Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-95-16-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Jeudi 24 Juin 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures 05.

  5   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  6   Mme le Greffier. - Affaire IT-95-16-T, le Procureur contre Zoran

  7   Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan

  8   Papic et Vladimir Santic.

  9   M. le Président (interprétation). – Bonjour. Je voudrais demander au

 10   témoin de se lever et de faire sa déclaration solennelle.

 11   M. Vidovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   M. le Président (interprétation). – Merci. Veuillez vous asseoir.

 14   Vous êtes Monsieur Vidovic ?

 15   C'est donc ceci l'ordre des témoins : M. Vidovic, M. Covic et par la suite

 16   Mme Bralo ?

 17   M. Susak (interprétation). – Oui, c'est bien cela.

 18   M. le Président (interprétation). – Nous pouvons donc commencer par la

 19   déposition de M. Vidovic. Maître Susak, allez-y.

 20   M. Susak (interprétation). – Merci Monsieur le Président. Bonjour Monsieur

 21   Vidovic.

 22   M. Vidovic (interprétation). - Bonjour à vous tous.

 23   M. Susak (interprétation). – Pourriez-vous vous présenter, donner votre

 24   nom, votre prénom, votre date de naissance et votre lieu de résidence.

 25   M. Vidovic (interprétation). - Je suis Josip Vidovic, né le


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  1   7 novembre 1944 à Vitez.

  2   M. Susak (interprétation). – Vous habitez avec qui ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Avec mon épouse et mes enfants.

  4   M. Susak (interprétation). – Combien d'enfants avez-vous ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Deux enfants.

  6   M. Susak (interprétation). – Etes vous physiquement en bonne santé ? Avez-

  7   vous pu effectuer en 1992 votre service militaire ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Non, je suis handicapé, j'ai des problèmes

  9   de dos.

 10   M. Susak (interprétation). – Que fait votre épouse ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Elle est enseignante à l'école d'Ahmici,

 12   elle y travaille toujours.

 13   M. Susak (interprétation). – Elle travaille toujours à Ahmici ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Aujourd'hui, elle travaille à Santici.

 15   M. Susak (interprétation). – Quelle est son appartenance ethnique ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Elle est Musulmane.

 17   M. Susak (interprétation). – Et comment s'appelle-t-elle ?

 18   M. Vidovic (interprétation). – Fikreta Vidovic.

 19   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire si vous n'avez jamais

 20   été mobilisé avant ou bien après la guerre ?

 21   M. le Président (interprétation). – Maître Radovic, allez-y.

 22   M. Radovic (interprétation). – Les écrans ne fonctionnent pas.

 23   M. le Président (interprétation). – Vos écrans ?

 24   M. Radovic (interprétation). - Nos écrans ne fonctionnent pas et les

 25   autres non plus. Il semble qu'il y ait des écrans qui fonctionnent.


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  1   Interprète. – Il semble que les interprètes n'ont pas non plus d'écrans

  2   qui fonctionnent.

  3   M. le Président (interprétation). – Maître Radovic, cela vous gêne-t-il si

  4   l'on continue quand même, parce qu'un certain nombre d'écrans marchent ?

  5   M. Radovic (interprétation). - Non.

  6   M. Susak (interprétation). – Je peux continuer ?

  7   M. le Président (interprétation). – Je suppose que Me Radovic n'est pas

  8   d'accord ?

  9   M. Radovic (interprétation). - On peut continuer.

 10   M. le Président (interprétation). – Merci beaucoup. Je crois que d'ici

 11   quelques minutes votre écran fonctionnera à nouveau. Allez-y, Maître

 12   Susak.

 13   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, n'avez-vous jamais été

 14   mobilisé dans le HVO ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 16   M. Susak (interprétation). – C'était bien pour des raisons de santé ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 18   M. Susak (interprétation). – Là où vous habitez, avez-vous monté la garde

 19   dans votre village ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 21   M. Susak (interprétation). – Vous n'avez même pas monté la garde ?

 22   Pourriez-vous nous dire où se trouve exactement votre maison ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Elle se trouve à Santici, n° 51.

 24   M. Susak (interprétation). – Est-elle près de la route ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Oui, près de la route, à 20 mètres de la


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  1   route Vitez-Busovaca.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc c'est bien la route Vitez-Busovaca ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui et du côté nord.

  4   M. Susak (interprétation). – Et du côté nord. Et quelles maisons se

  5   trouvent du côté sud de la route ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Du côté sud de la route ?

  7   M. Susak (interprétation). – Les maisons de Nazif et Ramiz Ahmic se

  8   trouvent-elles à proximité de la vôtre ?

  9   M. Vidovic (interprétation). – Oui. La maison de Nazif est à 30 mètres,

 10   celle de Ramiz à 25 mètres et d'Asim près de la route aussi.

 11   M. Susak (interprétation). – Donc ces maisons se trouvent du côté sud de

 12   la route ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Oui, elles se trouvent du côté sud de la

 14   route juste vis-à-vis de ma maison.

 15   M. Susak (interprétation). – Où étiez-vous le 15 avril 1993 ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Je me trouvais à Split entre le 12 et

 17   le 13. J'attendais ma fille qui devait rentrer de Paris avec son enfant.

 18   Je me suis rendu à Split et je suis parti de Split le 14.

 19   Mais à l'endroit de Sebesce il y a eu un embouteillage car la route a été

 20   bloquée entre 12 heures le 14, jusqu'au 15 avril.

 21   M. Susak (interprétation). – Quand êtes-vous rentré à Santici ?

 22   M. Vidovic (interprétation). – Le 15 vers 3 heures 30.

 23   M. Susak (interprétation). - C'est à partir de ce moment-là que cela

 24   commence à devenir intéressant pour nous. Qu'avez-vous fait à partir de ce

 25   moment-là, le 15 avril 1993 ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Je suis rentré chez moi. Etant donné qu'il

  2   pleuvait, ma fille et mon petit enfant étaient restés à la maison et moi

  3   je suis allé chercher ma femme à l'école.

  4   M. Susak (interprétation). - Vous êtes resté à la maison jusqu'à quand ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - On avait des invités le soir, il y avait

  6   des parents, des amis et les derniers amis sont partis à 1 heure le 16.

  7   M. Susak (interprétation). - Donc jusqu'à tard le soir pendant la nuit

  8   du 16 ? Et quand êtes-vous allé vous coucher ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Très tard le soir, à ce moment-là.

 10   M. Susak (interprétation). – Qui d'autres étaient dans votre maison au

 11   moment où vous êtes allés vous coucher ?

 12   M. Vidovic (interprétation). -  Mon épouse, ma fille et mon petit enfant.

 13   M. Susak (interprétation). – Nous arrivons au 16 avril 1993. Que savez

 14   vous de ce jour-là ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Le 16 avril vers 5 heures et quelques -je

 16   ne peux pas vous dire précisément- mon épouse m'a réveillé en disant

 17   qu'elle entendait des bruits dans les environs de la maison et qu'il

 18   faudrait peut-être que je voie ce que c'était. Je me suis habillé et je

 19   suis allé jusqu'à la maison qui se trouve à côté de la mienne. Il y a une

 20   maison qui est à 5  mètres de la mienne, c'est la maison de Vinko Vidovic,

 21   le fils de mon frère. J'ai vu des gens.

 22   M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce que ça veut dire ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – J'ai vu des femmes et des enfants qui

 24   étaient sur la route. Je me suis approché pour voir s'il n'y avait pas eu

 25   quelque chose, car il s'agit-là des membres de ma famille. On m'a dit


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  1   qu’il fallait que je réveille ma famille pour qu'elle se rende dans un

  2   abri.

  3   M. Susak (interprétation). – Vous avez amené votre famille dans un abri ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - C'était difficile de les convaincre mais

  5   j'étais obligé de le faire, je les ai accompagnés jusqu'à la route et ils

  6   ont continué leur chemin avec les autres.

  7   M. Susak (interprétation). - Et vous-même ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Je suis rentré à la maison.

  9   M. Susak (interprétation). - Donc le 16, vous êtes resté chez vous après

 10   avoir indiqué à votre famille le chemin de l'abri ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Susak (interprétation). - Au moment où vous vous êtes réveillé le

 13   matin, vous avez dit que vous avez entendu des tirs. Savez-vous de quel

 14   côté venaient les tirs ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - C'est très difficile à déterminer surtout

 16   quand on est au rez-de-chaussée, parce que de quel côté vous vous

 17   tourniez, surtout si une fenêtre était ouverte, vous aviez toujours

 18   l'impression que ça venait de cette direction-là.

 19   M. Susak (interprétation). - Ce jour-là en fait, si vous aviez su que la

 20   guerre allait éclater, est-ce que vous auriez amené votre fille qui venait

 21   de Paris à Santici avec un enfant en bas âge ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Non seulement je ne les aurais pas amenés à

 23   Santici, mais même pas dans ce pays-là.

 24   M. Susak (interprétation). - Le 16 avril, avez-vous vu des soldats dans

 25   votre maison ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Non. Dans ma maison ?

  2   M. Susak (interprétation). - Dans la cour de votre maison ? Avez-vous vu

  3   qui que ce soit dans votre cour le 16 ? Est-ce que quelqu'un est venu chez

  4   vous ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Est-ce que je peux donner la suite des

  6   événements ?

  7   Je suis rentré chez moi, il y avait des tirs et quand les tirs se sont

  8   quelque peu calmés vers 8 heures, Vinko Vidovic -le fils de mon frère- se

  9   trouvait à la maison avec moi. Quand les tirs se sont calmés, on est allé

 10   voir l'état de sa maison et la maison de la mère de Vinko. Vinko s'est

 11   rendu vers la maison de sa mère et moi je suis allé autour de ma maison

 12   pour voir ce qui se passait.

 13   Quand je suis rentré à la maison, j'y ai trouvé des femmes et des enfants.

 14   Il y avait la femme de Sakib Pezer avec ses enfants, la femme de

 15   Sefik Pezer avec les enfants, la belle-fille de Sefik Pezer avec les

 16   enfants, il y avait des femmes et des enfants.

 17   M. Susak (interprétation). - Ils étaient tous Musulmans ?

 18   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils étaient tous Musulmans

 19   M. Susak (interprétation). - Et qu'avez-vous fait une fois que vous les

 20   avez vus chez vous ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Je leur ai posé des questions : d'où

 22   venaient-ils ? Que se passait-il ? Ils m'ont répondu que leur maison était

 23   en flammes et qu'ils ne savaient pas où aller et ils sont venus chez moi.

 24   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'ils pensaient que c'était dangereux

 25   d'être dans votre maison étant donné qu'elle était juste à côté de la


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  1   route ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Je leur ai répondu que la position de la

  3   maison était dangereuse parce qu'elle était à côté de la route et que

  4   j'avais renvoyé ma famille. Je leur ai dit de partir mais j'ai eu beaucoup

  5   de difficultés à les convaincre qu'il fallait qu'ils partent. Au bout

  6   d'une heure ou deux où j'ai essayé de les convaincre, j'ai envoyé Vinko

  7   Vidovic vers la route pour se renseigner où étaient les autres, dans quel

  8   abri. Il a trouvé un jeune homme, Nenad Kristo, de 16 ans. Il lui a posé

  9   la question et il lui a dit qu'ils étaient dans la maison de Slavko Vrebac

 10   parce que ce jeune homme s'était rendu dans cet abri à deux ou trois

 11   reprises.

 12   M. Susak (interprétation). - Vous pouvez continuer.

 13   M. Vidovic (interprétation). – Je leur ai proposé de se rendre eux aussi

 14   là-bas car ils seraient plus en sécurité. De chez moi, on était à côté de

 15   la route et je ne pouvais pas être en sécurité moi-même. Et moi je ne

 16   savais pas si eux pouvaient l'être. J'ai demandé à Vinko d'aller appeler

 17   Nenad Kristo car Nenad Kristo pourrait les accompagner par le chemin le

 18   plus sûr jusqu'à l'abri. Et vers 13 heures, 13 heures 30, Nenad Kristo est

 19   arrivé et ils sont partis avec lui vers la maison de Vrebac.

 20   M. Susak (interprétation). – De Slavko Vrebac ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 22   M. Susak (interprétation). – Vous étiez toujours dans votre maison ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, je suis resté chez moi. Est-ce que je

 24   continue ?

 25   M. Susak (interprétation). – Oui, oui continuez avec les événements.


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Je suis resté chez moi et vers 1 heure 30

  2   le fils de ma sœur, Josip Covic, est venu chez moi pour voir ce qui se

  3   passait avec moi, et voir quelle était la situation.

  4   Il m'a dit au moment où il a vu que les autres s'étaient rendus vers

  5   l'abri, il m'a dit qu'il avait entendu sur la route qu'il y a d'autres

  6   voisins qui étaient toujours chez eux et qui n'étaient pas allés dans

  7   l'abri.

  8   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, pourriez-vous nous dire qui

  9   étaient ces personnes, ces propriétaires des maisons ? Vous avez parlé

 10   d'autres Musulmans ? Les maisons appartenaient à qui ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Ce sont des maisons des Ahmic Nazif, Ramiz.

 12   M. Susak (interprétation). – Oui, donc ce sont bien les maisons qui se

 13   trouvent juste vis-à-vis de la vôtre ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Et quand il vous l'a dit, qu'avez-vous fait

 16   vous deux ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Nous essayions de nous mettre d'accord sur

 18   comment s'y rendre car on n'osait pas circuler. On ne savait pas si

 19   c'était interdit ou pas, mais en tout cas on n'osait pas. J'ai demandé à

 20   Josip de rentrer chez lui, essayer de voir s'il y avait qui que ce soit

 21   par là pour voir si on était autorisé à circuler, si c'était sûr.

 22   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, excusez-moi mais il faut

 23   que je vous interrompe. Vous avez dit : aller chercher quelqu'un qui

 24   pourrait vous accompagner vers les maisons de Ramiz et Asim Ahmic. Que

 25   signifie "quelqu'un" ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - "Quelqu'un", cela voulait dire quelqu'un

  2   qui connaîtrait la situation et qui saurait par où on pouvait passer, si

  3   on pouvait passer quelque part.

  4   M. Susak (interprétation). – Vous pouvez continuer.

  5   M. Vidovic (interprétation). – Quelques 15 ou 20 minutes plus tard, peut-

  6   être même bien une demi-heure plus tard, Josip est venu.

  7   M. Susak (interprétation). – Josip Vidovic ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Josip Covic est venu avec son frère, Zoran

  9   Covic, accompagné de Slavko Rajkovic jusqu'à chez moi.

 10   M. Susak (interprétation). – Donc il se trouvait dans votre cour ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Susak (interprétation). – Et quelle était alors votre conversation ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – La conversation était la suivante : Slavko

 14   Rajkovic nous a demandé qui savait exactement qui étaient ces voisins et

 15   quel nombre ils étaient.

 16   M. Susak (interprétation). – Après Josip Covic et Zoran Covic on a décrit

 17   la situation, et Slavko Rajkovic vous a posé la question : combien de

 18   personnes y avait-il et où elles se trouvaient. ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Qui connaissait bien ces personnes ? Moi,

 20   j'ai dit que je connaissais bien toutes ces personnes et Slavko Rajkovic

 21   et Josip Covic ; nous nous y sommes rendus. Il nous a dit de les suivre un

 22   par un et nous sommes venus devant la maison de Ramiz.

 23   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, quant vous trois vous êtes

 24   allés vers la maison des Ahmic ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Que je pourrais-je vous dire ?


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  1   M. Susak (interprétation). – Qui est allé voir la famille de Ramiz et les

  2   autres ? Etait-ce uniquement vous et Josip Covic, Rajkovic avait une autre

  3   fonction ? Est-ce bien exact ?

  4   M. Vidovic (interprétation). – Josip Covic et moi-même nous sommes rendus

  5   avec Slavko Rajkovic jusqu'à la maison de Ramiz, étant donné que c'était

  6   une personne qui pouvait circuler.

  7   M. Susak (interprétation). – Qui pouvait circuler ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Rajkovic.

  9   M. Susak (interprétation). – Slavko ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Slavko Rajkovic.

 11   M. Susak (interprétation). – Donc vous êtes arrivé d'abord jusqu'à quelle

 12   maison ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Devant la maison de Ramiz Ahmic.

 14   M. Susak (interprétation). – Qui y avez-vous trouvé ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Nous avons trouvé deux soldats en uniforme

 16   de camouflage. Slavko Rajkovic s'est approché d'eux et ils s'étaient mis

 17   d'accord sur quelque chose, ils conversaient. Ils sont allés vers la porte

 18   de l'étable et le garage se trouve bien d'un côté ; il a ouvert une porte

 19   et les femmes et les enfants sont sortis.

 20   M. Susak (interprétation). – Et quand les femmes et les enfants sont

 21   sortis, ils sont allés vers où ? Et quelqu'un y est-il allé avec eux ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Quand les femmes et les enfants sont

 23   sortis, étant donné que nous nous connaissions très bien -je connaissais

 24   bien les Ahmic, je connaissais bien Elma la fille- et ils se sont

 25   approchés de Josip et de moi ; ils nous ont demandé ce qui se passait. Je


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  1   n'ai pas tout à fait compris ce que Sena avait dit, mais j'ai compris Elma

  2   qui disait qu'il était masqué, et elle montrait d'un geste de la main vers

  3   sa maison. Mais je ne sais pas exactement ce qu'elle voulait dire, elle

  4   parlait des soldats masqués qui s'étaient approchés de leur maison.

  5   M. Susak (interprétation). – Qui vous l'a dit ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – Elma Ahmic.

  7   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, que vous a dit d'autre

  8   Elma ? Vous a-t-elle parlé d'autres soldats ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Elle nous a dit qu'ils étaient tous

 10   masqués, qu'ils portaient un maquillage.

 11   M. Susak (interprétation). – Je vais vous lire ce qu'Elma avait déclaré,

 12   je cite : "Le 16 avril 1993 je me suis levée à 5 heures pour apprendre mes

 13   leçons. J'ai regardé dehors par la fenêtre, j'ai vu la maison (expurgée)

 14   (expurgée) qui était en flammes. Quelques 5 minutes plus tard, une

 15   vingtaine de soldats sont arrivés dans notre cour des uniformes de

 16   camouflage et ils ont commencé à tirer sur notre maison".

 17   M. Blaxill (interprétation). - Je ne pense pas qu'on ait besoin de ça. Je

 18   ne pense pas que vous soyez autorisé à le lire.

 19   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 20   M. le Président (interprétation). – Maître Susak, vous êtes en train de

 21   lire la déclaration d'Elma Ahmic qui n'a, à notre connaissance, jamais

 22   témoigné. Est-ce bien une déclaration que vous avez reçue de

 23   l'accusation ?

 24   M. Susak (interprétation). – J'ai reçu cette déclaration de l'accusation.

 25   Cela m'étonne. Mais cependant l'accusation n'est pas contraire à ce que je


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  1   dis, cette déclaration a été faite le 28 janvier 1995 et nous l'avons

  2   reçue. Etant donné que les déclarations d'autres témoins ont été prises

  3   une fois que l'acte d'accusation avait été confirmé, je crois qu'il est

  4   logique de l'utiliser pour pouvoir la confronter avec la déposition de ce

  5   témoin et bien sûr, cela aide à faire la justice.

