

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Paytov Han est à cinq

 15   kilomètres de Vares. Il se trouve sur l'axe Sarajevo-Vares.

 16   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous montrer où se situe la ville de

 17   Kiseljak par rapport à Vares ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Kiseljak se trouve au sud-

 19   ouest, je ne sais pas exactement à combien de kilomètres.

 20   M. Lopez-Terres. - Je vous demande de prendre la seconde carte

 21   temporairement et de désigner sur cette carte les localités de Brgvne, ou

 22   le point qui s'appelle Brgvne sur la seconde carte.

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Ce n'est pas l'appellation

 24   exacte. Il s'agit de Brgvne qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de

 25   Vares. C'est à l'est du centre ville.


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  1   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous désigner enfin le village de

  2   Stupni Do en nous indiquant à quelle distance il se trouve de Vares ?

  3   M. Mahmutovic. (interprétation). - Stupni Do se trouve à gauche

  4   de la route Vares-Sarajevo, à deux kilomètres et demi de Vares Majdan, un

  5   quartier de la ville de Vares. Stupni Do se situe au sud-est.

  6   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie pour ces précisions. Vous

  7   pouvez éteindre l'appareil maintenant.

  8   (L'huissier s'exécute.)

  9   Maintenant que la géographie est plantée, si je peux dire, nous

 10   allons évoquer ensemble, Monsieur Mahmutovic, les informations que vous

 11   avez pu donner telles qu'elles résultent de votre déclaration faite auprès

 12   du Bureau du Procureur le 3 décembre 1998, et également des modifications

 13   ou des ajouts auxquels vous avez procédé postérieurement à ces

 14   déclarations.

 15   Je vous demande, s'il vous plaît, après que j'ai résumé ces

 16   déclarations, de répondre par oui ou par non de façon concise et précise,

 17   et éventuellement, si j'ai des précisions à vous demander, je le ferai.

 18   Monsieur Ekrem Mahmutovic, vous êtes né en 1950 dans la

 19   municipalité de Breza.

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, sur le territoire de la

 21   municipalité de Breza, dans le village de Mahmutovicjkle.

 22   M. Lopez-Terres. - Vous avez étudié les sciences politiques

 23   pendant deux années à Sarajevo, et ensuite avez effectué votre service

 24   militaire à l'école des officiers d'artillerie de Zadar, en Croatie. Est-

 25   ce exact ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai fait mon service

  2   militaire à Zadar, à l'école des officiers de réserve, section artillerie.

  3   M. Lopez-Terres. - Lorsque vous avez terminé votre service

  4   militaire, vous êtes rentré à Vares où vous avez d'abord travaillé dans

  5   les mines, puisque Vares est une ville minière, et ensuite vous avez été

  6   employé dans une usine qui fabriquait du matériel d'optique pour

  7   l'artillerie.

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  9   M. Lopez-Terres. - En avril 1992, vous avez été nommé commandant

 10   d'une unité de reconnaissance au sein de la Défense territoriale

 11   conjointe, à Vares.

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, en 1992 j'ai été nommé

 13   commandant de l'unité de reconnaissance.

 14   M. Lopez-Terres. - En juillet 1992, vous avez été nommé

 15   commandant de la Défense territoriale de la municipalité de Vares.

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, suite à l'ordre du chef

 17   d'état-major de la Défense territoriale, M. Sefer Halilovic, cela s'est

 18   passé le 14 juillet.

 19   M. Lopez-Terres. - Vous avez quitté l'armée de Bosnie-

 20   Herzégovine avec le grade de capitaine de première classe en

 21   décembre 1995.

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 23   M. Lopez-Terres. - Vous habitez à Vares depuis 1961.

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, depuis 1961.

 25   M. Lopez-Terres. - Et vous êtes actuellement consultant en


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  1   matière de de défense auprès des services de police à Vares.

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  3   M. Lopez-Terres. - Vous avez été membre du parti SDP, le Parti

  4   Socialiste Démocrate, et actuellement vous exercez les fonctions de vice-

  5   président à Vares d'un parti multi-ethnique qui s'appelle le Zabih, Z-A-B-

  6   I-H, qui a été créé après le conflit.

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exact. Je suis

  8   vice-président du parti pour la Bosnie-Herzégovine Zabih à Vares.

  9   M. Lopez-Terres. - Bien. Après cette présentation, Monsieur

 10   Mahmutovic...

 11   M. Bennouna. - Maître, est-ce que l'on pourrait savoir de la

 12   part du témoin ce que signifie "Zabih" ? Si l'on peut avoir une

 13   précision ?

 14   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous donner cette indication sur le

 15   sens, sur le programme éventuellement du parti Zabih ?

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Le parti pour la Bosnie-

 17   Herzégovine, donc le parti Zabih, a été créé il y a deux ans. Monsieur

 18   Haris Silajdzic est le président du parti. Ce parti a son programme qui

 19   m'a incité à devenir membre de ce parti. Dans ce programme figure un

 20   objectif, c'est celui de sauvegarder la Bosnie dans ses frontières

 21   historiques et que tous ceux qui ont été obligés de quitter leur maison

 22   reviennent chez eux. Ce parti lutte pour la coexistence de tous les

 23   habitants de Bosnie-Herzégovine.

 24   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie, Monsieur Mahmutovic. Nous

 25   allons évoquer maintenant, après cette présentation, les événements qui se


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  1   sont produits à Vares, dans la municipalité, en partant des élections

  2   de 1990.

  3   Tout d'abord, quelques indications sur la municipalité elle-même

  4   de Vares. Le recensement qui a été effectué en 1991 indique qu'il y avait

  5   à Vares, à l'époque, environ 22 800 habitants, dont 44 % étaient des

  6   Croates, 33 % des Musulmans et 16 % des Serbes.

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il s'agit des données

  8   conformes au recensement de 1991. Ce sont les statistiques qui ont été

  9   publiées.

 10   M. Lopez-Terres. - Lors des élections qui ont eu lieu fin 1990,

 11   c'est le Parti Socialiste Démocrate, le SDP, qui a obtenu le plus grand

 12   nombre de voix. Le HDZ, l'Union Démocratique Croate, est arrivé en

 13   deuxième et le SDA, Parti de l'Action Démocratique, dont les membres

 14   étaient pour la plupart musulmans, est arrivé en troisième position. C'est

 15   bien exact ?

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exact. C'est

 17   l'ordre qui apparaissait sur la liste : SDP, HDZ, SDA ; après, le parti

 18   UBSD, mais le pourcentage de voix était minime.

 19   M. Lopez-Terres. - Après ces élections, les postes et les

 20   fonctions au sein de la municipalité ont été répartis en tenant compte des

 21   résultats qui avaient été obtenus par ces trois partis. C'est ainsi que le

 22   maire qui a été élu, à l'époque, était un Croate qui était issu du SDP et

 23   qui s'appelait M. Andrijevic Dario.

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, Dario Andrijevic a occupé

 25   le poste selon les voix ; donc il a été nommé maire de la municipalité de


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  1   Vares.

  2   M. Lopez-Terres. - De la même façon, et en fonction de ces voix

  3   obtenues, le commandant de la Défense territoriale, à l'époque conjointe à

  4   Vares, était lui aussi un Croate qui était membre du même parti SDP.

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  6   M. Lopez-Terres. - Les relations qui existaient après ces

  7   élections, dans les années 1991 jusqu'en 1992, étaient des relations entre

  8   les diverses nationalités de la municipalité, étaient des relations que

  9   vous pouvez qualifier de bonnes, d'harmonieuses ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Les relations étaient très

 11   bonnes.

 12   M. Lopez-Terres. - A la fin du mois de mars 1992, le commandant

 13   de la Défense territoriale conjointe, dont nous venons de parler, ce

 14   Croate issu du SDP, a été remplacé par M. Borivoje Malbasic qui était un

 15   autre Croate, lui-même issue du parti SDP, mais qui, d'après ce que vous

 16   avez indiqué, était plus ouvert aux idées du parti nationaliste croate, le

 17   HDZ

 18   M. Stein (interprétation). – Objection, Monsieur le Président.

 19   Je fais objection à cette question.

 20   M. le Président (interprétation). - Quel est le problème,

 21   Maître Stein ?

 22   M. Stein (interprétation). –  Eh bien, je fais objection quant à

 23   ce que vient de dire le témoin, quant à ses conclusions. Il s'agit, là,

 24   d'analyses politiques. Ce ne saurait être accepté.

 25   M. le Président (interprétation). - Peut-être que cela est


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  1   contesté.

  2   Maître Lopez-Torres, effectivement, puisque c'est le cas, tâchez

  3   d'aiguiller le témoin sur une voie un peu plus neutre, peut-être ?

  4   M. Lopez-Terres. – Monsieur Borivoje Malbasic était un membre du

  5   SDP. Monsieur Mahmutovic, c'est bien exact ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il a été officiellement

  7   membre du SDP.

  8   M. Lopez-Terres. - Est-ce que bien qu'étant membre du SDP,

  9   M. Borivoje Malbasic avait des idées proches de celles du parti croate, le

 10   HDZ ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne peux pas parler de cela.

 12   Je ne peux pas parler de ses idées et de ses sentiments. Je sais qu'il

 13   était membre du SDP et, en tant que membre de ce parti, il a été nommé

 14   commandant de la Défense territoriale.

 15   La raison en était que son prédécesseur ne remplissait pas les

 16   fonctions selon les exigences du HDZ.

 17   M. Lopez-Terres. - Est-ce que la nomination de M. Malbasic s'est

 18   faite avec l'aval, le consentement du parti HDZ ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 20   M. Lopez-Terres. - Dans la période qui a suivi la nomination de

 21   M. Malbasic, le HVO a commencé à former ses propres forces militaires, ses

 22   forces étant séparées des forces de la Défense territoriale qui étaient

 23   conjointes jusque-là. Ces forces ont commencé à porter des signes

 24   distinctifs particuliers, notamment des écussons sur lesquels apparaissait

 25   le damier rouge et blanc.


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exactement cela.

  2   Petit à petit, les unités de la Défense territoriale se sont séparées

  3   parce qu'une partie portait des écussons avec le damier alors que le reste

  4   des unités portait l'insigne de Vares uniquement.

  5   M. Lopez-Terres. - Vous avez pu constater, à la même époque, que

  6   les forces du HVO recevaient de nouveaux uniformes, de nouveaux

  7   équipements, des armes, du matériel, alors que concomitemment, vous

  8   constatez que la Défense territoriale, de son côté, ne recevait rien et

  9   avait même des difficultés à recevoir de la nourriture. Est-ce bien

 10   exact ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact.

 12   Votre présentation est tout à fait correcte.

 13   M. Lopez-Terres. - Les forces du HVO ont également commencé à

 14   parader, parfois en armes, dans les rues de Vares.

 15   M. Mahtmutovic (interprétation). - Oui.

 16   M. Lopez-Terres - Quel était l'effet de ces parades sur la

 17   population locale, en particulier la population musulmane ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - On avait l'impression qu'il

 19   s'agissait de la présentation des forces du HVO en tant que puissance. Ils

 20   voulaient donner cette impression. C'était une démonstration de la force,

 21   de leur force.

 22   M. Lopez-Terres. - Au début du mois de mai 1992, le même

 23   Borivoje Malbasic a pris un ordre par lequel il décidait de changer le nom

 24   du quartier général de la Défense territoriale conjointe, qui devenait,

 25   désormais, le quartier général opérationnel.


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  1   Puis le quartier général lui-même du HVO est devenu autonome. Il

  2   a été déplacé et il s'est installé à environ 3 kilomètres de Vares dans un

  3   hôtel qui était l'hôtel Ponikve.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, si vous

  5   me permettez, il me semble que les questions de mon collègue sont trop

  6   tendancieuses. Il a posé toutes les questions. Le témoin n'a même pas des

  7   réponses à fournir. Donc je m'oppose à ce que ces questions soient aussi

  8   tendancieuses. Laissons le témoin parler.

  9   M. le Président (interprétation). – Monsieur Naumovski, est-ce

 10   que l'un quelconque de ces points est contesté ? Apparemment, il s'agit là

 11   de points de faits qui sont reconnus de part et d'autre. Est-ce qu'il y a

 12   contestation du fait que le HVO et son quartier général se trouvaient dans

 13   un hôtel ? Est-ce que c'est un point que vous contestez ?

 14   M. Naumovski (interprétation). - Non, ce n'est pas un point que

 15   je conteste, mais ce que je demande, c'est que mon collègue pose des

 16   questions d'une autre façon et se concentre sur ce pour quoi le témoin a

 17   été amené à témoigner.

 18   Il s'agit de faits, il n'y a pas de contestation là-dessus. Mais

 19   dans son introduction, le substitut du Procureur a dit que le témoin avait

 20   quelques changements, modifications à apporter à sa déclaration. La

 21   défense n'est pas au courant de cela.

 22   M. le Président (interprétation). - Maître Naumovski, la

 23   question est la suivante. Si ces différents points de fait ne sont pas

 24   contestés, s'ils sont reconnus par les deux parties, que nous parlions de

 25   la localisation du quartier général du HVO dans un bâtiment particulier,


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  1   pourquoi ne pas aider le témoin à répondre sur ces faits ?

  2   Si, en revanche, il y a des faits contestés, alors bien

  3   évidemment la question se pose de façon différente. Mais pour l'instant,

  4   nous perdons beaucoup de temps si nous nous arrêtons sur des points qui ne

  5   font l'objet d'aucun litige.

  6   Monsieur Lopez-Terres, lorsque vous allez aborder des sujets

  7   disons plus controversés, ayez l'obligeance de ne pas formuler à la fois

  8   la question et la réponse. Si nous parlons de l'accusé, par exemple,

  9   tâchez de poser la question de façon neutre.

 10   M. Lopez-Terres. - Oui.

 11   M. Bennouna. - Maître Naumovski, je crois que nous nous sommes

 12   mis d'accord avec vous et avec le Procureur pour cette méthode de travail.

 13   Nous n'allons pas la rediscuter chaque fois. Nous vous avons demandé votre

 14   coopération pour que ce procès soit mené de la façon la plus juste

 15   possible, mais aussi la plus efficace possible et la plus rapide, et vous

 16   avez donné votre accord.

 17   Sur la méthode, je crois qu'il faut... Nous sommes d'accord là-

 18   dessus. Maintenant, s'il y a un point contesté, effectivement, il faut

 19   intervenir au moment où il y a une contestation. Vous ne pouvez pas

 20   remettre en cause la méthode dans son ensemble. Il y a eu déjà un accord

 21   là-dessus.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie.

 23   M. le Président (interprétation). - Maître Lopez-Terres,

 24   reprenez.

 25   M. Lopez-Terres. - Après cette installation du HVO dans un


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  1   quartier général distinct, il apparaît également que le HDZ et le HVO de

  2   Vares ont mis en place une unité de police militaire qui était composée

  3   d'une quarantaine de membres, tous équipés d'un bon équipement et qui

  4   étaient de surcroît bien rémunérés. Est-ce exact ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Lopez-Terres. - Cette unité recevait des ordres d'une

  7   personne qui s'appelait Zvonko Duznovic, que vous avez qualifié comme l'un

  8   des Croates les plus...

  9   M. le Président (interprétation). - En revanche, ici je crois

 10   que nous abordons des sujets où vous n'êtes pas en droit à la fois de

 11   poser la question et d'y apporter la réponse. Je crois que peut-être ce

 12   point-là serait susceptible d'être contesté. Demandez donc simplement au

 13   témoin qui était M. Duznovic et posez-lui des questions y afférant.

 14   M. Stein (interprétation). - Excusez-moi, mais est-ce que vous

 15   disposez du sommaire qui nous a été remis par l'accusation, Monsieur le

 16   Président ?

 17   M. le Président (interprétation). - Certainement et ce point

 18   apparaît au paragraphe 20.

 19   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous parler de M. Zvonko Duznovic

 20   et des liens éventuels que celui-ci avait avec l'unité de police militaire

 21   dont nous venons de parler ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Zvonko Duznovic travaillait

 23   avec moi dans la même entreprise, dans l'usine sidérurgique de Vares.

 24   Suite au déclenchement du conflit en Bosnie-Herzégovine, il est devenu

 25   membre du HDZ et il a été nommé par la suite officier chargé de la


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  1   sécurité au sein de l'état-major de la Défense territoriale.

  2   M. Lopez-Terres. - Etait-il un militant très actif, très engagé

  3   au sein du HDZ ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Je sais que tout ce qu'il

  5   s'était fixé comme objectif, il le réalisait. Il était responsable et il

  6   mettait à exécution tous les ordres avec cette commission.

  7   M. Lopez-Terres. - Monsieur Duznovic avait-il une influence sur

  8   cette unité de police militaire ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Monsieur Dusnovic était un

 10   homme d'influence. Il avait de l'influence sur l'unité en question.

 11   M. Lopez-Terres. - Quelles ont été les actions de cette police

 12   militaire dans la ville de Vares sitôt qu'elle a été mise en place ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - L'unité a été créée et tout de

 14   suite après ils ont procédé à des actions. La première était une attaque

 15   qu'ils avaient effectuée contre un village serbe, Planica. Ensuite, ils

 16   ont imposé leur contrôle sur tout le territoire de la municipalité de

 17   Vares. Ils ont érigé des points de contrôle, des postes de contrôle et ils

 18   les surveillaient avec diligence.

 19   M. Lopez-Terres. - Vous avez indiqué que M. Duznovic était une

 20   personne qui avait de l'autorité et de la conviction. Est-ce que cette

 21   autorité et cette conviction s'exerçaient également sur

 22   M. Borivoje Malbasic ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Je souscris à ce que j'ai dit.

 24   Oui, c'est exactement de cela qu'il s'agissait.

 25   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous parler d'une conversation que


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  1   vous avez eue un jour avec M. Borivoje Malbasic à propos des actions et du

  2   rôle de Zvonko Duznovic ?

  3   M. Stein (interprétation). - Avec votre autorisation, Monsieur

  4   le Président, je ferai valoir qu'il s'agit ici de ouï-dire et de rien

  5   d'autre et que ce n'est pas du tout pertinent en l'espèce.

  6   M. le Président (interprétation). - Maître Stein, nous ne

  7   parlons pas ici d'un procès au sein d'une juridiction interne. Nous

  8   n'avons pas à ménager un jury. Nous sommes ici dans le cadre d'un procès

  9   se tenant devant un Tribunal international et devant des Juges

 10   professionnels. Vous savez fort bien ce que dit le Règlement en matière de

 11   ouï-dire et vous êtes conscient du fait que cela ne s'applique pas ici. Il

 12   serait bon de laisser le témoin s'exprimer sans interruption permanente.

 13   M. Stein (interprétation). - Je comprends, Monsieur le

 14   Président, mais quelle est la pertinence de tout ceci ?

 15   M. le Président (interprétation). - C'est à nous d'en juger.

 16   M. Stein (interprétation). - Je me conforme à votre désir,

 17   Monsieur le Président.

 18   M. le Président (interprétation). - Mais tâchons d'avancer tout

 19   de même, s'il vous plaît.

 20   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous rapporter cette conversation que

 21   vous aviez eue avec M. Malbasic un jour, rapidement, en quelques mots ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - D'accord, suite à l'ordre de

 23   M. Malbasic, j'ai été nommé commandant d'une unité de reconnaissance de la

 24   Défense territoriale et, selon la chaîne de commandement, j'étais

 25   responsable devant lui. Lorsque je lui ai demandé de mettre tout en oeuvre


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  1   afin que mes soldats ne soient pas soumis à des mauvais traitements, ce

  2   qui leur arrivait souvent, -en ville, ils étaient harcelés-, il a dit, il

  3   m'a répondu qu'il ne pouvait rien faire puisque M. Duznovic ne l'écoutait

  4   pas.

  5   M. Lopez-Terres. - Est-ce que cette influence de M. Duznovic

  6   atteignait également le président du HDZ de l'époque, M. Ante Pejcinovic ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il s'agissait d'une

  8   relation identique entre MM. Pejcinovic et Duznovic, il s'agissait d'une

  9   même relation que celle qui existait déjà entre MM. Malbasic et Duznovic.

 10   M. Lopez-Terres. - Avez-vous entendu M. Duznovic tenir des

 11   discours hostiles aux Musulmans sur Radio Vares ?

 12   M. le Président (interprétation). - Contentez-vous de demander

 13   au témoin ce qu'a dit M. Duznovic.

 14   Pourriez-vous répondre à cette question, Monsieur Mahmutovic ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, je

 16   vais tâcher de me souvenir des paroles exactes que j'ai entendues à Radio

 17   Vares. Il disait que Vares était une ville croate, que Vares resterait une

 18   ville croate, que la vie commune avec d'autres nationalités était

 19   impossible, que ce n'étaient que les Croates qui pouvaient y vivre.

 20   M. Lopez-Terres. - Est-ce que ce type de propos ont été repris

 21   par d'autres modes dans la ville, et en particulier avez-vous vu des

 22   panneaux d'affichage reprenant ces slogans ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, dans quelques endroits

 24   publics, quelques lieux étaient réservés aux affiches et on y voyait

 25   souvent des slogans qui s'adressaient aux Croates en les appelant au


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  1   ralliement national, où l'on disait également que Vares était une ville

  2   croate où ils devaient rester vivre et que toute vie commune avec les

  3   autres, les membres des autres communautés, était impossible.

