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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14/2-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mercredi 04 août 1999
4 L'audience est ouverte à 09 heures 30.
5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
6 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, affaire IT-95-14/2-T, le
7 Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.
8 M. le Président (interprétation). - Veuillez faire lire au témoin la
9 déclaration solennelle.
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je déclare solennellement que je
11 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
12 M. le Président (interprétation). - Merci.
13 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous décliner votre identité ?
14 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis le général Roderick Cordy-
15 Simpson et je viens récemment de prendre ma retraite.
16 M. Nice (interprétation). - Vous avez été membre de l'armée britannique
17 pendant trente et un ans et même plus ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, pendant trente-cinq ans.
19 M. Nice (interprétation). - Vous avez été nommé chef d'état-major de la
20 Forpronu en Bosnie-Herzégovine le 18 septembre 1992. Vous avez travaillé à
21 cette occasion sous les ordres du général Philippe Morillon jusqu'au
22 10 avril 1993. Est-ce bien exact ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
24 M. Nice (interprétation). - Votre tâche principale constituait à mettre en
25 oeuvre les orientations militaires données par le général Morillon pour
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1 l'ensemble de la Bosnie, ce qui permettait au général de se consacrer,
2 quant à lui, à des affaires de nature plus politique.
3 Le 29 octobre 1992, étiez-vous basé à Kiseljak ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
5 M. Nice (interprétation). - A partir du début novembre 1992, avez-vous
6 organisé des réunions qui portaient le nom de "groupe de travail militaire
7 mixte" qui mettaient en présence les trois commandants en second des
8 factions belligérantes, et ceci, à l'aéroport de Sarajevo ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
10 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce groupe, au départ, se
11 rencontrait deux fois par semaine pendant plusieurs heures, même si je
12 crois qu'ultérieurement, le groupe s'est rencontré plus souvent ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Au début, au moins une fois par
14 semaine, ensuite, deux fois par semaine, mais après, à partir de décembre,
15 sur les indications de l'ONU à New York, nous avons mené une réunion
16 permanente.
17 M. Nice (interprétation). - Est-ce que la réunion était présidée par vous-
18 même et est-ce que les parties belligérantes étaient représentées par
19 Blaskic, Guervo et Siber ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, MM. Blaskic, Guervo et Siber
21 représentaient les factions belligérantes.
22 M. Nice (interprétation). - Et les fonctions de ce groupe étaient de
23 traiter des accords de cessez-le-feu, d'assurer des corridors de sécurité
24 autour de Sarajevo et dans d'autres endroits en Bosnie pour garantir
25 l'accès des convois d'aide humanitaire ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
2 M. Nice (interprétation). - Dans le cadre de vos contacts avec Blaskic,
3 est-ce que d'abord vous avez constaté que c'était un homme qui appartenait
4 à l'armée et quelqu'un à qui on pouvait faire confiance ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A l'époque, le colonel Blaskic -c'est
6 comme cela qu'il s'appelait- était un commandant militaire auquel on
7 pouvait faire confiance, à l'exception d'une fois où il n'a pas tenu
8 parole.
9 M. Nice (interprétation). - Nous avons préparé un certain nombre de
10 liasses de documents que l'on peut maintenant distribuer à M. le
11 Président, à MM. les Juges, au témoin ainsi qu'aux représentants de la
12 défense. Bien qu'ils portent des numéros de cote différents que je
13 mentionnerai au fur et à mesure que nous en traiterons, je pense qu'il est
14 plus utile que je communique ces liasses immédiatement à l'ensemble des
15 parties intéressées.
16 (L'huissier et le greffier s'exécutent.)
17 Avez-vous été en mesure ce matin de lire brièvement les comptes rendus de
18 certaines des réunions auxquelles vous avez fait référence ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, brièvement
20 M. Nice (interprétation). - Document coté 264 1. A la page 1, on voit la
21 date du 1er novembre. A la page 2, on voit qu'il est fait référence à une
22 réunion avec le général Morillon, le colonel Blaskic, réunion qui a eu
23 lieu le 19 octobre. S'agissait-il là, en l'occurrence, d'une réunion du
24 groupe de travail militaire mixte ou d'une réunion préparatoire à l'une de
25 ces réunions ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est la réunion qui a précédé la
2 première réunion du groupe de travail militaire mixte, il s'agissait d'une
3 réunion entre le général Morillon et le colonel Blaskic.
4 M. Nice (interprétation). - Sur cette deuxième feuille que je viens de
5 mentionner, dans l'avant dernier paragraphe, on dit que le colonel Blaskic
6 avait des preuves d'une infiltration de plus en plus importante de
7 mercenaires mudjahiddin qui se faisaient passer pour des journalistes et
8 possédaient des passeports diplomatiques et il a dit qu'il y avait 3 ou
9 4000 individus de ce type, qui combattaient aux côtés des combattants
10 musulmans et bénéficiaient de l'immunité diplomatique.
11 Est-ce que c'est là une allégation qui était faite de façon régulière, ou
12 cela s'est fait uniquement pendant cette réunion particulière ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, c'était quelque chose qui
14 revenait constamment et que la délégation croate répétait sans cesse, et
15 je dois dire que la seule délégation serbe également, tout au long du
16 conflit, du moins pendant la période où je m'y suis trouvé, disait la même
17 chose. Il y avait en effet des éléments qui permettaient de dire que
18 certains combattants musulmans sur place venaient de pays arabes. Mais je
19 dois dire que le chiffre de 4000 combattants de ce type, il ne nous était
20 pas vraiment possible de le confirmer.
21 M. Nice (interprétation). - Deuxième document côté 274 1, document daté du
22 10 novembre, et sur la deuxième feuille on parle d'une réunion qui a eu
23 lieu à l'aéroport de Sarajevo le 7 novembre. La délégation du HVO était
24 menée par le colonel Blaskic et sur la troisième feuille, au paragraphe 6,
25 on peut lire que vous avez été présenté par le général Morillon comme
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1 devant présider la réunion ce jour-là.
2 Donc ce document reflète la première réunion du groupe de travail
3 militaire mixte ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - En fait, c'est à ce moment-là que
5 j'ai commencé à présider le groupe de travail militaire mixte qui s'est
6 poursuivi sans exception, ou à deux ou trois exceptions près.
7 M. Nice (interprétation). - Troisième document coté 279 1 en date du
8 12 novembre. Et à la deuxième feuille de ce document, on parle d'une
9 réunion qui a eu lieu le 10 novembre. Sur la troisième feuille, au
10 paragraphe 7, on voit les noms des représentants du HVO ; on sait donc
11 qu'ils étaient représentés par le colonel Blaskic, et donc on voit que le
12 représentant du HVO a parlé des attaques contre Mostar, Travnik et Jajce
13 et a déclaré qu'il avait été autorisé à signer tout accord qui pourrait
14 permettre de rétablir la paix.
15 Est-ce que lors de ces réunions le colonel Blaskic avait ce type
16 d'autorité ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet, et à la suite de cette
18 réunion il y a eu un cessez-le-feu qui a tenu pendant environ
19 deux semaines et ceci sur l'ensemble du territoire de la Bosnie.
20 M. Nice (interprétation). – Feuillet suivant de ce même document,
21 troisième feuillet, au paragraphe 15, on voit que la délégation du HVO a
22 déclaré que l'accord devait être signé par les parties en présence.
23 Si la signature de la République de Croatie était exigée, bien que cela ne
24 soit pas de la responsabilité du QG de la Forpronu, l'ex-Yougoslavie et
25 ses forces armées devaient également signer ce document.
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1 Au paragraphe 20, on peut lire qu'après la signature de l'accord, la
2 délégation serbe a déclaré que, pour que cet accord soit effectivement mis
3 en oeuvre, il était nécessaire que les forces croates se retirent des
4 territoires qu'ils occupaient et qu'il fallait faire en sorte, essayer de
5 faire en sorte que la Croatie signe l'accord.
6 La participation alléguée de forces externes et cette exigence qui avait
7 été faite de faire participer des Etats étrangers au processus de paix,
8 est-ce que c'est quelque chose qui s'est produit une seule fois ou bien
9 est-ce que c'était quelque chose qui se reproduisait souvent ?
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était quelque chose qui revenait
11 constamment de la part des deux, mais surtout de la part des Serbes, qui
12 affirmaient qu'il y avait des forces régulières croates qui se trouvaient
13 sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, et cela, pendant toute la
14 durée de mon séjour en Bosnie-Herzégovine.
15 M. Nice (interprétation). - Merci. Document coté 289 point 1, en date du
16 21 novembre, le deuxième feuillet, qui traite d'une réunion qui a eu lieu
17 le 20 novembre, et vers le bas de la page, au paragraphe 2A, on peut lire
18 la chose suivante : "Dr Karadzic s'est montré extrêmement préoccupé au
19 sujet de l'intervention de plus en plus flagrante de la République de
20 Croatie en Bosnie-Herzégovine".
21 Suivent des commentaires qui vont dans le même sens. Deux feuillets plus
22 loin, au paragraphe 10 A, en bas de la page, "Dr Karadzic -peut-on lire- a
23 exprimé sa préoccupation au sujet de la participation de la République de
24 Croatie aux événements qui se déroulaient en Bosnie-Herzégovine ; c'est
25 une question qu'il va falloir traiter sérieusement".
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1 Général, est-ce que ceci va dans le même sens à ce que... et correspond à
2 ce que vous nous avez dit dans votre réponse ?
3 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
4 M. Nice (interprétation). - Pièce suivante : dans la chronologie des
5 événements, cette pièce a déjà été produite, elle n'est pas contenue dans
6 cette liasse. Le greffier d'audience va donc vous fournir la pièce Z 297 ;
7 un document qui a déjà été communiqué aux Juges.
8 Est-ce que ce document fait partie des rapports qui traitaient de ces
9 réunions ? On y fait référence à une réunion du 28 novembre, et au
10 paragraphe 5 de ce document, dans la partie introductive, on peut lire la
11 chose suivante : "Toutes les délégations étaient présentes, elles ont été
12 accueillies par le Président, le colonel Kordic était le nouveau Président
13 de la délégation du HVO. Il s'est présenté comme étant le supérieur du
14 colonel Blaskic et il a déclaré qu'il participerait désormais à toutes les
15 réunions du groupe de travail militaire mixte. Toutes les délégations ont
16 accepté qu'une équipe de télévision des Nations Unies filme le début de la
17 réunion".
18 A partir de cette date, quel a été le rôle du colonel Kordic dans ces
19 réunions ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Le colonel Kordic, à partir de ce
21 moment-là, a été le représentant n° 1 du HVO lors de toutes les réunions
22 du groupe de travail militaire mixte, et il était en fait devenu le
23 commandant adjoint du HVO.
24 Pour le HVO, il était accepté ainsi par le général Navera, qui était le
25 commandant adjoint des Serbes, et par le colonel Siber, qui était alors le
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1 commandant adjoint de ce que l'on appelait alors "les forces de la
2 présidence".
3 M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander maintenant de passer au
4 feuillet n° 5 de ce document, au paragraphe 27, paragraphe qui porte le
5 titre "ambiance de la réunion". A l'avant-dernier paragraphe, on lit la
6 chose suivante : "Lors de cette réunion, il a été déclaré que le colonel
7 Kordic a été... allait participer activement et que, pour la première
8 fois, le Président allait être en mesure d'avoir une relation de travail
9 constructive avec le major Gvero". Donc cela a été votre évaluation de la
10 situation, l'image que vous avez eue du colonel Kordic ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. A ce stade, j'ai trouvé
12 que c'était un homme qui était prêt à coopérer et c'était clair que
13 c'était lui le chef de la délégation du HVO, et il avait toutes les
14 responsabilités qui allaient avec cette position.
15 M. Nice (interprétation). - Document suivant tiré de la liasse
16 distribuée : document référencé 306.1. Il s'agit d'une lettre en date du
17 7 décembre. Pouvez-vous d'abord nous dire, mon Général, s'il y a eu une
18 réunion du groupe qui s'est tenue ce jour-là ou dans les jours qui ont
19 précédé ou suivi ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, il y avait eu une réunion.
21 M. Nice (interprétation). - Qui y avait participé ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Le général Guervo et le colonel
23 Siber. La délégation du HVO n'avait pas participé à la réunion.
24 M. Nice (interprétation). - Cette lettre, comment l'avez-vous reçue ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Elle a été envoyée par fax à notre
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1 quartier général de Kiseljak le matin même de la réunion. Et cette lettre,
2 donc, nous faisait savoir que le HVO ne serait pas en mesure de participer
3 à la réunion. Moi, j'avais déjà ce moment-là quitté le quartier général
4 pour me rendre sur le lieu où devait se tenir la réunion que je devais
5 présider.
6 M. Nice (interprétation). - On peut lire dans cette lettre, dans le
7 premier paragraphe du texte en lui-même : "Nous respectons les efforts
8 surhumains de la Forpronu et vos efforts personnels pour mettre fin à la
9 guerre en Bosnie-Herzégovine, et vous avez tout le soutien du Conseil de
10 la défense croate et du peuple croate dans votre mission humanitaire dans
11 l'avenir. Et dans ce cadre, la délégation du HVO estime qu'actuellement
12 les conditions minimum pour reprendre les négociations tripartites des
13 négociations militaires n'existent plus.
14 Nous proposons donc que la réunion soit annulée, sauf si les conditions
15 minimum sont réunies pour que ces négociations se tiennent."
16 Dans le paragraphe suivant, il fait état de mesures de harcèlement
17 alléguées. Et dans le paragraphe suivant, il propose qu'un nouvel endroit
18 soit choisi pour les négociations. Et dans l'avant-dernier paragraphe, il
19 propose que les négociations aient lieu à l'hôtel Dalmacija à Kiseljak. Et
20 dans le dernier paragraphe, il offre une garantie écrite au niveau
21 militaire le plus haut de chaque délégation, garantie relative à la
22 sécurité des délégations militaires dans leurs zones de responsabilité
23 respectives.
24 Cette lettre est signée par le colonel Dario Kordic.
25 Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire quel a été l'impact de ce document
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1 au moment où il a été faxé, quel a été l'effet, la conséquence ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, première conséquence, c'est
3 que la réunion du groupe de travail militaire mixte a été en l'espèce
4 annulée puisque les Serbes et les représentants de la présidence bosniaque
5 ont refusé de tenir cette réunion sans la présence du HVO. C'est donc une
6 réunion qui, en fait, n'a pas fait beaucoup avancer les choses.
7 M. Nice (interprétation). - Document suivant, je vous prie : document
8 référence Z314. Il s'agit d'un document en date du 14 décembre. Mais
9 procédons par ordre
10 chronologique et pour ce faire, nous allons consulter les deux dernières
11 pages de ce document.
12 Il s'agit d'un procès-verbal en date du 13 décembre au sujet d'une réunion
13 qui a eu lieu le 12 décembre. Est-ce que le fait qu'il y ait eu une
14 réunion entre vous-même et le colonel Kordic sur votre base, à Kiseljak,
15 le 12 décembre, est-ce que c'est exact ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
17 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'elle était prévue ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, le colonel Kordic est venu me
19 voir en me prévenant très peu de temps à l'avance. En fait, il est venu me
20 voir pour m'expliquer pourquoi il n'avait pas participé à la réunion
21 précédente du groupe de travail militaire mixte.
22 M. Nice (interprétation). - J'imagine que MM. les Juges souhaiteront lire
23 ce document dans son intégralité et ce serait peut-être le bon moment de
24 le faire.
25 M. le Président (interprétation). - Il s'agit des deux dernières pages ?
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1 M. Nice (interprétation). - Oui.
2 M. le Président (interprétation). - Nous allons les lire. Nous avons lu le
3 document en question.
4 M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de vous reporter au
5 dernier paragraphe où l'on peut voir que votre opinion a été résumée. Vous
6 indiquez donc que sa position n'était pas crispée, en fait elle était à
7 bien des égards réaliste. Il estimait qu'il était possible de trouver une
8 solution au problème, qu'il y avait une certaine marge de manœuvre.
9 Cependant, il n'était pas très optimiste quant à l'existence d'une
10 solution au problème de Sarajevo.
11 Vous vous êtes mis d'accord sur le fait qu'il n'allait pas parler à la
12 presse après cette réunion et donc vous avez exprimé votre opinion ici
13 stipulant que, d'après vous, c'était quelqu'un qui était d'un très bon
14 niveau intellectuel, un journaliste politicien qui avait du pouvoir et qui
15 était très clairement respecté par les gens qu'il représentait. Et vous
16 aviez accueilli avec satisfaction le fait qu'il n'ait pas fait entrer ses
17 gardes du corps dans la pièce, puisqu'il n'avait fait entrer dans la pièce
18 où vous avez discuté que sa secrétaire. Donc c'était l'opinion que vous
19 aviez de lui alors ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui cela reflète tout à fait
21 l'opinion que je me faisais du colonel Kordic à ce moment-là.
22 M. Nice (interprétation). - A votre avis, quelle était son attitude envers
23 l'Etat de l'Herceg-Bosna, etc. ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il faut se souvenir qu'à ce moment-là
25 les Serbes, à ce moment précis, lançaient une offensive dans les quartiers
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1 de Stup et de Otes à Sarajevo.
2 Les victimes étaient très nombreuses et beaucoup de Croates qui habitaient
3 dans la ville avaient d'autre part été forcés de quitter leur logement.
4 Donc le colonel Kordic était très préoccupé par cet état de fait et
5 voulait faire tout ce qui était possible, notamment avec l'aide de la
6 Forpronu pour aider les Croates qui se trouvaient maintenant dans un état…
7 qui étaient des réfugiés à Sarajevo même, qui étaient encerclés par les
8 Serbes et qui se trouveraient dans une enclave musulmane. C'est comme cela
9 qu'il décrivait la situation. Cela, c'est la première chose.
10 Deuxième chose, il s'est excusé parce qu'il n'avait pas pu participer à la
11 précédente réunion, ceci en partie parce qu'à ce moment-là les combats
12 faisaient rage à Sarajevo et cela expliquait pourquoi il avait voulu que
13 l'on organise les réunions ailleurs à Kiseljak, mais bien entendu, les
14 Serbes s'y refusaient catégoriquement. Et je peux très bien comprendre les
15 sentiments qu'il avait à ce moment-là.
16 Il avait... Lors du retour d'une réunion du groupe de travail militaire
17 mixte, GTMM, son véhicule avait été arrêté, un véhicule où il se trouvait
18 avec le colonel Blaskic. Il faisait nuit et c'est grâce au courage d'un
19 jeune lieutenant danois qui s'est refusé donc à permettre aux Serbes qui
20 l'avaient arrêté de voir qui était dans la voiture, je suis moi-même
21 arrivé sur place un peu plus tard, mais la situation était extrêmement
22 tendue.
23 De ce fait, la délégation du HVO était extrêmement préoccupée par ce qui
24 s'était passé. Donc à ce moment-là, moi, l'opinion que j'avais de lui,
25 c'était la suivante :j'avais l'impression qu'il travaillait pour défendre
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1 les intérêts des Croates et qu'à long terme son objectif c'était de
2 préserver ce qui était cet embryon d'Etat, l'Herceg-Bosna et une entité
3 qui menaçait de devenir une île au centre de la Bosnie, entre les
4 cantons 8 et 10. C'est-à-dire que cela risquait de devenir une poche
5 habitée par des Croates et entourée d'une zone habitée par des Musulmans.
6 M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pourrions revenir au début de
7 ce document pour comprendre la forme adoptée ? Nous voyons que la
8 troisième feuille est en date du 14 décembre, puis nous avons le procès-
9 verbal de la réunion du 13 décembre à laquelle a assisté le colonel Kordic
10 à la tête de la délégation du HVO.
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
12 M. Nice (interprétation). - Et on parle de son apport à la réunion qui est
13 repris ici, inutile de parcourir ce passage.
14 Document suivant référence 328 1, daté du 22 décembre. Le résumé est
15 erroné, car ici vous avez la page de garde. A la deuxième page, il est
16 fait état d'une réunion qui s'est tenue le 18 décembre au cours de
17 laquelle la délégation d HVO avait à sa tête le colonel Kordic.
18 La réunion a vu l'allocution notamment de Lord Owen. Au bas de cette page,
19 nous voyons que Lord Owen a annoncé la tenue d'une réunion à haut niveau à
20 Genève le 2 janvier, réunion à laquelle participeraient Izetbegovic, le
21 Dr Karadzic et M. Boban.
22 Passons à la page suivante. On remarque que c'est là la contribution du
23 colonel Kordic au point 7A. Il accepte de façon générale l'accord, disant
24 de celui-ci que c'est un signe de bonne volonté qui se manifeste de la
25 part de toutes les parties présentes. Il s'agirait d'une première mesure
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1 permettant la liberté de circulation de 500 femmes, enfants et personnes
2 âgées avant la Noël.
3 Est-ce que ceci suscite de votre part des commentaires ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Uniquement ceci : manifestement, si
5 ma mémoire ne me fait pas défaut, ceci renvoie aux Croates qui étaient
6 coincés à Sarajevo et que le colonel Kordic essayait de sortir de Sarajevo
7 à l'occasion de la Noël.
8 Bien sûr, ceci a été enrayé par les Serbes, qui voulaient l'accès de
9 25 000 Serbes en échange pour cette liberté par rapport aux Croates. Donc
10 cela a été vraiment une idée qui a tout de suite avorté.
11 M. Nice (interprétation). - Dernier document de la liasse : il s'agit du
12 document portant cote 336, point 1, en date du 29 décembre, et qui fait
13 état d'une réunion qui s'est tenue, elle, le 22 décembre, à l'occasion de
14 laquelle, la délégation du HVO avait à sa tête le général Petkovic, les
15 autres délégations étant, elles aussi, représentées par des militaires de
16 très haut niveau.
17 Pouvons-nous examiner la troisième page, et le paragraphe 7 en
18 particulier ? On dit du général Petkovic qu'il aurait dit ceci : que les
19 deux accords tels que proposés feraient l'objet de signatures et que le
20 colonel Kordic fournirait les représentants requis. Commentaire de votre
21 part ? Qu'est-ce que ceci dit à propos du rôle joué par le colonel Kordic
22 et à propos de la chaîne de commandement ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, pour moi, cela voulait dire
24 que le colonel Kordic avait tiré son autorité directement du général
25 Petkovic, qui était le commandant croate en chef. Par conséquent, il était
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1 le supérieur hiérarchique du colonel Blaskic dans la chaîne officielle
2 militaire de commandement. Et puisque, lui aussi, c'était un homme
3 politique, il a montré qu'il avait beaucoup d'influence, tant sur le plan
4 militaire que sur le plan politique, surtout en Bosnie centrale.
5 M. Nice (interprétation). - Nous avons déjà parlé du fait que Kordic avait
6 été journaliste ; avez-vous observé quelque preuve de ce qu'il ait été
7 soldat avant la guerre ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, aucunement, à ma connaissance.
9 Je dirais même qu'il concédait aisément qu'il n'avait pas été un soldat
10 avant le conflit qui avait éclaté en Bosnie.
