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1 (Mardi 21 novembre 2000)
2 (L'audience est ouverte à 9 heures 20.)
3 (Audience publique.)
4 M. le Président: Bonjour Madame l'huissier, bonjour cabine technique.
5 Bonjour aux interprétes.
6 Interpréte: Bonjour Monsieur le Président.
7 M. le Président: Boujour Bureau du Procureur, bonjour bureau de la
8 défense, conseil de la défense. Je ne peux pas dire bonjour aujourdh'ui au
9 général Krstic, mais je crois que nous avons une autorisation écrite pour
10 continuer nos travaux sans sa présence. C'est ça Maître Petrusic?
11 (Questions relatives à la procédure.)
12 M. Petrusic (interprétation): Bonjour Monsieur le Président, Madame le
13 Juge, Monsieur le Juge. On m'a informé qu'au cours de la semaine dernière,
14 par conséquent vendredi dernier que le Greffe avait demandé justement de
15 le confirmer par écrit et comme vous le savez déjà, hier le général Krstic
16 avait dit qu'il était prêt à accepter pour des raisons médicales que nous
17 poursuivions notre procès.Pour des raisons médicales donc il sera absent.
18 M. le Président: Donc de toute façon nous n'avons pas une déclaration
19 écrite, c'est ça?
20 M. Petrusic (interprétation): Eh bien, sa déclaration écrite existe, elle
21 a sans doute été déposée auprès du Greffe de ce Tribunal.
22 M. le Président: Oui, je vois que Mme Chen veut intervenir. Elle a son
23 micro allumé, allez-y.
24 Mme Chen (interprétation): Oui, Monsieur le Président, nous avons déjà une
25 copie de cette lettre et nous avons aussi déposé ce document hier.
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1 M. le Président: Donc très bien, Maître Petrusic.
2 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, la défense va
3 poursuivre l'interrogatoire qu'elle allait mener du témoin suivant. Mais
4 avant que le témoin n’entre dans le prétoire la défense aimerait passer à
5 huis clos partiel et va motiver sa demande par la suite.
6 M. le Président: Donc nous allons passer à huis clos partiel.
7 (Audience à huis clos partiel.)
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1 M. le Président: Donc Maître vous pouvez continuer.
2 M. Petrusic (interprétation): Compte tenu de votre formation scolaire ou
3 plutôt universitaire pouvez-vous nous dire quelles sont les connaissances
4 que l'on acquiert à cette faculté?
5 Témoin in D/C (interprétation): Le nom dit Sciences politiques,
6 département ou section de la défense populaire généralisée cela sous-
7 entend la connaissance...
8 Question: Madame DC, excusez-moi, je ne vous ai pas avertie. Au cours de
9 votre témoignage je vous prie de ralentir votre débit naturel en raison
10 des interprètes.
11 Réponse: Comme je l’ai dis, j'ai fait mes études à la faculté de Sciences
12 politiques, section de la défense populaire généralisée. Quand on dit
13 défense populaire généralisée cela sous-entend une conception, une
14 doctrine de défense populaire généralisée de l’ex-Yougoslavie. Le système
15 socio-politique en place était de nature à permettre le fonctionnement de
16 ce qu'on appelait la défense populaire généralisée en cas d'agression de
17 l’ex République Socialiste Fédérative de Yougoslavie.
18 A cette faculté j'ai acquis des connaissances relatives à la conception et
19 doctrine de la défense populaire généralisée. C'est une faculté qui
20 ressemble à celle donnant la formation de l'académie militaire. En plus de
21 la formation tactique et professionnelle la différence c’est que sur le
22 plan de la défense généralisée on travaille...
23 Question: Continuez.
24 Réponse: En étudiant ces défenses populaires généralisées cela concerne
25 tous les segments de la société, les strucutres civiles, l’organisation de
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1 la défense populaire généralisée sur le territoire de cette ex-
2 Yougoslavie. J'ai acquis le titre de professeur de la défense généralisée,
3 j'ai obtenu un grade de lieutenant..., de sous-lieutenant dans le civil et
4 dans la réserve. Cela sous-entendait par exemple le devoir de faire mon
5 service militaire en cas d’agression sur l’ex-Yougoslavie et j'avais une
6 affectation en temps de guerre comme tous les citoyens majeurs du même
7 état.
8 Question: Je suppose que dans votre formation vous avez pris connaissance
9 des armements, des types d'armements utilisés par l’ex-armée populaire
10 yougoslave.
11 Réponse: Oui, j'ai fait une formation d’infanterie au centre des écoles
12 militaires Maréchal Tito à Sarajevo et j'ai été formée pour la formation
13 tactique et le tir et ce notamment sur les polygones autour de Sarajevo.
14 J'ai donc pris connaissance de toutes les sortes d’armements d’infanterie,
15 leurs utilisations et leurs affectations.
16 Question: Après votre formation vous avez reçu une affectation pour temps
17 de guerre dans une unité déterminée comme cela fonctionnait selon la
18 législation régissant la Défense territoriale de l’ex-JNA?
19 Réponse: Oui, tout à fait.
20 Question: Après cette formation universitaire avez-vous poursuivi ou
21 entamé plutôt une activité professionnelle dans votre formation?
22 Réponse: Oui, j'ai été embauchée par la municipalité de Sokolac au niveau
23 du quartier général de la Défense territoriale de Sokolac. J’y ai
24 travaillé jusque 1990, par la suite en raison de circonstances familiales
25 je suis rentrée dans mon village natal où j'ai effectué d'autres tâches
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1 qui n'avaient rien à voir avec ma profession.
2 Question: Et pendant que vous travailliez au niveau de la Défense
3 territoriale pourriez-vous nous dire ce que vous faisiez concrètement?
4 Réponse: J’ai travaillé au quartier général aux tâches afférentes au
5 département opérationnel.
6 Question: Donc, suite à la cessation de vos activités dans ce département
7 de la Défense territoriale et suite à votre retour au village natal vous
8 avez conservé cette affectation pour cas de guerre?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Au début des conflits armés en Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire
11 dans la région où vous viviez, où vous trouviez-vous?
12 Réponse: Au début de ce conflit armé j’étais au village de Sokolovici tout
13 près de Sokolac et il s'agissait de l’année 1992. J'ai reçu une
14 convocation relative à ma mobilisation. Je me suis présentée à la
15 première, à la plus proche des unités de guerre. Il s’agissait d’une
16 compagnie ou plutôt d'un détachement de Romanija. Par la suite on a créé,
17 on a mis en place la 2e Brigade motorisée le 21 mai et c'est là que j’ai
18 travaillé.
19 Question: Donc lorsque vous vous êtes présentée, la 2e Brigade de Romanija
20 n'avait pas encore été créée?
21 Réponse: Non. C'était le tout début, mais très rapidement par la suite -je
22 ne serais vous dire combien de temps après- cette unité de guerre avait
23 été instituée dans la région.
24 Question: Madame DC, pouvez-vous nous dire quelle avait été votre tâche
25 concrète pour ce qui est de cette 2e Brigade motorisée de Romanija?
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1 Réponse: J'ai commencé à travailler au niveau des instances chargées du
2 moral des troupes, des questions professionnelles et juridiques. Cette
3 instance au début de la guerre avait consisté à informer le personnel, les
4 soldats et les supérieurs concernant la situation dans laquelle se
5 trouvait le peuple serbe. Au travers de cette information nous expliquions
6 aux gens quel était l'environnement dans lequel nous nous trouvions en
7 tenant compte des gens, de la motivation pour l'exécution des tâches en
8 temps de guerre, ensuite de la motivation concernant les relations
9 humaines entre les hommes des unités, ensuite le respect des grades
10 supérieurs, subordonnés ensuite l'aptitude psychique et physique,
11 influence des activités psychologique de l'ennemi et ainsi de suite.
12 Question: Donc toutes les unités où... je retire cette question, je
13 reformule. Votre tâche s'est donc traduite au niveau du commandement de
14 cette 2e Brigade motorisée de la Romanija ou s'agissait-il pour vous de
15 descendre vers les échelons inférieurs des brigades?
16 Réponse: Oui, cela se situait au niveau des commandements de la Brigade
17 mais nous sommes descendus à tous les niveaux de commandement dans le
18 cadre de cette Brigade. J'avais moi travaillé dans le 1er Bataillon
19 motorisé de cette 2e Brigade motorisée de Romanija et nous étions à Olovo
20 et Kladanj.
21 Question: Par conséquent ce travail vous l'avez effectué si j'ai bien
22 compris jusqu'en 1992, 1993, 1994, 1995?
23 Réponse: Oui, une partie de 1995 jusqu'au mois de mars plus précisémment.
24 Question: Nous pouvons passer maintenant aux événements de début juillet
25 1995. Pouvez-vous nous dire où est-ce que vous vous trouviez à l'époque et
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1 quelles étaient les tâches que vous accomplissiez, était-ce les mêmes?
2 Réponse: C'étaient les mêmes, mais je suis passée du 1er Bataillon
3 motorisé vers le commandement de la 2e Brigade motorisée de Romanija et
4 j'ai travaillé dans cette instance chargée du moral des troupes, de
5 l'information et des affaires religieuses. Vers le début du mois de
6 juillet mon unité a reçu l'ordre de prendre part à l'opération Srebrenica.
7 Question: Etiez-vous au courant du plan des opérations, des objectifs de
8 l'opération Srebrenica?
9 Réponse: Oui. Le commandant nous a informés, et je crois que l'objectif
10 principal consistait à réaliser l'opération aux fins de restreindre les
11 zones de l'enclave protégée de Srebrenica et de couper le corridor entre
12 Srebrenica et Zepa. La raison en a été les attaques constantes lancées par
13 les Musulmans de la 28e Division qui se trouvaient à Srebrenica, leurs
14 incursions dans les villages serbes et les tueries de la population civile
15 serbe et la traversée du corridor entre Srebrenica et Zepa.
16 Question: Lorsque vous avez mentionné cela je voudrais vous demander si
17 ces incursions dont vous venez de parler se situaient à Srebrenica au
18 niveau de la zone de responsabilité de la 2e Brigade, mais je voudrais que
19 vous nous disiez par exemple si l'information en question était censée
20 être votre travail?
21 Réponse: Je n'ai pas bien compris quand vous parlez, l'information sur
22 quoi?
23 Question: Le travail que vous aviez à effectuer . Et vous venez de nous
24 indiquer que depuis cette zone protégée il y avait des incursions opérées
25 par les Musulmans de la 28e Division. Est-ce que dans le cadre du travail
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1 que vous effectuez…
2 Réponse: Oui, j'ai compris. C'était précisément le travail du service
3 chargé de l'information qui était donc censé tenir au courant les soldats
4 et les supérieurs de tous les événements survenants dans la région de
5 Srebrenica afin que les gens sachent véritablement ce qu’il se passait.
6 Les médias transmettaient des informations qui étaient tout à fait
7 différentes.
8 Question: Les médias appartenaient à qui?
9 Réponse: Eh bien, les médias des forces musulmanes que nous pouvions
10 écouter sur les ondes.
11 Question: En suivant ce que disait ces médias et tenant compte des
12 informations dont vous disposiez vous étiez censée fournir une image
13 réelle, réaliste de la situation à l'intention de cette population?
14 Réponse: C'est exact.
15 Question: Pouvez-vous nous dire quand est-ce que vous vous êtes dirigée,
16 vous vous êtes appliquée à la réalisation de cette tâche?
17 Réponse: Le 4 ou le 5 juillet 1995, nous sommes arrivés dans le secteur de
18 Zeleni Jadar et nous avons campé dans le secteur du village de Jasenova.
19 C'est un site qui se trouve au sud de la cité urbaine de Srebrenica.
20 Question: Donc votre unité s'est dirigée de ce secteur-là vers les axes
21 d'attaque sur Srebrenica?
22 Réponse: Oui. Les deux premiers jours il ne sait pas passé grand-chose. Je
23 crois que les activités de combats ont commencé le 6, le 7 et peut-être
24 même le 8 juillet. Mon unité quant à elle avait pour mission de parvenir
25 jusqu'au site appelé Alibegovac, c'est dans une ceinture large de cette
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1 région et cela s'appelait Alibegovac. Nous y sommes arrivés le 10 juillet.
2 Nous nous sommes arrêtés là car suivant nos ordres il ne s'agissait pas
3 d'entrer dans Srebrenica, mais juste restreindre l'enclave aux fins de
4 mieux défendre les villages serbes avoisinants.
5 Question: Est-ce que vous avez vu l'ordre dont vous parlez?
6 Réponse: Oui. Le commandant nous a expliqué le point de l'ordre où il
7 s'agissait d'assurer des moyens de combat et parmi ces moyens de combat il
8 y avait le moral des troupes et le moral psychologique et cela faisait
9 partie de mes tâches. Il s'agissait notamment d'expliquer aux soldats et
10 aux supérieurs quels avaient été les objectifs, quelles étaient les façons
11 de se comporter et tout ce qui avait trait au moral des troupes et des
12 supérieurs.
13 Question: Au cours de vos activités, dans ces activités armées vous vous
14 êtes tenue aux ordres reçus?
15 Réponse: Oui tout à fait car dans l'ordre en question nous avions donc le
16 sens de déplacement qui était déjà précisé, nous n’avions pas rencontré de
17 résistance de la part des forces musulmanes ce qui fait que nous avons
18 facilement pris possession du site qui nous était assigné.
19 Question: Pour ce qui est de cette côte vous l'avez prise le 18 juillet
20 comme vous venez de nous le dire et vous l'avez déclaré avec certitude
21 cette date du 10 juillet parce que tout à l'heure vous avez hésité pour ce
22 qui était du 6, 7, vous n'étiez pas sûre de la date exacte du début.
23 Pourquoi ce 10 juillet vous a marqué à ce point-là pour que vous puissiez
24 être sûre à ce point-là de la prise de cette côte?
25 Réponse: Eh bien, je m’en souviens fort bien parce que le 11 juillet nous
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1 sommes déjà entrés dans la zone urbaine de Srebrenica parce que Srebrenica
2 était déjà du point de vue militaire libérée.
3 Question: Vous faisiez partie du commandement ou plutôt vous étiez au
4 commandement de cette 2e Brigade de Romanija, savez-vous qui commandait
5 l'opération Krivaja 95.
6 Réponse: L'opération Krivaja 95 était commandée par le général Radislav
7 Krstic à partir du poste de commandement avancé de Pribicevac. Nous
8 recevions, nous avons reçu ses ordres jusqu’à cette date du 10 juillet,
9 date de la chute d’Alibegovac. Mais puisque moi j'étais dans les locaux du
10 commandemant et j’avais la possibilité d’entendre les ordres qui étaient
11 transmis par le commandant de l'unité, je peux dire que lorsque le site
12 d’Alibegovac a été pris -je ne me rappelle pas d'ailleurs si je l’ai
13 entendu à la radio- mais le commandant de l'unité nous a donné un ordre en
14 nous précisant que lui-même avait reçu un ordre du général Mladic.
15 M. le Président: Excusez moi de vous interrompre. Peut-être faut-il mettre
16 les noms dans les personnes. Le témoin a mentionné que le commandant avait
17 expliqué un ordre. Peut-être qu'il faut savoir qui est ce commandant.
18 Maintenant on dit que le commandant de l’unité a donné ou a informé à la
19 radio, il faut dire quel est son nom. Témoin donc si possible quand vous
20 dites le commandement vous connaissez bien, nous, nous ne connaissons pas
21 donc c'est pour cela que vous êtes venue.
22 Témoin D/C (interprétation): Oui.
23 M. Petrusic (interprétation): La question que je vous poserai est donc la
24 suivante: vous appartenez à la 2e Brigade motorisée de Romanija. Qui
25 commandait cette Brigade?
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1 Réponse: C'est le colonel Mirko Trivic qui commandait cette Brigade.
2 Question: Lorsque vous parlez du commandant, dans vos réponses jusqu’à
3 présent le commandant de votre Brigade, est-ce que vous pensez au colonel
4 Mirko Trivic?
5 Réponse: Oui, toutes ces mentions concernent exlusivement le colonel Mirko
6 Trivic.
7 Question: Donc votre commandant Mirko Trivic recevait ses ordres jusqu'au
8 10 juillet de Krstic, du général Krstic, n’est-ce pas, du général Krstic?
9 Réponse: Oui.
10 Question: J’essaye que tout soit tout à fait clair.Et ce commandant Mirko
11 Trivic à partir de la date du 10 juillet a reçu ses ordres du général
12 Ratko Mladic?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Madame, je vous demande si vous êtes certaine d'avoir entendu
15 dire qu'à partir du 10 juillet, Mirko Trivic recevait ses ordres du
16 commandant suprême Ratko Mladic?
17 Réponse: Oui je l'ai entendu, j'étais sur place.
18 Question: Ces ordres se transmettaient par ce qu’on applelle le motorola?
19 Réponse: Ces ordres étaient ransmis par des moyens divers, par des
20 appareils divers.
21 Question: Mais c'était toujours le général Ratko Mladic, le colonel Mirko
22 Trivic qui étaient les deux interlocuteurs?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Est-ce que vous avez entendu Krstic donner des ordres par ces
25 moyens de transmission?
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1 Réponse: Non, je ne me rappelle pas. Il ne m’a pas transmis d’ordre, il
2 est possible qu’il ait eu une conversation avec un homme ou un autre mais
3 s'agissant d'ordre, non il n'en n'a pas délivré.
4 Question: Vous avez dit que Srebrenica était tombée le 11 juillet, je vous
5 demande si votre unité, cette 2e Brigade motorisée de Romanija, est entrée
6 dans la ville de Srebrenica?
7 Réponse: La 2e Brigade motorisée n'est pas entrée dans la ville car elle
8 avait reçu pour mission le devoir de rester en périphérie de Srebrenica
9 sur la gauche de Srebrenica, sur le site de Bojna.
10 Question: Et qui était au commandement, est-ce que vous étiez au
11 commandement?
12 Réponse: Oui j'étais au commandement, il y avait le responsable de la
13 Brigade, le colonel Trivic, il y avait le responsable de la logistique.
14 Est-ce que je dois donner son nom?
15 Question: Oui.
16 Réponse: Le capitaine Milivoje Podivic. Il y avait aussi M. Stanic et un
17 certain nombre d'hommes responsables des transmissions.
18 Question: Et le commandant d'un Bataillon?
19 Réponse: Oui, oui, oui il y avait aussi le commandant du Bataillon, le
20 commandant Ljubomir Eric.
21 Question: Et vous-même vous étiez également à cet endroit?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Madame D/C au cours de ce procès, ou plutôt je retire ma
24 question pour le moment.
25 Madame, vous êtes passée par Slapovici.?
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1 Réponse: Oui je suis passée à ce hameau à plusieurs reprises c'était ce
2 qu'on appelait un camp de réfugiés. Un hameau qui comptait 1000, 1500 ou
3 peut-être même 2000 préfabriqués et tous les soirs je rentrais dans ce
4 camp. Donc à plusieurs reprises, y compris le 13 quand nous avons quitté
5 ce secteur j'ai eu l'occasion de passer par le village de Slapovici.
6 Question: Ici, on a entendu dire que Slapovici avait été incendié, et
7 pilonné. Ma question porte sur ce point précis. Je vous demande si
8 Slapovici a été incendié totalement ou en partie, ou seulement au niveau
9 de certains bâtiments? Pouvez-vous nous dire quelques mots ce sujet?
10 Réponse: Non, non ce n'est pas exact. Slapovici est resté intact ; même à
11 la main aucun soldat n'a touché Slapovici. J'en suis sûre parce que j'ai
12 pris la direction pour me diriger vers Bratunac 13 juillet au matin, et à
13 ce moment-là tout était intact. Les soldats se sont contentés de passer à
14 côté du hameau de Slapovici.
15 Question: Madame DC, vous avez déjà dit dans votre déposition que vous
16 connaissiez les armes et notamment les armements dont disposait l’ex-JNA
17 et par conséquent l'armée de la Republika Srpska par la suite.
18 Au cours du présent procès, on nous a dit qu'un grand nombre d'obus a été
19 tiré sur la ville même de Srebrenica ainsi que sur les environs de
20 Srebrenica, et y compris tirés sur la colonne et autour de la colonne
21 d'être humains qui se déplaçaient de Srebrenica vers Potocari.
22 Or, puisque vous nous dîtes que vous vous trouviez dans la ville de
23 Srebrenica, je vous demande de nous dire si la ville de Srebrenica a été
24 touchée, et de façon générale si pendant le temps que vous avez passé dans
25 ce secteur vous avez vu des tirs d'armes d'artillerie ou entendu des tirs
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1 d'armes d'artillerie?
2 Réponse: Il y a eu des tirs d’armes d’artillerie mais extrêmement peu, et
3 les cibles principales étaient des cibles musulmanes, mais il n'était pas
4 particulièrement nécessaire de tirer ces obus. La ville de Srebrenica n’a
5 pas été touchée. Aucun obus n'est tombé sur le territoire de la ville de
6 Srebrenica en tant que tel et aucun bâtiment n'a été endommagé dans la
7 ville, le 11 juillet.
8 Question: On nous a dit ici que 200 obus étaient tombés dans un laps de
9 temps de quelques heures, est-ce exact?
10 Réponse: Non, non, il y a eu quelques obus, mais très très peu, des obus
11 qui ont été tirés sur les bunkers des forces musulmanes, mais en fait ce
12 n'était pas tellement nécessaire car la résistance opposée par eux
13 n'exigeait pas l'emploi d'artillerie.
14 Question: Quand vous êtes entrée dans Srebrenica, ce 11 juillet, avez vous
15 vu des civils ou des soldats ou des habitants de Srebrenica?
16 Réponse: Non, non, ils étaient déjà partis dans la direction de Potocari.
17 Dans la rue, j'ai vu le corps de deux hommes qui avaient sans doute été
18 tués par des armes d'infanterie et nous avons vu aussi le corps d'une
19 femme qui avait été égorgée. Nous ne savions pas de qui il s'agissait et
20 son frère est venu quelques instants plus tard, et il nous a dit que
21 c’était une Serbe qui était restée à cet endroit malgré la guerre. De
22 sorte que si nous n'avions pas rencontré son frère, nous n'aurions pas
23 réussi à savoir qui était cette femme.
24 Question: Au cours de votre séjour dans ce secteur, avez vous eu des
25 contacts avec des officiers ou des soldats ou des officiers de la Forpronu
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1 qui tenaient cette zone protégée?
2 Réponse: Oui, oui, nous avons eu une fois un contact avec eux. Cela s'est
3 passé peu de temps avant la chute du site d’Alibegovac. Ce jour-là, nous
4 avons vu deux transports de troupes, de blindés, des forces néerlandaises
5 qui se dirigeaient vers les Musulmans qui passaient donc sur la route. Et
6 les Musulmans ont ouvert le feu sur les forces de la Forpronu et nous
7 avons vu qu'un soldat de la Forpronu a été touché, blessé, et plus tard
8 nous avons appris d’ailleurs qu'il était mort.
9 Un peu plus tard, je ne sais pas si c’était le lendemain ou le
10 surlendemain deux blindés transports de troupes se sont dirigés vers nous.