  6   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

  7   M. le Président (interprétation). – Maître Susak, étant donné que ce

  8   témoin n'est pas venu déposer, nous pensons que vous pouvez nous donner un

  9   résumé de sa déclaration, mais elle ne devrait pas se trouver dans le

 10   compte rendu de l'audience. Est-ce que vous pouvez tout simplement la

 11   résumer et demander à M. Vidovic de faire un commentaire là-dessus ?

 12   M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je m'apprêtais à

 13   terminer la citation de sa déclaration, il ne manquait que trois ou quatre

 14   mots. Donc quand j'ai parlé de la déclaration d'Elma Ahmic et je le cite,

 15   et je continue ma citation : "Ils avaient tous des visages maquillés". Fin

 16   de citation.

 17   Monsieur Vidovic, est-ce ce que vous avait dit, ce qu'Elma Ahmic vous

 18   avait raconté ? Est-ce que cela ressemble à la déclaration que je viens de

 19   lire ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'est bien ce qu'elle avait

 21   essayé de me dire, car elle avait montré de sa main en faisant un geste de

 22   la main, elle voulait dire qu'ils étaient masqués. C'était probablement

 23   cela.

 24   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'elle vous a dit qu'ils avaient

 25   colorié leur visage, si leur visage était maquillé ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  2   M. Susak (interprétation). - Donc leur visage était peint. Quand vous avez

  3   trouvé ces deux personnes devant la maison d'Ahmic, comment étaient-elles

  4   habillées ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Ils portaient des uniformes noirs de

  6   camouflage et ils étaient masqués.

  7   M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce que ça veut dire masqués ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Leur visage était peint.

  9   M. Susak (interprétation). – Et Slavko Rajkovic, comment était il

 10   habillé ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - De la même façon. Cela veut dire qu'il

 12   portait un uniforme de camouflage et qu'il avait des traits peints sur son

 13   visage.

 14   M. Susak (interprétation). - Nous sommes arrivés au point où vous nous

 15   avez dit que les Musulmans étaient sortis. Dites-nous d'où ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – De l'étable, les soldats les avaient

 17   laissés sortir.

 18   M. Susak (interprétation). - Et c'était l'étable de qui ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - De Ramiz Ahmic. Quand ils sont sortis, j'ai

 20   vu que les femmes qui avaient des enfants, la femme d'Asim Ahmic n'était

 21   pas avec eux et j'ai proposé à Josip que lui et moi on aille jusqu'à la

 22   maison pour voir où elle se trouvait avec ses enfants.

 23   Pour des raisons de sécurité nous sommes passés en aval de l'étable où il

 24   était enfermé et vers la troisième ouverture de l'étable, nous avons vu

 25   quatre cadavres. De ces quatre cadavres, j'en ai reconnu trois. Le premier


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  1   était celui de Ramiz.

  2   M. Susak (interprétation). - Quel était son nom ?

  3   M. Vidovic (interprétation). – Ramiz Ahmic, puis son fils Nazif Ahmic et

  4   le troisième je crois que c'était Amir de son prénom, c'était le fils de

  5   Nazif et son nom de famille Nazif Ahmic. Je n'ai pas reconnu le quatrième

  6   cadavre puisqu'il était tourné vers le sol. Par la suite, nous avons

  7   continué vers la maison de Nazif Ahmic

  8   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, je dois vous interrompre.

  9   Vous avez dit : "nous avons continué". C'est qui nous ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Josip Covic et moi-même.

 11   M. Susak (interprétation). – Peut-on conclure que Josip Covic et vous-même

 12   vous êtes allés chercher des Musulmans tandis que Slavko Rajkovic avait

 13   une autre fonction ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). - Et vous lui avez demandé quelque chose ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Oui on lui avait demandé s'il pouvait

 17   trouver quelqu'un qui pouvait nous garantir la sécurité, pas tellement la

 18   sécurité, mais nous autoriser à traverser la route, à aller plus en bas et

 19   c'était Slavko Rajkovic. Covic et moi nous sommes allés vers la maison de

 20   Ramiz. Après cela Josip Covic et moi-même nous sommes rendus vers la

 21   maison d'Asim pour voir où se trouvait sa femme.

 22   M. Susak (interprétation). - Et c'est de là que vous vous êtes éloigné ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, après avoir vu des cadavres, nous

 24   sommes passés par la maison de Nazif et c'est là que j'ai senti un

 25   malaise. J'ai dit tout simplement à Josip : "Vas-y regarder tout seul". Il


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  1   y est allé et quelques trois, quatre ou cinq minutes plus tard, j'ai vu

  2   Josip venir avec la femme et les enfants vers la route.

  3   M. Susak (interprétation). - Merci Monsieur Vidovic. Maintenant, on va

  4   vous soumettre un dessin. Et je vous demanderai de le marquer.

  5   Monsieur le Président, je demanderai l'assistance de l'huissier pour

  6   soumettre ce dessin au témoin.

  7   (L'huissier s'exécute.)

  8   Mme le Greffier. – Il s'agit de la pièce D32/4.

  9   M. Susak (interprétation). – Avez-vous vu le dessin Monsieur ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire où pourrait se trouver,

 12   sur ce dessin, l'étable de Ramiz Ahmic ? Ensuite sa cuisine d'été et sa

 13   maison ? Pouvez-vous indiquer ces endroits-là ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - L'étable se trouve ici.

 15   M. Susak (interprétation). – Veuillez, je vous prie, Monsieur Vidovic,

 16   mettre la lettre A indiquant la maison de Ramiz Ahmic ?

 17   Ensuite la cuisine d'été par la lettre B et la lettre C indiquerait

 18   l'étable.

 19   (Le témoin s'exécute.)

 20   Mettez deux croix, je vous prie, à l'endroit où se trouvaient les soldats

 21   ou les personnes, je ne sais pas exactement s'il s'agissait de soldats. Où

 22   se trouvaient les fenêtres et la porte de cette étable, s'il y en avait.

 23   (Le témoin s'exécute.)

 24   Vous venez de dire, tout à l'heure, lorsque Slavko Rajkovic vous a

 25   accompagné, vous et Josip Covic, pouvez-vous nous indiquer la direction


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  1   d'où vous êtes venu ? Mettez une flèche, je vous prie.

  2   (Le témoin s'exécute.)

  3   Je vous remercie. Où se trouvaient les cadavres, les quatre cadavres que

  4   vous avez trouvés ? Pouvez-vous y mettre des petits cercles, je vous

  5   prie ?

  6   (Le témoin s'exécute.)

  7   Parmi ces cadavres, avez-vous vu celui d'Amir Ahmic ? Se trouvait-il là-

  8   bas, oui ou non ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 10   M. Susak (interprétation). – Veuillez mettre le chiffre 1 là où se

 11   trouvait Amir Ahmic.

 12   (Le témoin s'exécute.)

 13   Je vous remercie. Et la maison à droite, elle appartenait à qui ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - La maison de Nazif Ahmic.

 15   M. Susak (interprétation). – Inscrivez juste son nom, je vous prie. Vous

 16   avez dit que vous vous êtes dirigé vers la maison d'Asim Ahmic. On ne la

 17   voit pas sur le dessin ; pouvez-vous juste indiquer la direction de votre

 18   marche par une flèche ?

 19   (Le témoin s'exécute.)

 20   Et ensuite ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Moi je suis allé jusque-là.

 22   M. Susak (interprétation). – Donc vous êtes resté là ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, et Josip Covic a continué la route.

 24   M. Susak (interprétation). – Qui a fait sortir l'épouse de Nazif Ahmic ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Josip Covic.


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  1   M. Susak (interprétation). – Et où les avez-vous rejoints ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Vers la route. Ils sont partis vers l'abri

  3   alors que moi j'ai traversé la route et je me suis dirigé vers ma maison.

  4   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, j'en ai terminé avec

  5   ce sujet des maisons, mais je souhaiterais juste montrer la carte

  6   aérienne, la photo aérienne du village. Et je souhaiterais juste que le

  7   témoin indique les maisons et les bâtiments qui se trouvaient d'un côté et

  8   de l'autre de la route.

  9   Mme le Greffier. – Il s'agit de la pièce D33/4.

 10   M. Susak (interprétation). – Voyez-vous cette photo aérienne Monsieur

 11   Vidovic ?

 12   M. Radovic (interprétation). - Pendant ce temps, pendant que le témoin est

 13   en train de regarder la photo aérienne, je dois vous dire que nous ne

 14   sommes pas en mesure de suivre cette partie de l'audience.

 15   M. le Président (interprétation). – Je comprends bien le problème mais on

 16   m'a expliqué que ce problème technique ne pourrait être résolu que pendant

 17   la pause. Donc si vous le souhaitez nous pourrions lever l'audience

 18   maintenant pour que les techniciens puissent résoudre ce problème ?

 19   M. Radovic (interprétation). – (Hors micro.)

 20   (Intervention technique.)

 21   M. le Président (interprétation). – Très bien.

 22   M. Susak (interprétation). – Donc nous pouvons continuer ?

 23   M. le Président (interprétation). – Oui.

 24   M. Susak (interprétation). – Monsieur Vidovic, voulez-vous indiquer, je

 25   vous prie, la route Vitez-Busovaca ? Veuillez sur la partie blanche


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  1   écrire : Travnik-Busovaca. Où se trouve votre maison sur cette carte ?

  2   Mettez y un cercle et le n° 1.

  3   (Le témoin s'exécute.)

  4   Que considère-t-on comme la partie nord de la route ? Si vous pouvez y

  5   tirer un trait ? Vous êtes allé peu trop loin, restez sur la route.

  6   Veuillez, je vous prie, tirer un trait vers le nord. Donc le nord se

  7   trouve là. Veuillez mettre une flèche. Donc c'est le nord ?

  8   (Le témoin s'exécute.)

  9   Et qu'est-ce qui se trouve dans la partie sud de cette route ? Dans la

 10   partie sud ? Veuillez, je vous prie, mettre les chiffres ou les lettres,

 11   les maisons d'Ahmic Ramiz, Asim et Nazif

 12   M. Vidovic (interprétation). - Vous voulez que je mette des chiffres ou

 13   des lettres ?

 14   M. Susak (interprétation). – Mettez A, B et C.

 15   A pour la maison de Ramiz, B pour la maison de Nazif…

 16   M. Vidovic (interprétation). - Et pour Asim C.

 17   M. Susak (interprétation). – Où se trouve la maison de (expurgée)

 18   M. Vidovic (interprétation). - Que voulez-vous que je mette ?

 19   M. Susak (interprétation). – D, mettez-y un D.

 20   (Le témoin s'exécute.)

 21   Où se trouve la maison de Fahrudin Ahmic ? D'abord la maison de Hasim

 22   Ahmic, mettez-y un cercle.

 23   (Le témoin s'exécute.)

 24   Et la lettre E. Donc c'est au nord ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Non au sud.


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  1   M. Susak (interprétation). – Et vous, vous vous trouvez au nord, n'est-ce

  2   pas ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  4   M. Susak (interprétation). – La  maison de Zoran Covic, où se trouve-t-

  5   elle ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Je mets un cercle ?

  7   M. Susak (interprétation). – Oui.

  8   M. Vidovic (interprétation). - Je mets un 2 ou un 3 ?

  9   M. Susak (interprétation). – Vous avez mis le chiffre 1 sur votre maison,

 10   alors maintenant vous pouvez inscrire le chiffre 2.

 11   (Le témoin s'exécute.)

 12   Si vous pouvez vous retrouver sur cette carte, où se trouve la maison

 13   d'Anto Papic ?

 14   Pouvez-vous déplacer un peu la photo pour qu'on puisse voir ? Elle se

 15   trouve en bas, tout à fait en bas ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Au bout de la route, il me semble que

 17   c'est celle-ci.

 18   M. Susak (interprétation). – Veuillez y mettre la lettre F.

 19   (Le témoin s'exécute.)

 20   Est-elle loin de la route par rapport aux maisons de Ramiz, Nazif et

 21   Asim ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 23   M. Susak (interprétation). – Depuis la maison de Fahran Ahmic, voit-on 

 24   (expurgée) ? L'espace est-il dégagé ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Oui.


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  1   M. Susak (interprétation). – Depuis , voit-on la (expurgée)

  2   route ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  4   M. Susak (interprétation). – Nous en avons terminé avec cette

  5   photographie. Nous allons passer à autre chose.

  6   Vous avez parlé de deux hommes en noir qui avait des peintures sur leur

  7   visage ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). – Ces deux hommes, où sont-ils partis lorsque

 10   vous et Covic avaient pris la route ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas.

 12   M. Susak (interprétation). – Est-ce que Rajkovic est resté près de la

 13   maison des Ahmic, ou est-il parti ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Lorsqu'ils sont sortis de l'étable, ils

 15   sont tous restés devant la maison, alors que nous, nous sommes partis de

 16   l'autre côté, en-dessous de l'étable. Je ne sais pas où se sont dirigés

 17   les autres.

 18   M. Susak (interprétation). – Nous avons mentionné Slavko Rajkovic. Est-il

 19   toujours en vie ou pas ? Le savez-vous ?

 20   M. Vidovic (interprétation). – Non. J'ai entendu dire qu'une heure, une

 21   heure et demie plus tard après l'intervention qu'il a été tué, à

 22   800 mètres de là.

 23   M. Susak (interprétation). – Donc il a été tué. S'agissait-il d'un piège

 24   qui lui a été tendu ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est ce que l'on dit, qu'il


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  1   s'agissait d'une embuscade.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc quelqu'un l'a tué à partir d'une

  3   embuscade. Vous avez dit que vous avez été opéré et que pour cela vous

  4   étiez réformé en fait. Vous n'avez pas monté la garde. Vous n'étiez pas

  5   mobilisé par le HVO. Avez-vous reçu des actions pendant cette période de

  6   guerre ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  8   M. Susak (interprétation). – Comment se fait-il qu'en tant que personne

  9   qui n'a pas participé à la guerre vous ayez reçu des actions ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - L'armée de la BIH et le HVO devaient

 11   établir une sorte de parité, 70 par rapport à 20. Un monsieur de la

 12   Défense est venu et m'a dit qu'il allait m'inscrire pour des raisons de

 13   parité, et c'est tout.

 14   M. Susak (interprétation). – Vous a-t-il dit que la raison en était le

 15   fait que votre maison se trouvait sur un territoire qui était en guerre ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 17   M. Susak (interprétation). – Donc je vais répéter : vous avez dit que vous

 18   n'avez pas pu être mobilisé ni monter la garde, étant donné que vous avez

 19   subi une opération chirurgicale.

 20   Monsieur le Président, je n'ai plus de questions pour ce témoin.

 21   M. le Président (interprétation). – Merci. Maître Pavkovic ?

 22   M. Pavkovic (interprétation). - Les autres conseils de la défense n'ont

 23   plus de questions à poser.

 24   M. Blaxill (interprétation). - Merci Monsieur le Président. Bonjour

 25   Monsieur Vidovic, je suis un des Procureurs dans cette affaire, et j'ai


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  1   quelques questions à vous poser à la suite de ce que vous venez de nous

  2   dire.

  3   Vous dites que vous vous êtes réveillé à 5 heures 30 le matin du

  4   16 avril 1993, que vous avez envoyé votre famille vers un abri et que vers

  5   8 heures, vous avez rencontré un certain nombre de vos voisins Musulmans

  6   dans votre maison qui y étaient venus. Est-ce bien un résumé fidèle de ce

  7   vous nous avez dit ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui c'est exact, mais je n'ai pas emmené ma

  9   famille vers l'abri mais jusqu'à la route, et puis ils ont rejoint les

 10   autres et ils se sont dirigés vers l'abri sans moi.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Vous nous dites ensuite que votre neveu

 12   Josip Covic est venu chez vous. Est-ce que vous vous souvenez de l'heure

 13   qu'il était à ce moment-là ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Il me semble que c'était vers 1 heure et

 15   demie.

 16   M. Vidovic (interprétation). - Vous nous avez dit qu'ensuite, à peu

 17   près 15 à 20 minutes après, disons à deux heures et quart, vous-même et

 18   Josip Covic, Zoran Covic et si j'ai bien compris Slavko Rajkovic, vous

 19   vous êtes tous rendus en direction de la maison de Hasim Ahmic. Est-ce

 20   bien exact ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Merci. Que portait M. Zoran Covic ? Quels

 23   vêtements portait-il à ce moment-là ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - Je ne me souviens pas, il me semble qu'il

 25   n'avait pas d'uniforme de camouflage.


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  1   M. Blaxill (interprétation). - Et votre neveu, Josip Covic, quels

  2   vêtements portait-il ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Il était en civil, il était en civil.

  4   M. Vidovic (interprétation). - Est-ce qu'un de ces deux hommes avait une

  5   arme quelconque en sa possession ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  7   M. Blaxill (interprétation). – M. Slavko Rajkovic, vous nous avez dit

  8   qu'il portait un uniforme de camouflage je crois, et qu'il avait des

  9   peintures de camouflage sur le visage. Est-ce exact ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Donc on peut dire qu'il était habillé de la

 12   même façon que les autres soldats que vous avez vus ce jour-là. Est-ce

 13   bien exact ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Comme les deux soldats qu'on a trouvés

 15   devant la maison de Ramiz Ahmic.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Merci. Portait-il une arme M. Slavko

 17   Rajkovic à ce moment-là ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Blaxill (interprétation). - A votre avis, combien de temps cela vous a

 20   pris pour arriver à la maison de Ramiz Ahmic ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Trois ou quatre minutes.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Donc est-ce que je peux dire que vous y

 23   étiez à environ deux heures de l'après-midi le 16 avril 1993. Est-ce bien

 24   exact ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Vers 2 heures- 2 heures 10, peut-être.


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  1   M. Blaxill (interprétation). - Ensuite, si j'ai bien compris, un certain

  2   nombre de femmes et d'enfants ont été libérés d'une étable qui se trouvait

  3   près de cette maison. Est-ce bien exact ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Et derrière ce bâtiment, vous avez

  6   identifié les cadavres de quatre Musulmans ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  8   M. Blaxill (interprétation). - Et à quelle heure avez-vous quitté la

  9   maison de Ramiz Ahmic ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Vers 2 heures 20, il me semble.

 11   M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, avez-vous vu d'autres

 12   militaires dans le coin ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Non. A part ces deux soldats et Rajkovic

 14   lui-même, non.

 15   M. Blaxill (interprétation). – Peut-on dire que ces deux soldats étaient

 16   des soldats croates ? Peut-on dire que c'étaient des soldats du HVO ? Est-

 17   ce exact ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Je ne m'y connais pas vraiment en insigne.

 19   Si c'est le HVO ou pas, je ne peux pas le dire. Probablement il s'agissait

 20   de Croates, oui, mais desquels, je ne peux pas le dire.

 21   M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie. Monsieur le Président,

 22   c'est la fin de mon contre-interrogatoire.

