Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-95-16-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Mardi 13 Octobre 1998

  4   (L'audience est ouverte à 10 heures 05.)

  5   M. Bos (interprétation). - Bonjour, l'affaire IT-95-16-T, le

  6   Procureur du Tribunal contre Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic,

  7   Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic, Vladimir Santic alias as

  8   "Vlado".

  9   M. le Président (interprétation). - Bonjour. Je vais saisir ces

 10   quelques secondes dont nous disposons avant l'arrivée du témoin. Cela va

 11   peut-être paraître exagéré mais est-ce que le Procureur pourrait nous

 12   fournir une liste des témoins avec les précisions apportées quant aux

 13   mesures de protection demandées ?

 14   Nous avons reçu une liste des différents procureurs qui vont

 15   procéder à l’interrogatoire principal mais nous avons besoin d'une liste

 16   qui précise les mesures de protection.

 17   M. Moskowitz (interprétation). - Pour ce qui est des témoins

 18   restant cette semaine, ces témoins n'ont pas demandé des mesures de

 19   protection.

 20   M. le Président (interprétation). - Aucun d'entre eux ?

 21   M. Moskowitz (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le

 22   Président. Du moins pour cette semaine. Nous ne parlons pas des témoins

 23   appelés par la Chambre.

 24   M. le Président (interprétation). - Ce témoin en particulier a

 25   demandé le huis clos. Je vous remercie.


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  1   Je crois que c'était Me Glumac qui était en train de procéder au

  2   contre-interrogatoire.

  3   M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, les

  4   accusés viennent de m’annoncer qu’ils ne reçoivent pas de traduction dans

  5   leurs écouteurs.

  6   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Je vais

  7   voir ce qu'il se passe. Est-ce que l'huissier pourrait peut-être aider à

  8   trouver le bon canal ? Il faut peut-être changer de casques aussi.

  9   Est-ce que vous recevez l'interprétation ?

 10   (Signe affirmatif des accusés.)

 11   Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, Monsieur

 12   et Madame les Juges, bonjour. Nous nous étions arrêtés hier sur le village

 13   de Miletic et sur la visite que vous avez faite à ce village. Pouvez-vous

 14   me dire ce que vous avez pu voir dans ce village ?

 15   Témoin HH (interprétation). - Nous sommes arrivés à ce village

 16   et nous avons été amenés à une maison précise. Nous sommes entrés dans

 17   cette maison et avons trouvé une pièce qui avait été partiellement

 18   détruite, où il y avait du sang sur le sol et sur les murs.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Et la population locale restée

 20   dans le village, est-ce que qu'elle vous a raconté ce qui s'était produit

 21   dans le village.

 22   Témoin HH (interprétation). - Effectivement.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Qu'ont-ils dit ?

 24   Témoin HH (interprétation). - Ils nous ont dit que plusieurs

 25   Mujahidins, si je ne me trompe pas, ils parlaient de cinq Mujahidins qui


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  1   seraient venus dans le village quelques trois jours avant ces événements.

  2   Si je me souviens bien, tout ceci s'est produit le 16 avril.

  3   Et c'est à ce moment-là que les meurtres auraient été commis,

  4   ils ont harcelé les villageois et se sont installés dans cette maison. Il

  5   nous a été dit qu'il y avait deux frères qui vivaient dans cette maison.

  6   C'étaient des combattants croates et apparemment ces Mujahidins

  7   attendaient le retour de ces deux hommes de la ligne de front mais je

  8   crois qu'on l'a dit, qu'ils attendaient le retour de la ligne de front.

  9   Souvent on a entendu ce terme de Mujahidins être utilisé pour parler des

 10   Musulmans, en général.

 11   Toutefois, la femme avec qui j'ai parlé m'a dit que c'étaient

 12   des étrangers, que c'étaient, de façon certaine, des Mujahidins de

 13   l'étranger. Que ce n'était pas simplement un terme utilisé pour parler des

 14   Musulmans.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Dans votre rapport, l'on avance

 16   l'effectif des personnes qui ont été tuées donc, il s'agit de cinq, je

 17   crois, qui ont été tuées et dont certaines ont été torturées.

 18   Est-ce que ceci correspond aux faits que vous avez pu établir

 19   là-bas ?

 20   Témoin HH (interprétation). - Oui.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Donc entre vingt sept et trente

 22   quatre Croates de ce village se seraient enfuis de crainte de

 23   représailles. Est-ce que vous vous rappelez ce fait-là ?

 24   Témoin HH (interprétation). - Je me ne me souviens plus du

 25   chiffre exact. Mais ceci a été porté à la connaissance du bataillon


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  1   britannique ainsi qu'à la nôtre car le HCR craignait que les autres

  2   villageois prennent la fuite provoquant ainsi une autre crise humanitaire.

  3   Les représentants du HCR pensaient que la situation pouvait être

  4   maîtrisée, je crois que cette personne a essayé de persuader le bataillon

  5   britannique de protéger le village. Je ne sais pas, il me reste ce chiffre

  6   de vingt sept ou de trente sept en tête, en tout cas plus de la moitié des

  7   villageois avait quitté le village.

  8   Mme Glumac (interprétation). - A ce moment-là, vous avez conclu,

  9   sans aucun doute possible, qu'il s'agissait de Croates qui avaient été les

 10   victimes. Est-ce exact ?

 11   Témoin HH (interprétation). - On nous a dit qu'il s'agissait

 12   d'un village croate, je ne sais pas si tous les villageois étaient croates

 13   mais qu'apparemment ce village était croate. Toutes les victimes étaient

 14   croates et que trois sur cinq des personnes n'étaient pas du village mais

 15   que ces deux frères étaient propriétaires de cette maison. C'était leur

 16   maison familiale, je crois qu'ils y vivaient.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'à ce moment-là, au

 18   moment de votre séjour, vous avez également visité d'autres villages

 19   croates, des villages d'où les Croates s'étaient enfuis. Pouvez-vous vous

 20   rappeler cela ?

 21   Témoin HH (interprétation). - Pas dans le contexte de cette

 22   mission. Nous nous sommes beaucoup déplacés, surtout la première journée.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez été à

 24   Zenica ? Est-ce que vous vous rappelez cela ?

 25   Témoin HH (interprétation). - Oui nous sommes allés à Zenica.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez pu constater

  2   là-bas quelques problèmes en relation avec la situation et la condition

  3   faite aux Croates à ce moment-là ?

  4   Témoin HH (interprétation). - Non pas vraiment, pas à ce moment-

  5   là.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Dans votre rapport on dit

  7   également qu'il y a eu des exécutions arbitraires et des mauvais

  8   traitements qui ont été infligés par des forces gouvernementales, par

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine et qu'il y avait des risques de vengeance,

 10   de représailles de purification ethnique à l'endroit des Croates, des

 11   civils Croates et aussi dans la région de Zenica, et que cette menace est

 12   effectivement réelle.

 13   M. May (interprétation) -  Un instant s'il vous plaît.

 14   Où trouvez-vous cet extrait dont vous faites lecture Maître

 15   Glumac ?

 16   Mme Glumac (interprétation). - Dans la troisième partie, dans

 17   les conclusions, dans l'alinéa 40.

 18   M. May (interprétation) -  Merci, et vous avez fait auparavant

 19   référence à cinq Croates. Où cet extrait se trouve-t-il ?

 20   Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit du deuxième alinéa,

 21   point 37 sur la même page.

 22   M. May (interprétation) - Là on fait état de la région de Vitez,

 23   c'est cela ?

 24   Mme Glumac (interprétation). -  Non il s'agit ici de cet alinéa,

 25   le deuxième alinéa, exécution sommaire par le fait des forces


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  1   gouvernementales de la région de Vitez.

  2   M. May (interprétation) -  Donc on ne fait par particulièrement

  3   référence à Ahmici en tant que telle, mais à la région de Vitez, il faut

  4   que ce soit bien clair.

  5   Mme Glumac (interprétation). - C'est au même moment et les

  6   événements ont été tous mêlés les uns avec les autres, donc je pense qu'on

  7   peut tenir compte de l'ensemble de ces événements pour apporter les

  8   preuves qui se réfèrent au même ensemble d’événements.

  9   M. May (interprétation) - Tout à fait, mais pour que je puisse

 10   suivre les débats, cette référence dans ce paragraphe semble renvoyer à

 11   Miletic dans ce village-là.

 12   Mme Glumac (interprétation). -  Oui, effectivement.

 13   M. May (interprétation) -  Je vous remercie.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Vous rappelez-vous ici de cette

 15   partie ou n'avez-vous plus de souvenirs à ce sujet en rapport avec ce

 16   problème à Zenica, ce jour là partir du 16 avril et les jours suivants ?

 17   Témoin HH (interprétation). - Nombreux étaient les problèmes se

 18   présentant dans la région à l'époque, la situation était loin d'être

 19   claire.

 20   On faisait état d'incidents dans toute la vallée ainsi que dans

 21   d'autres parties, dans beaucoup d'autres parties de la Bosnie.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Votre mandat couvrait l'ensemble

 23   de la vallée de la Lasva si j'ai bien compris. Vous deviez établir un

 24   rapport sur la situation des droits de l'Homme sur l'ensemble de la

 25   vallée, il n'y a pas seulement le village d'Ahmici, mais il y avait


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  1   également Vitez, la région autour de Vitez. Vous avez également parlé ici

  2   du problème de Zenica, ceci dont relevait du ressort de votre mandat à ce

  3   moment-là et c'est pour cela que je vous pose ici cette question. Avez-

  4   vous procédé à d'autres enquêtes à ce moment-là ?

  5   Témoin HH (interprétation). - Uniquement les deux que j'ai

  6   mentionnés. De surcroît, vous verrez que nous avons repris d'autres

  7   informations qui nous ont été rapportées dans la mesure des possibilités

  8   dont nous disposions à l'époque ?

