Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Jeudi 8 Juillet 1999

4 L'audience est ouverte à 9 heures.

5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

6 Mme Lauer. - Affaire IT-95-16-T, le Procureur contre

7 Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic,

8 Dragan Papic et Vladimir Santic.

9 M. le Président (interprétation). - Bonjour Monsieur Biletic, je

10 vais vous demander de…

11 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur le Président, un

12 instant. Nous sommes préoccupés par une chose, nous aurions aimé vous en

13 parler très rapidement. Ceci concerne M. Slavko Marin, témoin qui a été

14 mentionné hier. Ce n'est pas le défilé habituel de témoins, parce qu'il

15 était désigné comme alibi pour ce moyen de défense spécial, ce qui veut

16 dire qu'il y a eu une interview ou une audition préliminaire avec ce

17 témoin et, compte tenu de l'importance que revêt cette personne, nous nous

18 interrogeons : le fait qu'il ne soit pas venu est-il dû à un problème de

19 logistique ? Est-ce que qu'il va être cité plus tard, ou est-ce parce que

20 la défense n'a plus l'intention de le citer ou parce qu'il n'aurait plus

21 marqué son accord à une déposition ?

22 Je crois qu'étant donné les circonstances, il faudrait savoir

23 précisément pourquoi ce témoin, à ce stade de la procédure, est abandonné

24 de la liste. Merci.

25 M. le Président (interprétation). – Je vous remercie.

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1 Maître Pavkovic, pourriez-vous apporter un éclaircissement sur la

2 question ?

3 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.

4 Les raisons pour lesquelles M. Marin n'arrivera pas, ne viendra pas devant

5 ce Tribunal nous sont inconnues. Nous avons entrepris toutes les mesures

6 afin de faciliter son arrivée, nous étions en contact avec lui et nous

7 nous attendions que M. Marin vienne.

8 Je souhaiterais dire également que la défense a satisfait à la

9 requête des Juges et qu'elle a rendu possible l'entretien du Procureur

10 concernant les circonstances de l'alibi. Le 10 mars, le Procureur a eu un

11 entretien avec M. Slavko Marin et M. Franjic également. Au courant du mois

12 de juin, le 10, ils ont effectué un entretien avec M. Franjic. Donc, nous

13 avons tout fait pour qu'avant leur comparution devant cette Chambre, ces

14 entretiens aient lieu. Je ne peux pas confirmer que M. Marin ne viendra

15 effectivement pas, mais je ne peux pas non plus affirmer qu'il viendra,

16 j'ai besoin d'un peu de temps pour faire mon enquête, une semaine environ.

17 Il s'agit d'un témoin très important pour nous. Je dispose de toute la

18 correspondance, de tous les courriers que j'ai échangés avec le ministère

19 de la Bosnie-Herzégovine, j'ai demandé qu'on l'autorise à venir et j'ai

20 également souligné l'importance qu'on y attache. C'est nous qui sommes les

21 premiers intéressés. Je ne vois pas pourquoi le Procureur s'en inquiète.

22 M. Blaxill (interprétation). - Tout d'abord, je peux vous

23 confirmer effectivement que nous avons bénéficié d'un certain degré de

24 coopération, un degré certain même de la part de Me Pavkovic. Merci. Je

25 comprends bien quel est le dilemme auquel il fait face. Il faudra

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1 effectivement penser à la possibilité d'une comparution de la part de

2 M. Marin. Merci, Maître Pavkovic, de ces renseignements.

3 M. le Président (interprétation). – Merci. Monsieur Biletic,

4 pourriez-vous donner lecture de la déclaration solennelle.

5 M. Biletic (interprétation). – Je déclare solennellement que je

6 dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

7 M. le Président (interprétation). – Merci. Veuillez vous

8 asseoir.

9 Maître Pavkovic, vous avez la parole.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

11 Bonjour, Monsieur le Témoin.

12 M. Biletic (interprétation). – Bonjour.

13 M. Pavkovic (interprétation). – D'abord, nous avons coutume de

14 demander au témoin de se présenter. Donc je vous demande tout d'abord de

15 vous présenter, de nous dire vos nom et prénom et les données essentielles

16 vous concernant, vos date et lieu de naissance, votre état-civil, etc.

17 M. Biletic (interprétation). – Je m'appelle Davor Biletic, je

18 suis né à Zenica le 1er août 1964. Je suis marié et j'ai deux enfants.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Fort bien. Je ne vous ai peut-

20 être pas suivi, mais nous avez-vous dit où vous habitez actuellement ?

21 M. Biletic (interprétation). – J'habite à Vitez, rue Petra

22 Kresimira.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous prie d'attendre un peu

24 après que j'ai posé la réponse pour permettre aux interprètes de faire

25 leur travail.

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1 Pouvez-vous nous dire où vous habitiez avant de venir à Vitez en

2 1992, par exemple ?

3 M. Biletic (interprétation). – J'ai vécu depuis toujours à

4 Zenica dans la rue Ivo Andric, n° 9A.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Puisque vous avez passé toute

6 votre vie à Zenica, pouvez-vous nous dire quelque chose concernant cette

7 ville ? Quelle était la composition ethnique de la population à Zenica à

8 cette époque ?

9 M. Biletic (interprétation). – Pour ce qui est de la composition

10 de la population, il me semble que la majorité était constituée de

11 Musulmans, environ 50 % étaient des Musulmans, et le reste de Serbes et de

12 Croates.

13 M. Pavkovic (interprétation). – Pouvez-vous nous décrire un peu

14 votre parcours scolaire ? Avez-vous fait des études ?

15 M. Biletic (interprétation). – J'ai terminé l'école élémentaire

16 à Zenica et, ensuite, j'ai fait des études d'infirmier.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Quel est votre métier ?

18 M. Biletic (interprétation). – Je suis technicien médical.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Quelle était votre occupation

20 après avoir terminé vos études ?

21 M. Biletic (interprétation) - Je me suis inscrit aux études

22 supérieures pour techniciens médicaux et, tout de suite après avoir

23 terminé les études secondaires, j'ai dû faire mon service militaire dans

24 l'ancienne JNA, comme le voulait la loi de l'époque. Quand je suis rentré,

25 je n'ai pas pu trouver de travail et, pendant un certain temps, j'ai été

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1 garçon dans un restaurant. Et par la suite, j'ai trouvé du travail à

2 l'hôpital de Zenica.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire le

4 travail que vous effectuiez à l'époque ?

5 M. Biletic (interprétation) - Il s'agissait du complexe

6 Dzemal Bijedic et je travaillais dans le bloc opératoire, en chirurgie,

7 soins intensifs.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Jusqu'à quand étiez-vous employé

9 à Zenica ?

10 M. Biletic (interprétation) - Jusqu'en octobre ou novembre 1992.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait pas la suite ?

12 M. Biletic (interprétation) - J'ai déménagé à Vitez. Mon

13 meilleur ami, qui travaillait à la police militaire, m'a dit qu'on

14 cherchait des techniciens médicaux et que là le salaire était beaucoup

15 plus intéressant que celui que je percevais à Zenica. C'est pour cela que

16 j'ai déménagé à Vitez.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Donc à partir de ce moment-là

18 vous travailliez à la police militaire de Vitez ?

19 M. Biletic (interprétation) - Oui.

20 M. Pavkovic (interprétation). - C'était quand exactement ?

21 M. Biletic (interprétation) - C'était en novembre 92.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Comment s'appelle votre ami qui

23 a joué le rôle d'intermédiaire ?

24 M. Biletic (interprétation) - Il s'appelle Mario Jurisic.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous êtes arrivé à Vitez en

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1 novembre 92. Combien de temps avez-vous passé au sein de la police

2 militaire ?

3 M. Biletic (interprétation) - Jusqu'en 97, lorsque l'armée de la

4 Fédération a été créée, et actuellement j'y travaille pour l'armée de la

5 Fédération de Bosnie-Herzégovine.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Avant de commencer à travailler

7 pour la police militaire, vous vous êtes, j'en suis sûr, intéressé, vous

8 avez demandé en quoi allait consister votre travail afin de savoir quel

9 serait votre poste. Etiez-vous policier ou technicien médical au juste ?

10 M. Biletic (interprétation) - En fait, c'était un rôle double :

11 j'étais policier et technicien médical. Si besoin était, je fournissais de

12 l'aide médicale, les premiers soins.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Y avait-il quelqu'un qui avait

14 plus d'éducation médicale au sein de la police militaire ?

15 M. Biletic (interprétation) - Non. Même aujourd'hui, il n'y a

16 pas de médecin.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, quelle était

18 la tâche essentielle de la police militaire à l'époque ?

19 M. Biletic (interprétation) - La protection des bâtiments, de la

20 population, le contrôle des axes routiers, du trafic, etc.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous faites partie de l'armée

22 aujourd'hui également, alors vous disposez certainement de plus

23 d'informations sur la structure. Dites-moi si la police militaire a les

24 mêmes missions aujourd'hui.

25 M. Biletic (interprétation) - Oui, pour ce qui est des devoirs

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1 de la police militaire, ils sont partout pareils, c'est la protection des

2 bâtiments, des personnalités, le contrôle de la circulation, des routes.

3 Ce sont des choses qui ne changent pas.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Où étiez-vous lorsque vous avez

5 été employé ?

6 M. Biletic (interprétation) - Dans l'usine d'explosifs de

7 Slobodan Princip, j'y ai passé un mois ou deux. Il s'agissait d'une usine

8 de grand intérêt pour l'industrie militaire.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Combien de temps y avez-vous

10 passé ?

11 M. Biletic (interprétation) - Un mois environ.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Et par la suite, qu'avez-vous

13 fait ?

14 M. Biletic (interprétation) - En fait, j'ai été déplacé dans

15 l'hôtel Vitez.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Vous travailliez dans la

17 sécurité, dans le service de sécurité ? Vous assuriez donc la sécurité du

18 bâtiment ou d'une personnalité en particulier ?

19 M. Biletic (interprétation) - Bien sûr, on assurait la sécurité

20 du bâtiment et des personnes qui s'y trouvaient, qui se trouvaient à

21 l'intérieur.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez

23 technicien médical et en même temps que vous assuriez le poste de

24 policier. Qui était votre commandant au sein de la police militaire ?

25 M. Biletic (interprétation) - Ivo Brnada était mon commandant.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Hormis la police militaire dont

2 le siège se trouvait à l'hôtel, y avait-il d'autres militaires qui s'y

3 trouvaient ?

4 M. Biletic (interprétation) - Oui. Je croisais souvent le

5 général Blaskic, Slavko Marin et d'autres personnes. Oui, il y en avait.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Peut-on dire que vous étiez

7 chargé d'assurer la sécurité de certaines personnalités, du colonel

8 Blaskic à l'époque ? Qui représentait-il ?

9 M. Biletic (interprétation) - Il me semble qu'à l'époque, il

10 n'était même pas colonel puisque qu'il n'y avait pas de grades, on

11 n'attribuait pas de grades à l'époque, pas encore. Il avait certaines

12 responsabilités.

13 M. Pavkovic (interprétation). - La police disposait de plusieurs

14 pièces dans l'hôtel. De quelles pièces s'agit-il, pouvez-vous nous le

15 dire ?

16 M. Biletic (interprétation). - La police avait une pièce au rez-

17 de-chaussée et plusieurs au troisième étage.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Combien de policiers étaient

19 logés dans l'hôtel ?

20 M. Biletic (interprétation). - Entre 10 et 15 policiers

21 militaires.

22 Il devaient y être tout le temps.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Quel était le devoir de ces

24 personnes qui se trouvaient dans l'hôtel ?

25 M. Biletic (interprétation). - Ils étaient chargés d'assurer la

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1 sécurité du bâtiment.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Donc la police militaire aussi

3 contrôlait les routes. De quelles routes s'agit-il ?

4 M. Biletic (interprétation). – Oui, on a assuré la sécurité des

5 routes, Puticevo, Nova Bila, Vitez, Busovaca, ces axes-là.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Parlons maintenant des policiers

7 qui se trouvaient dans l'hôtel, donc vous nous avez dit que leur tâche

8 était avant tout la sécurité du bâtiment et des personnes qui s'y

9 trouvaient. Ces policiers, est-ce qu'ils passaient la nuit également dans

10 l'hôtel ?

11 M. Biletic (interprétation). - Oui, s’ils étaient de garde oui,

12 sinon ils rentraient chez eux.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Compte tenu des besoins, combien

14 de personnes appartenant à la police militaire se trouvaient en permanence

15 dans l'hôtel même ?

16 M. Biletic (interprétation). - Entre 10 et 15 personnes.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Vous arrivait-il de passer la

18 nuit à l'hôtel ?

19 M. Biletic (interprétation). – Oui, mais quelquefois je rentrais

20 chez moi, chaque fois que j'avais l'occasion, je rentrais chez moi.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous citer des noms de

22 personnes qui appartenaient à la police militaire à l'époque et dont le

23 poste se trouvait dans l'hôtel même ?

24 M. Biletic (interprétation). – Oui, je me souviens des personnes

25 avec lesquelles j'entretenais des relations amicales. Mario Jurisic, Ivo

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1 Brnarda, Nikica Safradin.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Merci.

3 Quand je vous dis, à l'époque, je pense à la période du mois de

4 novembre 1992 jusqu'au mois d'avril 1993. Vous venez de nous citer

5 quelques noms. Pouvez-vous nous dire quelle était leur responsabilité en

6 tant que policiers ?

7 M. Biletic (interprétation). - C'étaient des policiers

8 ordinaires, comme moi.

9 M. Pavkovic (interprétation). – Ivo Brnada, quelles étaient ses

10 responsabilités ?

11 M. Biletic (interprétation). - Il était en quelque sorte le

12 supérieur hiérarchique immédiat.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Excepté donc la police militaire

14 qui se trouvait dans l'hôtel, pouvez vous nous dire si sur le territoire

15 de Vitez, il y avait d'autres policiers ?

16 M. Biletic (interprétation). - Il y avait évidemment la police

17 civile, mais cela faisait partie des autorités civiles.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Donc la police civile s'occupait

19 des affaires civiles, alors que la police militaire n'était chargée que de

20 régler les problèmes liés aux affaires militaires ?

21 M. Biletic (interprétation). - Oui.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Donc si un délit était commis

23 par quelqu'un qui était membre de la police militaire, à ce moment-là

24 c'est la police militaire qui s'en occupait ?

25 M. Biletic (interprétation). - Oui.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Donc si dans un événement, un

2 incident était impliqué, un militaire par exemple, c'est la police

3 militaire qui s'en occupait ?

4 M. Biletic (interprétation). – Oui, c'est la police militaire

5 qui s'en chargeait.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Où se trouvait le siège de la

7 police civile par rapport à l'hôtel ?

8 M. Biletic (interprétation). - A 80 mètres de l'hôtel environ.

9 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque, les membres de la

10 police civile portaient-ils les même uniforme que la police militaire ?

11 M. Biletic (interprétation). – Non, ils avaient des uniformes

12 bleus, les anciens uniformes.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Je souhaite vous poser quelques

14 questions supplémentaires au sujet de l'hôtel ou vous étiez installé. Cet

15 hôtel Vitez, situé à Vitez, combien avait-il d'entrées ?

16 M. Biletic (interprétation). - Il y avait plusieurs entrées,

17 mais la seule qui était utilisée, c'est l'entrée principale de l'hôtel. Il

18 y avait trois ou quatre plutôt.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Quand vous dites qu'une seule

20 entrée, à savoir l'entrée principale était utilisée, elle était utilisée

21 par tous ceux qui rentraient dans l'hôtel ?

22 M. Biletic (interprétation). - C'est pour des raisons de

23 sécurité qu'on était obligés d'utiliser l'entrée principale, parce que,

24 comment dire, à l'époque nous n'étions qu'une armée en herbe et on

25 commençait à s'organiser. On n'utilisait qu'une seule entrée parce qu'on

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1 avait lu quelque part qu'il est très important de n'utiliser qu'une seule

2 entrée et sortie pour mieux contrôler la circulation des gens.

3 M. Pavkovic (interprétation). – Autrement dit, les autres portes

4 menant à l'hôtel étaient fermées à clé, on ne pouvait pas les emprunter ?

5 M. Biletic (interprétation). - Bien entendu, ces portes-là

6 étaient fermées à clé, sinon nos mesures de sécurité auraient perdu tout

7 leur sens, si on laissait la possibilité de pénétrer dans le bâtiment par

8 d'autres voies, donc il s'agissait d'utiliser une seule entrée et toutes

9 les autres portes étaient fermées.

10 M. Pavkovic (interprétation). – Quand vous dites que les autres

11 portes étaient fermées à clé, c'est quelque chose que vous supposez, pour

12 trouver une raison et un sens à cette surveillance et à ce contrôle

13 d'entrée, ou bien dans le cadre de vos tâches, vous avez été appelé à

14 surveiller l'hôtel, à faire le tour de l'hôtel, à vérifier si ces portes

15 étaient fermées à clé ou non.

16 M. Biletic (interprétation). - Bien entendu que ces portes

17 étaient fermées à clé. Le policier militaire qui travaillait à l'entrée

18 était en outre chargé de vérifier si ces portes étaient bien fermées à

19 clé, elles étaient fermées à clé de l'intérieur et de l'extérieur ; il y

20 avait une poignée.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous travailliez dans cet hôtel

22 pour garantir cette sécurité. Est-ce que vous étiez de garde 24 heures sur

23 24 ?

24 M. Biletic (interprétation). - Ceux qui étaient de garde à

25 l'entrée l'étaient pendant 6 heures d'affilée. Par la suite, ils se

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1 reposaient et les gardes qui étaient dehors travaillaient 2 heures et se

2 reposaient pendant 4 heures par la suite.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Par conséquent, trois personnes,

4 si j'ai bien compris, étaient de garde : une personne à l'entrée et deux

5 personnes à l'extérieur chargées de la sécurité extérieure de l'hôtel.

6 Est-ce bien exact ?

7 M. Biletic (interprétation). - Oui, il y avait toujours trois

8 personnes chargées de la sécurité.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Les personnes qui se trouvaient

10 dehors étaient de garde pendant 2 heures d'affilée et la personne qui

11 travaillait à l'entrée était de garde pendant 6 heures d'affilée, c'est

12 exact ?

