Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 5631

  1   (Mardi 25 juillet 2000.)

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

  3   (Audience publique.)

  4   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  5   (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

  6   M. le Président: Bonjour Mesdames, Messieurs. Bonjour, cabine technique,

  7   interprètes.

  8   Les Interprètes: Bonjour Monsieur le Président.

  9   M. le Président: Bonjour assistants juridiques, sténotypistes et le

 10   Greffe. Bonjour, accusation: Monsieur Harmon, Monsieur Cayley, Monsieur

 11   McCloskey. Bonjour, défense, Maître Petrusic, Maître Visnjic. Bonjour

 12   général Krstic.

 13   Bonjour, général Dannatt. Nous sommes ici pour continuer votre témoignage.

 14   J'espère que vous êtes bien reposé pour continuer.

 15   Avant de continuer, j'aimerais inviter le Procureur, M. Harmon, à revoir

 16   cette question de document, car nous avons trouvé une difficulté.

 17   La question est de savoir quels sont les documents que vous voulez

 18   vraiment verser sous scellés et quels sont les autres. Avec Melle

 19   Thompson, il conviendrait de voir cette question. Après, nous déciderons.

 20   Mais pour ne pas prendre le temps maintenant, nous allons continuer le

 21   témoignage du général Dannatt.

 22   C'est à vous, Monsieur Cayley, s'il vous plaît, vous avez la parole.

 23   (Interrogatoire principal de M. Francis Richard Dannatt par M. Cayley.)

 24   M. Cayley (interprétation): Merci. Bonjour Monsieur le Président. Bonjour,

 25   Madame et Monsieur les Juges. Bonjour, Maître Petrusic. Bonjour, Maître


Page 5632

  1   Visnjic.

  2   Un petit point, Monsieur le Président, que j'aimerais évoquer. Le témoin

  3   souhaiterait grandement que sa déposition s'achève aujourd'hui car des

  4   questions urgentes ont cours au Royaume Uni qui exigent sa présence dans

  5   son pays. Il m'a été souligné qu'il est bien sûr à la disposition du

  6   Tribunal, mais je vous demande tout de même, s'il serait possible de

  7   travailler aujourd'hui jusqu'à 15 heures pour terminer la déposition du

  8   général?

  9   M. Riad (interprétation): Est-ce que 15 heures suffira?

 10   M. Cayley (interprétation): Je ferai de mon mieux pour terminer mon

 11   interrogatoire principal au cours de la première séance.

 12   Il m'a été indiqué par la défense que deux heures de contre-interrogatoire

 13   devraient être suffisant.

 14   Monsieur le Président, le témoin est prêt à rester jusqu'à demain, mais

 15   s'il était possible de terminer aujourd'hui ce serait vraiment très bien.

 16   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 17   M. le Président: J'aimerais bien demander au Greffe s'il est, par exemple,

 18   possible de poursuivre au maximum jusqu'à 3 heures 30 si nécessaire, 3

 19   heures en principe, mais 3 heures 30 si nécessaire.

 20   Je crois qu'il y a toujours un représentant des interprètes. Est-ce que

 21   pour les interprètes il y a quelques questions? On fera une pause un peu

 22   plus longue pour déjeuner.

 23   Madame Thompson?

 24   Mme Thompson (interprétation): Je parlerai avec la personne chargée de la

 25   sécurité, et des transcriptions, et je verrai si cela pose problème.


Page 5633

  1   M. le Président: D'accord.

  2   On va essayer, Monsieur Cayley. On peut sûrement aller jusqu'à 3 heures.

  3   Si nécessaire, on peut considérer l'hypothèse d'aller jusqu'à 3 heures 30

  4   pour éviter que le témoin reste demain.

  5   Allez-y et profitez bien du temps.

  6   M. Cayley (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je me rend bien

  7   compte que beaucoup de choses dépendront de ma vitesse, donc j'irai aussi

  8   vite que possible et je remercie la Chambre de m'avoir accordé ce temps

  9   supplémentaire.

 10   Général, j'aimerais que nous reparlions brièvement de la pièce à

 11   conviction de l'accusation 459, qui est un rapport émanant du colonel

 12   Jankovic, membre de l'état-major principal, et adressé au service de

 13   renseignement du Corps de la Drina.

 14   C'est donc un officier, d'un quartier général de niveau supérieur, qui

 15   rend compte à un quartier général de niveau inférieur.

 16   Pouvez-vous expliquer aux Juges ce que démontre ce document, à votre avis,

 17   s'il démontre quelque chose?

 18   J'ai placé également la pièce à conviction 398 à côté de vous, si vous

 19   voulez vous aider de cette pièce.

 20   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Président, Madame et Monsieur les

 21   Juges, bonjour.

 22   Pour répondre à cette question, j'aimerais rappeler une réponse que j'ai

 23   apportée à une question d'hier quand j'ai parlé de cet organigramme qui

 24   montre les rapports existant entre un commandement subordonné et notamment

 25   les fonctions du renseignement et de la sécurité d'une part, et un


Page 5634

  1   commandement de niveau supérieur d'autre part, avec un peu les mêmes

  2   fonctions.

  3   J'ai indiqué qu'un certain ordre était suivi pour arriver à la séparation

  4   entre divisions et corps, et corps et divisions, où une ligne pleine est

  5   franchie.

  6   Mais il est tout à fait légitime qu'une chaîne d'échanges d'informations

  7   et non une chaîne de commandement officieuse existe entre ces deux

  8   niveaux.

  9   Par conséquent, la pièce à conviction qui m'est soumise, ce document dont

 10   vient de parler M. Cayley, ce document qui émane du colonel Jankovic,

 11   membre du grand quartier général et du secteur chargé de la sécurité dans

 12   cette formation, et adressé au service chargé de la sécurité du Corps de

 13   la Drina, illustre bien le processus que je viens de décrire, entre deux

 14   services chargés de la sécurité à deux niveaux de commandement différent.

 15   Il y a donc échange entre des hommes qui ont les mêmes fonctions au niveau

 16   du Corps et au niveau d'une unité subordonnée. C'est ce dont j'ai déjà

 17   parlé hier.

 18   Et puis j'aimerais attirer votre attention sur la dernière partie du

 19   document, ici, post-scriptum, où je lis: "Je crois que si vous nous

 20   voulons prendre les enclaves de Zepa et de Gorazde...", et le texte se

 21   poursuit par les mots qui suivent. Mais j'aimerais appeler votre attention

 22   sur les mots: "Je crois" à côté du post-scriptum.

 23   Si le colonel Jankovic, membre du grand quartier général, est en train de

 24   donner un ordre à un homme qui se trouve dans une formation subordonnée,

 25   service chargé de la sécurité, moi je ne m'attendrais pas à trouver dans


Page 5635

  1   le texte un mot du genre "Je crois". Je m'attendrais davantage à trouver

  2   des mots comme "Je veux que" ou "Il faut que". Cela montre, je crois, que

  3   le fait que les services chargés de la sécurité au niveau du Corps et les

  4   services chargés de la sécurité au niveau de la Division avaient des

  5   rapports basés sur l'information et le conseil plutôt que sur les ordres.

  6   Voilà donc, à mon avis, la signification du message que nous pouvons tirer

  7   de ce texte, dans lequel il est stipulé que l'ancienne enclave de

  8   Srebrenica a été prise, comme je l'ai déjà dit hier.

  9   Question:   Général, vous avez expliqué la teneur de ce document et vous

 10   employez à cette fin les dénominations utilisées à l'OTAN, les mots Corps

 11   et Division. Mais je vous demande un éclaircissement.

 12   Le colonel Jankovic était en fait au quartier général du corps d'armée et

 13   il envoyait des informations à une formation, que vous considérez comme

 14   équivalente à un corps d'armée dans le langage de l'OTAN, n'est-ce pas?

 15   Réponse:    Oui, en effet. J'utilisais l'organigramme que j'ai ici sous les

 16   yeux où l'on voit effectivement le Corps de la Drina dans la case en haut

 17   et le grand quartier général dans cette autre case, mais le principe était

 18   exactement ce que vous venez de dire.

 19   Question:   Je demanderai que l'on remette au témoin la pièce à conviction

 20   de l'accusation .

 21   (L'huissier s'exécute.)

 22   Général, ceci est un document qui vous a été remis par le Procureur. Il

 23   s'agit d'un ordre de combat portant sur des opérations conduites à Zepa.

 24   Vous avez déjà lu ce document et je vous demande quels sont les

 25   commentaires que vous auriez à formuler au sujet de ce document daté du 13


Page 5636

  1   juillet 1995 à l'intention des Juges de cette Chambre?

  2   Réponse:    Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, c'est

  3   manifestement un document opérationnel émanant du commandement du Corps de

  4   la Drina et concernant l'opération qui doit consister à attaquer et à

  5   capturer l'enclave de Zepa.

  6   J'ai déjà lu ce document et je peux dire que ce travail opérationnel est

  7   très bon. Il établit, de façon très claire, la situation qui prévaut au

  8   moment en question. Il définit clairement l'intention qui consiste à se

  9   déplacer vers Zepa et à prendre Zepa. Il donne les détails qui sont

 10   nécessaires aux subordonnés, aux différentes unités membres du Corps de la

 11   Drina qui doivent participer à cette opération. Et il donne aussi des

 12   instructions codées pour que le but puisse être atteint.

 13   Donc comme je l'ai dit, c'est un texte très clair et très organisé. C'est

 14   exactement le genre de travail que je m'attends à obtenir de la part

 15   d'officiers compétents et bien entraînés.

 16   Je remarque que ce texte est signé par le général Krstic. Il date du 13

 17   juillet. Et il l'a signé en qualité de chef d'état-major. Etant au courant

 18   de son éducation militaire, je ne suis pas du tout surpris de voir une

 19   telle qualité dans un document militaire émanant de lui.

 20   Ce qui m'intéresse plus particulièrement, c'est le fait que si cette

 21   opération particulière avait pour but la prise de Zepa, et nous avons déjà

 22   dit hier, n'est-ce pas, qu'un certain nombre d'actions de suivi se

 23   déroulaient aux alentours de Srebrenica, et que ces opérations

 24   impliquaient le déplacement d'un grand nombre de civils de Potocari, aux

 25   lignes de confrontation. Il y avait aussi cette 28ème Division musulmane


Page 5637

  1   qui se trouvait dans la colonne musulmane, donc beaucoup d'activités dans

  2   la région.

  3   Mais je remarque à la lecture de ce document, à la fin, que le poste de

  4   commandement avancé du Corps de la Drina doit se déplacer à Krivace,

  5   Krivace étant dans la direction de Zepa et doit commencer à fonctionner à

  6   18 heures, le 13 juillet. Les transmissions doivent être prêtes à

  7   fonctionner pour l'attaque à 06 heures, le 14 juillet.

  8   Ce que cela m'apprend, c'est que la planification de cette opération

  9   visant Zepa aurait sans doute duré plus longtemps au sein du poste de

 10   commandement principal du Corps de la Drina, sous la coordination du chef

 11   d'état-major, de l'officier chargé du renseignement, de l'officier chargé

 12   des opérations, de l'officier chargé de la sécurité. Tous auraient eu leur

 13   rôle à jouer et l'ordre aurait finalement été rédigé par le chef d'état-

 14   major, puis signé par le commandant, pour ordonner cette opération

 15   destinée à transférer le poste de commandement avancé à Krivace avant 6

 16   heures du matin, le 14 juillet.

 17   Donc, ce que cela m'apprend, c'est que le commandant s'apprête à commander

 18   cette opération à partir du poste de commandement avancé et qu'un poste de

 19   commandement avancé sera créé à Krivace. Par conséquent, ce commandant

 20   doit être au courant, doit connaître l'ensemble des autres activités qui

 21   ont lieu sur le territoire sous la responsabilité de son Corps.

 22   Et j'ai mentionné donc, il y a quelques instants, un certain nombre

 23   d'activités importantes que je connais et qui avaient cours au même moment

 24   que l'attaque de Zepa.

 25   Question:   Général, un point, je vous prie, au sujet de ce qu'on lit au


Page 5638

  1   paragraphe 10, je cite: "Le poste de commandement avancé du Corps de la

  2   Drina se trouvera à Krivace et commencera à fonctionner à 18 heures le 13

  3   juillet 1995.

  4   Est-il permis de supposer que c'est le commandant du Corps de la Drina qui

  5   est censé se trouver à ce poste de commandement avancé après sa création

  6   le 13 juillet 1995?

  7   Réponse:    Oui, je m'attends à ce que ce soit le cas.

  8   Et je crois qu'hier, dans la première partie de ma déposition, j'ai dit

  9   que, dans une division comme la mienne ou dans un corps d'armée comme le

 10   Corps de la Drina, il existe un certain nombre de quartiers généraux. Il y

 11   a le quartier général principal où se trouve le grand état-major et le

 12   chef d'état-major, en général, ses hommes planifient l'opération. Ils se

 13   trouvent donc à cet endroit la plupart du temps. Mais il y a d'autres

 14   moments où un poste de commandement avancé, ou un poste de commandement

 15   tactique, peut être créé. Et en général le commandant se déplace dans ce

 16   poste de commandement avancé pour commander l'opération lorsqu'elle se

 17   déroule au moment même de son déroulement.

 18   Donc, ce que je vois ici, à partir du grand quartier général qui existait

 19   au départ, un poste de commandement avancé est désormais créé à un autre

 20   endroit. C'est un poste de commandement tactique à partir duquel le

 21   commandant du corps va pouvoir coordonner l'opération d'attaque. Je lis

 22   les mots sur le texte, dans le texte un peu plus loin, je cite: "Des

 23   rapports quotidiens décrivant la situation à 17 heures doivent être soumis

 24   avant 18 heures" (fin de citation.)

 25   Donc, il est toujours question de ce que je disais hier, c'est exactement


Page 5639

  1   ce je m'attends à avoir à faire à une unité militaire bien organisée par

  2   le biais de rapports de combats quotidiens envoyé par les brigades afin de

  3   maintenir au courant le quartier général de la situation dans la zone de

  4   responsabilité du corps.

  5   Question:   Peut-on à présent remettre au témoin la pièce à conviction 463.

  6   (L'huissier s'exécute.)

  7   Général, j'aimerais maintenant que nous passions à l'interception et au

  8   nettoyage de cette colonne composée de militaires et de civils qui avaient

  9   quitté Srebrenica. Vous connaissez cet événement, n'est-ce pas?

 10   Donc, d'abord la pièce à conviction 463. C'est un ordre signé par le

 11   général Krstic. Quelle est la nature de cet ordre qui porte la date du 13

 12   juillet 1995?

 13   Réponse:    Ce document est un ordre qui met en place une nouvelle

 14   opération, en fait une opération de sécurité, une opération de ratissage

 15   dans ce que je qualifierais les arrières de la zone de responsabilité du

 16   corps d'armée. Il ne s'agit pas de l'avant du front.

 17   Dans cet ordre, le général Krstic qui signe désormais en qualité de

 18   commandant du corps, je le remarque ici, rappelez-vous que dans l'ordre

 19   précédent que nous regardions il y a quelques instants et qui avait été

 20   également signé par le général Krstic, il avait signé en qualité de chef

 21   d'état-major. Donc je me dis que quelque chose a changé au cours de la

 22   journée. En tout cas, l'opération ici est une opération distincte qui est

 23   ordonnée par le général Krstic et qui a pour but d'essayer d'identifier,

 24   de capturer des personnes qui ont fui l'enclave de Srebrenica.

 25   De façon générale, j'aurais tendance à caractériser l'opération dont il


Page 5640

  1   est question ici comme une opération conduite sur l'arrière. J'aimerais

  2   donner un détail à ce sujet si vous me permettez quelques instants. Les

  3   opérations militaires sont classifiées, en général, de façon formelle ou

  4   informelle comme des opérations en profondeur à proximité ou à l'arrière.

  5   Les opérations en profondeur sont conduites dans le but de préparer le

  6   terrain afin de modifier les conditions en vigueur, à l'avance, pour que

  7   les perspectives de l'opération menée à proximité soient meilleures; que

  8   cette opération à proximité ait plus de chance de réussir.

  9   Si je reviens à ce que j'ai déjà dit hier, le bombardement préliminaire de

 10   Srebrenica par exemple, et la peur que ce bombardement a suscité dans la

 11   population, moi j'appellerai cela une activité liée à une opération en

 12   profondeur destinée à modifier les conditions dans lesquels les combats se

 13   dérouleront à l'avenir. Ensuite, lorsque les unités ont attaqué

 14   Srebrenica, il s'agissait d'une opération à proximité.

 15   Or dans le texte ici, il est question d'une opération de sécurité que je

 16   qualifie d'opération à l'arrière et qui a pour but d'assurer la sécurité

 17   et la protection des hommes du Corps de la Drina qui sont encore présents,

 18   de façon à veiller à ce que les civils soient protégés des militaires en

 19   particulier. Donc, moi je considère que c'est une opération à l'arrière et

 20   les opérations en profondeur, à proximité ou à l'arrière se déroulent

 21   parfois les unes après les autres ou, dans d'autres cas, elles se

 22   déroulent simultanément.

 23   Ce que ces deux documents, à savoir celui-ci et le document que nous avons

 24   vu précédemment, m'indiquent c'est qu'au moment en question, le Corps de

 25   la Drina s'intéressait à la conduite d'une opération à proximité et en


Page 5641

  1   profondeur visant Zepa. Ici, nous avons une opération à l'arrière qui est

  2   concentrée sur une partie de la zone de Srebrenica en direction de Zvornik

  3   et puis il y a d'autres localités qui sont mentionnées dans cet ordre.

  4   Comme je l'ai déjà dit, un grand nombre d'activités étaient en cours de la

  5   part du Corps de la Drina, mais un corps d'armée bien organisé, un

  6   quartier général bien organisé comme je pense que l'était le quartier

  7   général du Corps de la Drina qui avait un très bon commandement, ne voit

  8   pas de problèmes à mener plusieurs activités en même temps qui sont toutes

  9   coordonnées par le grand quartier général où le chef d'état-major se

 10   trouve pour présider aux opérations même si, quelque temps plus tard, il

 11   est probable qu'il se déplace au poste de commandement avancé.

 12   Mme Wald (interprétation): Puis-je poser une question?

 13   M. Dannatt (interprétation): Je vous en prie.

 14   Mme Wald (interprétation): Le terrain, dont il est question aux

 15   paragraphes 1 et 2 de cet ordre, c'est-à-dire le secteur qui va subir ce

 16   ratissage de terrain, recouvre-t-il plus ou moins l'itinéraire de la

 17   colonne, le parcours de la colonne au moins en partie? Parce que dans une

 18   opération de ratissage de ce genre, on s'imagine que si l'on pense que la

 19   28ème Division musulmane est toujours dans le secteur, je suppose qu'il

 20   faut partir de Srebrenica et suivre ces hommes.

 21   M. Dannatt (interprétation): Madame la Juge, de façon générale sur le plan

 22   géographique, toutes les localités dont il est question ici se trouvent au

 23   sud de l'emplacement de la 28ème Division musulmane qui -nous le savons

 24   aujourd'hui- allait vers le nord, même si elle-même ne le savait pas

 25   exactement à ce moment-là.


Page 5642

  1   J'ai déjà dit à plusieurs reprises que de nombreuses activités étaient

  2   menées dans le secteur du Corps de la Drina à ce moment-là, c'était donc

  3   une situation très difficile pour le commandant du corps, je suppose.

  4   Mme Wald (interprétation): Si vous lisez cet ordre, vous le lisez en

  5   comparant ce que vous lisez ici à une opération de ratissage normale,

  6   n'est-ce pas, classique qui se déroule sur un secteur assez important ? Je

  7   vous demande donc quelles seraient les activités que l'on pourrait

  8   s'attendre à voir mener par ces hommes? Est-ce qu'au paragraphe 5 par

  9   exemple du texte je cite :"… porteront un brassard blanc sur l'épaule

 10   droite." C'est un peu étonnant!

