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1 Le mardi 30 janvier 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous allons passer à huis clos de
6 façon à ce que le témoin puisse entrer dans le prétoire.
7 [Audience à huis clos]
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 [Audience publique]
16 M. ZECEVIC : [interprétation] Il y aura d'abord le général Pavkovic, le
17 général Lazarevic, M. Sainovic, M. Milutinovic, le général Ojdanic et le
18 général Lukic.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
20 Bonjour, Monsieur le Témoin K90.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Le contre-interrogatoire des
23 différents représentants des accusés va commencer. Chacun des conseils va
24 vous interroger à son tour. Je vous rappelle que vous vous êtes engagé à
25 dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Cette déclaration
26 solennelle s'applique toujours aujourd'hui.
27 Le premier conseil à vous interroger sera Me Ackerman.
28 Bonjour, Maître Ackerman.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avec l'aide de
2 l'huissier, je souhaiterais présenter plusieurs documents au témoin ce
3 matin.
4 LE TÉMOIN: TÉMOIN K90 [Reprise]
5 [Le témoin répond par l'interprète]
6 Contre-interrogatoire par M. Ackerman :
7 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, nous allons examiner tout à
8 l'heure ces documents. Pour le moment, nous n'allons pas les examiner, mais
9 nous le ferons bientôt. Quand avez-vous eu la possibilité pour la première
10 fois de revoir votre déclaration en langue serbe ?
11 R. Monsieur le Président, il y a eu un problème par rapport à la
12 déclaration. L'interprète qui était là avec l'enquêteur à Belgrade n'est
13 pas la personne qui a signé cette déclaration. Cette déclaration ne s'est
14 pas faite sur deux jours mais en une seule journée.
15 Je ne peux pas être vraiment précis, mais lorsque j'ai rencontré
16 l'enquêteur près de l'hôtel M - c'est là qu'il y a eu un accident de la
17 circulation devant l'hôtel, c'était peut-être le même jour - ensuite, il y
18 avait ce parc à Belgrade.
19 Je ne sais pas si c'est à ce moment-là qu'ils m'ont relu la
20 déclaration, mais la première femme qui a interprété mes propos - en fait,
21 je crois que cette déclaration est plus fiable que celle que j'ai ici. Le
22 Procureur ne m'a pas tout de suite donné la déclaration, il me l'a donnée
23 dans ma chambre. Je l'ai préparée en compagnie du Procureur et j'ai soulevé
24 certaines objections, non pas par rapport à la teneur de la déclaration,
25 mais j'ai fait des observations.
26 Q. Cette déclaration vous a été remise dans votre chambre ? Vous voulez
27 parler du témoignage dans cette affaire ?
28 R. Oui, jeudi.
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1 Q. L'un des documents que je viens de vous remettre s'appelle feuille de
2 renseignements supplémentaires. Il y a deux feuilles de papier qui
3 composent ce document.
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que vous l'avez déjà vu auparavant ?
6 R. Donnez-moi quelques instants pour que j'en prenne connaissance. Non.
7 Q. Il s'agit du rapport préparé par M. Hannis concernant les échanges que
8 vous avez eus avec lui vendredi dernier. Il est question de certaines
9 modifications dans votre déclaration. D'après ce que j'ai compris de votre
10 déposition hier à propos de ce que vous avez dit à M. Hannis, ce document
11 n'est pas exact, il ne comporte pas toutes les informations que vous avez
12 fournies à M. Hannis vendredi dernier; c'est bien cela ?
13 R. M. Hannis et moi-même avons examiné ensemble cette déclaration vendredi
14 dernier. Nous nous sommes mis d'accord sur la plupart des choses, mais nous
15 avons précisé d'autres éléments. Des mesures de protection devaient être
16 ordonnées à mon encontre, donc il n'y avait pas de contestation par rapport
17 à la teneur de la déclaration, il y avait certaines précisions seulement à
18 apporter.
19 Lorsque le Président de la Chambre m'a demandé de revoir ma
20 déclaration hier, je l'ai revue plusieurs fois, en outre j'ai examiné les
21 autres documents qui m'ont été présentés par la suite. Je n'ai pas
22 d'objections à soulever à l'exception de certains éléments. Il n'y a pas de
23 grandes divergences, mais c'est bien de cela que nous avons parlé vendredi
24 dernier.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Excusez-moi, Maître Ackerman, j'aurais
26 dû évoquer cela au début.
27 Est-ce qu'il y a d'autres modifications que vous souhaitez apporter à
28 cette déclaration ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux vous remettre cette
2 déclaration, Monsieur le Président, celle que j'ai corrigée. Il y a très
3 peu de corrections ici, ce sont des corrections mineures.
4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Si ces corrections sont en langue
5 serbe, je ne pourrai pas en prendre connaissance.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je voulais que vous voyiez le nombre
7 de corrections, ensuite c'est vous qui déciderez de ce qu'il convient de
8 faire.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, nous devons voir ce qui est
10 nécessaire. Dans quels paragraphes de votre déclaration souhaiteriez-vous
11 apporter des corrections ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais lire ces paragraphes les uns après les
13 autres, je veux dire ce que j'ai corrigé, et vous déciderez. Paragraphe 28,
14 pour commencer. Il s'agit d'une correction apportée par le Procureur. Il
15 s'agit de la 549e Brigade motorisée dans ce paragraphe. Ensuite, au
16 paragraphe 36, deuxième phrase : "Pour ce type d'occasion, nous avions
17 toujours des sprays." J'ai parlé de cette occasion uniquement, il n'y a pas
18 eu d'autres occasions de ce genre.
19 Ensuite, au paragraphe 39.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'y a rien à changer ici. En fait non,
22 non, il y est question d'un homme, mais il n'y a pas de modification à
23 apporter.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous en avons parlé hier.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Au paragraphe 41. Le Procureur a ajouté
26 quelque chose dans la première phrase : "Ce n'était pas la mission
27 principale de mon unité."
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a une autre phrase qui est très
2 importante à mes yeux. Elle change le contexte. Mon commandant n'a jamais
3 donné l'ordre d'expulser les villageois vers l'Albanie. C'est une phrase
4 qui a été ajoutée par la suite par le Procureur, donc c'est l'une des
5 modifications à apporter.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez expliqué cela en détail
7 hier.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est vrai.
9 Paragraphe 43. "En compagnie de mon unité, j'ai participé aux expulsions."
10 C'est ce qui a été dit ici, mais j'ai parlé de "réinstallation," et non pas
11 "d'expulsion." Ce n'est pas la même chose. Ici, il est question de
12 "quelques villages." En fait, c'est ce qu'a ajouté le Procureur. Il faut
13 remplacer le terme "expulsés" par "réinstallés."
14 Tous les habitants de ce village "ont été contraints, et cetera." Je vous
15 ai expliqué hier que je n'avais pas d'ordre précis. Si quelqu'un me disait
16 qu'il ne voulait pas partir, j'en informais mon commandant et c'est lui qui
17 décidait, mais je ne savais pas ce que j'étais censé faire.
18 En fait, cela ne s'est jamais produit et nous n'avons pas vraiment eu
19 d'instructions précises sur ce que nous étions censés faire au cas où
20 quelqu'un refuserait de partir.
21 Au paragraphe 44, il est question "d'expulsion." Je voudrais que l'on
22 remplace le terme par "réinstallation" là encore.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 45. Vous m'avez posé une
25 question au sujet de ce vol, Monsieur le Président. Personne n'osait
26 prendre quoi que ce soit dans les maisons. Il y a eu des cas isolés,
27 certes, peu importe qu'il se soit agi de deux ou trois personnes.
28 Ce qui est important, c'est qu'ils fouillaient dans les affaires des gens,
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1 ils fouillaient les maisons. Tous les soldats ne faisaient pas cela; il
2 s'agissait de cas isolés. C'est ce que j'ai écrit ici. Est-ce que je vous
3 ai expliqué clairement les choses, est-ce que vous m'avez bien compris ?
4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, oui.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 46. Comme je vous l'ai déjà dit,
6 je me répète, il s'agit d'informations que j'ai obtenues d'autres
7 personnes.
8 Je dois reconnaître que samedi dernier j'ai parlé à un homme de cet
9 incident qui s'est produit à Korisa. Il m'a confirmé que ma déclaration est
10 presque exacte, sauf que ces hommes étaient sur la colline, ensuite ils se
11 sont dirigés vers le village et vers l'Albanie; ensuite, ils les ont
12 laissés là dans un entrepôt, c'est là qu'ils ont été touchés.
13 En fait, il s'agit de connaissances indirectes. Je n'ai pas été
14 témoin direct de cela. C'est d'autres personnes qui me l'ont raconté. Voilà
15 ce que j'ai ajouté. Voilà ce que j'ai changé dans ma déclaration.
16 Est-ce que vous avez bien compris ce que j'ai essayé de vous
17 expliquer ?
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vais essayer de comprendre ce que
19 vous nous dites.
20 Oui, je comprends maintenant. Poursuivez.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Paragraphe 47. Dans la dernière phrase de ce
22 paragraphe il est dit que : "Tout le monde portait des couvre-chefs bien
23 connus des hommes de Frenki." J'ai parlé de cela à cet homme samedi
24 dernier. Il s'agit là encore d'une imprécision qui est due à
25 l'interprétation faite.
26 Ce sont les membres des SAJ qui portaient ce type de couvre-chefs ou
27 les membres des unités chargées des opérations spéciales, certains membres
28 des PJP, des policiers. En fait, il ne s'agissait pas des unités spéciales,
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1 mais peut-être que cet homme n'était pas membre des JSO. Donc, essayons de
2 faire en sorte que les choses soient bien claires.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne comprends pas. Vous nous avez
4 dit hier que ces couvre-chefs bien connus portés par les hommes de Frenki
5 étaient des bérets rouges.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est vrai. Ces calots étaient portés par
7 les membres des SAJ et des unités chargées des opérations spéciales, mais
8 j'ai vu cet homme qui portait ce calot. J'ai alors pensé qu'il était membre
9 d'une unité chargée des opérations spéciales. Mais je me suis peut-être
10 trompé. Enfin, je n'ai pas vu tous les hommes de l'unité. Je ne sais pas.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maintenant, je ne comprends plus rien.
12 Dans votre déclaration, vous dites que : "400 policiers supplémentaires
13 sont arrivés. Parmi eux se trouvaient des membres des unités des PJP et des
14 hommes de Frenki." Hier, vous avez parlé d'une unité chargée des opérations
15 spéciales. Est-ce qu'il s'agit de la même unité, est-ce qu'il s'agit de
16 l'unité de Frenki ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, il y avait une autre unité.
19 C'est bien cela ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Cet homme que j'ai vu, qui était cagoulé et
21 qui avait ce calot sur la tête, quand je l'ai vu j'ai pensé que les autres
22 étaient là aussi. Vous savez pourquoi j'ai dit cela ? Parce qu'il cherchait
23 un homme de mon groupe. C'était un réserviste de cette unité chargée des
24 opérations spéciales.
25 J'ai pensé qu'ils étaient là sur le terrain et c'est la raison pour
26 laquelle j'ai voulu apporter cette correction. Mais il y avait cet homme
27 cagoulé et il portait un calot. Cela, c'est vrai.
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous dites dans votre
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1 déclaration qu'ils portaient tous ces couvre-chefs, ces calots ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je viens de corriger cela. Je n'ai vu
3 que quelques hommes, je n'ai pas vu tous les effectifs de l'unité. Il y
4 avait deux hommes dans une voiture et j'ai échangé des cigarettes contre du
5 jus de fruit qu'ils m'ont donné.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous parlez de deux hommes
7 maintenant.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Tout à l'heure, j'ai parlé de deux
9 hommes. J'ai parlé d'un homme, puis d'un autre homme. Donc, cela fait deux
10 hommes au total. Là où cela s'est passé, il y avait ce groupe de policiers.
11 C'est là que j'ai vu cet homme-là. Mais je ne sais pas. Il ne faisait pas
12 partie de cette unité. Je suis sûr qu'il n'en était pas membre.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous nous dites : "Je reconnaissais
14 les hommes de Frenki par l'uniforme qu'ils portaient."
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, les couvre-chefs. Les membres des unités
16 spéciales portaient un type particulier de couvre-chef et cet homme-là
17 était cagoulé. C'est la raison pour laquelle j'ai pensé que les hommes
18 membres de l'unité étaient quelque part dans les parages.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous nous dites dans votre
20 déclaration que vous avez vu cela de vos propres yeux. Ce n'était pas
21 quelqu'un qui vous a raconté cela.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A qui avez-vous parlé de tout cela
24 samedi dernier ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Un policier.
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est quelqu'un qui se trouve ici ou
27 quelqu'un avec qui vous avez parlé au téléphone ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Ici.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ici ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Un homme qui avait été là-bas sur place.
3 M. HANNIS : [interprétation] Peut-être pourrions-nous discuter de cela à
4 huis clos partiel ?
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Les Juges de la Chambre ne devraient
6 pas se trouver dans cette position. Cette situation est terrible. Lorsque
7 les témoins doivent présenter leurs témoignages par écrit, le Procureur
8 doit s'assurer de la teneur de leurs déclarations.
9 Ici, nous devons préciser un certain nombre d'éléments. En fait, nous
10 pensons qu'il n'est pas judicieux d'admettre cette déclaration.
11 M. HANNIS : [interprétation] Je dois me défendre. Nous avons parcouru tout
12 cela ensemble avec le témoin. Je lui ai demandé s'il voulait apporter des
13 corrections supplémentaires et il m'a dit que non. Il ne voulait pas
14 apporter d'autres corrections que celles apportées à la feuille de
15 renseignements supplémentaires. Il a apporté des précisions et avant sa
16 comparution, il a fait une liste de corrections qu'il souhaitait apporter,
17 je lui ai demandé s'il voulait en apporter d'autres, il m'a dit que non.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez fait cela au dernier moment;
19 c'est bien cela ?
20 M. HANNIS : [interprétation] C'est un témoin à qui l'on a décerné une
21 injonction de témoigner. C'est un témoin qui a refusé de se présenter à mon
22 bureau pour la séance de récolement lorsque les représentants de la section
23 d'aide aux Victimes et aux Témoins sont venus le chercher.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous allons passer brièvement à huis
25 clos partiel.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
27 [Audience à huis clos partiel]
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19 [Audience publique]
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quelle est la correction suivante que
21 vous souhaitez apporter ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] "Il est question d'un petit ruisseau, ils
23 devaient s'occuper des gens", c'est ce qui est écrit ici, mais je voulais
24 parler des "membres de l'UCK" et non pas "des civils."
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est à quel paragraphe ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 52.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Qu'est-ce que vous voulez changer dans
28 ce paragraphe ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Ici, il est question de "gens," pour moi les
2 "gens" ce sont les "civils." Je veux que l'on change ce mot pour remplacer
3 cela par "membres de l'UCK."
4 M. ACKERMAN : [interprétation] C'est à la sixième ligne.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais je ne comprends pas, cela ne veut
6 rien dire.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Si, si. Le reste de mon unité a été déployé le
8 long de cette route à des endroits indiqués par la lettre P sur le croquis.
9 Il y a un cours d'eau à cet endroit. Ils devaient faire en sorte que les
10 gens ne s'échappent pas pour aller vers Djakovica, ce que je voulais dire,
11 c'est qu'il devait s'assurer que les membres de l'UCK ne s'échappent pas
12 pour aller vers Djakovica.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Dans le reste de la phrase on peut
14 lire : "Mais qu'ils restent sur la route." Donc les membres de l'UCK
15 devaient simplement marcher sur la route, c'est cela, tranquillement.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Nous n'arrivons pas à nous comprendre.
17 Une partie de l'unité était déployée le long de la route, l'autre partie se
18 trouvait le long du cours d'eau que j'ai indiqué sur la carte hier, si vous
19 vous souvenez de l'endroit où j'ai indiqué le carrefour, le ruisseau. Nous
20 avons parlé de tout cela, de l'endroit où Letic avait été blessé, de
21 l'endroit où était déployée une partie de l'unité, et cetera.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Comment avez-vous reconnu les membres
23 de l'UCK ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Il établit ici que les soldats étaient
25 déployés à cet endroit pour empêcher les gens de s'enfuir. Les soldats
26 n'étaient pas là pour protéger les gens, plutôt pour les empêcher de
27 s'enfuir, mais pour empêcher l'UCK de faire une percée vers Djakovica.
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien. Correction suivante.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsqu'ils ont fait sortir les hommes sous la
2 menace des armes, ils les ont conduits vers un ensemble de bâtiments
3 indiqués par la lettre E. Les policiers ont également contraint les hommes
4 à entonner des chants nationalistes serbes alors qu'ils se dirigeaient vers
5 cet endroit.
6 Ils ont seulement contraint le dernier groupe à chanter, ils ne les
7 ont pas tous contraints à le faire. C'est ce que j'ai indiqué au dernier
8 paragraphe. Donc c'était seulement le dernier groupe d'hommes.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Correction suivante.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] On dit que les policiers étaient très durs.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est à quel paragraphe ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Les paragraphes ne sont pas numérotés dans
13 cette déclaration.
14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Jusqu'à présent vous nous avez indiqué
15 les numéros de paragraphes.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, mais dans cette nouvelle déclaration il
17 n'y a pas de numéro de paragraphes. Regardez.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A quelle page nous trouvons-nous
19 maintenant ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est à la page 10.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] En partant du haut, c'est à quel
22 paragraphe ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la dernière phrase avant le début du
24 paragraphe 61.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] "Les policiers étaient très durs, très rudes,
27 j'ai été très clair, et il m'a dit qu'ils étaient en train de donner des
28 claques aux Siptar."
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez dit : "dépecer les
2 Siptar." ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je n'ai pas dit cela. C'est vrai
4 que cela peut vouloir dire dépecer, mais cela peut vouloir dire aussi tuer,
5 cela ne veut pas dire forcément qu'on les a "dépecés." Mais vous savez,
6 c'est dur de traduire cela. Chez nous, cela a plusieurs significations.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Peu importe, l'intention était de les
8 tuer. Ce n'est même pas la peine d'en discuter. Quel est le prochain
9 changement, Monsieur ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Le paragraphe 61. C'est écrit : "Entre cinq et
11 dix hommes." Je vous ai bien expliqué cela hier, je vous ai dit qu'ils
12 étaient entre huit et dix.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Attendez, nous avons déjà parlé de
14 cela. Quels sont les nouveaux changements ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y en a pas.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Au début de votre déposition
17 aujourd'hui vous avez dit que l'interprète qui a signé cela n'est pas le
18 même que celui qui a traduit tout cela. Mais nous avons cependant ici
19 l'affirmation de l'interprète qui dit que c'est bien elle qui interprétait
20 cette déposition.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, quand j'ai fait cette déclaration,
22 j'étais là avec l'enquêteur et cette dame, mais ce n'est pas la dame qui a
23 signé la déclaration préalable mais une autre femme. Puis de temps en
24 temps, il y avait un autre, il y avait un autre homme, mais il n'était pas
25 là tout le temps, il était là juste de temps en temps.
