Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 15 mars 2005

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Nous sommes prêts, je crois,

6 Monsieur Whiting, à entendre le prochain témoin.

7 M. WHITING : [interprétation] Oui.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que l'on peut faire entrer le

9 témoin.

10 M. WHITING : [interprétation] Bien sûr, ce témoin jouit de mesures de

11 protection.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pendant que nous nous préparons, un

13 petit peu plus tôt, lorsque le client de M. Guy-Smith n'allait pas très

14 bien, il a exprimé ses craintes selon lesquelles il aurait peut-être besoin

15 d'être soigné. La Chambre, par le biais du greffe, a reçu un compte rendu

16 de l'état de santé du client de M. Guy-Smith, qui indique quelque chose qui

17 a trait à la cause qui a interrompu les travaux, et qui nous fait une

18 évaluation de son état de santé actuelle qui est très claire et qui indique

19 qu'il bénéficie de check-up réguliers. Etant donné l'importance de ce qui

20 est dit ici, le Tribunal ne voit aucune raison pour que des mesures ne

21 soient pas prises eu égard à la santé de votre client, Monsieur Guy-Smith.

22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci de votre considération, Monsieur le

23 Président. Il y avait la question de savoir, antérieurement, si mon client

24 aurait peut-être des problèmes d'ordre organique, mais étant donné qu'il

25 n'y a pas eu d'autres développements et d'autres éléments médicaux, je ne

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1 peux pas donner des éléments supplémentaires. S'il y a d'autres incidents,

2 là, il faudrait que ces incidents soient traités à la lumière de la

3 compréhension du dossier médical. Merci, en tout cas, de votre

4 considération, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Guy-Smith. Les choses

6 sont claires, nous allons obtenir une copie de ce dossier médical qui sera

7 versé au procès lorsque le système informatique fonctionnera.

8 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Est-ce que vous

10 pouvez nous lire les informations qui figurent sur le carton qui vous est

11 présenté, s'il vous plaît.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

15 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Whiting.

17 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

18 LE TÉMOIN: TÉMOIN L-64 [Assermenté]

19 [Le témoin répond par l'interprète]

20 Interrogatoire principal par M. Whiting :

21 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Est-ce que vous

22 m'entendez bien ?

23 R. Oui, je vous entends bien.

24 Q. Monsieur, je veux vous rappeler que vous jouissiez de mesures de

25 protection, c'est-à-dire que votre visage ne sera pas montré à la

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1 télévision et que votre nom ne sera pas utilisé dans le cadre de cet

2 interrogatoire et que le son de votre voix sera déformé. Est-ce que vous

3 comprenez bien tout cela ?

4 R. Absolument.

5 Q. Lorsqu'il sera question de choses qui pourraient vous identifier ou

6 identifier d'autres noms, nous passerons en huis clos partiel, et je vous

7 le dirai à ce moment-là et je demanderai au Tribunal la permission de

8 passer à huis clos partiel. Est-ce que vous saisissez ce que je dis là ?

9 R. Oui.

10 Q. Je vais vous demander aussi de vous rapprocher du micro en vous

11 asseyant un petit peu plus près de la table. Ce n'est pas la peine de

12 parler juste dans le micro, mais rapprochez-vous, s'il vous plaît.

13 Je vais également vous demander de bien prendre le temps afin de répondre à

14 mes questions et afin de donner à l'interprète le temps d'interpréter mes

15 questions et d'interpréter vos réponses. Est-ce que vous avez bien saisi ?

16 R. Oui.

17 Q. Si vous ne comprenez pas une de mes questions, n'hésitez pas à me le

18 dire et je reformulerai cette question. Est-ce que vous avez bien compris ?

19 R. Oui.

20 Q. Avec l'aide de l'Huissier, je vais vous montrer un document. L'Huissier

21 vous montre, sur ce papier, un nom, et vous allez me dire s'il s'agit de

22 votre nom.

23 R. Oui, je vois ce papier.

24 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que l'on peut aussi montrer ce papier

25 aux avocats de la Défense ainsi qu'aux Juges du Tribunal, s'il vous plaît,

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1 Monsieur l'Huissier.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En entendant, je pense que maintenant

3 notre ordinateur fonctionne. Nous pouvons avoir le numéro de la pièce.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le numéro de la pièce sera le DB3.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Il s'agit du rapport médical.

6 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document peut aussi se voir

7 attribuer un numéro et être placé sous pli scellé ?

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le numéro de ce document est le P165 et

10 il est placé sous pli scellé.

11 M. WHITING : [interprétation]

12 Q. Monsieur, aujourd'hui, je vous appellerai soit, Monsieur le Témoin, ou

13 je vous donnerai le numéro qui vous a été attribué, c'est-à-dire L64. Est-

14 ce que vous me saisissez ?

15 R. Oui.

16 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que l'on peut

17 passer à huis clos partiel.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

19 Mme LA GREFFIÈRE: [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

20 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

3 M. WHITING: [interprétation]

4 Q. J'attire votre attention maintenant sur la période 1994, 1995, 1996.

5 Est-ce que vous avez eu des problèmes avec les autorités serbes ?

6 R. Oui.

7 Q. Que s'est-il passé ?

8 R. Les Serbes se sont lancés dans des opérations de recherche d'armes chez

9 moi. Je crois que c'était en janvier 1994. La police est venue me prendre,

10 avec mon frère, et nous ont placés en détention pendant deux jours. Ils

11 nous ont maltraités. On m'a cassé trois cotes, et ensuite, ils m'ont

12 renvoyé dehors en pensant que j'allais mourir, mais finalement, je me suis

13 rétabli.

14 Q. Monsieur le Témoin, je voudrais vous rappeler de ne pas donner le nom

15 de votre frère pendant que nous sommes en séance publique. Quelque chose

16 s'est passé ultérieurement. Est-ce que vous avez été arrêté après cela ?

17 R. Oui, en 1995, en mai, pendant une perquisition de routine dans ma

18 voiture, la police a trouvé un pistolet de type magnum, et j'ai donc, à

19 nouveau, été arrêté. Le tribunal municipal pénal m'a condamné à trois mois

20 de prison pour ce délit.

21 Q. Est-ce que vous avez servi cette sentence en prison ?

22 R. Oui. Le 1er novembre 1996, j'ai entamé cette période d'emprisonnement et

23 j'ai été libéré sept, huit, ou peut-être dix jours, juste avant la nouvelle

24 année.

25 Q. Monsieur le Témoin, en 1998 et 1999, est-ce que vous étiez membre de

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1 l'UCK ?

2 R. Oui, à partir de mai 1998.

3 Q. Au cours des mois de mai, juin, juillet 1998, où serviez-vous pour

4 l'UCK ?

5 R. A Lapusnik.

6 Q. Je passe maintenant plus loin dans le temps, le 27 mai 2003, est-ce que

7 vous avez été requis de venir à un entretien avec le bureau du Procureur du

8 Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie ?

9 R. Oui, j'ai été cité à comparaître en tant que suspect de crimes de

10 guerre pour la période 1998, 1999.

11 Q. Lorsque vous êtes arrivé pour cet entretien, est-ce que le statut de

12 suspect ou de témoin, a été abordé avant le début de cet entretien ?

13 R. Oui. Je ne peux pas dire combien de temps cela a duré, mais

14 probablement une heure ou deux.

15 Q. Avant le début de l'entretien de ce 27 mai 2003, y a-t-il eu une

16 discussion quant à savoir si vous étiez, en fait, considéré comme témoin ou

17 comme suspect ?

18 R. Non, j'ai dit qu'avant que l'entretien ne commence, nous avons eu une

19 discussion qui a duré un certain temps, je ne sais plus exactement, au

20 cours de laquelle on m'a expliqué que je n'étais plus considéré comme

21 suspect, mais que j'étais là uniquement pour un entretien en qualité de

22 témoin.

23 Q. Est-ce là le seul point qui a été évoqué avant que l'entretien ne soit

24 enregistré ?

25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Objection. C'est une question dirigée.

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1 M. MANSFIELD : [interprétation] Autre point.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, allez-y.

3 M. MANSFIELD : [interprétation] Le problème, c'est que je n'ai aucun

4 document à ce sujet. En tout cas, je n'en ai pas, et c'est quelque chose de

5 très important. Si nous avons des minutes sur ces entretiens qui ont eu

6 lieu, et bien, il faudrait qu'on nous les transmette, et je le demande.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Whiting.

8 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je ne pense pas qu'il

9 y ait des minutes. Il s'agit peut-être d'un petit malentendu, malentendu

10 qui s'est produit avant l'entretien et qui a été réglé avant cet entretien.

11 Il s'agit du fait que le témoin a été interrogé en tant que témoin et non

12 plus en tant que suspect. Cela n'a pas été plus loin que cela.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est juste que c'est la portée de cet

14 élément que vous évoquez qui peut porter à confusion et qui peut être

15 considéré comme étant une question dirigée.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Veuillez reformuler votre

17 question.

18 M. WHITING : [interprétation] Oui, je comprends et je vais reformuler la

19 question.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] M. Guy-Smith essaie de nous faire

21 revenir sur le droit chemin; va devenir à ce que nous puissions résister.

22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, en effet, je fais de mon mieux.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 M. WHITING : [interprétation] Merci.

25 Q. Monsieur le Témoin, avant le début de l'enregistrement de cet entretien

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1 avec le bureau du Procureur le 27 mai 2003, vous nous avez déjà dit qu'on

2 vous avait informé que vous étiez entendu en tant témoin et non pas en tant

3 que suspect. Y a-t-il d'autres points qui ont été discutés, évoqués, avant

4 que l'enregistrement de cet entretien ne commence ?

5 R. Non, je ne le crois pas.

6 Q. Au début de cet entretien enregistré, est-ce que vous vous souvenez

7 s'il a été dit que vous étiez entendu en tant que témoin ?

8 R. Oui.

9 Q. Le 17 et 18 juin 2003, est-ce que, encore, vous avez été entendu par le

10 bureau du Procureur ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce que ces entretiens ont été enregistrés ?

13 R. En effet, ils ont été enregistrés.

14 Q. En plus de ces entretiens à ces dates-là, est-ce que vous êtes allé à

15 Lapusnik avec les enquêteurs ?

16 R. Oui, une fois. Je ne me souviens plus quand, mais en effet, nous nous

17 sommes rendus là-bas.

18 Q. Le 17 et le 18 juin, est-ce que vous avez aussi, avec les enquêteurs,

19 eu des discussions qui n'ont pas fait l'objet de l'enregistrement ?

20 R. Oui, je crois.

21 Q. Est-ce que vous savez si les points qui n'ont pas été enregistrés, qui

22 ont fait l'objet de votre discussion, ont ultérieurement été enregistrés

23 dans la déclaration que vous avez faite ultérieurement auprès du Tribunal

24 pénal pour l'ex-Yougoslavie ?

25 R. Oui, et j'en ai pris connaissance.

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1 Q. Dans vos entretiens, le 27 mai 2003 et le 17 et 18 juin 2003, est-ce

2 que vous avez parlé de la période au cours de laquelle, vous étiez à

3 Lapusnik, entre mai et juillet 1998 ?

4 R. Oui.

5 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer en huis clos

6 partiel.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant en séance a huis

9 clos partiel.

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10 [Audience publique]

11 M. WHITING : [interprétation] Merci.

12 Q. Monsieur le Témoin, je vous rappelle que nous sommes en séance

13 publique, donc je vous demanderais de bien faire attention à ne pas donner

14 votre nom ou des éléments qui pourraient vous identifier. Est-ce que vous

15 m'avez bien compris ?

16 R. Oui.

17 Q. Monsieur, au moment de l'arrestation que nous venons d'évoquer en

18 séance à huis clos partiel, est-ce que vous étiez héroïnomane ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce que vous aviez été héroïnomane dans le passé ?

21 R. Oui, pendant une partie de l'année 2000, pendant quelques mois.

22 Q. Quand est-ce que vous avez cessé d'être héroïnomane ?

23 R. Pas mal de temps avant la nouvelle année de 2002. J'ai demandé une

24 assistance médicale et j'ai fait une thérapie, comme ceci me l'a été

25 conseillé par un médecin, ce qui m'a été très coûteux, et ceci a eu lieu

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1 quelque temps avant la Saint-Sylvestre de cette année-là.

2 Q. Quand vous êtes-vous servi d'héroïne pour la dernière fois ?

3 R. Depuis juste avant la nouvelle année. Peut-être une fois ou deux, à ce

4 moment-là, en petite quantité, mais, je suis allé revoir le médecin, donc

5 juste avant la nouvelle année jusqu'à février de l'année suivante.

6 Q. Affirmez-vous donc que c'est en février 2003 que vous avez finalement

7 fait usage de l'héroïne pour la dernière fois ?

8 R. C'était soit en janvier, soit en février. J'en ai pris deux fois après

9 mon arrêt. Donc, entre décembre 2002 et janvier ou février 2003; une ou

10 deux fois.

11 Q. Est-ce que vous avez participé, à un moment donné ou à un autre, à la

12 vente de l'héroïne ?

13 R. Non.

14 Q. Lorsque je vous pose cette question, je parle de vente directe ou

15 indirecte.

16 R. Indirectement, jusqu'à ce que j'ai été moi-même utilisateur, je l'ai

17 peut-être fait deux ou trois fois, mais ceci pour des quantités très

18 limitées.

19 Q. Indirectement, quel était votre rôle à ces différentes occasions de

20 vente ?

21 Lorsque vous dites "indirectement" quel était exactement votre rôle

22 dans ces ventes d'héroïne ?

23 R. Je savais qui étaient ceux qui faisaient de la vente et de l'achat

24 finalement d'héroïne, et je savais qui avait les moyens d'en acheter.

25 J'étais une sorte d'intermédiaire.

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1 Q. En tant qu'intermédiaire, est-ce que vous perceviez de l'argent ?

2 R. A une occasion précise, oui, 500 ou 1 00 deutsche marks. C'était un

3 geste tout à fait délibéré et volontaire de la part de cette personne.

4 Q. A combien d'occasions avez-vous joué l'intermédiaire ?

5 R. Deux ou trois fois.

6 Q. En 1998/1999, pendant la guerre, est-ce que vous avez joué les

7 intermédiaires dans ce domaine ?

8 R. Non.

9 Q. Après la guerre, à quelle période exactement avez-vous fait

10 l'intermédiaire ?