  4   M. Lopez-Terres. - Avez-vous été informé, dans le courant du

  5   mois de juin 1992, de ce que le HDZ et le HVO projetaient de prendre le

  6   pouvoir à Vares pour la date du 15 juin 1992 ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exact. J'ai été

  8   informé que cette attaque allait avoir lieu, que le HDZ et le HVO avaient

  9   projeté de l'effectuer et qu'ils s'apprêtaient à prendre le contrôle sur

 10   tout le territoire de la municipalité de Vares.

 11   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu voir un document sur lequel ce

 12   projet apparaissait, un ordre d'attaque ou de prise de pouvoir de Vares ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Je n'ai pas vu ce document à

 14   l'époque, mais je l'ai vu par la suite, après que l'attaque a eu lieu.

 15   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous indiquer dans quelles

 16   circonstances vous avez vu ce document et par qui il était signé ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Le document sur la prise de

 18   pouvoir à Vares a été signé par M. Malbasic. Je l'ai vu dans nos archives.

 19   M. Lopez-Terres. - Quand ce document a-t-il été découvert et

 20   quand l'avez-vous vu personnellement ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Je l'ai vu personnellement

 22   quelques jours après que les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine sont

 23   entrées à Vares.

 24   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous situer la date de la prise de

 25   Vares par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine

  2   a pris le pouvoir à Vares le 4 novembre 1993.

  3   M. Lopez-Terres. - Puisque vous avez vu ce document, est-ce que

  4   vous pouvez nous dire en quelques mots quels étaient les ordres, les

  5   instructions qui figuraient sur celui-ci  et à qui il était destiné ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - L'ordre était destiné aux

  7   unités qui devaient mettre à exécution cet ordre. Il s'agissait de l'unité

  8   de police militaire, d'une partie des forces de l'unité commando. Le

  9   document contenait les instructions quant à l'ordre de la prise de

 10   certains bâtiments : le bâtiment de la police civile, de la poste, de

 11   Radio Vares, de la municipalité, de la banque, etc., enfin... les

 12   établissements les plus importants dans la ville.

 13   M. Lopez-Terres. - Lorsque vous avez été informé de ce projet,

 14   aux environs de début juin, projet qui devait se réaliser le 15 juin,

 15   avez-vous décidé de prendre des mesures particulières pour vous opposer à

 16   ce projet ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, mon unité se trouvait...

 18   Le siège de l'unité se trouvait dans le bâtiment de la police, au deuxième

 19   étage, dans un bureau qui avait appartenu auparavant à l'état-major de la

 20   Défense territoriale. Le commandant qui était de service à l'époque a été

 21   chargé de renforcer les postes de garde qui étaient les postes tenus par

 22   mon unité, les membres de mon unité.

 23   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous indiquer ce qui vous est

 24   arrivé le 15 juin 1992, vers minuit ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Vers minuit, j'ai reçu un coup


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  1   de fil de Dario Andrijevic, le maire. Il me convoquait à une réunion

  2   urgente. Conformément à l'ordre de M. Malbasic, la réunion devait avoir

  3   lieu dans le bâtiment de la police.

  4   M. Lopez-Terres. - Quelles autres personnes avez-vous

  5   rencontrées lors de cette réunion ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Ont participé à la réunion

  7   Duznovic, Pejcinovic, Dario Andrijevic, Malbasic et moi-même.

  8   M. Lopez-Terres. - Que vous ont-ils demandé au cours de cette

  9   réunion ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils m'ont demandé pourquoi

 11   j'avais renforcé les postes de garde, qui m'en avait donné l'autorisation.

 12   M. Lopez-Terres. - Qu'avez-vous répondu et quelle a été la

 13   réaction ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Je leur ai dit que je l'avais

 15   fait de mon propre chef parce que j'avais des indications selon lesquelles

 16   quelque chose allait se passer, un événement se préparait, et c'est pour

 17   cela que j'ai émis l'ordre de renforcer la sécurité.

 18   M. Lopez-Terres. - A la fin de cette rencontre, quelle décision

 19   a été prise à votre sujet ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils m'ont donné l'ordre de me

 21   présenter au commandement le lendemain, donc l'état-major qui se trouvait

 22   dans l'hôtel Ponikve. J'ai reçu l'ordre de quitter la ville avec mon unité

 23   afin d'effectuer une reconnaissance sur le territoire de Nisici, du

 24   plateau de Nisici.

 25   M. Lopez-Terres. - Cette reconnaissance concernait la ligne de


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  1   front avec les Serbes, c'est bien cela ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il s'agissait d'une

  3   reconnaissance de profondeur du territoire serbe.

  4   M. Lopez-Terres. - Quel était l'effectif de votre unité ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Mon unité était créée selon le

  6   règlement qui régissait l'ancienne JNA, j'avais 45 hommes.

  7   M. Lopez-Terres. - Quarante-cinq hommes. Est-ce qu'il y avait

  8   d'autres unités que la vôtre dans la ville de Vares au mois de juin 1992 ?

  9   D'autres unités de la Défense territoriale, j'entends.

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Les unités de la Défense

 11   territoriale étaient organisées selon le système qui régissait l'ancienne

 12   JNA . Ces unités étaient des unités de réserve. Suite aux événements de

 13   Sarajevo, ces unités ont été activées et...

 14   M. Lopez-Terres. - Excusez-moi de vous interrompre, Monsieur

 15   Mahmutovic. Ma question est la suivante : y avait-il d'autres soldats

 16   d'unités territoriales de défense dans la ville de Vares au mois de

 17   juin 1992 en dehors de votre propre unité ? N'y avait-il que 45 soldats de

 18   la Défense territoriale ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, il s'agissait d'une seule

 20   unité qui se trouvait dans la ville même.

 21   M. Lopez-Terres. - Les autres unités de la Défense territoriale

 22   étaient-elles situées à l'extérieur de la ville ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Les autres unités ont été

 24   positionnées dans les communautés locales et dans la caserne de Zabrede.

 25   M. Lopez-Terres. - Je reformule ma question encore une fois. Le


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  1   15 juin 1992, votre unité de 45 hommes était la seule unité qui se

  2   trouvait dans la ville de Vares pour la Défense territoriale ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  4   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Vous aviez déjà effectué

  5   des reconnaissances à Nisici dans le passé ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  7   M. Lopez-Terres. - Etait-il indispensable de vous envoyer à

  8   Nisici le 15 juin 1992 ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 10   M. Lopez-Terres. - Quelles opérations avez-vous effectuées à

 11   Nisici à l'époque ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Nous avions reçu des ordres du

 13   commandant de l'état-major Borivoje Malbasic, d'effectuer une

 14   reconnaissance des positions de l'armée serbe sur le plateau de Nisici.

 15   M. Lopez-Terres. - Avez-vous eu l'impression en recevant cet

 16   ordre, le 15 juin 92 de vous rendre à Nisici, qu'on vous envoyait sur le

 17   front serbe pour vous éloigner de la ville de Vares ?

 18   M. le Président (interprétation). - C'est peut-être un

 19   commentaire, Monsieur Lopez-Terres. Il incombera aux Juges de trancher. Je

 20   vous en prie.

 21   M. Lopez-Terres. - Lorsque vous êtes rentré de Nisici où vous

 22   avez passé 15 jours, donc le 1er juillet 1992, lorsque vous êtes rentré à

 23   Vares avec votre unité, qu'avez-vous constaté ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Les unités du HVO se

 25   trouvaient dans leurs effectifs de combat et elles étaient déployées sur


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  1   les lieux que j'ai déjà mentionnés.

  2   M. Lopez-Terres. - Avez-vous constaté que le HVO avait pris le

  3   contrôle de la ville ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, cette conclusion

  5   s'imposait. On ne pouvait entrer dans aucun des bureaux, même dans le mien

  6   je ne pouvais pas y entrer, je n'y avais pas accès.

  7   M. Lopez-Terres. - Est-ce qu'un nouveau maire avait été désigné

  8   pour la ville de Vares ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai essayé de contacter par

 10   téléphone les représentants de la Défense territoriale, l'état-major. Je

 11   n'ai pas réussi. Donc j'ai appris très rapidement que M. Anto Pejcinovic

 12   avait remplacé l'ancien maire.

 13   M. Lopez-Terres. - Monsieur Pejcinovic était le Président du HDZ

 14   à Vares. C'est bien cela ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 16   M. Lopez-Terres. - Est-ce que le chef de la police avait

 17   également été remplacé ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, le chef de la police a

 19   été remplacé par Ivica Gavran. Je parle de la police civile.

 20   M. Lopez-Terres. - Monsieur Pejcinovic, le nouveau maire, a-t-il

 21   mis en place une nouvelle équipe pour assurer les fonctions municipales ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Une grande partie des organes

 23   du gouvernement municipal a été occupée par une nouvelle équipe,

 24   effectivement.

 25   M. Lopez-Terres. - Quelques Musulmans sont restés au sein de


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  1   cette équipe, je crois. Pouvez-vous nous indiquer quelles fonctions ces

  2   personnes avaient ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, un certain nombre de

  4   Musulmans se sont vu attribuer certains postes. Il s'agissait du service

  5   de santé, du service de l'éducation, des finances et, il me semble, de la

  6   protection civile également.

  7   M. Lopez-Terres. - S'agissait-il, selon vous, des fonctions les

  8   plus importantes au sein de la municipalité ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, il me semble qu'il ne

 10   s'agissait pas de postes de fonction importante.

 11   M. Lopez-Terres. - Le 1er juillet 1992, un nouvel ordre a été

 12   pris par M. Borivoje Malbasic concernant la Défense territoriale. Pouvez-

 13   vous nous parler de cet ordre ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - L'ordre a été émis dans le but

 15   d'interdire toute activité de la Défense territoriale.

 16   M. Lopez-Terres. - Vous avez vu ce document personnellement ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'en ai reçu une copie.

 18   On m'a dit que je n'avais plus le droit de m'occuper de la Défense

 19   territoriale.

 20   M. Lopez-Terres. - Le 2 ou le 3 juillet 1992, l'ancien maire,

 21   M. Andrijevic, a démissionné, n'est-ce pas ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il a démissionné. J'étais

 23   là lorsqu'il a remis ses fonctions à l'adjoint au maire,

 24   Mlle Mervana Hadzimurtezic.

 25   M. Lopez-Terres. - A l'époque dont nous parlons, donc en


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  1   juillet 1992, avez-vous constaté dans la ville que des proclamations

  2   avaient été apposées à l'attention de la population croate de Vares ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Plusieurs proclamations. A

  4   cette date-là, il y en a eu une : tous les Croates étaient appelés à se

  5   rassembler, à se rallier.

  6   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, à la même époque, le HVO de Vares

  7   a décidé d'interdire les autres partis politiques que le HDZ ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, tous les autres partis

  9   ont été interdits, ainsi que tout rassemblement politique.

 10   M. Lopez-Terres. - Est-ce qu'il y a eu également des

 11   proclamations diffusées dans la ville selon lesquelles le HVO de Vares ne

 12   reconnaissait pas la présidence de la République à Sarajevo ou le quartier

 13   général de l'armée de Bosnie à Sarajevo également ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 15   M. Lopez-Terres. - Quelles étaient les personnes, selon ces

 16   proclamations, que le HVO reconnaissait comme étant les seules personnes

 17   légitimées à donner des ordres ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Il s'agissait de la chaîne de

 19   commandement qui nous menait jusqu'à Grude, donc Kiseljak, le territoire

 20   de Bosnie centrale, Busovaca, Grude. Il s'agissait de cette chaîne-là.

 21   Je ne peux pas parler de cette chaîne avec beaucoup de

 22   précision. Je ne sais pas dans quelle direction... Est-ce que Kiseljak

 23   venait d'abord ou pas, je ne peux pas le dire, mais c'est de cela en tout

 24   cas qu'il s'agissait.

 25   M. Lopez-Terres. - Ma question concernait des affichages ou des


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  1   proclamations relatives à M. Mate Boban et à M. Franjo Tudjman. Y a-t-il

  2   eu des proclamations concernant ces deux personnes ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai vu une affiche avec

  4   un contenu pareil, où il était écrit qu'effectivement ils étaient

  5   responsables devant Mate Boban et que Franjo Tudjman était leur président.

  6   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, à partir du mois de juillet 1992,

  7   vous avez constaté des restrictions apportées à la liberté d'aller et

  8   venir des Musulmans de la ville de Vares ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, quelques changements sont

 10   survenus. Les personnalités, les personnes de notoriété dans la vie

 11   politique de Vares ont été arrêtées, par exemple. Ensuite, s'agissant de

 12   la liberté de mouvement, on ne pouvait pas quitter le territoire de la

 13   municipalité sans autorisation préalable signée par Zvonko Duznovic.

 14   M. Lopez-Terres. - Une fois cette prise de contrôle effectuée

 15   par le HVO sur la ville de Vares, avez-vous entendu dire qu'un ordre avait

 16   été donné par l'accusé Dario Kordic pour procéder à cette prise de

 17   pouvoir ?

 18   M. le Président (interprétation). - Si une question est posée

 19   relative à l'un des deux accusés, à moins qu'elle ne fasse l'objet

 20   d'aucune contestation, je demanderai à ce que ladite question soit posée

 21   de façon parfaitement neutre.

 22   M. Lopez-Terres. - A votre connaissance, l'accusé Dario Kordic

 23   a-t-il, d'une façon ou d'une autre...

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Lopez-Terres,

 25   demandez simplement si le témoin a entendu dire quoi que ce soit à propos


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  1   de Dario Kordic pendant cette période de temps.

  2   Monsieur Mahmutovic, êtes-vous à même de répondre à cette

  3   question ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu à plusieurs

  5   reprises parler de Dario Kordic, depuis l'instant même où il a pris les

  6   fonctions du président du HDZ. J'ai entendu parler de lui par la suite,

  7   bien sûr.

  8   M. Lopez-Terres. - Avez-vous eu des informations selon

  9   lesquelles l'accusé Dario Kordic aurait pu donner des instructions

 10   relatives à la prise du pouvoir à Vares par le HVO ?

 11   M. le Président (interprétation). - Oui, Maître Stein ?

 12   M. Stein (interprétation). - Vous savez qu'au paragraphe 49 il

 13   est précisé : l'avocat essaie d'obtenir une partie de témoignage qui est

 14   tout à fait peu fiable hors présence de la personne. Nous ne connaissons

 15   pas le contexte. La personne qui a reçu l'information l'a-t-elle reçue

 16   d'autres personnes ? Apparemment, elle a obtenu ces informations après les

 17   événements, nous ne savons pas quand ni comment, ni les modalités. Tout ce

 18   contexte est replacé dans les dires de ce témoin en vertu de l'article

 19   89 (D) et (E). Objection.

 20   M. le Président (interprétation). - Monsieur Lopez-Terres, est-

 21   ce que vous pouvez demander au témoin, comment, dans quelles

 22   circonstances, il a entendu parler de M. Kordic ?

 23   M. Lopez-Terres. - Je me proposais de le faire, mais la défense

 24   intervient avant même que le témoin puisse parler. Elle objecte avant même

 25   de savoir ce que le témoin est en mesure de dire.


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  1   M. le Président (interprétation). - Oui, mais tout d'abord,

  2   avant que le témoin nous dise ce qu'il a entendu, il faudrait connaître

  3   les circonstances dans lesquelles il a entendu parler de cela.

  4   M. Lopez-Terres. - Dans quelles circonstances et par qui avez-

  5   vous entendu parler d'une implication possible de l'accusé Dario Kordic

  6   dans les instructions données pour cette prise de pouvoir à Vares ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Il y a eu un ordre qui disait

  8   qu'il fallait prendre le pouvoir à Vares rapidement. Il me semble que ce

  9   document existe dans les archives de Vares.

 10   M. Lopez-Terres. - Avez-vous vu personnellement cet ordre ? Vous

 11   a-t-il été rapporté par un tiers ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai vu cet ordre suite à

 13   l'entrée des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Vares et j'en ai

 14   entendu parler auparavant de mon officier qui était chargé de recueillir

 15   les informations.

 16   M. Lopez-Terres. - Quel était le nom de cet officier ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Son nom était

 18   Nenad Gvozdenovic.

 19   M. Lopez-Terres. - Si je comprends ce que vous nous indiquez,

 20   vous avez obtenu l'information d'abord de cette personne sur l'existence

 21   d'un tel ordre et ensuite vous avez pu voir vous-même cet ordre ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exactement comme

 23   cela que cela s'est passé.

 24   M. Stein (interprétation). - Franchement, j'avoue la surprise.

 25   Dans aucun des documents qui nous ont été remis, que ce soit le résumé de


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  1   ce qu'allait dire le témoin ou le résumé qui se trouve aujourd'hui devant

  2   vous en ce moment même, le texte qui s'en est suivi, ni dans la

  3   déclaration préalable du témoin, aucune indication ne nous dit qu'il a vu,

  4   de ses yeux vu, cet ordre. Tout ce que l'on a dit jusqu'à présent, c'est

  5   qu'il en avait entendu parler.

  6   M. le Président (interprétation). - Eh bien, vous pourrez poser

  7   la question au témoin au moment du contre-interrogatoire. Toutefois, le

  8   témoin dit avoir revu l'ordre, il peut donc déposer à propos de ce qu'il a

  9   dit avoir vu.

 10   M. Lopez-Terres. - Revenons à la chronologie des événements à

 11   Vares, Monsieur Mahmutovic. Lorsque le nouveau maire, M. Pejcinovic a été

 12   nommé, des membres de l'ancienne assemblée municipale ont formé une

 13   présidence de guerre, c'est comme cela que cette institution a été

 14   appelée, et c'est donc Mme Mervana Hadzimurtezic, une Musulmane qui était

 15   l'adjointe au maire qui est devenue la présidente.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président ?

 17   M. le Président (interprétation). - Un instant,

 18   Maître Naumovski, nous avons perdu de toute façon l'interprétation. Ce

 19   n'est pas passé. Est-ce que nous pourrions d'abord apprendre du témoin ce

 20   qu'il a vu dans ce document, dans cet ordre ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Il s'agit d'un ordre très bref

 22   selon lequel le HVO de Vares devait prendre tout le pouvoir sur le

 23   territoire de la municipalité de Vares.

 24   M. le Président (interprétation). - Et qui a signé cet ordre ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Mario Kordic a signé cet


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  1   ordre.

  2   M. Bennouna. - Pour compléter cette information, est-ce qu'on

  3   peut savoir du témoin dans quelles circonstances il a pu voir cet ordre ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai vu l'ordre en question

  5   dans les archives que j'ai pu voir, dans la municipalité de Vares.

  6   M. Lopez-Terres. - Si je peux me permettre, ces archives dont

  7   vous parlez sont celles dont vous avez parlé comme étant constituées par

  8   les documents qui ont été saisis par l'armée de Bosnie lorsqu'elle a

  9   repris la ville de Vares en novembre 1993 ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, ce n'est pas exactement

 11   ce que j'ai dit. Les archives se trouvaient dans la municipalité et je

 12   pouvais y avoir accès parce qu'elles se trouvaient chez Mme Hadzimurtezic.

 13   Par la suite, ils ont constitué les archives, mais je ne sais pas où elles

 14   se trouvent exactement.

 15   M. Lopez-Terres. - Ma question était : dans quelles

 16   circonstances ces documents ont-ils été découverts ? Vous avez déjà parlé

 17   d'autres documents préalablement.

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - La question n'est pas claire

 19   quant aux conditions. Peut-être voulez-vous me poser la question de savoir

 20   comment je les ai vus. Ils se trouvaient sur le bureau lorsque nous avons

 21   saisi les documents qui se trouvaient dans le bureau de M. Pejcinovic.

 22   M. Lopez-Terres. - Je reprends ce que je demandais. Ces

 23   documents qui ont été saisis, dont vous parlez, ils ont été saisis à

 24   l'occasion de la prise de la ville de Vares par l'armée de Bosnie ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Mais ce n'est pas l'armée


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  1   qui les a saisis, c'est Mme Hadzimurtezic qui les a trouvés dans son

  2   bureau. Le même jour, lorsque l'armée est entrée, les autorités civiles

  3   sont également entrées à Varez.

  4   M. Lopez-Terres. - L'ancien maire était donc parti de la ville

  5   et avait laissé des documents dans son bureau, si j'ai bien compris.

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  7   M. Bennouna. - C'est à quelle épopque exactement ? Peut-on

  8   savoir ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Si vous pensez au document, à

 10   l'instant où je l'ai vu, je l'ai vu donc deux ou trois jours plus tard,

 11   le 5 ou le 6 novembre 1993.

 12   M. Lopez-Terres. - Nous venons de parler de cette personne,

 13   Mme Hadzimurtezic, comme étant la présidente de cette institution appelée

 14   présidence de guerre. Cette institution a donc été constituée après la

 15   prise du pouvoir par le HVO. Elle est d'abord restée à Vares et ensuite a

 16   quitté la ville et s'est déplacée dans les deux localités dont nous avons

 17   parlé tout à l'heure, au début de votre déposition, les villes de

 18   Strijezevo et Dabravine. Est-ce bien cela ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Lorsqu'elle a été nommée

 20   à la tête de la municipalité et lorsque les arrestations ont eu lieu dans

 21   la ville même, j'ai pris la décision de déplacer l'état-major de la

 22   Défense territoriale, de le déplacer de la municipalité même, ainsi que

 23   les autorités civiles. Nous sommes allés à Strijezevo. Par la suite, à

 24   cause du climat, enfin des conditions météorologiques, nous avons déménagé

 25   à Dabravine.


