Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Lundi 15 février 1999

4 L'audience est ouverte à 09 heures.

5 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président

6 Madame et Monsieur les Juges, l'affaire IT-95-16-T, le Procureur contre

7 Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic,

8 Dragan Papic et Vladimir Santic.

9 M. le Président (interprétation). - Bonjour. Avant d'appeler à

10 la barre le témoin suivant, j'aimerais soulever deux questions avec les

11 parties au procès.

12 Tout d'abord, la question de la déposition par des témoins à

13 décharge de la personnalité, quant à la personnalité, donc des témoins de

14 personnalité. J'ai parcouru le compte rendu d'audience et j'ai trouvé une

15 déclaration faite par l'accusation le 27 janvier. Maître Terrier, vous

16 avez dit ce jour-là, et je vous cite : "Pour ce qui est de l'accusation,

17 elle n'a aucun doute quant à la personnalité des témoins. Nous ne voulons

18 pas prouver devant cette Chambre que les accusé avant le conflit étaient

19 des êtres humains horribles qui avaient de très mauvaises relations avec

20 leurs voisins musulmans. Je pense que le contraire est vrai et nous ne

21 contestons pas du tout ce point-là".

22 Et à la lumière de cette déclaration, je pense que la question

23 de la personnalité des témoins n'est pas ici en cause. Ne perdons pas de

24 temps à l'audition de témoins qui viendraient déposer quant à la

25 personnalité des accusés. Je vous demanderai de vous abstenir de poser des

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1 questions sur ce point qui n'est pas contesté. Le Procureur ne conteste

2 pas le bon caractère, la bonne personnalité des accusés.

3 Deuxième point : s'agissant de la déposition éventuelle que

4 feraient des témoins à décharge à propos d'atrocités, de massacres

5 qu'auraient apparemment commis les Musulmans. Nous avons ici soulevé la

6 question de l'envergure de cette question, de la question de savoir si

7 cette question était importante, était pertinente pour notre affaire. Nous

8 avons lancé des appels répétés à l'attention de la défense qui a pourtant

9 continué à poser des questions portant sur des massacres qui auraient été

10 commis par des Musulmans.

11 Nous aimerions désormais dire ceci à la défense : si elle a

12 l'intention d'aborder ce sujet, qu'elle le fasse afin d'expliquer

13 l'importance que prendrait la déposition dudit témoin sur ce point précis,

14 afin que nous puissions statuer pour déterminer si ce type de preuve est

15 recevable. Je crois que c'est la mesure équitable pour respecter à la fois

16 les droits de la défense tout en sauvegardant les droits qu'ont les

17 accusés à avoir un procès rapide.

18 S'il n'y a de questions que souhaitent poser les parties, je

19 pense que nous pouvons avancer. Je vais demander à l'huissier... à non, il

20 y a Me Susak qui sera suivie de Me Radovic qui veut intervenir.

21 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, Vendredi

22 nous avons débattu et le Président du Conseil était le Juge May. C'est lui

23 qui m'avait informé de l'informer de la date de la photographie que j'ai

24 faite et je lui donne la réponse : c'est le 18 décembre 1998 que j'ai

25 filmé ce portail. J'ai compris également qu'il y avait eu une certaine

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1 confusion dans le prétoire et vous me permettrez de rajouter quelque

2 chose.

3 En effet, il s'agit du portail ouest qui a été filmé le 17 avril

4 par la SFOR et c'est cette photographie qui se trouve également sur la

5 photographie du 18/98. Par conséquent, l'autre photographie se trouve sous

6 la pièce à conviction du Procureur qui se trouve au sud de la route et

7 c'est le portail pour lequel on ne voyait pas véritablement la différence.

8 On disait qu'il n'y avait pas de différence. Il s'agit par conséquent du

9 portail ouest et du portail sud.

10 M. le Président (interprétation). - Merci. Vous n'avez pas de

11 commentaires à

12 apporter, Monsieur le Juge May ?

13 M. May (interprétation). - Non.

14 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic, vous avez la

15 parole.

16 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame et

17 Monsieur les Juges, nous avons entendu aujourd'hui en ce qui concerne

18 votre décision portant sur les témoins de personnalité. Eh bien, en ce qui

19 concerne ce type de témoignage et l'accord également du Procureur selon

20 lequel il s'agit des témoins à décharge, nous avons demandé bien

21 évidemment de les citer pour tout simplement prouver quel était le mode de

22 comportement des accusés. Ce sont les faits qu'il faut rappeler et c'est

23 également un moyen de prouver si quelqu'un aurait pu ou non commettre un

24 certain nombre de choses et c'était prévu dans le Règlement de procédure

25 et de preuve.

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1 Le comportement d'une personne tout le long de sa vie démontre

2 si l'auteur d'un certain crime aurait pu l'être ou non, et c'est la raison

3 pour laquelle d'ailleurs le Règlement de procédure et de preuve envisage

4 et stipule également cette possibilité de citer de tel type de témoin de

5 personnalité.

6 Pour nous, il s'agit d'une preuve factuelle et pas d'une preuve

7 qui serait de personnalité, de témoin de personnalité. Par conséquent,

8 c'est un type de comportement qui est ici en cause tout au long de la vie

9 de la personne en question.

10 En ce qui concerne d'autres décisions que vous venez d'adopter,

11 Monsieur le Président, on aimerait avoir également cette décision sous

12 forme écrite, s'il vous plaît.

13 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Pavkovic, je

14 vous en prie.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

16 Madame et Messieurs les Juges. La semaine dernière, j'ai posé une question

17 au Juge May et j'ai demandé également que le Conseil des Juges m'aide dans

18 la solution d'un problème. En effet, il s'agit de la sécurité que nous

19 devons assurer aux témoins et des contacts qui doivent avoir lieu entre

20 les enquêteurs du Bureau du Procureur et ces témoins. Par conséquent, il y

21 a le lieu de rencontre qui est resté en suspens. Le Procureur demande que

22 ce soit Vitez... pardon, la défense propose Vitez et le Procureur Sarajevo

23 pour des raisons de sécurité.

24 C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à la Chambre de bien

25 vouloir adopter une décision à cet effet parce que nous avons déjà informé

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1 le Bureau du Procureur et nous avons également informé la Chambre que

2 c'était indispensable que les Juges puissent adopter une décision à cet

3 effet, étant donné que nous, la défense et le Procureur, nous ne pouvons

4 pas y arriver.

5 Par conséquent, si le Procureur réussit à mettre en sécurité les

6 témoins à Sarajevo, à ce moment-là je ne vois pas pourquoi il n'est pas

7 également possible que les enquêteurs dans les conditions de sécurité se

8 rendent à Vitez. Quelle est la différence ? Je m'excuse, j'abuse de votre

9 temps, mais il me semble que c'est une question que nous ne pouvons pas

10 résoudre entre nous, la défense et le Bureau du Procureur. C'est une

11 question extrêmement importante pour nous et nous vous demandons de bien

12 vouloir prendre une décision à ce sujet-là.

13 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Pavkovic. Nous

14 allons bien sûr rendre notre décision par écrit, comme le demandait

15 Me Radovic pour ce qui est de la question évoquée. Mais après mûre

16 réflexion, je pense qu'il est tout aussi utile de fournir une décision

17 écrite sur la question des témoins de moralité, pour voir si les arguments

18 présentés par Me Radovic s'agissant de la conduite des accusés sont

19 importants.

20 Maître Pavkovic vient de soulever une question, mais auparavant

21 j'aimerais me tourner vers le Bureau du Procureur pour voir s'il peut nous

22 fournir une solution et je saurais gré à l'accusation de se prononcer et

23 de fournir un commentaire sur les deux autres points que j'ai soulevés ce

24 matin. Je vous en prie, Maître Terrier.

25 M. Terrier. - Bonjour Monsieur le Président, bonjour Madame le

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1 Juge, bonjour Monsieur le Juge. Pour répondre à M. Pavkovic, cette

2 question effectivement a été évoquée

3 jeudi dernier.

4 Monsieur le Juge May a souhaité qu'un compromis puisse se faire

5 jour entre Me Pavkovic et l'accusation. Je répète que, pour nous et pour

6 des raisons de sécurité, qui ont été en particulier soulignées par la

7 SFOR, il ne peut pas être question de nous rendre à l'hôtel Vitez, de

8 procéder à ces auditions et ces rencontres à l'hôtel Vitez.

9 En revanche, nous pouvons faire une autre proposition à

10 Me Pavkovic qui serait une rencontre à Zagreb.

11 Nous pensons que si ce compromis est acceptable par Me Pavkovic

12 et par les témoins qu'en quelque sorte il représente, cette rencontre

13 pourrait avoir lieu au Bureau du Procureur à Zagreb, la sécurité de toutes

14 les parties y étant bien entendu complètement assurée. C'est le premier

15 point.

16 Le deuxième point que vous avez soulevé, Monsieur le Président,

17 est la réponse de Me Radovic. L'accusation réitère cette déclaration selon

18 laquelle effectivement nous n'avons pas d'indications nous permettant de

19 penser que l'un ou l'autre des accusés ait eu avant la guerre un

20 comportement défavorable, ou un comportement criminel, ou que dans le

21 comportement des accusés avant la guerre puisse expliquer le crime qui

22 leur est reproché aujourd’hui.

23 Maître Radovic a fait une déclaration qui est en quelque sorte

24 un parti pris philosophique, presque. Il estime que le comportement

25 criminel s'explique toujours par le comportement de la personne depuis son

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1 enfance et que, dans la biographie d'un accusé, on trouve toujours une

2 explication du crime.

3 Nous pensons que dans les circonstances très particulières qui

4 sont celles que nous devons examiner et que le Tribunal doit examiner,

5 l'explication du crime ne se trouve pas nécessairement dans la biographie

6 des accusés, mais dans d'autres circonstances qui seront soumises au

7 Tribunal.

8 Donc nous pensons effectivement que les témoins de moralité qui

9 viendront nous expliquer quel était le comportement des accusés avant la

10 guerre ne se rapportent pas à l'objet de ce procès, et je pense que la

11 décision qu’a prise le Tribunal est tout à fait incontestable.

12 Est-ce que, Monsieur le Président, vous souhaitez que

13 l'accusation donne son point de vue sur d'autres points ?

14 M. le Président. - Oui, la question de la pertinence de l'examen

15 des témoins concernant le problème des massacres commis par les Musulmans

16 contre les Croates.

17 M. Terrier. - Là encore, Monsieur le Président, l'accusation ne

18 conteste pas que, dans les circonstances de la Bosnie-Herzégovine de

19 l'époque, il y ait eu des massacres commis au préjudice des populations

20 croates.

21 Par conséquent, nous n'avons pas discuté des éléments de preuve

22 qui viendraient, qui seraient soumis au Tribunal en ce sens. Il peut

23 effectivement être utile au Tribunal de connaître le contexte de la

24 Bosnie-Herzégovine de cette époque-là, de ces premiers mois de 1993 et

25 derniers mois de 1992 ; mais je ne pense pas que nous puissions et que

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1 nous devions y perdre un temps considérable. Je pense que d'ores et déjà

2 les témoins qui ont été entendus par le Tribunal, des éléments

3 d'appréciation suffisants sur ces points ont été soumis à l'appréciation

4 de Madame et de Messieurs les Juges.

5 Je pense donc qu'aujourd'hui nous ne devons pas perdre davantage

6 de temps ou en tout cas occuper davantage de temps sur ces différentes

7 questions et la décision prise par votre Tribunal me paraît incontestable.

8 M. le Président. - Merci. Maître Radovic ?

9 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, en ce qui

10 concerne les témoignages concernant le modèle de comportement de l'accusé,

11 nous sommes arrivés au point qui devrait attirer notre attention sur le

12 fait qu'il pourrait y avoir la non égalité, la non équité du procès entre

13 la défense et l'accusation parce que nous avons souhaité prouver quel

14 était le comportement des accusés à travers toute leur vie, tout au long

15 de leur vie, et en vertu de l'article 93 du Règlement de procédure et de

16 preuve.

17 Le Procureur met en question le fait de citer les témoins en

18 vertu de cet article 93 ; et de l'autre côté, la Chambre accepte que l'on

19 cite l'épouse de l’ex-ambassadeur M. Galbraith, qui bien évidemment vient

20 d'ailleurs et qui ne connaît pas le profil de la population. C'est par

21 analogie qu'il essaie de nous apporter un certain nombre de preuves sur la

22 base d'un comportement d'une population qu'il a vue dans un autre village

23 et transférée à Ahmici.

24 Par conséquent, il ne serait pas indispensable dans ce cas-là de

25 citer l'épouse de cet ambassadeur dont l'oeuvre scientifique ne concerne

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1 absolument pas Ahmici mais un autre village qui se trouve très loin par

2 rapport à Ahmici, où la structure et la composition de la population sont

3 totalement villageoises, donc enfermées par rapport à Ahmici où il

4 s'agissait d'une population qui était celle de la banlieue et dont les

5 habitants travaillaient à l'usine. Par conséquent il n'y a aucune analogie

6 entre les deux.

7 M. le Président (interprétation). - Maître Slokovic-Glumac ?

8 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, je ne vais

9 pas être longue, je serai tout à fait brève. Le fait même que vous

10 considériez qu'il ne serait pas indispensable de citer les témoins qui

11 témoigneraient sur la moralité des accusés nous met dans la situation de

12 ne pas pouvoir poser un certain nombre de questions et d'éléments

13 factuels, car il s'agit effectivement des témoins qui ne vont pas parler

14 forcément du caractère des accusés, mais qui vont parler d'un certain

15 nombre de faits. Par conséquent, le Procureur lors de l'introduction avait

16 également à plusieurs reprises parlé de ce caractère des accusés et de

17 leur comportement nationaliste extrémiste.

18 C'est la raison pour laquelle nous allons essayer de prouver que

19 ces personnes-là n'avaient pas un tel comportement, qu'ils ne

20 réfléchissaient pas de cette façon, qu'ils n'étaient jamais intégrés dans

21 des organisations politiques et qu'ils n'avaient jamais exprimé, manifesté

22 de tels comportements. Cela fait partie intégrante de notre défense et

23 c'est la raison pour laquelle il est indispensable que ces témoins soient

24 intégrés dans notre défense, qu'ils soient cités. Que ce soit des témoins

25 de moralité ou autre, cela nous est égal mais l'important est qu'ils

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1 soient cités.

2 M. le Président (interprétation). - Avant de poursuivre,

3 permettez-moi d'apporter quelques éclaircissements ce matin.

4 Je parlais de témoins de moralité. Il est certain que je parlais

5 des témoins que nous venons d'entendre au cours de cette dernière semaine.

6 C'était des témoins factuels qui témoignaient à propos de faits précis

7 relatifs à l'accusation, au chef d'accusation n° 1.

8 En passant, mais ceci a pris beaucoup de temps, il y a eu

9 certaines questions relatives à la moralité des accusés et tous ont dit

10 que les accusés étaient de bons voisins, de braves gens, de bons

11 travailleurs, des gens sérieux qui participaient à des activités

12 culturelles sans manifester de comportement agressif.

13 Ce que j'ai dit ce matin ne portait que sur des témoins

14 factuels. Je vous demandais de vous abstenir de poser des questions à de

15 tels témoins s'agissant de la personnalité et de la moralité des accusés.

16 Ceci n'a rien à voir avec les témoins de moralité à proprement parler.

17 Nous avons déjà discuté de cette question et, à ce propos, nous avions

18 demandé d'appliquer l'article 94 ter. Rappelez-vous : nous avions déjà

19 abordé cette question il y a de cela quelques semaines.

20 Au moment où nous avons demandé aux conseils de la défense de

21 présenter des déclarations écrites sous serment, s'agissant de ces témoins

22 de moralité -les déclarations faites sous serment et signées- cela veut

23 dire qu'au moins un de ces témoins de moralité serait cité à la barre, un

24 par accusé bien sûr.

25 Il y aurait aussi la présentation de déclarations faites sous

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1 serment, déclaration écrite. J'ai demandé à l'accusation si elle était

2 d'accord et Me Terrier a dit que l'on verrait au cas par cas une fois que

3 la situation se présenterait. Impossible de dire, d’ores et déjà, que nous

4 allons accepter déclarer recevables toutes les déclarations écrites faites

5 sous serment. Mais ceci ne portait que sur la personnalité des témoins.

6 Nous parlons maintenant des faits. Nous avons lancé un appel en

7 tant que Juges à la défense, pour essayer de gagner du temps, en demandant

8 à la défense de s'abstenir de poser des questions qui sont répétitives

9 parce que nous n'avons de cesse d'entendre les mêmes réponses. C'est

10 toujours la même chose qui nous est dite : ce sont de braves gens, ça

11 l'était, ce le sont encore, ils se sont toujours bien comportés. Voilà ce

12 que nous entendons. Et puisque l'accusation ne conteste pas ce point,

13 pourquoi faudrait-il passer des heures entières à entendre toujours les

14 mêmes choses, les mêmes déclarations ? Voilà les deux points que je

15 voulais rappeler.

16 Pour ce qui est du mode de comportement, sauf le respect que je

17 dois à la défense, il y a bien sûr l'article 93 mais qui n'est pas

18 vraiment important. Je crois avoir participé à l'élaboration de cet

19 article 93 et je peux vous dire que le schéma de conduite, le comportement

20 systématique évoqué à l'article 93 évoquait autre chose : des crimes

21 contre l'humanité, lorsqu’il faut prouver qu'il y a une ligne de conduite

22 délibérée dans tel ou tel agissement.

23 Mais je ne vois pas pourquoi et dans quelle mesure l'article 93

24 pourrait intervenir dans la question de la personnalité, de la moralité et

25 non pas plutôt de la persécution. Pour la persécution, c'est peut-être

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1 important, mais ici nous parlons de la personnalité des accusés. Je fais

2 donc valoir que l'article 93 ne peut pas intervenir, être appliqué ici.

3 Mais poursuivons.

4 Je m'interroge : est-ce que Me Pavkovic pourrait réagir à la

5 proposition qu'a faite l'accusation s'agissant de Zagreb, en tant que lieu

6 éventuel de réunion ? Je vous passe la parole.

7 M. Pavkovic (interprétation). – Monsieur le Président, oui, le

8 conseil de Santic ne peut que se féliciter de cette proposition du Bureau

9 du Procureur mais, en ce moment même, compte tenu que je me dois

10 d'organiser un certain nombre de choses, je ne peux pas confirmer

11 véritablement la date. Que ce soit le 20, je ne peux pas le dire tout de

12 suite, mais tout au moins je ne peux pas retenir ces dates-là tout de

13 suite, mais le principe est retenu et je remercie le Procureur.

14 Nous sommes par conséquent très satisfaits de voir que le

15 Procureur a de la compréhension pour notre proposition. Je pense, Monsieur

16 le Président, qu’il ne faut pas peut-être maintenant abuser de votre temps

17 pour parler de cette question technique. On va pouvoir retenir la date

18 avec le Procureur.

19 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Je suis

20 sûr que le Procureur y veillera et discutera aussi sans doute de la date.

21 Pour autant qu'il y ait un problème s'agissant de la date, on peut

22 reporter telle ou telle date. Peut-être pas le 20, mais reporter à la

23 semaine suivante. En tout cas, j'espère que les deux parties parviendront

24 à un accord, notamment sur les détails en matière de date pour les

25 interrogatoires. Je pars du principe…

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1 Maître Terrier ?

2 M. Terrier (interprétation). – Monsieur le Président, je me

3 réjouis que Me Pavkovic accepte, semble-t-il, la proposition que je viens

4 de faire. Nous nous efforcerons de nous accorder sur une date et je pense

5 que nous pourrons informer le Tribunal très bientôt du résultat de ces

6 discussions.

7 M. le Président (interprétation). – Merci. Maître Krajina ?

8 M. Krajina (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

9 Je voudrais m'excuser auprès de vous, mais j'aimerais revenir à la

10 question qui a été soulevée tout à l'heure. Si j'ai bien compris et c'est

11 d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai demandé la parole, en ce qui

12 concerne les témoins de moralité et de citer ou pas citer ces témoins -si

13 je n'ai pas bien compris, vous allez me corriger-, je pense que cette

14 question n'exclut pas totalement de citer les témoins de moralité ou tout

15 au moins de poser des questions à d'autres témoins à ce sujet-là. Et je

16 comprends cela comme cela parce qu'il y a un certain nombre d'éléments de

17 preuve dans le cas de mon accusé, de Vlatko Kupreskic que je défends, il y

18 a un certain nombre de témoins que nous souhaitons citer et que de toute

19 façon ils ne vont pas véritablement charger notre affaire. Il s'agit d'un

20 certain nombre de témoins qui sont de nationalité musulmane.