11 R. Je l'ai dit autour de 2002. Je ne me souviens pas des dates exactes,

12 mais c'était autour de 2002 jusqu'à ce que je devienne dépendant de cette

13 substance pendant quelque temps. J'aimerais mieux ne pas entrer dans tout

14 cela. Malheureusement, cela fait partie de ma vie et je suis bien obligé

15 d'en parler, même si ce n'est pas avec plaisir.

16 Q. J'aimerais vous poser encore une question sur ce sujet -- désolé, deux,

17 même si je suis conscient du fait que vous n'aimez pas parler de ce

18 problème.

19 Pourriez-vous nous dire quand vous avez joué le rôle d'intermédiaire pour

20 la dernière fois dans une transaction de vente d'héroïne ?

21 R. Je ne me souviens pas précisément. Il s'agissait de quelques grammes

22 d'héroïne. C'était peut-être autour du nouvel an 2002, toutefois je ne suis

23 pas très certain de la date puisqu'à l'époque j'essayais de rester à

24 l'écart de tout ce que je connaissais, de tous ceux dont je savais qu'ils

25 avaient en rapport avec l'héroïne ou utilisaient l'héroïne.

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1 Q. Ceci correspondait à la période où vous avez essayé justement de vous

2 sevrer de l'héroïne.

3 R. Oui, oui. Ceci correspond à la période où j'ai essayé de m'isoler, même

4 de ma famille et m'isoler de tout le monde. J'ai vécu seul dans un village.

5 Je ne voulais plus de contacts avec personne.

6 Q. Pourriez-vous nous donner une idée du volume le plus important

7 d'héroïne qui aurait fait l'objet d'une de vos transactions lorsque vous

8 jouiez les intermédiaires ?

9 R. Pour ce qui est de la quantité la plus importante d'héroïne devait

10 correspondre à un demi kilo, qu'on glissait dans une boîte, mais ce n'est

11 pas vraiment toute la quantité qui avait dans la boîte. Je ne sais plus si

12 c'était plus ou moins de 500 grammes. Peut-être 300, peut-être plus, mais

13 c'était une boîte qui pouvait conditionner et qui était prévue pour

14 conditionner jusqu'à 500 grammes d'héroïne.

15 Q. Je sais que vous ne vous souvenez pas exactement de la date à laquelle

16 vous avez joué le rôle d'intermédiaire pour la dernière fois dans ces

17 ventes. Vous avez dit précédemment que c'était en février 2003 que vous

18 aviez réussi à vous sevrer de l'héroïne. Après cette date avez-vous

19 participé à des transactions l'héroine en tant qu'intermédiaire ? Oui ou

20 non ?

21 R. Je crois avoir indiqué que je m'étais sevré en 2002, mais que j'avais

22 rechuté une fois ou deux en 2003. Je ne sais plus si c'était en janvier ou

23 février, mais au début de 2003. J'avais rechuté en petite quantité. Après

24 cette date je n'ai plus jamais retouché à l'héroine.

25 Q. Pourriez-vous nous dire aujourd'hui comment vous vous souvenez de cette

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1 époque, l'époque où l'héroine faisait partie de votre vie ?

2 R. J'ai déjà expliqué que j'étais ignorant de ce qu'était la dépendance à

3 l'héroïne. Lorsque j'en avais entendu parler je n'y avais pas cru. Je

4 pensais qu'on pouvait y toucher une fois et puis voilà. Lorsque ce fut mon

5 tour, j'ai compris à quel point qu'il était difficile d'être dans cette

6 dépendance, si bien qu'aujourd'hui, je ne supporte pas d'en parler et je ne

7 supporte pas non plus d'entendre parler d'accoutumance à la drogue. C'est

8 une partie de ma vie. C'est une partie de la réalité de ma vie, donc je

9 suis bien où j'ai parlé. Certain mes enfants sont très petits, ils ont très

10 jeunes. Ils ne sont pas au courant de ces passages de ma vie. J'ai honte,

11 et je me déteste pour cela.

12 Q. Je vais avancer à un autre sujet.

13 Après votre arrestation de juillet 2003, vous étiez bien en détention, en

14 prison ?

15 R. Oui.

16 Q. Au bout de trois mois en prison, est-ce que le bureau du Procureur du

17 TPI et le procureur au Kosovo ont fait une demande au Tribunal pour que

18 vous soyez un témoin en collaboration ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce qu'une ordonnance a été rédigée à Pristina vous déclarant comme

21 étant un témoin coopératif ?

22 R. Oui. Je pense que j'ai lu et signé cette ordonnance.

23 Q. Pourriez-vous nous dire dans vos propres termes, est-ce que vous avez

24 compris de ce qui stipulait cette ordonnance ?

25 R. Je pensais que je ne serais pas rendu responsable des actes dont

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1 j'avais été accusé. Voilà la façon dont j'ai compris les choses.

2 Q. Si cette ordonnance stipulait quelque chose, une attente en ce qui vous

3 concernait, quelle était cette attente ?

4 R. L'ordonnance stipulait la chose suivante : que je devais me présenter

5 comme témoin par rapport aux deux entretiens qui avaient eu lieu

6 précédemment.

7 Q. Avec l'assistance de l'Huissier je vais présenter cette ordonnance.

8 M. WHITING : [interprétation] C'est dans le dossier qui a été fourni à la

9 Cour. Il s'agit du dossier 11.

10 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

11 M. WHITING : [interprétation] Nous avons un exemplaire.

12 Q. Monsieur le Témoin, vous avez la version anglaise. Il y existe une

13 version albanaise qui suit le texte anglais. J'aimerais que vous regardiez

14 la version albanaise, s'il vous plaît.

15 Avez-vous la version en albanais devant les yeux ?

16 R. Oui.

17 Q. J'aimerais attirer votre attention sur le premier paragraphe de la

18 première page. Vous êtes ici déclaré enregistré comme témoin volontaire ?

19 R. C'est exact.

20 Q. Avant que je ne poursuivre, cette ordonnance vous a bien été lue en

21 albanais; est-ce exact ?

22 R. Oui. Cette ordonnance m'a été lue en albanais et je crois bien que je

23 l'ai signée.

24 Q. En paragraphe 2, voyez-vous comme vous l'aviez affirmé que les chefs

25 d'accusation qui avaient été retenus contre vous ne le seraient plus. Est-

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1 ce que vous voyez bien cette ligne ?

2 R. Oui.

3 Q. Pourrais-je vous demander de passer au paragraphe 4. Est-ce que vous

4 notez que l'ordonnance vous demande de dire la vérité sans omission à

5 propos de ce que vous aviez pu voir à Lapusnik pendant l'été 1998 tandis

6 que vous étiez soldat sur place, et plus particulièrement dans le cadre des

7 allégations de cette affaire. Est-ce que vous voyez bien ce passage ?

8 R. Oui.

9 Q. Au paragraphe 5. Est-ce que vous voyez le passage où l'on dit que

10 lorsqu'il y a parjure de votre part dans vos témoignages ou que dans les

11 cas où vous devriez omettre certains points les charges retenues contre

12 vous pourraient l'être à nouveau. Est-ce que vous voyez ce passage ?

13 R. Oui.

14 Q. Au paragraphe 6, enfin, voyez-vous que cette ordonnance ne s'applique

15 pas à des faits ultérieurs à cette ordonnance ni à des délits qui seraient

16 passibles de plus de dix ans d'emprisonnement ?

17 R. Oui.

18 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais que cette

19 ordonnance soit mise sous pli scellé, qu'on lui donne un numéro de pièce à

20 conviction. Je voudrais également que nous soyons tout à fait complets dans

21 tout ceci, que nous attachions le document qui va avec l'ordonnance et que

22 ce document soit également inclue en l'intercalaire numéro 10.

23 Juste pour ce qui est du PV, j'aimerais que vous voyez en page 4 qu'il y a

24 une faute de frappe en paragraphe 1 sous le "parce que", "because" en

25 anglais, avec une référence aux entretiens préliminaires du témoin au TPI.

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1 Il est stipulé que : "Il était détenu pour ce qui est du cas en question,"

2 puisqu'il n'a été finalement arrêté qu'après le 13 juillet 2003. Ceci est

3 inexact et devrait être corrigé.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'application et l'ordonnance sont

5 deux documents qui seront tous les deux classés ensemble en tant que pièce

6 à conviction.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P166, pour ce qui est de la première

8 ordonnance. Le deuxième document est P167.

9 Est-ce que ce document est aussi sous pli scellé ?

10 M. WHITING : [interprétation] Les deux documents sont sous pli scellé.

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Sous pli scellé.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pour ce qui est du document, de

13 l'application, est-ce que vous voulez les documents attenants ?

14 M. WHITING : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je pense que l'on

15 pourrait l'inclure sous un même chiffre.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agit d'une application d'un côté;

17 ensuite, d'une déclaration; ensuite, d'une série d'allégations. Les deux

18 dataient du 16 octobre. Tout ceci sous le numéro de pièce à conviction 167.

19 M. GUY-SMITH : [interprétation] En ce qui concerne les commentaires faits

20 par M. Whiting concernant ce document officiel, et son interprétation du

21 paragraphe 1 du document qui a été signé par un juge international au

22 tribunal de Pristina, avec le PV de ce qui s'est passé pendant l'audience,

23 il est stipulé toute une série de faits. Je crois que l'on ne peut pas

24 modifier les choses à ce stade. Témoigner à nouveau par rapport à des

25 déclarations qui sont déjà dans ce document, je ne sais pas si cela est

Page 4333

1 approprié.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Monsieur Whiting, dans la

3 liasse d'applications de ce document, est-ce que je comprends ce que vous

4 avez dit : que ce document est contradictoire ? Est-ce que vous voulez vous

5 fier simplement au témoignage qui vient d'être donné ou à la substance de

6 ce document ?

7 M. WHITING : [interprétation] Une seconde, s'il vous plaît.

8 Oui, c'est le paragraphe 24 du deuxième document, c'est la déclaration

9 factuelle qui stipule en référence au témoin qu'il a soumis au bureau du

10 Procureur du TPIY, sa déclaration avant même d'avoir été arrêté. Dans les

11 deux documents, il est stipulé une date d'interview avec le bureau du

12 Procureur et une date d'arrestation. Je pense que la seule logique de cette

13 phrase serait la suivante, à savoir qu'il y ait une erreur de frappe.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense plutôt qu'un argument, c'est

15 une ordonnance de la Cour qui redonne finalement une déclaration d'état.

16 Ensuite, vous avez des éléments qui étayent les faits et vous vous avez le

17 témoignage du témoin qui contredit ce qu'on retrouve dans l'ordonnance. Il

18 y a, en effet ici, matière à une décision si l'on en croit les différents

19 documents. Je ne pense que votre interprétation aidera la résolution. Ici,

20 les éléments sont ceux que nous avons sous les yeux et tout ce qui est donc

21 éléments de preuve correspond à ce que nous avons sous les yeux et, en

22 l'absence d'éléments nouveaux, il faudra en effet résoudre ce problème.

23 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je suis

24 conscient de ceci et je verrai si des éléments supplémentaires peuvent être

25 versés à ce point. Merci.

Page 4334

1 Puis-je poursuivre ?

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

3 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

4 Q. Après que l'ordonnance dont nous venons de parler a été signifiée, est-

5 ce que vous avez été libéré de prison ?

6 R. Oui. Il y a eu la journée de procès, après que j'ai été en détention,

7 j'ai été mis en liberté ce même jour, dans la soirée.

8 Q. Si vous aviez été condamné pour les chefs d'inculpations retenus contre

9 vous, quelle aurait été la durée de votre peine ? Quelle était la durée de

10 la peine à laquelle vous vous attendiez ?

11 R. Je ne connais pas le droit. Mais, j'ai eu des consultations avec mon

12 avocat et j'en ai également parlé avec d'autres personnes en prison.

13 J'étais accusé de trafic d'armes et cela aurait pu s'élever à six mois ou

14 neuf mois. C'est ce que je pensais. De toute façon, j'avais déjà fait la

15 moitié de cette peine, puisque j'ai été détenu pendant trois mois et demi.

16 Q. Après votre mise en liberté, est-ce que vous-même et votre famille,

17 vous avez été déplacés à l'extérieur du Kosovo et je vous demanderais de

18 toute évidence de ne pas dire où ?

19 R. Oui.

20 Q. Une fois que vous avez été transféré à l'extérieur du Kosovo, est-ce

21 que vous avez rencontré à nouveau le bureau du Procureur à la fin de 2003

22 et au début de 2004 ? Et est-ce que vous avez fait une déclaration

23 préalable portant sur cette période de temps à Lapusnik ?

24 R. Oui, c'est exact.

25 Q. Avez-vous signé la déclaration, le 3 février 2004 ?

Page 4335

1 R. Oui.

2 Q. Vous nous avez dit auparavant que vous vous étiez rallié à l'UCK en

3 1998. Est-ce que vous pourrez nous dire pendant quels mois cela s'est

4 fait ?

5 R. C'était peu de temps avant le 9 mai. J'étais avec une unité. Après le 9

6 mai, je suis devenu membre régulier.

7 Q. Parlons de cette période précédent le 9 mai. Quelle était l'unité avec

8 laquelle vous vous trouviez ?

9 R. Elle s'appelait l'Unité Zjarri.

10 Q. Est-ce que cette unité avait un commandant ?

11 R. Oui. Elle avait un commandant.

12 Q. Qui en était le commandant ?

13 R. Le commandant était Ymer Alushani.

14 Q. Vous avez déjà fait référence auparavant à cette personne lors de votre

15 déposition. Depuis combien de temps connaissiez-vous Ymer Alushani ?

16 R. Je le connaissais depuis 1989.

17 Q. Est-ce qu'il avait ou est-ce qu'il portait un pseudonyme pendant la

18 guerre ?

19 R. Oui. Son pseudonyme était Voglushi.

20 Q. Quel était son village d'origine ? Est-ce que vous le savez ?

21 R. Oui. Il était natif du village de Komorane et il vivait dans les

22 environs de ce village.

23 Q. Savez-vous dans quel quartier, il habitait à Komorane ?

24 R. Oui. Il habitait dans un quartier qui n'était pas très loin de Lapusnik

25 ou des gorges de Lapusnik.

Page 4336

1 Q. Est-ce que vous pourriez-nous dire comment vous avez rallié l'Unité

2 Zjarri ?

3 R. Avant le 9 mai, nous possédions une collecte d'armes. Nous pouvions

4 nous rendre compte que la guerre était inévitable. Nous attendions tout

5 simplement le début de la guerre. Je ne me souviens pas de la date exacte,

6 mais c'est au même moment qu'Ymer a eu l'autorisation en quelque sorte de

7 créer cette unité. Donc, cela s'est passé un ou deux mois avant le 9 mois.