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Attendez donc. Quelqu'un vous a lu
27 cette déclaration dans votre langue; est-ce exact ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Pour ce jour-là, je ne me souviens pas
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1 que l'on m'ait lu cela. Mais quand l'ai signée, oui, effectivement. Sans
2 doute qu'on me l'a lue, mais peut-être que non aussi. Parce que vous savez,
3 si on m'avait lu la déclaration telle qu'elle figure, j'aurais sûrement,
4 sûrement, sûrement fait des corrections. Je ne me souviens pas qu'on m'ait
5 lu le texte de cette déclaration préalable.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous voyez bien qu'il y a un
7 certificat, une attestation qui a été ajoutée émanant de l'interprète,
8 Emina Vukic, qui dit que cette déclaration a été interprétée en votre
9 présence, que vous sembliez avoir compris cette déclaration, et que ceci
10 s'est produit le 8 décembre. Sur la première page figure votre signature,
11 il y a la date qui est ajoutée, la date du 8 décembre écrite à la main. On
12 a l'impression que c'est vous qui avez écrit cela.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai fait cette
14 déclaration, j'ai parlé pendant une journée. Ici, c'est écrit que j'ai
15 parlé pendant deux jours. Je suis sûr que c'était juste une fois. Je me
16 souviens que je suis allé dans ce bureau une seule fois.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il est tout à fait possible que vous
18 ayez fait la déclaration juste pendant une journée et que le lendemain on
19 vous l'a lue et que vous l'avez signée. Est-ce cela qui s'est produit ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, non. Je suis sûr que cet homme,
21 celui qui l'a prise, il est rentré chez lui, ensuite il est rentré chez lui
22 parce que c'est le Nouvel An. Ensuite, on s'est retrouvé au mois de janvier
23 ou au mois de février devant l'hôtel M ou dans un parc, dans un des parcs
24 de Belgrade. C'est sûr, sûr à 100 %, que nous ne nous sommes pas rencontrés
25 dans le bureau du Tribunal puisque je n'y suis allé qu'une seule fois.
26 C'est là que cette demoiselle, celle qui a signé cette déclaration
27 était là alors la première fois c'était une autre dame qui était là, une
28 dame de Belgrade. J'en suis sûr à 100 %. Quand j'ai fait cette déclaration
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1 une autre femme était là, c'est devant elle que j'ai fait cette
2 déclaration.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, sauriez-vous nous
4 aider ?
5 M. HANNIS : [interprétation] Non. Pour l'instant je ne peux vous dire que
6 ce qui figure dans la déclaration préalable. Je peux essayer de contacter
7 les gens dont le nom figure ici pour voir ce qu'ils en pensent.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce n'est pas l'élément le plus
9 important ici, puisque la déclaration a été relue par le témoin, il a fait
10 toutes les corrections nécessaires. Je vous demande ce que vous demandez,
11 qu'est-ce que vous nous demandez de faire par rapport à cela ?
12 M. HANNIS : [interprétation] Je vous demande de verser ces documents. Je
13 suis prêt à faire les corrections supplémentaires sur la base de ce qu'il
14 nous a dit ce matin, lui proposer aussi de relire ce document et de
15 confirmer si cela correspond à ce qu'il a dit.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, Ackerman, quel est
17 votre point de vue ?
18 M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense que ce que propose
19 M. Hannis est probablement la façon la plus appropriée.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La question qui se pose c'est quand
21 est-ce que nous allons faire cela ?
22 M. HANNIS : [interprétation] Pendant la pause je peux demander à quelqu'un
23 de mon bureau de m'aider par rapport à ce que figure dans le compte rendu
24 d'audience de ce matin et par rapport à ce qu'il a dit hier, donc de faire
25 ces corrections, les corrections nécessaires; et après la fin de sa
26 déposition, nous allons le revoir.
27 S'il nous dit qu'il est content avec cette version-là, nous allons la
28 compléter et la dactylographier.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien. Ce que nous allons faire,
2 nous allons continuer le contre-interrogatoire, nous n'allons pas encore
3 décider du versement de cette déclaration. Nous allons terminer le contre-
4 interrogatoire, et c'est après cela que nous allons terminer ou plutôt
5 demander le versement au dossier après toutes les corrections.
6 La terminaison de ce contre-interrogatoire dépendrait du fait si les
7 conseils auront et trouveront le besoin d'apporter d'autres questions, de
8 poser d'autres questions par rapport à la version définitive.
9 M. IVETIC : [interprétation] Est-ce que je peux ajouter quelque chose.
10 D'après ce que j'ai entendu, le paragraphe 46, ce n'est pas quelque chose
11 dont le témoin a des connaissances directes. Je ne pense pas que ceci
12 devrait figurer dans cette déclaration. Parce qu'apparemment le témoin a
13 appris cela de quelqu'un d'autre, il a dû vérifier avec quelqu'un d'autre
14 si ceci correspondait à la vérité. Donc ceci ne sert à rien d'avoir un
15 témoin qui dépose sous serment ici.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne suis pas sûr que c'est vraiment
17 le cas puisque le Procureur peut aussi lui poser des questions au sujet de
18 choses dont il a entendu parler, et cela revient au même.
19 Mais vous savez, cette question-là, nous allons en décider à la fin
20 quand nous allons décider si nous allons accepter ou non cette déposition
21 préalable et qu'elles sont les parties qui ne seront éventuellement pas
22 acceptées. Il faut continuer sur ces bases-là, cela fait partie de sa
23 déposition. Si le contre-interrogatoire est utile, cette partie-là -- si
24 cette partie-là de la déposition est annulée par un bon contre-
25 interrogatoire, il n'y aura pas besoin de poser des questions
26 supplémentaires.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ackerman.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
2 Q. Monsieur le Témoin, vendredi, quand vous avez rencontré
3 M. Hannis, pourriez-vous nous dire combien de temps vous avez parlé avec
4 lui ?
5 R. Ce n'était pas très long. Nous avons apporté quelques éclaircissements
6 par rapport à la déclaration préalable. Il a noté cela et c'était tout. Il
7 ne m'a pas demandé de faire quelque chose d'autre. Il ne m'a pas forcé de
8 faire quoi que ce soit d'autre.
9 Tout ce que j'ai fait, c'était de lui faire part de mes déclarations. Il a
10 posé les questions qu'il avait à poser. Je ne me souviens pas du temps que
11 nous avons passé vraiment ensemble, peut-être une petite heure.
12 Q. Vous pensez que vous avez passé en tout une heure avec
13 M. Hannis, vendredi ?
14 R. Peut-être un petit peu plus. Je n'en suis pas sûr. Je ne m'en souviens
15 pas.
16 Q. Vous ne vous souvenez pas de l'heure où vous avez commencé et de
17 l'heure où vous avez terminé cette réunion ?
18 R. Non. Non.
19 Q. Vous ne parlez pas anglais, n'est-ce pas ?
20 R. Non.
21 Q. M. Hannis ne parle pas le serbe ?
22 R. Non, enfin je ne sais pas.
23 Q. Votre entretien avec M. Hannis s'est fait par le biais d'un
24 interprète ?
25 R. Oui.
26 Q. Vous ne savez absolument pas ce que l'interprète a dit à
27 M. Hannis; vous ne savez pas ce qu'il lui a interprété, ce qu'il disait, ce
28 que vous disiez. Vous saviez uniquement ce que vous, vous lui disiez à
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1 l'interprète ?
2 R. A partir du moment où cette demoiselle qui traduisait mes propos disait
3 à M. Hannis ce que je lui avais dit, je pense qu'elle disait la même chose,
4 qu'elle ne changeait pas le contexte de ma déclaration. Si vous voulez, je
5 répondais à la question posée par
6 M. Hannis et je pense qu'elle a interprété cela.
7 Q. Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de votre déposition
8 hier. Par rapport à ceci justement, à la page 8 du compte rendu d'hier, M.
9 Hannis vous a posé un certain nombre de questions concernant les
10 corrections à apporter à votre déclaration. Cela a quelque chose à voir
11 avec la réinstallation des gens. Vous avez dit à ce moment-là que c'était
12 une des choses dont vous discutiez vendredi.
13 Vous vous souvenez que pendant que vous avez déposé, vous étiez là sous
14 serment. Vous aviez dit que vous alliez dire la vérité, toute la vérité,
15 rien que la vérité. Est-ce qu'il est exact que vendredi vous avez bien
16 discuté de la différence entre ces deux termes, à savoir la réinstallation
17 et les expulsions ?
18 R. J'ai bien dit à M. Hannis, comme je l'ai dit aujourd'hui, qu'il s'agit
19 de "réinstallation" et pas "d'expulsion." Je lui avais bien dit cela.
20 Q. Très bien.
21 R. En fait, je ne suis même pas sûr si nous avons parlé de cela. Cela
22 étant dit, je suis sûr que là il s'agit d'une réinstallation. Je n'ai
23 jamais voulu dire "expulsion." Si nous avons parlé de cela, je suis sûr lui
24 avoir dit cela.
25 Q. Ensuite, on vous a demandé si vous aviez d'autres changements à
26 apporter par rapport à la question d'expulsion et de réinstallation. A la
27 page 10 de votre déposition d'hier, vous avez dit à M. Hannis :
28 "Vendredi, je vous l'ai dit, et je vais le répéter devant les Juges
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1 de la Chambre, que ce qui est écrit ici ce n'est pas très précis, c'est-à-
2 dire que mon commandant ne m'a jamais donné l'ordre d'expulser les
3 villageois, il ne fallait pas les expulser en Albanie. L'ordre était que
4 ces gens devaient être dirigés en direction de Djakovica et les premiers
5 villages près de Djakovica."
6 Est-ce que vous avez dit cela à M. Hannis vendredi ?
7 R. Oui. Je pense qu'il a apporté ce changement au niveau de la nouvelle
8 déclaration, celle que j'ai reçue hier.
9 Q. Après cela, vous avez dit que : "La population n'était pas réinstallée
10 avant que les bombes à fragmentation ne commencent à tomber." Est-ce que
11 vous avez dit cela vendredi à M. Hannis ou c'est la chose que vous nous
12 avez dite hier pour la première fois ?
13 R. Je pense que je lui ai dit cela. Cela figure d'ailleurs dans le
14 paragraphe 42 de la déclaration préalable.
15 Q. Au niveau des pages 34 et 35 de votre déclaration, vous parlez de la
16 réinstallation des gens du village Zub. Je pense que là-bas se trouve un
17 poste de commandement de l'armée yougoslave.
18 Vous avez dit : "A aucun moment nous ne leur avons dit qu'ils
19 devraient quitter ce pays ou cet Etat. Mais pourquoi resteraient-ils de
20 leur plein gré ici à la merci des avions ?"
21 Ensuite, vous avez dit à M. Hannis : "Je vous ai expliqué cela
22 vendredi. Quand je dis pour eux-mêmes, j'ai voulu dire que les autres
23 soldats n'ont pas participé à cela. Je vous ai dit vendredi et je le dis
24 aux Juges à présent. Je ne sais pas pourquoi on aurait réagi si quelqu'un
25 avait protesté, ne voulait pas partir. Je ne sais pas. Peut-être que le
26 commandant devait venir pour leur dire que nous n'avions pas de tels
27 ordres."
28 Vous avez fait ces corrections trois fois au cours de votre
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1 déposition. Est-ce que vous avez dit cela à M. Hannis ?
2 M. HANNIS : [interprétation] J'ai une objection. Parce que ce n'est
3 pas vraiment clair, si la question de M. Ackerman porte sur ce qu'il m'a
4 dit ou ce qu'il ne m'a pas dit.
5 M. ACKERMAN : [aucune interprétation]
6 M. HANNIS : [interprétation] Parce que si c'est bien cela la
7 question, je n'ai pas d'objection.
8 M. ACKERMAN : [interprétation] Je parle de ce qu'il a dit à M. Hannis
9 : "Je vous ai dit vendredi et je l'ai dit aux Juges aujourd'hui. Je ne sais
10 pas comment nous aurions réagi si quelqu'un avait protesté en disant qu'il
11 ne voulait pas partir. Je ne sais pas."
12 M. HANNIS : [interprétation] Ce que je vois sur le compte rendu
13 d'audience, c'est la phrase d'avant : "Je vous ai dit cela vendredi et je
14 répète cela devant les Juges." Ensuite, il y a cette déclaration au sujet
15 "des soldats," et cetera. On a l'impression que c'est à cela qu'il fait
16 référence.
17 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais laisser tomber cela.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
19 M. ACKERMAN : [interprétation]
20 Q. Ensuite, il y a une question qui a été plus développée au niveau
21 du paragraphe 45. Vous avez dit :
22 "Après que nous avons ordonné au village de partir, à peu près une
23 heure plus tard, on avait l'impression qu'une bombe atomique était tombée
24 sur le village. Les soldats passaient par le village en pillant absolument
25 tout, en détruisant tout."
26 Vous avez dit à M. Hannis en répondant à cette question :
27 "Ce que je vous ai dit vendredi, je vais le répéter. Personne ne
28 pouvait rien prendre. Mais c'est vrai que de temps en temps des individus
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1 venaient. Si c'était un groupe, nous les aurions vus et ils auraient fini
2 en prison. Je peux vous garantir que personne n'avait le droit de prendre
3 quoi que ce soit pendant toute la guerre au Kosovo."
4 Donc, vous avez dit que vous avez dit cela vendredi à
5 M. Hannis ?
6 R. Oui.
7 Q. Ensuite, sur ce même sujet au niveau du paragraphe 46 -- ou
8 plutôt la page 46, où le Juge Bonomy vous a demandé si vous n'avez pas
9 changé ce paragraphe avant de venir aujourd'hui, vous avez répondu :
10 "Je l'ai dit clairement au Procureur. Je l'ai dit vendredi clairement
11 que c'étaient des individus qui faisaient cela, et pas des grands groupes
12 de gens, et c'était surtout le dernier jour."
13 R. Oui, c'est exact. Il y avait des individus qui ont fait cela. Ils
14 n'ont pas emporté des choses, parce qu'ils n'avaient pas le droit de le
15 faire, mais ils sont allés chercher des choses dont ils avaient besoin. Par
16 exemple, il y avait des gens qui étaient des toxicomanes, ils cherchaient
17 des choses. Le dernier jour, c'est vrai qu'il y a eu du pillage. Cela,
18 c'est clair. C'est absolument clair. Personne ne pouvait contrôler les
19 pillages qui ont eu lieu le dernier jour.
20 Q. Oui, ceci figure dans votre déclaration. Je vais vous demander
21 d'examiner le quarantième paragraphe.
22 R. Oui.
23 Q. Là, on peut lire : "Le pillage a été strictement interdit par l'armée
24 yougoslave." Ensuite, vous dites : "l'exception faite du dernier jour de
25 notre retrait."
26 Quand vous dites que le pillage était parfaitement interdit pour les
27 soldats de l'armée yougoslave, ensuite au niveau du paragraphe 45, vous
28 dites que tout ce qui était encore là était emporté par les soldats, il y a
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1 une contradiction.
2 Si vous dites aujourd'hui que c'était strictement interdit de piller
3 et que cela ne s'est pas produit, alors ce qui figure dans le paragraphe 45
4 est forcément une erreur; est-ce exact ?
5 R. Le pillage était interdit. Mais le dernier jour il n'y a pas eu
6 de contrôle, donc il y a eu des pillages. Sans doute que les pillages
7 étaient encore interdits, mais cela est arrivé, cela s'est produit. On ne
8 peut pas dire que cela ne s'est pas produit.
9 Jusqu'au dernier moment, jusqu'au dernier moment où il était encore
10 possible de contrôler l'unité, il n'y a pas eu de pillages. Puis à la fin,
11 quand tout cela a échappé au contrôle des supérieurs, quand il n'était plus
12 possible de contrôler les gens au cours de ces derniers jours, il y a eu
13 des pillages.
14 Q. Je ne vous ai pas posé une question au sujet des derniers jours.
15 Au niveau du paragraphe 40, vous avez dit que : "Les pillages par l'armée
16 yougoslave étaient strictement interdits." Ensuite, vous décrivez des
17 pillages à grande échelle par l'armée yougoslave.
18 On ne peut pas avoir les deux choses contraires dans cette
19 déclaration. Si ce que vous dites au niveau du paragraphe 40 est exact, ce
20 qui figure au niveau du paragraphe 45 est forcément faux.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis.
22 M. ACKERMAN : [interprétation]
23 Q. Est-ce --
24 M. HANNIS : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait d'accord. Le
25 pillage peut être interdit, mais il peut se produire quand même en dépit
26 des interdictions. Ensuite, il a parlé des soldats et pas de l'armée
27 yougoslave. Cela peut vouloir dire les soldats individuels, des cas isolés.
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, vous avez déjà reçu
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1 l'explication. Nous voyons bien qu'il y a une incohérence, mais on peut
2 considérer que le témoin a expliqué ce qui figure au niveau du paragraphe
3 45 puisqu'il s'agissait des cas isolés. En ce qui concerne des pillages
4 massifs, ils ont eu lieu uniquement les derniers jours.
5 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, c'est justement ce que j'ai voulu
6 obtenir, et je pense que c'est chose faite.
7 Q. Monsieur le Témoin, au niveau du paragraphe 40 par rapport aux
8 pillages, vous avez dit que les pillages étaient strictement interdits pour
9 l'armée yougoslave. Vous nous avez même dit que le commandant, qu'un
10 certain commandant, le commandant Radic a été arrêté parce qu'il a volé et
11 qu'il a été emprisonné pour cela. Ceci a été confirmé par une pièce à
12 conviction que nous avons vue hier; est-ce exact ?
13 R. Oui.
14 Q. Donc ceci confirme, n'est-ce pas, votre position, à savoir qu'il était
15 absolument interdit de voler pendant que vous étiez dans l'armée yougoslave
16 au Kosovo, et ceci jusqu'au tout dernier jour, le jour où il y a eu le
17 chaos généralisé ?
18 R. Oui. C'est ce que j'ai dit. C'était interdit. Je ne dis pas qu'il n'y a
19 pas eu de cas isolés, mais c'était interdit. Il y a eu des exceptions
20 cependant, c'étaient ces individus que j'ai évoqués.
21 Ce commandant, par exemple, l'a fait, il a été arrêté et il a été
22 emprisonné. Donc les pillages généralement parlant étaient interdits,
23 exception faite du dernier jour quand il n'y avait plus de contrôle, quand
24 la situation échappait à tout contrôle. Je pense que c'est bien clair.
25 Q. On vous a aussi montré la pièce P962 hier, c'est la liste des charges
26 contre différentes personnes faisant partie de votre bataillon, de votre
27 brigade, qui démontre bien qu'il y avait des gens qui ont été arrêtés pour
28 pillage. Je ne veux pas répéter tout cela.
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1 Mais je veux vous parler d'un autre sujet, il s'agit du paragraphe
2 37. Vous avez parlé de la fouille des maisons à Djakovica, dans le quartier
3 de Cabrat. De quel quartier s'agit-il ?
4 R. Vous n'êtes pas allé à Djakovica. Vous savez, quand on traverse la
5 rivière, il y a l'église, du côté gauche il y a ce quartier, le quartier de
6 Cabrat.
7 Si vous arrivez de la direction de Belgrade, c'est du côté gauche; et
8 si vous arrivez de Pristina, c'est du côté droit. C'est un quartier
9 résidentiel, Cabrat.
10 Q. Ce quartier résidentiel est à côté d'une vieille caserne, n'est-ce pas,
11 tout près d'une vieille caserne ?
12 R. Je ne sais pas si la caserne fait même partie du quartier, c'est tout à
13 fait possible. Vous avez une rue, donc à la fin de Djakovica se trouve la
14 caserne, ensuite s'étend ce quartier, c'est juste à côté de la caserne,
15 dans le quartier de Cabrat, du côté gauche.
