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1 jeudi 18 mai 2000.
2 (Audience à huis clos partiel)
3 (L’audience est ouverte à 9 heures 33.)
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22 (Audience publique.)
23 M. le Président: Oui, maintenant, nous sommes en session publique. Vous
24 pouvez continuer, Maître O'Sullivan.
25 M. O'Sullivan (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
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1 Monsieur, vous nous avez dit hier que vous avez reçu une transfusion dans
2 la pièce à Mujo suite à votre transfert depuis le hangar, vous vous en
3 souvenez ?
4 Témoin AI (interprétation): Oui.
5 Q Je pense que vous nous avez dit que le docteur vous a fait une
6 piqûre afin de pouvoir vous administrer cette transfusion ?
7 R. Oui.
8 Q. Votre voisin tenait le flacon à partir duquel cette transfusion
9 a été effectuée ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous serez d'accord avec moi pour dire que votre situation était
12 critique ?
13 R. Oui, tout à fait.
14 Q. Je crois que vous serez aussi d'accord avec moi pour dire
15 qu'avant d'avoir reçu ce traitement votre situation se détériorait
16 progressivement ?
17 R. Oui, c'est exact.
18 Q. Vous serez probablement d'accord avec moi pour dire qu'un
19 certain nombre de facteurs ont contribué à cette situation, d'abord la
20 situation de stress, puis le fait de ne pas avoir eu à manger, à boire,
21 ensuite l'épisode où le gardien vous a cassé les dents et le fait d'avoir
22 passé longtemps à l'extérieur sur la Pista ?
23 R. Oui.
24 Q. Comme vous nous l'avez dit hier, vous avez perdu vos dents
25 pendant que vous étiez sur la Pista ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous nous avez aussi dit qu'au cours du premier mois de votre
3 détention à Omarska, vous avez séjourné sur la Pista ?
4 R. Exact.
5 Q. Depuis la Pista, vous avez été transféré vers le hangar ?
6 R. Oui.
7 Q. On peut dire aussi que, avant d'avoir eté transféré vers le
8 hangar où vous avez perdu connaissance, vous étiez sur la Pista déjà en
9 fort mauvais état ?
10 R. Oui, j'étais en fort mauvais état. Jusqu'au moment où j'ai été
11 battu, cela allait encore, mais après non.
12 Q. Je voudrais passer à un autre sujet maintenant ; il y a quelques
13 instants, vous venez de nous confirmer que vous aviez rencontré les
14 représentants de l'accusation en 1995 et 1998. Il est exact de dire que
15 vous avez dit aux enquêteurs du Bureau du Procureur que, partant de ce que
16 disait la personne que vous avez décrite comme Krle, vous pensiez que
17 cette personne ne venait pas de la municipalité de Prijedor ?
18 R. Oui, c'est l'impression que j'avais, c'est bien cela.
19 Q. Suite à sa façon de s'exprimer, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Avec l'assistance de Monsieur l'huissier, je prierai que l'on
22 montre la pièce à conviction 3/85(D) au témoin, ainsi que la pièce
23 3/85(D1).
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Pouvez-vous placer, je vous prie, les deux documents devant le témoin ?
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 Monsieur, vous avez devant vous un certain nombre de photographies. Il
3 s'agit des pièces à conviction de l'accusation 3/85(D) et 85. Je vous prie
4 de jeter un regard sur toutes ces photographies ; je ne pense pas qu'il
5 soit nécessaire que vous prêtiez attention à la photo n° 4. Je vous prie
6 d'observer les autres visages. Avez-vous observé ces autres visages ?
7 R. Oui.
8 Q. En plus de cette photographie n° 4, vous seriez en mesure de
9 reconnaître encore certaines personnes, n'est-ce pas ?
10 R. Ici, je ne serais pas en mesure de reconnaître quelqu'un
11 d'autre, je n'arrive pas à revenir suffisamment en arrière.
12 Q. Est-ce que l'un de ces visages vous paraît familier, exception
13 faite de la photographie n 4 ?
14 R. Non, il n'y a pas un seul visage familier, il se peut qu'une de
15 ces personnes me soient connues, mais je n’arrive pas à me resituer la
16 chose.
17 Q. De qui parlez-vous, quel numéro ?
18 R. Non, toutes ces photographies me sont inconnues, je ne peux pas
19 vous dire que l'une de ces personnes était là-bas, exception faite de ce
20 numéro 4.
21 Q. Je vous remercie. Les documents peuvent être repris.
22 (L'huissier s'exécute.)
23 Monsieur, hier vous nous avez parlé d'un homme qui a été abattu et vous
24 l'avez décrit comme une personne qui était devenue un petit peu folle ?
25 R. Oui, à mon avis c'était à peu près la réaction d'une personne
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1 qui avait perdu la raison.
2 Q. Vous êtes arrivé à Omarska le 30 mai, n'est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Vous avez témoigné que les coups de feu sont survenus plus d'un
5 mois après votre arrivée là-bas ?
6 R. Je pense que c'était à peu près ainsi.
7 Q. Vous serez d'accord avec moi pour dire que vous aviez mentionné
8 trois dates différentes, concernant le jour où il y avait eu cet incident
9 où l'on avait tiré des coups de feu ?
10 R. C'est possible, d'abord il s'est passé beaucoup de temps depuis
11 et là-bas nous avions perdu la notion du temps, donc, pour ce qui me
12 concerne, je n'arrive pas à me souvenir des dates.
13 Q. En 1995, vous avez dit à l'accusation lors de l'interview que
14 cela est arrivé le 24 juillet, n'est-ce pas ?
15 R. Il se peut que je l'ai dit, mais je m'efforce d'oublier cet
16 incident et psychiquement cela est un fardeau pour moi. Quand j'ai dit
17 cela, il s'était pas écoulé deux ou trois ans et maintenant il s'est
18 écoulé beaucoup plus de temps et je ne veux pas me lier avec l'énoncé de
19 certaines dates.
20 Q. En 1998, lorsque vous avez eu une rencontre avec les
21 représentants du Bureau du Procureur, vous avez dit que cela avait eu lieu
22 20 jours après votre arrivée, donc ce serait le 20 juin ?
23 R. Il se peut que je l'ai dit, je sais que cela est arrivé là-bas,
24 j'étais présent, je ne peux pas me souvenir de la date.
25 M. le Président: Le témoin vous a répondu, vous insistez, passez à une
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1 autre question s'il vous plaît.
2 M. O'Sullivan (interprétation): Monsieur, vous avez fourni des détails
3 différents concernant la personne que vous avez dit avoir été abattue,
4 n'est-ce pas ?
5 R. Eh bien à mon avis, il se peut que je l'ai fait, je ne
6 connaissais pas la personne, je ne sais pas s'il était de Skela ou de
7 Kozarac, mais tel que j'ai vu l'événement, j'ai toujours relaté
8 l'événement de la même façon et c'est ainsi que cela est arrivé.
9 Q. En 1995, quand vous avez dit qu'il venait de Kozarac, vous vous
10 étiez trompé, n'est-ce pas ?
11 R. Il se peut qu'il soit originaire de Kozarac ou de Skela, je ne
12 sais pas de nos jours encore d'où venait cette personne car je ne la
13 connaissais pas.
14 Q. Mais en 1998, lorsque vous vous êtes entretenu avec les
15 représentants du Bureau du Procureur, vous avez dit que vous vous étiez
16 trompé au sujet de l'origine de ce monsieur, à savoir Kozarac ?
17 M. le Président: Vous insistez, le témoin a répondu. Madame Hollis ?
18 Mme Hollis (interprétation): Monsieur le Président, en sus, l'accusation
19 voudrait faire objection concernant la question qui conduit de mauvaise
20 façon le témoin. A la page 6 de 1998, on dit : "que la personne, qui avait
21 été tuée par Krle, était de Kozarac, je n'ai pas dit cela", donc il ne dit
22 pas qu'il y avait une erreur en 1998 mais il a dit que cela n'avait pas
23 été déclaré par lui, cela se trouve d'ailleurs à la page numéro 6, au
24 paragraphe 6 également.
25 M. le Président: Monsieur O'Sullivan, je comprends que vous avez préparé
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1 votre interrogatoire dans une certaine séquence, mais il faut éliminer la
2 deuxième partie de votre séquence dès que vous avez la réponse du témoin,
3 donc nous ne devez pas insister. Passez à une autre question, s'il vous
4 plaît.
5 M. O'Sullivan (interprétation): Monsieur le Président, Mme Hollis a
6 soulevé à juste titre le fait que le témoin avait déclaré que cela n'était
7 pas exact. J'ai demandé au témoin s'il s'était trompé en effet ; c'était
8 la base même de ma question.
9 M. le Président: Poursuivez, Maître O'Sullivan.
10 M. O'Sullivan (interprétation): Monsieur, ma question est la suivante :
11 quand vous avez dit à l'accusation qu'il s'agissait de Kozarac, est-ce que
12 vous étiez trompé ?
13 Mme Hollis (interprétation): Je fais objection, Monsieur le Président,
14 dans la déclaration datant de 1990, il est bien dit que le témoin a bien
15 dit qu'il n'avait jamais mentionné Kozarac ; il apparaît maintenant qu'il
16 l'avait dit et qu'il s'était désisté par la suite.
17 M. O'Sullivan (interprétation): Monsieur, je voudrais vous rappeler ce que
18 vous aviez déclaré en 1995, je vous cite parlant de cette victime : "Il
19 venait de Kozarac", c'est ce que vous avez dit dans votre déclaration en
20 1995. Ma question est la suivante : est-ce que vous êtes trompé en le
21 disant ?
22 Témoin AI (interprétation): Je vous dis à nouveau que je ne me souviens
23 pas d'avoir mentionné cela, il s'agit peut-être d'une erreur ; même de nos
24 jours, je ne sais pas d'où venait cet homme, cela ne m'intéressait même
25 pas. C'était la première fois de ma vie que je voyais quelqu'un être
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1 abattu devant moi, c'était une situation de très grand stress en ce qui me
2 concerne.
3 Q. Bien. Monsieur, j'affirme la chose suivante : vous avez vu Krle
4 à Omarska pendant que vous étiez là-bas, mais vous vous êtes trompé en
5 disant qu'il avait tiré sur quelqu'un. Est-ce que vous acceptez cette
6 possibilité ?
7 R. Non, selon ma conviction non, car il était sorti 5 ou 6 minutes
8 après, donc l'homme s'avançait vers lui, Krle s'avançait vers lui, je l'ai
9 vu lever son fusil et tirer. D'après ce que j'ai pu voir, c'est Krle qui a
10 tiré.
11 Q. Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le Président.
12 M. le Président: Merci beaucoup, Maître O'Sullivan. A la suite, Maître
13 Krstan Simic.
14 (Contre-interrogatoire du témoin AI par Me K. Simic.)
15 M. K. Simic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Madame et
16 Monsieur les juges, je vous remercie. Monsieur AI, vous avez longuement
17 parlé hier et je pense qu'il est nécessaire de clarifier certains points.
18 Vous avez dit tout à l'heure en vous entretenant avec M. O'Sullivan que
19 vous ne vous souvenez pas des dates, compte tenu des circonstances, chose
20 qui est tout à fait compréhensible ; toutefois, je vous prierai -étant
21 donné que les dates sont importantes et sont placées au service de la
22 vérité et donc au service de la justice- de faire un effort supplémentaire
23 et d'essayer de situer certains événements de la façon la plus proche
24 possible dans les dates ou périodes.
25 Témoin AI (interprétation): Je m'efforcerai de le faire malgré les
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1 problèmes psychologiques que j'ai, je m'efforce d'oublier tout ceci.
2 Q. Vous avez dit hier que vous êtes arrivé à Omarska le 30 mai 1992
3 tard dans la soirée, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous avez aussi dit que vous étiez arrivé en autocar ?
6 R. Oui, nous sommes arrivés en autocar de la société Auto-
7 Transport.
8 Q. Bien. Le moment venu, nous parlerons des détails, cela nous
9 permettra d'être plus efficaces, si voulez bien. Combien y avait-il
10 d'autocars dans la colonne avec laquelle vous êtes arrivé ?
11 R. D'après ce que j'arrive à me rappeler, il y avait trois
12 autocars, les autocars allaient et venaient, mais quand j'entrais, il y
13 avait 3 autocars et mon autocar était le deuxième.
14 Q. Au départ, il y avait trois autocars ?
15 R. Quand j'entrais.
16 Q. Quand vous entriez ? Après, d'autres autocars arrivaient ?
17 R. Oui.
18 Q. Nous pouvons tomber d'accord sur le fait que votre autocar était
19 le second ?
20 R. Oui, le second.
21 Q. Qui vous accompagnait ? Qui vous escortait dans l'autocar ?
22 R. Je pense avoir reconnu la personne, il s'appelait Drajo, il
23 était dans l'autocar et c'est la chose dont je me souviens. Il était
24 chauffeur.
25 Q. Est-ce que vous étiez accompagné par plusieurs personnes ou une
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1 seule ?
2 R. Il y avait plusieurs personnes, mais c'est la seule que j'ai pu
3 voir car, quand nous sommes entrés, j'ai du baisser la tête.
4 Q. Combien étaient-ils ?
5 R. Ils devaient être 3 ou 4. Ils étaient à côté de la porte, le
6 chauffeur était au volant, c'est lui que j'ai remarqué et que je pense
7 avoir reconnu, le chauffeur était de Prijedor. Autour, il y avait d'autres
8 soldats.
9 Q. Ces personnes étaient en uniforme ?
10 R. Draja était en uniforme de police.
11 Q. Police civile ou militaire ?
12 R. C'était un uniforme bleu, non pas de camouflage, mais un
13 uniforme ordinaire bleu clair de la police régulière.
14 Q. Quand vous êtes arrivé à Omarska, vous avez dit que votre
15 autocar s'était arrêté au niveau de la pièce à Mujo ?
16 R. Oui.
17 Q. A ce moment, y avait-il d'autres autocars devant le vôtre ?
18 R. Non, il n'y en avait pas. Avant que nous arrivions à Omarska,
19 notre autocar s'était arrêté devant le SUP. Une personne est sortie et
20 revenue, nous avons continué et j'ai pu constater qu'en fonction de la
21 distance que nous avions traversé, je pense que cela devrait être le SUP,
22 mais je ne l'ai pas vu. Nous avons donc poursuivi dans une direction
23 inconnue et nous sommes arrivés à Omarska. Quand je suis arrivé, je n'ai
24 vu que mon autocar.
25 Q. Je vous prierai d'essayer de répondre de façon précise aux
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1 questions et, si cela est important, vous pouvez compléter.
2 R. Je ne sais pas si cela est important. Je sais que notre autocar
3 s'était arrêté à un endroit, mais je ne sais pas quelle importance cela
4 peut avoir.
5 Q. Je vous remercie. Je n'ai pas reçu de réponse à ma question
6 précédente, à savoir : y avait-il d'autres autocars devant le vôtre quand
7 vous vous êtes arrêtés à Omarska au niveau de la pièce à Mujo ?
8 R. Selon mes souvenirs, il n'y avait que mon autocar. C'est ce que
9 j'ai pu voir à ce moment-là, l'autocar d'où je suis sorti.
10 Q. A ce moment-là, à Omarska, il y avait votre autocar ?
11 R. Oui, le nôtre. Après, il en est arrivé d'autres, ils sont
12 repartis et ainsi de suite.
13 Q. Je vous remercie. Qu'est-il arrivé avec l'autocar qui était
14 devant vous ? Où a-t-il terminé ? Où a-t-il fini ?
15 R. Je n'en sais rien.
16 Q. Vous ne le savez pas. Vous avez dit hier que, lorsque vous êtes
17 sorti de là, on a procédé à une fouille de toutes les personnes amenées,
18 que l'on avait établi une liste, que certains se sont vus priver d'objets
19 de valeur, c'est exact ?
20 R. Oui, c'est exact.
21 Q. Qui procédait à cette fouille, les gens qui vous accompagnaient
22 ou d'autres personnes ?
23 R. J'ai bien dit que nous étions le dos tourné vers le mur. Nous ne
24 pouvions donc pas voir et nous n'avions pas le droit de regarder qui nous
25 fouillait.
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1 Q. Merci. Qui a fait la liste des personnes présentes ? Vous deviez
2 le voir.
3 R. Je ne connaissais pas cet homme, il avait une uniforme bleu, il
4 inscrivait nos noms et prénoms, mais je ne sais pas de qui il s'agissait.
5 Q. A l'occasion de votre séjour ultérieur à Omarska -et vous y avez
6 passé quelque 66 jours-, vous avez pu revoir cet homme en sa qualité de
7 membre de la police d'Omarska, en qualité de garde ?
8 R. Je ne me souviens pas l'avoir revu, mais j'avais très peur à
9 l'époque.
10 Q. Merci. Tout à l'heure, à deux reprises, vous avez parlé des
11 uniformes. Hier, vous avez dit que vous aviez été membre de l'armée, que
12 vous aviez eu le grade de caporal. Est-ce que cela veut dire que vous vous
13 y connaissez en ce qui concerne les uniformes ?
14 R. Je peux les reconnaître, je peux dire oui.
15 Q. Il existe une différence entre les uniformes de police et
16 militaires, n'est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. En ce qui concerne cette différence, peut-on dire qu'elle est
19 telle qu'elle permet même aux citoyens normaux de les reconnaître ?
20 R. Oui, bien sûr que oui, car la police portait des chemises bleu
21 clair et pantalons bleu foncé alors que l'uniforme de l'armée militaire
22 est vert olive. Les citoyens peuvent voir la différence.
23 Q. Merci. Vous avez parlé de l'uniforme de camouflage militaire et
24 de police, hier ?
25 R. Oui.
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1 Q. Y avait-il une différence entre les uniformes de camouflage de
2 police et militaire ?
3 R. A mon avis oui, j'ai déjà mentionné que l'uniforme de camouflage
4 militaire était plutôt vert et l'uniforme de camouflage de police était
5 plutôt bleu.
6 Q. Merci. Vous avez fait votre service militaire ?
7 R. Oui.
8 Q. Y avait-il une police au sein de l'armée ?
9 R. Oui, il y avait une police et je savais que…
10 Q. Merci, nous n'allons pas entrer dans les détails. Nous les
11 citoyens normaux, surtout ceux d'entre nous qui avons fait notre service
12 militaire, il faut savoir que 90 % des hommes l'ont fait, comment est-ce
13 que nous pouvions faire la différence entre un policier civil et militaire
14 lorsqu'on les voyait ?
15 R. Eh bien le policier militaire portait normalement un ceinturon
16 blanc et il portait l'uniforme de police.
17 Q. Très bien, donc les policiers militaires portaient un ceinturon
18 blanc ?
19 R. Oui.
20 Q. Merci. Je souhaite vous poser quelques questions concernant
21 M. Kvocka et son uniforme. Vous avez dit que la première fois que vous
22 l'avez vu à Omarska, il portait un uniforme bleu de police ?
23 R. Je n'ai pas dit nécessairement les mots, l'uniforme normal, mais
24 j'ai parlé de l'uniforme de camouflage.
25 Q. Vous avez parlé de l'uniforme de camouflage de police ?
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1 R. Oui, c'est ce que je pensais, je croyais que c'était un uniforme
2 de police.
3 Q. A-t-il porté cet uniforme jusqu'à son départ d'Omarska ?
4 R. Je ne suis pas sûr.
5 Q. Oui ou non ?
6 R. Je ne suis pas sûr, mais je pense que oui.
7 Q. Je souhaite parler d'un autre sujet concernant le départ de
8 M. Kvocka. Savez-vous pourquoi il est parti d'Omarska ?
9 R. Je ne sais pas.
10 Q. Vous ne savez pas ?
11 R. Non, je ne sais pas, je n'ai pas appris.
12 Q. Nous allons reparler de votre arrivée dans le camp d'Ormaska,
13 dans la soirée du 30 mai 1992. Lorsqu'on vous a fouillé et qu'on a dressé
14 une liste de vos noms, où est-ce qu'on vous a placé tout d'abord depuis
15 les autocars ?
