Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le vendredi 27 octobre 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [L'accusé Sljivancanin vient à la barre]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, vous avez la parole.

7 M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame et

8 Monsieur les Juges et tous les acteurs de ce procès.

9 Avant de continuer, j'aimerais qu'on apporte une correction au compte rendu

10 d'hier. A la fin du témoignage de M. Sljivancanin, c'était au moment où je

11 lui ai posé des questions concernant l'entretien avec le colonel Mrksic,

12 c'est à la page 77 du compte rendu, à partir de la ligne 2 jusqu'à la ligne

13 17, M. Sljivancanin a parlé un peu à la première personne et un peu à la

14 troisième personne. Il ne faut pas que je lise toute cette partie du compte

15 rendu, mais on a compris, tous, dans la salle d'audience, ce que

16 M. Mrksic a dit et ce que M. Sljivancanin a interprété.

17 A partir de la ligne 5 jusqu'à la ligne 17, il faut mettre des guillemets,

18 parce que dans cette partie M. Sljivancanin a cité les propos de M. Mrksic.

19 Je pense qu'il n'y a pas de problème par rapport à cette partie, mais s'il

20 est nécessaire je vais demander à

21 M. Sljivancanin de réitérer cette partie de son témoignage. Parce que dans

22 la partie où il parle : "J'ai eu un entretien avec la directrice de

23 l'hôpital, et cetera," il est évident qu'il était en train d'interpréter

24 les propos de M. Mrksic. Je pense que M. Moore ne demandera pas à ce qu'on

25 éclaircisse cette partie.

26 Il y a une deuxième chose que je soulignerais, c'est par rapport --

27 M. MOORE : [interprétation] Je vois que M. Lukic regarde dans ma direction.

28 La seule chose que j'aimerais suggérer, c'est qu'il serait probablement

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1 plus prudent et plus sage de réitérer la question adressée à M.

2 Sljivancanin et ne pas spéculer.

3 LE TÉMOIN: VESELIN SLJIVANCANIN [Reprise]

4 [Le témoin répond par l'interprète]

5 Interrogatoire principal par M. Lukic : [Suite]

6 Q. [interprétation] Monsieur Sljivancanin, il faut éclaircir cela. Pouvez-

7 vous nous dire ce que M. Mrksic vous a dit après que vous êtes entré à

8 Negoslavci, après avoir visité Vukovar avec

9 M. Vance. Mais ne parlez pas à la première personne, n'interprétez pas les

10 propos de M. Mrksic ou dites : je cite les propos de

11 M. Mrksic.

12 R. Bonjour tout le monde dans le prétoire.

13 Après avoir fini la visite de Vukovar avec M. Vance, je suis retourné

14 au poste de commandement et j'ai informé le commandant que M. Vance, avec

15 la délégation, a quitté notre zone. Le commandant Mrksic, à cette occasion-

16 là, m'a dit que les unités du 1er Bataillon motorisé ont traversé les ponts

17 sur la rivière Vuka et sont entrées dans la région où se trouvent les

18 bâtiments de l'hôpital de Vukovar ainsi que du MUP de Vukovar. Il m'a dit

19 que la directrice de l'hôpital est venue chez lui et qu'il lui a parlé en

20 lui disant qu'une aide serait acheminée dans la direction de l'hôpital. Il

21 m'a demandé de trouver des représentants de la Croix-Rouge internationale

22 étant donné que j'ai souvent coopéré avec eux, et cela, pour voir ce qu'ils

23 peuvent faire pour l'hôpital par rapport au matériel médical nécessaire à

24 l'hôpital et que je les amène à l'hôpital. Ainsi que pour voir s'il y a nos

25 soldats arrêtés là-bas, de voir quelles sont les questions liées à la

26 sécurité et il ne faut pas que je vous les énumère ici. Il me semble qu'il

27 m'a dit que le général Zivota Panic, qu'il a demandé de trouver Mme le Dr

28 Gordana Antic à l'hôpital et de la mettre à bord d'un véhicule allant vers

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1 Sid.

2 Q. Je vous remercie.

3 M. LUKIC : [interprétation] Avant de continuer à poser mes questions, il y

4 a une chose à éclaircir concernant les réponses de

5 M. Sljivancanin concernant sa vision du fonctionnement du Groupe

6 opérationnel sud. Le Témoin Trifunovic, le 8 mai 2006, nous a parlé de

7 cela. Les pages du compte rendu sont les pages 8 332 et 8 333. On a reçu de

8 l'Accusation des documents ce matin concernant cela. Est-ce que

9 l'Accusation peut remettre ces documents à M. Sljivancanin. Ce sont des

10 traductions en B/C/S.

11 Q. Monsieur Sljivancanin, je m'adresse finalement à vous. Je suppose que

12 vous souhaitez que cette partie du témoignage soit finie de façon efficace.

13 Pour cela je vous demande de donner des réponses précises et brèves pour

14 qu'on puisse aborder les sujets qui sont très importants pour votre

15 défense. Il ne faut pas que je vous interrompe pendant vos réponses.

16 Ma question est la suivante : qu'est-ce que vous avez fait par la suite ?

17 Dans quelle direction vous vous êtes rendu et avec qui ?

18 R. Je me suis rendu dans la région à Negoslavci où se trouvait mon

19 bâtiment. J'ai ordonné que M. Borsinger soit retrouvé. Lorsqu'ils l'ont

20 retrouvé j'ai eu un entretien avec lui. Il m'a dit qu'il dispose d'un petit

21 camion à bord duquel se trouvait du matériel médical et qu'on peut aller à

22 l'hôpital. Nous nous sommes dirigés dans la direction de l'hôpital.

23 Q. Est-ce que vous vous êtes rendus à l'hôpital ensemble ?

24 R. J'étais à bord de mon véhicule et lui à bord de son véhicule. Il y

25 avait ce camion dans la colonne.

26 Q. Avant de continuer, il faut que je vous pose une autre question : vous

27 avez entendu ici un témoignage dans lequel ce jour-là, à Negoslavci, il y a

28 eu une réunion. Vous avez vu les documents écrits là-dessus. C'était une

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1 réunion entre Milosevic, Pavkovic et M. Kypr et Schou, à savoir les

2 représentants de la Mission d'observateurs de l'Union européenne. Est-ce

3 que vous avez assisté à cette réunion ? Est-ce que vous étiez au courant de

4 cette réunion qui s'était tenue à Negoslavci ?

5 R. Je n'ai pas été présent à cette réunion. Pour la première fois, j'ai

6 appris que cette réunion s'était tenue au moment où je suis venu ici au

7 quartier pénitentiaire et au moment où l'Accusation m'a remis des documents

8 et au moment où j'ai entendu le témoignage de MM. Kypr et Schou.

9 Q. Est-ce que le 19 novembre vous avez eu des contacts directs ou par

10 moyens de communication avec les représentants de la Mission d'observateurs

11 de l'Union européenne ?

12 R. Le 19 novembre j'ai eu des contacts uniquement avec la délégation qui

13 est venue avec M. Cyrus Vance et avec M. Borsinger. Pour ce qui est des

14 autres observateurs de l'Union européenne ou de la Croix-Rouge, je n'ai eu

15 de contacts avec aucun de ces représentants.

16 Q. Est-ce que vous en avez en entendu parler, et si oui, quand, de

17 l'accord de Zagreb du 18 novembre conclu entre M. Raseta et M. Hebrang ?

18 R. J'ai entendu parler de cet accord pour la première fois ici au Tribunal

19 de La Haye, et j'ai vu le document pour la première fois ici également.

20 Q. Est-ce qu'au cours des événements à Vukovar vous saviez qu'à Zagreb il

21 y avait des pourparlers qui étaient en train de se dérouler, des

22 pourparlers concernant l'évacuation de l'hôpital ? Est-ce que quelqu'un

23 vous a informé là-dessus ?

24 R. Je n'ai jamais entendu parler de ces négociations. Je n'étais à

25 l'époque que chef chargé de la sécurité au sein de la Brigade de la Garde

26 et je ne pouvais pas en avoir connaissance.

27 Q. Quand êtes-vous arrivé à l'hôpital à peu près ? Approximativement, à

28 quel moment de la journée ? Dites-nous ce qui s'est passé par la suite ?

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1 Qui avez-vous vu ?

2 R. Nous sommes arrivés à l'hôpital avec beaucoup de difficultés, parce que

3 les engins du génie étaient en train de déblayer les routes, lesquelles

4 nous allions emprunter. Je ne peux pas vous dire s'il était 3 heures, 4

5 heures de l'après-midi, mais c'était au cours de l'après-midi, en tout cas,

6 avant la tombée de la nuit.

7 Au portail de la cour de l'hôpital, j'ai rencontré le commandant du

8 1er Bataillon motorisé, le commandant Borivoje Tesic et le commandant du 2e

9 Bataillon de la Police militaire, Radoje Paunovic.

10 Q. Dites-nous ce qui s'est passé par la suite ?

11 R. Radoje Paunovic c'est le commandant du 2e Bataillon de la Police

12 militaire. C'est son nom, Radoje Paunovic. Ils m'ont informé brièvement en

13 disant que le Bataillon de la Police militaire a eu pour tâche de s'occuper

14 de la sécurité. C'était le commandant qui leur a confié cette tâche. Ils

15 m'ont dit qu'à l'hôpital il y avait beaucoup de civils. Ils m'ont dit

16 qu'ils ont trouvé des uniformes, diminution des armes à l'hôpital et devant

17 l'hôpital, et que je ne devais pas m'introduire dans les caves de l'hôpital

18 et dans les couloirs de l'hôpital, parce que ce n'était pas sûr, ou au

19 moins jusqu'à ce que les mesures de sécurité ne soient prises.

20 Q. Quand vous avez dit "des vêtements," vous avez pensé à quoi ?

21 R. Ils m'ont montré des uniformes militaires de camouflage.

22 Q. Vous pouvez continuer.

23 R. Il y avait pendant tout ce temps-là avec moi M. Borsinger. Je ne me

24 souviens pas s'il y avait un interprète avec lui et je ne me souviens pas

25 s'il a pu comprendre tout ce qu'il a été dit entre nous. Mais je sais que

26 M. Borsinger et moi-même, nous avons suggéré qu'il était recommandable que

27 les civils soient acheminés à Velepromet ou dans d'autres centres. Ils

28 m'ont dit qu'ils ont trouvé un abri où le QG du Corps de la Garde nationale

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1 ainsi que le commandant se trouvaient, que cet endroit était miné. Ils

2 m'ont dit qu'ils avaient trouvé beaucoup de cadavres dans une rue qui se

3 trouve en face de l'hôpital.

4 Ils ont proposé de m'amener au bureau de la directrice de l'hôpital. Nous

5 nous sommes rendus ensemble de cet endroit, dans la direction de la cave,

6 en se dirigeant vers l'entrée qui est très connue ici, parce que c'était

7 l'entrée par laquelle on sortait des blessés, et nous nous sommes dirigés

8 directement dans la direction du bureau de la directrice de l'hôpital, le

9 Dr Bosanac.

10 Q. Vous avez parlé au pluriel. Qui était avec vous, pour être précis ?

11 R. Le commandant Tesic, le commandant Paunovic et

12 M. Borsinger. Ils étaient avec moi.

13 Q. Vous pouvez continuer.

14 R. A l'époque tout cela c'était difficile pour moi. J'ai rencontré Mme

15 Bosanac. Je lui ai demandé s'il y avait des problèmes, et j'ai dit qu'on

16 avait des médicaments pour l'hôpital. Je lui ai demandé s'il y avait nos

17 soldats à l'hôpital. Mme Vesna Bosanac m'a répondu à peu près ce qui suit,

18 à savoir qu'à l'hôpital, sans son autorisation, un grand nombre de civils

19 est arrivé ainsi que d'autres personnes qu'elle ne connaissait pas, et que

20 cela gêne la continuation du travail pour ce qui est des blessés. Elle a

21 dit qu'à l'hôpital se trouvaient trois de nos soldats. Elle m'a dit que je

22 pouvais les voir si je le voulais.

23 Je lui ai demandé si elle savait que les civils devaient aller à

24 Velepromet. Elle m'a dit qu'elle était au courant de cela et qu'elle les a

25 avertis de cela. Elle m'a dit qu'il y avait des femmes à l'hôpital, et même

26 elle m'a présenté l'une de ces femmes en tant que militante de la Croix-

27 Rouge, qui aidait à ce que les civils soient menés de l'hôpital à

28 Velepromet pour être évacués par la suite.

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1 Plus tard, nous avons pu voir nos soldats. Je me souviens bien après

2 avoir quitté son bureau, nous avons tourné à gauche dans le couloir. Le

3 bureau se trouve presqu'à l'entrée de la cave de ce bâtiment. Après avoir

4 quitté son bureau nous avons tourné à gauche et nous sommes arrivés dans

5 une pièce un peu plus vaste où se trouvaient beaucoup de blessés parmi

6 lesquels j'ai reconnu le sergent Jovic. Je lui ai dit bonjour ainsi qu'à

7 deux autres soldats. Mme Vesna Bosanac était là. Peut-être qu'avec moi se

8 trouvait Tesic, mais je sais avec certitude Borsinger ne s'est pas

9 introduit dans cette pièce. Jovic m'a dit à cette occasion-là :

10 "Commandant, s'il vous plaît, il ne faut pas que vous vous introduisiez

11 plus loin, parce qu'il y a beaucoup de membres de Corps de la Garde

12 nationale déguisés en manteaux blancs." Il m'a dit qu'ils avaient des armes

13 et en particulier des grenades.

14 M. LUKIC : [interprétation] Juste un moment. A la ligne 17, dans la

15 traduction en anglais, il a été dit "lift corridor." Mais vous avez dit que

16 vous vous êtes introduits dans des couloirs. Vous avez dit "Jovic" et au

17 compte rendu, c'est "Ljubic." Je pense que par la suite cela a été corrigé

18 et les guillemets ont été apposés de façon correcte.

19 Q. Merci. Vous pouvez continuer.

20 R. Nous sommes restés brièvement dans cette pièce. Il m'était pénible de

21 voir un tel nombre de blessés et d'être conscient de tous les problèmes

22 dont on a pu être conscients.

23 On est rentrés avec Mme Vesna Bosanac dans son bureau. Devant la

24 porte de son bureau un groupe de gens de trouvaient, un groupe de femmes

25 portant des blouses blanches. Tout le monde posait des questions sur

26 l'évacuation et tout le monde voulait me dire quelque chose en s'adressant

27 à moi pour dire quelque chose.

28 Pour ce qui est de ce qu'ils disaient, il y avait ceux qui voulaient

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1 coopérer avec la JNA. Ils disaient que les membres du MUP et du Corps de la

2 Garde nationale étaient cachés à l'hôpital et que ceux-ci n'ont pas été

3 invités à venir à l'hôpital, et que même il y en avait qui avaient des

4 armes. A ce moment-là, j'ai rencontré un homme dont je ne me souviens pas

5 de prénom et de nom, mais il s'est présenté à moi comme étant un directeur

6 de la chirurgie, si je peux m'exprimer ainsi. Il m'a dit qu'il a opéré nos

7 soldats, qu'il les a aidés et qu'il souhaitait aider. On a fait la pression

8 sur lui pendant la nuit précédente pendant laquelle il devait panser les

9 hommes qui étaient en bonne santé et ainsi les plâtrer et qu'il allait nous

10 montrer de quels gens il s'agissait.

11 Le lendemain matin, lorsque je suis arrivé, j'ai appris qu'il

12 s'appelait Njavro Gjuro, médecin Njavro Gjuro. Je lui ai dit : "Bien, on va

13 en parler." J'ai voulu coopérer avec lui. Je suis entré dans les bureaux du

14 Dr Vesna Bosanac où j'ai trouvé un autre homme. J'ai voulu parler avec le

15 Dr Bosanac tête-à-tête par rapport aux informations que j'ai apprises

16 lorsque j'étais dans le couloir, et j'ai prié que cet autre homme quitte le

17 bureau.

18 Avant cela, j'ai oublié de dire qu'après être arrivé à l'entrée de la

19 cour de l'hôpital, lorsque les commandants des unités m'ont parlé de la

20 situation à l'hôpital et ce qu'il fallait voir, j'ai dit que mon adjoint

21 chargé du contre-renseignement, Mladen Karan, vienne également. Au moment

22 où je suis entré pour la deuxième fois dans le bureau, il est arrivé.

