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1 Le mardi 21 février 2006
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Whiting, vous pouvez
7 maintenant poursuivre et vous avez vos 13 dernières minutes.
8 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que la Chambre souhaite rappeler au
9 témoin sa déclaration ?
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, oui, très bien.
11 Monsieur Babic, comme d'habitude, nous souhaitons vous rappeler que vous
12 êtes tenu par la déclaration que vous avez prononcée et en vertu de
13 laquelle vous avez dit que vous allez dire la vérité, toute la vérité, rien
14 que la vérité.
15 LE TÉMOIN: MILAN BABIC [Reprise]
16 [Le témoin répond par l'interprète]
17 M. WHITING : [interprétation] Je vous remercie.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
19 Interrogatoire principal par M. Whiting : [Suite]
20 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Babic, est-ce que vous me
21 comprenez ?
22 R. Oui. Bonjour. Tout à fait.
23 Q. Monsieur Babic, en quoi consistait l'opération Eclair ?
24 R. L'opération Eclair était une intervention de la police militaire croate
25 et ce fut une intervention qui a eu lieu sur le territoire de la Slavonie
26 orientale qui était tenu par les Serbes et cela s'est passé au début du
27 mois de mai 1995.
28 Q. Savez-vous si quelque chose a précipité en quelque sorte l'opération
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1 Eclair ?
2 R. En fait, ce qui a précipité l'opération et il s'agit des raisons ou des
3 causes de cette opération, il s'agit des événements qui ont eu lieu sur
4 l'autoroute d'Okucani sur le territoire de la République de la Krajina
5 Srpska.
6 Q. Est-ce que vous pourriez nous relater lesdits événements ?
7 R. Ces événements se sont déroulés après une longue période de
8 négociations entre les représentants du gouvernement de la Croatie et le
9 gouvernement de la République de la Krajina Srpska auxquelles négociations
10 auxquelles j'ai participé. Ces négociations ont duré plusieurs mois et
11 portaient sur la normalisation des relations entre la République de la
12 Krajina Srpska et de la Croatie. Il s'agissait en fait d'établir le lien
13 entre les systèmes d'éduction d'eau, les systèmes électriques et il
14 s'agissait également d'ouvrir l'autoroute entre Zagreb et Belgrade. Il
15 s'agissait de l'ouverture des lignes ferroviaires et de ce genre de chose.
16 Après, en fait, ces pourparlers, une partie de l'accord a été concrétisée,
17 à savoir, l'ouverture de l'autoroute qui relie Belgrade à Zagreb et qui
18 passe par le territoire qui à l'époque était appelé la République de la
19 Krajina Srpska. Il s'agit de la Slavonie occidentale et d'une petite partie
20 de la Slavonie orientale. En fait, cette autoroute a fonctionné, donc, a
21 été ouverte jusqu'au mois de mai 1995, et après que cette autoroute
22 fonctionne normalement, des incidents se sont produits sur cette autoroute,
23 ce qui fait que l'autoroute a été fermée.
24 Q. Qui a fermé cette autoroute, dans la mesure où vous le savez ?
25 R. D'après les informations que je détiens, il s'agit du premier ministre,
26 de M. Martic, de -- il m'a été dit que des policiers et des personnes de la
27 région d'Okucani ont émis des ordres afin que l'autoroute soit fermée.
28 Q. Que s'est-il passé après la fermeture de cette autoroute ?
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1 R. Des négociations ont eu lieu afin d'envisager et de discuter de sa
2 réouverture. Toutefois, la Croatie a ouvert de force cette autoroute et il
3 y a eu une opération de la police militaire qui a, en fait, ouvert
4 l'autoroute et qui a investi la partie de la Slavonie orientale qui jusqu'à
5 présent avait été sous le contrôle des Serbes. Donc, cela s'est poursuit
6 pendant plusieurs jours, le 1er, le 2 et le 3 mai, en fait. Tout s'est
7 terminé, à ce moment-là.
8 Q. C'est ce à quoi on fait référence lorsque l'on parle de l'opération
9 Eclair ?
10 R. Oui, il s'agit effectivement de l'opération Eclair.
11 Q. A votre connaissance, est-ce que Milan Martic a fait quelque chose
12 après l'opération Eclair ?
13 R. Le deuxième jour de l'opération Eclair, il a ordonné le bombardement de
14 la ville de Zagreb et il s'agissait, en fait, de représailles pour
15 l'intervention de la Croatie en Slavonie orientale.
16 Q. Comment savez-vous qu'il en a donné l'ordre ?
17 R. Il l'a dit lui-même à la télévision. Il a dit lui-même qu'il avait
18 donné l'ordre.
19 Q. Monsieur Babic, je souhaiterais, en fait, que nous examinions la
20 conversation interceptée 593, je prie. Donc, il y a le début, en fait, dont
21 je ne vais pas tenir compte. Je commencerais juste par Nikolic et Milosevic
22 car, dans votre déclaration, vous avez dit avoir reconnu les voix de
23 Milosevic -- de Slobodan Milosevic et de Borisav Mikelic. Dans votre
24 déclaration, vous aviez fait référence à Borisav Mikelic; est-ce que vous
25 pourriez nous rappeler qui il était, à l'époque, en 1995 ?
26 R. A l'époque, Borisav Mikelic était le premier ministre de la République
27 de la Krajina Srpska.
28 Q. A cette époque-là, vous étiez vous-même au gouvernement. Vous étiez
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1 d'ailleurs le ministre des Affaires étrangères; est-ce exact ? Vous nous
2 l'avez dit un peu plus tôt lors de votre déposition.
3 R. Oui.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Dans quel gouvernement ? Le
5 gouvernement de la SAO, le gouvernement de la Krajina Srpska ?
6 M. WHITING : [interprétation] A cette époque-là, en 1995, il s'agit du
7 gouvernement de la République de la Krajina Srpska.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.
9 M. WHITING : [interprétation]
10 Q. Est-ce que vous pourriez me dire combien de fois avez-vous eu
11 l'occasion de parler à Borisav Mikelic ?
12 R. Je lui parlais fréquemment. Je ne peux pas vous donner un chiffre
13 exact, mais sur une période de deux ans, je faisais partie du gouvernement
14 dont il était le premier ministre. Donc, je lui parlais souvent. Je lui
15 parlais quotidiennement, parfois.
16 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire de façon générale quelle est la
17 teneur de cette conversation ?
18 R. Pendant cette conversation, il parle de sujets relatifs aux événements
19 qui se sont déroulés en Slavonie occidentale, à savoir, l'ordre de Martic
20 pour que Zagreb soit bombardée, ces conséquences, ce qui s'est passé avant
21 cet événement. Il est question, en fait, de certaines questions telles que
22 la réunion du Conseil conjoint de la suprême défense entre la République de
23 la Krajina Srpska et de la Republika Srpska. Il y est également mention aux
24 problèmes du ministre de l'Intérieur et des préparatifs à une réunion de
25 l'assemblée de la République de la Krajina Srpska. Mais il faut savoir
26 qu'essentiellement, il s'agit des événements qui se sont déroulés en
27 Slavonie occidentale. Il est question également de cette opération Eclair
28 et du bombardement de Zagreb.
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1 Q. Je dois m'interrompre un petit moment parce que mon compte rendu a
2 disparu de mon écran. Donc, j'espère pouvoir le récupérer.
3 Alors, j'aimerais commencer à vous diffuser donc une séquence audio qui
4 commence à la page 2, de la version anglaise et à la page 2 de la version
5 B/C/S. Cela commence avec M. Mikelic qui dit : "C'est Boro à l'appareil."
6 Est-ce que vous voyez cela à la page 2 du document écrit ? Je m'excuse, je
7 m'excuse. Non, il me semble qu'il s'agit de la première page de la version
8 B/C/S. Cela commence à la fin de la première page de la version B/C/S.
9 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir le système
10 Sanction, je vous prie ? Je m'adresse à la régie. Cela commence par "Allo,
11 M. le Président."
12 [Diffusion de la cassette audio]
13 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
14 "Allo, M. le Président.
15 "Milosevic : Oui, qu'est-ce qui se passe ?"
16 M. WHITING : [interprétation] Pour ce qui est de ces transcriptions, il se
17 peut que nous devions fournir les documents B/C/S à la cabine française.
18 Voilà, en fait, les interprètes ne doivent pas lire la transcription
19 anglaise et nous nous contentons d'entendre l'original.
20 La cabine française aura le document en B/C/S, ce que nous aurions
21 d'ailleurs dû de leur donner avant que nous ne commencions aujourd'hui, et
22 je m'excuse. Je dirais à l'intention de la cabine française que cela
23 commence au bas de la page 1.
24 L'INTERPRÈTE : Oui, merci.
25 [Diffusion de la cassette audio]
26 L'INTERPRÈTE : [Voix sur voix]
27 "Mikelic : Allo, M. le Président, qu'est-ce qui se passe ?
28 Milosevic : Oui, je regardais le rapport de la séance mixte du
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1 Conseil suprême de Krajisnik et de Karadzic. Ce n'est pas grave. Est-ce que
2 Babic et les autres y sont allés également, Mikelic ? Qu'est-ce tu dis ?
3 Débrouille-toi avec Babic et vois avec les autres personnes qui y seront.
4 Cela, c'est le résultat des caprices de Martic et de ce criminel de
5 Tudjman. Personne ne remet en question le manque de scrupules -- n'a remis
6 en question le manque de scrupules de Tudjman, même avant. Mais si nous
7 n'avions pas eu les caprices de Martic, la route -- l'autre n'aurait pas pu
8 en fait, faire preuve de son manque de scrupules. Les caprices de Martic
9 ont ouvert la route pour permettre à Tudjman qui n'a aucun scrupule d'agir
10 parce qu'en fait, il n'avait pas commencé avec cette histoire d'autoroute
11 s'il n'avait pas commencé à faire feu. L'autre n'aurait jamais osé, du fait
12 de la situation internationale. Il n'aurait jamais osé remettre une
13 question une décision qui a été prise et qui a été sanctionnée par les
14 Nations Unies à propos du régime en Slavonie occidentale."
15 [Fin de la diffusion de cassette audio]
16 M. WHITING : [interprétation]
17 Q. Monsieur Babic, dans cette séquence audio, Slobodan Milosevic dit :
18 "Personne n'a mis en doute le manque de scrupules de Tudjman même avant,
19 mais si nous n'avions pas eu les caprices de Martic, la route n'aurait pas
20 été ouverte et ne lui aurait pas permis de faire preuve de son manque de
21 scrupules. C'est le caprice de Martic qui a ouvert la route au manque de
22 scrupules de Tudjman parce que s'il n'avait pas fait ce qu'il a fait avec
23 l'autoroute, ce qu'il a fait et qui a commencé en fait les tirs, personne
24 n'aurait jamais osé faire quoique ce soit au vu de la situation
25 internationale. Personne n'aurait jamais osé remettre en question une
26 décision qui a été prise et sanctionnée par les Nations Unies à propos du
27 régime en Slavonie occidentale."
28 Qu'est-ce que cela signifie, d'après vous ?
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1 R. Il s'agit de provocations de la part de Martic et cela s'est passé
2 lorsque l'autoroute a été fermée. Il y a eu infractions de l'accord qui
3 avait été conclu entre le gouvernement de la Krajina et le gouvernement de
4 la Croatie sous les auspices ou la direction des Nations Unies. Les Nations
5 Unies qui étaient les garants de cet accord. Donc, il s'agit de
6 provocations. Il s'agissait d'une provocation que de fermer l'autoroute et
7 d'enfreindre l'accord international.
8 Q. Lorsque M. Milosevic dit : "S'il n'avait pas fait ce qu'il a fait avec
9 l'autoroute, ce qu'il a fait et qui a commencé les tirs, l'autre n'aurait
10 jamais osé," osez faire quoi, d'après vous ?
11 R. D'attaquer de façon militaire la Slavonie occidentale.
12 Q. Je vais vous diffuser une deuxième séquence audio qui commence à la
13 page 3 de la version anglaise à la page 2 du B/C/S. Cela commence par
14 Mikelic qui dit : "Martic était à Banja Luka hier."
15 Lorsque nous avons écouté cette séquence, Monsieur Babic, je vais
16 vous demander de l'écouter très, très attentivement pour voir si vous
17 pouvez me dire qui dit quoi dans cet extrait parce que le son n'est pas
18 très, très bon. Le son était meilleur à l'extérieur du prétoire, mais là
19 nous sommes obligés de passer par le système audio du prétoire et cela
20 n'est pas très toujours très audible. Je vais vous demander qui a dit quoi,
21 s'il s'agit de Milosevic ou de Mikelic.
22 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais maintenant, et je m'adresse à la
23 régie, que l'on passe le deuxième extrait.
24 [Diffusion de la cassette audio]
25 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
26 "Mikelic : Martic était à Banja Luka hier et il a fait une déclaration, il
27 a dit : "J'ai bombardé Zagreb à cause du peuple serbe de la Slavonie
28 occidentale.
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1 Milosevic : Oui, nous avons entendu cette déclaration mais il a dit que
2 c'était à cause de votre souffrance.
3 Mikelic : Il a dit qu'il a pris la décision de bombarder Zagreb, Karlovac,
4 Sisak. C'est un homme "quel homme intelligent pourrait être -- il faudrait
5 avoir honte d'un homme fou. Il se vantait de sa prouesse. C'est un homme à
6 propos duquel on pourrait dire : "Quel homme intelligent, et cetera, et
7 cetera."
8 [Fin de la diffusion de cassette audio]
9 M. WHITING : [interprétation]
10 Q. Monsieur Babic, dans cette séquence, l'un des deux hommes dit : "Il a
11 dit qu'il a pris la décision de bombarder Zagreb, Karlovac et Sisak. C'est
12 un homme," et je cite : "Quel homme intelligent a honte de ce qu'un homme
13 fou est fier ? Il parlait de sa prouesse." Est-ce que vous êtes en mesure
14 de nous dire qui des deux hommes dit cela dans cette séquence ?
15 R. J'écoutais les voix et je ne lisais pas le texte. Il semblerait qu'il y
16 ait une confusion parce que c'est tout -- c'est Milosevic qui l'a dit,
17 alors qu'ici il est dit Mikelic. Peut-être que vous voulez nous faire
18 écouter cela à nouveau. Je me suis écrit des petites notes parce que
19 j'étais en train d'écouter la séquence et je me suis rendu compte de ce qui
20 s'était passé, c'est Milosevic qui l'a dit. Nous avons entendu la
21 déclaration. Nous avons entendu la déclaration et il a dit : A cause de
22 votre souffrance, puis après il dit quelque chose de ce style puis après il
23 dit : Il a pris la décision de bombarder Zagreb. Zagreb, Karlovac et Sisak.
24 Je pense que c'est Milosevic qui parle, si vous voulez que je le répète ou
25 si vous voulez nous faire entendre cela à nouveau pour que je m'en assure.
26 Q. Nous allons entendre cela. La deuxième partie, il
27 dit qu'il a pris la décision de bombarder Zagreb, Karlovac. Je voudrais que
28 vous nous indiquiez qui parle lors de la deuxième partie.
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1 [Diffusion de la cassette audio]
2 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
3 "Mikelic : Martic était à Banja Luka hier et il a fait une déclaration. Il
4 a dit, je cite : 'J'ai bombardé Zagreb pour le peuple serbe de la Slavonie
5 occidentale.'
6 Milosevic : Oui, nous avons entendu la déclaration mais il l'a dit que
7 c'est à cause de votre souffrance.
8 Mikelic : Il a dit qu'il a pris la décision de bombarder Zagreb, Karlovac,
9 Sisak. C'est un homme à propos duquel vous pourriez dire et je cite : 'Quel
10 homme intelligent a honte de ce qu'un homme fier ou de ce qu'un homme fou
11 serait fier d'avoir fait ?' Il parlait de ses exploits."
12 [Fin de la diffusion de cassette audio]
13 M. WHITING : [interprétation]
14 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire qui s'exprime lors de cette
15 deuxième partie, il a dit qu'il a pris la décision de bombarder Zagreb,
16 Karlovac et Sisak, c'est un homme et je cite : "Quel homme intelligent a
17 honte de ce qu'un homme fou serait fier d'avoir fait et il parlait de
18 connaissance exploit." Etes-vous en mesure de dire qui s'exprimait dans cet
19 extrait ?
20 R. Milosevic.
21 Q. Je vous remercie. Je vais maintenant vous diffuser une autre séquence
22 audio qui se trouve à la page 4 de la version anglaise et à la page 3 de la
23 version B/C/S. Cela commence par Milosevic qui dit : "A la séance de
24 l'assemblée sa démission devrait être exigée." Est-ce que vous l'avez
25 trouvée, Monsieur ?
26 R. Oui.
27 [Diffusion de la cassette audio]
28 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
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1 "Milosevic : A la séance de l'assemblée, il faudrait que sa démission soit
2 exigée parce qu'il a commis les pires erreurs possibles. Si Karadzic et
3 Krajisnik veulent le couvrir, il n'a qu'à aller les voir. Qu'il aille les
4 voir à Pale et qu'il fasse office de bouffon de la cour pour eux. Il n'y a
5 pas d'autres méthodes. Je pense que vous devriez leur dire cela : Que
6 maintenant, c'est un criminel qui ne réfléchit pas et il réagit comme un
7 animal et non pas comme un homme. Hier, il a ordonné le bombardement de
8 Zagreb, même alors qu'il y a 7 000 personnes qui sont assiégées. Est-ce que
9 vous avez entendu ce qu'a dit Tudjman hier : 'Qu'ils attaquent et personne
10 ne coopéra.' Est-ce que vous voulez qu'ils fassent montre de leur pouvoir
11 quand pour dire la vérité, les questions les plus sensibles de mise en
12 vigueur de l'accord, portant sur la sécession des hostilités, doivent être
13 prises en considération ?"
14 [Fin de la diffusion de cassette audio]
15 M. WHITING : [interprétation]
16 Q. Monsieur Babic, dans cette séquence audio, M. Milosevic
17 dit : "C'est un criminel qui ne réfléchit pas. Il réagit comme un animal et
18 non pas comme un homme. Hier, il a ordonné le bombardement de Zagreb." De
19 qui parle-t-il, d'après vous ?
20 R. De Milan Martic.
21 Q. Puis, il fait référence à 7 000 personnes qui sont assiégées et à quoi
22 est-ce que cela fait référence d'après vous ?
23 R. Oui, il s'agissait de quelque 7 000 civils et soldats qui étaient
24 assiégés dans la région de Pakrac parce que l'armée et la police croate
25 avaient en quelque sorte coupé la voie de secours de la population et des
26 soldats vers Banja Luka sur le territoire de la Republika Srpska. Ils
27 étaient assiégés. Ils étaient dans ce siège, à l'intérieur du siège et
28 c'est les Serbes qui étaient assiégés par la police croate et les
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1 militaires.
2 Q. A votre connaissance, est-ce que vous savez si le bombardement de
3 Zagreb a eu des incidences pour ces personnes qui se trouvaient assiéger ?
4 Quelles furent les conséquences ?
5 R. Cela aurait pu engendrer des représailles croates et ces personnes
6 auraient pu être les victimes de cet événement.
7 Q. J'aimerais en dernier lieu, vous diffuser une séquence audio. Non, non,
8 pas en dernier lieu, puisqu'il y en a encore deux.
9 La quatrième séquence audio se trouve à la page 5 de la version anglaise et
10 à la page 5 de la version B/C/S. Cela commence par Milosevic qui dit : "Il
11 devrait être dit à votre assemblée."
12 R. Oui, je l'ai trouvée.
13 [Diffusion de la cassette audio]
14 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
15 "Milosevic : Que cela soit dit à votre assemblée. Que cela soit dit de
16 façon ouverte car il faut le dire. Que ce soit une condition pour eux. De
17 toute façon, vous avez dit que la nuit dernière, lorsque tout était prêt
18 pour que l'autoroute soit ouverte, que la Croatie a attaqué. Cela n'était
19 pas vrai. Lorsque toutes les conditions étaient prêtes pour que l'autoroute
20 soit ouverte, Martic a dit qu'il était absolument hors de question d'ouvrir
21 l'autoroute, ce qui fait qu'après la Croatie a attaqué et que Tudjman a dit
22 qu'il fallait absolument ouvrir l'autoroute."
23 [Fin de la diffusion de cassette audio]
24 M. WHITING : [interprétation]
25 Q. Dans cette séquence vidéo, Milosevic dit : "Lorsque tout était prêt
26 pour ouvrir l'autoroute, Martic a dit qu'il était hors de question d'ouvrir
27 l'autoroute. Après cela, la Croatie a attaqué et Tudjman a dit qu'il devait
28 ouvrir l'autoroute."
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1 Ceci fait référence à quoi, en tout cas d'après ce que vous
2 comprenez ?
3 R. J'ai déjà précisé qu'une fois que l'autoroute a été fermée, il y a eu
4 des négociations afin de procéder à la réouverture de cette autoroute. On
5 s'était déjà mis d'accord pour réouvrir l'autoroute. Ensuite, Martic a dit
6 : "Cela était hors de question et qu'il ne permettrait pas que l'autoroute
7 soit ouverte à nouveau." C'est cela dont il s'agit.
