Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-PT

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Jeudi 27 Mai 1999

4 L'audience est ouverte à 9 heures.

5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

6 Mme le Greffier. - Affaire IT-95-16-T, le Procureur du Tribunal

7 contre Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic,

8 Dragan Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic, Vladimir Santic.

9 M. le Président. - Merci.

10 Bonjour, Monsieur le Témoin. Je suppose que vous êtes

11 Jozo Vrebac ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

13 M. le Président (interprétation). - Monsieur, je vais vous

14 demander de donner lecture de la déclaration solennelle.

15 M. Vrebac (interprétation). - Je déclare solennellement que je

16 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

17 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez-vous asseoir,

18 merci

19 Maitre Par, vous avez la parole.

20 M. Par (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

21 Bonjour, Monsieur Vrebac.

22 Monsieur le Témoin, m’entendez-vous bien ? Le témoin n'entend

23 pas bien d'habitude, alors si vous n'entendez pas quelque chose, demandez

24 à ce que ce soit répété.

25 M. Vrebac (interprétation). - Je vous prie d'augmenter le son.

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1 M. Par (interprétation). - Je vous prie, Monsieur l'huissier,

2 d'augmenter le volume pour que le témoin puisse entendre.

3 (L'huissier s'exécute).

4 M. Par (interprétation). - Cela va mieux maintenant ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

6 M. Par (interprétation). - Nous pouvons commencer. Monsieur

7 Vrebac, pouvez-vous nous dire votre nom, votre prénom, votre lieu de

8 naissance, votre profession et où vous habitez ? Ne vous levez pas, vous

9 pouvez rester assis.

10 M. Vrebac (interprétation). - Je m'appelle Jozo Vrebac, je suis

11 né le 30 septembre 1927 à Santici dans la municipalité de Vitez.

12 M. Par (interprétation). - Quelle est votre profession ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Je suis serrurier.

14 M. Par (interprétation). - Etiez-vous à Santici le 16

15 avril 1993 ?

16 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

17 M. Par (interprétation). - Dans votre maison ou dans la maison

18 de votre fille se trouve un abri, n'est-ce pas ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

20 M. Par (interprétation). - Dans la maison de votre fille ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

22 M. Par (interprétation). - S'agit-il d'un vrai abri ? Pouvez-

23 vous nous décrire cette cave et comment se fait-il qu'elle a servi

24 d'abri ?

25 M. Vrebac (interprétation). - C'était une cave tout à fait

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1 normale et, lorsque la JNA a commencé à bombarder, on a commencé à se

2 servir de la cave pour nous abriter.

3 M. Par (interprétation). - Y avait-il du matériel, des lits, des

4 couvertures ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Non, il n'y avait rien de tout

6 cela.

7 M. Par (interprétation). - Hier, nous avons vu les photographies

8 de votre maison et de l'abri, donc nous n'allons pas revenir là-dessus.

9 Combien de pièces y avait-il et quelle était la superficie de

10 cette cave ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Il y avait trois pièces. Elle

12 était au total de 9 mètres sur 8 environ.

13 M. Par (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention

14 sur la journée du 16 avril 1993. Pouvez-vous nous dire où vous vous

15 trouviez ce jour-là ? Etes-vous allé à l'abri ? Comment cela s'est passé ?

16 Pouvez-vous ralentir le débit pour les interprètes, je vous

17 prie.

18 M. Vrebac (interprétation). - Ce sont les habitants du village

19 qui m’ont réveillé, ils se dirigeaient vers l'abri. Je suis allé donc à

20 l'abri. J'ai d'abord réveillé mon fils.

21 M. Par (interprétation). - Après, êtes-vous retourné à l'abri ?

22 M. Vrebac (interprétation). - J’allais chez moi et puis chez ma

23 fille, je faisais des allers-retours.

24 M. Par (interprétation). - Votre maison et la maison de votre

25 fils se trouvent près l’une de l'autre ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - 13 à 14 mètres.

2 M. Par (interprétation). - Elle se trouve près l'une de l'autre

3 alors ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

5 M. Par (interprétation). - Toute la journée, l'avez-vous passée

6 dans l'abri, autour de l'abri ?

7 M. Vrebac (interprétation). - Oui, toute la journée et la nuit

8 aussi.

9 M. Par (interprétation). - Qu'avez-vous fait concrètement ?

10 Etiez-vous uniquement assis, ou alliez-vous, que faisiez-vous ?

11 M. Vrebac (interprétation). - J'étais en fait au service des

12 autres, je leur amenais ce dont ils avaient besoin.

13 M. Par (interprétation). - Vous jouiez le rôle de l'hôte, n'est-

14 ce pas ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

16 M. Par (interprétation). – Connaissez-vous Vlatko Kupreskic et

17 sa famille ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

19 M. Par (interprétation). - Depuis quand ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Je le connais depuis l'enfance.

21 M. Par (interprétation). - Le 16 avril au matin, avez-vous vu

22 quelqu'un de la famille de Vlatko Kupreskic ?

23 M. Vrebac (interprétation). - J'ai vu Vlatko, sa mère, sa femme,

24 ses deux enfants.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire à quelle

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1 heure vous avez vu Vlatko pour la première fois ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Vers 6 heures.

3 M. Par (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire Vlatko ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Son aspect était terrifiant.

5 M. Par (interprétation). - Comment cela ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Il avait peur.

7 M. Par (interprétation). – Avez-vous discuté avec lui ?

8 M. Vrebac (interprétation). - Non, nous ne pouvions même pas

9 discuter. Il avait très peur. Et comme c'est un cardiaque…

10 M. Par (interprétation). - Donc, il avait peur ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

12 M. Par (interprétation). - Comment était-il habillé ?

13 M. Vrebac (interprétation). - En civil.

14 M. Par (interprétation). – Etait-il armé ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Je n'ai rien vu.

16 M. Par (interprétation). - Etiez-vous surpris de le voir dans

17 cet abri destiné aux personnes inaptes au service militaire ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Non.

19 M. Par (interprétation). – Pourquoi ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Parce que je savais qu'il était

21 cardiaque, qu'il n'a jamais fait son service militaire et qu'il n'a jamais

22 fait partie d'aucune unité militaire.

23 M. Par (interprétation). - Combien de temps a-t-il passé dans

24 l'abri ?

25 M. Vrebac (interprétation). - Jusqu'à 10 heures environ, je ne

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1 peux pas le dire avec précision.

2 M. Par (interprétation). - L'avez-vous vu partir ?

3 M. Vrebac (interprétation). - Oui, il a dit qu'il allait voir si

4 son père était toujours vivant.

5 M. Par (interprétation). - Savez-vous où se trouvait son père ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Chez lui, à la maison.

7 M. Par (interprétation). - Comment le savez-vous ?

8 M. Vrebac (interprétation). - C'est lui qui me l'a dit, en

9 partant.

10 M. Par (interprétation). - Ce jour-là, avez-vous revu Vlatko ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Oui, vers 16 heures, dans l'après-

12 midi.

13 M. Par (interprétation). - Il est revenu ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Oui, je l'ai revu quand il est

15 revenu.

16 M. Par (interprétation). - Avez-vous discuté avec lui ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Il a dit que son père était

18 toujours en vie mais qu'il n'avait pas pu l'emmener avec lui.

19 M. Par (interprétation). - Pourquoi n'a-t-il pas pu le faire ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Parce qu'il avait une jambe

21 cassée, il ne pouvait pas bouger, il ne pouvait pas marcher.

22 M. Par (interprétation). – Y avait-il des coups de feu à ce

23 moment-là ?

24 M. Vrebac (interprétation). – Quand ?

25 M. Par (interprétation). - Les coups de feu étaient peut-être

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1 une raison pour qu'il ne puisse pas venir ?

2 M. Vrebac (interprétation). – Non, la raison principale c'était

3 le fait qu'il ne pouvait pas marcher, mais il y avait aussi des coups de

4 feu.

5 M. Par (interprétation). - Suite à cela, Vlatko s'est-il de

6 nouveau dirigé vers la maison de son père ?

7 M. Vrebac (interprétation). - Oui, dans la soirée.

8 M. Par (interprétation). – L'a-t-il amené cette fois-ci ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

10 M. Par (interprétation). - Vous souvenez vous de l'heure ?

11 M. Vrebac (interprétation). - La nuit était tombée, je n'ai pas

12 regardé ma montre, je ne sais pas exactement.

13 M. Par (interprétation). - Avez-vous vu, vous, personnellement,

14 le père de Vlatko quand il est venu ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Oui, je l'ai vu de mes yeux.

16 M. Par (interprétation). - Quand Vlatko et sa famille ont quitté

17 l'abri, pouvez-vous vous rappelez de l'heure ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Ils sont partis le lendemain, dans

19 la soirée.

20 M. Par (interprétation). - Donc le 17 au soir. Savez-vous où ils

21 sont partis ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Vers le pont de Radak à Rovna.

23 M. Par (interprétation). - Je n'ai plus qu'une question à vous

24 poser.

25 Pouvez-vous nous dire, pour les personnes que je vais énumérer,

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1 si vous les avez vues dans l'abri le 16 avril ? Donc, avez-vous vu

2 Ivo Vidovic ?

3 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

4 M. Par (interprétation). - Et Ruza Grgic

5 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

6 M. Par (interprétation). - Et Ljubo Vidovic ?

7 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

8 M. Par (interprétation). - Et Alojz Vidovic ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

10 M. Par (interprétation). - Gordana Cujic ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Oui, elle était avec sa mère.

12 M. Par (interprétation). - Avez-vous vu Ankica Kupreskic ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

14 M. Par (interprétation). - Je vous remercie Monsieur Vrebac.

15 Je n'ai plus de questions. Merci, Monsieur le Président.

16 M. le Président (interprétation). - Maître Par, merci. Va-t-il y

17 avoir un contre-interrogatoire ?

18 M. Par (interprétation). - Maître Glumac va d’abord le faire.

19 Mme Glumac (interprétation). - J’ai plusieurs questions à vous

20 poser. Connaissez-vous les parents de Zoran et Mirjan Kupreskic ? Comment

21 s'appellent-ils ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Son père s'appelle Anto et la mère

23 Luca.

24 Mme Glumac (interprétation). - Etiez-vous en bons termes avec

25 eux ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Je ne peux pas dire non. Oui, on

2 était en bons termes.

3 Mme Glumac (interprétation). - Où les avez-vous vus ce jour-là,

4 le 16 avril 1993 ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Dans l'abri.

6 Mme Glumac (interprétation). - Dans votre abri, dans votre

7 maison ? Etaient-ils accompagnés d’autres membres de la famille

8 Kupreskic ?

9 M. Vrebac (interprétation). - La belle-mère de Mirjan, sa femme

10 et ses deux enfants.

11 Mme Glumac (interprétation). - Donc l’épouse de Mirjan ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

13 Mme Glumac (interprétation). - Donc sa belle-soeur et ses

14 enfants. Avez-vous retenu quelque chose de particulier au sujet de la

15 belle-mère ? Quel était son état de santé ?

16 M. Vrebac (interprétation). - Elle était assise. Mirjan, en

17 fait, l’a portée sur un brancard.

18 Mme Glumac (interprétation). - Elle avait des difficultés pour

19 marcher ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Je ne sais pas, mais elle était

21 immobile.

22 Mme Glumac (interprétation). - C’est pour ça que je vous pose

23 cette question. Pouvez-vous nous dire s'ils se sont dirigés, eux aussi,

24 vers Rovna le lendemain ?

25 M. Vrebac (interprétation). - Tout le monde est parti à Rovna,

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1 tout le monde, toutes les personnes qui se trouvaient dans l'abri.

2 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

3 Témoin. Merci Monsieur le Président.

4 M. le Président (interprétation). - Merci.

5 Maître Blaxill ?

6 M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

7 Madame et Monsieur les Juges.

8 Bonjour, Monsieur Vrebac. Je m'appelle Michaël Blaxill, je suis

9 un des substituts du Procureur en ce procès, je voudrais vous poser

10 quelques questions à la suite de ce que vous venez de déclarer à la

11 Chambre.

12 Vous avez déclaré avoir été réveillé par certains de vos

13 voisins, au cours de la matinée du 16 avril 1993. Est-ce que vous vous

14 souvenez de l'heure à laquelle ceci s’est passé ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Vers 5 heures du matin.

16 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez du

17 nom des villageois, des voisins qui vous ont réveillés ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Il y en avait beaucoup, je les

19 connais tous, mais je ne peux pas vous énumérer tous les noms.

20 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous

21 donner un nombre approximatif parce que vous parlez d'un groupe assez

22 important ? Y avait-il 10, 20, 30 personnes ?

23 M. Vrebac (interprétation). - Environ 25 à 30 familles.

24 M. Blaxill (interprétation). - Quel était le climat général,

25 dans quel état ces personnes étaient-elles de façon générale ? Etaient-

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1 elles en proie à l’anxiété, à la peur ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Elles étaient tous très anxieuses,

3 elles avaient peur.

4 M. Blaxill (interprétation). - Ils sont donc arrivés chez vous.

5 Est-ce que vous les avez emmenées chez votre fille, dans sa maison qui se

6 trouvait à peu près à treize mètres de distance de la vôtre ?

7 M. Vrebac (interprétation). - J'ai couru, j'ai ouvert la porte

8 et je suis rentré chez moi.

9 M. Blaxill (interprétation). - Ces gens sont donc entrés dans le

10 bâtiment, sont allés au sous-sol, alors que vous êtes rentré chez vous ?

11 C'est bien cela ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Oui, c'est exact.

13 M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que vous

14 aviez déjà eu le temps de vous habiller pour aller au-dehors ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Oui. Je suis rentré chez moi et je

16 me suis habillé par la suite.

17 M. Blaxill (interprétation). - Et quels vêtements portiez vous ?

18 Quels vêtements avez-vous mis quand vous vous êtes vraiment habillé ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Ce sont les vêtements que je porte

20 tout les jours chez moi.

21 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous

22 dire par exemple si vous portiez une veste, un veston ? Si c'était le cas,

23 de quelle couleur était cette veste ou ce veston ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Non, je n'ai jamais porté de

25 veston mais un manteau, c'était un vieux manteau, et des chaussures tout à

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1 fait normales.

