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1 Le jeudi 4 septembre 2008
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 8 heures 30.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Cepic, y a-t-il une question
6 préliminaire que vous souhaitiez évoquer ?
7 M. CEPIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai simplement oublié
8 de demander l'admission de certains documents au dossier. J'ai déjà parlé
9 avec M. Groome et nous n'avons aucune objection à ce sujet. Il s'agit du
10 témoignage -- ou de la transcription du témoignage de VG-14 dans l'affaire
11 Vasiljevic et le feuillet de renseignements concernant certains témoins que
12 j'avais présentés à VG-13 au cours de son interrogatoire.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Nous n'avons qu'à admettre le
14 document.
15 M. CEPIC : [interprétation] Il y a la lettre P dans la transcription et il
16 y a une erreur à la ligne 9, VG-13 et pas 14. C'est ma prononciation de
17 l'anglais qui n'est pas parfaite.
18 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit du
19 feuillet contenant le pseudonyme qui sera le 1D371 et qui devient la pièce
20 à conviction 2D8, et le 1D1000-0049 [comme interprété] devient la pièce à
21 conviction 2D9, les deux déposés sous pli scellé.
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3 [Audience à huis clos partiel]
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24 [Audience publique]
25 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Que le témoin fasse la déclaration.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
28 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
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1 LE TÉMOIN: TÉMOIN VG-32 [Assermenté]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.
4 Vous pouvez commencer, Monsieur Groome.
5 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
6 Interrogatoire principal par M. Groome :
7 Q. [interprétation] VG-32, la Chambre a accordé certaines mesures de
8 protection concernant votre identité et votre déposition ici aujourd'hui de
9 sorte que je vous appellerai VG-32 pendant votre déposition.
10 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander
11 que nous allions en audience à huis clos partiel brièvement avant que je ne
12 montre au témoin le feuillet contenant son pseudonyme.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Audience à huis clos partiel.
14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
15 partiel.
16 [Audience à huis clos partiel]
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6 [Audience publique]
7 M. GROOME : [interprétation] Je voudrais demander à l'huissière de
8 présenter au témoin la feuille contenant le pseudonyme.
9 Q. VG-32, regardez le papier qu'on vient de vous remettre. Je voudrais
10 vous demander si c'est bien votre nom qui figure sur cette feuille ?
11 R. Oui.
12 Q. C'est bien votre date de naissance sur cette feuille ?
13 R. Oui.
14 Q. Je vais vous demander de bien vouloir signer ce feuillet, d'y apposer
15 votre signature.
16 R. [Le témoin s'exécute]
17 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, après que le document a
18 été montré au conseil de la Défense et aux membres de la Chambre, je
19 demande qu'il soit versé au dossier sous pli scellé comme élément de
20 preuve.
21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, le document est
22 admis sous la cote P64 et sous pli scellé.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
24 M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais je
25 n'ai pas entendu, je ne sais pas si on a attribué un numéro de pièce pour
26 le moment. C'est quelque chose qu'il faut que je sache avant de poursuivre.
27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ceci devient la pièce P64 sous pli
28 scellé.
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1 M. GROOME : [interprétation] Je vous remercie.
2 Q. VG-32, comme vous pouvez le voir au bas du feuillet, vous avez ici les
3 noms de deux autres personnes dont vous pourrez parler durant votre
4 déposition. Et je voudrais vous demander de les mentionner par leur nom.
5 Le témoin a une longue déposition à faire aujourd'hui, Monsieur le
6 Président. Peut-être que ça pourrait accélérer les choses si je peux poser
7 des questions au témoin concernant les tenants et les aboutissants de
8 certains renseignements - je ne pense pas qu'il y ait un problème en
9 l'espèce. Donc avec la permission de la Chambre, je voudrais demander de
10 pouvoir lui poser des questions concernant son passé et des renseignements
11 généraux concernant Visegrad.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Je vais l'autoriser, mais si
13 les équipes de la Défense pensent qu'une question que vous soulevez est
14 controversée, ils ont la possibilité de le porter à mon attention.
15 M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
16 Q. VG-32, pour accélérer les choses je vais résumer certains
17 renseignements que vous nous avez donnés lors de votre déposition dans le
18 passé et dans votre déclaration, et vous demander si ce que je résume est
19 exact.
20 En ce qui concerne votre scolarité et votre formation professionnelle, vous
21 êtes né en 1965 dans la région de Visegrad. Vous avez achevé votre
22 scolarité primaire à Visegrad et la scolarité secondaire à Sarajevo. A
23 Sarajevo, vous êtes allé en faculté de médecine. Bien que vous ne soyez pas
24 médecin, vous avez reçu une formation dans les professions de santé. Vous
25 êtes revenu à la ville de Visegrad où vous avez travaillé au centre
26 sanitaire. En 1988, vous êtes revenu pour faire une formation
27 complémentaire qui avait trait à un autre domaine de la santé.
28 Est-ce que tout ce que je viens de dire est exact ?
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1 R. Oui. Excusez-moi, Monsieur le Président. Mais au lieu de 1988 il
2 faudrait dire 1998, je crois.
3 Q. Bien. Avec cette correction, le reste des renseignements que j'ai
4 donnés sont exacts ?
5 R. Exact.
6 Q. Au printemps 1992, vous avez quitté Visegrad du côté du 10, 12 avril
7 1992, lorsque le conflit a éclaté à Visegrad. Il a d'abord éclaté à
8 l'extérieur de la ville de Visegrad, et rapidement il a gagné la ville
9 proprement dite. Vous n'avez pas voulu prendre part à ce conflit et vous
10 étiez opposé à toute violence, et par inquiétude pour votre femme et vos
11 jeunes enfants, vous avez décidé de quitter Visegrad et d'aller à Gorazde;
12 n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Au printemps 1992, vous étiez marié et vous aviez un
15 enfant ?
16 R. Oui. J'étais marié et nous avions une enfant, une fille.
17 Q. Quel était l'âge de votre fille à ce temps ?
18 R. Si on part du début du printemps, elle avait 20 mois. Si c'est à la fin
19 du printemps, elle avait 22 mois. Donc elle avait juste un peu moins de 2
20 ans.
21 Q. Est-il vrai que lorsque vous étiez à Gorazde, vous avez vu des rapports
22 dans les médias selon lesquels le Corps d'Uzice de l'armée populaire de
23 Yougoslavie était entré en ville et que la ville était ainsi sécurisée et
24 que les autorités avaient garanti la sécurité de tous ceux qui revenaient
25 en ville, indépendamment de leur origine ethnique ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que les médias ont été utilisés pour aviser les habitants de
28 Visegrad qui avaient quitté la ville qu'ils avaient des obligations de
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1 travail ?
2 R. Oui.
3 Q. Et vous avez compris que ça voulait dire quoi ?
4 R. Ce que moi, j'ai compris - en fait, c'est ce que j'ai fait d'ailleurs -
5 c'est que je devais retourner à la ville de Visegrad, et me présenter sur
6 mon lieu de travail, le centre sanitaire. Je me suis rendu compte qu'à
7 moins que je ne retourne à mon travail, je perdrais mon emploi. Je n'ai pas
8 cru que la guerre éclaterait de la façon dont ça s'est passé. Je croyais
9 qu'avec mon retour à Visegrad, la guerre prendrait fin.
10 Q. Vous nous avez dit que vous êtes retourné à Visegrad. Est-ce que vous
11 vous rappelez approximativement les dates de votre retour à Visegrad venant
12 de Gorazde ?
13 R. Je ne me rappelle pas de la date exacte. C'était en gros deux semaines
14 plus tard que je suis retourné à Visegrad. Donc du côté du 25 ou 26 avril.
15 Q. Lorsque vous êtes retourné à Visegrad, est-ce que le Corps d'Uzice
16 occupait encore la ville ?
17 R. Oui.
18 Q. Lors de votre retour vers Visegrad, est-ce que vous avez rencontré des
19 points de contrôle ?
20 R. Oui.
21 Q. D'autres témoins ont déposé au sujet de ces points de contrôle qui se
22 trouvaient là, mais il se peut qu'il ne soit pas nécessaire que vous
23 entriez dans beaucoup de détails concernant ces points de contrôle que vous
24 avez traversés. Je voudrais vous demander approximativement à combien de
25 points de contrôle vous avez été arrêté lorsque vous étiez en route vers
26 Visegrad ?
27 R. J'ai été arrêté à cinq points de contrôle. Le dernier point de contrôle
28 se trouvait à l'entrée même de Visegrad juste avant le pont sur la Drina.
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1 Si vous le voulez, je peux vous donner la liste des endroits où j'ai été
2 arrêté.
3 Q. Je ne pense pas que ce soit nécessaire pour le moment. Si ça devient
4 pertinent, je vous poserai des questions à ce sujet à ce moment-là. Est-il
5 vrai qu'après votre retour vous ne vous êtes pas senti en sécurité, parce
6 que vous avez appris que des personnes d'origine éthique musulmane devaient
7 se présenter au poste de police et que très souvent ceux qui s'y
8 présentaient ne revenaient pas. En plus en dehors du centre médical de
9 Visegrad où vous avez travaillé, vous avez vu un soldat tirer tout un
10 chargeur de son arme automatique en l'air ?
11 R. C'est exact.
12 Q. Est-ce que ces deux événements ont eu lieu pendant que le Corps d'Uzice
13 était encore en ville ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous connaissiez personnellement certaines de ces personnes
16 qui sont allées au poste de police et qu'on n'a pas revues ?
17 R. Oui, effectivement. J'en connaissais un certain nombre. J'avais été ami
18 de certains d'entre eux et pour d'autres je les connaissais, c'était des
19 connaissances.
20 Q. Est-ce que vous avez eu connaissance du fait que des maisons
21 appartenant à des Musulmans étaient incendiées pendant cette période ?
22 R. Oui.
23 Q. Pendant que le Corps d'Uzice était présent en ville, est-ce que vous
24 avez observé des groupes paramilitaires en ville ?
25 R. Oui.
26 Q. Pourriez-vous nous dire le nom ou les noms du groupe ou des groupes en
27 question, comment on les appelait ?
28 R. Les groupes qui étaient présents dans la ville de Visegrad avaient le
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1 nom générique et général de Aigles blancs, les Aigles blancs. C'est comme
2 ça que nous les désignions indépendamment de savoir exactement quel groupe
3 c'était. Je crois qu'il y avait également un groupe à Visegrad qui était
4 mentionné comme étant les hommes de Seselj et les hommes d'Arkan. J'ai
5 également eu envie de dire à un moment donné qu'il y avait un groupe appelé
6 Garavi Sokak. Il y avait plusieurs noms qui circulaient en ce qui
7 concernait ces groupes. Je parle de la période et des circonstances qui
8 existaient à ce moment-là.
9 Q. Est-ce que vous connaissez certains des lieux dans lesquels les
10 paramilitaires en question dormaient ou utilisaient comme quartier général
11 ?
12 R. L'un des lieux qui était bien connu et devant lequel je devais passer
13 tous les jours c'était l'hôtel de Visegrad qui se trouvait juste à côté du
14 pont Visegrad, du côté droit. Tous les matins je devais passer devant
15 l'hôtel pour me rendre à mon travail. Il y avait toujours un garde qui se
16 trouvait à l'extérieur de l'hôtel, parfois juste hors de l'hôtel, parfois
17 d'autres fois sur le trottoir, à quelque 10 mètres de l'hôtel. Je
18 connaissais l'un d'entre eux qui était du cru, d'autres ne m'étaient pas
19 connus.
20 Q. Cet hôtel Visegrad, le connaît-on également sous le nom de Nouvel hôtel
21 ?
22 R. Oui, c'est comme ça qu'on l'appelait.
23 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous avez été arrêté par des membres des
24 paramilitaires alors que le Corps d'Uzice était encore en ville ?
25 R. Oui.
26 Q. Pourriez-vous décrire quand ça eu lieu et exactement ce qui s'est
27 passé, donc cet événement ?
28 R. Je ne sais pas vraiment la date, je sais que le Corps d'Uzice était
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1 encore présent alors que je revenais du travail. J'ai été arrêté. Et je
2 voudrais remarquer que pendant un certain temps, la façon la plus sûre pour
3 aller au travail était de prendre ma voiture, parce qu'il ne me fallait
4 qu'un moment pour aller sur l'autre rive de la Drina où je travaillais, et
5 la même chose était vrai pour mon retour chez moi. Toutefois, un jour alors
6 que je revenais du travail, j'ai été arrêté par deux personnes, deux hommes
7 à l'extérieur de l'hôtel et je crois, ils m'ont traité de façon correcte.
8 Ils m'ont demandé de montrer mon identité, puis ils ont voulu que j'ouvre
9 le coffre de la voiture, puis également le capot pour voir le moteur. L'un
10 d'entre eux a pris mes papiers d'identité, est allé dans l'hôtel tandis que
11 les autres sont restés à l'extérieur avec moi.
12 Il est revenu quelques minutes plus tard, a dit à son
13 collègue : "Il est pas là." Il m'a rendu ma carte d'identité et à ce
14 moment-là j'ai été libre de repartir.
15 Q. Lorsqu'il a dit : "Il n'est pas là." Qu'est-ce que vous avez compris
16 que cela voulait dire ?
17 R. Selon ma propre logique, ça veut dire que s'il avait pris ma carte
18 d'identité en allant vers l'hôtel, il est probable qu'il avait une liste
19 dans l'hôtel et qu'il avait dû aller vérifier si mon nom y figurait. Et
20 quand il est revenu et qu'il a dit : "Il n'y est pas," "Il n'est pas là,"
21 il est probable qu'il n'a pas trouvé mon nom sur cette liste, sinon,
22 pourquoi aurait-il pris ma carte d'identité ?
23 Q. A partir de ce jour-là, est-ce que vous avez repris votre voiture ?
24 R. Non, à partir de ce jour-là je ne suis plus allé au travail en voiture.
25 Q. Connaissez-vous une personne du nom du Dr Safet Sahilovic ? Etait-ce un
26 de vos collègue au centre médical ?
27 R. Il faut apporter une correction, il s'agit de Safet Zejnilovic. Nous
28 étions de très bons amis.
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1 Q. Pourrais-je vous demander, s'il vous plaît, d'épeler son nom de façon à
2 ce qu'on ait cela de façon exacte au compte rendu ?
3 R. Safet Zejnilovic, Z-e-j-n-i-l-v-i-c.
4 Q. Savez-vous ce qui est arrivé au Dr Zejnilovic?
5 R. Oui, je sais très bien ce qui lui est arrivé.
6 Q. Veuillez nous expliquer, veuillez expliquer ça aux membres de la
7 Chambre.
8 R. Le Dr Zejnilovic se trouvait à Visegrad avant la guerre. Et avant que
9 le Corps d'Uzice ne vienne en ville, il était allé à Gorazde avec le chef
10 du centre médical en passant par Cajnice et Pljevlja. Il est allé à
11 l'endroit où il était né et il a poursuivi à l'autre centre, et il est
12 resté là-bas, il est allé jusqu'à Tera, il est resté jusqu'à ce que le
13 Corps d'Uzice soit venu en ville. Et à l'initiative de celui qui était le
14 commandant à ce moment-là, ou le chef de l'hôpital en tant de guerre, ils
15 ont réussi à convaincre sa femme médecin, qu'ils lui ont même fourni un
16 chauffeur pour aller chercher le Dr Safet et lui donner toute garantie
17 concernant sa sécurité, mais pour le convaincre, ses services étaient
18 nécessaires en ville.
19 Ils ont réussi à le convaincre à revenir en ville, et lorsqu'il est rentré
20 chez lui une heure ou deux plus tard, un groupe d'hommes armés s'est
21 présenté et l'ont emmené. Elle lui a dit qu'ils l'avaient brutalisée à
22 l'époque et, malheureusement, je dois dire que le corps du médecin a été
23 identifié au cimetière de Visoko. Ces restes ont été retrouvés.
24 Q. Et pour sa maison, qu'est-il arrivé ?
25 R. Environ deux jours après qu'on l'ait emmené, sa maison a été incendiée.
26 Q. Depuis combien de temps était-il retourné à Visegrad avant qu'il ait
27 été emmené par ces hommes qui l'ont finalement tué ?
28 R. D'après le récit de son épouse, c'était quelque trois ou quatre heures
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1 plus tard. Dans la même soirée que le jour où il était rentré, il était
2 arrivé.
3 Q. Jusqu'à maintenant vous avez décrit les événements qui se sont produits
4 tandis le Corps d'Uzice de l'Armée de la république yougoslave se trouvait
5 à Visegrad, qui était là ostensiblement pour protéger et assurer la
6 sécurité de tous les citoyens yougoslaves indépendamment de leur origine
7 ethnique. Est-ce que vous vous rappelez ce qui s'est passé lorsque le Corps
8 d'Uzice est parti ?
9 R. Quand le Corps d'Uzice est parti, j'ai été réveillé un matin par des
10 fusillades très violentes en ville. Ces coups de feu pouvaient être
11 entendus de partout et provenaient d'armes de poing. Et alors que j'étais
12 en route pour me rendre à mon travail sortant d'une rue pour aller sur la
13 rue principale, j'ai vu une grande colonne de véhicules militaires, ce qui
14 voulait dire pour moi que le Corps d'Uzice quittait la ville de Visegrad.
15 Je suis retourné chez moi, j'ai informé ma famille de ce qui se passait. Et
16 à mon insistance et à l'insistance de ma mère, ils ont quitté la ville de
17 Visegrad le même jour que celui où le Corps d'Uzice est parti. Ils ont pris
18 un car à 10 heures du matin en direction d'Uzice.
19 Q. Est-ce que votre fille est partie avec votre femme et est-ce que votre
20 fille a voyagé avec votre femme pour quitter Visegrad ?
21 R. Oui.
22 Q. Quand vous avez quitté Visegrad et le Corps d'Uzice a quitté Visegrad,
23 est-ce que les groupes paramilitaires sont partis également ?
24 R. Malheureusement, bien que nous ayons pensé que les paramilitaires
25 quittaient la ville aussi, ce jour-là au centre médical, puisque le
26 commandement de guerre était parti, le nouvel administrateur est resté au
27 centre et il a tenu une réunion en nous réunissant tous pour nous dire que
28 nous n'avions pas à craindre pour notre sécurité, que la Défense
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1 territoriale était là pour la ville de Visegrad, et que le Corps d'Uzice
2 reviendrait si c'était nécessaire. Je crois, en fait, qu'il essayait de
3 nous apaiser, d'apaiser nos craintes. Et qui plus est, on nous avait dit
4 que les paramilitaires avaient quitté la ville aussi, chose qui n'était pas
5 vraie.
6 Q. Une fois que le Corps d'Uzice a quitté la ville, y a-t-il eu un autre
7 incident entre vous-même et un groupe d'hommes armés à Visegrad ?
8 R. Je dirais plutôt, enfin, je ne sais pas à quel incident vous faites
9 référence. Est-ce l'incident qui est survenu dans mon appartement ?
10 Q. Oui, justement. Pouvez-vous nous parler de l'incident qui s'est déroulé
11 dans votre appartement ?
12 R. J'avais pensé que vous parliez d'autre chose.
13 Mais si, il y a eu un incident de survenu dans mon appartement. Etant donné
14 que je ne me sentais pas très en sécurité chez moi, je passais la plupart
15 de mon temps dans la maison de mon beau-père, et un jour la propriétaire de
16 la maison où j'habitais m'a fait savoir que des inconnus étaient entrés
17 dans mon appartement, ils avaient enfoncé la porte. Elle ne savait pas
18 s'ils avaient pris quelque chose, mais la porte était enfoncée et ouverte,
19 et ce serait une bonne chose pour moi de venir pour fermer la porte et
20 changer la serrure. Je l'ai fait.
21 J'ai pris des chemins détournés pour arriver chez moi. A l'instant où
22 j'étais en train de réparer la serrure de la porte, il est arrivé un
23 véhicule devant la porte. Deux soldats en sont sortis, deux soldats en
24 arme. Ils ont demandé, "Où est la clé de la Mercedes qui se trouvait dans
25 le garage ?" Je lui ai dit que je ne savais pas, que je ne faisais
26 qu'habité là. A moins qu'il n'aille à l'étage pour demander. Alors la
27 propriétaire de la maison est venue et sa belle-fille avec. Elles ont dit
28 qu'elles n'avaient pas les clés, que le jour d'avant leur fils, le
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1 propriétaire de la Mercedes avait essayé de quitter la ville de Visegrad et
2 qu'il se trouvait dans la localité de Dragobilje et l'autocar au bord
3 duquel il se trouvait a été arrêté là-bas, lui et d'autres hommes ont été
4 descendus du car et qu'elle n'avait pas les clés.
5 Ils sont repartis. Ils ont écrit quelque chose sur un bout de papier et ils
6 ont mis cela sur la porte du garage. Ils ont mis "réservé," et signature
7 Buco. Au bout de dix à 15 minutes, ils sont venus avec un électricien et
8 mécanicien de la ville pour essayer d'ouvrir la Mercedes par la force et la
9 mettre en marche. Ça n'a pas été une tâche facile, ça a pris quand même
10 quelques minutes. Moi, j'ai continué à être là. Je n'ai pas quitté les
11 lieux. Or l'épouse de ce jeune homme qui était le propriétaire de la maison
12 a demandé, "Qu'est-il advenu de ces gens qui étaient à bord de l'autocar ?"