8 Q. Pour finir, la dernière séquence vidéo qui se trouve à la page 6 de
9 l'anglais et en bas de la page 4, en haut de la page 5, de la version
10 B/C/S. Au milieu de la page en anglais, Milosevic dit : "Il ne peut pas
11 enfreindre la constitution. Il a provoqué la moitié de tout ceci car il a
12 violé la constitution." Je crois que cela se trouve au bas de la page 4.
13 M. WHITING : [interprétation] Si nous pouvions jouer cette séquence, s'il
14 vous plaît.
15 [Diffusion de la cassette audio]
16 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
17 "Même Hitler n'a pas fait cela. Il a déchiré la Krajina. C'est un
18 fauteur de troubles dangereux. C'est un criminel. Il se vante du fait
19 d'avoir bombardé Zagreb. Il pense qu'il est intelligent. Il devrait en
20 avoir honte et c'est un fou. Il en est fier. Par conséquent, la première
21 chose à faire si vous voulez, c'est de réunir l'ensemble du conseil.
22 Deuxièmement, si vous voulez --"
23 [Fin de la diffusion de cassette audio]
24 M. WHITING : [interprétation]
25 Q. Monsieur Babic, dans cette dernière séquence vidéo Milosevic dit
26 : "Il se comporte comme un chien fou. Même Hitler n'a pas agi ainsi. Il a
27 déchiré la Krajina. C'est un fauteur de troubles dangereux et un criminel.
28 Il se vante d'avoir bombardé Zagreb. La chose dont un homme intelligent a
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1 honte, un homme lunatique comme lui est fier." D'après vous, de qui parle-
2 t-il dans cette séquence vidéo ?
3 R. De Milan Martic.
4 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que cette
5 conversation téléphonique interceptée peut recevoir une cote provisoire,
6 s'il vous plaît ?
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cette écoute aura le numéro 593.
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que je
9 n'ai pas vu la date de cette conversation. Je ne sais pas si quelque chose
10 s'est précisée à cet égard. Est-ce que nous pouvons le faire avant de
11 marquer cette pièce aux fins d'identification ? Sinon, par ailleurs, nous
12 nous ne opposons pas à ce que ce document soit enregistré sous une cote
13 provisoire, mais nous souhaiterions avoir une date pour qu'il n'y ait pas
14 de litiges par la suite.
15 M. WHITING : [interprétation] Je crois que je peux demander au témoin s'il
16 sait à peu près à quelle date cette conversation a eu lieu, compte tenu de
17 la teneur de cette déclaration. A ce moment-là, nous pourrons le verser
18 plus tard.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.
20 M. WHITING : [interprétation]
21 Q. Monsieur Babic, étant donné les références citées dans cette
22 conversation, êtes-vous en mesure de nous dire environ à quelle date cette
23 conversation a eu lieu ?
24 R. Cela s'est peut-être produit le 3 ou le 4 mai, après le
25 1er ou le 2 mai. C'était peut-être le 3 ou le 4 mai. A ce moment-là, après
26 le bombardement de Zagreb qui a eu lieu le 2 mai. Cela s'est peut-être
27 passé le 2 mai également, car on parle du deuxième bombardement. Cela
28 aurait pu être le 2. Quoi qu'il en soit, c'est entre le 2 et le 4 mai.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] De quelle année ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] 1995.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
4 M. WHITING : [interprétation]
5 Q. On fait de nombreuses références à une assemblée qui doit se réunir.
6 Vous souvenez-vous à peu près à quel moment cette assemblée s'est réunie ?
7 R. Il s'agit d'une date différente. C'est avant que cette conversation
8 n'ait lieu. La date est celle du 17 et du 18 mai 1995. Cette conversation a
9 eu lieu entre le 2 mai et le 17 mai 1995. Cela est certain.
10 M. WHITING : [interprétation] Merci. Est-ce que ceci peut être marqué aux
11 fins d'identification.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Tout à fait. La conversation
13 téléphonique interceptée, numéro 593 est enregistrée sous une cote
14 provisoire. Est-ce qu'on peut avoir un numéro de cote provisoire, s'il vous
15 plaît ?
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci est marqué aux fins
17 d'identification, numéro 233.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
19 M. WHITING : [interprétation] Il y a une question d'un Juge de la Chambre.
20 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Oui. Monsieur Whiting, pardonnez-
21 moi, mais je ne comprends pas ce que le témoin a dit. Vous dites avoir posé
22 une question sur la date de la réunion de l'assemblée, qui est une date
23 différente, et vous dites que la conversation a eu lieu avant cette date,
24 le 17 et du 18 mai. Est-ce que vous pouvez faire la clarté là-dessus ?
25 M. WHITING : [interprétation] Oui, je crois que nous pouvons essayer de le
26 faire, Madame le Juge.
27 Q. Monsieur Babic, vous avez fait mention de cette assemblée. Quand s'est-
28 elle réunie, si vous vous en souvenez ?
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1 R. Le 17 et le 18 mai 1995.
2 Q. En vous fondant sur ce que vous avez pu lire dans cette transcription,
3 êtes-vous en mesure de nous dire si cette conversation a eu lieu avant ou
4 après la réunion de cette assemblée, le 17 et le 18 mai ?
5 R. Avant cette assemblée.
6 Q. Merci.
7 M. WHITING : [interprétation] J'espère que ceci éclaircit ce point.
8 Q. Monsieur Babi, eu égard à certaines conversations téléphoniques, j'ai
9 omis de vous poser cette question. Je souhaite donc vous poser cette
10 question à propos de toutes les conversations téléphoniques interceptées
11 que vous avez entendues au cours de votre déposition et à propos desquelles
12 vous avez parlé dans cette affaire-ci. La question porte sur l'ensemble des
13 écoutes téléphoniques. Les déclarations qui sont faites par les personnes
14 que l'on entend dans ces conversations, est-ce que ceci correspond à ce que
15 vous saviez des positions qu'elles occupaient à l'époque ?
16 R. Oui.
17 Q. Après avoir entendu ces écoutes et regardé les transcriptions, y a-t-il
18 quelque chose qui vous inciterait à mettre en doute l'authenticité des
19 écoutes dont vous avez parlé dans votre déposition, dans ce procès ?
20 R. Non.
21 Q. Monsieur Babic, je souhaite terminer par où nous avons commencé.
22 Autrement dit, je souhaite vous demander de dire, en utilisant vos propres
23 termes, de dire aux Juges de la Chambre ce dont vous aviez la charge en
24 1991. Vous avez plaidé coupable pour quoi ? Vous avez admis votre
25 responsabilité pour quoi ?
26 R. En 1991, j'ai succombé à la passion de la politique et à
27 l'ethnocentrisme. Je pensais qu'il était possible de réaliser les objectifs
28 fixés par Slobodan Milosevic, à savoir, de créer un seul et même Etat pour
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1 tous les Serbes. Je pensais que ceci était faisable en procédant à une
2 séparation ethnique sans affrontements, à commencer par une orientation du
3 système politique yougoslave qui consistait à dire que chaque municipalité
4 est une entité en soi, et que le principe d'autodétermination peut être
5 appliqué. J'ai usé de mon pouvoir politique. J'ai investi mon temps et mes
6 efforts dans l'organisation de la province autonome serbe de Krajina.
7 J'avais mes craintes personnelles et je ne faisais pas entièrement
8 confiance au gouvernement croate et j'ai partagé ceci avec le peuple de
9 Krajina et très ouvertement j'ai communiqué ma crainte aux personnes qui
10 vivaient à cet endroit-là. Par conséquent, j'ai attisé ce manque de
11 confiance ou cette méfiance. J'ai attisé ce sentiment de méfiance que
12 j'avais à l'égard du gouvernement. J'ai également contribué à la diffusion
13 de la haine entre les peuples et le peuple serbe envers l'Etat croate. Je
14 suis devenu un homme politique en vue en Krajina. J'ai occupé des postes
15 très importants en Krajina. J'ai gagné la confiance et j'ai créé des
16 institutions dans la province autonome serbe de la Krajina, j'ai créé ces
17 institutions.
18 Lorsque la guerre a commencé, je me suis rendu compte que la création
19 d'un grand Etat serbe était menée tambour battant par la force et que les
20 Croates étaient persécutés. J'ai gardé le silence et j'ai continué à
21 assumer mes fonctions qui étaient les miennes, des fonctions publiques.
22 J'avais l'occasion de prendre du recul, de donner ma démission, de me
23 retirer, mais je suis resté à mon poste et j'étais responsable et co-
24 responsable de tout ce qui s'est passé en Krajina.
25 Q. Merci.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Simplement une question, sur la
27 déclaration que vous venez de faire. Vous dites que vous,
28 M. Milan Babic, vous n'êtes pas responsable d'acte de violence contre
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1 quiconque hormis en tant que premier ministre de la SAO de la Krajina,
2 autrement dit, le poste que vous occupiez.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ce que je dis est ceci : j'ai contribué
4 aux actes de violence en remplissant mes obligations, en créant des
5 institutions nouvelles, en mettant en place ces institutions, et ces
6 institutions étaient la Défense territoriale, j'ai pris la parole en
7 public, j'ai incité et convaincu le peuple serbe que de vivre dans un Etat
8 serbe distinct des Croates allait leur garantir leur sécurité, je suis
9 responsable de cela.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vais vous poser la même question,
11 mais je vais la tourner différemment. A reprendre le terme que vous avez
12 utilisé, si vous étiez le dirigeant de la SAO de la Krajina, avez-vous
13 donné un quelconque ordre à quelqu'un de commettre un crime, de tuer
14 quelqu'un, de piller, de détruire des maisons ? N'avez-vous jamais donné ce
15 type d'ordre à quiconque ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, jamais.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
18 M. WHITING : [interprétation]
19 Q. Merci, Monsieur Babic. Je n'ai plus de questions à vous poser.
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Whiting.
21 Contre-interrogatoire, Maître Milovancevic ?
22 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Contre-interrogatoire par M. Milovancevic :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Babic.
25 R. Bonjour, Monsieur.
26 Q. Je suis Me Milovancevic, je représente M. Milan Martic. Pour ce qui est
27 de notre Règlement de procédure et de preuve, nous sommes actuellement au
28 stade du contre-interrogatoire. Étant donné que nous parlons la même
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1 langue, je vous demande de bien vouloir marquer une pause entre ma question
2 et votre réponse de façon à aider les interprètes dans leur travail.
3 Est-ce que nous nous comprenons ?
4 R. Oui.
5 Q. Monsieur Babic, lorsque vous avez parlé de vous-même, vous avez dit que
6 vous êtes né en ex-Yougoslavie dans la République de Croatie; est-ce
7 exact ?
8 R. Oui.
9 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, où vous êtes allé à l'école,
10 l'école élémentaire, l'école secondaire, où vous avez obtenu vos diplômes
11 de la fin du secondaire, et vous avez commencé à étudier à Belgrade ?
12 R. Je suis né dans le village de Kukar et je suis allé à l'école
13 élémentaire de Vrlika qui est à deux ou trois kilomètres de mon village
14 natal et j'ai terminé le lycée à Zemun. Ensuite, j'ai obtenu mon diplôme de
15 la faculté de médecine de Belgrade et j'ai obtenu mon diplôme en 1974.
16 Ensuite, j'ai étudié à l'école dentaire de Belgrade. J'ai terminé mes
17 études en 1980 et j'ai obtenu mon diplôme un an plus tard. J'ai obtenu mon
18 diplôme deux ans plus tard, pour être plus précis.
19 En 1988 et 1989, et 1990, j'ai pris des cours de médicine sociale à la
20 faculté de médecine de Sarajevo. Je n'ai pas obtenu mon master car j'ai
21 commencé à prendre part à la vie politique.
22 Q. Monsieur Babic, est-ce que je vous ai bien compris lorsque vous avez
23 dit qu'en 1982, vous avez obtenu votre diplôme de dentiste ?
24 R. Oui.
25 Q. Pourriez-vous nous dire quand vous avez commencé à travailler ?
26 R. Oui. En 1982, lorsque j'ai élu domicile, mais j'ai ensuite changé, et
27 j'ai dû faire mon service militaire obligatoire et, ensuite, j'ai commencé
28 à exercer la profession de dentiste. C'était un poste provisoire, mais qui
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1 a duré un certain nombre d'années. Ensuite, j'ai obtenu un poste à durée
2 indéterminée comme un médecin au centre médical de Knin.
3 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, nous parler de votre lieu de
4 domicile après votre service militaire obligatoire ? Vous avez travaillé au
5 sein de quelle institution et où étiez-vous à ce moment-là ?
6 R. Bien, c'était dans la clinique ambulatoire de Djevrske et dans la
7 clinique ambulatoire de Vrlika et la clinique ambulatoire de Knin. J'ai
8 passé mon examen final au centre médical de Split.
9 Q. Quand avez-vous passé votre examen, vos derniers examens ?
10 R. Après mes études.
11 Q. Pourriez-vous nous citer l'année, si vous vous en souvenez ? Ce que je
12 veux dire.
13 R. En 1984.
14 Q. Pourriez-vous nous dire quand vous avez commencé à travailler à Knin au
15 centre médical de Knin ?
16 R. J'étais stagiaire et j'ai été employé et recruté par le centre médical
17 de Knin à partir du mois de septembre 1982 avec une interruption à cause de
18 mon service militaire, et ensuite, j'ai eu des postes provisoires, mais
19 j'étais toujours au centre médical de Knin.
20 Q. Quand êtes-vous devenu l'administrateur principal du centre médical de
21 Knin ?
22 R. Je suis devenu administrateur principal en exercice après la
23 liquidation de --
24 L'INTERPRÈTE : Pourriez-vous répéter la date s'il vous plaît ?
25 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
26 Q. Dans -- lorsque l'on lit votre curriculum vitae, vous avez également
27 dit que vous étiez membre de la Ligue des Communistes de Croatie, ce qui
28 signifie que vous étiez un membre de la Ligue des Communistes yougoslaves.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pardonnez-moi, mais l'interprète a
2 demandé au témoin de répéter la date. Vous dites : "Avoir été
3 administrateur principal en exercice après --" - qu'est-ce que vous voulez
4 dire - "-- liquidation de --"
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis devenu administrateur principal du
6 centre médical de Knin en 1989.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.
8 Vous pouvez poursuivre, Maître Milovancevic.
9 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
10 Q. Monsieur Babic, je vous ai déjà posé la question. Vous dites avoir été
11 un membre de la Ligue des Communistes de Croatie. Quand êtes-vous devenu
12 membre ?
13 R. Non, je ne suis pas devenu membre de la Ligue des Communistes de
14 Croatie. Je suis devenu membre de la Ligue des Communistes de Serbie en
15 1974. J'étais encore au lycée à Belgrade et une fois après avoir déménagé
16 en Croatie et j'ai commencé à travailler. J'ai transféré mes papiers du
17 comité central au comité municipal de Knin et c'est comme cela que j'ai
18 commencé à travailler pour la Ligue des Communistes de Croatie et c'est
19 comme cela que j'ai commencé à prendre part aux travaux de la Ligue des
20 Communistes de Croatie.
21 Q. Ai-je raison de dire que vous êtes devenu membre de la Ligue des
22 Communistes de Serbie ?
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Un peu plus tôt, M. Babic a dit : "Je
24 ne suis pas devenu membre de la Ligue des Communistes de Croatie, mais je
25 suis devenu membre de la Ligue des Communistes de Serbie." Maintenant, il
26 dit : "En réalité, j'ai rejoint la Ligue des Communistes de Croatie et j'ai
27 commencé à prendre part à leurs travaux."
28 Etes-vous devenu membre de la Ligue des Communistes de Croatie à un moment
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1 donné ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
3 Je voulais simplement dire ceci. Je ne devenais pas membre pour la première
4 fois de la Ligue des Communistes car la Ligue des Communistes de Croatie
5 faisait partie de la Ligue des Communistes de Yougoslavie. Il s'agissait
6 simplement d'une procédure administrative. Il s'agissait tout simplement de
7 transférer mon dossier et c'est comme cela que je suis devenu membre de la
8 Ligue des Communistes de Croatie. Cela n'était pas la première fois que
9 j'étais membre de cette Ligue des Communistes.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Q. Vous venez de parler des rapports entre la Ligue des Communistes de
12 Serbie et la Ligue des Communistes de Croatie et la Ligue des Communistes
13 de Yougoslavie. Pourriez-vous en quelques mots nous dire si la République
14 fédérative socialiste de Yougoslavie était un Etat socialiste, n'est-ce pas
15 ?
16 R. D'après la constitution, c'était un système socialiste et il y avait le
17 système d'autogestion. C'était l'apanage du système socialiste, le système
18 sociopolitique était fondé sur l'autogestion. Je crois que cela définit la
19 définition la plus précise qu'on puisse en donner.
20 Q. Est-ce que vous pourriez dire qu'en Yougoslavie jusqu'en 1990, le parti
21 au pouvoir était la Ligue des Communistes qui constituait le seul parti
22 politique, la seule organisation politique. Il y avait également l'alliance
23 socialiste et il y avait un syndicat et d'autres organisations, mais
24 c'était le seul parti politique. C'était un système avec un parti politique
25 unique ?
26 R. Il y avait une Ligue des Communistes de Yougoslavie qui comprenait la
27 Ligue des Communistes des différentes républiques. Il s'agissait d'un parti
28 qui appliquait les principes de la Fédération au sein du parti. Il y avait
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1 ces liens qui étaient dus à l'existence de cette Fédération entre les
2 différents partis et les différentes républiques à l'intérieur de Ligue des
3 Communistes de Yougoslavie.
4 Q. Merci, Monsieur Babic.
5 L manière dont le parti était structuré vous a-t-il permis de transférer
6 votre affiliation de la Ligue des Communistes de Serbie à la Ligue des
7 Communistes de Croatie. En réalité, il s'agissait d'une seule et même Ligue
8 des Communistes de Yougoslavie. C'est ce que vous avez dit avant, n'est-ce
9 pas ?
10 R. Oui, exactement. C'est ce que j'ai dit.
11 Q. Vous souvenez-vous à quel moment vous avez officiellement rejoint la
12 Ligue des Communistes de communistes qui faisaient partie de la Ligue des
13 Communistes de Yougoslavie ?
14 R. C'est la même année au cours de laquelle j'ai commencé à travailler en
15 1982, dans le courant de l'automne.
16 Q. Est-ce que vous pourriez s'il vous plaît nous dire quel poste vous avez
17 occupé au sein du parti, au sein de la Ligue des Communistes de Croatie, de
18 l'organe du parti ?
19 R. J'étais un membre de l'organisation de base de la Ligue des Communistes
20 et je m'occupais dans le centre de -- je m'occupais particulièrement de
21 santé primaire à Knin jusqu'en 1989. Au cours de l'automne de cette année,
22 je suis devenu secrétaire de l'organisation de la Ligue des Communistes et
23 je m'occupais du centre de Santé primaire de Knin et je suis resté à ce
24 poste jusqu'au 17 février 1990, pendant quelques mois et autour de cette
25 date il y avait le congrès.
26 Q. Ai-je raison de dire que la Ligue des Communistes de Croatie, ainsi que
27 toutes les autres organisations des communistes dans les autres républiques
28 ou ligues affiliées avaient leur propre organisation au niveau municipal,
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1 au niveau des différentes sociétés, autrement dit, l'organe du parti, le
2 réseau des organes du parti était un réseau très étendu et que vous
3 apparteniez vous-même à la Ligue des Communistes de Knin, à l'endroit où
4 vous travaillez ?
5 R. Oui. Je pouvais soit appartenir à la Ligue des Communistes régionale ou
6 à la Ligue des Communistes qui était celle de la société. En général, on
7 appartenait à l'organisation de base, celle qui avait été mise en place
8 dans l'institution, le service dans lequel on travaillait. C'est la raison
9 pour laquelle j'étais membre de l'organisation de base de l'entreprise pour
10 laquelle je travaillais.
11 Q. Y avait-il des différences ou des restrictions ? Y avait-il -- est-ce
12 que l'on pouvait établir des différences sur une base ethnique ? Est-ce que
13 l'on pouvait différencier les membres de la Ligue des Communistes de
14 Croatie ? Ce que j'entends par là, c'est que dans ce type d'organisation,
15 est-ce que toute personne pouvait devenir membre, quelque soit son origine
16 ethnique, sa religion, et cetera ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous qui étiez Serbe, vous-même, vous êtes d'origine -- vous étiez
19 d'origine ethnique serbe -- vous êtes d'origine ethnique serbe. Quand vous
20 travailliez à Knin, vous étiez secrétaire de l'organisation du parti. A
21 l'endroit où vous travailliez, vous avez reçu une invitation vous demandant
22 de prendre part au Congrès de la Ligue des Communistes de Croatie qui a
23 lieu à la fin de l'année 1989. Ai-je raison de dire cela ? Est-ce ainsi que
24 les choses se sont passées ?
25 R. Je dois être plus précis au niveau de ma réponse. Il y a un certain
26 nombre de points que vous avez soulevés. Tout d'abord, j'ai été élu en tant
27 que délégué à ce congrès. Je ne sais pas si c'est que vous entendiez par
28 là. Avant cela, j'avais été élu secrétaire de l'organisation de base, ce
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1 qui signifie qu'au niveau des préparatifs du congrès, j'ai pris part à ces
2 préparatifs à ce moment-là. Je m'excuse mais quelle était votre question ?
3 Vous m'aviez posé d'autres questions, il me semble ?
4 Q. Vous explications suffisent, Monsieur Babic. En tant que membre de la
5 Ligue des Communistes de la Croatie, conformément à la procédure stipulée
6 par les Règlements du parti, vous avez été invité à aller au congrès et à
7 participer. C'est ce que vous avez fait, n'est-ce pas ?
