Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 2 novembre 2005

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 23.

6 LE TÉMOIN: BINAZIJA KOLESAR [Reprise]

7 [Le témoin répond par l'interprète]

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Madame Kolesar.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je me permets de vous rappeler le fait

11 que la déclaration solennelle que vous avez prononcée au début de votre

12 déposition s'applique toujours.

13 Maître Vasic, vous avez la parole.

14 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour.

15 Mesdames, Messieurs, bonjour.

16 Contre-interrogatoire par M. Vasic : [Suite]

17 Q. [interprétation] Bonjour, Madame Kolesar.

18 R. Bonjour, Maître Vasic.

19 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voulais vous dire que

20 vous avez pris une décision excellente et sage hier, ce qui nous permettra

21 aujourd'hui de parcourir les mêmes questions en trois fois moins de temps

22 que le temps que cela nous aurait pris hier.

23 J'ai examiné le compte rendu d'audience depuis hier soir, et cela m'a

24 permis d'enlever les deux tiers des questions que j'avais envisagées de

25 poser initialement.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Excellente nouvelle, Maître Vasic.

27 Vous devriez nous proposer de lever l'audience plus tôt plus souvent.

28 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, non, cela a été une

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1 situation exceptionnelle. Merci.

2 Je vais m'adresser au Greffier d'audience pour qu'il nous présente d'abord

3 la version anglaise du document 2D01-0048, ainsi que la version en B/C/S,

4 au numéro 2D01-0036.

5 Q. Madame Kolesar, est-ce que vous voyez à l'écran la dernière page de la

6 déclaration que vous avez donnée aux enquêteurs du Tribunal de La Haye ?

7 R. Oui, en langue anglaise. Non, non. Ce n'est pas cette même feuille.

8 Maintenant je le vois.

9 Q. Merci. Est-ce que c'est la déclaration au sujet de laquelle vous nous

10 avez confirmé hier que c'est bien la déclaration que vous avez donnée aux

11 enquêteurs du bureau du Procureur ?

12 R. Si, c'est bien ce qui figure à l'écran.

13 Q. Merci.

14 M. VASIC : [interprétation] Monsieur l'Huissier, est-ce qu'on pourrait

15 permettre à Mme Kolesar de voir la version en B/C/S de ce document parce

16 qu'il faudrait qu'elle lise quelque chose dans ce document.

17 Q. Madame Kolesar, est-ce que vous voyez la version en B/C/S ?

18 R. Oui, je la vois.

19 Q. Merci. Hier, pendant que je vous interrogeais au sujet des patients

20 serbes qui, après le 2 mai, et après la présence des policiers à l'hôpital,

21 ont commencé à faire part de leurs inquiétudes au sujet de la présence de

22 ceux-ci. Vous m'avez répondu en disant qu'il n'y avait aucune raison qu'ils

23 soient inquiets à ce sujet.

24 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est en page 55 du

25 compte rendu d'audience du 1er novembre.

26 Je m'adresse à Monsieur le Greffier d'audience pour qu'il nous aide pour

27 que l'on voit à l'écran la page du document 2D01-0049 en version anglaise,

28 ainsi que la page 2D01-0038 de la version en B/C/S.

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1 Q. Madame Kolesar, voyez-vous cette page en B/C/S ?

2 R. Oui.

3 Q. Ayez l'amabilité de nous donner lecture des deux dernières phrases du

4 dernier paragraphe de votre déclaration.

5 R. "A partir du conflit à Borovo Selo, l'hôpital s'est également occupé

6 des policiers croates blessés, mais à l'intérieur de l'hôpital, ils étaient

7 gardés par des policiers armés. Les patients serbes, des civils, ont cessé

8 d'arriver à l'hôpital à partir de ce moment-là parce qu'ils étaient

9 préoccupés par la présence des policiers croates à l'hôpital."

10 Q. Madame Kolesar, cette déclaration que vous avez donnée aux enquêteurs

11 du bureau du Procureur comporte des différences substantielles avec ce que

12 vous nous avez dit hier. Est-ce que vous vous sentiez plus à l'aise en

13 1995, lorsque vous avez donné cette déclaration ou aujourd'hui ? Est-ce que

14 vous vous rappeliez mieux à l'époque ou aujourd'hui ?

15 R. Que ce soit à l'époque ou aujourd'hui, je me souviens très bien de

16 cette situation. La seule question qui se pose est de savoir comment le

17 formuler, comment formuler ce que je pense. Est-ce que la traduction que

18 l'on voit ici, la traduction anglaise est la meilleure. En fait, le sens

19 doit rester le même.

20 Q. Vous voulez dire par là que le sens de cette phrase est ce que l'on lit

21 en version anglaise ?

22 R. Je ne peux pas le dire puisque je ne connais pas l'anglais. Il m'est

23 difficile de commenter là-dessus, mais le fait est que l'arrivée des

24 patients serbes a été légèrement moindre à cause des choses dont nous avons

25 parlées hier, à savoir, il y avait la présence des policiers qui étaient

26 chargés de garder les blessés. Mais aussi, ce que j'ai dit hier, à savoir,

27 les patients n'étaient pas en mesure de se rendre à l'hôpital. Ils

28 n'avaient aucune raison d'avoir une inquiétude, puisque à tous les services

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1 de l'hôpital il y avait suffisamment de médecins serbes qui couvraient tous

2 les services, tous les aspects à des maladies. Donc, absolument rien de mal

3 ne pouvait leur arriver.

4 Q. Je vous remercie, Madame Kolesar.

5 M. VASIC : [interprétation] Je vais demander à Monsieur l'Huissier de nous

6 montrer la page 2D01-0051 de la version anglaise, ainsi que la page 2D01-

7 0041 de la version en B/C/S.

8 Q. Le voyez-vous à l'écran à présent ? Voyez-vous la page 6 de cette

9 déclaration en B/C/S ?

10 R. Oui, je la vois.

11 Q. Je vous remercie. Nous avons évoqué hier, également, le fait qu'il y

12 ait de savoir si les membres de la Garde nationale ainsi que les membres du

13 MUP seraient arrivés à l'hôpital pour se changer. Je vous ai posé des

14 questions au sujet de ces déclarations que vous avez données au bureau du

15 Procureur. Je vous ai demandé si vous aviez dit qu'on ne pouvait pas

16 distinguer entre les vrais et faux blessés, et vous avez dit que vous ne

17 vous en souvenez pas et que c'était peut-être sorti hors du contexte.

18 M. VASIC : [interprétation] Cela est à la page 76 du compte rendu

19 d'audience d'hier, du 1er novembre, Monsieur le Président.

20 Q. Madame Kolesar, je vais vous demander à présent d'examiner le premier

21 paragraphe, la deuxième et la troisième phrase. Est-ce que vous pouvez en

22 donner lecture à haute voix ?

23 R. Je n'ai pas bien suivi. De quelles phrases vous parlez ?

24 Q. Les phrases 2 et 3 de ces pages que vous êtes en train d'examiner. Cela

25 commence par : "Je ne sais pas."

26 R. Oui, Oui. "Je ne sais pas si à l'époque à l'hôpital parmi les civils il

27 y avait des soldats et des défenseurs croates, car je ne sais pas qui est

28 qui et il y avait trop de monde. On ne pouvait pas savoir qui était blessé

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1 et qui ne faisait que se faire passer pour blessé. Les listes des blessés

2 ont été remises à Mme le Dr Bosanac, qui devait les remettre à la Croix

3 Rouge internationale pour que ceux-ci puissent organiser le transport des

4 blessés et des malades."

5 Q. Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que nous avons à présent le

6 contexte dans lequel il convient de lire cette phrase ?

7 R. Oui. Je suis d'accord. Mais de même, il me serait difficile de vous

8 dire aujourd'hui comment j'ai pu, dans cette masse de gens qui était

9 rentrée à l'hôpital, savoir dire qui est celui qui est blessé à la

10 différence de celui qui feint d'être blessé, qui veut se faire passer pour

11 tel. Donc j'ai constaté qu'il y avait des gens qui étaient rentrés à

12 l'hôpital, que certainement parmi eux il y avait de blessés et que

13 probablement il y avait des gens aussi qui essayaient de se faire passer

14 pour des blessés. Dans cette masse de gens, je ne pouvais pas distinguer

15 les uns des autres, passer dans une foule de 1 000 personnes et distinguer

16 les gens. C'était hors de mes capacités. D'ailleurs, il ne dépendait pas de

17 moi quels sont les droits qu'ils allaient pouvoir exercer en fonction de

18 leur statut.

19 Si je puis préciser : partout dans le monde entier, on considère qu'un

20 blessé, d'après les conventions que vous connaissez tous, que le blessé est

21 protégé. Les gens ne l'ignorent pas et ils cherchent à obtenir ce statut

22 dans la situation qui est comme ce genre de situation où nous nous sommes

23 retrouvés.

24 Q. Je vous remercie, Madame Kolesar.

25 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

26 questions à poser à ce témoin. Je vous remercie.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Vasic.

28 Maître Borovic ?

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1 Contre-interrogatoire par M. Borovic :

2 M. BOROVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Avec tous mes

3 respects à l'attention de mes consoeurs de l'équipe de l'Accusation.

4 Q. [interprétation] Madame Kolesar, je suis le conseil de l'accusé Radic.

5 Ma première question : pouvez-vous me dire comment s'est déroulé votre

6 entretien avec les enquêteurs du bureau du Procureur de La Haye ? Dans

7 quelle langue avez-vous fait votre déclaration ?

8 R. J'ai donné ma déclaration en langue croate et je l'ai signée, d'après

9 ce que je vois, en langue anglaise, mais il me semble que soit je n'étais

10 pas au courant, soit je n'étais pas consciente de ces erreurs ou de ces

11 problèmes de style dans la traduction. C'est cela qui nous pose problèmes

12 maintenant.

13 Q. Est-ce que vous considérez qu'on a traduit en anglais ce que vous avez

14 dit en croate ?

15 R. Je ne peux pas vous l'affirmer, puisque je ne connais pas la langue

16 anglaise. Je n'ai pas lu la version anglaise, et je ne peux pas être tout à

17 fait certaine d'avoir en tête un parallèle, une comparaison parfaite entre

18 les deux.

19 Q. Est-ce que vous voulez dire par là qu'on ne vous a jamais montré la

20 version en anglais ?

21 R. A l'exception du fait que je l'ai signée là sur place, je suppose que

22 non.

23 Q. Très bien. A quel moment avez-vous vu pour la dernière fois Mme Vesna

24 Bosanac ?

25 R. Il y a quelques jours, lorsque nous l'avons raccompagnée quand elle

26 allait prendre l'avion.

27 Q. En plus de vous, qui est venu la raccompagner ?

28 R. A quel moment ?

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1 Q. Oui, maintenant.

2 R. Moi-même et le témoin suivant. Jusqu'à la camionnette, et par la suite

3 je ne sais pas.

4 Q. Le témoin suivant s'appelle comment ?

5 R. Le témoin est un témoin protégé.

6 Q. Merci. Comment savez-vous que c'est un témoin protégé ?

7 R. Hier, j'ai compris que c'était un témoin protégé parce que nous avons

8 parlé de Tomislav Hegedus et j'ai vu comment a réagi Mme Tuma lorsqu'elle a

9 entendu ce nom de famille. Mais, il ne s'agit pas de la même personne.

10 Q. Est-ce que vous avez parlé avec Mme Bosanac de cette affaire ?

11 R. Vous voulez dire de ma déclaration ? Non. On sait que c'est interdit.

12 Nous avons déployé des efforts pour que ceci ne fasse pas l'objet de nos

13 conversations. Nous avons d'autres sujets auxquels nous pouvons parler.

14 Q. Est-ce que cela veut dire que vous avez été en sa compagnie, mais que

15 vous n'en avez pas parlé ?

16 R. Je vous prie, Mme Bosanac, vous avez vu très bien vous-même, a un

17 plâtre. Elle était allongée dans une pièce et elle ne pouvait pas se rendre

18 au petit déjeuner, au déjeuner, au dîner. Nous avons fait en sorte que ceci

19 lui soit apporté dans sa chambre et que de manière régulière elle puisse

20 recevoir ses repas. Qui plus est, avant qu'elle ne vienne dans le prétoire,

21 avant qu'elle ne parte, je posais un pansement élastique sur son plâtre.

22 Q. Je vous remercie. Je pense que nous avons épuisé ce sujet. Merci,

23 Madame Kolesar. Maintenant, je vais vous demander de me répondre par un oui

24 ou par un non pour les quelques questions qui viennent, et par la suite

25 nous allons examiner les détails.

26 Tout d'abord : le Dr Popovic a-t-il été démis de ses fonctions au poste de

27 directeur ?

28 R. Je ne dirais pas qu'il a été démis de ses fonctions. Ce n'est pas ainsi

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1 que je qualifierais ce qui s'est passé. Je ne sais pas exactement quels ont

2 été les termes précis de ce changement.

3 Q. Je pense que vous n'avez pas bien compris ce que je vous ai demandé. Je

4 vous ai demandé, oui ou non, a-t-il été remplacé à son poste ou non. A-t-il

5 été démis de ses fonctions ?

6 R. Il a été démis de ses fonctions.

7 Q. Ma deuxième question : les médecins et les infirmières serbes, ont-ils

8 commencé à abandonner l'hôpital après le mois de mai 1991, oui ou non, avec

9 toutes les explications que vous nous avez données hier ?

10 R. Oui.

11 Q. Mon éminent confrère Vasic vous a présenté aujourd'hui cette

12 déclaration où vous avez donné lecture des parties, et c'est là qu'on lit

13 explicitement que les patients serbes ont cessé d'arriver à l'hôpital après

14 le mois de mai 1991. Or, aujourd'hui, lorsque l'on vous a présenté cette

15 déclaration, il me semble que c'est d'une certaine manière que vous avez

16 cherché à atténuer cette déclaration en disant que tout le monde ne pouvait

17 pas se rendre à l'hôpital pour des raisons objectives. Mais qu'est-ce qui

18 est exact ? A l'époque vous avez été très catégorique ?

19 R. Puisque je dois vous répondre par un oui ou un non, le fait qu'il ne

20 venait pas ou qu'il ne pouvait pas venir --

21 Q. Mais ils étaient censés d'arriver.

22 R. Ecoutez, cela ne concerne que le service de chirurgie.

23 Q. Savez-vous pour quelles raisons ces patients d'appartenance nationale

24 serbe ont cessé d'arriver à l'hôpital après le mois de mai 1991 ? Pourquoi

25 ont-ils cessé d'arriver au service de chirurgie ?

26 R. Je suppose que c'est parce qu'il y avait davantage de blessés au

27 service. Il y a toujours eu sporadiquement des blessés. A chaque moment

28 qu'il y a eu des blessés, c'était la police qui les gardait. Il y avait une

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1 garde assurée par la police. Donc, je pense que c'est à cause de la

2 présence de cette garde que les patients ne sont plus venus.

3 Q. Est-ce que cela veut dire, Madame Kolesar, que les patients serbes se

4 sont manifestés, qu'ils avaient peur, peur de la police croate. Est-ce

5 qu'on les aurait envoyés s'ils s'étaient manifestés ?

6 R. Non, ils auraient été traités comme tous les autres. Je crois que j'ai

7 été suffisamment claire. Au service de chirurgie, on employait suffisamment

8 de médecins serbes pour que ces gens-là soient rassurés. Donc, s'ils ne

9 faisaient pas confiance à d'autres, ils les auraient soignés selon les

10 règles de l'art.

11 Q. Je vous remercie. A ce moment-là, comment savez-vous qu'ils ont refusé

12 de devenir patients, et qu'ils appartenaient au groupe ethnique serbe ? Qui

13 vous a dit qu'ils avaient peur de policiers armés si ce n'était pas des

14 gens qui sont arrivés et qui sont revenus ?

15 R. On en parlait, on racontait. Je n'ai jamais croisé un patient qui

16 m'aurait dit : Je ne vais pas y aller puisqu'il y a la police là-bas.

17 C'était des histoires qu'on racontait. Le fait est, qu'à partir du 2 mai,

18 il y a eu considérablement moins de patients, indépendamment de leur

19 appartenance ethnique.

20 Q. Très bien. Après le mois de mai 1991, est-ce que le nombre de patients

21 serbes au service de chirurgie était beaucoup moins élevé ou est-ce qu'il

22 n'y en avait plus du tout ?

23 R. Le nombre était beaucoup moins élevé mais nous avions de tels patients.

24 Q. Pour être bien sûr de vous comprendre, comment se fait-il qu'il y a eu

25 de tels patients s'ils ont cessé de venir ?

26 R. Soyons clairs. La ville de Vukovar n'était pas bloquée à l'époque. Il

27 n'y avait pas de barrages routiers et les routes menant à l'hôpital étaient

28 tout à fait accessibles. Peut-être que ma déclaration n'est pas tout à fait

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1 claire sur ce point, mais cela concerne essentiellement les patients serbes

2 originaires des villages voisins de Vukovar plutôt que de la ville de

3 Vukovar. Ceux qui habitaient à Vukovar étaient tout à fait en mesure

4 d'atteindre l'hôpital car il n'y avait pas de barrages routiers.

5 Q. Très bien. Vous conviendrez avec moi, malgré tout, qu'ils ont cessé de

6 venir après le mois de mai 1991 ?

7 R. Certains d'entre eux n'ont plus pu venir ou n'ont pas voulu venir.

8 Q. Je comprends bien que vous voulez maintenir votre déclaration, mais il

9 vous faut être explicite et claire.

10 Ma question est la suivante : après mai 1991, combien de patients serbes

11 aviez-vous aux services de chirurgie ? Pour en terminer avec cette

12 question.

13 R. Il m'est impossible de répondre à une question ainsi formulée. Je n'ai

14 pas calculé le nombre de patients serbes et de patients croates. Mais je

15 peux vous dire que nous avions des patients appartenant aux deux groupes

16 ethniques mais moins de patients. Pour ce qui est du l'afflux de nouveaux

17 patients en provenance des villages serbes, c'était pratiquement

18 impossible.

19 Q. Savez-vous officiellement ce que signifie le Corps de la Garde

20 nationale ?

21 R. C'est le Corps de la Garde nationale. Je pense que cette expression

22 parle d'elle-même.

23 Q. Pourriez-vous, je vous prie, avoir l'amabilité de nous expliquer ce que

24 cela signifie de façon plus précise ? Est-ce qu'il s'agit d'une formation

25 militaire ?