11 Je ne sais pas très bien comment dire ce qui s’est passé. En fait, ces
12 deux blindés se sont rendus à nous. Il s'agissait donc de deux équipes
13 complètes, donc de six à huit soldats, avec tout leur équipement. D’où ils
14 venaient, je ne sais pas. Ils ont d'abord eu peur, ensuite ils ont été
15 soulagés, nous, nous avons parlé avec eux, et nous leur avons dit qu'ils
16 pouvaient rentrer chez eux, qu’ils étaient libres, rentrer dans leur pays.
17 Je ne sais pas exactement comment s’est fait leur transfert, leur
18 transport, est-ce qu'ils ont été escortés ou pas,mais en tout cas je crois
19 savoir qu'on les a transférés dans la direction de Bratunac en passant par
20 Zeleni Jadar.
21 Question: Et que s’est-il passé du point de vue de leur traitement?
22 Réponse: Rien de particulier, moi je leur ai proposé une bière parce que
23 j’en avais, ils ont été contents de boire une bière parce que cela faisait
24 déjà pas mal de temps qu'ils étaient en dehors de l’enceinte de la ville
25 de Srebrenica et ils étaient dans les environs, et donc ils ont été très
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1 contents de pouvoir boire une bière. Il s'agissait de jeunes gens, tout
2 jeunes, ils avaient peut-être 18 ans, je n’ai pas fait particulièrement
3 attention, mais je n'ai vu personne qui les a maltraités, tout ce que je
4 peux dire c'est qu'on les a envoyés plus loin.
5 Question: Mais quand ils ont poursuivi leur trajet, l’ont-ils fait avec
6 leurs blindés transports de troupes?
7 Réponse: Je crois que oui, je ne vois pas comment ils seraient partis sans
8 les blindés. Je ne suis pas sûre mais je pense que quelqu'un les a
9 escortés, sans doute d’ailleurs parce que nous avions reçu des
10 informations. Moi je n’ai pas fait particulièrement attention mais je
11 crois qu'ils ont été escortés.
12 Question: Vous entrez dans la ville de Srebrenica le 11 dans l'après-midi,
13 en même temps que les officiers supérieurs dont vous avez déjà parlé. Mais
14 à partir de là, où êtes-vous allés?
15 Réponse: Eh bien, nous sommes entrés dans Srebrenica dans l'après-midi et
16 ensuite certains d'entre nous sont retournées dans le camp de Jasenova,
17 d'autres au commandement, et pour ce qui me concern moi je suis restée au
18 site de Bojna, dans les environs de Srebrenica.
19 Question: Mais Jasenova c'est votre quartier général, n'est-ce pas?
20 Réponse: Oui, le quartier général, mais on l'appelait le camp.
21 Question: Et le 12 juillet, où étiez-vous?
22 Réponse: Le 12 juillet, alors que Srebrenica était déjà tombée sur le plan
23 militaire, il fallait se regrouper dans le secteur de Viogora, c’est-à-
24 dire dans la direction du village de Suceska, et ce jour-là nous avons
25 reçu pour mission d’effectuer le ratissage du terrain. Nous avons suivi la
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1 route goudronnée qui descend du mont Viogora, mais de Srebrenica au mont
2 Viogora il y a 10 ou 12 kilomètres et la route n’est pas particulièrement
3 bonne, nous avancions à pied et sur la route nous n'avions pas rencontré
4 personne, pas de réfugiés, personne.
5 Pour l'essentiel, nous avons ratissé ce terrain et ce travail s'est achevé
6 en début de soirée. Mais il n’y avait plus moyen de regrouper l’unité dans
7 le secteur de Viogora.
8 Donc, nous sommes rentrés au camp, au quartier général et le lendemain
9 matin mon unité a été regroupée dans le secteur de Viogora. Moi je n'étais
10 pas présente lors de ce regroupement et de ce déploiement de mon unité
11 parce que nous avons reçu au commandement de l'unité l'ordre de diriger
12 l'unité vers Zepa.
13 A ce moment-là, je ne savais pas encore exactement quelle était encore la
14 mission confiée à l'unité, donc je ne savais pas ce que l’unité était
15 censée faire là-bas.
16 Mais le 13 juillet, donc dans la matinée, avec le colonel Trivic et le
17 responsable des transmissions de l'unité, je me suis dirigée vers Zepa où
18 nous avions reçu pour mission de créer un quartier général et d’installer
19 tous les moyens nécessaires à de bonnes transmissions.
20 Mon unité s'est dirigée vers Jahorina, Suceska, dans la direction en
21 question par la route, et compte tenu de la foule que l'on trouvait sur la
22 route dans le secteur de Srebrenica/Bratunac...
23 Question: Je vous interromps, excusez-moi, mais j’aimerais que nous
24 revenions quelques instants sur les journées du 12 et même peut-être du
25 11juillet.
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1 Donc le 11 juillet vous quittez Srebrenica. Les 12 et 13 juillet, est-ce
2 que ces deux jours-là vous avez vu le général Krstic?
3 Réponse: Je n'ai vu le général Krstic que le 11, quand nous sommes entrés
4 dans la ville. Il y avait le général Mladic, il y avait aussi le général
5 Zivanovic, et derrière eux, un peu plus lent qu’eux, sans doute parce
6 qu’il marchait difficilement, se trouvait le général Krstic, et je ne l'ai
7 pas revu ensuite jusqu'au 13 juillet dans le secteur de Zepa.
8 Question: Donc vous-même, le colonel Trivic et le responsable des
9 transmissions, comme vous l’avez dit, vous partez de Jasenova en direction
10 de Bratunac le 13. Vous passez par Srebrenica, Potocari et vous allez
11 jusqu’à Bratunac. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu à Potocari?
12 Réponse: A Potocari, aux alentours de ce que je crois être la base de la
13 Forpronu, il y avait beaucoup beaucoup de monde, des femmes, des enfants,
14 des soldats, des membres du Bataillon néerlandais, des hommes en uniforme
15 militaire, des hommes en uniforme de la police, la police civile. Enfin il
16 y avait beaucoup beaucoup de monde, et je n'ai reconnu personne, en tout
17 cas personne des officiers supérieurs du Corps de la Drina que je
18 connaissais à l’époque.
19 Il était très difficile de circuler dans un véhicule motorisé, donc nous
20 avons traversé cet endroit comme nous avons pu, et nous avons continué
21 notre chemin vers Bratunac.
22 Question: Mais d'après ce que vous avez pu voir, ces hommes, ces femmes et
23 ces enfants étaient-ils tous ensemble, mélangés, où bien étaient-ils
24 séparés?
25 Réponse: Non, non, ils n'étaient pas séparés, ils étaient tous ensemble.
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1 Question: Une fois arrivée à Bratunac, où êtes-vous allés?
2 Réponse: Une fois arrivés à Bratunac, nous avons pris le chemin de Zepa,
3 et c'est à ce moment-là qu'un véhicule motorisé de commandement est arrivé
4 qu'il fallait emmener avec nous. Donc le commandant de l'unité des
5 transmissions a reçu l'ordre de prendre ce véhicule et comme il ne voulait
6 pas aller tout seul il m'a demandé de l'accompagner.
7 Nous sommes allés vers Bratunac, Kravica, Konjevic Polje, Nova Kasaba,
8 Milici, Vlasenica, et nous sommes arrivés dans le secteur de Zepa, plus
9 précisément dans le hameau de Podplane.
10 Question: Sur la route de Bratunac à Konjevic Polje, est-ce que vous avez
11 rencontré des soldats, des policiers, des convois? Pouvez-vous nous dire
12 ce que vous avez vu?
13 Réponse: Oui, à un certain moment nous avons vu un convoi composé d'un
14 grand nombre d'autobus et d'un certain nombre de camions, et qui emmenait
15 des réfugiés musulmans.
16 Nous étions donc sur la route, la même route que celle qui était utilisée
17 par le convoi, et les soldats musulmans tirés sur ce convoi à partir des
18 collines.
19 De l'autre côté de la route, des soldats, des policiers je pense parce que
20 j’ai remarqué l’uniforme bleu, et j'ai vu aussi des uniformes vert olive
21 de camouflage. Donc ces hommes opposaient une certaine résistance, et ils
22 tiraient, donc nous avons essayé de doubler, de dépasser ce convoi, mais
23 c'était très difficile.
24 Le trajet d’ailleurs était particulièrement dangereux, je ne voyais pas
25 exactement ce qu’il se passait à l'intérieur de ces camions, mais j'ai vu
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1 qu'il y avait des femmes, des enfants, des personnes âgées. Les camions
2 n’étaient pas bâchés, et ils étaient très grands, donc ils contenaient
3 beaucoup de monde.
4 Et les soldats musulmans tiraient, ils n'étaient pas très loin de la route
5 et ils tiraient, y compris sur ces camions et les gens qui étaient à
6 l'intérieur.
7 Quant aux soldats et aux hommes en uniforme qui entouraient le convoi, ils
8 ont essayé d’opposer une résistance.
9 Nous, nous avons doublé le convoi et ensuite nous ne l'avons plus vu. Nous
10 avons continué notre chemin.
11 Question: C'est la première fois que nous entendons parler de cela dans le
12 secteur étendu de Kravica et que nous entendons dire que les troupes
13 musulmanes ont tiré à partir des collines sur les groupes de soldats qui
14 étaient répartis sur la route et qui s'étaient déployés en tirailleurs.
15 Est-ce que vous êtes sûre que les soldats qui tiraient été bien Musulmans?
16 Réponse: Oui, oui, je suis tout à fait sûre parce que je suis passée par
17 là, et nous essayions de nous tirer de cette situation le plus rapidement
18 possible. On voyait très bien ce qu’il se passait, il était possible de le
19 voir à partir de la voiture à l’œil nu, puisque tout cela se passait à
20 300, 400 ou 500 mètres de la route. On voyait ces soldats séparés les uns
21 des autres par 40 ou 50 mètres et répartis dans tout le secteur.
22 Quant aux soldats qui opposaient une résistance sur la route, ils étaient
23 allongés dans le fossé comme ils pouvaient, le fossé qui longeait la
24 route. Et ils essayaient de résister.
25 Question: Vous êtes passés par Nova Kasaba?
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1 Réponse: Oui.
2 Question: A Nova Kasaba, il y a un terrain de football, vous le
3 connaissez?
4 Réponse: Non, non, je ne le sais pas, vraiment.
5 Question: A côté de la route, à Nova Kasaba, avez vous vu des prisonniers
6 musulmans?
7 Réponse: Non, depuis le moment où nous avons vu ce convoi qui se
8 déplaçait, nous n'avons vu aucun groupe important en déplacement, ni des
9 soldats ni personne d'autre.
10 Question: Je vous demanderai, si vous le voulez bien, d’essayer de vous
11 rappeler à quel moment, à peu près, vous avez pu passer par Nova Kasaba?
12 Réponse: Eh bien, c'était le matin, mais plutôt vers midi, un peu avant
13 midi je dirais, parce que nous sommes arrivés à Zepa, l'après-midi vers 14
14 heures, vers 2 heures de l'après-midi.
15 Question: Donc vous arrivez dans le secteur de Podplane le 13 aux
16 alentours de 2 heures.
17 (Signe affirmatif du témoin.)
18 Les combats en direction de Zepa commencent quand? Ce jour-là, le jour
19 même?
20 Réponse: Non, non, non. Ce jour-là s’est effectué le regroupement. Mon
21 unité toute entière est arrivée dans la soirée. En début de soirée, il y
22 avait encore un peu de lumière, il ne faisait pas encore complètement noir
23 et c’est le 14 finalement que les combats ont commencé. Il y avait à ce
24 moment-là des opérations de reconnaissance qui ont donc commencé le 14
25 juillet de la part des unités subordonnées. Et les hommes se sont
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1 déployés, ont pris position.
2 Question: Et vous êtes restée dans le secteur de Zepa jusqu’à quelle date?
3 Réponse: Jusqu'au 2 août.
4 Question: Dans cette période, avez-vous eu la possibilité d'écouter des
5 communications radio au commandement entre le commandant de votre unité et
6 ses supérieurs?
7 Réponse: Oui, j'ai eu la possibilité puisque nous étions dans les locaux
8 du commandement et nous passions le plus gros de notre temps à écouter ces
9 communications.
10 Question: Qui commandait l’opération?
11 Réponse: C’est le général Krstic qui commandait l’opération de Zepa.
12 Question: C'est lui qui donnait des ordres à votre commandant le colonel
13 Tivic?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Madame D/C, pendant que vous vous prépariez au présent
16 témoignage vous m'avez parlé de cela, je vous demande donc ce que vous
17 savez du fait qu'à l'occasion de la chute de Zepa, différents moyens
18 techniques ont été saisis dans lesquels se trouvaient toute la
19 documentation de la brigade de Zepa la 28e Divison?
20 Réponse: Oui, j'en ai entendu parler. Je ne sais pas si tout cela a été
21 découvert, retrouvé dans une école ou ailleurs, je ne me rappelle pas
22 exactement mais on m'a dit qu’il s'agissait d'un ordinateur et de
23 plusieurs disquettes. En tout cas c'était la rumeur qui circulait, je ne
24 sais pas ce qu'il est advenu de tous ces équipements par la suite, qui a
25 emporté ces équipements. Je ne peux donc pas être plus précise, mais j'ai
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1 entendu dire que cette documentation complète a été retrouvée.
2 Question: Pouvez-vous nous dire si vous avez vu quelqu'un, et qui vous
3 avez vu dans ce cas parmi les commandants supérieurs de vos unités à Zepa?
4 Réponse: J'ai vu le général Krstic le plus souvent, et j’ai aussi vu le
5 général Ratko Mladic ainsi qu’un certain nombre d’autres officiers
6 supérieurs du grand quartier général, est-ce que je dois donner leur nom?
7 Question: Oui.
8 Réponse: J'ai vu le colonel Beara, j’ai vu Tolimir, et puis des officiers
9 supérieurs du Corps de la Drina qui accompagnaient le général Krstic, je
10 veux parler du général Vicic. Et puis pour donner d’autres noms il
11 faudrait que je réfléchisse un peu plus longtemps, je ne me rappelle plus
12 très bien.
13 Question: Vous avez vu le colonel Vicic avec le général Krstic?
14 Réponse: Oui, je le connaissais parce qu’il avait commandé mon école à
15 Sarajevo, donc je le connaissais bien.
16 Question: Madame D/C, à ce moment là, au moment du développement des
17 combats dans la direction de Zepa, savez-vous quel a été le poste occupé
18 par le général Krstic dans la hiérarchie militaire du Corps de la Drina?
19 Réponse: Le général Krstic était d’abord commandant de la 2e Brigade
20 motorisée de Romanija. Par la suite il est devenu chef d’état-major du
21 Corps de la Drina et je crois savoir qu'il n’a occupé que ce poste
22 jusqu’au 20 juillet. Oui, le 20 juillet 1995, date à laquelle le
23 commandant du Corps..., jusque qu'à cette date, le commandant Zivanovic a
24 pris sa retraite, en tout cas c'est ce qu'on nous a dit. A ce moment-là le
25 général Krstic est devenu commandant du Corps d’armée. Cela s'est passé à
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1 peu près ce moment-là. C'est le 20 que nous avons été informés de cela
2 alors que l'opération Zepa était encore en cours.
3 Question: Donc c’est aux environs du 20 qu’on vous a informé que le
4 général Krstic avait repris le commandement du Corps de la Drina, n’est-ce
5 pas?
6 Réponse: Oui, oui.
7 Question: Madame D/C, depuis 1992 vous avez, je puis dire, librement
8 côtoyer le général Krstic. Il avait d’abord été le commandant de votre
9 Brigade et par la suite dans cette période du mois de juillet 1995, vous
10 avez été avec lui sur Zepa et Srebrenica, pouvez-vous donc et je suppose
11 que vous connaissez bien le général Krstic, c’est la raison pour laquelle
12 je vous demanderai de nous dire quelques mots à son sujet en ses qualités
13 d’officier supérieur, en sa qualité de personnalité, quoiqu’il soit
14 difficile de dissocier ces deux aspects, notamment au sein de l’armée.
15 Réponse: Je puis dire pas mal de choses au sujet du général Krstic, au
16 niveau de sa personnalité, de sa qualité d’homme et de supérieur. Le
17 général Krstic avait été mon commandant de Brigade pendant une période de
18 temps assez longue et par la suite lorsque qu'il est devenu chef d’état-
19 major du Corps d'armée de la Drina, nous avons eu des contacts fréquents
20 parce que ma 2e Brigade Romanija faisait partie du Corps d’armée de la
21 Drina et il y était subordonné. Lorsqu'il est arrivé aux fonctions de
22 commandant de la Brigade, le général Krstic était à l’époque lieutenant-
23 colonel. Il avait constitué et formé cette 2e Brigade de la Romanija de
24 façon à ce que même en temps de paix aucune unité ne saurait avoir
25 meilleure organisation; et tout au niveau de l'unité fonctionnait à
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1 merveille. Il s'agissait notamment d'une unité assez importante pour ce
2 qui est de l'importance de sa formation, nous l'avons tous aimé, notamment
3 en raison de sa personnalité, de son comportement militaire, de son
4 comportement professionnel vis-à-vis des subordonnés, vis-à-vis de la
5 population civile et vis-à-vis des ses supérieurs, vis-à-vis également des
6 Musulmans ou Croates qui avaient été faits prisonniers. Tout ce que nous
7 avons pu voir et étendre, nous qui avons travaillé avec lui, avons
8 constaté que tout était tombé à l’eau et je n’arrive pas à croire pourquoi
9 lui, pourquoi précisément lui se trouve être inculpé alors que lui n’a
10 certainement pas pu donner l’ordre de perpétrer le crime qui est arrivé à
11 Srebrenica et dont nous avons eu vent par la suite. Il ne pouvait pas
12 donner cet ordre parce que pendant toute la durée de la guerre, il était
13 contre de telles choses. Nous avons eu des prisonniers pendant cette
14 guerre, des soldats Musulmans qui avaient pendant assez longtemps été
15 détenus à Knezina dans un site où se trouvait le commandement de la
16 Brigade. Je dois dire que l'on s'était comporté à leur égard comme à
17 l’égard de tous les autres soldats. Ils recevaient du café, ils recevaient
18 des cigarettes et je dirai qu'ils en touchaient peut-être plus que des
19 soldats Serbes, et même de nos jours ces gens-là nous font signe de
20 Sarajevo pour nous remercier de la façon dont nous les avions traités.
21 En 1993 le général Krstic avait aidé la population croate et l'armée de
22 Vares. Il avait aidé pour que toute l'armée et la population de Vares avec
23 les moyens techniques leur appartenant viennent à Sokolac pour se sauver
24 des attaques musulmanes qui avaient commencé à persécuter des gens. On
25 avait créé là-bas un campement, une véritable cité où ces gens-là ont
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1 séjourné. Certains sont restés 15 jours à un mois, puis ils sont partis où
2 ils voulaient. L’armée et les moyens techniques les sont dirigés, je
3 crois, à savoir vers les territoires contrôlés par l'armée croate à
4 l'époque. A cette même époque maints habitants de Sokolac qui se
5 trouvaient dans la zone de responsabilité de l’unité du général Krstic se
6 plaignaient de lui, ils étaient mécontents de voir que le commandant d'une
7 unité, le commandant d’une armée serbe se mette à sauver une population
8 croate. Et, par la suite, pour ce qui est des prisonniers nous avons eu
9 plusieurs cas encore mais jamais je ne l'ai entendu dire qu'un prisonnier
10 doive être soumis à de mauvais traitements. Il a toujours été de leur
11 côté, c’est ce que j’ai aimé chez lui, cette attitude militaire, son
12 comportement, la façon de respecter les autres. Il connaissait toutes les
13 règles de conduite des conflits armés.
14 M. Petrusic (interprétation): Madame D/C, je me propose de faire ici une
15 halte. Je n’aurai pas de question à vous poser à présent, et je crois que
16 ce sont mes collègues du Bureau du Procureur qui se proposeront de vous
17 contre-interroger.
18 Monsieur le Président, la défense vient d’achever son interrogatoire
19 principal de son témoin.
20 M. le Président: Merci beaucoup Maître Petrusic. Je regarde un peu
21 l'horloge parce que du point de vue de l’organisation peut-être qu’il
22 serait convenable de faire ici une pause mais du point de vue de la
23 journée ça peut nous compliquer un peu l'organisation. Donc de toutes
24 façons, je crois qu'on peut récupérer un peu et je crois que peut-être on
25 fera un pause maintenant. On va faire une pause d'une demi-heure.
Page 7454
1 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
2 (L'audience, suspendue à 10 heures 25, est reprise à 11 heures.)
3 M. le Président: Je crois que c'est Monsieur Harmon qui va contre-
4 interroger.
5 Hier, nous avions parlé de l'Article 90, JNH.
6 L'interrogatoire principal a pris plus ou moins une heure. Avec la
7 maniabilité avec laquelle on doit comprendre la règle, Monsieur Harmon,
8 vous devez tenir compte de cela.
9 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
10 M. le Président: Témoin D/C, vous vous sentez reposée?
11 Témoin D/C (interprétation): Oui.
12 M. le Président: Maintenant vous allez répondre aux questions que M. le
13 Procureur va vous poser, s’il vous plaît, Témoin D/C.
14 (Contre-interrogatoire du Témoin D/C par M. Harmon.)
15 M. Harmon (interprétation): Bonjour, Madame et Messieurs les Juges,
16 bonjour à la partie adverse, bonjour Témoin D/C.
17 Est-ce que pourrions passer à huis clos partiel pour les premières
18 questions, Monsieur le Président.
19 M. le Président: Oui, nous allons passer à huis clos partiel. Cela a à
20 voir avec des questions d’identification, Monsieur Harmon?
21 (M. Harmon fait un signe affirmatif.)
22 Bien, okay. Nous sommes déjà à huis clos partiel, donc vous pouvez
23 commencer s'il vous plaît.
24 (Audience à huis clos partiel.)
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22 (Audience publique avec mesures de protection.)
23 M. Harmon (interprétation): Merci.
24 Témoin D/C, au cours de l'interrogatoire principal, vous avez décrit les
25 affectations et tâches précises qui vous étaient été confiées au sein de
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1 la 2e Brigade motorisée du Corps de Romanija.
2 Vous avez dit qu’entre autre vous aviez pour responsabilité d'informer les
3 officiers ainsi que les soldats de la situation qui prévalait parmi la
4 population serbe.
5 Est-ce que vous pourriez peut-être nous donner davantage de détails sur ce
6 point, qu’entendez-vous par là?
7 Témoin D/C (interprétation): Cela signifiait une information concernant
8 les soldats et les supérieurs dans une situation déterminée. Il s'agissait
9 de les informer de l'environnement proche et plus vaste. Quand on parle de
10 l’environnement proche, il s'agissait de la situation concrète du site où
11 se trouvait l'unité, et ensuite de la situation de la Bosnie-Herzégovine,
12 puis celle des républiques qui se sont séparées de l’ex-Yougoslavie, et
13 l'attitude de la communauté internationale à l'égard de l’ex-Bosnie-
14 Herzégovine. Ensuite, je puis dire encore l'attitude qu’il s’agissait de
15 l’attitude de la population musulmane à l'égard de la population serbe, et
16 vice versa, concernant notamment les territoires où vivaient les uns et
17 les autres, quels avaient été les objectifs de la lutte du peuple serbe,
18 les objectifs de la défense, et ainsi de suite.