13 M. Biletic (interprétation). - Oui.

14 M. Pavkovic (interprétation). - J'ai omis, excusez-moi, de vous

15 poser une question. Vous-même savez-vous qui avait la garde des clés de

16 ces autres portes ?

17 M. Biletic (interprétation). - Je pense que c'était le

18 responsable de l'hôtel qui était chargé des clés qui les avait sur lui.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Vous en êtes sûr ?

20 M. Biletic (interprétation). - Oui à peu près sûr.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Il les avait sur lui ou bien

22 étaient-elles gardées dans une pièce officielle de l'hôtel ?

23 M. Biletic (interprétation). - Je pense que ces clés étaient

24 dans un des bureaux de l'hôtel.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit qu'il y avait

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1 également quelqu'un qui était chargé de surveiller les entrées, à l'entrée

2 de l'hôtel ?

3 M. Biletic (interprétation). - Oui.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Il y avait un bureau d'accueil,

5 pouvez-vous nous préciser comment c'était organisé et que faisait la

6 personne qui y travaillait ?

7 M. Biletic (interprétation). - Eh bien, il y avait donc un

8 bureau d'accueil où il y avait une table, une chaise situées derrière

9 l'entrée principale de la porte qui était l'entrée principale de l'hôtel.

10 La personne qui était installée à ce bureau pouvait surveiller toutes les

11 entrées et sorties de l'hôtel.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Vous-même quand vous travailliez

13 à ce bureau d'accueil, est-ce que vous teniez un registre des entrées ?

14 M. Biletic (interprétation). - Oui, nous tenions un registre où

15 nous notions tous ceux qui rentraient, qui sortaient, pendant combien de

16 temps ils étaient restés et qui ils étaient venus voir à l'hôtel.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez consigné les noms de

18 toutes les personnes qui sont rentrées à l'hôtel ?

19 M. Biletic (interprétation). - Eh bien, on ne notait pas le

20 cuisinier, la cuisinière, les civils qui étaient employés à l'hôtel, enfin

21 tous ceux qui y travaillaient habituellement.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Et si un de vos collègues,

23 membre de la police militaire venait à l'hôtel alors qu'il n'était pas de

24 garde, vous consigniez son nom ?

25 M. Biletic (interprétation). - Je ne vois pas de raison à

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1 contrôler ces gens-là, non.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que ce bureau

3 d'accueil se trouvait à l'entrée. En plus de ce bureau d'accueil, est-ce

4 qu'il y avait un autre lieu, un point dans l'entrée, dans le hall ?

5 M. Biletic (interprétation). - En plus de ce bureau d'accueil il

6 y avait la pièce où nous nous trouvions quand nous n'étions pas de garde.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Et la réception de l'hôtel s'y

8 trouvait également ?

9 M. Biletic (interprétation). - Oui, oui, la réception de l'hôtel

10 tout de suite derrière le bureau d'accueil à deux ou trois mètres tout au

11 plus.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que derrière la

13 réception il y avait une pièce utilisée par les membres de la police

14 militaire, utilisée comme bureau par eux ?

15 M. Biletic (interprétation). - Oui on pourrait dire comme une

16 sorte de bureau.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Ce bureau était-il utilisé entre

18 autre par M. "Vlado" Santic ?

19 M. Biletic (interprétation). - Oui, il utilisait cette pièce.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Combien de personnes... Je

21 retire ma question, excusez-moi, je vous ai déjà posé cette question ?

22 Combien de personnes se trouvaient de garde en même temps à un

23 poste de garde ?

24 M. Biletic (interprétation). - Une personne.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous-même ?

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1 M. Biletic (interprétation). - Moi j'étais au bureau d'accueil.

2 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, c'est vous la personne qui

3 était de garde pendant 6 heures d'affilée, 6 heures d'une traite ?

4 M. Biletic (interprétation). - Oui, tout à fait, 6 heures.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez vous du nom de la

6 personne qui travaillait à l'époque à la réception de l'hôtel ?

7 M. Biletic (interprétation). - Oui, je peux me souvenir de son

8 nom puisqu'elle porte le même nom que ma femme. Elle s'appelle Gordana

9 Goga.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, pourriez-vous

11 à présent vous rappeler le 15 avril 1993. Ma question est la suivante : le

12 15 avril 1993, étiez-vous de garde à l'hôtel ?

13 M. Biletic (interprétation). - Le 15 avril, je n'ai pas

14 travaillé et ce jusqu'à 12 heures. Le jour en question, c'est mon meilleur

15 copain Mario Jurisic qui m'a appelé à le joindre mais j'avais un rendez-

16 vous avec celle qui devait devenir mon épouse ultérieurement.

17 M. Pavkovic (interprétation). - A quel moment avez-vous commencé

18 à travailler au bureau d'accueil le jour en question ?

19 M. Biletic (interprétation). - A 24 heures.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Et avant cette heure-là, vous

21 vous êtes reposé ?

22 M. Biletic (interprétation). - Oui je me suis reposé.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dormi ?

24 M. Biletic (interprétation). – Non, je n'ai pas dormi. Je suis

25 sorti avec ma petite amie, il y avait une boîte de nuit. C'est, en fait,

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1 dans cette boîte qu'on allait le plus souvent.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Comment pouvons-nous aujourd'hui

3 affirmer avec certitude que c'était bien la date du 15 avril 1993 ?

4 M. Biletic (interprétation). – Parce que le lendemain, j'ai

5 expérimenté pour la première fois la guerre et les horreurs de la guerre.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, par ailleurs

7 est-ce que vous passiez la nuit régulièrement dans cet hôtel ou bien vous

8 vous rendiez à Zenica ?

9 M. Biletic (interprétation). – Parfois, je passais la nuit à

10 l'hôtel et parfois, je me rendais chez moi à Zenica.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Quand vous êtes devenu membre de

12 la police militaire, vous vous êtes tout de suite installé à l'hôtel ou

13 bien, dans un premier temps, vous vous rendiez au travail depuis Zenica,

14 vous faisiez la navette ?

15 M. Biletic (interprétation). – Parfois je faisais la navette,

16 parfois je passais la nuit à l'hôtel. Voilà, cela dépend. Cela dépend de

17 l'humeur.

18 M. Pavkovic (interprétation). – Rappelons-nous le 15 avril 1993.

19 Vous avez dit que vous étiez en compagnie de votre petite amie de

20 l'époque, votre épouse actuelle, vous avez dit que vous avez passé la

21 soirée avec elle jusqu'à minuit. Pouvez-vous nous dire si vous avez été en

22 mesure de remarquer quelque chose d'inhabituel le jour en question par

23 rapport aux journées ordinaires ?

24 M. Biletic (interprétation). – Je ne suis pas allé au

25 restaurant, je suis allé à la discothèque, comme je l'ai dit et cette

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1 journée n'était pas différente des autres jours, la discothèque était

2 pleine, comme toutes les nuits, tout était normal.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Vous n'avez pas pu remarquer

4 quoi que ce soit d'inhabituel dans l'hôtel, autour de l'hôtel ?

5 M. Biletic (interprétation). – Non, je n'ai rien remarqué,

6 c'était une journée tout à fait ordinaire.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Quand je dis quelque chose

8 d'extraordinaire, je pense au mouvement de l'armée, à l'arrivée des gens,

9 au départ de personnes ?

10 M. Biletic (interprétation). – Non, non, pas du tout, c'était

11 une journée comme toutes les autres.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Dans la nuit du 15 au 16, vous

13 commenciez votre tour de garde à 24 heures ?

14 M. Biletic (interprétation). – Oui.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous deviez normalement

16 rester au travail jusqu'à 6 heures du matin ?

17 M. Biletic (interprétation). – Oui.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Et qu'avez-vous fait alors

19 pendant ces heures qui ont suivi minuit ?

20 M. Biletic (interprétation). – Je suis arrivé à 24 heures, je

21 lisais un livre, je me souviens très bien de ce livre, je ne l'oublierai

22 jamais, c'est un livre de Robert Ladlom (?), un livre très intéressant et

23 c'est à 2 heures, 4 heures et 6 heures que je devais réveiller les

24 personnes qui devaient monter la garde à l'extérieur.

25 M. Pavkovic (interprétation). – Alors, avez-vous réveillé à

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1 2 heures les gardes qui devaient aller à l'extérieur ?

2 M. Biletic (interprétation). – Oui.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Donc à 4 heures également, vous

4 deviez à nouveau réveiller l'équipe qui devait prendre son tour de garde

5 de 4 heures à 6 heures ?

6 M. Biletic (interprétation). – Oui.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous des noms d'au

8 moins quelques-unes de ces personnes que vous avez réveillées le matin en

9 question ?

10 M. Biletic (interprétation). – Je me rappelle Berislav Margeta,

11 j'étais assez proche de lui, je me souviens bien de lui, mais comme

12 j'avais passé relativement peu de temps sur place, je ne connaissais pas

13 très bien les autres.

14 M. Pavkovic (interprétation). – Excusez-moi, moi aussi parfois

15 je pose la question trop vite. A quel moment, l'avez-vous réveillé ? A

16 2 heures ou à 4 heures ?

17 M. Biletic (interprétation). – A 4 heures.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Vous étiez seul à ce bureau

19 d'accueil à partir de minuit ?

20 M. Biletic (interprétation). – Oui, à partir de minuit, j'étais

21 seul à cet endroit.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Quelqu'un d'autre est venu se

23 joindre à vous ?

24 M. Biletic (interprétation). – Non, seulement les gardes quand

25 ils se relevaient.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce qui

2 s'est produit le matin en question ?

3 M. Biletic (interprétation). – Ce matin-là, vers 5 heures,

4 5 heures et quart peut-être, Vladimir Santic s'est rendu au travail comme

5 tous les matins et, comme c'était habituel, vers 5 heures 30, donc

6 5 heures et demie, nous avons entendu des explosions, des explosions très

7 fortes.

8 M. Pavkovic (interprétation). – Une autre question, s'il vous

9 plaît. Vous avez dit que vers 5 heures, 5 heures et quart, comme

10 d'habitude "Vlado" Santic s'est rendu à l'hôtel ?

11 M. Biletic (interprétation). – Oui.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Le mot que vous avez employé

13 "comme d'habitude" m'incite à vous poser une autre question. Est-ce que

14 cela veut dire qu'il se rendait aussi tôt le matin, toujours à l'hôtel ?

15 M. Biletic (interprétation). – Oui, il a toujours été un lève-

16 tôt.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Où était son poste de travail ?

18 M. Biletic (interprétation). – Comme je l'ai déjà dit, il y

19 avait un bureau derrière la réception de l'hôtel. C'est là que se trouvait

20 son, poste, son bureau.

21 M. Pavkovic (interprétation). – Vladimir Santic se rendait-il au

22 travail tous les jours ? Patientez un peu s'il vous plaît.

23 M. Biletic (interprétation). – Oui, il s'y rendait tous les

24 jours, sauf que le samedi, le dimanche, on ne travaillait pas vraiment,

25 mais les jours ouvrables, oui.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Le matin quand il est arrivé ce

2 jour-là, vous l'avez vu ?

3 M. Biletic (interprétation). – Oui.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, me

5 répéter une petite chose ? Il était quelle heure à ce moment-là ?

6 M. Biletic (interprétation). – Il était 5 heures 15, 5 heures 20

7 à peu près.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Et comment pouvez-vous le

9 savoir ?

10 M. Biletic (interprétation). – Sur mon bureau devant moi, il y

11 avait une horloge, quand je devais réveiller les gardes, je devais savoir

12 quelle heure il était, je lisais un bouquin et j'avais l'horloge devant

13 moi pour pouvoir les réveiller à temps.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous aviez l'heure devant

15 vous pour pouvoir réveiller à temps les gardes ?

16 M. Biletic (interprétation) - Oui, pour les relèves.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Le jour en question, Vladimir

18 Santic est-il arrivé seul au travail le matin ?

19 M. Biletic (interprétation) - Oui, il est arrivé seul.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Et comment est-il arrivé à

21 l'hôtel ?

22 M. Biletic (interprétation) - Eh bien, à pied. A pied.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Etes-vous sûr qu'il est arrivé à

24 pied ?

25 M. Biletic (interprétation) - Oui, parce que s'il était arrivé

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1 par un autre moyen, on aurait entendu le moteur du véhicule.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Mais quelqu'un aurait pu le

3 conduire en voiture, aurait pu l'amener en voiture. Vous l'auriez remarqué

4 si tel avait été le cas ?

5 M. Biletic (interprétation) - Je l'aurais remarqué parce que

6 depuis le bureau d'accueil, j'avais une bonne visibilité. C'était des

7 parois vitrées devant moi, donc je pouvais voir à l'extérieur. Et puis, en

8 plus, naturellement, on entend une voiture arriver.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Savez-vous où habitait

10 Vlado Santic à l'époque ?

11 M. Biletic (interprétation) - Oui. Il habitait dans le bâtiment

12 du club d'échecs. Je ne connais pas très exactement l'adresse, mais je

13 sais que c'était là qu'était le siège du club d'échecs.

14 M. Pavkovic (interprétation). - C'était à quelle distance de

15 l'hôtel ? Pouvez-vous nous le dire, s'il vous plaît ?

16 M. Biletic (interprétation) - Cinq à dix minutes à pied, à peu

17 près.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Vous est-il arrivé de vous

19 rendre chez Vlado Santic, chez lui ?

20 M. Biletic (interprétation) - Oui. S'il y avait, par exemple, un

21 accident de la route, s'il était nécessaire de se rendre sur les lieux de

22 l'accident, on allait chercher Vlado Santic.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Et c'est à ce moment-là que vous

24 avez vu où il habitait ?

25 M. Biletic (interprétation) - Oui.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Et c'est cela qui vous a permis

2 d'évaluer le temps nécessaire pour franchir la distance entre l'hôtel et

3 sa maison ?

4 M. Biletic (interprétation) - Oui.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur, d'après ce que vous

6 nous avez dit aujourd'hui, vous avez travaillé dans les rangs de la police

7 pendant cinq ans environ ?

8 M. Biletic (interprétation) - Oui.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Comment étaient vêtus les

10 membres de la police militaire en 1992 et en 1993 jusqu'au mois d'avril ?

11 M. Biletic (interprétation) - Eh bien, la police militaire

12 portait donc des uniformes de camouflage, un anorak, enfin un dessus, et

13 un pantalon.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que la police militaire

15 avait un signe distinctif qui permettait de la distinguer des autres

16 unités de l'armée, un insigne ?

17 M. Biletic (interprétation) - Elle portait des ceinturons

18 blancs.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Essayez de vous rappeler la

20 matinée où Vlado Santic est arrivé et essayez de vous rappeler également

21 comment Vlado était habillé le matin en question.

22 M. Biletic (interprétation) - Il portait les vêtements comme

23 tous les matins. Il portait un uniforme de camouflage. Je me souviens

24 qu'il n'aimait pas porter les bottes, donc il chaussait toujours des

25 chaussures.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Ce matin-là, Vlado Santic

2 portait-il une arme ?

3 M. Biletic (interprétation) - Oui, il portait toujours une arme,

4 c'était un fusil très ancien.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Vous et les autres policiers

6 militaires, portiez-vous toujours une arme, ce pistolet ?

7 M. Biletic (interprétation) - Oui. Oui, c'est le même pistolet.

8 Pas tous. Une partie de nous portaient ces pistolets. La plupart d'entre

9 nous portions ce pistolet de fabrication russe, Makara.

10 M. Pavkovic (interprétation). - On peut dire alors que Vlado

11 Santic était vêtu comme l'est habituellement un policier militaire ?

12 M. Biletic (interprétation) - Oui, comme tous les matins,

13 c'était une tenue habituelle.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Tous les policiers militaires

15 avaient un pistolet ?

16 M. Biletic (interprétation) - Comme je l'ai dit, pas tous parce

17 qu'il n'y en n'avait pas assez pour tout le monde.

18 M. Pavkovic (interprétation). - La police militaire disposait-

19 elle d'autres types d'armes ?

20 M. Biletic (interprétation) - Oui, nous avions des fusils

21 automatiques, des Kalachnikof.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Chaque membre de la police

23 militaire avait accusé réception d'un fusil de ce genre ?

24 M. Biletic (interprétation) - Non, c'était la même chose qu'avec

25 les pistolets, nous ne pouvions pas chacun posséder un fusil.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - En vous rendant au travail, est-

2 ce que vous portiez tous les jours ces Kalachnikof ?

3 M. Biletic (interprétation) - Eh bien, les deux gardes qui se

4 trouvaient à l'extérieur, oui. Eux, ils avaient des Kalachnikof. Quant aux

5 autres, non, les fusils étaient enfermés à clé dans une armoire qui se

6 trouvait derrière la réception.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Donc seuls les policiers qui

8 montaient la garde dehors à l'extérieur avaient des fusils à canon long ?

9 M. Biletic (interprétation) - Oui.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que les autres

11 armes à canon long étaient enfermées à clé ?

12 M. Biletic (interprétation) - Oui.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Où se trouvait cette pièce ?

14 M. Biletic (interprétation) - Ce n'est pas une pièce, c'est une

15 armoire. C'est là qu'on installe les fusils, on les attache à l'aide d'une

16 chaîne et puis on ferme.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Vous dites que ces armes étaient

18 enfermées, mais qui avait les clés ?

19 M. Biletic (interprétation) - Nous étions obligés de fermer

20 cette armoire parce qu'il est arrivé qu'un ou deux fusils disparaissent.

21 Quant aux clés, elles se trouvaient dans la pièce où était Ivo Brnada,

22 Vladimir Santic ou quelqu'un d'autre.

23 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque, étiez-vous au

24 courant de l'existence d'un plan, un plan qui aurait porté sur des

25 situations d'urgence ou exceptionnelles ?

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1 M. Biletic (interprétation) - Oui, il y avait un plan. En cas

2 d'attaque, on aurait enlevé le cadenas de cette armoire, chacun aurait

3 pris une arme et les gardes se seraient... Enfin, tout le monde se serait

4 rendu à son poste de garde. Il y avait un plan de déploiement en cas

5 d'urgence.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Par conséquent, ce plan

7 prévoyait que les fusils soient pris par les personnes désignées,

8 lesquelles iraient se positionner aux places prévues à cet effet ?