21 Nous considérons par conséquent que leur témoignage concernant

22 le comportement de notre accusé, alors que ces témoins sont des victimes

23 également du conflit qui a eu lieu en 1993, nous sommes d'avis qu'il

24 serait utile véritablement pour le prononcé du jugement que la Chambre

25 puisse entendre également ce que ces deux ou trois témoins auraient eu à

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1 dire, qui sont de nationalité musulmane, comme je l'ai dit.

2 Par conséquent, je répète ma question : est-ce que ce que nous

3 venons de dire, et conformément à votre décision, on exclut carrément dans

4 le cas concret un témoin ou deux témoins musulmans qui auraient témoigné

5 du caractère, enfin qui seraient des témoins moralité en quelque sorte ?

6 Ce serait fort important pour la défense de notre accusé.

7 (Les Juges se concertent sur le Siège.)

8 M. le Président (interprétation). - Maître Krajina, la Chambre

9 est d'accord avec vous. Vous avez l'intention de citer deux ou trois

10 témoins de moralité. Ces témoins seront cités, mais ce ne sont pas des

11 témoins intervenant sur les faits, ce sont des témoins de moralité et vous

12 attachez un prix tout particulier à leur déposition. Je suppose qu'ils ne

13 vont pas à cette occasion répéter ce que nous avons déjà entendu, j'espère

14 qu'il n'y aura pas de doublon en matière de déposition, ce sera donc tout

15 à fait recevable.

16 Nous nous opposons au côté répétitif de certains des témoignages

17 que nous entendons, surtout s'il s'agit de la personnalité des accusés.

18 M. Krajina (interprétation). - Merci, mais ne vous en faites

19 pas, ces témoignages seront considérés comme recevables.

20 M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il nous faut

21 poursuivre. Il est grand temps d'appeler dans le prétoire le témoin

22 suivant.

23 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

24 Monsieur, je vais vous demander de faire la lecture de la

25 déclaration solennelle.

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1 M. Blaz (interprétation). - Je déclare solennellement que je

2 vais dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité.

3 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Maître

4 Slokovic-Glumac, je vous en prie.

5 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

6 Président. Bonjour, Monsieur Blaz. Auriez-vous l'amabilité de décliner

7 votre identité, de dire votre nom, votre prénom, l'adresse, le lieu de

8 résidence, où vous êtes né ?

9 M. Blaz (interprétation). - Bonjour. Je m'appelle Zeljko Blak,

10 je suis né à Travnik le 14 décembre 1964.

11 Mme Glumac (interprétation). - Où habitez-vous ?

12 M. Blaz (interprétation). - Ma demeure permanente est à Vitez.

13 Mme Glumac (interprétation). - Ou avez-vous travaillé avant la

14 guerre ?

15 M. Blaz (interprétation). - J'ai travaillé à la fabrique Princip

16 de Vitez.

17 Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à quand ?

18 M. Blaz (interprétation). - Jusqu'en 1991.

19 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite, vous êtes au chômage

20 technique ou vous avez interrompu votre travail ?

21 M. Blaz (interprétation). - Là, je suis au chômage technique.

22 Mme Glumac (interprétation). - Où avez-vous travaillé par la

23 suite ?

24 M. Blaz (interprétation). - A la suite de cela, j'ai commencé à

25 travailler au bureau Caritas de la paroisse, à Vitez depuis le début de

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1 l'année 1992.

2 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne Caritas, elle

3 a été organisée par la paroisse ?

4 M. Blaz (interprétation). - Effectivement, c'est un bureau qui a

5 été organisé par la paroisse, par l'église.

6 Mme Glumac (interprétation). - Cette organisation Caritas

7 concernait quelle communauté ?

8 M. Blaz (interprétation). - Il concernait la commune de Vitez.

9 Mme Glumac (interprétation). - Dites-moi, ou dites plutôt aux

10 Juges : Caritas aidait quelle population en 1992 ?

11 M. Blaz (interprétation). - Comme nous le savons, il s'agit ici

12 d'une organisation. Nous avons offert une aide à toutes les personnes qui

13 étaient menacées, donc à tous les cas sociaux qui se trouvaient à Vitez,

14 aux retraités, aux personnes âgées, aux personnes qui avaient des

15 problèmes de prise en charge et à toutes les personnes qui avaient besoin

16 d'une aide particulière.

17 Mme Glumac (interprétation). - Egalement avez-vous aidé les

18 réfugiés ?

19 M. Blaz (interprétation). - Oui.

20 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous nous donner le nombre

21 de réfugiés, les réfugiés qui avaient donc été traités par l'aide que vous

22 avez fournie ?

23 M. Blaz (interprétation). - Au cours de la première moitié

24 de 1992, il y avait un nombre limité de réfugiés simplement. Un nombre

25 plus important de réfugiés, une vague plus importante de réfugiés est

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1 venue au cours de la deuxième moitié de 1992. La plus grande partie de

2 Kotor Varos et de Jajce.

3 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous nous donner un

4 certain nombre de chiffres ? De quel nombre de réfugiés s'agissait-il ?

5 M. Blaz (interprétation). - Il s'agissait d'un nombre

6 approximatif de 7 000 réfugiés à cette époque-là.

7 Mme Glumac (interprétation). - Combien de Musulmans ? Combien de

8 Croates ?

9 M. Blaz (interprétation). - Environ 5 000 Musulmans et

10 2 000 Croates.

11 Mme Glumac (interprétation). - Caritas était-il intégré

12 également pour faire héberger les gens et les aider dans ce sens-là,

13 l'organisation du séjour ?

14 M. Blaz (interprétation). - Oui, oui.

15 Mme Glumac (interprétation). - Caritas aidait-il également les

16 Musulmans et les Croates à Vitez ?

17 M. Blaz (interprétation). - Oui.

18 Mme Glumac (interprétation). - Avait-il aidé également les

19 réfugiés croates et les réfugiés musulmans ?

20 M. Blaz (interprétation). - Il apportait une aide à tous les

21 réfugiés et à toutes les personnes, indépendamment de tout critère de

22 religion ou de nationalité, sans aucune différence.

23 Mme Glumac (interprétation). - Y avait-il une autre organisation

24 qui a été mise en place, qui travaillait sur la base bénévole au deuxième

25 semestre de 1992, à Vitez ?

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1 M. Blaz (interprétation). - Oui, nous avions commencé à

2 travailler à partir du milieu de 1992. A cette date-là, c'est

3 l'organisation Merhamet qui a été fondée à Vitez.

4 Mme Glumac (interprétation). - Qui était le fondateur de

5 Merhamet ?

6 M. Blaz (interprétation). - C’est plus la communauté musulmane

7 qui en était la fondatrice. Il s'agissait d'une organisation établie sur

8 une base confessionnelle.

9 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que le HCR également avait

10 agi dans la municipalité de Vitez ?

11 M. Blaz (interprétation). - Le commissariat aux Nations-Unies

12 pour les réfugiés a fonctionné au cours de la deuxième moitié de

13 l’année 1992 et également à la fin de cette année-là. Et à cette époque-

14 là, il disposait d'une antenne, d'un bureau à Vitez, et ils ont eu un

15 dépôt dans la localité Prajulje, donc dans la direction de Travnik, vers

16 le haut. Ils ont fonctionné sur Vitez jusqu'à la fin du mois d’octobre

17 1992, et après cela, ils sont partis.

18 Je pense qu'ils se sont donc transférés à Zenica à la suite de

19 cela.

20 Mme Glumac (interprétation). - Les conditions économiques au

21 cours de 1992 et ensuite, au cours de 1993, se sont dégradées dans la

22 municipalité de Vitez ?

23 M. Blaz (interprétation). - Oui, tout à fait. Il y a eu une

24 aggravation de la situation. Les gens ne pouvaient plus travailler et il y

25 a eu des besoins plus croissants en ce qui concerne l'humanitaire.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'au cours de cette

2 période après la fondation de Merhamet, Caritas avait poursuivi d'aider

3 les Musulmans aussi bien que les Croates ?

4 M. Blaz (interprétation). - Oui. Caritas a aidé et a apporté une

5 aide à toutes les personnes avant la fondation de Merhamet et a continué

6 son travail après l'ouverture du bureau de Merhamet.

7 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que Caritas aidait

8 également les gens qui sont restés dans la municipalité de Vitez depuis le

9 début de la guerre ?

10 M. Blaz (interprétation). - Oui, durant toute la guerre.

11 Mme Glumac (interprétation). - Et ceux qui étaient dans la

12 municipalité de Vitez, mais qui étaient de nationalité musulmane ? Cela a

13 duré jusqu'à quand, s'il vous plaît ?

14 M. Blaz (interprétation). - Ceci a duré depuis le début, pendant

15 toute cette période-là. On a apporté une aide à toutes les personnes qui

16 se trouvaient dans la région de Vitez aussi bien aux Musulmans qu’aux

17 Croates et également aux Serbes pendant la durée de la guerre et après la

18 guerre.

19 Mme Glumac (interprétation). - Le 16 avril, au moment où le

20 conflit s'est déclenché dans la municipalité de Vitez, les Musulmans qui

21 s'y trouvaient n'ont plus eu de contacts avec Merhamet, n'est-ce pas ?

22 M. Blaz (interprétation). - Oui.

23 Mme Glumac (interprétation). - Ils sont donc tous de votre côté,

24 à ce moment-là ?

25 M. Blaz (interprétation). - Les Musulmans qui se trouvaient à

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1 cette époque-là dans la localité de Vitez venaient au bureau de Caritas

2 pour demander de l'aide.

3 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il y a d'autres moyens

4 auxquels ils ont pu recourir, outre Caritas, à cette époque-là ?

5 M. Blaz (interprétation). - Au cours de la guerre, non. Je pense

6 qu'à cette époque-là ils vivaient de l'aide fournie par Caritas.

7 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez combien de

8 familles vous aviez pour aider à la fin de la guerre et qui étaient de

9 nationalité musulmane ?

10 M. Blaz (interprétation). - Environ cinquante.

11 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous pouvez, s'il vous

12 plaît, maintenant jeter un coup d'oeil ou parcourir ce document -c'est un

13 extrait de document-, et nous expliquer de quelle manière vous avez aidé

14 les familles, et par qui passiez-vous ?

15 (L'huissier s'exécute.)

16 Mme Ameerali (interprétation). - Document marqué D80/2.

17 M. le Président (interprétation). - J'aimerais savoir si le

18 greffier pourrait de nouveau nous indiquer le numéro de la pièce à

19 conviction du document.

20 Mme Ameerali (interprétation). - D80/2.

21 Mme Glumac (interprétation). - S'il vous plaît, si vous voulez

22 bien parcourir ce document, il s'agit de Caritas, de cette organisation

23 paroissiale, qui avait envoyé l'aide à l'organisation de Merhamet. C'est

24 l'organisation humanitaire.

25 Il y a des dates qui sont différentes, il y a des attestations

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1 qui datent de 1992, d'autres de 1993. Ensuite, tout au long de 1993, je

2 pense que la dernière fois était au mois de juillet 1993.

3 Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, dire aux Juges comment

4 vous avez organisé cette aide ?

5 M. Blaz (interprétation). - De cette façon. Nous avons assuré

6 une aide de manière organisée et aussi de manière individuelle, donc toute

7 personne qui venait chez nous pour demander de l'aide obtenait cette aide.

8 En plus de cela, je parle ici d'un travail organisé, je pense en

9 particulier à l'aide fournie aux retraités compte tenu de la liste dont

10 nous disposions à propos des personnes retraitées. Nous avions ici une

11 liste complète de tous les retraités de la commune de Vitez à l'époque.

12 Ces documents ici que je connais particulièrement bien parce que c’est moi

13 qui les ai compilés, qui les ai signés, qui les ai émis.

14 On peut voir ici que d'une manière tout à fait indépendante,

15 nous avons assuré une aide, donc nous avons également donné une aide à

16 l'organisation Merhamet et à la suite de cela, nous avons transmis cette

17 aide à toutes les personnes qui en avait besoin.

18 Ici nous avons la caserne de pompiers. Il s'agissait d'une

19 organisation pour laquelle nous savions qu'il s'agissait d'une

20 organisation très importante pour une commune. Très souvent, ils ne

21 disposaient pas de rémunération à cette époque-là et nous leur

22 fournissions également une aide à cause de cela. Les personnes

23 travaillaient en tant que pompiers sans compensation à l'époque.

24 Mme Glumac (interprétation). - Il y a une dernière attestation

25 qui date de juillet 1993, à l'époque où vous avez aidé les familles

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1 musulmanes, ou vous avez envoyé l'aide aux familles musulmanes, n'est-ce

2 pas ?

3 M. Blaz (interprétation). - Oui.

4 Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, toutes ces affectations

5 ont été signées par vous. Dites aux Juges s'il s'agit uniquement des cas

6 que vous connaissez quand vous avez donné de l'aide ou bien éventuellement

7 s'il y en avait d'autres.

8 M. Blaz (interprétation). - Non là, il s'agit seulement de

9 quelques-unes de ces attestations qui existaient en plus grand nombre. Il

10 y en a beaucoup plus. Il s'agissait d'une aide qui a été fournie à toutes

11 ces personnes. Elle a duré beaucoup plus longtemps que ce qui est indiqué

12 ici.

13 Mme Glumac (interprétation). - Dites aux Juges, s'il vous plaît,

14 si outre cette aide en vivres et en vêtements, comme il en ressort de ce

15 document, il y avait également des médicaments et une pharmacie qui

16 fournissait des médicaments ?

17 M. Blaz (interprétation). - Oui. Il y avait une pharmacie qui

18 fonctionnait, qui travaillait de la même manière que le bureau paroissial

19 de Caritas. Il s'agissait d'une pharmacie appelée la pharmacie de Caritas.

20 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que cette pharmacie

21 délivrait les médicaments musulmans de la même manière ? Comme ceci fut le

22 cas à l'égard des Croates ?

23 M. Blaz (interprétation). – Oui, oui. Même au cours d'une

24 certaine période, donc à la fin de 1992 et au début de 1993 il y a eu un

25 nombre beaucoup plus important de Musulmans qui venaient de la pharmacie

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1 de Caritas. Un nombre plus important que de Croates, donc il s'agissait de

2 personnes qui assuraient ce travail.

3 Mme Glumac (interprétation). - Et cela s'est poursuivi comme

4 cela au cours de la guerre ?

5 M. Blaz (interprétation). – Non, on n'a fait aucune différence

6 ni avant la guerre, ni pendant la guerre, ni après la guerre.

7 Mme Glumac (interprétation). - Juste une autre question, s'il

8 vous plaît. Dites aux Juges s'il y avait des influences qui ont été

9 exercées sur Caritas, sur vous, dans le but de réduire l'aide accordée aux

10 Musulmans avant la guerre ? Ou pendant la guerre ?

11 M. Blaz (interprétation). – Voilà, il n'y a eu aucune incidence,

12 aucune influence exercée. Au début de mon travail, c'était l'une des

13 conditions pour que moi je puisse travailler là-bas, que je puisse

14 disposer d'une liberté totale de travail et que je puisse prendre mes

15 décisions conformément à l'accord. Donc, il s'agissait ici d'une décision

16 définitive et sans aucune intervention d'une autre personne dans mon

17 travail.

18 Il n'y avait absolument aucune influence qui était exercée de la

19 part de qui que ce soit sur le travail de Caritas.

20 Mme Glumac (interprétation). – Ni de la part des autorités

21 politiques ? Ni militaires ?

22 M. Blaz (interprétation). – Non, non.

23 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur Blaz.

24 J'ai terminé mon interrogatoire. Je voudrais que l’on accepte comme pièce

25 à conviction la pièce à conviction D80/2.

Page 6550

1 M. le Président (interprétation). - Merci. Pas d'objection de la

2 part de l'accusation ?

3 (Monsieur Terrier fait non de la tête)

4 M. le Président (interprétation). – Cette pièce sera versée au

5 dossier des pièces à conviction.

6 Est-ce qu'un autre conseil de la défense voudrait procéder à un

7 contre-interrogatoire du témoin ? Maître Pavkovic ?

8 M. Pavkovic (interprétation). – Monsieur le Président, j'ai ici

9 seulement une question, une petite clarification. Je suis donc le conseil

10 de la défense, Me Pavkovic.

11 Vous avez déclaré que Caritas a fondé son antenne au sein de la

12 paroisse. Vous avez également déclaré que Caritas ne faisait absolument

13 aucune différence dans l'aide quand il s'agissait ici des différences

14 nationales ou confessionnelles. Vous avez également déclaré quand il

15 s'agissait de réfugiés musulmans ou croates.

16 J'aimerais que vous répondiez ici à cette question. Compte tenu

17 du fait qu'il s'agit ici d'un espace où vivent différentes communautés

18 nationales et confessionnelles, Caritas est un organisme de caractère

19 confessionnel catholique ?

20 M. Blaz (interprétation). – Oui.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

22 M. le Président (interprétation). - Merci.

23 M. Terrier. – Je serai moi aussi très rapide, Monsieur le

24 Président. Monsieur le Témoin, mon nom est Franck Terrier, je suis l’un

25 des avocats de l'accusation, je vais vous poser rapidement quelques

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1 questions de clarification.

2 Il me semble avoir compris que l'organisation Caritas, pour le

3 compte de laquelle vous avez travaillé à cette époque dans la région de

4 Vitez, ait été affiliée à Caritas international qui est une organisation

5 humanitaire d'inspiration catholique romaine. C'est bien cela ?

6 M. Blaz (interprétation). - Oui. Effectivement, nous étions en

7 relation avec d'autres Caritas dans la mesure du possible.

8 M. Terrier. – Du moins, quelles que soient ces relations, vous

9 respectiez les principes généraux qui commandent l'action de Caritas

10 international dans tous les pays du monde, ou dans tous les conflits au

11 cours desquels elle peut intervenir ?

12 M. Blaz (interprétation). - Je vous serais reconnaissant si vous

13 pouvez répéter la question.

14 M. Terrier. – Je souhaitais simplement savoir si vous

15 considériez, à l'époque, devoir respecter les règles générales qui

16 commandent l'action de Caritas à travers le monde, et dans tous les

17 conflits au cours desquels cette organisation catholique est appelée à

18 intervenir ?

19 M. Blaz (interprétation). – Voilà, l'organisation Caritas donne

20 une aide à toutes les personnes à qui cette aide est nécessaire, est

21 utile. Donc, c'est ce principe-là que nous avons appliqué indépendamment

22 de tout critère d'appartenance nationale, confessionnelle ou quelqu’autre

23 critère. Sans aucun préjugé quel qu'il soit. Ceci signifie que le simple

24 terme Caritas, il s'agit d'une organisation qui a toujours fourni une aide

25 donc, il s'agissait de fournir une aide à toutes les personnes sans aucune

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1 différenciation faite à l’égard des personnes.

2 M. Terrier. – Et vous serez d'accord avec moi pour dire que le

3 principe de non-discrimination est un principe fondamental de l'action

4 humanitaire pour toutes les organisations internationales ? Et dans tous

5 les pays où ces organisations sont appelées à agir ?

6 M. Blaz (interprétation). - Oui.

7 M. Terrier. – Vous avez évoqué, Monsieur le Témoin, l'arrivée de

8 5 000 réfugiés musulmans dans la région de Vitez, dans la municipalité de

9 Vitez au cours du deuxième semestre de 1992. Est-ce que vous pouvez

10 préciser combien de ces 5 000 réfugiés musulmans Caritas -le bureau de

11 Caritas pour lequel vous travaillez- a aidé au cours de cette période et

12 dans la période qui a suivi, c'est-à-dire dans le courant de

13 l'année 1993 ?

14 M. Blaz (interprétation). - Comme nous ne faisions absolument

15 aucune distinction dans l'aide qui était donnée aux personnes, nous

16 n'avons fait aucune distinction non plus aux différentes personnes à qui,

17 effectivement, nous avons fourni cette aide. Toute personne qui venait

18 chez nous, qu'il s'agisse d'un réfugié de nationalité musulmane ou de

19 religion catholique ou quelque autre réfugié que ce soit, nous lui avons

20 toujours donné une aide de manière tout à fait normale. En tenant compte

21 de ce qui était à notre disposition dans notre stock, nous lui disions,

22 dans la mesure de nos possibilités. Nous avons accordé une grande

23 attention au nombre de personnes qui venaient dans notre bureau de

24 Caritas. Il y avait un nombre important de personnes qui venaient chez

25 nous.