11 M. Nice (interprétation). - Lorsqu'il se déplaçait, comment le faisait-il,
12 et avec quels partisans ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, la première fois que je l'ai
14 vu, manifestement, c'était à cette réunion du GTMM et il travaillait... il
15 voyagait sous ma protection, sous ma tutelle ; il avait un VTT des Nations
16 Unies, c'était une partie de l'accord auquel nous étions parvenus avec les
17 Serbes et les Bosniens. Mais lorsqu'il est venu à mon quartier général, il
18 venait dans une Mercedes noire entouré de personnes, de gardes du corps
19 portant des lunettes foncées. En tant que soldat, ceci m'a quelque peu
20 surpris.
21 M. Nice (interprétation). - Au cours des contacts que vous avez eus avec
22 lui, avez-vous pensé que vous pouviez vous fier à sa parole ? Vous avez
23 déjà parlé de Blaskic, que diriez-vous de Kordic ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je crois qu'au départ je lui ai fait
25 confiance. J'ai fait confiance en son jugement, en sa parole, mais au fur
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1 et à mesure que la situation a évolué en Bosnie centrale, alors que cette
2 alliance précaire entre les Bosniens et les Croates, surtout en Bosnie
3 centrale, posait des problèmes, j'ai commencé à me dire que je ne pouvais
4 pas autant lui faire confiance que je ne le pensais au début.
5 Je me suis dit qu'il voulait plutôt maintenir, préserver l'influence
6 croate en Bosnie centrale que rechercher une solution politique à long
7 terme général.
8 M. Nice (interprétation). - Revenons... je reviendrai à cette question
9 dans deux questions, mais répondez, si vous le voulez bien, d'abord à
10 celle-ci : Petkovic et Boban, dans quelle mesure étaient-ils occupés, ou
11 préoccupés, à ce moment-là par des événements qui se déroulent en dehors
12 de la Bosnie centrale ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, c'est surtout la
14 région de Mostar qui fait l'objet de nombreuses attaques de la part des
15 Serbes. Parallèlement, cette alliance entre les Croates et les Bosniens
16 avait pratiquement capoté, n'existait plus dans cette région. Ce qui veut
17 dire que Boban et Petkovic tenaient particulièrement à avoir une prise
18 directe sur les opérations se déroulant à Mostar. Et ces hommes avaient
19 donc moins de temps et dès lors, moins d'influence en Bosnie centrale.
20 Je me suis forgé l'opinion suivante : je me suis dit que Kordic disposait
21 d'un degré considérable d'autonomie par rapport au pouvoir par Boban et
22 Petkovic en Bosnie centrale.
23 M. Nice (interprétation). - Revenons à la confiance que vous aviez au
24 départ placée en Kordic. A un moment donné, avez-vous eu une idée plus
25 claire de la nature peut-être extrémiste de ses opinions et de la volonté
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1 qu'il cultivait de parvenir à un compromis ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Peu à peu, je me suis dit qu'il
3 tenait plus à préserver l'influence purement croate en Bosnie centrale,
4 qu'il n'était pas aussi intéressé qu'il ne l'affirmait par le maintien
5 d'une alliance raisonnable contre les Serbes à ce moment-là.
6 Je me souviens d'un incident lors de la réunion du GTMM. Je n'étais pas
7 parvenu à faire bouger les Serbes et les Bosniens alors que Sarajevo était
8 très sévèrement pilonnée. J'ai envoyé les délégués dans leur pièce
9 respective et j'avais espéré parvenir à un compromis si je trouvais le
10 levier utile pour faire bouger les choses. J'ai demandé l'avis du colonel
11 Kordic. Il m'a quelque peu surpris en indiquant une région sur la carte de
12 Sarajevo dont il a dit que je devrais persuader les Bosniens qu'elle
13 devrait être abandonnée.
14 A ce moment-là, les Bosniens se trouvant à l'intérieur de Sarajevo
15 recevaient des coups très durs et il venait de suggérer que ces Bosniens
16 renoncent à même plus de territoires, ceci m'a surpris. Pensait-il
17 vraiment que nous recherchions une forme de paix dans la région ? Pourquoi
18 me proposait-il cela ? Bien sûr, lorsque je suis retourné sur place, j'ai
19 constaté que c'était un type de région que les Bosniens ne pouvaient pas
20 abandonner parce que cela aurait été renoncer à des portions de
21 territoires importants qui surplombaient Sarajevo.
22 M. Nice (interprétation). - Vous êtes-vous fait une idée de la raison pour
23 laquelle il occupait ce grade de colonel ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, je n'ai pu que supputer la
25 raison pour laquelle il l'avait fait, que c'était parce que, dans la
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1 hiérarchie militaire, il avait le même statut que le colonel Blaskic qui,
2 jusqu'alors, avait été le commandant militaire suprême en Bosnie centrale.
3 S'il s'était présenté comme commandant ou comme lieutenant-colonel, Kordic
4 aurait été inférieur, politiquement peut-être pas, mais en tout cas
5 militairement par rapport à Blaskic. Il fallait donc que Kordic ait un
6 grade au moins aussi important que le commandant militaire de la Bosnie
7 centrale, en l'occurrence Blaskic.
8 M. Nice (interprétation). - Quelques points de détail, si vous le voulez
9 bien. Je pense que vous êtes allé régulièrement de Kiseljak à Sarajevo,
10 vous passiez une journée de la semaine à Vitez. Et début 1993, vous êtes
11 allé à Maglaj où l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO luttaient le long
12 des mêmes lignes sous un commandement partagé jusqu'en mars 1993 ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement, ils étaient
14 encerclés par les Serbes, ils étaient sévèrement assiégés. Les Nations
15 Unies ne pouvaient pas faire grand-chose, mais je suis allé sur place pour
16 aller voir les deux commandants sur le terrain : celui de l'armée de
17 Bosnie-Herzégovine et celui du HVO qui avaient un poste de commandement
18 conjoint et qui tous deux, ensemble, faisaient un excellent travail de
19 défense de la ville.
20 M. Nice (interprétation). - Le 26 janvier 1993, avez-vous assisté à une
21 réunion avec le colonel Stewart à Kiseljak à l'occasion de laquelle un
22 cessez-le-feu avait été conclu entre le HVO et l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine ? Les parties étaient représentées par Blaskic et Merdan.
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. Toute la Bosnie centrale
25 avait dégénéré en un lieu où il y avait du nettoyage ethnique, des maisons
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1 brûlées, un abandon total du droit, de la loi. La route avait été bloquée,
2 coupée par l'armée de Bosnie-Herzégovine près de Kacuni.
3 Nous avons essayé de forcer les soldats à ouvrir la route. J'ai obtenu
4 l'arrivée de Merdan et de Blaskic à mon quartier général à Kiseljak où je
5 voulais parler avec eux de la possibilité d'un cessez-le-feu.
6 M. Nice (interprétation). - Au moment où vous alliez signer ce cessez-le-
7 feu, que s'est-il passé ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Quelque chose d'assez bizarre s'est
9 produit, une espèce de pantomime. Alors que Blaskic s'apprêtait à signer,
10 son conseiller militaire a fait irruption dans la pièce pour annoncer que
11 Busovaca était en train d'être attaquée, que des civils croates étaient en
12 train d'être assassinés par des Mudjahiddins. Blaskic a dit qu'il lui
13 était impossible dans ces conditions de signer le document, qu'il devrait
14 se rendre sur place immédiatement pour mener une enquête et bien sûr par
15 la suite, je lui ai dit qu'il devait revenir.
16 M. Nice (interprétation). - Avez-vous pu faire vos enquêtes vous-même sur
17 la véracité de ce qui avait été affirmé ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait, j'ai pris contact avec
19 une compagnie de transport néerlandaise qui m'a dit que Busovaca était
20 tout à fait tranquille.
21 M. Nice (interprétation). - Qui était ce conseiller militaire ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas de son nom
23 malheureusement, il était en uniforme. C'est assez bizarre car
24 manifestement, ce n'était pas un ancien soldat, pourtant il avait un
25 pouvoir, une influence considérable sur le colonel Blaskic. Quand Blaskic
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1 assistait à une réunion du GTMM, au début tout du moins, cet homme
2 l'accompagnait toujours.
3 M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous pensé de l'intervention de cet
4 homme quand il a commencé à porter des commentaires erronés sur Busovaca.
5 Qu'avez-vous pensé que c'était ?
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Une tentative délibérée visant à
7 ralentir, à faire capoter ce processus qui était en cours à Genève où se
8 trouvaient Karadzic et Izetbegovic, à Genève donc. Sous la présidence de
9 Lord Owen, ils essayaient de parvenir à un plan de paix que pourraient
10 accepter les trois parties belligérantes. Je me suis dit qu'alors que le
11 reste du monde voyait les Musulmans et les Serbes s'opposer, il était
12 important que le monde sache qu'il y avait aussi des combats dirigés
13 contre les Croates en Bosnie centrale.
14 M. Nice (interprétation). - Est-ce que Blaskic est revenu le lendemain,
15 accompagné de son conseiller militaire ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, il est revenu le lendemain, mais
17 j'ai veillé à ce que son conseiller politique ne soit pas présent. Je ne
18 voulais avoir affaire qu'en Merdan et Blaskic, sans le conseiller.
19 M. Nice (interprétation). - Est-ce que là s'est décidé un accord ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'avais donné instruction au garde
21 danois de ne laisser entrer personne alors que nos discussions se
22 poursuivaient. J'ai obtenu de Blaskic qu'il signe l'accord ainsi que
23 Merdan, puis je les ai placés devant les caméras du monde entier pour
24 qu'ils fassent part de leur accord s'agissant du cessez-le-feu. Et
25 quelques minutes plus tard, un conseiller politique assez fatigué,
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1 harcelé, est arrivé pour dire que Busovaca était en proie aux flammes
2 comme l'était Fojnica.
3 Heureusement, j'ai pu téléphoner à la compagnie de transport néerlandaise
4 qui m'a dit que le calme régnait à Busovaca. Et puis le général de brigade
5 Cumming était venu de Busovaca et avait dit que ce jour-là était un jour
6 de marché comme les autres et qu'il n'y avait rien de bizarre qui s'y
7 passait. Mais en même temps, Mate Boban annonçait à Genève que Busovaca
8 était en proie aux flammes.
9 M. Nice (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.
10 M. Bennouna. - Maître Nice, à propos de cet incident qui s'est répété deux
11 fois, apparemment pour empêcher le colonel Blaskic de signer l'accord que
12 lui proposait le général Cordy-Simpson, est-ce qu'on peut savoir du
13 témoin, si selon ce qu'il sait, ceci reflète un désaccord entre le colonel
14 Blaskic et M. Kordic ?
15 Est-ce que ceci est le produit d'un désaccord dans la chaîne de
16 commandement ?
17 M. Nice (interprétation). - Allez-y.
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Excellente question que celle-là,
19 Monsieur le Juge, et malheureusement je ne peux pas vous y donner de
20 réponse, car je ne sais pas du tout dans quel sens allait ce qui était
21 manifestement un plan très bien orchestré, je ne sais pas non plus d'où il
22 venait, j'en suis désolé.
23 M. Nice (interprétation). - Et ce plan, d'après vous, consistait à faire
24 quoi ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A montrer à Genève, je pense,
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1 qu'alors que le plan suggéré par Lord Owen commençait à prendre forme et à
2 avancer, à montrer à Genève donc l'importance de l'intégrité des cantons 8
3 et 10, à savoir la Bosnie centrale était capitale pour les Croates, qui à
4 toutes fins pratiques, allaient se retrouver sur une île entourés par les
5 Serbes au nord, les Musulmans à l'est et à l'ouest et qu'avant que les
6 Croates ne soient prêts à signer ce plan, le monde entier devait savoir
7 que la sécurité des Croates en Bosnie centrale était menacée. C'est la
8 seule interprétation que je puisse vous donner de la raison pour laquelle
9 cet incident assez bizarre s'est produit. Au même moment, la radio de
10 Belgrade annonçait aussi que les Mudjahiddins attaquaient Kiseljak où,
11 moi, je me trouvais, et je pouvais confirmer que cette attaque n'avait pas
12 lieu.
13 M. Nice (interprétation). - Avant de quitter le sujet de cette rencontre,
14 en ce qui concerne la présence, ou plutôt, l'absence du secrétaire, ou du
15 représentant politique dont vous avez parlé, et s'il n'y a pas
16 d'objection, vous pouvez également utiliser votre déclaration pour vous
17 rafraîchir la mémoire et pour parler de la deuxième rencontre.
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Est-ce que je peux me rafraîchir la
19 mémoire sur la base de la déclaration ?
20 M. le Président (interprétation). - Oui.
21 M. Nice (interprétation). - Veuillez communiquer au témoin sa déclaration,
22 ou bien je peux lui remettre ma copie, qui n'a pas été marquée, sauf une
23 ligne sans importance.
24 (L'huissier s'exécute).
25 Vous pouvez jeter un coup d'oeil sur la partie inférieure de la page
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1 précédente.
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Oui. Le commissaire politique
3 était présent ce deuxième jour.
4 M. Nice (interprétation). - Et qu'est-ce qu'il a fait ? Qu'est-ce que vous
5 avez remarqué au fur et à mesure que la réunion se déroulait ?
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était un peu anxieux, il regardait
7 sa montre comme s'il avait un moment établi auparavant un moment où le
8 messager devait entrer en disant "Busovaca est en flammes", etc.
9 Visiblement, il s'attendait à ce que quelqu'un fasse irruption dans la
10 salle de réunion.
11 M. Nice (interprétation). - Paragraphe 15 du résumé, après que le plan a
12 été annoncé, le 25 janvier, que s'est-il passé, en principe, en ce qui
13 concerne les combats ?
14 M. Cordy-Simpson (interprétation). - La situation s'est détériorée de
15 manière dramatique, surtout en Bosnie centrale, à Gorni Vakuf ou dans la
16 vallée de la Lasva. Il y a eu des combats importants et il est devenu
17 extrêmement difficile de se déplacer en Bosnie centrale. Les convois
18 d'aide humanitaire qui allaient vers Sarajevo ne pouvaient pratiquement
19 pas se déplacer en traversant cette région. En hiver, Sarajevo a été
20 pratiquement complètement coupée du reste du monde, et l'accès de Kiseljak
21 a été pratiquement impossible aussi.
22 Donc cela constituait l'effondrement définitif de cette alliance précaire
23 jusqu'à ce moment-là entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.
24 M. Nice (interprétation). - Le 1er février, est-ce que vous avez organisé
25 une réunion ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
2 M. Nice (interprétation). - A laquelle ont assisté les commandants du
3 1er et du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine avec Blaskic et Kordic,
4 et cette réunion a eu lieu à Vitez et a été présidée par le général
5 Morillon ?
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement, je les ai réunis
7 tous les quatre dans le siège du commandement du bataillon de colonel
8 Stewart afin d'essayer de trouver une issue, afin de négocier un cessez-
9 le-feu dans cette situation qui échappait très rapidement à tout contrôle.
10 M. Nice (interprétation). - Le cessez-le-feu... l'accord de cessez-le-feu
11 a été conclu ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Effectivement.
13 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce cessez-le-feu a été respecté ?
14 Et si oui, à quel degré, vis-à-vis du public, au moins pendant un certain
15 moment ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il a été respecté effectivement
17 jusqu'au 16 avril. Cela a été le cessez-le-feu le plus long que nous avons
18 réussi à négocier. Bien évidemment, c'était un cessez-le-feu qui ne
19 portait pas sur les Serbes, mais en Bosnie centrale. Les combats se sont
20 arrêtés, même si les tensions se sont poursuivies avec un grand nombre de
21 points de contrôle illégaux, et il y a eu des lignes, deux lignes qui ont
22 été dressées de manière assez ferme et l'ONU essayait de persuader à la
23 fois l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO de se retirer de leurs
24 positions afin de séparer les forces, mais effectivement, le cessez-le-feu
25 a été respecté et Blaskic et Kordic, de même que les commandants de
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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine, ont respecté leur parole et ont respecté le
2 cessez-le-feu.
3 M. Nice (interprétation). - Et quelles étaient vos conclusions sur la base
4 de ceci sur leur contrôle sur le HVO en Bosnie centrale ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Visiblement, en ce qui concerne ce
6 qu'ils ont signé au cours de cette réunion, ils ont réussi à respecter
7 leurs obligations. Les combats ont cessé et même s'il y a eu des incidents
8 isolés dans le cadre desquels des maisons ont été brûlées, il y a eu des
9 échanges de tirs. En ce qui concerne des attaques de grande ampleur qui se
10 déroulaient auparavant, celles-là se sont arrêtées. Donc moi j'ai tiré la
11 conclusion que Kordic et Blaskic, tous les deux, pouvaient avoir
12 suffisamment d'influence sur les forces militaires en Bosnie centrale, et
13 puis j'ai tiré la même conclusion par rapport à la capacité d'avoir de
14 l'influence de la part des commandants de l'armée de Bosnie-Herzégovine
15 sur leurs propres forces.
16 M. Nice (interprétation). - Deux détails. A l'époque où vous le
17 connaissiez, où se trouvait le siège de Kordic ? A quoi ressemblait-il et
18 comment pouviez-vous comparer ce siège à la base de Blaskic ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Blaskic vivait à Kiseljak dans une
20 caserne du HVO qui se trouvait à environ 300 ou 400 mètres par rapport à
21 mon propre siège.
22 En ce qui concerne le colonel Kordic, si je me souviens bien, son siège se
23 trouvait à l'hôtel juste avant l'entrée de Busovaca, au nord par rapport à
24 Kiseljak.
25 M. Nice (interprétation). - Qui contrôlait les lignes téléphoniques et les
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1 stations électriques à l'époque ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était visiblement et clairement le
3 HVO qui les contrôlait à l'époque.
4 M. Nice (interprétation). - Et le HVO avait sa propre station de radio ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
6 M. Nice (interprétation). - Où ?
7 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A Kiseljak, c'est là que se trouvait
8 l'émetteur, nous l'utilisions assez souvent afin d'envoyer des messages à
9 la population. Mais bien sûr, ceci était entièrement contrôlé par le HVO
10 en ce qui concerne ce que nous pouvions et ce que nous ne pouvions pas
11 dire.
12 M. Nice (interprétation). - La position de Blaskic et de son associé
13 politique, est-ce que celles-là se reflétaient d'une certaine manière plus
14 générale ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non. A mon avis, il s'agissait tout
16 simplement d'une sorte de commissaire politique qui accompagnait le
17 commandant militaire. Cependant, le colonel Kordic, lorsqu'il a pris ses
18 fonctions en Bosnie centrale, apparemment n'avait pas besoin d'avoir ce
19 genre de conseiller politique qui devrait le contrôler à côté de lui, et
20 il laissait l'impression de quelqu'un qui était beaucoup plus capable de
21 prendre des décisions politiques et militaires sans avoir à ses côtés
22 quelqu'un, quelqu'un d'autre.
23 M. Nice (interprétation). - Ou bien Kordic maintenant. En ce qui concerne
24 Blaskic, est-ce que vous avez vu ce même phénomène que vous avez remarqué
25 chez Blaskic par rapport à une autre personnalité sur le terrain ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, pas à ce point-là.
2 M. Nice (interprétation). - Je n'ai que deux points qui restent. Votre
3 service s'est arrêté vers la mi-avril 1993. Mais vous êtes rentré depuis
4 dans la région. Veuillez s'il vous plaît nous dire l'année au cours de
5 laquelle vous êtes revenu et ce que vous avez fait.
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, j'ai quitté la région en 1993 et
7 j'ai passé trois mois afin de constituer la zone d'interdiction de vol
8 dans le cadre de la mission de l'ONU. Et ensuite, je suis allé en
9 Allemagne pendant un certain moment, et je suis retourné dans la région
10 en 1996 en tant que l'adjoint du commandant chargé des opérations de la
11 force de stabilisation de l'Otan. Et je suis resté jusqu'en décembre 1997,
12 alors que je suis rentré en Bosnie en novembre 1996. Et après cela, je
13 suis rentré au Royaume-Uni.
14 M. Nice (interprétation). - Depuis votre retraite de l'armée, vous avez
15 occupé plusieurs postes, y compris en ce qui concerne l'incident du
16 Kosovo. Vous avez écrit des articles de presse, je crois ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. J'ai des responsabilités de
18 conseiller en ce moment et j'écrivais des articles de presse en tant que
19 correspondant militaire dans le cadre des opérations qui se sont déroulées
20 au Kosovo.
21 M. Nice (interprétation). - J'ai terminé mon interrogatoire principal de
22 ce témoin.
23 Je demanderai à toutes les parties, s'il vous plaît, de corriger une cote
24 qui a été attribuée, c'est-à-dire un numéro de document : il s'agissait de
25 la pièce à conviction 328.1, alors que la cote correcte est 328.2.
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1 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, c'est vous qui allez
2 mener le contre-interrogatoire ?
3 M. Sayers (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
4 Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Steven Sayers, je représente Dario Kordic.
5 Général, si j'ai bien compris, vous étiez chef d'état-major du
6 commandement de la Forpronu en Bosnie-Herzégovine depuis septembre, le
7 18 septembre 1992 jusqu'au moment où vous avez quitté la région de Bosnie-
8 Herzégovine, c'est-à-dire le 10 avril 1993 ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
10 M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous êtes arrivé à
11 Kiseljak afin de constituer la base, le siège la Forpronu, et ceci s'est
12 produit le 29 octobre 1992 ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.
14 M. Sayers (interprétation). - Suite à votre arrivée en Bosnie centrale et
15 dans la région de Sarajevo, est-ce qu'il serait exact de dire que vous
16 faisiez face à une guerre civile complexe incluant au moins trois
17 factions ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, ceci serait exact.
19 M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact également de dire
20 que, d'après votre expérience, il s'agissait là d'une des situations les
21 plus chaotiques sur le plan militaire et politique que vous avez
22 rencontrées au cours de votre carrière de 31 ans que vous avez eue au sein
23 de l'armée britannique ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, sans doute, il s'agissait là de
25 la situation militaire la plus chaotique que je n'avais jamais rencontrée.
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1 M. Sayers (interprétation). - Général, excusez-moi à cause de cette pause,
2 mais nous parlons la même langue tous les deux, et j'ai honte d'admettre
3 que j'ai reçu beaucoup de fois des reproches à cause de mon débit trop
4 rapide pour les interprètes, donc il est nécessaire d'avoir des pauses
5 entre les questions et les réponses, et j'espère que vous êtes prêt à
6 accepter cela.
7 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Faisons-le.
8 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Au moment où vous êtes arrivé à
9 Kiseljak, Monsieur, qui était le maire de cette ville ? Est-ce que vous le
10 savez ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'ai rencontré le maire, mais je ne
12 me souviens pas de son nom.
13 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez l'impression de
14 reconnaître le nom Jozip Boro ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Franchement, je ne me rappelle plus
16 le nom.
17 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Excusez moi... Est-ce que le HVO
18 avait une brigade séparée stationnée dans la ville de Kiseljak ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ils avaient une force militaire
20 qu'ils appelaient brigade à Kiseljak.