 23   M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Susak ?

 24   M. Susak (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

 25   Vous avez dit, Monsieur Vidovic, que Slavko Rajkovic portait un uniforme


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  1   noir. Connaissez-vous cette personne ou pas ? Est-ce que vous pourriez la

  2   reconnaître ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne pourrais pas la reconnaître,

  4   même une dizaine de minutes après l'intervention, je n'aurais pu la

  5   reconnaître.

  6   M. Susak (interprétation). - Je vous remercie, j'en ai terminé avec le

  7   témoin.

  8   M. le Président (interprétation). – Merci. Pas de questions pour le

  9   témoin.

 10   Merci Monsieur Vidovic pour avoir témoigné devant ce Tribunal. Vous pouvez

 11   disposer.

 12   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 13  

 14   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 15   M. le Président (interprétation). – Bonjour Monsieur Covic. Veuillez

 16   donner lecture de la déclaration solennelle.

 17   M. Covic (interprétation). - Bonjour tout le monde. Je déclare

 18   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité rien que la vérité.

 19   M. le Président (interprétation). – Merci, vous pouvez vous asseoir.

 20   Maître Susak.

 21   M. Susak (interprétation). – Merci Monsieur le Président. Bonjour Monsieur

 22   Covic.

 23   M. Covic (interprétation). - Bonjour.

 24   M. Susak (interprétation). – Veuillez décliner votre identité, nous dire

 25   votre date de naissance, votre adresse.


Page 9780

  1   M. Covic (interprétation). - Je m'appelle Josip Covic, je suis né en 1971

  2   à Pirici. J'habite à Pirici. Je ne suis pas marié. Je travaille à là

  3   poste.

  4   M. Susak (interprétation). – Actuellement, vous êtes employé de la poste ?

  5   M. Covic (interprétation). - Oui.

  6   M. Susak (interprétation). – Je vous remercie.

  7   Savez-vous ce qui s'est passé le 16 avril 1993 ?

  8   M. Covic (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). – Etiez-vous employé à l'époque ?

 10   M. Covic (interprétation). – Oui, au centre MIO.

 11   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous dire le nom de l'entreprise ?

 12   M. Covic (interprétation). - Il s'agit de la municipalité, du secteur

 13   civil de la municipalité.

 14   M. Susak (interprétation). – Donc il s'agissait du centre d'alerte.

 15   M. Covic (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Etiez-vous militaire d'active ou de réserve

 17   du HVO ?

 18   M. Covic (interprétation). - Je travaillais dans ce centre et je faisais

 19   partie des réservistes du ministère de la Défense.

 20   M. Susak (interprétation). – Donc il s'agissait d'un des secteurs du

 21   ministère de la Défense ?

 22   M. Covic (interprétation). - Oui.

 23   M. Susak (interprétation). – Comment expliquez-vous le fait que vous étiez

 24   un réserviste, alors que vous travailliez à cet endroit-là ?

 25   M. Covic (interprétation). – Non, je n'étais pas actif effectivement,


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  1   j'étais employé juste dans le secteur civil de la municipalité.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc vous étiez réservistes du HVO ?

  3   M. Covic (interprétation). - Peut-être que le centre où j'étais employé

  4   faisait partie du HVO, alors effectivement j'étais membre du HVO de

  5   réserve.

  6   M. Covic (interprétation). - Votre commandant était-il Anto Bertovic, le

  7   commandant de la brigade de Vitez ?

  8   M. Covic (interprétation). - Non.

  9   M. Susak (interprétation). – Donc j'avais tiré des conclusions erronées

 10   parce que j'étais persuadé que vous étiez un militaire d'active, que vous

 11   étiez mobilisé ?

 12   M. Covic (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). – Mais vous étiez tous les jours, vous vous

 14   rendiez tous les jours à votre travail ?

 15   M. Covic (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Le centre se trouvait à la municipalité ?

 17   Vous travailliez régulièrement mais vous n'étiez pas un militaire d'active

 18   mais un réserviste du HVO ?

 19   M. Covic (interprétation). - Oui.

 20   M. Susak (interprétation). – Et si vous aviez été mobilisé, auriez-vous

 21   été active ou passive ?

 22   M. Covic (interprétation). - Militaire d'active.

 23   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous décrire ce qui s'est passé

 24   le 15 avril 1993 ?

 25   M. Covic (interprétation). - Le 15 avril 1993, j'étais à mon poste au


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  1   centre. Le soir, je suis rentré chez moi vers 10 heures. J'ai travaillé

  2   normalement ce jour-là.

  3   Dragan Stojak, je lui ai demandé de me donner une autorisation pour avoir

  4   une journée libre le lendemain -le lendemain c'était un vendredi-, parce

  5   que j'avais mal au dos.

  6   M. Susak (interprétation). – Qui était Dragan Stojak ?

  7   M. Covic (interprétation). - C'était le chef du centre. Pour tout ce dont

  8   j'avais besoin je m'adressais à lui.

  9   M. Susak (interprétation). – Lui aussi faisait-il partie du bureau de la

 10   défense de la municipalité de Vitez ?

 11   M. Covic (interprétation). – Ca, je ne peux pas vous le dire, je ne le

 12   sais pas.

 13   M. Susak (interprétation). – C'était votre chef ?

 14   M. Covic (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – A qui appartenait ce centre ? Aux structures

 16   civiles ou militaires ?

 17   M. Covic (interprétation). - Civiles.

 18   M. Susak (interprétation). – De la municipalité de Vitez ?

 19   M. Covic (interprétation). – Oui, de la municipalité de Vitez.

 20   M. Susak (interprétation). – Donc vous êtes rentré chez vous. Stojak vous

 21   donnait l'autorisation de prendre le vendredi libre comme pratiquement

 22   toutes les semaines à cause de vos problèmes de santé ?

 23   M. Covic (interprétation). – Oui.

 24   M. Susak (interprétation). – Où avez-vous passé la nuit du 16 avril ?

 25   M. Covic (interprétation). - J'étais chez moi avec ma famille.


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  1   M. Susak (interprétation). – Comment vous êtes-vous réveillé le 16 ?

  2   M. Covic (interprétation). - Les tirs nous ont réveillés tôt le matin.

  3   M. Susak (interprétation). – Et à ce moment-là, qu'avez-vous fait ? Est-ce

  4   que vous êtes allés quelque part ? Etes-vous resté chez vous quand vous

  5   avez été réveillé par des coups de feu ?

  6   M. Covic (interprétation). - Mon frère et moi-même, nous sommes restés

  7   chez nous et mon père et ma mère sont allés chez le voisin d'à côté, chez

  8   Mirko Jukic.

  9   M. Susak (interprétation). – Donc votre père et votre mère sont allés chez

 10   Mirko Jukic ?

 11   M. Covic (interprétation). - Oui.

 12   M. Susak (interprétation). – Etes-vous allé quelque part ? Avez-vous

 13   quitté votre maison ?

 14   M. Covic (interprétation). – Non, non pas jusqu'à une heure et demie parce

 15   qu'à une heure et demie mon père est venu pour donner à manger au cochon

 16   et faire diverses autres choses.

 17   M. Susak (interprétation). – Et ensuite il est rentré chez Mirko Jukic ?

 18   M. Covic (interprétation). - Oui et il a dit qu'Anto Vidovic lui avait dit

 19   que Ramiz Ahmic, sa femme, ses enfants et sa belle-fille étaient dans

 20   cette maison et que je devais aller voir si tout se passait bien.

 21   M. Susak (interprétation). – Et que s'est-il passé ensuite ?

 22   M. Covic (interprétation). – Je suis allé dans la maison d'Anto Vidovic et

 23   nous avons parlé de la famille de Ramiz Ahmic.

 24   M. Susak (interprétation). – Donc vous avez parlé avec Josip. De quoi

 25   avez-vous parlé ?


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  1   M. Covic (interprétation). - Nous avons parlé de la famille Ramiz. On

  2   s'est mis d'accord pour partir tous les trois ensemble car on entendait

  3   des tirs de partout.

  4   M. Susak (interprétation). – Veuillez ralentir le débit, je vous prie.

  5   Donc vous avez pris contact avec votre frère et Josip Vidovic ?

  6   M. Covic (interprétation). - Je suis allé jusqu'à la maison de mon frère,

  7   on a expliqué de quoi il s'agissait, puis mon frère et moi nous nous

  8   sommes dirigés vers la maison de Josip. Là, nous avons rencontré Slavko

  9   Rajkovic.

 10   M. Susak (interprétation). – Merci. Vous avez donc rencontré Slavko

 11   Rajkovic. Avec Slavko Rajkovic, vous êtes allés chez Josip Vidovic ?

 12   M. Covic (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). – Quelle était la conversation entre vous

 14   trois ?

 15   M. Covic (interprétation). - Mon frère Zoran a été une sorte d'autorité à

 16   Slavko. Il nous a dit la même chose pour la famille de Ramiz. Nous sommes

 17   allés chez Josip.

 18   M. Susak (interprétation). – Donc tous les trois ?

 19   M. Covic (interprétation). - Oui. Là, j'ai vu Drazenko Vidovic et Jurica

 20   Semrin.

 21   M. Susak (interprétation). - Comment étaient-ils habillés ?

 22   Semrin Ivica et Drazenko Vidovic ?

 23   M. Covic (interprétation). – Je ne me souviens pas.

 24   M. Susak (interprétation). – Etait-il habillé en civil ?

 25   M. Covic (interprétation). - Je ne me souviens pas.


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  1   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous nous raconter comment vous êtes

  2   allé jusqu'à la maison de Ramiz Ahmic. Qui y est allé ?

  3   M. Covic (interprétation). - Quand Slavko Rajkovic, Zoran mon frère et moi

  4   nous sommes allés jusqu'à la maison, nous avons parlé de la maison de

  5   Ramiz. Slavko Rajkovic nous a demandé si on les connaissait mieux.

  6   M. Susak (interprétation). – Josip Vidovic a dit qu'il les connaissait

  7   bien ?

  8   M. Covic (interprétation). - Oui car ils étaient vraiment voisins. Et

  9   Slavko Rajkovic et moi-même nous sommes arrivés jusqu'à la maison de Ramiz

 10   Ahmic. Nous étions à peu près à une dizaine de mètres l'un de l'autre,

 11   Slavko était le premier. Quand nous sommes arrivés à la maison de Ramiz

 12   Ahmic, nous avons trouvé deux soldats habillés d'uniformes noirs.

 13   M. Susak (interprétation). - Etes-vous sûr que c'étaient des soldats ou

 14   deux hommes habillés en noir, dans des uniformes noirs ?

 15   M. Covic (interprétation). - Je crois que c'étaient bien des soldats car

 16   leur visage était peint, ils portaient un uniforme et avaient des fusils.

 17   M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire comment vous vous

 18   êtes approchés d'eux ?

 19   M. Covic (interprétation). – Quand nous sommes arrivés, Slavko Rajkovic

 20   s'est approché de ces deux soldats, il a parlé avec eux. Après, ils ont

 21   fait sortir de l'étable l'épouse de Ramiz Ahmic, l'épouse de Nazif Ahmic

 22   et l'épouse de Hasim Ahmic. Il y avait aussi deux enfants, ou peut-être

 23   trois enfants, je ne me souviens pas.

 24   M. Susak (interprétation). - Ils étaient où ?

 25   M. Covic (interprétation). - Dans l'étable de Hasim Ahmic.


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  1   M. Susak (interprétation). - Ils sont allés où ? Quelqu'un les a amenés

  2   quelque part ou ils sont allés quelque part tous seuls ?

  3   M. Covic (interprétation). - Josip et moi nous sommes allés ensemble

  4   jusqu'à la route et les avons dirigés vers la maison de Slavko Vrebac,

  5   parce que par là, c'était plus sûr.

  6   M. Susak (interprétation). – Où était l'épouse de Hasim Ahmic et ses

  7   enfants ?

  8   M. Covic (interprétation). - Quand nous avons envoyé ces femmes et les

  9   enfants vers la maison de Vrebac, on s'est posé la question ; Josip a dit

 10   que la femme d'Hasim Ahmic ne se trouvait pas là et qu'il faudrait peut-

 11   être se rendre à sa maison.

 12   M. Susak (interprétation). - Qui est allé jusqu'à cette maison ?

 13   M. Covic (interprétation). - Josip et moi-même nous nous y sommes rendus,

 14   il y avait un passage vers l'étable et une cuisine à ciel ouvert. Nous

 15   avons trouvé quatre cadavres vers l'étable.

 16   M. Susak (interprétation). – Où se trouvaient ces cadavres ? Pourriez-vous

 17   nous donner une description plus précise ?

 18   M. Covic (interprétation). – Ils se trouvaient en bas de l'étable de Ramiz

 19   Ahmic. Le premier cadavre était celui de Ramiz Ahmic ; le deuxième de

 20   Nazif Ahmic, c'était le fils de Ramiz ; le troisième était le fils de

 21   Nazif Ahmic et le quatrième, nous ne l'avons pas reconnu.

 22   M. Susak (interprétation). - Et vous êtes allés où par la suite ?

 23   M. Covic (interprétation). – Josip et moi-même, nous sommes allés vers la

 24   maison de Nazif, c'est la que Josip est resté et moi j'ai continué jusqu'à

 25   la maison de Nazif Ahmic et j'ai essayé d'appeler, mais personne ne


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  1   répondait. Entre-temps j'ai entendu un enfant qui pleurait dans l'étable ;

  2   j'ai ouvert la porte de l'étable et je les ai laissés sortir et je leur ai

  3   indiqué la maison de Slavko Vrebac.

  4   M. Susak (interprétation). - Et les deux hommes portant l'uniforme et

  5   Slavko Rajkovic étaient restés où ?

  6   M. Covic (interprétation). - Josip et moi nous sommes allés en bas de la

  7   maison de Ramiz Ahmic, je ne sais pas, ils sont restés par là. Je ne sais

  8   pas ou ils sont allés par la suite.

  9   M. Susak (interprétation). - Il y a bien une route Novi Travnik-Busovaca,

 10   vous nous l'avez dit. Y a-t-il une haie à côté de la partie goudronnée de

 11   la route, qui est orientée vers les maisons des Ahmic Ramiz et les

 12   autres ? Et quel type de haie c'était ?

 13   M. Covic (interprétation). - Il y a bien une haie, une haie toute simple,

 14   ordinaire vers la partie de Razim, c'était un peu sauvage et vers Nazif,

 15   c'était plus ordonné.

 16   M. Susak (interprétation). - Donc vers la maison de Nazif, c'était une

 17   haie taillée, alors que dans les deux autres maisons Ahmic, vers ces deux

 18   autres maisons Ahmic, elle était plus sauvage ?

 19   M. Covic (interprétation). - Oui.

 20   M. Susak (interprétation). - Vous avez mentionné Slavko Rajkovic.

 21   M. Covic (interprétation). – Oui.

 22   M. Susak (interprétation). - Comment était-il habillé ce jour-là ?

 23   M. Covic (interprétation). - Il portait un uniforme noir et son visage

 24   était peint.

 25   M. Susak (interprétation). - Etait il armé ?


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  1   M. Covic (interprétation). – Oui.

  2   M. Susak (interprétation). - Savez-vous s'il est en vie aujourd'hui ?

  3   M. Covic (interprétation). - Non.

  4   M. Susak (interprétation). - Savez-vous s'il a été tué ?

  5   M. Covic (interprétation). - Oui.

  6   M. Susak (interprétation). - Quand ?

  7   M. Covic (interprétation). - Ce jour-là peut-être une heure et demie après

  8   qu'on ait laissé sortir de l'étable la famille de Ramiz.

  9   M. Susak (interprétation). - Vous le reconnaîtriez aujourd'hui ?

 10   M. Covic (interprétation). - Oui.

 11   M. Susak (interprétation). – Savez-vous quand il a été tué ?

 12   Est-ce qu'il y avait encore quelqu'un avec lui qui avait été blessé ?

 13   M. Covic (interprétation). - Ce jour-là, le jour de la mort de Slavko

 14   Rajkovic, Ivica Semrin et Jifkovic ont été blessés. C'était derrière la

 15   maison d'Izet Karalic.

 16   M. Susak (interprétation). - Nous avons ici des photographies de la police

 17   militaire. Je voudrais demander l'assistance de l'huissier pour vous

 18   soumettre la photographie de Slavko Rajkovic pour que vous nous disiez si

 19   vous le reconnaissez. J'ai aussi des copies pour le Tribunal et donc pour

 20   le témoin.

 21   (L'huissier s'exécute.)

 22   Mme le Greffier. – Quelle est la cote soumise au témoin ?

 23   M. Susak (interprétation). – (Hors micro.) Je voudrais demander à ce que

 24   la pièce 355 soit mise à l'écran et qu'on l'ouvre à la page 76 où se

 25   trouve la photographie de Slavko Rajkovic.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   Pouvez-vous nous dire : est-ce bien la photographie de Slavko Rajkovic ?

  3   M. Covic (interprétation). - Oui.

  4   M. Susak (interprétation). – Qu'est-il marqué ? Quant a-t-il été tué ?

  5   M. Covic (interprétation). - Le 16 avril.

  6   M. Susak (interprétation). – En quelle année ?

  7   M. Covic (interprétation). - 1993.

  8   M. Susak (interprétation). – Donc le jour que vous venez de nous dire ?

  9   M. Covic (interprétation). - Oui.

 10   M. Susak (interprétation). – Pourquoi est-il marqué qu'il a été tué à

 11   Vitez et non pas à Santici ?

 12   M. Covic (interprétation). - Parce que Santici fait partie de la

 13   municipalité de Vitez.

 14   M. Susak (interprétation). – Donc c'est bien la municipalité de Vitez dont

 15   il s'agit ?

 16   M. Covic (interprétation). - Oui.

 17   M. Susak (interprétation). – Merci, c'est tout. Pourriez-vous nous dire

 18   quelles autres maisons se trouvent à côté de Ramiz, Asim et Nazif Ahmic ?

 19   En d'autres mots, à quelle distance se trouvaient ces trois maisons de la

 20   maison de Musafer Puscul ?

 21   M. Covic (interprétation). – 80 mètres en ce qui concerne… Oui, 80 mètres.

 22   M. Susak (interprétation). – Est-ce que de la maison de Nazif ou Asim

 23   Ahmic, on peut voir si quelqu'un s'approchait ? Ou par exemple si un

 24   groupe de soldats venait de la maison de Musafer Puscul ?

 25   M. Covic (interprétation). – Oui, parce que la porte de la maison d'Asim


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  1   est orientée vers la partie, vers la section de la route qui mène vers la

  2   maison de Musafer.

  3   M. Susak (interprétation). – Je vais bien reprendre une fois de plus :

  4   pourriez-vous nous dire comment était habillé Slavko Rajkovic ?

  5   M. Covic (interprétation). - Il portait un uniforme noir.

  6   M. Susak (interprétation). – Et son visage était-il peint ?

  7   M. Covic (interprétation). – Oui, son visage était peint.

  8   M. Susak (interprétation). – Il a eu le visage peint et était habillé de

  9   la même façon que les individus qui s'étaient trouvés devant la maison de

 10   Asim Ahmic ? Je pense à ces deux personnes, à ces deux hommes.

 11   M. Covic (interprétation). – Oui, ils étaient habillés de la même façon et

 12   leur visage était peint de la même manière.