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1 M. Terrier. – Est-ce que le bureau de Caritas pour lequel vous

2 travailliez avait des relations avec les autorités civiles et les

3 autorités militaires croates présentes à Vitez ?

4 M. Blaz (interprétation). - Caritas a eu des relations avec les

5 autorités civiles dans la mesure où, au cours des contacts qu'elle avait,

6 si une aide était nécessaire en ce qui concerne l'octroi de véhicules, de

7 combustible ou de moyens que nous ne pouvions pas nous assurer par nous-

8 mêmes et qui étaient indispensables pour la poursuite de notre travail.

9 Parce que nous n'avions pas de moyens pour que nous puissions nous assurer

10 tout par nous-mêmes.

11 C'est uniquement pour ces raisons-là que nous entretenions des

12 contacts avec les autorités civiles. Pour cet objectif-là.

13 M. Terrier. – Est-ce que, en avril 1993, le bureau de Caritas a

14 visité, par exemple, l’école de Dubravica où étaient détenus des

15 Musulmans ?

16 M. Blaz (interprétation). – Non.

17 M. Terrier. – Est-ce que le bureau de Caritas ne considérait pas

18 qu'il s'agissait là d'une mission qui lui revenait ?

19 M. Blaz (interprétation). - Le bureau de Caritas n'était pas au

20 courant de ce fait, pour ce fait-là que vous énoncez ici.

21 M. Terrier. – Quelles autres organisations humanitaires

22 intervenaient dans la région en même temps que Caritas ?

23 M. Blaz (interprétation). - Vous pensez ici aux organisations

24 internationales ?

25 M. Terrier. - Je pense à toute organisation humanitaire représentée

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1 dans la municipalité de Vitez.

2 M. Blaz (interprétation). - Oui. Caritas était la première

3 organisation qui a commencé son travail dans la municipalité de Vitez. Nous

4 avons été les premiers à nous organiser et normalement, en tant que tels,

5 nous avons été les premiers à donner de l'aide. Par la suite, au cours du

6 deuxième semestre 1992,Merhamet a été fondée. Il y a eu également la Croix-

7 Rouge, il y avait également l'Association de la Mère et de l'Enfant, des

8 organisations internationales qui avaient leur bureau à Vitez, donc il y

9 avait le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés,ceci pour une

10 courte période, et également il y avait l'association Feed the child,

11 d’ après moi. Il y avait également...

12 M. Terrier. - Je vous remercie. Une dernière question, Monsieur le

13 Témoin. Revenons sur ces Musulmans détenus à l'école de Dubravica en avril.

14 Il se trouve que la Croix-Rouge est intervenue dans cette école. Comment

15 expliquer que la Croix-Rouge ait été informée de cette détention de

16 Musulmans à l'école de Dubravica et pas Caritas ?

17 M. Blaz (interprétation). - Caritas a procédé à une distribution de

18 nourriture et donc il était tout à fait logique que la Croix-Rouge soit

19 informée de ce genre de fait, si ces faits advenaient.

20 M. Terrier. - Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le Président.

21 M. le Président (interprétation). - Maître Slokovic-Glumac ?

22 Mme Glumac (interprétation). - Maintenant, le représentant de l’accusation

23 vous a demandé quels avaient été les principes de fonctionnement

24 de Caritas et des autres organisations internationales humanitaires dont

25 l'une d'entre elles est effectivement Caritas. J'aimerais savoir si

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1 effectivement ces principes ont été appliqués dans la pratique.

2 M. Blaz (interprétation). - Oui.

3 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez également dit que Merhamet

4 a été fondé au cours du deuxième semestre 1992. Il s'agit également d'une

5 organisation humanitaire qui a pour principe de donner de l'aide à tout le

6 monde.

7 M. Blaz (interprétation). - Oui.

8 Mme Glumac (interprétation). - De la part de Merhamet, a-t-on

9 également donné de l'aide aux Croates? Connaissez vous un cas de ce genre ?

10 M. Blaz (interprétation). - Je pense que non, du moins je ne suis pas au

11 courant de quelque cas que ce soit.Toute l'aide que nous recevions et

12 que nous stockions dans nos entrepôts a été distribuée très,très rapidement

13 aux personnes. Donc ceci se faisait de manière systématique : cette aide

14 arrivait, on procédait à la distribution et nous attendions d'autres aides

15 supplémentaires à la suite de cela.

16 C'est ainsi que les personnes, les gens qui avaient le plus besoin d’aide

17 pouvaient obtenir pratiquement quotidiennement ou en tout cas dans des

18 délais très rapprochés les uns des autres, pouvaient obtenir de l'aide. Il

19 n'y avait donc pas besoin qu'ils aillent où que ce soit d'autre pour

20 obtenir de l'aide.

21 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que l'on a ici pu réduire la

22 charge de travail de Caritas qui également fournissait de l'aide aux

23 Musulmans, par rapport aux autres organisations qui fournissaient de l'aide

24 aux Musulmans ?

25 M. Blaz (interprétation). - Je pense que oui, effectivement. C'est nous

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1 qui avons commencé à travailler normalement, quand Merhamet a été fondé,

2 Merhamet a déchargé un petit peu Caritas de sa charge de travail, bien que

3 les personnes continuaient à venir chez nous à Caritas, même après la

4 fondation de Merhamet.

5 Mme Glumac (interprétation). - Aient continué à obtenir de l'aide ?

6 M. Blaz (interprétation). - Oui.

7 Mme Glumac (interprétation). - Dites-moi, savez-vous pourquoi le HCR

8 a quitté Vitez ? Connaissez-vous les raisons de son départ ?

9 M. Blaz (interprétation). - J'étais triste qu'ils aient passé si peu de

10 temps à Vitez. J'ai demandé la raison de leur départ et il m'a été répondu

11 qu'il y avait des raisons de sécurité, d'autres raisons peut-être qui les

12 poussaient à partir.

13 Personnellement, je pense qu'il n'y avait aucune raison à leur

14 départ, mais ils étaient sans doute mieux informés de la chose que moi.

15 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous de la date de leur

16 départ ?

17 M. Blaz (interprétation). - Je pense qu'ils sont partis fin octobre,

18 peut-être début novembre 1992.

19 Mme Glumac (interprétation). - Dites-nous qui a été l'élément fondateur

20 de Vitez-Caritas ? Pourriez-vous nous donner le nom et le bureau de

21 la paroisse ?

22 M. Blaz (interprétation). - Bozidar Blazevic, il s'agissait d'un

23 frère, d'un prêtre de la paroisse.

24 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous également déclarer à

25 l'intention des Juges si les réfugiés-et vous avez dit qu'à un moment donné

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1 il y avait à peu près 7 000 réfugiés à Vitez- si ces réfugiés, disais-je,

2 étaient des réfugiés croates qui avaient reçu l'aide de Caritas pour partir

3 de Vitez ? Connaissez-vous ces efforts déployés apparemment par Caritas ?

4 M. Blaz (interprétation). - Tout à fait. La plupart des personnes

5 déplacées d'origine croate ont passé très peu de temps à Vitez.Ces personnes

6 ont reçu l'aide de l'aide humanitaire. On a bien sûr tenu compte de la

7 volonté de chacun, qui voulait habiter là où il voulait. Nous n'avons pas

8 essayé d'exercer une influence sur ces personnes. Ils sont restés peu de

9 temps et puis ils sont partis à la recherche de meilleures conditions de vie.

10 Mme Glumac (interprétation). - Qu'en fut-il des réfugiés musulmans ?

11 M. Blaz (interprétation). - La plupart des réfugiés musulmans sont

12 restés dans la région.

13 Mme Glumac (interprétation). - Je n'ai plus de questions à poser,

14 Monsieur le Juge.

15 M. le Président (interprétation). - Les Juges n'ont pas de questions

16 à poser. Je vous remercie, Monsieur, d'être venu déposer devant nous. Vous

17 pouvez désormais vous retirer. Je vous remercie, Monsieur Blaz.

18 M. Blaz (interprétation). - Merci.

19 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

20 M. le Président (interprétation). - Maître Slokovic Glumac,

21 demandez-vous des mesures de protection à l'encontre du témoin suivant ?

22 Mme Glumac (interprétation). - Non.

23 M. le Président (interprétation). - Merci. Nous pouvons donc

24 appeler dans le prétoire le témoin suivant.

25 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, avant de

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1 commencer l'interrogatoire de ce témoin, j'aimerais dire ceci. Ce témoin

2 va nous parler d'une région contiguë à celle d'Ahmici. Il va nous parler

3 de Loncari et du village de Putis ainsi que de Jelinak. Ceci va nous

4 renvoyer au témoignage de Matthew Wooley, témoin déjà présenté par

5 l'accusation, qui a présenté des éléments de preuve sur cette région.

6 C'est la raison qui nous pousse à revenir sur cette partie du

7 témoignage. Ce sont ces événements déjà présentés par l'accusation que

8 nous allons aborder aujourd'hui.

9 (Le témoin est introduit dans le prétoire).

10 Nous allons donc vous présenter notre version de ces faits.

11 M. le Président (interprétation). - Bonjour Monsieur. Je vous

12 demanderai de donner lecture de la déclaration solennelle.

13 M. Plavcic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

14 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, vous

16 pouvez prendre place.

17 Mme Glumac (interprétation). - Bonjour Monsieur Plavcic,

18 veuillez décliner votre identité ainsi que vos éléments d'identification :

19 où êtes-vous né, où résidez-vous aujourd’hui ?

20 M. Plavcic (interprétation). - Je m’appelle Anto Plavcic, je

21 suis né le 22 août 1954, et je suis né à Jelinak, municipalité de

22 Busovaca, dans l'ex-Etat de Yougoslavie.

23 Mme Glumac (interprétation). - Et où habitez-vous aujourd'hui ?

24 M. Plavcic (interprétation). - Aujourd'hui, j'habite dans la

25 municipalité de Busovaca.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Vous pouvez accélérer le débit

2 davantage. Je vais demander l’aide de l'huissier afin que ce dernier

3 montre cette carte tant aux Juges qu’au témoin.

4 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce D81/2.

5 (L'huissier s'exécute.)

6 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Plavcic, je vais vous

7 demander d'examiner cette carte qui se trouve sur votre rétroprojecteur.

8 M. Plavcic (interprétation). - Vous me permettez d'utiliser

9 cette baguette, ce pointeur ?

10 Mme Glumac (interprétation). - Oui, mais ne l’utilisez pas pour

11 l’écran plutôt pour le rétroprojecteur à votre droite.

12 M. Plavcic (interprétation). - Oui, je vois.

13 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous dire à l’intention

14 des Juges où vous habitiez en 1992 et 1993 ?

15 M. Plavcic (interprétation). - Depuis ma naissance, et ceci

16 jusqu’en 1993, j’ai habité à Jelinak. Voici cet endroit que je vous

17 indique sur la carte.

18 Mme Glumac (interprétation). - Quelles sont les agglomérations

19 plus grandes à proximité de Jelinak ?

20 M. Plavcic (interprétation). - Il y a Putis, Loncari, Bakije qui

21 se trouve sur le flan de la colline ou du mont Kuber.

22 Mme Glumac (interprétation). - Quelles sont les distances qui

23 séparent ces villages, Jelinak, Loncari et Putis ?

24 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, si l’on va de Jelinak à

25 Putis, on couvre une distance d’un kilomètre, de Jelinak à Loncari, là

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1 aussi cela fait à peu près un kilomètre.

2 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces villages touchent

3 au confin même de leur délimitation ?

4 M. Plavcic (interprétation). - Il y a quelques maisons

5 éparpillées, de ci, de là, qui les relient. Entre Loncari et Jelinak, il y

6 a une séparation qui est constituée par le cimetière. Ce qui veut dire

7 qu'il y a peut-être des terrains vagues ou non habités, de 400 ou

8 500 mètres d'importance entre ces deux villages.

9 Mme Glumac (interprétation). - Quelle était la composition

10 ethnique à Jelinak ?

11 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, on avait 50 %, mettons

12 moitié moitié, Croates et Musulmans.

13 Mme Glumac (interprétation). - Il n'y avait pas d’autres groupes

14 ethniques qui étaient représentés à Jelinak ?

15 M. Plavcic (interprétation). - Non.

16 Mme Glumac (interprétation). - Combien de maisons y avait-il à

17 Jelinak ?

18 M. Plavcic (interprétation). - Je dirais une centaine de ménages

19 qui vivaient à Jelinak, en d'autres termes cinquante de ceux-ci étaient

20 Musulmans et les autres 50 % étaient des Croates.

21 Mme Glumac (interprétation). - Quelle est la taille et la

22 composition ethnique à Putis ?

23 M. Plavcic (interprétation). - Putis est un peu plus petit. Il y

24 a à peu près 80 ménages qui y habitent, je pense du moins à peu près, dont

25 30 % sont des Croates, enfin je dirais 20 % à 30 %.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Et pour ce qui est du village de

2 Loncari ?

3 M. Plavcic (interprétation). - Là aussi, de 70 à 80 ménages.

4 Loncari était habitée par des Musulmans. Cependant, il y avait de nombreux

5 ménages serbes ou orthodoxes.

6 Mme Glumac (interprétation). - Il y a aussi le village de

7 Bakije, n'est-ce pas, dans cette région ? Comment ce village était-il

8 composé ?

9 M. Plavcic (interprétation). - Il y avait exclusivement des

10 Croates qui habitaient à Bakije. Il s'agissait d'une vingtaine de ménages.

11 Mme Glumac (interprétation). - Ce sont des villages qui sont

12 accrochés au flanc du mont Kuber ?

13 M. Plavcic (interprétation). - Oui. Mais le village de Bakije,

14 nous le voyons d'ailleurs sur la carte, est un peu plus éloigné vers

15 l'arrière. Là, il y a un autre relief, celui de Gradina.

16 Mme Glumac (interprétation). - Quelle était la distance séparant

17 ces villages-là et le village d'Ahmici que je vous demande d'ailleurs de

18 montrer sur la carte ?

19 (Le témoin s'exécute)

20 M. Plavcic (interprétation). - Oui, volontiers. Voici où se

21 situe Ahmici. Pour ce qui est de la distance entre Jelinak et Ahmici :

22 quatre ou cinq kilomètres. De cette façon-ci. Mais vous voyez, il fallait

23 emprunter cette route-ci pour aller d'un village à l'autre. Si on passait

24 par la route, là, la distance s'agrandissait quelque peu et faisait sept

25 kilomètres.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, avant que la

2 guerre n'éclate dans cette région, vous, vous habitiez à Jelinak. Qu’y

3 faisiez-vous ?

4 M. Plavcic (interprétation). - J'étais à l'usine Mediapan et

5 j'étais chargé de la défense civile à la communauté.

6 (Monsieur le Président intervient pour préciser qu’il n'y a pas

7 d'interprétation de la cabine anglaise)

8 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous pouvez répéter

9 s'il vous plaît ?

10 M. Plavcic (interprétation). – Oui. J’ai travaillé à l'usine

11 Mediapan.

12 M. le Président (interprétation). – Désolé, il n'y a pas de

13 traduction qui passe dans la cabine anglaise. Le problème semble être

14 résolu.

15 Pourriez-vous nous dire ce que vous faisiez avant la guerre ?

16 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, avant la guerre, je

17 travaillais à l'usine Mediapan. J'étais ouvrier tourneur-fraiseur à

18 l'usine Mediapan.

19 Mme Glumac (interprétation). - Où se trouvait cette usine ?

20 M. Plavcic (interprétation). - A Busovaca. Mais Mediapan, pour

21 être plus précis, se trouve à Kaonik.

22 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous travailliez à

23 temps plein ? Ou est-ce que vous avez été mis à pied pour un certain

24 temps ?

25 M. Plavcic (interprétation). - Au moment où les troubles ont

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1 commencé, le conflit a éclaté, je ne travaillais pas à proprement parler.

2 J’allais de temps à autre sur le site de l'usine, mais la plupart du

3 temps, je ne travaillais pas.

4 Mme Glumac (interprétation). - Vous étiez membre de la défense

5 civile ?

6 M. Plavcic (interprétation). - Oui. J'ai été représentant de la

7 défense civile et j'étais le représentant de Jelinak. Je représentais le

8 personnel de la défense civile.

9 Mme Glumac (interprétation). - Vous n'avez pas été conscrit

10 militaire ?

11 M. Plavcic (interprétation). – Non.

12 Mme Glumac (interprétation). – Rappelé sous les drapeaux ?

13 M. Plavcic (interprétation). – Depuis 1972, je n'étais plus

14 appelé parce que j'avais mis au point mon état.

15 Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes handicapé, c'est la

16 raison pour laquelle vous n'avez pas été rappelé sous les drapeaux ?

17 M. Plavcic (interprétation). - C'est exact.

18 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges ce

19 qui s'est passé en 1993 ? Ou peut-être, plus exactement, en 1992 dans

20 votre région ?

21 Vous souvenez-vous des forces qui contrôlaient les reliefs,

22 notamment, de Kuber ?

23 M. Plavcic (interprétation). – En 1993, les membres du HVO

24 contrôlaient Kuber. Toutefois, dans cette région-ci, il y avait des

25 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Au nord-est plus précisément.

Page 6564

1 Mme Glumac (interprétation). – Qu’en était-il des rapports au

2 village ? Est-ce qu'il y avait des membres du HVO, de la Défense

3 territoriale de l’armée de Bosnie-Herzégovine dans le village ?

4 M. Plavcic (interprétation). – En 1993, il y avait effectivement

5 des membres du HVO dans le village. Il y avait également des membres de la

6 Défense territoriale, encore de la BIH de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

7 Les rapports à l’époque, en 1993, étaient un peu tendus entre ces divers

8 représentants. Les contacts étaient rares de ce fait. Les rapports un peu

9 refroidis depuis le pilonnage de Busovaca. Les gens s'étaient quelque peu

10 écartés, éloignés ; ils ne voulaient plus coopérer avec nous.

11 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, les rapports se

12 sont détériorés après le conflit de Busovaca en janvier 1993 ?

13 M. Plavcic (interprétation). - Oui.

14 Mme Glumac (interprétation). - Le 15 avril 1993, parlons de

15 cette date : qui avait le contrôle de Kuber ? Du moins Kuber ce jour-là ?

16 Y a-t-il eu quelque chose d'inusité, d'inhabituel qui se soit produit dans

17 la région ? Etant donné que ceci, cette région se trouvait vraiment tout

18 près de chez vous ?

19 M. Plavcic (interprétation). - Le 15 avril, 1993 s’entend,

20 j'étais chez moi. Le matin, nous avons entendu des coups de feu, des tirs

21 provenant de la région du mont Kuber. Ceci nous a surpris, c'était

22 inhabituel, nous nous sommes demandé ce qui se passait.

23 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces tirs se sont

24 poursuivis toute la journée ? Ils avaient commencé vers midi ?

25 M. Plavcic (interprétation). - Les tirs se sont poursuivis

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1 jusqu'à la tombée de la nuit à des degrés divers d'intensité. Dans

2 l'après-midi, deux membres du HVO étaient blessés. Ils furent évacués en

3 passant par Jelinak en direction de Kaonik.

4 Mme Glumac (interprétation). - Dans la direction de Kaonik. Mais

5 qui étaient ces membres du HVO qui avaient été blessés ?

6 M. Plavcic (interprétation). - La première personne s'appelait

7 Slavko Jelic. Le deuxième s'appelait Dragan Andrijacevic.

8 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que c’étaient des

9 habitants de Jelinak ?

10 M. Plavcic (interprétation). - Oui, tous les deux. Ils

11 habitaient tous les deux à Jelinak.

12 Mme Glumac (interprétation). - Et c'étaient des membres du HVO ?

13 M. Plavcic (interprétation). - Oui.

14 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous les avez vus au

15 moment où ils ont été évacués en passant par Jelinak ?

