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1 Le mardi 6 juin 2006
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 12 heures 37.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.
6 M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
7 Monsieur le Juge. D'après ce que j'ai compris, M. Moore, lui aussi souhaite
8 prendre la parole pour s'adresser à la Chambre avant le début de
9 l'audience. Un point, si vous m'y autorisez. Nous avons l'annexe de la
10 déclaration préalable du témoin ce matin. C'est quelque chose qui nous
11 préoccupe. Il s'agit d'une annexe assez significative. Vous vous en rendrez
12 compte à travers les questions posées par le Procureur mais aussi par le
13 biais des questions que nous allons lui poser. Il y a des choses nouvelles.
14 Nous voyons que c'est dès le 19 mai qu'il y a eu un entretien entre
15 le Procureur et le témoin portant sur cette annexe qui est significative.
16 Nous ne l'avons reçu qu'à 10 heures ce matin. Je ne souhaite pas demander
17 de report, mais il me semblerait tout à fait convenable que l'on nous
18 remette les informations qui découlent d'un entretien avec le témoin dès
19 que cet entretien a eu lieu et non pas tardivement comme c'était le cas.
20 Merci.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Lukic. Monsieur Moore.
22 M. MOORE : [interprétation] C'est exact. C'est le 19 mai que nous avons
23 rencontré le témoin. Il s'agit d'une feuille qui ne comporte que neuf
24 points sur une page. Le nom du commandant Sljivancanin est mentionné une
25 fois. Les autres co-accusés ne sont pas mentionnés. Il est question d'en
26 cette partie de la déclaration de deux individus, en principe, de
27 Vukasinovic et de Karanfilov. Il n'est pas possible de transcrire ce genre
28 de documents immédiatement. Nous n'avons revu ce témoin qu'hier. C'est la
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1 raison pour laquelle nous lui avons remis cette feuille. Hier, il a accepté
2 son contenu et il la signée. C'était la première fois où nous avons été en
3 mesure de communiquer la pièce à la Défense.
4 Avec tous mes respects envers mon imminent confrère, il ne s'agit pas
5 de quelque chose qui devrait les préoccuper à ce point parce qu'il n'y a
6 rien de nouveau là-dedans. Il est question des incidents d'Ovcara.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien entendu, la Chambre n'a pas vu la
8 feuille. Elle ne peut pas savoir exactement quel est le contenu de ce qui a
9 fait l'objet de vos arguments.
10 Je vous remercie, Monsieur Moore. Est-ce qu'il y a autre chose,
11 Monsieur Moore ?
12 M. MOORE : [interprétation] Non, il n'y a rien d'autre. Nous sommes prêts à
13 faire entrer le témoin.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Faites entrer le témoin.
15 M. MOORE : [interprétation] Merci.
16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pourriez-vous donner lecture de la
20 déclaration solennelle que vous recevrez sur cette feuille.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
22 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie, essayez-vous.
24 [LE TÉMOIN: TÉMOIN P-001 [Assermenté]
25 [Le témoin répond par l'interprète]
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore.
27 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, il y aura déformation de
28 la voix et des traits du visage pour ce témoin. Malheureusement, il faudra
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1 qu'une bonne partie de sa déposition se passe à huis clos partiel. Pour la
2 première partie, je peux commencer en audience publique.
3 Interrogatoire principal par M. Moore :
4 Q. [interprétation] Monsieur, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez
5 vérifier ces renseignements personnels, et est-ce que vous pouvez nous
6 confirmer qu'ils sont exacts ?
7 R. Oui.
8 M. MOORE : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier sous pli
9 scellé, s'il vous plaît.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce sera versée au dossier sous
11 pli scellé.
12 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 557, sous pli scellé.
14 M. MOORE : [interprétation] Pouvons-nous, s'il vous plaît, passer à huis
15 clos partiel.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que ceci vous sera nécessaire
17 pendant un peu plus de temps ou non ?
18 M. MOORE : [interprétation] Pour parler des renseignements personnels de
19 son CV, il faudra que l'on soit à huis clos partiel, parce qu'il y a là des
20 éléments qui peuvent l'identifier. Puis, par la suite, je vais essayer
21 d'agir en audience publique dans toute la mesure du possible.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
24 le Président.
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9 [Audience publique]
10 M. MOORE : [interprétation]
11 Q. Monsieur le Témoin 001, pendant que vous étiez à Vukovar, est-ce qu'à
12 aucun moment vous êtes allé à Ovcara ?
13 R. Oui.
14 Q. Pourquoi êtes-vous allé à Ovcara ?
15 R. J'y suis allé dans les circonstances suivantes : un certain nombre de
16 détenus de ZNG s'est trouvé là-bas. La situation n'était pas stable, voire
17 critique. Il fallait que je m'y rende avec les membres de mon unité pour
18 faire en sorte que ces détenus soient transportés et gardés, et cetera,
19 placés dans des institutions militaires ou des prisons.
20 Q. Nous croyons que la chute de Vukovar a eu lieu le
21 18 novembre. Si nous prenons cela comme une date repère, est-ce que vous
22 pouvez nous dire à quel moment vous avez reçu ce message ?
23 R. C'était deux jours plus tard, le 20 novembre.
24 Q. Il y avait combien de gens qui sont partis à Ovcara avec vous ?
25 R. Grosso modo, je dirais entre huit et 10 personnes.
26 Q. Avez-vous jamais pris part à une mission où on vous aurait demandé à
27 prendre part dans une situation difficile, délicate ?
28 R. Oui. C'était avant les combats finaux, quand un groupe de volontaires
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1 avait refusé de participer aux combats et suivre les ordres en souhaitant
2 rentrer, quitter la zone de combat et des activités. Cependant, ils
3 voulaient partir avec leurs armes et leur équipement. C'était une situation
4 où il s'agissait de réagir vite puisqu'ils n'écoutaient pas les ordres. Ils
5 n'écoutaient personne.
6 A ce moment-là, je leur ai coupé la route avec un certain nombre de
7 mes officiers. J'ai agi de façon énergétique en leur expliquant que je
8 n'allais pas permettre de tels agissements et que je n'avais pas de doute.
9 Ceci s'est passé entre Negoslavci et Vukovar, sur la route. Je les ai
10 forcés à laisser leurs armes et leur équipement, tout ce qu'ils avaient, et
11 ensuite, on les a fouillés.
12 Nous avons trouvé une certaine quantité d'argent, des bijoux. Ensuite, on
13 les a envoyés vers le commandement à Negoslavci.
14 Q. Quand vous êtes allé à Ovcara, vous avez mis combien de temps pour y
15 arriver, depuis l'endroit où vous étiez jusqu'à Ovcara proprement dit ?
16 R. Une vingtaine de minutes, je dirais. Quinze, 20 minutes.
17 Q. En arrivant à Ovcara, que trouvez-vous ?
18 R. C'était une nuit. Entre 21 heures et 22 heures, près du hangar - c'est
19 là où nous nous sommes arrêtés - j'ai vu les phares allumés d'un autocar.