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  1   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous indiquer ce que la

  2   présidente de cette institution, Mme Hadzimurtezic, a fait avant de

  3   quitter Vares relativement au compte bancaire de la municipalité ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - A l'époque où elle a été

  5   nommée maire, Mervana a d'abord changé le numéro de compte de la

  6   municipalité. Elle a déposé sa signature afin que personne d'autre ne

  7   puisse prendre l'argent qui s'y trouvait.

  8   M. Lopez-Terres. - Le HVO ne pouvait donc pas disposer des fonds

  9   de la municipalité.

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, personne d'autre. Il n'y

 11   a que Mervana qui pouvait retirer de l'argent de ce compte.

 12   M. Lopez-Terres. - Les 26 et 27 juillet 1992, pouvez-vous nous

 13   indiquer ce qui vous est arrivé à vous et à certaines personnes de la

 14   présidence de guerre ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Le 26 au soir, dans la nuit

 16   du 26, j'ai reçu un coup de fil anonyme m'informant que j'allais être

 17   arrêté, que je devais quitter mon appartement. Je ne l'ai pas fait, je ne

 18   me sentais coupable de rien. Je suis donc resté dans mon appartement.

 19   Peu de temps après, quelqu'un a sonné à ma porte, a demandé que

 20   j'ouvre la porte. Je l'ai fait. Devant l'entrée se trouvait le président

 21   du SDA, Avdija Kovacevic, ainsi que des policiers militaires. Quelques

 22   secondes après, Zvonko Duznovic est arrivé pour m'informer que j'étais

 23   arrêté et qu'il fallait que je les suive.

 24   M. Lopez-Terres. - Vous avez été arrêté pendant six jours et

 25   conduit à la caserne de Vares.


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai été conduit avec

  2   M. Kovacevic à la caserne de Zabrede. Mervana Hadzimurtezic s'y trouvait

  3   déjà.

  4   M. Lopez-Terres. - Vous avez déclaré que vous n'avez pas été

  5   l'objet de mauvais traitements, vous aviez simplement subi des

  6   interrogations pendant ces six jours, de même pour les autres personnes

  7   arrêtées.

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je n'ai pas fait l'objet

  9   de mauvais traitements. Il ne s'agissait que d'interrogatoire. Il

 10   s'agissait d'un interrogatoire où les questions n'étaient pas des

 11   questions spéciales, mais c'était un interrogatoire de routine.

 12   M. Lopez-Terres. - Pour quelles raisons, selon vous, avez-vous

 13   été arrêté avec les autres personnes à ce moment-là ? Vous avez ensuite

 14   été relâché.

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Il me semble que nous tous qui

 16   jouions un rôle dans la Défense territoriale étions arrêtés. Donc nous

 17   étions membres soit de l'état-major, soit des organes d'autorités civiles.

 18   Ils voulaient nous montrer qu'il ne fallait pas qu'on accomplisse nos

 19   fonctions, qu'on n'avait plus de rôle à jouer dans la municipalité.

 20   M. Lopez-Terres. - Le 6 août 1992, quelques jours plus tard,

 21   vous avez été arrêté à nouveau.

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, lorsque je suis revenu

 23   d'une communauté locale où se trouvait une unité de Défense territoriale,

 24   à Vares Majdan, j'ai été arrêté et conduit à l'hôtel Ponikve où se

 25   trouvait l'état-major du HVO.


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  1   M. Lopez-Terres. - Que s'est-il passé dans cet hôtel ? Qui avez-

  2   vous rencontré et que vous a-t-on dit ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai été conduit par des

  4   policiers militaires, le commandant Borivoje Malbasic est venu à ma

  5   rencontre. Il était armé. Il avait un fusil automatique. Il était ivre.

  6   Son fusil était un produit croate. Il m'a dit : "Il ne faut absolument pas

  7   que tu te livres à des activités dans la Défense territoriale. Ne te l'ai-

  8   je pas déjà dit ?"

  9   Monsieur Harak était à ses côtés. Il était chef de l'état-major.

 10   Il n'a pas fait de commentaires, il n'a rien dit. Malbasic était furieux.

 11   Il a donné un ordre à ses policiers. Il leur a dit de me conduire à la

 12   caserne et de m'enfermer dans la cave de la caserne.

 13   Donc, j'ai été conduit à la caserne. On m'a attaché avec des

 14   menottes au lit, à l'étage de la caserne. Ils ne m'ont tout de même pas

 15   enfermé dans la cave.

 16   Le lendemain matin, très tôt, le policier qui était de garde est

 17   venu. Il m'a détaché, il m'a attaché les mains dans le dos avec des

 18   menottes et m'a conduit dans une pièce où se trouvait Borivoje Malbasic.

 19   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous indiquer ce que vous a

 20   déclaré à ce moment-là M. Malbasic ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Il ne me regardait pas. Il

 22   avait la tête baissée. Il me semblait un peu bouffi. Il a dit aux

 23   policiers de me détacher et de quitter la pièce.

 24   Par la suite, il m'a dit qu'il n'avait pas de temps pour

 25   s'occuper d'un type comme moi et qu'il n'avait que deux solutions à


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  1   m'offrir, qu'il fallait absolument que je fasse conformément à son ordre.

  2   Soit il fallait que je convainque Mervana de dégeler le compte, sinon je

  3   serais liquidé "en douce", comme il a dit. Je lui ai demandé de

  4   m'autoriser à me rendre à l'hôtel Ponikve où j'avais laissé quelques

  5   documents la veille.

  6   Il a donc invité le policier qui allait m'escorter et avant que

  7   celui-ci ne nous rejoigne, il m'a dit : "Il y a une troisième solution

  8   néanmoins. Je peux t'arrêter. Avec les documents que tu as recueillis en

  9   effectuant la reconnaissance sur le territoire serbe, je peux te livrer

 10   aux Chetnik." Ce n'est qu'à cet instant-là que j'ai compris la gravité de

 11   la situation. C'était un grand choc pour moi.

 12   M. Lopez-Terres. – Mais vous avez décidé de quitter Vares à ce

 13   moment-là ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, lorsque je suis rentré

 15   chez moi, j'ai pris la décision.

 16   M. Lopez-Terres. - Vous avez demandé également aux membres de la

 17   présidence de guerre de quitter la ville avec vous. C'est bien cela ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Toutes les personnes qui

 19   avaient déjà été arrêtées, je leur ai demandé de quitter la ville avec

 20   moi.

 21   M. Lopez-Terres. - Dans les semaines qui ont suivi cette

 22   rencontre avec M. Malbasic, celui-ci a été transféré, a quitté la

 23   municipalité de Vares pour être nommé dans la région de Vitez. Est-ce bien

 24   exact ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il a été muté de Vares à


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  1   Vitez. Je crois qu'il était commandant d'une des brigades de là-bas. Je ne

  2   sais pas exactement laquelle.

  3   M. le Président (interprétation). – Monsieur Lopez-Terres, je

  4   crois que le temps est venu de faire la pause. Est-ce que ce moment se

  5   prête à une pause ?

  6   M. Lopez-Terres. - Tout à fait, Monsieur le Président.

  7   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Pause de

  8   vingt minutes.

  9         L'audience, suspendue à 11 heures 35, est reprise à 12 heures.

 10   M. le Président (interprétation). - Oui, Monsieur Lopez-Torres.

 11   Vous avez la parole.

 12   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie, Monsieur le Président. Nous

 13   avons interrompu le témoignage de M. Mahmutovic au moment où le commandant

 14   des forces du HVO de Vares, M. Malbasic, au mois d'août ou septembre 1992,

 15   a quitté la ville de Vares pour être nommé à un commandement dans la

 16   région de Vitez.

 17   M. le Président (interprétation). - Pas de traduction jusqu'à

 18   présent.

 19   [en anglais] Est-ce que nous pouvons poursuivre et passer au

 20   sujet suivant ?

 21   M. Lopez-Terres. - Nous arrivons à l'année 1993, et en

 22   particulier au deuxième point important du témoignage de M. Mahmutovic qui

 23   concerne les faits de Stupni Do. Monsieur Mahmutovic, dans le courant de

 24   l'année 1993, vous admettez qu'il n'y a pas eu de conflits sérieux armés

 25   entre les forces de l'armée de Bosnie et le HVO.


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Il est exact qu'il n'y a pas

  2   eu de conflits armés. De temps en temps, il y a eu quelques provocations,

  3   un homme a été blessé, mais c'est tout.

  4   M. Lopez-Terres. - Nous arrivons à la période du mois

  5   d'octobre 1993, Monsieur Mahmutovic. Aux environs du 17 octobre 1993, est-

  6   il exact que cinq ou six hommes musulmans du village de Stupni Do ont été

  7   arrêtés au village de Pajtov Han dont nous avons parlé au début de votre

  8   audition ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Un groupe de soldats qui

 10   revenait de Dabravina a été arrêté au poste de contrôle de Pajtov Han. Ils

 11   ont été arrêtés, le véhicule a été confisqué et ils ont été conduits pour

 12   être enfermés.

 13   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous donner quelques précisions

 14   sur ces hommes ? A quelle unité appartenaient-ils ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Tous les soldats étaient

 16   originaires de Stupni Do. L'un d'eux était le commandant de l'unité locale

 17   à Stupni Do, il s'agissait de M. Himzo Likic. Les autres faisaient partie

 18   de cette unité et l'un d'entre eux faisait partie d'une autre unité de

 19   Défense territoriale.

 20   M. Lopez-Terres. - Vous avez indiqué que l'unité de Défense

 21   territoriale en place à Stupni Do comportait une cinquantaine de membres.

 22   Est-ce bien exact ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est à peu près le

 24   nombre d'hommes, en âge de combattre, du village.

 25   M. Lopez-Terres. - Je souhaiterais que vous donniez quelques


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  1   indications sur les forces de Défense territoriale qui étaient en place au

  2   village de Stupni Do, en particulier sur l'armement de cette Défense

  3   territoriale.

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - L'unité de Défense

  5   territoriale de Stupni Do, hormis les forces que j'ai mentionnées,

  6   comptait une cinquantaine de soldats. Quant aux armes, ils ne disposaient

  7   que de fusils légers, de fusils semi-automatiques, mais la plupart des

  8   armes dont ils disposaient étaient des armes de chasse. L'unité disposait

  9   également d'une quarantaine de fusils en tout.

 10   M. Lopez-Terres. - Cette unité était-elle équipée d'un mortier ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, un mortier de

 12   60 millimètres, avec 8 obus, ainsi qu'un lance-roquettes manuel. Et

 13   c'était tout. Ils disposaient de très peu de munitions pour les armes

 14   légères qu'ils avaient.

 15   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous donner un ordre d'idée sur la

 16   quantité de munitions dont ils disposaient par fusil ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils disposaient d'une centaine

 18   de balles par fusil.

 19   M. Lopez-Terres. - Ces soldats de la Défense territoriale de

 20   Stupni Do portaient-ils des uniformes ? Etaient-ils entraînés ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Un nombre très restreint de

 22   soldats portait l'uniforme parce qu'on n'avait pas suffisamment de moyens

 23   pour les équiper comme il faut. La plupart portait des vêtements civils.

 24   Une partie néanmoins avait des uniformes qu'on avait fabriqués à partir du

 25   matériel pour les tentes militaires. Donc ceux qui avaient des uniformes


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  1   les portaient.

  2   Quant à la formation, l'unité n'a pas été formée militairement,

  3   mais conformément à l'ordre de l'état-major, ils devaient participer à la

  4   défense du village en cas d'attaque.

  5   M. Lopez-Terres. - Cette unité de Stupni Do relevait de votre

  6   commandement en tant que chef de la Défense territoriale de la

  7   municipalité de Vares ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, l'unité de Stupni Do

  9   relevait de mon commandement en tant que chef d'état-major.

 10   M. Lopez-Terres. - Revenons à l'arrestation de ces cinq ou

 11   six hommes au point de contrôle de Pajtov Han, aux environs du 17 octobre.

 12   Pouvez-vous nous indiquer exactement ce qu'il est arrivé à ces hommes une

 13   fois qu'ils ont été arrêtés ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Suite à l'arrestation, on les

 15   a emmenés à Vares. Je les ai vus après que l'unité de l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine a repris Vares. Je les ai vus à Majdan où ils avaient été

 17   placés en détention.

 18   M. Lopez-Terres. - Dans quel état étaient ces hommes lorsque

 19   vous les avez vus ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils étaient dans un état

 21   pitoyable. On les avait battus, leur visage était enflé, ils ne pouvaient

 22   pas bouger les bras puisqu'on les avait battus. Ils étaient dans un état

 23   lamentable, surtout Mufid Likic était dans un état pitoyable.

 24   M. Lopez-Terres. - C'est au début du mois de novembre, encore

 25   une fois lorsque la ville a été prise, que vous avez vu les hommes dont


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  1   vous nous décrivez l'état ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je les ai vus le

  3   4 novembre, vers 11 heures.

  4   M. Lopez-Terres. - Nous avançons un peu dans le temps. Le

  5   22 octobre 1993, est-il exact que vous avez été informé par un observateur

  6   militaire de ce que des véhicules non identifiés faisaient mouvement sur

  7   la route entre Kiseljak et Vares ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Nous avons reçu l'information

  9   de la part des observateurs qu'un véhicule non identifié venait de

 10   Kiseljak et se dirigeait vers Vares.

 11   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu constater vous-même la présence

 12   de véhicules transportant des soldats sur cette route et depuis quel

 13   endroit ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Les forces de l'armée de

 15   Bosnie-Herzégovine avaient leurs positions, leurs postes d'observation qui

 16   nous informaient régulièrement. Le commandant du groupement tactique et

 17   moi, nous sommes partis sur les lieux mêmes afin de vérifier de quoi il

 18   s'agissait. Nous avons remarqué plusieurs véhicules qui venaient de la

 19   direction du trentième kilomètre, il s'agissait de la route menant de

 20   Nisici vers Brgune et Vares. On a remarqué des cars et quelques camions.

 21   Ils se sont arrêtés dans la partie que l'on pouvait apercevoir à partir de

 22   la montagne de Cemerska, entre Sikulje et Brgune, ces deux villages.

 23   Nous avons remarqué qu'il s'agissait de soldats qui se

 24   trouvaient à l'intérieur de ces véhicules.

 25   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu évaluer approximativement le


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  1   nombre de soldats qui circulaient dans ces véhicules ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Nous ne pouvions pas évaluer

  3   le nombre exact de soldats, mais, d'après le nombre de véhicules, il

  4   s'agissait de 200 soldats environ.

  5   M. Lopez-Terres. - Avez-vous su finalement où ces soldats que

  6   vous aviez aperçus se sont rendus ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Le village de Brgune se situe

  8   à la frontière même du territoire contrôlé par les Serbes, donc cet axe

  9   emprunté par les véhicules ne pouvait en fait que se diriger vers Vares,

 10   donc nous ne pouvions plus les contrôler, les surveiller étant donné que

 11   la forêt était dans notre champ de vision.

 12   M. Lopez-Terres. - Avez-vous reçu la confirmation un peu plus

 13   tard que des unités de soldats du HVO étaient arrivées à Vares ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, cela nous a été confirmé

 15   par une personne qui a réussi à quitter le territoire de Vares. Il nous a

 16   dit que des forces se trouvaient à Vares. Il nous a informés de leurs

 17   activités. L'action avait déjà commencé lorsque nous avons obtenu

 18   l'information en question.

 19   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu obtenir une information sur

 20   l'origine des municipalités dont ces forces provenaient ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Selon les informations dont

 22   nous disposions, les forces venaient des municipalités, de certaines

 23   municipalités. Mais lesquelles exactement, on ne l'a appris que par la

 24   suite, que plus tard.

 25   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous indiquer quelles étaient ces


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  1   municipalités dont vous avez eu les noms par la suite ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Il s'agissait de soldats du

  3   HVO de Kiseljak, Kakanj et je crois de Travnik également.

  4   M. Lopez-Terres. - Le 22 octobre 1993, lorsque ces soldats sont

  5   arrivés à Vares, est-ce que la présidence de guerre a pris une décision

  6   particulière relative à l'évacuation du village de Stupni Do ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - La présidence de guerre a pris

  8   une décision par la suite, dans la soirée, d'évacuer la population civile

  9   de Stupni Do et d'entreprendre l'action d'évacuation même.

 10   M. Lopez-Terres. - Est-ce que cet ordre a été suivi d'effet par

 11   la population civile de Stupni Do ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Cet ordre n'a pas été exécuté.

 13   La raison en est le fait qu'un semblable ordre avait été donné auparavant,

 14   l'ordre avait été exécuté, mais, comme rien ne s'était passé, les

 15   habitants de Stupni Do étaient rentrés chez eux.

 16   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous indiquer combien de temps

 17   auparavant un ordre similaire avait été donné à la population de

 18   Stupni Do ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - L'ordre a été donné suite à

 20   une information selon laquelle environ 500 soldats du HVO étaient arrivés

 21   à Vares en provenance de Travnik . Cet ordre donc a été émis par la

 22   présidence de guerre. La population civile de Stupni Do et de Dastansko

 23   devaient quitter leur village.

 24   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous indiquer combien de temps

 25   auparavant, avant le 22 octobre ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Une quinzaine de jours

  2   auparavant.

  3   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, dans le courant du mois de

  4   juillet 1993, la population de Stupni Do avait reçu un ultimatum d'avoir à

  5   restituer les armes qu'elle détenait ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - La population de Dastansko et

  7   de Stupni Do avait reçu l'ordre de restituer les armes, l'ordre avait été

  8   émis par le HVO de Vares.

  9   M. Lopez-Terres. - Avait-elle restitué ces armes à l'époque ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Les habitants de Stupni Do,

 11   c'est-à-dire l'unité n'a pas restitué les armes.

 12   M. Lopez-Terres. - Y avait-il eu des négociations entre le HVO

 13   et la population de Stupni Do à propos de cet ultimatum ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Il y a eu des négociations au

 15   niveau du commandement de l'unité, et je crois que les membres du Conseil

 16   de la communauté locale y ont participé également. Mais il me semble que

 17   les négociations n'ont pas abouti. On a demandé l'avis du commandement

 18   supérieur et aucune décision n'a été prise de restituer les armes.

 19   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, dans la soirée du 22

 20   octobre 1993, vous avez obtenu une information confirmant le risque

 21   d'attaque du village de Stupni Do pour le lendemain ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Une information nous a été

 23   transmise par le centre de transmission de Dabravine, du commandement. Le

 24   groupe tactique a reçu cette information selon laquelle Mato Mrljic est

 25   arrivé chez sa sœur, à Stupni Do, et lui a transmis l'information selon


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  1   laquelle Stupni Do allait faire l'objet d'une attaque.

  2   Il l'a mise en garde, il lui a recommandé de quitter le village

  3   avec son mari afin de rester en vie.

  4   Monsieur Alija Likic, le mari de la dame en question, a transmis

  5   cette information à d'autres voisins du village et c'est comme cela que

  6   l'information est arrivée jusqu'à Husnija Mahmutovic qui l'a transmise par

  7   les moyens de transmission au commandement.

  8   M. Lopez-Terres. - Vous avez vous-même rencontré la présidence

  9   de guerre, le soir du 22 octobre et vous avez discuté avec elle de mesures

 10   éventuelles à prendre en cas d'attaque du village ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - L'entretien a eu lieu, mais il

 12   n'y a pas eu de confirmation.

 13   La présidence de guerre a, par la suite, pris une décision

 14   d'informer les habitants de Stupni Do. Le président de la communauté

 15   locale a donné l'ordre, par un message codé, d'évacuer la population

 16   civile.

 17   M. Lopez-Terres - Le lendemain, 23 octobre, à quelle heure

 18   environ et par quel moyen avez-vous été informé de l'attaque du village ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - L'organisation de la chaîne de

 20   commandement, dans les unités de Défense territoriale, à Vares, a été

 21   informée par l'officier qui se trouvait à Ravne que Stupni Do brûlait.

 22   Cela s'est passé très tôt le matin, à 8 heures et demie, 9 heures environ.

 23   M. Lopez-Terres - Quand vous avez été informé de l'attaque, est-

 24   ce que vous avez vous-même pris attache avec les représentants de la

 25   Forpronu, d'autres militaires des Nations Unies et avez-vous sollicité


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  1   leur intervention ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai eu des contacts

  3   personnels. Le commandant du groupe Est a reçu l'information, la

  4   confirmation de l'information selon laquelle Stupni Do brûlait. Donc nous

  5   avons contacté les unités de la Forpronu à Visoko ainsi que celles qui se

  6   trouvaient à Vares. Il s'agissait du bataillon nordique de Bat 2. Malgré

  7   tout ce que nous avons entrepris et les tentatives des forces de la

  8   Forpronu d'entrer dans le village de Stupni Do, ils n'ont pas réussi.

  9   M. Lopez-Terres - Le 24 ou le 25 octobre 1993, vous avez eu un

 10   contact avec l'un des officiers du bataillon nordique dont vous venait de

 11   parler, le major Egberg. Pouvez-nous nous rapporter la conversation que

 12   vous avez eue ensemble ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai contacté à plusieurs

 14   reprises le major, le commandant Egberg. Je le contactais quotidiennement.

