Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-98-30-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Jeudi 02 Mars 2000

4

5 L'audience est ouverte à 10 heures.

6

7 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

8 M. le Président. - Bonjour. Vous pouvez vous asseoir.

9 (Les accusés s'exécutent.)

10 Bonjour, mesdames, messieurs.

11 L'Interprète. - Bonjour, monsieur le Président.

12 M. le Président. - Je salue la cabine technique, les interprètes,

13 l'accusation, la défense. Je crois que nous sommes les mêmes d'aujourd'hui,

14 nous sommes dans l'affaire Kvocka, donc pour le compte rendu il n'y a pas

15 de modification qui vaille la peine de perdre ce petit temps que nous

16 prenons tous les jours.

17 Avant d'ouvrir la séance, nous devons nous excuser de ce retard.

18 Je profiterai quand même de l'occasion, il s'agit de notre propre

19 cuisine, je pense qu'une organisation est un ensemble de parties dans une

20 interaction ordonnée pour aboutir à un objectif. Car, j'ai remarqué que,

21 sur Intranet, que j'ai regardé, la séance d'hier a été annoncée comme une

22 session à huis clos et, en vérité, il s'agissait d'une session publique.

23 Aujourd'hui, j'ai vérifié que l'heure annoncée pour commencer était celle

24 de 10 heures 30 et non pas 9 heures 30, comme nous l'avons décidé.

25 Donc je demande au Greffe de faire bien attention à ces questions.

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1 Sinon, on ne peut pas y arriver dans les propos que nous avons établis. Je

2 crois notamment que chacun doit prendre ses responsabilités et faire son

3 travail. Le Président de la Chambre ne doit pas contrôler et revoir tout ce

4 travail pour faire fonctionner les choses. Donc il faut que chacun prenne

5 ses responsabilités. Le délai d'aujourd'hui se doit un peu à cette

6 confusion. La session a été annoncée à 10 heures 30 et non pas à

7 9 heures 30.

8 Et comme règle, c'est pour cela que je le dis, nos sessions seront

9 toujours à 9 heures 30 jusqu'à 14 heures 30, sauf indication contraire.

10 Donc la règle est celle-ci, et toutes les autres exceptions doivent être

11 annoncées avec un temps suffisant pour que les personnes prennent ces

12 mesures.

13 Nous respectons le temps des autres personnes et il faut donc

14 prendre des mesures. J'attire l'attention de Monsieur le Greffier pour que

15 ces choses puissent être corrigées.

16 Après cela donc, on va continuer le témoignage de M. Kvocka, et je

17 donne la parole à Me Simic.

18 M. Simic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président. Je

19 vous remercie de me donner la parole.

20 Monsieur Kvocka, hier, nous avons commencé à parler de vos

21 premiers contacts avec le centre d'enquête d'Omarska. Quelques questions

22 ont été posées à ce sujet. Et nous allons poursuivre aujourd'hui sur la

23 même lancée.

24 Vous avez dit, hier, de manière très claire que, lorsque le

25 département de police d'Omarska, ou plutôt les hommes venant de ce

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1 département de police d'Omarska ont repris la tâche d'assurer la sécurité à

2 Omarska, vous avez remarqué trois ou quatre cadavres qui gisaient sur

3 l'herbe à côté du bâtiment administratif. Saviez-vous que, parmi ces

4 cadavres, se trouvait celui de M. Endjelo Delic ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Plus tard, il a été question du fait

6 que l'une des personnes qui avaient été tuées, c'était lui. C'est ce que

7 disaient les gardiens qui, à ce moment-là, avaient déjà établi des contacts

8 avec quelques prisonniers, et qui l'avaient sans doute entendu de leur

9 bouche.

10 M. Simic (interprétation). - Vous ne connaissiez pas M. Andjelo

11 Delic personnellement ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Non.

13 M. Simic (interprétation). - De toute façon, vous n'avez pas pu le

14 vérifier, car vous ne vous êtes pas approché des cadavres à ce ce moment-

15 là, comme vous l'avez dit hier ?

16 M. Kvocka (interprétation). - En effet, je ne l'ai pas fait.

17 M. Simic (interprétation). - Donc les informations au sujet du

18 décès d'Andjelo Delic, vous ne les avez reçues que plus tard ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Oui, en effet, c'est 7 ou 8 jours

20 plus tard qu'il en a été question.

21 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, lorsque vous êtes

22 arrivé pour la première fois dans ce centre d'Omarska, quels vêtements

23 portiez-vous, portiez-vous un uniforme ou un autre type de vêtements ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Je portais l'uniforme courant des

25 policiers, uniforme qui a été porté par les policiers pendant longtemps

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1 dans l'ex-Yougoslavie et en Bosnie-Herzégovine également pendant de

2 nombreuses années.

3 M. Simic (interprétation). - Donc il s'agissait de l'uniforme

4 standard que vous aviez reçu 5, 6 ou peut-être même 10 mois avant ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Même encore plus que cela !

6 M. Simic (interprétation). - Y avait-il de quelconques insignes

7 sur cet uniforme qui auraient pu indiquer que vous aviez une supériorité

8 hiérarchique ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Non. les mêmes insignes figuraient

10 sur l'uniforme de tous les policiers.

11 M. Simic (interprétation). - Mais y avait-il quelque chose de

12 différent sur l'uniforme du commandant ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Je ne l'ai pas remarqué.

14 M. Simic (interprétation). - Quelle arme aviez-vous sur vous à ce

15 moment-là ? Y avait-il une quelconque différence entre les armes que vous

16 portiez et les armes normales que recevaient un policier lors de son

17 affectation à son poste ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Je portais sur moi les armes

19 normales.

20 M. Simic (interprétation). - Quels étaient ces armes ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Un revolver.

22 M. Simic (interprétation). - Donc si j'ai bien compris, vous

23 n'avez pas reçu un fusil automatique lorsque vous êtes arrivé pour prendre

24 votre poste au département de police d'Omarska ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Si j'en ai reçu un comme tous les

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1 policiers d'active mais moi je ne le portais pas avec moi.

2 M. Simic (interprétation). - Où se trouve ce fusil automatique ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Il arrivait que ce fusil se trouve

4 dans les locaux du département de police et, quelque fois, dans mon

5 véhicule de fonction.

6 M. Simic (interprétation). - Nous vous avons écouté hier, vous

7 nous avez dit que vous étiez un policier bien noté et discipliné. Est-ce

8 qu'il vous est arrivé de faire infraction aux règles concernant le port de

9 l'uniforme en tant que policier ?

10 M. Kvocka (interprétation) - Non.

11 M. Simic (interprétation) - Le règlement en vigueur prévoit-il

12 l'obligation de porter des gants, notamment ces gants que l'on voit souvent

13 dans des films d'action, vous savez, les gants auxquels il manque des

14 doigts ?

15 M. Kvocka (interprétation) - Ce n'est pas prévu par le règlement

16 et les policiers n'avaient pas l'autorisation de porter des gants de ce

17 genre.

18 M. Simic (interprétation) - Mais avez-vous jamais utilisé des

19 gants de ce genre à Omarska ?

20 M. Kvocka (interprétation) – Jamais.

21 M. Simic (interprétation) - Pendant votre séjour à Omarska, avez-

22 vous remarqué que l'un quelconque des policiers présents aurait porté des

23 gants de ce genre ?

24 M. Kvocka (interprétation) - Je crois que c'est arrivé. Mais ce

25 n'était pas des policiers d'active, des policiers professionnels qui

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1 portaient ce genre de gants. Je ne l'ai jamais remarqué de leur part. De

2 toute façon, à Omarska, nous n'étions que deux ou trois policiers

3 professionnels d'active, donc je l'aurais remarqué immanquablement.

4 M. Simic (interprétation) - Pouvez-vous donner le nom de l'un

5 quelconque des hommes que vous auriez vu porter ce genre de gants, car tout

6 de même ce n'était pas normal de porter des gants de ce genre compte tenu

7 du temps ?

8 M. Kvocka (interprétation) - Je crois qu'un homme qui a le même

9 nom de famille que moi -son prénom est Milojica, donc Milojica Kvocka-, je

10 crois l'avoir vu porter ce genre de gants de temps en temps.

11 M. Simic (interprétation) - Et le commandant du département,

12 M. Mejakic, a-t-il réagi à cela ? A-t-il fait remarquer que le port de ce

13 genre de gants ne correspondait pas au règlement ?

14 M. Kvocka (interprétation) - Je ne suis pas au courant.

15 (Note de l'interprète : il s’agit de mitaines.)

16 M. Simic (interprétation) - Monsieur Mejakic, vous avez dit hier

17 qu'il était arrivé une quinzaine de minutes après le groupe, à moins qu'il

18 ne soit arrivé en même temps que le groupe, mais comment était-il vêtu ?

19 M. Kvocka (interprétation) - Comme moi. Il portait l'uniforme

20 classique du policier, l'uniforme qui se portait à l'époque parmi les

21 policiers.

22 M. Simic (interprétation) - Et quelles étaient les armes que

23 portait M. Mejakic ?

24 M. Kvocka (interprétation) - Les mêmes que tout policier d'active.

25 M. Simic (interprétation) - Etiez-vous le propriétaire d'un fusil

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1 que l'on a l'habitude d'appeler fusil à pompe ?

2 M. Kvocka (interprétation) - Non, je n'en ai jamais eu en ma

3 possession.

4 M. Simic (interprétation) - Mais des fusils de ce genre ont-ils

5 étaient vus à Omarska ?

6 M. Kvocka (interprétation) – Aux endroits où moi je me suis

7 trouvé, je n'en ai pas vu.

8 M. Simic (interprétation) - Ce premier jour de votre présence à

9 Omarska, ou plutôt cette première nuit, qu'il s'agisse de la nuit du

10 27 au 28 ou de la nuit du 28 au 29 mai 1992, vous avez dit que les

11 prisonniers n'avaient pas reçu de nourriture. Est-ce exact ?

12 M. Kvocka (interprétation) – Oui, c'est exact. On ne disait rien

13 de la nourriture.

14 M. Simic (interprétation) – Monsieur Mejakic vous a-t-il informé

15 vous-même, ou a-t-il dit aux autres policiers quelle serait la situation du

16 point de vue de l'alimentation des prisonniers ?

17 M. Kvocka (interprétation) - Vous voulez parler du premier jour ?

18 M. Simic (interprétation) – Oui.

19 M. Kvocka (interprétation) - Il n'a rien dit.

20 M. Simic (interprétation) - Et les gardiens ont-ils reçu de la

21 nourriture ce jour-là, ce premier jour ?

22 M. Kvocka (interprétation) - Non.

23 M. Simic (interprétation) - Monsieur Mejakic a-t-il entrepris quoi

24 que ce soit pour s'adresser à un commerçant connu dans la région de façon à

25 organiser la distribution de nourriture pour les prisonniers ce premier

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1 jour ?

2 M. Kvocka (interprétation) - Non, le premier jour, rien n'a été

3 fait.

4 M. Simic (interprétation) – Quand a-t-il pris contact avec Andjic

5 à ce sujet ?

6 M. Kvocka (interprétation) - C'était le lendemain.

7 M. Simic (interprétation) – Bien, nous reviendrons sur ce point

8 lorsque nous parlerons du deuxième jour de votre présence à Omarska.

9 J'avais cru comprendre que cela s'était passé le premier jour.

10 Mme Hollis (interprétation) - Monsieur le Président, excusez-moi.

11 Monsieur le Président, nous avons été très patients, s'agissant des

12 questions qui contenaient la réponse et de questions qui ne portent pas sur

13 les éléments de l'acte d'accusation puisqu'il s'agissait d'Omarska, mais

14 maintenant nous faisons objection à la poursuite de ce type de questions.

15 Par exemple, la dernière question posée par la défense était la suivante :

16 Première question : «M. Mejakic a-t-il pris quelque mesure que ce soit pour

17 prendre contact avec un commerçant afin d'organiser la distribution de

18 nourriture aux prisonniers ?" C'est déjà une question qui guide le témoin.

19 La question suivante l'est encore plus.

20 Donc nous aimerions demander au conseil de la défense de demander

21 au témoin de témoigner par lui-même sans l'aider dans ce témoignage. Merci.

22 M. le Président. - Maître Simic, avez-vous quelque réaction ?

23 M. Simic (interprétation) - J'accepte cette remarque et je vais

24 prêter davantage à attention à la façon dont je formule mes questions. Mais

25 je rappelle que M. Keegan et M. Kvocka ont déjà parlé de ces questions,

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1 donc je pensais que c'était des questions connues de l'accusation et je ne

2 pensais pas qu'il s'agissait de questions directives. Mais je vais tenter

3 d'éviter de telles précisions dans mes questions.

4 M. le Président. - Oui et essayez de poser des questions non

5 directives pour que le témoin puisse répondre avec l'information pas

6 induite. D’accord ? Donc je vous remercie de faire attention à cela,

7 Maître Simic, et je remercie Mme Hollis qui a fait l'observation. Merci.

8 Vous pouvez continuer.

9 M. Simic (interprétation) - Merci, Monsieur le Président.

10 Durant le premier jour de votre présence à Omarska, la relève des

11 responsables de la sécurité a-t-elle été organisée ? D'autres hommes les

12 ont-ils remplacés ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Oui. En soirée, la totalité de

14 l'équipe chargée de la sécurité a été relevée, moi aussi. D'ailleurs, je

15 suis allé me reposer à la maison.

16 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, qui a amené cette

17 nouvelle équipe sur les lieux ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Ces hommes sont arrivés avec

19 Zeljko Meakic. En effet, au cours de cette première journée, Zeljko Meakic

20 a fait plusieurs allers-retours à partir du centre d'enquête.

21 M. Simic (interprétation). - Considérez vous que Zeljko Mejakic

22 s'est activé autour des problèmes d'organisation ce jour-là ?

23 M. Kvocka (interprétation). - Je n'en sais rien, en fait. La seule

24 chose que je peux faire, c'est supposer qu'il a pris contact avec un

25 certain nombre de responsables pour se renseigner au sujet de ce qui se

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1 passait, car j'ai eu l'impression que lui non plus n'était pas tout à fait

2 au courant.

3 M. Simic (interprétation). - Le premier jour de votre séjour au

4 centre d'enquête d'Omarska, avez-vous vu arriver des enquêteurs ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Non.

6 M. Simic (interprétation). - Vous avez dit il y a quelques

7 instants que vous êtes retourné chez vous pour vous reposer et y passer la

8 nuit. Quand êtes-vous revenu après cela à Omarska ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Le lendemain matin.

10 M. Simic (interprétation). - Avez-vous vu M. Mejakic à Omarska à

11 ce moment-là ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

13 M. Simic (interprétation). - La relève de l'équipe des

14 responsables de la sécurité était-elle organisée, c'est-à-dire l'arrivée

15 d'hommes frais pour remplacer les hommes qui avaient travaillé la nuit et

16 qui étaient fatigués ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

18 M. Simic (interprétation). - Qui a organisé cette relève ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Zeljko Mejakic.

20 M. Simic (interprétation). - Donc des hommes frais sont arrivés le

21 matin pour commencer la journée ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

23 M. Simic (interprétation). - Est-ce que les hommes qui sont

24 arrivés ce matin-là ont eu à organiser la distribution de nourriture,

25 puisque vous nous avez dit que le deuxième jour, il y avait eu distribution

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1 de nourriture ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, ce deuxième jour, pour

3 autant que j'aie bien compris les choses, Milan Andjic, un commerçant qui

4 travaillait dans le privé à Omarska, restaurateur connu, si je peux

5 l'appeler ainsi, a apporté plusieurs paniers avec des sandwiches.

6 M. Simic (interprétation). - Mais ces sandwiches ont-ils été

7 distribués aux prisonniers ce jour-là ?

8 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

9 M. Simic (interprétation). - Qui a effectué cette distribution ?

10 M. Kvocka (interprétation). - Les policiers chargés d'assurer la

11 sécurité, et je sais que le bruit a couru que le nombre de sandwiches

12 n'était pas suffisant.

13 M. Simic (interprétation). - Comment était organisée

14 l'alimentation des policiers ce deuxième jour ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Dans les locaux du centre d'enquête,

16 il n'y a pas eu de distribution de nourriture aux policiers ce deuxième

17 jour non plus.

18 M. Simic (interprétation). - Mais avez-vous remarqué si les

19 policiers avaient apporté des vivres de chez eux ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Oui, c'était tout à fait manifeste.

21 Chacun avait quelque chose, un petit paquet dans sa poche, un sandwich ou

22 quelque chose d'autre.

23 M. Simic (interprétation). - Avez-vous été informé du fait qu'on

24 aurait dit aux policiers qu'ils ne recevraient pas à manger et qu'il

25 fallait qu'ils apportent quelque chose de chez eux ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - Je ne sais rien à ce sujet.

2 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, cela fait déjà deux

3 jours donc que vous êtes sur les lieux, mais au cours de ces deux journées,

4 avez-vous vu arriver par quelque moyen que ce soit de nouveaux arrivants,

5 de nouveaux prisonniers, quelqu'un de nouveau ?

6 M. Kvocka (interprétation). - Pendant ces deux premiers jours,

7 donc le 28 et le 29, il n'y a pas eu de nouveaux arrivants, mais le 30, le

8 30 mai, troisième jour, tard dans l'après-midi, vers 17 ou 18 heures, il y

9 a eu des arrestations. En d'autres termes, des prisonniers sont arrivés

10 dans plusieurs autocars.

11 M. Simic (interprétation). - Est-il arrivé quelque chose de

12 particulier à Prijedor avant que ces prisonniers n'arrivent à Omarska dans

13 ces autobus que vous venez de mentionner ?

14 M. Kvocka (interprétation). - Ce jour-là, vers midi, une

15 information avait commencé à circuler parmi nous, les policiers,

16 information selon laquelle une attaque avait eu lieu à Prijedor.