23 Mme Vesna Bosanac m'a dit : "Ce n'est pas n'importe quel homme, c'est

24 M. Marin Vidic, Bili, qui est responsable pour la ville de Vukovar au nom

25 du gouvernement de Croatie. Il doit rester dans ce bureau." Je me suis mis

26 d'accord avec elle par rapport à cela.

27 Nous nous sommes entretenus brièvement je l'ai priée -- enfin je lui ai

28 demandé si le médecin Gordana Antic existe à l'hôpital. Elle a dit que oui,

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1 et je lui ai prié de la retrouver parce que j'ai voulu lui parler. Elle a

2 invité l'une de ses employées pour lui confier cette tâche, après quoi j'ai

3 dit qu'il fallait qu'il prenne des médicaments. Dans le bureau, j'ai laissé

4 dans le bureau de Vesna Bosanac, j'ai laissé mon adjoint. M. Borsinger y

5 est resté également.

6 Je suis parti. Vesna Bosanac est partie avec moi. Je lui ai dit qu'il

7 n'était pas nécessaire d'aller avec moi parce que je partirais avec le

8 commandant Paunovic, après quoi elle est rentrée. Nous sommes sortis par

9 une entrée. Je pense qu'il s'agissait de l'entrée principale, et c'est à

10 droite par rapport à son bureau.

11 Paunovic m'a montré l'abri où se trouvait le QG du Corps de la Garde

12 nationale. Je n'ai pu le voir que de dehors, parce que nous avions remarqué

13 que cet abri était miné et qu'il y avait aussi des pièges minés. Je me

14 souviens que l'entrée se trouvait entre deux bâtiments, que c'était en

15 béton et qu'il y avait une Mercedes blindée quelque peu endommagée. Et ce

16 qui m'a frappé, c'est que ce véhicule avait des plaques d'immatriculation

17 étrangère. Je crois que c'était allemand, mais je ne suis pas tout à fait

18 certain.

19 J'ai dit à Paunovic qu'il ne fallait toucher à rien, qu'il ne fallait

20 certainement pas entrer dans l'abri en attendant l'arrivée des unités du

21 génie qui étaient censées déminer. Nous n'avons rien pris, rien fait et

22 nous n'avons vu les choses que de l'extérieur, puis nous sommes revenus à

23 l'hôpital.

24 Je me suis une fois de plus entretenu avec le Dr Bosanac. Je lui ai

25 demandé si elle avait des listes de personnes blessées. Elle m'a montré des

26 papiers qu'elle a sortis de son tiroir. C'était assez mal rangé. Il y avait

27 des noms de personnes dans ces papiers, puis dans certains autres il n'y

28 avait pas de noms. Elle m'a expliqué que dans les conditions de guerre et

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1 dans les circonstances dans lesquelles elle s'était trouvée de tenir tout

2 cela à jour.

3 J'ai demandé à mon agent chargé du contre-renseignement de vérifier

4 ces papiers pour essayer de déterminer combien de blessés il y avait et

5 tous ceux qui se trouvaient à l'hôpital. Puis est arrivée le Dr Antic. Je

6 voulais m'entretenir avec elle dans le bureau de

7 Mme Vesna. Et elle, cette dernière m'a demandé de sortir pour m'entretenir

8 avec. Je suis sorti avec cette femme de l'hôpital, nous étions tout seuls,

9 et nous nous sommes entretenus à l'extérieur. Elle a également précisé

10 qu'elle voulait aider à tout point de vue. Je lui ai fait savoir que

11 j'étais convié par le général à la transférer vers Sid dans la soirée. Elle

12 m'a demandé si je pouvais lui assurer la possibilité de ne pas aller à Sid

13 mais d'aller immédiatement en Hongrie. Je lui ai dit que je n'avais pas ces

14 pouvoirs-là, je ne les avais pas, je ne pouvais pas le faire. Tout ce que

15 je pouvais faire c'était lui assurer un moyen de transport pour aller

16 jusqu'à Sid. Elle a eu un moment de réflexion et elle a dit que ce soir-là

17 elle ne voulait pas s'en aller, mais que le matin elle déciderait de ce

18 qu'il lui fallait faire. Je me suis plié au souhait qu'elle a exprimé.

19 Alors, je suis revenu. Je ne sais pas si je suis entré dans le

20 bureau, mais j'ai retrouvé le commandant Paunovic. M. Borsinger, lui, est

21 sorti. Je précise que la nuit tombait ou était sur le point de tomber. J'ai

22 demandé à M. Borsinger d'aller voir ces cadavres dont on m'a signalé la

23 présence auparavant. Il m'a dit qu'il était pressé, qu'il avait vu tout ce

24 qui l'intéressait dans l'hôpital et qu'il fallait qu'il arrive à Belgrade

25 parce qu'il avait des obligations - je ne sais pas trop lesquelles - et

26 qu'il ne pouvait pas aller voir cela avec moi. Il m'a demandé aussi quand

27 est-ce que l'on entamerait l'évacuation de l'hôpital. Alors, je lui ai dit

28 que probablement cela se ferait le lendemain, dès que le jour se ferait.

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1 Q. J'ai une question. Ce jour-là, s'agissant de vous ou de quiconque

2 d'autre, avez-vous fait l'objet d'observations, de remarques de la part de

3 M. Borsinger s'agissant de ce qui s'était passé à l'hôpital ?

4 R. Non, il n'y a eu aucune observation.

5 Q. Vous avez déjà répondu, mais je vais être plus précis. Est-ce que M.

6 Borsinger vous a fait des reproches pour ce qui est de l'accord mis en

7 place pour ce qui est de faire partir les civils vers Velepromet ?

8 R. Non. En réalité, il a suggéré de vider l'hôpital et que les civils

9 devraient être évacués le plus vite possible, parce qu'ils avaient des gens

10 qui étaient sur le terrain tout le temps.

11 Q. Cet après-midi ou à un autre moment, M. Borsinger vous a-t-il parlé de

12 cette notion de neutralité de l'hôpital ?

13 R. Je n'en ai pas entendu parler, et nous ne nous sommes pas entretenus

14 là-dessus du tout.

15 Q. Est-ce que dans cet après-midi, dans cette soirée dans le courant de la

16 nuit, vous êtes retourné à l'hôpital ?

17 R. Non. Une fois rentré, je ne suis plus retourné à l'hôpital ce soir-là.

18 Q. Bien que vous ayez répondu - je précise que je veux être absolument

19 précis - est-ce que M. Borsinger vous a demandé à vous ou à quiconque

20 d'autre de rester cette nuit-là à l'hôpital ?

21 R. Non, il ne l'a pas demandé. Il a même voulu s'en aller au plus vite

22 parce qu'il avait dit qu'il avait des obligations autres.

23 Q. Juste un instant. J'ai l'impression qu'il y a une petite intervention à

24 faire.

25 Pouvez-vous être plus précis et dire ce que M. Borsinger vous a dit

26 au sujet de Velepromet ? Est-ce qu'il avait des équipes là-bas ou pas ?

27 R. Borsinger a laissé entendre à Mme Vesna Bosanac que les civils devaient

28 aller à Velepromet parce qu'ils avaient des équipes à eux là-bas, et que

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1 depuis le premier jour elles étaient là-bas et qu'elles suivaient

2 l'évacuation des civils.

3 Q. Merci. Nous pourrions peut-être voir ce qui s'est passé suite à votre

4 départ de l'hôpital.

5 R. Je suis parti avec le commandant Paunovic. J'ai vu un grand nombre de

6 cadavres dans la rue, qu'on m'avait signalés. C'était pénible à regarder.

7 La nuit commençait déjà à tomber. J'ai rebroussé chemin et j'ai appelé mon

8 adjoint, M. Karan. Lui, m'a dit qu'il avait récupéré des papiers, des

9 listes que je lui avais demandées. Il a dit également qu'il avait remarqué

10 que Mme Vesna Bosanac avait remis à

11 M. Borsinger des listes qui étaient bien plus proprement tenues que celles

12 qu'on a reçues nous-mêmes. Je lui ai dit "Que c'était bon." Je ne sais pas

13 s'il y avait d'autres documents qu'il avait récupérés. Je ne me souviens

14 pas de la totalité des détails.

15 J'ai demandé au commandant Paunovic, au commandant du

16 2e Bataillon de la Police militaire, de faire venir à Negoslavci chez moi,

17 pour entretien, Mme Vesna Bosanac ainsi que M. Marin Vidic. Et j'ai pris

18 mon véhicule pour retourner à Negoslavci. En réalité, je suis d'abord allé

19 chez le commandant.

20 Q. Un moment. Je me propose d'évoquer maintenant plusieurs allégations que

21 vous avez certainement entendues ici en prétoire. Je vous signale, page

22 683, le 27 octobre, Mme Bosanac dit que vous êtes venu deux fois et que

23 vous êtes venu avec M. Borsinger alors qu'il faisait nuit. Que pourriez-

24 vous nous dire à ce sujet ?

25 R. Ce n'est pas vrai. J'ai raconté le tout en détail. Je me suis efforcé

26 de raconter dans le détail, dans le moindre détail ce que j'ai fait ce

27 jour-là.

28 Q. M. Njavro, en témoignant le 11 novembre en page 1 521 - et je signale

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1 que c'est la page 1 521. Je m'excuse auprès des interprètes. C'est daté du

2 11 octobre -- non, du 11 novembre, où

3 M. Njavro dit qu'il vous a vu avec M. Borsinger vers 11 heures devant

4 l'hôpital. Est-ce qu'il est exact de dire que vous étiez avec lui devant

5 l'hôpital ?

6 R. C'est dénué de sens. Il y a un enregistrement vidéo s'agissant de

7 l'endroit où je me trouvais au 18. Et je suis venu pour la première fois à

8 l'hôpital le 19 dans l'après-midi.

9 Q. Plusieurs témoins, le Témoin P22 et P009 ont dit que cet après-midi-là,

10 lorsqu'ils ont venus devant l'hôpital, ils ont vu des gens de la localité

11 qui s'étaient rassemblés, qui menaçaient et qui réclamaient que l'on abatte

12 tous ces gens à l'intérieur.

13 D'après vos souvenirs, ce jour où vous étiez à l'hôpital, devant

14 l'hôpital plutôt, avez-vous entendu ce type de commentaires ou avez-vous

15 été informé de menaces sérieuses ou de menaces quelconques à l'égard des

16 gens qui se trouvaient à l'hôpital ?

17 R. Dans la cour de l'hôpital, devant le portail même et là où je me suis

18 déplacé je n'ai entendu aucune espèce de menaces, pas plus que quoi que ce

19 soit de nature à attirer mon attention et me faire considérer qu'il

20 s'agirait là de désordre quelconque.

21 Q. Le témoin Cakalic, le 13 mars, page 5 893, a dit que la nuit du 18 au

22 19 novembre, ou plutôt à l'aube, c'est vous qui aviez, en personne, sorti

23 Marin Vidic de l'hôpital, que vous vous étiez d'abord entretenu avec lui,

24 puis vous l'avez fait sortir.

25 R. C'est tout à fait inexact. Je vous ai dit dans quel bureau j'avais

26 trouvé Marin Vidic. M. Paunovic viendra témoigner. Je lui avais demandé à

27 lui de faire venir Marin Vidic et il l'a amené.

28 Q. Autre question encore. Une autre allégation que nous avons entendue ici

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1 dans le prétoire, qui avait une importance cruciale pour moi; peut-être que

2 le Procureur en fera d'autres.

3 M. Njavro, lui, à la date du 11 novembre lorsqu'il est venu témoigner

4 ici, page 1 535, a décrit un dialogue avec un homme qu'il a nommé Radic, a

5 dit que vous avez dit de malmener les gens. Avez-vous dit à un soldat ou à

6 un officier de malmener qui que ce soit à l'hôpital ce soir-là ou à quelque

7 autre moment que ce soit d'ailleurs ?

8 R. Cela, c'est une contre-vérité totale. J'aurais honte de me

9 comporter de la sorte. D'abord, laissez-moi vous dire que j'étais à la tête

10 des services de sécurité. J'avais un niveau d'autorité à maintenir, et je

11 me suis efforcé de faire mon travail convenablement. Je devais inspirer

12 confiance aux gens qui étaient censés exécuter mes ordres.

13 S'agissant du dénommé Radic, du capitaine Radic, à l'occasion des

14 activités de combat, je me suis comporté à son égard comme à l'égard des

15 autres. Après notre sortie sur Milovo Brdo, je ne me souviens pas de

16 l'avoir vu ou de l'avoir contacté. Il est certain que je ne lui ai confié

17 aucune mission.

18 Q. A quelqu'un d'autre peut-être ?

19 R. A personne d'autre.

20 Q. Avez-vous entendu ce jour-là, ce soir-là ou le jour d'après, de la

21 bouche de quiconque le fait que des observateurs européens auraient exprimé

22 le souhait d'aller à l'hôpital dans la soirée ?

23 R. Cela je n'en ai jamais entendu parler mis à part le fait d'avoir

24 quelqu'un ici dans le prétoire mentionner cela. Tous ceux qui étaient venus

25 dans notre zone avaient été informés qu'il y avait un couvre-feu en vigueur

26 à partir de 17 heures jusqu'à 6 heures du matin, et que personne ne se

27 déplaçait ou presque personne à moins qu'il y ait nécessité absolue, à

28 savoir aller aider quelqu'un ou sauver une vie.

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1 Q. Où êtes-vous allé après ?

2 R. Une fois revenu de l'hôpital, je me suis présenté chez

3 le commandant, au commandement. Je l'ai informé des médicaments que nous

4 avions remis à qui de droit et j'ai fait savoir au général Panic que le Dr

5 Antic ne souhaitait pas aller à Sid. Puis j'ai dit au commandant Mrksic ce

6 que j'ai trouvé là-bas. Je l'ai également informé du fait d'avoir demandé à

7 amener pour entretien Mme Vesna Bosanac et M. Marin Vidic chez moi. Nous

8 avons encore échangé quelques propos, probablement, je ne peux pas me

9 souvenir de toute chose.

10 Ce que je sais, c'est que M. Mrksic m'a dit par la suite la chose

11 suivante : que je n'avais pas à demander des véhicules de la part de Croix-

12 Rouge européenne pour évacuer l'hôpital parce que la question était réglée,

13 et que le lendemain l'hôpital commencerait à être évacué. Il viendrait des

14 véhicules et des officiers de la

15 1ère Région militaire et la tâche était confiée au colonel Pavkovic.

16 Il m'a confié pour mission la sécurité complète afin de faire sortir

17 d'abord de l'hôpital tous ceux qui étaient suspectés d'avoir commis des

18 délits au pénal, pour qu'ils soient transférés vers la prison de Sremska

19 Mitrovica. Pour ce qui est du transport de ces personnes-là, il fallait que

20 je m'adresse à l'adjoint chargé de la logistique, et lui, a déjà reçu des

21 ordres pour ce qui était d'assurer des autocars. Avant d'aller à l'hôpital,

22 j'étais censé contacter le chef des services sanitaires, le lieutenant-

23 colonel Jovanovic. J'ai appris que M. Mrksic lui avait déjà donné l'ordre

24 de désigner dix médecins militaires qui, aux côtés des médecins de

25 l'hôpital de Vukovar, étaient censés examiner les patients. Dans le courant

26 du tri, il ne s'agissait pas de faire sortir quiconque de l'hôpital sans

27 qu'il ait eu d'abord examen médical de la part d'un médecin et en leur

28 présence. Il ne s'agissait pas pour moi de procéder à des tris, mais de

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1 confier ces tâches aux médecins désignés à cette fin.

2 J'ai accepté la chose et nous avons prévu de commencer à

3 6 heures du matin le lendemain. Je suis allé organiser mes activités pour

4 interviewer Mme Vesna Bosanac et Marin Vidic.