13 Et l'autre lui a dit à la lettre : "Madame, je ne sais pas si vous aviez
14 quelqu'un des vôtres dans ce car, mais si oui, je dois vous exprimer mes
15 condoléances, ces hommes ne sont pas en vie." La femme, bien sûr elle s'est
16 mise à pleurer. Et vous voyez, enfin, vous pensez bien qu'à ce moment-là
17 elle était en état de choc. Et l'autre m'a dit, "Est-ce que tu peux venir
18 avec moi ?" Il m'a fait entrer dans mon appartement, on s'est assis à la
19 table de la salle à manger et il m'a demandé, "Est-ce que tu veux racheter
20 ta tête ?" Alors j'ai dit, "Comment voulez-vous que je rachète ma tête ?"
21 Il m'a dit, "Ne fais pas l'idiot, tu sais très bien de quoi je parle.
22 Donne-nous l'argent, l'or, les devises que tu as, sinon, je te remettrai
23 entre les mains des gens d'Obrenovac et là tu es fichu." Alors j'ai dit,
24 "Non mais pas du tout, vous n'y êtes pas, enfin.
25 J'avais un peu d'argent, je leur ai donné 50 marks à peu près et mon
26 alliance en or. Il a dit, "Bon." Il avait l'air satisfait. On est sorti. On
27 est ressorti devant la maison, devant l'immeuble.
28 Q. Peut-être pourrais-je vous poser une question concrète. Quand on vous a
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1 dit, "Vous serez remis aux gars d'Obrenovac," vous avez montré de votre
2 index droit un trait traversant votre gorge. Est-ce que c'est ce que l'on
3 voulait dire, vous passez le doigt, que voulait dire vous passer le doigt
4 par le cou ?
5 R. Quand on vous dit, "Tu es fichu," ça veut dire qu'on sera tué. C'était
6 simple. C'est la façon dont j'ai interprété la chose.
7 Ça ne veut pas dire que je serai forcément égorgé quand je fais ce signe
8 par-dessus mon cou. Ça veut dire, tu es fichu, à savoir cela signifie, tu
9 seras tué.
10 Q. Avez-vous eu l'occasion de voir une Passat rouge cerise qui a été
11 facilement reconnaissable dans la ville de Visegrad ?
12 R. Si, je connaissais. Je connaissais le véhicule. Je rectifie un peu la
13 couleur, c'était rouge foncé, cerise mûre.
14 Q. Saviez-vous qui était le propriétaire de cette voiture ?
15 R. C'était Behija Zukic qui était propriétaire de ce véhicule ainsi que
16 son époux Dzemo. Ils étaient propriétaires d'une épicerie non loin de chez
17 moi. J'allais souvent chez eux, j'achetais souvent chez eux, et même le
18 jour où Dzemo a emmené cette voiture, j'étais là alors je l'en ai félicité.
19 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous avez appris que Behija Zukic a été
20 tuée ?
21 R. Oui, je l'ai appris au centre médical. On m'a dit que Behija Zukic
22 était dans la morgue et qu'on avait emmené sa dépouille dans la morgue. On
23 m'a aussi dit que l'homme qui se trouvait à la morgue et qui a vu tout cela
24 a dit qu'elle était massacrée et qu'une partie de sa tête manquait.
25 Q. Le jour où vous avez appris qu'on l'avait apportée à la morgue, vous
26 trouviez-vous au centre médical ?
27 R. Oui.
28 Q. Avez-vous vu ce véhicule le jour où elle a été tuée ?
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1 R. Je ne peux pas affirmer que ça s'est passé le même jour ou le jour
2 d'après, ça non. Mais je suis sûr d'avoir vu le véhicule.
3 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire les circonstances dans lesquelles
4 vous avez vu cette voiture ?
5 R. Les circonstances dans lesquelles j'ai vu la voiture. Ça s'est passé à
6 10 heures. D'habitude, c'est le petit déjeuner entre neuf heures demie et
7 10 heures au centre médical. Nous étions au petit déjeuner. Et le petit
8 déjeuner on le prenait dans le bâtiment administratif du centre médical. Au
9 début j'avais coutume de retrouver là quelques amis, parce qu'on avait
10 encore dix à 15 minutes de temps libre et on s'asseyait dans l'un des
11 bureaux, c'était le bureau du secrétaire du centre médical. Depuis ce
12 bureau-là on peut bien voir l'entrée de l'aide d'urgence et on peut bien
13 voir également le parking entier du centre médical.
14 A un moment donné, cette Passat dont on a parlé tout à l'heure est
15 arrivée, alors quand vous connaissez la personne qui était le propriétaire
16 de la Passat, vous savez qu'elle a été tuée et qu'on avait emmené sa
17 dépouille dans la morgue de ce centre médical, alors ça vous rend tout
18 chose, parce que vous vous demandez d'où vient la voiture et qui est au
19 volant de la voiture maintenant.
20 Q. Avez-vous vu qui est-ce qui conduisait la voiture ?
21 R. C'était un soldat en uniforme de camouflage qui portait des baskets à
22 ses pieds. D'après ce que j'ai eu l'occasion de savoir, puisque c'était
23 quelqu'un que j'avais vu plusieurs fois auparavant, il s'agissait de Milan
24 Lukic.
25 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous auriez compris qu'il n'était plus sûr
26 pour vous de rester dans votre appartement et est-ce la raison pour
27 laquelle vous êtes parti ?
28 R. Oui, j'ai compris que ce n'était pas sûr du tout de rester chez moi, et
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1 j'ai décidé de déménager vers la maison de mon épouse, ou plutôt chez son
2 père, mon beau-père.
3 Q. Une fois que vous êtes parti là-bas, avez-vous continué d'aller au
4 travail ?
5 R. Oui, j'ai continué à aller au travail. Ma motivation pour ce départ,
6 c'est parce que pour aller de chez moi jusqu'au travail, il fallait que je
7 traverse toute la ville, que je passe par la rue principale. Et depuis chez
8 mon beau-père, je n'avais qu'une toute petite partie de chemin à parcourir,
9 il suffisait de passer le pont et j'étais tout de suite très près de mon
10 travail, donc de Bikavac j'avais juste un petit pont traverser et j'étais
11 là.
12 Q. Avez-vous compris que vous n'étiez plus en sécurité et c'était la
13 raison pour laquelle vous avez décidé de vous en aller ?
14 R. Oui.
15 Q. Comment avez-vous compris que ce n'était plus sûr pour vous d'aller et
16 de revenir du travail ?
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1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 Alors, continuez. L'homme qui vous a parlé était de quel groupe ethnique ?
5 R. Il était du groupe ethnique serbe, et comme on se connaissait bien, je
6 viens de vous le dire, on jouait au billard ensemble souvent. Et il m'a
7 dit, "Qu'est-ce que tu fais,
8 malheureux ?" Alors je lui disais que je rentrais du travail chez moi. Il
9 m'a dit, "Tu n'es pas normal, si tu es pris tu est mort." Alors je lui ai
10 dit, "Mais que veux-tu que je fasse ?" Il m'a dit, "Abrite-toi, cache-toi
11 où tu peux." "Où veux-tu que je me cache ?" Il m'a dit, "Je ne peux pas
12 t'aider, cache-toi où tu peux." A ce moment-là, croyez-moi, je n'étais plus
13 en mesure de marcher jusqu'à chez moi. Je lui ai dit : "Mais écoute mon
14 ami, comment veux-tu que je rentre chez moi ?" Il m'a dit, "Si tu veux, je
15 vais te raccompagner. A eux deux ils m'ont raccompagné jusqu'à pas loin,
16 jusqu'à peu près 100 mètres de chez moi, pas de chez moi, de la maison où
17 j'avais déménagé."
18 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous avez essayé de quitter Visegrad ?
19 R. Oui, j'ai essayé deux fois. Une fois j'ai essayé de m'en aller, et la
20 deuxième fois que j'ai essayé c'était dans des circonstances tout à fait
21 autres. Mais si vous pensez à ma toute première tentative de partir, je
22 vais vous le dire. J'ai décidé --
23 Q. Est-ce que je puis attirer votre attention sur ce qui
24 suit ? Est-ce qu'à un moment donné vous avez essayé de partir et est-ce
25 qu'on vous a ramené au poste de contrôle une fois que vous avez essayé de
26 quitter le quartier ? Pourquoi vous a-t-on ramené au poste de contrôle ?
27 R. Excusez-moi, mais j'avais commencé justement à parler de ça. J'ai
28 essayé de tenter le tout pour le tout et de partir après cet avertissement
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1 du jeune homme, et la seule façon c'était de monter à bord d'un autocar et
2 de risquer le tout pour le tout, et d'aller à Uzice.
3 Je suis allé à la gare routière et je me suis mis à bord d'un autocar et
4 tout s'est bien passé jusqu'à Dobrun, un poste de contrôle là-bas. Ils ont
5 demandé les cartes d'identité, ils ont demandé les autorisations de quitter
6 la ville. Etant donné que je n'avais pas d'autorisation pour ce qui était
7 de quitter la ville, ils m'ont dit que je ne pouvais pas aller plus loin et
8 qu'il fallait que je rentre, que je rebrousse mon chemin. Ils m'ont fait
9 sortir tout simplement de l'autocar et ils m'ont dit de rentrer. J'étais à
10 26 kilomètres. La seule façon de rentrer pour moi était d'aller à pied. Au
11 bout de 500 mètres, 1 kilomètre peut-être, une voiture est arrivée, j'ai
12 levé la main, la voiture s'est arrêtée et une dame très aimable était au
13 volant de la voiture. C'est elle qui m'a transporté jusqu'à Visegrad, et je
14 lui en suis très reconnaissant.
15 Q. A ce poste de contrôle, vous a-t-on dit où est-ce qu'il faudrait aller
16 pour obtenir une autorisation de quitter la ville ?
17 R. Oui. Ils m'ont dit, "Tu n'as pas d'autorisation pour quitter la ville."
18 J'ai dit, "Non, je n'en ai pas. Où est-ce que je vais me procurer cela ?"
19 Ils m'ont dit, "Au poste de police. Vous devez disposer d'une autorisation
20 émise par la police. On ne peut pas vous laisser partir." Ils ont été tout
21 à fait corrects au poste de contrôle. Ils ont dit que c'était la règle et
22 que malheureusement il fallait que je rebrousse chemin.
23 Q. Est-ce que vous êtes allé à ce poste de police de Visegrad pour essayer
24 d'obtenir cette autorisation de quitter la ville ?
25 R. Etant donné que cette dame qui m'avait ramené à la ville habitait à
26 côté de ma maison et que cet appartement se trouvait non loin du poste de
27 police, à quelques centaines de mètres, je m'étais dit, puisque je suis là,
28 je vais essayer de l'obtenir. Donc je suis allé au poste de police. Devant
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1 le poste de police, il y avait pas mal de gens. Pour l'essentiel c'étaient
2 des femmes et des enfants, et il était presque impossible de se frayer un
3 passage jusqu'à l'entrée. Tous étaient là devant à attendre. Alors je me
4 suis mis à attendre aussi. Croyez-moi bien que je ne savais pas trop ce que
5 j'attendais, et à ce moment-là, un employé du poste de police, un très bon
6 ami à moi du reste, est arrivé et m'a demandé, "Mais qu'est-ce que tu fais
7 là ?" Je lui ai dit que j'étais venu obtenir cette autorisation pour
8 quitter la ville. Alors il m'a dit, "Allez, viens." Il m'a fait entrer au
9 poste de police. Je suis peut-être resté une demi-heure dedans. Il a
10 arrangé les choses pour moi, et il a dû aller voir le chef du poste pour
11 que celui-ci signe. Et j'ai obtenu une attestation autorisant mon départ de
12 la ville émise par ces autorités de police officielles. Je suis donc sorti.
13 C'est lui qui m'a fait sortir. Il m'a dit, "Bonne chance," et je suis sorti
14 du bâtiment du poste de police.
15 Q. J'aimerais maintenant attirer votre attention sur la date du 7 juin
16 1992. C'est la date qui est contenue dans l'acte d'accusation dressé à
17 l'encontre des accusés ici présents. Vous souvenez-vous de cette date ?
18 R. Oui, je me souviens très bien de cette journée.
19 Q. Est-ce que je peux vous prier de nous décrire ce qui s'est passé dans
20 l'après-midi de cette journée-là ?
21 R. J'ai dit que la dernière semaine, j'étais en train de me cacher. Je
22 n'allais plus au travail, je me cachais dans la maison de mon beau-père. Il
23 y avait un ami à moi à côté de moi. Nous nous cachions dans la cave de la
24 maison de mon beau-père. C'était une petite cave plutôt sombre, et dans une
25 partie de la cave il y avait une vieille armoire où l'on gardait des
26 affaires, je ne sais trop quoi. Et c'est derrière cette armoire que nous
27 nous cachions. Il entrait d'abord puisqu'il était un peu plus costaud que
28 moi, puis j'y allais aussi.
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1 Le 7 juin, je ne peux pas vous dire l'heure, c'était dans l'après-
2 midi, j'ai entendu arriver une voiture devant cette maison, et nous sommes
3 entrés dans la cave. Etant donné que depuis la cave on peut voir le
4 carrefour derrière la maison, il y avait un chemin qui allait tout droit,
5 un autre à gauche et un autre à droite. C'était un carrefour de quatre
6 chemins. La voiture a ralenti et a continué tout droit dans la direction de
7 Ban Polje. Et j'ai pu remarquer que c'était ma voiture à moi.
8 On n'osait pas sortir, on ne savait pas non plus combien de temps ces gens-
9 là allaient rester là. Je ne sais pas combien nous avons attendu jusqu'à ce
10 que le véhicule revienne. Et le véhicule a fini par revenir, mais le moteur
11 était éteint. Puisque c'était une descente, il avait éteint le moteur et il
12 a roulé en roues libres, le moteur éteint.
13 Cet homme est sorti de la voiture, et une vieille femme passait juste à ce
14 moment-là. Je dois vous dire que dans la région il y avait pas mal de
15 réfugiés venus des villages environnants, donc des environs de la ville de
16 Visegrad, et ils étaient venus s'abriter là. C'était une femme assez âgée.
17 On lui a posé des questions à mon sujet. Elle a dit, "Je ne sais pas." Et
18 l'autre a dit, "Mais il doit forcément être par ici." Puis il s'est remis
19 au volant de la voiture et ils sont repartis à bord de la voiture.
20 Quand je sortais de la cave, je pouvais voir le reste de la rue dans la
21 direction de l'hôtel Visegrad, et au travers d'un rideau, j'ai observé pour
22 voir où la voiture était partie. La voiture s'est arrêtée à la maison
23 suivante, à 50 ou 100 mètres de là. Ils sont ressortis et ils ont frappé
24 contre la porte du garage, puis ils sont remontés à bord de la voiture et
25 ils sont partis.
26 Q. Monsieur, à qui appartenait la voiture.
27 R. Je viens de vous dire que c'était ma voiture à moi.
28 Q. Dites-nous ce qui s'est passé après, une fois que ces hommes sont
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1 partis.
2 R. Quand j'ai vu la voiture s'éloigner, je me suis assis sur un petit banc
3 qui était devant et j'ai allumé une cigarette. Mon ami était encore dans la
4 cave. Il n'était pas sorti. Il s'est passé peut-être quelques minutes entre
5 l'un et l'autre.
6 Il y avait mon beau-père aussi, et je lui ai demandé, "Ils sont
7 partis ?" Il m'a dit, "Ils sont partis." Et on s'est dirigés vers un
8 bâtiment auxiliaire, une étable. Il s'est dirigé, lui, vers cette étable,
9 et comme moi j'étais assis sur le chemin vers ce bâtiment, j'ai pu le voir
10 et il avait les mains dans le dos. Et il m'a fait un petit signe de la main
11 dans le dos pour que je m'abrite, et j'ai dû m'abriter. Parce que je n'ai
12 pas vu, moi, qui il avait vu, lui. Pour entrer dans la cave, il fallait que
13 je passe par cet espace à découvert, et quand j'ai essayé de traverser
14 jusqu'à la cave, j'ai vu que depuis Mejdan, il y avait quatre hommes qui
15 venaient, déployés, marchant l'un à côté de l'autre, à une certaine
16 distance l'un de l'autre. Il y avait peut-être 2 ou 3 mètres d'écart entre
17 chaque homme. Et j'ai compris qu'on m'avait vu. J'ai donc décidé de ne pas
18 aller jusqu'à la cave en me disant, s'ils m'ont vu, moi, ils ne vont
19 probablement pas trouver mon ami dans la cave - puisque je lui avais fait
20 signe de se cacher. Je ne sais pas quelles sont les raisons pour lesquelles
21 il était sorti aussi devant.
22 Q. Monsieur VG-32, j'aimerais que vous arrêtiez afin que nous passions à
23 huis clos partiel pour quelques instants.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
26 partiel.
27 [Audience à huis clos partiel]
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17 [Audience publique]
18 M. GROOME : [interprétation]
19 Q. Monsieur VG-32, vous venez de nous décrire ce qui s'est passé lorsque
20 votre ami est sorti de la cave. Est-ce que vous pouvez continuer de nous
21 dire ce qui s'est passé par la suite ?
22 R. J'ai dit que j'ai vu ces quatre hommes approcher. L'une de ces
23 personnes est passée à côté de nous, est entrée dans la cave, non pas dans
24 la cave où nous nous cachions nous-mêmes, mais dans les sous-sols de la
25 maison. Il y avait un appartement au rez-de-jardin et une personne s'est
26 approchée à côté de nous. Le troisième homme s'est arrêté à 5 ou 6 mètres
27 de nous, donc cet homme ne s'est pas approché du tout. Et l'homme que j'ai
28 mentionné aujourd'hui et que j'avais vu devant le centre médical est
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1 également passé à côté de nous pour aller à l'étage de la maison.
2 Je ne sais pas exactement combien de temps il a bien pu se passer, quelques
3 minutes peut-être. Ils sont revenus. Celui qui était parti à la cave est
4 revenu, celui de l'étage est descendu, et donc nous étions là devant la
5 maison. Et j'ai dit que cette personne que j'ai mentionnée aujourd'hui,
6 Milan Lukic, était parti à l'étage. Une fois revenu - et il était évident
7 que c'est lui qu'ils attendaient les autres - une fois qu'il est
8 redescendu, il a demandé nos cartes d'identité. On les lui a données. Dans
9 ma carte d'identité il y avait mon autorisation de quitter la ville. Il a
10 regardé cela et il m'a demandé, "Pourquoi tu te caches ?" Je lui ai dit que
11 je ne me cachais pas puisque j'étais là. "Tu m'as trouvé ici, donc je ne me
12 cache pas."
13 Il a regardé mon attestation ou autorisation de quitter la ville et il l'a
14 déchirée. Il a mis un bout entre ses dents et il a tiré sur le bout de
15 papier et l'a déchiré.
16 Q. Au moment où vous avez eu cette conversation avec cette personne que
17 vous avez identifiée comme étant Milan Lukic, est-ce que vous étiez en face
18 de lui ?
19 R. Oui, nous étions face-à-face.
20 Q. Je sais que vous avez dit que ceci s'est passé dans l'après-midi, mais
21 pourriez-vous nous dire comment était la lumière cet après-midi-là ? Est-ce
22 qu'il y avait suffisamment de lumière pour vous permettre de voir son
23 visage ?
24 R. Oui. Non, ce n'était pas tard dans l'après-midi, c'était tôt. C'était
25 avant 17 heures, pour le moins, et c'était l'été et c'était au grand jour.
26 Q. Pourriez-vous nous décrire son apparence physique, que portait-il et à
27 quoi ressemblait son visage ?
28 R. Il portait un uniforme de camouflage, mais ce n'était pas l'uniforme
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1 dans lequel je l'avais vu quelques jours auparavant. Cette fois-ci il
2 portait l'uniforme de camouflage communément porté par la police, qui est
3 un uniforme de camouflage bleu et violet. Il portait un béret sur la tête
4 qui arborait l'aigle bicéphale, et il avait également l'aigle bicéphale sur
5 les manches de ses deux bras et sur une de ses manches il y avait marqué
6 "Police." Son visage avait été peint, comme on peut le voir dans les films
7 à la télévision.
8 Q. Vous venez de nous décrire ceci, vous dites que pendant que vous nous
9 faisiez cette description, vous étiez en train de vous frotter les mains
10 l'une contre l'autre sur votre joue et du côté du nez et en direction des
11 oreilles. Etait-ce cette partie-là de son visage qui était peinte ?
12 R. Oui. Des deux joues.
13 Q. Vous vous souvenez de quoi d'autre le concernant ?
14 R. Je me souviens qu'il portait des chaussures de tennis. Etant donné que
15 je travaillais au centre médical, c'est une question que vous m'avez déjà
16 posée, vous m'avez demandé ce qui m'avait frappé. Bien, ce qui m'avait
17 frappé à l'époque c'était un petit bandage qu'il avait au bras, ou plutôt,
18 c'était de la gaze recouverte d'un bandage et c'est quelque chose que
19 j'avais remarqué à l'époque.