2 M. Blaxill (interprétation). - Je vais vous reposer la question.

3 Est-ce que vous vous souvenez de la couleur de ce vêtement que vous

4 portiez alors ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Couleur marron ou noire, ce sont

6 les couleurs que je porte le plus souvent.

7 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous pourriez être

8 plus précis ? Quelle était la couleur du vêtement que vous avez porté ce

9 jour-là ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Je ne me souviens pas. Moi aussi,

11 j'ai eu peur, j'avais peur. Je ne me souviens pas.

12 M. Blaxill (interprétation). - Vers 5 heures du matin, y avait-

13 il des coups de feu qu'on pouvait entendre à proximité ? Est-ce que vous

14 avez entendu des coups de feu ?

15 M. Vrebac (interprétation). - A 5 heures, non, il n'y en avait

16 pas.

17 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que des personnes vous ont

18 dit ou est-ce que vous saviez, pour une autre raison, pourquoi tout le

19 monde avait si peur ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Je n'en ai aucun idée, il ne m'ont

21 rien dit. Je sais que s'il y avait une alerte à l'époque, on allait dans

22 l'abri.

23 M. Blaxill (interprétation). - Je vois.

24 Est-ce que vous nous dites que vous étiez très énervé parce que

25 manifestement toutes ces personnes étaient arrivées à l'abri ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Oui, c'est exact.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous êtes rentré chez vous. Vous

3 souvenez-vous du temps que de vous avez passé chez vous, avant de

4 retourner à l'abri ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Quand je suis rentré chez moi,

6 j'ai réveillé mon fils à l'étage.

7 M. Blaxill (interprétation). - Nous pourrions dire qu’en

8 l'espace de quelques minutes à peine vous êtes retourné vers l'abri. Est-

9 ce qu'il aurait été alors 5 heures 15 du matin ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Oui, à peu près. Oui.

11 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit qu'il y avait de 25

12 à 30 familles. Cela faisait combien de personnes en tout, 50 à 60 pensez

13 vous ou davantage peut-être ?

14 M. Vrebac (interprétation). - En moyenne, il y avait trois

15 personnes par famille

16 M. Blaxill (interprétation). - Si on prend 75 ou 80 personnes,

17 vous dites que toutes ces personnes sont allées dans le sous-sol de la

18 maison de votre fille ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). - Vous nous avez donné ces cotes,

21 9 mètres et demi sur 8, cela veut dire que c'était vraiment très encombré,

22 il y avait beaucoup de monde dans cet espace exigu ?

23 M. Vrebac (interprétation). - Il y avait beaucoup de monde,

24 c'était plein.

25 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

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1 voir vu arriver M. Vlatko Kupreskic et des membres de sa famille ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

3 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de

4 l'heure approximative à laquelle ils sont arrivés à l'abri ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Ils sont arrivés vers 6 heures

6 lorsqu'on a entendu une fusillade.

7 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il est juste de penser

8 que ces tirs avaient commencé vers 5 heures 20, ce matin là ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Peut-être que vous avez raison,

10 mais je ne sais pas exactement s'il était 5 heures 20 ou 5 heures 30, je

11 ne regardais pas ma montre.

12 M. Blaxill (interprétation). - Bien.

13 Il y avait donc des coups de feu qui étaient tirés à

14 l'extérieur. La famille Kupreskic est arrivée. Est-ce que vous vous

15 souvenez de la pièce dans laquelle ils sont allés ?

16 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

17 M. Blaxill (interprétation). – C'était laquelle ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Les enfants et son épouse sont

19 descendus alors que lui il est resté dans le hall, où il y avait un banc

20 dans le couloir, pour se reposer.

21 M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, serait-il exact

22 de dire que vous vous trouviez aussi dans l'entrée de la maison de votre

23 fille ? Est-ce bien à cet endroit que vous étiez à ce moment-là ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Moi je me trouvais partout,

25 partout où on avait besoin de moi.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Vous étiez donc un peu partout.

2 Vous avez dit que vous avez essayé d'aider les personnes qui étaient dans

3 les abris. Est-ce que cela veut dire que vous faisiez de nombreuses allées

4 et venues entre les deux maisons, la vôtre et celle de votre fille ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

6 M. Blaxill (interprétation). - Par exemple, pourriez-vous me

7 dire ce qu'il en est de la première fois où vous êtes retourné chez vous

8 après avoir rencontré Vlatko ? A quel moment êtes-vous alors rentré chez

9 vous ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Ils sont montés, et pendant ce

11 temps là, pendant qu'il y allaient, moi je suis rentré. J'ai dit à mon

12 épouse de faire bouillir le lait.

13 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous vous souvenez à

14 quel moment vous avez eu cette conversation avec votre femme ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, je ne

16 peux pas me souvenir de chaque minute.

17 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que par exemple vous vous

18 souvenez du nombre de fois où vous êtes retourné chez vous, par rapport au

19 moment où vous dites que Vlatko a quitté l'abri ?

20 M. Vrebac (interprétation). - J'ai passé plus de temps là-bas

21 dans la maison que chez moi, puisque nous utilisions l'étage au-dessus et

22 la cave.

23 M. Blaxill (interprétation). - Je repose ma question. Vous vous

24 souvenez du nombre de fois où vous avez dû retourner chez vous, jusqu'au

25 moment où Vlatko a quitté l'abri ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Deux ou trois fois peut-être.

2 M. Blaxill (interprétation). – Il y a toujours des feux pendant

3 toute cette période, pendant tout ce temps, et vous entendiez tous

4 facilement ces coups de feu, n'est-ce pas ?

5 M. Blaxill (interprétation). - Oui, on entendait les coups de

6 feu, dans toutes les directions. Mais vers 9 heures cela s'est calmé un

7 peu.

8 M. Blaxill (interprétation). – Est-il exact de dire qu'il

9 n'était pas vraiment nécessaire que vous regardiez l'heure pour voir

10 quelle heure il était au moment où ces coups de feu ont commencé à

11 diminuer ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Je n'ai pas regardé la montre,

13 non, je n'y pensais même pas.

14 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait dire que

15 vous étiez bien trop préoccupé par ces risques, par ces dangers, et parce

16 que vous étiez en train d'aider les personnes, c'est ça qui vous

17 intéressait et que vous n'avez pas fait attention à l'heure ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Exactement pour cela.

19 M. Blaxill (interprétation). - Vous connaissiez la plupart de

20 ces personnes assez bien, même très bien je suppose ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Je les connaissais tous.

22 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez par

23 exemple du nom des familles ou d'un nom particulier, le nom d'une personne

24 qui serait arrivée sitôt après la famille de Vlatko Kupreskic ? Est-ce que

25 ceci éveille des souvenirs dans votre esprit ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Je n'ai pas bien compris.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites vous souvenir de

3 l'arrivée de la famille de Vlatko. Est-ce que vous vous souvenez

4 éventuellement du nom de la famille qui serait arrivée aussitôt après la

5 famille de Vlatko Kupreskic ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Je me souviens d'Anto Vidovic qui

7 est venu avec sa femme. En fait, il a amené sa femme puisqu'elle était sur

8 une brouette.

9 M. Blaxill (interprétation). - Des noms vous ont été mentionnés

10 par Me Par : Ivo Vidovic, Ruza Grgic, Ljuba Vidovic. Est-ce que l'une

11 quelconque de ces personnes aurait quitté l'abri au début de la matinée,

12 dans la première partie de la matinée ?

13 M. Vrebac (interprétation). – Lorsqu'on entrait dans l'abri, on

14 ne pouvait en fait que sortir sur la terrasse et c'est de là, du balcon en

15 fait, qu'on pouvait voir le feu, mais on ne pouvait pas savoir de quoi il

16 s'agissait exactement, on essayait de deviner.

17 M. Blaxill (interprétation). – Manifestement, par la suite

18 Vlatko a quitté l'abri, puisque vous dites avoir parlé avec lui, et il

19 vous a dit qu'il voulait voir ce qu'il en était de son père ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Oui c'est exact.

21 M. Blaxill (interprétation). - Pour autant que vous vous en

22 souveniez, est-ce que d'autres personnes seraient parties de l'abri pour

23 voir si leur famille et leur bétail étaient toujours en sécurité ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Je n'ai pas vu d'autres personnes

25 quitter cet abri.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Au cours de la matinée, si nous

2 avons bien compris la situation, vous faisiez de votre mieux pour porter

3 assistances à un nombre important de personnes, dans un espace très exigu

4 et tout le monde avait très peur du risque qu'ils encourraient, est-ce que

5 c'est bien exact ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Je ne vous ai pas bien entendu,

7 Monsieur.

8 M. Blaxill (interprétation). - Au cours de la matinée, si nous

9 avons bien compris ce qu'il en était, vous vous efforciez de prêter

10 assistance à un nombre important de personnes. Toutes ces personnes se

11 trouvant dans un espace très exigu et dans un état de grande peur, la

12 situation effectivement pouvait créer une telle peur ?

13 M. Vrebac (interprétation). - C'est vrai.

14 M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez confirmé à plusieurs

15 reprise que vous n'aviez pas passé votre temps à vérifier l'heure, à

16 vérifier ce qui se passait, puisque les choses se passaient comme ça ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Nous étions… C'est vrai ces

18 personnes étaient vieilles, il n'y avait que des personnes vieilles à cet

19 endroit.

20 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur. le Témoin, je dirai

21 encore autre chose. Aujourd'hui vous avez déclaré vous souvenir de ce que

22 Vlatko Kupreskic aurait quitté l'abri à 10 heures. Etes-vous toujours

23 aussi sûr du temps ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Il était 10 heures.

25 M. Blaxill (interprétation). - Vers 10 heures. Mais pourrait-on

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1 dire que vous n'avez pas à ce moment-là regardé quelle heure il était à

2 votre montre ?

3 M. Vrebac (interprétation). - Nous étions là en train de

4 discuter, nous avons regardé la montre au moment où cela à commencé. Nous

5 étions juste derrière, au coin de ma maison.

6 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

7 d'une femme répondant au nom de Gordana Cujic ? J’espère que je prononce

8 bien son nom ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Gordana comment ?

10 M. Blaxill (interprétation). - Ou peut-être Kvic ou Cujic ? Je

11 n'ai pas beaucoup d’aptitude en langue étrangère.

12 M. Par (interprétation). - Le témoin doit la connaître par son

13 nom de jeune fille. Elle s'appelle Gordana Cujic Vidovic.

14 M. le Président (interprétation). - Merci.

15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que cette femme a quitté

16 les lieux à un moment donné ? Est-ce qu’elle a quitté l'abri ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Non, elle est restée là avec sa

18 mère.

19 M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie,

20 Monsieur Vrebac. Merci Monsieur le Président, je n’ai plus de questions à

21 poser au témoin. Merci Maître Par de m'avoir prêté assistance pour ce qui

22 était de mes problèmes linguistiques

23 M. le Président (interprétation). - Maître Par ?

24 M. Par (interprétation). - J’ai une question pour le témoin.

25 Monsieur Vrebac, s’il vous plaît, vous avez répondu à ma

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1 question selon laquelle vous avez vu Ivo Vidovic dans l'abri ce jour-là.

2 A-t-il passé toute la journée dans l'abri ?

3 M. Vrebac (interprétation). - Je ne l'ai pas vu. Je l'ai vu

4 uniquement dans la matinée.

5 M. Par (interprétation). - Merci Je n’ai pas d'autres questions.

6 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Les Juges

7 n'ont pas non plus de questions à poser. Je suppose que personne ne verra

8 d'inconvénient à ce que le témoin se retire. Monsieur Vrebac grand merci

9 d'être venu déposer devant nous. Vous pouvez désormais disposer.

10 M. Vrebac (interprétation). - Merci.

11 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

12 M. le Président (interprétation). - Maître Susak.

13 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, le 7 mai

14 cette année, la Chambre a fait un plan concernant l'interrogatoire des

15 témoins. Il a été conclu qu'à partir du 25 mai jusqu’au 4 juin, les

16 témoins seront examinés, les témoins de la défense de Vlatko Kupreskic.

17 Etant donné qu'après seront examinés les témoins de

18 Vlado Josipovic, je dois aujourd'hui m'entretenir avec le département de

19 la protection des témoins et des victimes, pour savoir si les témoins de

20 Drago Josipovic peuvent venir à partir du 21 juin jusqu'au 26 juin 1999.

21 Donc, je dois me mettre d'accord avec ce département concernant

22 la date exacte à partir de laquelle nous allons faire venir les témoins à

23 La Haye pour témoigner devant ce Tribunal.

24 M. le Président (interprétation). - Je crains que nous n'ayons

25 pas notre agenda ici à proximité, mais je vous dirai après la pause ce

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1 qu'il en est. Je crois que nous allons reprendre les débats fin juin. Nous

2 allons d’ailleurs nous en tenir à l'emploi du temps.

3 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

4 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

6 J'ai une requête très courte, je voudrais qu'on clarifie quelque chose.

7 Sous le numéro D26, nous avons préparé des documents concernant le

8 témoignage de Dragica Krizanac.

9 On a attiré mon attention sur le fait qu'au moment où on a

10 photocopié ces documents, toutes les pages n'ont pas été photocopiées.

11 Donc, entre temps, j'ai remédié à cette erreur. Je voudrais qu'on regarde

12 ces documents.

13 Il s'agit des documents qui ont été enregistrés sous le

14 numéro 00637483 jusqu'à 006375110. J'ai pour la Chambre et pour le Greffe

15 le nombre suffisant d'exemplaires et je voudrais demander à

16 Monsieur l'huissier de bien vouloir les distribuer.

17 M. le Président (interprétation). - Fort bien, je vous en

18 remercie.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Je m'excuse, on m'a dit qu'une

20 erreur est survenue dans le transcript. Il ne s'agit pas de D26 mais D2/6.

21 M. le Président (interprétation). - Fort bien, nous avions bien

22 sûr compris. Parfait. Ces documents vont être remis à l'accusation et aux

23 Juges. Je me demande s'il est possible de faire entrer dans le prétoire le

24 témoin.

25 (L'huissier s'exécute concernant les documents.)

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1 Mme le Greffier. - Il s'agira de la pièce D6/6.