16 Q. Vous étiez là. Vous devez en savoir quelque chose. Vous avez dit qu'il
17 y a eu un échange de feu et qu'un des inspecteurs de police a été tué.
18 Savez-vous qui a tué cet inspecteur de police ? Etait-ce l'UCK ou vous ne
19 le savez pas ?
20 R. Je n'étais pas dans cette maison, je ne peux pas savoir ce qui s'est
21 passé exactement. Je sais que cet homme a été blessé, mais je ne sais pas
22 qui a tiré.
23 Q. Très bien. Au niveau du paragraphe 38, vous avez dit que vous vous êtes
24 retiré de ce quartier résidentiel parce que l'OTAN commençait à bombarder.
25 Est-ce que les bombes tombaient vraiment sur ce quartier résidentiel ?
26 R. Les bombes tombaient au niveau des maisons incendiées, tout autour.
27 Oui, c'était vraiment tout près des maisons. C'était un des premiers
28 bombardements de la ville de Djakovica.
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1 Q. Vous et votre groupe vous êtes sortis de là et vous avez vu aussi un
2 certain nombre d'habitants de ce quartier partir à cause de ces
3 bombardements, n'est-ce pas ?
4 R. Ils ne sont pas partis.
5 Q. Bien.
6 R. Non, ils ne sont pas partis, non.
7 Q. Au sein de votre bataillon où vous, vous étiez postés vous-même près de
8 la frontière avec l'Albanie, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Connaissez-vous les postes-frontières qui étaient contrôlés par votre
11 bataillon dans cette zone ?
12 R. Du poste-frontière jusqu'à Prizren, je ne me trouvais pas là, donc je
13 ne sais pas quel est le dernier poste-frontière. Mais j'ai traversé la
14 frontière de Deva à Pastrik. J'ai été sur chacune de ces positions, mais je
15 ne peux pas les énumérer toutes. Quand on va sur la droite, d'abord il y en
16 a une, puis je ne me souviens pas du dernier poste-frontière, et il y a un
17 poste Radanovic. Je ne me souviens pas de tous ces postes.
18 M. ACKERMAN : [interprétation]
19 Q. Je vais vous demander d'examiner la pièce P35 qui va s'afficher à
20 l'écran. Je vais vous demander simplement si vous connaissez la
21 localisation de certains de ces postes. Si c'est possible, je vais vous
22 demander de tracer un carré à côté, puis on trouvera une façon d'identifier
23 ces différents postes.
24 R. Je ne vois pas très bien.
25 Q. Maintenant, est-ce que vous voyez mieux ?
26 R. Oui, je vois mais --
27 Q. Savez-vous où se trouve le poste-frontière de Cafa Prusit ?
28 R. Oui, j'y étais.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Est-ce qu'on peut remonter un petit peu dans
2 l'autre sens ?
3 Q. Vous voyez Zub. Est-ce que vous savez où se trouvait Cafa Prusit ?
4 R. Oui, Zub et je vois ici écrit Cafa Prusit, c'est tout. Mais il me
5 faudrait un stylo. Je vois le village de Zub.
6 Q. Vous venez de tracer un cercle rouge autour du village de Zub, n'est-ce
7 pas ?
8 R. Oui. Là se trouve le poste-frontière.
9 Q. A côté de ce cercle que vous avez tracé en dessous de Zub, veuillez, je
10 vous prie, écrire les initiales CP. Je voudrais que vous écriviez les
11 lettres CP à côté du cercle que vous avez dessiné pour dessiner Cafa
12 Prusit.
13 R. [Le témoin s'exécute]
14 Q. Le poste-frontière Dejan Radanovic, pouvez-vous le dessiner également ?
15 R. Si là c'est le poste-frontière, cela ne peut être que là parce que
16 c'est écrit Dejan. Non, excusez-moi, ce n'est pas Dejan, c'est Damjan.
17 Q. Je pense qu'il faut qu'on élargisse un petit peu.
18 R. Non, je me suis trompé. Je ne vois pas le lieu que vous m'avez demandé.
19 Je crois que c'est à partir de Djakovica, c'est à gauche, mais à partir du
20 premier poste-frontière que vous m'avez demandé de dessiner, c'est à
21 droite. C'est le premier à sa droite. J'y étais parce que c'est là qu'il y
22 avait le poste relais, mais ils l'ont détruit.
23 Q. Est-ce qu'on pourrait changer et faire en sorte de voir le reste de la
24 carte ?
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, Monsieur Ackerman, on ne peut pas
26 le faire parce qu'à ce moment-là on va perdre ces annotations.
27 M. ACKERMAN : [interprétation] A ce moment-là on peut faire une sauvegarde
28 image et une sauvegarde écran pour que cette pièce soit versée au dossier.
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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce IC119.
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que j'ai dessiné, ce n'est pas Dejan
4 Radanovic. C'est écrit Damjan ici. Peut-être que c'est un poste-frontière.
5 M. ACKERMAN : [interprétation] Bien.
6 On va afficher de nouveau la carte à l'écran sans aucune annotation
7 et on va la présenter de façon à ce que l'on voie un peu plus la zone.
8 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous avons apparemment un problème
10 technique, si bien qu'il est impossible de faire une sauvegarde de cette
11 carte pour l'instant. Est-ce qu'on pourrait passer à autre chose pour y
12 revenir plus tard.
13 M. ACKERMAN : [interprétation] Ce que je vais faire c'est abandonner cet
14 exercice pour le faire avec un autre témoin.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] On n'a même pas besoin d'un témoin
16 pour déterminer la localisation de ces différents postes-frontières.
17 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais essayer d'une autre manière parce
18 que cela prend beaucoup trop de temps et pour l'instant ce n'est pas
19 nécessaire.
20 Q. Monsieur le Témoin, il y avait d'autres postes-frontières : Dejan
21 Radanovic, le poste de Goden, que l'on peut voir sur cette carte. On voit
22 la localité de Goden. Il y en avait à Guri Bard, Velika Hoca, Guri Bard et
23 Deva ?
24 R. Deva avec un D.
25 Q. Oui. Vous savez, n'est-ce pas, qu'après le début des bombardements de
26 l'OTAN le 24 mars, ces postes-frontières ont fait l'objet d'attaques
27 fréquentes, voire constantes, aussi bien de la part de l'UCK que de la part
28 des avions de l'OTAN, n'est-ce pas ?
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1 R. Les avions de l'OTAN, oui.
2 Q. Et l'UCK ?
3 R. De temps à autre, mais je crois qu'à Pastrik il y a effectivement eu
4 une attaque. S'agissant des autres, il y a eu, c'est vrai, des tirs, mais
5 pas de manière constante. Mais pour ce qui est des avions de l'OTAN, oui,
6 tous les jours.
7 Q. Savez-vous que Djakovica se trouvait dans la zone opérationnelle d'un
8 chef de l'UCK dénommé Haradinaj ?
9 R. Non. Plus tard et même peut-être à l'époque j'en ai entendu parler,
10 mais à l'époque même ce nom ne me disait rien. Aujourd'hui, bien sûr que
11 si, mais à l'époque, non.
12 Q. Saviez-vous que de l'autre côté de la frontière en Albanie, de l'autre
13 côté de la frontière par rapport à l'endroit où vous vous teniez, il y
14 avait la ville de Bajram Curri, qui était un point de départ important pour
15 la contrebande et le passage d'armes clandestinement au Kosovo ?
16 R. Monsieur le Président, en traversant les bois du côté de la frontière,
17 nous avons trouvé beaucoup d'équipements, des équipements militaires ou des
18 choses que les gens jetaient en s'enfuyant. Si ceci corrobore la thèse de
19 la Défense, qu'il en soit ainsi. J'ignore ce qu'il y avait à Bajram Curri.
20 Je sais ce qui se passait sur le terrain.
21 Il y avait des équipements militaires, des effets civils que les gens
22 jetaient alors qu'ils s'enfuyaient. C'est ce que nous avons trouvé dans la
23 forêt. Mais pour ce qui est de Bajram Curri, je ne sais pas. Est-ce que
24 cela vous convient ?
25 Q. Je ne souhaite pas que vous me parliez de ce que vous ne connaissez
26 pas. Cette partie de la frontière que vous étiez censé défendre avec votre
27 unité faisait face à une zone en Albanie, dont on pouvait s'attendre
28 qu'elle pourrait servir de point de départ à une offensive terrestre de
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1 l'OTAN, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. A cause de ces attaques fréquentes de l'OTAN, les communications au
4 sein de votre unité ne fonctionnaient pas correctement, n'est-ce pas ?
5 R. Pratiquement jamais; seulement dans des circonstances exceptionnelles
6 et très brièvement.
7 Q. Même quand cela fonctionnait, quand les transmissions fonctionnaient,
8 on ne les utilisait pas après le début des opérations de l'OTAN parce que
9 cela aurait pu révéler votre localisation, cela aurait pu la faire
10 connaître aux forces de l'OTAN et à l'ennemi ?
11 R. Etant donné que les communications existaient entre le commandement et
12 le poste-frontière, j'imagine que cela se faisait par téléphones filaires
13 ou par estafettes. Le chef, le commandant, il venait sur le terrain tous
14 les jours, pratiquement tous les jours et dans la plupart des cas je
15 l'accompagnais. Mais je suis sûr que chaque jour il allait d'un poste-
16 frontière à l'autre. Si bien que pour ce qui est des transmissions, non,
17 elles ne fonctionnaient que très rarement et uniquement dans des
18 circonstances exceptionnelles.
19 Q. Je vous ai remis un document qui se trouve dans une chemise noire. Il
20 s'agit de la pièce P2089 ou plutôt 2019 de l'Accusation. Il s'agit du
21 journal de guerre de votre bataillon. C'est un document manuscrit.
22 R. Oui. Malheureusement, je n'ai pas vu le journal quand il a été écrit
23 parce que cela n'entrait pas dans le cadre de mes activités. Je ne peux pas
24 dire qui l'a rédigé et dans quelles circonstances. Rien du tout, rien de
25 plus que cela.
26 C'était sans doute rédigé par celui qui l'a signé, mais je ne sais pas s'il
27 l'a rédigé lui-même, dans quelles circonstances. Je n'en sais rien du tout.
28 Q. Vous venez de répondre à toute une série de questions que je ne vous
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1 avais même pas posées. Ce document est manuscrit et j'aimerais que vous
2 examiniez l'entrée du 30 mars. La première entrée correspond au 24 mars, si
3 bien que celle qui correspond au 30 mars doit se trouver dans les premières
4 pages des documents.
5 R. J'ai trouvé le 29. Allez-y.
6 Q. L'entrée du 30 mars dit la chose suivante :
7 "Pendant la journée, quelque 2 000 personnes ont traversé le poste-
8 frontière Cafa Prusit. On a organisé le transport des personnes âgées et
9 des enfants. La route Djakovica-Prizren est complètement encombrée par les
10 colonnes de réfugiés. Difficile d'imaginer spectacle plus poignant que
11 cette colonne de pauvres gens qui sont contraints à quitter leurs foyers.
12 Les soldats n'ont simplement pas pu résister à la tentation de distribuer
13 des biscuits et des jus de fruit aux enfants qui passaient."
14 Est-ce que vous êtes au courant de cela, des soldats qui ont aidé les gens,
15 qui leur ont distribué des jus de fruit, des biscuits et de la situation
16 très difficile ?
17 R. Est-ce que je peux avoir un peu d'eau, s'il vous plaît ?
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Madame l'Huissière.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais près de la poste de Djakovica. J'ai vu
20 une femme dont les enfants étaient en pleurs, elle avait besoin de couches
21 pour ses enfants. J'ai demandé à une dame dans le magasin de lui donner des
22 couches. Notre commandant avait un point de contrôle à la sortie de
23 Brekovac, là où les gens ont reçu tout ce dont ils avaient besoin; pain,
24 eau, et cetera.
25 Ce point de contrôle, il est resté sur place autant que nécessaire.
26 Pendant un jour et demi, pendant tout le passage de la colonne, c'était
27 quelque chose de vraiment très difficile à supporter.
28 M. ACKERMAN : [interprétation]
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1 Q. Ce journal est signé par votre commandant, par le commandant, et si
2 c'est bien lui qui a rédigé ce passage ?
3 R. Oui, c'est tout à fait vrai.
4 Q. Est-ce que c'est assez représentatif cette description des événements
5 tels qu'ils se déroulaient ?
6 R. Oui, tout à fait, c'est tout à fait comme cela. D'ailleurs, il n'y a
7 pas que lui qui a ressenti cela. C'était vraiment très triste.
8 Q. Au paragraphe 43 de votre déclaration, vous expliquez qu'on a déplacé
9 les gens du village de Zub. Il y avait un poste de commandement de la VJ
10 sur place, n'est-ce pas, à l'époque ?
11 R. C'est exact. Quand je suis arrivé là, il y en avait un, effectivement.
12 Q. Vous savez que l'OTAN visait les postes d'observation, les postes de
13 commandement, les postes-frontières de la VJ, et toutes les installations
14 de la VJ étaient visées par l'OTAN ?
15 R. Oui. Mais l'ancien poste de commandement où nous étions au départ
16 n'avait pas été touché. C'était la maison d'un Albanais où celui-ci
17 résidait jusqu'à ce que nous partions tous. Quand nous sommes partis, il
18 est parti avec nous vers Djakovica.
19 La cour de cette maison -- il y avait plusieurs maisons dans cette
20 cour. Il y avait le poste de commandement dans une maison, sa famille dans
21 l'autre. Dans l'autre maison, il y avait l'état-major du bataillon,
22 commandant, commandant adjoint, et cetera.
23 Q. J'aimerais qu'on examine l'entrée du journal du 2 avril. En
24 regardant la carte, nous avons vu le village de Goden et de Zulfaj, en
25 dessous de Zub pas loin de la frontière. Selon vous, Goden et Zulfaj se
26 trouvaient près la frontière à proximité de postes-frontières tenus par la
27 VJ, n'est-ce pas ?
28 R. Je n'ai pas bien entendu et pas compris votre question.
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1 Q. Les villages de Goden et Zulfaj, ils se trouvaient dans la zone
2 frontalière à côté d'un poste-frontière de la VJ, n'est-ce pas ?
3 R. C'est possible, mais je ne m'en souviens plus. Tout ceci s'est déroulé
4 il y a bien longtemps. J'ai entendu parler de ces villages, mais je ne peux
5 pas vous dire exactement où ils se situaient.
6 Q. J'imagine que vous conviendrez avec moi que les habitants de certains
7 villages ont activement aidé ou plutôt que si des habitants ont aidé
8 activement l'UCK ou l'OTAN en fournissant des informations pour aider les
9 bombardements, et cetera, il serait logique qu'on ait déplacé ces
10 personnes ?
11 R. Je n'en sais rien, je ne peux pas en parler. Cela, ce sont d'autres qui
12 s'en sont occupés, d'autres qui étaient responsables de ces activités. Je
13 me souviens que depuis notre position de Zub, j'ai vu ces signaux, ces
14 signaux lumineux qui venaient de la direction de Djakovica et qui allaient
15 vers le ciel, on essayait de déterminer d'où venaient ces signaux lumineux.
16 Le lendemain, on a été dans un bâtiment public, je ne sais pas
17 exactement de quoi il s'agissait. On a fouillé ce bâtiment. On n'a rien
18 trouvé. Je sais qu'on pouvait voir des signaux lumineux qui venaient de ce
19 village, mais je ne peux pas vraiment en parler. Je ne décidais rien de ce
20 sujet. Je ne participais en rien à tout cela, d'une manière ou d'une autre.
21 Q. Dans l'entrée du 2 avril dans ce journal, on peut lire d'abord : "A
22 cause des signaux lumineux qui venaient des villages de Zulfaj et de Goden,
23 les habitants de ces villages ont été évacués à cause de leur comportement
24 hostile." Apparemment, on a découvert que c'est de ces endroits que
25 venaient ces signaux ?
26 R. Peut-être.
27 Q. Dans la dernière phrase, il est indiqué : "Une unité procède à des
28 travaux de génie civil dans ce secteur-là." J'imagine qu'il s'agissait là
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1 de se préparer à une éventuelle attaque terrestre, n'est-ce pas ?
2 R. Je sais qu'il y avait des travaux le long des lignes parallèles à la
3 frontière. Je ne sais pas exactement pourquoi, cela a duré très longtemps.
4 C'étaient les Rom qui faisaient cela. Ils ont travaillé à cela
5 quelque 15 jours. Ce n'est pas exagéré de le dire. En tout cas, ce n'était
6 pas l'armée.
7 Q. Nous avons parlé des postes-frontières, nous avons expliqué qu'ils
8 avaient été attaqués par l'OTAN ainsi d'ailleurs que par l'UCK. J'aimerais
9 que vous examiniez dans ce journal de guerre ce qui est inscrit pour la
10 date du 18 avril. La dernière entrée --
11 R. Je n'ai pas trouvé. Je ne trouve pas la date en question.
12 Q. Le 18 avril.
13 R. Allez-y. Donnez-moi lecture du passage. Je n'arrive pas à le lire.
14 Q. "L'équipe de sapeurs du secteur du poste-frontière de Goden a été
15 l'objet de tirs venant du territoire de la République d'Albanie." La
16 question que j'ai à vous poser est la suivante : s'ils ont essuyé des tirs
17 qui venaient du territoire de la République d'Albanie, est-ce que c'était
18 l'UCK qui tirait sur eux à partir de l'Albanie ?
19 R. Je n'en suis pas sûr. Ce que je vais vous dire maintenant, je n'en suis
20 pas très sûr. En tout cas, il y a eu une attaque à Pastrik, je ne sais pas
21 à quelle date seulement. Je me dirigeais vers l'UCK. Moi-même et mon
22 groupe, on se dirigeait vers là où se trouvait l'UCK. Le capitaine
23 Rangejov, qui était avec nous, nous montrait la route. Ensuite, derrière
24 nous, il y avait une section de la police militaire.
25 La veille ou plutôt la veille au soir, un éclaireur s'était fait
26 tuer. C'est peut-être cela, c'est peut-être de cela qu'il s'agit. Je n'en
27 suis pas sûr. Est-ce que c'est cela ?
28 Q. Il y a plusieurs entrées dans ce journal. C'est ce qui explique ma
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1 question au sujet de tirs qui viennent du territoire de la République de
2 l'Albanie - et je me demande si vous pouvez nous dire si le feu était
3 ouvert par l'UCK de la République d'Albanie ou par l'armée albanaise qui
4 attaquait tout simplement les postes-frontières serbes ?
5 R. Il y avait plein de choses qui se passaient à l'époque avec l'UCK,
6 notamment. Pour ce qui est de l'armée albanaise, on ne les voyait que très
7 peu. On ne voyait que très peu d'hommes, un, deux, trois. Sans doute
8 ouvraient-ils le feu sur nos soldats, ensuite ils battaient en retraite.
9 Ils avaient de meilleures routes quand on traversait la frontière, quand on
10 entrait en Albanie.
11 Dans cette zone, vous trouvez une casemate albanaise tous les 50
12 mètres. Il y a au moins trois routes qui mènent à chacun de ces bunkers.
13 Donc, ils tiraient, ensuite ils battaient en retraite. Aussi bien l'UCK que
14 les autres tiraient. En tout cas, on ne peut pas dire que l'armée albanaise
15 attaquait en nombre. Il y avait parfois des petits groupes qui ouvraient le
16 feu, puis qui battaient en retraite.