20 Q. Lorsque vous avez parlé de la gaze, vous avez indiqué le coude droit de
21 votre propre bras. Etait-ce à cet endroit-là qu'il y avait cela ?
22 R. Oui. C'était à cet endroit-là qu'il y avait ce pansement.
23 Q. Vous avez une formation médicale. Dans quel cas est-ce que quelqu'un
24 aurait de la gaze comme cela avec un bandage par-dessus ? Ce serait un
25 signe de quoi, d'après vous ?
26 R. C'est quelque chose que j'ai dit plus tôt. Lorsque j'ai vu le bandage
27 pour la première fois, je pensais que la personne prenait peut-être des
28 drogues. En général, on porte ce genre de bandage si on a reçu une piqûre
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1 de quelque chose ou si on reçoit une perfusion, intraveineuse, par exemple,
2 ou quelque chose comme ça. C'est en général ce genre de bandage que l'on
3 porte dans ce cas-là.
4 Q. Aviez-vous l'impression qu'il était intoxiqué ou aviez-vous
5 l'impression que son état d'esprit était quelque peu modifié à ce moment-là
6 ?
7 R. Non. Non, je n'étais pas en mesure de remarquer cela. Je n'avais pas
8 l'impression qu'il était sous l'influence de drogues.
9 Q. Au moment où il a eu cette conversation avec vous, est-ce qu'il vous
10 regardait ?
11 R. Nous nous regardions, nous étions proches. Je me souviens encore de cet
12 incident-là aujourd'hui et je vois très bien ce visage devant moi. Je ne
13 pense pas qu'il y ait quelqu'un au monde qui a passé autant de temps avec
14 quelqu'un qui souhaite le tuer sans se souvenir des contours du visage et
15 de ce visage. C'est quelque chose qu'on ne peut jamais oublier.
16 Q. Vous souvenez-vous si oui ou non il portait une arme ?
17 R. Oui, il portait une arme. Laissez-moi vous dire que tous les soldats
18 qui sont venus ce jour-là étaient armés de fusils automatiques, quoique
19 Milan avait un fusil à lunette avec un silencieux.
20 Q. Que s'est-il passé après cette conversation qu'il a eue avec vous ?
21 R. Après cette conversation, il a dit que nous devions le suivre. Nous
22 nous sommes mis en route, nous avons commencé à gravir la colline en
23 direction de Grad qui est une colline aussi. J'ai parlé du croisement, nous
24 avons tourné à droite au niveau du croisement, en direction de Grad. Il est
25 parti en premier, je l'ai suivi, ensuite mon ami m'a suivi. Il y avait un
26 autre homme derrière lui qui portait un fusil.
27 Q. Qu'est-il arrivé ensuite ?
28 R. Environ 200 mètres, en ville nous nous sommes arrêtés sur la route. Il
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1 nous a signalé que nous devions nous arrêter. Il a ouvert une grille, est
2 entré dans une cour et est entré dans la maison, a fouillé le rez-de-
3 chaussée, il est sorti en disant, "Continuons, poursuivons."
4 Laissez-moi vous dire simplement que les autres soldats qui se trouvaient
5 là n'étaient pas plus de huit ou dix, d'après moi. Donc il n'y en avait que
6 huit et dix et les autres soldats sont restés pour fouiller les maisons.
7 Nous nous sommes dirigés vers Megdan, nous avons traversé un champ qui se
8 trouvait à droite de la maison devant laquelle nous nous étions arrêtés.
9 Comme nous marchions dans le champ, quelque part à mi-chemin, je souhaite
10 vous dire qu'entre la colline de Grad et Milavici, il y avait un poste de
11 contrôle de la Défense territoriale. Et c'est précisément le chemin qu'ils
12 empruntaient tous les jours pour parvenir au poste de contrôle, ils
13 passaient devant cette maison. Donc c'était l'armée serbe officielle, ou la
14 Défense territoriale régulière de Visegrad. Et ils passaient régulièrement
15 devant cet endroit-là.
16 On entendait les coups de feu, cela ne signifie pas pour autant
17 qu'ils nous tiraient dessus, mais on nous a dit de nous arrêter à nouveau,
18 et ils ont crié à notre intention, "Arrêtez de nous tirer dessus." Ensuite
19 nous avons poursuivi notre marche. Nous nous sommes arrêtés 500 mètres plus
20 loin, devant une maison. On nous a dit de nous arrêter, c'est lui qui est
21 entré, il est entré dans la maison, il a fouillé toutes les pièces, en haut
22 également, et en sortant il nous a dit que nous devions entrer dans cette
23 maison.
24 Q. Témoin VG-32, lorsque vous parlez de "il," qui voulez-vous dire ?
25 R. Je vais référence à Milan.
26 Q. Veuillez poursuivre.
27 R. Il nous a dit d'entrer dans la maison. Je me souviens bien que la
28 maison avait un grand vestibule à partir duquel un escalier montait à
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1 l'étage, et à partir de ce vestibule on entrait dans un salon qui était
2 très grand. Il y avait un homme âgé dans la maison dont je ne me rappelle
3 pas le nom. Soit il était là dans la maison, soit c'était le propriétaire
4 de la maison.
5 Milan est parti, a laissé un soldat devant la maison. C'était le même
6 soldat qui nous avait escortés tout le long du chemin jusqu'à cette maison.
7 Q. Est-ce que vous dites que Milan est parti, est-ce qu'à aucun moment il
8 est revenu à cet endroit-là ?
9 R. Lorsque nous nous trouvions dans le vestibule, je me suis assis sur les
10 marches qui menaient à l'étage. Si cela intéresse quelqu'un de savoir
11 comment je me sentais, je me sentais un petit peu chose, c'est lorsque
12 quelqu'un vous dit que vous avez une maladie incurable. Vous vous sentez
13 peu en forme. Et moi, je pensais à cela et je me disais, mais mon Dieu,
14 qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que j'ai mal agi dans ma vie pour mériter
15 cela ? Je n'avais jamais fait quelque chose qui aurait fait que quelqu'un
16 aurait pu m'en vouloir ou quelque chose comme ça.
17 Q. Qu'est-il arrivé ensuite ?
18 R. Le soldat qui se trouvait dans l'entrebâillement de la porte était, je
19 dois dire, très courtois. Il a même échangé quelques paroles avec mon ami
20 alors que nous étions en présence de cet homme âgé, et il lui a demandé
21 s'il avait des enfants. Il a répondu par l'affirmative, en disant que oui,
22 il avait deux fils, deux enfants. Alors, il lui a dit, "Pourquoi avez-vous
23 attendu si longtemps, pourquoi ne vous êtes pas caché quelque part,
24 pourquoi ne vous êtes-vous pas mis en sécurité quelque part ?" Il a
25 répondu, "Je ne sais pas. Est-ce que je peux parler à Branimir Savovic ? Et
26 il a dit, "Je ne sais pas. Je ne peux rien vous dire avant d'avoir demandé
27 à Milan."
28 Q. Qui était Branimir Savic ?
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1 R. Branimir Savovic était un ami très proche de mon ami, ils se voyaient.
2 A l'époque, il occupait un certain poste, il avait été le président du SDS,
3 et à l'époque, c'était le président de la présidence de Guerre de la
4 municipalité de Visegrad, ils étaient très proches.
5 Q. Est-ce qu'à moment donné, ce soldat a transmis le message de votre ami
6 à Milan Lukic ?
7 R. Oui, mais un peu plus tard. Si vous le permettez, lorsque j'arriverai à
8 ce moment-là, je raconterai l'histoire.
9 Après un certain temps, je ne sais pas combien de temps s'était écoulé, je
10 vous ai dit que le temps ne voulait plus rien dire pour moi à ce moment-là,
11 et c'était une des choses qui me préoccupait le moins, essayer de tenir
12 compte du temps qui passait ou de l'heure.
13 A un moment donné, Hasan Mutapcic est entré dans la maison, accompagné de
14 son fils qui était un garçon de 13 ans, je crois, et il portait un short
15 bleu et un tee-shirt noir. Cet enfant avait extrêmement peur, il tremblait
16 des pieds à la tête. Je ne sais pas qui a accompagné Mutapcic à l'entrée de
17 la maison, parce que depuis l'endroit où j'étais assis je ne pouvais voir
18 que la porte et le soldat qui se trouvait devant. Donc je ne peux pas vous
19 dire qui les avait fait venir.
20 Peu de temps après, deux autres personnes sont venues, nous étions au
21 total dix ou 13 à ce moment-là dans la maison. Honnêtement, en fait, je ne
22 comptais pas le nombre de gens qui arrivaient.
23 Parmi ceux qui sont arrivés, il y avait Meho Dzafic et Ekrem Dzafic, le
24 père et le fils. Je ne les connaissais pas bien, mais ils étaient fort
25 connus de toutes les personnes qui habitaient dans le village, les deux.
26 Un peu plus tard, Milan est revenu, il nous a ordonné de nous mettre en
27 demi-cercle dans cette pièce, de placer tous nos objets de valeur au
28 centre, d'enlever nos chaussures et nos chaussettes. Il a dit, "Si je
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1 trouve quelque chose sur vous, je vous tuerai."
2 Nous avons donc obéi. Nous avons placé tous ces objets de valeur sur le
3 sol, ensuite il s'est accroupi, il a pris les portefeuilles et il a sorti
4 les billets de banque un par un.
5 Il a pris mon portefeuille dans la main. Il a trouvé plusieurs noms
6 et adresses. Il m'a demandé, "Qui sont ces personnes ?" Et j'ai répondu en
7 disant que c'était des membres de ma famille de Sarajevo. Je pense que tout
8 le monde garde un objet fétiche. Moi, j'avais un dollar dans ma poche. Je
9 gardais ceci comme fétiche, peut-être qu'on peut parler de superstition,
10 mais c'est vrai.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, je vois que vous
12 avez prévu deux heures et demie pour ce témoin.
13 Le témoin utilise le temps de la narration lorsqu'il raconte son
14 récit, ce que je comprends fort bien. Mais je crois que nous irions plus
15 vite si vous posiez des questions précises au témoin.
16 Je crois que le temps de la narration peut être quelque peu modifié
17 et ceci pourrait être utile pour tout un chacun.
18 M. GROOME : [interprétation] Oui.
19 Q. Je vais poser quelques questions maintenant. Vous avez parlé de
20 Milan Lukic. Vous avez dit que vous avez trouvé votre dollar qui portait
21 bonheur, votre objet fétiche. Après que toutes les personnes aient posé
22 leurs biens personnels par terre, qu'a-t-il fait après cela ?
23 R. Il a pris tout l'argent et il a dit, "Vous nous avez dit que vous
24 n'aviez pas de devises étrangères, mais je constate que vous en avez." Et
25 avec mépris, il m'a dit ça. Il a mis l'argent dans la poche et a demandé
26 qui était le propriétaire de la Jugo garée derrière. Meho a dit que c'était
27 la voiture de son fils Osman. Ensuite il lui a demandé les clés.
28 Q. Qu'est-il arrivé aux papiers d'identité ?
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1 R. Il a donné un coup de pied dans tous les papiers d'identité derrière la
2 porte.
3 Q. Est-ce qu'à aucun moment un soldat a transmis la demande de votre ami à
4 Milan Lukic concernant Branimir Savovic ?
5 R. Oui. J'ai dit que Milan Lukic est sorti avec Meho Dzafic pour aller
6 chercher les clés de la voiture. Lorsqu'il est revenu dans
7 l'entrebâillement de la porte qui menait à cette pièce, le soldat qui se
8 trouvait là a dit à Milan ceci, "Cet homme aimerait parler à Branimir
9 Savovic." Et sa réponse était très discourtoise. Il a dit que sa mère aille
10 se faire foutre." Il a simplement, d'un geste de la main, dit, "Vous, vous,
11 vous, sortez d'ici. Sortez." Et nous avons obéi. Et quand il voulait dire
12 vous, vous, vous, il voulait parler de nous quatre.
13 Q. Pourriez-vous nous dire qui sont ces personnes à qui il a dit :
14 "Sortez" ?
15 R. C'était Ekrem Dzafic, Hasan Mutapcic, moi et mon ami.
16 Q. Où êtes-vous allés lorsque vous avez quitté la maison ?
17 R. Nous sommes sortis de la maison dans la direction de l'hôtel Bikavac.
18 Il y avait une Jugo qui était garée là, c'était la voiture du fils de
19 Dzafic, et devant cette voiture il y avait la Passat qui était garée là,
20 celle que nous avons évoquée un peu plus tôt.
21 Q. De quelle couleur était la Jugo ?
22 R. La Jugo était de couleur vert olive.
23 Q. Est-ce que vous vous êtes approchés des deux voitures ?
24 R. Oui. Nous sommes arrivés à la hauteur de la voiture, ensuite il a
25 demandé qui était en possession du permis de conduire, et j'ai répondu,
26 "C'est moi." Je voulais m'asseoir derrière le volant, mais il a dit, "Non,
27 pas vous." Ensuite Ekrem a dit, "Moi aussi, j'ai un permis." Il avait l'air
28 assez agité, mais a pu se mettre derrière le volant. Moi, je me suis assis
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1 derrière, derrière le conducteur.
2 Je souhaite simplement vous dire que la Jugo n'a que deux portes.
3 C'est comme cela que l'on entre à l'arrière.
4 A côté de moi, il y avait Meho Dzafic. Il fallait que nous nous
5 poussions un petit peu. Et on m'a demandé de me pousser, c'est ce que j'ai
6 fait. Il était assez corpulent et la Jugo est une petite voiture.
7 A côté de nous, il y avait le même soldat qui nous a accompagnés tout
8 du long et qui était resté devant la maison. Il s'est assis avec nous à
9 l'arrière, et mon ami s'est assis à côté du conducteur, dans le siège du
10 passager avant. Et les deux autres personnes que je ne connaissais pas à ce
11 moment-là et Hasan Mutapcic se sont assis dans la Passat.
12 M. GROOME : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez faire la pause à 10
13 heures ? Il y a une question brève que je souhaite aborder. Est-ce que nous
14 pouvons faire sortir le témoin et est-ce que je peux aborder cette question
15 maintenant ?
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Vous pouvez disposer, Monsieur
17 le Témoin, mais vous allez revenir à 10 heures 20.
18 [Le témoin quitte la barre]
19 M. GROOME : [interprétation] Il y a quelques semaines, l'Accusation a
20 déposé une requête afin d'ajouter à notre liste en réplique un document
21 pour réfuter les éléments de preuve de Milan Lukic. C'est un livre de
22 protocole du centre médical de Visegrad. Me Alarid a répondu, je crois, il
23 y a quelques jours. Il m'est venu à l'esprit le fait que quelqu'un du
24 centre médical de Visegrad a montré une photocopie de cet ouvrage et il est
25 en mesure d'authentifier cet ouvrage et d'interpréter l'ouvrage et les
26 colonnes qui s'y trouvent. Il me semblait prudent d'évoquer cette question
27 devant les Juges de la Chambre si avant la déposition de ce témoin on peut
28 tenir compte de cet élément-là et rendre une décision orale. Je demanderais
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1 à ce que le témoin évoque cet ouvrage et s'il pouvait authentifier -- et
2 peut-être je trouverais un autre témoin qui pourrait authentifier cet
3 ouvrage un peu plus tard au cours de ce procès. Je crois que nous gagnerons
4 beaucoup de temps et de ressources. Je demande si nous pouvons le faire ?
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que c'est très raisonnable.
6 Nous allons faire cela.
7 Monsieur Groome, je voulais vous dire qu'il vous faut avancer plus
8 rapidement, je crois que vous allez devoir consacrer plus de deux heures et
9 demie avec ce témoin si vous continuez ainsi. Nous avons également la
10 Défense qui doit contre-interroger. Nous sommes en train de perdre du temps
11 et je serai obligé de prendre des mesures pour compenser le temps ainsi
12 perdu.
13 M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il est vrai, je
14 suis tout à fait conscient de l'heure, mais quelquefois, avec certains de
15 ces témoins, il est difficile d'interrompre les témoins au cours de leur
16 récit, mais je vais m'efforcer d'être plus bref.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La même chose vaut pour les conseils
18 de la Défense. Nous devons avancer rapidement et en même temps avec
19 justesse.
20 --- L'audience est suspendue à 10 heures 00.
21 --- L'audience est reprise à 10 heures 25.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, je vais rendre la décision
23 relative à la demande présentée par l'Accusation et qui a été présentée. Je
24 crois qu'il faut que nous allions en audience à huis clos partiel.
25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
26 partiel, Monsieur le Président.
27 [Audience à huis clos partiel]
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18 [Audience publique]
19 M. GROOME : [interprétation]
20 Q. VG-32, dans l'intérêt de gagner du temps, Me Alarid m'informe qu'il va
21 présenter votre déclaration ou qu'il va essayer de présenter votre
22 déclaration comme élément de preuve. Donc en ce qui concerne les détails de
23 ce qui s'est passé avant l'arrivée à la rivière, ce sera porté à la
24 connaissance de la Chambre, et je voudrais savoir ce qui s'est passé la
25 rivière aussi rapidement que possible. Mais il y a certaines questions
26 qu'il faut que je vous pose, donc pouvez-vous me donner des réponses
27 précises aux quelques questions que je vais vous poser. Je vous laisserai
28 expliquer en détails ce qui s'est passé lorsque vous êtes arrivés sur la
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1 rive.
2 La première question que je vais vous poser c'est quand vous avez quitté le
3 secteur de Bikavac, où êtes-vous allés ? Où vous êtes-vous rendus ?
4 R. Nous sommes allés à l'hôtel Vilina Vlas à Visegrad.
5 Q. Lorsque vous étiez en route vers l'hôtel Vilina Vlas, est-ce que vous
6 êtes passés près des deux mosquées en ville ?
7 R. Oui.
8 Q. Pourriez-vous décrire pour les membres de la Chambre ce que vous avez
9 vu en ce qui concerne les deux mosquées ?
10 R. Quand on va vers Bikavac, vers le centre de la ville, à ma gauche, il y
11 a la première mosquée, la vieille mosquée de Visegrad ou du vieux Visegrad,
12 et j'ai vu qu'elle avait été incendiée, brûlée jusqu'au sol. Nous avons
13 poursuivi en direction de l'hôtel Vilina Vlas, nous avons passé, traversé
14 le pont sur la Rzava, et j'ai vu l'autre mosquée, j'ai vu qu'elle avait
15 également été incendiée, entièrement brûlée.
16 Q. Lorsque vous êtes arrivé à l'hôtel Vilina Vlas, avez-vous eu
17 l'impression que l'hôtel fonctionnait en tant que tel ?
18 R. Non, il n'y avait rien qui puisse indiquer que l'hôtel était ouvert et
19 fonctionnait.
20 Q. Je vais demander à la greffière d'utiliser le système informatique
21 Sanction, et ce que je vais vous présenter - donc je l'appellerai le
22 programme 360. Reconnaissez-vous l'image que l'on voit maintenant à l'écran
23 devant vous ?
24 R. Oui, c'est l'entrée de l'hôtel Vilina Vlas.
25 Q. Je voudrais demander à M. Hooydonk [comme interprété] de nous faire
26 maintenant entrer dans le hall. VG-32, je vais demander donc à M. Hooydonk
27 simplement de faire un tour d'horizon à l'intérieur du hall. Je ne vous
28 demande pas de faire des commentaires, mais je vous demanderai vos
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1 observations concernant des endroits précis. A ce moment-là, je poserai mes
2 questions.
3 M. GROOME : [interprétation] Voilà, excusez-moi. Peut-être qu'on pourrait
4 revenir un petit peu vers la gauche. On arrête là, s'il vous plaît.
5 Q. Qu'est-ce qu'on voit là maintenant, VG-32 ?
6 R. Cette partie de l'entrée où se trouve la réception est l'endroit où
7 Mitar Vasiljevic se trouve au moment où nous sommes entrés dans l'hôtel.
8 Q. Nous pouvons voir une personne qui est debout sur cette image. Est-ce
9 que cette personne était debout à la réception ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce que je pourrais demander -- excusez-moi --
12 R. Nous nous tenions ici sauf que nous regardions dans l'autre direction.
13 Q. Vous vous teniez donc contre le banc de la réception et vous regardiez
14 vers l'extérieur ?
15 R. Oui, nous regardions vers l'entrée.
16 Q. Maintenant je demande qu'on fasse tourner un peu, et arrêtons-nous là.
17 Qu'est-ce que l'on voit ici à droite de la réception ?
18 R. C'est l'entrée à la salle à manger.
19 Q. Revenons maintenant vers la droite, s'il vous plaît. Arrêt sur image.
20 Que voit-on là ?
21 R. Je crois que c'est l'ascenseur et l'escalier qui montent aux étages.
22 Q. Encore un petit peu, maintenant vers la droite. Stop.
23 R. Ça c'est l'entrée de l'hôtel vue de la réception.
24 Q. Merci.
25 M. GROOME : [interprétation] Pourrais-je maintenant demander à la greffière
26 de nous présenter le numéro 101 de la liste 65 ter.
27 Q. Pendant qu'on fait cela, lorsque vous prépariez votre déposition dans
28 l'affaire Mitar Vasiljevic, est-ce que vous avez tracé un croquis indiquant
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1 où se trouvaient la plupart des participants au moment où vous vous
2 trouviez tous dans l'entrée de l'hôtel Vilina Vlas ?
