Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 17 octobre 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 35.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. J'aimerais vous rappeler,

7 Monsieur, que la déclaration solennelle que vous avez faite au tout début

8 de votre témoignage est toujours en vigueur.

9 LE TÉMOIN: ZORAN ZIROJEVIC [Reprise]

10 [Le témoin répond par l'interprète]

11 L'INTERPRÈTE : Le témoin signe affirmative de la tête.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny, à vous.

13 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

14 Contre-interrogatoire par M. Lunny :

15 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

16 R. Bonjour.

17 Q. Monsieur Zirojevic, est-ce que vous pourriez nous expliquer en détail

18 ce que vous faisiez il y a quinze ans, précisément, le 17 novembre [comme

19 interprété] 1991. Que faisiez-vous il y a quinze ans jour pour jour ?

20 R. Il y a quinze ans, je me trouvais dans la région de Vukovar, plus

21 précisément dans la rue Svetozara Markovica. Nous menions des activités de

22 combat.

23 Q. Quelles activités de combat faisiez-vous à ce moment-là ?

24 R. Nous attaquions les forces paramilitaires croates.

25 Q. Vous répondez de façon très générale. Il nous faut des détails,

26 Monsieur Zirojevic. Hier, vous avez mentionné des dates précises sans

27 référence au moindre document, au moindre journal, au moindre registre, et

28 vous avez répondu sans hésiter. Là, je vous pose des questions et vous

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1 répondez de façon très générale. N'est-il pas vrai, Monsieur Zirojevic, que

2 votre mémoire n'est pas aussi bonne que vous voudriez nous le faire

3 croire ?

4 R. Je ne me souviens pas de tous les détails, de tout ce qui s'est passé

5 tous les jours, mais je me souviens de quelques détails qui m'ont marqué,

6 car cela concernait des événements tragiques ou heureux, mais je ne sais

7 pas exactement ce que j'ai fait le 17 octobre il y a 15 ans.

8 En tout état de cause, je participais à ces activités de combat. Je

9 commandais mon unité. Si quelque chose m'avait marqué ce jour-là, je m'en

10 souviendrais, mais si j'ai vu, par exemple, de mes propres yeux la mort

11 d'un ami, je m'en souviens et je me souviens de la date et du jour.

12 Q. Hier, à la page 70 de votre déposition, vous avez évoqué le départ du

13 commandant Tesic qui s'est rendu à Belgrade le 20 novembre 1991 au soir;

14 est-ce exact ?

15 R. Oui.

16 Q. Hier, dans votre déposition à la page 70 également, vous avez dit qu'il

17 était revenu le lendemain le 21 novembre 1991; est-ce vrai également ?

18 R. Oui.

19 Q. Monsieur Zirojevic, la Chambre de première instance a entendu des

20 témoignages à la page 12 086 du compte rendu d'audience selon lesquels,

21 contrairement à ce que vous affirmez, le commandant Tesic est parti le 21

22 novembre 1991, et non pas le 20. Il est parti le matin et non pas le soir.

23 Il est revenu le 22 et non pas le 21. Acceptez-vous que vous pouvez vous

24 tromper au sujet de cette date ?

25 R. Le 20 au soir, pendant une vingtaine de minutes, il a assisté au

26 briefing régulier au poste de commandement. Après cela, il a dit qu'il

27 partait à Negoslavci. De là, il devait poursuivre son chemin vers Belgrade.

28 Je ne sais s'il est parti ce soir-là ou le lendemain matin. Je ne peux pas

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1 savoir cela. Après le briefing en question, nous sommes d'abord allés dans

2 la zone de déploiement de notre unité et ensuite chez le capitaine Vuckovic

3 pour y dîner. Je l'ai vu au briefing le 21.

4 Q. Si j'ai bien compris vos réponses, vous avez vu le commandant Tesic

5 lors du briefing du 21 novembre 1991; est-ce exact ?

6 R. Oui.

7 Q. Un autre témoin nous a affirmé qu'il n'était revenu avant le 22

8 novembre. Est-ce que ces autres personnes se trompent ?

9 R. Je ne sais pas ce que les autres témoins vous ont dit. Je vous dis ce

10 que je sais, ce dont je me souviens.

11 Q. Monsieur Zirojevic, vous êtes resté dans les rangs de l'armée après les

12 événements de Vukovar, et ce, jusqu'en 1996; est-ce exact ?

13 R. Oui, c'est vrai.

14 Q. Inutile que vous nous racontiez en détail ce que vous avez fait, mais

15 pendant les quatre ans qui ont suivis les événements de Vukovar, vous avez

16 participé à des opérations militaires, n'est-ce pas ?

17 R. J'étais chargé de protéger les frontières de l'État dans les régions où

18 la guerre faisait rage en ex-Yougoslavie.

19 Q. Vous êtes resté soldat militaire de carrière. Vous avez été membre de

20 la Brigade motorisée de la Garde. Ensuite, vous avez protégé les

21 frontières; est-ce bien cela ?

22 R. Mes supérieurs n'y ont vu aucune objection.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

24 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que cela n'a

25 rien à voir avec l'acte d'accusation dressé en l'espèce. Nous avons déjà

26 précisé cela, mais je pense que cela ne concerne pas la crédibilité du

27 témoin, non plus. Je ne vois donc pas dans quelle direction se lance mon

28 confrère. Si cela n'a rien à voir avec l'acte d'accusation, j'ai

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1 l'impression que l'on perd notre temps.

2 Merci.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lunny.

4 M. LUNNY : [interprétation] On n'a pas évoqué en détail ce qui s'est passé

5 entre 1991 et 1996. On a demandé au témoin s'il avait participé à des

6 opérations de combat et s'il était concentré sur ce qu'il faisait. Mes

7 questions portent sur la mémoire du témoin et non pas sur ce qu'il a fait.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez pour le moment, Monsieur

9 Lunny.

10 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Vous avez participé à d'autres opérations entre 1991 et 1996; vous vous

12 êtes concentré sur votre travail. Vous ne pensiez pas uniquement à Vukovar,

13 n'est-ce pas ?

14 R. Je vous ai déjà répondu. Comme je l'ai dit, je n'ai pas pris part à des

15 opérations de combat. J'ai protégé les frontières dans les régions où la

16 guerre faisait rage. J'assurais la sécurité des frontières avec les membres

17 de mon unité et pour éviter des incursions depuis des régions où la guerre

18 faisait rage. Je parle là du territoire de la République fédérale --

19 Q. Je ne veux pas savoir en détail ce que vous avez fait, mais s'agissant

20 de votre mémoire, de vos souvenirs. Lorsque vous protégiez ces frontières,

21 vous n'exerciez pas vos activités en pensant à la manière dont vous aviez

22 mis fin à l'utilisation des estafettes du 10 octobre 1991. Dans le cadre de

23 vos activités, vous n'étiez pas en train de réfléchir à cet ordre du 14

24 novembre par lequel le 1er Détachement d'Assaut avait été divisé ?

25 R. Bien sûr que non, mais l'expérience que j'ai vécue à Vukovar était tout

26 à fait nouvelle. C'était la première fois au cours de ma carrière militaire

27 que je m'étais retrouvé dans une telle situation, si bien que ces

28 événements sont restés dans ma mémoire.

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1 Q. Quand avez-vous appris pour la première fois que vous alliez

2 comparaître en qualité de témoin à décharge dans cette affaire ?

3 R. Je l'ai appris au début de juillet cette année.

4 Q. Pendant les 14 années et demie qui se sont écoulées depuis la chute de

5 Vukovar, vous ne saviez pas que vous alliez témoigner au sujet de ces

6 événements, n'est-ce pas ?

7 R. C'est vrai.

8 Q. Quand avez-vous parlé pour la première fois au conseil de la Défense de

9 ces questions et de votre déposition future ?

10 R. Nous avons d'abord parlé de questions qui concernaient ce procès; M.

11 Radic était placé en détention à ce moment-là. Il n'y avait pas que moi; il

12 y avait d'autres personnes. De façon générale, nous avons évoqué ce qui se

13 passait au cours de cette période dans la région de Vukovar.

14 Q. Vous avez dit que M. Radic était détenu en détention à ce moment-là et

15 au cours de cette période vous vous êtes entretenu avec un certain nombre

16 de personnes; est-ce bien cela ?

17 R. J'ai parlé à l'équipe de Me Borovic, à ces collaborateurs.

18 Q. Au cours de la période que vous avez passé à Vukovar, Monsieur

19 Zirojevic, vous n'avez pas tenu de journal, n'est-ce pas ?

20 R. Le chef de compagnie était tenu de tenir un journal de guerre au niveau

21 de la compagnie.

22 Q. Vous n'avez pas répondu à la question que je vous ai posée, Monsieur

23 Zirojevic. Vous-même, vous n'avez pas tenu de journal, n'est-ce pas ?

24 R. Si, j'ai tenu un journal.

25 Q. Qu'avez-vous fait de ce journal après la fin des opérations menées à

26 Vukovar ?

27 R. Suite à un ordre donné par le commandant du bataillon à notre retour à

28 Belgrade, ce journal de guerre, ainsi que tous les documents concernant

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1 l'opération, les cartes, notamment, nous les avons remis au commandement du

2 bataillon. Tout cela se trouve toujours, sans doute, dans les archives du

3 commandement de la brigade.

4 Q. Ce journal dont vous nous parlez, il contient, vraisemblablement, des

5 informations importantes concernant les activités de combat, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, il s'agit essentiellement d'informations qui avaient une certaine

7 importance; les ordres, les pertes, tout ce qui était important concernant

8 les dates.

9 Q. Dans ce journal, on ne trouvera aucune référence à un quelconque dîner

10 organisé le 20 novembre 1991, n'est-ce pas ?

11 R. Bien sûr que non; ce n'était pas une activité de combat.

12 Q. Est-ce que vous avez, vous-même, tenu un journal personnel concernant

13 vos activités, mais vous n'avez pas tenu de journal concernant ce qui s'est

14 passé à Vukovar en novembre 1991, n'est-ce pas ?

15 R. Non, je n'ai pas de journal personnel.

16 Q. Et vous n'avez aucune trace écrite qui prouverait que ce dîner a bien

17 eu lieu le 20 novembre 1991 ?

18 R. C'est exact.

19 Q. Vous ne disposez d'aucune liste des participants à ce soi-disant dîner

20 tenu le 20 novembre 1991, n'est-ce pas ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Vous ne savez pas combien de personnes auraient assisté à ce soi-disant

23 dîner le 20 novembre 1991, n'est-ce pas ?

24 R. Non.

25 Q. Donc, vous n'êtes pas en mesure de nous dire quand les invités seraient

26 arrivés à ce dîner le 20 novembre 1991, n'est-ce pas ?

27 R. C'est exact.

28 Q. Monsieur Zirojevic, vous n'avez rien qui pourrait nous permettre de

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1 savoir quand les invités auraient quitté ce dîner le 20 novembre 1991,

2 n'est-ce pas ?

3 R. C'est exact.

4 Q. Monsieur Zirojevic, vous avez combattu au côté du capitaine Radic à

5 Vukovar et vous êtes amis, tous les deux, n'est-ce pas ?

6 R. C'est vrai.

7 Q. Vous êtes ici à La Haye pour aider votre ami, n'est-ce pas ?

8 R. Je suis venu ici pour apporter ma contribution à la manifestation de la

9 vérité dans le cadre de cette procédure. Si cela peut aider mon ami, j'en

10 serais très ravi.

11 Q. Mais, Monsieur Zirojevic, votre contribution est plus importante là que

12 le simple fait d'être venu témoigner ici, n'est-ce pas ?

13 R. Je n'ai pas compris votre question. Est-ce que vous pourrez la

14 reformuler, s'il vous plaît ?

15 Q. Vous avez déployé toute sorte d'effort pour aider les conseils de la

16 Défense qui représentent votre ami et vous avez contacté au moins un autre

17 témoin à décharge, n'est-ce pas ?

18 R. Encore une fois, malheureusement, je n'ai pas compris votre question.

19 J'ai raconté à la Défense ce que je savais au sujet de ces événements. Est-

20 ce qu'ils en ont tiré des conclusions, est-ce que sur la base de ce que je

21 leur ai raconté, ils ont contacté d'autres témoins, je ne peux pas vous le

22 dire, je l'ignore.

23 Q. Je ne parle pas de la Défense; je parle de vous. C'est vous qui êtes

24 entré en contact avec un témoin à décharge potentiel, c'est vous qui aviez

25 pris certaine mesure pour que la personne en question se mette en rapport

26 avec l'équipe de la Défense de Me Borovic, n'est-ce pas ?

27 R. Non.

28 Q. Vous affirmez que vous n'avez jamais contacté d'autres témoins et que

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1 vous n'avez jamais cherché à organiser une rencontre avec Me Borovic ?

2 R. J'affirme que qu'est-ce que vous dites et inexacte. J'ai peut-être

3 obtenu un numéro de téléphone ou une adresse, mais je n'ai pas organisé de

4 réunion ni de rencontre.

5 Q. Je peux peut-être rafraîchir votre mémoire, Monsieur Zirojevic. A la

6 page 12 958 du compte rendu d'audience, la Chambre de première instance a

7 entendu des témoignages selon lesquels Slavko Stijakovic aurait reçu un

8 appel téléphonique de votre part dans lequel vous l'avez informé

9 d'arrangement pour qu'il rencontre Me Borovic. Est-ce que vous avez qui est

10 Slavko Stijakovic ?

11 R. Oui. Je sais qui est Slavko Stijakovic. C'était le commandant en second

12 du 1er Bataillon motorisé au moment des opérations à Vukovar.

13 Q. La Chambre a entendu des témoignages selon lesquels cette personne

14 aurait reçu un appel téléphonique de votre part. Est-ce que ce sont des

15 mensonges ou est-ce que c'est vous qui nous mentez ?

16 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

18 M. BOROVIC : [interprétation] Je ne veux pas entraver la Cour des choses,

19 mais ce qui vient d'être dit est grave. Le témoin raconte ce qu'il sait.

20 Lui dire que c'est un menteur, alors qu'il a déjà parlé de contacts

21 téléphoniques, c'est grave. Mon confrère ne devrait pas s'adresser ainsi au

22 témoin, et, de toute façon, il se trompe.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny.

24 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président, dans le cadre de sa

25 déposition, le témoin n'a pas parlé d'appel téléphonique; il a dit qu'il a

26 peut-être fourni un numéro de téléphone au cabinet de Me Borovic, mais il a

27 nié à deux reprises d'être entré en contact direct avec quiconque.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny, peut-être que vous

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1 pourriez soumettre au témoin qu'il se trompe.

2 M. LUNNY : [aucune interprétation]

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être qu'ainsi vous pourriez

4 obtenir ce que vous souhaitez.

5 M. LUNNY : [interprétation] Non, je ne crois pas. L'Accusation est d'avis

6 que le témoin n'a pas dit la vérité dans son témoignage. Le témoin aurait

7 pu répondre, "Peut-être que je me trompe," mais ce n'est pas ce qu'il a

8 dit.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez lui soumettre cela. Vous

10 devriez le faire.

11 Allez-y. Poursuivez.

12 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 Q. Monsieur Zirojevic, la Chambre a entendu que vous aviez passé un appel

14 à Slavko Stijakovic. Vous niez avoir passé le moindre appel. Est-ce que

15 vous nous dites la vérité ou est-ce que c'est un mensonge de votre part ?

16 R. Je dois vous expliquer quelque chose. Avant de fournir le moindre

17 numéro de téléphone à qui que ce soit, j'ai contacté cette personne pour

18 lui demander si je pouvais communiquer ce numéro de téléphone, de façon à

19 ce que cette personne ait le choix; si elle ne voulait pas être dérangée,

20 elle ne le serait pas.

21 J'ai d'abord parlé à M. Stijakovic avant de contacter

22 Me Borovic. Je lui ai demandé si je pouvais communiquer son numéro de

23 téléphone. Je n'ai pas dit que je n'avais pas eu de contact. J'ai dit que

24 je n'avais pas organisé de rencontre.

25 Ce qui s'est passé lors de la rencontre entre M. Stijakovic et Me

26 Borovic, je l'ignore, je n'ai pas d'information à ce sujet.

27 Q. Maintenant, vous venez de changer complètement votre témoignage, n'est-

28 ce pas ?

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1 R. Vous m'avez demandé si j'avais organisé une rencontre. Comme je vous

2 l'ai dit, je n'ai pas organisé de rencontre. J'ai obtenu ce numéro de

3 téléphone, et je vous ai expliqué comment les choses s'étaient passées.

4 Q. Avez-vous contacté quelques autres témoins potentiels de la Défense

5 dans l'effort que vous avez fourni d'aider l'équipe de la Défense de votre

6 ami ?

7 R. D'une façon analogue avec plusieurs autres personnes, comme je viens de

8 vous l'expliquer.

9 Q. Qui étaient ces quelques autres personnes ?

10 R. Je ne peux pas m'en souvenir avec exactitude. Il y (expurgé)

11 (expurgé)

12 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel, je vous prie [hors

14 micro].

15 M. LUNNY : [interprétation]

16 Q. Vous venez de nous donner un nom. Qui sont les autres ? Y a-t-il eu

17 d'autres personnes que vous auriez contactées ?

18 R. Il y avait le chef du peloton de la police militaire qui faisait partie

19 de ce 1er Bataillon à l'époque et qui répondait au nom de Predrag

20 Stefanovic. Il était sous-lieutenant. Il y avait le chef de cette compagnie

21 anti-char, Sladjan Kopcic, et Sasa Pekovski, le commandant de la 1ière

22 Compagnie -- le chef de la 1ière Compagnie.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

24 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse de m'être

25 levé trop tôt. Il y a des témoins qui font l'objet de mesures de

26 protection. Il ne faudrait pas que celui-ci soit mentionné en public.

27 J'avais souhaité que la chose se passe à huis clos partiel, mais j'aimerais

28 que le premier des noms mentionnés fasse l'objet d'une expurgation. Merci.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Borovic. Cela

2 a peut-être constitué un geste qui avait son importance. Voyez-vous, j'ai

3 une préoccupation assez importante concernant les interruptions dans les

4 questions à un moment où cela risque de revêtir des aspects cruciaux pour

5 ce qui est des réponses qui seraient apportées. C'est la raison pour

6 laquelle je n'aime pas qu'il y ait interférence dans les réponses avant

7 qu'elles ne soient fournies. Je le fais à l'égard des deux parties par

8 équité.

9 Merci d'avoir pensé à la question de la confidentialité.

10 Veuillez continuer, Maître Lunny.

11 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

12 Q. Monsieur Zirojevic, qu'en est-il de Davor Vuskovic; est-ce là quelqu'un

13 que vous connaissiez ?

14 R. Vous parlez de Davor Vuckovic; c'est bien cela ?

15 Q. Oui, en effet.

16 R. Davor Vuckovic a été le chef de cette batterie de mortier.

17 Q. En aidant l'équipe de la Défense de votre ami, l'auriez-vous contacté

18 aussi ?

19 R. Oui.

20 Q. Qu'en est-il du commandant Tesic ? Auriez-vous contacté le commandant

21 Tesic pour voir s'il serait susceptible, lui, de venir en aide à l'équipe

22 de la Défense de votre ami ?

23 R. Le commandant Tesic, non.

24 Q. Parce que vous avez contacté tous ces gens-là aux fins d'apporter de

25 l'aide à l'équipe de la Défense de votre ami, vous vous êtes entretenus de

26 Vukovar, des vieux temps, des bons et mauvais souvenirs, n'est-ce pas ?

27 R. Si cette question se rapporte à la question de voir qui était celle de

28 constater si j'avais contacté pour donner les numéros de téléphone à Me

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1 Borovic, je dirais que oui, c'est la même façon que j'ai procédée, mais

2 comme je viens de vous l'expliquer, une fois que nous nous sommes

3 rencontrés, nous aurions parlé de ces temps-là, oui.

4 Q. Vous auriez évoqué les souvenirs de ces temps-là et vous avez parlé de

5 la façon dont vous témoignerez à La Haye, n'est-ce pas ?

6 R. S'agissant de mois jusqu'au début du mois de juillet, je n'étais pas du

7 tout sûr de venir témoigner ou pas. J'étais rien qu'un témoin potentiel. Ce

8 n'est qu'en début juillet de cette année que l'on m'a dit que je suis

9 proposé comme témoin et qu'il était probable que je viendrais témoigner

10 dans le procès.

11 Q. Vous n'avez pas répondu à la question qui vous a été posée, Monsieur

12 Zirojevic. Vous avez été témoin potentiel, comme vous venez de nous le

13 dire, et vous l'avez été aux côtés d'autres témoins potentiels. Vous vous

14 êtes battus ensembles à Vukovar en 1991, et au sein de ce groupe-là, vous

15 vous êtes entretenus au sujet de ce qui s'était passé à Vukovar et au sujet

16 de quoi vous pourriez témoigner si vous veniez à être citer à comparaître à

17 La Haye, n'est-ce pas ?

18 R. Je viens de vous dire que nous avions évoqué des souvenirs. Nous ne

19 nous sommes pas rattachés de façon concrète à des situations, à des dates.

20 Nous avons évoqué des souvenirs sur ce qui s'était passé sur ce que nous

21 avions fait. Nous n'avions pas fait référence à des événements précis ou à

22 des dates précises. Nous avons évoqué les choses qui sont restées

23 profondément gravées dans la mémoire.

24 Q. Le capitaine Radic a été appelé à La Haye. Vous avez rencontré d'autres

25 personnes de Vukovar, des ex-collègues. Vous saviez que vous étiez un des

26 témoins potentiels. Vous avez discuté de Vukovar. Vous étiez au courant

27 d'Ovcara et des dates que cela impliquait. Vous êtes en train de dire aux

28 Juges de la Chambre ici que vous n'avez pas évoqué ces dates concrètes, par

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1 exemple, celle du 20 novembre 1991 ?

2 R. Je vous répète ce que j'ai dit. Nous nous sommes entretenus, oui, sur

3 les événements et les choses qui nous sont restées le plus en mémoire. Nous

4 sommes, disons, passés là-bas une cinquantaine de jours; nous ne pouvons

5 pas nous souvenir de tous les événements, mais ceux qui ont été

6 profondément gravés dans nos mémoires, c'est là les choses dont nous avons

7 parlé.

8 Q. Avant que de passer à autre chose, Monsieur Zirojevic, concernant les

9 contacts des témoins potentiels au profit des amis -- de l'équipe de

10 Défense de votre ami, pouvez-vous nous dire si vous avez eu la possibilité

11 de contacter le commandant Tesic ?

12 R. Oui, j'ai eu la possibilité de contacter le commandant Tesic.

13 Q. Comme vous avez eu cette possibilité-là, dites-nous si vous l'avez

14 contacté ?

15 R. Pour ce qui est du sens où vous avez posé vos questions jusqu'à

16 présent, s'agissant de témoignage potentiel, non, mais j'ai, -- mais je

17 l'ai rencontré à plusieurs reprises. L'objectif de notre rencontre n'a pas

18 été ce dont nous avons discuté.

19 Q. Comme vous avez eu cette possibilité, comme vous avez fait tout ce que

20 vous avez pu pour trouver les témoins potentiels au profit de l'équipe de

21 Défense de votre ami, pourquoi n'avez-vous pas requis l'aide du commandant

22 Tesic ?

23 R. Je ne sais pas. Simplement, j'ai pensé que -- je ne sais pas trop.

24 Peut-être M. Borovic n'a-t-il pas voulu s'entretenir avec lui. Je ne sais

25 pas pourquoi je ne le lui ai pas demandé.

26 Q. Donnez-moi un instant, je vous prie, Monsieur Zirojevic. Lorsque vous

27 vous êtes entretenu avec le commandant Tesic, lui avez-vous demandé s'il

28 serait disposé à venir témoigner pour M. Radic ?

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1 R. Je vous ai déjà dit que je n'ai pas parlé avec lui de ce sujet-là.

2 Q. Je voudrais à présent passer à autre chose, Monsieur Zirojevic. Avec

3 la chute de Vukovar en date du 18 novembre 1991, cela revient dire que vous

4 vous êtes battus là-bas pendant plus de six semaines, n'est-ce pas ?

5 R. Oui. Entre le 1er octobre et le 18 novembre.

6 Q. Cette période a été fort stressante, n'est-ce pas ?

7 R. Du premier au dernier jour.

8 Q. Pendant cette période de temps, compte tenu de tout ce stress, vous

9 n'avez pas beaucoup dormi non plus, n'est-ce pas, Monsieur Zirojevic ?

10 R. Je ne pense pas pouvoir le dire. Avec la tombée de la nuit, toutes les

11 activités s'interrompaient, on renforçait les positions et on avait

12 l'opportunité de se reposer. Bien sûr qu'il y ait eu des réveils en sursaut

13 et des activités de combat, mais cela ne se faisait pas au quotidien.

14 Q. Je pense qu'hier, en page 72, vous avez dit, Monsieur Zirojevic,

15 qu'après le 20 novembre, vous avez dû vous décompresser pour vous

16 débarrasser de tout ce stress, n'est-ce pas ?