17 D'ailleurs, des annonces ont été faites à ce sujet à la radio et donc

18 certains avaient entendu ces informations à la radio parce qu'il y avait un

19 poste de radio dans une pièce. Donc d'après ce que l'on racontait à

20 Prijedor, il était possible de conclure qu'une attaque avait eu lieu dans

21 la ville.

22 M. Simic (interprétation). - Bien. Nous reviendrons sur ce sujet

23 un peu plus tard. Mais pour le moment, ce que je voudrais vous demander,

24 c'est simplement la chose suivante : est-ce qu'une nouvelle a été diffusée

25 par Radio Prijedor, nouvelle destinée aux policiers qui assuraient la

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1 sécurité à Omarska, donc est-ce que la nouvelle était destinée aux

2 policiers ? Est-ce qu'elle était émise par l'émetteur radio ou est-ce

3 qu'elle provenait d'ailleurs ?

4 M. Kvocka (interprétation). - Il n'était plus possible de

5 communiquer à partir de cet émetteur. La seule chose que nous pouvions

6 faire, c'était entendre ce que d'autres disaient à partir de Prijedor parce

7 que la même fréquence était utilisée par les gens de Prijedor. C'était la

8 même fréquence que celle que nous avions utilisée auparavant.

9 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, ce 30 mai 1992, les

10 représentants du département de police d'Omarska ont-ils reçu une

11 quelconque information par l'intermédiaire de Mejakic, par votre

12 intermédiaire ou par l'intermédiaire de qui que que soit d'autre,

13 information qui leur aurait appris l'arrivée de nouveaux prisonniers ?

14 M. Kvocka (interprétation). - Non. Moi, en tout cas, je n'ai rien

15 entendu à ce sujet et personne ne m'en a informé.

16 M. Simic (interprétation). - Mais donc l'arrivée de ces nouveaux

17 prisonniers a-t-elle été une surprise pour les responsables de la

18 sécurité ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Oui. Ils se demandaient tous ce qui

20 se passait et pourquoi de nouveaux arrivants, etc.

21 M. Simic (interprétation). - A l'arrivée de ces personnes,

22 M. Mejakic était-il présent ?

23 M. Kvocka (interprétation). - Oui. En fin d'après-midi, début de

24 soirée, ce jour-là, il était présent.

25 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, j'aimerais que nous

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1 retournions un peu en arrière parce que nous avons omis de parler d'un

2 sujet précis. Que faisiez-vous vous-même au moment où ces nouveaux

3 prisonniers sont arrivés ?

4 M. Kvocka (interprétation). - J'étais de garde, comme la veille.

5 J'avais les mêmes instructions de la part de Zeljko, c'est-à-dire que je

6 devais être disponible pour fournir éventuellement des conseils aux

7 réservistes de police s'il y en avait besoin.

8 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vous avez circulé sur la

9 "pista" ou est-ce que vous avez passé tout votre temps à l'intérieur, dans

10 la pièce ?

11 M. Kvocka (interprétation). - J'ai passé la plupart du temps à

12 l'extérieur.

13 Mme Hollis (interprétation). - Monsieur le Président, je vous prie

14 de m'excuser, mais encore une fois c'est le conseil de la défense qui

15 témoigne à la place du témoin, c'est lui qui indique le contenu des

16 réponses dans ses questions. Je vous prie de demander au conseil de la

17 défense de ne pas parler à la place du témoin mais de laisser le témoin

18 dire ce que lui-même veut dire.

19 M. le Président. - Vous avez entendu l'objection, Maître Simic ?

20 M. Simic (interprétation). - Oui, c'est ma faute, Monsieur le

21 Président, je vais me corriger.

22 Que faisiez-vous, Monsieur Kvocka, ce jour-là ?

23 M. Kvocka (interprétation). - Ce jour, en date du 30 mai, j'ai

24 fait la même chose que la journée précédente. J'étais de permanence dans ce

25 centre d'enquête, avec les mêmes tâches que celles qui m'avaient été

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1 confiées par Zeljko Mejakic. Je me déplaçais dans les environs de ce

2 bâtiment administratif et de cette "pista", et j'ai eu quelques questions

3 émanant de ces policiers de réserve qui avaient demandé une certaine

4 assistance.

5 M. Simic (interprétation). - Où vous trouviez-vous au moment où

6 les autocars avec les nouveaux détenus sont arrivés ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Je me trouvais devant l'entrée du

8 bâtiment administratif.

9 M. Simic (interprétation). - Qui est-ce qui accompagnait ce convoi

10 de nouveaux prisonniers ?

11 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, l'escorte était constituée

12 par des policiers de Prijedor. J'en ai reconnu quelques-uns qui étaient

13 d'anciens policiers et certains policiers qui avaient appartenu aux rangs

14 de la police militaire. En d'autres termes, la composition de cette escorte

15 était mixte.

16 M. Simic (interprétation). - Y avait-il des supérieurs issus de ce

17 centre de sécurité publique de Prijedor ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Non, pas parmi les supérieurs que

19 j'avais connus auparavant.

20 M. Simic (interprétation). - Et qu'est-il arrivé aux prisonniers

21 qui ont été amenés par autocar ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Ils ont été emmenés par les

23 policiers de l'escorte vers certains locaux.

24 M. Simic (interprétation). - Est-ce que cela a été fait par des

25 policiers qui étaient venus avec l'escorte, donc ce n'étaient pas des

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1 policiers du poste de police d'Omarska...

2 M. le Président. - Excusez-moi de vous interrompre. La question

3 que vous venez de poser est clairement une question inductive. Quand vous

4 dites : "Est-ce que c'étaient des polices engagés à cela, qui ont fait

5 ça ?", il faut demander : "Qui a fait ça ?".

6 Si vous demandez : "Est-ce que ces polices ont fait ça ?", la

7 réponse sera : "Oui". Donc il faut demander : "Qui a fait ça ?". Excusez-

8 moi.

9 M. Simic (interprétation). - Je vais reformuler la question. Je

10 vous remercie de votre remarque.

11 Donc qui est-ce qui a effectué cette tâche ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Pour ce qui est de l'accueil des

13 prisonniers nouvellement arrivés, cette tâche a été accomplie par les

14 policiers qui sont venus avec et ils ont été assistés par des policiers se

15 trouvant déjà sur place en qualité de gardiens, et ce, dans la zone où se

16 trouvaient les locaux en question.

17 M. Simic (interprétation). - Y avait-il des visages que vous

18 auriez reconnus dans les autocars ayant amené ces nouveaux prisonniers ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Ce jour-là, en date donc du 30, dans

20 les premiers arrivages d'autocars, il y avait quelques visages connus de

21 gens que j'avais donc eu l'occasion de rencontrer ça et là en ville.

22 Et les visages les plus connus, si vous me permettez de

23 poursuivre, pour ce qui était des gens qui venaient de venir, trois des

24 frères de ma propre épouse : Crnalic Adan appelé "Dado", Crnalic Rizak

25 appelé "Rica" et Crnalic Nedzad surnommé "Necko".

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1 Avant même que de remarquer leur présence, un policier de

2 Prijedor, un policier des effectifs actifs que j'avais connu auparavant,

3 qui s'appelait Sajdel Obrenko, a attiré mon attention sur le fait que ces

4 trois frères de ma femme étaient présents.

5 M. Simic (interprétation). - Et avez-vous été surpris par la

6 chose ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Oui,absolument. J'ai même été

8 stupéfait. Je me suis demandé : "Mais comment se fait-il que tous ces gens

9 soient venus et notamment ces trois là ? Pourquoi eux précisément ?".

10 M. Simic (interprétation). - Et comment avez-vous réagi dans cette

11 situation ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, je les ai mis de côté, tout

13 simplement. Et 10 minutes plus tard, je les ai installés dans le véhicule

14 de service et je les ai emmenés. Je les ai conduits jusqu'à la maison

15 familiale, c'est-à-dire la maison de mes parents à moi, à Omarska.

16 M. Simic (interprétation). - Et avez-vous demandé à qui que ce

17 soit l'autorisation de le faire ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Non, pas à ce moment-là. Zeljko se

19 trouvait quelque part à proximité, mais je ne me suis pas adressé à lui

20 avec quelque question que ce soit, je l'ai fait de ma propre initiative, je

21 dirais même spontanément.

22 M. Simic (interprétation). - Mais est-ce que cela était une

23 violation des règles ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Oui. On pourrait effectivement dire

25 que cela a représenté une quelconque violation des règles parce que j'avais

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1 entrepris une démarche qui, selon les règlements en vigueur, ne relevait

2 pas de mes attributions.

3 M. Simic (interprétation). - Et une fois que vous avez ramené vos

4 beaux-frères chez vous, est-ce que vous êtes revenu dans ce centre

5 d'enquête ?

6 M. Kvocka (interprétation). - Oui, pour un bref laps de temps.

7 Après que je les ai déposés, mon épouse et les enfants se trouvaient déjà

8 dans la maison de mes parents et il y a eu des scènes pénibles entre eux,

9 parce que mon épouse avait appris ce jour-là à la radio qu'à Prijedor, des

10 choses graves étaient arrivées, que la guerre, une guerre généralisée,

11 avait commencé, et elle avait de très grandes appréhensions pour sa famille

12 qui s'y trouvait.

13 M. Simic (interprétation). - Mais votre épouse savait-elle où se

14 trouvaient ses frères au moment où le conflit a été déclenché ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Non, elle ne savait rien jusqu'au

16 moment où je les ai ramenés à la maison. C'est là qu'elle les a vus pour la

17 première fois.

18 M. Simic (interprétation). - Et une fois que vous êtes revenu à

19 Omarska, combien de temps êtes-vous resté ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, une fois que je suis

21 revenu, je suis resté fort peu de temps car Zeljko m'avait dit que je

22 pouvais disposer et qu'il fallait revenir le lendemain matin.

23 M. Simic (interprétation). - Et vous l'avez informé de ce que vous

24 avez fait de vos beaux-frères ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Je ne lui ai pas parlé, il ne m'a

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1 pas posé de questions non plus, mais j'ai pu déduire que, entre-temps, il

2 avait effectivement appris que j'avais ramené mes beaux-frères.

3 M. Simic (interprétation) - Essayons un petit peu de nous attarder

4 sur ce point. Vous venez de nous mentionner, de nous parler des forces de

5 sécurité de ce poste de police à Omarska, de ce département de police à

6 Omarska ; est-ce qu’il y avait, pendant ces deux jours-là, une quelconque

7 autre force de sécurité ?

8 M. Kvocka (interprétation) - Je n'ai pas remarqué d’autres forces

9 de sécurité pendant ces deux jours-là, exception faite des policiers du

10 département de police d'Omarska.

11 M. Simic (interprétation) - Mais vous aviez dit qu'il y avait un

12 gardien de la compagnie à l'entrée ?

13 M. Kvocka (interprétation) – Oui, il y avait un seul gardien qui

14 se trouvait au portail d'entrée, et c'était le seul à ne pas faire membre

15 des effectifs de police réguliers.

16 M. Simic (interprétation) - A quelle distance se trouve cette

17 compagnie ?

18 M. Kvocka (interprétation) - A un kilomètre et demi ou deux.

19 M. Simic (interprétation) - En plus de ce gardien appartenant à la

20 compagnie, avez-vous ajouté un homme, un policier, pour contrôler la route

21 qui passait à côté ?

22 M. Kvocka (interprétation) – Non, ce jour-là, il n'y avait pas

23 d'autres hommes, si ce n'est ce gardien provenant de la compagnie.

24 M. Simic (interprétation) – Maintenant, nous pouvons passer au 31.

25 La relève a-t-elle eu lieu ? Et je ne voudrais pas donc reparler de toutes

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1 les journées jusqu'au 31 en détail. Est-ce qu'il y a eu des relèves ?

2 M. Kvocka (interprétation) – Le 31 au matin, je suis revenu au

3 travail. Zeljko m'a accueilli là-bas. Il m'a dit la même chose que les

4 jours précédents, à savoir que j'étais de permanence et que lui allait se

5 reposer juste un petit peu. Il a dit aussi qu'il avait beaucoup

6 d'obligations dans la journée, qu'il y a eu majoration du nombre de détenus

7 et qu'il fallait faire quelque chose aux fins de renforcer les forces de

8 sécurité également et, éventuellement, d'apporter quelques changements dans

9 les modalités de fonctionnement. C'est d'ailleurs tout ce qu'il m'a dit et

10 il est reparti en me disant qu'il allait revenir rapidement parce qu'il

11 avait besoin de prendre juste un petit peu de repos.

12 M. Simic (interprétation) – Si l'on suit la chose, c'est la

13 troisième journée. Est-ce qu'il y a eu une organisation de

14 l'approvisionnement en denrées alimentaires ?

15 M. Kvocka (interprétation) - Ce troisième jour, il y a déjà eu une

16 alimentation des détenus organisée en approvisionnement en vivres.

17 M. Simic (interprétation) - Qui a organisé la préparation des

18 plats et la distribution de la nourriture à l'intention des détenus ?

19 M. Kvocka (interprétation) - Mais je ne saurais vous en dire

20 grand-chose. Je sais seulement que, ce jour-là, vers 10 heures ou

21 11 heures, des conteneurs ont été acheminés avec des plats tout faits. Cela

22 a été acheminé jusqu'au restaurant, la cantine, plutôt, que nous avons

23 montrée hier. Et c'est là que l'on a entamé la distribution des vivres aux

24 détenus.

25 M. Simic (interprétation) - Avez-vous remarqué qui a acheminé ces

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1 vivres ? Des membres de quel système ou organisation ?

2 M. Kvocka (interprétation) – Ces vivres ont été acheminés par un

3 véhicule appartenant à la même compagnie. Je crois que ce véhicule était de

4 couleur jaune. D'ailleurs, tous les véhicules des mines étaient de couleur

5 jaune. Je m'en souviens bien.

6 M. Simic (interprétation) - En d'autre termes, c'était un véhicule

7 en propriété de la compagnie ?

8 M. Kvocka (interprétation) - Oui.

9 M. Simic (interprétation) - Et qui était le chauffeur, le

10 conducteur de ce véhicule, et à quelle entreprise appartenait-il ?

11 M. Kvocka (interprétation) - Je ne connaissais pas cette personne

12 mais, en tout état de cause, il n'était pas policier. Il ne se trouvait

13 donc pas dans la structure du département de police d'Omarska. Il portait

14 une espèce de bleu de travail et non pas quelque uniforme.

15 M. Simic (interprétation) - Et cette compagnie d'Omarska avait-

16 elle des locaux pour la préparation des plats ?

17 M. Kvocka (interprétation) - A l'époque, auparavant, ils avaient

18 des cuisines fort bien organisées, à l'intérieur ou au sein même de tout le

19 complexe dont nous parlons. Ces cuisines se trouvaient juste à côté du

20 portail d'entrée.

21 M. Simic (interprétation) - Et qu'est-ce que cela représente comme

22 distance entre le bâtiment en question et le bâtiment administratif ?

23 M. Kvocka (interprétation) - Mais c'est juste à côté. C'est peut-

24 être à un kilomètre ou deux du portail.

25 M. Simic (interprétation) - Est-ce que vous avez remarqué quel

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1 était le premier plat qui avait été servi ?

2 M. Kvocka (interprétation) – Non, je n'ai pas prêté attention à la

3 chose.

4 M. Simic (interprétation) - Et les membres de la sécurité avaient-

5 ils reçu des plats ? Avait-on distribué de la nourriture ?

6 M. Kvocka (interprétation) - Oui. Il y avait une possibilité, à

7 savoir que ceux qui voulaient le faire pouvaient effectivement se servir.

8 Je crois que certains se sont servis.

9 M. Simic (interprétation) - Et en cette date du 31, y a-t-il eu de

10 nouveaux convois, de nouveaux autocars, de nouveaux arrivages ?

11 M. Kvocka (interprétation) - Oui. Dans le courant de l'après-midi,

12 vers 17 heures, cette fois-ci aussi, entre 17 heures et 18 heures, il est

13 arrivé plusieurs autocars avec des personnes, des hommes, qui devaient être

14 détenus dans le complexe.

15 M. Simic (interprétation) - Mais combien d'autocars y a-t-il eu ?

16 M. Kvocka (interprétation) - Il devait y avoir trois ou

17 quatre autocars, pour sûr.

18 M. Simic (interprétation) - Et ces autocars étaient-ils remplis de

19 passagers ?

20 M. Kvocka (interprétation) - Oui.

21 M. Simic (interprétation) - Qui accompagnait, escortait, ces

22 autocars ?

23 M. Kvocka (interprétation) - Il y avait également dans l'escorte

24 des policiers de Prijedor, mais avec d'autres policiers de réserve que je

25 ne connaissais pas, qui devaient travailler à Prijedor, ainsi que des

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1 militaires. Certains m'avaient dit que c'était, soit de simples soldats,

2 d'autres disaient que c'était des policiers militaires... Enfin, on

3 confondait souvent les termes.

4 M. Simic (interprétation) - Avez-vous reconnu quelques hauts

5 fonctionnaires de la police de Prijedor accompagnant les personnes dont

6 nous venons de parler ?

7 M. Kvocka (interprétation) - Non. Pour ce qui est des supérieurs,

8 à ma connaissance, il n'y en avait pas un seul.

9 M. Simic (interprétation) - Est-ce que quelqu'un a maltraité les

10 détenus lorsqu'ils sortaient des autocars ?

11 M. Kvocka (interprétation) - A la sortie des autocars, je n'ai

12 point remarqué quelque mauvais traitement que ce soit. Jusqu'à un moment où

13 il est survenu un incident assez grave et déplaisant, en fait.

14 M. Simic (interprétation) - Mais quels incidents ? De quels

15 incidents parlez-vous ?