8 R. Je n'ai pas été invité au congrès. Cela c'est une première chose. A
9 propos de ce congrès, c'était le dernier congrès de la Ligue des
10 Communistes de la Croatie. Une nouvelle procédure a été introduite pour les
11 gens qui allaient au congrès. Avant la procédure était comme suit : la
12 Conférence municipale de la Ligue des Communistes de la commune nommait les
13 délégués de sa communauté qui allaient participer au congrès. Mais pour la
14 première fois pendant ces élections, il a été déclaré que les délégués au
15 Congrès de la Ligue des Communistes de la Croatie devraient être élus à la
16 suite d'un vote général pour ce qui est de savoir qui, parmi les membres du
17 parti, allaient se rendre au congrès.
18 Pour ce qui est de la municipalité de Knin, il y avait quelque 3 700
19 membres de la Ligue des Communistes en Croatie et mon nom a été présenté
20 par l'organisation de base. Mon nom a été ajouté à cette liste et cette
21 liste a été distribuée lors des élections générales, et c'est ainsi que
22 j'ai été élu parmi les six délégués. C'est ainsi que j'ai été élu.
23 Q. Parmi les six délégués qui représentaient les 3 700 membres de la Ligue
24 des Communistes à Knin, vous êtes allé participer au Congrès du parti qui
25 se tenait où ?
26 R. A Zagreb, sur le site des expositions.
27 Q. Est-ce que quelque chose de particulier s'est passé à ce congrès,
28 d'après vous ?
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1 R. Deux choses importantes ont eu lieu. Premièrement : la décision prise
2 par le congrès d'introduire le système multipartite dans la politique
3 croate. Puis, deuxième chose importante : la décision statutaire relative à
4 l'organisation même de la Ligue des Communistes de Croatie et de la Ligue
5 des Communistes de Yougoslavie qui était la suivante : il a donc été
6 décidé, pendant ce congrès, que la Ligue des Communistes de Yougoslavie
7 constituait le rassemblement, le regroupement des différentes ligues de
8 communistes au niveau des républiques. Autrement dit, il a été décidé que
9 la Ligue des Communistes de Croatie n'était pas une partie intégrante de la
10 Ligue des Communistes yougoslaves, mais que la Ligue des Communistes
11 yougoslaves se composait en tant qu'entité, d'un tout qui regroupait les
12 différentes ligues communistes des différentes républiques.
13 Q. Cette décision de la Ligue des Communistes de Croatie, décision prise
14 hors congrès, était-elle synonyme de destruction, démantèlement de la Ligue
15 des Communistes yougoslaves en tant qu'organisation unifiée et est-ce
16 qu'elle permettait l'indépendance complète de la Ligue des Communistes de
17 Croatie ?
18 R. D'une certaine façon, oui. Ce n'était pas un démantèlement mais la
19 création de nouveaux rapports internes au sein de la Ligue des Communistes
20 yougoslaves qui se transformaient en organisation fédérative regroupant les
21 différentes ligues communistes au niveau des républiques. Les délégués
22 serbes au congrès ont également voté pour cette mesure. Je crois me
23 rappeler que 25 % de Serbes participaient à ce congrès.
24 Q. Etiez-vous favorable à cette décision ?
25 R. Non. Je faisais partie de la minorité qui a voté pour le maintien d'une
26 Ligue des Communistes yougoslaves unifiés, autrement dit, pour un maintien
27 des dispositions statutaires existantes, sans modification.
28 Q. La Ligue des Communistes de Croatie, puisque la Ligue des Communistes
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1 yougoslaves avait son propre statut, je vous demande dans ces conditions si
2 la Ligue des Communistes de Croatie était habilitée à rendre une telle
3 décision ? Est-ce que cette décision pouvait être légitime sur le plan
4 statutaire ?
5 R. Je ne suis pas un expert des questions statutaires mais pour autant que
6 je l'ai compris, cette proposition et cette décision étaient statutaires
7 même si je n'étais pas d'accord avec cette décision. Mais je vous répète
8 que je ne suis pas en mesure d'interpréter en tant qu'expert les
9 différentes dispositions du statut.
10 Q. Pouvez-vous nous donner les raisons qui vous ont poussé à vous opposer
11 à cette décision, à savoir que la Ligue des Communistes de Croatie devienne
12 autonome et qu'en tant qu'entité autonome, elle constitue une composante de
13 la Ligue des Communistes yougoslaves ?
14 R. J'ai vu dans cette décision la domination d'un élément national sur les
15 autres, une démarche nationaliste, une démarche fondée sur l'appartenance
16 ethnique au sein de la Ligue des Communistes de Croatie. Comment est-ce que
17 je pourrais le dire ? J'ai vu dans cette mesure, un élément
18 d'ethnocentrisme de la part de la Ligue des Communistes de Croatie. Puisque
19 le parti détenait toujours le pouvoir, ceci devait nécessairement avoir des
20 conséquences sur le fonctionnement de la Fédération ou en tout cas sur le
21 fonctionnement de la République socialiste fédérale de Yougoslavie.
22 Q. Quelles pouvaient être ces conséquences au niveau de la Fédération ? De
23 quelle façon est-ce qu'au niveau fédéral cela pouvait influencer la
24 situation d'après vous ?
25 R. Dans le sens où depuis longtemps dans l'opinion croate, bien sûr, nous
26 parlons ici de la Ligue des Communistes de Croatie mais dans l'opinion, de
27 façon générale, depuis 1971, existait un courant nationaliste ou
28 ethnocentré [phon] qui était favorable à la confédéralisation [phon] des
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1 rapports au sein de la République socialiste fédérale de Yougoslavie.
2 C'était un courant qui avait sa propre interprétation de la constitution
3 yougoslave. En effet, il était stipulé dans la constitution yougoslave que
4 la République socialiste fédérale de Yougoslavie se composait d'un certain
5 nombre de républiques, à savoir, de six républiques et des peuples,
6 autrement dit, des nations. Toutes les nations étaient considérées comme
7 composantes de la République socialiste fédérative de Yougoslavie. Je veux
8 parler des Slovènes, des Croates, des Musulmans, des Serbes, des
9 Monténégrins et des Macédoniens. J'espère n'avoir oublié personne.
10 En tout cas, je suis en train de parler de ce courant ou de cette
11 faction, qui existait au sein de la Ligue des Communistes de Croatie dont
12 l'interprétation de la constitution était un peu différente, puisqu'il la
13 considérait comme scellant l'unification des républiques, l'unité des
14 républiques et des nations et nationalités au sein d'une République
15 socialiste fédérale yougoslave. Bien sûr, cette position, qui a été mise en
16 question à une certaine époque, et cela a d'ailleurs donné lieu à des
17 débats assez acharnés, mais, en tout cas, elle était tout à fait différente
18 de l'interprétation de domination, de position prédominante qui existait
19 également au sein de la Ligue des Communistes yougoslaves et dans d'autres
20 républiques selon laquelle le droit de créer une Fédération et de s'unir
21 avec un pays dénommé Yougoslavie avait été épuisé et qu'il fallait qu'il y
22 ait une nouvelle évaluation de la situation.
23 Je pense que j'ai été clair. J'espère que je n'ai pas besoin de m'expliquer
24 davantage.
25 Q. Merci, Monsieur Babic. Vous nous avez expliqué cela dans beaucoup de
26 détails.
27 Ce courant nationaliste au sein de la Ligue des Communistes de Croatie,
28 vous dites qu'il existait depuis 1971 et qu'il essayait d'agir sur le plan
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1 politique, au niveau de la Yougoslavie, en tant que tel. Est-ce que le
2 mouvement de masse qui a existé en 1971 représentait ce courant ?
3 R. Ce courant a été vaincu en 1971 par l'intervention de Josip Broz Tito
4 et en Croatie depuis 1971 et jusqu'en 1979, ou plutôt, non. Jusqu'à la fin
5 de 1989, un courant plus modéré l'a emporté qui s'est exprimé au Congrès de
6 1989 en soulevant, pour la première fois, cette question déjà apparente
7 depuis 1971, mais au Congrès de 89, elle a été soulevée d'une façon moins
8 extrémiste, moins nationaliste que durant le mouvement connu sous le nom de
9 "maspok" en 1971 et, bien sûr, vous connaissez la signification du terme
10 "maspok".
11 Q. Puisque vous venez d'évoquer ce mouvement de masse, mouvement "maspok"
12 comme on l'appelait, pouvez-vous rapidement nous dire en quoi il
13 consistait ?
14 R. C'était la politique mise en œuvre par la direction de la Ligue des
15 Communistes de Croatie, Kucar, Miko Tripalo et d'autres qui ont emporté
16 l'adhésion d'un certain nombre d'organisations nationalistes de Croatie et
17 qui était favorable à la confédéralisation de Yougoslavie. Ce mouvement
18 préconisait l'indépendance de la Croatie dans le même élan, et finalement
19 demandait que la Croatie devienne membre des Nations Unies. Voilà jusqu'où
20 allait ce mouvement, s'agissant des transformations qu'il exigeait au
21 niveau des relations existantes au sein de la Yougoslavie.
22 Q. Si je vous ai bien compris, ce mouvement date de 1971, et à l'époque la
23 direction de la Croatie demandait l'indépendance de la Croatie et son
24 adhésion en tant que membre des Nations Unies; c'est bien cela ?
25 R. Oui.
26 Q. Vous avez dit que cette exigence a été rejetée par Josip Broz Tito.
27 Est-ce qu'il était président de la Yougoslavie et président de la Ligue des
28 Communistes de la Yougoslavie à l'époque ?
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1 R. Oui.
2 Q. Pouvez-vous nous dire quelle était l'appartenance ethnique de Josip
3 Broz Tito ?
4 R. Chacun savait qu'il était Croate, même si toutes sortes de choses ont
5 été écrites à son sujet et au sujet de son appartenance ethnique dans la
6 presse de Belgrade mais nous pensions qu'il était Croate.
7 Q. Pouvez-vous nous dire comment Josip Broz Tito a anéanti ce courant
8 politique de 1971, qui déjà en 1971 réclamait l'indépendance de la Croatie
9 et son adhésion aux Nations Unies ?
10 R. Il a convoqué une réunion à Karadjordjevo, à laquelle participaient
11 tous les dirigeants politiques de l'époque. Je ne sais plus le nom de tous
12 ces participants. Il a changé la direction politique de la Croatie, et tant
13 qu'il y était, il a entamé de grandes manœuvres sur le territoire de la
14 Croatie, manœuvres mises en œuvre par l'armée à l'époque.
15 Q. Ces manœuvres, cette opération de manœuvres s'est-elle appelée Liberté
16 1971 ?
17 R. Oui.
18 Q. Cette exigence de séparation de la Croatie par rapport à la Yougoslavie
19 en 1971 s'est terminée par le limogeage des dirigeants croates de l'époque
20 et en 1974, l'adoption d'une nouvelle constitution yougoslave, n'est-ce
21 pas, Monsieur Babic ?
22 R. Oui. A une nuance près, à savoir qu'entre-temps des amendements à la
23 constitution ont été adoptés, entre 1971 et 1974, un certain nombre
24 d'amendements constitutionnels ont été votés et l'adoption de la nouvelle
25 constitution en 1974 n'a servi qu'à légaliser ces amendements déjà votés et
26 a donné forme, de façon définitive, aux nouveaux rapports liant les
27 républiques de la République socialiste fédérale de Yougoslavie entre
28 elles, ce qui finalement a transformé le pays qui, jusque-là, était une
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1 Fédération, en Confédération dans les faits.
2 Q. Merci, Monsieur Babic.
3 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que
4 l'heure de la pause est arrivée, si cela vous convient.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Milovancevic.
6 Nous allons faire la pause et reprendre à 11 heures moins quart, 10 heures
7 45.
8 --- L'audience est suspendue à 10 heures 17.
9 --- L'audience est reprise à 10 heures 52.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nos excuses pour ce léger retard.
11 Maître Milovancevic, à vous.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
15 Q. Monsieur Babic, le sujet sur lequel nous nous sommes arrêtés était la
16 nouvelle constitution, enfin la constitution nouvellement votée en 1984, et
17 vous avez dit que par cette constitution, la Yougoslavie devenait dans les
18 faits une Confédération; ceci est-il exact ?
19 R. La République socialiste fédérative de Yougoslavie était toujours
20 officiellement une Fédération, mais compte tenu de la nouvelle
21 structuration, des rapports entre les républiques et les provinces en 1974,
22 du fait du vote -- de l'adoption de la nouvelle constitution, ceci a été
23 modifié. Nous pouvons dire en fait que le mouvement croate de 1971 a été
24 vaincu, battu, mais que les exigences de ce mouvement ce sont trouvées
25 inscrites dans la nouvelle constitution et la Yougoslavie est, en fait,
26 devenue une Confédération compte tenu de la teneur de cette nouvelle
27 constitution.
28 Q. Vous avez dit que les dirigeants politiques de la Croatie en 1971 ont
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1 été battus sur le plan politique puisque Josip Broz Tito a limogé ces
2 dirigeants politiques en sa qualité de président de la Yougoslavie.
3 Pourriez-vous nous donner certains noms bien connus de dirigeants de 1971 ?
4 R. Bien. J'en ai déjà parlé. Savka Dabcevic Kucar et Miko Tripolo étaient
5 deux dirigeants politiques bien connus dont le premier dirigeait la Ligue
6 des Communistes de Croatie.
7 Q. Merci, Monsieur Babic. Pero Pirker, vous le connaissez ?
8 R. Oui.
9 Q. Ivan Zonimir Cicak et Drazan Budisa ?
10 R. Budisa et Cicak étaient étudiants à l'époque. Ils ne faisaient pas
11 encore partie -- ils n'étaient pas membres du parti. Je crois que l'un
12 d'entre eux étudiait la théologie, si je ne m'abuse. Je n'en suis pas sûr,
13 mais je pense qu'ils n'étaient pas encore membres du parti, mais je n'en
14 suis pas sûr.
15 Q. Ce mouvement pour l'indépendance de la Croatie en 1971, ce mouvement
16 dont vous venez de parler, concernait-il uniquement des permanents du
17 parti ? Ou avez-vous entendu parler de Stjepan Mesic, de Franjo Tudjman, de
18 Janko Bobetko, comme faisant partie de ce mouvement ?
19 R. Le maspok illustrait, en fait, un mouvement social beaucoup plus large
20 qui existait dans la Croatie à l'époque. La Ligue des Communistes de
21 Croatie était un des éléments de ce mouvement. Je ne pourrais pas vous
22 parler en détail des rapports internes au sein de ce mouvement, mais, en
23 tout cas, la Ligue des Communistes de Croatie en faisait partie et diverses
24 organisations également en faisaient partie. Matica Hrvatska était
25 l'organisation la plus extrémiste au sein de ce mouvement. D'ailleurs, le
26 mouvement en tant que tel est lié de façon inhérente à cette organisation
27 Matica Hrvatska, la patrie croate. Maintenant, les noms de chacun des
28 représentants, je ne m'en souviens pas.
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1 Q. Merci, Monsieur Babic. Dans les années 1970, Franjo Tudjman, celui qui
2 devait devenir plus tard président de la République de Croatie, a-t-il été
3 condamné et a-t-il purgé une peine de prison ?
4 R. J'en ai entendu parler quand Tudjman est devenu chef du HDZ et candidat
5 à la présidence, ou plutôt quand il est devenu président de la Croatie. Un
6 homme qui a participé à la condamnation de Tudjman m'a parlé de cela. Mais
7 je n'étais pas au courant en 1971.
8 Q. Savez-vous de quand date ce jugement ? Des années 1970, n'est-ce pas ?
9 R. Oui, le jugement a été prononcé dans ces années-là, mais j'ai entendu
10 parler de ce que je viens de vous dire dans les années 1990.
11 Q. Avez-vous entendu parler du fait que Stjepan Mesic qui devait devenir
12 président de la Croatie, et qui était président d'une municipalité à
13 l'époque a été condamné pour nationalisme et à une peine de prison dans les
14 années 1970 ?
15 R. Je ne sais pas quelles étaient ses fonctions exactes à l'époque, mais
16 je sais qu'il a purgé une peine de prison à Stara Gradiska.
17 Q. Le général Janko Bobetko, chef d'état-major de l'armée croate, dans la
18 période 1991-1995, a-t-il été limogé, mis à la retraite en 1971 et a-t-il
19 eu des problèmes en raison de ses idées nationalistes croates ?
20 R. Non.
21 Q. Nous utilisons l'expression "maspok", pouvez-nous dire si ceci
22 représente l'abrégé de deux mots, "massive no pokret" -- "massiveni
23 pokret" ? Savez-vous s'il existait une autre expression pour désigner le
24 même mouvement, à savoir, printemps croate - je parle du mouvement en
25 1971 ?
26 R. Oui.
27 L'INTERPRÈTE : Note : "Massiveni pokret" signifie mouvement de masse.
28 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
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1 Q. Savez-vous, Monsieur Babic, quels sont les détails de ce qui s'est
2 passé en 1971 sur un monde de Bosnie-Herzégovine ?
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé à ce moment-là ?
5 R. Je peux vous rapporter ce que j'ai lu dans la presse, et je peux vous
6 dire ce qui s'est passé dans la région où j'habitais.
7 Q. Faites-le, je vous prie.
8 R. Bien. Cette année-là, selon ce que rapportait la presse, un groupe
9 d'émigrants croates, Oustachi - comme on les appelait - a pénétré par
10 effraction dans un camion citerne, ou en tout cas, dans un véhicule
11 motorisé pour se rendre en Yougoslavie ? Des hommes sont montés à bord et
12 sont arrivés jusqu'à une montagne, un mont Radusa situé à l'ouest de
13 Bosnie-Herzégovine. Ils avaient pour objectif de lever une armée de
14 rebelles contre la Yougoslavie et comme je me trouvais dans mon village
15 natal, à l'époque. Je sais que la police s'est mise en mouvement, qu'un
16 certain de ces hommes a été arrêté, qu'un nombre assez important d'ailleurs
17 de personnes a été arrêté et mis en prison. Voilà ce qui s'est passé.
18 Q. Merci, Monsieur Babic. Est-ce que je me tromperais en disant que sur 19
19 membres du groupe participant à cette opération, 18 ont été liquidés ? Que
20 les forces de l'armée et de la police yougoslave ont subi 25 morts, ce qui
21 a constitué une grande tragédie à l'époque.
22 R. Oui, c'était à peu près cela. A peu près, d'après les informations dont
23 je dispose.
24 Q. Vous rappelez-vous l'assassinat de l'ambassadeur Rolovic à Stockholm,
25 capitale de la Suède. Il était ambassadeur yougoslave et il a été tué en
26 1971. Pouvez-vous nous dire qui était l'auteur de ce meurtre ?
27 R. Je me souviens que j'étais à l'école de Zvezdana, à cette époque-là, et
28 que notre école a été chargée du dépôt de fleurs à l'enterrement de
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1 l'ambassadeur Rolovic au cimetière -- au nouveau cimetière de Belgrade.
2 C'est un représentant de l'immigration croate dont je ne me rappelle pas le
3 nom qui était l'auteur de ce meurtre. En tout cas, je sais qu'il a été
4 arrêté et emprisonné en Suède.
5 Q. Les deux assassins étaient-ils Miro Barisic et Ajdjelko Brajkovic ?
6 R. Oui. Je me souviens de Barisic, mais je me rappelle le deuxième nom qui
7 ne me dit rien.
8 Q. Est-ce que ces hommes avaient fait irruption dans l'ambassade
9 yougoslave de la capitale suédoise ? Ont-ils assassiné l'ambassadeur en lui
10 tirant une balle dans la bouche ? Est-ce que vous vous rappelez de cela ?
11 R. Oui. Je me souviens que l'événement était décrit dans ces termes.
12 Q. Est-il permis de dire, est-il exact que ce terroriste Oustachi, Miro
13 Barisic, s'est enfui, est allé entraîner des Unités spéciales qu'il
14 formaient aux arts martiaux et qu'en 1991, il a rejoint la police croate et
15 a été tué par des paysans serbes sur un barrage ?
16 R. Je sais qu'il s'est enfui de Suède, mais je ne sais pas où il est
17 allé ? Je sais qu'il a été tué en 1991 sur la ligne qui opposait sur le
18 front séparant la police de Krajina et la police croate. J'ai entendu
19 parler de cela. Je sais que des personnes emprisonnées m'ont demandé si je
20 savais qui avait tué cet homme ? Je n'ai pas su répondre à cette question
21 et je ne peux donc pas répondre à votre question non plus.
22 Q. Qui est cet homme qui au sien d'un quartier pénitentiaire vous a
23 interrogé à ce sujet ?
24 R. Mladen Naletelic, surnommé Tuta, m'a posé cette question.
25 Q. Pouvez-vous nous dire qui est cet homme et comment il se fait qu'il se
26 trouve ici, en ce moment ?
27 R. Je l'ai rencontré au quartier pénitentiaire. C'est un Croate de
28 Herzégovine.
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1 Q. Donc, il est mis en accusation par ce Tribunal. Est-ce que vous parlez
2 de cet homme-là ?