17 R. Je n'ai pas dit que j'avais décompressé, mais j'ai dit que le fait de

18 ne plus avoir des activités de combat dans la zone où je me trouvais,

19 faisait logiquement que l'on se décontractait et que l'on cessait de penser

20 de façon analogue à celle qui a été en vigueur pour la période précédente.

21 Nous -- cela ne signifie pas que nous n'avions pas de menaces

22 d'attaque de la part de forces paramilitaires Croates. Ce n'était pas en

23 temps de paix, mais c'était un temps de demi paix. On était, en effet, dans

24 une zone de combat, mais il n'y avait plus de menaces aussi grandes pour

25 les vies des gens.

26 Q. En cette période de la fin de novembre 1991, le 20 novembre, pour être

27 plus concret, en réalité il s'agit de la fin novembre, il faisait froid

28 dehors, n'est-ce pas, Monsieur Zirojevic ?

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1 R. Oui.

2 Q. Nous avons déjà entendu des témoignages en page 12 665, Monsieur

3 Zirojevic, disant que le dîner [comme interprété] où vous avez eu votre

4 dîner n'avait pas été encore terminé; est-ce vrai ?

5 R. Je ne sais pas ce que vous entendez par inachevé. La maison était

6 inachevée. Enfin, elle n'a pas -- la façade n'était pas terminée. On voyait

7 les briques, mais à l'intérieur il y avait le mortier, la peinture. La

8 personne en question vivait dedans. Il n'y avait pas la façade de terminer.

9 Q. Monsieur Zirojevic, ce dîner n'a pas duré toute la nuit jusqu'à l'aube,

10 n'est-ce pas ?

11 R. Ce dîner a duré jusqu'à très tard dans la nuit, presque jusqu'à l'aube.

12 Q. Le capitaine Radic a quitté le dîner assez tôt et est retourné dans la

13 rue, au 81 de la rue Nova Ulica avant une heure du matin, n'est-ce pas ?

14 R. Non, ce n'est pas exact.

15 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai entendu qu'il

16 pose cette question.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Me Borovic.

18 M. BOROVIC : [interprétation] Je demanderais à mon éminent confrère

19 d'être équitable vis-à-vis du témoin. Ce n'est pas une chose qu'il a

20 déclarée. Il a dit qu'ils sont restés jusqu'avant l'aube. Je ne voudrais

21 pas protester constamment, mais la question n'est pas du tout équitable.

22 C'est monté de toutes pièces.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous ne pensez tout de même pas

24 que M. Lunny est en train de présenter des éléments de preuve fournis par

25 votre client, parce que si vous vous penchez sur la question, il est en

26 train de lui présenter une série de faits, une situation. Mais je ne sais

27 pas sur quoi cela se base.

28 Continuez, Monsieur Lunny.

Page 13158

1 M. LUNNY : [interprétation] Vous avez tout à fait raison, Monsieur le

2 Président. Ce que je suis en train de présenter au témoin, ce sont des

3 témoignages dont les Juges de la Chambre ont été saisis auparavant de la

4 part des témoins de l'Accusation. On a dit à plusieurs reprises, on a dit

5 que le capitaine Radic était allé à la rue Nova Ulica 81. Je ne suis pas en

6 train de reprendre les propos ou de déformer les propos du capitaine Radic.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Vous pouvez continuer, Monsieur

8 Lunny.

9 M. LUNNY : [interprétation] Merci.

10 Q. Le capitaine Radic est retourné à la rue Nova Ulica au 81, et il est

11 entré à la maison pour dire qu'il allait y dormir, n'est-ce pas ?

12 R. C'est à moi que vous posez cette question ? Je vous l'ai dit tout à

13 l'heure que ce n'était pas exact.

14 Q. [aucune interprétation]

15 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Borovic.

17 M. BOROVIC : [interprétation] Vous avez fait une bonne suggestion, mais ce

18 n'est pas la voie que suit mon éminent confrère.

19 Le témoin auquel se réfère l'Accusation n'a pas du tout parlé de dîner et

20 n'a pas parlé d'avoir quitté le dîner plus tôt avant une heure. Je

21 comprends la thèse qui est avancée, mais ce n'est pas une façon juste de

22 procéder parce que cela induit le témoin dans l'erreur. Ce n'est pas une

23 chose qui aurait été prononcée par un témoin ici dans le prétoire.

24 Le témoin aurait pu être interrogé et dire : ne serait-il pas exact

25 de dire qu'il serait parti avant une heure, et cetera ? Mais dire qu'il y a

26 eu un témoignage qui aurait affirmé que l'intéressé serait resté qu'à une

27 heure à ce dîner et qu'il serait rentré plus tôt, c'est induire le témoin

28 dans l'erreur. C'est une fausse présentation du témoignage qui a été fait.

Page 13159

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny.

2 M. LUNNY : [interprétation] Une fois de plus, Monsieur le Président, je

3 dirais que je suis en train de présenter au témoin des positions exprimées

4 dans le sens contraire, qui se fondent sur des témoignages dont disposent

5 l'Accusation.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que cela se fonde sur un

7 témoignage concret, ou est-ce que vous êtes en train de tirer des

8 conclusions ?

9 M. LUNNY : [interprétation] C'est une combinaison des deux, Monsieur le

10 Président.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais le problème qui se pose

12 c'est justement le fait d'avoir tiré des conclusions, Monsieur Lunny.

13 M. LUNNY : [interprétation] Il s'agit d'un témoignage concret qui est celui

14 de deux témoins, le P-018 et le P-022, qui disent qu'ils sont rentrés dans

15 la rue Nova Ulica 81, tôt dans la soirée de cette journée de novembre 1991,

16 entre 10 heures et 1 heure. Ils ont dit qu'ils ont trouvé le capitaine

17 Radic là-bas.

18 Je pense que l'Accusation a le droit de présenter ce type de conclusion au

19 témoin pour affirmer que le capitaine Radic serait rentré tôt dans la

20 soirée.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, vous pouvez certainement

22 présenter ces thèses de la Défense et affirmer que le capitaine Radic n'a

23 pas été présent à la réunion et au dîner après une heure déterminée, et

24 cetera.

25 M. LUNNY : [aucune interprétation]

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais, il faudrait que vous mettiez une

27 présentation qui ne dégagerait pas l'impression qu'il s'agirait-là du

28 témoignage de certains témoins, mais qui indiquerait bien que ce sont des

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1 conclusions que vous tirez, parce que là vous poussez le bouchon trop loin.

2 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Cela n'a pas été

3 mon intention.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

5 M. LUNNY : [interprétation]

6 Q. Monsieur Zirojevic, ce dîner a également eu lieu à Petrova Gora, et à

7 Nova Ulica -- la localité s'appelait Petrova Gora et la rue Nova n'était

8 qu'à quelques minutes en voiture de cet endroit-là; est-ce exact ?

9 R. Le dîner s'est passé à Petrova Gora, mais je ne suis pas d'accord avec

10 vous pour affirmer que ce n'est qu'à quelques minutes en voiture de là.

11 Q. Nous avons entendu des témoignages, et je me réfère à la page 12 665,

12 disant que le capitaine Radic avait une voiture et qu'il est venu avec à ce

13 dîner; est-ce vrai ?

14 R. Oui.

15 Q. Je dirais, qui plus est, Monsieur Zirojevic, que le capitaine Radic a

16 quitté la réunion et a quitté le dîner avant l'heure que vous avez avancée

17 aux Juges de la Chambre. Il a quitté -- il s'en est allé bien avant une

18 heure du matin, n'est-ce pas ?

19 R. Je vous ai déjà dit que cela n'était pas vrai. On s'en ait allé juste

20 avant l'aube, ensemble. C'est ensemble que nous avons quitté cette maison.

21 Q. Monsieur Zirojevic, vous êtes en train de faire durer ce dîner jusqu'à

22 l'aube aux fins d'aider votre ami le capitaine Radic, n'est-ce pas ?

23 R. Ce n'est pas exact, Monsieur le Procureur.

24 Q. Au bout de 15 ans, vous n'avez aucune trace écrite au sujet de ce

25 dîner, n'est-ce pas ?

26 R. Cela, vous me l'avez déjà posé comme question, Monsieur le Procureur,

27 et je vous ai dit que ce n'était pas le cas.

28 Q. J'aimerais passer à un autre sujet et quitter le sujet du dîner. Vous

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1 nous avez dit hier, Monsieur Zirojevic, qu'il y a eu modifications de la

2 composition de ce Détachement d'Assaut 1 vers la fin de novembre [comme

3 interprété], n'est-ce pas ?

4 R. La modification de la composition de ce détachement d'assaut, dites-

5 vous, le détachement d'assaut a modifié à plusieurs reprises la composition

6 de ses rangs. Entre autres, juste avant la chute de Vukovar, disons, à une

7 semaine de celle-ci.

8 Q. Toutefois, au sujet de la fin octobre, vous nous avez dit hier, et je

9 me réfère à la page 48, que ces modifications ont fait que Leva Supoderica

10 et Petrova Gora, ces deux unités de la TO, ont fait partie de ce

11 Détachement d'Assaut 1. Vous en souvenez-vous, Monsieur ?

12 R. Fin octobre, le Détachement de la Défense territoriale de Petrova Gora

13 et le Détachement de la TO de la Leva Supoderica ont fait partie de ce 1er

14 Détachement d'Assaut.

15 Q. Ne serait-il pas exact de dire, Monsieur Zirojevic, que l'une des

16 raisons de cette incorporation au sein du Détachement d'Assaut est due aux

17 problèmes de coopération survenus entre les différentes unités qui se sont

18 battues dans le secteur de Petrova Gora; vrai ou faux ?

19 R. Je crains fort de ne pas avoir bien compris votre question.

20 Qu'entendez-vous par "coopération" ? C'est un terme dont la signification

21 m'échappe.

22 Q. En votre qualité d'officier de la JNA et de la Brigade de la Garde,

23 n'avez-vous pas eu connaissance de ce terme de "coopération" ou activités

24 conjointes ?

25 R. Activités conjointes, c'est quelque chose de connu. Coopération, en

26 terminologie militaire, cela n'existe pas.

27 Q. Avant que la TO et ses détachements de Leva Supoderica et de Petrova

28 Gora ne viennent faire partie de ce Détachement d'Assaut 1, vous vous êtes

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1 battus de façon coordonnée, concertée, n'est-ce pas ?

2 R. Ces détachements de Petrova Gora et de Leva Supoderica ont eu des

3 activités concertées avec le Détachement d'Assaut 1.

4 Q. Dans l'exécution de ces missions, il y a eu activités coordonnées entre

5 les différentes unités, n'est-ce pas ?

6 R. Il y a coordination entre deux unités qui sont appelées à exécuter des

7 éléments de mission sur un même territoire, mais chaque unité a son propre

8 commandement -- ou des chefs; cela dépend du niveau duquel on parle. Si ce

9 n'est pas le cas, cela ménage un espace d'accès à l'ennemi. Par exemple, la

10 2e Compagnie et la 3e Compagnie ont concerté et coordonné leurs activités.

11 Au sein du bataillon, il y a eu coordination des activités entre les

12 compagnies dans l'objectif de l'exécution de la mission qui était la leur.

13 Q. S'agissant de cette coordination des activités entre Leva Supoderica et

14 Petrova Gora, vis-à-vis de ce 1er Détachement d'Assaut, avant qu'il ne

15 vienne en faire partie, il y a eu des confusions, n'est-ce pas ? C'est la

16 raison pour laquelle ils ont été intégrés, n'est-ce pas ?

17 R. Je ne sais pas s'il y a eu confusion dans ce que faisaient les uns et

18 les autres entre les commandants -- ou les chefs de ces détachements de la

19 TO de Leva Supoderica et Petrova Gora et celui du 1er Bataillon -- du 1er

20 Détachement d'Assaut. Je ne sais pas en réalité quelles ont été les raisons

21 pour lesquelles le commandant de la brigade -- ou le commandement du Groupe

22 opérationnel sud a décidé de faire en sorte que ces deux unités de la TO et

23 le 1er Bataillon ne viennent à constituer un nouveau détachement d'assaut

24 pour l'accomplissement de la mission qui leur a été confiée. Cela je ne

25 pouvais pas le savoir.

26 Q. Vous nous avez dit hier, en parlant du détachement d'assaut, que dans

27 le cadre du détachement d'assaut, il y avait plusieurs groupes d'assaut,

28 n'est-ce pas ?

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1 R. Oui. Le commandant du bataillon ou détachement d'assaut peut constituer

2 plusieurs groupes d'assaut pour l'accomplissement de devoirs concrets. Il

3 peut en faire au moins un groupe -- il peut constituer au moins un groupe

4 ou il peut en constituer plusieurs.

5 Q. Au sein du 1er Détachement d'Assaut, il y avait eu trois compagnies au

6 départ qui sont devenues trois groupes d'assaut ?

7 R. Une compagnie ne peut pas être un groupe d'assaut. Puisqu'un groupe

8 d'assaut, c'est une formation ad hoc temporaire pour le combat -- une

9 configuration de combat qui est mise en place jusqu'à ce que l'on en

10 termine avec la mission. L'effectif peut aller jusqu'un détachement

11 renforcé, donc la compagnie n'a pas la même -- ne fonctionne pas comme un

12 groupe d'assaut. La compagnie peut être un groupe d'assaut, mais c'est dans

13 ce cas-là un commandement supérieur qui en a donné l'ordre. Par exemple, le

14 commandement au niveau du bataillon peut donner l'ordre que l'on organise

15 un groupe d'assaut au niveau de la compagnie. Mais l'ordre doit venir du

16 niveau supérieur, dans ce cas-là.

17 Q. Monsieur Zirojevic, vous étiez commandant de la 2e Compagnie motorisée,

18 et de ce fait vous avez été nommé commandant du deuxième groupe d'assaut;

19 c'est vous qui dirigiez le deuxième groupe d'assaut ?

20 R. Oui. Au sein de ma compagnie, un groupe d'assaut a été mis sur pied, et

21 je l'ai rédigé, parce que c'était sous mon commandement.

22 Q. Sous votre commandement, vous aviez aussi des volontaires qui venaient

23 de Novi Sad ?

24 R. Les volontaires venant de Novi Sad étaient utilisés pour assurer la

25 sécurité le long des lignes qui avaient déjà été capturées, prises. Ils

26 étaient là après le combat pour assurer la sécurité du front, mais une fois

27 que le front avait été atteint et capturé. Ce n'est qu'une certaine portion

28 du groupe de volontaires de Novi Sad qui se consacrait à cette tâche.

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1 Q. Cela dit, ces volontaires de Novi Sad, ce groupe de volontaires était

2 en train de combattre le long de votre propre axe, n'est-ce pas ?

3 R. Je vous ai dit qu'ils n'ont pas participé au combat, aux opérations de

4 combat, au feu. Ils n'ont pas fait partie de l'opération offensive. Ils

5 n'étaient là que pour assurer la sécurité -- pour sécuriser la ligne de

6 front une fois atteinte, parce que, professionnellement, ils n'étaient pas

7 compétents pour participer à l'opération de combat.

8 Q. Oui, mais ils étaient quand même chargés d'assurer la sécurité des

9 lignes le long de votre propre axe, n'est-ce pas ?

10 R. Tout à fait.

11 Q. Ils étaient sous votre commandement pour accomplir cette mission,

12 n'est-ce pas ?

13 R. Ils n'étaient pas subordonnés à moi; ils étaient sous mes ordres. Ils

14 m'étaient rattachés uniquement.

15 Q. Vous êtes un officier de métier ici; ces hommes, en revanche, n'étaient

16 pas des professionnels. Quant à savoir si le lien qui vous rattachait était

17 un lien de subordination ou un lien de détachement, le fait est qu'ils

18 recevaient leurs ordres de votre part; vous étiez leur chef.

19 R. Oui, pour ce qui est des tâches de sécurité, pour ce qui est de tout ce

20 qui avait à voir avec la sécurité des lignes. Oui, en effet.

21 Q. Il s'agit quand même ici d'un exemple parfait d'une chaîne de

22 commandement unifiée.

23 R. Je n'ai pas bien compris votre question. Qu'est-ce que vous voulez dire

24 par "chaîne de commandement unité" ?

25 Q. On ne peut pas avoir deux commandants en charge du même groupe d'hommes

26 simultanément.

27 R. Absolument. L'unicité de la commande -- de commandement, c'est

28 essentiel et là c'était appliqué au sein de la JNA, bien sûr.

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1 Q. Votre groupe d'assaut a été organisé le long de votre axe, et pour ce

2 qui est du capitaine Radic, il exerçait le commandement exactement de la

3 même façon, n'est-ce pas ?

4 R. Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne sais pas comment il

5 s'est organisé en ce qui concerne son axe. Je ne sais pas comment il avait

6 organisé les choses le long de son propre axe.

7 Q. Vous venez de nous dire que le principe de l'unicité de commandement

8 s'appliquait dans toute la JNA. Cela s'appliquait dans votre axe et cela

9 devait s'appliquer aussi à l'axe du capitaine Radic, n'est-ce pas ?

10 R. Je répète une fois de plus : je ne sais absolument pas comment le

11 capitaine Radic s'est organisé le long de son axe. Je ne sais pas comment

12 il avait organisé son axe. Ce que je vous ai dit, c'est qu'après les -- à

13 la fin des opérations de combat le jour, en soirée, j'ai montré aux

14 officiers des unités volontaires où déployer leurs membres, leurs

15 effectifs. Si, selon vous, c'est du "commandement", cela relève du

16 "commandement", très bien, mais je ne pense pas que cela relève du

17 commandement, bien, là, c'est votre point de vue. Vous avez le droit de

18 l'avoir. De toute façon, pendant la journée, ils n'étaient pas au combat;

19 ils étaient à l'arrière en train de se reposer, et c'est en fin de journée,

20 le soir, qu'ils montaient sur la ligne de front pour assurer la sécurité

21 sur le front, afin que les troupes qui, pendant la journée, avaient

22 combattu puissent se reposer.

23 Q. Monsieur Zirojevic, vous n'avez absolument pas répondu à ma question.

24 Il y a quelques minutes vous nous avez dit que le principe de l'unicité de

25 commandement s'appliquait à toute la JNA. Je ne vous demande pas ce qui se

26 passait au jour le jour. Je vous demande si c'est ce principe de visiter un

27 commandement qui s'appliquait à toute la JNA serait appliqué tout au long

28 de l'axe du capitaine Radic ? Je vous demande de répondre par oui ou par

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1 non.

2 R. Je vous répète une fois de plus que je n'en sais rien. Je ne sais pas

3 de ce qui s'appliquait le long de l'axe du capitaine Radic. Je ne voudrais

4 pas me lancer dans des hypothèses en vous disant que c'était peu probable

5 ou ce ne l'était pas. Je n'en sais rien; c'est tout.

6 Q. C'était la doctrine de l'armée, c'était les règles qui prévalaient à

7 l'époque. Vous deviez suivre la doctrine tout comme le capitaine Radic, lui

8 aussi, devrait suivre la doctrine, n'est-ce pas ?

9 R. Oui, ce sont des règles. Les règles sont censées d'être suivies. Je ne

10 sais pas si elles l'étaient, cela dit.

11 Q. Vous avez parlé du capitaine Radic, et quand M. Borovic vous a

12 questionné à la fin de votre témoignage, vous avez, avec tout le bien que

13 vous pensiez du capitaine Radic, vous avez chanté ses louanges, et cetera.

14 Vous avez aussi dit que la Bridage des Gardes représentait l'élite de

15 l'armée. Si c'est bel et bien le cas, la doctrine devait s'appliquer à lui

16 pour comme à vous ?

17 R. Oui, mais vous me reposez la même question; c'est juste que vous

18 essayiez de la poser un petit peu différemment. Alors, quant à savoir, si

19 c'est probable, sans doute, mais je ne peux pas vous affirmer à 100 %.

20 Q. Monsieur Zirojevic, il faut quand même appliquer ce principe d'unicité

21 de commande; sinon, c'est le chaos ?

22 R. Je suis d'accord avec vous.

23 Q. Sans cette unicité de commande, tout combat en zone urbaine dense

24 risquerait de résulter en nombres d'accidents ?

25 R. Sans doute.

26 Q. C'est pour cela que vous avez appliqué les procédures d'unicité de

27 commande, c'est pour cela que le capitaine Radic, lui aussi, l'a très

28 certainement appliqué ?

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1 R. Vous répétez toujours la même question. Vous en revenez toujours à la

2 même chose. Je vous dis à nouveau que je ne peux que faire des hypothèses

3 et dire, sans doute. Quant à savoir si c'est bel et bien ce qui est arrivé,

4 je n'en sais rien.

5 Q. Pour ce qui est des volontaires de Novi Sad qui étaient le long de

6 votre axe et à qui vous donniez des ordres, c'est une chose, et la Leva

7 Supoderica, la Petrova Gora et la TO, elles étaient dans l'axe du capitaine

8 Radic, n'est-ce pas ?

9 R. Ces unités étaient voisines de celles du capitaine Radic.

10 Q. Monsieur Zirojevic, nous avons entendu des dépositions dans le cadre de

11 cette affaire selon lesquelles que Leva Supoderica, la Petrova Gora et la

12 TO n'étaient pas des unités voisines mais qu'elles étaient subordonnées au

13 capitaine Radic sous le 1er Détachement d'assaut. Le capitaine Radic était

14 en charge du 3e Groupe d'Assaut, et au sein de ce groupe d'assaut, il y

15 avait bel et bien ces trois unités, Leva Supoderica, la Petrova Gora et la

16 TO, n'est-ce pas ?

17 R. Je pense que j'ai déjà abordé le sujet; je vous ai dit qu'un groupe

18 d'assaut peut être organisé au niveau du bataillon et peut aller, peut être

19 composé d'un effectif identique à celui dans une section renforcée. Un

20 détachement de la TO, en revanche, quand on établit une formation, ne peut

21 être qu'un effectif du bataillon. Donc, il ne peut pas y avoir deux

22 détachements de TO au centre d'un groupe d'assaut qui serait plus important

23 qu'une compagnie au sein duquel le groupe d'assaut de la force d'une

24 section renforcée serait mis en œuvre. Théoriquement, de toute façon, ils

25 ne pouvaient pas faire partie du groupe d'assaut qui avait été organisé

26 dans le cadre de la 3e Compagnie motorisée.

27 Q. La Leva Supoderica, la Petrova Gora et la TO combattaient quand même

28 sur le même axe que l'axe du capitaine Radic, n'est-ce pas ?

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1 R. Le détachement Petrova Gora et le détachement de la Leva Supoderica

2 étaient sur le flanc gauche de la 1ère Brigade motorisée. Parce que sur le

3 flanc gauche de la 1ère Brigade motorisée, il y avait la 3e Brigade

4 motorisée, automatiquement, tout cela était voisin, ils étaient voisins de

5 la 3e Compagnie motorisée.

6 Q. Vous dites "voisins", "proche", mais pouvez-vous nous donner un ordre

7 d'idée, donc cette continuité ?

8 R. Cela je ne peux pas vous le dire, parce que je n'ai pas d'informations

9 très précises, mais cela pouvait être très, très proche, ce qui signifie

10 que si une partie de l'unité du capitaine Radic, donc la 3e Brigade

11 motorisée, se déplaçait sur peut-être un côté de la rue, ils auraient très

12 bien pu être sur l'autre trottoir, l'autre côté. Donc, séparé par même pas

13 dix mètres.

14 Q. Selon ce que vous venez de nous dire, le capitaine Radic aurait très

15 bien pu être engagé dans une opération de combat exactement au même

16 endroit, dans la même rue que la Leva Supoderica et la Petrova Gora. Vous

17 nous avez dit qu'il avait besoin d'une unité de commandement, absolument,

18 surtout quand on combat dans une zone urbanisée dense, donc il y a risque

19 d'avoir accidents. S'il y avait eu des tirs croisés, si vous aviez eu des

20 pertes sous feu ami, quand on l'appelle feu ami, non pas accident, des

21 troupes de votre camp tuées par votre camp, il y aurait enquête, n'est-ce

22 pas ? Parce que l'armée aurait voulu savoir ce qui s'était passé, n'est-ce

23 pas ?

24 R. Oui, absolument.

25 Q. Pour ce qui est de Petrova Gora en 1991, il n'y a pas eu d'enquête de

26 ce type parce qu'il n'y a jamais eu d'accidents dus à des tirs amis ?

27 R. Je ne peux pas répondre à cette question parce que ce n'était pas de

28 mon ressort. Cela, je n'en sais rien. Je ne sais pas s'il y a eu des

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1 enquêtes, je ne sais pas.

2 Q. Après que vous avez quitté Vukovar, avez-vous entendu parler de la

3 moindre enquête à propos de morts accidentels dans l'axe du capitaine Radic

4 ?

5 R. Non.

6 Q. Etant donné que les volontaires ou soldats de la Novi Sad recevaient

7 des ordres de votre part, on peut en déduire que les soldats de la Leva

8 Supoderica et de Petrova Gora, quand ils combattaient dans exactement la

9 même rue que le capitaine Radic, ils recevaient leurs ordres de sa part,

10 eux aussi, n'est-ce pas ?