 13   M. Susak (interprétation). – Saviez-vous que Slavko Rajkovic était

 14   policier ?

 15   M. Covic (interprétation). – Non, je ne le savais pas.

 16   M. Susak (interprétation). – Vous l'avez appris à quel moment ?

 17   M. Covic (interprétation). - Par la suite. Le jour où il a été tué, deux

 18   personnes plus âgées ont apporté son cadavre vers un groupe de maisons, et

 19   il portait un insigne sur son bras gauche.

 20   M. Susak (interprétation). – Quel type d'insigne, s'il vous plaît ?

 21   M. Covic (interprétation). - Un insigne sur lequel était marqué : Police

 22   militaire-Joker.

 23   M. Susak (interprétation). – Comment se fait-il que de la partie sud de la

 24   route se trouvaient les maisons de Ramiz, Asim, Nazif Ahmic et d'autres ?

 25   Comment se fait-il que quelqu'un n'est pas venu de ce côté-là de la route


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  1   chercher les familles des trois Ahmic pour les abriter ? Alors que vous

  2   qui vous trouviez de l'autre côté de la route, vous saviez qu'il y avait

  3   des Musulmans de ce côté-là de la route ? Eh bien, ces Musulmans n'ont pas

  4   été emmenés. Comment cela se fait ?

  5   M. Covic (interprétation). – Parce que Jozo Lovric et Anto Vidovic se

  6   trouvaient aussi dans l'abri. Et puis ils sont venus dans la maison. Je

  7   pense à l'abri de Slavko Vrebac. Je pense que les autres s'y trouvaient :

  8   des femmes et des enfants. On a dit que la famille de Ramiz n'y était pas,

  9   qu'ils n'étaient pas venus pour des raisons de sécurité.

 10   M. Susak (interprétation). – Donc vous qui vous trouviez du côté nord de

 11   la route qui se trouve assez loin de vôtre maison, vous saviez qu'il y

 12   avait des gens qui étaient restés dans la maison de Nazif Ahmic, Asim

 13   Ahmic et Razim Ahmic. Donc il possédait ces renseignements ?

 14   M. Covic (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Pourriez-vous nous dire à côté de quelles

 16   maisons Slavko Rajkovic a été tué ?

 17   M. Covic (interprétation). – A côté de la maison de Izet Karalic.

 18   M. Susak (interprétation). – Et où se trouve cette maison par rapport à la

 19   maison de Josip Vidovic ?

 20   M. Covic (interprétation). - Au nord.

 21   M. Susak (interprétation). – Donc au nord de la route et aussi au nord de

 22   la maison de Josip Vidovic ? A quelle distance ?

 23   M. Covic (interprétation). – A quelques 200 mètres.

 24   M. Susak (interprétation). – Il savait donc qu'il y avait des Musulmans

 25   qui étaient restés dans la maison de Ramiz Ahmic et Asim Ahmic.


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  1   Une dernière question : quand vous vous êtes rendu vers l'étable avec

  2   Slavko Rajkovic, l'étable de Razim Ahmic où se trouvaient ces deux hommes

  3   -ces deux individus qui avaient le visage peint et qui étaient habillés en

  4   noir-, avez-vous compris que Slavko Rajkovic leur avait ordonné de laisser

  5   les Musulmans sortir de l'étable de Razim Ahmic ?

  6   M. Covic (interprétation). - C'est bien comme cela qu'il m'a semblé que

  7   les choses s'étaient passées. Je pense qu'il devait avoir une espèce

  8   d'autorité sur eux.

  9   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, je n'ai plus de

 10   questions à poser à ce témoin.

 11   M. le Président (interprétation). – Merci. Maître Pavkovic ?

 12   M. Pavkovic (interprétation). – Non, Monsieur le Président. Comme c'était

 13   bien le cas ces derniers temps, les autres conseils de la défense n'ont

 14   pas de questions à poser à ce témoin.

 15   M. le Président (interprétation). – Maître Terrier ?

 16   M. le Président. – Nous allons faire une pause maintenant.

 17   M. Terrier. – Comme vous voudrez, Monsieur le Président. 

 18   M. le Président. – Vous avez beaucoup de questions ? Quand même plus que

 19   10 minutes ?

 20   M. le Président (interprétation). – Nous allons donc faire une pause

 21   maintenant, une pause de 30 minutes, comme d'habitude.

 22   (L'audience suspendue à 10 heures 05 est reprise à 10 heures 35.)

 23   M. le Président (interprétation). – Maître Terrier, allez-y.

 24   M. Terrier. – Bonjour Monsieur le Témoin. Mon nom est Franck Terrier. Je

 25   suis l'un des représentants de l'accusation dans ce procès. Je vais vous


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  1   poser quelques questions à la suite de votre témoignage.

  2   Tout d'abord, j'aimerais que nous revenions à votre situation

  3   professionnelle ou militaire qui ne m'a pas paru, tout à l'heure,

  4   extrêmement claire. Vous nous avez dit –si j'ai bien compris- que vous

  5   aviez une activité de nature militaire, ou dans un cadre militaire, mais

  6   que vous étiez formellement un réserviste et non pas un militaire

  7   d'active. Ai-je bien compris ?

  8   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas la question.

  9   M. Terrier. – Je vais procéder autrement. Pouvez-vous nous décrire les

 10   activités qui étaient les vôtres ce mois d'avril 1993, avant le 16 avril ?

 11   Quelles étaient vos activités aussi précisément que possible ?

 12   M. Covic (interprétation). - Je travaillais pour le centre d'alerte. J'y

 13   travaillais activement mais c'était un organisme civil de la municipalité

 14   de Vitez, sous l'autorité du secrétariat de la défense de la municipalité

 15   de Vitez.

 16   M. Terrier. – Donc c'était un organisme relevant du département de la

 17   défense de Vitez, c'est bien cela ?

 18   M. Covic (interprétation). - C'était la partie civile de la municipalité

 19   de Vitez, c'était un centre de surveillance, un centre d'alerte ; il

 20   s'agissait d'alerter les gens par exemple, en cas de catastrophe

 21   naturelle. Moi, je restais assis à côté du téléphone et les gens pouvaient

 22   nous appeler pour obtenir des informations si besoin était.

 23   M. Terrier. – Et de quelle hiérarchie dépendiez-vous à ce moment-là ?

 24   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas la question.

 25   M. Terrier. – Qui vous donnait des ordres dans l'exercice de vos


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  1   activités ?

  2   M. Covic (interprétation). – Dragan Stojak, c'était le chef du centre

  3   d'alerte et de surveillance.

  4   M. Terrier. – Et qui était Anto Bertovic ?

  5   M. Covic (interprétation). – Anto Bertovic était le commandant du

  6   bataillon ou de la brigade, je ne sais pas exactement quel est le terme

  7   exact.

  8   M. Terrier. – Etiez-vous sous les ordres d'Anto Bertovic ?

  9   M. Covic (interprétation). - Non.

 10   M. Terrier. – Portiez-vous un uniforme dans l'exercice de vos activités ?

 11   M. Covic (interprétation). - Oui.

 12   M. Terrier. – Pouvez-vous décrire le type d'uniforme que vous portiez ?

 13   M. Covic (interprétation). - Un uniforme de camouflage que je m'étais

 14   acheté moi-même et que n'importe qui pouvait acheter à ce moment-là ;

 15   c'était très courant comme genre d'uniforme.

 16   M. Terrier. – Cet uniforme comportait-il des insignes ?

 17   M. Covic (interprétation). – Non, il n'y avait pas d'insigne.

 18   M. Terrier. – Est-ce que dans l'exercice quotidien de vos activités, vous

 19   aviez coutume de rentrer chez vous le soir ? Ou pouvait-il vous arriver de

 20   rester à Vitez, dans le centre de communication ?

 21   M. Covic (interprétation). – J'allais au travail tous les jours et je

 22   rentrais à la maison le jeudi. Je travaillais plusieurs jours de suite, je

 23   rentrais le jeudi et j'avais le vendredi de libre. C'était un accord que

 24   j'avais passé parce que j'avais des problèmes de santé, donc je ne

 25   travaillais jamais le vendredi.


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  1   M. Terrier. – Venons-en maintenant au 16 avril. Vous nous avez dit que

  2   vous avez été réveillé par les tirs, ou en tout cas que l'on vous a

  3   informé de ces tirs. Vous nous avez dit que vous étiez resté toute la

  4   matinée dans votre maison. Est-ce bien exact ? J'ai bien compris cela ?

  5   M. Covic (interprétation). - Oui. J'ai été réveillé par des tirs.

  6   M. Terrier. – Etes-vous resté chez vous pendant toute la matinée ?

  7   M. Covic (interprétation). - Oui.

  8   M. Terrier. – Comment étiez-vous habillé ?

  9   M. Covic (interprétation). – Avec cet uniforme de camouflage que j'avais

 10   acheté.

 11   M. Terrier. – Portiez-vous une arme ?

 12   M. Covic (interprétation). - Non.

 13   M. Terrier. – Vous nous avez dit, si j'ai bien compris votre témoignage,

 14   que votre frère Zoran est resté avec vous pendant cette matinée. Est-ce

 15   bien exact ?

 16   M. Covic (interprétation). – Oui, c'est exact.

 17   M. Terrier. – Quelles étaient les activités de votre frère Zoran à cette

 18   époque ?

 19   M. Covic (interprétation). - Il était avec moi à la maison, on n'a rien

 20   fait. Nous n'avions pas besoin de quitter la maison à ce moment-là. Il y

 21   avait beaucoup de cambriolages, de chose de ce genre, donc nous avons

 22   décidé de rester chez nous.

 23   M. Terrier. – Votre frère avait un emploi, une activité -c'était là ma

 24   question- à cette époque-là ?

 25   M. Covic (interprétation). - Mon frère travaillait pour une entreprise qui


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  1   s'appelle Princip. Mais à cette époque il était en vacances.

  2   M. Terrier. – Depuis quand était-il en vacances ?

  3   M. Covic (interprétation). - Je ne m'en souviens plus. Je crois qu'il

  4   était en vacances depuis quelques jours, mais je ne me souviens pas

  5   exactement de la date du début de ces vacances.

  6   M. Terrier. – Est-ce qu'habituellement votre frère Zoran résidait, quand

  7   il travaillait, à Ahmici ou ailleurs ?

  8   M. Covic (interprétation). - Mon frère habitait à Santici.

  9   M. Terrier. – Comment était habillé votre frère ce jour-là ?

 10   M. Covic (interprétation). - Il était habillé en civil.

 11   M. Terrier. – Vous nous avez parlé tout à l'heure, Monsieur le Témoin, de

 12   Rajkovic. Vous nous avez dit que ce Rajkovic, ce personnage a été tué le

 13   16 avril. Pouvez-vous nous indiquer aussi précisément que possible d'où

 14   vous tenez ces informations ?

 15   M. Covic (interprétation). – Je ne comprends pas vraiment votre question.

 16   Pouvez-vous la répéter s'il vous plaît ?

 17   M. Terrier. - Vous nous avez parlé de Rajkovic, un homme de la police

 18   militaire, des Jokers, un membre des Jokers, selon votre témoignage, qui

 19   aurait été tué le 16 avril à Santici, Pirici ou Ahmici. Est-ce que vous

 20   avez été témoin personnellement de cette mort ?

 21   M. Covic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux.

 22   Je n'étais pas présent, mais c'est Drazenko Vidovic qui m'en a parlé, lui

 23   il avait été blessé.

 24   M. Terrier. - Vous avez parlé aussi d'un certain Semrin, vous vous

 25   souvenez ? Ivica Semrin ?


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  1   M. Covic (interprétation). – Ivica Semrin, oui j'en ai parlé.

  2   M. Terrier. – Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce que vous nous en

  3   avez dit, simplement pour la clarté de votre témoignage ?

  4   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas la question.

  5   M. Terrier. - Qu'est-ce que vous nous avez dit tout à l'heure à propos

  6   d'Ivica Semrin, je vous demande simplement de le rappeler, simplement de

  7   le répéter ?

  8   M. Covic (interprétation). – Tout ce que je sais, c'est qu'il a été blessé

  9   au même endroit où Slavko Rajkovic a été tué, parce que plus tard, après

 10   une certaine période de temps, j'ai appris que ces événements avaient eu

 11   lieu.

 12   M. Terrier. - Voulez-vous nous dire par qui vous avez appris que ces

 13   événements ont eu lieu -et je pense aux blessures subies par Ivica

 14   Semrin ? Par qui l'avez-vous appris et quand l'avez-vous appris ?

 15   M. Covic (interprétation). - J'en ai entendu parler une heure et demie

 16   après la libération de la famille de Ramic Ahmic, parce que Drazenko

 17   Vidovic avait été blessé et il m'a parlé de ce qui s'était passé.

 18   M. Terrier. – Qui était Ivica Semrin ?

 19   M. Covic (interprétation). - C'était mon voisin.

 20   M. Terrier. – C'était un soldat ?

 21   M. Covic (interprétation). - Non.

 22   M. Terrier. - J'ai sous les yeux (Monsieur le Président, j'indique au

 23   Tribunal que je ne l'ai pas communiqué à la défense car j'ignorais que cet

 24   épisode, somme toute secondaire, serait évoqué), mais j'indique au

 25   Tribunal, ainsi qu'à la défense et au témoin, que j'ai sous les yeux un


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  1   certificat émanant de la brigade de Vitez indiquant qu'Ivica Semrin, né le

  2   29 avril 1973 à Vitez, a été un membre du HVO -brigade de Vitez- depuis le

  3   8 avril 1992 ; qu'il a été blessé le 16 avril 1993 à Ahmici alors qu'il

  4   exécutait des ordres de combat donnés par l'autorité compétente. Il est

  5   précisé qu'ont été témoins de ses blessures, notamment Zoran Covic.

  6   Avez-vous compris Monsieur le Témoin ?

  7   M. Covic (interprétation). - Non je n'ai pas compris. Pouvez-vous répéter

  8   je vous prie.

  9   M. Terrier. – Monsieur le Témoin, j'ai sous les yeux un document -je vais

 10   le remettre au Tribunal et à la défense-, un document officiel selon

 11   lequel Ivica Semrin a été blessé le 16 avril 1993 à Ahmici alors qu'il

 12   combattait dans les rangs du HVO, brigade de Vitez. Premier point.

 13   Deuxième point : il est indiqué qu'à été témoin de ces blessures, votre

 14   frère Zoran Covic.

 15   M. Covic (interprétation). - A ma connaissance, j'ai dit qu'Ivica n'était

 16   pas un militaire. En tout cas il n'avait pas d'uniforme de camouflage.

 17   Pour ce qui est de Zoran Covic, je ne sais pas s'il était présent ou pas,

 18   je ne peux pas le dire.

 19   M. Terrier. - C'est donc l'uniforme de camouflage qui fait le soldat ?

 20   M. le Président (interprétation). – Maître Glumac ?

 21   Mme. Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, je veux signaler

 22   que le document qu'a mentionné le Procureur, nous n'en disposons pas. On

 23   nous avait déjà dit qu'il fallait nous le soumettre avant l'audience. Et

 24   nous n'avons eu aucune information là-dessus auparavant, donc nous n'avons

 25   pas le document auquel se réfère le Procureur.


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  1   M. le Président. - On le savait déjà parce que Maître Terrier nous a dit

  2   deux fois que le document n'a pas été remis à la défense parce qu'il ne

  3   pensait pas que ce problème serait soulevé aujourd'hui. Donc vous avez

  4   tout à fait raison, mais on le savait.

  5   M. Terrier. – J'ajoute, Monsieur le Président, qu'il est parfois difficile

  6   de préparer certains contre-interrogatoires ; lorsque nous avons des

  7   sommaires tels que celui qui nous a été fourni pour ce témoin, où il est

  8   indiqué très clairement que ce témoin était un soldat du HVO le 16 avril.

  9   Or il semble, c'est écrit en toutes lettres, dépendant du bataillon

 10   commandé par Anto Bertovic. Ce témoin nous dit le contraire.

 11   Il est quelquefois difficile de préparer de manière efficace et précise

 12   nos contre-interrogatoires. Je regrette de ne pas avoir eu l'occasion de

 13   communiquer à Madame et MM. les Juges, ainsi qu'aux avocats de la défense

 14   ce document, mais je peux inviter Monsieur l'huissier à le mettre sur le

 15   rétroprojecteur. Et bien entendu, aujourd'hui même, il sera distribué à

 16   chacun de vous.

 17   (L'huissier s'exécute.)

 18   M. le Président. - Si Me Susak le demande, il pourra demander, suggérer

 19   que le réexamen de l'interrogatoire supplémentaire de ce témoin soit remis

 20   à demain, de manière à lui permettre de se préparer et lire de manière

 21   très attentive ce document. C'est à Me Susak de poser la question.

 22   M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je souhaiterais

 23   bénéficier de ce droit de contre-interroger le témoin demain, d'effectuer

 24   l'interrogatoire supplémentaire. Je serais très bref je vous le signale.

 25   Je prie Monsieur le Président, Madame le Juge, Monsieur le Juge, de


Page 9800

  1   m'autorise à parler de ce document avec le témoin.

  2   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

  3   M. le Président. - D'accord, vous êtes autorisé à parler de ce document

  4   avec le témoin, cet après-midi j'imagine.

  5   Mme le Greffier. - Ce document sera coté 369.

  6   M. Terrier. – Si Mesdames et Messieurs les avocats de la défense

  7   souhaitent que la version en langue serbo-croate soit mise sur le

  8   rétroprojecteur, c'est possible, c'est la version anglaise.

  9   M. le Président. - Vous souhaitez poser d'autres questions concernant ce

 10   document ?

 11   M. Terrier. - Je souhaitais simplement obtenir une réaction du témoin. Je

 12   n'irai pas plus loin.

 13   Monsieur le Témoin, ce document n'indique-t-il pas qu'Ivica Semrin était

 14   un soldat du HVO -brigade de Vitez-, et qu'il était en action,

 15   accomplissant les ordres qui lui avaient été donné par sa hiérarchie le

 16   16 avril à Ahmici, que c'est dans ces conditions-là qu'il a été blessé ?

 17   Est-ce que ce document n'indique pas cela ?

 18   M. Covic (interprétation). - J'ai déjà dit que pour moi, à mon avis, un

 19   militaire doit porter un uniforme et c'est un uniforme de camouflage. Donc

 20   à ma connaissance Ivica n'avait pas d'uniforme de camouflage.

 21   M. Terrier. – Donc à vous entendre et à vous suivre c'est l'uniforme qui

 22   fait le soldat ?

 23   M. Covic (interprétation). - Oui.

 24   M. Terrier. – Or, vous, vous aviez un uniforme ?

 25   M. Covic (interprétation). – Oui.


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  1   M. Terrier. – Donc vous étiez soldat si on doit vous croire ?

  2   M. Covic (interprétation). – Non, je n'étais pas soldat, je n'avais pas

  3   d'insigne, j'ai acheté mon uniforme.