9 M. Biletic (interprétation). - Effectivement, c'était le plan

10 qui avait été prévu.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Ce matin-là du 16 avril 1993,

12 vers 5 heures, 5 heures 15 du matin, vous avez vu Vlado Santic, nous avez-

13 vous dit. Vous l'avez vu à l'entrée, vous qui étiez assis à votre bureau

14 d'accueil. Est-ce que vous avez conversé avec lui ?

15 M. Biletic (interprétation). - Pas vraiment, nous nous sommes

16 simplement salués comme d'habitude : "Bonjour ! Rien de neuf ?". Ce genre

17 de chose, le type de dialogue habituel.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Suite à cela, où est allé

19 Vlado Santic ?

20 M. Biletic (interprétation). - Eh bien, il est allé dans cette

21 pièce dont j'ai déjà parlé, c'était là qu'il travaillait.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, vous le

23 connaissiez bien ou peu, Vlado Santic ?

24 M. Biletic (interprétation). - Je ne peux pas dire vraiment que

25 je le connaissais très bien, mais de temps en temps nous prenions un verre

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1 ensemble, nous échangions quelques mots. C'est donc un homme que je

2 connais.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez donc fait état de

4 certaines situations lorsque vous alliez le chercher chez lui, à son

5 domicile, mais vous n'aviez pas de liens d'amitié vraiment très étroits

6 avec lui ?

7 M. Biletic (interprétation). - Non, pas vraiment.

8 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque, savez-vous s'il

9 avait des problèmes de santé, "Vlado" ?

10 M. Biletic (interprétation). - Oui, je suis au courant. Nous en

11 avons parlé puisque j'étais de formation technicien médical. Il lui

12 arrivait de me faire part de ses problèmes de santé surtout au niveau des

13 reins.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Reparlons de ce matin du

15 16 avril. Vlado arrive vers 5 heures, 5 heures 15. Que se passe-t-il à ce

16 moment-là ? Vous avez parlé d'une explosion. Pourriez-vous nous parler

17 plus précisément de ce qui s'est passé ?

18 M. Biletic (interprétation). - Vers 5 heures et demie,

19 5 heure 31, 32, tout d'abord il y a eu une détonation très puissante,

20 suite à quoi j'ai laissé mon livre de côté et je me suis dirigé vers

21 l'entrée de l'hôtel pour voir ce qui s'y passait. Puis, il y a eu toute

22 une série de nouvelles détonations qui ont brisé, pour certaines du moins,

23 certaines des vitres de l'hôtel. Puis, je me suis retiré du fait de ces

24 déflagrations et je me suis tenu derrière le pilier.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Avez-vous pu déterminer

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1 l'origine de ces projectiles ? D'où venaient-ils ?

2 M. Biletic (interprétation). - Cela m'était impossible à

3 l'époque parce que je ne connaissais pas grand-chose à l'armée, à la chose

4 militaire. Moi, je suis technicien médical de formation, je connais mieux

5 la médecine que l'armée. Toutefois, maintenant cela fait plusieurs années

6 que je travaille au sein de l'armée, j'ai bénéficié de formations

7 supplémentaires, il se peut qu'aujourd'hui je suis un peu plus informé

8 pour ce qui est de déterminer l'origine de projectiles. Il est toujours

9 difficile de dire exactement d'où vient une explosion ou d'où tel ou tel

10 projectile a été tiré, difficile de l'établir avec certitude.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Mais hormis ces tirs

12 d'artillerie, ces obus, est-ce qu'il y a eu aussi des tirs d'infanterie ?

13 M. Biletic (interprétation). - Il y a eu des tirs de canons, des

14 obus qui ont été tirés, mais il y a eu aussi des coups de fusil, il y

15 avait des balles qui sifflaient partout.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que l'hôtel a été la

17 cible de toutes ces armes, de tous ces coups de feu ?

18 M. Biletic (interprétation). - Oui, la plupart des obus, la

19 plupart des balles pleuvaient tout autour de l'hôtel.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque ces événements que vous

21 venez de décrire se sont produits, est-ce qu'il y avait, présents avec

22 vous, d'autres policiers ?

23 M. Biletic (interprétation). - Quatre ou cinq minutes après le

24 début de ces explosions, tout le monde est descendu des chambres où ils se

25 trouvaient et ils se sont dirigés en courant vers l'entrée de l'hôtel.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Et est-ce que les gardes qui se

2 trouvaient de garde à l'extérieur étaient toujours déployés à

3 l'extérieur ?

4 M. Biletic (interprétation). - Oui, dans tout le fracas qui

5 s'ensuivit, certains sont sortis en courant, se sont emparés de ces fusils

6 et ont occupé les positions qu'ils étaient censés prendre en cas

7 d'attaque.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous, où êtes-vous allé ?

9 M. Biletic (interprétation). - L'alarme a été donnée, je suis

10 allé vers l'entrée principale, j'ai pris position à quelque trois mètres

11 de cette entrée.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Donc c'est bien ce que vous avez

13 fait ?

14 M. Biletic (interprétation). - Tout à fait.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez parlé de cette panique

16 qui avait commencé à éclater, vous avez pris position devant l'entrée

17 principale de l'hôtel. Vous souvenez-vous avoir vu Vlado Santic parmi ces

18 soldats ?

19 M. Biletic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas vu.

20 Cependant, au moment où je sortais, j'ai entendu sa voix. Il y avait une

21 confusion générale à ce moment-là. Moi aussi, j'étais pris par la peur

22 comme tout un chacun, mais je me souviens de sa voix, de certains détails

23 lorsque par exemple il a dit : "Mais qu'est-ce qui se passe ?" Quand j'ai

24 entendu cette voix derrière moi, je me trouvais déjà pratiquement à la

25 porte de l'hôtel.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Pourriez-vous confirmer avec

2 toute la certitude voulue que c'était bien la voix de Santic que vous avez

3 entendue ?

4 M. Biletic (interprétation). - Tout à fait, je suis sûr que

5 c'est sa voix que j'ai entendue.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Vous étiez donc à deux ou trois

7 mètres de l'entrée principale, vous êtes sorti et alors qu'avez-vous

8 fait ?

9 M. Biletic (interprétation). - Puisque j'étais à ce moment-là à

10 l'extérieur, étant donné qu'il y avait toutes ces explosions et que

11 derrière moi il y avait ces grandes parois vitrées, comment dire... Eh

12 bien, je me suis arrêté, immobilisé, je me suis jeté par terre, comme on

13 dit chez nous en jargon militaire.

14 M. Pavkovic (interprétation). - De l'endroit où vous avez pris

15 position, est-ce que vous aviez une vision libre, sans obstacles, de

16 l'entrée de l'hôtel ?

17 M. Biletic (interprétation). – Oui, car là, je suis environ

18 trois à quatre mètres de l'entrée.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que quelqu'un pouvait

20 sortir de l'hôtel ou y entrer sans que vous ne le voyiez ?

21 M. Biletic (interprétation). - Non ça n'était pas possible.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous avoir vu

23 quelqu'un d'autre que vous auriez connu, mis à part Vlado Santic ?

24 M. Biletic (interprétation). - Vous voulez dire qui serait entré

25 dans l'hôtel ?

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Tout à fait.

2 M. Biletic (interprétation). - Oui effectivement, j'ai vu

3 quelqu'un que je connaissais, je me souviens d'Ivica Franjic qui lui aussi

4 travaillait là et venait au travail tous les matins. C'était le directeur

5 de l'hôtel, je pense. Et puis il y avait deux autres hommes qui

6 travaillaient pour le centre de communication, près des PTT à proximité de

7 l'hôtel ; je pense qu'il y a parmi eux Kruno je ne me souviens pas du nom

8 de l'autre personne.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Il y a un instant, vous nous

10 avez dit que vous aviez une vision sans obstacle, un champ de vision très

11 clair à partir de l'endroit où vous étiez devant l'hôtel, on voyait

12 quiconque sortait ou entrait dans cet hôtel ?

13 M. Biletic (interprétation). - Oui.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que vous avez vu le

15 directeur de l'hôtel qui serait sorti de celui-ci ?

16 M. Biletic (interprétation). - Quelques instants après y être

17 rentré, à peine quelques minutes plus tard, le directeur a quitté ou plus

18 exactement est sorti de l'hôtel.

19 M. Pavkovic (interprétation). – Monsieur Biletic, pendant

20 combien de temps êtes-vous resté à cet endroit dont vous venez de parler ?

21 M. Biletic (interprétation). - Il y a eu quelques interruptions,

22 mais hormis celles-ci, j'y ai passé pratiquement toute la journée jusqu'à

23 11 heures. J’avais un peu faim et je suis entré dans l'hôtel pour aller

24 chercher un sandwich.

25 M. Pavkovic (interprétation). – Cela vous a pris combien de

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1 temps pour aller chercher un sandwich à l'hôtel ?

2 M. Biletic (interprétation). - A peine 5 minutes.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des entrées

4 ou des sorties dans l'hôtel à ce moment-là ?

5 M. Biletic (interprétation). - Il y avait très peu de

6 déplacements, il était très dangereux de se déplacer, de sortir ou entrer

7 de l'hôtel ou d'y entrer, ce qui veut dire que personne ne le faisait.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Où se trouve cet endroit où vous

9 êtes allé chercher ce sandwich, par rapport à l'autre endroit ?

10 M. Biletic (interprétation). - A 5 ou 10 mètres à peu près de

11 l'entrée principale.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Vous était-il toujours possible

13 de voir l'entrée depuis cet endroit ?

14 M. Biletic (interprétation). – Non, je me suis contenté d'entrer

15 dans la pièce, j'ai pris ce sandwich, je suis sorti, cela a pris tout au

16 plus 5 minutes. J'ai quitté mon poste pendant environ 5 minutes.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que quelqu'un a pris

18 votre place à l'entrée pendant cette période ?

19 M. Biletic (interprétation). – Non, mais en général il y avait

20 quelqu'un dans l'entrée même, mais effectivement là où j'étais, personne

21 ne m'a remplacé.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Et cela s'est passé vers

23 11 heures ?

24 M. Biletic (interprétation). - Oui.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Qu'en est-il de l'explosion

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1 qu'on entendait dans la ville ? Est-ce que les tirs étaient toujours aussi

2 intenses qu'au cours de la matinée ?

3 M. Biletic (interprétation). – Non, il y avait une accalmie du

4 côté des explosions et des tirs. Mais oui, il y en avait moins à ce

5 moment-là.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que vous avez revu

7 Vlado Santic ce matin-là ?

8 M. Biletic (interprétation). - Je l'ai vu à l'hôtel quand je

9 suis allé chercher ce sandwich, j'ai vu Vlado Santic, je suppose que lui

10 aussi était venu chercher quelque chose à manger, en tout cas je l'y ai

11 vu. Moi j'ai pris mon sandwich et au moment de sortir, j'ai vu Vlado

12 Santic à cet endroit. Il devait être 11 heures.

13 M. Pavkovic (interprétation). – Que faisait-il a ce moment-là,

14 pourriez-vous nous le dire ?

15 M. Biletic (interprétation). - Il est simplement passé à côté de

16 moi et il est allé dans ce qu’on pourrait appeler cette cantine ou ce

17 restaurant.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce qu'il portait les mêmes

19 vêtements que les vêtements qu'il portait au début de la matinée ?

20 M. Biletic (interprétation). - Oui.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Donc il portait les mêmes

22 vêtements ?

23 M. Biletic (interprétation). - Oui.

24 M. Pavkovic (interprétation). - Vers l'heure du déjeuner, un

25 véhicule est arrivé à l'hôtel ? Etes-vous au courant de cela ?

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1 M. Biletic (interprétation). – Oui, c'était un véhicule de

2 l'ancienne Forpronu, enfin SFOR, c'était un véhicule transporteur de

3 troupes.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Pourquoi sont-ils venus ?

5 M. Biletic (interprétation). - Ils ont emmené deux membres du

6 HVO… attendez, je me souviens des noms, il y avait un certain Prskalo et

7 puis il y avait Zoran Bilitic ou Miletic, je ne me souviens plus

8 exactement.

9 M. Pavkovic (interprétation). – Connaissez-vous la raison de

10 leur venue ?

11 M. Biletic (interprétation). - A l'époque je n'étais pas

12 informé, je ne sais toujours pas pourquoi ils sont venus, de surcroît dans

13 un véhicule de la Forpronu, je ne sais pas pourquoi c'est la Forpronu qui

14 les a amenés à l'hôtel.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Que s'est-il passé s'agissant de

16 ces deux hommes devant l'hôtel ?

17 M. Biletic (interprétation). - Ils sont sortis du véhicule

18 transporteur de troupes, ils ont pris congé des membres de la Forpronu,

19 puis il y a eu des coups de feu d'armes d'infanterie, et ils ont été

20 frappés, excusez-moi de le dire, mais dans leurs fesses. Ils ont été

21 touchés à l'arrière.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Vous voulez parler de l'entrée

23 de l'hôtel ? Apparemment elle était très dangereuse pour ceux qui

24 voulaient y entrer et en sortir ?

25 M. Biletic (interprétation). – Absolument, c'était un endroit

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1 des plus dangereux, car même quand je ne faisais que regarder un peu à

2 l’extérieur, je pense que c'est une balle à fragmentation qui est tombée

3 juste à côté de moi et j'ai été touché au mollet. Mais ce sont de tous

4 petits fragments que provoquent l'explosion d'une telle balle.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Avez-vous vu Vlado Santic vers

6 11 heures, après 11 heures, au moment de l'heure du déjeuner ?

7 M. Biletic (interprétation). – Oui.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous l'avez revu plus tard

9 dans la journée ?

10 M. Biletic (interprétation). - Oui je l'ai revu vers 18 heures

11 lorsque j'ai quitté le poste que j'occupais pour aller manger.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Où avez-vous vu Vlado Santic

13 dans cette cantine ou ce mess ?

14 M. Biletic (interprétation). – Au cours du repas du soir vers

15 18 heures.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes resté jusqu'à quelle

17 heure à l'hôtel ?

18 M. Biletic (interprétation). – Jusqu'à 20 heures à peu près.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Jusqu'au moment où le soir est

20 tombé.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que Vlado Santic se

22 trouvait lui aussi à l'hôtel jusqu'à cette heure-là ?

23 M. Biletic (interprétation). – En toute probabilité, oui,

24 puisque les déplacements qu'il y avait autour de l'hôtel étaient réduits

25 au maximum.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait après

2 20 heures ?

3 M. Biletic (interprétation). – Après 20 heures, six ou sept

4 d'entre nous ont été emmenés en véhicule au Bungalow, ce que l'on a appelé

5 le Bungalow.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Avant de quitter l'hôtel, vous

7 a-t-on dit où vous alliez ?

8 M. Biletic (interprétation). – Ivo Brnada, on en a déjà parlé, a

9 simplement fait remarquer que nous allions au Bungalow. Et c'est là que

10 nous nous sommes rendus.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Vous a-t-on dit pourquoi vous

12 vous rendiez à cet endroit ?

13 M. Biletic (interprétation). – Non, je ne pense pas qu'on nous

14 l'ait dit. Je pense que la confusion restait toujours, je ne pense pas que

15 qui que ce soit ait dit quelque chose de précis, on nous a dit de nous

16 préparer.

17 M. Pavkovic (interprétation). – A-t-on également dit que tous

18 les membres de la sécurité de l'hôtel allaient se rendre à cet endroit ?

19 M. Biletic (interprétation). – C'est vrai, nous tous, nous

20 devions y aller.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Je ne vous demande pas si vous

22 tous deviez y aller.

23 M. Biletic (interprétation). – On nous a dit que nous tous nous

24 allions y aller.

25 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, on vous dit que vous

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1 alliez aussi aller au Bungalow.

2 M. Biletic (interprétation). – Oui.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Et que saviez-vous à propos du

4 Bungalow avant de vous y rendre ?

5 M. Biletic (interprétation). – Je savais que c'était un

6 restaurant, une espèce d'hôtel.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Et aviez-vous déjà été au

8 Bungalow auparavant ?

9 M. Biletic (interprétation). – Non.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Comment êtes-vous arrivé, vous

11 avec cinq ou six hommes ?

12 M. Biletic (interprétation). – Nous sommes montés dans le

13 véhicule, je me souviens fort bien du chauffeur, Nikica Safradin, c'est

14 lui qui nous a emmenés dans ce véhicule au Bungalow.

15 M. Pavkovic (interprétation). – Savez-vous dans quelles

16 conditions, comment d'autres se sont rendus au Bungalow ?

17 M. Biletic (interprétation). – Non.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Quel itinéraire avez-vous

19 emprunté ?

20 M. Biletic (interprétation). – On n'avait pas d'éclairage au

21 véhicule, il y avait encore des tirs d'artillerie, de temps en temps un

22 obus qui tombait ici ou là, nous nous déplacions très lentement tous

23 phares éteints, le long d'un itinéraire que nous ne connaissions pas. Nous

24 sommes passés par la ville, mais il s'est avéré que c'était quelque chose

25 de dangereux et de très dangereux même.

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1 M. Pavkovic (interprétation). – Vous avez dit que vers 20 heures

2 vous êtes parti en direction du Bungalow. Combien de temps vous a-t-il

3 fallu pour y arriver ?

4 M. Biletic (interprétation). – Je dirai 35-40 minutes, peut-être

5 un peu plus, je ne sais plus exactement mais il a fallu assez longtemps.

6 M. Pavkovic (interprétation). – Vous dites que vous étiez six ou

7 sept dans ce véhicule ?

8 M. Biletic (interprétation). – C'est exact.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Pourriez-vous vous souvenir du

10 nom de certains des policiers qui sont allés avec vous ?

11 M. Biletic (interprétation). – J'ai déjà parlé de Safradin, il y

12 avait aussi Markica Virkecic, je ne connaissais pas les autres assez

13 bien ; de plus, beaucoup de temps s'est écoulé depuis ; je ne me souviens

14 plus du nom de tous les hommes qui étaient avec moi dans ce véhicule, je

15 me souviens de certains visages mais plus des noms.

16 M. Pavkovic (interprétation). – Vlado Santic était-il avec

17 vous ?

18 M. Biletic (interprétation). – Non.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes arrivé au Bungalow, y

20 avez-vous vu Vlado Santic à ce moment-là ?

21 M. Pavkovic (interprétation). - Une fois arrivé au Bungalow,

22 après qu'une vingtaine de minutes se soient écoulées, je pense que c'est à

23 ce moment-là que j'ai vu Vlado Santic.