8 Q. Savez-vous comment il a obtenu cette autorisation pour créer cette

9 unité ?

10 R. Je pense, et c'est ce qu'il avait dit, je pense, disais-je, qu'il avait

11 des contacts avec certains membres à Likovc, ils faisaient partie de ces

12 amis. Après qu'il se soit rendu à Likovc il a obtenu cette permission, il a

13 obtenu le nom de l'unité également. Il a obtenu du matériel, un ou deux

14 fusils, deux grenades à main, et cetera. Voilà, c'était tout.

15 Q. Est-ce qu'il vous a dit le nom des personnes qui se trouvaient à

16 Likovc ?

17 R. Je ne suis pas très sûr pour ce qui est des noms, mais il a utilisé des

18 chiffres ou des numéros. Il a dit, numéro 25. Je pense que c'était la

19 personne avec qui il avait pris contact en premier lieu. Puis, il y a

20 également fait état du numéro 10. Je pense qu'il a également mentionné Ilaz

21 Kodra, mais ils ont également fait l'objet de mention après cette période.

22 Nous connaissons les noms maintenant, mais à l'époque nous ne connaissions

23 pas ces noms.

24 Q. Le numéro 10. Est-ce que vous avez appris par la suite le nom du numéro

25 10 ?

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1 R. Oui.

2 Q. Qu'avez-vous appris ? Quel était ce nom ?

3 R. Rexhep Selimi.

4 Q. Vous avez également mentionné le numéro 25. Est-ce que vous avez appris

5 ultérieurement quel était le nom du numéro 25 ?

6 R. Oui, le 9 mai. Un incident était survenu pendant le combat. J'avais

7 donné au numéro 25 un fusil de tireur d'élite, un fusil qui était de

8 fabrication yougoslave et je lui avais donné cela deux mois avant. En fait,

9 je lui avais prêté cela jusqu'au moment où j'en aurais moi-même besoin.

10 J'ai appris qu'une personne avait été tuée et que ce numéro 25 avait eu un

11 accident avec une jeep et que le fusil à lunette avait été endommagé. C'est

12 à ce moment-là que j'ai appris que son nom était Ilaz Derguti.

13 Q. Quand est-ce que vous avez appris le nom du numéro 10, Rexhep Selimi ?

14 R. Je ne m'en souviens pas exactement. Cela s'est passé pendant la guerre,

15 en mai, juin, juillet, voire éventuellement août, mais je ne m'en souviens

16 pas exactement.

17 Q. Hormis le numéro 10 et le numéro 25, est-ce qu'Ymer Alushani a évoqué

18 d'autres noms à propos de Likovc ?

19 R. Oui. Il en a mentionné d'autres.

20 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ces autres noms maintenant ?

21 R. Vous voulez parler de la période précédent le 9 mai ?

22 Q. Oui. Est-ce que vous vous souvenez s'il a parlé d'autres personnes à

23 propos de Likovc et ce avant le 9 mai, est-ce qu'il a mentionné des noms ou

24 des pseudonymes ?

25 R. Je ne le pense pas. Peut-être Muje Krasniqi, Ilaz Kodra. Ilaz,

Page 4338

1 d'ailleurs qui était un de ses amis proches. Il le connaissait auparavant.

2 Je ne pense pas qu'il ait mentionné d'autres noms.

3 Q. Est-ce qu'Ymer Alushani vous a relaté quoi que ce soit à propos de

4 Likovc, hormis les références faites aux personnes qui s'y trouvaient.

5 R. Non. Juste lorsqu'il y allait, il disait, je vais au quartier général à

6 Likovc.

7 Q. Vous-même vous êtes-vous rendu à Likovc durant cette période, toujours

8 avant le 9 mai ?

9 R. Non.

10 Q. Vous avez dit qu'Ymer Alushani avait obtenu du matériel, des fusils,

11 des grenades à main de Likovc. Vous souvenez-vous quand est-ce que cela

12 s'est passé ?

13 R. Il les a obtenus, je pense, quelque 20 jours ou plus, un mois avant le

14 9 mai, deux fusils automatiques, deux ou trois fusils automatiques et deux

15 boites de grenades à main.

16 Q. Savez-vous combien de personnes se trouvaient dans cette unité ?

17 R. Elles étaient au nombre de 12.

18 Q. Avant le 9 mai 1998, que faisiez-vous au sein de cette unité vous et

19 les autres ?

20 R. Nous préparions, et puis parfois, nous escortions des personnes. Par

21 exemple, une fois j'ai escorté quelqu'un jusqu'à Orahovac. Nous n'avons

22 rien fait d'exceptionnel. Une fois nous avons essayé d'escorter un

23 inspecteur, mais il était impossible de se rendre à Drenica, à Gllogovc.

24 C'était un Serbe, ou c'était un inspecteur des services serbes, mais il

25 était Albanais.

Page 4339

1 Q. Qu'entendez-vous lorsque vous dites que vous avez essayé de

2 l'escorter ?

3 R. Nous l'avons suivi. Nous l'avons suivi. Nous voulions le tuer. Je

4 connais son nom d'ailleurs.

5 Q. Est-ce que quelque chose s'est produit ? Est-ce que vous avez essayé de

6 le tuer ?

7 R. Nous avons essayé mais ce fût une tâche impossible. Car nous avons été

8 repéré par d'autres forces. Il y avait un endroit Kroni i Mbretit qui se

9 trouvait proche du village de Korotica, ils nous ont repérés et nous

10 n'avons pas pu parvenir à nos fins.

11 Q. Avant le 9 mai, est-ce que vous et les autres membres de cette unité

12 aviez participé à d'autres activités ?

13 R. Oui, les forces serbes étaient extrêmement agressives à cette époque et

14 ils ouvraient le feu au moindre soupçon. Je sais que plusieurs fois, même

15 lorsqu'Ymer n'était pas présent, nous avons dû riposter à leurs coups de

16 feu, ou aux coups de feu des patrouilles serbes. Je sais qu'une fois, nous

17 nous sommes rendus auprès de quelqu'un, nous lui avons dit de ne pas

18 traîner avec les Serbes, de ne pas traîner avec les personnes des services

19 secrets serbes. Voilà, c'était ce genre de choses que nous faisions.

20 Q. Lorsque vous vous êtes rendu auprès de cette personne et que vous lui

21 avez indiqué de ne pas traîner avec les Serbes ou avec les représentants

22 des services secrets serbes, est-ce que cette personne était albanaise ?

23 R. Oui, elle était albanaise.

24 Q. Soupçonniez-vous cette personne d'avoir de contacts avec les Serbes, ou

25 d'avoir des relations avec les représentants services secrets serbes?

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1 R. Oui, c'est exact.

2 Q. Vous souvenez-vous ce que vous avez dit exactement à cette personne ?

3 R. Cette nuit-là, nous ne lui avons rien dit. Il était déjà très tard.

4 Nous nous sommes rendus devant sa maison dans la cour devant la maison.

5 Nous étions tous en uniforme. J'étais un garde. A l'entrée de sa demeure à

6 la porte, sa famille se trouvait là, et était préoccupée. Il y a beaucoup

7 de personnes qui sont sorties. Donc, ils n'ont plus rien lui dire.

8 Ils ont pris deux voitures de la famille. Ils leur ont dit : Nous

9 avons besoin de ces deux voitures. Il pouvait aller les récupérer le

10 lendemain à Likovc. Nous pensions qu'il se rendrait à Likovc pour récupérer

11 les véhicules, les voitures. Ainsi, nous aurions pu lui dire ce que nous

12 avions à lui dire. Nous ne lui avons rien dit à son domicile.

13 Q. Savez-vous s'il est allé à Likovc ?

14 R. Le lendemain, il a commencé à se rendre dans la direction de Likovc,

15 mais il a été arrêté quelque part à Lapusnik. Il a été arrêté par quelqu'un

16 qui lui a dit : Il vaut mieux que tu n'ailles pas récupérer les voitures.

17 Si tu as des rapports avec les Serbes, il vaut mieux que tu n'y ailles pas.

18 Il ne sait pas rendu à Likovc. Il n'est pas arrivé, en tout cas.

19 Q. Avez-vous eu d'autres conversations avec cette personne ?

20 R. Non. Après la guerre, il m'a soupçonné d'avoir fait partie des

21 personnes qui avaient pris sa voiture. Il m'a accusé de cela. Nous ne nous

22 adressons plus la parole depuis.

23 Q. Vous avez fait référence à un uniforme. Où est-ce que vous avez obtenu

24 cet uniforme ?

25 R. Ce n'ai pas un uniforme; c'était une sorte de redingote ou de par-

Page 4341

1 dessus, d'imperméable. C'était, en fait, un imperméable de camouflage. A

2 cette occasion-là, il n'y avait pas seulement des membres de l'Unité de

3 Zjarri qui se sont rendus là, il y avait des membres d'autres unités qui

4 portaient des uniformes. Ce soir-là, ils nous ont amené des uniformes.

5 Q. Qui a amené les uniformes pour vous ?

6 R. L'unité qui est venue, des soldats qui sont venus de Likovc nous ont

7 amené des uniformes. Ils avaient également des réserves, par exemple, Ymer,

8 lui avait un uniforme. Ils avaient ces imperméables militaires, et ils nous

9 les ont donnés.

10 Q. Pendant cette période précédent le 9 mai, est-ce que vous aviez une

11 arme ?

12 R. Oui, j'en ai toujours eu.

13 Q. De quelle arme s'agissait-il ?

14 R. Nous avions des armes chez nous. Mon grand-père avait des armes. A

15 partir de 1991, 1992, il s'agissait de fusils automatiques, de

16 Kalashnikovs, de AK-47. J'avais également deux fusils à lunette et des

17 revolvers ou des pistolets.

18 Q. Est-ce que vous aviez une spécialité pour ce qui est des armes ?

19 R. Je connaissais bien les armes, je les connais maintenant, je les

20 connaissais auparavant. J'ai toujours eu cette connaissance des armes.

21 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que nous

22 pourrions rapidement passer à huis clos partiel ?

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

24 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

25 partiel.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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7 --- L'audience est suspendue à 15 heures 42.

8 --- L'audience est reprise à 16 heures 09.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Whiting, vous pouvez y aller.

10 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Monsieur le Témoin, nous sommes à nouveau maintenant en séance

12 publique. Je vous demanderais à nouveau de bien vouloir faire attention à

13 ne pas mentionner votre ou les noms de personnes de votre famille ou tout

14 autre chose qui pourrait vous identifier. Je voudrais maintenant aborder le

15 sujet du 9 mai 1998. Est-ce que quelque chose s'est produit ce jour-là ?

16 R. Oui.

17 Q. Que s'est-il passé ?

18 R. Le 9 mai, c'était après midi, deux personnes sont venues chez moi.

19 Elles m'ont dit qu'Ymer voulait que je me rende à Lapusnik le plus vite

20 possible pour obtenir des armes et pour faire venir des amis et d'y aller.

21 Q. Avant que ces personnes ne viennent vous voir, avez-vous connaissance

22 de quelque chose qui se serait produit à Lapusnik ?

23 R. Non.

24 Q. Qu'avez-vous fait ?

25 R. Il nous était impossible, à ce moment-là, de nous rendre en voiture en

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1 passant par un territoire où il y avait des patrouilles serbes. J'ai dit à

2 mes amis de partir plus tard. Je leur ai dit de nous attendre quelque part.

3 Je leur ai dit où, et nous sommes partis avant la tombée de la nuit. Nous

4 les avons retrouvé.

5 Q. Où vous êtes-vous rendus ?

6 R. Nous sommes allés à Komorane, chez Ymer.

7 Q. Est-ce qu'il faisait nuit lorsque vous êtes arrivés à la maison

8 d'Ymer ?

9 R. Oui, il commençait tout juste à faire nuit.

10 Q. Qu'avez-vous trouver lorsque vous êtes arrivés chez Ymer ?

11 R. Il y avait d'autres personnes qui étaient là-bas, qui étaient déjà

12 arrivées. Les gens étaient très fâchés; Ymer n'était pas là. Nous l'avons

13 attendu, et il nous a expliqué ce qui s'était passé. Il nous a dit de

14 partir de cet endroit après minuit, c'est-à-dire que nous étions censés

15 nous rendre à Lapusnik avant le lever du jour.

16 Q. Que vous a dit Ymer au sujet de ce qui s'était passé ?

17 R. Il nous a dit que la police et que l'armée serbe avait attaqué deux

18 villages proches de Lapusnik ainsi que dans Lapusnik, qu'ils avaient tiré

19 sur des civils chez eux. En entendant les coups de feu, Ymer était arrivé

20 avec des camarades et aussi des gens d'autres unités qui étaient arrivés

21 dans l'intervalle. Il y avait des échanges de feu qui avaient duré jusqu'à

22 la fin de l'après-midi.

23 Q. Il s'agit, n'est-ce pas, d'Ymer Alushani dont vous parlez ?

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce qu'Ymer Alushani vous a dit que quoi que ce soit au sujet des

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1 autres unités qui étaient venues ?

2 R. Oui. Il nous a dit que des unités de Likovc étaient arrivées pour

3 participer à la bataille ainsi que des unités de Klecka qui étaient allées

4 à Lapusnik pour aider.

5 Q. Est-ce qu'il vous a dit quoi que ce soit au sujet de l'Unité de

6 Klecka ?

7 R. Oui. Il nous a dit que quatre à cinq personnes, je crois, étaient

8 venues de Klecka avec Celiku.

9 Q. Est-ce qu'Ymer Alushani vous a dit quelque chose au sujet de Celiku ?

10 R. Non. Il a juste dit que Celiku avait assisté à la bataille et qu'il

11 l'avait rencontré pour la première fois. Oui, c'était la première fois

12 qu'il le voyait. Il nous a dit comment les choses s'étaient passées à

13 Lapusnik.

14 Q. Est-ce qu'il vous a parlé de cette entrevue qu'il avait eue avec

15 Celiku ?

16 R. Non. Il y avait eu trois autres personnes à Lapusnik avant qu'Ymer ne

17 s'y rende. Ces soldats de Klecka. Pendant la bataille, au moment où la

18 bataille avait commencé, ils avaient quitté leur poste. Ils avaient des

19 doutes sur ces personnes. Ils les avaient placés en détention. Ils avaient

20 pris leurs armes. Ymer a également déclaré que Celiku voulait les exécuter,

21 mais qu'il était intervenu et qu'il leur avait permis de rentrer chez eux.