16 R. Sur la Pista, entre les restaurants et….
17 Q. Nous allons parler plus clairement de la Pista sur la base des
18 photos tout à l'heure. Y a t-il eu des gens sur la Pista au moment où vous
19 êtes arrivé ?
20 R. Oui.
21 Q. Combien ?
22 R. Je ne peux pas vous dire le nombre ?
23 Q. Une appréciation ?
24 R. Il y avait entre 50 et 100 personnes, je ne suis pas sûr.
25 Q. Pendant que vous étiez sur la Pista, que faisiez-vous ?
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1 R. Bien sûr, j'étais assis.
2 Q. Très bien, vous étiez assis donc ?
3 R. Oui.
4 Q. Avez-vous vu l'arrivée de nouveaux autocars ? Combien de cars
5 sont venus, combien de personnes ?
6 R. Je n'ai pas pu compter les autocars, après il y en a eu qui sont
7 venus. Les gens étaient tabassés, on entendait des cris.
8 Q. Je vous demande le nombre d'autocars ?
9 R. Je ne peux pas vous le dire, je ne faisais pas attention à ce
10 genre de choses.
11 Q. Normalement dans un autocar, il y avait combien de personnes ?
12 R. Cela dépend.
13 Q. Normalement ?
14 R. 40 à 50, cela dépend des autocars, il faut le savoir.
15 Q. Où allaient ces nouveaux venus, ces personnes qui venaient avec
16 ces autocars ?
17 R. Il y en a qui s'approchaient de nous et il y en a qui allaient
18 dans d'autres pièces, mais je ne pouvait pas vraiment suivre la situation
19 en détails, moi je ne comprenais pas du tout où j'étais à ce moment-là, je
20 ne savais même pas que j'étais à Omarska, c'était la première fois que
21 j'étais venu à Omarska et je ne prêtais pas attention à toutes sortes de
22 détails.
23 Q. Hier, j'ai réagi quand vous avez déclaré quelque chose, plutôt
24 présenté les choses d'une certaine manière. Maintenant je vais essayer de
25 clarifier mon attitude et clarifier ce point, puisque c'est par le biais
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1 du contre-interrogatoire qu'il faut résoudre ce genre de situation. Vous
2 avez dit qu'en ce qui concerne ces autocars qui sont venus par la suite,
3 que deux voisins sont sortis des autocars dans un état où on voyait qu'ils
4 avaient déjà été tabassés et qu'ils ont dit que ceci s'était produit dans
5 la police ?
6 R. Oui.
7 Q. Dites-nous les noms.
8 R. Ismet Ohic et Hamdija Brkic.
9 Q. Amir Brkic ?
10 R. Hamdija Brkic.
11 Q. Où est-ce qu'on les a placés ?
12 R. Ecoutez, nous, on était déjà là, on était dans le dortoir de
13 Mujo. Moi, j'y étais, dans le dortoir de Mujo, à ce moment-là.
14 Q. Attendez, s'il vous plaît. A ce moment-là, vous étiez dans le
15 dortoir de Mujo ?
16 R. Oui.
17 Q. Attendez, je sais qu'on vous y a emmené. Comment est-ce que vous
18 avez pu voir que, quand ils sont sortis du car, ils avaient été tabassés
19 déjà ?
20 R. Parce qu'ils m'ont dit que le car s'était arrêté devant le poste
21 de police.
22 Q. Hier, vous avez dit que vous avez pu voir qu'ils avaient été
23 passés à tabac lorsqu'ils sont sortis de l'autocar.
24 R. Je ne l'ai pas dit.
25 Q. Si, vous l'avez dit.
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1 R. Non.
2 Q. Très bien. Je souhaite revenir à une question que Mme Hollis
3 vous a posée, la ligne 24 de la page 48 du transcript. Je cite : "C'est
4 ainsi que j'ai compris sa déclaration. Je crois qu'il nous a dit le nom."
5 Je m'excuse, je me suis perdu un peu dans le transcript. Je reprends.
6 Madame Hollis a dit qu'ils sont entrés dans le dortoir et qu'ils ont été
7 passés à tabac. Moi, j'ai donc tiré la conclusion qu'eux, ils ont été
8 tabassés dans le dortoir de Mujo. C'était le cas ou non ?
9 R. Non.
10 Q. D'accord, ces deux personnes sont donc venues dans le dortoir de
11 Mujo, c'était votre premier contact avec eux. A ce moment-là, ils vous ont
12 dit qu'ils avaient été passés à tabac dans le poste de police, le SUP ?
13 R. Oui, dans le SUP.
14 Q. Ce soir-là, est-ce que quelqu'un d'autre a été passé à tabac
15 dans le dortoir de Mujo ?
16 R. Non.
17 Q. (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 R. Je ne me souviens pas s'il y était, car je suis venu assez tard.
21 Q. Est-ce que vous connaissez bien Half Berek et l'enseignant
22 M. Oklopcic ?
23 R. Je le connais puisqu'il était un joueur de football et je
24 regardais cela.
25 Q Est-ce que lui se trouvait avec vous dans le dortoir de Mujo le
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1 30 mai 1992 ?
2 R. Encore une fois, je ne me souviens pas si on était ensemble car,
3 à ce moment-là, on ne se voyait pas tous, on n'était pas tous ensemble.
4 Q. Vous ne savez donc pas si vous l'avez vu ?
5 R. Je ne sais pas.
6 Q. Vous avez dit que vous vous êtes échappé du dortoir de Mujo ?
7 R. Mais non.
8 Q. Pardonnez-moi, j'ai employé une image figurative, je sais que
9 vous ne vous en êtes pas échappé. Monsieur, combien de temps avez-vous
10 passé sur la Pista après votre sortie de l'autocar et la fouille, etc.,
11 avant le moment où M. Kvocka s'est adressé à vous, comme vous le dites.
12 R. Je pense que j'ai passé environ deux heures sur la Pista.
13 Q. Avant cela, l'aviez-vous jamais vu ?
14 R. Non.
15 Q. Donc vous serez d'accord avec moi pour dire que la première fois
16 que vous avez vu M. Kvocka, c'était d'après votre déclaration lors de ce
17 contact sur la Pista ?
18 R. Oui.
19 Q. M. Kvocka, comment s'est-il adressé à vous, a-t-il seulement
20 parlé à vous ou à ces 200, 300 personnes ?
21 R Je me souviens qu'il s'est présenté, puis...
22 Q. Je demande comment. Il s'est adressé à tout le monde ou à vous ?
23 R. Il s'est adressé à tout le monde, il a dit que tout allait bien
24 se passer, qu'on allait être interrogés et qu'on allait rentrer chez nous.
25 Q. Merci. Hier, vous avez dit à la page 48 : "C'est ainsi que j'ai
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1 compris cette déclaration, je crois qu'il a dit son nom, mais je ne suis
2 pas sûr, mais peu importe. Par la suite, j'ai appris qu'il s'appelait
3 Kvocka." Monsieur AI, êtes-vous sûr, compte tenu de ce doute que vous avez
4 mentionné vous-même en répondant à la question de Mme Hollis, qu'il s'est
5 présenté en disant son nom et son prénom, car vous dites : "Par la suite,
6 j'ai appris son nom" ?
7 R. Il s'est présenté, Kvocka, mais je ne prêtais pas tellement
8 attention et j'ai pu reconnaître son visage, j'ai pu remarquer son visage.
9 Il s'est présenté et, après, j'ai appris que c'était Kvocka, mais je ne
10 sais pas si dès le début il avait dit son nom et son prénom.
11 Q. Vous avez dit tout à l'heure : "Je n'avais pas remarqué son
12 image" ?
13 R. Je l'ai remarqué, mais je n'ai pas pu m'en souvenir.
14 Q. Vous l'avez donc remarqué, mais vous ne pouviez pas vous en
15 souvenir ?
16 R. Oui, on peut dire comme cela.
17 Q. Merci.
18 R. Je sais, c'est cet homme là.
19 Q. Vous avez déjà dit qu'au cours du mois d'août 1995, vous avez
20 donné une déclaration au représentant de ce tribunal ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que la personne qui a recueilli votre déclaration s'est
23 présentée à vous en disant son nom, son prénom et sa fonction ?
24 R. C’est possible qu'il se soit présenté, mais je ne m'en souviens
25 pas.
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1 Q. Il s'est présenté ?
2 R. Je crois.
3 Q. Et sa collaboratrice s'est-elle présentée ?
4 R. Non, elle ne s'est pas présentée, à un moment elle est entrée et
5 sortie.
6 Q. Elle entrée et sortie ?
7 R. Oui.
8 Q. Ce jour-là, Monsieur AI, combien de temps avez-vous discuté avec
9 M. Grant Niemann, c'est moi qui vais citer le nom, il s'agit d'un juriste
10 très calé. Pendant combien de temps avez-vous parlé de tout cela ?
11 R. Pas longtemps.
12 Q. Combien de temps ?
13 R. 20 minutes, une demie heure, je ne sais pas très exactement
14 pendant combien de temps j'ai passé là-bas, mais de toute façon cela n'a
15 pas duré tant que cela.
16 Q. Nous pouvons dire que vous avez parlé par avec M. Niemann
17 pendant environ 20 minutes et, pendant cette période, votre déclaration a
18 été traduite, imprimée, ensuite elle a été lue en anglais ? Vous avez
19 signé ?
20 R. Excusez-moi.
21 Q. Permettez-moi de terminer. Vous avez même…
22 M. le Président: Je crois que vous enlevez des conclusions. Posez les
23 questions au témoin. Combien de temps a duré… Je disais : posez des
24 questions, vous êtes en train d'enlever des conclusions, le témoin vous a
25 répondu qu'il a passé 20 minutes dans l'interview, laissez les conclusions
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1 pour la fin, posez les autres questions, sinon vous allez argumenter avec
2 le témoin.
3 M. K.Simic (interprétation): Merci.
4 Témoin AI (interprétation): Excusez-moi, je dois dire quelque chose. Quand
5 il m'a posé la question, je croyais qu'il me parlait des enquêteurs à
6 Omarska, c'est pourquoi j'ai dit une demi-heure, je n'avais pas compris la
7 question. Je dois vous dire cela tout de suite, je pensais qu'on parlait
8 des enquêteurs à Omarska.
9 M. le Président: Maître Simic va vous poser à nouveau la question pour
10 éclaircir votre réponse.
11 M. K Simic (interprétation): Monsieur AI, combien de temps ont duré les
12 discussions entre vous et M. Niemann le 16 août 1995 ?
13 R. Je ne sais pas avec exactitude, c'était assez long, mais je ne
14 peux vous le dire très exactement.
15 Q. Est-ce que vous pouvez dire à peu près : une journée de
16 travail ?
17 R. Peut-être pas toute une journée de travail, mais le temps passe
18 vite quand on discute comme cela, un certain temps s'est écoulé, mais tout
19 à l'heure je croyais que vous parliez de l'interrogatoire à Omarska.
20 Q. J'accepte votre explication. Nous parlons donc du mois d'août
21 1995, 3 ans après les événements malheureux qui se sont produits à
22 Omarska. Est-ce à ce moment-là, vous vous souveniez mieux, avec plus de
23 détails, plus complètement d'événements, compte tenu du fait qu'une
24 période plus courte s'était écoulée ?
25 R. Je suppose que logiquement je devrais m'en souvenir mieux à
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1 l'époque.
2 Q. Je demanderai que l'on remette au témoin la déclaration du 7
3 août 1995 et que l'on remette aussi aux Juges de la Chambre une copie en
4 anglais.
5 (L'huissier s'exécute.)
6 M. le Président: Ce n'est pas la peine de continuer, il faut savoir quelle
7 est la cote de cette pièce.
8 M. K Simic (interprétation): Monsieur le Président, pour le moment nous ne
9 faisons que présenter cette pièce à conviction et c'est par la suite que
10 nous déciderons si nous allons proposer que ce soit versé au dossier,
11 compte tenu de notre discussion avec le témoin. Hier vous avez dit qu'on
12 allait attribuer la cote à la fin, mais d'après nous, il s'agit là de la
13 pièce à conviction D59, mais ceci n'a toujours pas reçu officiellement une
14 cote parce que pour le moment, il s'agit d'un document que nous présentons
15 à ce stade. De toute façon, pour faciliter les choses, je peux dire que
16 nous proposerons le versement au dossier de ce document, donc je propose
17 qu'une cote lui soit attribuée par le greffe.
18 M. le Président: J'ai dit hier que nous allons discuter l'admissibilité et
19 le versement au dossier à la fin, mais quand nous travaillons avec un
20 document, on doit identifier le document, c'est pourquoi je demande à Mme
21 la greffière de nous dire quelle est la cote de ce document. S'il va être
22 versé ou non, c'est une autre question, sinon vous parlez d'un papier et
23 nous ne savons pas quel est le papier que vous avez utilisé. Si nous
24 donnons maintenant une cote, le document est déjà identifié, s'il est
25 versé ou non à la fin, s'il est admis ou non, c'est une autre question.
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1 Madame la greffière, quelle est la cote pour ce document ?
2 M. K. Simic (interprétation): D.5-59
3 Mme la greffière (interprétation): Il s'agit de la pièce à conviction
4 D25/1.
5 M. le Président: Vous avez la cote D25/1 et maintenant vous mentionnez le
6 document par la cote et nous savons tous de quoi nous parlons. Vous pouvez
7 continuer, excusez-moi, Maître Simic.
8 M. K. Simic (interprétation): Monsieur AI, s'il vous plaît, veuillez
9 examiner la page 2, j'ai souligné en vert la partie dont je souhaite
10 parler avec vous. Lors de votre entretien avec M. Niemann, paragraphe 4,
11 vous dites :"Certains des gardes d'Omarska dont je me souviens étaient
12 Kvocka -ce qui veut dire "poule"-, "Pop" -ce qui veut dire "prêtre"-,
13 "Ckalja" un chef d'équipe, Krkan, Zeljko Meakic -le commandant du camp-,
14 Zoran Zigic, Dusko Tadic, Slobodan Dosen, ainsi que Vojvoda -qui veut dire
15 "Duc"-, Sasa Stjepic, qui venait seulement de temps en temps". Avez-vous
16 pu suivre cette déclaration ?
17 R. Oui.
18 Q. Cette déclaration, est-ce qu'elle vous a été lue clairement ?
19 R. Oui, elle a été lue.
20 Q. Merci. Je demanderai qu'on me remettre de nouveau la copie en
21 anglais, j'avais oublié de demander quelque chose. Pourriez-vous remettre
22 cela au témoin ?
23 (L'huissier s'exécute.)
24 M. le Président: Entre-temps, je dois profiter de l'interruption pour vous
25 dire que c'est bien le fait d'avoir souligné le paragraphe que vous
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1 travaillez, c'est une bonne procédure pour le futur, on identifie tout de
2 suite le fait d'avoir souligné. C'est bien, vous pouvez continuer, merci
3 beaucoup.
4 M. K. Simic (interprétation) : Monsieur AI, est-ce que M. Niemann, en tant
5 que personne responsable et compétente, vous a demandé après la lecture de
6 la déclaration préalable d'apposer vos initiales à côté de la correction
7 du nom Zeljko Meakic ? Regardez en anglais, s'il vous plaît ?
8 Témoin AI (interprétaion): Il s'agit de mes initiales à moi.
9 Q. Très bien, merci. Zeljko n'était pas écrit de manière
10 appropriée. Le seul problème était la manière dont on avait épelé le nom
11 de M. Zeljko Meakic.
12 Merci, je n'ai plus besoin du document. Puisque nous avons parlé dans ce
13 paragraphe de votre déclaration que vous avez faite de façon libre et
14 volontaire, vous avez donc mentionné M. Kvocka comme étant le chef
15 d'équipe dont vous vous rappelez ou le garde dont vous vous souvenez. Je
16 vais donc poursuivre avec les questions concernant Kvocka.
17 Savez-vous si M. Kvocka avait de la parenté à Omarska, des membres de sa
18 famille ?
19 R. Il y avait également un garde comme Kvocka.
20 Q. Est-ce que vous savez à qui Kvocka était marié ?
21 R. J'ai su par la suite qu'il était marié avec Skalja.
22 Q. Savez-vous de quelle nationalité était son épouse ?
23 R. D'après les rumeurs qu'on entendait au camp, je le savais.
24 Q. Monsieur AI, savez-vous s'il y avait de la parenté ou des
25 membres de la famille de l'épouse de Kvocka ?
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1 R. Je ne sais pas s'il y en avait, je ne sais pas s'il n'y en avait
2 pas.
3 Q. Connaissez-vous quelqu'un dénommé Trta ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que vous avez fait une déclaration selon laquelle vous
6 avez entendu parler de M. Trta, qu'à Omarska il y avait aussi les frères
7 de l'épouse de M. Kvocka ?
8 R. J'ai pu le déclarer.
9 M. le Président: Une objection, Maître Nikolic ?
10 M. Nikolic (interprétation): A la demande de la défense, le témoin a dit
11 de quelle nationalité l'épouse était, mais nous ne le voyons pas sur la
12 transcription.
13 M. K. Simic (interprétation): Très bien. De quelle nationalité était
14 l'épouse de M. Kvocka ?
15 Témoin AI (interprétation): D'après ce que j'ai compris, elle était
16 d'origine musulmane.
17 M. le Président: Merci beaucoup, Maître Nikolic.
18 M. K. Simic (interprétation): Puisque nous en sommes encore à parler de
19 M. Kvocka, j'aimerais éclaircir quelques détails ; dans une des
20 déclarations, vous avez mentionné que M. Kvocka se présentait de temps en
21 temps à Omarska dans une Mercedes blanche.
22 R. Je crois que c'était une Mercedes blanche.
23 Q. Pouvez-vous décrire le type ?
24 R. C'était une Mercedes de l'ancien modèle, type SDS, ce n'était
25 pas le nouveau modèle.
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1 Q. Monsieur le témoin, nous parlons de 1992, du modèle 200D ? Il y
2 a donc ce nouveau modèle, c'est un vieux modèle ?
3 R. Oui, c'est exact, une Mercedes classique.
4 Q. Mon assistant s'y connaît mieux, il dit que c'était le modèle
5 123. Est-ce bien cela ?
6 R. Je ne m'y connais vraiment pas, je ne sais pas exactement.
7 Q. Revenons maintenant aux dix premiers jours de votre séjour ;
8 vous avez déclaré que pendant la première quinzaine de jours on ne
9 maltraitait pas les gens, que les gens se portaient même volontaire pour
10 aller à l'interrogatoire, que certaines personnes allaient être libérées
11 et repartaient la maison. Est-ce exact ?
12 R Oui.
13 Q. Pourriez-vous essayer d'évaluer le nombre de personnes qui ont
14 été libérées et à qui on a permis de rentrer à la maison ?
15 R. Je ne peux pas vous le dire exactement, il est vrai que de temps
16 en temps certaines personnes pouvaient revenir à la maison...
17 Q. Pouvez-vous nous dire si tout le monde pouvait repartir à la
18 maison ?
19 R. Je ne peux vous donner une évaluation exacte ; il est vrai qu'au
20 début certaines personnes pouvaient retourner à la maison ; je ne sais pas
21 si les gens retournaient vraiment à la maison, je sais seulement qu'ils
22 pouvaient quitter le camp.
23 Q. Ils repartaient du camp, vous croyez qu'ils revenaient à la
24 maison, on ne sait pas où ils allaient ?
25 R. Oui, c'est ce qu'on croyait à l'époque.
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1 Q. Vous avez parlé longuement du fait que vous avez vu des cadavres
2 à Omarska. En tenant compte de l'imprécision temporelle, eu égard à tout
3 ce que vous avez vécu -je suis vraiment désolé pour tous les événements
4 malheureux que vous avez vécus-, pendant les 10 à 15 premiers jours de
5 camp, quand vous dites qu'il n'y avait pas vraiment de violence, y avait-
6 il des cadavres ?
7 R. Oui, après la deuxième ou la troisième nuit, j'ai entendu qu'il
8 y avait un mort. Cela n'est peut-être pas vrai, c'est pourquoi je ne l'ai
9 pas mentionné. Je sais que quelqu'un a été battu et passé à tabac.
10 Q. Cela veut dire que, déjà après la deuxième nuit au restaurant,
11 il y a eu un mort ?