24 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes resté combien de temps

25 à l'extérieur devant ce Bungalow ?

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1 M. Biletic (interprétation). – Une vingtaine de minutes à peu

2 près et aussitôt, nous avons été emmenés par certains hommes sur certaines

3 positions, mais il faisait déjà noir, je n'ai pas pu identifier le chemin

4 que nous avons pris et c'est seulement un peu plus tard que j'ai appris

5 que je me trouvais sur une ligne de défense appelée "Kratine" ou "Kratina"

6 ou "Kuber", je ne sais pas exactement, mais c'était une ligne de défense.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit à quel moment

8 vous avez déménagé à Vitez pour vous engager dans la police militaire.

9 Donc vous ne connaissiez pas bien les lieux ?

10 M. Biletic (interprétation). – Non, puisque je venais de Zenica,

11 ce qui veut dire que je connaissais très mal la région.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté

13 sur ces positions ?

14 M. Biletic (interprétation). – Je pense que cette fois-là nous y

15 avons passé à peu près dix jours jusqu'au 26 avril 1993.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait après ces dix

17 jours ?

18 M. Biletic (interprétation). – Nous avons passé dix ou onze

19 jours là-bas puis je suis revenu à l'hôtel Vitez pour y travailler de

20 nouveau dans les services de sécurité.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes donc revenu à votre

22 premier poste ?

23 M. Biletic (interprétation). – Oui.

24 M. Pavkovic (interprétation). – Est-ce que vous avez vu

25 Vlado Santic par la suite ?

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1 M. Biletic (interprétation). – Oui, à mon retour à l'hôtel, je

2 l'ai revu.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Et où exactement l'avez-vous

4 revu ?

5 M. Biletic (interprétation). – Dans l'entrée de l'hôtel.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, j'en ai

7 pratiquement terminé de l'interrogatoire principal. Il y a trois photos

8 toutefois que j'aimerais montrer à ce témoin afin qu'il annote certain des

9 endroits dont il a parlé dans le cadre de sa déposition. Cela va peut-être

10 prendre un peu plus de 5 minutes. Or, il reste 5 minutes d'ici à la pause.

11 Pensez-vous que nous puissions passer directement à la pause ou est-ce que

12 nous poursuivons ?

13 M. le Président (interprétation). - Poursuivons puisque

14 aujourd'hui il nous faudra arrêter nos travaux à 13 heures ce qui veut

15 dire que notre pause interviendra à 11 heures moins le quart. Nous

16 n'aurons qu'une pause ce matin, nous pouvons dès lors poursuivre.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, je vais

18 demander l'aide de M. l'huissier. J'ai des exemplaires de ces trois

19 photographies à l'intention de la partie adverse et des Juges et je

20 demanderai à l'huissier de placer une de ces photos sur le rétroprojecteur

21 ce qui permettra au témoin d'apporter ses commentaires sur la teneur de

22 ces photographies.

23 (L'huissier s'exécute.)

24 Mme Lauer. - Cette première photo est cotée D10/6.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, je vais vous

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1 demander d'examiner cette photographie. Elle a été prise le 10 juin de

2 cette année-ci. C'est donc l'entrée qui mène à l'intérieur de l'hôtel

3 Vitez. Est-ce qu'il y a eu des modifications depuis le 16 avril 1993 ?

4 Est-ce que l'aspect de l'hôtel a changé par rapport à ce que vous voyez

5 ici sur cette photo ?

6 M. Biletic (interprétation). - Non, pas de modification pour ce

7 qui est de l'aspect.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit qu'il n'y

9 avait qu'une entrée principale à cet hôtel ?

10 M. Biletic (interprétation). - Exactement, c'est celle-ci, celle

11 où on voit "Hôtel Vitez". Mais nous voyons une autre entrée. Toutefois

12 celle-ci était fermée à clé et je ne pense pas qu'elle soit utilisée même

13 aujourd'hui.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Je vais vous demander d'apposer

15 le chiffre 1 à l'entrée principale de l'hôtel.

16 (Le témoin s'exécute.)

17 Apposez le chiffre 2 pour l'entrée latérale.

18 (Le témoin s'exécute.)

19 Merci.

20 Monsieur Biletic, vous nous avez dit être sorti ce jour-là et

21 vous être trouvé devant l'hôtel. Est-ce que vous pourriez nous situer de

22 façon approximative l'endroit où se trouvait votre position ? Excusez-moi

23 de la mauvaise qualité de cette photographie, je suis un piètre

24 photographe, mais est-ce que vous pourriez nous dire à peu près où vous

25 vous trouviez et apposer un "x" à cet endroit ainsi que le nø 3 ?

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1 M. Biletic (interprétation). - C'est à peu près à l'endroit où

2 se trouve ce véhicule-ci ou peut-être à 1 mètre, 1 mètre et demi tout au

3 bord extérieur de l'hôtel.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Donc, là où vous avez apposé le

5 chiffre 3, c'est l'endroit où ce matin-là du 16 avril 1993 vous avez passé

6 pratiquement toute la journée ?

7 M. Biletic (interprétation). - Oui, pratiquement toute la

8 journée.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Merci.

10 Je vais maintenant vous montrer une seconde photographie qui a

11 été prise au même moment. Monsieur l'huissier, voulez-vous les remettre

12 aux Juges et à l'accusation ?

13 (L'huissier s'exécute.)

14 Mme Lauer. - Cette deuxième photographie est cotée D11/6.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, est-ce bien

16 l'endroit où se trouvait ce bureau d'accueil, la réception ?

17 M. Biletic (interprétation). - Tout à fait, c'est bien la

18 réception que vous voyez ici derrière ces fleurs.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous avais déjà dit que cette

20 photo avait été prise cette année-ci mais est-ce que cet intérieur a

21 changé ou est-ce qu'il est le même ?

22 M. Biletic (interprétation). - Il est le même qu'en 1993.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Je vais vous demander d'apposer

24 une croix à l'endroit où se trouvait votre bureau et vous y apposerez

25 aussi, si vous le voulez bien, le chiffre 1.

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1 M. Biletic (interprétation). - Le bureau était ici, à peu près.

2 (Le témoin s'exécute.)

3 Si ce n'est qu'il était placé en longueur donc pas

4 perpendiculaire à ce bureau de réception.

5 M. Pavkovic (interprétation). - A côté de ce bureau d'accueil

6 que vous aviez on voit la réception à proprement parler. Pouvez-vous

7 indiquer par le chiffre 2 ou se trouvait cette réception ou le bureau du

8 réceptionniste ?

9 M. Biletic (interprétation). - Le voilà.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Dites-moi, est-ce bien à

11 cet endroit que vous avez entendu la voix de Valdo Santic au moment où

12 vous sortiez ?

13 M. Biletic (interprétation). - Oui.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce l'endroit où vous avez vu

15 Vlado Santic lorsqu'il est arrivé au travail ce matin-là ?

16 M. Biletic (interprétation). - Oui.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Je voudrais vous montrer une

18 nouvelle photographie et je vais vous demander peut-être d'apporter un

19 commentaire uniquement afin d'illustrer certains des éléments dont vous

20 avez parlé ce matin.

21 Monsieur l'huissier, merci de remettre ces documents.

22 (L'huissier s'exécute.)

23 Pour les besoins du compte-rendu d'audience je vais répéter que

24 cette photographie a également été prise le 10 juin 1999. Est-ce que cet

25 intérieur a changé par rapport à la période qui nous intéresse ?

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1 M. Biletic (interprétation). - Non. Tout est pareil qu'à

2 l'époque.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Donc c'est l'emplacement du

4 bureau d'accueil ?

5 M. Biletic (interprétation). - Oui c'est l'accueil.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Juste derrière le bureau de

7 réception, là où se trouve le blason, on voit une porte, la porte d'entrée

8 des pièces mentionnées pour lesquelles vous avez dit qu'elles étaient

9 utilisées par la police militaire ?

10 M. Biletic (interprétation). - Oui c'est là que se trouve le

11 bureau où étaient situés les membres de la police militaire.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Veuillez apposer le chiffre 1

13 s'il vous plaît ? Je vous remercie, je n'ai plus de questions à vous

14 poser. Merci Monsieur le Président.

15 Mme le Greffier. – Ce document sera coté D12 /6.

16 M. Pavkovic (interprétation). - J'ai omis de demander le

17 versement au dossier de ces trois pièces.

18 M. le Président (interprétation). - Pas d'objection de la part

19 du bureau du Procureur ? Fort bien ces pièces sont versées au dossier. Je

20 suppose qu'il n'y aura pas de contre-interrogatoire mené par d'autres

21 conseils de la défense ?

22 Ceci nous permet de passer sans plus tarder au contre-

23 interrogatoire mené par l'accusation.

24 M. Pavkovic (interprétation). – Non, Monsieur le Président, il

25 n'y aura pas de contre interrogatoire.

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1 M. le Président (interprétation). – Maître Blaxill ?

2 M. Blaxill (interprétation). – Merci, Monsieur le Président,

3 Madame et Monsieur le Juge.

4 Bonjour Monsieur Biletic, je m'appelle Michael Blaxill, je suis

5 un des substituts du Procureur. A la suite de ce que vous nous avez

6 déclaré ce matin, j'ai quelques questions à vous poser. Pourriez-vous nous

7 dire combien il y a d'entrées ou de sorties au rez-de-chaussée de l'hôtel

8 Vitez ?

9 M. Biletic (interprétation). - Au rez-de-chaussée, il me semble

10 qu'il y a trois ou quatre… plutôt quatre portes d'entrée.

11 M. Blaxill (interprétation). – Et pour ce qui est des étages

12 supérieurs, y a t-il des escaliers d'urgence, en cas d'incendie par

13 exemple ?

14 M. Biletic (interprétation). - Cette sortie de secours avec

15 l'escalier se trouve effectivement parmi ces portes d'entrée que j'ai

16 mentionnées.

17 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que les clés de

18 toutes les portes fermées à clé étaient gardées dans le bureau du

19 directeur. Est-ce bien exact ?

20 M. Biletic (interprétation). - Oui.

21 M. Blaxill (interprétation). - Si vous étiez de garde au bureau

22 d'accueil comme ce fut le cas dans la nuit du 15 au 16 avril, est-ce que

23 vous aviez pour responsabilité personnelle de vérifier si les portes

24 étaient bien fermées et si les clés étaient bien là, ou est-ce que ça ne

25 relevait pas de vos attributions.

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1 M. Biletic (interprétation). – C'est Ivo Brnada qui en était

2 chargé, c'était mon supérieur. Moi également j'ai vérifié à plusieurs

3 reprises, alors que les gardes nous informaient s'il y avait quoi que ce

4 soit d'exceptionnel.

5 M. Blaxill (interprétation). - Passons à cette nuit-là du 15 au

6 16 avril 1993. Est-ce que cette nuit-là, vous avez fait ces vérifications

7 ou ont-elles été réalisées par d'autres personnes ?

8 M. Biletic (interprétation). - Je n'ai pas effectué de

9 vérification de porte cette nuit-là.

10 M. Blaxill (interprétation). - Vous faisiez partie d'un régiment

11 de la police militaire, police militaire du HVO s'entend, n'est-ce pas ?

12 M. Biletic (interprétation). - Oui.

13 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose que vous étiez versé

14 au 4ème Bataillon ?

15 M. Biletic (interprétation). – Oui, c'est exact.

16 M. Blaxill (interprétation). - Dans les rangs de ce régiment,

17 est-il exact de dire qu'il y avait plusieurs compagnies dont le

18 commandement se trouvait à l'hôtel Vitez ?

19 M. Biletic (interprétation). - Je ne sais pas, je ne pourrais

20 pas dire combien de personnes faisaient partie de ce bataillon. J'étais un

21 simple soldat donc je ne sais absolument pas combien de compagnies il y

22 avait, combien de personnes.

23 M. Blaxill (interprétation). – Partant de votre situation,

24 faisiez-vous partie d'une sorte de peloton et si c'est exact, combien de

25 personnes, d'effectifs y avait-il dans ce bataillon, ce groupe.

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1 M. Biletic (interprétation). - Peut-être qu'on on pourrait dire

2 qu'il s'agissait d'un détachement chargé d'assurer la sécurité des

3 bâtiments.

4 M. Blaxill (interprétation). - Et le commandant de ce

5 détachement ou de cette section, c'était M. Brnada n'est-ce pas ?

6 M. Biletic (interprétation). - Oui mon supérieur immédiat était

7 M. Brnada, exactement.

8 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous avez déclaré que la

9 police militaire dont vous faisiez partie de façon générale, était aussi

10 responsable de la sécurité routière, des questions de circulation. Je

11 suppose qu'il y avait d'autres pelotons ou détachements chargés de

12 s'acquitter de toutes ces tâches, n'est-ce pas ?

13 M. Biletic (interprétation). - Oui, conformément à ce que j'ai

14 dit, il y avait également une section qui s'occupait de la circulation.

15 M. Blaxill (interprétation). – Est-il aussi établi que dans le

16 cadre de la structure générale, il y avait un peloton appelé

17 antiterroriste, une espèce d'unité d'affectation spéciale ? Vous souvenez-

18 vous de ce type d'unité là ?

19 M. Biletic (interprétation). - Non je ne peux pas affirmer qu'un

20 peloton de ce type existait. C'était l'époque de la création d'une armée,

21 peut-être qu'aujourd'hui il en est autrement, car les gens sont formés au

22 niveau militaires et on sait comment il faut procéder afin de créer une

23 armée, mais à l'époque, la confusion régnait donc je ne peux pas dire

24 qu'un peloton antiterroriste existait. Mais des policiers militaires

25 travaillaient par exemple sur la sécurité, la circulation, mais on était

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1 vraiment pas formés pour agir dans l'anti-terrorisme.

2 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que dans le contexte de la

3 police militaire, le nom des Jokers ou Jockeri vous dit quoi que ce soit ?

4 M. Biletic (interprétation). - Pour ce qui est de la police

5 militaire, non. Mais j'en ai entendu parler.

6 M. Blaxill (interprétation). - Et d'après vous qu'étaient les

7 Jockeri, aviez-vous une impression précise de ce qu'était cette

8 formation ?

9 M. Biletic (interprétation). – Non, je n'en ai aucune idée, je

10 ne peux pas vous le dire. En tant que policier militaire ou technicien

11 médical, je ne peux pas le savoir. A l'époque je ne pouvais pas savoir qui

12 étaient les Jokers.

13 M. Blaxill (interprétation). – Parlons du Bungalow où vous avez

14 fini par vous rendre dans la nuit du 16. A l'époque est-ce que vous saviez

15 ce que signifiait ce Bungalow dans sa signification militaire, puisque des

16 gens y étaient cantonnés ?

17 M. Biletic (interprétation). - Non, je savais que le Bungalow

18 était une sorte d'auberge, d'hôtel, mais je ne savais absolument pas qu'il

19 y avait des militaires là-bas.

20 M. Blaxill (interprétation). - Dans la soirée du 15 avril, vous

21 vous êtes présenté pour commencer votre journée à minuit, n'est-ce pas ?

22 M. Biletic (interprétation). - Oui.

23 M. Blaxill (interprétation). - Tout était calme à l'hôtel, à ce

24 moment-là ?

25 M. Biletic (interprétation). - Oui. Quelques personnes

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1 regardaient la télé, mais la situation était calme, exceptionnellement

2 calme.

3 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous si quelqu'un

4 est entré à l'hôtel ou en est sorti entre minuit disons et le moment où

5 vous avez réveillé ceux qui allaient monter la garde dehors, vers 2 heures

6 du matin ?

7 M. Biletic (interprétation). - Je n'ai pas été relevé. Mais les

8 collègues qui se trouvaient à l'extérieur de l'hôtel étaient relevés.

9 Entre minuit et 2 heures, personne n'est entré.

10 M. Blaxill (interprétation). - Pour chaque équipe de garde,

11 combien d'hommes y avait-il ?

12 M. Biletic (interprétation). - Il y avait toujours entre dix et

13 quinze personnes.

14 M. Blaxill (interprétation). - Vous voulez dire qui étaient en

15 chair et en os de garde à la fois ? Combien d'hommes y avait-il à la fois

16 par équipe, je parle des gardes qui montaient la garde dehors par

17 exemple ?

18 M. Biletic (interprétation). - Trois hommes, il y avait trois

19 hommes.

20 M. Blaxill (interprétation). - Et que faisaient les autres, ils

21 se reposaient en attendant de prendre leur relève ?

22 M. Biletic (interprétation). - Oui.

23 M. Blaxill (interprétation). - A votre connaissance, pendant les

24 premières heures du 16 avril, je suppose que c'était une journée et une

25 nuit de garde comme toutes les autres qui s'étaient déjà déroulées

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1 auparavant, n'est-ce pas ?

2 M. Biletic (interprétation). - Oui, c'était une nuit ordinaire.

3 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose que vous avez essayé

4 de passer le temps tant bien que mal, au cours de cette nuit, et vous

5 occupiez votre temps en lisant ce livre, est-ce exact ?

6 M. Biletic (interprétation). - Oui, je ne me suis pas du tout

7 ennuyé puisque c'est un très bon écrivain, un très bon livre. Non, je ne

8 m'ennuyais pas du tout.

9 M. Blaxill (interprétation). - Et il semble que rien ne se soit

10 passé au cours de cette nuit, rien qui soit de nature à vous préoccuper

11 particulièrement, rien qui fasse de cette nuit une nuit exceptionnelle. Il

12 fallait simplement veiller à ce que vous réveillez les gardes au bon

13 moment.

14 M. Biletic (interprétation). - Oui.

15 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill, est-ce que

16 l'heure est venue de faire une pause ?

17 M. Blaxill (interprétation). - Oui, je crois que le moment est

18 très bien choisi. Merci, Monsieur le Président.

19 L'audience, suspendue à 10 h 45, est reprise à 11 h 20.

20 M. le Président (interprétation). – Maître Blaxill, vous avez la

21 parole.

22 M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

23 Monsieur Biletic, au cours de cette nuit du 15 au 16 avril 1993,

24 est-ce que celui qui était alors le colonel Blaskic résidait à l'hôtel ?

25 M. Biletic (interprétation). – Oui. Je crois que oui.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Et M. Slavko Marin se trouvait-il

2 lui aussi à l'hôtel ?

3 M. Biletic (interprétation). – Je ne suis pas sûr s'il a passé

4 la nuit à l'hôtel, mais il me semble l'avoir vu au matin, le lendemain.