19 Question: Et où obteniez-vous ces informations, s'agissant de l’avis
20 qu’avait l’opinion internationale, la communauté internationale, à l’égard
21 des Serbes?
22 Réponse: Ces informations nous les obtenions de la part de nos supérieurs
23 de façon officielle, c’est-à-dire des commandements supérieurs et selon la
24 chaîne de commandement, ensuite par le biais des mass media.
25 Question: Est-ce que par exemple vous avez reçu des renseignements sur des
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1 négociations qui se poursuivaient entre les Serbes, les Musulmans et les
2 Croates?
3 Réponse: Oui, nous recevions ce type d’informations.
4 Question: Est-ce que vous avez reçu des informations à propos de
5 l'évolution au sein des Nations Unies? Je pense ici aux avis, aux
6 résolutions prises par les Nations Unies après l’attaque sur l'enclave de
7 Srebrenica?
8 Réponse: Oui, nous recevions cela aussi.
9 Question: Est-ce que vous avez reçu des informations... Je retire cette
10 question pour la reformuler. A quel moment, avez vous reçu ces
11 informations portant sur l'attaque menée sur l'enclave de Srebrenica?
12 Réponse: Je n'ai pas bien saisi cette question. Est-ce que vous parlez du
13 moment où nous étions censés nous diriger vers l'enclave ou est-ce que
14 vous parlez des événements de l'enclave même?
15 Question: Je vais préciser ma questions. A quel moment avez-vous reçu des
16 informations à propos de ce qui se passait aux Nations Unies, de ce que
17 pensaient les Nations Unies, des résolutions qu'elles ont prises par
18 rapport à Srebrenica? Est-ce que vous avez reçu ces informations en
19 juillet 1995 ou plutôt en août 1995?
20 Réponse: Eh bien, ces informations relatives à l'attitude des Nations
21 Unies à l’égard de la zone protégée, nous les avions obtenues avant.
22 Toutefois, les Musulmans n’avaient pas respecté ces résolutions et c’est
23 en raison de toutes ces attaques armées contre la population serbe que...
24 Question: Excusez-moi de vous interrompre, je vais demander de répondre à
25 la question que je vous ai posée parce que je vais essayer d'être très
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1 précis en posant mes questions.
2 Est-ce que vous étiez au courant du fait que les Nations Unies, à la suite
3 de l’attaque menée sur Srebrenica, étaient préoccupées du sort réservé à
4 des milliers de civils musulmans, ainsi qu’à des prisonniers de guerre?
5 Réponse: Après la chute de Srebrenica nous n'avons pas obtenu
6 d’informations de ce type, parce que nous nous sommes dirigés vers
7 l'opération Zepa et donc je n’avais pas obtenu d’informations relatives à
8 l'attitude des Nations Unies.
9 Et par les mass media nous recevions ce que nous pouvions recevoir, nous
10 avons entendu des informations très variées. La Fédération musulmane avait
11 transmis des informations tout à fait autre, qui ne correspondaient pas à
12 la situation que nous avions trouvée sur place.
13 Question: Par conséquent, vous aviez trouvé ces informations musulmanes
14 par la radio, par la télévision, par d'autres médias. Vous avez ainsi
15 appris qu’il y avait des milliers d’hommes musulmans qui étaient portés
16 disparus à la chute de Srebrenica?
17 Réponse: Oui, j'ai appris la chose.
18 Question: Et vous étiez officier au sein de la VRS à l’époque, vous vous
19 occupiez de la question de l'information, des informations qu’il fallait
20 fournir aux soldats, ainsi qu'aux officiers, à propos de la situation dans
21 laquelle ils se trouvaient?
22 Réponse: Oui, c'est exact.
23 Question: Vous avez informé vos soldats, vos supérieurs de ce que vous
24 aviez entendu par les medias musulmans, à savoir que des milliers de
25 civils musulmans et de prisonniers de guerre avaient apparemment disparu?
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1 Réponse: Oui, j'en ai informé qui de droit, mais ces rapports-là et les
2 événements, ainsi que les victimes sur Srebrenica, nous avons pris
3 connaissance bien plus tard, c’est-à-dire peut-être deux ou trois mois
4 après la chute de Srebrenica. Donc ces premières informations de ce type
5 ont été passées par les média, mais bien plus tard, mais juste après la
6 chute de Srebrenica nous n’en savions absolument rien.
7 Question: Est-ce que le 17 juillet vous avez entendu dire que le porte-
8 parole du Président Karadzic avait fait une déclaration publique dans
9 laquelle il a affirmé, il a dit qu’il y avait de sérieuses allégations
10 consistant à dire qu’il y avait des milliers de civils Musulmans, de
11 prisonniers de guerre qui avaient disparu mais qu’il n’attachait aucun
12 poids à tout cela. Est-ce que vous avez entendu parlé de cette déclaration
13 publique faite par Zamatica.
14 Réponse: Non, ce n'est pas à cette époque-là, c'est bien plus tard parce
15 que nous étions à l'époque de nouveau dans des opérations de combat et
16 n'avons pas eu l'opportunité d’écouter les médias et par voie de
17 conséquence d’entendre ce type d’informations.
18 Question: Donc dans l'exercice de vos fonctions à Srebrenica et à Zepa
19 est-ce qu’en fait il y avait un block-out complet des informations. Vous
20 n’avez entendu aucune de ces informations?
21 Réponse: Non, ce n'était pas un blocage des informations, les
22 circonstances étaient telles qu’elles étaient. Il y avait des informations
23 qui passaient mais la partie des tâches que j’accomplissais à l'époque se
24 rapportait à l'information concernant les missions, les tâches des unités,
25 les soins à apporter aux gens sur le terrain, la solution de divers
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1 problèmes qui avaient trait à ces gens-là pour voir si les gens avaient
2 des problèmes de santé ou des problèmes psychiques à résoudre et ainsi de
3 suite.
4 Question: Au moins pour ce qui est de ce volet-là de vos activités, vous
5 n’avez pas pu remplir vos fonctions puisque vous dites n’avoir eu aucune
6 information à votre disposition, est-ce exact? Est-ce bien ce que vous
7 nous dites?
8 Réponse: Je n'ai peut-être pas été en mesure de les accomplir mais si l’on
9 prend en compte la structure hiérarchique de l'armée, il n’était pas
10 nécessaire à l'époque de parler de ces informations étant donné que nous
11 n’étions pas au courant de ce type d'événements, nous n’en n’avons pas été
12 informés nous-mêmes.
13 Question: Fort bien, nous allons revenir à ce sujet dans quelques
14 instants. J'aimerais maintenant me pencher sur le rôle que vous avez joué
15 au sein de la 2e Brigade motorisée de Romanija? Vous avez déclaré recevoir
16 des ordres à ce moment-là et d'aller à Srebrenica peu de temps avant le
17 début de l’attaque menée sur l’enclave. Et vous avez déclaré dans le cadre
18 de vos dépositions qu’à un moment donné vous étiez parvenu aux sites, à la
19 côté d’Alibegovac et ceci le 10 le juillet. Jusqu’à ce moment-là, votre
20 unité n’avait pas rencontré d’opposition, de résistance, n’est-ce pas?
21 Réponse: Une résistance mineure.
22 Question: En fait votre unité n'a subi aucune perte jusqu'au 10 juillet?
23 Réponse: Non.
24 Question: Je voudrais voir si j'ai bien compris, comment se structurait
25 votre unité. Cette 2e Brigade motorisée de Romajina avait pour commandant
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1 le lieutenant-colonel Mirko Trivic, n’est-ce pas?
2 Réponse: Colonel Mirko Trivic.
3 Question: Bien, et est-ce qu’il avait un adjoint?
4 Réponse: Oui, il avait un adjoint mais il n'avait pas pris part à
5 l'opération de Srebrenica, il était resté dans l’unité d’origine.
6 Question: Qui était le commandant en second pour ce qui est des opérations
7 de Srebrenica?
8 Réponse: Dans l’opération Srebrenica, il n’avait pas d’adjoint.
9 Question: Ce qui veut dire qu’il était le seul au commandement de l'unité
10 et des hommes qui se trouvaient sous ses ordres.
11 Réponse: Oui.
12 Question: Dans le cadre de cette opération, quel rôle précis avez-vous
13 joué?
14 Réponse: En premier lieu, il s'agissait de se conformer aux ordres donc
15 d’expliquer aux soldats et aux officiers supérieurs mais de rangs
16 inférieurs quels avaient été les objectifs de notre opération afin qu’ils
17 sachent bien pourquoi ils sont venus, quels sont leurs devoirs, et dans le
18 cadre des opérations le suivi de l'accomplissement de ces tâches, la
19 rédaction de rapport pour le commandement supérieur et ensuite le suivi de
20 la résistance, de la stabilité physique et psychique des gens de
21 l'influence des activités psychologiques et des activités de propagande de
22 l’ennemi à l’égard de nos troupes et ainsi de suite.
23 Question: Je suppose dès lors que du fait de ces responsabilités, vous
24 avez dû vous trouver sous le terrain et vous étiez éloignée de l’endroit
25 où se trouvait le colonel Trivic.
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1 Réponse: Oui, parfois là, parfois au sein de l'unité concrète en train
2 d'effectuer la visite des combattants en allant de l'un à l'autre, nous
3 étions une unité assez petite ce qui fait que nous étions en général ici
4 au même endroit.
5 Question: Vous avez été auprès du colonel pendant toutes les phases de
6 l'opération?
7 Réponse: Oui.
8 Question: 24 heures sur 24?
9 Réponse: Essentiellement.
10 Question: Est-ce qu'il y avait un centre de communication qui était relié
11 à votre unité?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Où se trouvait-il?
14 Réponse: Cela se trouvait dans la village de Jasenova et nous avions des
15 communications aussi sur le terrain.
16 Question: Par conséquent le centre de communication principal en ce qui
17 concerne votre unité ne se trouvait pas à Alibegovac?
18 Réponse: Oui, le centre de transmission a d’abord été institué à Jasenova
19 mais tous les moyens de communications qui fonctionnaient à Jasenova
20 fonctionnaient également sur Alibegovac.
21 Question: Et quels étaient les moyens utilisés par vous à Alibegovac, est-
22 ce que vous aviez des talkie-walkie, des motorolas manuels?
23 Réponse: Oui, nous avions des stations radio portatives et des motorolas.
24 Question: J'aimerais vous poser cette question, témoin D/C: qui serait
25 mieux à même de savoir quels ordres, si ordres il y a eu, ont été donnés
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1 par le général Mladic, est-ce que ce serait vous, ou le colonel Trivic?
2 Réponse: Eh bien, j'étais présente, je pouvais entendre cela revenait
3 pratiquement au même. Il recevait des ordres mais moi je les entendais.
4 Question: Est-ce qu'il vous est arrivé de recevoir des ordres du général
5 Mladic?
6 Réponse: Non.
7 Question: Je reviens par conséquent à la question que j’avais posée au
8 départ: au cours de ces actions de l'opération à laquelle participait
9 votre unité, qui était mieux à même de savoir quels étaient les ordres
10 reçus du général Mladic, pour autant qu'il en est eu? Est-ce que c’était
11 vous ou le colonel Trivic?
12 Réponse: Eh bien, normalement le colonel Trivic, c’est normal.
13 Question: Je vais vous donner la lecture d’une partie de la déclaration du
14 colonel Trivic: celui-ci…
15 M. le Président: Maître Petrusic? Excusez-moi.
16 M. Petrusic (interprétation): La défense fait objection à la lecture de
17 cette déclaration. Cette déclaration n'a pas été versée à la Chambre, la
18 défense ne dispose pas de ces déclarations, on n’a pas eu l’occasion d’en
19 prendre connaissance et c’est la raison pour laquelle j’estime qu’il n’y a
20 aucun fondement pour qu'il soit donné lecture de ces déclarations au
21 témoin
22 M. le Président: Monsieur Harmon?
23 M. Harmon (interprétation): Oui, je suis d’un avis contraire Monsieur le
24 Président. Cette déclaration nous a été fournie le 5 octobre par le
25 colonel Trivic. Il a été interrogé suite à une citation à comparaître et
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1 ce témoin parle de ces faits. Je veux lui soumettre ce que dit le colonel
2 Trivic pour ce qui est d’une certaine partie de sa déclaration, de sa
3 déposition pour demander un commentaire à ce témoin. Je pense que c’est là
4 une façon tout à fait adéquate de poser ces questions au témoin.
5 Mme Wald (interprétation): Est-ce que vous allez permettre à la défense de
6 prendre connaissance de cette déclaration?
7 M. Harmon (interprétation): Si la défense veut en prendre connaissance, je
8 la lui fournirai.
9 M. Petrusic (interprétation): J'estime que cette déclaration aurait du
10 être communiquée à la défense bien avant pour des raisons de préparatifs
11 et de l'interrogatoire principal de ce témoin ; dans ce cas-ci nous nous
12 trouverons dans une position handicapée. Nous allons recevoir
13 éventuellement aujourd’hui cette déclaration au court du contre-
14 interrogatoire, mais que voulez-vous que nous en fassions maintenant.
15 Monsieur le Procureur savait fort bien sept ou dix jours avant que le
16 témoin d'aujourd'hui serait cité à la barre, il avait eu connaissance du
17 contenu de ce témoignage et j'estime qu'il était tenu de communiquer cette
18 déclararion à la défense dans le cas où il av ait l'intention de se référer
19 à celle-ci.
20 M. Harmon (interprétation): .Est-ce que je peux réagir après la remarque
21 de mon collègue.
22 M. le Président (interprétation): Oui, afin que nous puissions décider.
23 M. Harmon (interprétation): Tout d'abord, Monsieur le Président, Madame et
24 Monsieur les Juges, nous avons reçu un résumé qui ne contenait pratiquemet
25 rien à propos de ce qu’a déclaré ce témoin. Nous nous sommes plaints à
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1 deux reprises. La défense a affirmé que l'accusation était au courant ce
2 qu’allait dire ce témoin et c’est là une affirmation erronée. Et puis, si
3 ce compte rendu doit être communiqué à la défense, je demanderais dans ce
4 cas tout d'abord que ce document nous soit remis par la suite, qu'il ne
5 soit pas divulgué à d'autres parce que c’est une déclaration qui nous a
6 été donnée en vertu d'un ordre, d'une ordonnance adressée au Bureau du
7 Procureur ; c’est une déclaration qui a trait aux enquêtes menées.
8 Et en toute franchise je vous le dirais, Monsieur le Président, je
9 préférais remettre au témoin les extraits qui m'intéressent et sur
10 lesquels je vais poser des questions parce qu’il y a d’autres parties qui
11 sont tout à fait confidentielles.
12 M. le Président: Nous allons donc décider de la question. Je vous demande
13 un instant, s'il vous plaît.
14 (Les juges se consultent sur le siège.)
15 M. le Président: Donc la Chambre décide que le Procureur peut utiliser
16 pour tester la crédibilité du témoin ses déclarations, la défense peut
17 contre-interroger ou répliquer sur cette question après avoir inspecter le
18 document.
19 Donc, voilà la décision de la Chambre, c’est-à-dire le Procureur avant la
20 réplique doit remettre le document à la défense pour que la défense puisse
21 inspecter le document, et la défense peut répliquer sur cette question.
22 Donc, poursuivez après ça.
23 M. Riad (interprétation): Je précise que seules sont concernées les
24 parties pertinentes du document, puisque vous avez dit qu’il y a d'autres
25 parties dans ce document dont il ne faut pas divulguer la teneur.
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1 M. Harmon (interprétation): Je vais vous dire, ou vous lire plus
2 exactement ce que le colonel Trivic nous a dit à propos de cette question:
3 "Question posée par M. Ruez: Est-ce que vous aviez des communications
4 directes avec le général Maldic du poste commandement avancé ou est-ce que
5 la communication passait par d'autres personnes? "
6 En fait, j'aurais du prendre la lecture un peu auparavant pour avoir une
7 idée d'ensemble de ce que je vais dire:
8 "-Question: Est-ce que c'était la première fois que vous saviez que le
9 général Mladic se trouvait dans la région , dans la zone?
10 -Réponse de Trivic: Je le savais auparavant, avant ce contact par radio
11 parce qu’il nous a contacté depuis le poste de commandemant avancé du
12 Corps de la Drina.
13 -Qestion de M. Ruez: Est-ce que vous parlez du poste de commandemant de
14 Pribicevac?
15 -Réponse: Oui sans doute.
16 -Question de M. Ruez: Est-ce que depuis vous vous souvenez du jour où M.
17 Mladic se trouvait dans la zone?
18 -Réponse: Non.
19 -Question: Est-ce que vous aviez des moyens de communication directe avec
20 le colonel Maldic depuis le poste de commandement avancé ou est-ce que ces
21 communications s’établissaient par d'autres personnes?
22 -Réponse de Trivic: Par l'officier des transmissions, par d'autres
23 officiers ou soldats.
24 -Question de M. Ruez: Et sur quoi portaient ces communications?
25 -Réponse de Trivic: Il y a eu quelques avertissements selon lesquels nous
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1 allions avoir des attaques aériennes, des frappes aériennes, uniquement
2 pour sécuriser. Je ne sais pas qui lui a fourni l'information puisque
3 c'était lui qui avait directement transmis..., nous avait transmis cette
4 information afin d'assurer qu’il y ait suffisamment d'effectifs et en fait
5 de pouvoir les loger ou de les abriter puisqu'on s'attendait à des frappes
6 aériennes. Je le sais car à un moment donné le soldat responsable des
7 communications a d’abord été étonné d’entendre la voix de Mladic par
8 radio, et puis il a dit, je cite: "Merde on s'attend à des frappes
9 aériennes, il faut pouvoir trouver un abri." (Fin de citation.)
10 -Question de M. Ruez: Avez vous reçu d'autres ordres qui seraient venus
11 directement du général Maldic?
12 -Réponse de Trivic: Mais, qu'est-ce que vous entendez par là, à propos de
13 l’engagement l'unité ou à propos de quoi?
14 -Question de M. Ruez: A propos de quoi que ce soit, peu importe. Il y
15 avait des instructions directes qui venaient de lui même?
16 -Réponse de Trivic: Ce n'est pas jusqu'au moment où je l'ai salué mais où
17 on m’a demandé de sécuriser la partie occidentale. Mais ceci c’était au
18 niveau contacts étroits.
19 -Question de M. Ruez: Lorsqu’il vous a donné cet ordre est-ce que qu'il
20 était en présence de Zovanovic et du colonel Krstic?
21 -Réponse de Trivic: Oui ils étaient ensemble, oui. Je me suis rapproché de
22 lui, je l’ai salué puisqu’il était mon supérieur et puis j’ai reçu pour
23 tâche de sécuriser cet ordre ou appliquer cet ordre pour enrayer
24 d'éventuelles attaques; Je crois qu’à ce moment-là il s'était adressé à
25 tous les offociers de commandemant présents en leur disant qu'il fallait
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1 que nous soyons prêts à nous déplacer davantage vers Potocari. Cette
2 conversation a duré en tout à peu près 10 minutes."
3 Voilà je viens de vous donner lecture de la déclaration fournie par le
4 colonel Trivic au Bureau du Procureur le 5 octobre. D’après les propos
5 mêmes du colonel Trivic dont vous dites qu’il était mieux à même d’être au
6 courant des ordres eh bien, le colonel Trivic nous a dit que le seul ordre
7 qu'il ait reçu de la part du général Mladic c’était au moment où il
8 l'avait salué en ville. Il y avait donc cette entrevue. Pourriez-vous
9 faire un commentaire sur ce que déclare le colonel Trivic?
10 Témoin D/C (interprétation): Oui je peux faire un commentaire. Cette
11 déclaration a trait à la date du 11, date à laquelle nous sommes entrés à
12 Srebrenica ce qui fait que les ordres précédents n'y ont pas été repris.
13 Question: Nous allons poursuivre l'examen de votre interrogatoire
14 principal. Parlons de la réunion que vous avez eu à Srebrenica avec le
15 général Mladic avec le général Zivanovic et le général Krstic, une réunion
16 qui a duré quelques dix minutes, n’est-ce pas?
17 Réponse: Ce n’était pas une réunion tout à fait classique, c’était une
18 rencontre plutôt dans la rue, mais j’avais, moi, parlé des ordres que nous
19 avions reçus jusqu'au 10 juillet, jusqu'à Alibegovac et en provenance de
20 Pribicevac.
21 Et le 11 juillet, au moment où nous entrions à Srebrenica, c’est là que
22 cet ordre...
23 Donc je ne peux nier que le général Mladic n'avait pas commandé
24 directement les activités des unités.
25 Question: Le général Mladic était le chef de l’état-major principal, du
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1 grand état-major. Ses officiers subordonnés étaient le général Krstic, à
2 l'époque chef de l'état-major du Corps de la Drina, n’est-ce pas?
3 Réponse: Le général Krstic était directement subordonné au commandant du
4 Corps d'armée de la Drina, le général Zivanovic, et en conséquence au
5 commandement de l'état-major du Corps d’armée de la Drina.
6 Question: Est-ce que le général Krstic a émis, délivré des ordres au Corps
7 de la Drina, aux membres des unités qui étaient montés à l'assaut après le
8 10 juillet?
9 Réponse: Non, je n'ai pas connaissance de tels ordres, je ne l'ai pas
10 entendu par les moyens de communication radio.
11 Question: Est-ce que le général Krstic a donné l’ordre aux unités de
12 poursuivre leur route sur Zepa?
13 Réponse: Non, c'est le général Mladic qui a donné cet ordre aux
14 commandants des Brigades.
15 Question: Parlons des ordres délivrés aux commandements de Brigades.
16 Etiez-vous présente au moment où ces ordres ont été donnés?
17 Réponse: Non, je n'étais pas présente.
18 Question: Essayons de suivre la séquence chronologique des événements.
19 Vous avez eu une brève réunion de 10 minutes au cours de laquelle vous
20 avez vu le général Mladic, ainsi que les autres officiers, à Srebrenica.
21 Après
22 cela, où êtes-vous allés?
23 Réponse: Mon commandement est rentré au camp, c'est-à-dire vers le site où
24 nous étions logés, à Jasenova, et le reste de l’unité est resté au village
25 de Bojana, à proximité de Srebrenica, en vue d’assurer la sécurisation des
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1 approches des accès à la ville.
2 Question: Où avez-vous passée la nuit du 11 ou 12?
3 Réponse: A Jasenova, au camp de Jasenova.
4 Question: Est-ce que là aussi vous étiez avec le colonel Trivic?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Pourriez-vous nous dire rapidement ce qui s'est passé...
7 Excusez-moi, je retire cette question. Est-ce que vous étiez présente
8 lorsque le colonel Trivic a reçu l’ordre d'assister à une réunion à un
9 relais télévision, à peu près à 800 mètres au sud de Srebrenica, ceci
10 s'est passé le 12 juillet?
11 Réponse: Oui, j'étais présente lorsqu'on lui a donné cet ordre et j’étais
12 présente à son départ, mais je n’ai pas assisté moi-même à cette réunion.