26 R. Vous m'en demandez trop. Je ne suis pas membre de l'armée. Je ne peux

27 pas dire s'ils font partie d'une formation particulière comme la JNA. En

28 tout état de cause, cette formation s'appelait le Corps de la Garde

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1 nationale. Il s'agissait des défenseurs de Vukovar. Je ne peux pas vous

2 dire officiellement à quelle formation militaire ils appartenaient.

3 Q. N'avez-vous jamais vu un membre de la Garde nationale, également

4 appelée ZNG ?

5 R. Non, pas en groupe, mais j'ai vu certains d'entre eux en tant que

6 blessés.

7 Q. Comme vous avez vu certains membres de cette Garde nationale, pouvez-

8 vous m'expliquer et aux Juges de la Chambre, si ces personnes sont arrivées

9 à l'hôpital en tenue militaire ?

10 R. La plupart d'entre eux portaient des tenues de camouflage.

11 Q. Est-ce qu'ils portaient des insignes militaires ?

12 R. Je ne saurais vous le dire. Il y avait certainement une inscription

13 quelque part sur laquelle on peut lire Corps de la Garde nationale, mais je

14 ne m'en souviens pas. Je ne pourrais pas vous dire si cette inscription

15 apparaissait sur leurs manches ou ailleurs.

16 Q. Les membres de ces formations, étaient-ils armés ?

17 R. Je suppose qu'ils n'allaient pas défendre la ville à main nue. Mais je

18 n'ai pas vu d'armes, et je ne suis pas non plus allée voir ceux qui ont été

19 sur leurs positions.

20 Q. Qu'avez-vous entendu ?

21 R. Il leur fallait avoir des armes. S'ils faisaient partie de l'armée, ils

22 devaient être armés.

23 Q. Je pense que vous auriez pu répondre plus brièvement à ma question.

24 Forçons-nous de faire ainsi à l'avenir pour ne pas perdre de temps.

25 R. Très bien.

26 Q. Hier, vous avez déclaré que l'un des médecins était membre de l'état-

27 major principal de la défense de la ville. Pourriez-vous nous dire si vous

28 savez que le Corps de la Garde nationale avait son commandement conjoint

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1 dans la ville de Vukovar ? Le savez-vous ?

2 R. Le Dr Matos, qui était membre de l'état-major, nous a transmis les

3 instructions nous concernant au sujet de la transformation d'un hôpital

4 civil en hôpital qui serait prêt à tout instant d'accueillir les blessés.

5 Q. Savez-vous qui était le chef du Corps de la Garde nationale à Vukovar ?

6 R. Non. Non, je ne peux pas vous répondre. Je n'en ai aucune idée. Je ne

7 sais pas qui occupait ce poste à l'époque.

8 Q. Merci. A partir du début du conflit que vous avez décrit, et jusqu'au

9 17 novembre 1991, en tant qu'infirmière en chef, savez-vous combien de

10 membres de la Garde nationale et combien de policiers sont arrivés à

11 l'hôpital, qu'ils y étaient transportés ou qu'ils s'y soient rendus par

12 eux-mêmes ?

13 R. Je ne sais plus. Quatorze années se sont écoulées. Je ne pourrais pas

14 vous dire exactement combien de membres de la Garde nationale ou des

15 policiers sont venus à l'hôpital.

16 Q. Très bien. Hier, vous avez mentionné six soldats. C'est le seul chiffre

17 que vous avez donné.

18 R. Il s'agit de personnes qui ont passé quelque temps à l'hôpital. J'ai pu

19 mieux les connaître au cours de leur séjour à l'hôpital.

20 Q. Très bien. Est-ce que certains des médecins avec qui vous aviez des

21 contacts gardaient des dossiers concernant les membres des formations

22 militaires, notamment la Garde nationale ?

23 R. Je pense que ces renseignements ont été consignés dans le registre

24 officiel.

25 Q. Qui assurait la sécurité de l'hôpital ou plutôt, l'hôpital était-il

26 sécurisé à l'extérieur ?

27 R. Il y avait des gardes. Je ne sais pas qui les a affectés à l'hôpital.

28 Je me déplaçais très peu dans l'enceinte de l'hôpital. Je sais avec

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1 certitude qu'il y avait des gardes. Ceux que j'ai vus, ce sont les

2 policiers qui gardaient l'entrée des urgences, mais ils n'étaient pas

3 armés. Je suppose que les gardes qui assuraient la sécurité de l'enceinte

4 de l'hôpital étaient armés. Je peux l'affirmer avec certitude.

5 Q. Merci. Si je vous disais que la directrice de votre hôpital, dans le

6 cadre de sa déposition ici, a déclaré que le service de Sécurité chargé de

7 l'extérieur de l'hôpital était composé de membres de la Garde nationale, et

8 que des policiers assuraient la sécurité à l'intérieur du bâtiment, que

9 diriez-vous?

10 R. Je pense que c'est sans doute vrai.

11 Q. Qu'est-ce qui est vrai ? Ce que Vesna Bosanac a déclaré, à savoir que

12 la sécurité extérieure était assurée par des membres de la Garde nationale

13 ou ce que vous avez déclaré, à savoir que c'était des policiers qui s'en

14 ont chargé ?

15 R. Je peux répéter ce que j'ai dit.

16 Q. Allez-y.

17 R. Je peux dire que l'entrée des urgences était gardée par des policiers

18 qui n'étaient pas armés. Tout comme le Dr Bosanac, j'affirme que l'enceinte

19 de l'hôpital était sans doute gardée par des membres de la Garde nationale.

20 Il y a là une différence manifeste, car à l'intérieur se trouvaient les

21 patients alors qu'à l'extérieur non.

22 Q. Fort bien. Madame Kolesar, je suis heureux que nous ayons précisé ce

23 point. En d'autres termes, tout comme le Dr Bosanac, vous dites que la

24 sécurité extérieure était assurée par des membres de la Garde nationale,

25 qui devaient être armés. Ils ne gardaient pas l'hôpital sans porter

26 d'arme ?

27 R. Je suppose que vous avez raison.

28 Q. Pourriez-vous nous dire pourquoi l'état-major principal, comme vous

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1 nous l'avez dit, vous a donné instruction de commencer à préparer l'abri

2 antiatomique dès le mois de mai 1991 ? Pourquoi fallait-il préparer l'abri

3 antiatomique à un stade si précoce ?

4 R. Cet abri antiatomique servait à entreposer les draps. Par conséquent,

5 il ne pouvait pas être utilisé comme abri antiatomique. Nous n'avions aucun

6 lit à cet endroit. Ces préparatifs sont assez importants. Nous faisions

7 l'objet d'attaques sporadiques. Par conséquent, il était logique que nous

8 nous préparions à cette éventualité. Chaque hôpital doit être prêt à faire

9 face à la situation, et assurer un cadre sûr pour ses patients. Quant à

10 savoir si ceux qui ont donné cette instruction savaient exactement ce qui

11 allait se passer, je ne peux pas vous répondre. Ma tâche consistait à

12 préparer cette pièce pour les patients qui pourraient y être installés.

13 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez nous dire précisément qui a donné cette

14 instruction sur la base de laquelle vous avez pris certaines mesures ?

15 R. Je pense que cette instruction émanait de l'état-major municipal, et

16 que c'est cet état-major qui a transmis l'instruction en question à

17 l'hôpital.

18 Q. Merci. Savez-vous pourquoi une instruction émanant de l'état-major

19 municipal serait contraignante pour vous ? Est-ce que le conseil des

20 employés était tenu de prendre une décision sur ce point ou est-ce que

21 cette instruction était contraignante en soi ?

22 R. J'étais le dernier maillon de la chaîne. Par conséquent, j'étais tenue

23 de suivre ces instructions.

24 Q. Vous nous avez parlé de cet hôpital auxiliaire à Borovo Komerc, dans

25 l'abri antiatomique qui s'y trouvait. Est-ce que vous aviez connaissance

26 d'autres abris antiatomiques dans la ville de Vukovar ?

27 R. Je n'en connais qu'un seul autre, dans le quartier d'Olnica [phon]. Je

28 ne m'y suis pas rendue, je n'ai visité aucun de ces deux abris, et je le

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1 regrette.

2 Q. Pourquoi ?

3 R. Parce que je n'ai pas vu comment ils avaient été préparés et dans

4 quelles conditions les gens y vivaient. Je sais seulement comment les gens

5 vivaient dans notre abri.

6 Q. Très bien. En août 1991, avez-vous vu deux avions de la JNA qui ont été

7 abattus ou avez-vous entendu parlé de cet incident ?

8 R. Un samedi, vers midi ou dans l'après midi, je ne sais pas, j'ai entendu

9 des avions qui nous survolaient. Comme j'ai pu observer cela, je l'ai fait.

10 Quant à savoir à quel moment l'avion a été abattu, je ne l'ai pas vu mais

11 je l'ai entendu.

12 Q. Est-ce qu'il s'agissait d'un avion ou de deux avions ?

13 R. Ils ont dit que deux avions avaient été abattus. Il faut vous rendre

14 compte que nous parlions tous entre nous. Par conséquent, nous avons

15 entendu dire que deux avions avaient été abattus. Le simple fait que ces

16 deux avions avaient été abattus, m'a fait penser que d'autres événements

17 allaient s'ensuivre.

18 Q. De quoi voulez-vous parler ?

19 R. Bien, ce qui s'est passé le dimanche.

20 Q. Est-ce que cela signifie qu'après que ces deux avions de la JNA ont été

21 abattus, ce qui s'est ensuivi était une punition, des représailles ?

22 R. Oui. D'après la manière dont je comprenais les choses, ce qui s'est

23 passé le dimanche suivant a été des représailles.

24 Q. Savez-vous à quelle date précise cela s'est passé ? Vous parlez de

25 samedi et de dimanche. De quelle date parlons-nous ?

26 R. Samedi 24 août et dimanche 25.

27 Q. Merci. Donc, c'était au mois d'août. Savez-vous qui a abattu ces avions

28 de la JNA qui survolaient la ville ? Avez-vous entendu quoi que ce soit à

Page 1028

1 ce sujet ?

2 R. Je n'ai rien vu; j'en ai entendu parlé seulement.

3 Q. Est-ce que quelqu'un s'est vanté de cela ?

4 R. Non, pas à moi. Peut-être qu'il y avait des gens qui se sont vantés,

5 peut-être que quelqu'un s'en est vanté auprès de ses camarades, mais je

6 n'ai rien entendu.

7 Q. Ce n'était pas là l'objet de ma question. Je souhaitais savoir si ces

8 avions se sont écrasés tout seul ou s'ils ont été abattus par quelqu'un qui

9 se trouvait au sol ?

10 R. Je ne pense pas que beaucoup d'avions s'écrasent comme cela, sans

11 raison. Ils ont dû être abattus. Ils ont dû prendre part à une activité

12 militaire quelle q'elle soit au départ.

13 Q. Vous me paraissez parfaitement convaincue de ce que vous dites. On vous

14 a présenté votre déclaration hier. Vous avez répondu à certaines questions

15 qui vous étaient posées, qu'il y avait des avions qui vous survolaient.

16 Vous avez dit que vous en avez vu s'écraser, et là, vous laisser entendre

17 qu'il avait pris part à une activité militaire; quelque chose dont vous

18 n'avez jamais parlé auparavant. Je pense que vous essayer de faire un lien

19 entre cela et les représailles qui s'en sont suivies. Est-ce que cela

20 signifie que ces avions ne tiraient pas sur cette partie de la ville ?

21 R. Non, ces deux avions ne tiraient pas sur la partie de la ville où je me

22 trouvais.

23 Q. Merci beaucoup. Au début octobre, vous avez dit que les membres du

24 personnel hospitalier ont fait venir leurs proches à l'hôpital parce qu'ils

25 considéraient que c'était un lieu sûr. Ai-je raison de dire cela ?

26 R. Oui, tout à fait. Leurs maisons avaient été détruites, et en

27 comparaison, l'hôpital pouvait leur assurer une certaine sécurité pour les

28 enfants.

Page 1029

1 Q. Est-ce que cela a rapport avec les abris ?

2 R. Oui.

3 Q. Qu'en est-il de l'abri antiatomique de Borovo Komerc ? Est-ce que vous

4 savez s'il y avait des malades à cet endroit ?

5 R. Oui, il y avait certains malades et certains de nos blessés qui

6 avaient guéri dans l'intervalle.

7 Q. Ces blessés qui avaient guéri, que faisaient-ils là au juste ?

8 R. Ils n'avaient plus besoin de soins urgents. Ils n'avaient pas fait

9 l'objet d'une opération, et il y avait certaines blessures qui devaient

10 être pansées, mais cela ne devait pas se faire nécessaire à l'hôpital. Si

11 cela pouvait se faire dans l'abri, cela permettait à l'hôpital de recevoir

12 de nouveaux patients.

13 Q. Est-ce que vous savez si les registres ont été conservés sous forme

14 écrite concernant les personnes qui ont passé quelques temps dans l'abri

15 antiatomique de Borovo Komerc ?

16 R. Je ne n'ai jamais vu un seul document précisant le nombre de patients

17 qui s'y trouvaient. Il est probable que les médecins et les infirmières qui

18 s'y trouvaient gardaient des registres, mais je n'en ai vu aucun.

19 Q. Cela veut dire que vous n'avez aucune information à ce sujet ?

20 R. Tout à fait.

21 Q. Pourriez-vous répondre par oui ou par non. N'avez-vous jamais entendu

22 dire que des soldats de la JNA --

23 Mme TUMA : [interprétation] Monsieur le Président ?

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Madame Tuma ?

25 Mme TUMA : [interprétation] Je souhaiterais soulever une objection quant à

26 cette série de questions posée pas le conseil de la Défense. Le témoin doit

27 être en mesure de fournir des explications lorsqu'elle répond aux questions

28 qui lui sont posées. Il est difficile de répondre tout simplement par oui

Page 1030

1 ou non.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela dépend entièrement de la question

3 qui est posée. Madame Tuma, à chaque fois que M. Borovic a posé ce type de

4 questions au témoin, j'ai failli intervenir à une fois, mais le témoin s'en

5 est sorti toute seule.

6 Maître Borovic, il y a certaines questions auxquelles on ne peut pas

7 répondre par oui ou par non. Celle que l'on cite souvent à titre d'exemple

8 comme une plaisanterie est : "Avez-vous cessé de battre votre femme ?" Si

9 vous pensez que le fait de répondre par un oui ou par un non -- on ne peut

10 pas répondre par oui ou par non à ce type de question. Donc, il est exact

11 que si le témoin évite de répondre à une question directe, vous pouvez

12 essayer d'obtenir du témoin qu'elle réponde par oui ou par non, mais vous

13 comprendrez bien qu'il arrive que cela ne soit pas possible. Donc, veuillez

14 formuler vos questions en conséquence.

15 Merci.

16 M. BOROVIC : [interprétation] Merci. Je pense avoir essayé jusqu'à présent

17 de le faire et je continuerai de m'y forcer.

18 Q. Avez-vous entendu dire à un moment donné que des soldats de la JNA

19 étaient soignés à Borovo Komerc ?

20 R. Non.

21 Q. N'avez-vous jamais entendu dire que des soldats sont morts à Borovo

22 Komerc et qu'ils n'ont pas été enterrés, mais qu'ils ont été brûlés par des

23 membres de la Garde nationale pour faire des économies ?

24 R. Je n'ai jamais entendu parler de cela.

25 Q. Que savez-vous au sujet du quartier appelé Mitnica ? En avez-vous

26 entendu parler ?

27 R. Oui, bien entendu.

28 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire où cela se trouve ?

Page 1031

1 R. Dans la partie est de Vukovar. J'ai habité à Vukovar pendant très

2 longtemps, donc pour moi il s'agit d'un quartier relativement nouveau. Je

3 ne sais pas combien de personnes exactement y habitent et il s'agit

4 essentiellement de résidences privées.

5 Q. Est-ce que vous savez si des opérations militaires se sont déroulées

6 dans ce quartier à l'époque ?

7 R. Je ne sais pas vraiment. Je suppose que les gens qui habitaient à

8 Mitnica ou les membres de la Garde nationale défendaient ce quartier contre

9 des incursions de la JNA.

10 Q. Merci. Savez-vous si le 17 novembre 1991, un nombre important de

11 membres de la Garde nationale se sont rendus à la JNA à Mitnica car c'était

12 leur dernier bastion, et qu'à cette occasion, ils ont déposé leurs armes et

13 qu'il y en avait beaucoup ?

14 R. Pour moi, ceci n'est pas lié au 17 novembre, plutôt, je ne le savais

15 pas à l'époque. J'ai appris plus tard ce qu'il en était. J'ai peut-être vu

16 quelque chose à la télévision.

17 Q. Mais vous pouvez confirmer cette information ?

18 R. Oui, je peux confirmer cela. Je ne sais pas exactement combien d'armes

19 ont été rendues à cette occasion, mais j'ai vu dans ce reportage à la

20 télévision que tous les soldats avaient rendu les armes qu'ils avaient.

21 Q. Etait-ce le bastion le plus important de la Garde nationale à Vukovar ?

22 R. Je ne peux pas vous répondre. Ceci supposerait que je connaisse

23 davantage la teneur des activités de la Garde nationale dans certains

24 quartiers. Ce n'est pas le cas.

25 Q. Savez-vous pour quelle raison la JNA a quitté l'hôpital ?

26 R. Je ne sais pas.

27 Q. Conviendriez-vous avez moi qu'on pense que l'hôpital était en réalité

28 le dernier bastion de la Garde nationale ?

Page 1032

1 R. Je ne suis absolument pas d'accord avec cela. Je ne peux pas vous dire

2 ce qui se passait à l'extérieur et s'il y avait d'autres bastions, comme

3 vous dites, autour de l'hôpital, mais l'hôpital ne peut certainement pas

4 être inclus dans cette catégorie.

5 Q. Je ne m'étendrai pas davantage sur la question.

6 Au cours des trois derniers mois, septembre, octobre, novembre, 1991,

7 d'après vos renseignements, combien de soldats de la JNA ont été soignés à

8 l'hôpital de Vukovar ?

9 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous donner le chiffre total.