 11   M. Dannatt (interprétation): Oui, c'est quelque chose d'un peu étonnant

 12   mais je pense que c'est assez raisonnable, assez astucieux car, dans ce

 13   genre de guerre, tout le monde ne porte par un uniforme militaire,

 14   classique, donc il est possible de se tromper de cible parce qu'après tout

 15   dans des opérations de ratissage de ce genre, la foule est considérable,

 16   les gens sont dispersés un peu partout, à gauche à droite, et donc

 17   ordonner le port d'un brassard ou en tout cas d'un signe distinctif me

 18   semble une idée assez astucieuse.

 19   M. Cayley (interprétation): Général, j'aimerais à présent que vous parliez

 20   de l'opération destinée à ratisser ce terrain et à intercepter la colonne

 21   en vous fondant sur les principes militaires généraux et aussi en montrant

 22   sur l'organigramme que vous avez sous les yeux, les formations qui à votre

 23   avis auraient eu la responsabilité de contrôler cette opération.

 24   M. Dannatt (interprétation): Madame et Messieurs les Juges, comme je l'ai

 25   indiqué hier, une opération comme celle dont nous parlons, qui vise à


Page 5643

  1   identifier à trouver la 28ème Division, la colonne requiert une

  2   coordination de la part de plusieurs unités du corps qui ne figurent pas

  3   toutes ici. Nous avons ici l'état-major ainsi que des unités subordonnées.

  4   On voit qu'il y aurait toute une série de brigades qui aurait été

  5   impliquée, qui aurait dû participer à l'action, on a un certain nombre de

  6   brigades qui ont reçu les instructions selon lesquelles la colonne

  7   passerait sans doute dans les régions sous leur responsabilité.

  8   Je pense que l'organe de renseignement aurait joué un rôle primordial pour

  9   tenter de repérer l'ennemi. Je pense que l'organe d'opération aurait joué

 10   un rôle fondamental dans la coordination des activités des différentes

 11   brigades pour s'assurer qu'il y ait des effectifs suffisants à

 12   l'exposition.

 13   Hier, je me suis référé à l'importance du recours aux forces de réserve et

 14   je pense que dans une telle situation quand on ne sait pas où se trouve

 15   l'ennemi, la fonction essentielle de toute opération est d'abord de

 16   repérer l'ennemi. Et puis la fonction essentielle par la suite, c'est

 17   d'encercler l'ennemi pour qu'il ne puisse plus disposer d'une marge de

 18   manœuvre et, ensuite, il faut composer une force qui puisse attaquer

 19   l'ennemi. Donc, il faut repérer, encercler et puis attaquer. Il faut donc

 20   une force par tâche, donc l'organe de renseignement jouerait un rôle

 21   essentiel dans la coordination ainsi que l'organe opérationnel.

 22   Si l'opération devait durer un certain temps, il y aurait également la

 23   nécessité de faire recours au soutien des organes de transport pour

 24   déplacer les prisonniers. Ensuite, il y aurait une responsabilité aussi,

 25   en vue d'une autre unité pour fournir des vivres, les premiers soins, des


Page 5644

  1   soins médicaux. Des soins notamment ont dû être fournis à deux prisonniers

  2   qui avaient été capturés aux termes des conventions de Genève.

  3   J'ai décrit cette opération comme étant une opération arrière, donc les

  4   départements de la sécurité, le colonel Popovic y était particulièrement

  5   intéressé et impliqué afin de veiller à la sécurité du Corps de la Drina.

  6   J'en déduis donc, aux termes des principes généraux qui régissent toutes

  7   opérations, opérations visant à repérer l'ennemi puis à l'encercler puis à

  8   l'attaquer qu'il aurait fallu une coordination importante entre les

  9   différentes unités du Corps de la Drina, et c'est inconcevable sans qu'il

 10   y ait une coordination entre le quartier général, le chef d'état-major.

 11   Cela incombe en premier lieu au commandant quel qu'il soit, il aurait

 12   gardé la maîtrise de l'opération.

 13   J'ai pu lire toute une série de rapports concernant notamment la Brigade

 14   de Zvornik qui s'est impliquée, qui était très préoccupée par cette

 15   opération parce qu'il semblait que la colonne allait peut-être attaquer

 16   Zvornik, donc le commandant de la Brigade de Zvornik a fait appel au

 17   commandant du corps d'armée, a demandé une certaine protection. Donc cela

 18   me démontre… ces contacts me laissent penser qu'il y avait une

 19   coordination tout à fait essentielle au sein du corps et que le commandant

 20   et le chef d'état-major jouaient un rôle essentiel dans la prise de

 21   décision sur la façon d'attaquer cette 28ème Division.

 22   Question:   Pourrait-on soumettre au témoin la pièce à conviction 464?

 23   (L'huissier s'exécute.)

 24   Général, il s'agit d'un ordre de la Brigade de Bratunac daté du 14 juillet

 25   1995. Cet ordre se réfère directement à l'ordre, à la pièce à conviction


Page 5645

  1   463, l'ordre est donné par le général Krstic, le 13 juillet 1995.

  2   Général, quelle conclusion tirez-vous du fait que le colonel Blagojevic

  3   émet un ordre en réponse directe aux ordres émanant du général Krstic

  4   visant ses propres bataillons subordonnés?

  5   Réponse:    C'est la conclusion justement que je tire de ce document. Dans

  6   les trois premières lignes, le commandant de brigade se réfère au fait

  7   qu'il a reçu un ordre émanant du Corps de la Drina daté du 13 juillet et

  8   maintenant il transmet ces mêmes ordres à ses propres bataillons, de façon

  9   détaillée, les tâches qui incombent aux différents bataillons

 10   d'infanterie. Cela me démontre qu'il y a une structure hiérarchique qui

 11   fonctionne de façon tout à fait normale. Le Corps la Drina a donné un

 12   ordre qui sera exécuté par une brigade, le commandant de brigade a analysé

 13   cet ordre, y a réfléchi, sur cette base a planifié les activités de ses

 14   propres bataillons pour se conformer à l'ordre émanant du Corps de la

 15   Drina. Donc, cela démontre simplement qu'il y a une structure hiérarchique

 16   et une structure de commandement et de contrôle qui fonctionnent tout à

 17   fait normalement.

 18   Question:   Veuillez soumettre au témoin la pièce à conviction 488.

 19   Général, le document précédent était un ordre émanant du colonel

 20   Blagojevic. Ici, on voit un rapport daté du 13 juillet 1995, destiné au

 21   commandement du Corps de la Drina qui décrit une opération de ratissage.

 22   Que pouvez-vous nous dire à propos de ce document?

 23   Réponse:    J'aurais plusieurs remarques à faire sur ce document. Tout

 24   d'abord, il émane du commandement de la Brigade d'infanterie légère de

 25   Bratunac un rapport envoyé au commandement du Corps de la Drina. Il s'agit


Page 5646

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

 13   pagination anglaise et la pagination française.

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5647

  1   d'un rapport quotidien, un rapport de combat quotidien et il s'agit là

  2   d'un rapport sur les opérations menées dans la région contrôlée par la

  3   Brigade d'infanterie légère de Bratunac. C'est le même format que j'ai

  4   déjà vu plusieurs fois pour de tels ordres où les trois premiers

  5   paragraphes décrivent en détail les opérations en cours. Tout cela n'a pas

  6   beaucoup d'importance, mais on voit ensuite les alinéas 4, 5, 6, 7. C'est

  7   tout à fait typique comme déclaration.

  8   Numéro 4, il n'y a pas eu d'événements imprévus, ensuite le chiffre 5

  9   concerne le moral des troupes, ensuite le chiffre 7 concerne le soutien

 10   logistique et puis dernièrement le chiffre 7 qui dit qu'il n'y a pas eu de

 11   pertes ou de blessés. Tout cela est très typique pour un tel ordre.

 12   Et puis ce qui est intéressant, c'est aussi le fait que ce rapport est

 13   signé par le commandant Blagojevic. Si on regarde l'heure, le rapport a

 14   été émis à 15 heures 45, dont il s'agit sans doute d'un rapport

 15   intérimaire mais, là aussi, cela correspond tout à fait au format standard

 16   d'un tel rapport. Et cela nous démontre encore une fois que la structure

 17   hiérarchique fonctionnait tout à fait bien et qu'il y avait un bon flux

 18   d'informations entre les subordonnés et les supérieurs.

 19   Mme Wald (interprétation): Est-ce que le paragraphe, le premier paragraphe

 20   qui décrit: "Un large groupe d'ennemis a été encerclé avec succès dans la

 21   zone de Konjevic", est-ce que cela n'indique pas qu'il s'agissait là d'un

 22   des premiers incidents de grande envergure, opération de grande envergure?

 23   Donc cela me paraît un petit peu contradictoire de dire qu'il n'y a pas eu

 24   d'événements inattendus dans ce contexte. Et puis on voit au deuxième

 25   paragraphe, la brigade sera envoyée dans la zone de Podrovanze.


Page 5648

  1   Réponse:    Oui, il est vrai qu'on a souvent tendance à décrire la

  2   situation de manière un peu plus optimiste qu'elle ne l'est en réalité. On

  3   a toujours… Les commandants ont tendance à vouloir dire qu'il n'y a pas

  4   d'événements imprévus, qu'ils maîtrisent totalement la situation, donc

  5   cela ne m'étonne guère en soi mais vous avez raison de soulever le fait

  6   que cette déclaration concernant le large groupe d'ennemis encerclés

  7   faisait partie de cette 28ème Division. Mais je pense qu'au stade… au

  8   moment où le rapport a été rédigé, il y avait encore un certain flou qui

  9   régnait sur la situation.

 10   Question:   Veuillez soumettre, au témoin, deux pièces à conviction, 540 et

 11   597.

 12   (L'huissier s'exécute.)

 13   Nous allons passer maintenant la Brigade d'infanterie de Zvornik. 540,

 14   c'est un rapport de combat quotidien daté du 13 juillet et 597, un rapport

 15   daté du 15 juillet. Est-ce que ces documents démontrent également que les

 16   brigades faisaient un rapport ou des rapports au corps d'armée concernant

 17   l'heure, l'état des combats et de l'opération visant cette colonne

 18   musulmane?

 19   Réponse:    Oui, ce rapport de la Brigade de Zvornik est un petit peu plus

 20   complexe, plus détaillé. J'ai déjà fait allusion au fait que la Brigade de

 21   Zvornik était vraiment aussi centre des opérations et fait état de

 22   différents incidents qui avaient eu lieu, concernant donc la colonne de la

 23   28ème Division. Mais je pense que l'essentiel ici, c'est que je vois qu'il

 24   y a un rapport de combat clair, soumis, émanant d'une brigade subordonnée

 25   et soumis à l'état-major, au grand état-major du Corps de la Drina et qui


Page 5649

  1   constitue un rapport assez complet qui démontre encore une fois que le

  2   processus de contrôle et de commandement fonctionnait de manière efficace.

  3   Question:   Inutile de mettre la pièce 597 sur le rétroprojecteur. En

  4   résumé, c'est un rapport qui fait état du fait que l'armée bosnienne

  5   lançait une attaque d'artillerie lourde et que la Brigade de Zvornik était

  6   en train d'encercler, de couper la voie à ces forces, de les décimer alors

  7   que la colonne musulmane tentait de partir en direction de Tuzla.

  8   Est-ce que cela démontre encore une fois que le corps recevait des

  9   rapports réguliers sur ce qui se passait au sein de ces brigades

 10   subordonnées?

 11   Réponse:    Tout à fait. Tous ces rapports sont tout à fait comparables et

 12   montrent que le quartier général du corps recevait régulièrement des

 13   informations détaillées sur le déroulement des opérations. Comme je l'ai

 14   dit à plusieurs reprises, la Brigade de Zvornik était vraiment au centre

 15   des opérations, et je ne suis pas du tout étonné que le commandant de la

 16   brigade ait demandé par la suite des effectifs supplémentaires parce qu'il

 17   subissait vraiment une très forte pression.

 18   Question:   Veuillez soumettre au témoin la pièce à conviction 609, s'il

 19   vous plaît.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Et veuillez préparer la pièce à conviction 404/7, intercalaire 430.

 22   Général, je m'intéresse à un paragraphe en particulier de ce rapport daté

 23   du 15 juillet, rapport de la Brigade de Zvornik, selon lequel "un grand

 24   fardeau", c'est le nombre de prisonniers dans la zone concernée ainsi que

 25   l'obligation d'assurer la sécurité sur le terrain.


Page 5650

  1   Alors, je ne vous demande pas d'interpréter cette phrase mais en vertu des

  2   principes généraux et en tant que commandant de corps, si vous receviez un

  3   tel rapport, ne penseriez-vous pas qu'il y avait un très grand nombre de

  4   prisonniers dans la zone sous votre responsabilité?

  5   Réponse:    Oui, c'est tout à fait le sens qui se dégage de ces termes, "un

  6   fardeau supplémentaire", le grand nombre de prisonniers se trouvant dans

  7   cette zone. Alors, cela ne me dit pas quelle est l'origine de ces

  8   prisonniers, d'où ils viennent mais encore une fois, il s'agit de la

  9   Brigade de Zvornik, donc je comprends très bien pourquoi le commandant,

 10   par la suite ou plus loin dans ce rapport, demande des réserves, des

 11   renforts.

 12   Ils sont en train de combattre –il était lui même en train de combattre

 13   cette 28ème Division–, prenaient des prisonniers; et il semble être assez

 14   surpris devant le grand nombre de prisonniers qui se retrouvaient dans la

 15   zone, sous son contrôle. Je comprends qu'il ait été assez alarmé. Comme

 16   les effectifs étaient déjà très limités et insuffisants déjà pour mener

 17   l'opération à bien, s'il fallait encore surveiller ces prisonniers, cela

 18   mettait la brigade dans une mauvaise passe et menaçait la sécurité de la

 19   brigade. N'est-ce pas, toutes les forces de la brigade étaient déjà

 20   déployées et engagées, donc on voit ici vraiment un appel au secours

 21   émanant du commandant de cette brigade qui est très préoccupée par ce

 22   grand nombre de prisonniers.

 23   Question:   Général, est-ce qu'on vous montrer de nouveau la pièce à

 24   conviction de l'accusation 404/7, intercalaire 30. Il s'agit d'un document

 25   émanant du commandement du Corps de la Krajina envoyant une compagnie


Page 5651

  1   d'infanterie dans la zone sous la responsabilité de la Brigade de Zvornik.

  2   Avez-vous des commentaires?

  3   Réponse:    J'aimerais attirer l'attention des Juges sur le fait que cela

  4   émane donc d'un autre corps, le Corps de la Krajina, signé par le

  5   commandant du corps d'armée, général Talic. Je présume, non je vois ici la

  6   phrase: "Conformément au document émanant du grand quartier général, il y

  7   a donc eu un appel au secours, une demande de renfort et le grand quartier

  8   général a demandé au Corps de la Krajina d'envoyer une formation pour

  9   venir en aide à la Brigade de Zvornik. En réponse à cet ordre émanant du

 10   grand quartier général, le général Talic donne l'ordre à la Brigade

 11   motorisée, la 16ème Brigade motorisée d'envoyer une unité d'infanterie pour

 12   renforcer, pour venir à l'aide de la Brigade de Zvornik.

 13   Donc, cela me montre encore une fois que la chaîne de commandement

 14   fonctionnait bien dans les deux sens, du haut vers le bas et du bas vers

 15   le haut. Le grand quartier général ayant reçu un appel au secours, a

 16   cherché quelle formation serait disponible, a vu que le Corps de la

 17   Krajina pouvait se passer de certains effectifs, pouvait donc envoyer une

 18   unité en tant que renfort. Et le chiffre 2 démontre que la compagnie

 19   devrait être envoyée le 16 juillet, à 14 heures au plus tard, devait se

 20   rendre à Zvornik, devait y arriver au plus tard le 16 juillet 1995, à 20

 21   heures au plus tard.

 22   Cela met vraiment en exergue le bon fonctionnement de la structure de

 23   commandement et de contrôle. Sur un plan pratique, je suis tout à fait

 24   certain que le commandant du Corps de la Brigade de Zvornik aurait été

 25   vraiment ravi de recevoir ces renforts. La manière dont le général Talic a


Page 5652

  1   rédigé cet ordre, montre qu'il voulait que l'unité qu'il allait envoyer

  2   soit bien organisée, efficace, afin de montrer le Corps de la Krajina sous

  3   son meilleur jour.

  4   Tout cela, c'est vraiment ce à quoi je m'attendrais qui démontre que la

  5   structure de commandement et de contrôle au sein de la VRS fonctionnait

  6   très bien.

  7   Question:   Général, j'aimerais citer votre rapport, page 18, chiffre 58,

  8   et cela mettra un terme à mon interrogatoire sur ce plan. Je cite: "Il me

  9   paraît tout à fait clair que l'opération était coordonnée au niveau du

 10   corps et que le général de Division Krstic, en tant que chef d'état-major

 11   et ensuite commandant de Corps, aurait été directement impliqué, aurait

 12   participé activement à la planification et à l'exécution de ces

 13   opérations.

 14   Auriez-vous d'autres commentaires concernant notamment l'interception et

 15   le nettoyage de la colonne?

 16   Réponse:    Madame et Monsieur les Juges, comme je l'ai déjà dit, compte

 17   tenu de toutes les activités qui se déroulaient dans la région sous le

 18   contrôle du Corps de la Drina, j'ai déjà évoqué le fait que cela aurait

 19   impliqué la participation active de nombreux organes. Il y avait plusieurs

 20   activités en parallèle: l'attaque de Zepa, le nettoyage de Srebrenica

 21   entre autres nombreuses activités dans cette zone. Le fait qu'on ait dû

 22   faire appel aux forces de réserve montre bien que les effectifs étaient

 23   insuffisants. On a vu que le Corps de la Krajina a fourni des renforts.

 24   Il est absolument impensable que de telles activités aient pu être menées

 25   à bien sans une coordination émanant du grand état-major du quartier


Page 5653

  1   général principal. Il appartient au chef d'état-major de trier les

  2   différents rapports, de les analyser et de formuler des recommandations à

  3   l'intention de son supérieur hiérarchique.

  4   Il est tout à fait impensable que le quartier général principal n'ait pas

  5   été pleinement informé de la situation à tous moments, dans toutes les

  6   zones. Ce quartier général principal prenait des décisions concernant ces

  7   différentes activités. L'activité du Corps de la Drina, dans cette zone,

  8   était manifestement une activité bien coordonnée, bien orchestrée,

  9   orchestrée par le chef d'état-major, remplissant ses tâches de

 10   commandement, et informé de manière complète et détaillée. C'est ce que

 11   j'attends d'un commandant militaire.

 12   C'est tout à fait la structure de commandement et de contrôle que l'on

 13   peut attendre.

 14   Mme Wald (interprétation): Cela me laisse un petit peu perplexe. J'ai une

 15   question car tout cela démontre effectivement une structure de

 16   commandement efficace, cohérente. Chacun connaissait son rôle et suivait

 17   ces instructions. Et cela étant, nous avons en toile de fond, les

 18   événements qui ont eu lieu en fait des violations graves, non seulement du

 19   droit interne mais aussi du droit international. Comment cela peut-il se

 20   passer lorsqu'on est en présence d'une structure de commandement qui est

 21   efficace, qui fonctionne bien?

 22   Les trois opérations sont menées en parallèle de manière cohérente et

 23   comment alors, dans ce contexte, peut-on voir le résultat qu'on a vu de

 24   telles violations? Je ne sais pas si c'est une question à laquelle on peut

 25   vraiment répondre, mais elle ne cesse de se poser.


Page 5654

  1   M. Dannatt (interprétation): Bon, on ne m'a jamais posé de question sur de

  2   tels détails.

  3   Mme Wald (interprétation): Pourriez-vous nous dire… Auriez-vous une

  4   remarque générale?

  5   M. Dannatt (interprétation): Concernant le nettoyage de cette 28ème

  6   Division et le déplacement de la population civile, des femmes et des

  7   enfants, il y avait donc ces activités que j'ai déjà évoquées et aussi une

  8   autre activité, une quatrième activité à laquelle j'ai déjà fait allusion

  9   de manière implicite, le grand nombre de prisonniers dans la zone

 10   contrôlée par la Brigade de Zvornik d'où venaient ces prisonniers.