3 R. Oui. On m'a demandé de dessiner de mémoire un croquis de l'entrée de
4 l'hôtel, un croquis de la réception et de désigner les endroits où nous
5 nous tenions ainsi qu'où se tenaient les autres personnes présentes.
6 Q. Le numéro 101 de la liste 65 ter est maintenant à l'écran. Est-ce que
7 vous pouvez bien voir ?
8 R. Oui.
9 Q. Est-ce que c'est bien le croquis que vous avez vous-même dessiné pour
10 indiquer où se trouvaient, où se tenaient les gens ?
11 R. Oui.
12 Q. Il y a sept cercles laissés en blanc en haut du croquis. Qu'est-ce que
13 ça représente ?
14 R. Ces sept cercles, ce sont nous sept, les sept personnes qui
15 s'appuyaient sur le banc de la réception.
16 Q. Le cercle qui comporte les initiales ML là, qu'est-ce que ça indique ?
17 R. Comme je l'ai dit, c'est Milan Lukic, qui est allé derrière le banc de
18 la réception, il cherchait des clés. Et la flèche qui va vers la droite
19 c'est la réception proprement dite, et la flèche qui monte c'est derrière
20 la réception.
21 Q. Le cercle qui comporte les initiales MV, qu'est-ce que ça représente ?
22 R. Ça c'est Mitar Vasiljevic, c'est l'endroit où il était.
23 Q. Et le cercle qui est vide juste de l'autre côté de la réception par
24 rapport à Mitar Vasiljevic ?
25 R. Ceci représente la personne où se trouvait ce soldat qui braquait son
26 fusil vers nous.
27 Q. Combien de temps avez-vous passé dans l'entrée de l'hôtel Vilina Vlas ?
28 R. Je l'ai déjà dit, il est très difficile pour moi de juger si c'était
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1 cinq ou dix minutes, guère plus.
2 Q. Pendant ce temps, est-ce que vous avez pu voir clairement Milan Lukic
3 et son visage ?
4 R. Oui, parce que Milan Lukic est entré avec nous dans l'entrée de
5 l'hôtel. Je pouvais clairement le voir lorsqu'il est allé derrière le banc
6 de la réception.
7 Q. Lorsque vous avez quitté l'hôtel où vous êtes-vous rendus ?
8 R. Comme je l'ai dit, quand nous avons quitté l'hôtel on nous a ordonné de
9 retourner dans les véhicules et de nous y asseoir exactement comme nous
10 étions assis précédemment, et à ce moment-là on a pris la route pour Sase.
11 Q. Que s'est-il passé lorsque vous êtes arrivés à Sase ?
12 R. Lorsque nous sommes arrivés au croisement à Sase, nous avons tourné non
13 pas vers Visegrad, comme nous nous y attendions, mais vers la droite pour
14 aller en direction de Visegradska Zupa.
15 Q. Que s'est-il passé lorsque vous avez tourné à droite à
16 Sase ?
17 R. Quand nous avons tourné à droite à Sase, on s'est arrêtés à environ 500
18 mètres plus loin, près d'un bâtiment qui, je crois, était un entrepôt qui
19 appartenait à Purisa Markovic. Je sais que sur la droite de ce bâtiment il
20 y avait quelques maisons, et ce petit groupe de maisons s'appelait
21 Jasarevic. C'est là qu'on s'est arrêté.
22 Q. Lorsque vous vous êtes arrêtés à cet endroit, que s'est-il passé ? Que
23 s'est-il passé alors ?
24 R. Une fois que nous nous sommes arrêtés ici, la Passat se trouvait
25 devant. Nous étions derrière, et ils ont continué à partir du croisement à
26 Sase un peu plus rapidement, et nous les avons rattrapés, Mitar Vasiljevic,
27 Lukic, et la personne qui se trouvait tout le temps dans la Passat était
28 déjà sortie de son véhicule. On nous a ordonné de sortir également, c'est
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1 ce que nous avons fait.
2 Q. Dites-nous ce qui s'est passé ensuite.
3 R. Alors que nous sortions de la voiture, l'attitude des soldats a changé
4 de façon spectaculaire. Comme j'ai dit dans ma première déclaration, j'ai
5 dit que le soldat qui était avec nous avait été assez aimable, mais tout
6 ceci a brusquement changé. On nous a ordonné d'aller vers la Drina juste à
7 gauche, à gauche de la route.
8 A quelque 100 mètres de la Drina se trouvait un pré, nous avons
9 traversé ce pré. Et s'il y avait eu le moindre espoir que tout ceci puisse
10 finir bien, cet espoir a disparu au moment où nous avons traversé le pré.
11 Nous n'avancions pas en groupe, mais selon un dispositif. J'étais au
12 milieu. Si je me souviens bien, à ma gauche, il y avait VG-14. Et à
13 l'extrême gauche mon ami, et à un moment donné j'ai essayé d'aller vers la
14 gauche pour me rapprocher de lui, parce que pour moi on voyait clairement
15 ce qui allait se passer, mais ma tentative a été brutalement stoppée.
16 Après une minute ou deux nous sommes parvenus à la rive, et il y
17 avait des arbres qui se trouvaient le long de la rive, c'était des saules.
18 Q. Que s'est-il passé à partir du moment où vous êtes arrivés à ces arbres
19 à la rive ?
20 R. A la rive, lorsque nous sommes arrivés aux saules le long de la
21 rivière, j'ai vu que le niveau de l'eau était bas et qu'entre l'eau et
22 l'endroit où nous nous trouvions sur une sorte de petit plateau, il y avait
23 environ une dizaine de mètres, à peu près la longueur de cette pièce -- ou
24 plutôt, la largeur de cette pièce. Nous nous sommes arrêtés à un endroit
25 herbeux, quelques mètres carrés.
26 Quand nous nous sommes arrêtés, Milan a demandé, "Qui sait
27 nagé ?" Et je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai répondu ce que j'ai
28 répondu, mais j'ai dit que je pouvais. Je sais que beaucoup d'autres
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1 pouvaient également nager, mais à ce moment-là je savais très clairement ce
2 qui allait arriver, et j'ai pensé que puisque j'étais forcé de regarder, il
3 faudrait que je passe en premier pour ne pas voir le reste qui arriverait
4 ensuite.
5 Et il a dit, "Alors, vas-y." J'ai commencé à me rapprocher de l'eau, et à
6 ce moment-là j'ai entendu Meho dire, "Au nom du Christ, Mitar, qu'est-ce
7 que tu fais ?" Et à gauche j'ai entendu mon ami supplier, "Allons, écoutez
8 les gars, ne nous tuez pas. Qu'est-ce qu'on vous a fait ?" Mais tout ceci
9 était comme dans une sorte de brume en ce qui me concerne. Après que j'ai
10 fait les quelques premiers pas, j'étais comme à moitié figé. J'étais figé
11 et je voulais que ces dix derniers mètres -- je voulais les franchir en
12 ayant à l'esprit que l'image de ma fille. A partir de ce moment-là, plus
13 rien autour de moi n'existait. Je ne pensais qu'à elle, je la voyais jouer
14 dans sa chambre.
15 Je ne sais vraiment pas combien de temps il m'a fallu pour arriver juste au
16 bord de la rivière, mais à un moment donné lorsque je suis parvenu au bord,
17 j'ai entendu une voix disant, "Stop," et je me suis arrêté. Puis ils ont
18 donné l'ordre aux autres d'aller jusqu'à la rivière et de s'aligner à côté
19 de moi, ce qu'ils ont fait. Ils ont commencé à se rapprocher. Sur ma
20 droite, il y avait Ekrem. A côté de lui, son père. A ma gauche, il y avait
21 Hasan Mutapcic. Je crois qu'à côté de lui, il y avait VG-14, et après lui,
22 un homme que je ne connaissais pas, et à l'extrême gauche mon ami. A ce
23 moment-là, lorsque nous nous sommes arrêtés, j'ai entendu une question,
24 "Comment allons-nous tirer ?" Et j'ai entendu la réponse, "Au coup par
25 coup." Ensuite j'ai entendu armer les fusils et le bruit du mécanisme pour
26 tirer un coup à la fois. J'ai entendu ce bruit de trois côtés différents.
27 A partir de ce moment-là, j'ai vaguement eu une lueur d'espoir. J'ai
28 pensé que puisque les quatre en question allaient tirer un coup à la fois,
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1 il y avait peut-être une chance minuscule que si je n'étais pas tué du
2 premier coup je pourrais plonger dans la rivière et essayer de nager sous
3 l'eau. C'est la première pensée qui m'est venue.
4 C'est un peu comme un film qu'on fait passer de façon accélérée.
5 C'est l'instinct de survie. Les choses vont à la vitesse de l'éclair. En
6 pensant à cela, j'ai entendu le cri de Meho qu'il n'avait même pas pu
7 achever. Lui-même a été figé. Et je dois dire que je n'ai même pas entendu
8 le coup de feu à ce moment-là. Je me suis jeté dans la rivière et alors que
9 je tombais dans l'eau, là entre le sable et l'eau, j'ai vu clairement des
10 taches de sang.
11 En tombant dans l'eau, j'ai entendu des coups de feu et des cris des
12 autres. Je précise qu'ils n'ont pas tous été touchés mortellement sur le
13 coup. Je dois reconnaître qu'à ce moment-là, autour de moi, ça a été une
14 espèce de chaos, une espèce d'enfer. Je ne sais pas si je pourrais décrire
15 ou illustrer cela pour quelqu'un d'autre par des mots. On ne peut pas le
16 raconter, il faut l'avoir vécu.
17 Lorsque je suis tombé dans l'eau, je me suis dit que je ne pourrais
18 pas plonger, et j'ai essayé de manoeuvrer pour me retourner, parce que le
19 niveau d'eau était à à peu près 1 mètre en dessous de la rive, donc étant
20 dans l'eau je ne pouvais plus voir.
21 J'ai décidé de me tourner vers la rive, et voyez-vous, l'eau avait
22 fait une espèce de petite plateforme d'une trentaine de centimètres, une
23 espèce de marche. J'ai mis ma tête sur cette marche. Je ne sais pas si je
24 l'ai fait d'une façon consciente ou subconsciente. J'avais plongé mes bras
25 dans le sable jusqu'ici. Je ne sais pas si je l'ai fait consciemment. Je
26 pense que j'ai dû le faire inconsciemment. Et étant donné que j'ai d'abord
27 mis la tête dans le sable, j'ai compris que je ne pourrais pas rester
28 longtemps comme cela. Alors j'ai tourné ma tête à demi de côté, moi œil
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1 droit et la moitié droite de la tête étaient à l'extérieur du sable. C'est
2 ce qui m'a permis de regarder vers la droite, et à ce moment j'ai vu que
3 Hasan était blessé et qu'il essayait le plus possible de se rapprocher de
4 la rive, et il grattait avec ses mains. Il essayait de monter et le sable
5 tombait sur moi. Je me suis posé la question de savoir si un homme mort
6 avait les yeux forcément ouverts ou forcément fermés. Et j'ai décidé de
7 fermer les yeux en me disant advienne que pourra.
8 J'ai entendu des pas de quelqu'un qui s'approchait. Puis j'ai senti
9 tout simplement que comme si quelqu'un avait pris un corps, l'avait apporté
10 et l'avait fait tomber sur moi. J'ai senti la tête de cet autre homme
11 derrière mon cou. Mon corps était couvert par ce corps-là. Le poids de ce
12 corps par lui-même me tirait sous l'eau. Heureusement, comme je vous l'ai
13 dit, j'avais les bras profondément entrés dans le sable, et l'appui était
14 suffisamment bon pour que je puisse tenir mon corps et le poids de ce corps
15 sur moi.
16 Ensuite j'ai entendu un coup de feu de mon côté gauche. Ekrem s'est
17 tu, on n'a plus entendu sa voix. J'ai entendu un autre coup de feu à
18 droite, et là le silence a régné, et un dernier coup de feu tout à fait à
19 droite vers l'endroit où se trouvait mon ami, et là aussi le silence est
20 revenu, le silence était total.
21 Q. VG-32, est-ce que les hommes qui ont fait cela à un moment donné ont
22 quitté le secteur ?
23 R. Juste quelques mots pour que je finisse et je vous répondrai.
24 Celui qui s'était approché, j'avais entendu l'un des hommes dire, "Il y en
25 a un qui est vivant." Et j'ai pensé vraiment que ça ne pouvait être que
26 moi. Et pendant ces quelques secondes, j'ai encore revu ma fille, mais ce
27 n'était pas moi. Il y a eu un coup de feu dans l'autre corps et un coup de
28 feu dans l'eau. Les pas se sont alors éloignés.
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1 Au bout de quelques minutes j'ai rouvert mes yeux, et ce que je
2 pouvais voir devant moi, c'était un jeune homme qui levait la main et qui
3 regardait autour, c'était VG-14. Je lui ai demandé s'il était blessé. Il
4 m'a dit non. Il m'a demandé si j'étais blessé, j'ai dit non. - "Que fait-on
5 ?" J'ai dit, "Attends qu'ils s'en aillent". Et lorsqu'on a entendu les
6 moteurs des voitures tourner et les voitures s'éloigner, on est remonté sur
7 la rive.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin. Merci
9 beaucoup.
10 Monsieur Groome, ce récit est très émouvant et c'est la raison pour
11 laquelle je ne l'ai pas interrompu, mais vous devez savoir quel est le type
12 de témoignage dont vous avez besoin de la part de ce témoin, et nous savons
13 que la plupart des conseils ont reçu pour instructions de contrôler les
14 dires de leurs témoins. Donc il faut que nous sachions qu'il convient de
15 respecter le principe de l'interrogatoire, enfin, de l'audition
16 contradictoire. Je sais que ce récit est intéressant mais on est déjà à 11
17 heures, enfin, vous, à 11 heures 20, vous allez épuiser votre temps et vous
18 aurez déjà utilisé deux heures et demie.
19 M. GROOME : [interprétation] Oui, je suis conscient de la chose, Monsieur
20 le Président, pour les besoins du compte rendu d'audience, je précise que
21 je n'ai pas voulu interrompre le témoin avec des questions plus précises.
22 Il me semble qu'il a bien raconté le tout, enfin, tout ce qu'il avait à
23 raconter.
24 Q. Monsieur VG-32, si vous pouvez répondre à quelques questions de suivi.
25 Pouvez-vous nous dire combien de détenus ont été tués au bord de la rivière
26 ?
27 R. Cinq. Mon premier réflexe a été de voir si quelqu'un était vivant,
28 personne ne l'était. On est parti de l'autre côté et par la suite je suis
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1 allé de l'autre côté de la rivière sur une colline et avec des jumelles
2 j'ai observé ce site et tous les jours ils venaient à ce site.
3 Q. Donc pendant cinq jours vous avez pu voir les dépouilles de ces autres
4 hommes qui ont été tués à la rivière ?
5 R. [[aucune interprétation]
6 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin a été en
7 contact et de nos jours encore en contact avec les victimes et les familles
8 de ces victimes, et la description de cette chose, de ces événements en
9 public lui serait plutôt pénible. Donc si vous demandez à ce que ce soit
10 fait, nous pouvons le faire à huis clos partiel.
11 J'aimerais qu'on lui montre la pièce 102 de la liste 65 ter.
12 Q. Une fois de plus, Monsieur VG-32, dans les préparatifs de votre
13 témoignage dans l'affaire Vasiljevic, auriez-vous préparé un diagramme avec
14 le descriptif des sites où vous vous êtes trouvé en présence de ces autres
15 hommes au bord de la rivière ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que ce dessin ou ce schéma est ce que vous avez eu l'occasion de
18 voir sur la pièce 102 en application du 65 ter ?
19 R. Oui.
20 Q. Et les initiales qu'on voit ML et MV, est-ce que cela est placé pour
21 Milan Lukic et MV pour Mitar Vasiljevic comme cela a été le cas de ce
22 schéma précédent ?
23 R. Oui, Mitar Vasiljevic.
24 Q. Et les initiales que nous pouvons voir dans les petits cercles à côté
25 de l'eau, est-ce que ce sont les initiales des personnes qui ont été
26 abattues ? Est-ce que vous vous en souvenez ?
27 R. C'est à peu près de la sorte que j'ai décrit l'ordre dans lequel nous
28 étions placés.
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1 Q. Est-ce qu'à un moment donné après l'événement en tant que tel, il vous
2 a été donné d'aller au village de Medjedja ?
3 R. Oui.
4 Q. Quand vous êtes allé là-bas, est-ce qu'un autre collègue de ce centre
5 médical de Visegrad vous a demandé de monter un établissement de santé à
6 Medjedja ?
7 R. Oui.
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce bien le cas, Monsieur Groome
17 ?
18 M. GROOME : [interprétation] Oui, c'est exact, mais nous n'allons pas cité
19 ce témoin à comparaître.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Fort bien.
21 M. GROOME : [interprétation] Il y a une erreur. J'ai oublié de faire
22 officiellement verser ce diagramme au dossier. Est-ce qu'on peut le verser
23 au dossier.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons le verser au dossier.
25 M. GROOME : [interprétation] Est-ce qu'à un moment donné --
26 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 102 qui deviendra la
27 pièce à conviction P65.
28 M. GROOME : [interprétation]
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1 Q. Est-ce qu'à un moment donné on vous a demandé de soigner une jeune
2 femme, que c'était quelqu'un que vous connaissiez bien ?
3 R. Oui.
4 Q. Nous allons nous servir de la feuille des pseudonymes que vous avez
5 sous les yeux pour vous demander d'identifier cette personne, cette jeune
6 femme ?
7 R. Oui. C'est la personne qui porte le pseudonyme VG-114. Je précise que
8 nous étions de très bons amis, amis proches tant moi que ma femme, enfin,
9 les deux avaient grandi ensemble.
10 Q. Est-ce que vous pouvez décrire son état au meilleur de vos souvenirs ?
11 R. Vous décrire l'état dans lequel elle se trouvait. C'est une chose très
12 difficile. Il est difficile, il est impossible de décrire cela. Aucun film
13 d'horreur ne saurait vous montrer chose pareille. C'était une personne que
14 je connaissais très bien et je n'ai pas pu la reconnaître. Le visage entier
15 était noir, tuméfié et brûlé par le feu. Les deux mains étaient pansées. Ce
16 n'était pas des pansements médicaux, c'était des pansements improvisés. On
17 m'a mis cinq ou six bouts de chiffon pour - et c'était infecté à tel point
18 que lorsque j'ai essayé de panser un bras et chaque pansement que
19 j'enlevais il y avait des vers en dessous. Quand j'ai réussi à panser l'un
20 des bras, j'ai perdu connaissance. Je me suis évanoui. Au bout de quelques
21 minutes je suis revenu, enfin, j'ai repris connaissance et j'ai continué à
22 panser cette personne. Je précise que la personne en question --
23 Q. Excusez-moi, finissez votre phrase.
24 R. Je voulais juste dire que cette personne avait des cheveux très longs,
25 jusqu'à mi-dos. Et au moment où je l'ai vue cette fois-là elle avait des
26 cheveux très courts, coupés très courts. Les cheveux étaient plein de poux,
27 des millions, des millions de poux. Et j'ai proposé, enfin, je n'avais pas
28 les moyens qu'il fallait --
Page 1187
1 Q. VG-32.
2 R. -- et nous avons convenu qu'elle se rase la tête.
3 Q. Je voudrais vous montrer la pièce à conviction 174 en application du 65
4 ter. Il y a trois photos et ce ne sera pas montré en public. Donc je
5 voudrais que vous - enfin, ça ne sera vu que des personnes présentes dans
6 le prétoire et j'aimerais que vous nous disiez si vous reconnaissez ce qui
7 est montré.
8 R. Oui. C'est bien la personne VG-114. Ce que vous voyez en noir c'est ce
9 que j'ai décrit tout à l'heure, tout son visage avait cette apparence.
10 Cette photo a été prise à un moment où les cheveux avaient déjà repoussés,
11 et le jour où elle était chez moi on avait rasé ses cheveux. Vous pouvez
12 voir combien les cheveux ont pu pousser, donc c'est deux ou trois semaines.
13 C'est donc au bout de deux ou trois semaines que cette photo a été prise
14 suite au moment où je l'ai vue moi-même.
15 Q. Cette photo porte un numéro qui est le 4153 [comme interprété]. Donc il
16 faut que nous nous entendions bien de quelle photo vous êtes en train de
17 parler pour ce qui est de la série.
18 Maintenant au passe au 4614. Est-ce que vous pouvez nous décrire dans quel
19 état se trouvaient ses mains ?
20 R. J'ai dit que c'est une photo qui n'a pas été prise au moment où je l'ai
21 vue moi-même. Ses mains avaient cette apparence-là, les deux mains. Et ça
22 c'est écorché à vif, et l'autre main avait la même apparence, la main avait
23 la même apparence de l'autre côté.
24 Q. Pouvez-vous nous montrer la troisième photo, s'il vous plaît. C'est la
25 photo 4615. Une fois de plus, est-ce que c'est l'apparence de VG-14 [comme
26 interprété] telle que vous l'avez vue au moment où vous avez soigné ses
27 brûlures ?