21 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez quel était le
22 nom du commandant de cette brigade ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que le colonel Blaskic
24 était le commandant des forces dans cette région.
25 M. Sayers (interprétation). - Tihomir Blaskic ?
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1 (Le témoin acquiesce affirmativement de la tête.)
2 Très bien. Je crois, Monsieur, que d'après votre déclaration... Et nous
3 pourrions d'ailleurs lui attribuer une cote pour pouvoir mieux nous
4 référer à ce document ? Je demanderai que la greffière lui attribue une
5 cote. Nous procéderons à l'examen de cette pièce à conviction par la
6 suite.
7 Mme Ameerali (interprétation). - Document D68/1.
8 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez des copies pour
9 les parties ?
10 M. Sayers (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
11 (L'huissier les distribue aux parties et aux Juges.)
12 Avant de vous poser une question concrète, tout d'abord reconnaissez-vous
13 cette déclaration en tant que copie de la déclaration que vous avez donnée
14 le 21 juillet 1995 au Bureau du Procureur ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
16 M. Sayers (interprétation). - Et je crois que votre bureau était
17 responsable pour les négociations concernant les convois qui se
18 déplaçaient à travers la Bosnie et qui traversaient les lignes de front
19 entre les factions ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'était la responsabilité de ma
21 base, de mon commandement.
22 M. Sayers (interprétation). - Je crois que c'est votre chef chargé des
23 opérations et chef chargé des opérations concernant les convois qui se
24 sont vus chargés de cette mission ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact également.
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1 M. Sayers (interprétation). - Maintenant, nous allons parler de ces
2 réunions de ces groupes de travail militaires mixtes dont vous avez parlé.
3 La première de ces réunions, je crois, a eu lieu le 5 novembre 1992. Est-
4 ce exact ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A peu près à ce moment-là, c'était au
6 début du mois de novembre, mais je ne peux pas le dire avec 100 %
7 d'exactitude.
8 M. Sayers (interprétation). - Les réunions de GTMM étaient organisées
9 surtout par vous ?
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est le général Morillon qui a
11 initié ces rencontres, mais c'est moi qui les organisais.
12 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le but de ce groupe était de
13 constituer le seul forum qui pouvait exister à l'époque permettant d'avoir
14 des discussions entre les trois factions belligérantes principales, c'est-
15 à-dire les Serbes, les Croates et les Musulmans de Bosnie ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
17 M. Sayers (interprétation). - Au début, l'intention était de réunir les
18 trois adjoints des commandants afin qu'ils puissent entamer un dialogue
19 servant à diminuer les tensions et d'aboutir à un accord de paix ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, pendant que j'étais chargé de
21 ceci, c'était effectivement le but, on avait le droit d'aller à un niveau
22 supérieur et de faire rencontrer les plus hauts responsables, et
23 effectivement nous l'avons fait une ou deux fois.
24 M. Sayers (interprétation). - Lord Owen, comme vous l'avez dit, a assisté
25 parfois à des réunions de groupes militaires mixtes, lorsqu'il s'agissait
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1 d'accords extrêmement importants ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je me souviens d'une ou deux
3 situations pendant lesquelles Lord Owen est effectivement venu assister
4 aux réunions du GTMM.
5 M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi, l'adjoint du commandant de
6 l'armée des Serbes de Bosnie, vous l'avez dit, c'était le général Gvero,
7 n'est-ce pas ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
9 M. Sayers (interprétation). - Est-ce exact de dire que le général Gvero
10 était toujours accompagné par une personne qui occupait le rôle que vous
11 avez décrit vivement, en disant qu'il s'agissait d'un commissaire
12 politique ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était accompagné effectivement
14 d'un conseiller politique.
15 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et le conseiller politique du
16 général Gvero était le colonel Tolimir, n'est-ce pas ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est vrai.
18 M. Sayers (interprétation). - Est-ce exact de dire que le général Gvero
19 consultait toujours le colonel Tolimir avant de signer quoi que ce soit ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, presque sans exception.
21 M. Sayers (interprétation). - Et l'adjoint du commandant des forces
22 musulmanes, avec lequel vous étiez en contact au cours de ces réunions de
23 GTMM, était le colonel Siber ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
25 M. Sayers (interprétation). - Stjepan Siber ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
2 M. Sayers (interprétation). - Jusqu'à décembre, ou plutôt fin
3 novembre 1992 au moins, le représentant croate avec qui vous étiez en
4 contact était Tihomir Blaskic, n'est-ce pas, le colonel Blaskic ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.
6 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit, Général, que vous ne vous
7 souvenez pas quel était le nom du conseiller politique du colonel Blaskic,
8 avec lequel on voyait parfois le colonel Blaskic. Mais vous avez dit dans
9 votre déclaration que c'était quelqu'un de plutôt corpulent, qui portait
10 des baskets. Est-ce que le nom d'Ignac Kostroman vous dit quelque chose ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement de
12 son nom, mais vous avez donné une bonne description de cet individu.
13 M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu l'impression que c'était
14 quelqu'un qui n'était pas un soldat ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.
16 M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact de dire, Monsieur,
17 qu'après le 21 septembre 1992 le colonel Kordic n'assistait plus à des
18 réunions du groupe de travail militaire mixte, pour autant que vous vous
19 en souveniez ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'essaie de rafraîchir ma mémoire. Il
21 est sûr qu'au cours du mois de janvier et jusqu'au début du mois de
22 février, c'était le moment où la situation s'est détériorée, il n'y a pas
23 eu de réunion étant donné que les deux parties ne pouvaient pas se mettre
24 d'accord sur quoi que ce soit. Je ne me souviens pas, après l'accord
25 conclu en février, qui a été conclu au cours d'une réunion à laquelle le
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1 colonel Kordic a assisté, je ne sais pas s'il a continué à assister aux
2 rencontres de GTMM, mais il est certain que concernant ces rencontres
3 elles étaient plutôt peu nombreuses.
4 M. Sayers (interprétation). - Je suis désolé, mais je n'ai pas eu
5 l'occasion de lire, avec vous, tous ces documents, mais concernant l'un
6 deux -je crois qu'il porte la cote Z336.18-, il s'agit d'un document
7 mandaté du 29 décembre 1992 concernant les rencontres de GTMM.
8 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, nous allons procéder à
9 une suspension d'audience quand vous pourrez la proposer.
10 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Ce document concerne deux
11 rencontres de GTMM qui ont eu lieu le 22 et le 26 novembre 1992 ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement le 22 et le 26.
13 M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que M. Kordic n'a pas
14 assisté à ces réunions ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Concernant le premier, effectivement,
16 je m'en rappelle, c'était la réunion de plus haut niveau présidée par le
17 général Morillon, à laquelle M. Petkovic et le général Mladic ont assisté.
18 M. Sayers (interprétation). - C'est justement ce dont je voulais parler.
19 Ce document a un numéro, c'est le n° R 00 4 6 3 7 7 . il s'agit là,
20 apparemment, d'un accord sur la séparation des forces dans la région de
21 l'aéroport de Sarajevo ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
23 M. Sayers (interprétation). - Ce document a été signé par le général de
24 brigade Milivoj Petkovic ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
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1 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ceci rafraîchit votre mémoire
2 pour établir, avec cette étude, le fait que M. Kordic n'ait pas assisté à
3 cette réunion ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne peux pas vous répondre avec
5 exactitude étant donné que moi-même je n'ai pas assisté à cette réunion.
6 Cette réunion était présidée par le général Morillon et d'habitude je
7 n'étais pas présent dans les mêmes réunions que lui, parce que d'habitude
8 cela voulait dire que nous étions trop représentés au sein de ces
9 réunions, et ceci n'était pas bien pour faciliter les discussions entre
10 les deux ou bien, en l'occurrence, deux parties.
11 M. Sayers (interprétation). - Merci. Nous pourrions peut-être procéder à
12 une pause maintenant, Monsieur le Président.
13 M. le Président (interprétation). - Nous allons lever l'audience pour une
14 demi-heure maintenant.
15 L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.
16 M. le Président (interprétation). - Monsieur Sayers, c'est à vous.
17 M. Sayers (interprétation). - Mon Général, est-ce que le nom du major
18 David Pinder-Koehnk vous dit quelque chose ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
20 M. Sayers (interprétation). – Etait-il responsable des relations publiques
21 au quartier général de Kiseljak ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Non, pas les relations publiques. En
23 fait, c'était mon porte-parole lorsque je m'adressais à la presse.
24 M. Sayers (interprétation). - Il a pris des notes au moment de son séjour
25 au sujet de ces réunions du GTMM, réunions auxquelles a participé
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1 M. Kordic et à la lecture de ces notes, on voit qu'il y a eu
2 cinq réunions, la première le 12 décembre 1994.
3 Vous souvenez-vous si vous avez assisté à cette réunion ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - S'il s'agissait en effet d'une
5 réunion du GTMM avec le colonel Kordic et si cela s'est passé le
6 12 décembre, il est très probable que j'ai présidé cette réunion.
7 M. Sayers (interprétation). – Le procès-verbal d'une réunion que vous avez
8 mentionnée lors de votre interrogatoire principal, les deux dernières
9 pages de la pièce Z314, vous en souvenez-vous ?
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, cela fait référence à ma
11 rencontre avec Kordic à Kiseljak.
12 M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous qu'il était vice-Président de la
13 communauté croate d'Herceg Bosna ?
14 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est comme cela qu'il s'est
15 présenté.
16 M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous qu'il était en fait vice-
17 Président ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il s'est présenté de la sorte
19 lorsqu'il est venu à mon quartier général.
20 M. Sayers (interprétation). – Savez-vous quelles étaient les fonctions du
21 vice-Président de la communauté croate d'Herceg Bosna ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Très franchement, la situation
23 politique et militaire à cette époque était tellement confuse, il y avait
24 tant de factions en présence qu'il était extrêmement difficile de savoir
25 quelles étaient les attributions des différents intervenants, et pour
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1 quelqu'un qui venait de l'extérieur comme moi, c'était très difficile à
2 comprendre, donc je ne pourrais pas vous informer à ce sujet.
3 M. Sayers (interprétation). - Le lieutenant-colonel Bob Stewart a écrit un
4 livre qui s'intitule:Des vies brisées. L'avez-vous lu ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'en ai lu des extraits, mais on m'en
6 a souvent parlé.
7 M. Sayers (interprétation). - Le lieutenant-colonel Stewart dit lui aussi
8 qu'il y avait des groupes au sein des factions, des factions au sein des
9 groupes et que ces différents éléments avaient créé une situation
10 d'anarchie la plus totale, page 318 du livre du colonel Stewart. Partagez-
11 vous cette analyse du colonel Stewart ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet, il était extrêmement
13 difficile à cette époque en Bosnie-Herzégovine de comprendre ce que
14 chacune des factions politiques qui appartenaient elles-mêmes à des
15 factions ou à des groupes politiques, donc il était très difficile de
16 savoir qui représentait quoi.
17 A notre niveau, nous ne connaissions que les trois principales factions
18 belligérantes : les Croates, les Serbes et les Musulmans.
19 M. Sayers (interprétation). - Vous nous avez fait part de vos impressions
20 subjectives au sujet de la position qu'occupaient dans la hiérarchie le
21 colonel Blaskic ainsi que M. Kordic. Avez-vous vu des documents qui vous
22 permettent de confirmer cette impression, ou bien peut-on dire qu'en fait
23 il s'agissait uniquement d'impression subjective dont vous nous avez fait
24 part ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il s'agit d'une opinion subjective.
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1 Je la base sur ma connaissance du général Petkovic et de MM. Kordic et
2 Blaskic et je me base aussi sur ce qu'a dit le général Petkovic, qui a dit
3 lors d'une des réunions que c'était le colonel Kordic qui était chargé de
4 la mise en oeuvre des accords conclus dans le cadre des réunions du GTMM.
5 M. Sayers (interprétation). - J'essaie de trouver la référence. Donc si je
6 me reporte au paragraphe 7, troisième page de la pièce Z336.1, on peut y
7 lire : "Le général Petkovic a signé les deux accords et il a déclaré que
8 le colonel Kordic allait fournir les représentants qui étaient exigés aux
9 termes de cet accord".
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'est la déclaration à laquelle
11 je faisais référence et c'est la seule déclaration orale ou écrite qui, à
12 mon avis, montre que le colonel Kordic relevait du général Petkovic, en
13 l'espèce.
14 M. Sayers (interprétation). - Est-il juste de dire que, pour vous, toute
15 l'organisation hiérarchique était un petit peu difficile à cerner et que
16 vous n'avez jamais vraiment réussi à déterminer comment était organisée la
17 chaîne de commandement ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, bon, je savais qui était en haut
19 de la hiérarchie dans les trois parties belligérantes. Je savais également
20 très clairement qui était responsable dans les trois camps de
21 l'organisation militaire. Et je connaissais les adjoints de ces
22 commandants parce que l'on nous les avait présentés comme des gens qui
23 avaient la possibilité de signer au nom de leur supérieur hiérarchique.
24 M. Sayers (interprétation). - Savez-vous qui était le Président du HVO au
25 moment où ces négociations ont eu lieu ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ma réponse est non. Pour moi, c'était
2 le général Petkovic qui commandait le HVO.
3 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que le Président du HVO était le
4 docteur Jadranko Prlic ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.
6 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous quelle était la position de
7 M. Boban ? Je crois que vous avez parlé de la participation de M. Boban
8 aux négociations.
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. Je ne l'ai jamais
10 rencontré en personne, mais c'était le représentant des Croates de Bosnie
11 à Genève, lors de la conférence organisée par Lord Owen à Genève.
12 M. Sayers (interprétation). - Pour vous, est-ce que M. Boban avait une
13 position politique officielle au sein de la hiérarchie politique des
14 Croates de Bosnie ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était donc le représentant
16 officiel à Genève des Croates de Bosnie, et donc j'en avais déduit qu'il
17 était celui qui était considéré par Lord Owen comme étant celui qui était
18 à même de permettre la mise en application du plan de paix sur lequel
19 travaillait Lord Owen en compagnie de M. Vance.
20 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que M. Boban était en réalité le
21 Président de la communauté croate d'Herceg-Bosna ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Vous savez, je ne connaissais pas
23 tous les détails de l'organisation politique des Croates. Moi, je
24 m'efforçais de faire fonctionner la structure militaire, donc de la
25 Forpronu en Bosnie-Herzégovine. Les négociations politiques étaient menées
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1 par le général Morillon avec son conseiller politique et diplomate,
2 M. Andrejev, et bien attendu Lord Owen qui chapeautait tout cela. Moi,
3 j'avais très peu d'occasions de rencontrer les dirigeants politiques des
4 parties au conflit.
5 M. Sayers (interprétation). - Merci. Revenons-en maintenant aux notes qu'a
6 prises le major Pinder-Koehnk. Donc nous en revenons aux quatre autres
7 réunions qu'il mentionne et où il dit que M. Kordic a participé. Donc il y
8 a eu une réunion qui a eu lieu entre le 12 et le 17 décembre, une réunion
9 qui a eu lieu le 17 décembre, et les dernières réunions ont eu lieu le 20
10 et le 21 décembre.
11 Je sais que cela fait six ans que tout cela s'est produit et personne
12 n'est censé ici se rappeler dans tous les détails ce qui s'est produit à
13 l'époque. Mais nous disposons de notes qui font référence à ces réunions
14 dans les pièces fournies par l'accusation. Vous souvenez-vous avoir
15 participé à ces réunions ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Si le colonel Kordic était présent,
17 s'il représentait les Croates de Bosnie, il est presque certain que
18 j'étais moi-même présent. Et il y a eu bien entendu une réunion avant qui
19 a eu lieu le 28 novembre et dont je me souviens également. Et je me
20 souviens que le colonel Kordic est venu pour la première fois assister à
21 une réunion du GTMM à Sarajevo. Je m'en souviens parce que c'est lors de
22 cette réunion, ou à l'issue de cette réunion, qu'il a été victime d'un
23 harcèlement de la part des soldats serbes lorsqu'il quittait la réunion.
24 M. Sayers (interprétation). - C'est l'incident que vous nous avez
25 mentionné, et c'est là que vous avez été obligé vous-même d'intervenir
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1 pour résoudre ce qui aurait pu s'envenimer ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Fort heureusement, j'avais décidé de
3 retourner à Kiseljak alors qu'il faisait déjà nuit, et donc je suis arrivé
4 un peu par hasard à cet endroit où cet incident était en train de se
5 dérouler. Et donc c'est ce qui explique également la réunion que j'ai eue
6 ensuite avec lui et cela explique aussi qu'il ait demandé à ce que le lieu
7 des réunions soit modifié et c'est pourquoi aussi il a fait référence à la
8 protection de l'ONU.
9 M. Sayers (interprétation). - Dans les circonstances, cette demande de
10 changer, de modifier le lieu de réunion était compréhensible, n'est-ce
11 pas ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui c'était compréhensible, mais bien
13 entendu cela, les Serbes de Bosnie ne l'auraient jamais accepté et donc,
14 j'ai décidé de passer outre, ceci afin de continuer à faire fonctionner le
15 GTMM, à condition de permettre de garantir la sécurité du HVO ou des
16 représentants du HVO lorsqu'ils participaient à ces réunions.
17 M. Sayers (interprétation). – Est-il exact de dire que le fait de
18 participer à ces réunions à l'aéroport de Sarajevo représentait un certain
19 risque pour ceux qui y participaient ? Le simple fait de se rendre à ces
20 réunions comportait un certain nombre de risques ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, mais j'avais garanti la
22 protection des forces de l'ONU. Cependant, il est vrai que le simple fait
23 de se déplacer jusqu'à Sarajevo présentait un certain nombre de risques.
24 Il faut cependant dire que les gens se déplaçaient dans un véhicule
25 blindé, mais il faut savoir qu'en Bosnie la vie était extrêmement
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1 dangereuse, la vie de tous les jours. Pour aller à Sarajevo, il fallait…
2 au centre de Sarajevo, il fallait passer trois lignes de démarcation, tout
3 le monde courait des risques dans le pays à l'époque.
4 M. Sayers (interprétation). – Est-il également exact de dire que, pendant
5 votre séjour, il est arrivé que des véhicules blindés soient touchés par
6 des engins lancés par des lance-roquettes antichars et que ces engins
7 soient également touchés par des tirs d'armes automatiques et qu'ils
8 essuient parfois des tirs de mortier, d'obus ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était constant. Et ce n'est pas
10 uniquement les véhicules blindés qui faisaient l'objet de ces tirs. Mais
11 je ne me rappelle pas que cela se soit produit pour les gens que
12 j'escortais moi-même vers Sarajevo, pour se rendre à une réunion du GTMM.
13 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais aborder un certain nombre de
14 points au sujet du procès-verbal de la réunion du 12 décembre 1992. A la
15 deuxième page, on fait référence à des trafics illégaux, à de la
16 contrebande.
17 M. le Président (interprétation). - Veuillez communiquer cette pièce au
18 témoin. Quel est le numéro de cette pièce ?
19 M. Sayers (interprétation). - La page est numérotée 000 950 22.
20 M. le Président (interprétation). - Non, je vous demande le numéro de la
21 pièce.
22 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, je crois qu'il s'agit
23 des deux dernières pages de la pièce Z314.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Je voudrais attirer votre attention sur le premier paragraphe de
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1 la deuxième page, s'il vous plaît.
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui ?
3 M. Sayers (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des explications
4 supplémentaires sur les trafics qui avaient lieu à l'époque et qui ont été
5 portés à votre connaissance ?
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Nous avions beaucoup d'éléments
7 qui nous permettaient de dire que le bataillon ukrainien à Sarajevo, alors
8 qu'il sortait de Sarajevo, est allé dans la zone de Kiseljak qui n'était
9 pas sa zone d'opération. En fait, ils escortaient des convois de Sarajevo
10 jusqu'à la Republika Srpska, en tout cas de Mostar à Sarajevo aussi, mais
11 en tout cas ils n'allaient pas vers Kiseljak. Enfin bref, il est apparu
12 qu'ils se procuraient du café, des cigarettes qu'ils ramenaient ensuite à
13 Sarajevo et ensuite ils échangeaient ceci avec les habitants de Sarajevo.
14 C'est à cela qu'on fait référence lorsqu'on parle de trafic et c'est cela
15 dont a parlé le colonel Kordic à ce moment-là.
16 M. Sayers (interprétation). - Au dernier paragraphe, vous mentionnez une
17 discussion informelle que vous avez eue avec lui et vous faites remarquer
18 que M. Kordic n'était pas quelqu'un qui avait eu une attitude crispée,
19 qu'il était plutôt flexible. Pouvez-vous s'il vous plaît développer un peu
20 cette idée ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pour moi, c'était une surprise
22 agréable de pouvoir avoir des contacts de travail personnel avec
23 quelqu'un. Et il n'avait pas besoin, lui, de se référer à un conseiller
24 politique quelconque pour me parler, il pouvait le faire librement. A ce
25 moment-là, je trouvais que c'était quelqu'un qui était prêt à collaborer
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1 et c'était quelqu'un qui était sincèrement préoccupé par ce qui allait
2 arriver, ou ce qui arrivait aux Croates, les Croates qui avaient fait
3 l'objet d'une offensive la veille à Sarajevo de la part des Serbes.
4 M. Sayers (interprétation). - Pour vous, il n'y avait aucun doute que les
5 préoccupations exprimées par M. Kordic au sujet de la situation des
6 Croates à Sarajevo, donc vous n'aviez aucun doute sur sa sincérité ?
7 M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet. Pour moi, il était sincère
8 et c'était de sa part une demande, un appel à l'aide sincère pour aider
9 les Croates qui se trouvaient dans la ville.
10 M. Sayers (interprétation). - Si vous le permettez, j'ai quelques
11 questions à vous poser au sujet des notes prises par votre secrétaire
12 chargé des relations avec la presse. Lors d'une réunion du GTMM, il dit
13 que la position du HVO devait permettre à la Forpronu de prendre le
14 contrôle de certains barrages. Vous en souvenez-vous ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, répéter
16 cette question ?
17 M. Sayers (interprétation). - Donc, dans ses notes, il parle d'une
18 discussion au sujet des barrages érigés sur les routes, et le HVO a dit
19 que c'est la Forpronu qui devait prendre le contrôle de ces barrages sur
20 les routes. Vous souvenez-vous de cette discussion où on avait proposé que
21 la Forpronu prenne le contrôle des points de contrôle, justement, et des
22 barrages ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A quelle date a eu lieu cette
24 discussion, s'il vous plaît ?
25 M. Sayers (interprétation). - Il semble que cela ait eu lieu le
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1 17 décembre 1992.
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas, et la
3 raison pour laquelle je vous ai posé cette question, c'est que, certes, en
4 janvier il y avait beaucoup de points de contrôle illégaux au moment de
5 l'effondrement de l'alliance entre les Croates et l'armée de Bosnie-
6 Herzégovine. A ce moment-là, on avait eu beaucoup de discussions sur les
7 points de contrôle qui étaient apparus dans la vallée de la Lasva et sur
8 le fait que nous devions démanteler ces points de contrôle. Et nous
9 l'avons fait, pour justement calmer les esprits.