5 Donc il a été à l'hôtel.

6 M. Blaxill (interprétation). - De l'endroit où vous étiez de

7 garde au bureau d'accueil, est-ce que vous auriez pu déterminer si ces

8 hommes avaient travaillé dans leur poste de commandement au cours de la

9 nuit ? Si cela avait été le cas, est-ce que vous auriez été au courant ?

10 M. Biletic (interprétation). – Non, je n'aurais pas pu être au

11 courant.

12 M. Blaxill (interprétation). – Vérifions un autre aspect pour

13 voir s'il relevait de vos fonctions ou pas. Si des ordres militaires

14 étaient délivrés par ces hommes à quelque moment que ce soit, est-ce que

15 vous, vous deviez intervenir, vous qui vous trouviez au bureau d'accueil,

16 pour par exemple transmettre un tel ordre ou avoir quelqu'un qui vous les

17 fasse parvenir ?

18 M. Biletic (interprétation). – Non, ma tâche consistait dans la

19 sécurité. Ce qui m'intéressait, c'étaient les personnes qui entraient à

20 l'hôtel, qui sortaient de l'hôtel. Pour le reste, je ne peux rien dire.

21 M. Blaxill (interprétation). - De l'exercice de ces fonctions,

22 vous souvenez-vous si M. Blaskic et les officiers utilisaient des

23 courriers, des messagers, des coursiers qui étaient chargés d'amener les

24 documents ou de les emporter ?

25 M. Biletic (interprétation). – Je ne sais pas à qui ils ont eu

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1 recours. Peut-être qu'ils avaient un moyen quelconque, mais j'étais un

2 policier ordinaire, je ne pouvais pas le savoir.

3 M. Blaxill (interprétation). – Donc, où en sommes-nous ? C'était

4 une nuit tout à fait ordinaire, assez ennuyeuse, tranquille. Mais vous

5 aviez au moins l'avantage d'avoir un bon livre à lire. Est-ce que ceci

6 résume bien cette nuit là ?

7 M. Biletic (interprétation). – Oui, ce serait une bonne

8 description. Une bonne description de cette nuit-là si j'avais supposé, si

9 j'avais pu savoir qu'un conflit aurait pu éclater, à ce moment-là,

10 j'aurais certainement tout fait pour évacuer mes parents, je les aurais

11 fait venir à Vitez pour qu'ils soient avec moi.

12 M. Blaxill (interprétation). - Nous sommes maintenant au début

13 de la matinée. Des gens arrivent travailler. Est-ce que M. Santic a été le

14 premier arrivé ce matin-là, pour autant que vous vous en souveniez ?

15 M. Biletic (interprétation). – Oui, c'est lui qui est arrivé le

16 premier au travail.

17 M. Blaxill (interprétation). - Dans l'ordre des choses, vous

18 avez dit que votre supérieur immédiat était M. Brnada. Mais à votre

19 connaissance, est-ce que M. Santic avait un poste supérieur dans la police

20 militaire par rapport à M. Brnada ?

21 M. Biletic (interprétation). – Je n'étais pas au courant de la

22 structure du commandement de l'époque et je ne peux pas dire si c'était

23 lui le supérieur de M. Brnada.

24 M. Blaxill (interprétation). – Vous étiez officier dans une

25 section basée à l'hôtel Vitez et vous dites ne pas savoir qui était

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1 l'homme qui avait la plus haute responsabilité hiérarchique au sein du

2 bâtiment ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Cela ne m'intéressait pas du

4 tout. Je savais qui était mon supérieur immédiat et c'est à lui que je

5 m'adressais si j'avais besoin de quoi que ce soit. Pour les autres, cela

6 ne m'intéressait pas. C'est lui qui me donnait des ordres.

7 M. Blaxill (interprétation). - Pourtant, vous aviez des contacts

8 avec M. Santic et je suppose que vous aviez forcément appris ce qu'il

9 faisait. Vous avez dit que de temps en temps vous preniez un verre avec

10 lui ou un café. Est-ce que vous avez une idée plus ou moins précise de la

11 position, du poste qu'il occupait ?

12 M. Biletic (interprétation). – Je savais qu'il était dans la

13 police judiciaire. C'est lui qui se rendait sur les lieux quand il y avait

14 un accident. Ce n'était pas un policier ordinaire. C'était un homme

15 intelligent. C'est lui qui faisait les enquêtes. Il a fait des écoles pour

16 pouvoir faire ce métier.

17 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que M. Brnada vous a

18 jamais dit qui était son supérieur à lui ?

19 M. Biletic (interprétation). – On n'a jamais abordé ce genre de

20 problème, de discussion.

21 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que le jour s'était déjà

22 levé ou est-ce qu'il faisait encore noir au moment où M. Santic est arrivé

23 à l'hôtel ?

24 M. Biletic (interprétation). – Il ne faisait pas tout à fait

25 noir, mais pas encore jour. C'était une sorte de pénombre.

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1 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur Santic est arrivé, comme

2 d'habitude, à tous égards, habillé de la même façon, il vous a salué comme

3 d'habitude et là, de nouveau, c'était quelque chose de tout à fait

4 ordinaire, sans signification particulière le fait qu'il soit arrivé à ce

5 moment-là ?

6 M. Biletic (interprétation). – C'était une journée tout à fait

7 ordinaire.

8 M. Blaxill (interprétation). - Ce qui revient à dire que rien de

9 particulier ne vous aurait poussé à noter l'heure qu'il était précisément

10 ce jour-là, quand il est arrivé ? N'est-ce pas plutôt que vous avez eu

11 l'impression que tout se déroulait comme d'habitude, pour autant que vous

12 puissiez vous en souvenir à l'époque ?

13 M. Biletic (interprétation). – Comme je l'ai déjà dit, si

14 j'avais su que quelque chose allait se passer, j'aurais informé mes

15 parents, je leur aurais dit de venir, de ne pas rester à Zenica pendant un

16 an où ils n'avaient pas de quoi manger.

17 M. Blaxill (interprétation). – Serait-il exact de dire que vous

18 êtes parti de l'idée que M. Santic est arrivé à l'heure habituelle, plutôt

19 que d'avoir vérifié en regardant l'heure, quelle heure il était

20 précisément à son arrivée ?

21 M. Biletic (interprétation). – Puisque je me trouvais dans le

22 bureau d'accueil, je lisais et la montre se trouvait, une sorte de montre

23 se trouvait à côté, afin de pouvoir réveiller les gens qui allaient me

24 relever à l'heure. Et j'ai regardé donc l'heure lorsque M. Santic est

25 arrivé, il était 6 heures.

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1 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur Santic est maintenant

2 arrivé à son poste de travail. Combien de temps, à votre avis, s'est-il

3 écoulé entre son arrivée et le début des explosions ?

4 M. Biletic (interprétation). – Une quinzaine de minutes, une

5 vingtaine de minutes peut-être. Je ne peux pas vraiment le dire avec

6 précision.

7 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous avez entendu ces

8 premières détonations, qu'avez-vous fait précisément ? Quelle est la

9 première chose que vous auriez faite à ce moment-là ?

10 M. Biletic (interprétation). – Je vais vous le dire. J'ai

11 déclaré que j'allais dire la vérité. J'ai eu très peur, tout d'abord.

12 C'était la peur de ma vie ! Ensuite, les explosions ont retenti et j'ai

13 cherché à m'abriter tout près du bureau d'accueil, parce que c'était plus

14 solide de ce côté-là. J'avais peur que des fragments de verre brisé me

15 blessent, ou autre chose.

16 M. Blaxill (interprétation). - Cet abri se trouvait-il au départ

17 à l'intérieur du bâtiment ?

18 M. Biletic (interprétation). - A l'intérieur du bâtiment, à

19 proximité. Il s'agissait juste d'une sorte de pilier près de l'escalier.

20 M. Blaxill (interprétation). - Vous vous êtes donc abrité pour

21 vous protéger d'éventuels éclats de vitres derrière ce pilier. Qu'avez-

22 vous fait alors ?

23 M. Biletic (interprétation). - Le chaos régnait. Les gens sont

24 descendus de leur chambre. La confusion, le fracas, tout le monde était

25 étonné.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y avait beaucoup de

2 cris, des voix qui s'entrechoquaient ?

3 M. Biletic (interprétation). - Au début, il y avait beaucoup de

4 bruit.

5 M. Blaxill (interprétation). - Et à cela s'ajoute bien sûr la

6 chute d'obus, le fait que des balles sifflent tout autour du bâtiment.

7 Ceci s'ajoutant à la confusion provoquée par le bruit. Est-ce que vous

8 avez reçu des instructions vous disant ce qu'il fallait faire ?

9 M. Biletic (interprétation). - Oui, évidemment. Une personne

10 avait ouvert l'armoire où se trouvaient les fusils et chaque garde a eu

11 une arme.

12 M. Blaxill (interprétation). - Vous souvenez-vous de qui a

13 ouvert cette armoire à fusils ?

14 M. Biletic (interprétation). - Je ne me souviens pas.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous souvenez-vous si l'un

16 quelconque de vos collègues vous aurait adressé la parole en vous disant

17 par exemple de prendre un fusil ? Est-ce que quelqu'un vous a adressé la

18 parole directement ?

19 M. Biletic (interprétation). - Tout s'est déroulé en vitesse.

20 Lorsqu'au bout d'une dizaine, d'une quinzaine de minutes, on est devenus

21 plus raisonnables, on s'est ressaisis, on a attendu en fait pour voir ce

22 qui allait arriver par la suite.

23 M. Blaxill (interprétation). - Qui vous a remis une arme ? Vous

24 en souvenez-vous ou l'avez-vous prise vous-même ?

25 M. Biletic (interprétation). - C'est moi-même qui l'ai prise.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Je pense que vous êtes alors

2 sorti à l'extérieur de l'hôtel Vitez, n'est-ce pas ?

3 M. Biletic (interprétation). - Oui, je suis sorti de l'hôtel.

4 M. Blaxill (interprétation). - Et selon vous, combien de temps

5 s'est écoulé entre la première détonation que vous avez entendue et le

6 moment où vous avez quitté l'immeuble, l'hôtel, pour prendre position à

7 l'extérieur ?

8 M. Biletic (interprétation). - Une heure environ, peut-être un

9 peu moins, peut-être un peu plus. Je ne suis pas sûr. Quarante minutes,

10 cinquante, une heure peut-être. Je n'en suis pas tout à fait sûr.

11 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites donc qu'entre le

12 moment de la première détonation et le moment où vous êtes allé à

13 l'extérieur, près d'une heure s'est écoulée, heure que vous avez passée à

14 l'intérieur de l'hôtel. N'avez-vous pas dit qu'au cours de cette heure-là,

15 vous n'avez pas vraiment vu M. Vlado Santic ? Est-ce exact ?

16 M. Biletic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas vu depuis le

17 moment de son arrivée à l'hôtel, je ne l'ai plus revu.

18 M. Blaxill (interprétation). - Vous nous avez fourni une

19 description de toute une série de voix. Vous ne vous souvenez plus qui

20 vous a parlé à vous personnellement, un chaos incroyable régnait, il y

21 avait des tirs, des coups de feu partout. Et maintenant, êtes-vous

22 toujours aussi sûr que vous étiez en mesure de reconnaître la voix de

23 Vlado Santic vous dire : "Mais qu'est-ce que c'est que ceci ?"

24 C'est tout de même extraordinaire que vous vous soyez souvenu de

25 ses paroles dans tout ce chaos qui régnait à ce moment-là ?

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1 M. Biletic (interprétation). - J'ai retenu quelques détails. Par

2 exemple, les vitres qui se brisaient, ensuite la voix de Vlado Santic.

3 Oui, je peut affirmer avec certitude qu'il s'agissait bien de sa voix. On

4 se souvient de quelques détails, on en oublie d'autres. Mais lui, il se

5 trouvait à deux, trois mètres derrière moi et j'ai entendu clairement sa

6 voix. On ne mémorise pas, mais on enregistre juste des détails qui vous

7 restent après dans la mémoire.

8 M. Blaxill (interprétation). - Où vous trouviez-vous lorsque

9 vous avez réalisé que M. Franjic, le directeur de l'hôtel, arrivait ?

10 M. Biletic (interprétation). - Je me trouvais derrière ce

11 pilier.

12 M. Blaxill (interprétation). - Vous nous avez dit que quelques

13 minutes plus tard, il était sorti en courant du bâtiment. Est-ce exact ?

14 M. Biletic (interprétation). - Oui, oui oui, c'est exact.

15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il est passé par

16 l'entrée de devant ?

17 M. Biletic (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y a une raison

19 particulière qui vous pousse à vous souvenir de ce fait précis, étant

20 donné la situation de confusion générale qui prévalait autour de vous ?

21 M. Biletic (interprétation). - Immédiatement après l'arrivée

22 d'Ivica Franjic, le directeur, deux hommes sont entrés, dont

23 l'un…j'entretenais de bonnes relations avec l'un d'entre eux, Kruno. C'est

24 pour cela que j'ai retenu ce détail. Franjic venait tous les jours, se

25 présentait tous les jours au bureau et peut-être qu'il se procurait de la

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1 nourriture là-bas, je ne sais pas exactement.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites qu'il est sorti en

3 courant de l'immeuble. Mais est-ce qu'à ce moment-là, n'avez vous pas dit

4 que l'entrée principale était un endroit où régnait un grand danger ?

5 M. Biletic (interprétation). - Oui, c'était un endroit assez

6 dangereux. Moi aussi, je suis parti en courant, et Franjic, lui aussi. Il

7 y a eu des moments où, pendant cinq ou dix minutes, un silence terrible

8 régnait, et puis c'est pendant ces moment-là qu'on saisissait l'occasion

9 de quitter la pièce.

10 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'on peut penser que vous

11 vous trompez éventuellement sur cette question ?

12 M. Biletic (interprétation). - Je pense que je ne me trompe pas

13 à ce sujet.

14 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez donc pris position à

15 l'extérieur de l'hôtel Vitez et vous vous êtes protégé derrière un mur.

16 Est-ce exact ?

17 M. Biletic (interprétation). - Oui. Oui, c'est exact.

18 M. Blaxill (interprétation). - Vous y êtes resté, derrière ce

19 mur, jusque vers 11 heures du matin ?

20 M. Biletic (interprétation). - Oui.

21 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y avait encore de

22 forts tirs d'artillerie ou d'armes légères dirigés vers l'hôtel à ce

23 moment-là ?

24 M. Biletic (interprétation). - Oui. Oui, il y avait encore des

25 tirs d'armes légères et des canons, mais l'intensité était

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1 considérablement moindre par rapport à ce qui s'était passé tôt le matin.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites que la situation était

3 suffisamment sûre pour essayer d'aller chercher quelque chose à manger,

4 plutôt que de rester derrière ce muret.

5 M. Biletic (interprétation). - Eh bien, mon estimation quant à

6 la situation, si elle s'était calmée ou non, je ne sais pas si elle était

7 vraiment pertinente, mais j'avais tellement faim que j'avais vraiment

8 besoin de manger quelque chose, sinon j'aurais perdu conscience.

9 M. Blaxill (interprétation). - Vous êtes donc rentré dans

10 l'hôtel Vitez, où vous avez trouvé quelque chose à manger je pense du côté

11 de la cantine, n'est-ce pas, ou du restaurant ?

12 M. Biletic (interprétation). – Oui, au restaurant.

13 M. Blaxill (interprétation). - Et à ce moment-là, vers

14 11 heures, vous avez vu M. Santic ?

15 M. Biletic (interprétation). – Je ne peux pas affirmer avec

16 certitude à la minute près. C'était vers 11 heures, 11 heures et quart,

17 oui, que j'ai vu M. Santic.

18 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y avait d'autres

19 personnes qui faisaient une petite pause aussi là, à cet endroit ?

20 M. Biletic (interprétation). – Je ne peux pas vous le dire. J'ai

21 pris un sandwich et je suis retourné à l'endroit où je m'étais trouvé

22 précédemment.

23 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous avez pris position à

24 l'extérieur de l'hôtel Vitez, est-ce que quelqu'un vous avait donné

25 l'ordre de le faire ?

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1 M. Biletic (interprétation). – C'était le poste que je devais

2 occuper d'après le plan d'urgence. Donc si jamais il y avait une alerte,

3 je devais me trouver à cet endroit-là.

4 M. Blaxill (interprétation). – Donc, c'était un ordre qui

5 s'appliquait en cas d'urgence et vous vous êtes contenté de l'exécuter ?

6 M. Biletic (interprétation). – Oui. Oui, on peut dire que

7 c'était un ordre... Enfin, un programme prévu en cas d'urgence.

8 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez donc repris position à

9 l'extérieur du bâtiment. Vous souvenez-vous s'il y a eu beaucoup d'allées

10 et venues, disons vers l'heure de midi ?

11 M. Biletic (interprétation). – Vers midi ? Non. Non. Non, on ne

12 bougeait pas vraiment. C'était réduit au minimum parce qu'on ne savait pas

13 ce qui était en train de se produire. Personne ne pouvait affirmer avec

14 précision ce qui se passait, de quel problème il s'agissait.

15 M. Blaxill (interprétation). – Est- il exact de dire que, pour

16 pratiquement le reste de la journée, vous êtes resté de garde, de faction,

17 jusqu'à à peu près 18 heures, et ceci à cet endroit, à l'extérieur du

18 bâtiment ?

19 M. Biletic (interprétation). – Oui. Oui, je suis resté au même

20 endroit.

21 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez parlé de l'arrivée d'un

22 véhicule de la Forpronu. Vous avez aussi dit que ces passagers étaient

23 sortis pour rentrer dans l'hôtel et avaient été blessés. D'après vous, à

24 quelle heure est arrivé ce véhicule à l'hôtel Vitez ?

25 M. Biletic (interprétation). – C'était avant midi, vers

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1 10 heures peut-être. Je ne suis pas tout à fait sûr. Je me rappelle ce

2 moment où ces deux hommes ont été blessés. En fait, c'étaient des

3 blessures légères, heureusement ce n'était rien de grave.