 11   D'autres informations indiquent de façon univoque qu'il s'agissait là

 12   d'hommes séparés à Potocari qui ont été emmenés et détenus dans des écoles

 13   dans la zone contrôlée par la Brigade de Zvornik. Donc comme vous le

 14   dites, il y a eu de nombreuses violations des normes de droit et notamment

 15   les conventions de Genève. Evidemment, les rapports qu'on a vus ne font

 16   pas état de ces violations, mais il y a des allusions tout de même à ce

 17   qui se passait.

 18   Alors que les trois opérations légitimes étaient tout à fait bien

 19   coordonnées, je ne vois aucune raison pour laquelle la quatrième opération

 20   donc implicite, celle concernant ces prisonniers, n'aurait pas été

 21   coordonnée de la même manière.

 22   M. le Président: Planifier, organiser et exécuter toute cette opération,

 23   c'est la connaissance et c'est la participation du général Krstic?

 24   M. Dannatt (interprétation): Non, je reviens à ce que j'ai dit hier: le

 25   commandement est par définition quelque chose de personnel. Le commandant


Page 5655

  1   assume une responsabilité personnelle, individuelle pour tout ce qui se

  2   passe dans la zone qu'il contrôle sous sa responsabilité.

  3   Je sais que le Tribunal s'est déjà penché sur une question, la suivante: à

  4   quelle date est-ce que le général Krstic est devenu commandant de corps?

  5   Je ne vais pas aborder cette question, mais j'ai déjà dit que le poste, la

  6   fonction de chef d'état-major et celle de commandant de corps sont tout à

  7   fait comparables en termes de responsabilité. Le chef d'état-major doit

  8   recueillir toutes les informations à disposition, les trier afin qu'il

  9   puisse prendre des décisions pour équilibrer les opérations. Alors les

 10   décisions de moindre importance, le chef d'état-major peut les prendre

 11   lui-même, alors que les décisions très importantes, il doit consulter son

 12   commandant. Par exemple, la décision de demander au quartier général de

 13   demander des renforts du Corps de la Krajina, une telle décision à mon

 14   avis, en tant que commandant, je voudrais qu'on me consulte d'abord avant,

 15   je ne voudrais pas être outrepassé.

 16   Il y a donc certaines décisions pour lesquelles le chef d'état-major doit

 17   indubitablement consulter son commandant, son supérieur hiérarchique. Un

 18   point essentiel, c'est que même si le commandant, quel qu'il ait été,

 19   s'était rendu au poste de commande avancé le 13, nous savons que les

 20   communications entre ce poste de commandement avancé et le quartier

 21   général avaient déjà été établies à 18 heures le 14. Il y avait un flux

 22   d'informations, donc il s'était peut-être éloigné, il avait mis peut-être

 23   l'accent sur l'opération de Zepa, mais sa responsabilité ne demeurait pas

 24   moins totale pour toutes les opérations. Et un commandant en chef d'état-

 25   major ne peut pas s'éloigner de ses responsabilités.


Page 5656

  1   M. le Président: Les 11, 12, 16 juillet, vous êtes général avec beaucoup

  2   d'expérience, comment expliquer la substitution du général Zivanovik par

  3   le général Krstic si cette substitution est arrivée?

  4   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Président, c'est une excellente

  5   question.

  6   Il me paraît difficile d'expliquer pourquoi. On ne sait pas pourquoi le

  7   général Zivanovic a été remplacé, limogé, il y aurait peut-être plusieurs

  8   raisons possibles à invoquer. Il a été limogé à un certain moment et, à un

  9   moment donné, le général Krstic est devenu commandant. Il serait

 10   inhabituel de faire remplacer un commandant au beau milieu d'une

 11   opération, encore moins au milieu d'une bataille, d'un combat. Mais

 12   l'opération de la prise de Srebrenica, et on le situe dans son cadre

 13   temporel tel qu'il a été, eh bien, essayer de capturer Zepa… les

 14   opérations devaient commencer le 13 ou le 14. Par conséquent, si j'allais

 15   remplacer un commandant de corps, je l'aurais fait entre ces deux

 16   opérations et je donnerais la possibilité au général Krstic… En tant que

 17   chef d'état-major chargé de la planification, responsable de la

 18   planification de l'opération sur Zepa, il était en bonne position de

 19   devenir commandant pour commander cette opération.

 20   Par conséquent, en regardant le côté technico-pratique de tout cela, la

 21   décision prise de remplacer le général Zivanovic, on estimait que le temps

 22   logique serait le 13, le 14 afin que le nouveau commandant soit à ce poste

 23   de commandement avancé pour pouvoir diriger les opérations sur Zepa.

 24   Enfin, c'est une déduction militaire personnelle que je suis en train de

 25   faire. Ce n'est qu'une pure déduction.


Page 5657

  1   M. le Président: Des bonnes organisations, des bonnes communications d'une

  2   organisation militaire qui fonctionne très bien, bien planifiée, donc on

  3   peut penser que l'évacuation de la population de Srebrenica avait été bien

  4   planifiée, bien pensée pour notamment arriver à un territoire où, comment

  5   dire, se trouvait l'armée musulmane.

  6   Pourquoi les personnes sont arrivées aux exécutions? Avez-vous une idée,

  7   du point de vue militaire, comment il semble y avoir un changement du

  8   plan?

  9   M. Dannatt (interprétation): Si l'on a recours à une logique normale,

 10   Monsieur le Président, il nous paraît difficile de répondre pourquoi il y

 11   a eu des exécutions à cette échelle.

 12   On ne peut que l'expliquer en essayant d'approfondir, de creuser une

 13   logique bizarre qui, en quelque sorte, auréole les événements dans les

 14   Balkans.

 15   C'est une question ethnique –différentes actions patriotiques– qui descend

 16   vers les âges et qui s'était en quelque sorte articulée à travers les

 17   quelque quatre années de cette guerre civile. Je pense qu'il s'agissait

 18   d'un effort, d'une intention de longue date de capturer Srebrenica et

 19   d'évacuer, de déplacer la population musulmane pour que cela devienne une

 20   ville serbe. Mais il y a aussi cette décision, prise un peu plus tard, de

 21   séparer les hommes du reste de la population, c'était une décision

 22   diabolique mais c'est tout de même une décision qui était basée sur une

 23   certaine vengeance qui remontait de ces anciennes tensions ethniques.

 24   (?) de langue et je l'ai remarqué sur le matériel filmé, eh bien c'est une

 25   décision qui n'a pas été une décision militaire. Il s'agissait d'une


Page 5658

  1   décision basée sur les profondeurs ténèbres de l'histoire.

  2   M. le Président: Cette décision a échappé aux responsables militaires?

  3   M. Dannatt (interprétation): Je ne pourrais pas faire mon commentaire en

  4   ce qui concerne la personne à laquelle cette décision incombe. Une fois

  5   cette décision prise, il s'agissait d'une opération opaque exercée pendant

  6   une période relativement courte, il s'agissait d'une opération d'envergure

  7   qui commandait beaucoup de coordination: transport, déplacement des

  8   personnes vers les régions ciblées, identification de ceux qui seraient

  9   prêts et capables de participer aux exécutions, ensuite les engins

 10   nécessaires pour creuser les fosses et puis la question

 11   d'approvisionnement logistique. Ce que je vois, c'est une opération

 12   vraiment opaque mais une opération complexe qui n'aurait pas pu être

 13   exercée autrement que par la mise en application intégrale de la structure

 14   de commandement. Cette mise en application est vraiment très efficace.

 15   Ce que j'ai pu voir, je remarque, je relève qu'il y a eu des indices très

 16   nets qu'il y a eu déplacement, déplacement des unités de Génie, des

 17   engins, du parc d'engins, qu'il y a beaucoup d'unités qui ont été engagées

 18   pour réaliser cette opération qui était vraiment une opération opaque.

 19   M. Riad (interprétation): Avant de passer à un autre point, je voudrais

 20   bien essayer de saisir en profondeur certains de vos éléments, principes

 21   de base, ressortant de votre rapport. Vous avez parlé souvent de ces

 22   rapports de combat, vous avez souvent parlé de la chaîne de commandement

 23   fonctionnant dans les deux sens, vers le bas et vers le haut, et vous avez

 24   parlé d'actions, d'opérations efficaces, bien faites notamment par la

 25   Brigade de Zvornik, mais tout cela couvre l'aspect militaire, le plan


Page 5659

  1   militaire. Pour que je puisse comprendre les choses un peu mieux, vous, en

  2   votre qualité de général, concernant les aspects militaires, vous êtes

  3   engagé dans certaines choses, mais sur quel plan considérez-vous les

  4   éléments, les affaires civiles?

  5   Est-ce que vous pouvez ne pas être concerné ou être concerné par le fait

  6   que vous voulez gagner une bataille, enfin laisser les soldats progresser,

  7   laisser les soldats avancer, se livrer à des viols, à des actions qui, à

  8   la fin du compte, finiraient par me faire essuyer un échec?

  9   Parlant de ces rapports de combats quotidiens, ayant en vue leur aspect

 10   militaire, donc ces rapports se cantonnent dans l'aspect militaire et

 11   laissent le reste de côté, est-ce que vous pensez que ce mode de

 12   raisonnement pourrait s'appliquer à cette opération autour de Srebrenica

 13   et à Srebrenica?

 14   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Juge, je ne pense pas que cela

 15   puisse s'appliquer à cette opération . Les corps de la VRS, à la

 16   différence de mes unités, ont une responsabilité géographique et c'est

 17   quelque chose qui leur donne tout un jeu de responsabilités qui incombent

 18   au commandant, à son état-major, étant donné cette responsabilité qui est

 19   localisée, en quelque sorte, en rapport avec les autorités civiles.

 20   Mais l'attention prioritaire de tout militaire est de gagner la bataille

 21   en cours. L'historique de toutes les activités qui s'y déroulent, la

 22   colonne, le déplacement, le mouvement des civils, tout ceci doit être

 23   placé dans le contexte global du militaire.

 24   Le Corps de la Drina doit rassembler une force, des effectifs pour

 25   attaquer Zepa. Elle doit assurer des moyens de transport, elle doit


Page 5660

  1   assurer le déploiement de ces troupes pour pouvoir mener à bien cette

  2   opération sur Zepa. Il y a aussi ces 35.000, 40.000 civils qui sont

  3   déplacés dans la direction de Potocari. Je ne pense pas que les moyens de

  4   transports soient sans limite. Il y a d'un côté les civils, le

  5   déplacement, les actions de déportation, évidemment il y a un contingent

  6   de 50 autobus qui devra être dirigé sur Zepa, d'autres moyens de

  7   transports centrés sur les actions de déportation, mais il y a aussi les

  8   actions de combat, il y a ces différentes circonstances.

  9   Un commandant doit être conscient de tous les différents volets de

 10   l'opération qui est en cours dans la région et doit également arrêter ses

 11   décisions, juger de la situation. Il ne peut pas se consacrer uniquement

 12   sur le combat et oublier le reste.

 13   Il y a tout un éventail d'événements, de problèmes, de questions qui

 14   doivent être réglés et attirer l'attention du commandement et de l'état-

 15   major.

 16   M. Riad (interprétation): Vous venez de dire que vous êtes enseignant,

 17   professeur, dans le domaine des tactiques militaires, et vous connaissez

 18   quelles sont les tactiques appliquées dans le cadre de la JNA.

 19   Est-ce que vous estimez que la première tactique de la JNA a été que tout

 20   devait être institutionnalisé, qu'il devrait y avoir des

 21   institutionnalisations et des commandements centralisés?

 22   M. Dannatt (interprétation): Oui, tout venait de ce système centralisé qui

 23   donc partait du sommet vers la base et j'ai relevé cela dans mes études

 24   théoriques, dans mes études des Balkans, de mes connaissances suite à

 25   l'étude que j'ai faite de cette opération.


Page 5661

  1   Je pourrais déduire que ce système continuait à être mis en pratique, mis

  2   en œuvre d'après ces rapports de combat, d'après ces différents ordres,

  3   instructions, le fonctionnement de la chaîne de commandement cela pourrait

  4   confirmer cela.

  5   M. Riad (interprétation): Nous passons à un autre point, vous avez indiqué

  6   dans votre réponse au Président que les exécutions ont été décidées à une

  7   étape postérieure. Je parle des exécutions, des massacres, et je relève

  8   dans votre rapport, vous parlez d'une directive au corps de la Drina.

  9   Le siège de Srebrenica a été planifié, c'était une opération de combat

 10   devant créer une situation d'insécurité totale et impossibilité de survie

 11   pour les population de Srebrenica.

 12   Est-ce que c'était quelque chose qui était fait dans une étape tardive ou

 13   quelque chose qui a été planifié et a fait objet de directives, de

 14   consignes précises?

 15   M. Dannatt (interprétation): Vous venez de citer un extrait de mon rapport

 16   et pour pouvoir donc créer une telle situation à Srebrenica, il ne

 17   s'agissait pas seulement de faciliter la capture de la ville dans le sens

 18   militaire du terme mais de créer ce sentiment de peur, contraindre par ce

 19   fait la population de quitter Srebrenica afin que Srebrenica devienne une

 20   ville serbe.

 21   C'est une spéculation, peut être que cette décision aurait pu être prise à

 22   une étape avancée, à savoir de procéder à des exécutions massives, donc

 23   peut-être dans le sens d'une déportation de cette population en tant

 24   qu'option pour que cette ville devienne serbe et aussi cette décision de

 25   séparer, de détacher les hommes du reste de la population et de les faire


Page 5662

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

 13   pagination anglaise et la pagination française.

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5663

  1   exécuter. Ce que je dis est un raisonnement spéculatif.

  2   M. Riad (interprétation): Vous avez dit que là où il n'y a pas de

  3   territoire, il n'y a pas de vie. Lorsqu'il n'y a pas de territoire, il n'y

  4   a pas de vie. Vous êtes peut être conscient du fait qu'il n'y avait pas

  5   d'autres territoires pour ces gens?

  6   M. Dannatt (interprétation): Ces gens devaient se déplacer vers une région

  7   musulmane et c'est pour cette raison qu'on envisage ce transport, cette

  8   déportation pour cette population, afin qu'il n'y ait plus de population

  9   musulmane mais seulement une population serbe à Srebrenica.

 10   M. Riad (interprétation): Vous dites: "pas de territoires, pas de vie"?

 11   M. Dannatt (interprétation): On pourrait interpréter cela dans différents

 12   sens. Pas de vie dans le sens, peut-être, exécution. Pas de vie

 13   communautaire dans le vrai sens du terme.

 14   M. Riad (interprétation): Merci.

 15   M. le Président: On peut peut-être continuer jusqu'à 11 heures. Monsieur

 16   Cayley.

 17   M. Cayley (interprétation): Merci Monsieur le Président.

 18   Entre vous trois, vous avez couvert pas mal des ces questions que je

 19   voulais poser mais j'ai d'autres points sur lesquels je voudrais

 20   solliciter l'avis du général et, après la pause, je me propose de passer à

 21   un secteur tout à fait nouveau: les messages interceptés. La session

 22   devrait se tenir à huis clos partiel après la pause.

 23   Je vous prie de présenter au général une série de documents,

 24   interceptions. Ce sont des documents que je vous ai présentés, il

 25   s'agissait de communications militaires dans le cadre du Corps de la


Page 5664

  1   Drina, différentes unités qui se parlaient entre elles. Ceci est un

  2   exemple de ce genre de communication entre les unités.

  3   (L'huissier s'exécute.)

  4   Général, est-ce que ce document qui porte sur des informations

  5   opérationnelles, nature opérations?

  6   M. Dannatt (interprétation): Il s'agit d'une transcription d'une partie

  7   d'une conversation. Je vois au commencement, à la première ligne, où on

  8   parle d'une force de 10.000 Musulmans dans le secteur de Srebrenica réduit

  9   à la moitié, ou près de la moitié, 4.000 ou 5.000 qui ont rendu leur âme.

 10   L'expression en anglais est argotique: "kick the bucket", "casser leur

 11   pipe". Eh bien ce serait presque la moitié qui a été tuée.

 12   Question:   Général, je ne voudrais pas qu'on passe en revue l'ensemble de

 13   ces documents mais il contient un autre élément d'information et beaucoup

 14   d'autres informations qui semblent être de nature opérationnelle

 15   concernant les activités des individus dans le cadre du Corps de la Drina,

 16   les activités de l'OTAN.

 17   Eh bien ma question générale serait: est-ce que les individus, à votre

 18   avis, parleraient de ce genre de questions, d'affaires qui seraient

 19   confidentielles et d'en parler sur une ligne qui pourrait être

 20   interceptée, donc écoutée par d'autres, entendue par d'autres?

 21   Réponse:    Les communications militaires se font par des moyens sécurisés.

 22   Lorsqu'on a à parler, communication privée d'une personne à une autre,

 23   mais ces communications sécurisées couvrent parfois de très grandes

 24   distances opérationnelles et, à bien des égards, les gens savent que

 25   beaucoup de communications ne sont pas sécurisées. Par exemple, les


Page 5665

  1   téléphones cellulaires ou les téléphones mobiles et d'autres moyens de

  2   communication. Et puis, c'est une question caractéristique pour les

  3   Balkans et la Bosnie: les lignes téléphoniques terrestres se font par

  4   "link" et il y a des communications de Serbes à Serbes qui doivent passer

  5   par le territoire musulman, par conséquent se parler. Et s'ils ne peuvent

  6   pas utiliser, les interlocuteurs en question, s'ils ne peuvent pas

  7   utiliser des lignes sécurisées, eh bien ils recourent à des moyens moins

  8   sûrs et évidemment les militaires essaient de recourir à une ruse, cacher

  9   la signification, de dissimuler, de camoufler la signification de ce

 10   qu'ils se disent.

 11   Eh bien, ce terme "casser leur pipe" est quelque chose, une expression

 12   argotique pour camoufler la signification. Eh bien j'ai eu l'occasion de

 13   voir des documents dans lesquels on utilise des expressions pour

 14   camoufler, pour cacher la signification mais évidemment ceci est une

 15   violation de la sécurité des opérations en cours d'habitude.

 16   Question:   Je ne voudrais pas faire des commentaires, général, sur la

 17   fiabilité de tous ces documents mais ce que vous venez de dire, est-ce que

 18   cela est possible? Est-ce que des Musulmans auraient pu intercepter et

 19   enregistrer un grand nombre de conversations qui se faisaient entre les

 20   unités de la VRS dans la responsabilité du Corps de la Drina?

 21   Réponse:    Dans les Balkans, tout le monde écoute tout le monde. Le

 22   bataillon britannique est à Gorazde, dans cette enclave; eh bien le

 23   bataillon britannique savait que toutes ses conversations étaient écoutées

 24   et nous avons donc décidé de parler en langue gaélique. Par conséquent,

 25   nous savions qu'on était intercepté. La qualité de ces interceptions est


Page 5666

  1   assez élevée à envier, j'ai vu des documents, les transcriptions ont été

  2   très exactes, très informatives également.

  3   M. le Président: Est-ce que je peux poser une question?

  4   Général, comme général vous avez sûrement une expérience et des contacts

  5   avec le personnel de communication, les personnes qui sont là pour faire

  6   leur travail. Est-il possible que quelqu'un qui est engagé dans une cause

  7   notamment, aide son armée à bien se développer sur le terrain et donc,

  8   pour cela, ils ont besoin d'informations?

  9   Est-il possible de penser que quelqu'un va tromper avec des mauvaises

 10   informations ou avec des choses qu'il n'a pas entendues vraiment ou le

 11   contraire? Comment voyez-vous? C'est-à-dire cette information qui a été

 12   transmise, pensez-vous qu'elle a été vraiment captée ou a-t-elle été

 13   inventée?

 14   M. Dannatt (interprétation): Votre idée générale est assez bonne, assez

 15   "fair". La désinformation est quelque chose qu'on pratique couramment.

 16   Le nombre total d'informations, le nombre total de messages reçus doivent

 17   être évalués et c'est la responsabilité qui incombe au service du

 18   renseignement, au personnel du renseignement et quand il s'agit d'un

 19   afflux massif d'informations et quand il s'agit d'établir comme vrai ou

 20   non, eh bien, on peut faufiler dans tout cela une pièce d'information,

 21   présenter quelque chose d'une manière incohérente mais, au bout d'un

 22   certain temps, on peut constater que cela devient d'une source non

 23   autorisée.