5 Q. Juste un instant. Je ne vais pas me référer à tous les

6 paragraphes de l'acte d'accusation, mais je vais me référer à certains

7 d'entre eux. Le Procureur dit que M. Mrksic vous aurait confié la mission

8 de diriger les activités de l'évacuation s'agissant de ces personnes qui,

9 en passant par la caserne, auraient été acheminées vers Ovcara, et que vous

10 étiez à la tête de tous les effectifs qui ont participé, à l'hôpital,

11 depuis le départ de l'hôpital jusqu'à l'arrivée à Ovcara. Est-ce que cela

12 est exact ou pas ?

13 R. Cela est tout à fait inexact. Je n'ai jamais reçu un ordre de ce

14 type.

15 Q. Penchons-nous sur ce que vous avez fait après cette réunion chez le

16 colonel Mrksic.

17 R. Je suis retourné au bâtiment où j'ai indiqué que se trouvait, dans le

18 dessin que j'ai fait, le commandement des lieux. Il y avait là des membres

19 de la police judiciaire. Il y avait des médecins légistes, mes deux

20 adjoints chargés de la sécurité et Vesna Bosanac aussi. Je me suis

21 entretenu avec elle brièvement et je lui ai demandé si elle pouvait nous

22 aider à retrouver le commandant Jastreb. Je voulais savoir -- Elle a dit

23 qu'elle essaierait de nous aider. Elle a dit qu'il y avait beaucoup de

24 blessés, qu'elle ignorait le nombre exact de ces blessés. Mais s'agissant

25 des chiffres qu'elle avait mentionnés, il se peut que je ne sois pas

26 précis, elle m'a dit qu'il devait y avoir environ 200 blessés et environ 60

27 personnes qui étaient en train d'être soignées à l'hôpital. Mais je n'ai

28 pas très bien saisi les termes qu'elle a utilisés.

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1 Elle m'a dit aussi : "Monsieur, les seuls qui sont restés fidèles

2 jusqu'au bout à leur peuple, qui n'ont pas voulu trahir leur peuple, c'est

3 moi," en parlant d'elle, "et M. Marin Vidic. Vous ne retrouverez pas ce

4 monsieur, ce commandant que vous cherchez, parce que lui, il s'est enfui de

5 Vukovar depuis longtemps." Je lui ai demandé de le faire une fois de plus,

6 elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas m'aider. "Désolée." Je voulais savoir

7 si je pouvais faire quoi que ce soit au sujet d'elle-même pour ce qui est

8 d'aller à Zagreb ou ailleurs dans le cadre de mes compétences. Elle m'a dit

9 qu'elle voudrait contacter quelqu'un à Zagreb. Elle m'a dit qu'elle était

10 constamment en contact avec M. Tus, avec M. Hebrang et

11 M. Tudjman.

12 Je lui ai dit que j'allais retrouver des noms d'officiers que je

13 savais avoir été emprisonnés dans des casernes à Gospic et ailleurs en

14 Croatie. Je ne sais pas si on a mentionné ici son nom, je ne vais pas le

15 mentionner ou je ne voudrais pas qu'il se fâche. Je réclamais quelqu'un

16 qui était un commandant et qui a été fait prisonnier au printemps. On n'a

17 rien su à son sujet. J'avais insisté pour que nous essayions de le

18 retrouver. Elle a promis qu'elle m'aiderait à ce faire. Tout de suite après

19 notre conversation - et je précise que Mme Bosanac avait commencé à parler

20 de la politique et de Tudjman. Elle avait dit qu'il les avait trahis. Je

21 n'ai pas tout retenu de ce qu'elle avait dit - il est venu une estafette à

22 moi pour me dire qu'il fallait que je me présente une fois de plus au poste

23 de commandement, chez le commandant. J'y suis allé et le commandant Mrksic

24 était dans une salle devant une grande table. Il y avait assis à cette

25 table encore trois autres haut gradés, des lieutenants-colonels, je pense,

26 et d'autres officiers. Il devait être vers 8 heures du soir.

27 Q. Vous avez vu ici le journal de guerre qui parle de tout cela et

28 qui précise que c'était vers 20 heures. Est-ce que ceci vous a rappelé ce

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1 qui s'est passé ?

2 R. Cela m'a rappelé les choses. Il a été question du journal de

3 guerre entre 19 heures 30 et 20 heures. Je sais que c'est dans ce bâtiment-

4 là que nous avons eu nos conversations avec Vesna Bosanac, et que nous

5 avons pu voir ce qu'on disait à la télévision.

6 Q. Que vous a-t-il dit ?

7 R. Le commandant m'a dit que c'étaient des officiers de

8 l'administration chargée de la sécurité. Qu'ils avaient pour mission de

9 procéder à un tri et de retrouver les suspects qui sont justement suspectés

10 d'avoir commis des délits au pénal afin de les acheminer vers Sremska

11 Mitrovica. Il m'a demandé de m'asseoir, de les informer brièvement sur la

12 situation sécuritaire dans la zone de responsabilité de la Brigade de la

13 Garde."

14 Je leur ai dit bonjour. Je n'ai jamais rencontré auparavant ces

15 officiers-là; je n'en connaissais aucun. J'ai commencé à présenter mon

16 rapport. Je leur ai dit que dans la zone de notre brigade, il avait été

17 évacué tous ceux qui s'étaient rendus et tout ce qu'il y avait à évacuer du

18 secteur de Mitnica. Je leur ai dit que là-bas il n'y avait plus personne.

19 Les deux seuls endroits où il y avait encore possibilité de procéder à une

20 sélection, c'était bel et bien Velepromet et l'hôpital. J'ai dit pour

21 Velepromet que cela était tenu en main par la Défense territoriale, et que

22 ce dont on avait le plus besoin, c'était justement de procéder à une

23 sélection là-bas. J'ai proposé, chose que le colonel Mrksic a tout de suite

24 dit, qu'il ne fallait toucher à rien à l'hôpital en attendant la matinée du

25 lendemain.

26 Le chef du groupe qui se trouvait là-bas m'a interrompu tout de

27 suite. Il s'est présenté. Il m'a dit qu'il s'appelait Bogdan Vujic, colonel

28 Bogdan Vujic. Il a à peu près dit ce qui suit : "Camarade, Commandant, nous

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1 savons tout cela. Nous devons continuer. Nous allons faire ce qui suit.

2 "L'équipe qui est venue avec Bogdan Vujic, c'est-à-dire son équipe à lui

3 irait à Velepromet." Il m'a demandé de désigner un officier qui leur

4 présenterait les gens là-bas. Et il a

5 dit : "Vous devez continuer à interviewer les gens comme vous avez commencé

6 à le faire, et préparez-vous pour ce qui est du tri à effectuer au niveau

7 de l'hôpital. Mais vous ne pouvez pas aller à l'hôpital avant que de me

8 contacter." Comme l'heure prévue du lendemain, c'était 6 heures, j'étais

9 donc censé le contacter, le voir au portail de Velepromet le lendemain à 6

10 heures.

11 Le commandant, lui, avait déjà confié des missions aux différents

12 commandants du Bataillon de la Police militaire pour les faire escorter

13 jusqu'à Velepromet. Je suis allé chercher Srecko Borisavljevic, mon chargé

14 de la sécurité. Je lui ai dit d'attendre au portail de Velepromet les

15 officiers dont il est question, de leur présenter les membres de la TO et

16 l'administration de Velepromet, ainsi que de rester avec eux jusqu'à

17 l'accomplissement des missions qui étaient les leurs. C'est là que nous

18 nous sommes quittés.

19 Q. Justement, un petit moment, je vous prie. Vous avez entendu la

20 déposition de M. Vujic le 16 février, page 4 497. Il avait dit ce qui suit,

21 qu'au moment où il partait, voilà ce que vous avez dit : "Ne soyez pas

22 surpris si vous voyez un Chetnik trancher la gorge d'un Oustacha là-bas."

23 R. J'ai lu plusieurs déclarations qui ont été faites par cet homme, M.

24 Vujic, lorsque je suis arrivé à La Haye, au fur et à mesure qu'elles sont

25 devenues disponibles ces déclarations. Il y a une chose qui est évidente,

26 c'est qu'il a tendance à modifier ses déclarations très, très souvent. Je

27 ne répète pas ce que vous avez déjà dit. Il a ajouté quelque chose

28 lorsqu'il est arrivé dans le prétoire. Alors, qu'est-ce qui sous-tend ces

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1 ajouts à ces dépositions. Je n'en sais rien. Mais il ne s'agit que de

2 mensonges, puisqu'il a même dit d'ailleurs que j'avais tenu une réunion à

3 l'extérieur du QG.

4 Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, notre armée était une

5 armée sérieuse. Je ne veux même pas aborder ce genre de déclarations. Il

6 vous appartient de décider de ce qui est vrai et de ce qui est erroné. Mais

7 ce serait un peu trop qu'un commandant demande à des colonels de se mettre,

8 de s'aligner pour une revue des troupes et de leur donner des ordres.

9 Q. Nous n'allons pas aborder cela davantage. Vous n'avez jamais dit ce

10 genre de chose basé d'après ce que je crois comprendre de la conversation

11 entre vous et cette personne.

12 R. Non, je n'ai jamais déclaré cela.

13 Q. Merci. Est-ce qu'à un moment donné vous avez rencontré ces personnes à

14 nouveau ce soir-là ?

15 R. Non, non, pas ce soir-là. Ce n'est que le lendemain matin, à 6 heures,

16 lorsque je me suis présenté au rapport avec le colonel Vujic au portail de

17 Velepromet, que je les ai revus à nouveau.

18 Q. Merci. Nous allons passer à quelque chose de tout à fait différent.

19 Avant de le faire, je voudrais vous poser une autre question, car je

20 souhaiterais rester en audience publique. Si je vous dis le nom, il faudra

21 que nous passions à huis clos partiel. Le Témoin P32 a témoigné le 7

22 décembre. La référence du compte rendu d'audience, c'est la page 6 962. Il

23 avance qu'il vous a vu le matin du 19 à l'hôpital. Il a dit que vous l'avez

24 mis, que vous l'avez passé à bord du véhicule que vous utilisez et que vous

25 l'avez conduit à l'hôpital. Vous vous souvenez de ce témoin et de ce qu'il

26 a dit%?

27 R. Oui, je me souviens de ce qu'il a dit. Mais croyez-moi, il m'est

28 difficile de me souvenir de tous ces codes P0, P3. Parce que là où

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1 j'habite, nous utilisons non pas des codes mais des noms. De toute façon,

2 quoi qu'il en soit, sa déposition n'est pas exacte.

3 Q. Je vous remercie. J'aimerais vous poser quelques questions à propos de

4 Velepromet maintenant. Est-ce que vous pourriez nous dire qui était là ?

5 Qui assurait la protection de ce bâtiment, de cette installation ? Est-ce

6 qu'il s'agissait de quelqu'un qui appartenait à vos organes de sécurité ?

7 Est-ce qu'ils étaient présents et qu'est-ce qu'ils y faisaient en règle

8 générale ? Donc, un ou deux mots, je vous prie, à propos de Velepromet.

9 R. Velepromet est un immense entrepôt. Il s'agit de l'entrepôt d'une

10 société de grossiste. C'est ce qu'était Velepromet en temps de paix. Au

11 moment où je suis arrivé là-bas, il faut savoir qu'il s'agissait d'un

12 centre établi pour les résidents de Vukovar. C'était la Défense

13 territoriale de Vukovar qui contrôlait cette installation. Ils y avaient

14 d'ailleurs leur propre stock de vivres, le carburant se trouvait là, des

15 munitions également. Ils avaient des salles spéciales pour y placer les

16 gens qu'ils avaient besoin en quelque sorte de loger. Ils connaissaient ces

17 personnes. Nous ne nous sommes pas beaucoup intervenus, mais nous avons

18 essayé d'être utiles dans la mesure du possible. Il faut savoir que pour

19 l'essentiel c'était leurs hommes qui assuraient la sécurité de Velepromet.

20 Il faut savoir que pour les membres de la Brigade des Gardes, avant le 18

21 novembre en tout cas, Velepromet n'était pas très important. Nous y allions

22 très, très rarement. Toutefois, le commandant du 2e Détachement d'assaut

23 s'était vu confier une mission. Il s'agissait de faire en sorte que règnent

24 suffisamment l'ordre et la discipline là-bas. Vous voyez d'ailleurs l'ordre

25 qui a été émis par le colonel Mrksic à cet égard.

26 Personnellement, j'ai donné au capitaine Srecko Borisavljevic une --

27 je lui ai confié une mission, en fait, et cela conformément à l'ordre émis

28 par le commandant. Il y a une inscription dans le registre à ce sujet. Je

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1 lui avais confié la mission de contrôler de temps à autre la situation en

2 matière de sécurité dans ce centre et de travailler avec les organes de

3 sécurité, en l'occurrence l'homme qui s'appelait Zigic, la personne de la

4 Défense territoriale responsable de la sécurité. Je lui ai dit également

5 d'échanger toute information utile.

6 Q. Que savez-vous à propos des personnes qui s'occupaient du centre ?

7 R. C'était Kostjanivoc qui s'occupait de ce centre.

8 Q. De qui s'agissait-il ?

9 R. C'était un membre de la Défense territoriale de Vukovar. D'après mes

10 informations et d'après ce que Borisavljevic m'avait dit, c'était une

11 personne compétente qui travaillait dur et qui s'est acquitté de sa tâche

12 très, très bien. Les observateurs européens ainsi que les représentants de

13 la Croix-Rouge venaient souvent lui parler. M. Vance aussi lui a parlé.

14 M. LUKIC : [interprétation] Quelque chose à propos du compte rendu

15 d'audience, page 23, ligne 25. Il s'agit de "Ljubinko Stojanovic." Pour ce

16 qui est de la page 4, ligne 2, il n'était pas le commandant de la Défense

17 territoriale; il était un membre de la Défense territoriale.

18 Q. C'est ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?

19 R. Oui, oui. C'était un membre de la Défense territoriale de Vukovar.

20 Q. Avez-vous jamais entendu parler de crimes, de délits commis à

21 Velepromet avant cette période ?

22 R. Je n'en ai pas entendu parler pendant mon séjour à Vukovar. Je n'ai

23 jamais entendu quoi que ce soit qui aurait indiqué que ce genre de chose se

24 serait produit à Vukovar.

25 M. LUKIC : [interprétation] Je souhaiterais, Monsieur le Président,

26 utiliser le système de prétoire électronique, le système e-court. Il s'agit

27 de la pièce 70 pour le B/C/S, ou plutôt 107, je m'excuse. Il s'agit du

28 registre de guerre, donc 107. La page 33 pour la version B/C/S, et la

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1 référence du système e-court est 02935466. Il s'agit de la page 30 de la

2 version anglaise. Je m'excuse, il s'agit de la pièce à conviction 401. Je

3 m'excuse, il s'agit, en fait, du registre de guerre de la brigade. Je pense

4 que nous le connaissons tous par cœur d'ailleurs, me semble-t-il, ou peut-

5 être que nous ne le connaissons pas. Donc 401, la page 33 pour la version

6 B/C/S et

7 page 30 pour la version anglaise. Vous avez la date du 22. 02935466. Il

8 s'agit du dernier paragraphe, la dernière annotation. Vous voyez que la

9 date est la date du 22 octobre, 13 heures 30. Je vais vous en donner

10 lecture.

11 "Le commandant du Groupe opérationnel sud a donné l'ordre que dans

12 l'entreprise Velepromet où se trouve des réfugiés, il faudrait qu'il y ait

13 toujours un officiers responsable de la sécurité pour compiler des

14 informations." Après, il me semble que ce qui est écrit entre parenthèses,

15 c'est "(chef de la sécurité)."

16 R. J'en ai déjà parlé de ceci même avant que vous ne nous en donniez

17 lecture. Je vous ai déjà dit que j'avais confié cette tâche au capitaine

18 Borisavljevic. Il était également responsable de la sécurité au sein du 2e

19 Détachement d'assaut.

20 Q. Très bien.

21 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons consulter deux autres

22 documents de notre jeu de documents 65 ter. Ils font également référence à

23 Velepromet. C'est pour cela que j'ai laissé leur examen pour maintenant. Il

24 s'agit d'un document 65 ter. Il s'agit du document 3D050058. Donc 3D050058,

25 comme je le disais. Là, il s'agit à nouveau d'un rapport, un rapport de

26 l'organe de la sécurité de la Brigade des Gardes du 9 novembre.