17 Q. Très bien.
18 R. Voilà ce que j'ai vu en tout cas.
19 Q. J'aimerais que nous passions à un autre sujet brièvement. Pour le
20 27 avril, nous trouvons une entrée particulière dans le journal de guerre.
21 J'aimerais vous poser des questions au sujet de ce passage du journal.
22 R. Oui, ça y est, j'ai trouvé le passage concerné, mais je n'arrive
23 pas à le lire. Je cherche.
24 Q. Il s'agit du 27 avril - des villages de Korenica-Meja, d'une zone
25 qui se situe à proximité. "A 8 heures 35, dans le secteur du cimetière, le
26 long de l'axe d'arrêt." Est-ce que vous savez où se trouve le secteur du
27 cimetière le long de l'axe d'arrêt ou de blocage ?
28 R. Oui, je sais où c'est. Le cimetière se trouvait à Brekovac de l'autre
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1 côté du fleuve ou de la rivière, comme je l'ai expliqué hier. Ce n'était
2 pas là où se trouvait le barrage, mais c'était de l'autre côté du fleuve,
3 de l'autre côté.
4 Q. Il est indiqué que d'un groupe de civils où il y avait des enfants, on
5 a ouvert le feu sur les soldats qui tenaient la barricade ou le barrage
6 routier. Deux soldats ont été blessés, Lapadatovic et
7 Vuckovic.
8 R. Lapadatovic, Monsieur, je leur ai parlé. J'ai parlé à ces hommes quand
9 ils ont été blessés, et j'ai parlé à ceux qui étaient en leur compagnie. Ce
10 serait vraiment une honte que je vous mente et que je dise que des civils
11 ont tiré sur eux. Non, ce n'est pas que la police les ait visés, tirés; ils
12 les ont touchés.
13 Ce n'est pas les civils qui tiraient, ce n'est pas possible parce que
14 j'étais avec les civils. J'étais sur la route quand les civils sont passés.
15 Je l'aurais vu forcément s'ils avaient tiré. Puis ils auraient tiré sur
16 moi, puisque j'étais celui qui était le plus proche d'eux. Il y avait aussi
17 les services de santé qui étaient là. Puis ceux qui étaient à côté de cette
18 rivière, je ne sais pas qui ils étaient, je ne sais pas même s'ils étaient
19 en mesure d'ouvrir le feu.
20 Q. Maintenant, j'aimerais qu'on examine l'entrée du journal qui porte sur
21 la date du 5 mai. J'ai trouvé le passage concerné. Comme je l'ai dit
22 précédemment, c'est complètement illisible pour moi. Je peux vous dire ce
23 qui s'est passé si je m'en souviens, mais je ne peux pas lire.
24 Je vais vous demander si vous êtes au courant de ce qui est ici dans le
25 journal, quand il est indiqué qu'à 13 heures 45 le 5 mai, le poste
26 d'observation de Guri Bard a signalé que dix chars et 50 soldats avec sept
27 véhicules motorisés étaient arrivés au secteur du village de Nikolici.
28 Il s'agit là d'un secteur qui se trouve en Albanie. Qu'est-ce que
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1 c'était que ces chars ? C'était les chars de qui ?
2 R. J'étais là. Mais je ne sais pas à qui étaient ces chars. On les a vu
3 passer, on est allés voir ce qui se passait. J'y suis allé avec mon chef,
4 j'ai vu ce qui se passait.
5 Ensuite, l'armée a reçu une mission. Ils sont allés, puis ils sont
6 revenus le lendemain. Je sais qu'ils étaient là, je crois que c'était de la
7 provocation pure et simple pour voir comment on réagirait. C'est vrai que
8 les chars sont venus, j'étais là à l'époque, à ce moment-là. Je les ai vus
9 arriver ces chars.
10 M. ACKERMAN : [interprétation] J'en ai presque terminé, Monsieur le
11 Président. Je peux sans doute en terminer dans les dix minutes qui
12 viennent, mais on pourrait également faire la pause.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je pense qu'il vaut mieux de faire la
14 pause. Nous allons passer à huis clos pour permettre au témoin de quitter
15 le prétoire.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos.
17 [Audience à huis clos]
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 [Audience publique]
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, allez-y.
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Merci. Monsieur le Président.
3 Q. Monsieur le Témoin, je souhaiterais que l'on avance jusqu'à l'entrée du
4 17 mai dans ce journal.
5 R. Dans le journal que vous m'avez remis ?
6 Q. Oui.
7 R. Oui, je l'ai trouvé.
8 Q. Vous remarquerez qu'il est dit : A 15 heures 20, nous avons observé
9 neuf chars et dix camions dans le secteur du village de Caz. Est-ce que
10 vous avez des informations à ce sujet ?
11 R. Je ne m'en souviens plus maintenant. S'il y avait des chars, je les ai
12 certainement entendus. Mais je n'en suis pas sûr, je ne peux pas vous dire
13 s'il y a eu des provocations ou pas. Enfin, il y a eu des actes de
14 provocation avec des chars et des troupes d'infanterie, mais je ne me
15 souviens pas de la date. Je sais qu'il y a eu des provocations de ce genre.
16 Q. Entrée suivante, entre 17 heures 05 et 17 heures 20, il est dit : "Deux
17 chars suivis de troupes d'infanterie ont tiré sur les positions dans le
18 secteur de Cafa Prusit. Après avoir ouvert le feu à l'aide de mortier de
19 120-millimètres d'obusier, un char est retourné dans le secteur de TT-186.
20 L'infanterie est partie, le char a été touché et incendié."
21 Apparemment, ce jour-là, il y a eu une bataille à Cafa Prusit à
22 laquelle ont participé ces chars.
23 R. J'en ai entendu parler, mais je n'étais pas présent lorsque cela s'est
24 produit, mais j'en ai entendu parler. Je n'étais pas sur place, mais j'ai
25 appris que cela avait eu lieu. A l'époque, je crois que j'étais à Pastrik.
26 Je n'en suis pas sûr, mais je crois que j'étais là-bas.
27 Q. Plus tard ce jour-là, à 17 heures 40, on a vu six chars dans le village
28 de Dobruna. Apparemment, il y a eu beaucoup de chars dans la zone
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1 frontalière ce jour-là ?
2 R. D'après ce qui est dit dans ce journal, oui, mais ces provocations
3 étaient quotidiennes. Parfois il y avait des troupes d'infanterie, des
4 véhicules, des chars, autres choses, mais cela avait lieu tous les jours.
5 C'est le seul itinéraire qu'ils pouvaient emprunter à l'aide de chars pour
6 se diriger vers le Kosovo dans ce secteur, donc ils devaient tester leur
7 puissance. Je n'en sais rien.
8 Je crois que c'était bien cela. Il y avait des provocations
9 quotidiennes, comme je l'ai dit, à l'aide de chars, de troupes
10 d'infanterie. J'en ai entendu parler, mais je n'étais pas là ce jour-là.
11 J'ai entendu des tirs, mais je n'étais pas présent sur les lieux.
12 Q. Nous n'allons pas évoquer davantage les attaques qui se sont produites
13 contre les postes-frontières. Comme vous l'avez dit, il s'agissait
14 d'activités quotidiennes incessantes. Les Juges de la Chambre disposent de
15 ce document, donc ils peuvent s'en rendre compte par eux-mêmes.
16 Est-ce que ces attaques constantes menées par l'OTAN et menées depuis
17 l'Albanie, est-ce que ces attaques constantes, disais-je, ont eu un effet
18 négatif sur le moral des troupes qui se trouvaient à ces postes-
19 frontières ?
20 R. Le plus difficile c'était de ne pas pouvoir se laver à ces postes-
21 frontières. Tout le reste on pouvait le supporter. Les postes-frontières
22 ont été détruits, mais les soldats ne pouvaient pas se laver. Cela c'était
23 le problème le plus grave.
24 Pour ce qui est des provocations, elles étaient quotidiennes. On s'y
25 habituait. Mais les bains c'était le plus gros problème. Ces postes-
26 frontières ont été détruits, mais tout le reste on s'y habituait. Le moral,
27 je ne sais pas s'il était si mauvais que cela.
28 Q. Dans ce journal, on voit une entrée correspondant à la date du 7 juin
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1 où il est dit : "Dans le cadre de nos rapports réguliers de combat, nous
2 avons informé nos supérieurs du fait que la situation au sein des unités
3 était très difficile. Les soldats sont épuisés et le moral n'est pas bon."
4 C'est la raison pour laquelle je vous ai posé cette question.
5 R. Nous nous sommes repliés le 8, si je me souviens bien. Je n'évoquerai
6 pas l'aspect politique des choses pourquoi on a pris cette décision, mais
7 les gens qui se trouvaient là, y compris moi-même, n'étaient pas satisfaits
8 de ce retrait du Kosovo. Nous étions contre. Nous étions prêts à rester là
9 jusqu'à la fin, jusqu'au dernier homme.
10 Q. Vous craigniez une offensive terrestre de l'OTAN au niveau de ce poste-
11 frontière dans la zone de responsabilité de votre bataillon. Dans ce
12 journal, il existe des informations selon lesquelles le 5 et le 6 mai,
13 cette préoccupation était très vivace.
14 Le 5 mai à 10 heures 19, des avions ennemis ont attaqué le secteur
15 situé au nord-ouest de Djakovica. A 13 heures 45, le poste d'observation de
16 Guri Bard a signalé l'arrivée de dix chars et de 50 soldats qui ont franchi
17 la frontière. Nous en avons parlé tout à l'heure.
18 De 17 heures 30 à 19 heures 30, les avions ont lancé une attaque
19 intense contre le secteur de défense du bataillon se servant de roquettes
20 et de bombes à fragmentation. A 18 heures 30, quatre roquettes ont été
21 tirées contre le village de Kuzliu [phon]. Un soldat a été tué. A 19 heures
22 25 des bombes de fragmentation ont été larguées sur le poste-frontière de
23 Cafa Prusit. Un sergent a été tué. Deux soldats ont été blessés. Il y a eu
24 des tirs d'infanterie ennemie contre les positions à Cafa Prusit, ces
25 activités se sont déroulées le long de la frontière le 5 mai; pour ce qui
26 est de l'entrée du 6 mai, un autre avion ennemi a largué une bombe à
27 fragmentation dans le secteur de Pastrik. Il y a eu une alerte à
28 l'intention de toutes les unités en raison d'une attaque généralisée qui
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1 était annoncée, une attaque par la voie aérienne et une attaque terrestre.
2 Est-ce que vous vous souvenez de cette alerte qui a été faite ce
3 jour-là pour annoncer cette offensive terrestre imminente ?
4 R. Je suis allé à Pastrik. Je n'avais pas peur de l'offensive terrestre,
5 qu'elle se passe ce jour-là, le lendemain, peu importe. Je suis allé au
6 Kosovo avec un seul objectif, peu m'importait qu'ils attaquent ou non.
7 S'ils devaient attaquer, je serais là. S'ils n'attaquaient pas, je serais
8 là quand même. Les soldats clairement étaient prêts à défendre ce secteur
9 coûte que coûte.
10 Q. Je prends note de votre réponse, mais cela n'avait rien à voir avec ma
11 question. Ma question était la suivante : on s'inquiétait sérieusement de
12 l'éventualité d'une offensive terrestre menée depuis l'Albanie. Il y avait
13 certains éléments qui indiquaient que cette attaque allait bientôt avoir
14 lieu, n'est-ce pas ?
15 R. Dans la nuit du 5 au 6, je suis allé à Pastrik. Il y avait une alerte
16 aérienne. Un groupe avait franchi la frontière. Il y a un rocher, un gros
17 rocher dans ce secteur. Mon commandant et moi-même étions là depuis quelque
18 temps. Le commandant qui était sur place nous a assurés que tout allait
19 bien.
20 Peut-être que mon commandant a noté cela quelque part, mais il n'y
21 avait pas de soldat à cet endroit. Ils nous avaient menti. Je suis allé là-
22 bas ce soir-là, comme je l'ai dit, pour riposter dans l'éventualité où ils
23 allaient se diriger vers Prizren. Je voulais être sur les lieux.
24 Mais ils sont restés au niveau de ce rocher, ils n'ont pas avancé
25 davantage à l'intérieur du territoire. Il y a eu une alerte. Je comprends
26 votre question. Je n'avais pas peur des attaques. Les gens qui étaient avec
27 moi non plus. Ils pouvaient attaquer quand ils voulaient. Nous n'avions pas
28 peur. Est-ce que ma réponse vous satisfait ?
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1 Q. Je ne voulais pas insinuer que vous aviez peur. Je sais que vous
2 n'aviez pas peur.
3 Je souhaiterais que l'on évoque très brièvement une dernière question
4 concernant le secteur de Korenica-Meja, le 27 avril lorsque vous vous
5 trouviez à ce carrefour en compagnie de votre commandant. Comment vous
6 êtes-vous retrouvé à cet endroit ce jour-là avec votre commandant ? Où se
7 trouvaient votre lieutenant et le reste de l'unité ?
8 R. Vous avez mal formulé votre question. Je n'étais pas au carrefour avec
9 le commandant. Nous avions un poste de commandement situé entre le
10 carrefour et le village. Il se trouvait à 80 ou 100 mètres du carrefour du
11 côté droit de la route. Il y avait une maison abandonnée où nous nous
12 trouvions. Donc, nous n'étions pas au carrefour même.
13 J'assurais la sécurité du commandant. J'étais son garde du corps. Le
14 reste de l'unité était ailleurs, j'étais avec le commandant conformément
15 aux ordres qui étaient donnés quotidiennement en vue d'assurer sa
16 sécurité. J'étais là avec d'autres hommes et notamment un autre homme de
17 mon groupe.
18 Q. Où se trouvait votre lieutenant et le reste du groupe ?
19 R. Le lieutenant n'était pas là, mais le reste du groupe se trouvait au
20 niveau du ruisseau, comme je l'ai expliqué aux Juges de la Chambre, nous
21 nous trouvions là pour empêcher l'UCK de quitter le village, pas les
22 civils.
23 En fait, le ruisseau qui va du carrefour vers les collines à droite,
24 cela ne se trouve pas sur la carte. Il s'agit d'une route ou plutôt d'un
25 sentier d'un chemin non macadamisé qui est utilisé par les charrettes
26 essentiellement.
27 Q. Vous nous avez dit hier que vous aviez informé votre commandant du fait
28 que des gens avaient été tués. Cela l'a mis en colère. Mais vous ne savez
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1 pas s'il a signalé cela à ses supérieurs, s'il a relayé vos informations,
2 ce que vous lui aviez dit. Vous ne savez pas s'il l'a fait ou non, n'est-ce
3 pas ?
4 R. Je ne peux pas vérifier ce que faisait le commandant ce jour-là ou un
5 autre jour peut-être, mais ce jour-là je n'ai pas vérifié ce qu'il faisait.
6 Ce n'était pas ma mission. C'est lui qui devait vérifier ce que je faisais
7 moi.
8 Q. Oui, je comprends bien. Mais avez-vous dit à votre lieutenant ce que
9 vous aviez vu ?
10 R. Non. Il n'était pas là à ce moment-là.
11 Q. Après avoir dit à votre commandant ce que vous aviez vu, ce dernier
12 vous a donné l'ordre à vous et à un autre soldat d'escorter un groupe de
13 personnes qui quittaient le secteur pour aller à Djakovica, vous deviez les
14 protéger, c'est bien cela ?
15 R. C'était après que ces deux personnes ont été blessées, les personnes
16 qui sont mentionnées dans le paragraphe précédent. Il y a un champ entre le
17 village et l'endroit où nous nous trouvions. Nous avons vu qu'ils étaient
18 prêts à partir, il y avait des coups de feu.
19 Le chaos régnait. Les soldats se trouvaient à gauche de la route, il
20 m'a donné l'ordre d'évacuer ces personnes vers Djakovica en compagnie de ce
21 soldat.
22 Q. Vous avez dit dans votre déclaration : Si nous n'avions pas fait cela,
23 si nous ne les avions pas protégés, ils n'auraient jamais pu franchir le
24 poste-frontière et les hommes ne seraient pas certainement pas en vie
25 aujourd'hui. Vous nous dites que vous et votre commandant, grâce à cela,
26 avez pu sauver la vie d'un certain nombre de personnes ce jour-là ?
27 R. C'est mon opinion, et je le pense toujours aujourd'hui.
28 Q. Au paragraphe 66 de votre déclaration, vous nous dites que personne au
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1 sein de votre unité, aucun des soldats que vous connaissiez n'était content
2 de ce qui s'était passé ce jour-là. Vous dites, je cite : "Nous étions
3 perturbés, ennuyés d'être impliqués dans les activités de la police." En
4 fait, les soldats de la VJ que vous connaissiez étaient très surpris et
5 perturbés par ce qu'ils avaient appris ce jour-là, n'est-ce pas ?
6 R. Dans la soirée, nous avons reçu la mission que nous étions censés
7 effectuer le lendemain matin, nous n'avons pas parlé de cela. Il était tout
8 à fait surpris, on n'a pas parlé de cela. En fait, on a parlé du ratissage
9 du terrain afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de soldats de l'UCK à cet
10 endroit. C'est tout à fait autre chose, et je vous affirme que mon
11 commandant était surpris de ce qui s'était passé. Je le connaissais depuis,
12 je crois, 1992.
13 Il était très surpris de ce qui s'était passé. Je pense qu'il n'était
14 pas au courant de ce qui s'était passé. Je suis presque sûr qu'il ne savait
15 pas ce qui s'était passé, vu sa réaction. Je pense que même les commandants
16 de la police n'étaient pas au courant de ce qui se passait sur le terrain,
17 car leurs officiers n'étaient pas présents non plus. Il y avait de simples
18 policiers, mais il n'y avait pas d'officiers supérieurs. Ils se trouvaient
19 déployés au niveau du pont, et non pas sur le terrain où ils auraient dû
20 être.
21 Q. Vous dites que votre commandant était en colère et dégoûté par ce qui
22 s'était passé. Mais tous les soldats de la VJ que vous connaissiez étaient
23 en colère également et ils étaient gênés, dégoûtés par ce qui s'était passé
24 eux aussi, n'est-ce pas ?
25 R. Les gens avec qui j'étais en communication ce jour-là, oui.
26 Q. C'est tout. Je n'ai plus d'autres questions à vous poser. Merci.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Maître Ackerman.
28 Maître Bakrac.
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1 M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je pense que mon
2 contre-interrogatoire sera bref, car Me Ackerman a déjà posé au témoin un
3 certain nombre de questions que je voulais lui poser.
4 Contre-interrogatoire par M. Bakrac :
5 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin K90. Je m'appelle Mihajlo
6 Bakrac. Je suis l'un des avocats du général Lazarevic. Comme je l'ai dit,
7 Me Ackerman vous a déjà interrogé au sujet d'un certain nombre de questions
8 que je souhaitais évoquer avec vous. Donc je pense que mon contre-
9 interrogatoire ne sera pas long.
10 Ce que je souhaiterais préciser, c'est la chose suivante : est-ce que vous
11 êtes en mesure de nous dire quelle était l'appellation officielle de votre
12 unité, l'unité à laquelle vous étiez rattaché au Kosovo ?