10 Q. Quatre, trois ?

11 R. Plutôt quatre. Je connais Sasa, je connais les deux autres, mais il y a

12 avait sans doute d'autres blessés qui avaient également besoin de soins. En

13 plus de Sasa, je pense qu'il y avait entre deux et quatre personnes

14 supplémentaires. Mais je ne peux pas vous le dire aujourd'hui.

15 Q. Merci. Sasa Jovic, dont vous avez parlé, savez-vous à quelle date qu'il

16 a été amené à l'hôpital ?

17 R. Je ne me souviens pas de la date exacte.

18 Q. Etait-ce début octobre ou fin octobre ?

19 R. Cela aurait pu également être début novembre. Je ne pense pas qu'il

20 soit resté plus de deux semaines, mais je n'en suis pas sûre.

21 Q. Merci. Si je vous disais qu'il a été amené à l'hôpital le

22 2 octobre, et que le Dr Bosanac a déclaré que c'était fin octobre, laquelle

23 de ces versions vous paraît la plus exacte ?

24 R. Je vous répondrais que je ne pense pas que Sasa soit resté très

25 longtemps. Peut-être que le temps est passé vite.

26 Q. Pourquoi était-il installé dans une pièce séparée, malgré les

27 conditions que vous avez décrites hier ?

28 R. Ce n'était pas que lui. Il y avait deux autres soldats de la JNA.

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1 Q. Pourquoi ?

2 R. Ce que j'ai dit hier, c'est que vous ne comprenez, sans doute, pas très

3 bien quelles étaient les conditions pour les blessés qui se trouvaient là.

4 On leur a offert un certain confort.

5 Q. Leur confort personnel était l'une des raisons de cette situation ?

6 R. Il y aurait pu y avoir des altercations entre les deux groupes de

7 blessés. Il s'agissait d'un risque réel. Lorsque la pièce où ils se

8 trouvaient a été détruite par un obus à deux reprises, ils ont du partager

9 la même pièce que d'autres blessés, des femmes et des enfants. Finalement,

10 les rapports ont été plutôt bons. Ils partageaient des cigarettes et ils

11 partageaient les mêmes conditions de vie difficiles que tous les blessés à

12 l'époque.

13 Q. Merci. Vous nous avez parlés de cela hier.

14 Madame Kolesar, savez-vous qu'après la guerre, Sasa Jovic a développé des

15 problèmes mentaux ?

16 R. Comment le saurais-je ?

17 Q. Que diriez-vous si je vous disais que Sasa Jovic, comme les deux autres

18 soldats qui étaient installés ou plutôt gardés au sous-sol, qu'il était

19 donc gardé au sous-sol en tant qu'otage à cause des observateurs

20 internationaux ?

21 R. Je n'ai jamais entendu cette version des faits.

22 Q. Est-ce que vous pouvez décrire les blessures dont souffrait Sasa

23 Jovic ?

24 R. Non. Je me souviens mieux des blessures d'un autre soldat qui

25 s'appelait, je pense, Trifunovic. Il était blessé à la jambe. On l'a

26 retrouvé gisant dans une maison. Il s'y trouvait depuis deux jours. Il

27 avait une infection grave. Je me souviens de ses blessures de façon

28 beaucoup plus précise que de celles de Sasa Jovic.

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1 Q. Donc, vous ne pouvez pas parler de Sasa Jovic ?

2 R. Je ne peux plus vous préciser quelles étaient ses blessures, s'il était

3 blessé à la jambe, au bras, ou ailleurs.

4 Q. Merci. Savez-vous que le QG de la cellule de Crise de l'hôpital était

5 en contact avec la JNA pendant les mois de septembre, octobre et novembre ?

6 R. Non, je ne le sais pas.

7 Q. Très bien.

8 R. Si quelqu'un était en contact avec eux, c'était sans doute le Dr

9 Bosanac, mais je ne suis pas au courant de cela.

10 Q. Qui d'autre aurait été en mesure de savoir cela, à part le Dr Bosanac ?

11 Ou, était-elle la seule à pouvoir avoir ce type de communication ? Le

12 savez-vous ?

13 R. Non.

14 Q. Est-ce que vous n'avez jamais vu le Dr Bosanac envoyer des messages par

15 télécopie à quelqu'un ?

16 R. Je savais qu'elle dictait des messages à télécopier au secrétaire. Mais

17 je ne suis pas sûre à qui ils ont été envoyés.

18 Q. Et à qui ?

19 R. A personne. Je n'étais pas le dactylo. Je ne suis pas absolument à même

20 de dire.

21 Q. Je vous remercie. Pourriez-vous peut-être nous donner le nom de ce

22 secrétaire ?

23 R. Oui. Son nom était Verica Graf.

24 Q. Vous étiez l'infirmière en chef et vous pouviez vous déplacer dans tout

25 l'hôpital autant que vous vouliez. Vous étiez une personne importante,

26 après tout. Est-ce qu'on ne vous a jamais envoyée dans la pièce à partir de

27 laquelle ces messages par télécopie étaient envoyés ?

28 R. Non. Le Dr Bosanac avait sa propre pièce, son propre bureau.

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1 Q. Vous n'y êtes jamais allée une seule fois ?

2 R. Oui. J'y allais plusieurs fois par jour, mais à l'époque en 1991, je ne

3 pense pas même que je savais quel était l'apparence d'une machine à

4 télécopie ou même s'il y en avait une.

5 Q. Y en avait-il une ?

6 R. Je ne sais pas. Je n'ai appris ce qu'était qu'une machine à télécopie,

7 quelle était son appartenance, que plusieurs années plus tard lorsque j'ai

8 commencé en utiliser pour la première fois.

9 Q. Bien. Donc, vous ne seriez pas en mesure de dire à l'époque ce qu'il en

10 était.

11 R. Je pouvais reconnaître un téléphone, mais pas un télécopieur.

12 Q. Est-ce que vous savez que Vesna Bosanac à un moment quelconque se

13 rendait ailleurs, quittait l'hôpital pour faire passer des messages par

14 télécopie, peut-être ailleurs au quartier général de la JNA ?

15 R. Non, elle n'avait jamais dit : "Je sors envoyer un message par

16 télécopie."

17 Q. Je vous remercie. Est-ce que Vesna Bosanac ne vous a jamais dit qu'elle

18 allait au quartier général de l'état-major municipal ?

19 R. Je pense qu'elle allait à la fois à l'immeuble de la police et à celui

20 de l'état-major.

21 Q. Quand, plus précisément ?

22 R. Il n'y avait aucune façon dont je pouvais surveiller ses allées et

23 venues, ou ses actions, où elle se rendait. Je ne sais pas.

24 Q. On me dit de parler un peu plus lentement. Je promets de faire de mon

25 mieux.

26 Vous avez mentionné le nom de Bogdan Kuzmic ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-ce que c'est un de vos anciens employés ?

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1 R. Oui.

2 Q. Hier, vous avez dit dans votre déposition que la JNA avait essayé

3 d'empêcher d'autres personnes d'entrer à l'hôpital qui n'étaient pas

4 membres de la JNA. Est-ce que j'ai raison de dire cela ?

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que je me souviens bien que vous avez dit que Kuzmic et le fils

7 du Dr Ivanovic avaient quand même réussi à entrer passer la sécurité ? Est-

8 ce que c'était un événement isolé ?

9 R. Je ne sais que ce qui concerne les personnes que j'ai effectivement

10 vues. Je ne peux pas dire s'il y avait une autre entrée ou d'autres pièces

11 où quelqu'un d'autre aurait pu entrer. Ce n'est pas quelque chose que je

12 sais.

13 Q. Même le jour quand vous vous déplaciez dans l'hôpital tous les jours,

14 n'est-ce pas ?

15 R. Oui, effectivement.

16 Q. C'était les deux seules personnes que vous avez rencontrées ?

17 R. Oui. Mais l'hôpital, c'est quelque chose de très vaste.

18 Q. Que dire de Bogdan Kuzmic ? Est-ce qu'il vous a traité avec respect ?

19 R. Oui.

20 Q. En fait, est-ce qu'il était en train de distribuer les cigarettes dans

21 tout l'hôpital ?

22 R. Oui. Il s'est même vanté d'avoir donné le grade de colonel, un

23 lieutenant. Il avait une cicatrice sur le côté droit de son visage. Je lui

24 ai posé des questions à ce sujet directement. Il a dit qu'il avait été

25 blessé, qu'il avait été prêté à la VNA à Belgrade, et il m'a dit qui était

26 l'infirmière qu'il recherchait.

27 Q. Je vous remercie beaucoup, Madame Kolesar. Pour terminer ceci, nous

28 pouvons conclure, par conséquent, que personne à l'exception de ces deux

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1 personnes dont nous avons parlé n'a compromis la sécurité de quiconque à

2 l'hôpital le jour où ses deux hommes ont réussi à passer.

3 R. Pour autant que je sache, c'était la JNA qui s'en occupait. Je pense

4 qu'ils se trouvaient à l'extérieur de l'hôpital, bien que je ne les ai pas

5 personnellement vus à l'extérieur. Je suppose qu'elle prenait cette

6 responsabilité en particulier pour assurer la sécurité de l'hôpital.

7 Q. Je vous remercie. Maintenant, nous en venons à une question à laquelle

8 vous avez partiellement répondu hier. Le 17 novembre 1991, toutes les

9 opérations militaires ont cessé ?

10 R. Dans notre voisinage.

11 Q. Oui, c'est cela, autour de vous. Le 18, quand vous avez dit des civils

12 ont continué à rentrer nombreux dans l'hôpital, et d'autres personnes

13 aussi, parce que pour eux, ainsi que pour vous, l'hôpital représentait une

14 oasis de paix et de calme ?

15 R. Oui. Et la sécurité dans une certaine mesure.

16 Q. C'est juste. Dans votre déclaration dont vous a parlé

17 M. Vasic, sur la page où vous avez lu un passage, nous pouvons voir ce que

18 vous avez déclaré. A cet endroit-là, vous avez dit que le 17 et le 18, rien

19 de remarquable ne s'est passé. Les gens allaient et venaient librement dans

20 l'hôpital.

21 Ma question est la suivante : ces personnes allaient et venaient librement

22 dans l'hôpital, mais est-ce qu'elles pouvaient sortir de l'hôpital sans

23 obstacle ou est-ce que vous leur interdisiez de sortir de l'hôpital ?

24 R. De quelles personnes voulez-vous parler ?

25 Q. Des civils.

26 R. Ces civils ne se trouvaient pas dans le même secteur que celui où se

27 trouvaient les blessés puisque je vous ai dit que les blessés se trouvaient

28 au sous-sol, et que c'était là que nous travaillons - ce que je voulais

Page 1039

1 dire c'était dans les services, les cliniques, les salles d'opération -

2 tandis que nous étions tous dans l'abri atomique, les vivres, les aliments

3 devaient être descendus à l'abri de sorte que ces personnes montaient aux

4 étages supérieurs au rez-de-chaussée, et ils pouvaient monter aussi

5 longtemps que ce n'était pas dangereux. Je ne suis pas montée. Je ne peux

6 pas dire ce qui se passait dans le service de chirurgie, mais je les ai

7 vues, par exemple, dans le service des maladies infectieuses. Je les ai

8 vues, qu'elles se trouvaient-là dans toutes les pièces. Ils semblaient tous

9 en bonne forme. Donc oui, elles étaient en mesure d'aller et venir dans

10 l'hôpital, mais la plupart d'entre eux restait là où je vous ai dit qu'ils

11 se trouvaient.

12 Q. Je vous remercie, Madame Kolesar.

13 Question suivante : le 17, est-ce que vous êtes restée toute la journée à

14 l'hôpital ou est-ce que vous êtes allée ailleurs ?

15 R. Où aurais-je pu aller ce jour-là ?

16 Q. Qu'en est-il du 18 ? Est-ce que vous êtes allée quelque part ou est-ce

17 que vous êtes restée à l'hôpital toute la journée ?

18 R. A l'hôpital. Je ne suis même pas sortie dans la cour.

19 Q. Il y avait-il d'autres personnes dans la cour ?

20 R. Je ne serais pas en mesure de vous le dire.

21 Q. Lorsque vous dites qu'il "ne se passait rien dans notre partie de la

22 ville, tout était paisible et on avait la sécurité," vous vous en tenez à

23 cette déclaration, n'est-ce pas ?

24 R. Il n'y avait pas de tirs autour de nous. Oui, nous pouvions entendre

25 des armes à feu, des tirs sporadiques quelque part au loin, mais cela ne

26 ressemblait certainement pas à ce qui s'était passé jusqu'alors.

27 Q. Personne n'a tiré sur l'hôpital, que ce soit le 17 ou le 18 ?

28 R. Non.

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1 Q. Avez-vous bien compris ma question ? Le 17 et 18, personne n'a tiré

2 vers l'hôpital ou sur l'hôpital ?

3 R. C'est ce que je pense. Je ne sais pas dans quelle mesure ceci est

4 exact, mais c'est ce que je crois.

5 Q. Pouvez-vous affirmer que c'est vrai ?

6 R. J'affirme que ce que je dis est vrai, mais je ne peux savoir si

7 quelqu'un a tiré ou non avec un fusil quelque part, à un endroit éloigné de

8 là. Certainement, il n'y avait pas de bombardements. Il n'y avait pas de

9 bombes, ni d'obus qui tombaient.

10 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

11 Juges, est-ce qu'on pourrait présenter ce document -- excusez-moi, un

12 instant, s'il vous plaît.

13 Le 1er document, XX 00-0034, pièce à conviction numéro 34, versée au

14 dossier comme pièce à conviction présentée par l'Accusation. Est-ce que

15 l'Huissier pourrait éventuellement, s'il vous plaît, prendre ce document en

16 question, qui porte comme titre "protestation urgente" et le mettre sur le

17 rétroprojecteur, s'il vous plaît ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je le vois à l'écran.

19 M. BOROVIC : [interprétation] Est-ce que les membres de la Chambre peuvent

20 voir le document à l'écran ainsi que le bureau du Procureur ? Puisqu'il

21 s'agit de la pièce à conviction numéro 34, il est facile de s'y retrouver

22 dans la version anglaise.

23 Q. Le témoin peut voir la version en B/C/S.

24 Voici ma question : est-ce que le témoin pourrait donner lecture de la

25 première phrase qui se trouve juste en dessous des mots "protestation

26 d'urgence" ?

27 R. "Les chars continuent de tirer sur l'hôpital. Il y a là 600 patients et

28 un nombre égal de civils à l'hôpital, pour le moment, qui attendent d'être

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1 évacués."

2 Q. Pouvez-vous voir la date ?

3 R. Oui. Le 18 novembre 1991, à 8 heures 50 du matin.

4 Q. Je vous remercie.

5 M. BOROVIC : [interprétation] Maintenant, s'il vous plaît, pourrait-on

6 montrer au témoin le document suivant, XX 00-0039. Il s'agit de la pièce à

7 conviction numéro 36. Si on pouvait montrer au témoin la version en B/C/S à

8 l'écran.

9 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, présenter de telle sorte que le témoin

10 puisse voir ceci ?

11 R. J'ai mes lunettes. Donc, je peux voir cela clairement.

12 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, lire la première phrase sous le titre ?

13 R. "L'artillerie a repris ses tirs."

14 Q. Est-ce que la date est claire ?

15 R. Il s'agit du 10 novembre 1991.

16 Q. Est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, relire cette date ? Je pense

17 que vous avez fait une erreur. Vous n'avez pas lu la date telle qu'elle est

18 indiquée ici.

19 R. Je pense que peut-être pas. Je présente mes excuses.

20 18 novembre 1991, à 10 heures 10.

21 Q. Pourrait-on montrer au témoin la pièce à conviction

22 numéro 37, s'il vous plaît ? Il s'agit du numéro XX 00-0035. La version en

23 B/C/S qu'il faudra montrer au témoin, s'il vous plaît.

24 Est-ce que vous voyez cela à l'écran ?

25 R. Est-ce que c'est ce que je viens de lire ?

26 Q. Non, c'est le document suivant.

27 R. Alors, non.

28 Q. Pouvez-vous maintenant le voir ? Vous avez la version B/C/S, n'est-ce

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1 pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Auriez-vous la bonté de donner lecture de la cinquième ligne à partir

4 du commencement ?

5 R. On dit : "Même en ce moment, deux avions volent très bas et attaquent

6 la ville et l'hôpital, lequel a été touché par plusieurs obus dans la

7 matinée."

8 Q. Je vous remercie. Ce que vous nous avez dit hier et aujourd'hui

9 concernant les attaques des tirs d'artillerie les 17 et 18, est-ce que

10 c'est vrai ?

11 R. Moi ?

12 Q. Vous.

13 R. Personnellement, qui étais là, je peux vous dire que je n'ai pas vu

14 cela.

15 Q. Je vous remercie. Je passe à la question suivante : je ne crois pas

16 avoir beaucoup d'autres questions à vous poser. Je voudrais maintenant

17 qu'on parle de la croix rouge, du symbole de la croix rouge. Nous vous

18 avons entendu dire que ce symbole a été placé sur ce que l'on a appelé le

19 service des maladies infectieuses, et aussi sur l'aire de stationnement.

20 Ceci correspond au chiffre numéro 6 qui représente une partie de la cour.

21 Si je vous dis que le Dr Bosanac a déclaré que ce symbole a été placé sur

22 l'un des bâtiments auxiliaires et que l'autre croix rouge a été placée dans

23 la cour entre l'ancien bâtiment et le nouveau bâtiment, est-ce que vous

24 maintenez votre déclaration précédente ou est-ce que vous auriez une

25 observation supplémentaire à faire ?

26 R. J'ai une observation supplémentaire à faire en disant qu'alors il a dû

27 y en avoir trois de ces symboles. Parce que je me

28 souviens de celui qui se trouvait à l'endroit que j'ai désigné, et je me

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1 souviens de celui qui a été placé dans ce qui était, à l'époque, le service

2 des maladies infectieuses, et qui est maintenant le bâtiment administratif,

3 parce que le toit était moins élevé que les autres toits. Il était

4 difficile de placer un tel signe à l'endroit le plus élevé. Par conséquent,

5 nous avons placé ce symbole de la croix rouge à l'endroit qui était

6 visible, mais pas nécessairement le plus élevé. S'il y avait un symbole de

7 la croix rouge ailleurs, alors, à ce moment-là, cela aura été probablement

8 le troisième.