  9   Mais je ne sais pas quelles sont les informations rapportées par

 10   M Mazowieski à Genève. Nous avons tenté de donner la meilleure couverture

 11   possible de la situation.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Dites-moi, est-ce que vous vous

 13   êtes entretenu avec le colonel Steward ces jours-là ?

 14   Témoin HH (interprétation). - A plusieurs reprises.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous vous rappelez, si

 16   le 4 mai, donc avant votre arrivée à Ahmici, vous avez eu, donc avant cet

 17   entretien avec le colonel, un entretien avec M. Ahavan, donc avant votre

 18   départ pour Ahmici, avant que vous n'entamiez votre recherche des

 19   maisons ?

 20   Témoin HH (interprétation). - Il se peut que c'était le cas, je

 21   suis sûr que nous avons eu des conversations à plusieurs reprises en

 22   passant.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous que vous rappelez

 24   qu'à ce moment-là les journalistes également se trouvaient avec vous, donc

 25   les journalistes qui se trouvaient dans le village à ce moment-là, donc


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  1   est-ce que vous vous rappelez la présence de ces journalistes ?

  2   Témoin HH (interprétation). - Il s'est présenté une situation où

  3   le colonel avait une réunion avec les officiers de liaison des deux

  4   parties au conflit, je crois que c’était la maison occupée par les

  5   responsables de liaison pour l’ECMM. C'était une base qui était utilisée

  6   pour assurer la liaison entre les autorités locales et ces organisations,

  7   c'était un endroit où il y avait des réunions pour la liaison. Nous avons

  8   attendu devant la maison en vue de parler avec le colonel pour voir quand

  9   nous pourrions nous rendre à Ahmici, c’est pour ça que nous attendions

 10   dehors. Ces journalistes étaient là, ils étaient exclus de la réunion. Ils

 11   étaient à l'extérieur et je sais qu'ils ont essayé de nous interviewer,

 12   mais nous n’avions pas l'autorisation d'accorder de tels interviews.

 13   Mme Glumac (interprétation). - A la suite de vos entretiens que

 14   vous avez pu avoir avec les victimes que vous avez pu rencontrer à Zenica,

 15   est-ce que vous avez une liste des noms des personnes avec lesquelles vous

 16   avez parlé au colonel Stewart, que vous soupçonniez d’être les auteurs des

 17   crimes perpétrés à Ahmici, est-ce que vous avez donné des noms au

 18   colonel Steward à cette occasion-là ?

 19   Témoin HH (interprétation). - Je ne pense pas. Nous avons

 20   longuement discuté avec ces officiers mais je ne pense pas que nous ayons

 21   fourni quelques renseignements que ce soit au Bataillon britannique, il

 22   est possible que quelque chose ait été remis à ce Bataillon, mais je ne

 23   pense pas que cela était vraiment des documents c’était plutôt une

 24   conversation.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez écrit


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  1   certains noms qui sont mentionnés, où l’on mentionnait les noms de

  2   réfugiés, en provenance d'Ahmici, les avez-vous rédigé ces noms ?

  3   Témoin HH (interprétation). - Vous voulez dire le nom des

  4   auteurs ou des réfugiés ?

  5   Mme Glumac (interprétation). - Les noms des auteurs.

  6   Témoin HH (interprétation). - Je ne pense pas.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Donc ceci signifie que vous

  8   affirmez que nous n’avez donné aucun nom au colonel Stewart en relation

  9   avec les événements d'Ahmici ?

 10   Témoin HH (interprétation). – Non, je ne pense pas.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes, d'une

 12   manière ou d'une autre, également rendu à Vitez au cours de ces jours-là ?

 13   Témoin HH (interprétation). - Oui dans le cadre d'une

 14   patrouille.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

 16   ce que vous avez pu déterminer là-bas, est-ce que vous êtes entré dans la

 17   localité de Stari Vitez à cette occasion-là ? Donc, il s’agit ici de

 18   Stari Vitez, la partie musulmane de la municipalité de Vitez.

 19   Témoin HH (interprétation). - Oui, je crois que cela s'est passé

 20   le premier jour dans le cadre de la première patrouille qui avait été

 21   organisée pour le bataillon qui prenait la relève et cet endroit nous a

 22   été désigné ; nous nous sommes arrêtés. Apparemment, il y avait une

 23   séparation, il y avait quelques routes qui séparaient les deux quartiers

 24   et quelque chose nous a été montré à ce moment-là.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Donc est-ce que vous avez pu ici


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  1   constater que l'on avait dressé des barricades, que l’on avait établi des

  2   tranchées, que l’on avait établi des points de défense.

  3   Témoin HH (interprétation). - Il y avait des positions qui

  4   avaient été établies sur plusieurs routes ou rues, il y avait des

  5   personnes armées à de nombreux endroits de Vitez et autour de Vitez

  6   également.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez pu également constater

  8   la présence de soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine et combien de

  9   soldats auriez-vous pu voir dans la partie de Stari Vitez ?

 10   Témoin HH (interprétation). - Je ne sais pas si je peux vous

 11   donner un nombre. Il y avait des hommes armés à divers endroits. Il y

 12   avait un groupe de quatre hommes à un endroit, un autre groupe, il y a en

 13   avait deux ou trois. S'il me fallait vous donner une estimation du nombre

 14   total de personnes que j'ai vues, peut-être trente voire quarante ? Ce

 15   n'est qu'une estimation, je n'ai jamais fait le décompte exact.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que, au moment où vous

 17   vous trouviez là-bas, que vous êtes rentré à Stari Vitez, est-ce qu'il y

 18   avait des activités de la part de tireurs embusqués dans le quartier

 19   Stari Vitez ?

 20   Témoin HH (interprétation). - Il n'y avait pas d'hostilités à ce

 21   moment-là. Nous nous sommes approchés en véhicule de cette partie et je

 22   crois qu'à ce moment-là le char s'est arrêté. Comme l'environnement

 23   n'était pas très sûr, nous étions dans un char verrouillé, nous n'avions

 24   pas beaucoup d'ouvertures.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Il y eu des échanges de coups de


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  1   feu de la part de tireurs isolés dans cette même partie de la commune ?

  2   Témoin HH (interprétation). - Non, pas au moment de cette

  3   visite, dans cette partie-là de la ville.

  4   Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne ces notes que

  5   vous aviez hier, il s'agit de la note sur laquelle vous avez lu les noms

  6   des personnes dont vous supposez que vous les avez trouvées dans la maison

  7   de (expurgé). D'où vous proviennent ces notes ?

  8   Témoin HH (interprétation). - Eh bien, je suppose que ces notes

  9   sont restées dans mon bureau, elles m'ont été remises par le Bureau du

 10   Procureur.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Ceci signifie qu'il s'agit de ces

 12   notes qui ont été retirées ici de la bande magnétique sur laquelle vous

 13   avez fait la déposition de (expurgé). Il s'agit de ces notes qui sont de

 14   cette source-là ?

 15   Témoin HH (interprétation). - Ce sont effectivement ces notes-

 16   là. C'est à la fois des parties de transcript et puis de souvenirs que

 17   j'ai consignés par écrit aux fins d'aider toutes personnes chargées de

 18   mener une enquête par la suite.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie que ces notes et

 20   les notes avec la liste des noms des victimes, ce sont des notes qui vous

 21   proviennent du Procureur, de l'accusation, ces cassettes, c'est ce que

 22   vous dites, n'est-ce pas ?

 23   Témoin HH (interprétation). - Il ne s'agit pas de notes

 24   séparées, c'est un seul jeu de documents, un seul document. J'ai reçu

 25   copie de ce document de la part du Procureur, effectivement.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Seulement un instant, je vous

  2   remercie.

  3   Compte tenu du fait que le témoin a confirmé l'origine de ces

  4   notes, je ne vois pas pourquoi ces notes sont présentées pour l'examen ici

  5   des moyens de preuve. Je pense que ces notes auraient dû également être

  6   présentées comme moyen de preuve au conseil de la défense pour que nous

  7   aussi nous puissions analyser de quoi il s'agit.

  8   M. le Président (interprétation). - Maître Moskowitz ?

  9   M. Moskowitz (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, ces

 10   notes, dans l'état où nous les avons, ne sont pas des déclarations d'un

 11   quelconque témoin qui aurait déposé. Ce sont, comme l'a dit ce témoin, ses

 12   notes, c'est le souvenir qu'il a consigné de ce qu'il s'était passé. On y

 13   retrouve un mélange de souvenirs et de ce qu'il a pu obtenir de la

 14   transcription de la cassette avec ses deux témoins. Ce ne sont pas des

 15   déclarations qui ont été revues par un témoin ou signées par un témoin.

 16   A notre avis, ce n'était pas non plus une déclaration préalable

 17   de ce témoin, c'est simplement ce qu'il a consigné comme étant le souvenir

 18   de ses entretiens avec ses victimes, ceci ne s'inscrit pas dans une

 19   catégorie nécessitant la communication préalable. C'est utile au témoin en

 20   tant que journal intime pour l’aider à se souvenir de ces conversations

 21   qu'il a eues à l’époque. Ce qui est intéressant dans son témoignage, ce

 22   sont ses souvenirs, assistés par ce rapport dactylographié mais nous avons

 23   eu plusieurs témoins qui avaient des journaux personnels et qui les ont

 24   utilisés pour se remémorer leurs souvenirs et qui n'ont jamais fait

 25   l'objet d'une communication préalable à la défense. Nous ne nous opposons


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  1   pas à ce que ce soit communiqué à la Chambre ainsi qu’aux conseils de la

  2   défense afin d'établir la vérité quant à ces faits et de déterminer la

  3   crédibilité de ce témoin et de ses souvenirs.