2 M. le Président (interprétation). - Je suppose que nous

3 reviendrons à cette question après la pause. Nous vérifierons alors s'il y

4 a des différences entre la pièce D6/6 et la pièce D2/6

5 M. le Président (interprétation). - j'aimerais d'ores et déjà

6 dire bonjour à Monsieur Vidovic et lui demander de donner lecture de la

7 déclaration solennelle.

8 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour. Je déclare

9 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la

10 vérité.

11 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, veuillez-

12 vous asseoir Monsieur. Maître Krajina ?

13 M. Krajina (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

14 Monsieur Vidovic, bonjour.

15 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

16 M. Krajina (interprétation). - Pouvez-vous vous présenter devant

17 ce Tribunal et donner votre nom de famille, l’année de naissance ? Où

18 habitez-vous ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Alojz Vidovic, je suis né le

20 13 février 1937 à Pirici. J'habite à Santici dans la municipalité de

21 Vitez.

22 M. Krajina (interprétation). - Pouvez-vous dire depuis quand

23 vous habitez à cet endroit, à l’endroit où vous vivez actuellement ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Depuis 1964.

25 M. Krajina (interprétation). - Connaissez-vous Vlatko Kupreskic

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1 et sa famille ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je les connais.

3 M. Krajina (interprétation). - Depuis quand les connaissez-

4 vous ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Je les connais depuis qu'ils

6 étaient petits.

7 M. Krajina (interprétation). - S’il vous plaît, pourriez-vous

8 nous dire concernant la journée du 16 avril, c'est-à-dire la journée où le

9 conflit à Ahmici a commencé, où vous trouviez-vous ?

10 M. Vidovic (interprétation). - J'étais chez moi, dans ma maison.

11 M. Krajina (interprétation). - Qui vous a réveillé ? Pouvez-vous

12 décrire la matinée ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Vers 5 heures 30, j'ai été

14 réveillé par des tirs que j'ai entendus.

15 M. Krajina (interprétation). - Que faisiez-vous après ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Je me suis préparé. J'avais un

17 cochon, je suis allé nourrir le cochon. Et ensuite je me suis rendu à

18 l'abri.

19 M. Krajina (interprétation). - Où êtes-vous allé exactement ?

20 Dans quel abri ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Dans l'abri de Jozo Vrebac.

22 M. Krajina (interprétation). - Cet abri se trouve à quelle

23 distance de votre maison ?

24 M. Vidovic (interprétation). - A peu près à cent mètres en

25 prenant la route goudronnée.

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1 M. Krajina (interprétation). - Vous pouviez vous rendre à cet

2 endroit assez rapidement ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Krajina (interprétation). - Pourriez-vous nous dire pour

5 quelle raison vous vous êtes rendu à cet abri ? Il s'agissait de quel

6 genre d'abri ?

7 M. Vidovic (interprétation). - C'était un abri sûr. Je suis allé

8 là-bas pour m'abriter des tirs.

9 M. Krajina (interprétation). - Vous vous y êtes rendu plus tôt

10 déjà ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, quand il y avait eu des

12 avions de l'armée yougoslave. Quand on entendait les sirènes, nous nous

13 rendions à cet abri.

14 M. Krajina (interprétation). - A quelle heure êtes-vous arrivé à

15 cet abri à peu près ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Je pense qu'il était 6 heures

17 moins le quart. Je ne regardais pas la montre.

18 M. Krajina (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté

19 dans cet abri ?

20 M. Vidovic (interprétation). - J'y suis resté jusqu'au

21 lendemain, mais comme ma maison est juste à côté, je me suis rendu à

22 plusieurs reprises chez moi.

23 M. Krajina (interprétation). - A partir du moment où vous êtes

24 arrivé dans l'abri, dans la matinée, jusqu'à quelle heure à peu près y

25 étiez-vous, en continu, sans sortir ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Jusqu'à 12 heures. Je ne suis pas

2 sorti avant 12 heures, c'est-à-dire que j'ai circulé à l'intérieur de

3 l'abri mais je ne me suis pas rendu chez moi.

4 M. Krajina (interprétation). - Vous étiez à l'intérieur donc ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

6 M. Krajina (interprétation). - Pouvez-vous en tirer la

7 conclusion, d'après ce que vous venez de dire, que vous étiez en continu

8 dans l'abri à partir de 6 heures du matin, le 16 avril 1993, jusqu'à

9 12 heures ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Krajina (interprétation). - Pendant cette période, avez-vous

12 vu Vlatko Kupreskic ou un membre de sa famille, et si oui pouvez-vous dire

13 qui ?

14 M. Krajina (interprétation). - J'ai vu Vlatko arriver avec son

15 épouse, ses deux enfants et sa mère.

16 M. Krajina (interprétation). - Il était quelle heure à peu près

17 au moment où ils sont arrivés ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Il était à peu près 6 heures.

19 M. Krajina (interprétation). - 6 heures. Pouvez-vous nous

20 décrire Vlatko ? Comment était-il habillé ? Etait-il habillé en vêtements

21 civils ou en uniforme, était-il armé ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Il était en vêtements civils et

23 il ne portait pas d'arme.

24 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous combien de temps

25 Vlatko a-t-il passé dans cet abri ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Il y est resté jusqu'à à peu près

2 10 heures du matin, et ensuite il est sorti. Son oncle Anto, lui, a

3 demandé où il partait. Il a répondu qu'il allait visiter son père.

4 M. Krajina (interprétation). - Vous l'avez vu, vous l'avez

5 entendu ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai vu et je l'ai

7 entendu. J'étais avec son oncle Anto, juste devant l'abri.

8 M. Krajina (interprétation). - Donc il a dit qu'il allait

9 visiter son père pour voir ce qu'il était advenu de son père ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous s'il est retourné dans

12 l'abri ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il est retourné dans l'abri.

14 M. Krajina (interprétation). - A quelle heure à peu près ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Je pense qu'il était 3 heures 30,

16 3 heures 45.

17 M. Krajina (interprétation). - Avez-vous entendu ce qu'il a dit

18 à l'époque ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Anto lui avait demandé comment

20 était son frère et il a dit qu'il était bien.

21 M. Krajina (interprétation). - Pourquoi vous avez demandé le

22 frère ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Car c'était le frère de son père.

24 M. Krajina (interprétation). - Il a demandé des nouvelles de son

25 père, du père de Vlatko ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était le père de Vlatko.

2 M. Krajina (interprétation). - J'ai une autre question. Qui se

3 rendait à cet abri, c'étaient des personnes âgées, les femmes, les

4 enfants ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, mais il y avait d'autres

6 personnes aussi.

7 M. Krajina (interprétation). - Etiez-vous étonné d'y voir Vlatko

8 car c'est une personne relativement jeune ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'étais pas étonné car je

10 savais qu'il était inapte au service militaire, parce qu'il avait été

11 opéré alors qu'il était encore enfant.

12 M. Krajina (interprétation). - A-t-il fait son service

13 militaire ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'en suis certain.

15 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic,

16 avant le mois d'avril 1993, était actif dans la vie politique, s'il était

17 membre de certaines unités, de certaines organisations politiques ?

18 M. Vidovic (interprétation). - (Le témoin fait un signe de la

19 main.)

20 Non, il n'a jamais été intéressé par la politique, il n'était

21 intéressé que par les affaires.

22 M. Krajina (interprétation). - Ce signe que vous venez de faire,

23 de quel signe s'agit-il ? Cela veut-il dire qu'il s'agit d'un homme qui

24 est intéressé par les affaires, par le commerce ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

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1 M. Krajina (interprétation). - A l'époque, c'était la seule

2 occupation de Vlatko ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était son unique

4 occupation.

5 M. Krajina (interprétation). - Monsieur Vidovic, s'il vous

6 plaît, dans la suite de mon interrogatoire, je vais vous présenter deux

7 documents. Je voudrais d'abord demander que Monsieur l'huissier les

8 distribue au Tribunal, à l'accusation et au témoin.

9 (L'huissier s'exécute.)

10 Mme le Greffier. - Il s'agit de la pièce 43/3.

11 M. Krajina (interprétation). - Monsieur le Témoin, avez-vous

12 regardé ces documents ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

14 M. Krajina (interprétation). - De quoi s'agit-il ?

15 M. Vidovic (interprétation). - J'y vois mon fils. Il s'agit de

16 mon fils, Mirko Vidovic.

17 M. Krajina (interprétation). - Regardez, s'il vous plaît,

18 l'endroit où il réside.

19 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit d'un certificat de la

20 police ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est un certificat disant

22 qu'il a habité à Travnik pendant la guerre, pendant toute la période de la

23 guerre, et qu'il n'est jamais venu chez nous.

24 M. Krajina (interprétation). - Donc il s'agit d'un certificat

25 certifiant que votre fil Mirko Vidovic habitait dans la ville de Travnik,

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1 dans une rue qui est indiquée ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est vrai, c'est exact.

3 M. Krajina (interprétation). - Merci.

4 Je vais vous présenter un autre document. Monsieur l'huissier,

5 pourriez-vous, s'il vous plaît, le présenter et le distribuer ?

6 (L'huissier s'exécute.)

7 Entre temps, avant de regarder ce document, je voudrais vous

8 poser une question. Dans votre région, y a-t-il plusieurs personnes

9 dénommées Mirko Vidovic ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y a mon fils Mirko, le

11 fils de mon oncle s'appelle Mirko et mon frère s'appelle Mirko.

12 M. Krajina (interprétation). - Toutes ces personnes s'appellent

13 Mirko Vidovic ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

15 M. Krajina (interprétation). - Pourriez-vous, s'il vous plaît,

16 regarder ces documents ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Mirko, c'est mon frère. Il habite

18 à Vitez dans un appartement.

19 M. Krajina (interprétation). - De quelle rue s'agit-il ? Il

20 s'agit de la rue Kresimira ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

22 M. Krajina (interprétation). - Numéro 4 ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, numéro 4, numéro 1.

24 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous qu'il existe un autre

25 Mirko Vidovic, qui est le fils de Jozo ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est le fils de mon oncle.

2 M. Krajina (interprétation). - Où habite-t-il ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Il habite en face de la boutique

4 de Vlatko, à Pirici. Il a sa maison à cet endroit.

5 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous où il était en 1993 ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Il était en Allemagne.

7 M. Krajina (interprétation). - Il y est resté longtemps ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Krajina (interprétation). - Merci. J'ai encore une question

10 et j'aurais ensuite terminé mon interrogatoire. Je ne sais pas si je vous

11 ai posé cette question, si je ne l'ai pas fait je vais vous la poser.

12 Savez-vous si le père de Vlatko s'est rendu à l'abri, s'il est

13 venu à l'abri ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

15 M. Krajina (interprétation). - Y est-il venu ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y est arrivé à 8 heures

17 du soir.

18 M. Krajina (interprétation). - Comment est-il arrivé ?

19 M. Vidovic (interprétation). - C'est Vlatko qui l'a amené.

20 M. Krajina (interprétation). - De quoi avait-il l'air ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Il était triste, il était malade.

22 Il avait des béquilles, il avait des problèmes avec ses jambes.

23 M. Krajina (interprétation). - Merci. Monsieur Vidovic, je n'ai

24 plus de questions pour vous. Monsieur le Président, j'ai terminé mon

25 interrogatoire.

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1 Mme le Greffier. - La pièce porte la cote D44/3.

2 M. Krajina (interprétation). - Je vous prie de verser ces pièces

3 à conviction au dossier, les pièces à conviction de la défense.

4 M. le Président (interprétation). - Une objection ?

5 M. Terrier. - Je n'aurai qu'une remarque à faire s'agissant de

6 cette pièce, la voici. Pour ce qui est de ce certificat, je me permets de

7 suggérer que la seule preuve qu'il apporte c'est que les renseignements

8 qui y sont repris étaient valables au moment où la pièce a été dressée en

9 avril 1999. Pour ce qui est de la preuve de la résidence, ceci n'est pas

10 apporté par le certificat. Bien sûr, à vous de déterminer la valeur

11 probable de ceci, mais je voulais vous le faire remarquer.

12 M. le Président (interprétation). - Fort bien. Ceci sera versé

13 au dossier.

14 Y a-t-il contre-interrogatoire de la part d'un des conseils de

15 la défense ?

16 M. Pavkovic (interprétation). - Non, nous n'avons plus de

17 questions, personne ne va contre-interroger.

18 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill ?

19 M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

20 Bonjour, Monsieur Vidovic. Je m'appelle Michaël Blaxill. Je suis

21 un des substituts du Procureur attaché à cette affaire. Je vais vous poser

22 quelques questions à la suite de ce vous avez déclaré aux Juges ce matin.

23 Vous dites avoir été réveillé par des coups de feu que vous

24 auriez entendus vers 5 heures 30, le matin du 16 avril 1993. Est-ce bien

25 exact ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous vous êtes levé, vous vous

3 êtes habillé. Pourriez-vous me dire comment vous vous êtes habillé, quels

4 vêtements avez-vous mis ce matin-là ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Des vêtements civils habituels.

6 J'avais un manteau, il faisait très froid.

7 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de

8 la couleur du veston ou de la veste ?

9 M. Vidovic (interprétation). - C'était la couleur olive, vert

10 olive, car c'était une veste, une doudoune que j'ai ramenée de mon

11 travail. A l'intérieur, elle était fourrée, c'était la couleur vert olive.

12 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez donc nourri le cochon,

13 puis vous êtes allé à l'abri de Jozo Vrebac, c'est ce que vous avez dit,

14 c'est bien exact ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

16 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que c'est la maison qui

17 est occupée en fait par la fille de M. Vrebac ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

19 M. Blaxill (interprétation). - Quelle est la disposition des

20 lieux de cet abri, qui a été installé dans ce bâtiment, dans cet

21 immeuble ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Je peux ? Donc il y avait un

23 escalier, on descendait dans l'abri. Dans l'abri, il y avait trois pièces

24 séparées.

25 M. Blaxill (interprétation). - Au moment où vous êtes arrivé à

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1 cette maison, est-ce que vous-même vous êtes descendu dans ces pièces du

2 sous-sol ?