 24   D'après ce que je viens de dire, je suis étonné par le nombre de ces

 25   messages interceptés et ils viennent de différentes sources, il y a


Page 5667

  1   différentes personnes qui écoutent différentes conservations. Et

  2   évidemment, il y a des rapports donc ils sont assez fidèles, ils sont

  3   assez exacts en ce qui concerne ces différentes conversations, mais pour

  4   ce qui est de la possibilité de faufiler une désinformation eh bien, je

  5   pense que dans ce cas précis, on pourrait faire distinction entre les

  6   deux.

  7   Je pense que cette concordance des informations, je pense que… augmente la

  8   fiabilité d'un grand nombre de ces documents et de ces interceptions.

  9   M. le Président: Ces interceptions de communication… D'un côté, vous avez

 10   vu des ordres, éventuellement des conversations relatives à ces ordres et

 11   comme vous avez dit, vous avez vu peut-être des interceptions de la même

 12   information mais faites par différentes personnes.

 13   Je vous demande, quand vous voyez la consistance de l'information, une

 14   information captée par différentes personnes, est-elle consistante ou non?

 15   Première question. L'autre, les intercepte.

 16   Est-ce que vous avez lu des documents, des ordres de combat, des rapports

 17   de combats, etc., y a-t-il aussi des consistances?

 18   M. Dannatt (interprétation): Ma réponse la plus brève serait qu'il y a un

 19   haut degré de cohérence, mais il y a des choses qu'il est difficile de

 20   placer dans ce contexte des éléments de conversation. Là où on ne sait pas

 21   quels sont les interlocuteurs participant à une conversation dans un

 22   moment donné.

 23   Mais ce qui est remarquable dans tout cela, c'est quand il s'agit de faire

 24   passer, communiquer un ordre pour l'opération de reconnaissance, le 16

 25   juillet, et je l'ai trouvé dans des interceptions de cette date, et puis


Page 5668

  1   d'autres informations où on peut relever ce haut degré de cohérence.

  2   Quand on m'a demandé –le Tribunal– j'avais une connaissance générale de ce

  3   qui se passait à Srebrenica, basée sur mes expériences personnelles

  4   antérieures dans les Balkans, mais quand il s'agissait de faire une étude

  5   approfondie, j'ai essayé de faire une mosaïque de ces différentes pièces

  6   pour voir comment elles pourraient s'incorporer les unes à côté des

  7   autres.

  8   M. Cayley (interprétation): Après 11 heures.

  9   M. le Président: C'est le bon moment pour faire une pause, oui.

 10   M. Cayley (interprétation): Monsieur le Président, j'aurais besoin d'un

 11   huis clos partiel pour les questions qui suivent, donc je pense que c'est

 12   un moment opportun.

 13   M. le Président: Oui, une pause d'une demi-heure.

 14   (L'audience, suspendue à 11 heures 03, est reprise à 11 heures 37.)

 15   Mlle Thompson (interprétation): Monsieur le Président, nous sommes

 16   maintenant à huis clos.

 17   (L'audience est à huis clos.)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5669

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12   Pages 5669 à 5682 - expurgées - audience à huis clos.

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5683

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (Audience publique.)

 23   M. Le Président: La Greffière d'audience m'indique que nous sommes déjà en

 24   session publique. Vous pouvez continuer s'il vous plaît.

 25   M. Cayley (interprétation): J'aimerais brièvement et une fois pour toute


Page 5684

   1   revenir aux principes généraux qui régissent le commandement et le concept

  2   particulier que vous avez évoqué au début de votre déposition, le fait que

  3   votre commandement est par essence une question personnelle et de

  4   responsabilité individuelle.

  5   Général, si un officier supérieur reçoit de son supérieur hiérarchique un

  6   ordre illicite, que doit faire l'officier subordonné dans de telles

  7   circonstances, à votre avis?

  8   M. Dannatt (interprétation): Madame et Messieurs les Juges, dans de telles

  9   circonstances, un officier subordonné manifestement se trouve dans une

 10   situation difficile, délicate. Le choix est difficile, il peut choisir

 11   entre plusieurs solutions. D'une part, il pourrait protester d'emblée, en

 12   discuter avec son supérieur hiérarchique, faire état du fait qu'il

 13   considère cet ordre illicite. Cela se passerait sans doute en privé, en

 14   tête à tête. Il pourrait sans doute faire état, son opinion selon laquelle

 15   l'ordre donné est illicite. Si cela échoue, je pense que le subordonné se

 16   trouve devant trois solutions possibles. Il a trois choix.

 17   Il peut se conformer à l'ordre sur la base de l'opinion selon laquelle un

 18   ordre donné par un supérieur doit toujours être respecté, que cela plaise

 19   ou non au subordonné.

 20   Deuxième possibilité, étant donné qu'il estime que l'ordre est illicite,

 21   il peut refuser de l'exécuter et donc démissionner de son poste et ainsi

 22   écouter sa conscience et en assumer les répercutions éventuelles. Et puis

 23   il y aurait une autre solution possible, quand on sait qu'on vous demande

 24   de faire quelque chose qui est illicite, qui ne devrait pas être exécuter,

 25   c'est de l'exécuter quand même mais de faire le moins possible.


Page 5685

  1   Cela étant, on n'assume pas sa responsabilité vis-à-vis de ses subordonnés

  2   car on sait qu'on fait quelque chose d'immoral. Alors il me semble que

  3   devant un ordre illicite, il y a donc ces trois possibilités d'action.

  4   Dans le cadre du droit international et en tenant compte des impératifs

  5   moraux, je dirais que la seule solution acceptable serait de refuser

  6   d'exécuter l'ordre et de donner sa démission si l'on n'a pas déjà été

  7   limogé par son supérieur et d'assumer les conséquences possibles.

  8   M. Riad (interprétation): Simplement pour compléter cet éventail, vous

  9   avez dit être limogé, y aurait-il des conséquences qui pourraient encore

 10   être pire dans ce contexte particulier?

 11   M. Dannatt (interprétation): J'entends donc démis de ses fonctions quand

 12   je dis limogé, il appartient évidemment à l'armée de décider quel sera le

 13   sort d'un général qui refuse d'exécuter ses ordres. Il y a de nombreux

 14   exemples au cours de l'histoire où un général qui a refusé d'exécuter un

 15   ordre a été exécuté, abattu.

 16   M. Riad (interprétation): Est-ce que dans le contexte particulier qui nous

 17   occupe c'était quelque chose de courant?

 18   M. Dannatt (interprétation): Je n'ai pas connaissance d'un incident, en

 19   tout cas dans les Balkans, où un général qui aurait refusé d'exécuter un

 20   ordre aurait été abattu. Je sais qu'il y a eu des exemples démis de ses

 21   fonctions, mais cela est tout à fait courant au sein de l'armée.

 22   M. Riad (interprétation): Vous avez dit: "éclaircissements du général

 23   Dannatt, je n'ai jamais eu connaissance d'un incident où un général qui

 24   aurait refusé d'exécuter un ordre aurait été abattu". Cela figure donc au

 25   compte rendu d'audience.


Page 5686

  1   M. Cayley (interprétation): J'en ai terminé avec l'interrogatoire

  2   principal. Je passe donc la parole à la défense pour le contre-

  3   interrogatoire.

  4   M. le Président: Général Dannatt, vous allez maintenant répondre aux

  5   questions que les avocats de la défense, je vois que c'est Me Petrusic, va

  6   vous poser.

  7   Maître Petrusic, vous avez la parole s'il vous plaît.

  8   (Contre-interrogatoire du général Dannatt par Me Petrusic.)

  9   M. Petrusic (interprétation): Je tiens d'abord, Monsieur le Président,

 10   Madame, Messieurs les Juges, à vous saluer ainsi que mes collègues de

 11   l'accusation. Bonjour à vous également général.

 12   Au début de son interrogatoire, la défense s'appuiera sur les pièces à

 13   conviction 425 et 426 et, général, je vous informe qu'il s'agit de la

 14   directive n°7 et de la directive n°7/1. Je demande donc qu'on remette au

 15   témoin les deux pièces à conviction 425 et 426.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   M. Dannatt (interprétation): Je les ai devant moi.

 18   Question:   Général, en examinant ces deux éléments de preuve, ces deux

 19   directives, en analysant leur substance on constate que les objectifs qui

 20   sont assignés au Corps de la Drina ne sont pas identiques dans les deux

 21   textes. Si l'on prend la directive n°7 qui émane du président de l'époque,

 22   M. Radovan Karadzic, on y trouve la phrase stipulant que: "dans les

 23   opérations de combat quotidien, il importe de créer une situation

 24   d'insécurité totale et d'exclusion de la moindre perspective ou du moindre

 25   espoir de possibilité de vivre ou de survivre pour les habitants de


Page 5687

  1   Srebenica et de Zepa." Fin de citation.

  2   Dans la directive 7/1 qui émane du grand quartier général de l'armée de la

  3   Republika Sprska, ce que vous me permettrez d'appeler l'objectif qui avait

  4   été défini par le président Radovan Karadzic, n'est plus mentionné.

  5   Alors la question que je vous pose est la suivante: la directive n°7 dont

  6   l'auteur est le Président de la République, est-elle l'origine de la

  7   directive n°7/1 qui est émise par la direction militaire de l'armée de la

  8   Republika Sprska, c'est-à-dire par le grand quartier général?

  9   Réponse:    Je comprends bien la question. On ne m'a soumis je crois que la

 10   lettre de la couverture de l'ordre 7/1, je n'ai pas la substance même de

 11   l'ordre, alors avant de pouvoir répondre à la question directive 7/1, je

 12   n'ai pas la substance, il faudrait que je puisse en disposer. Pièce à

 13   conviction 426, ce n'est qu'une lettre de quatre lignes, une lettre de

 14   couverture, je n'ai pas le document lui-même, la directive elle-même.

 15   M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, vous est-il

 16   possible de faire quelque chose?

 17   M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, pour éviter ce

 18   problème, la défense peut remettre son propre document au témoin, nous

 19   l'avons ici.

 20   M. Dannatt (interprétation): Si vous le voulez bien, je vais consacrer un

 21   moment à lire ce document.

 22   Madame et Messieurs les Juges, j'ai voulu prendre le temps de consulter

 23   ces documents, car ce qu'il y aurait de plus facile serait de comparer ce

 24   qu'il y a dans la première directive concernant ce qu'il y a dan le Corps

 25   de la Drina avec la section dans la deuxième directive concernant le Corps


Page 5688

  1   de la Drina.

  2   Et si je me borne à cette comparaison, dans la deuxième directive, je ne

  3   vois aucune référence à des opérations autour de Srebenica. On s'y serait

  4   sans doute attendu étant donné que dans la directive signé par le

  5   Présidence Karadzic, il se réfère à Srebenica.

  6   Quand je regarde la directive dans le deuxième document signé par le

  7   général Mladic, il n'y a pas de référence à Srebenica en liaison avec le

  8   Corps de la Drina. Cela étant, quand je consulte la déclaration générale

  9   concernant les opérations de l'armée en général, je vois des références à

 10   des opérations qui doivent être menées dans la zone de Srebenica. La

 11   terminologie concernant l'exclusion de toute survie des habitants, n'est

 12   pas repris mais il est indiqué tout de même dans cette deuxième directive

 13   que les opérations doivent être lancées contre Srebenica.

 14   Question:   Donc, mon général, seule la partie militaire de l'opération qui

 15   est baptisée Krivaja 95 dans les documents ultérieurs, et mentionnée,

 16   c'est donc une opération militaire.

 17   Réponse:    Oui, le processus militaire normal est le suivant: quand une

 18   directive est rédigée à un échelon supérieur, ici il s'agit du rang de

 19   l'échelon le plus élevé, le président, ensuite on passe à l'échelon

 20   suivant, donc l'armée, le grand état-major de l'armée qui reçoit la

 21   directive qui émane du président qui doit la lire, l'analyser. Il s'agit

 22   en termes militaire d'une analyse de la mission, une analyse de presse

 23   qu'on vous demande de faire, on analyse la situation, on réfléchit à tous

 24   les aléas et puis on formule une stratégie, un plan, dans une deuxième

 25   directive opérationnelle, dans un nouvel ordre opérationnel. Donc la


Page 5689

  1   décision est prise, l'analyse est faite et puis un ordre opérationnel est

  2   émis et ensuite donc cet ordre opérationnel 7/1 est transmis aux brigades

  3   subordonnées.

  4   Donc il s'agit de deux étapes d'un processus qui a été initié par le

  5   président et les informations ont été transmises du haut vers le bas.

  6   Question:   Si j'ai bien compris, cette directive est d'abord arrivée au

  7   grand quartier général de l'armée de la Republika Sprska qui l'a ensuite

  8   complétée et c'est donc la directive du président Karacic qui a servi de

  9   base à la rédaction du nouveau texte qui s'est vu affecter une nouvelle

 10   cote. Et ensuite, le grand quartier général envoie cette directive

 11   modifiée, complétée au Corps de la Drina, charge au Corps de la Drina de

 12   préparer les plans opérationnels qui permettront de mener à bien

 13   l'opération Krivaja 95. Est-ce que j'ai bien décrit les choses, mon

 14   général?

 15   Réponse:    Oui, c'est tout à fait exact.

 16   Question:   Mon général, si c'est ainsi que les choses se passent et vous

 17   venez de le confirmer, l'objectif défini par le président Karacic dans la

 18   directive dont il était l'auteur, à savoir créer des conditions

 19   insupportables à Zepa et à Srebenica, empêchant toute vie, cet objectif

 20   n'arrive pas jusqu'au Corps de la Drina et des plans opérationnels

 21   relatifs à cet objectif ne sont pas préparés à ce niveau-là, n'est-ce pas?

 22   Réponse:    Si on analyse les termes, le libellés ici, vous avez raison. Je

 23   ne vois pas de trace de la terminologie très imagée de l'ordre de la

 24   directive signée par le président Karadzic. Mais dans l'ordre émanant du

 25   grand quartier général, je vois des références à des attaques lancées


Page 5690

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

 13   pagination anglaise et la pagination française.

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5691

  1   contre Srebenica. En tant que militaire j'hésiterais à inclure dans un

  2   ordre opérationnel la terminologie et l'intention qu'exprime  l'ordre émis

  3   par le Président Karadzic. Je penserais tout de même à l'avenir à ce qu'il

  4   convient de faire sur le plan militaire, à ce qui ne convient pas de

  5   faire. Et donc tout en tenant compte de l'intention exprimée sur le plan

  6   politique exprimée par M. Karadzic, j'hésiterais beaucoup à utiliser cette

  7   terminologie dans mon ordre. Mais on comprend évidemment fort bien quand

  8   on lit ce qu'a écrit M. Karadzic, ce qu'il avait à l'esprit, quelle était

  9   son intention mais je n'aurais pas voulu inclure une telle formulation

 10   dans l'ordre opérationnel que moi-même je rédigerais. Donc je comprends

 11   très bien pourquoi on ne voit pas la même terminologie dans les deux

 12   documents.

 13   Question:   Mon général, dans les documents opérationnels que vous avez pu

 14   avoir l'occasion de lire pendant que vous vous prépariez à la présente

 15   déposition, les termes et les concepts utilisés par les officiers du Corps

 16   de la Drina quand il était question de l'attaque sur Srebenica, ces termes

 17   et ces concepts, étaient-ils opportuns de les utiliser dans une

 18   terminologie militaire? Autrement dit, si nous prenons l'ordre de

 19   préparation aux activités de combat du 2 juillet 1997, pièce à conviction

 20   428, nous voyons le commandant dans cet ordre affirmer qu'il définit

 21   l'objectif de cette activité, de cette action de combat page 2 je cite:

 22   "réduire complètement la taille des enclaves de Srebenica et de Zepa grâce

 23   à une attaque surprise, améliorer la position des forces tactiques dans la

 24   zone et créer des conditions permettant la suppression de ces enclaves."

 25   Alors, s'agissant de la terminologie militaire et de la façon dont sont


Page 5692

  1   rédigés les ordres militaires, je vous demande si l'emploi de telles

  2   expressions est opportun et autorisé, approprié?

  3   Réponse:    Dans le contexte de la théorie militaire que j'ai décrite plus

  4   tôt, les opérations en profondeur, les opérations à proximité, les

  5   opérations à l'arrière, les opérations en profondeur sont donc faites pour

  6   améliorer les chances de succès des opérations à proximité. Eh bien la

  7   terminologie que je vois ici est tout à fait cohérente dans ce contexte,

  8   dans le cadre de cette théorie.

  9   Le pilonnage, les tirs d'artillerie dissuadent en fait l'armée qui est

 10   prise d'assaut à continuer à combattre. Ce sont des activités en

 11   profondeur dont l'intention est de miner la volonté des défenseurs, de

 12   continuer à défendre les enclaves de Srebrenica et de Zepa. Donc, c'est

 13   tout à fait la terminologie à laquelle je pourrais m'attendre dans ce

 14   contexte, dans le cadre de cette théorie.

 15   C'est dans l'intention exprimée par le Président Karadzic, exprimée dans

 16   des termes qui conviennent au mieux à la terminologie militaire. Je vois

 17   donc là tout à fait une continuité. On le voit peut-être moins dans

 18   l'ordre émanant du grand quartier général mais, là, dans l'ordre émanant

 19   du Corps de la Drina, on fait état de ces opérations en profondeur qui

 20   doivent alors faciliter ensuite une prise d'assaut qui puisse être

 21   efficace et rapide. Tout cela est tout à fait cohérent, à mon avis.

 22   Mme Wald (interprétation): Général, est-ce que je pourrais vous poser une

 23   question?

 24   En gardant les enclaves dans les frontières originelles et avec toutes les

 25   activités qui se passaient entre temps et qui étaient en quelque sorte


Page 5693

  1   cohérentes avec le statu quo ou ce que l'on pensait que devait être le

  2   statu quo, est-ce qu'il y aurait eu des conditions qui pourraient aboutir

  3   à ces différentes opérations d'exécutions, compte tenu des différentes

  4   résolutions, décisions des Nations Unies? Est-ce que vous considérez ceci

  5   comme étant légal ou illégal en ce qui concerne les ordres ou les

  6   objectifs?

  7   M. Dannatt (interprétation): Oui, Madame la Juge. En effet, je pense que

  8   ce langage, cette terminologie de Karadzic est imagée, colorée. En effet,

  9   on estimait qu'il pourrait s'agir d'une attaque directe pour la prise de

 10   Srebrenica. Et puis on y évoque l'environnement ou la création d'un

 11   entourage qui serait incertain, insoutenable et qui aurait pu produire le

 12   même résultat.

 13   Alors, au-delà de cette première étape de planification, il ne s'agit pas

 14   seulement d'une étape de planification de cette opération mais qui serait

 15   plutôt une planification de l'élimination et de la prise de Srebrenica.

 16   Evidemment, il s'agissait de prévenir les forces, les effectifs musulmans

 17   de rejoindre Srebrenica et Zepa et ceci pourrait, dans les yeux des

 18   Serbes, rendre la situation encore plus grave. Par conséquent, je pense

 19   que c'était une intention planifiée. Il devait s'occuper de cette

 20   population et je pense qu'il devenait évident que cela devait avoir un

 21   reflet sur la presse, sur l'opinion internationale.

 22   Et puis le problème de l'évacuation des Musulmans, évacuation qui devait

 23   rendre Srebrenica une ville serbe. Evidemment, tout ceci, je pense que

 24   cela s'est fait au niveau politique, militaire. On observait ce qu'il se

 25   passait, on avait peur d'une réaction internationale et je pense que les


Page 5694

  1   résolutions du Conseil de sécurité qui les proclamaient "zones de

  2   sécurité", eh bien, je pense qu'il aurait pu déclencher une action, une

  3   réaction de l'OTAN et des raids aériens de la part de l'OTAN. Je pense que

  4   ceci a été en quelque sorte la voie qu'il avait suivie.