  4   M. le Président (interprétation). - Vous êtes disposé à

  5   communiquer ces notes à la Chambre et la défense ?

  6   M. Moskowitz (interprétation). - Oui.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Nous n'allons pas avoir la même

  8   attitude vis à vis des notes que par rapport à la déposition. Mais ces

  9   notes peuvent avoir leur importance étant donné que le témoin a confirmé

 10   ces notes. Il n’y a aucune raison pour que cela ne soit pas communiqué aux

 11   conseils de la défense.

 12   M. le Président (interprétation). - Il en est ainsi décidé. Vous

 13   remettrez dans le meilleur délai ces notes à la défense.

 14   M. Moskowitz (interprétation). - Nous pouvons le faire dès

 15   maintenant.

 16   M. le Président (interprétation). - Allez-y ! Je crois que la

 17   défense aurait besoin de ces notes sur le champ puisque qu’ils vont

 18   poursuivre le contre-interrogatoire et peut-être souhaiter poser des

 19   questions supplémentaires.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Nous aurions effectivement besoin

 21   de ces notes maintenant car il s’agit ici d'une liste de noms. Il ne

 22   s’agit pas de souvenirs du témoin mais d'éléments concrets que d'autres

 23   personnes ont donnés. Il s’agit que nous puissions voir s'il y a des

 24   raisons valables pour que nous procédions à un contre-interrogatoire à

 25   leur sujet.


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  1   M. le Président (interprétation). - Voici ce que je propose.

  2   Maître Moskowitz, remettez dès maintenant ces notes à la défense ainsi

  3   qu'aux Juges. Il faudrait peut-être prévoir une suspension, un report de

  4   la poursuite du contre-interrogatoire car il vous est impossible

  5   d’utiliser ces notes maintenant pour le contre-interrogatoire suivant.

  6   Nous pourrons peut-être faire comparaître un autre témoin et reprendre le

  7   contre-interrogatoire de ce témoin cet après-midi, ce qui vous donnerait

  8   amplement l'occasion de parcourir ces notes.

  9   Est-ce que ceci vous convient, Maître Moskowitz ?

 10   M. Moskowitz (interprétation). - Tout à fait ! Je crois que le

 11   témoin dispose toujours de sa copie des notes. Si tel n’est pas le cas, il

 12   faudrait qu’il en reçoive une.

 13   M. le Président (interprétation). - Cela va de soi.

 14   M. Moskowitz (interprétation). - Je vais vous remettre ce

 15   document de deux pages dactylographiées des deux côtés de chaque page,

 16   recto verso. Cela vous donne quatre pages de documents en tout.

 17   M. le Président (interprétation). - Je suppose qu’il vous faudra

 18   la pause déjeuner pour parcourir ces quatre pages. Nous ne pourrons pas

 19   reprendre le contre-interrogatoire avant 14 heures. J’en suis désolé pour

 20   le témoin mais je pense, Monsieur, que vous devrez rester ici parmi nous.

 21   Avez-vous une copie de vos notes ?

 22   Témoin HH (interprétation). - Oui

 23   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Passons, si vous

 24   le voulez bien, au témoin suivant. Monsieur, je vous demanderais de

 25   revenir cet après-midi. Il y aura poursuite du contre-interrogatoire avec


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  1   éventuellement un interrogatoire supplémentaire et quelques questions

  2   posées par les Juges.

  3   Témoin HH (interprétation). - Je comprends.

  4   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, vous avez

  6   la parole.

  7   M. Pavkovic (interprétation). - C'est peut-être le moment avant

  8   d'introduire le nouveau témoin que je m'acquitte du devoir qui est le

  9   mien, à savoir, j’ai sous mes yeux les récépissés dans la langue originale

 10   que j'ai mentionnés hier et qui sont traduits maintenant en anglais. Il

 11   s'agit de la déposition du témoin Kavazovic Suleyman. Je prie Monsieur le

 12   Président que l'huissier s'en charge pour communiquer d'abord à la Chambre

 13   puis à l'accusation.

 14   Il agit de trois récépissés concernant les bureaux de PTT,

 15   concernant l'installation de téléphone dont on a parlé hier.

 16   M. le Président (interprétation). - Oui mais on ne peut pas les

 17   verser au dossier avant que l'accusation ait eu l'occasion de vérifier si

 18   ces documents sont bien traduits. Vous pouvez demander l'enregistrement

 19   aux fins d'identification de ces documents, mais la décision sera reportée

 20   jusqu'à vendredi quant à leur admissibilité.

 21   M. Pavkovic (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

 22   M. le Président (interprétation). - Nous attendons l'arrivée du

 23   témoin suivant. Pourrions-nous nous occuper de quelques questions

 24   d'intendance. Tout d'abord, avez-vous des commentaires à formuler sur le

 25   projet de décisions quant à notre visite à Ahmici ?


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  1   Des commentaires plus précis quant aux règles à respecter ? Pas

  2   de commentaires.

  3   M. Radovic (interprétation). - Pour ce qui est de la défense pas

  4   de commentaires non plus.

  5   M. le Président (interprétation). - Pas de commentaires, fort

  6   bien, nous allons donc rendre cette décision. Si j'ai bien compris la

  7   visite est prévue, à moins qu'il n'y ait bien sûr une attaque de l'Otan,

  8   là, il faudra annuler à la dernière minute, sinon nous devrions partir

  9   lundi prochain.

 10   J'aimerais aussi ajouter, je l'ai déjà dit hier, que nous savons

 11   gré à Me Pavkovic et à tous les conseils de la défense de nous avoir dit

 12   dès vendredi qu'ils voulaient une pause de deux mois entre la présentation

 13   des témoins à charge et des témoins à décharge. Nous allons faire preuve

 14   de la même courtoisie en vous rendant notre décision.

 15   Nous croyons qu'il est dans l'intérêt de la justice, dans

 16   l'intérêt d'un procès rapide de ne pas avoir une pause aussi longue. Nous

 17   allons ménager une pause de six semaines, ce qui voudrait dire que nous

 18   recommencerions le 30 novembre, trois semaines avant Noël et puis nous

 19   pourrions reprendre nos travaux en janvier, mais nous devrions en avoir

 20   terminé pour la mi-février. Nous tenons à ce que ce procès soit mené

 21   rondement.

 22   La défense ne devrait pas disposer de plus de huit semaines pour

 23   la présentation de ses moyens de preuve. L'accusation à disposé de

 24   34 jours ouvrables, ça devra faire 37 en tout, à peu près, donc cela va

 25   faire sept ou huit semaines.


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  1   Autre information susceptible d'être utile à toutes les parties

  2   avant la conférence que nous prévoyons vendredi. Autre décision que nous

  3   avons prise, elle a trait à l’ordre de comparution des témoins de la

  4   défense par chaque conseil de la défense. Nous allons suivre l’ordre

  5   repris pour citer les accusés dans l'acte d'accusation, nous aurons

  6   d'abord les témoins intervenant pour Zoran Kupreskic, puis pour Mirjan et

  7   ainsi de suite.

  8   Donc Maître Radovic vous serez le premier à appeler vos témoins.

  9   Ce serait plus ordonné, mieux organisé. Il est utile que chaque conseil

 10   sache à l'avance quand ses témoins vont être appelés à la barre.

 11   Oui, Maître Radovic, vous avez la parole.

 12   M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, je vous

 13   remercie, tout d’abord. Mais j'aimerais bien que la Chambre note bien que

 14   pour ce qui est des témoins que je vais faire introduire ici, et ceux de

 15   ma collègue, ils semblent être communs ; par conséquent vous pouvez nous

 16   considérer, ma collègue et moi, en un seul paquet, c’est-à-dire que nos

 17   témoins seront interrogés ici dans l'ensemble, surtout pour ce qui est de

 18   la partie concernant les persécutions. Certains témoins seulement

 19   concernent Mirjan, mais l’ensemble de ces témoins ou la majeure partie de

 20   ces témoins concernent les deux.

 21   Et Monsieur le Président, puisque j’ai déjà pris la parole, je

 22   vous prie de ne pas avoir peur devant le nombre de témoins, parce qu’il y

 23   a des témoins dont les dépositions seront très brèves. Par exemple, dans

 24   le tas, pour ce qui est de la cassette présentée par l'accusation et

 25   concernant (expurgé) à l'hôpital, nous avons demandé à l'accusation de


Page 4322

  1   nous procurer l'original de la cassette pour qu’on puisse suivre

  2   l’interview du début à la fin, et nous n'avons toujours pas reçu de

  3   réponse de la part de l’accusation, cela est plausible. Or, pour nous,

  4   cela

  5   est important car, si nous pouvons voir la cassette in extenso, alors là

  6   on ne devrait pas faire venir les témoins qui ont tous vu l’ensemble de

  7   l’émission et qui savent tous que (expurgé) avait déposé ; donc si nous

  8   avons des données exactes là-dessus certains témoins pourraient se

  9   désister.

 10   De même, on ne pourrait pas d'ailleurs procéder à des contre-

 11   interrogatoires si longs parce que nous ne pouvons pas, techniquement

 12   parlant, suivre les dépositions et les interviews des témoins. Car,

 13   techniquement parlant, les avocats de l’accusation sont beaucoup mieux

 14   équipés. Nous ferons de notre mieux bien sûr, mais l’on ne peut pas faire

 15   autant que peuvent faire les avocats de l’accusation.

 16   Mais je dis bien, je répète une fois de plus, il serait

 17   important pour nous d’avoir la cassette dans l'ensemble.