9 Q. Est-ce que vous l'avez vu personnellement quelque part ?

10 R. Je ne me souviens pas de cela, mais je ne peux pas être très

11 affirmative à ce sujet. Je pense que oui, cela a existé, mais il a dû y en

12 avoir plusieurs, plus que je ne le pensais, mais certainement, il y avait

13 ces symboles. L'hôpital était clairement indiqué.

14 Q. Bien. Nous vérifierons le point de savoir si ces symboles ont été

15 placés à ces endroits.

16 R. Bien.

17 Q. Cette partie de l'hôpital où il y avait le service des maladies

18 infectieuses, combien y avait-il d'étages ?

19 R. Le service des maladies infectieuses et des tuberculeux avait un seul

20 étage.

21 Q. Juste un étage ?

22 R. Un seul.

23 Q. Le bâtiment où il y avait l'abri atomique où se trouvaient les

24 patients, combien d'étages avait-il ?

25 R. Trois.

26 Q. En plus du toit ?

27 R. En plus du toit.

28 Q. Le service des maladies infectieuses, à l'époque, lorsque vous dites

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1 qu'il a été clairement marqué d'une croix rouge, est-ce qu'il s'y trouvait

2 des patients ou pas ?

3 R. Je ne serais pas en mesure de vous le dire. Personnellement, je ne sais

4 pas à quel moment ces symboles ont été placés. Je ne sais pas si c'était

5 déjà au moment où l'hôpital a essuyé les attaques ou peut-être si cela

6 avait été préparé d'avance.

7 Q. Savez-vous à quel moment où on a placé ces croix rouges?

8 R. Non. Par conséquent, je ne peux pas vous dire s'il y avait des patients

9 à ce moment-là.

10 Q. Pourriez-vous nous dire quand les malades ont quitté les services des

11 maladies infectieuses ?

12 R. Tous les patients de l'hôpital sont partis, ont dû quitter le service

13 dans lequel ils étaient le 25 août, et ont dû être relogés dans l'abri

14 atomique.

15 Q. La date était ?

16 R. Le 25 août, lorsque la ville a été bombardée. A partir du

17 25 août, les patients ne sont pas retournés dans aucun des services.

18 Q. Bien. Est-ce que ces symboles ont été enlevés un peu plus tard ?

19 R. Je ne sais pas.

20 Q. Lorsque vous êtes partie le 18, y avait-il ces symboles à l'extérieur ?

21 R. Maître --

22 Q. Est-ce que vous avez vu cela ?

23 R. Je n'ai même pas songé à faire attention à quelque chose de ce genre.

24 Peut-être qu'il y avait ces croix rouges, peut-être qu'elles n'y étaient

25 pas. Je n'étais absolument pas à même de faire attention à cela.

26 Q. Si je vous dis que le témoin que vous connaissez, sur la base de ce que

27 vous avez dit, le Dr Njavro a déclaré que cela n'a été que vers la fin

28 d'octobre 1991 que les symboles de la Croix Rouge ont été placés, peut-être

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1 en l'occurrence dans d'autres endroits, pas ceux que vous avez mentionnés,

2 et que ces symboles ont été enlevés très tôt après cela, très rapidement

3 après cela, est-ce que vous diriez que c'est une déclaration exacte ou est-

4 ce que vous auriez des remarques à faire à ce sujet ?

5 R. Je n'ai pas de remarques à faire. Il savait probablement mieux que moi

6 ce qui se passait.

7 Q. Je vous remercie. Puisque nous avons vu les pièces 48 et 49 au

8 rétroprojecteur, nous avons passé une journée toute entière à examiner ces

9 pièces à conviction. Vous avez dessiné un excellent croquis. Je voudrais

10 demander que ce croquis soit à nouveau placé sur le rétroprojecteur; le

11 croquis qui a été dessiné par le témoin Kolesar. A moins que, peut-être

12 avez-vous la pièce à conviction 49. Donc, il s'agit de la pièce à

13 conviction numéro 49. Est-ce que vous pouvez voir maintenant ?

14 R. Oui.

15 Q. Pourriez-vous nous dire à partir du service de chirurgie, comme vous

16 nous l'avez décrit, jusqu'au Danube, quelle est la distance en mètres ?

17 R. Je peux vous dire ce que cela comprend. Vous pouvez à ce moment-là

18 faire votre évaluation.

19 Q. De l'hôpital au Danube, quelle est la distance en mètres ?

20 R. Excusez-moi, mais je n'en sais rien. Il y avait une aire de

21 stationnement devant l'hôpital, ensuite, il y a la route.

22 Q. Alors, procédons pas à pas. Nous avons l'aire de stationnement. Quelle

23 est la taille de cette aire de stationnement, à votre avis ?

24 R. Je ne sais pas. Il y a la route ensuite, puis il y a une rangée de

25 maison, ensuite le Danube.

26 Q. Bien. Si je vous pose la question suivante : de l'autre côté du Danube,

27 du côté qu'on a appelé le côté serbe, s'il y avait des chars là-bas,

28 puisque que vous étiez présente, pourriez-vous nous dire si, à votre avis,

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1 à cette distance, par-dessus la rivière et au-dessus des maisons, seraient-

2 ils en mesure de voir le toit du service des maladies infectieuses ?

3 R. Je ne sais pas quoi que ce soit. Je ne sais rien sur le matériel

4 militaire.

5 Q. Si quelqu'un se trouvait près d'un char, et du côté serbe regardait au-

6 delà de la rivière, au-delà du fleuve, au-delà des maisons et de tout ce

7 qui se trouve entre les deux, parce que vous savez très bien cela, est-ce

8 que cette personne serait en mesure de voir le toit du service des maladies

9 infectieuses ou non ?

10 R. Je ne suis pas du tout capable de vous le dire. Ce serait ridicule pour

11 moi de dire oui ou de dire qu'ils pourraient dire oui. Ils ne pourraient

12 pas. Je ne suis pas allée là-bas, je ne suis pas allée de ce côté-là du

13 fleuve. Je n'en sais rien. Donc, je ne sais pas non plus si ces maisons

14 empêchaient de voir, bouchaient la vue ou non.

15 Q. Si vous étiez dans le secteur qui se trouve entre le vieux bâtiment et

16 le nouveau bâtiment --

17 R. Oui.

18 Q. Vous vous trouveriez dans la cour où vous vous êtes trouvée de

19 nombreuses fois. Seriez-vous en mesure de voir cet endroit, de l'autre côté

20 du Danube, sur l'autre rive du Danube, que je viens de décrire, si à cet

21 endroit il y avait des maisons, des rangées d'arbres ? Est-ce que vous

22 pourriez voir entre les deux ?

23 R. Peut-être pas de la cour, mais de l'endroit où se trouvait la

24 réception.

25 Q. Pas très loin de la cour ?

26 R. Si je me trouvais au bout de la cour, non, je ne pourrais pas, au bord

27 de la cour.

28 Q. Il s'agit de la cour qui est marquée avec le chiffre 6 ?

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1 R. C'est cela. Je ne pense pas que je serais en mesure de voir de cet

2 endroit-là, la rive; de voir la rive de cet endroit-là. Je serais en mesure

3 de voir le bois et le Danube, mais je ne pense pas que je pourrais voir au-

4 delà.

5 Q. Je vous remercie. Est-ce que c'était une explication du fait qu'il y

6 avait un signe qui n'a pas été placé sur le bâtiment principal de l'hôpital

7 qui avait trois étages plus un toit, mais plutôt que ce symbole de la Croix

8 Rouge a été placé sur l'aire de stationnement et les autres bâtiments qui

9 n'étaient pas si visibles ?

10 R. Maître, vous devez poser cette question à d'autres témoins.

11 Mme TUMA : [interprétation] La réponse à la dernière question du témoin

12 montre qu'il s'agit purement d'hypothèse de son point de vue. Elle ne peut

13 pas donner de réponse précise. Il ne s'agit que d'hypothèse.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il se peut que sa réponse soit : Je

15 n'en sais rien. Il se peut qu'elle sache quelque chose à ce sujet.

16 Mme TUMA : [interprétation] Bien.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Le témoin nous a

18 déjà dit qu'elle n'en sait rien.

19 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que nous

20 pourrions maintenant présenter deux photographies sur le rétroprojecteur,

21 s'il vous plaît. J'expliquerai ensuite quelle est la raison de cela. Si

22 l'Huissier pouvais venir nous aider. Premièrement, la photographie en

23 couleur, puis la deuxième photographie après cela. Nous ne la voyons pas

24 encore à notre écran. J'ai dit d'abord la photo en couleur, s'il vous

25 plaît. Merci.

26 Q. Est-ce que vous pouvez la voir maintenant, Madame Kolesar ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-ce que c'était l'apparence de l'hôpital en 1991 ?

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1 R. Pour la plus grande partie, oui.

2 Q. Le même toit, cela a la même forme, je veux dire ?

3 R. Oui, plus ou moins la même forme. On pourrait dire cela. C'était comme

4 cela.

5 Q. Pourriez-vous maintenant prendre le pointeur, s'il vous plaît, et

6 indiquer l'endroit où se trouvait le service des maladies infectieuses ?

7 Est-ce qu'on ne peut pas le voir sur la photographie ?

8 R. Non, on ne peut pas le voir. C'est à l'est de ce qui apparaît sur la

9 photographie.

10 Q. Est-ce que nous pourrions, à ce moment-là, rapprocher, agrandir un peu

11 pour voir un peu plus du secteur ?

12 R. C'est à l'est, et on ne peut pas le voir. On ne peut pas le vois sur

13 cette photographie. On ne peut même pas voir une partie du vieux bâtiment.

14 Q. Si on rapproche encore un peu ?

15 R. Non, on ne peut tout simplement pas le voir. Il y a juste le nouveau

16 bâtiment de l'hôpital qui est là.

17 Q. Est-ce que nous pourrions nous déplacer à la gauche, s'il vous plaît ?

18 Parce que dans ma photographie, on peut voir.

19 R. Je vois le bâtiment des urgences ici.

20 Q. Très bien. Est-ce que le service des maladies infectieuses se trouvait

21 dans ce secteur ?

22 R. Oui, mais c'était un bâtiment séparé derrière celui-là, derrière le

23 bâtiment des urgences. C'était le service des maladies infectieuses. Il y

24 avait également le service pour les tuberculeux.

25 M. BOROVIC : [interprétation] Est-ce que M. l'Huissier pourrait, s'il vous

26 plaît, montrer cette photographie ici ? C'est un angle un peu plus large.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais non, je ne crois pas qu'on peut le voir

28 ici.

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1 M. BOROVIC : [interprétation]

2 Q. Mais à l'aide d'un crayon, est-ce que vous pouvez nous l'indiquer ?

3 R. Je crois que c'est le côté de l'hôpital qui donne sur le Danube. Donc,

4 il faudrait tourner à gauche. Là, vous avez les véhicules, les urgences.

5 Dans l'alignement, il y a le bâtiment des maladies infectieuses qu'on ne

6 voit absolument pas ici.

7 Q. Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, nous indiquer quel est

8 l'endroit que vous mentionnez maintenant ? Est-ce que vous pouvez inscrire

9 quelque chose au feutre ?

10 R. [aucune interprétation]

11 Q. Le chiffre 1.

12 R. Voilà.

13 Q. A quelle distance se trouve le bâtiment des maladies infectieuses ?

14 R. Un instant, s'il vous plaît. Quelle est la largeur des urgences ?

15 Derrière cela, il y a cinq, six, voir dix mètres, et après commence le

16 bâtiment des maladies infectieuses.

17 Q. Si vous pouviez avoir l'amabilité de répondre à ma question. Entre

18 l'hôpital principal et le service des maladies infectieuses, il y a quelle

19 distance ?

20 R. Maître, j'ai du mal à vous le dire. Je vais vous le montrer puis vous

21 pouvez faire le calcul peut-être. Voilà. On a l'espace entre les urgences

22 et l'hôpital. Vous avez à peu près la même distance jusqu'aux maladies

23 infectieuses.

24 Q. Est-ce que vous pouvez inscrire le 2 à côté de l'endroit où vous pensez

25 qu'il y avait une croix rouge ?

26 R. Je suis en train de vous inscrire celui que je connais.

27 Q. Pouvez-vous inscrire le chiffre 2 ? Merci.

28 R. [Le témoin s'exécute]

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1 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez placer sur le rétroprojecteur la

2 photographie en noir et blanc, maintenant ?

3 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si le

4 moment est venu de suspendre l'audience ou vous estimez que je peux

5 poursuivre, puisqu'il s'est passé beaucoup de temps ?

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je pense que c'est un moment

7 opportun.

8 Nous ferons une suspension, et nous reprendrons à 16 heures 10.

9 M. BOROVIC : [interprétation] Merci.

10 --- L'audience est suspendue à 15 heures 48.

11 --- L'audience est reprise à 16 heures 15.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

13 M. BOROVIC : [interprétation] Merci.

14 Je souhaite demander quelque chose avant que je ne poursuive. Pourrait-on

15 revoir la même photographie que nous regardions tout le temps, la placer

16 sur le rétroprojecteur ? Monsieur l'Huissier, pourriez-vous avoir

17 l'amabilité de le faire, s'il vous plaît.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est la deuxième photographie. C'est

19 celle-là que vous vouliez ?

20 M. BOROVIC : [interprétation] Oui. La première dans l'ordre de

21 présentation. Vous avez raison. Merci.

22 Je vais m'adresser à Mme Kolesar.

23 Q. J'aimerais que vous inscriviez un chiffre romain I au milieu, à l'aide

24 du feutre.

25 R. Où est le milieu ? Où ? Au milieu ?

26 Q. Où vous voulez. Au-dessus du toit du bâtiment. Je voudrais vous

27 demander un chiffre romain I.

28 R. Oui, oui. Très bien. C'est bon.

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1 Q. Complètement au-dessus du bâtiment.

2 R. Au-dessus ?

3 Q. Oui, à l'extérieur de l'image du bâtiment. Je vous remercie.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Lorsque vous parlez du bâtiment, vous

5 entendez par là le bâtiment principal de l'hôpital ?

6 M. BOROVIC : [interprétation] Oui, c'est ce que je pense.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, mais c'est le seul qu'on peut voir ici,

8 n'est-ce pas ?

9 M. BOROVIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut verser au dossier cette

10 photographie, s'il vous plaît, la photographie qui comporte à présent un

11 chiffre romain I.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous verserons au dossier la

13 photographie.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 50.

15 M. BOROVIC : [interprétation] Je vais demander maintenant que l'on place

16 sur le rétroprojecteur l'autre photographie.

17 Q. Madame Kolesar, je vais vous demander de faire l'effort nécessaire pour

18 inscrire un chiffre II romain.

19 R. En haut ?

20 Q. Oui, au milieu.

21 R. Mais maintenant, c'est une toute autre orientation, direction.

22 Q. Mais on se contente d'inscrire I, II.

23 R. [Le témoin s'exécute] Voici.

24 Q. Merci.

25 M. BOROVIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de cette

26 photographie, Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La photographie sera admise.

28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera --

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1 M. BOROVIC : [interprétation] Je voulais préciser ce que signifient les

2 chiffres I et II, mais il me semble que le témoin a déjà expliqué cela.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 52 [comme interprété].

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] 51 ?

5 M. BOROVIC : [interprétation] 51.

6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, 51.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

8 M. BOROVIC : [interprétation] Pour que ce soit tout à fait clair et pour

9 faciliter les débats à la Chambre, par la suite, le témoin peut-il nous

10 préciser ce que représentent les chiffres romains I et II sur cette

11 photographie ? Tout d'abord, le chiffre 1.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Le numéro 1, c'est un bâtiment que l'on

13 regarde depuis le côté opposé du Danube, et cela est le bâtiment principal

14 de l'hôpital. Je ne peux pas dire exactement, mais c'est comme si on

15 regardait l'hôpital du sud, si c'est bien la photographie numéro I qui vous

16 intéresse.

17 M. BOROVIC : [interprétation]

18 Q. J'ai dit que nous avons déjà commencé la photographie I. Donc,

19 maintenant, est-ce qu'on peut commencer la photographie qui comporte le

20 chiffre romain II ?

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kolesar, ai-je raison lorsque

22 je dis que vous avez inscrit 1 immédiatement à l'extérieur de ce qu'était

23 la salle des urgences ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais que représente ce bâtiment ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Les urgences. Il s'agit des urgences. Donc,

27 sur la photographie numéro 2.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Merci.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Sur ma gauche, c'est désigné du chiffre 1.

2 M. BOROVIC : [interprétation]

3 Q. Merci. Et le 2, le numéro 2 ?

4 R. Mais c'est cela, la photographie 2, celle qui comporte le chiffre

5 romain II.

6 Q. Non.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez inscrit un chiffre arabe 2 à

8 un autre endroit. Ai-je raison lorsque je dis que cela se situe là où il y

9 avait la croix rouge, le signe de la croix rouge ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Cela est le 2 en arabe, mais on m'a

11 demandé d'inscrire un II en chiffre romain au-dessus du bâtiment, et c'est

12 ce que j'ai fait. Je ne comprends pas où est le malentendu.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si, si, on comprend. Mais vous avez

14 également inscrit un chiffre arabe 2 ailleurs, à un autre endroit. Etait-ce

15 bien là où il y avait le signe de la croix rouge ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Le signe de la croix rouge ? L'un des signes

17 de la croix rouge, il était situé à l'endroit où on voit inscrit le chiffre

18 2.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Et le chiffre romain II se

20 situe exactement au-dessus du bâtiment principal ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

22 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Vous avez aidé

23 non seulement Mme le Témoin mais la Défense également, bien entendu.

24 Alors, je voulais demander que l'on place sur le rétroprojecteur à présent

25 la photographie en noir et blanc.

26 Q. Madame Kolesar, pourriez-vous avoir la gentillesse maintenant de vous

27 servir de cette photographie agrandie ? Tout d'abord, je vais vous demander

28 d'inscrire le chiffre III romain en haut.

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Avec les chiffres arabes, est-ce qu'on peut désigner maintenant les

3 endroits où, d'après vous, étaient situés les signes de la croix rouge ?

4 R. Est-ce que je peux vous demander une explication ? A quel moment a-t-on

5 pris cette photo ? Est-ce que quelqu'un peut me dire exactement de quelle

6 époque date cette photo ?