22 Q. Bon. Je vais juste essayer d'obtenir des éclaircissements sur ce récit.

23 Qui s'était retiré de ces positions ?

24 R. Les trois soldats qui étaient là, et qui se sont présentés. Ils étaient

25 armés. Et qui s'étaient présentés comme étant des membres du LPK. Ils

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1 s'étaient retranchés de leurs positions pendant la bataille et ils

2 s'étaient retrouvés ailleurs. Ils souhaitaient partir de cet endroit pour

3 laisser la population à sa merci.

4 Q. Est-ce qu'Ymer vous a dit d'où venaient ces trois soldats ?

5 R. Oui. Ces trois personnes venaient du village du Kishna Reka. Il y en

6 avait un que nous connaissions tous les deux.

7 Q. De qui s'agissait-il ?

8 R. Son nom est Shaban Syla. Il vient du village de Kishna Reka.

9 Ultérieurement, j'ai appris qui étaient les deux autres parce que leur

10 famille est venue les chercher.

11 Q. Qu'avez-vous appris au sujet des deux autres ?

12 R. J'ai appris de qui il s'agissait. Je ne sais pas leurs noms. Je connais

13 leurs noms de famille, je sais qu'ils viennent de Kishna Reka.

14 Q. Qu'avez-vous dit là en conclusion de la dernière phrase ?

15 R. Il s'agissait de deux frères. Deux frères dont le nom de famille était

16 Kastrati et qui venaient de Kishna Reka.

17 Q. Vous avez dit qu'Ymer vous avait dit que ces trois personnes avaient

18 abandonné leurs postes et que d'autres personnes les avaient placés en

19 détention et avaient confisqué leurs armes. Qui les avaient placés en

20 détention et avaient confisqué leurs armes d'après ce qu'Ymer vous avait

21 relaté ?

22 R. Je leur ai dit que les soldats venaient de Klecka avec Celiku. Ymer

23 était la personne qui était intervenue pour qu'ils n'aient pas de

24 problèmes, et ainsi ils ont pu être libérés et rentrer chez eux.

25 Q. Pour être clair, c'est quelque chose que vous n'avez pas vu de vos

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1 propres yeux, mais c'est quelque chose qui vous a été relaté par Ymer

2 Alushani ?

3 R. Oui, je ne l'ai pas vu moi-même, car je ne me trouvais pas là.

4 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer en à huis clos

5 partiel, Monsieur le Président ?

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel, d'accord.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

8 [Audience à huis clos partiel]

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9 [Audience publique]

10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en séance publique.

11 M. WHITING : [interprétation]

12 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit lorsque vous avez vu Ymer Alushani

13 dans la nuit du 9 mai, qu'il vous avait dit de vous rendre à Lapusnik dès

14 le lendemain, est-ce que vous avez fait cela ?

15 R. Oui. Cette nuit-là, mais nous sommes partis après minuit. C'est-à-dire,

16 dans la nuit du 9 mai, nous sommes partis après minuit, car il était deux

17 heures du matin, à savoir que nous étions le 10 mai.

18 Q. Comment est-ce que vous vous êtes rendus à Lapusnik ?

19 R. Nous sommes allés à pied.

20 Q. Où êtes-vous allés à Lapusnik ?

21 R. Nous sommes allés le matin, dans une zone qui s'appelle Guri où nous

22 avons pris position, qui est une sorte de grosse pierre. Mais, il y a aussi

23 une plus petite pierre.

24 Q. La position que vous avez pris, donc le Grand Guri, cette grande

25 pierre, où se trouvait-elle par rapport à la route qui va de Pec à

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1 Pristina ?

2 R. C'était sur la droite, si on va de Pec à Pristina, c'est sur la droite,

3 et si l'on va de Pristina à Pec, c'est sur la gauche, à environ 300 à 400

4 mètres de la route goudronnée.

5 Q. Qu'avez-vous fait en arrivant sur place ?

6 R. Nous avons attendu jusqu'à la mi-journée avec les munitions et les

7 armes que nous avions. Nous en avons distribué à certains qui étaient venus

8 se battre qui n'avaient pas d'armes. C'était à la mi-journée, avec Ymer et

9 une autre personne, après être tombés d'accord, je suis allé vers un autre

10 secteur de Guri d'où on pouvait voir une partie de Komorane. Nous voulions

11 savoir s'il y avait des mouvements de troupe, à savoir si les troupes nous

12 venaient de cette direction.

13 M. WHITING : [interprétation] Pourrions-nous repasser en audience à huis

14 clos partiel, s'il vous plaît ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous y sommes maintenant.

17 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 M. WHITING : [interprétation]

18 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit que, en étant tombé d'accord avec

19 Ymer, vous êtes allé à une autre partie de Guri pour apercevoir un certain

20 secteur de Komorane. Qu'avez-vous fait sur place ?

21 R. Même si on était déjà au printemps, il n'y avait pas de verdure et le

22 mois de mai restait très froid. Nous sommes allés vers un endroit dont nous

23 ne pourrions pas être vus de Komorane et du point de contrôle. De là, nous

24 avons observé les mouvements des forces de police.

25 Q. Pendant les jours qui ont suivi le 10 mai, vous êtes restés sur ce

Page 4352

1 site ?

2 R. Oui, nous sommes restés sur place à ce même endroit jusqu'au 26

3 juillet.

4 Q. Dans les jours qui ont suivi le 10 mai, en de cela de votre

5 observation, des forces de police, est-ce que vous avez fait quelque chose

6 d'autre en dehors de cette activité-là ?

7 R. Oui. Il pleuvait, et il nous a fallu fabriquer un abri pour ne pas être

8 vu par les forces serbes. Nous avons commencé à creuser une tranchée. Nous

9 avons commencé à creuser une tranchée, ensuite nous avons creusé un trou

10 que nous avons transformé en bunker qui a servi jusqu'à la fin de la

11 guerre. Tous les jours, nous travaillons à construire cette position.

12 Q. Est-ce que cette position a plus tard porté un numéro ?

13 R. Oui.

14 Q. Quel était ce numéro ?

15 R. Jusqu'au 29 ou 30 mai, c'était la position 2, à partir de Guri. Pendant

16 quelques temps, nous l'avions appelé position numéro un, entre nous,

17 puisque c'était la première qui était dirigée à partir de Komorane. Plus

18 tard, cette position s'est appelée position numéro deux et est devenue la

19 position numéro deux.

20 Q. Ceci n'est pas très clair. Cette position était d'abord connu comme la

21 position dite numéro un ou dite numéro deux au début ?

22 R. Au départ, puisque cette position était plus près de Komorane et du

23 point de contrôle de police, nous l'avions après appelée -- pardon, la

24 position numéro un au début du mois de mai. Très vite ceci a été modifié

25 puisque la numérotation partait de Guri, et bien, cette position est devenu

Page 4353

1 numéro deux.

2 Q. Après le 10, avez-vous eu d'autres discussions avec Ymer Alushani juste

3 pendant les jours qui ont suivi le 10 mai ?

4 R. Oui, nous avons parlé tous les jours.

5 Q. De quoi avez-vous parlé pendant ces quelques premiers jours ?

6 R. Nous avons parlé surtout d'armes, de ce que nous allions faire, de la

7 façon qui nous permettrait de devenir plus fort, plus performant. Nous

8 avons décidé qu'il fallait rester dans la tranchée pendant toute la journée

9 et n'en sortir que la nuit de façon à ne pas être vu.

10 Q. Avez-vous eu des discussions pendant ces quelques premiers jours à

11 propos de Celiku ?

12 R. Non. Jusqu'au 12 mai, non.

13 Q. Y a-t-il eu des combats à partir du 10 mai, des combats supplémentaires

14 avec les forces serbes ?

15 R. Non. Jusqu'au 29 mai, non, il n'y a pas eu. Il y a eu des

16 bombardements, des tirs d'artillerie, des tirs d'obus, mais pas d'attaque.

17 Q. Quelques jours après le 9 mai, y a-t-il eu une réunion qui se serait

18 tenue à Lapusnik ?

19 R. Oui.

20 Q. Où a eu lieu cette réunion ?

21 R. Le soir, nous dormions près de la position de Guri. Le soir, d'autres

22 personnes étaient venues et tous les soldats s'étaient réunis. J'y suis

23 allé un peu plus tard avec deux de mes camarades et Fehmi Lladrovci était

24 venu. Quelqu'un a dit que Celiku était présent, mais je ne me souviens pas

25 vraiment s'il était là ou pas parce que je ne le connaissais pas à

Page 4354

1 l'époque. Fehmi a parlé de la guerre pendant une demi-heure. Il a parlé de

2 la direction de cette guerre et de la façon cela serait dirigé. Il a dit,

3 finalement, en conclusion, que nous combattrions tous ensembles et au sein

4 de l'Unité de Klecka, c'est-à-dire, l'Unité de Celiku.

5 Q. Est-ce que M. Ymer Alushani était présent ?

6 R. Oui, il était présent. Nous avons tous inscrit nos noms dans un carnet.

7 Nous avons remis ce carnet à Fehmi Lladrovci. Il l'a pris. Nous avons

8 également donné nos signatures. Il nous a dit de ne pas être inquiets par

9 le sort de nos familles auxquelles il viendrait en aide.

10 Q. Ce carnet dans lequel vous avez inscrit votre nom et dans lequel vous

11 avez signé, qu'en était la signification à votre sens à l'époque ?

12 R. Je crois qu'il s'agissait de connaître le nombre des personnes

13 présentes dans cette position, de connaître l'identité de ces membres. Ce

14 sont des notes qui ont été prises de façon régulière pendant cette période.

15 Ce carnet contient les prénoms principaux, les dates de naissance, et

16 également nos lieux d'origine et signatures.

17 Q. Est-ce que vous pensez que ces informations étaient liées au fait que

18 vous veniez juste de devenir membre de l'Unité de Celiku ?

19 R. Oui. A ce moment-là, oui, au bout de quelque temps, nous devenions

20 membre de cette Unité Celiku.

21 Q. Est-ce qu'on vous a affecté à un numéro ?

22 R. Non, il n'y avait pas de numéros à ce moment-là. Qu'est-ce que vous

23 voulez dire par numéros ? Non, on ne nous a pas donné de numéros.

24 Q. Dans l'adhésion à l'Unité Celiku, est-ce qu'on vous donnait également

25 un numéro d'unité ? Cette Unité Celiku, est-ce qu'elle avait un numéro ?

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1 R. Pas ce jour-là. J'ai vu quelque part qu'on nous avait dit qu'il

2 s'agissait de l'Unité Celiku 3, mais ce n'était pas ce jour-là. Peut-être

3 je l'ai dit, mais je me suis trompé, ou j'ai dit que c'était ce jour-là,

4 mais je me suis trompé. Cela ne pouvait pas être ce jour-là.

5 Q. Est-ce que vous êtes devenu l'Unité Celiku 3 un peu plus tard, un autre

6 jour ?

7 R. Oui. Deux ou trois jours plus tard. Pas ce jour-là. Très peu de temps

8 après.

9 Q. Je reviendrai là-dessus. Je voudrais parler d'une personne que vous

10 avez mentionnée; Fehmi Lladrovci. Est-ce que vous savez de qui il

11 s'agissait ?

12 R. Non. C'est là que j'ai fait sa connaissance. Il nous a parlé un petit

13 peu de sa biographie. Il avait été combattant en Croatie. Après la Croatie,

14 il est allé dans un pays occidental, et qu'il était revenu au Kosovo avec

15 sa femme pour se battre. C'était un homme plutôt grand. Nous étions très

16 heureux de le voir, parce qu'il avait l'air très courageux. Il avait l'air

17 de quelqu'un de très résolu.

18 Q. Est-ce qui s'est passé encore autres choses à cette réunion auxquelles

19 vous pourriez penser ?

20 R. Non. Après le départ de Fehmi Lladrovci, et quelques autres personnes,

21 de nombreuses questions ont été posées à Ymer. Nous lui avons demandé ce

22 qu'il allait advenir de notre unité. Peut-être qu'Ymer avait parlé à

23 quelqu'un d'autre et il n'a pas donné beaucoup d'explications. Il a dit

24 qu'on était là pour se battre, et qu'il n'était pas tellement important de

25 savoir avec qui. Ce qui comptait c'était de se battre.

Page 4356

1 Q. Est-ce qu'il a rajouté quelque chose ?

2 R. Je ne me souviens pas qu'il ait rajouté quelque chose.

3 Q. Vous avez parlé de quelque chose qui se serait produit quelques jours

4 après. Est-ce qu'il y a eu une autre réunion quelques jours plus tard ?

5 R. Je ne sais pas si c'étaient deux ou trois jours après, mais c'était

6 l'après-midi. Nous sommes tous réunis dans un espace ouvert. Certains

7 venaient de Klecka. C'est là que nous avons fait connaissance de Celiku. Il

8 s'est adressé à nous. Nous étions en rang, et après son discours il a parlé

9 de l'importance de son soutien, que nous serions plus seuls. Il a dit que

10 la position de Lapusnik s'appellerait la position Celiku 3.

11 La décision à propos du commandant, pas du commandant parce qu'il n'avait

12 pas de commandant à l'époque. La décision concernant le commandant. Il y a

13 eu plus tôt quelqu'un responsable de la position. C'était Qerqizi, et il

14 l'a dit que tout problème ou toute demande devait lui être soumis à lui.

15 Q. Est-ce que Celiku a parlé de sa propre position à lui ?

16 R. Non. Il a simplement dit qu'il était responsable de ce territoire

17 jusqu'à Klecka, et que s'il y avait des requêtes qu'on devrait les

18 soumettre à Qerqizi.

19 Q. Vous avez dit que M. Qerqiz serait "responsable de la position." De

20 quelle position parlez-vous exactement ?

21 R. De la position de Lapusnik. Ce qui a été décidé que Qerqizi serait

22 responsable de cette position, et qu'il serait l'interlocuteur de Celiku

23 quant aux différents besoins.

24 Q. Est-ce que M. Qerqizi était présent à cette réunion ?

25 R. Oui. Il l'était.

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1 Q. A-t-il dit quoi que ce soit lui-même ?

2 R. Non, il n'a rien dit. Rien ce jour-là.

3 Q. Est-ce que M. Celiku a parlé des moyens de communication entre Qerqizi

4 et lui-même ? Est-ce qu'il a dit comment cela se ferait ?

5 R. J'ai dit que tout ce que nous voudrions savoir, tout ce dont nous

6 aurions besoin devait être soumis à Qerqizi et que lui se chargerait de

7 soumettre ceci à Celiku.