 18   C'est tout, Monsieur le Président.

 19   M. le Président (interprétation). - Maître Moskowitz ?

 20   M. Moskowitz (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 21   Maître Radovic, nous n'avons pas fait fi de cette requête. Effectivement,

 22   nous essayons de trouver la cassette. Monsieur Taker* devrait être appelé

 23   à la barre , c'est un enquêteur qui pourrait nous donner des informations

 24   sur les lieux où pourrait se trouver cette cassette. Je sais qu'il a

 25   déployé des efforts pour essayer de trouver l’endroit où se trouve la


Page 4323

  1   version intégrale. Il a fait des enquêtes, il pourra en faire état

  2   lorsqu’il déposera demain ou cet après-midi.

  3   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie

  4   Permettez-moi de vous expliquer ce qui se passe. Nous sommes en

  5   train d'obtenir la comparution du témoin de la Chambre mentionné hier.

  6   Mais apparemment, il y a eu un début d'incendie dans son hôtel ce matin

  7   d'où le traumatisme subi par cette personne. Mais ceci n'a rien à voir

  8   avec notre audience, elle va venir, nous avons demandé à ce que cette

  9   personne vienne, mais nous avons décidé que quelqu'un de la section d'aide

 10   aux victimes siège à l'audience, soit à l'intérieur du prétoire pour que

 11   cette personne se sente plus à l'aise. Nous pourrons dans quelques

 12   instants, voire dans quelques minutes, commencer son audition. Il s'agira

 13   du témoin CA.

 14   M. le Président (interprétation). - Bonjour, témoin CA.

 15   Témoin CA (interprétation). - Bonjour.

 16   M. le Président (interprétation). - Je vous demande de vous

 17   lever et de prononcer la déclaration solennelle.

 18   Témoin CA (interprétation). - Monsieur, je m'excuse, je ne sais

 19   pas lire. La dernière fois, quelqu'un a lu pour moi et j'ai suivi les

 20   paroles qu'il a prononcées pour faire cette déclaration.

 21   M. le Président (interprétation). - C'est parfait, nous allons

 22   faire de même cette fois-ci.

 23   M. Bos (interprétation). - Témoin CA, je vais vous lire la

 24   déclaration, veuillez la répéter." Je déclare solennellement...

 25   Témoin CA (interprétation). - Je déclare solennellement...


Page 4324

  1   M. Bos (interprétation). - que je dirai la vérité...

  2   Témoin CA (interprétation). - Que je dirai la vérité...

  3   M. Bos (interprétation). - toute la vérité...

  4   Témoin CA (interprétation). - toute la vérité...

  5   M. Bos (interprétation). - et rien que la vérité."

  6   Témoin CA (interprétation). - Et rien que la vérité.

  7   M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il faut passer à

  8   huis clos, en effet le témoin l'a demandé

  9   Audience huis clos

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


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 12  Pages 4325-4415- expurgées – audience à huis clos.

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  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   Pouvons-nous repasser en audience publique ?

 23   M. Moskowitz (interprétation). – Légère modification pour

 24   l'ordre des témoins. Effectivement, nous aurons le témoin n°4 et après le

 25   témoin n°4, nous prévoyons le n°7 puisque ceci concerne le même type de


Page 4417

  1   témoignages et de preuves, il nous semblait plus logique d'adopter cet

  2   ordre.

  3   Et soit dit en passant le témoin n°6 ne pourra venir déposer que

  4   jeudi vu des engagements d'ordre militaire. Quant au n°8, "il" ou "elle"

  5   sera disponible demain ou après-demain.

  6   M. le Président (interprétation). – Je vous remercie. Pourrions-

  7   nous essayer d'en terminer jeudi soir, ce qui voudrait dire que nous

  8   pourrions avoir la conférence pour la défense vendredi matin.

  9   M. Moskowitz (interprétation). - Ce serait tout à fait possible.

 10   M. le Président (interprétation). - Ceci nous donnerait le

 11   vendredi après-midi pour nous préparer à notre visite à Ahmici. Inch

 12   Allah !

 13   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 14   Bonjour, Monsieur. Je vous demanderai de prononcer la

 15   déclaration solennelle.

 16   M. Hugues (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 17   dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

 18   M. le Président (interprétation). - Merci. Vous pouvez vous

 19   asseoir. Poursuivez, Maître Terrier.

 20   M. Terrier . - Merci, Monsieur le Président. Bonjour, Monsieur

 21   le Témoin. Puis-je vous demander votre nom et votre âge ?

 22   M. Hugues (interprétation). - Mon nom est Stephen Hugues et je

 23   suis né le 24 mars 1958.

 24   M. Terrier (interprétation). - En 1993, vous étiez en Bosnie-

 25   Herzégovine dans le cadre de la Forpronu. Pouvez-vous dire au Tribunal ce


Page 4418

  1   qu’a été votre carrière militaire ?

  2   M. Hugues (interprétation). - J'ai commencé ma carrière

  3   militaire en 1974 et j'ai pris récemment ma retraite en mars 1998. J'ai

  4   servi pendant 23 ans et 6 mois. Ma carrière a été très variée et elle a

  5   été déployée dans différentes régions de par le monde. J'ai été promu à

  6   travers l'ensemble des grades afin d’obtenir mon grade final d'adjudant.

  7   M. Terrier (interprétation). - A quelle date avez-vous été amené

  8   à aller en Bosnie-Herzégovine ?

  9   M. Hugues (interprétation). - Entre novembre 92 et mai 93.

 10   M. Terrier (interprétation). - A quelle période avez-vous été

 11   stationné à Vitez ?

 12   M. Hugues (interprétation). - J'ai été stationné à Vitez de

 13   novembre 1992 jusqu'à la fin de décembre 1992. Ensuite, nous nous sommes

 14   déplacés à Tuzla et, à la suite de cela, en février 1993, nous sommes

 15   revenus à Vitez et nous sommes restés là jusqu'au moment où nous avons

 16   quitté la Bosnie en mai 1993.

 17   M. Terrier (interprétation). - Considérons cette période du

 18   début de l'année 1993. Quelle était alors votre fonction au sein du

 19   Bataillon britannique et vos missions ?

 20   M. Hugues (interprétation). - Ma position à cette époque-là :

 21   j'étais commandant de section. Donc j'avais la section du Cheshire

 22   Regiment. Notre régiment avait pour fonction d'apporter une aide

 23   humanitaire qui a été distribuée à différentes localités qui se trouvaient

 24   en Bosnie-Herzégovine.

 25   M. Terrier (interprétation). - Je vais d'abord vous demander de


Page 4419

  1   dire au Tribunal ce que sont vos souvenirs de la journée du 13 avril

  2   1993 ?

  3   M. Hugues (interprétation). - Mes souvenirs de cette date sont

  4   la reprise intensifiée des combats dans l’ensemble de la zone de Vitez.

  5   M. Terrier (interprétation). - Ce jour-là, vous étiez à Vitez ?

  6   M. Hugues (interprétation). - Ce jour-là, nous avions reçu pour

  7   mission d'entrer dans Vitez en raison des combats qui s’y déroulaient. Il

  8   y avait eu une explosion très importante et on m'a demandé de me rendre

  9   dans le centre de Vitez afin d'essayer d'obtenir des informations sur ce

 10   qu’était la situation à l’intérieur de Vitez elle-même.

 11   M. Terrier (interprétation). - Selon ce que vous avez pu

 12   constater, quelle était la situation à l'intérieur de Vitez, ce

 13   16 avril 1993

 14   M. Hughes (interprétation). - La situation était qu'en nous

 15   déplaçant dans l'ensemble de la région, nous avons pu établir comme

 16   opinion que la vieille ville, comme nous l'appelions, il s'agit de cette

 17   partie-là de Vitez en particulier, subissait une attaque en provenance de

 18   forces du HVO.

 19   M. Terrier. - Avez-vous constaté des combats entre unités

 20   militaires hostiles les unes aux autres ?

 21   M. Hughes (interprétation). - Quand nous sommes entrés au début

 22   dans Vitez, il y avait des incendies, nous avons pu le remarquer. J'ai

 23   remarqué ici un civil blessé qui gisait sur la route et je me suis déplacé

 24   dans le centre de Vitez jusqu'à l'endroit où trouvait l'hôtel "Vitez" et

 25   ensuite je me suis déplacé vers le sud, le long de la route vers l'ouest


Page 4420

  1   et j'ai pu remarquer ce qui se passait dans la zone du petit pavillon.

  2   J'ai pu voir un des groupes de soldats qui se dirigeait vers la

  3   partie ancienne de Vitez et ces soldats se déplaçaient dans ce que l'on

  4   pourrait appeler un déplacement de combat et à ce moment-là, il n'y avait

  5   pas d'échanges de coups de feu. Ils se déplaçaient de manière agressive

  6   vers la partie ancienne de la localité de Vitez.

  7   M. Terrier. - A quelle armée appartenait ces soldats ?

  8   M. Hughes (interprétation). - D'après la direction dont ils

  9   provenaient et la direction vers laquelle ils s'orientaient, j'ai pu

 10   reconnaître qu'il s'agissait de soldats du HVO.

 11   M. Terrier. - Vous pensez à la partie ancienne de Vitez ou à la

 12   partie musulmane ?

 13   M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est comme ça. C'est ce que

 14   nous appelions la partie ancienne de Vitez, il s'agit de la zone musulmane

 15   de la localité de Vitez.

 16   M. Terrier. - Est-ce que vous avez aperçu ce jour-là, à Vitez,

 17   une opposition quelconque à ces soldats du HVO ?

 18   M. Hughes (interprétation). - Non, pas vraiment. Nous nous

 19   sommes déplacés rapidement dans l'ensemble de la zone et nous nous sommes

 20   placés dans une position statique près de la mosquée dans le vieux Vitez

 21   et nous sommes restés jusqu'à ce que nous ayons décidé d'essayer de

 22   procéder à l'évacuation du plus grande nombre possible de personnes, comme

 23   nous pouvions le faire à ce moment-là, en tenant compte des données

 24   transmises sur les émissions radios.