  4   M. Terrier. – Comment expliquer que tout à l'heure votre oncle qui a

  5   témoigné avant vous, Josip Vidovic, a dit quand la question lui a été

  6   posée au moment du contre-interrogatoire -ce doit être la ligne 26 du

  7   transcript- que vous étiez en vêtements civils ? Comment a-t-il pu faire

  8   une erreur pareille ?

  9   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas la question. De quoi

 10   parlez-vous ?

 11   M. Terrier. – Je vais passer à une autre question. Pouvez-vous nous dire

 12   maintenant ce qui vous est arrivé après le 16 avril ? Qu'avez-vous fait

 13   après le 16 avril 1993 ?

 14   M. Covic (interprétation). - Le 16 avril 1993, Slavko Papic est venu me

 15   chercher chez moi. Il m'a demandé de me rendre à Pirici. Je ne voulais pas

 16   car j'avais des problèmes avec mon dos. Mais j'ai dû quand même me rendre

 17   à Pirici, dans l'après-midi j'ai été blessé.

 18   Donc je me trouvais là-bas, je souffrais, j'avais mal au dos puisque

 19   j'étais en mouvement toute la journée et après je suis rentré chez moi.

 20   C'est à cette occasion que j'ai été blessé par un éclat d'obus. J'aurais

 21   bien aimé avoir eu la possibilité de rester dans le centre, je n'aurais

 22   pas été blessé.

 23   M. Terrier. – C'est le 16 avril 1993 que vous avez été blessé ? C'est le

 24   16 avril, c'est cela ?

 25   M. Covic (interprétation). - Non, le 17 avril, dans l'après-midi.


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  1   M. Terrier. – Que faisiez-vous quand vous avez été blessé ?

  2   M. Covic (interprétation). - Ce n'était pas une blessure grave. J'ai été

  3   touché au dos, on m'a transporté au village, et par la suite à Busovaca

  4   jusqu'au dispensaire de Busovaca. Après, on m'a transféré chez moi et j'ai

  5   été soigné à la maison.

  6   M. Terrier. – Ma question était : qu'étiez-vous en train de faire quand

  7   vous avez été blessé ?

  8   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas la question.

  9   M. le Président. – Je voudrais rappeler au témoin qu'il a fait la

 10   déclaration de dire la vérité. Donc la violation de cette déclaration

 11   comporte des conséquences graves.

 12   Monsieur le Témoin, faites un effort de comprendre. La question que le

 13   Procureur vient de poser est très simple.

 14   Monsieur le Procureur, pouvez-vous reposer de nouveau votre question.

 15   M. Terrier. – Volontiers Monsieur le Président. Monsieur le Témoin, vous

 16   nous avez dit que vous avez été blessé le 17 avril 1993. Je vous demande

 17   simplement de nous dire dans quelles circonstances vous avez été blessé.

 18   Qu'étiez-vous en train de faire à ce moment-là ? La question est-elle

 19   claire ? La comprenez-vous ?

 20   M. Covic (interprétation). - Je me trouvais dans le secteur de Pirici.

 21   Deux ou trois personne étaient avec moi, on était ensemble.

 22   Après, je voulais rentrer chez moi puisque je ne pouvais plus supporter la

 23   douleur, j'ai été blessé par un éclat d'obus.

 24   M. Terrier. – Monsieur le Témoin, je repose ma question : qu'étiez-vous en

 25   train de faire quand vous avez été blessé ? Etiez-vous en train d'exécuter


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  1   des ordres de combat ?

  2   M. Covic (interprétation). - Si j'ai bien compris, le 17 mars lorsque j'ai

  3   perçu des fusils, j'étais à la fortification, j'étais assigné à la

  4   fortification de la ligne.

  5   M. Terrier. – Donc le 16 avril vous êtes un civil en uniforme à Ahmici,

  6   mais le 17 avril vous êtes un combattant armé sur la ligne de front. C'est

  7   bien exact ?

  8   M. Covic (interprétation). - Oui.

  9   M. Terrier. – Pouvez-vous nous décrire comment vous êtes passé de l'un a

 10   l'autre ?

 11   M. Covic (interprétation). - J'ai dit déjà que Slavko Papic est venu me

 12   chercher dans la matinée, je ne me souviens plus de l'heure exacte. Il m'a

 13   dit d'aller à Pirici. Je m'y suis opposé parce que j'avais mal au dos et

 14   que je ne pouvais pas me rendre à Pirici. Malheureusement, il n'y a pas eu

 15   de résultats, j'ai été obligé de me rendre à Pirici, dans le secteur de

 16   Pirici.

 17   M. Terrier. – Qui était Slavko Papic à ce moment-là ?

 18   M. Covic (interprétation). – A l'époque, c'était mon commandant. Slavko

 19   Papic était mon commandant.

 20   M. Terrier. – Mais quelles étaient ses responsabilités ? Il commandait

 21   quoi ?

 22   M. Covic (interprétation). - Je ne sais pas exactement, non je ne sais

 23   pas. S'il est venu me chercher c'est parce qu'à l'époque, à ma

 24   connaissance, il y avait des gardes, on organisait des patrouilles. Et lui

 25   en quelque sorte, il se chargeait des personnes âgées et leur assignait


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  1   des missions.

  2   M. Terrier. – Vous ne pouvez pas donner d'autres précisions, je dirai plus

  3   compréhensibles, sur les responsabilités de Slavko Papic ? Vous n'étiez

  4   pas une personne âgée et vous n'étiez pas assigné à une garde. Je ne

  5   comprends pas ce que vous dites.

  6   M. Covic (interprétation). - Je ne savais pas ce qu'étaient les tâches

  7   qu'accomplissaient Slavko. Mais je n'ai pas tout à fait compris quand vous

  8   avez posé votre question en ce qui me concernait. Pouvez-vous la préciser,

  9   je vous prie ?

 10   M. Terrier. – Je vais vous poser une autre question : bien que vous ne

 11   saviez pas les responsabilités de Slavko Papic vous saviez en tout cas que

 12   vous deviez lui obéir. Ca, c'est clair.

 13   M. Covic (interprétation). - Oui évidemment. La veille… un instant je vous

 14   prie. J'estimais que c'était mon devoir de me rendre à Pirici si je

 15   pouvais aider en quelque sorte, mais je n'ai pas pu aider. J'aurais

 16   préféré rester dans le centre, être de garde dans le centre que d'être

 17   blessé évidemment.

 18   M. Terrier. - Qu'est-ce qui s'est passé la veille ? Vous avez commencé

 19   votre phrase en parlant de la veille. C'est la veille qu'on vous a assigné

 20   cette tâche, c'est-à-dire le 16 avril ?

 21   M. Covic (interprétation). – Non, non. Pas le 16, le 17, lorsque Slavko

 22   Papic est venu chez moi pour me demander d'aller dans le secteur de

 23   Pirici.

 24   M. Terrier. - A quel moment vous avez reçu les armes ?

 25   M. Covic (interprétation). - Quand je suis arrivé à Pirici.


Page 9805

  1   M. Terrier. - Qui vous a remis ces armes ?

  2   M. Covic (interprétation). - Un homme d'un certain âge, il s'agissait d'un

  3   fusil M 48.

  4   M. Terrier. - Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions à

  5   poser au témoin.

  6   M. le Président. – Merci. Donc comme nous avons décidé avant, et à la

  7   demande de Me Susak, on reporte à demain l'interrogatoire supplémentaire.

  8   C'est bien cela Maître Susak ?

  9   M. Susak (interprétation). - Fort bien. Monsieur le Président, même si je

 10   pense que je pourrais effectuer l'interrogatoire supplémentaire

 11   maintenant, il n'est pas nécessaire de le reporter à demain je crois. Donc

 12   je ne tiens pas compte de ce document, ça n'est pas nécessaire d'en tenir

 13   compte.

 14   M. Terrier. - Monsieur le Président, j'ai simplement oublié de demander au

 15   Tribunal de joindre à son dossier la pièce 369.

 16   M. le Président. – C'est le document que vous avez soumis ?

 17   M. Terrier. - Oui Monsieur le Président.

 18   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 19   M. le Président. - Oui Maître Susak d'accord. Si vous êtes prêt à entamer

 20   votre interrogatoire supplémentaire, allez-y.

 21   M. Susak (interprétation). – Bien que je n'en ai pas parlé avec le témoin,

 22   je connais l'état des faits, les faits qui sont concernés.

 23   M. Covic, vous nous avez dit qu'Ivica Semrin portait quel type d'habit ?

 24   Portait-il un uniforme militaire ou était-il habillé en civil ?

 25   M. Covic (interprétation). - Il portait des habits civils.


Page 9806

  1   M. Susak (interprétation). - Donc il était habillé en civil. Drajeko

  2   Vidovic, quelle sorte d'uniforme portait-il ?

  3   M. Covic (interprétation). – Il portait des habits civils.

  4   M. Susak (interprétation). - Donc il était aussi en civil ? Est-ce que

  5   Slavko Rajkovic lui, portait un uniforme ou des habits civils ?

  6   M. Covic (interprétation). - Il portait un uniforme noir.

  7   M. Susak (interprétation). - Vous nous avez parlé du 16 avril 1993. Quand

  8   ont eu lieu les tirs à Ahmici ou plutôt à Santici ? Le matin ou l'après-

  9   midi ?

 10   M. Covic (interprétation). - Je ne comprends pas votre question.

 11   M. Susak (interprétation). - Les tirs, le 16 avril 1993 ?

 12   M. Covic (interprétation). - Cela a commencé le matin à 5 heures 30.

 13   M. Susak (interprétation). - Quand ces tirs se sont arrêtés d'après vous,

 14   puisque vous étiez dehors ce jour-là ?

 15   M. Covic (interprétation). - Cela a duré toute la journée.

 16   M. Susak (interprétation). – Quand est-ce que les tirs les plus intenses

 17   se sont calmés ?

 18   M. Covic (interprétation). - Le matin.

 19   M. Susak (interprétation). - Donc d'après vous, si vous nous dites le

 20   matin, vous nous parlez d'avant midi, j'imagine que c'est avant midi que

 21   les tirs ont cessé ?

 22   Vous nous avez dit que Slavko Rajkovic avait été tué et qu'Ivica Semrin

 23   était civil, et que Drazenko Vidovic lui aussi avait été blessé. Donc ils

 24   avaient été blessés. Est-ce qu'ils participaient à une opération

 25   quelconque ? Ou ont-ils été pris en embuscade alors que les tirs avaient


Page 9807

  1   cessé ?

  2   M. Covic (interprétation). - D'après ce que je sais, ils ont été pris en

  3   embuscade.

  4   M. Susak (interprétation). – Donc, ils ne participaient pas à une

  5   opération militaire ?

  6   M. Covic (interprétation). - Non.

  7   M. Susak (interprétation). - Que faisaient-ils ? Ils se promenaient, ils

  8   marchaient ?

  9   M. Covic (interprétation). - Oui ils marchaient.

 10   M. Susak (interprétation). – Ivica Serbin et Drazenko Vidovic ont été

 11   blessés. Ont ils été soignés ?

 12   M. Covic (interprétation). – Oui, je sais qu'ils ont été soignés après

 13   avoir été blessés.

 14   M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous avez vu le cadavre Slavko

 15   Rajkovic ?

 16   M. Covic (interprétation). - Oui.

 17   M. Susak (interprétation). - Où avez-vous vu le cadavre ?

 18   M. Covic (interprétation). - Le 16 avril, juste avant le crépuscule. C'est

 19   à ce moment-là que les voisins l'ont ramené puisqu'ils avaient appris

 20   qu'il avait été tué.

 21   M. Susak (interprétation). - Savez-vous d'où on l'a ramené ?

 22   M. Covic (interprétation). – Je ne m'en souviens pas.

 23   M. Susak (interprétation). – Bien. Vous nous avez dit que vous vous étiez

 24   acheté un uniforme de camouflage ?

 25   M. Covic (interprétation). - Oui.


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  1   M. Susak (interprétation). – Que se serait-il passé si vous ne l'aviez pas

  2   acheté ? Comment vous seriez-vous rendu au centre d'alerte ? Dans quels

  3   habits ?

  4   M. Covic (interprétation). – Eh bien, j'y serais allé habillé en civil

  5   comme tous les gens qui travaillaient au centre.

  6   M. Susak (interprétation). – Etiez-vous obligé de porter un uniforme civil

  7   quand vous alliez au travail ?

  8   M. Covic (interprétation). - Non.

  9   M. Susak (interprétation). – Bien. Vous n'aviez pas d'uniforme. Aviez-vous

 10   un insigne quelconque sur vos habits ?

 11   M. Covic (interprétation). - Non. Je n'avais pas d'insigne. Mais les

 12   autres qui y travaillaient là-bas, depuis des années, avaient une espèce

 13   d'insigne qui indiquait qu'ils travaillaient au centre.

 14   M. Susak (interprétation). – Vous dites que Slavko Papic vous a dit le

 15   17 avril de vous rendre à Pirici sur la ligne de défense ?

 16   M. Covic (interprétation). - Oui.

 17   M. Susak (interprétation). – Considérez-vous que ce jour-là vous avez été

 18   mobilisé ?

 19   M. Covic (interprétation). - Ce jour-là, Slavko m'a envoyé sur la ligne de

 20   défense. J'ai pris mon arme, donc j'estime qu'à ce moment-là j'étais un

 21   soldat.

 22   M. Susak (interprétation). – A partir de quand ?

 23   M. Covic (interprétation). – A partir du 17 avril 1993.

 24   M. Susak (interprétation). – Donc vous estimez que vous avez été mobilisé

 25   le 17 avril 1993 ?


Page 9809

  1   M. Covic (interprétation). - Oui.

  2   M. Susak (interprétation). – Vous travailliez au centre d'alerte de

  3   surveillance, donc vous y étiez actif ?

  4   M. Covic (interprétation). – Oui, je m'y rendais tous les jours.

  5   M. Covic (interprétation). - Avant le 17 avril, est-il arrivé qu'on vous

  6   envoie à Vlacic ou à Kuber ?

  7   M. Covic (interprétation). - Non.

  8   M. Susak (interprétation). – Etiez-vous apte, en bonne santé ?

  9   M. Covic (interprétation). – Non, je n'étais pas en bonne santé, c'est

 10   pourquoi d'ailleurs je travaillais au centre de surveillance, au centre

 11   d'alerte.

 12   M. Susak (interprétation). – Pour résumer, vous considérez que

 13   Slavko Rajkovic, Drazenko Vidovic, Ivica Semrin ont été pris en

 14   embuscade ?

 15   M. Covic (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Se rendaient-ils à un endroit où ils allaient

 17   faire une tâche militaire ou une opération militaire ? Ou Marchaient-ils

 18   simplement dans la rue ?

 19   M. Covic (interprétation). – Ils marchaient simplement dans la rue.

 20   M. Susak (interprétation). – Savez-vous d'où on leur a tiré dessus ?

 21   M. Covic (interprétation). - Les tirs venaient de… eh bien, il y a une

 22   maison et c'est là d'où venaient les tirs.

 23   M. Susak (interprétation). – Le Procureur a suggéré qu'Ivica Semrin était

 24   membre du HVO. Etait-il membre du HVO ou était-il civil ce jour-là ?

 25   M. Covic (interprétation). - Je ne sais pas, mais il ne portait pas


Page 9810

  1   d'uniforme de camouflage, il ne portait pas de fusil, donc je pense que

  2   non.

  3   M. Susak (interprétation). – Donc pour vous il était civil ?

  4   M. Covic (interprétation). - Oui.

  5   M. Susak (interprétation). – Savez-vous si quelqu'un, à part vous, ce

  6   16 avril 1993, si quelqu'un d'autre est allé à la maison de Ramiz Ahmic ?

  7   M. Covic (interprétation). - Je n'ai pas compris votre question ?

  8   M. Susak (interprétation). – Savez-vous s'il y a quelqu'un d'autre, en

  9   dehors de vous, qui est allé à la maison de Ramiz Ahmic, en dehors de vous

 10   donc, le 16 avril 1993 ?

 11   Quelqu'un d'autre est-il allé dans cette maison ?

 12   M. Covic (interprétation). - En dehors de moi et de Josip Slavko ? Je ne

 13   sais pas.

 14   M. Susak (interprétation). – Je vous demande si quelqu'un s'est rendu dans

 15   cette maison avant votre arrivée ?

 16   M. Covic (interprétation). – (...)

 17   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

 18   questions. Merci.

 19   M. le Président (interprétation). – Merci. Nous n'avons pas de questions

 20   supplémentaires, Monsieur Covic, vous pouvez disposer.

 21   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 22   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 23  

 24   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 25   Bonjour Madame. Je vous prie de prononcer la déclaration solennelle.


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Bonjour. Mesdames et Messieurs les Juges, je

  2   déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que

  3   la vérité.

  4   M. le Président (interprétation). – Merci. Vous pouvez vous asseoir.

  5   Maître Susak ?

  6   M. Susak (interprétation). – Merci Monsieur le Président.

  7   Bonjour Madame Bralo.

  8   Mme Bralo (interprétation). - Bonjour.

  9   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous, s'il vous plaît, vous présenter,

 10   décliner votre identité, nous donner votre date de naissance ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Je m'appelle Finka Bralo, je suis née

 12   en 1958, j'habite à Santici avec mon mari et mes deux fils.

 13   M. Susak (interprétation). – Quel est le nom de votre mari ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Il s'appelle Anto Bralo.

 15   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire où se situe exactement

 16   votre maison ?

 17   Mme Bralo (interprétation). - Elle se situe à Santici.

 18   M. Susak (interprétation). – Se trouve-t-elle près de la maison d'Anto

 19   Papic ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 21   M. Susak (interprétation). – Avant de vous montrer une photographie

 22   aérienne, je vais d'abord vous poser quelques questions brèves.

 23   Pouvez-vous nous dire où vous vous trouviez le 15 avril 1993 ?

 24   Mme Bralo (interprétation). - Le 15 avril 1993, j'étais au travail.

 25   M. Susak (interprétation). – Où travailliez-vous ?


Page 9812

  1   Mme Bralo (interprétation). - Je travaillais pour la Forpronu.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc vous travailliez pour la Forpronu ?

  3   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  4   M. Susak (interprétation). – Pendant que vous travailliez pour la

  5   Forpronu, aviez-vous un uniforme ?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  7   M. Susak (interprétation). – En quoi consistait cet uniforme ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Il s'agissait d'un pantalon de couleur vert

  9   olive avec deux grandes poches sur les côtés, et d'autres poches

 10   également. Et puis en haut, c'était un imperméable.

 11   M. Susak (interprétation). – Un imperméable ?

 12   Mme Bralo (interprétation). – Oui, un imperméable.

 13   M. Susak (interprétation). – Le 15 avril 1993, vous avez travaillé pour la

 14   Forpronu ?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Et votre mari Anto Bralo, où travaillait-il ?

 17   Mme Bralo (interprétation). - Il travaillait également pour la Forpronu,

 18   on travaillait ensemble.

 19   M. Susak (interprétation). – Que faisait-il exactement là-bas ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Il s'occupait du chauffage. Il travaillait

 21   parfois la nuit suivant les horaires des équipes.