16 M. Plavcic (interprétation). - Tout à fait. Oui, nous étions

17 tous effrayés par les tirs. Nous sommes allés voir ce qui se passait et

18 ces deux hommes sont apparus, il y avait d'autres hommes qui les portaient

19 pour les évacuer... Donc nous avons vu toutes ces personnes qui sont

20 parties par Jelinak, sont montées par le col en direction de Kaonik et de

21 l'hôpital qui se trouvait à Kaonik.

22 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que les positions

23 de Kuber étaient détenues par le HVO et que près de Kicin c'était l'armée

24 de Bosnie-Herzégovine qui avait le contrôle.

25 M. Plavcic (interprétation). - Oui.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Qui, d'après vous, a été le

2 premier à attaquer, ou plutôt quels étaient les combattants ?

3 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien le 15 avril 1993, moi je

4 ne sais pas qui a lancé l'attaque, qui a attaqué qui, moi je n'étais pas

5 là, j'étais au village. Qui a été le premier à lancer l'attaque, je ne

6 sais pas. Ce que je sais, c'est que lorsque ces personnes ont été

7 évacuées, nous avons entendu dire que le HVO avait été attaqué par l'armée

8 de Bosnie-Herzégovine qui venait de la direction de Zenica.

9 Mme Glumac (interprétation). - Donc, d'ici ?

10 (Le témoin montre la carte.)

11 M. Plavcic (interprétation). - Oui, venant d'ici, du coin

12 supérieur gauche, en tout état de cause de Zenica. Apparemment, le HVO

13 avait été attaqué depuis Zenica.

14 Mme Glumac (interprétation). - Etant donné les combats qui

15 avaient lieu à proximité du village, est-ce que dans les villages

16 avoisinants de Putis et de Loncari il y avait des choses qui se

17 passaient ?

18 M. Plavcic (interprétation). - Pour ce qui est de Putis, là il y

19 avait moins de Croates qui s'y trouvaient. Lorsque nous avons entendu ces

20 tirs, les gens ont pris peur, ont pris la fuite en direction de Jelinak.

21 Ce ne fut pas le cas de tout le monde. Certains l'ont fait, ils ont

22 cherché refuge ici, à l'endroit que je montre sur la carte. Et au cours de

23 la soirée du 15 ils ont passé cette soirée chez des amis, chez des parents

24 pour certains d'entre eux, alors que d'autres ont pris la fuite sans

25 savoir où aller. Ils ont pris la route qui allait vers Kaonik, Saretovici

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1 et Busovaca.

2 Mme Glumac (interprétation). - Les combats ont donc commencé

3 le 15. Est-ce qu'ils se sont poursuivis le 16 avril ?

4 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, les combats ont cessé un

5 peu au cours de la nuit du 15 au 16, mais le matin du 16 les combats ont

6 repris et ont gagné en intensité, ceci de façon généralisée, sur tout le

7 territoire du mont Kuber.

8 Mme Glumac (interprétation). - Et ces coups de feu, où ont-ils

9 été entendus ?

10 M. Plavcic (interprétation). - Près de Saracevac, mais ici, à

11 l'endroit que je montre sur la carte, il n'y a pas eu de combats. Il n'y a

12 qu'une partie au conflit qui a tiré là. Mais le combat se poursuivait ici,

13 dans la région du mont Kuber.

14 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que des tirs étaient

15 dirigés contre le village même, sur le village même ?

16 M. Plavcic (interprétation). - Le 16 ?

17 Mme Glumac (interprétation). - Oui, le 16.

18 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, des tirs ont commencé à

19 être dirigés sur le village, d'abord à partir de cette direction, de Kicin

20 je pense...

21 Mme Glumac (interprétation). - Oui, vous avez déjà montré cela,

22 c'est très bien.

23 M. Plavcic (interprétation). - C'est à ce moment-là que le

24 village a été en but à des tirs, le matin. Des obus sont tombés sur la

25 partie croate du village de Jelinak. Il y a eu des tirs de mortier...

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1 Difficile de voir d'où un tir de mortier vient, pourtant il est aisé de

2 l'entendre, mais je pense qu'il venait d'ici. Je vous montre Gomanovci.

3 Mme Glumac (interprétation). - Il y a une autre flèche qui vient

4 de Merdani. Est-ce qu'il y a eu du pilonnage de cette région ? Vous en

5 souvenez-vous ?

6 M. Plavcic (interprétation). - L'après-midi, effectivement nous

7 avons reçu des tirs venant de la région de Merdani, mais de cette

8 direction ici aussi, en haut à gauche, que je montre, et aussi de

9 Vran Stijena.

10 Mme Glumac (interprétation). - Ce qui veut dire que, pour ainsi

11 dire, le village était encerclé ou entouré et le seul libre passage était

12 celui qui menait à Kaonik ?

13 M. Plavcic (interprétation). - Oui, tout à fait, le long de

14 cette route-ci en direction de Kaonik. Mais les gens de Vran Stijena

15 voient le plus clair de cette route qui mène à Kaonik.

16 Mme Glumac (interprétation). - Il y a un instant, vous disiez

17 que la partie croate du village avait été pilonnée. Ce village, comment

18 était-il divisé ?

19 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, il était divisé de telle

20 façon que la partie supérieure, la partie haute du village -ce village est

21 à flanc de colline, ce n'est pas un terrain plat-, donc pour la partie

22 supérieure du village il y avait des maisons musulmanes, alors qu'en

23 contrebas il y avait les maisons croates.

24 Mme Glumac (interprétation). - Le 16, est-ce que les autres

25 Croates venaient de Putis ?

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1 M. Plavcic (interprétation). - Oui, les autres Croates venaient

2 de Putis, venaient à Jelinak et disaient qu'ils avaient été soumis à des

3 pilonnages venant de la direction de Kicin. C'est là, cet endroit que

4 j'indique entre les flèches. Les gens étaient terrifiés lorsqu'ils

5 arrivaient. Ils sont passés en vitesse à travers Jelinak et ont poursuivi

6 leur fuite.

7 Mme Glumac (interprétation). - Lorsqu'il y avait les combats,

8 savez-vous s'il y a un déplacement de la ligne de front ?

9 M. Plavcic (interprétation). - Eh bien, les tirs se sont

10 intensifiés, se sont rapprochés le 15, et le 16 vers le matin, il y a eu

11 des combats sur le haut du mont Kuber ; alors que le 16, l'après-midi, les

12 combats se sont rapprochés du village. Il y a eu aussi des pilonnages plus

13 intensifs.

14 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que des gens ont commencé

15 à quitter le village de Jelinak ?

16 M. Plavcic (interprétation). - Oui, les gens mêmes de Jelinak

17 ont pris la fuite, en même temps que ces autres personnes qui étaient

18 arrivées, eux aussi pour aller en direction de Kaonik. Ils ont pris la

19 fuite, il y a eu des pilonnages l'après-midi, mais je vous en ai déjà

20 parlé.

21 Mme Glumac (interprétation). - Et le 17 avril, que s'est-il

22 passé ? Quand tout le monde est-il parti du village ?

23 M. Plavcic (interprétation). - Il y avait eu des combats toute

24 la nuit du 16 au 17. Et le matin, aux petites heures du matin,, les

25 combats ont un peu diminué de 1 heure à 3 heures du matin. A l'aube, les

Page 6570

1 combats se sont rapprochés du village et ceux qui n'étaient pas encore

2 partis ont commencé à prendre la fuite car il pleuvait de plus en plus

3 d'obus sur le village : il y avait l'artillerie lourde qui venait de

4 Kicin, des coups de mortier qui venaient de ces endroits.

5 M. le Président (interprétation). - Je crois que l'heure est

6 venue de ménager une pause de trente minutes.

7 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à

8 11 heures 05).

9 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

10 nous allons poursuivre. Nous nous sommes arrêtés au 17 avril. Vous avez

11 dit que les gens commençaient à fuir et que le village le matin...

12 (Problème technique de la cabine anglaise.)

13 Nous nous sommes arrêtés par conséquent à la date du 17 avril.

14 Le problème technique, Maître Terrier, pour la cabine anglaise.

15 Je vais reprendre et j'espère que la cabine anglaise va pouvoir

16 marcher.

17 M. le Président (interprétation). - Oui. J'entends maintenant la

18 cabine anglaise.

19 Mme Glumac (interprétation). - Je reprends. Donc, nous sommes le

20 17 avril 1993.

21 (Monsieur le Président une fois de plus fait remarquer que, du

22 point de vue technique, on ne peut pas poursuivre.)

23 (Le témoin dit qu'il entend bien et il ne voit pas d'où vient le

24 problème).

25 M. le Président (interprétation). - Oui nous pouvons poursuivre

Page 6571

1 maintenant, je pense qu'enfin on a surmonté ce problème technique.

2 Mme Glumac (interprétation). - Dites aux Juges, le 17 avril,

3 nous avons commencé à parler du 17 avril, que s'est-il passé après ? Vous

4 avez indiqué un certain nombre de personnes qui sont parties ?

5 M. Plavcic (interprétation). - Lors des premières heures du

6 matin du 17 avril, il y a eu une réduction d'intensité dans les coups de

7 feu, donc une réduction dans les affrontements, ce qui fait que nous

8 pouvions entendre ces coups de feu de très près, mais il y a eu une

9 réduction dans l'intensité des combats, et ceci dans les premières heures

10 de la matinée.

11 Tout de suite après, il y a eu une recrudescence des combats,

12 donc on arrive même à un point culminant de ces coups de feu et donc il y

13 a toute une série de coups de feu qui s'échangeaient de toutes les

14 directions que je vous ai mentionnées : ici, sur l'ensemble du territoire

15 de Jelinak, et également ici dans la direction de la route qui va vers

16 Kaonik, donc ici, dans les parties basses de la vallée.

17 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu que

18 cette opération était à proximité du village ?

19 M. Plavcic (interprétation). - Oui, aux premières heures de la

20 matinée, les combats se sont rapprochés du village. C'était quelque chose

21 d'épouvantable, c'était terrible. Il y avait des tirs de mortier et

22 également des tirs d'artillerie lourde, et les civils ont été pris de

23 panique et ont pris la fuite. Ils ont commencé à fuir vers Kaonik. Au même

24 moment...

25 Mme Glumac (interprétation). - Un petit moment, s'il vous plaît.

Page 6572

1 Est-ce que l'ensemble de la population croate part ce jour-là ?

2 M. Plavcic (interprétation). - Oui. Au cours du matin, c'est

3 toute la population civile qui part, donc les civils du village de

4 Jelinak. Il y a eu seulement deux personnes âgées qui sont restées dans la

5 commune. De ces deux personnes, l'une a été tuée, l'autre a été blessée et

6 dans le lieu qui se trouve directement contigu au cimetière. Une autre

7 personne a vu une partie de sa jambe arrachée et l'autre personne a été

8 tuée.

9 Nous avons continué à fuir en direction de Kaonik. Quand nous

10 sommes arrivés à Kaonik, nous avons dû traverser le pont pour rejoindre le

11 lieu-dit Jaretovici. Nous pouvons voir ici que depuis la direction de

12 Merdani, il y a eu des coups qui ont été échangés dans cette direction-là.

13 Nous avons donc dû nous reporter et nous enfuir vers l'autre côté, vers

14 Jaretovici. Quand nous sommes arrivés à Jaretovici, il n'y avait plus de

15 coups de feu tirés contre nous, mais il y avait des tirs de mortier qui

16 tombaient contre nous. Il y avait donc des combats très violents qui

17 étaient livrés dans cette région-ci.

18 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie. J'ai compris.

19 Eh bien, en provenance de Merdani vous avez dit qu'il y avait donc des

20 tirs, vous êtes partis comme civils. Qui se trouvait à Merdani ?

21 M. Plavcic (interprétation). - A Merdani se trouvait une

22 population exclusivement musulmane. Ce sont des villages de population

23 exclusivement musulmane à Merdani, il n'y a pas de Croates.

24 Au-dessus de Merdani, il y avait peut-être une ou deux maisons

25 habitées par des gens de nationalité serbe. Je ne sais pas s’ils s'étaient

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1 déjà enfuis auparavant ou s'ils sont partis à ce moment-là, cela je ne le

2 sais pas. Mais je simplement dis que, de cette partie de la route ici

3 depuis cette direction-là, il y avait des tirs d’artillerie et de mortiers

4 qui étaient lancés contre nous.

5 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit également du village

6 Bakije ? Est-ce que les Croates sont restés dans le village de Bakije, ou

7 ils se sont retirés ?

8 M. Plavcic (interprétation). - De ce village-là également la

9 population croate s'est enfuie. Ils se ne trouvaient pas avec nous et le

10 même jour ils sont arrivés à Busovaca. Il y a eu des tirs d'artillerie

11 lourde et des tirs depuis cette autre direction, donc une direction de 15

12 à 16 kilomètres.

13 Il y avait des tirs d'artillerie lourde et d'autres éléments

14 d'artillerie lourde qui se trouvaient à cet endroit-là et qui pouvaient

15 toucher aussi bien Bakije que Jelinak et qui pouvaient toucher les foyers

16 croates de la commune de Jelinak.

17 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous voyez, compte

18 tenu du fait que l'on essayait de tirer sur les parties croates du

19 village, comment l'armée de Bosnie-Herzégovine se déplaçait, comment elle

20 avançait ?

21 M. Plavcic (interprétation). - Nous n'avons pas vu.

22 Effectivement nous pouvions entendre parce que ces coups de feu se

23 rapprochaient à tel point de nous que, quand ils ont commencé à avoir ces

24 échanges de coups de feu, nous nous sommes enfuis dans cette direction.

25 Les coups de feu se sont rapprochés systématiquement jusqu'à la limite

Page 6574

1 même du village, jusqu'aux confins mêmes du village.

2 Mme Glumac (interprétation). - Entendu. Pourriez-vous dire aux

3 Juges quand le HVO a-t-il quitté cette zone, compte tenu du fait que vous

4 êtes parti à Busovaca ?

5 M. Plavcic (interprétation). - Le 17, au cours des heures de la

6 matinée, nous sommes arrivés à Busovaca. Nous avons été hébergés par des

7 membres de la famille ou des amis, donc dans des résidences secondaires

8 qui étaient vides. C'étaient les membres de la défense civile, de la

9 Croix-Rouge qui étaient hébergés là.

10 Le 18 avril, nous avons entendu qu'il y avait des combats qui

11 étaient livrés, des combats extrêmement violents livrés dans le village

12 même de Jelinak.

13 Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, vous avez entendu que,

14 outre les combats qui ont été menés à Jelinak, il y avait d'autres

15 villages également qui ont été frappés. Où se trouvait la ligne de front

16 le 18 avril ?

17 M. Plavcic (interprétation). - Elle se trouvait encore dans le

18 village de Loncari.

19 Mme Glumac (interprétation). - Et quand le HVO s’est-il retiré ?

20 M. Plavcic (interprétation). - Le 18 avril, l'armée de Bosnie-

21 Herzégovine a retiré ses lignes. L'armée de Bosnie-Herzégovine a conquis

22 l'ensemble de l'endroit, l'ensemble du village de Jelinak de manière à ce

23 que le HVO a dû se retirer.

24 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que l'on peut dire que, à

25 partir du 18 avril jusqu'à maintenant, toute cette région est d'abord sous

Page 6575

1 le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine et ensuite des Musulmans ?

2 M. Plavcic (interprétation). - Oui. Ceci est exact. A partir de

3 ce moment-là, du 18 avril 1993, les villages de Jelinak, de Bakije et de

4 Putis sont sous le contrôle total de l'armée de Bosnie-Herzégovine et des

5 Musulmans. Les Musulmans sont revenus dans les villages de Loncari, de

6 Jelinak et Putis, alors que les Croates ne sont revenus ni à Jelinak ni à

7 Bakije. Maintenant, en 1998, les Croates sont revenus dans le village,

8 dans le lieu-dit Buhine Kuce qui se trouve ici, donc au courant de

9 l'automne 98.

10 Mme Glumac (interprétation). - Vous parliez de Buhine Kuce.

11 Elles ont été quitté peu avant par les Croates.

12 M. Plavcic (interprétation). - Ces maisons ont été abandonnées

13 quelque peu avant. Là, maintenant il y a sept ménages qui sont revenus.

14 Mme Glumac (interprétation). - Que s'est-il passé avec les

15 maisons croates dans cette région ? Est-ce que les maisons croates à

16 Jelinak, à Putis, à Bakije sont restées en bon état ? Ou bien ont-elles

17 été incendiées ?

18 M. Plavcic (interprétation). - Le 18 avril, dans les heures de

19 l'après-midi, quand nous apprenons que le village de Jelinak est sous le

20 contrôle complet de l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous entendons dire que

21 toutes les maisons sont soit incendiées, ont été incendiées et que le HVO

22 n'a plus accès à ce segment de territoire, moi avec tous les autres. Je

23 pense que, pour ma part, en 1995 j'ai pu me rendre sur le cimetière pour

24 la Toussaint.

25 Et là, j'ai pu atteindre ma maison qui est dans le village de

Page 6576

1 Jelinak sous la protection de la police et de l'armée de Bosnie-

2 Herzégovine. Donc, j'ai pu voir cet endroit où toutes les maisons, à

3 l'exception de deux, avaient été incendiées, détruites et ma maison

4 également.

5 Mme Glumac (interprétation). - Et les deux autres maisons ?

6 M. Plavcic (interprétation). – Oui, ces deux maisons étaient en

7 état de fonctionnement, elles avaient des fenêtres, un toit ; je ne sais

8 pas quelle était la situation à l'intérieur. Mais elles étaient

9 recouvertes d’un toit et il y avait des fenêtres.

10 Mme Glumac (interprétation). - Pour résumer, le 19 avril, cette

11 région a été abandonnée complètement par le HVO, n'est-ce pas ?

12 M. Plavcic (interprétation). – Oui. Cette région avait été

13 complètement abandonnée par le HVO. Comme moi je l'ai entendu, j'ai

14 entendu dire que le HVO s'est retiré et que l'armée de Bosnie-Herzégovine

15 s'est emparée entièrement de cette région. C'est cette ligne Novaca et

16 dans cette direction-là. Cette ligne, ici, aux alentours de Loncari était

17 sous le contrôle du HVO et tout le reste de cette fraction du territoire

18 était sous les contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

19 Mme Glumac (interprétation). - Il y avait un témoin qui a été

20 cité devant cette Chambre et qui avait dit que le 25 avril 1993, il était

21 à Jelinak, dans le village de Jelinak et que ce village a été incendié.

22 Cependant, il considérait, il avait dit que c'était le HVO qui avait

23 incendié ce village. Est-ce que vous savez s'il y avait d'autres incidents

24 après le 19 avril 1993 qui, éventuellement, auraient pu produire ces

25 destructions ?

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1 M. Plavcic (interprétation). - Après le 17 avril, donc au cours

2 de la matinée, quand j'ai abandonné le village avec les civils qui se

3 trouvaient là à ce moment-là, à l'exception de deux qui sont restés à cet

4 endroit, je ne sais plus ce qui s'est passé à cet endroit. Je sais qu'au

5 cours du 17 avril, dans les premières heures de la matinée, on a pu voir

6 sur cette hauteur, sur la partie supérieure du village musulman, donc sur

7 la partie supérieure du village, au cours de la matinée, nous avons vu

8 qu'il y avait des flammes qui s'élevaient, que quelque chose avait été

9 détruit, incendié. Mais qui a incendié ? Cela nous n'avons pas pu le

10 déterminer.

11 Mme Glumac (interprétation). - Par ailleurs, ce témoin qui a été

12 cité devant la Chambre avait dit également qu'il avait vu des cochons qui

13 ont été tués, qu'on les a incendiés, que tout ceci a laissé une impression

14 extrêmement désagréable. Qui avait des porcs ? Qui avait des cochons dans

15 le village ?

16 M. Plavcic (interprétation). - Dans le village de Jelinak,

17 c'était les Croates et aussi les Musulmans qui avaient des cochons.

18 C'était des cochons qu'ils avaient toujours. Donc, je ne sais pas

19 exactement qui étaient les propriétaires parmi les Croates et les

20 Musulmans. Qui étaient les possesseurs de ces cochons.

21 Mme Glumac (interprétation). – Savez-vous ce qui s'est passé

22 avec des maisons croates à Putis ?