7 Q. Cette photo, est-ce qu'elle est authentique ? Est-ce que cela vous

8 semble fidèle à l'endroit que vous connaissez ?

9 R. Oui. Mais permettez-moi de poser une question maintenant. A quel moment

10 a-t-on pris cette photo ? Il y a des raisons pour lesquelles je vous pose

11 cette question.

12 M. BOROVIC : [interprétation] Mme le Témoin, pourrait-elle nous montrer un

13 petit peu de respect pour les règles et la procédure.

14 Q. Vous pouvez vous adresser au Procureur si vous avez besoin de telles

15 explications.

16 Est-ce que cette photographie semble représenter fidèlement le terrain que

17 vous connaissez ?

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, je m'excuse, mais ceci

19 ne suffira pas.

20 Madame Kolesar, est-ce que vous pouvez confirmer que cette photographie

21 représente l'hôpital ou une partie de celui-ci de la manière dont il se

22 présentait en 1991 ? Ou est-ce que vous ne pouvez pas nous le confirmer ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant, si je regarde un peu mieux, à côté

24 de l'hôpital vous avez un tout petit bâtiment, et ce bâtiment, il a été

25 construit entre 1991 et 1995. Celui-là, c'est le bâtiment de

26 l'administration. Pendant l'existence de la Krajina, on a restauré

27 l'hôpital. Si j'ai posé la question, c'est parce qu'ici, les maladies

28 infectieuses sont encore -- ce bâtiment est encore en ruines, et ce n'est

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1 pas la situation réelle de ce bâtiment et de cette enceinte en 1991.

2 Mme TUMA : [interprétation] Je voudrais soulever une objection, s'il vous

3 plaît.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

5 Mme TUMA : [interprétation] Nous devons savoir à quel moment a été prise

6 cette photo comme le témoin l'a demandé, et la source de cette

7 photographie.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, tout à fait. J'essaie d'accélérer

9 un peu les choses. J'ai admis les deux premières photographies puisque le

10 témoin les a reconnu immédiatement et identifié les photographies. Mais

11 cette fois-ci, cela pose davantage de problèmes. D'après ce que vous avez

12 dit, Madame Kolesar, vous avez reconnu des bâtiments sur cette photographie

13 soit qui ne se sont pas trouvés là-bas en 1991, ou qui ne présentaient pas

14 le même aspect à moment-là ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est précisément cela.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Monsieur Borovic, pourriez-vous

17 nous dire, s'il vous plaît, si vous reconnaissez que cette photographie a

18 été prise après 1991 ? Est-ce que vous admettez ce fait ?

19 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense que j'ai eu un contact tout à fait

20 correct avec Mme le Témoin jusqu'à présent, et j'espère qu'il en sera de

21 même à l'avenir. C'est le Procureur qui nous a fourni cette photographie en

22 application de l'Article 65 ter. Donc, Madame de l'Accusation, ma consoeur,

23 devrait connaître cette photographie. Il ne s'agit pas d'une photographie

24 qui sort de ma collection privée. Je m'attends à ce qu'on accepte cette

25 photographie comme étant authentique. Si vous m'y autorisez, je voudrais

26 terminer. Le témoin vient de confirmer que c'était l'état des choses,

27 l'état de l'hôpital pendant qu'elle y a été, et tous les éléments

28 complémentaires qu'elle apportera, je les accepterai.

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1 Mme TUMA : [interprétation] Monsieur le Président ?

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tuma ?

3 Mme TUMA : [interprétation] La question que vous avez posée est de savoir

4 si la photographie a été prise après 1991 et non pas si elle avait été

5 communiquée par le bureau du Procureur ou non. Je n'ai toujours pas entendu

6 la réponse.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Je vous remercie, Madame Tuma. Je

8 vous remercie d'avoir posé la question qui intéresse la Chambre.

9 Maître Borovic, êtes-vous en mesure de nous indiquer en quelle année cette

10 photographie a été prise ?

11 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes

12 aujourd'hui présents dans le prétoire. Je viens de m'exprimer en la

13 présence de l'autre partie. Puisqu'il s'agit d'une photographie que j'ai

14 reçue de la part du Procureur, peut-être que le moment s'y prête bien pour

15 que je demande à l'Accusation de quand date cette photographie. Rien n'est

16 contesté sur cette photo. Donc, l'aspect de ce bâtiment que le témoin n'a

17 pas pu reconnaître semble être le seul problème. Je ne pense pas que ceci

18 soit pertinent ici.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux tout identifier sur cette

20 photographie; tout ce qui y figure, tous les bâtiments.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Attendez un instant, Madame Kolesar.

22 Me Borovic a essayé de dire qu'il souhaitait obtenir des réponses par

23 un oui ou par un non. En fait, Maître Borovic, vous ne savez pas à quel

24 moment la photographie a été prise. Ceci ne constitue pas un crime de ne

25 pas le savoir. Vous avez reçu la photographie de la part du bureau du

26 Procureur, et vous essayez de l'utiliser. Je voulais simplement savoir si

27 vous pouvez nous dire quand cette photo a été prise.

28 Mme TUMA : [interprétation] Mais nous, nous ne nous servons pas de cette

Page 1058

1 photographie.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Encore une fois, est-ce que vous

3 pouvez répondre par oui ou non ?

4 Mme TUMA : [interprétation] Bien --

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non ?

6 Mme TUMA : [interprétation] C'est exact.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Nous allons nous

8 connaître de mieux en mieux, et je pense que vous pouvez savoir que vous

9 devez vous sentir à l'aise pour répondre à la Chambre brièvement et

10 franchement. Ceci nous permettra d'avancer rapidement.

11 Maintenant, ceci étant dit, Maître Borovic, le témoin a reconnu le bâtiment

12 principal. La Chambre serait prête à vous autoriser à continuer

13 l'interrogatoire, mais cette photographie semble représenter l'hôpital et

14 les environs à une date ultérieure que 1991. On ne sait pas à quel moment

15 elle a été prise.

16 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après ce qui a été identifié jusqu'à

18 présent, c'est le bâtiment sur la droite de la photographie. C'est un

19 bâtiment qui a un seul étage, qui est partiellement caché par le bâtiment

20 principal, et d'après ce qu'en sait le témoin, c'est quelque chose qui a

21 été construit après 1991, tandis que sur la gauche, sur la photographie un

22 peu plus bas que le centre, on voit juste quelques restes, quelques

23 vestiges d'une construction. Ce n'est pas le bâtiment tel qu'il a été en

24 1991.

25 Madame Kolesar, est-ce que ce sont là les deux différences importantes

26 telles que vous les voyez ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Précisément, parce que sur ce bâtiment

28 que je souhaite annoter, effectivement, c'est bien le bâtiment des maladies

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1 infectieuses de l'époque. On n'y voit pas le toit; le toit qui est tombé.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

3 Maître Borovic, ayant quelque peu clarifié la situation, est-ce que vous

4 souhaiteriez que le témoin indique certains endroits ?

5 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. L'endroit

6 indiqué par le témoin au sujet duquel elle a fourni des explications suite

7 aux questions posées par la Chambre, est les vestiges du service des

8 maladies infectieuses.

9 Q. Je demanderais au témoin de bien vouloir apposer le chiffre arabe

10 numéro 1 à cet endroit. Cela n'apparaît pas sur l'écran.

11 R. Nous allons faire comme cela.

12 Q. Veuillez vous assurer que vous l'indiquez au même endroit de façon à ce

13 que nous n'ayons pas deux chiffres.

14 R. On voit bien cela. C'est juste que le fond est sombre.

15 Q. Veuillez tracer un cercle autour de ce chiffre, je vous prie. Pourriez

16 m'indiquer à présent le bâtiment de construction récente, et apposer le

17 chiffre arabe numéro 2.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est plus facile d'utiliser un stylo

19 rouge compte tenu du fond.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit là du bâtiment que j'ai décrit comme

21 étant le bâtiment de construction récente. Il s'agit du bâtiment que

22 j'indique en ce moment.

23 M. BOROVIC : [interprétation]

24 Q. Merci.

25 M. BOROVIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de cette

26 photographie. Merci.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tuma, est-ce que vous êtes

28 satisfaite compte tenu de ce qui a été dit ?

Page 1060

1 Mme TUMA : [interprétation] Pas d'objection à soulever. Merci.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Ce document sera admis.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction

4 numéro 52.

5 M. BOROVIC : [interprétation] Merci. Je souhaiterais que l'on laisse cette

6 photographie sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît, car j'aurais une

7 autre question à poser à ce sujet.

8 Q. Madame Kolesar, pourriez-vous expliquer où se trouvait le bâtiment de

9 la police à Vukovar par rapport à ce bâtiment, dans quelle direction ?

10 R. Le bâtiment de la police se trouvait en face du numéro 1.

11 Q. Pourriez-vous indiquer cela à l'aide d'une flèche ?

12 Mme TUMA : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tuma.

14 Mme TUMA : [interprétation] De quelle période parlons-nous ici ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela n'a pas été dit explicitement,

16 mais je pense que Me Borovic voulait parler de l'année 1991.

17 Mme TUMA : [interprétation] Je ne sais pas.

18 M. BOROVIC : [interprétation] Madame Tuma, nous parlons ici de la seule

19 période couverte par l'acte d'accusation, c'est-à-dire, 1991, août,

20 septembre, octobre et novembre 1991. C'est la période qui nous intéresse en

21 l'espèce.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci à vous deux.

23 Mme TUMA : [interprétation] Merci.

24 M. BOROVIC : [interprétation]

25 Q. Pourriez-vous indiquer à présent, à l'aide d'une flèche, dans quelle

26 direction, à partir de l'hôpital, se trouvait le poste de police ?

27 R. Vous voulez que j'indique la direction avec une flèche ?

28 Q. Oui.

Page 1061

1 R. Voilà mon explication. Le premier bâtiment en face de l'hôpital était

2 le bâtiment du tribunal. A côté, se trouvait le bâtiment de la police.

3 Donc, les deux bâtiments étaient adjacents. Le premier en face de l'hôpital

4 était le tribunal, et l'autre était le bâtiment de la police.

5 Q. Veuillez avoir l'amabilité d'indiquer ce bâtiment à l'aide du chiffre

6 3. Nous avons accepté votre explication quant à l'endroit où se trouvait le

7 bâtiment de la police.

8 R. Et le bâtiment du tribunal, car je dois préciser qu'il s'agit du

9 bâtiment du tribunal et du bâtiment de la police.

10 Q. Nous acceptons ce que vous nous dites.

11 Aux fins du compte rendu d'audience, je précise que cette photographie

12 versée au dossier, le témoin a indiqué à l'aide du chiffre 3 le bâtiment de

13 la police. Nous n'aurons plus besoin de cette photographie. Je vous

14 remercie.

15 Il me reste deux questions à vous poser.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] De façon à ce que le compte rendu

17 d'audience soit clair, le témoin a indiqué à l'aide d'une flèche la

18 direction dans laquelle se trouvaient les bâtiments de la police et du

19 tribunal. Elle n'a pas indiqué l'endroit précis où se trouvaient ces

20 bâtiments puisque ces bâtiments n'apparaissent pas sur la photo. Vous avez

21 semblé dire que le témoin avait indiqué le bâtiment, or, elle n'a fait

22 qu'indiquer la direction dans laquelle se trouvaient ces bâtiments.

23 M. BOROVIC : [interprétation] Vous avez tout à fait raison. Je m'excuse.

24 C'est exactement ce que je voulais dire. Donc, il faut apposer un chiffre 3

25 à côté de la flèche.

26 Q. Le Dr Bosanac, en tant que directrice de l'hôpital, passait-elle toutes

27 ses journées à l'hôpital ?

28 R. Oui, plus ou moins, du matin jusqu'au moment où elle avait besoin de

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1 rester; cela dépendait des jours. Mais elle restait jusqu'à tard dans la

2 soirée.

3 Q. Après cela, où allait-elle ?

4 R. Comme elle habitait à proximité, elle revenait dans la maison de ses

5 parents.

6 Q. Est-ce qu'elle y allait à pied ?

7 R. Je ne suis pas en mesure de vous le dire. J'entendais ses pas quand

8 elle partait. Parfois, je la voyais. Comment elle rentrait par la suite, si

9 elle rentrait à pied ou si une voiture l'attendait pour la transporter, je

10 l'ignore.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tuma.

12 Mme TUMA : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre de nouveau, mais le

13 témoin ne fait que supposer. J'ai déjà soulevé une objection similaire plus

14 tôt.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne pense pas qu'il s'agisse de

16 supposition ici. Le témoin a déclaré qu'elle entendait des pas, et qu'à

17 partir de ce moment-là, elle ne sait pas ce qu'il en était.

18 Mme TUMA : [interprétation] Très bien.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Voilà ce qu'elle a déclaré.

20 Veuillez poursuivre, Maître Borovic.

21 M. BOROVIC : [interprétation] Merci.

22 Q. Est-ce que Vesna Bosanac avait sa propre voiture ?

23 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas si elle en avait une, si elle l'a

24 gardée.

25 Q. Est-ce que vous voulez dire qu'elle n'en avait pas ?

26 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous répondre. Il faut lui demander à

27 elle. Il faut lui demander si elle en avait une, où elle l'a gardée et si

28 elle la conduisait. Je ne sais pas, et je n'ai nul besoin de le savoir.

Page 1063

1 Q. Merci. En plus du Dr Vesna Bosanac, est-ce que d'autres personnes ont

2 rentré dormir chez elles le soir ou était-elle la seule à avoir cette

3 possibilité ?

4 R. Je ne peux pas répondre à cette question non plus. Si quelqu'un

5 habitait juste à côté de l'hôpital et si le bâtiment était toujours intact,

6 oui, ils pouvaient rentrer à la maison pour voir dans quel état la maison

7 était, et ainsi de suite. Mais je ne pense pas que les gens rentraient chez

8 eux pour dormir.

9 Q. Personne, à l'exception de Vesna Bosanac ?

10 R. Je ne peux rien dire à ce sujet. Même si vous ne m'avez pas posé la

11 question, il me faut ajouter qu'il y a une grande différence entre passer

12 quelques heures dans son lit et dormir là où nous dormions.

13 Q. Savez-vous si elle rentrait chez elle ou est-ce que vous supposez

14 qu'elle rentrait dormir chez elle ?

15 R. Je suppose qu'elle rentrait chez elle, car elle venait travailler le

16 matin tôt, dès que l'hôpital ouvrait.

17 Q. Puisque vous supposez qu'elle rentrait chez elle, est-ce que vous

18 pensez qu'il est possible, que tard dans la soirée, elle se rende à l'état-

19 major principal ?

20 R. Je ne l'ai pas suivie. Je ne suivais pas ses déplacements, mais

21 j'entendais ses pas dans le couloir.

22 Q. Très bien, Madame Kolesar.

23 En tant qu'infirmière en chef, avez-vous entendu parler de gaz toxique ?

24 R. J'ai appris leur existence au lycée et à l'école d'infirmières.

25 Q. Est-ce que vous avez soigné qui que ce soit, à l'époque, pour

26 exposition à des gaz toxiques ?

27 R. Je ne sais pas, sans doute. Je peux vous parler de ma propre

28 expérience. Nous avons tous commencé à suffoquer après qu'un obus soit

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1 tombé sur l'hôpital. Je ne peux pas vous dire s'il s'agissait de gaz

2 toxique ou non car je n'ai pas d'expérience en la matière. Mais je peux

3 vous dire qu'il y avait quelque chose de spécial. Il y a eu cette épisode,

4 peut-être qu'il y en a eu d'autres.

5 Q. Comme vous nous avez dit avoir appris l'existence de ce type de gaz à

6 l'école, savez-vous, que lorsqu'un missile contenant des gaz toxiques

7 atterrit quelque part à l'hôpital, par exemple, cela provoque des victimes

8 et peut être fatal.

9 R. Je ne sais pas.

10 Q. Savez-vous quels effets ce type d'obus peut produire ?

11 R. Je ne peux pas vous dire. J'ai oublié beaucoup de choses, pas seulement

12 les effets des gaz toxiques.

13 Q. N'avez-vous jamais vu quelqu'un être soigné pour intoxication suite à

14 une exposition à des gaz toxiques ?

15 R. Je ne peux pas vous dire à quoi ressemble une personne qui a été

16 exposée à des gaz toxiques. Donc, je ne peux pas répondre à votre question.

17 Q. Ma question suivante est comme suit : avez-vous soigné à l'hôpital,

18 quiconque ayant souffert des conséquences liés aux bombes au phosphore ?

19 R. Je ne sais pas quel effet une bombe phosphore peut produire, mais j'ai

20 vu une femme blessée. C'est le seul cas que j'ai rencontré. J'ai vu une

21 femme qui est arrivée à l'hôpital présentant des brûlures, et ses cheveux

22 étaient en flammes. Nous n'avons pu éteindre les flammes.

23 Q. Est-ce que c'était Silvana Ivankovic ?

24 R. Oui.

25 Q. Inutile d'entrer dans les détails, car nous avons déjà entendu parler

26 de cela.

27 R. Donc, vous avez tout entendu déjà. Elle était sur un brancard. Ses

28 cheveux étaient en flammes, et nous avons dû lui couper les cheveux. Nous

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1 n'avons rien pu faire de plus. Même en coupant ses cheveux, il y avait

2 toujours de la fumée qui s'en dégageait.

3 Q. Est-ce la seule personne qui présentait ce type de blessures ?

4 R. La seule que j'ai vue.

5 Q. Savez-vous ce qui est une bombe Durandal, une bombe antipiste [phon] ?

6 R. Non.

7 Q. Avez-vous entendu parler des bombes à fragmentation ?

8 R. Oui.

9 Q. Après la guerre ou dans des livres ?

10 R. J'en ai entendu parler, et je sais qu'on disait que des bombes à

11 fragmentation ont été utilisées à Vukovar. Personnellement, je n'en ai pas

12 vu, mais par la suite, j'en ai vu qu'elles étaient utilisées lors de

13 l'attaque contre Zagreb.

14 Q. A l'hôpital, il n'y a pas eu de bombes à fragmentation ?

15 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas s'il y en a eu dans la cour.

16 Q. Les avez-vous vues ?

17 R. Personnellement, non. Mais je ne peux pas affirmer qu'il n'y en avait

18 pas.

19 Q. Puis-je conclure que personne ne vous a dit qu'il y avait de telles

20 bombes ?

