Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                           Affaire IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

  3                           Jeudi 29 Juillet 1999

  4                  L'audience est ouverte à 9 heures 38.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

  6   Messieurs les Juges, affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre

  7   Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8   M. le Président (interprétation). - Je voudrais vous dire deux

  9   remarques. D'abord, cet après-midi en raison des difficultés de

 10   climatisation, nous allons passer à la salle 2 pour continuer.

 11   Deuxièmement, demain, il y a une conférence de mise en état

 12   l'après-midi et donc nous devons terminer à midi. Donc je vous demande que

 13   nous commencions demain matin à 9 heures et nous aurons une pause un peu

 14   plus brève pour terminer à 12 heures.

 15   M. Stein (interprétation). - Hier, le Procureur m'a critiqué en

 16   ce qui concerne mon contre-interrogatoire et on a donné lecture du

 17   témoignage du colonel Stewart. Je suggère que ce que Me Nice a dit était

 18   tout à fait inapproprié, je vous donnerai des copies de la page 2, 3, 86

 19   jusqu'à la page 89 et vous verrez si le contexte de ma question et de la

 20   réponse était tout à fait approprié.

 21   M. le Président (interprétation). - Très bien, si vous voulez

 22   bien nous remettre ces copies.

 23   (L'huissier s'exécute.)

 24   M. le Président (interprétation). - Dans ce genre de différends

 25   entre les parties en présence, j'estime que tout cela est tout à fait


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  1   relatif car ce ne sont pas les questions qui nous intéressent mais les

  2   réponses.

  3   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne notre programme,

  4   je ne vais pas revenir à Payam Akhavan. Je dois vous dire que le

  5   colonel Watters est déjà venu deux fois. Je pense que son interrogatoire

  6   principal va durer moins d'une demi-journée.

  7   J'avais prévu une journée entière pour son témoignage, il se

  8   pourrait que cela déborde un peu, mais il serait extrêmement souhaitable

  9   qu'il puisse terminer au plus tard demain puisque c'est la troisième fois

 10   qu'il vient. Il ne peut pas revenir la semaine prochaine et je vous le

 11   répète il est déjà venu deux fois.

 12   Il est colonel, son dernier poste était en Irlande du Nord. Je

 13   ne vais donc pas lui demander où il habite exactement actuellement car

 14   cela n'a aucun rapport avec ces activités en ex-Yougoslavie. En raison des

 15   problèmes de température hier après-midi, je lui ai suggéré de ne pas

 16   porter son uniforme mais plutôt des vêtements civils pour être plus à

 17   l'aise.

 18   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je voudrais tout

 19   simplement attirer votre attention sur le fait même si vous avez dit que

 20   nous allons en parler jeudi prochain, c'est tout simplement pour que vous

 21   puissiez prendre note que le résumé que nous avons obtenu de la part du

 22   Procureur, concernant le témoin colonel Watters, le troisième résumé que

 23   nous avons reçu en 45 minutes qui ont précédé ce débat.

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Nice, il me semblait

 25   que nous avions prévu que les résumés seraient soumis avant la levée de la


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  1   séance de la veille pour que la défense puisse examiner les documents.

  2   Si ce qui se trouve dans le résumé est identique à ce qui était

  3   dans des déclarations précédentes, il n'y a pas de problème particulier.

  4   Mais s'il y a des nouveaux points, il pourrait y avoir des difficultés de

  5   fond.

  6   M. Nice (interprétation). - Il s'agit en effet d'une innovation

  7   qui est destinée à aider les uns et les autres mais c'est une nouveauté.

  8   Habituellement, je le fournis le plus tôt possible, généralement cela

  9   reflète des informations contenues dans d'autres documents qui ont été

 10   rédigés lors des témoignages et des entretiens. Lorsque je peux le faire

 11   plus tôt, je le fais, mais très souvent ces documents ne sont prêts que la

 12   veille du témoignage et donc il est difficile de les remettre plus tôt.

 13   Mais je ferai de mon mieux pour le faire le plus tôt possible.

 14   M. Stein (interprétation). - Puisqu'il s'agit d'une nouveauté,

 15   je note que, dans certains cas, il y a des passages entre parenthèses avec

 16   des références aux documents précédents. C'est extrêmement utile pour nous

 17   quand il y a ces références car on peut se référer au document.

 18   M. Nice (interprétation). - En effet c’est ce que j'essaie de

 19   faire.

 20   M. le Président (interprétation). - Nous allons appeler le

 21   témoin.

 22   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 23   M. le Président (interprétation). - Le témoin va dire sa

 24   déclaration.

 25   M. Watters (interprétation). - Je déclare que je dirai la


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  1   vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.

  2   M. le Président (interprétation). – Asseyez-vous.

  3   M. Watters (interprétation). - Merci beaucoup.

  4   M. Nice (interprétation). -  Quel est votre nom ?

  5   M. Watters (interprétation). - Colonel Brian Watters

  6   M. Nice (interprétation). -Vous êtes commandant en second pour

  7   le 1er Bataillon du Cheshire. Vous étiez en Bosnie à partir du

  8   6 février 1993. Depuis que vous étiez lieutenant-colonel de ce bataillon,

  9   est-ce que vous êtes toujours dans l'armée en tant que soldat

 10   professionnel ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui.

 12   M. Nice (interprétation). - Quand en février 1993, vous êtes

 13   allé en Bosnie, l’une de vos premières tâches a été de vous familiariser

 14   avec la situation complexe, avec les belligérants. Dans ce contexte, avez-

 15   vous rencontré un certain nombre de personnalités clés, personnalités

 16   politiques et militaires en Bosnie centrale, notamment à Vitez, à Travnik

 17   et à Zenica ?

 18   M. Watters (interprétation). - Oui.

 19   M. Nice (interprétation). - Est-ce que l'opération britannique

 20   était appelée Grapple ?

 21   M. Watters (interprétation). – Oui, Grapple 1.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que son objectif principal

 23   était de faciliter les mouvements humanitaires à l'intérieur de votre zone

 24   de responsabilité ?

 25   M. Watters (interprétation). – C'est exact.


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  1   M. Nice (interprétation). - J'ai indiqué "tâches impliquées".

  2   Est-ce que vous pouvez nous expliquer cela ?

  3   M. Watters (interprétation). - Notre tâche principale était de

  4   faciliter les déplacements d'aide humanitaire dans notre zone de

  5   responsabilité. Dans la déclaration de mission, il y a un certain nombre

  6   de tâches qui sont impliquées par cette mission.

  7   Notamment, pour atteindre notre mission, nous devions

  8   entreprendre un certain nombre de tâches militaires. Ce sont ces tâches-là

  9   qui sont considérées comme dés "tâches impliquées", telles que mettre fin

 10   à des conflits, mettre fin à des pertes de vie, mettre fin au nettoyage

 11   ethnique ; tout ce que nous avons considéré comme remettant en cause tout

 12   ce qui pourrait empêcher l'accomplissement de notre tâche principale.

 13   C'était donc cela, la tâche implicite.

 14   M. Nice (interprétation). – Donc, cette doctrine -si l'on veut-

 15   de tâches implicites, est-ce que cela signifie pour autant que les tâches

 16   que vous, Britanniques, deviez accomplir, étaient identiques aux autres

 17   bataillons ou moins ?

 18   M. Watters (interprétation). - Grosso modo, nous avions tous les

 19   mêmes tâches ; chacun, chaque bataillon avait sa façon de faire en

 20   fonction des forces de combat que l'on avait. Nous étions donc de

 21   l'infanterie avec nos véhicules Warriors. Nous avions donc un pouvoir de

 22   combat que n'avaient pas d'autres bataillons.

 23   M. Nice (interprétation). - Est-ce que l'une de vos tâches était

 24   d'examiner les rôles stratégiques du BiH et du HVO ?

 25   M. Watters (interprétation). - Nous devions comprendre la


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  1   situation en effet pour effectuer notre mission. En tant que second en

  2   commandement, l'une de mes responsabilités, en plus de seconder le

  3   commandement, a été de coordonner l'information, les renseignements et les

  4   différentes cellules opérationnelles, et d'élaborer des rapports de

  5   situation pour les commandements.

  6   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne les informations

  7   et les renseignements qui vous arrivaient, quelle était votre approche du

  8   BiH en février 1993 et leur attitude vis-à-vis de l'alliance avec les

  9   Croates ?

 10   M. Watters (interprétation). - La menace à l'unité en Bosnie

 11   centrale provenait des forces serbes et donc le seul moyen de repousser

 12   cette agression était pour les forces musulmanes et croates de s'unir afin

 13   de pouvoir défendre la Bosnie centrale à l'encontre des Serbes. S'ils

 14   essayaient de le faire individuellement, ils se feraient détruire par les

 15   Serbes.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le BiH avait des

 17   supporters extérieurs ?

 18   M. Watters (interprétation). - En Europe, très peu, très peu de

 19   supporters. Le soutien provenait de facteurs religieux, de la religion

 20   musulmane. Et le monde islamique exprimait un soutien à leur égard. Mais

 21   cela ne s’exprimait pas sous la forme de soutien matériel, mais nous

 22   savions que des sommes d'argent considérables arrivaient en Bosnie afin de

 23   soutenir les Musulmans.

 24   M. Nice (interprétation). - Qu'en est-il du HVO et leur

 25   supporter extérieur ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Le HVO était appuyé par les

  2   Croates et il y avait énormément de soutien en Allemagne parmi les pays

  3   européens, pour les Croates en Bosnie.

  4   M. Nice (interprétation). - Quel était l'effet du plan Vance-

  5   Owen par rapport aux objectifs et à l'approche du HVO ?

  6   M. Watters (interprétation). - Le plan Vance-Owen avait un

  7   impact également sur les Serbes dans notre partie de Bosnie, mais pour

  8   répondre à votre question précise, il y a eu création d'un certain nombre

  9   de cantons en Bosnie et c'est le canton 10 qui a eu le plus d'impact dans

 10   ma zone de responsabilité en avril 1993, c'était essentiellement Vitez et

 11   Busovaca C'est cela qui a véritablement renforcé la réflexion du HVO

 12   croate. Et en effet les responsables militaires parlaient beaucoup de

 13   l'impact du plan Vance-Owen, ainsi d'ailleurs que la population dans son

 14   ensemble.

 15   M. Bennouna. - Maître Nice, à propos du plan je voudrais

 16   demander au témoin au lieutenant-colonel Brian Watters, de préciser si

 17   l'adoption de ce plan et sa connaissance par le HVO, a mené le HVO à

 18   penser qu'il devait prendre des positions par la force, qui lui étaient

 19   accordées majoritairement, notamment dans ce secteur qu'il vient de

 20   mentionner, le secteur 10, par le plan Vance-Owen.

 21   M. Watters (interprétation). - Avant le 15 où le 16 avril, nous

 22   avons considéré que c'était une possibilité, mais nous n'avions rien vu

 23   qui nous montre que c'était imminent. Notre souci principal à ce moment-

 24   là, c'était de savoir ce qui se passait dans les poches Musulmanes. Il me

 25   semble que c'était en Bosnie occidentale à Srebrenica me semble-t-il où


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  1   les Serbes tentaient de nettoyer la population Musulmane. Et cela a eu un

  2   impact sur la forme des cantons dans cette partie de Bosnie.

  3   J'ai discuté avec toute une série de responsables militaires

  4   serbes qui m'ont dit qu'en fait, ce qui se passait, leur offensive à

  5   Srebrenica et a Polje étaient destinées à remanier la majorité Musulmane

  6   afin de permettre le contrôle par une minorité serbe. Et c'est à la suite

  7   de ces discussions et de ces briefings qu'on s'est aperçus en fait que les

  8   opérations croates ne faisaient que refléter ce que faisaient les Serbes

  9   dans d'autres parties de Bosnie.

 10   M. Nice (interprétation). – Donc pour revenir de façon plus

 11   précise à la question posée par le Juge Bennouna, est-ce que vous pensez

 12   qu'ils estimaient être justifiés dans leur action par le plan Vance-Owen ?

 13   M. Watters (interprétation). - Je pense qu'ils estimaient qu'ils

 14   pouvaient sécuriser les frontières autour du secteur 10 et les routes

 15   autour du secteur 10, et c'est pourquoi me semble-t-il, ils ont lancé

 16   l'offensive le 16 avril.

 17   M. Nice (interprétation). - Nous allons en parler lorsque nous

 18   parlerons des événements précis.

 19   M. Watters (interprétation). - La réponse simple à votre

 20   question c'est oui. Mais nous ne nous sommes pas rendu compte de cela moi-

 21   même et mon équipe avant le 15 avril. Mais c'est en analysant les

 22   événements pendant l'offensive et après l'offensive et à la suite de nos

 23   discussions avec les hauts responsables militaires Croates et Musulmans

 24   après le 16 avril, c'est ainsi que j'ai compris en effet ce que les

 25   Croates tentaient de faire le 15 et le 16 avril.


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  1   M. Nice (interprétation). - Je reviens au paragraphe 6 de mon

  2   résumé, à la fin de ce paragraphe 6 avant de passer au 7.

  3   En arrivant et d'après ce que vous avez pu en juger, est-ce que

  4   les combats étaient au niveau maximum ou est-ce qu'il y a eu une

  5   accalmie ?

  6   M. Watters (interprétation). - A quelle période ?

  7   M. Nice (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé, est-ce que

  8   les combats étaient au plus haut point d'alerte ou pas ?

  9   M. Watters (interprétation). - Quand je suis arrivé, il y a eu

 10   une accalmie. En novembre et décembre 1992, il y avait eu une offensive

 11   serbe importante de Banja Luka jusqu'à Donji Vakuf, jusqu'à Turbe, et

 12   Travnik, mais c'était l'essentiel de l'activité avant Noël donc. Juste

 13   après Noël et lorsque je suis arrivé, il y avait eu quelques combats dans

 14   la vallée de Kiseljak entre Busovaca et Kiseljak, mais ces combats avaient

 15   cessé. Et lorsque nous sommes arrivés, lorsque je suis arrivé, il

 16   s'agissait de surveiller le cessez-le-feu dans la vallée de Kiseljak.

 17   Dans l'ensemble la vallée de la Lasva était assez calme et nous

 18   nous sommes concentrés sur l'évacuation des réfugiés à la suite de

 19   l'offensive serbe de Banja Luka. Et il y a eu aussi les combats avec les

 20   Serbes au nord de Travnik. Donc, en Bosnie centrale, la situation était

 21   relativement calme à l'exception de quelques désaccords locaux entre les

 22   différents groupes ethniques. Il y avait au niveau tactique, stratégique,

 23   l'alliance semblait être bien mise en place.

 24   M. Nice (interprétation). - A la suite de votre arrivée, est-ce

 25   que vous avez rencontré Dario Kordic ? Et si oui combien de fois ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Je l'ai rencontré une fois dans

  2   son quartier général à Busovaca à la suite de la prise d'un véhicule. Et

  3   en effet, il s'agissait de demander à M. Kordic de faire rendre ce

  4   véhicule. Je l'ai rencontré brièvement à Busovaca. Il s'agissait d'une

  5   visite rapide, il était très occupé et nous n'avons pas pu lui parler

  6   cette fois-là.

  7   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne ce véhicule,

  8   pouvez-vous nous dire ce qui s'est produit avec ce véhicule ?

  9   M. Watters (interprétation). - Il y a eu plusieurs incidents.

 10   D'abord, avant mon arrivée, un soldat avait été pris et kidnappé à

 11   Kiseljak, mais avant même de voir M. Kordic, cet homme avait été libéré.

 12   Et nos officiers de liaison étaient allés le voir en raison de son

 13   influence politique évidente dans la région. Donc en mars 1993, il y a eu

 14   une situation où un officier hollandais a été attaqué, on l'a battu et son

 15   véhicule a été volé. Et donc, nous avons contacté M. Kordic pour lui

 16   demander de faire ce qu'il pouvait faire et peu de temps après, en effet,

 17   le véhicule a été rendu.

 18   M. Nice (interprétation). - Avec les armements ?

 19   M. Watters (interprétation). - Non, juste le véhicule nu.

 20   M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu un autre incident avec

 21   un convoi d'aide ?

 22   M. Watters (interprétation). - Nous avions négocié le passage

 23   d'un convoi de Zenica à Travnik, convoi d'aide. Ce convoi a été pris à un

 24   point de contrôle à Busovaca.

 25   M. Sayers (interprétation). - J'ai une objection. S'il s'agit du


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  1   paragraphe 8, j'ai l'impression encore une fois que l'on va demander à ce

  2   témoin de transmettre des ouï-dire, de nous dire des choses qui lui ont

  3   été rapportées par quelqu'un, qu'il aurait entendu de la part de

  4   quelqu'un. Donc c'est doublement de l'ouï-dire et nous avons une

  5   objection.

  6   M. le Président (interprétation). - Nous allons d'abord entendre

  7   les questions et les réponses, et nous déciderons après.

  8   M. Watters (interprétation). - Ce convoi a donc été confisqué.

  9   Il s'agissait d'un jeune officier qui était au volant de ce Warrior et il

 10   y avait des mines antichars devant. Il ne pouvait pas avancer, il ne

 11   pouvait pas manoeuvrer son véhicule. Les forces croates sont montées près

 12   du volant, ont écrasé les fenêtres avec leur fusil et ont commandé au

 13   chauffeur de conduire son véhicule jusqu'à Busovaca.

 14   J'étais moi-même dans la salle d'opération quand c'est arrivé.

 15   J'ai donc contacté le quartier général du colonel Blaskic à Vitez, puisque

 16   nous avions négocié le passage de ce convoi de Zenica à Travnik. Il nous

 17   avait dit qu'il allait essayer de voir ce qu'il pouvait faire et donc nous

 18   avons attendu.

 19   Ensuite, j'ai reçu un rapport radio, je ne sais pas qui m'a

 20   donné exactement ce rapport, c'était peut-être un commandant d'un des

 21   véhicules et l'un des soldats au point de contrôle qui portait un uniforme

 22   noir qui n'était pas un uniforme normal des Croates, c'était une sorte

 23   d'unité spéciale.

 24   M. Sayers (interprétation). – Objection. On ne sait pas qui a vu

 25   ces choses, il s'agit d'une interprétation de ce qui aurait été dit ou vu,


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  1   on ne sait pas qui l'a vu, je ne sais pas comment on peut juger de la

  2   viabilité de ce témoignage.

  3   M. le Président (interprétation). – Colonel, vous vous trouviez

  4   dans la salle de commande, la salle de contrôle n'est-ce pas ? Vous avez

  5   reçu un compte rendu radio ?

  6   M. Watters (interprétation). - Oui.

  7   M. le Président (interprétation). - Un commandant…

  8   M. Watters (interprétation). – Par le biais de la salle

  9   d'opération de sa compagnie en effet.

 10   M. le Président (interprétation). - Le rapport disait que les

 11   soldats portaient des uniformes noirs et avaient parlé de leur niveau

 12   d'autorité ?

 13   M. Watters (interprétation). – Oui, c'est exact.

 14   M. le Président (interprétation). - Voulez-vous dire quelque

 15   chose ?

 16   M. Nice (interprétation). - Il y a d'autres éléments de preuves

 17   qui montrent la responsabilité de M. Kordic comme on le verra à la fin du

 18   paragraphe 8. C'est lui qui agit afin de faire libérer le convoi. Donc je

 19   pense qu'il s'agit d'éléments qui sont admissibles, d'après le règlement

 20   de ce Tribunal.

 21   (Les Juges se consultent sur le siège.)

 22   M. le Président (interprétation). - Nous allons entendre la

 23   déposition et ensuite les Juges vont décider s'il faut expurger quelque

 24   chose ou non.

 25   M. Nice (interprétation). - L'information que vous avez obtenue


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  1   est venue de quelqu'un, mais vous ne connaissez pas le nom ?

  2   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, je ne

  3   sais pas qui était le commandant de la section qui avait commandé le

  4   convoi.

  5   M. Nice (interprétation). - Quel était l'officier qui était à la

  6   tête de cette section ?

  7   M. Watters (interprétation). - C'était le commandant de la

  8   section mais il y en a 9, donc je ne me souviens pas du nom.

  9   M. Nice (interprétation). - Avez-vous eu d'autres informations

 10   de retour

 11   M. Watters (interprétation). – Ultérieurement, j'ai pu

 12   m'entretenir avec lui et j'ai donc appris par lui ce qui avait permis aux

 13   soldats Croates au point de contrôle, de confisquer le convoi. Il y a une

 14   procédure qui aurait pu l'empêcher et en discutant avec lui, j'ai compris

 15   qu'il n'a pas pratiqué la procédure en question, j'avais donc délivré un

 16   ordre et j'ai rappelé à tous les commandants des sections de s'exercer et

 17   d'assurer les convois pour ne pas être arrêtés au point de contrôle.

 18   M. Nice (interprétation). - A-t-il dit quelque chose qui n'était

 19   pas approprié et qui ne correspondait pas aux informations que vous avez

 20   eues concernant la confiscation et ceux qui disaient qu'ils ne voulaient

 21   pas se subordonner aux ordres du colonel Blaskic ?

 22   M. Watters (interprétation). - Le commandant de la section

 23   savait qu'il avait une autorisation et nous avons connu un certain nombre

 24   de problèmes pour protéger le passage de ce convoi, car il fallait joindre

 25   le village musulman et nous savions qu'il y aurait des problèmes. Il


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  1   savait que le commandant régional, colonel Blaskic, avait délivré une

  2   autorisation pour que ce convoi puisse se déplacer et au moment où les

  3   soldats ont eu des problèmes et quand ils ont compris qu'ils avaient reçu

  4   l'ordre du commandant Blaskic, les soldats ont dit que c'est Kordic qui

  5   leur avait donné cet ordre.

  6   M. Nice (interprétation). – Tout ce que vous avez appris par la

  7   suite par les mass media, par d'autres informations que vous avez reçues

  8   par la personne qui avait dirigé le convoi, qu'avez-vous entrepris ?

  9   M. Watters (interprétation). - Nous avons contacté le colonel

 10   Blaskic, son quartier général. Il nous a dit qu'il n'y avait rien qu'il

 11   pouvait faire, et nous a suggéré de nous mettre en contact avec Mostar.

 12   Moi-même j'étais commandant du bataillon à cette époque-là et

 13   l'officier commandant était en déplacement, j'avais demandé de créer une

 14   unité de combat qui se rende à Busovaca et de prendre par force le convoi,

 15   de profiter des Warriors et j'ai donné les délais, j'ai dit quel était le

 16   moment où il fallait qu'ils commencent cette opération.

 17   J'ai parlé avec le quartier général. de Kiseljak, j'ai demandé

 18   qu'il puisse se mettre en contact avec le général Petkovic à Mostar, qu'il

 19   puisse recevoir également les ordres qui auraient été éventuellement

 20   envoyés à Kordic, qui devait laisser passer le convoi avant que nous

 21   n'attaquions le convoi à Busovaca et qu'on prenne de force le convoi.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ceux qui vous ont été

 23   subordonnés ont effectué ce vous avez demandé ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui.

 25   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'ils ont procédé comme vous


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  1   l'avez dit ?

  2   M. Watters (interprétation). – Oui, ils se sont mis en contact

  3   avec le général Petkovic à Mostar et c'est le quartier général de Mostar

  4   qui avait garanti aux Nations Unies qu'ils allaient envoyer tout de suite

  5   le message à Busovaca, que de toutes façons, on ne voulait absolument pas

  6   permettre qu'on attaque par surprise et personne ne voulait que ceci se

  7   produise. C'est la raison pour laquelle ils ont affirmé que les ordres ont

  8   été donnés ; on avait demandé à Kordic qu'il laisse passer le convoi.

  9   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le convoi est parti par

 10   la suite ?

 11   M. Watters (interprétation). – Oui. Le major Thomas était un

 12   officier de liaison, il est allé voir Kordic et lui a expliqué les raisons

 13   pour lesquelles le convoi a été confisqué, ceci pour prouver sur le plan

 14   politique que la répartition de l'aide n'était pas honnête entre la

 15   communauté Musulmane, la communauté Croate ; il pensait que les Croates

 16   n'étaient pas favorisés, c'est là-dessus qu'il voulait attirer

 17   l'attention.

 18   M. Nice (interprétation). – Et qui l'a dit ?

 19   M. Watters (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir

 20   exactement qui, mais je pense que c'était probablement le colonel Thomas

 21   ou éventuellement quelqu'un des officiers de liaison.

 22   M. Nice (interprétation). - Mais ce n'est pas à vous qu'on l'a

 23   dit ?

 24   M. Watters (interprétation). -  Non, ça n'est pas M. Kordic qui

 25   me l'a dit et je ne l'ai pas rencontré moi-même.


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  1   M. Nice (interprétation). - Par conséquent il y a une erreur au

  2   paragraphe 8.

  3   M. le Président (interprétation). - Est-ce que ceci se rapporte

  4   à cette partie de la question ?

  5   M. Nice (interprétation). - Oui Monsieur le Président.

  6   (Les Juges se consultent sur le siège.)

  7   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie,

  8   Maître Sayers.

  9   M. Sayers (interprétation). - Quelques points.

 10   Premièrement, en ce qui concerne M. Kordic même selon ces

 11   dépositions de seconde main, donc avancées par le major Thomas, on dit

 12   quelle est la raison pour laquelle on avait confisqué le convoi, c'est-à-

 13   dire pour démontrer sur le plan politique ce qu'il considérait, n'était

 14   pas favorable en faveur des Croates. Par conséquent, il n'a pas ordonné de

 15   confisquer, il n'a pas une responsabilité pénale d'après la déposition.

 16   Deuxièmement, il y a un deuxième élément sur lequel j'aimerais

 17   attirer l'attention de la Chambre. Ce que nous venons de recevoir comme

 18   documents, cette liasse de documents, quelques minutes avant que le débat

 19   commence, ne nous permet pas bien évidemment d'examiner en détail tout ce

 20   qui est contenu là dedans. Et ce témoin a écrit une centaine de pages, une

 21   déclaration qui est de 23 pages. il a bien préparé sa déposition en 1994

 22   également. Nous ne disposons pas de cette déclaration préalable. Nous

 23   n'avons pas d'autres dépositions préalables. Ce sont par conséquent des

 24   informations de deuxième main, et c'est la raison pour laquelle le témoin

 25   ne dispose pas d'une information directe. Il s'agit d'une mission


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  1   éventuelle et le temps également n'est pas précisé. Tout ceci ne peut pas

  2   être véritablement vérifié.

  3   M. Robinson (interprétation). - A travers combien de mains cette

  4   information est passée ?

  5   M. Sayers (interprétation). - D'après moi, il y a au moins trois

  6   personnes. Il y a d'abord le soldat qui a informé, qui l'a entendu

  7   probablement en langue croate. Ensuite, cela a été traduit quatre fois.

  8   Par conséquent, le soldat l'a dit à quelqu'un, ensuite ce quelqu'un a

  9   informé le commandant de la section ou bien quelqu'un d'autre. Ensuite, ce

 10   commandant a donc informé le colonel Watters. Trois mains ou quatre mains

 11   éventuellement.

 12   M. le Président (interprétation). - Si le commandant n'a pas

 13   donc informé directement le colonel Watters, vous pouvez éventuellement

 14   procéder lors du contre-interrogatoire à des questions qui vous

 15   permettront d'obtenir la conclusion.

 16   Par conséquent, nous permettons que les dépositions, même quand

 17   il s'agit des informations de seconde main -ce n'est pas la première fois,

 18   ceci s'est produit à plusieurs reprises- cette information est arrivée

 19   jusqu'à l'officier qui se trouvait dans le bureau, dans son office de

 20   travail ; par conséquent, il recevait les informations pendant que les

 21   événements étaient en cours, c'est à vous de décider si vous allez contre-

 22   interroger le témoin.

 23   Ce que le témoin vient de dire est acceptable. Ce sont les Juges

 24   qui vont prendre la décision, et ce qu'ils vont prendre donc en

 25   considération.


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  1   M. Nice (interprétation). - Colonel Watters, qu'est-ce que vous-

  2   même avez pensé sur le rôle de M. Kordic ? Vous avez eu quelques brèves

  3   rencontres, quelques informations également ?