13 Question: Etiez-vous au courant du fait qu’au cours de cette réunion où se
14 trouvaient votre officier de commandement et le général Krstic , ainsi que
15 le colonel Obrad Vicic, que le général Krstic a donné l'ordre de ratisser
16 le terrain?
17 Réponse: Je ne se savais pas qu'est-ce qui avait donné les ordres
18 afférents au ratissage du terrain.
19 Question: La suite de cette réunion qui s'est déroulée vers 10 ou 11
20 heures du matin, est-ce que le colonel Trivic est revenu et est-ce qu’il
21 vous a dit qu’il avait reçu un ordre du général Krstic selon lequel il
22 devait ratisser le terrain?
23 Réponse: Oui, il est rentré et il nous a dit qu’il avait reçu des ordres,
24 mais non de la part de Krstic. Je pense que Krstic n'était déjà plus là.
25 Enfin, il ne nous a pas dit qui lui avait donné cet ordre.
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1 Question: Est-ce que votre unité a effectivement effectué cette mission de
2 ratissage de terrain après le retour du colonel Trivic?
3 Réponse: Oui, nous sommes allés de Srebrenica vers Jahorina, et nous nous
4 sommes déplacés à pied. Sur 10 à 20 kilomètres nous avons suivi la voie de
5 communication entre Srebrenica, Jahorvina, vers Viogora et Suceska.
6 Question: Je vais vous donner lecture de ce qui s'est passé à cette
7 réunion et je vais vous demander votre opinion sur ce qu’avait dit le
8 colonel Trivic à l’occasion de cette réunion vers 10 ou 11 heures du matin
9 le 12 juillet.
10 Monsieur Ruez pose la question...
11 M. le Président: Oui, Maître Visnjic, est-ce qu’il y a un problème avec le
12 compte rendu?
13 M. Visnjic (interprétation): Non, Monsieur le Président, ce n’est pas le
14 cas cette fois-ci.
15 M. le Président: Quelle est l’objection?
16 M. Visnjic (interprétation): Le témoin a déjà déclaré qu’elle n'avait pas
17 assisté à cette réunion et M. le Procureur se propose maintenant de donner
18 lecture du texte d'une déclaration d’une personne qui avait assisté à
19 cette réunion.
20 Je ne sais pas quel est le type de réponse que M. le Procureur
21 souhaiterait obtenir du témoin. Mais je tiens à vous signaler une
22 circonstance. Dans le cas où c’est M. le Procureur qui décide quelles sont
23 les parties pertinentes de cette déclaration qu'il faut communiquer à la
24 défense, de l’avis de la défense ce n'est que son avis à lui, son opinion
25 à lui, et à notre avis à nous il serait peut-être souhaitable que la
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1 défense se fasse communiquer toute la déclaration du colonel Trivic étant
2 donné que la défense s’est déjà entretenu avec le colonel Trivic, il
3 figure sur notre liste de témoins, et il y a des divergences que nous
4 sommes en train de constater par rapport à ce que M. Trivic a déclaré au
5 Procureur et ce qu’il nous a déclaré à nous.
6 Je crois que la pertinence des informations en provenance des déclarations
7 ne doit pas être évaluée par le Procureur seul, mais par la défense aussi.
8 C’est la raison pour laquelle je formule une objection concernant la
9 question que M. le Procureur souhaite poser.
10 Deuxièmement, je demande à la Chambre concernant la décision, qui a été
11 prise tout à l'heure, qu’elle précise la notion de la pertinence des
12 parties de la déclaration que le Procureur souhaite communiquer à la
13 défense.
14 Nous estimons, en outre, que nous avons besoin de toutes ces déclarations,
15 de leur intégralité, afin que nous puissions déterminer nous-mêmes quelles
16 sont les parties pertinentes et quelles sont les parties qui ne le sont
17 pas.
18 M. le Président: Oui, merci Maître Visnjic. Monsieur Harmon, rapidement.
19 M. Harmon (interprétation): Une fois de plus, Monsieur le Président, j'ai
20 l'intention de lire pour le témoin ce qu’a dit Trivic. Et ce qu'il a dit
21 pour identifier un autre officier qui était présent à cette réunion. Je
22 vais demander un commentaire au témoin.
23 Mme Wald (interprétation): J'ai peine à établir ce lien. Est-ce que vous
24 pourriez être un peu plus précis et nous expliquer pourquoi vous allez
25 demander un commentaire à ce témoin à l’encontre d'une réunion dont elle a
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1 dit qu'elle n'y avait pas assistée? Qu’est-ce que vous voulez montrer par
2 la suite?
3 M. Harmon (interprétation): Je voudrais vous expliquer ceci. Le témoin a
4 dit qu'elle était très proche du colonel Trivic, qu’elle était toujours
5 avec lui, qu'elle faisait partie de son état-major. Alors je suppose
6 qu'elle aurait pu savoir de sa part quels étaient les ordres que celui-ci
7 avait reçus, et quelles avaient été les actions entreprises à la suite de
8 la réception de ces ordres.
9 Ce témoin vient de dire qu'elle était au courant du fait que M. Trivic
10 était allé à une réunion, et que même si elle ne connaissait pas les
11 participants à cette réunion, elle n'avait pas connu les noms de toutes
12 ces personnes, mais que le colonel Trivic était rentré, et que son unité
13 avait mené une opération de ratissage le 12.
14 Nous voulons tester la crédibilité du témoin parce qu'elle informe la
15 Chambre à propos de ces faits, ce qu’elle a fait en interrogatoire
16 principal. Nous supposons qu'elle est en mesure de savoir ce qu’il en est.
17 Si ce n’est pas le cas, elle pourra simplement nous dire qu’elle n'est pas
18 au courant.
19 M. le Président: Donc nous avions déjà décidé que vous pourriez utiliser
20 cette déclaration pour tester la crédibilité du témoin.
21 Par rapport aux divergences qui éventuellement existent entre la
22 déclaration prêtée au Procureur et la défense, c’est une question de voir
23 cela dans l’interrogatoire principal de la défense et dans le contre-
24 interrogatoire du Procureur. Donc maintenant ces questions sont posées
25 pour tester la crédibilité du témoin et c’est le Procureur qui a ces
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1 doutes par rapport à cette crédibilité donc c’est au Procureur de savoir
2 quelles sont les parties de ce document qu'il doit utiliser et pour la
3 réplique de la défense, ce sont ces parties du document qui doivent être
4 utilisées. Donc à la fin nous maintenons notre décision avec cette
5 explication.
6 Poursuivez, Monsieur le Procureur.
7 M. Harmon (interprétation): Témoin D/C, connaissez-vous un officier du
8 Corps de la Drina répondant au nom de Obrad Vicic?
9 Témoin D/C (interprétation): Oui, je le connais depuis longtemps.
10 Question: Et au moment de l'opération de Srebrenica et de celle de Zepa
11 cet homme était l'officier responsable des opérations pour le général
12 Krstic?
13 Réponse: Il n'était pas officier chargé des transmissions, il avait
14 travaillé au Corps de la Drina dans le département opérationnel.
15 Question: Oui, il y a un problème de traduction parce que moi, j’ai parlé
16 de l’officier responsable des opérations et pas de celui des
17 communications. Il travaillait à ce poste pour le général Krstic, n’est-ce
18 pas?
19 Réponse: Non, non pas auprès du général Krstic, mais il travaillait au
20 Corps d’armée de la Drina et il était directement subordonné au général
21 Zivanovic.
22 Question: Très bien. Nous allons passer à un autre point Témoin D/C: après
23 le retour du colonel Trivic dans la zone après cette réunion du matin,
24 votre unité a mené cette opération de ratissage, voici la question que je
25 vous pose: est-ce que le colonel Trivic et vous avaient participé à cette
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1 opération de ratissage?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Et est-ce que le colonel Trivic a reçu un ordre impliquant qu'il
4 devait faire rapport à un lieu précis pendant la conduite de cette
5 opération de ratissage? Est-ce qu’il est parti à un moment donné?
6 Réponse: Le ratissage du terrain, nous étions censés le faire avant parce
7 que le même jour il s’agissait pour l’unité de s’aligner en formation de
8 déplacement, mais le ratissage a duré plus longtemps parce que le terrain
9 était accidenté. Le colonel Trivic est parti dans la soirée sur
10 convocation du général Mladic, c’est ce que l’on nous a dit, pour avoir
11 une réunion.
12 Question: Mais auparavant, avant cette invitation, est-ce que le colonel
13 Trivic avait quitté les lieux où se faisait cette opération de ratissage
14 vers 18 heures ou 19 heures?
15 Réponse: Oui, c’est vers 18 heures ou 19 heures que l'action, ou
16 l'opération avait pris fin, c'est-à-dire que c'est là que nous avions mené
17 à terme notre mission. Il n'a pas quitté l'unité au cours de
18 l'accomplissement de cette mission, mais une fois cette mission accomplie.
19 Question: Il est allé rencontrer le général Krstic, n’est-ce pas?
20 Réponse: Non, les moyens de transmission avaient bien précisé que c’était
21 le général Mladic qui avait convoqué les supérieurs à une réunion.
22 Question: Je vais vous donner lecture de ce que dit le colonel Trivic à ce
23 propos: le colonel Trivic parle à un moment donné: "parce que nous nous
24 déplacions lentement et de façon prudente le long de la route" et
25 j'interromps un instant ma citation, cette route-là dont vous avez parlé,
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1 sur laquelle vous vous êtes déplacés avec votre unité. Je reviens au
2 texte: "et une fois qu’il y a une pause vers 18 ou 19 heures, c'était
3 l'été donc il faisait toujours soleil, il faisait clair et j’ai eu l’ordre
4 de me présenter pour un rapport au village de Viogora et on m’a dit que le
5 commandant de l’opération, Krstic donc, m’attendait à cet endroit. Je suis
6 parvenue à cet endroit lui était accompagné de Andric, il m'a demandé de
7 lui faire rapport sur la situation, de l'endroit de l'engagement et il m'a
8 demandé si j’avais participé à des combats mais qu’il n’y avait pas
9 d'activité de combat, il m'a dit de rester sur ces positions. J’ai
10 organisé le poste avancé, j’ai dit qu’il fallait organiser les lignes,
11 établir les connexions avec des unités voisines et je crois que c’est à ce
12 moment-là que lui m’avait donné l’ordre de me présenter au quartier
13 général de Bratunac à 10 heures", question de M. Ruez. Donc le 12 juillet,
14 10 heures, vous receviez l'ordre d'aller au quartier général de Bratunac?
15 Réponse de Trivic: J’ai donc délivré des ordres à mes subordonnés, je suis
16 retourné au village, au poste de commandement où je m’y étais trouvé
17 auparavant pour rassembler quelques documents et je suis parti en
18 direction de Bratunac". Fin de citation.
19 J'aimerais vos commentaires sur le propos de Trivic lorsqu’il nous dit
20 avoir rencontré le général Krstic et que ce dernier lui avait donné
21 l'ordre d'aller au quartier général de Bratunac. Quel est votre
22 commentaire?
23 Réponse: Je ne puis faire de commentaires à ce sujet parce que le colonel
24 Trivic ne nous a pas communiqué tous ces détails. En général nous avons
25 appris par les moyens de transmission et c’est l'officier de transmission
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1 qui avait transmis que tous les commandants d’unité avaient été convoqués
2 par le général Mladic à une réunion à Bratunac.
3 Question: Avez-vous quelques raisons que ce soit de mettre en cause les
4 propos qu’a tenu le colonel Trivic et qu’il a transmis au Bureau du
5 Procureur?
6 Réponse: Je ne conteste pas.
7 M. le Président (interprétation): Pardon…
8 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, le témoin vient de
9 déclarer qu’elle ne pouvait pas confirmer et je ne comprends pas quelle
10 est cette question complémentaire du Procureur si le témoin vient de dire
11 qu'elle ne peut pas confirmer ces détails, il découle logiquement de sa
12 réponse qu’elle ne saurait en dire davantage.
13 M. le Président (interprétation): Monsieur Harmon, continuez. Le témoin a
14 déjà répondu et je vous rappelle que vous avez quand même une limitation
15 de temps, si vous passez votre temps à lire le compte rendu…C’est à vous,
16 allez-y.
17 M. Harmon (interprétation): Effectivement, merci Monsieur le Président.
18 Madame, vous n'avez pas assisté à cette réunion n’est-ce pas, à la réunion
19 qui se tenait au quartier de Bratunac?
20 Réponse: Non.
21 Question: Etes-vous au courant du fait qu’à cette réunion le général
22 Mladic avait donné un ordre au général Krstic qui visait à ce que ce
23 dernier donne l'ordre à ses unités subordonnées de se déplacer sur Zepa?
24 Témoin D/C (interprétation): Ce que je sais, c’est que le général Mladic a
25 donné des ordres, tous les commandants des unités étaient présents et ils
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1 avaient reçu un ordre direct pour ce qui était de se diriger le lendemain
2 matin vers Zepa. Pour ce qui est de connaissances ou d'informations plus
3 concrètes à ce sujet, je n'en n'ai pas.
4 Question: Est-ce que le général Krstic a alors délivré des ordres à ses
5 unités subordonnées leur ordonnant de partir sur Zepa?
6 Réponse: Le colonel Trivic une fois revenu de cette réunion nous a
7 communiqué tout de suite en revenant quelles étaient nos tâches à venir et
8 le 13 au matin nous nous sommes dirigés vers Zepa et moi, j’ai coupé par
9 un raccourci Srebrenica/Potocari/Bratunac mais mon unité a continué
10 Srebrenica, Jahorina, Viogora, et Suceska.
11 Question: Je vais vous parler et vous poser des questions de cette route
12 que vous avez empruntée, dans quelques instants. La question que je vous
13 posais était la suivante: est-ce que le général Krstic a alors
14 délivré des ordres à votre unité comme à d’autres unités leur disant que
15 ces unités devaient se déplacer en direction de Zepa?
16 Réponse: Je n'étais pas présente, cela s’est passé à Viogora. C’est le 13
17 au matin que toutes les unités se sont rassemblées sur place et je crois
18 savoir que c’est le général Mladic qui s’était adressé à ces unités. Je ne
19 peux pas dire que le général Krstic s’était trouvé là-bas. Quand ils sont
20 arrivés à Zepa j’ai appris que le général Mladic s’était adressé à eux,
21 mais de là à savoir quels autres officiers supérieurs s’étaient trouvés
22 là-bas, je ne sais pas vous le dire.
23 Question: Si j'ai bien compris ce que vous avez dit vous étiez présente,
24 vous étiez en présence du colonel Trivic à Viogora le 13?
25 Réponse: Non. Non.
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1 Question: Comment avez-vous quitté Viogora le 13?
2 Réponse: Le 13 je n'étais pas du tout à Viogora. Le colonel Trivic, moi-
3 même et le commandant du détachement des transmissions nous avons suivi
4 Slapovici/Srebrenica/Potocari/Bratunac/c'est l'itinéraire suivi et mon
5 unités et les autres officiers supérieurs avaient suivi la route
6 Srebrenica/Viogora. Et c'est à Viogora qu'ils ont été alignés et que s’est
7 adressé à eux le général Mladic. Par conséquent, je n'étais pas du tout
8 présente parce que ce n'était pas l'itinéraire que j'ai suivi moi même.
9 Question: Bien.
10 Je vous avais demandé où se trouvait le colonel Trivic le matin du 13.
11 Est-ce qu’il se trouvait à Viogora?
12 Réponse: Non.
13 Question: Je vais vous donner lecture de ce que dit le colonel Trivic,
14 s'agissant de la réunion qui a eu lieu le matin du 13 à Viogora.
15 "-M. Ruez: Fort bien. Donc maintenant nous sommes le 13 juillet au matin.
16 Vous vous trouvez au sud de Srebrenica, où se trouvait au départ votre
17 poste de commandement avancé.
18 -Colonel Trivic: C'est là que j'ai passé la nuit. Le matin, moi je suis
19 allé à Viogora pour rencontrer Mladic et Krstic, parce que ceci était
20 supposé s'adresser, parler aux soldats. Un peu plus loin...
21 -M. Ruez: Donc maintenant nous nous trouvons à cet endroit, où le général
22 Krstic et le général Mladic sont censés s’adresser aux troupes?
23 -Colonel Trivic: Oui.
24 -M. Ruez: Fort bien. Qui a pris la parole? -Colonel Trivic: Moi, j'ai fait
25 mon rapport et c’est Mladic qui s’est adressé aux soldats pour leur
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1 expliquer quelles étaient leur nouvelle mission, qu’il était nécessaire de
2 poursuivre l’effort, qu’il était impossible de rentrer et de réintégrer
3 les unités de base. Et il s'est adressé, comme le ferait tout commandant
4 lorsqu'il veut essayer de remonter le moral des troupes et de dire aux
5 soldats qui ne peuvent pas simplement aller se changer, prendre une
6 douche, changer d'uniforme, et c’est de cette façon-là qu’il s'adressait
7 aux soldats.
8 Par exemple, je cite: Est-ce que c’est clair?
9 -M. Ruez: Oui.
10 -Colonel Trivic: Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit, je dis que quand
11 il est parti, moi, j'ai eu peine à essayer de rétablir le calme, parce que
12 lui il a plus d’autorité, et nous nous étions censés exécuter ces tâches.
13 Nous avons eu des difficultés à organiser les troupes. Et ceux qui se
14 trouvaient en mauvaise posture, il était difficile de les renvoyer à la
15 base pour avoir aussi de mauvais renforts en matériels et en hommes.
16 -M. Ruez: Est-ce que le colonel Zivanovic était présent à cette réunion ou
17 pas?
18 -Colonel Trivic: Non, non, je pense qu'il n'était pas présent. Il y avait
19 que ces deux hommes.
20 -M. Ruez: Avez-vous une idée approximative de l'heure qu'il était au
21 moment où ces deux généraux s’adressaient aux soldats?"
22 M. le Président: Les interprètes demandent de ralentir un peu, il y a un
23 conflit d'intérêt. Les interprètes veulent que vous parliez lentement et
24 vous vous voulez parler rapidement, de cette façon vous introduisez plus
25 de choses.
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1 Je ne sais pas si le témoin a la capacité de mémoriser tout cela et après
2 de répondre à la question. Allez-y.
3 M. Harmon (interprétation): Je vais essayer de ralentir et je vais
4 reprendre l'endroit où j’ai arrêté ma lecture.
5 Je répète:
6 “-M. Ruez: Avez-vous une idée, ne serait-ce qu’approximative, de l'heure
7 qu'il était au moment où les deux généraux se sont adressés aux troupes?
8 -Colonel Trivic: 10 heures, 11 heures, fin de matinée. On m'a désigné
9 l'itinéraire que j'étais censé suivre avec mes troupes. Cela allait de là,
10 en passant par Derventa, Milici, Vlasenica, Han-Pijesak, pour arriver à
11 Krivaca." Fin de citation.
12 Ce matin, dans le cadre de votre déposition, vous avez déclaré que vous
13 êtes d'abord allée avec le colonel Trivic à Zepa, alors que lui dit qu’il
14 a suivi une route différente. Alors j'aimerais savoir ce que vous en
15 pensez?
16 Témoin D/C (interprétation): Oui je peux faire un commentaire. Je pense
17 que toutes les déclarations faites par le colonel Trivic concernant cette
18 réunion, il devait s'agir de la réunion de Bratunac, datée du 12. Je ne
19 sais pas si sciemment ou inconsciemment il a confondu les dates, mais je
20 sais et j'affirme en toute responsabilité que le 13, avec le colonel
21 Trivic, lorsque l'unité s'était retrouvée à Jasenova, nous avons emprunté
22 au même moment, en Jeep, l’itinéraire vers la route de Srebrenica,
23 Bratunac et de Zepa. Le colonel Trivic ne pouvait pas être à Viogora. Et
24 pour ce qui est du général Krstic, nous l'avons retrouvé à Zepa. Je ne
25 comprends pas cette déposition.
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1 Question: Lorsque le colonel Trivic dit avoir été présent à Viogora vers
2 10/11 heures du matin, et que vous dites que ce matin du 13 avant midi
3 vous vous trouviez à Nova Kasaba, il y a quand même une assez grosse
4 différence, une différence assez radicale.
5 Réponse: Oui.
6 Question: Parlons de l’itinéraire que vous avez suivi, en passant par
7 Milici et Bratunac, lorsque vous vous trouviez sur cette route, vous avez
8 déclaré à ce propos qu’il y avait des soldats musulmans qui tiraient sur
9 les soldats de la VRS et sur les membres de la police qui se trouvaient le
10 long de cette route, c'est bien ce que vous avez dit?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Et pendant combien de temps avez-vous suivi cet échange de feu?
13 Réponse: Je crois qu'il s'agissait du village de Krivace parce qu’il y
14 avait beaucoup de maisons incendiées dans les environs. J'ai pu observer
15 sur deux ou trois kilomètres la chose. Je ne peux le dire exactement mais
16 il s'agissait d'une distance assez grande parce que la configuration du
17 terrain est telle que la colline pouvait être nettement vue, et en passant
18 en roulant on pouvait voir les choses de façon nette.
19 Question: Est-ce que vous avez vu des soldats de la Brigade Bratunac qui
20 ont été blessés ou tués à la suite de ce combat, de ces coups de feu qui
21 ont été tirés?
22 Réponse: Non. Je n'ai pas pu le voir, tous les soldats et les policiers
23 étaient allongés dans le fossé qui côtoie la route et ils me tournaient le
24 dos, je ne pouvais pas les reconnaître, j'ai reconnu des uniformes de
25 camouflage vert olive et bleu portaient par la police civile. Ils étaient
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1 tous allongés, je ne pouvais pas prêter tellement attention à cela et nous
2 allions assez vite, nous dépassions le convoi, donc nous n’avons pas eu
3 l’occasion ou l'opportunité d’attarder nos regards sur des points
4 particuliers.
5 Question: Madame et Messieurs les Juges, je vous présente la pièce
6 d'accusation 791. Je demanderai que vous l'examiniez. Je ne vais pas
7 demander de commentaire au témoin sur cette pièce, mais je vais demander
8 qu’on distribue cette pièce à la défense également. Je précise qu’il
9 s’agit d’un document qui a été saisi par le Bureau du Procureur et qui
10 appartient à la Brigade de Bratunac. C’est une liste de soldats de la 1ère
11 Brigade d’infanterie légère de Bratunac qui ont été tués entre le 18 avril
12 1992 et le 25 septembre 1995. Ici, on ne fait pas état de pertes,
13 s'agissant de l'un quelconque de ces jours ou de ces journées au cours
14 desquels l'enclave de Srebrenica a été prise.
15 Ce qui nous intéresse particulièrement, c’est le 13 juillet. Le témoin a
16 parlé précisément de cette journée.
17 Nous allons diffuser un extrait vidéo, mais auparavant je voulais vous
18 demander ceci. Alors que vous suiviez cette route avez-vous vu des canons
19 antiaériens qui tiraient sur les civils se trouvant sur les collines?
20 Réponse: Non. Non.
21 Question: Je vais demander que la pièce de l'accusation 766 soit diffusée.
22 Madame le témoin, veuillez suivre ces images, je vais vous poser quelques
23 questions par la suite.