11 R. Absolument pas. Tant qu'élément d'un dispositif de combat au sein d'un

12 détachement d'assaut, ils ne recevaient leurs ordres que du commandant de

13 ce détachement d'assaut, et certainement pas du commandant de la Compagnie

14 du 1er Bataillon motorisé, si on applique bel et bien ce principe de

15 l'unicité de commande. Le commandant du détachement d'assaut est le

16 commandant qui commande toutes les unités au sein de ce détachement et ces

17 personnes ne peuvent recevoir leurs ordres que de ce commandant.

18 Q. Passons à autre chose, Monsieur Zirojevic. Hier vous nous avez parlé de

19 réunions qui avaient lieu au QG du 1er Bataillon motorisé. Vous dites avoir

20 participé à ces réunions. Vous vous en souvenez, n'est-ce pas ?

21 R. Oui. J'ai dit que tous les jours nous avions des briefings au poste de

22 commandement du bataillon.

23 Q. Vous vous souvenez nous avoir dit que la TO Leva Supoderica et la TO de

24 Petrova Gora, en tout cas les chefs de ces deux unités, ne participaient

25 pas au même briefing que vous-mêmes, n'est-ce pas ?

26 R. Oui. Les chefs de la Leva Supoderica et de la Petrova Gora ne

27 participaient pas aux briefings qui avaient lieu au 1er Bataillon motorisé.

28 Q. Si j'ai bien compris ce que vous avez dit hier, vous avez dit que

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1 parfois, quand vous sortiez de ces briefings, les chefs de la Leva

2 Supoderica, les chefs de la Petrova Gora et de la TO étaient eux en train

3 d'attendre à l'extérieur du QG que vous en sortiez pour y rentrer à leur

4 tour pour recevoir un briefing eux-mêmes, pour être eux aussi briefés. Vous

5 l'avez dit, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, je m'en souviens.

7 Q. Monsieur Zirojevic, êtes-vous d'accord avec moi si je vous dis que

8 lorsque l'on donne des ordres militaires, il faut être très clair ?

9 R. Absolument.

10 Q. Il faut être précis, aussi ?

11 R. Bien sûr.

12 Q. Il faut être cohérent, aussi ?

13 R. Il faudrait que vous explicitiez ce que vous voulez dire par

14 "cohérent", dans ce cas.

15 Q. Des soldats et des chefs qui se battent sur le même théâtre, dans ce

16 cas-là, on ne peut pas répéter un ordre deux fois, lors de deux briefings

17 différents. On donne un ordre à tout le monde, une fois, pour s'assurer que

18 tout le monde a reçu exactement le même ordre, c'est cela que je veux dire

19 par cohérence.

20 R. Je suis d'accord avec vous. Ici dans ce cas, les chefs de différents

21 niveaux des organisations ne peuvent pas tous être présents à la même

22 réunion. Je vous ai déjà dit qu'un détachement est une formation supérieure

23 à celle de la compagnie. Le groupe faisait partie du groupe d'assaut, donc

24 en plus du 1er Bataillon motorisé, il y avait Leva Supoderica et l'unité

25 Petrova Gora.

26 Le fait que le commandant du 1er Bataillon motorisé était simultanément

27 aussi commandant du détachement pendant un petit moment, cela c'est encore

28 une autre histoire. Tout ce qu'il faisait en fait c'était de donner les

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1 missions, rien de plus. Il était avant tout le commandant du 1er Bataillon

2 motorisé, et ensuite il devait aussi répartir les tâches ou les missions au

3 sein du détachement d'assaut.

4 Q. Passons à autre chose, toujours en ce qui concerne les ordres et la

5 communication des ordres donnés. Hier, vous nous avez dit que vous aviez

6 utilisé des Motorola et qu'il n'y avait qu'une seule fréquence pour donner

7 les ordres. Vous vous en souvenez ?

8 R. Oui.

9 Q. Combien y avait-il de Motorola au sein de votre bataillon à l'époque ?

10 R. Mis à part ce qu'il y avait en dehors de la formation, il y en avait

11 sept à huit, je crois. Chaque chef de compagnie avait son propre Motorola,

12 le commandant de bataillon en avait un, il me semble que son adjoint aussi

13 en avait un, le commandant, enfin le chef le "komandir" en avait un. Là, je

14 crois que l'on a fait le tour.

15 Q. Si j'ai bien compris, tout le monde était sur la même fréquence, cela

16 signifie qu'il n'y a que deux personnes qui peuvent communiquer à un moment

17 donné puisqu'il n'y a qu'une seule fréquence disponible ?

18 R. Cela signifie, en effet, qu'à un moment quelconque, il n'y a que deux

19 personnes qui peuvent communiquer. Il n'y a que deux Motorola qui peuvent

20 communiquer entre eux. Les autres peuvent écouter la conversation mais ne

21 peuvent pas y participer. Enfin, c'est comme cela que marche tout système

22 de radio. Quand on est en réseau, c'est comme cela que cela fonctionne.

23 Q. Cela signifie que quand deux chefs de compagnie communiquaient entre

24 eux, le chef de bataillon Tesic, lui, ne pouvait pas communiquer avec le

25 troisième commandant de compagnie ?

26 R. Oui.

27 Q. S'il y avait eu tout à coup une urgence, le chef de bataillon Tesic ne

28 pouvait pas communiquer avec le troisième officier ?

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1 R. Pour établir la connexion, il faut de toute façon appuyer sur un bouton

2 correct sur le Motorola, donc on parle, puis ensuite on relâche le bouton.

3 L'autre personne qui répond, c'est exactement la même chose pour parler. Le

4 commandant de bataillon a quand même le droit aussi d'autoriser que l'on se

5 taise, silence sur la fréquence, et dans ce cas-là il fait une annonce.

6 Q. Comment communiquiez-vous, Monsieur Zirojevic, avec vos subordonnés ?

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny, pensez-vous que nous

8 pourrions faire la pause ?

9 M. LUNNY : [interprétation] Tout à fait.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas-là, nous allons prendre

11 une pause et nous reprendrons à 11 heures 25, puisqu'il y a quelques

12 expurgations à faire.

13 --- L'audience est suspendue à 10 heures 59.à

14 --- L'audience est reprise à 11 heures 31.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny, allez-y.

16 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 Q. Monsieur Zirojevic, avant la pause, nous parlions des transmissions et

18 de l'utilisation des radios Motorola. Vous nous avez dit un peu plus tôt

19 aujourd'hui que votre bataillon disposait de sept ou huit Motorola pour

20 l'ensemble du bataillon; c'est exact, n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Vous avez dit à qui on avait distribué ces Motorola; au commandant

23 Tesic, au commandant Stijakovic, aux trois chefs de compagnie et à ceux qui

24 étaient responsables des batteries de mortier, n'est-ce pas ?

25 R. Oui, le commandant de la batterie de mortier et le commandant de

26 l'unité anti-blindés en avaient. Je l'ai dit hier.

27 Q. Il y a le commandant Tesic, M. Stijakovic, les trois chefs de

28 compagnie, cela fait cinq personnes, la batterie de mortier, l'artillerie,

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1 cela fait sept. Vous avez parlé de sept ou huit Motorola. C'est tout ce

2 qu'il y avait, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Comment communiquiez-vous avec les sections de votre compagnie,

5 Monsieur Zirojevic ?

6 R. La plupart des moyens de transmission habituels et personnellement.

7 L'un des commandants de section a été tué au début le 7 octobre, l'un de

8 mes commandants de section est tombé malade le 10 octobre, et l'un des

9 commandants de section, avant notre départ pour Dubrava est, lui aussi,

10 tombé malade; ainsi bien que j'étais seul la plupart du temps avec mes

11 soldats.

12 La ligne de front n'était pas très vaste, et, par conséquent, j'ai pu

13 transmettre mes ordres et communiquer avec mes soldats oralement. Je me

14 servais également des équipements de transmission radio que nous avions,

15 c'est-à-dire, les RUP-33.

16 Q. Passons à autre chose, Monsieur Zirojevic.

17 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président, pourrions-nous passer à

18 huis clos partiel pour les prochaines questions ?

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

21 le Président.

22 [Audience à huis clos partiel]

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23 [Audience publique]

24 M. LUNNY : [interprétation]

25 Q. M. Vuckovic et vous-même logez dans le même hôtel, je suppose, n'est-ce

26 pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Quand avez-vous parlé au conseil de la Défense de votre déposition à La

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1 Haye, Monsieur Zirojevic ?

2 R. Le jour de mon arrivée et le lendemain.

3 Q. Un instant, s'il vous plaît, Monsieur Zirojevic.

4 A quelle heure avez-vous rencontré les représentants de l'équipe de la

5 Défense samedi et dimanche derniers, Monsieur Zirojevic ?

6 R. Vers midi et vers 18 heures. Cela c'était samedi.

7 Pour ce qui est du dimanche, nous nous sommes rencontrés à 11 heures

8 et nous sommes restés ensembles jusqu'à 18 heures environ.

9 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président, il me reste une question

10 à poser et je souhaiterais pour cela que l'on repasse à huis clos partiel.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

13 [Audience à huis clos partiel]

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24 [Audience publique]

25 M. LUNNY : [interprétation]

26 Q. Est-ce que vous vous êtes entretenu avec les représentants de la

27 Défense hier, Monsieur Zirojevic ?

28 R. Hier ? Non.

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1 Q. Merci, Monsieur Zirojevic. Je n'ai plus de questions à vous poser.

2 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, vous avez la parole.

6 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

7 Nouvel interrogatoire par M. Borovic :

8 Q. [interprétation] Monsieur Zirojevic, savez-vous si Predrag Stefanovic

9 a témoigné devant le Tribunal, ainsi que le capitaine Kopcic et le

10 capitaine Bojkovski ?

11 R. Je ne le sais pas.

12 Q. Merci. Avant de quitter les rangs de l'armée populaire yougoslave,

13 qu'avait été votre poste ?

14 R. J'étais commandant du 1er Bataillon de la Brigade motorisée de la Garde.

15 Q. Merci. Mon confrère et moi-même, nous avons posé des questions au sujet

16 de la Brigade motorisée de la Garde dont faisait partie votre unité. Est-ce

17 que vous pourriez nous décrire les traits de personnalité caractéristique

18 des personnes qui étaient membres de la Brigade motorisée de la Garde ?

19 R. Une grande intégrité morale, il s'agissait de gens qui n'avaient pas

20 d'antécédents familiaux particuliers, leurs pères et leurs grands-pères

21 n'avaient rien à se reprocher. Lorsque je suis, moi-même, devenu membre de

22 la Brigade motorisée de la Garde à Brcko, j'ai appris que les officiers

23 supérieurs qui s'étaient occupés de la sélection en connaissaient davantage

24 au sujet de ma famille que moi-même.

25 Q. Si dans votre famille ou dans la famille de votre épouse il y avait eu

26 des antécédents gênants, est-ce que vous auriez pu devenir membre de la

27 Brigade motorisée de la Garde ?

28 R. Non, il était impossible de devenir membre de la Brigade motorisée de

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1 la Garde si dans la famille propre il y avait des gens qui auraient des

2 antécédents judiciaires ou des problèmes en faisant leurs activités

3 politiques.

4 Q. Merci.

5 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai terminé mes

6 questions supplémentaires.

7 Q. Merci, Monsieur Zirojevic.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

10 Monsieur Zirojevic, vous serez heureux de savoir que ceci met un

11 terme à votre déposition en l'espèce. Vous pouvez maintenant retourner chez

12 vous et vaquer à vos activités. Nous vous remercions d'être venu témoigner

13 ici et de nous avoir aidé. Merci encore. L'huissier va vous raccompagner en

14 dehors du prétoire.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

16 [Le témoin se retire]

17 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez donner lecture du texte qui

19 vous est remis, s'il vous plaît.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour. Je déclare solennellement que je

21 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

22 LE TÉMOIN: DAVOR VUCKOVIC [Assermenté]

23 [Le témoin répond par l'interprète]

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre

25 place.

26 Maître Borovic, vous avez la parole.

27 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

28 Interrogatoire principal par M. Borovic :

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1 Q. [interprétation] Monsieur, veuillez décliner votre identité et nous

2 donner la date et lieu de naissance. Pourriez-vous également nous parler de

3 votre formation, de votre parcours, de votre état civil. Pour les

4 interprètes, veuillez ne pas parler trop vite, s'il vous plaît. Allez-y.

5 R. Je m'appelle Davor Vuckovic. Je suis né le 3 septembre 1964, à Imotsko

6 -- Imotski, en République de Croatie. Je suis marié et j'ai deux fils.

7 Avant d'obtenir mon diplôme de l'Académie militaire, j'ai terminé mes

8 études à l'école primaire.

9 Q. Où ?

10 R. Dans ma ville natale, à Imotski, après quoi j'ai étudié au lycée de

11 Belgrade.

12 Q. Merci, Monsieur Vuckovic. Une fois diplômé de l'école militaire, vous

13 êtes entré à l'Académie militaire. Où est-ce et quel était votre grade ?

14 R. Je me suis inscrit à l'Académie militaire de Belgrade en 1983, et j'ai

15 obtenu mon diplôme en 1987. J'étais promu au grade de sous-lieutenant.

16 Q. Merci. Avant de partir pour le front à Vukovar, pourriez-vous nous

17 décrire quelles étaient vos fonctions et quel était votre grade ?

18 R. Lorsque j'ai obtenu mon diplôme de l'Académie militaire, j'étais

19 affecté au 1er Bataillon motorisé de la Brigade motorisée de la Garde.

20 J'étais commandant de section dans une batterie de mortier.

21 Q. Merci.

22 R. En 1991, je suis devenu commandant de cette même batterie.

23 Q. Nous allons évoquer en détail vos activités à Vukovar un peu plus tard.

24 Dites-nous, je vous prie : après la fin des opérations à Vukovar,

25 quelle fonction avez-vous exercée ? Comment s'est développée votre carrière

26 militaire ? Que faites-vous maintenant ?

27 R. Au milieu de l'année 1992, on m'a confié les fonctions de commandant de

28 batterie au sein du 2e Bataillon motorisé. J'exerçais ces fonctions jusqu'à

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1 la fin de l'année 1994, date à laquelle je suis devenu commandant du 3e

2 Bataillon motorisé. J'y suis resté jusqu'en mai 1998. C'est alors que j'ai

3 été nommé commandant en second du 2e Bataillon de la Garde, c'est ainsi

4 qu'il s'appelait à l'époque. J'ai exercé ces fonctions jusqu'en septembre

5 2001. J'ai alors été nommé commandant du 2e Bataillon de la Garde.

6 Q. Monsieur Vuckovic, quel était votre grade lorsque vous étiez commandant

7 du 2e Bataillon de la Garde ?

8 R. En 1998, j'ai été promu au grade de commandant chef de bataillon, et

9 c'est le grade que j'avais à l'époque.

10 Q. Merci.

11 R. Après cela, j'ai exercé les fonctions au sein du commandement de la

12 Brigade de la Garde. J'y suis resté là jusqu'en novembre 2005. J'ai ensuite

13 été nommé chef de département à l'état-major général de l'armée de Serbie.

14 C'est le poste que j'occupe actuellement.

15 Q. La Brigade de la Garde est réputée pour être une unité d'élite. Est-ce

16 que vous pourriez décrire aux Juges de la Chambre le type de personnes qui

17 pouvaient être admises au sein de la Brigade motorisée de la Garde ? Est-ce

18 que vous pourriez nous parler de la personnalité, de ses membres et du type

19 de fonctions exercées par les membres de la Brigade motorisée de la Garde

20 en temps de paix ?

21 R. Voilà ce que je dirais en quelques mots : Je suis devenu membre de la

22 Brigade de la Garde fin août 1997, ou plutôt, 1987. En janvier 1987, alors

23 que je faisais mes études, des supérieurs m'ont demandé si je souhaitais

24 être affecté à la Brigade de la Garde. Ce n'est que lorsque j'ai obtenu mon

25 diplôme qu'on m'a donné une réponse définitive à ce sujet. Les organes

26 supérieurs ont effectué des vérifications pour voir quelles étaient mes

27 compétences, quelle était ma situation familiale et quel était mon

28 parcours.

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1 Q. Vous avez parlé de vérifications. Est-ce que vous pourriez nous dire

2 qui ne pouvait pas devenir membre de la Brigade de la Garde ?

3 R. Ceux qui avaient des antécédents judiciaires, un casier, ne pouvaient

4 pas devenir membre de la Brigade de la Garde. Il en allait de même pour les

5 membres de leurs familles. Ils ne pouvaient non plus devenir membres de la

6 Brigade de la Garde.

7 Q. Oui, poursuivez. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle était la

8 composition ethnique de la Brigade motorisée de la Garde, notamment au sein

9 de la batterie ? Qui vous commandait avant et pendant Vukovar ?

10 R. Toutes les minorités, tous les groupes ethniques du territoire de l'ex-

11 Yougoslavie étaient représentés au sein de la Brigade motorisée de la

12 Garde. J'avais sous mes ordres des soldats de toutes les républiques et de

13 toutes les appartenances ethniques.

14 Q. Est-ce que la composition ethnique de votre unité était la même lorsque

15 vous avez été envoyé à Vukovar ? Est-ce que c'est le même groupe qui s'est

16 ainsi retrouvé à Vukovar ?

17 R. Oui. Il y avait des soldats de tous les groupes ethniques. Ils

18 exerçaient différentes fonctions et avaient diverses spécialités.

19 Q. A votre arrivée à Vukovar, combien y avait-il de lance-roquettes au

20 sein de votre batterie ?

21 R. J'avais six pièces d'artillerie, six mortiers de 120 millimètres; donc

22 six canons.

23 Q. Pendant que vous étiez à Vukovar, vous aviez six servants. Est-ce que

24 vous vous souvenez de leur appartenance ethnique à l'époque à Vukovar ?

25 R. Oui. Il y avait trois Croates, deux Serbes et un Monténégrin, si je me

26 souviens bien.

27 Q. Les trois servants Croates, ont-ils participé directement aux

28 opérations de combat à Vukovar ?

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1 R. Oui.

2 Q. Monsieur Vuckovic, pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre ce que

3 signifie le sigle VES, et nous expliquer la procédure qui est suivie pour

4 les affectations militaires ou les affections au sein de la Défense

5 territoriale ?

6 R. VES, cela veut dire "spécialité militaire". Il s'agit d'un code à

7 quatre chiffres. J'avais des éclaireurs, des hommes chargés des

8 transmissions, des servants, des soldats qui s'occupaient des pièces

9 d'artillerie et des chauffeurs.

10 Q. Savez-vous comment se passait l'affectation des soldats pour ce qui est

11 des régions où on les envoyait ? Comment cela se passait dans le cadre du

12 service militaire et dans le cadre des forces de réserve ?

13 R. Tous les organes territoriaux, conformément à leurs besoins ou aux

14 besoins de la Défense territoriale ou des unités sur lesquelles ils avaient

15 compétence, déterminaient comment ces spécialités militaires étaient

16 distribuées, quelle personne s'occuperait de quoi. Les membres de notre

17 unité qui s'occupaient de la formation n'avaient aucune influence sur ces

18 spécialités militaires. Ils ne pouvaient rien changer.

19 Q. Pourriez-vous nous dire quand vous êtes arrivé sur la ligne de front à

20 Vukovar avec les membres de votre batterie ? Quelle était la situation ?

21 R. Nous sommes arrivés là le 1er octobre. En chemin, nous avons eu des

22 désagréments. Nous avons essuyé des tirs ennemis près du village de

23 Djeletovci et à l'entrée du village de Negoslavci.

24 Q. Poursuivez, s'il vous plaît.

25 R. A Negoslavci, j'ai été accueilli par le chef de l'artillerie du

26 commandement de la Brigade motorisée de la Garde. C'était le lieutenant-

27 colonel Milorad Penic. Il m'a conduit jusqu'au secteur où se trouvaient mes

28 positions de tir. Nous avons pris nos positions, nous nous sommes

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1 organisés, nous avons déployé l'unité et nous sommes préparés à engager une

2 action.

3 Q. Merci. Vous avez parlé de tir de la part de l'ennemi. Qui était votre

4 ennemi lorsque vous êtes allé au champ de bataille de Vukovar ? Quelles ont

5 été ces missions au sujet desquelles vous nous dites que l'ennemi vous

6 avait tiré dessus ?

7 R. Quand je dis "ennemi," je parle de formations paramilitaires croates.

8 Notre mission à nous consistait à débloquer la caserne à Vukovar, à libérer

9 la population civile qui se trouvait prisonnière en ville, ou, pour être

10 plus bref, pour rétablir l'ordre, la paix et la liberté de mouvement.

11 Q. Merci. En bref, en votre qualité de chef de cette batterie de mortier,

12 quel a été l'axe d'intervention sur lequel vous étiez présent au champ de

13 bataille de Vukovar ? J'aimerais que vous nous racontiez l'axe

14 d'intervention qui était le vôtre au moment où vous arrivez pour accomplir

15 votre mission.

16 R. Du fait même de faire partie de 1er Bataillon motorisé, du point de vue

17 de ses effectifs comme prévu par la formation mise en place, il était

18 normal pour moi d'apporter un soutien à mon propre bataillon lors des

19 activités de combat.

20 Q. Merci. Savez-vous nous dire sur quel axe est intervenue la 3e Compagnie

21 motorisée, et qui est-ce qui commandait cette compagnie ?

22 R. Oui. La 3e Compagnie se trouvait sur l'axe Petrova Gora, Nova Ulica, et

23 cité de la 6e Unité des prolétaires. Son commandant était le capitaine

24 Radic Miroslav.

25 Q. Merci. Pouvez-vous me dire qui a commandé la 2e Compagnie de ce 1er

26 Bataillon motorisé ?

27 R. Certes. La 2e Compagnie a été commandée par le capitaine Zoran

28 Zirojevic.

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1 Q. Merci. Avez-vous apporté un soutien de feu sur cet axe ? Si c'est bien

2 le cas, de quoi cela avait-il l'air ? Si tant est que cela s'est fait, sur

3 quel axe êtes-vous intervenu ? Sur l'axe de quelle compagnie ?

4 R. Ma zone d'intervention se trouvait à droite de la rue Svetozara

5 Markovica, à gauche sur le long de la voie ferrée, et en profondeur, la

6 rivière Vuka, l'accent étant mis sur le secteur d'intervention de la 3e

7 Compagnie.

8 Q. Quand vous dites que "l'accent était mis sur l'axe d'intervention de la

9 3e Compagnie," qu'est-ce que cela signifie dans le concret ? Quand est-ce

10 que -- quand vous dites "l'accent étant mis," qu'est-ce que cela signifie

11 du point de vue militaire ?

12 R. De par le déploiement qui était le mien sur l'axe d'intervention de la

13 3e Compagnie, cela signifiait que le commandant du 1er Bataillon motorisé

14 avait mis le gros des effectifs du bataillon pour lancer l'attaque sur

15 l'axe d'intervention de cette 3e Compagnie, parce que le chef de

16 l'artillerie qui apporte son soutien se trouve là où se trouve le centre de

17 gravité de l'attaque.

18 Q. Merci. Etant donné que sur l'axe d'intervention de la 3e Compagnie vous

19 avez apporté vos soutiens, vous a-t-il été possible de voir assez souvent

20 le capitaine Radic pendant que vous êtes intervenu sur cet axe

21 d'intervention justement ?

22 R. Oui, bien sûr. Je l'ai vu tous les jours.

23 Q. Merci. Ce jour-là, ou ces jours-là, lorsque les armes finissent par se

24 taire, est-ce que -- et lorsque les opérations de combat cessent, avez-vous

25 pu le voir ?

26 R. Oui, bien sûr. Nous avons passé de longues années ensembles. Nous nous

27 connaissons; nous nous sommes fréquentés.

28 Q. Merci. Savez-vous nous dire où se trouvait le poste d'observation du

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1 capitaine Radic, emplacement où il résidait ?

2 R. Oui.

3 Q. Ayez l'amabilité de l'indiquer -- d'indiquer cela aux Juges de la

4 Chambre, de dire dans quelle rue cela se trouvait-il ?

5 R. Son poste d'observation se trouvait dans la rue Nova. Je crois que

6 c'était la quatrième ou cinquième maison sur la droite.

7 Q. Merci. Etes-vous allé chez Miroslav Radic à ce poste d'observation à

8 quelque moment que ce soit ?

9 R. Oui.

10 Q. Plusieurs fois ?

11 R. Oui, plusieurs fois.

12 Q. Merci. Pouvez-vous nous dire si à l'époque vous alliez là-bas à ce

13 poste d'observation, bien sûr que cela ne pouvait pas se produire pendant

14 les opérations de tir, mais après ?

15 R. En effet.

16 Q. Avez-vous, à quelque moment que ce soit, assisté à des réunions

17 régulières ou à des réunions quelconques qui se seraient tenues au poste

18 d'observation du capitaine Miroslav Radic ?

19 R. Non.

20 Q. Avez-vous entendu à quelque moment que ce soit qu'il aurait eu des

21 réunions régulières avec les commandants de la TO de Petrova Gora et ce

22 Détachement de Leva Supoderica ?

23 R. Non, jamais.

24 Q. Merci. Avez-vous à quelque moment que ce soit vu à ce poste

25 d'observation des réunions se tenir avec la présence en sus de Radic, du

26 colonel Mrksic, puis du commandant Sljivancanin, du commandant Borivoje

27 Tesic et membres de la TO Petrova Gora et Leva Supoderica ?

28 R. Non. Je n'ai jamais vu le colonel Mrksic dans la zone de déploiement du

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1 bataillon.