  4   M. Sayers (interprétation). - Objection. Une fois de plus, on

  5   demande le point de vue du témoin sur la base d'une rencontre avec

  6   M. Kordic lors de laquelle il s'en est entretenu. Je ne crois pas du tout

  7   que le témoin soit compétent pour donner un point de vue concernant un

  8   sujet qui lui avait été avancé : la responsabilité, les autorisations de

  9   l'accusé dans cette région.

 10   M. le Président (interprétation). - Monsieur le témoin, est-ce

 11   que vous avez rencontré M. Kordic ?

 12   M. Watters (interprétation). - Oui, à Busovaca.

 13   M. le Président (interprétation). - Je pense que vous avez dit

 14   deux fois ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui, deux fois, je me suis rendu

 16   dans son quartier général. La deuxième fois, je l'ai vu, je l'ai aperçu

 17   mais il y avait une très grande réunion. C'était très important pour lui,

 18   par conséquent je ne lui ai pas posé la question.

 19   M. le Président (interprétation). - Mais la première fois, vous

 20   avez parlé avec lui ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui et, à cette époque-là, le

 22   capitaine Foregrave m'a présenté à lui.

 23   M. le Président (interprétation). - Par conséquent, Maître Nice,

 24   si vous voulez bien, vous pouvez peut-être axer votre interrogatoire sur

 25   ce sujet, sur cette rencontre.


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  1   M. Nice (interprétation). - Mais il y a d'autres sujets

  2   également que j'aimerais aborder.

  3   M. Watters (interprétation). - Mais de toute façon, il

  4   s'agissait d'une rencontre où nous nous sommes entretenus. Je ne connais

  5   pas tous les détails, on s'est présentés l'un à l'autre. Il y avait un

  6   représentant également du HVO qui était très influent. Le colonel Stewart

  7   m'a dit à cette occasion qu'il s'agissait d'une personne qui était très

  8   influente au niveau de la Bosnie centrale, et il avait probablement une

  9   position assez importante sur le plan politique.

 10   Le colonel Blaskic était donc chargé des questions militaires.

 11   Par conséquent, il s'agissait des deux personnes très importantes dans

 12   cette région.

 13   M. Nice (interprétation). - Avant de passer à d'autres sujets

 14   qui concernent la chaîne de commandements au niveau de la Bosnie centrale,

 15   aidez-nous s'il vous plaît en ce qui concerne les détails.

 16   Au moment où vous vous êtes rendu sur place, est-ce que vous

 17   vous attendiez qu'il y aurait éventuellement des problèmes entre les

 18   Musulmans et les Croates ou bien éventuellement vous avez espéré qu'il y

 19   aurait quelques possibilités qu'il y ait une évolution sur le plan de

 20   l'aboutissement à la paix ?

 21   M. Watters (interprétation). - On m'avait donc d'abord dit qu'il

 22   y a des alliés entre les Musulmans et les Croates. Il n'y avait aucun

 23   doute qu'il y avait des tensions. Mais de toute façon, lors de ce premier

 24   briefing, j'ai appris qu'il y avait cette alliance entre les deux. Il y

 25   avait quelques manque de confiance, quelques tensions entre les deux


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  1   communautés, et plus on descendait plus on sentait qu'il y avait très peu

  2   de confiance entre les deux groupements ethniques et deux groupements

  3   militaires.

  4   Mais je dois dire qu'il y avait très peu véritablement de

  5   relations étroites entre les deux communautés ethniques. Ce n'était pas

  6   une alliance des amis mais l'alliance des ennemis. C'est comme cela que je

  7   qualifierais ces relations.

  8   M. Nice (interprétation). - Dans cette situation, quelles

  9   étaient vos intentions quand il s'agissait des personnes qui étaient à la

 10   tête de ces deux communautés ? Est-ce que vous vouliez les connaître un

 11   peu mieux ? Est-ce que vous pouvez nous donner des précisions ?

 12   M. Watters (interprétation). - Mon rôle tout à fait précis, en

 13   tant qu'adjoint du commandant, n'était pas de me mettre en contact avec

 14   les commandants de façon de routine. C'était le rôle des commandants de se

 15   mettre en contact avec des responsables des autres côtés.

 16   La tâche que j'avais à assumer, c'était que les six ou sept

 17   officiers de liaison puissent se mettre en contact à titre privé, par des

 18   représentants et des leaders politiques, militaires et civiques, et ceci

 19   pour rendre un climat plus confiant pour les négociations. Et puis

 20   également les commandants des compagnies, devaient se mettre en contact

 21   avec d'autres.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ces officiers de liaison

 23   devaient vous présentez des rapports ?

 24   M. Watters (interprétation). - Au commandant, pas à moi. Mais si

 25   le commandant était absent à ce moment-là, c'était à moi mais j'étais en


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  1   permanence présent lors des briefings avec mon commandant.

  2   M. Nice (interprétation). - Au moment où vous avez assisté à ces

  3   réunions, est-ce que, pour vous, il était très important de comprendre la

  4   chaîne de commandement dans les forces armées qui étaient en place ?

  5   M. Watters (interprétation). – Oui, bien sûr, il était

  6   extrêmement important de comprendre la chaîne de commandement au sein des

  7   forces armées en Bosnie centrale. C'est ainsi que nous pouvions savoir

  8   quel était le niveau auquel il fallait s'adresser pour pouvoir effectuer

  9   notre mission.

 10   M. Nice (interprétation). - Quelles étaient les sources

 11   d'information dont vous disposiez pour pouvoir avoir des information

 12   concernant les chaînes de commandement au sein du HVO.

 13   M. Watters (interprétation). - Il y avait des sources tout à

 14   fait différentes : des personnes auxquelles on s'est adressé, d'autres

 15   sources également. Mais de toute façon, nous avions à peu près une idée

 16   globale sur la chaîne de commandement.

 17   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous saviez s'il y avait

 18   une chaîne de commandement qui était unifiée ou non ?

 19   M. Watters (interprétation). - A notre connaissance, et tant que

 20   nous l'avons compris, il y avait les 2 chaînes de commandement, mais il y

 21   avait une chaîne de commandement militaire et une autre politique. Ce

 22   n'était pas inhabituel ; c'est la même chose dans la plupart des pays

 23   européens.

 24   Un point nous a quelque peu confus : la situation en Bosnie

 25   centrale où on a eu l'impression qu'il y avait des contradictions entre la


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  1   chaîne politique de commandement, à la tête de laquelle se trouvait

  2   M. Kordic, et puis l'autre chaîne également qui était commandée par le

  3   colonel Blaskic.

  4   M. Nice (interprétation). - Dans quels sens parlez-vous de

  5   contradictions ?

  6   M. Nice (interprétation). - Il est un fait que le colonel

  7   donnait des instructions, délivrait des ordres, donnait des garanties.

  8   Mais sur le terrain, ce n'était pas le cas, et on a été souvent dans la

  9   position a être dans l'obligation de s'adresser à Mostar, donc à l'état-

 10   major principal qui, de son côté devait transmettre les ordres à M. Kordic

 11   parce qu'on ne pouvait pas passer par M. Blaskic pour donner des ordres

 12   à Kordic. Ce n'est pas tout à fait habituel car Kordic n'était pas un

 13   soldat véritablement, mais en effet, il portait souvent l'uniforme et se

 14   comportait également comme un soldat. C'est pour cela qu'il y avait un

 15   certain nombre de confusions.

 16   M. Nice (interprétation). - Je me rapporte maintenant au

 17   paragraphe 9. Le 13 février, y a-t-il eu une réunion à Kakanj ?

 18   M. Watters (interprétation). – Oui. Dans le camp français de

 19   Kakanj, nous avons organisé une réunion pour discuter des arrangements du

 20   cessez-le-feu suivant les combats en janvier à Kiseljak.

 21   M. Nice (interprétation). - Quels ont été les résultats de cette

 22   réunion ?

 23   M. Watters (interprétation). – Une série d'accords de cessez-le-

 24   feu. De notre côté, nous avons accepté de positionner un certain nombre de

 25   soldats et de chars Warriors sur certains points stratégiques –ponts,


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  1   croisements etc.- pour vérifier l'application du cessez-le-feu et garantir

  2   le libre passage des Musulmans et des Croates le long des voies de

  3   circulation.

  4   M. Nice (interprétation). - Le 8 avril -c'est la question sur

  5   laquelle je souhaite que nous nous penchions maintenant- êtes-vous allé à

  6   Vitez et êtes-vous rentré de Vitez où l'on vous a parlé d'une visite qui

  7   avait eu lieu à Novi Travnik ?

  8   M. Watters (interprétation). - En effet, M. Boban s'était rendu

  9   à Novi Travnik, et la population musulmane était extrêmement alarmée, car

 10   d'après eux, M. Boban semblait dire que la population croate n'était plus

 11   croate et ne constituait donc pas une alliance. Il avait insisté sur le

 12   fait qu'il n'y avait pas de drapeau croate à Travnik, et il avait donc dit

 13   aux dirigeants croates de Travnik qu'il leur fallait hisser des drapeaux

 14   croates, qu'il fallait manifester beaucoup plus leur appartenance à

 15   l'ethnie croate.

 16   Cela a entraîné un certain nombre de nuits assez agitées dans

 17   cet endroit  ; un certain nombre de maisons ou de jeunes Musulmans se sont

 18   fait tirer dessus. Je ne me souviens plus exactement du nombre

 19   d'incidents. Je crois qu'ils essayaient d'abaisser les drapeaux qui

 20   avaient été érigés.

 21   M. Bennouna. - Le témoin vient de mentionner M. Boban ; il dit

 22   qu'il a été invité à une visite à Travnik par M. Boban. Peut-il nous dire,

 23   puisqu-il a parlé de la chaîne de commandement, comment se situe M. Boban

 24   dans cette chaîne de commandement, puisqu'il vient de parler du

 25   colonel Blaskic, de M.  Kordic. Où se situe M. Boban selon le témoin ?


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  1   M. Watters (interprétation). – M. Boban était un homme politique

  2   d'importance au sein du gouvernement croate.

  3   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, est-ce qu'il

  4   portait un uniforme militaire ? Est-ce qu'il semblait avoir un grade ?

  5   M. Watters (interprétation). - Je ne sais pas.

  6   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance avaient-ils des

  7   pouvoirs sur les soldats sur le terrain ?

  8   M. Watters (interprétation). - Vous parlez de Boban ?.

  9   M. Nice (interprétation). - Oui.

 10   M. Watters (interprétation). - A mon avis non, j'ai l'impression

 11   qu'il avait des responsabilité à un niveau qui n'intéressait pas vraiment

 12   le Bataillon britannique qui allait au-delà de notre mission. Donc, ce

 13   n'était pas quelqu'un qui nous intéressait particulièrement dans le cadre

 14   de nos missions. Nous savions cependant que c'était quelqu'un qui avait un

 15   rôle important dans le pays.

 16   M. Nice (interprétation). - J'en viens au 15 et au 16 avril. Il

 17   y avait eu un cessez-le-feu. Si vous le pouvez, pouvez-vous nous dire

 18   qu'est ce qu'on attendait de ce cessez-le-feu le 15, le16 ? Si vous ne

 19   pouvez pas répondre, nous poursuivrons, je poserai d'autres questions.

 20   M. Watters (interprétation). - Il faut bien que je vous décrive

 21   la situation. Notre objectif c'était notre groupe à Tuzla. Nous avions une

 22   compagnie qui travaillait à l'évacuation des réfugiés en provenance de

 23   Srebrenica.

 24   M. Nice (interprétation). - Le 15, il y a eu un enlèvement à

 25   Zenica, le commandant du HVO à Zenica a été enlevé, je crois qu'il


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  1   s'appelait Totic. Ses gardes du corps ont été tués, ils se trouvaient dans

  2   une voiture et ils ont été tués. Le colonel Stewart à quitté Vitez, il

  3   s'est rendu à Zenica pour enquêter sur ce qui s'était passé et pour

  4   s'assurer que cela n'amènerait pas à une catastrophe entre les Musulmans

  5   et les Croates à Zenica.

  6   Pour nous, c'était un incident qui était vraiment très grave,

  7   nous ne comprenions pas pourquoi cela avait eu lieu et c'est pourquoi nous

  8   nous sommes efforcés de reprendre contact avec le commandant du 3ème Corps.

  9   Et le colonel Stewart est allé à Zenica, il voulait parler avec

 10   M. Hadzihasanovic pour voir ce qui passait.

 11   La situation et l'atmosphère étaient très tendues à la suite de

 12   cette attaque terroriste à Zenica et de l'enlèvement du commandant du HVO.

 13   Voilà en quelques mots la situation. Et notre objectif nous était de se

 14   concentrer dans le nord.

 15   M. Nice (interprétation). - Au nord avec quelles troupes ?

 16   M. Watters (interprétation). - Notre groupe de compagnie à Tuzla

 17   ainsi que des renforcements, des hélicoptères que nous utilisions pour

 18   évacuer nos hommes de Srebrenica.

 19   M. Nice (interprétation). – Le 16, le colonel Stewart s'est

 20   rendu à Zenica ; est-ce qu'il y a passé la nuit ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui. Nous avons parlé au

 22   téléphone le soir du 15, et nous avons convenu qu'il était trop dangereux

 23   pour lui de revenir, l'atmosphère était très tendue suite à l'enlèvement

 24   de M. Totic. Nous avons décidé qu'il valait mieux qu'il reste à Zenica

 25   pendant la nuit.


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  1   M. Nice (interprétation). - Y avait-il eu un ultimatum délivré

  2   au sujet de Totic ?

  3   M. Watters (interprétation). – Oui, c'est justement pour ça que

  4   l'atmosphère était si tendue. L'ultimatum était le suivant : si M. Totic

  5   n'était pas libéré très rapidement, le HVO affirmait qu'ils allaient

  6   évacuer tous les Croates de Zenica, ce qui représentait quelque chose

  7   d'extrêmement préoccupant. Et donc nous nous avons commencé à nous

  8   concentres plutôt sur ce qui se passait en Bosnie centrale, parce que ça

  9   paraissait vraiment très inquiétant ce qui se passait là.

 10   M. Nice (interprétation). – Quelles auraient été les

 11   conséquences de cette évacuation des Croates de Zenica ?

 12   M. Watters (interprétation). - Eh bien la création de rapports

 13   extrêmement tendus ou l'absence de rapports entre les Croates et les

 14   Musulmans, et peut-être le début de combats.

 15   M. Nice (interprétation). – Et le matin du 16 ? Il y a un

 16   événement qui ne figure pas dans le résumé mais dont vous pouvez peut-être

 17   nous parler. Ca s'est passé à 2 heures 30 n'est-ce pas ?

 18   M. Watters (interprétation). - C'était très tôt le matin, je

 19   venais de me coucher j'ai été réveillé par des journalistes qui étaient

 20   dans notre base à Vitez, on les avait obligés à quitter l'endroit où ils

 21   résidaient, ils étaient très choqués, je suis allé leur parler. En fait,

 22   ils avaient été hébergés dans une sorte d'auberge entre notre école et

 23   Vitez.

 24   Donc, c'était une petite pension de famille et dans cette

 25   pension de famille, il y avait un ours en cage , tout le monde appelait


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  1   cette pension la pension de l'ours. Ils étaient dans cette auberge et ils

  2   nous ont raconté que les propriétaires Musulmans ont été arrêtés très tôt

  3   le matin par des soldats croates qui portaient des passe-montagne et

  4   qu'ils leur ont dit de partir, sinon il allait se passer quelque chose de

  5   très grave. Cela a ajouté encore à la tension, avec tout ce qui se passait

  6   à Zenica.

  7   M. Nice (interprétation). - Avez-vous reçu des rapports sur des

  8   pilonnages ?

  9   M. Watters (interprétation). - Oui. Peu après, nous avons reçu

 10   des rapports. Le premier venait de l'escadron de transports néerlandais

 11   basé près de Vitez. Il y avait eu des pilonnages à Vitez, donc cela

 12   c'était l'essentiel de ce rapport qui venait d'une base logistique en

 13   dehors de Vitez, et cela nous a surpris car il arrivait souvent qu'il y

 14   ait des combats à armes légères dans le coin. Mais des pilonnages avec

 15   utilisation d'obus, ça c'était très inhabituel et semblait indiquer que

 16   quelque chose se préparait.

 17   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le Bataillon britannique

 18   a été en mesure de déterminer d'où provenaient les obus ?

 19   M. Watters (interprétation). – Dans l'immédiat, non.

 20   M. Nice (interprétation). - Et ensuite ?

 21   M. Watters (interprétation). - En observant où tombaient les

 22   obus, à savoir dans la zone musulmane de Ciska et Vitez, il est apparu

 23   tout à fait logique que c'étaient des obus qui étaient tirés par les

 24   Croates.

 25   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, à ce moment-


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  1   là, qui avait suffisamment d'autorité pour lancer une telle offensive du

  2   côté Croate ?

  3   M. Watters (interprétation). – Excusez-moi, il y a eu aussi une

  4   autre attaque dans une carrière, c'était une pièce d'artillerie croate qui

  5   tirait. Nos équipes de reconnaissance les ont identifiés. Nous savions

  6   qu'il y avait un mortier qui tirait sur la ville et l'artillerie dans la

  7   région était commandée par le colonel Blaskic.

  8   M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous fait suite à ces

  9   pilonnages ?

 10   M. Watters (interprétation). - J'ai ordonné à des escouades de

 11   reconnaissance de se rendre à Vitez et dans la région pour voir ce qui se

 12   passait, et j'ai envoyé les officiers de liaison pour rentrer en contact

 13   avec le commandant musulman à Vitez ainsi que le commandant Croate pour

 14   essayer d'évaluer la situation.

 15   M. Nice (interprétation). - Avez-vous contacté Blaskic ?

 16   M. Watters (interprétation). - Nous n'avons pas pu parler à

 17   Blaskic, il n'était pas disponible. Nous avons parlé au commandant de la

 18   brigade de Vitez.

 19   M. Nice (interprétation). - Qui était ce ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'était Cerkof.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous l'avez vu en personne vous-même

 22   ou quelqu'un d'autre l'a vu ?

 23   M. Watters (interprétation). - Je l'ai vu plus tard ce matin-là,

 24   à 9 heures ou 9 heures 30 dans son quartier général au cinéma de Vitez.

 25   M. Nice (interprétation). - Savez-vous quel était son prénom ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Je le savais.

  2   M. Nice (interprétation). - Peu importe. Et les Musulmans, les

  3   avez-vous contactés ?

  4   M. Watters (interprétation). - Oui, je suis allé voir le

  5   commandant musulman à Vitez, après avoir parlé au commandant croate -je

  6   crois que c'était à peu près dans cet ordre-là que ça s'était passé. Donc,

  7   je les ai invités à venir participer à des négociations à 12 heures, à

  8   l'école de Vitez, des négociations en vue d'un cessez-le-feu.

  9   M. Nice (interprétation). - Lors de votre premier contact avec

 10   le commandant croate de la brigade de Vitez, pouvez-vous nous dire ce

 11   qu'il vous a dit, si ça peut nous aider ?

 12   M. Watters (interprétation). - Il a accepté de participer à une

 13   négociation sur un cessez-le-feu. Chacune des parties accusait l'autre de

 14   l'attaquer, et d'après ce que j'ai vu dans les environs et dans la ville

 15   elle-même, il était évident que le HVO tenait le haut du pavé, et que la

 16   plupart des destructions de biens, des victimes, des tués, des blessés se

 17   situaient dans la partie musulmane de la ville.

 18   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de regarder un

 19   certain nombre de photographies, j'espère qu'elles ont été distribuées à

 20   tout le monde, ainsi que d'autres pièces à conviction.

 21   Elles ne sont pas dans le bon ordre tel que vous les avez, parce

 22   qu'on leur a donné des numéros suivant une certaine logique, mais ça ne

 23   correspond pas à ce qui nous intéresse ce matin. Donc je vais vous

 24   demander de regarder l'avant-dernière photographie dans cet album qui est

 25   numérotée 2007.


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  1   Est-ce que cette photographie a un rapport avec votre

  2   déposition ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui, je l'ai prise moi-même de

  4   mon char Warrior en arrivant à Vitez.

  5   M. Nice (interprétation). - Qu'est-ce que cela montre ?

  6   M. Watters (interprétation). - Cela montre la ville et des

  7   colonnes de fumée qui s'élèvent de la ville.

  8   M. Nice (interprétation). - Je vais maintenant vous demander de

  9   regarder la photographie numérotée Z 17 49. Est-ce qu'elle a un rapport

 10   quelconque avec votre témoignage, s'il vous plaît ?

 11   Est-ce que cela correspond, Colonel, à ce que vous êtes en train

 12   de nous dire au sujet de ces événements ?

 13   M. Watters (interprétation). - Oui, cela correspond à ce que

 14   j'ai vu. Je n'ai pas pu prendre moi-même de photographie parce que nous

 15   étions en train d'essuyer des tirs, notre Warrior essuyait des tirs.

 16   A l'extrémité de Vitez, sur la route vers Dubravica, après le

 17   cimetière catholique, au bas de la colline, j'ai vu des corps qui étaient

 18   par terre, qui avaient été alignés par terre devant des maisons. Et j'ai

 19   pris une photographie rapide de ces corps. Et je crois que c'est ma

 20   photographie, en tout cas cela y ressemble.

 21   M. Nice (interprétation). - Ces corps paraissent avoir été

 22   alignés ; est-ce que cela a une signification quelconque ?

 23   M. Watters (interprétation). - Auparavant, quand on voyait des

 24   corps, c'étaient des corps soit qui pendaient des fenêtres soit qui

 25   étaient dans la rue un peu partout. Ce qui m'a frappé avec ces corps -j'ai


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  1   ressenti un certain choc- mais c'est le fait qu'ils aient été alignés

  2   aussi soigneusement. Cela m'a paru être quelque chose de très significatif

  3   de la part de ceux qui l'avaient fait; Ils voulaient dire quelque chose

  4   par là. Et il n'était pas habituel pour nous de voir des corps

  5   ainsi...(l'interprète se reprend) en fait, il était assez courant pour

  6   nous devoir des corps présentés ainsi en tant que signe politique.

  7   M. Nice (interprétation). - Je vais y revenir. Cela n'est pas

  8   couvert par votre résumé mais c'est quelque chose que j'aimerais aborder

  9   avec vous. Ces corps donc alignés, pendant votre séjour, en avez-vous vu

 10   très souvent des corps alignés, présentés de cette sorte ?

 11   M. Watters (interprétation). - A plusieurs reprises, soit des

 12   corps mutilés avant ou après leur mort. Et on les laissait là, pour dire

 13   quelque chose. C'était une sorte de signature de la part de leurs auteurs.

 14   Ces corps, c'était une immense provocation, qui alimentaient ce cycle de

 15   vengeances et de tueries. Ils étaient parfois laissés dans les villages

 16   qui avaient subi des offensives ou sur-le-champ de bataille, et parfois,

 17   ils étaient placés avec beaucoup de soin et délibérément.

 18   J'en ai vu par exemple -je me rappelle- un corps qui était

 19   attaché à un lampadaire qui avait été horriblement défiguré. C'était sur

 20   la colline qui dominait notre camp.

 21   Les deux camps nous demandaient souvent d'aller récupérer les

 22   corps présentés de la sorte parce que cela représenterait trop de risques

 23   pour eux d'aller les récupérer eux-mêmes. A plusieurs reprises, nous avons

 24   récupéré ces corps pour essayer d'apaiser un peu les tensions.

 25   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de nous


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  1   assister sur la base de vote expérience en tant que militaire. Est-ce

  2   qu'il y a d'autres pays, d'autres théâtres d'opération où vous avez vu ce

  3   genre de comportement ?

  4   M. Watters (interprétation). - Cela arrive, cela m'est arrivé de

  5   voir cela, mais c'est vraiment le seul pays où j'ai travaillé en tant que

  6   soldat. C'est le seul pays où j'ai vu cela : c'est en Afrique, pendant la

  7   guerre de Rhodésie.

  8   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de vous

  9   rapporter à la photographie Z 22 40, photographie aérienne de Vitez, nous

 10   n'aurons peut-être pas le temps... nous n'avons peut-être pas eu le temps

 11   d'examiner cette photographie aérienne puisque vous n'êtes arrivé qu'hier,

 12   mais je pense que vous pouvez sans aucun doute nous donner des

 13   observations en l'observant. Cette photographie a été marquée d'un certain

 14   nombre de chiffres, de signes, peut-être même par vous ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui. J'ai, en effet, marqué cette

 16   photographie pour montrer la route que j'avais empruntée le matin du 16.

 17   Ensuite, plus tard, je crois que c'était le 16 au soir, à la demande des

 18   forces musulmanes et avec l'appui du colonel Blaskic, j'ai amené un groupe

 19   jusqu'à Kruscica pour y récupérer des blessés dans cette zone de combat.

 20   M. Nice (interprétation). - La vue est prise d'où ? La vue, que

 21   nous avions depuis la tour, la première photographie, a été prise d'où ?

 22   M. Watters (interprétation). - A peu près là.

 23   M. Nice (interprétation). - Les corps que nous avons vus à la

 24   photographie Z17-49, où se trouvaient-ils ?

 25   M. Watters (interprétation). - Ici, au dessous du cimetière, à


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  1   peu près ici, on ne voit pas très bien.

  2   M. Nice (interprétation). - En haut à gauche ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui. Il y avait également dans la

  4   partie sud de la ville, à Stari Vitez, beaucoup de corps.

  5   M. Nice (interprétation). - S'agissait-il là des corps qui

  6   pendaient des fenêtres, qui étaient éparpillés dans les rues ?

  7   M. Watters (interprétation). - Oui.

  8   M. Nice (interprétation). - Vous êtes donc entré en contact avec

  9   les commandants, vous avez parcouru les rues de Vitez. Qu'est-ce que vous

 10   avez remarqué dans la zone de la ville habitée par les Croates ?

 11   M. Watters (interprétation). - C'est très frappant, parce qu'il

 12   faut savoir que les combats, la zone des combats, allaient jusqu'à l'hôtel

 13   Vitez qui était le quartier général du colonel Blaskic, le quartier

 14   général du HVO. Et là, il y avait une zone tampon d'environ 100 ou

 15   200 mètres, ici, entre l'hôtel Vitez, ici, et Stari Vitez.

 16   Donc il y avait une ligne de défense, c'était très clair, qui

 17   était tenue par les Musulmans. Les destructions d'immeubles, de maisons

 18   étaient concentrées dans le quartier musulman. Et quand on passait l'hôtel

 19   Vitez, quand on entrait dans le nord de la ville, c'est-à-dire la partie

 20   croate de la ville, elle était certes complètement déserte, on ne voyait

 21   absolument personne dans les rues, on ne voyait rien, enfin sauf qu'il y

 22   avait des endroits où la route avait été minée, donc à part ça c'était le

 23   seul élément hors du commun. Mais, à part ça, tout paraissait normal. Donc

 24   il semblait y avoir une espèce de ligne, d'un côté les combats et de

 25   l'autre rien du tout.


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  1   M. Nice (interprétation). - Ce même jour, avez-vous reçu des

  2   rapports vous informant de combats ayant eu lieu ailleurs ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui, nous avons reçu des

  4   informations comme quoi des combats avaient lieu dans la vallée et en

  5   particulier dans les hameaux et les villages musulmans.

  6   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous donner les noms de

  7   ces villages ?

  8   M. Watters (interprétation). - Ahmici... Je suis désolé, j'ai

  9   beaucoup de mal à retenir les noms.

 10   M. Nice (interprétation). - Donc tout le long de la vallée de la

 11   Lasva, n'est-ce pas ?

 12   M. Watters (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Et une offensive qui visait surtout

 14   des hameaux et villages musulmans ?

 15   M. Watters (interprétation). - Nous avons envoyé des patrouilles

 16   dans ces villages, dans ces hameaux, et nos chars Warriors ont évacué des

 17   civils de ces zones de combat, le 16 et le 17. On les a emmenés dans des

 18   territoires qui correspondaient à leur appartenance ethnique, soit Vitez

 19   soit Travnik.