24 Diffusion de la vidéo:
25 "-Une voix dit: Deux de nos camarades.
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1 -Lesquels?
2 -Lucic et l’autre."
3 Fin de la cassette vidéo.
4 Harmon (interprétation): Ces images ont été filmées le 13 juillet sur
5 cette même route que vous avez suivie en vous dirigeant sur Zepa. Avez-
6 vous vu les canons antiaériens qui tiraient en direction des collines?
7 Témoin D/C (interprétation): Non, les canons antiaériens se trouvent sur
8 la route, pendant toute la durée de notre déplacement. Sur cette route, il
9 y avait un convoi de Musulmans, des autocars, des camions, nous les avons
10 dépassés vers Konjevic Polje, et la colonne était énorme. Et il y avait
11 seulement des soldats qui avaient des armes d’infanterie, qui étaient
12 allongés. Et les soldats musulmans aussi avaient des armes d'infanterie.
13 Et de ces moyens, que nous venons de voir, il n'y en avait pas un seul sur
14 la route parce que sinon nous n’aurions pas pu passer, et on les montre
15 tous ici sur la route.
16 Question: Mais ces images ont été filmées le 13 juillet par un journaliste
17 serbe. Vous voyez aussi l’heure qui est indiquée, la référence est
18 indiquée également.
19 Passons à l'extrait suivant.
20 Un instant. La Chambre de première instance a entendu des témoins qui sont
21 venus parler d'un nombre important de civils musulmans qui descendaient
22 des collines et qui se livraient, se rendaient aux unités de l’armée de la
23 VRS et de la police qui se trouvaient le long de la route.
24 Nous allons diffuser un extrait sur lequel je vais vous demander votre
25 avis.
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1 (Diffusion de la cassette vidéo.)
2 Ce film date aussi du 13 juillet. Selon le soldat interviewé par le
3 journaliste, des civils musulmans ne cessent de se rendre pendant toute la
4 journée.
5 Avez-vous assisté vous-même à l’une quelconque de ces redditions?
6 Réponse: Non. Je me rappelle au mieux le moment où ils tiraient parce que
7 pour nous le voyage était dangereux et nous n'arrêtions pas de côtoyer ces
8 voitures et ces camions de la colonne, qui était vraiment une colonne très
9 importante.
10 Un peu plus tard, j'ai vu quelques soldats qui étaient allongés sur le
11 sol, mais je n'ai pas vu de civils musulmans à cet endroit. Sans doute,
12 les hommes qui tiraient avaient-ils des fusils. On voit des visages un peu
13 basanés. Est-ce qu’ils portaient des vêtements civils ou pas, je ne sais
14 pas.
15 M. Riad (interprétation): Monsieur Harmon, est-ce que vous avez une
16 traduction du dialogue que l’on entend entre les hommes qui tirent?
17 M. Harmon (interprétation): Dans la dernière séquence du film?
18 M. Riad (interprétation): Oui, la dernière séquence.
19 M. Harmon (interprétation): Je pensais que cela vous avez déjà été
20 distribué, Messieurs et Madame les Juges. C’est une pièce à conviction de
21 l'accusation, elle a déjà été distribuée avant, au cours du procès, je
22 pensais que vous l'aviez sous les yeux.
23 Madame le témoin, avez-vous vu ce soldat serbe de Bosnie qui porte un
24 casque bleu volé aux Nations Unies, dans ce film?
25 Témoin D/C (interprétation): Oui, j'ai vu quelque chose qui ressemblait à
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1 cela. Il avait quelque chose de bleu sur la tête.
2 Question: Avez-vous vu un soldat serbe de Bosnie le long de la route
3 Bratunac, Milici qui porte l'équipement des Nations Unies volé, comme par
4 exemple un gilet pare-balles, un casque, etc.?
5 Réponse: Non, non, je n'ai pas remarqué cela.
6 Question: Avez-vous vu des soldats serbes de Bosnie qui portaient des
7 mégaphones pour appeler les gens sur la colline et leur demander de se
8 rendre?
9 Réponse: Non.
10 Question: J'aimerais maintenant qu'on diffuse la dernière séquence du
11 film, la séance n°5. Je demande la pièce à conviction 7/2 et 8/1 de
12 l'accusation, Madame la Greffière.
13 (L’huissier s’exécute.)
14 (Diffusion de la cassette vidéo.)
15 Madame le témoin, ce film a été tourné tout près du pré de Sandici, et
16 vous êtes vous-même passée à côté de ce pré le 13 juillet.
17 Avez-vous vu des civils qui étaient capturés, qui étaient faits
18 prisonniers par la VRS, l’armée de la Republika Srpska ou par la police,
19 sur la route pendant votre voyage?
20 Réponse: Non.
21 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, la défense aimerait
22 demander au Procureur, si cela est possible, pour garantir que la réponse
23 du témoin soit aussi précise que nécessaire, si le Procureur pourrait être
24 plus précis en déterminant de façon plus exacte le moment de la journée où
25 se passent les images que l’on a vues, parce que le témoin a dit qu’elle
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1 était passée à cet endroit dans la journée, donc le Procureur pourrait
2 peut-être préciser davantage l’heure exacte.
3 Nous savons que cela s'est passé le 13 juillet, mais si le témoin dit
4 qu’elle est passée à Sandici, sur la route Bratunac - Konjevic Polje, à
5 une heure déterminée, cela pourrait préciser sa réponse. Je demanderai
6 donc au Procureur d’être plus précis également sur l’heure.
7 M. Harmon (interprétation): Oui, je peux répondre à cela.
8 D’abord un certain nombre de témoins, des civils, ont témoigné qu'ils
9 s'étaient rendus pendant toute la journée. Et l'heure du film figure
10 d'ailleurs sur les images du film. Quand on voit les canons antiaériens
11 tirer sur la colline, l'heure est de 4 heures 48 et au moment de la
12 reddition des hommes l'heure est indiquée également, je crois qu'il est 4
13 heures 12 de l'après-midi. Mais ce témoignage a été présenté à la Chambre
14 de première instance et il a été dit que des redditions avaient eu lieu
15 toute la journée le 13.
16 M. le Président: Vous pouvez quand même demander au témoin à quelle heure
17 elle est passé et après on discutera. Et il faut tenir compte du temps
18 aussi, Monsieur Harmon, pour vous.
19 M. Harmon (interprétation): Oui, dans l'interrogatoire principal le témoin
20 a dit être passée sur cette route un peu avant midi. Le témoin l'a dit,
21 c'est pourquoi je n'ai pas reposé la question. J'aimerais soumettre au
22 témoin une série de pièces à conviction d'abord la pièce 8/1de
23 l'accusation.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Je demanderais qu'on l'a place sur le rétroprojecteur. Madame le témoin,
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1 vous êtes passée par cet endroit, c'est un entrepôt à Kravica nous en
2 voyons ici une vue aérienne et on voit deux autobus qui se trouvent ici.
3 Les Juges de cette Chambre ont entendu des témoins parler d'un grand
4 nombre de prisonniers maintenus en captivité dans cet entrepôt le 13
5 juillet avant d'être assassinés à cet endroit le 13 juillet.
6 Etes-vous passée à côté de cet entrepôt le 13 juillet et avez-vous vu un
7 grand nombre de prisonniers maintenus en captivité à cet endroit?
8 Témoin D/C (interprétation): Non, je ne me rappelle pas de cet entrepôt.
9 Je ne connaissais pas très bien cet endroit, je connaissais un peu la
10 route c'est vrai mais quand j'ai circulé à nouveau sur cette route elle
11 était pleine d'autobus et de camions qui transportaient des civiles
12 musulmanes de la population musulmane, on ne l'a pas vu dans le filme.
13 A ce moment-là il n'y avait pas d'armes, il n'y avait pas de personnes sur
14 le côté de la route. Moi, j'ai simplement vu un espace vide et les
15 Musulmans qui tiraient. Nous sommes passés très vite parce que nous
16 voulions nous sauver rapidement pour nous mettre à l'abri. Et je ne sais
17 rien de cet entrepôt.
18 Question: J'aimerais maintenant vous montrer la pièce à conviction
19 suivante de l'accusation, la pièce 7/4. C'est l'endroit où l'on a vu les
20 civils musulmans se rendre dans le film tout à l'heure donc il s'agit du
21 pré de Sandici et sur cette photographie vous voyez un certain nombre
22 d'autobus ainsi qu'une masse grise importante au centre au sujet de
23 laquelle les témoins ont dit que cette masse représentait plusieurs
24 centaines de civils maintenus en captivité dans ce pré. Alors ma première
25 question à votre endroit est la suivante. Vous êtes passée par ce pré en
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1 chemin vers Zepa, avez-vous eu ce pré où des centaines de prisonniers de
2 guerre et de civils étaient gardés en captivité. Vous vous rappelez avoir
3 vu cela?
4 Réponse: Non, c'est seulement à Potocari que j'ai vu des civils, de très
5 nombreux civils. Des hommes, des femmes, des enfants, mais à partir de
6 Potocari comme je l'ai dit je n'ai vu que les autobus et les camions. Sur
7 la dernière photographie j'ai vu deux autobus qui pour moi ne signifiaient
8 rien. Si je vois quelque part deux autobus garés, cela ne me dit rien.
9 Question: Mais vous avez vu un char, un char militaire dans le film il y a
10 quelques minutes?
11 Réponse: Oui; j'ai vu pas mal d'armes, de pièces d'artilleries dans le
12 film de tout à l'heure. Sur la route goudronnée il y avait une pièce de ce
13 genre, mais quand nous sommes arrivés il n'était plus là parce que sinon
14 les autobus et les camions n'auraient pas pu passer, enfin j'ai supposé
15 que c'était ce qui expliquait qu'on l'avait déplacé pour laisser passer
16 les autobus et les camions.
17 Question: Ma question était la suivante dans le film que nous avons vu il
18 y a quelques minutes on voyait l'image d'un char, d'un char d'assaut. Est-
19 ce que vous avez vu ce char?
20 Réponse: C'était un char, moi j'ai cru voir un blindé transport de
21 troupes.
22 Question: Je retrouverai l'image particulière et je vous montrerai ce char
23 dans quelques minutes, une nouvelle fois. Mais je vous demande maintenant
24 si le long de la route vous avez vu des chars de façon générale?
25 Réponse: Non, non, non, absolument pas. Il n'y avait pas d'autres armes
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1 que des armes d'infanterie. Je n'ai rien vu d'autre. Le voyage d'ailleurs
2 n'a duré qu'une heure au maximum.
3 Question: Vous avez traversé Nova Kasaba, n'est-ce pas?
4 Réponse: Oui, Nova Kasaba, Milici, Vlasenica, c'est la route qui mène à
5 Han-Pijesak et à Zepa.
6 Question: Je demande la pièce à conviction 12/2 de l'accusation que je
7 voudrais voir sur le rétroprojecteur. Monsieur le Président, quelques
8 minutes, seulement.
9 M. le Président: ... de diviser un peu le temps. Je voudrais m'assurer que
10 vous allez terminer. Vous allez terminer plus au moins à quelle heure,
11 étant maintenant 12 heures 20.
12 M. Harmon (interprétation): Je devrais en avoir terminé dans 15 minutes.
13 M. le Président: Je pensais 12 heures 30 c'était mieux, mais donc on va
14 finir votre interrogatoire à 35. Allez-y.
15 M. Harmon (interprétation): Merci beaucoup.
16 Madame le Témoin, c'est une photographie aérienne qui a été prise à 2
17 heures environ le 13 juillet, on y voit un terrain de football qui se
18 trouve au bord de la grande route. Et sur cette photographie on peut
19 identifier un groupe nombreux de prisonniers maintenus en captivité sur ce
20 terrain de football. Par ailleurs Témoin D/C, nous avons entendu un
21 certain nombre de témoin y compris le capitaine Egberts témoin néerlandais
22 qui a dit dans sa déposition qu'il était à cet endroit et qu'il avait vu
23 un grand nombre de prisonniers, plusieurs centaines de prisonniers sur ce
24 terrain de football. Le 13 juillet quand vous avez traversée Nova Kasaba,
25 avez-vous vu des prisonniers musulmans maintenus en captivité par des
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1 soldats de l'armée de la Republika Srpska?
2 Témoin D/C (interprétaiton): Moi, je n'ai pas vu non plus ce terrain de
3 football. Je n'ai pas fait particulièrement intention. S'il y avait eu
4 tant de personnes sur ce terrain, je les aurais sans doute vues. Or, je
5 n'ai rien vu du tout. Je vois qu'ici c'est l'heure de 14 heures qui est
6 indiquée, moi je suis passée avant midi je ne peux pas vous dire quoi que
7 ce soit sur ce sujet.
8 Question: Très bien. Vous affirmez dans votre déposition qu'à aucun moment
9 durant le trajet de Bratunac à Zepa que vous avez effectué, vous n'avez vu
10 de prisonniers civils musulmans maintenus en captivité par des soldats de
11 l'armée da la Republika Srpska?
12 Réponse: Non, non, non, depuis la voiture je n'ai pas vu voir cela, j'ai
13 vu le convoi.
14 Question: Très bien, je demande maintenant la pièce à conviction de
15 l'accusation 771.
16 (L'huissier s'exécute.)
17 Connaissez-vous un homme répondant au nom de colonel Popovic?
18 Réponse: Oui, je le connais.
19 Question: Le colonel Popovic est-il sur cette photographie à côté du
20 général Krstic?
21 Réponse: Oui. Il avait des moustaches peut-être est-ce lui, peut-être pas,
22 mais il lui ressemble. La photographie n'est pas très bonne.
23 Question: Très bien. Avez-vous vu le colonel Popovic à Srebrenica le 11
24 juillet?
25 Réponse: Eh bien, je l'ai vu quelque part, je l'ai rencontré, est-ce que
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1 c'était à Srebrenica ou Zepa?
2 Question: Très bien, avançons un petit peu dans votre déposition. Vous
3 avez dit en réponse en question de l'interrogatoire principal qui étaient
4 les hommes que vous aviez vus à Zepa. Vous avez dit avoir vu le général
5 Krstic, le général Mladic et des officiers du grand quartier général y
6 compris le général Tolimir, Beara et d’autres.
7 Réponse: Oui.
8 Question: C'est exact?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Où les avez vous vus à Zepa, à quel endroit?
11 Réponse: Je les ai vus au poste de commandement avancé de Krivaca.
12 Question: A peu près quand avez-vous vu le colonel Beara au poste de
13 commandement avancé de Krivaca?
14 Réponse: Durant l'opération ça c’est certain, mais en fait je l'ai vu
15 plusieurs fois. Beara ou Tolimir quand ils négociaient avec les Musulmans,
16 je ne les connaissais pas particulièrement bien mais je les ai vus là.
17 Question: Avez-vous vu le colonel Beara avec le général Krstic.
18 Réponse: Le général Krstic, lui, je l'ai vu à plusieurs reprises parce
19 qu’il inspectait les unités, il rendait visite aux soldats des diverses
20 unités et à leur commandement. Mais quand je les ai vus au quartier
21 général, je pense qu'il n'était pas là, lui, justement.
22 Question: Avez-vous vu le colonel Popovic au poste de commandement avancé
23 de Krivaca?
24 Réponse: Lui, je l'ai vu quelque part. Est-ce que c'était à Srebrenica ou
25 à Zepa, en tout cas il était présent mais je n'arrive pas vraiment à me
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1 rappeler à quel endroit précis je l’ai vu, mais en tout cas je l'ai vu.
2 Question: Vous est-il arrivé de voir le général Zivanovic à Zepa?
3 Réponse: Je crois que oui, je crois qu'il était présent au début de
4 l'opération, mais qu’il n’était plus présent ensuite.
5 Question: Qu'est-ce qui n'allait pas sur le plan santé avec le général
6 Zivanovic?
7 Réponse: Je ne savais pas qu’il avait un problème de santé.
8 Question: Pourquoi a-t-il quitté les rangs de l’armée de la Republika
9 Srpska.
10 Réponse: Nous sommes pas mal à nous poser la question, je ne sais pas,
11 vraiment.
12 Question: Mais quelle peut être la réponse à cette question?
13 Réponse: Je ne peux pas répondre à cette question ici, je ne peux pas. Il
14 s'agit de renseignements qui ne sont pas dignes de ce Tribunal, comme je
15 l’ai dit certaines choses se racontent, mais moi, je ne savais pas qu'il
16 était malade parce que physiquement il avait l’air d’aller très bien.
17 Question: Quelles étaient ces rumeurs, qu’est-ce que les gens racontaient?
18 Réponse: Eh bien d'accord, je vais vous le dire: par exemple une de ces
19 rumeurs qui a duré…d’ailleurs y compris par la suite et qu'on entendait
20 dans la rue que colportaient les gens en général, consistait à dire que le
21 général Zivanovic avait été mis de côté à cause du massacre de Srebranica
22 et que le général Krstic supporte toutes les conséquences. Enfin c’est
23 simplement une rumeur, un bruit qui court, rien d’autre.
24 Question: Avez-vous assisté à une cérémonie officielle, à quelque chose
25 qui ressemblerait à une cérémonie de passation de pouvoir entre le général
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1 Zivanovic et le général Krstic?
2 Réponse: Non pas moi, mais mon commandant le colonel Mirko Trivic a
3 assisté à cela dans un restaurant entre Sokolac et Han-Pijesak, je crois
4 que ce restaurant s’appelait le restaurant Jela.
5 Question: Avez-vous entendu parler une passation de pouvoir au cours de
6 laquelle le général Mladic est allé à Vlasenica le matin du 13 juillet. Il
7 a rassemblé l’état-major du Corps de la Drina à Vlasenica et a annoncé aux
8 soldats et aux officiers, dans les locaux du quartier général du Corps de
9 la Drina à Vlasenica que désormais c’était le général Krstic qui était le
10 commandant du Corps de la Drina?
11 Réponse: Non, mon commandant Trivic a reçu une invitation à assister à
12 cette cérémonie de passation de pouvoir entre le général Zivanovic qui
13 partait et celui qui le remplaçait. Cette cérémonie se déroulait dans un
14 restaurant, cela se passait en plein combat donc nous n'avions pas
15 vraiment beaucoup de temps à consacrer à ce genre de chose. Et
16 l'information selon laquelle le nouveau commandant était Krstic, nous
17 l'avons apprise plusieurs jours plus tard, quelques 7 jours plus tard
18 après notre arrivée à Zepa.
19 Question: J’ai encore seulement quelques questions à vous poser: l'armée
20 de la Republika Srpska a-t-elle massacré plusieurs centaines de
21 prisonniers de guerre musulmans et de civils musulmans désarmés après la
22 prise de l'enclave de Srebrenica?
23 Réponse: A cela je ne peux pas répondre parce que tout ce que je sais à ce
24 sujet me vient des médias. Si les choses se sont vraiment passées comme
25 cela, ce qui est difficile à croire par un être humain, je pense que c’est
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1 vraiment un crime mais je pense et j'affirme une nouvelle fois que le
2 général Krstic, à mon avis, n’aurait jamais pu faire une chose pareille et
3 qu'il n'en n'avait pas connaissance.
4 Question: Madame, ma question est la suivante: [expurgé]
5 [expurgée]
6 Réponse: Oui.
7 Question: Cinq ans se sont écoulés depuis ces massacres qui ont été
8 vérifiés par des observateurs internationaux, des exhumations très
9 sérieuses ont permis de découvrir le corps de centaines de prisonniers
10 dont les mains étaient ligotées et qui avaient un bandeau sur les yeux.
11 (Signe affirmatif du témoin.)
12 Ces informations sont disponibles depuis plusieurs années, n’est-ce pas?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Croyez-vous que l'armée de la Republika Srpska a massacré ces
15 civils?
16 Réponse: Oui, j'ai vu tous ces documents mais de façon générale ils sont
17 toujours reproduits par la fédération musulmane. Je ne peux pas croire, je
18 ne peux pas le croire.
19 Question: Très bien. Je vais vous poser maintenant quelques dernières
20 questions: quand avez-vous entendu parler de ces massacres pour la
21 dernière fois?
22 Réponse: Pas mal de temps après, je crois que c'était à l’automne de cette
23 année qu’on a commencé à en parler pour la première fois car personne ne
24 savait rien de tout cela. Les habitants, les soldats, la population en
25 général et moi j'en ai entendu parler personnellement parce que les médias
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1 à l'époque n'étaient pas aussi libres qu'aujourd'hui, les informations
2 étaient plus limitées donc j'en ai entendu parler quand le général Krstic
3 a été arrêté.
4 Personnellement, nous avons vu des photographies, nous avons vu des
5 documents des preuves diffusées par les médias mais moi en tant qu’être
6 humain je ne peux pas concevoir qu’une chose pareille ait pu avoir lieu.
7 Question: Témoin D/C, peu de temps après la chute de Srebrenica et après
8 pas mal de ces massacres, pas mal de ces massacres ont eu lieu dans des
9 lieux publics, dans la municipalité de Zvornik, il y en a un qui a eu lieu
10 dans l’entrepôt de Kravica, cet entrepôt à côté duquel vous êtes passée le
11 matin du 13. Ces massacres qui étaient très publics, qui se sont déroulés
12 de façon publique, étaient connus par la population civile et par les
13 militaires qui y ont participé, vous êtes un soldat et vous êtes restée un
14 soldat?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Est-ce que vous affirmez dans votre déposition que même après
17 ces massacres vous n’avez reçu aucune information à leur sujet?
18 Réponse: Non, aucune information peut-être quelque chose a commencé à se
19 dire à ce sujet quelques deux ou trois mois plus tard, mais rien à voir
20 avec les chiffres que l'on cite ici. Les médias ont commencé à faire des
21 commentaires et à parler de cela, mais les chiffres cités n'avaient rien à
22 voir avec ceux qu'on a mentionnés ici, c'est seulement en 1999 à peu près
23 que le général Krstic a été arrêté et que l’histoire a commencé à se
24 diffuser avec le genre d’informations dont on parle ici.
25 Question: Personnellement vous n’avez obtenu aucune information au sujet
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1 de ces massacres.
2 Réponse: Aucune information officielle du commandement supérieur pour
3 l'essentiel. Il s’agissait d’éléments diffusés par les médias et par des
4 médias musulmans.
5 Question: Qu'avez-vous fait pour essayer de vérifier puisque vous êtes
6 officier chargé de la formation, en tout cas vous avez un rapport avec le
7 moral des troupes.
8 Réponse: Oui.
9 Question: Donc il vous fallait informer les hommes, des subordonnés de
10 votre unité pour leur dire si ces rumeurs étaient vraies ou pas. Qu'avez-
11 vous fait pour essayer de vérifier ces informations qui étaient largement
12 répandues.
13 Réponse: Non, nous avons appris tout cela en temps de paix, quand l'armée
14 était déjà démobilisée. Aujourd'hui, les soldats au sein de l’armée sont
15 beaucoup plus jeunes, la composition n’est plus du tout la même et je
16 pense qu'à l'époque il était impossible de vérifier les informations
17 diffusées par les médias. Il était d’ailleurs difficile de les obtenir et
18 impossible d'influer sur la diffusion de ces médias, y compris auprès des
19 gens qui avaient des positions importantes et encore plus auprès des gens
20 du commun.