3 R. Oui.
4 Q. Le défunt Miro Barisic, responsable de l'attentat qui a tué
5 l'ambassadeur yougoslave est-il mort alors qu'il était policier croate,
6 membre de la police de Franjo Tudjman, en 1991 ?
7 R. Je ne serais pas capable de répondre à cette question. Je ne sais pas.
8 Q. Était-il du côté serbe ou du côté croate ?
9 R. Je suppose qu'il était du côté croate, mais je ne suis absolument pas
10 au courant de l'événement responsable de sa mort.
11 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Excusez-moi, mais avant que vous
12 ne poursuiviez, Maître Milovancevic, je vous demande est-ce que ce terme,
13 "d'Oustachi," que vous venez d'utiliser en parlant du terroriste, Miro,
14 était-il employé dans le même sens dans votre question précédente ?
15 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, Madame la Juge.
16 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Merci.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
18 Q. Après ce bref rappel des événements de 1991 qui sont déjà lointains,
19 j'ai une autre question encore à votre intention, Monsieur Babic. Avez-vous
20 un souvenir ou des informations au sujet d'un autre mouvement croate assez
21 semblable -- d'un autre mouvement assez semblable à ce mouvement croate
22 mais qui s'est exprimé en Slovénie avant 1991 ? Est-ce que vous avez des
23 informations au sujet de ce qu'il est convenu d'appeler le scandale
24 routier ? Est-ce que vous en avez entendu parler ?
25 R. Non. Je n'ai pas suffisamment d'informations pour en parler
26 aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui s'est passé avant 1971, en Croatie -- ou
27 plutôt en Slovénie.
28 Q. Vous avez dit que les principaux dirigeants politiques de Croatie qui
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1 préconisaient l'entrée de la Croatie aux Nations Unies, en 1971, ont été
2 limogés par Josip Broz Tito, à l'époque ?
3 R. Oui. Les principaux représentants politiques ont été limogés.
4 Q. Vous nous avez également dit que malgré ce remplacement à leurs postes
5 des principaux dirigeants politiques de Croatie et malgré les amendements à
6 la constitution, en 1974, des changements très importants sont intervenus
7 au niveau de l'Etat de Yougoslavie en tant que tel, Etat de Yougoslavie qui
8 était une Fédération, mais s'est transformé peu à peu en Confédération ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que j'ai tort ? Non, je vais reformuler ma question. Est-ce que
11 les auteurs principaux de la nouvelle constitution de 1974 était le
12 Slovène, Edvard Kaldelj, et le Croate, Vladimir Bakaric, ainsi que Josip
13 Broz Tito, en personne, bien entendu, un Croate qui était président de la
14 Yougoslavie à l'époque ?
15 R. Oui. Mais il y avait aussi tous les dirigeants politiques de Serbie, de
16 Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, de Macédoine, de toutes les républiques.
17 En d'autres termes, il aurait été impossible de modifier la constitution
18 sans que tous les représentants politiques soient d'accord.
19 Q. Vous avez dit qu'après tous les événements dont je viens de parler, à
20 la fin de 1989, vous avez assisté au Congrès de la Ligue des Communistes de
21 Croatie ou de nouvelles thèses ont été défendues s'agissant de la situation
22 de ce parti. Est-ce que ces nouvelles thèses de 1989 reprenaient les thèses
23 développées en 1971 ? Est-ce que c'est comme que vous avez compris les
24 choses ?
25 R. Non. J'ai déjà dit que personnellement, j'ai vu dans ces conceptions de
26 l'ethnocentrisme. C'est un terme modéré que j'ai utilisé au sein de la
27 Ligue des Communistes de Croatie, mais cela ne s'est pas exprimé de la même
28 façon qu'en 1971.
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1 Q. En 1989, date à laquelle s'est déroulé ce Congrès de la Ligue des
2 Communistes de Croatie, est-ce que depuis le mois de février déjà, de cette
3 année-là ? Est-ce que depuis février 1989, l'Union démocratique croate
4 existait déjà, le HDZ ?
5 R. Je ne sais pas exactement à quel moment l'Union démocrate croate a été
6 créée, mais ce que je sais c'est qu'après le congrès, après les changements
7 intervenus au niveau de la législation croate au début de 1990, c'est l'un
8 des premiers partis qui a été créé dans le cadre de la mise en œuvre d'un
9 nouveau système politique pluripartite en Croatie suite au Congrès de la
10 Ligue des Communistes de Croatie. Je ne sais pas à quel moment ce parti a
11 été créé exactement. Est-ce que c'était en février ou à une date ? Cela je
12 ne le sais pas
13 Q. Lors d'une réunion de l'Union démocrate croate, M. Tudjman qui a
14 assisté à cette réunion, les 24, 25 février 1990, c'était l'assemblée
15 constituante du HDZ a déclaré que cette organisation avait commencé à
16 opérer en février 1989, et qu'au moment du congrès il est devenu une
17 organisation politique à part entière enregistré en tant que tel. Est-ce
18 que le HDZ était déjà enregistré avant cette date ?
19 R. Il n'aurait pas pu être enregistré avant le congrès, car les
20 changements législatifs étaient indispensables pour permettre son
21 enregistrement, l'enregistrement de nouveaux partis. Donc le parlement
22 devait voter de nouvelles lois pour que de nouveaux partis puissent
23 enregistrer. Est-ce que ceci répond à votre question ?
24 Q. Merci, Monsieur Babic. Pouvez-vous nous dire à quel moment, la loi
25 permettant, le multipartisme dans la vie politique croate a été voté ?
26 R. Soit fin 89 soit début 90, mais au début de 1990, ce système
27 fonctionnait déjà, et d'ailleurs la date des élections avait été fixée
28 pendant le congrès, si je ne me trompe pas pendant le Congrès de la Ligue
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1 des Communistes de Croatie, c'est-à-dire, avant même la mise en œuvre de la
2 procédure résultant des transformations législatives. Donc la date des
3 premières élections multipartites en Croatie avait déjà été fixée, avait
4 donné d'ailleurs lieu à des débats assez animés où il avait été question de
5 la possibilité que cette date soit prématurée. Je sais d'ailleurs que le
6 Parti de Zagreb s'était opposé à l'organisation des élections à cette date
7 qu'il considérait prématurée, c'est ce qui a inscrit toute cette discussion
8 dans ma mémoire.
9 Q. A ce moment-là, une nouvelle loi est votée qui permet le multipartisme
10 politique en Croatie et après le vote de cette nouvelle loi de nombreux
11 partis voient le jour en Croatie. Pouvez-vous nous donner les noms de ces
12 différents partis et les noms de leurs dirigeants ?
13 R. Bien, après le congrès, une nouvelle loi a été votée et les élections
14 ont eu lieu en avril/mai de cette année-là. Dans cette période, la Ligue
15 des Communistes de Croatie a adopté de nouvelles dénominations - elle s'est
16 appelée le Parti démocratique du changement, SDP - puis, il y a l'Union
17 démocratique croate qui a été créée ou enregistrée en tant que tel;
18 ensuite, le Parti démocratique croate, le Parti démocratique serbe, le
19 Parti démocratique indépendant yougoslave, puis, il y avait Boro Mikelic
20 qui dirigeait le Parti socialiste croate, et le Conseil socialiste du
21 Peuple travailleur a été rebaptisé pour devenir le nouveau Parti socialiste
22 croate. Mais je ne sais pas à quel moment cela s'est fait exactement et je
23 ne sais pas si j'ai oublié peut-être un parti ou deux.
24 Q. Cela suffira. Merci, Monsieur Babic. Nous avons parlé de certaines
25 personnalités politiques comme Savka Dabcevic, Miko Tripalo, et M. Tudjman
26 également. Est-ce que Savka Dabcevic était dirigeant d'un autre parti en
27 1990 ?
28 R. Oui. Je cherche le nom de ce parti. Je ne me souviens plus exactement
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1 du nom de ce parti. Est-ce que c'est un parti qui faisait partie du Parti
2 démocratique croate au côté des frères Vaselica ou est-ce que c'était un
3 parti indépendant ? Je ne m'en souviens plus.
4 Q. Miko Tripalo était-il membre de ce nouveau parti ?
5 R. Oui.
6 Q. M. Budisa, a-t-il créé un parti ou a-t-il adhéré à un parti ? Drazen
7 Budisa ?
8 R. Oui. Je ne me rappelle pas le nom de son parti. Je ne sais plus si ce
9 parti est devenu tout de suite le Parti libéral croate - son nom
10 ressemblait un peu à cela - ou est-ce que c'était Parti libéral démocrate,
11 comme on l'a appelé plus tard, je ne sais plus.
12 Q. Il est d'une notoriété publique, M. Franjo Tudjman est devenu le
13 premier président de l'Union démocrate croate et il n'y a aucun litige à ce
14 sujet.
15 R. Oui, c'est exact.
16 Q. M. Stipe Mesic était également un membre important de ce parti ?
17 R. Oui, oui, il était membre du HDZ. Oui, il était juste un homme
18 politique au sein de ce parti.
19 Q. Oui, au sein du HDZ, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que nous pourrions dire de façon très générale que toutes les
22 personnes qui avaient des problèmes du fait du nationalisme croate en 1971
23 et qui ont été congédiées de la politique, ce sont tous -- ont tout
24 simplement réapparu, ont refait leur rentrée en 1990 comme des dirigeants
25 de nouveaux partis très connus en Croatie ?
26 R. Oui. Ce que je sais c'est que ces personnes ont effectivement disparues
27 en 1971 et ont refait surface en 1990, toutes ces personnes, à l'exception
28 d'une personne, Cicak, qui était membre d'une organisation non
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1 gouvernementale.
2 Q. Monsieur Babic, nous parlions de ce printemps croate ou de ce
3 soulèvement de masse, donc, ce maspok qui s'est produit en 1971. En 1971,
4 est-ce que cette option politique avait un impact sur la population
5 croate ? Comment est-ce que les gens percevaient cela ? Comment est-ce que
6 vous, vous l'avez perçu en 1971 ?
7 R. L'année 1971 a été responsable de beaucoup de tension ethnique et de
8 quelques regroupements politiques. J'ai déjà mentionné le fait que certains
9 nationalistes croates et certaines personnes qui préconisaient
10 l'indépendance de l'Etat croate se sont ralliées autour de Prosvjeta et,
11 par ailleurs, les Serbes se sont ralliées autour d'une autre institution.
12 Ces deux institutions étaient officiellement des organisations culturelles,
13 des sociétés d'armée, à cette époque-là et elles ont promu, en fait, les
14 idées politiques, ce qui fait qu'il y a eu -- cela a engendré beaucoup de
15 méfiance. Cela n'a fait qu'augmenter la crainte qui régnait parmi les
16 Serbes, notamment, après l'année 1972. Je pense également à l'infiltration
17 d'un groupe terroriste que nous avons mentionné, puis, il y a cette idée de
18 l'Etat indépendant de la Croatie, qui a commencé véritablement à prendre
19 corps dans la société croate et le public -- l'homme du public, l'homme de
20 la rue en Croatie a également contribué à cette crainte et ce sont des
21 conséquences qui ont été nuisibles pour la société et qui sont restées dans
22 cette société.
23 Q. Vous avez mentionné certaines appréhension en 1971, 1972, qui avait
24 peur et de quoi avait-il peur ?
25 R. Je parle de la crainte, de l'appréhension qui régnait parmi les Serbes.
26 Parce que cela j'ai pu le remarquer dans la région où je me trouvais en
27 1971. En 1971, les Serbes avaient peur. Ils ne savaient pas quelle était
28 l'importance de ce groupe d'immigrants, ce groupe qui procédait à cette
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1 infiltration, et les Serbes avaient peur. Ils craignaient pour leurs vies.
2 Q. Monsieur Babic, cette option politique, cette option de l'indépendance,
3 et cette option qui consiste également à quitter la Fédération yougoslave,
4 et qui consistait à demander à ce que la Croatie devienne membre des
5 Nations Unies, est-ce que cela a créé également des craintes parmi la
6 population serbe ? Est-ce qu'il y a eu des réactions à cela ?
7 R. Je n'en sais rien. Je ne serais pas en mesure de définir la peur, mais
8 je dirais qu'il y a eu un contre mouvement, un mouvement politique qui
9 puise ses origines dans cette société culturelle serbe appelée "Prosvjeta."
10 C'était une réaction car il y a eu en quelque sorte une escalade des points
11 de vue politiques et tout cela se fondait sur l'appartenance ethnique. Je
12 pense que c'est ainsi que l'on peut au mieux décrire les relations qui
13 existaient à l'époque.
14 Q. Je vous remercie. A ce Congrès de la Ligue des Communistes en Croatie
15 en 1989, pourquoi avez-vous voté contre la décision prise par la Ligue des
16 Communistes de la Croatie qui souhaitait devenir indépendante et vous avez
17 fait partie des quelques rares personnes qui ont voté contre cette
18 décision ?
19 R. J'ai dit qu'il y avait deux décisions qui avaient été présentées. J'ai
20 voté pour le système multipartite, mais j'étais contre la deuxième décision
21 parce que je pensais que la Ligue des Communistes avait encore une certaine
22 importance dans notre société, que c'était le parti qui dirigeait et que ce
23 parti resterait le parti qui dirigerait, même après les élections
24 multipartites, et ce, pendant un certain temps. Puis, il y avait ce danger
25 imminent, à savoir, une nouvelle option politique aboutirait à une
26 séparation et à une désintégration des républiques et de la Yougoslavie.
27 C'était ce que j'avais présent à l'esprit, à ce moment-là, et c'est pour
28 cela que j'ai voté pour l'ancienne décision constitutionnelle, la première
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1 en quelque sorte qui a été mise aux voix.
2 Q. Vous avez dit que vers la fin de l'année 1989, une nouvelle loi
3 relative à l'organisation multipartite de l'Etat a été adoptée et que les
4 premières élections multipartites ont été convoquées et ce, pour le mois
5 d'avril 1990; est-ce exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Pourriez-vous, je vous prie, nous dire quelle était à l'époque la
8 situation politique en Croatie ? Comment s'est déroulée la campagne
9 électorale avant les premières élections multipartites, notamment pour ce
10 qui est de la population serbe de Croatie ?
11 R. En Croatie, la campagne électorale a commencé en 1989 et s'est
12 intensifiée. L'élément principal de l'ordre du jour était quelque chose qui
13 dépassait en quelque sorte les frontières de la Croatie. Il s'agissait en
14 d'autres termes des incidents au Kosovo et de la commémoration du 606e
15 anniversaire de la bataille de Kosovo. Cela a véritablement polarisé la
16 société en Croatie. Le premier mouvement a été un mouvement syndical de la
17 Croatie qui s'est rallié aux mineurs de Trepca, alors que les membres
18 serbes des syndicats, dans certaines entreprises, préconisaient une option
19 politique qui était présentée par la Serbie pour le Kosovo. Dès l'année
20 1989, cela est devenu un sujet particulièrement brûlant d'actualité et
21 important. Au début de l'année 1990 et pendant la campagne, qui a débouché
22 sur les élections multipartites, cela faisait partie des questions les plus
23 importantes. Bien entendu, les partis politiques, qui ont été établis au
24 début des années 90 et qui ont eu voix au chapitre pendant la campagne
25 politique et qui étaient présents dans l'arène politique et ce, jusqu'aux
26 deuxièmes élections de mai 1990, préconisaient tous des changements, des
27 mutations politiques. Il y avait en quelque sorte une véritable concurrence
28 au niveau des idées politiques présentées par ces partis.
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1 Q. Pour ce qui est de ces événements au Kosovo, et comme vous l'avez dit,
2 le soutien des syndicats croates aux revendications des Albanais au Kosovo,
3 est-ce que cela a commencé en 1989 ou est-ce que cela a commencé plus tôt ?
4 Est-ce que vous disposez d'information à ce sujet ?
5 R. Quand est-ce que cela a commencé exactement ? Toujours est-il que tout
6 cela s'est intensifié en 1980, je pense -- en 1990, je pense, en février,
7 lorsque le mouvement syndical s'est rallié au mouvement de grève des
8 mineurs de la mine de Trepca. Ce furent les syndicats de la Croatie qui
9 leur ont apporté leur soutien, alors que les Serbes ont apporté leur
10 soutien à la direction politique de la Serbie vers les mineurs et vers le
11 Kosovo. Il y a eu de grands rassemblements, des rassemblements de soutien à
12 Knin, à Lapac, et il faut savoir qu'en même temps, la Fédération du
13 mouvement syndical de la Croatie et de la Slovanie, me semble-t-il,
14 faisaient des collectes en faveur des mineurs de la mine de Trepca. Je m'en
15 souviens et je me souviens de ce phénomène de polarisation, qui est
16 véritablement apparu à ce moment-là. Je me souviens de ces affrontements
17 politiques.
18 Q. Ces mineurs à Trepca, Monsieur Babic, est-ce qu'ils étaient
19 d'appartenance ethnique albanaise ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce qu'ils faisaient la grève parce qu'ils voulaient obtenir de
22 meilleures conditions de travail, ou est-ce qu'ils avaient d'autres
23 revendications ?
24 R. Je pense que cela se situait dans le contexte des revendications
25 politiques au Kosovo, qui avaient été présentées depuis de nombreuses
26 années. Il y a eu, à ce moment-là, une escalade. Je ne peux pas vous donner
27 le moment exact où cela s'est passé, mais il y a eu des manifestations
28 d'étudiants, des manifestations du grand public, des travailleurs, qui
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1 voulaient que le Kosovo soit proclamé en tant que république. Il y a eu une
2 intervention de la part des autorités fédérales, un détachement fédéral de
3 la police a été établi là-bas. Je le sais parce qu'il y a des policiers de
4 la Croatie qui se sont rendus là-bas et qui faisaient partie de ce
5 détachement qui a contrôlé la situation sur le terrain. Je ne peux pas vous
6 donner la période exacte à laquelle cela s'est passé. J'en ai tout
7 simplement entendu parler dans les médias et j'ai suivi cela un peu de
8 loin.
9 M. WHITING : [interprétation] Je m'excuse d'interrompre, Monsieur le
10 Président, mais j'aimerais obtenir une précision à propos de l'année. Parce
11 qu'en réponse à une question précédente, il s'agit de la ligne 19, il se
12 peut qu'il y ait eu un problème d'interprétation, mais il est question de
13 1980, alors que lors des réponses précédentes, il s'agissait de l'année
14 1990. Je pense que l'on pourrait peut-être préciser l'année dont il s'agit.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous êtes en mesure de le
16 faire, Maître Milovancevic ? Pouvez-vous préciser cela ?
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
18 Q. Monsieur Babic --
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'allais juste vous poser une
20 question. Quand est-ce que nous allons aborder la période pertinente à
21 cette affaire ? Parce que nous avons étudié des thèmes et nous avons parlé
22 de l'histoire à partir de 1971 et il me semble que cela ne fait pas partie
23 de la période précisée par l'acte d'accusation. Je ne sais pas quand est-ce
24 que vous envisagez parler de cette période. Vous pourriez peut-être
25 préciser cela à notre intention ?
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voulais
27 justement arriver à cette période par l'entremise des réponses du témoin.
28 Q. Mais précisons cela, Monsieur Babic. Ces protestations de mineurs
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1 albanais à Trepca, quand est-ce que cela s'est passé ? Dans le compte rendu
2 d'audience, l'année précise ne figure pas. Est-ce qu'il s'agit de 1980 ou
3 de 1990 ?
4 R. Je pense que cela s'est passé en 1988 jusqu'au début du mois de février
5 1989. Je ne peux pas vous le dire exactement. Tout ce que je sais c'est
6 qu'en février 1989, il y a eu une intensification des différentes réactions
7 de la société du fait de cet événement. C'est tout ce que je sais.
8 Q. J'aimerais juste vous poser une autre question à propos de ce sujet.
9 Vous avez dit qu'à l'époque les Albanais au Kosovo demandaient une
10 république, que les autorités fédérales sont intervenues et vous avez
11 également admis que la Slovanie et la Croatie ont apporté leur soutien à
12 cette demande d'indépendance. Est-ce que c'est bien ce que vous avez dit ?
13 R. Non. J'ai dit que les syndicats croates et slovènes ont organisé des
14 collectes d'aide pour les mineurs qui faisaient la grève dans ces mines à
15 Trepca. Il y a eu ce mouvement de la part des syndicats croates et ensuite
16 le syndicat d'une usine, à Knin, a réagi, a condamné les syndicats croates
17 qui avaient apporté son soutien aux mineurs. Cela s'est passé en février
18 1989. Puis, il y a eu un affrontement social en Croatie du fait de ces
19 événements.
20 Q. Etant donné qu'il s'agit d'événements politiques qui n'ont pas
21 véritablement trait à cette affaire, j'aimerais quand même vous poser une
22 question brève. Qu'en est-il des revendications présentées par les mineurs
23 de Trepca, qui étaient dans les mines ? Est-ce qu'il s'agissait de
24 revendications politiques ou est-ce qu'ils vous exigeaient de meilleures
25 conditions de travail ?
26 R. Je ne peux pas vous fournir une réponse précise en la matière.
27 Q. Merci, Monsieur Babic.
28 Lorsque vous avez répondu aux questions de l'Accusation ainsi que
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1 lors des réponses que vous avez apportées, vous avez dit qu'après le
2 Congrès de la Ligue des Communistes de la Croatie en 1989, auquel vous avez
3 participé, au début de l'année 1990, vous avez entendu parler d'un Parti
4 démocratique serbe; est-ce exact ?