 20   M. Nice (interprétation). - A votre avis, l'armée de Bosnie-

 21   Herzégovine était-elle vraiment prête au combat ?

 22   M. Watters (interprétation). - En tant que soldat, j'avais

 23   l'impression qu'elle avait complètement été prise au dépourvu et

 24   complètement surprise par l'ampleur, le démarrage et la coordination de

 25   l'offensive du HVO.


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  1   M. Nice (interprétation). - Vous nous parlez de coordination.

  2   Qu'est-ce que cela vous a amené à penser sur les combats qui avaient

  3   lieu ?

  4   M. Watters (interprétation). - C'était la première fois que

  5   j'assistais à une offensive coordonnée dans la zone. Nous avions vu

  6   beaucoup d'escarmouches, de combats sporadiques entre les villages, les

  7   communautés locales, etc. Mais nous n'avions jamais assisté à une

  8   offensive coordonnée où on voyait des attaques déclenchées simultanément

  9   tout le long de la vallée et nous recevions des rapports comme quoi ces

 10   attaques avaient lieu simultanément.

 11   Il faut savoir que le 16 c'était la confusion totale qui

 12   régnait. Pour nous, nous avons reçu des douzaines de rapports venant des

 13   Nations Unies, du HCR, du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ainsi

 14   que de nos équipes de reconnaissance, donc des rapports qui nous

 15   informaient sur des combats qui avaient lieu sur la vallée, au nord de

 16   Kiseljak, à Jelinak, Kecicka, Novi Travnik, etc.

 17   M. Nice (interprétation). - Quelles étaient les cibles

 18   militaires ou autres de ces offensives ?

 19   M. Watters (interprétation). - Après le 16 et le 17, il est

 20   apparu que les objectifs de l'offensive c'étaient les villages musulmans.

 21   Des villages donc habités par des Musulmans et les hommes dans ces

 22   villages étaient des soldats.

 23   La tradition voulait que les soldats, quand ils rentraient du

 24   front, amènent leurs armes avec eux, si bien que les hommes dans les

 25   villages étaient armés.


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  1   Pour autant, je ne les aurais pas qualifiés d'objectifs

  2   militaires ces villages ; c'étaient des villages où il y avait des femmes,

  3   des enfants et les hommes, eux, étaient des combattants, et à l'époque

  4   nous pensions que c'étaient les alliés du HVO.

  5   M. Nice (interprétation). - Au moment de cette offensive, où les

  6   forces qui combattaient ailleurs étaient-elles concentrées ?

  7   M. Watters (interprétation). - La plus grande partie du

  8   3ème Corps, qui était la formation militaire essentielle du côté musulman,

  9   dans cette partie de la Bosnie du moins, eh bien elle concentrait son

 10   attention surtout sur les Serbes, comme nous d'ailleurs. Il y avait des

 11   combats dans des poches et leur objectif était de renforcer le 5ème Corps à

 12   Travnik. Il n'y avait pas de réserve musulmane à Zenica et dans les

 13   environs. Le 3ème Corps qui était basé à Zenica se battait contre les

 14   Serbes.

 15   M. Nice (interprétation). - La réunion que vous avez organisée,

 16   qui y a participé ?

 17   M. Watters (interprétation). - Vous parlez de la réunion du 21 ?

 18   M. Nice (interprétation). - Non, le 15 ou le 16 ?

 19   M. Watters (interprétation). - Le matin ?

 20   M. Nice (interprétation). - Le 16 ?

 21   M. Watters (interprétation). - Elle a eu lieu à midi. Et le

 22   commandant musulman et les représentants du commandant croate sont venus,

 23   je ne crois pas que lui-même soit venu, je pourrais me tromper, je crois

 24   qu'il a envoyé des représentants, enfin il est peut-être venu pendant

 25   quelques instants. Parce que je me souviens que j'avais été frappé que


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  1   deux hommes qui se battaient sur le terrain puissent avoir une

  2   conversation tout à fait normale dans mon bureau. Mais je ne sais pas,

  3   peut-être qu'en fait il est venu lors d'une autre réunion qu'il a envoyé

  4   uniquement des représentants.

  5   En tout cas, je me rappelle avoir parlé avec les deux hommes et

  6   ils convenaient tous les deux que cette situation était inacceptable. Et

  7   ils ne réalisaient pas l'étendue de ce qui se passait.

  8   Nous espérions que nous parviendrions à ramener un peu de bon

  9   sens dans l'esprit de tous, enfin j'étais un petit peu naïf, mais c'était

 10   un peu ce que je pensais, le 16, vers midi.

 11   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le représentant des

 12   Musulmans était très désireux de signer un cessez-le-feu ?

 13   M. Watters (interprétation). - Oui, tout à fait, il le voulait

 14   vraiment. Et il était très nerveux. Je ne sais pas combien de temps il

 15   pensait qu'il pouvait encore tenir, mais j'avais l'impression qu'il lui

 16   serait extrêmement difficile de tenir avec ses troupes.

 17   M. Nice (interprétation). - Quelle était l'attitude du

 18   commandant de Vitez ou de ses représentants, concernant justement le

 19   cessez-le-feu ?

 20   M. Watters (interprétation). - Il était moins nerveux, moins

 21   tendu, mais très préoccupé par ce qui se passait à Vitez. Il ne semblait

 22   absolument pas se réjouir de ce qui se passait en tout cas.

 23   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le cessez-le-feu a

 24   finalement été conclu ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui.


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  1   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il a été appliqué ?

  2   M. Watters (interprétation). - Non.

  3   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous êtes allé ensuite à

  4   Kruscica ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui, ce soir-là.

  6   M. Nice (interprétation). - C'était le quartier général de qui ?

  7   M. Watters (interprétation). - Le quartier général des

  8   Musulmans. Je suis allé à Kruscica parce qu'une des conditions des

  9   Musulmans pour qu'ils acceptent le cessez-le-feu, c'était l'évacuation de

 10   femmes et d'enfants qui avaient été blessés, parce que les forces croates

 11   avaient coupé la rue vers Cicka, qui se trouve ici, ainsi que cette autre

 12   route secondaire, ici même. Donc les forces musulmanes étaient dans

 13   l'impossibilité d'évacuer leurs blessés vers Novi Travnik ou Stari Vitez,

 14   donc ils étaient complètement coupés du monde.

 15   A Cicka, ils ne pouvaient pas évacuer leurs blessés. On nous a

 16   donc demandé de l'aide et le HVO a accepté, dans le cadre d'une procédure

 17   humanitaire, de nous laisser aller jusqu'à Cicka pour récupérer ces

 18   blessés.

 19   M. Nice (interprétation). - Avez-vous vu des combats ou avez-

 20   vous vu des traces de combats qui auraient eu lieu à cet endroit ?

 21   M. Watters (interprétation). - Il y a eu beaucoup de combats,

 22   très peu à Vitez même le soir quand j'y suis allé. Nous sommes entrés à

 23   Cicka juste à la tombée du soleil. Et il y avait beaucoup de mortiers de

 24   type HPG 9, il y avait beaucoup de tirs d'armes légères dirigées vers le

 25   village, il y avait des pièces d'artillerie, des pièces de mortiers, qui


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  1   visaient le village et les maisons du village. Je suis allé au quartier

  2   musulman. Nous avons été touchés à plusieurs reprises, du moins nos

  3   véhicules, mais seulement par des tirs d'armes légères.

  4   On m'a alors affecté un guide qui nous a emmenés aux maisons où

  5   se trouvaient les blessés. En fait, les blessés étaient tous des hommes et

  6   non pas des femmes et des enfants. Ils portaient des habits civils. Nous

  7   les avons fait monter dans nos véhicules ; 6 chars Warriors, 6 ambulances

  8   blindées. Nous les avons donc évacués et nous sommes redescendus.

  9   En fait, je crois que j'ai pris cet itinéraire-là pour retourner

 10   à Vitez, en passant ce champ de mines ici et le long de cette route

 11   circulaire autour de Vitez, vers notre propre base. Ensuite, nous avons

 12   fait partir les blessés vers Travnik, en ambulance.

 13   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il y avait une cible

 14   militaire, des cibles militaires, à Kruscica ?

 15   M. Nice (interprétation). - C'était comme dans toutes les autres

 16   zones, il y avait un quartier général musulman, que j'ai visité, qui

 17   ressemblait à tous les quartiers généraux du monde, avec des radios, enfin

 18   tout ce qu'on y trouve habituellement, mais en fait c'était le village

 19   lui-même qui faisait l'objet de ces tirs.

 20   Il faut savoir que dans le village lui-même on ripostait. Il est

 21   évident que  les forces musulmanes défendaient le village. Mais les tirs

 22   qui touchaient le village étaient plus fournis que ceux qui partaient du

 23   village.

 24   M. Nice (interprétation). - Quel a été l'impact, s'il y en a eu

 25   un, de cette attaque sur la population ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Eh bien, non seulement il y a eu

  2   des morts et des blessés, mais la population a été extrêmement

  3   traumatisée.

  4   M. Nice (interprétation). - Savez-vous si les gens sont restés

  5   dans le village ou s'ils sont partis ?

  6   M. Watters (interprétation). - Je ne peux pas vous dire. Les

  7   gens se cachaient dans leur cave, quand j'y suis allé en tout cas. Quant-à

  8   vous dire s'ils ont quitté le village, je ne le sais pas.

  9   M. le Président (interprétation). - Il est 11 heures. Si vous

 10   vous apprêtiez à passer à un autre sujet, c'est peut-être un bon moment

 11   pour faire une pause. Nous allons donc faire une pause d'une demi-heure.

 12   Colonel, je voudrais vous rappeler, pendant cette pause et

 13   pendant les autres pauses, de ne parler à quiconque de votre déposition,

 14   cela inclut les membres de l'équipe du Procureur. Je vous demande donc de

 15   ne parler à personne de votre déposition jusqu'à la fin de cette

 16   déposition.

 17   Bien, nous levons la séance jusqu'à 11 heures 30.

 18   L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 40.

 19   M. le Président (interprétation). – Allez-y.

 20   M. Nice (interprétation). – Il s'agit du paragraphe 18. Le

 21   18 avril mon colonel, étiez-vous informé par Blaskic qu'un document de

 22   paix avait été signé ?

 23   M. Watters (interprétation). - Oui, un document de paix avait

 24   été signé au plus haut niveau. Un accord de paix.

 25   Ce document, me disait le colonel Blaskic, exigeait qu'un


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  1   cessez-le-feu soit mis en œuvre. Nous n'avions pas eu d'information

  2   directe par notre propre chaîne de commandement concernant cet accord de

  3   paix et nous nous sommes renseignés pour savoir s'il existait.

  4   M. Nice (interprétation). - Quelle était l'attitude du HVO vis à

  5   vis de cet accord de paix ?

  6   M. Watters (interprétation). - Le HVO considérait qu'il

  7   s'agissait d'un accord qui avait force de loi et qu'il a fallait organiser

  8   le cessez-le-feu immédiatement.

  9   M. Nice (interprétation). - De quoi s'agissait-il par rapport au

 10   secteur 10 ?

 11   M. Watters (interprétation). - Au fond, si le cessez-le-feu

 12   devait être mis en oeuvre le 18, il aurait fallu consolider les avantages

 13   qu'avaient pris les forces du HVO après l'offensive du 16.

 14   M. Nice (interprétation). - Quelle était l'attitude des

 15   Musulmans ?

 16   M. Watters (interprétation). – Au départ, ils n'ont pas reconnu

 17   ou en tous cas, ils ont nié avoir connaissance de ce document. En tout cas

 18   ils n'ont pas accordé une quelconque crédibilité à ce document jusqu'à la

 19   réunion, et le 20, on nous a dit qu'ils allaient envoyer une délégation à

 20   la conférence de paix à Vitez.

 21   M. Nice (interprétation). - Le 18 ou le 19, à votre avis, est-ce

 22   que l'armée de Bosnie-Herzégovine était préparée ou non pour ce qui s'est

 23   passé ?

 24   M. Watters (interprétation). - Etant donné qu'il y avait des

 25   grands centres de population musulmane, le HVO avait le contrôle de


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  1   certaines routes principales et des carrefours, et la population musulmane

  2   avait pu se défendre à l'exception d'un certain nombre de cas de nettoyage

  3   ethnique comme nous l'avions découvert par la suite.

  4   Il y avait les zones de Kruscica, de Stari Vitez et des villages

  5   vers la vallée de Kiseljak qui résistaient encore.

  6   Le 3ème Corps a lancé une contre offensive depuis Zenica, liée à

  7   ces enclaves musulmanes isolées.

  8   Le 20, ils avaient repoussé les prises de terrain du HVO et se

  9   trouvaient dans une position assez forte le soir du 20.

 10   M. Nice (interprétation). - Le 18 avril, vous a-t-on parlé d'un

 11   camion citerne ?

 12   Nous en avons déjà parlé. On peut en parler rapidement. Y a-t-il

 13   eu beaucoup de blessés et de morts ?

 14   M. Watters (interprétation). - Oui, cela a entraîné une

 15   évacuation majeure de civils de Vitez qui sont arrivés à notre base.

 16   M. Nice (interprétation). - De quoi s'agit-il au juste comme

 17   acte ?

 18   M. Watters (interprétation). - C'était un acte de terrorisme.

 19   M. Nice (interprétation). - Y avait-il un objectif militaire ?

 20   M. Watters (interprétation). - Non si ce n'est détruire la

 21   volonté de résistance de la population de Vitez, en détruisant un site

 22   religieux, mais on ne peut en aucun cas dire que la destruction de

 23   victimes civiles puisse être un objectif militaire.

 24   M. Nice (interprétation). - Au paragraphe 21, le 19 avril, vous

 25   avez parlé du pilonnage de Zenica. Pouvez-vous parler du calibre des


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  1   armements utilisés ?

  2   M. Watters (interprétation). - Les gros armements,

  3   155 millimètres à peu près, sur la base des examens des sites de Zenica et

  4   la portée également. Nous avons évalué la portée des tirs d'artillerie.

  5   M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu de l'artillerie serbe ?

  6   M. Watters (interprétation). – Non, l'artillerie serbe la plus

  7   proche dont nous avions connaissance, je ne peux pas dire qu'il n'y en

  8   avait pas du tout, mais il aurait fallu que les Serbes passent par les

  9   lignes croates et musulmanes.

 10   D'après notre analyse, nous n'avons pu analyser de position de

 11   tirs qui seraient à une distance telle qu'ils puissent tirer sur Zenica.

 12   M. Nice (interprétation). – Est-ce que c'était une réaction à

 13   quelque chose, ce pilonnage ?

 14   M. Watters (interprétation). - Ce pilonnage correspondait à la

 15   contre offensive du 3ème Corps qui avait repris le contrôle de leurs

 16   positions préalables et qui avait risqué d'isoler les villages de Busovaca

 17   et de Vitez.

 18   J'ai estimé, nous avons estimé que les tirs sur Zenica qui ont

 19   eu pour résultat 13 morts, ces tirs étaient une manière de montrer que le

 20   HVO ne pouvait pas repousser la contre-attaque musulmane en dépit de

 21   toutes les forces qu'ils avaient amassées dans la vallée.

 22   Le pilonnage de Zenica était un moyen de montrer qu'ils

 23   pouvaient continuer à causer des dommages considérables sur la population

 24   musulmane, alors même qu'ils ne pouvaient pas empêcher les forces

 25   musulmanes de capturer les routes et carrefours principaux dans les


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  1   environs de Vitez.

  2   M. Nice (interprétation). - Y avait-il des cibles militaires

  3   légitimes à votre avis ? Sinon de quoi s'agit-il ?

  4   M. Watters (interprétation). - Zenica n'était en aucun cas une

  5   cible militaire. C'était une ville, un village assez densément peuplé, et

  6   encore plus peuplé entre le 16 et le 19 avril car un grand nombre de

  7   réfugiés sont arrivés à Zenica de la vallée de la Lasva.

  8   Je pense que l'on peut dire que cela montre tous le sérieux du

  9   HVO, l'intention du HVO de continuer à lutter, à se battre pour défendre

 10   Vitez et Busovaca.

 11   Si l'on devait faire une comparaison, je dirais non, peut-être

 12   qu'il ne faut pas faire d'analogie. Disons qu'ils ont montré qu'ils ne

 13   pouvaient peut-être pas défendre leurs positions sur le terrain. Ils

 14   avaient néanmoins la capacité de causer des dommages considérables et

 15   faire en sorte que la capture de Busovaca ou de Vitez ne valait pas la

 16   peine pour les Musulmans ou l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 17   M. Nice (interprétation).  A cette époque, est-ce que Blaskic

 18   disait des choses à propos du Britbat ?

 19   M. Watters (interprétation). - A cette époque, et encore plus un

 20   peu plus tard, le quartier général du colonel Blaskic nous bombardait de

 21   fax, nous accusant de toute une série de crimes. On nous a accusés d'avoir

 22   manqué de respect envers l'église catholique, d'avoir transporté des

 23   armements musulmans, etc. Et il s'agissait d'une campagne de propagande à

 24   l'encontre du Bataillon britannique afin de nous faire perdre notre

 25   réputation et le contrôle par la même occasion.


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  1   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de regarder un

  2   extrait vidéo de M. Kordic qui fait partie du document Z 162.2.

  3   M. Sayers (interprétation). - Peut-on connaître la date de ce

  4   document ?

  5   M. Nice (interprétation). - Avril 1993. Je ne peux pas être plus

  6   précis. Si je peux l'être, je le ferai.

  7   Diffusion de la vidéo :

  8   "Je ne veux parler que de choses que nous pouvons prouver. Je ne

  9   suis pas tout à fait certain, je ne veux pas accuser l'ensemble de la

 10   Forpronu ou les Britanniques, mais ils ont fait des transports d'armements

 11   vers le quartier général, vers des villages où nous avons attaqué. Nous

 12   avons des preuves que nous avons remises à notre commandement. Nous

 13   pouvons vous les montrer, nous avons pris des photographies". Fin de la

 14   vidéo.

 15   M. Nice (interprétation). – (Hors micro.)

 16   M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous répéter la

 17   question, s'il vous plaît ?

 18   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce que vous venez

 19   d'entendre ressemble au message par fax que nous avons reçu de Blaskic ?

 20   M. Watters (interprétation). - Oui, c'était tout à fait

 21   similaire mais dans certains cas, ces fax étaient encore plus précis car

 22   ils ont visé les Britanniques plus précisément alors que dans la vidéo on

 23   a parlé de la Forpronu surtout.

 24   M. Nice (interprétation). - A votre avis quel était le potentiel

 25   en matière de système de communication du HVO ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Le HVO possédait de bonnes

  2   communications, en tout cas à l'intérieur de leur structure de

  3   commandement. Les commandants, que j'ai rencontrés, portaient des talkie-

  4   walkie et des téléphones mobiles et semblaient être en contact direct et

  5   régulier avec leur quartier général. Pendant la période de l'offensive,

  6   nos téléphones ne fonctionnaient plus et on a pu avoir un contact

  7   téléphonique que lorsque le quartier général du HVO prenait contact avec

  8   nous par téléphone ou par fax.

  9   M. Nice (interprétation). - Lorsqu'ils avaient besoin de vous

 10   contacter, ils n'avaient pas de difficultés ?

 11   M. Watters (interprétation). - Non, il était assez clair que ce

 12   sont eux qui contrôlaient les systèmes de communication.

 13   M. Nice (interprétation). - Le 19 avril, avez-vous rencontré les

 14   responsables du HCR ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui, je me suis rendu à Zenica et

 16   j'ai escorté un responsable du HCR dans des petits véhicules en convoi de

 17   Zenica à Vitez.

 18   M. Nice (interprétation). - Peut-on montrer le document

 19   19 46 Z 19 46 ? Il s'agit d'une photographie aérienne. S'il vous plaît ?

 20   Généralement, ces photographies sont prises nord-sud. Vous avez

 21   sans doute l'habitude de lire les cartes  ? Peut-on l'orienter dans le bon

 22   sens ?

 23   Les étiquettes ne sont pas très visibles dans ce sens mais ce

 24   n'est pas grave.

 25   M. Watters (interprétation). - On peut tourner, si vous


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  1   préférez.

  2   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous dire de quoi il

  3   s'agit ?

  4   M. Watters (interprétation). - Voici donc la route qui longe la

  5   vallée de la Lasva de Zenica à Vitez, les Bungalows, et c'est un terme que

  6   l'on utilisait pour les unités du HOS de la police, et ils s'habillaient

  7   différemment, ils avaient tendance à porter des uniformes noirs. Donc on

  8   les distinguait. On avait l'impression qu'ils étaient plus efficaces et

  9   plus capables que le HVO.

 10   Et on a pu les voir s'entraînant au maniement des armes autour

 11   de ces Bungalows. Nous les avons rencontrés en train de s'occuper de la

 12   purification ethnique par ici. Au fur et à mesure que notre véhicule

 13   Warrior est arrivé, un groupe de femmes et d'enfants s'est installé au

 14   milieu de la route pour nous empêcher de passer.

 15   Nous sommes descendus de nos véhicules et à l'aide d'un

 16   interprète nous avons demandé ce qu'il se passait. Ces femmes étaient hors

 17   d'elles, elles ont expliqué que le HVO prenait leur maison et allait  tuer

 18   les hommes. Je suis allé parler avec le commandeur de cette unité.

 19   M. Nice (interprétation). - Connaissiez-vous le nom de l'unité ?

 20   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. C'était

 21   l'unité qui était basée dans ces Bungalows. Je lui ai demandé : "Bon sang,

 22   que faites-vous ?". Il a répondu qu'il avait besoin de ces bâtiments pour

 23   héberger des réfugiés croates, et qu'il avait des ordres comme quoi il

 24   devait virer la population musulmane. Je lui ai demandé pourquoi il avait

 25   pris comme prisonniers les adolescents et les hommes âgés. Il a répondu


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  1   que c'étaient les ordres qu'il avait mais que les femmes et les enfants

  2   pouvaient s'en aller. Evidemment, les femmes et les enfants ne

  3   souhaitaient pas partir sans leurs hommes. Elles craignaient que leurs

  4   hommes soient tués.

  5   On leur a dit que si elles ne partaient pas, les soldats leur

  6   avaient dit que dans ce cas elles seraient tuées aussi avec leurs enfants.

  7   C'était une situation extrêmement tendue.

  8   M. Nice (interprétation). - C'est tout ?

  9   M. Watters (interprétation). - J'ai parlé avec le responsable,

 10   le commandant du HVO, je lui ai dit qu'il n'allait pas prendre tous ces

 11   prisonniers, que nous allions évacuer les hommes, les femmes et les

 12   enfants et les mettre en lieu sûr, et que j'allais en rendre compte à

 13   l'ONU ainsi qu'au colonel Blaskic.

 14   En fin de compte, nous sommes parvenus à un compromis. Je lui ai

 15   fait comprendre que je n'allais pas partir tant que nous n'aurions résolu

 16   cette situation. Et nous sommes donc parvenus à un compromis : les femmes

 17   et les enfants pouvaient partir avec nous dans nos véhicules alors que les

 18   hommes sont partis à pied.

 19   Nous sommes donc restés sur place en attendant que les hommes

 20   partent à pied vers Zenica et puis nous avons embarqué les femmes et les

 21   enfants dans nos véhicules.

 22   M. Nice (interprétation). - Où se trouvait votre garage

 23   Britbat ?

 24   M. Watters (interprétation). - Sur la route qui allait de Vitez

 25   à Novi Travnik.


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  1   M. Nice (interprétation). - Le 20 avril, y a-t-il eu un

  2   rassemblement des réfugiés ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui, juste après le camion

  4   citerne piégé qui avait explosé. Un groupe de réfugiés s'étaient réunis,

  5   surtout recherchaient un lieu sûr, mais nous n'avions ni l'autorité ni le

  6   mandat de recueillir des réfugiés sur notre base militaire. Dans le cadre

  7   de notre mission nous n'avions pas ce rôle, mais nous nous sommes arrangés

  8   avec le HCR pour arranger l'évacuation de ces réfugiés.

  9   Ils se trouvaient près de notre base et pendant cette période,

 10   ils se sont fait tirer dessus par des tireurs embusqués. Quelques

 11   individus ont été tués.

 12   Ensuite, il y a eu un assaut, et la maison où se trouvaient les

 13   tireurs embusqués a été prise, et les tireurs ont été arrêtés. Nous en

 14   avons informé le colonel Blaskic.

 15   M. Nice (interprétation). – Vous avez informé Blaskic uniquement

 16   ou quelqu'un d'autre ?

 17   M. Watters (interprétation). – En tous cas, nous avons informé

 18   l'ensemble de la chaîne de commandement et nous avons parlé avec le

 19   commandant de brigade à Vitez.

 20   M. Nice (interprétation). – Quelle était la réaction de Blaskic

 21   ou du commandant quand vous avez parlé de votre intention de tirer sur les

 22   tireurs embusqués ?

 23   M. Watters (interprétation). - Après cette propagande que nous

 24   avions reçue, j'étais assez préoccupé, car le fait d'attaquer vraiment des

 25   soldats croates aurait pu alimenter cette propagande. C'est pourquoi je


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  1   voulais prendre contact directement avec le HVO pour leur dire pourquoi

  2   nous l'avions fait. Le colonel Blaskic a soutenu nos actes et il a dit que

  3   les soldats en question ne suivaient pas ses ordres et que si des

  4   événements de ce type se reproduisaient nous devrions de nouveau agir de

  5   même.

  6   M. Nice (interprétation). - Quelle était la réaction du

  7   commandant du village ?

  8   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

  9   M. Nice (interprétation). – Le 21 avril, avez-vous vu des

 10   prisonniers avec les mains liées ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui, je venais de Zenica par la

 12   route de Dubravica, la route de montagne et j'ai rencontré des hommes

 13   Musulmans aux mains liées, et nous nous sommes aperçus qu'il s'agissait

 14   d'un camp de prisonniers.

 15   On nous a dit par la suite par l'ICRC, qu'on devait demander à

 16   ces hommes de creuser des tranchées.

 17   M. Nice (interprétation). - Vous avez vu ces tranchées ?

 18   M. Watters (interprétation). - Oui.

 19   M. Nice (interprétation). - Où se trouvaient-elles ?

 20   M. Watters (interprétation). - Au-dessus de Dubravica, en face

 21   de la colline vers Zenica.

 22   M. Nice (interprétation). - A qui appartenaient ces tranchées ?

 23   M. Watters (interprétation). - Ces tranchées étaient au HVO car

 24   les soldats qui portaient les fusils et gardaient les tranchées, portaient

 25   l'uniforme du HVO et les écussons du HVO.


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  1   M. Nice (interprétation). - Le 21 avril, y a-t-il eu une réunion

  2   pour le cessez-le-feu ?

  3   M. Watters (interprétation). – Oui, le 21 avril, il y a eu une

  4   réunion pour le cessez-le-feu organisée par le siège de l'ONU à Kiseljak.

  5   Les participants étaient le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine présidée

  6   par l'ambassadeur Thébault, en l'absence du commandant, j'ai été le

  7   représentant militaire à ces réunions.

  8   Le HVO était représenté par le général Petkovic ainsi que le

  9   colonel Tihomir Blaskic et l'armée de Bosnie-Herzégovine était représentée

 10   par le général Halilovic et M. Merdan qui était le troisième en commande

 11   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, car le commandant lui-même n'était pas

 12   disponible.

 13   M. Nice (interprétation). - Nous allons revenir tout à l'heure

 14   sur la seconde partie du paragraphe 26. J'aimerais que vous répondiez. Au

 15   cours de cette réunion est-ce que vous-même où quelqu'un d'autre avez

 16   demandé des garanties à Petkovic ?

 17   M. Watters (interprétation). - La réunion et la structure de

 18   cette réunion a été telle que l'ambassadeur Thébault avait fait savoir que

 19   les deux parties étaient prêtes pour le cessez-le-feu. Il y avait vraiment

 20   une volonté pour aboutir à la paix et parvenir au cessez-le-feu. Une fois

 21   qu'il l'a fait, il m'a laissé conduire la réunion, voir les détails et les

 22   conditions dans lesquelles on allait parvenir au cessez-le-feu.