27 Q. J'aimerais, d'un premier temps, que nous étudiions le deuxième

28 paragraphe, Monsieur Sljivancanin, et j'aimerais entendre ce que vous avez

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1 à nous dire à ce sujet. "Dans le 1er Bataillon de la Police militaire,"

2 c'est ainsi que le paragraphe commence. Vous le voyez ?

3 R. Il s'agit également d'un de mes rapports adressé au chef de la sécurité

4 dans le cabinet du -- enfin du cabinet du secrétaire fédéral, et je peux

5 vous donner lecture de ce qui est écrit. C'était, en fait, ce que nous

6 faisions. Il s'agit de 26 soldats croates du

7 1er Bataillon de la Police militaire, qui ont commencé à se préoccuper de

8 leur sort à l'avenir. Parce qu'ils avaient entendu dire que la République

9 de la Croatie avait proclamé, le 10 novembre, son indépendance, et il

10 n'était que logique que les gens soient préoccupés.

11 Voilà ce que j'ai écrit à ce sujet dans ce rapport, puisque

12 j'essayais d'obtenir des conseils pour savoir ce qu'il fallait faire

13 ensuite.

14 Q. Le paragraphe suivant se passe d'explication. Il confirme que ce jour-

15 là il y avait également les problèmes dont nous avons parlé hier dans la

16 compagnie de contre-terroriste. J'aimerais maintenant que nous étudiions le

17 dernier paragraphe qui se trouve à la page suivante.

18 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que vous pouvez tourner la page, je vous

19 prie. J'aimerais vous demander d'agrandir le dernier paragraphe.

20 Q. Voilà ce qui y est écrit :

21 "A propos de la libération du quartier Bosko Buha à Vukovar, après

22 cette libération, un grand nombre d'habitants ont commencé à venir ou à

23 paraître dans les abris. Plus de 300 personnes ont été évacuées à

24 Velepromet, où ils ont fait l'objet d'un traitement individuel. Pendant

25 cette journée, environ 100 personnes ont été ainsi examinées. Vingt-cinq de

26 ces personnes ont été choisies puisqu'elles représentaient un intérêt pour

27 les organes de la sécurité, à propos de la collecte de plus amples de

28 renseignements relatifs aux positions des Oustachi aux forces et

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1 envisageant également des échanges avec des membres de la JNA qui auraient

2 été capturés." Ensuite, il s'agit d'indiquer de qu'il s'agit.

3 Qu'est-ce que vous avez à nous dire à ce sujet ?

4 R. Ce qui est indiqué c'est vrai. C'est ainsi que les choses se sont

5 passées à l'époque. Les organes de la sécurité pouvaient soupçonner des

6 personnes d'avoir commis un crime seulement si nous les prenions la main

7 dans le sac, sur le champ, ou s'ils se rendaient, s'ils rendaient leurs

8 armes mais surtout si on les prenait en flagrant délit.

9 Il fallait que ces personnes soient interrogées, il fallait qu'elles

10 passent par ce processus de tri. Nous étions aidés dans cette tâche par les

11 membres de la Défense territoriale de Vukovar. Puis également nous avions

12 reçu des listes de l'administration de la sécurité à propos de

13 l'identification de ces personnes. Donc, nous avons interrogé ces personnes

14 et nous avons décidé s'il s'agissait de civils ou s'il s'agissait de

15 personnes qui devaient être détenues. Ces personnes étaient 25 en tout. Si

16 je n'abuse, comme je l'ai dit hier, il a été prouvé que seul deux ou trois

17 avaient commis des délits au pénal, les autres ont pu partir.

18 Q. Je vous demanderais, je vous prie, de ralentir un peu.

19 M. LUKIC : [interprétation] Le document suivant - mais avant de passer à

20 cet examen de ce document, je souhaiterais que nous passions à huis clos

21 partiel. Alors, est-ce que nous pourrions avoir une cote pour ce document,

22 je vous prie.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. C'est un document qui sera

24 enregistré aux fins d'identification. C'est ce que vous voulez; c'est

25 cela ?

26 M. LUKIC : [interprétation] Je souhaiterais que ce document soit versé au

27 dossier, soit considéré comme reçu. Je parlais du document suivant lorsque

28 je vous ai demandé de passer à huis clos partiel parce qu'il y est fait

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1 référence au nom d'un témoin protégé.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous allez verser ce document au

3 dossier, Monsieur le Greffier d'audience.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 834,

5 Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Nous allons maintenant passer à

7 huis clos partiel.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

9 [Audience à huis clos partiel]

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28 [Audience publique]

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1 M. LUKIC : [interprétation] Je pense que nous allons pouvoir aborder un

2 autre thème avant la pause.

3 Q. Est-ce que vous êtes allé à Ovcara ce soir-là, Monsieur Sljivancanin ?

4 Nous parlons toujours du 19 novembre.

5 R. Le 19 novembre, après ma réunion avec les organes de l'administration

6 de la sécurité, je suis resté au poste de commandement parce que les

7 officiers arrivaient. Ils avaient accompli certaines missions. Il y avait

8 des informations qui arrivaient. Bien entendu, j'étais intéressé par ces

9 informations afin de savoir ce qui se passait. Pour autant que je m'en

10 souvienne, le commandant Skoric faisait également partie des gens qui

11 revenaient et la nuit précédente, une mission lui avait été confiée. Il

12 fallait qu'il emmène des civils en Croatie vers la route au niveau du

13 carrefour avec Sid. Il s'est présenté au rapport et a dit que la Croatie ne

14 voulait pas accueillir ces personnes. D'après ce que j'ai appris, ces

15 personnes ont été reconduites à Ovcara.

16 Cela était un problème important pour les personnes en question. Je

17 me souviens des propos qui avaient été proférés à ce moment-là : "Pourquoi

18 est-ce que l'on autorise ces personnes à être maltraitées de la sorte ?" Je

19 pense que j'ai également parlé au chef des services d'intendance qui

20 fournissait des vivres et de l'eau pour ces personnes et il a fait

21 référence à toute une série de problèmes. Il a même dit que des membres de

22 la Défense territoriale étaient présents et qu'ils monopolisaient certains

23 véhicules. Ils les prenaient. C'est ce qu'il a dit parce qu'il revenait de

24 la région

25 d'Ovcara.

26 Voilà autant de problèmes qui m'ont été relayés. Je dois dire que j'étais

27 un tant soit peu surpris, parce que je ne savais absolument pas que tout

28 cela se passait. J'ai éprouvé beaucoup de compassion pour ces personnes,

Page 13610

1 parce que la nuit précédente, j'avais justement étudié la question avec le

2 commandant Vukasinovic. Je ne sais pas si le colonel Mrksic a dit quoi que

3 ce soit à ce sujet. Il se peut que nous ayons parlé tous les deux, mais je

4 n'en suis pas sûr. Je ne m'en souviens pas en tout cas.

5 Donc, je suis allé appeler le commandant Vukasinovic qui s'est rendu

6 directement à Ovcara. Je ne pouvais pas y aller seul pour des raisons de

7 sécurité et il faisait nuit.

8 Alors que nous approchions d'Ovcara, nous avons été arrêtés à un

9 portail qui avait été installé par le poste de commandement. Ils ne nous

10 ont pas laissés entrer pendant 20 minutes parce qu'il y avait couvre-feu.

11 Ils ne nous connaissaient pas. Nous, nous les connaissions pas parce que

12 nous appartenions à une autre unité. Puis après une certaine insistance, ce

13 commandant de ce poste de commandement est venu. Il s'est présenté et il a

14 vérifié nos identités. Il nous a laissés entrer. C'est ainsi qu'il nous a

15 laissés entrer avec nos véhicules et nous sommes arrivés à l'extérieur de

16 ce qu'on a appelé le bâtiment jaune.

17 Là, il y avait un officier qui avait le grade de capitaine première

18 classe et qui portait l'uniforme. Je m'en souviens. Cet officier m'a dit

19 qu'il y avait un grand nombre de civils qui étaient revenus, qui ne

20 voulaient pas descendre des autobus pour être placés dans le hangar, qui

21 voulaient rester dans les autobus, qu'ils avaient fait en sorte qu'ils

22 aient des vivres et de l'eau. Il nous a dit que tout se passait bien et que

23 la police militaire était arrivée pour assurer la sécurité de cet endroit.

24 D'après lui, il n'y avait absolument aucun problème.

25 Là, j'ai également vu qu'il y avait un des commandants de la Défense

26 territoriale, Miroljub Vujovic, qui était accompagné de plusieurs membres

27 de la Défense territoriale. Je lui ai demandé ce qu'il avait fait là. Il

28 m'a dit qu'il était venu à cause des véhicules et des machines qui étaient

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1 censés arriver à Velepromet, qui venaient de Mitnica mais qui n'étaient pas

2 encore arrivés. Toutes ces machines n'étaient pas encore arrivées. Et bien

3 sûr, il faisait nuit. Je ne suis pas sorti pour vérifier parce qu'il n'y

4 avait pas d'éclairage.

5 Je lui ai dit qu'il ne fallait pas qu'il se préoccupe, que les

6 membres de la JNA n'allaient pas prendre les biens d'autrui et que tout

7 cela devrait arriver à Velepromet; qu'il devrait attendre l'aube du

8 lendemain matin et que le problème serait réglé. Cet officier m'a dit son

9 nom mais je l'ai oublié. C'était le représentant de la

10 80e Brigade motorisée. Il a dit qu'il n'y avait pas de problèmes, que tout

11 serait réglé conformément aux ordres reçus, et il m'a proposé d'aller voir

12 les gens qui se trouvaient dans les autobus. J'ai pensé que cela n'était

13 pas nécessaire, qu'il n'était pas nécessaire que nous allions voir ces

14 personnes. Je ne dirais pas que ces personnes avaient été maltraitées, mais

15 nous les avions aidées la nuit précédente. Ce n'était pas la peine de les

16 exposer à ce genre de traitement. Ce n'était absolument pas la tâche de mon

17 unité, de toute façon.

18 Donc, nous sommes restés environ dix minutes ou un quart d'heure,

19 puis nous sommes repartis. Vukasinovic est allé vers son bâtiment et je me

20 suis rendu vers mon poste de commandement.

21 Pour autant que je m'en souvienne, je pense que j'ai dit au colonel

22 Mrksic que j'avais été à Ovcara, bien que je n'en sois pas absolument sûr

23 et certain. Je pense qu'il m'a dit : "Oui, je sais tout cela. Le

24 lieutenant-colonel Vojnovic, commandant de la

25 80e Brigade m'a déjà informé de tout cela." Ce soir-là, pour la première

26 fois, j'ai rencontré le général Aca Vasiljevic et le colonel Tumanov.

27 Q. Un petit moment, je vous prie. Il va falloir que vous répétiez la

28 phrase précédente. Que vous a dit le colonel Mrksic lorsque vous vous êtes

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1 présenté au rapport à votre retour d'Ovcara ?

2 R. Pour autant que je ne m'abuse, si ma mémoire ne me fait défaut --

3 Q. Ralentissez, je vous prie. Que vous a dit Mrksic ou que lui avez-vous

4 dit ?

5 R. Si je ne m'abuse, j'ai parlé à ce moment-là à Mrksic, et voilà plus ou

6 moins ce que m'a dit Mrksic. Il m'a dit qu'il savait que les gens étaient

7 revenus à Ovcara. Il m'a dit qu'il avait été informé de cette situation par

8 le lieutenant-colonel Vojnovic, le commandant de la 80e Brigade motorisée,

9 et que toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour que ces

10 personnes n'aient pas de problèmes, et il m'a dit qu'il savait qu'il n'y

11 avait aucun problème.

12 M. LUKIC : [interprétation] Page 32, ligne 12, le témoin a parlé du

13 "Lieutenant-colonel Vojnovic." Nous allons de toute façon reprendre cet

14 examen après la pause.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous reprendrons à

16 10 heures 50.

17 --- L'audience est reprise à 10 heures 30.

18 --- L'audience est reprise à 10 heures 53.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois les gens qui sont debout à ma

20 gauche et à ma droite.

21 Monsieur Moore, vous avez la parole.

22 M. MOORE : [interprétation] Est-ce que je peux, Monsieur le Président,

23 demander quelque chose à mon éminent collègue. Je sais à quel point il est

24 difficile, lorsqu'on est en train de mener l'interrogatoire principal avec

25 un témoin d'une telle importance que M. Sljivancanin, mais parfois les

26 réponses aux questions sont extrêmement longues. Peut-être que je ne peux

27 pas assimiler tout cela parce qu'il y a trop de documents. Je serais très

28 reconnaissant à mon éminent collègue s'il peut contrôler M. Sljivancanin, à

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1 savoir que ses réponses soient plus courtes et plus compréhensives.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, vous avez la parole.

3 M. LUKIC : [interprétation] Je pense que par rapport à l'ordre des

4 questions que je vais poser, je contrôle absolument le témoin. Il est

5 possible que certaines de ces réponses soient plus longues, mais nous nous

6 sommes préparés pour cet interrogatoire principal. Parfois il me répond à

7 plusieurs questions. S'il y a quelque chose qui n'est pas clair aux yeux de

8 M. Moore, nous pourrions éclaircir cela. Je fais de mon mieux pour parler

9 d'un très grand nombre de sujets à

10 M. Sljivancanin, qui ont d'ailleurs été provoqués par l'Accusation.

11 Q. Mais avant tout, pour que tout soit efficace, Monsieur Sljivancanin, je

12 vous prie de répondre de façon efficace, précise et concise pour que la

13 Chambre puisse comprendre tout cela plus facilement.

14 Monsieur Sljivancanin, nous avons parlé du colonel Mrksic, du moment où

15 vous êtes rentré au bureau du colonel Mrksic le 19 dans la soirée lorsque

16 vous êtes rentré dans Ovcara. Qui avez-vous rencontré chez lui et ce que

17 vous avez fait par la suite ?

18 R. Comme j'ai déjà commencé à vous parler de cela, je vous ai déjà dit que

19 c'était Aca Vasiljevic, colonel Tumanov, qui étaient là-bas. Il y avait

20 d'autres officiers du 1er District militaire et de l'état-major général. Il

21 y en avait que je ne connaissais pas et je ne peux pas me souvenir des noms

22 de toutes ces personnes.

23 Q. Qui est M. Tumanov ?

24 R. M. Tumanov était à l'époque adjoint de M. Aca Vasiljevic.

25 Q. Quelle était la suite des événements ?

26 R. Brièvement, j'ai informé le général Vasiljevic et Tumanov sur ce que

27 les organes chargés de la sécurité ont fait pendant deux jours qui se sont

28 écoulés, en particulier à Mitnica. Nous les avons informés sur l'arrivée

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1 des groupes d'officiers de la direction chargée de la sécurité, et j'ai dit

2 que ces officiers se sont rendus à Velepromet. J'ai dit également que Mme

3 Vesna Bosanac et Marin Vidic ont eu un entretien avec moi et je les ai

4 invités à venir dans les locaux où nous nous trouvions.

5 Q. Est-ce que selon vous, Vasiljevic savait quelque chose sur l'arrivée du

6 groupe de personnes de la direction chargée de la sécurité ? Est-ce que

7 vous avez parlé de cela ?

8 R. Oui, il m'a dit qu'il était au courant. Et même, il m'a conseillé, à

9 savoir il m'a suggéré qu'il s'agissait des officiers expérimentés, des

10 officiers chevronnés, et que dans le futur, pour ce qui est des questions

11 concernant la sécurité, que je collabore exclusivement avec eux et que je

12 respecte leurs instructions.

13 Q. Où vous vous êtes rendu après cela ?

14 R. Après cela, je suis parti dans la direction de mon bâtiment - et j'ai

15 oublié de dire, mais je ne me souviens pas, si j'ai envoyé Mme Vesna

16 Bosanac pour qu'elle dorme avant ma rentrée d'Ovcara. Je ne peux pas me

17 souvenir de tels détails. Je lui ai dit, étant donné qu'il faisait nuit et

18 il y avait un couvre-feu, qu'il était risqué d'aller à l'hôpital pendant la

19 nuit, qu'à la proximité se trouvait notre hôpital, où se trouvaient pas mal

20 de médecins et d'infirmières. Je ne voulais pas qu'elle dorme en tant

21 qu'une femme dans un bâtiment réservé aux soldats. Je lui ai proposé de

22 passer la nuit dans notre hôpital, de voir comment nos médecins

23 travaillaient et quels sont les patients de nos médecins. Elle était

24 d'accord pour le faire.