13 R. Il s'agissait du 2e Bataillon de la 549e Brigade motorisée.
14 Q. Mais comment s'appelait votre unité ? Un instant, s'il vous plaît. Vous
15 avez été interrogé précédemment par des conseils qui parlaient anglais. Là,
16 nous allons avoir un problème car nous parlons tous les deux la même
17 langue, nous devons ménager une pause entre les questions et les réponses.
18 Lorsque vous verrez à l'écran que le curseur ne bouge plus, vous pourrez
19 commencer à répondre.
20 R. Cela faisait partie de la section de la police militaire. Est-ce que
21 vous avez entendu ce que je viens de dire ? Une section de la police, un
22 groupe supplémentaire, nous faisions partie de cette section de la police
23 militaire. En fait, la compagnie de la police militaire se trouvait à
24 Prizren. Nous, nous étions en quelque sorte une section avancée, nous
25 étions à Djakovica. Nous faisions partie de cette section, c'est ce que je
26 veux dire.
27 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui commandait cette section ?
28 R. Il s'agissait d'un sous-lieutenant, mais je ne me souviens pas de son
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1 nom.
2 Q. Très bien. Vous souvenez-vous de la date précise à laquelle vous avez
3 rejoint les rangs de cette section de la police militaire ?
4 R. Le 27 dans la soirée je suis arrivé au Kosovo. Cela figure dans mon
5 livret militaire. Oui, c'est bien cela. Le 27, j'étais à Zub, au poste de
6 commandement. Mon commandant nous a accueillis et nous a dit ce que je vous
7 ai dit hier.
8 Ce n'est ni le Kosovo ni la Bosnie, les ordres vont être respectés
9 ici. Il a dit que les ordres étaient confidentiels et qu'il fallait les
10 appliquer à la lettre, même si nous étions des volontaires. Cela s'est
11 produit le 27, tout cela.
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Un instant, Maître Bakrac. Est-ce que
13 nous pourrions passer brièvement à huis clos partiel ?
14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
15 [Audience à huis clos partiel]
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25 [Audience publique]
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman.
27 M. ACKERMAN : [interprétation] Au paragraphe -- ou plutôt à la page 49,
28 ligne 19, on peut lire une fois de plus : "Ce n'est ni le Kosovo, ni la
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1 Bosnie." Le témoin a corrigé cela hier, il voulait dire que ce n'est ni la
2 Croatie ni la Bosnie." Je suis sûr que c'est ce qu'il voulait dire
3 aujourd'hui également.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la Croatie, c'est cela. Excusez-moi.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Monsieur.
6 M. BAKRAC : [interprétation]
7 Q. Monsieur, dans le journal de guerre, il est indiqué que le 3 avril
8 1999, 22 volontaires sont arrivés.
9 R. Nous étions déjà présents lorsqu'ils sont arrivés. Ils sont arrivés
10 après nous. Ils sont allés au poste-frontière de Deva.
11 Q. Merci. Précisons un autre point dans votre déclaration préalable. Vous
12 dites que Nesovic était un officier chargé de la sécurité au sein du
13 bataillon. Est-il exact qu'il n'avait pas de responsabilité en matière de
14 commandement ?
15 R. Il n'avait pas d'hommes, ce n'était pas ses hommes. Le commandant de la
16 section avait des hommes placés sous son autorité, mais lui, en tant
17 qu'organe chargé de la sécurité, il n'avait pas de soldats placés sous son
18 autorité, pour autant que je m'en souvienne, il n'avait qu'une estafette,
19 un chauffeur à sa disposition. Il n'avait pas de soldats d'active placés
20 sous son autorité. Le lieutenant ne pouvait pas personnellement commander
21 des soldats.
22 Q. Donc nous pouvons en déduire qu'il ne faisait que prendre des mesures
23 pour ce qui est de la sécurité ?
24 R. Oui. Il s'occupait de la coordination entre le commandant de la brigade
25 et les services de sécurité du bataillon.
26 Q. Merci. Mon collègue, Me Ackerman, vous a déjà interrogé sur certains
27 points concernant le croquis. Je souhaiterais que l'on puisse être sûrs de
28 l'endroit où se trouvaient certaines installations.
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1 Est-il exact de dire que la zone de responsabilité de votre bataillon
2 allait du poste-frontière de Likan à Pastrik jusqu'à Kosare. La ligne de
3 front faisait environ une trentaine de kilomètres de long; c'est bien
4 cela ?
5 R. Trente-sept, grosso modo. En fait, la zone frontalière avait une
6 profondeur de 5 kilomètres. En 1998 ou en 1999, la zone frontalière a été
7 déplacée. Je ne me souviens pas à quelle distance exactement. Voilà la zone
8 que nous couvrions, donc la frontière et la zone frontalière.
9 Q. Oui, je comprends. Pour gagner du temps et pour que vous puissiez
10 rentrer chez vous plus vite, vous conviendrez avec moi qu'en 1999, lorsque
11 vous étiez sur les lieux, la zone frontalière a été élargie de 10
12 kilomètres ?
13 R. Je ne sais pas partout, mais à certains endroits, oui, donc de la
14 frontière vers certains villages. Si j'étais dans un village où se trouvait
15 un poste de commandement qui était censé être la caserne - en fait, il y
16 avait une caserne à Djakovica. Nous ne pouvions pas être à cet endroit,
17 bien sûr, parce que la caserne avait été détruite. Nous étions au poste de
18 commandement avancé, la distance était peut-être de 1 à 5 kilomètres, enfin
19 cela dépendait.
20 Q. Oui, je comprends.
21 R. Oui, mais est-ce que les Juges ont compris ?
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Compris quoi ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous avez compris ce que j'ai
24 essayé de vous expliquer ? La distance qui sépare la frontière et cet
25 endroit, donc ces 10 kilomètres. A certains endroits, c'était 10
26 kilomètres, d'autres endroits 5 kilomètres. En fait c'était 10 kilomètres
27 au maximum. Cela n'allait pas au-delà de ces 10 kilomètres, cette zone
28 frontalière.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, nous comprenons bien votre
2 réponse. Me Bakrac s'attendait à cette réponse lui aussi.
3 Poursuivez, Maître Bakrac.
4 M. BAKRAC : [interprétation] Peut-être que les choses pourraient être
5 précisées grâce à la question suivante.
6 Q. Conviendrez-vous que la zone de défense du bataillon était telle qu'au
7 moins 90 % des effectifs de votre unité étaient déployés le long de la
8 frontière de l'Etat, à l'exception d'une petite portion ?
9 R. J'ai parlé de 70 % dans ma déclaration. Nous n'avions jamais
10 suffisamment de troupes à la frontière ou ailleurs. Il est possible que ce
11 chiffre soit exact, mais j'ai dit 70 %. Vous me dites 90 %, c'est possible.
12 Q. Les pourcentages ne sont pas importants. Si j'ai bien compris, il y
13 avait une pénurie d'effectifs. Vous étiez tous dans la zone frontalière, à
14 l'exception d'un petit contingent qui se trouvait à l'arrière ?
15 R. Ils étaient un jour à un endroit, puis le lendemain ailleurs, en
16 fonction des besoins. Ils allaient là où on avait besoin d'eux. Voilà.
17 Généralement, on ne déploie pas la police militaire de cette manière.
18 C'était une exception. La section de la police militaire a été déployée à
19 Pastrik, à la frontière même.
20 Q. Monsieur, vous conviendrez que tous les soldats recevaient une
21 brochure, quelques informations de poche concernant les conventions de
22 Genève ?
23 R. Oui. Je l'ai reçue. Je sais, puisque je formais les soldats, et nous
24 les avons formés au sujet de ces conventions. Je ne me souviens plus ce
25 qu'on leur disait exactement. A partir du moment où les soldats arrivaient,
26 il fallait absolument aborder ces thèmes.
27 Je ne sais pas s'ils avaient tout cela sur eux, s'ils avaient tous ce
28 document. C'est vrai que je l'avais reçu. D'ailleurs, je l'ai encore
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1 quelque part chez moi. Je l'ai gardé avec ces informations, ces bouts de
2 papier qui étaient jetés des avions de l'OTAN. J'ai gardé tout cela.
3 Q. Bien. Vous avez déjà parlé de ces bombardements, les bombardements avec
4 les bombes à fragmentation, l'œuvre de l'OTAN. Est-ce que vous conviendrez
5 que pendant toute cette période, durant tout le mois d'avril et tout le
6 mois de mai, pendant tout le temps que votre unité a été déployée là où
7 elle était déployée, il y a eu des attaques quotidiennes ?
8 R. Non, on ne peut pas le dire comme cela. Si vous prenez la tour qui se
9 trouve entre un autre poste de commandement à Brekovac et la vieille
10 caserne qui est à peu près à 100 mètres de là, on peut dire que cette tour
11 a été bombardée au moins dix fois par jour. Toutes les unités de notre
12 bataillon étaient bombardées au moins deux fois par jour, parfois même plus
13 que cela, dix, douze fois.
14 Vous savez, une heure ne se passait sans qu'il y ait des bombes qui
15 tombent. Même une heure c'est trop, c'est trop long. On avait l'impression
16 que tous les avions qui reviennent du Kosovo, s'ils n'ont pas réussi à
17 bombarder quelque chose là-bas, au retour, ils lâchent quelques bombes sur
18 nous, ensuite ils continuent vers l'Albanie.
19 Q. Si je vous ai bien compris, quand vous avez parlé de quelques villages
20 - et d'ailleurs vous avez apporté une correction quand vous avez parlé de
21 quelques villageois qui ont été réinstallés à Djakovica ou dans les
22 villages à proximité de Djakovica - ce sont les villages qui dépendaient de
23 la zone de responsabilité de votre unité et ce sont les villages qui sont
24 près de la frontière ?
25 R. Oui, oui, je me souviens de Zub et de quelques autres villages.
26 Q. Monsieur, je ne suis pas intéressé par les noms.
27 R. Oui, c'est exclusivement les villages qui se trouvent là, vous savez,
28 les premiers villages qui sont tout près de Djakovica. Il y avait déjà
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1 d'autres villages qui avaient été complètement vidés. Je ne me souviens
2 plus de leurs noms.
3 Je suis sûr que les villages qui étaient là au moment où je suis
4 arrivé, ils sont partis en direction de Djakovica, pas de l'Albanie. Après,
5 qu'est-ce qui s'est passé avec ces gens-là, est-ce qu'ils sont partis
6 ailleurs, je ne rentrerai pas là-dedans.
7 Q. Conviendrez-vous que la raison de leur réinstallation résidait
8 justement dans ces bombardements quotidiens, d'un danger d'une invasion
9 terrestre venant de l'autre côté de la frontière, et c'est à cause de cela
10 que les villages spontanément se sont dirigés vers Djakovica ?
11 R. Oui. Oui, même si on était resté là-bas, si on avait chassé tous
12 les gens de là-bas, on serait les seuls qui serions restés à cet endroit.
13 Personne ne voulait cela, parce qu'on nous aurait bombardés juste nous. Qui
14 voulez-vous qui fasse cela ? Il faut être dingue pour faire cela.
15 Ils étaient là avec nous, ils sont partis avec nous en direction de
16 la ville. Le commandant savait mieux ce qu'il fallait faire et c'est eux
17 qui ont décidé de cela.
18 Q. Est-ce que vous savez que les villages frontaliers en Albanie;
19 Vlahna, Dobruna, Zogaj, et que les civils de ces villages se sont aussi
20 déplacés, ont déménagé justement parce que la frontière était près ou parce
21 qu'il y avait des bombardements, les menaces d'une invasion terrestre ?
22 R. Je ne sais pas comment s'appelait ce village, Cafa Prusit,
23 quelque chose comme cela, du côté albanais. C'est vrai que je regardais
24 avec des jumelles, et je savais très bien que c'était un village
25 complètement vide. Il n'y avait pas d'habitants.
26 Il y avait un homme qui venait avec des fusils, mais pas plus que
27 cela. Le village était complètement vide. Pourquoi ? Parce qu'ils ne
28 bombardaient pas que nous tout le temps, parfois, ils se trompaient et cela
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1 tombait sur eux.
2 Q. On savait que vous n'aviez pas peur, que vous n'aviez pas peur au
3 combat. Est-il exact de dire qu'au poste-frontière Kosare, il y a eu des
4 conflits quotidiens, qu'on a essayé de percer ces postes-frontières, cette
5 ligne de défense au niveau du poste-frontière, poste de la frontière ?
6 R. Je n'ai passé que deux jours là-bas. Il y a eu des attaques constantes,
7 permanentes, de l'aviation. Littéralement, on nous attaquait tout le temps,
8 24 heures sur 24. Vous aviez une partie où il y a quelques arbres, où vous
9 pouvez vous cacher un peu. Puis, il y a aussi du maquis. On ne peut même
10 pas y entrer. Nous étions près à tout, mais vraiment tout.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous n'avez pas répondu à la question.
12 On vous a demandé s'il y a eu des conflits, et je ne pense pas qu'on
13 faisait forcément référence aux bombardements de l'OTAN. Quand vous étiez
14 là deux jours, que s'est-il passé pendant ces deux jours ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, à l'époque j'ai vu mon
16 voisin qui était un soldat d'active. Il s'est fait tuer là-bas, un de ces
17 jours-là. J'ai vu que le corps d'un homme était attelé à une remorque de
18 tracteur, et j'ai bien compris que c'était Marinko, ce jeune homme qui
19 habitait dans le même quartier que moi.
20 Vous savez, ce conflit était permanent, les membres de l'UCK et de notre
21 armée, plus les bombardements de l'OTAN 24 heures sur 24.
22 M. BAKRAC : [interprétation]
23 Q. Vous venez de dire qu'il y a eu des combats permanents. Est-ce qu'il
24 existait des dangers qu'avec la chute du poste de frontière de Kosare l'UCK
25 soit jointe, c'est-à-dire les unités de la vallée de la Carragojs et de
26 Djakovica ?
27 R. Vous savez, c'est une vallée. Oui, ils étaient juste du côté gauche.
28 J'imagine que ceci aurait été le résultat. Vous savez, je ne peux pas
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1 affirmer. Il y a des gens qui s'y connaissent mieux et savent exactement
2 quel aurait été l'issue de cela, le résultat.
3 Q. Ce que j'ai voulu de savoir, c'était de voir si vous conviendriez avec
4 moi que vu les faits que nous venons d'énumérer, que ce blocus le long de
5 la frontière qui était tenue par l'armée, que tenir ces lignes c'était
6 parfaitement justifié du point de vue militaire.
7 R. Ce que je peux vous dire, c'est que nous n'avions pas suffisamment de
8 soldats. Puisqu'on savait quelle était la nature de l'ennemi que nous
9 avions, nous savions que lors d'une attaque d'infanterie, des forces
10 combinées de l'OTAN et de l'UCK, qu'on allait être écrasé. Vous savez, il y
11 avait avant tout beaucoup de monde, puis des gens qui étaient très bien
12 équipés.
13 Donc oui, j'avais l'impression que nous n'avions pas suffisamment
14 d'hommes, suffisamment d'éléments pour nous épauler. Je ne sais pas quelles
15 sont les éventualités auxquelles le commandement avait prévu de faire face.
16 Mais je sais que les unités qui étaient à la frontière, qu'elles avaient du
17 mal à opposer une résistance durable.
18 Q. Je vous ai très bien compris, vous n'avez pas besoin d'entrer en
19 détail. Dites-moi - là, c'est encore quelque chose, une information qui
20 ressort du journal proposé par le bureau du Procureur - est-il exact que,
21 par exemple, le 23 avril au moment où l'on a fouillé les villages Romel
22 Lukanje [phon], qu'on a arrêté six membres de l'UCK, les uniformes, et
23 cetera ?
24 R. Monsieur, je ne les ai pas vus. J'ai vu en revanche quelques uniformes
25 noirs et j'ai vu le symbole des fusils. Je ne sais pas à qui appartenaient
26 vraiment ces uniformes. Je ne sais pas à qui appartenaient les armes. J'ai
27 vu cela au niveau du quartier général du peloton de la police militaire.
28 Chez nous, j'ai vu une liste. Quand on était là-bas, quand on montait la
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1 garde, on pouvait très bien voir à qui appartenaient ces armes.
2 Vous vous souvenez, j'avais parlé au Procureur de cela ? Ces hommes qui
3 avaient des armes, puis finalement on a vu que ce n'était pas les armes de
4 la police militaire. Il y avait des uniformes là-bas, mais je ne sais pas à
5 qui ils appartenaient.
6 Q. Est-ce que vous savez si un accord en vertu des règles de combat, il
7 est nécessaire pour une unité, avant de prendre ses positions, de fouiller
8 les terrains, de ratisser les terrains pour voir s'il y a des troupes
9 ennemies là-bas, s'il y a des mines, et cetera ?
10 R. Si vous ne faites pas cela, vous ne faites une faute. Si vous allez
11 vous emparer d'un terrain, d'un bout de terrain et vous n'avez pas ratissé
12 le terrain avant, vous ne l'avez pas nettoyé, on peut vous punir à cause de
13 cela. Toutes les armées font cela. On n'est pas les seuls à le faire.
14 Q. Savez-vous si pendant la nuit du 27 au 28 avril, vous avez parlé de
15 Meja et de Korenica, que les positions du peloton de la police militaire
16 que l'UCK avait tenté de percer, c'est à ce moment-là que ce groupe de
17 soldats de l'UCK a été démantelé. Je pense qu'il s'agit du village de
18 Racaj. Est-ce que vous êtes au courant de cela ?
19 R. Non, non. Vous savez, vous m'avez posé beaucoup de questions. Ceci
20 s'est passé il y a longtemps, et je ne me souviens pas de tout. C'est
21 possible que cela s'est produit, mais je ne me souviens pas de cela.
22 En revanche, il y a quelque chose qui ne figure pas dans la déclaration. Je
23 sais qu'il y a eu un malentendu par rapport à un homme qui a tiré sur des
24 policiers, des policiers militaires, mais cet homme s'est échappé. Il s'est
25 enfui. Je ne sais pas qui c'était. Il a traversé la rivière, il est parti
26 de l'autre côté, rien ne lui est arrivé. Je ne sais pas si c'est le même
27 incident.
28 (expurgé)
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1 (expurgé)
2 (expurgé) Est-ce que vous savez qu'est-ce qui s'est passé au moment où la
3 colonne est passée à partir de Korenica, là où vous étiez ? Comment vous
4 vous êtes comportés ?
5 R. Nous n'avions aucun contact avec eux. Nous n'avions aucun contact avec
6 eux.
7 Q. Très bien. Vous n'avez pas à répéter. Vous n'avez pas à répéter ce que
8 vous avez déjà dit. L'armée tenait sa ligne en direction de la frontière.
9 R. Oui, oui. Tout ce qu'on faisait, c'était de monter la garde du côté
10 gauche de la route, entre ce carrefour que j'ai dessiné et l'entrée gauche
11 du village, rien d'autre. Puis, il y avait ce petit ruisseau, le côté du
12 ruisseau.
13 Nous n'avions pas plus que 100 hommes, on ne pouvait pas avoir de
14 renforts. On était là, on était les seuls à être là, nous, les gens de la
15 police militaire, puis une partie des soldats du poste-frontière Deva.
16 C'est tout.
17 Q. Quand vous parlez de cette frontière, est-il exact que le caporal
18 Vukadinovic [phon] a été le chauffeur de l'ambulance, il les a amenés à
19 Djakovica ?
20 R. Je ne sais pas comment il s'appelait. Même si vous ameniez des milliers
21 de personne ici, je ne l'aurais pas reconnu.