 15   J'essayais de le convaincre d'entrer avec ses hommes dans Stupni Do et

 16   d'essayer de protéger la population civile qui s'y trouvait.

 17   Chaque fois que le commandant Egberg arrivait, rejoignait

 18   Vares Majdan, jusqu'à la route qui menait à Stupni Do, les forces du HVO

 19   l'empêchaient de passer, lui interdisaient l'accès. Donc il revenait à

 20   Dabravine, au poste de commandement. Il nous informait qu'il ne pouvait

 21   absolument rien faire sans provoquer de conflit.

 22   J'ai insisté, je lui recommandais, je lui expliquais de quelle

 23   façon il pouvait se rendre à Stupni Do et sauver des vies humaines.

 24   J'étais persuadé qu'il y avait des survivants. Le commandant Egberg a

 25   réussi à entrer dans le village trois jours plus tard. Il a réussi à


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  1   accueillir un groupe de réfugiés qui s'étaient réfugiés dans les bois et

  2   il les a ramenés à Dabravine.

  3   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu vous-même rencontrer un ou

  4   plusieurs de ces réfugiés et discuter de l'attaque avec eux ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai rencontré plusieurs

  6   personnes. Il s'agissait du premier groupe d'une quinzaine de personnes

  7   qui étaient arrivées dans le VAB. Une femme qui a réussi à s'échapper

  8   après avoir assisté au meurtre de son fils et de ses voisins m'a dit que

  9   son fils et ses voisins avaient été entraînés dans un chalet d'été où ils

 10   avaient été brûlés. Et à Pajtov Han, les soldats du HVO l'avaient

 11   accueillie et l'avaient reconduite jusque Strijezevo. Elle n'avait donc

 12   pas eu de problèmes avec les soldats du HVO. Elle a rejoint saine et sauve

 13   sa fille à Strijezevo.

 14   Cette nuit, je lui ai parlé afin d'obtenir toutes les

 15   informations dont elle disposait.

 16   M. Lopez-Terres. - Vous rappelez-vous du nom de ce réfugié, de

 17   cette femme ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je me souviens de son

 19   nom. Il s'agit de ma tante, Fatima Mahmutovic.

 20   M. Lopez-Terres. - Savez-vous combien de personnes ont perdu la

 21   vie au cours de l'attaque du village ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Au cours de l'attaque dirigée

 23   contre le village, 38 personnes ont trouvé la mort.

 24   M. Lopez-Terres. - Sur le déroulement de l'attaque elle-même,

 25   avez-vous pu avoir des informations de la part d'autres témoins ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Du point de vue militaire, on

  2   pouvait déterminer les directions à partir desquelles l'attaque était

  3   menée. Par la suite, nos appréciations ont été confirmées après avoir

  4   discuté avec les représentants du HVO de Vares.

  5   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous donner quelques indications sur

  6   vos conclusions ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - L'attaque a été menée à partir

  8   de Vares Majdan. C'est la route qui mène donc à Stupni Do. Ensuite, à

  9   partir de Przici, à l'intersection de Stupni Do. Et le troisième axe

 10   d'attaque était Mir, Bogos, Stupni Do, donc cet axe-là.

 11   M. Lopez-Terres. - A votre connaissance, cette attaque a-t-elle

 12   mis en oeuvre des moyens en hommes et en matériel très importants ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Les forces qui ont mené

 14   l'attaque contre Stupni Do étaient des unités renforcées. Je ne crois pas

 15   que plus de cent soldats aient participé à l'attaque. Mais, en parallèle,

 16   les arrestations étaient menées à Vares, les arrestations de tous les

 17   hommes musulmans à Vares.

 18   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous nous parler un peu plus de ces

 19   arrestations ? Quand elles ont eu lieu et où cette population mâle des

 20   Musulmans de Vares a été détenue ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Ces arrestations étaient donc

 22   menées en parallèle, simultanément, et les hommes arrêtés étaient placés

 23   dans l'école élémentaire, l'école primaire et l'école secondaire, dans le

 24   gymnase de l'école secondaire.

 25   M. Lopez-Terres. - Combien de personnes, à votre connaissance,


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  1   ont été ainsi arrêtées ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - A ma connaissance, d'après ce

  3   que j'ai pu conclure des informations, environ 180 personnes ont été

  4   arrêtées.

  5   M. Lopez-Terres. - Pendant combien de temps ont-elles été

  6   détenues ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Elles ont été en détention

  8   jusqu'à l'arrivée des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Vares.

  9   M. Lopez-Terres. - Dans les premiers jours de novembre ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, donc du 23 octobre

 11   jusqu'au 4 novembre.

 12   M. Lopez-Terres. - Avez-vous pu avoir quelques informations,

 13   toujours sur l'attaque de Stupni Do, par l'intermédiaire de

 14   M. Husnija Mahmutovic qui était le président de la communauté du village ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, Husnija Mahmutovic et six

 16   autres personnes, soldats, ont réussi à s'évader de Stupni Do dans la nuit

 17   du 23 octobre. Tôt le matin, il est arrivé au village de Budozelje.

 18   M. Lopez-Terres. - Monsieur Mahmutovic vous a indiqué quelle

 19   était la puissance de l'attaque qui avait été lancée contre le village ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai demandé au commandement

 21   de Dabravine d'envoyer une information contenant le fait que

 22   Husnija Mahmutovic et Likic, les réfugiés de Stupni Do, se rendent à

 23   Dabravina afin de décrire exactement les événements qui s'étaient produits

 24   à Stupni Do.

 25   M. Lopez-Terres. - A votre connaissance, quelle était l'origine


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  1   des unités qui ont participé à l'attaque du village de Stupni Do ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Il s'agissait d'unités de

  3   Kiseljak, Kakanj et, je l'ai déjà dit, probablement de Travnik, ainsi que

  4   quelques hommes des unités du HVO de Vares qui voulaient bien participer à

  5   l'attaque.

  6   M. Lopez-Terres. - Qui était le commandant de l'unité de

  7   Kiseljak ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Je sais que l'action a été

  9   menée par Ivica Rajic. Pour ce qui est de ses subordonnés, des hommes qui

 10   ont exécuté ses ordres, je ne les connais que par leur surnom, mais je ne

 11   connais pas leur nom.

 12   L'un d'eux s'appelle Firga, me semble-t-il, l'autre Como, mais

 13   il s'agit de surnoms en fait. Mais je ne peux pas vous dire les noms des

 14   personnes qui ont exécuté l'ordre.

 15   M. Lopez-Terres. - Avez-vous été informé de l'arrestation des

 16   représentants du HVO de Vares, MM. Ante Pejcinovic et le commandant de la

 17   brigade de l'époque Emil Harak ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai obtenu cette

 19   information suite à la cessation des conflits. C'est Malbasic qui

 20   négociait pour le HVO, qui est arrivé donc aux négociations à Ponikve,

 21   dans la base de la Forpronu, qui me l'a appris.

 22   M. Lopez-Terres. - Cette arrestation de MM. Pejcinovic et Harak,

 23   le commandant de Vares, ces arrestations ont-elles eu lieu avant ou après

 24   l'attaque de Stupni Do ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Les arrestations ont eu lieu


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  1   avant l'attaque et c'est Kresimir Bozic qui était placé au poste de

  2   commandant du HVO de Vares.

  3   M. Lopez-Terres. - Savez-vous si MM. Pejcinovic et Harak ont été

  4   détenus pendant longtemps après cette arrestation ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne sais pas, je ne suis pas

  6   au courant de la durée de leur détention. Mais d'après... J'estime qu'ils

  7   ont pu passer deux ou trois jours en détention.

  8   M. Lopez-Terres. - Je vais vous présenter un document,

  9   Monsieur Mahmutovic, qui est un rapport qui a été établi par la Mission de

 10   contrôle de l'Union européenne, plus couramment appelée ECMM, daté du

 11   2 novembre 1993. Je souhaiterais que ce document soit remis. C'est un

 12   document qui fait partie de la pile de documents que j'ai soumis à votre

 13   appréciation et dont je parlerai un peu plus tard.

 14   Le document dont je parle est un rapport établi le

 15   2 novembre 1993 et il fait l'objet dans notre liste du numéro de pièce à

 16   conviction 1281.

 17   Il s'agit peut-être du dernier document de la pile.

 18   (Le document est remis au témoin.)

 19   C'est un document qui est en langue anglaise, comme les

 20   rapports, comme la plupart des rapports de la Mission de contrôle de

 21   l'Union Européenne à l'époque. Serait-il permis de donner une lecture

 22   rapide de ce document dans la mesure où il fait référence, semble-t-il, au

 23   témoin ?

 24   Il est indiqué dans ce document -j'espère que tout le monde l'a-

 25   à la première page, dans le dernier paragraphe, en ce qui concerne le


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  1   centre de Travnik, il est fait référence à un membre du groupe

  2   opérationnel de l'armée de Bosnie qui se trouve à Dabravine et dont le nom

  3   est Okrem Mahmutovic. Okrem étant, semble-t-il, une mauvaise orthographe

  4   du prénom de M. Mahmutovic.

  5   Dans ce document, il est précisé que M. Mahmutovic, semble-t-il,

  6   a expliqué aux représentants de l'ECMM quelles étaient les raisons pour

  7   lesquelles, selon lui, le massacre de Stupni Do avait eu lieu. Parmi ces

  8   raisons, M. Mahmutovic, semble-t-il, a indiqué que Stupni Do était le

  9   point de passage qui permettait d'accéder aux territoires contrôlés par

 10   les Serbes de Bosnie et constituait donc un centre très lucratif pour la

 11   contrebande et le marché noir.

 12   Toujours d'après ce document, les résidents de Stupni Do

 13   s'accommodaient très bien de cette situation, mais devaient payer un

 14   pourcentage au HVO pour toutes les marchandises qui transitaient par leur

 15   localité.

 16   D'après toujours ce document, début octobre 1993, le HVO aurait

 17   exigé une augmentation substantielle de ces paiements et, dans la mesure

 18   où les villageois de Stupni Do répondirent par la négative, le résultat de

 19   cette attitude fut que les autorités de Kiseljak, du HVO de Kiseljak, de

 20   Vares et de Kakanj mirent au point une attaque coordonnée du village.

 21   Monsieur Mahmutovic, ce document, qui paraît faire référence à

 22   des propos que vous avez tenus à l'époque, indique, comme explication de

 23   l'attaque de Stupni Do, une affaire, je dirais quasiment de droit commun,

 24   de représailles exercées par des HVO voisins, dans la mesure où la

 25   population locale de Stupni Do ne respectait pas les accords qui avaient


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  1   été passés en matière de contrebande des marchés noirs, et en particulier

  2   ne s'acquittait pas des taxes, si je peux parler ainsi, qui étaient

  3   exigées par ces autorités du HVO.

  4   Ayant connaissance des propos qui figurent dans ce document,

  5   pouvez-vous nous indiquer si vous êtes d'abord M. Okrem Mahmutovic qui

  6   figure dans ce document, et ensuite si vous avez tenu de tels propos en ce

  7   qui concerne les raisons pour lesquelles l'attaque de Stupni Do aurait eu

  8   lieu ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Mon nom n'est pas Okrem mais

 10   Ehkrem. Il est vrai que j'ai donné une déclaration dans ce sens. Il

 11   s'agit, probablement, d'une mauvaise compréhension, parce que ce que j'ai

 12   dit ne correspond pas à la traduction.

 13   Il me semble que j'avais dit à l'époque qu'il n'y avait pas de

 14   taxe évaluée en pourcentage pour ce qui est des marchandises de la

 15   contrebande qui était menée par les Serbes et les Croates. Il s'agissait

 16   plutôt d'une augmentation de prix par rapport au début même des activités

 17   de contrebande.

 18   J'ai effectivement fait une déclaration devant les représentants

 19   étrangers. Je leur ai dit qu'il était possible que la décision de lancer

 20   l'attaque contre Stupni Do, que l'une des raisons de cette attaque aurait

 21   pu être le fait que Stupni Do n'était pas très loin de la ville -il était

 22   plutôt isolé- et que les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne

 23   pouvaient pas venir au secours des civils qui auraient fait l'objet de

 24   l'attaque, et que le fait que Stupni Do était un point de passage pour les

 25   contrebandiers aurait pu constituer une raison et que, à mon avis,


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  1   l'objectif était de forcer la population croate de quitter Vares. Il me

  2   semble que c'était l'une des raisons pour lesquelles les événements se

  3   sont déroulés de cette manière-là.

  4   M. Lopez-Terres. - Vous affirmez aujourd'hui,

  5   Monsieur Mahmutovic, que le rapport qui vous est soumis, établi par les

  6   représentants de l'ECMM, correspond à une interprétation erronée de vos

  7   propos ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je n'ai jamais pu

  9   affirmer que c'était la raison principale et unique. Je viens de dire que

 10   cela pouvait constituer une raison, une des raisons de l'attaque menée

 11   contre Stupni Do.

 12   M. Lopez-Terres. - Vous évoquez donc plusieurs raisons. Avez-

 13   vous une explication quant à la raison principale de cette attaque, si ce

 14   n'est pas la version reprise par l'ECMM ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Une des raisons principales,

 16   je le pense et je le pensais à l'époque aussi, était le déplacement de la

 17   population civile croate de la municipalité de Vares. Ils voulaient créer

 18   une raison qui pousserait la population civile croate à quitter Vares.

 19   Suite à l'attaque de Stupni Do, les Croates ont été effrayés.

 20   Ils craignaient les représailles. Ils ont quitté Vares et se sont dirigés

 21   vers Kiseljak.

 22   M. Lopez-Terres. - Par un effet en cascade, donc la population

 23   croate aurait été incitée à quitter Vares de peur de représailles par

 24   l'armée de Bosnie, à la suite de l'attaque de Spuni Do. C'est ce que vous

 25   expliquez ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est exactement cela.

  2   J'ai eu l'occasion de discuter avec de nombreuses personnes d'origine

  3   croate qui sont revenues à Vares après la guerre. C'est la conclusion qui

  4   s'est imposée.

  5   M. Lopez-Terres. - Dans les jours qui ont suivi Stupni Do, est-

  6   ce que la population croate de Vares a quitté la ville ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Selon le recensement, la

  8   population comptait 22 800 habitants. Après l'entrée des unités de l'armée

  9   de Bosnie-Herzégovine à Vares, la plupart des Croates ont quitté le

 10   territoire de la municipalité. Environ 700 Croates sont restés. Il est

 11   vrai qu'une partie des Croates est restée dans la région de Dastansko,

 12   jusqu'à la signature de l'accord de cessez-le-feu.

 13   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie, Monsieur Mahmutovic, sur

 14   ces points concernant l'attaque de Stupni Do.

 15   Nous poursuivons un peu plus votre audition en ce qui concerne

 16   les deux accusés proprement dits. Vous avez indiqué, Monsieur Mahmutovic,

 17   que vous ne connaissez pas l'accusé Mario Cerkez.

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

 19   M. Lopez-Terres. - Vous n'avez jamais rencontré non plus

 20   personnellement Dario Kordic ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

 22   M. Lopez-Terres. - Vous avez indiqué, je crois au cours de la

 23   matinée, que Dario Kordic était venu à plusieurs reprises à Vares. Pouvez-

 24   vous confirmer ce point ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Je peux le confirmer d'après


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  1   les informations que j'ai reçues, qui venaient de la ville et, selon ces

  2   informations, Dario Kordic venait en ville.

  3   M. Lopez-Terres. - Qui venait-il rencontrer à Vares ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - D'habitude, il venait voir

  5   Ante Pejcinovic et les dirigeants du HVO de Vares.

  6   M. Lopez-Terres. - Vous avez expliqué que M. Kordic était un

  7   représentant important du parti HDZ et, comme tel, exerçait des fonctions

  8   de nature militaire au sein du HVO.

  9   M. le Président (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.

 10   Je pense que, là, nous entrons dans une zone qui portera additif. Ne

 11   serait-il pas préférable que le témoin dépose simplement pour nous dire ce

 12   qu'il sait à propos de M. Kordic sans qu'on le guide dans sa déposition

 13   d'aucune façon ?

 14   M. Lopez-Terres. - Les faits que j'avance sont tirés

 15   exclusivement de la déclaration de M. Mahmutovic ou des précisions qu'il a

 16   apportées.

 17   Pouvez-vous indiquer, Monsieur Mahmutovic, quelles étaient les

 18   fonctions, à votre connaissance, qu'exerçait M. Kordic ? S'agissait-il de

 19   fonctions importantes au sein du HDZ ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Les médias, la télévision nous

 21   informaient régulièrement. On a entendu que Kordic était nommé président

 22   du comité principal du HDZ pour cette partie de la Bosnie-Herzégovine. Par

 23   la suite, durant les combats mêmes, son rôle informait, jouait le rôle de

 24   reporter de guerre pour la télévision. C'est comme cela que je pouvais

 25   suivre un peu son évolution. D'après ce que j'ai pu conclure, le pouvoir


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  1   tant militaire que civil était dans ses mains, tout au moins pour la

  2   région de Bosnie centrale.

  3   M. Lopez-Terres. - Monsieur Kordic exerçait-il selon vous des

  4   fonctions militaires, de nature militaire ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, certains de ses ordres

  6   destinés aux unités du HVO étaient signés par lui, donc il devait exercer

  7   des fonctions militaires aussi.

  8   Si mes souvenirs sont bons, dans une émission télévisée, lorsque

  9   le journaliste Smiljko Sagolj l'a appelé, on a vu sur l'écran apparaître

 10   le colonel Dario Kordic.

 11   M. Lopez-Terres. - Vous avez personnellement vu M. Kordic en

 12   uniforme apparaître lors de ces émissions télévisées ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Il s'agissait d'une

 14   photographie de Dario Kordic qui était en uniforme, en uniforme de

 15   camouflage.

 16   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, selon vous, M. Kordic avait une

 17   autorité sur les HVO des municipalités telle que la municipalité de Vares,

 18   de Kiseljak, de Busovaca ou de Vitez ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Selon la chaîne de

 20   commandement, il me semble que, lui, il exerçait de telles fonctions. Ce

 21   sont les ordres qu'il signait, les ordres qu'il signait arrivaient à Vares

 22   aussi.

 23   M. Lopez-Terres. - Avez-vous vu certains de ses ordres qui

 24   faisaient apparaître qu'il était l'un des chefs du HVO pour ces

 25   municipalités ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, j'ai vu quelques ordres

  2   de ce type portant la signature de Dario Kordic.

  3   M. Lopez-Terres. - Avez-vous eu l'occasion de rencontrer

  4   M. Tihomir Blaskic, Monsieur Mahmutovic ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Je l'ai rencontré à deux

  6   reprises, je ne me souviens plus les dates. Mais cela s'est passé dans la

  7   période qui a suivi le conflit, après la signature de l'accord de paix.

  8   Tihomir Blaskic venait à Vares. Nous nous réunissions, nous avions des

  9   entretiens entre les représentants du HVO et de l'armée de Bosnie-

 10   Herzégovine.

 11   Parmi les officiers qui représentaient le HVO figurait

 12   Tihomir Blaskic et moi, j'étais du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 13   en tant qu'officier de liaison.

 14   M. Lopez-Terres. - Lors de ces rencontres, est-ce que

 15   Tihomir Blaskic a évoqué d'une manière ou d'une autre les relations, en

 16   particulier en matière d'autorité et de commandement, qui pouvaient l'unir

 17   à l'accusé Dario Kordic ?

 18   M. Stein (interprétation). - Objection. En voici les raisons :

 19   ce témoin ne nous est pas disponible et jusqu'au moment de lire ce résumé,

 20   nous ne savions pas que cette question allait être évoquée en l'espèce.

 21   Ceci ne se retrouve dans aucune des déclarations des enquêteurs.

 22   M. le Président (interprétation). - Ceci porte sur le poids à

 23   accorder à ceci. Il faudra voir le contre-interrogatoire quant à savoir si

 24   cet élément est recevable.

 25   M. Stein (interprétation). - J'essayais de faire ces deux


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  1   distinctions.

  2         (Les Juges se consultent sur le Siège.)

  3   M. le Président (interprétation). - Nous pensons qu'il s'agit

  4   ici de questions qui seront évoquées au cours du contre-interrogatoire.

  5   Cet élément est tout à fait recevable.

  6   Mais je regarde l'heure, Monsieur Lopez-Terres, nous allons

  7   terminer ce matin vers 13 heures 05. Est-ce que le moment se prêterait à

  8   une interruption ou voulez-vous poursuivre ?

  9   M. Lopez-Terres. - Je pense en avoir terminé d'ici dix minutes.

 10   M. le Président (interprétation). - Eh bien, poursuivez et voyez

 11   ce que cela donne, et évoquez cet élément de toute façon.