 22   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire s'il avait un uniforme

 23   semblable au vôtre ?

 24   Mme Bralo (interprétation). – Oui, c'est exactement le même uniforme.

 25   M. Susak (interprétation). – Je vais répéter ma question : avait-il un


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  1   uniforme qui lui avait été donné par la Forpronu ?

  2   Mme Bralo (interprétation). – Oui, par la Forpronu.

  3   M. Susak (interprétation). – Vous nous avez dit que vous-même et Anto

  4   Bralo étiez au travail le 15 avril 1993 ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  6   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, quand

  7   êtes-vous allés vous coucher le 15 avril 1993 ? A quelle heure ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Le 15 avril 1993, nous sommes allés nous

  9   coucher comme d'habitude à 10 h 30, 11 h 00 du soir, il fallait qu'on se

 10   lève tôt le lendemain matin, il fallait aller au travail. D'autre part, il

 11   fallait que je nourrisse les bêtes avant de partir au travail, ranger un

 12   peu la maison.

 13   M. Susak (interprétation). – Maintenant, nous allons parler du

 14   16 avril 1993. A quelle heure vous êtes-vous réveillés le matin ?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Le matin, nous avons été réveillés par des

 16   tirs donc nous nous sommes levés.

 17   M. Susak (interprétation). – Quel heure était-il ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Les tirs ont commencé environ à 5 heures 30.

 19   M. Susak (interprétation). – Cinq heures trente ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 21   M. Susak (interprétation). – Quelle a été votre réaction ?

 22   Mme Bralo (interprétation). – Eh bien, c'était une situation très

 23   stressante, il y avait ses tirs mais on devait aller au travail, nos

 24   enfants étaient dans la maison.

 25   M. Susak (interprétation). – Si vous aviez su que le conflit allait se


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  1   déclencher, seriez-vous restés dans la maison avec vos enfants ?

  2   Mme Bralo (interprétation). - Bien entendu que non.

  3   M. Susak (interprétation). – Donc vous seriez partis ?

  4   Mme Bralo (interprétation). - Bien entendu.

  5   M. Susak (interprétation). – Vous nous dîtes donc que vous vous êtes levée

  6   après avoir été réveillée par des tirs à environ 5 h 30 ?

  7   Mme Bralo (interprétation). – Oui.

  8   M. Susak (interprétation). – Qu'avez-vous vu ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - Je suis allés sur le balcon -nous avons un

 10   balcon en terrasse- et Mme Kovac, ma voisine, traversait en courant la

 11   prairie avec son mari. Ils se dirigeaient vers ma maison, ils sont arrivés

 12   chez nous.

 13   M. Susak (interprétation). – Bien. Et que s'est-il passé ensuite ?

 14   Mme Bralo (interprétation). – Kata est arrivée et mon mari les a invités à

 15   entrer. En fait, ils sont restés sur la terrasse à discuter.

 16   M. Susak (interprétation). – Quels étaient leurs noms ?

 17   Mme Bralo (interprétation). – Anto Bralo.

 18   M. Susak (interprétation). – Non, le nom des voisins ?

 19   Mme Bralo (interprétation). – Eh bien, leur nom était Kovac.

 20   M. Susak (interprétation). – Que s'est-il passé ensuite ?

 21   Mme Bralo (interprétation). – Eh bien, ils sont restés un peu à

 22   l'extérieur, mais moi j'ai fait rentrer ma voisine pour qu'on s'occupe des

 23   enfants. Ensuite, j'ai regardé dehors, ils étaient partis.

 24   M. Susak (interprétation). – Qui ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Mon mari et Anto Kovac.


Page 9815

  1   M. Susak (interprétation). – Anto Bralo et Franjo Kovac ?

  2   Mme Bralo (interprétation). – Oui.

  3   M. Susak (interprétation). – Et où sont-ils allés ?

  4   Mme Bralo (interprétation). - Ils sont partis le long de la route où se

  5   trouvait Drago Josipovic et Anto Papic, je pense qu'ils se sont dirigés

  6   vers eux. Mais ensuite Drago Josipovic et Anto Papic se sont dirigés vers

  7   la maison de Nikola Omazic.

  8   M. Susak (interprétation). – Dans la direction opposée ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 10   M. Susak (interprétation). – Et où sont allés Anto Bralo et M. Kovac ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Ils sont allés vers l'étable d'Anto Papic.

 12   M. Susak (interprétation). – Et les autres ? Les deux autres ? Drago et

 13   Anto Papic ont continué leur chemin ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Est-ce qu'Anto Papic et Drago Josipovic sont

 16   partis en direction de la maison de Nikola Omazic ? Dans cette direction-

 17   là ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 19   M. Susak (interprétation). – Avez-vous vu ce qui s'est passé ? Ont-ils

 20   rencontré quelqu'un ?

 21   Mme Bralo (interprétation). – Oui, (expurgée)

 22   avec leurs deux enfants qui arrivaient à leur rencontre.

 23   M. Susak (interprétation). – Y avait-il quelqu'un d'autre ?

 24   Mme Bralo (interprétation). -  Drago Josipovic et Anto Papic les ont donc

 25   rencontrés ; ils se sont arrêtés et ils ont discuté un petit peu, ensuite


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  1   ils sont tous revenus dans la direction de la maison d'Anto Papic.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc ont-ils continué le long de la route ou

  3   sont-ils revenus ?

  4   Mme Bralo (interprétation). – Non, ils sont tous revenus.

  5   M. Susak (interprétation). – Asim Ahmic était-il aussi parmi les

  6   Musulmans ?

  7   Mme Bralo (interprétation). – On m'a dit qu'il y était, mais je ne l'ai

  8   pas vu personnellement.

  9   M. Susak (interprétation). – Et où sont-ils allés ensuite ?

 10   Mme Bralo (interprétation). – Ils sont allés à la maison d'Anto Papic.

 11   M. Susak (interprétation). – Où étiez-vous vous-même quand ils sont passés

 12   sur la route ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - J'étais sur ma terrasse et j'étais

 14   surprise ; j'entrais, je sortais dans la maison mais je regardais souvent

 15   par la fenêtre, on voit très bien ce qu'il se passe dans la rue par ma

 16   fenêtre.

 17   M. Susak (interprétation). – Quelle heure était-il environ lorsque la

 18   famille de (expurgée) est arrivée à la maison d'Anto Papic ?

 19   Mme Bralo (interprétation). – A peu près, je pense, 6 h 20 ou 6 h 40, en

 20   tout cas pas plus tard.

 21   M. Susak (interprétation). – Savez-vous s'il y avait d'autres Musulmans

 22   d'Anto Papic le 16 avril 1993 ?

 23   Mme Bralo (interprétation). – Oui, tous les voisins du quartier, tous ceux

 24   qui habitaient dans notre rue se trouvaient là.

 25   M. Susak (interprétation). – Est-ce qu'ils se sentaient en sécurité dans


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  1   la maison d'Anto Papic ?

  2   Mme Bralo (interprétation). - Sans doute sinon ils ne seraient pas allés

  3   dans sa maison.

  4   M. Susak (interprétation). – Pendant la journée, êtes-vous allée chez Anto

  5   Papic ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Non, je n'y suis pas allée.

  7   M. Susak (interprétation). – Pourquoi n'y êtes-vous pas allée ?

  8   Mme Bralo (interprétation). – Eh bien, on n'avait pas beaucoup de contact

  9   avec sa famille, on ne se fréquentait pas beaucoup, il y avait des petits

 10   problèmes.

 11   M. Susak (interprétation). – Savez-vous quels autres Musulmans se

 12   trouvaient dans cette maison, ce jour-là ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - J'ai entendu dire qu'il y avait Camiz Ramic,

 14   Zilka Ramic et ses deux enfants. Mirsad Osmancevic, Saiba Osmancevic ainsi

 15   que ses trois enfants. Egalement (expurgée) avec ses deux enfants, sa

 16   mère. D'après ce que l'on m'a dit, je n'y suis pas allée, mais on m'a dit

 17   qu'ils se trouvaient dans la maison.

 18   Il y avait aussi (expurgée), et ses deux

 19   enfants.

 20   M. Susak (interprétation). – Vous nous les aviez déjà mentionnés. Bien.

 21   Est-ce qu'il y avait des Musulmans qui étaient dans la maison d'Anto Papic

 22   et qui sont venus chez vous ?

 23   Mme Bralo (interprétation). – Oui, (expurgée).

 24   M. Susak (interprétation). – Qui d'autres ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Son mari Hasim aussi.


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  1   M. Susak (interprétation). – Combien de temps sont-ils restés ?

  2   Mme Bralo (interprétation). – Hasim est resté avec mon mari devant la

  3   porte dans la cour. Sa femme est venue, elle est rentrée dans la maison,

  4   elle pleurait.

  5   M. Susak (interprétation). – Donc sa femme est rentrée et elle pleurait ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Oui, elle ne voulait pas s'asseoir sur le

  7   canapé. Elle pleurait, elle pleurait et se demandait ce qu'elle allait

  8   devenir. Elle s'est assise par terre, je lui ai donné un verre de jus de

  9   fruit, elle l'a bu, elle est restée là assise quelques temps et ensuite

 10   elle est partie.

 11   M. Susak (interprétation). – Les Musulmans pouvaient-ils sortir et rentrer

 12   librement de la maison d'Anto Papic ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - Bien entendu. Personne ne les en empêchait.

 14   M. Susak (interprétation). – Les avez-vous vus sortir ?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Pouvaient-ils aller dans la rue ?

 17   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 18   M. Susak (interprétation). – Vous avez parlé de Mirsad Osmancevic. Qui

 19   est-il ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Mirsad ?

 21   M. Susak (interprétation). – Oui.

 22   Mme Bralo (interprétation). - Mirsad était mon voisin. Mirsad était membre

 23   de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Souvent il allait je ne sais pas

 24   exactement où, il ne nous disait pas où il allait mais on avait entendu

 25   dire qu'il était membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il lui arrivait


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  1   de s'absenter de chez lui pendant une quinzaine de jours.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc tout le monde savait qu'il était membre

  3   de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  4   Mme Bralo (interprétation). – Oui, nous le savions tous.

  5   M. Susak (interprétation). – Donc il s'absentait ?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  7   M. Susak (interprétation). – Saviez-vous où il allait ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Je pense en fait, j'en suis sûre qu'il

  9   allait à Preocica.

 10   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'il s'agissait d'un centre

 11   d’entraînement des Musulmans ?

 12   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). - Très bien. Savez-vous si ce même jour, Mirsad

 14   était à Rovna ?

 15   Mme Bralo (interprétation). – Oui, il était à Rovna.

 16   M. Susak (interprétation). - A Rovna avec sa famille ?

 17   Mme Bralo (interprétation). – Oui avec ses enfants.

 18   M. Susak (interprétation). – Quel était l'âge de son plus jeune enfant ?

 19   Est-ce qu'il avait à peu près un an ou il était plus âgé ?

 20   Mme Bralo (interprétation). – Il avait à peu près un an.

 21   M. Susak (interprétation). - Je vais vous poser des questions au sujet de

 22   la disposition du plan de la maison d'Anto Papic et des conditions de vie.

 23   Mme Bralo (interprétation). - La maison d'Anto Papic ?

 24   M. Susak (interprétation). - Je sais bien que vous n'y êtes pas allée,

 25   mais pouvez-vous la décrire puisque vous y êtes allée auparavant ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Oui j'avais été dans cette maison

  2   auparavant, avant que nous cessions d'avoir des contacts. La disposition

  3   même de la maison, les arrangements intérieurs, ne sont pas formidables.

  4   Il y a une pièce qui sert à la fois de cuisine, de chambre et de salle à

  5   manger. Ensuite il y a une entrée très petite.

  6   M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous savez s'il y avait également

  7   des Croates en plus des Musulmans dans cette maison ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). - Qui était ce ?

 10   Mme Bralo (interprétation). -  Ljubica Papic, Andjelina Papic et Marko

 11   Papic et Anto Papic lui-même.

 12   M. Susak (interprétation). - Et la femme d'Anto, était elle en bonne

 13   santé ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Non.

 15   M. Susak (interprétation). - Et sa soeur était plus jeune ou plus âgée ?

 16   Mme Bralo (interprétation). – C'est une personne plus âgée.

 17   M. Susak (interprétation). - Est-ce que la femme d'Anto Papic est toujours

 18   en vie ?

 19   Mme Bralo (interprétation). - Non.

 20   M. Susak (interprétation). - Quand est-elle morte ?

 21   Mme Bralo (interprétation). - Je ne sais pas, je crois après la guerre.

 22   M. Susak (interprétation). - Vous nous dites après la guerre. Est-ce que

 23   M. Osmancevic avec ses petits-enfants, est-ce qu'il pouvait vivre dans la

 24   maison dans les conditions qui prévalaient dans la maison d'Anto Papic ?

 25   Mme Bralo (interprétation). – Non.


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  1   M. Susak (interprétation). - Est-ce la raison pour laquelle il s'est rendu

  2   à Rovna ?

  3   Mme Bralo (interprétation). – Oui, je crois. Je crois que c'est pour ça

  4   qu'il est parti.

  5   M. Susak (interprétation). - Vous nous dites donc qu'il est allé à Rovna ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Oui, il est allé chez Joso Cerkez..

  7   M. Susak (interprétation). – Joso Cerkez est un Croate n'est-ce pas ?

  8   Mme Bralo (interprétation). – Oui, il est Croate.

  9   M. Susak (interprétation). - Combien de temps y sont-ils restés ? Le

 10   savez-vous ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Je ne sais pas exactement.

 12   M. Susak (interprétation). – Savez-vous quand ils sont rentrés ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - Oui je crois.

 14   Marija Papic lui a demandé d'aller jusqu'à son étable avec Franjo Covac et

 15   qu'il nourrisse le bétail. Elle avait deux vaches qu'il fallait nourrir et

 16   il fallait bien traire les vaches. Ca veut dire qu'il n'était pas à la

 17   maison au moment où Mirsad avait appelé. Entre-temps, quand mon mari est

 18   arrivé je lui ai dit cela, que l'autre l'avait cherché. Et il est allé

 19   vers la maison d'Anto Papic. Mirsad y était déjà.

 20   M. Susak (interprétation). - Est-ce que Mirsad était venu avec toute sa

 21   famille dans la maison d'Anto Papic ?

 22   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 23   M. Susak (interprétation). - Quand il était de retour, étant donné que

 24   quelqu'un l'avait menacé, est-ce que vous-même vous aviez peur ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Bien évidemment.


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  1   M. Susak (interprétation). - Donc vous aviez peur ?

  2   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  3   M. Susak (interprétation). - Il me reste encore deux questions.

  4   Le matin quand vous avez vu par la fenêtre, Drago Josipovic et Anto Papic, 

  5   avez-vous vu comment Drago Josipovic était habillé ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Oui, Drago était en civil. Et il portait

  7   aussi un gilet militaire sur lui.

  8   M. Susak (interprétation). - Est-ce que c'était un gilet de camouflage ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 10   M. Susak (interprétation). - Et Anto Papic ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Il portait un uniforme militaire.

 12   M. Susak (interprétation). - Nous allons passer maintenant à la journée du

 13   17 avril 1993. Avez-vous vu ce jour-là Drago Josipovic ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Oui. Drago Josipovic, oui. Il était venu

 15   chez moi prendre un café le matin, vers 9 h 00, accompagné de Franjo Kovac

 16   et Katica Kovac. Ils étaient venus prendre un café chez moi.

 17   M. Susak (interprétation). - Ils sont restés pendant combien de temps ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Peut-être pendant une heure et demie.

 19   M. Susak (interprétation). - Où sont-ils allés après ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Drago nous a dit qu'il allait chez lui

 21   donner à manger au bétail.

 22   M. Susak (interprétation). - A la maison de qui ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Chez lui.

 24   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'il l'a fait ?

 25   Mme Bralo (interprétation). – Oui, il est parti en direction de sa maison.


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  1   M. Susak (interprétation). - Ce jour-là, avez-vous vu des Musulmans quand

  2   ils sont sortis de la maison d'Anto Papic en direction de la route ?

  3   Mme Bralo (interprétation). – Non, je ne les ai pas vus.

  4   M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu qu'ils étaient

  5   partis par la ?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  7   M. Susak (interprétation). - Qui était avec eux ?

  8   Mme Bralo (interprétation). – Anto Papic.

  9   M. Susak (interprétation). - Est-ce que quelqu'un d'autre était avec eux,

 10   mis à part Anto Papic, si vous l'avez entendu ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Non il n'y avait personne d'autre.

 12   M. Susak (interprétation). - Le 17 avril, quand ils se sont dirigés vers

 13   la route, après avez-vous vu Anto Papic ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). - Quand ?

 16   Mme Bralo (interprétation). - Peu de temps après, Anto était de retour et

 17   on a pu le voir tout le long de la journée. Il était venu dans la cour de

 18   ma maison et il m'a demandé ainsi qu'à Muazin Katakovac (?) de donner, si

 19   on pouvait, quelque chose pour les enfants de Saiba car il avait un bébé

 20   qui avait besoin de lait ; il avait aussi besoin de sucre et de vêtements.

 21   Nous avons mis quelques unes de ces affaires dans un sac et nous l'avons

 22   donné à Anto Papic. Mais il nous avait dit qu'il ne les avait pas trouvés

 23   la haut.

 24   M. Susak (interprétation). - Pas la suite ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Oui par la suite, il nous l'a dit par la


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  1   suite.

  2   M. Susak (interprétation). – Savez-vous si les Musulmans étaient enfermés

  3   à clef dans la maison d'Anto Papic ?

  4   Mme Bralo (interprétation). – Non, certainement pas.

  5   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'ils étaient venus dans cette maison

  6   de leur plein gré ?

  7   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  8   M. Susak (interprétation). - Vous nous avez dit que Mirsad Osmansevic et

  9   sa famille étaient allés à Rovna. Est-ce qu'il l'a fait de son plein gré ?

 10   Mme Bralo (interprétation). - Oui car Jorzo Cerkez a une fille et Mirsad

 11   était son parrain.

 12   M. Susak (interprétation). – Donc il était son parrain ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 14   M. Susak (interprétation). – Savez-vous si Drago Josipovic avait aidé

 15   Mirsad Osmancevic à se rendre à Rovna pour faciliter la tâche à sa

 16   famille ?

 17   Mme Bralo (interprétation). – Oui, oui Drago les a accompagnés.

 18   M. Susak (interprétation). – Vous l'avez entendu ?

 19   Mme Bralo (interprétation). – Oui, j'ai entendu que Drago l'avait

 20   accompagné à Rovna et lui avait même donné son gilet pour que l'autre soit

 21   sûr que rien ne lui arriverait.

 22   M. Susak (interprétation). – Etait-ce très risqué pour Drago Josipovic de

 23   donner son gilet à Mirsad Osmancevic, vu que Mirsad Osmancevic était

 24   membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Bien sûr, c'était un très grand risque car


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  1   tout le monde savait que Mirsad Osmancevic était membre de l'armée de

  2   Bosnie-Herzégovine.

  3   M. Susak (interprétation). – Et quand Mirsad Osmancevic était de retour

  4   dans la maison d'Anto Papic, est-ce que Drago Josipovic, Anto Papic, votre

  5   mari Anto Bralo avaient peur ?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Bien sûr. Ils avaient peur.