20 Je suis sorti et j'ai vu le commandant Vukasinovic qui m'a immédiatement
21 dit qu'il fallait que je reste là pour faire en sorte que les détenus que
22 j'ai vu passer dans le hangar, qu'ils soient en sécurité.
23 Q. Comment vous êtes arrivés là-bas ? Est-ce que vous avez marché, est-ce
24 que vous avez pris un véhicule ?
25 R. Nous avons emprunté nos véhicules, enfin nos jeeps.
26 Q. Vous nous avez dit que vous vous êtes arrêtés au niveau de ce hangar et
27 qu'on vous a dit de rester là-bas. Vous êtes restés à Ovcara combien de
28 temps exactement ?
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1 R. Je dirais une quinzaine de minutes, à peu près.
2 Q. Est-ce que vous avez vu ou reconnu d'autres officiers ?
3 R. J'ai vu le capitaine Karanfilov.
4 Q. Etiez-vous en mesure de voir ce qui se passait dans le hangar ?
5 R. Oui. J'ai regardé à travers la porte. Sur la droite, à partir de
6 l'entrée, j'ai vu un groupe, un groupe de gens apeurés, de toute évidence,
7 qui se tenaient à peu près à un mètre d'une corde qui était tendue devant
8 eux, entre deux murs. Ce dont je me souviens, c'est qu'il y avait une odeur
9 désagréable émanant sans doute de la trop grande peur qui régnait là-bas.
10 Les membres de mon unité ont commencé à entrer là-dedans. Je leur ai
11 dit de sortir. Nous sommes sortis à ce moment-là.
12 Q. Est-ce que vous êtes partis du hangar à la fin, à un moment donné ?
13 R. Oui. Nous sommes sortis et nous sommes restés devant le hangar un
14 certain temps.
15 Q. Est-ce que qui que ce soit vous a dit si vous deviez rester ou partir ?
16 R. Le commandant Vukasinovic, c'est lui qui nous a donné l'ordre de partir
17 puisqu'il n'avait plus besoin de nous. Donc, nous étions libres de revenir
18 à l'endroit d'où nous étions partis.
19 Q. Je voudrais parler des gens que vous avez vus à l'intérieur. Comment
20 vous les décririez, comment étaient-ils à l'époque ?
21 R. Ils se comportaient comme se porte typiquement l'homme qui n'est pas
22 maître de son sort, de sa vie, accompagnés d'une immense peur qui était
23 tangible, que l'on pouvait lire sur le visage de ces hommes qui étaient
24 illuminés par une espèce de lampe, torche. On pouvait clairement voir cette
25 expression, l'expression de leur visage. Il s'agissait là d'une expression
26 d'humiliation, comme c'est souvent le cas avec les personnes placées en
27 détention.
28 Q. Quand le commandant Vukasinovic vous a dit que vous pouviez rentrer,
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1 que vous n'aviez plus besoin de rester, qu'est-ce que vous avez fait ?
2 R. Nous avons regagné la jeep, et nous sommes repartis en direction de
3 Vukovar, à l'école secondaire de Vukovar, là où était hébergée, cette nuit-
4 là, une partie de mon unité.
5 Q. Pendant que vous étiez à Ovcara ou dans le hangar, est-ce que vous avez
6 pu entendre d'autres bruits ?
7 R. Au moment de notre retour, pour regagner Vukovar et notre lieu
8 d'hébergement, nous avons entendu des coups de feu.
9 Q. "Coups de feu", c'est ce que vous avez dit. Est-ce que c'est la même
10 chose que des tirs ? C'est ce que j'ai entendu dans la traduction.
11 R. Oui.
12 Q. De quelle distance par rapport à Ovcara venaient ces tirs ?
13 R. Pas précisément, mais vu l'intensité, j'avais l'impression que cela se
14 produisait à quelques centaines de mètres de là.
15 M. MOORE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le
16 Président.
17 Q. Avez-vous déjà rencontré un certain Stanko qui aurait été à la tête de
18 l'unité de la Défense territoriale ?
19 R. De vue, oui.
20 Q. Le connaissiez-vous, l'avez-vous connu avant le
21 20 novembre ? Je veux dire, est-ce que vous étiez en mesure de le
22 reconnaître physiquement ? Le connaissiez-vous de visu ?
23 R. Oui.
24 Q. Miroljub, un chef d'unité de la Défense territoriale, vous est-il
25 connu ?
26 R. Non.
27 Q. L'avez-vous rencontré après le 20 novembre ?
28 R. Oui.
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1 Q. Pendant que vous étiez dans le hangar brièvement, avez-vous vu l'un
2 quelconque de ces deux hommes à l'intérieur du hangar ?
3 R. Non.
4 Q. Je voudrais maintenant que l'on parle d'un ou deux autres sujets
5 faisant partie de votre déclaration. Connaissez-vous le capitaine Papic ?
6 R. Oui.
7 Q. Avez-vous jamais parlé avec Papic des événements d'Ovcara ?
8 R. Oui.
9 Q. Pouvez-vous vous souvenir à quel moment vous avez eu une conversation
10 avec lui au sujet des événements d'Ovcara ?
11 R. C'était une conversation à la cantine au petit déjeuner. C'était vers
12 le début de l'année 1992. Pendant cette conversation, il a dit puisqu'il
13 était le commandant de la compagnie du génie, comment les bulldozers de son
14 unité ont enseveli les corps. Il a dit que ses soldats et ses moyens
15 techniques ont pris part à recouvrir les cadavres d'Ovcara.
16 Q. Papic a-t-il dit comment il s'est senti au moment où il a été forcé de
17 faire cela ?
18 R. Oui. C'était surtout un sentiment de malaise qu'il a éprouvé.
19 Q. Je voudrais maintenant parler d'autre chose, si vous voulez bien. En
20 1991, avez-vous rencontré un officier du nom de Borisavljevic ?
21 R. Oui.
22 Q. Avez-vous eu des conversations avec Borisavljevic au sujet des
23 incidents qui se sont produits dans la région de Vukovar ?
24 R. Oui.
25 Q. Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre ce qui a été dit ?
26 R. Borisavljevic m'a dit la chose suivante : à la fin des combats à
27 Vukovar une fois qu'il n'y avait plus de résistance armée, un certain
28 nombre de prisonniers ont été placés à la caserne de Vukovar. C'est lui qui
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1 les avait à sa charge. C'est lui qui en était responsable. A un moment
2 donné, un homme est arrivé du nom de Zeljko Raznjatovic, Arkan. A l'époque,
3 il était plus connu comme le commandant du la Garde des Volontaires serbes.
4 Il lui a demandé de lui remettre ce groupe de prisonniers. Puisque
5 Borisavljevic y a opposé un non catégorique, Arkan très agacé de toute
6 évidence, a menacé, en disant qu'en fin de compte il allait quand même être
7 obligé de les remettre à lui.