4 M. Blaxill (interprétation). - Dans le cadre d'un autre procès,

5 celui du général Blaskic qui se déroule ici devant ce Tribunal, M. Marin a

6 déposé à propos de cet incident. Il a dit que M. Zoran Pilicic, d'une

7 part, s'était rendu à une réunion réunissant le HVO et l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine et qu'à son retour à l'hôtel Vitez, au moment où il était

9 sorti d'un véhicule de la Forpronu, il avait été blessé par balle, comme

10 vous l'avez décrit.

11 A ceci près, c'est que M. Marin et le général Blaskic tous les

12 deux disent que ceci s'est produit une journée plus tard, à savoir le

13 17 avril. Qu'est-ce que vous avez à dire à ce propos ?

14 M. Biletic (interprétation). – Je pense que c'est M. Prskalo qui

15 a été blessé et peut-être Zoran Pilicic, mais l'entrée était toujours sous

16 le feu, donc je ne peux pas vous dire avec exactitude. Mais il me semble

17 que c'était le 16.

18 M. Blaxill (interprétation). - Si vous y réfléchissez, est-ce

19 que vous pouvez nous dire que vous n'êtes plus aussi sûr ?

20 M. Biletic (interprétation). – A mon avis, cela s'est produit le

21 16.

22 M. Blaxill (interprétation). - C'est à ce moment-là que vous

23 avez revu une fois de plus M. Santic vers 18 heures ce 16 avril 1993,

24 n'est-ce pas ?

25 M. Biletic (interprétation). – Oui, vers 6 heures. Vers

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1 6 heures.

2 M. Blaxill (interprétation). – Et combien de temps avez-vous

3 passé en sa présence ? Est-ce que vous vous êtes croisés simplement ou

4 est-ce que vous avez bavardé pendant quelques minutes ? Quelle fut la

5 nature de cette rencontre ?

6 M. Biletic (interprétation). – Eh bien, cela n'a pris que trois

7 ou quatre minutes. Nous nous sommes réunis pour manger dans la salle à

8 manger.

9 M. Blaxill (interprétation). - J'espère bien résumer vos propos

10 en disant ceci, Monsieur Biletic, vous avez vu M. Santic pendant quelques

11 secondes, vers 5 heures. Vous le revoyez vers 11 heures, tout aussi

12 rapidement, et vous le revoyez rapidement vers 18 heures cet après-midi-

13 là. Est-ce là un résumé fidèle ?

14 M. Biletic (interprétation). – Oui. Oui, oui, c'est comme ça.

15 M. Blaxill (interprétation). - Après avoir pris votre repas,

16 vous avez passé quelques heures jusqu'à 20 heures. Qu'avez-vous fait ?

17 Est-ce que vous avez repris votre poste de garde ou est-ce que vous avez

18 pris un peu de repos ?

19 M. Biletic (interprétation). – Non, je ne suis pas revenu à mon

20 poste de garde, je suis resté dans la salle à manger, je me suis un petit

21 peu endormi sur place.

22 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose dès lors que les

23 pilonnages ou les fusillades étaient bien moindres puisque vous avez eu

24 suffisamment de repos pour pouvoir vous endormir.

25 M. Biletic (interprétation). – A vrai dire, je ne me suis pas

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1 détendu, mais j'étais complètement surmené et j'ai fermé les yeux, je me

2 suis un petit peu endormi. Mais les tirs, oui, et le feu des canons,

3 s'étaient atténués.

4 M. Blaxill (interprétation). - Vers 20 heures, M. Brnada donne

5 l'ordre à 5 ou 6 d'entre vous de se rendre au Bungalow. Vous avez donc

6 quitté en voiture l'hôtel Vitez. A ce moment-là, quelles étaient les

7 conditions qui prévalaient ? Est-ce qu’il restait dangereux de sortir à

8 cause des coups de feu, des pilonnages ?

9 M. Biletic (interprétation). – Oui, il y avait encore des coups

10 de feu. C'était dangereux. Mais l'intensité des tirs était moindre qu'au

11 début. Généralement parlant, on peut dire que la situation n'était pas

12 claire. On ne savait pas ce qui allait se passer. Donc quand on ne sait

13 pas, bien entendu, on perçoit un danger.

14 M. Blaxill (interprétation). - On vous a donc conduit de Vitez….

15 Est-ce que vous êtes passé par la route principale, est-ce que vous vous

16 en souvenez, celle qui mène vers Nadioci, vers l'endroit où se trouve le

17 Bungalow ?

18 M. Biletic (interprétation). – Comme je l'ai déjà dit, je suis

19 de Zenica. Nous n'avons pas allumé nos phares, je ne pouvais pas

20 déterminer très bien notre itinéraire. C'était déjà dans le noir et comme

21 je ne connais pas cette région, je ne peux pas vous le dire.

22 M. Blaxill (interprétation). - Disons que du peu que vous avez

23 pu entrevoir depuis l'intérieur du véhicule, est-ce que vous avez eu

24 l'impression d'être sur une route à proprement parler ou tout simplement

25 sur un chemin, un sentier de terre ? Est-ce que vous avez pu déterminer ce

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1 genre de choses ?

2 M. Biletic (interprétation). – A plusieurs moments, nous nous

3 sommes retrouvés sur l'asphalte et je pense que nous avons fait un tour

4 dans la ville pour éviter les espaces qui étaient trop exposés au feu.

5 Mais je ne peux pas vous dire très bien par quelle route nous sommes

6 passés. Etait-ce un chemin de terre ou une route asphaltée ? Parce que

7 j'étais vraiment bien fatigué et épuisé à ce moment-là.

8 M. Blaxill (interprétation). - Vous êtes donc arrivé au

9 Bungalow. Est-ce que beaucoup de soldats s'y trouvaient à ce moment-là ?

10 M. Biletic (interprétation). - Je ne peux pas vous donner le

11 nombre de soldats, mais je peux vous dire qu'il y avait, oui, un groupe de

12 soldats. Quant à savoir combien il y en avait, je ne peux pas l'affirmer.

13 C'était déjà la nuit et nous ne sommes pas rentrés dans le Bungalow quand

14 nous sommes arrivés.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous êtes restés à l'extérieur du

16 Bungalow ?

17 (Le témoin acquiesce.)

18 Ces soldats, quel que fut leur nombre, est-ce que eux aussi ils

19 se trouvaient à l'extérieur du Bungalow ?

20 M. Biletic (interprétation). - Quelques-uns, oui, se tenaient

21 devant le B, ils circulaient là.

22 M. Blaxill (interprétation). - Parlons du bâtiment en lui-même,

23 du Bungalow. Où par rapport à ce bâtiment se trouvait Vlado Santic au

24 moment où vous l'avez vu ?

25 M. Biletic (interprétation). - Je n'ai pas très bien compris

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1 votre question. Comment par rapport au Bungalow ?

2 M. Blaxill (interprétation). - Peut-être que je n'ai pas été

3 très clair, je reformule la question. Vous êtes arrivé au Bungalow, vous

4 dites avoir vu M. Vlado Santic à ce moment-là. Où est-ce qu'il se

5 trouvait ? Est-ce qu’il était sur la route, à l'extérieur du bâtiment ?

6 M. Biletic (interprétation). - Il était devant le bâtiment.

7 M. Blaxill (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'il ait dit

8 quoi que ce soit au moment où la voiture s'est arrêtée à l'extérieur ?

9 M. Biletic (interprétation). - Je n'arrive pas à me rappeler

10 cela. Je pense qu'il n'a rien dit.

11 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous êtes sorti de ce

12 véhicule ?

13 M. Biletic (interprétation). - Oui, je suis descendu du

14 véhicule.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous souvenez-vous qui vous

16 aurait donné pour instruction de monter sur les lignes ?

17 M. Biletic (interprétation). - Ivo Brnada a dit, en fait il

18 parlait à quelqu'un, et il lui a dit que nous allions sur une ligne, et

19 nous sommes partis, on nous a donné un guide et nous sommes partis.

20 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous vu M. Brnada s'adresser

21 à qui que ce soit ?

22 M. Biletic (interprétation). - Non. Non, je n'ai pas vu

23 M. Brnada parler à qui que ce soit.

24 M. Blaxill (interprétation). - Si je vous ai bien compris,

25 Monsieur, par la suite, vous avez passé dix jours sur les lignes de

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1 Kratine et vous êtes rentré le 26 avril à Vitez. Est-ce exact ?

2 M. Biletic (interprétation). - Oui, j'ai appris par la suite que

3 cette ligne s'appelait Kratine ou Kuber, quelque chose comme cela. Au bout

4 de dix ou onze jours, je suis revenu. Je ne suis pas tout à fait sûr si

5 cela a duré dix ou onze jours, mais je suis revenu à Vitez.

6 M. Blaxill (interprétation). - J'aimerais conférer un instant

7 avec mon collègue. Me le permettez-vous ?

8 (Les membres du Bureau du Procureur se consultent sur le Siège.)

9 J'en ai terminé, Monsieur le Président. Merci, Monsieur Biletic.

10 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic ?

11 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, je vous

12 remercie.

13 Monsieur Biletic, le 16 avril 1993, quand vous avez vu Vlado le

14 matin, puis jusqu'à 20 heures du soir, avant de partir pour le Bungalow,

15 est-ce que Vlado Santic aurait pu quitter l'hôtel sans que vous, compte

16 tenu de l'endroit où vous étiez, ne le voyez pas ?

17 M. Biletic (interprétation). - Personne ne pouvait sortir par

18 l'entrée principale sans que je ne le vois. C'est pour cela que j'ai été

19 installé à ce poste.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que les autres

21 entrées étaient fermées à clé. Autrement dit, on ne pouvait pas non plus

22 sortir par les autres portes.

23 M. Biletic (interprétation). - Je suppose qu'il n'était pas

24 possible de sortir par une autre porte.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Vous supposez ou vous en êtes

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1 sûr ?

2 M. Biletic (interprétation). - Compte tenu du fait que ces

3 portes étaient fermées à clé de l'intérieur, il y avait un cadenas à

4 l'extérieur, cela ne devait pas être possible.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Biletic, avez-vous

6 entendu parler des unités spéciales ?

7 M. Biletic (interprétation). - Oui, j'ai entendu dire que cela

8 existait.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Ces unités spéciales faisaient-

10 elles parties de votre unité ?

11 M. Biletic (interprétation). - Je n'étais pas en mesure de le

12 savoir et je ne peux rien dire à ce sujet. Je savais qui étaient les gens

13 qui travaillaient avec moi mais, comme je n'ai pas passé beaucoup de temps

14 au sein de la police, je ne pourrais connaître ni sa structure ni autre

15 chose.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Pour que cela soit tout à fait

17 clair, vous avez dit que vous faisiez partie d'une unité dont la tâche

18 était la sécurité. Est-ce exact ?

19 M. Biletic (interprétation). - Oui, mon unité était chargée

20 d'assurer la sécurité des bâtiments, des personnes, des routes, comme

21 c'est d'ailleurs habituel partout dans le monde.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Sans parler de la taille de

23 votre unité, s'agissait-il d'une section, d'un peloton, d'une compagnie,

24 etc. ? Ce que je veux savoir, c'est si au sein de votre unité il y avait

25 des personnes qui appartenaient à une unité spéciale, ou bien si elles

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1 étaient là uniquement chargées de la sécurité ?

2 M. Biletic (interprétation). - Mon unité n'était chargée que de

3 la sécurité, comme je l'ai déjà dit.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Et les Jockeri ? C'était le nom

5 d'une unité spéciale, n'est-ce pas ?

6 M. Biletic (interprétation). - Je ne sais pas. A l'époque, je ne

7 pouvais pas le savoir. Je ne pouvais même pas savoir que les Jockeri

8 existaient. Quant à savoir à qui ils appartenaient, alors là encore moins

9 je ne pouvais pas le savoir. Je ne pouvais pas savoir qui les commandait.

10 Je ne connaissais pas ce genre de choses.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous comprends. Je sais que

12 vous n'étiez qu'un simple policier militaire, je sais que les grandes

13 questions militaires ne vous préoccupaient pas, mais ce que je vous

14 demande n'a rien à voir avec la connaissance d'affaires militaires

15 particulièrement importantes.

16 Ma question est toute simple : à l'époque, vous n'aviez pas

17 entendu parlé des Jockeri ?

18 M. Biletic (interprétation). - Je vous ai dit que j'ai entendu

19 parler des Jockeri, mais je ne savais pas ce que c'était. Je l'ai dit dès

20 le début de cette séance que j'avais entendu parler des Jockeri.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que Vlado Santic,

22 et vous avez employé les termes : "était intelligent". Il était

23 intelligent et vous en avez déduit qu'il n'était pas un policier militaire

24 ordinaire.

25 M. Biletic (interprétation). - Oui, je pense que ce n'était pas

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1 un policier militaire ordinaire parce que pour se rendre sur les lieux ou

2 pour faire une enquête ou pour dresser un constat, il faut être

3 spécialement formé. Un policier militaire ordinaire ne peut le faire.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous ne saviez pas

5 exactement quelles étaient ses fonctions ?

6 M. Biletic (interprétation). - Oui, les autres s'adressaient à

7 lui avec un certain respect, mais je ne savais pas exactement quelle était

8 sa fonction. Ce que je sais, c'est que c'était lui qui était chargé de

9 dresser des constats au moment des accidents de la route ou lorsqu'un

10 délit avait été commis par un membre de la police militaire, ou par

11 quelqu'un qui appartenait à l'armée.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit qu'à

13 l'époque, tout n'était qu'à ses débuts. Alors je suppose qu'il n'y avait

14 pas de grades à proprement parler. Il n'y avait pas de grades comme il en

15 existe habituellement au sein d'une armée, qui permettent de savoir qui

16 est qui.

17 M. Biletic (interprétation). - De toute évidence, il n'y avait

18 pas de grades à l'époque. Les grades n'ont été introduits... Par exemple,

19 moi je n'ai eu un grade qu'en 1995. Jusqu'à ce moment-là, je doute que qui

20 que ce soit ait eu un grade. Aujourd'hui, dans l'armée de la fédération,

21 puisque c'est déjà une autre étape dans la constitution de cette armée,

22 nous avons des gradés tout comme dans les autres armées du monde.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Vous étiez à ce bureau d'accueil

24 et vous vous êtes acheminé vers la sortie. Vous êtes resté à quelques

25 mètres de là, donc au moins jusqu'à 11 heures. Vous avez dit qu'à quelques

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1 pas derrière vous, vous avez entendu une voix et aujourd'hui vous affirmez

2 que c'était la voix de Vlado Santic. Est-ce exact ?

3 M. Biletic (interprétation). - Oui, c'est exact.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous être sûr que c'était

5 vraiment si près de vous et qu'il n'y a aucun doute et que vous pouvez

6 l'affirmer avec certitude ? Je voudrais que vous le répétiez.

7 M. Biletic (interprétation). - Oui, je ne peux pas dire à

8 combien de mètres c'était derrière moi, mais j'ai entendu la voix de Vlado

9 Santic. C'était à un mètre ou deux, ou trois.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Aujourd'hui, vous n'êtes pas sûr

11 que la personne qui a été blessée et qui est arrivée par le véhicule de la

12 Forpronu, était un homme qui s'appelait Prskalo ou Pilicic ?

13 M. Biletic (interprétation). - Je pense que cette personne

14 s'appelait Prskalo.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Avant le 16 avril 1993, vous

16 avez déjà eu une expérience militaire, une expérience de guerre ?

17 M. Biletic (interprétation). - J'ai fait mon service militaire

18 en 1984. Mon service militaire dans la JNA, l'ex-armée yougoslave. Par la

19 suite, je n'ai eu aucune expérience militaire.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez parlé du temps et

21 des situations où le 16 avril 1993, vous avez vu et entendu Vlado Santic.

22 Il en ressort que jusqu'à 8 heures, jusqu'à 8 heures du soir, vous avez eu

23 des contacts avec Vlado Santic. Est-ce exact ?

24 M. Biletic (interprétation). - Oui, c'est exact.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit que par la

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1 suite, vous êtes parti au Bungalow et que quelques uns d'entre vous y sont

2 allés en camionnette.

3 M. Biletic (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai dit.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Tous ceux qui étaient chargés de

5 la sécurité sont partis également le soir en question, en direction de ce

6 Bungalow ?

7 M. Biletic (interprétation). - Comme je l'ai déjà dit, on nous a

8 dit que nous allions tous quitter l'hôtel, que nous allions tous partir.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez également dit qu'au

10 moment où vous êtes arrivé devant ce Bungalow, vous avez vu Vlado Santic

11 qui se tenait devant le bâtiment ?

12 M. Biletic (interprétation). - Oui.

13 M. Pavkovic (interprétation). – Savez-vous à quel moment Vlado

14 Santic, lui, est arrivé sur place ?

15 M. Biletic (interprétation). - Non, cela je ne pouvais pas le

16 savoir, je n'avais aucun moyen de savoir cela.

17 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai pas

18 d'autres questions. Monsieur le Président, j'en ai terminé.

19 M. le Président (interprétation). - Merci. Les Juges ne

20 souhaitent pas poser de questions au témoin.

21 Monsieur Biletic, je vous remercie d'être venu déposer au

22 Tribunal. Vous pouvez disposer.

23 M. Biletic (interprétation). - Merci.

24 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

25 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

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1 M. le Président (interprétation). - Bonjour Monsieur Franjic.

2 Pouvez-vous donner lecture de la déclaration solennelle ?

3 M. Franjic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

4 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

5 M. le Président (interprétation). - Merci. Veuillez vous

6 asseoir. Maître Pavkovic, vous avez la parole.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

8 Bonjour, Monsieur le Témoin. Je vous prie de vous présenter tout

9 d'abord à la Chambre.

10 M. Franjic (interprétation). - Bonjour. Je m'appelle Ivica

11 Franjic. Je suis né le 28 février 1956, dans le village de Kruscica,

12 municipalité de Vitez. Je suis marié, j'ai 4 enfants. Je suis domicilié

13 dans la municipalité de Vitez.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous prie juste de parler un

15 peu plus fort. Veuillez vous rapprocher du micro.

16 Vous dites que vous habitez actuellement dans la municipalité de

17 Vitez ?

18 M. Franjic (interprétation). - Oui.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous préciser ?

20 M. Franjic (interprétation). - J'habite dans la rue

21 Kralja Kresimira 4, dans mon appartement.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Quelle est votre occupation

23 aujourd'hui ?

24 M. Franjic (interprétation). - Je suis entrepreneur.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire où vous

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1 étiez employé avant la guerre ?