28 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que vous étiez présent lorsqu'une interview filmée avec une
2 caméra vidéo a été enregistrée avec le témoin VG-114 ?
3 R. Oui.
4 Q. En réalité, étiez-vous présent ou avez-vous essayé de la soigner
5 pendant qu'on avait tourné cette vidéo de l'interview de
6 VG-114 ?
7 R. Oui. Les gens qui ont tourné la vidéo voulaient filmer les blessures,
8 il fallait bien que j'enlève les pansements pour que ça soit fait. Alors,
9 si vous allez montrer cette vidéo dans la suite de la procédure et s'il y a
10 une séquence avec ma photo, j'aimerais que ce soit expurgé, ou qu'on mette
11 quelque chose pour que l'on ne voie pas mon visage. Parce que la vidéo est
12 assez longue et on peut enlever la séquence où l'on voit ma personne.
13 Q. Je veux juste vous montrer un arrêt sur image de cette vidéo et nous
14 allons passer à ce système d'affichage électronique pour nous montrer le
15 173.
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que c'est la vidéo dont vous parliez tout à
18 l'heure ?
19 R. Oui. Et j'aimerais que ce ne soit pas diffusé à l'extérieur.
20 Q. Nous n'allons pas le diffuser à l'extérieur.
21 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais verser au
22 dossier la 174 de la liste 65 ter, et sa série de trois photos.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, ce sera fait.
24 M. GROOME : [interprétation] Donc le numéro 173 de la vidéo en tant que
25 telle.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce 173 de la liste 65 ter devient la
27 pièce P66 sous pli scellé ainsi que le 174 qui devient la pièce P67.
28 M. GROOME : [interprétation] Merci.
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1 Q. Nous allons maintenant demander au greffier de vous montrer une pièce à
2 conviction de la Défense de Mitar Vasiljevic dans son affaire à lui. Il
3 s'agit de la pièce D26. Je demanderais donc d'enlever cette image de
4 l'écran et de nous mettre sur l'affichage électronique, ou plutôt, de
5 mettre sur rétroprojecteur la pièce que vous avez en main afin que tout le
6 monde puisse la voir.
7 Pendant que ceci est en train d'être fait, je voudrais vous demander si
8 pendant votre travail professionnel au centre médical de Visegrad il y
9 avait un registre qui était utilisé qu'on appelait le registre ou le
10 protocole ?
11 R. Oui.
12 Q. Quelle était l'utilisation ou l'affectation de ce protocole ou de ce
13 registre ?
14 R. C'était destiné à l'enregistrement des visiteurs, à savoir des clients.
15 On y inscrivait les noms de toutes les personnes qui venaient à
16 l'infirmerie pour demander une aide médicale quelconque, c'est donc le
17 protocole du jour de l'infirmerie, de l'accueil.
18 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, le registre qui est sur
19 le rétroprojecteur contient des informations médicales sur les gens qui
20 sont placés en corrélation avec ce procès. Donc je voudrais que ce ne soit
21 pas diffusé, qu'on ne diffuse pas ce qui se trouve sur la partie gauche du
22 rétroprojecteur.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Certes.
24 M. GROOME : [interprétation]
25 Q. J'aimerais que vous vous penchiez maintenant sur ce que vous avez sous
26 les yeux, sur le rétroprojecteur. Est-ce que vous reconnaissez le registre
27 ?
28 R. D'habitude, dans cette première colonne on mettait le nom du patient.
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1 Q. Avant que de vous demander ce que ceci contient, j'aimerais que vous
2 nous disiez d'abord si vous reconnaissez le registre que vous avez sous les
3 yeux ?
4 R. Oui, je le reconnais parfaitement. Nous avons utilisé la même chose
5 avant la guerre. Je ne voudrais pas retourner les pages pour remonter dans
6 le temps, mais on voit qu'ici on arrive à la fin du registre. Nous avions
7 le même. C'est le registre qui était utilisé à l'époque dans toute la
8 Bosnie-Herzégovine à cette fin.
9 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que cette
10 pièce D26 de l'affaire Mitar Vasiljevic soit versée au dossier de ce
11 procès.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est versé au dossier.
13 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P68 sous pli scellé.
14 M. GROOME : [interprétation]
15 Q. Puis-je vous demander maintenant de trouver les entrées relatives à la
16 date du 7 juin 1992, je vous prie ?
17 R. Vous voulez que moi je les retrouve ?
18 Q. Oui, j'aimerais que vous alliez, que vous parcouriez et que vous
19 retrouviez la page avec les noms des personnes qui ont été soignées le 7
20 juin, là où ça commence.
21 Est-ce que vous avez trouvé la page ?
22 R. Voici l'endroit où commence la date du 7 juin.
23 Q. J'aimerais que l'Huissier [comme interprété] remette des post-it jaunes
24 et j'aimerais que l'on en mette un sur la page pour qu'on puisse retrouver
25 la page plus facilement par la suite.
26 R. Est-ce que vous voulez que je vous indique l'endroit du début de la
27 date ? La date commence exactement ici.
28 Q. Oui, justement. Serait-il exact de dire que les gens qui ont été
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1 soignés ce jour-là sont indiqués dans la liste dans l'ordre des soins
2 dispensés ?
3 R. Oui, c'est la façon dont on procédait.
4 Q. Est-ce que les entrées relatives à la date du 7 juin se poursuivent sur
5 les deux pages qui suivent ?
6 R. Oui.
7 Q. J'aimerais que vous tourniez la page et que vous placiez à un autre
8 post-it sur cette page-là aussi.
9 Quand je vous ai demandé de vous pencher sur une photocopie de ce livre
10 hier, avez-vous vu le nom de Milan Lukic pour la date du
11 7 juin ?
12 R. Oui.
13 Q. J'aimerais que vous montriez cela du doigt afin que les Juges de la
14 Chambre puissant voir où se trouve cette entrée.
15 R. [Le témoin s'exécute]
16 Q. Est-ce qu'on y a inscrit sa date, voire son année de naissance ?
17 R. Oui.
18 Q. Les lettres TO qu'on voit dans la deuxième colonne à partir de la
19 droite, qu'est-ce que cela vous indique ?
20 R. Pendant que je travaillais nous inscrivions Défense territoriale. Donc
21 tous ceux qui étaient impliqués d'une certaine façon dans l'armée, la
22 police n'avaient pas de livret de soins médicaux avec leur numéro de
23 matricule individuel, on mettait alors TO comme inscription.
24 Q. Est-ce qu'on pourrait déplacer le registre vers la droite pour voir un
25 peu ce qui a été consigné au niveau de cette entrée pour les soins
26 dispensés ce jour-là ?
27 R. Etant donné qu'à la page 2 on indique d'habitude le diagnostic, c'est
28 cette première colonne de la page de droite, c'est le médecin qui remplit
Page 1193
1 cette case avec le diagnostic. La colonne d'après indique ce que le médecin
2 a prescrit. D'après ce que je vois, glucose 50 %, lincocine [phon] et
3 garamicine [phon]. D'après ce que je puis lire de ce qui y est écrit, et
4 enfin, là où il y a remarque.
5 Q. Est-ce que cela dit de quelle façon les médicaments ont été administrés
6 ?
7 R. Oui. J'allais justement vous le dire. La dernière colonne, là où l'on
8 voit intitulé "Remarque", c'est là que le médecin indique les modalités
9 d'administration du médicament. Et d'après ce que je puis voir ici, on y
10 dit que c'est intramusculaire et intraveineux comme administration, donc ce
11 glucose et les autres médicaments ont été administrés de façon
12 intraveineuse, donc dans la veine, alors que la lincocine ou la garamicine,
13 je ne sais pas quel est le médicament qui a été prescrit, a été administré
14 de façon intramusculaire, par injection dans le muscle.
15 Q. Monsieur VG-32, je n'ai plus que trois questions pour vous. Quand est-
16 ce que votre équipe a commencé ? A quel jour avez-vous vu les premiers
17 patients ?
18 R. D'après mon souvenir, le 7 juin était un dimanche. Si c'est
19 effectivement un dimanche, nous commencions à 7 heures du matin et on était
20 de garde pendant 24 heures. A l'époque, c'était cela notre régime.
21 Q. En fait, je souhaite vous demander ceci : la consultation d'un patient
22 par le médecin durait combien de temps ?
23 M. ALARID : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Ceci fait
24 appel à la conjecture. Ce témoin n'était pas présent à l'hôpital, et en
25 général il ne travaillait pas à la date en question. Je pense que c'est un
26 avis peu approprié.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne suis pas d'accord, en fait. Il
28 travaille à l'extérieur. Il travaille à l'hôpital.
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1 Est-ce que vous pouvez répondre à cette question, Monsieur le Témoin,
2 et nous dire sur quoi se fonde votre connaissance ? Etes-vous en mesure de
3 nous donner votre estimation du temps que prendrait un médecin avec un
4 patient dans le centre médical ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ces patients,
6 lorsqu'ils viennent voir un médecin, ne viennent pas seulement pour
7 demander une ordonnance de médicament. Je crois qu'il n'y a pas un seul
8 médecin qui fonctionne ainsi. Tout d'abord, on échange des vœux, on se
9 parle. Le médecin souhaite savoir ce dont souffre le patient, et ensuite
10 les données sont saisies.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Simplement une estimation du temps
12 que consacre un médecin à son patient ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Soit 15 et 20 minutes.
14 M. GROOME : [interprétation]
15 Q. Ma dernière question : combien de patients ont été vus avant que Milan
16 Lukic ne soit soigné ce jour-là ?
17 R. On peut les compter. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit,
18 neuf, 10, 11, 12, 13, 14 -- c'était le quinzième patient.
19 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
20 questions à poser à ce témoin. Etant donné que ceci comporte des éléments
21 confidentiels, il s'agit de renseignements médicaux, j'ai demandé à M. Van
22 Hooydonk de préparer une photocopie des deux pages sur la question, mais le
23 nom de tous les autres patients a été expurgé. Je souhaite que ceci reste
24 sous pli scellé par conséquent. Il s'agit d'une pièce qui peut être rendue
25 publique, mais je ne souhaite pas mettre en danger les éléments
26 d'information médicaux qui sont confidentiels concernant d'autres personnes
27 qui se sont rendues à l'hôpital ce jour-là.
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Soit.
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1 M. GROOME : [interprétation] Est-ce que j'ai besoin d'avoir un numéro de
2 cote pour ce document, Madame la Greffière ?
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Savez-vous, Madame la Greffière, ce
4 qu'il vous reste à faire ?
5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pardonnez-moi. Est-ce que nous n'avons
6 pas déjà un numéro de pièce pour ce registre ?
7 M. GROOME : [interprétation] C'est peut-être quelque chose que nous pouvons
8 préciser après la pause.
9 Q. Ceci termine les questions que j'ai à vous poser, Monsieur le Témoin
10 VG-32.
11 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, il y a un document que
12 je n'ai pas versé au dossier de façon officielle, numéro 65 ter 101. Je
13 crois en avoir fourni le fondement, donc je demande l'admission de cette
14 pièce.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le numéro 101 sur la liste 65 ter aura
17 le numéro P69.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Alarid.
19 Contre-interrogatoire par M. Alarid :
20 M. ALARID : [interprétation] Bonjour, Témoin VG-32. Je m'appelle Jason
21 Alarid, et je représente les intérêts de Milan Lukic. Je souhaite vous
22 poser des questions à propos de votre déposition d'aujourd'hui et peut-être
23 à propos de déclarations antérieures. Puis-je vous poser des questions ?
24 Vous avez hoché la tête en signe d'affirmation, mais la sténotypiste ne
25 peut pas consigner cela au compte rendu, donc je souhaite que vous le
26 disiez à voix haute.
27 R. Allez y.
28 Q. Voilà. Maintenant pour que ceci puisse être évoqué et que l'on puisse
Page 1196
1 passer à autre chose, nous venons de voir ce registre ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez dénombré 14 entrées avant de voir le nom de Milan Lukic ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce qu'il est exact de dire qu'il y environ neuf entrées de noms de
6 patients après celui-ci ?
7 R. Oui. Non, pardonnez-moi. Je n'ai pas compté le nombre de patients après
8 Milan Lukic. Si vous vous rappelez, je n'ai compté que les patients
9 jusqu'au numéro 15. Peut-être que nous pourrions les compter.
10 Q. S'il vous plaît, oui, je souhaite faire cela rapidement.
11 R. Neuf. Oui, neuf exactement.
12 Q. Si vous regardez les neuf entrées suivantes, on peut dire qu'en
13 l'espace de 24 heures, ce jour-là 23 patients ont été vus. C'est exact,
14 n'est-ce pas ?
15 R. Oui, il semblerait que ce soit le cas.
16 Q. Vous avez indiqué que le dimanche matin vous commencez à
17 7 heures du matin, mais n'est-il pas exact de dire que l'hôpital en temps
18 de guerre était ouvert 24 heures sur 24 ?
19 R. Oui. J'ai dit que les équipes commençaient -- ou plutôt, je vais vous
20 expliquer ceci simplement. Si vous êtes l'équipe qui commence, vous
21 commencez à 7 heures du matin, vous êtes là pendant 24 heures, et c'est
22 l'autre équipe qui prend la relève le lendemain matin à 7 heures. Donc si
23 on commence à 7 heures le samedi, l'autre équipe revient le dimanche matin
24 à 7 heures, et ainsi de suite jusqu'à lundi matin 7 heures. J'ai expliqué
25 que c'était comme ça qu'ils travaillaient en tout cas lorsque j'étais là.
26 Q. Ça me paraît logique, donc est-ce qu'il est exact de dire que la
27 personne qui était là la veille inscrivait la date et vous inscriviez
28 l'heure qui devait être minuit -- lorsqu'il y avait le changement de date ?
Page 1197
1 R. Oui, ce serait logique de la façon dont vous avez dit cela. Mais au
2 centre médical de Visegrad on procédait différemment, la nouvelle équipe
3 arrivait le matin. C'est à ce moment-là qu'elle commençait à travailler. La
4 nouvelle équipe a peut-être inscrit quelque chose à minuit, mais je ne sais
5 pas. En général, nous faisions cela à 7 heures du matin lorsque la nouvelle
6 équipe arrivait.
7 Q. Est-ce que vous dites que si on adopte l'hypothèse qui consisterait à
8 dire qu'à 2 heures du matin quelqu'un arriverait, en fait, il serait
9 inscrit dans le registre pour la veille ? Cela ne paraît pas très logique.
10 R. Non, ce n'est pas logique, mais cela pouvait arriver en réalité. A vrai
11 dire, lorsque je travaillais entre minuit et le matin, nous dormions un
12 petit peu à moins qu'il y ait une urgence. Et s'il y avait une véritable
13 urgence, à ce moment-là nous appelions le médecin. C'était tout à fait
14 autorisé et ça n'était pas du tout interdit.
15 Q. Par exemple, une injection de glucose, en fait, c'est peut-être une
16 infirmière ou un --
17 R. Ils ne sont pas autorisés à rédiger les ordonnances en fait. Il y avait
18 une nomenclature pour le diagnostic. Et seul le médecin est habilité à
19 faire cela. Il n'y a que lui qui peut le faire. Et de surcroît, il faut le
20 cachet du médecin. C'était en général le médecin qui était de garde ce
21 jour-là. C'est comme ça que l'on sait.
22 Q. Pour ce qui est du médecin, il y avait juste un médecin de permanence ?
23 R. En général il y avait un seul médecin de permanence.
24 Q. Si on ne changeait pas la date à l'heure juste à minuit, cela veut dire
25 qu'on pouvait enregistrer quelqu'un le lendemain ?
26 R. Je ne comprends pas très bien votre question.
27 Q. Bien, si la nouvelle équipe arrivait à 7 heures du matin et si la
28 nouvelle équipe inscrivait la date du 7 juin, les patients qui étaient
Page 1198
1 arrivés avant, qui ont été vus le 7, figurent en général sur le registre de
2 la veille, cela signifie que les patients n'ont pas forcément été
3 enregistrés à la bonne date s'ils arrivaient entre minuit et 7 heures du
4 matin ?
5 R. Non. S'ils ont été auscultés entre minuit et 7 heures du matin, comme
6 vous semblez le dire, c'est l'équipe qui l'a vu qui enregistrait le nom du
7 patient. On ne pouvait pas inscrire une nouvelle date le matin et dire,
8 "Nous avons déjà vu trois patients. Avançons la date." Donc l'entrée de la
9 date se faisait entre minuit et 7 heures en fait, c'est comme ça que nous
10 travaillions. Tout le reste n'est que pure abstraction. Je vous parle
11 simplement de la façon dont nous procédions.
12 Q. Vous n'étiez pas là ce jour-là pour surveiller les entrées du registre
13 ni les patients qui arrivaient ce jour-là.
14 R. Oui.
15 Q. Donc il se peut que les entrées soient erronées à moins, bien sûr, que
16 vous n'ayez pu le vérifier ?
17 R. C'est exact. Comment voulez-vous que je vérifie cela si je vous disais
18 que je n'étais pas là ? En réalité, on ne m'a demandé que de faire des
19 commentaires à propos de cette liste. Je l'ai vue et je vous ai dit ce que
20 j'avais à vous dire.
21 Q. Dans le secteur de Visegrad dans la région en Bosnie et en Serbie, est-
22 ce que Milan est un nom assez répandu ?
23 R. Oui, on pourrait dire cela.
24 Q. Est-ce que Lukic est un nom de famille assez répandu ?
25 R. Oui, on pourrait dire cela. C'est assez répandu.
26 Q. Est-ce que Milan Lukic est un nom très répandu ?
27 R. Oui, on pourrait dire cela.
28 Q. Pourquoi les dates de naissance et les moyens d'identifier les patients
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1 ne sont-ils pas traités avec plus de précision ? Je souhaite recueillir de
2 vous des commentaires au sujet des pratiques adoptées à l'hôpital.
3 R. En général, l'année de naissance était inscrite dans la première
4 colonne, mais lorsque quelqu'un avait une carte de sécurité sociale, à ce
5 moment-là on inscrivait ce nom dans le registre, il y avait donc un numéro
6 d'identification personnel. Et comme je vous l'ai dit, à chaque fois que
7 vous avez l'acronyme TO, cela signifie qu'il s'agissait de soldats ou de
8 membres de la Défense territoriale qui n'avaient pas de cartes de sécurité
9 sociale, à ce moment-là, on n'inscrivait que les lettres TO.
10 Q. Je sais que pour certains patients vous n'avez aucun renseignement ni
11 de carte de sécurité sociale ni de date de naissance, rien.
12 R. En fait, il faut poser la question directement aux personnes qui ont
13 inscrit ces noms dans le registre. Comme je vous l'ai dit déjà, ils n'ont
14 peut-être pas fait leur travail comme il faut. Ou alors ils n'avaient peut-
15 être pas les cartes ou les papiers d'identité à disposition. Si, par
16 exemple, un homme qui a la cinquantaine et qui vient à l'hôpital, on l'a
17 ramassé, il n'a pas de carte de sécurité sociale, ce n'est pas un membre de
18 la Défense territoriale, et il dit, "Docteur, j'ai un problème," est-ce que
19 vous pensez que le docteur va le renvoyer simplement parce qu'il n'a pas de
20 couverture médicale ? Bien, non ceci n'arrivait jamais. Tous les patients
21 étaient admis à l'hôpital. Personne n'était renvoyé à mon sens en tout cas.
22 Q. Est-ce que vous reconnaissez l'écriture du médecin, ou est-ce que ceci
23 pourrait être l'écriture d'une infirmière ou l'écriture du personnel
24 médical ?
25 R. C'est très peu probable. Le diagnostic et l'administration de la
26 thérapie ou l'ordonnance étaient toujours consignés par le médecin.
27 Q. Est-ce que deux personnes différentes pouvaient inscrire quelque chose
28 à propos d'un patient dans le même registre, par exemple, si le personnel
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1 médical enregistre le patient et ensuite le médecin écrit quelque chose à
2 propos du diagnostic et du traitement du patient en question ?
3 R. Cela pouvait également arriver. L'infirmière pouvait inscrire le nom et
4 le médecin pouvait inscrire le diagnostic et la thérapie préconisée. Comme
5 je vous l'ai dit déjà, je ne peux pas en parler davantage étant donné que
6 je n'étais pas là.
7 Q. En temps de guerre, pensez-vous que certaines personnes auraient pu
8 être admises à l'hôpital en donnant un autre nom ?
9 R. Bien, maintenant nous nous sommes éloignés et nous sommes dans le
10 domaine du théorique, de ce qui est possible et impossible. Honnêtement je
11 ne peux pas répondre à votre question.
12 Q. Est-ce qu'il y avait des médecins musulmans qui travaillaient dans les
13 équipes à l'hôpital ?
14 R. Est-ce que vous voulez parler de ce moment précis ? Je ne le pense pas,
15 je n'étais pas là la dernière semaine. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas
16 travaillé la dernière semaine, et je l'ai déjà évoqué. Je ne sais pas si
17 des Musulmans y travaillaient encore. Peut-être qu'il y avait des
18 dentistes, mais honnêtement, je ne le pense pas.
19 Q. Savez-vous combien de médecins serbes étaient là pour traiter les
20 patients à ce moment-là ?