23 M. Plavcic (interprétation). - Les maisons croates à Putis ont

24 toutes été incendiées le 18 avril quand le HVO s'est retiré et quand

25 l'armée de Bosnie-Herzégovine a conquis totalement cette localité. C'est à

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1 ce moment-là que nous avons entendu à Busovaca que toutes les maisons de

2 Putis ont été détruites.

3 Mme Glumac (interprétation). - Les maisons à Bakije, qu’est-ce

4 qui s'est passé avec ces maisons-là ?

5 M. Plavcic (interprétation). - Les maisons à Bakije ont été,

6 elles aussi, incendiées mais je ne sais pas exactement quand elles ont été

7 incendiées, à quelle date. Je n'ai pas si elles ont été incendiées le 18

8 ou bien encore plus tard. Cela, je ne le sais pas. Donc, elles ont été

9 totalement, dans l'ensemble, incendiées. C'est ce que j'ai entendu et je

10 sais qu'elles ont été incendiées.

11 Mme Glumac (interprétation). – Entendu. Je vous remercie. Merci,

12 Monsieur le Président. J’ai terminé mon interrogatoire. Je vais tout

13 simplement demander que l'on mette la pièce à conviction D81/2.

14 M. le Président (interprétation). – (Hors micro)

15 M. Pavkovic (interprétation). - Il n'y a personne qui

16 souhaiterait interroger le témoin, tout au moins du côté de la défense.

17 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Blaxill ?

18 M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

19 Madame et Messieurs les Juges.

20 Bonjour , Monsieur Plavcic. Je m'appelle Michael Blaxill, je

21 suis l’un des substituts en cette affaire.

22 M. Plavcic (interprétation). – Bonjour.

23 M. Blaxill (interprétation). – J’aimerais vous poser quelques

24 questions à la suite de l'interrogatoire principal que nous venons

25 d'entendre ce matin.

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1 Vous avez déclaré que la région de Kuber se trouvait sous le

2 contrôle du HVO avant le 16 avril 93, avant avril 1993 plus exactement.

3 M. Plavcic (interprétation). - C’est exact. C'est exact que les

4 unités du HVO étaient présentes dans la région du mont Kuber. En tenant

5 compte également que sur cette partie-ci de la montagne il y avait des

6 unités de la Défense territoriale.

7 M. Blaskic (interprétation). - Je vois. Dans le village même de

8 Jelinak, n'est-il pas exact de dire qu’en janvier 1993 le HVO local a

9 exigé le désarmement des Musulmans qui devraient, à partir de ce moment-là

10 se placer sous la protection du HVO dans la région ? Vous souvenez-vous de

11 cela ?

12 M. Plavcic (interprétation). – Je ne me souviens pas de cela.

13 Comme j'étais civil, je ne pouvais pas être porté à la connaissance de ces

14 informations militaires. Je ne sais pas exactement ce qui se produisait à

15 ce niveau-là à ce moment-là.

16 M. Blaxill (interprétation). - Plus tard, vers le 15 avril,

17 avant le début des combats violents, vous souvenez-vous que des hommes

18 musulmans aient été détenus ? Des hommes qui avaient été enlevés du

19 village ce jour-là et qui ont été détenus ?

20 M. Plavcic (interprétation). – Le15 avril, il n'y a pas eu de

21 personnes qui ont été faites prisonnières. Non, il n'y en a pas eu. Pour

22 autant que je sache, non il n'y a pas eu de personnes faites prisonnières.

23 Les Musulmans sont restés sur place, nous aussi sommes restés sur place.

24 Mais nous avions peur, aussi bien nous qu'eux, quand on a commencé à

25 entendre les coups de feu dans la région du mont Kuber. Quand Jelic et

Page 6580

1 Andrijasevic sont arrivés dans le village, c'est à ce moment-là que nous

2 avons été particulièrement effrayés.

3 M. Blaxill (interprétation). – Ce que vous nous dites, c'est que

4 le 15 avril ou auparavant, vous n'avez pas souvenir du fait que des hommes

5 musulmans aient été emmenés du village de Jelinak. C'est bien ce que vous

6 nous dites ?

7 M. Plavcic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas

8 ça. Je ne suis pas au courant de ça.

9 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous aviez travaillé à

10 Kaonik, endroit que vous connaissiez ? Est-ce que vous avez appris, par la

11 suite, qu'un lieu, qu'un camp de détention avait été établi, camp dans

12 lequel furent détenus certains Musulmans ?

13 M. Plavcic (interprétation). - J'ai travaillé dans l'usine

14 Mediapan et je me trouvais ici dans cette partie-ci de cette région. C'est

15 là que se trouvaient donc les locaux de l'usine Mediapan, dans la région

16 de Saretovici. Il y avait une caserne où se trouvait l'armée, donc c'était

17 l'endroit pour la prison, mais il n'y avait pas de lieu de détention dans

18 cet endroit-là.

19 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que par la suite vous avez

20 appris que des Musulmans étaient détenus dans des installations de

21 détention dans le camp de Kaonik ?

22 M. Plavcic (interprétation). - Quand nous sommes arrivés à

23 Busovaca, quand nous nous sommes enfuis, quand nous sommes arrivés à

24 Busovaca même, nous avons pu entendre qu'un certain nombre de Musulmans

25 ont été détenus dans une prison à Kaonik, dans une caserne.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Le 15 ou aux environs de

2 cette date, est-il exact que des éléments du HVO à Kuber avaient entamé

3 des actions militaires contre des éléments de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine ? Est-ce bien exact ?

5 M. Plavcic (interprétation). - Je ne sais pas ce qui se passait

6 sur le mont Kuber. Je ne savais pas ce qui se passait là-bas le 15 avril.

7 Je sais simplement que nous avons pu entendre des coups de feu le 15 avril

8 sur le mont Kuber et que le HVO tenait ces positions-là, et que l'armée de

9 Bosnie-Herzégovine tenaient ces positions ici, dans cette partie, ici, et

10 depuis cet endroit-là.

11 Donc le 15 avril il y avait des échanges d'artillerie lourde sur

12 le village et des combats avec une intensité réduite ont été livrés dans

13 la région du mont Kuber à cette date-là. Ce qui fait que, le 16 avril, il

14 y a eu encore d'autres unités d'artillerie lourde qui sont apparues ici,

15 qui ont effectué des tirs ici, donc depuis la réaction de Jarac en

16 direction du village de Jelinak, et également vers le village de Bakije.

17 M. Blaxill (interprétation). - J'aimerais que nous nous

18 consacrions un instant au village de Loncari. Vous souvenez-vous des

19 événements qui s'y sont produits le 26 janvier 1993 ?

20 M. Plavcic (interprétation). - Je ne sais pas, je n'ai aucune

21 idée de cela. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé à Loncari le 26.

22 Je ne sais pas ce qui s'est produit de manière générale à Loncari parce

23 que je me trouvais à Jelinak. C'est loin. Donc effectivement derrière ce

24 virage ici, ici se trouve la maison, donc je ne pouvais même pas voir la

25 localité de Loncari, je ne pouvais pas savoir ce qui s'est passé.

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1 Mais comme nous fuyions, nous sommes passés à côté de la

2 localité de Loncari qui se trouve ici, donc du côté droit, au cours de

3 notre fuite, quand nous prenions la fuite en direction de Kaonik.

4 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré que ces

5 villages que l'on voit sur la carte sont assez proches les uns des autres.

6 Savez-vous que vers cette date, donc fin janvier, il y avait eu des

7 pilonnages, des tirs dans la région de Loncari ?

8 M. Plavcic (interprétation). - Vous parlez du village de

9 Loncari ? Non, je ne pense pas qu'il y ait eu de tirs et qu'il y ait eu

10 des pilonnages au mois de janvier. Il y avait des pilonnages, mais non,

11 pas à Loncari, pas à Jelinak.

12 M. Blaxill (interprétation). - Je vois. Parlons maintenant du

13 village de Putis. Diriez-vous la même chose, c'est-à-dire qu'il n'y a pas

14 eu de coups de feu entendus à cet endroit fin janvier 1993 ?

15 M. Plavcic (interprétation). - Non. Il n'y avait pas de tirs en

16 provenance de Putis et en provenance de Jelinak en janvier. Nous avons

17 entendu les tirs dans l'autre partie du côté de Merdani, eh bien du côté

18 des montagnes dont on a parlé, Tsona, et puis Lasva, vers la vallée de la

19 Lasva. C'est dans cette région-là, et puis Kula également.

20 (Le témoin montre sur la carte les emplacements.)

21 M. Blaxill (interprétation). - Si je vous soumettais cette

22 hypothèse, à savoir que devant une autre Chambre de première instance des

23 témoins ont dit que, tant à Loncari qu'à Putis, on avait essuyé des tirs

24 venant du HVO fin janvier, est-ce que vous diriez qu'une telle déposition

25 est erronée ?

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1 M. le Président (interprétation). - Maître Glumac ?

2 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, je

3 voudrais soulever une objection. Il n'y a aucun témoin qui a été cité

4 devant cette Chambre qui en a parlé. On a parlé des conflits qui ont eu

5 lieu au mois d'avril et aucun témoin n'a parlé du mois de janvier 1993,

6 tout au moins pas devant cette Chambre.

7 C'est la raison pour laquelle je vais demander au Procureur,

8 s'il vous plaît, de ne pas en parler parce que ce n'était pas exact.

9 M. Blaxill (interprétation). - Mais Madame et Messieurs les

10 Juges, je parle d'une déposition devant une autre Chambre et je soumets

11 cette hypothèse tout à fait factuelle pour voir si le témoin est d'accord

12 avec elle. Effectivement, à ce moment-là, nous verrons en fin de compte et

13 nous discuterons de l'importance de ceci.

14 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, juste un

15 point. Moi, je ne suis pas au courant, les conseils ne sont pas au courant

16 du fait qu'il y avait des témoins qui éventuellement ont parlé de ces

17 faits devant une autre Chambre. Si le Procureur souhaite poser une telle

18 question, à ce moment-là il peut lui poser la question de manière directe

19 sans parler et sans se référer à d'autres témoins qui ont parlé devant

20 d'autres Chambres, alors que nous ne sommes pas au courant.

21 M. le Président (interprétation). - Je crois que Me Slokovic-

22 Glumac a raison.

23 M. Blaxill (interprétation). - Je vais reposer la question d'une

24 façon différente pour éviter tout litige.

25 A un moment donné, Monsieur le Témoin, avez-vous entendu dire

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1 qu'il y avait eu de tels pilonnages dirigés contre Loncari ou Putis fin

2 janvier ?

3 M. Plavcic (interprétation). - Non, je ne sais pas, je ne suis

4 pas au courant qu'il y ait eu des tirs dans cette partie. Je ne pense pas

5 qu'il y ait eu des tirs.

6 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'à quelque moment que ce

7 soit, vous avez entendu parler du fait que des hommes musulmans étaient

8 rassemblés dans ces deux villages le 15 avril ou aux environs de cette

9 date ?

10 M. Plavcic (interprétation). - Moi, je ne suis pas au courant.

11 M. Blaxill (interprétation). - Fort bien. Vous avez parlé de

12 l'intensité des combats et qu'une grosse attaque avait été lancée sur

13 Kuber par l'armée de Bosnie-Herzégovine contre le HVO le 16 avril. C'est

14 bien ce que vous nous avez dit, Monsieur, n'est-ce pas ?

15 M. Plavcic (interprétation). - Oui, c'est vrai. Il y avait des

16 tirs, des opérations militaires qui ont commencé le 16, le 16 avec une

17 intensité beaucoup plus grande par rapport au 15, tout simplement parce

18 que c'est en provenance de Kicin, de Jarac, de ce point dont j'ai parlé

19 également que des tirs provenaient et les tirs étaient dirigés vers la

20 partie croate de Jelinak.

21 M. Blaxill (interprétation). - Laissez-vous entendre par là que

22 la partie musulmane n'a subi aucun dégât dans le village de Jelinak ?

23 M. Plavcic (interprétation). - Pour ce qui est du 16 avril, il

24 n'y avait aucun dégât qui a été commis sur les maisons musulmanes, mais ce

25 n'est que le soir que l'on a vu une partie des maisons musulmanes et en

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1 haut du village qui étaient incendiées parce qu'il y a des lumières que

2 l'on voyait d'en haut, le feu.

3 M. Blaxill (interprétation). - A votre connaissance,

4 Monsieur Plavcic, est-ce qu'en fait toute cette région ne devenait pas un

5 véritable champ de bataille avec des dégâts occasionnés aux biens tant

6 croates que musulmans ?

7 M. Plavcic (interprétation). - Oui, c'est un fait. Il est vrai

8 que le 18 avril toutes les maisons dans le village de Jelinak, de Putis

9 également, des maisons croates, et à Jelinak plus précisément toutes les

10 maisons ont été incendiées. C'est ce que j'avais appris à Busovaca :

11 toutes les maisons avaient été incendiées. Il y en avait qui avaient été

12 incendiées avant, d'autres après. J'ai dit que, moi, j'ai vu d'abord dans

13 la partie haute, très tôt le matin, les maisons qui ont été incendiées

14 dans le village de Jelinak.

15 M. Blaxill (interprétation). - Je n'ai plus de questions à poser

16 à ce témoin Monsieur le Président, je vous remercie.

17 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

18 Maître Glumac, avez-vous des questions supplémentaires ?

19 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Eh bien, est-ce que vous

20 avez vu vous-même de vos propres yeux qu'un certain nombre de Musulmanes

21 ont été emmenées le 15 avril 1993 du village ?

22 M. Plavcic (interprétation). - Je n'ai pas vu de mes propres

23 yeux. C'est par la suite que j'ai appris qu'un certain nombre de Musulmans

24 ont été détenus dans la prison de Kaonik.

25 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'il y

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1 avait un certain nombre de Musulmans qui ont été emmenés le 15 avril ?

2 M. Plavcic (interprétation). - Non, cela, je ne peux pas vous le

3 dire. Je ne sais pas s'il y en avait qui ont été emmenés le 15 avril. Ce

4 n'est que par la suite que j'ai appris ce que je viens de dire.

5 Mme Glumac (interprétation). - Et en ce qui concerne Kuber, vous

6 avez dit également que c'est la montagne au point de trois frontières.

7 Vitez, Busovaca et Zenica étaient sous le contrôle du HVO, n'est-ce pas ?

8 M. Plavcic (interprétation). - Oui, c'est Lug, c'est un point

9 qui était sous le contrôle du HVO.

10 Mme Glumac (interprétation). - Etant donné que vous entendiez

11 des combats qui se déroulaient en provenance de Kuber, est-ce que, d'après

12 vous, le HVO aurait attaqué quelqu'un qui se trouvait sur Kuber alors que

13 c'est lui qui avait contrôlé Kuber ?

14 M. Plavcic (interprétation). - Moi, je ne sais pas

15 véritablement, je ne sais pas qui le HVO aurait pu attaquer au sommet de

16 Kuber. Je sais qu'il y avait des tirs, bien évidemment, mais je sais que,

17 de l'autre côté du versant, les villages ne sont pas tout à fait à côté.

18 Mme Glumac (interprétation). - Oui, c'est l'armée de Bosnie-

19 Herzégovine. Par conséquent, cette pente de Kuber a été détenue par le

20 HVO ?

21 M. Plavcic (interprétation). - Oui. A ma connaissance, oui.

22 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai plus de

23 questions.

24 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Les Juges

25 n'ont pas de question à poser à M. Pavcic. Je vous remercie, Monsieur,

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1 d'être venu déposer devant nous. Vous pouvez désormais vous retirer.

2 M. Plavcic (interprétation). - Je vous remercie.

3 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

4 M. le Président (interprétation). - Maître Puliselic, demandez-

5 vous des mesures de protection à l'encontre des témoins que vous voulez

6 citer ?

7 M. Puliselic (interprétation). - Non, aucune mesure de

8 protection mais, Monsieur le Président, je voudrais faire une observation,

9 si vous voulez bien. J'aimerais tout simplement dire que le témoin qui va

10 être cité est en même temps le témoin de Vlatko Kupreskic, enfin du

11 conseil de Vlatko Kupreskic. C'est la raison pour laquelle je vais vous

12 demander de lui permettre d'interroger par la suite, après moi, le témoin.

13 Et bien évidemment uniquement quand il s'agirait d'un certain nombre de

14 faits.

15 M. le Président (interprétation). - Tout à fait.

16 Je pars du principe que vous-même et Me Krajina allez procéder à

17 l'interrogatoire principal. C'est bien ce que vous voulez dire, n’est-ce

18 pas ?

19 (Les conseils de la défense acquiescent.)

20 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

21 M. le Président (interprétation). – Bonjour, Monsieur Vidovic.

22 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

23 M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous donner lecture

24 de la déclaration solennelle, Monsieur Vidovic ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

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1 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

2 M. le Président (interprétation). - Merci. Veuillez vous

3 asseoir. Maître Puliselic, vous avez la parole.

4 M. Puliselic (interprétation). – Bonjour, Monsieur Vidovic.

5 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

6 M. Puliselic (interprétation). - Auriez-vous l'amabilité de

7 décliner votre identité : votre nom, prénom, où vous êtes né, où vous

8 résidez actuellement ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Je m'appelle Ivo Vidovic, je suis

10 né le 11 juin 1944. Je suis né à Pirici, municipalité de Vitez. En ce

11 moment, j’habite le village Santici, municipalité de Vitez.

12 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire

13 également quelle est votre profession ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Je suis homme d'affaires, enfin

15 je tiens un restaurant, je travaille dans l'hôtellerie.

16 M. Puliselic (interprétation). - Où est-ce que se trouve votre

17 restaurant ?

18 M. Vidovic (interprétation). - A Santici, à Zume.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que c’est dans votre

20 maison ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans ma propre maison.

22 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président,

23 Madame et Monsieur les Juges, j’aimerais vous demander tout simplement de

24 montrer au témoin la photographie aérienne d'Ahmici. Je pense que c'était

25 la pièce du Procureur numéro 2. Je ne suis pas sûr.

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1 M. le Président (interprétation). - D'accord.

2 (L'huissier s'exécute.)

3 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Vidovic, il y a le

4 panneau derrière vous qui représente la photographie aérienne d'Ahmici ;

5 auriez-vous l'amabilité, s'il vous plaît, de nous montrer avec le pointeur

6 la maison qui est la vôtre ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Voilà, c'est la route principale

8 Busovaca-Vitez. (Hors micro)

9 M. Puliselic (interprétation). - Il faudrait peut-être également

10 montrer la photographie aérienne différemment, parce que j'ai peur que les

11 Juges ne voient pas bien. Si l'huissier veut bien nous aider.

12 (Me Puliselic demande à l’huissier de l’aider pour déplacer la

13 photographie aérienne et les interprètes demandent au témoin de parler

14 dans le micro).

15 M. Vidovic (interprétation). - Voilà, c'est la route principale.

16 M. Puliselic (interprétation). - Je vais tout simplement vous

17 demander, Monsieur Vidovic, de me montrer votre maison.

18 M. Vidovic (interprétation). - Ma maison se trouve sur la route

19 principale entre Busovaca et Vitez.

20 (Le témoin montre avec le pointeur.)

21 M. Puliselic (interprétation). - Et cette partie de

22 l’agglomération s'appelle comment ?

23 M. Vidovic (interprétation). - C'est le village de Santici, et

24 plus précisément, c’est le quartier de Zume.

25 M. Puliselic (interprétation). - Vous pouvez vous asseoir, s'il

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1 vous plaît. Est-ce que vous pouvez nous dire quels étaient vos voisins,

2 les voisins les plus proches ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas si vous pensez aux

4 Croates ou aux Musulmans.

5 M. Puliselic (interprétation). - Les deux.

6 M. Vidovic (interprétation). - C'est Anto Vidosevic qui était le

7 premier de mes voisins. Ensuite, Marko Livancic, qui était le deuxième.

8 Ensuite, Jozo Lovric, etc.

9 M. Puliselic (interprétation). - Et des Musulmans ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Le plus proche était

11 (expurgé).

12 M. Puliselic (interprétation). - Et à quelle proximité ?

13 M. Vidovic (interprétation). - A une cinquantaine de mètres à

14 peu près.

15 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y en avait

16 d'autres ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Il y en avait bien évidemment

18 d'autres qui étaient de l'autre côté de la route. Des Musulmans.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

20 dire, s'il vous plaît, en quels termes vous étiez avec des Musulmans avant

21 la guerre ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Nous étions en très bons termes.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous les avez aidés

24 à certaines occasions ?