10 Mais je ne me souviens pas du tout de discussions qui auraient eu lieu à
11 ce sujet en décembre. Cela, franchement je ne m'en souviens pas.
12 M. Sayers (interprétation). - Ce n'est pas grave, mon Général, après tout,
13 cela s'est passé il y a déjà six ans.
14 Il y a une question que je souhaite vous poser au sujet de la réunion qui
15 a eu lieu le 20 décembre. Le commandant Pinder-Koehnk dit que M. Kordic a
16 affirmé qu'il avait consulté les autorités politiques et militaires au
17 sujet de propositions qui avaient été faites et que, après ces
18 consultations, le HVO était prêt à accepter les propositions en question.
19 Vous souvenez-vous de commentaires, d'observations faites par M. Kordic
20 dans ce sens, à savoir qu'il avait consulté ses supérieurs militaires ou
21 politiques au sujet de certaines propositions qui avaient été faites ? Et
22 vous souvenez-vous qu'il vous ait fait savoir que ses propositions avaient
23 été acceptées par les Croates ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne m'en souviens pas dans les
25 détails, mais il faut savoir qu'à l'époque l'objet des réunions du GTMM,
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1 c'était de permettre la liberté de déplacement autour de Sarajevo, sur ce
2 que l'on a ensuite appelé les "routes bleues". Et c'est quelque chose qui
3 ensuite a été réalisé sous le commandement du général Rose. Ce plan dont
4 vous parlez, il incluait ces routes bleues.
5 Alors, il est fort possible que le colonel Kordic ait donné son accord, ou
6 ait communiqué cet accord, parce qu'il faut savoir que cela n'affectait
7 pas beaucoup la population croate, en tout cas beaucoup moins que les
8 Musulmans qui se trouvaient à l'intérieur de Sarajevo ou les Serbes qui
9 étaient autour de Sarajevo.
10 Donc il est très possible qu'il ait en effet fait une déclaration dans ce
11 sens, mais je dois dire que je ne m'en souviens pas personnellement.
12 M. Sayers (interprétation). - Dans le cadre de votre interrogatoire
13 principal, vous avez parlé d'une conversation que vous avez eue avec
14 M. Kordic, conversation au cours de laquelle il a dit, ou suggéré qu'une
15 partie de la ville de Sarajevo devrait être remise, cédée, pour calmer le
16 conflit, pour mettre fin au conflit qui avait lieu à l'époque.
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je me souviens avoir dit cela.
18 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cette proposition était qu'une
19 partie de la ville, donc, devait être placée sous le contrôle des Nations
20 Unies ? Vous vous en souvenez ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Nous ne sommes jamais allés aussi
22 loin que cela. Moi, ce que j'avais fait, c'est que j'avais demandé au
23 colonel Kordic s'il avait une solution à me proposer parce que, moi,
24 j'étais à court d'idées, à court de patience, donc je lui avais demandé
25 s'il avait une suggestion, une solution pour essayer de mettre fin à
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1 l'impasse dans laquelle nous étions dans les relations entre les Musulmans
2 de Bosnie et les Serbes, ceci afin de garantir la liberté de déplacement,
3 surtout pour les Nations Unies, liberté de mouvement à Sarajevo et autour.
4 Je ne pense pas qu'il soit allé jusqu'à faire la proposition qu'une partie
5 de la ville soit placée sous le contrôle des Nations Unies. Il me semble
6 me souvenir qu'il a désigné peut-être une zone, je crois qu'il s'agissait
7 d'une hauteur au-dessus de Otes et Stup, les quartiers de Otes et Stup, et
8 il pensait être en mesure de persuader la population musulmane de Sarajevo
9 de céder une partie de ce territoire, une forme de concession, et il
10 pensait que, de cette façon, on pourrait obtenir que les Serbes acceptent
11 de garantir la sécurité des fameuses routes bleues dont j'ai parlé.
12 En fait, je me suis rendu compte ultérieurement que c'était une
13 proposition qui n'aurait jamais été acceptée par les Musulmans.
14 M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que cette proposition
15 ne vous a pas franchement impressionné, que cela ne vous a pas paru être
16 vraiment une solution militaire ou politique viable dans le contexte et
17 dans la situation qui prévalait à l'époque entre les parties
18 belligérantes ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il m'a fallu quelques minutes pour me
20 rendre compte qu'il ne s'agissait pas là d'une proposition qui pouvait
21 faire l'objet de négociations entre les parties en présence.
22 M. Sayers (interprétation). - Le commandant Pinder-Koehnk nous donne les
23 dernières notes sur lesquelles j'appelle votre attention, c'est ce qu'il
24 écrit le 21 décembre 1992. Je vais vous en donner lecture, je cite :
25 "L'officier de liaison pense qu'il y a suffisamment de progrès réalisés au
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1 niveau politique pour laisser la chose militaire aux militaires", fin de
2 citation.
3 Vous souvenez-vous si Lord Owen était présent à cette réunion du
4 21 décembre ?
5 M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous montrer le procès-verbal
6 de cette réunion au témoin ? Ceci l'aidera peut-être.
7 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Lord Owen était à Sarajevo à
8 l'époque. Il est certain qu'il a assisté au moins à une réunion. Etait-ce
9 celle-ci ou une autre ? Je pense que oui, mais ici je ne dispose pas des
10 documents, je ne peux pas l'affirmer avec certitude.
11 M. Sayers (interprétation). - Malheureusement, cette documentation ne nous
12 a pas été communiquée. Je ne pense pas disposer d'un exemplaire du procès-
13 verbal de la réunion du 21 décembre. Je n'ai pas vu ce procès-verbal lors
14 de l'examen des documents.
15 M. le Président (interprétation). - Eh bien, vérifions. Quelle est la
16 source de votre question ?
17 M. Sayers (interprétation). - Ce sont les notes prises par le commandant
18 Koehnk, dont il a parlé dans sa déposition.
19 M. le Président (interprétation). - Et il a parlé d'une réunion le 21, à
20 laquelle aurait assisté Lord Owen ? Fort bien.
21 Maître Nice, pourriez-vous nous aider là-dessus ? Est-ce que nous avons
22 des documents à ce propos ?
23 M. Nice (interprétation). - Je ne peux pas retrouver les notes
24 contemporaines du commandant Koehnk pour le moment, mais pour ce qui est
25 de la réunion du 21 décembre, à proprement parler, je pense que nous
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1 n'avons que le 18 décembre dans le cadre de la pièce de
2 l'accusation 328.1.
3 Puis, le 19 décembre, cela, nous l'avons, nous avons la dernière partie,
4 et dans les documents que j'ai pu obtenir, nous passons directement au
5 22 décembre.
6 Nous avons réussi à trouver d'autres documents, mais ce qui veut dire que
7 je n'ai pas les sources pour le moment.
8 M. le Président (interprétation). - Eh bien, nous ne pourrons pas
9 poursuivre ceci très loin.
10 M. Sayers (interprétation). - Je dispose des notes ; si vous voulez les
11 poser sur le rétroprojecteur, ceci vous sera peut-être utile, Messieurs
12 les Juges, ainsi qu'au témoin.
13 M. le Président (interprétation). - Va-t-on pouvoir trouver une autre
14 référence qui sera de nature à aider le témoin à mieux se souvenir ?
15 M. Sayers (interprétation). - Non, je ne pense pas, Monsieur le Président.
16 M. le Président (interprétation). - Vouliez-vous évoquer autre chose à
17 propos de cette réunion ?
18 M. Sayers (interprétation). - Uniquement cette question-ci : vous
19 souvenez-vous que des commentaires eussent été formulés selon lesquels
20 suffisamment de progrès politiques avaient effectivement été réalisés à ce
21 moment-là pour permettre que les experts militaires s'occupent des
22 questions militaires ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pas directement. Je ne m'en souviens
24 pas. Bien souvent, des hommes politiques ont pensé avoir réalisé
25 suffisamment de progrès politiques, mais la réalité, cinq ans plus tard,
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1 les a démentis. Je regrette de ne pas pouvoir me souvenir de cette
2 déclaration-là, six ou sept ans plus tard.
3 M. Sayers (interprétation). - Parfait. Poursuivons. Est-ce que vous vous
4 souvenez du lendemain ? A ce propos, nous disposons d'un procès-verbal de
5 la réunion où se trouvait aussi le général Petkovic. Il s'est présenté à
6 cette réunion et je pense que le général Morillon était le président de la
7 réunion et a vu la signature par au moins deux factions belligérantes de
8 cet accord de cessez-le-feu.
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je me souviens qu'il y a eu cette
10 réunion, mais aujourd'hui même, je ne me souviens plus si j'étais présent
11 à cette réunion. Je l'étais sans doute parce qu'il y avait beaucoup de
12 choses qui se passaient à ce moment-là à Sarajevo. Les affrontements
13 étaient nombreux. Je pense que le procès-verbal vous montrerait, pour
14 cette réunion, si j'étais présent ou pas.
15 M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il voir la pièce 336.1
16 ?
17 (L'huissier s'exécute).
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne suis pas trop sûr. Il se peut
19 que j'étais présent.
20 M. Sayers (interprétation). - La pièce 336.1 dit que c'est là le PV d'une
21 réunion du GTMM qui s'est tenue le 26 décembre 1992, mais le document est-
22 il complet, Général, car il semblerait que rien ne porte sur la réunion
23 du 22 ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne suis pas trop sûr de ce que je
25 dis, j'ai là l'écran sous les yeux et je ne suis pas censé avoir cet écran
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1 affiché devant moi. Mais voilà, nous parlons du document que j'ai sous les
2 yeux.
3 M. Sayers (interprétation). – Oui, voyez la première page de cette pièce.
4 Il est fait référence à des réunions du GTMM à deux dates différentes.
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui.
6 M. Sayers (interprétation). – Mais l'annexe ne porte que sur une de ces
7 réunions. La question que je voulais vous poser, mais qui ne doit pas nous
8 importuner longtemps, était de savoir si c'est un document complet ou pas
9 à votre connaissance.
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense désormais qu'il s'agissait
11 de la réunion du 22. En effet, je me souviens avoir présenté aux travaux
12 d'une commission militaire conjointe le 26. Là, je m'en souviens
13 parfaitement. Je devais être une des rares personnes qui travaillaient ce
14 jour-là dans le monde, le 26 décembre !
15 M. Sayers (interprétation). - Vous avez quelque peu semé la confusion dans
16 mon esprit. Vous dites que la date du 22 est incorrecte ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je dis simplement qu'il y a eu
18 deux réunions. Je ne sais pas si j'ai assisté à la première à laquelle
19 vous faites allusion ici par votre question, mais je sais que j'ai présidé
20 aux travaux d'une réunion le 26, mais je pense que, là, il n'y a pas
21 d'annexe se rapportant à cette réunion dans ce document.
22 M. Sayers (interprétation). - La question était de savoir si, d'après
23 vous, c'était un document complet ou non.
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense que, dès lors, puisque la
25 page de garde porte sur le 22 et le 26, que le document est incomplet
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1 puisque le procès-verbal ne porte que sur la réunion du 22.
2 M. Sayers (interprétation). - Fort bien, eh bien, écartons-nous de ces
3 documents pour parler de certains événements qui se sont produits en
4 janvier 1993. L'armée de Bosnie-Herzégovine a-t-elle effectivement lancé
5 une offensive dans le nord de la vallée de Kiseljak, laquelle a eu pour
6 effet de couper la principale route d'approvisionnement entre Busovaca et
7 Kiseljak, au village de Kacuni ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
9 M. Sayers (interprétation). - Et une nouvelle offensive militaire a eu
10 pour effet de couper la route d'approvisionnement entre Kiseljak et
11 Kakanj, n'est-ce pas ? Etait-ce le fait aussi de l'armée de Bosnie-
12 Herzégovine ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ce n'est pas tout à fait exact. A
14 Kacuni, la route a été coupée par l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais avec
15 certaines difficultés, j'ai pu parvenir à l'endroit où la route avait été
16 coupée à Kacuni depuis le sud et le colonel Stewart, lui, est venu du nord
17 et m'a rencontré à cet endroit.
18 M. Sayers (interprétation). - Je me contentais de lire votre déclaration à
19 la page 4 selon laquelle, en janvier 93, l'armée de Bosnie-Herzégovine
20 avait coupé la route menant de Kiseljak à Kakanj… à Kacuni, pardon.
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, ils ont coupé la route à Kacuni,
22 nous ne pouvions pas aller plus loin que Kacuni. Excusez-moi… excusez-moi…
23 je comprends ce que vous voulez dire, j'ai mal compris votre prononciation
24 d'une ville. Oui, effectivement, à Kakanj, il y avait aussi coupure de la
25 route du fait de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Donc il y avait la route
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1 qui était coupée au nord et il y avait aussi coupure de la route pour
2 cette route qui allait à l'est, qui allait de l'ouest à l'est au sortir de
3 Kiseljak vers Kakanj.
4 M. Sayers (interprétation). - A la suite des hostilités qui ont éclaté en
5 janvier 1993, vous avez organisé une réunion, une longue réunion le
6 26 janvier 1993 à Kiseljak, dans le but d'enrayer cette escalade de la
7 violence opposant le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
9 M. Sayers (interprétation). - Assistait à cette réunion le colonel
10 Stewart, n'est-ce pas ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
12 M. Sayers (interprétation). - Le colonel Blaskic ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
14 M. Sayers (interprétation). - Et son homologue, si vous voulez, le
15 commandant en second du 3ème Corps d'armée, le général Merdan, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
18 M. Sayers (interprétation). - Et c'est à cette réunion que les conseillers
19 politiques se sont mis à jouer ce qu'on a qualifié de pantomime, de farce,
20 disant qu'il y avait des hostilités à Busovaca qui était en flammes ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
22 M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous que, le 26 janvier, il y avait
23 effectivement des atrocités qui avaient été commises par les forces armées
24 de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans les villages de Dusina, Lasva,
25 Nezirovici et Gusti Grab ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - On a affirmé par la suite que cela
2 avait été le cas, mais à ce moment-là, manifestement, je n'étais pas au
3 courant. C'est par la suite seulement qu'on a affirmé que ces atrocités
4 avaient été commises, même si je n'en ai pas eu de preuves directes.
5 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu des informations selon lesquels
6 13 civils avaient été assassinés par des éléments de la 7ème Brigade
7 musulmane et que le négociateur du HVO, Zvonko Rajic lui aussi, avait été
8 atrocement tué ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce stade, à ce moment-là précis, je
10 n'étais pas au courant.
11 M. Sayers (interprétation). - Ce point, ce sujet a fait l'objet de
12 nombreux reportages télévisés. Je ne sais pas si vous aviez pour coutume
13 de suivre les émissions de la télévision croate, mais est-ce que vous avez
14 eu l'occasion de voir diffuser sur les écrans un reportage portant sur ce
15 massacre montrant tous les corps allongés ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.
17 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que, Monsieur l'Huissier, vous
18 pourriez montrer la pièce D58/1, le seul résumé d'information militaire
19 que je voudrais vous montrer, d'ailleurs ?
20 (L'huissier s'exécute.)
21 Ce résumé d'information militaire est en date du 29 janvier 1993.
22 Pourtant, il décrit des événements qui se sont produits à Dusina,
23 l'assassinat de diverses personnes habitant dans ce village.
24 Avez-vous, au cours de votre mission, dans votre domaine de
25 responsabilité, avez-vous examiné ces résumés d'informations militaires ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'étudiais le résumé où, vous savez,
2 il n'y avait pas qu'un bataillon qui était stationné en Bosnie à l'époque.
3 Il y avait toute la Bosnie-Herzégovine qui faisait l'objet de tels
4 rapports militaires.
5 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous étudié un résumé de ce résumé
6 d'informations militaires portant sur ces événements ?
7 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas. Mais ceci
8 traduit très bien ce qui s'est souvent passé en Bosnie. Nous voyons ici un
9 discours indirect. On affirme qu'il est rapporté que ce sont donc des
10 informations de ce genre qui sont reprises par les responsables militaires
11 ou l'officiel militaire du bâtiment des Cheshire. Je rappelle que c'est un
12 discours indirect, je n'ai pas vu ces éléments, mais ils m'ont été
13 rapportés.
14 M. Sayers (interprétation). - Absolument. Vous ne savez pas si, oui ou
15 non, ces atrocités se sont vraiment passées et si elles ont été commises
16 au moment où ces négociations se poursuivaient entre Stewart, Blaskic et
17 Merdan le 26 et le 27 janvier 1993 ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Alors que j'avais ces réunions avec
19 les personnes que vous venez de citer, non, je ne savais pas à ce moment-
20 là. Je n'avais aucune certitude, ni dans un sens ni dans un autre, si ces
21 atrocités dont on parle dans le résumé d'informations militaires s'étaient
22 produites ou pas.
23 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Vous avez fait état d'un accord
24 de cessez-le-feu signé soit fin janvier, soit le 1er février. Une question
25 préalable, si vous me le permettez. Avez-vous un souvenir précis de la
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1 date de la signature de ce cessez-le-feu ? Etait-ce en janvier ou était-ce
2 plutôt en février ?
3 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ceci s'est passé le 1er février. Je
4 peux vous expliquer pourquoi j'ai un souvenir aussi précis de cette date-
5 là. Le général Morillon venait d'avoir sa quatrième étoile et j'avais
6 quitté le quartier général pour aller à cette réunion. Il arborait
7 fièrement sa quatrième étoile, ce qui fait que je me souviens de cette
8 réunion.
9 M. Sayers (interprétation). - Et c'était donc la première fois qu'il
10 s'était présenté, arborant sa quatrième étoile de général français ? Est-
11 ce que vous l'avez accompagné à cette cérémonie ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je n'ai pas été à la réunion
13 parce que je devais préparer la réunion.
14 M. Sayers (interprétation). - Savez-vous si Kordic était à cette réunion
15 ou pas ? Ou est-ce que c'était Blaskic, plutôt, qui se trouvait à cette
16 réunion ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Cela, cela me surprend. En effet, ce
18 dont on a parlé à la réunion, dont l'accord de cessez-le-feu, c'était
19 aussi de la présence de Blaskic et de Kordic.
20 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer la pièce de la
21 défense 54/1. Est-ce une copie conforme, à votre avis, du document portant
22 sur la disposition à prendre en vue d'un cessez-le-feu entre l'armée de
23 Bosnie-Herzégovine et le HVO à la date du 30 janvier 1993 ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne vois pas pourquoi ce ne serait
25 pas une copie conforme, une copie fidèle, mais vous le voyez, c'est une
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1 réunion à bien plus bas niveau que celle dont je parlais qui s'est tenue
2 le 1er février. Cette dernière réunion était présidée par le général
3 Morillon alors que celle-ci est présidée par le colonel Stewart, mais au
4 niveau du bataillon, et Jeremie Fleming, celui-ci était le directeur de
5 l'ECMM dans cette région précise de Bosnie centrale. Et cette réunion
6 était une réunion préparatoire en vue de la réunion présidée par le
7 général Morillon le 1er février.
8 M. Sayers (interprétation). - Cette réunion du 1er février a-t-elle donné
9 un accord écrit, accord qui serait différent du document que vous avez
10 sous les yeux ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Après toutes ces années, je ne m'en
12 souviens pas, mais je suppute que ceci aura été la base du document auquel
13 nous devions apporter nos signatures le 1er février.
14 M. Sayers (interprétation). - Retrouvez-v ous le nom de Franjo Nakic,
15 adjoint du colonel Blaskic ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.
17 M. Sayers (interprétation). - Encore une question sur ce sujet. Vous
18 souvenez-vous avoir mis en oeuvre, appliqué, des ordres qui auraient été
19 signés afin de réaliser toutes ces obligations auxquelles les parties
20 avaient souscrit dans cet accord ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, mais il est
22 pratiquement certain que mon quartier général aurait envoyé des ordres
23 détaillés, en tout cas au 1er Bataillon, au Cheshire, pour déterminer les
24 modalités d'application de l'accord en Bosnie centrale, même si je ne me
25 souviens pas avoir signé moi-même un ordre d'application.
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1 M. Sayers (interprétation). - Fort bien, mais nous avons déjà versé au
2 dossier une pièce, la pièce D55/1, que l'huissier va vous présenter. Je
3 crois que c'est là un document de l'ECMM relatif aux ordres de mise en
4 application conjoints.
5 (L'huissier s'exécute.)
6 N'hésitez pas à parcourir toutes les pages de cette pièce. Ce sont
7 plusieurs ordres signés par le commandant de la zone opérationnelle du HVO
8 Bosnie centrale, par le colonel Tihomir Blaskic et son homologue, le
9 commandant du 3ème Corps d'armée à Zenica, le général Hadzihasanovic.
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je vois.
11 M. Sayers (interprétation). - Et qui avait fait l'objet de négociations
12 par la mission de l'ECMM basée à Busovaca ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
14 M. Sayers (interprétation). - Y a-t-il d'autres ordres de mise en
15 application de l'accord dont vous êtes au courant ? Vous parlez donc de
16 cet accord conclu le 1er février. Ou est-ce que la pièce D55/1 représente-
17 t-elle un recueil exact des ordres pris par la suite pour faire appliquer
18 ce cessez-le-feu conclu entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que c'est un accord ou un
20 reflet fidèle de l'accord auquel nous étions parvenus, et qui faisait
21 partie de notre plan. Il était convenu qu'une commission conjointe
22 réunissant le groupe de bataillons du Cheshire et le 1er Bataillon, parce
23 que c'était leur zone de responsabilité, et l'ECMM, ainsi que les deux
24 commandants militaires de la région, l'armée de Bosnie-Herzégovine et HVO,
25 ces personnes auraient pour responsabilité d'appliquer ce cessez-le-feu-
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1 ci, puisque l'application relève de nos zones de responsabilité.
2 Mais il est certain que nos quartiers généraux avaient envoyé des ordres,
3 par la chaîne de commandement des Nations Unies, depuis le commandant
4 Stewart jusqu'à la base, et ceci a dû donner ces ordres que nous voyons
5 ici provenir de l'ECMM.
6 Donc il y a d'autres documents -de notre part- qui donnent autorité pour
7 faire appliquer le cessez-le-feu, ces ordres sont descendus par la filière
8 hiérarchique des Nations Unies jusqu'au groupe des Cheshire.
9 L'ECMM, bien sûr, ne se trouvait pas sous la tutelle directe des Nations
10 Unies, même si nous travaillons en étroite collaboration avec eux.
11 M. Sayers (interprétation). - Merci d'avoir précisé ceci. Etes-vous en
12 train de nous dire que les ordres que vous avez sous les yeux sont les
13 ordres de mise en application signés par les commandants militaires des
14 zones opérationnelles respectives afin de faire appliquer l'accord de
15 cessez-le-feu ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Apparemment, puisque nous avons et
17 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO qui ont apposé les signatures.
18 Nous trouvons la signature de Blaskic et celle de Hadzihasanovic
19 M. Sayers (interprétation). - Puisque ces ordres ont été signés notamment
20 par le commandant HVO de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, je
21 vous poserai quelques questions rapides à propos de Tihomir Blaskic.