12 R. C'est exact.
13 Q. J'aimerais que l'on revienne à un événement dont vous avez parlé
14 hier en détails. Il s'agit de la pièce à conviction de l'accusation P3/83.
15 J'aimerais demander à l'huissier de nous aider.
16 (L'huissier s'exécute.)
17 Hier, vous nous avez montré la photographie et vous avez marqué avec les
18 lettres "X" et "KF" la position de M. Kvocka lorsque vous l'avez aperçu
19 pour la première fois ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous avez donc déclaré que vous étiez sur la Pista et que
22 l'atmosphère était tout à fait normale, vous étiez là, assis. Pourriez-
23 vous nous décrire cet homme, X. Si je puis voir sur la photo, la personne
24 s'est présentée de la sortie et s'est dirigée vers la Pista. Etiez-vous en
25 mesure de le voir ?
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1 R. Je ne peux pas le décrire, il portait l'uniforme militaire, je
2 ne l'ai pas vraiment regardé, il criait tellement fort, c'était
3 effroyable. Même avant cela, je me souviens...
4 Q. Juste un instant, cela voudrait donc dire que vous ne pourriez
5 pas décrire son visage, mais vous seriez en mesure d'affirmer qu'il
6 portait un uniforme militaire ?
7 R. Oui.
8 Q. Pourriez-vous dire si c'était un militaire ou quelqu'un qui
9 portait un uniforme de police ?
10 R. Il ne portait pas un ceinturon blanc. Je ne l'ai pas remarqué.
11 Q. Vous ne l'avez pas remarqué ou vous n'avez pas porté attention ?
12 R. J'avais très peur quand il a commencé à appeler les noms,
13 j'avais très peur et je n'ai pas vraiment remarqué s'il portait un
14 ceinturon blanc.
15 Q. Sur la photographie qui se trouve devant vous, seriez-vous en
16 mesure de nous dire si d'autres gardes étaient présents ?
17 R. Il y avait d'autres gardes et je sais que Kvocka, justement à ce
18 moment-là, parlait avec quelqu'un d'autre à l'entrée, il y avait également
19 d'autres gardes. C'est tout à fait normal, les gens qui nous
20 surveillaient. Il y avait des gardes, oui.
21 Q. Etiez-vous en mesure de reconnaître quelqu'un de ces gardes ?
22 R. Cette équipe était changée, je ne sais pas s'il s'agissait de
23 l'équipe de Krkan ou de Krle, je ne pourrais pas vous le dire, je ne
24 pourrais pas vous l'affirmer puisque je ne me souviens pas précisément de
25 ce détail. Je sais qu'il est arrivé, qu'il a crié de... Je me souviens un
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1 peu de détail-là.
2 Q. Vous vous en souvenez un peu ?
3 R. Oui, je m'en souviens un peu.
4 Q. Avez-vous vu l'homme inconnu s'entretenir avec qui que ce soit ?
5 R. Non, je n'ai pas vu.
6 Q. Par rapport à l'homme que vous avez marqué avec un X, où était-
7 il par rapport à la chambre de Mujo ?
8 R. Il était en bas.
9 Q. Vers le bas de l'immeuble ?
10 R. Près du garage.
11 Q. Il y avait donc le garage et la pièce à Mujo, est-ce exact ?
12 R. (inaudible)
13 Q. Cette personne s'est donc dirigée de la pièce à Mujo, elle
14 marchaît vers la Piste et criait ?
15 R. Cette personne n'était pas sortie de la pièce à Mujo. Quand je
16 l'ai vue, elle était déjà là.
17 Q. Elle s'éloignait donc de la pièce à Mujo ?
18 R. Non, d'après moi, il venait de la porte d'entrée, du portail.
19 Q. Mais quand on entre à partir du portail, il faut absolument
20 passer à côté de la pièce à Mujo et du garage. Pourriez-vous, s'il vous
21 plaît, poser ce document sur le rétroprojecteur ? Pourriez-vous nous
22 montrer où se trouve ce portail pour simplifier les choses ?
23 R. Juste ici ; en fait, le portail n'apparaît pas sur la
24 photographie.
25 Q. Oui, tout à fait, c'est ce que je dis. La personne est donc
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1 entrée par le portail, passe près de la pièce à Mujo, se dirige vers vous,
2 commence à appeler les personnes et ne parle à personne, est-ce exact ?
3 R. Je ne l'ai pas vu s'entretenir avec qui que ce soit, mais je ne
4 n'ai pas dit qu'il se dirigeait vers ou de la pièce à Mujo.
5 Q. Non, je ne l'ai pas dit moi non plus. J'aimerais revenir de
6 nouveau sur les cadavres que vous avez mentionnése.
7 (Questions administratives.)
8 M. K. Simic (interprétation): J'aimerais demander à ce que l'on verse un
9 document qui est coté D5.61. Le document est versé pour la première fois
10 au dossier, il s'agit d'une photographie.
11 M. le Président: Je crois qu'il faut ici faire une précision. Me K. Simic
12 a mentionné la cote D5.61. Est-ce la cote officielle du greffe ?
13 M. K. Simic (interprétation): Non, il s'agit de notre nouvelle cote,
14 puisque c'est une pièce à conviction que nous présentons pour la première
15 fois.
16 M. le Président: Si vous présentez la pièce pour la première fois, il n'y
17 a pas encore de cote officielle ?
18 M. K. Simic (interprétation): Non, c'est notre cote à nous.
19 M. le Président: Mais c'est à vous, pas à nous. C'est à nous ensemble
20 quand le greffe ici donne une cote. Nous pouvons faire des confusions,
21 car, vous voyez, Mme la Greffière était en train de chercher la pièce. Je
22 crois qu'elle n'existe pas. Il faut donc faire attention, Madame la
23 Greffière. La pièce n'existe pas dans vos dossiers, c'est la première fois
24 qu'elle va être versée. Vous devrez donc penser à donner une cote
25 officielle maintenant. Pour la prochaine fois, vous dites : "Je veux
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1 verser ce document" sans donner une cote, sinon c'est la catastrophe.
2 M. K. Simic (interprétation): J'accepte, mais la dernière fois, quand
3 M. Kvocka était interrogé, c'est la façon dont nous avions procédé, j'ai
4 donc suivi le même ordre d'idée.
5 M. le Président: Vous avez raison, Maître Simic, pas de problème. Madame
6 la Greffière, quelle est la cote pour ce nouveau document que Me K. Simic,
7 l'avocat de la défense de M. Kvocka, va présenter ? Pouvez-vous
8 l'indentifier maintenant ?
9 Mme la Greffière (interprétation): Normalement, puisqu'il s'agit d'un
10 document de M. Kvocka, on devrait utiliser "/1". Il n'y a donc pas de
11 document qui pourrait exister sous la cote 61.
12 M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, dans la procédure le
13 Greffe avait accepté des documents de la défense, car elle n'a pas encore
14 commencé d'élaborer l'affaire. Nous n'avons pas encore versé au dossier
15 tous les éléments de preuve qui seront utilisés. Il y a de nouveaux
16 documents qui sont entrés, d'où une certaine confusion avec le Greffe, car
17 il essaie de trouver ce document. Il s'agit d'un nouveau document qui est
18 versé pour la première fois, que je présente donc pour la première fois à
19 la Chambre de première instance. Tout ce qu'il s'agirait de faire, c'est
20 que Mme la Greffière nous attribue une cote.
21 M. le Président: C'est cela que nous entendons depuis longtemps, que Mme
22 la Greffière nous dise quelle est la cote pour ce document qui est
23 présenté pour la première fois.
24 Mme la Greffière (interprétation): Monsieur le Président, est-ce que vous
25 me dites que c'est un nouveau document que vous versez pour la première
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1 fois ?
2 M. le Président: Oui, il s'agit bien d'un nouveau document.
3 Mme la Greffière (interprétation): Très bien, donc la cote sera D26/1.
4 M. K. Simic (interprétation): J'aimerais qu'on présente ce document au
5 témoin AI.
6 Mme la Greffière (interprétation): Pourrais-je avoir d'autres copies de ce
7 document, car je n'ai pas d'autre copie.
8 M. K. Simic (interprétation): Nous n'avons pas d'autre document, parce que
9 nous l'avons reçu du Bureau du Procureur, nous n'étions pas en mesure de
10 suivre techniquement la procédure de la photocopie, mais nous allons nous
11 en assurer et vous la remettre plus tard.
12 M. le Président: Vous pouvez remettre les photocopies après, mais il faut
13 enregistrer ce document au greffe avec cette cote qui a été attribuée
14 D26/1. Poursuivez, Maître Simic.
15 M. K. Simic (interprétation): Vous avez mentionné la Pista très souvent.
16 Pouvons-nous dire qu'il s'agit bien d'un espace qui se trouve à côté des
17 bacs à fleurs en béton que vous trouvez devant vous ?
18 Témoin AI (interprétation): C'est exact.
19 Q. Pour essayer simplement de délimiter ce secteur, vous voyez un
20 policier qui est là, debout, vous pouvez aussi voir le bac à fleurs en
21 béton ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce que cela voudrait dire que la Pista est délimitée, et je
24 parle par rapport à la maison blanche, pourrait-on dire que la Pista
25 commence à partir de l'entrée au restaurant, c'est-à-dire de la pièce
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1 centrale ou de l'immeuble ?
2 R. C'est exact, à côté nous pouvions voir ces bacs à fleurs.
3 Q. Donc le réfectoire, le restaurant, n'englobaient pas la Pista ?
4 Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire.
5 R. Devant moi, il y avait vraiment un restaurant, j'étais sur la
6 Pista et le restaurant se trouvait devant moi.
7 Q. Vous avez mentionné hier dans votre déposition que vous étiez
8 assis contre le mur du hangar la plupart de temps. De cette position,
9 étiez-vous en mesure de voir la maison blanche ?
10 R. On ne peut pas voir la maison blanche complètement.
11 Q. Merci. Puisque nous en sommes déjà à parler de la maison
12 blanche, hier, dans votre déposition, vous avez déclaré que vous n'avez
13 jamais vu M. Kvocka entrer dans la maison blanche ?
14 R. D'après mon souvenir, c'est exact.
15 Q. Revenons maintenant à la déclaration que vous avez donnée le 18
16 septembre 1998. La personne qui a pris la déclaration s'est-elle
17 présentée ?
18 R. Oui.
19 Q. Pourriez-vous vous souvenir du nom de la personne qui a pris la
20 déclaration ?
21 R. Non.
22 Q. Savez-vous qui était l'interprète ?
23 R. Non. Oui ! En fait, je crois que c'était Ida.
24 Q. Est-ce que cette déclaration avait été donnée à Me Niemann d'une
25 façon libre et volontaire, sans aucune pression ?
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1 R. Oui, cela a été donné tout à fait normalement.
2 Q. Avez-vous signé cette déclaration de la même façon que les
3 autres ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc la procédure est exactement la même qu'auparavant ?
6 R. Oui.
7 Q. Pour ne pas perdre plus de temps, je vais vous citer deux
8 phrases. "Très souvent, j'ai pu apercevoir Kvocka entrer dans la maison
9 blanche, je ne sais pas ce qu'il y faisait, il restait la plupart du temps
10 de 10 à 15 minutes, je me souviens qu'il était toujours accompagné d'un
11 garde."
12 R. Oui, je me rappelle l'avoir mentionné.
13 Q. Merci.
14 R. Mais je veux parler…
15 Q. Vous n'avez pas besoin d'expliquer.
16 R. Je me souviens très bien avoir donné cette déclaration.
17 Q. Puisque nous en sommes déjà à cette déclaration, nous n'allons
18 pas nous éterniser là-dessus. Un peu plus tôt, vous avez déclaré d'une
19 façon très claire et précise que la première fois, lorsque vous avez
20 aperçu M. Kvocka, c'était le 30 mai 1992. Lorsqu'il est arrivé, il s'est
21 présenté vers vous, il s'est présenté à vous et aux autres détenus sur la
22 Pista. J'aimerais de nouveau vous remémorer votre déclaration faite en
23 1998, nous allons accélérer pour pouvoir faire une pause. "Le premier
24 soir, lorsque nous sommes arrivés au camp, Kvocka était présent lorsqu'on
25 a été fouillés, lorsqu'on nous a battus, lorsqu'on battait les détenus et
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1 lorsqu'on nous prenait nos effets personnels, il a fallu que nous
2 baissions la tête et on nous a ordonné de ne pas regarder autour de nous".
3 Avez-vous signé cette déclaration ?
4 R. Oui, mais j'ai dit que moi je n'avais pas été battu.
5 Q. Merci.
6 R. C'était peut-être un peu différent, je n'ai pas dit que j'étais
7 battu personnellement, je sais que les autres ont été battus, je n'ai rien
8 contre Kvocka.
9 Q. Merci. Je ne fais que constater ce que vous avez déclaré.
10 R. Oui, c'est bien ce que j'ai déclaré.
11 Q. Nous sommes encore à parler du 30 mai 1992. Ce soir là, est-ce
12 qu'un événement particulier est survenu, un événement qui s'était démarqué
13 des autres événements. Avez-vous entendu ou vu quelque chose ?
14 R. Oui, j'ai entendu, je n'ai pas vu personnellement mais j'ai
15 entendu que les autobus arrivaient, qu'on tabassait des gens.
16 Q. Merci. C'est tout ce que vous avez entendu ?
17 R. J'ai aussi entendu des coups de feu, mais….
18 Q. Voulez-vous répéter ?
19 R. Il y avait aussi des coups de feu.
20 Q. Mais d'où provenaient ces coups de feu ?
21 R. Je ne les ai pas vus, je ne veux pas maintenant entrer dans les
22 détails, puisque je ne suis pas sûr de cela, pas mal de temps est passé,
23 j'essaie d'oublier le plus possible. C'est Drazenko Predojevic qui m'a
24 fait le plus de tort et j'aimerais bien qu'on s'adresse à lui.
25 Q. Avez-vous entendu dire que quelqu'un a dit : "Tu bats
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1 quelqu'un" ?
2 R. Je n'ai jamais entendu personne dire ces paroles ?
3 Q. Merci. Pour terminer je vais vous poser quelques questions.
4 Connaissez-vous l'organisation de la police ?
5 R. De quelle façon ?
6 Q. L'organigramme, la façon dont elle fonctionne ?
7 R. Non, pas très précisément.
8 Q. Savez-vous de quelle façon l'organigramme est constitué ?
9 R. Je ne pourrais pas vous le dire.
10 Q. Savez-vous quelle est la chaîne de commandement ?
11 R. Je crois que c'est le maire qui nomme les personnes les plus
12 haut gradées, je ne suis jamais entré en détail.
13 Q. Monsieur le témoin AI, je n'ai pas d'autres questions pour vous,
14 je vous remercie d'être venu. Je suis désolé pour vous, je suis désolé que
15 vous ayez vécu tout cela, j'espère que vous allez vous remettre très
16 bientôt.
17 R. Je voudrais bien reprendre le poids que j'ai perdu et j'aimerais
18 me remettre très bientôt.
19 Q. Monsieur le Président, je voudrais maintenant verser
20 officiellement le document que j'ai mentionné plus tôt au dossier.
21 M. le Président: Nous allons considérer cela à la fin de tous les contre-
22 interrogatoires.
23 M. K. Simic (interprétation): Très bien.
24 M. le Président: C'est maintenant à Me Fila, mais il faut faire la pause.
25 C'est le bon moment pour la faire, il est 11 heures moins 2. Nous allons
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1 faire une pause d'une demi-heure, après on reprendra.
2 (L'audience, interrompue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.)
3 M. le Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
4 (Les accusés s'exécutent.)
5 Nous reprenons l'audience avec le contre-interrogatoire du témoin AI par
6 Me Fila. Maître Simic ?
7 M. K. Simic (interprétation): Juste une petite objection concernant les
8 comptes rendus d'audience que je n'ai pas remarqué étant donné que j'étais
9 en train de contre-interroger, à savoir que la déclaration de M. AI n'a
10 pas été portée au compte rendu quand il a dit qu'il n'avait rien contre
11 M. Kvocka. J'aimerais que la chose soit rectifiée ou que le témoin nous
12 redise la même chose.
13 M. le Président: Nous avons tous entendu cela et chacun a fait
14 l'interprétation de ce que le témoin a dit. Il est vrai qu'il a dit cela.
15 D'accord, c'est remarqué.
16 M. K. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
17 M. le Président: Maître Fila, vous avez la parole, vous pouvez commencer,
18 s'il vous plaît.
19 (Contre-interrogatoire du témoin AI par Me Fila.)
20 M. Fila (interprétation) : Merci, Monsieur le Président, je serai très
21 bref. Bonjour, Monsieur le Témoin, excusez-moi. Excusez-moi de devoir vous
22 dire AI, je n'aime pas de dire AI, mais c'est ainsi.
23 Vous avez dit au début de votre témoignage, lorsque vous étiez arrivé en
24 date du 30 mai, qu'il y avait des soldats, des unités spéciales de Banja
25 Luka et, par la suite, vous avez parlé des gardes. Maintenant, est-ce
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1 qu'il s'agit de trois choses différentes ou ces unités spéciales et
2 l'armée, c'est la même chose ?
3 Témoin AI (interprétation): J'ai parlé de la police spéciale et, après un
4 certain temps, ils sont repartis.
5 Q. Fort bien, c'est une chose.
6 R. Les gardiens ? Vous entendez comment ils étaient habillés ?
7 Certains avaient des uniformes militaires et d'autres des uniformes de
8 police.
9 Q. Fort bien. Pour tirer les choses au clair, il y avait deux
10 catégories : les unités spéciales, les gardiens et, en troisième position,
11 une troisième catégorie, c'étaient des soldats ?
12 R. Mais à quoi pensez vous ?
13 Q. Je n'ai pas pensé. Il n'y avait donc pas une troisième
14 catégorie ?
15 R. Il y avait donc ces policiers, ces unités spéciales et ils
16 portaient des uniformes variés.
17 Q. Ces unités spéciales, savez-vous sous quel commandement ils se
18 trouvaient ?
19 R. Non.
20 Q. Les gardiens commandaient-ils aux unités spéciales ?
21 R. Je ne sais pas.
22 Q. Vous ne savez donc pas quel était le rapport entre les unités
23 spéciales qui étaient là et qui sont reparties et les gardiens qui sont
24 restés jusqu'au bout ?
25 R. Non, je ne sais pas du tout.
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1 Q. Est-ce que certains d'entre eux avaient des uniformes verts de
2 camouflage ou vert olive ?
3 R. Oui, il y avait des gardiens qui portaient des uniformes verts
4 militaires.
5 Q. Ceux qui avaient des uniformes vert olive, vous les avez vus
6 pendant tout le temps de votre séjour ou ils sont repartis ?
7 R Il y avait des gardiens qui ont tout le temps porté ce type
8 d'uniforme.
9 Q Je voulais savoir s'il y avait des membres de l'armée ?
10 R. Je n'arrive pas à m'en souvenir, je ne sais pas à qui les uns et
11 les autres appartenaient.
12 Q. Je vous demande de ne pas me répondre au sujet des questions
13 dont vous ne vous souvenez pas et je ne vous demande pas de me répondre
14 des choses que vous ne savez pas.
15 Vous avez dit que vous aviez l'impression que quelqu'un établissait à
16 l'avance un ordre suivant lequel les équipes de garde se relayaient.
17 R. Le chef d'équipe savait forcément où les gardiens allaient être
18 postés, c'est-à-dire il devait savoir pour chacun où il devait être de
19 garde.
20 Q. C'étaient toujours les mêmes aux mêmes postes ?
21 R. Non.
22 Q. Mais on disait devant vous "Toi, tu te mettras ici, l'autre se
23 mettra là-bas" ou c'était établi d'avance ?
24 R. Je ne me souviens pas de ce type de détail.
25 Q. Je voulais juste clarifier ce que vous entendiez. Je voudrais
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1 que vous m'expliquiez comment les équipes se relayaient ?
2 R. Les équipes venaient en autocar, ils constituaient une colonne
3 et les soldats se répartissaient aux différents postes.
4 Q. Et ceux qui étaient là avant ?
5 R. Ils s'éloignaient. Ils allaient en général vers le restaurant,
6 puis se dirigeaient vers les autobus.