3 M. Vidovic (interprétation). - J'y suis descendu tout seul car

4 mon frère y était déjà, j'y suis descendu pour voir. Mon frère était le

5 premier, je l'ai suivi. Mon frère avait eu une apoplexie. Donc je suis

6 descendu, mais on fumait en bas, alors que moi j'étais non fumeur. Donc

7 j'ai passé la plupart du temps dehors, car je ne supportais pas cet air

8 confiné parce que je ne fume pas.

9 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous diriez qu'à ce

10 moment-là il y avait énormément de monde dans ce petit espace ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Au début non, après oui, assez.

12 M. Blaxill (interprétation). - On nous a dit ce matin même, que

13 peu de temps après 5 heures du matin, quelques vingt familles parmi les

14 villageois étaient déjà arrivées au foyer des Vrebac pour se rendre à

15 l'abri. Est-ce que vous diriez qu'au moment où vous êtes arrivé dans le

16 sous-sol, il y avait l'équivalent de vingt-cinq familles, quelques 70 ou

17 80 personnes à cet endroit ?

18 M. Vidovic (interprétation). – Non, cette famille est arrivée le

19 deuxième jour, il s'agit d'une petite famille. Le deuxième jour, quand

20 quelqu'un a compris, a dit que les Moudjahidin avaient gagné la ligne de

21 la défense, ils sont arrivés. Mais les personnes avaient déjà quitté

22 l'abri, elles sont parties pour Rovna, l'abri était vide à l'époque. Et

23 donc c'est à ce moment-là que les gens de Mahala sont arrivés dans l'abri.

24 M. Blaxill (interprétation). - Je crois qu'il y a eu un

25 malentendu Monsieur Vidovic. Permettez-moi de répéter ma question :

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1 j'aimerais savoir si au moment où vous êtes descendu au sous-sol, à la

2 cave, vous pensez qu'il pouvait y avoir déjà 70 à 80 personnes dans

3 l'abri ?

4 M. Vidovic (interprétation). – Non, pendant que j'y étais, il

5 n'y avait pas autant de gens. Pas du tout, ça n'est pas exact.

6 M. Blaxill (interprétation). - Pourriez-vous me citer le nom de

7 quelques unes des personnes que vous avez vues à cet endroit ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait eu par exemple les

9 Livancic, les Vrebac (?), les Vidovic, les Kovac, les Martinovic. Il y a

10 eu d'autres personnes, mais beaucoup de temps s'est écoulé depuis.

11 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que le nombre de personnes

12 a augmenté dans cet abri pour passer à un nombre très important ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui, au fur et à mesure que le

14 temps passait, il y avait de plus à plus de personnes qui arrivaient.

15 Evidemment, il y avait plus de personnes âgées, des femmes et même des

16 personnes qu'on a amenées dans la brouette parce qu'elles ne pouvaient pas

17 se déplacer.

18 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

19 avoir vu arriver des membres de la famille Kupreskic ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Je me souviens que tous les

21 Kupreskic étaient arrivés. Mica avait amené sa belle-mère dans une

22 brouette.

23 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous dites tous les

24 Kupreskic, est-ce que ceci n'inclut pas aussi M. Vlatko Kupreskic ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, mais sans son père. Je n'ai

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1 pas compris la question. Sans le père.

2 M. Blaxill (interprétation). - Quand la famille de

3 Vlatko Kupreskic lui-même, sa femme, ses enfants sont arrivés à l'abri, où

4 sont-ils allés ? Sont-ils descendus à la cave ou est-ce qu'ils se sont

5 rendus dans une autre partie de la maison ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Ils sont descendus dans la cave.

7 Vlatko est remonté assez rapidement, il était assis avec nous là-haut, il

8 ne pouvait probablement pas supporter cet air dans la cave.

9 M. Blaxill (interprétation). – Vous, vous êtes resté dans

10 l'entrée. Est-ce que vous vous souvenez des déplacements de

11 M. Jozo Vrebac ? Est-ce qu'il était dans cette entrée, est-ce qu'il était

12 au sous-sol ou est-ce qu'il faisait des allées et venues, qu'il entrait et

13 sortait du bâtiment ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Il était un peu partout, aussi

15 bien dans les couloirs que dans la cave, il se déplaçait.

16 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il a quitté la maison à

17 un moment donné ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Sa maison est près de là, donc il

19 est normal qu'il soit allé aussi dans sa maison. Sa maison a la forme de

20 la lettre L, donc nous étions en quelque sorte abrités.

21 M. Blaxill (interprétation). - Alors que vous étiez dans

22 l'entrée qu’est-ce portait Vlatko Kupreskic ? Avez-vous remarqué ce qu'il

23 portait ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Il portait des vêtements civils,

25 mais je ne me souviens même pas de ce que je portais moi-même. C'était il

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1 y a longtemps, je ne me souviens que de cette veste, mais je ne me

2 souviens pas de la chemise que j'avais ou du pantalon que je portais. Je

3 sais à 100 % qu'il portait des vêtements civils.

4 M. Blaxill (interprétation). - Vous ne pourriez pas nous dire si

5 vous portiez une veste ou un vêtement en laine, ou nous dire ce qu'il

6 portait, pardon, la couleur des vêtements ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Il me semble qu'il portait une

8 veste, il me semble.

9 M. Blaxill (interprétation). – Serait-il exact de dire qu'à

10 l'époque, les personnes qui s'étaient rassemblées à cet endroit étaient

11 très effrayées, agitées, énervées du fait des événements, de ce qui se

12 passait. Est-ce exact ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Mais bien sûr, bien sûr, nous

14 étions tous très tristes pour ainsi dire.

15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des

16 personnes qui sortaient de temps en temps pour voir ce qui se passait dans

17 le village d'Ahmici et aux alentours ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Nous n'avions vu que la fumée de

19 cet endroit, nous ne pouvions pas discerner ce que c'était exactement.

20 Nous n'avions vu que la fumée et nous avons entendu des tirs, car nous

21 avons été en quelque sorte abrités.

22 M. Blaxill (interprétation). - Puisque cette situation était

23 vraiment très effrayante, très stressante, est-il exact de dire que vous

24 n'avez pas vu quelle heure il était avec beaucoup d'exactitude ? Est-ce

25 bien exact ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Je n'avais pas de montre, je ne

2 portais pas de montre, je donne l'heure comme ça, de tête.

3 M. Blaxill (interprétation). - Quelques temps plus tard, vous

4 dites que Vlatko Kupreskic voulait voir son père, c'est la raison pour

5 laquelle il a quitté l'abri, est-ce bien exact ?

6 M. Vidovic (interprétation). - C'est exact.

7 M. Blaxill (interprétation). - Compte tenu de ce que vous venez

8 de dire, s'agissant des conditions qui prévalaient alors, de ce que vous

9 aviez dit du temps qui est passé, que vous n'aviez pas de montre, que vous

10 n'avez pas fait attention à l'heure qu'il était, est-ce que vous êtes

11 toujours aussi sûr qu'il a vraiment quitté l'abri à 10 heures ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Quand je dis 10 heures, je dis à

13 peu près 10 heures.

14 M. Blaxill (interprétation). - Même une estimation des plus

15 approximatives, c'est quelque chose qui n'est pas vraiment fiable

16 aujourd'hui puisque vous n'avez pas fait attention à l'heure qu'il était

17 au moment où ces événements terrifiants se produisaient, n'est-ce pas ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Je répète à nouveau qu'il s'agit

19 d'une approximation. Je ne l'ai jamais certifié. Cela pouvait être un

20 petit peu plus tôt ou plus tard que 10 heures, mais c'est à peu près ça.

21 M. Blaxill (interprétation). - Merci d'avoir répondu à mes

22 questions Monsieur Vidovic.

23 Merci, Monsieur le Président, j'en ai terminé du contre-

24 interrogatoire.

25 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

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1 Maître Krajina ?

2 M. Krajina (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai

3 pas d'autres questions.

4 M. le Président (interprétation). - Merci. J'aurais voulu vous

5 poser une question, Monsieur Vidovic.

6 A quel moment du 16 ou du 17 avril, vous êtes vous rendu compte

7 du fait qu'une véritable tuerie s'était produite à Ahmici et que de

8 nombreuses maisons avaient été incendiées ou l'étaient toujours ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Nous l'avons appris le 17 avril.

10 Pendant la journée du 16, nous étions dans le doute quant à la fumée que

11 nous voyions. Mais quand nous l'avons appris le 17, nous étions vraiment

12 désemparés. Nous étions attristés car nous avons été touchés par ces

13 événements. Nous avons été surpris et nous ne pouvions pas nous attendre à

14 de tels événements.

15 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez vu des

16 maisons appartenant à des Croates qui auraient été détruites par des

17 pilonnages ou qui auraient été incendiées ?

18 M. Vidovic (interprétation). - De cet endroit, nous ne pouvions

19 rien voir. Le lendemain, quand la situation s'est éclaircie, nous ne

20 pouvions voir que des ruines, mais nous ne savions pas exactement ce qui

21 s'était passé. De temps en temps, des personnes, qui étaient à cet

22 endroit, venaient et nous expliquaient ce qui s'était passé.

23 M. le Président (interprétation). - Voici ma question suivante

24 Monsieur Vidovic : à la suite d’événements aussi effrayants, aussi

25 terribles, je suppose que quiconque se demanderait qui est l'auteur de

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1 toutes ces tueries, de ces incendies. Est-ce que vous en avez discuté avec

2 vos voisins de ces questions ? Avec vos voisins ou vos amis ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Si je le savais, je le dirais

4 immédiatement. Même si c'était mon fils, je le dirai. Mais je sais que

5 cela n'a pas été fait par les hommes qui sont assis ici, je peux le

6 garantir. Il s'agit vraiment d'un crime.

7 M. le Président (interprétation). - Effectivement. Mais est-ce

8 que vous vous êtes demandé qui étaient éventuellement les auteurs de ces

9 crimes ? Est-ce que vos voisins vous auraient dit quoi que ce soit ? Vos

10 voisins, vos connaissances ou vos amis ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Je sais seulement que personne de

12 mes voisins n'a jamais pu faire une chose pareille. Je pense aussi que là

13 où des crimes ont été perpétrés contre des Croates, les voisins n'ont pas

14 pu le faire non plus. J'en suis certain, j'en suis sûr à 100 %.

15 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie

16 Monsieur Vidovic. Je suppose que personne ne verra d'inconvénient à ce que

17 le témoin se retire. Merci d'être venu déposer devant nous. Vous pouvez

18 disposer.

19 M. Vidovic (interprétation). - Merci.

20 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

21 M. le Président (interprétation). - Maître Krajina ?

22 M. Krajina (interprétation). - Monsieur le Président, quant au

23 prochain témoin Grgic, nous avons demandé qu'elle soit accompagnée au

24 Tribunal vers 10 heures 30. Nous avons anticipé que l'interrogatoire des

25 deux témoins précédents durerait plus longtemps. Je propose donc qu'on

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1 fasse une pause maintenant et qu'on reprenne à 10 heures 30.

2 M. le Président (interprétation). - Merci de cette suggestion,

3 elle est excellente. Mais je pense que nous méritons quand même 30 minutes

4 de pause parce que ce matin nous n'allons avoir qu'une pause. Donc nous

5 reprenons vers 11 heures moins 20.

6 L’audience, suspendue à 10 heures 15, est reprise à

7 10 heures 40.

8 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

9 M. le Président (interprétation). - Bonjour Madame. Pourriez-

10 vous vous lever et faire la déclaration solennelle, s'il vous plaît ?

11 Mme Grgic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

12 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

13 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Krajina, c'est

14 à vous ?

15 M. Krajina (interprétation). - Je vous remercie Monsieur le

16 Président. Madame Grgic, bonjour.

17 Mme Grgic (interprétation). - Bonjour.

18 M. Krajina (interprétation). - Pour commencer, veuillez-vous

19 présenter, dire votre nom, prénom, date de naissance et lieu de

20 résidence ?

21 Mme Grgic (interprétation). - Je m'appelle Ruza Grgic. Je suis

22 née le 9 mai 1949 à Putis. J'habite dans le village de Pirici,

23 municipalité de Vitez.

24 M. Krajina (interprétation). - Quelle est votre profession ?

25 Mme Grgic (interprétation). - Je suis femme au foyer.

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1 M. Krajina (interprétation). - Depuis quand habitez-vous à

2 Pirici ?

3 Mme Grgic (interprétation). – Depuis 1979.

4 M. Krajina (interprétation). - Sans interruption ?

5 Mme Grgic (interprétation). - Oui.

6 M. Krajina (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si vous

7 connaissez Vlatko et sa famille ?

8 Mme Grgic (interprétation). - Je le connais tout à fait, et je

9 l'ai connu l'année en question, Vlatko et sa famille.

10 M. Krajina (interprétation). - Si vous vous souvenez, pouvez-

11 vous nous parler du 16 avril 1993, date du conflit à Ahmici ? Pouvez-vous

12 nous dire où vous circuliez ? Qu'avez-vous fait ce jour-là ? En même

13 temps, pouvez-vous nous dire si vous aviez vu Vlatko Kupreskic ce jour-

14 là ?

15 Mme Grgic (interprétation). - Vers 5 heures, 5 heures et demie

16 du matin, Niko Sakic est venu nous réveiller. Il nous a dit de nous

17 diriger tout de suite vers l'abri avec les enfants. On a pris ce dont on

18 avait besoin et au bout de cinq à six minutes nous étions déjà à l'abri.

19 Il y avait déjà beaucoup de femmes, de personnes âgées, d'enfants à

20 l'abri. Nous y sommes restés. Nous sommes descendus au sous-sol. Mais nous

21 étions également à l’étage et c'est là que j'ai vu Vlatko Kupreskic et sa

22 mère, son épouse et ses deux enfants.

23 Nous avons passé la journée là-bas, nous y avons passé la nuit

24 aussi et le lendemain jusqu’au soir. Vers 10 heures, je me souviens très

25 bien, c'était l'heure du petit déjeuner, on avait faim, j'ai entendu

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1 Vlatko dire : "Je dois aller voir mon père, voir s'il est vivant".

2 Ensuite, il est parti et vers 3 heures, 4 heures, j'ai revu Vlatko. Il est

3 revenu en disant que son père était vivant, en bonne santé. Nous étions

4 donc là. Nous sortions de temps en temps ou nous descendions nous réfugier

5 dans la cave. Nous passions également à l'étage.