8 Un deuxième incident dont il m'a parlé concerne les événements dans un
9 bâtiment qui s'appelle Velepromet. Une nuit on l'a fait venir; une fois
10 arrivé, il a vu des simples soldats de la JNA monter la garde, mais il y
11 avait aussi des membres de la police militaire qui étaient là comme chargés
12 de garder ces gens qui se trouvaient à Velepromet. Il a vu quelques
13 cadavres, il a vu du sang sur les murs, et il a vu des taches de sang sur
14 les corps dues à des tirs infligés à faible distance. C'est ce que
15 Borisavljevic m'a dit au sujet de ces deux incidents.
16 Q. Est-il vrai qu'en 1996 vous êtes parti de Serbie et que maintenant vous
17 êtes résident d'un autre pays ?
18 R. Oui, c'est exact.
19 M. MOORE : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions pour ce témoin.
20 Merci.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Moore.
22 Maître Vasic.
23 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Un instant.
24 Bonjour, Madame, Messieurs.
25 Contre-interrogatoire par M. Vasic :
26 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.
27 R. Bonjour.
28 Q. Je vais devoir vous demander une chose. Puisque nous parlons tous les
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1 deux une langue que nous comprenons, après ma question, s'il vous plaît,
2 faites une pause avant de répondre. Pour deux raisons : premièrement, vous
3 êtes un témoin protégé, et je ne voudrais pas que votre voix soit captée
4 par mon microphone pendant qu'il est branché. Puis la deuxième raison,
5 c'est de donner suffisamment de temps aux interprètes de traduire nos
6 propos et il s'agit de permettre à toutes les personnes présentes de suivre
7 nos échanges.
8 R. J'ai compris.
9 Q. Merci. Je vais enchaîner. Je vais reprendre là où mon confrère s'est
10 arrêté.
11 M. VASIC : [interprétation] Peut-être faudrait-il passer à huis clos
12 partiel pour le moment puisque ceci a à voir précisément avec les
13 circonstances qui sont celles du départ du témoin pour se rendre à
14 l'endroit pertinent.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passons à huis clos partiel.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
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15 [Audience publique]
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
17 M. VASIC : [interprétation] Merci beaucoup.
18 Monsieur le Président, Madame et Monsieur le Juge, étant donné la
19 décision rendue par la Chambre de première instance, qui met de côté deux
20 semaines pour la venue de témoins experts qui devraient être présents
21 lorsque M. Theunens va déposer, on en arrivera ainsi au 19, date mentionnée
22 par M. Moore. Ceci nous convient. Je pense que nous pourrons prendre toutes
23 les mesures nécessaires pour la venue de nos témoins experts.
24 Vous avez posé une autre question qui concerne la durée probable du contre-
25 interrogatoire. Je ne peux pas vous donner d'estimations dès maintenant. En
26 ce qui concerne, M. Theunens, dans son rapport d'expert, on trouve des
27 centaines de pages consacrées au rôle joué par la JNA. Ceci pourrait
28 s'avérer intéressant vu l'acte d'accusation et ce qu'il dit du rôle de la
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1 JNA sur le plan géographique. Dans une autre partie de son rapport sont
2 mentionnés les ordres précis donnés par la 1ère Région militaire et par la
3 Brigade de la Garde. Je vous promets que nous allons faire l'impossible
4 pour être efficace. Cependant, lorsque nous entendrons ce témoin expert,
5 nous devrons aborder avec lui certaines questions qui ont fait l'objet de
6 ce rapport écrit mais qui ne dérivent pas directement du texte de la loi.
7 Sur certains points, nous ne sommes pas du même avis que lui et c'est vrai
8 aussi pour certains ordres.
9 Quant à M. Pringle, la situation est encore plus compliquée car lui, en
10 tant que témoin expert, il va donner son avis sur la situation mentionnée
11 dans l'acte d'accusation et ceci ne découle pas directement des documents
12 lorsque c'est le cas pour M. Theunens.
13 Parlons maintenant de M. Kostovic. Comme l'a dit M. Moore, il y aura
14 certains éléments qui seront contestés. Des documents le seront, des
15 documents MFI précisément parce que la Défense a demandé l'autorisation de
16 contester certains des faits qui y sont mentionnés. Nous avons reçu
17 certains documents concernant la déposition de M. Kostovic et nous allons
18 aborder uniquement ceux qui semblent porter à controverse. Ce sont des
19 documents fournis par le Dr Vesna Bosanac.
20 Je peux vous dire combien il y a de points en litige mais je peux
21 vous dire que nous allons uniquement aborder ceux-là, c'est-à-dire qu'ils
22 ne sont pas en conformité avec d'autres documents.
23 Peut-être mes confrères peuvent-ils intervenir ?
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.
25 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Madame et Messieurs les Juges.
26 Je comprends parfaitement et je soutiens les efforts déployés par la
27 Chambre de première instance pour veiller à ce que le procès se déroule
28 sans heurt et de façon efficace. Je crois que c'est dans l'intérêt de tous
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1 et surtout dans l'intérêt de mon client. Il serait bon que l'Accusation
2 nous dise exactement quels sont les témoins qui vont venir avant le témoin
3 expert. Il y a le témoin P-002, je ne le pense pas important mais si
4 l'Accusation estime qu'il est important alors elle aurait dû le dire avant,
5 puisque nous en avons parlé, il y a une semaine ou deux. S'il est certain
6 que ce témoin va venir, nous nous retrouverons, une fois de plus, dans une
7 situation où nous ne savons pas si c'est P-002 qui vient lundi ou si c'est
8 Grujic qui revient lundi. Nous demandons à la Chambre de première instance
9 de donner des instructions à l'Accusation pour qu'elle nous dise de façon
10 précise qui seront les témoins et quand ils vont venir. Nous acceptons tout
11 calendrier, même ceux qui ont été proposés par l'Accusation pour les
12 témoins experts.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si je vous comprends bien, Maître
14 Borovic ou si j'ai bien compris, il y aura un témoin après celui-ci cette
15 semaine, puis on aura lundi, M. Grujic et peut-être mardi, nous aurons le
16 P-002. Ce qui nous amènera à la semaine du 19 juin.
17 En ce qui concerne le contre-interrogatoire de Theunens, de Pringle et de
18 Kostovic, qu'en pensez-vous ?
19 M. BOROVIC : [interprétation] Ce que Me Vasic a proposé nous conviendrait
20 au mieux, à savoir que le 19 juin soit réservé à la comparution de témoins
21 experts.
22 En ce qui concerne les avocats de Radic, il n'est même pas nécessaire
23 de faire venir le témoin expert, mais nous aurons besoin du temps précédant
24 la date du 19 pour nous préparer. Le contre-interrogatoire ne devrait pas
25 être trop long. Nous allons nous conformer à toutes les instructions que
26 vous avez déjà données jusqu'à présent.
27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Borovic.
28 Je sais aussi que Maître Lukic essaie toujours de se conformer aux
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1 instructions de la Chambre.
2 M. LUKIC : [interprétation] Merci. Si c'est un compliment que vous m'avez
3 fait.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En tout cas, c'est une supplique.
5 M. LUKIC : [interprétation] Ce qui vous intéresse sans doute le plus c'est
6 le contre-interrogatoire et sa durée probable s'agissant d'un témoin
7 expert.