2 Q. Etiez-vous présent ou avez-vous entendu dire qu'il y avait des réunions

3 régulières se tenant là où je vous l'ai indiqué ?

4 R. Non.

5 Q. Ce poste d'observation, a-t-il constitué à quelque moment que ce soit

6 un poste de commandement, de planification des opérations visant à libérer

7 Vukovar; ou du moins cette partie-là de Vukovar ?

8 R. Non. Je n'avais connaissance que de deux postes de commandement; il

9 s'agit du poste de commandement du 1er Bataillon motorisé et du poste de

10 commandement de la brigade.

11 Q. Avez-vous à quelque moment que ce soit entendu dire que cette maison --

12 D'abord, une petite question adjacente. Est-ce que vous savez à qui

13 appartenait la maison où se trouvait le poste d'observation du capitaine

14 Radic ?

15 R. Oui.

16 Q. Ayez l'amabilité de nous dire.

17 R. Pour autant que je m'en souvienne, c'était la maison du père de Stanko

18 Vujanovic.

19 Q. Merci.

20 Oui, justement les interprètes nous demandent de parler plus

21 lentement et de faire une petite pause entre les questions et la réponse,

22 parce que certaines choses ne sont pas entrées -- n'ont pas été consignées

23 au compte rendu.

24 Savez-vous nous dire de quoi a l'air Stanko Vujanovic ?

25 R. Oui.

26 Q. Merci. Lorsque vous êtes allé rendre visite à ce poste d'observation de

27 Miroslav Radic, ma question est la suivante : le voyiez-vous là-bas au

28 quotidien et venait-il du tout à ce poste d'observation ?

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1 R. Je ne l'ai jamais vu dans cette maison, pas plus que devant celle-ci.

2 Q. Merci. Avez-vous été présent à quelque moment que ce soit au niveau de

3 ce poste d'observation pour apprendre que Radic y tenait des réunions avec

4 le commandant de la TO de Petrova Gora ou le commandant de la Leva

5 Supoderica ? D'abord, savez-vous nous dire quels sont les noms de ces gens-

6 là ? Je retourne la question pour demander si vous avez entendu dire qu'il

7 y a eu des réunions de ce type.

8 R. Je n'ai jamais entendu parler, je n'ai jamais vu ou entendu parler de

9 ces gens-là.

10 Q. Et leurs noms ?

11 R. Le commandant de la TO, au début, c'était Jaksic, et ensuite Miroljub

12 Vujovic. S'agissant de la Leva Supoderica, c'était quelqu'un dont le surnom

13 était Kameni.

14 Q. Merci. J'ai posé une question qui n'a pas été consignée au compte rendu

15 d'audience. Je vais la reprendre.

16 Avez-vous été présent ou avez-vous entendu dire qu'il y a eu des

17 rencontres entre le capitaine Radic et Miroljub Vujovic et la personne

18 surnommée Kameni, pour planifier les opérations ?

19 R. Non, je ne l'ai ni vu ni entendu dire.

20 Q. Bien. Merci. En arrivant à Petrova Gora, à savoir au poste

21 d'observation de Miroslav Radic, avez-vous à quelque moment que ce soit

22 remarqué la présence d'un lieu de détention, de détention à vue, et avez-

23 vous vu les prisonniers dans le segment où se trouvait également le poste

24 d'observation de Miroslav Radic ?

25 R. Non.

26 Q. Merci. Monsieur Vuckovic, pourriez-vous brièvement nous dire comment

27 fonctionnaient ces unités de la TO et nous dire s'il y avait des activités

28 concertées entre elles et 1er Bataillon motorisé de la Brigade de la Garde ?

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1 Dites-nous comment elles ont fonctionné, et à vous de nous dire si

2 concertation ou coordination des activités il y a eu.

3 R. Pour autant que je m'en souvienne, les unités de la TO ont toujours

4 déployé leurs activités de façon coordonnée avec le 1er Bataillon motorisé

5 lors de l'accomplissement des activités de combat. Cela s'est fait comme

6 suit. Le commandant du bataillon leur confiait des missions.

7 Q. Savez-vous nous dire quel a été le rôle du commandant du bataillon pour

8 ce qui est de la création de ce JOD 1 et par rapport au bataillon

9 motorisé ? Que savez-vous nous dire du reste, au sujet des groupes

10 d'assaut ?

11 R. Du fait même de voir le commandant Borivoje Tesic être le plus haut

12 gradé et le plus scolarisé des officiers dans ce secteur, c'est lui qui a

13 été désigné ou nommé commandant de ce 1er Détachement d'Assaut. Sa mission a

14 consisté à commander, à distribuer des instructions à toutes les unités qui

15 faisaient partie de ce Détachement d'Assaut 1.

16 Q. Merci. Non, je ne veux pas poser une question directrice. Je vais

17 plutôt vous demander où se trouvait le poste de commandement du commandant

18 Tesic.

19 R. Le poste de commandement du commandant Tesic se trouvait dans la rue

20 Svetozara Markovica, et ceci, lorsque l'on regarde depuis Negoslavci en

21 direction de la voie ferrée, c'était la septième ou huitième des maisons

22 sur la droite.

23 Q. Merci. Quand est-ce qu'il y a eu des rapports de présentés par vous

24 autres, commandants de compagnie ou de section ? Qui y avait-il au poste de

25 commandement ?

26 R. Au poste de commandement, en sus du commandant Tesic, il y avait le

27 commandant de première classe de l'époque Slavko Stijakovic ainsi que son

28 adjoint, puis un capitaine de la réserve, un réserviste dont le nom

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1 m'échappe, puis un sergent chef appelé Bojic et un sergent répondant au nom

2 Stamenkovic.

3 Q. Merci. Qui venait à ces réunions régulières au poste de commandement,

4 et si oui, qui y allait ?

5 R. Les rapports étaient présentés au quotidien, indépendamment du fait de

6 savoir s'il y a eu des opérations de combat ou accalmie. C'est tous les

7 chefs de compagnie qui venaient, et j'y allais également en ma qualité de

8 chef de la batterie.

9 Q. Merci. Vers quelle heure cela se passait-il d'habitude, ces réunions au

10 poste de commandement ? Vous confiait-on là-bas des missions pour le

11 lendemain ?

12 R. Des rapports étaient présentés d'habitude entre 19 heures, et cela

13 durait même jusqu'à 21 heures.

14 On procédait également à des analyses ou à une analyse des activités

15 déployées dans le courant de la journée. On nous confiait également des

16 missions pour les opérations du lendemain.

17 Q. Merci. A l'occasion de ces rapports que vous présentiez régulièrement

18 et où on vous confiait des missions pour le lendemain, y avait-il à quelque

19 moment que ce soit, de présent Miroljub Vujovic, le commandant de cette

20 unité, ce détachement de Petrova Gora ?

21 R. C'étaient des réunions du 1er Bataillon motorisé, et de ce fait, M.

22 Vujovic n'était pas présent.

23 Q. Merci. M. Lancuzanin, le commandant de cette unité de la TO Leva

24 Supoderica, y a-t-il été présent à quelque moment que ce soit ?

25 R. Non.

26 Q. Merci. Les auriez-vous vus à quelque moment que ce soit au poste de

27 commandement du commandant du 1er Bataillon motorisé ou du commandant de ce

28 1er Détachement d'Assaut ?

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1 R. J'ai pu les voir, mais lorsque nous avions terminé nos réunions.

2 Lorsque nous sortions de ces réunions, nous pouvions les voir dans la cour,

3 devant la maison.

4 Q. Merci. Avez-vous entendu des ordres ou des missions qui leur auraient

5 été données là-bas de la part du commandant Tesic ?

6 R. Je ne l'ai pas entendu parce que je n'étais pas présent, mais c'était

7 probablement le cas.

8 Q. Bien. Au sujet de ce poste de commandement, qui est-ce qui assurait la

9 sécurité ? Quel était le régime d'accès ? Est-ce qu'un soldat ordinaire

10 pouvait s'approcher et entrer dans les lieux où la réunion se déroulait ?

11 R. Au tout début des opérations de combat, c'est-à-dire, début octobre,

12 avant que je n'aie pris connaissance du terrain, c'est-à-dire, jusqu'au

13 moment où j'ai fini par connaître les lieux sûrs et les lieux qui n'étaient

14 pas sûrs, il y avait un ou deux soldats de mon unité qui m'accompagnaient.

15 A l'occasion de l'arrivée au poste de commandement, ils n'ont jamais pu

16 entrer dans la cour, et encore moins dans la maison. Ils s'installaient

17 dans la maison d'en face.

18 Q. Merci. Je n'ai pas bien suivi. Nous avez-vous dit qui est-ce qui

19 assurait la sécurité, quels sont ces effectifs, et étaient-ce là les unités

20 de la sécurisation du poste de commandement de ce 1er Bataillon motorisé ?

21 R. C'était le peloton de la police qui faisait partie du 2e Peloton -- du

22 2e Bataillon de la police militaire. Ils ont été affectés pour cela à ce

23 site. C'est la raison pour laquelle à l'entrée, il y avait deux membres de

24 la police militaire qui se trouvaient toujours présents.

25 Q. Merci. Votre mission de soutien d'artillerie qu'on vous avait confiée,

26 cela s'est réalisé sur les ordres de qui, uniquement ?

27 R. Le soir, à l'occasion de la présentation des rapports, c'est le

28 commandant du bataillon qui nous donnait des missions précises, qui me

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1 donnait ces missions, pour ce qui est du soutien que j'apporterais à un tel

2 ou un tel autre le lendemain, dans tel ou tel secteur, ainsi

3 qu'éventuellement, des devoirs complémentaires pour autre chose. Je le

4 précise parce qu'il est arrivé que dans la journée, le commandant me

5 convoque au poste de commandement pour me confier d'autres missions encore.

6 Q. Merci. De quelle façon le faisait-il dans la journée, le commandant, M.

7 Tesic ? Par quel type de moyens de communication ?

8 R. Il m'appelait par le biais des moyens de transmission, à savoir par le

9 biais des Motorola que nous avions.

10 Q. Mais aviez-vous aussi des estafettes ? Dites-nous quand est-ce que les

11 Motorola ont commencé à être utilisées au sein du 1er Bataillon motorisé. Le

12 savez-vous du reste ?

13 R. Dans les unités d'artillerie, on ne se sert pas d'estafettes pour une

14 simple raison; c'est que le système d'artillerie, de transmission est

15 beaucoup plus complexe et plus situé à des niveaux différents que cela

16 n'est le cas pour ce qui est des unités d'infanterie.

17 Q. Bien. Quels sont les moyens de communication que vous avez utilisés au

18 niveau de l'artillerie, en sus des Motorola, pour communiquer avec le

19 commandant Tesic ?

20 R. Pour communiquer, je me servais en premier lieu de ces transmissions

21 par fil, à savoir des téléphones militaires de campagne.

22 Q. Lorsque ces voies de communication se trouvaient être coupées pour des

23 raisons quelconques, la façon suivante était celle des transmissions radio.

24 Ce n'est qu'en bout de compte, en guise de solution ultime, que l'on se

25 servait de communication radio ordinaire. C'était donc pour communiquer

26 entre moi et mon unité de tir sur le terrain.

27 Pour la communication entre moi-même et les autres chefs de compagnie

28 et le commandement du bataillon, la voie de transmission principale est la

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1 voie de communication radio.

2 Q. Vous nous dites qu'au niveau de la batterie de mortier, il n'y avait

3 pas d'estafettes. Avez-vous disposé d'une escorte assurant votre sécurité ?

4 R. Comme je vous l'ai déjà dit, je n'en ai disposé que pendant les quatre

5 ou cinq tout premiers jours.

6 Q. Merci. Lorsque vous êtes arrivé au poste de commandement au mois de

7 novembre 1991, y alliez-vous tout seul ou est-ce que quelqu'un vous

8 accompagnait-il ?

9 R. J'y allais tout seul et, essentiellement, je me servais d'un véhicule.

10 Q. Merci. Les autres chefs de compagnie, lorsqu'ils allaient au poste de

11 commandement pour ces rapports réguliers, avaient-ils des estafettes ou des

12 effectifs de sécurité en leur compagnie ou venaient-ils seuls ?

13 R. Ils venaient toujours seuls parce qu'il n'y avait guère besoin d'une

14 force de sécurité.

15 Q. Merci. Est-ce que vous aussi, tout comme les autres chefs de compagnie,

16 vous avez disposé d'un poste d'observation qui aurait en même temps

17 constitué votre lieu de résidence ?

18 R. Oui.

19 Q. Où cela se trouvait-il ?

20 R. Cela se trouvait dans la rue Oslobodjenje --

21 L'INTERPRÈTE : "Rue de la libération", en traduction.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] -- cité de Petrova Gora.

23 M. BOROVIC : [interprétation]

24 Q. Merci. Pendant ces opérations de combat, à savoir à l'époque où vous

25 avez assuré un soutien de feu, de tir, avez-vous modifié l'emplacement de

26 votre poste d'observation ? Dites-nous aussi si cela dépendait de certains

27 facteurs, lorsque cela arrivait. Est-ce que, pour être concret, est-ce que

28 cela avait à voir avec la mission qu'on vous confiait ?

Page 13194

1 R. S'agissant des autres chefs de compagnie, ma position à moi était

2 plutôt spécifique. C'est simplement dû au fait que je devais me déplacer et

3 m'installer à un nouveau poste d'observation pour des raisons de meilleure

4 visibilité et pour des raisons de meilleure perception de la disposition ou

5 du déploiement de nos propres forces, tout comme pour mieux voir tout

6 simplement les cibles.

7 Q. Merci. Pouvez-vous indiquer aux Juges de la Chambre si avant -- ou

8 plutôt, dans quel lieu se trouvait votre équipage au poste d'observation

9 avant la chute de Vukovar, en dernier lieu ?

10 R. En dernier lieu, le poste d'observation que j'occupais vers le 7

11 novembre se situait dans le secteur de l'école, école du 2e Congrès.

12 Q. Ce secteur de l'école du 2e Congrès -- c'est comme cela que l'école

13 s'appelait, n'est-ce pas ?

14 R. Oui.

15 Q. Pouvez-vous nous dire comment, ou plutôt, où cela se trouvait-il du

16 point de vue topographique ?

17 R. Certes. Cette école se trouve entre la cité de la 6e Unité des

18 Prolétaires, de la 6e Brigade des Prolétaires et la cité Bosko Buha.

19 Q. Merci. Est-ce que de cet endroit-là, depuis ce poste d'observation,

20 vous pouviez voir les ponts de la rivière Vuka ? En termes pratiques, avez-

21 vous exercé un contrôle visuel de ces lieux ?

22 R. Oui.

23 Q. Merci. Depuis ce poste d'observation, pouviez-vous contrôler

24 visuellement l'espace au niveau de l'hôpital ?

25 R. Oui, mais cela se trouvait plutôt loin.

26 Q. Merci. Nous avons parlé du système des transmissions au niveau de

27 l'artillerie, indépendamment du système de transmission dont nous avons

28 parlé au sein du 1er Bataillon motorisé. Dites-nous si ce système était

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1 centralisé et qu'est-ce que cela veut dire au niveau des problèmes que vous

2 pouvez avoir lorsqu'il y a des cessez-le-feu, à savoir comment pouvez-vous,

3 du point de vue de l'accomplissement de votre mission, communiquer avec les

4 autres à ce moment-là ?

5 R. En ma qualité d'officier chargé de l'artillerie et de l'observation des

6 lieux, j'étais informé à partir de deux sources. Pour ce qui est des

7 cessez-le-feu, à savoir de la part du commandant bataillon et de la part de

8 mes supérieurs hiérarchiques au niveau de l'artillerie, à partir du moment

9 où l'on aurait déclaré que cessez-le-feu il y a, on interrompait nos

10 communications avec les unités au niveau des positions de tir, pour ce qui

11 est donc de la possibilité de donner des ordres relatifs à l'ouverture du

12 feu.

13 Q. Merci. Quand vous avez parlé de l'axe d'intervention de la 3e Compagnie

14 motorisée et quand vous avez parlé du soutien de feu que vous lui avez

15 apporté, avez-vous pu remarquer qui est-ce qui se trouvait sur cet axe-là ?

16 R. Comme je vous l'ai déjà dit, je changeais de poste d'observation selon

17 les activités à déployer ce jour-là, selon les missions qu'on nous a

18 confiées. Depuis mon poste d'observation, je pouvais toujours voir,

19 observer les déplacements de nos unités, à savoir les unités de la 3e

20 Compagnie motorisée et les unités de la Défense territoriale. Je pouvais

21 également voir les points qu'il fallait cibler.

22 Q. Bien. Pour être concret, puisque cela intéresse nos confrères de

23 l'Accusation, si l'on parle d'un acte d'intervention et si vous dites qu'il

24 y avait aux côtés de la 3e Compagnie -- qui encore ?

25 R. Il y avait la Défense territoriale commandée par Miroljub Vujovic et il

26 y avait ce détachement de Leva Supoderica.

27 Q. Merci. Est-ce que vous pouviez voir, depuis ce poste d'observation, en

28 suivant les activités de cette 3e Compagnie, est-ce que vous avez pu voir

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1 qui est-ce qui donne des ordres à Leva Supoderica et qui est-ce qui donne

2 des ordres à la 3e Compagnie ?

3 R. Essentiellement, oui.

4 Q. Ayez l'amabilité de le dire à l'intention des Juges.

5 R. Oui. Pour protéger les jeunes soldats, il y avait toujours des membres

6 de la TO qui se déplaçaient à l'avant, qui allaient avant les jeunes

7 soldats parce qu'ils connaissaient mieux le terrain, ils étaient plus

8 chevronnés en matière de combat et ils étaient aussi plus âgés. C'est

9 Miroljub Vujovic qui les commandait.

10 Q. Qu'en est-il du capitaine Radic ? Le capitaine Radic, pendant que vous

11 étiez en train de suivre toute cette opération, il regardait dans la

12 direction où il y avait des combats. Pour parler en termes que tout le

13 monde comprend, est-ce que vous pouviez voir à qui il donnait des ordres et

14 qui étaient les personnes qui prenaient leurs ordres auprès de lui ?

15 R. Le capitaine Radic commandait ses soldats qui étaient dans sa

16 compagnie. Il y avait toujours des gens de la TO qui se déplaçaient et qui

17 occupaient les positions qui avaient été libérées par des membres,

18 justement, de la TO.

19 Q. Merci. Monsieur Vuckovic, avez-vous entendu parler de Milovo Brdo, de

20 la colline de Milovo ?

21 R. Oui, je sais ou c'est.

22 Q. [aucune interprétation]

23 R. C'est à l'est de Bosko Buha, donc c'est entre Bosko Buha et les ponts.

24 On appelait aussi cet endroit le marché aux bois.

25 Q. Merci. Savez-vous quel jour Milovo Brdo a été pris ou capturé ?

26 R. Oui. C'était le 10 novembre.

27 Q. Comment le savez-vous ? Pouvez-vous nous dire comment vous arrivez à

28 vous en souvenir ?

Page 13197

1 R. Je me souviens de cette date parce que nous étions très heureux. On

2 était vraiment très contents. On savait que c'était la dernière mission à

3 remplir dans cette zone. En libérant Milovo Brdo, on avait accompli la

4 mission qui nous avait été donnée par nos supérieurs. On était encore plus

5 joyeux du fait que nous étions la seule unité au sein du groupe

6 opérationnel qui avait réussi à accomplir sa mission.

7 Q. Merci. Vous parlez d'"unités"; est-ce que vous voulez dire le 1er

8 Bataillon motorisé ?

9 R. Oui.

10 Q. Après avoir accompli cette mission et jusqu'à la chute de Vukovar,

11 qu'avez-vous fait du 10 novembre 1991 jusqu'à la chute de Vukovar ? De quoi

12 vous êtes-vous occupé ?

13 R. Ma tâche était de surveiller ou de contrôler la zone qui se trouvait

14 au-delà des lignes qui avaient été capturées et qui étaient occupées en

15 direction de la rivière Vuka et sur la gauche, les zones qui allaient

16 jusqu'à Luzac. En effet, depuis mon poste d'observation, j'avais une vue

17 très dégagée sur toute cette zone. Le but de cette observation était de

18 prévenir toute incursion d'autre force quelconque.

19 Q. Quand vous dites "j'avais une vue dégagée," pouvez-vous nous dire ce

20 que vous auriez fait si tout d'un coup il y avait eu une urgence ? Sous les

21 ordres de qui auriez-vous fait quoi que ce soit ?

22 R. Si j'avais observé un mouvement d'unité de forces paramilitaires, il

23 fallait que j'en informe immédiatement le commandant du bataillon. Au

24 niveau du commandement, à leur tour, il faudrait remonter l'information

25 jusqu'au commandement du groupe opérationnel. En effet, notre zone devait

26 aller jusqu'à la rivière Vuka et comprenait la rivière Vuka. Ensuite,

27 j'imagine que certains auraient décidé de prendre des mesures, comme par

28 exemple tirer sur ces forces d'incursion.

Page 13198

1 Q. Très bien. Savez-vous à quelle date Vukovar a été libérée ?

2 R. Oui.

3 Q. Il me semble que c'est une date quand même très importante. C'était une

4 date très importante par rapport à votre mission de combat. Pouvez-vous

5 nous dire quelle était la date ?

6 R. En effet, je peux. Le 18 novembre dans l'après-midi, nous avons été

7 informés qu'il y avait des négociations avec les forces paramilitaires de

8 Croatie et qu'ils étaient très près de se rendre. Pour nous, c'était le

9 moment où les hostilités se sont terminées. C'était la fin des hostilités

10 au moment où ils se sont rendus.

11 Q. Avez-vous entendu, le 18 novembre, avez-vous bel et bien entendu

12 l'information selon laquelle les forces paramilitaires se sont rendues ?

13 R. Oui, je l'ai entendu. Je l'ai entendu depuis le centre de transmission

14 de l'artillerie, et cette information m'a été donnée par le lieutenant-

15 colonel Penic.

16 Q. Je pense qu'on n'a pas beaucoup de temps avant la pause déjeuner, mais

17 pour ce qui est de votre batterie, le 10 novembre 1991, donc depuis le 10

18 novembre jusqu'à la libération de Vukovar, quel poste avez-vous occupé

19 principalement pendant cet intervalle de temps ?

20 R. J'étais toujours à mon poste d'observation qui était à côté de l'école

21 du 2e Congrès.

22 Q. C'est en fait la zone élargie du Milovo Brdo ?

23 R. Oui, on pourrait dire cela.

24 Q. Très bien. Avez-vous entendu, à un moment quelconque, dans ce secteur

25 étendu de Milovo Brdo, s'il y avait eu présence d'unités du 1er Bataillon

26 motorisé ? Si oui, pouvez-vous nous dire lesquelles ?

27 R. Je sais que le 10 novembre, quand on a libéré Milovo Brdo, sur cet axe,

28 j'ai offert un appui feu, et la 3e Compagnie motorisée était aussi active

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1 sur cet axe, en ce qui concerne le bataillon. Cela veut dire en un mot que

2 toutes les forces sur l'axe Nova "street", Sesta Proleterska, tout le monde

3 était là.

4 Q. Très bien, très bien. Mais cela, c'était jusqu'à la libération. Après

5 la libération de Milovo Brdo, quelles tâches ont été assignées à ces unités

6 qui se trouvaient dans ce secteur ? Est-ce qu'ils sont restés à Milovo Brdo

7 et est-ce qu'ils sont partis vers l'avant ?

8 R. Je n'ai pas bien compris votre question. Quand on avait des briefings

9 avec le commandant, le chef du bataillon, comme je vous l'ai dit, on

10 recevait des ordres bien précis avant des missions bien précises à

11 accomplir. Vers le 12 novembre, je crois, lors du briefing, le chef de

12 bataillon a donné ordre à toutes les compagnies de renforcer les lignes

13 atteintes et d'occuper le terrain. Pour ce qui est des autres membres des

14 détachements d'assaut, ils devaient poursuivre leurs activités, mais en

15 dehors de la zone que l'on occupait. Je n'ai pas posé beaucoup de questions

16 là-dessus puisque de toute façon, ce n'était plus ma zone de responsabilité

17 et je n'avais pas à leur fournir d'appui.

18 Q. Merci. Pour protéger les lignes qui avaient été atteintes, pour occuper

19 le terrain, en plus des membres de la 3e et de la 4e Compagnies, avez-vous

20 vu ou observé s'il y avait des membres des unités Petrova Gora et de Leva

21 Supoderica qui étaient à leurs côtés ?

22 R. Non. Je ne l'ai pas vu et, de toute façon, cela ne m'intéressait pas.

23 Q. Ces unités et le JOD 1, le Groupe d'Assaut 1, avaient des zones

24 d'activité différentes, n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

26 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense qu'il est important de faire une

27 pause maintenant, puisque je vais passer à autre chose.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons suspendre

Page 13200

1 l'audience et nous reprendrons à 14 heures.