7 Q. Ceux qui s'en allaient ?
8 R. Oui.
9 Q. Savez-vous où se tenait Krkan ou le voyiez-vous ?
10 R. Je le voyais aller et venir autour. Il n'avait donc pas une
11 place déterminée pour être debout à cet endroit.
12 Q. Le voyiez-vous partir au restaurant vers cette partie qui est un
13 peu à l'extérieur ?
14 R. Oui, je le voyais un peu partout pendant que j'étais sur la
15 Pista. Il n'avait pas une position déterminée.
16 Q. Vous le voyiez dans cette espèce de tourelle vitrée ?
17 R. Oui, je le voyais, il était debout, mais je ne le suivais pas
18 forcément du regard. Je l'apercevais donc çà-et-là et, maintenant, je ne
19 sais plus à quel endroit il se trouvait aux différents moments, je le
20 voyais au restaurant aussi.
21 Q. Mais vous parlez maintenant de cette pièce demi-circulaire
22 vitrée ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous avez dit que Drazenko Predojevic vous avait battu pour des
25 raisons qui lui étaient propres ?
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1 R. Je ne connaissais pas ses raisons.
2 Q L'a-t-il fait suivant certains ordres ou quelqu'un lui disait :
3 "Frappe un tel ou un tel" ?
4 R. Non, je n'ai pas vu des chefs d'équipe le lui dire. Je ne sais
5 pas si c'est suivant certains ordres qu'il le faisait.
6 Q. Mais était-il nécessaire de donner des ordres de frapper
7 quelqu'un ou, alors, on tappait ou on frappait qui on voulait ?
8 R. Moi, j'avais conclu qu'ils frappaient comme ils l'entendaient.
9 Q. Vous serez d'accord pour dire que c'était anarchique ?
10 R. Oui, mais je ne peux pas vous dire si on leur a donné des
11 instructions pour le faire, je n'ai entendu personne dire à qui que ce
12 soit : "Frappe celui-ci" ou "Tabasse celui-là".
13 Q. Vous êtes-vous plaint de ce Drazenko Predojevic ?
14 R. Je n'osais pas le faire.
15 Q. Vous ne vous êtes pas plaint ?
16 R. Non.
17 Q. Pendant votre séjour à Omarska, pouvez-vous nous dire où se
18 trouvait votre famille ?
19 R. Quand je suis rentré, ils étaient à Raskovici.
20 Q. A Prijedor ?
21 R. A Prijedor.
22 Q. Leur avait-on fait du mal ?
23 R. Mon père m'a dit qu'on les avait fouillés, qu'ils avaient pillé
24 la maison, sa carte d'identité avait été retrouvée dans une autre maison
25 pour faire croire qu'il avait séjourné là-bas.
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1 Q. Vous êtes rentré dans cette maison ?
2 R. Oui.
3 Q. Pendant les 10 à 15 derniers jours de votre séjour à Omarska,
4 avez-vous senti une amélioration de votre traitement ?
5 R. Je ne sais pas, peut-être qu'il y a eu moins de tabassage.
6 Q. Quand avez-vous quitté Omarska ?
7 R. Je me souviens avoir quitté le 6.
8 Q. 10 jours avant, la situation s'était améliorée ?
9 R. Oui, on a continué à tabasser, mais c'était un peu mieux.
10 Q. Quand il y avait des relèves d'équipes, quand une équipe partait
11 et que l'autre venait, y avait-il autre chose à décrire ? Que faisiez-vous
12 sur la Pista pendant les relèves ?
13 R. Cela dépend des situations, il y avait des situations où nous
14 devions être couchés à plat ventre.
15 Q. Mais les relèves ?
16 R. Si on tabassait, on nous disait de rester à plat ventre, cela
17 était fonction des situations : certains pouvaient apercevoir des détails,
18 d'autres non.
19 Q. Je vais vous aider un peu. Y avait-il une espèce de cérémonie
20 quelconque à cette occasion ?
21 R. Non.
22 Q. Les uns venaient, les autres partaient ?
23 R. Je n'ai pas prêté attention à la chose.
24 Q. C'était la même chose à 7 heures du matin et 7 heures du soir ?
25 R. Le matin, quand j'étais...
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1 Q. Qu'est-ce que vous avez vu ?
2 R. Non, je n'ai rien vu. Je vous le dirais si j'avais vu.
3 Q. Pouvons-nous conclure que vous n'avez remarqué aucune cérémonie
4 à l'occasion du changement des relèves ?
5 R. Non.
6 Q. Je vous remercie, c'est tout de ma part.
7 M. le Président: Merci beaucoup, Maître Fila. Maître Tosic ?
8 M. Stojanovic (interprétation): (hors micro)… Je crois que l'ordre du
9 contre-interrogatoire pour ce qui est de la défense de M. Zigic serait
10 alternatif, il y aurait Me Tosic, puis moi.
11 Je vais me présenter au témoin. Je suis l'avocat Stojanovic de Belgrade et
12 je suis l'un des défenseurs de M. Zoran Zigic.
13 Mme Hollis (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président.
14 M. le Président: Oui, Madame Hollis ?
15 Mme Hollis (interprétation): Pouvons-nous expliquer la chose à
16 l'accusation ? Sera-t-il autorisé à plusieurs avocats de l'équipe de la
17 défense de procéder au contre-interrogatoire du témoin ? Nous faisons
18 objection à la chose, car il y aurait plus de 10 personnes à contre-
19 interroger le témoin ; nous pensons que seul l'un des défenseurs d'une
20 équipe de défense devrait contre-interroger un témoin. Nous estimons que
21 cela a déjà été tranché.
22 M. Stojanovic (interprétation): Si vous le permettez, Monsieur le
23 Président, c'est moi qui vais interroger, donc seulement un membre de
24 l'équipe qui va contre-interroger chaque témoin.
25 M. le Président: Merci beaucoup, Madame Hollis.
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1 (Contre-interrogatoire du témoin AI par Me Stojanovic.)
2 M. Stojanovic (interprétation): Monsieur AI, cette façon de s'adresser à
3 vous n'est pas habituelle, mais cela est dans votre intérêt et je respecte
4 la chose. J'espère que vous faciliterez la tâche des conseils de la
5 défense pour ce qui est d'établir la pleine vérité. Nous allons suivre un
6 certain ordre des événements dont vous avez parlé dans vos dépositions,
7 tant écrites que verbales. Je crois que, dans votre première déposition,
8 il a été dit qu'en date du 30 mai 1992 la ville de Prijedor avait été
9 attaquée. Pouvez-vous nous dire pourquoi cela a été fait ?
10 Témoin AI (interprétation): A vrai dire, je crois qu'on a voulu libérer
11 Prijedor, car le pouvoir avait été pris par la force, mais comme je ne
12 m'intéressais pas du tout à la politique, je ne suis pas très au courant
13 de tout cela.
14 Q. Qui a attaqué Prijedor ? Quelles sont les forces qui ont
15 attaqué ?
16 R. Je ne le sais pas ; j'ai vu un Slavko que je ne connaissais pas,
17 mais je ne saurais pas vous dire quelle armée a lancé cette attaque.
18 Q. Ce jour-là, quand on a commencé tirer, vous étiez dans la maison
19 de votre père ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous étiez là-bas parce que vous vous sentiez plus en sécurité ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous attendiez-vous à ce qu'il y ait des coups de feu ?
24 R. Non, je ne m'y attendais pas, mais il y avait eu des tirs à
25 Kozarac ou ailleurs, je n'ai pas les détails ; nous nous sommes réunis
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1 tous dans la maison de mon père : il y avait ma femme, les enfants, nous
2 étions nombreux à être rassemblés là-bas.
3 Q. Si vous me le permettez, Monsieur le Président, je voudrais
4 poser une question très importante et, avec votre permission, je voudrais
5 que notre client se lève afin que nous posions une question directe, sur
6 laquelle notre client a insisté très fortement. Nous donnez-vous
7 l'autorisation que notre client se mette debout ?
8 M. le Président: Non, le Procureur a fait son procès d'identification et,
9 dans les mêmes conditions, on doit fonctionner dans les contre-
10 interrogatoires. Vous posez la question au témoin. Il n'y a pas de
11 questions plus ou moins importantes, il y a seulement des questions. Vous
12 posez seulement la question sans dire au témoin qu'il s'agit d'une
13 question importante. Allez-y, Maître Stojanovic.
14 M. Stojanovic (interprétation): Ce que je voulais, Monsieur le Président,
15 je le dis en guise d'explication, mais j'accepte votre décision en tout
16 état de cause, notre client, Zoran Zigic, s'est habillé aujourd'hui de
17 façon analogue à l'uniforme vert olive et nous voudrions demander à M. le
18 témoin si ce monsieur ici est bien la personne qui a interpellé M. Rezac.
19 Mme Hollis (interprétation): Nous faisons objection, Monsieur le
20 Président, concernant la déclaration au terme de laquelle l'accusé serait
21 habillé dans des vêtements analogues à l'uniforme vert olive. Le conseil
22 de la défense peut demander au témoin si quelqu'un est habillé de cette
23 façon, nous serions d'accord, mais nous seuls faisons objection pour ce
24 qui est de dire que qui que ce soit est habillé en uniforme vert olive.
25 M. le Président: Maître Stojanovic, vous pouvez demander au témoin comment
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1 est habillé son client. N'induisez pas la réponse, demandez au témoin
2 comment est habillé votre client.
3 Me Stojanovic (interprétation): Je ne voudrais pas poser cette question,
4 mais je vais en poser une qui est directe. Je vais montrer monsieur en
5 disant : c'est le monsieur assis dans cette première rangée, il est assis
6 du côté gauche, est-ce que bien ce monsieur-là qui a interpellé…
7 M. le Président: Non, non, excusez-moi, Maître Stojanovic, je crois que
8 vous faites obstruction à notre travail. Nous avons dit que vous ne
9 pouviez pas dire que votre client est habillé de cette façon. Vous ne
10 pouvez pas dire que votre client est au premier rang du côté droit.
11 Demandez au témoin s'il voit votre client ou non. Comprenez-vous ce que
12 nous sommes en train de dire, Maître Stojanovic ? Vous insistez dans la
13 même chose que nous n'avons pas autorisée.
14 Me Stojanovic (interprétation): Monsieur le Président, je me propose de
15 reformuler ma question.
16 M. le Président: Reformulez et posez la question, mais n'induisez pas la
17 réponse.
18 Me Stojanovic (interprétation): Est-ce que le témoin voit dans ce prétoire
19 la personne qui a interpellé Kiki, Rezac et Began ?
20 Témoin AI (interprétation): Je ne me souviens pas très bien de son visage,
21 je n'ai pas prêté attention à lui et je ne voudrais pas en parler, car ne
22 suis pas certain de pouvoir le reconnaître.
23 Q. Je vous remercie. Est-ce que, dans votre déposition de 1998,
24 vous avez déclaré que Zoran Zigic avait des cheveux brun clair ?
25 R. Il se peut que j'aie déclaré la chose ainsi, mais j'ai toujours
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1 dit que je ne l'ai pas vu en entier et que je n'ai pas prêté une grande
2 attention, je n'ai entendu que sa voix.
3 Q. Mais est-ce possible ou bien sûr, car si vous n'êtes pas en
4 mesure de vous prononcer, je me propose de vous montrer votre déposition.
5 R. Cet homme n'était pas sans arrêt dans le camp, donc je n'ai pas
6 pu le remarquer de façon si précise et je ne voudrais pas parler de cela.
7 Je peux parler de ce que j'ai ouï dire, je peux parler des gens que j'ai
8 vus, mais je n'osais pas regarder directement les gens qui étaient là.
9 Q. Je voulais poser une question directe. Vous avez déclaré dans
10 cette déposition de 1998 que Zoran Zigic avait 40 ans ?
11 R. Il se peut que je l'aie déclaré, il y avait beaucoup de gens qui
12 venaient, il se peut que j'aie confondu les personnes et, comme je ne
13 connaissais pas personnellement cet homme-là, il se peut que j'aie déclaré
14 une chose analogue, mais je ne le connaissais pas personnellement et
15 j'avais très peur.
16 Q. Est-ce que la personne qui avait des cheveux bruns a interpellé
17 Began, Kiki et Rezac ?
18 R. Pour ce qui est des gens qui sont venus, je me souviens que
19 cette personne avait des cheveux bruns. Est-ce que c'était Zigic ou… mais
20 j'ai entendu dire :" Kiki, Dziga te demande".
21 Q. Vous avez dit "cheveux bruns" ?
22 R. Oui. Mais de là à savoir si cette personne était Dzigi, je ne
23 saurais vous le confirmer, je ne le connaissais pas personnellement.
24 Q. Vous nous avez dit que Kiki a obéi à cette invitation et est
25 allé à la maison blanche ?
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1 R. Oui.
2 Q. Est-ce que Rezac et Beganovic ont suivi cet ordre ?
3 R. Je ne sais pas vous le dire, je devais me coucher, j'ai dit
4 seulement que j'ai vu Kiki qui se déplaçait et, pour ce qui est des
5 autres, je ne peux rien affirmer.
6 Les Interprètes: Monsieur le Président, pouvez-vous leur demander de ne
7 pas se chevaucher avec les questions et les réponses ?
8 M. le Président: Maître Stojanovic, pouvez-vous faire une petite pause
9 entre la question et la réponse, sinon les interprètes ont des
10 difficultés, car il y a un chevauchement des questions et c'est difficile,
11 s'il vous plaît, Maître Stojanovic.
12 M. Stojanovic (interprétation): Je m'excuse, Monsieur le Président.
13 Avez-vous, lors de l'identification des photos pour l'accusation, pu
14 reconnaître la personne qui a emmené Kiki, Rezac et Began vers la maison
15 blanche ?
16 R. Je ne me souviens pas les avoir identifiés.
17 Q. La défense ne se propose pas de verser une pièce au dossier
18 étant donné que cela a déjà été versé, mais nous référerions par contre
19 aux pièces à conviction 3/80A-B-C-D-D1 qui ont été présentées hier par le
20 Bureau du Procureur.
21 Vous avez dit que vous aviez vu Kiki ensanglanté sortir de la maison
22 blanche ?
23 R. Oui.
24 Q. Jusqu'à quel point vous avez pu suivre son déplacement jusque
25 devant la maison blanche ?
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1 R. Moi, j'étais couché, je pouvais à peine voir à un mètre ou deux
2 comme j'étais couché.
3 Q. Où se trouvait-il ?
4 R. Qui ?
5 Q. Kiki.
6 R. Il se déplaçait vers le restaurant.
7 Q. Sur la Pista ?
8 R. Non, je crois qu'il était derrière. Il y avait la route
9 goudronnée, c'est là que je l'ai vu.
10 Q. Excusez-moi, je n'ai pas compris, quelle route ?
11 R. Il y avait des fleurs et nous étions sur la Pista. Lui passait
12 de l'autre côté.
13 Q. Mais à quelle distance cela se trouvait-il de la maison
14 blanche ?
15 R. C'était assez loin.
16 Q. Etait-il seul à ce moment ?
17 R. Il était accompagné par un gardien, mais je ne sais pas lequel.
18 J'ai vu qu'il y avait plusieurs personnes, j'ai du mal à me souvenir du
19 gardien, mais je ne sais plus qui il y avait à l'époque. Nous étions
20 couchés et, si quelque gardien remarquait que nous observions, on risquait
21 de recevoir des coups.
22 Q. Nous pourrions passer à un autre sujet, si vous le voulez. Vous
23 avez reçu un acte de cessation d'emploi pour participation à un
24 soulèvement armé ? Quand avez-vous reçu cet acte ?
25 R. Quand je suis sorti du camp, je me suis présenté dans ma société
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1 pour reprendre mon travail et on m'a dit qu'il fallait aller à la
2 direction et voir si j'étais sur la liste pour le licenciement. J'ai eu
3 cet acte de licenciement et je n'ai plus pu travailler dans l'usine par la
4 suite.
5 Q. Est-ce que vous avez présenté une plainte pour ce qui est de cet
6 acte ?
7 R. Non.
8 Q. Est-ce que cela signifie que vous n'avez pas protesté contre
9 l'assertion au terme de laquelle vous aviez pris part au soulèvement
10 armé ?
11 R. Je sais où j'ai séjourné, je connaissais la situation, j'ai pris
12 cet acte et je suis rentré chez moi. J'avais peur et je n'ai pas osé faire
13 quoi que ce soit. Je n'aurais pas dû signer cet acte comme quoi je l'avais
14 reçu, mais la situation était telle... J'avais peur, j'ai donc fait tout
15 ce qu'ils m'avaient demandé de faire.
16 Q. Suite à votre départ, votre père est-il resté à Prijedor ?
17 R. Oui, il est resté, d'après ce que je sais, jusqu'en 1995.
18 Q. Pendant la période où vous êtes dedans ou où vous étiez à
19 Prijedor, quand vous avez quitté Trnopolje et que vous êtes rentré chez
20 vous, vous dépensiez l'allumage électrique et vous utilisiez le
21 téléphone ?
22 R. Je n'utilisais pas le téléphone et, pour ce qui est du courant,
23 on en consommait que quand il y en avait, mais il y avait de très
24 nombreuses coupures de courant.
25 Q. Possédiez-vous quelque document que ce soit concernant le fait
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1 d'avoir dû signer quelque papier concédant votre propriété à quelqu'un
2 d'autre ?
3 R. J'ai dû signer des papiers pour pouvoir quitter Trnopolje, pour
4 aller chez moi. C'étaient donc des papiers que je devais posséder pour
5 pouvoir sortir en Croatie.
6 Q. Je remercie le témoin, je n'ai plus de questions à son
7 intention, merci.
8 M. le Président: Merci beaucoup, Maître Stojanovic. Madame Hollis, avez-
9 vous des questions supplémentaires, s'il vous plaît ?
10 (Questions supplémentaires au témoin AI par Mme Hollis.)
11 Mme Hollis (interprétation): On vous a posé des questions concernant une
12 transfusion que vous avez reçue, qu'un co-détenu, un médecin, vous a
13 administrée. Savez-vous qui a donné cela à ce médecin ?
14 Témoin AI (interprétation): Non, je ne savais pas à ce moment-là qui la
15 lui a donnée, mais de toute façon je l'ai reçue.
16 Q. Savez-vous si on lui a donné cela particulièrement pour que ce
17 soit vous qui l'utilisiez ?
18 R. Je ne sais pas, je ne le savais à ce moment-là, je l'ai reçue,
19 mais je ne sais pas d'où cela provenait, je ne connais pas ces détails.
20 Q. Au cours du contre-interrogatoire, on vous a posé des questions,
21 à savoir si vous étiez resté sur la Pista au cours du premier mois.
22 Pendant l'interrogatoire principal, vous avez dit que vous aviez passé
23 plus d'un mois sur la Pista. Combien de temps cela a duré, un mois ou plus
24 d'un mois ?
25 R. J'ai passé plus d'un mois sur la Pista, mais je dormais à des
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1 endroits différents et, par la suite, peut-être j'ai passé 10 à 15 jours
2 dans le hangar et, après, depuis le hangar, j'ai été transféré dans la
3 pièce de Mujo, mais la plupart du temps je l'ai passé sur la Pista.
4 Q. Aujourd'hui, on vous a posé des questions concernant Kvocka et
5 la manière dont il était vêtu. Vous avez dit qu'il portait un uniforme de
6 camouflage de police. Pouvez-vous vous souvenir aujourd'hui si Kvocka
7 portait d'autres uniformes et, si oui, lesquels ?
8 R. Je ne me souviens pas. Peut-être qu'il le faisait, peut-être
9 qu'il portait d'autres uniformes, mais je ne m'en souviens pas. Vous
10 savez, je n'ai pas retenu tous ces détails en ce qui concerne les
11 uniformes et qui portait quelle sorte d'uniforme. Je ne souhaite pas
12 m'exprimer de manière imprécise parce que je ne me souviens pas.
13 Q. Vous avez aussi parlé de deux hommes Ismet Ohic et Hamdija Brkic
14 que vous connaissiez et qui avaient été passés à tabac. Quand vous étiez à
15 Omarska, où vous trouviez-vous quand vous avez vu ces deux hommes pour la
16 première fois ?