8 J'ai une crainte, c'est que le contre-interrogatoire de témoins aussi
9 importants - je parle de Theunens et de Pringle - je voudrais qu'on ne
10 limite pas à l'avance la durée de ces contre-interrogatoires. Je vous
11 propose de faire quelque chose qui serait inédit dans ce procès. Si vous
12 estimez que certaines questions sont posées, qui dépassent la portée du
13 contre-interrogatoire et qui manqueraient de pertinence, dites-le-nous;
14 dites-nous de limiter notre contre-interrogatoire. Je constate que je suis
15 incapable de vous dire : Voilà, nous aurons besoin d'une heure ou de deux
16 pour ces témoins experts. Je préférerais l'autre option, celle où vous nous
17 diriez quelles sont les questions qui sont, à votre avis, sans pertinence.
18 Ce sont des témoins importants. Nous allons, bien sûr, nous conformer aux
19 instructions que nous recevrons de votre part. S'agissant de nos témoins
20 experts, nous veillerons à ce qu'ils soient présents. Cela ne devrait pas
21 poser de problème puisque nous avons deux semaines pour nous préparer.
22 S'agissant de Kostovic, je crois que nous nous étions mis d'accord
23 pour dire que sa déclaration peut-être versée au dossier, et comme l'a fait
24 Me Tapuskovic vendredi, nous allons essayer de tenir compte des chiffres et
25 de ne pas être trop compliqués.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'aimerais être un peu plus précis à
27 l'intention de vous, Messieurs et Mesdames de la Défense. Serait-ce utile
28 de se dire ceci : si l'Accusation n'a pas besoin de plus d'un volet
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1 d'audience pour M. Kostovic, n'a pas besoin de plus d'un volet et demi,
2 aussi bien pour M. Theunens que pour
3 M. Pringle, on pourrait terminer l'audition de M. Kostovic en une journée
4 d'audience. Quant à M. Theunens et à M. Pringle, leur audition pourrait se
5 terminer respectivement en deux jours, ce qui vous donne, pour le contre-
6 interrogatoire, quatre heures et demie pour chacun, pour Theunens comme
7 pour Pringle. De cette façon, nous pourrons terminer l'audition de ces
8 trois témoins entre lundi et vendredi, bien sûr, lorsque vos témoins
9 experts de la Défense seront disponibles.
10 M. LUKIC : [interprétation] Nous ne nous sommes pas entretenus entre
11 avocats de la Défense. Je peux uniquement vous faire part de mon avis
12 personnel. Vous savez que nous avons quelques journées de travail plus
13 longues. Si nous l'avons, c'est bon, sinon nous n'aurons pas de temps,
14 parce que chacun d'entre nous devrait avoir autant de temps que
15 l'Accusation lors de son interrogatoire principal. Nous promettions
16 l'impossible, mais je pense qu'il ne serait pas utile ni sage de limiter à
17 l'avance. Pour autant, nous ferons de notre mieux.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons siéger lundi, mardi et
19 mercredi longuement. Donc, vous aurez plus de temps que ce qu'a
20 l'Accusation, vous voyez ?
21 Maître Vasic.
22 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je voudrais
23 effectivement rebondir sur ce qu'a dit Me Lukic afin que vous sachiez bien
24 quel est l'avis de la Défense. On a demandé à
25 M. Kostovic de venir témoigner précisément afin de tirer au clair les
26 problèmes rencontrés dans l'examen des documents fournis par le
27 Dr Bosanac. Il aura uniquement pour rôle de tirer au clair les divergences
28 qui ont été constatées. C'est uniquement cela qui va nous intéresser dans
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1 le cadre de sa déposition.
2 S'agissant des experts Pringle et Theunens - je le comprends - ou si
3 j'ai compris, il suffira d'un volet ou d'un volet et demi pour
4 l'interrogatoire principal, puisque l'Accusation va demander le versement
5 au dossier de milliers de pages par le truchement de ce rapport d'expert.
6 J'ai bien peur que la Défense n'ait besoin d'examiner non pas la totalité
7 du rapport, mais du moins, d'aborder les questions qui, à notre avis, sont
8 controversées. Pour bien limiter le contre-interrogatoire, ne faut-il pas
9 veiller à ce qu'il n'y ait pas de questions sans pertinence et que ces
10 questions demeurent bien dans la portée du contre-interrogatoire. Ce serait
11 peut-être la meilleure chose à faire plutôt que de limiter le temps.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je sais que cela vous plaît
13 d'avantage, cette idée, mais elle présente un désavantage. C'est que vous
14 allez peut-être prévoir un contre-interrogatoire de six jours et laisser
15 aux Juges le soin de dire : Cette question elle est bonne, l'autre, elle
16 n'est pas bonne. Alors que si vous prévoyez déjà un contre-interrogatoire à
17 durée fixe, c'est vous, vous-même, qui allez vraiment aller au cœur des
18 sujets qui vous semblent importants. Nous, nous essayons de veiller à ce
19 que vous ayez suffisamment de temps pour aborder les questions importantes.
20 J'espère que jamais nous n'avons poser d'entrave vous empêchant de le
21 faire. Il n'y a que Me Lukic qui en a pâti parce qu'il est souvent
22 intervenu en dernier. C'est arrivé peut-être une ou deux fois.
23 Nous essayons de vous donner tout le temps nécessaire à l'examen des
24 questions importantes, mais on ne fait pas toujours bon escient du temps
25 qu'on vous donne. Vous dites : Voilà, arrêtez-vous si vous pensez qu'on
26 sort trop du champ, de la portée du contre-interrogatoire. Non. On ne sait
27 pas ce qui pourrait être important et ce qui n'a pas encore été entendu,
28 vous voyez. Alors que vous, vous savez quels sont les domaines que vous
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1 voulez aborder. C'est vous qui êtes le mieux placé pour déterminer ce qui
2 est pertinent. Alors, concentrez-vous sur les questions pertinentes.
3 Merci de votre aide.
4 Monsieur Moore, voulez-vous ajouter quelque chose ?
5 M. MOORE : [interprétation] Une seule chose, puisque ce sera à ce moment-là
6 la fin de la présentation de leurs moyens.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non, non, sur ce sujet.
8 M. MOORE : [interprétation] Pas du tout, pas du tout.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez un autre sujet, vous
10 l'abordez.
11 M. MOORE : [interprétation] C'est surtout à l'intention de
12 Me Lukic. Il y a certains entretiens auxquels la Défense a participé à
13 Belgrade. Nous allions demander à les verser au dossier. Je pense qu'il est
14 juste de dire que Me Lukic n'est pas de cet avis. Il faudrait clarifier
15 cela --
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Des entretiens menés par qui ?
17 M. MOORE : [interprétation] Par le tribunal militaire. Lorsque les accusés
18 ont comparu en tant que témoins, ont fait des constatations, des
19 observations ou commentaires. Nous estimons que ce serait quelque chose qui
20 pourrait être versé au dossier, qui est admissible. Me Lukic voudrait
21 présenter des arguments allant dans le sens contraire. Je pense que ceci
22 doit être réglé. Me Lukic est au courant. Ce n'est pas un effet de surprise
23 que nous voulons faire chose ici. Peut-être que nous pourrions en discuter
24 hors prétoire.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si vous voulez les présenter sous
26 forme d'arguments et si ce doit être possible, on pourra le faire même
27 peut-être cette semaine encore.