21 R. Personne ne m'a rien dit.

22 Q. Merci.

23 M. BOROVIC : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions à poser.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Borovic.

25 Maître Lukic ? Ou plutôt, Maître Bulatovic ?

26 M. BULATOVIC : [interprétation] Bonjour à tous. Bonjour, Madame Kolesar.

27 Contre-interrogatoire par M. Bulatovic :

28 Q. [interprétation] Je m'appelle Maître Bulatovic. Je suis avocat, et je

Page 1066

1 suis l'un des conseils de la Défense représentant

2 M. Sljivancanin.

3 M. BULATOVIC : [interprétation] Pourrait-on replacer sur le rétroprojecteur

4 la pièce à conviction numéro 52, je vous prie ? Il s'agit de la

5 photographie en noir et blanc, car j'ai plusieurs questions à poser à ce

6 sujet. Par la suite, je voudrais poser d'autres questions en rapport avec

7 la déposition de Mme Kolesar.

8 Q. Madame Kolesar, en réponse à une question posée par mon confrère Me

9 Borovic, vous avez indiqué un certain nombre d'endroits sur cette

10 photographie. A l'aide du chiffre 1, vous avez indiqué les vestiges du

11 bâtiment réservé au service des maladies infectieuses.

12 R. Tout à fait.

13 Q. Avant que ce bâtiment ne soit détruit, combien d'étages comportaient ce

14 bâtiment réservé au service des maladies infectieuses ?

15 R. Il s'agissait d'un bâtiment en L, avec un rez-de-chaussée qui est

16 ensuite devenu le premier étage.

17 Q. Donc, cette partie du bâtiment au rez-de-chaussée, est-ce que vous

18 pourriez l'indiquer sur la photographie ?

19 R. Juste derrière le bâtiment des urgences, derrière le bâtiment rénové

20 des urgences, on peut voir une partie du service des maladies infectieuses,

21 qui va jusqu'au premier étage, où se trouve le service des tuberculeux. Il

22 y a un bâtiment avec un rez-de-chaussée qui se prolonge en un bâtiment

23 comportant un premier étage.

24 Q. Où le signe de la Croix Rouge a-t-il été placé ?

25 R. Sur la partie la plus élevée du toit, qui correspondait au premier

26 étage du bâtiment, se trouvait le service des tuberculeux.

27 Q. La hauteur de ce toit sur lequel on a placé ce symbole, était-elle la

28 même que la hauteur du toit du bâtiment où se trouvait les urgences ?

Page 1067

1 R. Cela devait être un peu plus haut, car le service des urgences est un

2 bâtiment à un seul étage. Il n'y a qu'un rez-de-chaussée.

3 Q. Madame Kolesar, est-ce que l'on peut voir l'ancien bâtiment de

4 l'hôpital sur cette photographie ?

5 R. Non.

6 Q. Pourriez-vous indiquer à l'aide d'une flèche la direction générale dans

7 laquelle se trouvait l'ancien bâtiment de l'hôpital sur cette photographie,

8 je vous prie ?

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Auriez-vous l'amabilité d'indiquer cette direction à l'aide du chiffre

11 4 ?

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Pourriez-vous nous dire quelle est la distance qui sépare l'ancien

14 bâtiment de l'hôpital et le nouveau bâtiment de l'hôpital, puisque cela

15 n'apparaît pas sur une photographie ?

16 R. C'est assez simple, même si on ne peut pas voir le bâtiment lui-même.

17 Il s'agit de la distance qui va jusqu'au bord de la photographie. Je ne

18 peux pas vous dire combien de mètres cela représente, mais voilà la cour

19 qui sépare les deux bâtiments.

20 Q. Si je vous comprends bien, c'est à côté du chiffre 4.

21 R. Oui, bien sûr. C'est là que nous avons indiqué l'ancien bâtiment. La

22 cour située en face représente la même distance que celle qui sépare le

23 nouveau bâtiment et le bord de la photographie qui correspond à l'endroit

24 où commençait le nouveau bâtiment.

25 Q. Merci. Pouvez-vous indiquer sur cette photographie la partie de

26 l'hôpital située au-dessus de l'abri antiatomique ?

27 R. Il n'y a rien qui concerne l'abri antiatomique. Il y a la cour. Il y a

28 peut-être une partie du service de pathologie, que l'on voit ici. Il s'agit

Page 1068

1 d'un bâtiment de construction plus récente. Pour ce qui est de l'abri

2 antiatomique, il est plus ou moins situé à cet endroit. Je l'ai indiqué à

3 l'aide d'un point. Donc, c'est situé entre l'ancien bâtiment de l'hôpital

4 et le nouveau bâtiment de l'hôpital. On ne peut voir qu'une partie du

5 passage souterrain de l'extérieur. Il y a de la végétation à cet endroit et

6 il y a une structure, une construction, située au-dessus en verre. Le

7 passage souterrain relit l'ancien bâtiment de l'hôpital au nouveau bâtiment

8 de l'hôpital. La partie principale de l'abri antiatomique est située en

9 face du bâtiment où se trouvait le service de pathologie.

10 Q. Merci. L'endroit où vous avez apposé un point, et à propos duquel vous

11 avez déclaré qu'il correspondait à l'abri antiatomique, est-ce que vous

12 pouvez l'indiquer à l'aide du chiffre 5 ?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Merci. Vous avez dit que le bâtiment où se trouvaient les services de

15 pathologie était de construction plus récente ?

16 R. Oui. Ce bâtiment était construit entre 1991 et 1997.

17 Q. Mais était-il là en 1991, à l'époque qui nous intéresse ?

18 R. Cela ne se trouvait pas dans l'enceinte de l'hôpital. Il n'y avait pas

19 de service de pathologie. C'était dans la même pièce que le service de

20 cytologie, et les autopsies étaient menées au cimetière de la ville.

21 Q. Pouvons-nous convenir qu'en 1991, en août, septembre et octobre 1991,

22 ce bâtiment qui abritait le service de pathologie n'existait pas, celui que

23 nous voyons sur une photographie ?

24 R. Tout à fait, il n'était pas là.

25 Q. Je souhaiterais vous poser une question au sujet d'un point soulevé par

26 Me Vasic et par Me Borovic. Vous travailliez comme infirmière en chef.

27 Etait-ce au sein du service de chirurgie ou pour tout l'hôpital ?

28 R. Le service de chirurgie.

Page 1069

1 Q. Si je vous comprends bien, dans cette qualité officielle, vous étiez

2 également membre de la cellule de Crise de l'hôpital.

3 R. C'est exact.

4 Q. Qu'en est-il des autres services de l'hôpital ? Est-ce qu'ils avaient

5 tous leurs propres infirmières en chef ?

6 R. Oui.

7 Q. Pourriez-vous nous expliquer selon quel critère vous êtes devenue

8 membre de la cellule de Crise de l'hôpital? Etait-ce simplement parce que

9 vous étiez infirmière en chef ?

10 R. Je peux vous parler de mon travail. La cellule de Crise avait pour

11 tâche d'organiser, d'équiper une pièce improvisée, d'y installer de

12 l'équipement. Est-ce que vous pouvez imaginer une infirmière en chef du

13 service de chirurgie mettre en place un bloc opératoire. Il était logique

14 que moi-même en tant qu'infirmière en chef du service de chirurgie soit

15 responsable de cela et pas quelqu'un d'autre.

16 Q. Ma question était simple. Je n'avais pas besoin de commentaires

17 supplémentaires. Est-ce que la cellule de Crise organisait des réunions

18 régulières ?

19 R. Oui, la cellule de Crise organisait régulièrement des réunions une ou

20 deux fois par semaine. Cela dépendait de la situation dans laquelle nous

21 nous trouvions. A chaque réunion, on faisait rapport sur les activités, les

22 approvisionnements ce dont on manquait et la situation générale.

23 Q. Donc, vous analysiez la situation qui prévalait au cours de la période

24 qui précédait la réunion et vous prévoyiez les activités à entreprendre ?

25 R. Oui.

26 Q. Combien de membres la cellule de Crise comptait-elle ?

27 R. Je ne me souviens pas du chiffre exact, mais je peux vous dire toutes

28 les personnes que je connaissais qui se trouvaient là. Il y avait la

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1 directrice de l'hôpital; le Dr Ivankovic, le chef du service de chirurgie;

2 notre infirmière en chef, l'infirmière en chef de l'hôpital, je veux dire.

3 Il y avait là probablement certains chirurgiens, mais je ne me souviens pas

4 de leurs noms. Il y avait peut-être quelqu'un du service de gynécologie,

5 mais je ne me souviens pas.

6 Q. Vous aviez une infirmière en chef pour tout l'hôpital ?

7 R. Oui.

8 Q. Comment s'appelait-elle ?

9 R. Jozefina Semic.

10 Q. Est-ce que lors de ces réunions de la cellule de Crise on tenait des

11 procès-verbaux sur ce qui était dit?

12 R. Je ne peux pas vous le dire. J'étais présente, mais je ne sais pas si

13 quelqu'un a tenu le procès-verbal de ces réunions, ni à qui ces procès-

14 verbaux auraient été transmis, s'il y en avait.

15 Q. Est-ce que des membres de la cellule de Crise de la ville auraient été

16 organisés par la cellule de Crise de l'hôpital ?

17 R. Peut-être le Dr Matos. Je ne sais pas si c'était régulier ou

18 sporadique. Je ne me souviens pas.

19 Q. Madame Kolesar, vous souvenez-vous si lors de ces réunions organisées

20 par la cellule de Crise de l'hôpital on a parlé des mesures qui devaient

21 être prises conformément au plan adopté par la République de Croatie ?

22 R. Je ne sais pas.

23 Q. Avez-vous entendu parler d'une série de mesures adoptée par la

24 République de Croatie ?

25 R. Non. Je n'étais pas en mesure de la savoir et je n'avais aucune raison

26 de la savoir.

27 Q. Je vous pose cette question en votre qualité de membre de la cellule de

28 Crise de l'hôpital. Si j'ai bien compris, on vous a donné pour ordre de

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1 préparer l'abri antiatomique ? Vous vous attendiez à l'arrivée d'un nombre

2 important de blessés. Avez-vous connaissance de l'existence de plans

3 similaires ?

4 R. Non. Nous devions simplement nous assurer que nous pouvions faire les

5 choses rapidement, installer des pièces de fortune dans l'hôpital où les

6 gens pouvaient être opérés, où l'on pouvait poser des pansements, les

7 changer. C'était là notre objectif principal. Il fallait préparer les

8 salles en conséquences, et j'étais chargée de cela. Je m'occupais de cela

9 avec le chirurgien en chef.

10 Q. Corrigez-moi si je me trompe, mais je suppose que l'ancien bâtiment de

11 l'hôpital et le nouveau bâtiment étaient reliés par un passage souterrain,

12 n'est-ce pas ?

13 R. L'abri antiatomique se situait à mi-chemin le long de se passage

14 souterrain. Le passage, le couloir lui-même n'est pas un endroit sûr. Les

15 murs ne sont pas aussi épais que ceux d'un abri antiatomique. Il s'agissait

16 simplement d'un passage souterrain qui reliait les deux bâtiments; le

17 nouveau et l'ancien. Avant la guerre, ils étaient également utilisés pour

18 relier ces deux bâtiments. Dans les vieux bâtiments, on entreposait le

19 linge sale, et il était également utilisé pour transporter des patients

20 d'un bâtiment à l'autre pour leurs examens réguliers. Il s'agissait d'un

21 passage entre les deux bâtiments.

22 Q. Au cours des mois dont nous avons parlé, à savoir, août, septembre,

23 octobre, et novembre, est-ce qu'on pouvait utiliser ce couloir, ce passage

24 souterrain pour passer d'un bâtiment à l'autre ?

25 R. Bien sûr.

26 Q. Y avait-il des patients dans la partie ancienne de l'hôpital ?

27 R. Oui, jusqu'au 25 août. C'est à ce moment-là qu'on les a déplacés et

28 qu'on les a mis dans l'abri antiatomique. Et je dois dire que les patients

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1 du service psychiatrique, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux, ont

2 été installés dans le sous-sol du vieux bâtiment.

3 Q. Madame Kolesar, mon collègue, Me Borovic, vous a montré les appels qui

4 avaient été envoyés par le directeur de l'hôpital pour la protection du

5 centre médical lancés par Mme Vesna Bosanac. Savez-vous personnellement à

6 qui ses appels étaient envoyés ?

7 R. Monsieur, que j'ai eu la possibilité d'y jeter un coup d'œil, je le

8 sais, mais à l'époque où ils étaient envoyés, je n'avais aucune idée.

9 Q. Vous avez déjà parlé de cela en répondant à des questions posées par Me

10 Borovic. Toutefois, un certain nombre de points restent peu clair. Combien

11 de fois êtes-vous entrée dans la pièce qu'occupais la directrice de

12 l'hôpital, Mme Vesna Bosanac ?

13 R. A quel moment pensez-vous ?

14 Q. Je pose ces questions concernant ces quatre mois; août, septembre,

15 octobre, et novembre, jusqu'au 20 novembre ?

16 R. On pouvait toujours aller la voir si on avait un motif. S'il y avait

17 quelque chose à lui demander, si nous déplaçons tel ou tel patient, ce

18 genre de chose. J'avais toujours accès et je pouvais toujours aller la

19 trouver et lui poser une question ou lui présenter une demande.

20 Q. Vous avez dit qu'il y avait un téléphone dans sa pièce ?

21 R. Oui.

22 Q. Il y en avait-il seulement un ou plusieurs ?

23 R. Je ne sais pas. Je ne voudrais pas m'engager. Je n'en ai vu qu'un, dans

24 tous les cas, et je ne me souviens pas d'avoir vu un autre téléphone dans

25 la même pièce.

26 Q. Au cours de cette période de quatre mois dont nous venons de parler,

27 saviez-vous que les lignes téléphoniques étaient en état de marche ou pas ?

28 R. Oui, je pense qu'elles marchaient bien, qu'elles étaient

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1 opérationnelles. Je crois qu'il n'y a eu que cette fois-là pendant toute le

2 période où j'ai pu parler à mes enfants. Je suppose que les lignes ont bien

3 fonctionné jusqu'à la fin.

4 Q. Savez-vous si les lignes ont jamais été interrompues ? Est-ce que c'est

5 quelque chose que vous saviez, si les lignes téléphoniques fonctionnaient ?

6 R. C'est possible, mais, en fait, je n'étais pas au courant de cela.

7 Q. En plus ce cette ligne téléphonique qui se trouvait dans la pièce de

8 Mme Bosanac, y avait-il une autre ligne téléphonique dans l'hôpital ?

9 Q. Je ne sais pas. Il n'y en avait aucune là où je me trouvais. Il se peut

10 qu'il y en ait une quelque part dans le vieux bâtiment, et quelque part

11 dans les étages supérieurs, il y avait une ligne de téléphone, mais je ne

12 sais pas.

13 Q. Je voudrais maintenant revenir à ces réunions de la cellule de Crise.

14 Je parle de la cellule de Crise de l'hôpital. Y a-t-il eu des accords lors

15 de ces réunions ou est-ce que des tâches ou des missions on été confiées ou

16 est-ce qu'une décision a été prise sur le fait que quelqu'un devrait être

17 informé de la situation à l'hôpital, de façon à ce que les appels qui

18 étaient lancés pouvaient peut-être présenter comme un résumé d'accords ou

19 de décisions qui auraient été prises lors des réunions de la cellule de

20 Crise ?

21 R. Il se peut que ce soit le cas. Il se peut qu'on en ait discuté, mais je

22 ne sais pas. Excusez-moi, je n'en sais rien.

23 Q. En plus de la ligne téléphonique, y avait-il peut-être une radio à

24 l'hôpital soit transmetteur de la police ou une radio militaire ? Est-ce

25 que c'est quelque chose que vous avez remarqué ?

26 R. Non. Je n'ai pas connaissance du fait qu'on ait utilisé quoi que ce

27 soit de ce genre.

28 Q. Y avait-il un téléscripteur relié entre l'hôpital et --

Page 1074

1 R. Excusez-moi de vous interrompre. Je peux vous dire qu'il y avait un

2 ordinateur qui était utilisé pour notre base de données. Notre secrétaire a

3 enregistrait les noms des blessés, ensuite, elle les transmettait à

4 quelqu'un. Nous avions donc que cet ordinateur à l'époque. Peut-être que

5 vous vous vouliez savoir cela.

6 Q. Où se trouvait cet ordinateur ?

7 R. Il se trouvait -- je ne sais pas tout à fait où il était au début, mais

8 par la suite, il se trouvait dans la pièce occupée par le Dr Bosanac.

9 Q. Est-ce que vous savez à quel moment il y a été apporté ?

10 R. Non, je ne sais pas. A un moment, peut-être qu'il a été utilisé d'abord

11 dans la pièce qu'occupait la secrétaire, et par la suite, il a été mis dans

12 la pièce du Dr Bosanac. Quand il y avait un risque que la pièce occupée par

13 le secrétaire soit touchée par un obus, c'est probablement à ce moment-là

14 qu'il a été emmené à la pièce où se trouvait le Dr Vesna Bosanac.

15 Q. Est-ce que vous savez où il a été acquis, d'où il venait ?

16 R. Je ne sais pas. Je suppose que c'était après que nous nous soyons

17 installés dans le sous-sol.

18 Q. Est-ce que vous savez de qui il a été obtenu, qui l'a acheté, qui l'a

19 fourni ?

20 R. Je ne sais pas. Honnêtement, c'était la première fois que je voyais un

21 ordinateur. Je n'ai aucune idée de qui l'a installé, et je n'ai aucune idée

22 de qui était capable de se servir de cet ordinateur. Je sais que notre

23 secrétaire pouvait le faire, et qu'elle avait pour tâche de saisir les

24 renseignements qui lui étaient passés, puis de les transmettre. Quand est-

25 ce que cela a commencé à fonctionner ? Que ce soit le 25 août ou plus tard,

26 je ne le sais pas.

27 L'INTERPRÈTE : Est-ce que les orateurs pourraient, s'il vous plaît, essayer

28 de ne pas se chevaucher.

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1 R. Comme je l'ai dit, c'était Mme Verica Graf.

2 M. BOROVIC : [interprétation]

3 Q. Il y a un moment, vous nous avez dit que les renseignements, les

4 données étaient saisies dans l'ordinateur, et elles étaient transmises où,

5 transmises quelque part ?