17 R. Dans la pièce de Mujo. C'est là que je les ai vus pour la
18 première fois et c'est eux qui nous ont raconté qu'ils avaient été passés
19 tabac.
20 Q. Quand vous les avez vus dans la pièce de Mujo, avez-vous vu sur
21 eux des traces visibles du passage à tabac ?
22 R. Oui bien sûr, leur visage était gonflé, on avait des traces de
23 sang, on pouvait voir cela sur les visages. Il était clair qu'ils avaient
24 été passés à tabac.
25 Q Je crois que vous avez dit qu'ils vous ont dit qu'ils avaient
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1 été passés à tabac dans le SUP.
2 R. Oui, c'est ce qu'ils ont dit mais, même s'ils n'avaient pas été
3 passés à tabac, c'était visible. L'un d'eux, c'était un voisin. Il y avait
4 plusieurs voisins là-bas et l'un des voisins a dit que son frère avait été
5 dans l'autre autocar et que lui a été passé à tabac.
6 Q. Pendant cette nuit-là, dans la pièce de Mujo, est-ce que
7 certains ont été passés à tabac ?
8 R. Non, pas cette fois-ci.
9 Q. Vous avez dit que vous étiez dans la pièce de Mujo tard cette
10 nuit-là. Combien de personnes y avait-il à ce moment-là ?
11 R. On était nombreux, il n'était pas possible de s'asseoir. Je n'ai
12 donc même pas vu l'ensemble de la pièce.
13 Q. Est-ce que vous pouviez vous déplacer librement dans cette pièce
14 cette nuit-là ?
15 R. Non. A ce moment-là, il fallait rester là où on se trouvait et,
16 à un moment, je suis sorti à l'extérieur.
17 Q. On vous a posé plusieurs question concernant un incident où un
18 homme faisait l'appel des noms à haute voix, on vous a posé également des
19 questions concernant la question de savoir comment était vêtue cette
20 personne. Vous avez dit que vous ne l'avez pas regardée de près. Pourquoi
21 ne l'avez-vous pas regardé de près lorsqu'il a crié, lorsqu'il se tenait à
22 la porte et qu'il criait les noms ?
23 R. J'avais peur, j'avais peur qu'il ne cite mon nom. On se
24 regroupait toujours dans des petits groupes, car on avait peur et, moi, je
25 ne reconnaissais pas tous ces gens. Ma réponse, c'est : c'est à cause de
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1 la peur que je n'ai pas pu regarder cela, j'avais peur d'être appelé moi
2 aussi.
3 Q. D'après le compte rendu, vous avez déclaré aussi que cet homme
4 était venu plus tôt. Qu'avez-vous voulu dire quand vous avez dit qu'il
5 était venu plus tôt ?
6 R. Je crois que je voulais dire que même avant ce moment-là, il
7 venait dans le camp. A ce moment-là, j'ai entendu sa voix, j'ai reconnu sa
8 voix, quelque chose comme cela. Je suppose que c'est ce que je voulais
9 dire, c'est possible.
10 Q. Veuillez remettre au témoin maintenant la pièce à conviction
11 D26/1.
12 (L'huissier s'exécute.)
13 Veuillez examiner cette photo, s'il vous plaît. On vous a posé des
14 questions concernant cette photo et concernant ces jardinières que vous
15 voyez sur la photo. Je vous demanderai de regarder les hommes sur la photo
16 et dites-nous si vous reconnaissez leurs uniformes.
17 R. C'est ce que je considère être l'uniforme de police civile, donc
18 la chemise bleu clair, le pantalon bleu foncé et c'est les policiers de la
19 police civile qui étaient vêtus comme cela.
20 Q. Quand vous avez dit que certains gardes à Omarska portaient des
21 uniformes de police, s'agissait-il de ce genre d'uniforme ?
22 R. Oui.
23 Q. Je souhaite aussi vous demander... Vous pouvez enlever cela.
24 Quelques autres questions concernant la Pista : comment vous définissez la
25 Pista ? Je demanderai que l'on remette au témoin la pièce à conviction
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1 3/82. Il s'agit d'une photo de la maquette où l'on voit plusieurs
2 bâtiments.
3 (L'huissier s'exécute.)
4 M. le Président: Madame Hollis, je vous rappelle que le témoin a bien
5 identifié dans cette pièce à conviction ce qu'est la Pista. Vous allez
6 poser votre question, mais je vous rappelle que le témoin a bien identifié
7 ici.
8 Mme Hollis (interprétation): J'ai une question supplémentaire à ce sujet,
9 Monsieur le Président.
10 Vous nous avez montré la partie que vous définissez comme la Pista ; tout
11 d'abord je souhaite vous indiquer cette partie pour laquelle vous avez dit
12 qu'il s'agissait de la Pista.
13 Témoin AI (interprétation): Cette partie, je l'appelle la Pista et ici
14 aussi.
15 Q. Sur la pièce à conviction de la défense 26/1, on vous a posé des
16 questions concernant certaines jardinières. En regardant cette partie que
17 vous avez appelée la Pista et en traçant une ligne, est-ce que vous pouvez
18 nous indiquer où se trouvaient ces jardinières sur la Pista ?
19 R. Je ne comprends pas ce mot "jardinière". Pot de fleurs ? Bac de
20 fleurs ? C'était ici et par-là. Près de la pièce de Mujo.
21 Q. Vous montrez la ligne entre le bâtiment du hangar et du
22 restaurant en face de la maison blanche ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous avez aussi indiqué la ligne qui va depuis le bâtiment du
25 hangar jusqu'au restaurant du côté qui se trouve à la plus grande distance
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1 par rapport à la maison blanche, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez aussi montré une autre partie avec ces bacs à fleurs
4 en béton ?
5 R. Oui, il y en avait ici devant la maison de Mujo, devant le
6 dortoir de Mujo. C'est là qu'il y avait un point d'eau.
7 Q. Quand vous parlez de la Pista, vous parlez de l'espace qui se
8 trouvait entre le bâtiment du restaurant et le bâtiment du hangar et qui
9 était limité par ces bacs à fleurs ?
10 R. Oui.
11 Q. Merci. Je demande, s'il vous plaît, Monsieur le Président, que
12 ceci soit versé au dossier en tant que pièce à conviction 3/87(A) et
13 3/87(D). Il s'agit des versions en anglais et en BCS de la déclaration du
14 témoin D98. La version en anglais est la pièce à conviction 3/87(A) et la
15 version en BCS est numérotée 3/87(D). J'ai aussi des exemplaires
16 supplémentaires pour les juges de la Chambre de première instance
17 instance.
18 M. O'Sullivan (interprétation): J'ai une objection, Monsieur le Président.
19 M. le Président: Oui, Maître O'Sullivan, quelle est l'objection ?
20 M. O'Sullivan (interprétation): Je considère que les questions
21 supplémentaires du Procureur doivent se limiter aux points qui sont restés
22 ambigus suite au contre-interrogatoire, alors qu'on n'a jamais posé de
23 questions au témoin en ce qui concerne cette déclaration ; ceci n'était
24 pas le cas au cours du contre-interrogatoire, c'est pourquoi je fais cette
25 objection.
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1 Mme Hollis (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je ne pense pas
2 qu'on puisse dire que ceci sort du domaine du contre-interrogatoire ; on a
3 posé des questions plusieurs fois à ce témoin concernant ce qu'il a dit
4 dans sa déclaration de 1998. Peut-être qu'on ne lui a pas montré la
5 déclaration, mais on lui a posé plusieurs questions concernant celle-ci.
6 La défense s'est appuyée sur cette déclaration. En conséquence, nous avons
7 le droit de présenter cette déclaration et de poser des questions
8 concernant celle-ci. Il est certain que les déclarations du témoin de 1998
9 et de 1995 ont fait l'objet des questions posées au cours du contre-
10 interrogatoire.
11 M. le Président: Nous devons rejeter votre objection, Maître O'Sullivan.
12 Vous savez bien que presque toutes les déclarations faites dans l'histoire
13 par le témoin ont été l'objet du contre-interrogatoire. Nous rejetons
14 l'objection et nous demandons à Mme Hollis de continuer à poser ses
15 questions. Nous voudrions avoir les pièces.
16 Mme Hollis (interprétation): Au cours du contre-interrogatoire, on vous a
17 posé des questions concernant la procédure qui a été suivie quand les
18 déclarations ont été recueillies. Est-ce que la procédure était la même
19 pendant que l'on prenait votre déclaration en 1995 et 1998 ?
20 Témoin AI (interprétation): Bien sûr, il n'y a pas eu de pression, je
21 parlais de ce dont je me souvenais.
22 Q. A la fin de cette déclaration, on vous a relu son contenu dans
23 une langue que vous connaissez, que vous comprenez ?
24 R. Oui, on m'a relu la déclaration sans problème, j'ai entendu
25 cela.
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1 Q. Vous l'avez signée et vous avez apposé vos initiales sur
2 certaines pages, n'est-ce pas ?
3 R. Oui, c'est exact.
4 Q. Je souhaite que vous examiniez la page 1 de cette déclaration de
5 1998. Est-ce que votre signature apparaît à cette première page ?
6 Veuillez examiner la version en anglais.
7 R. Oui, c'est ma signature.
8 Q. Veuillez maintenant examiner la page 2 à 7 et nous dire si vos
9 initiales y sont apposées ?
10 R. Oui, il s'agit de mes initiales, oui.
11 Q. Veuillez examiner la page 8 et nous dire si votre signature y
12 figure ?
13 R. Effectivement, oui, c'est ma signature.
14 Q. Je souhaite maintenant que vous examiniez certaines parties de
15 cette déclaration en BCS ; je vais aussi indiquer où ceci se trouve en
16 anglais. Je souhaite que vous examiniez la page 3 en BCS, paragraphe 5
17 -paragraphe 3 dans la version en anglais. Au cours du contre-
18 interrogatoire, le conseil de la défense a mentionné une partie de ce qui
19 figure. Dans ce paragraphe, je souhaite attirer votre attention sur la
20 totalité de ce paragraphe. Dans ce paragraphe, il est dit : "Au cours de
21 la première nuit, quand nous sommes arrivés, quand on a nous a fouillés et
22 battus, Kvocka était là ; pendant que les détenus étaient tabassés et
23 qu'on prenait nos possessions personnelles, nous avions les têtes
24 penchées, nous avions reçu des instructions de ne pas regarder autour de
25 nous. C'est pourquoi je ne peux pas dire que M. Kvocka était debout près
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1 de nous pendant le passage à tabac. Cependant, dès que la fouille et le
2 passage à tabac se sont terminés, nous l'avons vu. Je suis sûr qu'il a vu
3 chacun des gars qui nous faisaient cela."
4 R. Oui, c'est une déclaration correcte, je ne l'ai pas vu quand
5 cela se passait, mais il était présent, c'est exact. Je ne le connaissais
6 pas avant, mais par la suite il s'est présenté lui-même.
7 Q. Je souhaite que vous examiniez la fin de la page 3 et la page 4
8 en BCS -paragraphe 5 de la page 3 en anglais. Encore une fois, il s'agit
9 d'un paragraphe mentionné par la défense, je vais le lire. "Une fois, j'ai
10 vu Kvocka qui parlait à un garde près de l'entrée du restaurant. A ce
11 moment-là, Zoran Zigic est venu et il a fait l'appel des noms Asef, Kiki
12 et Began. Je ne connais pas les noms de Began et Kiki. Began était
13 propriétaire d'un restaurant à Prijedor, Kiki avait un commerce qui
14 s'appelait "Kiki". Zigic a fait l'appel de ces noms, les gardes ont dit
15 aux prisonniers de se placer sur la Pista, de s'allonger par terre sur le
16 ventre. Peu de temps après, nous avons entendu des cris et il est certain
17 que Kvocka a pu les entendre. Nous étions face au sol pendant au moins 3
18 heures ; pendant presque toute cette période, nous entendions des cris et
19 des gémissements en provenance de la maison blanche. Est-ce ce que vous
20 avez dit en 1998 dans le cadre de votre déclaration préalable ?
21 R. Oui, c'est ce que j'ai dit, mais j'ai aussi dit que Kvocka était
22 allé au coin du restaurant et qu'il aurait pu l'empêcher. Je ne sais pas
23 si c'est à ce moment-là que Zigic est venu, mais à ce moment-là j'étais
24 dans le restaurant. Je ne me souviens pas de tous les détails ; à un
25 moment, il parlait puis il est parti. Je ne sais pas s'il s'agissait de
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1 Zigic ou d'un autre garde, mais je sais qu'il était présent quand Zigic
2 est venu pour faire l'appel des noms. En ce qui concerne tous les détails,
3 je ne peux pas m'en souvenir.
4 Q. Très bien. Je souhaite parler de l'incident que vous avez décrit
5 devant ce Tribunal. Vous avez parlé de Zoran Zigic dans votre déclaration
6 préalable. Comment connaissiez-vous son nom ?
7 R. Ce sont d'autres co-détenus qui m'ont dit que son nom était
8 Zoran Zigic ; encore une fois, je ne le savais pas avant. J'ai appris que
9 c'était son nom, mais cet homme ne m'intéresse pas du tout. C'était l'un
10 des gardes qui venait, nous on se cachait tous. Je ne souhaite pas parler
11 beaucoup plus de cela, puisque moi je me cachais pendant que tous ces gens
12 faisaient l'appel, je n'avais rien à faire avec lui et il ne m'a pas
13 touché, pas harcelé. J'évite d'en parler, j'ai même peur d'y penser
14 aujourd'hui.
15 M. le Président: Maître Stojanovic, une objection ?
16 M. Stojanovic (interprétation): Je pense, Monsieur le Président, qu'on
17 parle maintenant plus de Zigic que pendant l'interrogatoire principal.
18 Ceci constitue la base de notre objection. On mentionne ici certaines
19 déclarations que nous entendons pour la première fois maintenant, alors
20 que nous, la défense, nous n'avons pas la possibilité de réagir. J'ai
21 l'impression qu'on mentionne plus Zigic maintenant que dans le cadre de
22 l'interrogatoire principal. Merci.
23 M. le Président: Madame Hollis, quelle est votre réponse ?
24 Mme Hollis (interprétation): Monsieur le Président, il n'y a rien de
25 nouveau, ceci figure dans la déclaration que la défense a reçue et que les
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1 conseils auraient pu étudier. Je demande pourquoi il a mentionné ce nom,
2 parce que je souhaite qu'il soit clair pour tout le monde que ce témoin ne
3 connaissait pas Zoran Zigic, mais que d'autres personnes lui ont dit de
4 qui il s'agissait. Je pense qu'il est nécessaire que tout le monde ici
5 comprenne qu'il ne connaissait pas le nom de cette personne. S'il en a
6 parlé dans cadre de sa déclaration préalable, c'est parce que d'autres
7 détenus lui ont dit le nom de cette personne. Une partie de ceci a été lu
8 d'ailleurs dans le cadre du contre-interrogatoire, c'est pour cela que
9 nous avons cité ce paragraphe. Nous n'avons pas proposé au témoin
10 d'identifier directement Zoran Zigic, car il a été clair d'après ce qu'il
11 a dit qu'il ne connaissait pas du tout Zoran Zigic.
12 M. le Président: Maître Stojanovic ?
13 M. Stojanovic (interprétation): J'ai simplement une remarque, je souhaite
14 attirer votre attention sur le fait que cette déclaration n'a pas été
15 versée au dossier dans le cadre de l'interrogatoire principal, ni de notre
16 contre-interrogatoire. Nous avons simplement cité une phrase, mais ceci
17 n'a pas été proposé pour le versement au dossier.
18 M. le Président: Maître Stojanovic, vous avez lu cette partie. Vous ouvrez
19 des portes, chacun de vous qui a fait le contre-interrogatoire ouvre des
20 portes pour le contre-interrogatoire. Quand vous ouvrez des portes dans le
21 contre-interrogatoire, vous ouvrez des portes pour la réplique. Vous
22 reconnaissez avoir parlé de cela ou non ?
23 M. Stojanovic (interprétation): Dans ce cas, je devrais avoir la
24 possibilité de répondre ?
25 M. le Président: Non, vous avez mentionné toutes ces questions. C'est
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1 maintenant au Procureur d'éclaircir et de franchir -si vous permettez
2 cette image- la porte que vous avez ouverte, donc nous rejetons votre
3 objection et nous demandons à Mme Hollis de continuer.
4 Mme Hollis (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je souhaite
5 lire une autre partie de la déclaration, c'est la page 4 paragraphe 4 en
6 BCS et page 4 paragraphe 2 en anglais. Au cours du contre-interrogatoire,
7 un conseil de la défense vous a dit que, dans le cadre de votre
8 déposition, vous avez dit que vous n'aviez jamais vu Kvocka dans la maison
9 blanche. Dans votre déclaration de 1998, vous avez dit qu'à de nombreuses
10 reprises vous avez vu Kvocka dans la maison blanche. Vous avez voulu
11 expliquer, mais on ne vous a pas permis de le faire. C'est pourquoi je
12 vais vous demander de dire ce que vous avez souhaité expliquer aux juges
13 en ce qui concerne cette différence entre les deux déclarations.
14 R. J'ai souhaité clarifier que je n'ai pas vu personnellement qu'il
15 entrait dans la maison blanche, je l'ai vu aller dans cette direction et
16 revenir au bout de 15 minutes ; je ne l'ai jamais vu entrer dans la maison
17 blanche, mais c'est ce que j'ai conclu. C'est pourquoi je n'ai pas cité
18 ces détails. J'essaie de raconter seulement ce que j'ai vu de mes propres
19 yeux. Il allait dans cette direction, quant à la question de savoir s'il
20 était à l'intérieur ou pas, je ne peux pas le savoir, je ne l'ai pas
21 suivi. Lui ne m'a rien fait, je ne sais pas s'il a fait quoi que ce soit à
22 quelqu'un d'autre.
23 Q. Encore une fois, nous parlerons de la déclaration. En anglais il
24 s'agit de la page 2, paragraphe 6 et en BCS page 3 et le début page 4.
25 Vous avez dit en 1998 : "Je ne connaissais pas M. Kvocka, avant la guerre,
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1 je me souviens qu'il s'est présenté en disant "je suis Kvocka et je suis
2 responsable pour vous", c'est comme ça que j'ai appris qui il était. Plus
3 tard, d'autres prisonniers l'ont reconnu et m'ont dit qu'il était Kvocka,
4 qu'il était marié avec une musulmane et les frères de sa femme étaient
5 détenus dans le camp eux aussi. J'ai appris tout cela par la suite, de la
6 part d'un voisin de sa femme qui s'appelait Emir Trta".
7 R. Oui, c'est ce que j'ai appris, mais en ce qui concerne les
8 frères de son épouse, je ne les connaissais pas du tout, je ne voulais pas
9 parler des détails que je ne connaissais pas avec certitude. Moi je
10 raconte seulement ce que je sais, je ne connaissais pas M. Kvocka
11 personnellement ni ses beaux-frères non plus, cela fait partie de ce genre
12 de détail que je ne connaissais pas.
13 Q. Je souhaite qu'on montre de nouveau au témoin la pièce à
14 conviction D25 /1.
15 (L'huissier s'exécute.)
16 Je demanderai au témoin d'examiner la version en anglais s'il vous plaît.
17 Je crois que vous avez dit que la procédure appliquée lors de la prise de
18 cette déclaration était identique à celle qui a été appliquée en 1998 ?
19 R. Oui.
20 Q. Veuillez examiner la page 1 et nous dire si c'est votre
21 signature qui apparaît la page 1 en anglais ?
22 R. Oui.
23 Q. A la page 2, est-ce qu'on voit vos initiales ?
24 R. Oui. C'est marqué, on peut voir mes initiales au-dessus de
25 l'endroit où le mot Zeljko a été corrigé.
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1 Q. Au fond de la page aussi ?
2 R. Oui, au fond de la page aussi.
3 Q. A la page 3, est-ce que c'est votre signature qui figure ?
4 R. Oui, la signature et les initiales aussi.
5 Q. Lorsque vous avez donné cette déclaration en 95, avez-vous
6 répondu aux questions posées, au mieux de vos souvenirs ?