28 M. MOORE : [interprétation] Tout à fait.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous pouvons nous réjouir d'un tel
2 échange, Maître Lukic.
3 La Chambre va examiner quelle est la meilleure marche à suivre, et avant la
4 fin de la présente journée, nous vous ferons part de notre décision.
5 Vous aurez besoin de votre témoin, Monsieur Moore.
6 M. MOORE : [interprétation] Oui. Peut-on le faire entrer dans le prétoire ?
7 [La Chambre de première instance se concerte]
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Puisque nous attendons la venue
9 du témoin, je peux vous dire que de l'avis de la Chambre, il faudrait
10 entendre les trois témoins dans la semaine qui commencera le lundi 19 juin.
11 A cette fin, l'interrogatoire principal de Kostovic ne devrait pas durer
12 plus d'un volet d'audience. S'agissant de l'interrogatoire principal tant
13 de Theunens que de Pringle, il ne devrait pas prendre plus d'un volet et
14 demi chacun. La Défense disposera du reste de la journée d'audience. Ce qui
15 est certain, c'est qu'il faudrait essayer de terminer l'audition de
16 Kostovic en moins d'une journée, puisque les questions abordées avec lui
17 sont très circonscrites, ce qui donnera plus de temps pour les deux autres
18 témoins experts.
19 Pourrez-vous relayer ceci à vos collègues, Monsieur Moore ? De cette
20 façon nous aurons un interrogatoire principal ramassé et court.
21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic, vous avez la parole.
23 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Pouvons-nous repasser à huis clos partiel afin de terminer le sujet
25 commencé avant la pause.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passons à huis clos partiel.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
28 le Président.
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11 Pages 10109-10110 expurgées. Audience à huis clos partiel.
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21 [Audience publique]
22 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Q. Monsieur le Témoin, conviendrez-vous que pendant cette époque, il n'y a
24 pas eu de contacts entre les membres de la Brigade de la Garde et les
25 membres du gouvernement de Goran Hadzic ?
26 R. Je ne suis pas au courant de cela et je ne saurais vous répondre.
27 Q. Savez-vous que les sièges du gouvernement et de la Garde des
28 Volontaires serbes se trouvaient à Erdut, au nord de Vukovar, dans la
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1 région, qui dépendaient du Groupe opérationnel nord, le Corps de Novi Sad.
2 R. Vous dites que le QG des Volontaires serbes était à Erdut, c'est vrai
3 que c'était le cas. J'étais au courant de cela. C'est vrai que ces lieux
4 étaient utilisés en tant que camps d'entraînement, j'étais au courant de
5 cela aussi. C'est vrai que cela dépendait du Corps de Novi Sad qui
6 correspondait aux responsables de ce secteur.
7 En ce qui concerne le gouvernement de la Slavonie orientale ou quelle
8 que soit le nom de la région à l'époque d'ailleurs, je ne savais pas qu'à
9 l'époque le siège de ce gouvernement se trouvait à Dalj.
10 Q. Merci. Vous avez parlé de cet entretien que vous avez eu en 1991 avec
11 le capitaine Cedo Papic, qui était le commandant de la compagnie de génie.
12 Est-ce que vous vous souvenez avoir parlé de cela avec les enquêteurs du
13 Tribunal au moment où vous avez fait votre déclaration ?
14 Un instant, Monsieur le Président. Si le témoin pense qu'il faudrait
15 expurger la question que je viens de poser, je pourrais évidemment demander
16 qu'on le fasse, mais dans ce cas, nous devrions passer en audience à huis
17 clos partiel. Sinon, nous pourrons continuer.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense qu'on pourrait continuer,
19 Monsieur Vasic.
20 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Q. Je vous demanderais si vous vous en souvenez quand M. Papic disait que
22 des membres de sa compagnie enterraient des cadavres à Ovcara près de
23 Vukovar, mais que ces cadavres étaient apportés sans cesse à cet endroit,
24 pendant les combats, pour Vukovar ? Est-ce que vous vous souvenez avoir dit
25 cela aux représentants du bureau du Procureur dans votre déclaration
26 préalable ou est-ce que vous avez besoin de rafraîchir votre mémoire à
27 l'aide de cette déclaration préalable ?
28 R. Si vous faites référence à la déclaration préalable que j'ai faite, je
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1 vous prie de bien vouloir m'indiquer la page et le paragraphe qui sont
2 concernés par ce que vous dites.
3 Q. Bien sûr. Il s'agit de la déclaration que vous avez fournie au bureau
4 du Procureur, à la neuvième page de cette déclaration préalable, où l'on
5 peut lire le numéro ERN 00304-7041. En anglais, je vois que le Procureur a
6 déjà trouvé la page. Je vous remercie de votre réaction rapide.
7 Monsieur le Témoin, il s'agit du deuxième paragraphe. Est-ce que vous
8 voyez cela ? Est-ce que vous avez dit cela ?
9 R. Oui.
10 Q. Merci.
11 R. De rien.
12 Q. Vous avez aussi décrit les événements qui se sont produits, d'après ce
13 que vous dites, à Velepromet. Etes-vous d'accord pour dire que Velepromet,
14 pendant les activités des combats et après, était placée en réalité sous le
15 contrôle de la Défense territoriale de Vukovar et que la personne qui
16 avait la responsabilité au sein de Velepromet était M. Ljubinko Stojanovic,
17 qui par la suite, est devenu le directeur de la Radio Vukovar. Il était
18 aussi l'assistant du commandant de la Défense territoriale de Vukovar. Vous
19 avez dit cela aussi au bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
20 R. Oui. Je l'ai dit. Mais j'ai dit aussi la chose suivante, à savoir :
21 Velepromet était utilisée pour héberger des civils, d'après ce que je
22 savais. Les Serbes étaient enregistrés et envoyés vers la Serbie, alors que
23 les non-Serbes sont restés et ont été forcés à travailler. C'est vrai que
24 dans le cadre de ces informations, je parlais de la famille de Crnobrnja.
25 Q. Merci. Et pour terminer, aujourd'hui vous avez mentionné pour la
26 première fois Ovcara et dans le contexte que vous avez évoqué, puisque nous
27 sommes en audience publique, je ne vais pas entrer dans les détails.
28 Cependant, je voudrais savoir ce que vous diriez si je vous disais que ce
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1 dont vous avez parlé s'est produit deux jours plus tôt, à savoir, le 18
2 novembre 1991, et pas le 20 novembre. D'ailleurs, ceci a été corroboré par
3 les gens faisant partie de votre unité.
4 R. La date de l'événement, c'est tout à fait possible que je me sois
5 trompé au sujet de la date, mais je ne peux pas être affirmatif au sujet
6 des dates, parce que je risque de me tromper de dates. J'accepte tout à
7 fait cette possibilité. Si l'on peut déterminer qu'il s'agissait de la date
8 du 18, je veux bien. Je l'accepte.