22 Q. Je vous ai posé cela --
23 R. Mais c'est possible que c'est Vukadinovic.
24 Q. Est-ce que vous savez si c'était lui ?
25 R. Je sais comment il était. Je me souviens de son apparence physique,
26 mais je ne me souviens pas de son nom.
27 Q. Puisque vous savez qui est Vukadinovic, savez-vous si dans sa maison
28 qui se trouvait à Cufodoj [phon], dans le hameau de Cufodoj, est-ce que
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1 vous savez si c'est là-dedans qu'il a hébergé une dizaine de familles
2 albanaises ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?
3 R. Je ne serais pas étonné de l'apprendre. Nous avions de très bons
4 rapports avec les gens qui étaient dans cet endroit. Le commandant de la
5 Défense territoriale a donné ses garanties pour la sécurité de ces gens en
6 disant que rien n'allait leur arriver.
7 Nous avions des patrouilles le long de la rivière en direction de
8 Deva, mais on n'est jamais entrés dans leurs villages. Jamais. Absolument
9 jamais.
10 Q. Merci, Monsieur. La dernière question que je vais vous poser, c'est une
11 question importante. Dans les informations supplémentaires, on peut lire
12 quelque chose dont je vais vous poser quelques questions, parce que je suis
13 sûr que le Procureur a oublié de vous poser cette question.
14 Quand il vous a posé une question au sujet de l'incident B qui figure
15 dans les informations supplémentaires quand il s'agit du meurtre dans ce
16 village d'un homme, est-il exact que vous avez aussi dit à mon confrère, M.
17 Hannis, que le commandant n'était absolument pas au courant de cela ?
18 R. Tout à fait, tout à fait d'accord, c'est tout à fait exact.
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 R. (expurgé)le sous-lieutenant qui le
24 savait. Il s'agit d'un ordre très, très précis.
25 M. HANNIS : [interprétation] Je voudrais demander que l'on apporte quelques
26 corrections, quelques expurgations.
27 M. BAKRAC : [interprétation] Excusez-moi, c'était ma dernière question. Je
28 me suis un peu perdu, mais c'est bien puisque nous sommes en mesure
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1 d'expurger cela.
2 Je n'ai pas d'autres questions à poser.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Maître Bakrac.
4 Maître Fila.
5 M. FILA : [interprétation] Merci, je n'ai pas de questions.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Zecevic.
7 M. ZECEVIC : [interprétation] Pas de questions.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Visnjic.
9 M. VISNJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, j'ai des
10 questions à poser.
11 Contre-interrogatoire par M. Visnjic:
12 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.
13 M. VISNJIC : [interprétation] Je voudrais vous demander de présenter au
14 témoin la pièce P2019, page 4.
15 Monsieur le Président, le Procureur nous a aussi proposé la pièce P2573.
16 D'après moi, il s'agit du même document. Donc, je vais utiliser les mêmes
17 chiffres, les mêmes cotes que celles qui sont utilisées par Me Ackerman
18 pour ne pas apporter davantage de confusion au moment où nous allons
19 analyser ces documents. La cote que je vais utiliser, c'est la cote 2019.
20 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis.
22 M. HANNIS : [interprétation] Par rapport à ces deux documents, il y a quand
23 même une différence. Les deux documents sont soi-disant des journaux de
24 guerre du 2e Bataillon. La différence figure à la dernière page, se trouve
25 à la dernière page. Et la version que j'ai proposée, c'est la version 2019,
26 cette version-là comporte la signature du commandant.
27 Alors que l'autre version, qui a été reçue d'une commission chargée
28 de coopération ou a été amenée par le biais du général Delic, dans ce cas,
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1 dans ce document-là, l'endroit où se trouve la signature n'est pas clair -
2 c'est quelque chose qui est en B/C/S, mais je ne peux pas le lire en B/C/S,
3 je n'ai que le document en anglais.
4 On a l'impression que ces deux versions sont identiques, mais non, ce
5 n'est pas le cas. C'est pour cela que je proposais deux documents, et je
6 demanderais le versement du document qui comporte la signature.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est 2573 ?
8 M. HANNIS : [interprétation] Non, c'est 2019.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. 2019, cela nous va.
10 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais utiliser la
11 pièce 2019 puisque nous avons la traduction en anglais. Je vais demander
12 que l'image ne soit pas diffusée dans le public, j'ai une question à poser.
13 Q. Monsieur, c'est le journal de guerre de votre brigade motorisée, où il
14 est dit que le 29 mars suite à un ordre menant de la 549e Brigade
15 motorisée, un peloton avec un mortier de 122-millimètres a été envoyé à
16 Velika Hoca dans le secteur. Je ne vais pas lire le nom du commandant, mais
17 il a été subordonné à la 6e Brigade de la 549e Brigade motorisée.
18 Est-ce que vous aviez un mortier de 120-millimètres ?
19 R. Le nom dont vous n'avez pas lu le nom, c'est Gorani --
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Répondez à la question. Je ne vois
21 même pas pourquoi M. Visnjic a fait référence au nom. Répondez à la
22 question.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas si nous, nous avions
24 précisément ces mortiers. Je sais qu'il y en avait, mais je ne sais pas si
25 nous, si on les avait.
26 M. VISNJIC : [interprétation]
27 Q. Merci.
28 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander que
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1 l'on montre au témoin la page 6 de ce document.
2 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, pour que tout soit bien
3 clair, je vais vous faire part d'une autre différence entre le document
4 2593 et le document 2019. Dans le document 2593, on copiait page par page,
5 alors que dans l'autre document, 2019, on copiait page deux par deux. Je
6 pense que si M. Visnjic continue à faire référence aux dates, cela nous
7 conviendrait, on va pouvoir s'y retrouver.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La référence que vous avez faite au
9 document 2593, en réalité, vous faisiez référence au document 2573.
10 M. HANNIS : [interprétation] Oui, excusez-moi.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
12 M. VISNJIC : [interprétation] Une page plus tôt, s'il vous plaît, en
13 anglais, montrez-nous la page précédente en anglais. En langue serbe, la
14 page qui est montrée est bonne. Merci.
15 Q. Monsieur, je vais vous donner lecture de ce qui est écrit à la date du
16 3 avril 1999. La première ligne : "On a procédé à la jonction des unités au
17 sens large du terme du village de Zub. Le peloton avec les lance-roquettes
18 de 122-millimètres est arrivé."
19 R. [aucune interprétation]
20 Q. Laissez-moi vous poser la question.
21 R. Je m'en souviens.
22 Q. Savez-vous, ou plutôt la date, est-ce qu'elle correspond à la date à
23 laquelle une partie de votre bataillon est revenue du village Orahovac ?
24 R. Je sais que ces soldats avec les lance-roquettes sont arrivés à Zub et
25 sont allés dans une maison qui était au bout du village, vraiment au niveau
26 du ruisseau, en direction de la frontière. Je ne me souviens pas de la date
27 exacte, mais je m'en souviens, puisqu'un de mes voisins était un soldat
28 d'active dans ce peloton.
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1 M. VISNJIC : [interprétation] Je me réfère aux pages du compte rendu
2 d'audience 9144, 9171, 9177 et 9205. C'est un autre témoin en l'espèce qui
3 en a parlé.
4 Q. Monsieur, vous avez dit que vous ne vous souvenez pas du nom du
5 commandant de peloton ?
6 R. Non. Je sais que c'était un sous-lieutenant, mais je ne me souviens pas
7 de son nom.
8 Q. Qui était le chef du peloton ?
9 R. Cela dépendait de la situation. Quand je n'étais pas là, c'est lui qui
10 était --
11 Q. Pouvez-vous répondre à nouveau ? Qui était le commandant du peloton ?
12 R. Kurjak quand je n'étais pas là, et quand j'étais là, c'était moi --
13 Q. Pourriez-vous répéter à nouveau ? Attendez la fin de ma question.
14 M. HANNIS : [interprétation] S'il va donner le nom, je vais demander que
15 l'on passe à huis clos partiel.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
17 Nous passons à huis clos partiel.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
19 partiel, Monsieur le Président.
20 [Audience à huis clos partiel]
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2 [Audience publique]
3 M. HANNIS : [interprétation] Il s'agit ici des déclarations qui n'ont pas
4 été signées, qui n'ont pas fait l'objet d'une déclaration solennelle donnée
5 par les individus qui faisaient partie d'une unité plus grande que l'unité
6 de ce témoin. J'ai l'impression qu'on va les utiliser pour contredire le
7 témoin par rapport à sa déposition quand il disait où il était, et cetera.
8 Je n'ai pas de problème à ce que l'on utilise ces documents comme une
9 base ou la raison pour lui poser la question, mais je ne veux pas qu'on
10 utilise cela comme une petite porte pour introduire les déclarations de
11 témoins qui n'ont pas fait l'objet de contre-interrogatoire. C'est cela qui
12 me soucie, qui me préoccupe.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Visnjic, quelle est votre
14 réponse ?
15 M. VISNJIC : [interprétation] Je dois vous dire de quoi il s'agit. Le
16 document 3D502 est un document signé. L'autre déclaration, mis à part
17 3D500, ce sont les déclarations qui ont été recueillies par téléphone par
18 l'enquêteur. Pour aller plus vite, nous avons fourni les déclarations non
19 signées pour qu'elles soient traduites. C'est tout à fait un hasard si ce
20 sont les déclarations non signées qui figurent dans le système. Nous allons
21 fournir les déclarations signées dès que nous les aurons.
22 D'ici la fin de la journée, je pourrai obtenir la signature du
23 document 3D502, 3D500, et en ce qui concerne l'autre 501, 499 et 504, ces
24 déclarations ont été signées par l'enquêteur qui a fait ces entretiens, qui
25 a parlé avec ces personnes au téléphone, qui les a interviewés. Je ne veux
26 pas les utiliser à présent mais un petit peu plus tard. J'aurais dû être
27 plus clair à ce sujet. Je voudrais demander que l'on place le document 3D26
28 dans le système électronique.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Visnjic, ces pièces, ces
2 documents ne vont pas devenir des pièces à conviction, tout simplement
3 parce que vous les présentez au témoin dans ce contexte. Parce que ce que
4 vous faites, c'est que vous lui montrez un certain nombre de points qui
5 découlent de ces déclarations. Vous les utilisez comme la base de ces
6 questions.
7 Je pense qu'il serait mieux de parler de cela sans montrer ces documents,
8 sans les montrer sur le rétroprojecteur ou sur les écrans; Tout simplement
9 de lui présenter ces arguments. Puis, s'il y a une raison particulière
10 d'examiner les déclarations, on peut le faire éventuellement.
11 M. VISNJIC : [interprétation] Je vais essayer de le faire.
12 Je voudrais voir la pièce 3D26.
13 Q. Monsieur, il s'agit d'une carte couleur avec quelques inscriptions.
14 Est-ce que vous le voyez ? Est-ce que vous voyez cela sur l'écran ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-ce que ce territoire correspond à celui que vous avez vous-même
17 dessiné sur la pièce IC119 ?
18 R. Oui, c'est sur la route.
19 M. VISNJIC : [interprétation] J'aimerais que l'on montre la page 3 de cette
20 pièce au témoin. C'est exactement la même carte, seulement on a fait un
21 gros plan sur une partie de cette carte.
22 Q. Pourriez-vous nous indiquer sur cette carte l'endroit où vous affirmez
23 que se trouvait votre poste de commandement et l'endroit où vous dites que
24 se trouvait votre section, comment votre section a été assiégée.
25 R. [Le témoin s'exécute]
26 Q. Pourriez-vous tracer la lettre A là où se trouvait assiégée votre
27 section, ou plutôt la section de la police.
28 R. Il ne s'agissait pas uniquement de la police. Il y avait également des
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1 soldats qui venaient de la frontière, puis nous aussi.
2 Q. Qui était sur l'autre ligne que vous avez dessinée ?
3 R. Mon équipe.
4 Q. Votre équipe était --
5 R. Elle se tenait de ce côté-là de la rivière.
6 Q. Sur toute cette zone ?
7 R. Non, pas toute la zone. C'est à 400 mètres, 300, 400 mètres, enfin ce
8 n'est pas une zone très étendue.
9 Q. A quelle distance du poste de commandement se trouvait votre équipe ?
10 R. A 150 à 200 mètres, pas plus.
11 Q. Votre équipe se trouvait à 150 mètres du poste de commandement ?
12 R. A 150 ou à 200 mètres, pas plus.
13 Q. A quelle distance la police se trouvait-elle de votre poste de
14 commandement ?
15 R. La police se trouvait au croisement ici.
16 Q. A quelle distance, s'il vous plaît ?
17 R. De 80 à 100 mètres.
18 Q. Si je vous comprends bien, votre équipe se trouvait --
19 R. Derrière la police.
20 Q. A 50 mètres derrière la police ?
21 R. Oui. Au bout de la cour du bâtiment qui se trouvait le long de ce
22 ruisseau, --
23 Q. Il y avait uniquement votre équipe, dix hommes?
24 R. Oui.
25 Q. Et de l'endroit où se trouvait votre équipe, vous pouviez voir la route
26 et le poste de commandement ?
27 R. Répétez la question.
28 Q. De l'endroit où vous vous trouviez, est-ce que vous pouviez voir le
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1 poste de commandement ?
2 R. Non. Non, parce qu'il y avait la rivière; ensuite il y a la route, puis
3 il y a une autre zone derrière la route, une ou deux trois maisons, tout un
4 ensemble de bâtiments que j'ai indiqué sur mon croquis.
5 Q. Avant d'inscrire quoi que ce soit sur la carte, attendez qu'on vous
6 demande de le faire parce que sinon on ne va jamais s'y retrouver.
7 Veuillez, s'il vous plaît, me dire la chose suivante.
8 M. VISNJIC : [interprétation] J'aimerais que soit donné une cote IC à cette
9 pièce.
10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Visnjic, selon vous, que nous
11 montre cette pièce ? Maître Visnjic, que représente la lettre A ?
12 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, selon moi, A désigne
13 une partie de l'unité du témoin qui bouclait la route ou plutôt qui se
14 trouvait à côté de la route.
15 L'autre ligne nous montre la ligne de bouclage qui était tenue par
16 son équipe. Entre ces deux lignes, nous voyons des points. D'après ce qu'a
17 déposé le témoin, cela représente des maisons et l'endroit où se trouvait
18 la police.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
20 M. VISNJIC : [interprétation]
21 Q. Veuillez écrire X là où se trouve la police.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais pourquoi est-ce qu'on utilise une
23 carte différente du croquis qui a été utilisé par le témoin dans sa
24 déclaration. Pourquoi est-ce que vous utilisez une carte différente ?
25 M. VISNJIC : [interprétation] Quand on compare les deux pièces, et c'est ce
26 que j'avais l'intension de faire, on constate que certains lieux, certaines
27 localités sur la carte se trouvent à des endroits différents. J'aimerais
28 bien que le témoin nous l'explique.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, je vous comprends bien, mais
2 quand on lui a demandé d'écrire la lettre A à côté de l'endroit où sa
3 section a été encerclée, ce à quoi il a répondu : "Il ne s'agissait pas
4 uniquement de la police mais aussi du poste de commandement," et cetera, le
5 témoin a inscrit la lettre A à l'endroit où sa section était encerclée.
6 Mais pour vous, est-ce que cela signifie qu'il y avait quelqu'un qui était
7 encerclé, assiégé sur la route ?
8 M. VISNJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne pense pas qu'il soit possible de
10 suivre la déposition du témoin avec ce croquis.
11 Pour que les choses soient claires, il faut recommencer avec des
12 questions très claires. Poser au témoin une nouvelle mouture de cette
13 carte, il faut que vous contrôliez le témoin, que vous soyez extrêmement
14 clair pour savoir exactement ce qu'il veut dire. Il semble qu'aujourd'hui
15 nous ne serons pas en mesure d'en terminer avec la déposition du témoin, en
16 tout cas pas si les informations que j'ai au sujet du temps que durera le
17 contre-interrogatoire de Me Ivetic s'avère exact.
18 M. VISNJIC : [interprétation] Essayons encore une fois donc. 3D26, page 3.
19 Q. Témoin K90, veuillez m'écouter attentivement. D'abord, tracez une ligne
20 pour indiquer où se trouvait votre section dans ce bouclage.
21 R. [Le témoin s'exécute]
22 Q. Ecrivez le numéro 1, le chiffre 1 à côté.
23 R. [Le témoin s'exécute]
24 Q. Maintenant tracez une autre ligne, une autre ligne qui indiquera où se
25 trouvait le reste de votre bataillon dans ce bouclage.
26 R. [Le témoin s'exécute]
27 Q. Inscrivez le chiffre 2 juste en dessous.
28 R. [Le témoin s'exécute]
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1 Q. Maintenant, veuillez nous indiquer l'endroit où se trouvait le poste de
2 commandement de votre bataillon.
3 R. [Le témoin s'exécute]
4 Q. Veuillez, s'il vous plaît, inscrire le chiffre 3 à cet endroit.
5 R. [Le témoin s'exécute]
6 Q. Veuillez également nous indiquer l'endroit où se trouvait la police.
7 R. [Le témoin s'exécute]
8 Q. Veuillez inscrire le chiffre 4 à côté de ce cercle.
9 R. [Le témoin s'exécute]
10 Q. Merci.
11 M. VISNJIC : [interprétation] Je crois que nous pouvons maintenant donner
12 un numéro IC à ce document.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, c'est beaucoup plus clair
14 maintenant. Merci.
15 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous sommes confrontés à la même
17 difficulté que tout à l'heure. Maître Visnjic, est-ce que vous pouvez
18 passer à autre chose pendant qu'on essaie de résoudre, résoudre cette
19 difficulté afin que ceci reste à l'écran, à moins que vous n'ayez besoin
20 d'un autre document.
21 M. VISNJIC : [interprétation] Je peux demander au témoin de nous indiquer
22 un autre lieu, un autre site qu'on pourrait indiquer sur la même carte
23 pendant qu'on attend les techniciens.
24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce IC120.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Le problème est résolu. Poursuivez,
26 Maître Visnjic.
27 M. VISNJIC : [interprétation]
28 Q. L'endroit où les deux soldats ont été blessés, ceux que vous avez
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1 évoqués dans votre déposition hier et aujourd'hui, est-ce que de cet
2 endroit on pouvait le voir depuis le poste de commandement ?
3 R. Non.
4 Q. Non ?
5 R. Non.
6 Q. A quelle distance de votre poste de commandement se trouvait cet
7 endroit ?
8 R. Je ne peux pas vous le dire avec certitude, mais en tout cas, on ne
9 pouvait pas le voir à l'œil nu; pas parce que c'était trop loin, mais à
10 cause de la disposition des lieux, ce n'était pas possible. Il y avait une
11 route qui allait de l'entrée jusqu'au village et qui ensuite tournait vers
12 la gauche, vers le village.
13 C'est là qu'ils se trouvaient. C'est la raison pour laquelle il
14 n'était pas possible de les voir depuis le poste de commandement. Mais ce
15 n'était pas que c'était trop loin, c'est simplement que les lieux étaient
16 tels qu'on ne pouvait tout simplement pas les voir.
17 Q. Est-il exact de dire que les communications entre les sections et le
18 poste de commandement se faisaient par radio, par un poste de type RUP-12 ?