6 Vers la fin de l'après-midi, j'ai vu le père de Vlatko. Il était

7 à l'étage près de l'entrée. C'était un homme malade, il avait beaucoup de

8 difficultés à marcher. Il fumait, il ne pouvait pas descendre et c’est

9 pour ça qu'il était près de la porte d'entrée. Voilà. Cette nuit-là, nous

10 sommes tous restés dans l'abri, et le lendemain matin, la situation est

11 demeurée inchangée jusqu'au soir. Le soir, on nous a dit : "Il faudrait

12 qu'on aille à Rovna puisque la situation était devenue trop dangereuse".

13 Donc nous sommes partis tous ensemble à Rovna. Nous y sommes

14 arrivés et le groupe s'est dispersé selon les personnes. Quelqu'un voulait

15 nous accueillir. Donc c'est comme ça qu'on s'est dispersés. Moi, je suis

16 partie chez Vlatko Santic. D'autres personnes allaient passer la nuit chez

17 d'autres habitants. Voilà on s'est débrouillés. Et j'ai revu par la suite

18 Vlatko, il a apporté des marchandises, de quoi manger à ses enfants et à

19 son épouse. Donc, je me souviens très bien de lui.

20 M. Krajina (interprétation). - Combien dedans de temps avez-vous

21 passé à Rovna ?

22 Mme Grgic (interprétation). - Jusqu'à la fin de l'après-midi.

23 M. Krajina (interprétation). - Ensuite ?

24 Mme Grgic (interprétation). - Ensuite, je suis partie à Vitez,

25 j'avais un oncle là-bas, le frère de mon mari s'y trouvait. J'ai entendu

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1 que mon fils était malade et qu'il est allé voir un médecin à Vitez. Il

2 avait la fièvre et c'est pour cela que je suis partie de Rovna à Vitez.

3 J'y ai trouvé mon fils qui était malade, il était sous perfusion. Deux ou

4 trois jours plus tard, mon mari m'a rejoint. Il m'a dit de rentrer chez

5 nous et que les enfants devraient rester. Il m'a dit qu'il n'avait rien

6 mangé, il voulait que je l'accompagne pour lui préparer à manger. Mes

7 enfants sont restés chez le frère de mon époux à Vitez et je suis rentrée

8 avec mon mari.

9 M. Krajina (interprétation). - Revenons à cette journée que vous

10 avez passée à l'abri. Vous souvenez-vous comment été habillé Vlatko, quand

11 il est arrivé à l'abri, en civil ou en uniforme ?

12 Mme Grgic (interprétation). - Il était en civil. Il avait une

13 veste couleur marron.

14 M. Krajina (interprétation). - Etait-il armé ?

15 Mme Grgic (interprétation). - Non, il n'a jamais eu d'arme sur

16 lui.

17 M. Krajina (interprétation). - Bien. Je vous remercie, Madame,

18 je n'ai plus de questions à vous poser. J'ai terminé Monsieur le

19 Président.

20 M. le Président (interprétation). - Merci. Va-t-il y avoir un

21 contre-interrogatoire de la part d’un des conseils de la défense ? Non ce

22 n'est pas le cas. Maître Terrier ?

23 M. Terrier. - Merci Monsieur le Président. Madame, mon nom est

24 Franck Terrier et pour le compte de l’accusation, je vais vous poser

25 quelques questions à la suite de votre témoignage. Madame, pourriez-vous

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1 nous indiquer tout d'abord où se trouve votre maison à Santici ?

2 Mme Grgic (interprétation). - Ma maison se trouve au-dessus de

3 la maison de Niko Sakic. Donc, c'est au-dessus de la route à Pirici.

4 M. Terrier. - Pouvez-vous nous préciser à quelle distance de la

5 maison de Niko Sakic se trouve votre propre maison ?

6 Mme Grgic (interprétation). - A une minute environ, une ou deux

7 minutes.

8 M. Terrier. - Vous nous avez parlé de votre famille, est-ce que

9 vous pouvez nous dire avec quelles personnes exactement vous viviez à

10 cette époque-là ? Je parle d'avril 1993. Quels étaient les membres de

11 votre famille ?

12 Mme Grgic (interprétation). - Je vivais avec mon mari et mes

13 deux fils.

14 M. Terrier. - Pouvez-vous m'indiquer, Madame, le prénom de votre

15 mari ?

16 Mme Grgic (interprétation). - Son nom est Drago.

17 M. Terrier. - Pouvez-vous m'indiquer les prénoms et l'âge de vos

18 deux fils ?

19 Mme Grgic (interprétation). - Mon fils aîné s'appelle Mirko, il

20 est né en 1969. Et le cadet est Mladen, né en 1970.

21 M. Terrier. - Est-ce que ce matin du 16 avril 1993, ces trois

22 personnes, votre mari et vos deux fils se trouvaient à la maison ?

23 Mme Grgic (interprétation). - On était tous ensemble chez nous,

24 avec mon fils cadet. Nous sommes partis à l'abri. Mon fils aîné était

25 malade, il est resté chez nous ainsi que mon mari. On avait des vaches,

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1 des moutons aussi, il fallait leur donner à manger. Mon mari m’a dit :

2 "Vas-y, allez-y vous deux, nous, nous allons venir plus tard". Mon fils

3 aîné n'était pas bien.

4 M. Terrier. - A quel moment de la journée, Madame, avez-vous

5 revu votre mari et votre fils aîné ?

6 Mme Grgic (interprétation). - Mon fils aîné, je ne l'ai pas revu

7 avant de partir de Rovna à Vitez. Donc ce jour-là, mon fils est tombé

8 malade et on l'a emmené voir le docteur à Vitez, il avait de la fièvre.

9 Quand je suis arrivée à Rovna, j'ai appelé mon beau-frère qui m'a dit de

10 venir immédiatement à Vitez puisque mon fils aîné s'y trouvait et qu'il

11 était chez lui, qu'il avait vu un médecin. Il était alité donc chez le

12 frère de mon mari.

13 M. Terrier. - Une précision cependant, Madame, quel jour votre

14 fils aîné malade est-il allé voir un médecin à Vitez ?

15 Mme Grgic (interprétation). - C'était le premier jour, le

16 16 avril, lorsque nous sommes partis dans l'abri, ils sont restés chez

17 nous. Il est tombé malade, il est parti à Vitez. Je n'avais aucune

18 nouvelle de lui jusqu'au lendemain soir. Lorsque nous avons passé la nuit

19 à Rovna, et le lendemain, j'ai parlé à mon beau-frère qui m'a dit que

20 Mirko était arrivé à Vitez, donc le 16. Il s'agissait donc de la journée

21 que nous avons passée à l'abri.

22 M. Terrier. – Le 16 avril 1993, votre fils aîné, qui ne se sent

23 pas bien, reste à la maison et va ensuite voir le médecin à Vitez. C'est

24 bien cela ?

25 Mme Grgic (interprétation). - C'est exact.

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1 M. Terrier. – Comment est-il allé à Vitez ?

2 Mme Grgic (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire

3 exactement, je ne sais pas comment il est parti, je ne peux pas le dire.

4 Il est difficile d'apprendre comment les choses se sont déroulées

5 précisément.

6 M. Terrier. - Est-ce qu'il y avait des armes chez vous ?

7 Mme Grgic (interprétation). - Il n'y a jamais eu d'armes chez

8 nous.

9 M. Terrier. - Pas même d'armes de chasse ?

10 Mme Grgic (interprétation). - Non, il n'y avait pas d'armes.

11 M. Terrier. – Est-ce que les membres votre famille étaient

12 membres du HVO ?

13 Mme Grgic (interprétation). - Jamais. Ils n'ont rejoint aucun

14 armée.

15 M. Terrier. - Pouvez-vous nous rappeler à quelle heure

16 approximativement, si vous en avez le souvenir bien entendu, vous avez

17 quitté votre maison, avec votre fils cadet, pour vous rendre à l'abri ?

18 Mme Grgic (interprétation). - On est partis vers 5 heures,

19 5 heures et demie et ensuite au bout de cinq à six minutes, on est arrivés

20 à l'abri.

21 M. Terrier. – Est-ce que quand vous êtes arrivés à l'abri, les

22 tirs avaient commencé ?

23 Mme Grgic (interprétation). - Lorsque nous avons rejoint l'abri,

24 on a entendu les tirs et nous nous sommes réfugiés dans la partie

25 souterraine. Ensuite quand la situation s'est un peu calmée, on est sortis

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1 pour voir, mais on ne sortait pas volontiers. On revenait, redescendait

2 dans la cave. En fait, on ne montait au rez-de-chaussée que pour aller aux

3 toilettes.

4 M. Terrier. - Je reviens un peu en arrière, Madame. Je voudrais

5 que vous nous indiquiez qui vous a dit de vous rendre à l'abri de Vrebac

6 et non pas dans un autre abri ?

7 Mme Grgic (interprétation). - Niko Sakic nous a dit d'aller chez

8 Jozo Vrebac puisque son abri était le plus sûr. Cet abri était bien

9 profond sous terre. C'était l'abri le plus sûr. Et c'est pour ça que nous

10 y sommes allés.

11 M. Terrier. – Niko Sakic avait-il des responsabilités

12 particulières ?

13 Mme Grgic (interprétation). - Jamais, c'était un homme âgé. Je

14 ne l'ai jamais vu dans ce rôle-là.

15 M. Terrier. - Vous étiez-vous déjà rendue à l'abri de Vrebac,

16 avant ce 16 avril ?

17 Mme Grgic (interprétation). - Non. Je suis allée dans l'abri de

18 Niko Sakic lorsqu'il y avait des sirènes, lorsque les avions survolaient

19 le village.

20 M. Terrier. - Donc quand vous arrivez à l'abri de Vrebac, vous

21 descendez au sous-sol, n'est-ce pas ?

22 Mme Grgic (interprétation). - C'est exact, .nous étions au sous-

23 sol, nous montions au rez-de-chaussée, à l'étage, si les tirs étaient

24 moins nourris. Et puis on redescendait s'ils devenaient plus intenses. Les

25 enfants étaient dans une situation particulièrement difficile, on

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1 étouffait au sous-sol. Il y avait aussi des malades. On avait de

2 l'électricité pendant un certain temps, après elle était coupée ; on avait

3 des bougies, on étouffait plutôt dans le sous-sol.

4 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez dire combien de personnes

5 se trouvaient dans le sous-sol ?

6 Mme Grgic (interprétation). - Je ne peux pas le dire exactement.

7 Il y avait beaucoup de monde. On n'a pas compté mais il y en avait

8 beaucoup, c'était vraiment l'abri le plus sûr. Il y avait des malades, des

9 personnes âgées, des femmes, des enfants. Et je me souviens de Vlatko,

10 quand il a pris son petit, il l'a pris dans ses mains puisque le petit

11 était malade, il vomissait. Ljubica s'occupait de lui, Vlatko aussi, je

12 suis passé par là, je l'ai vu. Non, ça n'était facile pour personne,

13 surtout pour les enfants, c'était difficile.

14 M. Terrier. - Madame, je vais vous soumettre, avec l'aide de

15 Monsieur l'huissier, un album photographique. C'est la pièce D13/1.

16 (L'huissier s'exécute.)

17 Je vais vous demander de regarder toutes ces photographies et de

18 nous confirmer, si c'est bien le cas, qu'il s'agit de la maison où vous

19 avez trouvé refuge, et de nous indiquer si vous voyez la pièce où vous

20 vous êtes abrités.

21 Mme Grgic (interprétation). - Je ne la vois pas ici. Cela, c'est

22 la maison. Cela, c'est l'entrée. C'est ici que j'ai vu Vlatko dans

23 l'escalier, il fumait. On est entrés par là. Ici se trouvent les

24 toilettes.

25 M. Terrier. - Pouvez-vous nous dire, Madame, pour faciliter la

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1 compréhension, le numéro de la photographie à laquelle vous vous référez ?

2 Mme Grgic (interprétation). - Sur la première photo, on voit

3 l'entrée de la maison de Jozo Vrebac. C'est la maison de sa fille et de

4 son beau-fils, de son gendre. Ensuite, on est entrés par là, on est

5 descendus. Il y avait le couloir et les toilettes. On sortait de temps en

6 temps sur ces marches, puis on revenait au sous-sol. Quand les tirs

7 étaient moins intenses, on montait, on était tous ensemble.

8 M. Terrier. – Madame, pouvez-vous nous indiquer sur ces

9 photographies l'endroit où vous avez vu pour la première fois

10 Vlatko Kupreskic ce matin-là ?

11 Mme Grgic (interprétation). - Ici, sur ces marches, j'ai vu

12 Vlatko Kupreskic fumer. Son épouse et ses enfants se trouvaient dans le

13 couloir. Je suis passée à côté d'eux, et je les ai vus. Le père de Vlatko

14 se trouvait à l'intérieur, il y avait un banc sur lequel il était assis,

15 il fumait et il s'était mis là pour pouvoir respirer, comme il disait.

16 M. Terrier. - C’est à cet endroit-là que vous le voyez pour la

17 première fois. Qui est arrivé le premier à l'abri, de vous et de sa

18 famille ?

19 Mme Grgic (interprétation). - Je ne pouvais pas voir qui

20 arrivait et quand. Il y avait des va-et-vient, on montait et descendait.

21 C'était tôt le matin que j'ai vu Vlatko. Peu de temps plus tard, peut-être

22 parce que je suis montée aux toilettes, j'ai vu Vlatko, son épouse, ses

23 enfants. Il est reparti vers 10 heures, et c'est à ce moment-là qu'il a vu

24 que son père était vivant. L'après-midi, quand il est revenu, on est

25 restés tous ensemble dans l'abri.

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1 M. Terrier. - Pour que les choses soient très claires, quand

2 vous apercevez Vlatko Kupreskic, pour la première fois ce matin-là, vous

3 vous trouvez déjà à l'abri depuis un certain temps, c'est bien exact ?