9 Q. Merci, Monsieur. Merci de vos réponses.
10 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
11 questions pour ce témoin.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Vasic. Monsieur
13 Borovic.
14 Contre-interrogatoire par M. Borovic :
15 Q. [interprétation] Bonjour. Je m'appelle Borivoje Borovic et je suis
16 avocat au barreau de Belgrade, représentant les intérêts de M. Radic.
17 Vous avez parlé du 1er Détachement d'assaut quand il s'agissait de la
18 défense à Vukovar. Est-ce que vous aviez qui était le commandant du 1er
19 Détachement d'assaut ?
20 R. Ce n'est pas une question qu'on m'a posée, d'ailleurs. Là, vous me
21 posez la question et je veux bien vous répondre. C'était le commandant
22 Tesic, qui était le commandant du 1er Détachement d'assaut.
23 Q. Merci. Vous étiez à Ovcara et quelle que soit la date, êtes-vous sûr de
24 la date, savez-vous qui était le commandant d'Ovcara à l'époque ?
25 R. Non.
26 Q. Merci. Est-ce que vous l'avez appris par la suite puisqu'en lisant
27 votre déclaration préalable, j'ai vu que vous avez fait une sorte d'enquête
28 au sujet de ces événements. Est-ce que, par la suite, vous avez appris qui
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1 était le commandant à Ovcara ?
2 R. Non, je ne l'ai pas appris. D'ailleurs, je n'étais pas vraiment
3 intéressé par cette information. Ce que j'ai appris, en revanche --
4 Q. Je vous ai tout simplement demandé si vous saviez qui était le
5 commandant.
6 R. Non, je ne le sais pas.
7 Q. Très bien. Dans cette déposition qui est plus détaillée, en répondant à
8 une question de M. le Procureur, on vous a demandé si vous connaissiez un
9 certain Stanko. Je voudrais vous demander s'il s'agit là de Stanko
10 Vujanovic ?
11 R. Oui.
12 Q. Vous avez dit qu'il était à gauche par rapport à vous sur l'axe
13 d'attaque ?
14 R. Oui.
15 Q. Quand vous dites "à gauche par rapport à vous" pendant les activités de
16 combat, est-ce que vous pouvez nous dire quelle était la compagnie qui se
17 trouvait sur ce même axe d'attaque à gauche par rapport à vous ou plus
18 précisément, s'agissait-il de la compagnie du capitaine Bojkovski ?
19 R. Pendant deux périodes différentes, j'avais deux "voisins". La première
20 fois c'était l'aile droite du 1er Détachement d'assaut et c'est tout à fait
21 possible que ce fût la compagnie de Bojkovski. Au compte de la deuxième
22 phase de notre séjour, c'était une compagnie du bataillon de la police
23 militaire d'Avala.
24 Q. Merci. Cela veut-il dire que Stanko agissait sur les mêmes axes que la
25 compagnie du capitaine Bojkovski ou plutôt du capitaine Bojkovic puisque
26 vous avez dit qu'il a changé de nom. A l'époque, vous avez dit qu'il était
27 à votre gauche.
28 Excusez-moi, il y a un problème au niveau du compte rendu d'audience
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1 au niveau de la page 45, ligne 18. Le témoin a dit qu'il s'agissait d'un
2 bataillon alors qu'ici on parle -- non, non, tout va bien -- excusez-moi,
3 je me suis trompé.
4 R. Stanko était avec son groupe dans mes arrières et sur ma gauche. En ce
5 qui concerne ces activités de combat à l'époque, au niveau de la première
6 ligne de front, je ne saurais en parler à présent puisque je n'ai pas vu
7 cela, pas personnellement en tout cas.
8 Q. Est-ce que la compagnie du capitaine Bojkovski se trouvait sur votre
9 gauche à l'époque ?
10 R. Oui.
11 Q. Merci.
12 M. BOROVIC : [interprétation] Je voudrais demander que l'on place sur le
13 rétroprojecteur la pièce 171. C'est une vidéo assez brève. Je vais demander
14 au témoin de l'examiner.
15 [Diffusion de cassette vidéo]
16 M. BOROVIC : [interprétation]
17 Q. Est-ce que vous avez vu ce qui est écrit au début de cette vidéo ? Si
18 vous le voulez, je peux revenir en arrière ?
19 R. Oui, je le vois.
20 Q. Pourriez-vous lire ce qui est écrit là ?
21 R. "100 jours de Vukovar."
22 Q. Merci. Savez-vous de qui il s'agit ? Quelle est cette personne ?
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le capitaine Bojkovski. C'est la
25 personne qui a un talkie-walkie.
26 M. BOROVIC : [interprétation]
27 Q. Pourriez-vous nous dire ce que cette personne a dit dans la vidéo ?
28 [Diffusion de cassette vidéo]
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je peux le faire. "Taxi, Vukovar doit
2 tomber aujourd'hui. On continue."
3 M. BOROVIC : [interprétation]
4 Q. Merci. Saviez-vous que Stanko Vujanovic était surnommé "Taxi".
5 R. Non. Mais je savais effectivement qu'il avait été chauffeur de taxi
6 avant.
7 Q. Merci.
8 M. BOROVIC : [interprétation] Nous n'avons plus besoin de cette vidéo. J'ai
9 voulu tout simplement qu'on me confirme l'identité de cette personne
10 puisque ce document a déjà été versé.
11 Q. Savez-vous quel était l'axe d'agissement du 2e Détachement d'assaut et
12 qui était son commandant ?
13 R. Le commandant du 2e Détachement d'assaut était le commandant Adem
14 Bajic. Le 2e Détachement d'assaut avançait sur l'axe qui traversait
15 Sajmiste, c'est là où j'étais. J'étais plutôt au niveau du flanc gauche de
16 cet axe. Puis, de part son flanc droit, il se battait aussi au niveau de
17 Mitnica.
18 Q. Est-ce qu'il s'agit aussi de l'axe qui va de la caserne vers le château
19 d'eau ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que cela veut dire qu'il y avait deux axes différents. L'axe du
22 1er Détachement d'assaut et l'axe du 2e Détachement d'assaut. Ils
23 n'agissaient pas sur le même axe d'attaque.
24 R. Cela me semble logique.
25 Q. Merci. Dans la déclaration préalable que vous avez fournie au bureau du
26 Procureur, à la cinquième page, quatrième ligne, vous n'avez pas forcément
27 besoin de regarder immédiatement, vous avez dit que le front de Vukovar, au
28 mois d'octobre 1991, a fait l'objet d'une visite de la part du général
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1 Adzic; est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez dit aussi qu'il a visité les positions du 2e Détachement
4 d'assaut; est-ce exact ?
5 R. Oui, je l'ai dit.
6 Q. Merci. Est-ce que la caserne, à l'époque, était l'endroit où se
7 trouvait le commandement du 2e Détachement d'assaut ?