 25   J'ai pu comprendre d'un ensemble de données, que ces personnes


Page 4421

  1   essayaient de...,  qu'il y avait des soldats qui essayaient de se mettre

  2   en position afin d'interrompre l'attaque qui était déclenchée sur la

  3   vieille partie de Vitez.

  4   M. Terrier. - Qu'avez-vous pensé, à moment là, de ce qu'il se

  5   passait ce jour-là, à Vitez ?

  6   M. Hughes (interprétation). - Au moment où nous avons évalué la

  7   situation, je serais enclin à dire qu'il y a eu un effort concerté, aussi

  8   bien de la part du HVO, afin d'aller de l'avant et de s'emparer de la

  9   partie ancienne de Vitez.

 10   M. Terrier. - Je voudrais que nous en venions maintenant à la

 11   journée du lendemain, c'est à dire à la journée du 17 avril 1993.

 12   Est-il bien exact que ce jour-là, vous vous êtes rendu à Nadioci

 13   où se trouvait ce qu'on appelle le Bungalow et ce qu'on appelle aussi

 14   quelquefois le "Swiss Cottage" ?

 15   M. Hughes (interprétation). - Oui, ceci est exact. On m'a

 16   demandé ce jour-là de me déplacer vers la région du Bungalow et également

 17   vers la zone de Jelena* jusqu'à cette hauteur, cet endroit-là, jusqu'à

 18   Puti Zjelinak*, à une certaine distance de la zone du bungalow afin qu'on

 19   puisse observer depuis la partie du terrain élevé vers la partie sud de la

 20   position que moi j'occupais.

 21   Là, j'ai pu remarquer ce que je pensais être une arme anti-

 22   aérienne qui avait été disposée sur le sol et au départ, il était

 23   difficile d'être tout à fait sûr à 100 % qu'il s'agissait ici d'une

 24   batterie anti-aérienne ou d'une arme anti-aérienne.

 25   J'ai essayé d'examiner à travers des jumelles normales et à


Page 4422

  1   nouveau, ceci ne m'a pas permis de déterminer à 100 % de quoi il

  2   s'agissait.

  3   A moment-là, j'ai décidé de retourner la tourelle qui se

  4   trouvait sur le véhicule et d'utiliser le fusil à lunettes qui a une

  5   amplification plus importante de la vision et de nouveau, à ce moment-là,

  6   les choses se sont présentées de manière plus claire mais je ne pourrais

  7   pas dire à 100 %. Il y avait encore des doutes quant à l'identité de cet

  8   objet et tandis que j'observais cela, je voyais des gens s'approcher et je

  9   pense qu'il s'agissait ici d'une batterie anti-aérienne qui avait été

 10   située sur ce que je moi j’appellerais... sur un bas flanc, sur une

 11   camionnette sans rebord et, j'ai commencé, je pouvais avoir une vision

 12   particulière, et je pouvais voir ceci en file directe, dans une enfilade

 13   directe, dans l'ouest et c'est également à ce moment-là que, tout en

 14   examinant la région, j'ai pu remarquer deux hommes qui se tenaient sur la

 15   colline qui étaient en train d'observer en direction de l'ouest. L'un

 16   avait des jumelles et l'autre je crois avait un poste radio assez grand.

 17   Et tandis que j'était en train d'observer ces deux hommes, j'ai pu

 18   entendre le rapport.

 19   Donc les bruits également des tirs de mortiers de l'artillerie

 20   qui étaient déclenchés depuis la partie derrière la colline et tout en

 21   observant, nous avons pu voir un véhicule qui se déplaçait de l'endroit où

 22   se trouvait la batterie anti-aérienne et qui se déplaçait en descendant la

 23   colline. Et sur cette piste-là, et au fur et à mesure qu'il s'approchait,

 24   ce véhicule s'est arrêté là où nous nous trouvions et l'on nous a fait

 25   comprendre que nous devions retourner nos armes, et que nous ne pouvions


Page 4423

  1   donc détourner les armes de la position sur le terrain surélevé pour que

  2   l'on puisse s'orienter vers la batterie anti-aérienne ; ensuite les jeeps

  3   continuaient à descendre le long de la route et nous sommes retournés au

  4   Bungalow.

  5   M. Terrier. – Pouvez-vous décrire, sommairement bien sûr,

  6   comment était construit ce Bungalow ? A quoi ressemblait-il ?

  7   M. Hughes (interprétation). – Quand on examine le Bungalow, il

  8   avait un toit extrêmement pentu. Donc le toit partait pratiquement du

  9   niveau du sol et s'élevait. Et sur la base du bâtiment, il y avait une

 10   petite véranda. Quand on s'élevait dans le bâtiment, il y avait un petit

 11   balcon qui se dressait. Juste au-dessus de cela, il y avait de nouveau

 12   encore un autre petit balcon au-dessus du premier balcon et il y avait une

 13   porte très très grande sur la partie devant quand on rentrait dans le

 14   Bungalow et, sur la partie gauche, il y avait une cheminée en briques avec

 15   une arche. Soit au milieu, soit du côté droit, il y avait une espèce de

 16   table, et je crois que cette table, à cette époque-là, permettait... En

 17   haut à gauche, il y avait une petite zone consacrée à un bar. Et à droite,

 18   il y avait encore un escalier qui montait vers les étages supérieurs.

 19   L'intérieur du bâtiment avait également des lambris de bois.

 20   M. Terrier. - Je vais demander à M. l'huissier de vous soumettre

 21   la pièce de l'accusation 119. Le bâtiment que l'on voit au deuxième plan

 22   est bien le Bungalow dont vous venez de parler ?

 23   M. Hughes (interprétation). – C'est effectivement le Bungalow.

 24   M. Terrier. – Je vais demander à M. l'huissier de vous soumettre

 25   ces documents. Je remets un document qui ne comporte aucun signe, aucun


Page 4424

  1   surlignage, aucun soulignement.

  2   M. Bos (interprétation). - Document n 293.

  3   M. Terrier. – Pouvez-vous expliquer ce que représente ce

  4   document ?

  5   M. Hughes (interprétation). – Oui, ce document représente la

  6   station de radio qui est tenue dans la salle d'opérations et également les

  7   journaux radio qui correspondent à l'ensemble des émissions qui sont

  8   diffusées.

  9   M. Terrier. - En haut à gauche, nous avons la date et nous avons

 10   les heures des communications radios et les indicatifs des correspondants.

 11   Quelle était votre indicatif personnel ?

 12   M. Hughes (interprétation). - Mon signal d'appel personnel était

 13   Roméo 00, personnellement.

 14   M. Terrier. - Ce document établit-il bien que, ce jour-là, vous

 15   avez rendu compte à votre quartier général, à votre salle d'opérations, de

 16   ce que vous avez vu à Nadioci, de ce que vous venez d'évoquer ?

 17   M. Hughes (interprétation). - Oui, le document, effectivement.

 18   Comme cela est précisé, le texte, les moments auxquels j'ai appelé la

 19   salle d'opérations et où j'ai pu l'informer de situation sur le terrain.

 20   M. Terrier. - Pouvez-vous préciser les heures où vous avez eu

 21   ces communications ?

 22   M. Hughes (interprétation). - C'était 15 heures 39.

 23   M. Terrier. - Est-ce que sur la photo... Vous voulez dire

 24   quelque chose ?

 25   M. Hughes (interprétation). - Oui, on peut voir un peu plus bas,


Page 4425

  1   un deuxième message qui a été transmis à 16 heures 09.

  2   M. Terrier. - Je vous remercie. Sur la photographie aérienne qui

  3   se trouve derrière vous, pouvez-vous retrouver l'endroit où se trouvait

  4   construit ce Bungalow dont vous avez parlé ? Pouvez-vous donner une

  5   indication sur cette photographie de l'endroit où se trouvait la batterie

  6   aérienne ? C'est peut-être en dehors de la photographie d'ailleurs.

  7   M. Hughes (interprétation). - Je dirais ici, sur le terrain

  8   élevé, il s'agit d'une zone qui s'étend derrière la photographie elle-même

  9   M. Terrier. - Au sud, puisque cette photographie est inversée,

 10   au sud de la carte ? Pouvez-vous simplement indiquer maintenant qu'elle

 11   était la cible des tirs dont vous avez été le témoin ?

 12   M. Hughes (interprétation). - A ce moment-là, tout ce que je

 13   savais, c'est que ces coups de feu étaient lancés en direction de l'ouest.

 14   Et si l'on examine la carte... et là, nous avons fait une évaluation en

 15   partie du terrain, en partant du sol et ceci donnait à peu près les

 16   coordonnées de l'endroit où avaient lieu les coups de feu. Je pourrais

 17   vous montrer la zone directement sur la photo.

 18   (Le témoin s'exécute.)

 19   M. Terrier. - Vous indiquez comme cible de ces tirs, le bas

 20   d'Ahmici de part et d'autre de la grande route principale. Qu'avez-vous vu

 21   dans le Bungalow ?

 22   M. Hughes (interprétation). - Quand je pénétrai dans le Bungalow

 23   avec les membres de la Mission d'observation de l'Union européenne... Ceci

 24   est exact, c'est à ce moment-là ?

 25   M. Terrier. - Restons d'abord sur la journée du 17 avril 1993,


Page 4426

  1   êtes-vous rentré dans le Bungalow ce jour-là ?

  2   M. Hughes (interprétation). - Non, pas ce jour-là.

  3   M. Terrier. - Ce jour-là, qu'avez-vous vu à l'extérieur du

  4   Bungalow ?

  5   M. Hughes (interprétation). - Ce jour-là, quand nous sommes

  6   retournés de la première localisation de laquelle nous faisions nos

  7   observations, quand nous retournions sur Vitez, la jeep qui descendait de

  8   la colline a été stationnée à cet endroit-là. Il y avait un certain nombre

  9   d'effectifs de soldats du HVO qui se trouvaient sur le niveau inférieur de

 10   la véranda, sur la véranda du bas.