19 R. Je ne m'en souviens pas exactement. Dans d'autres cas, dans d'autres
20 situations sans doute, mais là je suis pratiquement sûr qu'on ne s'en est
21 pas servi. Mais, enfin, ne me prenez pas aux mots.
22 Q. Et chaque commandant avait un Motorola, n'est-ce pas ?
23 R. Commandant en chef de quoi ?
24 Q. Chef de sections.
25 R. Il est possible qu'il ne les ait pas utilisés à ce moment-là parce
26 qu'il y avait sans cesse des avions qui nous survolaient.
27 (expurgé)
28 R. Oui.
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1 Q. Comment l'avez-vous appris si vous étiez au poste de commandement ?
2 R. Quelqu'un est venu nous le dire, mais je ne sais pas qui. Je crois que
3 c'est comme cela que s'est passé même si je ne suis pas sûr. Quelqu'un est
4 venu nous dire qu'il était blessé.
5 Il est possible que cela nous a été communiqué d'une autre manière,
6 mais je ne m'en souviens pas, je ne me souviens pas des détails. A moins
7 que -- enfin, je n'en suis pas sûr à moins que les ambulances ne disposent
8 de radio. Sinon, je ne sais pas.
9 Q. Est-il exact de dire que vous ne savez pas comment les unités
10 communiquaient avec le poste de commandement ce jour-là ?
11 R. Je crois qu'ils utilisent l'aide des estafettes.
12 Q. Savez-vous par quels moyens on a appris au poste de commandement que
13 les deux autres soldats avaient été blessés ?
14 R. Je ne sais pas. Je crois que quelqu'un est venu nous le dire, mais je
15 ne m'en souviens pas.
16 Q. Vous avez dit que pendant toute la journée il y a eu des tirs. Vous
17 l'avez répété à plusieurs reprises dans votre déclaration.
18 R. Oui. Dans les villages environnants, cela tirait sans cesse.
19 Q. Vous souvenez-vous à quelle heure ces deux soldats ont été blessés ?
20 R. Le matin, avant midi. Je ne sais pas exactement à quelle heure, mais en
21 tout cas, pas plus tard que 10 heures, disons entre 8 heures et 10 heures.
22 Maintenant vous êtes en train de me poser des questions au sujet
23 d'événements qui se sont déroulés il y a longtemps.
24 Ceci figure sans doute au centre médical dans les documents. Le fait
25 est qu'ils ont été blessés ce jour-là, et l'autre soldat a été également
26 blessé ce jour-là; mais je ne sais pas à quelle heure. C'est trop me
27 demander.
28 Q. Je comprends très bien. Je crois qu'en 2002 vous vous souveniez mieux
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1 des événements qu'aujourd'hui. Vous souvenez-vous de ceux qui étaient au
2 poste de commandement avec vous et le commandant ?
3 M. VISNJIC : [interprétation] Mais je pense qu'avant que vous ne répondiez,
4 nous devons passer à huis clos partiel.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
7 [Audience à huis clos partiel]
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8 [Audience publique]
9 M. VISNJIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce P2019. Il s'agit du
10 journal de guerre. J'aimerais que l'on présente la page 11 de ce document
11 au témoin.
12 Est-ce qu'on pourrait zoomer sur la version en B/C/S. Ce qui
13 m'intéresse, c'est le 27 novembre.
14 Q. Nous avons ici le journal de votre unité, Monsieur le Témoin. Il
15 est indiqué que deux soldats, deux volontaires ont été blessés à 8 heures
16 35. Est-ce que ceci correspond à ce dont vous vous souvenez ?
17 R. Je ne me souviens pas de l'heure. Nous étions trempés jusqu'aux
18 os.
19 M. VISNJIC : [interprétation] Page suivante, s'il vous plaît, en
20 anglais. Page suivante, 28 avril. Mais j'aimerais que la version en serbe
21 reste à l'écran.
22 Je signale, Monsieur le Président, qu'il s'agit du 28 avril, ligne 3.
23 Q. Dans le document, on peut lire que l'autre soldat que vous avez
24 mentionné a été blessé le lendemain à 14 heures 35 ?
25 R. C'est totalement faux. Je peux jurer ici même devant ces Juges que le
26 soldat dont vous parlez et les deux autres ont été blessés le même jour. Le
27 bouclage a commencé le matin à 5 heures, et ils ont été blessés le même
28 jour.
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1 Je ne sais pas qui a écrit ceci et dans quelles circonstances, mais je sais
2 qu'il y a trois soldats qui ont été blessés le même jour. C'est sûr à 100
3 %. Vous (expurgé)
4 (expurgé) même jour. Il n'y a pas eu de blocage, de
5 bouclage le lendemain, donc personne n'aurait pu être blessé le lendemain.
6 Q. A savoir si le lendemain il y avait un bouclage ou pas, cela reste à
7 voir. Il faudrait encore le démontrer. Je voulais cependant vous poser la
8 question suivante.
9 M. VISNJIC : [interprétation] Auparavant cependant, avant que je passe à
10 une nouvelle série de questions, j'aimerais que nous passions, Monsieur le
11 Président, à huis clos partiel.
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
13 M. VISNJIC : [interprétation]
14 (expurgé)
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
16 [Audience à huis clos partiel]
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16 [Audience publique]
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Allez-y, Maître Visnjic.
18 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, s'agissant de l'une
19 des dernières réponses faites par ce témoin où ce dernier affirme que le
20 bouclage n'a eu lieu que le 27 avril 1999, je souhaiterais attirer votre
21 attention sur la pièce 2019 que vous avez sous les yeux.
22 On peut voir la date du 28 avril. Il y est dit qu'à
23 2 heures 20, les Siptar ont essayé d'échapper au bouclage dans la région de
24 Kikes. Le groupe a été liquidé, démantelé. De nombreuses munitions et des
25 obus de mortier ont été saisis.
26 Q. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Dans ce journal, il est dit que le
27 bouclage s'est poursuivi --
28 R. Non, non. Si c'était le 27, ce dont j'ai parlé, c'est là que nous avons
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1 mis en place le bouclage. Ce qui s'est passé le lendemain, je ne sais pas,
2 je n'étais pas là. Cet homme a été blessé le 27. Voilà ce que j'affirme. Je
3 vous parle du jour où ces deux soldats ont été blessés, je ne sais pas
4 exactement quel jour c'était, je ne l'ai pas dit non plus dans ma
5 déclaration, je n'étais pas sûr de la date.
6 Je sais que c'était au mois d'avril, mais je ne savais pas quel jour
7 exactement. Dans la déclaration j'ai dit également que je ne savais pas
8 quand c'était.
9 Q. Est-ce que vous pourriez répondre de façon plus concise, s'il vous
10 plaît ?
11 R. Oui.
12 Q. Merci.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsque vous dites que le lendemain
14 vous n'étiez pas là, est-ce que le bouclage se poursuivait ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, nous sommes tous partis.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci. Vous avez répondu à la
17 question.
18 Poursuivez, Maître Visnjic.
19 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que
20 l'on passe à la journée suivante, la journée du 29. Il est dit également
21 que le bouclage était terminé dans la région de Reka.
22 Q. Monsieur le Témoin K90 --
23 M. HANNIS : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la référence. Il
24 n'est pas dit à la date du 29 que le bouclage est terminé.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
26 M. VISNJIC : [interprétation] Est-ce que ce n'est pas à la première ligne
27 de l'entrée du 29 ?
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pas dans la version anglaise.
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1 M. VISNJIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la page
2 suivante dans la version serbe.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous vouliez parler de la page
4 précédente, peut-être ? Cela doit se trouver à la page précédente. Là, nous
5 avons le mois de mai à l'écran.
6 M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que M. Hannis
7 a raison. C'est moi qui me suis trompé.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
9 M. VISNJIC : [interprétation] Vu le temps qui me reste, je propose que pour
10 le reste de mon contre-interrogatoire nous passions à huis clos partiel.
11 J'aurais des questions à poser et questions dans lesquelles je mentionnerai
12 certains noms. Je pense qu'il vaudrait mieux de faire cela rapidement.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
15 le Président.
16 [Audience à huis clos partiel]
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26 [Audience publique]
27 M. IVETIC : [interprétation]
28 Q. Monsieur, vous avez dit qu'à cette occasion on se servait d'un spray
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1 pour incendier les maisons. Est-ce que vous ou un membre de votre unité a
2 apporté ce spray ?
3 R. Non.
4 Q. Vous l'avez trouvé dans la maison tout simplement ?
5 R. Oui.
6 Q. Ces sprays ne faisaient pas partie de votre fourniment, n'est-ce pas ?
7 R. Non.
8 Q. J'ai l'impression en vous entendant que les événements que vous
9 décrivez aux paragraphes 36 et 37 sont des incidents isolés, comme ils
10 parlent des personnes isolées, donc ce sont des crimes que vous et d'autres
11 personnes saoules à ce moment-là ont commis ?
12 R. Vous parlez de "crimes". On a tué personne. Le fait est que ces deux
13 maisons ont été incendiées. En fait, il n'y avait personne dans ces
14 maisons.
15 Q. Bien. Vous n'avez pas signalé ce qui s'était passé, vous n'avez pas dit
16 que ces maisons avaient été incendiées, vous n'avez dit ni au SUP ni à
17 d'autres représentants de la police ou de l'armée, n'est-ce pas ?
18 R. Ce n'était pas mon travail. C'est notre supérieur qui était avec nous
19 qui était responsable de cela. C'était son ressort, pas du nôtre.
20 Q. Passons à autre chose. Vous avez dit plusieurs fois hier que l'UCK
21 n'était pas actif dans ce secteur au cours de la période qui nous
22 intéresse.
23 Au paragraphe 47, vous décrivez l'embuscade tendue à cinq policiers
24 qui ont été tués. Vous avez dit qu'on a signalé cet incident comme étant le
25 fait de l'UCK était dans une région où vous affirmez que vous n'aviez
26 connaissance d'activités de l'UCK.
27 R. Nous nous sommes mal compris. L'UCK n'agissait pas ouvertement en
28 ville. Dans le village où il y a eu cet incident avec le policier ou plutôt
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1 sur la route, nous n'y sommes pas allés comme je l'ai déjà dit. Un
2 commandant de la Défense assurait qu'il n'y aurait pas de problèmes.
3 Est-ce qu'ils sont passés par ce village ou pas, en fait, ils
4 n'avaient rien fait à personne avant cela; ensuite ils ont suivi ces
5 policiers et voilà. Avant cela, il n'y avait pas eu d'activités publiques
6 de leur part qui auraient pu attirer notre attention sur leur présence,
7 mais ils ont continué à attaquer depuis la frontière.
8 Q. Dans ce secteur où cinq policiers ont été tués, n'est-il pas vrai de
9 dire que cette route se trouve dans le secteur qui a été bouclé par la
10 suite, vous nous en avez parlé ?
11 R. Je ne peux pas vous dire exactement où ces policiers ont été tués, mais
12 c'était sur la route qui mène de Djakovica à Junik, dans les environs de ce
13 village, c'est clair. Personne ne peut contester cela. Je ne peux pas vous
14 dire où exactement. Je ne peux pas vous indiquer l'endroit précis où cela
15 s'est passé, mais cela s'est trouvé dans ce secteur, sur cette route. C'est
16 là que cela s'est passé.
17 Q. Excusez-moi. Je dois éteindre mon micro à chaque fois à cause des
18 mesures de protection qui vous ont été octroyées s'agissant de la
19 déformation de la voix.Monsieur, je souhaiterais vous soumettre une thèse.
20 Nous avons entendu des témoignages, enfin, notamment le témoignage d'un
21 autre policier militaire de la VJ qui a témoigné ici, M. le Témoin K73,
22 dont l'unité a pris part aux activités dans les villages, enfin, ils n'ont
23 pas participé au bouclage, mais il était près de Korenica dans la nuit du
24 27 avril 1999.
25 Il a dit qu'il y avait des soldats de l'UCK dans ce secteur, et que
26 ce jour-là, cette nuit-là, des combattants de l'UCK ont rencontré des
27 membres de son unité. Il y a eu un échange de coups de feu, un soldat a été
28 tué, un autre s'est blessé. Cela se trouve à la page 3 332, lignes 1 à 20
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1 du compte rendu d'audience.
2 Deux questions à ce sujet : premièrement, est-ce que vous êtes au courant
3 de cela ?
4 R. Monsieur, je vous parle de la partie de la route entre le carrefour et
5 l'entrée du village. Je ne sais pas ce qui s'est passé de l'autre côté du
6 village, je n'y suis pas allé, je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé
7 là-bas. Est-ce qu'il y avait d'autres soldats, qu'est-ce que j'en sais,
8 mais je pense même que les membres de la police militaire, de notre police
9 militaire n'étaient pas là, il y avait peut-être des membres d'autres
10 unités, je ne veux pas contester cela.
11 Mais ce que je peux vous dire c'est qu'à l'endroit où l'incident
12 s'est produit, il n'y avait pas d'autres personnes, il n'y avait que des
13 gens appartenant à notre bataillon. C'est ce que j'ai vu, il n'y en avait
14 pas d'autres à l'extérieur du village, de l'autre côté. Je ne savais même
15 pas qu'il y avait des soldats là-bas. Je savais qu'il y avait des
16 policiers, mais pas ceux-là. Ecoutez, je n'exclue pas cette possibilité, en
17 tout cas je ne les ai pas vus.
18 Q. Donc, puisque vous n'étiez pas partout, omniprésent sur le terrain,
19 est-ce que vous acceptez la possibilité qu'il y avait une certaine présence
20 de l'UCK et même une certaine résistance dans la région qui était sujette à
21 ce bouclage ou à l'opération ? Est-ce que vous acceptez cette possibilité ?
22 M. HANNIS : [interprétation] Pourriez-vous préciser la période concernée ?
23 M. VISNJIC : [interprétation] Le 27 et le 28 avril quand le bouclage était
24 en vigueur.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, peut-être serais-je prêt à accepter
26 cette possibilité à condition que je sache où ils étaient. Parce que là où
27 nous étions, là où j'étais, il n'y en avait pas. Il n'y avait pas de
28 membres de l'UCK, il n'y en avait pas du tout. Donc s'il y a avait
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1 ailleurs, au début du village de l'autre côté, nous on ne pouvait pas y
2 aller, on n'avait pas de moyens d'y aller, de les voir. C'est tout à fait
3 possible, mais je ne peux pas vous en parler. Je ne pas peux dire que
4 c'était le cas ou ce n'était pas le cas, je n'étais pas là. D'ailleurs je
5 n'ai pas entendu parler du meurtre de cet homme. Ecoutez, je n'en sais rien
6 à ce sujet. Donc --
7 M. IVETIC : [interprétation]
8 Q. M. Ackerman vous a demandé, je pense, au sujet d'une inscription au
9 niveau du journal où on dit que des soldats ont été blessés pendant
10 l'opération. Je pense qu'ils ont été blessés dans la soirée du 27, et vous
11 n'étiez pas d'accord avec ce qui était écrit dans le journal, dans le
12 registre.
13 Je voudrais vous parler du moment où un autre individu a été blessé,
14 et pour ceci je vous propose d'examiner avec moi la pièce du Procureur
15 P2569. Je ne voudrais pas qu'on la place sur le rétroprojecteur ou sur les
16 écrans, pour éviter d'identifier la personne qui a signé le document.
17 Donc, Monsieur, ce document qui a été signé par votre commandant parle de
18 l'incident où un individu a été blessé le 28 avril, le deuxième jour du
19 bouclage; et dans ce rapport, il est dit clairement qu'il a été blessé par
20 accident, par le feu de son propre camp qui a été ouvert par les membres du
21 MUP.
22 Est-ce que vous pouvez accepter la possibilité que les deux hommes qui,
23 d'après vous, ont été blessés par le MUP, -- bien, si c'était vraiment le
24 cas, pourquoi ne l'a-t-on pas dit de la même façon, ne l'a-t-on pas décrit
25 de la même façon que l'on a décrit cet incident. Pourquoi on n'a pas dit
26 qu'il s'agissait d'un feu venant de leur propre camp ? C'est un incident.
27 Pourquoi avait-on besoin de dire que le feu venant d'un groupe de civils ?
28 R. Monsieur, la personne dont vous parlez est une personne qui vient de la
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1 Republika Srpska. Les deux autres, ce sont les citoyens de la République de
2 Serbie, puisqu'on veut dire quelque chose par là. Peut-être que cela
3 signifie quelque chose. Mais je suis sûr que les deux hommes qui ont été
4 blessés, les hommes qui les ont fait venir, qui les ont emmenés, et
5 d'ailleurs j'ai parlé avec les deux personnes blessées, ils m'ont dit
6 qu'ils ont été blessés par des balles perdues. Ils n'ont pas dit qu'ils ont
7 été blessés par les policiers, mais c'était les Serbes qui tiraient là-bas.
8 Je n'ai pas vu l'UCK tirer, je n'ai pas vu l'armée tirer. Donc c'est une
9 conclusion logique. Mais à aucun moment je n'ai pensé qu'ils ont tiré
10 vraiment sur les soldats. J'ai dit qu'ils s'étaient blessés par des balles
11 perdues d'autant qu'il y en avait un qui était juste légèrement blessé
12 alors que l'autre a été grièvement blessé et n'est même pas revenu dans
13 l'unité. Je vois le document que vous m'avez montré et je vois ce qui est
14 écrit. Enfin, je le vois en partie. Oui, je ne vois pas d'autres raisons, à
15 moins que vous vouliez que je me lance dans des conjectures.
16 Q. Mais vous ne savez pas d'où est venue cette balle perdue, vous ne savez
17 pas quelle est la provenance de cette balle perdue ?
18 R. Si, je le sais. Du village, du village, du village même où se
19 trouvaient les policiers. Ils avaient déjà dépassé les premières maisons du
20 village. Donc, les balles ne pouvaient venir que de cet endroit-là, les
21 tirs. Si on exclut la possibilité que les civils ont tiré, ce qui est
22 complètement absurde, du côté gauche, quand on traversait la rivière se
23 trouvaient nos unités, elles étaient là au point de contrôle, et ce n'est
24 pas eux qui tiraient.
25 C'est complètement absurde. Pourquoi voulez-vous qu'ils tirent ?
26 Pourquoi voulez-vous qu'ils tirent en direction de la rivière là où se
27 trouvaient les nôtres, -- les civils. Mais c'est difficile de dire que ce
28 sont les civils qui ont tiré, alors que ces gens ne savaient même pas où
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1 ils étaient. Je ne sais pas. Je veux comprendre. Je vois dans quelle
2 situation vous êtes, mais j'aurais du mal à accepter cela, à vous confirmer
3 cela. Comment voulez-vous que je dise que ce sont des civils qui ont tiré
4 sur eux ?
5 Q. Donc, d'après vous, les civils ne sont absolument pas ceux qui ont
6 tiré, d'après vous ?
7 R. Absolument.
8 Q. Bien.
9 R. Monsieur, c'est moi qui les ai amenés à Djakovica. Je les ai bien vus,
10 qui ils étaient.
11 Q. Monsieur, je vous ai dit que nous sommes limités par le temps, et je
12 vous demanderais surtout à cause de ces problèmes de déformation de votre
13 voix, je vous demanderais à cause de tout cela de ne pas m'interrompre, de
14 ne pas interrompre la question que je vous pose et de vous concentrer de
15 répondre aux questions.