25 M. Vidovic (interprétation). – Oui, à plusieurs reprises. Nous

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1 étions en très bons termes. Nous avions de très bonnes relations. Par

2 conséquent, j'ai aidé souvent des Musulmans et ils m'ont aidé.

3 M. Puliselic (interprétation). - Et comment cela se passait ?

4 Comment vous les avez aidés ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, dans tous les sens. On

6 s'entraidait.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez dire aux

8 Juges, en général, quelles étaient les relations entre les Croates et les

9 Musulmans à Ahmici avant la guerre ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Très bonnes relations. Nous nous

11 sommes rendu visite les uns aux autres pendant les fêtes religieuses. Eux,

12 ils venaient nous voir et l'inverse également.

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

14 dire par ailleurs quelles sont vos connaissances en ce qui concerne la

15 guerre en Bosnie-Herzégovine ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, il y a d'abord, bien

17 évidemment, l'agression qui a été lancée par les Serbes et par la JNA sur

18 la Bosnie-Herzégovine.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'au début les Croates

20 et les Musulmans participaient ensemble, d'un même côté, contre les

21 Serbes ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous-même vous avez

24 été engagé dans les opérations militaires contre les Serbes ?

25 M. Vidovic (interprétation). – Oui, à plusieurs reprises. Mon

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1 fils est allé plusieurs fois et moi je suis allé une seule fois sur la

2 base volontaire.

3 M. Puliselic (interprétation). - Et c'était quand exactement

4 s'il vous plaît ? A quel moment ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Je ne pourrais pas vous dire

6 exactement mais je pense que c'était début 92.

7 M. Puliselic (interprétation). – Vous avez dit que c'était du

8 côté du mont Vlacic ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

10 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous étiez un

11 volontaire ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Puliselic (interprétation). - Et vous êtes resté combien de

14 temps à peu près ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Avec mon fils, entre quatre et

16 cinq jours.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que, lors de ces combats

18 ensemble avec des Croates, il y avait des Musulmans également ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que votre unité, dont

21 vous faisiez partie, avait une désignation ? Comment elle s'appelait ?

22 M. Vidovic (interprétation). - A cette époque-là, il n'y avait

23 pas véritablement d'unités qui étaient mises en place de manière

24 régulière, mais c'est sur la base volontaire. Il n'y avait même pas

25 d'uniformes, on allait comme ça, plutôt en vêtements civils. On se rendait

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1 sur la ligne de front. Quelques-uns portaient des uniformes de camouflage.

2 M. Puliselic (interprétation). - Et quand vous êtes retourné du

3 mont Vlacic, qu'est-ce que vous avez fait ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Nous autres villageois du village

5 en question, nous nous sommes engagés pour organiser des patrouilles dans

6 le village. C'étaient les patrouilles de village.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous étiez souvent

8 membres des patrouilles villageoises ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Nous nous sommes relayés par

10 groupes, par équipes. Il y a des nuits où c'étaient les uns, d'autres

11 nuits, les autres.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que, dans la région de

13 votre village, il y avait des patrouilles mixtes au début ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il y avait des patrouilles

15 mixtes : des Musulmans et des Croates ensemble.

16 M. Puliselic (interprétation). - Et quel était le but de ces

17 patrouilles ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Le but de ces patrouilles était…

19 compte tenu du fait que ces formations serbes, il leur arrivait de rentrer

20 brusquement dans le village, notamment dans la nuit, pour nous prévenir de

21 telles sortes d'attaques. Pour être en sécurité, nous avons essayé de

22 garder le village.

23 M. Puliselic (interprétation). – Donc, vous avez eu peur de ces

24 attaques des Serbes ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui. C'est pour ça que nous avons

Page 6594

1 organisé les patrouilles.

2 M. Puliselic (interprétation). - Et quand avez-vous commencé à

3 organiser les patrouilles de manière séparée ? Séparément par rapport aux

4 Musulmans ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, nous avons organisé des

6 patrouilles séparées. Je ne peux pas véritablement vous donner une date

7 précise, mais je pense que nous avons commencé à organiser les patrouilles

8 après le premier conflit qui est survenu entre les Croates et les

9 Musulmans dans le village d'Ahmici.

10 M. Puliselic (interprétation). - Et quelle était la cause ? Pour

11 quelle raison avez-vous séparé ces patrouilles ? Est-ce qu'il s'agissait

12 des élections multiparties ?

13 M. Vidovic (interprétation). – Oui. Il y avait d'abord des

14 élections et tout de suite, on a commencé à se répartir entre nous et

15 selon l'appartenance ethnique.

16 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait également

17 des formations militaires ? Est-ce que ces formations militaires

18 organisaient les patrouilles ?

19 M. Vidovic (interprétation). – Non.

20 M. Puliselic (interprétation). - Et qui avait organisé ces

21 patrouilles ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Mais je vous ai déjà dit, ce sont

23 les villageois. Nous nous rassemblions et puis nous avons tout simplement

24 compris qu'il était indispensable parce qu'il y avait des terroristes qui

25 entraient dans le village.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez connu une

2 personne ? Ou bien vous avez eu quelqu'un qui a été commandant de ces

3 patrouilles ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

5 M. Puliselic (interprétation). – Et qui ? C'était à Ahmici ?

6 M. Vidovic (interprétation). - A Santici, à Zume, c'était Nenad

7 Santic.

8 M. Puliselic (interprétation). - Et qu'est-ce qui s'est passé

9 avec Nenad Santic ? Est-ce que vous le savez ?

10 M. Vidovic (interprétation). – Nenad Santic a été tué. Je sais

11 qu'il est tombé dans une embuscade. C'étaient des formations musulmanes.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez à peu

13 près à quelle époque cela s'est passé ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était mi-

15 juin 1993, ou éventuellement fin juin 1993.

16 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous-même également,

17 est-ce que vous, les membres des patrouilles, vous avez désigné Nenad

18 Santic comme commandant ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

21 dire ce que vous avez comme armes ?

22 M. Vidovic (interprétation). - On avait beaucoup de chasseurs,

23 par conséquent, on avait des fusils de chasse. Il y avait également un

24 certain nombre de personnes qui avaient des autorisations pour porter des

25 armes. C'est comme cela que l'on était armés. Il y avait également un

Page 6596

1 certain nombre de fusils M48.

2 M. Puliselic (interprétation). - C'est un fusil militaire ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous-même, vous avez

5 porté un fusil ?

6 M. Vidovic (interprétation). – Non.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que les patrouilles dans

8 votre village, est-ce que les membres de ces patrouilles portaient les

9 uniformes ?

10 M. Vidovic (interprétation). – Il y en avait un certain nombre

11 mais en général, c’est en vêtements civils, et quelques-uns avaient des

12 uniformes de camouflage.

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez qui était

14 le commandant des patrouilles musulmanes dans votre région ?

15 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, c'était Mehmed

16 Ahmic, et le surnom "Suduka".

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait un

18 commandant qui était subordonné ? Je sais qu'il avait également des

19 responsabilités politiques. Est-ce que lui aussi, en plus de cela, avait

20 des responsabilités de commandement au niveau militaire ?

21 Que savez-vous ici des premiers affrontements d'Ahmici le

22 22 février 1993 ? Est-ce que vous pouvez nous dire où vous vous trouviez à

23 ce moment-là ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Je me trouvais ici dans mon

25 atelier. Donc tout en allant à mon travail, j'ai pu entendre les premiers

Page 6597

1 coups de feu. Quand j'ai eu les autres qui sont venus me voir, j'ai pu

2 apprendre d'eux que des combats avaient commencé entre les Croates et les

3 Musulmans dans le village d'Ahmici.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il s'agit ici très

5 tôt dans la journée ou au cours de la matinée ?

6 M. Vidovic (interprétation). - C'était au cours de la matinée.

7 M. Puliselic (interprétation). - Qu'avez-vous entendu ?

8 Pourquoi est-ce que ces combats se sont produits ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Ultérieurement, j'ai pu apprendre

10 que l'on était arrivé à des combats parce que les unités de Busovaca et de

11 Kiseljak s'étaient dirigées en direction de Jajce pour aider les

12 défenseurs de Jajce et que les unités musulmanes n’ont pas permis à ces

13 unités de passer.

14 M. Puliselic (interprétation). – Qu’est-ce que c’était ?

15 C'étaient des unités de Kiseljak et de Jajce ? C’est des unités du HVO ?

16 M. Vidovic (interprétation). – Oui, c'étaient des unités du HVO.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu

18 qu'un Croate de votre village, ou du village d'Ahmici, a participé au

19 combat et à l'établissement des barrages ?

20 M. Vidovic (interprétation). – Non.

21 M. Puliselic (interprétation). - Donc qu'est-ce que vous avez

22 entendu ? Que personne n'avait participé à ces combats ?

23 M. Vidovic (interprétation). – Oui, effectivement, personne n'a

24 participé à ces combats. Et quand il y a eu ces affrontements entre ces

25 unités de Busovaca et de Kiselkak et de Jajce et les unités de Musulmans à

Page 6598

1 ces combats-là, personne n'a participé.

2 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu’au cours de ces

3 affrontements, est-ce que des gens du village d'Ahmici, des Musulmans qui

4 ont participé à ce combat ?

5 M. Vidovic (interprétation). – Oui, effectivement, ils ont

6 participé à ce combat, de concert avec des unités de l’armée de Bosnie-

7 Herzégovine, dans cette région-là.

8 M. Puliselic (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez

9 entendu ? Où a été établi ce barrage ?

10 M. Vidovic (interprétation). - C'était un barrage qui a été

11 établi près du cimetière croate.

12 M. Puliselic (interprétation). - Vous étiez au courant qu'il y

13 avait des tranchées qui avaient été creusées ?

14 M. Vidovic (interprétation). – Oui, effectivement, des tranchées

15 ont été creusées directement dans le cimetière croate.

16 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que, ultérieurement,

17 vous avez pu voir cela ?

18 M. Vidovic (interprétation). – Oui, j'ai pu entrevoir cela parce

19 que nous sommes venus. J'ai pu voir cela quand je me suis rendu à la messe

20 le dimanche parce que je venais régulièrement à la messe le dimanche.

21 M. Puliselic (interprétation). – Est-ce que vous saviez si des

22 bâtiments ont été endommagés au cours de ces combats ?

23 M. Vidovic (interprétation). – Directement, dans mon voisinage,

24 aucune des maisons n'a été endommagée. Mais quand je me suis rendu à la

25 messe, j'ai pu voir que la maison de Mehmed Ahmic avait été endommagée.

Page 6599

1 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous si une autre maison

2 a également été endommagée ?

3 M. Vidovic (interprétation). – Non, je n’ai aucune connaissance

4 à ce sujet.

5 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu

6 quelque chose sur le fait qu'il y aurait eu des personnes blessées ou

7 tuées ?

8 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu ultérieurement

9 qu’effectivement, la première victime de ce premier combat était un garçon

10 de Kiseljak. Donc, que du côté musulman, un certain Pezer était mort, que

11 moi je ne connaissais pas.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

13 de l'identité de ce garçon de Kiseljak ?

14 M. Vidovic (interprétation). – Je pense que le nom de famille de

15 cette personne était Vidovic, mais je ne suis plus sûr de cela.

16 M. Puliselic (interprétation). - A la suite de cet affrontement,

17 est-ce que vous savez si les Musulmans ont quitté Ahmici ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Effectivement, ils ont abandonné

19 Ahmici. Donc, cette région, le village même d'Ahmici. Mais de nos voisins à

20 nous, de là où nous étions, personne n'a quitté le village, donc de Santic

21 Personne des Musulmans en question.

22 M. Puliselic (interprétation). - Donc aucun parmi les Musulmans n'a

23 quitté cette région-là ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Non, personne.

25 M. Puliselic (interprétation). - Qu'en a-t-il été de ceux qui ont

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1 quitté Ahmici ? Est-ce que certains sont revenus ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Certains sont revenus tout de suite le

3 lendemain, mais la majeure partie des gens sont revenus au bout de deux ou

4 trois jours.

5 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez que leurs

6 voisins leur ont demandé de revenir ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, les voisins croates.

8 M. Puliselic (interprétation). - D'après ce que vous avez entendu,

9 d'autres ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Nous avons pu déterminer

11 directement de ceux qui les ont rappelés à revenir.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez si l'une ou l’autre

13 de ces maisons aurait été pillée, que quelque chose aurait été volé ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Non.

15 M. Puliselic (interprétation). - Donc personne n'a rien perdu au

16 cours de ce combat ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Je n'ai rien entendu sur ce genre

18 d'information.

19 M. Puliselic (interprétation). - Qu'est-ce que vous savez sur ce qui

20 s'est passé à Busovaca en janvier 1993 ?

21 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu qu'il y avait eu des

22 affrontements à ce moment-là, mais je n'ai eu aucune information à ce

23 moment-là sur ce sujet-là.

24 M. Puliselic (interprétation). - Quel était votre statut à ce

25 moment-là en 1993 ? A quel titre avez-vous participé à ces patrouilles de

Page 6601

1 surveillance ?

2 M. Vidovic (interprétation). - J'ai continué mon travail jusqu'au

3 début de la guerre, à l'exception de ce que... J'assurais donc une

4 surveillance de patrouille toutes les trois nuits. Toutes les trois nuits,

5 je participais à des patrouilles dans le village.

6 M. Puliselic (interprétation). - Combien y avait-il de personnes

7 dans ce groupe ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait environ une dizaine de

9 personnes dans ce groupe.

10 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez quelque chose

11 sur l'ensemble des lignes de défense du HVO en direction des Serbes ? Quels

12 sont vos éléments d'information à ce sujet ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Je sais que les unités, donc la ligne

14 de défense allait en direction de Jajce, en direction des Serbes et

15 qu’elles allaient ensuite au pied du mont Vlacic afin d'empêcher les Serbes

16 de pousser jusqu'à Travnik.

17 M. Puliselic (interprétation). - Et en direction des Musulmans,

18 quelle était la situation des lignes de défense ? Aviez-vous des

19 informations à ce sujet ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai pas d'éléments

21 d'information.

22 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous rappelez ce

23 qui se passait le 15 avril 1993, donc le jour à la veille du deuxième

24 combat ? Est-ce que vous savez si quelque chose s'est passé en particulier,

25 ou bien est-ce que tout a continué à se dérouler selon l'ordre habituel ?

Page 6602

1 M. Vidovic (interprétation). - J'ai appris par les moyens

2 d'information publique qu'à Zenica les unités musulmanes s'étaient emparé

3 du commandant de l'unité du HVO, qu'ils avaient tué les trois personnes qui

4 l'accompagnaient.

5 M. Puliselic (interprétation). - Qu'avez-vous fait ce jour-là ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je continuais à travailler

7 normalement tous les jours dans mon travail d'hôtellerie, de restaurateur.

8 M. Puliselic (interprétation). - Qu'est-ce qui s'est passé le

9 16 avril 1993 ? Est-ce que vous vous souvenez de cela ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Je dormais et je me suis réveillé

11 vers 5 heures et demie, je ne me rappelle plus très bien. J'ai entendu des

12 coups de feu, j'ai entendu beaucoup de bruits dans la rue, à côté de ma

13 maison. Je me suis donc levé, je regardais et je voyais les gens qui

14 s'enfuyaient. Je suis sorti pour demander ce qui se passait.

15 Certains m'ont dit que des unités musulmanes avaient attaqué notre

16 village et qu'ils se réfugiaient dans un refuge, dans un abri. Je suis

17 retourné à la maison. J'avais deux petits enfants et mon épouse. Je les ai

18 pris et moi aussi je suis parti dans l'abri.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il s'agissait de coups de

20 feu extrêmement violents ? Est-ce que vous pouvez vous rappeler de cela ?

21 M. Vidovic (interprétation). - C'étaient des coups de feu qui

22 étaient échangés depuis Busovaca en direction d'Ahmici.

23 M. Puliselic (interprétation). - Dans quelle direction êtes-vous

24 allé pour atteindre l'abri ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Je suis allé dans l'abri de

Page 6603

1 Jozo Lovric, quand il y avait des attaques aériennes des Serbes. C'est

2 toujours là que nous trouvions refuge.

3 M. Puliselic (interprétation). - Qui avez-vous rencontré là-bas ?

4 M. Vidovic (interprétation). - La première personne que j'ai

5 rencontrée là-bas... J'ai pu voir cette personne qui se trouvait devant

6 l'escalier de cette maison.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous êtes sorti de

8 l'abri à ce moment-là ? Qui avez-vous vu ? Etes-vous resté là-bas ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Je suis resté une dizaine de minutes

10 là-bas. Ensuite, je suis sorti pour voir ce qui se passait et j'ai

11 rencontré dans le village toute une série de personnes qui se rendaient

12 vers l’abri. Je parlais avec eux pour être au courant de ce qui se passait.

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez rencontré

14 quelqu'un, est-ce que vous avez rencontré une personne qui vous aurait

15 donné une indication ?

16 M. Vidovic (interprétation). - J'ai rencontré le commandant des

17 patrouilles de surveillance du village, Nenad Santic.

18 M. Puliselic (interprétation). - Que vous a-t-il dit ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Il m'a répondu que de manière urgente

20 il fallait que je parte assurer la défense du pont.

21 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi vous a-t-il envoyé pour

22 assurer la défense du pont ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Parce que c'est là que passe la route

24 principale Busovaca-Vitez, donc près du Buhine Kuce qui avait été coupé par

25 les unités musulmanes et nous ne pouvions plus passer par ce point.

Page 6604

1 M. Puliselic (interprétation). - Quelle était l'importance que

2 revêtait ce pont à ce moment-là ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Ce pont était le seul point qui

4 pouvait assurer nos voies de communication vers Vitez.

5 M. Puliselic (interprétation). - Il s'agissait de la route qui va

6 vers Vitez ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agissait d'une route de campagne

8 que nous pouvions utiliser en été.

9 M. Puliselic (interprétation). - Quelle est la distance entre votre

10 maison et le pont qui part en direction d'Ahmici ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Je ne peux pas vous dire ceci

12 exactement, mais c'est une distance d'environ 300 à 400 mètres.

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire la

14 distance entre Buhine Kuce et Ahmici ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Entre Buhine Kuce et Ahmici, il y a

16 peut-être une distance de 800 et 1000 mètres.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Buhine Kuce se trouvait

18 près de cette voie de communication principale ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que Nenad Santic vous

21 a orienté sur le pont. Est-ce que vous vous rappelez encore ce qu'il vous a

22 dit ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Il a dit qu'il allait encore appeler

24 Drago Vidovic et Dragan Papic.

25 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il vous a dit

Page 6605

1 qu'ils allaient venir vous rejoindre, qu'ils allaient également faire

2 partie de la patrouille de surveillance ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous trouviez déjà

5 ici, près du pont, quand vous avez rencontré Dragan Papic ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Quand je me suis trouvé près du pont,

7 j'ai rencontré Drago Vidovic à ce moment-là, et après une dizaine de

8 minutes nous avons vu Dragan Papic comment il se rendait vers le pont.

9 M. Puliselic (interprétation). - Vers quelle heure est-ce que

10 c'était ?

11 M. Vidovic (interprétation). - C'était aux alentours de 6 heures et

12 demie, entre 6 heures et demie et 7 heures. Je ne peux pas vous répondre

13 exactement, dire exactement l'heure, le moment.

14 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que nous sommes arrivés au

15 moment de la pause, Monsieur le Président ? Je ne sais pas trop.

16 M. le Président. - Pas tout à fait, il reste cinq minutes, mais à

17 vous de décider. Préférez-vous la pause maintenant ?

18 M. Puliselic (interprétation). - Nous pouvons continuer. Je

19 pensais simplement qu'il s'agissait du moment de la pause. Je vous prie de

20 m'excuser.

21 M. May (interprétation). - Avant que vous ne poursuiviez, est-ce

22 que vous pourriez demander au témoin d'indiquer où se trouve le pont ? De

23 cette façon, nous comprendrons mieux ce que nous dit le témoin.

24 M. Puliselic (interprétation). - Oui. J'avais de toute façon

25 l'intention de le faire d'ici quelques instants. Monsieur Vidovic, est-ce

Page 6606

1 que vous voudriez présenter au Tribunal le point exact, la localisation

2 géographique exacte, du pont sur la photographie aérienne ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Là, ici, vous trouvez ma maison.

4 De là part la route principale. Il y a une route qui se détache vers le

5 pont de Radak et le pont de Radak se trouve à cet endroit-là.