25 J'ai invité M. Jovanovic, lieutenant-colonel Jovanovic, et je lui ai

26 dit de préparer tout ce qui était nécessaire pour qu'elle puisse aller à

27 l'hôpital. Il n'y avait aucune mesure de contrainte à son égard. Je lui ai

28 dit que le lendemain matin, à 6 heures, elle partirait avec moi à

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1 l'hôpital, et je lui a dit que nous continuerions notre entretien. Après

2 cela, je me suis entretenu avec Marin Vidic, Bili.

3 Q. Où s'est tenue cette conversation, et qui était présent à cette

4 conversation et à quel moment de la soirée cela s'est passé ? Pouvez-vous

5 nous le dire ?

6 R. Avec Marin Vidic, Bili, je me suis entretenu dans la soirée avant

7 minuit à peu près, le 19 novembre 1991. C'était dans les locaux du bâtiment

8 où se trouvait le siège de l'organe chargé de la sécurité. J'ai fait un

9 croquis d'ailleurs de ce bâtiment ici. Karan était présent. Karanfilov

10 Borce, et peut-être quelqu'un des techniciens de police scientifique et

11 technique, qui enregistraient ces entretiens. Je ne peux pas me souvenir de

12 noms de toutes ces personnes, mais je suis sûr que ces deux personnes que

13 j'ai énumérées étaient présentes.

14 Q. Est-ce que lors de cet entretien quelqu'un est venu dans cette pièce où

15 l'entretien s'est déroulé ?

16 R. A peu près vers minuit ou peut-être un peu plus tard, le général

17 Vasiljevic est arrivé ainsi que le colonel Tumanov.

18 Q. Cela se passe, pour répéter encore une fois, dans quels locaux ?

19 R. Cela se passe dans les locaux de la maison où se trouvait l'organe de

20 la sécurité au village de Negoslavci.

21 Q. Qu'est-ce qui se passe au juste ? Qu'est-ce qu'ils font dans ces

22 locaux ?

23 R. J'ai prié le général Vasiljevic de parler avec M. Vidic. Le général m'a

24 dit qu'il ne voulait pas lui parler et que je le fasse moi. Il a demandé

25 par la suite que je lui montre les documents que j'ai réussi à collecter

26 des membres du Corps de la Garde nationale et de collecter durant mon

27 travail jusqu'alors ainsi que ceux qu'on a pris, des volontaires qu'on a

28 désarmés et qu'on a renvoyés hors de la zone d'action de combat.

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1 Il s'est intéressé à nos méthodes de travail qu'on appliquait à l'époque.

2 Nous avons parlé brièvement d'une dépêche que j'ai reçue de lui. Je lui ai

3 dit que nous étions en train de procéder conformément à ces dépêches, et il

4 a suggéré qu'il fallait tous les suspects sans aucun entretien procédé, les

5 amener le plus vite dans la prison à Sremska Mitrovica pour que les organes

6 qui sont compétents là-bas puissent continuer les enquêtes.

7 Il s'agissait donc des entretiens brefs qu'on a échangés.

8 Q. Est-ce que le bâtiment où se trouvaient vos locaux - et vous avez

9 montré cela hier, à savoir le premier jour de votre témoignage - est-ce que

10 c'est le bâtiment où vous avez dormi habituellement, où vous avez passé

11 votre temps lorsque vous n'étiez pas sur le terrain ?

12 R. C'est le bâtiment où nous dormions, où nous étions, exclusivement, dans

13 ce bâtiment, pendant les actions de combat et au moment où nous n'étions

14 pas sur le terrain.

15 Q. Qui dormait avec vous dans le même bâtiment ?

16 R. Dans ce même bâtiment avec moi dormait Karan, Karanfilov, Momcilovic.

17 Pendant une certaine période, Vukasinovic y dormait avant qu'il ne soit

18 devenu commandant de lieu, et mon chauffeur.

19 Q. Est-ce que ce soir-là vous êtes sorti après avoir fini l'entretien avec

20 Vidic, après l'arrivée de M. Vasiljevic ? Est-ce que vous avez quitté ce

21 bâtiment durant la nuit ?

22 R. J'étais très fatigué, parce que la veille je n'ai pas dormi et

23 j'attendais avec impatience la fin de nos activités pour que je puisse me

24 reposer, parce que j'étais conscient des activités dans le futur et de nos

25 efforts dans le futur. Donc, je ne suis pas sorti, je suis resté pour

26 continuer mon entretien avec M. Vidic Marin, qui m'a remis son journal et

27 d'autres de ses notes qui ont été adressées à

28 M. Tudjman, président de la Croatie.

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1 A un moment donné il a dit qu'auparavant il était musicien. Il voulait

2 jouer dans des cafés. Il m'a prié de lui donner un verre d'eau-de-vie. Je

3 lui ai répondu que je ne buvais pas trop d'alcool, mais j'ai demandé qu'on

4 lui donne un verre et je lui a dit : "Verse toi-même un peu d'eau-de-vie

5 dans ce verre." Il a un peu bu, et on a commencé à chanter les chants qui

6 étaient les siens. L'ambiance était plutôt joviale parce qu'il chantait

7 bien.

8 Q. Très bien. Est-ce que vous avez confié des tâches à vos collaborateurs,

9 des tâches à accomplir le lendemain matin ou ce soir même ?

10 R. J'ai confié des tâches ou des missions pour ce qui est du lendemain le

11 soir même.

12 Le commandant Vukasinovic a eu pour tâche d'aller avec son adjoint

13 chargé de la logistique pour assurer deux autocars dans la région de

14 l'hôpital pour transporter des suspects qui auraient commis des infractions

15 pénales et qui se cachaient dans l'hôpital.

16 Le capitaine Karan a eu pour tâche de collecter les documents

17 nécessaires, à savoir les listes qui se trouvaient à l'hôpital et de partir

18 avec moi et avec Mme Bosanac à l'hôpital.

19 Le capitaine Karanfilov, je lui ai dit de continuer l'entretien avec

20 Marin Vidic le lendemain matin et de se rendre dans l'abri qui allait être

21 déminé pour qu'on puisse voir ce qui se trouvait dans cet abri et dans

22 l'abri où se trouvaient les membres du QG du Corps de la Garde nationale.

23 J'ai demandé à un officier du génie le soir même de désigner les gens

24 compétents pour qu'ils puissent enlever des pièges et des mines pour que

25 les organes chargés de la sécurité puissent s'introduire dans cet abri.

26 Q. Est-ce qu'on peut maintenant parler du 20 novembre.

27 R. Je m'excuse, mais je n'ai pas dit une chose pour ce qui est du 19

28 novembre, parce qu'il y a beaucoup d'informations.

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1 Ce soir-là, sur l'ordre du lieutenant-colonel Jovanovic, un médecin,

2 un médecin qui était également lieutenant-colonel et qui s'appelait Ivezic,

3 il m'a dit que c'était lui qui a été désigné pour mener les médecins à

4 l'hôpital de Vukovar, et que le lieutenant-colonel lui a dit de se

5 présenter à moi pour que je puisse lui dire quelles seront ses tâches. Je

6 lui ai dit que le lendemain matin à 6 heures, nous devions partir à

7 l'hôpital de Vukovar pour voir les blessés, et que sur place, nous

8 pourrions en parler.

9 Q. Est-ce que vous vous êtes rendus à l'hôpital à 6 heures du matin, le

10 lendemain matin ? Qui est parti à l'hôpital ?

11 R. Nous nous sommes rassemblés un peu avant 6 heures. A bord du véhicule

12 où je me trouvais, se trouvaient mon chauffeur, moi-même, le capitaine

13 Karan et le Dr Ivezic. Dans l'autre véhicule se trouvait, je pense, Vesna

14 Bosanac et peut-être dans ce même véhicule ou dans un autre véhicule se

15 trouvait le médecin que le lieutenant-colonel Ivezic a emmené avec lui. Le

16 20 novembre, au matin, nous sommes partis et nous avons rencontré le

17 colonel Bogdan Vujic au portail de Velepromet à Vukovar, à 6 heures du

18 matin.

19 Q. Dites-nous ce qui s'est passé par la suite ?

20 R. Je me suis présenté au colonel Vujic et je lui ai dit que l'équipe est

21 arrivée. Il a demandé quel était le nombre de places disponibles dans mon

22 véhicule. J'ai répondu qu'il y avait une place dans mon véhicule, mais

23 qu'il n'y avait plus d'espace dans mon véhicule. Il a dit qu'il fallait

24 trouver une place pour un officier. J'ai dit que cet officier pouvait

25 s'asseoir derrière où il y avait des objets dans le véhicule.

26 C'est comme cela qu'on s'est mis d'accord pour que les présumés

27 auteurs d'infractions pénales soient amenés. On les a considérés comme

28 étant civils parce qu'on les a arrêtés non armés. Tous ces civils devaient

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1 passer par Velepromet. Etant donné que les organes de la sécurité allaient

2 être présents au triage, nous avons considéré que ces gens ne devaient plus

3 se rendre à nouveau à Velepromet pour qu'un triage soit effectué, mais

4 plutôt qu'ils soient menés dans la caserne pour attendre à ce qu'une

5 colonne soit formée pour partir dans la direction de Sremska Mitrovica. Je

6 crois que le colonel a confié d'autres tâches à d'autres officiers, mais je

7 ne me suis pas mêlé de cela.

8 Q. Qui est parti avec vous à bord de ce véhicule ?

9 R. A bord de mon véhicule, le colonel Vujic Bogdan est parti ainsi

10 qu'un autre officier de l'organe chargé de la sécurité. Croyez-moi, à

11 l'époque je ne savais pas son nom.

12 Q. Aujourd'hui, vous savez de quelle personne il s'agit ?

13 R. Oui. Après tous les préparatifs, je peux vous dire qu'il s'appelait

14 Korica.

15 Q. Lorsque vous avez parlé avec le colonel Mrksic la veille par rapport

16 aux tâches concernant l'évacuation de l'hôpital, quel était le plan ?

17 Qu'est-ce que Mrksic vous a dit par rapport à l'endroit où ces personnes

18 allaient être amenées, ces personnes qui ont été les auteurs présumés

19 d'infractions pénales ?

20 R. Déjà, le 18 novembre, Mrksic, à la réunion, comme je l'ai déjà dit, a

21 dit que tous ceux qui ont été soupçonnés d'avoir commis des infractions

22 pénales ou bien qui se sont rendus en tant que tels, devaient être amenés

23 dans la prison à Sremska Mitrovica. Les civils, eux, ils peuvent se rendre

24 dans deux directions, l'une desquelles était dans la Croix-Rouge de Sid, et

25 la deuxième direction c'était la frontière de la Croatie. Il y avait une

26 autre catégorie de personnes qui voulait rester à vivre à Vukovar et qui

27 avaient la possibilité de vivre dans des conditions normales.

28 Q. Est-ce qu'avant le 20, vous avez appris ou est-ce que vous avez entendu

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1 parler du fait que quelques-unes de ces personnes devaient être amenées à

2 Ovcara, ces personnes de l'hôpital ?

3 R. Toute la région de la ville de Vukovar et surtout la partie qui se

4 trouve près de Velepromet, l'instruction était la suivante : les civils

5 devaient être amenés à Velepromet et non pas à Ovcara; ce n'était pas

6 nécessaire. D'ailleurs, Mitnica, en tant qu'un quartier de la ville, se

7 trouvait dans le secteur d'Ovcara plutôt pour ce qui est de la route menant

8 à Sremska Mitrovica. C'est pour cela que certaines de ces personnes sont

9 passées par ce bâtiment en allant vers Sremska Mitrovica.

10 Q. Est-ce que le bâtiment de l'hôpital se trouvait plus dans le secteur de

11 la caserne ou dans le secteur d'Ovcara ?

12 R. C'était plutôt dans le secteur de Velepromet et de la caserne.

13 Q. Je suppose que vous vous êtes rendu dans la direction de l'hôpital. Ce

14 matin-là, dites-moi, si devant Velepromet, le 20, ou sur la route vers

15 l'hôpital, en parlant avec Vujic et avec d'autres, est-ce que qui que ce

16 soit vous a parlé de ce qui s'est passé la veille au soir à Velepromet ?

17 Est-ce qu'ils vous ont dit certaines de leurs impressions ?

18 R. L'officier qui est parti avec nous à bord de notre véhicule se taisait

19 la plupart du temps. Le Dr Ivezic, M. Vujic et moi-même, nous nous

20 entretenions et il n'y avait pas de discussions par rapport à ce qu'ils

21 avaient fait à Velepromet. Lui, d'ailleurs, il n'avait pas pour devoir de

22 me faire rapport là-dessus. Principalement, nous avons parlé avec le Dr

23 Ivezic sur la meilleure façon de ne nuire à personne, de ne gêner aucun

24 blessé pour ce qui est des conditions de leurs vies, mais plutôt pour

25 établir s'il y avait des auteurs présumés d'infractions pénales et comment

26 le faire. C'était notre discussion jusqu'à l'arrivée de l'hôpital.

27 Q. Lorsque vous êtes arrivés à l'hôpital, qui des officiers de la Brigade

28 de la Garde se trouvaient là-bas, s'il y en avait ?

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1 R. Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital ce matin-là, les soldats et les

2 officiers du 2e Bataillon de la Police militaire étaient présents. Et si je

3 me souviens bien, il y avait le commandant Paunovic Radoje parmi eux et le

4 capitaine Simic. Je les ai vus, j'en suis sûr. Il y avait d'autres

5 officiers de la police militaire là-bas, mais je ne peux pas me souvenir

6 exactement de leurs noms. Je ne peux pas vous énumérer leurs noms, j'ai

7 oublié cela.

8 Q. Vous avez entendu le témoignage de certains témoins devant ce Tribunal

9 sur les événements survenus à l'hôpital pendant cette nuit-là, entre le 19

10 et 20. Est-ce que vous avez reçu des informations, et si oui lesquelles, de

11 la part des officiers sur les incidents survenus pendant la nuit à

12 l'hôpital ?

13 R. J'ai demandé au commandant Paunovic si la nuit précédente s'est

14 déroulée dans le calme. Il n'a pas eu d'observations négatives; pour ce qui

15 de cette nuit-là, il n'y avait pas d'incidents.

16 Q. Qu'est-ce qui se passe par la suite ?

17 R. Nous sommes partis et nous nous sommes rendus dans le bureau de Mme

18 Vesna Bosanac. Nous avons demandé à Mme Vesna Bosanac d'inviter ses

19 médecins pour collaborer avec nos médecins militaires pour ce qui est des

20 blessés et du personnel à l'hôpital. Nous avons présenté notre plan. C'est

21 le Dr Ivezic qui a présenté le plan et a expliqué comment cela allait se

22 faire. Bogdan Vujic m'a dit de rester là-bas pour résoudre des problèmes,

23 et il a dit qu'avec l'officier Korica, ils vont procéder selon leurs

24 propres plans.

25 Après une courte discussion, Mme Vesna Bosanac a proposé qu'il serait

26 bien d'organiser une réunion du personnel médical et de présenter nos

27 médecins à leurs médecins et de dire ce qu'il fallait faire. Elle a dit

28 qu'elle était prête à nous aider. Je lui ai demandé dans combien de temps

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1 le personnel médical pourrait être réuni et elle m'a dit que cela serait

2 possible en dix minutes. Elle a proposé des locaux où cette réunion allait

3 se tenir. Effectivement, elle a invité certaines femmes qui étaient ses

4 collaboratrices, et ils nous ont invité nous aussi à venir dans la pièce où

5 ce personnel médical s'était réuni. Nous sommes arrivés dans cet hôpital.

6 Il y avait Vesna Bosanac, Dr Ivezic et moi-même.

7 Cette pièce se trouvait à la sortie de son bureau après s'être dirigé

8 vers la sortie, par le couloir de droite, puis à gauche. D'après ce que

9 j'ai entendu dans certains témoignages, c'est ce qu'ils ont appelé la salle

10 de plâtrage.