22 Il vous a dit, je crois, avoir été prisonnier de guerre. Il avait été
23 capturé à Vukovar ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je crois que c'est bien ce qu'il
25 m'a dit. J'en suis pratiquement certain.
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1 M. Sayers (interprétation). - Vous conviendrez avec moi que c'était un
2 militaire de carrière, qu'il avait été militaire pendant toute sa vie
3 professionnelle et un ancien officier de la JNA, n'est-ce pas ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
5 M. Sayers (interprétation). - Je pense que vous avez trouvé la
6 personnalité de Blaskic dominante. Vous l'avez décrit comme étant un homme
7 assez dur, n'est-ce pas ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'ai trouvé que c'était un homme
9 direct, un homme militaire, de forte personnalité, mais pour qui j'avais
10 beaucoup de respect pour lui en tant que militaire de carrière.
11 M. Sayers (interprétation). - Vous parliez, bien sûr en termes militaires,
12 la même langue que Blaskic, est-ce exact ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, oui, vous avez tout à fait
14 raison, vous avez bien qualifié nos rapports et la situation.
15 M. Robinson (interprétation). - N'avez-vous pas dit précédemment, Général,
16 que vous avez pensé de lui qu'il était fiable à une exception près ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
18 M. Robinson (interprétation). - Pourriez-vous nous préciser ceci, pour
19 autant bien sûr que ce soit possible de le faire ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait. Au cours de la crise du
21 mois de janvier, au moment où la route avait été coupée à Kacuni, Busovaca
22 était pratiquement isolée. Il était impossible d'y emmener des
23 approvisionnements ou de faire passer l'approvisionnement par là. Il y
24 avait donc une pénurie inquiétante étant donné qu'on était en hiver.
25 Blaskic est venu me voir, il a demandé si un certain nombre de camions,
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1 trois ou quatre chargés de pommes de terre qui venaient de Mostar,
2 pouvaient bénéficier d'une escorte pour traverser Busovaca, escorte de
3 l'ONU bien sûr, puisque ces personnes mouraient de faim à Busovaca.
4 J'ai promis cette escorte, mais j'ai donné des instructions selon
5 lesquelles les pommes de terre devaient être déchargées de ces camions et
6 replacées dans un véhicule de transport néerlandais pour traverser la
7 ville. Ceci a causé une certaine affliction auprès du général Blaskic et
8 de son état-major, mais effectivement nous avons fait ce transbordement.
9 Et je ne peux pas vous dire exactement ce que nous avons trouvé dans ces
10 camions, mais nous avons trouvé des milliers de cartouches, plusieurs
11 lance-roquettes multiples et un grand nombre de grenades. Tout ceci a été
12 trouvé parmi les pommes de terre. Cela a été la seule fois que Blaskic
13 m'avait laissé tombé, la seule fois dont j'ai été conscient... Mais voilà,
14 oui, c'est effectivement de cela que je parlais, Monsieur le Juge.
15 M. Sayers (interprétation). - A la page 6 de votre déclaration, vous avez
16 décrit le colonel Blaskic comme une personne qui avait une personnalité
17 forte, un homme dur. Est-ce que c'est toujours votre opinion ?
18 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il y avait une guerre civile grave
19 partout en Bosnie à ce moment-là. Un grand nombre de personnes ont été
20 tuées, un grand nombre de personnes ont été expulsées de chez elles,
21 l'ordre ne régnait plus, partout dans le pays. Le colonel Blaskic était un
22 commandant militaire qui commandait une zone de responsabilité où la
23 population croissait, donc il était inévitable qu'il soit dur dans
24 certaines de ces décisions.
25 M. Sayers (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que
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1 le colonel Blaskic faisait face à une situation militaire sociale et
2 ethnique de crise, une situation de crise, et que sa responsabilité était
3 très sérieuse dans sa zone de responsabilité ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je pense que la situation était
5 très difficile et il était le commandant militaire dans cette région ; il
6 faisait face, tout comme c'était le cas de nous tous, à des situations
7 parfois extrêmement désagréables.
8 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et est-ce que vous avez eu
9 l'impression que le colonel Blaskic faisait preuve de beaucoup de
10 compréhension en ce qui concerne les affaires militaires ?
11 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
12 M. Sayers (interprétation). - D'accord. Nous allons parler d'un autre
13 sujet concernant le général de brigade Milivoj Petkovic. Si j'ai bien
14 compris, il était le supérieur de Blaskic ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Cela a été absolument l'impression
16 que j'ai eue tout au long de mon séjour en Bosnie.
17 M. Sayers (interprétation). - Vous avez décrit le général de brigade
18 Petkovic en tant qu'une personne qui était définitivement le commandant
19 des forces du HVO en Bosnie-Herzégovine ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'était l'impression qu'il nous
21 a laissée, c'est l'impression que j'ai eue au cours des quelques réunions
22 que j'ai eues avec lui.
23 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et si j'ai bien compris, son
24 quartier général était à Mostar. C'était une ville qui était assiégée par
25 les Serbes de Bosnie ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.
2 M. Sayers (interprétation). - Et c'est une ville qui a été pilonnée
3 régulièrement par les Serbes de Bosnie ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Mostar était une ville qui a été
5 largement détruite.
6 M. Sayers (interprétation). - Je crois que vous avez dit que le général de
7 brigade Petkovic, d'habitude, n'assistait pas aux rencontres de GTMM ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Sauf si le général Morillon le
9 voulait.
10 M. Sayers (interprétation). - Au moment où il assistait à ces réunions,
11 vous souhaitiez que le général Morillon soit sur place pour assurer le
12 même niveau des participants ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ceci n'est pas tout à fait exact. Si
14 le général Morillon organisait la rencontre du GTMM, et ceci s'est produit
15 au moins deux fois, moi j'assurais la présence de général Petkovic, étant
16 donné que c'était la personne responsable, la personne la plus
17 responsable. Donc c'était plutôt l'inverse de ce que vous avez dit tout à
18 l'heure dans votre question.
19 M. Sayers (interprétation). - Ma question s'est basée sur la page 6 de
20 votre déclaration. Veuillez examiner le paragraphe qui commence par le mot
21 "Petkovic".
22 (L'huissier s'exécute.)
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Mais ce dont vous parlez n'est
24 pas nécessairement un GTMM. J'ai eu plusieurs rencontres avec Petkovic qui
25 ont été organisées spécialement. C'était quand Petkovic venait dans le
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1 quartier général, et ceci est autre chose par rapport aux rencontres de
2 GTMM à Sarajevo. Et c'est à des moments comme cela que je demandais, si
3 c'était possible, que le général Morillon se déplace jusqu'à Kiseljak,
4 étant donné qu'à cause des combats le général Petkovic ne voulait pas
5 aller à Sarajevo.
6 M. Sayers (interprétation). - Et est-ce que vous avez demandé au général
7 Morillon d'assister aux réunions avec MM. Blaskic et Kordic ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Mis à part la réunion du 1er février,
9 la réponse est non. D'habitude, j'y étais tout seul.
10 M. Sayers (interprétation). - Je crois que vous avez reçu une protestation
11 par écrit de Petkovic à propos des violations de cessez-le-feu.
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que oui. J'ai reçu
13 plusieurs protestations de plusieurs personnes concernant les violations
14 de cessez-le-feu. On pourrait remplir les chapitres de livres avec les
15 protestations que j'ai reçues !
16 M. Sayers (interprétation). - Je vais vous montrer l'une de ces
17 protestations à propos de violations de cessez-le-feu envoyées par le
18 brigadier Petkovic.
19 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D69/1.
20 (L'huissier s'exécute.)
21 M. Sayers (interprétation). - Je vais attirer votre attention sur cette
22 pièce à conviction. Est-ce que c'est votre lettre que vous avez écrite le
23 12 novembre 1992 en réponse au document envoyé par le chef d'état-major du
24 HVO à Mostar, M. Petkovic ?
25 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
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1 M. Sayers (interprétation). - Je souhaite maintenant aborder le dernier
2 sujet et j'espère que dans dix ou quinze minutes, j'aurai terminé mon
3 contre-interrogatoire.
4 Est-ce qu'il serait exact de dire que vous n'avez pas entendu d'autres
5 opinions articulées par M. Kordic au cours des réunions qu'il a eues avec
6 vous à la fin de l'année 1992 et que vous n'avez pas considéré que ces
7 opinions étaient extrémistes ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, non.
9 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez jamais vu des
10 conférences de presse ou des interviews qu'il a données et qui ont été
11 relatées dans les médias dans le cadre desquelles M. Kordic aurait exprimé
12 des opinions que vous auriez caractérisées comme extrémistes ou dures ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis d'accord avec vous.
14 M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il est clair pour vous que
15 M. Kordic n'était pas un militaire ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense qu'on peut le dire.
17 M. Sayers (interprétation). - Il vous a expliqué qu'il avait été
18 journaliste avant la guerre ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, très ouvertement.
20 M. Sayers (interprétation). - Et il a admis qu'il n'avait aucune
21 expérience militaire, qu'il n'avait pas reçu d'entraînement militaire du
22 tout ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
24 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez l'impression qu'il est
25 logique, Général, qu'un homme qui n'était pas un militaire serait l'un des
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1 commandants de très haut niveau militaire commandant une armée constituée
2 par des soldats professionnels et commandée par des professionnels qui
3 avaient une longue expérience auparavant au sein de la JNA, telle que le
4 colonel Blaskic ou le général de brigade Petkovic ?
5 M. Cordy-Simpson (interprétation). - On n'avait pas l'impression que ce
6 soit logique que quelqu'un qui n'avait jamais reçu d'entraînement
7 militaire occupe un poste militaire important, par opposition à un homme
8 politique qui, dans une démocratie normale, contrôle en général les forces
9 armées.
10 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Est-ce qu'il serait exact de dire
11 que, personnellement, vous n'aviez pas d'antipathie pour M. Kordic ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, nous pouvons dit cela ainsi.
13 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez considéré que les
14 opinions qu'il exprimait à propos de ses compatriotes croates à aucun
15 moment n'étaient pas sincères ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, moi je trouvais que son opinion
17 était une opinion à mon avis normale, une opinion normale par rapport à
18 ses compatriotes dans le contexte d'une guerre civile grave.
19 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous seriez d'accord pour dire
20 que chaque faction essayait de protéger au mieux de ses capacités sa
21 propre population civile qui faisait face aux menaces de destruction dans
22 le cadre de cette guerre civile ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Mais en même temps, il faisait
24 attention à la question de savoir qui pouvait bénéficier le plus de cette
25 situation dans le cadre du processus de paix.
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1 M. Sayers (interprétation). - Mais c'est typique pour chaque négociation
2 d'accord de paix ?
3 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Absolument.
4 M. Sayers (interprétation). - Je souhaite maintenant que l'on examine le
5 document intitulé "colonel", c'est-à-dire au grade de colonel que vous
6 avez mentionné en parlant de M. Kordic. Je crois que vous avez dit que
7 votre conclusion était que Kordic avait besoin d'avoir un grade de colonel
8 pour ne pas laisser l'impression d'être subordonné au colonel Blaskic,.
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
10 M. Sayers (interprétation). - Mais en parlant du colonel Blaskic, vous
11 avez dit qu'il n'y avait aucun doute que c'était un vrai colonel, un
12 militaire ?
13 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.
14 M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne le passé de journaliste
15 de Kordic et la suite de sa carrière, est-ce que vous l'avez jamais vu
16 portant les insignes indiquant son grade sur son uniforme ?
17 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Après tout ce temps-là, je ne peux
18 pas me souvenir l'avoir vu portant des insignes, mais je suis sûr qu'il
19 s'est présenté comme colonel.
20 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous l'avez vu porter un
21 crucifix ?
22 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.
23 M. Sayers (interprétation). - Il est vrai, n'est-ce pas, Monsieur, que
24 pendant toute la période pendant laquelle vous étiez au contact avec ces
25 trois personnes, MM Petkovic, Kordic et Blaskic, vous n'étiez pas sûr de
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1 la nature du rapport entre eu Blaskic et Kordic ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je n'étais pas sûr, sauf qu'à la
3 réunion qui a eu lieu, je crois, le 28 novembre, la réunion du GTMM, il
4 s'est sûrement présenté devant les représentants serbes et de l'armée de
5 Bosnie-Herzégovine comme la personne responsable du HVO, étant donné que
6 le colonel Blaskic était présent à la réunion, et étant donné qu'il n'a
7 pas réagi du tout, je me suis dit que cela voulait dire effectivement que
8 cette personne avait une position supérieure par rapport à Blaskic.
9 M. Sayers (interprétation). - Je comprends que c'était votre supposition,
10 mais est-ce que le colonel Blaskic vous a jamais dit qu'il avait été
11 subordonné sur le plan militaire ou politique à M. Kordic ?
12 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.
13 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le général de brigade Petkovic
14 vous a jamais dit que M. Kordic était le supérieur de M. Blaskic ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, sauf dans le cadre d'une réunion
16 à laquelle il a dit que la mise en oeuvre de certains accords allait être
17 assurée par le colonel Kordic.
18 M. Sayers (interprétation). - J'ai une dernière question sur ce sujet.
19 Est-ce qu'il serait exact de dire, en termes généraux, que -entre vous
20 d'un côté et la délégation croate de l'autre- il n'y a absolument pas eu
21 de discussion à propos de la structure hiérarchique de leurs forces
22 armées ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je n'ai jamais posé de questions
24 directes. Si quelqu'un m'avait fourni une information, j'aurais été
25 heureux.
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1 M. Sayers (interprétation). - Mais personne ne vous a jamais donné des
2 détails concernant cette structure de commandement et le rapport exact
3 entre ces individus ?
4 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, rien d'autre que ce que j'ai
5 déjà décrit.
6 M. Sayers (interprétation). - Vous seriez d'accord, Monsieur, pour dire
7 que, d'après vous, vous aviez l'impression que Blaskic pouvait toujours
8 assurer le respect des obligations qu'il avait acceptées dans le cadre des
9 accords signés ?
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Une fois, lorsqu'il avait accepté
11 quelque chose, oui, il pouvait le respecter, assurer son respect.
12 M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu l'impression qu'en ce qui
13 concerne la possibilité de M. Kordic de faire respecter les accords qu'il
14 avait acceptés, que ceci était moins sûr ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Dans une certaine mesure, oui.
16 M. Sayers (interprétation). - Nous allons parler maintenant de
17 l'engagement des unités militaires croates en Bosnie centrale. Est-ce
18 qu'il serait exact de dire que vous avez simplement entendu parler des
19 rumeurs sur les troupes de la HV qui opérait dans les zones de Gorni Vakuf
20 et Mostar en décembre 1992 et janvier 1993 ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Absolument. Je n'ai jamais eu de
22 preuve absolue en ce qui concerne ces revendications souvent répétées par
23 l'armée de Bosnie-Herzégovine et surtout par les Serbes de Bosnie.
24 M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne ce sujet, je n'ai que
25 deux questions. Vous n'avez jamais vu vous-même des troupes de la HV
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1 pendant votre séjour dans la vallée de la Lasva, de Kiseljak ?
2 M. Cordy-Simpson (interprétation). - La réponse est non, tout simplement
3 parce que tellement de personnes se ressemblaient à l'époque, et tout ce
4 qu'il aurait fallu faire, c'était pour eux de changer d'emblèmes, de
5 changer d'insignes, donc pour être tout à fait bref, la réponse est non.
6 M. Sayers (interprétation). - Très bien, Monsieur. Sur un plan plus
7 général, est-ce que vous avez eu l'impression, au bout de cinq mois que
8 vous avez passés en Bosnie centrale, qu'il a été habituel que les trois
9 factions parlent les unes des autres en employant des termes insultants ?
10 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait. Et puis, ils avaient
11 tous recours à la propagande et aux exagérations dans le cadre de la
12 propagande.
13 M. Sayers (interprétation). - Général Cordy-Simpson, je vous remercie
14 profondément, vous étiez un témoin excellent, je n'ai plus de questions à
15 poser, Monsieur le Président.
16 M. le Président (interprétation). - Merci.
17 Monsieur Kovacic ?
18 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, nous n'avons qu'une
19 question pour ce témoin.
20 Général Cordy-Simpson, veuillez avoir la gentillesse de nous dire si, dans
21 le cadre de vos rencontres avec les représentants du HDZ, de l'Herceg-
22 Bosna, du HVO, et d'autres représentants croates de Bosnie, vous avez
23 jamais eu l'occasion de rencontrer M. Mario Cerkez ?
24 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens absolument pas
25 avoir rencontré M. Mario Cerkez. Cela dit, j'ai rencontré énormément de
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1 personnes dans les circonstances bizarres de mon séjour en Bosnie.
2 M. Kovacic (interprétation). - Merci. J'ai terminé avec mes questions,
3 Monsieur le Président.
4 M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?
5 M. Nice (interprétation). - Général, j'ai plusieurs questions. Tout
6 d'abord, en ce qui concerne la rencontre qui a eu lieu le 1er février à
7 laquelle ont assisté Kordic et d'autres personnes, est-ce que vous avez pu
8 consulter des procès-verbaux concernant cette réunion ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, étant donné que moi-même j'avais
10 mon journal intime et c'est à cause de cela que je savais que c'est le
11 1er février que le général Morillon a été promu. Il est rentré de
12 Sarajevo, il est venu au quartier général, nous l'avons informé de la
13 situation avant qu'il aille à Vitez, afin de présider cette réunion et
14 tout ce dont je me souviens, en ce qui concerne cette rencontre qui a eu
15 lieu à Vitez et dont la défense a parlé, c'est que Blaskic et Kordic ont
16 été présents. Mais je ne sais rien de plus, étant donné que je n'ai pas
17 assisté à la réunion.
18 Mais si lui il n'avait pas assisté à cette réunion, j'aurais probablement
19 écrit qu'il n'est pas venu, mais je ne suis pas sûr.
20 M. Nice (interprétation). – Vous avez pu consulter vos notes ?
21 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.
22 M. Nice (interprétation). - Nous avons vu votre lettre envoyée à Petkovic,
23 mais est-ce qu'il y aurait un autre document qui identifierait les détails
24 de la rencontre du 1er janvier dans le cadre des archives du HVO ou de
25 l'ONU ou d'une autre organisation ?
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1 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je suis sûr qu'il y a d'autres
2 documents dans les archives de l'ONU et puis je suis sûr que le journal de
3 guerre du régiment de Cheshire faisait référence à cette rencontre.
4 M. Nice (interprétation). - Mais nous pourrions supposer que les parties
5 concernées auraient gardé certaines traces de cette réunion.
6 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je suis pratiquement sûr que les
7 documents concernant cette réunion seraient conservés dans les archives de
8 l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO.
9 M. Nice (interprétation). - Donc vous avez suggéré que personne ne vous a
10 fourni de son propre gré des détails concernant les grades et le rapport
11 hiérarchique entre Kordic et Blaskic. Cela dit, à la réunion du
12 28 novembre, il a été dit concrètement qu'il était le supérieur du colonel
13 Blaskic. Est-ce que vous avez jamais éprouvé le besoin de vérifier cela de
14 nouveau ?
15 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, étant donné que par la suite le
16 colonel Kordic a continué à assister aux réunions de GTMM en tant que
17 représentant du HVO, sauf je crois le 7 septembre, lorsqu'il ne s'est pas
18 présenté, mais il m'a envoyé une télécopie en expliquant qu'il n'allait
19 pas assister à cette réunion.
20 M. Nice (interprétation). - Tout ce qui s'est passé par la suite, et ce
21 qu'il a soutenu, est-ce que son comportement a corroboré l'opinion que
22 vous aviez déjà créée, en ce qui concerne cette structure hiérarchique ?
23 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, il a corroboré cela et je n'ai
24 jamais eu de trace d'aucune contradiction dans les cercles du HVO. Il n'a
25 été que confirmé pour moi dans mon esprit que Kordic était la personne
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1 avec qui je devais rester en contact, pour avoir le contact avec le leader
2 de la délégation du HVO au sein de GTMM et il est certain que par la
3 suite, lorsque l'on souhaitait convoquer les rencontres, ou bien discuter
4 de certains sujets, cessez-le-feu ou autre chose, nous envoyions les
5 invitations et les documents au colonel Kordic.
6 M. Nice (interprétation). - Et d'après vous, est-ce qu'à quelque moment
7 que ce soit, vous avez entendu des propos contraires ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non. rien n'a affaibli ma supposition
9 à son égard.
10 M. Nice (interprétation). – On vous a posé la question également par la
11 suite, en ce qui concerne la possibilité de Kordic de faire respecter les
12 ordres, les accords signés et conclus. Et puis vous avez également parlé
13 de la possibilité de Blaskic de faire respecter les accords signés. Mais
14 lorsque vous avez dit qu'il ne les faisait pas respecter, est-ce que vous
15 parliez de sa capacité ou de ses intentions ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Probablement des deux. En ce qui
17 concerne cette capacité, étant donné qu'il n'était pas un militaire, peut-
18 être il avait un peu plus de mal afin de comprendre mes intentions
19 militaires, et peut-être à cause de cela, il était plus difficile pour lui
20 de traduire cela, dans le cadre des ordres militaires clairs.
21 En ce qui concerne ses intentions comme je l'ai déjà dit au début, j'avais
22 l'impression que c'était quelqu'un qui essayait de nous aider et qui était
23 sincèrement inquiet par le sort de la population croate. Au fur et à
24 mesure que la situation se détériorait rapidement, au mois de janvier,
25 j'ai pu constater et c'était le cas de la majorité, de la plus grande
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1 partie de la population croate, j'ai trouvé qu'il était difficile de faire
2 respecter ce que nous en tant que l'ONU, essayions de faire, c'est-à-dire
3 d'empêcher le règne d'une situation complètement anarchique.
4 M. Nice (interprétation). - On vous a posé la question à son égard.
5 D'après votre dernière réponse, vous avez créé cette opinion au cours de
6 votre première rencontre avec lui mais, par la suite, qu'est-ce qui a
7 provoqué votre changement d'opinion concernant sa coopération ou son
8 manque de coopération avec vous ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, les Croates étaient
10 dans une situation très difficile à Sarajevo. C'était l'une des pires
11 situations dont je me souviens en ce qui concerne Sarajevo. Nous ne
12 parlons pas seulement de pilonnage, nous parlons d'une ville complètement
13 assiégée, sans eau, sans électricité, sans carburant, sans chauffage du
14 tout, sans quoi que ce soit d'autre que des milliers d'obus qui tombaient
15 chaque jour avec un grand nombre de victimes, et les Serbes qui lançaient
16 une offensive à partir de Otes qui se trouve à l'ouest de Sarajevo vers
17 Stup, vers la partie de Sarajevo Stup. C'est une partie qui couvre une
18 bonne partie de Sarajevo peuplée de civils croates qui se trouvaient à ce
19 moment-là dans une situation extrêmement précaire.
20 Dans ce contexte, je pense que le colonel Kordic a vu dans nous, l'ONU,
21 une possibilité d'apporter un soulagement à la population croate en les
22 faisant sortir de Sarajevo si cela pouvait être assuré par l'ONU.