8 Q. Est-ce qu'il a dit quelque chose sur la façon dont Qerqizi

9 communiquerait avec Celiku, de la façon dont la communication s'opérerait ?

10 R. Non. Non, il n'a rien dit à ce sujet.

11 Q. Vous avez dit qu'avant Celiku fasse cette annonce, il avait fait un

12 discours. Vous souvenez-vous de la teneur de ce discours ?

13 R. Je me souviens des choses approximativement, à savoir qu'il a dit que

14 nous devions être disciplinés; que nous savions tous pourquoi nous étions

15 là, quel était notre but. Il a dit qu'il nous fallait défendre notre

16 position jusqu'à que mort s'en suive. Il a dit que les Serbes devraient

17 passer sur nos corps avant d'en arriver à la population civile. C'est

18 grosso modo ce qu'il a dit.

19 Q. Approximativement combien de soldats ont assisté à cette réunion ?

20 R. A peu près 20 soldats. Oui, les soldats venaient tous les jours.

21 Environ 20, ou peut-être un peu plus de 20. Le nombre s'était accru. Il y

22 avait des soldats qui venaient tous les jours. Il y en avait des nouveaux.

23 Q. Connaissiez-vous le réel nom de Celiku à l'époque ?

24 R. Non.

25 Q. Avez-vous appris son vrai nom plus tard ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que vous vous souvenez de quand vous avez appris son nom réel ?

3 R. Je crois que c'était au mois de juin. Je l'ai appris d'une personne qui

4 était avec nous. Son pseudonyme était Vetura, et il a dit qu'il était son

5 oncle. Il venait de Banja, et il nous a dit son nom.

6 Q. Quel est le nom qu'il vous a donné ?

7 R. Fatmir Limaj.

8 Q. Cette personne Qerqiz, vous en connaissiez le vrai nom ce jour-là ?

9 R. Non.

10 Q. Avez-vous appris son vrai nom plus tard ?

11 R. Oui. Je crois que c'était peut-être en août ou en septembre. Beaucoup

12 plus tard, et certainement pas à Lapusnik.

13 Q. Quel était son vrai nom quand vous l'avez appris ?

14 R. Son nom était Isak. Je ne savais pas son nom de famille; je l'ai appris

15 qu'après la guerre.

16 Q. Quel est ce nom de famille que vous avez appris après la guerre comme

17 étant le sien ?

18 R. Après la guerre, j'ai appris que son nom était Isak Musliu. Je savais

19 d'où il venait. Je l'avais rencontré une fois à Ferizaj.

20 Q. Vous avez appris qu'il venait d'où ?

21 R. D'un village près de Shtime.

22 Q. Est-ce que vous connaissez le nom du village ?

23 R. Il y avait beaucoup de soldats qui venaient de ces deux villages. Cela

24 pouvait être aussi bien Recak que Petrove, mais je crois plus volontiers

25 que c'est de Recak qu'il s'agissait.

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1 Q. Est-ce que vous vous souvenez de quelle période après la guerre il

2 s'agissait lorsque vous avez appris son vrai nom ?

3 R. Juste après la guerre, ou très peu de temps après la guerre. Encore en

4 1999. Je ne sais pas exactement quand.

5 Q. Vous avez affirmé qu'à cette réunion Celiku avait dit que Qerqiz serait

6 la bonne personne chargée de la position de Lapusnik. Est-ce que c'est dans

7 les faits ce qui s'est passé ? Est-ce qu'il est vraiment devenu la personne

8 responsable de la position de Lapusnik ?

9 R. Oui. Oui, il l'était. Même s'il y a eu certaines polémiques avec Ymer

10 en ce qui concernait les changements de nom et de commandement. Les choses

11 ont été élucidées. Pour nous, c'était la même chose. Notre objectif était

12 simplement d'être présent pour combattre.

13 Q. Combien de temps est-ce que Qerqiz est resté comme responsable de la

14 position de Lapusnik ? Jusqu'à quelle date ?

15 R. Pendant toute l'existence de la formation. Jusqu'au 26 juillet 1998.

16 Q. Pendant cette période est-ce que Celiku était son supérieur et

17 responsable du commandement ?

18 R. Oui. Le nombre d'unités et de volontaires ne cessait d'augmenter tous

19 les jours. Celiku était responsable non seulement de Qerqiz mais de nous

20 tous.

21 Q. Entre cette réunion et juin et juillet, où était basé Celiku pendant

22 tous ces mois-là ?

23 R. Il était basé à Klecka. C'est un village dans les collines de Berisa.

24 C'est un village qui est tout en haut des collines, et qui s'appelle

25 Klecka. C'était là sa base.

Page 4360

1 Q. Pendant le reste de mai, juin, juillet, est-ce que la position à

2 Lapusnik était connue comme la position Celiku 3 ?

3 R. Oui, tout le temps.

4 Q. Vous avez dit qu'il y a eu des polémiques avec Ymer Alushani. Est-ce

5 que vous pourriez spécifier ?

6 R. Il y a eu un peu d'insatisfaction exprimée par les participants. Tout

7 le monde connaissait Ymer, et tout le monde connaissait ses qualités. Tout

8 le monde était là pour lui. Il était doué. Il était capable. Il s'y

9 connaissait en affaire de la guerre. Peut-être que c'étaient vraiment des

10 polémiques ou des disputes, mais des désaccords et les gens se tournaient

11 vers Ymer.

12 Q. Qu'est-ce qu'Ymer a dit exactement, si vous vous en souvenez ?

13 R. Il avait l'air mécontent, mais il n'a rien exprimé. Il n'a rien dit à

14 ce sujet.

15 Q. Pendant cette période de temps, pendant le reste du mois du mois de

16 mai, en juin et en juillet, quelle était la position d'Ymer ?

17 R. On l'appelait par son pseudonyme. Il n'y avait pas une façon spéciale

18 de s'adresser à lui. Mais il était toujours avec Qerqizi. Il était très

19 proche de lui.

20 Q. Est-ce qu'il respectait Qerqiz comme la personne responsable de la

21 position à Lapusnik ?

22 R. Oui. Il l'aimait vraiment beaucoup.

23 Q. Vous avez indiqué que d'aucun avait exprimé un mécontentement. Est-ce

24 que cela s'est soldé par quelque chose ? Est-ce que quelque chose s'est

25 produite à la suite de ce mécontentement ?

Page 4361

1 R. Non, non. Cela s'est passé au début. C'était le mécontentement des

2 personnes qui se trouvaient avec Ymer à ce moment-là. Mais rien ne s'est

3 produit. C'est quelque chose dont nous avons parlé avec Ymer.

4 Q. Savez-vous s'il y a des personnes ou des soldats à Lapusnik qui ont

5 refusé de reconnaître Qerqiz comme la personne responsable de la position

6 de Lapusnik ?

7 R. Non.

8 Q. Tout à l'heure vous avez indiqué qu'il y a eu des combats le 29 mai

9 1998. Est-ce que vous pouvez nous relater ce qui s'est passé ce jour-là ?

10 R. Oui. Brièvement, tôt le matin il y avait beaucoup de forces serbes qui

11 se trouvaient au carrefour de Komorane. Il y avait des blindés, des

12 véhicules de transport de personnes militaires, et même avant de commencer

13 l'attaque ils ont commencé à bombarder nos positions avec des lance-

14 grenades et toujours au niveau du carrefour de Komorane. Il y avait une

15 base militaire qui se trouvait là également, mais qu'elle se trouvait à

16 quelques mètres en aval par rapport au carrefour. Tout cela s'est passé

17 pendant toute la journée jusqu'à la fin de l'après-midi. Il y a eu des tirs

18 et des bombardements jusqu'à 10 heures du soir, je pense. Cela à une

19 certaine distance.

20 Q. Est-ce que vous avez vous-même participé au combat ?

21 R. Oui. Je pense avoir été le premier à tirer.

22 Q. Où vous trouviez-vous lors de ces combats ?

23 R. Je me trouvais à ma position, là où nous avions travaillé. Il

24 s'agissait du point numéro 2, et il y avait un champ devant nous, et il y

25 avait une Unité d'Infanterie qui arrivait vers nous. Cette unité avait créé

Page 4362

1 une sorte de forme de flèche. Cette position était la seule qui se trouvait

2 grouper là à Lapusnik. Lorsque je les ai vus, j'ai demandé à Qerqizi, sur

3 qui je peux tirer ? Il a dit : sur le premier. Je pense avoir touché le

4 premier. Peu de temps après, tous les autres sont tombés par terre et ont

5 commencé à rouler par terre. J'ai commencé à tirer à nouveau. Je ne sais

6 pas si j'ai touché quelqu'un. Les véhicules de transport militaires se

7 rapprochaient.

8 Q. Que s'est-il passé à la suite de ces combats ? Ou plutôt, pour

9 m'exprimer de façon différente : quel fut l'issue de ce combat ce jour-là ?

10 R. Les forces serbes et l'armée n'ont pas pu faire de percée sur les

11 positions que nous avions investies à l'époque, et nous avons été aidés par

12 d'autres positions parce qu'il y avait des gens qui se battaient de l'autre

13 côté de la route goudronnée. Il y a de nombreux civils qui sont venus nous

14 prêter main-forte et qui se sont positionnés sur les collines et qui

15 combattaient.

16 Vers midi, une unité est arrivée de Lladroc. Il s'agissait d'une unité

17 composée de quelques 20 ou 50 hommes. Ils étaient commandés par un

18 militaire. Quelqu'un qui avait l'air d'un militaire, et qui avait été

19 officier dans l'armée yougoslave. Cela je l'ai appris par la suite. J'ai dû

20 intervenir pour les arrêter parce qu'ils voulaient tout simplement aller

21 là-bas en face des forces serbes. J'ai dû intervenir pour les arrêter. Il y

22 en a certains qui sont venus à la position à guri. Il y en a trois ou

23 quatre qui sont venus à la position où je me trouvais.

24 Q. Est-ce que vous connaissez le nom de la personne qui commandait cette

25 unité ?

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1 R. Oui, il s'appelait Ejet [phon] Kastrati, et il venait du village de

2 Kishna Reka. J'ai appris son nom ce jour-là de la part des soldats. Plus

3 tard, il a apporté sa contribution en ouvrant, en creusant des tranchées

4 ainsi que des positions à Lapusnik.

5 Q. Est-ce que Celiku était présent lors de ces combats qui ont eu lieu le

6 29 mai ?

7 R. Trois personnes sont venues avec Celiku vers 10 ou 11 heures. C'était

8 après 9 heures. C'était vers 10 ou 11 heures. L'une de ces personnes était

9 Kumanova. Il y avait également un tireur d'élite avec Kumanova, et qui est

10 resté pendant un certain temps au niveau de la position numéro 2 ou du

11 poste numéro 2. Il y avait un blindé de l'ennemi qui s'était embourbé dans

12 la boue et qui ne pouvait pas sortir. Celiku a pris un mortier à l'un des

13 soldats et a demandé : qui connaît le terrain de l'autre côté ? Il y est

14 allé avec l'autre personne. Je pense que l'autre personne était un civil.

15 Il a essayé de tirer sur le blindé, mais c'était une tâche impossible parce

16 que le blindé était protégé par le feu de l'ennemi. Il est revenu vers

17 notre position, vers notre poste sans avoir pu tirer sur le blindé.

18 Q. Vous avez fait référence à une personne connue sous le nom de Kumanova.

19 Est-ce que vous saviez ce jour-là qui était cette personne ?

20 R. J'avais entendu parler de cette personne auparavant, mais c'était la

21 première fois que je le voyais. Il était blessé à la jambe. Il avait été

22 blessé auparavant, il avait des difficultés pour marcher.

23 Q. Lorsque vous nous dites qu'il avait été blessé auparavant, vous voulez

24 dire avant le 29 mai ?

25 R. Oui, avant le 29 mai. Ils étaient tombés dans une embuscade de la

Page 4364

1 police serbe. Je ne sais pas quand est-ce que cela s'est passé, mais cela

2 s'est passé avant le 29 mai.

3 Q. Le 29 mai, est-ce que vous connaissiez le véritable nom de cette

4 personne ?

5 R. Vous voulez dire de Kumanova ?

6 Q. Oui, de Kumanova.

7 R. Non. Non, je le connaissais simplement sous son nom de Kumanova.

8 Q. Avez-vous appris son véritable nom par la suite ?

9 R. Oui. J'ai appris qu'il était originaire de Kumanova, en Macédoine, et

10 qu'il était rentré de l'occident pour se battre au Kosovo, et qu'il était

11 très courageux. C'est tout ce que j'ai appris.

12 Q. Ultérieurement, qu'avez-vous appris pour ce qui est de son véritable

13 nom ?

14 R. C'était Ismet Jashari.

15 Q. Le 29 mai, aviez-vous appris quoi que ce soit à propos de sa position ?

16 R. Non.

17 Q. Monsieur, je vais maintenant vous montrer un livre que vous avez fourni

18 au bureau du Procureur et je souhaite avoir l'aide de Monsieur l'Huissier.

19 M. WHITING : [interprétation] Il s'agit de l'intercalaire 12. Vous voyez

20 qu'il y a une copie en albanais. Il s'agit d'une copie de l'ouvrage

21 d'origine. A cela correspond une traduction anglaise.

22 Q. Monsieur, pourriez-vous nous dire ce qu'est ce livre ?

23 R. C'est un cahier, un journal de bord dans lequel je prenais des notes.

24 Pendant la guerre, je ne consignais pas normalement mes notes dans ce

25 cahier. Je le faisais dans un cahier beaucoup plus petit ou sur des

Page 4365

1 feuilles volantes, et puis ensuite, j'écrivais tout cela dans ce cahier. Il

2 y a beaucoup de choses que j'ai écrites dans ce cahier. En fait, j'ai copié

3 des notes que j'avais prises pendant la guerre. Je pensais qu'il était

4 important de conserver et de consigner ces notes à propos de la guerre.

5 Cela fait partie de mes notes que j'ai prises.

6 Q. Est-ce que ce cahier, ce journal de bord englobe différentes phases de

7 la guerre, différentes périodes de temps de la guerre ?

8 R. Oui. Cela inclut également des périodes de temps différentes, d'autres

9 périodes.

10 Q. Est-ce que les notes sont écrites en ordre chronologique dans le

11 cahier ?

12 R. Grosso modo, oui. Il y a des notes que j'ai écrites à la fin du cahier.

13 Je ne savais pas où écrire cela, donc c'est pour cela que j'ai écrit cela à

14 la fin du cahier. Il faut savoir que pendant la guerre, certaines des

15 choses que j'ai écrites ont été endommagées, donc je les ai écrites où je

16 pouvais.