2 --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 45.

3 --- L'audience est reprise à 14 heures 03.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Borovic, vous pouvez

5 poursuivre.

6 M. BOROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

7 Q. Monsieur Vujovic, vous avez parlé de Motorola. Savez-vous combien de

8 Motorola il y avait au sein du 1er Bataillon motorisé ? Savez-vous comment

9 on s'organise quand on travaille avec des Motorola ?

10 R. Oui. Je le sais. Je crois me souvenir qu'il y avait environ huit

11 Motorola dans le bataillon. Les commandants de compagnie en avaient. Les

12 chefs de compagnie en avaient chacun un, j'en avais un et les officiers du

13 commandement de bataillon aussi en possédait un.

14 Q. Merci. Maintenant, pouvez-vous nous dire comment on organise le travail

15 avec ces Motorola sur le terrain de façon pratique ?

16 R. Oui. Voici comment cela marche : tout le monde est sur le même canal et

17 ce canal changeait de temps en temps. Tous les officiers qui étaient

18 équipés de Motorola, opéraient sur le même canal. Les conversations qui se

19 tenaient sur ce canal étaient entendues par tous.

20 Q. Cela signifie que si vous êtes sur ce canal et si le commandant Tesic

21 est en train de donner un ordre à un autre chef de compagnie, vous pouvez

22 entendre absolument simultanément la teneur de l'ordre ?

23 R. Oui.

24 Q. Merci. Vous nous avez dit que le 18 novembre est selon vous la date à

25 laquelle Vukovar a été libérée. Voici ma question : Vous nous avez dit

26 d'ailleurs comment vous avez été informé de la chute de Vukovar ?

27 R. Oui.

28 Q. Pour ce qui est de l'appui feu, y a-t-il eu appui feu ce jour-là ? Vous

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1 dites que vous avez eu appui feu les jours précédents, mais ce jour-là,

2 qu'en est-il ?

3 R. Le 18 novembre, je n'ai eu aucune activité de tir.

4 Q. Etiez-vous dans la même position que les jours précédents ?

5 R. Oui.

6 Q. Vous êtes d'accord avec moi pour dire que si une compagnie avait eu une

7 mission à accomplir, vous auriez pu lui donner un appui feu depuis où vous

8 vous trouviez ?

9 R. Oui, pour toutes les compagnies.

10 Q. Merci. Le jour suivant, le 19 novembre, vous êtes-vous déplacés dans la

11 zone Milovo Brdo ? Très spécifiquement, où vous trouviez-vous le 19

12 novembre 1991, le lendemain de la chute de Vukovar ?

13 R. Sur ordres du chef de bataillon, le commandant Tesic, un ordre m'avait

14 été donné la veille, le 18 novembre, lors du briefing du soir. J'ai été

15 assigné au poste d'observation. Ma mission était juste de me tenir prêt

16 pour toute éventualité dans ce poste d'observation.

17 Q. Merci. Maintenant, le 19 au matin, qu'avez-vous fait ce jour-là ?

18 R. Au matin du 19 novembre, comme presque tous les autres jours

19 d'ailleurs, vers environ 7 heures du matin, je me suis rendu au poste

20 d'observation. J'ai installé l'équipement et j'ai préparé un peu la

21 journée.

22 Q. Merci. Avez-vous eu des communications par Motorola ce jour-là avec

23 quiconque, que ce soit avec le chef du bataillon, Tesic, avec une personne

24 d'une compagnie au sein du 1er Bataillon motorisé ?

25 R. Mon Motorola était branché. De toute façon, il était activé. Tant qu'il

26 n'y avait pas d'action en vue, je n'étais pas en communication directe.

27 J'étais juste sur le canal qui avait été choisi pour ce jour-là.

28 Q. Oui. Vous nous dites que votre Motorola était sur le bon canal du jour;

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1 avez-vous pu entendre le commandant Tesic donner un ordre à quiconque ? Si

2 tel est le cas, pouvez-vous nous dire ce que vous avez entendu ?

3 R. Oui. J'ai entendu qu'il a d'abord donné un ordre au commandant

4 Zirojevic, ensuite, un autre ordre au capitaine Radic.

5 Q. Avez-vous entendu ce qu'il a ordonné au capitaine Zirojevic ?

6 R. La mission du capitaine Zirojevic était de se rendre à l'hôtel Danube

7 et inspecter l'hôtel pour le nettoyer, comme on disait à l'époque, ensuite,

8 l'occuper et y assurer la sécurité.

9 Q. Vous avez entendu l'ordre qui a été donné au capitaine Radic ?

10 R. Oui. Le commandant Tesic a ordonné au capitaine Radic de prendre une

11 partie de ses soldats et de partir vers l'hôpital afin d'assurer la

12 sécurité à l'extérieur de l'hôpital.

13 Q. C'était la teneur de l'ordre ?

14 R. Oui.

15 Q. S'il a donné un ordre, savez-vous quel ordre il aurait donné au

16 capitaine Bojkovski, au commandant de la 1ère Compagnie ?

17 R. Le capitaine Bojkovski avait reçu l'ordre la veille, lors du briefing,

18 de se cantonner dans sa zone et de renforcer un peu la sécurité dans cette

19 zone.

20 Q. Merci. C'était le matin. Savez-vous quand est-ce qu'ils ont entrepris

21 d'accomplir leur mission ?

22 R. Comme toutes les autres missions qui leur étaient donnés, ils s'Y sont

23 mis tout de suite. C'était un ordre, ils ont assemblé un peu leurs hommes

24 et ils sont partis en mission.

25 Q. Merci. Pourriez-vous nous dire si le soir du 19 novembre 1991, il y a

26 eu un briefing comme il y avait tous les soirs ? Qui était présent le cas

27 échéant ?

28 R. Le soir du 19, il y a eu le briefing habituel. Les officiers qui y

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1 participaient d'habitude y ont participé ce jour-là aussi.

2 Q. Merci. Qu'en est-il du 20 novembre, en ce qui vous concerne, vous et

3 votre batterie. Avez-vous eu des missions à accomplir ?

4 R. Le 20 novembre matin, on m'a ordonné de modifier l'angle que visait les

5 pièces d'artillerie, direction du village de Bogdanovci, pour être en

6 mesure de repousser toute attaque venant éventuellement de cette direction.

7 Q. Merci. Comment est-ce qu'on change la visée ? Voulez-vous nous dire un

8 tout petit peu comment on s'y prend dans ce cas-là. Dans quel axe

9 d'activité allez-vous fournir cet appui feu ?

10 R. Quand on change la direction d'une batterie d'artillerie, il faut

11 d'abord faire quelques travaux de fortification. Il faut s'occuper un peu

12 du terrain et ensuite il faut faire quelques opérations mathématiques,

13 quelques calculs. Cela prend quelques heures.

14 Q. Merci. Il y a quelques minutes, vous nous avez dit que vous avez

15 entendu les ordres avaient été donnés aux différents chefs de compagnies.

16 Voici ma question donc : étiez-vous à côté d'eux quand ils ont reçu ces

17 ordres ? Est-ce que vous n'avez fait que l'entendre dans le Motorola ? Vous

18 trouviez-vous dans un autre endroit ou étiez-vous à côté d'eux,

19 physiquement ?

20 R. Non, j'étais sur mon propre poste d'observation à côté de l'école du

21 2ième Congrès. Je n'étais pas physiquement à côté d'eux. J'étais relié par le

22 système de communication qui était branché.

23 Q. Merci. Depuis ce poste d'observation, pouviez-vous voir le marché au

24 bois ? Est-ce que vous savez où il se trouvait ?

25 R. Oui, je sais très bien où il se trouve. Je n'avais pas une vue bien

26 dégagée de ce marché au bois. Je ne pouvais en voir qu'une petite portion.

27 Q. Où se trouve t-il ?

28 R. Juste en dessous de Milovo Brdo, dans la zone qui est juste avant le

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1 pont qui traverse la Vuka.

2 Q. Merci. Le 20 novembre au soir, y a-t-il eu à nouveau briefing habituel;

3 si tel est le cas, qui y a assisté ?

4 R. Je me répète une fois de plus qu'il y avait un briefing tous les soirs.

5 Tous les soirs, il y avait ces briefings auxquels assistaient les mêmes

6 officiers. Le 20 --

7 Q. La question que je vous pose est sur le 20. Y avait-il le commandant

8 Tesic ?

9 R. Oui, bien sûr. C'est ce que je voulais vous dire. Au début du briefing,

10 nous, on était là. Le commandant Tesic, après environ une demi-heure, est

11 sorti et s'est rendu au commandement du groupe opérationnel.

12 Q. Qui a pris le relais ensuite ? Qui a mené le briefing après son

13 départ ?

14 R. Son adjoint; c'est comme cela que cela fonctionne. C'est le capitaine

15 Stijakovic qui a pris les choses en main.

16 Q. Merci. Savez-vous où vous êtes allé après le briefing ce deuxième soir

17 après la chute de Vukovar ?

18 R. A la fin du briefing, je suis allé dans mon secteur, à mon poste

19 d'observation où les soldats m'attendaient ainsi que certains voisins qui

20 habitaient dans la rue.

21 Q. Est-ce que vous savez où sont allés les autres chefs de compagnie ?

22 R. Je le sais, parce qu'après le briefing j'ai invité toutes les personnes

23 présentes à venir lorsqu'elles le pourraient, chez moi. Mes voisins avaient

24 insisté pour organiser une espèce de dîner.

25 Q. Merci. Qui était là outre les membres de votre unité et les voisins ?

26 Parmi les membres du 1er Bataillon motorisé, qui était là ?

27 R. Malheureusement, la plupart d'entre eux n'ont pas pu venir. Le

28 capitaine Zirojevic et le capitaine Radic sont venus.

Page 13205

1 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus au sujet de ce

2 dîner ? C'est important pour nous, pas parce qu'il s'agit d'un dîner. C'est

3 un moment crucial dans la période située entre le 18 et le 24 novembre.

4 Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus. Qu'est-ce que vous avez

5 fait ? Combien de temps êtes-vous resté là ? De quoi avez-vous parlé ? Si

6 vous vous en souvenez, de façon générale, est-ce que vous pouvez décrire ce

7 dîner car vous êtes le principal témoin à ce sujet.

8 R. Voilà comment les choses se sont passées : Etant donné que mon poste

9 d'observation se trouvait à l'endroit le plus sûr, dans une rue où il n'y

10 avait pas d'opération de combat, dans une rue où les gens menaient une vie

11 normale autant que possible, il n'y avait aucune maison abandonnée dans

12 cette rue. Comment pourrais-je décrire les choses. Il n'y a pas eu de

13 dégâts importants dans cette rue.

14 J'avais des liens très étroits avec la population locale. Pour exprimer

15 leur reconnaissance, ils m'ont demandé s'ils pouvaient préparer de la

16 nourriture. Je devais organiser ce dîner auquel participeraient les

17 officiers du bataillon. Bien sûr, j'ai accepté. Nous avons aidé, nous avons

18 apporté ce que nous avions et ils ont rôti un cochon. Voilà. Ils ont fait

19 le nécessaire pour que l'ambiance soit familiale et conviviale. La

20 nourriture a été préparée et servie d'une certaine manière.

21 Q. Merci. Etait-ce le premier dîner de ce genre auquel vous avez assisté

22 après votre arrivée à Vukovar et jusqu'à la chute de Vukovar ?

23 R. Oui. C'était le premier dîner de ce genre.

24 Q. Merci. Est-ce que vous savez combien de temps le capitaine Radic est

25 resté à ce dîner ? Combien de temps vous êtes resté là avant d'aller vous

26 coucher ?

27 R. Oui, je le sais. L'aube pointait. S'agissant des activités du

28 lendemain, ils nous restaient peu d'énergie.

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1 Q. Merci. Il était indiqué que le capitaine Radic était parti après une

2 heure du matin ou après minuit, est-ce que vous maintenez ce que vous

3 dites ?

4 R. Non, il n'aurait pas pu partir plus tôt parce que tout le monde est

5 quasiment parti ensemble.

6 Q. Merci. Vous souvenez-vous dans quelle partie de la maison vous vous

7 trouviez ?

8 R. Oui, je m'en souviens, bien sûr. A l'avant de la maison, dans la partie

9 qui donne sur la rue Oslobodjenje, se trouvait une grande pièce. Il

10 s'agissait d'une salle à manger avec une cuisine adjacente. Je suis resté

11 dans cette maison pendant un mois et demi. Je sais très bien à quoi

12 ressemblaient les dispositions des pièces. On a mis ensemble des tables et

13 des chaises autour.

14 Q. Est-ce que vous savez où vous étiez assis par rapport au capitaine

15 Radic ou du capitaine Zirojevic ?

16 R. Etant donné que nous étions les seuls officiers de permanence, Radic

17 était à la tête de la table, Zirojevic et moi-même étions assis à côté de

18 lui de chaque côté. Nous sommes restés assis pendant toute la soirée. Nous

19 étions près du coin gauche. Il était inutile de nous lever car personne ne

20 pouvait passer par là.

21 Q. Merci. Le 20 novembre au soir, lorsque vous avez assisté à ce dîner,

22 saviez-vous quelle serait votre mission le lendemain, à savoir le 21

23 novembre ?

24 R. Oui.

25 Q. Dites-le-nous, s'il vous plaît.

26 R. Nous avons reçu notre ordre de mission du commandant second, le

27 capitaine Stijakovic. C'était en rapport avec l'inspection dans troupes

28 qu'il voulait organiser depuis plusieurs mois. Il sortait de l'école et il

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1 voulait que l'unité des gardes maintienne un niveau élevé d'organisation et

2 il voulait passer en revue les troupes pour voir si tout était en ordre, si

3 les soldats étaient propres, avaient les cheveux coupés, s'ils étaient bien

4 rasés, et cetera.

5 Q. Merci. Le 21 novembre, le lendemain du dîner, est-ce qu'il y a eu cette

6 inspection des troupes à la première garnison de bataillon ?

7 R. Oui. Mon unité a été inspectée vers midi. Le capitaine Stijakovic s'est

8 présenté à la position de tir qui se trouvait à quelque trois kilomètres de

9 l'endroit où nous étions en direction de Negoslavci, l'inspection a bien eu

10 lieu.

11 Q. Merci. Est-ce que vous avez parlé au commandant Tesic du dîner et du

12 fait que vous aviez passé quelques temps avec le capitaine Radic ?

13 R. Oui. Je lui en ai parlé. Le capitaine Stijakovic m'avait critiqué à ce

14 sujet. Il trouvait que les choses n'étaient pas en ordre dans l'unité.

15 Pendant toute la journée du 21 novembre, j'avais essayé de régler les

16 problèmes.

17 Dans la soirée, lorsque le commandant Tesic est entré de Belgrade, il

18 a remarqué que j'étais en colère et fatigué. Comme j'avais des rapports

19 plus étroits avec lui, car s'était mon commandant de section à l'Académie,

20 il a voulu que nous en parlions. C'est là que je lui ai tout expliqué.

21 Q. Au sujet du dîner ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que vous lui avez dit que Radic était avec vous ce soir-là ?

24 R. Oui.

25 Q. Merci. Le 21 novembre au soir, vous souvenez-vous où vous étiez ? Où

26 êtes-vous allé après le briefing et après avoir eu cette conversation avec

27 le commandant Tesic ?

28 R. Le 21, après le briefing, le capitaine Zirojevic m'a demandé de le

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1 retrouver à son poste d'observation. Pour être tout à fait honnête avec

2 vous, j'ai voulu refuser mais il a insisté et j'y suis allé. Je suis resté

3 environ une demi-heure.

4 Q. Merci. Est-ce Radic était présent lui aussi.

5 R. Oui.

6 Q. Monsieur Vuckovic, comme vous étiez souvent au poste d'observation,

7 vous étiez déployé le long du même axe, vous vous trouvez à Vukovar, que

8 pouvez-vous nous dire au sujet de la personnalité de Miroslav Radic, de son

9 caractère, de ses compétences militaires, de son intégrité ? Que pouvez-

10 vous nous dire au sujet de sa moralité et de ses qualités en tant que

11 soldat ?

12 R. Miroslav Radic est un soldat exemplaire. Il l'a prouvé avant Vukovar et

13 après Vukovar. C'était un soldat modèle au sein de la Brigade de la Garde.

14 Un homme responsable, extrêmement honnête, un homme de famille, il n'y

15 avait aucun vice. En résumé, c'était un professionnel jusqu'au bout des

16 ongles.

17 Q. Merci, Monsieur Vuckovic.

18 M. BOROVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser au témoin.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Borovic.

20 Maître Domazet, vous avez la parole.

21 M. DOMAZET : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas de

22 questions à poser à ce témoin.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 Maître Bulatovic.

25 M. BULATOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

26 Interrogatoire principal par M. Bulatovic :

27 Q. [interprétation] Monsieur Vuckovic, je suis l'un des avocats de M.

28 Sljivancanin. Je vais vous poser un certain nombre de questions qui

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1 intéressent l'équipe chargée de sa défense.

2 Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous dire si vous connaissez le

3 commandant Sljivancanin?

4 R. Oui, je le connais.

5 Q. Pendant que vous étiez à Vukovar, avez-vous eu des contacts avec lui ?

6 R. Oui.

7 Q. Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre et à tout le monde dans

8 quel cadre ces contacts ont eu lieu ? Quelle était la nature de ces

9 contacts ?

10 R. Dans le cadre des activités de combat, le commandant Sljivancanin

11 venait me trouver à mon poste d'observation. Il y venait souvent. Il est

12 venu aux différents postes d'observation que j'ai occupé afin de se

13 renseigner sur la situation dans les unités, sur les objectifs que nous

14 avions, les cibles qui étaient les nôtres, les forces, les activités de

15 l'artillerie et afin de s'en quérir à des problèmes éventuels.

16 Q. Le commandant Sljivancanin vous a-t-il jamais donné un ordre ? A-t-il

17 essayé de le faire à quelque moment que ce soit ?

18 R. Non.

19 Q. Vous avez parlé des informations qui intéressaient le commandant

20 Sljivancanin. Tout ce qui touchait aux forces ennemies, à l'artillerie, aux

21 positions, et cetera. Est-ce que vous pourriez nous expliquer quelles

22 pièces d'artillerie étaient utilisées par les formations paramilitaires de

23 la soi-disant armée croate ?

24 R. Oui. Je suis un professionnel. Je peux vous dire cela également sur la

25 base des débris de projectiles d'artillerie qui ont été tirés par les

26 forces croates. Sur la base des débris qui ont été recueillis, j'ai pu

27 tirer des conclusions quant aux types d'activités, de calibres utilisés. Il

28 s'agissait de mortiers de 60 et de 82 millimètres.

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1 J'ai pu également en conclure que les lance-roquettes à un tube de

2 128 millimètres nous tiraient dessus. Il y avait également des obusiers de

3 152 millimètres qui tiraient depuis la direction de Nustar.

4 Q. Sur la base des informations que vous avez pu recueillir, avez-vous pu

5 détecter d'autres positions de l'artillerie croate en plus de la position à

6 Nustar ?

7 R. Leur position était difficile à déterminer car ils changeaient

8 constamment de position. A l'issue des activités de combat, nous avons

9 retrouvé plusieurs mortiers montés sur des remorques ou d'autres véhicules.

10 Q. Monsieur Vuckovic, pour terminer, je souhaiterais vous poser la

11 question suivante : Y a-t-il eu des problèmes pour ce qui est des tirs

12 d'artillerie de la JNA ? Est-ce qu'ils manquaient de précision ? Dans

13 l'affirmative, est-ce que cela aurait pu avoir une incidence sur la

14 sécurité des unités ?

15 R. Oui, il y a eu des problèmes à plusieurs reprises. Il s'agissait

16 essentiellement du fait que certaines pièces n'avaient pas suffisamment de

17 portée. Les projectiles n'atteignaient pas les cibles. Pour ce qui est de

18 la sécurité, les officiers devaient déterminer ce qui se passait et

19 pourquoi. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait de problèmes d'ordre

20 technique; ce n'était pas délibéré.

21 Q. Suis-je en droit de conclure que dans le cadre de vos contacts avec

22 l'officier chargé de la sécurité, le commandant Sljivancanin, lorsque de

23 tels problèmes se présentaient, vous l'en informiez car cela concernait la

24 sécurité de l'unité ?

25 R. Absolument. Il s'agissait d'un problème grave qui pouvait susciter des

26 problèmes entre les hommes. Il fallait résoudre cela d'urgence.

27 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

28 questions à poser à ce témoin.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Bulatovic.

2 Monsieur Moore.

3 Contre-interrogatoire par M. Moore :

4 Q. [interprétation] Monsieur Vuckovic, je crois que nous nous sommes déjà

5 rencontrés à Belgrade. Vous me reconnaissez sans doute même si j'ai ma robe

6 noire.

7 Je souhaiterais que l'on parle de deux ou trois choses qui se sont passées

8 à Belgrade lorsque nous nous sommes rencontrés. Est-il exact de dire que

9 vous pensez que si vous êtes encore vivant aujourd'hui c'est grâce à M.

10 Radic ?

11 R. Oui.

12 Q. Je pense qu'il est également exact de dire qu'il vous a sauvé la vie à

13 deux reprises au moins; c'est bien cela ?

14 R. Oui. Moi aussi, je lui ai sauvé la vie à plusieurs reprises.

15 Q. Merci. Je crois qu'il est également exact de dire que malheureusement

16 un de vos frères a été tué pendant la guerre; c'est bien cela ?

17 R. Oui.

18 Q. Lorsque je me suis brièvement entretenu avec vous à Belgrade, je crois

19 me souvenir que vous avez déclaré que Radic à vos yeux était maintenant

20 comme un frère; c'est bien cela ?

21 R. Oui. Notre conversation n'a pas été si brève que cela; elle a duré une

22 heure et demie ?

23 Q. [aucune interprétation]

24 R. [aucune interprétation]

25 Q. Parfois le temps passe vite et parfois un peu moins. Je pense qu'il est

26 exact de dire que vous considérez M. Radic un peu comme un frère, n'est-ce

27 pas ?

28 R. C'est exact.

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1 Q. Vous avez également dit que M. Radic était du genre à assumer la faute

2 des autres même s'il n'avait pas participé ?

3 R. Monsieur le Président, je souhaiterais expliquer ce que j'ai voulu dire

4 par cela.

5 Q. Mais avant cela, est-ce que vous pouvez nous dire si vous pouvez

6 confirmer que vous avez bien déclaré cela ?

7 R. Oui.

8 Q. Je suis sûr que les Juges de la Chambre seront intéressés par vos

9 explications, donc allez-y.

10 R. Je pense que le capitaine Radic, comme n'importe quel autre officier de

11 carrière, n'importe quel soldat discipliné et responsable au sein de la

12 JNA, vu sa formation, est prêt à assumer l'entière responsabilité de ce qui

13 s'est passé dans sa zone de responsabilité au sein de son unité. C'est ce

14 que je voulais dire par là lorsque j'ai tenu les propos que vous avez

15 cités.

16 Q. Peut-être que M. Mrksic n'est pas d'accord avec ce que vous venez de

17 dire.

18 R. J'ai dit ce que j'en pensais.

19 Q. Je pense qu'il est également exact de dire que certes vous vouliez

20 faire la lumière sur ce qui s'était passé, mais vous vouliez également

21 aider votre ami, M. Radic, pour que ce dernier puisse être libéré, n'est-ce

22 pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Je souhaiterais que l'on parle de deux ou trois autres points. Vous

25 avez témoigné, cela dure déjà depuis quelques temps, mais pour résumer vos

26 propos en cinq points, est-ce que je pourrais dire, premièrement, que

27 d'après vous la TO de Vukovar n'a jamais été subordonnée au Bataillon de la

28 Garde et à la 3e Compagnie puisque nous parlons de M. Radic ?

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1 R. Ils agissaient de concert -- de façon concertée, coordonnée.

2 Q. Il n'y a jamais eu de subordination; c'est ce que vous nous dites,

3 n'est-ce pas ?

4 R. Oui.

5 Q. Deuxièmement, vous affirmez que le bataillon a cessé tout action

6 militaire d'envergure le 10 novembre. Ai-je raison de dire cela ?

7 R. Oui.

8 Q. Sans vouloir trop simplifier les choses, les soldats de la Garde

9 étaient chargés de protéger les maisons qui étaient dans les hauteurs. Ils

10 ne participaient pas au combat.

11 R. Monsieur, les soldats de la Garde, c'est-à-dire, les soldats qui

12 n'étaient ni malades, ni blessés étaient chargés de cela. Au sein de chaque

13 compagnie, il y avait entre 30 et 40 hommes. Il ne s'agit pas d'effectif

14 suffisant pour poursuivre les combats.

15 Q. J'en déduis que votre réponse consiste à dire que le Bataillon de la

16 Garde a cessé les combats le 10 novembre. Quelle que soit la raison, c'est

17 ce que vous nous dites, n'est-ce pas ?

18 R. En principe, oui.

19 Q. Merci. Le troisième point au sujet duquel vous avez témoigné, là

20 encore, je n'essaie pas de simplifier les choses, mais vous avez entendu

21 toute sorte d'ordres. Il se trouve que vous avez entendu le commandant

22 Tesic ordonné au téléphone à Radic, le 19 novembre, de se rendre à

23 l'hôpital. Il se trouve que vous avez entendu cela. C'est ce que vous nous

24 dites, n'est-ce pas ?