  5   M. Petrusic (interprétation): Général, d'après vos connaissances, d'après

  6   les documents que vous avez eus à votre disposition au cours de votre

  7   étude, de votre travail, est-ce que la 28ème Division musulmane était

  8   concentrée, se trouvait dans cette zone d'opérations?

  9   M. Dannatt (interprétation): La 28ème Division musulmane dans l'enclave

 10   n'était pas tout à fait géographiquement parlant dans l'enclave de

 11   Srebrenica mais se trouvait dans la zone plus vaste de Srebrenica. En

 12   effet, c'était le lieu d'opérations de la 28ème Division et là, elle

 13   s'était récupérée comme le Corps de la Drina l'a fait.

 14   Question:   Parlons des ressortissants de la 28ème Brigade musulmane, et

 15   s'il y a eu infiltrations, s'il y a eu raids depuis le territoire serbe

 16   dans la direction des positions et des positions où se trouvaient des

 17   civils, est-ce que cela veut dire que l'attaque sur la 28ème Division

 18   représente une cible militaire légitime? Est-ce que la 28ème Brigade

 19   musulmane représente une cible militaire légitime?

 20   Réponse:    Je pense qu'une bonne fois, il faut éclairer cette question. En

 21   effet, lorsqu'il s'agit de la 28ème Brigade musulmane, elle était là, elle

 22   se trouvait dans la région mais elle devait reprendre ses lignes en

 23   direction de Tuzla.

 24   Question:   Il s'agit donc de cette attaque qui a concerné la 28ème

 25   Division musulmane qui a débuté au mois de juillet, le 6 juillet pour être


Page 5695

  1   plus précis. Lorsqu'on sait qu'il y a eu attaque de la zone de sécurité et

  2   le territoire qui est sous sa protection, est-ce que vous considérez cela

  3   comme étant une cible militaire légitime?

  4   Réponse:    Merci d'avoir tiré cela au clair, je comprends maintenant votre

  5   question.

  6   Lorsqu'il s'agit de Srebrenica, il y a eu des forces musulmanes connues

  7   comme la 28ème Division musulmane mais évidemment au terme de la résolution

  8   du conseil de sécurité. Srebrenica a été proclamé une zone de sécurité et

  9   la partie intégrante de cette résolution a été le fait que la zone de

 10   sécurité devait être démilitarisée, Srebrenica en l'occurrence.

 11   Je ne pense pas que s'il s'agit d'une question séparée, nous savons dans

 12   quelle mesure les forces, les effectifs musulmans ont été désarmés dans

 13   cette partie. Ils portaient toujours les armes je pense aux musulmans et

 14   dans cette région.

 15   En ce qui concerne l'opération contre Srebrenica et conformément aux

 16   normes des conventions de Genève, ma réponse serait oui. Il ne serait pas

 17   non plus raisonnable pour les Serbes d'attaquer l'enclave de Srebrenica là

 18   où on sait qu'il y avait des militaires, des effectifs militaires

 19   musulmans.

 20   Ceci est une exposition dans des termes très vastes. Mais il est question

 21   de savoir si oui ou non, les Serbes devaient attaquer cette région et si

 22   ils devaient attaquer et abolir le statut de zone de sécurité pour

 23   Srebrenica proclamée par les Nations Unies et qui était une sorte –au

 24   terme de la résolution des Nations Unies- d'attaque illégitime.

 25   Question:   Général, la division que vous commandez, est-ce que le statut


Page 5696

  1   de cette division contient notamment le principe de passation des pouvoirs,

  2   des fonctions, transmission des fonctions des pouvoirs entre le commandant

  3   sortant et le commandant nommé.

  4   Réponse:    Lorsqu'il y a transfert des fonctions et en ce qui concerne ma

  5   division, je quitte la pièce et je me mets au volant de ma voiture et mon

  6   remplaçant assume ses fonctions, il n'y pas aucun laps de temps dans

  7   lequel nous sommes appelés à travailler ensemble. C'est une question qui

  8   incombe aux membres de l'état-major. C'est peut être le cas d'une

  9   monarchie "le roi est mort, vive le roi". Mais évidemment l'état-major est

 10   celui qui doit veiller à ce que tout ce qui doit être fait soit bien fait

 11   lorsqu'il s'agit de cette passation de pouvoir c'est comme ça que cela se

 12   fait.

 13   Au niveau des états-majors, on passe parfois toute une semaine pour se

 14   passer, pour se transférer les différents devoirs, fonctions et tâches.

 15   Evidemment cette passation des pouvoirs peut se faire le même jour ou deux

 16   jours plus tard, ça dépend du niveau de l'échelon de la formation

 17   militaire. Au niveau de ma division, je sors et le nouvel homme prend ma

 18   place et mes fonctions.

 19   Question:   C'est au niveau de la division, c'est au niveau du commandant

 20   des divisions, Général, connaissez-vous les règlements qui sont en vigueur

 21   dans le cadre de la VRS, soit au niveau du commandant de corps?

 22   Réponse:    Dans mon étude de ces règlements de la VRS, je ne peux pas me

 23   souvenir d'un règlement qui statuerait sur le transfert, la passation des

 24   pouvoirs, je ne me souviens pas avoir vu quelque chose à cet effet. Je ne

 25   pourrais donc faire de commentaires que sur ce qui concerne nos propres


Page 5697

  1   pratiques en ce qui concerne le règlement des passations, des fonctions,

  2   des transferts des fonctions. En effet ce n'est pas quelque chose de

  3   parfaitement normal au niveau des commandements, ce que mon prédécesseur a

  4   fait, ce que mon remplaçant sera ce sont deux choses différentes. En

  5   effet, l'état-major est celui qui doit assurer la continuité qui doit

  6   veiller aux détails, qui doit en quelque sorte assurer une délivrance

  7   normale de toutes les tâches et devoirs à accomplir.

  8   Question:   Monsieur le Général, dans cette préparation pour votre

  9   document, pour votre expertise avez-vous eu connaissance d'un document émis

 10   par le Corps de la Drina à l'intention d'unités déterminées, de brigades

 11   déterminées au-delà du 13 juillet 1995?

 12   Réponse:    Oui, oui, j'essaye de me rappeler, de réfléchir sur le point.

 13   Le 13 juillet est la date de Krivaja 95, attaque contre Zepa, il y a aussi

 14   l'opération, à la même date, l'opération de ratissage. Je me souviens

 15   qu'il y a eu pas mal de documents que j'ai consultés, étudiés, mais je ne

 16   me souviens pas d'en avoir vu un qui serait postérieur à cette date.

 17   Question:   Les rapports de combat quotidiens allant depuis la brigade de

 18   Bratunac, brigade de Zvornik, ces rapports sont adressés au point de

 19   commandement avancé Krivace ou au point de commandement du corps de Drina

 20   à Vlasenica.

 21   Général, excusez-moi encore un instant, je voudrais être bien plus précis.

 22   Il s'agit du 14 et du 15 juillet 1995.

 23   Réponse:    Monsieur le Président, je comprends cette question. Et je l'ai

 24   comprise au fond comme un ordre qui vient depuis le Corps de la Drina,

 25   rapports de combat qui circulent dans ce sens-là, oui, j'en ai vu. Mais je


Page 5698

  1   ne me souviens pas s'ils étaient adressés au poste de commandement avancé

  2   ou au poste de commandement principal. Lorsque je dis que je ne m'en

  3   souviens pas, je pense que cela n'a pas trop d'importance. En effet, le

  4   poste de commandement avancé avait des communications avec le commandement

  5   principal depuis le matin des 6 heures. Ces communications étaient

  6   disponibles au niveau de ces états-majors.

  7   Mais lorsqu'il s'agit de ces communications et je l'ai souligné à

  8   plusieurs reprises, quand il s'agit de communications au niveau des états-

  9   majors, eh bien je pense que c'est là que l'information devenait plus

 10   importante et le poste de commandement tactique et le poste de

 11   commandement principal, mais à mon avis, est-ce que ces informations

 12   allaient vers celui-ci ou vers celui-là, cela n'est pas très important.

 13   L'important c'est que les états-majors et les postes de commandements

 14   étaient en communication, en transmission, se passaient toutes les

 15   informations pertinentes.

 16   Finalement, il n'y a pas besoin d'information si ceux qui apportent des

 17   décisions ne l'ont pas en temps voulu et nécessairement.

 18   Question:   J'enchaîne à la fin de votre réponse, est-il important que

 19   c'est le 14 et le 15 juillet que à ce poste de commandement à Vlasenica, on

 20   peut trouver des preuves relatives à la présence du général Zivanovic?

 21   Réponse:    Je pense que c'est une question qu'on a effleurée peut-être ce

 22   matin ou même hier, le départ du général Zivanovic. Quand il a disparu,

 23   enfin, quelle est la date, c'est difficile de le prouver, je ne vois aucun

 24   élément de preuve dans ces rapports ou dans ces interceptions, aucune

 25   référence faite au général Zivanovic après le 15 juillet. Le général


Page 5699

  1   Zivanovic semble avoir disparu dans un tour noir. Et puis il y a une sorte

  2   de confusion en ce qui concerne les dates du 13, du 14 et du 15 quant au

  3   commandement du général Zivanovic, général Krstic est devenu commandant du

  4   corps dès le 13, et je l'ai déjà dit, pour moi le général Krstic est

  5   devenu commandant de corps en temps pour pouvoir conduire bien l'opération

  6   de Zepa, c'était déjà le 13 ou au début de la journée du 14. Eh bien, mais

  7   le général Krstic se déplaçait déjà vers Krivacac et le général Zivanovic

  8   était déjà là, il se trouvait au poste de commandement à Vlasenica, il dit

  9   dans une de ses interceptions: "je suis en train de faire mes bagages." Et

 10   puis il y a un autre du 14 ou du 15 quelqu'un lui pose la question de

 11   savoir, une question précise et il lui répond: "effectivement, je ne peux

 12   pas vous aider." Enfin, indiquant qu'il n'a plus l'autorité de le faire.

 13   Par conséquent, il n'y aurait presque pas de doute sur ce que le général

 14   Zivanovic faisait les 14, 15 et 16 juillet et par la suite.

 15   Question:   Général, puisque vous parlez de ces interceptions, il y a une

 16   ou un des inférieurs, un officier subordonné attend le général Zivanovic

 17   sur l'ordre du général et aussi nous avons une interception où le général

 18   Zivanovic s'adresse à un officier subordonné lui disant: "oui tu dois

 19   comprendre que c'est un ordre".

 20   Donc ma question reste la suivante: est-ce que la présence du général

 21   Zivanovic a une quelconque influence, présence au poste de commandement

 22   avancé en ce qui concerne les rapports de combats réguliers ou

 23   intérimaires qui sont datés du 14 et du 15 juillet et qui sont adressés,

 24   qui viennent des unités subordonnées, donc dans ce même intervalle de

 25   temps?


Page 5700

  1   Réponse:    Je pense que les positions du général Zivanovic, le 14 et le

  2   15, sont claires. Il est ou il n'est pas commandant du corps mais il est

  3   encore un général le 14 et le 15. Par conséquent, était-il commandant ou

  4   non du corps à l'époque, il avait certaines prérogatives, il avait une

  5   certaine autorité, il pouvait donc les déployer puisqu'il était encore

  6   commandant de corps d'armée. Pouvait-il donner des directives? Le faisait-

  7   il? Je pense que ceci d'après le général Zivanovic et d'après ses mots,

  8   vous devez le prendre comme un ordre, vous devez faire ceci, cela implique

  9   des directives mais peut-être n'étant plus commandant, il doit dire: "vous

 10   devez prendre ceci comme un ordre." Etant donné qu'il est général et qu'il

 11   donne une certaine directive à un subordonné donc vous devez le prendre

 12   comme un ordre mais considérez-moi encore comme étant commandant, comme

 13   étant votre supérieur.

 14   M. le Président: Mon général, s'il n'a pas été le commandant et il était

 15   seulement général, est-ce qu'il pouvait encore dire "prenez cela comme un

 16   ordre"?

 17   M. Dannatt (interprétation): Peut-être, monsieur le Président, il était

 18   général, donc haut gradé par rapport aux subordonnés, mais en tant que

 19   militaire je dois dire que toute cette affaire est quelque chose

 20   d'exceptionnelle qui était ou qui n'était pas commandant de corps dans une

 21   situation de combat en plein combat. Si vous avez une voiture, une

 22   personne seulement peut la conduire à un moment donné. Et puis, on parle

 23   du général Krstic ou du général Zivanovic et quand on parle de toutes ces

 24   dates qui sont vraiment mélangées et le 20 et le 21, on en a parlé, il y a

 25   certains faits à établir. Il y a donc eu ce changement de commandement


Page 5701

  1   entre l'opération de Srebenica et le commencement de celle de Zepa. Mais

  2   le 13 serait peut-être cette date à laquelle le général Krstic est

  3   effectivement devenu commandant du corps d'armée. Je sais que l'ordre du

  4   Président Karadzic est d'une date postérieure. Je sais que la passation

  5   des pouvoirs s'était faite plus tard et puis le 20 et le 21, il y a eu

  6   aussi des événements. Mais ce n'est pas quelque chose qui me surprend,

  7   c'est quelque chose qui a été fait sur place, il s'agissait d'une

  8   passation de fonctions vraiment qui a eu lieu.

  9   M. Petrusic (interprétation): Le Président Karadzic à l'époque est le seul

 10   autorisé à nommer un commandant de corps. Est-ce que vous connaissez ce

 11   règlement?

 12   M. Dannatt (interprétation): Oui, j'ai lu ce règlement.

 13   Question:   Général, dans une armée organisée et vous avez présenté cette

 14   armée comme étant organisée… je retire cette question. Est-ce qu'un

 15   commandant pourrait être nommé par une autre personne autre que celle qui

 16   est autorisée de le faire au terme de la législation en vigueur?

 17   Réponse:    Dans la pratique oui, cela peut se passer, je vous donne un

 18   exemple pendant que j'étais commandant de bataillon.

 19   Question:   Je m'excuse de vous interrompre général, nous parlons du niveau

 20   du corps, niveau de division et nomination de ces personnes de cette

 21   personnalité dans le cadre de votre armée.

 22   Réponse:    Je vous donnerai un autre exemple.

 23   Au niveau de mon état-major de division, le chef d'état-major de division,

 24   une de mes brigades qui sont intégrées dans cet état-major de division, eh

 25   bien cet officier ne s'acquittait pas de ses fonctions comme il faut et je


Page 5702

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

 13   pagination anglaise et la pagination française.

 14  

 15  

 16   

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5703

  1   l'ai limogé, je l'ai éliminé de sa position de chef d'état-major de

  2   brigade de reconnaissance. Je l'ai fait parce que cela devait être fait.

  3   Mais officiellement, la nomination se fait par d'autres lorsqu'il s'agit

  4   de limoger quelqu'un ou lorsqu'il s'agit de remplacer quelqu'un, eh bien

  5   cela se fait au niveau administratif, d'un manière différente. En effet,

  6   cela peut se faire quelques jours après pour certaines actions qui doivent

  7   être présentées, autorisées et ensuite remplacer la personne et poster une

  8   nouvelle.

  9   J'ai pris cette action, je l'ai fait en personne. Et il y a certaines

 10   choses que vous devez faire parfois en marge des règlements, selon votre

 11   opinion et selon votre jugement. Et je pense que c'était ce que le général

 12   Mladic a fait le 13 juillet, sentant que le général Zivanovic n'était pas

 13   l'officier le plus approprié et qu'il faudrait le remplacer. C'est comme

 14   cela que le général Mladic a peut-être abouti à sa décision.

 15   M. Riad (interprétation): Je suis le Juge Riad, général Dannatt. Mais

 16   l'exemple que vous venez de nous donner au sujet d'une décision qui est

 17   prise à un moment déterminé et corroboré par les événements par la suite,

 18   supposons que cette décision soit rejetée, ne couriez-vous pas un risque?

 19   M. Dannatt (interprétation): Oui.

 20   M. Riad (interprétation): Donc, vous avez couru un risque?

 21   M. Dannatt (interprétation): J'ai fait confiance à mon jugement personnel.

 22   J'ai fait appel à ce jugement pensant que ce que j'allais faire était

 23   juste, était bien.

 24   M. Riad (interprétation): Donc, selon vous, cela n'aurait pas dû être

 25   fait?


Page 5704

  1   M. Dannatt (interprétation): Si j'avais respecté le règlement, je n'aurais

  2   pas agi de cette façon. Mais je crois qu'il est permis de dire que si l'on

  3   agit toujours absolument conformément au règlement, on ne fait pas

  4   toujours ce qu'il y a de mieux.

  5   M. Riad (interprétation): Mais le choix était-il celui de Mladic ou de

  6   Karadzic, s'agissant du général Krstic?

  7   M. Dannatt (interprétation): Je pense, mais je n'en suis pas sûr que c'est

  8   le commandant militaire, qui connaissait bien le général Krstic, qui a

  9   fait ce choix du général Krstic, donc qu'il s'agit du général Mladic, car

 10   il souhaitait le voir au commandement pendant l'attaque sur Zepa.

 11   M. Riad (interprétation): Parce que nous avons vu une déclaration de

 12   Karadzic qui affirmait que le général Krstic pouvait être aussi bon que

 13   Mladic.

 14   M. Dannatt (interprétation): Je pense que c'est exact.

 15   M. Riad (interprétation): C'est une allocution, un discours dont nous

 16   avons le texte.

 17   M. Dannatt (interprétation): Oui, et il est fort possible que ce soit le

 18   cas, Monsieur le Juge. Je crois que sur le plan professionnel et

 19   militaire, le général Krstic avait une très bonne réputation et a souvent

20   été encensé par M. Karadzic. Donc, cela ne me surprend pas.

 21   M. Riad (interprétation): Mais cela n'aurait-il pas créé un conflit entre

 22   lui-même et Mladic?

 23   M. Dannatt (interprétation): Non. Je crains, Monsieur le Juge, que nous ne

 24   nous comprenions pas tout à fait bien. Je crois que la décision prise par

 25   le général Mladic sur le terrain consistant à nommer le général Krstic à


Page 5705

  1   partir du 13 juillet au commandement du Corps de la Drina pour qu'il soit

  2   présent sur les lieux, avant le début de l'attaque de Zepa, je crois que

  3   cette nomination émane donc du général Mladic et qu'elle a ensuite été

  4   entérinée par le Président Karadzic. Mais vous avez tout à fait raison de

  5   dire que le Président Karadzic avait une très bonne opinion du général

  6   Krstic à la lecture du discours dont vous venez de parler et donc le

  7   général Mladic a sans doute pensé qu'il ne courait pas un grand risque en

  8   nommant à son poste le général Krstic puisqu'il pensait, en toute

  9   probabilité, que le Président Karadzic allait approuver ce choix par la

 10   suite.

 11   M. Riad (interprétation): Mais cela n'aboutit-il pas au fait que Mladic,

 12   Karadzic et Krstic sont à peu près au même niveau?

 13   M. Dannatt (interprétation): Oui, je crois qu'on peut le dire,

 14   effectivement.

 15   M. Riad (interprétation): Merci.

 16   M. le Président: Mais avant de faire la pause, Maître Petrusic, excusez-

 17   moi.

 18   Si le général Zivanovic n'était pas dans des bonnes conditions de santé,

 19   est-ce que vous diriez la même chose ou est-ce que vous changeriez

 20   quelques-unes de vos affirmations?

 21   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Président, si le général

 22   Zivanovic n'avait pas été en bonne santé, ce qui se serait passé

 23   automatiquement, c'est que le général Krstic serait devenu commandant du

 24   corps, puisqu'il était auparavant le chef d'état-major de ce même corps.

 25   Donc, selon les règlements, il était aussi, en tant que chef d'état-major,


Page 5706

  1   commandant adjoint. Et le règlement se serait appliqué: en cas de mauvaise

  2   santé du commandant, c'est le général Krstic, commandant adjoint, qui

  3   serait automatiquement devenu commandant. Mais comme je l'ai déjà dit, je

  4   ne sais pas quelles sont les raisons du limogeage du général Zivanovic.