7 R Oui, j'ai répondu aux questions qu'on m'a posées, je me
8 souvenais des événements. Il y a des événements dont je me souviens ici
9 que je n'ai pas mentionnés lors de la prise de la déclaration. En fait,
10 c'est que je veux parler seulement des évènements dont je me souviens avec
11 certitude, je ne veux pas entrer dans les détails trop imprécis.
12 Q. En 98, répondiez-vous aux questions qu'on vous posait en vous
13 basant sur le meilleur de votre souvenir à l'époque ?
14 R. Oui, oui.
15 Q. Monsieur, on vous a posé la question si vous avez entendu Kvocka
16 donner l'ordre de tuer quelqu'un et vous avez dit que non, vous ne l'avez
17 jamais entendu. Est-ce que vous avez jamais entendu Kvocka, à quelque
18 moment que ce soit, donner des ordres aux gardes ou à d'autres personnes
19 du camp de ne pas tuer des détenus ?
20 R. Non, je n'ai pas entendu non plus.
21 Q. Avez-vous jamais entendu Kvocka donner l'ordre à d'autres
22 personnes au camp d'arrêter d'abuser des détenus ?
23 R. D'après moi…
24 M. le Président: Maître Simic, quelle est l'objection ?
25 M. K. Simic (interprétation): Mon objection serait la suivante : le témoin
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1 a répondu à cette question lorsqu'on lui a posé la question s'il a vu
2 M. Kvocka ordonner à quelqu'un, à quelque moment que ce soit, d'arrêter la
3 violence et M. le témoin a répondu qu'il n'a pas vu M. Kvocka donner
4 l'ordre à qui que ce soit. Je crois que c'est une question tendancieuse.
5 M. le Président: On va attendre pour savoir quelle est la question que Mme
6 Hollis va poser. C'est vrai que nous répétons tout ce que le témoin a dit
7 pour avoir l'accord pour poser une question. Je crois que Mme Hollis à
8 l'instant n'a pas encore posé une question, nous allons attendre. Vous
9 pouvez continuer, Madame Hollis.
10 Mme Hollis (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Ce que
11 j'aimerais vous dire, c'est que j'ai vu au transcript qu'il était dit que
12 Kvocka n'a pas donné l'ordre de blesser quelqu'un. Je lui pose la
13 question : est-ce qu'il a jamais posé la question ou entendu dire
14 M. Kvocka de ne pas faire de mal à personne, donc c'est là ma question et
15 je la reprends. Avez-vous jamais entendu M. Kvocka intervenir pour arrêter
16 des violences faites à l'encontre des détenus ?
17 Témoin AI (interprétation): D'après moi, non, je n'ai pas entendu non
18 plus.
19 Q. Vous avez témoigné qu'à une reprise, un homme s'est présenté et
20 il appelait des noms de détenus à haute voix. M. Kvocka était présent.
21 Avez-vous vu ou entendu quelque chose qui aurait pu indiquer que Kvocka
22 aurait questionné cet homme lui posant la question de qui il était et
23 pourquoi il se trouvait au camp ?
24 R. J'ai dit qu'à ce moment-là, ils ne s'étaient pas rencontrés,
25 s'ils se sont parlé par la suite, je ne le sais pas, car je ne l'ai pas
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1 vu. Mais quand cet homme est arrivé, l'autre est parti.
2 Q. A la question qu'on vous a posée s'agissant du fait de savoir si
3 vous vous êtes plaint du passage à tabac, quelle est la raison pour
4 laquelle vous ne vous êtes pas plaint du mauvais traitement ou de ce
5 passage à tabac ?
6 R. Eh bien parce que si je me plaignais du passage à tabac, j'avais
7 peur d'en recevoir encore, j'avais peur de me plaindre à qui que ce soit,
8 c'était la raison. J'avais toujours l'impression qu'il fallait que je me
9 cache, j'avais vraiment très peur.
10 Q. Quelle est la raison pour laquelle vous croyiez que si vous vous
11 plaigniez, vous seriez traité encore pire ?
12 R. Je n'avais pas l'impression que ce garde allait m'aider, j'avais
13 juste l'impression qu'on allait abuser de moi encore plus.
14 Q. Quand vous vous êtes fait tabasser, était-ce à l'air libre ou
15 vous a-t-on emmené dans une pièce privée pour vous battre ?
16 R. Pour la plupart du temps, c'était à l'air ouvert quand Drazenko
17 me frappait, sur la Pista également il me l'a fait. On ne m'a jamais
18 appelé ou interpellé pour m'emmener dans une pièce à cet effet-là. Cela a
19 toujours été fait à l'air ouvert. Je ne sais pas ce que Drazenko avait
20 contre moi, je ne le sais pas. Est-ce qu'il savait que je travaillais, à
21 l'endroit où je travaillais ? Etait-ce la raison ? Je ne le sais pas.
22 Q. Vous avez mentionné que vous connaissiez un homme dénommé
23 Slavko ?
24 R. On m'a dit : "Voilà, c'est Slavko qui est a Prijedor". Je ne
25 connaissais pas du tout cet homme et, supposément, il avait pris part lors
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1 d'une attaque à Prijedor. Je ne connaissais pas cet homme, cela ne
2 m'intéressait pas. Il portait apparemment un béret vert, on l'appelait
3 "Oustacha", mais je n'étais pas intéressé à ce genre de choses.
4 Q. Cet homme dénommé Slavko, où l'avez-vous vu ?
5 R. J'étais sur la Pista et c'est de la Pista que je l'ai vu. Je ne
6 sais pas de quel endroit il avait été emmené, d'où il provenait. Je n'y ai
7 pas porté attention.
8 Q. Dans quel état était-il ?
9 R Il était passé à tabac, son visage était enflé d'après ce que
10 j'ai pu remarquer cette fois-là. Je ne le connaissais pas, je ne l'avais
11 jamais vu auparavant. Avant cela, je ne faisais aucune différence entre
12 les nations, entre les Catholiques, les Serbes, les Musulmans, les
13 Croates. Ce n'était pas du tout quelque chose qui m'intéressait. J'allais
14 prendre un pot au bar ou au café avec mes amis. C'était tout.
15 Q. On vous a aussi demandé ce qu'il est arrivé lorsque vous étiez
16 allongé par terre, le visage vers le sol et quand Kiki... Vous avez parlé
17 d'un incident avec Kiki, quand vous avez vu Kiki, c'est à ce moment-là que
18 vous avez dit que Began et les autres avaient été appelés. De quelle façon
19 avez-vous pu le voir, puisque votre visage était plus proche du sol ?
20 R. Parce que j'étais en mesure de relever un tout-petit peu la
21 tête, c'est à ce moment-là que j'ai pu observer ce que j'ai vu. Cela
22 arrivait la plupart des fois, mais il arrivait que, si le garde voyait
23 qu'on avait relevé la tête pour voir quelque chose, ce soldat s'avançait
24 vers nous pour marcher sur nous, pour nous donner des coups. Ils savent
25 très bien comment ils ont procédé.
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1 Q. On vous a posé des questions concernant la fois où vous avez
2 perdu votre emploi. On vous a posé la question : quelle est la raison pour
3 laquelle vous n'avez pas porté plainte quand vous avez été congédié ?
4 R. J'ai dit que j'étais sorti du camp, on m'a congédié, j'avais
5 tellement peur d'être retourné au camp de nouveau que je me suis
6 simplement tu, je suis revenu à la maison et c'est là que... C'est à
7 partir de là que je n'ai rien fait, je suis resté à l'intérieur de la
8 maison et, par la suite, j'ai dû quitter Prijedor. Si je n'avais pas
9 quitté Prijedor, je ne sais pas ce qui serait passé, car je n'avais pas de
10 quoi vivre, je n'avais plus d'argent et voilà.
11 Q. Je n'ai plus d'autres questions, Monsieur le Président.
12 M. le Président: Maître Simic, avez-vous quelque chose d'important, parce
13 que c'est aux juges de poser les questions, comme vous savez.
14 M. K. Simic (interprétation) : Etant donné que Mme Hollis a entr'ouvert
15 une porte, je vous demanderais de me permettre de poser deux questions
16 concernant le contre-interrogatoire de Mme Hollis.
17 M. le Président: Quelle est la porte ? Identifiez la porte, Maître Simic.
18 Quelle est la porte que vous voudriez franchir ?
19 M. K. Simic (interprétation): Madame Hollis a parlé de la possibilité que
20 M. Kvocka aurait pu entendre, c'est dire, j'aimerais simplement porter
21 quelques clarifications concernant ce fait et aussi des questions
22 concernant les ordres. Ce sont donc des questions courtes.
23 M. le Président : Madame Hollis ?
24 Mme Hollis (interprétation): Monsieur le Président, nous croyons que nous
25 n'avons pas ouvert de portes, nos questions ont découlé des questions que
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1 la partie adverse a posé, mais nous n'avons pas d'objection, Monsieur le
2 Président. Si vous voulez permettre à ce que l'on pose des questions
3 supplémentaires, nous n'objectons pas.
4 M. le Président: Pour une fois qu'il n'y a pas d'objection du Procureur et
5 même s'il y en avait, la Chambre pense qu'il y a des régles à suivre, mais
6 ce qui nous intéresse beaucoup ici, c'est la vérité et toute la vérité.
7 Nous vous autorisons donc à poser les questions, mais soyez rapide, s'il
8 vous plaît, Maître Simic.
9 (Questions supplémentaires au témoin AI par Me K. Simic.)
10 M. K. Simic (interprétation): J'aimerais d'abord vous remercier et je ne
11 vais pas quitter ma place. Je vais rester ici puisque mes questions seront
12 brèves.
13 Monsieur, à plusieurs reprises aujourd'hui, vous avez dit que vous ne
14 vouliez parler que des événements dont vous vous souvenez pertinement
15 bien, est-ce exact ?
16 Témoin AI (interprétation): Oui.
17 Q. Concernant la question de Mme Hollis qui découle du compte
18 rendu, je vous prierai de répondre à la question suivante : est-ce que
19 vous savez si M. Kvocka a pu entendre les cris que vous avez mentionnés ?
20 R. D'après moi, s'il était dans l'immeuble, puisque nous avons
21 entendu ces cris, il a dû les entendre lui aussi. Maintenant, je sais
22 qu'il y demeurait pendant 5 à 10 minutes. D'après moi, il devait sûrement
23 entendre des cris, car nous les avons entendus aussi.
24 Q. Et s'il avait été dans une pièce fermée ?
25 R. Il a pu les entendre aussi car, moi aussi, j'étais dans une
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1 pièce fermée des fois lorsque j'entendais des cris à l'extérieur, je
2 pouvais tout entendre.
3 Q. J'aurais une deuxième question concernant les ordres : avez-vous
4 vu à quelque moment que ce soit M. Kvocka donner des ordres ?
5 R. Non, je l'ai déjà dit.
6 Q. Merci, Monsieur le Président.
7 M. le Président: Maître Fila ?
8 M. Fila (interprétation): Je n'ai aucune objection, mais j'aimerais
9 apporter quelques clarifications : quand j'entends la traduction ou
10 l'interprétation en langue BCS, j'ai entendu que... Mme Hollis a entendu
11 la question comme elle doit le faire et, concernant le fait si le témoin a
12 été battu à l'air ouvert ou non, j'ai pu entendre que Mme Hollis a posé
13 des questions au pluriel. Est-ce qu'on l'a battu, est-ce que plusieurs
14 personnes l'ont battu ? C'est ce que j'ai entendu en langue serbe et le
15 témoin a parlé clairement d'un homme qui l'aurait battu et qu'il n'y avait
16 qu'un seul homme qui l'avait battu. Alors, je ne sais pas de quelle façon
17 vous l'entendez en français. J'aimerais simplement apporter quelques
18 clarifications là-dessus.
19 M. le Président : Madame Hollis, êtes-vous en condition de...
20 Mme Hollis (interprétation): Le Bureau du Procureur est d'avis que vous
21 devriez regarder la transcription. Je crois que le témoin a dit que
22 c'était pour la plupart du temps Predojevic qui l'a battu, que ce n'était
23 pas seulement lui et tout le temps lui, uniquement lui, mais que c'était
24 lui pour la plupart du temps. Je crois que nous sommes en train d'entrer
25 dans des zones un peu moins claires, mais la transcription devrait être
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1 consultée. Nous croyons qu'il n'a pas dit que c'était toujours et
2 seulement Predojevic, mais que c'était lui la plupart du temps.
3 M. le Président: Maître Fila, avez-vous une objection à ce que Mme Hollis
4 puisse répéter la question et entendre la réponse du témoin ?
5 M. Fila (interprétation): Je n'ai aucune objection, je voulais simplement
6 dire qu'il y a des différences dans la traduction. Mme Hollis a entendu
7 autrement et moi j'ai entendu au pluriel.
8 M. le Président: Je demande donc à Mme Hollis : est-ce que vous pouvez,
9 s'il vous plaît, répéter la question au témoin et nous allons enregistrer
10 la réponse maintenant que nous sommes tous en train de faire attention à
11 cela.
12 (Questions supplémentaires au témoin AI par Mme Hollis.)
13 Mme Hollis (interprétation): Monsieur, j'aimerais vous poser la question
14 concernant les coups -au pluriel- que vous avez reçus au camp d'Omarska
15 des personnes qui vous ont battu pendant que vous y étiez. La question est
16 la suivante : ces passages à tabac -au pluriel- ont-ils eu lieu dans des
17 aires ouvertes ou vous a-t-on emmené dans des pièces privées pour vous
18 battre ?
19 Témoin AI (interprétation): Il est arrivé à plusieurs reprises que
20 plusieurs soldats me donnent des coups quand j'allais chercher de la
21 nourriture, mais Drazenko Predojevic était celui qui me battait le plus
22 souvent. Je recevais des coups de plusieurs autres soldats également. Je
23 crois que j'en ai reçu une fois ou cinq à six fois, cela dépendait de la
24 chance de la journée. J'allais chercher de la nourriture et c'est à
25 moment-là que ces personnes nous battaient ou me battaient. Je n'allais
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1 pas souvent chercher de la nourriture, parce que j'étais malade de toute
2 façon. J'avais trop peur. Personnellement, j'ai été battu par Drazenko le
3 plus.
4 Q. Mais ces coups que vous receviez quand vous vous rendiez au
5 réfectoire, c'était dans des aires ouvertes ou était-ce dans des aires où
6 il y avait plusieurs autres personnes à la fois ?
7 R. Oui, on était à peu près une trentaine normalement, on se
8 dirigeait en colonne et ils étaient là dans le couloir, ils nous battaient
9 jusqu'à ce que l'on aille chercher cette nourriture. Cela dépendait donc
10 de la chance de la personne. Des fois, quelqu'un tombait par terre,
11 d'autres pouvaient recevoir plusieurs coups, d'autres seulement quelques
12 coups.
13 Q. Merci.
14 M. le Président: Maître Fila ?
15 M. Fila (interprétation) : C'est très clair, Monsieur le Président, il y a
16 une différence entre recevoir des coups et passer à tabac. La défense cite
17 que Drazenko le passait à tabac expressément lorsque là, il dit que les
18 trois personnes passaient et, de temps en temps, quelqu'un recevait des
19 coups. Voilà la différence.
20 M. le Président : Oui, Maître Fila, je crois que cela découle des
21 conditions que le témoin a décrites. Nous sommes des personnes
22 intelligentes pour savoir quelles sont les conséquences de cela. Merci,
23 Maître Fila.
24 Pour finir cette question, je profite du moment... et je m'excuse devant
25 mon collègue le Juge Fuad Riad-, mais je vous demande maintenant, Témoin :
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1 êtes-vous en condition d'identifier les personnes qui vous battaient au-
2 delà de Drazenko ?
3 Témoin AI (interprétation): Oui, j'ai son visage devant moi, je pourrais
4 reconnaître Drazenko. Par contre, les autres non, car cela se passait
5 rapidement. On allait chercher la nourriture. Des fois, on recevait des
6 coups et voilà, c'était cela.
7 M. le Président: Merci beaucoup pour l'instant. Je passe la parole à M. le
8 Juge Fuad Riad. Merci beaucoup.
9 (Questions supplémentaires au témoin AI du Juge Fuad Riad.)
10 M. Riad: Merci, Monsieur le Président. Monsieur le Témoin AI, bonjour.
11 Témoin AI (interprétation): Bonjour.
12 Q. J'ai quelques questions pour vous, j'aimerais que vous nous
13 apportiez des précisions concernant votre témoignage. La première question
14 dont j'aimerais que vous nous apportiez quelques précisions est la
15 suivante : de quelle façon pouvez-vous réconcilier deux choses que vous
16 avez mentionnées, l'une étant celle que vous avez répétée plus
17 particulièrement durant votre contre-interrogatoire par M. Fila, que les
18 prisonniers étaient battus d'une façon aléatoire dépendant de l'humeur des
19 gardiens et qu'au même moment, quand vous étiez... ou simultanément, quand
20 on se trouvait dans la salle d'interrogatoire et quand le garde voulait
21 vous frapper, on lui donnait l'ordre de ne pas vous frapper pendant qu'un
22 autre qui s'appelait Sefik s'était rendu dans la salle d'interrogatoire et
23 est sorti battu à mort. On l'a fait sortir de cette pièce battu à mort. Il
24 y avait donc une personne qui était en charge, qui disait : "Bats-le" ou
25 "Ne le bats pas", sinon on n'aurait pas arrêté de vous battre dans la
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1 salle d'interrogatoire. Quelle est votre évaluation ? S'agissait-il d'une
2 autorité, de quelqu'un qui avait plus d'autorité, qui pouvait décider du
3 sort des personnes ?
4 R. D'après moi, il y avait sûrement quelqu'un qui prenait des
5 décisions, mais quand on m'avait interrogé, je ne sais pas qui m'a
6 interrogé, il est possible que ces gens connaissaient mes parents. Je
7 disais que je n'étais pas coupable, j'avais perdu beaucoup de poids, cette
8 personne a dit de ne pas me battre, puisque je disais la vérité, c'est
9 peut-être la raison pour laquelle il ne lui a pas permis de me battre,
10 mais cela dépendait de la personne qui se faisait interroger.
11 Personnellement, je n'ai pas été battu, mais la raison de ceci, je ne la
12 connais pas.
13 Q. Je ne vous pose pas la question pour la raison, mais il y avait
14 quelqu'un qui pouvait dire : "Ne battez pas, arrêtez !"
15 R. Je ne sais pas, non.
16 Q. Très bien. Parlant de la discipline, vous avez mentionné que les
17 gardiens entraient, ils étaient en colonne et les supérieurs étaient à
18 côté. Est-ce que cela ressemblait à une prison ou un camp disciplinaire ou
19 s'agissait-il de quelque chose, d'une organisation qui n'était pas bien
20 ordonnée ?
21 R. D'après moi, j'avais l'impression qu'il y avait une discipline à
22 suivre et d'après moi les gardes suivaient un ordre, suivaient un certain
23 ordre et il y avait quelqu'un qui avait une certaine autorité.
24 Q. Vous avez dit que, quand vous êtes arrivé, il n'y avait pas de
25 passage à tabac, on ne vous a pas battu, par contre au contre-
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1 interrogatoire vous avez répondu que vous aviez été battu et fouillé. Je
2 crois qu'en contre-interrogatoire, aux questions de M. Simic, vous avez
3 dit que M. Kvocka était présent lorsque vous êtes arrivé, on vous a battu
4 et fouillé. Est-ce exact, on vous a quand même battu lorsque vous êtes
5 arrivé et on vous a fouillé, est-ce exact ?
6 R. Personnellement, les gens de mon autobus n'ont pas été battus.
7 Par la suite, je n'ai peut-être pas bien expliqué. Cette fois là, je n'ai
8 pas été battu, mais dans les autres autobus qui venaient par la suite, les
9 gens qui y étaient se faisaient battre.
10 Q. Vous avez dit que M. Kvocka était présent la fois où vous avez
11 été battu. Est-ce que j'ai bien compris ?