21 Question: Témoin D/C, ces allégations, si elles sont vraies, auront une
22 incidence directe sur le moral des soldats de l'armée de la Republika
23 Srpska, n’était-ce pas votre responsabilité de veiller à ce que le moral
24 des troupes reste à un haut niveau.
25 Réponse: Oui, maintenir le moral des troupes, mais du côté serbe ou du
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1 côté musulman d’ailleurs, nous n'avons aucune possibilité d’influer sur le
2 moral des troupes en expliquant certaines choses aux soldats parce que
3 même après la guerre, on a des partis politiques différents qui disent des
4 choses contraires. Nous notre seule obligation c’est de rendre compte des
5 informations qui nous arrivent par la voie du commandement militaire, par
6 la voie hiérarchique mais des informations de cette nature, nous n’en
7 n’avons jamais reçu sur ces questions.
8 Question: Vous avez aussi reçu et diffusé des informations relatives aux
9 résolutions des Nations Unies afférent à Srebrenica, il s’agissait de
10 résolutions des Nations Unies qui traitaient de disparition à Srebranica,
11 était-ce une que vous mettiez en cause?
12 Réponse: Non, officiellement nous n'avions pas reçu dans notre unité le
13 texte de cette résolution. Nous avons juste ouï-dire qu'il y avait une
14 résolution.
15 M. le Président: Monsieur Harmon, une question de plus, vous avez déjà
16 dépassé deux minutes, c’est votre dernière. Choisissez bien.
17 M. Harmon (interprétation): J'y avais déjà réfléchi, Monsieur le
18 Président, je vous remercie. A quel moment, Témoin D/C, avez-vous appris
19 que le commandant suprême Radovan Karadzic qui était alors chef de l’armée
20 et Mladic avait été mis en accusation pour les événements qui s’étaient
21 produits à Srebrenica, avait été mis en accusation, inculpé par le
22 Tribunal.
23 Témoin D/C (interprétation): Je n'arrive vraiment pas à m’en rappeler de
24 ces dates, mais nous l'avons appris je pense vers l'année 1996.
25 M. Harmon (interprétation): Je n'ai plus de question à poser à ce témoin,
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1 Monsieur le Président.
2 M. Riad (interprétation): Monsieur Harmon, vous venez de nous remettre la
3 pièce, la pièce 757, c’est une photographie, est-ce quelle a une
4 quelconque importance dans le cadre de vos questions?
5 M. Harmon (interprétation): Non. Nous allons vous soumettre certain de ces
6 documents, nous allons demander le versement de certaines pièces mais
7 celle-ci n’en fait pas partie. Merci, Monsieur le Président.
8 M. le Président: Merci pour votre coopération. Nous allons faire la grande
9 pause, mais avant j'aimerais bien, Monsieur Harmon, que vous puissiez
10 communiquer à la défense les extraits que vous avez utilisés et de cette
11 façon nous étions quand même à un moment donné à essayer de diviser un peu
12 le temps pour donner un peu de temps à la défense de se préparer. Mais
13 comme nous allons faire la grande pause, je crois que le défense peut
14 quand même revoir ce texte avant sa réplique.
15 C’est donc intentionnellement que nous faisons la pause maintenant pour
16 que la défense puisse quand même revoir ce texte, pour sa réplique. Donc
17 nous allons faire une pause d'une heure.
18 Mme Wald (interprétation): J'aimerais préciser une chose à ce propos. Je
19 ne suis pas sûre d’avoir tout compris dans cette partie des débats, vous
20 devez remettre au communiqué à la défense, si j’ai bien compris,
21 uniquement les extraits que vous avez déjà cités et ainsi versés au
22 dossier de l'instance ou est-ce que vous allez aussi communiquer d’autres
23 éléments qui portent exactement sur ce sujet?
24 M. Harmon (interprétation): Je voulais simplement leur remettre ces
25 extraits, mais peut-être un peu plus aussi.
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1 Mme Wald (interprétation): Je serais plus à l'aise. Bien ce n'est jamais
2 avéré mais on risque toujours à la ligne suivante de trouver une phrase
3 qui en fait contredit ce qui a été dit précédemment, donc je crois que je
4 serais plus à l’aise si vous communiquiez le contexte également.
5 M. le Président: Donc très bien. D’accord. La pause d’une heure.
6 (Le témoin D/C est reconduit hors du prétoire.)
7 (L'audience, suspendue à 12 heures 40, est reprise à 13 heures 40.)
8 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
9 M. le Président: Donc maintenant, le témoin D/C vous allez encore répondre
10 aux questions que Me Petrusic va vous poser. Maître Petrusic, c'est à
11 vous.
12 (Interrogatoire principal supplémentaire du Témoin D/C par Me Petrusic.)
13 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. La défense ne
14 va pas procéder à un très long examen dans le cadre de la réplique. Nous
15 allons tirer partie des documents qui nous ont été communiqués par
16 l'accusation au cours de la pause déjeuner. Dans une déclaration fournie
17 par votre commandant, le colonel Trivic au Bureau du Procureur à Banja
18 Luka le 5 octobre, page 39 il est dit ceci je cite: "Le 12 juillet entre
19 10 heures et 11 heures du matin des officiers ont reçu des ordres au
20 relais Bojna où ils s'étaient rassemblés et ils ont reçu à cet endroit des
21 instructions et ordres."
22 Il poursuit dans sa déclaration en disant que se trouvait présent à cet
23 endroit le colonel Andric, le colonel Vicic ainsi que le général Krstic.
24 Il a précisé que le colonel Vicic était celui qui était le président de la
25 réunion et que Krstic avait assisté à ladite réunion.
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1 Nous parlons donc ici du 12 juillet et plus précisément entre 10 et 11
2 heures du matin. Au cours des débats qui sont les nôtres, nous avons
3 établi sans litige aucun, et nous avons d’ailleurs une déclaration
4 préalable à cet effet ainsi qu’une cassette qui montre que le 12 juillet
5 en 10 heures et midi le général Krstic assistait à une réunion à l’hôtel
6 Fontana avec des représentants du Bataillon néerlandais, des représentants
7 de la population musulmane ainsi qu’avec d’autres officiers de la VRS, ce
8 qui fait que lorsque j’examine la déclaration fournie par votre
9 commandant, le colonel Trivic, il apparaît que le général Krstic s’était
10 trouvé en même temps à deux endroits, à Bojna ainsi qu’à l’hôtel Fontana.
11 Qu’avez-vous à dire à ce propos?
12 Témoin D/C (interprétation): A Bojna, ce jour-là, le 12, je n’ai pas vu le
13 général Krstic. Je ne l’ai pas vu à cette heure-là en tous les cas.
14 Question: Le Procureur a également cité certains extraits de sa
15 déclaration dans laquelle votre commandant affirme que le 13 juillet il a
16 suivi un itinéraire différent pour se rendre à Zepa, itinéraire autre que
17 la route passant par Podrinje, Srebrenica, Potocari et Srebrenicke Polje
18 pour aller à Zepa donc plutôt que vous, la route que vous avez décrite.
19 Etes-vous vraiment sûre que vous ainsi que le colonel Trivic et vos hommes
20 responsables de ces transmissions, avez pris la route dont vous avez
21 parlé, à la fois dans votre interrogatoire principal mais aussi au moment
22 du contre-interrogatoire?
23 Réponse: Oui, j'en suis tout à fait convaincue.
24 Question: Témoin D/C, vous avez déclaré ici aujourd'hui pour la première
25 fois et c'est la première fois que moi j'en entends parlé, en tout cas
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1 aussi vous avez déclaré que dans la zone de Zepa pendant une certaine
2 période se trouvait aussi le colonel Beara, et savez-vous ce qu'il faisait
3 à cet endroit? Est-ce que vous avez des informations à ce propos?
4 Réponse: Eh bien oui, il était présent. Je pense qu'il participait aux
5 négociations. Il était aussi le chef de la sécurité, lui, ainsi que le
6 général Tolimir. C'étaient eux qui menaient les négociations, je ne sais
7 pas sur quoi celles-ci portaient, en tout cas nous avons obtenu certaines
8 informations sur des opérations, certaines offensives, ce genre de choses.
9 Question: Vous savez que lui et le général Tolimir avaient participé à des
10 négociations?
11 Réponse: Oui, je les ai vus à plusieurs reprises.
12 Question: Et elles impliquaient qui ces négociations?
13 Réponse: La partie Serbe, l'armée de la Republika Srpska et les Musulmans.
14 En fait c'étaient des représentants de la municipalité de Zepa.
15 Question: Le colonel Beara et le général Tolimir sont des officiers du
16 camp d'état-major de l'armée de la Republika Srpska, n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Un instant, Monsieur le Président, si vous me le permettez.
19 Mon confrère attire mon attention sur le compte rendu d'audience, Monsieur
20 le Président.
21 Lorsqu'on a parlé de l'interruption des offensives. Je répète la question.
22 Vous avez reçu des ordres sur lesquels vous deviez arrêter les offensives
23 parce qu'il y avait des négociations au mont Busilica avec les Musulmans
24 et d'autres représentants, n'est-ce pas?
25 Réponse: Oui, c'est tout à fait exact.
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1 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, la défense n'a plus
2 de questions à poser à ce témoin.
3 M. le Président: Merci beaucoup Maître Petrusic.
4 Donc Monsieur le Juge Riad avez-vous des questions.
5 (Questions de M. le Juge Riad au Témoin D/C.)
6 M. Riad (interprétation): Oui, j'ai quelques questions, Monsieur le
7 Président.
8 Bonjour, Madame D/C. Je ne peux pas ici prononcer votre nom. Je voulais me
9 faire une idée plus précise de ce que vous avez vécu et traversé depuis
10 que vous êtes sortie de l'université. Vous avez dit avoir terminé vos
11 études à titre de professeur. Est-ce que vous avez été professeur?
12 Témoin D/C (interprétation): Monsieur le Juge, non je n'ai jamais
13 travaillé comme professeur.
14 Question: Oui, mais vous en aviez le titre, n'est-ce pas? Vous l'avez dit
15 au début de votre déposition. Vous aviez pour titre celui de professeur?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Mais vous avez préféré être officier de l'armée?
18 Réponse: Oui.
19 Question: [expurgée]
20 [expurgée]
21 (Le témoin opine du chef.)
22 Quel était votre rôle précis? Vous dites qu'au début de l'année 1990 ce
23 qui vous intéressait vraiment c'était de relever le moral des troupes, de
24 donner aux soldats l'impression qu'ils participaient à un effort de guerre
25 et que la solidarité intervenait. Mais quel était précisémment votre
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1 mission? Cette guerre contre qui était-elle dirigée?
2 Réponse: [expurgée]
3 [expurgée]
4 [expurgé]. Et puis
5 une situation tout à fait inattendue est intervenue pour l'ancienne
6 Bosnie-Herzégovine et donc aussi pour les Serbes qui vivaient dans cette
7 république. La guerre a éclaté, c'était un conflit qui par la suite s'est
8 transformé en guerre générale, en conflit, en hostilités. L'organe chargé
9 de l'information du moral et des affaires religieuses avait pour rôle
10 d'expliquer aux soldats serbes la vérité, de leur donner des indices, des
11 indications sur la situation dans laquelle on se trouvait. Le pourquoi de
12 tout cela, comment parer à une situation de crise, situation qu'ils
13 risquaient de rencontrer en état de guerre.
14 Question: En tant que catalyseur donc vous vouliez en fait les diriger
15 contre ce que vous appeliez l'ennemi?
16 Réponse: Non, nos lignes étaient des lignes de défense. L'armée serbe
17 n'était pas toujours à l'offensive, elle était toujours plutôt pour
18 l'essentiel sur la défensive. Elle protégeait la population civile serbe
19 contre les attaques menées par les soldats musulmans.
20 Question: En ce qui concerne les attaques, passons si vous le voulez bien
21 à Srebrenica en 1995. Aujourd'hui vous avez dit qu'il n'y avait pas eu de
22 résistance par des forces musulmanes le 10 juillet et qu'il vous a été
23 très facile de vous emparer de la zone, et que il n'y a pas eu nécessité
24 d'avoir beaucoup de tirs. Ce qui veut dire qu'il n'y a pas eu d'attaque,
25 n'est-ce pas à ce moment-là? Est-ce exact? Dans cette zone de Srebrenica?
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1 Vous ai-je bien compris?
2 Réponse: Oui, vous m'avez bien compris. On ne peut dire qu'il n'y avait
3 pas d'attaque, en tout cas il n'y a pas eu vraiment d'opération de grande
4 envergure ou de grande intensité.
5 Question: Donc cela veut dire que Srebrenica, la ville même de Srebrenica
6 n'a pas été véritablement pilonnée à votre connaissance?
7 Réponse: Effectivement, je sais pertinemment ce qui s'est passé, pas un
8 seul obus n'est tombé sur la partie urbanisée.
9 Question: Mais lorsque vous êtes entrée, la ville était déserte, désertée?
10 Il n'y avait personne dans cette ville?
11 Réponse: Oui.
12 Question: A l'exception de ces quelques personnes vous avez vu les
13 cadavres, n'est-ce pas?
14 Réponse: C'est exact, j'ai vu le corps de deux Musulmans puis le corps
15 d'une femme, un troisième corps qui était le corps d'une femme serbe. Les
16 gens avaient abandonné la ville en direction de Potocari.
17 Question: Donc toute la population s'était enfuie, avait pris la fuite?
18 Réponse: Exactement. Nous sommes entrés dans une ville complètement
19 déserte.
20 Question: [expurgée]
21 [expurgé]. A votre avis, pourquoi est-ce que les
22 gens s’étaient enfuis de la ville, pourquoi la ville avait-elle été
23 désertée?
24 Réponse: Je pense qu’au moment où l’armée serbe est parvenue à ses
25 premières positions elle avait demandé elle-même à se rendre sur le
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1 territoire. Ces gens avaient eux-mêmes désiré se rendre sur le territoire
2 de la fédération parce qu’à mon avis ils auraient pu rester sur place, se
3 livrer, rester, mais ils voulaient tous partir parce qu'ils ne voulaient
4 pas vivre à un endroit où s’était établi un pouvoir des autorités serbes.
5 Question: Je ne vais pas m’attarder sur ce point, mais j’ai suivi avec
6 beaucoup d’intérêt le récit que vous avez fait lorsque vous avez dit que
7 le général Krstic était beaucoup aimé par ses soldats. C’est quelque chose
8 de tout à fait compréhensible, vous avez dit qu’il s’occupait d’eux, vous
9 nous avez dit qu’il leur rendait visite lorsqu’ils étaient à l’hôpital.
10 Est-ce qu’en d’autres termes, lorsqu’on aime beaucoup quelqu’un on lui
11 laisse un peu faire ce qu’il veut, est-ce que finalement il était assez
12 souple en matière de discipline, est-ce qu’il autorisait certaines
13 excentricités, certaines exactions ou infractions? Est-ce qu’il ne les
14 punissait pas nécessairement pour de tels agissements?
15 Réponse: Non. Au sein de l’unité régnait une discipline très stricte et
16 c’est précisément du fait de l’existence de cette discipline que tant les
17 hommes du rang que les officiers le respectaient beaucoup. C’était une
18 unité très bien organisée où tout fonctionnait très bien et lorsqu’il
19 s’adressait aux soldats, aux officiers, il n’avait de cesse d’attirer leur
20 attention sur leur comportement, sur la façon dont ils devaient se
21 comporter en temps de guerre. C’était un vrai soldat, ni plus ni moins.
22 Question: Pour garder sa popularité il ne sacrifiait pas les impératifs de
23 discipline et de fiabilité, de responsabilité?
24 Réponse: En dépit de sa grande rigueur, en dépit du fait qu’il avait
25 introduit des mesures de discipline très sévères, il était aimé et
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1 respecté. C’était aussi un homme juste, intègre. Quelle que soit la
2 situation dans laquelle nous nous sommes trouvés il avait toujours la
3 bonne solution à apporter quel que soit le problème.
4 Question: Vous dites qu’il était très sévère, avez-vous connaissance
5 d’exemples où il a appliqué ses principes de discipline, par exemple en
6 punissant des soldats, en les tenant responsables de leurs actes, de
7 certaines violations qu’ils auraient commises?
8 Réponse: Oui, effectivement il y a eu de tels cas. Au début de l’année
9 1992 beaucoup de soldats, beaucoup de personnes qui avaient été mobilisées
10 dans nos rangs étaient des réfugiés venant de Zenica, de Sarajevo
11 notamment. Les gens étaient remplis d’indignation après ce qu’ils leur
12 étaient arrivés. Ils avaient perdu leur foyer, parfois des parents. Ils
13 ont rejoint les rangs de l’unité, ils ont essayé de se comporter un peu à
14 leur guise.
15 Par exemple si un Musulman était capturé, il est arrivé que de telles
16 personnes veuillent tuer ce Musulman , pas seulement le tuer mais quelque
17 part aussi se venger sur cette personne pour ce que eux avaient vécu et
18 traversé, mais le général Krstic s’est toujours opposé à de tels
19 comportements. Et c’était une tendance tellement prononcée, tellement
20 marquée, il attachait tellement d’importance à cela qu’il disait qu’il ne
21 faut pas blesser les prisonniers de guerre que ce soit un civil, un
22 soldat, un homme ou une femme ; il s’opposait à la destruction
23 d’institutions, de bâtiments, il s’opposait à ce qu’on incendie les
24 maisons. C’était vraiment un officier comme on en voit rarement. Il était
25 parfaitement conscient des droits humains, du respect des droits de la
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1 personne et il voulait toujours respecter les conventions internationales.
2 Question: Vous étiez dans les services des informations, est-ce que vous
3 avez des exemples précis montrant qu’il avait mis ses principes en
4 pratique et qu’il disposait du pouvoir pour le faire? Ou bien c’était
5 simplement un principe qui n’a jamais été traduit dans les actes?
6 Réponse: Non, non au contraire cela a toujours été traduit dans la
7 pratique, dans les actes, c’est bien pour cela que nous sommes tellement
8 conscients de cet aspect. Je vous ai dit que nous avons eu des prisonniers
9 musulmans qui ont été détenus pendant plus d’un an à proximité du quartier
10 général de Brigade et je vous ai parlé de la façon dont le général les
11 avait traités. Comme dans n’importe quelle armée il y avait des
12 extrémistes, des personnes sans éducation, des gens quelque fois
13 analphabètes, des gens qui avaient perdu tous leurs biens qui voulaient
14 peut-être compenser tout cela en se vengeant sur ces personnes, personne
15 n'osait le faire à cause du général. C’est la raison pour laquelle il
16 était aimé et maintenant on ne comprend plus pourquoi on accuse le général
17 Krstic de ce qu’il s’est passé à Srebrenica, pourquoi on l’accuse de la
18 mort d’un nombre aussi incroyable de personnes, qu’il est difficile de
19 comprendre, d’appréhender. C’est incompréhensible.
20 Question: Est-ce qu’il avait le pouvoir de punir, ou simplement de donner
21 des ordres, l’ordre aux soldats de ne pas commettre d’exactions, est-ce
22 qu’il avait le pouvoir de sanctionner, de punir des personnes qui seraient
23 rendues coupables de tels actes?
24 Réponse: Eh bien, pendant qu’il a été commandant de Brigade il avait le
25 pouvoir attribué à un tel commandant de Brigade et à ce moment-là
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1 effectivement le commandant c’est celui qui a le plus de pouvoirs
2 puisqu’il peut punir et donner des ordres. Par la suite, lorsqu’il est
3 devenu chef d’état-major du Corps de la Drina il n’a plus disposé de ces
4 pouvoirs. En effet, comme dans n’importe quelle autre armée du monde on
5 sait qui est autorisé à donner des ordres ; un chef d’état-major n’a pas
6 le pouvoir de donner des ordres, il organise des opérations, des combats
7 en coordination avec le service des opérations. Mais je pense qu’un chef
8 d’état-major n’a pas le droit de délivrer des ordres à moins qu’il ne soit
9 expressément autorisé à le faire par son commandant.
10 Question: Vous avez dit, et je retrouve cela dans mes notes, vous avez dit
11 qu’il était très gentil à l’égard des prisonniers et qu’il a parfois
12 procédé à leur échange. Est-ce qu’il avait le pouvoir de faire procéder à
13 des échanges de prisonniers? Est-ce que ceci relevait des pouvoirs
14 qu’avait un commandant ou est-ce que c’était plutôt quelque chose de
15 politique?
16 Réponse: Lorsqu’il était commandant, il avait le pouvoir de faire procéder
17 à des échanges, mais il a aussi forcé certains prisonniers à être échangés
18 parce qu’il fallait qu’il y ait des corps qui soient présents pour qu’il y
19 ait échange. Il pouvait simplement proposer d’échanger autant de personnes
20 dans le cadre d’un échange mais il y avait des services qui s’occupaient
21 plus particulièrement de ces échanges. Je crois que c’était en fait des
22 organes de sécurité qui s’en chargeaient. Ainsi que la police civile, je
23 crois que c’est eux qui s’occupaient de tout cela, de ces échanges.
24 Question: Mais quel était son rôle précis, qu’est-ce qu’il faisait comme
25 suggestion? Est-ce qu’il encourageait aux échanges?
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1 Réponse: Tout à fait, il faisait des suggestions, par exemple il disait,
2 voilà j’ai des prisonniers de guerre dans mon unité et il demandait à ce
3 que ces personnes puissent être échangées.
4 Question: Et est-ce qu’en général on obéissait à ses ordres ou à ses
5 demandes et est-ce qu’on les respectait puisqu’il était général?
6 Réponse: Oui.
7 Question: De quel prestige bénéficiait-il en tant que général?
8 Réponse: En qualité de commandant de la 2e Brigade motorisée de Romanija
9 il avait le grade de colonel s’agissant du pouvoir qu’il avait dans la
10 zone de responsabilité de sa brigade et de ces municipalités couvertes par
11 cette Brigade, il avait beaucoup effectivement de respect, il imposait le
12 respect. C’était le cas d’ailleurs pour tous les officiers supérieurs en
13 ex-Yougoslavie par la suite. Lorsqu’il est devenu général, il a toujours
14 bénéficié de beaucoup de prestige et a toujours suscité le respect.
15 Cependant, s’agissant du respect qu’avaient pour lui ses supérieurs, là je
16 ne peux pas vous dire grand chose parce que je ne connais pas ces
17 rapports.
18 Question: Je vous remercie de ces informations, Madame l’officier, mais
19 vous dites que vous étiez officier d’informations, donc vous étiez la
20 personne qui avait des yeux partout, vous disiez qu’il avait un statut
21 très élevé dans l’armée?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et vous avez dit qu’il a pris des positions très fermes. Par
24 exemple à l’égard des croates, vous avez dit qu’il avait sauvé la vie de
25 croates, je ne reviens pas sur les détails, mais est-ce que ceci en fait a
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1 été critiqué?