 23   J'ai suggéré de nous séparer dans les deux bureaux différents.

 24   Nous avons mis les cartes sur la table. Le HVO à indiqué où se trouvaient

 25   leurs positions, l'armée de Bosnie-Herzégovine ses propres positions. Nous


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  1   avons cherché la méthodologie pour parvenir à un cessez-le-feu.

  2   Quand nous avons vu ce qui était réalisable, personnellement

  3   j'étais préoccupé aussi par la possibilité concrète du colonel Blaskic de

  4   mettre en application ce plan, car dans le passé ses ordres et les

  5   garanties qu'il nous avait données étaient rejetés par M. Kordic. C'est

  6   pourquoi j'ai demandé au Général Petkovic si le plan qu'il avait approuvé

  7   et signé, que le colonel Blaskic allait mettre en application, s'il y

  8   avait lieu qu'il soit refusé. Et c'est le général Petkovic qui a dit que

  9   M. Kordic allait respecter et n'allait pas s'ingérer dans le cessez-le-

 10   feu.

 11   M. Nice (interprétation). – Est-ce que Kordic était en contact

 12   avec les négociateurs ?

 13   M. Watters (interprétation). – Non, à ma connaissance. Il y

 14   avait un certain nombre de rapports qui ont été faits et selon lesquels,

 15   M. Kordic était très préoccupé, de plus en plus. Busovaca était encerclée

 16   par les forces musulmanes. Plus tard nous avons appris qu'il y a eu ce

 17   massacre à Ahmici dans d'autres villages. J'ai compris quelles étaient les

 18   raisons pour lesquelles Kordic était très préoccupé, parce que c'est lui

 19   qui était déjà au courant, il n'y avait pas de doute sur ce que les

 20   Musulmans allaient entreprendre s'ils s'emparaient de Busovaca. Il n'y a

 21   pas de monopole sur les actes terribles qui ont été commis.

 22   M. Nice (interprétation). - Aviez-vous des interprètes

 23   différents ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui.

 25   M. Nice (interprétation). - Quelle était son origine ?


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  1   M. Watters (interprétation). - C'était un Musulman.

  2   M. Nice (interprétation). - Y avait-il des moments ou Petkovic

  3   et Blaskic s'entretenaient entre eux ?

  4   M. Watters (interprétation). - Vu la période de temps à laquelle

  5   nous nous référons, je ne peux m'en souvenir mais je pense que le général

  6   Petkovic était engagé dans un entretien avec le colonel Blaskic. Il a été

  7   bouleversé et énervé et quelque peu perturbé.

  8   L'interprète m'a transmis le message, la substance même et quand

  9   Petkovic a demandé si tout était sous contrôle, le colonel Blaskic a

 10   répondu que oui. Et Petkovic a dit qu'il valait mieux que ce soit

 11   contrôlé. L'interprète était sous le stress et tremblait et je pense que

 12   si Blaskic avait répondu que tout n'était pas sous contrôle au moment où

 13   ses forces étaient encerclées par les forces Musulmanes, il ne pouvait

 14   répondre différemment.

 15   Mais plus tard, quand on a constaté ce qui s'était passé à

 16   Ahmici, moi j'avais donné l'interprétation d'une autre façon.

 17   J'ai bien compris à travers l'interprétation qui m'a été fournie

 18   quelles étaient les raisons pour lesquelles l'interprète a été terrifié,

 19   parce qu'ils ont bien évidemment su quel était le type de massacres

 20   auxquels ils étaient confrontés.

 21   M. Nice (interprétation). – Il y a cette carte sur le chevalet.

 22   Nous pouvons lui donner une autre référence. Elle est analogue à celle qui

 23   nous a été apportée par le témoin. Z 618. Vous avez dans la liasse de

 24   documents, cette carte Z 26 18. On peut aussi marquer cette carte

 25   Z 26 18 1. Si la carte est visible, ou sur l'écran, pouvez-vous nous


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  1   montrer où se trouve exactement sur la carte qui est sur le chevalet les

  2   lignes que vous avez négociées lors de cette réunion ? Où se trouvaient

  3   ces lignes ? Est-ce que véritablement nous pouvons nous concentrer sur la

  4   carte et est-ce que nous pouvons la voir sur le rétroprojecteur ?

  5   M. le Président (interprétation). - Nous allons demander aux

  6   techniciens de bien vouloir donc photographier cette carte et de la mettre

  7   sur le rétroprojecteur. Et elle est sur le chevalet également. Donc on va

  8   voir la carte de manière très détaillée.

  9   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous montrer,

 10   comme je l'ai déjà précisé tout à l'heure, ces lignes qui ne sont peut-

 11   être pas tout à fait visibles, et juste nous rappeler ce que vous avez dit

 12   tout à l'heure lors de votre déposition ?

 13   M. Watters (interprétation). - Vous avez donc Zenica, ensuite

 14   c'est la ville musulmane, ensuite Busovaca, la ville croate, Kakanj

 15   également, ensuite nous descendons vers Kiseljak et la vallée de Kiseljak.

 16   Je parle aussi de la vallée de la Lasva et c'est où, bien évidemment, il y

 17   là quelques zones d'intérêt stratégique. Vous avez la route de montagne.

 18   Excusez-moi, c'est là où cela se trouve, c'est le croisement

 19   dont j'ai parlé tout à l'heure. Vous voyez par conséquent cette route

 20   entre Kiseljak et Busovaca qui rejoint à travers la vallée de la Lasva

 21   jusqu'à Vitez et ensuite vers Travnik.

 22   M. Nice (interprétation). - Je vais vous interrompre ici parce

 23   que c'est là ce qui nous intéresse. Nous allons revenir tout à l'heure à

 24   cette carte. Pour le moment, nous voyons qu'il y a les trois lignes bleues

 25   sur la carte. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'elles


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  1   représentent ?

  2   M. Watters (interprétation). - Ce sont les lignes de séparation

  3   qui ont été convenues. Et cela a été négocié entre l'armée de Bosnie et le

  4   HVO. Au sud par rapport à la route de la Lasva, c'est la ligne où les

  5   forces croates devaient se retirer en 24 heures après le cessez-le-feu.

  6   Ensuite, la ligne qui est marquée "alpha" au nord est la ligne de

  7   séparation où l'armée de Bosnie-Herzégovine devait se retirer en

  8   24 heures. Et ensuite, il y avait cette deuxième ligne vers Zenica où

  9   devait se retirer l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous pouvez, s'il vous

 11   plaît, nous dire où se trouve Ahmici par rapport à ces lignes ?

 12   M. Watters (interprétation). - C'est ici.

 13   M. Nice (interprétation). - Par conséquent, entre les deux

 14   lignes que vous nous avez montrées et par conséquent sur la ligne de

 15   séparation ?

 16   M. Watters (interprétation). - Oui.

 17   M. Nice (interprétation). - Dans le cadre de cette zone de

 18   séparation, il y a Ahmici qui est tombée. Est-ce que vous pouvez nous dire

 19   comment vous avez découvert le massacre à Ahmici ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'est le commandant qui était à

 21   la tête d'un groupe de reconnaissance au bout de 24 heures. Après le

 22   cessez-le-feu, on a tout simplement envoyé un groupe de reconnaissance

 23   pour voir si les forces musulmanes se sont retirées au nord et si les

 24   forces croates se sont retirées au sud. Et pendant qu'on se déplaçait au

 25   sud par rapport à la ligne "alpha", notre commandant est tombé sur les


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  1   Musulmans et un groupe de Musulmans.

  2   Il avait posé la question : "Pourquoi ils n'ont pas obéi à ce

  3   que le commandant du 3ème Corps d'armée, Halilovic, avait dit qu'ils

  4   devaient faire ?" Ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas se retirer à

  5   l'endroit qui leur a été indiqué parce qu'à Ahmici il y avait ce crime qui

  6   a été commis et puis il y avait effectivement une évacuation des civils

  7   qui était en cours. Nous, à ce moment-là, nous n'étions pas au courant

  8   qu'il y avait des massacres et qu'il y avait des combats très violents qui

  9   ont eu lieu dans cette vallée autour d'Ahmici.

 10   Et c'est là où le colonel Stewart a dit qu'il ne croyait pas du

 11   tout parce qu'il avait tout simplement pensé que les soldats de l'armée de

 12   Bosnie-Herzégovine le provoquaient. Par conséquent, il a dit qu'il allait

 13   se rendre en personne et voir ce qui s'était passé à Ahmici et qu'il

 14   allait par conséquent informé ce qu'il avait vu. Il s'est donc rendu dans

 15   le village et il a pu constater qu'il y avait ce massacre qui a été

 16   commis, enfin ce grand crime qui a été commis. Et c'est là où il a trouvé

 17   des dépouilles mortelles et des corps de personnes différentes. Il a

 18   constaté également que la plupart pour ne pas dire toutes les maisons

 19   musulmanes ont été détruites.

 20   M. Nice (interprétation). - Vous avez visité Ahmici au cours du

 21   22 et 24 avril ?

 22   M. Watters (interprétation). - Oui. Une fois que colonel Stewart

 23   était de retour, je suis allé sur place. Le colonel était sous le choc et

 24   il était très fâché. J'ai dirigé le second groupe de reconnaissance. Je me

 25   suis rendu dans le village juste pour confirmer ce qu'il avait vu et pour


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  1   voir jusqu'à quel point le crime était violent.

  2   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des

  3   photographies qui ont été faites ? Est-ce quelques-uns de vos officiers

  4   les ont faites ?

  5   M. Watters (interprétation). -  Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - L'huissier peut-il nous aider ? Nous

  7   allons voir les photographies et maintenant nous pouvons toutes les voir

  8   si vous voulez bien les mettre sur le rétroprojecteur en vitesse. Je ne

  9   vais pas vous interrompre, Monsieur le Témoin, vous pourriez peut-être

 10   nous dire de quelle photographie il s'agit comme cela la Chambre

 11   comprendra ?

 12   Nous commençons avec Z 1 5 0.

 13   M. Watters (interprétation). - Il y avait une maison pleine de

 14   cadavres. C'est une maison que nous avons vue pour la première fois. C'est

 15   l'entrée dans cette maison. Il y avait un cadavre que nous avons vu. On

 16   pensait que c'était le cadavre d'un homme et il se trouvait juste au seuil

 17   de la maison. Et la maison a été incendiée.

 18   M. Nice (interprétation). - Ensuite, deuxième photographie est

 19   1 0 5 ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'est la cave de la maison, c'est

 21   donc la scène de la cave. Il y a plusieurs cadavres. C'est l'un des

 22   cadavres qui sont calcinés. Vous pouvez voir quelle est la forme de la

 23   tête.

 24   M. Nice (interprétation). - 1 5 0 6 ? Sous un autre angle,

 25   1 5 0 7 ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Encore d'autres cadavres, et vous

  2   voyez le mur de la cave, vous voyez également les traces des balles sur le

  3   mur. Nous pensions que c'était du sang, des traces de sang. Il y a eu

  4   beaucoup de cadavres qui sont devant la cave qui ont été calcinés.

  5   M. Nice (interprétation). - Ensuite, 1 5 0 8 ?

  6   M. Watters (interprétation). - Je pense qu'il s'agit d'une autre

  7   photographie qui a été prise dans la cave. Vous voyez que les corps ont

  8   été calcinés. Il y a un crâne que vous apercevez.

  9   M. Nice (interprétation). - Z 1 5 0 9 ?

 10   M. Watters (interprétation). - Une fois de plus une photographie

 11   qui a été faite dans la cave. Vous voyez également les côtes d'une

 12   personne, enfin d'une dépouille mortelle, c'est plutôt calciné.

 13   M. Nice (interprétation). - Ensuite Z 1 5 1 0 ?

 14   M. Watters (interprétation). - Une fois de plus vous voyez un

 15   crâne et puis vous voyez un lavabo.

 16   M. Nice (interprétation). - Z 1 5 1 1 ?

 17   M. Watters (interprétation). - La même chose.

 18   M. Nice (interprétation). - Z 1 5 1 2 ?

 19   M. Watters (interprétation). - Une autre prise. Encore un autre

 20   cadavre qui a été calciné. On voit du sang sur le mur.

 21   M. Nice (interprétation). - Ensuite, Z 1 5 1 3 ?

 22   M. Watters (interprétation). - Une autre photographie qui a été

 23   prise dans la cave. Les cadavres, que vous voyez, ou plutôt des ossements,

 24   des côtes, etc.

 25   M. Nice (interprétation). – Maintenant, c'est une autre maison,


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  1   Z 1 5 1 4 ?

  2   M. Watters (interprétation). – Les maisons ont été détruites,

  3   incendiées ou bien le toit est tombé par terre. Elles ont été effondrées,

  4   comme celles que nous avons vues auparavant. Et c'est dans les débris que

  5   nous avons pu voir les restes, des ossements, des cadavres calcinés. C'est

  6   ce que nous avons pensé. Cela a été confirmé par la suite par les experts.

  7   Je pense que nous pouvons voir ici des ossements, justement, des cadavres.

  8   On voit effectivement des côtes.

  9   M. Nice (interprétation). - Il s'agit donc de la

 10   photographie Z 15 15 ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est la même maison.

 12   M. Nice (interprétation). - Ensuite, la photographie suivante,

 13   Z 15 16 ?

 14   M. Watters (interprétation). - C'est la même maison. Si je me

 15   souviens bien, nous avons visité plusieurs maisons. Il y avait des maisons

 16   où nous avons trouvé des côtes et dans d'autres des crânes. C'étaient des

 17   cages thoraciques en quelque sorte, de toute façon. Il y avait la mosquée

 18   et le minaret qui ont été détruits. Une partie d'Ahmici a été incendiée,

 19   détruite ; la mosquée est tombée.

 20   Par conséquent, vous pouvez le voir sur le photographies. C'est

 21   le minaret qui est tombé. On voit le béton précontraint, des renforts.

 22   M. Nice (interprétation). - Ensuite, on voit Z 15 21. Et puis

 23   nous allons également voir d'autres photographies. Ce sont les mêmes.

 24   Z 15 21 ?

 25   M. Watters (interprétation). - Nous enlevons les corps à cet


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  1   endroit-là. Nous avons donc pu procéder à cette opération quelques jours

  2   plus tard car, en effet, les autorités de Bosnie-Herzégovine nous l'ont

  3   demandé parce qu'eux ne pouvaient pas le faire tout seuls.

  4   M. Nice (interprétation). - Maintenant, c'est la photographie

  5   Z 15 22 ?

  6   M. Watters (interprétation). - Il s'agit d'une prise de vue à

  7   partir de l'entrée. Nous avons vu le corps calciné sur la première

  8   photographie.

  9   M. Nice (interprétation). - Ensuite, Z 15 23 ?

 10   M. Watters (interprétation). - Ce n'est pas le même corps. C'est

 11   en bas de l'escalier. La photographie que nous avons vue, c'était pris de

 12   l'autre côté. Il y avait donc quelques corps que nous avons vus à

 13   l'entrée, au seuil de la maison, et d'autres que nous avons vus dans la

 14   cave.

 15   M. Nice (interprétation). - La dernière photographie, Z 26 90,

 16   que montre-t-elle ?

 17   M. Watters (interprétation). - Elles montrent les forces du HVO,

 18   il y a l'équipement. Vous avez des armes antiaériennes qui ont été

 19   chargées sur le camions, et c'étaient les armes qui ont été utilisées pour

 20   tirer sur le village.

 21   M. Nice (interprétation). - Mais quelle est l'efficacité de ces

 22   armes ?

 23   M. Watters (interprétation). - Il s'agit du calibre

 24   423 millimètres. C'est tout à fait destructif. Si cette arme est utilisée,

 25   elle peut totalement détruire toutes les maisons.


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  1   M. Nice (interprétation). - Par conséquent, ils les ont

  2   utilisées ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui.

  4   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez à quel

  5   moment cette photographie a été prise ?

  6   M. Watters (interprétation). - Non. Je me souviens de ce

  7   véhicule et je me souviens également d'autres véhicules que j'ai pu voir à

  8   Busovaca à ce moment-là.

  9   M. Nice (interprétation). - Et les uniformes, est-ce que vous

 10   pouvez nous aider ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui, ce sont les uniformes du

 12   HVO.

 13   M. Nice (interprétation). - Avant de revenir à quelques autres

 14   questions, j'ai aussi une question qui concerne la carte que nous avons

 15   vue tout à l'heure. Si l'huissier peut nous aider, et les techniciens

 16   rendre possible que la visibilité soit meilleure.

 17   Colonel, quand cette carte sera à la disposition de Messieurs

 18   les Juges, pourrez-vous nous indiquer où se trouve la ville, parce qu'il

 19   est difficile de la voir sur cette carte ?

 20   Est-ce que les offensives sur lesquelles vous avez eu des

 21   informations avaient un sens quelconque du point de vue militaire ?

 22   M. Watters (interprétation). - Le 16 et le 17, tout cela n'avait

 23   aucun sens. Tout ce qui apparaissait, c'est qu'il s'agissait d'offensives

 24   coordonnées. Mais, au fil du temps, surtout après les discussions que j'ai

 25   eues, lors de la conférence du 21, avec le général Halilovic et le général


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  1   Petkovic, il est apparu que la coordination et la forme de l'offensive ont

  2   commencé à s'expliquer.

  3   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelle route

  4   il y avait vers la Croatie pour ces zones dominées par les Croates ? Je ne

  5   sais pas si on peut voir les marques qui ont été tracées sur cette carte,

  6   espérons-le.

  7   M. Watters (interprétation). - Vous avez le centre de Kiseljak,

  8   le centre principal Kiseljak, Busovaca et ensuite vous avez Vitez, avec

  9   étalement petits villages, dont Fojnica. La route qui mène normalement

 10   vers le sud, c'est vers Mostar.

 11   Ici, c'était complètement dominé par les Serbes qui avaient pris

 12   position sur les hauteurs, qui contrôlaient la route avec des obus de

 13   mortiers, de l'artillerie et qui empêchaient l'utilisation de nos MSR.

 14   La route principale que nous utilisions finalement, parce que

 15   nous aussi nous subissions les attaques des Serbes, c'est ce que nous

 16   appelions "la route en triangle", je ne me rappelle pas son nom exact,

 17   c'est parce qu'elle allait jusqu'à ce carrefour, au nord de Travnik et

 18   vers Gorni Vakuj, elle descendait vers Prozor, puis plus au nord.

 19   M. Robinson (interprétation). – Maître Nice, peut-on demander au

 20   témoin s'il y avait d'autres éléments qui indiquaient que cette attaque

 21   était cordonnée ?

 22   M. Watters (interprétation). - L'utilisation de l'artillerie,

 23   parce qu'en temps normal aucun commandant local n'aurait utilisé

 24   l'artillerie pour appuyer des offensives quelconques. Lorsqu'il y avait

 25   des désaccords entre villages, lorsqu'il y avait des combats qui


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  1   s'ensuivaient, eh bien il était très rare qu'on utilise des mortiers ou

  2   des pièces d'artillerie lourde.

  3   Ce matin-là, l'utilisation intensive de ces mortiers, de ces

  4   pièces d'artillerie, nous a incités à penser qu'il s'agissait d'une

  5   offensive qui avait été décidée d'en haut, à un très au niveau.

  6   M. Nice (interprétation). - Les pièces d'artillerie, il aurait

  7   fallu, bien entendu, les installer à l'avance et les affecter à l'avance ?

  8   M. Watters (interprétation). - Oui.

  9   M. Nice (interprétation). - Et les alimenter en munitions

 10   également ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui.

 12   M. Nice (interprétation). - En plus de cette route que vous nous

 13   avez indiquée, qui va à Gorni Vakuf et Prozor, y avait-il d'autres routes

 14   qui allaient vers ces même villes et surtout à Prozor ?

 15   M. Watters (interprétation). - Dans la semaine qui avait précédé

 16   ces événements, le major Rule qui commandait la Compagnie B, à

 17   Gorni Vakuj, avait eu pour mission de découvrir pourquoi il y avait des

 18   combats à l'est de Prozor.

 19   Etant donné le nombre de Croates à Prozor, étant donné le fait

 20   que les Musulmans étaient très minoritaires dans ces villages, ils ne

 21   pouvaient donc s'agir que d'une offensive croate, il ne pouvait s'agir

 22   d'une offensive musulmane, parce que s'ils avaient fait quoi que ce soit

 23   ils auraient été écrasés.

 24   Le major Rule n'a pas réussi à entrer dans ces villages parce

 25   qu'il y avait des forces militaires très importantes, y compris des chars


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  1   qui l'ont empêché de passer. Il est rentré donc et il nous a dit qu'à

  2   moins de recevoir l'autorisation de se battre pour passer, il ne pourrait

  3   pas passer. Nous avons parlé avec notre quartier général et nous avons

  4   décidé que nous n'obtiendrions rien en lançons une attaque nous-mêmes

  5   contre les Croates.

  6   Ultérieurement, et après avoir analysé ce qui c'était passé,

  7   nous avons déduit que c'était la route qui allait de Prozor à Fojnica que

  8   les Croates s'efforçaient de contrôler en enlevant, en détruisant tous les

  9   villages musulmans qui se trouvaient sur cette route. Et même si la route

 10   se terminait au fond, à la fin, par de simples sentiers, il y avait

 11   cependant ici une route qui allait de Fojnica à Kakuni, Busovaca, Vitez,

 12   Kiseljak et Prozor. Il y avait ici un goulot d'étranglement où on trouvait

 13   des villages musulmans et qui empêchaient les forces croates d'avoir accès

 14   à la vallée de la Lasva, sans utiliser un autre goulot d'étranglement à

 15   Gorni Vakuf. Gorni Vakuf, c'était un village qui comprenait une population

 16   mixte où il y avait eu beaucoup de combats, des combats justement pour

 17   obtenir le contrôle de ce village.

 18   M. Nice (interprétation). - Donc deux routes qui menaient en

 19   Croatie ?

 20   M. Watters (interprétation). - Les Serbes bloquaient la route

 21   principale. Il y avait donc cette autre route avec goulot d'étranglement,

 22   et il y avait l'autre route vers Fojnica, et il y avait un goulot

 23   d'étranglement ici, ce sont donc ces deux goulots d'étranglement pour

 24   lesquels les Croates se battaient. La route ici, en haut, était entre les

 25   mains des Croates.


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  1   M. Nice (interprétation). - Avant que nous n'en venions à

  2   l'étude d'objectifs militaires potentiels à Ahmici ou autour, est-ce que

  3   vous pouvez nous expliquer ce qui est inscrit sur cette carte ? D'abord ce

  4   qui est inscrit en vert et qui est à peine visible sur la photographie.

  5   M. Watters (interprétation). - Ces lignes vertes m'ont été

  6   montrées par M. Merdan et le général Petkovic, c'étaient les couloirs

  7   empruntés par la contre attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine les 18,

  8   19 et 20 avril environ.

  9   M. Nice (interprétation). - Les lignes rouges, dont certaines

 10   comportent des flèches, que représentent-elles ?

 11   M. Watters (interprétation). - Elles désignent les zones de

 12   combats dans la vallée de Kiseljak, la zone autour de Kakuni et puis

 13   autour de Vitez, Stari Vitez, Cicka, le long de la vallée de la Lasva, sur

 14   la route principale entre Vitez et Busovaca. Et aussi là, je ne me

 15   souviens plus du nom, Bukareva.

 16   Donc, le matin du 16, quand nous avons indiqué sur la carte les

 17   zones de combat, ce sont ces flèches rouges que nous avons utilisées.

 18   M. Nice (interprétation). - Sur le route, que vous avez

 19   identifiée, quelles étaient leur importance militaire ou politique ?

 20   M. Watters (interprétation). - Avec la mise en place du secteur

 21   ou du canton 10 et l'implantation et la mise en place d'un canton d'une

 22   région à forte dominance croate, eh bien ce canton risquait d'être isolé

 23   parce que là vous aviez la zone de Travnik, musulmane, et au nord il y

 24   avait une concentration importante de Musulmans à Zenica.

 25   De plus, il y avait la communauté serbe limitée en nombre mais


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  1   très active, le long de la vallée de Kiseljak. Et puis il y avait

  2   également les communautés de Stari Vitez sur la vallée de la Lasva. Toutes

  3   ces communautés avaient la possibilité de couper les voies de

  4   communication et d'isoler les Croates dans la vallée de la Lasva.

  5   Dans ces conditions, donc les Croates auraient été isolés et

  6   n'auraient pu sortir du moins en utilisant des véhicules de leur secteur.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et pourquoi avait-il besoin, ce

  8   canton, d'avoir un accès à la Croatie ?

  9   M. Watters (interprétation). - Pour avoir une cohérence

 10   politique, une véritable existence politique, militaire et autre, il leur

 11   était nécessaire de se ravitailler et de réagir immédiatement au

 12   comportement de la communauté musulmane. S'ils n'avaient pas de voies de

 13   communication sûres à travers la Bosnie centrale vers la Croatie au sud, à

 14   ce moment-là ils ne pouvaient pas continuer d'exister à long terme.

 15   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais que vous nous parliez

 16   du point de contrôle de Kacuni ?

 17   M. Watters (interprétation). - Kacuni se situe ici. J'ai

 18   toujours eu un point de contrôle à Kacuni, c'était un croisement qui était

 19   stratégique parce qu'il y avait la route de Kiseljak et la route qui

 20   amenait à la grande route principale de Zenica, de même qu'il y avait un

 21   point de contrôle à Vitez et de même à Novi Travnik, je crois que c'est

 22   comme cela qu'on appelait cette zone.

 23   Chacun de ces points de contrôle était essentiel pour garantir

 24   l'intégrité de cette voie de communication. Vous savez que garantir les

 25   voies de communication dans une zone montagneuse est absolument essentiel,


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  1   si on veut faire passer un nombre significatif de personnes ou de

  2   véhicules sur une route. Ces points de contrôle avaient donc une

  3   importance névralgique.

  4   Et ce que faisaient les gens en Bosnie pour contrôler les

  5   routes, c'était d'y placer des points de contrôle à l'entrée et la sortie

  6   des villages, des points de contrôle qui étaient très importants du point

  7   de vue stratégique et tactique. Et c'est la chute du point de contrôle ici

  8   qui suit l'offensive de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a indiqué au

  9   colonel Blaskic qu'il avait perdu.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous nous avez parlé des

 11   négociations de cessez-le-feu, les dernières négociations où Blaskic était

 12   menacé d'encerclement ou était encerclé. Pouvez-vous montrer à la Chambre

 13   de quoi il s'agissait exactement...(L'interprète se reprend) il ne s'agit

 14   pas de Blaskic mais de Kordic ?

 15   M. Watters (interprétation). - Les trois axes de la contre-

 16   attaque du 3ème Corps sont venus jusqu'ici. Ils ont coupé la route vers

 17   Vitez, ensuite ils sont venus ici, ils ont coupé une route stratégique, et

 18   ils ont coupé également la route vers Busovaca. Donc toutes les routes

 19   sortant de Busovaca et qui allaient soit à Kiseljak soit à Vitez soit à

 20   Fojnica étaient coupées.

 21   Les gens en garnison à Busovaca ne pouvaient recevoir aucun

 22   renfort et aucun ravitaillement et ne pouvaient pas évacuer leurs blessés.

 23   Ils étaient donc en l'espèce encerclés.

 24   M. Sayers (interprétation). - Si on regarde la carte, on ne voit

 25   rien de vraiment particulier qui distingue Ahmici des autres villages le


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  1   long de la route.

  2   M. le Président (interprétation). - Les interprètes ont demandé

  3   aux intervenants de parler moins vite.

  4   M. Nice (interprétation). - Je suis désolé, je me rapproche de

  5   mon micro.

  6   Ahmici, si l'on regarde la carte, semble être un village comme

  7   les autres autour de lui. Ce village avait-il une importance

  8   particulière ?

  9   Peut-on le considérer comme une cible militaire ?

 10   M. Watters (interprétation). - Eh bien, son importance était

 11   double. Il faut savoir qu'il se trouvait le long de la route principale

 12   dans la vallée de la Lasva. Le village permettait de contrôler la route.

 13   Seconde explication de l'importance du village, de nature plus

 14   ésotérique : il faut savoir que c'était un centre de la culture musulmane

 15   dans cette partie de la Bosnie centrale. Il faut savoir qu'il y avait un

 16   grand nombre d'imam d'Ahmici, beaucoup plus que des autres villages. Cela

 17   avait donc une importance nette pour tous les Musulmans dans la région.