6 M. Puliselic (interprétation). - A présent, à quel endroit la

7 route se détache vers Vitez ? Ici, la continuation de la route va dans

8 quelle direction ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Cette portion de route va vers le

10 village de Rovna.

11 M. Puliselic (interprétation). - Vous pouvez vous asseoir.

12 Vous avez dit que Dragan Papic est venu de la direction de

13 Donja Rovna en direction du pont. Que vous a-t-il dit à ce moment-là ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Il a dit qu'il avait eu un peu de

15 retard parce qu'il menait sa mère, sa soeur et ses enfants dans l'abri. Sa

16 mère, sa femme, sa soeur et ses enfants.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu’à Donja Rovna, donc

18 en face de vous, de l'autre côté du pont de Radak, il y a eu effectivement

19 des patrouilles qui ont été établies de l'autre côté du pont ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

21 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

22 dire quelles sont les personnes que vous avez vues là-bas ? Est-ce que

23 vous avez pu les reconnaître ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Je connaissais deux personnes, il

25 y avait Zvonko Santic, et Jozo Alilovic.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, peut-

2 être que nous pourrions effectivement faire une petite pause avant de

3 continuer l'examen de la photographie aérienne.

4 M. le Président (interprétation). - Tout à fait. Ce sera une

5 pause de quinze minutes.

6 (L’audience, suspendue à 12 heures 15, est reprise à

7 12 heures 30).

8 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Vidovic, il faudrait

9 que nous reprenions le panneau. Vous nous avez dit où se trouvait votre

10 maison, vous nous avez dit que ce quartier s'appelle Zume. Vous nous avez

11 montré où se trouvait le pont de Radak ; est-ce que vous pourriez à

12 présent nous montrer où se trouve le village d'Ahmici, où se trouve

13 Pirici, où se trouve Santici, d'où arrive la route de Busovaca, où se

14 trouve le cimetière catholique, et ainsi de suite ?

15 (Le témoin montre sur la carte.)

16 M. Vidovic (interprétation). - C'est la route principale

17 Busovaca-Vitez. Ici, on trouve le cimetière croate et de là commence le

18 village d'Ahmici qui est installé ici, dans cet espace. Et il faut

19 emprunter cette route-là pour aller vers le village d'Ahmici.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que le village d'Ahmici

21 s’étend partiellement en-dessous de la route ?

22 M. Vidovic (interprétation). – Oui, il y a effectivement

23 beaucoup de ménages musulmans qui vivaient en-dessous de la route. Et en-

24 dessous du cimetière, il y avait un certain nombre de maisons.

25 M. Puliselic (interprétation). - Où se trouvait le village de

Page 6608

1 Santici ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Le village de Santici se trouve

3 ici. Donc la route passe devant ma maison. Elle part dans cette direction-

4 là. On va vers le village de Pirici et par cette route-là, on va en

5 direction du village de Santici. Là, c'est une partie du village de

6 Santici.

7 M. Puliselic (interprétation). - Santici se trouve d’un côté de

8 la route, pour autant que je puisse voir ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

10 M. Puliselic (interprétation). - Pour ce qui est du quartier de

11 Zume, où se trouverait-il, ici ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Il se trouve ici. Cela fait un

13 cercle, effectivement. Il y a un centre sportif, ici, un stade.

14 M. Puliselic (interprétation). - Zume se trouve entre Pirici et

15 Ahmici. Est-ce que l’on peut présenter les choses de cette façon-là ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Entre Pirici et Ahmici, il y a ce

17 quartier de Zume qui se trouve entre ces deux localités. C'est en gros en

18 suivant cette ligne ; un côté de cette ligne se trouve à Ahmici et au sud

19 se trouve Zume. Et c’est Zume qui sépare Ahmici de Santici.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous

21 montrer ici Donja Rovna ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Donja Rovna va dans ce sens-là.

23 Elle tourne avant que l'on aille vers Santici. On va vers la direction du

24 pont de Radak et dans cette direction, on arrive à Donja Rovna, donc cette

25 partie ici.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait dire que

2 Donja Rovna se trouve sur la rive droite de la rivière Lasva ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Ceci en aval.

4 M. Puliselic (interprétation). - De quelle commune cela dépend ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit toujours de la commune

6 de Busovaca qui est séparée par le cours de la Lasva.

7 M. Puliselic (interprétation). - Donc du côté gauche de la

8 rivière Lasva ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Vous avez la commune de Vitez et,

10 de l’autre côté, la commune de Busovaca.

11 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le témoin, vous pouvez

12 descendre. Merci. Maintenant, je demanderai au greffier...

13 Mme Ameerali (interprétation). - Document D4/5.

14 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Vidovic, ici, vous

15 avez une vue aérienne sur les différents événements que vous nous avez

16 montrés jusqu'à présent.

17 Et sur cette prise de vue, à présent, je vous demanderai que,

18 avec le pointeur, vous puissiez nous encercler l'endroit où se trouve

19 votre maison. Le pointeur, vous l'avez ici. Vous avez le feutre ici.

20 (Le témoin s'exécute.)

21 M. Puliselic (interprétation). - Si, maintenant, vous pouviez

22 prendre ici le feutre rouge et que vous encercliez l'emplacement de votre

23 maison, sur cette prise de vue…

24 (Le témoin s'exécute.)

25 A présent, je vous demande que vous entouriez le pont de Radak.

Page 6610

1 A présent, mettez ici un petit trait sur la région où vous vous

2 trouviez, où vous effectuiez les patrouilles de surveillance avec Dragan

3 Vidovic et Dragan Papic.

4 M. Vidovic (interprétation). – Non traduit.

5 M. Puliselic (interprétation). - Ceci, au moyen n° 2.

6 A présent, je vous demande que, sur cette prise de vues, vous

7 nous montriez, au moyen du feutre, en suivant la route, la route qui

8 arrive de Busovaca, qui traverse tout l'espace. Donc, que vous montriez

9 ici tout l'espace qui va jusqu'au virage qui se porte en direction du pont

10 de Radak. Il s'agit, ici, de la route en direction du pont.

11 (Le témoin s'exécute.)

12 M. Puliselic (interprétation). – Lentement… Il s'agit de

13 l'itinéraire que vous établissez là.

14 M. Vidovic (interprétation). – Est-ce en direction de Vitez ?

15 M. Puliselic (interprétation). – Ici, en direction du pont de

16 Radak et au-delà, pour autant que l'on puisse voir sur la prise de vues,

17 en direction de Vitez.

18 (Le témoin s'exécute)

19 M. Vidovic (interprétation). - Ce n'était pas une route

20 asphaltée en direction de Vitez, c'était une route avec du macadam.

21 M. Puliselic (interprétation). - Et à quelle localité on arrive

22 par cette route ?

23 M. Vidovic (interprétation). - On arrive au village de Rijeke.

24 M. Puliselic (interprétation). - Jusqu'où l’on va, est-ce que

25 cette route de nouveau transverse sur la Lasva ?

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1 M. Vidovic (interprétation). – Elle traverse encore une autre

2 petite rivière qui s’appelle Vranjska. Quand la route repasse par le

3 village de Rijeke, il repasse de nouveau sur la route magistrale.

4 M. Puliselic (interprétation). - Quelle est la distance entre ce

5 carrefour et le village de Vitez ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être un kilomètre, distance

7 jusqu'à la ville.

8 Mme Mumba (interprétation). - Je demande de nouveau au greffier

9 le document.

10 Mme Ameerali (interprétation). – Le document reçoit la

11 marque D5/5.

12 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Vidovic, que montre

13 cette photographie ? Est-ce que vous pouvez examiner ceci sur l'écran ?

14 M. Vidovic (interprétation). – Ici, là, vous avez une vue du

15 pont de Radak.

16 M. Puliselic (interprétation). – D’où arrive cette route en

17 direction du pont de Radak ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Du village de Ravna.

19 M. Puliselic (interprétation). - Quelle est la provenance de la

20 route ? Cette route arrive depuis la provenance de Ravna et traverse le

21 pont de Radak ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Cette route arrive de la

23 direction de ma maison depuis la route principale.

24 M. Puliselic (interprétation). - Elle arrive depuis le haut ?

25 M. Vidovic (interprétation). – Elle passe à côté de la maison de

Page 6612

1 la famille Ljubas et elle passe ensuite par le village de Donja Rovna.

2 M. Puliselic (interprétation). - Les maisons que l'on voit de

3 l'autre côté du pont, c’est Donja Rovna ?

4 M. Vidovic (interprétation). – Oui, effectivement, ce sont les

5 maisons de Donja Rovna de l’autre côté du pont.

6 M. Puliselic (interprétation). – A présent, mettez ici, au début

7 de cette photographie, une petite flèche en direction du pont de Radak

8 pour nous montrer la direction depuis laquelle vous êtes arrivé. Avec un X

9 ou une petite croix, montrez ici le pont de Radak.

10 Vous pouvez vous asseoir.

11 Je demande à l'huissier de nouveau, s'il vous plaît…

12 (L'huissier s'exécute.)

13 Mme Ameerali (interprétation). – Il s’agira du document portant

14 cote D6/5.

15 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur le Président, est-ce

16 que le premier document a été bien enregistré ? A-t-il reçu la bonne

17 cote ? Quelle était cette cote ? Est-ce que c'était 4 ou 40 ?

18 Mme Ameerali (interprétation). - 4.

19 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Vidovic, que montre

20 cette photographie ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Le pont de Radak.

22 M. Puliselic (interprétation). - De quel côté cette photo a-t-

23 elle été prise ? Du côté où vous étiez ? La photo n'est pas très nette.

24 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, nous montions la

25 garde ici. Donc la photo a bien été prise du côté où nous montions la

Page 6613

1 garde. C'était de ce côté-ci que nous étions de garde.

2 M. Puliselic (interprétation). - Et là, c'est bien Rovna ?

3 Vous montiez la garde ; est-ce que vous étiez immobile à un

4 endroit ? Ou est-ce que vous vous déplaciez ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Mais nous ne pouvions pas nous

6 déplacer de l'autre côté du pont.

7 M. Puliselic (interprétation). - Je ne parlais pas de

8 déplacement de l'autre côté du pont.

9 M. Vidovic (interprétation). - Nous ne faisions non pas les

10 100 pas mais les 50 pas. Nous faisions 50 mètres le long de la rivière.

11 M. Puliselic (interprétation). - Vous pouvez vous rasseoir,

12 Monsieur. Merci.

13 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira du document portant

14 cote D7/5.

15 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Vidovic, cette

16 photographie-ci, que vous montre-t-elle ?

17 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien de nouveau le pont de

18 Radak.

19 M. Puliselic (interprétation). - Et sous quel angle la photo

20 est-elle prise ?

21 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien en aval du côté de

22 Busovaca.

23 M. Puliselic (interprétation). - Merci.

24 Nous avons encore deux photos à vous montrer. Je demanderai

25 l'aide de l'huissier.

Page 6614

1 (L'huissier s'exécute.)

2 Mme Ameerali (interprétation). – Il s’agira de la pièce portant

3 cote D8/5.

4 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Vidovic, que vous

5 montre, que nous montre cette photo ? Et d’où a-t-elle été prise ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Elle montre le pont de Radak du

7 côté de Busovaca.

8 M. Puliselic (interprétation). – Donc, cela a été pris du côté

9 de Busovaca ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Puliselic (interprétation). - On y voit des maisons de

12 l'autre côté du pont. Ce sont bien les maisons de Ljubasic ? Est-ce que

13 vous étiez tout le temps de garde ? Ou est-ce que vous avez pris des

14 pauses ? Vous vous êtes reposé ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Nous ne disposions que de deux

16 armes. Ce qui veut dire qu'il y en avait toujours un qui montait la garde

17 pendant que l'autre se reposait.

18 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous entourer d'un

19 cercle ou apposer un X à l'endroit où vous vous reposiez ? Un petit cercle

20 ou un X. L'un ou l'autre fera l’affaire.

21 Vous avez dit que, de temps à autre, chaque fois que c'était

22 possible, vous vous déplaciez depuis le point ; vous parcouriez 20 ou

23 30 mètres en amont et en aval.

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous tracer un trait

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1 de l'autre côté du pont qui montrerait, de façon approximative, les

2 déplacements que vous avez effectués ?

3 (Le témoin s'exécute.)

4 M. Puliselic (interprétation). - Où avez-vous vu les gardes qui

5 se trouvaient de l'autre côté du pont ? Où se trouvaient-ils

6 approximativement ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Ici.

8 (Le témoin indique l'emplacement.)

9 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'eux aussi se

10 déplaçaient ?

11 M. Vidovic (interprétation). – Oui, mais de l'autre côté de la

12 rivière, sur l'autre rive.

13 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous si les gardes ont

14 utilisé des tranchées ? Avez-vous des informations à ce propos ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Non.

16 M. Puliselic (interprétation). - Merci. Une photographie

17 supplémentaire, la dernière.

18 Mme Ameerali (interprétation). - Le document D9/5.

19 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Vidovic, que voit-on

20 sur cette photo-ci et, de quel angle a-t-elle été prise ?

21 M. Vidovic (interprétation). - C'est de nouveau le pont de Radak

22 pris de Donja Rovna.

23 M. Puliselic (interprétation). - Et là, on revoit ces mêmes

24 maisons ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Les maisons de Ljuva.

Page 6616

1 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous entourer d'un

2 cercle l'endroit où se reposaient les gardes ?

3 (Le témoin s'exécute.)

4 Merci. Vous pouvez vous rasseoir, Monsieur.

5 Ce jour-là, le 16 avril 1993, est-ce que vous avez eu un service

6 de garde toute la journée ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Puliselic (interprétation). - Et qu'en fut-il de

9 Dragan Papic ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Lui aussi.

11 M. Puliselic (interprétation). - Etait-il possible de s'écarter

12 de ces positions qui vous avaient été attribuées pour ce jour-là et les

13 deux jours qui ont suivi ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Nous avions reçu des ordres très

15 stricts, nous étions censés ne pas nous éloigner du pont de Radak, nous

16 n'en avions pas la permission.

17 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez fait état d'armes,

18 mais quelles étaient vos armes ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Nous avions deux M48 que l'on

20 appelle des Tangers.

21 M. Puliselic (interprétation). - Sont-ce des armes militaires ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que ce sont des fusils à

24 coup unique, isolé ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

Page 6617

1 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

2 de la façon dont vous étiez habillé ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Drago Vidovic et moi-même nous

4 étions en civils. Dragan Papic, lui, avait une veste de camouflage et un

5 jean.

6 M. Puliselic (interprétation). - Donc il portait une veste de

7 treillis, de camouflage. Est-ce qu'il portait aussi des emblèmes, des

8 insignes sur cette veste ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Non.

10 M. Puliselic (interprétation). - De l'endroit où vous montiez la

11 garde, endroit que vous avez indiqué sur la photo, vous était-il possible

12 de voir Ahmici ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Non, car c'est dans la vallée de

14 la rivière Lasva. Tout ce que l'on voit, c’est Donja Ravna, la rivière

15 ainsi que quelques maisons. C'est tout.

16 M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous remarqué quoi que ce

17 soit de particulier s'agissant du visage de Dragan Papic ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Qu'entendez-vous par là ?

19 (L’interprète demande que le conseil parle dans le micro.)

20 M. Vidovic (interprétation). - Reconnaissez-vous Dragan Papic

21 dans cette salle ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Remarquez-vous quelque chose de

24 particulier à son visage ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, mais à l'époque il portait

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1 une barbe assez longue.

2 M. Puliselic (interprétation). - Ah, il portait la barbe ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il avait une barbe beaucoup

4 plus longue que celle qu’il a maintenant.

5 M. le Président (interprétation). - Les interprètes vous

6 demandent de parler dans le micro, Maître Puliselic, si vous le voulez

7 bien. Leur travail en est ainsi facilité.

8 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez déclaré que Dragan

9 vous avait dit avoir emmené sa mère, sa soeur et sa femme à Donja Rovna.

10 C'est bien ce qu'il a dit ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

12 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous si sa femme était

13 déjà très enceinte à ce moment-là ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, lorsqu'il y est venu nous

15 rejoindre, il nous a dit qu'il avait emmené sa femme, sa soeur et sa mère,

16 qu'il les avait éloignées parce que sa femme était enceinte et devait

17 accoucher à tout moment. C'est la raison pour laquelle il a pensé qu'il

18 devait l'emmener.

19 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, est-ce

20 que nous pourrions voir un extrait vidéo ?

21 M. le Président (interprétation). - Absolument.

22 M. Puliselic (interprétation). - J'aimerais faire remarquer que

23 cette vidéo que nous allons bientôt voir a été produite le

24 21 octobre 1998. Elle montre un tronçon de la route partie de Vitez, une

25 route qui va de Vitez, par Buhine Kuce, à Ahmici, le cimetière catholique.

Page 6619

1 Et puis nous revenons en passant par Ahmici et nous prenons le virage en

2 direction du pont de Radak.

3 (Projection vidéo.)

4 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Vidovic, je vais vous

5 poser une question. Est-ce que vous pourriez apporter de temps à autre,

6 suivant le besoin, un commentaire à cet extrait vidéo ?

7 Pourriez-vous nous dire d’abord où nous sommes en ce moment

8 même ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, c'est la route qui vient

10 de Rijeke et qui arrive sur la route principale, et qui aboutit au pont de

11 Radak. Effectivement, c'est la route qui mène au pont depuis la direction

12 de Vitez.

13 M. Puliselic (interprétation). - Là, on a vu la voiture qui

14 prenait une telle direction ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, elle est partie

16 vers le village de Rijeke en passant par le pont de Radak.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que nous pouvons avancer

18 rapidement ? Ralentissez s'il vous plaît. Voilà.

19 Dans quelle direction allons-nous, là ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Vers l'ancienne gare ferroviaire

21 de Vitez. Il y avait une usine, celle d’Impregnacija.

22 M. Puliselic (interprétation). -C'est donc le carrefour, et

23 c'est ici que la route bifurque. On quitte la route principale Busovaca-

24 Travnik.

25 Arrêtez l'image, s'il vous plaît.

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1 Est-ce que nous pourrions revenir légèrement en arrière ? C'est

2 bon. Stop. Voyez-vous le poteau indicateur ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, moi, je peux le voir mais

4 les autres ne voient pas clairement.

5 M. Puliselic (interprétation). - Veuillez arrêter.

6 (Arrêt sur image).

7 Vous voyez les poteaux indicateurs "Travnik" vers la gauche,

8 c'est une voie de transit ; vers la droite, vous avez l'indication vers

9 Sarajevo.

10 Si on prend la route menant vers Sarajevo, on arrive à Busovaca

11 en passant par Ahmici. Poursuivons la diffusion de la cassette.

12 (Projection de la cassette.)

13 Vous pouvez accélérer la diffusion. Voilà ça suffit. Allons plus

14 lentement. Est-ce que Buhine Kuce est près de cet endroit ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, tout à fait.

16 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'on peut arrêter

17 l'image et avancer mais un tout petit peu ? Encore quelques plans. Ah oui,

18 vous les voyez.

19 C'est bon : arrêt sur image.

20 Ce sont donc les maisons de Buhine Kuce à gauche et à droite de

21 la route ? Poursuivons la vision de la cassette.

22 La route a été coupée ici quelque part ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Ici même.

24 M. Puliselic (interprétation). - La route, où nous mène-t-elle ?

25 M. Vidovic (interprétation). - A Busovaca, ou plutôt au village

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1 de Zume et de Santici.

2 M. Puliselic (interprétation). - Là, nous pouvons aller plus

3 rapidement dans la diffusion pour quelques instants... Ralentissez.

4 M. Vidovic (interprétation). - Cette route mène ici à droite au

5 pont de Radak. C'est bien la route. Elle mène au pont de Radak.

6 Quand on vient de la direction de Vitez, on tourne vers la

7 droite, vers le pont de Radak.

8 M. Puliselic (interprétation). - Mais on a mentionné une autre

9 route, la route de Rijeke qui mène au pont de Radak, donc il y a deux

10 routes ? Où sommes-nous maintenant ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Nous sommes tout près de chez

12 moi. Voici la route qui mène au pont de Radak, ici, en contre-bas. La

13 caméra vient de changer de direction, donc voilà la bifurcation.