2 Réponse: Oui, je vous l’ai dit. Beaucoup de gens du commun, beaucoup
3 d’hommes du rang s’opposaient parce que nous étions déjà à ce moment-là en
4 1993 au moment où les combats étaient à leur apogée ou très intensifs. Ce
5 n’était pas simplement un petit groupe mais toute une municipalité dont la
6 population était croate ainsi que les soldats qui avaient leur matériel.
7 Il a aidé tout le monde, les civils comme les militaires afin qu’ils
8 puissent se rendre à Sokolac et de là vers une autre destination qu’ils
9 avaient choisie et je me souviens que certains disaient: “mais qui croit-
10 il être puisqu’il croit avoir la possibilité de transférer, de muter des
11 soldats croates”, ils n’étaient pas particulièrement contents.
12 Question: Et il l’a fait pour les sauver des Musulmans?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Est-ce qu’il a fait la même chose de l’autre côté? Est-ce qu’il
15 a essayé de sauver la vie de Musulmans par rapport aux Croates?
16 Réponse: Oui, il a sauvé la vie de certains Musulmans et il y a le village
17 de Crna Rijeka au plateau de Nisic. Là aussi, un peu plus tard ceux-là
18 sont venus à Sokolac et je sais qu’ils ont été logés à proximité des
19 Croates, parce qu’il n’y avait pas d’autre endroit où on pouvait les
20 mettre, ils étaient tout près. Donc il y a eu quelques fois des petites
21 querelles, des litiges entre les Croates et les Musulmans mais on y a mis
22 terme.
23 Question: Et est-ce que dans cet exemple que vous venez de citer on a
24 considéré qu’il avait agi de façon peu orthodoxe ou d’une façon qui
25 n’était pas très nationaliste? Et est-ce que ses supérieurs, ici je ne
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1 parle pas des personnes qui lui étaient subordonnées, je parle des
2 autorités qui lui étaient supérieures, est-ce que vous savez si ces
3 autorités le lui ont reproché, est-ce qu’il a reçu un blâme ou est-ce
4 qu’il a reçu d’autres sanctions?
5 Réponse: A titre officiel, il n’a pas été incriminé. Je ne pense pas qu’il
6 ait non plus été écarté. C’est simplement l’opinion publique, le grand
7 public ou des soldats qui ont désapprouvé son commandement du moins
8 jusqu'au moment où il a expliqué la nécessité d’un tel comportement. C’est
9 à ce moment-là qu’il a réussi à les calmer. Mais il participait toujours
10 aux combats, vous savez que la guerre elle se poursuivait et il y avait
11 toute sorte de choses qui se passaient. On n’avait pas beaucoup le temps
12 de réfléchir en paix à tous ces détails.
13 Question: Il y a une ligne politique qui a été admise, il y a des
14 politiques qui sont mises en place pour promouvoir quelqu’un ou pour le
15 démettre de ses fonctions. Pour vous, le colonel Krstic, il était plutôt
16 du genre…que la ligne était favorable pour le général Krstic?
17 Réponse: Je pense en fait qu’il a été écarté ou bénéficiait d’une ligne
18 moins favorable du fait de cette politique réduit à un grade inférieur
19 peut-être. Il a été réduit à une situation qu’il n’aurait pas méritée s’il
20 n’avait pas eu ce type de politique.
21 Question: Vous dites qu’il avait remplacé Ivanovic, il n’était pas vieux,
22 n’était-ce pas là un signe qui montrait qu’il était apprécié et puis est-
23 ce que le président Karadzic en personne ne le considérait pas comme un
24 grand officier, malgré ce qu’il y avait dit, qu’il y avait ce précédent
25 d’avoir montré de la bienveillance aussi bien envers les Musulmans
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1 qu’envers les Croates.
2 Réponse: Oui, on ne lui manifestait du respect qu’à la télévision.
3 Question: Encore une question, peut-être. Vous venez de parler de Beara et
4 vous dites qu’il était présent à Zepa et qu’il a pris contact avec les
5 responsables des négociations, des pourparlers, quels étaient les contacts
6 de Beara avec le général Krstic? Quels étaient leurs rapports?
7 Réponse: Je pense…non, non. Leurs rapports n’étaient pas bons, ils
8 n’avaient pas de bons rapports l’un avec l’autre. C’est l’impression que
9 j’ai acquise.
10 M. Riad (interprétation): Merci beaucoup Madame D/C.
11 M. le Président: Madame le Juge Wald, s’il vous plaît?
12 (Questions de Mme la Juge Wald au témoin D/C.)
13 Mme Wald (interprétation): Merci Monsieur le Président.
14 Madame D/C, j’aurai seulement deux questions à vous poser. Vous rappelez-
15 vous la date où le moment approximatif où Beara se trouvait à Zepa? Je
16 sais que vous étiez à Zepa vous-même, et que vous y êtes restée du 13
17 juillet au 2 août, ou à peu près dans ce laps de temps. Alors pouvez-vous
18 situer le moment de la présence de Beara à Zepa dans cette période?
19 Témoin D/C (interprétation): Dans cette période qui commence le 13 ou le
20 14 je ne l’ai pas vu mais à partir du 15, je crois que oui.
21 Question: Donc vous l’avez vu à plusieurs reprises à partir du 15 alors
22 qu’il participait aux négociations.
23 Réponse: Oui, oui. Très bien merci.
24 Question: Ma deuxième question est la suivante: compte tenu de ce qui,
25 d’après ce que vous nous avez dit faisait, constituait une pa rtie
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1 essentielle de votre travail, à savoir de rassurer les soldats par rapport
2 à ce qu’il se passait dans le monde et par rapport à ce qu’ils pouvaient
3 entendre à gauche et à droite.
4 Pendant la période qui va disons du 12 ou 13 juillet jusqu’au 2 août, date
5 à laquelle vous dites avoir quitté Zepa, donc pendant ce laps de temps, et
6 quelle que soit le valeur que vous attachez à ces informations, avez-vous
7 reçu des informations à la radio, à la télévision ou par des rumeurs, même
8 éventuellement musulmanes, mais en tout cas avez-vous entendu quoi que ce
9 soit qui ait un rapport quelconque avec la disparition de certains des
10 survivants de Srebrenica? Donc quelle que soit la validité que vous
11 accordiez ou que vous n’accordiez pas à ces informations, est-ce que vous
12 avez reçu des informations ou est-ce que vous avez entendu des rumeurs au
13 sujet d’accusations de ce genre dans cette période à la radio, à la
14 télévision, dans les médias ou chez les gens? Est-ce que vous avez entendu
15 ce genre de choses même si vous ne le croyiez pas?
16 Réponse: Non, je n’ai pas entendu cela, mon unité avait ses tâches à
17 accomplir dans le cadre des combats qui avaient lieu à ce moment-là. Zepa,
18 on appelle cela la municipalité de Zepa, mais en fait c’est un territoire
19 très étendu où il n’y avait pas d’électricité, où beaucoup de choses
20 manquaient. Nous n’avions pas les moyens qui nous auraient permis
21 d’entendre ce genre d’informations. Ce que je dirai très simplement c’est
22 que les choses s’accéléraient et que tout évoluait énormément à ce moment-
23 là et que nous n'avions pratiquement même pas le temps de discuter ce
24 genre de choses avec nous.
25 Question: Mais est-ce que ce commentaire s’applique à toute la période
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1 jusqu’au 2 août, puisque le 2 août Zepa avait déjà été capturée ou
2 libérée, selon le mot qu’on applique? Mais même après la fin des combats
3 les plus intenses vous avez continué à ne rien entendre à ce sujet, aucun
4 des soldats n’est venu vous dire que d’autres auraient entendu cela? Donc
5 vous n’avez eu aucune idée jusqu’à votre départ de Zepa à ce sujet?
6 Réponse: Non, non. Plus tard, beaucoup plus tard, nous avons entendu
7 certaines choses mais nous n’avons pas fait particulièrement attention
8 parce que personne n’a cité un chiffre aussi énorme concernant le nombre
9 des victimes. Ensuite des articles ont commencé à paraître, mais nous n’y
10 attachions pas foi et puis les années ont passé. Et aujourd’hui il semble
11 s’avérer que tout cela était exact.
12 Mme Wald (interprétation): Merci.
13 (Questions de M. le Président au Témoin D/C.)
14 M. Le Président: Madame le Juge Wald, Témoin D/C j’ai quelques questions
15 aussi.
16 Vous avez dit que le service d’informations [expurgé] avait
17 comme objectif de fournir une image réelle de la situation. Qu’est-ce que
18 vous voulez dire par "image réelle"?
19 Témoin D/C (interprétation): Ce que je veux dire par là c’est que notre
20 mission consistait à décrire la réalité au sein des unités, dans le
21 périmètre le plus étroit, et y compris à l’extérieur de l’Etat de la
22 Bosnie-Herzegovine. Mais ce que nous transmettions, ce que nous
23 reproduisions c’était toujours fondé sur les informations que nous
24 recevions du commandant du Corps d’armée. Nous fondions tous nos
25 renseignements sur les renseignements reçus du grand quartier général et
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1 du commandement supérieur. Nous n’avions pas le droit de diffuser
2 n’importe quelle information indépendamment de sa source.
3 Question: Quelle était donc pour bâtir cette réalité, la place ou
4 le rôle de radio sur les ondes et même des mass media que vous avez
5 mentionnés?
6 Réponse: Le rôle des mass media dans l'opinion publique n'était pas pris
7 en compte de façon significative parce qu'il y avait plusieurs chaînes de
8 télévision qui diffusaient des informations diverses et qui les
9 traduisaient de manière très diverse. Donc ces informations n'étaient pas
10 toujours dignes de foi. Quant aux soldats ils pouvaient écouter ces
11 informations sur toutes les chaînes, dans tous les médias mais nous en
12 tant que responsable c'était notre devoir d'essayer de déterminer ce qui
13 était exact, ce qui ne l'était pas et pour remplir cette tâche nous
14 recevions des ordres des niveaux supérieurs de notre hiérarchie.
15 Question: Est-ce que votre service diffusait aussi l'information pour les
16 médias?
17 Réponse: Oui. Nous pouvions diffuser des informations au sujet de la
18 situation à l'intérieur de notre unité au sujet des progrès accomplis par
19 notre unité, des succès remportés. Nous avions des contacts avec les
20 médias locaux, mais s’il fallait que ces informations aillent jusqu’à la
21 télévision de l'Etat alors tout passait encore une fois par les niveaux
22 supérieurs de la hiérarchie militaire.
23 Question: Quand vous dites que les informations des médias n'étaient pas
24 dignes de foi, quel était le critère pour juger si elles étaient dignes de
25 foi ou non? Comment vous arriviez à cette conclusion?
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1 Réponse: Eh bien, cela j'en ai déjà parlé. Les critères étaient établis
2 par le commandement supérieur parce que nous nous recevions toutes sortes
3 d'informations très diverses. Mais s’il s'agissait d'un événement qui
4 s'était produit hors de notre zone de responsabilité, nous ne pouvions pas
5 évaluer cet événement en lisant ce qui paraissait dans les médias, même
6 les médias serbes donnaient des traductions multiples, alors je ne parle
7 pas des médias croates ou musulmans. Les diverses versions étaient
8 toujours très différentes.
9 C'est donc le département chargé du moral des troupes, des informations et
10 des affaires religieuses qui traitaient ces informations pour les diffuser
11 vers le bas de la hiérarchie.
12 Question: Une autre information. Dans ce processus de bâtir la réalité,
13 est-ce que vous essayiez de cueillir des informations du côté, si je puis
14 dire, ennemi?
15 Réponse: Oui, les informations dépendaient des médias et les services de
16 sécurité de l’ennemi étaient chargés aussi de recueillir des informations.
17 Quant à nos organes de sécurité et de renseignements, ils devaient
18 recueillir des informations au sujet de l’ennemi.
19 Le travail de notre département, si l’ennemi diffusait de la propagande en
20 manipulant le psychisme, notre responsabilité éta it de prouver que ces
21 informations étaient fausses, et elles l'étaient la plupart du temps.
22 Question: Par exemple, vous faisiez des interceptions de communication
23 entre plusieurs personnes de l’ennemi?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Quel type d'interceptions faisiez-vous?
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1 Réponse: Maintenant j'aurais peut-être du mal à expliquer comment ces
2 systèmes fonctionnent dans le détail, mais nous avions des machines qui
3 servaient à effectuer des écoutes, et si certaines informations
4 caractéristiques apparaissaient comme par exemple s'il était question de
5 préparation d'un combat alors elles étaient transmises. Mais s'il
6 s'agissait d'informations moins significatives, elles étaient traitées au
7 sein de l'unité et n'en sortaient pas.
8 Question: Est-ce que les personnes qui faisaient les interceptions avaient
9 la préoccupation d'informer vraiment ce qu'elles avaient entendu?
10 Réponse: Eh bien, c'étaient des gens qui avaient une formation spécialisée
11 dans le domaine des transmissions qui utilisaient ces machines, d'ailleurs
12 c'était leur seul travail parce que c'était la seule chose qu'ils savaient
13 faire.
14 Et plus tard, ces rapports émanant d'eux partaient vers les services
15 chargés du renseignement et de la sécurité et, eux, distribuaient ces
16 rapports en fonction des destinataires les plus appropriés au sein de
17 l'unité.
18 Question: Par exemple, Témoin D/C, imaginez que quelqu'un vous donne un
19 rapport en disant: voilà j’ai écrit cela, ce que j’ai écouté quand j'ai
20 intercepté une communication à propos, par exemple, d'un combat. Qu'est-ce
21 que vous feriez de ce rapport? Serait-il crédible pour vous? Digne de foi
22 ou non?
23 Réponse: Pas toujours. Beaucoup dépend de la personne qui l'a entendu et
24 des raisons pour lesquelles telle ou telle chose a été dite, parce qu'il y
25 avait plusieurs possibilités.
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1 Par exemple, l’ennemi pouvait prétendre participer à une conversation.
2 Cela dépend aussi de la personne qui est en train de manipuler les
3 machines au centre des transmissions. Est-ce qu’il est vraiment qualifié
4 pour utiliser ces machines? Ou est-ce que quelque chose peut être fait de
5 notre côté par quelqu'un qui voudrait faire quelque chose de particulier à
6 quelqu'un d'autre? C'est arrivé!
7 Donc les écoutes ne sont pas vraiment fiables. Quand on fait des écoutes,
8 on peut transformer la voix, on peut faire beaucoup de chose. C’est une
9 information, mais elle n'est pas fiable totalement par elle-même.
10 Quelquefois elle peut aider, quelquefois non.
11 Question: Une autre question maintenant. Vous avez parlé à propos de la
12 mort incroyable des personnes que vous avez mentionnée au sujet des
13 événements de Srebrenica.
14 Après le 2 août, quand est-ce que vous avez entendu parler pour la
15 première fois de ces événements?
16 Réponse: A mon retour de Zepa, je n'en ai pas entendu parler parce que mon
17 unité participait encore au combat.
18 La ligne de défense tenue par mon unité a subi une attaque des Musulmans à
19 Olovo et à Kladanj, de sorte que nous étions très occupés.
20 Je crois que c'est en octobre ou novembre qu'on a commencé vaguement à
21 entendre parler de quelque chose, mais c'est seulement après l'arrestation
22 du général Krstic par les médias, seulement à ce moment-là que nous avons
23 commencé à attendre parler de plus en plus et de façon de plus en plus
24 variée et détaillée de ce qui s'était passé.
25 Question: Par exemple la zone qui va entre Konjevic Polje et Bratunac est-
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1 elle aussi peuplée? Par rapport à la population, quelle était la
2 situation? Il y avait beaucoup de gens qui habitaient à Bratunac, par
3 exemple?
4 Réponse: Oui, Bratunac était une ville peuplée. Mais, moi, c'était la
5 première fois que je me trouvais à Srebrenica et à Bratunac.
6 Pendant l'opération de Srebrenica, je suis passée par Bratunac et nous
7 sommes passés par le village serbe de Kravica qui avait une population
8 importante. Il me semble quand 1993 ce village a été complètement détruit,
9 complètement incendié. Moi, j'ai vu ces maisons détruites, incendiées le
10 long de la route.
11 Question: Après avoir appris tout ce qui s'était passé, donc il y a des
12 centaines de personnes qui ont été tuées, qui ont été transportées, des
13 voitures qui ont été enterrées, est-il possible que tout cela puisse
14 arriver sans que le public le connaisse ou ait appris ces événements? Le
15 public, je ne parle pas des militaires. Le public pouvait savoir?
16 Réponse: Oui. Eh bien, je ne sais pas, sans doute que oui.
17 Mais pourquoi cela n'a pas été annoncée dans les médias du côté serbe, du
18 côté serbe rien n'a été dit, du côté musulman très peu, jusqu'à il y a
19 deux ans.
20 Question: Si le public en général, les personnes en général pouvaient
21 savoir, est-ce que les militaires, les personnes qui avaient des
22 responsabilités militaires pouvaient le savoir aussi ou non?
23 Réponse: Eh bien, sans doute que certains le savaient, mais une grande
24 partie des gens ne le savait pas.
25 Question: Oui.
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1 Vous en avez beaucoup parlé, vous connaissez bien le général Krstic. Est-
2 ce que vous savez si le général Krstic pouvait partager cette connaissance
3 de l'existence, au moins de la probabilité des rumeurs à propos de ces
4 événements? Est-ce que le général Krstic était en condition de savoir?
5 Si vous voulez je peux distinguer. Savez-vous s'il savait? Répondez à
6 cette question. Savez-vous s'il savait, en premier lieu?
7 Réponse: Il ne savait pas.
8 Question: Etait-il en condition de savoir, comme le public en général
9 savait?
10 Réponse: Il n'avait pas la possibilité de savoir parce qu'à partir du 13
11 déjà il était à Zepa. Il y avait des combats. Sans doute qu'il a dû
12 apprendre quelque chose plus tard parce qu'il était au commandement quand
13 même.
14 Question: Quand vous dites qu'il a pu connaître quelque chose plus tard,
15 est-ce que vous pouvez nous dire quand? Quand vous dites plus tard, vous
16 dites quand?
17 Réponse: Eh bien, je ne pense pas à une période très longue. Mais c'est
18 une supposition que je fais. Je suppose sans doute que quelqu'un a dû dire
19 ce qui c'était passé, parce que j'ai vu le général Krstic, je ne sais pas
20 quels mots employés, mais il est devenu un homme amère. Je ne savais pas
21 pourquoi. Plus tard, quand il est devenu commandant du Corps d'armée. On
22 aurait dit qu'il avait des problèmes particuliers, moi c’est l'impression
23 que j'ai eu pendant quelque temps.
24 Aussi bien en tant que commandant de Corps d'armée qu’en tant que chef
25 d'état-major, et après Srebrenica quand le quartier général était à
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1 Vlasenica il venait souvent au quartier général de notre unité parce que
2 c'était son unité d'origine. Et il rendait souvent visite aux troupes.
3 Donc nous avions de fréquents contacts avec lui. Nous parlions de
4 Srebrenica, pas mal.
5 Mais il était dans un état d’esprit assez bizarre. Et aujourd'hui quand
6 j'y repense, je pense qu'il a dû se sentir très mal par rapport à tout ce
7 qui s'était passé, qu'il a dû avoir beaucoup de regrets, moi c’est ce que
8 je pense.
9 Question: Donc vous nous dites que le général Krstic est devenu un peu
10 amère. Il y a là un moment quelconque.
11 Est-ce que vous pouvez nous dire plus ou moins quelle était l'époque? Vous
12 avez fait une relation, je crois après être devenu chef du commandant du
13 Corps de la Drina. Je ne sais pas si j’ai bien compris. Est-ce que j’ai
14 bien compris?
15 Réponse: Oui, oui. Pas quand il est devenu commandant mais encore plus
16 tard en 1995 à peu près, enfin à la fin en fait des combats sur le
17 territoire de la Republika Srpska.
18 Comme ça, à la fin, je crois que j'ai ressenti chez lui quelque chose.
19 M. le Président: Très bien, Témoin.
20 Vous venez de finir votre témoignage ici au Tribunal. Nous vous remercions
21 beaucoup d'être venue ici. Je vous félicite pour votre anniversaire encore
22 une fois et je vous souhaite un bon retour à votre endroit de résidence.
23 Témoin D/C (interprétation): Merci. Je remercie aussi ce Tribunal et la
24 Chambre pour la très bonne réception qui m'a été faite.
25 M. le Président: Vous devez attendre un peu que l'huissier soit là pour
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1 vous accompagner.
2 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
3 Je vois que Monsieur Harmon se lève. Je crois que nous avons des pièces à
4 conviction.
5 (Questions relatives à la procédure.)
6 M. Harmon (interprétation): C’est exact, Monsieur le Président.
7 Monsieur le Président, nous avons demandé le versement de deux pièces. Il
8 y a la pièce de l'accusation 791, ce rapport des pertes de la Brigade de
9 Bratunac, et l'autre c’est une série d'extraits vidéo qui porte la cote de
10 l’accusation 766.
11 S'agissant de la dernière pièce, il y avait cinq éléments faisant partie
12 de cette pièce, j'ai montré au témoin D/C trois de ces cinq éléments
13 constitutifs.
14 Nous demandons le versement au dossier de la pièce 766 avec les éléments
15 3, 4 et 5.
16 J'ajoute pour le compte rendu d'audience que nous n'avons pas demandé le
17 versement de deux pièces, deux de ces éléments venaient d'éléments
18 antérieurs et qui se retrouveraient dans le film de Petrovic, que nous
19 avons déjà versés au dossier, mais ici pour l'interrogatoire du témoin D/C
20 nous avons présenté les segments 3, 4 et 5. Merci.
21 M. le Président: Maître Petrusic?
22 M. Petrusic (interprétation): La défense n'a pas d’objection, Monsieur le
23 Président, par rapport à la pièce à conviction du Procureur 766 sous
24 éléments constitutifs 3, 4 et 5.
25 Mais s'agissant de la pièce de l’accusation 791, elle a été soumise au
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1 témoin D/C. C'est de cette façon qu'elle a été produite. C'est un rapport
2 relatif aux membres de la Brigade de Bratunac et je m'efforce par tous les
3 moyens d'essayer de comprendre pourquoi cette pièce est versée au dossier
4 parce que le témoin n'a pas parlé de membres individuelles de telle ou
5 telle unité du Corps de la Drina ou de l'armée de la Republika Srpska,
6 elle a identifié des personnes lorsqu'elle était en route entre Bratunac
7 et Konjevic Polje, et a dit qu'il s'agissait de représentants de l'armée
8 et de la police.
9 Nous ne pouvons pas contester la liste qui constitue la pièce 791. Nous en
10 connaissons la source et d'ailleurs ce que je suis en train de présenter
11 c'est simplement un commentaire au sujet de cette pièce à conviction.
12 En effet la défense n’émet aucun doute quant à l'authenticité de ce
13 document.
14 M. le Président: Ce qui est en cause, c'est l’utilité et notamment la
15 relation avec le témoignage.
16 M. Harmon (interprétation): Cette pièce nous la soumettons au motif que ce
17 témoin nous a déclaré que le 13 juillet elle avait vu des soldats de
18 l’armée et des membres de la police le long de la route Bratunac - Milici
19 qui participaient à des combats contre les unités musulmanes.