23 Bien évidemment, la situation a quelque peu changé en janvier, étant donné
24 que l'alliance plutôt faible entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine
25 en Bosnie centrale s'est effondrée et de mon point de vue, du point de vue
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1 de quelqu'un de purement militaire, ceci avait un lien tout à fait clair
2 avec le processus de paix qui se développait à Genève où le plan Vance-
3 Owen était en cours de préparation. Un grand nombre de personnes
4 essayaient de s'emparer des morceaux de territoire avant que quoi que ce
5 soit ne soit signé à Genève.
6 M. Nice (interprétation). - Et est-ce que votre opinion initiale a changé
7 d'une manière ou d'une autre au fur et à mesure de l'évolution des
8 événements ?
9 M. Cordy-Simpson (interprétation). - D'une certaine façon, on peut dire
10 que oui. C'est parce que la guerre en Bosnie centrale est devenue de plus
11 en plus dure jusqu'au 1er février et, à ce moment-là, les négociations de
12 Genève avaient échoué et on avait absolument besoin à ce moment-là d'un
13 accord de cessez-le-feu temporaire pour permettre à Sarajevo de respirer.
14 M. Nice (interprétation). - Vous dites que chacun essayait de s'emparer de
15 morceaux de territoire. Comment cela se manifestait-il du côté croate ?
16 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, on a constaté l'érection, la
17 mise en place d'un très grand nombre de points de contrôle compléments
18 illégaux. Des maisons ont été incendiées, et cela je dois dire, aussi bien
19 du côté musulman que croate il y a eu des combats extrêmement violents
20 entre les Musulmans et les Croates, surtout à Gorni Vakuf.
21 C'était une ville dont la population était mixte et qui, d'un côté de la
22 route qui divisait la ville, il y avait des Croates et de l'autre les
23 Musulmans et c'est devenu une espèce de ligne de front.
24 M. le Président (interprétation). - Maître Nice, il est déjà 13 heures 05.
25 M. Nice (interprétation). - J'en suis bien conscient, mais j'ai presque
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1 fini. Il ne me reste plus que quelques questions et si, pendant la pause,
2 nous arrivons à trouver des documents qui font référence à la réunion du
3 1er février, à ce moment-là on pourrait demander au témoin de revenir pour
4 nous en parler et répondre à quelques questions supplémentaires. Mais je
5 ne pense pas que ce soit possible parce que nous avons déjà cherché dans
6 nos archives. Enfin j'aurais la réponse définitive dans quelques minutes.
7 Contre qui se battaient les Serbes et les Musulmans à l'époque ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, en décembre, sur
9 l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine, les Serbes et les Musulmans
10 s'affrontaient au niveau de ce que l'on appelait la "ligne de
11 confrontation".
12 Et cette ligne, elle descendait jusqu'à Mostar, elle contournait Sarajevo
13 et elle montait jusqu'à Tuzla. Ensuite, elle passait au nord de Vitez et
14 puis elle redescendait de nouveau vers Mostar.
15 M. Nice (interprétation). - Les Croates n'étaient pas impliqués, mais la
16 question que j'ai à vous poser c'est : quelle a été la conséquence de
17 cette situation sur les Croates et sur le colonel Kordic et sur leur
18 esprit et leur désir de coopération ? Est-ce que cela a influencé leur
19 attitude ?
20 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ils n'étaient pas directement
21 menacés, donc ils n'étaient pas confrontés à une situation particulière, à
22 un problème particulier. Donc ils pouvaient se permettre de faire preuve
23 d'une certaine générosité dans le cadre de leurs relations avec la
24 Forpronu. Ils essayaient de se montrer sous un jour favorable puisque, à
25 ce moment-là, ils n'étaient pas menacés.
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1 Bien entendu, ultérieurement, en décembre, à Sarajevo, au centre de
2 Sarajevo, et plus tard en janvier au centre de la Bosnie, la situation a
3 bien évolué.
4 M. Nice (interprétation). - La détérioration de la situation et des
5 conditions de négociation, est-ce que cela était de pair avec la mise en
6 place du groupe de travail militaire mixte ? Et est-ce que cela a
7 correspondu à l'arrivée du colonel Kordic à ces réunions ?
8 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne pense pas que l'on puisse voir
9 là une relation de cause à effet directe. Le colonel Kordic est venu pour
10 la première fois le 28 novembre à une de ces réunions. L'offensive serbe
11 sur le centre de Sarajevo a eu lieu au début décembre, ce qui a mis
12 d'ailleurs les Croates dans une position difficile.
13 M. Nice (interprétation). - Dernières questions ; deux dernières
14 questions. Le GTMM du 22 décembre... On vous a posé des questions à ce
15 sujet et au sujet des notes prises par M. David Pinder-Koehnk. Donc est-ce
16 que vous pouvez nous dire si, lors de cette réunion, tout le travail,
17 apparemment, avait été fait par Kordic et Gvero et, ensuite, c'était aux
18 deux autres de le signer ?
19 M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est un petit peu exact, c'est à peu
20 près exact, parce qu'avant de faire venir Mladic, avant de faire venir le
21 général Morillon, on s'assurait qu'il était possible d'obtenir une
22 signature des parties intéressées et d'arriver à un résultat concret.
23 M. Nice (interprétation). - Dernière question. A la fin du contre-
24 interrogatoire, vous avez parlé de son rôle en tant que vice-président de
25 quelque chose. Pouvez-vous vous souvenir de la façon dont il s'est
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1 présenté à vous lors de la première réunion ou lors des réunions
2 ultérieures ?
3 M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis pratiquement certain que,
4 lors de la réunion du 12 décembre 1992, il s'est présenté comme le vice-
5 président des Croates en Bosnie-Herzégovine. J'en suis pratiquement sûr.
6 M. Nice (interprétation). - J'en ai terminé avec mon interrogatoire
7 supplémentaire.
8 M. le Président (interprétation). - Mon Général, nous en avons fini avec
9 votre déposition. Merci beaucoup d'être venu témoigner devant le Tribunal
10 international, vous pouvez maintenant disposer.
11 (Le témoin est reconduit hors du prétoire).
12 Aujourd'hui, nous avons décidément bien avancé.
13 M. Nice (interprétation). - Monsieur Akhavan a dû, ce matin, se rendre à
14 l'hôpital -sa femme était souffrante- mais il peut revenir cet après-midi.
15 M. le Président (interprétation). - Nous allons donc en terminer avec le
16 contre-interrogatoire de M. Akhavan cet après-midi.
17 M. Sayers (interprétation). - Fort bien.
18 M. le Président (interprétation). - Et demain, qu'allons-nous faire ?
19 M. Nice (interprétation). - Je suis désolé, mais je n'ai pas été en mesure
20 de trouver un autre témoin pour demain.
21 M. le Président (interprétation). - Une fois que nous en aurons terminé
22 avec la déposition de M. Akhavan, nous pourrons peut-être, demain, tenir
23 la conférence de mise en état dont nous avons parlé. Il est important que
24 nous en discutions. Nous allons voir si nous avançons assez vite pour ce
25 faire.
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1 Je souhaiterais examiner la liste des témoins qui nous a été présentée et
2 voir ce que nous pouvons faire. Vous avez maintenant la décision, au sujet
3 du dossier ?
4 M. Nice (interprétation). - Oui. J'ai une liste de témoins ou plutôt
5 j'aurai une liste de témoins qui nous mèneront jusqu'à la fin des
6 audiences en automne, suivant la façon et la rapidité dont les choses
7 progressent.
8 M. le Président (interprétation). - Fort bien.
9 Nous nous retrouvons à 14 heures 45.
10 (L'audience, suspendue à 13 h 15, est reprise à 14 h 50.)
11 M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?
12 M. Nice (interprétation). - Le Général Cordy-Simpson va partir de son
13 hôtel face au Tribunal à 3 heures. Entre-temps, il a consulté ses notes et
14 il m'a fait savoir que, contrairement à ce qu'il pensait, il n'y est nulle
15 part mentionné que Kordic ait participé à la réunion du 1er février. Dans
16 ces notes, on fait référence au général Morillon ainsi qu'à une personne
17 dont on ne connaît pas le nom. Et il ne peut pas expliquer qu'au
18 paragraphe 5 de sa déclaration, le contraire soit indiqué.
19 Nous savons qu'il y a une invitation qui avait été envoyée à Kordic la
20 veille, c'est l'autre document qui existe, mais nous savons que le
21 bulletin d'informations militaires pour ce même jour ne donne les noms que
22 de Morillon, de Blaskic et des autres.
23 Donc la situation est la suivante : en l'absence de documents
24 supplémentaires, de quelque forme que ce soit, nous n'allons pas vous
25 engager à conclure que Kordic était présent à cette réunion. Le général
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1 Cordy-Simpson vous présente ses excuses puisqu'il a dit quelque chose qui
2 était erroné et il imagine que cette erreur est due au fait qu'il ne se
3 souvenait pas exactement de ce qui s'était passé. Cela ne correspondait
4 pas à ce qu'il avait inscrit dans son journal.
5 J'ai dû décider s'il était nécessaire de le faire revenir ou non, mais
6 étant donné que nous n'avons pas de documents supplémentaires, nous
7 n'allons pas arguer du fait que Kordic était présent à la réunion du
8 1er février. Et j'imagine que tout le monde est d'accord pour que le
9 général rentre en Angleterre.
10 M. le Président (interprétation). - Fort bien. Je pense qu'il est inutile
11 que le général nous présente ses excuses, il est bien normal qu'il fasse
12 de petites erreurs de ce genre, étant donné le laps de temps qui s'est
13 passé.
14 M. Nice (interprétation). - En effet.
15 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez lui présenter les
16 remerciements du Tribunal, de la Chambre, pour avoir corrigé cette erreur.
17 M. Nice (interprétation). - Je le ferai. Mais je voudrais parler du
18 document 336.1. Si vous vous souvenez, ce document fait référence à deux
19 réunions, mais il n'y a de pièces jointes que pour une de ces deux
20 réunions. Donc on a suggéré qu'il existait un autre document qui, soit
21 n'avait pas été imprimé, soit que l'on avait omis, et à trois pages avant
22 la fin de ce document, on peut voir "13/" et en fait, cela aurait dû être
23 "/18".
24 J'ai pu imprimer les pages qui suivent et si vous le permettez, je vais
25 distribuer ce document, ces pages, aux représentants de la défense ainsi
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1 qu'à vous, Messieurs les Juges. J'en garde bien entendu un exemplaire pour
2 moi-même.
3 (L'huissier s'exécute).
4 Ceci afin de rester dans le cadre du format utilisé pour les autres
5 documents. Donc ces pages font partie du document 336.1. On voit qu'il y
6 est question de la réunion du 26 décembre et on voit très clairement que
7 les participants étaient complètement différents. Il s'agit de gens qui
8 étaient à des échelons hiérarchiques bien inférieurs que les réunions qui
9 nous intéressent. Donc pour résumer, c'est une réunion qui ne nous
10 intéresse que peu. Mais les documents sont là maintenant dans leur
11 intégralité et quiconque le souhaite pourra les consulter.
12 Veuillez s'il vous plaît faire entrer M. Akhavan.
13 (Le témoin est introduit dans le prétoire).
14 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?
15 M. Sayers (interprétation). - Bonjour, Monsieur Akhavan.
16 M. Akhavan (interprétation). - Bonjour.
17 M. Sayers (interprétation). - Nous allons essayer d'en terminer avec ce
18 contre-interrogatoire, en tout cas pour ce qui est des représentants de
19 M. Kordic. Nous allons donc essayer d'en terminer à 3 heures 45 dans la
20 mesure du possible. Je voudrais que nous parlions des événements du
21 15 avril 93. Vous savez n'est-ce pas, que le commandant Zifko Totic, de la
22 Brigade Jure Francetic à Zenica, a été enlevé, et trois de ses gardes du
23 corps ont été exécutés dans un affrontement qui a fait également des morts
24 parmi les passants ?
25 M. Akhavan (interprétation). - Je crois que cela se trouve dans mes notes.
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1 Je ne sais pas si vous faites référence exactement au même événement. Je
2 me rappelle en effet de cet enlèvement.
3 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le colonel Stewart vous a dit
4 pendant le briefing que vous nous avez dit avoir reçu par ses soins,
5 briefing se rapportant aux événements du 15 et du 16 avril à Ahmici et
6 ailleurs, vous a-t-il dit que l'enlèvement de Totic était un événement
7 extrêmement grave qui risquait d'avoir des conséquences très graves et qui
8 pouvait entraîner l'irruption, l'éclatement de conflits et de combats dans
9 la vallée de la Lasva ?
10 M. Akhavan (interprétation). - On voit dans mes notes ce qui m'a été dit
11 et on peut y lire en effet qu'il s'agissait d'un incident grave, mais cela
12 faisait partie d'un contexte et de toute une série d'événements, ce
13 n'était pas un événement isolé.
14 M. Sayers (interprétation). - Vous savez, n'est-ce pas, qu'avant
15 l'enlèvement de Totic, deux ou trois jours avant, il y a eu un autre
16 incident : quatre officiers du HVO ont été capturés par des membres de la
17 7ème Brigade musulmane en dehors de la ville de Novi Travnik ?
18 M. Akhavan (interprétation). - Oui, c'est en effet dans mes notes, les
19 Musulmans enlèvent quatre officiers du HVO près de Travnik.
20 M. Sayers (interprétation). - Et vous savez également que c'est la Brigade
21 musulmane, la 7ème Brigade musulmane, qui est responsable de l'enlèvement
22 du commandant Totic ?
23 M. Akhavan (interprétation). - Vous parlez du commandant de la brigade du
24 HVO de Travnik ?
25 M. Sayers (interprétation). - De Zenica.
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1 M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas si cela figure dans mes
2 notes, en tout cas j'y ai mentionné un certain nombre d'incidents, un
3 certain nombre d'enlèvements de membres du HVO par les membres des forces
4 musulmanes.
5 M. Sayers (interprétation). - Le colonel Stewart vous a-t-il dit que ces
6 événements risquaient d'entraîner une irruption du conflit ?
7 M. Akhavan (interprétation). - Si vous êtes en train d'essayer de me dire
8 que cela est la cause des opérations de nettoyage ethnique qui ont eu lieu
9 dans la vallée de la Lasva, je ne crois pas que quiconque ait affirmé
10 cela. Mais si vous êtes en train de me dire que ce genre d'événement a pu
11 entraîner des tensions militaires, en effet je pense que c'est exact et on
12 a vu d'ailleurs pendant de très nombreux mois avant ces événements une
13 escalade des tensions entre les Musulmans et les Croates.
14 M. Sayers (interprétation). - Donc le colonel Stewart vous a parlé du fait
15 que ces événements pouvaient avoir un effet catalysateur sur les combats
16 interethniques ?
17 M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous entendez par
18 combats interethniques, mais si vous parlez du massacre de civils, je ne
19 sais pas très bien quelle explication on pourrait donner. Mais si vous
20 parlez de l'évolution de la situation militaire entre les Musulmans de
21 Bosnie et les Croates, à ce moment-là oui.
22 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais vous montrer deux bulletins de
23 renseignements militaires préparés par le 1er Régiment du Cheshire, le
24 premier est le MILINFO-SUM 166, en date du 14 avril 1993, le deuxième est
25 le MILINFO-SUM 167, en date du 15 avril 1993.
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1 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira des pièces de la défense D70/1
2 et D71/1.
3 (L'huissier s'exécute.)
4 M. Sayers (interprétation). - Monsieur l'Huissier, j'ai un deuxième jeu de
5 documents à vous remettre ici.
6 Monsieur Akhavan, inutile de s'attarder trop longtemps sur ces documents,
7 mais j'appelle votre attention sur le MILINFO-SUM 166, en date du 14 avril
8 1993. Veuillez examiner la page 2 de ce document. On y décrit l'enlèvement
9 de quatre officiers du HVO à Novi Travnik. Ceci est le fait de la
10 7ème Brigade musulmane. Avez-vous déjà eu l'occasion d'examiner ce MILINFO-
11 SUM ?
12 M. Akhavan (interprétation). - J'ai examiné plusieurs de ces documents
13 lorsque j'étais sur place, mais les informations qui y sont reprises se
14 retrouvent déjà dans mes notes manuscrites, plus ou moins. Je ne sais pas
15 si j'ai eu connaissance de celui-ci, de ce bulletin-ci, je disposais
16 toutefois des informations.
17 M. Sayers (interprétation). - Parlons du second MILINFO-SUM 167, en date
18 du 15 avril 1993. Veuillez examiner deux passages. L'un, la section 2,
19 Vitez, page 1, et, puis à la page 2, la section 5, intitulée "Zenica".
20 Parlons d'abord de ce qui s'est passé à Vitez. Vous a-t-on informé du fait
21 que des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient été enlevés
22 apparemment par des éléments du HVO, au cours de la nuit du 15 avril
23 1993 ?
24 M. Akhavan (interprétation). - Je ne m'en souviens pas particulièrement,
25 mais j'ai appris là-bas que les enlèvements étaient une chose courante de
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1 part et d'autre de la ligne de confrontation.
2 M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez parlé au commandant de la
3 325ème Brigade, Sefkija Dzidic, n'est-ce pas, à Vitez ?
4 M. Akhavan (interprétation). - Vous voulez parler des forces du
5 gouvernement de Bosnie ? Le nom ne me paraît pas particulièrement
6 familier. J'y ai bien rencontré des représentants de l'armée de Bosnie-
7 Herzégovine, mais je ne sais pas si j'ai rencontré cet homme-là.
8 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez que deux soldats de
9 l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient été enlevés à Vitez la nuit du 15 ?
10 M. Akhavan (interprétation). - On m'a parlé de façon générale
11 d'enlèvements, mais je ne sais pas si on m'a rapporté celui-ci en
12 particulier.
13 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez que Sefkija Dzidic,
14 ainsi que Ramiz Dugalic, commandant adjoint de la 325ème Brigade, avaient
15 déclaré que si la libération de ces soldats de l'armée de Bosnie-
16 Herzégovine ne s'effectuait pas rapidement, la situation allait se
17 dégrader rapidement à Vitez ?
18 M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas ce que j'ai dans mes notes,
19 cependant, c'est que le HVO a formulé des menaces analogues. Ceci semble
20 donc s'inscrire dans le schéma de communication entre les deux parties
21 belligérantes.
22 M. Sayers (interprétation). - Passons à la deuxième page, au sommet. Est-
23 ce qu'un des représentants ou un des soldats britanniques qui vous ont
24 accompagné vous ont dit que si ces deux soldats de l'armée de Bosnie-
25 Herzégovine n'étaient pas rendus, il y aurait une attaque, des
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1 représailles de la part des Musulmans contre le HVO ?
2 M. Akhavan (interprétation). - Quand ?
3 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que les soldats britanniques vous ont
4 dit quelque chose de ce genre lorsque vous avez reçu ce briefing le
5 13 avril par exemple ou par la suite ?
6 M. Akhavan (interprétation). - En réponse à votre question, j'aimerais
7 vous renvoyer à la page 2 de mes notes manuscrites. Au bas de la page,
8 avant-dernière phrase, je pense que ceci synthétise bien ce qui vous
9 intéresse, à savoir que les conflits n'étaient pas nouveaux, mais que les
10 atrocités étaient inégalées. On nous avait dit qu'il y avait des tensions
11 depuis un certain temps entre Croates et Musulmans remontant même à 1992
12 et qu'il y avait eu des enlèvements.
13 M. Sayers (interprétation). - Ma question était simple. Elle porte sur
14 l'enlèvement de deux soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine et de
15 menaces de représailles. Il ne faut pas, pour répondre, répéter ce que
16 vous avez déjà dit ces derniers jours. La question est très ciblé et
17 simple. Ne vous a-t-on pas dit, je parle ici de soldats britanniques, que
18 si les deux soldats musulmans n'étaient pas rendus le 15 avril, il y
19 aurait des mesures de représailles qui étaient très probables contre le
20 HVO, oui ou non ?
21 M. Akhavan (interprétation). - Oui, mais votre façon de formuler la
22 question donne l'impression que je me trouvais sur place avant le
23 16 avril. Rétrospectivement, toutefois si vous dites qu'on m'a laissé
24 entendre que ces enlèvements ont peut-être été les incidents qui ont
25 déclenché la crise, non. Personne n'a jamais dit que c'était le
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1 catalyseur, ce qui avait déclenché ces événements à partir du 16 avril.
2 M. Sayers (interprétation). - Parlons de ce que dit ce bulletin
3 d'informations militaires à propos de Zenica. Saviez-vous que la
4 7ème Brigade musulmane était de fait responsable de l'enlèvement du
5 commandant Totic, de l'exécution de ces gardes ?
6 M. Akhavan (interprétation). - Oui, je crois que nous avons déjà étudié la
7 question, je reviens à mes notes, page 3. Celles-ci indiquent des faits
8 qui n'avaient pas de rapport direct avec notre enquête. Je l'admets, mais
9 on parlait de plusieurs cas d'enlèvements. Quant à savoir si ces
10 enlèvements-ci, dont vous parlez, sont repris dans ces cas généraux, je
11 sais qu'on parle de quatre officiers du HVO à Novi Travnik, et puis
12 l'enlèvement du commandant de la brigade de Travnik, la 7ème Brigade
13 musulmane à qui on attribue certains enlèvements, Britbat a été informé
14 qu'il y avait des membres, des éléments du HVO pris en otage, qu'ils
15 allaient être échangés contre des Musulmans. Et ceci donne une idée
16 générale afin de montrer qu'il y avait des enlèvements perpétrés par les
17 deux parties belligérantes et que l'on prévoyait de faire des échanges.
18 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais vu les otages reçus par
19 l'ECMM, de ces personnes se trouvant de ceux qui avaient enlevé le
20 commandant Totic à Zenica ?
21 M. Akhavan (interprétation). - Je ne suis pas sûr. Nous avons compulsé
22 nombre de documents se trouvant sur place, mais je ne vois pas
23 directement, je n'ai pas un souvenir direct d'avoir vu ce document.
24 M. Sayers (interprétation). - Pourrait-on montrer au témoin la pièce de la
25 défense D26/1 ?
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 Monsieur Akhavan, l'huissier a eu la gentillesse de placer sur le
3 rétroprojecteur certaines notes dont j'ai déjà parlé précédemment. Aviez-
4 vous déjà vu cette note ? C'est une demande de rançon.
5 M. Akhavan (interprétation). - Je sais que j'ai consulté des centaines de
6 pages de documents, mais ceci ne me rappelle rien de particulier sur le
7 coup.
8 M. Sayers (interprétation). - Eh bien, dans ce cas passons à autre chose.
9 Parlons du lieutenant-colonel Bob Stewart. Vous a-t-il dit que le colonel
10 Blaskic était le commandant en chef du HVO en Bosnie centrale ?
11 M. Akhavan (interprétation). - Oui, je crois que oui.
12 M. Sayers (interprétation). - Merci. Savez-vous si Kordic a reçu une
13 formation militaire ?