14 Maintenant, nous pouvons accélérer la diffusion.

15 M. Puliselic (interprétation). – Stop ! Est-il possible de

16 revenir un peu en arrière ? Monsieur Vidovic, à qui appartient cette

17 maison ?

18 M. Vidovic (interprétation). – A Dragan Papic. C'est aussi la

19 maison de ses parents.

20 M. Puliselic (interprétation). - Qui est propriétaire de cette

21 maison ?

22 M. Vidovic (interprétation). – Ivo Papic.

23 M. Puliselic (interprétation). - Arrêtez, s'il vous plaît.

24 Savez-vous qui occupait cette maison ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Avant la guerre ?

Page 6622

1 M. Puliselic (interprétation). – Oui, avant la guerre. Qui

2 habitait dans cette maison ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Les parents de Dragan, Dragan

4 lui-même, sa femme, sa sœur et son frère.

5 M. Puliselic (interprétation). - Fort bien. Poursuivons. On voit

6 beaucoup de maisons tant devant que derrière cette maison, n'est-ce pas ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Puliselic (interprétation). – Peut-on accélérer la diffusion

9 quelques instants ?

10 Arrêtez quelques instants sur ces plans-ci. Est-ce que l'on

11 pourrait revenir un peu en arrière de façon à voir la totalité de la

12 maison.

13 Apparemment, il y a des dégâts qui ont été causés à cette

14 maison ; on voit des impacts dans les murs. Savez-vous ce qui a été à

15 l'origine de ces impacts ?

16 M. Vidovic (interprétation). – Ceci s’est produit le 16 avril au

17 moment du conflit.

18 M. Puliselic (interprétation). - Poursuivons. Je pense que là

19 nous pouvons de nouveau accélérer la diffusion. Stop !

20 Où sommes-nous à l'instant même ? Que voit-on ? A gauche de

21 l'image ?

22 M. Vidovic (interprétation). - C'est le cimetière croate.

23 M. Puliselic (interprétation). - Vous voulez dire le cimetière

24 catholique ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Nous avons donc une vue du

2 cimetière depuis Busovaca. Donc, en fait, il faudrait remonter, rembobiner

3 la cassette. Maintenant, il faudrait accélérer la diffusion de la

4 cassette. Stop ! Et puis accélérer ici. Stop ! Faites un arrêt ici, s'il

5 vous plaît. Cette route, où mène-t-elle ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Elle mène au pont de Radak.

7 M. Puliselic (interprétation). - Ce qui veut dire que, depuis la

8 route principale, quand on vient de Busovaca, nous avons pris un virage

9 pour quitter la route principale. Nous sommes désormais sur cette route,

10 que vous aviez indiquée sur la photographie, en direction du pont de

11 Radak.

12 M. Vidovic (interprétation). - Nous descendons.

13 M. Puliselic (interprétation). - A qui appartient cette maison-

14 ci que nous voyons ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Le propriétaire s’appelle

16 Grebehar ou Grebenara ; je ne connais pas son prénom.

17 M. Puliselic (interprétation). – Donc, ce sont surtout des

18 maisons croates ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Je suppose que nous allons

21 maintenant voir ce pont de Radak ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Voici les maisons de Ljubas

23 et, plus loin, nous avons le pont et derrière le pont, vous aviez Donja

24 Rovna.

25 M. Puliselic (interprétation). - C'est là que vous montiez la

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1 garde alors ?

2 M. Vidovic (interprétation). – Oui, tout à fait, précisément à

3 cet endroit-là.

4 M. Puliselic (interprétation). - Poursuivons la diffusion de la

5 cassette.

6 Là, nous franchissons le pont et à gauche, nous avons bien Donja

7 Rovna et vers la droite, Vitez ? Qu'est-ce que c'est que cette route ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien c'est cette route que

9 nous avons empruntée qui mène à la route principale Busovaca-Vitez. Ici,

10 vous avez les maisons de Ljubas.

11 M. Puliselic (interprétation). – Et c'est ici que vous vous êtes

12 reposé ?

13 M. Vidovic (interprétation). – Tout à fait.

14 M. Puliselic (interprétation). - Là où on voit cette porte de

15 garage ?

16 M. Vidovic (interprétation). – Non, non. Ici.

17 M. Puliselic (interprétation). - C'est bien ici que vous vous

18 êtes reposé ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). – Bien. Poursuivons en accéléré.

21 Stop ! D’où est prise cette photographie ?

22 M. Vidovic (interprétation). - De Donja Rovna.

23 M. Puliselic (interprétation). - Où allons-nous ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Vers le village de Rijeke, en

25 direction de Vitez.

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1 M. Puliselic (interprétation). - En amont, en parallèle avec la

2 vallée de la Lasva ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y a une route en

5 bitume, en macadam ? Et cela fait combien de kilomètres ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas exactement.

7 Environ deux kilomètres.

8 M. Puliselic (interprétation). - Très bien. Nous pouvons

9 poursuivre en accéléré la diffusion de la cassette. Vers Rijeke… Stop !

10 Sommes-nous à proximité de Rijeke ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il y a un petit ruisseau,

12 une petite rivière que l'on appelle Vranjska, juste à côté du village de

13 Rijeke. Il y a aussi un petit pont qui franchit cette rivière, qui

14 l'enjambe.

15 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que nous sommes

16 parvenus, déjà, au village de Rijeke ?

17 M. Vidovic (interprétation). – Dès que nous aurons franchi ce

18 pont.

19 M. Puliselic (interprétation). – Et à gauche, on trouve bien la

20 municipalité de Busovaca ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui. C'est ici que nous

22 franchissons ce pont.

23 M. Puliselic (interprétation). - Là, nous sommes passés d'une

24 municipalité à une autre, la frontière –si j’ose dire- étant le pont.

25 M. Vidovic (interprétation). - Ici, nous ne sommes pas dans la

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1 Lasva, nous sommes loin de la Lasva ; c'est la rivière Vranjska.

2 M. Puliselic (interprétation). – Donc, nous sommes au village de

3 Rijeke et nous pouvons poursuivre la diffusion en accéléré.

4 Stop ! Où sommes-nous ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Nous sommes toujours dans le

6 village de Rijeke. Il faut parcourir une certaine distance avant d'arriver

7 à la route principale.

8 M. Puliselic (interprétation). - Veuillez poursuivre en

9 accéléré. Stop ! Nous nous approchons maintenant de la route principale

10 qui mène à gauche… à droite, pardon, vers Busovaca et à gauche (se corrige

11 l’interprète) vers Vitez ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Nous sommes de retour à cette

13 route que nous avons vue au départ, qui est la Rijeke Oliza, la route de

14 Rijeke. A droite, nous allons vers Busovaca et à gauche, vers Vitez. Et

15 là, en contrebas, on voit à droite Buhine Kuce.

16 M. Puliselic (interprétation). – Donc, maintenant, nous allons

17 vers Vitez ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

19 M. Puliselic (interprétation). - Merci.

20 (Fin de la projection.)

21 Mme Ameerali (interprétation). - La cassette vidéo portera pour

22 cote D10/5.

23 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Vidovic, je vous

24 demanderai de répondre à la question suivante : pendant combien de temps,

25 pendant combien de jours, Dragan Papic a-t-il été de garde avec vous sur

Page 6627

1 ce pont de Radak ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Pas très longtemps, de huit à dix

3 jours. Je ne pourrais pas vous donner davantage de précisions. Par la

4 suite, il est parti ; il nous a dit que sa femme venait d'accoucher et il

5 est parti.

6 M. Puliselic (interprétation). - Il est donc parti lorsque sa

7 femme a accouché ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire si

10 Dragan Papic, à un moment donné de cette période de huit à dix jours qu'il

11 a passée avec vous, s’est éloigné de l'endroit où vous montiez la garde ?

12 Si ce n'est pour se reposer dans cette maison que vous avez indiquée ?

13 M. Vidovic (interprétation). – Non, parce que nous n'en avions

14 pas le droit.

15 M. Puliselic (interprétation). - Etes-vous convaincu qu'il ne

16 s’est pas éloigné les 16 et 17 avril 93 ?

17 M. Vidovic (interprétation). - J'en suis tout à fait convaincu,

18 j’en suis certain. Pendant cette période, personne n'était autorisé à

19 quitter cet endroit.

20 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez déclaré qu'il était

21 parti lorsqu’il avait appris que sa femme venait d'accoucher.

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous où il s'est rendu

24 après vous avoir quitté ?

25 M. Vidovic (interprétation). – Non. J'ai appris plus tard,

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1 disons quinze ou vingt jours plus tard, qu'il avait été envoyé sur la

2 ligne de front. Mais je ne sais pas du tout où exactement, ni dans quelles

3 conditions. Je ne l'ai plus revu.

4 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire pendant

5 combien de temps vous êtes resté de garde ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Jusqu'au 24 août à cet endroit.

7 M. Puliselic (interprétation). - Pendant plus de cinq mois ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Puliselic (interprétation). – Et pourquoi êtes-vous parti

10 après ces cinq mois ?

11 M. Vidovic (interprétation). - J'étais très mal, j'étais très

12 malade et j'ai dû aller me faire soigner.

13 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous où travaillait

14 Dragan Papic ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Il travaillait dans

16 l’administration des eaux et des forêts, il était garde forestier.

17 M. Puliselic (interprétation). – Etait-il membre du HVO à

18 l'époque ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Pas à ma connaissance. Dragan a

20 travaillé comme garde-forestier jusqu'au moment du conflit.

21 M. Puliselic (interprétation). - Jusqu'au moment du conflit

22 d'avril 93, il travaillait dans l'administration des eaux et des forêts à

23 votre connaissance ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). - Que savez-vous de Dragan Papic

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1 et de sa famille ? Vous nous avez dit que sa femme avait eu un enfant.

2 Qu'est-ce qu'elle a eu ? Une fille ou un garçon ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous le savez

5 aujourd'hui ? Savez-vous quels enfants il a eus ?

6 M. Vidovic (interprétation). - A vrai dire je ne le sais pas,

7 même à ce jour.

8 M. Puliselic (interprétation). – Avant le conflit, est-ce qu'il

9 avait coutume de se rendre à votre restaurant ?

10 M. Vidovic (interprétation). – Oui, souvent.

11 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des

12 invités souvent chez vous ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il y avait des Musulmans,

14 des Croates ; le restaurant était plein.

15 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu

16 dire qu'éventuellement, Dragan Papic avait eu des entretiens portant sur

17 les sujets politiques ? Et, qu'au moment de ces entretiens, de ces

18 conversations, il avait exprimé une attitude négative vis-à-vis des

19 Musulmans ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Non.

21 M. Puliselic (interprétation). - Vous n'avez jamais entendu

22 parler de cela ?

23 M. Vidovic (interprétation). – Non.

24 M. Puliselic (interprétation). - De quoi parlait-il le plus

25 fréquemment ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je dois vous dire qu'il

2 aimait beaucoup plaisanter et il parlait des femmes, il parlait des

3 voitures qu'il réparait beaucoup plus parce qu'il était garde-forestier.

4 Il parlait également de ses aventures dans la forêt. Outre cela, il

5 parlait, comme je l’ai dit, des femmes et des voitures.

6 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il avait également

7 réparé les voitures ? Ou bien c'était son hobby ? Qu'est-ce qu'il

8 faisait ? Est-ce que c'était son métier ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Souvent je l'avais rencontré et

10 puis je voyais qu'effectivement il faisait quelques réparations, mais je

11 ne l'ai pas vu souvent non plus.

12 M. Puliselic (interprétation). - Mais est-ce qu'il avait réparé

13 les voitures de ses amis ?

14 M. Vidovic (interprétation). - C'est ce qu'il avait dit. Je ne

15 veux pas dire que, moi, je l'ai vu de mes propres yeux. Mais, en général,

16 il le racontait.

17 M. Puliselic (interprétation). – Y avait-il également des

18 Musulmans qui lui avaient demandé de les aider ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous l’avez vu ? Ou

21 est-ce que vous avez appris qu’il avait l’habitude d’aller à la mosquée au

22 moment, par exemple, où il y avait des cérémonies religieuses ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je dois dire que chaque

24 fois qu'il y avait un enterrement, tout le monde s’y rendait, que ce soit

25 des Musulmans ou des Croates et vice versa. Donc, s’il y avait quelqu’un

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1 qui était décédé à ce moment-là, on allait assister aux obsèques ; c’était

2 une coutume.

3 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez

4 rencontré de temps en temps ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

6 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez vu

7 éventuellement qu'il portait l'uniforme, même avant la guerre qui s'était

8 déclenchée avec des Musulmans ? Est-ce que vous avez quelque chose à nous

9 dire à ce propos-là ?

10 M. Vidovic (interprétation). - D'abord il portait l'uniforme du

11 garde forestier très souvent. Les derniers temps, juste avant le conflit,

12 il portait ce vêtement de forestier, et puis il avait également une

13 chemise ou une blouse de camouflage. Je pense, mais je ne peux pas m'en

14 souvenir exactement.

15 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez appris

16 éventuellement qu'il avait également porté l'uniforme déjà à l'époque où

17 cette guerre a été menée contre les Serbes ? Est-ce que vous l'avez appris

18 ou vu bien avant ce conflit et ses opérations militaires entre les Croates

19 et les Musulmans ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l’ai vu effectivement,

21 comme je vous l’ai décrit, dans cet uniforme qui était quelque peu combiné

22 avec l’uniforme de garde forestier.

23 M. Puliselic (interprétation). - Donc garde forestier ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous connaissez son

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1 père ? Vous avez dit que vous connaissiez Ivo, le père de Dragan.

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je connais très bien son

3 père.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

5 dire quelle était sa profession ? Je parle du père Ivo Papic.

6 M. Vidovic (interprétation). - C'était le seul plombier qui

7 exerçait ce métier à Santici et à Zume.

8 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il avait

9 beaucoup de travail ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il avait travaillé,

12 est-ce qu’il avait des activités de plomberie dans les maisons de

13 Musulmans également ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il a effectué ses travaux

15 également chez les Musulmans, parce que je vous ai dit qu'il n'y en avait

16 pas d'autres sur place qui effectuaient ces travaux de plomberie.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il fait maintenant

18 toujours ces travaux-là ? Par exemple, pour des Musulmans qui retournent

19 dans cette région ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas.

21 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez appris ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais

23 vraiment pas.

24 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que, éventuellement,

25 vous avez vu sur sa maison un drapeau qui a été hissé sur sa maison ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Le drapeau avec le damier.

2 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que ce drapeau a été

3 hissé en permanence ou de temps à autre et à quelles occasions ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Uniquement quand il y avait des

5 fêtes religieuses. Ce n’est pas uniquement sur sa maison mais sur la

6 mienne également, parce qu’on hissait le drapeau au moment où il y avait

7 des fêtes religieuses.

8 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que les Musulmans

9 également hissaient leur drapeau quand il y avait des fêtes musulmanes ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous connaissez

12 Mehed Ahmic? Vous en avez parlé un petit peu.

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui, très bien. Je le connais

14 très bien.

15 M. Puliselic (interprétation). - Et quel était son surnom ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Suduka.

17 M. Puliselic (interprétation). - Et quel était son métier ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Au début il était restaurateur.

19 Enfin, il avait un café. Après les élections, il avait été engagé dans son

20 parti, le parti du SDA.

21 M. Puliselic (interprétation). - Il était membre ou il était à

22 la direction ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Il était parmi les dirigeants. Il

24 était peut-être même le responsable principal de la SDA.

25 M. Puliselic (interprétation). - Pour Vitez, vous parlez ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Je parle d'Ahmici. Je ne peux pas

2 vous parler de la municipalité de Vitez dans l'ensemble.

3 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que son attitude vis-à-

4 vis des Croates a changé ? Est-ce que vous avez appris quelque chose ou

5 vous l’avez constatée après les élections multiparties ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Après les élections, nous avons

7 tous changé. Ce n'était absolument pas le même peuple comme à l'époque.

8 Chacun avait opté pour une nationalité enfin pour une nation. Chacun avait

9 opté pour autre chose et lui également.

10 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous connaissiez

11 Abdulah Ahmic ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Non.

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous connaissiez

14 Fahrudin Ahmic ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

16 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'il y

17 avait deux Fahrudin Ahmic ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Non, cela je ne le savais pas.

19 J'en connais un seul. Il était musicien et sept jours avant le conflit, il

20 avait justement joué. C'est un musicien.

21 M. Puliselic (interprétation). - Sept jours avant le conflit ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - C'était Pâques ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Effectivement, c'était au

25 moment de Pâques.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Et Fahrudin Ahmic avait la

2 maison dans quelle partie du village ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Sa maison se trouvait sur la

4 route principale Vitez-Busovaca. Une centaine de mètres par rapport à

5 Ahmici donc pas trop loin par rapport à ma maison non plus.

6 M. Puliselic (interprétation). - Le 16 avril 1993, vous ne

7 saviez pas probablement ; sauf que vous avez entendu les tirs parce que

8 vous avez monté la garde ; vous ne saviez pas ce qui s'était passé à

9 Ahmici. Est-ce que vous avez appris ultérieurement ce qui s'était passé à

10 Ahmici ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Dès que je suis allé à

12 l'abri, ce sont les femmes croates qui m'ont raconté ce qui s'était passé

13 à Ahmici.

14 M. Puliselic (interprétation). - Mais qu'est-ce qu’elles vous

15 ont raconté ? Qu’est-ce qui s'est passé à Ahmici ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Elles m'ont dit que ce sont des

17 unités musulmanes qui avaient attaqué Ahmici, et les Croates se sont

18 abrités chez nous parce que c’était la partie qui a été habitée par les

19 Croates.

20 M. Puliselic (interprétation). - Donc ce sont ces femmes qui

21 vous ont raconté ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Et qu'est-ce que vous avez

24 entendu par la suite, ultérieurement ? Est-ce qu’il y avait beaucoup de

25 personnes qui ont été tuées, est-ce qu’il y avait des maisons qui ont été

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1 détruites ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait beaucoup de

3 personnes qui ont été tuées d'un côté et de l'autre. C'est une information

4 que j'ai pu avoir.

5 D'abord la première victime était Santic, il avait monté la

6 garde et les Musulmans l'avaient tué. C'est ce que j'ai appris, c'était

7 mon information.

8 M. Puliselic (interprétation). - Il y avait beaucoup de

9 Musulmans qui ont été victimes à Ahmici ? Est-ce que vous vous souvenez ?

10 Vous avez parlé des Croates, vous avez mentionné je ne sais pas qui.

11 M. Vidovic (interprétation). - J'ai parlé de Mirjan Santic.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

13 d'autres Croates également qui ont été tués ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait d'autres

15 Ivica Vidovic, Ivan Kovic, Zlatko. Il y en avait d’autres également qui

16 ont été tués. Je ne peux pas véritablement me souvenir de tous les noms.

17 Si éventuellement j'avais une liste, je pourrais vous le dire, mais comme

18 ça, je ne peux pas, je n'ai pas gardé le souvenir.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que les Musulmans sont

20 retournés à Ahmici ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Tous les Musulmans pratiquement

22 sont retournés à Ahmici.

23 M. Puliselic (interprétation). - Tous ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). - Quelles sont vos relations

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1 actuellement avec des Musulmans ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Je suis en bons termes.

3 M. Puliselic (interprétation). - Comme auparavant ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Ils viennent au restaurant

5 chez moi.

6 M. Puliselic (interprétation). - Et qu’est-ce qui s'est passé

7 avec d'autres habitants d'Ahmici ? Comment ils ont perçu tout ce qui

8 s’était passé ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Ils traversent notre

10 agglomération, ceux qui étaient à Pirici. Par exemple, ils traversent

11 notre agglomération, notre village et puis il n’y a jamais eu d’incidents

12 depuis qu’ils sont retournés.

13 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il n'y a pas

14 d'incident actuellement ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Non.

16 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai

17 terminé mon interrogatoire.

18 M. le Président (interprétation). - Fort bien, je vous en

19 remercie. Nous allons maintenant donc suspendre nos travaux jusqu'à demain

20 matin. Mais Maître Krajina, avez-vous l'intention de procéder à un

21 interrogatoire principal du témoin demain matin ?

22 M. Krajina (interprétation). - Maître Par est celui qui va

23 interroger le témoin demain matin, et ceci lui prendra trente à

24 quarante minutes.

25 M. le Président (interprétation). - L'audience est levée.

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1 L'audience est levée à 13 heures 25.

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