2 M. Franjic (interprétation). - J'habitais dans la maison de

3 famille, à Kruscica, dans la municipalité de Vitez et j'étais employé dans

4 l'entreprise d'hôtellerie Kruscica-Vitez.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Que comprenait cette entreprise

6 Kruscica-Vitez ?

7 Je vais juste éclaircir un peu. Quel secteur comprenait-elle ?

8 M. Franjic (interprétation). – Kruscica-Vitez comprenait

9 2 hôtels dont l'un se trouvait à Vitez même, c'était l'hôtel Vitez, et

10 l'autre se trouvait dans le village de Kruscica, il portait le même nom,

11 Kruscica. Il y avait par la suite beaucoup de restaurants, de cafés,

12 quelques magasins aussi.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Jusqu'à quelle date étiez-vous

14 employé dans cette entreprise et quel était le poste que vous occupiez ?

15 M. Franjic (interprétation). - Mon dernier jour de travail a été

16 le 15 avril 1993. Si on peut dire, c'était la dernière journée de travail.

17 Après le conflit, j'ai travaillé encore pendant une courte période de

18 temps dans la même entreprise. Lorsque le conflit a éclaté, j'occupais le

19 poste de directeur de l'entreprise.

20 M. Pavkovic (interprétation). – Peut-on dire également que vous

21 étiez le directeur de l'hôtel Vitez ?

22 M. Franjic (interprétation). - Oui, j'étais directeur à l'époque

23 de l'hôtel Vitez.

24 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, vous étiez responsable de

25 ce qui se passait à l'hôtel ?

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1 M. Franjic (interprétation). - Oui, j'étais responsable du

2 personnel de l'hôtel.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit que vous y

4 travailliez jusqu'au 15 avril 1993.

5 M. Franjic (interprétation). - Oui.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Donc ce jour-là, à cette date-

7 là, vous vous trouviez dans l'hôtel ?

8 M. Franjic (interprétation). - Oui.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Nous parlons de l'hôtel. S'agit-

10 il bien de l'hôtel Vitez à Vitez ?

11 M. Franjic (interprétation). - Oui.

12 M. Pavkovic (interprétation). - C'est juste pour que tout soit

13 bien clair.

14 Je vais vous poser une question que j'ai déjà eu l'occasion de

15 poser auparavant. Si on parle de cette date du 15 avril, votre dernier

16 jour de travail, s'agissait-il d'une journée normale, ordinaire, comme

17 tant d'autres, ou bien avez-vous remarqué des événements exceptionnels qui

18 ont attiré particulièrement votre attention ?

19 M. Franjic (interprétation). - Il s'agissait d'une journée

20 ordinaire.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'heure à

22 laquelle vous avez quitté l'hôtel Vitez ce jour-là ?

23 M. Franjic (interprétation). - Vers environ 4 heures, 4 heures

24 et demie. Je me suis dirigé vers ma maison.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Donc 4 heures, 4 heures et

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1 demie.

2 M. Franjic (interprétation). - Vers 16 heures 30, je ne peux pas

3 dire avec exactitude.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit tout à

5 l'heure que vous étiez responsable de la situation dans l'hôtel même.

6 Pouvez-vous nous dire qui se trouvait dans l'hôtel ? Qui était logé dans

7 les locaux de l'hôtel ?

8 M. Franjic (interprétation). - La police militaire, une partie

9 de l'armée, le quartier général. Je n'avais pas toutes les informations

10 sur les militaires, sur les pièces qui étaient occupées par les militaires

11 et je ne peux pas dire de quelle unité il s'agissait. Il s'agissait en

12 tout cas de l'armée.

13 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque, l'hôtel hébergeait-

14 il d'autres personnes qui avaient besoin de logements à l'époque ?

15 M. Franjic (interprétation). - Oui.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que le personnel

17 s'occupait des clients de l'hôtel, des militaires notamment ?

18 M. Franjic (interprétation). - Oui.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez mentionné un quartier

20 général. De quel quartier général il s'agit ?

21 M. Franjic (interprétation). - Je crois que c'est celui du

22 général Blaskic.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez mentionné également la

24 police militaire. Combien de membres de la police militaire y avait-il

25 dans l'hôtel ?

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1 M. Franjic (interprétation). - Je ne sais pas, je ne peux pas

2 vous le dire précisément, je ne m'occupais pas d'eux, je ne savais pas

3 quel était leur nombre. Je sais que tous les jours, on me soumettait le

4 nombre de personnes qu'il y avait afin de répartir les repas, etc..

5 M. Pavkovic (interprétation). - Je comprends tout à fait, mais

6 que faisaient ces membres de l'armée dans votre hôtel ?

7 M. Franjic (interprétation). - Ils étaient de service, ils

8 avaient un bureau d'accueil, ils avaient leur poste de garde, mais je ne

9 sais pas quel était leur champ d'action. Moi, je n'étais pas militaire, je

10 n'étais membre ni de la police militaire ni du quartier général, donc je

11 ne peux pas vous répondre. Je ne sais pas.

12 M. Pavkovic (interprétation). – Connaissiez-vous les personnes

13 qui étaient dans votre hôtel ? Les connaissiez-vous avant qu'elles ne

14 viennent dans votre hôtel ?

15 M. Franjic (interprétation). - Oui.

16 M. Pavkovic (interprétation). - A quel moment les militaires

17 sont-ils venus dans votre hôtel ? A partir de quel moment ils étaient

18 logés dans l'hôtel ?

19 M. Franjic (interprétation). - Vers le milieu de l'année 1992,

20 je ne me souviens pas exactement de la date, peut-être dans la seconde

21 moitié de l'année 1992.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Sont-ils arrivés tous en même

23 temps ? Donc le quartier général ou l'état-major du général Blaskic et la

24 police militaire, sont-ils tous arrivés en même temps ?

25 M. Franjic (interprétation). - Non. Ceux qui sont venus d'abord,

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1 en premier, je ne sais plus comment les qualifier, c'était l'état-major,

2 une dizaine, une quinzaine de militaires. Je ne sais pas s'il s'agissait

3 de la police ou pas. Peu de temps après, la police militaire est arrivée.

4 Et en automne, le général Blaskic est arrivé avec son état-major. C'était

5 en 1992.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous des pièces

7 qui étaient occupées, des locaux qui étaient occupés, par la police

8 militaire ?

9 M. Franjic (interprétation). - C'était le bureau qui se trouvait

10 juste derrière l'accueil. Ils avaient quelques pièces au troisième étage

11 et ils disposaient de la salle à manger pour les repas.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez déjà mentionné

13 les repas, mais saviez-vous qu'ils étaient logés, qu'ils passaient les

14 nuits dans l'hôtel ?

15 M. Franjic (interprétation). - Oui, je viens de dire qu'ils se

16 trouvaient également au troisième étage. Je ne sais pas si ce n'étaient

17 que des policiers militaires, je ne disposais pas d'informations précises

18 concernant les militaires.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Veniez-vous régulièrement,

20 fréquemment, à l'hôtel jusqu'au 15 avril ?

21 M. Franjic (interprétation). - Tous les jours, à plusieurs

22 reprises, deux, trois, quatre ou cinq fois selon les besoins.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez mentionné un accueil,

24 une réception. Où se trouvait-elle ?

25 M. Franjic (interprétation). - L'accueil se trouvait, le bureau

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1 d'accueil se trouvait tout près de la réception.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Donc tout de suite à l'entrée,

3 immédiatement à l'entrée de l'hôtel ?

4 M. Franjic (interprétation). - Oui, à peu près.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Qui se trouvait dans ce bureau

6 d'accueil ?

7 M. Franjic (interprétation). - La police militaire.

8 M. Pavkovic (interprétation). - De l'extérieur, à l'extérieur de

9 l'hôtel, la police militaire était chargée de la sécurité de l'hôtel même,

10 n'est-ce pas ?

11 M. Franjic (interprétation). - Oui.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous prie de nous parler du

13 16 avril 1993, de votre arrivée à l'hôtel.

14 M. Franjic (interprétation). - Je suis arrivé vers 6 heures et

15 quart, 6 heures 30 à l'hôtel. Les circonstances étaient bizarres, mais

16 j'avais un peu peur puisque les balles sifflaient, on entendait des

17 détonations. Il m'est difficile de décrire mon arrivée. Je paniquais,

18 j'avais peur.

19 M. Pavkovic (interprétation). - D'où veniez-vous vers 6 heures

20 et quart, 6 heures 30 ?

21 M. Franjic (interprétation). - Je venais de Kruscica, de mon

22 ancienne maison.

23 M. Pavkovic (interprétation). - A quelle distance se trouve

24 votre maison ?

25 M. Franjic (interprétation). - Un kilomètre environ, un, deux

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1 kilomètres peut-être. Je ne sais pas exactement.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Quand vous êtes-vous réveillé ce

3 matin-là ?

4 M. Franjic (interprétation). - J'étais à demi réveillé,

5 c'étaient des circonstances assez exceptionnelles. Je me trouvais dans mon

6 ancienne maison, j'ai entendu les détonations. Tout d'abord, je ne savais

7 pas ce qui se passait. J'ai eu peur. Je me suis demandé ce qu'il fallait

8 que je fasse. Et avec mon cousin, j'ai quitté cet endroit, mon ancienne

9 maison. Donc, nous avons traversé les champs en direction du premier

10 village, du village le plus proche habité par les Croates.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Vous parlez de circonstances

12 exceptionnelles, bizarres, lorsque vous parlez de votre maison. A quoi

13 pensez-vous ?

14 M. Franjic (interprétation). - Il faut que je vous parle du 15

15 alors.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Oui, mais soyez bref je vous

17 prie.

18 M. Franjic (interprétation). - Nous avons déjeuné. Mon fils se

19 trouvait à la porte d'entrée de la maison. Il m'a dit à un moment qu'il

20 voyait un groupe de Musulmans armés, ils passaient juste devant ma maison.

21 Je me suis levé de la table et j'ai vu six ou sept soldats armés de la

22 tête aux pieds. Ils portaient sur leur dos, et ça je ne l'ai appris que

23 par la suite puisque, comme je vous l'ai déjà dit, je ne suis pas

24 militaire, je ne m'y connais pas dans la chose militaire, en tout cas j'ai

25 vu des canons, qu'ils avaient des fusils automatiques, des lance-roquettes

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1 portables. Ils ont dressé un barrage à une vingtaine de mètres de chez

2 moi, en direction du village qui était habité majoritairement par les

3 Croates. Pour des raisons de sécurité, j'ai demandé à mon épouse et à mon

4 fils cadet d'aller chez mon frère et à 700 ou 800 mètres se trouvait la

5 maison de Vinko Miskovic. J'estimais que c'était l'endroit le plus sûr.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Mais de quelle armée vous

7 parlez ?

8 M. Franjic (interprétation). - L'armée musulmane.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Donc lorsque vous avez entendu

10 des explosions, pour des raisons de sécurité, vous avez envoyé votre

11 épouse et votre enfant vers un lieu plus sûr ?

12 M. Franjic (interprétation). - Non, le 15 vers 17 heures,

13 17 heures 30 environ, le 15 avril.

14 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, vous avez pris cette

15 décision lorsque vous avez vu les soldats ? C'est à ce moment-là que leur

16 sécurité vous a préoccupé ?

17 M. Franjic (interprétation). - Oui, parce que ce n'était pas la

18 première fois. Les barrages étaient dressés sur cette section de la route

19 et je ne me sentais plus en sécurité, ma famille non plus.

20 J'ai été maltraité à plusieurs reprises, ma maison a été à

21 plusieurs reprises également exposée aux tirs, et ma préoccupation

22 principale était de protéger ma famille. Je ne pensais pas à moi-même à

23 cette époque-là. Mais je pense que ce n'était pas très raisonnable. Je

24 restais chez moi pour protéger mes biens, mais je ne pense pas que cela

25 était une décision raisonnable.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Mais vous avez quand même pris

2 la décision d'aller vers Tljusivi et ensuite de vous rendre à l'hôtel. Ai-

3 je bien compris ce que vous avez dit ?

4 M. Franjic (interprétation). - Je me trouvais dans ma maison et

5 dans l'entourage immédiat de ma maison, vers 22 heures ou 23 heures,

6 l'armée musulmane arrivait et les groupes de soldats armés venaient tout

7 le temps. Il me semble qu'ils étaient une vingtaine. Il y avait peut-être

8 une trentaine ou une quarantaine de personnes au barrage même. Ils

9 devaient avoir des radios, des talkies-walkies. Je ne sais pas. Je ne sais

10 pas exactement parce que je n'avais auparavant entendu ce genre de

11 conversation que par des policiers.

12 Pour des raisons de sécurité, nous nous sommes retirés vers ma

13 maison, mon ancienne maison. Elle se trouvait à 150 mètres sur une petite

14 colline. On était plus en sécurité. C'est du moins ce que l'on pensait. Et

15 de là-haut, on pouvait contrôler, surveiller l'accès de l'ancienne maison.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Vous parlez du 15 avril, du soir

17 du 15 avril ?

18 M. Franjic (interprétation). - Oui.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous prie de passer

20 rapidement à la journée du 16.

21 M. Franjic (interprétation). - J'ai déjà dit que j'avais peur,

22 je ne dormais pas vraiment. C'était une sorte de demi-sommeil, peut-être

23 que je dormais quelques instants de temps à autres.

24 Donc, lorsque nous avons entendu les détonations, et il y en

25 avait beaucoup, il n'y en avait pas que deux ou trois, c'est à ce moment-

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1 là que nous avons décidé de nous diriger vers Tljusivi.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Votre cousin vous accompagnait,

3 n'est-ce pas ?

4 M. Franjic (interprétation). - Oui.

5 M. Pavkovic (interprétation). – Quelle route avez-vous

6 empruntée ?

7 M. Franjic (interprétation). - Ce qui était important à ce

8 moment-là, c'était de rejoindre un endroit sûr et cela ne pouvait être

9 qu'un village croate. Lorsque nous y sommes arrivés, mon cousin est donc

10 resté à Tljusivi et moi j'ai poursuivi la route.

11 M. Pavkovic (interprétation). - Donc ce matin-là, sur la route,

12 avez-vous entendu des explosions ? Est-ce qu’il était dangereux de

13 circuler ?

14 M. Franjic (interprétation). - C'était le début de la matinée,

15 l'aube. On a pris un raccourci, on traversait la forêt. On ne se sentait

16 sûr nulle part, mais la situation la moins sûre était dans la ville.

17 M. Pavkovic (interprétation). - La moins sûre, vous avez bien

18 dit ?

19 M. Franjic (interprétation). - Oui.

20 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous avez quand même décidé

21 d'aller vers la ville, vers l'hôtel ?

22 M. Franjic (interprétation). - Oui.

23 M. Pavkovic (interprétation). - Pourquoi avez-vous décidé de

24 vous exposer à un tel danger dans le but de rejoindre l'hôtel, votre lieu

25 de travail ?

Page 10231

1 M. Franjic (interprétation). - J'ai déjà dit que je ne savais

2 pas exactement ce qui se passait. C'était la première fois qu'une telle

3 chose nous arrivait. Vous savez vous-même que dans l'ex-Yougoslavie, dans

4 l'ancienne JNA, on nous disait qu'au cas où une situation exceptionnelle

5 se produisait, il fallait se rendre à son lieu de travail, et ce n'est que

6 de là que l'on devait agir selon des instructions données. C'est cette

7 conduite que j'ai adoptée.

8 J'ai donc décidé d'agir de la sorte. Je ne sais pas ce que

9 d'autres peuvent en penser, mais j'essayais de faire mon travail le mieux

10 possible. J'étais très professionnel, peut-être un peu trop extrémiste je

11 dirais.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous étiez très

13 consciencieux et c'est pour cette raison que vous vous êtes dirigé vers

14 l'hôtel ?

15 M. Franjic (interprétation). - Peut-être que maintenant j'aurais

16 réagi autrement, mais à l'époque je pensais que c'était effectivement ce

17 qu'il fallait que je fasse.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes-vous dirigé vers

19 l'hôtel afin de donner des instructions aux membres du personnel de

20 l'hôtel puisque ces membres du personnel étaient au service des clients,

21 des gens qui se trouvaient dans l'hôtel même ?

22 M. Franjic (interprétation). - Oui, parmi les membres du

23 personnel, il y avait toutes les nationalités, toutes les appartenances

24 ethniques.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Je ne comprends pas pourquoi

Page 10232

1 cette précision est importante.

2 M. Franjic (interprétation). - Eh bien je vais vous le dire,

3 pour moi c'était important.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous me l'expliquer pour

5 que je puisse le comprendre moi aussi ?

6 M. Franjic (interprétation). - A l'époque, vous aviez à la fois

7 les Croates, les Musulmans, les Serbes qui travaillaient ensemble. Le

8 personnel ainsi que moi-même avions reçu des garanties, des assurances de

9 la part des militaires en disant que rien ne pouvait arriver aux membres

10 du personnel. Vous savez, c'était des circonstances particulières et

11 j'avais peur pour la sécurité de ces gens. Heureusement...

12 M. Pavkovic (interprétation). - Pour abréger un petit peu ce que

13 vous venez d'exposer, c'étaient les raisons principales qui vous ont

14 poussé à vous rendre à l'hôtel le matin en question ?

15 M. Franjic (interprétation). - Oui, c'était à peu près cela.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Vers 6 heures 30, comme vous

17 venez de le dire aujourd'hui, vous êtes déjà à l'hôtel. Pouvez-vous nous

18 décrire votre arrivée à l'hôtel ? Vous arrivez devant quelle entrée ?

19 M. Franjic (interprétation). - Eh bien, la situation la moins

20 sûre était dans la ville, comme je vous l'ai dit, parce qu'il y avait des

21 tirs qui retentissaient de toutes parts. On entendait des balles siffler.

22 Il y avait des explosions. Donc le plus sûr, c'était de se déplacer en

23 allant d'un immeuble à l'autre, et c'est en me déplaçant entre les

24 immeubles que j'ai pu atteindre l'hôtel, l'entrée principale de l'hôtel et

25 je suis allé à la réception.

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1 M. Pavkovic (interprétation). - Qui avez-vous vu dès votre

2 entrée dans le bâtiment de l'hôtel ?