25 R. Permettez-moi de vous corriger. Ce n'était pas par téléphone, mais par

26 communication radio. Oui, effectivement, j'ai entendu cet ordre à la date

27 que vous avez mentionnée. Nous étions toujours en contact, 24 heures sur

28 24.

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1 Q. Merci bien. Vous vous en souvenez bien, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Quinze ans après les faits, vous vous souvenez de cet ordre; c'est bien

4 cela ?

5 R. Oui, je m'en souviens.

6 Q. Quatrièmement, le dîner. C'est un dîner que vous avez organisé et

7 auquel M. Radic a participé avec d'autres personnes. Ce dîner a eu lieu le

8 20 novembre au soir. M. Radic est resté jusqu'à l'aube. Vous nous avez

9 également parlé de cela, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous avez dit que le 21 vous avez indiqué au commandant Tesic que vous

12 êtes allé au dîner avec Radic dans la nuit du 20; c'est bien cela, c'est

13 bien ce que vous avez dit ?

14 R. Oui. Oui, Tesic m'a demandé pourquoi j'avais l'air que j'avais à ce

15 moment-là. Je lui ai expliqué pourquoi.

16 Q. Cinquièmement, vous avez dit qu'il s'agissait d'un officier exemplaire.

17 Il y a plusieurs sujets dont j'aimerais parler. Tout d'abord,

18 j'aimerais que nous abordions la question suivante : Du fait du temps qui

19 s'est passé, auriez-vous, à l'époque, décrit le commandant Tesic comme

20 étant un officier exceptionnel ?

21 R. Oui. C'est un officier qui m'a enseigné la discipline, la

22 responsabilité, l'honnêteté, qui m'a appris ce qu'était le

23 professionnalisme et qui au-dessus de toute chose déteste l'alcool. C'est

24 la raison pour laquelle je me suis entretenu ce jour -- cette journée du

25 21.

26 Q. Serait-il juste de dire -- et je crois qu'il a été votre supérieur à

27 l'époque où vous étiez à l'académie, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

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1 Q. Je crois qu'il a eu beaucoup de promotions entre-temps. Jusqu'à quel

2 rang est-il arrivé ?

3 R. Oui, il a eu de la promotion. Maintenant, il a un grade de général au

4 sein de la police.

5 Q. Si l'on voulait décrire en un mot M. Tesic, est-ce que ce mot pourrait

6 être celui d'homme "intègre" ?

7 R. J'estime que c'était un professionnel d'exception et un officier

8 discipliné.

9 Q. Il serait juste de dire que le commandant Tesic, tel que nous le

10 connaissons, est une personne qu'il est facile de contacter. Bien entendu,

11 il convient de passer par des filières, mais ce n'est pas un homme qui se

12 cacherait dans une cave.

13 R. Je ne pense pas que ce soit là un homme de nature à se cacher. C'est

14 quelqu'un que je respecte et que j'estime de nos jours encore. Je pense que

15 je n'ai rien dit d'offensant à son égard.

16 Q. Vous vous souviendrez du fait que j'avais mentionné déjà dans votre

17 témoignage le fait que vous aviez précisé que la TO n'avait pas été

18 subordonnée au 1er Bataillon ou, en occurrence, à la 3e Compagnie ? Seriez-

19 vous surpris si je vous disais que le commandant Tesic, dans ses

20 déclarations, à l'égard du bureau du Procureur ainsi qu'à Belgrade a dit,

21 et je donne lecture : "Le 3e Groupe d'Assaut, commandé par Milorad Radic,

22 était également constitué du détachement de la Petrova Gora, conduit par

23 Vojnovic, et qui se composait d'une unité de la Petrova Gora et d'une unité

24 appelée la Leva Supoderica."

25 Est-ce que vous seriez surpris de l'avoir entendu dire cela ?

26 R. Oui, parce que cela ne correspond pas du tout à ce qui s'est passé sur

27 le terrain. Au début, la Défense territoriale avait coordonné ses activités

28 avec le bataillon, et ensuite elle avait coordonné ses activités avec la 3e

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1 Compagnie.

2 Q. Mais la situation se présente comme suit : vous êtes un officier du

3 bataillon de la garde, si je peux m'exprimer ainsi, et vous avez clairement

4 compris quelles étaient les conséquences de votre témoignage, ainsi que

5 l'importance de ce point-là. Alors, quelqu'un doit forcément être dans son

6 tort. C'est soit vous, soit le commandant du bataillon, parce qu'il n'y a

7 pas de ligne médiane à ce niveau, n'est-ce pas ?

8 R. Madame et Messieurs les Juges, j'ai prêté ici serment. Comme nous avons

9 coutume de le dire en Serbie, j'ai prêté serment à l'égard de mon État et

10 de mon armée. Je suis encore un officier d'active, et j'estime que je suis

11 un homme honnête et droit. Par conséquent, je pense avoir répondu en disant

12 cela.

13 Q. Je ne veux pas laisser entendre que vous êtes en train de mentir. Ce

14 que je voudrais laisser entendre c'est que lui, en sa qualité de commandant

15 du bataillon où cette unicité du commandement constitue l'élément

16 essentiel, à deux reprises a dit tant dans sa déclaration à l'égard du

17 bureau du Procureur que devant les instances à Belgrade, que cette unité de

18 M. Radic était composée de cette unité de la TO de Vukovar ainsi que cette

19 unité de la TO de Petrova Gora et de Leva Supoderica. Les deux unités

20 comptant entre 30 et 40 hommes. La dernière, celle de Leva Supoderica,

21 étant commandée par Milan Lancuzanin, surnommé Kameni. Alors, se peut-il

22 que lui, en sa qualité de commandant de bataillon, serait dans son droit et

23 que vous pourriez tout simplement avoir tort ?

24 R. Non, pour une raison simple; j'ai passé 40 jours sur cet axe, d'un jour

25 à l'autre.

26 Q. Pourriez-vous, à mon intention ainsi qu'aux Juges de la Chambre et des

27 autres personnes qui nous écoutent, expliquer comment le commandant du

28 bataillon intervient-il sur la base d'une conviction, celle d'avoir la TO

Page 13218

1 subordonnée à lui ?

2 R. Je ne peux pas vous l'expliquer. Je connais les faits qui sont

3 produits. Je sais ce que j'ai vu sur le terrain.

4 Q. Je vous prie de nous expliquer ce que cela signifie "l'unicité de

5 commandement" ?

6 R. L'unicité de commandement, cela signifie que, terme concret au niveau

7 du bataillon, personne mis à part le commandant du bataillon ne peut donner

8 des ordres au bataillon. En ma qualité de chef d'une batterie par sous ses

9 ordres, je n'ai à recevoir des ordres de personne d'autre si ce n'est que

10 lui-même. Autrement dit, mon adjoint ne peut recevoir d'ordre de personne

11 d'autre si ce n'est moi.

12 En d'autres termes, si quelqu'un d'autre essaie de lui donner un ordre, cet

13 homme étant plus haut gradé que moi, ce dernier est tenu de m'en informer.

14 Q. Imaginons une situation hypothétique, toujours partant de ce que vous

15 venez de dire. Nous avons une TO, et vous affirmez qu'elle n'a pas été

16 subordonnée à Tesic. Vous indiquez également qu'ils ont été subordonnés à

17 qui en réalité, à Jaksic ?

18 R. Oui.

19 Q. Mais, comment établissez-vous alors ce principe d'unicité de

20 commandement si vous avez Tesic qui dit tout simplement que ces unités

21 particulières, enfin, ses unités, c'est une unité particulière, étaient

22 rattachées à la compagnie de Radic, et que par voie de conséquence, elles

23 étaient intégrées à la structure de commandement de cette compagnie-là ?

24 R. Probablement -- ou, dirais-je, plutôt, que c'était Jaksic qui

25 commandait la Défense territoriale. De là, à savoir si lui avait reçu des

26 missions de la part de Tesic, je ne le sais pas. Je n'ai pas été présent à

27 l'occasion de ces réunions.

28 Lors de la réalisation des actions ou des activités de combat, j'ai

Page 13219

1 maintenu des communications et coordonné mes activités avec les chefs de

2 compagnie seuls faisant partie de ce 1er Bataillon motorisé.

3 Q. Mais si ce que vous venez de nous dire est exact, il n'y aurait guère

4 besoin de voir des gens comme Lancuzanin et Vujovic s'en allés vers le

5 commandement de Tesic pour lui présenter des rapports, puisqu'ils n'étaient

6 pas subordonnés à ce dernier, n'est-ce pas ?

7 R. Je ne connais que la structure et la filière de subordination au sein

8 du 1er Bataillon motorisé.

9 Q. Pourriez-vous, je vous prie, répondre à ma question ?

10 R. Estimeriez-vous qu'ils étaient subordonnés au bataillon et au

11 commandement de ce détachement d'assaut; tirons les choses au clair. Parce

12 que de mon point de vue à moi, le commandant Tesic a exercé deux fonctions;

13 il a été commandant du bataillon et, à la fois, commandant du détachement

14 d'assaut.

15 Q. Mais, le commandant Tesic dit tout simplement que la TO était

16 subordonnée à lui ainsi qu'au capitaine Radic. Vous dites : Non, cela n'a

17 certainement pas été le cas; il y a eu une structure parallèle de

18 commandement, pratiquement. Je dis que l'on ne s'attendrait pas en

19 l'occurrence à voir des gens du type de Lancuzanin et Vujovic se rendre au

20 QG de Tesic avec les autres officiers d'active, parce que ce sera là une

21 ligne ou une filière de commandement erronée pour ce qui est de la filière

22 de subordination.

23 J'aimerais que M. Borovic parle à voix plus basse.

24 R. Une chose. Vous parlez de "parallèle," de filière "parallèle". Il n'y a

25 pas de filière parallèle. Tesic, en sa qualité de commandant de 1er

26 Bataillon motorisé, procédait à des présentations de rapport avec les chefs

27 de compagnie et avec moi en ma qualité de chef de la batterie. Il nous

28 confiait des missions.

Page 13220

1 Ensuite, ils venaient chez lui parce que je les ai vus dans la cour,

2 ces commandants de la TO et celui de la Leva Supoderica. Lui, en sa qualité

3 de commandant du détachement d'assaut, partant des missions qu'il nous a

4 déjà confiées, venait alors confier des missions à eux.

5 Q. Si ce que vous êtes en train de nous dire est exact, pourriez-

6 vous nous expliquer la chose suivante : "Vujanovic et Lancuzanin, jusqu'à

7 la chute de Vukovar, venaient de temps à autre. Or, Vujovic et le capitaine

8 Radic venaient régulièrement. Alors, je mentirais si je disais que la

9 relation entre le capitaine Radic et Lancuzanin, voire Kameni ou Vujovic

10 n'était pas amicale. Je sais que les ordres à Radic étaient à part entière

11 exécutés."

12 Pouvez-vous me l'expliquer cela ?

13 R. Je ne sais pas ce que le commandant Tesic a dit. Je sais et je suis en

14 train de parler de ce que je sais et des impressions que je me suis faites.

15 Je n'ai pas eu l'impression pour ma part qu'ils se trouvaient être en

16 relation proche.

17 Q. Passons à présent à un autre sujet. Seriez-vous d'accord avec la

18 déclaration suivante : "La TO de Vukovar n'a pas constitué une force sur

19 laquelle l'on pourrait s'appuyer."

20 Soit dit en passant, c'est le commandant Tesic qui l'a dit. Seriez-

21 vous d'accord avec cela, à savoir que "la TO de Vukovar n'a pas constitué

22 une force sur laquelle on pourrait s'appuyer, parce que des fois il a fallu

23 reporter à plus tard des opérations parce que la TO de Vukovar ne s'est pas

24 présentée ou n'a pas voulu se battre."

25 R. Les opérations ont été reportées, cela est vrai. Le fait est que

26 la TO connaissait mieux le terrain. La TO voulait libérer sa ville. Cela

27 est également exact. Leur expérience au combat était plus grande. Affirmer

28 qu'on ne pouvait pas s'appuyer sur eux, cela ne tient pas debout, selon

Page 13221

1 moi.

2 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Borovic.

4 M. BOROVIC : [interprétation] Merci.

5 J'ai l'impression que mon éminent confrère abuse quelque peu des droits qui

6 lui sont accordés par ce Tribunal. Je ne vois aucune raison de prendre

7 différentes pages de déclaration fournies par un témoin à l'intention de

8 l'Accusation pour montrer cela à d'autres témoins qui disent que tout le

9 temps que cela n'est pas exact.

10 Je crois que dans le contexte d'autres témoins, si la déclaration

11 était montrée on comprendrait. Que l'on procède par ordre, si l'on donnait

12 lecture de l'actuelle déclaration entière.

13 J'estime qu'il aurait mieux fait de faire venir le commandant Tesic

14 afin que nous le contre interrogions aux fins de voir ce qu'il resterait en

15 bout de compte de sa déclaration. Merci.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez continuer.

17 M. MOORE : [interprétation]

18 Q. Etes-vous d'accord avec cette analyse sur la TO de Vukovar ou pas ?

19 R. Non. Je vous ai donné mon opinion.

20 Q. Puis-je à présent passer au 10 novembre. Vous avez dit et d'autres ont

21 dit pour qu'il n'y ait pas d'erreur là-dessus que le bataillon a cessé ses

22 activités à la date du 10 novembre. Or, aujourd'hui vous avez dit qu'il

23 n'était resté que 30 ou 40 hommes, n'est-ce pas ?

24 R. Madame et Messieurs les Juges, je n'ai mentionné aucune réserve. J'ai

25 dit que dans les compagnies, il était resté 30 à 40 soldats ordinaires.

26 Q. Je n'ai pas mentionné de forces de réserves. C'est l'interprète qui a

27 dû vous le dire.

28 Vous nous avez dit qu'il était resté 30 ou 40 soldats des forces

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1 régulières. Des soldats qui à mon avis, enfin selon mes propres termes,

2 pourraient aller au combat. Est-ce que ce serait une façon juste de le

3 dire ?

4 R. Non. Parce que si au sein de l'unité il est resté 30 à 40 soldats

5 multipliés par les trois compagnies qu'il y avait, on abouti à un chiffre

6 de quelque 120 soldats, nous parlons de l'infanterie. Ce sont là des

7 soldats qui sont allés au combat. On a pas compté là le peloton de la

8 police militaire, on a pas compté non plus ma batterie, il n'y a pas non

9 plus le peloton de logistique et ainsi de suite.

10 Q. Ce n'est pas moi qui ai dit 30 ou 40 par compagnie. J'ai parlé de 30 ou

11 40 soldats de la troupe régulière qui étaient aptes au combat. Ce que je

12 voulais savoir, c'est combien de soldats au total il y avait d'apte à

13 combattre ?

14 R. Je vous l'ai dit, trois compagnies multiplier par 30 à 40, cela vous

15 donne environ 120 soldats.

16 Q. Cela pourrait constituer une compagnie parce qu'une compagnie

17 d'ordinaire compte environ une 90 hommes ?

18 R. Ces trois compagnies étaient venues à Vukovar à l'origine avec chacune

19 d'environ 90 soldats.

20 Q. Ces soldats rompus au combat, qu'ont-ils fait après le 10 ?

21 R. Ces soldats ont conservé les positions atteintes. Ils ont œuvré à

22 consolider la ligne mise en place et ils ont procédé comme nous avons

23 coutume de le dire au contrôle par le feu du territoire devant eux. De

24 temps à autre, ils ont tenté quelque chose pour déplacer, faire avancer

25 cette ligne. Rien de spectaculaire.

26 Q. Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que ce bataillon d'élite

27 de la Garde, et quand j'ai dit "rompus au combat" je n'ai pas voulu être

28 péjoratif du tout, parce qu'ils sont passés par les temps difficiles. Ces

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1 soldats sont laissés là pour en somme assurer le gardiennage des maisons et

2 pour consolider les lignes. C'est bien ce que vous dites ?

3 R. Oui. Pour une raison simple, à savoir empêcher qu'aucun d'entre eux ne

4 vienne à être tué ou blessé. Nous avions souhaité préserver nos hommes.

5 Quand je dis ceux sont, je parle de jeunes soldats qui se sont tout

6 simplement trouvés là.

7 Q. S'il y avait eu une suggestion au niveau des témoignages ou des

8 documents qui laisseraient entendre que certaines des unités avaient

9 continué à se battre, cela serait erroné, n'est-ce pas ?

10 R. Je ne sais pas ce que vous qualifiez par "combat." Si vous qualifiez de

11 "combat," aller de l'avant de 50 mètres pour occuper une meilleure maison

12 qui serait plus sûre, qui serait plus solide, et à partir de laquelle on

13 aurait une meilleure vue, là je dirais que combat il y a eu. Mais, si vous

14 dites qu'après le 10, on s'est, on a vaqué à la prise de certaines cités ou

15 de certaines autres rues, là cela ne sera pas exact.

16 Q. Ici nous sommes en train de parler de consolidation, consolidation au

17 niveau de position plus puissante, plus forte, c'est bien cela, rien de

18 plus ? C'est bien ce que vous dites ?

19 R. Du fait même d'être sorti sur la colline de Milovo Brdo, à partir de

20 laquelle on pouvait voir le centre-ville, ainsi que les ponts sur la

21 rivière Vuka, le marché, de garder tout cela sous un contrôle de tir, cela

22 signifie que l'on a prévenu les déplacements des unités, le complètement en

23 matériel et en ressources humaines.

24 Nous avons estimé qu'une fois ayant occupé ce Milovo Brdo, la ville a

25 été coupée en deux et, en substance, il suffisait juste d'attendre qu'ils

26 se rendent.

27 Q. Quelle est la finalité de ces briefings au quotidien ?

28 R. A l'occasion des briefings quotidiens, tout officier fait un rapport

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1 sur les missions qu'il a accomplie dans la journée, quels sont les

2 problèmes qu'il a rencontrés, quelles sont les demandes qu'il a à formuler

3 à l'égard du commandement du point de vue des ressources et du matériel, et

4 ainsi de suite, et concernant ses propositions à lui, pour l'avenir.

5 Partant de là, le commandant, voire l'officier supérieur qui est en train

6 de recevoir ces rapports, définit les missions, prend des mesures et

7 définit ce qu'il convient de faire.

8 Q. Il serait juste de dire que ce briefing n'est pas seulement une

9 situation où l'officier supérieur va d'un bout à l'autre de la pièce,

10 devant un tableau, pour donner des ordres. En réalité, c'est là qu'on pose

11 des questions et qu'on apprend des réponses pour savoir s'il est possible

12 de réaliser un objectif, pour savoir si les moyens logistiques sont

13 suffisants pour aboutir à la réalisation d'un objectif et ce genre de

14 question de coordination, n'est-ce pas ?

15 R. Nous, en notre qualité de chefs de compagnie, avons proposé des

16 activités pour la journée à venir relevant du domaine de nos attributions à

17 nous. Ce sont là des propositions. Le commandant, lui, prenait des

18 décisions partant de notre proposition et partant de ses conclusions à lui,

19 tout comme partant des missions qui nous étaient confiées par le

20 commandement supérieur.

21 Q. En réalité, ce qui importe, ce n'est pas tant ce que le commandement

22 supérieur a bien pu donner comme ordre si les unités ne sont pas

23 physiquement capables de les réaliser. Ils ne peuvent dire qu'ils feront

24 tout ce qu'ils peuvent, mais si physiquement ils ne sont pas capables de

25 réaliser certaines choses, c'est là un problème qui va être soulevé à

26 l'occasion du briefing. C'est là la finalité du briefing, à savoir de

27 déterminer pour en revenir au propre terme que vous avez utilisé, les

28 différents niveaux de compétence de tous à chacun, n'est-ce pas ?

Page 13225

1 R. Je répète une fois de plus : Au début du briefing, chaque officier

2 présente un rapport sur ses éléments à lui, comme je l'ai déjà dit tout à

3 l'heure. Chaque commandant, partant de nos propositions et de nos

4 connaissances que nous avons sur nous-mêmes et sur nos unités respectives,

5 nous confie des missions. Une fois que nous avons accepté une mission, il

6 n'y a plus à débattre de la mission en tant que telle. Cela devient un

7 devoir pour moi, en ma qualité d'officier, que d'exécuter cet ordre, ou du

8 moins d'essayer de l'exécuter. Si je ne le peux pas, je tiens, je dois l'en

9 informer, parce que si l'on refuse d'exécuter un ordre ou d'accomplir une

10 mission, vous savez vous-même ce qui advient.

11 Q. J'aimerais que nous parlions un peu de cette toute dernière partie où

12 il y a mission pour laquelle vous informeriez votre supérieur de la

13 présence de difficultés pour l'accomplissement des objectifs assignés.

14 Quels que soient les objectifs, que les difficultés que vous avez

15 rencontrés, vous êtes tenu de le faire, n'est-ce pas ?

16 R. Advenant, il ne fallait pas que l'on exécute la mission à tout prix. On

17 essaie d'exécuter la mission, et si c'est impossible, on informe le

18 commandant, et ensuite le commandant décide ce qui devrait être fait par la

19 suite. Faire absolument tout à tout prix, cela sera des opérations qui vont

20 coûter la vie de 15 hommes, non, ce n'est pas du tout quelque chose que

21 nous faisions.

22 Q. Très bien. Parlons maintenant de l'axe de l'attaque.

23 Un axe d'attaque, on a compris ce que s'est, mais imagions qu'il y a

24 deux unités sur cet axe d'attaque. L'une des unités est une unité de la TO

25 et l'autre est une unité relevant de l'armée de métier. Vous me suivez ?

26 R. Oui.

27 Q. Imaginons qu'il y ait maintenant un briefing que pour l'armée de

28 métier, les soldats de métier, et discussion aussi sur la possibilité de ce

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1 qui va être réalisable par l'ordre de cet axe d'attaque. S'il n'y a que les

2 soldats réguliers qui savent que sont les problèmes, alors que les --

3 comment se fait-il que si la TO n'était pas au briefing, comment est-ce que

4 la TO peut savoir quoi faire ?

5 R. Le capitaine Radic, lui, a avancé juste derrière la Défense

6 territoriale et de Vujovic. Il voyait bien ce qui se passait.

7 Voici ma question : Etant donné le système qui existait à l'époque, est-ce

8 que vous attendriez à ce que la personne qui était je ne sais à quelle

9 école, qui n'a aucune idée de la tactique militaire, qui ne connaisse pas

10 du tout le système, est-ce que vous pensez qu'il va vous soutenir, vous

11 aider ? Non, parce que quand on fait une erreur en matière d'appui entre

12 unité, on peut très bien y perdre la vie.

13 Q. Oui, alors voici ma prochaine question : Vous étiez responsable de la

14 compagnie de mortier, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, c'était une batterie de mortier. On l'appelait la batterie de

16 mortier.

17 Q. Je m'en excuse. Mais, la fonction d'une batterie de mortier, souvent

18 c'est de fournir un appui rapproché aux troupes sur le terrain; c'est bien

19 cela ?

20 R. Oui, c'est en effet une unité qui doit fournir un appui rapproché.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

22 M. BOROVIC : [interprétation] Il y a une erreur dans le compte rendu. Il y

23 a une erreur d'interprétation. Mon éminent collègue pourrait-il reposer sa

24 question à propos de Miroljub Vujovic. Parce qu'à la ligne 17 à 22, ce qui

25 a été traduit n'est pas ce que le témoin a dit. Il faudrait que mon éminent

26 collègue le vérifie. Il s'agit de la ligne 17 à 22 qui traite de Miroljub

27 Vujovic.

28 Je peux vous dire ce qu'a dit le témoin, en vérité; enfin, ce n'est pas à

Page 13227

1 moi de le faire. Donc, je pense qu'il vaudrait mieux que mon éminent

2 collègue repose la question, à savoir ce qu'il se passe quand il y a deux

3 unités qui sont sur le même axe d'attaque, et savoir dans ce cas-là ce

4 qu'il convient de faire en terme d'appui feu.

5 M. MOORE : [interprétation] Je crois que le problème est plutôt dans la

6 réponse et non dans la question, puisque je n'ai absolument pas parlé de

7 Vujovic; c'est le témoin qui a fait référence à Vujovic.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après M. Borovic, en tout cas

9 d'après ce qu'a entendu M. Borovic, il me semble qu'il y a une erreur de

10 traduction; c'est tout.

11 Vous pouvez nous le préciser, M. Moore ?

12 M. MOORE : [interprétation] Je n'allais pas y revenir. Je vais peut-être en

13 traiter lors de mes questions supplémentaires, puisque la réponse est là

14 elle vient de disparaître de l'écran.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

16 Maître Borovic, vous n'aurez qu'à en -- vous n'aurez qu'à le traiter

17 quand on y reviendra lors des questions supplémentaires.

18 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce n'est pas vraiment

19 un problème pour la Défense, ni pour les questions supplémentaires, mais la

20 phrase n'a pas été traduite correctement, puisque la réponse a dit les

21 personnes comme Miroljub Vujovic n'auraient jamais pu demander un appui

22 feu, et la réponse qui est au compte rendu est tout à fait différente.