 18   En détruisant Ahmici, on parvenait à s'assurer le contrôle de la

 19   route, mais on faisait quelque chose qui avait un impact énorme sur les

 20   habitants musulmans de la région.

 21   M. Nice (interprétation). - Dans le procès précédent, il est

 22   possible que cette carte ait été présentée sous cette forme réduite; ce

 23   qui nous permettra de garder les choses à l'esprit et d'être utilisé comme

 24   aide-mémoire.

 25   Si Messieurs les Juges souhaitent disposer de cette carte de


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  1   taille plus réduite, je ferai de mon mieux pour la leur fournir.

  2   Colonel, il me reste encore un ou deux point à aborder avec

  3   vous.

  4   Paragraphe 6 du résumé : vous nous avez parlé de la valeur

  5   stratégique des voies de communication. En ce qui concerne les habitants

  6   des endroits ciblés, quel a été l'objectif de ces offensives. ?

  7   M. Watters (interprétation). - A mon avis, à notre avis, il

  8   s'agissait d'expulser les Musulmans du canton n° 10, surtout ceux qui

  9   étaient dans les zones frontalières de ce canton, cela afin d'assurer la

 10   sécurité du canton. Et il s'agissait également de garantir l'intégrité des

 11   voies de communication qui sortaient du canton et qui servaient de voies

 12   de communication et de voies de ravitaillement puisqu'elles reliaient ce

 13   canton à la Croatie.

 14   M. Nice (interprétation). - Vous avez maintenant, je pense, dit

 15   tout ce que vous savez sur ce qui s'est passé en avril. Avez-vous eu plus

 16   tard des contacts avec Blaskic ou Kordic.

 17   M. Watters (interprétation). - Je n'ai pas reparlé avec

 18   M. Kordic, et j'ai rencontré à plusieurs reprises le colonel Blaskic

 19   jusqu'à la date de mon départ de Vitez en mai.

 20   Ces réunions traitaient de violation du cessez-le-feu, et il

 21   s'agissait aussi, lors de ces réunions, de faciliter, de permettre le

 22   déplacement des convois d'aide humanitaire dans la région. On en revenait

 23   vraiment à l'essentiel de notre mission de départ.

 24   Il ne s'agissait pas de nous impliquer dans le conflit. Car en

 25   fait, c'est ce que nous avions fait dans les 6 semaines précédentes.


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  1   M. Nice (interprétation). - Au cours de ces rencontres avec

  2   M. Blaskic, avez-vous reçu des informations qui vous ont permis de dire

  3   que les structure de commandement avait changé au sein du HVO  ou avez-

  4   vous modifié votre opinion à cet égard ?

  5   M. Watters (interprétation). - La seule opinion que je me sois

  6   formée -je ne peux pas la lier à une phrase ou à quelque chose de

  7   particulier- bref, l'impression que j'avais était que les relations entre

  8   Blaskic et Kordic étaient devenues quelque peu tendues. Elles s'étaient un

  9   peu détériorées et le colonel Kordic avait accusé Blaskic d'avoir échoué

 10   dans son entreprise militaire, d'avoir mis en danger la vie des gens de

 11   Busovaca. Et nous avons donc constaté un certain froid dans leurs

 12   relations.

 13   M. Nice (interprétation). - Vous avez participé aux négociations

 14   de cessez-le-feu où Kordic n'était pas présent, mais vous avez essayé

 15   d'obtenir des garanties de Petkovic ?

 16   M. Watters (interprétation). - Oui.

 17   M. Nice (Interprétation). - Avez-vous toujours pensé qu'il y

 18   avait une double chaîne de commandement ?

 19   M. Watters (interprétation). -  Oui.

 20   M. Nice (Interprétation). - A quoi pouvez-vous comparer ce genre

 21   de structure en vous basant sur votre expérience.

 22   M. Watters (interprétation). - Etant donné les similitudes

 23   existant entrent la culture croate et la culture allemande, et les

 24   ressemblances qui existent entre l'armée croate et l'armée allemande, et

 25   leurs relations pendant la Deuxième Guerre mondiale, on ne pouvait


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  1   s'empêcher de considérer la structure du HVO comme une structure

  2   ressemblant énormément à celle de l'armée allemande pendant la Deuxième

  3   Guerre mondiale. Il y avait un élément paramilitaire dans cette armée qui

  4   semblait suivre la chaîne de commandement politique. Cette chaîne de

  5   commandement politique semblait donc diriger des unités militaires bien

  6   particulières, habillées différemment, et qui étaient considérées comme

  7   plus efficaces que les autres. Il s'agissait pour elles de remplir

  8   certaines missions stratégiques différentes de celles de la majorité de

  9   l'armée. Il semble en effet qu'en Bosnie centrale, M. Kordic contrôlait

 10   les forces paramilitaires dont je viens de parler, et que le

 11   colonel Blaskic contrôlait l'armée plus conventionnelle dans son ensemble.

 12   Parfois ils entraient en conflit. Je ne veux pas parler de conflit

 13   physique, mais ils étaient en désaccord quant à la primauté de certaines

 14   tâches ou missions.

 15   Moi-même, au fur et à mesure, j étais de plus un en plus

 16   convaincu qu'il était impossible d'avoir des garanties sur ce qui se

 17   passait sur leur terrain, si ça ne venait pas de Mostar. C'est-à-dire

 18   qu'il fallait que la chaîne de commandement politique soit impliquée et

 19   suive la ligne du parti.

 20   M. Nice (interprétation). - Je vous demande de répondre oui ou

 21   non à la question suivante ; question délicate à la laquelle je vous

 22   demande de réfléchir.

 23   Avez-vous des information selon lesquelles les auteurs des

 24   massacres d'Ahmici avaient été nommés par quiconque ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui.


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  1   M. Nice (interprétation). - Donner des nom, je veux éviter cela

  2   pour l'instant, pouvez-vous nous dire ce que vous avez appris quand on

  3   vous a donné ces noms ?

  4   M. Watters (interprétation). - Une liste de noms a été donnée au

  5   Bataillon Britannique, je l'ai vue entre les mains du colonel Stewart. Il

  6   a présenté cette liste au colonel Blaskic qui lui a demandé ce qu'il

  7   allait faire à ce sujet. Le colonel Stewart a été extrêmement

  8   désagréablement surpris car il admirait le colonel Blaskic au plan

  9   professionnel. Il a été très déçu de voir que le colonel Blaskic

 10   n'entendait rien faire à un événement qui allait à l'encontre des lois de

 11   la guerre.

 12   M. Nice (interprétation). - Cette liste de noms qui vous a été

 13   communiquée a été également communiquée à la chaîne de commandement

 14   Croate ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui.

 16   M. Nice (interprétation). – Combien y avait-il de noms ?

 17   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas,

 18   environ 11, mais je pourrais me tromper. C'était quelque chose

 19   d'extrêmement sensible.

 20   M. Robinson (interprétation). - Maître Nice, je voudrais un

 21   point de clarification sur deux points. Le témoin a identifié deux chaînes

 22   de commandement, une militaire et une politique. Il estime quant à lui,

 23   que M. Kordic était responsable de l'une de ces chaînes de commandement,

 24   quelle était-elle ?

 25   Il a dit qu'à son avis M. Kordic contrôlait les unités


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  1   paramilitaires. Peut-il nous donner des exemples de ces unités ?

  2   M. Watters (interprétation). – M. Kordic contrôlait la chaîne de

  3   commandement politique, pour répondre à la première partie de votre

  4   question. Et l'exemple de la confiscation d'un convoi près de Busovaca et

  5   le fait que nous avons eu à négocier avec M. Kordic par l'intermédiaire du

  6   Quartier Général du HVO à Mostar et de notre Quartier Général à Kiseljak,

  7   me le prouve.

  8   Il a fallu que le colonel Petkovic lui donne un ordre personnel,

  9   car Tihomir Blaskic n'était pas capable d'exercer son autorité dans cette

 10   situation.

 11   Quant à la défense de Busovaca, nous avons vu que le rôle de

 12   M. Kordic dans le domaine militaire a augmenté de plus en plus au fur et à

 13   mesure que les combats s'intensifiaient. Cela m'a amené à penser qu'il

 14   avait un rôle militaire, paramilitaire. Il portait un uniforme et portait

 15   également une arme.

 16   M. Robinson (interprétation). - Merci.

 17   M. Nice (interprétation). - Je n'ai pas de questions

 18   supplémentaires.

 19   M. le Président (interprétation). -  Maître Sayers ?

 20   M. Sayers (interprétation). – Colonel Watters, je m'appelle

 21   Steve Sayers, je représente Dario Kordic, je vais vous poser un certain

 22   nombre de questions.

 23   Nous sommes ici dans un environnement assez artificiel. Vous

 24   avez tendance à parler très vite, ce qui ne plaît pas beaucoup aux

 25   interprètes. Quant à moi, je suis leur bête noire n °1 dans ce domaine,


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  1   car je parle très vite. Je voudrais que vous m'aidiez un peu ici, que vous

  2   attendiez avant de répondre à mes questions. Cela permettra aux

  3   interprètes d'essayer de faire leur travail, le problème étant que nous

  4   parlons tous les deux la même langue.

  5   Votre déposition a trait à l'expérience que vous avez eue

  6   en 1993… pardon.. lors de votre séjour de 93 jours en Bosnie centrale.

  7   M. Watters (interprétation). - Je n'ai jamais compté les jours,

  8   mais ça m'a l'air à peu près vraisemblable.

  9   M. Sayers (interprétation). – Vous êtes arrivé en Bosnie

 10   centrale le 6 février 1993 ?

 11   M. Watters (interprétation). – Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez quitté le pays le 10…

 13   1993 ?

 14   (l'interprète n'a pas saisi le nom du mois.)

 15   M. Watters (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez été nommé lieutenant

 17   colonel, commandant en second fin février ?

 18   M. Watters (interprétation). – Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). – Si j'ai bien compris, c'était le

 20   colonel Stewart qui était votre supérieur ?

 21   M. Watters (interprétation). – Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). – Parlez-vous Croate ?

 23   M. Watters (interprétation). – Non.

 24   M. Sayers (interprétation). - Vous étiez chef d'état-major du

 25   colonel Stewart ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). – Votre mission était de contrôler

  3   les forces opérationnelles dans le cadre du quartier général du

  4   commandant ?

  5   M. Watters (interprétation). – Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Y compris les branches qui

  7   traitaient de l'information ?

  8   M. Watters (interprétation). – Oui, je les coordonnais.

  9   M. Sayers (interprétation). – Si j'ai bien compris, il y avait

 10   trois compagnies dans votre régiment, la compagnie Alpha à Vitez ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). – La compagnie Bravo à Gorni Vakuf ?

 13   M. Watters (interprétation). – Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). – La compagnie Charlie basée à

 15   Tuzla ?

 16   M. Watters (interprétation). – Oui, elles se déplaçaient, mais

 17   au moment du 16 avril, c'était leur répartition. De plus, nous avions

 18   également un escadron Ingénieurs Royal, un escadron du génie civil et un

 19   escadron…

 20   M. Sayers (interprétation). - Ces unités étaient sous votre

 21   commandement ?

 22   M. Watters (interprétation). – Sous le commandement du colonel

 23   Stewart.

 24   M. Sayers (interprétation). - Mais c'est vous qui étiez le

 25   commandant lorsque le colonel Stewart ne se trouvait pas sur place ?


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  1   M. Watters (interprétation). – Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et le centre des opérations se

  3   trouvait à Vitez.

  4   M. Watters (interprétation). – Le centre des opérations se

  5   trouvait à Vitez effectivement.

  6   M. Sayers (interprétation). - S'agit-il d'une ville de petite

  7   taille ?

  8   M. Watters (interprétation). – Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Sa population est de l'ordre de

 10   7 000 personnes ?

 11   M. Watters (interprétation). - Je vous crois sur parole. Je ne

 12   pense pas que cela soit plus gros.

 13   M. Sayers (interprétation). - La base de votre bataillon se

 14   trouvait dans un village plus petit encore au nord-ouest de Vitez ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous avez l'habitude de déposer

 17   dans le cadre des procès qui se déroulent à la suite de ce qui s'est passé

 18   dans la vallée de la Lasva en avril 1993 ?

 19   M. Watters (interprétation). - C'est la troisième fois que je

 20   dépose.

 21   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déposé pendant deux

 22   jours au procès Blaskic ?

 23   M. Watters (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). – C'était le 10 novembre 1997 ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez déposé pendant deux

  2   jours dans le procès Kupreskic le 17 août 1998.

  3   M. Watters (interprétation). – Oui.

  4   M. Sayers (interprétation). – En fait, vous êtes le premier

  5   témoin à avoir déposé dans le procès Kupreskic ?

  6   M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que le

  7   témoin puisse connaître cette information.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également fait une

  9   déclaration aux enquêteurs de l'accusation le 1er septembre 1994 ?

 10   M. Watters (interprétation). - Je me souviens que je me suis

 11   entretenu avec eux mais je ne sais pas quand.

 12   M. Sayers (interprétation). - Vous vous souvenez avoir discuté

 13   avec eux ?

 14   M. Watters (interprétation). - Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). - Vous vous souvenez avoir relu

 16   votre déclaration ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - N'est-il pas vrai que le nom de

 19   M. Kordic n'apparaît nulle part dans ce document de trois pages.

 20   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Je ne

 21   serais pas surpris si c'était le cas.

 22   M. Sayers (interprétation). - Et ensuite vous avez fait une

 23   déclaration plus détaillée au Bureau du Procureur, le 16 avril 1997,

 24   c'est-à-dire quatre ans après avoir quitté la zone où vous étiez

 25   stationné ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Une déclaration de 23 pages ?

  3   M. Watters (interprétation). - Je vous crois sur parole.

  4   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez relu ces

  5   déclarations avant de venir ici ?

  6   M. Watters (interprétation). - J'en ai lu une version abrégée.

  7   M. Sayers (interprétation). - Qui a fait ce résumé ?

  8   M. Watters (interprétation). - Les membres de l'équipe du

  9   Procureur m'ont montré un document de 6 pages hier soir.

 10   M. Sayers (interprétation). - S'agissait-il d'un document que

 11   vous aviez préparé ou qu'ils avaient préparé ?

 12   M. Watters (interprétation). - Ils l'avaient préparé, je l'ai lu

 13   et je l'ai modifié le cas échéant.

 14   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez relu votre

 15   déposition dans les affaires Blaskic et Kupreskic pour vous préparer à

 16   votre déposition aujourd'hui ?

 17   M. Watters (interprétation). - Non, je suis arrivé à La Haye

 18   hier soir et je n'avais pas eu le temps de réviser ce document lors de mes

 19   visites précédentes.

 20   M. Sayers (interprétation). - En lisant ce document de 6 pages

 21   préparé par l'accusation, est-ce que cela vous a permis de vous remettre

 22   les choses à l'esprit, des choses que vous avez vécues lors de votre

 23   séjour en Bosnie, il y a 6 ans ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui.

 25   M. Sayers (interprétation). - Vous êtes devenu membre de l'armée


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  1   britannique, si j'ai bien compris, en 1972 ?

  2   M. Watters (interprétation). - Oui.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez toujours été membre

  4   du 1er Régiment du Cheshire ?

  5   M. Watters (interprétation). - J'ai fait ma période de formation

  6   avec ce régiment et j'ai eu d'autres affectations au niveau de l'état

  7   major ou au niveau des instances de formation dans d'autres régiments.

  8   M. Sayers (interprétation). - Combien y a-t-il de soldats dans

  9   ce régiment ?

 10   M. Watters (interprétation). - Cela dépend suivant les missions

 11   qui nous sont confiées et suivant le nombre de soldats que nous avons.

 12   Normalement, nous sommes environ 612 soldats et 35 officiers.

 13   M. Sayers (interprétation). - Mais au niveau du régiment ?

 14   M. Watters (interprétation). - C'est d'un régiment dont je

 15   parle. Cela ne comprend pas le génie, les escouades de reconnaissance,

 16   l'administration, etc.

 17   M. Sayers (interprétation). - Et combien y avait-il de soldats

 18   du régiment en Bosnie centrale ?

 19   M. Watters (interprétation). - Environ 800.

 20   M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris vous êtes

 21   devenu commandant du régiment en 1996 ?

 22   M. Watters (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). – Donc, vous êtes un militaire de

 24   carrière et ceci depuis 25 ans ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez l'intention de

  2   continuer ainsi ?

  3   M. Watters (interprétation). - S'ils veulent bien de moi.

  4   M. Sayers (interprétation). - Est-il juste de dire que vous avez

  5   parcouru le globe au cours de ces 26 ans ?

  6   M. Watters (interprétation). - J'ai en effet eu l'occasion de

  7   travailler dans un grand nombre de pays.

  8   M. Sayers (interprétation). - Donc il est vrai que vous êtes un

  9   militaire de carrière ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez suivi une

 12   formation dans le domaine des sciences politiques ?

 13   M. Watters (interprétation). - Non en dehors de la formation qui

 14   est fournie dans le domaine des affaires étrangères et des affaires

 15   internationales pour les officiers de notre régiment.

 16   M. Sayers (interprétation). - C'est tout ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Vous disposiez de documentations

 19   relatives aux informations, à l'information, renseignements, ainsi que de

 20   ressources qui vous permettaient de les obtenir ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Certains de ces documents et de

 23   ces renseignements ont été obtenus au moment de votre séjour en Bosnie

 24   centrale ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ces documents étaient

  2   préparés de façon différente en Bosnie centrale que dans les autres

  3   régions du monde où vous avez été affecté ?

  4   M. Watters (interprétation). - Auparavant, je n'avais jamais été

  5   soldat des Nations Unies. Et donc les procédures, la façon d'élaborer des

  6   documents, c'est très différent au sein des Nations Unies.

  7   M. Sayers (interprétation). - Les informations dont vous

  8   disposiez, j'imagine, comprenaient des résumés, des bulletins de

  9   renseignements militaires ou ce que l'on appelle des milinfosums ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui, préparées par la cellule de

 11   renseignements militaires.

 12   M. Sayers (interprétation). - Qui était dirigée par le capitaine

 13   Kris Layman ?

 14   M. Watters (interprétation). - Oui et le sergent-major Connely.

 15   M. Sayers (interprétation). - Il s'agissait de rapports qui

 16   rassemblaient des informations importantes obtenues par des activités de

 17   renseignement ?

 18   M. Watters (interprétation). – Oui, du renseignement.

 19   M. Sayers (interprétation). - A votre avis, ces bulletins de

 20   renseignement reflétaient-ils la vérité ?

 21   M. Watters (interprétation). - Ce qu'ils nous donnaient chaque

 22   jour, c'était une évaluation de ce qui s'était passé dans la journée par

 23   rapport à ce qui s'était passé auparavant, et suivant la disponibilité des

 24   gens qui étaient à même de les évaluer, moi-même ou les officiers qui

 25   travaillaient avec moi. Donc en fait, ces milinfosums représentaient la


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  1   vision que nous avons des choses. Mais il était possible que le lendemain

  2   le bulletin suivant contredise ce qu'on disait un jour précis suivant les

  3   informations que l'on avait reçues.

  4   Mais au fur et à mesure de l'évolution des choses, je peux dire

  5   que ces bulletins de renseignement sont devenus de plus en plus utiles.

  6   Mais il faut savoir que c'était un résumé, ce n'étaient pas des faits en

  7   tant que tels.

  8   M. Sayers (interprétation). - Donc ils étaient plus ou moins

  9   fidèles à la réalité ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez relu ce

 12   document ?

 13   M. Watters (interprétation). - Cela fait bien longtemps que je

 14   ne l'ai pas fait.

 15   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ce document fait

 16   référence à la double chaîne de commandement que vous nous avez décrite et

 17   qui existe, d'après vous, en Bosnie centrale ?

 18   M. Watters (interprétation). - Très franchement, je ne m'en

 19   souviens pas. Ce journal de guerre était tenu par l'adjudant le plus

 20   souvent. Et ce n'est pas un document qui fait nécessairement autorié. Moi,

 21   personnellement, je me réfèrerai plutôt aux milinfosums et aux rapports de

 22   situation quotidiens.

 23   M. Sayers (interprétation). - Ces rapports de situation, de quoi

 24   s'agit-il ?

 25   M. Watters (interprétation). - Ils étaient préparés par les


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  1   centres opérationnels des bataillons et ils présentaient les faits tels

  2   qu'ils avaient été rapportés à la cellule d'information par les

  3   différentes compagnies. Et à la fin de ces rapports, il y avait un résumé

  4   qui était fait par les officiers ou par moi-même.

  5   M. Sayers (interprétation). - Qui a envoyé les ambulances dans

  6   le village d'Ahmici, à 11 heures du matin, le 16 avril 1993 ?

  7   M. Watters (interprétation). - Bon, c'est moi, mais si on

  8   regarde le détail, il s'agissait du major Thomas, qui est maintenant

  9   colonel.

 10   M. Sayers (interprétation). - Et il n'y a aucun doute à la

 11   présence de vos ambulances et de vos chars, à Ahmici, à 11 heures, le 16

 12   avril, n'est-ce pas ?

 13   M. Watters (interprétation). - Il n'y a aucun doute, nous étions

 14   à Ahmici. Mais il faut savoir qu'Ahmici est assez étendue et qu'on peut

 15   très bien se trouvait dans une partie d'Ahmici et ne pas voir l'autre

 16   partie d'Ahmici.

 17   M. Sayers (interprétation). - La question est de savoir si vos

 18   véhicules militaires et blindés se trouvaient à Ahmici, le 16 avril, à 11

 19   heures du matin ?

 20   M. Watters (interprétation). - Oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Maintenant en ce qui concerne la

 22   radio...

 23   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, je vous

 24   interromps, si vous souhaitez passer à un autre sujet car il est

 25   maintenant une heure.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Cela me convient parfaitement,

  2   Monsieur le Président.

  3   M. le Président (interprétation). - Nous siégerons cet après-

  4   midi dans la Chambre n° 2, et je vous invite à dire au témoin où se trouve

  5   ce prétoire. 

  6   L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 33.

  7   M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?

  8   M. Nice (Interprétation). - Avant de redémarrer, la cabine

  9   d'interprétation anglaise a exprimé des soucis car les interprètes ne

 10   voient rien ; ce qui rend encore plus difficile la chose.

 11   M. le Président (interprétation). – Maître Sayers, allez-vous

 12   poser des questions sur la carte ?

 13   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais simplement demander au

 14   témoin d'affirmer que le cercle vert qu'il a mis lui-même ou que quelqu'un

 15   a mis correspond à l'encerclement des forces croates par les forces du

 16   3ème Corps, à la date du 19 ou du 20 avril me semble-t-il, c'est la date

 17   qu'il avait indiquée ?

 18   M. Watters (interprétation). -  C'est exact, selon mes

 19   souvenirs.

 20   M. Sayers (interprétation). - A part cela, je ne pense pas avoir

 21   à poser d'autres questions sur cette carte qui n'est pas visible, à

 22   l'exception d'une question sur le village de Kacuni.

 23   Pourriez-vous, colonel Watters, nous indiquer l'emplacement de

 24   ce village avant de continuer ? Merci.

 25   (Le témoin montre le village sur la carte.)


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  1   Bilolavac également, s'il vous plaît ?

  2   (Le témoin indique le village sur la carte.)

  3   M. le Président (interprétation). – C'est tout ?

  4   M. Sayers (interprétation). – Oui.

  5   M. le Président (interprétation). - Dans ce cas, nous pouvons

  6   enlever cette carte qui gêne la vue de la cabine anglaise.

  7   (L'huissier s'exécute.)

  8   Allez-y, Maître Sayers.

  9   M. Sayers (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

 10   Colonel Watters, avant la pause, nous parlions de vos

 11   différentes sources de renseignements et des informations que vous aviez à

 12   votre disposition. Vous avez parlé de rapports de situation quotidiens.

 13   Pouvez-vous nous dire si vous aviez des rapports de ce type

 14   entre le 15 avril et le 21 avril 1993 ?

 15   M. Watters (interprétation). -  Il y avait un rapport par jour.

 16   M. Sayers (interprétation). – Donc, ces rapports devraient

 17   encore être disponibles, si je comprends bien ?

 18   M. Watters (interprétation). - Oui, Monsieur.

 19   M. Sayers (interprétation). - Ces rapports existent encore ?

 20   M. Watters (interprétation). – Normalement, oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - En effet, ces rapports de

 22   situation refléteraient l'information et les renseignements qui

 23   provenaient des différents indicatifs britanniques qui se trouvaient dans

 24   la vallée de la Lasva et dans les environs ?

 25   M. Watters (interprétation). - Oui, un résumé de ces


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  1   informations ; il n'y a pas tous les détails.

  2   M. Sayers (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si vous

  3   aviez des communications radio au sein du bataillon ?

  4   M. Watters (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous consulté ces registres

  6   afin de faire référence à des conversations, dont vous avez parlé devant

  7   le Tribunal, concernant des conversations qui auraient eu lieu entre un

  8   individu non identifié du HVO d'ailleurs, on a parlé de M. Kordic,

  9   concernant la prise d'un convoi ?

 10   M. Watters (interprétation). - Non.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que c'est le type

 12   d'événement qui serait normalement enregistré dans ce genre de document,

 13   de journal ?

 14   M. Watters (interprétation). - Il m'est difficile de répondre à

 15   cela car ce type de journal est tenu, au niveau du bataillon, par le

 16   lieutenant ou le capitaine, ainsi qu'au niveau de chaque compagnie, par un

 17   caporal. Tout dépend des événements qui se produisent. Normalement, ils

 18   devraient le faire, mais ce n'est pas toujours le cas.

 19   D'ailleurs, je ne sais pas si ce registre existe aussi encore

 20   aujourd'hui ; si l'ensemble de ces registres existent encore aujourd'hui.

 21   M. Sayers (interprétation). – Autrement, dit les seules preuves

 22   dont nous disposions, ce sont vos souvenirs de cette conversation qui a eu

 23   lieu il y a 6 ans ?

 24   M. Watters (interprétation). - C'est exact, ainsi que le fait

 25   que je devais passer par Kiseljak et par Mostar pour obtenir de M. Kordic


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  1   de relâcher le convoi. Ceci vient appuyer mes souvenirs dans le sens où

  2   c'est lui qui était chargé de permettre de libérer le convoi.

  3   M. Sayers (interprétation). - A qui avez-vous parlé à Mostar ?

  4   M. Watters (interprétation). – A Mostar, je n'ai pas parlé moi-

  5   même, mais à Kiseljak.

  6   M. Sayers (interprétation). - A qui à Kiseljak ?

  7   M. Watters (interprétation). -  J'ai parlé avec le bureau des

  8   opérations, et je me souviens avoir parlé avec un chef d'état-major.

  9   M. Sayers (interprétation). – Quel était son nom ?

 10   M. Watters (interprétation). - Brigadier Cordy-Simpson.

 11   M. Sayers (interprétation). – A qui a-t-il parlé ?

 12   M. Watters (interprétation). - Je ne sais pas s'il s'agissait

 13   d'un représentant ou du général Petkovic.

 14   M. Sayers (interprétation). - S'agissait-il du brigadier Cordy-

 15   Simpson ou l'un de ses experts ?

 16   M. Watters (interprétation). - Je ne sais pas.

 17   M. Sayers (interprétation). - Vous n'étiez pas présent lors de

 18   cette conversation ?

 19   M. Watters (interprétation). - Non, je…

 20   M. Sayers (interprétation). - A qui ont-ils parlé ? Vous ne

 21   savez pas à qui ils ont parlé ?

 22   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 23   M. Sayers (interprétation). - Il y a eu un appel ?

 24   M. Watters (interprétation). Il y a eu un appel, une

 25   conversation téléphonique ; je ne sais pas qui a donné cet appel.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez pas qui ils ont

  2   appelé, qui a donné l'appel et qui l'a reçu à Busovaca ou à Vitez ?

  3   M. Watters (interprétation). -  Je ne comprends pas bien votre

  4   question.