 12   M. Lopez-Terres. - Vous avez indiqué avoir rencontré M. Blaskic

 13   à deux reprises après la signature des accords de Washington. Au cours des

 14   conversations que vous avez eues avec M. Blaskic, celui-ci a-t-il évoqué

 15   d'une façon ou d'une autre les relations qu'il pouvait entretenir avec

 16   l'accusé, Dario Kordic, et les liens éventuels d'autorité et de

 17   commandement qui les unissaient ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Il ne mentionnait pas le nom

 19   de Dario Kordic durant ces négociations puisque les négociations portaient

 20   sur la délimitation des forces du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 21   Il fallait aussi assurer des conditions plus propices à l'amélioration des

 22   relations entre les deux.

 23   M. Lopez-Terres. – Monsieur Blaskic n'a donc jamais mentionné le

 24   nom de Dario Kordic devant vous, lors de ces rencontres ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, pas durant les


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  1   négociations mêmes.

  2   M. Lopez-Terres. - Dans d'autres circonstances, alors ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). – Je ne sais pas.

  4   M. Lopez-Terres. - Je trouve votre réponse un peu curieuse. Vous

  5   paraissez gêné dans votre réponse.

  6   M. Stein (interprétation). - Objection. Objection parce qu'il y

  7   a des commentaires, de nouveau, là.

  8   M. le Président (interprétation). - Est-ce que Blaskic ne vous a

  9   jamais dit quoi que ce soit à propos de Dario Kordic ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai déjà dit que M. Blaskic,

 11   lors des négociations, des discussions que nous avons eues, n'a pas

 12   mentionné le nom de Dario Kordic, si mes souvenirs sont bons.

 13   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Eh bien, nous en

 14   avons ainsi terminé de cette partie de l'interrogatoire principal. Nous

 15   allons lever l'audience.

 16   Monsieur Mahmutovic, nous allons faire une pause jusqu'à

 17   14 heures 30.

 18   Au cours de cette interruption et au cours de toutes autres

 19   interruptions qui s'ensuivront, je vous demanderai de ne vous entretenir

 20   avec qui que ce soit à propos de votre déposition, et ne laissez personne

 21   vous adresser la parole à ce propos. Ceci inclut les représentants de

 22   l'accusation. Attendez d'avoir terminé votre déposition pour en parler.

 23   Nous reprenons à 14 heures 30.

 24         L’audience, suspendue à 13 heures 05, est

 25         reprise à 14 heures 30.


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  1   M. le Président (interprétation). - Monsieur Lopez-Terres

  2   M. Lopez-Terres. - Monsieur Mahmutovic, revenons à ces deux

  3   rencontres que vous avez eues avec M. Blaskic. A l'époque, avez-vous dit,

  4   vous l'avez rencontré à Vares. Est-ce que M. Blaskic vous a indiqué, au

  5   cours de ces rencontres, comment il prenait personnellement ses décisions

  6   et ses ordres ?

  7   M. Stein (interprétation). - Objection. Cette question a été

  8   posée trois fois et a reçu une réponse. Je crois que vous, Messieurs les

  9   Juges, vous vous êtes déjà prononcés sur ce point.

 10   M. le Président (interprétation). - Eh bien, je crois que nous

 11   allons avancer, Monsieur Lopez-Terres.

 12   Le témoin a déclaré que jamais, lors d'une quelconque rencontre,

 13   il a entendu M. Blaskic s'exprimer au sujet de M. Dario Kordic. Je crois

 14   que c'est la réponse qui a été donnée. Vous ne pouvez pas continuer à lui

 15   poser des questions sur ce point.

 16   M. Lopez-Terres. - Je ne posais pas de questions sur les

 17   relations de l'accusé Dario Kordic avec le général Blaskic. Je demandais

 18   simplement au témoin si le général Blaskic, qui ne l'était pas encore, lui

 19   avait indiqué comment lui, chef du centre opérationnel de Bosnie centrale,

 20   prenait ses ordres ? Comment est-ce qu'il rédigeait et élaborer ses

 21   ordres. Cela ne mettait pas en cause de tiers.

 22   M. le Président (interprétation). - Et je regarde le

 23   paragraphe 101 du résumé du Bureau du Procureur et il m'apparaît que la

 24   seule pertinence de cette question, quant à votre résumé, est celle qu'il

 25   aurait un rapport avec celui-ci. Donc je crois qu'il faut poursuivre.


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  1   M. Lopez-Terres. - Bien. Je pensais qu'il y avait quand même la

  2   possibilité d'obtenir un peu plus d'informations de la part du témoin sur

  3   les propos qu'avait tenus le général Blaskic puisque, finalement, il n'a

  4   pas pu indiquer ce que lui a dit le général Blaskic.

  5   M. Bennouna. -  Oui. Mais, Maître Lopez-Torres, posez

  6   différemment… Cela dépend comment vous voulez poser votre question.

  7   Est-ce que l'on peut savoir du témoin si le général Blaskic lui

  8   a dit qu'il lui donnait à lui-même des ordres ? Comment recevait-il lui-

  9   même ses propres ordres ? Est-ce que le général Blaskic vous a parlé,

 10   Témoin, de la manière, de l'origine des ordres qu'il recevait ? C'est

 11   cela, la question. Alors demandons au témoin et laissons la relation de

 12   qui recevait-il... Est-ce que le témoin a reçu du général Blaskic une

 13   information sur les ordres qu'il recevait lui-même, le général Blaskic ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - J'ai déjà dit que, lors des

 15   réunions que j'ai mentionnées, on ne parlait pas d'ordres ni de chaînes de

 16   commandement.

 17   M. Bennouna. -  Alors, c'est très clair.

 18   M. le Président (interprétation). – Avançons, s'il vous plaît.

 19   M. Lopez-Terres. - Parlons maintenant de M. Ivica Rajic.

 20   Monsieur Mahmutovic, pouvez-vous nous indiquer qui, à votre avis, était le

 21   supérieur d'Ivica Rajic dans la chaîne de commandement du HVO au sein de

 22   la Bosnie centrale ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Compte tenu que, d'après les

 24   informations dont nous disposions, qu'un commandement du groupe

 25   opérationnel de Kiseljak existait et qu'il était sous les ordres du


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  1   commandement de la Bosnie centrale dont le commandant était M. Blaskic,

  2   selon la chaîne de commandement militaire.

  3   M. Lopez-Terres. - Est-ce que, à votre connaissance, l'accusé

  4   Dario Kordic avait une autorité supérieure sur M. Ivica Rajic ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Pour ce qui est de la

  6   hiérarchie, c'était certainement le cas, d'autant plus que, lors d'une

  7   déclaration qu'il a faite à la télévision, il a répondu à une question du

  8   journaliste Smiljko Sagolj en disant qu'il n'avait pas pris de décision

  9   concernant la destitution de M. Rajic, puisqu'il n'avait pas encore

 10   considéré cette décision. Cela concernait notamment le convoi que Rajic

 11   aurait arrêté en Bosnie centrale.

 12   M. Lopez-Terres. - Vous parlez d'une émission télévisée au cours

 13   de laquelle l'accusé Dario Kordic aurait répondu à ce journaliste ce que

 14   vous venez de rapporter. Est-ce que cette émission est intervenue à une

 15   date antérieure aux faits de Stupni Do ?

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, cette émission a été

 17   diffusée pendant les combats entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le

 18   HVO, avant les événements de Stupni Do. Il s'agissait de combats dans la

 19   région de Kiseljak et de Bosnie centrale, Vitez, Busovaca, etc.

 20   M. Lopez-Terres. - Si je peux me permettre d'intervenir, j'ai

 21   demandé si cette émission avait eu lieu avant les faits de Stupni Do. La

 22   réponse qui figure c'est "non".

 23   Ensuite, on explique, et ce que je viens de comprendre, c'est

 24   que cette émission a bien eu lieu avant Stupni Do. Je me demande s'il n'y

 25   a pas là un problème de traduction ou d'interprétation.


Page 3307

  1   Je peux reformuler ma question : est-ce que l’émission télévisée

  2   dont vous parlez, au cours de laquelle l'accusé Dario Kordic a indiqué à

  3   ce journaliste qu'il n'avait pas encore pris de décision sur la

  4   destitution de Rajic, cette émission a-t-elle eu lieu avant le

  5   23 octobre 1993 ou après ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Cette émission a été diffusée

  7   avant le 23 octobre.

  8   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Monsieur le Président,

  9   Messieurs les Juges, à ce stade de la déposition de M. Mahmutovic, j'en ai

 10   terminé personnellement avec les questions qui pouvaient lui être posées.

 11   J'ai remis ce matin, à l'attention du Tribunal et des conseils de la

 12   défense, plusieurs documents que je souhaiterais voir admis à titre de

 13   pièces à conviction.

 14   Je précise que ces documents ont été sélectionnés parce qu'ils

 15   m'apparaissent corroborer les éléments ou les événements dont le témoin a

 16   parlé d'une part ; c'est une première catégorie de documents sur laquelle

 17   je peux revenir. La deuxième catégorie de documents, qui a été également

 18   compilée, fait apparaître l'autorité, le commandement de l'accusé

 19   Dario Kordic sur les responsables du HVO de Vares dont le témoin a

 20   longuement parlé.

 21   Si vous me le permettez, je pourrais commenter ces deux

 22   catégories de documents.

 23   M. le Président (interprétation). - Monsieur Lopez-Terres, peut-

 24   être qu'il serait utile pour vous de nous donner les grandes lignes de

 25   chacun de ces documents, nous donnant leur cote au fur et à mesure que


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  1   vous les étudiez.

  2   M. Lopez-Terres. - En ce qui concerne tout d'abord les documents

  3   qui corroborent les indications fournies par le témoin, il s'agit des

  4   documents suivants : il s'agit de la pièce à conviction faisant l'objet du

  5   n° Z128. C'est un document en date du 10 juin 1992. Ce document est

  6   constitutif d'une autorisation permanente qui est établie par l'accusé

  7   Dario Kordic au profit d'une personne qui s'appelle Vjeran Mijatovic et

  8   qui lui permet de circuler librement dans tout le territoire de la

  9   communauté croate d'Herceg-Bosna pour acheter des armes et de la

 10   nourriture pour le HVO de Vares.

 11   Je précise que ce document figure à la page 11 de la chronologie

 12   qui vous a été remise par l'avocat général, Me Nice, lors du premier jour

 13   de ce procès. Ce document, outre qu'il corrobore l'un des éléments

 14   mentionnés par le témoin, à savoir que le HVO, à l'époque, se procurait

 15   des armes pour ses soldats, confirme également l'autorité de l'accusé,

 16   puisque c'est un document qui est signé par lui et qu'il délivre cette

 17   autorisation et donne l'ordre ensuite d'effectuer ces achats pour le

 18   compte du HVO de Vares.

 19   Le deuxième document que je vous propose d'admettre est le

 20   document qui fait l'objet de la pièce à conviction 144, c'est un document

 21   en date du 1er juillet 1992.

 22   M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous respecter

 23   l'ordre dans lequel ces documents apparaissent sous nos yeux, parce que

 24   nous, nous avons du mal à nous y retrouver. Il sera peut-être difficile à

 25   terme de nous repérer. J'ai dans la liste ou plutôt dans le paquet que


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  1   j'ai sous les yeux le document 139. Peut-être que vous pourriez vous

  2   pencher sur celui-ci d'abord ?

  3   M. Lopez-Terres. - Je tiens à vous présenter mes excuses

  4   préalablement pour le fait que ces documents ne sont pas classés dans

  5   l'ordre dans lequel je vous proposais de les admettre, c'est-à-dire selon

  6   les deux catégories que j'ai énoncées préalablement. Ils ont été

  7   simplement classés dans l'ordre chronologique, je pense.

  8   Le premier document a été indiqué. En ce qui concerne le

  9   deuxième document Z139, c'est un document en date du 23 juin 1992. C'est

 10   un document qui, à mon avis, démontre si besoin en était que l'accusé

 11   Dario Kordic avait autorité sur le HVO de la municipalité de Vares auquel,

 12   le 23 juin 1992, il demandait, avec le secrétaire Ignac Kostroman de

 13   fournir différents matériels et un local au HVO de Ilijas, à l'époque lui-

 14   même dans la municipalité de Vares.

 15   Le troisième document que vous avez dans cette liste est le

 16   document référence Z187. Il est en date du 12 août 1992. Il fait partie de

 17   la catégorie qui établit l'autorité de Dario Kordic sur les responsables

 18   du HVO de Vares ; Dario Kordic envoyant une invitation à ses responsables

 19   d'avoir à se rendre à une réunion fixée au 14 août, donc deux jours plus

 20   tard.

 21   Je le précise, pour ce qui est de la version anglaise, il y a

 22   une erreur, cette réunion devait avoir lieu à Grude, c'est la ville de

 23   Grude qui est précisée et non pas la réunion, comme c'est indiqué en

 24   anglais qui devait avoir lieu en "groupe". Dans la version en BCS, il

 25   s'agit bien de "Grude" qui apparaît sur le document.


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  1   L'autre document que je vous propose également est le document

  2   référence Z202, qui est daté du 2 septembre 1992, qui est au nom du

  3   commandant Ivica Rajic, document par lequel Ivica Rajic indique que "les

  4   nommés Ante Pejcinovic et Borivoje Malbasic -deux personnes dont le témoin

  5   a longuement parlé- doivent se présenter de façon urgente à

  6   M. Dario Kordic à propos des allocations financières dont il est

  7   question".

  8   Le document suivant que je vous propose est le document Z233 en

  9   date du 22 septembre 1992. Ce document, qui est signé entre autres par

 10   l'accusé Dario Kordic, reprend les conclusions de diverses réunions

 11   relatives aux municipalités de Bosnie centrale. Figure à la page 5 de ce

 12   document, dans la version anglaise, je le précise, un paragraphe qui

 13   concerne la municipalité de Vares, où il est indiqué que le HVO possède la

 14   maîtrise complète du pouvoir dans la zone. Ce document est du

 15   22 septembre 1992.

 16   M. le Président (interprétation). - Un instant, je prends note

 17   de ce que vous venez de dire.

 18   M. Lopez-Terres. - Le paragraphe référant à Vares est à la

 19   page 5 du document en langue anglaise, Monsieur le Président, et à la

 20   page... La numérotation n'est pas la même, je suis désolé pour M. le Juge

 21   Bennouna, c'est le document référencé 705 en ce qui concerne les

 22   références du Bureau du Procureur, la page 705.

 23   Le document suivant que je vous propose est le document

 24   référencé...

 25   M. le Président (interprétation). - Non, avant que nous ne


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  1   passions au document suivant, je n'arrive pas à retrouver ce passage.

  2   M. Lopez-Terres. - A la page 5 du document concernant la

  3   municipalité de Vares, après que plusieurs municipalités ont été

  4   mentionnées, Vares figure en bas de page. C'est le document Z233.

  5   La phrase en question, que j'ai plus spécialement soulignée, est

  6   la suivante en langue anglaise : "The HVO is in full control".

  7   Le document suivant que je vous propose d'admettre est le

  8   document référence Z229 qui est en date du 30 septembre 1992 à 12 heures.

  9   Il s'agit d'une rencontre qui est organisée sous la présidence de

 10   l'accusé, Dario Kordic, avec les membres du HVO de Kakanj et en présence

 11   du président du HVO de Vares, M. Pejcinovic, et de Zvonko Duznovic -dont

 12   le témoin a parlé également longuement ce matin- mentionné comme étant le

 13   chef de la sécurité pour le HVO de Vares ; document Z229.

 14   Le document suivant est le document Z534. Il s'agit d'un

 15   document qui est signé par l'accusé, Dario Kordic, et qui est adressé à

 16   MM. Anto Pejcinovic et Zvonko Duznovic encore une fois, dont il a été

 17   question. Ce document est du 12 mars 1993 et il est indiqué que les

 18   "messieurs de Vares peuvent venir le lundi matin suivant à propos des

 19   prisonniers et devront rendre compte au commandant de brigade ou à la

 20   police militaire". Ce document est encore une fois signé par l'accusé,

 21   Dario Kordic.

 22   Le nouveau document que je vous propose est le document en date

 23   du 30 mars 1993, document référence Z579 sur lequel il apparaît que le

 24   nommé Borivoje Malbasic -dont le témoin a parlé, qui a occupé le poste de

 25   chef de la brigade Stjepan Tomasevic, la brigade de la région de Vitez


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  1   dont le témoin a également parlé, brigade dont l'accusé Mario Cerkez a été

  2   le commandant adjoint-, donc M. Borivoje Malbasic est nommé comme chef

  3   d'état-major de la brigade le 30 mars 1993.

  4   Un document de même nature, le suivant, le Z589, qui est daté du

  5   1er avril 1993 : comme le précédent, il s'agit d'un document qui émane du

  6   commandement opérationnel de Bosnie centrale, de Vitez, donc du quartier

  7   général du colonel Blaskic à l'époque, et qui reprend la liste des

  8   différents membres de la brigade Bobovac, la brigade du HVO de Vares, avec

  9   des noms qui ont été cités par le témoin : Emil Harak, Borivoje Malbasic,

 10   Kresimir Bozic qui a remplacé Emil Harak lors des événement de Stupni Do.

 11   On retrouve également le nommé Zdvrasko Duzonivc, pardon, Zvonko Duznovic.

 12   Le document suivant est un document qui fait référence encore

 13   une fois à des éléments qui ont été communiqués par le témoin, qui a parlé

 14   ce matin de l'atteinte à la liberté d'aller et venir dans la région de

 15   Vares. Il s'agit du document référence Z658, en date du 15 avril 1993, qui

 16   indique que "tous les véhicules et les personnes qui viennent de Dabravine

 17   -c'est-à-dire la ville où se trouvaient le témoin et la présidence de

 18   guerre à l'époque- doivent être arrêtés par les forces du HVO".

 19   Il y a deux derniers documents, enfin. Le document Z1146 qui est

 20   daté du 19 juillet 1993. Il s'agit d'un document qui démontre, si besoin

 21   en était encore une fois, que M. Anto Pejcinovic est le président du HVO

 22   de la municipalité de Vares, et qu'il cosigne ce document dénommé "plate-

 23   forme politique" avec M. Zvonko Duznovic cette fois désigné comme vice-

 24   président du HVO de Vares.

 25   Le dernier document que je vous soumets enfin est daté du


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  1   23 octobre 1993. Il est référencé Z1258. Il est signé du général

  2   Milivoj Petkovic et il fait référence à la cessation des fonctions au

  3   23 octobre 1993 de Anto Pejcinovic, Zvonko Duznovic et Ivica Gavran,

  4   c'est-à-dire donc à l'époque des faits de Stupni Do, ce dont le témoin

  5   nous a parlé également ce matin.

  6   Le dernier document qui figure dans votre compilation est un

  7   document sur lequel le témoin s'est déjà expliqué puisque le document est

  8   le document 1281. Ce document est le rapport de l'ECMM sur lequel le

  9   témoin a déjà été interrogé ce matin.

 10   J'en ai terminé avec la liste de ces documents que je vous

 11   propose d'admettre.

 12   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

 13   Maître Naumovski, vous avez la parole.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Permettez-moi de me présenter

 15   d'abord. Je suis l'un des conseils de M. Kordic. Je m'appelle

 16   Mitko Naumovski. Je souhaiterais vous poser quelques questions. Puisque

 17   nous nous comprenons très bien, étant donné que l'on parle la même langue,

 18   pouvez-vous attendre un tout petit peu afin que les traductions anglaise

 19   et française puissent être faites ?

 20   Monsieur Mahmutovic, jusqu'à présent, vous avez parlé à

 21   plusieurs reprises avec les enquêteurs de ce Tribunal, n'est-ce pas ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Effectivement, j'ai fourni

 23   deux déclarations en Bosnie et je me suis entretenu avec les enquêteurs à

 24   une reprise, ici même.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Et à qui avez-vous fourni ces


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  1   deux déclarations en Bosnie-Herzégovine ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Je n'ai pas compris votre

  3   question.

  4   M. Naumovski (interprétation). - A qui avez-vous fourni des

  5   déclarations ? A quelles entités ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - A deux représentants du

  7   Tribunal. Il y avait une dame de la police, je pense, de La Haye. Il y

  8   avait aussi un monsieur. Mais je ne me souviens pas de son nom.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que ceci s'est passé en

 10   mars 1996 ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Sans doute. Cela s'est passé

 12   un certain temps après la cessation des hostilités, après le début de la

 13   procédure.

 14   Je crois que j'ai fourni la dernière déclaration deux semaines

 15   avant de venir ici. C'était simplement une modification apportée à la

 16   déclaration.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Soyons plus précis. Vous avez

 18   dit que vous avez fourni une première déclaration peu de temps après la

 19   fin des hostilités. Est-ce que vous pourriez situer cela plus précisément

 20   dans le temps ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, comme cela a été

 22   consigné dans le texte, cela s'est passé en mars.

 23   M. Naumovski (interprétation). - De quelle année ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - 1996.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi, au cours de cet


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  1   entretien, d'après les renseignements que j'ai reçus, il a fallu deux

  2   jours pour que vous donniez cette déclaration.