3 M. Franjic (interprétation). - J'ai vu sur place la police

4 militaire, c'est-à-dire quelques membres de la police militaire. Ils

5 entraient dans l'hôtel où en sortaient, ils étaient quelques-uns. Dans le

6 hall, il y en avait également quelques-uns, à la réception. Voilà, c'était

7 la panique qui régnait, la peur. Entre autres, j'ai vu également M.

8 Santic.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous poserai des questions-là

10 dessus, mais décrivez nous un peu en détail la situation. Est-ce qu'on

11 tirait sur l'hôtel, sur l'entrée de l'hôtel ? C'est une paroi vitrée pour

12 sa majeure partie ?

13 M. Franjic (interprétation). - Oui, de face, en regardant depuis

14 le bâtiment de la municipalité, oui, c'est une paroi vitrée. Vers la

15 partie de la ville qui était sous le contrôle de l'armée musulmane, alors

16 c'est là où je ne pouvais pas me rendre. Je n'osais pas m'y rendre. De

17 toute façon, je n'avais même pas besoin d'y aller.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous nous avez dit que vous

19 y avez rencontré Vlado Santic.

20 M. Franjic (interprétation). - Oui.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Vous voyez cet individu présent

22 ici ?

23 M. Franjic (interprétation). - Oui.

24 M. Pavkovic (interprétation). - Où ?

25 M. Franjic (interprétation). - A côté du mur. Je pense qu'il est

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1 le premier.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Nous pouvons consigner au compte

3 rendu que le témoin a pu reconnaître Vlado Santic.

4 S'agissant de ces circonstances dans lesquelles vous avez vu

5 Vlado Santic, pouvez-vous nous donner quelques détails ? Où l'avez-vous

6 vu ?

7 M. Franjic (interprétation). - Quand je suis rentré dans

8 l'hôtel, je vous l'ai déjà dit, j'avais peur, j'étais effrayé, et à

9 l'entrée, à l'entrée de l'hôtel, ou plutôt dans le hall entre l'accueil et

10 la réception, j'ai vu non seulement Vlado, mais je me suis même adressé à

11 Vlado. Et comme c'était la personne que je connaissais le mieux parmi ceux

12 qui s'y trouvaient, je lui ai demandé : "Mais Vlado, que se passe-t-il ?

13 Qu'est-ce que c'est que tout ça ? " Il ne m'a pas répondu. En fait, il a

14 réagi de manière peu correcte, d'après ce que je pense. Il a juste fait

15 comme ça un signe de la main en disant : "Mais tu vois toi même, pourquoi

16 est-ce que tu me demandes à moi ?" et notre entretien ne s'est pas

17 poursuivi. On en est restés là.

18 Alors j'ai traversé le restaurant, je suis allé dans la cuisine

19 pour voir s'il n'y avait pas par hasard un membre du personnel là-bas. Et

20 puis, comme je n'y ai trouvé personne, j'ai rebroussé chemin et j'ai

21 quitté l'hôtel.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous n'êtes resté que très

23 brièvement à l'hôtel ?

24 M. Franjic (interprétation). - Comme je viens de vous le dire.

25 Le temps de rentrer à l'hôtel, le temps d'avoir ce contact avec Vlado,

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1 j'aurais peut-être mieux fait de ne pas l'avoir ce contact, puis je me

2 suis rendu dans la cuisine, j'ai vérifié pour voir s'il n'y avait pas

3 quelque membre du personnel sur place, et puis j'ai quitté l'hôtel parce

4 que je n'avais rien à faire sur place.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Franjic, d'après ce que

6 vous m'avez dit de cette rencontre avec Vlado Santic, vous avez dit qu'il

7 était peu agréable, en fait plutôt désagréable à votre égard ?

8 M. Franjic (interprétation). - Eh bien vous savez, j'ai eu

9 l'impression que Vlado aussi avait peur, enfin peur, effrayé, nerveux, je

10 ne sais pas, mais il donnait l'impression d'être nerveux. C'est du moins

11 ce que j'ai pensé. Enfin, je pense qu'il n'aurait pas dû s'adresser à moi

12 de la manière dont il l'a fait. Il aurait peut-être dû m'accorder quelques

13 paroles de plus.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Et vous pensez que les

15 circonstances lui permettaient d'avoir une conversation avec vous ?

16 M. Franjic (interprétation). - Oui, aujourd'hui je comprends que

17 les circonstances ne s'y prêtaient pas. Mais à l'époque, je ne pouvais pas

18 le comprendre parce que j'ai demandé, j'ai posé la question, je ne savais

19 pas ce qui se passait, je voulais que quelqu'un me dise de quoi il

20 retournait.

21 M. Pavkovic (interprétation). - Donc votre désir d'apprendre, de

22 savoir ce qui se passait, c'était en fait cela qui vous a guidé aussi vers

23 l'hôtel, parce que vous pensiez que vous alliez obtenir des informations

24 sur place ?

25 M. Franjic (interprétation). - Oui, c'était peut-être aussi cela

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1 qui m'a poussé à venir. Mais très franchement, je dois dire qu'en fait, je

2 tenais à me rendre sur mon lieu de travail. Ce n'est qu'après que venaient

3 les autres considérations.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, vous l'avez

5 déjà dit. Dites-moi aussi si vous connaissiez Vlado Santic avant le jour

6 en question ?

7 M. Franjic (interprétation). - Oui.

8 M. Pavkovic (interprétation). - Vous le connaissiez depuis

9 longtemps ?

10 M. Franjic (interprétation). - Je ne peux pas vous dire depuis

11 combien de temps. Presque depuis l'enfance. Depuis très longtemps. Depuis

12 l'école primaire.

13 M. Pavkovic (interprétation). - Donc c'était votre camarade

14 d'école ?

15 M. Franjic (interprétation). - Non. Nous allions peut-être dans

16 la même école en fait, mais nous n'étions pas de la même. Nous n'étions

17 pas camarades de classe, mais Vitez est une petite ville, donc c'est tout

18 à fait naturel de connaître tout le monde. Je connaissais Vlado, sa

19 famille...

20 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Franjic, cette

21 rencontre avec Vlado Santic ce matin-là, d'après ce que vous nous avez

22 dit, était très brève et même désagréable. Mais est-ce que vous pouvez-

23 vous rappeler, s'il vous plaît, comment il était vêtu, Vlado ?

24 M. Franjic (interprétation). - Eh bien, pour moi, c'était une

25 tenue habituelle, un uniforme de camouflage, certes, pour autant que je me

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1 souvienne, il n'avait pas de couvre-chef à ce moment-là, et ça... Enfin,

2 si j'étais un militaire, pour moi ce serait inexplicable.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Vous dites que donc vous n'êtes

4 pas soldat et que donc cela devient explicable pour vous.

5 M. Franjic (interprétation). - Oui.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Quand vous dites qu'il était

7 vêtu comme d'habitude, vous voulez dire qu'il avait le même aspect qu'à

8 toutes les fois précédentes où vous l'avez croisé dans l'hôtel ?

9 M. Franjic (interprétation). - Oui.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Vous pourriez distinguer cet

11 aspect militaire d'une autre tenue militaire, par exemple au moment des

12 combats, quelque chose que vous auriez vu dans un film par exemple ?

13 M. Franjic (interprétation). - Oui, bien entendu, je pourrais

14 tout à fait faire cette distinction.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Vlado Santic, le matin en

16 question, était-il armé ? Portait-il une arme ?

17 M. Franjic (interprétation). - Je pense qu'il portait un

18 pistolet.

19 M. Pavkovic (interprétation). – Peut-on dire que c'est un

20 pistolet que portaient habituellement les membres de la police militaire ?

21 M. Franjic (interprétation). - Oui.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Suite à cette brève rencontre

23 avec Vlado Santic, vous êtes allé vers le restaurant, puis vous avez

24 quitté l'hôtel. A ce moment-là, voyiez-vous toujours Vlado Santic ?

25 M. Franjic (interprétation). - Vlado Santic est resté sur place

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1 dans le hall. Il donnait des instructions. Il agitait ses mains. Je lui ai

2 dit que j'allais quitter le bâtiment parce que vraiment j'avais peur. Je

3 ne peux pas vous dire avec certitude... En fait, il est resté derrière moi

4 dans le hall.

5 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce qu'une autre personne a

6 quitté l'hôtel en même temps que vous ?

7 M. Franjic (interprétation). - Je ne crois pas. Peut-être

8 quelqu'un de ces policiers militaires, s'ils se rendaient à ces postes de

9 garde. Mais moi, je l'ai fait très vite.

10 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous permettiez que les

11 gardes se rendaient en même temps à ces postes de garde extérieurs que

12 vous avez déjà mentionnés.

13 M. Franjic (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire.

14 Enfin, il y avait des membres de la police militaire qui circulaient.

15 S'ils se déplaçaient, cela ne pouvait aller que jusqu'à l'entrée.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Le jour en question, vous êtes

17 revenu à l'hôtel ?

18 M. Franjic (interprétation). - Non.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que vous avez vu

20 Vlado Santic. Par la suite, l'avez-vous, vous, revu après le 16, et si

21 oui, quand ? Après le 16 avril 1993 ?

22 M. Franjic (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire, je

23 ne peux pas vous l'affirmer avec certitude parce que je n'avais pas

24 l'occasion de descendre souvent à Vitez. Peut-être une fois tous les 7 ou

25 10 jours. J'ai eu l'occasion d'y aller pour quelques heures, pour me

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1 laver, pour me raser. Voilà. Donc je n'avais ni le temps, ni l'occasion de

2 me rendre à l'hôtel. Autrement dit, c'était uniquement pour voir la

3 famille, et puis rien d'autre. Sinon, je suis sûr de l'avoir vu au milieu

4 de la guerre à peu près. Je pense que c'était à l'automne, au milieu de la

5 guerre. Cela, j'en suis sûr.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Vous dites que c'était à

7 l'automne de quelle année ?

8 M. Franjic (interprétation). - En 1993.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Et comment vous rappelez vous ?

10 Pour quelle raison vous rappelez-vous cette rencontre avec M. Santic ?

11 M. Franjic (interprétation). - C'est un peu désagréable pour moi

12 d'en parler parce qu'il s'agit du passé. C'est révolu. Mais enfin, si vous

13 y tenez, si vous voulez que j'en parle, je peux le dire. C'était une

14 rencontre peu agréable.

15 M. Pavkovic (interprétation). - Si cela peut être bref ?

16 M. Franjic (interprétation). - Oui, ce n'est pas long. Mais j'ai

17 dit qu'une fois tous les 7 ou 10 jours, je me rendais chez moi. Mais à

18 l'époque, j'étais très malade, j'avais de la fièvre. Je suis allé voir un

19 médecin. Je suis rentré chez moi et puis je me suis couché. La police

20 militaire est venue chez moi et ils voulaient savoir où se trouvait un

21 véhicule de mon entreprise. En fait, ils me demandaient les clés de ce

22 véhicule pour les besoins de la police militaire. C'était un véhicule de

23 marque Zastava. Alors, comme j'ai été formé dans cette entreprise, comme

24 c'est elle qui a financé mes études, comme j'ai toujours travaillé à

25 Kruscica, j'ai refusé, je me suis opposé à eux. Toutefois, ils

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1 connaissaient l'endroit où se trouvait ce véhicule de transport et ils ont

2 dit : "Mais enfin, je ne vois pas pourquoi on lui pose la question. De

3 toute façon, on peut y aller tout seuls ". Et moi qui étais malade, qui

4 avais de la fièvre, je me suis rendu, moi aussi, sur place.

5 Et là, il y a eu un... comment dire ? une situation peu

6 souhaitable, il y a eu pratiquement une rixe avec un policier militaire

7 parce que je ne voulais pas leur donner le véhicule. Alors eux, ils sont

8 allés voir Vlado et Vlado, je ne sais pas s'il a ordonné, mais en tout

9 cas, il a écrit de sa propre main un petit mot, sans sceau, sans rien, en

10 disant que ce véhicule Zastava était pris pour des besoins de la police

11 militaire.

12 M. Pavkovic (interprétation). - A ce moment-là, vous étiez en

13 colère contre Vlado Santic ?

14 M. Franjic (interprétation). - Le lendemain, il y a eu une

15 dispute entre nous et suite à cette brève dispute, ces clés m'ont été

16 rendues, ainsi que le véhicule. Le véhicule a été remis au même endroit où

17 il se trouvait précédemment, près de la maison du chauffeur.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Mais en situation de guerre,

19 vous savez que des véhicules peuvent être saisis ou confisqués pour des

20 besoins de l'armée, bien entendu des autorisations sont délivrées à cet

21 effet. Bien entendu, les véhicules sont rendus par la suite s'ils sont en

22 bon état.

23 M. Franjic (interprétation). - Oui, je le sais aujourd'hui, mais

24 à l'époque personne ne pouvait avoir raison sur ce plan devant moi.

25 J'étais vraiment très têtu sur le plan des biens de l'entreprise et tout

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1 cela.

2 M. Pavkovic (interprétation). - Donc Vlado Santic a agi

3 conformément aux circonstances, c'était correct ?

4 M. Franjic (interprétation). - Oui, si j'y pense aujourd'hui,

5 oui, je peux dire que c'était correct. Mais je ne pensais pas que c'était

6 correct à l'époque.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Mais ce n'était pas une manière

8 de vous enlever le véhicule de manière tout à fait arbitraire, n'est-ce

9 pas ?

10 M. Franjic (interprétation). - Oui, en fait, aujourd'hui je peux

11 vous dire avec recul que ce n'était pas une saisie arbitraire, mais à

12 l'époque, je m'y suis opposé. Je me suis également opposé au fait que le

13 bâtiment soit réquisitionné par les militaires, parce que moi je pensais à

14 l'époque que tout cela allait s'arrêter bientôt et qu'il fallait bien

15 vivre au-delà de ces événements.

16 M. Pavkovic (interprétation). - Vous vous comportiez comme un

17 propriétaire qui cherche à préserver ses biens.

18 M. Franjic (interprétation). - Oui. Oui, oui.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur

20 Franjic, il me reste deux questions, Monsieur le Président. La première,

21 vous avez confirmé que Vlado Santic que vous connaissez se trouve

22 aujourd'hui dans ce prétoire.

23 M. Franjic (interprétation). - Oui.

24 M. Pavkovic (interprétation). – Connaissez-vous, puisque vous

25 êtes natif de Vitez, puisque vous connaissez bien la région, connaissez-

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1 vous d'autres individus qui portent le même nom et prénom ?

2 M. Franjic (interprétation). - Oui.

3 M. Pavkovic (interprétation). - Et ces individus résident-ils

4 dans la région de Vitez ?

5 M. Franjic (interprétation). - Oui.

6 M. Pavkovic (interprétation). - Et ces personnes vivaient-elles

7 également à cet endroit à l'époque ?

8 M. Franjic (interprétation). - Oui.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Et ma deuxième question, vous

10 savez où se trouve le village d'Ahmici.

11 M. Franjic (interprétation). - Oui.

12 M. Pavkovic (interprétation). - Aujourd'hui, si on se rend de

13 Vitez à Ahmici à pied, en empruntant la route principale, il nous faut

14 combien de temps pour atteindre le village ?

15 M. Franjic (interprétation). - Eh bien, à vrai dire je ne suis

16 jamais allé à pied à Ahmici en empruntant la route principale.

17 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque, par la route

18 principale, était-il possible d'atteindre Ahmici en partant de Vitez ?

19 M. Franjic (interprétation). - Je pense qu'un homme normalement

20 constitué ne l'aurait pas fait, n'aurait même pas eu l'idée de marcher sur

21 cette route.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que cette route passe à

23 côté des villages qui étaient tenus par les Musulmans à l'époque ?

24 M. Franjic (interprétation). - Oui, à côté des hameaux.

25 M. Pavkovic (interprétation). - Oui, des hameaux. Pouvez-vous en

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1 mentionner quelques uns ?

2 M. Franjic (interprétation). - L'un des plus proches c'est

3 Sivrino Selo, avant Ahmici. Entre Ahmici et Vitez.

4 M. Pavkovic (interprétation). - Savez-vous si à l'époque il

5 était possible de traverser Sivrino Selo sans que ce soit dangereux et

6 d'aller au-delà ?

7 M. Franjic (interprétation). - Pas question, pas Sivrino Selo et

8 on ne pouvait pas non plus prendre cette route.

9 M. Pavkovic (interprétation). - Sivrino Selo n'est pas sur la

10 route.

11 M. Franjic (interprétation). - Les premières maisons d'où

12 agissait cette armée musulmane se trouve à trente mètres de la route

13 principale.

14 M. Pavkovic (interprétation). - Donc la route principale pouvait

15 se trouver sous le feu de ces personnes et cela pouvait mettre en danger

16 les personnes qui empruntaient la route ?

17 M. Franjic (interprétation). - Absolument.

18 M. Pavkovic (interprétation). - Autrement dit on ne pouvait pas

19 prendre cette route et être en sécurité, cette route pour se rendre à

20 Ahmici mais il fallait prendre une autre route ?

21 M. Franjic (interprétation). - Oui.

22 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait un chemin

23 autre, alternatif, un chemin qui existait à l'époque ? A la date du

24 16 avril, ce chemin existait-il ?

25 M. Franjic (interprétation). - Non, partiellement en traversant

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1 le village de Rijeka, il y avait un chemin qui menait à un ruisseau, une

2 petite rivière. Je pense que cela s'appelle Rijeka Vranjska ? Et puis à

3 partir de là on traversait des prés et comment on y allait, en véhicule,

4 c'est comme ça qu'au fur et à mesure on a fini par tracer un chemin. Avant

5 il y avait du maïs ou du blé, je ne sais pas. Enfin, des champs. Mais il

6 n'y avait pas une véritable route.

7 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur

8 Franjic, je n'ai pas d'autres questions pour le moment.

9 Je vous remercie, Monsieur le Président.

10 M. le Président (interprétation). - C'est moi qui vous remercie

11 Maître Pavkovic.

12 Maître Blaxill ou Me Terrier ? Je suppose que vous aurez besoin

13 de plus de sept minutes.

14 M. Blaxill (interprétation). - Je ferai l'impossible pour être

15 rapide, mais je pense que je n'aurais pas terminé.

16 M. le Président (interprétation). - Nous reprendrons donc

17 demain. Nous commencerons le contre-interrogatoire demain.

18 M. Blaxill (interprétation). - Merci.

19 L'audience est levée à 12 heures 50.

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