  5   Etait-ce la santé ou pas? Je ne sais pas.

  6   M. le Président: (?) voir le général Krstic remplacer Zivanovic et après

  7   une nomination formelle, est-ce que je peux voir la citation comme cela?

  8   M. Dannatt (interprétation): Oui, en effet. Si le général Zivanovic était

  9   en mauvaise santé depuis quelque temps, très naturellement le général

 10   Krstic aurait exercé les fonctions de commandant du corps jusqu'à

 11   l'amélioration de santé du général Zivanovic. Pour ce faire, il n'aurait

 12   pas été nécessaire du Président Karadzic, car le règlement stipule que le

 13   commandant adjoint exerce les fonctions du commandant en cas de mauvaise

 14   santé. Mais le général Zivanovic n'est par revenu, donc il n'a pas été

 15   remplacé parce qu'il était en mauvaise santé, il a été remplacé pour

 16   d'autres raisons. Et dans mes commentaires précédents, j'ai dit, je crois,

 17   ce qu'il était opportun de dire.

 18   M. le Président: Nous pourrions faire une pause ici?

 19   M. Petrusic (interprétation): Oui Monsieur le Président.

 20   M. le Président: Nous allons faire une pause de 45 minutes en attendant

 21   quand même qu'on n'a pas besoin ou on n'aura pas besoin d'aller jusqu'à 3

 22   heures 30. Donc, maintenant 45 minutes.

 23   (La séance, suspendue à 13 heures 10, est reprise à 13 heures 55.)

 24   M. le Président: Maître Petrusic, vous pouvez continuer, en tenant compte

 25   que nous allons nous efforcer de terminer à 15 heures. Si nécessaire nous


Page 5707

  1   irons jusqu'à 15 heures 30, mais dans ce cas on fera une pause à cause des

  2   raisons de santé du général Krstic. Si nous devons faire une pause, nous

  3   ferons une pause d'un quart d'heure.

  4   M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président j'espère que nous

  5   aurons terminé avant ce moment-là et qu'il ne sera pas nécessaire de faire

  6   une pause. Bien entendu, cela dépend aussi de monsieur le général et de

  7   ses réponses.

  8   Mon général, en bref, nous avons parlé abondamment du Président Karadzic à

  9   cette époque et du général Mladic, j'aimerais savoir si vous savez, au

 10   niveau du commandement, quels étaient les rapports entre ces deux hommes,

 11   je veux parler donc du commandant suprême et du commandant du grand état-

 12   major, quels étaient les rapports entre ces deux commandants? Etaient-ce

 13   des rapports amicaux?

 14   M. Dannatt (interprétation): Madame et Messieurs les Juges, j'aimerais

 15   beaucoup pouvoir être d'un certain secours au Tribunal mais vraiment je ne

 16   pense pas pouvoir me prononcer sur cette question, j'en suis désolé.

 17   Question:   Avez-vous appris qu'au début du mois d'août 1995, le Président

 18   Karadzic a essayé de remplacer à son poste le général Mladic?

 19   Réponse:    Oui, on en a fait état de manière très étendue et j'en étais

 20   donc conscient de façon générale.

 21   M. Riad (interprétation): Puis-je poser une question conjecturale: est-ce

 22   que le général Mladic aurait pu intervenir, empêcher la nomination du

 23   général Krstic s'il l'avait voulu?

 24   Réponse:    Monsieur le Juge, vous me demandez de la conjecture donc je

 25   vais raisonner par hypothèse. Je pense que si le général Mladic n'avait pas


Page 5708

  1   approuvé la nomination du général Krstic en tant que commandant du corps

  2   d'armée il l'aurait certainement dit au Président Karadzic. Il me semble

  3   tout à fait possible que M. Karadzic aurait discuté avec le général Mladic

  4   de son intention de nommer le général Krstic en tant que commandant de

  5   corps. Pour parler en termes généraux, il est certain qu'au sein de

  6   l'armée britannique, les nominations aux grades les plus élevés sont

  7   recommandées par les supérieurs, par les plus hauts gradés de l'armée,

  8   donc recommandées par eux et approuvées par les dirigeants politiques.

  9   Donc, tant le chef d'état-major, le chef d'état-major de la défense et le

 10   secrétaire d'état pour la défense, dans mon pays, doivent approuver la

 11   nomination d'une personne à un grade de ce type.

 12   M. Riad (interprétation): Merci.

 13   M. Petrusic (interprétation): Mon général, est-ce que nous sommes en train

 14   ici de parler de façon conjecturale du fait que Mladic le 13 juillet a

 15   nommé le général Krstic au poste de commandant du corps?

 16   Autrement dit, est-ce que lorsque vous dites "c'est ce qu'a fait Mladic"

 17   il s'agit, chez vous, d'une supposition?

 18   M. Dannatt (interprétation): C'est mon opinion militaire qu'en toute bonne

 19   logique le moment raisonnable pour nommer un nouveau commandant de corps

 20   aurait été entre l'opération Srebrenica et l'opération Zepa. Le 13 juillet

 21   me paraît être la date la plus logique, encore une fois ce n'est que de la

 22   conjecture de ma part, mais je pense qu'il s'agissait d'une décision

 23   militaire que le général Mladic a prise et qu'il a ensuite soumise pour

 24   approbation au Président Karadzic. C'est mon point de vue, encore une fois

 25   conjectural.


Page 5709

  1   Question:   Considérez-vous que le chef de l'état-major d'un corps d'armée

  2   peut prendre le commandement au sein du corps d'armée uniquement en

  3   l'absence du commandant, ou bien s'il est empêché d'agir en tant que

  4   commandant pour d'autres raisons?

  5   Réponse:    Oui, selon le Règlement qui est très clair; l'officier général

  6   qui est chef d'état-major est également commandant adjoint et exercera les

  7   fonctions de commandement en l'absence -quelle que soit la raison de cette

  8   absence, blessure, mission, maladie- du commandant, c'est ce qui est prévu

  9   au terme du Règlement.

 10   Question:   Mon général, suite à l'ordre relatif aux activités de combat à

 11   Srebrenica, y a-t-il eu un autre plan qui aurait été élaboré aux fins de

 12   mettre en application la directive 7/1. Je crois que la pièce à conviction

 13   426 était suffisante tout à l'heure. J'estime qu'il n'est peut être pas

 14   nécessaire de la remettre sur le rétroprojecteur. Je vous demande si en

 15   dehors de cet ordre, il existe un autre document, un autre plan qui aurait

 16   été élaboré suite à la directive 7/1?

 17   Réponse:    Je réfléchis un instant pour me rafraîchir la mémoire.

 18   Monsieur le Président, je pense qu'une réponse en tout cas partielle

 19   serait la suivante: la directive émise par M. Karadzic qui a ensuite donné

 20   lieu à la directive 7/1 donc l'ordre d'attaquer Srebrenica, je pense que

 21   c'est le même document émis par, au niveau de Karadzic qui a été à

 22   l'origine de l'ordre d'attaquer Zepa en 1995. Je pense que le document de

 23   Karadzic a été à l'origine des deux ordres. Donc oui, pour répondre à la

 24   question il y aura un deuxième ordre opérationnel c'est-à-dire celui

 25   concernant Krivaja 95.


Page 5710

  1   Question:   Au compte rendu d'audience en anglais, il est question de Zepa

  2   comme étant la cause ou au cœur de l'opération Krivaja 95, je crois que

  3   c'est une erreur car il me semble que le plan Krivaja 95 concernait

  4   Srebrenica, n'est-ce pas?

  5   Réponse:    Oui, je me réfère à deux ordres opérationnels distincts, l'un

  6   concernant l'attaque de Srebrenica, l'autre concernant l'ordre de Zepa,

  7   par la suite émis le 13 juillet et signé par le général Krstic en tant que

  8   chef d'état-major.

  9   M. Cayley (interprétation): Je ne veux pas interrompre mon éminent

 10   collègue, mais je pense que si la défense se réfère à des documents le but

 11   du contre-interrogatoire n'est pas de mettre à l'épreuve la mémoire du

 12   général. Il conviendrait de lui soumettre ces documents pour qu'il les ait

 13   sous les yeux. Cela nous permettrait d'accélérer le processus. On ne peut

 14   pas s'attendre à ce que le général se souvienne avec précision de milliers

 15   de documents qui lui ont été soumis.

 16   M. le Président: Vous avez raison, de toute façon je crois que Me Petrusic

 17   a essayé d'y arriver sans utiliser le document, il a mentionné le

 18   document. Mais c'est peut-être mieux de présenter les documents au général

 19   Dannatt, pour qu'il puisse les voir, au moins pour faire des associations

 20   de mémoire, c'est plus facile peut-être. Quand on veut aller plus vite on

 21   peut arriver quand même à l'effet contraire. Ce sera peut-être mieux M.

 22   Petrusic de demander au greffe de  poser devant le témoin les documents

 23   pertinents, s'il vous plaît.

 24   M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, je crois que le

 25   témoin a répondu à cette question. Donc la défense estime qu'il n'est pas


Page 5711

  1   nécessaire de revenir sur ce document pour le réexaminer.

  2   M. le Président: D'accord. Donc vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

  3   M. Petrusic (interprétation): Mon général, dans votre rapport d'expert,

  4   vous déclarez n'avoir été absolument pas surpris par la présence de Mladic

  5   et de son adjoint donc la présence du commandant du grand état-major et

  6   celle de son adjoint sur les lieux. Vous avez dit que très couramment dans

  7   la pratique, les commandants au niveau suprême suivaient le déroulement

  8   des événements sur place. En rapport avec cela, comment interprétez-vous

  9   l'expérience que vous avez acquise en Bosnie-Herzégovine, selon laquelle

 10   les supérieurs régissent de façon très précise le comportement des

 11   commandants subordonnés selon lesquels les subordonnés n'ont que très peu

 12   de marge de manœuvre pour prendre des décisions sans en référer au niveau

 13   supérieur dans la hiérarchie? Comment interprétez-vous dans ces

 14   conditions, dans ce contexte les événements de Srebrenica et plus

 15   précisément ceux qui ont commencé le 11 juillet?

 16   M. Dannatt (interprétation): Je voulais juste m'assurer d'avoir bien

 17   compris la question. Je pense que je réfute en fait le fondement même de

 18   la question. Ce que j'ai dit c'est que la présence du général Mladic et de

 19   son état-major ou de certains membres de son état-major dans la zone de

 20   responsabilité du Corps de la Drina ne me surprend pas car c'était

 21   vraiment, comme je l'ai déjà dit, là que tous les efforts de la VRS

 22   étaient concentrés à l'époque. Le général Mladic se trouvait sur place et

 23   donc puisqu'il y était, je trouve tout à fait normal qu'il ait exercé une

 24   certaine influence pour tenter de se faire sur les événements puisqu'il

 25   était de grade supérieur, par exemple au général Krstic, en tout cas, au


Page 5712

  1   commandant du corps à l'époque.

  2   Il aurait donc pu donner des ordres supplémentaires, des conseils

  3   supplémentaires. Il faut distinguer entre ordres ou conseils vous devez

  4   faire ceci ou je vous propose de faire ceci, mais tout cela tombe sous le

  5   cadre de la structure ce qui émane de Mladic et ce qui est adressé à

  6   Krstic, il appartient ensuite aux organes du Corps de la Drina d'exécuter

  7   ces ordres.

  8   Ce que je ne comprends pas dans la question c'est la suggestion qu'entre

  9   le général Mladic et le grand quartier général d'une part et le général

 10   Krstic et le Corps de la Drina d'autre part, il y aurait eu une exigence

 11   de demander l'approbation à un niveau encore plus élevé. Je ne vois aucune

 12   preuve à l'appui de cette thèse. D'après ce que j'ai compris, toutes les

 13   questions pertinentes ont été décidées entre les généraux sur le terrain à

 14   l'époque.

 15   M. Riad (interprétation): Excusez-moi je pense qu'il n'y avait qu'un

 16   général à l'époque.

 17   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Juge, j'essaie de garder à

 18   l'esprit le fait que le général Mladic était également présent sur le

 19   terrain dans la zone de Srebrenica à l'époque et qu'il a sans aucun doute

 20   eu des conversations avec le général Krstic et donné des ordres au général

 21   Krstic c'est pourquoi je parle de deux généraux.

 22   M. Riad (interprétation): Quelles seraient les répercussions sur la

 23   responsabilité dans ce contexte?

 24   M. Dannatt (interprétation): Il n'y aurait pas de répercussion.

 25   M. Riad (interprétation): Qui serait responsable alors dans ce contexte?


Page 5713

  1   M. Dannatt (interprétation): Dans de telles circonstances, normalement un

  2   ordre opérationnel formel est émis à un niveau et transmis au niveau

  3   supérieur, mais il est tout à fait normal dans un tel contexte que le

  4   supérieur, en l'espèce le général Mladic, donne des ordres ou instructions

  5   supplémentaires au général Krstic en tant que commandant de corps en tête-

  6   à-tête, oralement et alors on s'attendrait à ce que le général Krstic

  7   transmette ces mêmes instructions à son état-major, à son corps d'armée

  8   pour qu'elles puissent être exécutées. C'est ainsi que je comprendrais

  9   normalement le but de la présence sur le terrain du commandant en chef.

 10   Encore une fois sur le théâtre principal des opérations.

 11   M. Riad (interprétation): Y a-t-il un indice du fait que le général Mladic

 12   ait donné des ordres aux subordonnés du général Krstic?

 13   M. Dannatt (interprétation): Oui, je crois qu'on s'est penché plusieurs

 14   fois sur cette question et je ne vois aucune preuve qui indiquerait que le

 15   général Mladic ait donné des ordres directs à des organes, des unités du

 16   Corps de la Drina, c'est-à-dire qu'il aurait outrepassé la structure de

 17   commandement normal.

 18   M. Riad (interprétation): Merci.

 19   M. Petrusic (interprétation): Mon général, puisque nous en sommes aux

 20   suppositions, suppositions portant sur l'existence aussi d'ordres verbaux

 21   comparables à ceux dont vous venez de parler de la part du général Mladic,

 22   je vous demande si dans la période du 11, 12, et 13 juillet dates

 23   auxquelles le général Krstic était chef d'état-major, il était logique que

 24   le général Krstic fasse connaître ses ordres au commandant du corps plutôt

 25   qu'au chef d'état-major, s'il serait naturel ou logique que le général


Page 5714

  1   Mladic ait émis ses ordres à l'intention du commandant du corps et non du

  2   chef d'état-major du corps.

  3   M. Dannatt (interprétation): La procédure normale serait la suivante: si

  4   le général Mladic pensait qu'il convenait de donner des ordres

  5   supplémentaires, il lui incombait de donner ces ordres au commandant du

  6   corps d'armée. C'est vraiment la structure officielle de commandement.

  7   Cela étant, au cours de ces derniers jours je me suis rendu compte de

  8   cette position qui sort de l'ordinaire, du chef d'état-major de corps

  9   d'armée en tant qu'officier principal d'état-major. Il ne me paraît pas

 10   surprenant que le général Mladic donne des ordres au chef d'état-major à

 11   qui il incomberait d'informer immédiatement le commandant de corps.

 12   Dans mon expérience, il arrive assez souvent que des ordres soient

 13   transmis à un chef d'état-major subordonné dans l'attente qu'il y ait

 14   immédiatement une discussion entre le chef d'état-major et son commandant.

 15   Les ordres sont transmis d'un commandant à l'autre mais, étant donné la

 16   nature tout à fait particulière de la position du chef d'état-major dans

 17   ce contexte, qu'il était général, je ne trouve pas particulièrement

 18   insolite que le général Mladic ait pu donner quelques ordres au général

 19   Krstic qui aurait pu être le chef d'état-major à l'époque.

 20   Question:   Un certain nombre de règlements existaient au sein de l'armée

 21   de la Republika Srpska. Ces règlements avaient été repris de l'ancienne

 22   armée populaire yougoslave. Je vous demande si un commandant de corps

 23   d'armée peut délivrer des ordres à ses assistants?

 24   Réponse:    Pourrais-je juste avoir un éclaircissement qu'est-ce que la

 25   défense entend par assistant? Commandant adjoint conformément à


Page 5715

  1   l'organigramme ou subordonné, comme commandant de brigade?

  2   Question:   Le commandant du corps d'armée a un certain nombre d'assistants

  3   responsables de la sécurité, des aspects religion et moral des troupes,

  4   etc. Je parlais de ces assistants-là.

  5   Réponse:    Merci pour ces éclaircissements. Il serait tout à fait normal

  6   que le commandant de corps donne des instructions à ses assistants

  7   responsables de ces différentes unités fonctionnelles.

  8   Question:   Le commandant d'un corps d'armée émet également des ordres

  9   destinés à ces unités subordonnées, à savoir les brigades ou, pour être

 10   plus précis, il délivre ses ordres à l'intention des commandants de ses

 11   brigades

 12   Réponse:    Oui tout à fait.

 13   Question:   Mon général, au cours de vos travaux pour ce procès, avez-vous

 14   appris que les premiers documents où il est question de transfert, de

 15   transport ou encore si j'utilise le terme de l'accusation, de déportation

 16   de la population à partir de Potocari, avez-vous appris que les premiers

 17   documents relatifs à ces événements sont datés du 12 juillet?

 18   M. le Président: Maître Petrusic, excusez-moi de vous interrompre, ce

 19   serait peut-être le moment de présenter les documents sinon on tombe dans

 20   un exercice de mémoire du général, nous savons qu'elle est bonne, mais

 21   peut-être qu'il ne faut pas tester quand même la mémoire du général,

 22   excusez-moi.

 23   M. Petrusic (interprétation): Oui très bien monsieur le Président, un

 24   instant je vous demande simplement.

 25   Pour le moment, je vais retirer ma question. Et je prierai M. l'huissier


Page 5716

  1   de remettre au témoin la pièce à conviction 459.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   Mon général, il s'agit d'un rapport émanant du colonel Jankovic à partir

  4   du poste de commandement avancé de Bratunac en date du 13 juillet 1995.

  5   Alors bien que vous en ayez dit quelques mots ce matin, je vous demande

  6   tout de même encore pour quelles raisons le colonel Jankovic qui est

  7   officier membre du grand quartier général envoie ce rapport qui traite des

  8   services de renseignements, pourquoi il envoie ce rapport au commandement

  9   du Corps de la Drina, mais aux services chargés du renseignement de ce

 10   corps?

 11   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Président, je présume qu'il l'a

 12   fait parce qu'il se trouvait sur le théâtre des opérations, donc la zone

 13   couverte par ce rapport, en compagnie du général Mladic, qu'il aurait donc

 14   vu ce qui s'y passait, les événements qui s'y déroulaient et qu'il a

 15   trouvé opportun de transmettre ces informations toujours dans le cadre du 

 16   dialogue entre un officier des renseignements et un autre au commandement

 17   du Corps de la Drina pour que tout soit enregistré de façon détaillée.

 18   Nous avons ici affaire à une armée qui attache beaucoup d'importance à des

 19   rapports et des registres précis. Et un rapport tel que celui-ci entre 2

 20   officiers des renseignements, cela assure que toutes les informations

 21   soient enregistrées et que le Corps de la Drina qui était donc responsable

 22   de cette zone de la Republika Srpska, que toute l'opération soit

 23   documentée et procès-verbalisée de façon détaillée. Je vois à quoi la

 24   défense fait allusion ici, mais vraiment je ne vois rien d'insolite. Cela

 25   correspond tout à fait à l'exemple déjà évoqué ce matin en ce qui concerne


Page 5717

  1   non pas la relation de commandement, mais la relation de transmission,

  2   d'information, de communication d'un quartier général à un autre.

  3   Question:   L'adjoint du commandant chargé de la sécurité au sein du corps

  4   d'armée dirige-t-il les organes de la sécurité grâce à son expertise en la

  5   matière?

  6   Réponse:    Il est responsable de la coordination entre toutes les

  7   personnes qui y travaillent dans le domaine de la sécurité et dans le

  8   domaine de renseignements, dans les 2 unités de la même façon que les

  9   autres chefs d'unité fonctionnels sont responsables de leur domaine

 10   fonctionnel et font en même temps intégrer dans la structure du quartier

 11   général de l'état-major du corps et répondent ainsi au chef d'état-major et

 12   au niveau encore supérieur au commandant de corps.