  7   M. Susak (interprétation). – Mirsad Osmancevic est allé à Rovna. Est-ce

  8   que d'autres Musulmans, s'ils l'avaient souhaité, auraient pu aussi aller

  9   à Rovna ? Personne ne leur interdisait cela ?

 10   Mme Bralo (interprétation). – Non, ils pouvaient aller où ils voulaient,

 11   mais je suppose qu'ils voulaient rester tous ensemble.

 12   M. Susak (interprétation). – Etant donné qu'ils connaissaient Drago

 13   Josipovic et Anto Papic, se sentaient-ils en sécurité ?

 14   Mme Bralo (interprétation). – Oui, ils se sentaient en sécurité sinon ils

 15   ne seraient jamais venus là-bas.

 16   M. Susak (interprétation). – Comment se fait-il que dans des conditions si

 17   peu confortables ils avaient pu passer un jour et une nuit ? Quelles

 18   étaient les conditions ? Les conditions étaient-elles difficiles ?

 19   Mme Bralo (interprétation). – Oui, difficiles, certainement c'étaient des

 20   conditions difficiles.

 21   M. Susak (interprétation). – Etait-ce vraiment très difficile ?

 22   Mme Bralo (interprétation). – Oui, c'était vraiment très difficile.

 23   M. Susak (interprétation). – Pour ne pas continuer à parler des

 24   conditions, dites-nous simplement s'il y avait des toilettes dans la

 25   maison d'Anto Papic ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). – Non, les conditions étaient vraiment

  2   mauvaises pour que les gens y restent.

  3   M. Susak (interprétation). – Anto Papic et Drago Josipovic, leur but

  4   était-il de sauver les Musulmans qu'ils avaient aidés à venir dans la

  5   maison d'Anto Papic ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Oui, bien sûr car ils habitaient près de

  7   nous et personne n'avait quoi que ce soit qui lui manquait, personne ne

  8   manquait de rien, ils étaient en sécurité.

  9   M. Susak (interprétation). – Vous nous avez dit que vous connaissez Franjo

 10   Kovac et Katica Kovac ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 12   M. Susak (interprétation). – Qui est Franjo Kovac ? Et où travaillait-il ?

 13   Mme Bralo (interprétation). – Franjo Kovac travaillait à Novi Travnik, il

 14   était commercial.

 15   M. Susak (interprétation). – Où habitait-il ? Plutôt à Novi Travnik ou à

 16   Santici ?

 17   Mme Bralo (interprétation). – Il passait plus de temps à Novi Travnik à

 18   cause de son travail.

 19   M. Susak (interprétation). – Savez-vous si la mère de Drago Josipovic

 20   venait dans la maison où habitait Katica Kovac ?

 21   Mme Bralo (interprétation). - Oui je le sais.

 22   M. Susak (interprétation). – Ils habitaient dans quelle maison ?

 23   Mme Bralo (interprétation). – Katica Kovac habitait dans la maison de son

 24   père, c'est une maison un peu plus ancienne.

 25   M. Susak (interprétation). – Construisaient-ils leur propre maison ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). – Oui.

  2   M. Susak (interprétation). – Et quand ont-ils terminé la construction de

  3   cette maison ?

  4   Mme Bralo (interprétation). - Seulement après la guerre.

  5   M. Susak (interprétation). – Etant donné que nous avons dit que les

  6   Musulmans habitaient dans la maison d'Anto Papic, les Musulmans, s'ils

  7   l'avaient voulu, auraient-ils pu venir dans votre maison à vous ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Oui bien sûr.

  9   M. Susak (interprétation). – Est-ce que quelqu'un le leur interdisait ?

 10   Mme Bralo (interprétation). - Non personne.

 11   M. Susak (interprétation). – Vous avez mentionné certains d'entre eux.

 12   Etaient-ils venus vous voir de leur plein gré ?

 13   Mme Bralo (interprétation). – Oui.

 14   M. Susak (interprétation). – Savez-vous…

 15   M. le Président (interprétation). – Maître Susak, s'il vous plaît, ne

 16   répétez pas les mêmes questions. Vous posez les questions que vous avez

 17   déjà posé au moins à deux reprises auparavant. Pouvez-vous avancer avec

 18   vos questions.

 19   M. Susak (interprétation). – Je suis près de la fin de mon interrogatoire,

 20   Monsieur le Président.

 21   Je vais répéter cette question : Madame, savez-vous si les Musulmans

 22   s'étaient rendus aussi dans la maison de Nikola Omazic ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 24   M. Susak (interprétation). – Qui ?

 25   Mme Bralo (interprétation). – (expurgée) venait pour passer un coup de


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  1   fil à son fils qui habitait à Vitez.

  2   M. Susak (interprétation). – Donc elle venait utiliser le téléphone ?

  3   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  4   M. Susak (interprétation). – Et pour conclure : parmi les Croates, qui

  5   étaient chez vous dans votre maison le 16 avril 1993 ?

  6   Mme Bralo (interprétation). – Marija Papic et Ivica Papic, Zeljko Papic,

  7   Ljubica Milicevic avec Maya Milicevic, Flinka Vidovic, Simo Vidovic, Jozo

  8   Santic et je pense qu'il n'y avait personne d'autre.

  9   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, je voudrais tout

 10   simplement montrer une photo aérienne au témoin. Ce sera ma conclusion. Je

 11   demande l'assistance de l'huissier pour qu'il vienne chercher les

 12   photographies.

 13   Mme le Greffier. – Pièce D34/4.

 14   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, on m'informe qu'il y a

 15   une erreur dans le compte rendu de l'audience.

 16   La question était : est-ce que le 16 avril 1993, les Musulmans se

 17   trouvaient dans la maison de Nikola Omazic ? Et non pas de Niko Ahmic.

 18   Madame Bralo, vous retrouvez-vous sur cette photographie aérienne ? Sinon

 19   vous pouvez tourner la photographie dans le sens qui vous convient.

 20   Savez-vous où se trouve Ogrjev ?

 21   Mme Bralo (interprétation). – Oui, oui j'arrive à m'y retrouver.

 22   M. Susak (interprétation). – Très bien. Pourriez-vous marquer la maison de

 23   Nikola Omazic ?

 24   (Le témoin s'exécute.)

 25   Vous pouvez l'entourer par un cercle.


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  1   Mme Bralo (interprétation). - La maison de Nikola Omazic ? C'est bien

  2   celle-ci.

  3   M. Susak (interprétation). – Pourriez-vous la marquer par le chiffre 2 ?

  4   Maintenant, pourriez-vous entourer la maison d'Anto Papic et la marquer

  5   par le chiffre 1 ?

  6   (Le témoin s'exécute.)

  7   Je vous prie maintenant d'entourer, si vous le savez, la maison d'Anto

  8   Bralo ? Marquez-la par le chiffre 3.

  9   (Le témoin s'exécute.)

 10   Et en même temps je vais vous poser une question. Le 16, avez-vous vu

 11   Drago Josipovic à plusieurs reprises ce jour-là ?

 12   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). - Par où allaient-ils, lui, Bralo, Kovac et

 14   Anto Papic ?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Entre les maisons d'Anto Bralo, Nikola

 16   Omazic et Anto Papic.

 17   M. Susak (interprétation). - Donc ils étaient bien par là ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Oui à ce croisement de rues.

 19   M. Susak (interprétation). - Et vous l'avez-vous combien de fois ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Je l'ai vu à plusieurs reprises, pendant

 21   toute la journée.

 22   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous marquer les maisons musulmanes

 23   qui se trouvaient vers la route, des deux côtés de la route, s'il vous

 24   plaît ? Vous les entourez d'un cercle. Et vous nous dites à qui

 25   appartenaient ces maisons ?


Page 9830

  1   Mme Bralo (interprétation). - Zemur Ramic.

  2   M. Susak (interprétation). – Marquez-la par la lettre A.

  3   Mme Bralo (interprétation). - Cazim Ramic.

  4   M. Susak (interprétation). – Marquez-la par la lettre B.

  5   Mme Bralo (interprétation). - Naim Ahmic.

  6   M. Susak (interprétation). - Naim ou ...

  7   Mme Bralo (interprétation). - Naim Ahmic. 

  8   M. Susak (interprétation). – Marquez-la par la lettre C.

  9   Mme Bralo (interprétation). - Mirsad Osmancevic.

 10   M. Susak (interprétation). – Entourez-la et marquez-la par la lettre D.

 11   Mme Bralo (interprétation). - Franjo Kovac.

 12   M. Susak (interprétation). - Vous pourrez tout simplement mettre un cercle

 13   et marquer à côté la lettre Y.

 14   Maintenant, une question pour vous. Les habitants de ces maisons-là sont

 15   venus dans la maison d'Anto Papic, soit de leur plein gré soit on les a

 16   amenés. Pourriez-vous nous dire si quiconque de ces maisons-là, ou de ces

 17   familles-là, a été tué le jour du 16 avril ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Non, personne.

 19   M. Susak (interprétation). - Est-ce que l'une des maisons musulmanes, les

 20   maisons musulmanes ont été brûlées ou endommagées ?

 21   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 22   M. Susak (interprétation). - Quel jour ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Le 17.

 24   M. Susak (interprétation). - Vous pourriez nous dire le mois et l'année ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Le 17 mars.


Page 9831

  1   M. Susak (interprétation). - Mais il n'y avait pas de guerre au mois de

  2   mars. Vous pensez au mois d'avril probablement ?

  3   Mme Bralo (interprétation). - Oui, avril.

  4   M. Susak (interprétation). - Vous pouvez le répéter ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Le 17 avril 1993.

  6   M. Susak (interprétation). - Donc une seule maison a été brûlée ?

  7   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  8   M. Susak (interprétation). - Elle appartenait à qui ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - A Cazim Ramic.

 10   M. Susak (interprétation). - Est-ce que la maison de Cazim Ahmic a des

 11   fenêtres ?

 12   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'il pouvait voir par les fenêtres la

 14   maison de Nikola Omazic, et ailleurs ?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Oui, il pouvait voir de tous les côtés.

 16   M. Susak (interprétation). - Est-ce que ce jour-là il pouvait voir par les

 17   fenêtres de sa maison ou par la maison de Naim Ahmic où il s'était réfugié

 18   par la suite ? Pouvait-il voir la maison de Nikola Omazic ?

 19   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 20   M. Susak (interprétation). - Je vous demanderai encore d'entourer la

 21   maison de Fahran Ahmic ou bien d'Asim Ahmic... Non, entourez la maison

 22   d'Asim Ahmic. Et, s'il vous plaît, mettez le chiffre 1, le chiffre romain.

 23   (Le témoin s'exécute.)

 24   Vous l'entourez et vous mettez le chiffre romain I.

 25   Et maintenant, s'il vous plaît, entourez la maison de (expurgée).


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  1   (Le témoin s'exécute.)

  2   Et marquez-la par le chiffre romain II. S'il vous plaît, le chiffre

  3   romain II.

  4   S'il vous plaît, sur la même photographie aérienne, pourriez-vous entourer

  5   la maison de Razim Ahmic, de Nazif et d'Asim ?

  6   (Le témoin s'exécute.)

  7   Vous les marquez par les lettres A, B et C : donc Razim par la lettre A,

  8   Nazif par la lettre B et la maison d'Asim par un C.

  9   Pourriez-vous nous dire, si on regarde la maison de (expurgée) en

 10   direction de la route, est-ce que la vue est dégagée ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Oui, oui on peut très bien voir.

 12   M. Susak (interprétation). - Est-ce que la vue est dégagée si on regarde

 13   la maison de (expurgée) en direction de la maison de Fahrudin Ahmic ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Oui, c'est un espace dégagé qui se trouve

 15   devant.

 16   M. Susak (interprétation). - Est-ce partout un espace dégagé ? Est-ce que

 17   ce sont des champs ou bien des bois ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Non, non, ce sont bien des champs, des

 19   champs cultivés qui se trouvent par là.

 20   M. Susak (interprétation). - Etant donné qu'on parle du 16 avril 1993,

 21   est-ce que le bois était déjà en feuillage ?

 22   Mme Bralo (interprétation). - Non.

 23   M. Susak (interprétation). - Donc les branches étaient nues ?

 24   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 25   M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce qu'on plante ou sème par là ?


Page 9833

  1   Mme Bralo (interprétation). - Soit du blé soit des légumes.

  2   M. Susak (interprétation). - A quel moment ?

  3   Mme Bralo (interprétation). - Début mai.

  4   M. Susak (interprétation). - Sur cette photographie aérienne, pourriez-

  5   vous dessiner une flèche reliant la maison de Fahran Ahmic vers la maison

  6   d'Anto Papic ? Dessinez bien une flèche.

  7   (Le témoin s'exécute.)

  8   On continue. Et maintenant une flèche de (expurgée) en

  9   direction de la maison de Razim Ahmic.

 10   Mme Bralo (interprétation). - Pourriez-vous répéter ?

 11   M. Susak (interprétation). - Trouvez (expurgée), et

 12   maintenant dessinez une flèche en direction d'Ahmic Nazif et Razim.

 13   Pourriez-vous nous dire quelle est la distance entre ces maisons-là et la

 14   maison de (expurgée)?

 15   Mme Bralo (interprétation). - Selon moi, quelques 40 mètres.

 16   M. Susak (interprétation). - Et entre la route et la maison de Fahran

 17   Ahmic ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Une vingtaine de mètres.

 19   M. Susak (interprétation). - Pour conclure, savez-vous combien de

 20   Musulmans ont été tués le 16 avril 1993 dans la direction qui va de la

 21   maison d'Anto Papic vers la route ?

 22   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 23   M. Susak (interprétation). - Combien ?

 24   Mme Bralo (interprétation). - Deux.

 25   M. Susak (interprétation). - Lesquels ?


Page 9834

  1   Mme Bralo (interprétation). - Fahran Ahmic et Puscul, je ne sais plus son

  2   prénom.

  3   M. Terrier. - Nous essayons d'intervenir le moins possible et de ne pas

  4   lever d'objection. Mais tout de même, la dernière question qui vient

  5   d'être posée est à mes yeux parfaitement incompréhensible.

  6   Le nombre de Musulmans tués dans la direction de la maison d'Anto Papic ;

  7   je ne comprends pas la question.

  8   Me Susak pourrait-il la reformuler ?

  9   M. le Président. – Oui. Maître Susak, pouvez-vous reformuler votre

 10   question ?

 11   M. Susak (interprétation). - Je vais répondre tout de suite à mon collègue

 12   le Procureur. Ces maisons-là sont importantes pour qu'on puisse se rendre

 13   compte où étaient Drago Josipovic et Anto Papic. Il faudrait prouver

 14   qu'aucun Musulman n'a été tué dans leur voisinage. Au contraire, ils ont

 15   été sauvés, et on voudrait démontrer qu'aucune maison n'a été incendiée le

 16   16 avril 1993 car ils montaient la garde. Ces maisons se trouveraient près

 17   de la route, c'est pour ça que je pose la question. Selon moi, le

 18   Procureur essaie d'éviter cette question car la police militaire

 19   protégeait la route Busovaca-Vitez.

 20   Madame Bralo, pourriez-vous me dire -et ceci est ma dernière question-, à

 21   quelle distance de la route se trouve la maison de Fahrudin Ahmic, selon

 22   vous ?

 23   Mme Bralo (interprétation). – 20 mètres selon moi.

 24   M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai plus de

 25   question à poser au témoin.


Page 9835

  1   M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic y a t-il d'autres

  2   conseils de la défense qui veulent poser des questions ?

  3   M. Pavkovic (interprétation). – Non, Monsieur le Président, nous n'avons

  4   pas de question pour ce témoin.

  5   M. le Président (interprétation). - Nous allons prendre une pause

  6   d'un quart d'heure et puis nous passerons aux questions de l'accusation.

  7   (L'audience suspendue à 12 heures 15 est reprise à 12 heures 35.)

  8   M. le Président. - Maître Terrier ?

  9   M. Terrier. - Merci Monsieur le Président.

 10   Bonjour Madame le Témoin. Mon nom est Franck Terrier, je suis l'un des

 11   représentants de l'accusation dans ce procès et je vais vous poser

 12   quelques question. Je ne pense pas devoir être trop long.

 13   Mme Bralo (interprétation). - Bonjour.

 14   M. Terrier. - Tout d'abord, je voudrais que vous nous indiquiez plus

 15   précisément que vous ne l'avez fait, quel était votre travail. Vous nous

 16   avez dit que vous travailliez pour la Forpronu. Mais qui était plus

 17   précisément votre employeur ?

 18   Mme Bralo (interprétation). – J'ai travaillé pour la Forpronu. J'y étais

 19   femme de ménage, je nettoyais le bâtiment de la Forpronu. Cela vous

 20   suffit ?

 21   M. Terrier. - Plus précisément, est-ce que c'était le Bataillon

 22   britannique basé à Vitez qui vous employait ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 24   M. Terrier. - Depuis quand exerciez-vous cet emploi ?

 25   Mme Bralo (interprétation). – Depuis quand ?


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  1   M. Terrier. - Oui.

  2   Mme Bralo (interprétation). - Vous me demandez la date exacte ?

  3   M. Terrier. - Je vous demande la date si vous pouvez nous la donner, sinon

  4   la période.

  5   Mme Bralo (interprétation). - J'ai été embauchée cinq jours avant le

  6   conflit.

  7   M. Terrier. - Est-ce qu'après le 16 avril 1993, vous avez retrouvé ce

  8   travail au Bataillon britannique ?

  9   Mme Bralo (interprétation). – Non, je n'ai pas retrouvé le travail. Je ne

 10   pouvais pas, je n'avais pas de moyen de transport, c'était la guerre et

 11   c'est pour ça que je suis restée sans emploi.

 12   M. Terrier. – Madame, j'en viens au 16 avril 1993. Mais auparavant, je

 13   voudrais vous demander de ne nous donner que vos souvenirs personnels. Ce

 14   qui va m'intéresser -et ce qui je pense intéressera le Tribunal-, ce sont

 15   vos souvenirs personnels, aussi précis que possible et non pas ce que vous

 16   avez entendu dire, ce que vous supposez, ce que vous présumez. Ce dont

 17   vous vous souvenez personnellement.

 18   Je voudrais que vous nous disiez à quel moment selon vos souvenirs

 19   personnels, vous avez vu ce jour-là Drago Josipovic ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - On entendait des tirs, c'était vers six

 21   heures moins vingt, je l'ai vu sur la route. Entre la maison, la veille

 22   maison de Nikola Omazic et la nouvelle maison de Franjo Kovac. C'est sur

 23   cette section de la route que je l'ai vu. A sa rencontre allait (expurgée)

 24   (expurgée) et les trois enfants. Ils se sont

 25   arrêtés sur la route. Ils ont discuté un peu. Drago et Anto Papic étaient


Page 9837

  1   ensemble, ils ont accompagné (redacted),jusqu'à la maison d'Anto Papic.