16 M. Kvocka (interprétation) - Je vais vous décrire l'incident en

17 question. Les gens ont commencé à quitter l'autocar. Je pense qu'il y avait

18 devant cet autocar un autre autocar qui avait déjà été vidé de ses

19 occupants, et derrière l'autocar dont les gens sortaient, il y avait un

20 troisième autocar qui attendait pour faire sortir ses passagers. Et lors de

21 la sortie des passagers de cet autocar qui se trouvait au milieu des deux

22 autres, un véhicule est apparu en provenance de l'endroit par où l'on

23 accédait à l'ensemble du complexe, et le véhicule s'avançait jusqu'aux

24 autocars, le conducteur de ce véhicule a quitté le véhicule en question,

25 qui était une sorte de petite camionnette, une semi-fourgonnette. La

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1 personne portait un fusil et, très en colère, il a crié : "Serbes, mettez-

2 vous de côté !" et il a commencé à tirer sur le groupe de personnes qui

3 sortaient de l'autocar.

4 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, pour ne point avoir

5 à revenir là-dessus, je voudrais poser quelques questions au niveau de la

6 description de l'arme, pour ne pas revenir à chaque fois sur cet épisode

7 déplaisant.

8 Pouvez-vous nous dire, Monsieur Kvocka, quel type de fusil avait

9 cet homme ?

10 M. Kvocka (interprétation). - C'est un modèle de fusil que nous

11 appelions PAM, un fusil semi-automatique qui ressemble à un fusil

12 automatique, mais le canon de ce fusil est quelque peu plus long que celui

13 du fusil automatique et à l'extrémité du canon, il y a deux petits supports

14 ou tenants qui servaient à assurer la stabilité du fusil, pour autant que

15 je m'y connaisse en armes.

16 M. Simic (interprétation). - Et la personne qui a jailli de cette

17 fourgonnette, en plus du fait d'avoir été fort en colère, est-ce que vous

18 pouvez dire quelque chose d'autre d'inhabituel ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Au moment où je me suis dirigé vers

20 cette personne, j'ai pu remarquer que cette personne était dans un état

21 d'ivresse avancé.

22 M. Simic (interprétation). - Poursuivez. Donc lorsqu'il a commencé

23 à tirer, est-ce qu'il a tiré sur les gens ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Mais quand je l'ai vu sortir de sa

25 fourgonnette et relever son arme, j'ai commencé à me diriger vers lui,

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1 latéralement par rapport à lui, mais lui, il avait déjà commencé à tirer et

2 moi j'arrivais donc de côté et il y avait des douilles qui sautaient de

3 l'arme, qui jaillissaient de l'arme. Il y en a une qui m'a même touché au

4 visage et j'ai gardé une égratignure due à cette douille.

5 Alors j'ai sauté à peu près à deux mètres de lui, en me mettant en

6 face de lui. Il avait toujours le canon dirigé dans la même direction, donc

7 vers moi, et je l'ai regardé dans les yeux, j'ai saisi ma chemise et j'ai

8 fait mine d'ouvrir, d'écarter ma chemise, et je lui ai dit : "Mais qu'est-

9 ce qui te prend ? Ce sont des civils, tu ne peux pas tirer comme ça ! S'il

10 le faut, tire sur moi". Alors pendant quelques secondes, il m'a regardé

11 hébété et je ne savais pas ce qui allait se passer. Et tout doucement, il a

12 commencé à rabaisser son arme et il s'est mis à pleurer. Et il a dit : "On

13 a tué mon frère".

14 Au moment où il a commencé à rabaisser son arme vers le sol, j'ai

15 saisi cette arme et je l'ai arrachée de ses mains, peut-être avec un geste

16 plus ou moins brusque, et Zeljko Mejakic s'est approché de moi, je lui ai

17 remis cette arme et, au même moment, un inspecteur qui se trouvait là...

18 Enfin, après, on m'a raconté qu'il avait vu l'événement en regardant par la

19 fenêtre. Cet inspecteur s'est approché, Zeljko lui a remis l'arme en

20 question et celui-ci s'est éloigné. Plusieurs hommes de réserve se sont

21 approchés, Zeljko avec ses hommes avait emmené la personne en question,

22 donc l'a privé de liberté, comme nous dirions en termes policiers.

23 M. Simic (interprétation). - Je sais que vous avez dû avoir peur

24 et vous avez dû être excité, mais avez-vous vu les conséquences des tirs

25 par cet homme ? Est-ce qu'il y a eu des hommes blessés ? Combien étaient-

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1 ils ? Etaient-ils légèrement blessés ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, lorsque cet homme a tiré,

3 avant que je ne me mette face à lui, il y a eu cinq ou six personnes

4 touchées, qui sont tombées immédiatement à terre, et dès que Zeljko a

5 éloigné l'énergumène, j'ai essayé avec plusieurs hommes de réserve de voir

6 en quoi nous pourrions porter de l'aide à ces gens et il apparaissait de

7 façon évidente que, parmi les cinq ou six, il y avait des personnes

8 grièvement blessées.

9 Il y avait des gens qui étaient assis en se tenant à l'endroit où

10 la balle venait de passer. Mais il y avait quelques personnes qui ne

11 donnaient aucun signe de vie à ce moment-là. Or, étant donné que le

12 personnel de réserve était resté avec les gens légèrement blessés, si je

13 puis les appeler ainsi, je me suis rendu vers une salle au premier étage où

14 l'on pouvait appeler par radio-émetteur les gens d'Omarska, le poste du

15 département d'Omarska, et j'ai dit à quelqu'un de se rendre jusqu'à

16 l'hôpital qui se trouvait à 50 mètres de l'immeuble de la police. Nous

17 n'avions pas d'autre communication directe avec l'hôpital en question.

18 M. Simic (interprétation). - Un petit moment, je vous prie.

19 Pouvez-vous dire à la Chambre qui était le policier de permanence que vous

20 avez contacté lorsque vous aviez demandé l'arrivée d'une ambulance ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Il s'agissait de Boro Delic,

22 surnommé "Baja".

23 M. Simic (interprétation). - Et ce véhicule, cette ambulance est-

24 elle arrivée ? Quand est-elle arrivée ? Qui était au volant de l'ambulance

25 et pouvez-vous dire quel type de véhicule est venu ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, suite à un laps de temps

2 d'environ un quart d'heure, une ambulance est arrivée, mais pas une

3 ambulance que je désignerais par véhicule d'ambulance civil. Il s'agissait

4 d'un véhicule plus grand, vert olive, qui avait été utilisé auparavant dans

5 les services sanitaires de l'armée. Et c'est un véhicule qui comporte pas

6 mal d'espace pour y loger plusieurs personnes.

7 Au volant se trouvait un jeune homme d'Omarska qui porte le nom de

8 Rosic, c'est son nom de famille, Rosic. Et nous le connaissions de par son

9 surnom "Mingo".

10 Ces personnes ont immédiatement été embarquées dans le véhicule

11 dont je viens de parler et Mingo les a emmenées en direction du portail

12 d'entrée, c'est-à-dire maintenant de sortie.

13 M. Simic (interprétation). - Qui encore avait été blessé à

14 l'occasion de ce grave incident ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, à l'occasion de cet

16 incident, Bojic Branislav, un policier actif, a également reçu une forte

17 égratignure par douille, comme la mienne, mais un policier de réserve qui

18 s'appelle Nisic Miroslav, a été blessé au talon. Il ne pouvait plus

19 poser... prendre appui sur ce pied-là.

20 M. Simic (interprétation). - Qui l'a aidé ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Il a été évacué? pas avec les

22 personnes dont je viens de parler, mais par un autre véhicule, un deuxième

23 véhicule qui était le véhicule affecté aux services de police. C'était un

24 véhicule de service.

25 M. Simic (interprétation). - Vous venez de dire que Bojic se

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1 trouvait là. Parmi les personnes présentes qui ont assisté à ce grave

2 incident, qui y avait-il encore ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait encore un certain Rosic,

4 qui ne faisait pas partie du département de police d'Omarska, mais qui

5 était là en qualité d'employé de la compagnie. Il avait en charge notamment

6 l'entretien de certaines stations de pompage d'eau. Et il était de

7 fonction, il se trouvait à côté, donc j'ai remarqué cet homme-là, j'ai

8 remarqué son fils, qui lui non plus ne faisait pas partie de la police,

9 mais qui était probablement venu le voir, ou lui apporter des vivres.

10 M. Simic (interprétation). - Est-ce que Zeljko Mejakic avait

11 assisté à cet incident ou est-il venu par la suite ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Ce que j'ai pu voir à ce moment-là,

13 c'est que, dès que j'avais arraché le fusil à l'homme en question, à

14 l'homme qui avait tiré, Zeljko s'était trouvé à côté de moi.

15 M. Simic (interprétation). - Pendant combien de temps le soldat

16 Miroslav Nisic a été soigné, la personne qui a été blessée lors de cet

17 incident ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Nisic Miroslav n'a plus jamais

19 travaillé dans la police à cause de cette blessure puisque c'était une

20 blessure très compliquée, assez grave. Il a été blessé au talon et pendant

21 une période assez longue, qui s'en est suivie, je l'ai vu marcher en

22 boîtant.

23 M. Simic (interprétation). - Quelle était l'attitude des autres

24 membres de la police de réserve par rapport à cet incident ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Un certain nombre de personnes avec

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1 qui j'ai pu parler juste après cet incident étaient vraiment horrifiées. Il

2 y en avait qui lui disait : "Vas à Gradacac, bats-toi à Gradacac, pourquoi

3 tu tues les civils ?", etc., donc ils étaient fâchés, ils étaient très

4 amers et ils se sont demandé comment nous allions commencer à travailler si

5 les choses continuaient à se dérouler d'une telle façon. Donc voilà,

6 c'était le genre de commentaire que mes collègues ont fait.

7 M. Simic (interprétation). - Que s'est-il passé avec cette

8 personne après cet incident ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Je sais ce qui s'est passé juste

10 pendant les quelques minutes qui ont suivi. Il est parti avec cet

11 inspecteur et, avec Zeljko, ils se sont rendus dans le bureau, et, après,

12 on l'a amené... enfin il a été escorté. Il a été amené en-dehors du

13 complexe d'Omarska et je ne sais pas ce qui s'est passé par la suite.

14 M. Simic (interprétation). - Comment vous vous êtes senti dans

15 cette situation ?

16 M. Kvocka (interprétation). - C'est difficile de vous le décrire

17 maintenant, dix années se sont déroulées depuis, mais bien sûr, des traces

18 sont restées. C'était un véritable choc que j'ai vécu. C'était la première

19 fois dans ma carrière de policier que j'ai pu rencontrer, enfin, faire face

20 à un tel événement, un meurtre évident devant mes yeux. Cela m'a vraiment

21 bouleversé, j'ai été vraiment confus après cet incident.

22 M. le Président. - Maître Simic, je vois que M. Kvocka est un peu

23 fatigué, c'est son troisième jour de témoignage. Peut-être il faut tenir

24 compte de ça. De toute façon, avant la pause, j'aimerais bien partager avec

25 vous quelques indications.

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1 Nous sommes vraiment au début de ce procès, nous allons avoir

2 beaucoup de journées de travail. Je crois que c'est toujours important

3 d'établir quelques expectatives sur les choses à venir qui peuvent être

4 contenues dans certaines règles, et au moins deux choses pour cet objectif

5 d'établir quelques modes, quelques règles de communication entre nous.

6 Je voudrais reprendre cette question de l'interrogatoire inductif

7 ou non, je crois que, vous, les avocats, êtes des professionnels, je dis

8 les avocats de la défense et l'accusation, des professionnels très

9 expérimentés, très compétents, et vous savez bien, du point de vue du

10 raisonnement verbal, qu'est-ce qu'une question induite, une question

11 directive ou une question non directive.

12 Je crois que, par bonne volonté, Mme Hollis et M. Keegan ont

13 laissé passer quelques autres questions inductives. De toute façon, dans la

14 globalité, je dois dire que, Maître Simic, vous avez fait un très bon

15 interrogatoire.

16 Mais je profiterai de deux questions pour, comme on dit, affiner

17 un peu le critère. Au lieu de demander : "Avez-vous été surpris ?", il faut

18 demander "Quelle a été votre réaction ?", parce que dans l'ensemble de

19 plusieurs réactions, il y a toute une série. Il peut y avoir la surprise,

20 la joie, toute une série de choses. Si vous, dans l'ensemble, choisissez et

21 mettez le focus en surprise, la réponse peut être oui ou non. Si c'est oui,

22 on ne sait jamais s'il y en a eu d'autres. Sinon, on ne sait jamais quelle

23 a été... Donc c'est un bon exemple.

24 Le deuxième exemple que je voudrais prendre, c'est celui-ci :

25 "Est-ce que cela constitue une violation des règles ?" Par exemple. La

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1 question doit être faite : "comment le règlement considère -ou voit- cette

2 situation ?" sinon, parmi les différentes possibilités, vous en choisissez

3 immédiatement une. Je ne veux pas vous expliquer ces choses parce que,

4 comme j'ai dit, vous êtes très compétent, vous êtes expérimenté, vous savez

5 bien, mais quand même, nous admettons que, dans la dynamique de la

6 conversation, il peut arriver à avoir une réaction plus immédiate qui n'est

7 pas vraiment dans ce cadre et donc, peut être une question induite, mais

8 pas de problème, je crois que nous sommes là, nous comprenons.

9 Le deuxième point que je voudrais considérer avec vous, c'est

10 ceci : en principe, une personne, un témoin qui dépose après plusieurs

11 jours, je crois que c'est très difficile de dépasser 1 heure, 50 minutes

12 peut-être.

13 Monsieur Kvocka, c'est le cas, dépose pour le troisième jour, mais

14 c'est différent pour un témoin qui vient seulement un jour.

15 Là, peut-être, je voudrais vous donner cette indication : les

16 psychologues, les personnes qui travaillent sur cette question, disent que,

17 après une heure dix de travail, comment dire, le revenu, l'efficacité,

18 tombe, commence à tombe, donc il n'est pas efficace d'insister de

19 travailler pour une période qui dépasse plus ou moins 1 heure et

20 10 minutes.

21 Comme orientation, je vous donne cette possibilité : nous avons

22 travaillé 1 heure 10-1 heure 20 et c'est à vous, dès que vous arrivez à

23 1 heure 10 pour la situation de normalité de témoin qui viennent ici, ce

24 n'est pas le cas d'un témoin qui dépose depuis longtemps, après 1 heure 10,

25 entre 1 heure 10 et 1 heure 20, comme période de travail, vous choisissez

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1 le moment d'interrompre parce que je crois que c'est important aussi de

2 considérer qu'il y a des blocs d'informations qu'il est convenable de

3 présenter.

4 Donc entre 1 heure 10-1 heure 20, vous choisissez le moment

5 d'interrompre ou je ferai ce geste que j'ai fait à Maître Simic...

6 (M. le Président fait un signe)

7 ... c'est une communication non verbale que tout le monde

8 comprend, c'est-à-dire : est-ce qu'on peut considérer là une pause

9 maintenant ? Et vous faites la gestion.

10 Donc je crois que ce sont des orientations que l'on peut partager

11 du point de vue du déroulement calme, tranquille, sans avoir de stress

12 parce que nous avons besoin de nos énergies pour le travail. On ne doit pas

13 le perdre pour d'autres questions.

14 Donc maintenant je dois dire une autre chose.

15 Je préférerais toujours avoir plus de pauses courtes, mais je sais

16 que, du point de vue des accusés, c'est un peu compliqué si on a des pauses

17 courtes, donc en respectant le droit à la pause aussi pour les accusés, on

18 doit faire toujours au moins une pause de 20 minutes pour qu'ils puissent

19 sortir de la salle, se reposer aussi pour être disponibles pour suivre leur

20 procès.

21 Donc au fur et à mesure qu'on aura des questions comme ça, on peut

22 peut-être les régler. On a un code de communication entre nous, il n'est

23 pas nécessaire de savoir ce qui arrive, nous savons parce que nous avons

24 accordé ce qui va arriver.

25 Donc maintenant, il va arriver une pause de 20 minutes et après,

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1 on reprendra.

2

3 L'audience, suspendue à 11 heures 10,

4 est reprise à 11 heures 40.

5 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

6 M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir.

7 (Les accusés s'exécute.)

8 Monsieur Kvocka, vous pouvez vous asseoir aussi.

9 (M. Kvocka s'exécute.)

10 Maître Simic, c'est à vous de continuer, s'il vous plaît.

11 M. Simic (interprétation). - Monsieur le Président, je vous

12 remercie de vos suggestions, en dépit de notre expérience, c'est une

13 expérience nouvelle pour nous. Ttravailler pour ce Tribunal est une

14 nouvelle expérience pour nous tous. Je vous remercie.

15 Monsieur Kvocka, que s'est-il passé ensuite ? Comment avez-vous

16 organisé votre journée ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Après cet incident, j'ai laissé mes

18 3 beaux-frères dans la maison de ma famille, après avoir discuté avec eux,

19 après avoir rencontré mon épouse aussi, qui était là-bas, et donc après

20 cette confusion qui est arrivée, car ils étaient heureux de se rencontrer,

21 mais ils étaient malheureux aussi parce qu'ils ne savaient pas quel était

22 le sort réservé aux autres. Moi, après ces retrouvailles, je suis rentré à

23 Omarska. J'ai à nouveau retrouvé Zeljko et il était presque 7 heures-

24 7 heures et demie du soir. Puisque j'avais travaillé toute la journée, il

25 m'a dit de rentrer chez moi pour me reposer.

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1 M. Simic (interprétation). - Nous arrivons à la date du 1er juin ;

2 pourriez-vous décrire vos activités au cours de cette journée ? Il s'agit

3 donc du 1er juin 1992.