6 R. Oui.

7 Q. Où et à qui ? Est-ce que vous le savez ?

8 R. Non, je ne le sais pas. Elles étaient probablement transmises par

9 ordinateur. Tout ce que je peux dire, c'est que maintenant, nous avons des

10 exemplaires de ces rapports, et là aussi nous avons des dossiers sur les

11 patients, sur la date de leur admission, qui était blessé, quel était la

12 nature des blessures, quels étaient leurs noms, et ainsi de suite.

13 Mais nous n'avions pas des renseignements pour tous les jours. Je ne

14 sais pas pourquoi, mais certaines dates font défaut et d'autres sont là. Ce

15 serait effectivement merveilleux si on avait tout; ce serait beaucoup

16 mieux. Mais la situation à laquelle nous avions à faire face était très

17 difficile, parce que nous utilisions, en fait, des informations de bric et

18 de broc. Il faudrait essayer d'imaginer le tableau plus vaste.

19 Q. Madame Kolesar, vous avez dit que vous n'avez pas de renseignements

20 concernant chaque journée. Savez-vous quelle a été le dernier jour pour

21 lequel vous disposez de données ?

22 R. Je ne peux pas vous le dire comme cela, de mémoire. Je ne peux pas m'en

23 souvenir maintenant. C'était peut-être le 17 novembre ou peut-être le 16.

24 Il se peut que je me trompe. Mais il est très probable que cela ait été

25 pratiquement jusqu'à la fin.

26 Q. Vous avez dit que vous aviez vu la documentation qui avait été envoyée

27 par le liaison informatique ?

28 R. Oui.

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1 Q. Quand l'avez-vous vu et où ? Quand est la première fois et quand est la

2 dernière fois que vous en avez vue ?

3 R. Je ne sais pas quand je l'ai vue pour la première fois. Une fois que

4 nous avons réintégré les locaux, nous avons pu obtenir ces données, parce

5 que nous avons pu également les stocker dans notre hôpital. Donc, elles

6 sont en notre possession. Pour savoir d'où nous les avons reçues, je ne

7 sais pas exactement. Il est probable que ce soit d'un centre qui

8 recueillait des données concernant les blessés. Je ne sais pas le nom exact

9 de ce centre, mais en tout état de cause, nous avons reçu ces documents, et

10 nous avons des copies.

11 Q. Madame Kolesar, quelle est la première fois que vous avez vu cette

12 documentation ?

13 R. La dernière fois que j'ai vu cette documentation, personnellement, je

14 pouvais les voir tous les jours. J'en disposais quotidiennement. Je ne sais

15 pas très bien comment répondre à votre question. Que voulez-vous dire ?

16 C'était disponible, c'est à dire que c'était à l'hôpital et qu'on pouvait

17 le consulter tous les jours.

18 Q. Vous avez pris votre retraite ?

19 R. Oui, j'ai pris ma retraite ?

20 Q. Depuis quand ?

21 R. Depuis 1996. Mais depuis 1997, je travaille comme contractuel à

22 l'hôpital. Pendant un certain temps, j'ai travaillé comme infirmière en

23 chef, et maintenant, je suis employée dans le bureau qui recueille des

24 données concernant les blessés.

25 Q. Des données concernant les blessés, les malades. En bref, on peut

26 retrouver tous les patients de l'hôpital dans ces données ?

27 R. Malheureusement, pas pour tous, pas pour tous les patients. Nous

28 n'avons que des données partielles.

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1 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire quelles sont les données qui

2 manquent ? Des données concernant quel groupe de patients ?

3 R. Ceci n'a pas trait à un groupe particulier. Les données qui sont

4 manquantes, qui font défaut, ont trait à certaines dates, se rapportent à

5 certaines dates, les dates pendant lesquelles des courriers électroniques

6 n'ont pas été envoyés par ordinateur.

7 Q. Avez-vous des renseignements concernant le fait que des données ont été

8 envoyées par voie informatique même au cours des dernières journées,

9 étaient envoyés à ce centre que vous avez décrit ?

10 R. Je ne sais pas.

11 Q. Vous avez vu cet ordinateur ?

12 R. Je l'ai vu. Je pense qu'il était encore utilisé par ceux qui sont

13 restés.

14 Q. Avez-vous vu un télécopieur dans l'un quelconque des bureaux de

15 l'hôpital ?

16 R. J'ai déjà dit qu'à l'époque, personnellement, je ne savais pas ce que

17 c'était qu'un télécopieur. Je ne me rappelle pas avoir vu quoi que ce soit

18 d'autre qu'un ordinateur et un téléphone.

19 Q. Madame Kolesar, sur la base de ce que vous venez de nous dire, pouvons-

20 nous convenir, nous mettre d'accord sur un point ? C'est une question qui a

21 été posée par mon confrère. Sur la base de vos souvenirs, le 17 novembre a

22 été le dernier jour où des projectiles quels qu'ils soient ont atterri sur

23 l'hôpital.

24 R. C'est ce que je dis dans ma déposition. Ce que nous avons su, ce que

25 nous avons vu le 16 et le 15, cela n'a pas eu lieu le 17. On n'a pas

26 entendu les mêmes types de bruit qu'on entendait avant cela. Quant à savoir

27 si peut-être il y a eu quelques tirs d'arme à feu, cela, c'est possible en

28 ville. En tout les cas, ce qui s'est passé ce jour-là n'était pas

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1 remarquable et n'était pas terrible.

2 Q. Vous avez dit comment vous avez reçu des renseignements selon lesquels

3 une évacuation devait avoir lieu le 19 ?

4 R. Je pense avoir reçu ces renseignements le 18.

5 Q. Oui, le 18. Est-ce que c'était dans la soirée ?

6 R. C'est très probable, mais ce n'est pas nécessairement le cas.

7 Q. Est-ce que c'était dans l'après-midi ?

8 R. Cela pouvait être dans l'après-midi. Il fallait que nous établissions

9 des listes.

10 Q. Donc, il fallait établir des listes des blessés ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous avez dit que vous avez reçu les listes, et que vous les avez

13 dactylographiées avec Verica ?

14 R. Graf.

15 Q. Oui, Graf. Vous avez retapé ces listes. Est-ce que vous pouvez nous

16 dire où vous l'avez fait, dans quel bureau ?

17 R. Nous avions une pièce qui était utilisée comme pharmacie ou réserve de

18 médicaments dans un bureau. Ceci était indépendant du bureau du Dr Bosanac.

19 Il y avait également un médecin qui était de garde, qui dormait dans cette

20 pièce. Il y avait là des fournitures médicales dans ce bureau. Il y avait

21 un bureau, une table de bureau, un lit, une machine à écrire. Comme je l'ai

22 dit, c'est la pièce qui était utilisée par le médecin qui était de garde et

23 qui y dormait.

24 Q. Est-ce que vous savez combien d'exemplaires de cette liste ont été

25 dactylographiée ? Un exemplaire ou davantage ?

26 R. Je pense que quand on tape quelque chose sur une machine à écrire,

27 c'est d'habitude plusieurs copies. En ce qui concerne les instructions qui

28 ont été données pour la secrétaire, je ne sais pas. Normalement, elle avait

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1 pour instruction de dactylographier les textes dans cinq exemplaires ou six

2 exemplaires. Donc, elle a probablement reçu des instructions précises à

3 cette occasion aussi.

4 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous abstenir de me dire probablement,

5 vraisemblablement, comme dans vos réponses. Pourriez-vous me dire

6 exactement ce que vous savez si vous savez de choses de façon précise.

7 R. Je ne sais pas le nombre de copies, le nombre d'exemplaires.

8 Q. Est-ce que vous savez combien d'exemplaires ont été dactylographiés ?

9 R. Je ne le sais pas.

10 Q. Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à cette liste ?

11 R. La secrétaire était censée remettre ces listes au

12 Dr Bosanac.

13 Q. Vous voulez dire Verica ?

14 R. La même Verica. Ma tâche était de l'aider, de dicter les noms de façon

15 à ce que la liste puisse être dactylographiée rapidement parce qu'il était

16 essentiel de faire vite.

17 Q. Un peu plus tard, est-ce que vous avez revu cette liste ?

18 R. Jamais.

19 Q. Savez-vous si cette liste a été saisie dans la base de donné de

20 l'ordinateur ? Parce que je suppose que cela a du être fait. Si cela avait

21 été fait vous l'auriez vu ainsi que les autres documents.

22 R. Non, certainement pas.

23 Q. Ne l'a pas été ?

24 R. Ne l'a pas été.

25 Q. Est-ce que vous savez pour quelle raison ?

26 R. Je pense qu'il n'y avait pas suffisamment de temps pour le faire tout

27 simplement.

28 Q. Pourquoi pensez-vous cela ?

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1 R. Parce que je pense qu'il n'y avait simplement pas le temps. Je ne vois

2 pas d'autres raisons. Je ne vois pas quelle autre raison il pourrait y

3 avoir. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous donner une réponse par oui ou

4 par non. Il faudrait que vous posiez cette question à la personne qui était

5 chargée de saisir les données dans la banque de données; dans la base de

6 données pour lui demander pourquoi cette liste n'a pas été intégrée dans la

7 base de données informatique.

8 Q. Au cours de votre déposition ici, lorsque vous avez parlé de la journée

9 du 19, vous avez dit que le 19, dans l'après-midi, une évacuation de tous

10 les civils a été effectuée, organisée par Zeljka ?

11 R. Zgonjanin.

12 Q. Dites-moi, savez-vous si un membre quelconque de la cellule de Crise de

13 l'hôpital ou de la cellule de Crise de la ville ont aidé à cette

14 évacuation ? Est-ce que vous avez su quelque chose à ce sujet ?

15 R. Non. Je connaissais Zeljka Zgonjanin, car c'est la seule personne que

16 j'ai vue. Si quelqu'un d'autre l'aidait, je ne saurais pas vous dire qui

17 était cette personne. Je ne sais pas si une autre personne est venue; je

18 pense qu'elle était seule.

19 Q. Comme vous nous l'avez dit, vous avez vu les premières étapes de

20 l'évacuation.

21 R. J'ai vu, je l'ai vue en partie, mais je n'ai pas vu l'ensemble de

22 l'évacuation.

23 Q. C'est précisément ce que j'ai dit.

24 Madame Kolesar, est-ce qu'au cours de cette partie de l'évacuation dont

25 vous avez été témoin, vous avez parlé à certain des civils ?

26 R. Oui, j'ai parlé à certain d'entre eux.

27 Q. S'agit-il d'une personne ou plus d'une personne ?

28 R. Je pense une personne ou plutôt, à une famille.

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1 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire où cette conversation a eu

2 lieu ?

3 R. On a des couloirs près de la porte par laquelle ils étaient censés

4 quitter l'hôpital.

5 Q. N'avez-vous jamais eu l'occasion de voir une liste des civils dont on a

6 parlé ?

7 R. Non.

8 Q. Pour être bien clair, je vais parler maintenant seulement de

9 l'évacuation des civils qui a été effectuée dans la soirée du 19 ?

10 R. C'est précisément à cette question que j'ai répondue. Je n'ai pas vu --

11 Q. Ceci était pour le compte rendu d'audience.

12 Madame Kolesar, savez-vous approximativement quand cette évacuation du 19

13 a commencé et combien de temps elle a duré ?

14 R. Je ne sais pas.

15 Q. Dites-moi, savez-vous ou non ?

16 R. Je ne sais pas. Je ne suis pas en mesure de vous donner leur début et

17 où cela s'est terminé.

18 Q. Bien. Madame Kolesar, nous en venons maintenant à la journée du 20.

19 Avant cela, je voudrais vous poser deux brèves questions, pour le cas où

20 vous auriez des souvenirs, concernant quelque chose d'important. Si vous ne

21 vous souvenez pas, cela va bien.

22 Dites-moi, savez-vous que la Croix Rouge internationale ou un organe ou une

23 organisation analogue, de la Mission européenne ou une organisation de ce

24 genre, le 14 octobre a envoyé des médicaments à l'hôpital ?

25 R. Nous avons seulement entendu dire que le convoi était sur le point

26 d'arriver. Nous attendions les médicaments. Toutefois, le convoi n'est

27 jamais arrivé jusqu'au bâtiment de l'hôpital.

28 Q. Vous avez eu des renseignements selon lesquels on attendait le convoi.

Page 1083

1 Est-ce que ce point a été discuté lors de l'une des réunions de la cellule

2 de Crise ?

3 R. Je ne me souviens pas.

4 Q. Madame Kolesar, est-ce que vous n'avez jamais appris pourquoi ce convoi

5 n'est jamais arrivé à l'hôpital de Vukovar ?

6 R. Beaucoup plus tard, alors que j'étais déjà une réfugiée, j'ai rencontré

7 une personne qui avait fait partie de ce convoi, qui s'était trouvée dans

8 ce convoi. Mais pour vous dire la vérité, je ne parviens pas à me rappeler

9 quel était le motif exact pour lesquelles ce convoi ne nous est jamais

10 arrivé jusqu'à nous. Le médecin qui se trouvait dans ce convoi et à qui

11 j'ai parlé, qui m'a parlé de l'évolution et la progression, comment tout

12 ceci s'était déroulé, je ne me rappelle pas du motif exact pour lequel il

13 m'a dit que le convoi n'était pas arrivé à l'hôpital, mais je crois qu'il

14 m'a dit qu'ils étaient allés jusqu'à la caserne.

15 Q. Donc, il ne vous a jamais donné de raison précise ?

16 R. Non. Je ne crois pas qu'il l'ait fait. Il m'a dit qu'ils étaient

17 arrivés jusqu'aux casernes et qu'ils étaient repartis pour Vinkovci et

18 qu'ils ne nous ont jamais rejoint. Je ne sais pas pourquoi.

19 Q. Madame Kolesar, vous avez expliqué ici ce qui s'était passé le 20 dans

20 la matinée.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Bulatovic ? Peut-être que ce

22 serait une bonne chose de suspendre la séance maintenant. Il semble que

23 vous aviez l'intention de passer à la journée suivante.

24 M. BULATOVIC : [interprétation] Ceci conviendrait très bien, Monsieur le

25 Président. Ce serait tout à fait le bon moment. Je vous remercie.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous reprendrons à 6 heures moins 10.

27 --- L'audience est suspendue à 17 heures 26.

28 --- L'audience est reprise à 17 heures 54.

Page 1084

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Bulatovic.

2 M. BULATOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Q. Madame Kolesar, nous avons commencé à parler de la journée du 20

4 novembre. Vous avez dit qu'à bord d'un autocar vous avez retrouvé votre

5 époux. Alors, j'aimerais savoir, à partir du moment où on vous a dit que

6 votre mari avait été emmené, jusqu'au moment où vous l'avez revu à bord de

7 cet autocar, il s'est écoulé combien de temps ? Une heure, deux heures,

8 trois heures cinq heures, à peu près ?

9 R. Pouvez-vous, s'il vous plaît, répéter votre question ? Il s'est passé

10 combien de temps entre --

11 Q. Il s'est passé combien de temps entre le moment où vous avez reçu

12 l'information vous disant -- vous nous avez dit que c'est une infirmière

13 qui est venue vous dire que votre époux avait été emmené ? Donc, entre ce

14 moment-là où vous avez reçu cette information-là et le moment où votre

15 collègue a remis la liste à

16 M. Sljivancanin, puis jusqu'au moment où vous avez revu votre mari dans cet

17 autocar, il s'est passé combien de temps ?

18 R. Je pense que c'était environ à partir de 8 heures du matin. Je ne

19 dirais pas 8 heures pile, 8 heures, et à peu près jusqu'à 12 heures, où

20 nous étions déjà dans la cour de l'hôpital, là on a vu apparaître un

21 premier mari qui est descendu d'un autocar. Donc, il s'est écoulé environ

22 quatre heures.

23 Q. Pendant ces quatre heures, vous, vous êtes restée debout, si je ne me

24 trompe pas, avec d'autres employés de l'hôpital, dans cette cour où vous

25 avez apposé le chiffre 6, me semble-t-il, sur le croquis.

26 R. Oui.

27 Q. Avez-vous reconnu qui que ce soit d'autre qui aurait été ramené dans le

28 même groupe que votre mari ?

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1 R. Je connaissais tous les époux qui sont revenus. Donc, je connais tous

2 ceux qui sont revenus.

3 Q. Pouvez-vous, de manière approximative, nous dire quel a été le nombre

4 de ces hommes, de ces époux, des employés ?

5 R. On pourrait dire que c'est un chiffre qui se rend pratiquement à 20,

6 jusqu'à 20.

7 Q. Très bien. Pendant votre déposition ici, et je crois que c'est une

8 réponse que vous avez donnée suite à une question qui vous a été posée par

9 ma consoeur de l'Accusation, vous avez parlé des ouvriers, ou des manuels

10 de l'hôpital. C'étaient des gens qui devaient aider à transporter les

11 blessés lors de l'évacuation. Pouvez-vous nous dire combien il y en avait

12 de ces gens-là ?

13 R. Cela, je ne peux pas vous le dire. Je ne peux pas dire exactement.

14 Cinq, six, dix. Je ne saurais pas vous le dire. Disons, au maximum, dix.

15 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, dites-moi si vous savez quel a été leur

16 statut ? Là, je veux parler de leur statut administratif. Etait-ce des

17 salariés, était-ce des gens qui travaillaient sur honoraires ?

18 R. Ce n'était ni des salariés, ni des free-lances; c'était nos époux, le

19 plus souvent, nos collaborateurs, enfin des gens qui se sont trouvés à

20 l'hôpital et qui nous ont aidé d'une manière -- enfin, mon époux, par

21 exemple. Je vais vous donner une explication, par exemple, à son sujet.

22 Même avant le 20, à partir de la moitié du mois d'octobre, il se trouvait à

23 l'hôpital. Il aidait à déplacer les blessés, à monter des lits, à porter de

24 l'eau. Même avant ce moment-là, il a fait partie de ce groupe de travail de

25 manuels. Il y avait d'autres personnes qui se sont trouvées sur place, qui

26 ont coupé du bois, qui ont aidé à faire fonctionner l'hôpital. C'était cela

27 ce groupe de travail.

28 Q. Est-ce qu'on peut dire qu'ils n'étaient pas employés par l'hôpital ? Ce

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1 n'était pas des employés de l'hôpital ?