 11   M. Terrier. - Pouvez-vous décrire quels étaient leurs uniformes et

 12   leur armement ?

 13   M. Hugues (interprétation). - La majorité d'entre eux avait des

 14   tenues de combat complètes aussi bien pour ce qui était des blousons et

 15   des pantalons. La majorité d’entre eux avait des AK 47 à leur disposition.

 16   Il s'agit de fusils d'assaut. Je dirai qu’il y avait peut-être un ou deux

 17   d'entre eux qui portaient des cagoules noires, des parties supérieures du

 18   vêtement en noir.

 19   M. Terrier (interprétation). - A quel moment êtes-vous entré

 20   dans le Bungalow ?

 21   M. Terrier (interprétation). - Je suis entré dans le Bungalow

 22   avec les membres de la Mission d'observation de l'Union européenne. Je

 23   crois que pour ce qui est de la date, c’était le  22. Peut-être que je

 24   fais une erreur pour ce qui est des dates. C'est un peu difficile de me

 25   rappeler les dates. Mais nous avons pénétré dans le Bungalow avec cette


Page 4427

  1   personne, avec un interprète, et avec le commandant de l'unité du HVO.

  2   M. Terrier (interprétation). - Quel souvenir conservez-vous de

  3   cette visite à l’intérieur du Bungalow ? Qu'est-ce que vous avez vu ?

  4   M. Hugues (interprétation). - Au moment où nous sommes entrés

  5   dans le Bungalow, il y avait peut-être 15 soldats du HVO. Nous sommes

  6   entrés dans le Bungalow, les deux commandants accompagnés des observateurs

  7   se trouvaient autour d'une table debout. Ils étaient en train de discuter

  8   de la situation qui concernait un cessez-le-feu. Et à nouveau, nous nous

  9   sommes restés là à l’intérieur peut-être 10 à 15 minutes. La situation a

 10   changé de manière impressionnante -et je pense- ceci a mis un terme abrupt

 11   à la réunion et nous avons dû sortir du Bungalow.

 12   M. Terrier (interprétation). - Pour quelles raisons, la

 13   situation a-t-elle changé ?

 14   M. Hugues (interprétation). - Un soldat est entré. Il semblait

 15   être hystérique et il brandissait un pistolet. A ce moment là, comme je ne

 16   me trouvais pas à côté de l’interprète, la seule indication que j'ai pu

 17   obtenir, était que la majorité de cette colère était orientée contre moi-

 18   même. Le seul mot que j'ai pu comprendre était Forpronu. J'ai fait appel à

 19   l'interprète et celui-ci m'a expliqué que cet individu en particulier lui

 20   avait dit que sa famille avait été tuée et que la Forpronu s'est trouvée

 21   là à ses côtés et n'a rien fait pour s'interposer et qu'à nouveau, à ce

 22   moment-là, il a quitté le bâtiment et il s’est rendu auprès du deuxième

 23   véhicule. Moi, j'ai essayé de rejoindre le deuxième véhicule et d'y

 24   entrer. A ce moment-là, se trouvait le commandant du Bataillon

 25   britannique. Alors, j'ai été emmené au loin et en raison de cette


Page 4428

  1   situation, nous sommes tous retournés vers nos véhicules et nous avons

  2   continué vers les différentes tâches qui nous avaient été confiées ce

  3   jour-là.

  4   M. Terrier (interprétation). - Quel souvenir conservez-vous des

  5   chefs des soldats HVO que vous avez vus ce jour-là au Bungalow ?

  6   M. Hugues (interprétation). - Manifestement, ils étaient en

  7   train de discuter des positions qu’ils avaient occupées. Et, sans aucun

  8   doute, ils étaient en train de discuter des positions que nous allions

  9   visiter ce jour-là et des positions qui allaient être également visitées

 10   par les observateurs.

 11   M. Terrier (interprétation). - Je souhaite que l'on montre au

 12   témoin une très brève séquence de la vidéo qui constitue la pièce 253 qui

 13   a déjà été montrée au Tribunal. C’est une séquence d'une quinzaine de

 14   secondes. Je vais vous demander de regarder attentivement ce petit film

 15   vidéo. Vous ne le connaissez pas. Je vais vous demander si vous

 16   reconnaissez l'endroit où ce film a été tourné en premier lieu. En

 17   deuxième lieu, je vais vous demander si vous connaissez l’une ou l’autre

 18   des personnes qui peuvent apparaître sur ce film pouvez reconnaître l'une

 19   ou l'autre des personnes qui peuvent apparaître sur ce film.

 20   (Diffusion de la cassette).

 21   M. Terrier. – Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez reconnu

 22   parmi les visages qui sont apparus sur ce film quelqu'un ?

 23   M. Hughes (interprétation). – Il y avait deux personnes, sur la

 24   bande vidéo, que j'ai pu reconnaître.

 25   M. Terrier. – Quand avez-vous vu ces personnes ?


Page 4429

  1   M. Hughes (interprétation). – C'est assez difficile de

  2   déterminer un moment précis, une date, pour savoir quand j'ai vu ces

  3   personnes.

  4   M. Terrier. – Pouvez-vous les décrire physiquement ces deux

  5   personnes ?

  6   M. Hughes (interprétation). – Effectivement, pour ce qui est de

  7   la première personne, il s'agit d'une personne assez corpulente, costaud.

  8   Il est assez boursouflé dans le visage. Il est un petit peu dégarni sur le

  9   sommet du crâne, avec un teint plutôt mat. Le deuxième est une personne de

 10   taille moyenne, avec une forte corpulence et des cheveux foncés, assez

 11   trapu pour ce qui est des épaules.

 12   M. Terrier. – Est-ce qu'en regardant les personnes dans cette

 13   salle, vous reconnaissez l'une de ces deux personnes ?

 14   M. Hughes (interprétation). – Je ne peux pas les voir en raison

 15   de la colonne.

 16   M. le Président (interprétation). – Vous pourriez vous lever,

 17   Monsieur ?

 18   M. Terrier. – Pourriez-vous vous déplacer très nettement car

 19   effectivement cette colonne est très gênante.

 20   (Le témoin se déplace pour voir le banc des accusés.)

 21   M. Hughes (interprétation). – Non.

 22   M. Terrier. – Je vous remercie. Nous allons en venir maintenant

 23   à une autre journée de votre station en Bosnie dans la région de Vitez,

 24   c'est la journée du 28 avril 1993.

 25   M. le Président (interprétation). –  Je me demande si c'est la


Page 4430

  1   peine de prendre une pause maintenant ?

  2   Vingt minutes peut-être ? Nous reprendrons à 16 heures 30.

  3   (Le témoin est reconduit hors du prétoire).

  4   L’audience, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 35.

  5   (Le témoin est introduit dans le prétoire).

  6   M. Terrier. - Monsieur le Témoin, je vais vous demander

  7   maintenant de relater au Tribunal cette journée du 28 avril 1993 que vous

  8   avez passée pour la plus grande part à Stari Vitez à l'occasion d'une

  9   inhumation.

 10   M. Hughes (interprétation). - Oui, ceci est exact. Ce jour-là,

 11   la tâche qui m'a été confiée consistait à me rendre à Stari Vitez et à

 12   apporter une aide pour le transfert de corps depuis Stari Vitez jusqu'à

 13   l'école qui se trouvait à Vitez même. Nous nous sommes retrouvés et nous

 14   avons pris et levé trois corps qui se trouvaient à Stari Vitez.

 15   Ensuite, nous avons pris un grand véhicule, une grande remorque

 16   et nous avons escorté le cortège jusqu'à l'école qui se trouve dans Vitez

 17   même.

 18   Quand nous sommes arrivés à l'école, il y avait un véhicule qui

 19   était déjà stationné en dehors de l'école. Nous avons ouvert les portes,

 20   le véhicule avait déjà été chargé d'un certain nombre de corps qui avaient

 21   été déjà mis dans des sacs en plastique transparents. A ce moment-là, les

 22   trois corps qui avaient été ramenés de la région de Stari Vitez, on les a

 23   fait entrer dans l'école et nous avons ensuite continué.

 24   Nous avons repris les corps depuis le gymnase qui se trouve à

 25   l'intérieur de l'école, depuis l'établissement d'enseignement, et nous les


Page 4431

  1   avons mis sur le moyen de transport. A ce moment, un véhicule du génie est

  2   venu, et il s'agit ici d'un petit tracteur d'extraction léger, un

  3   bulldozer, comme ceci est qualifié d'ordinaire, qui trouvait à

  4   Stari Vitez.

  5   Il a commencé à creuser une fosse commune. Une fois que les

  6   corps ont été mis sur les moyens de transport, nous avons continué et

  7   escorté le cortège jusqu'au champ où se trouvait la fosse. Nous sommes

  8   restés sur l'endroit jusqu'à ce que le rituel des funérailles ait été

  9   achevé.

 10   M. Terrier. - Est-il exact de dire qu'il s'agissait d'un échange

 11   de corps, de corps croates contre des corps musulmans ?

 12   M. Hughes (interprétation). - Oui, ceci est exact.

 13   M. Terrier. - Combien y avait-il de corps croates ?

 14   M. Hughes (interprétation). - Trois.

 15   M. Terrier. - Combien y avait-il de corps musulmans ?

 16   M. Hughes (interprétation). - Je ne me rappelle plus le nombre

 17   exact, on les a évalués à environ 96, le nombre des corps des musulmans.