11 Le Dr Ivezic m'a demandé de tenir cette réunion et de dire ce qu'il y

12 avait à dire.

13 Q. Que leur avez-vous dit; vous en souvenez-vous ? Pouvez-vous nous dire

14 en quelques mots ce que vous avez dit à ce moment-là au personnel médical ?

15 R. Il était difficile de leur dire quoi que ce soit, parce que cette

16 population et nous autres, tous ensemble, avons beaucoup souffert ces

17 jours-là. Je me suis efforcé de ne pas leur tenir de discours particulier,

18 mais de leur dire ce qui les intéressait le plus. Quoi que j'aie entendu

19 dans les témoignages ici, bien des choses inventées de toutes pièces, j'ai

20 à peu près dit, à ce moment-là, la chose suivante :

21 "Messieurs les Médecins, je suis représentant de l'armée populaire

22 yougoslave." Je ne sais pas si je me suis présenté, peut-être l'ai-je déjà

23 fait. "La JNA souhaite aider tous les habitants de cette ville parce que

24 nous sommes un même peuple. Et vous, Médecins, étant donné que vous avez

25 prêté le serment d'Hippocrate, vous n'avez aucune raison de craindre quoi

26 que ce soit. Nous ne voulons pas savoir quels sont les blessés que vous

27 avez soignés. L'essentiel c'est d'avoir soigné les gens et d'avoir

28 correctement fait votre travail. Ce qui est triste, c'est que tout ceci se

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1 soit produit et que nous ayons dû nous entre-tuer. Je crois bien que ceci

2 constituera un avertissement pour tout un chacun et que cela ne se

3 reproduira plus. J'estime que la faute la plus importante doit retomber sur

4 Tudjman et le HDZ."

5 Laissez-moi finir. J'ai continué, j'ai dit : "Vous voudriez certainement

6 savoir ce que nous allons faire. Il y a une possibilité qui est celle de

7 voir la JNA faire en sorte que les gens honnêtes et droits, et notamment

8 vous, personnel de l'hôpital, qui souhaitez rester travailler dans cet

9 hôpital et rester dans cette ville, nous veniez en aide. Ceux qui ne le

10 souhaitent pas peuvent s'en aller dans deux directions : l'une c'est

11 d'aller vers Sid, vers la Croix-Rouge et un deuxième groupe pourrait aller

12 en Croatie."

13 J'ai même souligné que nous disposions d'information disant qu'à

14 l'hôpital il se cacherait des gens qui sont suspectés d'avoir commis des

15 délits au pénal. Ces gens-là seraient interrogés et appréhendés. "Il est

16 dans votre intérêt de nous aider à retrouver ces gens-là."

17 C'est à peu près ce que j'ai dit à cette réunion.

18 Q. Avez-vous à ce moment-là proposé aux médecins et au personnel de rester

19 et à continuer à travailler au centre médical ?

20 R. Je l'ai proposé, comme je l'ai dit, à tous ceux qui souhaitaient rester

21 et continuer à travailler dans cet hôpital parce que nous avions besoin

22 d'eux.

23 Q. Leur avez-vous dit vous-même ou qui que ce soit d'autre qu'il y a eu

24 nomination d'un nouveau directeur de l'hôpital, du

25 Dr Ivezic ?

26 R. Je leur ai dit à ce moment-là qu'à compter de ce moment-là jusqu'au

27 rétablissement d'une autorité civile complète, c'est le

28 Dr Ivezic qui dirigerait les activités de l'hôpital. Je ne pense pas avoir

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1 dit qu'il serait directeur, mais j'ai dit qu'il conduirait les activités.

2 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut voir la photographie de la

3 pièce à conviction 338. Il s'agit notamment de la photo numéro 23.

4 Q. Reconnaissez-vous cet endroit, et si oui, de quoi s'agit-il ?

5 R. Je reconnais le Dr, le lieutenant-colonel Ivezic. On voit son grade sur

6 l'épaule, ses galons. Ici, c'est la pièce où le Dr a procédé au contrôle et

7 à l'examen des blessés en préparant l'évacuation de ces derniers.

8 Q. Merci.

9 M. LUKIC : [interprétation] On a fini avec cette photo.

10 Q. Pour ce qui est de cette réunion dans la salle de plâtrage, je voudrais

11 vous poser une question qui figure à l'acte d'accusation, un point qui

12 figure à l'acte d'accusation. Nous savons pour sûr que vous avez été

13 présent à l'occasion de cette réunion dans la salle de plâtrage. Monsieur

14 Sljivancanin, dites-nous si vous avez retenu le personnel de l'hôpital à

15 cette réunion pendant que les soldats emmenaient à l'extérieur de l'hôpital

16 quelque

17 400 non-Serbes ?

18 R. Cela est absolument faux. C'est une chose tout à fait dénuée de sens.

19 Ce que je voulais, c'était dire à ces gens-là à quoi s'attendre et leur

20 fournir autant d'aide que je pouvais. Je ne voulais retenir personne.

21 D'ailleurs, je suis venu à cette réunion suite à la proposition formulée

22 par le Dr Vesna Bosanac.

23 Q. Je me propose de vous poser plusieurs questions concernant le tri qui a

24 été effectué.

25 R. Je n'ai pas terminé pour ce qui est des choses qui se sont produites à

26 l'occasion de cette réunion.

27 Après mon intervention, les gens ont pris la parole pour me poser des

28 questions. Essentiellement, ces questions ont porté sur le fait de savoir

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1 où devait se rassembler la population civile voulant faire partie de l'un

2 des deux groupes. Je leur ai dit alors que nous n'avions pas encore

3 organisé les choses, mais j'ai dit dès la réunion, que ceux qui sont

4 suspectés d'avoir commis des délits au pénal seraient emmenés à la sortie

5 de l'hôpital vers la gauche en direction de la rue, alors que ceux qui

6 s'apprêteraient à partir pour Sid, voire vers la Croatie, devaient se

7 diriger vers la droite en sortant. Il fallait se répartir en deux groupes

8 afin que les chefs de colonne sachent. Mais c'est eux qui devaient se

9 séparer; ce n'était pas nous qui devions le faire.

10 Ils m'ont demandé ce qu'ils pouvaient emporter comme affaires. J'ai

11 dit qu'à peu près, nous souhaiterions les aider dans la mesure du possible,

12 mais que nous ne pourrions pas avoir toute la place nécessaire dans les

13 véhicules, et que le mieux, ce serait de prendre le strict nécessaire pour

14 ne pas amonceler trop d'affaires car les gens n'auraient pas où s'asseoir.

15 Je ne savais pas combien de places assises nous disposerions.

16 Ils m'ont demandé si les familles devraient avoir l'autorisation de

17 ne pas se séparer. Quand je dis familles, j'entendais, maris, épouses,

18 fils, filles. J'ai dit que nous n'allions séparer personne, mais que ceux

19 qui font l'objet de doutes pour ce qui est de la perpétration de délits au

20 pénal devaient forcément être interviewés. C'est là que la réunion a pris

21 fin.

22 Q. Vous avez entendu le témoignage de Zvezdana Polovina. Vous avez

23 certainement gardé en mémoire la déclaration aux termes de laquelle les

24 hommes étaient censés aller vers la caserne pour être interrogés et qu'ils

25 les rejoindraient ultérieurement. Vous souvenez-vous d'avoir dit quoi que

26 ce soit de ce genre à l'intention de ces civils qui étaient là ?

27 R. Tout ce que j'ai dit à l'intention des civils avait fait l'objet

28 d'effort de ne pas les bouleverser plus qu'ils ne l'étaient déjà. Il se

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1 peut que j'aie dit qu'il y en aurait parmi eux qui seraient interviewés,

2 mais je ne disais pas que certains seraient emmenés vers la prison de

3 Sremska Mitrovica pour éviter de créer de la confusion et de l'anxiété au

4 sein des familles.

5 Q. S'agissant de ce tri, qui est-ce qui y a pris part ?

6 R. Quand on parle de "tri," on veut dire que l'on a séparé les gens que

7 l'on avait suspecté d'avoir commis des délits au pénal. En premier lieu, à

8 nos yeux, cela était censé être des hommes.

9 Q. De quel âge ?

10 R. Entre 18 et au-delà, selon l'aptitude physique, la constitution

11 physique de ces gens et des doutes que nous avions, des suspicions que nous

12 avions. Le tri a été effectué par les médecins, les instances chargées de

13 la sécurité et tous ceux qui ont coopéré au sein de l'hôpital, y compris

14 certains membres de la TO qui ont été choisis pour effectuer ces tâches

15 parce qu'ils connaissaient les gens. Bien entendu, il y avait des membres

16 de la police militaire qui étaient là. Les docteurs disaient qu'il fallait

17 faire sortir un tel ou un tel autre. Je précise que c'est surtout les

18 docteurs de l'hôpital de Vukovar qui nous ont grandement aidés à retrouver

19 les personnes concernées. Je n'ai pas demandé aux médecins de quels groupe

20 ethnique ils faisaient partie. Ils se présentaient par eux-mêmes.

21 Lorsqu'ils disaient qu'ils voulaient aider, ils venaient aider. Entre

22 autres, Njavro Gjuro, comme je vous l'ai dit, est venu nous aider et a aidé

23 nos médecins à procéder à ce tri.

24 Q. Juste un instant, je vous prie. Je ne veux pas poser de questions

25 directrices. Si vous maintenez ce que vous avez dit, maintenez-le. Mais

26 vous avez dit que c'étaient des hommes de 18 ans et au-delà. Savez-vous

27 nous dire, si en application de la réglementation en vigueur de l'armée

28 populaire yougoslave et de la Défense populaire généralisée, quel était

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1 l'âge, le seuil d'âge pour ce qui est des hommes qui étaient capables de

2 faire leur service ?

3 R. Je me souviens que c'était 18 ans. C'est là qu'ils pouvaient venir

4 faire leur service militaire.

5 Q. Le recrutement, à quel âge se faisait-il ?

6 R. Je n'ai pas œuvré en matière de recrutement, mais d'après mes

7 souvenirs, c'était à partir de l'âge de 16 ans.

8 Q. Merci. Vous avez dit que ce tri s'est effectué entre les personnes qui

9 étaient malades ou blessées. Je suppose qu'il devait y avoir des gens qui

10 avaient une apparence autre, et qui, à vos yeux, auraient pu constituer ou

11 faire partie de ceux qui devraient mis de côté.

12 R. Je me souviens d'un cas où le Dr Ivezic a fait venir un homme devant

13 moi, et il a dit : "Je vais vous montrer de quoi a l'air un blessé." Il

14 avait toute la tête couverte de bandages. Le docteur lui a demandé quel

15 était son problème, et il a dit qu'il n'avait pas un seul œil. Il n'avait

16 plus ses yeux. Le médecin avait déjà obtenu des informations de la part

17 d'un médecin de l'hôpital de Vukovar. Il lui a enlevé ses bandages et

18 l'homme en question était en parfaite santé.

19 Il y a eu d'autres cas de ce genre, mais je ne suis pas allé après

20 chaque médecin pour vérifier ce qu'il faisait. Parce que si je devais faire

21 cela, il aurait suffi d'avoir un chef chargé de la sécurité. On n'aurait

22 pas eu besoin d'avoir personne d'autre. Mais je sais qu'ils ont fait leur

23 travail de façon professionnelle. D'après ce que j'ai pu entendre de la

24 bouche de la plupart des témoins, je n'ai pas entendu que l'une quelconque

25 de ces personnes, à l'occasion du tri, se soit plainte de représailles qui

26 auraient eu lieu à son égard pendant ce processus.

27 Q. Est-ce que vous avez revu le Dr Bosanac par la suite ?

28 R. Après cette réunion et après une consultation assez brève avec le Dr

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1 Njavro, qui visait à le voir venir en aide à nos médecins comme il l'avait

2 promis, suite à cela, je suis allé dans le bureau de Vesna Bosanac et nous

3 avons poursuivi notre dialogue.

4 Q. Que vous êtes-vous dit ?

5 R. J'ai demandé à ce que nous voyions s'il y avait moyen d'établir la

6 communication à Zagreb afin de s'entretenir avec quelqu'un. Elle a dit

7 qu'elle essayerait de le faire. Je l'ai donc laissée avec Mladen Karan, et

8 je suis moi-même sorti en attendant qu'elle établisse sa communication.

9 Je suis donc sorti pour aller vers la droite, vers la porte de sortie

10 de l'hôpital dans le secteur des abris de ce Corps de la Garde nationale.

11 Il est venu là-bas des membres des unités du génie pour déminer.

12 Brièvement, j'ai convenu avec eux de veiller à déminer cet abri. Ils ont

13 dit qu'ils pouvaient le faire, mais qu'il s'agissait de sécuriser le

14 secteur pour justement des raisons de sécurité afin que, entre l'hôtel

15 Dunav et jusqu'à l'hôpital il n'y ait pas de personnes qui passeraient en

16 attendant le déminage du secteur parce que cela se trouvait juste à côté de

17 la route.

18 Dans ce secteur, il y avait une unité du bataillon de blindés. J'ai

19 demandé au capitaine d'aider et de sécuriser le secteur. Le matin même, il

20 m'a informé que, à proximité immédiate de l'hôpital, le soir même, suite à

21 explosion de mines, il y a eu trois soldats de tués. Cela m'a vraiment

22 beaucoup ému.

23 Je suis revenu sur mes pas une fois ces choses-là organisées chez

24 Vesna Bosanac. En retournant vers ce bureau, j'ai rencontré bon nombre de

25 civils parce qu'il y en avait qui voulaient partir. J'ai rencontré des

26 gens, des femmes. Il se peut que j'aie échangé quelques propos, mais je ne

27 peux pas me souvenir de toute chose.

28 Q. Un instant, je vous prie. Nous avons entendu ici, de la bouche de deux

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1 témoins, des témoignages qui disaient que vous aviez demandé à faire plus

2 vite, qu'on ne pouvait pas attendre la tombée de la nuit. Est-ce que vous

3 vous en souvenez ? Est-ce que ces témoignages de témoins vous ont rafraîchi

4 la mémoire ? Auriez-vous dit cela ?

5 R. Je ne nie pas qu'en passant de l'abri vers l'hôpital, en passant par ce

6 groupe de civils, qu'il soit possible que je leur aie dit de se dépêcher,

7 mais je ne peux pas me souvenir de chaque propos. Je ne nie pas; il se peut

8 que je l'aie dit.

9 Q. Pourquoi l'objectif était-il de faire accélérer les choses ?

10 R. On voulait faire accélérer les choses, parce que je savais qu'il devait

11 arriver des véhicules en colonnes et que ces véhicules devaient emmener les

12 blessés comme convenu vers le site de Zidine. Il y a eu des horaires de

13 fixés pour que ces blessés arrivent afin d'être pris en charge par d'autres

14 organisations originaires de la Croatie. Donc, il s'agissait de créer des

15 conditions sécuritaires propres à leur déplacement.

16 Q. Monsieur Sljivancanin, en votre qualité d'instance chargée de la

17 sécurité, aurait-il été conforme aux règles de sécurité de commencer avant

18 de procéder au tri pour vérifier si à l'hôpital il y aurait des raisons qui

19 seraient susceptibles de mettre en péril l'évacuation ?

20 R. Et bien, les conditions de sécurité ne seraient pas réunies, parce qu'à

21 l'époque, nous avions disposé d'information disant que quelque 2 000

22 membres du Corps de la Garde nationale armée et quelque 800 membres du MUP

23 se sont battus l'arme au poing à Vukovar. Et nous, nous n'avons vu que les

24 gens de Mitnica se rendre. Personne jusque-là ne s'était rendu dans le

25 secteur de l'hôpital et nous avions des doutes, et cela s'est avéré vrai.

26 Des témoins viendront confirmer la chose, à savoir que nous doutions de la

27 présence de personnes armées qui se trouveraient à proximité de l'hôpital

28 et qui seraient susceptibles de créer des problèmes à l'occasion de

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1 l'évacuation.

2 Q. Merci. Merci. Qui est-ce qui a veillé à la fouille de ces personnes, et

3 en quelques mots, comment cela s'est passé ?