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact. Il a fallu un

  4   certain temps pour terminer cet entretien.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Et vous avez utilisé les

  6   services d'un interprète ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). – Evidemment, je ne parle pas

  8   anglais. Il y avait donc la présence d'un interprète.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Les enquêteurs ont donc pris

 10   des notes à partir des propos que vous teniez et des sujets que vous avez

 11   évoqués ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Pour autant que j'ai pu le

 13   constater, effectivement, les enquêteurs ont pris des notes.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Ces notes consignées en

 15   mars 1996, est-ce qu'elles ont également été utilisées au moment de

 16   l'audition que vous avez fournie, il y a de cela quelques mois, comme vous

 17   l'avez dit, n'est-ce pas ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact, ces éléments ont

 19   été utilisés pour apporter un complément à la déclaration car je n'avais

 20   pas terminé cette déclaration. Je n'avais pas dit ce que j'avais à dire au

 21   cours de la première audition.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi, lorsque vous avez

 23   fourni une deuxième déclaration, on vous a remis ces notes, n'est-ce pas ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - On a donné lecture de ces

 25   notes  Des questions supplémentaires avaient été posées auxquelles j'ai


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  1   répondu, puis nous avons terminé, à Sarajevo, cela n'a pas duré longtemps.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Nous sommes donc d'accord pour

  3   dire que la dernière déclaration fournie, il y a quelques mois, reprend,

  4   contient tout ce qui avait été consigné sous forme de notes par les

  5   enquêteurs, lesquelles furent simplement modifiées, amendées au cours du

  6   dernier entretien par vous-même ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact, si ce n'est que

  8   j'ai fourni quelques réponses supplémentaires aux questions qui m'ont été

  9   posées.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Permettez-moi de m'attarder un

 11   instant sur cette déclaration préalable, que vous avez fournie en

 12   décembre 1998, le 3, plus exactement de ce mois. Dans cette déclaration,

 13   on trouve votre signature dans la version anglaise. Vous vous souvenez

 14   avoir signé cette déclaration ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 16   M. Naumovski (interprétation). - L'huissier va d'ailleurs vous

 17   montrer ce document.

 18   (Le document est remis au témoin.)

 19   Est-ce bien votre signature, Monsieur Mahmutovic ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Et cette signature est

 22   apposée à chacune des pages du document ainsi qu'à la fin du document, et

 23   chacune de ces signatures est bien la vôtre ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). – En fin de document, je crois


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 14   pagination anglaise et la pagination française

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  1   que vous serez d'accord avec moi pour dire que la déclaration vous a été

  2   relue en langue bosniaque et contient tout ce que vous avez dit, pour

  3   autant que vous vous souveniez des éléments que vous avez cités.

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Essayons d'apporter certains

  6   éclaircissements à propos de ce que vous avez dit de M. Kordic. Vous avez

  7   dit à son propos que c'était une période où il avait pris la fonction de

  8   président du HDZ. Vous vous en souvenez ? Vous l'avez dit aujourd'hui.

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact, je me souviens

 10   que ceci a été diffusé par les médias, à savoir que M. Kordic était devenu

 11   président du HDZ, du moins pour cette région-là de la Bosnie centrale. Ou

 12   il est possible qu'il soit même président du HDZ pour toute la Bosnie-

 13   Herzégovine. Là je ne suis pas trop sûr.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Et c'est précisément

 15   l'éclaircissement que je voudrais de votre part : est-ce que vous savez

 16   exactement à quel moment M. Kordic est devenu président du HDZ de Bosnie-

 17   Herzégovine ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne connais pas la date

 19   exacte.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Je vais poser la question de

 21   manière différente. Est-ce que vous êtes sûr qu'il était président du HDZ

 22   au cours de la période dont vous avez parlé aujourd'hui ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Au  cours de la période dont

 24   j'ai parlé aujourd'hui, M. Kordic était président du HDZ.

 25   M. Naumovski (interprétation). – Fort bien, merci. On a dit pas


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  1   mal de choses aujourd'hui à propos d'un ordre que vous avez vu

  2   personnellement. Vous avez dit que c'était un ordre très bref. Je vous

  3   cite : "Il faut prendre le pouvoir à Vares", était-il dit dans cet ordre.

  4   Vous vous en souvenez ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Dites-nous, vous avez vu cet

  7   ordre le 5 ou le 6 novembre 1993 ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Et c'est d'abord

 10   Nenad Gvozdenovic qui vous en a parlé ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Quelle était la fonction de cet

 13   homme, à l'époque ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Il était à Dubravine alors que

 15   j'étais commandant de l'état-major, il était adjoint à la sécurité.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce qu'il vous a dit où il

 17   avait vu ce document, où il l'avait trouvé ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Il ne s'agit pas de lui qui

 19   aurait vu ce document, mais du moment où il a été arrêté à Vares. Il a

 20   appris qu'un ordre avait été délivré et qu'il fallait exécuter cet ordre.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Après l'arrestation de qui ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Après l'arrestation de

 23   M. Musdenovic.

 24   M. Naumovski (interprétation). - J'avoue ne pas tout à fait

 25   comprendre. Vous avez dit aujourd'hui que vous aviez appris d'un officier


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  1   qu'il y avait cet ordre.

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous ne savez pas d'où il

  4   tenait cette information ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, car il l'a appris à

  6   Vares.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Donc d'une tierce personne

  8   inconnue ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Puisqu'il s'occupait des

 10   questions de sécurité, il recueillait aussi des renseignements et, par le

 11   biais de la chaîne de commandement, il m'en a fait rapport.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi, lorsque vous avez vu

 13   ce document, le 5 ou le 6 novembre 1993, vous avez dû avoir l'occasion de

 14   le parcourir ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. J'ai essayé d'ailleurs de

 16   vous donner une citation d'un bref paragraphe.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous pourriez me

 18   dire quel était l'intitulé, le titre de ce document ? Que disait

 19   l'intitulé ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, d'ordinaire...

 21   M. Naumovski (interprétation). - Non, non, je vous parle de ce

 22   document particulier.

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne peux pas vous donner de

 24   réponse précise. En effet, c'est une entité officielle qui délivre cet

 25   ordre. C'est un commandement. Puis, au bas de la page ou de l'ordre, il y


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  1   a la signature de la personne qui a délivré l'ordre.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Certes, mais s'agissant de ce

  3   document, vous ne savez pas ce qu'il y avait dans l'en-tête ? C'est la

  4   question que je vous posais.

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Combien de pages y avait-il ?

  7   Est-ce que c'était un document de plusieurs pages ou d'une seule page ? Et

  8   quel était le type de papier ? Est-ce que vous avez eu affaire à un

  9   original ou à une copie ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - C'était un papier de format

 11   A4. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui si c'était un original ou une

 12   copie.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Et quel était le nom de la

 14   personne qui avait apposé sa signature ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Le nom de Dario Kordic était

 16   dactylographié et il y avait une signature manuscrite apposée au document.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que la fonction de

 18   M. Dario Kordic était également mentionnée ? A quel titre, en quelle

 19   qualité a-t-il signé ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne sais pas si sa fonction

 21   était également indiquée.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous pourriez me

 23   dire ceci : indépendamment de la question de savoir si c'était une copie

 24   ou l'original, est-ce que ce document était estampillé ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Il y avait un tampon à la


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  1   gauche de la signature.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous pourriez dire

  3   aux Juges de quel type de tampon ou cachet il s'agissait ? Quelle était

  4   l'entité qui était représentée par ce tampon ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne peux pas vous dire parce

  6   que je ne l'ai pas remarquée.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que ce document avait

  8   aussi un numéro d'enregistrement ou de référence dans l'en-tête ? Quelque

  9   chose qui permettrait de retracer tout le parcours jusqu'à la source ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Je crois qu'à côté de l'en-

 11   tête, il y avait un autre tampon d'enregistrement si vous voulez.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Et le tampon de qui ou de

 13   quelle entité était-ce ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Mais comme je vous le dis, je

 15   ne sais pas quelle était l'entité représentée par ce tampon. Je me suis

 16   contenté de lire l'ordre et j'ai vu la signature.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez dit avoir vu ce

 18   document, qu'on vous l'a montré dans un bureau ou dans des archives. Où

 19   étaient-elles, ces archives ? Je n'ai pas bien compris.

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Après l'entrée de l'armée de

 21   Bosnie-Herzégovine à Vares, deux jours plus tard plus exactement, je me

 22   suis rendu chez la présidente, Mme Mervana Hadzimurtezic, et M. Pejcinovic

 23   avait déjà été chez elle et vous le savez, dans le bureau, il y avait

 24   toute une pile de documents. C'est en conversant avec elle que j'ai pu

 25   parcourir certains de ces documents. En effet, tous les documents que l'on


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  1   a trouvés à cet endroit ont été remis au service de sécurité. Je ne sais

  2   pas si c'était de la police militaire ou de la police civile qui avait

  3   commencé à refonctionner à Vares.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Mahmutovic, vous nous

  5   avez dit que la dernière déclaration fournie l'avait été au meilleur de

  6   vos souvenirs. Nous n'avons pas votre première déclaration parce qu'elle

  7   n'existe que sous forme de notes.

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact. C'est bien cette

  9   déclaration et j'affirme encore aujourd'hui que ce que j'ai dit, c'est ce

 10   dont je me souviens, est que je veux simplement que la vérité se

 11   manifeste.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Avec votre permission,

 13   Messieurs les Juges, j'aimerais montrer au témoin la seule déclaration

 14   dont nous disposons en date du 3 décembre 1998. Je crois avoir

 15   suffisamment d'exemplaires à l'intention des Juges et de la partie

 16   adverse.

 17   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira du document D 31/1.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que M. l'huissier

 19   pourrait placer la version anglaise sur le rétroprojecteur ? Je pourrais

 20   ainsi guider le témoin, lui et moi pourrons nous servir de la version en

 21   bosniaque.

 22   Je voudrais revenir, Messieurs les Juges, à la page 5 de la

 23   version anglaise. Monsieur Mahmutovic, est-ce que vous voulez bien prendre

 24   cette page 5 de la traduction en BCS que vous a remise l'huissier, au bas

 25   de la page 5 ? Il y a quelques phrases à peine. Messieurs les Juges, est-


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  1   ce que vous avez trouvé cette page 5?

  2   Page 5, cinquième paragraphe, dernière phrase, dans l'original

  3   anglais. Monsieur Mahmutovic, dans votre déclaration préalable, que vous

  4   avez signée et que je vous ai montrée, j'aimerais d'ailleurs que vous me

  5   suiviez pour ce que vous avez dit après le "putsch" : "J'ai entendu parler

  6   d'un ordre donné par Dario Kordic et adressé au HDZ HVO de Vares afin de

  7   prendre le pouvoir, le contrôle à Vares. Je n'ai jamais vu cet ordre

  8   personnellement, je n'en ai appris l'existence que plus tard".

  9   M. le Président (interprétation). - Oui, nous avons ce passage,

 10   je vous remercie.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Mahmutovic, je viens

 12   de rapporter vos dires de ce que vous avez dit aux enquêteurs. Est-ce que

 13   je vous ai bien lu, bien cité ?

 14   Est-ce que c'est bien exact, Monsieur Mahmutovic ? Ce que je

 15   vous ai lu est-il bien exact ?

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, quelque chose de cet

 17   ordre-là, ce ne sont peut-être pas les mots que j'ai utilisés, exception

 18   faite du membre de la phrase "et j'en ai appris l'existence plus tard".

 19   J'ai dit que je l'ai vu plus tard.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Il y a un instant, vous avez

 21   dit que vous aviez rapporté ce dont vous vous souvenez et vous confirmez

 22   maintenant ce que je viens de lire, à savoir que jamais vous n'avez vu

 23   ceci. Il y a quand même une différence fondamentale entre ce que vous

 24   dites aujourd'hui ici et ce que vous avez dit en mars 1996 ainsi qu'en

 25   décembre 1998. Jamais vous n'avez dit avoir vu le document.


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Il est dit ici que je n'ai

  2   jamais vu.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous êtes d'accord pour

  4   dire que vous avez signé ceci comme étant votre propre déclaration ? Les

  5   Juges peuvent voir que vous avez apposé votre signature à chacune des

  6   pages de l'original en anglais. Chaque page, vous l'avez signée, ce qui

  7   veut dire... Et je pense que la traduction est exacte.

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Il y a peut-être un problème

  9   de traduction.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Ah, vous croyez que c'est une

 11   erreur de traduction ? Vous n'avez pas émis une seule objection au moment

 12   de signer la traduction.

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, de la façon dont le

 14   texte m'a été relu, je n'ai pas eu d'objection à formuler, mais ce n'est

 15   pas ce que j'ai dit et ce n'est pas de cette façon-là que le texte m'a été

 16   retraduit.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que quelqu'un pourrait

 18   m'aider au niveau de la traduction de ce que vous avez dit ? Nous allons

 19   peut-être demander l'aide des interprètes qui pourraient traduire ce qui

 20   est dit dans cette phrase. Je parle de la dernière phrase qui se trouve au

 21   cinquième paragraphe de cette cinquième page. Est-ce que les interprètes

 22   pourraient faire la traduction de la phrase qui commence par les mots

 23   suivants : "Je n'ai jamais vu cet ordre personnellement et je n'en ai

 24   entendu parler que plus tard" ?

 25   C'est donc l'interprétation de ce que je viens de vous lire,


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  1   Monsieur le Témoin, de ce qui a été noté, consigné et de ce qui a été

  2   signé pour chacune des pages du document, déclarations qui représentaient

  3   ce dont vous vous souveniez. Convenez-vous avec moi du fait que ce que je

  4   viens de vous lire est correct et a été signé par vous ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Je reconnais que j'ai apposé

  6   ma signature, mais je ne suis pas d'accord sur le fait que ce soit ce qui

  7   m'a été redit au moment où la déclaration m'a été retraduite.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Fort bien, nous pouvons passer

  9   à autre chose.

 10   Mais peut-être encore une question s'agissant de ce document. En

 11   fin de déposition, aujourd'hui, au cours de l'interrogatoire principal,

 12   vous avez dit qu'il y avait d'autres documents que vous aviez vus

 13   personnellement et que M. Kordic a signés.

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Naumovski (interprétation). - En quelle qualité, à quel titre

 16   les a-t-il signés ? Au même titre ? A quel titre avait-il signé ces

 17   documents que vous avez vu signés de sa main ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Au même titre.

 19   M. Naumovski (interprétation). - A quel titre ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Je vous ai dit que je ne

 21   pouvais pas préciser en quelle qualité il l'avait signé, quel poste il

 22   occupait parce que la chaîne de commandement était centralisée. En

 23   d'autres termes, les ordres venaient des mêmes sources politiques et

 24   militaires.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Je comprends que c'est là une


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  1   conclusion que vous avez tirée plutôt que des connaissances que vous avez

  2   de première main ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Si c'est comme cela que vous

  4   comprenez les choses, moi je crois que je n'avais pas pour obligation

  5   d'établir à quel titre il avait signé ces documents.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Mais ces documents que vous

  7   avez également vus, est-ce que c'étaient aussi des ordres militaires ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Pour l'essentiel. Il y avait

  9   aussi des transferts d'autorité, d'autres ordres de subordination des

 10   unités.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Etaient-ils tous signés par

 12   M. Kordic?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, mais...

 14   M. Naumovski (interprétation). - Mais je parle du titre qu'il

 15   avait. Est-ce qu'il a signé à son propre nom ou bien au nom de certaines

 16   entités ? Quelle était la fonction qu'il occupait, qui lui permettait de

 17   signer ces documents ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne peux pas répondre à

 19   votre question, car je ne sais vraiment pas quelle était la fonction qu'il

 20   occupait.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Revenons, si vous le

 22   voulez bien, au début. Revenons au début de votre déposition de ce matin.

 23   Je vous ai entendu déclarer que vous avez étudié les sciences politiques,

 24   mais est-ce que vous êtes diplômé en sciences politiques ? Est-ce que vous

 25   avez terminé vos études ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, je suis diplômé de

  2   Sarajevo.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Quand ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - En 1984, alors que je

  5   travaillais.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Et quel était le titre de votre

  7   qualification ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Spécialiste en sciences

  9   politiques.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce un cours de deux ans ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Et quelle est votre profession

 13   de base, disons ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Je suis ingénieur en

 15   mécanique.

 16   M. Naumovski (interprétation). - En ex-Yougoslavie, est-ce que

 17   vous étiez membre du parti communiste ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Jusqu'à quand ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Jusqu'à la dissolution du

 21   parti.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges à

 23   quel moment cette dissolution s'est opérée ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne peux pas vous donner une

 25   date précise parce que nous sommes devenus le SDP, le parti social-


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  1   démocrate.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Et au moment des élections

  3   de 1990, est-ce que vous étiez membre du SDP , parti social-démocrate ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Une dernière question : lorsque

  6   vous avez terminé l'école des officiers de réserve, on vous a attribué un

  7   grade, un rang ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, on ne vous donnait pas un

  9   grade. Votre rang est confirmé par décret.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Quel était le rang que vous

 11   occupiez lorsque vous êtes retourné à Vitez ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne suis pas retourné à

 13   Vitez, mais à Vares.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Très bien. Lorsque vous êtes

 15   retourné à Vares.

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - J'étais sous-lieutenant.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Et à quel moment avez-vous

 18   rejoint la Défense territoriale ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Dès mon retour de l'école,

 20   j'ai rejoint les rangs de la Défense territoriale.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Et quel est le rang le plus

 22   élevé que vous avez occupé au sein de la Défense territoriale en ex-

 23   Yougoslavie ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - J'étais capitaine de première

 25   classe, grade confirmé en 1983.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Et quelles étaient vos tâches

  2   au sein de l'état-major de la Défense territoriale ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - J'étais adjoint au commandant

  4   en matière de politique.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Et vous avez occupé ce poste

  6   jusqu'au moment des élections en 1990 ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Effectivement, pratiquement

  8   jusqu'à la dissolution de la Défense territoriale à la suite des

  9   élections.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Vous dites que l'état-major a

 11   été dissous.

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact, il l'a été après

 13   accord donné par les partis sortis victorieux des élections. Et si vous me

 14   permettez d'ajouter ceci, le HDZ et le SDA voulaient réétablir,

 15   reconstituer. Ils voulaient que le SPD ait le moins de contrôles

 16   possibles.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Nous parlons de 1990.

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Naumovski (interprétation). - C'était toujours lié à la JNA ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Jusqu'à quand ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Jusqu'à la prise de pouvoir

 23   par les nouveaux partis.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Est ceci, quand est-ce que cela

 25   s'est passé ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Sitôt après les élections, et

  2   après l'annonce des résultats électoraux.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Dans votre déclaration

  4   préalable, vous avez donné les pourcentages démographiques dans la région

  5   de la municipalité de Vares.

  6   J'aurais voulu vous poser une question quelque peu différente.

  7   Conviendrez-vous avec moi du fait que, après les élections, l'assemblée

  8   municipale comptait 50 députés ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Dix-neuf d'entre eux

 11   représentaient le SDP, 13 le HDZ et 9 le SDA, 8 représentaient ce que l'on

 12   appelait les réformateurs, les adeptes de Markovic. Et il y avait un

 13   député qui représentait l'organisation de la jeunesse menée par Kares.

 14   Etes-vous d'accord sur ces chiffres ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Je n'ai pas fait le décompte

 16   avec vous, mais cela semble tout à fait raisonnable.

 17   M. Naumovski (interprétation). – Faites-moi confiance, j'ai bien

 18   fait mes calculs.

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Je fais confiance.

 20   M. Naumovski (interprétation). - A l'issue des résultats des

 21   élections, vous avez dit que Andrevic a été élu maire de la ville,

 22   Zvonimir Dugonjic était président du conseil exécutif, Dario Andrevic

 23   était du HDV et Dugonjic était du HDZ.

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Et eux-mêmes avaient leurs


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  1   propres suppléants. Ratko Krajic était le suppléant de Dugonjic. C'était

  2   un autre Serbe du SDP et le suppléant du maire était Mervana Hadzimurtezic

  3   qui représentait le SDA. Est-ce exact ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). - L'assemblée a donc constitué un

  6   état-major conjoint de la Défense en 1992. Etes-vous d'accord là-dessus ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Il me semble qu'il ne s'agit

  8   pas du 20 avril mais du 28 mars.

  9   M. Naumovski (interprétation). – Parlons-nous de la même chose ?

 10   Il s'agit de l'état-major conjoint de la Défense territoriale et du HVO.

 11   Il y a beaucoup de noms sur cette liste qui participaient aux activités de

 12   la Défense territoriale, entre autres Emil Harara, qui a commencé sa

 13   carrière au sein de la Défense territoriale.

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il s'agissait de l'état-

 15   major municipal de la Défense territoriale.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi, je vous prie, qui

 17   était le commandant de l'état-major municipal ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - A l'époque, c'était

 19   M. Borivoje Malbasic.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Etes-vous d'accord avec moi si

 21   je dis que son prédécesseur a été remplacé parce que ses collègues

 22   n'étaient pas contents de son travail ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'était l'explication

 24   officielle.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Mais il a été soutenu par le


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  1   SDA et le HDZ. Il a été remplacé par le HDZ et le SDA.

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). - J'ai oublié de vous poser une

  4   question. Vous avez dit que vous étiez le vice-président d'un nouveau

  5   parti, le parti pour la Bosnie-Herzégovine, Zabih.