4 M. Kvocka (interprétation). - Je suis rentré chez moi et j'ai

5 dormi dans la maison de mes parents, à Omarska, avec toutes les personnes

6 que j'ai déjà énumérées, et donc, je suis retourné à mon travail le 1er

7 dans la matinée. Mais évidemment, nous avons passé la soirée chez nous,

8 dans la maison.

9 La situation était difficile psychiquement à supporter pour moi.

10 Je me souviens que je n'avais pas vraiment envie de parler avec les autres,

11 et mon épouse a essayé de me parler, de m'aborder, elle m'a posé des

12 questions, elle m'a proposé du café, mais moi, j'ai tout refusé. Tout

13 simplement, j'étais prostré, par terre, dans la chambre, tourné vers le sol

14 et j'ai essayé de rassembler mes forces, de voir ce que je devais faire par

15 rapport à la situation, car il y avait apparemment beaucoup de problèmes

16 qui allaient se présenter pour moi et pour ma famille. Alors, j'ai sans

17 doute réussi à me reposer quelque peu cette nuit-là.

18 Le lendemain, il s'agissait donc du 1er, à la date du 1er je suis

19 retourné à mon travail. Mais je pense que j'étais dans un état encore pire

20 que la veille, et Zeljko a vu que je n'étais pas bien, il a parlé avec moi

21 assez brièvement, et j'avais l'impression qu'il m'avait compris. Il m'a dit

22 de prendre quelques jours, de ne pas venir au travail, tout simplement. Et

23 donc, je suis revenu à Omarska, je suis rentré chez moi.

24 Mes beaux-frères étaient là, mes parents aussi étaient là, nous

25 avons parlé encore une fois, ils étaient tous en pleurs. Ils se sont

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1 demandé quel était le sort réservé à leur épouse, à leur mère, qui étaient

2 restées derrière, à Prijedor, ce qui est arrivé à l'enfant de mes beaux-

3 frères, car il avait un enfant, etc.

4 M. Simic (interprétation). - Et ensuite ?

5 M. Kvocka (interprétation). - A ce moment-là, moi et mon épouse,

6 nous avons pris la décision de nous rendre à Prijedor. Nous sommes allés

7 directement dans la maison de la mère de mon épouse, ma belle-mère, et il

8 n'y avait personne à l'intérieur de la maison.

9 Ensuite, nous sommes allés chez nous, dans notre appartement, à

10 Pecani et c'est là que nous avons trouvé 2 belles-soeurs, donc les épouses

11 des frères de mon épouse. Nous avons aussi trouvé ma belle-mère, c'est-à-

12 dire elle s'appelait Hajra et il y avait aussi quelques personnes âgées,

13 des femmes âgées, j'en connaissais certaines, d'autres, non. Et ils étaient

14 à la fois heureux de nous voir, mais aussi, il y avait de l'appréhension,

15 ils se demandaient aussi ce qu'il était arrivé à leurs fils, ou leurs

16 époux.

17 Nous avons réussi à les calmer et à leur expliquer qu'ils étaient

18 en sécurité pour l'instant -c'est tout au moins ce que nous pensions- et

19 que nous allions voir ce que l'avenir nous réservait. J'ai profité de ces 2

20 ou 3 journées de congé pour retourner à Omarska, pour prendre de la

21 nourriture chez mes parents, car ils avaient un grand jardin à Omarska, car

22 Omarska, c'est pratiquement un village, donc on n'était pas obligé de tout

23 acheter, on pouvait avoir de la nourriture des jardins.

24 Donc nous avons apporté tout cela à Prijedor et la mère de mon

25 épouse était chez elle. C'est là qu'elle passait ses journées. Il y avait

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1 aussi des voisins, pour la plupart des femmes, c'était ses amis. J'en

2 connaissais quelques-unes, mais elles étaient 8 ou 10. Elles m'avaient dit

3 qu'elles étaient venues chez elle parce qu'elles se sentaient plus en

4 sécurité dans sa maison.

5 Les épouses de mes beaux-frères étaient toujours chez moi, nous

6 leur avons apporté de la nourriture aussi. Et voilà, c'est comme cela que

7 j'ai passé ces 2 ou 3 journées.

8 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez dit que

9 vous avez trouvé 8 ou 10 femmes âgées, des amies de votre belle-mère, que

10 vous avez trouvées chez elle et qui se sentaient plus en sécurité là-bas.

11 Pourquoi ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Ma belle-mère disait que, quand

13 elles venaient chez elle, elles demandaient, par politesse peut-être, si

14 elles pouvaient rester chez elle parce qu'elles se sentaient plus en

15 sécurité puisque son beau-fils était serbe. Elles avaient donc l'impression

16 qu'elles étaient plus en sécurité là-bas.

17 M. Simic (interprétation). - Pourquoi vos belles-soeurs ne

18 restaient pas chez elles, dans leurs appartements ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Car auparavant, elles vivaient dans

20 la même maison que ma belle-mère. Il n'y avait plus tellement de place

21 puisqu'il y avait des gens qui venaient chez elle, et aussi, elles se

22 sentaient plus en sécurité dans mon appartement à moi. Cependant, une

23 question s'est posée, on ne savait vraiment pas quel était le degré de

24 sécurité, car quand je me rendais dans mon appartement, je rencontrais des

25 personnes qui montaient la garde devant l'entrée de l'immeuble.

Page 910

1 C'était des membres des forces de réserve, je ne les connaissais

2 que de vue, qui me disaient : "Eh bien, qu'est-ce qu'il y a ?". Moi, avec

3 la permission du Tribunal, je vais dire vraiment ce qu'ils disaient. Ils

4 disaient : "Alors, qu'est-ce qu'il y a, toi, pédé, tu caches des Bérets

5 verts, des Turcs dans ton appartement", voilà ce qu'ils me disaient.

6 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, je sais qu'il est

7 difficile de relater ces événements difficiles, difficiles à cette époque,

8 difficile pour nous tous, je pense que nous pouvons aborder une question

9 cruciale, à savoir qui a organisé le camp, comment ce camp a-t-il été

10 organisé, etc.

11 Je voudrais m'appuyer sur un certain nombre de documents qui vont

12 nous aider à comprendre le système de fonctionnement du centre. Il s'agit

13 du document de la défense n° 55.

14 (L'huissier remet le document au Greffier.)

15 M. Abtahi. - Pièces de la défense D17/un et D17/1 a) pour la

16 version anglaise.

17 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez, devant

18 vous, une lettre émanant du poste de sécurité publique de Prijedor datant

19 du 31 mai 1992 ; quand et où avez-vous vu cette lettre pour la première

20 fois ?

21 M. Kvocka (interprétation). - La première fois, j'ai vu cette

22 lettre quand le Bureau du Procureur nous l'a communiquée.

23 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez sans doute

24 déjà lu cette lettre, donc je ne vais pas vous demander de le refaire. Qui

25 a créé le camp de rassemblement de détenus, de prisonniers situé dans le

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1 complexe minier d'Omarska, d'après cette lettre ?

2 M. Kvocka (interprétation). - D'après cette lettre, j'en arrive à

3 la conclusion, et je dirai pratiquement qu'il s'agit d'un ordre, puisqu'il

4 est écrit ici qu'on ordonne quelque chose, la lettre c'est autre chose, à

5 mon avis, il est écrit que le centre d'enquête, ou le camp, comme vous

6 voulez, et la cellule de crise, ou bien le chef du poste de sécurité

7 publique, Simo Drljaca, qui est à la fois signataire de cette lettre, et

8 émetteur, à l'origine de cet ordre, mais, apparemment, on se réfère à une

9 décision de la cellule de crise.

10 Alors c'est pourquoi que je ne peux vraiment pas dire qui a créé,

11 qui est le commandant du camp. Il ressort des circonstances de l'époque, de

12 mes conversations avec les personnes à l'époque, qu'à mon avis, c'était

13 probablement Simo Drljaca, puisque tout le monde disait que, sans accord de

14 Simo Drljaca, on ne pouvait rien faire.

15 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, dans cet ordre, est-

16 ce qu’il y a un ordre direct s'adressant au département de police

17 d'Omarska ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

19 M. Simic (interprétation). - De quoi s'agit-il ? Qu'ordonne

20 Drljaca au poste de police ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Je pense qu'il s'agit du

22 paragraphe 6. "M. Drljaca ordonne que la sécurité du centre de

23 rassemblement -je vois encore un autre terme, "centre de rassemblement"-

24 sera assurée par le poste de police".

25 M. Simic (interprétation). - Qu'es-ce que cela veut-il dire :

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1 "assurer la sécurité du centre de rassemblement" ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Cela veut dire que les policiers de

3 ce département, de ce poste de police, sont obligés de s'occuper,

4 d'assurer, de prévenir les fuites, l'évasion éventuelle des personnes

5 détenues.

6 M. Simic (interprétation). - Dans le paragraphe 6, est-ce qu'il y

7 a une tâche, une mission d'organisation aussi qui est assignée au poste de

8 police ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Non.

10 M. Simic (interprétation). - Ce document est daté du 31 mai 1992 ;

11 à la dernière page de ce document, y sont énumérées les personnes qui ont

12 reçu l'ordre de M. Drljaca.

13 Qui a reçu l'ordre de M. Drljaca, l'ordre émis le 31 mai 1992 ?

14 Pouvez-vous reconnaître la signature de la personne qui a reçu cet ordre au

15 nom des services de sécurité ?

16 M. Kvocka (interprétation). - Oui. Tout d'abord, il écrit que,

17 pour les services de sécurité, le signataire, la personne qui a reçu

18 l'ordre, était bien Zeljko Mejakic. C'est bien sa signature à lui. Je

19 reconnais aussi la deuxième signature.

20 M. Simic (interprétation). - C'est qui ?

21 M. Kvocka (interprétation). - C'est la signature de Dusan

22 Jankovic.

23 M. Simic (interprétation). - Quelle était la fonction de Mejakic

24 ce jour-là ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Il était commandant du département

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1 de police d'Omarska.

2 M. Simic (interprétation). - Est-ce qu'il est normal, par rapport

3 aux règles, au règlement, que cet ordre soit reçu par le commandant du

4 département de police d'Omarska ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

6 M. Simic (interprétation). - Donc était-ce la personne responsable

7 de l'organisation des missions de sécurité qui relève du département de

8 police d'Omarska ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Oui, c'est bien la personne

10 compétente.

11 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, nous avons parlé de

12 la sécurité. Est-ce que le seul service de sécurité était assuré par les

13 membres du département de police d'Omarska ?

14 M. Kvocka (interprétation). - Non.

15 M. Simic (interprétation). - Alors qui d'autre assurait la

16 sécurité ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Après mon retour de ce repos, où je

18 me suis beaucoup fatigué tout de même, ce repos de deux ou trois jours,

19 j'ai remarqué donc au retour, le premier jour où j'ai repris mon travail,

20 j'ai remarqué des changements dans le fonctionnement de la police au sein

21 du centre d'enquête. J'ai remarqué d'autres changements qui se sont

22 produits au niveau de la sécurité du centre d'enquête. Je peux tout de

23 suite dire en quoi consistait ces changements.

24 M. Simic (interprétation). - Quels étaient les changements qui se

25 sont produits dans le système de sécurité du centre ? Quelles étaient les

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1 nouveautés ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Dès que j'ai franchi le portail,

3 j'ai remarqué qu'à côté des gardiens de la mine, des gardiens habituels, il

4 y avait aussi un policier.

5 M. Simic (interprétation). - Etait-ce un policier du département

6 de police d'Omarska ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Oui, il venait du département de

8 police d'Omarska.

9 M. Simic (interprétation). - Ensuite ?

10 M. Kvocka (interprétation). - En me dirigeant vers le centre

11 d'enquête, à mi-chemin -on pourrait dire- entre le portail et le bâtiment

12 administratif, il y avait un autre bâtiment, c'était comme une station de

13 pompage de l'eau, il y avait deux ou trois soldats ou des membres de la

14 Défense territoriale.

15 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, à cet endroit, y

16 avait-il aussi un policier du département de police d'Omarska ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Non.

18 M. Simic (interprétation). - Vous avez remarqué d'autres

19 changements au niveau du complexe d'Omarska ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Il était visible, surtout au niveau

21 de cet espace vert, où il y avait de l'herbe, de la verdure, on pouvait

22 remarquer des soldats, des soldats de l'armée. On disait qu'en réalité, ils

23 étaient tout autour, mais nous, on ne pouvait pas le voir vraiment. Ils

24 étaient déployés apparemment autour du centre.

25 M. Simic (interprétation). - Qu'avez-vous vu exactement ? Qui

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1 avez-vous vu ?

2 M. Kvocka (interprétation). - J'ai vu ces personnes devant

3 lesquelles j'étais obligé de passer en entrant à Omarska et j'ai vu ces

4 personnes qui étaient sur le pré, à l'extérieur. Il y a aussi un autre

5 chemin qu'on peut prendre pour arriver à Omarska. Sous un angle de 90° à

6 peu près. Ce chemin mène vers le portail. Donc nous avons pu remarquer

7 qu'il y avait des membres de l'armée, des soldats qui étaient déployés

8 aussi sur ce chemin.

9 M. Simic (interprétation). - A quelle distance ?

10 M. Kvocka (interprétation). - A une cinquantaine de mètres.

11 M. Simic (interprétation). - Quels étaient les autres membres de

12 service de sécurité qui étaient déployés à l'intérieur du centre ?

13 M. Kvocka (interprétation). - J'ai remarqué des personnes

14 nouvelles, des visages nouveaux qui assuraient la sécurité, mais ils ne

15 portaient pas vraiment des uniformes de police. Ils portaient pour la

16 plupart des uniformes de l'ex-Armée yougoslave, les uniforme de couleur

17 vert olive, SNB.

18 M. Simic (interprétation). - Qui étaient ces personnes ? Etait-ce

19 des policiers du département ou bien des personnes nouvellement arrivées ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Zeljko disait que c'étaient les

21 personnes qui venaient de la Défense territoriale, qui étaient aidées à la

22 sécurité du centre, mais qu'il y avait aussi des nouveaux membres de la

23 police, enfin des policiers. Il y avait aussi un groupe de policiers

24 complètement nouveaux.

25 M. Simic (interprétation). - Qui était-ce ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - C'étaient des policiers qui

2 portaient des uniformes bleus, des uniformes de police, mais c'était un peu

3 comme un uniforme de camouflage, donc un uniforme bariolé, mais de couleur

4 bleue, avec un camaïeu de bleus. On nous avait dit que c'étaient des unités

5 spéciales de Banja Luka,.

6 M. Simic (interprétation). - Il y avait combien de personnes au

7 sein de cette unité ?

8 M. Kvocka (interprétation). - J'ai du mal à évaluer le nombre de

9 personnes, mais je pense qu'ils étaient à peu près une trentaine parce

10 qu'il y avait aussi deux véhicules de combat et, à l'intérieur de chaque

11 véhicule, il y avait quatre ou cinq personnes. Ces personnes étaient à

12 l'intérieur des véhicules.

13 M. Simic (interprétation). - Ces véhicules de combat, est-ce que

14 vous savez si ces véhicules faisaient partie intégrante de la police dans

15 l'ancien système, dans le système que vous connaissiez ?

16 M. Kvocka (interprétation). - Non, il n'était pas habituel d'avoir

17 des véhicules de combat dans la police à l'époque.

18 M. Simic (interprétation). - Pouvez-vous décrire ces véhicules et

19 l'armement de ces véhicules ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Je pense qu'il y en avait un qui

21 était transporteur, il sert au transport des personnes. Sinon il est à

22 chenilles. C'est un transporteur à chenilles, pas des pneux. C'est un des

23 véhicules et il était comme ça.

24 M. Simic (interprétation). - Mais c'était blindé ou pas ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Oui, c'était un transporteur blindé,

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1 et puis l'équipement également. Je ne peux pas vous dire exactement de

2 quels types d'armes il s'agissait.

3 M. Simic (interprétation). - Vous ne pouvez pas nous donner une

4 description ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Oui, c'est un gros calibre. De toute

6 façon, il ne s'agit pas de fusils.

7 M. Simic (interprétation). - Mais il s'agissait de fusils-

8 mitrailleurs, de mitrailleuses ou d'un canon éventuellement ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Je pense que c'était plutôt des

10 fusils-mitrailleurs ou des mitrailleuses, je ne peux pas vous le dire

11 exactement.

12 M. Simic (interprétation). - Et puis l'autre véhicule, s'il vous

13 plaît, est-ce que vous pouvez en donner la description?

14 M. Simic (interprétation). - L'autre véhicule, c'est BOV. Je pense

15 que c'est un véhicule qu'on appelle comme cela. Effectivement, il s'agit

16 d'un véhicule qui est équipé également des pièces d'artillerie lourde, mais

17 sur des roues pneumatiques, pas à chenilles.

18 M. Simic (interprétation). - Qui était commandant de cette unité

19 spéciale de police qui actuellement occupait les postes devant le portail ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Ces jours jours, les premiers sept

21 jours pendant lesquels ce même groupe y était, le commandant était un

22 certain monsieur répondant au nom de Marik.

23 M. Simic (interprétation). - Si j'ai bien compris, il y a donc la

24 relève qui a été effectuée ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Oui, effectivement, cette équipe a

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1 relevé le premier groupe au bout de six ou sept jours. Ensuite, il y a un

2 deuxième groupe de policiers qui sont arrivés également en provenance de

3 Banja Luka, qui étaient en tenue militaire et qui également sont arrivés

4 sur les mêmes véhicules. Ils ont été présidés par un monsieur dénommé

5 Straji Vuk.

6 M. Simic (interprétation). - A partir du moment où nous parlons du

7 système de sécurité, le rapport entre Mejakic d'un côté et Straji Vuk de

8 l'autre, pourriez-vous nous le décrire ? Comment était-il, ce rapport ? Qui

9 était supérieur à qui ?