23 Je pense qu'il était important de le faire ressortir, surtout pour

24 mon éminent confrère, pour qu'il sache un petit peu ce qui se passait sur

25 le terrain là-bas, parce que sinon tout cela devient [imperceptible] et on

26 ne comprend plus.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Vous avez aidé

28 M. Moore. Je pense qu'il devrait vous en être reconnaissant.

Page 13228

1 M. MOORE : [interprétation] Oui, je vais essayer de trouver la question

2 quand même.

3 Q. Je repose la question. Je la lis parce que je ne m'en souviens

4 absolument plus. "Normalement," si j'ai bien compris, "il n'y avait

5 briefing que pour l'armée de métier, et s'il y a des soucis quant à ce qui

6 peux être réalisable sur l'axe d'attaque, dans ce cas les soldats de

7 l'armée de métier sauront quels sont les problèmes, comment est-ce que la

8 TO va savoir quels sont les problèmes si la TO n'a pas assisté au briefing.

9 Vont-il l'apprendre des soldats de métier ? Comment les soldats de la TO

10 vont-ils savoir quel est le problème étant donné qu'ils sont quand même

11 sous même commandement ?"

12 J'ai lu le compte rendu.

13 M. BOROVIC : [interprétation] Ce n'est pas la bonne question. Je vous ai

14 donné les références. Il s'agit de la page 84, lignes 18 à 22, quand on a

15 évoqué l'appui feu le long d'un axe d'attaque.

16 Si mon éminent collègue ne veut pas explorer le sujet, et si ce qui a

17 été dit lui suffit, cela me va tout à fait aussi.

18 M. MOORE : [interprétation] Mon éminent collègue me donne comme référence

19 les lignes 18 à 22, or, pour moi, les lignes de 18 à 22 sont une réponse et

20 non une question.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas-là, Monsieur Moore, je

22 peux vous donner une autre référence sur notre écran qui est encore une

23 autre -- qui est encore différente. J'en suis désolé. Le système est comme

24 cela. Les références changent tout le temps.

25 Il faudrait juste que vous écoutiez mieux M. Borovic, que vous retrouviez

26 la question qui -- dont il parle, et ainsi traitez du sujet qu'il a

27 soulevé.

28 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, sachez que j'ai quand

Page 13229

1 même fait très attention à ce qu'a dit M. Borovic, mais il a fait référence

2 à une réponse et non à une question. Cela dit, je vais essayer de m'y

3 retrouver.

4 M. BOROVIC : [interprétation] En effet, en effet. J'ai fait référence à la

5 réponse, puisque c'est la réponse qui a été mal traduite, et je la répète

6 pour une troisième fois.

7 M. MOORE : [interprétation] Très bien. On va voir quelle était votre

8 réponse. Voici la réponse :

9 "Le capitaine Radic était derrière la Défense territoriale et derrière

10 Vujovic. Il savait exactement ce qui se passait.

11 "Ma question est la suivante : Etant donné le système qui existait à

12 l'époque, est-ce que vous pouvez vous attendre à ce qu'une personne qui ait

13 fait je ne sais quelle école ou pas d'école du tout, d'ailleurs, militaire,

14 et qui ne connaisse pas du tout le système de vous fournir assistance,

15 parce que quand on fait une erreur, quand on demande un appui feu, cela

16 peut résulter en perte de vie humaine."

17 J'en suis désolé, mais cette réponse me paraît logique. Je l'ai comprise,

18 en tout cas.

19 Q. Etes-vous en train de nous dire, Monsieur le Témoin, dans votre

20 réponse, qu'étant donné qu'une personne n'avait pas beaucoup d'éducation,

21 n'avait pas été longtemps à l'école, et n'avait jamais mis les pieds dans

22 une école militaire, qu'il n'aurait pas pu demander l'aide d'un appui feu

23 pour des troupes régulières qui se trouveraient, elles, sur le même axe

24 d'attaque que cette personne non formé à l'académie ? C'est bien ce que

25 vous êtes en train de dire ?

26 R. Les seuls officiers qui avaient le droit de demander un appui feu

27 étaient des officiers d'armée de métier, donc des chefs de compagnie et des

28 commandants de bataillon. A aucun moment pendant aucun combat, je n'ai

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1 jamais exécuté aucune action de combat sans avoir reçu un appel de ce type

2 venant d'une personne autre que d'un chef de compagnie ou chef de

3 bataillon.

4 Q. Ce que vous êtes en train de nous dire c'est que si sur une même ligne

5 d'attaque il y a des officiers de l'armée de métier et des autres types de

6 troupes, il y faut toujours que ce soit l'officier de métier qui vous

7 appelle pour demander l'appui feu. C'est lui qui coordonne l'appui feu;

8 c'est bien cela ?

9 R. Oui, c'est lui qui détecte les cibles, qui choisit les cibles, qui les

10 repère, plutôt même, et ensuite qui donne l'ordre de les détruire. Là, je

11 vous parle de l'officier de permanence, enfin de l'officier de l'armée de

12 métier. Sur la base de la carte de la ville, il m'envoie les coordonnées,

13 il me demande de tirer sur ceci ou cela.

14 Q. Si d'un côté il y avait un briefing pour la TO, et ensuite un briefing

15 séparé pour les officiers, puisque cela semble être le cas, enfin, d'abord

16 le briefing des officiers de l'armée de métier, ensuite les briefings pour

17 la TO, il semblerait que ce soit ce qu'on est en train de dire qui se

18 passait à l'époque. Comment est-ce que les deux communiquent, comment est-

19 ce qu'ils savent qui doit faire quoi ?

20 R. Le commandant Tesic, qui faisait les briefings, donnait les missions et

21 donnait les objectifs. Très certainement après plus tard, quand il donnait

22 les missions à la Défense territoriale, à la TO, il devait adapter les

23 missions qu'il leur donnait au vu des tâches qu'il m'avait données, par

24 exemple, qu'il m'avait donné pour ce qui est de l'appui feu.

25 Q. Ce que je vous suggère, c'est que s'il y a une personne qui s'y connaît

26 en coordination, en subordination et en appui feu, ce sera le commandant

27 Tesic. C'est bien de cette personne qui est au courant de tout, n'est-ce

28 pas ?

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1 R. Oui, oui, en effet, en théorie, oui, puisque c'est lui qui donne les

2 missions.

3 Q. C'est bien lui qui va savoir si les unités lui sont subordonnées,

4 toutes les unités qui sont sous son contrôle. Il sait exactement quelles

5 sont ces unités, les unités qui sont sous le contrôle des compagnies

6 aussi ?

7 R. Je vous répète une fois de plus qu'au sein de la composition du 1er

8 Bataillon motorisé, qu'il était commandé par le chef du bataillon, Tesic,

9 il n'y avait aucune unité qui était subordonnée ou rattachée, mais Tesic

10 avait aussi endossé la responsabilité de commandant du détachement

11 d'assaut, si vous me comprenez ?

12 Q. Expliquez-moi pourquoi Tesic a dit la chose suivante: "Je sais que les

13 ordres de Radic ont été parfaitement exécutés," si ces unités ne lui

14 étaient pas subordonnées en fin de compte ?

15 R. Les ordres donnés par Radic à ses troupes et à sa compagnie ont été

16 parfaitement exécutés, parce que c'était le type d'officier qui était

17 Radic. Mais, Radic n'était pas en droit de commander l'unité avec laquelle

18 il travaillait qu'en coordination.

19 Q. Bien, maintenant, vous dites que vous avez entendu Tesic donné l'ordre

20 à Radic de se rendre à l'hôpital le 19 novembre. C'est pour vous donner le

21 sujet que nous allons aborder.

22 Avant de vous entretenir avec moi-même, avez-vous rédigé le moindre

23 document que vous auriez donné à la Défense qui aurait indiqué que vous

24 aviez bel et bien entendu cet ordre ?

25 R. Je n'ai rédigé aucun document.

26 Q. Sur quoi basez-vous votre souvenir, puisqu'il s'agit d'un ordre d'il y

27 a quinze ans, vous nous dites qu'il y avait des communications radio 24

28 heures par jour, et vous allez tout d'un coup vous souvenir juste de cet

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1 ordre-là ? Vous vous basez sur un document bien spécifique pour vous en

2 rappeler ?

3 R. Non, c'est ma mémoire qui m'a servi. Les dates importantes restent en

4 mémoire.

5 Q. Seriez-vous surpris de savoir que le commandant Tesic, dans son

6 entretien avec le bureau du Procureur, a dit qu'il n'avait jamais donné

7 aucun ordre à Radic le 19 novembre ?

8 R. Je ne pense pas que le commandant Tesic ait pu dire cela parce que je

9 l'ai entendu donner cet ordre.

10 Q. Mais est-ce que cela vous surprend de la part de Tesic qu'il dise

11 cela ? Il a dit : "J'ai vu le capitaine Radic à l'hôpital le 19 novembre.

12 Je ne lui ai donné aucun ordre portant sur l'évacuation de l'hôpital."

13 Cela vous surprend-il, vu juste que vous venez de nous dire.

14 R. Je ne peux pas croire que le commandant Tesic a dit cela. Donc, c'est

15 tout ce que je peux dire. Je suis tout à fait surpris.

16 Q. Hier, au paragraphe 38, voici ce qu'il dit : "Le 19 novembre, il y

17 avait des membres de la TO Serbe de Vukovar dans l'enceinte de l'hôpital.

18 Je suis arrivé à l'hôpital avec un petit nombre d'hommes du 1er Groupe

19 d'Assaut dirigé par Sasa Bojkovski. Une partie du 3e Groupe d'Assaut du

20 capitaine Radic est venue de par les flancs en venant de la garde routière.

21 Je n'avais pas donné d'ordre à Radic à cet effet."

22 Vous nous dites vous avez de bien pensées du commandant Tesic. Voulez-vous

23 revenir sur votre réponse. Cela fait quand même quinze ans.

24 R. Non, non. Non, je considère toujours que le commandant Tesic est un

25 homme tout à fait estimable et honorable. Il est chef de bataillon,

26 commandant de bataillon à l'époque. C'est le commandant du bataillon avec

27 lequel je combattais. Nous étions en guerre. Je ne peux pas croire qu'il

28 ait dit cela. Je ne comprends pas. Je ne sais pas quoi dire.

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1 Q. Je vais vous dire pourquoi. Il a dit : "L'une des raisons je n'ai donné

2 aucun ordre portant sur l'évacuation de l'hôpital, parce que de ce fait

3 j'aurais été en conflit avec mon propre commandement, étant donné qu'il

4 n'avait pas donné d'ordre dans ce sens."

5 Là, on parle de Mrksic. Il a dit qu'il n'a pas reçu l'ordre de Mrksic

6 et que de ce fait il n'a pas relégué l'ordre à Radic. Voilà son

7 explication. Qu'en dites-vous ?

8 R. Vous dites qu'après 49 jours de guerre, au cours de laquelle nous avons

9 exécuté tous les ordres de Tesic, quelqu'un, le 19, aurait osé enfreindre

10 sa volonté, aurait osé faire quelque chose sans obtenir d'abord l'ordre de

11 Tesic ? C'est impossible.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Borovic.

13 M. BOROVIC : [interprétation] Merci.

14 Avant de faire une petite pause, puisque je pense que c'est ce qui

15 nous attend, je vois bien que mon éminent collègue fait très attention dans

16 la formulation de ses questions. Mais, à la fin, il a parlé de d'ordre du

17 19 novembre de Tesic et fait référence à une partie de la déclaration de

18 Tesic portant sur l'évacuation de l'hôpital en disant que l'ordre

19 d'évacuation de l'hôpital n'a pas été donnée ce jour-là, cela n'a rien à

20 voir. Il s'agit d'un ordre qui est en date du 19 et l'autre ordre est en

21 date du 20.

22 Je pense que là on est en train d'induire le témoin en erreur. On

23 peut très bien poser la question sans faire référence à l'évacuation de

24 l'hôpital, et dans ce cas-là, le témoin, lui, pourra répondre plus

25 librement. Je pense que mon éminent collègue devrait reformuler sa question

26 de la sorte, en faisant mention de l'évacuation de l'hôpital et le 19.

27 Merci.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, vous avez énormément

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1 utilisé la déclaration d'une personne qui vous n'avez pas citée, une

2 personne qui n'a pas été citée devant cette Cour, par la Défense non plus.

3 Bien sûr, vous pouvez en parler au témoin pour voir quelle sera sa

4 réaction.

5 Mais, à mon avis, sur un point différent de ce que M. Borovic

6 soulevait, mais qui est quand même important pour la Chambre, vous avez en

7 fait utilisé la réponse pour étayer votre argumentation. A notre avis, cela

8 va un peu trop loin dans l'utilisation que vous pouvez faire avec cette

9 déclaration.

10 Merci.

11 Sur ce, nous allons faire une pause et nous reprendrons à

12 16 heures.

13 --- L'audience est suspendue à 15 heures 40.

14 --- L'audience est reprise à 16 heures 01.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, allez-y.

16 M. MOORE : [interprétation] Merci beaucoup.

17 Q. Monsieur Vuckovic, vous serez heureux d'apprendre qu'après avoir

18 regardé les questions qui me restaient, il ne me reste plus que 15 ou 20

19 minutes; c'est tout. Mon confrère pourra ensuite prendre les mesures

20 nécessaires pour ce qui est du témoin suivant.

21 S'agissant du dîner que vous avez eu avec M. Radic, j'aimerais qu'on

22 en reparle.

23 Est-ce que l'intention était d'inviter tous les officiers à ce

24 dîner ?

25 R. Oui.

26 Q. Je suppose que les gens du coin vous avaient confié la responsabilité

27 d'organiser les choses ?

28 R. Je ne comprends pas votre question. Vous voulez savoir si c'est moi qui

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1 ai décidé quels sont les gens du coin qui seraient invités au dîner ? C'est

2 cela que vous voulez savoir ?

3 Q. Je souhaiterais tirer les choses au clair. Je ne veux pas vous tendre

4 de piège. S'agissait-il d'un dîner organisé par les gens du coin pour

5 remercier en quelque sorte l'armée de les avoir libérés. Quelle était

6 l'intention, l'idée derrière le dîner ?

7 R. Oui, les gens du coin, mais seulement les habitants de la rue où je me

8 trouvais. Il y avait sept ou huit maisons, sept ou huit familles qui se

9 trouvaient là. Ce n'était pas les gens de tout le hameau.

10 Q. Aurais-je raison de dire, et là encore ma question est générale, que

11 les officiers devaient être invités par vous-même ?

12 R. Oui.

13 Q. Le commandant Tesic était invité lui aussi, n'est-ce pas ?

14 R. Non. Le commandant Tesic n'était pas présent.

15 Q. Mais pourquoi le commandant Tesic était là le 20 novembre ?

16 R. Le 20 novembre, le commandant Tesic s'est rendu au commandement pour

17 assister à des briefings. Oui, le 20, le commandant Tesic est allé au

18 commandement pour y faire rapport; je ne sais pas quand il est rentré.

19 Q. Oui, c'est bien possible. Enfin, vous dites que le commandant n'était

20 pas à Vukovar le 20, ou est-ce qu'il n'était pas simplement pas là au

21 dîner ?

22 R. Le commandant Tesic était là au début du briefing; ensuite, il est allé

23 au commandement. Le capitaine Stijakovic a terminé la présentation du

24 rapport; ensuite, il a confié des missions. Après le briefing, j'ai appelé

25 les officiers.

26 Q. Oui, mais ce que je vous soumets est très simple. Il y a une fête, un

27 dîner, un repas organisé par les gens du coin pour les officiers. S'il y

28 ait bien quelqu'un à qui vous devez adresser cette invitation, même s'il ne

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1 peut peut-être pas venir, en raison de ses obligations, c'est bien le

2 commandant Tesic. Vous dites qu'il n'aime pas boire. Certes, mais à mon

3 avis, s'il y a quelqu'un à inviter, c'est bien lui.

4 Ma question est la suivante : Est-ce que vous l'avez invité ?

5 R. S'il était resté jusqu'à la fin du briefing, bien sûr je l'aurais

6 invité, tout comme j'ai invité le capitaine Stijakovic, qui m'a remercié de

7 cette invitation, mais qui m'a dit qu'il ne pouvait pas venir car il devait

8 rester au poste de commandement car il avait des obligations.

9 Q. A quelle distance se trouvait le poste de commandement de Tesic de

10 l'endroit où se tenait le repas ?

11 R. D'après moi, c'était à 400 ou 500 mètres de là.

12 Q. Comme il y a sept ou huit Motorola disponibles, peut-on imaginer que

13 ces Motorolas sont restés en possession des commandants et des personnes

14 telles que Tesic ?

15 R. Oui. Mais, à mon avis cela importe peu car on ne parlait pas de ce

16 genre de chose en se servant des Motorola. Mon commandant est allé voir le

17 commandement supérieur; je n'aurais pas pu l'appeler sur son Motorola pour

18 l'inviter à dîner. Cela aurait été déplacé.

19 Q. Bien. Bien, nous allons envisager les choses différemment. Peut-être

20 n'était-il pas déplacé de contacter le commandant Tesic puisque, après

21 tout, cela durait toute la nuit. Vous auriez pu appeler le commandement

22 Tesic à 22 heures. Cela faisait longtemps que les briefings au commandement

23 étaient terminés ?

24 R. Je ne sais pas quand il est rentré; je n'ai pas vraiment fait attention

25 à l'heure. Nous étions ensemble en bonne compagnie, tout le monde était de

26 bonne humeur, on a ri, on a chanté. Je n'ai pas fait attention à cela. Je

27 pensais que tout le monde était automatiquement invité. Le commandant Tesic

28 aurait pu en parler au capitaine Stijakovic, mais je ne sais pas s'ils en

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1 ont parlé.

2 Q. Est-ce que vous nous dites que Tesic s'est rendu au commandement pour y

3 rencontrer le -- pour y rencontrer Mrksic ce 20 novembre ?

4 R. Je ne sais pas qui il a rencontré, mais il est sûr qu'il s'est rendu au

5 commandement à Negoslavci. C'est tout ce que je sais. Je ne sais pas ce qui

6 s'est passé à Negoslavci. Il y est allé pour assister à un briefing avec le

7 commandement de la brigade. Tous les officiers avaient un second et en cas

8 d'absence, il y a des règles qui régissent le remplacement. Il en allait de

9 même pour Tesic. Lorsqu'il n'était pas, c'était Stijakovic qui le

10 remplaçait.

11 Q. Nous avons entendu des témoignages selon lesquels M. Mrksic a quitté

12 son commandement pour se rendre à Belgrade afin de voir son épouse. Il y

13 avait un problème de chauffe-eau. C'était aux environs de 7 heures 30 ou 8

14 heures. Est-ce que vous avez vérifié si le commandant Tesic était rentré ?

15 Est-ce que vous l'avez contacté sur son Motorola ? Vous pensiez qu'il

16 s'était déplacé de faire cela, mais vous auriez pu envoyer quelqu'un pour

17 aller le voir personnellement et lui dire : nous avons un repas, est-ce que

18 vous voudriez nous rejoindre ?

19 R. Non, je n'ai pas quitté la maison après être rentré du briefing.

20 Lorsque le commandant Mrksic est allé à Belgrade, c'est le commandant Panic

21 qui s'est occupé du briefing. Cela me paraît logique.

22 Q. Peu importe. Ma question est la suivante : est-ce que vous avez

23 contacté, oui ou non, le commandant Tesic, qui était un officier, pour

24 qu'il vienne vous rejoindre au dîner ? Est-ce que vous pourriez me répondre

25 par un simple oui ou non ?

26 R. Non. Car je ne sais pas quand il est entré. Je n'ai pas vérifié cela.

27 Q. Vous nous avez dit que la soirée avait été longue et agréable et que

28 c'était un peu difficile le lendemain. Vous ressentiez un peu de fatigue ?

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1 R. Oui.

2 Q. Le 21 novembre, vous avez parlé à Tesic des problèmes que vous aviez

3 eus et de ce dîner auquel vous aviez assisté ?

4 R. Oui. Parce que Tesic m'a demandé pourquoi je n'étais pas rasé de près.

5 On avait reçu l'ordre d'être toujours bien soignés. Notre apparence devait

6 être bien soignée, or, ce jour-là, je n'étais pas rasé; j'étais un peu

7 sale.

8 Certains hommes de mon unité se trouvaient sur le terrain qui était

9 boueux. Pendant toute la journée, nous nous sommes occupés de l'équipement.

10 Nous l'avons sorti de la boue, et cetera. Dès qu'il m'a vu, il m'a dit :

11 Pourquoi as-tu cette apparence ? Ce n'est pas convenable. Le capitaine

12 Stijakovic m'avait déjà critiqué pour cela. Il m'a demandé pourquoi j'avais

13 l'air un peu négligé et je lui ai expliqué ce qui en était.

14 Q. Vous aviez cette apparence un peu négligée car vous étiez resté jusqu'à

15 l'aube à cette soirée, et ensuite vous aviez travaillé toute la journée.

16 C'est la raison pour laquelle vous ne vous étiez pas rasé, n'est-ce pas ?

17 R. Oui. Comme le commandant Tesic me connaissait très bien, quand il m'a

18 vu il a tout de suite compris que j'avais fait la fête la nuit précédente.

19 Comme il ne supporte pas l'alcool, il m'a critiqué, il m'a demandé ce que

20 j'avais fait, avec qui, pourquoi, et je lui ai expliqué qu'il y avait eu un

21 repas, et cetera.

22 Q. Monsieur Vuckovic, nous avons un petit problème. Le commandant Tesic

23 n'était pas à Vukovar le 21 novembre; il était à Belgrade. Il n'est pas

24 rentré à Vukovar avant le 22. Qu'avez-vous à répondre à cela ?

25 R. Pour autant que je m'en souvienne, il est revenu le 21 au soir.

26 Q. Je vous dis que vous êtes venu ici pour mentir et aider votre ami. Vous

27 venez d'être pris au piège. Qu'avez-vous à répondre ?

28 R. Monsieur, c'est aux Juges de déterminer si je mens ou non. Je vous dis

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1 ce que je sais et ce dont je me souviens.

2 Q. Quand êtes-vous arrivé à La Haye ?

3 R. Samedi dernier.

4 Q. Avec qui avez-vous voyagé ?

5 R. Avec Zirojevic.

6 Q. Non, je croyais que vous alliez nous donner le nom de la compagnie

7 aérienne, mais votre réponse nous satisfait. A quelle heure êtes-vous

8 arrivé à l'hôtel ?

9 R. Je ne suis pas sûr de l'heure. C'était aux environs de 10 heures.

10 Q. Dix heures du matin, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, oui.

12 Q. Je pense qu'il est exact de dire que vous avez rencontré les avocats de

13 la Défense. Etait-ce samedi ?

14 R. Oui.

15 Q. A quelle heure environ avez-vous rencontré les avocats de la Défense ?

16 R. Dans l'après-midi ou en début de soirée.

17 Q. Ces avocats, homme ou femme, qui était-ce ? Je crois que

18 Me Borovic était l'un de ceux que vous avez rencontré ?

19 R. J'ai rencontré Me Borovic.

20 Q. A quelle heure avez-vous rencontré Me Borovic et combien de temps avez-

21 vous passé avec lui ?

22 R. Je ne sais pas exactement. Je l'ai vu samedi dernier dans l'après-midi

23 ou en début de soirée. Nous avons passé environ une heure et demie

24 ensemble.

25 Q. Est-ce que Me Borovic a pris des notes sur ce que vous lui avez dit ?

26 R. Oui, je crois. Nous nous sommes entretenus. Je ne sais pas ce qu'il a

27 couché sur le papier.

28 Q. Est-ce que vous avez revu Me Borovic de nouveau le dimanche ou est-ce

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1 que vous avez vu ses consoeurs ?

2 R. Oui, Mme Mira était là.

3 Q. Oui. Nous nous l'appelons Me Tapuskovic; c'est bien elle ?

4 R. Oui, oui.

5 Q. A quelle heure l'avez-vous rencontrée ?

6 R. Je ne sais pas. Je n'en suis pas sûr. Je crois qu'il était 9 heures 30

7 du matin.

8 Q. Ce dimanche, combien de temps a duré la conversation que vous avez eue

9 avec les avocats ?

10 R. Là encore, une heure, une heure et demie, environ.

11 Q. Est-ce que c'est la dernière fois que vous avez vu ou avez eu des

12 contacts avec les avocats ? Veuillez bien réfléchir avant de répondre, s'il

13 vous plaît.

14 R. Non. Je crois que nous avons pris un café ensemble hier soir.

15 Q. Avec qui avez-vous pris ce café ?

16 R. Avec Me Borovic.

17 Q. Y avait-il quelqu'un d'autre ?

18 R. Oui, M. Forca était là, lui aussi, hier soir. Il se trouve que je le

19 connais dans le cadre de mes activités professionnelles.

20 Q. Il s'agit du témoin suivant, n'est-ce pas ? Peut-être que vous

21 l'ignorez.

22 R. Je ne sais pas.

23 Q. Au tout début, je vous ai rappelé, bien que je sois certain que vous

24 vous en souveniez, je vous ai rappelé que nous nous étions rencontrés déjà

25 à Belgrade.