4 Mme Grgic (interprétation). - Oui. J'étais à l'intérieur, mais

5 je sortais aussi. Donc il y avait un va-et-vient permanent. On avait tous

6 peur, on était nerveux. C'était une situation difficile. On n'était pas

7 juste descendus pour y rester. Non, il y avait des va-et-vient. C'était la

8 première fois que quelque chose de la sorte nous arrivait. Un tel danger

9 ne nous a jamais menacés auparavant.

10 M. Terrier. - Je comprends très bien Madame. Est-ce que vous

11 pouvez préciser tout de même depuis combien de temps vous vous trouviez

12 dans cet abri lorsque vous avez vu Vlatko Kupreskic ?

13 M. le Greffier. - Comment le dire. Non, peu de temps s’est

14 écoulé. Cela s'est passé rapidement. On voyait qui était là, qui venait,

15 qui sortait, qui était dans la maison. On s'est repérés tout de suite, on

16 s'est rassemblés. C'est ici qu'on s'est rassemblés. Il y avait beaucoup de

17 personnes.

18 M. Terrier. - Est-ce que vous aviez une montre Madame ?

19 Mme Grgic (interprétation). - Une montre ? Vous me demandez si à

20 l'époque j'avais une montre ?

21 M. Terrier. - Oui, bien sûr, Madame, à l'époque.

22 Mme Grgic (interprétation). - Non, mais je savais à peu près

23 déterminer l'heure : le matin, l'après-midi. Il faisait plutôt froid. On

24 sortait, on revenait, on rentrait. Je ne regardais pas vraiment ma montre,

25 mais je demandais aux gens autour de moi l’heure qu’il était. Mais moi, je

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1 n'avais pas de montre:.

2 M. Terrier. - Mais vous aviez une notion tout à fait

3 approximative de l’heure. Le matin, l'après-midi, midi sont des notions

4 tout de même approximatives, seriez-vous d'accord avec moi ?

5 Mme Grgic (interprétation). - Oui, approximatif. Mais je crois

6 que c'était vers 10 heures, les enfants avaient déjà faim. On se

7 débrouillait, on donnait à manger aux enfants. C'était l'heure du petit

8 déjeuner, et c'est à ce moment-là que j'ai entendu Vlatko dire qu'il

9 voulait aller voir si son père était vivant. Et il est parti. Nous sommes

10 restés dans cette maison. J'ai vu Vlatko dans l'après-midi, vers 3 ou

11 4 heures. Il a dit mon père est en vie. Donc il l'a ramené dans la soirée.

12 On a passé la nuit tous ensemble.

13 M. Terrier. - Permettez-moi de vous interrompre pour revenir à

14 cette question d'heure. Si je vous ai bien compris, pour dire que

15 Vlatko Kupreskic a quitté l'abri vers 10 heures, vous vous fondez sur le

16 fait que c'était l'heure du petit déjeuner, et c’était l'heure du petit

17 déjeuner parce que les enfants avaient faim ?

18 Mme Grgic (interprétation). - Oui. Je crois qu'il était

19 10 heures. La situation était un peu plus calme. Il y avait moins de tirs

20 et on a attendu que cela se calme pour donne à manger aux enfants. C'est

21 là que j'ai vu Vlatko. Environ 10 heures, il était 10 heures pas plus.

22 Vlatko, je l'ai vu auparavant aussi dans la matinée. Mais vers 10 heures,

23 il est parti voir son père.

24 M. Terrier. - Vous avez toujours gardé Vlatko Kupreskic en vue ?

25 Est-ce que vous étiez toujours avec lui ? Ou est-ce qu'il est possible

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1 qu'il se soit absenté quelque temps, avant cette heure que vous dites, de

2 10 heures ?

3 Mme Grgic (interprétation). - Non, il ne s’est pas absenté, il

4 était avec nous tout le temps. Son épouse, ses enfants aussi. Non, il ne

5 voulait pas quitter sa famille, sa femme et ses enfants. On était tous

6 ensemble. Il n'avait où aller. Son père se trouvait chez lui, et ce n'est

7 que vers 10 heures qu'il est allé voir si son père était vivant. En

8 revenant, il nous a dit que son père était sain et sauf, et vers 3 ou

9 4 heures, il est revenu. Je crois que je l'ai vu vers cette heure. Donc,

10 il est allé chercher son père par la suite. Nous sommes restés par la

11 suite tous ensemble.

12 M. Terrier. - Madame, est-ce que c'est l'usage, permettez-moi de

13 poser cette question, de prendre le petit déjeuner à 10 heures du matin ?

14 Mme Grgic (interprétation). - Cela dépend, chacun a ses

15 habitudes. Cela dépend des familles. Des personne mangent plus tôt,

16 d'autres plus tard. Mais comme la situation était plus ou moins chaotique,

17 ça n'était pas habituel, on mangeait quand on pouvait, quand la situation

18 le permettait et quand les tirs n'étaient pas trop intenses. Quand les

19 enfants avaient faim, ils demandaient à manger.

20 M. Terrier. - Madame, vous avez dit tout à l'heure, je crois que

21 dans cet abri se trouvaient des personnes malades, est-ce exact ?

22 Mme Grgic (interprétation). - Oui, c'est exact. Il y avait des

23 personnes malades.

24 M. Terrier. - Mais cependant pas votre fils. Pourquoi ces

25 personnes malades n'ont-elles pas pu aller consulter le médecin comme

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1 votre fils ?

2 Mme Grgic (interprétation). - Mon fils cadet était là alors que

3 les personnes âgées étaient malades depuis longtemps. Une femme âgée était

4 accompagnée de sa fille, qui avait apporté des médicaments. Cette femme,

5 on l'avait amenée en brouette. On était inquiets, comment aller avec

6 elle ? Comment quitter l'abri avec elle ? Il s'agissait de Jela Vidovic.

7 M. Terrier. - Est-ce que vous n'avez pas été surprise de ne pas

8 voir le père de Vlatko Kupreskic ?

9 Mme Grgic (interprétation). - Non, son père ne s'y trouvait pas.

10 Il n'est venu que vers la fin de la journée.

11 M. Terrier. - Je sais bien que le père de Vlatko Kupreskic

12 n'était pas là, le matin dans l'abri. Ma question est la suivante : est-ce

13 que vous n'avez pas été surprise de ne pas voir le père de

14 Vlatko Kupreskic ?

15 Mme Grgic (interprétation). - Nous étions au courant de sa

16 maladie. Quant au fait qu'il n'ait pas décidé de venir, peut-être c'est

17 parce qu'il estimait qu'il était plus sûr de rester chez lui. Il n'est

18 venu que vers la fin de la journée, dans la soirée. Quant à Jela, on

19 l'avait amenée, elle ne pouvait pas marcher. Il y avait également d'autres

20 personnes malades, âgées, des personnes souffrantes. Ca n'était pas

21 facile.

22 M. Terrier. - Donc, vous dites Madame, que de votre point de vue

23 il est possible que le père de Vlatko Kupreskic ait considéré qu'il était

24 plus sûr de rester chez lui que de venir à l'abri ?

25 Mme Grgic (interprétation). - Mais je ne peux pas en être sûre.

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1 Je ne peux pas dire ce qu'il pensait. Mais ce dont je suis sûre, c'est le

2 moment quand je l'ai revu. Pourquoi avait-il fait le choix de rester chez

3 lui ? Cela, je ne peux pas le dire. Mais on n'avait pas le temps et on ne

4 regardait pas forcément qui allait dans quelle direction. Chacun s'est

5 abrité dans l'endroit le plus proche.

6 M. Terrier. - Qu'est-ce qu'a fait votre mari au cours de cette

7 journée ?

8 Mme Grgic (interprétation). - Il est resté à la maison. Je ne

9 l'ai pas revu avant qu'il vienne me chercher à Vitez. Je ne lui ai pas

10 parlé au téléphone non plus et je ne l'ai pas revu. Il m'a dit :"Vas avec

11 les autres, il faut s'occuper des enfants, il faut les abriter". Il est

12 resté avec le bétail, avec les moutons et les vaches, pour s'occuper du

13 bétail. Et je ne l'ai plus revu avant de venir à Vitez chez son frère.

14 M. Terrier. - Est-ce que votre mari vous a dit ce qu'il avait

15 fait au cours de cette journée ?

16 Mme Grgic (interprétation). - Je ne lui ai pas posé de

17 questions. Ce qui était important, c'était de nous retrouver sains et

18 saufs, c'était le plus important. Il m'a dit de le rejoindre, de laisser

19 les enfants à Vitez, puisque c'était plus sûr dans la ville.

20 M. Terrier. - Donc il ne vous a jamais rien dit de ce qu'il

21 avait fait au cours de cette journée et vous ne lui avez jamais posé de

22 questions ?

23 Mme Grgic (interprétation). - Je ne lui ai jamais rien demandé,

24 j'ai fait mes valises et je suis partie avec lui et les enfants sont

25 restés. C'était difficile à l'époque.

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1 M. Terrier. – Voulez-vous dire que vous avez quitté Vitez pour

2 retourner à Santici en laissant les enfants à Vitez ?

3 Mme Grgic (interprétation). - Oui.

4 M. Terrier. - A quelle date êtes-vous retournée chez vous ?

5 Mme Grgic (interprétation). - Après la nuit que nous avons

6 passée à Rovna, le lendemain soir, je suis allée à Vitez. Je n'y ai passé

7 qu'une nuit. J'ai vu mon fils, j'y suis restée deux jours. Alors mon mari

8 est arrivé et nous sommes partis, il m'a dit de partir avec lui, de

9 traverser la rivière. Il m'a dit qu'il n'avait rien mangé depuis, qu'il

10 avait besoin que je fasse un peu la cuisine. Voilà. Et qu'il fallait

11 laisser les enfants à Vitez.

12 M. Terrier. - Donc vous êtes retournée chez vous, peut-on dire

13 le mardi ou le mercredi qui suivait le 16 avril qui est un vendredi ?

14 Mme Grgic (interprétation). - Le 16 était un vendredi. Donc

15 samedi, dimanche soir. Oui, nous avons passé la nuit à Rovna. Donc, le

16 lendemain on est partis à Vitez. On y est restés un jour ou deux, je ne me

17 souviens pas exactement, mais mon mari est arrivé assez rapidement. Il

18 voulait voir ce qui était arrivé à son fils. Il était encore malade et

19 c'est alors qu'il m'a dit de rentrer avec lui chez nous. Je ne peux pas me

20 souvenir avec exactitude du jour. Oui, je confonds tout maintenant, les

21 jours.

22 M. Terrier. - Vous confondez les jours et les heures néanmoins

23 vous pouvez dire à quelle heure Vlatko Kupreskic a quitté l'abri de

24 Vrebac ?

25 Mme Grgic (interprétation). - Oui, j'y suis arrivée vers

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1 5 heures, 5 heures et demie. Au bout d'un quart-d'heure, d'une demie-

2 heure, peut-être je ne l'ai pas vu. Pendant ce temps-là, nous avons laissé

3 nos sacs. On a vu le sous-sol. On est montés au rez-de-chaussée, c'est

4 alors que je l'ai vu fumer devant l'entrée, sur les marches. J'ai vu

5 également son épouse, sa mère, ses enfants.

6 M. Terrier. – Madame, lorsque vous êtes revenue à la demande de

7 votre mari chez vous, dans la semaine qui a suivi le 16 avril, quelle

8 était la situation dans le village ? Qu'est-ce que vous avez vu ?

9 Mme Grgic (interprétation). - Je n'ai rien vu. Nous avons

10 travaillé un petit peu pendant la trêve. Nous avons travaillé dans le

11 jardin et dès qu'on entendait les tirs, on s'échappait. Nous nous

12 occupions des moutons, des vaches. Et la nuit, nous nous rassemblions à

13 nouveau, les gens qui étaient encore dans le village, et nous passions la

14 nuit dans une maison pour être ensemble. C'est comme cela que nous

15 passions ces journées, c'était très difficile.

16 M. Terrier. – Est-ce que vous vous souvenez des gens qui se

17 trouvaient dans le village, à cette époque-là, que vous venez d'évoquer ?

18 Mme Grgic (interprétation). - Oui, je me souviens. Je me

19 souviens de Gavro, c'était mon voisin de Brnada. Nous passions des nuits

20 chez lui. Gavro avait son oncle, alors nous passions du temps à cet

21 endroit où on se sentait plus en sécurité. Donc nous passions des nuits

22 chez lui. Nous avons passé quelques nuits chez lui.

23 M. Terrier. – Et vous vous souvenez de la date à laquelle vous

24 avez revu Vlatko Kupreskic, sa famille ?

25 Mme Grgic (interprétation). - Plus tard, mon mari et moi

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1 passions du temps, surtout dans la maison. Nous ne nous voyions plus

2 beaucoup, nous ne nous voyions plus comme avant. On se cachait. Non, je

3 n'ai pas vu Vlatko depuis, je n'ai pas vu sa famille non plus. A l'époque,

4 il y avait des combats, pendant la guerre ; plus tard, on s'est vus à

5 nouveau. Nous nous voyions à nouveau, plus tard.

6 M. Terrier. - Je vous remercie, Madame. Je n'ai pas d'autres

7 questions, Monsieur le Président.

8 M. le Président. - Merci.

9 Maître Krajina ?

10 M. Krajina (interprétation). - Je n'ai pas d'autres questions,

11 Monsieur le Président.

12 M. le Président (interprétation). - Les Juges n'ont plus de

13 questions.

14 Je suppose que nous pouvons permettre au témoin de se retirer.

15 Merci, Madame, vous pouvez disposer.

16 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

17 M. le Président (interprétation). - Dans l'attente du témoin

18 suivant, je peux vous dire au nom de la Chambre de première instance et

19 ceci à l'attention de Me Susak, que nous allons reprendre nos travaux le

20 21 juin et nous aurons des audiences pendant toute cette semaine.

21 Toutefois pour ce qui est de la semaine suivante, nous ne

22 pouvons pas avoir d'audience Kupreskic puisque nous avons une autre

23 affaire et la plénière. Il y aura de nouveau un vide si vous voulez. Nous

24 allons siéger dans l'affaire Kupreskic lors de la semaine qui commence le

25 21 juin, pour une semaine.

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1 Et puis, nous reprendrons au mois de juillet. La semaine qui

2 commence le 5 juillet, et cela jusqu'au 23.