  2   Ils sont entrés dans la maison.

  3   M. Terrier. - A quel endroit étiez-vous quand vous avez vu tout cela, tout

  4   ce que vous venez de décrire, à quel endroit étiez-vous ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Je me trouvais sur la terrasse de ma maison.

  6   C'est en fait un balcon qui se trouve à l'étage d'en-dessous.

  7   M. Terrier. - Est-ce que vous vous trouviez au premier étage, s'il y a un

  8   premier étage, ou au niveau du sol ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - Au premier étage, au rez-de-chaussée se

 10   trouvait la cave.

 11   M. Terrier. – Est-ce que vous pouvez nous décrire quelle était la vue que

 12   vous pouviez avoir d'un côté et de l'autre, à partir de l'endroit où vous

 13   étiez ?

 14   Jusqu'où est-ce que vous pouviez voir, je ne parle pas des personnes, mais

 15   habituellement, jusqu'où vous pouviez voir ? Quelles maisons pouviez-vous

 16   apercevoir de l'endroit où vous étiez de ce balcon ?

 17   Mme Bralo (interprétation). - Je voyais la vieille maison de Nikola

 18   Omazic, le début de la nouvelle construction, de la nouvelle maison, la

 19   maison de, Franjo Kovac, la maison de Zemur Ramic.

 20   M. Terrier. – Est-il exact de penser que votre maison se trouve dans un

 21   contre-bas, dans une sorte de vallée ?

 22   Mme Bralo (interprétation). - Oui. Dans un contre-bas, dans une vallée

 23   mais c'est une petite vallée.

 24   M. Terrier. - Et malgré cette dépression du terrain, vous avez la vue que

 25   vous avez indiquée, une vue assez étendue ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Oui, la vue est étendue, la visibilité est

  2   bonne parce que la dépression n'est pas trop importante.

  3   M. Terrier. – Madame, pouvez-vous nous dire comment vous pouvez être

  4   certaine de l'heure que vous avez indiquée, six heures moins vingt ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Comment ne pas en être sûre ? Tout s'est

  6   passé si vite, les événements se sont déroulés très vite, en très peu de

  7   minutes en fait.

  8   M. Terrier. – Ma question était : disposiez-vous d'une horloge sous les

  9   yeux, d'une montre ? Une raison quelconque vous a-t-elle poussé à regarder

 10   et à consulter votre montre ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Non, je n'ai pas regardé l'heure. Mais je

 12   peux à peu près savoir de quelle heure il s'agissait. Depuis le moment où

 13   j'ai entendu les tirs et par la suite.

 14   M. Terrier. – Donc Madame, pour être précis, c'est vôtre souvenir que les

 15   choses sont allées très vite qui vous conduit à penser qu'il devait être

 16   approximativement 5 h 40, mais vous n'avez pas regardé l'heure ?

 17   Mme Bralo (interprétation). – Il était six heures moins vingt.

 18   M. Terrier. – Vous n'avez pas consulté une horloge ou une montre ? Ce que

 19   vous dites est une supposition, si j'ai bien compris votre témoignage ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - C'était l'heure exacte.

 21   M. Terrier. – Quand vous avez vu Drago Josipovic dans les circonstances

 22   que vous avez indiquées, portait-il une arme ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Je n'ai pas vu d'armes. Je ne l'ai pas vu de

 24   mes yeux.

 25   M. Terrier. – Anto Papic portait-il une arme ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Je n'ai pas vu d'arme, c'est possible qu'il

  2   en ait eu mais je ne l'ai pas vue.

  3   M. Terrier. – Votre mari, Anto Bralo, portait-il une arme ?

  4   Mme Bralo (interprétation). - Il avait une arme.

  5   M. Terrier. – De quel type d'arme s'agissait-il ?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Je ne sais pas exactement. Je ne m'y connais

  7   pas en arme, mais je sais qu'il en avait une. Il me semble qu'il

  8   s'agissait d'un vieux fusil.

  9   M. Terrier. – Votre mari, Anto Bralo, était-il en uniforme ?

 10   Mme Bralo (interprétation). - Oui. Il portait l'uniforme de la Forpronu.

 11   M. Terrier. – Auparavant, avant ce 16 avril 1993, et par exemple le

 12   20 octobre 1992, date des premiers événements, du premier conflit, est-ce

 13   que vous aviez déjà eu l'occasion d'apercevoir Drago Josipovic porter une

 14   arme ou des éléments d'uniforme ?

 15   Mme Bralo (interprétation). – Pouvez-vous répéter la question, je vous

 16   prie.

 17   M. Terrier. – Volontiers. Est-ce qu'avant le 16 avril 1993, et notamment

 18   le 20 octobre 1992, vous avez déjà eu l'occasion de voir Drago Josipovic

 19   porter des éléments d'uniforme ou une arme ?

 20   Mme Bralo (interprétation). - Non.

 21   M. Terrier. – Vous nous avez parlé, Madame, de la visite de Drago

 22   Josipovic le 17 avril vers 9 heures -si j'ai bonne mémoire. Drago

 23   Josipovic est venu prendre un café chez vous et il est resté une heure.

 24   Vous souvenez-vous et pouvez-vous nous dire ce dont vous avez parlé ? Quel

 25   était le climat de cette rencontre ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Nous avons discuté, on prenait un café

  2   ensemble et on parlait de la situation, de la situation de la veille, des

  3   événements qui ont eu lieu la veille. On était tous désolé de voir ce qui

  4   se passait.

  5   M. Terrier. – Ma question est peut-être difficile, Madame, mais au moment

  6   de cette rencontre plus de 30 réfugiés sont rassemblés chez Anto Papic,

  7   plusieurs personnes ont été tuées dans les environs de votre maison, de

  8   votre quartier. Dans ces conditions je m'interrogeais sur le climat de

  9   cette rencontre. Qu'avez-vous dit ? Vous souvenez-vous que Drago Josipovic

 10   ait dit quelque chose à propos de tout cela ?

 11   Mme Bralo (interprétation). - Nous n'étions pas du tout au courant du

 12   nombre de tués. On ne savait pas ce qui passait. On ne circulait que dans

 13   notre petit milieu. Mes voisins immédiats, Drago Josipovic, mon mari et

 14   moi.

 15   M. Terrier. – Madame, vous saviez que plusieurs de vos voisins avaient été

 16 tués, vous aviez rencontré (expurgée), vous nous en avez parlé tout à l'heure.

 17   Vous saviez que plusieurs maisons musulmanes de votre quartier avaient été

 18   incendiées. Vous n'avez pas pu ne pas le remarquer.

 19   M. le Président (interprétation). – Maître Susak ?

 20   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, le 16 avril, d'après

 21   ce qu'a dit le témoin, aucune maison musulmane n'a été brûlée. Aucun

 22   Musulman n'a été tué ce jour-là. C'est pour ça que nous élevons une

 23   objection ; donc il n'y a pas eu de dommages et il n'y a pas eu de tués le

 24   16 avril.

 25   M. Terrier. – Pour les que les choses soient claires, Madame : je parle de


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  1   vôtre quartier, c'est-à-dire le triangle que l'on peut considérer comme

  2   allant de la maison d'Anto Papic à la maison de Drago Josipovic, à la

  3   maison de Ramiz Ahmic. Vous voyez ce triangle à peu près ?

  4   Mme Bralo (interprétation). – Oui, oui.

  5   M. Terrier. – Et vous nous dîtes que le 16 avril, dans cette zone que je

  6   vins d'indiquer, aucune maison musulmane n'a été détruite, incendiée, et

  7   qu'aucun Musulman n'a été tué ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Ce n'est pas ce que j'ai dit. Une maison a

  9   été incendiée, la maison de Cazim. Et les deux personnes tuées, leur

 10   maison se trouvait au bord de la route, à 50, 60 mètres, alors que l'autre

 11   maison se trouvait à une vingtaine de mètres. C'est ce que j'ai dit.

 12   M. Terrier. – Je souhaiterais soumettre à Mme le Témoin la pièce 208,

 13   c'est une pièce sous scellés, Monsieur le Président.

 14   Mais par un accord avec la cabine technique, nous pourrions ne pas

 15   mentionner sur les écrans, ne pas reproduire sur les écrans les éléments

 16   d'informations protégées, et ainsi demeurer en session publique.

 17   Pièce n° 208.

 18   M. Terrier. – Madame, j'appelle votre attention sur cette zone qui figure

 19   entre la route principale qui va de Vitez à Busovaca, deux routes

 20   perpendiculaires et le bois. On peut dire que cette zone est délimitée en

 21   bas de l'écran par la maison d'Anto Papic, à droite par l'ensemble des

 22   maisons de Drago Josipovic et de sa famille, et de l'autre côté par la

 23   maison de Ramiz Ahmic.

 24   Vous nous avez dit que de votre balcon vous aviez une vue convenable sur

 25   la maison de Nikola Omazic. C'est bien exact ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - C'est exact.

  2   M. Terrier. - Si vous avez une vision convenable vers la maison de Nikola

  3   Omazic, comme après le terrain est absolument plat, nous avons pu le voir

  4   sur les films, sur les photographies, qu'est-ce qui vous empêche de voir

  5   la maison de (expurgée)?

  6   Mme Bralo (interprétation). - Leur maison se trouvait plus près de la

  7   route, alors que la mienne se trouve plus près de la maison de Nikola

  8   Omazic ; et on le voit clairement sur cette photographie.

  9   M. Terrier. - En effet, Madame, nous le voyons clairement. Mais le

 10   terrain, vous l'avez dit, est absolument plat, il s'agit d'une prairie.

 11   Nous avons pu le constater à plusieurs reprises au cours de ce procès en

 12   consultant des photographies ou en voyant des films.

 13   Donc ma question est la suivante : puisque de votre balcon vous voyez la

 14   maison de Nikola Omazic et qu'après, jusqu'à la route, c'est absolument

 15   plat, je ne comprends pas pourquoi vous ne pouvez pas voir la maison par

 16   exemple de (expurgée) ?

 17   Mme Bralo (interprétation). - Si j'étais sortie, si je m'étais trouvé à

 18   l'extérieur de la maison, devant la maison, j'aurais pu voir, mais puisque

 19   j'étais à l'intérieur, donc la maison se trouve dans une sorte de vallée,

 20   il y a une petite haie, donc je n'ai pas pu voir. Si j'avais eu l'idée de

 21   sortir de la maison, j'aurais pu voir effectivement sa maison.

 22   M. Terrier. - Madame, je vous demande de nous indiquer quelle était votre

 23   vue, en nous montrant les maisons que vous pouviez voir, de votre balcon,

 24   où -dites-vous- vous vous trouviez quand vous avez aperçu Drago

 25   Josipovic ? Quelles sont les maisons que vous pouvez voir de votre


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  1   balcon ? Est-ce que vous pouvez nous les indiquer, nous les montrer ?

  2   Mme Bralo (interprétation). - Voici ma maison. Donc j'ai vu la maison de

  3   Ramiz, Zemur, de Franjo Kovac et Omazic Nikola.

  4   M. Terrier. - De votre balcon, vous voyez en particulier la maison de

  5   Nikola Omazic qui était occupée à l'époque par les époux Kovac. Mais vous

  6   ne voyez pas au-delà, vous ne pouvez pas voir ce qui est au-delà ?

  7   Mme Bralo (interprétation). - Non, non, je n'ai pas pu voir, je ne pouvais

  8   pas voir ce qui se trouvait derrière la maison.

  9   M. Terrier. - J'appelle aussi votre attention, Madame, sur le fait que

 10   dans la zone dont nous parlons 10 personnes ont été tuées. Et plus

 11   précisément j'indique que -selon les informations dont nous disposons-,

 12   8 personnes ont été tuées le 16 avril et 2 autres le 17.

 13   Vous n'aviez aucune information là-dessus ?

 14   Mme Bralo (interprétation). - Aucune ! Je ne sais rien à ce sujet.

 15   M. Terrier. - Toutes les maisons, les maisons musulmanes qui se trouvent

 16   entre la maison de Nikola Omazic et la route ont été incendiées le

 17   16 avril. Vous ne l'avez pas vu ?

 18   Mme Bralo (interprétation). - Pouvez-vous juste répéter la question, je

 19   vous prie ?

 20   M. Terrier. - Les maisons musulmanes qui se trouvent entre la maison de

 21   Nikola Omazic et la route ont été incendiées le 16 avril 1993, et vous ne

 22   l'avez pas vu ?

 23   Mme Bralo (interprétation). - Une maison a été incendiée.

 24   M. Terrier. - Pardon ?

 25   Mme Bralo (interprétation). - Une maison a été incendiée, celle de Cazim


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  1   Ramic, le 16 avril.

  2   M. Terrier. - Je parle, moi, de 7 maisons. Je vous parle de 7 maisons !

  3   Mme Bralo (interprétation). - Dans ma rue, seulement une maison a été

  4   incendiée, et la maison de Fahran Ahmic qui se trouve plus près de la

  5   route également.

  6   M. Terrier. - Bien, Madame. Je reviens à la question que je souhaitais

  7   vous poser, c'est-à-dire à cette rencontre du 17 avril au matin, alors

  8   qu'au moins un nombre important de réfugiés se trouve rassemblé chez Anto

  9   Papic, cela vous le savez puisque vous nous l'avez dit.

 10   J'aimerais savoir -si vous avez le souvenir- de ce que disait ou de ce

 11   qu'a pu dire Drago Josipovic, ce matin-là, si vous en avez le souvenir.

 12   Sinon vous nous dîtes que vous n'avez aucune information à nous donner à

 13   ce sujet-là ?

 14   Mme Bralo (interprétation). – Qu'aurait dit Drago ? Qu'aurait-il dit à

 15   qui ?

 16   M. Terrier. - Est-ce qu'il vous a dit quelque chose le 17 avril au matin

 17   sur ce qui s'était passé, sur ce qu'il en pensait, sur ce qu'il comptait

 18   faire, sur son état d'esprit ? S'il n'a rien dit, il n'a rien dit.

 19   Mme Bralo (interprétation). - Pendant qu'ils étaient chez moi, on

 20   discutait de la situation, des événements qui ont eu lieu. Il disait qu'il

 21   était désolé. On était tous désolé d'ailleurs ! Il n'a rien dit d'autre.

 22   M. Terrier. - Est-ce que vous avez parlé des réfugiés qui se trouvaient

 23   dans la maison d'Anto Papic ?

 24   Mme Bralo (interprétation). - Oui, bien sûr qu'on en a parlé.

 25   M. Terrier. - Qu'est-ce que vous en avez dit ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Lui, il a dit que les conditions n'étaient

  2   pas bonnes, qu'ils ne se sentaient pas bien là-bas.

  3   M. Terrier. - Est-ce que vous savez où se trouvait, le 16 et le 17 avril

  4   1993, la famille de Drago Josipovic ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Non.

  6   M. Terrier. - Vous avez posé la question à Drago Josipovic ou vous a-t-il

  7   donné une information quelconque à ce sujet-là ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Il me semble qu'il se trouvait à Rovna

  9   puisque les parents de son épouse y habitent. Je suis en effet sûre qu'ils

 10   étaient là-bas.

 11   M. Terrier. - Vous ne les avez pas vus partir pour Rovna,

 12   personnellement ?

 13   Mme Bralo (interprétation). - Non.

 14   M. Terrier. - Merci, Madame. Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le

 15   Président.

 16   M. le Président. - Merci.

 17   M. Susak (interprétation). – Madame Bralo, votre maison se situe-t-elle

 18   dans une sorte de dépression ?

 19   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 20   M. Susak (interprétation). – Est-ce que le chemin qui mène à votre maison

 21   va-t-il à travers champ ou autour, à cause de cette dépression ?

 22   Mme Bralo (interprétation). - Autour.

 23   M. Susak (interprétation). - Et le bas de votre maison, ou la cave comme

 24   vous l'appelez, se situe au niveau du sol ?

 25   Mme Bralo (interprétation). – Oui, la moitié de la maison est au sous-sol.


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  1   M. Susak (interprétation). - Donc on ne peut pas dire que le premier étage

  2   est vraiment très élevé ? On peut plutôt dire qu'il s'agit du rez-de-

  3   chaussée ?

  4   Mme Bralo (interprétation). -  Oui du rez-de-chaussée.

  5   M. Susak (interprétation). - Si vous étiez sortie de votre maison à une

  6   trentaine de mètres, auriez-vous pu voir tout l'espace jusqu'à la maison

  7   de Fahran Ahmic ?

  8   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). - Comment cela ?

 10   Mme Bralo (interprétation). - Quand je sors de ma maison la vue est

 11   dégagée, je vois toutes les maisons jusqu'à la route.

 12   M. Susak (interprétation). - Et pour conclure, le Procureur vous a demandé

 13   ce que vous avez pu voir de votre terrasse, du balcon en fait. Vous avez

 14   dit que vous avez vu Drago Josipovic et Anto Papic quand ils ont rencontré

 15   (expurgée) et sa famille ?

 16   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 17   M. Susak (interprétation). - Avant de rentrer dans la maison à l'étage,

 18   qui est venu chez vous ? Qui est venu vous voir ?

 19   Mme Bralo (interprétation). – Franjo Kovac, Kata Kovac et leurs fils.

 20   M. Susak (interprétation). – Où les avez-vous rencontrés ?

 21   Mme Bralo (interprétation). - Devant ma porte, devant chez moi.

 22   M. Susak (interprétation). – De votre maison

 23   Mme Bralo (interprétation). – Oui

 24   M. Susak (interprétation). – Lorsque vous vous trouviez devant la maison,

 25   devant la porte, avez-vous vu Anto au croisement des routes ?


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  1   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  2   M. Susak (interprétation). - Quand vous êtes rentrée chez vous, depuis

  3   votre balcon vous avez vu Drago et Anto quand ils rencontraient (expurgée)

  4   près de la maison ?

  5   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

  6   M. Susak (interprétation). – Ma dernière question sera la suivante : à la

  7   question du représentant de l'accusation, vous avez répondu que Drago et

  8   Anto ont rencontré (expurgée)à 5 h 40 environ ?

  9   Mme Bralo (interprétation). - Oui.

 10   M. Susak (interprétation). - Quand vous l'avez vu au croisement du chemin,

 11   c'était quand ?

 12   Mme Bralo (interprétation). - Un peu avant, vers cinq heures moins vingt,

 13   cinq heures moins vingt cinq.

 14   M. Susak (interprétation). - Selon votre estimation, c'est cinq heures

 15   moins vingt ?

 16   Monsieur le Président, je n'ai plus de question pour ce témoin.

 17   M. le Président (interprétation). – Merci. Nous n'avons plus de questions.

 18   Merci Madame Bralo de votre témoignage, vous pouvez disposer.

 19   J'imagine que M. Bralo n'est pas disponible. Nous allons lever l'audience.

 20   M. Susak (interprétation). – C'est exact, il s'agit de notre dernier

 21   témoin prévu pour cette semaine. Il sera là demain matin,.

 22   M. le Président. - Nous nous retrouverons donc demain matin à 9 h 00.

 23   L'audience est levée à 13 heures 05.

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