10 M. Kvocka (interprétation). - Je ne pense pas que, ni l'un, ni

11 l'autre, aurait pu ordonner quoi que ce soit l'un à l'autre. Je veux dire

12 qu'ils n'étaient pas en rapport de supériorité, hiérarchiquement parlant.

13 M. Simic (interprétation). - Au moment où vous pénétrez dans ce

14 complexe d'Omarska, qu'est-ce qui était sous le contrôle de la police ?

15 Quelles sont les portes qui étaient gardées par la police, quelles sont les

16 directions contrôlées par la police ?

17 M. Kvocka (interprétation). - C'est uniquement au portail que ce

18 policier a été chargé de contrôler.

19 M. Simic (interprétation). - Et en ce qui concerne d'autres

20 portes, et d'autres accès, qui avait le contrôle ?

21 M. Kvocka (interprétation). - C'est sont les soldats.

22 M. Simic (interprétation). - Et les membres de la police spéciale,

23 quelle était leur fonction ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Moi je l'ignore absolument.

25 M. Simic (interprétation). - Mais est-ce qu'ils avaient des postes

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1 de contrôle, de garde ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Non, outre les deux véhicules qui

3 ont été déployés à deux endroits que j'ai précisés, et puis il y avait les

4 équipes de ces véhicules qui s'y trouvaient. Pour ce qui concerne d'autres

5 personnes, ils se déplaçaient librement, ils circulaient librement au sein

6 du centre.

7 M. Simic (interprétation). - Y avait il un certain nombre de

8 problèmes en ce qui concerne leur séjour et puis leurs activités ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Oui, il y avait beaucoup de

10 problèmes.

11 M. Simic (interprétation). - Mais quel type de problèmes, s'il

12 vous plaît ?

13 M. Simic (interprétation). - Je pense qu'en circulant librement au

14 sein du centre d'enquête, ils se déplaçaient d'une pièce à l'autre. On a

15 entendu dire également qu'ils torturaient les gens, qu'ils avaient

16 également procédé à un certain nombre d'interrogatoires, et sur leur propre

17 initiative, qu'ils confisquaient les objets différents, des bijoux, de

18 l'argent, que lors de ces enquêtes, soi-disant, ils passaient à tabac des

19 personnes qui étaient incarcérées. Il y avait un certain nombre de

20 situations également ou Zeljko, par exemple, était fort préoccupé car il y

21 avait des conflits entre les policiers de ce département d'Omarska et eux-

22 mêmes. Bien évidemment, il s'agissait de conflits qui étaient plutôt de

23 caractère verbal, mais je n'ai pas vu véritablement que qui que ce soit

24 aurait pu s'y opposer, dans le sens physique, je pense.

25 M. Simic (interprétation). - Mais quel était le comportement

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1 d'autres gardes de sécurité face aux membres de police spéciale ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Tout autre garde était plutôt

3 retenu. Ils ont dit que, si ceci se poursuivait, ils allaient quitter leur

4 poste de travail, qu'ils ne savaient pas quoi faire et comment se

5 comporter.

6 M. Simic (interprétation). - En ce qui concerne vos propres

7 contacts avec les membres de cette police spéciale, pourriez-vous nous les

8 décrire ?

9 M. Kvocka (interprétation). - A un moment donné, je me suis

10 entretenu avec Maric.

11 M. Simic (interprétation). - Et à quel propos ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Un matin, il y a un prisonnier qui

13 est venu se plaindre auprès de moi ; c'est un prisonnier que je connaissais

14 bien, qui répondait au nom de Dedo Crnalic, et qui était cousin de mon

15 épouse. Je ne pense pas que ce soit un cousin vraiment très proche.

16 Il s'est plaint auprès de moi. Il m'a dit qu'on lui a confisqué

17 l'argent, qu'on lui a pris également une bague et puis une montre. Il m'a

18 dit que c'est une montre qu'il avait gardée en souvenir, beaucoup plus que

19 ce qui était sa valeur. C'est ce qu'il m'a raconté à peu près, c'est dans

20 ce sens-là, mais il avait tout simplement souhaité me dire que ce n'était

21 pas le plus important car il s'attendait au pire. Et puis il m'a dit que

22 c'était les personnes qui étaient en tenue bleue, bariolée, qui se sont

23 comportées comme cela. Pour lui, c'était évident.

24 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vous avez entrepris

25 quelque chose ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien voilà, j'ai parlé quelque

2 peu à ce moment-là avec M. Maric. A mon avis, c'était quelqu'un qui était

3 très correct. Il m'a dit à la lettre qu'il s'agissait tout simplement d'une

4 bande, une unité qui, de toute façon, était indisciplinée et qu'il allait

5 faire tout pour éventuellement restituer les objets qui ont été pris à ce

6 prisonnier. Au bout d'un certain temps, je pense qu'effectivement, une

7 partie d'objets a été restituée à la personne en question.

8 M. Simic (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais

9 verser au dossier un nouveau document, une nouvelle pièce à conviction,

10 mais on va revenir à ce premier document qui a déjà été versé au dossier.

11 Je voudrais maintenant que le témoin puisse consulter la pièce à

12 conviction 54.

13 M. Abtahi. - Pièces de la défense D 18/1, D 18/1 a) pour la

14 version anglaise.

15 M. Simic (interprétation). - Monsieur, quelle était l'attitude de

16 M. Mejakic vis-à-vis des représentants de la police spéciale de Banja

17 Luka ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Je pense qu'il n'était pas

19 satisfait, qu'il n'était pas content, tout simplement, de voir qu'ils se

20 comportaient de cette façon-là ; il était assez ému, assez paniqué. Et puis

21 il voyait qu'il fallait absolument qu'il trouve une solution.

22 M. Simic (interprétation). - Est-ce qu'il a contacté M. Drljaca

23 dans ce sens-là ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Moi je ne suis pas au courant.

25 M. Simic (interprétation). - Quand les membres de la police

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1 spéciale sont partis définitivement d'Omarska ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Cette deuxième équipe -ou deuxième

3 groupe- est partie un jour avant 7 jours normalement. Parce que,

4 normalement, ils devaient rester 7 jours et ils sont partis un jour

5 auparavant.

6 M. Simic (interprétation). - Mais est-ce que vous vous souvenez de

7 la date ?

8 M. Kvocka (interprétation). - C'était le 12 ou le 13,

9 éventuellement 14, je ne me souviens pas exactement.

10 M. Simic (interprétation). - Mais quel mois, s'il vous plaît ?

11 M. Kvocka (interprétation). - C'était le mois de juin. C'était au

12 mois de juin.

13 M. Simic (interprétation). - Vous avez la lettre qui a été

14 adressée par M. Drljaca au directeur de CSD Banja Luka, poste de sécurité

15 publique de Banja Luka ; auriez-vous l'amabilité d'en donner lecture, de

16 cette lettre ? De toute façon, le Procureur en a déjà parlé. Est-ce que les

17 allégations qui figurent dans cette lettre sont vraies ? Est-ce que,

18 véritablement, ce sont les problèmes décrits par Drljaca et les problèmes

19 que cette unité a provoqués ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Oui, effectivement, j'ai pris

21 connaissance du contenu de cette lettre, et c'est à peu près ce que j'ai

22 décrit lors de ma déposition, je peux le répéter. Il s'agissait d'une unité

23 qui a été sous le commandement de Strazivuk et ceci considérait le deuxième

24 groupe.

25 Ils passaient aux interrogatoires, ils torturaient les

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1 prisonniers, confisquaient les objets et l'argent. C'est une unité qui a

2 entrepris un certain nombre de choses qui étaient beaucoup plus atroces que

3 tout ce qui a été entrepris par le premier groupe. Donc je parle du groupe

4 qui a été commandé par Strazivuk.

5 M. Simic (interprétation). - Par conséquent, nous avons terminé

6 les questions qui concernent la police spéciale et je vais demander à

7 l'huissier de bien vouloir remettre au

8 témoin le document que nous avons déjà eu l'occasion d'examiner.

9 (L'huissier s'exécute.)

10 M. le Président. - Maître Simic, quel est le document, la cote ?

11 M. Simic (interprétation). - C'est le numéro 55.

12 M. le Président. - C'est le dernier donc.

13 M. Abtahi. - C'est la pièce D 17/1, Monsieur le Président.

14 M. le Président. - Merci.

15 M. Simic (interprétation). - Pourriez-vous s'il vous plaît voir le

16 point 7 ? Qui doit organiser le ravitaillement dans le cadre du complexe

17 Omarska selon cet ordre ?

18 M. Kvocka (interprétation). - C'est la direction des mines, je

19 donne lecture : "... est obligée d'organiser le ravitaillement pour les

20 enquêteurs, pour les gardes et pour les prisonniers, les personnes

21 détenues, et ceci conformément aux standards qu'elle mettra en accord avec

22 le service de logistique militaire. La direction des mines également se

23 doit d'organiser les conditions d'hygiène, les installations électriques,

24 d'eau et autres, sous forme d'obligations de travail également, organiser

25 toute autre activité logistique pour que les effectifs puissent séjourner

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1 dans des conditions normales dans le complexe en question".

2 M. Simic (interprétation). - Est-ce que la direction a exécuté la

3 tâche en vertu du point 7 de cet ordre ?

4 M. Kvocka (interprétation). - Ils ont fait leur possible. Si

5 c'était véritablement avec succès ou non, je ne peux pas l'apprécier.

6 M. Simic (interprétation). - En ce qui concerne le complexe

7 d'Omarska, est-ce qu’il a été clôturé ? Est-ce qu’il y avait des barbelés ?

8 Quel type de clôture ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Non.

10 M. Simic (interprétation). - Y avait-il par la suite des

11 clôtures ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Pendant que j'y étais, il n'y avait

13 aucuns barbelés autour du complexe en question.

14 M. Simic (interprétation). - Mais est-ce qu'il y avait des champs

15 de mines pour empêcher les fuites ? Est-ce que vous avez de telles

16 informations ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Non, je n'en dispose pas. Je ne

18 pense pas qu'il y ait eu des champs de mines, tout au moins personne n'en

19 parlait. J'ai pu constater que les soldats pouvaient circuler normalement,

20 tout au moins quand on parle de cet espace vert que nous avons pu observer.

21 M. Simic (interprétation). - Est-ce que cet ordre a également

22 compris un certain nombre de tâches qui s'adressaient à des personnes bien

23 désignées ? Vous avez parlé de Zeljko Mejakic par exemple.

24 M. Kvocka (interprétation). - Oui, bien évidemment, il y avait des

25 tâches particulières, il y a seize ou dix-sept points, par conséquent les

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1 dix-sept points pratiquement contiennent des ordres.

2 M. Simic (interprétation). - En ce qui concerne Zeljko Mejakic,

3 quel est l'ordre qui lui a été délivré ?

4 M. Kvocka (interprétation). - Mais c'est exactement l'ordre en

5 question qui est adressé à Zeljko Mejakic.

6 M. Simic (interprétation). - Et le point numéro 3 ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Il y a un ordre qui est stipulé de

8 la manière suivante : "Pour ce qui concerne la sélection et la

9 catégorisation des détenus, elle va être faite par les membres de la police

10 de sécurité militaire, et pour l'accomplissement de ces tâches, ce sont

11 Jesic Mirko, ensuite Ranko Mijic et le lieutenant-colonel Majstorovic qui

12 en sont responsables".

13 M. Simic (interprétation). - Le point 17 : qui contrôle

14 l'exécution, la mise en oeuvre de cet ordre ?

15 M. Kvocka (interprétation). - C’est marqué que "le contrôle de la

16 mise en oeuvre de cet ordre sera organisé par le commandant de la milice,

17 Dusan Jankovic, en coopération avec le centre de sécurité publique de

18 Banja Luka".

19 M. Simic (interprétation). - Qui étaient les responsables de cet

20 ordre avec lesquels Dusan Jankovic aurait dû normalement organiser ce

21 travail, enfin ces activités ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Je ne sais pas. Si vous pensez à

23 l'aspect policier, à ce moment-là c'est Zeljko Mejakic qui était son

24 subordonné.

25 M. Simic (interprétation). - Mais la question que je vous pose se

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1 rapporte après à l'ensemble des structures et du système.

2 M. Kvocka (interprétation). - En ce qui concerne d'autres

3 décisions, normalement il aurait dû coopérer avec le directeur des mines,

4 avec le commandement de l'armée et éventuellement avec les dirigeants. Ici,

5 on parle de coordinateurs du service.

6 M. Simic (interprétation). - Mais qui sont les coordinateurs du

7 service ?

8 M. Kvocka (interprétation). - C'est Jesic Mirko, le lieutenant-

9 colonel Majstorovic.

10 M. Simic (interprétation). - Mais est-ce que, en effet, il

11 s'agissait d'une hiérarchie par supériorité ?

12 M. Kvocka (interprétation). - Celui qui a reçu l'ordre, tout au

13 moins c'est la signature qui en témoigne, est le destinataire également de

14 la décision, on peut en tirer la conclusion, il s'agit du quartier général

15 de crise, les coordinateurs du poste de sécurité de Banja Luka, ensuite, le

16 commandant de milice qui est Jankovic, ensuite celui qui était à la tête de

17 la sécurité, Mejakic, et le directeur des mines Ljublja, et bien évidemment

18 archives.

19 M. Simic (interprétation). - Merci Monsieur Kvocka. Je pense que

20 c'est un document également qui nous oblige à parler d'une autre question

21 également. On parle ici d'un certain nombre d'investigations, d'enquêtes.

22 Est-ce qu'au sein du complexe d'Omarska, il y a eu des enquêtes ?

23 M. Kvocka (interprétation). - Oui, il y avait des enquête et des

24 interrogatoires qui ont été organisés.

25 M. Simic (interprétation). - Mais qui avait interrogé les

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1 détenus ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Ce sont les membres de la sécurité

3 publique. A un moment donné, on l'appelait même le service national, à un

4 moment donné on utilisait ce terme, et le service de sécurité militaire.

5 M. Simic (interprétation). - Mais il y en avait combien au total

6 de services ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait trois services ; trois

8 services qui étaient indépendants.

9 M. Simic (interprétation). - Mais qui occupait les postes

10 supérieurs au sein de ces trois services ?

11 M. Kvocka (interprétation). - C'étaient les coordinateurs.

12 M. Simic (interprétation). - Vous voulez nous dire leurs noms ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Ranko Mijic était au niveau du poste

14 de sécurité publique. Jesic Mirko était à la tête du service de l'Etat, et

15 lieutenant-colonel Majstorovic, au service militaire.

16 M. Simic (interprétation). - Comment on organisait les enquêtes ?

17 Qui était les enquêteurs ? Qui interrogeait ? Enfin, je ne vais pas vous

18 poser de questions. Est-ce que vous voulez nous donner des explications ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Comme je l'ai déjà dit, il y avait

20 des interrogatoires qui ont eu lieu dans le bâtiment administratif. Il y a

21 plusieurs pièces qui s'y trouvent.

22 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez du

23 nombre de pièces ? Il serait peut-être utile de voir, sur la maquette ; si

24 on enlève le toit, je suis sûr que le témoin pourrait peut-être nous donner

25 des indications beaucoup plus précises et une information également utile.

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1 Le bâtiment administratif...

2 (Le témoin indique les endroits.)

3 Est-ce que, d'après vous, cela correspond au bâtiment

4 administratif du complexe Omarska ? Est-ce que la maquette correspond ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Oui, je pense que ceci correspond

6 parfaitement, tout du moins, d'après mes souvenirs.

7 M. Simic (interprétation). - Qui a utilisé les pièces qui se

8 trouvaient à l'étage ? Vous allez tout simplement parler par groupes de

9 pièces. Vous avez les enquêteurs d'un côté, vous avez la police d'Omarska

10 de l'autre côté.

11 M. Kvocka (interprétation). - La police d'Omarska avait une pièce

12 où séjournaient les policiers, d'autres pièces.

13 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vous voulez nous montrer,

14 s'il vous plaît, avec votre pointeur, ces pièces ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Normalement, cela devrait être cette

16 pièce PP, que je pointe avec le pointeur. C'est marqué B5.

17 M. Simic (interprétation). - Et d'autres pièces ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait un groupe mixte

19 d'enquêteurs qui séjournaient dans d'autres pièces. C'est là où ils

20 procédaient à l'interrogatoire, et puis il y avait une toute dernière pièce

21 où il y avait des coordinateurs.

22 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous donner le

23 sigle ou le numéro de cette dernière ?

24 M. Kvocka (interprétation). - B1, c'est une autre pièce.

25 M. Simic (interprétation). - Et il y avait ici une porte

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1 coulissante ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Mais, en effet, il s'agissait d'une

3 seule pièce.

4 M. Simic (interprétation). - Qui avait une cloison, enfin une

5 porte coulissante ?

6 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

7 M. Simic (interprétation). - Et les enquêteurs venaient d'où ?

8 M. Kvocka (interprétation). - De Prijedor. Un bus les

9 transportait. Il y avait quelques enquêteurs, je ne peux pas vous dire

10 s'ils ont tous été transférés par le même bus.

11 M. Simic (interprétation). - Est-ce qu'ils se rendaient au travail

12 tous les matins ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Oui. Je pense que, le dimanche, ils

14 ne venaient pas au travail.

15 M. Simic (interprétation). - A quelle heure, à peu près ?

16 M. Kvocka (interprétation). - Autour de 9 heures.

17 M. Simic (interprétation). - Ils travaillaient jusqu'à quel

18 moment ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Jusqu'a 17 heures.

20 M. Simic (interprétation). - Pour ce qui concerne les enquêteurs,

21 il y avait combien d'enquêteurs qui restaient dans une seule pièce ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Entre deux et trois, cela dépendait.