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Le président du parti est

  8   M Silajdzic ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si le

 11   parti avait formé une coalition avec le SDA, lors des élections ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). – Oui, lors des dernières

 13   élections.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie. On a parlé

 15   aujourd'hui des relations inter ethniques avant les élections. Nous le

 16   savons tous, à cette époque, dans l'ex-Yougoslavie, il n'existait qu'un

 17   parti, la Ligue des Communistes et il n'y avait pas plusieurs partis. Nous

 18   sommes d'accord ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). -  Oui. C'est exact.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie. Lorsque vous

 21   avez mentionné M. Malbasic, de la période où il était nommé commandant de

 22   l'état-major conjoint, vous avez dit qu'il était membre du SDP.

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il était membre du SPD.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Vous avez également dit

 25   que le HVO a créé des unités qui ne faisaient pas partie de la Défense


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  1   territoriale. De quelle période s'agit-il ? Quand le HVO a-t-il créé des

  2   unités séparées ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils ont commencé à arborer

  4   leur insigne, à créer des unités à part et nous n'avions pas de liens ni

  5   de relations avec eux. Il s'agissait de l'unité de la police civile.

  6   Il s'agissait aussi d'une unité de commando et, sur le

  7   territoire de la municipalité de Vares, les communautés locales sont plus

  8   ou moins homogènes ethniquement. Conformément aux ordres de la JNA, les

  9   unités faisaient partie automatiquement soit du HVO, soit de la Défense

 10   territoriale, selon la composition ethnique des unités.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Sur le territoire de la

 12   municipalité de Vares, il y avait Brgule, un village peuplé de Serbes et

 13   ils ont proclamé leur appartenance à la municipalité d'Ilijas. Est-ce

 14   vrai ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, en quelque sorte. Ils ont

 16   également affiché des panneaux sur lesquels il y avait inscrit qu'ils

 17   appartenaient à la municipalité d'Ilijas.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Le reste de la municipalité a

 19   accepté cette décision ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne dirais pas que cela a

 21   été accepté, mais en fait nous n'avions pas le choix, à l'époque.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que d'autres villages

 23   sur le territoire de la municipalité de Vares, qui n'ont pas proclamé leur

 24   indépendance mais dans lesquelles la JNA a porté des armes, faisaient

 25   parvenir des armes ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, il s'agissait de

  2   deux villages. Ces deux villages ont été vidés de leurs habitants suite à

  3   l'attaque du HVO. Les armes ont été saisies et la population a été peu à

  4   peu évacuée.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que votre unité, il

  6   s'agissait de l'unité de reconnaissance ou anticommandos, avait des

  7   tâches, des missions concernant ces armes, la saisie de ces armes ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, nous étions engagés sur

  9   d'autres fronts dans les missions de reconnaissance que j'ai déjà

 10   mentionnées en direction de la montagne de Cemerska et le plateau de

 11   Nisici.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Lorsque vous étiez à la tête de

 13   cette unité anticommandos, aviez-vous également des fonctions d'aide de

 14   Borivoj Malbasic ?

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, non, non. Mais j'étais

 16   sous ses ordres dans la chaîne de commandement.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Vous aviez dit que le HVO se

 18   procurait des armes. Est-ce que les armes n'étaient pas achetées pour les

 19   deux partis à l'époque de l'état-major conjoint ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - A ma connaissance, non.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que la Défense

 22   territoriale de Vares faisait partie de l'état-major conjoint ? La Défense

 23   territoriale a-t-elle donc jamais reçu d'armes de la part des Croates à

 24   l'extérieur de la municipalité de Vares ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Non. Avant les actions que


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  1   l'on a menées conjointement contre les Serbes.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Quand cela s’est-il passé ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Lors des derniers combats à

  4   Nisici en 1994-1995.

  5   M. Naumovski (interprétation). - En 1992 et 1993, vous vous

  6   armiez tous tout seuls, indépendamment les uns des autres ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - En ce qui nous concerne, nous

  8   n'utilisions que ce que nous avions déjà chez nous, ce que les gens

  9   avaient chez eux.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous aviez des centres de

 11   transmission. Il s'agit quand même d'un équipement, des moyens techniques

 12   que vous aviez certainement achetés quelque part.

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, en fait, on a hérité de

 14   tous ces moyens de la Défense territoriale de l'époque, l'ancienne JNA. On

 15   les a donc trouvés dans les communautés locales.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Avant, la Défense territoriale

 17   dépendait de quoi dans la chaîne de commandement ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - De l'état-major qui se

 19   trouvait à Sarajevo.

 20   M. Naumovski (interprétation). - A Sarajevo ?

 21   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est là où se trouvait

 22   le centre de formation des unités dans la région.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Encore une question. Quand

 24   avez-vous coupé tous les liens avec ce commandement qui se trouvait à

 25   Sarajevo ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Il me semble que c'était le

  2   6 avril 1992. Le monsieur qui était chargé à l'époque, avec lequel j'étais

  3   en contact, je ne me souviens plus de son nom.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Donc, si je vous comprends

  5   bien, c'étaient trois jours avant que la présidence de Bosnie-Herzégovine

  6   a décidé d'abolir l'état-major républicain de l'Etat qui existait

  7   précédemment ?

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne connais pas la date

  9   exacte, mais je sais que les lignes téléphoniques fonctionnaient toujours,

 10   donc c'était à cette époque-là.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie. Il y a un

 12   moment, vous avez parlé de Zvonko Duznovic. Vous nous avez parlé de ses

 13   fonctions, vous nous avez parlé de lui en tant qu'homme et vous avez

 14   précisé que, lors d'une émission radiodiffusée, il avait déclaré qu'il ne

 15   pouvait pas y avoir de cohabitation avec les Musulmans.

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact. Il a

 17   effectivement dit cela lors d'une émission radiodiffusée.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce qu'il parlait en son nom

 19   propre ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Peut-être que c'était en son

 21   nom propre, peut-être que cela ne l'était pas. Je ne suis pas en position

 22   de le savoir.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Je vous pose cette question

 24   parce qu'aujourd'hui vous nous avez déclaré que les Musulmans

 25   participaient au gouvernement du HVO. Vous nous avez donné également les


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  1   différentes fonctions occupées par ces Musulmans au sein de ce

  2   gouvernement, mais je ne me rappelais pas...

  3   Pardon, Monsieur Mahmutovic, est-ce que vous comprenez bien

  4   qu'il y a deux HVO : il y a le HVO civil, qui est chargé des affaires

  5   civiles, et le HVO militaire, l'armée ? Vous êtes conscient de cette

  6   distinction ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne suis pas du tout

  8   conscient de cette distinction. Ce que je sais, ce que je ressens, c'est

  9   qu'il s'agissait là d'une seule entité qui gérait à la fois les affaires

 10   civiles et militaires. Je n'avais pas le sentiment qu'existait la

 11   distinction que vous établissez.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Donc vous pensez qu'il

 13   s'agissait d'une seule entité qui n'était pas divisée en deux branches ?

 14   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Parfait, je vous remercie. Vous

 16   nous avez également dit précédemment que certains Musulmans avaient eu des

 17   fonctions relativement peu importantes au sein du HVO, n'est-ce pas ? Vous

 18   avez parlé de l'éducation, du service de santé, des finances. Mais est-ce

 19   que vous considérez que ce n'est pas important, cela ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Si vous voulez mon opinion, je

 21   dis que ce n'est pas tellement important parce que ces personnes n'avaient

 22   aucune voix au chapitre en matière de décision finale. Elles ne suivaient

 23   que la politique générale et devaient répondre de leurs actes devant les

 24   plus responsables au sein de ce gouvernement.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Mais dites-nous, ces personnes


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  1   dont vous nous avez parlé qui occupaient ces fonctions au sein de ce

  2   gouvernement, vous serez d'accord avec moi pour dire que, parmi les autres

  3   personnes qui fonctionnaient et qui travaillaient dans ce gouvernement, il

  4   y avait encore des Musulmans, des Musulmans qui avaient travaillé dans

  5   l'assemblée municipale auparavant ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je crois qu'il y en

  7   avait, effectivement. Mais pour la plupart il s'agissait de personnes qui

  8   devaient répondre de leurs activités devant les responsables du HDZ.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Mais cela, ce sont vos

 10   conclusions personnelles, n'est-ce pas ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Moi, je vous demande de nous

 13   parler des faits. Après que le HVO a pris le pouvoir, il me semble qu'au

 14   sein de ces entités de pouvoir il y avait des fonctions occupées par des

 15   Musulmans et il y avait également parmi les fonctionnaires des Musulmans,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Et de qui était composée la

 19   présidence de guerre ? Je ne vous ai pas bien entendu.

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - La présidence de guerre a été

 21   constituée tout de suite après la démission de Mme Hadzimurtezic et de

 22   M. Andrijevic. La démission a eu lieu le 1er juillet, cette constitution a

 23   donc pu avoir lieu quelques jours plus tard.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Aujourd'hui, vous nous avez

 25   dit, et je vais le répéter si vous me le permettez que, en fait,


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  1   Mme Hadzimurtezic était devenue automatiquement la présidente de la

  2   présidence de guerre. N'est-ce pas ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne sais pas comment vous

  4   avez interprété mes paroles, mais ce n'était pas automatique, cela ne

  5   pouvait pas l'être, car tout le monde a démissionné, et elle a dû demander

  6   l'autorisation du président de la présidence de guerre pour le remplacer

  7   dans ses fonctions.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Je comprends très bien ce que

  9   vous dites. Moi, ce que je dis, c'est que Dario Andrijevic n'a pas demandé

 10   l'accord de l'assemblée ou de la présidence, pardon, parce que c'est

 11   l'assemblée qui l'a élue à ce poste. Elle aurait également dû passer par

 12   l'assemblée.

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, mais l'assemblée ne

 14   pouvait pas se réunir et c'est sans doute la raison pour laquelle elle a

 15   demandé l'autorisation du président de la présidence de guerre avant de

 16   prendre ses fonctions, car Dario Andrijevic a remis sa démission à cette

 17   femme. Je parle bien de Mme Hadzimurtezic. J'étais présent lorsque sa

 18   démission a été remise.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Fort bien. Lorsque vous nous

 20   avez parlé cependant de ce compte bancaire, vous avez déclaré qu'elle

 21   avait changé le nom des personnes titulaires de ce compte sans passer par

 22   l'assemblée, sans passer par une quelconque autre entité.

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Conformément aux statuts de la

 24   municipalité, dans de telles circonstances, à savoir un état de guerre, il

 25   fallait établir la présidence de guerre et c'est bien ce qu'elle a fait :


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  1   elle a constitué une présidence de guerre. Je ne sais pas exactement ce

  2   qui s'est passé, mais je crois qu'elle avait l'autorisation de la

  3   présidence, autorisation qui permettait à cette femme de changer les

  4   titulaires du compte afin que ces personnes soient autorisées à retirer de

  5   l'argent de ce compte.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi, cette présidence de

  7   guerre, dites-nous en un petit peu plus. Quelle était la composition

  8   ethnique de cette présidence de guerre ? Quel était le groupe ethnique

  9   majoritaire au sein de la présidence ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - C'étaient les Musulmans de

 11   Bosnie qui étaient majoritaires.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Nous allons maintenant parler

 13   du gouvernement du HVO. Vous viviez sur place à l'époque, donc vous êtes

 14   sûrement à même de me répondre. Je crois qu'il y avait environ

 15   2.000 réfugiés qui sont arrivés, n'est-ce pas : environ 1200 Musulmans et

 16   800 Croates sont arrivés dans votre municipalité, n'est-ce pas ? Vous êtes

 17   d'accord avec les chiffres que j'avance ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, je ne suis pas d'accord

 19   avec ces chiffres parce que, tandis que moi je me trouvais à Vares, aucun

 20   réfugié ne s'y trouvait. Seuls les réfugiés qui arrivaient de la Bosnie

 21   occidentale traversaient Vares.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Je suis d'accord avec vous,

 23   nombre de réfugiés traversaient Vares. J'allais vous demander qui était

 24   responsable de s'occuper d'eux lorsqu'ils arrivaient ? Est-ce que c'était

 25   le gouvernement en place ? Qui était responsable de cela ?


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  1   M. Mahmutovic (interprétation). - Je répète que, lorsque je me

  2   trouvais à Vares, aucun réfugié ne s'y trouvait.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Mais est-ce qu'ils traversaient

  4   la ville ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, ils traversaient la

  6   ville, ils n'y faisaient pas étape.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Qui ont été les premiers

  8   réfugiés à arriver à Vares ? Etaient-ce ceux de Kakanj ?

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Non, je crois que les premiers

 10   réfugiés arrivaient de la région de Sokolac et de cette partie du

 11   territoire.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Quand sont-ils arrivés ?

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Je crois qu'ils sont arrivés

 14   au début du mois d'août, peut-être au début du mois de septembre. A cette

 15   époque-là, je ne me trouvais déjà plus à Vares, donc je ne sais pas

 16   combien de réfugiés se trouvaient là.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Mais s'agissait-il de Musulmans

 18   ou de Croates ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). - Je crois qu'il y avait à la

 20   fois des Musulmans et des Croates parmi eux.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Pour en terminer sur ce sujet,

 22   où ont-ils été hébergés à Vares ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - On s'est occupé d'eux, ils ont

 24   été placés à Vares et dans des villages environnants. Je sais qu'à

 25   Stupni Do un certain nombre de réfugiés ont été hébergés, des réfugiés qui


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  1   arrivaient de la Bosnie orientale.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Très bien. Je vais aborder un

  3   autre sujet, si vous me le permettez. Vous avez expliqué tout à l'heure à

  4   la Chambre que vous aviez constitué la présidence de guerre et qu'ensuite

  5   vous étiez allé à Strijezevo puis à Dabravina. Mais cela ne signifie pas

  6   qu'il y a eu division sur le plan territorial, n'est-ce pas ? D'abord les

  7   Serbes se sont emparés de certains villages qui faisaient partie de la

  8   municipalité de Vijec, et maintenant nous avons également les Croates et

  9   les Musulmans qui se scindent en termes territoriaux.

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne crois pas que ce soit la

 11   situation qui prévale. Je vais vous dire pourquoi : il n'y avait pas de

 12   ligne de démarcation entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Oui, c'est exact, nous oublions

 14   tous les deux qu'il y a des interprètes qui travaillent.

 15   Bon, ce n'est pas du tout de cela que je parle. Je ne parle pas

 16   de ces lignes de démarcation, je parle des territoires. Vous, vous vous

 17   trouviez dans une partie de la municipalité et eux se trouvaient dans une

 18   autre partie du territoire. Votre commandant se trouvait à Dabravina et

 19   les Croates, eux, étaient à Vares. C'est à cela que je pensais.

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, c'est ainsi que la

 21   situation se présentait, mais c'était d'abord pour des raisons de

 22   sécurité, afin d'éviter que le HVO ne vienne nous arrêter.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Bien, mais avant que cela ne se

 24   produise, vous avez été transféré de Vares... Enfin, pas vous

 25   personnellement, mais je parle de cette femme, le maire, et la présidente


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  1   adjointe de l'assemblée municipale, Mervana Hadzimurtevic. Je parle

  2   également d'autres personnes qui ont changé de lieux pendant que les

  3   routes étaient encore ouvertes.

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne comprends pas la

  5   question.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Après l'établissement du

  7   commandement ou plutôt, alors que vous étiez toujours au sein de la

  8   Défense territoriale, avant la constitution de la présidence de guerre,

  9   vous vous êtes rendu sur place pour assumer vos fonctions et vous êtes

 10   revenu. Vous pouviez librement entrer dans Vares ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, jusqu'au 6 août 1993.

 12   M. Naumovski (interprétation). - C'est précisément cela que

 13   j'essayais d'obtenir.

 14   Vous avez parlé de ces affiches qui ont été collées un peu

 15   partout dans Vares. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous en décrire une ?

 16   Quelle était la taille de ces affiches, quels étaient les slogans qui

 17   apparaissaient ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - C'était un papier de format A4

 19   qui avait dû être reproduit sur une vieille machine à photocopier. Ces

 20   affiches ont été placées un petit peu partout dans les espaces publics,

 21   dans les endroits où l'on a l'habitude de retrouver ce type d'affichage en

 22   temps d'élection, par exemple.

 23   Il était indiqué sur ces affiches : "HVO Vares", et puis

 24   apparaissaient diverses signatures suivant le sujet. Parfois c'était

 25   M. Duznovic, parfois c'était Andrijevic.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Vous voulez dire que ce sont

  2   les personnes que vous venez de citer qui signaient ces affiches ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Mais je suppose qu'il y avait

  5   des personnes qui recevaient des instructions spécifiques, n'est-ce pas ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous, vous faites

  8   référence à ces slogans publicitaires plutôt qu'à des instructions

  9   spécifiques ?

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Ces affiches

 11   caractérisaient le comportement des Croates vis-à-vis des Musulmans dans

 12   la ville et du fait de ce caractère particulier des affiches, elles ont

 13   été remarquées.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Vous nous avez parlé de

 15   M. Ante Pejcinovic. Avec qui était-il en contact, vis-à-vis de sa

 16   hiérarchie, vis-à-vis de la structure dirigeante ? Quel était son contact

 17   au sein de cette hiérarchie ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, il fallait passer par

 19   la communauté de Dragos et Mikovica, là où se trouvaient les structures de

 20   défense, les unités de la Défense territoriale. Nous recevions toujours

 21   des informations lorsque M. Ante, ou l'un des dirigeants du HVO de Vares,

 22   se rendait à Kakanj. Nous savions qui il rencontrait, avec qui il

 23   s'entretenait, et je crois que dans son rapport, ou peut-être était-ce

 24   dans un article de journal, il a décrit très précisément la nature de ses

 25   entretiens. Je ne veux pas modifier ce qu'il a dit.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Mais je vous demande, à vous,

  2   si vous savez quel était son contact ou quels étaient ses contacts ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Il avait des contacts

  4   avec Dario Kordic et parfois il avait des contacts avec Mate Boban.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Mais je vous demande, vous, si

  6   vous aviez une connaissance directe des personnes avec qui il avait des

  7   contacts. Je ne vous demande pas de nous donner vos conclusions ni de nous

  8   dire ce que disaient les journaux. Je vous demande quelle est votre

  9   connaissance personnelle à ce sujet.

 10   M. Mahmutovic (interprétation). - Sur ce point particulier, mes

 11   connaissances personnelles, je les tire de mes hommes qui négociaient

 12   souvent avec les représentants du HVO.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Mais, là encore, vous parlez

 14   d'autres personnes.

 15   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je parle d'officiers qui

 16   étaient responsables des négociations ou des hommes politiques qui

 17   devaient mener les négociations avec le HVO afin d'éviter que les conflits

 18   n'éclatent à Vares. Il fallait toujours essayer d'établir des contacts

 19   avec la partie adverse pour voir ce qu'il fallait mettre en place.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Donc tout ce que vous savez à

 21   ce sujet, vous le tirez d'un tiers, vous n'avez pas de connaissance

 22   directe à ce sujet ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est précisément ce que j'ai

 24   dit.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie.


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  1   Vous avez déclaré que Zvonko Duznovic avait lui-même délivré des

  2   permis de circulation permettant de sortir ou d'entrer dans la

  3   municipalité. Mais est-ce que cela s'appliquait également à l'intérieur de

  4   la municipalité ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, toute personne

  6   souhaitant quitter le territoire contrôlé par le HVO devait aller voir

  7   M. Zvonko Duznovic et obtenir ces permis de circulation si elle souhaitait

  8   pouvoir circuler dans la région.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Mais après le mois

 10   d'août 1993... Pardon, 1992, est-ce que, de votre côté également, on a mis

 11   en place ce type de mesures visant à limiter le nombre de contacts avec

 12   les municipalités voisines, etc. ? En d'autres termes, seriez-vous

 13   d'accord avec moi pour dire que vos hommes, eux aussi, devaient demander

 14   un permis de circuler s'ils souhaitaient quitter le siège de la

 15   municipalité ou s'ils souhaitaient aller au-delà du territoire placé sous

 16   votre contrôle ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, effectivement, il fallait

 18   avoir un permis de ce genre pour quitter le territoire de la municipalité,

 19   sinon on ne pouvait pas du tout circuler. Il fallait avoir un papier, un

 20   passeport, un laissez-passer.

 21   Mais, à l'époque, on n'en avait pas besoin pour ce qui est de la

 22   municipalité, du territoire de la municipalité.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Mais qui délivrait ce type

 24   d'autorisation permettant de quitter le territoire de la municipalité ?

 25   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, il y avait une agence


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  1   de l'autorité municipale qui était chargée de cela. Cela s'appelait, je

  2   crois, le secrétariat pour la Défense nationale. Je crois que c'est ainsi

  3   que cela s'appelait.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez décrit les entretiens

  5   que vous avez eus avec Malbasic à propos de l'arrestation et vous avez dit

  6   qu'il vous avait offert deux choix et puis un troisième choix, qu'il vous

  7   remettrait aux Serbes.