21 R. Il y avait un ou deux médecins serbes, et il y en avait même qui
22 étaient allés à Uzice avant la guerre pour aller y travailler, et on les a
23 fait revenir. J'en connais quelques-uns. Encore une fois, je dois vous
24 répéter que je ne sais pas combien de médecins travaillaient à l'hôpital à
25 ce moment-là et je ne sais pas combien d'entre eux étaient Serbes.
26 Q. De toute façon, avant le début de la situation chaotique l'hôpital
27 était mixte. Il y avait parmi les membres du personnel de l'hôpital des
28 personnes des deux groupes ethniques, n'est-ce pas ?
Page 1201
1 R. Oui.
2 Q. Donc pour repartir un petit peu en arrière, je souhaite parler de vos
3 échanges avec VG-114. Est-ce qu'elle vous a dit comment elle avait été
4 brûlée, brûlée à l'huile ou au gaz ou par le biais d'un dispositif ou d'un
5 engin explosif ?
6 R. Oui, elle m'a dit comment elle avait été brûlée. Elle m'a dit qu'elle
7 avait vécu une tragédie, que dans une maison - je ne sais pas exactement
8 combien de personnes elle a citées, je ne connais pas le chiffre - mais
9 qu'il y avait beaucoup de gens que l'on a brûlés dans cette maison, sa
10 mère, sa sœur, et un des deux enfants de sa sœur. Vous devez essayer
11 d'imaginer l'état dans lequel elle se trouvait. Je n'avais aucun droit sur
12 un plan moral de lui demander de raconter son histoire. De temps en temps,
13 au cours de notre conversation, certains éléments remontaient à la surface
14 par bribe, mais je ne pouvais pas lui demander cela.
15 Q. Est-ce qu'elle vous a dit qui avait aidé cette jeune femme à Visegrad ?
16 R. Oui. C'est une femme musulmane qui l'a aidée, qui habitait dans cette
17 villa à ce moment-là, et elle a également dit qu'un médecin était venu
18 accompagné d'une infirmière du centre médical pour l'ausculter. Ensuite, à
19 une occasion, elle m'a dit qu'elle s'était rendue à un poste de contrôle
20 une fois pour aller demander aux soldats de la tuer parce qu'elle ne
21 pouvait plus continuer ainsi.
22 Q. Donc on l'a filmée après cela. Est-ce que vous avez remis une
23 déclaration ou donné une interview à la télévision concernant votre épreuve
24 ou l'épreuve que vous avez vécu le long de la Drina ?
25 R. Non, ce n'était pas une émission à la télévision, cela aurait pu être
26 une simple vidéo.
27 Q. Qui décrivait les incidents au bord de la Drina ? Je crois qu'en fait
28 c'était une vidéo filmée par un journaliste ou quelque chose ?
Page 1202
1 R. Oui. J'en ai parlé, je sais, je l'ai décrit.
2 Q. Avez-vous indiqué qu'il y avait un soldat de l'autre côté du fleuve qui
3 a interrompu cette exécution, parce qu'il a tiré et ceci a provoqué la
4 fuite des Chetniks ou le départ des Chetniks ?
5 R. C'est une illusion ici dont vous parlez, vous ne parlez pas de moi. La
6 personne qui a parlé des tirs de l'autre côté de la rue n'a rien à voir
7 avec cet incident. Je sais de qui vous voulez parler, cela concerne deux
8 frères qui ont traversé à la nage le fleuve et qui sont passés de l'autre
9 côté. Je n'ai jamais rien dit de la sorte. J'ai dit en toute connaissance
10 de cause devant cette Chambre que je n'ai jamais déclaré que quelqu'un
11 avait tiré de l'autre côté.
12 Q. Donc qui est cette personne qui a fait cette déclaration à propos de
13 quelqu'un qui a tiré de l'autre côté ?
14 R. Je peux donner une déclaration écrite sur cela si vous voulez. Je ne
15 souhaite pas dire en public qui est cette personne et je ne sais pas si
16 cette personne va venir devant ce Tribunal. Je peux, en revanche, remettre
17 une déclaration écrite au Procureur qui identifiera cette personne.
18 Est-ce que nous pouvons passer à huis clos partiel ?
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
20 [Audience à huis clos partiel]
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13 [Audience publique]
14 M. ALARID : [interprétation]
15 Q. Est-ce que nous pouvons avoir la pièce P56 à l'écran s'il vous plaît.
16 R. Est-ce que nous sommes à huis clos partiel, s'il vous
17 plaît ?
18 Q. Non.
19 R. Nous avons déjà montré cette pièce à huis clos partiel. Si je me
20 souviens bien, ce document a été abordé en audience à huis clos partiel.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ceci n'est pas diffusé, ceci n'est
22 pas diffusé, donc cela n'a pas d'importance.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je comprends, mais je souhaite savoir si
24 nous sommes en audience publique ou à huis clos partiel.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous sommes en audience publique.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque le Procureur a montré ce document à
27 l'écran, nous en avons parlé à ce moment-là à huis clos partiel, c'est ce
28 que le Procureur avait demandé. En tout cas c'est ce dont je me souviens.
Page 1204
1 Et j'ai préféré ne pas diffuser ce document.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Passons alors à huis clos partiel.
3 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
4 [Audience à huis clos partiel]
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8 [Audience publique]
9 M. GROOME : [interprétation] Je voudrais juste qu'on apporte quelques
10 corrections rapides au compte rendu. En ce qui concerne la pièce 67
11 présentée par l'Accusation, une série de trois photographies, le compte
12 rendu dit que je parle de la première photographie comme étant la 4153. En
13 fait, c'est un numéro à huit chiffres qui se termine par 4513. Et en ce qui
14 concerne la deuxième photographie, le compte rendu dit que j'ai dit 4614,
15 en fait, c'est un numéro à huit chiffres qui se termine par 4514. Et enfin,
16 la dernière photographie, il est dit que j'ai mentionné 4615, et je demande
17 que l'on modifie cette troisième photographie, ça a huit chiffres également
18 et ça se termine par 4515.
19 En ce qui concerne la pièce 68 de l'Accusation, à savoir un grand volume
20 des consultations, il n'y a que deux pages qui sont nécessaires, pour
21 éviter d'avoir à numériser des centaines de pages qui sont comprises dans
22 ce registre, donc je voudrais faire la suggestion suivante à la Chambre :
23 on peut renvoyer l'exemplaire dans le dossier Vasiljevic comme étant D26 et
24 qu'il y soit conservé de sorte que si jamais il doit y avoir un examen
25 nécessaire par des légistes, on puisse retrouver rapidement ce registre, et
26 nous savons que la chaîne de conservation fonctionne, et le P68 pourrait
27 maintenant être remplacé par des images des 2 pages contenant les
28 renseignements pertinents sur le 7 juin 1992, et que ce document ne soit
Page 1206
1 pas expurgé, et demeure sous pli scellé. La pièce 70 de l'Accusation est
2 une version expurgée pour les deux mêmes pages, et actuellement est une
3 pièce qui est publique.
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Cepic.
6 M. CEPIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je
7 voudrais juste ajouter quelque chose en ce qui concerne le numéro P68, la
8 pièce en question, c'est le registre de l'hôpital de Visegrad. M. Groome a
9 demandé que l'on admette seulement deux pages, et je voudrais demander,
10 moi, des pages supplémentaires, en fait, simplement deux pages de plus qui
11 ont trait au 14 juin 1992 sous le numéro 5353, et qui a trait à Mitar
12 Vasiljevic, de sorte que
13 --
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Et Maître Alarid ?
15 M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, nous voulons demander,
16 du point de vue de la chaîne de conservation et également pour l'utilité
17 des membres de la Chambre, que le document tiré du registre lui-même soit
18 transféré au dossier de Milan Lukic et Sredoje Lukic entièrement, notamment
19 parce que l'affaire Vasiljevic est terminée. Donc il n'est pas nécessaire
20 que ça fasse partie du dossier, par exemple, s'il y avait un appel ou
21 quelque chose de ce genre. Mais en ce qui concerne ceci, nous pensons que
22 le fait que la Chambre ait parlé d'environ 400 pages de PDF, à ce moment-là
23 nous voudrions avoir l'intégralité, il pourrait y avoir autre chose qui
24 soit pertinent dans ce document.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons prendre un peu de temps
26 pour examiner les différentes propositions et nous rendrons notre décision
27 par la suite. Poursuivons avec le procès au niveau du contre-
28 interrogatoire.
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1 M. ALARID : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 Q. Témoin 32, nous étions en train de regarder votre croquis, et vous avez
3 indiqué que vous ne regardiez pas derrière vous pour voir exactement où se
4 trouvaient les tireurs, mais que ceci représentait plutôt l'endroit où
5 chacun se trouvait lors que la progression dans le pré de 1 à 200 mètres;
6 est-ce bien cela ?
7 R. Non, ce n'est pas exact.
8 Q. Bien, n'est-il pas vrai que vous avez traversé ce champ avec des
9 personnes qui se trouvaient à la fois à votre gauche et à votre droite ?
10 R. Oui. J'ai dit exactement tout à l'heure, qu'alors que je progressais en
11 traversant le pré, à ma gauche il y avait le
12 Témoin 014. Vous pouvez voir sur le croquis que ce témoin n'est pas à ma
13 gauche. Je voudrais le répéter. On m'a demandé de dessiner ceci avec la
14 place où se trouvent les quatre cercles et où je me trouvais à ce moment-là
15 lorsque j'ai commencé à marcher vers la rive. Je ne me suis pas retourné et
16 je ne peux pas vous dire quelle était exactement la position au moment où
17 j'étais en train de progresser vers la rive. Ça c'est quelque chose que
18 j'ai dit et je m'y tiens.
19 Q. Donc vous n'avez pas traversé le champ deux par deux mais plutôt sur un
20 rang.
21 R. C'est ce que j'ai dit.
22 Q. Et du point de vue de la description de chacune de ces personnes, vous
23 avez décrit Milan Lukic comme portant un uniforme de camouflage bleu et un
24 béret ?
25 R. Oui.
26 Q. Quelle était la couleur du béret ?
27 R. Bleu. Bleu clair.
28 Q. Donc de la même couleur, pourrait-on dire, que les rideaux qui se
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1 trouvent derrière les Juges de la Chambre ?
2 R. Oui. Peut-être un peu plus foncé.
3 Q. Comment est-ce que Mitar Vasiljevic était vêtu ?
4 R. Mitar Vasiljevic portait l'uniforme de la Défense territoriale que j'ai
5 décrit, à savoir d'un gris vert olive. C'est l'uniforme de camouflage.
6 Q. Et que --
7 R. Et il portait un couvre-chef noir sur la tête.
8 Q. Et ce couvre-chef noir, quel type de couvre-chef est-ce que c'était ?
9 R. Bon, quel type. C'était un couvre-chef plus large, pas la coiffure
10 classique occidentale. Ça avait une bordure plus large. C'était en fait un
11 couvre-chef américain typique. Je ne suis pas vraiment suffisamment au
12 courant et très bon pour décrire des chapeaux. Vous en avez des millions de
13 sortes. Je pourrais peut-être essayer de faire un dessin. Je ne sais pas
14 comment vous l'expliquer.
15 Q. Et quelle était la couleur de cette coiffure ?
16 R. Noire.
17 Q. Noir. Bien. Et les deux autres hommes, les deux soldats, que portaient-
18 ils ?
19 R. Ils portaient des uniformes de camouflage ordinaires. Autrement dit, ce
20 n'était pas des uniformes de camouflage de la police, c'était des uniformes
21 de camouflage habituels.
22 Q. Que portaient-ils sur la tête ?
23 R. Je crois que le soldat dont j'ai parlé, qui se trouvait à Visegrad
24 Banja, ne portait rien sur la tête. Je me rappelle ça bien. Tandis que
25 l'autre soldat portait un béret, je crois, mais je ne suis pas sûr. Je ne
26 me rappelle pas exactement.
27 Q. Pouvez-vous vous rappeler sa couleur ? Si c'était un béret ou non,
28 pouvez-vous vous rappeler de quelle couleur était ce couvre-chef ?
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1 R. Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, je n'arrive pas
2 vraiment à me rappeler maintenant quelle était la couleur de ce béret. Vous
3 devez garder à l'esprit la situation dans laquelle je me trouvais à ce
4 moment-là. La couleur du béret, pour moi, ça ne m'intéressait pas
5 particulièrement.
6 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappeler si l'uniforme de camouflage bleu
7 avait les manches courtes ou les manches longues ?
8 R. Je pense que c'était des manches courtes. Je crois l'avoir déjà dit.
9 Vous voulez parler de l'uniforme de camouflage de la police ou est-ce que
10 vous parlez des soldats ? Pour ce qui est de la police, c'était des manches
11 courtes.
12 Q. Y avait-il des tatouages sur les bras ?
13 R. Non, je n'ai pas remarqué.
14 Q. Et pour ce qui est du visage de la personne, vous dites qu'il s'agit de
15 Milan Lukic, vous avez dit que seules les joues avaient été noircies ou
16 est-ce que le nez, le menton ou le front l'avaient été aussi ?
17 R. J'ai dit qu'il portait du teint sur cette partie de son visage. Il se
18 peut qu'il y ait eu une sorte de maquillage également sur le front.
19 Q. Est-ce que vous avez remarqué s'il y avait un grain de beauté visible
20 prononcé sur cette personne ?
21 R. Non.
22 Q. N'est-il pas vrai que la première fois que vous avez vu Milan Lukic,
23 c'était avec d'autres soldats dans un café ?
24 R. Oui, c'est vrai.
25 Q. Et avant cela, vous ne connaissiez pas Milan Lukic ou qui que ce soit
26 qui pouvait être nommé Milan Lukic.
27 R. Non.
28 Q. Donc même si vous étiez depuis longtemps habitant de Visegrad, vous
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1 n'aviez pas eu l'occasion d'entrer en contact avec le Milan Lukic local ou
2 qui que ce soit d'autre nommé Milan Lukic ?
3 R. Non.
4 Q. Et à ce moment-là même, lorsque vous vous trouviez dans le café, vous
5 ne saviez pas le nom de cet homme. C'était seulement les gens qui vous ont
6 dit quel était son nom, n'est-ce pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Et quand s'est-il produit qu'il y ait eu quelqu'un qui vous ait dit de
9 qui il s'agissait, pouvez-vous me dire quel était le contexte de cette
10 identification ?
11 R. J'ai dit que je l'ai vu pour la première fois dans l'entrée du café que
12 nous appelions Kod Pipe près de l'entrée de Panos. J'ai dit qu'il portait
13 un fusil avec un silencieux. Il m'a frappé comme étant quelqu'un qui était
14 remarquable et ça m'intéressait de savoir qui il était. Et on m'a dit que
15 c'était Milan Lukic, bien que, je dois dire, je n'ai pas prêté tant
16 d'attention à cela à ce moment-là. Quand plus tard j'ai revu cette
17 personne, j'ai remarqué que c'était lui, que c'était la même personne qui
18 se trouvait hors du centre médical et plus tard avec nous.
19 Q. Donc c'est uniquement parce que quelqu'un d'autre vous a dit que
20 c'était Milan Lukic que vous avez établi le lien mais pas parce que vous le
21 connaissiez personnellement pendant un certain temps.
22 R. Oui.
23 Q. Et même cette fois-là, bien que vous ayez dit que cette personne avait
24 été assez remarquable ou distinguable, il n'y avait rien qui vous aurait
25 permis de le prendre pour un membre des Aigles Blancs ou quelque chose de
26 ce genre ?
27 R. Oui, mais il n'y avait rien d'autre qui montrerait que ce serait là un
28 membre de l'armée régulière.
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1 Q. Que portait-il lorsqu'il était dans cette cafétéria ?
2 R. Il portait un uniforme de camouflage ordinaire, et c'était le même
3 uniforme que celui qu'il avait lorsque je l'ai revu.
4 Q. Etait-ce un uniforme de camouflage vert ?
5 R. Oui.
6 Q. Et quand portait-il un fusil à lunette, cette fois-là dans la cafèt ou
7 la fois d'après ?
8 R. Cette fois-là. C'est ce qui m'a fait le remarquer. Je n'aurais pas
9 prêté attention. Il n'y avait pas beaucoup de soldats à porter à l'époque
10 des fusils à lunette avec des silencieux dessus.
11 Q. Mais d'autres soldats encore étaient à porter des fusils à lunette avec
12 des silencieux, n'est-ce pas ?
13 R. Probablement que si.
14 Q. Et vous n'avez jamais été plus près de lui à un moment donné à la cafèt
15 ?
16 R. Non.
17 Q. Pendant que vous étiez dans cette cafétéria personne ne vous aurait dit
18 que c'était ce Milan Lukic, on ne vous aurait pas dit d'où il venait, qui
19 était ses parents ?
20 R. Non.
21 Q. A quelle date a-t-elle eu lieu cette rencontre fortuite dans la
22 cafétéria ?
23 R. Je ne sais pas vraiment. Je vous avais dit que je l'avais dit avant et
24 que c'était du temps où le Corps d'Uzice était là-bas et que je suis revenu
25 le 5, 6, donc c'était -- le 25 ou le 26, donc cela a pu se passer à peu
26 près vers le 19 mai. Mais je n'arrive pas à me souvenir de la date exacte.
27 Q. Donc vous ne pouvez pas définir plus exactement dans le temps ce moment
28 au fil de cette période de trois semaines; ça peut se situer au début de
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1 cette période tout comme à la fin, n'est-ce pas ?
2 R. C'est cela.
3 Q. Et à l'époque de l'hôpital, quand est-ce que Behija Zukic a été
4 apportée dans la morgue ?
5 R. Je pense que ça s'est passé un jour après ou deux jours après le départ
6 du Corps d'Uzice. Là vraiment je ne suis pas certain de la date exacte.
7 Q. Etes-vous bien certain que c'est le jour où Behija Zukic
8 a été tuée, ou est-ce que cela a pu se passer quelque temps après ?
9 R. Je ne pense pas. Je ne sais pas si ça s'est passé le même soir ou le
10 même jour, mais je ne pense pas que quelqu'un ait acheminé le corps trois
11 ou quatre jours après à la morgue. Je ne sais pas combien de temps il a pu
12 se passer avant que l'on ne prenne quelqu'un pour l'emporter à la morgue.
13 Q. Donc vous n'avez pas une idée du temps qui s'est passé entre le moment
14 où Mme Zukic a été tuée et le moment où son corps a été apporté à la morgue
15 ?
16 R. Ça, non vraiment pas.
17 Q. Lorsque vous avez identifié -- excusez-moi, quand on vous a dit que
18 cette personne dans la cafétéria s'appelait Milan Lukic, qui est-ce qui
19 vous l'a dit ?
20 R. J'étais avec plusieurs de mes connaissances. Mais je ne sais pas vous
21 dire exactement un tel m'a dit que c'était Milan Lukic. Ce n'était pas un
22 grand patelin cet endroit. Je vous ai dit que j'étais avec des
23 connaissances et c'est ce que je maintiens.
24 Q. Bien, quand vous dites que la dépouille de Mme Zukic a été apportée à
25 la morgue, pouvez-vous nous dire qui est-ce qui l'a apportée ?
26 R. Je vous ai dit que je n'étais pas présent. Je n'ai jamais dit qui est-
27 ce qui avait apporté le corps, le cadavre, j'ai dit que le cadavre a été
28 apporté.
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1 Q. C'est justement la raison pour laquelle je vous pose la question, pour
2 savoir si vous le savez ou pas.
3 Vous avez dit que la personne que vous saviez désormais être Milan Lukic
4 était venue au volant d'une Volkswagen Passat ?
5 R. Oui.
6 Q. Dans votre déclaration auprès des représentants du bureau du Procureur,
7 vous avez indiqué, qu'à votre avis, il s'était procuré cette Passat après
8 l'avoir prétendument tuée ?
9 R. Je n'ai pas dit que je le pensais. J'ai dit que je l'ai entendu dire.
10 Q. Donc dans la réalité vous ne savez pas vraiment qui est-ce qui a tué
11 Mme Zukic et vous ne savez pas non plus qui est-ce qui a pris la Passat ?
12 R. Je n'ai jamais dit ou je n'ai jamais affirmé que je savais qui est-ce
13 qui avait tué Mme Zukic. J'ai juste dit que j'ai ouï-dire.
14 Q. Et vous avez ouï-dire cela avant l'incident de la Drina, et de façon
15 évidente après que son corps ait été emmené ?
16 R. Est-ce que vous pouvez répéter votre question ? Je n'ai pas très bien
17 compris.
18 Q. Quand avez-vous appris de la part de cette personne que l'on croyait
19 bien que Mme Zukic avait été tuée et que sa Passat avait été prise par
20 Milan Lukic ?
21 R. C'est entre les deux moments. J'ai compris ce que vous voulez dire.
22 Donc c'est entre l'incident de la Drina et -- oui, entre les deux.
23 Q. N'est-il pas vrai de dire que la police avait saisi bon nombre de
24 véhicules, y compris le vôtre ?
25 R. Je n'ai jamais dit que c'était la police qui avait pris ma voiture. Il
26 est vrai qu'ils ont saisi des voitures. Je pense et il est vrai de dire que
27 bon nombre de véhicules ont été saisis parmi les véhicules qui étaient
28 garés devant l'hôtel de Visegrad.