 13   Question:   Selon ce que vous avez découvert au cours de vos recherches

 14   dans la hiérarchie verticale, est-ce la seule responsabilité de cet homme

 15   ou bien si l'on tient compte de la nature du travail effectué, est-ce

 16   également la responsabilité du service de renseignements et de sécurité du

 17   haut commandement? Dans ce cas, donc, du service chargé de la sécurité au

 18   sein du grand quartier général?

 19   Réponse:    En termes de responsabilité dans les domaines de la sécurité et

 20   des renseignements, c'est tout à fait comparable aux responsabilités dans

 21   n'importe quel domaine fonctionnel. Il y a pu y avoir peut-être des

 22   circonstances dans lesquelles des informations très confidentielles

 23   auraient été gardées confidentielles au sein de l'unité de renseignement

 24   pour protéger la source de ces informations mais l'intention n'étaient

 25   certes pas de cacher ces informations du commandant. Dans mon expérience,


Page 5718

  1   en tant que commandant des forces armées britanniques, j'ai parfois eu des

  2   officiers des renseignement qui sont venus personnellement me faire part

  3   de certaines informations qui n'ont pas été divulguées de façon plus

  4   étendue pour protéger la source de ces informations. En termes généraux,

  5   l'unité des renseignements fonctionne selon les mêmes principes que les

  6   unités de logistique ou de sécurité ou autres.

  7   Question:   Mon général ce service du renseignement avait-il ses propres

  8   règlements?

  9   Réponse:    D'après ce que je sais dans le cadre du règlement général, il y

 10   a certaines dispositions précises qui s'appliquent tout particulièrement

 11   aux renseignements. C'est d'ailleurs le cas de toutes les différentes

 12   fonctions qui sont régies par quelques règles spécifiques.

 13   Question:   Revenons maintenant à la question qui était discutée en rapport

 14   avec la pièce à conviction 437.

 15   Mon général, s'il existait un plan destiné à organiser la déportation, le

 16   document sur lequel est consigné ce plan ou un document comparable aurait-

 17   il été adressé ou expédié avant la date de réalisation du plan?

 18   Réponse:    Je voudrais lire le compte rendu d'audience pour être sûr

 19   d'avoir bien compris la question.

 20   Question:   Pour le compte rendu d'audience j'ajouterai cette indication,

 21   ce document aurait-il été expédié avant le 12 juillet 1995.

 22   Réponse:    Je pense si j'ai bien compris la question, je pense qu'on

 23   essaie de déterminer si la déportation a été planifiée au préalable, donc

 24   une opération délibérée ou est-ce qu'il s'est agi d'une décision de

 25 dernières minutes. Franchement c'est très difficile d'émettre une hypothèse à


Page 5719

  1   cet égard. Tous les rapports et documents qui m'ont été soumis suggèrent

  2   qu'il y ait eu une demande urgente de mise à disposition de bus, de camions

  3   pour pouvoir déplacer, déporter des personnes. Je ne peux pas me souvenir

  4   si ces demandes étaient datées avant le 12 juillet, mais la pièce à

  5   conviction 437 est en effet datée du 12 juillet et il ne s'agit là que

  6   d'un document parmi de nombreux documents concernant la mobilisation de

  7   moyen de transport.

  8   Il me semble avoir déjà exprimé mon opinion selon laquelle il y avait

  9   certes l'intention d'exercer une forte pression sur Srebrenica et donc une

 10   aspiration qui datait de longtemps, de capturer Srebrenica, je pense que

 11   les autorités serbes ont été surprises de voir que la communauté

 12   internationale, les forces des Nations Unies n'ont pas réagi à l'attaque.

 13   Je crois que la décision d'intensifier l'attaque et de prendre d'assaut,

 14   de capturer la ville a été prise au dernier moment. La décision de

 15   déporter, d'expulser les habitants a aussi été prise au dernier moment.

 16   Dans ce contexte il n'est guère surprenant que la mobilisation de moyen de

 17   transport a été faite dans un laps de temps très court et un peu à

 18   l'improviste. Donc je ne pense pas que l'intention de déporter et donc de

 19   mobiliser ces moyens de transport ait été… que cette intention ait existé

 20   longtemps à l'avance. Cela n'a été qu'une conséquence des événements tels

 21   qu'ils se sont déroulés.

 22   Question:   Mon général, le regroupement des moyens de transports était-il

 23   une des fonctions du service chargé des transmissions et de l'arrière?

 24   Réponse:    Monsieur le Président, les transports, l'unité des transports

 25   fait partie du département des services arrières, donc le département du


Page 5720

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

 13   pagination anglaise et la pagination française.

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 5721

   1   train, donc oui, effectivement, c'est une des fonctions qui appartient à

  2   cette unité des services arrières.

  3   Question:   Et enfin mon général, je vous demande si je ne tiens pas à

  4   tester votre mémoire mais je n'ai pas les pièces à conviction nécessaires

  5   ou les documents nécessaires à ma disposition. Je vous demande donc si au

  6   cours de la préparation de votre témoignage vous vous êtes rendu sur le

  7   territoire de Zepa, autres opérations militaires conduites à partir du 13

  8   et du 14 juillet, et est-ce que les services de renseignement et de

  9   sécurité ont élaboré des documents que vous avez pu avoir sous les yeux

 10   dans la préparation de cette déposition?

 11   Réponse:    Je regrette mais je ne peux vous être d'aucun secours. Je

 12   comprends bien la question mais je ne n'ai vraiment pas d'informations

 13   afférentes à cette question.

 14   Question:   Mon général je vous remercie. Je n'ai plus de question à vous

 15   poser. Monsieur le Président, j'en ai terminé de mon contre-

 16   interrogatoire.

 17   M. le Président: Merci beaucoup, Maître Petrusic. Monsieur Cayley, des

 18   questions supplémentaires s'il vous plaît?

 19   (Questions supplémentaires de M. Cayley au Témoin, M. Dannatt.)

 20   M. Cayley (interprétation): Très rapidement, Monsieur le Président.

 21   M. le Président: Allez-y donc.

 22   M. Cayley (interprétation): Peut-on donner au témoin la pièce à conviction

 23   425, je vous prie?

 24   Mon général, je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire en vous

 25   ramenant au début du contre-interrogatoire, moment où on vous a demandé


Page 5722

  1   si, oui au non, la directive 7/1 qu'elle contienne ou pas des termes que

  2   vous avez pu qualifier de "colorés" je pense ou "d'incendiaires".

  3   En tout cas, il vous a été demandé si ces mêmes termes se retrouvaient

  4   dans la directive 7 destinée aux unités subordonnées.

  5   J'aimerais vous référer à la page 14 de la pièce à conviction 425,

  6   paragraphe 6.1, troisième paragraphe à partir du bas de la page et je vais

  7   tenter de synthétiser ce que dit cette directive. Pour l'essentiel, elle

  8   signale que la Forpronu et les organisations humanitaires doivent être

  9   refrénées, c'est-à-dire que les approvisionnements logistiques devront

 10   être réservés plus strictement, que ce n'était le cas jusqu'à ce moment-

 11   là, aux enclaves. Ce qui crée un état de dépendance de la population de

 12   ces enclaves par rapport aux organisations.

 13   Alors, je voulais vous demander si vous avez été informé du fait que la

 14   VRS était intervenue en matière de logistique dès lors qu'elle a établi un

 15   rapport avec les enclaves?

 16   M. Dannatt (interprétation): Oui, je suis tout à fait au courant du fait

 17   que le Bataillon néerlandais, donc la Forpronu, a eu de grandes

 18   difficultés à s'approvisionner. Ils n'avaient pas suffisamment d'essence

 19   pour leurs véhicules, ils ont dû commencer les patrouilles à pied, ils

 20   manquaient de vivres en raison des barrages qui ont donc fait obstacle à

 21   leur accès à Potocari et à Srebrenica. Donc, les conséquences décrites

 22   dans ce paragraphe-ci, c'est exactement ce qui s'est passé sur le terrain.

 23   Comme vous pouvez l'imaginer, si cela se passait ainsi pour la garnison du

 24   Bataillon néerlandais de la Forpronu, c'était a fortiori le cas pour la

 25   population musulmane. Et je sais que les convois humanitaires du HVR n'ont


Page 5723

   1   pas pu accéder à Srebrenica, donc tout a été fait pour rendre la vie très

  2   difficile pour la population musulmane et la garnison de la Forpronu. Cela

  3   correspond tout à fait à ce qui se passait sur le terrain.

  4   Question:   Vous avez été tout à fait clair, général, mais sur le fond,

  5   cette directive émanant du commandement suprême des forces armées de la

  6   Republika Srspka a, en fait, été appliquée sur le terrain, à Srebrenica,

  7   par des unités qui étaient très inférieures dans la chaîne hiérarchique,

  8   la chaîne de commandement?

  9   Réponse:    Cela ne fait aucun doute qu'il y ait eu des éléments du Corps

 10   de la Drina, plus d'une brigade, qui dirigeaient les opérations autour de

 11   Srebrenica, contrôlaient les routes d'approche entre Srebrenica et le

 12   territoire contrôlé par les Musulmans, où étaient situées les bases de la

 13   Forpronu, donc ils ont tout fait pour entraver l'approvisionnement de la

 14   Forpronu. C'est exactement ce qui passait aussi à Gorazde et à Zepa.

 15   M. Cayley (interprétation): Merci beaucoup mon général.

 16   Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, je n'ai pas d'autres

 17   questions à adresser à ce témoin.

 18   M. le Président: Merci beaucoup Monsieur Cayley.

 19   M. le Juge Fuad Riad, avez-vous des questions?

 20   (Questions de M. le Juge Riad.)

 21   M. Riad: Merci Monsieur le Président.

 22   M. Riad (interprétation): Général Dannatt, j'aimerais également obtenir

 23   quelques précisions, bien que vous ayant parfaitement compris jusqu'à

 24   présent.

 25   Vous parlez de rapports de combat journaliers et je vous cite sur ce


Page 5724

  1   point, vous avez dit avoir vu des signes de rapports de combat quotidiens

  2   qui sont présentés dans un format tel qu'ils permettent de rendre

  3   parfaitement compte de l'ensemble des actions. Est-ce que ces rapports de

  4   combat quotidiens sont présentés, ont cité l'existence des massacres?

  5   M. Dannatt (interprétation): Non Monsieur le Juge, je n'ai pas vu de

  6   rapports directs qui décrivent de tels massacres, comme je l'ai déjà dit,

  7   je crois.

  8   Cela ne m'étonne pas, je ne m'attendrai pas à voir de tels rapports

  9   faisant état de ces massacres, parce que je pense que la plupart… tout

 10   homme raisonnable se rendrait compte que de faire un rapport officiel qui

 11   fait état de tels massacres, s'expose à des poursuites ultérieures. C'est

 12   d'ailleurs la mission de ce Tribunal. Mais ce que l'on voit, c'est tout de

 13   même des références indirectes à des prisonniers.

 14   Je pense notamment au rapport de la Brigade de Zvornik qui se plaint

 15   justement du nombre très élevé de prisonniers détenus dans des écoles,

16   d'autres rapports également ayant trait à l'équipement de Génie qui a dû

 17   être déplacé, des problèmes de combustible, les problèmes afférents aux

 18   engins de terrassement.

 19   Il y a donc là de nombreux exemples de références indirectes qui font

 20   indirectement références à ce processus.

 21   Question:   J'irai un peu plus loin. Si ces rapports de combat quotidiens

 22   étaient soumis au commandement suprême, cela signifie que le commandement

 23   suprême ne pouvait pas être informé de ces exécutions en l'absence de

 24   rapports traitant de ces exécutions. Comment est-ce qu'ils auraient pu le

 25   savoir?


Page 5725

  1   Réponse:    Eh bien directement, au sens strict, direct, je suis tout à

  2   fait d'accord avec vous. Oui je suis d'accord avec vous.

  3   Question:   Mais est-ce que cela signifie que le commandant suprême est

  4   tout de même responsable?

  5   Réponse:    Oui, tout à fait. Mais ce processus de transmission

  6   d'informations a, en fait, deux volets. Un processus du bas vers le haut

  7   et puis, d'autre part, du haut vers le bas, le fait de donner des ordres.

  8   Dans le rapport écrit quotidien, le rapport de combat, on ne voit rien sur

  9   ce flux d'informations du bas vers le haut. Le simple fait qu'on ne le

 10   voit pas dans le rapport ne signifie que cela n'avait pas lieu. Je pense

 11   qu'un subordonné raisonnable n'aurait pas fait état de tels massacres dans

 12   un rapport.

 13   Question:   Mais un commandant raisonnable n'aurait pas non plus donné cet

 14   ordre dans un document écrit, je suppose. Les choses vont dans les deux

 15   sens, n'est-ce pas?

 16   Réponse:    En effet, s'il gardait à l'esprit son avenir et les éventuelles

 17   répercussions, je pense qu'effectivement on n'émettrait pas un ordre

 18   détaillé, écrit, donnant l'ordre de ce qui est considéré une infraction,

 19   donnant l'ordre de commettre des actes et des crimes en violation des

 20   conventions de Genève notamment. Donc certainement, je ne mettrai pas cela

 21   par écrit.

 22   Question:   Dans une armée disciplinée, cela devrait tout de même se faire

 23   dans le cadre de la chaîne de commandement?

 24   Réponse:    Les instructions émises doivent toujours suivre la structure

 25   hiérarchique, la chaîne de commandement. Mais comme je l'ai dit, je ne


Page 5726

   1   m'attendrais pas à ce que de telles instructions soient données par écrit.

  2   Ce dont nous parlons, ce à quoi nous faisons allusion, je ne m'attendrais

  3   pas ce qu'une armée civilisée et disciplinée s'adonne à de telles

  4   activités. Il ne fait aucun doute que ces événements terribles ont eu lieu

  5   à grande échelle pendant une période assez courte. Je dois donc en arriver

  6   à la conclusion déplorable que pour qu'une opération de telle envergure

  7   ait pu être menée à bien, dans un laps de temps aussi court, cela

  8   nécessitait une discipline, une organisation très cohérente et

  9   disciplinée. Le seul cadre possible pour une telle opération était le

 10   corps de la Drina.

 11   Question:   Vous venez d'employer les mots "armée" et "civilisée". Lorsque

 12   vous décriviez le plan Krivaja 1995, vous avez dit que sa logique était

 13   assez barbare. Il me semble que ce mot n'est pas tout à fait conforme à se

 14   que vous dites quand vous parlez d'armées civilisées?

 15   Réponse:    Je pense que j'ai surtout parlé de discipline au sens de

 16   respecter la structure hiérarchique des instructions du haut vers le bas

 17   et des rapports du bas vers le haut, il me semble avoir rarement utilisé

 18   le terme civilisé.

 19   Question:   Vous venez de le faire?

 20   Réponse:    J'essaie simplement d'éclaircir une distinction très claire

 21   entre discipliner et organiser d'une part et civiliser d'autre part.

 22   Question:   Dans ces conditions pourquoi parlez-vous du plan Krivaja comme

 23   étant assez barbare?

 24   Réponse:    Car l'intention de rendre la vie insoutenable, impossible pour

 25   des civils en majorité, c'est une intention tout à fait barbare qui tombe


Page 5727

  1   sous le qualificatif non civilisé.

  2   Question:   Vous dites que l'intention existait déjà de faire du mal aux

  3   gens, n'est-ce pas?

  4   Réponse:    D'après le document initial qui m'a été soumis donc signé par

  5   Karadzic qui parle du fait qu'il faut supprimer tout espoir de survie, oui

  6   cela correspond à une logique tout à fait barbare et implicitement cela

  7   implique des blessures, terroriser une population et notamment des civils.

  8   Question:   Vous avez parlé du transport, vous vous êtes demandé pourquoi

  9   il n'existait aucun document écrit à ce sujet. Feriez-vous entrer cela

 10   également dans la catégorie des échanges d'ordres non écrits?

 11   Réponse:    Pour éclaircir, monsieur le Juge, j'ai dit que je ne pouvais

 12   pas me rappeler de documents écrits affairant au transport, au train, datés

 13   avant le 12 juillet, j'ai vu des documents écrits organisant des moyens de

 14   transport à des fins de déportation, donc de tels documents datés

 15   ultérieurement au 12 juillet. Je crois que la pièce à conviction 437 qui

 16   m'a été soumise il y a peu, constitue justement un tel ordre écrit

 17   concernant une demande pour 30 bus et il s'agissait là de pouvoir déplacer

 18   des gens évidemment.

 19   M. le Président: Merci Monsieur le Juge Riad. Madame le juge Wald.

 20   (Questions de Mme la Juge Wald au témoin le général Dannatt.)

 21   Mme Wald (interprétation): Général Dannatt, j'ai 3 questions dont la

 22   première est un petit peu complexe, mais je vous rassure immédiatement les

 23   autres le seront moins.

 24   Je vous demanderai d'envisager pour quelques instants l'hypothèse d'un

 25   autre scénario. On a beaucoup discuté du fait de savoir si le général


Page 5728

  1   Mladic aurait pu prendre directement sous son contrôle certaines unités du

  2   Corps de la Drina pour exercer son commandement sur ces unités. Nous avons

  3   également un peu plus tard parlé du fait de savoir s'il était logique que

  4   le général Krstic reprenne son commandement à la fin de l'opération

  5   militaire sur Srebrenica et avant le début de la campagne militaire contre

  6   Zepa. Si l'on unit ces 2 idées, je vous demande votre commentaire quant à

  7   la possibilité qu'un autre scénario se soit déroulé de la façon suivante:

  8   le général Mladic dit au général Krstic qu'il va diriger la campagne de

  9   Zepa en sachant que dans la respect de la lettre de Karadzic, Krstic va

 10   devenir commandant le 15 juillet, c'est-à-dire quelques jours plus tard.

 11   La décision est prise de placer Krstic au commandement de l'opération de

 12   Zepa mais le général Zivanovic continue à exercer son commandement actuel

 13   durant l'opération de ratissage, auquel cas, ils travailleraient main dans

 14   la main et le général Zivanovic dans le cadre d'une telle hypothèse,

 15   aurait peut-être montré plus de sympathie pour le style de fonctionnement

 16   du général Mladic. Et ils auraient été tout à fait d'accord sur la

 17   promotion à venir du général Krstic. Est-ce qu'un tel scénario est

 18   vraisemblable ou pas?

 19   M. Dannatt (interprétation): A mon avis, c'est tout à fait impossible.

 20   Question:   Pourquoi?

 21   Réponse:    Oui je vous dirai pourquoi. Un commandant militaire, j'ai déjà

 22   fait référence à une personne qui est au volant d'une voiture, cela

 23   bafouerait toutes les normes de conduite militaire d'avoir 2 commandants

 24   en même temps et c'est un principe qui vaut de manière générale.  En

 25   deuxième lieu le général Zivanovic a complètement disparu.


Page 5729

  1   Question:   Pas jusqu'au 15?

  2   Réponse:    Effectivement vous avez raison. Nous ne voyons aucun document

  3   mentionnant le général Zivanovic après le 15. Cette opération de nettoyage

  4   a duré un certain temps. Donc je pense que cela ne correspond pas à

  5   l'hypothèse invoquée.

  6   Question:   Mais le 15 le plus gros des massacres avaient déjà eu lieu,

  7   étaient terminés?

  8   Réponse:    Nous parlons ici de plusieurs choses distinctes. Le nettoyage

  9   de la colonne 28ème division, le ratissage d'autre part ordonné le 13, et

 10   puis ce que j'ai appelé l'opération couverte, noire, le massacre. Et c'est

 11   vrai que cela a eu lieu en grande partie le 15 mais cela s'est prolongé au-

 12   delà le 16, et puis surtout le fait de l'inhumation et l'exhumation, tout

 13   cela s'est prolongé bien au-delà. Donc même si le général Zivanovic avait

 14   été le moteur de l'opération au départ, il ne l'était plus, il ne pouvait

 15   plus l'être dans l'hypothèse où quelqu'un d'autre aurait repris sa

 16   fonction. Et pour en revenir à l'opération de ratissage ordonnée le 13

 17   juillet dans un document signé par le général Krstic, je comprends qu'on

 18   peut formuler cette hypothèse, mais pour toute ces raisons, je pense que

 19   cela serait fort improbable.