23 M. Simic (interprétation). - Quelle était la composition de ces

24 équipes d'enquêteurs à titre d'exemple ? Vous me donnez l'exemple dans une

25 pièce ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - C'était mixte. Par exemple, il y a

2 un inspecteur du poste de sécurité publique qui travaillait ensemble avec

3 un enquêteur du service d'Etat, et un troisième représentait le service

4 militaire.

5 M. Kvocka (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des personnes

6 qui dactylographiaient tout ce qui se disait, qui tenaient un procès-

7 verbal ?

8 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait des femmes qui tapaient à

9 la machine.

10 M. Simic (interprétation). - Elles, elles venaient d'où ?

11 M. Kvocka (interprétation). - Ils venaient par le même bus, celui

12 qui venait en provenance de Prijedor.

13 M. Simic (interprétation). - Elles étaient où ? Elles

14 travaillaient où ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Normalement, je me souviens, il y en

16 avait une qui travaillait au poste de sécurité publique à Prijedor, et une

17 autre qui travaillait au service de sécurité d'Etat. Je me souviens, car il

18 s'agissait de personnes qui étaient assez âgées.

19 M. Simic (interprétation). - Quels sont leurs noms ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait Slavica Lakic et Nada

21 Markovski.

22 M. Simic (interprétation). - Où étaient-elles assises pendant

23 qu'elles séjournaient au centre d'enquête ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait un bureau, deux bureaux,

25 plutôt, dans cette même pièce qui a été utilisée de temps à autre par les

Page 931

1 policiers de ce département d'Omarska. Je me souviens qu'il y avait deux

2 tables posées en forme de lettre "L".

3 M. Simic (interprétation). - Quelle était leur tâche, ce jour-là ?

4 M. Kvocka (interprétation). - Pendant leurs heures de travail, ces

5 femmes-là tapaient des documents, et j'ai remarqué que les documents

6 manuscrits leur étaient remis par les coordinateurs, leurs dirigeants, dont

7 nous avons déjà parlé tout à l'heure.

8 M. Simic (interprétation). - Lequel des policiers d'Omarska

9 séjournait dans cette pièce-là, et que faisait-il, au juste ?

10 M. Kvocka (interprétation). - C'était la pièce des policiers de

11 permanence. Donc c'est un des segments des activités régulières des

12 policiers.

13 M. Simic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait, dans cette

14 pièce-là, aussi des moyens de transmission ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

16 M. Simic (interprétation). - Lequel ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Il y avait un émetteur-récepteur.

18 C'est ce qu'on appelle un poste, une station radio fixe. Et il y avait un

19 poste téléphonique local.

20 M. Simic (interprétation). - Qu'entendez-vous par "local" ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Cela signifie qu'à partir de ce

22 combiné téléphonique, on pouvait contacter au sein du complexe.

23 M. Simic (interprétation). - Mais pouvait-on téléphoner de là au

24 poste de sécurité publique à Omarska ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Non.

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1 M. Simic (interprétation). - Comment faisiez-vous pour contacter

2 ces deux postes de sécurité ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Il était possible d'établir une

4 communication avec la station radio, avec le département d'Omarska et avec

5 le service de permanence du poste de sécurité publique à Prijedor.

6 M. Simic (interprétation). - Lorsque vous appeliez pour obtenir de

7 l'assistance, lors notamment des victimes que vous avez eues dans

8 l'incident ? A qui vous adressiez-vous ?

9 M. Kvocka (interprétation). - Nous nous servions d'abord de cette

10 station radio qui se trouve dans cette pièce.

11 M. Simic (interprétation). - Mais aviez-vous des modalités de

12 fonctionnement codé ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Dans tout ce système de

14 transmission, il existait des codes d'appel bien déterminés. Nous ne

15 parlions pas de codes proprement dits, mais des codes d'appel, c'est-à-dire

16 des chiffres d'appel.

17 M. Simic (interprétation). - Mais c'est la même chose ?

18 M. Kvocka (interprétation). - C'est peut-être vrai.

19 M. Simic (interprétation). - Pouvez-vous me dire quel était ce

20 signe ou ce code de référence pour Omarska ?

21 M. Kvocka (interprétation) - J'ai du mal à me souvenir, mais je

22 crois que l’on se servait du mot "Sana".

23 M. Simic (interprétation) - Mais y avait-il des chiffres que vous

24 ajoutiez éventuellement ?

25 M. Kvocka (interprétation) - Oui, c'était Sana "5". Je ne puis

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1 vous l'affirmer avec certitude. Je sais qu'il y avait un chiffre à côté du

2 mot.

3 M. Simic (interprétation) - Pourquoi aviez-vous besoin de chiffres

4 pour ce signe de référence lors des appels ?

5 M. Kvocka (interprétation) - Tout simplement, cela était

6 nécessaire parce qu'il y avait plusieurs participants sur la même

7 fréquence. Et aux fins de déterminer avec exactitude à quelle localité on

8 s'adressait, si on disait par exemple "Sana", cela voulait désigner le

9 centre d'enquête.

10 M. Simic (interprétation) - Et "Sana 1" ?

11 M. Kvocka (interprétation) - Cela pouvait être le service de

12 permanence au poste de sécurité publique de Prijedor.

13 M. Simic (interprétation) - Quand nous parlons des transmissions,

14 on ne va pas s'attarder sur tous les détails, c'est une tâche fort

15 complexe ; je voulais savoir s'il y avait juste une liaison de

16 communication téléphonique pour contacter avec les gens de façon normale.

17 M. Kvocka (interprétation) - Il y avait un combiné téléphonique

18 dans le bureau du coordinateur. C'est à partir de là qu'il était possible

19 d'établir des communications à l'extérieur, avec l'extérieur du complexe.

20 M. Simic (interprétation) - Et vous qui étiez de permanence,

21 pouviez-vous contacter le poste qui se trouvait à un kilomètre et demi du

22 bâtiment administratif ?

23 M. Kvocka (interprétation) - C'est bien que ce que l'on entendait

24 par "communication locale".

25 M. Simic (interprétation) - Comme nous sommes à la fin de cette

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1 partie de l'interrogatoire, comme nous allons nous en tenir aux suggestions

2 du Président de la Chambre, vous avez dit qu'il y avait des policiers de

3 permanence ; qui étaient ces policiers de permanence ?

4 M. Kvocka (interprétation) - En plus de ma personne, dans ce

5 service de permanence, il y avait Kos Milovjca, Radic Maldjo et Gruban

6 Momcilo, surnommé Ckalja.

7 M. Simic (interprétation) - Et ce système de transmission

8 fonctionnait-il dans le sens d'ordres reçus par vos soins pendant votre

9 service de permanence ? Comment fonctionnait ce système de transmission

10 radio avec le monde extérieur, si je puis m'exprimer ainsi ?

11 M. Kvocka (interprétation) - En fait, pendant toute la durée de

12 mon séjour là-bas, et pendant le temps que je passais dans ce local, il est

13 arrivé à plusieurs reprises que quelqu'un nous appelle du centre de

14 sécurité publique de Prijedor pour demander Zeljko Mejakic. Je l’ai utilisé

15 moi-même une seule fois, lorsque j'avais appelé des secours d'urgence pour

16 les personnes qui avaient été blessées dans l'incident.

17 M. Simic (interprétation) - Et est-ce que l'on faisait des comptes

18 rendus sur le fonctionnement, les activités des services de sécurité

19 pendant que vous étiez là-bas, dans ce local ?

20 M. Kvocka (interprétation) – Non, il n'y avait aucune

21 documentation dans ce local.

22 M. Simic (interprétation) – Et le service de sécurité disposait-il

23 d'une liste des personnes détenues ? Pouvez-vous nous le dire ?

24 M. Kvocka (interprétation) – Non, je ne pense pas qu'il y ait eu

25 une liste des personnes détenues à cet endroit-là.

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1 M. Simic (interprétation) – Sur le plan hiérarchique des personnes

2 dont nous avons parlé, à savoir Jankovic Dusan, Mijic, puis Jesic et le

3 lieutenant-colonel Majstorovic, quel avait été le statut de M. Mejakic,

4 commandant de ce département du poste de police d'Omarska ?

5 M. Kvocka (interprétation) - Il avait été le subordonné de

6 Jankovic, et pour ce qui est de la relation, ou des rapports, avec les

7 coordinateurs, je ne saurais rien vous dire.

8 M. Simic (interprétation) – Pouvait-il donner des ordres à Mijic ?

9 M. Kvocka (interprétation) - Non.

10 M. Simic (interprétation) – Et Mijic, pouvait-il donner des

11 ordres ?

12 M. Kvocka (interprétation) – Non, je ne le pense pas.

13 M. Simic (interprétation) - Pour les modalités des enquêtes, je

14 crois que nous pourrions en parler après la pause. Nous avons déjà fait

15 1 heure 10 et nous commençons à fatiguer.

16 M. le Président. - Merci beaucoup, Maître Simic. Nous allons avoir

17 une pause de 20 minutes. On reprendra après.

18

19 L'audience, suspendue à 12 heures 50, est reprise

20 à 13 heures 15.

21 M. le Président. - Maître Simic, vous pouvez continuer, s'il vous

22 plaît.

23 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

24 M. Simic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

25 Monsieur Kvocka, juste avant de procéder à cette pause qui nous a

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1 été fort utile, nous avons soulevé la question des enquêtes. Nous allons

2 parler maintenant des modalités d'accomplissement de ces enquêtes. Avez-

3 vous des connaissances là-dessus ? Je voudrais vous demander de nous dire

4 comment les détenus avait été désignés par les enquêteurs, comment avaient-

5 ils été acheminés, qui les escortait ? Pouvez-vous nous donner des

6 renseignements sur les méthodes de travail des enquêteurs ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Je m'efforcerai de vous expliquer,

8 dans les termes les plus brefs, ce que j'ai pu remarquer personnellement

9 quant au déroulement de cette procédure.

10 Zeljko Mejakic avait désigné un groupe de policiers, de 8 à

11 10 policiers pour être précis et les avait mis à disposition des

12 inspecteurs. Ces derniers ont, par la suite, demandé à ces mêmes policiers

13 de leur amener telle ou telle personne pour avoir un entretien avec eux.

14 J'ai pu remarquer qu'il y a eu effectivement des cas où telle

15 personne n'était pas demandée par son nom ou prénom, mais ils disaient tout

16 simplement de faire venir les gens dans l'ordre ou dans le désordre.

17 M. Simic (interprétation). - Et ces coordinateurs disposaient-ils

18 d'une liste des détenus dans le complexe d'Omarska ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Je n'en ai pas connaissance.

20 M. Simic (interprétation). - Et suite à l'ordre de faire venir un

21 détenu bien déterminé, ou n'importe lequel d'entre eux, quelle était la

22 procédure ?

23 M. Kvocka (interprétation). - Un entretien informatif s'ensuivait

24 avec la personne qui venait à être amenée jusqu'à eux, et le policier qui

25 avait escorté telle personne restait devant la pièce où avait lieu

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1 l'interrogatoire, et parfois se trouvait dans la pièce elle-même.

2 M. Simic (interprétation). - Et la procédure était-elle habituelle

3 ou est-ce que l'on pouvait voir des divergences entre cette procédure-là et

4 celle qui était habituelle dans la police ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien, il serait difficile pour ce

6 qui me concerne de vous apporter une explication là-dessus. J'ai remarqué

7 quant à moi que ces personnes avaient été escortées par des policiers, puis

8 que des entretiens avaient effectivement lieu dans ces pièces-là avec les

9 personnes en question.

10 M. Simic (interprétation). - Mais les membres des services de

11 sécurité, la dizaine dont vous venez de nous parler, avaient-ils accès à la

12 pièce où l'enquête se faisait ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Non, pas les autres, pas ceux qui

14 avaient été désignés de garde à tel ou tel autre poste.

15 M. Simic (interprétation). - Et les gens qui étaient de permanence

16 pouvaient-ils le faire ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Non.

18 M. Simic (interprétation). - Cela semble évident, mais j'aimerais

19 vous poser la question tout de même. Est-ce que les gens de la police

20 d'Omarska, lequel que ce soit de ces policiers, avaient-ils pris part, à

21 une occasion quelconque, à l'enquête menée à l'égard de ces personnes ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Absolument pas. Il y a même eu des

23 suggestions émises par Zeljko Mejakic pour qu'il y ait un minimum de

24 contacts possibles avec les détenus, exception faite de questions qui

25 seraient posées par telle ou telle détenu à l'intention du gardien.

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1 M. Simic (interprétation). - Est-ce que cela est venu de Zeljko ou

2 quelqu'un lui a donné l'ordre ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Eh bien c'est Zeljko qui nous l'a

4 dit, mais je ne sais pas si lui avait reçu un ordre dans ce sens.

5 M. Simic (interprétation). - Et y a-t-il eu des mauvais

6 traitements pendant les enquêtes ?

7 M. Kvocka (interprétation). - J'ai remarqué une situation qui

8 m'avait laissé paraître que des mauvais traitements avaient eu lieu.

9 Restant dans une pièce, étant de permanence, j'ai pu entendre des bruits

10 qui ne sont pas tout à fait habituels. J'ai même entendu des gens gémir et

11 ce, en provenance des pièces, des bureaux qui se trouvent du même côté que

12 le côté où est située la pièce des gens de permanence, enfin des policiers

13 de permanence.

14 M. Simic (interprétation). - Avez-vous réagi ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Oui, je suis sorti dans le couloir

16 pour voir de quoi il s'agissait, et puis j'ai fait irruption dans plusieurs

17 bureaux. Dans plusieurs de ces bureaux, tout paraissait normal, mais dans

18 l'une des pièces il était apparent, il était évident qu'une personne avait

19 été passé à tabac. C'est alors que j'ai réagi de façon assez brusque en

20 demandant ce qui se passait. Je voulais savoir si un policier ou un

21 policier de réserve quelconque n'y avait pas pris part par hasard.

22 Et l'inspecteur qui se trouvait dans cette pièce, que je ne

23 connaissais pas à ce jour, il ne venait pas de Prijedor, j'en suis certain,

24 car je connaissais les gens de Prijedor, il avait eu un petit rire et

25 m'avait dit que tout allait revenir en l'ordre et que tout irait bien. Mais

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1 je n'ai pas eu... Enfin, je n'ai pas pu déduire qui est-ce qui avait battu

2 la personne en question : est-ce que c'était le gardien qui avait escorté

3 cette personne ou l'inspecteur lui-même éventuellement.

4 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez passé à

5 Omarska un temps déterminé. Avez-vous entendu du vacarme, des bruits en

6 provenance de certaines pièces ? Vous passiez quand même à chaque fois une

7 dizaine d'heures dans ce centre. Avez-vous entendu des bruits, des pleurs ?

8 Et je vous prie de nous dire la vérité.

9 M. Kvocka (interprétation). - La fois que je viens de décrire est

10 enfin assez explicite. J'ai pu remarquer, à plusieurs autres remises, on a

11 pu conclure que la force, enfin que l'on avait eu recours à la force.

12 M. Simic (interprétation). - Dans la pratique de la police de

13 l'ex-Yougoslavie, il y a déjà eu des recours à la violence lors des

14 enquêtes ?

15 M. Kvocka (interprétation). - Oui, cela arrivait.

16 M. Simic (interprétation). - Et la fois où vous aviez réagi,

17 provoqué par ce vacarme et ces gémissements, les autres policiers et les

18 gardiens qui étaient là, avaient-ils réagi, approuvé votre réaction à vous

19 ou sont-ils passé outre ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Laissez-moi vous dire qu'à

21 l'occasion de cet événement-là, plusieurs des inspecteurs présents,

22 puisqu'il y avait un vacarme quand même important, et j'ai réagi à haute

23 voix, certains inspecteurs avaient quitté leur bureau et sont sortis dans

24 le couloir.

25 Et les gens de Banja Luka m'on dit : "Qu'est-ce que tu cherches à

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1 faire ici, petit ?". L'un des inspecteurs qui était en fonction, au début

2 même du couloir il y avait un petit bureau au commencement du couloir, et

3 lui venait de Prijedor, m'avait soutenu. Il m'avait dit : "En toute chose,

4 tout honneur, Kvocka".

5 M. Simic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire le nom de ce

6 policier.

7 M. Kvocka (interprétation) - Vous pensez inspecteur ?

8 M. Simic (interprétation) – Oui, inspecteur.

9 M. Kvocka (interprétation) - C'est un ancien inspecteur qui

10 s'appelle Radik Nazevic, et les autres également, notamment les deux

11 inspecteurs dont les bureaux se trouvaient face au bureau du permanent de

12 police m'ont dit que, ma foi, c'était une bonne chose d'avoir réagi, mais

13 que pouvait-on faire ? Qu’ils étaient là non pas pour écouter ce qui se

14 passait.

15 M. Simic (interprétation) - Mais est-ce que vous savez quel était

16 l'objet de l'enquête ? Quelles étaient les questions que posaient les

17 enquêteurs ?

18 M. Kvocka (interprétation) - Je n'en ai aucune connaissance. Je

19 sais seulement qu'il était question d'interroger les personnes pour

20 déterminer qui avait pris part à une attaque, à un soulèvement armé pour

21 déterminer qui avait organisé et financé la chose. C'est du moins, en

22 termes généraux, ce que l'on nous racontait à nous, policiers.

23 M. Simic (interprétation) - Qui recueillait les rapports présentés

24 par les enquêteurs ?

25 M. Kvocka (interprétation) - Je ne le sais pas.

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1 M. Simic (interprétation) - Comme on vous avait dit que cela

2 durait une quinzaine de jours, le temps d'interroger les gens, savez-vous

3 si certains détenus avaient été relâchés suite à interrogatoire ?

4 M. Kvocka (interprétation) - Oui, il y a eu un relâchement assez

5 massif au bout de quelque 6 à 7 jours de fonctionnement de ce centre

6 d'enquête.