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1 Q. Et c'était le cas de bon nombre de véhicules qui étaient garés devant
2 le poste de police également, n'est-ce pas ?
3 R. Je n'ai jamais dit que j'avais vu des véhicules garés devant la police
4 alors que c'était des véhicules qui avaient été saisis. J'ai dit que j'ai
5 vu des véhicules qui étaient saisis et qui se trouvaient garés devant
6 l'hôtel Visegrad. Mais là il n'y avait pas, enfin, là ne se trouve pas le
7 poste de police. Ce n'est pas là qu'il se trouve le poste.
8 Q. Avez-vous vu des véhicules saisis à proximité du poste de police ?
9 R. Non.
10 Q. Est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas vu ou que vous ne saviez
11 pas ?
12 R. Je ne sais vraiment pas à quoi vous faites allusion, Monsieur, est-ce
13 que vous voulez dire est-ce que j'ai vu des voitures garées devant le poste
14 de police ou est-ce que j'ai vu un policier stopper quelqu'un pour lui
15 confisquer sa voiture.
16 Q. Avez-vous vu chose pareille, des policiers stopper des véhicules pour
17 les confisquer ?
18 R. Non, je n'ai pas vu cela.
19 Q. Lorsque vous êtes retourné au travail, lorsque vous êtes retourné à
20 Visegrad, avez-vous appris qu'il y avait pas mal de Musulmans de rassemblés
21 au stade une fois que le Corps d'Uzice est entré dans la ville ?
22 R. Je ne peux vraiment pas vous répondre à cette question. Il se peut
23 qu'il y ait des Musulmans de rassemblés, mais moi, je n'étais pas en ville
24 à ce moment. Je ne sais pas quand est-ce qu'il y a eu rassemblement en
25 ville, à quelle date, et si rassemblement il y a eu. Je n'y étais pas.
26 Q. Mais avez-vous entendu parler de cela ? Est-ce que vos compatriotes
27 entre eux ont parlé de cela ?
28 R. Je n'ai vraiment pas entendu parler de la bouche de quelqu'un de ce
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1 rassemblement. J'ai ouï-dire qu'il y a eu rassemblement, mais pour ce qui
2 est des détails au sujet du rassemblement, je ne les connais pas.
3 Q. Vous avez dit que quand vous êtes revenu il a fallu passer par cinq
4 points de contrôle ou postes de contrôle, n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Ces postes de contrôle étaient tenus par qui, la police, les armées ou
7 les uns et les autres ?
8 R. Si vous prenez le premier, au premier c'était les soldats, au deuxième
9 c'était les soldats, au troisième aussi. Je pense qu'au tout dernier poste
10 de contrôle c'était des policiers.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Alarid.
12 M. ALARID : [interprétation] Oui, Monsieur.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pouvez-vous nous expliquer la
14 pertinence de tout ceci ?
15 M. ALARID : [interprétation] J'essaie d'expliquer la façon dont s'est
16 présenté la situation politique et la situation au niveau du contrôle et
17 que j'essaie de démontrer que c'était la police qui avait contrôlé les
18 accès à la ville.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, mais de quelle façon ceci peut-
20 il déterminer la responsabilité au pénal de
21 l'accusé ?
22 M. ALARID : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, ceci nous fournit
23 un accès qui nous permet d'étudier les types de responsabilités
24 alternatives.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, mais cela me semble comme étant
26 un refrain que vous reprenez à chaque fois.
27 M. ALARID : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président, mais je
28 vais rassembler mes arguments et par la suite ce sera plus compréhensible.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]
2 M. ALARID : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
3 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Je voulais vous dire aussi
4 quelque chose. Gardez vos efforts, ménagez vos efforts pour parler non pas
5 de la situation et non pas des faits qui ont fait l'objet de constats
6 judiciaires, c'est-à-dire de choses jugées. Et je vous demande de garder à
7 l'esprit l'heure qui passe.
8 M. ALARID : [interprétation] Oui, Madame.
9 Q. Vous nous avez dit que pendant que le Corps d'Uzice était dans la
10 ville, vous aviez vu des gens qui sont allés au poste de police et qui
11 n'ont plus été revus ?
12 R. Oui.
13 Q. Et ceci s'est passé en dépit du fait ou de la présence du Corps d'Uzice
14 et qu'il était censé de protéger les Musulmans, et il est arrivé que des
15 représentants officiels aient été emmenés; est-ce bien exact ?
16 R. Oui, c'est bien exact.
17 Q. Et en dépit du fait que le Corps d'Uzice était en ville, c'est ce que
18 vous avez remarqué, vous avez remarqué qu'il y a eu des groupes de
19 paramilitaires que vous aviez coutume d'appeler les Aigles blancs, n'est-ce
20 pas ?
21 R. Exact.
22 Q. Et vous avez dit que cela avait constitué plusieurs groupes et non pas
23 un seul groupe, n'est-ce pas ?
24 R. C'est bien ce que j'ai dit. Je vais préciser brièvement.
25 Nous étions convaincus du fait que lorsque le Corps d'Uzice serait parti,
26 eux aussi s'en iraient, mais cela n'a pas été le cas.
27 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur Alarid, je vais
28 vous interrompre une deuxième fois. J'essaie de comprendre la réponse que
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1 vous avez apportée à la question du Juge Robinson. Vous avez parlé de la
2 situation politique et du commandement, et cetera, mais est-ce que les
3 accusés ne sont pas accusés en application de l'article 7.1 et je ne vois
4 pas quelle est la pertinence de l'image générale que vous essayez de nous
5 apporter. Vous êtes en train d'explorer les types de responsabilités
6 alternatives mais je ne comprends pas où cela nous mène.
7 M. ALARID : [interprétation] Bien, dans l'acte d'accusation, Madame le
8 Juge, l'Accusation affirme que M. Lukic était un leader et qu'il est leader
9 des Aigles blancs, et peut-être que je suis en train de donner des coups
10 d'épée dans l'eau, mais ceci me semble être la théorie qu'ils ont défendue.
11 Donc on l'a identifié comme étant plus ou moins le leader des Aigles
12 blancs, et je ne pense pas que ce soit une question à mettre de côté.
13 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Je vous saurais gré de vous
14 concentrer davantage sur les formes de responsabilités en application du
15 7.1 qui découle de l'acte d'accusation. Je vous en remercie.
16 M. ALARID : [interprétation] Oui, Madame le Juge.
17 Q. Lorsque le Dr Safet était en ville -- ou plutôt, lorsqu'on l'a tué,
18 est-ce que le Corps d'Uzice se trouvait encore en ville ?
19 R. Je n'ai pas dit que le Dr Safet a été tué à ce moment-là et le Corps
20 d'Uzice se trouvait en ville. J'ai dit que suite à une initiative du
21 directeur de l'hôpital et du commandement de la ville, que Safet a accepté
22 de retourner dans la ville de Visegrad.
23 Q. Ces autorités de la ville englobaient la cellule de Crise aussi ?
24 R. Je ne sais vraiment pas qui est-ce qui avait géré la ville. Je n'étais
25 pas même à proximité d'éléments qui permettraient de faire savoir qui est-
26 ce qui gérait la ville. Donc ma réponse est toute simple, je ne sais pas.
27 Q. N'est-il pas vrai dire - enfin, un peu plus loin dans votre témoignage,
28 vous avez indiqué qu'un de vos amis avait mentionné le nom de Brane
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1 Savovic.
2 R. Oui, Monsieur, j'ai mentionné le nom de Brane Savovic, mais vous êtes
3 en train de me poser des questions du temps où le Corps d'Uzice était là-
4 bas. J'ai dit que Brane Savovic était à la tête de, enfin, maire de la
5 ville d'Uzice, mais c'était après le départ du Corps d'Uzice.
6 Q. Je comprends. Mais était-il membre du SDS
7 SDS ?
8 R. Oui, c'est bien ce que j'ai dit.
9 Q. N'est-il pas vrai que Risto Perisic commandait la police ?
10 R. Oui, c'est ce que j'ai entendu dire.
11 Q. Et Dragomir Gavrilovic était également un membre de la cellule de Crise
12 ?
13 R. Cela je ne le sais pas.
14 Q. Et Savovic a été placé à ce poste-là au moment où le Corps d'Uzice est
15 parti ?
16 R. Je ne sais pas quand il a pris ce poste, je le suppose simplement.
17 Q. Et lorsque un Aigle blanc vous a contacté, qui souhaitait acheter votre
18 tête, comme vous nous l'avez dit, qu'est-ce qui vous faisait dire que cette
19 personne était un Aigle blanc ?
20 R. Oui.
21 Q. Comment saviez-vous que c'était un Aigle blanc ? Est-ce qu'il vous l'a
22 dit ou est-ce qu'il avait un uniforme particulier ou quelque chose dans sa
23 manière d'être qui vous l'aurait suggéré ?
24 R. Je vais répéter. J'ai dit qu'à la première audience, ainsi qu'à celle
25 d'aujourd'hui, toutes les fois où dans ma déclaration j'ai évoqué les
26 Aigles blancs, je fais référence à tous les paramilitaires. On les appelait
27 les Aigles blancs. Les deux garçons qui m'ont contacté pour acheter ma
28 tête, bien, j'étais là par hasard. Je ne sais pas s'ils étaient venus
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1 chercher le véhicule et il y en avait un qui avait un béret rouge sur la
2 tête avec l'aigle bicéphale. L'autre avait un béret vert sur la tête avec
3 l'aigle bicéphale. J'ai dit que c'étaient sans doute des membres des Aigles
4 Blancs.
5 Lorsque j'ai posé la question à celui qui portait le béret rouge, je lui
6 ai dit, "D'où venez-vous ?" Il a répondu, "Raki, il nous demande d'où nous
7 venons. Est-ce qu'on devrait lui dire. Si je vous dis d'où je suis, je
8 serais obligé de vous tuer." Et j'ai répondu, "Non, non, Monsieur. Vous
9 n'êtes pas obligé de me le dire." En réalité, on plaisantait, parce qu'ils
10 étaient assez courtois, malheureusement, je devais leur acheter ma tête.
11 Puisque vous me parlez de cela, je vais vous dire autre chose. Celui qui
12 portait le béret rouge m'a dit, "De qui devrais-je répondre si je vous tue
13 maintenant ?" J'ai réfléchi en me disant que l'homme avait raison. Il
14 serait responsable devant qui. Et il m'a dit, "Garçon, je ne tue pas les
15 Chetniks. Je pille les Chetniks." C'était sa réponse, celui qui portait le
16 béret rouge.
17 Q. Et cette personne vous a dit qu'il allait vous remettre aux hommes
18 d'Obrenovac; c'est cela ?
19 R. Oui, Obrenovac. C'est ce que j'ai dit.
20 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit que Milan Lukic travaillait à
21 Obrenovac, quelle preuve avez-vous à cet effet ?
22 R. J'ai dit que j'avais entendu dire qu'il travaillait à Obrenovac.
23 Q. Et vous avez entendu ceci de qui ? C'était une rumeur qui s'était
24 répandue, ou est-ce que c'est quelqu'un qui en avait une connaissance
25 particulière ?
26 R. Si je vous dis que c'était de notoriété publique, vous allez comprendre
27 qu'il s'agissait d'une rumeur très répandue, mais je connaissais des gens
28 qui le connaissaient personnellement et qui savaient qu'il travaillait à
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1 Obrenovac.
2 Q. Donc le nom de Milan Lukic était le thème du jour et tous les gens que
3 vous connaissiez en parlaient ?
4 R. Je ne sais pas ce que vous voulez dire, à ce moment-là.
5 Q. Milan Lukic -- est-ce qu'on parlait de ce que faisait Milan Lukic à
6 Obrenovac ?
7 R. Non.
8 Q. Est-ce qu'on évoquait l'âge de la personne qui s'appelait Milan Lukic ?
9 R. On disait qu'il est né entre 1965 et 1968. D'aucuns disaient 1967. Oui,
10 c'est exact. Peut-être 1969. Tout dépend des personnes qui participaient à
11 cette conversation et du contexte.
12 Q. Lorsque vous avez essayé de quitter Visegrad, vous avez fini par
13 obtenir un permis; c'est exact ?
14 R. C'est exact.
15 Q. Et on vous a fait revenir à un poste de contrôle à Dobrun. Qui était à
16 ce poste de contrôle ?
17 R. C'était un poste de contrôle de la police. C'est la police qui était
18 là.
19 Q. Est-ce que vous avez entendu dire qu'il fallait payer pour ces permis ?
20 R. Honnêtement, je n'avais rien entendu dire de ce genre, mais compte tenu
21 des conditions dans lesquelles on vivait et de la façon dont les choses
22 fonctionnent encore aujourd'hui, c'est plausible que les gens aient dû
23 payer ou qu'on leur demande de payer Personnellement, ce n'était pas mon
24 cas.
25 Q. Parce que vous étiez en rapport avec l'officier de police que vous avez
26 rencontré à l'extérieur du poste de police, n'est-ce pas ?
27 R. Ce n'était pas un policier. C'était un employé, c'était un clerc.
28 Q. Vous voulez parler en fait d'un employé de bureau au poste de police ?
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1 R. Il a peut-être commandé le poste de police avant la guerre. Il faisait
2 partie des forces de police. Ce n'était pas un policier d'active sur le
3 terrain.
4 Lorsque je parle "d'employé," je ne veux pas dire par là que c'était
5 un civil qui travaillait au poste de police. Non, il avait un bureau.
6 C'était un employé de bureau au poste de police.
7 Q. Et Dobrun se trouve à quelle distance de Visegrad ?
8 R. A 26 kilomètres environ. Je ne suis pas tout à fait sûr; 20, 26
9 kilomètres environ.
10 Q. Comment s'appelait le commandant de la police que vous connaissiez ?
11 R. Il s'appelait Ceho Mikan.
12 Q. Et sur votre autorisation, c'était la signature de qui ?
13 R. Pardon ?
14 Q. Vous souvenez-vous de la signature qui se trouvait apposée sur votre
15 autorisation, la personne qui l'a signée de façon à ce que vous puissiez
16 quitter Visegrad ?
17 R. Honnêtement, je ne m'en souviens pas, Madame, Messieurs les Juges. Je
18 ne sais pas qui a signé ces papiers, mais je sais que mon ami a dû emmener
19 le papier à la signature. Il fallait que quelqu'un le signe, mais ce qui
20 est important, c'est qu'il ne l'a pas signé lui-même. Il devait attendre
21 une demi heure avant. Et cela devait être signé par la personne qui était
22 responsable de toutes ces questions-là. Mais je ne me souviens pas qui
23 c'était.
24 Q. Nous allons passer à la date du 7 juin. Vous avez dit avoir vu votre
25 voiture passer, c'est ce qui a attiré votre attention et c'est pour ça que
26 vous êtes sorti, n'est-ce pas ?
27 R. Oui.
28 Q. Et qui avait pris votre voiture, vous le savez ?
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1 R. Honnêtement, je ne sais pas.
2 Q. Donc ce quelqu'un l'a prise dans votre garage, c'était l'endroit où
3 vous l'aviez laissée pour la dernière fois ?
4 R. Non. Je dois souligner le fait que je ne gardais pas ma voiture dans
5 mon garage. Lorsque l'homme est venu pour emmener la Mercedes, ma voiture
6 se trouvait à l'extérieur du garage, et on m'a demandé de déplacer ma
7 voiture. Ce n'est pas une voiture très intéressante, m'ont-ils dit, donc
8 ils ne l'ont pas prise. Et j'ai déplacé ma voiture de façon à ce qu'ils
9 puissent sortir à bord de la Mercedes et c'est là que j'avais laissé ma
10 voiture.
11 Q. La personne qui a pris la Mercedes, c'était un officier de police ou un
12 soldat ?
13 R. Je vous ai déjà dit, il y a quelques instants et au début de l'audience
14 d'aujourd'hui, que c'est la personne qui m'a obligé à lui verser une rançon
15 pour que je puisse rester en vie. Je vous ai déjà expliqué tout cela
16 aujourd'hui.
17 Q. Je n'ai pas l'intention d'insister, mais je regarde mes notes, et
18 pardonnez-moi si je dois parler à nouveau de certains éléments de votre
19 déposition.
20 Après que ces deux hommes vous aient emmené et placé en détention, vous
21 êtes parti et vous dites être passé devant un poste de contrôle de la
22 Défense territoriale, et qui était géré par l'armée régulière serbe ou par
23 des officiers de police locaux ?
24 R. Pourriez-vous préciser votre question, s'il vous plaît ? Est-ce que
25 vous voulez parler du poste de contrôle qui se trouvait au croisement en
26 direction de Sase ?
27 R. Oui.
28 Q. Oui. C'étaient les policiers qui se trouvaient à ce poste de contrôle,
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1 ce n'était pas l'armée.
2 Q. Et ces officiers de police vous ont permis de passer avec ceux qui vous
3 avaient capturé ?
4 R. Oui.
5 Q. A propos de Branimir Savovic, n'est-il pas vrai que le SDS
6 extrémiste ?
7 R. C'est sans doute ainsi qu'on les qualifiait. Si vous dites que c'est un
8 parti extrémiste, il faut à ce moment-là dire de même à propos du SDS
9 actuel, car c'est toujours un parti politique en Bosnie-Herzégovine. C'est
10 un parti politique qui existe et qui est actif, donc je ne suis pas tout à
11 fait d'accord avec vous. Si on parle du SDS
12 peux pas parler d'un parti extrémiste étant donné qu'il siège au
13 gouvernement de mon pays.
14 Q. Et en 1992 ?
15 R. Je ne sais pas si tous les membres du SDS étaient des extrémistes, et
16 l'homme qui m'a, pour finir, aidé, était peut-être aussi un membre du SDS
17 mais je ne peux pas dire que c'était un extrémiste. On peut consacrer trois
18 jours à ce débat-là. C'est quelque chose qui peut vraiment être débattu
19 longuement.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais nous n'avons pas trois jours.
21 M. ALARID : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
22 Q. Lorsque votre ami et ceux qui avaient été capturés souhaitaient
23 s'entretenir avec Savovic, c'est parce qu'ils pensaient que comme c'était
24 un chef cela pourrait peut-être être différent, n'est-ce pas ?
25 R. Monsieur, je l'ai expliqué comme il faut aujourd'hui et un peu plus tôt
26 dans la matinée. Ces deux hommes étaient proches, c'étaient des amis. Je
27 peux dire de même en ce qui me concerne, l'homme que j'ai cité, c'était mon
28 ami, il travaillait à l'assemblée municipale, il faisait un représentant
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1 des autorités municipales quelques jours avant l'incident, il avait sans
2 doute vu et rencontré M. Savovic fréquemment, c'est ce que j'ai dit.
3 C'étaient des amis proches.
4 Q. N'est-il pas vrai que la seule façon dont vous auriez pu savoir que
5 c'était Milan, c'est parce que l'autre soldat a dit qu'il devait
6 s'entretenir avec Milan avant de pouvoir transmettre le message de votre
7 ami qui précisait qu'il souhaitait parler à M. Savovic ?
8 R. Je souhaite que ceci soit très clair aux yeux des Juges de la Chambre.
9 La situation dans laquelle nous nous trouvions à l'époque et les soldats
10 qui montaient la garde à l'entrée, tout ceci ne nous permettait pas de
11 penser qu'il allait ou pouvait tirer sur nous. Il a même demandé à mon ami
12 s'il avait des enfants, et cetera.
13 Nous ne le voyions pas comme un bourreau, mais il devait savoir quel sort
14 allait nous être réservé. Même si c'est lui qui m'avait donné le nom de
15 Milan, ceci ne m'aurait pas permis de sauver ma peau, donc cela n'est pas
16 très important de savoir qu'il a mentionné le nom de Milan.
17 Q. La question néanmoins que je vous ai posée : N'est-il pas vrai que la
18 seule raison pour laquelle vous saviez que cette personne masquée en
19 uniforme de camouflage bleu s'appelait Milan, c'est uniquement comme cela.
20 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, à mon sens, je ne sais
21 pas si le témoin dans sa déposition a parlé du fait qu'il portait un
22 masque.
23 M. ALARID : [interprétation] En fait, c'était avec de la peinture noire.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas entendu la question.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Répétez la question.
26 M. ALARID : [interprétation]
27 Q. En fait, la seule raison qui vous avait permis de connaître
28 l'identité de cette personne qui portait un uniforme de camouflage bleu et
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1 un masque peint sur le visage et savoir qu'il s'appelait Milan, c'est parce
2 que ce soldat vous l'a dit.
3 M. GROOME : [interprétation] En fait, le témoin n'a jamais dit que le
4 visage était caché. Je crois que si vous souhaitez reprendre les propos du
5 témoin, il faut les citer finalement.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez reprendre votre question.
7 M. ALARID : [interprétation]
8 Q. La peinture noire qui recouvrait le visage de ce monsieur qui portait
9 un uniforme de camouflage bleu, est-ce que cela lui masquait les traits du
10 visage ?
11 R. Non.
12 Q. N'est-il pas vrai que la seule raison pour laquelle vous saviez que
13 cette personne était Milan, c'est parce que l'autre soldat vous l'avait dit
14 ?
15 R. Je ne dirais pas que c'était la seule raison. Je dirais plutôt que ceci
16 confirmait tout le reste.