5 R. Oui. A la télévision de Belgrade. Je pense que cela s'est passé le jour
6 de la Saint-Sava, le 27 janvier. J'ai vu l'académicien Raskovic, qui
7 faisait une déclaration après un rassemblement à Donji Lapac; il a annoncé
8 qu'un parti serbe serait constitué. Il n'a pas mentionné le nom de ce
9 parti, mais il a dit qu'il s'agirait d'un parti.
10 Q. Est-ce que la constitution de ce genre de parti a été annoncée par M.
11 Raskovic à un moment où une loi existait déjà, qui permettait de créer
12 différents partis politiques ?
13 R. Oui.
14 Q. Ce Parti démocratique serbe, qui a été établi sur le territoire de la
15 République de la Croatie de l'époque de Yougoslavie, est-ce qu'il a été
16 enregistré conformément à la législation croate et à la législation
17 fédérale ?
18 R. Oui. Dans un premier temps conformément à la législation croate et,
19 quelques mois plus tard, ce parti a été enregistré auprès du secrétariat
20 fédéral responsable de la Justice, qui justement s'occupait de ce genre
21 d'affaires.
22 Q. Est-ce que cela signifie qu'une décision a été adoptée par une autorité
23 pertinente de la République de la Croatie ? Je pense qu'il s'agissait
24 probablement du ministère de la Justice et en ce sens est-ce que le Parti
25 démocratique serbe a été enregistré conformément au programme qui faisait
26 état de ces objectifs politiques ?
27 R. Oui. Ce parti a été enregistré.
28 Q. D'après cette décision, est-ce que le Parti démocratique serbe pouvait
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1 fonctionner sur le territoire de toute la Croatie et sur le territoire de
2 toute la Yougoslavie ?
3 R. Oui.
4 Q. Cette possibilité d'activité politique pour le Parti démocratique serbe
5 émanait, dans un premier temps, de la décision prise par les autorités
6 croates pertinentes, qui avaient indiqué qu'elles pouvaient fonctionner sur
7 le territoire de la Croatie et par ailleurs, il était enregistré au niveau
8 fédéral par les autorités appropriées à Belgrade ?
9 R. Oui. Cela ne s'est fait au même moment. Cela s'est fait un peu plus
10 tard. Mais, oui.
11 Q. J'ai dit en même temps de façon théorique. J'espère que nous nous
12 comprenons.
13 R. Oui.
14 Q. Avez-vous eu la possibilité de voir ce document relatif à l'inscription
15 du Parti démocratique serbe ? Ce document du ministère de la Justice et de
16 l'administration de la République de Croatie, et qu'est-ce qui est énoncé
17 dans ce document ? Quels sont les objectifs du parti ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que vous pouvez nous le dire ? Est-ce que vous pouvez nous dire
20 de façon générale ce qui faisait l'objet de cette décision ?
21 R. Dans cette décision, il y a deux ou trois phrases qui portent sur le
22 programme de ce parti. Il faudrait que je le répète. Je peux le répéter
23 mais peut-être que je peux vous le dire de ma façon. Après tout, j'ai donné
24 un document. Ces informations se trouvent dans ce document et c'est là où
25 l'on peut trouver des précisions à ce sujet.
26 Q. Est-ce qu'il est indiqué dans ce document --
27 M. WHITING : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président, je me
28 demande si Me Milovancevic va montrer le document au témoin pour qu'il
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1 puisse faire des remarques si telle est l'intention en tout cas ?
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic ? Est-ce que vous
3 allez montrer au témoin le document dont vous souhaitez parler? Il serait
4 utile que vous le montriez également à votre confrère de l'Accusation ainsi
5 qu'à la Chambre.
6 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est tout à fait
7 possible. J'ai utilisé la déclaration du témoin, déclaration qu'il a faite
8 le 31 janvier 2006. A la page 2 de cette déclaration, à l'intercalaire 2,
9 vous avez une synthèse en quelque sorte du texte de cette décision. Je
10 pensais que présenter l'intégralité du document serait peut-être une perte
11 de temps. C'est pour cela que je ne voulais pas présenter le document. Je
12 ne pense pas d'ailleurs, que ce qui se trouve dans ledit document, porte à
13 polémique. Le témoin devrait savoir ce qu'il a dit dans sa déclaration et
14 devrait savoir quelle est la teneur de document. Je ne pense pas qu'il soit
15 nécessaire de trouver le document. Bien entendu, si cela est nécessaire, je
16 peux le faire.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, vous pouvez le
18 faire vous-même sans pour autant parler de façon précise du document mais
19 si vous voulez que le témoin fasse des remarques à propos de la teneur du
20 document, alors il va falloir que nous sachions quel est le document que
21 vous avez l'intention de verser au dossier. Il va falloir que vous le
22 montriez au témoin. Il va falloir que vous le montriez au reste des
23 personnes qui se trouvent ici, dans cette affaire.
24 Si toutefois vous n'avez pas l'intention de verser ce document au
25 dossier, vous pouvez toujours poser des questions au témoin. Nous verrons
26 ce dont le témoin pourra se souvenir, ou nous verrons si le témoin pourra
27 se souvenir de ce qu'il a dit.
28 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur Babic, est-ce que vous vous souvenez de ce qui est dit en
2 principe, il s'agit de cette décision relative aux objectifs du parti
3 politique, est-ce que cette inscription a été autorisée ?
4 R. Le Parti démocratique serbe préconise l'introduction d'un système
5 multipartite, d'une société avec économie de marché, préconise également la
6 liberté de paroles, d'assemblées, l'importance à la primauté du droit et il
7 était également question des relations fédérales au sein de la Yougoslavie
8 et de la régionalisation. Voilà ce qui est dit à propos, de façon abrégée,
9 dans cette décision. Je ne sais pas si tout cela a été énoncé dans la
10 décision à proprement parler, mais il s'agit des principes de base du
11 programme du parti tel que cela est indiqué dans la décision.
12 Q. Je vous remercie de cette explication, Monsieur Babic.
13 Il s'agit de la pièce à conviction 138 qui fait partie du dossier. Je ne
14 pense pas que ce soit nécessaire de présenter cela. Autant que je m'en
15 souvienne, je pense que votre citation est exacte. Toutefois, j'aimerais
16 vous poser une question : vous avez participé à la réunion fondatrice de ce
17 parti, n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous en avez expliqué les raisons. Vous avez expliqué pourquoi vous
20 avez participé à ces réunions et vous avez expliqué comment vous êtes
21 devenu une personnalité importante de ce parti. Est-ce que vous pourriez
22 nous dire quelles sont ces questions qui étaient si essentielles pour les
23 Serbes qui résidaient en Croatie ? De quoi s'est occupé le parti ?
24 R. J'ai déjà mentionné trois questions principales, trois raisons. La
25 démocratisation de la société, à proprement parler, à savoir,
26 l'introduction d'un système de parti, d'un système multipartite,
27 l'introduction d'une économie de marché, la primauté du droit, la légalité,
28 et cetera, et cetera. Tout cela faisait partie de la démocratisation de la
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1 société et il s'agissait en quelque sorte d'échapper à l'héritage du
2 communisme ou à s'en débarrasser. Puis, il y avait également une autre
3 question, la protection des intérêts nationaux serbes en Croatie.
4 Troisièmement -- la troisième question était la question de la
5 régionalisation. Le parti prônait la régionalisation et, étant donné que
6 j'appartenais ou je devenais d'une région où les Serbes représentaient la
7 population majoritaire le programme du parti satisfaisait mon point de vue
8 politique et mon évaluation qui fait que le parti connaîtrait le succès
9 avec ce type de programme dans la région de Knin qui était la région où je
10 vivais.
11 Q. Merci, Monsieur Babic.
12 Ce sont les raisons pour lesquelles vous êtes devenu membre de ce
13 parti, puis, ensuite, à la suite de la tournure qu'ont pris les événements
14 et de certaines circonstances, vous êtes devenu l'un de ces responsables,
15 n'est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Avant vous étiez membre de la Ligue des Communistes de la Croatie, est-
18 ce que vous pourriez nous dire si au sein de la Ligue des Communistes de la
19 Croatie et au moment où vous avez adhéré à ce nouveau parti politique, est-
20 ce que vous avez jamais fait montre de point de vue nationaliste, ou est-ce
21 que vous avez jamais manifesté un certain sentiment de haine ? Est-ce que
22 vous aviez ce genre de sentiment ?
23 R. Non.
24 Q. Le programme de ce parti, qui a été vérifié par une autorité de la
25 république qui a inscrit ce parti, est-ce que ce programme contenait des
26 éléments extrémistes, ou est-ce qu'il y avait des éléments nationalistes
27 qui n'étaient pas autorisés ou des idées qui vous auraient apparu non
28 démocratique à l'époque ?
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1 R. Non.
2 Q. Vous avez dit que l'une des questions que ce parti était censé étudié
3 était la question de la population serbe en Croatie. Est-ce que vous
4 pourriez nous dire brièvement, si la République de la Croatie à l'époque
5 qui faisait partie de la Fédération yougoslave, est-ce que vous pourriez
6 nous dire quelle était dans cette république la population serbe ou le
7 pourcentage de la population serbe en Croatie ?
8 R. Le dernier recensement remontait à 1981 donc je vais vous donner des
9 chiffres approximatifs. La Croatie avait quelque 4,5 millions d'habitants.
10 Un peu plus peut-être sur ce chiffre de 4,5 millions d'habitants, il y
11 avait environ 12 % de Serbes, un peu plus, que 12 %. Il y avait quelque
12 pourcentage de Yougoslave et autres, autres nationalités et autres nations,
13 comme on les appelait à l'époque, si votre question porte sur la
14 composition ethnique de la population et de la Croatie.
15 Q. C'est justement ce que j'entendais par cette question, Monsieur Babic.
16 Donc, vous avez pour la structure de la population de la République
17 yougoslave de la Croatie, les Serbes représentaient
18 12 %; est-ce que vous pouvez vous souvenir du chiffre exact ? Bon, je ne
19 vais pas insister pour que vous vous souveniez de tous les chiffres
20 précisément ?
21 R. Je pense qu'il y avait quelque 530 000, ils étaient 530 000 peut-être
22 un peu -- enfin, un peu plus que 500 000.
23 Q. Pourriez-vous nous dire puisque nous en avons déjà parlé, où les Serbes
24 de Croatie vivaient, question de territoire -- sur quelques parties du
25 territoire vivaient-ils et, ensuite, nous parlerons des villes ?
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant de répondre à cette question, je
27 souhaite préciser un point. Plus haut à la ligne 13, la réponse qui
28 commence à la ligne 13, M. Babic dit que les Serbes représentaient 12 %
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1 voire peut-être un peu plus de la population. Ensuite un petit pourcentage
2 de Yougoslaves. Bien, alors les Yougoslaves constituent-ils un groupe
3 ethnique ou est-ce que le terme yougoslave décrit l'ensemble de la
4 population ? Parce qu'ensuite vous dites les Yougoslaves et autres,
5 d'autres nationalités et d'autres nations, comme cela s'appelait à
6 l'époque. Est-ce que vous vouliez parler de la composition ethnique de la
7 Croatie ?
8 Pourriez-vous préciser cela, s'il vous plaît ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. D'après les Règles de déclaration,
10 différentes catégories avaient été mises en place, j'entends lorsqu'il
11 fallait décliner son appartenance ethnique. Donc, il y avait une liste de
12 nations et de nationalités qui figuraient en regard de certains chiffres,
13 lorsqu'il s'agissait de faire un recensement, donc, lorsqu'il s'agissait de
14 traiter ces données statistiques, il fallait inscrire son nom dans une
15 case, mais on pouvait en même temps lors du recensement se déclarer de
16 façon différente. Vous pouviez dire que vous étiez Croate, Serbe, Slovène,
17 et cetera.
18 Ensuite, il y avait la question qui portait sur la nation ou les
19 nationalités ou groupes ethniques pour les Italiens, par exemple, les
20 Hongrois, les Albanais, et cetera. Ensuite, pour cela, il s'agissait des
21 nations et des nationalités. Ensuite, vous pouviez vous déclarez dans une
22 catégorie à part. Les gens qui ne remplissaient pas la déclaration en
23 fonction d'une appartenance ethnique ils pouvaient remplir une autre
24 catégorie. Ceux qui disaient appartenir à une région, par exemple, un
25 Dalmatien, un Bosniaque, et cetera, sans que cela fasse partie d'une
26 catégorie nationale, un Slavonien ou autre chose.
27 Ensuite, il y avait une autre catégorie qui était la catégorie
28 yougoslave, donc, vous pouviez remplir votre déclaration en décrétant que
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1 vous étiez yougoslave, et c'était toujours une question très intéressante.
2 Il y a une affiliation nationale ou régionale. Je ne peux pas vous donner
3 une définition très précise car on pouvait remplir cette déclaration en
4 déclarant qu'on était soit qu'on relevait d'une nationalité soit d'une
5 région. Il y avait des gens qui étaient des gens issus de mariage mixte,
6 par exemple, les enfants étaient issus de mariage mixte. Certaines
7 personnes ne souhaitaient pas déclarer leur nationalité et ne souhaitaient
8 pas insister sur leur nationalité ou leur appartenance ethnique. Dans ces
9 cas-là, ils pouvaient faire la déclaration en insistant sur le sens
10 politique et en disant qu'ils étaient yougoslaves. Il y avait la question
11 de la nationalité. Il y avait la question qui consistait à dire qu'on
12 appartenait à la nation yougoslave. Pardonnez-moi, j'ai pris beaucoup de
13 temps.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Babic. L'autre
15 question qui est une question qui vous a été posée par
16 Me Milovancevic. Il y avait des Serbes en Croatie qui vivaient en Croatie.
17 En terme de territoire, où est-ce que vous avez oublié la question de Me
18 Milovancevic ?
19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Q. Oui, telle était ma question.
21 R. Si vous souhaitez faire un commentaire, parlons des régions et des
22 municipalités ou des régions plus grandes. Vous souhaitez que je donne une
23 réponse générale.
24 Q. Monsieur Babic, pour essayer de nous interrompre l'un et l'autre,
25 simplement en raison des interprètes pour que nous ne chevauchions pas;
26 sinon, ils aillent avoir des difficultés à tout traduire.
27 D'après la constitution yougoslave les membres de toutes les nationalités
28 ou de tous les groupes ethniques vivant sur le territoire de la Yougoslavie
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1 étaient divisés en nation ou minorité nationale? L'appellation ou le terme
2 utilisé pour décrire ces minorités nationales étaient utilisés, c'était le
3 terme de minorité nationale utilisé dans un sens différent. Vous en avez
4 parlé il y a quelques instants.
5 R. Oui. La population était divisée en membres de différentes nations,
6 nations prépondérantes en Yougoslavie, ensuite, les différentes
7 nationalités et on parlait d'unité nationale et ont parlé de membres
8 appartenant à des groupes ethniques qui n'appartenaient à aucune des deux
9 catégories.
10 Q. Merci. Monsieur Babic, cela nous suffit. Je vous ai posé la question
11 pour que la Chambre de première instance puisse comprendre une des
12 particularités de la constitution yougoslave, à savoir ceci : qui était les
13 nations -- ou quelles nations composaient la Yougoslavie, Narodi ?
14 R. Conformément à la constitution, les nations en Yougoslavie étaient les
15 Croates, les Musulmans, les Serbes, les Monténégrins et les Macédoniens.
16 Q. Tous les autres étaient -- toutes les autres personnes relevaient du
17 terme de nationalité ou étaient synonymes de nationalités -- de minorités
18 nationales. Est-ce qu'on pouvait dire cela ?
19 R. Non. Tout le monde ne relevait pas de la catégorie minorité nationale.
20 Il y avait --
21 Q. Merci, Monsieur Babic.
22 R. Il y avait deux catégories, en réalité, celle des nationalités et celle
23 de groupes ethniques.
24 Q. Conformément à la constitution, il y avait les nations yougoslaves --
25 la nation yougoslave, la nation serbe, la nation croate, la nation slovène;
26 les Yougoslaves, avaient-ils une nation, d'après la constitution ?
27 R. J'ai essayé d'expliquer le concept de yougoslave. Est-ce que vous
28 souhaitez que je répète cela ?
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1 Q. Non. Cela nous suffit, Monsieur Babic. Nous avons abordé la question
2 des régions en Croatie habitées par des Serbes. De quelle région
3 s'agissait-il ? Mais avant d'aborder cette question-là, je souhaite vous
4 poser une autre question. Conformément à la constitution, les Serbes
5 représentaient-ils une nation avant 1992 ?
6 R. Oui.
7 Q. J'entends par là au niveau constitutionnel du terme, à savoir que
8 l'Etat était un Etat et il y avait un Etat, l'Etat du peuple croate ou la
9 nation croate. Il y avait un Etat du peuple serbe en Croatie.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite
11 intervenir. A la ligne 14, lorsque la nation serbe jusqu'en 1990 -- 1992,
12 cela n'est pas 1992, mais 1990. C'est la date à laquelle la constitution
13 croate a été amendée. Je voulais simplement que ceci soit précisé.
14 Q. Les Serbes vivaient en Croatie puisque c'était leur république et les
15 Serbes constituaient une nation, tout comme les Croates constituaient une
16 nation, d'après la constitution croate; est-ce exact, Monsieur Babic ?
17 R. Oui.
18 Q. Pourriez-vous nous décrire les régions dans les grandes villes ou
19 lignes -- les municipalités habitées par des Serbes au sein de la
20 République Croate, où vivaient-ils en tant que nation ?
21 R. Les Serbes étaient dissimulés sur l'ensemble de la république. Il
22 s'agissait de la République socialiste de Croatie, mais ils étaient
23 majoritaires au nord de la Dalmatie, dans la partie orientale de Lika, à
24 Kordun, dans la Banija, pour ces régions-là, et en Slavonie occidentale,
25 alors que dans d'autres régions, par exemple, ils représentaient une partie
26 importante de la population.
27 Q. Les Serbes de Croatie vivaient-ils en 1990 dans des villes croates,
28 faisaient-ils partie de la population urbaine ?
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1 R. Bien. A Zagreb, ils représentaient 6 %, par exemple, à Rijeka, Split,
2 Dubrovnik, ce genre de pourcentage là, 5 a 6 %. Oui, ils vivaient dans les
3 grandes villes.
4 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Pardonnez-moi, Maître
5 Milovancevic, mais avant de poursuivre, je souhaite poser une question au
6 témoin.
7 Des personnes qui se trouvaient dans les différentes républiques, les six
8 républiques, les Croates, et les Macédoniens, les Slovènes, et cetera,
9 avaient-ils un sentiment d'identité nationale ? Est-ce qu'ils se sentaient
10 yougoslaves puisqu'ils faisaient partie de la Fédération yougoslave ? Cette
11 idée existait-elle ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] L'identité yougoslave n'était pas une identité
13 ethnique ou nationale. C'était une identité politique, il s'agissait de
14 citoyens qui faisaient partie d'un même Etat.
15 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Comment se sentaient-ils ? Est-ce
16 que cela faisait partie de leur identité, c'est cela que vous dites ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Cela ne représentait pas une identité
18 nationale, le fait d'appartenir à la Yougoslavie ne permettait pas d'avoir
19 une identité nationale.
20 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Donc, il y avait un groupe
21 distinct connu sous le nom de "yougoslaves", il s'agit d'un groupe distinct
22 pour certaines personnes qui n'appartenaient pas à d'autres groupes ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président --
24 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Oui. C'est difficile. Je dois le
25 reconnaître, d'après la description qui a été donnée ici, s'il y a que moi
26 qui ai des difficultés avec cela.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Il y a deux catégories dans laquelle on
28 pouvait se dire "yougoslave". On pouvait se dire "yougoslave" dans le sens
Page 1725
1 de l'appartenance nationale ou quelque chose de semblable, et en
2 Yougoslavie, ceci est représenté dans les recensements 4 à 5, 6 % de la
3 population. C'étaient les personnes qui lorsqu'elles remplissaient la
4 déclaration du recensement se disaient "yougoslaves". Ceci correspondrait à
5 une appartenance nationale. En Croatie, cela représentait 6 ou 7 % de la
6 population; 6 à 7 % de la population se disait "yougoslave", autrement dit,
7 quelque chose que l'on pourrait considérer comme une catégorie nationale.
8 Mais cela n'était pas reconnu comme nation ou nationalité aux termes de la
9 constitution.
10 Je vais essayer de vous l'expliquer peut-être un peu mieux. Si quelqu'un se
11 disait "yougoslave", cette personne ne souhaitait pas s'afficher comme
12 étant membre d'une de ces six nations. Si vous voulez, c'est la meilleure
13 explication que je puisse vous donner.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
15 Q. Monsieur Babic, nous étions en train de parler de la constitution de
16 1974, et vous avez dit qu'on parlait de Confédération au niveau de la
17 constitution. Pour la Chambre de première instance, c'est difficile; c'est
18 difficile pour nous qui vivons dans un pays différent. C'est difficile de
19 comprendre cela parce qu'aux Etats-Unis, un Américain est un Américain,
20 alors qu'en Yougoslavie, on pouvait être Serbe, Croate, Macédonien,
21 Musulman, Monténégrin, et ce, conformément à la constitution. Mais
22 Yougoslave, un Yougoslave où la Yougoslavie ne représentait pas une nation;
23 est-ce que ceci peut vous aider ?