  5   M. Sayers (interprétation). – En fait, vous ne savez pas qui a

  6   reçu l'appel de Mostar concernant la libération de ce convoi, n'est-ce

  7   pas ?

  8   M. Watters (interprétation). - Non, je ne sais pas, et je

  9   n'avais pas à le savoir.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez pas donc si l'appel

 11   était adressé à M. Kordic ou pas ?

 12   M. Watters (interprétation). – On m'avait dit, par

 13   l'intermédiaire de Kiseljak, que M. Kordic avait reçu l'ordre de Mostar de

 14   relâcher le convoi.

 15   M. le Président (interprétation). - Je crois que la situation

 16   est assez claire : il n'a jamais dit qu'il était présent lui-même. Il a

 17   toujours dit qu'il parlait de choses dont on lui avait fait rapport.

 18   M. Sayers (interprétation). - D'accord, Monsieur le Juge, je

 19   continue.

 20   M. le Président (interprétation). – C'est cela.

 21   M. Sayers (interprétation). - Revenons donc au mois de

 22   février 1993.

 23   Colonel Watters, vous nous avez dit que quand vous êtes arrivé

 24   en Bosnie centrale, votre plus gros défi, la plus grande difficulté était

 25   de comprendre l'histoire des Balkans.


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  1   M. Watters (interprétation). - Je n'irai pas jusqu'à dire

  2   l'histoire des Balkans mais de comprendre la situation actuelle à

  3   l'époque.

  4   M. Sayers (interprétation). -  Tout à fait, vous deviez essayer

  5   de comprendre la situation actuelle en Bosnie-Herzégovine, n'est ce pas ?

  6   M. Watters (interprétation). -   Surtout en ce qui concernait la

  7   zone de notre responsabilité.

  8   M. Sayers (interprétation). - C'est cela. Et également dans

  9   l'état de Croatie ?

 10   M. Watters (interprétation). - Non, pas dans l'ensemble de la

 11   Croatie, c'était la zone de responsabilité britannique qui m'intéressait.

 12   M. Sayers (interprétation). - Vous vouliez comprendre les

 13   aspirations des Serbes, des Musulmans, des Croates dans la zone, n'est-ce

 14   pas ?

 15   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 16   M. Sayers (interprétation). - Ainsi que les Croates ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Dans l'ensemble de l'ex-

 19   Yougoslavie ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'est peut-être un peu vaste de

 21   dire cela, je me préoccupais de la zone de responsabilité.

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous avez passé 48 heures à faire

 23   cela ?

 24   M. Watters (interprétation). - Non en fait, vous l'avez dit

 25   vous-même, je crois que j'ai passé 93 jours là-bas.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous d'une

  2   déclaration du capitaine Dutton le 16 avril 1997 qui avait été faite ?

  3   M. Watters (interprétation). - Oui je me souviens de plusieurs

  4   déclarations.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous d'avoir dit la

  6   chose suivante, et je cite : "Lorsque je suis arrivé, le premier défi à

  7   relever consistait à faire face, à comprendre l'histoire des Balkans, de

  8   comprendre la situation actuelle en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en

  9   Serbie, au Montenegro ainsi qu'en Macédoine. Je voulais également

 10   comprendre dans la mesure du possible, d'après les documents dont on

 11   disposait, les aspirations des Serbes, des Musulmans et des Croates à

 12   l'époque, dans notre zone de responsabilité ainsi que dans l'ensemble de

 13   la Yougoslavie. J'ai passé 48 heures à le faire".

 14   M. Watters (interprétation). - C'est juste en effet, pour

 15   comprendre la situation générale. Pour le dire autrement, je n'étais pas

 16   vraiment au courant des événements en ex-Yougoslavie avant d'y arriver,

 17   donc vous comprendrez qu'il a fallu faire un énorme effort au début pour

 18   comprendre à la fois exactement où je me trouvais en Europe, et quel était

 19   notre rôle dans l'ex-Yougoslavie.

 20   M. Sayers (interprétation). - Je pense que peut-être une semaine

 21   après votre arrivée, vous avez assisté à une réunion de la commission

 22   conjointe à Busovaca, c'est exact ?

 23   M. Watters (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - La réunion s'est tenue à Kakanj

 25   n'est-ce pas ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - On vous a dit que la mission de

  3   surveillance européenne était représentée ?

  4   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vous vous souvenez de Jérémie

  6   Fleming ?

  7   M. Watters (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - C'était le Président de la

  9   commission ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Il y avait M. Fleming ainsi que

 12   votre commandant le colonel Stewart ?

 13   M. Watters (interprétation). - Non il était au repos ce jour-là.

 14   M. Sayers (interprétation). - Généralement il était présent ?

 15   M. Watters (interprétation). - J'étais le deuxième… il y avait

 16   Tim Par qui était le deuxième au commandement et j'étais également

 17   présent.

 18   M. Sayers (interprétation). - Je crois bien qu'il y avait le

 19   colonel Blaskic de la zone d'opération de Bosnie centrale, du HVO, il

 20   était présent également ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Ainsi que son député le colonel

 23   Franjo Nakic, c'est exact ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui je m'en souviens.

 25   M. Sayers (interprétation). - Les autres représentants du côté


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  1   de la Bosnie-Herzégovine, c'était le général Hadzihasanovic ?

  2   M. Watters (interprétation). – C'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Ainsi que le colonel général

  4   Merdan.

  5   M. Watters (interprétation). – Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). – M. Kordic n'a jamais assisté à

  7   cette commission ?

  8   M. Watters (interprétation). – Pas à ma connaissance.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il ne s'occupait pas du tout de la

 10   commission conjointe de Busovaca pendant toute la durée de son existence,

 11   n'est-ce pas ?

 12   M. Watters (interprétation). - Pas à ma connaissance.

 13   M. Sayers (interprétation). - Quand vous êtes arrivé en Bosnie

 14   centrale, serait il juste de dire que vous vous êtes trouvé dans un une

 15   situation de confusion politique, militaire et ethnique ?

 16   M. Watters (interprétation). - C'état mon impression.

 17   M. Sayers (interprétation). - Tous se battaient contre tout le

 18   monde, les Serbes se battaient contre les Croates, n'est-ce pas ?

 19   M. Watters (interprétation). – Oui.

 20   M. Sayers (interprétation). – Les Croates contre les Musulmans ?

 21   M. Watters (interprétation). – C'est exact.

 22   M. Sayers (interprétation). – Et quelquefois les Croates et les

 23   Musulmans se battaient entre eux ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui.

 25   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous quand vous êtes arrivé


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  1   dans le théâtre des opérations, qu'environ 10 jours avant votre arrivée,

  2   il y avait eu des massacres de civils Croates à Dusina, Lasva, Srebnja et

  3   d'autres villages ? Ahmici également ?

  4   M. Watters (interprétation). - Je savais qu'il y avait des

  5   accusations disant qu'il y avait eu des massacres dans la Bosnie centrale,

  6   mais je ne me suis pas intéressé de connaître exactement les noms.

  7   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous où se trouve Dusina ?

  8   M. Watters (interprétation). - Je le savais à l'époque,

  9   aujourd'hui il faudrait que je regarde la carte.

 10   M. Sayers (interprétation). - A 5 kilomètres de Busovaca, est-ce

 11   que c'est exact à votre avis ? D'ailleurs les deux petits villages ?

 12   M. Watters (interprétation). - Si vous me le dites, je suis prêt

 13   à vous croire.

 14   M. Sayers (interprétation). - Cela semble être le cas. Est-il

 15   juste de dire que Gusti Grab se trouve tout à côté d'un village que vous

 16   avez montré à savoir Kacuni ?

 17   M. Watters (interprétation). - Je vous avoue que je ne peux pas

 18   me souvenir de tous les noms de tous les villages et hameaux que j'ai pu

 19   avoir à connaître.

 20   M. Sayers (interprétation). – Est-il vrai que les Nations Unies

 21   contrôlaient le point de contrôle à Kacuni à l'époque de votre arrivée ?

 22   M. Watters (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous étiez là-bas, est il

 24   vrai que la route principale que vous appelez MSR, était contrôlée par les

 25   forces Musulmanes ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Oui. Je pense pendant toute cette

  2   période, je ne peux pas vous parler très précisément de ce qui se passait

  3   entre le 16 et le 18, mais pendant une certaine période, il y avait des

  4   points de contrôle Musulmans. En tous cas, à chaque fois que j'y suis

  5   passé il y avait des points de contrôle.

  6   M. Sayers (interprétation). – Donc ceci limitait les

  7   communications n'est-ce pas ?

  8   M. Watters (interprétation). – Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Pendant votre présence dans le

 10   théâtre des opérations, autrement dit, il n'y avait pas toujours des

 11   communications entre Busovaca et Kiseljak ?

 12   M. Watters (interprétation). - Je ne suis pas d'accord avec

 13   cela.

 14   M. Sayers (interprétation). - Pourquoi ?

 15   M. Watters (interprétation). - Eh bien, la raison d'être de

 16   notre présence a été de faciliter le passage des gens le long de cette

 17   route.

 18   M. Sayers (interprétation). - Pour faciliter les convois

 19   humanitaires ?

 20   M. Watters (interprétation). - Non, nous étions chargés du

 21   passage de tous en sécurité.

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous dites, autrement dit, que les

 23   Croates pouvaient passer librement de Vitez à Kaonik, puis Busovaca, vers

 24   le sud, et Kiseljak sans aucune obstruction et interférence des forces

 25   musulmanes ?


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  1   M. Watters (interprétation). - De Busovaca, certainement ;

  2   ensuite jusqu'à Kiseljak il y avait des difficultés puisqu'il y avait des

  3   points de contrôle musulmans sur la route. C'est pourquoi on nous a

  4   demandé, et c'est le colonel Blaskic qui nous l'a demandé, de mettre nos

  5   propres points de contrôle sur cette route afin d'assurer la sécurité et

  6   surtout la confiance aux civils.

  7   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous pu voir les ordres

  8   conjoints qui auraient été signés par les forces croates et musulmanes

  9   lors de la réunion Kakanj-Busovaca qui s'est tenue le 13 avril ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui, je les ai vus.

 11   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic n'avait pas signé

 12   ces documents, n'est-ce pas ?

 13   M. Watters (interprétation). - Cest exact.

 14   M. Sayers (interprétation). - Il n'a jamais été impliqué, même

 15   pour un instant ou une seconde, dans la négociation de ces documents ?

 16   M. Watters (interprétation). - Comme vous l'avez dit, il n'était

 17   pas présent à ces réunions.

 18   M. Sayers (interprétation). - Ces ordres concernaient le retrait

 19   des troupes, n'est-ce pas ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Sayers (interprétation). - Le retour des habitants ?

 22   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 23   M. Sayers (interprétation). - Le relâchement des prisonniers ?

 24   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 25   M. Sayers (interprétation). - L'enlèvement des points de


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  1   contrôle ?

  2   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Le remplissage des tranchées, des

  4   bunkers ?

  5   M. Watters (interprétation). - C'est exact. En fait, la

  6   commission comporte un nom qui n'est pas exact, c'était un nom qui avait

  7   fait l'objet d'un accord. Cette zone était responsable pour la Bosnie

  8   centrale, et l'essentiel de cette commission était de s'occuper des

  9   disputes qui se produisaient sur cette route de Kiseljak.

 10   M. Sayers (interprétation). - La commission s'est déplacée en

 11   janvier/février 1993 pour aller s'installer à la base britannique, à

 12   Nova Bila, en mars 1993, n'est-ce pas, c'est exact ?

 13   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est exact.

 14   M. Sayers (interprétation). - Donc cette commission qui

 15   permettait de résoudre les incidents à Vitez et Busovaca se trouvait à

 16   Vitez ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est exact, mais c'est

 18   également exact de dire que la commission avait moins d'efficacité au fur

 19   et à mesure que les troubles s'aggravaient.

 20   M. Sayers (interprétation). - Eh bien, d'après ce j'ai compris

 21   dans votre témoignage, votre domaine de responsabilité de votre bataillon

 22   allait de Kiseljak à Busovaca, jusqu'à Zenica, le long de la vallée de la

 23   Lasva à travers Vitez, puis Travnik, jusqu'à Maglaj dans le nord, ainsi

 24   que Jajce au nord-ouest ?

 25   M. Watters (interprétation). - Jajce se trouvait derrière les


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  1   lignes serbes en effet, puis au nord jusqu'à Tuzla.

  2   M. Sayers (interprétation). - Votre mission principale était de

  3   faciliter le transfert de l'aide humanitaire à travers votre zone de

  4   responsabilité, c'est cela ?

  5   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé aussi des missions

  7   implicites. Dans votre déclaration de mission, votre mission implicite

  8   était de mettre fin à des pertes de vie ?

  9   M. Watters (interprétation). - C'était en effet une tâche

 10   implicite. On dirait plutôt prévenir des pertes de vie, empêcher.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous aviez donc le pouvoir en

 12   matière de combat de le faire au sein du Bataillon britannique ?

 13   M. Watters (interprétation). - Non, je ne dirai pas cela, car

 14   nous avons échoué. Nous n'avons pas pu empêcher les pertes de vie, nous

 15   n'avions pas assez de pouvoir de combat. Nous avions peut-être une plus

 16   grande puissance par rapport à d'autres bataillons en présence ou qui

 17   avaient été là auparavant, mais nous n'avons pas pu véritablement

 18   prévenir.

 19   M. Sayers (interprétation). - Connaissiez-vous le colonel

 20   Alister Duncan ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui, je le connais. Je ne l'ai

 22   pas vu depuis de nombreuses années. Je crois qu'il est brigadier

 23   aujourd'hui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Le brigadier Duncan a déclaré à

 25   Defense Wikly (?) que lors de son séjour en Bosnie, il était l'homme le


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  1   plus puissant en Bosnie, avec 15 véhicules Warriors. Il a remplacé

  2   directement le colonel Stewart, n'est-ce pas ?

  3   M. Watters (interprétation). - Son bataillon a remplacé le

  4   nôtre, il était le commandant du Grapple 2.

  5   M. Sayers (interprétation). - Il me semble qu'il avait dit qu'il

  6   avait quelques 53 véhicules Warriors ?

  7   M. Watters (interprétation). - Nous n'en avions plus que 51

  8   quand nous sommes partis car ils ont été détruits par des mines.

  9   M. Sayers (interprétation). - Mais vous aviez des véhicules

 10   blindés ?

 11   M. Watters (interprétation). - Tout à fait.

 12   M. Sayers (interprétation). - De quoi s'agit-il exactement ?

 13   Qu'est-ce que ce Warrior ?

 14   M. Watters (interprétation). - C'est un véhicule blindé de

 15   30 tonnes, un véhicule de combat. Il y a une chambre blindée à l'intérieur

 16   de laquelle se trouve 8 soldats. En haut, vous avez une tourelle qui est

 17   munie d'un canon de 30 millimètres et une mitraillette.

 18   M. Sayers (interprétation). - Deux fusils de 62,6 millimètres ?

 19   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Sayers (interprétation). - C'est une mitraillette très

 21   efficace. Le canon dont vous avez parlé envoit des explosifs sur une

 22   portée de 2 000 mètres, je crois bien ?

 23   M. Watters (interprétation). - Il y a différents types de

 24   munitions qu'il peut utiliser à des portées différentes.

 25   M. Sayers (interprétation). - Quelle est la portée maximum de ce


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  1   warrior ?

  2   M. Watters (interprétation). - Cela dépend des types de

  3   munitions que nous décidons d'utiliser, aux environs de 1 000 mètres.

  4   M. Sayers (interprétation). - Comment peut-on viser ?

  5   M. Watters (interprétation). - Avec un viseur télescopique.

  6   M. Sayers (interprétation). - Les véhicules Simetar sont

  7   également équipés de canons, n'est-ce pas ?

  8   M. Watters (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Je pense que vous avez dit que

 10   quelques 800 soldats composaient votre bataillon ?

 11   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit également que vous

 13   aviez une puissance de combat que d'autres n'avaient pas ?

 14   M. Watters (interprétation). - Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). - Encore quelques questions d'ordre

 16   général, avant de rentrer dans des domaines plus précis, si vous voulez

 17   bien.

 18   Serait-il juste de dire que le contexte social et politique

 19   auquel vous vous êtes trouvé confronté, au cours de votre séjour dans la

 20   zone, disons de février à mai 1993, correspondait à une situation

 21   d'anarchie totale et de chaos ? Est-ce juste de dire cela ?

 22   M. Watters (interprétation). - Ecoutez, je ne suis à tout à fait

 23   d'accord pour prendre ces termes à la lettre. Il y avait un certain chaos

 24   et une certaine anarchie.

 25   Après la suspension de l'offensive serbe, en novembre-décembre,


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  1   il y avait un certain niveau d'ordre. Et à l'aide de l'armée de Bosnie-

  2   Herzégovine et du HVO, nous avons pu faciliter le transport de l'aide vers

  3   le HCR. Donc parler d'anarchie et de chaos est un peu exagéré.

  4   M. Sayers (interprétation). - Il y avait une vague de

  5   criminalité dans votre zone de responsabilité en Bosnie centrale, n'est-ce

  6   pas ? Vous êtes d'accord ?

  7   M. Watters (interprétation). - En effet, il y avait des actes

  8   illégaux.

  9   M. Sayers (interprétation). -  En fait, cette criminalité

 10   dépassait tout le reste ?

 11   M. Watters (interprétation). -  Il faudrait que vous expliquiez

 12   ce que vous voulez dire. Cela n'a pas empêché que nous remplissions notre

 13   tâche ; cela n'a fait que rendre notre tâche plus difficile.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous, quand vous

 15   avez témoigné dans l'affaire Blaskic, à la page 3 3 82, lignes 21 à 24 

 16   -je cite- : "Il  y avait une grande criminalité dans toute la zone qui a

 17   vraiment surpassé tout ce que nous avons fait ; il  y avait une

 18   criminalité, des vols etc.."

 19   M. Watters (interprétation). -  C'est exact. Vous avez parlé

 20   d'anarchie et de chaos. Il y avait une criminalité qui nous a gênés dans

 21   notre tâche, mais cela ne nous a pas pour autant empêchés que nous

 22   remplissions notre tâche.

 23   M. Sayers (interprétation). - D'accord. Vous avez trouvé que

 24   l'ambiance était assez compliquée, difficile à comprendre et qu'il y avait

 25   une certaine confusion ?


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  1   M. Watters (interprétation). – C'est exact.

  2   M. Sayers (interprétation). - Savez vous à quel moment la guerre

  3   civile a démarré, s'est déclenchée ?

  4   M. Watters (interprétation). - En Bosnie ?

  5   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  6   M. Watters (interprétation). -  Six mois environ avant le

  7   déploiement des forces de l'ONU ; donc, dans la zone qui me concernait,

  8   début 1992, je crois.

  9   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que la République de

 10   Bosnie-Herzégovine a été fondée le 6 mars 1992 ?

 11   M. Watters (interprétation). -  Je le savais certainement à

 12   l'époque. J'avoue que je n'ai pas gardé tous ces détails et ces dates à

 13   l'esprit.

 14   M. Sayers (interprétation). - Etes-vous d'accord que la ville de

 15   Mostar était entourée par des forces serbes et de l'armée yougoslave le

 16   16 mars 1992 ?

 17   M. Watters (interprétation). -  Je me souviens qu'on m'en avait

 18   parlé en effet. Mais à l'époque, j'habitais à Bornéo et nous n'avions pas

 19   la télévision.

 20   M. Sayers (interprétation). - Etes-vous d'accord qu'un mois plus

 21   tard, en avril 1992, la capitale Sarajevo était entièrement entourée et

 22   coupée du reste du pays par les forces serbes ? Quand je parle des forces

 23   serbes, je veux dire des gens d'ethnicité serbe de Bosnie-Herzégovine et

 24   non pas des individu de Serbie à proprement parler ?

 25   M. Watters (interprétation). -  Oui, je le sais. En effet, j'ai


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  1   visité à plusieurs reprises Sarajevo, et il y avait encore des points de

  2   contrôle à l'époque.

  3   M. Sayers (interprétation). - Quand vous êtes arrivé à Vitez le

  4   6 février, le pays était indépendant depuis 11 mois et dans un état de

  5   guerre civile depuis environ 10 mois et 20 jours ?

  6   M. Watters (interprétation). -  Cela semble exact, oui. C'est

  7   exact.

  8   M. Sayers (interprétation). - Au moment où vous êtes arrivé en

  9   Bosnie-Herzégovine, saviez-vous que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait

 10   délivré une proclamation de la mobilisation généralisée ?

 11   M. Watters (interprétation). -  Oui, je me souviens et j'en

 12   étais conscient. J'étais au courant.

 13   M. Sayers (interprétation). - Il y a quelques semaines, avant

 14   que de vous arriviez ?

 15   M. Watters (interprétation). -  Oui. Et je dois dire que tous

 16   les Musulmans qui habitaient la région de Vitez étaient mobilisés jusqu'au

 17   13 janvier 1993.

 18   trêve janvier 80 tresses s'étaient question

 19   M. Watters (interprétation). -  Oui, on avait des informations à

 20   ce sujet.

 21   M. Sayers (interprétation). – Avez-vous lu ces informations,

 22   bulletins de renseignements.

 23   M. Watters (interprétation). – Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). – Ces informations étaient-elles

 25   exactes ?


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  1   M. Watters (interprétation). -  Oui, à mon avis ils étaient

  2   mobilisés, mobilisés partout.

  3   M. Sayers (interprétation). - Si je peux vous montrer un

  4   document et vous demandez si, éventuellement, vous pouvez le reconnaître.

  5   L'huissier s'exécute.

  6   M. Sayers (interprétation). - Document D 57/1. Colonel Watters,

  7   voulez-vous regarder le document que vous avez sous les yeux, et dites

  8   nous si vous le reconnaissez ?

  9   M. Watters (interprétation). -  Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Qui l'a rédigé ?

 11   M. Watters (interprétation). -  C'est moi.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

 13   quand vous l'avez rédigé ?

 14   M. Watters (interprétation). -  Oui, je m'en souviens. C'était

 15   en avril 1993.

 16   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous pouvez vous

 17   rafraîchir la mémoire, et quand je vous précise que c'était le

 18   7 avril 1993, c'est-à-dire 8 ou 9 jours avant les événements qui ont eu

 19   lieu et dont vous avez témoigné aujourd'hui ?

 20   M. Watters (interprétation). -  Oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Mais pourquoi vous l'avez rédigé ?

 22   M. Watters (interprétation). -  Je n'ai pas communiqué avec un

 23   certain nombre de mais parents. C'est tout simplement la raison pour

 24   laquelle j'ai écrit ce qui s'est passé ; où j'étais etc.

 25   M. Sayers (interprétation). - Mais pourquoi vous avez eté


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  1   obligé, en quelque sorte, de vous déculpabiliser ?

  2   M. Watters (interprétation). -  Tout simplement parce que je

  3   n'avais pas écrit à des membres de ma famille, à mes parents, aux gens que

  4   je connaissais.

  5   M. Sayers (interprétation). - A qui avez-vous écrit ?

  6   M. Watters (interprétation). -  Je n'ai pas écrit à mon père ;

  7   c'était peut-être pour ça que ma conscience n'était pas tranquille.

  8   M. Sayers (interprétation). – Mais au moment où vous avez dit ce

  9   que vous avez vécu et ce qui est marqué dans ce document, est-ce que, à ce

 10   moment-là, vous transmettez vos propres sentiments ? Est-ce que c'est de

 11   votre propre coeur que ça sort ?

 12   Regardez la page n° 2 et à mi-page, ou un peu plus, au premier

 13   paragraphe, vous dites : "Nous avons par conséquent réussi à assumer notre

 14   mission. Nous sommes déployés, et ceci a quelque peu déséquilibré les

 15   forces, d'un côté Musulmanes, et de l'autre côté Croates."

 16   Vous vous êtes également adressé à la Chambre et vous avez dit

 17   que le colonel Blaskic n'était pas satisfait, soi-disant parce que le

 18   Britbat avait transporté les unités et les forces musulmans. Je vais

 19   utiliser quelques paroles que vous avez vous-mêmes utilisé : que c'était

 20   imbécile.

 21   Est-ce que vous les avez transportés ?

 22   M. Watters (interprétation). -  Effectivement, en ce qui

 23   concerne la lettre du colonel, il y avait un certain nombre de plaintes.

 24   Il nous a reproché que nous transportions ces gens-là en utilisant nos

 25   Warriors alors qu'ici, je parle d'un convoi de 50 personnes et il


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  1   s'agissait d'une compagnie Sherlock qui est allée en direction de Zenica.

  2   A mon avis, cela s'est passé au mois de février ou mars, et sur la demande

  3   du HVO. Car il s'agissait de cette brigade qui s'appelait la brigade de

  4   Jajce : une fois que Jajce est tombée, elle a été transportée dans la

  5   région de Gornji Vakuf.

  6   Ce qui a en quelque sorte mis en question le statu quo. On a

  7   tout de suite demandé qu'on négocie sur le cessez-le-feu, d'aider cette

  8   brigade, de la transporter de Gorgni-Vakuf dans une autre région, et nous

  9   étions tout à fait d'accord pour le faire.

 10   M. Sayers (interprétation). – Par conséquent, ce que le colonel

 11   avait dit n'était pas tout à fait fou ?

 12   M. Watters (interprétation). -  Oui, parce que le HVO, dans le

 13   cas concret, nous a demandé de transporter la Brigade de Jajce.

 14   Effectivement, il s'agissait de la brigade musulmane, mais la plainte

 15   déposée par le colonel Blaskic portait sur les combats qui ont eu lieu les

 16   16 et le 17 avril. Soi-disant, à ce moment-là, nous avons transporté les

 17   troupes dans le cadre de nos véhicules Warriors, mais c'était totalement

 18   imbécile.

 19   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit que le 16 avril au

 20   soir, vous avez transporté un certain nombre de blessés du quartier

 21   général musulman qui se trouvait à Krustica et que vous deviez transporter

 22   jusqu'à l'hôpital, est-ce que vous vous en souvenez ?

 23   M. Watters (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et ces gens-là ont été pris du

 25   quartier général de Kruscica, n'est-ce pas ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Non, ils ont été pris de leur

  2   maison, des caves et pas de l'état-major général.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez été obligé également

  4   d'aller chercher quelques femmes et quelques enfants ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez pris les hommes

  7   blessés ?

  8   M. Watters (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Et vous les avez transportés ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui, par nos véhicules

 11   d'ambulance, et nous avons également soumis un rapport au colonel Blaskic

 12   à ce sujet-là.

 13   M. Sayers (interprétation). - Pourriez-vous nous dire ce que

 14   représente la communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 15   M. Watters (interprétation). - Comment ?

 16   M. Sayers (interprétation). - La communauté croate d'Herceg-

 17   Bosna ?

 18   M. Watters (interprétation). - C'est la communauté croate

 19   d'Herceg-Bosna.

 20   M. Sayers (interprétation). - Mais est-ce que cela vous rappelle

 21   quelque chose ?

 22   M. Watters (interprétation). - Je suis désolé, je ne comprends

 23   pas votre question.

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, ce n'est

 25   vraiment pas un test. Pourquoi posez-vous une question de ce type-là ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Juge, l'essence même

  2   de cette question, c'est que ce monsieur-là et les autres...

  3   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, ne

  4   m'appelez pas Juge May ; vous n'avez qu'à vous adresser à moi comme

  5   Président. Vous savez très bien comment il faut m'appeller.

  6   M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le

  7   Président.

  8   ... le colonel Watters et les autres officiers ont déjà

  9   témoigné. Ils disaient qu'ils allaient essayer de s'informer sur les

 10   structures militaires et politiques de communautés ethniques différentes,

 11   de leur zone de responsabilité. Il est vrai que la communauté croate

 12   d'Herceg-Bosna était une des entités politiques très importante,

 13   significative, dans le cadre de leur zone de responsabilités ; par

 14   conséquent, aussi bien pour ce soldat que pour les autres.

 15   C'est la raison pour laquelle, je considère qu'il est important

 16   que, lui, il soit informé de ce que cela représente et que ce n'est pas la

 17   première fois qu'il l'entend aujourd'hui.