17 Q. Et c'est également parce que vous pensiez que la Passat rouge se
18 trouvait là et dans votre esprit, la Passat rouge et Milan Lukic, c'était
19 la même chose ?
20 R. J'ai dit que jusqu'à ce moment-là et cette conversation dans la maison,
21 je n'avais jamais vu la Passat rouge avant ce moment-là. J'ai dit que
22 lorsqu'ils nous ont fait sortir de la maison et lorsque nous sommes arrivés
23 dehors, c'est à ce moment-là que j'ai vu la Passat rouge.
24 Q. Et ce n'est qu'à ce moment-là qu'entre ce monsieur qui vous disait que
25 c'était Milan et que vous avez vu la Passat rouge, c'est ce qui vous a fait
26 croire que c'est Milan Lukic qui a tué Behija Zukic ?
27 R. Il ne me l'a pas dit à moi, personnellement. La façon dont vous posez
28 la question, c'est comme si le soldat m'avait donné le nom. Il a dit le nom
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1 à mon ami, en réalité. De même pourriez-vous répéter votre dernière
2 question, s'il vous plaît.
3 Q. Ce qui me préoccupe davantage, c'est ceci : lorsque vous vous êtes
4 rendu compte que c'était Milan Lukic, en tout cas, vous le pensiez, n'est-
5 il pas vrai qu'il s'agit d'un ensemble de facteurs conjugués ? Dans ce cas,
6 vous avez entendu le nom de Milan et vous avez vu la Passat rouge en même
7 temps, donc en associant ces deux facteurs, vous avez supposé qu'il
8 s'agissait de Milan Lukic dont vous aviez entendu parler avant cela.
9 R. C'est comme cela que vous comprenez les choses. Mais je ne suis pas
10 d'accord avec vous.
11 Q. Lorsqu'on vous a placé dans la Yugo, il y avait tout d'abord un
12 désaccord, parce que le soldat qui s'est assis à l'arrière a obligé la
13 personne qui se trouvait au milieu à s'asseoir plus ou moins sur vos
14 genoux, ou en tout cas à se serrer au milieu, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Et les autres personnes sont allées dans la Passat; c'est exact ?
17 R. Mon ami était devant, Ekrem était au volant, Hasan Mutapcic était dans
18 la Passat. J'ai déjà dit que les deux personnes étaient déjà debout devant
19 la Passat. Ils sont entrés dans la voiture et Hasan Mutapcic est entré avec
20 eux.
21 Q. Est-ce que cela veut dire qu'il y avait cinq personnes dans la Yugo et
22 cinq personnes dans la Passat ?
23 R. En tout. Cinq dans la Yugo et cinq dans la Passat. C'est exact.
24 Q. Lorsque vous êtes allé à l'hôtel Vilina Vlas et que Mitar Vasiljevic
25 s'est joint à vous, comment cela s'est-il présenté au niveau des voitures ?
26 R. Je vous l'ai expliqué dans le détail dans le procès Vasiljevic. Il a
27 quitté l'hôtel et est entré dans la Passat aussi. Comment ils ont réussi à
28 se serrer à l'intérieur tous les six, je l'ignore. Et je crois qu'il est
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1 clair que seul M. Vasiljevic qui pourrait répondre à la question.
2 Q. En fait, je suppose que ma question porte sur le fait, est-ce que vous
3 avez remarqué que c'était difficile de s'engouffrer dans la Passat comme
4 ça, est-ce que les soldats peut-être étaient en colère ou criaient peut-
5 être parce qu'ils étaient obligés de se serrer ou quelque chose comme ça,
6 que vous auriez peut-être
7 remarqué ?
8 R. Je vous l'ai déjà dit. Au moment où nous avons quitté Banja, il y avait
9 Yugo devant la Passat. Et étant donné que j'étais assis derrière le
10 conducteur, logiquement, je suis entré dans la Yugo en premier. J'avais le
11 dos tourné et je ne pouvais pas voir la Passat vu l'endroit où j'étais
12 assis, et comme j'étais assis dans la Yugo je ne pouvais pas voir ce qui
13 s'est passé dans la Passat et comment ils se sont engouffrés dedans.
14 Q. N'est-il pas vrai de dire que dix personnes pouvaient plus facilement
15 s'installer dans ces voitures que 11 ?
16 R. Nous étions 11.
17 Q. Et vous en êtes tout à fait sûr ?
18 R. J'en suis sûr à 100 %.
19 Q. Est-ce que vous connaissez les deux autres noms de ces personnes
20 lorsqu'il y a eu cette fusillade ?
21 R. Non. Je n'ai jamais appris leurs noms, je l'ai toujours dit. Je ne les
22 connaissais pas.
23 Q. En route vers Vilina Vlas, vous avez remarqué qu'il y avait deux
24 mosquées qui avaient été incendiées. Est-ce que ça avait eu lieu avant ou
25 après que le Corps d'Uzice soit parti ?
26 R. Après.
27 M. ALARID : [interprétation] Un instant, je vous prie, Monsieur le
28 Président. J'ai presque fini.
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1 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions à poser. Nous voulons
2 simplement demander le versement au dossier de la déclaration du témoin du
3 30 septembre et du 1er octobre 1998 qui a été téléchargée comme étant 1D100-
4 0191, la version non expurgée. Et nous voudrions également demander le
5 versement au dossier de la déposition de ce témoin au procès, qui avait été
6 téléchargé comme étant le
7 1D10-0239, la déposition du procès le 11 septembre 2001, tout ceci est
8 l'élément de preuve déposé sous pli scellé.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, nous allons l'admettre.
10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, le 1D100-239
11 devient la pièce 1D13, la déclaration du témoin devient la pièce 1D-31 sous
12 pli scellé.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Cepic.
14 M. CEPIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. On n'a pas de
15 questions à poser.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome.
17 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai juste une question
18 à évoquer mais avant que je ne me hâte de terminer à l'heure, j'ai par
19 inadvertance oublié de demander à ce témoin s'il avait reconnu qui que ce
20 soit dans la salle d'audience. Pourrais-je présenter une demande afin de
21 rouvrir mon interrogatoire principal pour le faire. Bien entendu, je ne
22 m'opposerai pas à ce que Me Alarid ait la possibilité de contre-interroger
23 le témoin sur les résultats de ma question.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, sur la base du fait que la
25 Défense peut elle-même poser des questions qui se feraient jour.
26 Nouvel interrogatoire par M. Groome :
27 Q. [interprétation] Témoin VG-32, je voudrais vous demander de regarder
28 attentivement dans la salle d'audience et de nous dire si vous reconnaissez
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1 quelqu'un dans cette salle aujourd'hui à part moi.
2 R. Le premier à partir de la gauche est M. Lukic et je reconnais également
3 l'homme qui est juste à côté de lui, mais le premier qui est sur la gauche
4 avec une cravate rouge ou rougeâtre c'est lui.
5 Q. Est-ce que je pourrais vous demander d'utiliser à la fois le prénom et
6 le nom de famille de la personne que vous reconnaissez ?
7 R. Milan Lukic.
8 Q. Vous êtes certain de cela ?
9 R. Oui, Monsieur le Président. C'est le même sourire que je me rappelle
10 très bien.
11 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que le
12 compte rendu indique que le témoin a identifié Milan Lukic.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
14 M. GROOME : [interprétation]
15 Q. Témoin VG-32, vous dites que vous reconnaissez également une autre
16 personne dans la salle d'audience. Pouvez-vous nous dire le nom complet de
17 la personne que vous reconnaissez ?
18 R. C'est M. Sredoje Lukic.
19 Q. Comment le reconnaissez-vous ?
20 R. Je le connaissais. Il était policier à Visegrad avant la guerre. Je
21 n'ai jamais beaucoup entendu parler de lui et je ne l'ai jamais mentionné
22 dans mes déclarations mais vous venez juste de me demander si je le
23 connaissais et si je vous répondais, Non, je ne connais pas cet homme, ce
24 serait un mensonge.
25 Q. Je vous remercie.
26 M. GROOME : [interprétation] Pourrais-je demander que l'on montre au témoin
27 la pièce 70 de l'Accusation.
28 Q. Et pendant qu'on attend qu'elle apparaisse à l'écran, Me Alarid dans
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1 son interrogatoire vous avait évoqué le fait qu'il y avait plus d'un Milan
2 Lukic étant donné le côté très fréquent de ce nom. Et la question que je
3 veux vous poser maintenant, la question que je vais vous poser maintenant
4 concerne le registre du centre médical, et je crois que vous avez dit à ce
5 moment-là qu'il y a une colonne où c'est indiqué l'année de naissance et
6 dès que nous verrons cette pièce à l'écran je voudrais vous demander de
7 regarder la colonne où apparaît le nom de Milan Lukic et que vous nous
8 disiez si oui ou non l'année de naissance y est inscrite.
9 M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais soulever
10 une objection à cela. Ceci suggère beaucoup trop une réponse, c'est
11 directif, sinon, les éléments de preuve, enfin, se passe de commentaires.
12 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, apparemment --
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Groome.
14 M. GROOME : [interprétation] Dans mon effort pour essayer de replacer le
15 livre intégral dans sa version numérisée, apparemment ça cause peut-être
16 quelques confusions maintenant. Donc je voudrais demander que pour le
17 moment le registre entier soit rendu au témoin afin que le témoin puisse le
18 regarder et peut-être que ça pourrait être également placé sur le
19 rétroprojecteur.
20 M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, j'élève à nouveau la
21 même objection.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne la retiens pas.
23 M. GROOME : [interprétation]
24 Q. Encore une fois pourrais-je vous demander de retrouver l'entrée
25 concernant Milan Lukic et je voudrais vous demander si ça vous dit l'année
26 de sa naissance, pourriez-vous, s'il vous plaît, indiquer et pointer où ça
27 se trouve et nous répondre sur ce point.
28 R. Je pense avoir déjà dit, lorsque j'ai expliqué ces rubriques, j'ai
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1 indiqué qu'il y avait le nom, la date de naissance ou l'année de naissance,
2 l'origine, le lieu de séjour, le numéro de la pièce d'identité et on dit
3 ici que l'année de naissance est 1967.
4 M. GROOME : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser,
5 Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Monsieur le Témoin, ceci
7 conclut votre déposition et nous vous remercions d'être venu jusqu'au
8 Tribunal international pour faire cette déposition. Vous pouvez maintenant
9 vous retirez.
10 [Le témoin se retire]
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Témoin suivant.
12 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation cite
13 maintenant à la barre le Témoin VG-84. C'est Mme Marcus qui va interroger
14 ce témoin qui entre maintenant en salle d'audience.
15 Monsieur le Président, tandis que nous attendons que le témoin entre,
16 il y a deux jours j'avais présenté une photographie selon le programme 360
17 et elle avait été marquée aux fins d'identification, mais n'avait pas été
18 officiellement présentée pour versement au dossier, et il a été convenu
19 entre moi-même et le conseil que je la présenterais officiellement, un jour
20 ou deux plus tard, pour leur donner la possibilité de l'examiner
21 entièrement, de sorte que maintenant je voudrais officiellement demander
22 que la pièce 175 de la ligne 65 ter devienne une pièce à conviction
23 publique. Il s'agit donc du programme 360 qui comporte des photos de
24 Visegrad et autour de Visegrad.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, nous l'acceptons. Nous
26 l'admettons au dossier.
27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ça devient la pièce P71, Monsieur le
28 Président. Excusez-moi. MFI va devenir la pièce P64.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je dois appeler votre attention sur
2 le fait que nous avons dépassé le temps imparti et j'envisage de prendre
3 les mesure qui convient pour rattraper le dépassement de façon à accélérer
4 les choses.
5 Que le témoin fasse la déclaration officielle, solennelle.
6 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
8 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
9 LE TÉMOIN: Témoin VG-84 [Assermenté]
10 [Le témoin répond par l'interprète]
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame Marcus, combien de temps
12 pensez-vous utiliser pour votre interrogatoire principal ?
13 Mme MARCUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames,
14 Messieurs les Juges. Je pense avoir besoin d'une trentaine de minutes.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Veuillez commencer.
16 Interrogatoire principal par Mme Marcus :
17 Mme MARCUS : [interprétation] Peut-on placer la feuille à pseudonymes
18 devant le témoin. Je l'ai juste ici, en mains.
19 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.
20 R. Bonjour.
21 Q. On vous a accordé des mesures de protection par les soins de cette
22 Chambre à des fins d'audition au procès. Nous allons utiliser un pseudonyme
23 plutôt que votre nom. Alors pouvez-vous nous confirmer que c'est bien votre
24 nom et votre date de naissance qu'on voit sur la feuille qui vous est
25 montrée ?
26 R. Tout ceci est exact.
27 Q. Ayez l'obligeance de signer cette feuille de papier, je vous prie.
28 R. [Le témoin s'exécute]
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1 Q. Merci. Je voudrais que l'huissier montre la feuille à pseudonymes au
2 conseil de la Défense, ainsi qu'aux Juges de la Chambre, et j'aimerais que
3 ce soit versé au dossier.
4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, cette feuille de
5 papier sera versée au dossier sous la cote P71 sous pli scellé.
6 Mme MARCUS : [interprétation] Merci.
7 Q. Monsieur VG-84, je vais vous fournir une feuille à références avec
8 l'aide de Mme l'Huissière, avec les noms des personnes que vous voudrez
9 peut-être mentionner à l'occasion de votre témoignage d'aujourd'hui. Et
10 j'aimerais que vous vous reteniez de l'utilisation de leur nom. Plutôt que
11 de le faire, utilisez les pseudonymes qui figurent en face de leurs noms
12 sur la même feuille. M'avez-vous bien compris ?
13 R. Fort bien.
14 Q. Merci. Monsieur le Témoin VG-84, en juin 1992, quel âge aviez-vous ?
15 R. Je n'avais pas 14 ans encore.
16 Q. Quel est le niveau d'éducation que vous avez réalisé, que vous avez
17 obtenu ?
18 R. J'ai un diplôme de formation secondaire.
19 Q. Avez-vous déjà témoigné dans l'affaire Vasiljevic les 8 et 9 octobre de
20 l'an 2001 ?
21 R. Oui.
22 Q. Avez-vous eu l'occasion de revoir ce témoignage en langue bosniaque
23 avant de comparaître dans ce prétoire aujourd'hui ?
24 R. Oui.
25 Q. Y aurait-il quoi que ce soit que vous souhaiteriez modifier dans votre
26 déclaration préalable ?
27 R. Il y a des tout petits détails, mais à mes yeux, ce sont vraiment de
28 tout petits détails. Pour l'essentiel, je maintiendrais tout tel quel.
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1 Q. Donc pour des raisons de clarification, nous parlons de votre
2 témoignage préalable, non pas de votre déclaration préalable. C'est ce que
3 je veux tirer au clair. Donc avez-vous des éclaircissements à apporter pour
4 ce qui est du témoignage que vous avez déjà fourni ?
5 R. Non.
6 Q. Si je vous posais les mêmes questions aujourd'hui, comme lorsque vous
7 avez témoigné la fois passée, apporteriez-vous les mêmes réponses ?
8 R. Je dirais entièrement la même chose.
9 Mme MARCUS : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, en application
10 de l'article 92 ter, je voudrais verser au dossier le témoignage précédent
11 de ce témoin à l'affaire Vasiljevic aux numéros 146 et 147 de la liste 65
12 ter, qui se réfèrent donc au témoignage précédent de VG-84, fait aux dates
13 du 8 et 9 octobre sous pli scellé.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Certes.
15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, cette
16 pièce 1464 deviendra la pièce P72, et la 147 deviendra la pièce 73 sous pli
17 scellé.
18 Mme MARCUS : [interprétation]
19 Q. Monsieur 84, avez-vous fourni une déclaration aux enquêteurs du
20 Tribunal à la date du 20 janvier 2001 ?
21 R. Oui.
22 Q. Avez-vous eu l'occasion de relire cette déclaration dans la langue
23 bosniaque avant que de venir témoigner en prétoire
24 aujourd'hui ?
25 R. Oui.
26 Q. A l'occasion de la séance de récolement, vous avez fait et apporté
27 quelques éclaircissements à cette déclaration. J'aimerais, au greffier
28 d'audience, de demander au greffier d'audience de nous montrer la pièce 65-
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1 ter qui porte le nom 179, et ce, notamment la page numéro 1.
2 VG-84, voyez-vous cette déclaration sur l'écran qui se trouve en face de
3 vous ?
4 R. Oui, oui, je le vois.
5 Q. Oui. Alors j'éclaire votre lanterne et je vous dis que ce n'est pas
6 diffusé à l'extérieur. Merci. Est-ce que vous voudriez corriger quoi que ce
7 soit sur la page que vous avez devant vous ?
8 R. Ici, on dit 11 ans, alors que moi, j'avais un peu moins de 14 ans.
9 Q. J'aimerais que la greffière d'audience nous montre maintenant la page
10 numéro 2. Si nous parlons maintenant du paragraphe 4 de la version anglais,
11 le voyez-vous ?
12 R. Oui, je vois ça.
13 Q. Y a-t-il là des éclaircissements que vous voudriez
14 apporter ?
15 R. Bien, ici on dit 10 à 15 000 personnes, alors que c'était 1 000 à 1
16 500. C'est la seule chose que je contesterais ici.
17 Q. Merci. J'aimerais maintenant qu'on nous montre sur l'affichage
18 électronique la page 3, paragraphe 4. Ce paragraphe commence par "A la fin
19 mai." Monsieur VG-84, y a-t-il quelque chose dans ce paragraphe que vous
20 souhaiteriez corriger ?
21 R. Oui.
22 Q. Faites.
23 R. Oui. Ici il y a Jasmina, or c'est Jasmina Vila. Il se peut que je me
24 sois trompé ou qu'il y ait une confusion, parce que ce sont des noms de
25 famille dans ce village qui se ressemblent, et la personne en question
26 s'appelle Jasmina Vila.
27 Q. Merci. Trois paragraphes plus loin de la même page sur la même page on
28 dit : "A la date du 13 juin 1992."
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1 R. Oui.
2 Q. Y a-t-il quoi que ce soit que vous souhaiteriez rectifier ?
3 R. Oui. Il faut qu'il soit inscrit à la date du 14 juin 1992.
4 Q. Passons maintenant à la page 4, s'il vous plaît, en affichage
5 électronique. Le paragraphe 2 de la page 4, à peu près vers la ligne 2, ça
6 commence par : "Il a dit qu'il était président de la Croix-Rouge." Y a-t-il
7 quoi que ce soit au niveau de cette ligne ou des lignes suivantes que vous
8 aimeriez corriger ?
9 R. Mujo Halilovic. On dit ici Jasarevic, mais en réalité c'est Halilovic.
10 Q. Merci. Le dernier éclaircissement se situe trois paragraphes plus loin.
11 Parce qu'avec la phrase : "Pendant tout ce temps nous avons pu entendre." Y
12 a-t-il là des choses à tirer au clair s'agissant de cette ligne ?
13 R. De quelle partie parlez-vous ?
14 Q. Oui. Le paragraphe commence par : "Lorsque je suis arrivé à la maison,
15 je suis allé au milieu du sous-sol," et la ligne se trouve un peu plus loin
16 vers la fin du paragraphe.
17 Q. Ici il est question "de soldats ivres," j'ai fait ma déclaration auprès
18 des enquêteurs. De là à savoir s'ils étaient vraiment saouls ou pas, je ne
19 l'ai pas déterminé, je ne pense pas avoir dit qu'ils étaient saouls. Ils
20 ont peut-être posé la question et on leur a transmis la chose de la sorte,
21 mais moi, je n'ai jamais déclaré chose pareille dans ma déposition.
22 Q. Merci. Monsieur VG-84, si nous prenons en considération ces
23 éclaircissements, si je devais vous poser les mêmes questions aujourd'hui
24 que celles qui vous ont été posées lors de la prise de votre déclaration,
25 apporteriez-vous les mêmes réponses ?
26 R. Je dirais la même chose sur tout.
27 Mme MARCUS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je voudrais que
28 cette déclaration soit versée au dossier sous pli scellé.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, cette
3 pièce 179 en application du 65 ter devient la pièce P74 sous pli scellé.
4 Mme MARCUS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je voudrais
5 continuer et verser les pièces annexes auxquelles s'est référé le témoin
6 pour ce qui est de son témoignage précédent. Il s'agit du numéro 65 ter qui
7 porte les numéros 144 et 145. Ce sont des photos que le témoin avait
8 annotées pendant son témoignage précédent.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Allez-y.
10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ça deviendra la
11 pièce P75 et P76 respectivement.
12 Mme MARCUS : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être le moment
13 serait-il opportun pour lever l'audience. Mais je pourrais continuer.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Combien de temps avez-vous besoin
15 encore ?
16 Mme MARCUS : [interprétation] Je dirais encore une vingtaine de minutes.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] De combien de temps pensez-vous
18 avoir besoin, Monsieur Alarid ?
19 M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je ne suis pas tout à
20 fait sûr, pour être sincère. C'est, avec chaque témoin, différent.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bon. Nous allons lever l'audience et
22 nous allons reprendre demain.
23 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le vendredi 5
24 septembre 2008, à 8 heures 50.
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