17 Q. J'aimerais attirer votre attention sur des passages précis de ce cahier

18 de bord --

19 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais demander à l'Huissier d'aider le

20 témoin. Il s'agit de la page U003-6994. Cela correspond à la page 8 de la

21 version anglaise.

22 Q. Monsieur le Témoin, dans cette section --

23 On m'a demandé de répéter le numéro ERN parce qu'il n'a pas été

24 entièrement consigné. Pour ce qui est de la version albanaise, il s'agit du

25 numéro suivant U0003-6994 [comme interprété] et cela va jusqu'à la page

Page 4366

1 U0003-7003 [comme interprété].

2 Monsieur, il y a en fait les dates suivantes : 12 mai 1998; 14 mai

3 1998; 21 mai 1998; et 29 mai 1998. Est-ce que vous voyez cela ?

4 R. Oui.

5 Q. Pourriez-vous nous dire quand est-ce que vous avez écrit ces passages

6 dans ce cahier ?

7 R. Ce sont des notes que j'avais prises dans un autre cahier. Ce sont des

8 notes que j'avais écrites au mois de mai. Il se peut que je les aie

9 recopiées dans ce cahier en août ou en septembre. C'est à ce moment-là que

10 j'ai commencé à utiliser ce cahier pour écrire. Peut-être que ces notes

11 n'ont pas été écrites le même jour, mais le lendemain, ou parfois le soir.

12 Parfois, je prenais des notes deux ou trois jours plus tard. Je les

13 écrivais deux ou trois jours après.

14 Q. Lorsque vous nous dites que vous pensez les avoir écrites dans ce

15 cahier en août ou en septembre, il s'agit des mois d'août et de septembre

16 de quelle année ?

17 R. Août, septembre 1998. Comme je l'ai dit, j'avais pris ces notes au mois

18 de mai et je les ai recopiées dans ce cahier en août ou en septembre.

19 Q. J'aimerais vous demander de prendre le passage qui correspond à la date

20 du 12 mai 1998. Cela se trouve au milieu de la page 6994. Est-ce que vous

21 le voyez ? Est-ce que vous voyez ce que vous avez écrit pour le 12 mai ?

22 R. Oui, oui.

23 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner lecture --

24 R. [aucune interprétation]

25 Q. -- de ce qui correspond au paragraphe du 12 mai 1998.

Page 4367

1 R. A partir du début ?

2 Q. Oui. Vous avez ce qui correspond au 12 mai 1998. Cela se trouve au

3 milieu de la page 6994, 12 mai 1998.

4 R. "La journée se déroula sans aucun combat important. Nous étions en

5 pleins préparatifs et nous ne faisions que nous renforcer de jour en jour.

6 Le soir, Fehmi Lladrovci et plusieurs de ses amis sont venus, et nous ont

7 dit que nous devions fusionner avec les troupes de Celiku. Après plusieurs

8 consultations, Ymer et ses amis ont accepté, et l'unité a été appelée

9 Celiku 3."

10 Q. Dans ce que vous avez lu, il est mentionné "Celiku 3." Cela se trouve

11 au bas de la page 6994.

12 R. Oui, oui, je le vois. C'est ce qui est écrit là. Bien sûr, lorsque j'ai

13 fait cette description ce jour-là, cela n'aurait pas pu être comme cela.

14 Mais par la suite, j'ai dû ajouter Celiku 3 parce qu'à cette époque-là, ce

15 nom n'existait pas.

16 Q. Vous nous dites qu'on ne vous a pas donné le nom Celiku 3 jusqu'au

17 moment où vous avez eu une réunion avec Celiku quelques jours plus tard;

18 c'est exact, n'est-ce pas ?

19 R. Oui, c'est tout à fait cela.

20 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais juste

21 indiquer que, dans la traduction, il est tout simplement question de

22 Celiku. Celiku 3 n'apparaît pas, mais figure sur le document d'origine qui

23 est en annexe.

24 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin --

25 M. TOPOLSKI : [interprétation] Je m'excuse d'interrompre, mais pour ce qui

Page 4368

1 est de la même phrase, du même thème, lorsque le témoin nous a donné

2 lecture de la version albanaise, ce que nous avons à la page 8 en anglais,

3 à savoir "J'ai signé également," je n'ai pas entendu cela et je ne l'ai pas

4 vu non plus à l'écran.

5 Je me demande si mon estimé confrère pourrait peut-être demander au témoin

6 de relire cette phrase afin de voir si ce qui correspond à la signature

7 doit figurer ou non.

8 M. WHITING : [interprétation] Oui, tout à fait. Je vous remercie.

9 Q. Monsieur, pourriez-vous nous lire la toute dernière phrase qui

10 correspond au passage du 12 mai 1998.

11 R. "J'ai également signé, et c'est ainsi que le poste de Lapusnik a été

12 appelé Celiku 3." Mais comme je vous l'ai dit, ce n'est pas ce jour-là

13 qu'on l'a appelé Celiku 3. On l'a tout simplement appelé l'unité de Celiku.

14 Mais après deux ou trois jours, on lui a accordé le chiffre 3, lorsque

15 Celiku est venu et a fait ce discours à Lapusnik. Cela aurait pu être écrit

16 le jour où nous avons obtenu ce nom, mais lorsque j'ai écrit ces notes --

17 toujours est-il que ce n'est pas le 12 mai que cette unité a été appelée

18 Celiku 3.

19 Q. Hormis cette précision à propos de Celiku 3, j'aimerais savoir si ce

20 qui est écrit dans ce document correspond précisément à vos souvenirs de

21 cette journée ?

22 R. Très précisément. Mais le chiffre 3 n'est pas précis, pour ce qui est

23 de cette date en tout cas.

24 Q. Je comprends tout à fait. J'aimerais vous demander de prendre le

25 passage qui correspond au 14 mai 1998. Je ne vais pas vous demander de

Page 4369

1 procéder à une lecture à haute voix, mais j'aimerais vous demander de lire

2 en votre for intérieur ce qui correspond au 14 mai 1998.

3 R. Oui, je l'ai lu.

4 Q. Est-ce que cela correspond exactement aux événements qui se sont

5 produits le 14 mai ?

6 R. Oui.

7 Q. J'aimerais vous demander de prendre l'extrait correspondant au 21 mai,

8 qui se trouve à la page 6996 de la version albanaise, page 9 de la

9 traduction anglaise.

10 J'aimerais vous demander de lire les deux premières phrases.

11 R. "Vers 10 heures du matin, quatre amis de Klecka sont arrivés en tant

12 que renfort. Ils avaient un mortier, un

13 50 millimètres et une mitraillette."

14 Q. Est-ce que cela s'est passé le 21 mai 1998 ?

15 R. Oui.

16 Q. La dernière phrase est comme suit dans la traduction : "Kaki [phon] et

17 moi-même avions déjà fini de travailler au niveau de cette position du

18 bunker, et nous l'avions isolé avec du nylon à cause de la pluie."

19 Est-ce que vous voyez cette phrase ?

20 R. Oui.

21 Q. Premièrement, qui est cette personne Kaki dont il est question ici ?

22 R. Je m'excuse, mais c'est Kaki. C'est le diminutif d'Isak.

23 Q. Il est question d'une position ou d'un bunker. De quelle position

24 s'agit-il ?

25 R. C'est la position numéro 2.

Page 4370

1 Q. Aviez-vous fini d'y travailler le 21 mai ?

2 R. Oui, on l'avait recouvert à cause de la pluie. On l'avait recouvert à

3 l'aide de branches épaisses. Par la suite, on a renforcé cela. On l'a

4 protégé davantage, et ce, tout le temps où nous nous sommes trouvés à

5 Lapusnik.

6 Q. J'aimerais vous demander maintenant de prendre la page suivante de

7 votre version qui correspond au 29 mai 1998, qui se trouve à la page 6997

8 du document d'origine.

9 C'est un passage assez long, je ne vais pas vous demander de tout lire,

10 mais est-ce que vous pourriez le parcourir ou le lire, et nous dire si cela

11 correspond exactement à certains des événements qui se sont déroulés ce

12 jour-là.

13 R. Est-ce que vous voulez que je vous en donne lecture à voix haute ?

14 Q. Non, non. Vous pouvez le lire en votre for intérieur.

15 R. Oui, je l'ai lu.

16 Q. Est-ce que cela correspond à une description précise des événements qui

17 se sont déroulés le 29 mai ?

18 R. Oui, très précisément.

19 Q. J'aimerais vous poser quelques questions à propos de certaines choses

20 bien précises.

21 Au début il est indiqué : "Vous vous trouviez au niveau de la position où

22 vous vous trouviez et que Voglushi et Qerqiz étaient là." Il est dit

23 ensuite : "Qerqiz, qui était le responsable, m'a donné l'ordre de tirer sur

24 les premiers soldats de l'infanterie qui se rapprochaient de nous." C'est

25 ainsi que les choses se sont passées ?

Page 4371

1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que Qerqiz était la personne responsable ?

3 R. Oui.

4 Q. Plus tard, et cela figure à la page 10 en haut de la traduction. Je ne

5 peux pas vous dire exactement où cela se trouve sur l'original albanais. Il

6 est dit que vous n'aviez "qu'une seule radio à l'état-major, et que vous ne

7 communiquiez avec les autres positions que par la voix." Est-ce exact ? Y

8 avait-il une radio ?

9 R. Oui, juste une radio, une petite.

10 Q. Est-ce que vous savez de quel type de radio il s'agissait ?

11 R. Il s'agissait d'une radio de faible capacité. C'est le genre de chose

12 que l'on peut maintenant acheter partout au Kosovo et qui coûte très peu

13 cher. Ce n'était pas une radio professionnelle. Je crois qu'elle avait une

14 portée de 5, voire 10 kilomètres.

15 Q. Est-ce que cette radio était conservée à un endroit particulier à la

16 position de Lapusnik ?

17 R. Non. C'est Qerqizi qui en était chargé.

18 Q. Ensuite, vous décrivez un certain nombre d'événements et vous dites :

19 "Là, j'ai entendu les voix de 'Qerqiz' et 'Voglushi' me demandant de me

20 retirer." Est-ce que c'est ce qui s'est passé ?

21 R. Oui, c'est bien cela qui s'est passé.

22 Q. Plus tard, il y a une référence à Timi et Zenel. Est-ce que vous savez

23 qui étaient ces personnes ?

24 R. Oui. Il s'agissait de soldats qui étaient arrivés quelques jours avant

25 à Klecka et qui étaient désormais à Lapusnik.

Page 4372

1 Q. Est-ce que vous connaissiez leur véritable identité à ce moment-là ?

2 R. Non. Non, je ne la connaissais pas alors et je ne la connais pas

3 aujourd'hui. Je sais que Timi a été tué. Je crois que son nom était Fatim

4 et qu'on l'appelait Timi; c'était un diminutif. Pour Zenel, je ne connais

5 pas son identité.

6 Q. Ensuite, il y a une phrase qui dit dans la traduction : "Le commandant

7 Fatmir Limaj ('Celiku') a pris le mortier de 500 millimètres," - enfin, du

8 mortier de 500 - "et un soldat de cet endroit, et il lui a dit de

9 s'approcher du char."

10 Est-ce que vous voyez la phrase à laquelle je fais référence ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce que cela s'est passé ?

13 R. Oui, c'est cela qui s'est passé. Quelqu'un, ce jour-là, avait apporté

14 un mortier qui était un mortier à main, un obus de mortier, et qui avait

15 une portée de 500 mètres, et qui n'était pas un mortier d'un diamètre de

16 500. C'est cela qu'ils ont pris pour pouvoir éliminer ce char qui était

17 coincé dans la boue.

18 Q. Vous avez, dans votre témoignage, dit que vous avez recopié ce passage

19 à partir de notes dans votre cahier, que vous avez consignées dans ce

20 cahier à partir du mois d'août ou

21 septembre 1998. Est-ce que vous vous souvenez quand vous avez écrit des

22 notes, combien de temps après le 29 mai vous avez écrit des notes

23 concernant ce qui s'était produit le 29 mai ?

24 R. Je suis sûr que, pour les événements du 29 mai, j'ai pris des notes le

25 30 mai. J'avais le temps de le faire parce qu'il n'y avait pas de combats,

Page 4373

1 et c'est probablement dans la soirée du 30 mai que j'ai pris ces notes.

2 Q. Est-ce que vous avez utilisé ces notes lorsque vous avez consigné ce

3 passage dans ce nouveau cahier ?

4 R. A partir de l'ancien carnet, c'est la même chose. J'ai recopié des

5 choses de l'ancien carnet dans celui-là. J'ai essayé de conserver l'ordre

6 chronologique, mais plus tard, j'ai compris que c'était impossible d'écrire

7 tous les éléments d'un point de vue chronologique.

8 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que cette

9 pièce soit versée au dossier avec un numéro, et que des scellés soient

10 placés sur cette pièce.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce sera versée au dossier.

12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Numéro P169 sous pli scellé.

13 M. WHITING : [interprétation] Nous allons conserver une copie de l'albanais

14 et de la traduction, qui seront versées au dossier. Le témoin souhaite

15 conserver le carnet d'origine, et bien évidemment, la Défense aura toute

16 latitude pour pouvoir étudier l'original.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis sûr que si c'est ce qui est

18 fait, il n'y aura pas de difficultés, à partir du moment où toutes les

19 parties présentes sont satisfaites d'avoir des copies.

20 M. TOPOLSKI : [interprétation] Oui, bien sûr, merci. Si nous avons la

21 possibilité de prendre connaissance de l'original, nous le remettrons au

22 témoin.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que nous pouvons maintenant

24 faire une pause.

25 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 4374

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous reprendrons à

2 18 heures 00.

3 --- L'audience est suspendue à 17 heures 37.

4 --- L'audience est reprise à 18 heures 04.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Whiting.

6 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

7 Nous pouvons passer en audience à huis clos partiel.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

10 [Audience à huis clos partiel]

11 (expurgée)

12 (expurgée)

13 (expurgée)

14 (expurgée)

15 (expurgée)

16 (expurgée)

17 (expurgée)

18 (expurgée)

19 (expurgée)

20 [Audience publique]

21 M. WHITING : [interprétation] Merci.

22 Q. Monsieur le Témoin, avant la pause, vous avez décrit comment les

23 positions 1 et 2 avaient été créées. Après la fin du mois de mai 1998, y a-

24 t-il eu d'autres positions de combat qui ont été créées à Lapusnik ?