  8   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Mais quelques jours plus tard

 10   vous avez été relâché tout simplement, n'est-ce pas ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact, j'ai été relâché,

 12   libéré. Ils ont répondu à ma requête, j'ai pu aller à l'hôtel Ponikve où

 13   se trouvait l'état-major du HVO et pour retirer ce que j'avais, et c'est

 14   de là que j'ai été emmené à la ville de Vares même.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Donc en dépit des menaces qu'il

 16   avait proférées, vous avez simplement été relâché sans que d'autres

 17   exigences soient posées par lui ?

 18   M. Mahmutovic (interprétation). - C'est exact. C'est ce que je

 19   vous dis. Je vous dis les choses comme elles se sont passées.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Fort bien, cela permet de jeter

 21   toute la lumière sur l'affaire.

 22   Aujourd'hui, vous avez parlé de cet incident où à Pajtov Han, le

 23   17 octobre 1993, ces soldats de Stupni Do ont été arrêtés, six d'entre eux

 24   je pense. Peu importe. Je voulais vous poser une autre question.

 25   Pourriez-vous nous dire à quel moment ce barrage a été érigé par


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  1   le HVO à Pajton Han ou plutôt à quel moment se sont-ils retirés sur cette

  2   position ?

  3   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien le HVO a établi ce

  4   poste de contrôle, le check point, en septembre 1992, si je ne m'abuse. A

  5   la suite d'un incident...

  6   M. Naumovski (interprétation). - Il s'agit d'une question. Ma

  7   question était de savoir quand. Et puis la question qui se pose par la

  8   suite, c'est le pourquoi. Bien sûr, j'aimerais que vous nous expliquiez le

  9   pourquoi avec l'autorisation des Juges. Je crois que les Juges sont

 10   d'accord. Pourquoi se sont-ils retirés sur cette position ?

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Ils s'étaient posé des

 12   problèmes au niveau de l'organisation, en matière de passage en direction

 13   du village de Vujove, du village de Strijezevo. Et à la suite des ordres

 14   que j'avais donnés, nous-mêmes, nous avons constitué notre propre groupe

 15   destiné à contrôler cette partie du territoire.

 16   Après que ce groupe a été constitué pour contrôler la zone,

 17   Pejcinovic a présenté une requête avec Zvonko Duznovic selon laquelle il

 18   fallait de toute urgence constituer une équipe sans ma présence. Cette

 19   équipe se rendrait à Vares pour négocier sur la question de la formation,

 20   de la constitution de ce poste de contrôle.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Si je vous ai bien compris,

 22   vous étiez en train d'adopter, de prendre des positions, vous-même et la

 23   police du HVO ?

 24   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Merci.


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  1   Vous avez parlé de Dabravine.

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - A ce propos, puis-je ajouter

  3   quelques mots à ce que je viens de dire, ceci va peut-être donner

  4   davantage d'éclaircissements ?

  5   M. Naumovski (interprétation). - Non, je crois qu'il n'est pas

  6   nécessaire d'ajouter quoi que ce soit à propos de ce poste de contrôle.

  7   Mais je vais vous rappeler un incident en rapport avec des attaques du

  8   HVO.

  9   M. Mahmutovic (interprétation). - Je crois qu'il est important

 10   que je vous exprime pourquoi il y a eu cette évolution des événements à

 11   Pajtov Han. Permettez-moi d'en parler aux Juges.

 12   M. le Président (interprétation). - Laissez le témoin

 13   poursuivre.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Poursuivez, Monsieur le

 15   Témoin.

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Il y a eu en fait une réunion

 17   dans le bâtiment de la municipalité de Vares qui réunissait des gens du

 18   HVO et des représentants de l'armée. Un document en huit points a été

 19   rédigé.

 20   Un de ces points revenait à dire qu'il ne devrait pas y avoir de

 21   forces qui contrôlent cette région afin que la liberté de circulation soit

 22   assurée dans toutes les directions, que ce soit pour la Défense

 23   territoriale ou pour le HVO. Mais dès le lendemain, Zvonko Dusnovic, après

 24   le retrait des unités de la Défense territoriale de l'abattoir de Vares,

 25   donc l'armée s'est retirée et Zvonko Dusnovic, lui, a renforcé, a posté


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  1   ses forces au carrefour même qui mène au village de Budojene qui est à

  2   l'embouchure d'une petite rivière, là.

  3   Lorsque nous lui avons demandé pourquoi il avait fait cela, il a

  4   répondu qu'il n'était pas d'accord avec ce qui avait été signé et qu'on

  5   lui avait joué un tour au moment de la signature de ces documents.

  6   Ceci montre que le poste de contrôle du HVO a été renforcé à cet

  7   endroit et pendant toute la durée d'existence de ce poste de contrôle, il

  8   nous a été impossible, à nous, de rejoindre les unités de Strijezevo et de

  9   Vujove en voiture.

 10   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Mahmutovic, est-ce que

 11   je peux poursuivre les questions que je voulais vous poser ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

 13   M. Naumovski (interprétation). - J'aurais voulu rappeler une

 14   chose, pour autant, bien sûr, que vous vous en souveniez. Il s'agit d'un

 15   incident lié à des réservoirs de carburant du HVO à Zabravine. Est-ce que

 16   vous vous souvenez de ces réservoirs ou citernes ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). – Mais bien sûr.

 18   M. Naumovski (interprétation). - En fait, c'étaient des camions

 19   citernes du HVO qui étaient autorisés par le commandement de l'armée de

 20   Bosnie-Herzégovine à Zenica à traverser. Toutefois, ces camions-citernes

 21   ont été arrêtés, stoppés.

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Ce n'était pas simplement des

 23   camions-citernes. Il y avait aussi des camions frigorifiques qui

 24   transportaient de la viande. Il y avait aussi des camions qui

 25   transportaient des armes et des munitions.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Mais est-ce qu'on peut

  2   qualifier cela de convoi de transport ? Est-ce que l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine avait donné l'autorisation depuis Zenica ?

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Et lorsque nous avons vu

  5   ce laissez-passer ou cette autorisation ou plutôt lorsque les policiers

  6   qui étaient à cet endroit ont vu cette autorisation, ils ont permis aux

  7   camions transportant des armes de passer, mais ils ont gardé les camions

  8   qui transportaient du carburant et de la nourriture. La raison étant que

  9   le HVO de Vares avait formellement interdit l'utilisation de tout

 10   matériaux ou ressources à destination de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 11   En d'autres termes, il n'était pas possible de se procurer un

 12   gramme de nourriture ou de carburant. Nous avons profité de l'occasion

 13   pour obtenir du carburant et de la nourriture et pour l'acheminer vers

 14   Vares.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Nous sommes d'accord pour dire

 16   que ceci a été confisqué au HVO ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Une partie des marchandises.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Je parle du carburant et de la

 19   nourriture. Mais est-ce que vous savez où finalement la viande est

 20   arrivée ? Est-ce qu'elle est sortie du territoire de la municipalité de

 21   Vares ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

 23   M. Bennouna. - Maître, je crois que, dans le contre-

 24   interrogatoire, depuis que vous avez commencé, cela fait à peu près une

 25   heure et demie maintenant, il faudrait aller directement à la question,


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  1   c'est-à-dire que là, vous êtes en train de faire un contre-interrogatoire

  2   pour cette question particulière de ce convoi.

  3   On n'arrive pas à savoir exactement à quel point vous voulez

  4   aller. Alors vous divisez sur vingt questions une seule question et

  5   finalement, je suis au regret de vous dire qu'à un moment donné on

  6   n'arrive plus à vous suivre. Ou voulez-vous aller avec cette histoire de

  7   convoi ? Vous ne pouvez pas poser la question directement au témoin  ? Il

  8   vous a dit qu'il était au courant de cet incident.

  9   Alors dites-lui de quoi il s'agit. Qu'est-ce que vous voulez

 10   faire dire au témoin ? Et vous le faites pour tout, c'est-à-dire pendant

 11   tout le contre-interrogatoire, vous divisez chaque question en vingt

 12   questions et finalement on ne sait pas de quoi vous parlez.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

 14   Juge.

 15   Monsieur Mahmutovic m'a donné, il a fourni la réponse que je

 16   cherchais à obtenir de sa part. Nous allons accélérer la procédure. Bien

 17   sûr, moi aussi je suis conscient de l'heure, mais il n'est pas si facile

 18   que cela d'avancer, du moins rapidement.

 19   Lorsque vous avez parlé de cette unité de la Défense

 20   territoriale dans la région de Stupni Do, est-ce que vous pourriez nous

 21   dire si cette unité était en lien de subordination directe par rapport à

 22   vous, s'agissant du commandement ?

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, pendant que j'ai été

 24   le commandant de l'état-major de la Défense territoriale, donc jusqu'au

 25   1er juillet 1993.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Vous nous avez dit qu'il y

  2   avait environ 50 hommes dans cette unité, certains en civils, d'autres en

  3   uniformes.

  4   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). – Dites-nous,

  6   M. Husnija Mahmutovic, dont on a parlé, c'est un de vos parents ?

  7   M. Mahmutovic (interprétation). – C'est le fils de mon oncle.

  8   Nous sommes les enfants de deux frères, nous sommes donc cousins germains.

  9   M. Naumovski (interprétation). - A propos, le Procureur a

 10   demandé le versement au dossier d'un document établi par l'ECMM.

 11   Dans ce document, il est fait état d'un marché noir pour les

 12   cigarettes, d'une contrebande de cigarettes. Je vais essayer de suivre les

 13   conseils du Juge Bennouna.

 14   Où est-ce qu'on faisait du trafic de contrebande dans cette

 15   région, enfin cas de notoriété publique, n'est-ce pas ?

 16   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, je savais où cela se

 17   passait.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Jusqu'à quel moment avez-vous

 19   été commandant de la Défense territoriale ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Jusqu'au 1er juillet 1993.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Et après ?

 22   M. Mahmutovic (interprétation). - Eh bien, par la suite, j'ai

 23   occupé une fonction dans le groupe opérationnel Oganj Visoko. J'étais

 24   rattaché au 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Et quel était votre poste,


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  1   quelle était votre fonction ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - J'étais officier chargé des

  3   opérations à l'état-major.

  4   M. Naumovski (interprétation). - A l'état-major ?

  5   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, dans l'état-major.

  6   M. Naumovski (interprétation). -  Parlons du groupe tactique qui

  7   avait pour mission de surveiller l'évolution des événements dans la région

  8   de Vares. Dites-nous, s'agissant des combats qui se sont déroulés à

  9   Stupni Do, vous avez dit que d'après vos estimations, 200 soldats, à peu

 10   près, sont arrivés dans des véhicules que vous avez vus. Mais est-ce que

 11   tous ces véhicules étaient pleins ? Avez-vous pu établir cela ?

 12   M. Mahmutovic (interprétation). - Il m'était impossible de dire

 13   s'ils étaient remplis, mais en général, on fait des estimations militaires

 14   à partir du nombre de véhicules, et on tient compte de l'équipement, du

 15   matériel transporté.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Donc cela veut dire, en résumé,

 17   que c'est là une estimation établie de façon indirecte. Vous avez conclu

 18   qu'il y avait à peu près 200 hommes ?

 19   M. Mahmutovic (interprétation). – Oui.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Avant l'arrivée de ces soldats

 21   dans le cadre des événements de Stupni Do, plusieurs mois auparavant,

 22   quelque 500 hommes sont venus de Travnik .

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui, ce sont des

 24   renseignements que nous avons obtenus de Vares. C'est la raison pour

 25   laquelle des instructions ont été délivrées selon lesquelles il fallait


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  1   évacuer la population civile de Stupni Do.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Voici quelle serait ma question

  3   directe : est-ce que ce sont les gens de Travnik  qui ont traversé le

  4   territoire serbe dans le mont Vlasic pour arriver à cette région après la

  5   capture de Travnik et ceci sans armes ?

  6   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne sais pas comment ils

  7   sont parvenus à cet endroit. Ce que je sais, c'est qu'ils ont traversé

  8   Uteze pour arriver à Vares.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Ma question était de savoir si

 10   ces personnes étaient sans armes.

 11   M. Mahmutovic (interprétation). - Je ne sais pas si ces

 12   personnes étaient armées ou pas.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Vous avez également

 14   déclaré que les Musulmans qui avaient vécu dans le village de Dastansko

 15   s'étaient vu poser comme exigence de remettre leurs armes. Est-ce qu'ils

 16   l'ont fait ?

 17   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Et les habitants de Stupni Do

 19   l'ont-ils fait ?

 20   M. Mahmutovic (interprétation). - Non.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Pourtant, vous avez dit qu'il y

 22   avait eu des négociations à cet égard.

 23   M. Mahmutovic (interprétation). - Je n'ai pas tout à fait

 24   compris ce que vous avez voulu dire.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des


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  1   négociations sur la remise d'armes ?

  2   M. Mahmutovic (interprétation). - Oui. Zvonko Duznovic se

  3   rendait fréquemment au village de Mir où il y avait une unité du HVO. Il

  4   s'est rendu fréquemment dans ce village de Mir. Il a traversé Stupni Do,

  5   est passé tout près de Stupni Do et, ce faisant, il disait aux personnes

  6   chargées de la sécurité de ce village qu'elles devaient remettre leurs

  7   armes. Ces personnes se voyaient également enjoindre par d'autres

  8   personnes venant de l'unité de Przici de se rendre à des pourparlers pour

  9   discuter de ces choses-là.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Je ne sais pas jusqu'à quand

 11   nous allons poursuivre.

 12   M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il est temps de

 13   lever l'audience.

 14   Maître Naumovski, est-ce que vous avez encore beaucoup de

 15   questions à poser à ce témoin ? Ceci nous permettra de planifier la

 16   journée de demain.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, vous

 18   m'avez déjà pris à l'improviste, au dépourvu, j'ai mal estimé mon temps.

 19   Là, je suis de façon stricte la chronologie des événements à propos

 20   desquels le témoin a déposé. J'ai parcouru deux tiers du terrain. Je

 21   pourrai être très rapide demain.

 22   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

 23   Maître Kovacic ?

 24   M. Kovacic (interprétation). - Eu égard au fait que vous avez

 25   parlé de la préparation de la planification de la journée de demain, il


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  1   nous reste deux ou trois minutes aujourd'hui. Nous pourrions peut-être

  2   discuter de l'opportunité qu'il y a à prévoir un contre-interrogatoire par

  3   la deuxième équipe de la défense, celle qui défend M. Cerkez. En effet, si

  4   l'on tient compte de l'acte d'accusation et plus particulièrement du chef

  5   d'accusatio n 2, la persécution -le seul qui pourrait avoir un lien

  6   éloigné, tout à fait théorique, avec l'accusé Cerkez-, j'aimerais demander

  7   à l'accusation si, à ses yeux, ce témoin intervient dans le procès Cerkez,

  8   si j'ose dire, d'autant qu'au chef 2 de l'acte d'accusation, la

  9   persécution, les charges retenues contre Cerkez sont limitées aux

 10   municipalités de Vitez, Busovaca et Novi Travnik.

 11   Par conséquent, même au niveau formel, je n'entrevois pas de

 12   lien avec l'accusé Cerkez. C'est simplement par prudence que j'aimerais

 13   demander à l'accusation de me dire si, à ses yeux, ce témoin-ci a un rôle

 14   quelconque dans les éléments de preuve qu'ils ont apportés s'agissant de

 15   Cerkez. En effet, c'est à partir de la réponse de l'accusation que je

 16   déciderai si, oui ou non, je vais procéder au contre-interrogatoire.

 17   M. le Président (interprétation). - A vous de décider, Maître

 18   Kovacic, du contre-interrogatoire que vous voudrez mener. Vous n'avez pas

 19   de conseils à recevoir. Vous pouvez de toute façon en discuter avec

 20   M. Lopez-Terres après l'audience. Il pourra vous dire si l'accusation va

 21   se servir de ce témoin.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Oui, mais je crois que le

 23   Procureur doit dire quel est son objectif. Il l'a fait d'ailleurs dans ce

 24   document qu'il nous a remis, où sont énumérés les différents points, mais

 25   pas s'agissant de ce témoin.


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  1   M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas une question

  2   qui intéresse la Chambre de première instance. Par contre, il faudra

  3   s'intéresser à quelques questions, notamment à quelque chose à quoi vous

  4   avez fait allusion, Maître Kovacic, s'agissant de conversations avec

  5   Me Nice. Je crois que ceci devra faire l'objet d'un entretien, tôt ou

  6   tard. Il y a des requêtes déposées par le Procureur à propos de plusieurs

  7   témoins. Il faut nous saisir également de ces questions.

  8   A titre officieux, on nous a posé une question à propos d'un

  9   calendrier pour le mois de septembre. La réponse est la suivante. Ceci est

 10   tributaire d'autres affaires. Si ces affaires sont prévues au rôle, nous

 11   vous le dirons, mais je garde à l'esprit qu'il faudrait essayer de vous

 12   communiquer ce calendrier dans les meilleurs délais.

 13   Autre question qu'il nous faut mettre au point, ce sont les

 14   questions de procédure que nous avons déjà étudiées à plusieurs reprises

 15   sans en terminer. Je ne sais pas, Maître Nice, pour ce qui est des

 16   indications du contre-interrogatoire, comment vous prévoyez le reste de la

 17   semaine. Nous n'allons pas siéger mercredi et vendredi après-midi, bien

 18   sûr.

 19   M. Nice (interprétation). - Oui, ceci nous préoccupe pour le

 20   reste de la semaine parce qu'au vu du contre-interrogatoire de ce témoin

 21   jusqu'à présent, il sera difficile d'entendre les trois témoins qui sont

 22   déjà ici pour cette semaine. Nous les avions amenés dans l'espoir de

 23   pouvoir progresser plus rapidement.

 24   Ce qui me préoccupe également, c'est que nous n'avons jamais

 25   fait que prendre la question des procédures par morceau, parce qu'on a


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  1   essayé de considérer comme prioritaires les témoins. Ceci présente

  2   plusieurs inconvénients. Cela veut dire qu'il y a une pression qui

  3   s'exerce sur la Chambre qui doit prendre des décisions en matière de

  4   procédure quelquefois un peu trop rapidement, peut-être.

  5   Je vous suggère de reporter les questions de procédure d'un

  6   jour, voire deux, ne serait-ce que parce que la déclaration qui est

  7   préparée et qui servira de résumé en matière de dossier n'est toujours pas

  8   terminée. Nous devrions l'avoir d'ici à la fin de la semaine.

  9   En passant, je pourrais régler rapidement la question de la

 10   correspondance qu'il y a entre moi-même et Me Kovacic. En fait, c'est une

 11   lettre que je lui ai adressée car j'ai été témoin de certains événements.

 12   Maintenant, il y a eu un dépôt officiel et, ainsi que les deux lettres de

 13   Me Kovacic, ceci est à votre disposition dans le dossier de l'audience.

 14   Cela ne devrait pas nécessiter de temps. A vous de décider, Messieurs les

 15   Juges, si vous voulez qu'il y ait lecture ou pas. En tout cas, c'est à

 16   disposition maintenant.

 17   M. Stein (interprétation). - En matière de procédure, nous

 18   serions grandement aidés si nous avions au moins une journée ou deux pour

 19   vraiment digérer ce document qu'on est en train de rédiger dans le cadre

 20   du dossier, afin d'avoir un regard intelligent sur cette matière.

 21   M. le Président (interprétation). - Eh bien, ce sera reporté à

 22   la semaine prochaine. S'agissant des autres questions, il serait peut-être

 23   utile de formaliser ces questions relatives à cette conversation. Cela

 24   pourrait être inscrit au dossier en temps utile. Vous pourriez en discuter

 25   avec Me Kovacic.


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  1   M. Nice (interprétation). - Si c'est disponible sous forme

  2   écrite et que vous voulez que j'en fasse lecture à M. Kovacic, j'en suis

  3   fort aise.

  4   Incidemment... Non, je ne veux pas le dire en présence du

  5   témoin, je crois que j'en parlerai un autre jour. Il y a une autre

  6   question que j'allais évoquer. Je l'avais dit à Mme Furtherstone, je pense

  7   qu'il faudrait en parler en l'espace de quelques secondes. Je pourrais

  8   peut-être le faire après la sortie du témoin.

  9   M. le Président (interprétation). - Monsieur Mahmutovic, est-ce

 10   que vous pourrez revenir demain, à 9 heures 45 ? C'est alors que nous

 11   pourrons terminer votre déposition. Mais je vous demanderai de vous

 12   retirer maintenant.

 13   M. Mahmutovic (interprétation). - Je serai bien sûr ici,

 14   Monsieur le Président.

 15               (Le témoin quitte le prétoire.)

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce que je peux saisir cette

 17   occasion pour évoquer trois choses ?

 18   D'abord la chose que je vous ai promise parce que j'avais promis

 19   à Mme Furtherston de le faire. Vous vous souviendrez, Messieurs les Juges,

 20   que, précédemment, j'avais soulevé une possibilité, celle d'une visite

 21   dans la région. La Chambre m'avait invité à explorer cette possibilité.

 22   Est-ce que cela doit se faire à huis clos partiel ? Je ne sais

 23   pas si c'est facile à réaliser de passer à huis clos partiel ?

 24                     (Audience à huis clos partiel)

 25   (expurgée)


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 13               L’audience est levée à 16 heures 35.

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