14 M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas.
15 M. Sayers (interprétation). - Vous avez eu un échange de quinze minutes
16 avec Kordic, je suppose que son passé militaire n'a pas fait partie des
17 sujets de conversation entre vous ?
18 M. Akhavan (interprétation). - Non. Avant la réunion, j'ai eu plusieurs
19 échanges, je vous ai renvoyé à la page 2 de mes notes manuscrites, vers le
20 milieu de la page : description de Kordic, le bras droit de Mate Boban,
21 l'homme qui met en place et qui applique la politique de Boban, le chef du
22 HDZ en Bosnie centrale, intervention dans toutes les brigades HVO de
23 Bosnie centrale, Kordic donne la direction politique surtout à Busovaca.
24 M. le Président (interprétation). - Un instant. Puisque nous revenons sur
25 ce passage, Monsieur Akhavan, quelle est la source, l'origine de ces
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1 informations évoquées ici ?
2 M. Akhavan (interprétation). - Monsieur le Président, permettez-moi
3 d'attirer votre attention sur le haut de la page où l'on dit "Survol des
4 événements, ou vue d'ensemble des événements Britbat, 30 avril".
5 Je pense que c'est ce soir-là que nous sommes arrivés à Vitez. Plusieurs
6 membres du Britbat, jusqu'à cinq personnes dont le colonel Stewart, si je
7 me souviens bien, nous ont présenté la Bosnie centrale, nous ont parlé des
8 principaux protagonistes, des tensions existant entre Musulmans et Croates
9 de Bosnie. C'est donc la description générale qui nous a été donnée aussi
10 de Dario Kordic qui nous a été présenté comme étant un des protagonistes
11 les plus influents, les plus important de la région.
12 M. le Président (interprétation). - Merci.
13 M. Sayers (interprétation). - On ne vous a jamais dit que Kordic était un
14 commandant militaire de quelque sorte que ce soit, n'est-ce pas ?
15 M. Akhavan (interprétation). - Non, on nous a dit qu'il s'impliquait dans
16 des questions militaires, mais on ne nous a pas dit qu'il était en tant
17 que tel un commandant militaire.
18 M. Sayers (interprétation). - Vous a-t-on dit qu'avant la guerre civile il
19 était journaliste ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Il nous a été dit que le HDZ et le HVO,
21 pour l'essentiel, étaient pratiquement indissociables.
22 M. Sayers (interprétation). - Sa formation de journaliste avant la guerre
23 civile vous a-t-elle été indiquée ?
24 M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais plus quelle était sa formation.
25 Peut-être quelqu'un en a-t-il parlé. En tout cas, il y a deux points
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1 séparés ici : un, la question est de savoir s'il a une formation militaire
2 et, deuxièmement, s'il s'implique dans des questions militaires...
3 M. le Président (interprétation). - Laissez parler le témoin.
4 M. Akhavan (interprétation). - Quant à savoir s'il a une formation
5 militaire, je ne sais pas. Je me souviens qu'en ex-Yougoslavie le service
6 militaire était obligatoire ; je ne sais pas si M. Kordic a fait son
7 service militaire.
8 En tout état de cause, il était clair que l'aspect politique du HDZ de
9 l'Herceg-Bosna qui était pratiquement le seul parti ayant quelque pouvoir
10 que ce soit, eh bien il était impliqué dans toutes les décisions. La
11 question politique, des questions militaires... Est-ce qu'il participait
12 quotidiennement à la conduite des opérations militaires ? Non, je dirais,
13 parce que ceci revenait au colonel Blaskic.
14 M. Sayers (interprétation). - Comment le savez-vous ?
15 M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, à partir de tout ce que mes
16 interlocuteurs m'ont raconté dans la région, par exemple des membres du
17 Britbat.
18 M. Sayers (interprétation). - Vous vous contentez de nous relayer ici ce
19 que d'autres personnes vous ont dit.
20 M. Akhavan (interprétation). - Mais bien sûr.
21 M. Sayers (interprétation). - Je vais vous lire un extrait de l'ouvrage du
22 colonel Stewart page 298. Il relate la façon dont il a appris les
23 événements d'Ahmici. Je cite : "Sur les deux semaines qui suivirent les
24 événements concernant Ahmici, les faits ont commencé à se faire jour, mes
25 sources principales étaient Payam Akhavan et Thomas Osario, tous deux
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1 membres des Nations Unies pour les droits de l'homme." Est-ce exact ?
2 M. Akhavan (interprétation). – Là, il parle des faits concernant ce qui
3 s'était passé dans le village d'Ahmici, la façon dont les atrocités
4 avaient été perpétrées, mais je ne pense pas qu'il dise par là qu'alors
5 qu'il avait patrouillé la région pendant plusieurs mois tous les jours,
6 alors que nous, nous venions d'arriver, nous connaissions quoi que ce soit
7 à propos de la situation. Ce qui est certain, c'est que le colonel Stewart
8 n'avait pas de formation d'enquêteur, de juriste.
9 Et je ne pense pas que ces soldats auraient fait des enquêtes de ce genre
10 non plus auparavant. Il s'est donc fié sur le récit que nous lui avons
11 fait des événements qui s'étaient produits tel que cela apparaissait à
12 Ahmici et quelles seraient les répercussions juridiques aussi de tels
13 événements.
14 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Parlons un instant de votre
15 projet de rapport. Je pense que ce document a reçu la cote D66/ 1.
16 (L'huissier s'exécute.)
17 Vous ai-je bien compris ? C'est vous apparemment qui êtes
18 l'auteur de ce rapport intérimaire ?
19 M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.
20 M. Sayers (interprétation). - Vous concédez à la première page que les
21 principaux axes d'approvisionnement -au paragraphe 3 vous parlez des
22 routes en Bosnie centrale- revêtent une grande stratégie et si on les
23 contrôle, ou la recherche du contrôle est une source de rivalité entre les
24 différentes factions de la région ?
25 M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.
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1 M. Sayers (interprétation). – Page 4 de ce rapport, paragraphe 11, vous
2 décrivez des affrontements armés entre des membres de l'armée de Bosnie-
3 Herzégovine et le HVO à Vitez, le matin du 16 avril 1993, et vous dites
4 que ces événements se sont vite étendus au-delà de la ville, jusque dans
5 les villages environnants.
6 M. Akhavan (interprétation). - Exact.
7 M. Sayers (interprétation). - Merci. Avez-vous jamais eu l'occasion de
8 lire un document des Nations Unies intitulé : "Rapport final de la
9 Commission onusienne des experts établis en vertu de la résolution 780" ?
10 Et il y a aussi annexe 3a) : "Forces spéciales", la date étant le
11 28 décembre 1994.
12 M. Akhavan (interprétation). - Je pense qu'il y a effectivement un résumé
13 dans l'annexe.
14 M. Sayers (interprétation). – Effectivement, "Résumé d'activités
15 paramilitaires à Zenica et dans la région". Permettez-moi d'en lire un
16 extrait pour voir si vous êtes d'accord.
17 M. Nice (interprétation). - Exemplaire, s'il vous plaît ?
18 (L'huissier s'exécute.)
19 M. Sayers (interprétation). - C'est un document volumineux qui fait à peu
20 près 12 centimètres comme pile de haut et évidemment j'ai procédé à une
21 sélection. Si vous voulez avoir la totalité du document, je me ferai un
22 plaisir de vous le soumettre, Messieurs les Juges.
23 M. le Président (interprétation). - Eh bien, les extraits constitueront la
24 pièce pour le moment.
25 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce D72/ 1.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 M. Sayers (interprétation). - Afin que tout le monde s'y retrouve
3 aisément, j'ai souligné les passages nous intéressant dans ces extraits.
4 Page 1, voici un des premiers extraits :"Lors de l'attaque du 21 octobre
5 1992 à Vitez, les Bérets verts ont agi apparemment sous les ordres de
6 Rasim Delic notamment". Fin de citation. Etiez-vous informé de l'existence
7 de cette attaque sur Vitez le 21 octobre 1992, du fait de forces
8 spéciales ?
9 M. Akhavan (interprétation). - C'est plus d'une année avant les événements
10 d'Ahmici, donc ceci ne nous aurait pas concerné.
11 M. Sayers (interprétation). – Page 4, allégations de crimes de guerre.
12 Alinéa E, j'ai souligné ceci, je cite :"Il a été dit qu'une unité des
13 Mudjahiddins, les Guerilla, auraient participé à l'attaque du 16 avril 93
14 contre Vitez et auraient essayé de procéder à l'échange de dix soldats du
15 HVO pris en otage contre des prisonniers musulmans".
16 M. Akhavan (interprétation). - Oui.
17 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que
18 ceci... Est-ce que vous êtes d'accord ou en désaccord avec ce qui est dit
19 dans ce document officiel des Nations Unies ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Non, si ce n'est que dans mes notes on dit
21 que les Mudjahiddins étaient présents dans ma région et comme je l'ai
22 indiqué à la page 3 de mes notes manuscrites, j'ai dit que dix éléments du
23 HVO étaient pris en otage et seraient échangés contre des Musulmans gardés
24 dans la prison de Busovaca. Cette participation particulière, je ne peux
25 pas la nier, mais elle pourrait être tout à fait crédible.
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1 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Je reviens à votre projet de
2 rapport, page 6, paragraphe 17, vous dites ceci : "Il n'y aurait aucune
3 preuve de participation du HOS lors de l'attaque contre Ahmici dans la
4 mesure où des témoins oculaires vous ont fait part de la situation qui
5 prévalait à Ahmici".
6 M. Akhavan (interprétation). - Je pense qui faudrait interpréter cette
7 phrase comme disant ceci : pour l'essentiel, le HVO était responsable des
8 atrocités. Ceci ne veut pas dire qu'il soit inconcevable qu'il y ait une
9 participation du HOS. Il nous a été dit que le HOS n'était pas présent en
10 grand nombre. Kordic a parlé, au plus, de cent éléments du HOS dans la
11 région. Pour ce qui est des attaques d'Ahmici et de Vitez, il aurait fallu
12 des centaines d'éléments armés. Et si l'on ajoute ceci à ce que nous ont
13 dit les témoins oculaires, on peut croire que c'est surtout le HVO et pas
14 pour l'essentiel le HOS qui aurait été responsable.
15 M. Sayers (interprétation). - Merci de cette appréciation, mais il est
16 exact de dire que, vous et votre collègue, au cours d'une enquête d'une
17 semaine d'entretiens, ont reçu ces rapports, mais aucun ne disait que des
18 individus en uniforme noir auraient été vus comme ayant participé aux
19 événements d'Ahmici ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Nous n'avons pas entendu de tels rapports,
21 effectivement.
22 M. Sayers (interprétation). - Page 7... Il y a peut-être quelques pages
23 supplémentaires parce que c'est sous cette forme que nous avons reçu la
24 pièce du Bureau du Procureur. En tout cas, au paragraphe 18, on parle de
25 personnalités politiques qui utilisent les médias de façon persistante
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1 pour sataniser des groupes opposés. Au cours...
2 M. le Président (interprétation). - Avez-vous trouvé cet extrait ?
3 M. Akhavan (interprétation). - Oui, merci, Monsieur le Président.
4 M. Sayers (interprétation). - Oui, c'est au bas de la page 6, Monsieur le
5 Président.
6 Personnellement, avez-vous vu des cassettes vidéo reprenant des
7 conférences de presse ou d'autres programmes télévisés au cours desquels
8 ces personnalités politiques auraient fait des déclarations ?
9 M. Akhavan (interprétation). - Non, c'est bien la raison pour laquelle on
10 dit dans mon rapport "il a été indiqué à notre équipe", plutôt que
11 l'équipe qui l'aurait vu elle-même, de ses propres yeux.
12 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu des bandes
13 audios ou vu des extraits d'allocutions télévisées au cours desquelles ces
14 personnalités politiques auraient satanisé l'opposant ?
15 M. Akhavan (interprétation). - Non.
16 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous lu des articles de presse
17 reprenant de telles conférences de presse ou ces discours où l'on
18 diabolisait l'autre ? Ce genre d'invectives ?
19 M. Akhavan (interprétation). - Non, ceci se base uniquement sur ce que des
20 agences de la région et les forces internationales nous ont dit, dont ceux
21 qui parlaient le serbo-croate et entendaient les médias.
22 M. Sayers (interprétation). - Ces soldats du Britbat avec qui vous avez
23 discuté, vous ont-ils dit qu'ils avaient vu ces cassettes, avaient entendu
24 ces émissions à la radio ou auraient lu de telles coupures de presse ?
25 M. Akhavan (interprétation). - Je ne me souviens plus aujourd'hui qui nous
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1 l'a dit, en tout cas deux ou trois personnes qui parlaient le serbo-croate
2 nous ont dit que c'était souvent le cas ; c'est-à-dire que les médias
3 reprenaient Dario Kordic faisant des discours à ces incendiaires, que
4 souvent Blaskic l'accompagnait, mais ce n'était pas tellement la presse
5 écrite. La plupart des gens m'ont parlé de la télévision, peut-être de la
6 radio.
7 M. Sayers (interprétation). - Et ce sont donc des sources non attribuées
8 qui vous ont relaté tout ceci ?
9 M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, je ne dirais pas que ce sont des
10 sources sans nom. Nous nous sommes contentés de dire dans un rapport que
11 ceci nous avait été indiqué et je pense que c'est là bien décrire la
12 situation. A l'évidence, nous pensions qu'il fallait quand même accorder
13 un certain poids à ce que ces gens nous disaient, même si ce n'étaient pas
14 des juristes. Mais nous avons toujours précisé que ceci nous avait été dit
15 de telle ou telle source digne de foi. Si quelque chose nous était
16 raconté, à quoi nous n'attachions pas trop de poids, à ce moment-là nous
17 essayions que l'on mène une enquête pour savoir quels étaient les faits et
18 effectivement ici nous croyons que c'était le cas.
19 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez repris ces sources
20 dignes de foi dans vos notes ?
21 M. Akhavan (interprétation). - Je pense effectivement que des références
22 sont faites, je ne sais pas exactement où elles se trouvent dans mes notes
23 manuscrites. Mais tout ceci s'inscrivait dans un contexte, dans un schéma
24 beaucoup plus large. Il n'y avait pas que la vallée de la Lasva. Par
25 exemple, nous avons suivi régulièrement la HTV à Zagreb et on parlait à
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1 cette télévision de Zagreb d'Ahmici aussi. Nous avons entendu plusieurs
2 officiels, dont Kordic, dans plusieurs interviews qu'il avait fait
3 diffuser à la HTV, sans parler de Susak et de Tudjman ; et c'était en
4 général une mé-information systématique à propos d'atrocités commises.
5 Je me souviens qu'on n'a pas du tout parlé d'Ahmici dans les grandes
6 stations radios et télévisées pendant un certain temps.
7 M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez plus exactement quelles
8 étaient ces sources supposées dignes de foi ?
9 M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, si j'associe ce fait au fait que
10 nous avons fait un suivi des médias en général, je pense que ces sources
11 sont en général assez bonnes.
12 M. Sayers (interprétation). - Je ne veux pas trop insister, mais vous ne
13 pourriez pas citer le nom d'une seule personne qui vous aurait dit avoir
14 vu ou entendu ce type de rhétorique diabolisatrice ?
15 M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, si je parcourais mes notes,
16 passais quelques coups de fil, après six ans, je le pourrais, mais pas sur
17 le champ, ici.
18 M. Sayers (interprétation). - Et pour que tout soit clair, jamais vous-
19 même, vous n'avez vu de tels commentaires ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Suite à notre visite dans la vallée de la
21 Lasva, je vous ai dit que je faisais un suivi régulier de la HTV à Zagreb
22 par le truchement de collègues qui connaissaient le serbo-croate, et si
23 vous examinez les rapports que nous avons soumis par la suite, vous verrez
24 que nous avons plusieurs chapitres sur le rôle joué par les médias.
25 S'agissant de cet accusé-ci, je me souviens l'avoir vu par la suite à la
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1 HTV alors qu'il faisait des allocutions, des discours.
2 M. Sayers (interprétation). - Un discours que vous ne compreniez pas parce
3 que vous ne parliez pas la langue ?
4 M. Akhavan (interprétation). - Mais j'avais un excellent interprète et je
5 pouvais donc comprendre, comme vous vous comprendriez dans la même
6 situation que moi.
7 M. Sayers (interprétation). - Prenons l'annexe de ce document... Mais
8 auparavant, au paragraphe 21, on trouve l'une de plusieurs
9 recommandations. C'est peut-être à la page 7 dans votre version. On dit :
10 "Les signataires de la déclaration conjointe devraient être encouragés à
11 établir sur-le-champ une commission indépendante afin d'attribuer les
12 responsabilités individuelles pour les infractions massives des droits de
13 l'homme et pour en punir les auteurs", fin de citation.
14 M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.
15 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ceci a été fait ?
16 M. Akhavan (interprétation). - Je ne pense pas.
17 M. Sayers (interprétation). - Parlons de l'annexe, maintenant. Je
18 m'attacherai à deux choses seulement. D'abord la page 13, paragraphe 18.
19 M. Akhavan (interprétation). - Dans l'annexe, n'est-ce pas ?
20 M. Sayers (interprétation). - Oui.
21 M. Akhavan (interprétation). - Paragraphe 18 ?
22 M. Sayers (interprétation). - Vous conviendrez avec moi du fait que les
23 commandants du HVO de Bosnie centrale et de Vitez n'ont eu cesse de
24 répéter à l'équipe qu'ils "contrôlaient très bien la région et que les
25 soldats du HVO sous leur commandement ne pouvaient pas engager
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1 d'opérations militaires s'ils ne disposaient pas d'ordres explicites", fin
2 de citation ?
3 Est-ce là le reflet fidèle de ce qui vous a été dit au cours de vos
4 enquêtes ?
5 M. Akhavan (interprétation). - Oui.
6 M. Sayers (interprétation). - Deuxièmement, le paragraphe 19 devrait
7 intéresser la Chambre. Vous dites, je cite : "Il y a de nombreuses preuves
8 selon lesquelles, avant l'attaque d'Ahmici, ces personnalités politiques
9 ont souvent utilisé les médias pour faire valoir leurs idées, pour inciter
10 à la haine nationale et raciale, ce qui constitue une incitation à la
11 violence. L'équipe a eu l'impression que ces personnalités politiques
12 jouaient un rôle beaucoup plus important que le HVO militaire dans la
13 prise de décisions".
14 M. Akhavan (interprétation). - Exact.
15 M. Sayers (interprétation). - Paragraphe 19.
16 M. Bennouna (interprétation). - Page ?
17 M. Sayers (interprétation). - Il y a deux jeux de documents, Monsieur le
18 Juge. Il y a un problème de numérotation, d'où la confusion, mais dans mon
19 exemplaire ici, c'est la page...
20 M. Bennouna (interprétation). - Je n'ai pas le 19 à la page 13. J'ai
21 le 20. Ce ne sont pas les conclusions, n'est-ce pas ?
22 M. Sayers (interprétation). - C'est peut-être la page précédente.
23 M. Bennouna (interprétation). - Est-ce que nous parlons du rapport
24 intérimaire ou du rapport de travail ? Mais c'est dans l'annexe ?
25 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas cette annexe.
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1 M. Bennouna (interprétation). - L'annexe 1 ?
2 M. Sayers (interprétation). - Oui. Paragraphe 19 de l'annexe 1.
3 M. Bennouna (interprétation). - J'ai jusqu'au paragraphe 16 et ensuite,
4 les conclusions, les paragraphes 20 et 21.
5 M. Sayers (interprétation). - Peut-être nous pourrions placer cela sur le
6 rétroprojecteur, comme cela, tout le monde pourra voir.
7 (L'huissier s'exécute).
8 Excusez-moi à cause de cette confusion, Monsieur le Président, Messieurs
9 les Juges, mais maintenant, nous avons placé sur le rétroprojecteur la
10 bonne page.
11 Encore une fois, Monsieur, c'est votre rapport intérimaire et vous dites
12 qu'il y a plusieurs preuves selon lesquelles les leaders politiques avant
13 l'attaque contre Ahmici utilisaient les médias pour attiser la haine
14 raciale et ethnique et que ceci a provoqué la discrimination. Quelles sont
15 ces preuves, ces nombreuses preuves ?
16 M. Akhavan (interprétation). - Je dois dire une chose. Vous lisez ici une
17 partie d'un rapport que nous avons d'abord envoyé à Genève à titre
18 d'information concernant notre visite.
19 Ce qui s'est passé, c'est que je ne suis pas sûr de la date, mais c'était
20 le 7 ou le 8 mai, ce document, qui circulait officiellement en tant que
21 document officiel, est devenu public, et ceci a été rendu public le
22 19 mai, donc dans l'espace de deux semaines, de nombreuses accusations qui
23 paraissaient être vérifiées sont devenues... ont été incluses dans un
24 document public.
25 Mais comme je l'ai dit, il y a eu beaucoup de documents qui corroboraient
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1 cette estimation. Plusieurs personnes qui parlaient serbo-croate et qui
2 suivaient les médias locaux le disaient, donc nous n'avons pas créé notre
3 propre opinion sur la base de la déclaration d'une seule personne.
4 Donc plusieurs personnes ont suggéré que l'accusé Dario Kordic et puis
5 parfois aussi que Blaskic, le colonel Blaskic, faisaient toutes sortes de
6 déclarations qui servaient à attiser la haine et à déformer la vérité. Par
7 exemple, les médias locaux, pour autant que je sache, ne disaient jamais
8 que toute la population pratiquement d'Ahmici était soit tuée, soit
9 expulsée de leur maison. Ils se concentraient toujours sur les attaques
10 des Mudjahiddins contre les Croates.
11 De nombreuses preuves, cela inclut aussi non pas seulement les
12 déclarations de personnes telles que Dario Kordic, mais aussi de personnes
13 telles que le ministre de la Défense Susak qui a visité, je crois, Travnik
14 à peu près au même moment où les atrocités ont été commises à Ahmici.
15 Donc ce que nous avons écrit ne concernait pas uniquement l'accusé, mais
16 nous avons voulu donner une information concernant les activités des
17 autorités, surtout du HDZ qui agissait en étroite collaboration avec
18 Zagreb et qui créait une sorte de climat d'intolérance entre les
19 populations, les poussant vers la haine et la violence.
20 Suite à ce rapport, nous avons suivi attentivement la télévision croate
21 qui rapportait sur les événements et qui effectivement déformait la
22 vérité.
23 M. Sayers (interprétation). - Donc lorsque vous parlez de nombreuses
24 preuves, vous ne parlez pas de ce que vous avez vu vous-même ou entendu
25 vous-même, mais de ce dont vous avez entendu parler ?
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1 M. Akhavan (interprétation). - Ce n'est pas ce que je dis, c'est ce que
2 vous dites. Ce que je dis, c'est que lorsque je regardais la télévision
3 croate, la HTV à Zagreb, avant de partir à Ahmici et ailleurs, la seule
4 chose que l'on voyait à la télévision concernant la vallée de la Lasva
5 était quelques mères croates qui exprimaient leur deuil à cause du fait
6 que leur fils, par exemple, avait été tué.