 18   M. le Président (interprétation). - Par conséquent, la question

 19   que vous devez poser, c'est : si le terme de communauté croate d'Herceg-

 20   Bosna veut dire, pour vous, quelque chose ? Colonel Watters, vous venez

 21   d'entendre la question. Quelle serait votre réponse ?

 22   M. Watters (interprétation). - Je crains que le temps soit

 23   également un facteur et que je ne me souviens pas de tout. Quand on parle

 24   de la communauté croate d'Herceg-Bosna, ceci me rappelle une entité

 25   idéologique très puissante des Croates.


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  1   Donc, c'est une entité dans le cadre de l'Etat de Bosnie-

  2   Herzégovine. Cela aurait dû être une entité culturelle, politique

  3   indépendante. Par conséquent, ce n'est pas une section, un département de

  4   l'Etat croate, mais c'est un peuple qui est ethniquement séparé par

  5   rapport aux autres. C'est de cela que je me souviens et que je me rappelle

  6   d'il y a 6 ans.

  7   M. Sayers (interprétation). - Merci.

  8   Colonel Watters, je pense que, selon vous, il s'agissait d'une

  9   entité culturelle, n'est-ce pas ?

 10   M. Watters (interprétation). - Quand je dis "entité culturelle"

 11   c'est avec des aspirations pour être indépendante, pour poser ses propres

 12   structures, pour avoir ses structures militaires, pour protéger son propre

 13   peuple, donc des catholiques, des Croates de confession catholique.

 14   M. Sayers (interprétation). - Merci.

 15   Je vais continuer avec mes questions.

 16   Est-ce que vous savez si M. Kordic, éventuellement, a joué un

 17   rôle, ou avait occupé un poste, ou exercé une fonction au sein de la

 18   communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 19   M. Watters (interprétation). - Il a été vice-président.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé de Mate Boban,

 21   tout à l'heure. Est-ce que vous savez si M. Boban avait un poste qu'il

 22   occupait, une fonction qu'il exerçait dans le cadre de la communauté

 23   croate d'Herceg-Bosna ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui, il a été un très haut

 25   fonctionnaire. Je ne me souviens plus s'il était président ou bien vice-


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  1   président de très haut rang. De toute façon, il n'était pas dans la zone

  2   de ma responsabilité. Cela ne m'intéressait pas véritablement, au moment

  3   où je visitais Travnik, et je ne me suis pas tellement référé aux

  4   structures politiques. C'était en dehors de mes activités principales.

  5   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez qui se

  6   trouvait à la tête du HVO, par exemple à la tête du gouvernement du HVO à

  7   Vitez, au moment où vous étiez sur place ?

  8   M. Watters (interprétation). - C'était le maire de Vitez qui

  9   était une personnalité de réputation et de très haut rang. Et je suppose

 10   que c'est lui, qui l'était.

 11   M. Sayers (interprétation). - Mais est-ce que vous connaissez

 12   son nom ?

 13   M. Watters (interprétation). - Je le savais à l'époque mais

 14   maintenant je ne m'en souviens pas.

 15   M. Sayers (interprétation). - Il ne s'agit pas du test de votre

 16   mémoire, mais son nom est Ivica Santic. Est-ce que cela vous dit quelque

 17   chose ?

 18   M. Watters (interprétation). - Oui. Je pense que c'était comme

 19   cela, mais j'ai peur de ne pas prononcer correctement le nom.

 20   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez qui était le

 21   maire de Busovaca ?

 22   M. Watters (interprétation). - Non.

 23   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez rencontré un

 24   monsieur qui s'appelait Zoran Maric ?

 25   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Je ne me


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  1   souviens pas, il était peut-être avec les gens avec lesquels je me suis

  2   entretenu.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait correct et

  4   honnête de dire que vous-même vous étiez orienté principalement sur les

  5   structures militaires dans le cadre de votre zone de responsabilité et pas

  6   vis-à-vis des structures politiques ?

  7   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est tout à fait ça.

  8   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous connaissez le nom

  9   de la brigade du HVO qui est stationnée à Busovaca ?

 10   M. Watters (interprétation). - A l'époque, je connaissais ce nom

 11   mais je ne me souviens plus.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que je peux rafraîchir

 13   votre mémoire si je demande à l'huissier de vous montrer la pièce à

 14   conviction D49/1 et D51/1.

 15   Je vais attirer votre attention sur la pièce à conviction D49/1.

 16   Est-ce que vous vous souvenez qu'il s'agit d'une copie du bulletin de

 17   renseignements MILINFO SUM du 6 février ?

 18   M. Watters (interprétation). – Oui, j'ai vaguement l'impression

 19   mais je ne me souviens pas véritablement de chaque bulletin quotidien.

 20   C'était à peu près le format et je me souviens que j'ai eu l'occasion de

 21   lire des résumés sur les personnes qui faisaient partie du commandement.

 22   M. Sayers (interprétation). - Et sur la page 3, la brigade

 23   s'appelait comment ? Est-ce que vous pouvez vous en souvenir ? Est-ce

 24   qu'il s'agissait de la brigade Nikola Subic-Zrinski qui a été stationnée à

 25   Busovaca ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Non, je ne me souviens pas, pour

  2   être tout à fait franc. Ce nom-là ne me dit pas grand-chose. Cela ne peut

  3   pas rafraîchir ma mémoire, mais si c'est MILUNFO SUM qui le dit, à ce

  4   moment-là, c'est vrai.

  5   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous rencontré le commandant

  6   de la Brigade Nikola Subic-Zrinski ?

  7   M. Watters (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.

  8   M. Sayers (interprétation). – Est-ce que vous avez rencontré

  9   l'adjoint du commandant Anto Sliskovic ?

 10   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas de cette

 11   personne.

 12   M. Sayers (interprétation). – Et si vous voyez la deuxième pièce

 13   à conviction ? C'est encore une fois un bulletin MILINFO SUM. Il est

 14   difficile de lire mais, de toute façon, sur la première page le commandant

 15   de la Brigade Nikola Subic-Zrinski, le 26 février 1992 était M. Dusko

 16   Grubicic. Est-ce que vous vous souvenez si vous l'avez rencontré ou non ?

 17   M. Watters (interprétation). – Son nom me dit quelque chose par

 18   rapport aux autres, mais je ne peux pas m'en souvenir et ne me souviens

 19   pas véritablement l'avoir rencontré. Est-ce que je peux donner quelques

 20   explications s'il vous plaît ?

 21   M. Sayers (interprétation). - Oui, bien évidemment.

 22   M. Watters (interprétation). - Les brigades portent des noms

 23   différents par rapport à la nomenclature que j'ai utilisée. Ce qui était

 24   important pour nous c'est qu'il s'agissait de troupes qui étaient

 25   stationnées dans tel ou tel village. Il y en avait qui avaient 100 soldat


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  1   d'autres 20. La responsabilité au sein du Britbat, pour nous mettre en

  2   contact avec les brigades, était au niveau des officiers et commandants

  3   des compagnies. En ce qui me concerne, personnellement, avec mon

  4   commandant, j'étais à un niveau quelque peu plus élevé, je ne participais

  5   pas aux réunions à ce niveau-là et je n'avais pas de contacts à ce niveau-

  6   là.

  7   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact de dire

  8   que vous n'étiez pas en contacts réguliers avec les commandants militaires

  9   à Busovaca ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui, ce serait correct.

 11   M. Sayers (interprétation). - En ce qui votre section de

 12   renseignements, le groupe était connu comme G 2, n'est-ce pas

 13   M. Watters (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact de dire

 15   que G 2 a rassemblé, jusqu'au moment où vous avez quitté la Bosnie

 16   centrale en mai 1993, un très grand nombre de renseignements qui se

 17   référaient à la chaîne de commandement, aussi bien des Musulmans que des

 18   Croates, que des Serbes, dans la zone de votre responsabilité ?

 19   M. Watters (interprétation). - Les informations non, mais il

 20   s'agissait d'un certain nombre de renseignements dont on disposait.

 21   M. Bennouna. – Excusez-moi, Maître Sayers. Peut-on savoir,

 22   d'après le témoin, la différence qu'il fait entre "intelligence" et

 23   "information" ? Colonel, pouvez-vous dire la différence que vous faites

 24   entre "intelligence" et "information" ?

 25   M. Watters (interprétation). – "Intelligence", ce sont les


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  1   renseignements qui ont été confirmés, et même des décisions militaires

  2   peuvent prises sur la base de ces renseignements. Alors que les

  3   "informations", tout court, ce sont les données qui ne sont pas confirmées

  4   et qui peuvent être utilisées, servir de base pour prendre les décisions,

  5   mais pas véritablement dans le sens militaire.

  6   En tant que membre des Nations Unies, on n'avait pas

  7   l'autorisation de traiter ces renseignements, mais uniquement des

  8   informations.

  9   M. Sayers (interprétation). - Merci de nous avoir expliqué ces

 10   deux termes.

 11   D'après vous il y avait une distinction nette entre les

 12   informations d'un côté et les renseignements secrets de l'autre ?

 13   M. Watters (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Mais vous faites exprès pour les

 15   distinguer ?

 16   M. Watters (interprétation). - J'essaie effectivement de faire

 17   cette distinction assez claire, car notre cellule G 2, normalement, a été

 18   appelée au sein de l'armée britannique, comme un groupe de renseignements,

 19   alors qu'en Bosnie c'était une section, un groupe qui devait normalement

 20   fournir des informations.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de

 22   votre déclaration, que vous avez donnée le 1erseptembre 1994 ?

 23   M. Watters (interprétation). – Oui, je m'en souviens.

 24   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous lire la page 2, je

 25   cite : "G 2, la cellule de renseignements a rassemblé un très grand nombre


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  1   de données sur la chaîne de commandement des forces musulmanes, croates et

  2   serbes. Ces données, sur la demande formelle du ministère de la Défense

  3   pourraient être publiées".

  4   M. Sayers (interprétation). - C'est ce que vous avez dit ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui, je m'en souviens. J'ai peut-

  6   être confondu ces deux termes. En effet, G2 à l'époque était également un

  7   service de renseignements secret, mais ce n'était pas le cas en Bosnie.

  8   Au moment où nous étions en Bosnie, il s'agissait comme je l'ai

  9   déjà précisé, d'une cellule d'information. C'est la raison pour laquelle,

 10   moi, je ne pouvais pas, probablement, tout de suite, m'y débrouiller, et

 11   d'autant plus publier toutes les données. C'était dans le domaine des

 12   Nations Unies.

 13   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

 14   Avez-vous vu des organigrammes qui présentaient l'organisation

 15   militaire, la chaîne de commandement du HVO en Bosnie centrale et qui

 16   étaient préparés soit par vous-même soit par vos collègues ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Je vais me permettre de vous

 19   montrer un document que je souhaiterais voir coté, ce sera la pièce à

 20   conviction suivante.

 21   (L'huissier s'exécute.)

 22   Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote

 23   D 58/1.

 24   M. Sayers (interprétation). - Colonel, avez-vous regardé ce

 25   document ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Non.

  2   M. Sayers (interprétation). - L'avez-vous déjà vu auparavant ?

  3   M. Watters (interprétation). - A ma connaissance, non.

  4   M. Sayers (interprétation). - Nul besoin de s'attarder sur ce

  5   document donc.

  6   Est-il exact de dire qu'en dessous du niveau de la brigade vous

  7   ne connaissiez pas la structure de commandement ?

  8   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, qu'est-ce que

  9   c'est que ce document ?

 10   M. Sayers (interprétation). - C'est un document qui a été

 11   préparé par le Bataillon britannique, c'était dans l'affaire Blaskic et

 12   qui portait les numéros 378 et 379.

 13   M. le Président (interprétation). - Ce document n'a pas été

 14   présenté dans l'affaire présente ?

 15   M. Sayers (interprétation). - Non.

 16   M. le Président (interprétation). - Eh bien, nous ne

 17   considérerons pas ce document, car il n'y a pas été produit de façon

 18   formelle et que le témoin ne peut pas le reconnaître.

 19   M. Sayers (interprétation). - Parfait.

 20   M. le Président (interprétation). - Rendez donc ce document,

 21   s'il vous plaît.

 22   (L'huissier s'exécute.)

 23   M. Sayers (interprétation). - Colonel, pour en revenir à ma

 24   question, est-il juste de dire qu'au-dessous de la brigade vous ne

 25   connaissiez pas la nature de la structure de commandement du HVO ?


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  1   M. Watters (interprétation). - Personnellement, pas en détail,

  2   sauf si je m'intéressais à une brigade particulière et si je demandais à

  3   ce qu'on me dise ce que nous savions à ce sujet. A ce moment-là par

  4   l'intermédiaire des officiers de liaison, nous nous efforcions de

  5   comprendre la structure de commandement de cette brigade donnée. Mais il

  6   faut savoir que les officiers de liaison me donnaient surtout des

  7   informations sur le commandant de la brigade.

  8   M. Sayers (interprétation). - Bien.

  9   Vous nous avez parlé d'un détachement qui se trouvait dans le

 10   Bungalow, dans le village de Nadioci, vous vous en souvenez ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - De quelle brigade s'agissait-il ?

 13   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 14   M. Sayers (interprétation). - Qui était le commandant ?

 15   M. Watters (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 16   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous déjà parlé avec lui ?

 17   M. Watters (interprétation). - Je pense. Je crois que c'était le

 18   commandant qui était présent lors du 19 avril, du moins c'est ce qu'il

 19   disait.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous a-t-il dit s'il relevait de

 21   Dario Kordic et non du colonel Blaskic.

 22   M. Watters (interprétation). - Non.

 23   M. Sayers (interprétation). - Donc on peut dire que vous ne

 24   savez pas de qui il relevait ?

 25   M. Watters (interprétation). - Je savais qu'il était du HVO.


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  1   Donc j'imaginais qu'il relevait du colonel Blaskic, mais je ne connaissais

  2   pas la structure exacte de sa filière de commandement.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et vous n'avez jamais reçu des

  4   informations qui vous ont amené à tirer une conclusion différente de

  5   celle-là ?

  6   M. Watters (interprétation). - Il y a eu toute une série de

  7   coïncidences qui faisaient que ce soldat correspondait à la description de

  8   ceux qui s'étaient emparés du convoi et dont on nous avait dit qu'ils

  9   relevaient de M. Kordic.

 10   M. Sayers (interprétation). - Mais il s'agit de la seule fois où

 11   vous ayez eu contact avec lui pendant toute la période que vous avez

 12   passée en Bosnie ?

 13   M. Watters (interprétation). – Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Quelle était votre vision de

 15   l'organisation militaire du HVO ?

 16   M. Watters (interprétation). - Ma vision ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 18   M. Watters (interprétation). - J'avais l'impression que c'était

 19   une région qui était composée d'une série de zones opérationnelles,

 20   chacune avec son commandant et il y avait dans chaque zone, des brigades

 21   avec chacune son commandant.

 22   M. Sayers (interprétation). - Est il juste de dire qu'une zone

 23   opérationnelle correspondait à un bataillon à peu près ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui je pense.

 25   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais me faire une idée du


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  1   nombre de soldats en présence ici ?

  2   M. Watters (interprétation). – C'est justement le problème que

  3   nous avions. C'était très difficile parce que les termes utilisés comme

  4   "Brigade" ou "zone opérationnelle" représentaient des difficultés parce

  5   que pour nous, dans notre nomenclature, une brigade comprend au moins

  6   trois groupes d'hommes. Donc ce que l'on appelle une brigade au Royaume

  7   Uni ne correspond pas à ce que l'on appelle une brigade en Bosnie.

  8   M. Sayers (interprétation). - Si vous le savez, combien y avait-

  9   il de soldat dans la Brigade Nikola Subic Zrinski par exemple ?

 10   M. Watters (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais même

 11   pas si je l'ai su ou pas.

 12   M. Sayers (interprétation). – Savez-vous si le nombre des

 13   soldats variait beaucoup au sein de chaque brigade dans la zone

 14   opérationnelle de Bosnie centrale ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui je l'ai déjà dit, dans

 16   certaines brigades il y avait une vingtaine d'hommes, dans d'autres,

 17   plusieurs centaines.

 18   M. Sayers (interprétation). – Passons maintenant au colonel

 19   Blaskic. Je crois que vous l'avez rencontré le 13 février   1993 pour la

 20   première fois ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). – A Busovaca ?

 23   M. Watters (interprétation). – Oui, je crois.

 24   M. Sayers (interprétation). – C'était une réunion ?

 25   M. Watters (interprétation). -  Excusez-moi, ce n'était pas à


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  1   Busovaca.

  2   M. Sayers (interprétation). - Où était-ce ?

  3   M. Watters (interprétation). - Je crois que j'ai rencontré le

  4   colonel Blaskic pour la première fois au camp du génie français, lors de

  5   la réunion avec la commission de Busovaca. C'est là que je l'ai rencontré

  6   pour la première fois.

  7   M. Sayers (interprétation). – A Kakajn.

  8   M. Watters (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il me semble que le commandant du

 10   colonel Blaskic était présent aussi, est-ce correct ?

 11   M. Watters (interprétation). - Très franchement, je ne m'en

 12   souviens pas.

 13   M. Sayers (interprétation). - Si je vous dis le général de

 14   brigade Milivoj Petkovic, est-ce que ça vous dit quelque chose ?

 15   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas l'avoir

 16   rencontré lors de cette réunion. C'est peut-être le cas s'il était à cette

 17   réunion, je l'ai sans doute rencontré. Je me souviens du colonel Blaskic,

 18   mais pas du général Petkovic. Je sais que je l'ai rencontré le 23 avril,

 19   là je me souviens avoir rencontré le général Petkovic, mais comme je vous

 20   l'ai dit, j'étais un observateur, je lui ne lui ai même pas été présenté

 21   formellement.

 22   M. Sayers (interprétation). - Pendant toute la période où vous

 23   avez été en contact avec le colonel Blaskic, vous n'avez jamais eu aucun

 24   doute sur le fait qu'il était le commandant de la zone opérationnelle de

 25   Bosnie centrale ?


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  1   M. Watters (interprétation). – Non, je n'avais aucun doute, je

  2   savais que c'était son titre, et que c'étaient les fonctions qu'il

  3   exerçait.

  4   M. Sayers (interprétation). – Pour, vous il avait toutes les

  5   caractéristiques d'un commandant ?

  6   M. Watters (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Il relevait du général Petkovic ?

  8   M. Watters (interprétation). – Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il signait des document en tant

 10   que commandant régional du HVO, en votre présence ?

 11   M. Watters (interprétation). – Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). – Dario Kordic lui, ne l'a jamais

 13   fait ?

 14   M. Watters (interprétation). - Non.

 15   M. Sayers (interprétation). - Je crois que le quartier général

 16   du colonel Blaskic se situait la ville de Vitez. Est-ce que cela

 17   correspond à vos souvenirs ?

 18   M. Watters (interprétation). – Oui, il avait un autre quartier

 19   général à Kiseljak. Moi je l'ai rencontré dans son quartier général à

 20   Vitez, dans l'hôtel de Vitez.

 21   M. Sayers (interprétation). - En fait le colonel Blaskic venait

 22   de la région de Kiseljak ?

 23   M. Watters (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Le colonel Blaskic vous a dit au

 25   début, que c'étaient les Serbes qui avaient attaqué Ahmici le 15 et le


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  1   16 avril 1993, n'est-ce pas exact ?

  2   M. Watters (interprétation). – Oui, c'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). – Et cette idée vous a parue

  4   complètement absurde ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Il vous avait dit également qu'il

  7   vous aurait dit que si ce n'étaient pas les Serbes, c'étaient peut-être

  8   les Musulmans qui auraient attaqué Ahmici. Avez-vous pensé que cette

  9   suggestion était ridicule ?

 10   M. Watters (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). – Avez-vous déjà lu le livre du

 12   colonel Stewart qui était votre commandant et qui s'appelle "Vie brisée".

 13   M. Watters (interprétation). - Oui, je l'ai lu il y a de

 14   nombreuses années.

 15   M. Sayers (interprétation). – Je vais me permettre de vous lire

 16   un bref extrait de ce livre, il parle d'une réunion avec le lieutenant

 17   colonel Doyle, qui était un membre régulier de l'armée irlandaise, qui

 18   avait été conseillé de lord Owen et qui allait quitter la région.

 19   Il a dit que les gens en Bosnie étaient très habiles pour

 20   détourner la vérité afin de servir leurs objectifs. Je cite : "Ils peuvent

 21   mentir d'une façon incroyable". Il a déclaré qu'à son avis et d'après son

 22   expérience, toutes les parties en conflit étaient parfois prêtes à

 23   attaquer leurs propres compatriotes et membres de leur propre partis, pour

 24   essayer d'accuser les factions adverses. Je passe à la page 280 à 281 où

 25   il parle une fois de plus ici : "L'assistant de lord Carrington m'a dit


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  1   que toutes les factions en présence en Bosnie étaient parfaitement

  2   capables de s'entretuer afin d'en gagner un avantage". Est-ce que le

  3   colonel Stewart vous a déjà parlé de ces conversations avec le lieutenant-

  4   colonel Doyle ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui et moi aussi je lui ai parlé.

  6   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il vous a dit la même

  7   chose qu'il a dite au colonel Stewart ?

  8   M. Watters (interprétation). - Oui.

  9   M. le Président (interprétation). - Quelle est la pertinence de

 10   cette question ? Est-ce que vous êtes en train de nous dire que ce sont

 11   les Musulmans qui ont attaqué Ahmici ?

 12   M. Sayers (interprétation). – Je crois qu'il y a un certain

 13   nombre de doutes à ce sujet.

 14   M. le Président (interprétation). – Ecoutez- moi, Maître Sayers,

 15   ce n'est pas votre opinion qui m'intéresse, ce sont vos conclusions que

 16   vous devez donner à la Chambre.

 17   Si vous êtes en train de nous dire, de suggérer qu'il s'agissait

 18   d'une offensive musulmane qui a entraîné la mort de 96 Musulmans, d'après

 19   ce que nous avons entendu l'autre jour, ainsi que 5 Croates, à ce moment-

 20   là, il faut poser la question au témoin pour que nous entendions ce qu'il

 21   a à dire à ce sujet.

 22   Si vous suggérez et si vous proposez de suggérer à un moment

 23   quelconque à la Chambre que Ahmici a été attaquée par des Musulmans, vous

 24   devez présenter cette affirmation au témoin.

 25   Allez-vous présenter cette suggestion au témoin ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Je ne peux pas faire de suggestion

  2   de quelque nature que ce soit. Je ne sais pas et je ne crois pas non plus

  3   que la défense sache qui est à l'origine de l'offensive d'Ahmici.

  4   M. le Président (interprétation). - Mais vous représentez un

  5   accusé dans cette affaire, et à la fin de ce procès, vous allez devoir

  6   nous présenter des conclusions au sujet de ce qui s'est passé à Ahmici.

  7   L'argumentation de l'accusation à ce sujet est extrêmement

  8   claire, à savoir qu'il s'agissait d'une attaque lancée par le HVO et qui a

  9   provoqué toutes les victimes, tout ce que nous savons. Si la défense

 10   souhaite faire une autre suggestion, à ce moment-là, il faut présenter

 11   ceci au témoin afin qu'il puisse réagir.

 12   Le témoin que nous avons aujourd'hui avec nous a déposé et dit

 13   que, d'après lui, il s'agissait d'une attaque lancée par le HVO. Si vous

 14   souhaitez contredire ceci, vous devez lui donner la possibilité de

 15   répondre à cette question.

 16   Colonel si l'on suggère que cette attaque a été lancée par les

 17   Musulmans ou les Serbes, que pouvez-vous dire à ce sujet ? Quels éléments

 18   de preuves avez-vous à ce sujet ?

 19   M. Watters (interprétation). -  Eh bien, je me suis entretenu

 20   avec les survivants de cette attaque moi-même. D'autre part, je connais

 21   les rapports des soldats qui sont allés récupérer les victimes en bas du

 22   village le 16 avril.

 23   D'autre part, j'ai moi-même observé le mouvement des troupes

 24   dans la zone. Donc je dirais que cette suggestion relève de la fantaisie

 25   la plus totale.


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  1   M. le Président (interprétation). - Allez-y.

  2   M. Sayers (interprétation). – Monsieur le Président, je souhaite

  3   clarifier la situation. Nous estimons qu'il  y a eu des combats à Ahmici ;

  4   que Ahmici a été défendu, peut-être avec peu de moyens, mais défendu

  5   malgré tout. Je crois d'ailleurs que certains des soldats qui ont été

  6   déployés à Ahmici le matin du 16, dont notamment le lieutenant Dooley, et

  7   M. Wooley, ont vu des soldats qui portaient des armes de type ATM ce jour-

  8   là. Donc, il y avait des gens qui défendaient le village.

  9   Il est indéniable qu'il y a eu des combats, mais quant à savoir

 10   qui a commencé ces combats, nous ne le savons pas.

 11   M. le Président (interprétation). - Bien entendu, il est

 12   possible que vous ne le sachiez pas, mais il va vous falloir adopter une

 13   position dans un sens où dans l'autre afin de pouvoir clarifier les

 14   choses.

 15   Si votre position n'est plus– je cite : "Nous ne sommes plus

 16   dans une position de contester ce que l'accusation nous dit à ce sujet."

 17   eh bien, que cela en soit ainsi, mais à un moment où à un autre, il va

 18   falloir clarifier tout cela.

 19   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais maintenant, sur la

 20   base des observations que je viens de faire, demander au colonel Watters

 21   s'il a rencontré le lieutenant Dooley suite au déploiement le 16 avril au

 22   matin de soldats britanniques, et s'il vous a dit qu'il avait vu des

 23   soldats qui portaient des fusils AKM dans le village ?

 24   M. Watters (interprétation). -  Il y avait ce matin-là des

 25   soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO partout. Ils portaient


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  1   tous des armes. J'ai eu de très nombreuses conversations avec Dooley et

  2   avec beaucoup d'autres personnes. Je ne peux pas me souvenir de cette

  3   conversation précise, je suis désolé.

  4   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous vous être

  5   entretenu avec quelqu'un qui s'appelle le sergent Wooley :

  6   Matthew Robert Wooley ?

  7   M. Watters (interprétation). - Je crois qu'il était lieutenant

  8   dans le 9ème Régiment des lanciers.

  9   M. Sayers (interprétation). – Bon, cela sera éclairci plus tard.

 10   Il a dit au Procureur en février 1997 –je cite : "Je souhaite dire que

 11   j'ai rencontré 9 combattants du côté musulman, et certains portaient des

 12   fusils de type AKM, et d'autres ne portaient pas de fusil."

 13   Vous souvenez-vous qu'il vous ait dit cela ?

 14   M. Watters (interprétation). -  Non, mais où est-ce qu'il a vu

 15   ces gens ?

 16   M. Sayers (interprétation). – A Ahmici.

 17   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas du tout de

 18   cette conversation. Comme je vous l'ai dit, il y avait du monde partout.

 19   Et je ne serai nullement étonné d'apprendre qu'il y ait eu des Musulmans

 20   armés autour d'Ahmici et des autres villages.

 21   M. Bennouna. - Maître Sayers, je voudrais poser une question au

 22   témoin pour compléter ce qui vient d'être dit par le Président et par

 23   vous-même. Lorsque vous nous avez dit tout à l'heure en revoyant les

 24   photographies que vous avez, vous-même, après les événements à Ahmici,

 25   circulé dans le village avec vos hommes, vous êtes passé de maisons en


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  1   maisons et vous avez vu ces photographies que vous avez reconnues.

  2   Est-ce que lorsque vous êtes rentré dans le village, vous avez

  3   vu ces maisons, vous avez vu ce qui s'est passé ici et là, les

  4   photographies dans le grenier etc ?

  5   Est-ce que ce que vous avez vu vous paraît être le résultat

  6   d'une bataille normale, d'un conflit armé habituel, de méthodes

  7   habituelles dans le conflit armé, dans un conflit armé qui aurait pris

  8   place d'une bataille normale dans le village ?