8 R. Oui.
9 Q. Merci. Au moment où le général Adzic est venu, est-ce que vous étiez
10 présent personnellement ?
11 R. Personnellement, je ne l'ai pas vu.
12 Q. Cependant ?
13 R. Cependant, j'ai vu son escorte, à savoir, les membres du même
14 département qui avaient été détachés à partir de nos unités pour faire
15 partie du QG.
16 Q. Est-ce que cela veut dire que le général Adzic avait sa propre sécurité
17 et quand il rendait visite à une unité, surtout une unité se trouvant sur
18 le front, que cette unité devait le garder ?
19 R. Oui.
20 Q. Ce jour-là, il était à Vukovar au niveau des positions du 2e
21 Détachement d'assaut. Est-ce que vous savez pendant combien de temps il a
22 resté là-bas ?
23 R. Non.
24 Q. Merci. Est-ce que vous savez où il est allé par la suite à partir de
25 cette position qui était la position du 2e Détachement d'assaut ?
26 R. Non, je ne le sais pas non plus.
27 Q. Merci.
28 R. Excusez-moi, je ne vois pas -- je ne suis plus le compte rendu
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1 d'audience et je ne vois pas si je vais trop vite ou non. C'est juste une
2 remarque que je vous fais, je m'en excuse.
3 M. BOROVIC : [interprétation] Page 48, ligne 19, la réponse n'a pas été
4 consignée. Il avait été dit que c'était une escorte qui lui était
5 "exclusivement réservée pour assurer sa sécurité."
6 Q. Je vous pose une question, Monsieur le Témoin, le 19 novembre vous
7 trouviez-vous à Vukovar ? En 1991.
8 R. Oui, j'en suis certain.
9 Q. Est-ce que vous vous souvenez de l'endroit où vous étiez ce jour-là ?
10 R. Je ne peux pas vous dire où j'étais exactement ce jour-là, ou la veille
11 ou le lendemain. J'étais occupé. Il y avait une équipe de Sky News et je
12 leur permettais de faire leur travail de journalistes, notamment.
13 Q. Je vais encore être plus précis. A partir du 18 jusqu'au 20, est-ce que
14 vous êtes allé à l'hôpital de Vukovar ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous êtes vous trouvé à l'intérieur de l'hôpital ?
17 R. Non, je ne suis pas entré dans l'hôpital, dans le bâtiment de l'hôpital
18 en tant que tel.
19 Q. Merci. Pourriez-vous nous dire ceci, qui est-ce qui surveillait
20 l'hôpital à l'extérieur lorsque vous êtes allé à l'hôpital, je ne sais pas
21 si vous l'avez vu ? Quelle était ou quelles étaient les unités qui
22 assuraient la sécurité ?
23 R. Ce ne pouvait être que le 1er Détachement d'assaut ou des unités qui en
24 faisaient partie.
25 Q. Merci. Avez-vous entendu parler du capitaine Simic ?
26 R. Je ne me souviens pas du capitaine Simic en ce moment.
27 Q. Si je vous disais qu'il était un commandant d'une compagnie de la
28 police militaire, est-ce que ceci vous aiderait ?
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1 R. Oui, mais il y avait deux bataillons, duquel parlez-vous ?
2 Q. Est-ce que vous avez entendu parler, à l'époque, de la compagnie de la
3 police militaire ? Est-ce que vous saviez que c'était elle qui surveillait
4 les installations, les bâtiments et qui s'occupait d'activités conformes à
5 la loi ?
6 R. Vous parlez de quelle compagnie de la police militaire, vous parlez de
7 laquelle ?
8 Q. Lorsque vous vous êtes trouvé devant le bâtiment de l'hôpital, est-ce
9 que vous avez vu des membres de la police militaire ?
10 R. Impossible de répondre de façon certaine ou positive à votre question.
11 Q. Ce que je veux savoir, c'est si vous avez vu des soldats avec un
12 ceinturon blanc, notamment et un baudrier blanc qui surveillaient
13 l'hôpital ?
14 R. Oui, il y avait des gens qui en portaient. Il y avait beaucoup de
15 journalistes, des soldats, il y avait un convoi qui se préparait, un convoi
16 d'autocars, je ne peux pas être plus précis, malheureusement.
17 Q. Si je vous disais que c'était le capitaine Simic avec sa compagnie de
18 la police militaire qui assurait effectivement la surveillance de
19 l'hôpital, est-ce que vous seriez d'accord pour dire que c'était lui le
20 responsable ?
21 M. MOORE : [interprétation] Mais comment voulez-vous qu'on réponde à cette
22 question si le témoin dit qu'il ne se souvient pas du capitaine Simic,
23 c'est bien ce qu'il a dit en réponse à ce qui lui a été posé à la page 53,
24 ligne 6.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Maître Borovic.
26 M. BOROVIC : [interprétation]
27 Q. Je vous ai dit ceci, je vous ai dit si je vous disais que c'est le
28 capitaine Simic et sa compagnie de la police militaire qui surveillaient
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1 l'hôpital, est-ce que cela voudrait dire que vous n'excluez pas cette
2 possibilité, étant donné que vous ne savez pas à quelle unité appartenaient
3 ces soldats que vous avez vus là avec ceinturons et baudriers blancs.
4 R. Je ne peux pas vous répondre si vous me posez une question
5 hypothétique. Bien sûr que cette possibilité, elle existe, puisqu'il y
6 avait une surveillance à l'époque de ce bâtiment et c'était une unité de la
7 police militaire qui en était chargée, mais je ne peux pas vous dire si
8 c'était vraiment le cas.
9 Q. Merci. Ceci veut dire que vous ne savez pas qu'elle était l'unité
10 assurant la surveillance de l'hôpital, ou en tout cas à quelle compagnie de
11 la police militaire cette unité appartenait ?
12 R. C'est exact.
13 Q. Merci. Après la guerre à Vukovar, est-ce que vous avez parlé avec le
14 général Vasiljevic ?
15 R. A Vukovar ou à propos de Vukovar, qu'est-ce que vous me demandez
16 exactement ?
17 Q. Est-ce que vous lui avez parlé de Vukovar ?
18 R. Oui.
19 Q. Quand est-ce que ceci s'est passé et où ?
20 R. Je ne me souviens pas de la date précise, mais je sais que nous nous
21 sommes parlés lorsque le général Vasiljevic est sorti de prison. Je suis
22 allé lui rendre visite chez lui plusieurs fois, je voulais manifester mon
23 soutien. Bien entendu, je voulais aussi le voir. Il est donc tout à fait
24 possible que ce soit au cours de ces visites que nous ayons discuté de
25 Vukovar.
26 Q. Merci. Etiez-vous seuls ou il y avait-il quelqu'un d'autre présent à
27 cet entretien ?
28 R. La plupart du temps, non, il n'y avait personne d'autre, sauf une fois.
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1 Ce jour-là, un ancien officier chargé de la sécurité était présent, mais je
2 préférerais ne pas mentionner ce nom.