7 Bien sûr, il s'agit là d'une tragédie, mais il n'y a jamais eu de
8 télévision locale là-bas qui montrait avec les détails les événements qui
9 se sont produits à Ahmici. Par exemple, on pouvait voir sur CNN, BBC,
10 World, Sky News, ITN, on pouvait voir les maisons détruites et brûlées à
11 Ahmici. Mais il n'a jamais été possible de voir cela à la télévision
12 locale.
13 Même si je ne parlais pas la langue, le fait même de ne pas pouvoir voir
14 ce genre d'images à la télévision, à mon avis il suffit d'avoir une
15 intelligence moyenne pour conclure qu'il ne s'agissait pas là
16 d'informations impartiales.
17 M. Sayers (interprétation). - Donc vous avez conclu qu'il y avait des
18 informations partiales qui ont été diffusées à Zagreb, que vous avez vues
19 à Zagreb. Comment est-ce que vous pouvez être sûr que l'on n'a pas montré
20 à la télévision ou bien rendu publiques par le biais de la radio les
21 informations concernant Ahmici en Bosnie centrale ?
22 M. Akhavan (interprétation). - Bien sûr, je n'ai pas été à Ahmici au
23 moment où les gens ont été tués, mais j'ai pu tirer certaines conclusions
24 et là, c'était la même situation. J'ai eu l'occasion de parler avec
25 suffisamment de témoins crédibles et fiables à ce sujet.
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1 M. Robinson (interprétation). - En ce qui concerne le paragraphe 19,
2 s'agissait-il de quelque chose qui fait partie des preuves avancées devant
3 ce Tribunal ?
4 M. Sayers (interprétation). - D'après ce que l'un des Juges a dit, je ne
5 suis pas sûr que la réponse soit oui. Nous devons vérifier nos documents.
6 M. Robinson (interprétation). - J'ai l'impression que le but de votre
7 contre-interrogatoire est plutôt de mettre en doute la crédibilité de ce
8 témoin.
9 M. Sayers (interprétation). - Pas spécifiquement, tout simplement nous
10 souhaitons attirer l'attention de la Chambre sur le fait que, lorsque le
11 témoin dit qu'il y a de nombreuses preuves, en effet il n'y a pas eu de
12 nombreuses preuves. Le témoin n'a jamais vu ce genre de preuves lui-même.
13 Et en ce qui concerne ce rapport intérimaire, apparemment il a été
14 constitué sur la base des accusations qui n'ont jamais été vérifiées par
15 le biais des discussions avec les leaders politiques de la communauté
16 croate d'Herceg-Bosna.
17 M. Robinson (interprétation). - Tout simplement, j'ai voulu exprimer mon
18 opinion, c'est que votre contre-interrogatoire est un peu trop
19 argumentatif.
20 M. Sayers (interprétation). - Très bien, je vais changer d'approche. Est-
21 ce que nous pouvons examiner maintenant votre rapport en date du
22 19 mai 1993 ?
23 M. Akhavan (interprétation). - Puis-je bénéficier d'un exemplaire de ce
24 rapport ?
25 M. Sayers (interprétation). - Il s'agit de la pièce à conviction Z942.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 C'est donc la pièce à conviction de l'accusation. Il s'agit du rapport en
3 date du 19 mai 1993.
4 Monsieur, vous avez dit que les uniques parties de ce rapport que vous
5 avez préparées sont les paragraphes de 38 à 44, je crois.
6 M. Akhavan (interprétation). - Vous parlez des seules parties que j'ai
7 rédigées moi-même ?
8 M. Sayers (interprétation). - Oui.
9 M. Akhavan (interprétation). - Non, au contraire. Ce que j'ai dit, c'est
10 ce que nous faisions assez souvent, c'était de remettre les récits, les
11 récits sur les faits et parfois nous faisions des recommandations ou des
12 conclusions, mais normalement c'est le rapporteur spécial qui le faisait
13 et c'est lui qui décidait surtout en ce qui concerne les conclusions et
14 les recommandations.
15 Donc il serait plus précis de dire que j'ai été impliqué surtout si vous
16 regardez la page de garde. En ce qui concerne les parties A, B et C de ce
17 document.
18 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Je souhaite attirer votre
19 attention sur la page 2.
20 M. Akhavan (interprétation). - Oui, mais aussi, ce qui est sous le numéro
21 romain II concernant les exécutions.
22 M. Sayers (interprétation). - Vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il
23 n'était pas possible de mener des enquêtes approfondies concernant toutes
24 les accusations ?
25 M. Akhavan (interprétation). - Oui.
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1 M. Sayers (interprétation). - Et la conclusion du rapporteur spécial était
2 qu'il était besoin de mener une enquête plus approfondie de manière
3 systématique ?
4 M. Akhavan (interprétation). - Oui.
5 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez si cela a jamais été
6 fait ?
7 M. Akhavan (interprétation). - Effectivement, nous nous sommes rendus sur
8 place plusieurs fois par la suite. La meilleure description de la
9 situation était que c'était une opération d'une équipe sur le terrain avec
10 des ressources extrêmement limitées étant donné qu'à l'époque, on n'était
11 que deux qui travaillions dans le cadre de cette affaire, et puis c'est
12 seulement au bout de quelques mois que nous avons reçu d'autres personnes
13 dans notre équipe.
14 A chaque fois, nous nous concentrions surtout sur des violations graves et
15 puis nous avons essayé de nous concentrer également sur les atrocités
16 commises des deux côtés.
17 Je pense qu'à ce moment-là nous nous sommes concentrés dans le cadre de
18 l'Herceg-Bosna surtout sur les événements qui se produisaient à Mostar et
19 nos enquêtes portaient surtout sur cette affaire-là et puis aussi sur les
20 autres atrocités commises dans les régions contrôlées par les Serbes de
21 Bosnie, donc ma réponse en termes généraux peut confirmer votre
22 supposition, mais je peux dire quand même que mes collègues se sont rendus
23 sur place plusieurs fois par la suite aussi.
24 M. Sayers (interprétation). - Très bien. J'avais encore un ou deux
25 domaines de sujets dont je souhaite parler. D'un côté, il s'agit de
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1 l'enquête sur Miletici, qui a été mentionné dans le bulletin
2 d'informations militaires 177 en date du 25 avril 93. Ceci a été mentionné
3 hier et j'ai un exemplaire ici alors que j'ai remis un exemplaire
4 précédemment au Procureur.
5 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D73/1.
6 (L'huissier s'exécute).
7 M. Sayers (interprétation). - Je souhaite attirer votre attention,
8 Monsieur Akhavan, sur la page 4. Cela commence par Miletici, mais avant
9 cela, veuillez examiner la partie, les annotations en haut de la page.
10 Est-ce que vous saviez que les villages qui se trouvaient sur la ligne de
11 front du HVO à partir du 25 avril 1993, qui étaient constitués des
12 villages à l'est de Dubravica et que c'était Pirici, Vidovici, Loncari et
13 Ahmici ? Est-ce que vous vous souvenez de cela ?
14 M. Akhavan (interprétation). - Je ne me souviens pas des noms exacts des
15 villages. Il est difficile de décrire vraiment les lignes de front parce
16 que, par exemple, Stari Vitez constituait une poche contrôlée par les
17 Musulmans qui se trouvaient dans les profondeurs du territoire contrôlé
18 par les Croates, donc je ne vois pas de quoi vous parlez lorsque vous
19 dites "ligne de front", mais nous savions que Zenica est quelque part
20 entre Vitez et Zenica, il y avait une ligne de front. Je ne sais pas de
21 quelle manière ceci pourrait s'étendre pour inclure la région d'Ahmici
22 aussi.
23 M. Sayers (interprétation). - Parlons maintenant de Miletici. Est-ce exact
24 de dire qu'à peu près vingt extrémistes musulmans ont encerclé le village,
25 ont regroupé les civils, ont regroupé la population du village, et ils ont
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1 retenu cinq hommes, jeunes hommes en âge de combattre ?
2 M. Akhavan (interprétation). - Les survivants nous ont dit que la plupart
3 d'eux étaient plutôt âgés. Je ne suis pas sûr s'ils ont été expulsés tout
4 de suite ou bien si ces personnes souhaitaient partir, ayant peur du
5 retour des extrémistes. Si, au paragraphe 37, il est dit "Vingt-
6 quatre habitants du village auraient quitté leur foyer à cause de peur
7 pour leur vie" donc je ne suis pas sûr non plus si le nombre de
8 Mudjahiddins est exact. Peut-être ils étaient au nombre de dix, peut-être
9 vingt, cela me paraît réaliste.
10 M. Sayers (interprétation). - Veuillez examiner la page 15 de vos notes.
11 M. Akhavan (interprétation). - De mes notes manuscrites ? Page 15 ? Je ne
12 suis pas sûr si j'ai les numéros... les mêmes numéros que vous. Qu'est-ce
13 qui se trouve en haut de la page ?
14 M. Sayers (interprétation). - Il est dit : "Les Croates locaux demandent
15 que le Bataillon britannique les aide à organiser une évacuation".
16 M. Akhavan (interprétation). - Page 15... Excusez-moi, j'ai besoin d'un
17 peu de temps pour trouver cela. Oui, j'ai trouvé.
18 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire
19 concernant le nombre de soldats qui ont envahi le village ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Approximativement, au maximum vingt
21 personnes d'après les témoignages de la population locale. Et cela est
22 conforme à ce que j'ai dit, que je trouvais cela plutôt réaliste.
23 M. Sayers (interprétation). - Vous êtes allé dans une maison à Mitetici et
24 vous avez trouvé vous-même un endroit où on avait trouvé la tête d'un
25 jeune Croate ?
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1 M. Akhavan (interprétation). - C'est vrai.
2 M. Sayers (interprétation). - Et vous avez vu la casserole où ceci a été
3 placé vous-même ?
4 M. Akhavan (interprétation). - Oui.
5 M. Sayers (interprétation). - Et il y a eu encore beaucoup de sang à
6 l'intérieur, n'est-ce pas ?
7 M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.
8 M. Sayers (interprétation). - Et on vous a dit qu'on avait décapité ce
9 jeune homme lentement et qu'on avait utilisé la louche pour mettre le sang
10 dans la casserole ?
11 M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.
12 M. Sayers (interprétation). - Les dernières questions que j'ai à poser
13 concernent Ahmici. Est-ce qu'on vous a montré les photos de soldats
14 musulmans qui portaient des armes automatiques AKM, et ces photos ont été
15 prises à Ahmici le matin du 16 avril 1993 ? C'est le lieutenant
16 Matthiew Wooley qui l'a fait ?
17 M. Akhavan (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.
18 M. Sayers (interprétation). - Je souhaite attirer votre attention sur la
19 déclaration du lieutenant Wooley.
20 M. le Président (interprétation). - Est-ce que le lieutenant a dit qu'il
21 avait dit cela au témoin ?
22 M. Sayers (interprétation). - Non.
23 M. le Président (interprétation). - Dans ce cas-là, il n'est pas
24 nécessaire d'insister là-dessus.
25 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Ai-je raison de comprendre que
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1 l'attaque d'Ahmici, d'après vous, n'a pas du tout été annoncée, qu'il
2 s'agissait d'une attaque surprise et que le village n'était pas défendu ?
3 M. Akhavan (interprétation). - Je crois que la plupart des civils
4 musulmans du village étaient complètement surpris. C'est ce que je crois.
5 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez parlé avec certains des
6 soldats qui assuraient la défense du village ?
7 M. Akhavan (interprétation). - D'après mes souvenirs, il n'a pas été
8 possible pour nous de les contacter, donc je crois que la réponse est non.
9 Mais nous avons quand même rencontré certains soldats musulmans, mais je
10 crois qu'ils n'étaient pas d'Ahmici. Donc nous les avons rencontrés et
11 nous avons parlé avec eux.
12 M. Sayers (interprétation). - Veuillez maintenant examiner la pièce à
13 conviction D13/2.
14 (L'huissier s'exécute.)
15 C'est une copie de la déclaration de Fuad Berbic. Ceci a été recueilli
16 dans le travail de la commission sur les crimes de guerre, la commission
17 de la Présidence de Bosnie-Herzégovine.
18 M. le Président (interprétation). - Nous avons été très libéraux jusqu'à
19 maintenant en admettant l'utilisation de ce genre de documents, mais à
20 moins que le document ait été vu par le témoin, il n'est pas correct de
21 verser ce genre de document au dossier. Est-ce que vous avez vu ce
22 document, Monsieur Akhavan ?
23 M. Akhavan (interprétation). - Je crois que non.
24 M. le Président (interprétation). - Je suis convaincu qu'il ne faudrait
25 pas verser ce document au dossier en ce moment, mais vous pouvez poser une
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1 question brève à ce sujet, Maître Sayers.
2 M. Sayers (interprétation). - Merci, et je vais terminer mon contre-
3 interrogatoire avec cette question.
4 M. le Président (interprétation). - Si une cote a été attribuée, il faut
5 la rayer. Ceci a déjà été fait ? Bon, pour le moment laissez les choses
6 telles quelles. Allez-y.
7 M. Sayers (interprétation). - Je vais vous lire une partie de ce document,
8 page 5, je cite : "Le soir avant l'attaque du 15, j'étais de garde. La
9 situation était tout à fait calme. Notre niveau d'alerte avait été
10 augmenté de 50 % à cause de la nuit précédente pendant laquelle des hommes
11 en uniforme ont été vus..."
12 M. le Président (interprétation). - Est-ce que cela vous dit quelque
13 chose, Monsieur Akhavan ?
14 M. Akhavan (interprétation). - Je crois que, ici, la question qui se pose
15 est de savoir si l'attaque contre le village d'Ahmici était prévue ou pas,
16 et si les Musulmans se défendaient de manière ferme ou bien s'ils étaient
17 pris compléments au dépourvu.
18 M. le Président (interprétation). - Oui. C'est exactement cela, la
19 question. Quelle est votre réponse ?
20 M. Akhavan (interprétation). - Ma réponse est que je crois qu'il est tout
21 à fait possible de dire qu'il y a eu des tensions dans la région et que
22 tous les hommes en âge de combattre portaient des armes. Mais, d'après
23 notre rapport, notre impression était que l'attaque contre les maisons
24 musulmanes s'est produite si tôt le matin que la plupart des personnes,
25 par exemple qui ont été trouvées mortes, n'avaient pas de chaussures,
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1 étaient toujours en pyjama. Donc cela montre bien qu'ils n'étaient pas
2 encore prêts, même à quitter leur maison.
3 Ahmici n'était pas un village fortifié, n'était pas un village fortement
4 défendu, mais il est vrai qu'il y a eu des personnes armées qui
5 anticipaient des troubles potentiels.
6 M. le Président (interprétation). - Vous avez d'autres questions ?
7 M. Sayers (interprétation). - Non, pas d'autres questions.
8 M. Nice (interprétation). - Avant le début du contre-interrogatoire
9 suivant, il y a trois points que je souhaite aborder. Et cela n'est pas
10 seulement dû à la façon dont Me Sayers a mené le contre-interrogatoire. Ce
11 que je veux dire, c'est la chose suivante.
12 Tout d'abord, et j'évoque ces points sur la base de mon expérience et sur
13 la façon dont, généralement, les questions sont discutées par mes éminents
14 collègues de la défense, premièrement, si l'on présente des allégations de
15 manque de bonne foi, de manque d'honnêteté, si l'on doit, donc, faire ces
16 allégations à l'endroit du témoin, il faut le faire directement, et j'ai
17 remarqué que l'on avait souvent insisté sur le fait, de l'autre côté de
18 cette salle, que le témoin est employé par le Bureau du Procureur et ne
19 croyez pas que je ne l'aie pas remarqué.
20 Deuxièmement, et cela, c'est très, très important, j'ai l'impression que
21 les représentants de la défense veulent reprendre certaines parties des
22 arguments de la défense de Blaskic. Ils savent très bien que, dans
23 l'affaire Blaskic, à la dernière minute, un récit de ce qui s'était passé
24 à Ahmici a soudain surgi et cela s'est présenté sous la forme d'un
25 document en date du 25 mai, c'est-à-dire au même moment où le témoin était
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1 sur place.
2 Donc s'il souhaite adopter la tactique de défense qui a été utilisée dans
3 l'affaire Blaskic avec, notamment, la production de documents au dernier
4 moment, je pense qu'il faut présenter ce genre d'arguments au témoin pour
5 entendre ses réponses.
6 Troisièmement, ce témoin nous présente des conclusions ; si les
7 représentants de la défense affirment que ces conclusions sont erronées,
8 ils faut qu'ils le disent très clairement et qu'ils donnent au témoin la
9 possibilité de répondre, donc je me permets d'avancer que ceux qui
10 procèdent au contre-interrogatoire au nom de M. Kordic réfléchissent bien
11 à ce que je viens de dire et agissent en conséquence.
12 M. le Président (interprétation). - A quel document faites-vous
13 référence ?
14 M. Nice (interprétation). - Il s'agit d'un rapport sur Ahmici qui a été
15 réalisé par Sliskovic, qui a été produit le 25 mai 1993, qui a été produit
16 à la dernière minute dans l'affaire Blaskic.
17 Ce rapport présente ce qui se serait passé d'un certain point de vue donc
18 ils adoptent la défense qui a été adoptée dans l'affaire Blaskic et je ne
19 comprends pas qu'ils ne fassent pas allusion aux faits qui sont mentionnés
20 ici. Bien entendu, s'ils ne souhaitent pas adopter ce qui a été produit
21 dans l'affaire Blaskic, où que ce document se trouve, eh bien, fort bien.
22 Cependant, cela ne tient pas compte du fait qu'ils disent que le témoin
23 aurait dû tirer des conclusions différentes de celles qu'il a tirées sur
24 la base de sa visite à Ahmici.
25 M. le Président (interprétation). - Monsieur le Juge Robinson me dit que
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1 vous pouvez tout à fait traiter de cette question dans le cadre de
2 l'interrogatoire supplémentaire.
3 M. Nice (interprétation). - Oui, mais je voulais insister sur ces points
4 parce que c'est extrêmement important.
5 M. le Président (interprétation). - Nous avons très bien compris la
6 position de la défense en ce qui concerne Ahmici. Nous avons donc compris
7 qu'ils n'ont pas d'éléments concrets, ils remettent en question les
8 preuves présentées par l'accusation, à savoir que le village était
9 défendu, il y a eu des victimes croates, ils n'ont pas d'explications -du
10 moins c'est ce que j'ai cru comprendre- d'explications pour expliquer le
11 nombre très important de victimes musulmanes.
12 Maître Sayers, est-ce que ceci résume bien quelle est votre position en ce
13 qui concerne Ahmici ?
14 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, vous avez résumé
15 notre position de façon tout à fait exacte, nous ne contestons pas le fait
16 qu'il y ait eu des hostilités, mais nous n'avons jamais avancé que ce sont
17 les Musulmans eux-mêmes qui ont mené à bien cette attaque. Il est clair
18 qu'il y a eu des hostilités entre les forces du HVO et d'autres du côté
19 musulman du village et qu'il y a eu des victimes des deux côtés.
20 Quant à savoir comment cela s'est produit exactement, nous ne pouvons pas
21 le dire. J'ai exprimé, je pense, très clairement la position de la défense
22 auparavant ; si ce n'est pas le cas, je veux le répéter, le réitérer :
23 notre client n'a rien à voir dans tout cela et en ce qui concerne les
24 détails que vous venez, ou la façon dont vous venez de présenter la
25 position de la défense, oui, c'est tout à fait cela.
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1 M. Kovacic (interprétation). - Mon éminent collègue, Me Nice vient de
2 mentionner le document du 25 mai 1993 qui a été produit très récemment
3 dans l'affaire Blaskic, document signé par Sliskovic, et justement, je
4 m'apprêtais à poser des questions au témoin dans le cadre de mon contre-
5 interrogatoire et je voulais utiliser ce document.
6 Malheureusement, je n'ai pas pu obtenir ce document immédiatement, je
7 pense l'obtenir la semaine prochaine. Est-ce que je peux demander au
8 Procureur, ou au représentant du Procureur, de me communiquer ce document
9 s'il en dispose ?
10 M. Nice (interprétation). - Je lui donnerai un exemplaire du document. Je
11 ne l'ai pas ici entre les mains, mais je lui en ferai parvenir une copie.
12 M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, il nous reste un quart
13 d'heure vingt minutes, donc quinze à vingt minutes, que vous pouvez donc
14 utiliser pour le début de votre contre-interrogatoire.
15 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, je veux bien
16 commencer, mais je préférerais commencer demain matin parce que certaines
17 des questions que j'avais préparées recoupent ce qui a été dit par
18 Me Sayers et donc je pense que si j'avais la possibilité, ce soir, de
19 passer en revue mes notes sur les questions que je souhaite poser, les
20 choses seraient beaucoup plus productives.
21 M. le Président (interprétation). - Combien de temps envisagez-vous de
22 consacrer au contre-interrogatoire du témoin ?
23 M. Kovacic (interprétation). - Je ne voudrais pas dire de bêtises, mais
24 disons que je pense qu'en une heure, plus ou moins, je pourrais en
25 terminer avec le contre-interrogatoire du témoin.
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1 Si vous me le permettez, je voudrais cependant émettre une réserve. Le
2 témoin a tendance à répondre très longuement aux questions et on ne peut
3 pas... cela, on ne peut pas évaluer la longueur de ses réponses donc cela,
4 je n'y peux rien !
5 M. le Président (interprétation). - Bon, on va vous donner une heure, un
6 petit peu plus d'une heure.
7 M. Kovacic (interprétation). - Merci.
8 M. le Président (interprétation). - Nous nous retrouverons demain matin
9 et, à l'issue de la fin de la déposition du témoin, nous aurons donc une
10 conférence de mise en état et je souhaiterais, lors de cette conférence de
11 mise en état, que nous examinions une fois de plus la liste des témoins
12 qui a été fournie par Me Nice.
13 M. Nice (interprétation). - Fort bien.
14 M. le Président (interprétation). - Donc je souhaiterais que vous nous
15 fassiez savoir qui vous envisagez de citer à la barre.
16 M. Nice (interprétation). - Bien évidemment.
17 M. Stein (interprétation). - Je pense que Me Nice va nous donner une liste
18 des témoins qu'il entend citer à comparaître de septembre à décembre et
19 j'aimerais cependant que, pour les deux premières semaines de cette
20 période, il nous donne des précisions sur la nature exacte des témoins.
21 M. le Président (interprétation). - Maître Stein, Maître Kovacic, vous
22 aurez demain tout loisir de poser toute question qui vous intéresse à ce
23 sujet.
24 M. Stein (interprétation). - En fait, j'ai envoyé une lettre à Me Nice et
25 je suis tout à fait prêt à vous communiquer un exemplaire de cette lettre
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1 dans laquelle je présente tous les points qui sont susceptibles de
2 questions.
3 M. le Président (interprétation). - Monsieur Akhavan, ayez l'amabilité de
4 revenir ici même demain matin à 9 heures 30.
5 M. Akhavan (interprétation). - Bien entendu, Monsieur le Président.
6 L'audience est levée à 16 heures 10.
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