7 M. Simic (interprétation) - Qui étaient ces personnes ?

8 M. Kvocka (interprétation) - Eh bien, on a relâché un groupe de

9 personnes, je ne saurais vous dire le nombre exact maintenant, mais je

10 crois qu'ils ont tenu tous dans deux autocars, et les autres détenus qui

11 les connaissaient disaient qu'il s'agissait de personnes habitant une

12 localité qui s’appelait Gornja Kurahska, près de Prijedor. Et je crois que

13 c'était les premières personnes interrogées lors des enquête menées.

14 M. Simic (interprétation) - Y a-t-il eu des relâchements

15 individuels de personnes détenues ?

16 M. Kvocka (interprétation) - Je n'en ai pas connaissance. Je n'ai

17 pu remarquer qu'à une ou deux reprises, les inspecteurs avaient emmené

18 certaines personnes dans l'autocar qui les amenait au travail. Il est

19 également arrivé que, parfois, une personne vienne avec eux en autocar

20 lorsqu'ils venaient au travail pour être emprisonnés.

21 M. Simic (interprétation) - Pouvez-vous nous dire quel a été le

22 moment où toute libération de personnes détenues a cessé ?

23 M. Kvocka (interprétation) – J'ai du mal à vous le dire. Je crois

24 qu'il n'y a pas eu de libérations massives pendant que j'y étais, si l'on

25 excepte le groupe dont je viens de vous parler tout à l'heure.

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1 M. Simic (interprétation) - Vos beaux-frères ont fait aussi

2 l'objet de certaines enquêtes ?

3 M. Kvocka (interprétation) - Oui.

4 M. Simic (interprétation) - Est-ce que M. Mejakic a réagi de

5 quelque façon au fait qu'ils aient été absents ?

6 M. Kvocka (interprétation) - Monsieur Mejakic m'a dit à plusieurs

7 reprises que, pour parler en termes simples, que l'ambiance dans la

8 localité d'Omarska n'était pas favorable, pour moi, moins, mais pour ma

9 famille, davantage, qui se trouvait dans le centre même de la localité et

10 qu'il y avait des rumeurs qui circulaient que je dissimulais des

11 extrémistes, que j'en nourrissais chez moi ; alors que nos compatriotes

12 étaient abattus dans d'autres localités. Plusieurs objections de cette

13 nature m’ont été, non pas communiquées directement, mais transmises par

14 d'autres personnes habitant la localité.

15 M. Simic (interprétation) - Et pour ce qui est de vos beaux-

16 frères, vous a-t-on présenté des demandes concrètes ?

17 M. Kvocka (interprétation) - Eh bien, ils me disaient concrètement

18 qu'il me fallait voir ce que j'allais faire parce que les choses allaient

19 plutôt mal tourner.

20 M. Simic (interprétation) - Revenons pour le moment à un autre

21 sujet. Nous parlerons de vos beaux-frères tout à l'heure.

22 Lorsque nous avons parlé des détenus dans le complexe d'Omarska,

23 je voudrais demander que l'on vous soumettre le document qui porte notre

24 cotation DP/21.

25 M. Abtahi. – Pièce D19/A de la défense.

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1 M. Simic (interprétation) - Monsieur Kvocka, vous avez devant vous

2 la décision émanant de la cellule de crise, datée du 2 juin 1992. Il s'agit

3 donc du tout début de l'existence de ce malheureux centre. Au paragraphe 6,

4 pourriez-vous donner lecture de ce paragraphe, Monsieur Kvocka, s'il vous

5 plaît ?

6 M. Kvocka (interprétation) - Il est écrit que "pour la mise en

7 oeuvre, l'exécution de cet ordre, est responsable la station de sécurité

8 publique et surtout son chef qui est le seul à pouvoir libérer les

9 personnes détenues, par sa signature".

10 M. Simic (interprétation) - Excusez-moi, Monsieur le Président,

11 Madame et Monsieur les Juges, je pense qu'il y a eu une confusion dans les

12 documents qui ont été présentés sur le rétroprojecteur. Un instant, s'il

13 vous plaît. Excusez-nous, ces documents se ressemblent.

14 Monsieur Kvocka, par rapport à ce paragraphe, pourriez-vous nous

15 dire qui avait le pouvoir suprême, pour ne pas dire qui était le dirigeant

16 de toutes les structures dirigeantes du complexe d'Omarska ?

17 M. Kvocka (interprétation) - D'après ce qui est écrit ici, donc la

18 décision émanant de la cellule de crise, il est évident que c'est le chef

19 de la station du poste de sécurité publique qui est personnellement

20 responsable et qu'il est le seul à même de prendre des décisions.

21 Mme Hollis (interprétation). - Excusez-nous, mais je pense que

22 nous pouvons vous aider aussi car nous disposons d'une traduction anglaise

23 de ce document. Je ne sais pas si cela pourra être utile, mais nous

24 pouvions aussi vous proposer de placer ce document sur le rétroprojecteur.

25 M. Simic (interprétation). - Cela pourrait être utile, merci.

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1 M. le Président. - Je crois que nous avons le document, Madame

2 Hollis.

3 Mme Hollis (interprétation). - Alors nous n'avons pas compris,

4 nous non plus.

5 M. le Président (interprétation). - Merci, Madame Hollis.

6 M. Simic (interprétation). - Merci, Madame Hollis, de la part des

7 représentants de la défense.

8 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, qui est la personne

9 qui était la seule habilitée à libérer une personne d'Omarska ?

10 M. Kvocka (interprétation). - C'était le chef du poste de sécurité

11 publique de Prijedor, Simo Drlajca.

12 M. Simic (interprétation). - Maintenant, je souhaiterais présenter

13 le document qui porte notre cote 25.

14 M. Abtahi. - Pièces de la défense D 20/1, D 20/1 a) pour la

15 version anglaise.

16 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez devant

17 vous une lettre ; il s'agit d'un rapport à destination de la cellule de

18 crise de l'assemblée municipale de Prijedor en date du 1er juillet 1992. Ce

19 rapport a été écrit par M. Simo Drljaca ; pourriez-vous lire, s'il vous

20 plaît, la première ligne de cette lettre ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Il est écrit ici que la

22 conclusion 02-111-108/92 concernant l'interdiction de libération de

23 prisonniers est entièrement respectée.

24 M. Simic (interprétation). - Les services de sécurité, donc des

25 policiers ou M. Mejakic, en tant que commandant du département, savait-il

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1 qu'il existait cette interdiction formelle de libérer les prisonniers ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Non, nous n'avions pas de telles

3 informations.

4 M. Simic (interprétation). - Que confirme cette phrase ? Qui

5 continue à être compétent, habilité, à libérer les personnes d'Omarska ?

6 Qui est le maître de la vie et de la mort à Omarska ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Ceci confirme seulement que Simo

8 Drljaca était la seule personne habilitée à ordonner ou à signer un

9 document permettant la libération ou la relâche d'une personne.

10 M. Simic (interprétation). - Maintenant, je souhaiterais me

11 référer à la pièce à conviction 24, donc la cote de la défense 24.

12 M. Abtahi. - Pièces de la défense D 21/1 et D 21/1 a).

13 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, vous avez devant

14 vous un ordre ; il s'agit d'un ordre de la cellule de crise de la

15 municipalité de Prijedor daté du 2 juillet 1992. Il s'agit aussi d'un

16 document du Procureur. Il nous a été communiqué par le Procureur. Vous avez

17 dit tout à l'heure que le département de police ne disposait pas de listes,

18 ou d'informations des détenus, concernant les détenus. Au paragraphe 2 de

19 cet ordre, trouvez-vous la réponse concernant l'organe, ou la personne, qui

20 disposait des listes ou des informations concernant les personnes

21 détenues ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Je pense que oui.

23 M. Simic (interprétation). - Alors qui possède les listes des

24 détenus ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Il est écrit que les informations

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1 concernant ces personnes doivent être communiquées par le poste de sécurité

2 publique de Prijedor à la demande des organes de pouvoir, des sociétés ou

3 des associations.

4 M. Simic (interprétation). - En haut à droite, on voit la liste

5 des destinataires, des personnes qui ont reçu copie de cet ordre ;

6 pourriez-vous nous énumérer, lire, ce qui est écrit ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Oui. Les deux premiers noms sont

8 bien lisibles, il s'agit de Marko Djenadija et de Jankovic Dusan. C'est

9 écrit "D", donc je pense que cela veut dire "Dusan". Sous le n° 3, je pense

10 que ça pourrait être Topic.

11 M. Simic (interprétation). - Marko Djenadija : connaissez-vous

12 cette personne ?

13 M. Kvocka (interprétation). - Oui. Il a travaillé avant dans le

14 secrétariat des Affaires intérieures à l'époque où cet organe de pouvoir

15 existait et, plus tard, il a travaillé au poste de sécurité publique de

16 Prijedor.

17 M. Simic (interprétation). - Et le n° 2, vous reconnaissez ?

18 M. Kvocka (interprétation). - Oui, je connais Jankovic Dusan.

19 M. Simic (interprétation). - Et le n° 3, Topic ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Non, mais cela pourrait se référer à

21 une femme qui était chargée des Affaires administratives auprès de

22 M. Drljaca, car il y avait une personne qui avait un nom de famille, le nom

23 de famille Topic, qui était chargée des Affaires administratives.

24 M. Kvocka (interprétation). - Monsieur Mejakic a-t-il reçu cet

25 ordre en tant que chef de la sécurité ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - Je crois que non.

2 M. Simic (interprétation). - Je vous remercie.

3 Et pour terminer ce sujet, le sujet concernant les

4 interrogatoires, je vais vous poser une autre question : est-ce que pendant

5 toute la période où vous avez travaillé à Omarska, les enquêteurs ont

6 travaillé avec les deux femmes qui dactylographiaient des documents ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

8 M. Simic (interprétation). - Saviez-vous ce qu'elles avaient

9 dactylographié, quels étaient ces documents ?

10 M. Kvocka (interprétation). - Je crois que non parce qu'après

11 avoir complété les documents, elles les rendaient aux coordinateurs. Peut-

12 être que quelqu'un, qui était vraiment intéressé, pouvait jeter un coup

13 d'oeil sur la machine, mais je n'ai pas remarqué que cela intéressait des

14 gens.

15 M. Simic (interprétation). - Est-ce que vos beaux-frères ont été

16 interrogés ?

17 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

18 M. Simic (interprétation). - De quelle façon ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Quand on a commencé de parler de

20 cela à Omarska, c'est-à-dire quand on a commencé à parler des problèmes

21 éventuels que je pouvais avoir, moi et ma famille, je me suis mis en

22 contact avec deux autres inspecteurs que je connaissais puisqu'ils avaient

23 travaillé avant à Prijedor. Ils avaient moins d'ancienneté que moi et je

24 savais qu'ils étaient corrects, qu'ils avaient mené leurs enquêtes ou leurs

25 interrogatoires de façon correcte.

Page 949

1 Et je leur ai demandé s'ils pouvaient interroger mes beaux-frères,

2 et s'ils pouvaient aussi me dire à quel moment je pouvais les emmener. Ils

3 m'ont répondu que je pouvais les amener immédiatement, qu'il n'y avait pas

4 de problème. Donc je l'ai fait. A la fin de leur interrogatoire, j'ai à

5 nouveau escorté, ramené mes beaux-frères chez moi.

6 M. Simic (interprétation). - Est-ce que les enquêteurs vous ont

7 dit quels étaient le résultat de leur enquête ?

8 M. Kvocka (interprétation). - Oui, Nebojisa Tomisic et Nebojica

9 Babic m'ont dit qu'ils n'avaient pas retenu d'informations intéressantes,

10 de renseignements intéressants, qu'ils ne présentaient aucun intérêt pour

11 eux de quelque point de vue que ce soit, mais qu'ils ne pouvaient rien

12 faire d'autre que de me les rendre.

13 M. Simic (interprétation). - C'est la deuxième fois que vous

14 faites part de ces problèmes que vous auriez pu avoir, c'est-à-dire que des

15 gens vous ont dit que vous pouviez avoir des problèmes. Est-ce que vous

16 pourriez vous rappeler qui vous a dit cela et quand ?

17 M. Kvocka (interprétation). - A par ces informations que j'ai

18 reçues de Zeljko Mejakic ou de quelques voisins qui m'ont fait part de la

19 possibilité, pour moi, d'avoir des désagréments, ou bien qu'il y avait une

20 psychose pour ainsi dire, une fois j'ai rencontré un camarade de classe à

21 Omarska.

22 Il avait travaillé avec moi, je me souviens, à Prijedor au début

23 de ma carrière, ensuite il a été transféré à Banja Luka, autour de la date

24 du 12 ou 13 juin, donc nous nous sommes rencontrés au centre d'Omarska.

25 Et puisque cela faisait déjà presque un an que nous ne nous étions

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1 pas rencontrés, nous sommes allés boire un café ensemble, et il m'a

2 expliqué qu'il était venu voir son épouse qui séjournait dans un village

3 près d'Omarska. Il s'agissait du village de Piskavica. Il s'appelait Mikic

4 Jadranko.

5 Donc après une conversation assez brève, une conversation qui

6 portait sur des choses d'ordre général, il est devenu plus sérieux et il

7 m'a dit : "Eh mon camarade de promo (c'est ce qu'il a dit), eh bien, à

8 Banja Luka, dans notre centre de sécurité, on dit du mal de toi, tout

9 simplement tu n'as pas une bonne réputation. On dit que tu es un ennemi

10 pour les Serbes plus grand que les Musulmans puisque tu coopères avec eux".

11 Je sais, il me disait : "Tu les aides à tous points de vue". C'est ce qu'on

12 disait, c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a dit que c'était ce qu'on disait de

13 moi à Banja Luka. Il m'a aussi dit qu'à Banja Luka, on disait que je

14 coopérais avec un autre camarade de classe. Il disait qu'il savait, à Banja

15 Luka, que c'était un tireur embusqué des bérets verts, et qu'on disait donc

16 que moi je collaborais étroitement avec lui, que je l'assistais. Il m'a dit

17 qu'il ne pouvait pas me dire autre chose, que c'était dangereux pour lui

18 déjà ce qu'il a déjà fait. Il m’a juste conseillé d'être prudent puisque

19 les temps étaient difficiles, et il m'a souhaité bonne chance.

20 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, que veut dire ce

21 terme que vous avez employé "klasic", "camarade de promotion" ?

22 M. Kvocka (interprétation). - Ce terme était utilisé par des

23 élèves qui allaient faire leurs études pendant la même année, c'est-à-dire

24 la même classe comme nous disions, puisque c'était une école de police,

25 parce qu'on disait donc qu'ils étaient dans la même classe. Alors c'était

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1 un diminutif, "Klasic", du mot classe.

2 M. Simic (interprétation). - Donc c'était un mot amical ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Oui.

4 M. Simic (interprétation). - Comment cela vous a-t-il affecté ?

5 M. Kvocka (interprétation). - Par rapport à tous les événements

6 qui ont précédé, c'était un choc, un coup additionnel, parce que je pensais

7 que tout ce qui s'était produit auparavant ne concernait que la communauté

8 locale et que toutes les menaces qui étaient proférées à mon égard

9 n'étaient pas vraiment sérieuses. Je ne les prenais pas au sérieux

10 jusqu'alors. Alors j'ai essayé de réfléchir, de voir ce que j'étais en

11 train de faire, qu'est-ce qu'il y avait de si mauvais dans ce que je

12 faisais, dans mes actions, et je ne voyais pas vraiment où était le

13 problème, quelles étaient les raisons pour que l'on dise tout cela de moi,

14 sur mon compte.

15 M. Simic (interprétation) - Monsieur Kvocka, cela va être la

16 dernière question concernant les interrogatoires : qu'avez-vous fait pour

17 résoudre le problème de vos beaux-frères ?

18 M. Kvocka (interprétation) - Après toutes ces informations de

19 renseignements que j'ai reçues, et ainsi qu'au cours de mes conversations

20 avec Zeljki... Car Zeljko m'avait dit : "Je n'ai rien à te dire, tu sais

21 comment est Simo. Si tu veux, va lui poser la question toi-même et tu

22 verras quelle sera sa réponse". Et il m'a dit qu'il ne pouvait pas, il

23 n'osait pas aller le voir pour lui poser une telle question.

24 M. Simic (interprétation) – Connaissiez-vous Simo Drljaca

25 auparavant ?

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1 M. Kvocka (interprétation) - Non, pas avant qu'il ne soit nommé au

2 poste de chef de police.

3 M. Simic (interprétation) - C'était un nouvel employé de police,

4 quelqu'un qui n'a pas travaillé dans la police auparavant ?

5 M. Kvocka (interprétation) - Oui, entièrement.

6 M. Simic (interprétation) - Avez-vous rassemblé votre courage pour

7 aller le voir ?

8 M. Kvocka (interprétation) - Oui.

9 M. Simic (interprétation) - Et pourriez-vous nous dire comment

10 vous lui avez parlé ?

11 M. Kvocka (interprétation) - Un matin, je suis allé voir

12 Simo Drljaca, j'ai réussi à le voir. Après avoir été annoncé par sa

13 secrétaire, je suis rentré dans son bureau et il m'a demandé tout

14 simplement : "Qu'est-ce qu'il y a, Kvocka ?", et j'ai essayé de lui

15 expliquer. J'ai essayé de lui expliquer que j'avais un problème, que je

16 voulais ramener mes beaux-frères chez eux, qu'ils avaient été interrogés

17 par les enquêteurs, qu'on m'avait dit qu'ils n'étaient coupables de rien.

18 Je lui ai donc demandé s'il pouvait émettre une telle permission, un tel de

19 document.