  9   Je ne sais pas si vous avez bien compris ma question.

 10   M. Watters (interprétation). - Non. Monsieur, c'était plutôt ce

 11   que l'on aurait vu le lendemain d'un massacre. Et ce qui m'a le plus

 12   frappé et ce qui était le plus évident c'est que le village d'Ahmici se

 13   divise en deux parties : le haut du village, ou le haut de la vallée qui

 14   était la partie musulmane du village ; et en bas du village, vous avez une

 15   zone qui est plus mixte du niveau ethnique ; et au milieu du village, il y

 16   avait une série de maisons croates.

 17   Au-delà de la ligne des maisons croates, il n'y avait aucune

 18   maison qui n'ait pas été complètement détruite. Je parle de 20 ou

 19   30 maisons. Alors que les maisons croates étaient en parfait état. J'ai

 20   frappé à la porte d'une maison croate, je voyais qu'il y avait des gens à

 21   l'intérieur. Ils ont refusé de sortir. A ce moment-là, nous avons essuyé

 22   des tirs qui venaient d'au-dessus ces maisons. Ils venaient des bois

 23   environnants.

 24   Et d'après ce que j'ai vu, s'il y avait eu de la résistance de

 25   la part des soldats musulmans qui étaient au village, je ne pense pas


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  1   qu'ils ont beaucoup résisté parce que toutes les maisons musulmanes

  2   étaient détruites. Je vous rappellerai que nous avons enterré 96 habitants

  3   de ce village.

  4   M. Bennouna. - Les personnes que vous avez sorties du village et

  5   que vous avez enterrées, étaient-elles des civils ou, à votre jugement,

  6   étaient-elles des civils ou des militaires ou des soldats ?

  7   M. Watters (interprétation). - La majorité étaient des femmes et

  8   des enfants. Et il y avait des jeunes hommes qui auraient pu être des

  9   soldats mais la majorité des corps que j'ai vus c'étaient des corps de

 10   civils.

 11   Ces gens portaient des habits civils, on ne pouvait pas... ils

 12   avaient peut-être été soldats avant. Il est difficile de juger uniquement

 13   d'après les vêtements mais la majorité d'entre eux me paraissait être des

 14   civils bien que certains des jeunes hommes auraient pu être des soldats.

 15   M. Sayers (interprétation). - Du fait de votre expérience dans

 16   le cadre de cette affectation en Bosnie centrale, zone caractérisée par

 17   une grande confusion militaire et politique, serait-il juste de dire que

 18   tous les hommes en âge de servir et de porter des armes étaient

 19   mobilisés ?

 20   M. Watters (interprétation). - Oui, l'immense majorité. Quant à

 21   savoir si cela allait jusqu'à 65 ans, je ne connais pas l'âge exact. Mais

 22   chaque fois qu'on allait sur un lieu où il y avait eu des combats et

 23   chaque fois qu'on se rendait quelque part dans les villages, il était très

 24   rare de trouver des hommes en âge de porter les armes.

 25   M. Sayers (interprétation). - Et ces hommes retournaient


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  1   régulièrement dans leur village en emmenant leurs armes ?

  2   M. Watters (interprétation). -  Apparemment oui.

  3   M. Sayers (interprétation). - Avec les uniformes qu'ils avaient

  4   réussi à accumuler au cours des mois précédents ?

  5   M. Watters (interprétation). - Oui, ils portaient généralement

  6   un chapeau, un couvre-chef, un brassard ou quelque chose qui les

  7   rattachait à un groupe militaire précis.

  8   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que vous avez

  9   remarqué une grande diversité dans les styles d'uniformes, aussi bien du

 10   côté croate et musulman ?

 11   M. Watters (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Je devais passer à la réunion dont

 13   vous nous avez parlé, réunion avec le général Petkovic et le

 14   colonel Blaskic. Vous nous avez dit, si je me souviens bien, que cela

 15   c'était déroulé le 21 avril 1993 ?

 16   M. Watters (interprétation). - Oui.

 17   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que vous avez

 18   vu le général de brigade Petkovic "remonter les bretelles" au

 19   colonel Blaskic et le semoncer ?

 20   M. Watters (interprétation). - Oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ça n'est pas une façon

 22   exagérée de décrire la situation ?

 23   M. Watters (interprétation). - En tout cas, il lui parlait d'un

 24   ton extrêmement brutal et il avait l'air d'être très en colère.

 25   M. Sayers (interprétation). - On peut certainement comprendre la


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  1   colère du général de brigade Petkovic puisque toutes les forces croates ce

  2   jour-là se trouvaient encerclées par les forces musulmanes alors que

  3   c'était dans la zone de responsabilité du colonel Blaskic ?

  4   M. Watters (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez vu le visage

  6   du général Petkovic pendant cet échange ?

  7   M. Watters (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Et celui du colonel Blaskic ?

  9   M. Watters (interprétation). - Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous-même ne savez pas ce qui a

 11   été dit pendant cette discussion ?

 12   M. Watters (interprétation). - Non.

 13   M. Sayers (interprétation). - Votre interprète d'après ce que

 14   vous nous avez dit était quelqu'un d'extrêmement nerveux ?

 15   M. Watters (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Que vous a-t-il dit de cet échange

 17   entre les deux hommes ?

 18   M. Watters (interprétation). - En fait, il y avait deux choses.

 19   D'abord, c'était sa réaction à ce qu'il a entendu. Cala lui faisait peur

 20   et cela l'avait choqué. C'est ce qu'il m'a dit d'abord. Deuxièmement, il

 21   croyait que ce qu'il avait entendu pouvait le mettre en danger. Et donc il

 22   était extrêmement nerveux, choqué, bouleversé. Quand je lui ai demandé :

 23   "Mais enfin qu'avez-vous pu entendre qui puisse vous mettre dans cet

 24   état ?", il a commencé à m'expliquer que le général Petkovic demandait au

 25   colonel Blaskic, ou lui avait demandé, sur ce qui était contrôle par lui


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  1   ou non, sur ce qui avait été découvert ou non ; et à ce moment-là je n'ai

  2   pas compris vraiment de quoi il s'agissait.

  3   Je pensais qu'il se référait à la défaite des Croates, alors que

  4   cette défaite quand même datait d'un certain nombre de jours. Donc je ne

  5   comprenais pas pourquoi mon interprète était aussi bouleversé par ce qu'il

  6   venait d'entendre entre ces deux hommes. Ce n'est que plus tard que j'ai

  7   compris toutes les implications de ce qu'il avait entendu.

  8   Il faut comprendre qu'en tant que membre de la communauté

  9   musulmane en Bosnie centrale, mon interprète était déjà au courant de

 10   choses sur lesquelles nous n'avions entendu que des rumeurs, des rumeurs

 11   de massacres, que vous avez mentionnés vous-même, et ces rumeurs

 12   circulaient partout dans la zone de Bosnie centrale.

 13   Nous-mêmes, nous étions en train d'étudier des allégations de

 14   massacres au nord de Tuzla et de Srebrenica, à l'époque.

 15   Moi, au début, je n'ai peut-être pas très bien compris la

 16   réaction de mon interprète. J'espère que vous voyez dans quel contexte

 17   cela s'est passé.

 18   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 19   Est-ce que vous avez regardé les bulletins de renseignements

 20   militaires MILINFO SUMS, datant de votre arrivée en Bosnie centrale, afin

 21   d'essayer de vous mettre au fait de ce qui se passait dans la région ?

 22   M. Watters (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Je souhaiterais vous montrer un

 24   bulletin de renseignements militaires du 29 janvier 1993.

 25   Mme Ameerali (interprétation). - Document coté D 58/1.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Connaissez-vous l'officier de

  2   liaison pour Busovaca à l'époque ?

  3   M. Watters (interprétation). - Je crois qu'il s'agissait du

  4   capitaine Martin Forgrave.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous d'avoir lu ce

  6   document MILINFO SUM, lorsque vous faisiez des recherches sur les

  7   événements courants, à l'époque ?

  8   M. Watters (interprétation). - J'ai lu l'ensemble des

  9   MILINFO SUMS depuis le début du conflit, je ne peux pas me souvenir de

 10   chacun individuellement.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous avez donné des témoignages

 12   concernant des mutilations de corps et des choses de ce type. Est-ce que

 13   vous aviez eu connaissance d'événements où des individus de l'armée de

 14   Bosnie-Herzégovine avaient massacré 12 personnes âgées et arrêté encore

 15   30 personnes ?

 16   M. Watters (interprétation). - Je me souviens en effet de

 17   rapports sur des massacres de Croates par des Musulmans avant mon arrivée,

 18   et je me souviens également de comptes rendus concernant des mutilations,

 19   en effet.

 20   M. Sayers (interprétation). - Est-il vrai que le coeur de Zvonko

 21   Rajic avait été enlevé de son corps, après qu'il ait été tué ?

 22   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas des détails

 23   exacts, mais cela ne m'aurait pas étonné.

 24   M. Sayers (interprétation). - A la page 3, vous trouverez un

 25   compte rendu concernant des Musulmans qui avaient été arrêtés, puis


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  1   relâchés, puis des incidents de soldats du HVO et de soldats qui avaient

  2   reçu des tirs ; et qui n'avaient donc pas le choix que d'arrêter des

  3   Musulmans, ceci d'après le commandant Niko Mujezinovic.

  4   Concernant les tireurs embusqués, s'agissait-il d'un problème

  5   endémique des deux côtés ?

  6   M. Watters (interprétation). - Oui, tout à fait, même des trois

  7   côtés.

  8   M. Sayers (interprétation). - Les trois côtés.

  9   Vous souvenez-vous d'une réunion que vous avez pu avoir avec

 10   avoir avec un marchand à Novi Travnik ou à Travnik qui fabriquait des

 11   silencieux pour fusils ?

 12   M. Watters (interprétation). - Oui, je m'en souviens. Il en

 13   fabriquait pour les Dragonof, fusil utilisé par les tireurs embusqués.

 14   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer une photo

 15   qui provient du livre de Stewart, qui correspond à un silencieux de fusil,

 16   et je voudrais vous demander si vous avez vu des choses de ce type dans

 17   votre zone d'opération, dans votre zone de responsabilité ?

 18   Mme Ameerali (interprétation). - Document coté D 59/1.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   M. Sayers (interprétation). - Je vous demande de regarder la

 21   photographie en bas de cette page. Aviez-vous vu des engins de ce type,

 22   c'est-à-dire des silencieux de fusil, quand vous étiez en Bosnie

 23   centrale ?

 24   M. Watters (interprétation). - Oui, j'en ai vu.

 25   M. Sayers (interprétation). - On a le sentiment que ceci a été


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  1   fixé sur un fusil de chasse normal et non pas sur un engin plus

  2   sophistiqué, tel qu'un AK 47 ou d'autres fusils utilisés par des tireurs

  3   embusqués ?

  4   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également dit, colonel

  6   Watters, qu'il y avait  eu des tirs autour de votre base, à Nova Bilan aux

  7   environs du 16 au 18 avril, c'est bien cela ? Vous souvenez-vous d'avoir

  8   posé la question des tireurs de ce type avec les commandants du HVO ?

  9   M. Watters (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

 10   M. Sayers (interprétation). - Ils vous avaient dit que vous

 11   deviez vous sentir libre de leur tirer dessus si vous pouviez les

 12   trouver ?

 13   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 14   M. Sayers (interprétation). - Il ne fait aucun doute que les

 15   forces musulmanes de Stari Vitez tiraient régulièrement sur les Croates,

 16   sur les positions croates, n'est-ce pas ?

 17   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est exact que c'est le

 18   cas.

 19   M. Sayers (interprétation). - N'est-il pas vrai que deux soldats

 20   croates avaient participé aux négociations de paix, dont vous vous êtes

 21   occupé, le 16 avril, et que ces deux soldats ont été tués alors même

 22   qu'ils étaient sous l'escorte de vos propres soldats ; c'est exact ?

 23   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Sayers (interprétation). - Il s'agit de M. Marko Peskalo et

 25   de M. Zoran... (l'interprète n'a pas saisi le nom)


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  1   M. Watters (interprétation). - C'est exact, ils ont été tués

  2   juste devant l'hôtel Vitez.

  3   M. Sayers (interprétation). - Il s'agissait de deux négociateurs

  4   du HVO, donc qui étaient sous votre protection, n'est-ce pas ?

  5   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Sayers (interprétation). - Etes-vous d'accord qu'il est assez

  7   difficile de déterminer exactement d'où provient un tir de ce type ?

  8   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est difficile, nous

  9   essayons d'apprendre à le faire, nous nous entraînons, mais c'est

 10   difficile, voire impossible si le fusil porte un silencieux.

 11   M. Sayers (interprétation). - Quand vous êtes allé pour la

 12   première fois en Bosnie centrale, comme nous venons d'en parler, vous avez

 13   pu constater l'efficacité d'un silencieux utilisé par un tireur embusqué

 14   jusqu'à une porté de 200 mètres ?

 15   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous ne pouviez pas déterminer

 17   d'où provenait le tir, n'est-ce pas ?

 18   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 19   M. Sayers (interprétation). - Lorsqu'il y avait un silencieux ?

 20   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Sayers (interprétation). - Lors de votre interrogatoire

 22   principal, vous avez, me semble-t-il, exprimé votre avis concernant

 23   l'importance stratégique des routes principales d'approvisionnement, que

 24   vous appelez les MSR, n'est-ce pas ?

 25   M. Watters (interprétation). - C'est exact.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Etes-vous d'accord que du point de

  2   vue militaire il était important, voire crucial, de contrôler ces routes

  3   principales ?

  4   M. Watters (interprétation). - En effet, oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - La protection de ces routes MSR,

  6   La protection des routes d'approvisionnements qui permettaient en effet

  7   d'approvisionner vos propres troupes, représentait un objectif militaire

  8   important à votre avis, n'est-ce pas ?

  9   M. Watters (interprétation). - Oui, tout à fait.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déjà témoigné, et je

 11   crois que c'était une manière tout à fait juste de le dire, et je cite :

 12   "Celui qui contrôle les vallées, qui contrôle la route, contrôle le pays",

 13   n'est-ce pas ?

 14   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Sayers (interprétation). - C'est encore votre avis ?

 16   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 17   M. Sayers (interprétation). - Est-il juste de dire que la

 18   majorité des combats qui ont eu lieu avant les hostilités d'avril, voire

 19   même pendant le mois d'avril 1993, étaient consacrés à des efforts pour

 20   contrôler ces routes principales en Bosnie centrale ?

 21   M. Watters (interprétation). - C'était un élément essentiel.

 22   Nous devions en effet prendre du terrain, sans aucun doute les Serbes

 23   souhaitaient également prendre des villages. Mais quand on regardait les

 24   lignes de front des positions serbes, ainsi que le côté contrôle du

 25   territoire, il s'agissait surtout de contrôler les routes principales qui


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  1   pénétraient et sortaient de Bosnie centrale.

  2   M. Sayers (interprétation). - Si l'on essaie de ramener tout

  3   cela à la zone de Busovaca-Kiseljak-Vitez, vous êtes d'accord, n'est-ce

  4   pas, que et les Croates et les Musulmans estimaient que le contrôle de ces

  5   routes était absolument essentiel, c'était un objectif militaire

  6   essentiel, n'est-ce pas ?

  7   M. Watters (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - La sécurité de ces routes était un

  9   des objectifs principaux de l'offensive musulmane au mois d'avril, le 18,

 10   le 19 et le 20 avril 1993, lors de leur offensive, n'est-ce pas ?

 11   M. Watters (interprétation). - J'avoue que je ne sais pas

 12   exactement quel était leur véritable objectif. A un moment donné, j'avais

 13   le sentiment qu'il voulait en fait détruire Vitez et Busovaca. D'ailleurs,

 14   j'ai eu une conversation avec le général Halilovic sur ce point. Quand ils

 15   ont arrêté leur offensive, avant même les assauts sur Vitez et Busovaca,

 16   ils avaient déjà coupé l'ensemble des routes principales, comme je l'ai

 17   dit. Ils avaient encerclé les unités HVO et les différentes communautés

 18   croates. Ils les avaient toutes isolées.

 19   M. Sayers (interprétation). - Serait-il juste alors de dire que

 20   l'offensive des forces musulmanes, le 18, 19 et 20 avril, avait remporté

 21   un énorme succès ?

 22   M. Watters (interprétation). - Oui, c'est exact.

 23   M. Sayers (interprétation). - Les forces qui attaquaient les

 24   positions croates avaient réussi à reprendre presque l'ensemble des points

 25   délicats ?


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  1   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  2   M. Sayers (interprétation). - Les Musulmans ont repris

  3   l'intersection de Kaonik ?

  4   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vers le nord et vers l'est de

  6   Vitez, il y a une zone montagneuse et difficile, n'est-ce pas ?

  7   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

  8   M. Sayers (interprétation). - L'offensive musulmane a permis de

  9   prendre cette route jusqu'à Srebrenica et jusqu'à Vitez, n'est-ce pas ?

 10   M. Watters (interprétation). - Je l'ai montré sur la carte,

 11   c'est exact.

 12   M. Sayers (interprétation). - Ce faisant, ils ont pris le

 13   contrôle des zones élevées, n'est-ce pas, comme on s'y attendait ?

 14   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Sayers (interprétation). - Ils ont donc pu tirer du haut vers

 16   les forces croates qui se trouvaient en bas, n'est-ce pas ?

 17   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Sayers (interprétation). - Juste avant le début des conflits,

 19   vous nous avez dit que M. Mate Boban s'est rendu à Travnik en avril 1993,

 20   n'est-ce pas ?

 21   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous l'avez vu ?

 23   M. Watters (interprétation). - Non, je ne l'ai pas vu moi-même.

 24   M. Sayers (interprétation). - Qui vous l'a dit ?

 25   M. Watters (interprétation). - Le HCR de l'ONU et nos


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  1   interprètes qui vivaient à Travnik, ainsi que l'armée de Bosnie-

  2   Herzégovine à Travnik.

  3   M. Sayers (interprétation). - Vous avez compris, je pense, et

  4   personne n'en disconvient, qu'il était un personnage politique essentiel

  5   dans la zone, n'est-ce pas ?

  6   M. Watters (interprétation). - Oui, en effet.

  7   M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné, auprès des

  8   enquêteurs du Procureur, que les choses ont commencé à mal tourner après

  9   la visite de Boban en avril 1993, n'est-ce pas ?

 10   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé brièvement d'un

 12   kidnapping du commandant Tokic, le 15 avril, n'est-ce pas ?

 13   M. Watters (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - C'était le jour où les combats ont

 15   éclaté dans la vallée de la Lasva ?

 16   M. Watters (interprétation). - C'est exact.

 17   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous vu à la télévision des

 18   émissions qui ont montré comment on a retrouvé les gardes du corps du

 19   commandant Tokic, après cet incident ?

 20   M. Watters (interprétation). - Non, je ne les ai pas vues à la

 21   télévision, mais on m'en a parlé, on leur a tiré dessus.

 22   M. Sayers (interprétation). - Serait-il juste de dire qu'on les

 23   avait exécutés ?

 24   M. Watters (interprétation). - Vous savez, utiliser le terme

 25   "exécuter" signifierait que la victime aurait les miens liées et que


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  1   quelqu'un lui aurait tiré dessus à bout portant ; je ne sais pas, en fait.

  2   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous qu'en fait les gardes

  3   du corps avaient été blessés par des tirs dans la tête ?

  4   M. Watters (interprétation). - Je sais qu'ils sont morts, qu'ils

  5   avaient reçu des balles, que le commandant n'avait pas été kidnappé. Je me

  6   souviens avoir pensé que c'était assez bizarre que lui aurait survécu

  7   alors que ses gardes du corps ont été tués ; je me souviens d'avoir pensé

  8   que c'était plutôt bizarre, mais c'est ce qu'on m'avait dit.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'on vous ait

 10   dit que c'était la 7ème Brigade musulmane qui était responsable de cet

 11   incident ?

 12   M. Watters (interprétation). - Oui.

 13   M. Sayers (interprétation). - Ceux que l'on appelait les

 14   Moudjahidine ?

 15   M. Watters (interprétation). - Non, la 7ème Brigade n'était pas

 16   équivalente aux Moudjahidine. Au sein de la 7ème Brigade, il y avait un

 17   certain nombre de soldats qui se condidéraient comme Moudjahidine, ce

 18   n'est pas la même chose.

 19   M. Sayers (interprétation). - Vous a-t-on dit que c'était la

 20   7ème Brigade qui était responsable d'autres kidnapping d'officiers du HVO,

 21   la veille, à Novi Travnik par exemple, l'enlèvement d'autres officiers ?

 22   M. Watters (interprétation). - Je me souviens d'un incident où

 23   des escortes sont allées de Novi Travnik à Gorni Vakuf, et je crois qu'ils

 24   ont été enlevés.

 25   M. Sayers (interprétation). - Enlevés par la 7ème Brigade, c'est


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  1   cela ?

  2   M. Watters (interprétation). - C'est ce qu'on nous a dit.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-il juste de dire que d'après

  4   les informations que de vous aviez concernant le massacre à Dusina, c'est

  5   également la 7ème Brigade musulmane qui en était responsable ?

  6   M. Watters (interprétation). - C'est ce qu'on m'a dit.

  7   M. Sayers (interprétation). - A la suite d'Ahmici, il y a eu un

  8   autre massacre à Miletici le 24 avril, quand 5 jeunes hommes ont été

  9   torturés et décapités. Vous a-t-on dit que c'était également la

 10   7ème Brigade ?

 11   M. Watters (interprétation). - Je ne me souviens pas de cet

 12   incident-là. Les sources d'informations étaient le HVO. Tout ce qui se

 13   produisait, était mis sur le dos de cette brigade, qui apparemment avait

 14   une envergure considérable du point de vue géographique. J'avoue que nous

 15   ne le prenions pas tout à fait au sérieux, à chaque fois, quand le HVO

 16   nous disait que c'était la 7ème Brigade qui avait fait telle ou telle

 17   chose, car nous étions assez sûrs qu'il y avait des forces musulmanes en

 18   question.

 19   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous rencontré un homme qui

 20   s'appelait Payam Akhavan ?

 21   M. Watters (interprétation). - Oui.

 22   M. le Président (interprétation). - Je ne vois pas pourquoi on

 23   poserait des questions à ce témoin sur M. Akhavan, car après tout lui-même

 24   est témoin.

 25   M. Sayers (interprétation). - Dans ce cas, je voudrais vous


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  1   montrer le milinfosum n° 177.

  2   M. le Président (interprétation). - Vous savez, nous avons déjà

  3   des informations, les documents que vous présentez à ce témoin. Quel est

  4   l'intérêt de réentendre tous ces éléments avec ce témoin, si ce n'est le

  5   fait de répéter encore des choses ?

  6   M. Sayers (interprétation). - Eh bien, si la Chambre estime que

  7   ces éléments de preuve ne lui sont pas d'une grande utilité, nous pouvons

  8   passer à autre chose.

  9   M. Bennouna. - Maître Sayers, je crois que ce qui a été dit tout

 10   à l'heure par le Président, permet de clarifier la situation, c'est-à-dire

 11   si vous introduisez de quelconques éléments de preuve, vous devez aussi

 12   éclairer la Cour sur l'objectif que vous poursuivez. On n'est pas en train

 13   de faire de l'histoire pour de l'histoire, ici. On est quand même dans un

 14   procès. Alors vous nous dîtes que c'est pour atteindre tel ou tel objectif

 15   ou pour prouver telle ou telle chose, c'est ce que nous avons dit tout à

 16   l'heure, alors à ce moment-là on peut vous suivre. Si un élément de preuve

 17   a déjà été introduit, la répétition n'est pas nécessaire. Si vous

 18   l'introduisez de nouveau dans un objectif précis, qui rentre dans votre

 19   stratégie de défense, il faut le dire à la Cour et la Cour pourra vous

 20   suivre. Je pense que j'ai été assez clair, je pense que nous sommes assez

 21   clairs au siège de cette Chambre.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je vais conclure sur ce point. Il

 23   existe un milinfosum sur ce point, je vais simplement demander au témoin

 24   s'il l'a vu et s'il peut l'authentifier en quelque sorte.

 25   M. le Président (interprétation). - C'est ça.


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  1   Mme Ameerali (interprétation). - Document D 60/1.

  2   M. Sayers (interprétation). - Il ne me reste que deux questions,

  3   si vous voulez, cela nous permettrait de conclure pour ce soir et nous

  4   pourrions terminer demain matin. J'ai encore deux questions.

  5   M. Bennouna. - A propos de ce transcript, je n'ai jamais dit :

  6   "As to the name..(?) .you also need to show us...", on doit changer "the

  7   name" parce que ça n'a pas de sens dans le transcript.

  8   M. Sayers (interprétation). - En effet, vous avez sans aucun

  9   doute raison.

 10   M. Bennouna. - Merci.

 11   M. Sayers (interprétation). - Pouvez-vous reconnaître ce

 12   document milinfosum, le n° 7, ou une copie évidemment, du 25 avril 1993 ?

 13   M. Watters (interprétation). - En effet, c'est cela, en tout cas

 14   cela lui ressemble.

 15   M. Sayers (interprétation). - Pouvez-vous regarder la quatrième

 16   page, s'il vous plaît, il y a deux aspects que j'aimerais voir avec vous.

 17   En haut de la page, est-il exact de dire que les lignes de front du HVO

 18   passaient par les villages de Dubravica, Pirici, Vilovici et Ahmici ? 

 19   M. Watters (interprétation). - C'est à peu près juste après le

 20   retrait qui a eu lieu le 21 avril, après l'accord de cessez-le-feu.

 21   M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous utilisez ces mots

 22   "ligne de front HVO" qu'est-ce que vous voulez dire au juste ?

 23   M. Watters (interprétation). - C'était la ligne derrière

 24   laquelle le HVO devait se retirer.

 25   M. Sayers (interprétation). - Autrement dit d'un côté il y avait


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  1   les forces HVO et de l'autre côté les forces musulmanes ?

  2   M. Watters (interprétation). - Non, pas vraiment, car le long de

  3   cette ligne nous avions demandé une zone de séparation à partir du cessez-

  4   le-feu du 21 avril, zone que nous pouvions donc contrôler, juste au sud de

  5   Zenica. En fait, ils ont rarement été au-delà de la ligne alpha que

  6   j'avais tracée sur la carte.

  7   M. Sayers (interprétation). - On parle dans ce texte

  8   d'événements à Miletici, ainsi que de l'identification des victimes. Avez-

  9   vous déjà vu ce texte milinfosum, est-ce que cela vous paraît connu, est-

 10   ce que cela vous rappelle quelque chose ?

 11   M. Watters (interprétation). - En effet, après l'avoir lu, je

 12   m'en souviens.

 13   M. Sayers (interprétation). - Miletici se trouvait derrière les

 14   lignes de front qui ont été tracées, n'est-ce pas ?

 15   M. Watters (interprétation). - Je devrais regarder la carte pour

 16   vous répondre avec certitude, je dois dire.

 17   M. Sayers (interprétation). - Eh bien, je pense que tout le

 18   monde sait où se trouve Miletici.

 19   Si cela vous convient, Monsieur le Président, je m'en tiendrai

 20   là pour aujourd'hui.

 21   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, nous devons

 22   absolument terminer avec ce témoin demain. Vous avez dit qu'il ne vous

 23   reste pas beaucoup de questions ?

 24   M. Sayers (interprétation). - Si nous commençons à 9 heures,

 25   comme vous l'avez suggéré, je crois que nous pourrions terminer à


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  1   10 heures 30.

  2   Est-ce que Monsieur Kovacic aura ensuite le temps ?

  3   M. Kovacic (interprétation). - Vous pensez jusqu'au déjeuner ?

  4   M. le Président (interprétation). - Oui.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Mais je suis assez optimiste, je

  6   pense que je vais pouvoir terminer.

  7   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous pourriez

  8   peut-être vous arranger avec votre confrère une bonne distribution du

  9   temps que nous avons demain matin, si vous voulez bien.   

 10   M. Sayers (interprétation). - Je ferai de mon mieux.

 11   M. le Président (interprétation). - Nous allons donc lever

 12   l'audience.

 13   Colonel, pouvez-vous revenir demain matin à 9 heures ?

 14   M. Watters (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 15   M. le Président (interprétation). - L'audience est levée. 

 16               L'audience est suspendue à 16 heures 12.

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