12 R. Je ne connaissais pas cette personne, je l'ai vue quand je suis
13 arrivé par la suite, il s'est présenté, il est entré au dortoir, donc
14 cette personne se trouvait dans ce cercle, je ne le connaissais pas, il y
15 avait d'autres personnes autour de moi, c'est ce que j'ai entendu dire, je
16 ne l'ai pas vu. Il a dû le savoir, il ne s'est pas présenté, il n'est pas
17 reparti par la suite, je ne le connaissais pas personnellement, mais il
18 était dans ce cercle.
19 Q. Mais par la suite, vous avez su qu'il s'agissait de Kvocka ?
20 R. Oui par la suite après qu'il se soit présenté.
21 Q. Très bien. Vous avez aussi dit qu'il n'a tabassé personne lui-
22 même ?
23 R. Je ne l'ai jamais vu tabasser quelqu'un.
24 Q. Vous ne l'avez vu, mais vous avez remarqué qu'il était une
25 personne autoritaire ?
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1 R. Oui, puisque c'est de cette façon qu'il s'est présenté à nous,
2 il a dit qu'il était principal, qu'il était une personne d'autorité, il
3 s'est bien présenté, ce n'était pas une façon écoeurante ou effroyable. Je
4 n'ai pas en fait une mauvaise impression de lui.
5 Q. Je ne vous demande pas votre impression de lui, je vous demande
6 simplement s'il n'a battu personne, mais il n'a pas empêché le tabassage
7 et le passage à tabac ?
8 R. Non, d'après moi, s'il avait donné l'ordre d'arrêter, les gens
9 auraient arrêté.
10 Q. Mais il aurait eu l'autorité d'arrêter ?
11 R. D'après la façon dont il s'est présenté, je crois que oui, je ne
12 sais pas s'il avait des supérieurs hiérarchiques au-dessus de lui.
13 Q. Pendant qu'il était là, y avait-il un supérieur hiérarchique au-
14 dessus de lui à ce moment-là ?
15 R. Je ne me souviens pas qu'il y avait quiconque.
16 Q. Concernant ce même événement, cette même personne vous avez dit
17 que, quand vous étiez assis sur la Pista, Kvocka était tout près de
18 l'homme qui appelait, qui interpellait les gens, et que par la suite il
19 est allé au restaurant et qu'il a pu entendre les gens se faire battre.
20 Est-ce que je vous ai bien compris, il a pu entendre les cris et il ne
21 s'est pas interposé ?
22 R. Oui, il s'est éloigné de l'entrée où il était, nous nous sommes
23 couchés, allongés par terre mais d'après moi, je ne crois pas qu'il avait
24 quitté l'immeuble, il est possible qu'il ait quitté le camp, je ne sais
25 pas où il est allé mais s'il était présent, il a dû entendre ce qui se
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1 passait.
2 Q. Mais il n'avait rien à voir avec cet homme qui appelait les
3 noms ?
4 R. Je ne sais pas, je n'ai pas vu cet homme. Je ne les ai pas vus
5 se rencontrer, je n'ai pas vu qu'ils aient eu une entente quelconque.
6 Q. Apparemment il y avait ce M. Drazenko Predojevic qui vous
7 maltraitait particulièrement. Avait-il quelque chose contre vous ou il se
8 comportait de cette façon envers tout le monde ?
9 R. Il battait pour la plupart les autres mais je crois que moi, il
10 m'a battu le plus car j'avais des chaussures de travail, je ne sais pas si
11 c'est la raison ou est-ce à cause du garde qui m'a emmené pour
12 m'interroger ? Il m'a dit : "Tu paieras, tu verras,". Je ne sais pas, je
13 ne le connaissais pas personnellement.
14 Q. Vous n'aviez pas de possibilité de vous plaindre aux supérieurs,
15 vous étiez complètement à sa merci, puisque, comme vous avez dit, dans la
16 salle d'interrogatoire vous étiez protégé, quelqu'un vous a protégé, mais
17 personne ne pouvait vous protéger de lui ?
18 R. Il est possible que quelqu'un aurait pu le faire, mais j'avais
19 trop peur de me plaindre.
20 Q. Vous avez mentionné que Krkan ou que son équipe était la plus
21 cruelle et qu'il était là de 5 heures du matin à 7 heures du soir. D'une
22 certaine façon, il pouvait voir tout ce qui se passait.
23 M. le Président: Maître Fila, maintenant je ne vous permets pas
24 d'interrompre un collègue
25 R. D'après moi, il était là et il a dû savoir ce qui se passait.
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1 Q. Est-ce qu'il ressemblait aussi à quelqu'un qui était un chef,
2 est-ce qu'il semblait être le chef de cette équipe ? Vous croyez qu'il
3 aurait pu donner des ordres de quelque façon que ce soit ?
4 R. D'après moi, il était un peu inférieur de M. Kvocka, mais il
5 était le supérieur des gardes.
6 Q. Vous l'avez vu donner des ordres aux gardes de quelque façon que
7 ce soit et que ces gardes aient obéi ?
8 R. Je n'ai pas vu personnellement s'il donnait des ordres, mais je
9 l'ai vu s'entretenir avec les gardes. Je ne sais pas si à ce moment-là, il
10 leur ordonnait de battre quelqu'un, je n'ai ni vu, ni entendu.
11 Q. Non bien sûr, il n'a pas donné des ordres pour battre quelqu'un,
12 mais il n'a pas non plus essayé d'empêcher le passage à tabac, jamais ?
13 R. Non, je n'ai pas remarqué.
14 Q. Maintenant, concernant Krle, vous avez mentionné que vous l'avez
15 vu tirer sur un homme devant vos yeux. Est-ce que cet homme essayait de
16 s'enfuir ?
17 R. D'après moi, cet homme avait un peu perdu les nerfs, il avait
18 commencé à marcher, Krle lui a dit : "assieds-toi". Il n'a pas obéi, il
19 l'a emmené dans la maison blanche et après cet homme-là a sauté de la
20 maison blanche et Krle lui a tiré dessus, mais l'équipe de Krle était la
21 meilleure, j'étais très surpris que cela se passe pendant l'équipe de
22 Krle. En fait, c'est eux qui battaient le moins et j'étais vraiment
23 surpris de la part de Krle, parce qu'à plusieurs reprises Krle m'a même
24 laissé aller aux toilettes et personne ne m'avait touché cette fois-là,
25 donc j'étais très surpris de sa réaction. Je ne sais pas ce qui a dû lui
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1 passer par la tête à ce moment-là, je ne le sais pas, mais il y a eu des
2 événements semblables. Cette fois-là, j'ai pu l'observer de mes propres
3 yeux.
4 Q. Etait-ce d'usage que les gens essaient de s'enfuir et qu'on leur
5 tire dessus ? Aviez-vous remarqué quelque chose de ce genre ?
6 R. Non, c'était la seule fois que j'ai vu tirer, qu'un homme a été
7 tué.
8 Q. Mais vous l'avez-vous vu clairement, vous étiez assez proche
9 pour voir ce qui se passait ?
10 R. Eh bien, j'étais sur place, j'étais là, j'ai vu lorsque l'homme
11 s'est relevé, Krle lui a dit : "Assieds-toi". Il l'a emmené dans la maison
12 blanche, peut-être, je croyais qu'il avait les meilleures intentions. A ce
13 moment-là, cet homme a peut-être eu encore plus peur et il a sauté, il
14 s'est dirigé en direction de la Pista et c'est à ce moment-là qu'il lui a
15 tiré dessus. Je ne sais pas quelle était la raison de ce geste. J'ai vu
16 que c'était arrivé. Avant cela, il a dit : "Arrête !", l'homme ne s'est
17 pas arrêté. D'après ce que j'ai pu voir, c'est ce qui s'est passé.
18 Q. Merci beaucoup.
19 M. le Président: Je crois qu'il est tout à fait convenable de faire une
20 pause. Madame le Juge Wald a des questions, moi aussi, donc nous allons
21 faire une pause de 30 minutes et après on reprendra.
22 L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 13 heures 33.
23 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)
24 M. le Président: Veuillez vous asseoir.
25 (Les accusés s'exécutent.)
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1 M. le Président: Madame le Juge Wald, s'il vous plaît.
2 (Questions au Témoin AI de Mme le Juge Wald.)
3 Mme Wald (interprétation): Monsieur le Témoin AI, vous savez que M. Kvocka
4 s'est adressé au groupe de détenus le premier soir que vous avez passé à
5 Omarska. Ma question est la suivante. Quand il a fait cela, est-ce qu'il a
6 expliqué quel était son rôle ou sa position dans le camp ?
7 Je crois qu'en réponse à la question posée par M. Riad, vous avez dit
8 qu'il avait dit qu'il était le chef mais avant, vous avez dit qu'il avait
9 dit qu'il était la personne responsable pour vous, donc pourriez vous nous
10 clarifier et nous dire exactement comment il s'est présenté à vous ?
11 Témoin AI (interprétation): Il s'est adressé à nous et c'était sous-
12 entendu, il a dit qu'il était responsable et c'était sous-entendu qu'il
13 était le commandant du camp, le chef du camp. C'est logique s'il dit qu'il
14 était responsable pour nous.
15 Q. Très bien. Etait-ce l'unique occasion au cours de votre séjour à
16 Omarska ou l'un quelconque responsable du camp s'est adressé à un grand
17 groupe de prisonniers ou bien y a t-il eu d'autre occasions où un autre
18 dirigeant ou M. Kvocka lui-même s'est adressé à un groupe constitué de
19 nombreux détenus ?
20 R. Pour autant que je m'en souvienne, il était le seul à s'adresser
21 aux prisonniers de cette manière.
22 Q. Merci. Vous avez dit, je crois, que les choses avaient tendance
23 à s'améliorer du point des détenus pendant que les enquêteurs étaient sur
24 place, c'est-à-dire les gens qui venaient à 8 heures du matin et partaient
25 à 5 heures de l'après-midi. Je voudais savoir, comment est-ce possible, si
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1 tellement de tabassages se produisaient alors que les détenus allaient
2 chercher de la nourriture, et vous nous avez expliqué que ceci s'est passé
3 pendant la journée ? Est-ce que vous pourriez m'expliquer cela ?
4 R. Ce que je souhaitais dire c'est que si les gens venaient de
5 l'extérieur, ceci se passait moins souvent pendant que les enquêteurs
6 étaient sur place, et c'était vrai aussi pour les situations où l'on
7 faisait l'appel. Mais, bien sûr, quand on allait chercher de la nourriture
8 les gens étaient frappés.
9 Q. D'après votre expérience à Omarska, avez-vous entendu des cris
10 ou bien avez-vous vu des gens qui sortaient des pièces où avaient lieu les
11 interrogatoires pendant la journée ? Est-ce que vous aviez l'impression
12 qu'ils avaient été passés à tabac ?
13 R. J'ai entendu du bruit, des cris, et parfois la personne qui en
14 sortait, qui sortait de ces pièces était couverte de sang, cela arrivait.
15 Une fois, j'ai vu un voisin qui est entré, qui est allé à l'étage, et
16 ensuite on a dû le porter afin de le faire sortir, mais je ne sais pas ce
17 qui s'est passé à l'intérieur.
18 Q. Très bien. Et après les interrogatoires, après que les
19 enquêteurs aient quitté le camp, les gens étaient appelés pendant la nuit.
20 Est-ce que les gens savaient qu'on faisait l'appel ? Est-ce qu'on disait
21 aux gens que la raison pour laquelle on faisait l'appel des noms des
22 prisonniers étaient afin de les interroger ? Ou bien est-ce que les gens
23 savaient que c'était pour être passés à tabac ?
24 R. Si on disait à la personne de prendre ses affaires, cela voulait
25 dire qu'on allait faire sortir du camp. Sinon, on savait que la personne
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1 devait être passée à tabac, mais de toute façon s'ils demandaient à la
2 personne de prendre ses affaires, on savait que la personne n'allait plus
3 revenir dans le camp.
4 Q. Très bien. Vous avez dit à un autre moment qu'il y a eu 3
5 groupes dans le camp, qu'il y a eu l'unité externe de la police spéciale.
6 Cette unité, si je ne me trompe, est partie au bout de quelques semaines.
7 Ensuite il y a eu les gardes constitués à la fois des policiers normaux et
8 militaires. Ensuite, vous avez dit qu'il y avait les militaires, les
9 soldats. C'était le troisième groupe. Pourriez-vous nous dire ce qu'ils
10 faisaient dans le camp ? Est-ce qu'ils avaient un rôle différent de celui
11 des gardes et, si oui, quel était leur rôle ?
12 R. Quand je parle des soldats ou des militaires, là je parle
13 simplement des gardes qui portaient l'uniforme militaire de la JNA. Les
14 gardes qui portaient un uniforme de police, je les appelle les policiers.
15 C'est peut-être pour cela qu'il y a une sorte de confusion concernant les
16 trois groupes et leur rôle.
17 Q. Oui, c'est plus clair maintenant. Mais pour que les choses
18 soient tout à fait claires, peut-on dire qu'il y avait des gens qui
19 portaient des uniformes de l'armée, des uniformes normaux militaires, qui
20 faisaient partie des équipes de gardes ?
21 R. Oui.
22 Q. Très bien. Ma dernière question est la suivante. Pendant votre
23 séjour là-bas, à quelque moment que ce soit, est-ce qu'on vous a dit ou
24 bien avez-vous appris qu'il y avait des équipes de gardes pendant
25 lesquelles vous ne deviez pas parler ou bien pendant lesquelles vous
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1 deviez être plus silencieux que d'habitude ?
2 R. Nous avons conclu cela, entre nous, que s'il faisait nuit et que
3 si c'était l'équipe de Krkan qui était sur place, qu'il fallait qu'on se
4 taise, qu'on soit silencieux, car c'était l'équipe la plus terrible. Ce
5 n'est pas que quelqu'un nous ait dit, mais nous avons compris cela et nous
6 agissions de cette manière spontanément à cause de cela.
7 Q. Merci, Témoin.
8 M. le Président: Merci beaucoup, Madame le Juge Wald.
9 (Questions au Témoin AI de M. le Juge Rodrigues.)
10 M. le Président: Témoin AI, j'ai aussi quelques questions. Témoin AI,
11 êtes-vous capable de répéter un discours direct, c'est-à-dire par les mots
12 utilisés, les mots que M. Kvocka a utilisés quand il s'est présenté ?
13 Témoin AI (interprétation): Pour autant que je m'en souvienne, je ne suis
14 pas sûr, encore une fois, qu'il ait prononcé son nom, il a dit : "Je suis
15 Kvocka, je suis responsable pour vous pendant que vous êtes dans le
16 camp" ; il n'a pas dit "le camp", il a dit "ici", "Vous allez être
17 interrogés, tout sera bien et ensuite vous allez être ramenés chez vous",
18 c'est ainsi qu'il s'est adressé à nous.
19 Q. Très bien. Merci. Donc nous avons plus ou moins les mots. Une
20 autre question. Vous avez mentionné que, quand le chef changeait, à côté
21 de l'ensemble aligné des gardes il y avait le chef des gardes. Est-ce qu'à
22 cet instant il donnait des ordres ?
23 R. Je ne l'ai pas remarqué, mais si le garde venait jusqu'au poste
24 de garde, il prenait la relève de celui qui était déjà là. Je n'ai pas
25 entendu que quelqu'un donnait des ordres allant dans le sens : "Toi, tu
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1 dois être ici et toi tu dois être là".
2 Q. En général, vous avez parlé soit de Krkan, soit de Kvocka, soit
3 de Krle, soit qu'ils se déplaçaient un peu, au moins que vous les voyiez
4 se déplacer. Par rapport à un certain endroit seulement, se déplaçaient-
5 ils autour du camp ? Y avait-il une différence ou cela était-il égal entre
6 Krkan, Krle et Kvocka ?
7 R. Ils se déplaçaient normalement. D'après ce que j'ai pu voir, la
8 personne ne devait pas être toujours liée au poste de garde. C'est ce que
9 j'ai pu voir. J'ai pu voir que les gardes se déplaçaient à travers le
10 camp, ils n'étaient pas toujours au même endroit, ils entraient dans
11 l'immeuble, ils allaient dans le réfectoire et ainsi de suite.
12 Q. Maintenant, les corps que vous avez vus derrière la maison
13 blanche et à côté de la maison rouge, est-ce que, soit Krkan, soit Krle,
14 soit Kvocka, quelqu'un en se déplaçant autour du camp, pouvait les voir ?
15 R Ceux qui étaient par exemple derrière la maison blanche, ils
16 pouvaient les voir, oui, ou bien en bas s'ils passaient à côté ils
17 pouvaient les voir. Je ne sais pas si depuis la route on pouvait les voir,
18 mais moi quand je m'approchais je pouvais les voir. Donc cela dépendait de
19 la position de la personne.
20 Q. Par rapport à la maison blanche, où était l'entrée du camp ?
21 R. Dans la direction du hangar, de l'autre côté, le restaurant
22 était ici, la Pista ici et le hangar ici et cela dépendait de l'endroit où
23 on était assis sur la Pista. Il était possible de voir les corps à côté.
24 Il n'y avait pas beaucoup d'herbe.
25 Q. Dites-moi, en prenant la position où vous êtes et moi-même où je
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1 suis et par rapport à la maquette que nous avons entre nous, l'entrée
2 principale était de votre côté ou de mon côté ?
3 R. De mon côté, l'entrée principale du camp.
4 Q. S'il vous plaît, pouvez-vous vous lever et nous indiquer où
5 était l'entrée principale du camp, avec l'aide de M. l'huissier.
6 Mme la Greffière (interprétation): Excusez-moi, il s'agit d'un témoin
7 protégé.
8 Q Merci beaucoup d'attirer mon attention. L'entrée principale du
9 camp est de votre côté, donc les personnes qui entraient et qui sortaient
10 du camp ne passaient pas à côté de la maison blanche ?
11 R. Non.
12 Mme Hollis (interprétation): Excusez-moi, peut-être cela peut vous aider
13 si l'on montre au témoin la pièce à conviction 3/83 puisqu'il s'agit de la
14 photo de la maquette, il peut montrer cela sur cette photo.
15 M. le Président: Oui. Vous pouvez placer cette pièce à conviction,
16 Monsieur l'huissier, sur le rétroprojecteur.
17 (L'huissier s'exécute.)
18 Merci beaucoup, Madame Hollis.
19 Pouvez-vous, Témoin AI, nous indiquer où était l'entrée principale du
20 camp ?
21 Témoin AI (interprétation): Par ici, dans cette direction, voilà.
22 Q. Donc à côté du bâtiment du restaurant. Donc c'était par cette
23 porte que vous êtes arrivé au camp, avec l'autocar ?
24 R. Oui. Je n'ai pas vu, mais c'est par ici qu'on est sortis, donc
25 logiquement c'est là que cela se trouvait.
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1 Q. Merci beaucoup. Merci, Monsieur l'huissier. Une autre question.
2 Combien de personnes étaient dans l'autocar qui vous a amené au camp
3 d'Omarska ? Vous aviez déjà répondu, plus ou moins, à Me Simic qu'il y en
4 avait 40 à 50. Peut-être je vais vous poser la question d'une autre façon.
5 Est-ce que l'autocar avait plus de personnes que de places pour s'asseoir
6 ou y avait-il une personne à chaque place disponible ?
7 R. Pour autant que je m'en souvienne, je pense que tout le monde
8 était assis. C'était l'autocar normal. Je ne sais pas très exactement
9 combien de places il y avait, mais c'est pour ça que je dis entre 40 et
10 50, je ne sais pas très exactement combien de personnes pouvaient être
11 placées dans l'autobus. Moi, j'étais au quatrième ou cinquième rang.
12 Q. Une autre question. Vous avez dit que vous n'étiez pas en
13 condition de voir les personnes qui vous ont fouillé, mais vous avez dit
14 que vous les avez entendues parler ?
15 R. Oui, je ne l'ai pas vues, mais je les ai entendues.
16 Q. Après la fouille et pendant votre séjour dans le camp, avez-vous
17 entendu ces voix une autre fois ou non ?
18 R. A ce moment-là, j'avais peur, donc je ne faisais pas attention à
19 tout cela, peut-être la voix était semblable, mais je ne peux pas être sûr
20 à 100 %, je ne suis pas sûr.