24 R. Bien. Je sais qu'il y a deux types de nation. Si j'utilise le terme
25 scientifique ou le terme utilisé par les milieux universitaires, il y a un
26 type français et un type américain en Europe, par exemple. Lorsque la
27 citoyenneté est synonyme de nationalité en Europe par exemple, lorsque vous
28 avez des Italiens, des Serbes, des Croates, et cetera, quelque chose qui
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1 est différent du concept américain qui est un concept de nation différent.
2 Je ne peux pas -- c'est la meilleure explication que je puisse vous donner.
3 Q. Nous avons encore une minute, Monsieur le Président. Peut-être que nous
4 pouvons en terminer avec ce sujet. Ma dernière question, lorsqu'il s'agit
5 d'un recensement de la population, porte sur le recensement de la
6 population. Donc, pour ce qui est des habitants dans chaque république
7 yougoslave, les citoyens avaient la possibilité de se dire -- ou de dire à
8 quelle nation ils appartenaient, qu'ils soient Serbes, Croates, Slovènes,
9 Macédoniens, et cetera. Mais ils avaient également la possibilité de ne pas
10 se déclarer de cette façon-là et ils pouvaient dire "yougoslave". Lorsque
11 vous avez parlé de cette catégorie de personnes, du recensement de la
12 population, est-ce terme-là que vous aviez à l'esprit dans ce sens-là ?
13 R. Oui.
14 Q. Je ne pense pas qu'il soit utile de continuer à parler de ce terme-là.
15 Comme l'heure de la pause est arrivée, il serait peut-être bien de faire la
16 pause maintenant.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne peux qu'être d'accord avec vous.
18 --- L'audience est suspendue à 12 heures 01.
19 --- L'audience est reprise à 12 heures 31.
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Milovancevic.
21 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
22 Q. Avant la pause, Monsieur Babic, nous avons parlé de la composition
23 nationale de la République de Croatie -- la République yougoslave de
24 Croatie, en 1990, et vous nous avez dit qu'après le Congrès de la Ligue des
25 Communistes de Croatie, qui s'est tenu en 1989 ou à la fin de l'année 1989,
26 que vous avez rejoint le Parti démocratique serbe. Pourriez-vous nous dire
27 quelle est la raison politique qui vous a poussé à prendre cette mesure et
28 quitter la Ligue des Communistes de Croatie pour rejoindre le Parti
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1 démocratique serbe ?
2 R. Je crois avoir déjà évoqué cette question-là. Tout d'abord, le
3 programme du parti était en faveur d'une démocratisation de la société. Ce
4 qui signifie que nous devons nous écarter de notre passé, nous éloigner de
5 notre passé communiste et introduire un système de pluralisme politique
6 avec une économie de marché et cetera. Donc, je ne vais pas en énumérer
7 tous les aspects.
8 La deuxième raison était parce que le parti dans son programme envisageait
9 de protéger les Serbes de Croatie qui étaient majoritaires dans la région
10 de Knin.
11 Ceci est ma troisième raison. Je souhaitais pouvoir contribuer au
12 développement de ces régions, donc, étant donné que le parti avait affiché
13 un tel programme politique et afin de pouvoir apporter mon aide à cette
14 région, j'ai décidé de rejoindre ce parti. Voilà les trois raisons qui
15 m'ont poussé à le faire.
16 Q. Vous nous avez également dit que la Ligue des Communistes de Croatie --
17 vous nous avez également parlé de la Ligue des Communistes de Croatie et
18 vous avez assisté à leur dernier congrès qui s'est tenu au mois de décembre
19 1989. Lors de ce congrès, une décision a été prise d'adopter un système
20 multipartite ou, en tout cas, de tenir des élections multipartites et de
21 fixer la date. Vous ne pouviez pas, à ce moment-là, vous battre en faveur
22 d'une démocratisation en restant simplement membre de la Ligue des
23 Communistes de Croatie, par exemple ?
24 R. J'ai déjà indiqué qu'elles étaient mes raisons et pourquoi j'ai rejoint
25 le Parti démocratique serbe.
26 Q. La Ligue des Communistes de Croatie, qui a changé son nom et qui est
27 devenue le Parti démocratique du changement - c'était la nouvelle
28 appellation de ce parti, la Ligue des Communistes de Yougoslavie et le
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1 Parti du Changement démocratique - est-ce que ce parti tenait compte des
2 intérêts serbes en Croatie et les intérêts du peuple serbe en Croatie ?
3 R. Ce parti-là ou plutôt ce parti était derrière tout. C'est ce que nous
4 disions à l'époque. L'année précédente, les élections multipartites avaient
5 été menées afin d'introduire les changements et le nom. Il y a un terme qui
6 a été utilisé "ethno-philitisme" [phon] ou, en tout cas, c'était un parti a
7 tendance croate. C'est le nom qui a été donné au parti qui ébranlé la
8 population serbe à l'époque.
9 Q. Vous avez dit que ce parti, au cours de cette année-là - est-ce que
10 vous avez pensé à l'année 1989 - avait décidé de faire des changements au
11 plan linguistique. Comment est-ce que cela pouvait se faire et, en
12 substance, que représentaient ces changements ?
13 R. J'ai déjà dit que le parti était derrière tout cela parce que c'était
14 le parti au pouvoir. C'était le parti au pouvoir au sein de l'assemblée
15 croate, le Sabor. J'en ai déjà parlé. L'assemblée croate a introduit le
16 parlement, a introduit des changements au niveau linguistique, au niveau
17 des termes utilisés, et c'était le parti qui était derrière cela.
18 Q. Le Sabor, en somme, était l'assemblée croate, en d'autres termes ?
19 R. Oui, c'est cela. Ce serait l'équivalent serbe ou, en tout cas, c'est
20 une expression utilisant le serbo-croate ou en croate.
21 Q. Quelles modifications ont été apportées à la langue ? De quels
22 changements s'agissait-il ?
23 R. Comme je l'ai dit, l'intitulé de la langue elle-même. La langue était
24 une langue que l'on appelait croato-serbe. C'est le terme officiel qui a
25 été utilisé, croato-serbe en Croatie et telle était l'appellation utilisée
26 à ce moment-là. Le premier changement au niveau du nom -- le premier
27 changement du nom est advenu lorsque la Ligue des Communistes de Croatie
28 était au pouvoir en 1989. Mais il a, également, eu des changements lorsque
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1 le HDZ a été créé dans les années 1990. Donc, les premiers changements ont
2 été introduits au niveau de langue elle-même ou l'intitulé de la langue.
3 C'était un petit peu inhabituel et on l'a dit, à ce moment-là, qu'en
4 Croatie, la langue littéraire croate que l'on appelle, soit la langue
5 croate, soit la langue serbe utilisée alors, devait être officiellement
6 utilisée. Telle était la manière dont cela a été formulé. Autrement dit, il
7 fallait renommer la langue et c'est ce qu'on pouvait appeler une
8 croatisation de la langue, à la fois, pour les Serbes et les Croates. Mais
9 cela répondait aux normes de la langue car bon ou mal, si on parlait de
10 langue serbe, cela englobait la langue croate. Si quelqu'un parlait la
11 langue croate, cela englobait la langue serbe aussi.
12 Donc, pour ce qui est de la langue littéraire croate, c'est quelque
13 chose qui devait être débattue car on voulait savoir quelles incidences
14 ceci aurait au plan politique et sur d'autres plans. Donc, cette situation
15 a été débattue avant les élections multipartites.
16 Q. Cette question de langue -- cette question linguistique était-ce avant
17 tout une question politique ou non ?
18 R. Oui. C'était surtout une question politique et, ensuite, une question
19 linguistique car la langue avait été rebaptisée et des changements au plan
20 lexicologique ont été introduits. Par exemple, on a introduit des
21 dialectes, des dialectes croates ou des termes archaïques de l'ancienne
22 langue croate. Je ne suis pas linguiste, moi-même, je ne peux pas tout vous
23 expliquer dans le détail, mais je dois vous dire qu'il s'agissait surtout
24 d'une mesure politique, mais d'une mesure linguistique.
25 Q. Vous avez dit qu'avant 1989, dans la République yougoslave de Croatie,
26 la langue officielle était le croato-serbe. Est-ce que ceci a un quelconque
27 lien avec le fait que la constitution croate en Croatie laissait entendre
28 qu'hormis le peuple croate, il y avait également des Serbes; en d'autres
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1 termes, les Serbes étaient un peuple reconnu par la constitution et qu'ils
2 avaient leur propre langue ? Est-ce qu'il y a un lien avec cela ou pas ?
3 R. Oui. Mais un lien peut ténu. La langue a été rebaptisée parce que
4 c'était une langue qui était parlée par les Croates, les Serbes, les
5 Musulmans et les Monténégrins. C'était le terme technique qui définissait
6 la langue au niveau linguistique. Au niveau de la littérature, ce terme a
7 été utilisé pour décrire la langue en Croatie, en Serbie, au Monténégro, en
8 Bosnie-Herzégovine. Il y avait différentes associations linguistiques
9 possibles. En Croatie, cela s'appelait croato-serbe; en Serbie, on appelait
10 cela le serbo-croate, et en Bosnie-Herzégovine on appelait cela le serbo-
11 croate ou croato-serbe. Tout cela pour dire que c'était la langue des
12 Croates, des Musulmans et des Monténégrins. C'était une seule et même
13 langue. C'est dans ce sens-là que ce terme a été usité pour pouvoir établir
14 un lien entre la langue et les peuples en question. En Croatie, pour ce qui
15 est de l'existence des Serbes et des Croates comme peuples cités dans la
16 constitution, ceci a un lien indirect avec le nom donné à la langue mais
17 c'est une question à part.
18 Q. Avant 1989, la langue en Croatie était la langue croato-serbe, et après
19 les changements qui ont été introduits en 1989, la langue officielle était
20 alors la langue croate littéraire. Ce qui signifie que la langue serbe
21 n'était plus utilisée ou reconnue officiellement.
22 R. Non. En 1989, comme je vous l'ai déjà expliqué, une phraséologie un peu
23 particulière a été utilisée.
24 Q. Nous n'allons pas trop nous y pencher.
25 R. Il y a eu un premier changement au niveau du libellé, au niveau du nom,
26 et en 1990, sous le HDZ, le terme serbe a été complètement biffé et
27 lorsqu'on parlait de langue, le nom serbe ne figurait plus. Je crois que
28 c'est là que vous souhaitiez que j'évoque.
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1 Q. Au niveau de ce deuxième changement, lorsqu'on parlait de langue, le
2 terme de serbe n'a plus été utilisé, c'est quelque chose qui a mis en place
3 par le HDZ ?
4 R. C'était au mois de juin, ou plutôt du mois de juillet 1990. Ceci a fait
5 partie du projet d'amendements de la constitution croate.
6 Q. Ceci s'est passé après les premières élections multipartites en Croatie
7 en 1990 ?
8 R. Oui.
9 Q. Au cours des premières élections multipartites en 1990, était-ce le HDZ
10 qui a gagné ces élections ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-il exact de dire que le HDZ avait 41 % des voix lors des élections
13 multipartites, mais à cause d'un système fondé sur la majorité il a obtenu
14 la majorité des sièges au parlement croate; est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-il de dire que le président du HDZ, M. Franjo Tudjman est devenu le
17 président de la République de Croatie aussi ?
18 R. Oui, il est devenu président de la présidence de la République de
19 Croatie, ce qui signifie qu'il était le chef de l'Etat.
20 Dans le sens où vous me posez la question, oui, c'est exact.
21 Q. Non seulement la langue croate a été introduite et présentée comme la
22 seule langue officielle en Croatie, y a-t-il eu d'autres changements, eu
23 égard au statut du peuple serbe en Croatie ?
24 R. Oui.
25 Q. Pouvez-vous nous en parler, s'il vous plaît ? Pouvez-vous nous parler
26 de ces changements ?
27 R. Il y a eu quelques changements qui ont eu une conséquence directe ou
28 indirecte sur le peuple serbe en Croatie. Parmi ces changements, il y a eu
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1 l'abolition de l'assemblée des municipalités, qui a été interprétée comme
2 une attaque visant à minimiser les droits des Serbes, bien que façon
3 directe cela n'avait pas été l'intention. Néanmoins, l'assemblée a constaté
4 que telle était la conséquence de ce changement. Vous avez déjà évoqué les
5 changements du nom de la langue, et la nature constitutive du peuple serbe
6 a également été changée et le statut des Serbes a changé puisqu'à partir de
7 ce moment-là, on a considéré qu'il s'agissait d'une minorité nationale.
8 L'Etat, à ce moment-là, a introduit différents symboles qui devaient être
9 utilisés afin de souligner l'appartenance ethnique et insister sur les
10 symboles croates, le changement du nom de la république, qui n'a pas eu de
11 conséquence directe sur les relations interethniques. Le terme de
12 "socialiste" n'a plus fait partie du nom de l'Etat, ce n'était plus un Etat
13 socialiste parce que ceci était conforme aux réformes qui avaient été mises
14 en place. Les projets d'amendements à la constitution ont été proposés vers
15 la fin du mois de juin, début du mois de juillet 1990. Finalement tout
16 avait été mis en œuvre pour que la nouvelle constitution soit adoptée en
17 décembre 1990, la nouvelle constitution de la Croatie, c'est-à-dire.
18 Q. Vous avez parlé très en détail de ces changements, Monsieur Babic, et
19 vous avez dit entre autres, que des symboles
20 mono ethniques, représentant l'Etat croate, ont été introduits à ce moment-
21 là. Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?
22 R. Le drapeau à damier a été introduit et le damier était le terme, qui
23 était utilisé pour représenter les armoiries historiques croates qui,
24 jusqu'à présent, étaient une partie des armoiries de la République de la
25 Croatie, sur lesquelles figuraient également l'étoile à cinq pointes.
26 Toutefois, après ces changements, le damier n'a plus que figuré tout seul,
27 sans aucune addition, et cela représentait un symbole historique de l'Etat
28 croate et du peuple croate. Toutefois, cela a provoqué des discussions à la
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1 fois chez les Croates et chez les Serbes car d'aucun se demandait quelle
2 était la signification de ce damier.
3 Q. Est-ce que ce damier a des liens avec l'Etat indépendant de la Croatie,
4 qui a existé entre les années 41 et 45, et que signifiait-il alors ?
5 R. Comme je l'ai dit, cela a provoqué des discussions et cela a évoqué
6 l'Etat indépendant de la Croatie au moment où un symbole semblable était le
7 symbole de l'Etat indépendant de la Croatie. Il y a eu de nombreuses
8 discussions parmi la population en Croatie car les gens se demandaient quel
9 était le symbole de l'Etat indépendant de la Croatie et quel était le
10 symbole de la République de la Croatie. Il s'agissait de la répartition des
11 carreaux, les carreaux rouges et les carreaux blancs, ainsi que la
12 configuration générale du damier ou de la disposition.
13 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire quel était l'objectif politique
14 principal du parti dirigé par M. Tudjman ?
15 R. C'était la démocratisation de la société, le fait que l'on se détachait
16 du passé communiste, enfin la rupture avec le passé communiste, ainsi que
17 les objectifs politiques nationalistes et expansionnistes.
18 Q. A votre avis quel était l'objection nationaliste et qu'est-ce qu'il
19 signifiait ?
20 R. En règle générale, cela signifiait ce qu'on appelait la croatisation
21 [phon] de tout, de toutes les institutions d'Etat ou publiques qui ont
22 commencé à être appelées Croates, non pas pour ce qui est de la République
23 de la Croatie en tant que telle mais c'était plutôt une façon de se
24 positionner du point de vue ethnique. Nous avons déjà parlé de la
25 structure, des changements de noms et de l'introduction d'une "nouvelle
26 langue" en quelque sorte, dans le jargon politique, et dans la langue de la
27 société, puis, il y avait également tout un nouveau programme politique et
28 il s'agissait de la création d'une Confédération et en dernier ressort, de
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1 la création d'un Etat indépendant pour la Croatie. Au moins, durant la
2 campagne électorale du président du parti, M. Tudjman, cet Etat aurait dû
3 incorporer des parties de la Bosnie-Herzégovine.
4 Q. Maintenant que vous avez fait référence à la Bosnie-Herzégovine et à
5 l'objectif politique relatif à la Bosnie-Herzégovine, j'aimerais vous dire
6 que nous reviendrons sur cet élément un peu plus tard, mais j'aimerais vous
7 poser la question suivante : pour résumer ce qui s'est passé en un laps de
8 temps assez court pendant le premier semestre de l'année 1990, est-ce que
9 vous pourriez dire que les changements constitutionnels signifiaient que
10 les Serbes ont perdu leur statut de nation en Croatie, ont perdu leur
11 langue et ont perdu la possibilité d'organiser leur assemblée de
12 municipalités qui avait existé au vu de la constitution jusqu'à ce moment-
13 là, et est-ce que cela signifie qu'ils ont perdu leurs symboles et qu'ils
14 ont dû accepter les symboles croates et le symbole croate principal était
15 le même damier qui était le symbole de l'Etat indépendant de la Croatie qui
16 a été l'endroit où ont été exécutés de nombreux Serbes pendant la Deuxième
17 guerre mondiale ?
18 R. Oui. J'ai déjà parlé de ce damier qui reprenait le dessin, le symbole
19 utilisé pendant la Seconde guerre mondiale sous l'Etat indépendant de
20 Croatie. Mais l'explication donnée, c'est que le damier oustachi démarrait
21 ré par un champ blanc, alors que le véritable damier, celui qui était issu
22 de l'histoire, commençait par un champ rouge. Je répondrai à cette question
23 par oui, avec cette petite réserve.
24 Q. Est-ce que toutes ces modifications intervenues dans la vie politique
25 de Croatie et qui avaient une incidence sur le peuple serbe de Croatie,
26 est-ce qu'elles ont été annoncées par la phrase prononcée par M. Tudjman,
27 lors de la réunion de l'assemblée constituante de l'Union démocratique
28 croate, le HDZ, lorsqu'il a dit, et je cite : "L'Etat indépendant de
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1 Croatie, cette création fantoche, fasciste qu'a été la Croatie, n'a pas été
2 seulement un Etat croate et un Etat fasciste criminel, mais également
3 l'expression de l'évolution historique du peuple croate." Est-ce que vous
4 vous rappelez de cette phrase ?
5 R. Oui, Tudjman a prononcé cette phrase.
6 Q. Les changements constitutionnels intervenus par le biais des
7 amendements à la constitution croate ont-ils été approuvés par le peuple
8 serbe de Croatie, ou est-ce que les Serbes de Croatie les ont rejetés ?
9 R. Les représentants politiques des Serbes de Croatie ont rejeté ces
10 amendements, et leur opposition a été soutenue par l'ensemble des électeurs
11 serbes lors du plébiscite.
12 Q. Pouvez-vous nous dire de quelle façon s'est exprimée cette opposition
13 des représentants du peuple serbe de Croatie ?
14 R. D'abord, il y a eu des rassemblements politiques qui ont débattu de ces
15 projets d'amendements constitutionnels. Il y a eu un débat public au niveau
16 des représentants des municipalités où les Serbes représentaient la
17 majorité. Cette question également a été débattue au parlement où d'autres
18 personnalités en ont discuté et les représentants politiques serbes les ont
19 rejetés. Puis --
20 Q. Cela suffira, Monsieur Babic. Nous reprendrons ces sujets un peu plus
21 tard. J'aimerais maintenant vous poser d'autres questions. Excusez-moi de
22 vous interrompre.
23 La modification de la constitution, réalisée à l'époque, a-t-elle
24 suivi une procédure déterminée ? Est-ce que des amendements ont été votés
25 au fur et à mesure, et est-ce que ces amendements à la constitution ont été
26 votés dans le respect de la constitution de la République de la Croatie ?
27 Je parle de l'année 1990.
28 R. Si nous parlons de la légalité des amendements à la constitution, je
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1 répondrai, oui. Mais de façon générale, du point de vue des principes
2 inclus dans la constitution, ma réponse sera négative.
3 Q. Quels étaient les principes introduits dans la nouvelle constitution
4 qui étaient contraires à la constitution ?
5 R. Je reprendrai la conclusion à laquelle sont parvenus les représentants
6 politiques des Serbes à l'époque. Ils estimaient que de cette façon il y
7 avait, au niveau constitutionnel, domination d'un peuple constitutif sur un
8 autre peuple constitutif et que c'était en soi une violation de la
9 constitution.
10 Q. Cette domination dont vous parlez, est-ce qu'elle s'est incarnée dans
11 des symboles clairs, des symboles liés au passé ? Comme par exemple,
12 l'introduction du damier et de nouveaux slogans, l'emploi de nouveaux
13 termes, de nouveaux mots.
14 R. Oui. J'ai déjà parlé du damier. J'ai dit que l'interprétation de ce
15 damier a été vivement discutée parmi les Serbes avec des interprétations
16 diverses et que ces différences d'interprétation ont été reprises par les
17 médias serbes. Le damier était considéré comme le symbole de l'Etat
18 oustachi et les Serbes, peu à peu, ont fait, de cette interprétation du
19 damier, la leur. Par ailleurs, je vous ai parlé de ce que tout cela
20 représentait. Je vous ai également dit ce qui était représenté sur ce
21 damier, qui était le blason de la République socialiste de Croatie. En soi,
22 il était le blason de la République socialiste de Croatie. C'était un
23 blason historique et ce n'était pas un symbole oustachi dans la mesure où
24 il y avait interversion de la couleur des champs que l'on trouvait au début
25 du damier. Ce que j'essaie de vous dire, en ce moment, c'est quelle a été
26 la réaction des Serbes. Les Serbes ont considéré que ce damier était lié à
27 l'Etat indépendant de Croatie de la Seconde guerre mondiale et c'est ainsi
28 que leurs médias l'ont représenté.