20 Après ce que je lui ai dit, il s’est levé brusquement derrière son

21 bureau et il a dit : "Mais qu'est-ce que tu as Kvocka, qu'est-ce qui

22 t’arrive ? On a l'impression que tu as perdu la tête, que ce sont les

23 Musulmans qui t’ont complètement changé ! Peut-être que tu n'es pas serbe

24 du tout ! Baisse ton pantalon pour que je voie si tu n’es pas musulman,

25 parce que moi, j'en finirais rapidement avec toi s'il n'y avait pas

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1 d'autres personnes, d'autres hommes au SUP qui sont prêts à te défendre".

2 Il m'a dit : "Sors de là et ne viens pas me voir, je ne veux plus te

3 voir !".

4 M. Simic (interprétation) - Que s'est-il passé ensuite ?

5 M. Kvocka (interprétation) - Eh bien, j'ai été choqué par ce qu'il

6 m'a dit, car c'était un dirigeant et moi je n'avais jamais vu une chose

7 pareille au cours de ma carrière. Je suis rentré à Omarska, je suis

8 retourné à mon poste. Donc je suis allé travailler, j'étais de garde,

9 j'étais avec Zeljko.

10 M. Simic (interprétation) - A qui avez-vous parlé de cet

11 événement ?

12 M. Kvocka (interprétation) - J'en ai parlé à mon épouse

13 puisqu'elle m'avait posé des questions. Elle me demandait comment nous

14 allions résoudre cette situation, puisque la situation était vraiment

15 intenable pour nous puisque ses beaux-frères devaient rester sans arrêt

16 dans la maison. Ils n'osaient pas sortir. Et moi, je lui ai dit qu'ils

17 n'allaient pas être libérés de façon légale. Et mes beaux-frères étaient

18 choqués, ils ne savaient que faire. Nous ne voyions pas de sortie de cette

19 situation.

20 M. Simic (interprétation) - Donc vos beaux-frères ont appris

21 cela ?

22 M. Kvocka (interprétation) - Oui, je pense que c'est mon épouse

23 qui leur a appris qu'ils n'allaient pas être libérés.

24 M. Simic (interprétation) - Alors quelle a été la suite des

25 événements par rapport à vos beaux-frères.

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1 M. Kvocka (interprétation) - Je pense que déjà le lendemain, le

2 jour suivant, Zeljko m'avait informé du fait que Dule Jankovic lui avait

3 ordonné d'aller le voir, c'est-à-dire Zeljko et moi, nous devions y aller

4 tous les deux.

5 M. Simic (interprétation) - Vous y êtes allés ?

6 M. Kvocka (interprétation) - Oui. Ce jour, quand il m'avait dit

7 cela, il m'a dit : "Eh bien, écoute, j'ai quelque chose à régler avant,

8 quelques affaires à régler avant et nous irons plus tard". Donc nous sommes

9 allés le voir, nous avons trouvé Dusan Jankovic dans l'immeuble du poste de

10 sécurité de Prijedor.

11 M. Simic (interprétation) - Quelle était cette conversation ? Est-

12 ce que M. Mejakic était présent ?

13 M. Kvocka (interprétation) - Oui, Zeljko été présent. Jankovic

14 nous a dit très brièvement : "Alors Kvocka, où sont tes beaux-frères ?".

15 J'ai dit : "Ils sont chez moi, à Omarska, dans la maison de mes parents",

16 et il m'a dit : "Tu les ramènes au centre d'interrogatoire. Retourne à ton

17 poste. Viens me voir demain matin ici".

18 M. Simic (interprétation) - Qu'avez-vous fait ensuite,

19 Monsieur Kvocka ?

20 M. Kvocka (interprétation) - Je suis retourné chez moi. Je leur ai

21 dit ce que nous devions faire puisque la situation était incertaine. Alors

22 ils se sont mis dans la voiture avec moi, mes trois beaux-frères et moi, et

23 je les ai ramenés au centre d'interrogatoire. C'est là que j'ai trouvé le

24 policier de réserve, Gruban Momcilo. J'avais l'impression que c'était un

25 homme bien, honnête, et je lui ai dit : "Voilà, essaie de les aider, de

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1 faire attention à eux", et je lui ai dit que j’allais passer les voir sans

2 doute de temps en temps.

3 M. Simic (interprétation) - Monsieur Kvocka, était-ce les derniers

4 jours de votre travail au département de police d'Omarska, et donc dans le

5 complexe minier d'Omarska ?

6 M. Kvocka (interprétation) - Ce soir-là, quand je les ai laissés à

7 cet endroit et quand je suis rentré chez moi, c'était le dernier jour de

8 mon travail.

9 M. Simic (interprétation) - Quelle date était-ce ?

10 M. Kvocka (interprétation) - C'était peut-être le 22 ou le

11 23 juin 1992. Si on tient compte du jour où je devais aller voir Jankovic,

12 c'est cela. C'est à peu près ça.

13 M. Simic (interprétation) - Quel était votre statut dans les jours

14 qui ont suivi ? Qu'avez-vous fait ? Comme cela, nous allons terminer ce

15 thème aussi.

16 M. Kvocka (interprétation) - Le lendemain, Jankovic m'avait dit

17 d'aller le voir le lendemain. J'y suis allé, mais sa secrétaire m'a dit

18 qu'il était occupé, qu'il fallait que j'attende un peu et qu'elle allait

19 voir plus tard. Cependant, ce jour-là, il n'était pas là. Donc moi, je suis

20 allé le voir le lendemain, le jour d'après. C'est comme cela que je l'ai

21 appelé encore une fois pendant toute une journée au téléphone. J'ai parlé

22 avec sa secrétaire pour essayer de voir si Dule Jankovic pouvait me voir,

23 pouvait me recevoir. Et cela s'est produit enfin.

24 Un jour, c'était vers la fin du mois de juin, j'ai pu parler

25 brièvement avec lui. Il m'a tout simplement dit de me rendre au poste de

Page 956

1 police de réserve de Tukovi. Il s'agit d'un village de la banlieue, vers

2 Sanski Most, et il m'a dit de voir Dragica Jankovic, qui était commandant

3 de ce poste, pour m’aider.

4 M. Simic (interprétation) - Monsieur Kvocka, je vais donner

5 lecture d'une pièce à conviction que nous avons déjà versée au dossier, à

6 laquelle on a attribué la cote D 13/1 alors que, nous, on a donné la

7 référence D/8. Il s'agit de la lettre datée du 12 mai 1992 et signée par

8 Djenadija, où il est stipulé que Kvocka Miroslav travaillait comme

9 fonctionnaire...

10 Excusez-moi, je vais répéter le texte, mais je préfère que le

11 texte soit d'abord placé sur le rétroprojecteur.

12 Donc le point 2 de la lettre : "Miroslav Kvocka, policier, a

13 travaillé à Omarska jusqu'au 23 juin 1992, au moment où il a passé ses

14 activités pour partir en congés, 7 jours, il a passé en congés jusqu'au

15 30 juin. Par la suite, il est revenu, il est allé rejoindre le poste à

16 Tukovi, le poste de police de Tukovi". Fin de citation.

17 Est-ce une lettre qui correspond ? Est-ce que c'est exact, ce qui

18 est marqué ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Oui, je pense que c'est tout à fait

20 cela. Mais je vois qu'ils prétendent que j'étais en congé pendant 7 jours.

21 J'ai demandé à Jankovic effectivement qu'on revoie un petit peu ce que je

22 devais faire.

23 M. Simic (interprétation). - Mais ce n'était pas le congé pour

24 vous ?

25 M. Kvocka (interprétation). - Non, absolument pas. A cette époque-

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1 là, je me suis posé la question si j'allais être licencié, si,

2 éventuellement, on allait m'incarcérer ou bien même le pire.

3 M. Simic (interprétation). - Mais de toute façon, on ne va pas

4 beaucoup parler de ce poste de police de Tukovi étant donné qu'il est en-

5 dehors de l'acte d'accusation, et de toute façon, ce n'est pas dans le

6 domaine de notre intérêt. C'est tout simplement un certain nombre d'autres

7 questions que j'ai été obligé de vous poser car c'est le premier jour que

8 vous avez commencé à travailler dans ce poste de police. De toute façon

9 l'acte d'accusation limite les chefs d'accusation au 30 juin.

10 Et Maître Niemann, dans son discours liminaire, une fois de plus,

11 a parlé d'une autre période. C'est la raison pour laquelle nous nous posons

12 la question s'il faut ou pas prouver le fait que, le 1er juillet, M. Kvocka

13 a commencé à travailler au poste de police de Tukovi.

14 Par conséquent, l'acte d'accusation modifié normalement ne l'exige

15 pas, mais si nous nous référons au discours liminaire de notre confrère

16 Niemann, à ce moment-là, nous aurions eu cette obligation de le faire.

17 C'est la raison pour laquelle j'ouvre ce débat et, tout

18 simplement, on verra s'il faut ou pas témoigner de ce fait et affirmer ce

19 fait. Est-ce que vous pouvez nous dire maintenant qui était le commandant à

20 Tukovi ?

21 M. Kvocka (interprétation). - Tukovi, pas Omarska ?

22 M. Simic (interprétation). - Oui, à Tukovi.

23 M. Kvocka (interprétation). - C'était Milan Drazic.

24 M. Simic (interprétation). - Est-ce qu’il a été de réserve ou,

25 éventuellement, il était dans l'active de la police ?

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1 M. Kvocka (interprétation). - Dans la réserve.

2 M. Simic (interprétation). - Et qui était son suppléant ?

3 M. Kvocka (interprétation). - Slavko Antonic.

4 M. Simic (interprétation). - Monsieur Antonic. Pourriez-vous nous

5 dire où il a travaillé ? Quel était son statut ? Il était un policier

6 d'active ou un policier de réserve ?

7 M. Kvocka (interprétation). - M. Antonic a également été un

8 policier de réserve et il a travaillé dans une société ou je ne sais pas.

9 Il était aux PTT de Prijedor à l'époque, je pense.

10 M. Simic (interprétation). - Qui était adjoint du commandant du

11 poste de police de Tukovi ?

12 M. Kvocka (interprétation). - C'était Lazar Basrak.

13 M. Simic (interprétation). - Et quel était son statut ?

14 M. Kvocka (interprétation). - Basrak a été un policier d'active.

15 Il était en Croatie et il est venu de Croatie et puis il est venu de

16 Croatie après les événements qui se sont passés là-bas. Il a été obligé de

17 quitter Zagreb, mais il me semble que, pour ce qui concerne Tukovi et le

18 poste de police dont nous parlons, il n'avait pas encore reçu une décision

19 selon laquelle il pourrait travailler comme policier d'active. Je pense

20 qu'il était encore un policier de réserve. Mais je sais qu'il a été

21 policier de par sa profession.

22 M. Simic (interprétation). - Et quel était le statut de Basrak

23 ultérieurement ? Il a travaillé où ? A quel endroit ?

24 M. Kvocka (interprétation). - Il a commencé à travailler par la

25 suite au poste de sécurité publique de Prijedor. Il a travaillé pendant

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1 plusieurs années à ce poste. Tout le long de 1993, 1994, 1995, 1996. Je

2 pense qu'il est même resté à ce poste de sécurité publique même au moment

3 où j'ai été arrêté. Et je parle du poste de sécurité publique de Prijedor.

4 M. Simic (interprétation). - Quelles étaient vos activités au

5 niveau de ce poste, du poste de police à Tukovi ?

6 M. Kvocka (interprétation). - Je n'avais pas des tâches toutes

7 particulières, j'ai tout simplement fait la permanence. Il y avait une

8 salle d'opération, de permanence, qui a été désignée à cet effet, et il

9 fallait tout simplement que je donne un coup de main à Mira Drazic, qui a

10 été chargé des questions administratives car lui, il n'était pas tout à

11 fait formé pour. C'est la raison pour laquelle je l'ai aidé.

12 Et en général, j'étais de permanence ensemble avec eux et puis je

13 rentrais également et, chaque fois, quand je n'étais pas à Tukovi, je

14 rentrais chez moi.

15 M. Simic (interprétation). - Monsieur Kvocka, est-ce que, pendant

16 votre séjour à Tukovi... ou je vais reformuler la question, excusez-moi.

17 Quel était le rapport de la direction du poste de police de Tukovi à votre

18 égard ? Et quel était leur comportement ?

19 M. Kvocka (interprétation). - Mais je n'avais pas beaucoup de

20 problèmes, j'avoue. Ils étaient quand même quelque peu retenus. Ils étaient

21 réservés. Basrak a fait quelques commentaires avec moi, mais ceci, bien

22 évidemment, concernait le secteur policier étant donné que, lui, il était,

23 à Zagreb, agent de police, policier, pendant une longue période, et c'est à

24 peu près à cela qu'on réduisait nos conversations.

25 M. Simic (interprétation). - Jusqu'à quand vous êtes resté à ce

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1 poste de police de Tukovi ?

2 M. Kvocka (interprétation). - Je ne me souviens pas véritablement

3 tout à fait bien. J'en suis désolé, mais je pense que c'était jusqu'au mois

4 de septembre. C'est en septembre, je pense, que j'ai cessé mes activités

5 dans ce poste de police.

6 M. Simic (interprétation). - Quelle est la raison ? Quels sont les

7 motifs ? Pour quel motif êtes-vous parti ?

8 M. Kvocka (interprétation). - Je pense que c'est déjà à ce moment-

9 là qu'on a commencé à parler, que ce poste de police avait cessé de

10 fonctionner. Mes quelques jours auparavant, et quelques personnes avec moi

11 également, nous avons dû assurer une réunion qui a eu lieu à Prijedor et,

12 après cette réunion, je n'ai plus jamais repris mon poste à Tukovi.

13 M. Simic (interprétation). - Mais de quelle réunion parlez-vous ?

14 M. Kvocka (interprétation). - Il s'agissait de l'assemblée

15 conjointe de la Republika Srpska et de la Republika Srpska-Krajina. Il

16 s'agissait d'une réunion de grande envergure, assez importante, de

17 l'époque. Il y avait beaucoup de policiers qui assuraient la sécurité.

18 M. Simic (interprétation). - Mais quelles étaient vos tâches, plus

19 particulièrement ?

20 M. Kvocka (interprétation). - Ma tâche, ma mission, était de

21 rester à l'angle devant un hôtel, et si jamais, par exemple, quelqu'un

22 essayait d'entreprendre quelque chose, qu'il pénètre à l'hôtel ou bien

23 éventuellement qu'il fasse quoi que ce soit, que je l'empêche.

24 M. Simic (interprétation). - Et c'était quel hôtel ?

25 M. Kvocka (interprétation). - L'hôtel Prijedor.

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1 M. Simic (interprétation). - C'est un hôtel du centre ou

2 éventuellement sur la rivière Sana ?

3 M. Kvocka (interprétation). - C'est un hôtel qui est à côté du

4 pont et qui est sur la rive de la rivière Sana.

5 M. Simic (interprétation). - Combien de temps s'est écoulé entre

6 cet événement et le démantèlement du poste de police de Tukovi ?

7 M. Kvocka (interprétation). - Pas beaucoup, mais je ne peux pas

8 vous le dire exactement. Je n'en suis pas sûr. Peut-être quinze jours,

9 éventuellement vingt-cinq. Je ne suis pas précis, donc je ne veux pas ne

10 pas être précis. Compte tenu du fait que moi je n'ai plus regagné le poste

11 de police, pour moi, cela ne m'intéressait plus. Je ne sais pas quand ce

12 poste a été démantelé.

13 M. Simic (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai envisagé

14 que mon interrogatoire principal durera trois ou quatre jours et je pense

15 que ceci se confirme par la manière dont les choses évoluent. Je pense

16 qu'il n'est peut-être pas indispensable que j'ouvre un autre sujet étant

17 donné que nous sommes à la fin de la journée.

18 Je ne sais pas quelle est votre attitude en ce qui concerne la

19 suite. Est-ce que nous nous arrêtons là et nous levons l'audience, ou

20 éventuellement je continue avec d'autres sujets ? Qu'est-ce que vous en

21 pensez, Monsieur le Président ?

22 M. le Président. - Si j'ai bien compris, Maître Simic, vous avez

23 besoin au moins d'un autre jour pour compléter le témoignage de M. Kvocka,

24 c'est cela ?

25 M. Simic (interprétation). - Encore une demi-journée

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1 éventuellement. Je vais encore parler de la manière dont les détenus ont

2 été nourris, quelques questions qui touchent à la santé. Je pense une demi-

3 journée.

4 M. le Président. - Donc, excusez-moi Maître Simic, je m'adresse à

5 Me Fila. Maître Fila, vous êtes prêt pour commencer lundi à la suite de la

6 fin, oui ?

7 M. Fila (interprétation). - Monsieur le Président, oui, je suis

8 prêt. Je peux commencer le lundi. Tout dépendra également de mon confrère

9 Krstan Simic. Ce que je peux promettre, ce que j'ai déjà promis au

10 Procureur, c'est que je ne serai pas long. Au contraire, je serai bref et

11 si M. Radic accepte tout ce qui a été dit par M. Kvocka, il ne faut pas que

12 je repasse par les mêmes sujets. Je ne vais pas poser les mêmes questions :

13 où se trouve Prijedor, où se trouve Omarska, etc. ? Je trouve que ce serait

14 trop long et il faut économiser du temps.

15 M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir, Maître Fila.

16 Donc je crois qu'il est mieux, maintenant, pour l'instant de

17 finir. Nous allons reprendre l'autre sujet que vous avez à traiter le lundi

18 et dès que M. Kvocka aura fini son témoignage, on commencera le témoignage

19 de M. Radic lundi. Donc pour aujourd'hui, on va en rester ici.

20 Comme vous le savez, on n'a pas d'audience demain, donc j'en

21 profite pour vous souhaiter bon travail et un bon week-end.

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23 L'audience est levée à 14 heures 20.

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