21 Q. D'accord. Le 30 mai 1992, vous étiez assis sur la Pista. Combien
22 de temps êtes-vous resté dans cette position ?
23 R. Il faisait déjà nuit, il faisait un peu plus froid, donc ils
24 nous ont placés dans cette pièce qu'on appelait le dortoir de Mujo, je ne
25 sais pas exactement quelle heure il était, mais il faisait déjà un peu
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1 plus froid.
2 Q. Je voudrais revenir avec vous à la pièce demie circulaire
3 vitrée, donc l'entrée du restaurant. Krkan était-il toujours là ou se
4 déplaçait-il ?
5 R. Il se déplaçait, comme j'ai dit, il n'avait pas une position
6 fixe. Il allait à droit et à gauche, en fait tous les gardes le faisaient,
7 les chefs du camp aussi. Donc il n'avait pas une position fixe. Je n'ai
8 pas remarqué qu'il se tenait toujours à un seul endroit.
9 Q. Pendant que vous êtes resté au camp d'Ormaska, est-ce que
10 quelqu'un est venu de l'extérieur et vous a rendu visite ?
11 R. Personnellement, je n'ai pas reçu de visite, il y avait un
12 collègue de travail, mais je ne lui ai pas dit bonjour, car ce n'est pas
13 moi qu'il a voulu voir.
14 Q. Est-ce que quelqu'un a rendu visite aux détenus en général ?
15 R. Je ne sais pas.
16 Q. Jamais quelqu'un de la Croix-Rouge internationale notamment n'a
17 visité le camp ?
18 R. J'en ai entendu parler une fois, je n'ai pas vu, je pense qu'un
19 journaliste venait, on m'a dit de venir, mais à l'époque j'étais dans le
20 hangar donc je n'ai vu personne.
21 Q. D'accord.
22 Témoin AI, vous venez de finir votre témoignage au Tribunal pénal
23 international. Nous vous remercions beaucoup et nous souhaitons que vous
24 puissiez recouvrir, récupérer de votre souffrance. Maintenant, vous pouvez
25 sortir. Nous vous remercions beaucoup.
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1 Il faut baisser les rideaux, je crois, Monsieur l'huissier.
2 R. Merci à vous, merci à tous, j'espère que j'ai pu être utile.
3 Dans ce cas-là, cela va me soulager peut-être.
4 (Le témoin AI est reconduit hors du prétoire.)
5 M. le Président: Madame Hollis ?
6 Mme Hollis (interprétation) : Est-ce qu'on peut parler des pièces à
7 conviction, s'il vous plaît, Monsieur le Président ?
8 M. le Président: Oui, vous avez raison, Madame Hollis, nous pouvons.
9 (Questions administratives)
10 Mme Hollis (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Le Procureur
11 propose le versement au dossier des pièces à conviction suivantes :
12 3/80 et B : il s'agissait des photos qui montrent les véhicules, y compris
13 les véhicules de police qui ont été identifiés par le témoin ;
14 3/81 : la photo des individus portant des uniformes réguliers de
15 camouflage et où Simo Drljaca figure ;
16 3/82 : il s'agit de la photo de la maquette d'Omarska ;
17 3/37 : c'est une pièce à conviction qui a reçu la cote précédemment, qui
18 avait donc été marquée, mais qui n'a pas été versée au dossier, c'était
19 une photo d'un camion, mais auparavant il n'a pas été identifié, il
20 s'agissait du camion qui transportait les cadavres ;
21 3/83 : il s'agit d'une photo de l'immeuble administratif, avec la partie
22 circulaire et avec la partie en vitre, qui est tournée vers la Pista et le
23 hangar ; le témoin a marqué certains points sur cette pièce à conviction ;
24 3/84-A, B, C et D, il s'agit du panneau de photos concernant l'accusé
25 Kvocka, A concerne les procédures, B concerne le certificat d'interprète,
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1 C le rapport et D une copie du panneau de photos ;
2 3/85-A jusqu'à D1, il s'agit d'une pièce à conviction contenant la série
3 de photos concernant Krle, A concerne les procédures, B concerne le
4 certificat de l'interprète, C le rapport, D et D1 les séries de photos.
5 Le Procureur souhaite aussi dire que la troisième série de photos qui a
6 été montrée au témoin contient les photos de Zigic. Le témoin, comme il
7 l'a déclaré, n'a reconnu personne dans le cadre de cette série de photos.
8 Le Procureur demande le versement au dossier aussi de la pièce 3/86 A et
9 B, il s'agit d'un document concernant la décision sur la fin de l'emploi
10 de ce témoin, A la version en anglais, B la version en BCS. Nous proposons
11 également le versement au dossier de la pièce à conviction 3/87 A et B, il
12 s'agit de la déclaration du 18 septembre 1998, A la version en anglais et
13 B la version en BCS.
14 Le Procureur souhaite également dire que, si la défense ne demande pas le
15 versement au dossier de la déclaration de l'année 1995 qui a reçu la cote
16 D25/1, dans ce cas-là le Procureur demande le versement au dossier de
17 cette pièce.
18 Voici les pièces à conviction pour lesquelles nous proposons le versement
19 au dossier en ce moment.
20 M. le Président: Maître Fila, vous allez parler au nom de tous les
21 conseils ?
22 M. Fila (interprétation) : Non, j'aimerais dire quelque chose en mon
23 propre nom, il s'agit de deux choses, Monsieur le Président. La première
24 étant la question que nous considérons que nous devrions résoudre, c'est-
25 à-dire il s'agit de montrer aux témoins ce qu'ils ont déjà dit.
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1 Avec tout le respect que je dois au Juge Riad, le Juge Riad a fait mettre
2 les mots dans la bouche du témoin en disant que l'équipe de Krkan était la
3 plus cruelle. J'ai regardé sur le transcript, le témoin n'a jamais dit ce
4 genre de chose, n'a jamais tenu ces propos. Donc, de quelle façon, en
5 ayant en vue l'article 5 et l'article 85 du Règlement, j'aimerais savoir
6 de quelle façon nous pouvons réagir.
7 La deuxième objection est à l'effet de ce que Mme Hollis nous a montré.
8 Donc il s'agit de la pièce à conviction, c'est-à-dire de la déclaration du
9 témoin AI du 18 septembre 1998, il s'agit de cette pièce-là qui est coté
10 3/87(A) et (B).
11 Comme vous le savez, Monsieur le Président, dans l'interrogatoire
12 principal, l'accusation ne s'est pas servie de cette déclaration. Lors du
13 contre-interrogatoire donc, il découlait de la part de quelques défenseurs
14 mais non pas de ma part, cette déclaration a été mentionnée ou montrée au
15 témoin. Je n'ai rien contre le fait de verser ce document s'agissant des
16 avocats de la défense qui l'ont mentionné, mais je crois que ce n'est pas
17 juste que ce que les autres font se rapporte à moi. Je n'ai pas ouvert
18 cette porte, personnellement. Je demande à ce que, si cette pièce à
19 conviction est accueillie, à ce que l'on biffe le nom de Mladzo Radic,
20 parce que, en contre-interrogatoire, je n'ai pas posé cette question-là.
21 Ce n'est pas sorti de l'interrogatoire principal également. Ce n'est pas
22 juste envers mon client puisque... Je crois qu'on ne devrait pas verser
23 dans mon dossier ou dans ma défense les conséquences ou les questions que
24 posent les autres avocats de la défense.
25 J'aimerais alors que, dans les parties où l'on mentionne Mladzo Radic, que
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1 ces parties-là soient expurgées et je voudrais mentionner que Mme Hollis
2 ne s'est pas servie de ces déclarations se rapportant à Mladzo Radic. Cela
3 n'a pas découlé non plus du contre-interrogatoire. Elle ne s'est donc pas
4 rapportée à lui, ni en interrogatoire principal, ni après le contre-
5 interrogatoire de la défense.
6 Il s'agit d'une situation spécifique et je demanderai à ce que l'on
7 expurge cette partie-là de la déclaration. Sinon, notre défense serait...
8 Le droit du défenseur est enfreint, à ce moment-là.
9 M. le Président: Maître Fila, nous vous avons bien entendu, mais ce
10 n'était pas à vous de parler. Quand vous vous êtes levé, je vous ai donné
11 la parole, car j'ai pensé que vous alliez parler au nom de la défense. La
12 règle est de donner la parole dans l'ordre de présentation des accusés.
13 C'était donc à Me Simic de commencer et après à vous.
14 De toute façon, quant à la première question, je dois vous répondre ce que
15 j'ai déjà répondu. Le compte rendu parle pour soi-même, il dira si le
16 témoin a dit ou non ce que M. le Juge Fuad Riad a répété.
17 L'autre, c'est : vous pouvez enlever des conclusions à la fin sur cela, et
18 notamment vous pouvez amener des témoins.
19 Une chose, c'est certain, on ne peut pas entrer dans cette discussion -à
20 la fin, vous pouvez faire l'appel-, on ne peut entrer dans cette
21 discussion d'interrompre les Juges dans les questions qu'ils posent. De
22 toute façon, c'est ce que je dois vous dire maintenant, Maître Fila.
23 M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, la seule chose que je
24 voulais dire, ce que n'est pas fondé dans l'article. En fait, il n'y a pas
25 de foncement pour mon objection dans l'article. Vous avez raison, il n'y a
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1 aucune discussion là-dessus. Mais je ne sais pas de quelle façon je peux
2 lutter ou comment réagir contre ce fait car, lorsque vous dites à un
3 témoin "Vous avez dit telle et telle chose", et que le témoin vous répond
4 "oui", alors, à ce moment-là, le témoin l'a dit.
5 M. le Président: Non, vous avez toujours le transcript. Vous pouvez
6 prouver que le témoin n'a pas dit cela.
7 M. Riad: Monsieur le Président, permettez-moi une seconde. J'étais en
8 train de suivre la traduction anglaise et j'ai noté que le témoin a dit
9 qu'il ne pouvait aller, qu'il évitait d'aller à la toilette pour ne pas
10 être battu par les gardiens et, surtout, que c'était plus féroce sur
11 l'équipe de Krkan. C'était à propos d'aller à la toilette, qu'il refusait
12 d'aller à la toilette parce que c'était à cette période-là que c'était le
13 plus dur. Si j'ai mal pris cela, je m'excuse. Si c'est là-dedans, je
14 demande à M. l'avocat de s'excuser.
15 (Les Juges se concertent sur le siège.)
16 M. Fila (interprétation): Je suis vraiment désolé, mais il s'agit d'autre
17 chose. Il s'agissait du moment où on a mentionné, où le témoin se rendait
18 au réfectoire.
19 (Les Juges se concertent sur le siège.)
20 M. le Président: Il y a donc un deuxième côté de votre intervention,
21 Maître Fila, qu'on va traiter ensemble après avoir reçu les autres
22 réponses de la défense. De toute façon, je vous remercie de vos
23 commentaires. Maître Simic ?
24 M. K. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Au cours
25 de..., nous voulions demander à ce que l'on verse au dossier la
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1 déclaration de 1995, il s'agit de la pièce D25/1. J'aimerais que l'on
2 verse également la déclaration cotée 3/87(A) et (B). Il s'agit donc de
3 cette autre déclaration qui a été prise par le même enquêteur, donc un
4 mois plus tard et un mois après l'interrogatoire ou l'entrevue qui a eu
5 lieu avec M. Kvocka.
6 M. le Président: Maître Simic, est-ce que je peux comprendre que vous
7 n'objectez au versement aux pièces que Mme Hollis a demandé ?
8 M. K. Simic (interprétation): Nous aimerions le verser également. Nous
9 n'avons aucune objection et nous n'avons aucune objection ailleurs non
10 plus.
11 M. le Président: Merci beaucoup. Maître Nikolic, c'est donc Me O'Sullivan
12 qui va intervenir ? OK, je voudrais le savoir. Merci.
13 Maître O'Sullivan ?
14 M. O'Sullivan (interprétation): Monsieur le Président, s'agissant de
15 l'adminission du versement des pièces à conviction au dossier, sans
16 commentaire sur l'objection de M. Fila, nous n'avons aucune objection sur
17 l'admissibilité des pièces à conviction.
18 Concernant le deuxième point, si je puis faire une observation générale et
19 sans me limiter à ce que Me Fila vient de dire dans le Règlement 85(B), il
20 est clair que les parties incluent que vous, Messieurs les Juges, vous
21 pouvez questionner ou interroger le témoin.
22 La Règle 5A stipule également clairement qu'une objection peut être faite
23 ou apportée le plus tôt possible. Je soumettrai avec tout le respect que,
24 lorsque le témoin est interrogé et qu'une partie a une objection à la
25 forme de la question -indépendamment de la personne qui pose la question-,
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1 le Règlement 5 stipule clairement que cette objection doit être faite le
2 plus tôt possible. Le Règlement, c'est l'article 5, n'a pas de
3 délimitation, donc je crois qu'il couvre aussi les questions qui
4 apparaissent à l'article 85(B). Il m'apparaît que ce sont les paramètres
5 que nous devons respecter.
6 Eu égard à ce contexte, les objections doivent être faites conformément au
7 Règlement au moment où les parties sentent qu'il y a une base bien fondée
8 pour apporter une objection indépendemment de la personne qui pose cette
9 question.
10 M. le Président: D'accord. Merci beaucoup, Maître O'Sullivan. Maître
11 Stojanovic ?
12 M. Stojanovic (interprétation): Monsieur le Président, nous n'avons aucune
13 objection au versement des pièces à conviction, merci.
14 M. le Président: Merci beaucoup, Maître Stojanovic. Maître Jovan Simic ?
15 M. J. Simic (interprétation) : Nous n'avons aucune objection.
16 M. le Président: Je crois comprendre qu'il n'y a pas d'objection du
17 Procureur quant au versement de la pièce D25/1 une fois que le Procureur a
18 dit que, si on ne demandait pas le versement le Procureur le demanderait,
19 les pièces sont toutes versées au dossier.
20 On doit réfléchir un peu sur cette question soulevée, mais pour l'instant
21 je maintiens la position que nous avons indiquée. De toute façon, nous
22 allons réfléchir et c'est ce que je dois vous dire maintenant.
23 Maintenant nous avons 20 minutes pour commencer avec un autre témoin.
24 (Interrogatoire du Témoin B par M. Keegan.)
25 M. Keegan (interprétation) : Merci Monsieur le Président, l'accusation
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1 appelle le témoin B à la barre, s'il vous plaît.
2 M. le Président: Je profite de cet instant pour vous demander combien de
3 témoins présents vous avez encore pour cette semaine ?
4 M. Keegan (interprétation) : Nous avons 2 témoins, inclus le témoin B. Ils
5 sont présents ici, mais, selon notre estimation, nous n'allons pas pouvoir
6 les entendre tous les 2 en réalité. Je crois que nous allons pouvoir
7 seulement entendre le témoin B. Voilà la question que nous voulions
8 soulever par la suite. Cela dépendrait de vous, Madame et Messieurs les
9 Juges. Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, si vous voulez
10 que l'on poursuive un peu plus longtemps, il s'agirait de faire du travail
11 supplémentaire, en fait de travailler deux heures de plus tous les jours
12 pour pouvoir terminer les 2 témoins.
13 M. le Président: Deux heures de plus tous les jours, tous les jours c'est-
14 à-dire aujourd'hui et demain ?
15 M. Keegan (interprétation) : En me basant sur la façon dont nous avons
16 procédé jusqu'à présent et en tenant compte du temps que nous avons pris
17 pour ces témoins que nous avons entendus, je crois qu'il serait peut-être
18 sage de dire que c'est le temps que nous avons besoin. Si la défense a une
19 autre opinion, elle est bien libre de l'exprimer.
20 M. le Président: Quel est le point de vue de la défense par rapport à tout
21 faire pour libérer ces deux témoins qui sont ici encore, parce que comme
22 vous le savez nous allons interrompre pour beaucoup de temps.
23 M. Simic (interprétation): Monsieur le Président, de nouveau j'ai une
24 crainte, j'ai la crainte que c'est un peu irréel, nous avons 2 témoins,
25 nous avons beaucoup de journées derrière nous, nous avons vu à quelle
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1 rapidité nous les avons interrogés. Je crois que le témoin B est quand
2 même assez important, sa déclaration est assez longue et je crains que
3 nous n'essayons d'essayer de faire les choses et que nous n'allons pas
4 réussir à le faire et que les témoins vont devoir revenir de toute façon.
5 Durant la pause, nous avons discuté de cela avec M. Keegan, de retourner
6 les 2 autres témoins, je crois qu'il serait plus sage et plus réaliste
7 d'essayer de n'entendre que le témoin B, cela serait plus rapide.
8 M. le Président: C'est l'opinion des autres conseils de la défense ou y a-
9 t-il des opinions différentes ?
10 M. K. Simic (interprétation): Oui.
11 M. le Président: Merci beaucoup.
12 (Les Juges se concertent sur le siège.)
13 M. Keegan (interprétation) : Il y a un facteur supplémentaire, je sais que
14 vous posez la question pour combien de temps ces témoins sont là, depuis
15 quand ils sont là, le deuxième témoin, non pas le témoin B mais le témoin
16 qui suit le témoin B, ce témoin AL n'est pas là depuis très longtemps, je
17 ne sais pas s'il va vouloir revenir une deuxième fois, mais cela dépendra
18 de vous bien sûr.
19 M. le Président: Oui, Monsieur Keegan, le problème c'est qu'il y a, comme
20 vous pouvez comprendre, des contraintes du côté de plusieurs personnes qui
21 travaillent ici, dans cette enceinte, ou qui travaillent dans l'appui de
22 tout ce que nous faisons ici. Au-delà de cela, nous-mêmes, nous avons des
23 contraintes. Moi-même, j'ai un compromis à 3 heures et quart, et je ne
24 peux pas annuler, demain aussi, je ne peux pas annuler. C'est dommage
25 quand même. Eventuellement, les Juges, mes collègues étaient disponibles
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1 pour d'une certaine façon continuer, mais il y a cette contrainte. On
2 devait prévoir tout cela d'avance pour qu'on puisse fonctionner. Donc on
3 va essayer d'aller le plus loin possible, mais certainement que peut-être
4 il faudrait considérer qu'on ne peut entendre qu'un témoin seulement.
5 Par rapport aux mesures de protection, Monsieur Keegan, de ce témoin B ?
6 M. Keegan (interprétation) : Il s'agirait d'un pseudonyme et d'une
7 déformation des traits du visage et nous aimerions bien sûr que la session
8 initiale soit faite en session à huis clos partiel et, par la suite, nous
9 pourrons faire une audience publique.
10 M. le Président: Nous sommes en condition de faire entrer le témoin.
11 Maître O'Sullivan ?
12 M. O'Sullivan (interprétation): J'aimerais simplement m'assurer que vous
13 avez compris. Je sais qu'à la pause, M. Keegan s'est entretenu avec nous.
14 Il y a toujours une barrière linguistique entre mes collègues et M.
15 Keegan. J'ai cru comprendre que, pour le deuxième témoin, la solution
16 serait de dire au deuxième témoin qu'il n'est pas probable qu'on débutera
17 son interrogatoire en chef jusqu'à la fin de la journée de demain et, si
18 oui, cela prendrait encore deux semaines avant qu'il puisse revenir pour
19 terminer son interrogatoire en chef. C'est ce que nous avions compris,
20 c'était à la suggestion de M. Keegan et c'est peut-être une bonne idée
21 pour le bénéfice du deuxième témoin de l'en informer ainsi ou peut-être,
22 en fait, d'essayer de compléter ou de terminer le témoin qui va maintenant
23 entrer dans la salle.
24 M. le Président: Oui, mais c'était cela que nous avions dit, je crois. Y
25 a-t-il quelques différences de votre côté ? Nous avions dit que c'était
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1 mieux d'entendre seulement ce témoin et d'informer l'autre qu'on ne peut
2 pas.
3 On va donc faire entrer un témoin et essayer de tout faire pour
4 l'entendre entre aujourd'hui et demain, parce que nous avons seulement
5 10 minutes aujourd'hui.
6 Nous sommes donc en condition de faire entrer le témoin. (Huis clos partiel)
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24 L'audience est levée à 14 heures 38.
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