16 Donc, je voudrais concentrer sur les bombardements de l'OTAN. Vous avez
17 répondu aux questions posées par mes collègues. Vous avez dit que ces
18 bombardements étaient assez intenses, sans trêve, que la communication
19 était rendue pratiquement impossible, impraticable. Je voudrais vous
20 demander de vous concentrer sur ce que vous avez décrit dans le paragraphe
21 46 concernant le village de Korisa.
22 Tout d'abord, cet incident s'est produit le 13 mai 1999, n'est-ce pas
23 ?
24 R. Je ne sais pas.
25 Q. L'information que vous avez, est-ce que cela vous indique que cela
26 s'est produit justement à ce moment-là, à peu près à minuit ?
27 R. Monsieur, j'ai appris cela en parlant avec les gens, les gens qui
28 étaient sur place et aussi en parlant avec l'enquêteur.
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1 Q. Est-ce que vous êtes d'accord ou vous n'êtes pas d'accord, ou vous ne
2 le savez pas ?
3 R. Je ne sais pas quelle était la date.
4 Q. Donc, c'est l'enquêteur du bureau du Procureur qui vous a appris cela ?
5 R. Non, non, non. J'ai appris après la guerre au Kosovo, peut-être trois
6 ou quatre ou cinq mois après, plus tard, enfin, avec les policiers qui
7 étaient sur place.
8 Q. Je suppose que les sources qui vous ont parlé de cet événement ne vous
9 ont pas dit que parmi les blessés dans le cadre de cet incident se
10 trouvaient deux policiers, Dejan Nikolic et Ivan Djordjevic, les deux
11 travaillaient au SUP de Prizren. Le saviez-vous ?
12 R. Non, je ne le savais pas. Mais au début de ma déposition aujourd'hui,
13 j'ai dit que l'homme qui travaillait à la station de service, donc
14 quelqu'un sur place, m'a raconté qu'il pensait que tout le monde a été tué
15 tellement y avait-il des explosions.
16 Il pensait que tout était détruit, tout le monde a été tué.
17 D'ailleurs, je l'ai écrit là. Je n'ai pas été catégorique. Je m'excuse.
18 Q. Bien. Un autre sujet. Hier, vous avez parlé du paragraphe 47 de votre
19 déposition, à savoir l'arrivée des policiers, des membres de Frenki, des
20 unités de Frenki à Djakovica.
21 Aujourd'hui, vous avez changé un peu la description de ce Frenki,
22 comme vous nous l'avez décrit. Est-ce ce que vous souhaitez dire que ces
23 couvre-chefs que vous connaissiez, que vous avez décrit, qu'en réalité
24 c'étaient des bérets, des bérets rouges ?
25 R. Monsieur, on ne peut pas dire qu'un béret et un couvre-chef ou un
26 chapeau, c'est la même chose. Non, non, ce n'est pas la même chose. Ces
27 deux hommes qui avaient les masques sur le visage, ils avaient des petits
28 chapeaux. C'est ce qu'ils portaient, des petits chapeaux. Vous savez comme
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1 chez nous les uniformes cela change tout le temps, cela dépend de beaucoup
2 de situations, au cours d'une année vous pouvez changer plein d'uniformes.
3 J'ai bien vu que parfois dans certaines situations, même les SAJ portaient
4 des chapeaux semblables.
5 Peut-être que c'est quelqu'un des PJP. Mais ce n'était pas l'uniforme
6 classique. Si vous voulez, je n'ai pas vu le commandant. J'ai vu ces deux
7 hommes, c'est tout, pas plus que cela.
8 Q. Je pense que c'est vraiment important de clarifier cela. Vous avez dit
9 : "Ils portaient tous des chapeaux bien connus, des chapeaux portés par les
10 hommes de Frenki." Pour moi, c'est un chapeau, un couvre-chef, enfin, comme
11 dit, c'est un chapeau. Ce n'est rien d'autre.
12 Hier, vous avez dit qu'ils portaient des bérets rouges. C'est pour
13 cela que je ne suis sûr de la terminologie utilisée.
14 R. Hier, quand j'ai parlé des bérets rouges, j'ai dit, quand on me demande
15 qui sont les hommes de Frenki, quand le Juge m'a posé cette question, j'ai
16 dit que c'était l'unité chargée des opérations spéciales. Je n'ai jamais
17 dit que cette unité était là. Je n'ai jamais dit que tous les hommes
18 portaient des bérets routes. Je n'ai jamais dit cela, que les 400 hommes
19 c'étaient des Bérets rouges. J'ai dit, qu'en général, c'étaient les membres
20 de PJP. J'ai vu ces deux hommes qui portaient ce petit chapeau avec le
21 masque sur le visage, et j'ai pensé que c'était peut-être une unité chargée
22 des opérations spéciales.
23 Je n'avais pas besoin de leur poser la question, puisque c'était la
24 conclusion à laquelle j'étais arrivé. Je ne me suis même pas dit que je
25 pouvais avoir tort. Puis vu l'équipement qu'ils avaient, je pensais qu'ils
26 appartenaient tous à la même unité. Cela étant dit, je ne sais pas si cette
27 unité était là.
28 Q. Peut-être que vous avez tort, mais j'ai voulu vérifier cela. Ces deux
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1 hommes, ils sont venus dans un véhicule particulier ?
2 R. Oui, dans un véhicule civil, dans une automobile.
3 Q. Bien. En ce qui concerne le bus, les autocars, est-ce que tous ces
4 autocars que vous avez décrits, est-ce qu'ils sont tous arrivés en même
5 temps dans un seul convoi ?
6 R. Je ne suis pas sûr. Je pense que non. Je pense qu'ils arrivaient un par
7 un.
8 Q. Où est-ce que vous avez vu exactement ces véhicules, ces autobus ?
9 R. En général, ils arrivaient dans la ville de Djakovica.
10 Q. Dans quelle partie de la ville, là où vous étiez, par exemple ?
11 R. J'étais près de l'église, là où les bombes ne tombaient pas, plus près
12 de la rivière, plus près du village. Donc, effectivement, ils ont vu les
13 bus.
14 Q. Est-ce qu'il avait qui que ce soit avec vous à l'époque, là-bas, qui
15 pourrait confirmer votre version de l'histoire ?
16 R. C'étaient ces gens, les gens qui travaillaient au niveau de la station
17 de service, policiers, des soldats.
18 Q. Est-ce que vous avez vu tous ces bus et tous ces véhicules avec les
19 membres des PJP à l'intérieur ? Est-ce que vous avez vu cela vous-même, de
20 vos propres yeux ou est-ce que vous avez entendu parler de cela ?
21 R. Monsieur, je les ai vus à côté de moi. Ils sont passés juste à côté. Il
22 y en avait même qui sont allés en autobus. Je ne sais pas jusqu'où ils sont
23 allés avec cet autobus, mais ils sont allés quelque part. Je les ai vus.
24 Ils étaient à peu près une dizaine. Peut-être un petit plus, peut-être un
25 petit peu moins. J'ai vu des bus, cela c'est sûr.
26 Q. Hier, en ce qui concerne les PJP, vous avez dit que vous n'aviez jamais
27 vu d'insignes de PJP de Kosovo. Comment alors pouvez-vous être sûr que
28 c'était des membres des PJP ?
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1 R. Parce qu'ils portaient ces uniformes de camouflage, une couleur plutôt
2 jaunâtre que verdâtre, d'ailleurs. Puis, quand les policiers se sont
3 retirés du théâtre des opérations, les bus sont venus les chercher. Ces
4 mêmes bus qui les ont amenés là-bas, ils les ont fait revenir, les ont
5 ramenés. A partir du moment où le terrain était nettoyé, ils sont venus les
6 chercher.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que sur le côté du bus, il
8 était écrit "PJP" ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quelle est la pertinence de cette
11 réponse que vous venez de nous donner ? Vous dites que les mêmes bus sont
12 revenus les chercher. Comment vous pouviez savoir que c'était vraiment les
13 PJP à l'intérieur, puisque vous ne pouviez pas les reconnaître, rien ne les
14 distinguait des autres ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était d'après les uniformes.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Dites-moi autre chose. Hier, vous nous
17 avez dit qu'il y avait des gens qui portaient des bérets rouges. Vous
18 faisiez référence à qui exactement ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'aviez demandé comment j'ai pu
20 reconnaître les hommes de Frenki, j'ai dit que c'étaient les gens qui
21 arboraient les bérets rouges. Mais pendant la guerre ils ne portaient pas
22 des bérets rouges, pas au Kosovo. Alors, tout au moins, je ne les ai pas
23 vus avec des bérets rouges.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quels étaient ces chapeaux, ces
25 couvre-chefs qu'ils arboraient ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] C'étaient des chapeaux.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A quoi ressemblaient-ils ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] A des petits chapeaux un peu mis sur le côté,
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1 un peu inclinés. Ces mêmes gens sont venus chercher leurs collègues, pas
2 ces deux-là mais les autres. C'étaient les mêmes uniformes, si vous voulez.
3 Cela étant vrai que ces deux-là étaient vraiment membres de cette même
4 unité, c'est une autre histoire.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez dit qu'ils portaient ces
6 chapeaux caractéristiques, les chapeaux de Frenki, des hommes de Frenki. A
7 quoi cela ressemblait-il ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un chapeau de camouflage. Comment
9 voulez-vous que je vous décrive cela. Ce n'est pas une situation où vous
10 regardez chaque détail, où vous essayez de remarquer tous les détails.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Comment saviez-vous alors qu'il
12 s'agissait des hommes de Frenki ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Justement, j'ai dit que d'après les chapeaux
14 qu'ils portaient, oui, cela pouvait être les hommes de Frenki. Mais j'ai
15 laissé la possibilité que quelqu'un d'autre pouvait aussi porter un chapeau
16 similaire.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce que je voudrais savoir, je voudrais
18 vous demander de nous décrire ces chapeaux, les chapeaux vous permettant
19 d'en arriver à la conclusion qu'il s'agissait là des hommes de Frenki.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, le problème c'est qu'ils sont
21 arrivés avec un véhicule civil.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Décrivez-nous le chapeau tout
23 simplement. Ne faites pas autre chose. Peu importe le véhicule. Décrivez-
24 nous ce chapeau.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont des chapeaux de camouflage, rien de
26 spécial, un chapeau de camouflage. D'ailleurs, je ne me souviens même pas
27 de l'apparence de ces chapeaux.
28 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ivetic.
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1 M. IVETIC : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.
2 Q. Je pense que nous avons épuisé ce thème. Nous allons aborder un autre
3 thème.
4 Les paragraphes 43 et 45, vous dites que votre unité était la seule unité
5 qui a participé à la réinstallation des civils des nombreux villages et des
6 nombreux hameaux autour de Djakovica, et ceci, à la mi-avril. Quand vous
7 dites qu'il n'y avait que votre unité qui a participé à cela, on parle de
8 huit personnes que vous avez mentionnées dans le paragraphe 30, y compris
9 les deux volontaires qui étaient d'un autre pays, qui étaient des bénévoles
10 qui appartenaient à ce groupe ethnique.
11 R. Oui.
12 Q. On va parler de ce bouclage. Vous avez décrit le poste de commandement
13 là où se trouvait votre commandement. Est-ce que vous pouvez nous dire à
14 quelle distance se trouvait ce poste de commandement par rapport au centre-
15 ville de Korenica ?
16 R. Je ne sais pas. Je ne suis pas entré dans le village. Je ne suis pas
17 allé plus loin que les premières maisons du village.
18 Q. A partir de l'endroit où se trouvait ce poste de commandement, est-ce
19 que vous pouviez voir de façon distincte les maisons du village de
20 Korenica ?
21 R. Oui, je pouvais voir le début du village, oui.
22 Q. Vous avez dit que vous n'êtes pas allé à Korenica. Est-ce que vous êtes
23 allé vous, personnellement, dans d'autres villages autour de Korenica à la
24 date du 27 avril 1999 pendant le bouclage ?
25 R. Quand ces deux soldats ont été blessés et quand le commandant m'a
26 ordonné de me rendre au bord de la rivière pour aller faire sortir ces
27 gens, dans ma déclaration j'ai dit qu'il s'agissait du village de Meja. Au
28 jour d'aujourd'hui, je pense toujours qu'il s'agit de ce village. Peut-être
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1 que je me suis trompé, mais je pense que c'était bien cela. Cela ne change
2 rien à l'incident.
3 Je suis bien allé dans ce village et j'ai fait sortir ces gens. Je
4 pense que c'est bien ce village-là, le village Meja. Peut-être que je me
5 suis trompé du nom de village, mais c'était bien ce village-là. C'est sûr
6 que j'allais les chercher. Il y avait un autre homme qui était avec moi,
7 mais je ne me souviens plus de son nom. D'ailleurs, l'homme qui m'a posé la
8 question tout à l'heure, il ne l'a pas mentionné, il en a mentionné
9 d'autres. A moins qu'il ne s'appelle pas autrement. Vous savez, c'est un
10 homme qui est un soldat d'active et il est originaire de Sombor.
11 Q. Est-ce qu'on peut être sûrs que le village où vous êtes allé, dans
12 lequel vous êtes entré, se trouvait au sud de Korenica, pas au-dessus mais
13 au dessous de Korenica ?
14 R. C'était parallèle à la route, mais à gauche par rapport à la rivière.
15 Si vous allez de Djakovica en direction de Junik, c'est du côté gauche. Ce
16 village commence avec un grand moulin, ensuite il y a des maisons qui
17 suivent la rivière.
18 Q. En revenant de Djakovica, Korenica était du côté droit, n'est-ce pas ?
19 R. Non, je vous parle de la direction de Junik. Dans ce cas-là, oui, c'est
20 sur la droite, oui.
21 Q. Bien. Vous avez dit que les policiers tiraient sur des maisons au
22 hasard. Est-ce que vous pouvez voir cela se produire à Meja et à Korenica
23 depuis votre poste de commandement de l'armée yougoslave ? Est-ce que vous
24 avez vu cela personnellement ou est-ce que vous avez quelque chose dont
25 vous avez entendu parler ou que vous avez entendu dire ?
26 R. Quand j'ai commencé à entrer dans le village, j'ai vu cela, mais je
27 n'ai pas pu voir ce qui se passait vraiment à l'intérieur dans le centre au
28 cœur du village, puisque je me suis rendu uniquement au début du village,
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1 là où se trouvait les premières maisons. Et là, j'ai pu voir qu'ils
2 tiraient sur les maisons.
3 Q. Corrigez-moi si j'ai tort, Monsieur, mais l'infanterie qui se trouvait
4 dans le village, quelle que soit leur composition, ces troupes avançaient
5 vers votre position; est-ce exact ?
6 R. Non, à partir de la position qui était la nôtre vers le cœur du
7 village. Est-ce qu'il y avait une autre unité de l'autre côté, je n'en sais
8 rien. Je n'étais pas là. Ils partaient depuis nos positions vers le
9 village, vers le centre du village. Nous, nous étions à peu près là, et eux
10 ils se sont dirigés à partir de l'endroit où on était vers le village. Est-
11 ce qu'il y avait d'autres unités qui étaient de l'autre côté du village, je
12 n'en sais rien, puisque je n'y étais pas.
13 Q. Monsieur, est-ce que vous êtes en train de nous dire que les forces
14 d'infanterie essayaient de chasser les gens de ces points de contrôle, ou
15 plutôt du carrefour Meja Orize-Djakovica ?
16 R. Vous parlez du point de contrôle qui était au niveau du pont dans le
17 village de Brekovac, dans l'entrée de la ville, alors que je parle de cet
18 endroit où se trouvaient les policiers qui se trouvaient à ce petit
19 carrefour. C'est un tout petit carrefour entre un petit chemin de campagne
20 et une vraie route. Donc on ne parle pas du même endroit.
21 A partir du moment où ils sont entrés dans le village, les civils se
22 sont dirigés en direction de Djakovica, donc ils sont arrivés sur la route
23 où se trouvait notre bouclage. Ils allaient du village en direction du
24 Djakovica, pas de l'autre côté, pas vers Junik. Ils revenaient vers
25 Djakovica.
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ivetic, essayez de vous
27 interrompre à un moment opportun.
28 M. IVETIC : [interprétation] Oui, j'ai encore une toute petite question à
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1 poser.
2 Q. Monsieur, vous n'avez pas vu de maisons incendiées dans ce village,
3 incendiées par les policiers; vous n'avez pas vu cela de vos propres yeux ?
4 R. J'ai vu les premières maisons qui étaient incendiées. Qui vous voulez
5 qui les incendie d'autre, qui les brûle d'autre que les policiers ?
6 Personne d'autre ne pouvait le faire. Après, je suis allé quelques jours
7 plus tard et j'ai bien vu que ces maisons avaient brûlé, donc les maisons
8 près de la rivière.
9 Les gens que j'ai emmenés là-bas, ces maisons ont été brûlées par des
10 gens venus de Djakovica. Mais les maisons dans lesquelles les policiers
11 sont entrés, je pense qu'elles ont été incendiées par les policiers. Qui
12 d'autre pouvait les incendier, il n'y avait pas d'autres personnes là-bas.
13 Q. A nouveau, il s'agira des conjectures, pures conjectures. Quand il
14 s'agit de savoir qui vraiment a incendié ces maisons, vous ne le savez pas,
15 n'est-ce pas ?
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Cette question --
17 M. HANNIS : [interprétation] Objection.
18 M. IVETIC : [interprétation] J'en ai terminé pour la journée d'aujourd'hui,
19 et je pense que j'ai besoin encore d'une dizaine de minutes pour finir mon
20 contre-interrogatoire demain.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur Ivetic.
22 Monsieur Hannis, est-ce que nous en avons terminé avec cette déclaration ?
23 Est-ce que cet exercice est fini ?
24 M. HANNIS : [interprétation] Lors de la dernière pause, je me suis assis
25 avec mon co-conseil, avec l'interprète et ils étaient en train de finaliser
26 cela. Je pense que maintenant c'est prêt. Je vais vous demander de me
27 donner quelques instructions. Est-ce que vous souhaitez que je donne un
28 exemple de cela au témoin avant qu'il ne quitte l'immeuble aujourd'hui ou
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1 est-ce que je fais cela avec lui, je parcours cette déclaration avec lui
2 demain pour que ceci figure au compte rendu d'audience, et je lui demande
3 si les changements apportés aux paragraphes correspond au changement qu'il
4 voulait faire. Les deux possibilités me semblent être correctes.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je préfère la deuxième.
6 M. HANNIS : [interprétation] Je peux la donner au conseil de la Défense.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui. Nous allons en parler après le
8 contre-interrogatoire de M. Ivetic. S'il y a d'autres questions dans le
9 cadre du contre-interrogatoire suite aux changements apportés, évidemment,
10 nous allons les permettre.
11 M. HANNIS : [interprétation] Très bien. Je propose qu'on donne un numéro
12 ERN à ces documents, comme cela on va appeler cela la déclaration modifiée.
13 Nous allons lui donner un autre numéro de pièce à conviction au moment où
14 cela est nécessaire.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
16 Monsieur le Témoin K90, avec ceci se termine votre déposition
17 d'aujourd'hui. Vous allez devoir revenir demain à 9 heures, et je vous
18 demande de ne pas discuter avec qui que ce soit de la teneur de votre
19 déposition.
20 Vous pouvez à présent quitter le prétoire.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos.
22 [Audience à huis clos]
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 --- L'audience est levée à 13 heures 52 et reprendra le mercredi 31 janvier
28 2007, à 9 heures 00.