3 Q. Non, c'est inutile. Ne mentionnez pas son nom. Est-ce que le général
4 Vasiljevic vous a présenté un journaliste civil ?
5 R. En fait, oui. Ce n'était pas une introduction formelle, elle était
6 plutôt informelle.
7 Q. Vous étiez assis en présence de qui, en général ?
8 R. Il m'est arrivé de rencontrer un journaliste qui s'appelait Milos
9 Vasic.
10 Q. Est-ce ce journaliste qui est employé ou qui travaille pour le magazine
11 Vreme ?
12 R. Oui, en tout cas, à l'époque, il travaillait pour cette rédaction.
13 Q. Pourquoi l'avoir rencontré, si ce n'est pas un secret, pourquoi avoir
14 rencontré un journaliste du journal Vreme et ce ne fut pas qu'une seule
15 fois ? Vous avez eu plusieurs entretiens avec lui, avez-vous dit ?
16 R. Ce n'est pas un secret du tout. A l'époque, disons que j'avais des
17 orientations différentes et j'ai rencontré des gens que je ne connaissais
18 pas avant, dans une vie antérieure. Nous avons surtout discuté des
19 événements concernant le démantèlement de ce qui avait été notre pays. Nous
20 avons aussi parlé de la guerre et puisqu'à l'époque on écoutait déjà Radio
21 Europe libre, "Radio free Europe", on a entendu certaines informations
22 qu'on n'entendait pas sur les chaînes de télévision très censurées.
23 Q. Je vous ai demandé si c'est ce journaliste qui vous a été présenté par
24 le général Vasiljevic.
25 R. Je vous ai déjà dit, oui. J'ai déjà répondu à cette question.
26 Q. Est-ce qu'il vous a présenté à un autre journaliste qui travaillait, à
27 l'époque, pour la rédaction de Vreme.
28 R. J'avais coutume de rencontrer -- j'ai rencontré d'autres journalistes,
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1 indépendamment du général Vasiljevic. J'ai notamment rencontré un
2 journaliste qui s'appelle Filip Svarm, lui aussi travaillait à la rédaction
3 de Vreme. On s'est rencontré dans un bar. Nous nous sommes rencontrés une
4 fois, c'était une dame, elle était la correspondante du Financial Times.
5 C'est ce dont je me souviens aujourd'hui.
6 Q. Merci. Vous est-il arrivé de rencontrer un journaliste s'appelant Jovan
7 Dulovic ?
8 R. Je ne me souviens pas de ce nom, mais c'est bien possible, il est
9 possible que je l'aie rencontré. Parce qu'en général, il y avait plusieurs
10 personnes qui étaient présentes lorsque nous nous rencontrions, et je
11 parlais à plusieurs personnes.
12 Q. Est-ce que cela s'est passé au cours de ces visites que vous avez
13 effectuées au général Vasiljevic ?
14 R. Je ne peux pas vous le confirmer.
15 Q. Mais est-il possible que ce soit dans ce cadre ?
16 R. Je n'en suis pas sûr. Je préférerais ici ne pas deviner ce genre de
17 chose.
18 Q. Vous est-il arrivé d'entendre parler du capitaine Radic ?
19 L'INTERPRÈTE : Le témoin n'a pas été saisi par les interprètes.
20 [Le conseil de la Défense se concerte]
21 M. BOROVIC : [interprétation]
22 Q. Les interprètes n'ont pas entendu votre réponse, Monsieur. Est-ce que
23 vous avez répondu par l'affirmative ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous confirmez ce que vous avez dit ?
26 R. Oui.
27 Q. Avait-il la réputation d'être un officier honnête, brave, qui
28 respectait les règles de discipline provenant de la JNA ?
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1 R. Entre autres, oui. Parce que ceux qui étaient membres de la Brigade la
2 Garde avaient été choisis, triés sur le volet précisément à partir de tels
3 critères.
4 Q. Merci. Puisque vous étiez sur le front, est-ce que vous avez entendu
5 parler de lui ? Est-ce que vous avez entendu dire que c'était un officier
6 correct ? Est-ce que c'était un homme courageux, un homme honnête, qui a
7 suivi toutes les règles de discipline ou est-ce qu'il vous est arrivé
8 d'entendre dire des choses agréables à son avis ?
9 R. Au combat, effectivement, ce qu'on disait, c'est précisément ce que
10 vous avez dit. On disait que c'était vrai. On a dit aussi à propos du
11 commandant Sljivancanin, on a dit que les membres de son unité avaient
12 combattu avec courage, et qu'ils avaient effectivement été excellents dans
13 l'exercice ou dans l'exécution des missions qui leur avaient été confiées.
14 Q. Merci. J'ai terminé.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'heure est manifestement venue de
16 faire une nouvelle pause. Nous allons reprendre à
17 4 heures 10.
18 Je vois que vous voulez intervenir, Maître Bulatovic.
19 M. BULATOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Quelques
20 instants, si vous me le permettez. Nous voulons vous demander un service.
21 M. Moore nous a appris aujourd'hui qu'il y avait un addendum en rapport à
22 ce que dit ce témoin, mais que ce n'est pas tellement important. Pourtant,
23 nous ne sommes pas du tout de cet avis en ce qui concerne M. Sljivancanin.
24 En effet, c'est une première déclaration qu'a faite ce témoin le 19 mai.
25 Ceci se trouve dans cet addendum. Il y a là une thèse d'allégation
26 particulièrement importante pour
27 M. Sljivancanin. Ce témoin a mentionné certaines personnes. Vous l'avez
28 entendu au cours de son audition d'aujourd'hui. Ceci aura une répercussion,
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1 une influence sur les rapports existant entre ces personnes et M.
2 Sljivancanin.
3 Il est prévu que ce témoin poursuive sa déposition demain. Est-ce que vous
4 allez nous permettre de consulter M. Sljivancanin pendant la pause de façon
5 à commencer le contre-interrogatoire de ce témoin dès demain matin. Je
6 pense que nous n'allons pas avoir besoin de plus d'une heure ou une heure
7 et 15 minutes.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Qu'en pensez-vous, Monsieur Moore ?
9 M. MOORE : [interprétation] L'addendum ne parle pas de Sljivancanin même
10 s'il mentionne des personnes qui sont reliées à
11 M. Sljivancanin. Nous estimons qu'il revient aux Juges de trancher.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On peut prévoir ceci dans le cadre de
13 votre calendrier pour la semaine ?
14 M. MOORE : [interprétation] Oui, pas la moindre difficulté.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Effectivement, ce service vous sera
17 rendu. Nous allons cesser nos travaux, et je vous rappelle que nous allons
18 recommencer demain à midi et demi. Notre audience se poursuivra jusqu'à 17
19 heures, comme c'était prévu aujourd'hui. Par contre, jeudi et vendredi,
20 nous siégerons de 9 heures à 13 heures 45. Fort bien.
21 L'audience est levée. Elle reprendra demain.
22 M. BULATOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président. Nous
23 espérons que nous pourrons vous rendre cette faveur. Merci.
24 --- L'audience est levée à 15 heures 45 et reprendra le mercredi 7 juin
25 2006, à 12 heures 30.
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