 20   Question:   J'en arrive à mes 2 questions un peu plus courtes. Vous-même en

 21   tant que commandant d'un corps d'armée ou d'une division si vous vous

 22   trouvez soudainement dans une situation de combat que vous n'aviez pas

 23   prévue, ce que je veux dire c'est qu'il aurait été possible qu'il n'ait

 24   pas appris l'existence de la colonne avançant vers Tuzla avant le matin du

 25   12, etc., mais enfin, vous vous rendez compte que vous avez sur les bras


Page 5730

  1   une opération militaire potentielle et vous prévoyez également que celle-

  2   ci pourrait résulter en la capture d'un certain nombre de prisonniers de

  3   guerre et vous voulez vous préparer à respecter le droit international

  4   vis-à-vis de ces prisonniers, etc.

  5   Quel genre de préparatifs, même s'il s'agit de préparatifs de dernières

  6   minutes, vous attendriez-vous à voir prendre par des autorités qui vont

  7   devoir s'occuper de prisonniers de guerre?

  8   Réponse:    En premier lieu, une unité devrait être nommée, on devrait lui

  9   confier la mission de surveiller, de garder ces prisonniers, de les

 10   empêcher de prendre la fuite. Il faudrait repérer des endroits, des

 11   emplacements où on pourrait les détenir, il faudrait identifier un certain

 12   nombre de bâtiments, des entrepôts par exemple, ou des fabriques, donc

 13   trouver un logement pour ces prisonniers ou construire des sites de

 14   détention, qu'il faudrait faire très rapidement.

 15   Et s'il y avait un nombre élevé de prisonniers, il faudrait assurer

 16   l'approvisionnement en vivres et en eau potable. Si je présume que ces

 17   personnes ont été faites prisonnières au terme de combats, il faudrait

 18   aussi assurer des soins médicaux; les premiers soins, de la même qualité

 19   que les soins que l'on assurerait à ses propres troupes. Pour assurer donc

 20   la survie de ces prisonniers. Il y aurait toute une série d'activités

 21   qu'il faudrait planifier.

 22   Question:   Est-ce que cela exigerait que les personnes en question

 23   disposent de médicaments et de nourriture pendant un certain temps?

 24   Vous avez dit que pendant toute la durée de la guerre en Bosnie, il y a eu

 25   des échanges entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et l'armée des Serbes de


Page 5731

  1   Bosnie. Vous avez parlé d'échanges de prisonniers. Je pense donc qu'une

  2   telle situation n'était pas inconnue.

  3   Mais seriez-vous dans l'obligation de prévoir que vous allez détenir ces

  4   personnes pendant un certain temps avant de les échanger, parce que

  5   l'échange ne peut pas se faire du jour au lendemain, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    Vous avez tout à fait raison. Les échanges de prisonniers

  7   nécessitent une certaine planification, il faut un certain temps pour les

  8   organiser. Il faut prendre des contacts avec l'ennemi ou agir par

  9   l'intermédiaire de la Croix-Rouge internationale, qui a souvent agi en

 10   tant qu'intermédiaire. Donc, là aussi, cela aurait nécessité quelques

 11   jours au moins sinon quelques semaines. Bon là, je fais un tout petit peu

 12   digression.

 13   Mais s'ils avaient pris 4 ou 5000 prisonniers, à ce stade de la guerre

 14   l'échange était une possibilité. Mais une détention prolongée aurait peut-

 15   être été une meilleure solution plutôt que de remettre 4 ou 5000 soldats

 16   qui pourraient de nouveau reprendre les armes.

 17   Question:   Enfin ma dernière question. Vous avez dit, je crois vous avoir

 18   bien compris, que c'était votre avis ou en tout cas une hypothèse émise

 19   par vous, que de penser que la décision d'exécuter les prisonniers a

 20   probablement était tardive, je crois vous avoir entendu utiliser le terme

 21   "tardive".

 22   Pouvez-vous, sachant aujourd'hui tout ce que vous savez de cette

 23   situation, dire à quel moment tardif dans le déroulement des événements la

 24   décision a pu être prise, autrement dit a-t-elle été prise avant le départ

 25   des bus de Potocari, ou après que les bus aient quitté Potocari, au moment


Page 5732

  1   où les premiers groupes de prisonniers commençaient à se regrouper en

  2   provenance de la colonne, à quel moment dans le déroulement des événements

  3   que nous connaissons vous pouvez situer ce fait?

  4   Réponse:    Si j'ai bien compris, les personnes qui ont été massacrées sont

  5   venues de deux origines, certains prisonniers ont été capturés dans la

  6   colonne...

  7   Question:   Oui, c'était la majorité.

  8   Réponse:    Et d'autres de Potocari.

  9   Je présume que la décision de les massacrer a sans doute été prise lors de

 10   l'opération de séparation qui a eu lieu à Potocari. Et puis, c'est une

 11   décision qui a été perpétuée et simplement appliquée aussi à certaines

 12   personnes capturées dans la colonne. Cela s'est passé au cours de

 13   plusieurs jours et il a fallu un certain temps avant que les derniers

 14   éléments de la colonne aient pu être rassemblés.

 15   Je pense que la décision de massacrer, de tuer les hommes a été prise à

 16   Potocari et puis a été perpétuée par la suite concernant d'autres

 17   prisonniers.

 18   Question:   Mais n'y a-t-il pas eu les premières exécutions des gens de la

 19   colonne le 13, alors que les gens de Potocari ont été transportés en

 20   autobus et détenus aux alentours de Bratunac, avant d'être dispersés dans

 21   des camp, puis tués?

 22   Je ne sais pas si cela a une signification, mais la décision a pu être

 23   prise...

 24   Réponse:    En fait, certains des massacres qui ont eu lieu concernant des

 25   membres de la colonne ont peut-être résulté de décisions spontanées.


Page 5733

   1   Je pense, par contre, que l'aspect le plus sinistre de tout cela c'est la

  2   décision qui a été prise de séparer les hommes des femmes et des enfants

  3   et de les abattre. Et je crois que la décision a eu son origine lorsque

  4   toutes ces personnes ont été rassemblées à Potocari.

  5   Question:   Merci.

  6   (Questions de M. le Juge Rodrigues à M. Francis Richard Dannatt.)

  7   M. le Président: Général, j'ai aussi quelques questions. Ma première

  8   question est la suivante. Vous avez dit qu'il était normal que le général

  9   Mladic soit présent dans le champ des opérations et qu'il pouvait donner

 10   des instructions ou des ordres additionnels.

 11   Je crois que vous avez vu l'enregistrement vidéo des réunions à l'hôtel

 12   Fontana.

 13   Est-ce que le fait d'avoir vu seulement Mladic conduire les négociations,

 14   Krstic n'a pas parlé, d'autres officiers n'ont pas parlé, comment voyez-

 15   vous cette situation? Il serait normal que Krstic ou Zivanovic puissent

 16   parler et que Mladic ne parle pas; il était là seulement pour appuyer?

 17   M. Dannatt (interprétation): Monsieur le Président, je vais faire deux ou

 18   trois commentaires suite à votre question, si vous me le permettez.

 19   Je suppose qu'avant ces réunions, avant les réunions que nous avons vu

 20   filmer sur les séquences vidéo, les généraux serbes se sont sans doute

 21   déjà réunis pour décider de ce qu'ils allaient faire. Et je crois qu'ils

 22   ont aussi décidé auparavant qui allait mener les négociations, c'est-à-

 23   dire qui allait parler.

 24   Deuxième commentaire. Le général Mladic était le plus gradé des généraux.

 25   Le général Zivanovic et le général Krstic, autres membres du grand état-


Page 5734

  1   major étaient moins gradés que lui. Il n'est donc pas surprenant que ce

  2   soit lui qui ait pris la direction des affaires.

  3   Je n'ai pas rencontré le général Mladic mais d'après ce que j'ai pu voir

  4   de lui, d'après la réputation qui est la sienne, il a un caractère

  5   tellement fort et imposant qu'il est fort peu probable qu'il soit resté

  6   assis dans un coin pour permettre à quelqu'un d'autre de mener les

  7   discussions. Cela ne me surprend pas du tout qu'il ait pris la parole et

  8   qu'il ait donc mené ces discussions. Je pense que sur le plan humain c'est

  9   une nature assez agressive.

 10   Question:   Autre question. Je ne sais pas pour l'instant s'il s'agit de

 11   l'ordre venu du grand quartier général pour le Corps de la Drina et toutes

 12   les brigades. Vous vous rappelez, il y avait quelque chose de "very

 13   urgent". Ou s'il s'agit de la répétition du Corps de la Drina pour les

 14   autres entités subordonnées. Il y a un moment où il dit "pour

 15   information", et après entre parenthèses il dit: "to be handed directly to

 16   the commander or chief of staff".

 17   Est-ce que cette pièce, cette parenthèse peut confirmer ce que vous nous

 18   avez dit, que dans certaines circonstances c'était la même chose, le

 19   commandant ou son commandant adjoint?

 20   Réponse:    Si votre question a bien été comprise par moi et qu'elle

 21   signifie exactement ce que je pense, alors je parlerai du chef d'état-

 22   major comme n'étant pas le n°1, c'est le commandant qui est le n°1, mais

 23   le chef d'état-major a un rapport tout à fait particulier avec le

 24   commandant et donc ils ne font qu'un de ce point de vue.

 25   Question:   Nous avons vu que pour l'objectif de communication et


Page 5735

  1   d'information, il y a eu des relations directes entre les assistants de

  2   sécurité du grand quartier général et du Corps de la Drina. Est-ce que

  3   vous avez vu des documents avec des ordres? C'est-à-dire est-il nécessaire

  4   de faire une distinction entre l'information et les ordres?

  5   Réponse:    Monsieur le Président, lorsque vous me demandez si j'ai trouvé

  6   des documents, parlez-vous de règlement ou simplement...

  7   Question:   Des ordres. Si vous avez vu quelques documents où il y avait

  8   des ordres à passer directement entre les deux assistants de sécurité?

  9   Réponse:    Je ne crois pas, non. Je suis en train de réfléchir pour savoir

 10   si j'en ai vu. Mais je crois que, comme je l'ai déjà dit, j'ai vu des

 11   signes qui montraient que le passage de l'information entre les deux

 12   hommes pouvait être favorisé, mais je ne crois pas avoir vu un ordre.

 13   Je vous rappellerai simplement, Monsieur le Président, un commentaire que

 14   j'ai fait au sujet du morceau de papier écrit par Jankovic,

 15   malheureusement je ne me rappelle pas exactement la cote de cette pièce,

 16   il y avait un post-scriptum, et je crois avoir dit hier que ce post-

 17   scriptum devrait être considéré comme un ordre.

 18   Ce que je retire de la lecture c'est qu'il ne s'agit pas d'un ordre, mais

 19   il est dit: "prenez ceci pour un ordre, admettez qu'il n'y a pas de moyen

 20   légitime permettant à un responsable de la sécurité de s'adresser à un

 21   autre, mais vous deviez prendre ceci pour un ordre", ce qui signifie: ce

 22   n'est pas un ordre mais je crois qu'il faudrait que vous le fassiez.

 23   Question:   Je vais résumé pour fermer cette question. Il y avait une autre

 24   question.

 25   Pour l'effet de voir les communications entre l'assistant de sécurité du


Page 5736

  1   grand quartier général et l'assistant de sécurité du Corps de la Drina, on

  2   peut tout à fait admettre que des informations circulent, c'est-à-dire

  3   est-il nécessaire de faire une distinction entre des ordres, et il peut ou

  4   non passer directement, ou des informations, qui peuvent toujours passer?

  5   Réponse:    Monsieur le Président, je pense que ce je veux dire est

  6   confirmé. C'est qu'il est parfaitement légitime, et d'ailleurs j'en ai vu

  7   pas mal d'exemples, que des informations soient transmises par le

  8   responsable de la sécurité d'une unité à un responsable de la sécurité

  9   dans une unité de rang différent, mais je n'ai pas vu la même situation se

 10   produire pour la transmission d'ordre.

 11   Question:   Vous n'avez pas vu des documents relatifs aux autocars avant le

 12   12 juillet.

 13   Est-ce que vous avez vu des documents avant le 12 juillet qui font mention

 14   d'évacuations? Peut-être, il faudrait revoir tous les documents, excusez-

 15   moi.

 16   Réponse:    J'attends un moment parce que je réfléchis.

 17   Question:   Excusez-moi, général, je reviens sur ma question. Une chose

 18   sont les autocars, une autre chose est de parler d'un plan plus

 19   généralement d'évacuation de population, c'est-à-dire peut-être nous avons

 20   un objectif défini et après on doit prendre les moyens. Je ne sais pas si

 21   en faisant cette distinction cela vous aide à vous rappeler?

 22   Réponse:    Monsieur le Président, j'ai certainement fait référence au fait

 23   qu'on a vu les intentions du général. Repensons à l'ordre de Karadzic.

 24   Cette intention était de déplacer la population, mais c'était un objectif

 25   à long terme de déplacer la population de Srebrenica; ça c'est une chose.


Page 5737

  1   Et puis j'ajouterai que je ne me rappelle pas avoir vu un ordre

  2   particulier avant le 12 juillet, ordre écrit. Et ces ordres portaient

  3   surtout sur la fourniture d'autobus, etc., dans le but de transporter les

  4   gens.

  5   Donc, je crois pouvoir dire avec une certaine assurance que l'intention de

  6   déplacer la population musulmane de Srebrenica a toujours existé mais que

  7   cette intention était de les déplacer au moment où l'occasion la plus

  8   opportune se présenterait, c'est-à-dire, je pense, après la prise

  9   militaire de la ville. C'est la raison pour laquelle nous voyons des

 10   ordres écrits, des transcriptions de conversations, etc., qui traitent du

 11   regroupement d'autobus à cette fin.

 12   Je crois que la date du 12 juillet est sans doute la date du démarrage de

 13   tout cela.

 14   M. le Président: D'accord.

 15   Donc, général, nous avons fini votre témoignage.

 16   Nous avons fait tous les efforts pour vous libérer aujourd'hui. Je

 17   profiterai même de cette opportunité pour remercier la disponibilité de

 18   tout le personnel pour continuer. A la fin, ce n'était pas nécessaire.

 19   Mais je veux aussi vous remercier beaucoup, général, d'être venu pour

 20   répondre aux questions de l'accusation, de la défense et des Juges. Nous

 21   vous souhaitons un bon travail.

 22   Monsieur l'huissier, peut-il accompagner le général.

 23   M. Dannatt (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 24   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 25   M. le Président: Je pose la question des documents que nous avons. Je dois


Page 5738

  1   prendre quelques minutes pour poser cette question.

  2   Nous sommes arrivés à une difficulté concrète, c'est que M. McCloskey a

  3   demandé le versement au dossier de la liste des documents mentionnés dans

  4   la pièce à conviction 394, notamment il a été demandé de verser cette

  5   pièce sous scellés parce que la liste contenait elle-même des documents

  6   sous scellés. Nous sommes arrivés à cette difficulté concrète de savoir

  7   quels sont les documents qui doivent être versés sous scellés et les

  8   documents qui doivent être versés publiquement.

  9   Donc je ne sais pas si le Procureur est préparé pour répondre à cela ou si

 10   nous prenons cette question à un autre moment. Dans les débats, il n'a pas

 11   été clair pour moi de savoir si la défense s'est prononcée quant à

 12   l'aspect du versement sous scellés.

 13   Comme vous vous en rappelez, la défense a posé une objection par rapport

 14   au versement de certains documents, mais à mon avis elle ne s'est pas

 15   prononcée par rapport à la requête de verser sous scellés certains

 16   documents.

 17   Voilà les questions que nous avons encore en mains pour décider de cette

 18   question.

 19   Monsieur Harmon, s'il vous plaît, et après je donnerai la parole à la

 20   défense.

 21   M. Harmon (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 22   Madame et Messieurs les Juges. Bonjour, conseils de la défense.

 23   La situation, s'agissant des pièces à conviction dont certaines sont sous

 24   scellés et d'autres ne le sont pas, eh bien la situation est assez confuse

 25   véritablement.


Page 5739

  1   Et pour résoudre la question, je propose aux Juges de cette Chambre,

  2   puisque Mme Keith a travaillé à l'élaboration d'une liste complète des

  3   pièces à conviction, qu'il présente peut-être au Greffe de cette Chambre

  4   la liste des documents dont nous demandons que la protection des scellés

  5   soit supprimée, c'est-à-dire qu'ils ne soient pas conservés sous scellés,

  6   et puis également la liste des documents dont nous demandons qu'ils soient

  7   conservés sous scellés.

  8   Madame Keith pourrait soumettre cette liste au Greffe demain et le Greffe

  9   et Mme Keith pourraient peut-être régler le problème.

 10   M. le Président: Monsieur Harmon, êtes-vous dans la disposition de voir

 11   l'ensemble de cette question des documents avec la défense, notamment par

 12   rapport aux documents sous scellés, pas sous scellés?

 13   M. Harmon (interprétation): Nous avons entamé ces discussions. Et pendant

 14   toute la durée des débats, la discussion se poursuivra. Nous nous

 15   réunirions je crois cet après-midi et j'espère que j'aurais la liste à ma

 16   disposition pour la montrer à mes collègues de la défense de façon à ce

 17   que nous puissions trouver une solution qui soit acceptable pour les deux

 18   parties.

 19   M. le Président: La défense sur cette question?

 20   M. Petrusic (interprétation): Monsieur Harmon a tout à fait raison de dire

 21   que nous avons essayé de trouver une solution et un accord au sujet de ces

 22   pièces à conviction.

 23   Monsieur Harmon a proposé une méthodologie à cette fin que nous avons

 24   acceptée, donc nous attendons de voir cette liste aujourd'hui ou peut-être

 25   demain pour accepter ce que nous pourrons accepter, ou pour être plus


Page 5740

  1   précis, en tout cas, arriver à un accord au sujet des pièces conservées

  2   sous scellées.

  3   M. le Président: Nous allons attendre pour décider car nous avons trouvé

  4   cette difficulté. Pour nous, c'était insurmontable donc nous voudrions

  5   avoir votre coopération.

  6   Je vois que Monsieur Cayley a un témoin à présenter. (Rires)

  7   M. Cayley (interprétation): Je ne vais pas vous faire cette annonce

  8   maintenant, Monsieur le Président.

  9   Il y a un certain nombre de pièces à conviction relatives à la déposition

 10   du général Dannatt, pièce à conviction de l'accusation 395, 396, 397, 398

 11   et le rapport du général Dannatt qui est sous la cote, pièce à conviction

 12   385 A pour la version anglaise et 385 B pour la version en BCS.

 13   En l'absence d'objection de la part de mon collègue Me Petrusic, je

 14   demande le versement au dossier de ces pièces.

 15   Et pour aider la défense, je rappelle qu'il s'agit des documents relatifs

 16   à la biographie du général qui ont été présentés au début de son

 17   témoignage, ainsi que les documents relatifs aux rapports entre les

 18   organes chargés de la sécurité au niveau du corps d'armée et de la

 19   division.

 20   M. le Président: Maître Petrusic?

 21   M. Petrusic (interprétation): Pas d'objection, Monsieur le Président.

 22   M. le Président: Donc les documents sont versés au dossier, par décision

 23   de la Chambre.

 24   M. Cayley (interprétation): Monsieur Harmon m'a demandé de faire savoir à

 25   la Chambre que demain deux témoins seront entendus qui parleront aux Juges


Page 5741

  1   de l'incidence de ces crimes sur la population de Srebrenica, c'est

  2   l'assistant juridique de M. Harmon, qui interrogera ces deux témoins

  3   demain.

  4   M. le Président: Très bien. Merci encore une fois à tous pour votre

  5   disponibilité. On se retrouvera, demain, à 9 heures 30. Je vous souhaite

  6   bon travail et bonne après-midi.

  7   (L'audience est levée à 15 heures 15.)

  8

  9

 10

 11

 12

 13

 14

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25