 18   M. Terrier. - Où se trouvaient les corps croates, si je puis

 19   m'exprimer ainsi, bien sûr. Des corps qui vous ont été désignés comme

 20   étant croates, où se trouvaient-ils ?

 21   M. Hughes (interprétation). - Un corps avait été retrouvé dans

 22   un garage dans la partie musulmane de Stari Vitez et les deux autres corps

 23   avaient été ramenés depuis la partie nord de la localité de Stari Vitez

 24   jusqu'à la route principale, là où la remorque les attendait. Ils ont été

 25   ensuite remis dans le véhicule de transport.


Page 4432

  1   M. Terrier. - Ces corps ne se trouvaient donc pas au même

  2   endroit ?

  3   M. Hughes (interprétation). - Non.

  4   M. Terrier. - S'agissant des corps qu'on vous a présentés comme

  5   étant musulmans, savez-vous qui les avait rassemblés et d'où ils

  6   venaient ?

  7   M. Hughes (interprétation). - Non. A ce moment-là, il n'y avait

  8   aucune indication qui nous avait été faite sur la personne qui aurait

  9   rassemblé les corps et quelle était l'origine des corps.

 10   Nous supposions simplement que, compte tenu de la situation, les

 11   corps avaient été rassemblés sur l'ensemble de la région de Vitez.

 12   M. Terrier. - L'ensemble de la région de Vitez, dans votre

 13   esprit, comprend Ahmici ?

 14   M. Hughes (interprétation). - Oui, ceci comprendrait également

 15   Ahmici si c'est à l'intérieur de la région de Vitez. Pour ce qui est de

 16   cette période de temps, le nombre de corps que nous avons vus a été

 17   limité.

 18   Mais au fur et à mesure qu'on s'éloignait de Vitez et qu'on se

 19   rendait vers l'est, il y avait à nouveau un certain nombre de corps qui

 20   gisaient le long de la route et devant les entrées des bâtiments. Nous

 21   avons supposé que ces corps avaient été collectés depuis les villages

 22   environnants et qu'ils se répartissaient dans l'ensemble de la région.

 23   M. Terrier. - Je vais demander à Monsieur l'huissier de vous

 24   soumettre, dans cet ordre, dix photographies.

 25   (L'huissier s'exécute.)


Page 4433

  1   Toutes ces photographies, Monsieur le Président ont été

  2   prises le 28 avril 1993 à Stari Vitez par M. Penfound qui était,

  3   Monsieur le témoin peut le confirmer, le photographe du Bataillon

  4   britannique.

  5   M. Hughes (interprétation). - Ceci est exact.

  6   M. Terrier. - En attendant la première photographie, je souhaite

  7   vous poser une question. Comme on va le voir sur les photographies, les

  8   corps étaient emballés dans des plastiques transparents. Avez-vous pu voir

  9   s'il s'agissait de soldats tombés au combat ou de civils ?

 10   M. Hughes (interprétation). - Oui, compte tenu de la nature et

 11   de la manière dont ils avaient été enveloppés dans ces sacs en plastique,

 12   l'on peut voir de par le vêtement... Je suis enclin à dire qu'il s'agit,

 13   pour l'ensemble de ces corps que j'ai pu voir, pour l'ensemble de

 14   ces quatre vingt seize corps -j'ai vu simplement deux de ces quatre vingt

 15   seize corps qui portaient une tenue de combats camouflée, une chemise de

 16   combat, et les restes étaient des civils, aussi bien des hommes que des

 17   femmes et ceux-ci de différents âges.

 18   M. Terrier. - Avez-vous le souvenir d'avoir vu des enfants parmi

 19   ces corps ?

 20   M. Hughes (interprétation). - Quand nous sommes arrivés sur le

 21   champ qui se trouvait à Stari Vitez et qu'on a commencé à étendre les

 22   corps sur la pelouse, avant de les amener dans la fosse commune

 23   -l'objectif de cette démarche était qu'ils puissent les identifier- j'ai

 24   vu deux petits paquets. On pourrait appeler ça des "paquets", j'ai vu deux

 25   petits paquets qui gisaient à proximité et qui se trouvaient près de la


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  1   rangée des corps. J'ai pu m'approcher et l'on ne pouvait voir directement

  2   dans le plastique, c'est bien entendu la dimension desdits paquets, ils

  3   avaient été enveloppés à différentes reprises et j'ai pensé au départ

  4   qu'il s'agissait d'enfants.

  5   Mais quelqu'un de l'endroit m'a laissé entendre... a parlé avec

  6   moi en langage de signes et m'a laissé entendre qu'il s'agissait en fait

  7   de têtes de corps qui avaient été décapités. Mais on ne pouvait pas

  8   prouver qu'il s'agissait de cela. Mais dans un réflexe, c'est ce qu'il

  9   essayait de me faire entendre.

 10   M. Terrier. - Avez-vous remarqué parmi ces corps, tous

 11   musulmans, des personnes âgées ?

 12   M. Hughes (interprétation). - Oui, comme je dis, il y avait

 13   différents groupes d'âge et il avait des personnes âgées et des personnes

 14   extrêmement âgées, aussi bien de sexe féminin que masculin, des

 15   adolescents, des personnes de 20 ans, de 30 . Il y avait toute une palette

 16   de catégories d'âges.

 17   M. Terrier. - Avez-vous noté des indices sur la manière dont ces

 18   personnes avaient été tuées ?

 19   M. Hughes (interprétation). - Les seuls indices dont nous

 20   disposons, cela a été quand nous avons repris les corps et ceci parce

 21   qu'ils se trouvaient dans des sacs en plastique. Il y avait de grosses

 22   quantités de sang qui allait dans la partie inférieure du sac et ceci

 23   laissait entendre, du moins à mon avis, que, dans cette situation, ces

 24   personnes étaient mortes de mort violente et de blessures par balles

 25   également.


Page 4435

  1   M. Terrier. - A cet endroit de Stari Vitez, le véhicule du

  2   Bataillon britannique, le bulldozer, a creusé deux fosses. Combien de

  3   temps a duré toute cette opération ? Le creusement des fosses et

  4   l'inhumation des corps ?

  5   M. Hughes (interprétation). - Le rituel des funérailles, de

  6   l'enterrement, a commencé au début de l'après-midi et s'est poursuivi

  7   jusqu'au début de la soirée et à partir du moment où il a commencé à faire

  8   sombre.

  9   M. Terrier. - Est-ce que tous les corps qui ont été inhumés dans

 10   ces fosses ont été identifiés de manière certaine ?

 11   M. Hughes (interprétation). - Pour autant que je puisse le

 12   déterminer, -compte tenu du fait que je n'étais pas impliqué dans ces

 13   détails- à nouveau, je me trouvais là afin de pouvoir fournir de l’aide et

 14   de la sécurité aux personnes qui étaient en train de réaliser ce travail.

 15   Il s'agissait de Bosniaques et de Musulmans eux-mêmes. Nous nous trouvions

 16   là afin de pouvoir les protéger au cas où ils auraient pu être l'objet

 17   d'une attaque.

 18   M. Terrier . - Pouvons-nous mettre la première photographie sur

 19   le rétroprojecteur, Monsieur l'huissier ?

 20   M. le Président. - Si j'ai bien compris, le témoin n'a pas

 21   répondu à votre question. Peut-être qu’il n'a pas bien compris votre

 22   question. Vous avez demandé si on avait identifié.

 23   M. Terrier . - Il a considéré que cela n’était pas son... Vous

 24   complétez effectivement la question, Monsieur le Président.

 25   Monsieur le témoin, est-ce que vous savez si une personne a pu


Page 4436

  1   identifier la totalité des corps qui ont été inhumés dans cette journée ?

  2   M. Hugues (interprétation). - Pour autant que je puisse

  3   répondre, il y avait un certain nombre de personnes qui se trouvaient là.

  4   Elles étaient en train d'ouvrir les sacs. Comme j'ai pu le voir à ce

  5   moment-là, les corps avaient des étiquettes attachées sur eux et elles

  6   correspondaient à l'identification des personnes. Cependant, comme je

  7   n'étais pas directement impliqué en ce qui concernait l'identification et

  8   comme je n'étais pas directement impliqué également dans l'enterrement des

  9   corps, je pouvais supposer qu'il s'agissait des personnes qui avaient été

 10   enterrées ce jour-là. Il y a eu certainement des personnes qui n'ont pas

 11   pu être identifiées ce jour-là.

 12   M. Terrier . - Je vous demande de regarder cette photo et de

 13   nous faire un bref commentaire. A quel endroit a-t-elle été prise et que

 14   représente-t-elle ?

 15   M. Bos - Cette photo est cotée 303.

 16   M. Hugues (interprétation). - La photographie que nous sommes en

 17   train d’examiner maintenant a été prise à l'école qui trouve dans le

 18   milieu de Vitez, dans la partie centrale de Vitez. Il s'agit de ce

 19   véhicule précis qui se trouvait déjà sur place quand nous sommes arrivés

 20   et il y avait déjà un certain nombre de corps qui avaient été chargés dans

 21   ledit véhicule. Cette photo nous montre qu'ils continuent à ce moment-là à

 22   remplir le véhicule. Il s'agissait du premier véhicule qui a quitté

 23   l'école en direction du champ afin qu'il puisse y être déchargé.

 24   M. Terrier. - Il s'agit donc du chargement des corps qui sont

 25   ensuite transportés à Stari Vitez ?


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  1   M. Hugues (interprétation). - C’est exact.

  2   M. Terrier. - La plupart des personnes sur la photo portent des

  3   masques. Pour quelle raison ?

  4   M. Hugues (interprétation). - Ceci est dû au temps qu’il faisait

  5   à cette époque de l'année. La chaleur fait une grande différence : c'est

  6   l'odeur, la puanteur qui émane des corps morts.