25 R. Après la bataille du 20 mai, le nombre de soldats à Lapusnik a

Page 4375

1 augmenté. J'ai dit qu'ils venaient de l'unité de Lladroc, avec un grand

2 nombre de volontaires. Leur nombre était supérieur à 60 personnes. Il nous

3 a été nécessaire de mettre en place d'autres tranchées, d'autres positions

4 aux tranchées. Trois ont été créées, portant ainsi le nombre à cinq.

5 Q. Dans la traduction, il est question de la bataille du 20 mai. Est-ce

6 bien ce que vous avez dit ?

7 R. Non, il s'agit du 29 mai. J'ai dit la bataille du 29 mai. A l'issue de

8 cette bataille, trois nouvelles positions ont été créées.

9 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire où se trouvaient ces trois

10 positions supplémentaires à Lapusnik ?

11 R. A partir de Guri, qui était la position numéro un, ensuite, nous avions

12 la position numéro deux, dans la direction allant vers les montagnes de

13 Berisa, les trois nouvelles positions ont été installées.

14 Q. Après la bataille du 29 mai, quelles étaient vos tâches à Lapusnik ?

15 R. Elles restaient les mêmes. Nous étions chargés des personnes qui

16 arrivaient essentiellement dans cette direction. Il y avait une route qui

17 menait à cette position. Nous les arrêtions, nous leur demandions pourquoi

18 ils venaient. La plupart venaient en souhaitant entrer à l'unité de l'UCK.

19 Voilà, plus ou moins, ce dont nous étions chargés. Nous étions aussi

20 chargés de creuser des tranchées, et les villageois nous aidaient à cette

21 tâche, jusqu'aux positions quatre et cinq. Ces positions d'ailleurs étaient

22 reliées l'une à l'autre. Nous avons aussi construit d'autres positions. A

23 la position numéro deux, nous avons construit d'autres positions. Donc en

24 tout, à la position numéro deux, il y avait trois bunkers supplémentaires à

25 la même position numéro deux en juin et juillet.

Page 4376

1 Q. Etes-vous resté, en juin et juillet, à la position numéro deux ?

2 R. Oui, jusqu'au 26 juillet.

3 Q. Vous avez dit que la plupart des gens arrivaient à la positon numéro

4 deux par la route, et qu'ils souhaitaient entrer à l'unité de l'UCK.

5 Qu'est-ce que vous faisiez lorsque ces personnes arrivaient pour rejoindre

6 les rangs de l'UCK ?

7 R. Nous prenions des informations comme leurs noms, l'endroit d'où ils

8 venaient. Lorsque nous constations qu'ils n'étaient pas prêts à se battre,

9 mais qu'ils ne faisaient que souhaiter se battre, nous leur disions de

10 rentrer chez eux. Lorsque nous constations qu'ils étaient vraiment

11 déterminés à se battre, nous les envoyions à Voglushi pour voir Ymer, et

12 ensuite à Qerqiz, et ensuite, ils décidaient s'il convenait d'accepter ces

13 personnes ou non.

14 Q. Pourquoi est-ce qu'ils étaient d'abord envoyés à Voglushi et ensuite à

15 Qerqiz ?

16 R. J'ai dit que certaines personnes connaissaient Voglushi et qu'ils

17 demandaient spécifiquement à le rencontrer en pensant qu'il leur

18 faciliterait leur entrée à l'UCK.

19 Il y avait un grand nombre de personnes qui souhaitaient rejoindre les

20 rangs de l'UCK. Lorsqu'ils arrivaient à la position numéro deux, ils

21 arrivaient par le col de la montagne. Ils ne pouvaient pas arriver par

22 Komorane. Ils arrivaient par la montagne, par le col.

23 Q. Juste un point de clarification. J'ai besoin de savoir ce qu'il

24 advenait à ces personnes une fois que vous les aviez vues à la position

25 numéro deux, parce que ce n'est peut-être pas tout à fait clair. Je ne sais

Page 4377

1 pas si c'est juste un problème de traduction.

2 Lorsque quelqu'un venait et que vous voyiez que ces gens-là étaient prêts

3 à rejoindre les rangs de l'UCK, auprès de qui est-ce que vous envoyiez ces

4 personnes ?

5 R. Toutes ces personnes étaient des volontaires disposés à se battre.

6 Certaines de ces personnes insistaient plus que d'autres, et celles-là, on

7 les envoyait au QG pour qu'elles aillent voir Qerqiz; c'est ce que j'ai

8 dit. Alors que, lorsqu'il s'agissait de personnes qui connaissaient

9 personnellement Voglushi, ils insistaient pour le voir en pensant qu'il

10 leur faciliterait l'entrée à l'UCK.

11 Q. Est-ce que vous savez ce qui se passait une fois que ces personnes

12 étaient envoyées auprès de Qerqiz ? Que faisait Qerqiz, si vous en avez

13 connaissance ?

14 R. Pour certaines personnes, je sais qu'elles ont été admises dans les

15 rangs de l'UCK. Certaines de ces personnes sont revenues, ou d'autres sont

16 parties parce qu'il y avait une pénurie d'armes. Mais la plupart d'entre

17 elles sont entrées à l'UCK.

18 Q. Est-ce que Qerqiz était la personne qui décidait s'il convenait

19 d'accepter ces personnes ou non ?

20 R. Oui, je crois, en effet, que c'était lui qui décidait. Lorsqu'il y

21 avait des armes disponibles.

22 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire, lorsqu'il y avait des armes ?

23 R. Je veux dire par là, lorsque nous avions des armes en réserve. Parce

24 que, dans certains cas, les personnes venaient avec leurs propres armes, et

25 donc on les acceptait.

Page 4378

1 Q. Vous avez fait référence à un quartier général. Où se situait le

2 quartier général à Lapusnik ?

3 R. Le quartier général a déménagé à Lapusnik. Il s'agissait toujours d'un

4 petit endroit où séjournait Qerqiz et les autres que nous qualifions de QG,

5 de quartier général, mais qui s'est déplacé dans divers endroits.

6 Q. Est-ce que vous vous souvenez où se trouvait le premier quartier

7 général ?

8 R. Oui. Il se trouvait dans des maisons qui étaient proches de la position

9 numéro un de Guri. Ensuite, le QG s'est déplacé, soit dans le village, soit

10 dans un autre quartier.

11 M. WHITING : [interprétation] Je vais demander, avec l'aide de l'Huissier,

12 si on peut vous montrer une photographie aérienne de Lapusnik qui est

13 l'image numéro 8 du P001. Est-ce que vous voulez bien placer ce cliché sur

14 le rétroprojecteur, je vous prie.

15 Q. Monsieur le Témoin, vous avez déjà pris connaissance de cette

16 photographie, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Je vais demander à ce que l'on vous donne un stylo. Est-ce que vous

19 savez comment positionner cette image ?

20 R. Oui. Je m'oriente grâce à la route goudronnée.

21 Q. Est-ce que vous pouvez à m'indiquer cette route goudronnée, s'il vous

22 plaît.

23 R. C'est celle-là. Est-ce que vous voulez que je l'indique au moyen de mon

24 stylo ? A partir de là, elle continue dans cette direction jusqu'à Peja.

25 Q. Merci. D'abord, avec ce stylo, est-ce que vous voulez bien marquer où

Page 4379

1 se trouvait la position numéro un, si vous la trouvez ?

2 R. Approximativement, en allant vers les collines, elle se trouve ici.

3 Est-ce que je peux la marquer ici ?

4 Q. Oui. Et si vous voulez bien indiquer cette position au moyen d'un petit

5 1, je vous prie.

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Est-ce là le seul endroit de cette position ou est-ce que c'est une

8 position qui était étendue en allant vers le bas de la colline ?

9 R. En effet, elle a été étendue avec des bunkers et des nouvelles

10 tranchées qui se trouvaient là jusqu'à environ cet endroit. Il y avait un

11 endroit plus élevé sur la colline et un endroit plus bas sur la colline.

12 Q. Est-ce que vous pouvez dessiner une ligne pour nous montrer jusqu'où

13 cette position allait en contrebas de la colline ?

14 R. [Le témoin s'exécute] C'est approximativement comme cela. Mais il y

15 avait aussi d'autres positions un petit peu moins élevées en contrebas.

16 Q. Est-ce que ces positions faisaient partie intégrante de la position

17 numéro un ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous pouvez voir -- pardon, je vais passer à une autre

20 question.

21 Est-ce que vous pouvez marquer la position numéro deux, si vous la trouvez,

22 je vous prie ?

23 R. Oui. En fait, je pense que je me suis un petit peu trompé tout à

24 l'heure. La position numéro un pouvait peut-être aller jusque là, vous

25 voyez maintenant avec la marque que je fais au stylo.

Page 4380

1 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que l'on peut cosigner au procès-

2 verbal que le témoin a rajouté une ligne qui se prolonge vers la droite sur

3 cette photographie.

4 Q. Est-ce que vous pouvez maintenant trouver la position numéro deux ?

5 R. Oui. La position numéro deux se trouvait ici, initialement. Plus tard,

6 il y a eu une autre position ici. Une ancienne position de l'armée

7 yougoslave qui se trouvait là, qui a été utilisée et donc c'est devenu la

8 trois.

9 Q. Est-ce que vous voulez bien indiquer cette position au moyen d'un 2, à

10 cet endroit-là.

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. Donc, il y a trois bunkers différents à la position 2. C'est cela que

13 vous indiquez ?

14 R. Oui. Ils étaient reliés au moyen d'une tranchée, le dernier allait

15 jusque-là. C'est une sorte de vallée. Les autres parties étaient aussi

16 reliées aux autres positions.

17 Q. A partir de la position numéro un, où que l'on se trouve sur cette

18 position, est-ce qu'il était possible de voir le carrefour de Komorane ?

19 R. Depuis Guri, non. Depuis une position même plus près, ce n'était pas

20 possible. Mais une fois que cela a été prolongé, oui, on pouvait le voir.

21 On avait une vue, mais qui n'était pas une vue globale. On ne voyait pas le

22 pic de Komorane. On voyait uniquement le carrefour de Komorane.

23 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que l'on peut indiquer au procès-

24 verbal que le témoin indique en montrant la section de cette ligne qui se

25 trouve près du numéro 1 -- pardon, je vais essayer de reformuler ce que

Page 4381

1 j'ai dit.

2 Il a indiqué une partie de la ligne qui est la plus éloignée de l'endroit

3 où il a marqué un 1. La ligne à laquelle je fais référence est la ligne qui

4 est à côté du numéro un. J'espère que c'est clair. Oui, peut-être que l'on

5 pourrait utiliser le quadrillage; c'est une bonne idée.

6 La partie de la ligne qu'il a montrée se trouve à mi-chemin entre le 488500

7 et le 489000.

8 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de voir où se trouvait la position

9 numéro trois sur cette carte, sur cette image ?

10 R. La position trois était très proche de la position deux, de ce côté-ci.

11 Là, je crois qu'il y avait un bunker à cette position, et il allait jusque-

12 là, jusqu'à un certain champ. Je ne peux pas exactement vous dire où était

13 la scission avec la position quatre.

14 Q. Est-ce que vous pourriez mettre un 3 à côté de la position que vous

15 venez de dessiner.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Où se trouve la position numéro 4 ?

18 R. Je n'en suis pas sûr, mais à peu près là. Je crois que c'est cela la

19 position quatre.

20 Q. Est-ce que vous pourriez mettre un 4 à cet endroit-là.

21 R. [Le témoin s'exécute]

22 Q. Et la position 5, est-ce que vous pouvez la voir ?

23 R. Je vois que cette position était très, très proche de la route qui

24 menait aux montagnes de Berisa. Très difficile de dire précisément où, mais

25 dans cette partie-là en tout cas. Il y avait un garde qui était positionné

Page 4382

1 dans cette route qui menait à "lugu," dans cette vallée. C'était le

2 territoire de la position numéro cinq.

3 Q. Sur ce diagramme, pourriez-vous trouver quelle était la première

4 position du quartier général. Pourrions-nous utiliser une couleur ou un

5 stylo de couleur différente pour faire cela ?

6 Etes-vous à même de retrouver le premier lieu où était installé le quartier

7 général ?

8 R. Je crois que c'était là. C'est un endroit qui est placé pour un ancien

9 magasin, c'est juste là.

10 Q. Est-ce que vous pourriez marquer HQ 1.

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. Combien de temps est-ce que le quartier général est resté installé à

13 cet endroit-là ?

14 R. Jusqu'au 29 mai. Le 29 mai, il y a eu des bombardements vers 20, 21

15 heures, et cet endroit a subi des tirs d'obus et le quartier général a été

16 déménagé.

17 Q. Avez-vous été en mesure de savoir vers où le quartier général a été

18 déménagé ?

19 R. Oui. Vers cet endroit-ci, vers ce cercle. Dans les maisons de Vojvoda.

20 Q. Pourriez-vous marquer HQ à cet endroit-là, s'il vous plaît.

21 R. [Le témoin s'exécute]

22 Q. Combien de temps est-ce que le quartier général est resté installé à

23 cet endroit-là ?

24 R. Quelques jours. Pas très longtemps.

25 Q. Vers quel endroit est-ce que le quartier général a-t-il été déménagé,

Page 4383

1 par la suite ?

2 R. Vers un ensemble de maisons, un lotissement. Il y avait là, une grande

3 salle qui a été utilisée, au départ; ensuite, une petite maison où,

4 finalement, on avait installé une antenne médicale de campagne.

5 Q. Est-ce que vous pourriez marquer HQ 3, à cet endroit-là.

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Est-ce que c'est bien là que le quartier général a été installé

8 jusqu'au 26 juillet ?

9 R. Oui, jusqu'au 26 juillet.

10 Q. Est-ce que Qerqiz a résidé dans ces différents quartiers généraux ?

11 R. Oui.

12 Q. Cette antenne médicale dont vous avez parlé, est-ce qu'elle se trouvait

13 près du troisième quartier général que vous avez indiqué ?

14 R. Cette antenne était dans la même cour que le quartier général. C'était

15 le même ensemble de maisons.

16 Q. Quand vous dites "antenne médicale," pouvez-vous spécifier ?

17 R. C'était une petite antenne médicale avec une infirmière et un médecin,

18 avec une pièce où on recevait les patients. Il y avait quelques étagères

19 avec des médicaments. Pas beaucoup, mais quelques-uns.