2 R. Oui. Non. Non.

3 Q. Madame Kolesar, on a souvent évoqué ici le fait que certains se sont

4 fait passés pour des blessés alors qu'ils n'étaient pas blessés.

5 Aujourd'hui également, vous avez répondu à des questions qui portaient là-

6 dessus. Vous avez dit que cela vous ne le saviez pas, que vous n'étiez pas

7 en mesure de le savoir.

8 Alors, je vais vous demander la chose suivante : parmi vous ou

9 plutôt, parmi les gens qui se sont trouvés à l'hôpital le 20, est-ce qu'il

10 vous est arrivé que quelqu'un s'adresse à vous personnellement, et qui vous

11 demande d'inscrire son nom sur la liste des blessés ou des malades ou d'une

12 catégorie lui permettant d'être évacué ?

13 R. Je ne suis pas la personne qui aurait pu faire cela pour qui que ce

14 soit.

15 Q. Je vous en prie. Je vous ai juste demandé si quelqu'un est venu vous

16 demander cela, une chose comparable.

17 R. Je n'ai pas d'information de ce genre.

18 Q. Mara Vucko -- je ne sais pas quel est son vrai nom.

19 R. Bucko, avec B.

20 Q. Oui. Cette personne, est-ce quelqu'un qui, d'après vous, s'est

21 correctement acquitté de son travail d'infirmière à l'hôpital ?

22 R. Mara Bucko, c'est une infirmière qui travaillait au service de

23 chirurgie. Elle est arrivée dans ce service uniquement un an après moi.

24 Elle avait 29 ans d'ancienneté. C'était une infirmière des plus correctes.

25 Jusqu'en 1991, elle a travaillé dans notre centre de stérilisation.

26 Q. Est-ce que vous saviez quelle a été sa situation maritale ?

27 R. Elle était mariée. Elle avait un mari qui, lui aussi, travaillait à

28 l'hôpital.

Page 1087

1 Q. Son nom, le nom de son époux, c'est Irinej Bucko ?

2 R. Oui.

3 Q. Savez-vous si son mari est venu à l'hôpital, et si oui, à quel moment ?

4 R. Je sais qu'il est arrivé à l'hôpital, mais je ne sais pas à quel

5 moment.

6 Q. Savez-vous que son mari s'est vu affecté dans l'un de ces groupes de

7 travail ?

8 R. Au même endroit que mon mari.

9 Q. Savez-vous qui a pris cette décision, sur proposition de qui ?

10 R. Je suppose que c'est venu de notre directrice, compte tenu des besoins

11 que nous avions, en cas d'une éventuelle évacuation et compte tenu du

12 nombre de blessés. Il fallait savoir qui, au moment d'évacuation, allait

13 pouvoir donner un coup de main pour transporter les malades.

14 Q. Savez-vous si le mari de Mara Bucko était membre d'une unité, que se

15 soit de la Garde nationale, de la police ou autre ?

16 R. Je ne l'ai pas vu arriver pendant cette période de trois mois. Je ne

17 l'ai pas vu venir jusqu'à ces derniers jours. Je ne l'ai pas vu entrer dans

18 l'hôpital, que ce soit en civil ou en uniforme. Lorsque je l'ai vu, il

19 était en civil.

20 Q. Dans les conversations - puisque Mara Bucko, c'était une collègue qui

21 travaillait avec vous dans le même service - est-ce que vous ne lui avez

22 jamais demandé où était son époux, ce qu'il faisait, ce qui lui arrivait ?

23 R. Non.

24 Q. Madame Kolesar, je vais vous demander maintenant de me parler de

25 quelque chose qui découle de l'une de vos réponses. Cela concerne le point

26 suivant : si je ne me trompe pas, le 22 novembre, vous êtes partie de

27 Sremska Mitrovica pour Zagreb.

28 R. Le 21 novembre.

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1 Q. Et le 22, vous êtes arrivée à Zagreb, si je ne me trompe pas.

2 Pouvez-vous m'expliquer, pouvez-vous me répondre, en me disant pour ce qui

3 est de la période allant du 22 novembre jusqu'à votre départ à la retraite,

4 ce que vous avez fait ? Où avez-vous travaillé ?

5 R. Dix jours après mon arrivée à Zagreb, j'ai commencé à travailler à la

6 clinique Merkur au service de chirurgie. J'ai été infirmière en chef de

7 l'un de leur service; la chirurgie clinique. L'infirmière en chef donc d'un

8 département. J'y suis restée jusqu'en été 1993. A ce moment-là, j'ai

9 commencé à travailler au ministère du Travail et dans le département chargé

10 des infirmières. C'est de là que j'ai pris ma retraite. Je suis revenue à

11 Vukovar en juillet 1997 pour des besoins de la réintégration.

12 Q. Cette réintégration, elle a commencé à quel moment ?

13 R. Elle a commencé en 1997 pour ce qui concerne notre hôpital.

14 Q. La documentation que vous avez vue pour la première fois, en fait, les

15 données qui ont été saisies dans l'ordinateur, vous avez vu cela pour la

16 première fois où ?

17 R. A Vukovar.

18 Q. En quelle année ?

19 R. A partir de la réintégration, je ne sais pas exactement, 1998 ou 1999.

20 On a demandé que cela soit entre nos mains. Je peux vous expliquer pourquoi

21 on a demandé. Il y a eu des patients, des civils qui sont restés à Vukovar,

22 qui se sont adressés à nous pour demander des certificats de blessures.

23 Egalement, on n'en avait besoin pour certains de nos employés. Donc, on

24 avait besoin de ces documents. On a pu aider ceux dont les noms figuraient

25 sur ces listes. On n'a pas pu aider tout le monde.

26 Q. Au sujet de ce document. Je voudrais vous poser des questions

27 maintenant sur la période des quatre mois qui nous intéressent à l'hôpital.

28 Vous aviez un ordinateur et vous saisissiez dans cet ordinateur des

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1 informations portant sur les blessés se trouvant à l'hôpital.

2 R. Oui.

3 Q. Il manque certains jours. Ces données, est-ce qu'elles ont été

4 consignées dans un registre, dans un cahier tenu à l'hôpital ?

5 R. J'ai dit hier, il y avait le registre principal au service de

6 chirurgie. C'est là qu'on consignait ces données. Pour ce qui est des

7 blessés, on consignait les données sur eux dans d'autres registres aussi.

8 On le faisait pour informer plus facilement les personnes qui venaient

9 s'informer à leur sujet. On écrivait cela dans de simple cahier.

10 Q. J'aimerais savoir si vous aviez un registre opérationnel - je ne sais

11 pas comment l'appeler - quelque chose qui vous aurait permis de consigner

12 des documents qui n'étaient pas de nature médicale, des mémoires internes,

13 du courrier de différentes sortes, des procès-verbaux ?

14 R. Je ne sais pas si on a fait cela. Si on l'a fait, c'est

15 Mme Graf qui devrait le savoir.

16 Q. Savez-vous, que parmi les patients de l'hôpital - là, je parle des

17 blessés - quand j'emploie ce mot-là, je pense aux blessés. Est-ce que vous

18 savez qu'il y avait parmi eux des gens qui se sont présentés sous de faux

19 noms ?

20 R. C'est la première fois que j'entends quelque chose de ce genre. Quand

21 le patient a donné son nom, pour nous, c'était son nom. C'était cela le

22 nom.

23 Q. Je vais vous demander la chose suivante : en plus du fait que le

24 patient vous donnait son nom ou son prénom, pour l'identifier, est-ce que

25 vous vous y preniez autrement ? Est-ce que vous demandiez une pièce

26 d'identité de quelque nature que ce soit ?

27 R. S'il avait une pièce d'identité, on était satisfait. Sinon, on lui

28 demandait son nom. Puis, il y avait des patients qui n'étaient pas en

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1 mesure de nous donner leur nom. On demandait à ceux qui les escortaient.

2 Sinon, on consignait la personne comme non identifiée; NN.

3 Q. Le 18 au soir, vous avez appris qu'une évacuation se préparait, le 19,

4 vous avez dressé les listes et le 20 --

5 R. Le 18 nous avons fait les listes, et le 19, nous avons entendu

6 l'évacuation.

7 Q. D'accord, d'accord. Dites-moi, ce 19, est-ce que vous avez vaqué à vos

8 occupations régulières de manière tout à fait habituelle ?

9 R. Après avoir appris qu'il n'y aurait pas d'évacuation, que voulez-vous

10 qu'on fasse ? On s'est occupé à faire ce qu'on faisait tous les jours ?

11 Q. Ce que vous faisiez tous les jours, est-ce que cela comprenait aussi

12 que vous gardiez une trace de l'anamnèse du traitement et que vous

13 inscriviez également les gestes qui ont été faits sur chaque patient donné

14 le jour en question ?

15 R. Vous aviez le suivi de sa température, la fièvre. Vous aviez des

16 visites tous les jours, des médecins qui allaient décider en fonction de

17 l'état du patient, s'il fallait le panser une fois, deux fois ou trois fois

18 dans la journée. Vous avez cette liste sur laquelle on consigne tout ce

19 qu'on va faire, quel est le traitement qu'on va donner à ce témoin. C'est

20 l'infirmière qui suit les indications de la liste pour savoir ce qu'elle

21 doit faire.

22 Q. J'aimerais savoir s'il y avait d'autres données qui étaient consignées

23 dans vos données informatisées ?

24 R. Non. Je crois qu'il y avait nom, prénom et la date de naissance, si on

25 l'avait, en plus de la date d'admission à l'hôpital.

26 Q. Parmi ces données, est-ce qu'on précisait aussi s'il s'agissait d'un

27 civil ou d'un membre de l'armée populaire yougoslave ou de la Garde

28 nationale, la police ?

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1 R. Je pense que ce n'était pas obligatoire. Il y a probablement des

2 endroits où on peut le trouver, où c'est écrit. Mais je ne peux rien vous

3 affirmer à ce sujet.

4 Q. Mon confrère Borovic vous a demandé, au moment où vous avez donné cette

5 déclaration - et on a la date de votre déclaration au bureau du Procureur.

6 Je vous rappelle, ce sont les 19 et

7 20 juin 1995. Mon collègue vous a déjà posé des questions là-dessus. Après

8 ces dates, est-ce que vous avez eu des contacts avec le bureau du Procureur

9 de La Haye ? Si oui, à quel moment ?

10 R. Oui. C'était vers le mois de février 1998. Je suis venue déposer ici

11 dans le cadre du procès de M. Slavko Dokmanovic.

12 Q. Lorsque vous êtes venu déposer dans l'affaire contre Slavko Dokmanovic,

13 est-ce que vous pourriez vous servir de cette date comme d'un repère pour

14 me dire si, à ce moment-là, vous aviez, à l'hôpital de Vukovar, déjà ces

15 documents, ces données ?

16 R. Non, pas encore.

17 Q. A partir du mois de février 1998, est-ce que vous avez eu des contacts

18 avec le bureau du Procureur ?

19 R. Non, pas jusqu'à ce qu'on me convoque ici.

20 Q. Vous étiez au courant de ce procès ?

21 R. Oui, grâce à la presse.

22 Q. Ces données, pourquoi vous ne les avez pas communiquées au bureau du

23 Procureur ? Vous n'avez pas eu la sensation que c'était nécessaire ?

24 R. Personne ne me l'a demandé.

25 Q. Madame Kolesar.

26 R. Oui.

27 Q. Bilus Sadika, est-ce un nom qui vous dit quelque chose ?

28 R. Sakika Bilus était un de nos médecins. Elle était au service d'interne.

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1 Je ne sais pas à quel moment elle a cessé de travailler chez nous. D'après

2 ce que je sais, elle a maintenant une clinique privée, ou un cabinet privé

3 à Zagreb.

4 Q. Savez-vous pendant combien de temps elle a travaillé à l'hôpital de

5 Vukovar ?

6 R. Je ne sais pas exactement; elle a travaillé longtemps. Je la connais

7 depuis le premier jour où elle est venue. Elle a travaillé au service

8 d'interne, et s'est en tant que telle, spécialisée dans la médecine

9 interne, que je la connais.

10 Q. Pour son époux, est-ce que vous savez ce qu'il faisait ?

11 R. Je sais qu'elle a eu deux époux; le premier, il est originaire de

12 Vukovar. Il est décédé. Le deuxième, je ne sais pas d'où il est venu, et je

13 ne sais pas non plus quel a été sa profession.

14 Q. Si je vous cite le prénom Davor, c'est le premier ou le deuxième de ses

15 époux ?

16 R. C'est le deuxième.

17 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite

18 présenter une déclaration. Je vais vous citer les numéros de référence,

19 2D01-0036, en B/C/S, et en anglais 2D01-0048.

20 Nous souhaitons tout d'abord identifier s'il s'agit bien d'une déclaration.

21 Le voyez-vous ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce bien une déclaration qu'on vous a déjà montrée ?

24 R. Je suppose que oui. Oui, je suppose que c'est le cas.

25 Q. Je souhaiterais que l'on montre la page 6 de cette déclaration. En

26 B/C/S, 2D01-00041. En version anglaise 2D01-0052. Le voyez-vous ?

27 R. Oui, je le vois.

28 Q. Je voudrais qu'on agrandisse l'image.

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1 C'est bien. Voyez-vous, nous avons le texte qui nous dit : "Ce jour-là,

2 lorsque la nuit est tombée." ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner lecture de ce texte, s'il vous

5 plaît ?

6 R. "Ce jour-là, lorsque la nuit est tombée, j'ai vu des civils partir de

7 l'hôpital. J'ai demandé pourquoi ils partaient --"

8 Q. Pouvez-vous ralentir, s'il vous plaît ?

9 R. Oui. "Je leur ai demandé pourquoi ils partaient, et ils ont dit que

10 dehors des camions les attendaient, et que cette évacuation était organisée

11 par Zeljka Zgonjanin de la Croix Rouge locale. La veille, pendant la nuit,

12 pendant que nous préparions les listes des blessés, j'ai vu qu'elle était

13 en train de dresser une liste des civils se trouvant à l'hôpital. Je n'ai

14 vu aucun membre de la JNA ou des unités paramilitaires serbes sortir des

15 civils de l'hôpital."

16 Q. Je vous remercie. Ce passage dont vous venez de donner lecture,

17 concerne t-il les civils dont nous avons parlé dans la soirée du 19, qui

18 ont été évacués ?

19 R. Vous avez tout à fait raison. Les civils qui sont entrés à l'hôpital

20 sont partis à ce moment-là.

21 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé de

22 mon contre-interrogatoire. Je n'ai plus de questions à poser. Merci.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Bulatovic.

24 Madame Tuma.

25 Mme TUMA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas de

26 questions supplémentaires à poser au témoin. Toutefois, Monsieur le

27 Président, je saisi l'occasion pour informer à la Chambre du fait que les

28 pièces à conviction 50 à 52 des photographies, ont été prises en juillet

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1 1997, d'après ce que j'ai compris.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci de cette précision. Mme TUMA :

3 [interprétation] Je vous en prie.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela aidera Me Borovic.

5 Mme TUMA : [interprétation] Merci.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pas de questions supplémentaires,

7 donc.

8 Madame Kolesar, je vous apprends avec plaisir que cela met un terme à votre

9 déposition. Vous êtes libre de rentrer chez vous conformément aux

10 arrangements qui ont été pris en vue de votre retour. Merci d'être venue

11 déposer ici, et merci de l'aide que vous nous avez apportée. Vous pouvez à

12 présent quitter le prétoire.

13 [Le témoin se retire]

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tuma.

15 Mme TUMA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le témoin suivant est-il prêt ?

17 Mme TUMA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si j'ai bien compris, des mesures de

19 protection ont été octroyées ?

20 Mme TUMA : [interprétation] Oui, absolument. Ces mesures de protection ont

21 été accordées.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Inutile d'entrer dans les détails. Ce

23 qui me préoccupe, c'est qu'on m'a dit qu'il fallait mettre en place

24 l'équipement nécessaire, et que cela allait prendre environ 20 minutes.

25 Mme TUMA : [interprétation] Très vraisemblablement.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez utiliser le

27 dernier quart d'heure ou est-ce que vous préféreriez commencer demain ? Je

28 ne sais pas combien de temps la déposition de ce témoin durera ni quand

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1 elle se terminera.

2 Mme TUMA : [interprétation] Ce n'est pas moi qui me chargerai de ce témoin,

3 mais je pense qu'il vaudrait mieux commencer demain.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que l'un quelconque du conseil

5 de la Défense souhaiterait que l'on fasse une pause de

6 20 minutes et que l'on reprenne pour un quart d'heure, ou est-ce que vous

7 préféreriez que l'on commence demain ? Maître Vasic.

8 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En ce qui me

9 concerne, il m'a été assez bénéfique de lever l'audience plus tôt et de

10 terminer mon interrogatoire le lendemain. Je ne sais pas s'il en ira de

11 même pour le reste de la présentation des moyens à charge, mais je

12 l'espère.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre préférerait qu'on ne prenne

14 pas l'habitude de lever l'audience plus tôt que prévu. S'il ne s'agit que

15 de 15 minutes, ce temps perdu pourrait s'additionner. Nous préférerions

16 terminer ce procès aussi vite que possible tout en garantissant son équité

17 et l'efficacité de la procédure. Je suis préoccupé du fait qu'on ait besoin

18 d'une pause de 20 minutes pour des raisons techniques. Jusqu'à présent, vu

19 mon expérience au Tribunal, je ne me suis jamais retrouvé dans une telle

20 situation.

21 Je pense, que dans de telles circonstances, il vaudrait mieux de

22 lever l'audience maintenant. Veuillez noter que la Chambre préfère que

23 cette situation soit exceptionnelle plutôt qu'une habitude, car nous

24 espérons que ce procès avancera aussi rapidement que possible. C'est, bien

25 entendu, dans l'intérêt de tous les accusés.

26 Madame Tuma y avait-il autre chose à rajouter ?

27 Mme TUMA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je souhaiterais

28 ajouter que l'Accusation est prête dans l'éventualité où la Chambre

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1 préférerait que l'on continue.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense, que vu les circonstances,

3 nous allons lever l'audience maintenant, et nous reprendrons nos travaux

4 demain à 14 heures 15.

5 --- L'audience est levée à 18 heures 26 et reprendra le

6 3 novembre 2005, à 14 heures 15.

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