3 M. Susak (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

4 Je voulais juste avoir confirmation du Tribunal que les témoins

5 de Drago Josipovic seront en mesure de témoigner dans la période entre le

6 21 et le 26 juin 1999. Merci.

7 M. le Président (interprétation). - Merci

8 M. le Président (interprétation). - Le témoin suivant peut-il

9 entrer ?

10 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

11 M. le Président (interprétation). - Bonjour, Madame Vidovic. Je

12 vais vous demander de donner lecture de la déclaration solennelle.

13 Mme Vidovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

14 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. le Président (interprétation). - Merci, veuillez-vous asseoir

16 Madame.

17 Maître Krajina ?

18 M. Krajina (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

19 Madame, bonjour.

20 Mme Vidovic (interprétation). - Bonjour.

21 M. Krajina (interprétation). - Je voudrais vous demander de vous

22 présenter à la Chambre, de donner votre nom, votre prénom, votre année de

23 naissance, votre profession.

24 Mme Vidovic (interprétation). - Je m'appelle Fikreta Vidovic, je

25 suis née le 23 avril 1954 à Vitez en Bosnie-Herzégovine. Mes parents sont

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1 des Musulmans. Je ne suis pas décidée quant à mon appartenance ethnique.

2 Je travaille en tant que professeur dans l’école élémentaire de Dubravica

3 à Santici.

4 M. Krajina (interprétation). - Dites au Tribunal si vous

5 connaissez Vlatko Kupreskic et sa famille ?

6 Mme Vidovic (interprétation). - Je les connais.

7 M. Krajina (interprétation). - Depuis quand ?

8 Mme Vidovic (interprétation). - Depuis sa classe préparatoire

9 élémentaire. J'étais sa maîtresse. J'ai ensuite suivi son travail. J'étais

10 aussi la maîtresse de ses soeurs. J'ai toujours entretenu des relations

11 professionnelles avec ses parents, mais peut-être c’étaient aussi des

12 relations un petit peu plus proches, car j'ai suivi particulièrement le

13 travail de mon élève. Je peux vous dire pourquoi si vous voulez ?

14 M. Krajina (interprétation). - Oui, dites-le.

15 Mme Vidovic (interprétation). - C'était un élève particulier. Il

16 avait été opéré du coeur; et pendant deux mois, il était absent de

17 l'école. Alors, je lui apportais des devoirs pour suivre l'enseignement,

18 pour rester au courant. Plus tard, sur la recommandation de son médecin,

19 il ne faisait pas de gymnastique. Donc je devais m'occuper tout

20 particulièrement de lui, par exemple pendant les heures de gymnastique,

21 soit je lui assignais des tâches plus faciles, soit je le séparais des

22 autres enfants.

23 M. Krajina (interprétation). - Pourriez-vous nous décrire

24 brièvement, si vous avez une opinion, vous l'avez sans doute, concernant

25 la personnalité de Vlatko, concernant son caractère, son comportement

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1 avant la guerre et si vous voulez aussi pendant la guerre et après la

2 guerre ?

3 Mme Vidovic (interprétation). - J’ai suivi son travail et ses

4 progrès, ce qui était difficile à l'époque car il venait d'une famille

5 modeste. Il a fait tout de même des études supérieures, donc j'ai gardé le

6 contact. Quand nous nous rencontrions dans la rue, ou quand je me rendais

7 chez ses parents ou bien quand il venait me voir, je leur posais toujours

8 des questions quant à Vlatko : comment était-il, s'il se sentait bien,

9 etc. ?

10 J'étais contente quand j'ai appris qu'il s'est marié, et qu’il a

11 eu une fille Milena, etc. Plus tard, j'ai eu son fils comme élève. Je ne

12 peux dire que du bien de Vlatko. C'est un enfant que tout parent voudrait

13 avoir. C'est une personne qu’on voudrait avoir comme ami. Il était

14 incapable de faire du mal. C'est vraiment le meilleur des fils, le

15 meilleur des amis, le meilleur des camarades. Il coopérait avec les

16 voisins. Il avait beaucoup d'amis. De sorte que personne ne puisse dire

17 quelque chose de mauvais contre lui.

18 M. Krajina (interprétation). - Pourriez-vous nous donner votre

19 opinion, si vous en avez une, quant à la relation de Vlatko avec les

20 autres personnes de son entourage et surtout des personnes d'une autre

21 nationalité ? Et pouvez-vous aussi nous dire, si vous le savez, quelles

22 étaient ses relations avec ses amis ou voisins musulmans ?

23 Mme Vidovic (interprétation). - Ce que je peux dire, c'est que

24 c'est un homme humaniste. C'est une homme qui ne jugeait jamais les

25 personnes d'après leur appartenance ethnique, il les regardait comme des

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1 hommes et comme nous tous. Et il aidait ses voisins musulmans, il

2 coopérait avec eux.

3 Je crois que personne de ses voisins ne devrait avoir à le juger

4 mal : juger son travail, juger sa vie et tout ce qu'il faisait, son aide,

5 sa coopération en tant que voisin.

6 M. Krajina (interprétation). - Vous, en tant que professeur,

7 institutrice dans ce milieu, vous avez sans doute beaucoup d'amis et de

8 connaissances, et vous êtes sans doute souvent en contact avec les gens de

9 votre région. Pouvez-vous nous dire si vous avez jamais entendu de qui que

10 ce soit dire quelque chose de mal contre Vlatko Kupreskic avant la guerre,

11 pendant la guerre et après la guerre ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai jamais entendu

13 personne dire du mal de lui.

14 M. Krajina (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez

15 institutrice dans l’école élémentaire d'Ahmici. Pourriez-vous nous dire

16 jusqu'à quand, avant le 16 avril 1993, aviez-vous des cours dans l’école ?

17 Mme Vidovic (interprétation). - Je me souviens très bien de

18 cette date, car ce jour-là ma fille était revenue. Nous avions des cours

19 jusqu'à 13 heures 45, il s'agit de cours quelque peu raccourcis.

20 M. Krajina (interprétation). - Pourriez-vous aller plus

21 lentement pour les interprètes ?

22 Mme Vidovic (interprétation). - A cause des tirs et des

23 pilonnages, le cours était raccourci pour que les enfants puissent rentrer

24 à la maison le plus rapidement possible, avant la nuit.

25 M. Krajina (interprétation). - Si j’ai bien compris, vous parlez

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1 de la date avant le conflit, c’est-à-dire le 15 avril ?

2 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, le 15 avril, nous avions

3 toujours les cours.

4 M. Krajina (interprétation). - Pendant la journée du 15 avril,

5 jusqu'à 15 heures 45, comme vous avez dit, les enfants de nationalité

6 croate étaient-ils aussi bien présents ainsi que les Musulmans ?

7 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, les enfants des deux

8 nationalités étaient présents.

9 M. Krajina (interprétation). - C'étaient des cours normaux ?

10 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, nous avions même convoqué

11 les parents pour leur demander de travailler un peu plus et davantage avec

12 les enfants, car la fin de l'année se rapprochait. Donc, ce jour-là, nous

13 avions eu une réunion d’information avec les parents. Il s’agissait des

14 cours parfaitement habituels.

15 M. Krajina (interprétation). - Ce jour-là, aviez-vous

16 l'impression que la situation était parfaitement normale, aussi bien à

17 votre travail que dans votre famille, avec vos amis, d’après vos

18 connaissances ?

19 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, d'après mes connaissances,

20 la situation était normale, habituelle.

21 M. Krajina (interprétation). - Vous avez dit que votre fille

22 était rentrée de l'étranger. Pourriez-vous nous dire où elle se trouvait à

23 l'étranger et quel jour, quand est-elle rentrée de l’étranger à Ahmici ?

24 Mme Vidovic (interprétation). - Ma fille est partie au début du

25 pilonnage de Vitez, c'est-à-dire deux jours avant que Vitezit, qu'on

Page 9130

1 appelle Vitezit aujourd'hui a été pilonnée. Elle est allée chez mon frère.

2 Elle avait un enfant, elle n’était pas mariée. Nous avons essayé de

3 l'abriter quelque peu de problèmes psychiques qu’elle pourrait avoir. Elle

4 est partie à Paris, et y est restée jusqu'à lundi. Lundi, elle est arrivée

5 à l'aéroport de Split, je pense que c’était le 13 ou le 14 avril, je ne me

6 souviens pas exactement de la date. En tout cas, lundi, elle est arrivée à

7 Split. Mon mari est allé la chercher avec la voiture. Je sais qu’à Rostov,

8 il y avait quelques problèmes. Et jeudi, elle est rentrée à la maison.

9 M. Krajina (interprétation). - Donc, si j'ai bien compris, votre

10 fille est rentrée de Paris par Split à Ahmici.

11 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, elle m'a demandé si la

12 situation était sûre, s'il n'y avait pas de problèmes. Elle m'a dit quelle

13 voulait rentrer à la maison, ne pouvait pas vivre sans nous et c’est comme

14 cela qu’elle est rentrée.

15 M. Krajina (interprétation). - Vous pensez que la situation

16 était sûre ?

17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, sinon on ne lui aurait pas

18 demandé de revenir.

19 M. Krajina (interprétation). - Vous avez mentionné que Vlatko

20 avait été opéré du coeur, alors qu'il était encore garçon.

21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

22 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous quelles étaient les

23 suites de cette opération, les suites éventuelles ? Quel était son état de

24 santé après cet événement ?

25 Mme Vidovic (interprétation). - Je sais que Vlatko a été épargné

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1 du service militaire, dans l'armée yougoslave, car c'était un cas spécial.

2 Il avait été opéré du coeur et donc sa santé ne lui permettait pas

3 d'effectuer son service militaire.

4 M. Krajina (interprétation). - J'ai encore deux questions, et

5 nous allons finir assez rapidement. Je voudrais vous demander, si vous

6 avez des connaissances à ce sujet ; j’imagine que vous les avez car vous

7 habitez dans le village, vous suivez les progrès de votre élève, vous avez

8 bien parlé de lui jusqu'à maintenant ; pourriez-vous nous dire si

9 Vlatko Kupreskic, à quelque moment que ce soit, était actif dans la

10 politique, s'il a assisté à des réunions politiques, s'il était membre

11 d'une organisation ou d'un parti politique ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - J'ai parlé avec lui et je pense

13 qu'il n'était tout simplement pas intéressé par la politique. Il ne

14 voulait pas parler de politique, il n'était pas intéressé par la

15 politique. C'est ce type de personnes qui ne sont pas intéressées par la

16 politique. Ce qui l'intéressait c'était l'économie, les affaires, le

17 profit. Il n'était pas intéressé par la politique.

18 M. Krajina (interprétation). - J'ai encore une question, Madame.

19 Avez-vous jamais vu Vlatko portant un uniforme ou bien armé ?

20 Mme Vidovic (interprétation). - Non, jamais.

21 M. Krajina (interprétation). - Merci, Madame Vidovic. Je n'ai

22 plus de questions pour vous, j'ai fini mon interrogatoire principal.

23 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

24 Maître Pavkovic ?

25 M. Pavkovic (interprétation). - Maître Susak a l'intention de

Page 9132

1 procéder aussi au contre-interrogatoire, et Me Slokovic-Glumac a une

2 question.

3 M. le Président (interprétation). - Fort bien. D'abord? Maître

4 Susak.

5 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

6 Madame le Témoin, je vais vous poser quelques questions.

7 Pourriez-vous nous dire où se trouve exactement votre maison ?

8 Mme Vidovic (interprétation). - Ma maison se trouve à Santici, à

9 20 mètres à peu près de la route principale, la route allant de Travnik

10 vers Lasva.

11 M. Susak (interprétation). - Autrement dit, l'axe Vitez/Kaonik ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, mais moi j'ai parlé sur un

13 plan plus large.

14 M. Susak (interprétation). - Donc vous êtes à côté de la maison.

15 Pourriez-vous nous dire quelles sont les maisons qui se trouvent en face

16 de la route ? Connaissez-vous les maisons d'Ahmic Ramiz et des autres ?

17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

18 M. Susak (interprétation). - Où se trouvent-elles exactement ?

19 Sont-elles en face de chez vous ?

20 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne dirais pas directement en

21 face. Il y en a une qui est plutôt au sud-est et l'autre plutôt au sud-

22 ouest. Disons qu'en face de ma maison, il y a plutôt un pré. En face de ma

23 maison, je parle de ce qui se trouve en face, sous ma maison.

24 M. Susak (interprétation). - Je vais vous aider à vous exprimer.

25 Vous avez dit que votre maison se trouvait le long de la route et que de

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1 l'autre côté de la route se trouvaient les maisons de Ramiz... ?

2 Mme Vidovic (interprétation). - De Ramiz, de Nazif.

3 M. Susak (interprétation). - A quelle distance se trouvent-elles

4 par rapport à votre maison ?

5 Mme Vidovic (interprétation). - On ne pouvait pas construire de

6 maison juste le long de la route, c'est-à-dire qu'il fallait qu'il y ait

7 tout au moins 20 mètres entre la route et la maison.

8 M. Susak (interprétation). - Madame, j'ai visité votre maison,

9 j'ai visité cet endroit. Pourriez-vous nous dire à quelle distance de la

10 route se trouvent ces maisons ? Sont-elles à la même distance que la vôtre

11 de la route ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - Elles ne pouvaient pas se

13 trouver à plus de 20 mètres de la route, mais peut-être qu'elles se

14 trouvaient un petit peu plus loin, 10 mètres, je n'ai jamais eu besoin de

15 mesurer exactement cette distance. Elles sont peut-être un tout petit peu

16 plus loin de la route que ma maison.

17 M. Susak (interprétation). - S'agit-il de plus ou de moins de

18 50 mètres ?

19 Mme Vidovic (interprétation). - C'est à peu près cela. Je pense

20 qu'il s'agit d'une distance de 50 mètres.

21 M. Susak (interprétation). - Le long de la route, par rapport

22 aux maisons de Ramiz et les autres, y a-t-il une haie ?

23 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

24 M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous décrire cette haie ?

25 Mme Vidovic (interprétation). - C'est une verdure qu'on a

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1 plantée là pour se protéger de la poussière.

2 M. Susak (interprétation). - Quelle est la hauteur de cette

3 verdure ?