4 R. Et bien, probablement, ou plutôt pas probablement, mais cela était

5 effectué par les membres de la police militaire du

6 2e Bataillon. D'après ce que j'ai cru comprendre de la bouche des témoins,

7 c'était une inspection routinière, parce que ces jeunes soldats se sont

8 comportés de façon tout à fait correcte. Et d'après ce que j'ai pu voir là-

9 bas, j'étais fier de ces jeunes gens selon la façon très digne et très

10 humaine qu'ils avaient d'aborder les gens. Ils les ont dirigés vers les

11 autocars, et cela s'est fait sous la direction du commandant Vukasinovic

12 aux fins d'acheminer les gens vers la caserne.

13 Q. A l'occasion de ce laps de temps pendant lequel ils sortaient - et on a

14 entendu des témoignages concernant leur sortie et le moment où ils sont

15 montés à bord des autocars - alors, lorsqu'ils sont sortis de l'enceinte de

16 l'hôpital jusqu'à leur sortie, êtes-vous sorti vous-même ?

17 R. Je ne me souviens pas d'être sorti de l'enceinte de l'hôpital, parce

18 que je suis resté m'entretenir avec le Dr Vesna Bosanac et m'entretenir

19 avec ces gens de Zagreb au téléphone, depuis son bureau à elle. Je me suis

20 attardé dans les locaux d'une femme médecin qui m'a proposé son bureau pour

21 me donner des photographies de prises sur tout ce qui s'est passé à

22 l'hôpital pendant la guerre.

23 Q. Est-ce qu'on peut entendre son nom ou est-ce qu'il faut que nous

24 passions à huis clos partiel ?

25 R. Je préférerais passer à huis clos partiel parce que j'ai promis de

26 garder cela secret.

27 M. LUKIC : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel pour

28 quelques instants, Monsieur le Président ?

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

2 [Audience à huis clos partiel]

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17 [Audience publique]

18 M. LUKIC : [interprétation]

19 Q. A l'occasion de cette deuxième conversation avec Vesna Bosanac, suite à

20 la réunion dans la salle de plâtrage, avez-vous gardé le souvenir d'une

21 conversation entre vous et quelqu'un d'autre ou elle et quelqu'un d'autre ?

22 R. J'ai demandé à Mme Vesna Bosanac - parce qu'elle me l'avait demandé -

23 enfin, je lui avais demandé, moi, de nous aider à nous procurer des

24 informations de la part des autorités croates pour ce qui est de ce

25 commandant qui a été arrêté à Gospic et dont on avait reçu aucune nouvelle

26 depuis six mois. Pour être bref, elle a dit qu'elle établirait la

27 communication avec M. Tudjman, comme elle l'a dit elle-même. Je crois que

28 c'est avec Hebrang que nous nous sommes entretenus, je n'en suis pas trop

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1 sûr. Elle a dit d'ailleurs que : "Le mieux ce serait que je ne demande pas

2 moi-même au sujet de ce commandant, mais que je vous passe le combiné et

3 que vous demandiez, vous." Alors quand elle a établi la communication,

4 elle a parlé avec le ou la secrétaire très brièvement, puis elle s'est

5 entretenue avec ce monsieur. Ensuite, elle a dit : "J'ai ici à mes côtés un

6 représentant de l'armée populaire yougoslave qui souhaiterait vous parler."

7 Elle m'a donné le combiné. J'ai repris le combiné, je me suis présenté à

8 cet homme au téléphone, et à l'autre bout du fil j'ai entendu les mots

9 suivants : "Je ne veux pas m'entretenir avec un Chetnik." La communication

10 a été coupée et il n'y a plus eu de conversation du tout.

11 Q. Vous êtes-vous entretenu avec quelqu'un d'autre ?

12 R. Par la suite j'ai appelé le général Aca Vasiljevic.

13 Q. Pourquoi ?

14 R. Je l'ai contacté pour le consulter, parce que j'avais recueilli pas mal

15 d'informations à l'hôpital disant que le Dr Njavro avait été suspecté de ne

16 pas avoir soigné les gens comme il se fallait, et il était suspecté d'avoir

17 commis des délits au pénal. Des gens s'étaient plaints du Dr Vesna Bosanac

18 également. Et c'est là, pour la première fois, qu'on avait porté plainte

19 contre un homme au sujet de qui, j'ai par la suite appris qu'il s'appelait

20 Anto Aric. C'est au 20, au matin, que je l'ai vu pour la première fois. Il

21 était venu de Zagreb en août sur ordre de Tudjman pour accomplir certaines

22 missions.

23 J'ai consulté le général Vasiljevic pour savoir ce qu'il convenait de

24 faire avec ces trois-là et avec M. Marin Vidic. Le général m'a dit :

25 "Tiens, je te passe Tumanov et il n'a qu'à t'expliquer lui-même." Tumanov

26 s'est entretenu avec moi et il a, à peu près, dit ce qui suit :

27 "Sljivancanin, tu dois connaître la procédure. Tu dois les envoyer pour

28 interrogatoire à Sremska Mitrovica." Et là, la conversation a pris fin.

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1 Après cela, j'ai appelé le commandement pour que le

2 1er Bataillon de la Police militaire fournisse une escorte. Il est venu un

3 capitaine répondant au nom de Bozic Mile, avec un véhicule de la police

4 militaire. Et j'ai chargé mon adjoint, Mladen Karan, de veiller à faire

5 acheminer ces gens-là vers Sremska Mitrovica.

6 Q. Vous avez entendu ici le témoignage de Vesna Bosanac qui a affirmé

7 qu'elle a passé une bonne partie de cette journée à la caserne et qu'elle a

8 ensuite été envoyée à Sremska Mitrovica. Avez-vous appris autre chose ?

9 Avez-vous un autre récit à relater concernant son séjour avant son départ

10 pour Sremska Mitrovica ?

11 R. Oui, je l'ai entendu ici. Mon témoignage qui vient vous fera savoir

12 combien d'activités que j'ai eues par la suite. Ce que je sais pour sûr,

13 c'est que mon adjoint Karan a effectué son travail de façon correcte. Je ne

14 sais vraiment pas où est-ce qu'ils se sont attardés. Comme cet homme va

15 venir témoigner, il vous dira ce qu'il en a été. Je sais qu'ils ont été

16 emmenés jusqu'à la prison de Sremska Mitrovica.

17 Q. Quand, selon vous, ces autocars avec les gens qui ont été triés ont-ils

18 quitté l'hôpital ? Avez-vous été présent sur les lieux au moment où ils

19 s'en allaient ? Vous en souvenez-vous, ou alors quelles sont les

20 informations que vous avez à ce sujet ?

21 R. Ce que je sais, c'est qu'après avoir quitté le bureau du docteur

22 susmentionné, je suis parti pour emprunter l'autre point, si je peux

23 m'exprimer de la sorte, qui enjambait la rivière Vuka. J'étais censé

24 rencontrer là un capitaine dont quelques soldats avaient été tués. J'étais

25 censé y aller pour apprendre comment ils avaient été tués. Cette rencontre

26 avait été prévue à 10 heures, je m'en souviens. Cela je m'en souviens.

27 Lorsque je suis parti et que j'allais vers ce pont, j'ai vu que les bus

28 commençaient à partir.

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1 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir, je vous prie,

2 la pièce à conviction 421, le rapport du Groupe opérationnel sud pour le 20

3 novembre, à 18 heures. Si nous pouvions afficher la dernière page. Je ne

4 sais pas d'ailleurs s'il y a deux ou trois pages. Oui, la partie

5 inférieure. Voilà. Est-ce qu'on pourrait agrandir cela.

6 Q. Il s'agit d'un rapport de combat régulier du 20 novembre, 18 heures.

7 Pourquoi est-ce que ce document est pertinent par rapport à ce que vous

8 venez de nous dire juste maintenant ?

9 R. Malheureusement, nous pouvons voir les noms des soldats et même les

10 villes dont ils étaient natifs. Il y a une personne qui était de

11 Danilovgrad --

12 Q. Cela n'a aucune importance.

13 R. Oui, mais je peux quand même le dire. Il y en avait un qui était de

14 Pozarevac; l'autre qui était de Backa Palanka.

15 Le rapport a été envoyé à 18 heures, parce que le rapport précédent avait

16 été envoyé la veille, le 19, à 18 heures, et les soldats ont été tués

17 pendant la nuit du 19 au 20. Ils faisaient partie du bataillon blindé. Ce

18 sont les soldats dont je parlais.

19 L'INTERPRÈTE : Question de M. Lukic inaudible pour les interprètes.

20 M. LUKIC : [interprétation]

21 Q. La carte 156, je vous prie. Est-ce que M. Sljivancanin pourrait nous

22 indiquer sur cette carte. Je rappelle qu'il s'agit de la pièce à conviction

23 156.

24 Monsieur Sljivancanin, est-ce que vous pouvez utiliser le stylet pour nous

25 indiquer où s'est déroulé cet incident.

26 Q. Est-ce que ces trois soldats ont été tués lors du même incident,

27 Monsieur Sljivancanin ?

28 R. Ils ont été tués lors du même incident.

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1 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait agrandir un peu cette

2 carte. Est-ce qu'on pourrait agrandir ce qui correspond à la partie

3 centrale de la carte.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux faire un cercle ici également.

5 M. LUKIC : [interprétation] Un petit moment, je vous prie. Est-ce que la

6 partie centrale pourrait être agrandie, je vous prie.

7 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer cela, indiquer l'endroit où

8 ils ont été tués.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire cela ? Est-ce que cela se trouve de

11 l'autre côté du pont ? Quelle est la position de cela par rapport au pont

12 et l'hôpital ?

13 R. Cela s'est passé entre les ponts qui enjambent la Vuka et l'hôpital.

14 C'était plus près de l'hôpital que des ponts.

15 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez apposer le chiffre 1, là, s'il vous

16 plaît, Monsieur Sljivancanin, et nous allons verser cela au dossier.

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 M. LUKIC : [interprétation] Je souhaiterais que cela soit versé au dossier,

19 je vous prie.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela sera versé au dossier.

21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 836,

22 Madame, Messieurs les Juges.

23 M. LUKIC : [interprétation]

24 Q. Monsieur Sljivancanin, pendant la période qui a précédé le départ de

25 ces bus et avant l'arrivée du convoi, le convoi dont nous allons parler

26 maintenant, est-ce que vous avez vu des camions à cet endroit-là ou est-ce

27 que vous avez vu des ambulances au moment où les bus étaient encore là ?

28 R. Je n'ai absolument rien vu de la sorte.

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1 Q. Vous avez entendu le dialogue qui a été décrit par Ljubisa Dosen,

2 témoin ici. Est-ce que vous vous souvenez que quelqu'un a été transporté

3 sur un brancard ? Est-ce que vous vous souvenez de ce dialogue, de ce

4 qu'elle a raconté à propos de feu son mari ?

5 R. Je suis désolé de tout ce qu'a raconté cette femme. Je suis vraiment

6 désolé de ce qui est arrivé à son mari. Il est exact de dire que nombreux

7 sont les témoins qui disaient qu'ils connaissaient Sljivancanin, qu'ils ne

8 connaissaient aucun autre officier là-bas. Nous étions un certain nombre,

9 mais je ne me souviens vraiment pas avoir parlé avec cette femme,

10 absolument pas.

11 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres officiers qui portaient des uniformes de

12 camouflage comme vous à ce moment-là ?

13 R. Le même uniforme. Il y a des gens qui ont ma corpulence également. Par

14 exemple, mon assistant, Vukasinovic, il avait ma corpulence. Puis il y

15 avait des uniformes assez semblables qui étaient portés par d'autres

16 officiers de la police militaire.

17 Q. Pendant les fouilles dans cette enceinte et au moment où les personnes

18 montaient dans le bus, est-ce que vous vous souvenez s'il y avait des

19 officiers de la police militaire et est-ce que vous vous souvenez du nombre

20 de ces officiers ?

21 R. Je vous ai dit que j'avais vu le commandant Paunovic là ainsi que le

22 capitaine Simic. Je ne me souviens pas des autres personnes que j'ai vues.

23 Je pense qu'il devait y avoir d'autres commandants de section là, au moins

24 trois officiers de la police militaire.

25 Q. Au début du procès, le 3 novembre, page 1 160, le

26 Témoin 006 a témoigné. Vous ne savez probablement pas de qui il s'agit,

27 nous pourrons peut-être passé à huis clos partiel. Cette personne a dit

28 qu'en tant qu'agent technique médical, on l'a fait sortir de l'autobus avec

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1 certains de ses collègues. Il a dit qu'il se trouvait devant l'hôpital,

2 qu'on l'a placé là et qu'ils ont attendu environ une heure, et qu'ensuite

3 que vous êtes arrivé, que vous leur avez parlé, que vous les avez fait

4 rentrer dans l'hôpital.

5 Est-ce que cela évoque quelque chose pour vous ? Vous vous souvenez

6 de la présence d'un groupe qui était debout, qui a attendu un certain temps

7 jusqu'au moment où vous leur avez parlé ?

8 R. Lorsque vous entendez ce genre de déclaration, soit cela vous

9 rafraîchit la mémoire ou alors vous vous rendez compte que cela ne s'est

10 pas passé. J'ai dit qu'après que je suis retourné dans le bureau de Vesna

11 Bosanac, à un moment donné, il y a une femme qui est arrivée et cette femme

12 m'a dit : "Vous nous avez promis de ne pas séparer les familles et nos

13 maris ont été emmenés à la caserne." Je lui ai demandé : "Comment cela se

14 fait-il ?" Elle m'a répondu : "Ils ne sont plus là. Ils ont été emmenés."

15 Je lui ai dit : "Madame, dressez une liste de tous les maris qui, d'après

16 vous, font partie du personnel hospitalier et qui font partie de votre

17 famille. Je vous promets ce qui suit : si ces personnes n'ont commis aucun

18 crime, elles seront à nouveau avec votre famille."

19 Cette femme est partie, et après un certain laps de temps - je ne sais pas

20 si cela a duré une demi-heure ou un peu plus ou peu moins, je le ne sais

21 véritablement plus - mais toujours est-il que je suis allé voir l'endroit

22 où ces soldats avaient été tués, et elle m'a amené la liste en question.

23 J'ai envoyé mon chauffeur à la caserne, et je lui ai dit qu'il fallait

24 qu'il trouve le commandant Vukasinovic et j'ai demandé que les personnes

25 dont les noms figuraient sur la liste retournent à l'hôpital. Il est parti

26 et il a pris cette liste.

27 Plus tard, lorsque je suis arrivé à l'hôpital avec les représentants de la

28 Communauté européenne, les représentants de la Croix-Rouge ainsi qu'avec le

Page 13640

1 colonel Pavkovic, je suis allé vers le portail pour voir si ces hommes

2 étaient revenus. Je me souviens avoir trouvé là un groupe d'hommes qui

3 étaient debout, qui ont dit qu'ils avaient été séparés là et qu'ils avaient

4 une carte d'adhésion à l'hôpital, comme ils me l'avaient dit.

5 J'ai vu ces badges qu'ils avaient et je leur ai dit que ce n'était pas la

6 peine qu'ils restent là, qu'ils pouvaient rentrer dans l'hôpital. Je me

7 souviens de cela.

8 Q. Un autre témoin, un autre témoin protégé a dit à la

9 page 3 373 - il s'agissait du Témoin 031 - et le 26 janvier, ce témoin a

10 dit que vous êtes arrivé près du bus, qu'il vous a montré sa carte

11 d'identité avant le départ du bus, qu'il n'y avait pas de photographie sur

12 la carte d'identité, que vous lui avez dit de revenir dans le bus. Qu'avez-

13 vous à dire à ce sujet ? Est-ce que cela est exact ?

14 R. J'ai déjà répondu à cette question. Je n'étais pas présent. Je n'étais

15 pas dans la rue au moment du départ des bus, donc je n'aurais pu dire à

16 personne de remonter dans le bus. Ce que je sais, c'est que j'ai parlé à

17 des gens dans la rue, qui attendaient apparemment un transport, et j'ai

18 trouvé ces personnes qui avaient leurs cartes d'identité. Je leur ai dit de

19 rentrer à l'hôpital. Pour ce qui est du reste, je ne m'en souviens pas.