  7   M. Terrier. - Deuxième photo, s'il vous plaît.

  8   (l'huissier place la photo sur le rétroprojecteur).

  9   M. Bos - C’est la photo 302.

 10   M. Terrier. - Où cette photo a-t-elle été prise et que

 11   représente-t-elle ?

 12   M. Hugues (interprétation). - Cette photo montre le déchargement

 13   du premier véhicule. C’est le véhicule de la première photo et ceci s'est

 14   déroulé sur le champ qui trouvait à Stari Vitez où l’on a rangé les corps

 15   afin qu'on puisse les identifier.

 16   M. Terrier. - Photo suivante.

 17   (l'huissier place la photo sur le rétroprojecteur).

 18   M. Bos - C’est la photo 302.

 19   M. Terrier. - S'agit-il toujours de l'opération d'identification

 20   que vous avez évoquée ?

 21   M. Hugues (interprétation). - Oui. Ceci est exact. D'après ce

 22   que je peux voir, il s’agit ici de la procédure d'identification. C’est ce

 23   qui avait été indiqué sur la photo. C'est un individu qui essaie de

 24   trouver la petite étiquette qui permet d'identifier la victime. Là, on

 25   peut voir ici sur l'autre côté qu’il y a une personne qui prend des notes


Page 4438

  1   pour avoir les détails nécessaires pour l'identification.

  2   M. Terrier. - Photo suivante.

  3   M. Bos - c’est la pièce 300.

  4   M. Terrier. - On voit sur cette photographie qu'un sac -si on

  5   peut appeler cela un sac- a été ouvert. Est-ce que tous les sacs ont été

  6   ouverts ?

  7   M. Hugues (interprétation). - Oui. Effectivement, dans beaucoup

  8   de cas, les sacs ont été ouverts et à nouveau, d'après ce que je peux

  9   voir, les corps ont été étiquetés individuellement et l'étiquette se

 10   trouvait à l’intérieur, était directement attachée aux corps ou aux

 11   vêtements et pas directement attachée aux sacs en plastique.

 12   M. Terrier. - Photo suivante.

 13   M. Bos - C’est la pièce 299.

 14   M. Terrier. - S'agit-il bien d'une vue générale du site de

 15   l'inhumation ?

 16   M. Hugues (interprétation). - Oui.

 17   M. Terrier. - Peut-on voir le véhicule bulldozer britannique qui

 18   a été utilisé pour creuser les fosses ?

 19   M. Hugues (interprétation). - Oui, on peut l'apercevoir sur la

 20   partie gauche de la photographie.

 21   M. Terrier. - Photo suivante ?

 22   M. Bos (interprétation). – Pièce 298.

 23   M. Terrier. - S'agit-il bien de l'une des fosses creusées par le

 24   véhicule du Bataillon britannique ?

 25   M. Hughes (interprétation). - Oui.


Page 4439

  1   M. Terrier. - S'agit-il bien des premiers corps descendus dans

  2   cette fosse ?

  3   M. Hughes (interprétation). – A ce moment-là d'après moi il

  4   semble que c'est effectivement les premiers corps à être placés dans la

  5   fosse commune ?

  6   M. Terrier. - On peut constater que les sacs en plastique qui se

  7   trouvent placés dans cette fosse ont des tailles très différentes et en

  8   particulier le deuxième en partant du bas semble très court. Avez-vous le

  9   souvenir d'avoir vu ce sac en particulier, ou d'autres de même taille ?

 10   M. Hughes (interprétation). - Oui je me rappelle cela. Il s'agit

 11   ici de taille similaire. Il s'agit ici effectivement d'un sac que j'aurais

 12   pu voir. Et à nouveau en raison de la taille réduite du corps. Il s'agit

 13   ici de corps enveloppés à différentes reprises et on ne pouvait pas voir

 14   de quoi il s'agissait. Il n'était pas facile de voir s'il s'agissait d'un

 15   petit enfant.

 16   M. Terrier. – Ou de quoi ?

 17   M. Hughes (interprétation). - Mon hypothèse à moi est

 18   qu'éventuellement bien que l'on m'ait dit au départ qu'il s'agissait de la

 19   tête d'un corps qui avait été décapité, je pense que le paquet était quand

 20   même trop grand pour une tête. Et la conclusion à laquelle je suis arrivé

 21   ultérieurement était qu'il s'agissait du corps d'un petit enfant.

 22   M. Terrier. - Photo suivante.

 23   M. Bos (interprétation). – Pièce 297.

 24   M. Terrier. - Cette photographie représente-t-elle la poursuite

 25   de cette même opération d'inhumation ?


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  1   M. Hughes (interprétation). – Il s'agit ici de la même opération

  2   d'inhumation.

  3   M. Terrier. - Photo suivante ?

  4   M. Bos (interprétation). - Pièce 296.

  5   M. Terrier. – Cette photographie appelle-t-elle des commentaires

  6   particuliers ? Il s'agit de la même fosse et de la même opération.

  7   M. Hughes (interprétation). – Ceci a eu lieu pendant le reste de

  8   l'après-midi et le début de la soirée. A ce moment-là, bien que nous

  9   trouvions toujours ici sur le champ, nous nous sommes écartés de la

 10   cérémonie d'inhumation parce que nous estimions que ce n'était pas

 11   approprié pour nous d'être là en tant qu'observateurs, se tenant là de

 12   côté et nous avons pris la résolution d'éloigner les soldats de manière à

 13   ce qu'ils puissent continuer leur cérémonie d'inhumation.

 14   M. Terrier. - Cette cérémonie était conduite par un imam ?

 15   M. Hughes (interprétation). - Oui. Plus tard au cours de

 16   l'inhumation comme on peut le voir sur la photo, il se trouvait du côté

 17   droit. Il y avait effectivement un groupe de personnes qui étaient en

 18   train de prier et procédaient au rituel prévu pour ce genre de cérémonie.

 19   M. Terrier. - Est-ce que beaucoup de monde s'était rassemblé

 20   dans ce site au moment de l'inhumation ?

 21   M. Hughes (interprétation). - Oui il y avait un certain nombre

 22   de personnes sur le site. Mais je pense qu'il y avait un contrôle effectué

 23   par les Musulmans eux-mêmes. Ils ne voulaient pas que l'endroit soit

 24   examiné et donc c'étaient eux-mêmes qui exerçaient un contrôle sur

 25   l'endroit de manière à ce que les gens qui se trouvaient là étaient là


Page 4441

  1   uniquement pour les raisons liées aux circonstances et pas uniquement au

  2   titre d'observateurs étrangers.

  3   M. Terrier. - Avez-vous noté la présence de famille ?

  4   M. Hughes (interprétation). – Non, pas à ce moment-là. Comme je

  5   l'ai dit, nous nous sommes quelque peu écartés de l'endroit. Nous avons

  6   continué à observer essentiellement à une certaine distance du site de

  7   l'inhumation en raison du fait que j'estimais que nous étions là pour

  8   assurer une mission d'observation, assurer une aide en raison des

  9   circonstances, de la situation et ils se sentaient mal à l'aise et ils

 10   craignaient qu'ils pouvaient faire l'objet de tirs isolés. Notre rôle

 11   consistait à être là uniquement pour être ici à proximité en tant que

 12   présence. C'est donc la décision que j'ai décidé de nous tenir un peu à

 13   l'écart pour que nous puissions assurer la mission qui nous avait été

 14   confiée ce jour-là.

 15   M. Terrier. - Photographie suivante.

 16   M. le greffier (interprétation). - Pièce 295.

 17   M. Terrier. - Il s'agit de la poursuite de la même opération ?

 18   M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est correct. Il s'agit ici

 19   d'une opération qui est assez longue, en raison du fait que le premier

 20   véhicule d'où l'on a déchargé les corps était directement... Ces corps

 21   étaient disposés, on s'est efforcé d'identifier les corps avant de les

 22   disposer à nouveau dans la fosse commune.

 23   M. le greffier (interprétation). - 294.

 24   M. Terrier. - Est-ce que l'on peut voir sur cette photographie

 25   les deux fosses communes parallèles ? Après qu'elles aient été comblées,


Page 4442

  1   bien sûr ?

  2   M. Hughes (interprétation). - Oui. Au départ, l'une d'entre

  3   elles était recouverte de terre dès qu'elle avait été remplie et on a

  4   poursuivi ensuite l'inhumation avec la deuxième fosse.

  5   En fin de compte, il y avait deux fosses communes qui ont été

  6   creusées sur ce site.

  7   M. Terrier. - Monsieur le Président, je n'ai pas d'autre

  8   question.

  9   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

 10   M. Terrier. - Je voudrais simplement que les pièces soient

 11   versées au dossier du Tribunal.

 12   M. le greffier (interprétation). - 293à 303.

 13   M. le Président. - Nous comptions continuer jusqu'à

 14   17 heures 15. Je me demande si Me Pavkovic pourrait nous dire s'il a

 15   beaucoup de questions à poser ? Si les avocats de la défense ont beaucoup

 16   de questions à poser ?

 17   M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, il est

 18   vrai que je ne peux pas savoir combien de temps il faudra à mes collègues

 19   pour poser les questions mais notre confrère Radovic a déjà annoncé sa

 20   volonté de poser des questions à ce témoin.

 21   M. le Président (interprétation). - Nous allons commencer,

 22   Maître Radovic, pour quinze minutes et puis nous pourrons lever l'audience

 23   jusqu'à demain ou préférez-vous commencer demain matin ?

 24   M. Radovic (interprétation). - Je souhaite plutôt commencer cet

 25   interrogatoire demain matin puisqu'il se fait tard.


Page 4443

  1   M. le Président (interprétation). - Fort bien, l'audience est

  2   levée. Nous reprendrons demain matin, à 9 heures 30.

  3   L'audience est levée à 16 heures 55

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