26 Vous m'avez vu avec un interprète et en compagnie d'un enquêteur au

27 bureau du tribunal international à Belgrade, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

Page 13242

1 Q. Je pense qu'on nous a d'abord présenté les uns aux autres, puis

2 l'enquêteur a donné lecture d'un texte de déclaration imprimé et il vous a

3 demandé si vous aviez reçu le document vous exonérant de l'obligation de

4 préserver le secret militaire. Vous en souvenez-vous ?

5 R. Oui, je m'en souviens.

6 Q. Serait-il exact de dire que vous aviez déclaré que vous n'aviez pas

7 obtenu ledit document ?

8 R. Oui, c'est bien ce que j'ai dit.

9 Q. Quand avez-vous obtenu ce document en réalité ? Nous avons entendu une

10 déposition disant que le document vous exonérant de l'obligation de

11 préserver le secret militaire a été délivré le 13 septembre ?

12 R. Je vous ai déjà expliqué, Monsieur. Vers le 22 août j'étais en congé

13 annuel. De ce congé annuel, je suis revenu le 18 septembre. En arrivant au

14 travail, j'ai été convoqué par le directeur, mon supérieur hiérarchique,

15 qui m'a lui remis ce document. Dans le courant de mes congés annuels,

16 personne n'est entré en contact avec moi pour m'appeler afin de me remettre

17 la décision en question.

18 Alors, l'invitation ou la convocation pour cette entrevue avec vous,

19 je l'ai reçu avant mon congé annuel et j'ai signé le bordereau de

20 réception. Je suis venu comme il se doit à l'heure prévue. Pendant cette

21 conversation, j'ai déjà dit tout ceci. Je ne pouvais pas vous dire que j'ai

22 reçu le document en question le 18, puisque notre entrevue a eu lieu le 14.

23 Cela peut être vérifié, excusez-moi, chez mon supérieur hiérarchique.

24 Q. Quand avez-vous été informé du fait qu'on vous demandait de vous

25 entretenir avec des représentants du bureau du Procureur ? Nous savons que

26 vous êtes effectivement venu à cette entrevue le 14. Quand est-ce qu'on

27 vous a notifié que vous alliez vous entretenir avec nous ?

28 R. Avant mon départ en congé annuel, vers la mi-août.

Page 13243

1 M. MOORE : [interprétation] Je demanderais à Madame et Messieurs les Juges

2 un instant de patience.

3 Q. Je voudrais aborder deux autres points. Je pense qu'il serait juste et

4 équitable de vous laisser entendre ce qui suit : Il se peut qu'il ait eu ou

5 qu'il n'y ait pas eu de dîner au soir du 20. Ce que je voudrais vous

6 laisser entendre c'est que le capitaine Radic s'en est allé bien avant

7 l'heure que vous indiquez et que c'est entre 11 heures et 1 heure du matin

8 qu'il s'en est allé ?

9 R. Je maintiens ma déclaration, je sais comment les choses se sont passées

10 et cela s'est passé dans la maison où j'étais, où je me trouvais.

11 Q. Pour finir, la chose suivante : les chefs de compagnie, avaient-ils des

12 soldats pour les escorter, ce que je qualifierais de garde du corps à

13 l'époque où ils étaient de service à Vukovar ?

14 R. Oui. Au tout début seulement. Nous parlons du début octobre ici. Cela a

15 duré jusqu'au 9 ou 10 à peu près. Nous n'avions pas encore suffisamment

16 appris à nous y retrouver dans les rues. Il y avait pas mal de ruines et

17 c'était peu sûr d'une manière générale.

18 Mais une fois que nous avons fortifié nos lignes, et qu'il a été

19 établi un système de tir, il n'a plus été nécessaire d'en avoir. Du reste,

20 le commandant du bataillon a donné l'ordre de réduire tout déplacement au

21 strict minimum. La nuit, il était complètement interdit de se déplacer mis

22 à part nous-mêmes par aller du poste d'observation jusqu'au commandement.

23 Q. Le témoin précédent, M. Radic a dit qu'il était allé à votre

24 dîner, qu'il s'était procuré des cigarettes et qu'il les avait portées à

25 vous et à vos soldats. Quel est le nom du soldat qu'il a mentionné ?

26 R. Il n'a pas apporté cela qu'à moi et à un soldat. J'avais au total sept

27 soldats avec moi. Il n'y avait pas qu'un seul. Je me souviens de certains

28 des noms. L'un d'entre eux s'appelait Kaludjerski Nikola; l'autre

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1 s'appelait Ilic Mirko; ensuite, il y avait un homme qui s'appelait

2 Mehmedovic, quelque chose de ce genre; les autres, je ne me souviens pas de

3 leurs noms. Je me souviens de leurs visages, mais pas de leurs noms.

4 Q. Pourquoi a-t-il mentionné un soldat plutôt que de parler de soldats au

5 pluriel ? A qui se référait-il lorsqu'il n'a parlé que d'une seule

6 personne ?

7 R. Je ne sais pas comment on pourrait donner quatre ou cinq paquets de

8 cigarette à un seul soldat. Pourquoi faire ? Tous les autres qu'est-ce

9 qu'ils font, les autres ? En somme, les cigarettes ont été distribuées aux

10 soldats. Elles étaient mises sur la table.

11 M. MOORE : [interprétation]

12 Q. [aucune interprétation]

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

14 M. MOORE : [aucune interprétation]

15 M. BOROVIC : [interprétation] Merci. Mon éminent confrère n'a pas dit

16 "Radic a donné à un soldat". Il a dit à des soldats. La chose peut être

17 vérifiée. Mon éminent confrère peut le faire s'il le souhaite.

18 M. MOORE : [interprétation] D'après mon souvenir, il a été question d'un

19 seul soldat. Il n'a pas été nommé. J'aimerais connaître son nom. Avec la

20 permission des Juges de la Chambre, peut-être pourrait-on me le dire. Je

21 suis en train de me référer à la page 12 664/23, où M. Radic dit : "J'avais

22 quelques cartouches de cigarettes. J'en ai pris une et je l'ai portée à

23 Vuckovic et à son soldat."

24 Q. Je demande qui est ce soldat ? Ici, il n'est pas question d'un pluriel.

25 R. Je vous l'ai dit, d'abord, Radic ne m'a jamais vu au poste

26 d'observation sans que quatre soldats ne soient avec moi. Pendant les

27 actions ou les opérations de combat, il y avait à mes côtés toujours encore

28 quatre soldats; deux qui étaient chargés de transmission, et deux qui

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1 étaient des éclaireurs de par leur spécialité. Par voie de conséquence, il

2 ne pourrait être compris que je n'avais qu'un soldat.

3 Au poste d'observation dans la rue d'Oslobodjenje, il y avait au total sept

4 soldats. Le reste de l'unité se trouvait aux positions de tir.

5 Q. Lorsque Radic a dit cela, il s'est trompé. Vous n'avez pas été en

6 compagnie d'un seul soldat ?

7 R. Non. J'étais toujours en compagnie de -- je ne parle pas d'escorte; je

8 parle du fonctionnement au poste d'observation. J'en ai eu plusieurs. Mon

9 poste d'observation principal se trouvait dans la rue Oslobodjenje, la rue

10 de la libération, et c'est chaque soir que je venais là.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

12 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, en page 12 236, ce

13 n'est pas ce qui est écrit. Je ne l'ai trouvé nul part. Dans les notes que

14 j'ai prises, il a été fait mention de "soldats" au pluriel, ce qui découle

15 logiquement de la réponse. Pour ne pas perdre davantage de temps, je crois

16 que le témoin a répondu à plusieurs reprises sur ce point.

17 Si mon éminent confrère insiste, il n'a qu'à nous trouver la page et la

18 ligne et vous verrez bien ce qui est écrit.

19 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai déjà cité la

20 référence en question, je ne vais pas la répéter. J'ai ici une version

21 imprimée de ce compte rendu de l'interrogatoire principal. Il est

22 clairement dit soldat au singulier.

23 Je n'ai pas d'autres questions.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Moore.

25 En version anglaise, Monsieur Borovic, il y a "soldat" au singulier.

26 A vous, Maître Borovic.

27 M. BOROVIC : [interprétation] Voici les notes qui sont les nôtres et nous

28 ne savions pas que nous aurions à nous en servir. Il est dit "soldats" au

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1 pluriel. Il y a peut-être eu une omission dans l'interprétation. Partant

2 des réponses apportées par le témoin, il découle clairement quelle est la

3 raison véritable. Je ne vais pas m'attarder davantage là-dessus. A vous

4 d'en décider.

5 L'INTERPRÈTE : Le Président signe de la tête à l'égard de Me Borovic.

6 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, si mon éminent confrère a terminé, je

7 pourrais peut-être prendre la parole. Oui, c'est bien le cas.

8 Nouvel interrogatoire par M. Borovic:

9 Q. [interprétation] Monsieur Vuckovic, savez-vous nous dire si Radic a été

10 décoré d'une médaille pour le courage ?

11 R. Oui.

12 Q. Merci. Savez-vous nous dire si cette médaille lui a été donnée parce

13 qu'il vous a sauvé deux fois la vie ou pour ses activités militaires au

14 total dans le secteur de Vukovar ?

15 R. Il l'a obtenue pour les activités qu'il a déployées dans l'ensemble.

16 Q. Merci. Lorsque je me suis entretenu avec vous, lors de séance de

17 récolement en vue de ce procès, est-ce que j'ai tenu une entrevue séparée

18 avec vous et une autre avec Zirojevic ?

19 R. En effet.

20 Q. Merci. Etant donné que le Procureur vous a à plusieurs reprises montré

21 la déclaration de Borivoje Tesic, il ne vous a pas dit ce qui est indiqué

22 au paragraphe 48, où à la question du bureau du Procureur de savoir s'il

23 avait vu Radic le 20 novembre, il a répondu ce qui suit : "Ce jour-là, j'ai

24 vu Radic le 20 novembre au soir," et il a ajouté : "le chef de ma compagnie

25 de mortier m'a dit que Radic était resté" --

26 M. MOORE : [interprétation] Je m'excuse, mais je fais objection à la forme

27 de la question. Me Borovic est en train d'essayer de témoigner plutôt que

28 d'obtenir une réponse à l'occasion de ses questions complémentaires. Je

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1 fais objection à la forme dans laquelle cela s'est fait.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crains que Me Borovic n'ait pris de

3 mauvaises habitudes. Il est en train de recourir à la forme que vous avez

4 utilisée constamment à l'occasion de votre contre-interrogatoire.

5 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

6 Nous sommes en train de nous compléter pour mettre en place ou mettre

7 sur pied une nouvelle doctrine. "Le chef de cette compagnie de mortier m'a

8 dit que Radic était resté avec lui le 20 novembre 1991, jusque tard dans la

9 nuit."

10 C'est ce que Tesic a fait comme déclaration à l'intention des enquêteurs de

11 ce Tribunal en 2003. Est-ce que ceci corrobore ce que je vous ai posé comme

12 question concernant la conversation que vous auriez eu avec Tesic ce soir-

13 là ?

14 R. Oui.

15 Q. Etant donné que nous avons appris de la bouche de M. Radic que Tesic à

16 l'occasion de la bataille pour Milovo Brdo n'a inspecté sa compagnie qu'une

17 seule fois. C'est bien ce que vous savez nous dire à ce sujet ?

18 R. Il n'est jamais venu à mon poste d'observation.

19 Q. Merci. A partir du 10 jusqu'au 18 novembre, qui a été le commandant du

20 JOD 1 ?

21 R. Le commandant Borivoje Tesic.

22 Q. Merci. A partir du 10 jusqu'à la chute de Vukovar, sous le contrôle de

23 qui étaient ces détachements de Leva Supoderica et de Petrova Gora ?

24 R. Il faisait partie du JOD 1.

25 Q. Sous le contrôle de qui ?

26 R. De Borivoje Tesic.

27 Q. Merci. Le Procureur vous a demandé pourquoi Tesic avait expliqué les

28 choses autrement. A votre avis, est-ce que c'est là la raison de ces

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1 allégations, le fait que Tesic ait été et ait eu sous son contrôle Leva

2 Supoderica et Petrova Gora jusqu'au 18 ?

3 R. Je ne sais pas quelles sont les raisons qui l'a animées, cela se peut.

4 Q. Si je vous dis que ce sont là les raisons véritables, est-ce que vous

5 estimez que j'ai raison ?

6 R. Maintenant quand je me penche sur le tout, cela est fort possible.

7 Q. Merci. Vous avez été dans l'artillerie ?

8 R. Oui, je le suis encore de nos jours.

9 Q. Est-ce que les règles de l'infanterie et de l'artillerie ont été

10 modifiées, entre-temps ?

11 R. Oui, de manière drastique.

12 Q. Que cela veut-il dire ?

13 R. Cela veut dire qu'un office de l'infanterie ne peut pas directement

14 diriger une unité d'artillerie.

15 Q. Bien. Merci. Borivoje Tesic a fait une déclaration au bureau du

16 Procureur en 2003. Seriez-vous surpris si je venais à vous dire qu'en 2004,

17 à l'intention du même bureau du Procureur, il y a eu une déclaration de

18 faite par Sasa Bojkovski qui en répondant à la question de savoir où il se

19 trouvait le 19 novembre, date à laquelle il y a eu la libération des

20 soldats capturés, paragraphe 23 --

21 M. MOORE : [interprétation] Là aussi, je fais objection. C'est tout à fait

22 un autre sujet. Je ne me suis référé en aucune façon aux déclarations

23 faites par Bojkovski.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'essaie de déterminer quelle est la

25 finalité de cette déclaration. En quoi cela est-il pertinent et en quoi

26 cela en découle-t-il du contre-interrogatoire, pouvez-vous me

27 l'indiquer, Maître Borovic ?

28 M. BOROVIC : [interprétation] Très ouvertement et très brièvement --

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1 Bojkovski a dit au Procureur, lorsqu'on lui a montré la déclaration,

2 lorsqu'on a montré la déclaration à ce témoin, c'est Bojkovski qui était la

3 personne qui était chargée de sécuriser l'hôpital. Or, Bojkovski, dans sa

4 déclaration à l'intention du bureau du Procureur en 2004 déclare, en une

5 seule phrase : "S'agissant du départ vers l'hôpital, je n'ai reçu aucun

6 ordre."

7 Le Procureur a mentionné Bojkovski en page 90 justement en

8 corrélation avec cet ordre-ci -- excusez-moi, page 95 -- je m'en excuse,

9 non, page 35 et page 90, comme vient de me le signaler ma consoeur.

10 Q. Etes-vous d'accord pour dire qu'il n'a pas eu d'ordre ?

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non. C'est toujours à moi que vous

12 vous adressez, Maître Borovic, je n'ai pas encore vu en quoi cela découle

13 du contre-interrogatoire.

14 M. BOROVIC : [interprétation] Je vais vous le dire.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être suis-je un peu lent, mais je

16 n'ai toujours pas reçu ma réponse.

17 M. BOROVIC : [interprétation] On a dit à ce témoin que Tesic avait dit que

18 le 19 novembre, il n'avait donné aucun ordre à Radic en ce qui concerne la

19 sécurité extérieure assurée à l'hôpital. Le témoin a dit qu'il avait

20 entendu cet ordre, en revanche, sur le Motorola.

21 On lui a aussi donné la déclaration de Tesic, où il aurait donné cet

22 ordre à Bojkovski. Je lui lis ce qu'a dit Bojkovski comme quoi il n'a pas

23 reçu d'ordre de ce type. Cela ne va pas plus loin.

24 L'INTERPRÈTE : Les interprètes font remarquer qu'il y a une question dans

25 la version anglaise et une réponse dans la version anglaise aussi qui n'ont

26 pas été interprétées parce que l'interprète n'a pas réussi à entendre la

27 question. Cela dit, l'interprète de la cabine française, lui, a réussi à

28 entendre question et réponse.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous sommes tous trois d'accord. Nous

2 n'arrivons absolument pas à comprendre comment ceci peut avoir trait au

3 contre-interrogatoire. Nous ne voyons pas le lien.

4 M. BOROVIC : [interprétation] Pourtant, Monsieur le Président, je trouvais

5 que l'explication que le témoin a fait de l'ordre était tout à fait

6 suffisante, et je ne voudrais pas perdre votre temps. Je voulais juste dire

7 au témoin que Sasa Bojkovski n'a jamais reçu ordre d'assurer la sécurité à

8 l'hôpital, et je voulais utiliser les mêmes méthodes qu'utilisait mon

9 éminent confrère. Cela dit, si vous trouvez que la procédure n'est pas

10 correcte, nous pouvons laisser les choses en état.

11 Mais, je répète, on a dit au témoin que Tesic avait donné ordre

12 d'assurer la sécurité à l'hôpital à Sasa Bojkovski. Voilà. Et j'ai présenté

13 la déclaration de Bojkovski au témoin selon laquelle il n'avait jamais reçu

14 cet ordre. Bojkovski a fait cette déclaration un an après que Tesic ait

15 fait la sienne.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Borovic, vous avez

17 lutté avec acharnement mais, malheureusement, je pense que, comme la chèvre

18 de M. Séguin, vous n'avez pas réussi, parce que nous ne voyons absolument

19 pas où se trouve le lien.

20 M. BOROVIC : [interprétation] Ce n'est pas grave, je peux encaisser ma

21 perte. J'aurais une question pour le témoin.

22 Q. Y a-t-il une agence de presse serbe qui prépare les témoins avant

23 de témoigner ici ?

24 R. Absolument pas.

25 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec

26 mes questions supplémentaires.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous serez heureux

28 d'apprendre que vous avez fini avec la déposition que vous deviez faire

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1 ici. Nous vous remercions d'être venu jusqu'à La Haye, de nous avoir aidé

2 dans ce procès. Maintenant, vous êtes libre, vous pouvez reprendre vos

3 activités courantes.

4 L'Huissier va vous escorter en dehors du prétoire.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

6 [Le témoin se retire]

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela devient une habitude. Témoin

8 après témoin, nous arrivons toujours à terminer avec dix minutes, ou voire

9 un quart d'heure d'avance. Pensez-vous qu'il est utile de faire venir le

10 témoin, de lui faire faire sa déclaration solennelle ?

11 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense que vous pouvez remarquer que la

12 Défense est très efficace surtout. Et je pense qu'il vaudrait mieux

13 commencer la déposition du témoin expert demain matin.

14 Nous aimerions aussi verser les déclarations de témoin en vertu de

15 l'article 92 bis au dossier. Cela ne va pas prendre très longtemps; cinq

16 minutes, pas plus.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. A propos de ce témoin expert,

18 puisqu'on est sur le sujet, à votre avis, combien de temps votre

19 interrogatoire principal va-t-il vous prendre ?

20 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, après votre décision

21 portant sur la Défense de M. Sljivancanin, j'avais l'intention de réduire

22 le témoignage de ce témoin. Mais, je pense que mes collègues vont aussi

23 avoir besoin d'interroger M. Forca en détail. Cela dit, il nous faudra très

24 certainement toute la journée de demain et peut-être une petite partie de

25 la matinée de jeudi. Ceci dépend, bien sûr, du camp opposé. Ce qui est

26 certain, c'est qu'on a besoin de toute l'audience de demain, puis un petit

27 moment le vendredi.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quand vous dites "nous," est-ce que

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1 cela comprend aussi l'Accusation ?

2 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense que jusqu'à présent nous coopérons

3 parfaitement, puisque nous faisons finalement le même travail.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Si j'ai bien compris, il

5 vous faut tout ce temps pour l'interrogatoire de ce témoin expert, donc

6 jusqu'à jeudi un moment dans la matinée.

7 Monsieur Moore, qu'en pensez-vous ?

8 M. MOORE : [interprétation] Tout dépend combien de temps il leur faut

9 exactement pour leur interrogatoire principal. Parce que maintenant,

10 j'aimerais savoir de combien de temps il faut pour

11 M. Mrksic et M. Sljivancanin. Cela nous aiderait vraiment à savoir

12 exactement combien de temps il nous faut si on savait combien de temps

13 prendra l'interrogatoire principal pour tous les conseils de la Défense.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous êtes encore debout, de toute

15 façon. Donc, d'après vous, pour ce contre-interrogatoire, combien de temps

16 vous faut-il ?

17 M. MOORE : [interprétation] Ce sera M. Weiner qui va conduire le contre-

18 interrogatoire. Nous sommes indivisibles, certes, mais nous nous divisons

19 les tâches quand même. Il nous faut trois à quatre heures. Tout dépend de

20 ce que M. Forca va aborder, bien sûr. Avant de savoir exactement ce qu'il

21 vous nous parler, il est difficile de savoir combien de temps il va nous

22 falloir; enfin, trois à quatre heures.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Domazet, pensez-vous que vous

24 allez vous lancer dans un interrogatoire [comme interprété] demain ?

25 M. DOMAZET : [interprétation] Sans doute, oui.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Combien de temps va-t-il vous

27 falloir ?

28 M. DOMAZET : [interprétation] Je ne devrais pas prendre pas plus d'une

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1 heure. Si nous faisons notre mieux pour en terminer demain, je pense que je

2 peux, moi aussi, faire un effort et n'aborder que les questions

3 principales. J'aurai, dans ce cas-là, que pour 30 à 40 minutes, mais il

4 faudrait que les autres fassent la même chose. Cela dit, si l'Accusation

5 demande trois à quatre heures, je ne vois absolument pas comment je pourrai

6 en avoir terminé demain. Je ne vois pas pourquoi je réduirais le temps

7 qu'il me faudra pour interroger le témoin si l'Accusation ne fait pas la

8 même chose.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lukic -- non, Monsieur

10 Bulatovic.

11 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est moi qui vais

12 interroger M. Forca. Suite à ce qui vient d'être dit, je pense que pour ce

13 témoin il me faudra à peu près 45 minutes, peut-être un petit peu moins, en

14 tout cas, pas plus de

15 45 minutes.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Même si M. Moore reste très

17 prudent dans son estimation, je pense que nous risquons de continuer la

18 déposition de ce témoin jeudi. Certes, nous avons toute la journée demain,

19 mais il nous restera quand même très certainement des questions à lui poser

20 jeudi. De toute façon, l'espoir fait vivre, comme on dit.

21 Maître Borovic, vous nous avez parlé de pièces.

22 M. BOROVIC : [interprétation] Absolument. Ma collègue,

23 Mme Tapuskovic, vient d'en terminer avec les documents qui doivent être

24 versés. On pourra peut-être en parler demain.

25 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, comme promis,

26 notre requête est en train d'être traduite et nous allons la déposer par

27 écrit, puisque les témoins sur notre liste de témoins, il y en a d'ailleurs

28 41, ces témoins qui n'ont été versés au dossier par le biais de la liste

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1 des pièces, nous allons faire une requête qui est en train d'être traduite.

2 Nous allons la déposer par écrit, parce que pour ce qui est des pièces, les

3 témoins sur votre pièce, la liste des pièces, il y en a 41 qui ne vont pas

4 être versés au travers de témoins qui ont été cités jusqu'à présent. Nous

5 allons vous expliquer pourquoi nous pensons qu'il convient néanmoins de les

6 verser au dossier. Cette requête sera déposée officiellement dès demain.

7 Nous pensons qu'avec le témoignage de notre expert militaire, M. Forca, il

8 nous faudra trois ou quatre minutes pour demander que deux déclarations de

9 témoin 92 bis soient versées au dossier. Votre décision jusqu'à présent

10 était provisoire, puisque ces dossiers devaient être accompagnés par des

11 certificats 92 bis, ce qui devait être formellement certifié par le greffe.

12 Il nous faut un petit peu pour en parler demain matin. Nous avons besoin

13 que de deux ou trois minutes.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez besoin de ces déclarations

15 pour le témoin expert ?

16 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, absolument pas. Vous savez que ces

17 déclarations 92 bis vont pour ce qui porte sur la moralité des accusés et

18 ne sont absolument pas liées au témoignage du témoin expert.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas-là, il faudrait peut-être

20 tout d'abord commencer par le témoin expert, puis pour ce qui en est de

21 votre requête écrite, nous en traiterons après avoir terminé la déposition

22 du témoin expert. Cela permettra aussi aux autres parties de voir ce

23 document avant qu'il soit discuté. Puisqu'il ne sera pas déposé avant

24 demain, je pense que cela risque de retarder les choses s'ils ne l'ont pas

25 vu.

26 Il vaut mieux leur laisser l'occasion de le voir, et ensuite on

27 statuera, à moins qu'il y a un besoin urgent que ces déclarations soient

28 versées au dossier avant que le prochain témoin ne témoigne. Je pense qu'il

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1 vaut mieux, tout d'abord, laisser l'expert témoigner, et, ensuite, une fois

2 sa déposition terminée, avec un peu de chance dès demain, nous traiterons

3 de votre requête. Comme je le répète, l'espoir fait vivre.

4 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous suivrons

5 votre décision très sage.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas, nous pouvons maintenant

7 lever la séance et nous reprendrons demain à 9 heures 30.

8 --- L'audience est levée à 16 heures 57 et reprendra mercredi le 18 octobre

9 2006, à 9 heures 30.

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