20 Hier le témoin a présenté la pièce D25, carte qui nous montre
21 l'emplacement de diverses unités de la Brigade de Bratunac qui
22 participaient à ce ratissage et qui longe en fait les dispositifs de la
23 Brigade de Bratunac, et dans la zone de responsabilité de Bratunac.
24 Nous avons demandé le versement de la pièce 791 pour montrer qu'il n'y a
25 pas eu de pertes et que s'il y avait eu des combats actifs le long de
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1 cette route en particulier, on aurait pu s'attendre dans ce rapport sur
2 les pertes à voir indiqué des pertes notamment, et on peut se dire que
3 cette pièce 791 montre de façon indirecte que si combat il y a eu, en fait
4 c’est très direct, même s'il y a eu des combats, la Brigade de Bratunac
5 n'a pas subi de pertes, de morts, et c'est important parce qu’on peut
6 tirer la conclusion que s'il y avait eu des combats à cette période le
7 long de cette route ce n'étaient pas des combats très durs.
8 Mais vous verrez les conclusions à tirer de l'examen de cette pièce, à
9 vous d’en juger. Nous parlerons du poids à accorder à cette pièce lorsque
10 nous présenterons notre réquisitoire.
11 M. le Président: Maître Petrusic?
12 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, si vous me le
13 permettez bien sûr, c'est à vous qu'appartient la décision, mais je
14 considère que l'évocation de la carte, dessinée par M. Harmon hier, ne
15 doit pas pouvoir être mise en rapport avec cette liste.
16 En effet, le 14 juillet le déploiement des unités de la Brigade de
17 Bratunac s'est fait sur ordre, et le commandant qui a donné cet ordre
18 était Vidoje Blagojevic. Nous en avons déjà parlé.
19 Le témoignage de la témoin D/C concerne la journée du 13 juillet. Le
20 Procureur, lui, parle de quelque chose qui s'est passé un jour plus tard.
21 Donc la défense maintient sa position.
22 Je rappelle que ce que je suis en en train de dire n'est qu'une
23 observation, une remarque, indépendamment de la façon dont ce document va
24 être utilisé.
25 (Les Juges se consultent sur le siège.)
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1 M. le Président: Donc la Chambre décide d'admettre les deux pièces à
2 conviction donc la 791, par rapport à cette pièce la Chambre accordera la
3 valeur probante qu'elle va juger, et la pièce 766/3, 4 et 5 sont aussi
4 admises.
5 Donc maintenant nous avons 20 minutes. Est-ce que vous avez un témoin,
6 Maître Petrusic?
7 M. Petrusic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, nous avons
8 encore deux témoins pour aujourd'hui!
9 M. le Président: Mais l'un peut rester pour demain ou il faut les entendre
10 aujourd'hui, sinon on a 10 minutes pour chacun?
11 M. Petrusic (interprétation): Selon notre plan, notre espèce de plan nous
12 pensions en fait que le témoin D/C allait parler beaucoup moins de temps
13 qu'elle ne l’a fait, or le Procureur a eu beaucoup de questions.
14 Nous avons prévu deux témoins, et il y en a un qui est un petit peu en
15 réserve.
16 Il nous reste aujourd'hui 20 minutes, donc je laisse la décision au
17 Président et aux Juges de cette Chambre. Faut-il ou ne faut-il pas
18 commencer son audition?
19 M. le Président: Nous allons commencer, il faut profiter du temps.
20 (Interrogatoire principal du témoin M. Vlado Rudovic par Me
21 Petrusic.)
22 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, ce témoin n'a demandé
23 aucune mesure de protection.
24 Mme Chen (interprétation): Peut-on me donner le nom du prochain témoin,
25 pour les sténotypistes?
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1 M. Petrusic (interprétation): Oui, son nom est Vlado Rudovic.
2 M. Harmon (interprétation): Monsieur le Président, dans l’attente du
3 témoin, je précise que j'ai fourni à la défense certaines pages du
4 transcript en ce qui concerne le colonel Trivic. J'aimerais que ces pages
5 nous soient remises et ne soient pas divulguées au-delà de ce prétoire.
6 M. le Président: Oui, c'était seulement pour préparer la réplique. Autant
7 que je sache, la défense a des déclarations de ce monsieur, l'accusation
8 aussi donc, de ce que j'ai compris quand même.
9 (La Greffière s'exécute.)
10 (Le témoin, M. Vlado Rudovic, est introduit dans le prétoire.)
11 M. le Président: Bonjour. Vous m'entendez?
12 M. Rudovic (interprétation): Bonjour. J'entends!
13 M. le Président: Très bien. Vous allez lire la déclaration solennelle que
14 M. l’huissier va vous tendre, s'il vous plaît, Monsieur Rudovic?
15 M. Rudovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
16 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
17 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. (Le témoin s’assoit.)
18 Essayez de vous asseoir le plus confortablement possible. Vous vous sentez
19 à l’aise?
20 M. Rudovic (interprétation): Oui.
21 M. le Président: Très bien. Merci beaucoup d'être venu, Monsieur Rudovic.
22 Vous allez répondre aux questions que l'avocat de la défense, Me Petrusic,
23 qui est debout à votre gauche, va vous poser. Après vous allez répondre
24 aux questions du Procureur et des Juges. Mais maintenant c'est Maître
25 Petrusic, vous avez la parole s’il vous plaît.
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1 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
2 Monsieur Rudovic, avant de commencer cette audition, je sais que vous avez
3 un peu le trac, c'est tout à fait naturel, mais comme le Président de la
4 Chambre vient de vous y encourager, je vous invite à vous détendre. Vous
5 pouvez bien entendu boire un peu d'eau, et respirez un peu et vous verrez
6 que ce qui se passera ici est tout à fait normal et ne présente pas
7 d’énormes difficultés.
8 Pouvez-vous, Monsieur Rudovic, nous dire où vous êtes né, où vous avez
9 vécu, où vous vivez actuellement, nous parler un petit peu de vous sur le
10 plan personnel?
11 M. Rudovic (interprétation): Il faut aussi la date?
12 Question: Oui.
13 Réponse: Je suis né le 23 septembre 1934 à Sokolac et je vis à Han-Pijesak
14 depuis 1952.
15 Question: Vous êtes retraité actuellement?
16 Réponse: Oui, je suis retraité et je vis à Han-Pijesak.
17 Question: Monsieur Rudovic, dites-nous, depuis quand avez vous participé à
18 la guerre?
19 Réponse: De quelle guerre? L'autre guerre ou celle de maintenant? La
20 guerre passée, parce que moi j'ai fait les deux. J’ai fait la deuxième et
21 celle-ci aussi.
22 Question: Bien. Puisque vous êtes en train de parler de cela, dites-moi,
23 vous avez donc participé à la deuxième guerre mondiale aussi?
24 Réponse: Oui, j'étais jeune pendant la deuxième guerre mondiale. Question:
25 Je suppose que vous étiez estafette à ce moment-là?
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1 Réponse: Oui, j'étais jeune, j’étais estafette, je transmettais des
2 messages dans cette guerre, importants.
3 Question: Et dans cette guerre, celle de 1992, vous y avez participé
4 jusqu’en 1995?
5 Réponse: J'ai participé à cette guerre depuis le 13 août 1992.
6 Question: Donc est-il permis de dire que vous avez été mobilisé le 13 août
7 1992?
8 Réponse: Non, non, j’étais volontaire.
9 Question: Mais vous aviez déjà un certain âge?
10 Réponse: J'avais un certain âge, mais il y a quelque chose qui m’a poussé
11 a être volontaire.
12 Question: Quelles sont les raisons qui vous ont poussé quand vous vous
13 êtes présenté volontairement devant l'armée de la Republika Srpska?
14 Réponse: Eh bien tout simplement qu'ils m'ont tué mon fils, les Musulmans,
15 ceux qu'on appelle aujourd'hui les Bosniens le 7 août 1992 et c’est cela
16 qui m’a poussé à prendre un fusil et à aller à la guerre.
17 Question: Votre fils est tombé au combat?
18 Réponse: Il est mort dans le village. Ils étaient six qui sont morts
19 ensemble; une femme de 75, 76 ans, un homme de 75, 76 ans lui aussi, il y
20 en avait un qui avait 70 ans et ils ont assassiné un jeune homme un peu
21 retardé qui…Et puis les deux autres, ce professeur et mon fils. Ce
22 n'étaient pas des combats, c’étaient des assassinats. Après l'enterrement
23 de mon fils, c'est normal, je suis parti pour l'armée.
24 Question: Donc lorsque vous dites que vous avez été volontaire je suppose
25 que vous vous êtes présenté devant une instance de la défense
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1 territoriale? Qui se chargeait de ce genre de travail à l’armée?
2 Réponse: Il y avait le service de recrutement pour ceux qui étaient aptes
3 à combattre, moi, je me suis présenté volontairement, on m’a enregistré.
4 On ne m’a pas déployé, c’est moi qui suis allé personnellement auprès de
5 cette unité.
6 Question: De quelles unités s’agit-il?
7 Réponse: De la 2e de Romanija.
8 Question: Où est-ce qu’on vous a envoyé, sur quelle position?
9 Réponse: Sur la position où était mon fils, à cet endroit-là, dans cet
10 endroit.
11 Question: Quel endroit?
12 Réponse: A Borovine il y a eu des maisons qui ont été incendiées, des gens
13 qui se sont fait tuer et moi je me suis joint à ceux qui y étaient pour
14 aller plus loin.
15 Question: Au début du mois d’août, pour être plus précis, le 8 août 1992,
16 vous arrivez là?
17 Réponse: Le 13 août!
18 Question: Excusez-moi, le 13 aôut.
19 Réponse: Oui.
20 Question: Dites-moi rapidement, est-ce qu'il y avait des combats à cet
21 endroit-là?
22 Réponse: Il y en avait à ce moment-là. Après il n'y en a plus eu pendant
23 quelques jours, il n'y en a plus parce qu'à ce moment-là à Veliki Zep ils
24 ont fait prisonniers ces jeunes gens. Il y a eu toute une procédure des
25 négociations, cela s’est terminé par le fait que je ne sais pas combien de
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1 tonnes, 50, 70 tonnes de farine et puis du carburant et du sel ont été
2 donnés.
3 Question: Monsieur Rudovic, je vous demanderai simplement de parler peut-
4 être un peu plus lentement pour les interprètes quand vous répondez à mes
5 questions.
6 Donc nous sommes en train de parler de la région environnante de Han-
7 Pijesak, n'est-ce pas?
8 Réponse: Oui, le secteur environnant, entourant Han-Pijesak.
9 Question: Dans ces villages situés autour de Han-Pijesak, donc on trouve
10 d’un côté des villages serbes…
11 Réponse: Et de l’autre des villages musulmans.
12 Question: Et de l'autre côté des villages musulmans, n’est-ce pas?
13 Réponse: Oui, c’est exact. Il y a une ligne à cet endroit-là parce qu'il
14 n'y a pas dans cette zone de villages mixtes comme c'est le cas assez
15 souvent.
16 Il y a d'un côté un secteur qui est complètement musulman et de l'autre un
17 secteur complètement serbe, ils ne sont pas mélangés, il y a 10 ou 20
18 kilomètres entre les deux. Pourquoi c’est comme cela? Mais il y a une
19 ligne. Pourquoi c’est comme cela je ne sais pas?
20 Question: Mais à l'époque il y avait des combats entre l'armée musulmane
21 et vous, c'est-à-dire l'armée serbe sur la ligne de démarcation entre ces
22 villages, n'est-ce pas?
23 Réponse: Eh bien, il n'y en a pas eu tant qu'ils n'ont pas attaqué le
24 village dont je parlais, aucun combat, mais à partir du moment où cela
25 s’est constitué alors là les combats ont commencé. Eux, ils ont attaqué
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1 des villages qui se défendaient, les autres se défendaient et c’est là que
2 ça a commencé à se séparer et puis la Brigade de Romajina est arrivée, la
3 2e de Romajina, enfin je veux dire ses dirigeants sont arrivés, ont créé
4 une ligne et ils ont chassé les autres. Et cette ligne, comment je peux
5 dire, cette ligne séparait les deux groupes de villages de sorte qu’eux ne
6 pouvaient plus entrer en contact avec nous et nous nous ne pouvions plus
7 entrer en contact avec eux. Et cette ligne était à 4, 5 kilomètres de leur
8 village et à 4, 5 kilomètres de nos villages.
9 Question: Est-ce qu’il y avait des passages de cette ligne? Est-ce qu’il y
10 avait des combats sur cette ligne? Est-ce que quelque chose de particulier
11 se passait?
12 Réponse: Evidemment quelque chose se passait, il y avait très peu de
13 soldat, alors eux ils pouvaient passer comme ils voulaient et ils allaient
14 dans les villages, là-bas, dans notre dos. Et là-bas, qu'est-ce qu'ils ne
15 faisaient pas; ils prenaient le bétail, ils emmenaient les personnes âgées
16 et c'était tous des gens qui ne pouvaient pas bouger et qui étaient restés
17 chez eux.
18 Question: Je voudrais que nous nous comprenions bien, que tout soit clair.
19 Donc la période dont vous êtes en train de parler, c’est la période qui a
20 précédé la création de la zone protégée?
21 Réponse: Non, non, non, en 1992, je ne parle que de 1992.
22 Question: Quand vous avez parlé avec moi pour préparer votre témoignage,
23 vous m'avez dit qu'il y avait là un groupe de soldats qui a été tué en
24 1992, début de l'année 1992.
25 Et puis…Un instant, un instant je vous prie. Quand je termine ma question,
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1 je vous demanderai de ménager une pause de 15, 20 secondes et ensuite de
2 répondre, je vous rappelle cela pour les interprètes, s'il vous plaît. Je
3 vous en prie.
4 Réponse: Eh bien, cela s'est passé le 4 juin à l'émetteur de Zlovrh. Il y
5 avait là-bas un émetteur militaire gardé par une quinzaine de soldats.
6 L'armée est arrivée là-bas avec des véhicules et ils sont passés par trois
7 villages, et il n'y avait que des habitants, personne d'autre. Et quand
8 ils sont arrivés à Kakanj, alors là ça a tiré. Et moi, j’ai vu plus tard
9 tout ce qui s'était passé, j'ai vu tous les morts, les soldats ont tout
10 ramassé. L'armée, c'est l'armée.
11 Et puis c'était horrible, un homme normal ne peut même pas décrire ce
12 genre de choses. Un homme qui avait été brûlé vif, qui avait des choses
13 enfoncées dans les yeux, qui avait été allumé comme ça. Et puis j'ai vu
14 une petite fille, 13/14 ans peut-être, complètement nue et qui avait été
15 coupée dans ce sens et dans ce sens-là et qui était allongée morte sur
16 l'herbe dans un pré.
17 On a retiré tout ces morts, on les a mis de côté, et la ligne s’est de
18 nouveau stabilisée, et cela a continué jusqu'à Borovina.
19 Quand ils ont attaqué Borovina, alors là il y a eu un déplacement de la
20 ligne vers l'arrière, 4 à 5 kilomètres peut-être, la ligne dont je parlais
21 entre les villages.
22 Et puis, eux, ils ont continué à provoquer, mais nous nous ne pouvions pas
23 attaquer, nous n’avions pas le droit, il y avait quelqu’un qui donnait des
24 ordres.
25 Si on te dit: t’as pas le droit d'avancer, point final, tu ne bouges pas!
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1 Et en octobre on est allé vers l'arrière, de nouveau vers le village.
2 Et puis, l'hiver, quand ils ont commencé à provoquer, alors il a fallu
3 bouger de nouveau, aller encore un peu plus en arrière, au mois d'avril ça
4 s'est passé, donc au mois d'avril tout a été réglé. Le lieutenant-colonel
5 Krstic, à l’époque, menait l'action. Il a donné un ordre.
6 On s'est arrêté sur nos positions et on nous a expliqué ce qu’était une
7 zone protégée, c’était déjà au mois de mai, qu'on n'avait pas le droit de
8 tirer, qu'ils étaient désarmés, est-ce que je sais, qu'il fallait
9 respecter tout ça et les choses sont restées comme ça.
10 D’ailleurs nous étions très peu nombreux, des représentants de la 2e de
11 Romanija, c’était juste un Régiment qui est resté sur place, et il est
12 resté uniquement pour le maintien de l'ordre, mais eux ils n'ont pas
13 respecté les choses.
14 Question: J'aimerais brièvement que nous revenions en 1992. Le 13 août,
15 vous êtes versé dans la 2e Brigade de Romanija?
16 Réponse: Oui, la 2e de Romanija.
17 Question: Et vous dites qu’en mai 1992 le lieutenant-colonel Krstic vous a
18 expliqué ce qu’était une zone protégée?
19 Réponse: Oui, une zone protégée.
20 Question: Mais ce n'était pas en 1993 que cela s’est passé?
21 Réponse: Oui, en 1993, parce qu’en octobre 1992 on a battu en retraite et
22 ensuite début 1993 on a repris nos anciennes positions.
23 Question: Quand le lieutenant-colonel Krstic, et il est général
24 aujourd'hui, c'est bien Radislav Krstic dont vous parlez?
25 Réponse: Oui, Radislav Krstic.
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1 Question: C'était la première fois que vous le voyiez?
2 Réponse: Je l'avais déjà vu avant parce que je ne sais pas où il a fait le
3 service militaire et ses études pour devenir officier, mais enfin moi
4 j'étais dans la région de Han Pijesak et je l'avais déjà vu, mais là
5 c'était la première fois que je servais personnellement sous ses ordres.
6 Question: En 1993?
7 Réponse: Oui, en 1993, à la fin du mois d’avril au début du mois de mai.
8 Question: Et à l'époque il était commandant de la 2e Brigade de Romanija,
9 n’est-ce pas?
10 Réponse: Oui, oui, il était commandant.
11 Question: Pouvez-vous nous dire, plus en détail, si vous le connaissiez,
12 si vous l'avez vu personnellement plus tard?
13 Réponse: Eh bien, quand tout cela nous a été expliqué, quel était notre
14 rôle, qu'ils étaient désarmés là-bas, qu'il fallait faire attention, qu’il
15 ne fallait rien leur faire de mal, que nous devions faire régner l'ordre,
16 et que si on voyait quelqu'un qui travaillait la terre ou qui s'occupait
17 de son bétail on ne pouvait rien lui faire de mal, à moins qu’il ne porte
18 une arme.
19 A ce moment-là, je lui ai dit: "mais est-ce que savez que mon fils est
20 mort?", d'ailleurs pas seulement qu'il est mort mais qu'il a été tué,
21 parce qu’ils ne sont pas morts ils ont été tués, alors je lui ai dit: "tu
22 vois à quoi ça ressemble, lui c’est mon fils et moi j'ai pas le droit, lui
23 c’est mon neveu et moi j'ai pas le droit", et il m'a dit: "non, t'as pas
24 le droit", moi je me suis dit: eh bien, quel drôle d'officier, mais enfin
25 je suis un homme âgé et je suis raisonnable, et il m'a dit: "c'est une
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1 zone protégée, tu as bien compris, c’est clair", mais j'ai dit: "comment
2 est-ce que ça peut être clair pour nous, eux ils ont le droit d’y aller et
3 nous pas".
4 Question: Mais qui, qui a le droit d’y aller?
5 Réponse: Mais lui, M. Krstic, mais cela ça m’a quand même un peu étonné.
6 Il m'a dit: "t'as pas le droit", et je ne veux pas pousser qui que ce soit
7 au crime, donc je ne l’ai pas touché, c'est un commandant, je ne vais pas
8 le toucher, mais je me suis tourné vers lui et je lui ai dit: "dent pour
9 dent, œil pour œil, tant pis pour le peuple", moi c’est ce que je pense,
10 et j'ai tourné le dos et je n'ai plus revu Krstic jusqu'à plus tard,
11 quelque part en 1994, après il a été blessé et je ne l'ai plus revu
12 jusqu’en 1995.
13 Question: Donc quand il y a eu cette polémique entre vous et Krstic, et
14 quand vous avez exprimé votre rage, votre colère, Krstic vous a dit qu'il
15 ne pouvait pas...
16 Réponse: Oui, oui, tout à fait, il m’a dit: "un soldat serbe doit être
17 comme ci et comme ça".
18 Question: Mais il vous a dit qu'il devait être comment?
19 Réponse: Il m'a dit qu'il devait se comporter normalement, il m'a bien dit
20 de me comporter normalement, il m'a dit que je n’avais pas le droit, que
21 personne n'avait le droit d'attaquer les civils, sauf un seul cas le cas
22 où nous aurions été attaqués. Alors moi, il fallait que j'attende d'être
23 attaqué!
24 Et puis ensuite, il a continué en me disant: "un prisonnier de guerre, tu
25 n’as pas le droit de lui faire ci, tu n'as pas le droit de lui faire ça,
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1 il faut le garder en détention, ne pas le toucher".
2 Question: De sorte que finalement il n'y avait pas de problème?
3 Réponse: Oui, oui, eux, ils sont entrés parce qu’entre une position et une
4 deuxième position ils avaient 7 kilomètres à peu près, c'était un espace
5 qu’ils avaient, dans lequel ils circulaient.
6 M. Petrusic (interprétation): Monsieur Rudovic, nous allons nous arrêter
7 ici pour aujourd'hui, nous finirons demain matin, bien sûr avec
8 l’autorisation de la Chambre, car l'heure est arrivée.
9 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, je voudrais demander
10 que l'on écoute la cassette enregistrée pour la page 99 du compte rendu
11 d'audience, lignes 5 à 13. Je demanderai que l'on réécoute ce passage et
12 qu'on vérifie ce qui figure au compte rendu.
13 M. le Président: Les interprètes ont certaines difficultés. Pouvez-vous
14 répéter, s'il vous plaît, votre demande ou votre question ou votre
15 observation?
16 M. Visnjic (interprétation): Mon observation porte sur la traduction en
17 anglais page 99 lignes 5 à 13 du compte rendu d'audience en anglais.
18 Je ne vais pas vous donner tous les détails maintenant, mais je propose
19 qu'après la fin de l'audience les interprètes puissent réécouter la
20 casquette originale pour essayer de remettre la traduction en l'état sur
21 le compte rendu.
22 M. le Président: Je crois que c'est plus pratique, et je crois que les
23 interprètes sont d'accord avec cette procédure, de reposer la question et
24 de réentendre la réponse. Vous êtes d'accord pour prolonger de deux
25 minutes.
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1 Maître Petrusic, il y a ici quelque chose qui ne s'est pas bien passé. Il
2 faut répéter la question et entendre la réponse du témoin.
3 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, je me propose de
4 vérifier le compte rendu d'audience en anglais à la fin de l'après-midi et
5 je poserai des questions appropriées demain à ce témoin.
6 M. le Président: C'est une autre bonne suggestion, oui, vous allez donc
7 relire le transcript et demain vous reposerez votre question.
8 Je remercie les interprètes pour leur disponibilité et d'avoir bien voulu
9 prolonger un peu.
10 Donc Monsieur Rudovic, nous allons en rester ici aujourd’hui. Nous allons
11 avoir le plaisir de vous revoir demain à 9 heures 20. Je lève la séance
12 pour aujourd'hui.
13 (L'audience est levée à 15 heures 05.)
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