4 Mme Vidovic (interprétation). - Il s'agissait peut-être d'un

5 mètre, maintenant c'est plus haut, car à l'époque on l'entretenait, on la

6 coupait.

7 M. Susak (interprétation). - Connaissez-vous les maisons de

8 Musafer Puscul et Hasim Ahmic ?

9 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

10 M. Susak (interprétation). - A quelle distance de la route se

11 trouvent-elles à peu près ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - A peu près à 30 mètres de la

13 route.

14 Ces maisons sont... J'ai du mal à donner les mesures exactes.

15 M. Susak (interprétation). - D'accord. Ce que vous voulez dire

16 c'est que les maisons de Musafer Puscul et d'Hasim Ahmic sont aussi près

17 de la route ?

18 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

19 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'à côté de Ogrijev passe

20 une route, un chemin de campagne ?

21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

22 M. Susak (interprétation). - Où menait ce chemin ?

23 Mme Vidovic (interprétation). - Le chemin menait vers la

24 boutique, mais nous l'utilisions aussi pour nous rendre à l'école plus

25 rapidement.

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1 M. Susak (interprétation). - Ce chemin est-il barré aujourd'hui

2 par les dépôts d'Ogrijev ?

3 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas si le chemin est

4 barré par le barrage des dépôts d'Ogrijev. Je ne le sais pas.

5 M. Susak (interprétation). - Donc vous n'avez pas regardé avec

6 précision ?

7 Mme Vidovic (interprétation). - Non.

8 M. Susak (interprétation). - Je n'ai plus de questions.

9 M. le Président (interprétation). - Merci.

10 Madame Slokovic-Glumac ?

11 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

12 Bonjour, Madame Vidovic. J'ai aussi quelques questions assez

13 brèves à vous poser. Connaissez-vous Zoran et Mirjan Kupreskic ?

14 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

15 Mme Glumac (interprétation). - Connaissez-vous leur famille,

16 leurs parents ?

17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, je connais leurs parents,

18 la sœur, je connaissais ces deux personnes.

19 Mme Glumac (interprétation). - Aviez-vous des relations disons

20 amicale avec leurs familles ?

21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Depuis le début de ma

22 carrière, je les connaissais et on est restés amis.

23 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous nous décrire cette

24 famille puisque vous aviez beaucoup de contacts avec elle ? Quelle genre

25 de personnes étaient leurs parents ? Comment étaient élevés Zoran et

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1 Mirjan ?

2 Mme Vidovic (interprétation). - C'est une famille modeste et

3 honnête. Leur but était d'élever leurs enfants, de les éduquer, pour

4 autant que leur situation le permettait. Je pense qu'ils ont fait plus que

5 ce qu'ils pouvaient faire, car ils n'étaient pas très riches. Ils ont eu

6 trois enfants qui ont été éduqués pratiquement en même temps, donc ils

7 avaient besoin de beaucoup d'argent pour le faire. C'est une famille qui a

8 consacré toute sa vie à l'éducation des enfants. Ils ont voulu les amener

9 sur le droit chemin et par rapport à leurs moyens ils ont pu éduquer les

10 enfants. Ils ont eu leur Baccalauréat et ensuite, en travaillant, ils ont

11 continué à suivre des études.

12 Mme Glumac (interprétation). - Pendant le temps que vous avez

13 passé à Ahmici et que vous étiez en contact avec eux-mêmes et avec leur

14 famille, avez-vous eu des problèmes avec ces enfants ?

15 Mme Vidovic (interprétation). - Non, ce sont des enfants qui

16 passaient leur temps libre avec la musique. Je pense que celui qui aime la

17 musique, aime aussi les hommes. Je pense que c'est inimaginable que

18 quelqu'un qui a choisi cette vie-là, la vie avec la musique, puisse être

19 méchant. C'est ce que je pense.

20 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Madame.

21 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, Maître

22 Slokovic-Glumac.

23 Maître Pavkovic ?

24 M. Pavkovic (interprétation). - J'ai une question, en fait il

25 s'agit plutôt d'une conclusion. Je m'appelle Petar Pavkovic, Madame

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1 Vidovic.

2 Vous avez dit que votre fille était rentrée de Paris avant les

3 événements en question ?

4 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Elle est partie parce qu'elle

6 avait peur ?

7 Mme Vidovic (interprétation). - Elle est rentrée quand elle

8 croyait que c'était sûr, que la situation s'y prêtait.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez

10 institutrice, ce qui nous amène à croire que vous contactez beaucoup de

11 personnes ?

12 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous étiez plutôt bien

14 informée, peut-être mieux informée que les autres, dans l'endroit même où

15 vous contactez beaucoup de personnes ?

16 Mme Vidovic (interprétation). - Cela dépend.

17 M. Pavkovic (interprétation). - C'est plutôt une question

18 d'ordre général ?

19 Mme Vidovic (interprétation). - Pour ce qui est de la politique,

20 elle ne m'a jamais intéressée. Ce qui m'intéressait, c’étaient les

21 enfants, la coopération avec les parents, le côté humain de mon travail.

22 C'est ce domaine que je connaissais bien et la situation dans ce sens-là,

23 je la connaissais très bien. J'habite le même endroit aujourd'hui aussi.

24 M. Pavkovic (interprétation). - Peu avant le retour de votre

25 fille, vous lui avez parlé et dit que la situation était telle qu'elle

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1 pouvait rentrer, c'était votre opinion ?

2 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Le 15 avril, vous avez effectué

4 votre travail de façon normale, les cours étaient normaux ?

5 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

6 M. Pavkovic (interprétation). – Je n'ai plus d'autres questions.

7 Merci, Monsieur le Président.

8 M. le Président (interprétation). – Merci.

9 Maître Blaxill, vous avez la parole.

10 M. Blaxill (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

11 Bonjour, Madame Vidovic, bon après-midi. Je m'appelle

12 Michaël Blaxill, je suis un des substituts représentant l'accusation dans

13 cette affaire. Je n'ai que quelques questions à vous poser, avec votre

14 permission.

15 Dites-moi, vous vous êtes présentée comme étant une institutrice

16 à l'école élémentaire de Dubravica. Est-ce là que vous avez exercé votre

17 profession ou est-ce que c'est là que vous habitez ou est-ce que les deux

18 s'appliquent ? Je voulais simplement une précision à ce propos.

19 Mme Vidovic (interprétation). – A Dubravica se trouve l'école,

20 le siège de l'école. A Ahmici se trouvaient quelques classes. Alors que

21 moi j'habite à Santici qui se trouve sur la route de Dubravica qui mène à

22 Ahmici.

23 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites qu'il y a donc

24 quelques classes à Ahmici.. Est-ce qu'il y a d'autres écoles à proximité

25 immédiate, à Pirici ou à Santici, ou est-ce là la seule école qu'il y ait

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1 à cet endroit ?

2 Mme Vidovic (interprétation). - C'était la seule école dans

3 cette partie-là à Dubravica.

4 M. Blaxill (interprétation). - Au moment où arrive le

5 15 avril 1993, est-ce que d'autres groupes, d'autres entités avaient

6 utilisé les locaux de l'école d'Ahmici ? Est-ce que d'autres personnes

7 utilisaient ces locaux ? Etait-ce simplement une école ?

8 Mme Vidovic (interprétation). - Il y avait dans les locaux de

9 l'école une pièce qui était utilisée par l'organisme humanitaire, c'est là

10 qu'on distribuait les vivres, il s'agissait d'une de nos classes. Suite à

11 l'autorisation du directeur, cette classe a été mise à leur disposition.

12 Ils avaient besoin de son autorisation. Je ne sais pas exactement de

13 quelle organisation humanitaire il s'agit. Ils distribuaient des vivres :

14 farine, huile, sucre etc., pour les habitants du village.

15 M. Blaxill (interprétation). - A votre connaissance, Madame,

16 est-ce que des militaires, quels qu'ils soient, auraient utilisé ces

17 locaux jusqu'au 15 avril 1993 ?

18 Mme Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, non. Mais

19 vous savez, je travaillais de 13 heures à 15 heures 45. Par la suite, je

20 rentrais chez moi. Donc je ne sais pas ce qui se passait en dehors de ces

21 horaires. Mais j'habitais un petit peu plus loin, donc je ne pouvais pas

22 le suivre de près.

23 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites que vous donniez

24 classe normalement le 15 avril 1993. Est-ce exact ?

25 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que tous les élèves,

2 qu'ils soient Croates ou Musulmans, étaient présents ce jour-là, le

3 15 avril 1993 ?

4 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.

5 M. Blaxill (interprétation). – L'école, quand a-t-elle

6 recommencé à enseigner, à reprendre les élèves après le 15 ou le

7 16 avril 1993 ?

8 Mme Vidovic (interprétation). - Vous pensez à l'école qui se

9 trouve à Ahmici ?

10 M. Blaxill (interprétation). - Tout à fait.

11 Mme Vidovic (interprétation). - Les classes n'ont pas repris,

12 puisque l'école a été détruite.

13 M. Blaxill (interprétation). - Donnez-moi quelques

14 renseignements si vous êtes en mesure de le faire. Est-ce que les salles

15 de classe étaient à proximité de la mosquée qui se trouve dans Ahmici-le-

16 Bas ? Est-ce que c'est à proximité de ce lieu du culte ?

17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, assez près. C'est assez

18 relatif, deux mètres, cinq mètres, je ne peux pas dire exactement.

19 M. Blaxill (interprétation). - Je comprends que vous n'avez pas

20 enseigné pendant beaucoup d'heures à Ahmici, mais est-ce que vous vous

21 souvenez avoir vu des militaires à proximité de la mosquée ou dans la

22 mosquée même le 15 avril 1993 ?

23 Mme Vidovic (interprétation). – Non, moi personnellement, non.

24 M. Blaxill (interprétation). – Un dernier point si vous me le

25 permettez. Vous avez parlé des contacts que vous aviez au fil des ans avec

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1 la famille Kupreskic. Vous vous êtes enquis de la santé, de ce que faisait

2 Vlatko Kupreskic. Est-ce que vous avez eu beaucoup de contacts avec Vlatko

3 lui-même ? Est-ce que vous sortiez ensemble ou est-ce que vous vous

4 intéressiez à lui uniquement parce que vous étiez son ancienne

5 institutrice et que vous vous intéressiez à la famille, que c'était là le

6 type de contacts que vous aviez ?

7 Mme Vidovic (interprétation). - J'ai l'habitude de rester en

8 contact avec tous mes élèves pendant toute la période, s'ils décident de

9 rester à Ahmici. Je les suis de près et quand ils sont adultes, c'est

10 leurs enfants que j'éduque. Quant à Vlatko, je discutais avec lui à chaque

11 fois que j'en avais l'occasion. Il jouait de la musique et moi j'aime la

12 musique.

13 M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie, Madame. Je n'ai

14 plus d'autres questions à vous poser. Merci, Monsieur le Président.

15 M. le Président (interprétation). – Merci, Maître Blaxill.

16 Maître Krajina ?

17 M. Krajina (interprétation). - Je n'ai pas d'autres questions,

18 Monsieur le Président.

19 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas de

20 questions non plus à poser.

21 Je pense que le témoin peut se retirer. Merci, Madame, d'être

22 venue déposer devant nous. Vous pouvez disposer.

23 Mme Vidovic (interprétation). - Merci.

24 (Le témoin est reconduit hors du prétoire)

25 M. le Président (interprétation). - Je suppose que nous pouvons

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1 passer au témoin suivant. Maître Krajina ?

2 M. Krajina (interprétation). – Monsieur le Président, nous

3 n'avons pas convoqué d'autres témoins pour la journée d'aujourd'hui. Nous

4 avons prévu un autre témoin pour demain, il s'agit du témoin lié au point

5 n °2. Nous n'anticipions pas que la procédure serait aussi efficace et

6 rapide.

7 M. le Président (interprétation). - Merci. Je saisis l'occasion

8 pour féliciter tant Me Krajina que Me Par au nom des Juges, pour leur

9 concision et leur précision. C'est grâce à vous que nous avons pu

10 accélérer la procédure. Ce qui veut dire que nous n'avons plus de témoins

11 pour aujourd'hui

12 Nous allons suspendre. Vous n'avez qu'un témoin pour demain,

13 c'est bien cela Maître Krajina ?

14 M. Krajina (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Merci

15 de nous avoir fait ce compliment.

16 M. le Président (interprétation). – Maître Susak ?

17 M. Susak (interprétation). - Excusez-moi de vous interrompre.

18 Les accusés se rendent bien compte que le rythme est accéléré. Donc il

19 faut que je prévoie l'arrivée de mes témoins. C'est l'accusé qui a attiré

20 mon attention là dessus. Donc est-il bien exact que le plan du 21 juin au

21 26 juin est le bon, puis-je m'y tenir ?

22 M. Par (interprétation). - J'aimerais dire que ça dépend aussi

23 de nos témoins, et j'aimerais vous en faire part. Nous avons prévu deux

24 groupes de témoins. Nous terminerons avec le premier groupe demain. Nous

25 avons encore un témoin à entendre. Nous nous attendions à ce que sept

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1 témoins comparaissent dans les jours à venir, dont des témoins-experts.

2 Nous voulons terminer durant la semaine prochaine, donc jusqu'au 4 juin.

3 Il s'agit de témoins concernant le chef d'accusation n °2 et nous

4 souhaiterons diffuser plusieurs enregistrements vidéos. Nous ne pouvons

5 pas prévoir le temps dont le Procureur aura besoin, mais nous avons

6 l'intention de travailler pendant toute cette semaine jusqu'au 4 juin.

7 M. le Président (interprétation). - Merci de ces précisions, le

8 plan me paraît bon. Demain nous aurons un seul témoin, M. Vidovic, en

9 l'occurrence Stipan Vidovic. Et si je vous ai bien compris, vous aurez

10 sept témoins la semaine prochaine. Vous aurez ainsi terminé la

11 présentation de vos témoins à décharge et le 21 juin nous commencerons par

12 les témoins cités par Me Susak.

13 Ceci vous convient-il ?

14 M. Susak (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

15 Président, de cet éclaircissement.

16 M. le Président (interprétation). - Merci.

17 Nous reprendrons demain à 9 heures. L'audience est levée.

18 L'audience est levée à 12 heures.

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