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1 Q. Nous avons déjà parlé de M. Franjo Tudjman, présent à l'assemblée
2 constituante de l'Union démocratique croate, HDZ, en février 1990, et de ce
3 qu'il avait dit de l'Etat indépendant de Croatie comme étant une
4 conséquence historique de l'histoire du peuple croate. Est-ce que vous
5 savez si les personnalités de l'immigration oustachi les plus connues, qui
6 avaient passé pas mal de temps à l'étranger, après leur expulsion et leur
7 interdiction de rentrer en Yougoslavie, est-ce que de tels représentants
8 étaient présents à cette assemblée constituante ?
9 R. Je crois que nous parlons ici du HDZ de façon générale à l'époque, et
10 pas seulement de l'assemblée constituante du HDZ, en tout cas, pas sur le
11 plan officiel. Le parti existait déjà mais c'était la première grande
12 réunion du HDZ, réunion publique. Je ne sais pas qui y a assisté. Mais dans
13 les médias, il a beaucoup été question des immigrants réfugiés politiques à
14 l'étranger qui, jusque-là, n'avaient pas le droit de rentrer en Yougoslavie
15 et qui étaient présents à cette grande réunion publique, mais je ne sais
16 pas qui étaient ces immigrants.
17 Q. Merci, Monsieur Babic. Lors de la mise en œuvre de ces amendements
18 constitutionnels, je parle de ceux qui concernaient le statut des Serbes,
19 le statut national des Serbes en Croatie, les Serbes ont soumis des
20 objections à ces amendements, et se sont opposés à ces modifications au
21 sein de la République de Croatie, n'est-ce pas ?
22 R. Ces amendements ont été rejetés parce qu'ils étaient perçus comme
23 violant la constitution et les droits du peuple serbe à demeurer un peuple
24 constitutif en Croatie.
25 Q. Je ne sais pas si nous nous sommes bien compris, Monsieur Babic. Je
26 vous posais simplement la question suivante : lorsque ces amendements à la
27 constitution ont été proposés au vote, est-ce que les Serbes ont soumis des
28 contre amendements et que s'est-il passé à ce moment-là ?
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1 R. Il y a eu rejet des amendements par eux, et des propositions qui ont
2 été rejetées par la Commission préparatoire à la nouvelle constitution de
3 Croatie. Ces propositions étaient de deux types. Les uns avaient à voir
4 avec les points à l'ordre du jour du débat relatifs à l'amendement de la
5 constitution. Tout ceci se passait à l'automne 1990. Puis, il y avait une
6 autre proposition qui projetait d'établir une région autonome ou un
7 district autonome de Krajina en Croatie qui a été rejeté par le parlement
8 croate.
9 Q. Il faut que nous comprenions bien quel est l'objet du débat en ce
10 moment. Pouvez-vous nous dire quel est le principe fondamental qui se
11 trouve au cœur de la constitution fédérale yougoslave à partir de 1990 ?
12 Qui est à la tête de l'Etat fédéral de la Fédération ? Il y a les
13 républiques et il y a un certain nombre d'organes officiels au sein des
14 Fédérations, n'est-ce pas ?
15 R. Il y a l'assemblée, la présidence de la RSFY, le Conseil exécutif
16 fédéral.
17 Q. C'est à cela que je pensais, Monsieur Babic. Merci. Bien, que pourriez-
18 vous dire de la présidence de la RSFY et pour vous poser la question plus
19 simplement : est-ce que la direction de l'Etat était collective ?
20 R. Oui.
21 Q. Pouvez-vous nous dire qui était membre de la présidence de cette
22 direction collective de l'Etat en 1990 ? Je ne vous demande pas le nom de
23 ces personnes, mais les structures qu'elles représentaient ?
24 R. Bien. D'abord il y avait un représentant de chaque république et un
25 représentant de chaque province autonome.
26 Q. Combien de républiques y avait-il en Yougoslavie en 1990 ?
27 R. Six.
28 Q. Combien de membres comptaient la présidence yougoslave ?
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1 R. Huit.
2 Q. Pouvez-vous nous dire comment il se fait que six républiques avaient
3 huit représentants à la présidence ?
4 R. J'ai déjà dit que toutes les républiques, que chaque république avait
5 un membre à la présidence, et il y avait aussi les deux provinces
6 autonomes, le Kosovo et la Vojvodine qui avaient chacune un membre.
7 Q. Ces deux provinces du Kosovo et de la Vojvodine se -- avec quel statut
8 en vertu de la constitution yougoslave de 1974 ?
9 R. Elles faisaient partie du territoire de la Serbie, mais avaient un
10 statut -- double sur le plan constitutionnel. Elles étaient aussi bien
11 intégrées -- elles faisaient partie intégrante -- aussi bien de la Serbie
12 que de la Fédération.
13 Q. Au terme de la constitution de 1974, la République de Serbie était
14 membre de la Fédération yougoslave, mais avait en son sein une province
15 autonome qui jouissait d'un degré élevé, d'un pouvoir élevé, n'est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce qu'une autre République yougoslave avait une province autonome
18 sur son territoire ?
19 R. Non.
20 Q. Dans la déposition que vous avez faite jusqu'à présent, vous avez
21 souvent parlé d'un certain nombre de régions de l'ex-République yougoslave
22 de Croatie, notamment, la Dalmatie, Kordun, la Lika, la Slavonie, Baranja,
23 et vous en avez même montré les frontières sur une carte, n'est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que l'une quelconque de ces régions avait un statut d'autonomie
26 comparable à celui de la Vojvodine et du Kosovo ?
27 R. Non.
28 Q. La Vojvodine et le Kosovo qui, selon la constitution yougoslave,
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1 faisaient partie de la Serbie, avaient-elles leur part dans l'élection du
2 président de la présidence yougoslave, autrement dit, en l'absence d'accord
3 de la part des représentants de Vojvodine et du Kosovo, était-il possible
4 d'élire le président de la présidence ?
5 R. Vous avez posé la question en la centrant sur le processus électoral.
6 Je n'ai pas de certitude à cet égard, mais ce que je peux vous dire -- je
7 n'ai pas de certitude que -- cela ait quelque chose à voir avec un
8 processus électoral. En effet, les membres de la présidence étaient élus
9 par l'assemblée de la Fédération jusqu'à l'adoption de la nouvelle
10 constitution serbe en 1990. Alors, je ne sais pas exactement ce que vous
11 aviez à l'esprit lorsque vous avez posé votre question. A quelle période
12 faisiez-vous référence ?
13 Q. Vous avez parlé du Kosovo et de la Vojvodine et dit que ces deux
14 provinces faisaient partie de la Serbie et étaient membres de la Fédération
15 yougoslave également. Elles avaient leur propre membre à la présidence
16 yougoslave, n'est-ce pas ?
17 R. Oui. Mais c'était la chambre des républiques et des provinces, mais
18 elles siégeaient au sein de la chambre des républiques et des provinces de
19 l'assemblée fédérale.
20 Q. Est-il exact que le représentant du Kosovo qui était Albanais de
21 souche, Fadil Hodza, était président de la présidence yougoslave dans les
22 années 1980 ?
23 R. Oui. Pendant un mandat.
24 Q. Pouvez-vous nous dire comment cela s'est -- comment cela s'est passé ?
25 Sur huit membres de la présidence, il y en avait un qui devenait président
26 de la présidence. Est-ce que c'était bien le mécanisme appliqué ?
27 R. Il existait des Règles de procédure, un protocole qui régissait les
28 rotations à la présidence parmi les membres de la présidence. A chaque
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1 rotation, l'un d'entre eux devenait vice-président dans un ordre déterminé,
2 par exemple, une année donnée, l'un des membres de la présidence devenait
3 président de la présidence; et un autre membre de la présidence parmi les
4 membres restant devenait vice-président de cette même présidence. Tout cela
5 sur la base d'un système de rotation. Donc, à chaque année, un des membres
6 de la présidence occupait les fonctions de président de la présidence.
7 Q. J'aimerais que cette question soit tout à fait claire. En 1990 et avant
8 cette année-là, la Slovénie a-t-elle eu un membre au sein de la
9 présidence ? Si oui, qui était-il ?
10 R. Oui. La Slovénie avait un membre à la présidence, mais je ne me
11 souviens pas de son nom.
12 Q. Bien. Qu'en était-il de la Croatie, est-ce qu'elle avait un membre au
13 sein de la présidence yougoslave ?
14 R. Oui.
15 Q. Qui était qui ?
16 R. Quand ? En 1990 ?
17 Q. Oui, je pense que c'était M. Mesic.
18 R. Oui. Cela a d'abord été Stipe Mesic. Il a été le premier -- il était le
19 premier ministre et, en 1990 - mais je ne sais pas exactement à quelle date
20 - la Croatie a changé de représentant au sein de la présidence. C'est
21 Suvar, Stipe qui a été remplacé par Mesic, à ce moment-là.
22 Q. Qu'en est-il des autres républiques et des deux provinces autonomes,
23 est-ce qu'elles avaient leur propre membre au sein de la présidence
24 yougoslave ? Au sein des huit membres qui élisaient leur président de la
25 présidence; c'est bien cela ?
26 R. Oui.
27 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je vous prie de
28 m'excuser, mais je crois comprendre que cette question a déjà été posée à
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1 plusieurs reprises.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, est-ce que vous
3 avez quelque chose à répondre ? Il semble que nous tournions en rond autour
4 du même point depuis pas mal de temps, vraiment pas mal de temps.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'essaie
6 simplement d'obtenir du témoin une réponse à la question de savoir si les
7 dispositions de la constitution permettaient à chacune des républiques,
8 membre de la Fédération yougoslave, d'accéder à la présidence de la
9 présidence, donc, d'avoir un représentant exerçant les fonctions de
10 président de la présidence, bien entendu, au moment où le tour de cette
11 république venait. Voilà de quoi le témoin parlait dans ses réponses.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cette question peut obtenir une
13 réponse en une phrase très courte. Vous avez déjà posé cette question il y
14 a quelques instants et le témoin vous a dit qu'il y avait un système de
15 rotation dans lequel chaque république à son tour voyait son représentant
16 exercé les fonctions de président de la présidence. Vous l'avez même
17 interrogé au sujet du Kosovo qui à l'époque était une province autonome et
18 il a dit oui, le Kosovo avait la possibilité d'être -- de voir son
19 représentant exercé les fonctions de président de la présidence. Donc, je
20 crois que vous posez cette question dans une phrase très courte et obtenir
21 une réponse simple. Nous sommes très loin de l'acte d'accusation d'ailleurs
22 en ce moment. Nous refaisons l'histoire de l'ex-Yougoslavie et, compte tenu
23 du temps très court qui nous est imparti, je souligne que nous sommes en
24 train de tourner en rond. N'oubliez pas que la déposition de ce témoin ne
25 doit plus durer que deux jours encore.
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec le respect
27 que je vous dois, la Défense essaie simplement d'obtenir une réponse à la
28 question, compte tenu de la thèse avancée par l'Accusation dans ce domaine.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Posez votre question au témoin. Posez-
2 là.
3 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vais faire
4 de commentaires au sujet des allégations avancées par l'Accusation qui se
5 fondent sur la situation politique yougoslave. Mais les questions que j'ai
6 posées avaient pour but d'obtenir des réponses dans ce domaine bien
7 particulier, mais vous venez d'intervenir d'une façon qui a créé une
8 certaine confusion dans mon esprit. Jusqu'à présent, nous n'avons pas été
9 informés de la longueur du contre-interrogatoire de ce témoin. Ce témoin
10 est le plus important témoin de l'Accusation et il a été interrogé quatre
11 jours entiers. Je pense que les deux jours restants dont vous venez de
12 parler ne sont absolument pas suffisants par la Défense. Donc, puisque la
13 Défense a de nombreuses questions importantes à poser à ce témoin, nous
14 n'en sommes qu'à l'introduction. Ces deux jours ne suffiront pas.
15 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je pourrais
16 intervenir, si vous le permettez. Puisque j'allais discuter de cela avec le
17 conseil de la Défense après la fin de l'audience et essayer de ne pas
18 utiliser le temps des audiences pour discuter de cette question, mais le
19 président de la Chambre vient d'évoquer le fait que la fin de l'audition de
20 ce témoin était normalement prévue à la fin de cette semaine, c'est-à-dire,
21 le 3 mars. Mais nous prévoyons la possibilité de prolonger cette déposition
22 avec une interruption d'une semaine. Donc, nous nous demandons si -- et
23 maintenant la Défense évoque la possibilité d'un prolongement du contre-
24 interrogatoire qui pourrait lui être nécessaire. Donc, j'allais interroger
25 le conseil de la Défense à ce sujet, soulever cette question avec lui, en
26 discuter avec lui pour voir si un jour ou deux de contre-interrogatoires
27 supplémentaires permettraient d'en finir avec ce contre-interrogatoire.
28 Mais je pense que jusqu'à présent le contre-interrogatoire se perd un petit
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1 peu dans des zones assez éloignées des centres d'intérêts principaux et
2 c'est à la Chambre, bien sûr, qu'il appartient de traiter de cette
3 question.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pense, Monsieur Whiting, que si ce
5 que vous proposez devait se faire, cela créerait un précédent à savoir si
6 vous demandez que le témoin reste un peu plus longtemps que prévu. Il faut
7 que cela se fasse par voix de requête, n'est-ce pas ?
8 M. WHITING : [interprétation] J'allais l'intention de soumettre une
9 requête. Je m'en occupe, Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Donc, il n'est pas besoin
11 d'en discuter en dehors du prétoire avec la Défense ou avec les Juges de la
12 Chambre. Vous pouvez simplement présenter votre requête. Bien sûr, vous
13 pouvez en discuter avec la Défense pour déterminer quelle prolongation sera
14 nécessaire. Mais c'est tout.
15 M. WHITING : [interprétation] C'est l'intention que j'avais.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Sur le deuxième point,
17 c'est la première fois que les Juges de la Chambre indiquent qu'un
18 interrogatoire s'écarte un peu des points les plus importants. Nous
19 essayons de faire en sorte que Me Milovancevic revienne aux questions les
20 plus importantes dans la présente affaire. Je vous dis, encore une fois,
21 Maître Milovancevic que c'est nécessaire. Je ne veux pas vous limiter dans
22 votre contre-interrogatoire, mais je pense qu'il est très important de
23 rester pertinent. Dans la dernière période de votre contre-interrogatoire,
24 il y a manque de pertinences du point de vue des dates évoquées puisque
25 nous avons parlé de 1971, c'est-à-dire, 20 ans avant la période retenue
26 dans l'acte d'accusation. Maintenant, nous parlons de la constitution et de
27 la présidence de la RSFY, ce témoin a dit en une phrase qu'il existait un
28 système de rotation permettant à chacune des républiques et des provinces
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1 autonomes qui étaient au nombre de deux d'obtenir la possibilité d'être
2 représentées à la présidence de la présidence. Je ne suis pas sûr que nous
3 ayons besoin de quoique ce soit d'autres. Mais si vous estimez que d'autres
4 éléments sont nécessaires, n'hésitez pas à interroger le témoin mais
5 faites-le le plus rapidement possible.
6 Je vous remercie.
7 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je tiendrais compte de ce que vous venez
8 de dire, Monsieur le Président. Je m'en tiens toujours à ce que vous dites.
9 J'ai le plus grand respect pour les propos émanant de vous. Je souhaitais
10 simplement dire que la Défense s'est efforcée d'aborder un élément qui est
11 de la plus haute pertinence à savoir les efforts déployés pour détruire la
12 Yougoslavie qui, en 1990, était la seule entité reconnue sur le plan
13 international. Ces efforts n'ont pas commencé en février 1989, mais bien
14 avant cette date, une vingtaine d'années. Donc, ce qui se passait en 1990,
15 n'était que la dernière étape d'un long processus où il importe au plus
16 haut point de déterminer les rôles des différents protagonistes impliqués,
17 leurs véritables objectifs et leurs objectifs cachés afin de conclure sur
18 la réalité de ce qui s'est passé, à ce moment-là, dans la vie politique de
19 la Yougoslavie. Je regrette d'avoir imposé à la Chambre de première
20 instance un nombre aussi important de faits relatifs à une période
21 antérieure à celle qui est évoquée dans l'acte d'accusation, mais c'est une
22 période qui a scellé le début des événements et ont conduit à l'explosion
23 de 1991. Tout au long des débats ici, nous parlons de la Croatie, de la
24 JNA, de son rôle en tant qu'agresseur et la Défense s'efforce simplement de
25 mettre l'accent sur un détail important, à savoir que la seule entité
26 légitime sur le plan légal au niveau international, en 1990, était la
27 République fédérative socialiste de Yougoslavie. La Yougoslavie était le
28 seul sujet en droit international à l'époque. Pour comprendre ce qui se
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1 passait et les causes réelles qui ont conduit aux conséquences et aux
2 effets que nous connaissons, je suis entré dans le détail de ces événements
3 préalables de façon à ce que les Juges puissent avoir une image globale de
4 la situation.
5 Puis-je poursuivre ?
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous êtes allé dans le détail de façon
7 très approfondie mais sans nous dire ce que Martic faisait entre 1991 et
8 1990. Or, les Juges de la Chambre sont ici pour s'occuper de M. Martic.
9 Nous n'avons pas entendu un mot à son sujet quant à ce qu'il faisait
10 éventuellement depuis 1971. Mais veuillez poursuivre, Maître Milovancevic.
11 Reprenez votre contre-interrogatoire.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes en
13 contre-interrogatoire et quant au rôle de M. Martic dans la période en
14 question, la Défense a un autre objectif que de déterminer son rôle dans
15 cette période. Elle s'efforce de décrire cette période qui a conduit aux
16 événements ultérieurs. Nous ne faisons que répondre réagir aux questions
17 posées par l'Accusation au cours de l'interrogatoire principal. Je vais
18 reprendre le cours de mes questions.
19 Q. Monsieur Babic, est-ce que la dernière conséquence de la décision
20 d'enlever aux Serbes leur statut de Nation et de peuple constitutif dans la
21 constitution croate a eu des effets sur le plan légal ?
22 R. Que voulez-vous dire ? Il y a deux questions dans votre question, me
23 semble-t-il ?
24 Q. Je vais essayer d'être plus précis. Vous dites que le parlement croate
25 a adopté les amendements à la constitution, rejetant de ce fait -- enlevant
26 de ce fait, aux Serbes leur statut de peuple constitutif, de nation au sein
27 de la Croatie, n'est-ce pas ?
28 R. J'ai été très précis. J'ai dit que le 25 juillet 1991, le parlement
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1 croate a adopté les amendements constitutionnels proposés et qu'au mois de
2 décembre, je ne me rappelle le jour exactement, mais je crois que c'était
3 le 23 décembre lorsque la nouvelle constitution de la République de Croatie
4 a été votée, les Serbes ont cessé d'être traités en tant que peuple
5 constitutif, en tant que nation mais ont été réduits au statut de minorité
6 nationale. J'espère avoir bien répondu à votre question.
7 Q. Le droit à l'expression politique et le statut de la Croatie en tant
8 que membre de la Fédération yougoslave permettait-il à la Croatie d'enlever
9 aux Serbes ce droit en tant que peuple constitutif et de les réduire à une
10 minorité nationale ? Je parle du droit à l'expression politique.
11 R. Cette question a donné naissance à un débat qui a commencé en avril,
12 mai 1991. Je pense que c'est à cela que vous faites référence, en tout cas,
13 à la question. Merci.
14 R. Le statut d'Etat a été discuté et a fait l'objet d'un accord entre les
15 présidents des républiques qui se sont réunis dans le cadre de la crise qui
16 se développait à cette époque-là. Mais pouvez-vous me dire de quelle
17 période vous parlez exactement ?
18 Q. Nous reviendrons là-dessus. Monsieur Babic, vous avez dit que le Parti
19 démocratique serbe a commencé à débattre des questions d'une importance
20 vitale pour la population serbe de Croatie et vous avez ajouté en parlant
21 de cela que les amendements de la constitution croate ont été rejetés par
22 les Serbes de Croatie, n'est-ce pas ? Quand est-ce qu'ils ont rejeté ces
23 amendements ?
24 R. Lors d'une session du parlement croate ou plutôt de l'assemblée du
25 peuple serbe de Croatie, qui s'est tenue le 25 juillet 1991, ces
26 amendements ont été rejetés dans le cadre d'un débat sur la
27 constitutionnalité de ces amendements pour les Serbes de Croatie. J'espère
28 avoir répondu à votre question.
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1 Q. Est-ce que cette réunion a eu lieu le 25 juillet et s'est-elle tenue
2 dans la ville de Srb ? Je vous demande également qui a assisté à cette
3 réunion et quelles ont été les décisions prises par cette réunion de
4 l'assemblée ?
5 R. 100 000 Serbes de la République de Croatie, donc des habitants serbes
6 du territoire croate ont participé à la réunion -- à cette réunion de
7 l'assemblée. Quelle était votre deuxième question ?
8 Q. Y avait-il des représentants politiques des Serbes de Croatie à cette
9 réunion de l'assemblée ?