20 Q. Sur cette carte, est-ce que vous pouvez retrouver l'endroit où la

21 réunion à laquelle Celiku avait -- c'était Fatmir Limaj -- avait dit que

22 Qerqiz serait responsable de cette position en question ?

23 R. C'était tout au début. Cela devait être à cet endroit-là, mais cela

24 peut très bien avoir été également non loin de là.

25 M. WHITING : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait consigner que le témoin

Page 4384

1 a indiqué cet endroit-là ?

2 R. J'ai dit ici, HQ 1.

3 Q. Merci. De l'autre côté de la route entre Peja et Pristina, y avait-il

4 d'autres unités en place ?

5 R. Est-ce que vous voulez dire de l'autre côté de la route goudronnée ?

6 Q. Oui, de l'autre côté.

7 R. Oui. Il y en avait. Il y avait deux autres unités de l'autre côté de la

8 route.

9 Q. Connaissez-vous les noms de ces unités ?

10 R. Oui. Ici, il y avait l'unité Pellumbi, de ce côté-là. Un peu plus loin,

11 il y avait l'unité Guri 3.

12 Q. Est-ce que vous pourriez inscrire P pour Pellumbi et inscrire G3 pour

13 l'unité Guri 3 ?

14 R. [Le témoin s'exécute] Cela devait être là où se trouvait l'unité

15 Pellumbi et c'est là que se trouvait l'unité Guri.

16 Q. Dans la zone de Lapusnik -- en dessous de la route entre Peja et

17 Pristina, est-ce que l'unité Celiku 3 était la seule présente ?

18 R. Vous voulez dire au niveau de la route goudronnée ?

19 Q. En dessous de la route goudronnée à Lapusnik; est-ce que l'unité Celiku

20 était la seule présente ?

21 R. Non. Au-dessus de la route goudronnée il y avait notre unité qui

22 patrouillait. Mais il y avait l'unité Pellumbi et cette unité, je ne sais

23 plus si c'était la Pellumbi ou l'unité Guri, était chargée de bloquer la

24 route.

25 Q. Est-ce que les unités Pellumbi et Guri contrôlaient la route ?

Page 4385

1 R. Oui, oui. Jusqu'à Arlat.

2 Q. De votre côté de la route, entre Peja et Pristina, est-ce qu'il

3 s'agissait de l'unité Celiku 3 ? C'est bien celle-là qui était là ?

4 R. Oui. De ce côté-là, on avait nos soldats.

5 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait consigner que le

6 témoin a montré la partie sud de la route entre Peja et Pristina ?

7 Q. Juste pour être sûr, là où il y a les cinq positions que vous avez

8 identifiées, est-ce qu'on est toujours dans le cercle de l'unité Celiku 3 ?

9 R. Oui, pour toutes ces positions.

10 Q. Est-ce qu'il y avait une autre unité dans la zone de Kishna Reka ?

11 R. Oui, en juillet. Pas plus tôt. En juillet, il y a eu une unité Pellumbi

12 qui est venue. On ne pouvait pas la voir sur la carte. Il y a une vallée en

13 dessous de la position 5. Là, il y avait un groupe de maisons qui étaient

14 très proches les unes des autres et c'est là que l'unité Pellumbi était

15 située, avec 10 ou 12 soldats.

16 Q. En juin et juillet 1998, y avait-il un endroit plus particulier à

17 Lapusnik où les soldats allaient pour ce qui était des repas ?

18 R. Oui. En juin et juillet, la cantine se trouvait à l'intérieur de ce

19 cercle.

20 M. WHITING : [interprétation] Qu'on consigne que le témoin vient juste de

21 montrer ce qu'il avait marqué comme étant l'HQ 2.

22 Pourrait-on donner un numéro à cette photo ?

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, cela sera reçu.

24 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P170. Voulez-vous que cette pièce soit

25 mise sous scellé ?

Page 4386

1 M. WHITING : [interprétation] Non, ce n'est pas nécessaire.

2 Q. Monsieur le Témoin, en juin et juillet 1998, est-ce qu'il y avait des

3 responsables de ces cinq positions de combat ?

4 R. Oui. Chacune des positions avait son responsable propre, son

5 responsable qui tenait le journal de bord ou qui s'occupait de faire

6 tourner les quarts.

7 M. WHITING : [interprétation] Pouvons-nous, Monsieur le Président, passer

8 en session à huis clos partiel ?

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en session à huis clos

11 partiel.

12 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 M. WHITING : [interprétation]

18 Q. En dehors des occasions que vous avez mentionnées, y a-t-il eu d'autres

19 situations où des rapports ont été soumis à Qerqiz ?

20 R. Dès qu'il se passait quelque chose, un rapport individuel de chacun des

21 responsables pouvait être fait. Il n'y avait pas nécessairement un moment

22 précis pour cela.

23 Q. Est-ce que vous pourriez indiquer au prétoire quels étaient les types

24 d'éléments qui faisaient l'objet des rapports qu'on faisait à Qerqiz ?

25 R. Nous faisions des rapports sur la situation de la position, ce que nous

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1 avions fait en matière de progrès, des constructions de la position,

2 quelles étaient les évolutions des forces ennemies dans leurs mouvements.

3 En général, ils se déplaçaient dans des véhicules blindés, transport de

4 troupes. Ils se déplaçaient également en trois véhicules blindés, dans les

5 jeeps, et cetera, avec des chars également. Et c'est ce type d'information

6 qu'on donnait.

7 Q. Est-ce que vous avez parfois reçu des ordres de Qerqiz ?

8 R. Oui. A propos de nos tâches, de ce qui nous était affecté. Nous avons

9 aussi reçu des ordres pour ce qui était de construire telle ou telle chose.

10 Q. Pourriez-vous donner un exemple de ce type d'ordre ?

11 R. Au début, nous ne prenions pas de notes, vraiment. Après, nous nous y

12 sommes mis. Nous utilisions des carnets et c'étaient des notes qui

13 parlaient des passages d'un tel et un tel, de ce qui se passait. Je ne me

14 souviens pas vraiment d'ordres plus particuliers ou de la relève de la

15 garde, en particulier puisqu'au départ, il n'y avait pas de quarts. On

16 restait en place toute la journée. Après le 22 mai, on a eu deux quarts;

17 ensuite, à la fin juin, nous avons eu les moyens d'avoir trois quarts.

18 Q. Vous avez dit qu'il vous donnait des ordres quand il s'agissait de

19 construire quelque chose -- par exemple, quoi, construire quoi ?

20 R. Des positions, des postes, ce qu'il fallait en faire. Lorsqu'il fallait

21 qu'on coupe du bois qui appartenait à la population civile, il fallait

22 qu'on soit d'accord sur la quantité, on avait le droit de couper. Puis,

23 pour ce qui était des permissions, également, pour aller voir nos familles.

24 Voilà le type de sujet qu'on débattait avec lui. Lorsqu'on manquait de

25 munitions, également, on lui soumettait le problème.

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1 Q. Pourriez-vous décrire la façon dont vous obteniez la permission d'aller

2 voir vos familles ?

3 R. On demandait la permission oralement; lorsque c'était possible, on nous

4 le permettait. On nous donnait un sauf-conduit. Il était indiqué notre

5 destination, la période de la permission. C'était très courant pendant ces

6 trois mois.

7 Q. Qui vous accordait cette permission ?

8 R. Qerqizi.

9 Q. Avec l'aide de l'Huissier, j'aimerais vous montrer un document qui est

10 à l'intercalaire 14.

11 M. WHITING : [interprétation] Si vous avez l'amabilité de le placer sous le

12 rétroprojecteur.

13 Q. Monsieur, vous avez la version albanaise de ce document, et nous avons

14 la version anglaise sous le rétroprojecteur. Reconnaissez-vous ce

15 document ?

16 R. Oui, je le reconnais. Voilà comment étaient organisées, et surtout,

17 comment étaient délivrées ces autorisations de voyage. C'est ainsi qu'elles

18 étaient formulées. Je pense que celle-ci est un peu plus longue que celle

19 que j'ai eu l'habitude de voir, mais c'est plus ou moins cela.

20 Q. Vous utilisiez ces laissez-passer de voyage pendant les mois de juin et

21 juillet 1998 ?

22 R. Oui. On ne pouvait pas quitter la position sans avoir la permission de

23 le faire.

24 Q. Dans le cas d'espèce, cela est signé par un commandant à Lapusnik; est-

25 ce que c'est Qerqiz qui aurait signé ce document ?

Page 4390

1 R. Oui, Qerqizi.

2 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais que ce

3 document se voit octroyer une cote, je vous prie.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Tout à fait.

5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P171.

6 M. WHITING : [interprétation] Je vous demanderais de l'enlever du

7 rétroprojecteur.

8 Q. Monsieur, nous avons -- il y a un autre sujet qui a été abordé. Vous

9 avez parlé de la pénurie de munitions. Que faisiez-vous en cas de pénurie

10 de munitions ?

11 R. Nous en parlions au quartier général. Le quartier général relayait

12 notre message, et les munitions arrivaient lorsque cela était possible.

13 Q. Lorsque vous dites nous demandions au quartier général, de quel

14 quartier général s'agit-il ?

15 R. Je pensais au quartier général de Qerqizi.

16 Q. Vous dites "le quartier général relayait ou transmettait notre

17 message." Qu'entendez-vous par cela ?

18 R. Parmi ses tâches, il devait se rendre à Klecka pour parler de ce genre

19 de choses. Notre tâche à nous consistait à aller le voir.

20 Q. Que ce passait-il lorsque vous demandiez à Qerqiz des munitions ? Une

21 fois qu'il avait transmis le message, que se passait-il, en règle

22 générale ?

23 R. J'ai dit que les armes ou les munitions arrivaient. Bien sûr, nous

24 demandions beaucoup plus que ce qu'ils nous donnaient, car les soldats

25 demandent toujours des armes et des munitions.

Page 4391

1 Q. Vous avez indiqué, lors de votre déposition, que les rapports et les

2 différentes notes étaient conservés au niveau des positions. Est-ce que

3 vous pourriez indiquer à la Chambre de première instance quel type

4 d'éléments, si vous vous en souvenez bien entendu, étaient consignés dans

5 ces rapports et dans ces notes ?

6 R. C'était un cahier très simple où nous écrivions les dates; les

7 différents quarts, donc le premier, le deuxième, le troisième; le mouvement

8 des forces ennemies; nous y consignions également ce qui s'était passé

9 pendant les différentes relèves; nous y indiquions également le tour des

10 personnes qui devaient faire partie des quarts.

11 Q. Qu'advenait-il de ces rapports ou de ces notes ?

12 R. Lorsque rien d'important ne se produisait, rien n'était fait jusqu'au

13 moment où le cahier était rempli, et à ce moment-là, il était envoyé. Quand

14 quelque chose d'important se passait, nous devions transmettre le cahier

15 immédiatement. Il fallait notifié --

16 Q. Qui -- à qui envoyiez-vous cette notification ?

17 R. Il fallait notifier Qerqizi, et c'est ce que nous faisions. C'est lui

18 qui était notifié, ou parfois Ymer. Parce que Qerqizi n'était pas seul. Il

19 était avec deux ou trois autres personnes. Donc, nous pouvions également

20 notifier ces deux ou trois autres personnes, et ces personnes se

21 chargeaient de transmettre ladite nouvelle ou la notification à Qerqizi.

22 Q. Est-ce que vous êtes en mesure d'identifier ces deux ou trois autres

23 personnes ?

24 R. Pendant cette période, les gens qui étaient avec Qerqizi étaient Ymer,

25 Zeneli, Katimi. Mesuesi dormait ailleurs. Mais il avait l'habitude

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1 d'envoyer des notes écrites ainsi que des documents.

2 Q. Quelle était la relation entre ces personnes que vous venez

3 d'identifier et Qerqizi ?

4 R. Ils étaient proches de lui. Je ne sais pas quelles étaient leurs

5 tâches. Leurs tâches n'ont jamais été mentionnées, à l'exception de Zeneli

6 qui, pendant une certaine période, était responsable du point numéro 3.

7 Pour ce qui est de Fatim, je ne sais pas quelles étaient ses tâches

8 précises. Il était avec Qerqizi. Ymer était également avec Qerqizi, et ils

9 dormaient tous à l'endroit où se trouvait le QG.

10 Q. Est-ce que vous considérez ces personnes, Zenel, Fatim et Ymeri, est-ce

11 que, d'après vous, ces personnes se trouvaient au même niveau que Qerqizi,

12 ou est-ce qu'elles étaient à un niveau différent ?

13 R. Non. J'ai déjà dit que Qerqizi était responsable, mais ils étaient

14 proches de lui. Ils étaient ensemble. Peut-être qu'ils avaient suffisamment

15 de temps libre pour rester ensemble et ils dormaient au même endroit.

16 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je suis sur le point

17 d'aborder un thème tout à fait différent. Peut-être que nous pourrions

18 lever l'audience quelques minutes plus tôt.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

20 Monsieur, nous allons maintenant lever l'audience et nous continuerons à

21 entendre votre déposition demain à 14 heures 15. Je vous demande d'avoir

22 l'amabilité de revenir demain.

23 J'aimerais juste indiquer à l'intention des conseils, et je pense aux

24 dispositions en matière de voyage, puisque je pense aux problèmes que le

25 long week-end de Pâques pourrait peut-être poser. Je pense qu'il serait

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1 peut-être pragmatique d'envisager la fin de l'audience mercredi soir et de

2 ne pas envisager une audience le jeudi, et après Pâques, nous reprendrons

3 les audiences le mercredi. Pour le moment, l'audience est prévue mercredi

4 après Pâques. Il se peut que cela soit transféré mercredi après-midi car

5 cela dépendra de la disponibilité des différents prétoires. Je pense que

6 ces dispositions permettront probablement au uns et aux autres de prévoir

7 les mesures nécessaires pour leur permettre de rentrer dans leurs

8 différents foyers.

9 M. TOPOLSKI : [interprétation] Monsieur le Président, au nom de toutes les

10 personnes qui vont voyager dans cette salle, j'aimerais vous remercier.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je penserais à vous, Maître Topolski,

12 le jeudi lorsque je m'occuperais d'autres choses.

13 M. TOPOLSKI : [interprétation] J'espère que je suis toujours dans vos

14 pensées.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Vraiment. Peut-être qu'il

16 faudra que je remplace cela par Me Guy-Smith.

17 Nous allons maintenant lever l'audience et nous reprendrons demain à 14

18 heures 15.

19 --- L'audience est levée à 18 heures 57 et reprendra le mercredi 16 mars

20 2005, à 14 heures 15.

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