10 R. Oui. Ils représentaient le Parti démocratique indépendant yougoslave.
11 C'était -- il y avait aussi des représentants de l'église orthodoxe serbe
12 et des particuliers serbes, bien entendu.
13 Q. Tout cela se passait le 25 juillet 1990, n'est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Parce qu'au compte rendu d'audience en anglais, je lis la date de 1991,
16 donc il faut qu'une correction soit apportée à la date.
17 R. En effet.
18 Q. Pouvez-vous nous dire quelles ont été les principales décisions
19 prises ? Quelle a été la déclaration adoptée à l'issue de cette réunion ?
20 R. La déclaration adoptée rejette les projets d'amendement constitutionnel
21 proposé en Croatie qui relégueraient les Serbes de Croatie comme un peuple
22 égal à tous les autres sur le territoire de la République croate. Dans
23 cette déclaration, il est confirmé également que les amendements
24 constitutionnels, relatifs à la suppression de l'assemblée des
25 municipalités, sont rejetés; aussi, cette déclaration évoque également les
26 suppositions qui y sont faites sur les relations entre les différentes
27 républiques à l'avenir. Il est dit, par conséquent, sur ce point qu'à
28 l'avenir, si la Yougoslavie demeure une Fédération, le peuple serbe demande
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1 son autonomie territoriale. Elle demande la création d'une Confédération
2 d'Etat au sein de laquelle le peuple serbe jouirait d'une autonomie
3 déterminée sur le territoire de la République de Croatie. Mais vous avez le
4 texte de la déclaration. Si vous souhaitez que nous en discutions plus en
5 détail, vous pouvez la citer.
6 Q. Oui. C'est une bonne idée de placer le texte de cette déclaration sur
7 le rétroprojecteur de façon à ce qu'on puisse la voir sur les écrans,
8 déclaration sur la souveraineté et l'autonomie du peuple serbe en date du
9 25 juin 1990, qui a pour numéro de -- numéros ERN 02141952 et 02141953. Je
10 crois savoir qu'il s'agit de la pièce à conviction 141.
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous voudriez
12 -- que vous souhaitez avoir cela sous le rétroprojecteur ?
13 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Alors, est-ce que nous pourrions
15 placer ce document sur le rétroprojecteur ? On vient de me dire qu'il
16 pourrait être affiché par mode électronique.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction 141
18 et je pense, effectivement, que nous pouvons l'avoir par affichage
19 électronique. Nous avons la déclaration sur notre écran.
20 Q. Est-ce que vous pourriez peut-être nous donner lecture de ce qui est
21 dit ? C'est en B/C/S ou en langue serbe ? Il y a une version anglaise
22 également. Alors, est-ce que vous pouvez nous donner lecture de la première
23 partie ?
24 R. "Au sein des frontières de la République socialiste de la Croatie qui
25 est l'Etat du peuple également qui vit dans la République socialiste de la
26 Croatie, la nation serbe sur la base de ses caractéristiques géographiques
27 historiques sociales et culturelles est une nation souveraine avec tous les
28 droits stipulés par la souveraineté des nations."
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1 Vous voulez que je continue ma lecture.
2 Q. Non, nous allons nous arrêter pour un petit moment. Pour ce qui est de
3 ce premier paragraphe, donc, de l'article 1, paragraphe premier, est-ce
4 qu'il s'agit d'une référence au peuple serbe qui se trouve dans les
5 frontières de la Croatie ? Cela n'est pas -- cela -- il n'y pas de litige à
6 ce sujet ? Il s'agit des Serbes qui vivent au sein des frontières de la
7 République de la Croatie, n'est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Alors, est-ce que vous pouvez poursuivre cette lecture, je vous prie,
10 le paragraphe suivant.
11 R. "Le peuple serbe de la République socialiste de Croatie a
12 -- ou jouit du droit à vivre en communauté avec la population croate, ou de
13 façon indépendante à établir de nouveaux liens avec la Yougoslavie s'ils
14 devaient décider de choisir soit une organisation fédérative ou une
15 organisation d'Etat confédéral."
16 Q. Paragraphe suivant, je vous prie.
17 R. "Dans des situations, alors, des nations peuvent faire sécession, mais
18 pas les Etats, donc, les nations peuvent faire sécession, mais pas les
19 Etats."
20 Q. Merci, Monsieur Babic. Ces citations de la déclaration relative à
21 l'autonomie du peuple serbe, est-ce que ce sont des citations qui sont
22 conformes aux dispositions de la constitution croate et de la constitution
23 yougoslave ? Est-ce qu'il y a quoi que ce soit dans ce texte qui serait
24 contraire aux droits positifs yougoslaves ?
25 R. J'en ai déjà parlé. J'ai déjà dit que les Serbes et les représentants
26 politiques serbes de l'époque interprétaient les principes de la
27 constitution croate, et ce, en conformité avec ces principes. Alors, pour
28 ce qui est des principes et du concept de savoir qui avait le droit de
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1 faire sécession, à savoir, est-ce qu'il s'agissait des républiques ou du
2 peuple, c'est une question qui a été débattue à l'époque. Les Serbes ont
3 accepté ce concept préconisé par Milosevic et le Parti socialiste, ainsi
4 que la direction de la Serbie qui s'est réunie en septembre. Cela a été
5 exposé par quelqu'un - dont l'interprète n'a pas saisi le nom - à savoir
6 qu'il s'agissait des nations qui avaient le droit à l'autodétermination
7 quelque soit leur -- les frontières de la république, et cela avait trait à
8 cette disposition particulière à ce concept et au fait qu'il ait été
9 accepté.
10 Q. Est-ce que vous pouvez nous donnez lecture du paragraphe 2 de la
11 déclaration ?
12 R. "Sur la base de sa souveraineté, le peuple serbe en Croatie a le droit
13 à l'autonomie. Les caractéristiques ou le fond de cette autonomie dépendra
14 de la configuration fédérale ou confédérale de la Yougoslavie dans des
15 conditions d'un Etat fédéral. Le peuple serbe aura le droit, et ce, de
16 façon -- sans obstacle et sans limite, le droit à utiliser la langue
17 littéraire serbe de façon officielle et de façon privée et d'avoir
18 l'alphabet cyrillique dans les écoles ainsi que des programmes scolaires
19 serbes." Le texte, en fait, se termine là parce que je ne vois plus rien
20 sur mon écran.
21 Q. Est-ce que vous pouvez, je vous prie, prendre la page suivante du même
22 document.
23 R. Cela continue. "Les associations culturelles -- ou les institutions
24 culturelles et politiques, les entreprises, la presse et la radio et
25 télévision serbe, une organisation de ce type d'autonomie peut être mis en
26 œuvre seulement par le truchement d'autogouvernements municipaux, notamment
27 dans les municipalités où les Serbes représentent la majorité, et en
28 établissant des liens avec ces municipalités au sein des communautés dans
Page 1752
1 les conditions d'un Etat de Confédération -- et d'autonomie politique et
2 territoriale."
3 Q. Merci, Monsieur Babic. Dans ce deuxième alinéa de la déclaration.
4 D'après ce qui vient d'être dit, est-ce que la population ou le peuple
5 serbe en Croatie est appelé à jouir de ses droits constitutionnels qui
6 existaient jusqu'à ce moment-là et qui existaient pour eux en tant que
7 nation ?
8 R. Oui.
9 Q. Au paragraphe 2, alinéa 2, est-ce que nous voyons quels sont les droits
10 du peuple serbe dans le cadre d'un scénario d'Etat fédéral. Est-ce que
11 c'est ce qui est stipulé ?
12 R. Oui. Ce sont les droits qui sont requis ou qui sont exigés pour que ces
13 droits puissent être concrétisés. Oui.
14 Q. Pour ce qui est de ces droits, des droits qui sont mentionnés au
15 paragraphe 2, le droit à utiliser la langue littéraire serbe, le droit à
16 utiliser l'alphabet cyrillique, le droit à avoir des écoles ou des
17 programmes scolaires serbes, et avoir des écoles ou des programmes
18 scolaires serbes et avoir des écoles serbes, le droit avoir des
19 institutions politiques, culturelles, le droit avoir leurs propres
20 entreprises, leurs presses, et la radio télévision serbe. Est-ce que ce
21 sont des droits dont jouissait la population serbe à l'époque en Croatie ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce que le peuple serbe pouvait véritablement bénéficier de ces
24 droits sur la base d'auto gouvernement municipaux tels qu'ils sont établis
25 au paragraphe 3, notamment, dans les municipalités où les Serbes
26 représentaient la majorité et pour ce qui est du lien établit avec les
27 municipalités en une communauté ?
28 R. Oui. C'était la meilleure façon pour pouvoir jouir de ces droits.
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1 Q. Ces requêtes, ces deux demandes, ces exigences, il s'agit de droits de
2 l'homme démocratique et fondamentaux, ce sont des droits sur lesquels ont
3 insisté la population serbe à un moment donné où les amendements à la
4 constitution croate était sur le point d'être adoptés, et à un moment où
5 les Serbes étaient barrés de la constitution, à un moment où la langue
6 serbe était rejetée de la constitution, et à au moment où les gouvernements
7 locaux n'étaient plus possibles, n'avaient plus de citer par le biais de la
8 communauté des municipalités, parce qu'eux également, ils étaient écartés
9 ou évincés de la constitution.
10 R. Oui.
11 Q. A l'alinéa 2, est-ce qu'il est question d'autonomie ? Ensuite, il y a
12 deux options qui sont stipulées, l'une de ces variantes serait au sein d'un
13 Etat fédéral et la deuxième possibilité se place dans un Etat de
14 Confédération ?
15 R. Oui. Ce sont les possibilités, les solutions envisagées et les
16 conditions, parce que des solutions de ce type faisaient déjà l'objet de
17 discussions dans l'ensemble de la Yougoslavie.
18 Q. Vous avez dit que la direction de la Croatie dirigée par Franjo Tudjman
19 parlait d'une configuration de Confédération pour la Yougoslavie ou vous
20 parlez d'une Croatie indépendante; est-ce que cela est exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Au dernier paragraphe de cette déclaration relative à la souveraineté,
23 à l'autonomie du peuple serbe, ou il s'agit du dernier alinéa du paragraphe
24 2, il est dit, n'est-ce pas, que dans le cadre d'un Etat confédéral, le
25 peuple serbe en Croatie aurait le droit à une autonomie territoriale
26 politique; est-ce bien ce qui est indiqué ?
27 R. Oui.
28 Q. Est-ce que ce dernier paragraphe est une réponse aux possibilités
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1 politiques éventuelles auxquelles aspiraient les nouveaux dirigeants de la
2 Croatie à savoir des amendements constitutionnels dont nous avons parlé ?
3 R. Oui.
4 Q. Aux alinéas 3, 4 et 5 de cette déclaration, portant sur l'autonomie et
5 la souveraineté du peuple serbe, est-ce qu'il est indiqué qui devrait être
6 le représentant politique du peuple serbe en Croatie ?
7 R. Oui.
8 Q. Ces représentants politiques du peuple serbe en Croatie, est-ce qu'ils
9 se trouvent à l'assemblée ou Sabor serbe ou est-ce que -- conformément à
10 cette déclaration, est-ce qu'il s'agit du Sabor serbe ou de l'assemblée ?
11 R. Oui.
12 Q. Au paragraphe 4 de la déclaration, est-ce qu'il est dit que le conseil
13 national serbe a le droit d'organiser un plébiscite à l'intention du peuple
14 serbe pour qu'il puisse indiquer leur point de vue sur toutes les questions
15 représentant l'intérêt vital à leurs positions en Croatie et en Yougoslavie
16 ainsi qu'à propos d'autres questions qui ont à voir avec la mise en œuvre
17 de la souveraineté serbe et de l'autonomie serbe ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que le paragraphe 6 de cette déclaration stipule que cette
20 assemblée serbe, le Sabor serbe, lors de la sa séance a Srb, le 25 juillet
21 1990, a proclamé nul et non advenu pour le peuple serbe en Croatie tous les
22 amendements juridiques et constitutionnels qui niaient leur souveraineté en
23 tant que nation et qu'il diminuait leur droit à l'autonomie ?
24 R. Oui.
25 Q. Oui. Jusqu'à cette époque-là, est-ce que le Sabor ou l'assemblée croate
26 avait déjà rejeté tous les amendements serbes ?
27 R. Non. Ce jour-là l'assemblée s'est réunie à Zagreb le même jour.
28 Q. Le même jour, le jour où l'assemblée s'est réunie à Zagreb, quel fût le
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1 sujet de discussion ?
2 R. Bien. Ce fut l'adoption des amendements constitutionnels. Cela se
3 trouvait à l'ordre du jour. Mais voilà ce que je souhaiterais dire : ce fut
4 une réaction à la réunion du parlement croate qui souhaitait adopter les
5 amendements à la constitution dont nous discutons ici.
6 Q. Est-ce que nous pouvons dire qu'en adoptant cette déclaration les
7 représentants du peuple serbe en Croatie ont juste essayé d'écarter les
8 conséquences négatives qui auraient émané d'un changement dans la
9 constitution croate ?
10 R. Oui, ou plutôt laissez-moi être plus précis. Ils voulaient protéger
11 leur droit conformément aux principes de la constitution qui était en
12 vigueur jusqu'à cette époque-là.
13 Q. Merci, Monsieur Babic. Est-ce que, dans la déclaration au paragraphe 7,
14 il est indiqué que le peuple serbe en Croatie ne souhaite faire rien
15 d'autre que d'affirmer le droit dont jouissent les autres nations modernes
16 en Europe, et ce, depuis un certain temps ?
17 R. Oui.
18 Q. Cette assemblée de Serbes ou à Srb plutôt, je pense à son modus
19 operandi; est-ce qu'il y a eu -- de la part des participants, eu un
20 comportement nationale extrémiste, ou est-ce que vous pensez qu'il
21 s'agissait tout simplement d'une lutte pour obtenir leurs droits nationaux
22 essentiels ?
23 R. Vous m'avez posé deux questions. Cela ne représentait pas
24 -- ne constituait pas un comportement nationaliste extrémiste, mais plutôt
25 tel que cela a été vu par l'homme de la rue ou plutôt comme je l'interprète
26 également. En fait, il s'agissait de l'autre moitié du parlement de Croatie
27 parce qu'il y avait la moitié -- bon, ce n'était peut-être pas exact au
28 chiffre près, mais il y avait la moitié qui était en session à Zagreb, à ce
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1 moment-là, et il s'agissait de l'autre moitié qui était composée de Serbes.
2 Q. Qu'en est-il du Conseil national serbe ? Il s'agissait de l'organe
3 exécutif du Sabor croate, de l'assemblée croate, donc, est-ce qu'il a agi
4 conformément au paragraphe 4 de cette déclaration, à savoir, est-ce qu'il
5 organisait un plébiscite pour le peuple serbe en Croatie par le truchement
6 duquel toutes les questions pertinentes seraient posées à propos de leur
7 statut ?
8 R. Oui.
9 Q. Quand est-ce que cela a été fait et comment cela a été fait ?
10 R. Le Conseil national serbe a été élu par l'assemblée à Srb et il a été
11 constitué le 31 juillet 1991 lors de sa première séance, je pense qu'une
12 décision fût être prise afin que soit organisé un référendum. En fait, la
13 base juridique de ce référendum n'a pas été précisée. Il était juste
14 indiqué qu'un plébiscite ou un référendum pour le peuple serbe serait
15 organisé et jusqu'à, en fait, que ce soit établi la base juridique pour
16 organiser ce dit plébiscite. Lors de sa deuxième réunion, le Conseil
17 national serbe à Dvar Na Uni a adopté une décision, le 16 août, pour que ce
18 référendum qui avait annoncé ou ce plébiscite soit mené à bien conformément
19 à la constitution de la Croatie et la Yougoslavie conformément aux lois
20 pertinentes et que cela ne s'appellera pas un référendum mais cela serait
21 appelé une expression de points de vue conformément à la constitution
22 croate.
23 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire quand est-ce que le peuple serbe, en
24 Croatie, a exprimé son point de vue de cette façon ?
25 R. Du 17 août 1990 jusqu'au 2 septembre 1990.
26 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Excusez-moi. Je souhaiterais poser
27 une question et, lors de votre réponse précédente, Monsieur Babic, vous
28 avez parlé du 31 juillet 1991, mais je suppose qu'il s'agit de l'année
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1 1990, n'est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je voulais dire 1990. D'ailleurs pour les
3 autres réponses, pour l'autre réponse, je dirais que j'ai dit du 19 août
4 1990 jusqu'au 2 septembre 1990. Alors que sur l'écran, je vois que figure
5 une autre date, la date du 17 août.
6 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
7 Q. Donc, le plébiscite fût organisé et quelle a été la participation
8 électorale à ce plébiscite et quels ont été les points de vue exprimés par
9 la population ?
10 R. Alors, je dirais pour décrire la participation électorale qu'elle a été
11 de quasiment, 100 %, ce qui signifie qu'un très grand pourcentage de
12 personnes a exprimé sa voix. Le plébiscite -- ou plutôt cette expression de
13 vue a été organisée sur le territoire de la Croatie, en Yougoslavie et à
14 l'étranger. Ce qui signifie que les Serbes de Croatie qui ne vivaient même
15 pas en Croatie, à l'époque, ont voté également. Puis, il y avait des
16 interprétations parce que parfois d'aucuns se sont demandés si la
17 participation n'avait pas été supérieure à 100 %. Un grand nombre de Serbes
18 sont venus exprimer leurs points de vue et 99 % des personnes qui ont voté
19 dans le cadre de ce référendum se sont exprimées en faveur de l'autonomie.
20 Q. Donc, le peuple serbe, en Croatie, qui a participé à ce référendum,
21 est-ce que ce peuple serbe a exprimé son point de vue à propos de
22 l'autonomie en Croatie ?
23 R. Oui.
24 Q. Au mois de décembre 1990, le Conseil national serbe, à la présidence
25 provisoire des municipalités de Dalmatie et de Lika, ont-elles proclamé la
26 Région autonome de la Krajina serbe et ont adopté le statut de la Krajina ?
27 R. Oui.
28 Q. Cette Région autonome serbe de Krajina, d'après ce statut et la
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1 décision de proclamation, est-ce défini -- cette région autonome prend-elle
2 la forme d'une autonomie territoriale à l'intérieur de la République
3 croate ?
4 R. Oui.
5 Q. Peut-on dire que le Conseil national serbe est un organe exécutif de
6 l'assemblée serbe, organe provisoire et que les Serbes attendaient les
7 résultats du plébiscite et que, par conséquent, il set parvenu à une
8 décision sur la création de la Région autonome serbe de la Krajina comme
9 faisant partie intégrante de la République de Croatie; autrement dit,
10 jouissant d'une autonomie à l'intérieur de la Croatie ? Autrement dit, il
11 respectait la volonté politique du peuple serbe.
12 R. Le Conseil national serbe n'a fait que proclamer cette décision à
13 laquelle nous étions parvenus, c'est-à-dire que les assemblées des
14 municipalités, qui constituaient les municipalités de la Dalmatie du Nord
15 et de Lika, donc, elles ont ceci a été rebaptisées Région autonome serbe de
16 la Krajina. Ce n'est pas le Conseil national qui est parvenu à cette
17 décision. Ils ont simplement proclamé que les municipalités confirmaient ce
18 statut et que la Région autonome de la Krajina a été créée et faisait
19 partie intégrante de la République de Croatie.
20 Q. Très bien, Monsieur Babic. Je vous remercie pour votre réponse. Je
21 crois qu'il est tant de lever l'audience. Il est maintenant 13 heures 45.
22 Nous reprendrons cette audience lorsque les Juges de la Chambre nous le
23 dirons.
24 M. WHITING : [interprétation] C'est un problème secondaire, mais je
25 souhaite simplement soulever cette question. Je me demande si les Juges de
26 la Chambre pourraient dire au conseil de la Défense de ne pas toujours dire
27 au témoin : "C'est tout à fait exact," toutes les fois qu'il réponde.
28 Toutes les fois que le témoin répond, le conseil de la Défense dit : "Oui,
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1 c'est exact, Monsieur Babic." Si on peut simplement empêcher de le -- si on
2 peut l'empêcher de présenter un argument aussi subjectif.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien que ceci fasse, effectivement,
4 l'objet d'un argument, ceci se fait l'écho de l'enregistrement de la
5 procédure et ce n'est pas acceptable, Maître Milovancevic. C'est quelque
6 chose qui doit être découragée dans ce genre de prétoire. Je ne sais pas
7 pourquoi vous faites cela --
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Écoutez, j'accepte tout ce que vous
9 venez de me dire, mais, avec tout le respect que je vous dois, je vais vous
10 fournir une explication car le témoin m'a corrigé et ma question ne
11 correspondait pas exactement à sa réponse. Donc, j'ai confirmé ses dires et
12 je ne souhaitais pas, par conséquent, influencer le témoin d'une manière ou
13 d'une autre. Mais je tiendrai compte des instructions des Juges de la
14 Chambre, bien entendu.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Maître Milosevic.
16 L'audience est levée et nous reprendrons le 2 mars, à 14 heures 15, à la
17 salle d'audience numéro I, ce prétoire.
18 L'audience est levée.
19 --- L'audience est levée à 13 heures 49 et reprendra le jeudi 2 mars 2006,
20 à 14 heures 15.
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