20 D'ailleurs, il n'y a rien dont je pourrais me souvenir parce que je n'ai

21 jamais fait cela.

22 Q. Il y a quelques instants, vous nous avez dit que vous aviez donné votre

23 aval pour que les bus aillent vers la caserne et non pas vers Velepromet,

24 et qu'à partir de la caserne, ils iraient à Sremska Mitrovica. A quoi vous

25 attendiez-vous ? Combien de temps est-ce que les bus devaient rester ?

26 Quelle était la mission en question ? Pourquoi est-ce qu'ils devaient aller

27 à la caserne ? Pourquoi ne pas aller directement à Sremska Mitrovica ?

28 R. Lorsque Bogdan Vujic a quitté l'hôpital, il est parti de l'hôpital

Page 13641

1 avant que je n'aille voir l'endroit où avaient été tués les jeunes soldats.

2 J'ai entendu différents témoignages ici, mais je suis sûr qu'il est parti

3 avant que je ne parte et avant que les observateurs de l'Union européenne

4 n'arrivent. Il m'a dit que je devrais rester à l'hôpital pour voir s'il y

5 avait d'autres personnes qui se dissimuleraient dans l'hôpital, et il m'a

6 dit qu'il règlerait tout autre question à propos du départ du convoi vers

7 Sremska Mitrovica.

8 Ce que l'on attendait, c'était de voir s'il y avait d'autres personnes

9 encore à l'hôpital alors que les blessés étaient sortis. C'est cela qu'ils

10 attendaient à la caserne. Ce que l'on attendait, c'était de voir s'il y

11 avait des personnes qui se seraient trouvées encore dans le sous-sol. Un

12 convoi pouvait être organisé et escorté par la police, et cette escorte

13 aurait en quelque sorte conduite les suspects à Sremska Mitrovica. Tout

14 cela était régenté, réglé par le commandement de la Brigade des Gardes

15 lorsque les convois sont partis.

16 Q. A un moment donné, est-ce que vous êtes allé à l'endroit où se

17 trouvaient les représentants de la Croix-Rouge internationale avec le

18 convoi qui était censé évacuer les blessés ? Que s'est-il passé à ce

19 moment-là ?

20 R. Lorsque je suis arrivé à ce pont, pour ce qui est de la radio qui se

21 trouvait sur le véhicule de transport de troupes, parce que j'étais sur le

22 pont, cela venait également du bataillon blindé, il a été dit que le

23 colonel Pavkovic me recherchait. Cela m'a été communiqué en même temps par

24 un photographe de Zastava, qui s'appelait Zare; c'est son surnom. Il était

25 là pour consigner tout ce qui se passait. Il m'a dit : "Le colonel a dit

26 qu'il fallait que vous alliez à l'autre pont. Il m'a dit de vous le dire si

27 jamais je vous voyais." J'y suis allé. J'ai d'abord vu le colonel Pavkovic,

28 ensuite j'ai vu M. Borsinger.

Page 13642

1 Q. Je pense que ce n'est pas la peine de montrer l'extrait vidéo que nous

2 avons vu moultes fois. Est-ce que vous pourriez nous expliquer les raisons

3 de tout ceci ? Pourquoi est-ce que vous avez dit ce que vous avez dit à M.

4 Borsinger pendant ce dialogue ?

5 R. J'ai été véritablement très perturbé par ce que je venais d'apprendre,

6 à savoir la mort de nos jeunes soldats. M. Borsinger avait en plus promis

7 qu'il viendrait à 6 heures du matin; il n'est pas venu. Il avait promis

8 qu'il amènerait beaucoup de vivres, qu'il amènerait des tentes et beaucoup

9 d'autres choses que je lui avais demandé d'ailleurs d'amener pour la

10 population qui était sur les lieux et qui n'avait pas véritablement de

11 logement digne de ce nom.

12 Lorsque nous nous sommes rencontrés, le colonel Pavkovic, dans un

13 premier temps, s'est plaint de sa conduite. En fait, il n'avait pas été

14 très juste. Comment pourrais-je m'exprimer ? Nous avons parlé et il m'a dit

15 que je devrais faire partir des journalistes, qu'ils ne pouvaient pas

16 partir parce qu'il y avait une foule de journalistes. Je lui ai dit :

17 "Monsieur, je ne vois pas pourquoi est-ce que l'on éviterait qu'il y ait

18 des journalistes, que les journalistes prennent des photographies, que les

19 journalistes montrent au monde ce qui se passe dans mon pays." J'ai dit aux

20 journalistes : "Vous avez toute latitude pour photographier et consigner

21 tout ce que vous voulez, parce qu'il s'agit là d'une extrême souffrance

22 pour tous nos peuples." Voilà ce que j'ai dit. Voilà ce que j'ai dit à

23 propos de mes soldats. C'est ce qui correspondait à la situation à ce

24 moment-là.

25 Q. Est-ce que vous avez empêché à M. Borsinger ou à tout autre

26 représentant de la Croix-Rouge d'entrer dans l'hôpital ?

27 R. Je n'ai pas empêché à M. Borsinger ou à quiconque d'entrer dans

28 l'hôpital. Ce que j'ai fait, c'est que je suis dans un véhicule avec eux,

Page 13643

1 je suis allé à l'hôpital - on peut le voir sur l'extrait vidéo - et j'ai

2 été à l'hôpital avec eux pendant tout le temps où eux ont été présents à

3 l'hôpital.

4 Q. Qui a procédé à l'évacuation des blessés ?

5 R. L'évacuation, ou plutôt ce convoi pour l'évacuation pour des blessés a

6 été amené par le colonel Pavkovic. Il y avait avec lui des officiers du 1er

7 District militaire. Il y en avait un qui s'appelle Loncar. Je pense qu'il

8 s'agissait également d'un colonel. Je ne connais pas le nom des autres

9 officiers.

10 Pour ce qui est des blessés qui ont été placés dans les véhicules, il

11 faut savoir que le commandant Tesic est arrivé et il a dit que le colonel

12 Mrksic lui avait confié la mission de mettre dans les véhicules les blessés

13 et de faire en sorte qu'un certain ordre règne pour ce qui est du départ

14 des blessés de l'hôpital.

15 Q. Je souhaiterais vous poser une question : est-ce que vous savez - et je

16 pense au transport de ces personnes qui se trouvaient dans les autobus -

17 est-ce que vous savez, disais-je, s'il y avait une escorte militaire qui

18 les accompagnait ? Le cas échéant, qui était l'escorte militaire de ces

19 personnes jusqu'à la caserne ?

20 R. J'ai mis le commandant Vukasinovic, qui était mon adjoint pour les

21 affaires militaires et pour les affaires de la police, je lui ai confié

22 cette mission. Je savais qu'il avait des soldats du

23 2e Bataillon de la Police militaire à cette fin.

24 Q. De Paunovic, n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

26 Q. Pendant l'évacuation des blessés - nous allons d'ailleurs regarder

27 certaines séquences vidéo - est-ce qu'il y a eu des plaintes qui ont été

28 présentées par certaines personnes ? Est-ce que vous n'avez jamais appris

Page 13644

1 s'il y avait des plaintes qui avaient été présentées à propos de

2 l'évacuation ?

3 R. Pendant tout le moment où je me suis trouvé à l'hôpital, j'ai observé,

4 j'ai aidé, et ce jour-là personne n'est venu me présenter de plaintes.

5 Q. Est-ce que quelqu'un se trouvait là, est-ce qu'il y a eu des personnes

6 - je pense, par exemple, à des femmes, au personnel hospitalier - est-ce

7 que quelqu'un aurait empêché ces personnes de prendre contact avec le

8 représentant de la Croix-Rouge et avec les observateurs internationaux ?

9 R. Non, personne n'a opposé d'obstacle à ce qui se passait. Si vous

10 regardez les vidéos, vous pouvez voir que tout le monde a tout à fait la

11 latitude et la liberté de se déplacer, de parler à qui bon leur semblait.

12 Q. Est-ce que quelqu'un a empêché les journalistes de prendre contact avec

13 ces personnes, les observateurs européens ou le personnel médical ?

14 R. Personne ne s'est opposé à cela. Ils ont pris toutes les photos qu'ils

15 souhaitaient prendre et ils ont suivi leurs plans.

16 Q. Nous allons plus tard voir un extrait vidéo où nous voyons des

17 journalistes qui vous parlent. Il y avait un certain nombre de journalistes

18 présents à l'hôpital au moment de l'évacuation ?

19 R. Oui. Je pense qu'il y avait plus d'une cinquantaine de journalistes et

20 de cameramen.

21 Q. Est-ce que vous avez eu des contacts avec les journalistes ? Est-ce

22 qu'ils vous ont posé des questions à propos des hommes ? Est-ce qu'on leur

23 avait déjà dit que certains hommes avaient été emmenés hors de cet endroit

24 avant qu'ils n'arrivent là, les journalistes ?

25 R. J'ai parlé aux journalistes qui étaient présents. Ils ont bien vu même

26 revenir le groupe de la caserne, le groupe dont j'avais dit qu'il devrait

27 faire l'objet de vérification. Ils m'ont demandé où avaient été conduites

28 ces personnes et je leur ai dit que ces personnes avaient été emmenées à la

Page 13645

1 caserne pour être interrogées parce qu'elles étaient soupçonnées de crimes.

2 M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

3 Juges, je souhaiterais maintenant que nous regardions un extrait vidéo. Il

4 s'agit de la référence V0001131. Vous avez le script B/C/S qui correspond à

5 la référence 3D060016. J'ai donné la copie B/C/S aux interprètes. Nous

6 n'avons pas encore d'exemplaires anglais. Dans un premier temps, j'aimerais

7 remercier les interprètes qui vont faire de leur mieux pour interpréter

8 cette séquence vidéo dont ils ont le texte en B/C/S. Premièrement,

9 j'aimerais que cela soit enregistré aux fins d'identification et lorsque

10 nous aurons l'anglais, je souhaiterais que cela soit versé au dossier. Il

11 s'agit d'un extrait de la télévision de Belgrade. Il s'agit du bulletin

12 d'information et cela dure plusieurs minutes.

13 [Diffusion de la cassette vidéo]

14 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

15 "Un peu plus tard, il s'agit de quelqu'un de la Croix-Rouge qui se

16 dirige vers l'hôpital de Vukovar à quelques kilomètres du centre de

17 Vukovar. Je vois une rue qui débouche, qui relie le centre de la ville à

18 l'hôpital. Sur la droite du convoi vous voyez le commissariat de police, ou

19 plutôt le bâtiment du MUP de Croatie. Ensuite, vous avez le tribunal

20 municipal à côté.

21 Hier, il y a des tirs qui ont été tirés à partir de ce bâtiment. Nous

22 voyons des soldats qui ont sorti de ce bâtiment des centaines de fusils. Il

23 s'agit de fusils qui avaient été laissés par les membres de la Garde

24 nationale et du MUP croate. Ils couraient vers l'hôpital où certains

25 d'entre eux se sont cachés. Voilà l'entrée de l'hôpital et vous voyez les

26 représentants de la Mission européenne.

27 Sljivancanin : Vous allez donner la possibilité à ces personnes et à ces

28 véhicules de pénétrer dans l'hôpital ainsi que les gens qui portent des

Page 13646

1 blouses blanches avec ces insignes et les insignes de la Croix-Rouge.

2 Voix non identifiée : Pas le reste, pas le reste. Pas les autres.

3 Sljivancanin : [aucune interprétation]

4 Journaliste : Voilà les civils qui se sont enfuis, qui se trouvaient dans

5 l'enceinte de l'hôpital.

6 Sljivancanin : Nous allons organiser le transport vers cette direction

7 qu'ils empruntent. Cet itinéraire [imperceptible].

8 Journaliste : Il y a quelque 400 civils.

9 Sljivancanin : Ne poussez pas, ne poussez pas. Il y aura de la place pour

10 tout le monde.

11 Journaliste : Ils sont en train de partir dans des autobus. Ils vont vers

12 un centre de rassemblement vers Sid. A partir de Sid, cela dépendra de leur

13 choix tout comme la veille, ou alors, sinon ils peuvent rester dans leurs

14 foyers s'ils ont encore un toit sur leurs têtes. Ce qui n'est pas le cas

15 pour l'essentiel, soit ils partent des villes de la Serbie ou des villes de

16 la Croatie, cela en fonction de leur choix. D'ailleurs à ce sujet, nous

17 avons essayé de pénétrer dans l'hôpital hier. Notre équipe n'a pas eu le

18 droit d'entrer dans l'enceinte de l'hôpital.

19 Comme nous pouvons le voir, il s'agit essentiellement de femmes et de

20 personnes âgées, parce que tous les autres font l'objet d'un tri, ce qui

21 fait que tous les hommes dont l'âge est compris entre

22 16 et 60 ans font l'objet de ce tri, parce qu'il y a un soupçon qui plane

23 où il pourrait s'agir de gardes déguisés en civil. En fait, ils pourraient

24 être des membres du MUP croate et des autres unités paramilitaires.

25 Justement, pour ce qui est de la direction qui va être empruntée par ce

26 convoi, il y a un charnier avec des corps serbes qui étaient des patients à

27 l'hôpital, qui bénéficiaient d'un traitement médical, et ce sont des gens

28 contre qui des crimes ont été commis.

Page 13647

1 L'évacuation des patients de l'hôpital de Vukovar commence maintenant et

2 est supervisée par la Croix-Rouge ainsi que la Mission européenne. Pour le

3 moment, nous ne savons pas vers quel centre médical ils vont être évacués.

4 Nous ne savons pas s'il s'agit de Sid ou de Sremska Mitrovica, qui sont les

5 villes les plus proches, mais il y aura probablement un tri qui sera

6 effectué également.

7 Nous sommes maintenant à l'intérieur de l'hôpital.

8 Voix non identifiée : [imperceptible]

9 Journaliste : Je vais répéter : il y a quelque 420 personnes malades et

10 gravement blessées dans l'hôpital. Il s'agit des premières prises de

11 l'intérieur de l'hôpital. L'hôpital est extrêmement encombré.

12 Voix non identifiée : Voilà l'hôpital. C'est là où les anesthésies sont

13 faites.

14 Personne en uniforme : Combien d'opérations est-ce qu'il y a eu au cours

15 des derniers mois, je n'en sais rien.

16 Voix non identifiée : Que pensez-vous de toutes ces personnes portant

17 l'uniforme ?

18 Personne en uniforme : C'est tout à fait terrible.

19 Voix non identifiée : Est-ce que vous pensez que tout cela va se terminer

20 aujourd'hui ?

21 Personne en uniforme : Oui, je l'espère vraiment.

22 Journaliste : Il y a véritablement encombrement dans l'hôpital,

23 surpopulation. Il n'y a qu'une salle où les opérations chirurgicales

24 peuvent avoir lieu, et c'est la salle que vous avez vue il y a une minute.

25 Nous devons également dire qu'il y a une minute de cela, les autorités

26 militaires ont demandé à l'hôpital de Vukovar et à la cellule de Crise de

27 Vukovar d'évacuer les civils et les enfants de ce bâtiment. Cela va être

28 supervisé par différentes organisations humanitaires pour que ces civils et

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1 ces enfants puissent quitter la ville. Mais il y a eu un refus très ferme

2 de la part des autorités croates qui refusent d'autoriser cela. Il s'agit

3 là d'une circonstance aggravante --"

4 L'INTERPRÈTE : Les interprètes indiquent qu'ils ne peuvent pas travailler

5 lorsqu'il y a deux voix qui se chevauchent.

6 [voix sur voix]

7 "Journaliste : L'évacuation des malades et des blessés s'est finie dans la

8 soirée. C'est le collègue Grulevic [phon] de VRS News qui m'a dit cela.

9 Voix non identifiée : Il ne faut pas que vous arrêtiez cela. Il faut que

10 les femmes sortent.

11 Journaliste : A l'hôpital de Vukovar, pendant ces événements affreux, la

12 maternité fonctionnait. L'homme en blouse blanche est un journaliste de la

13 BBC. Dans de telles situations, les journalistes aussi sont émus par ce qui

14 se passe autour d'eux, et ils aident les civils. Maintenant ce qui se passe

15 se passe devant l'hôpital."

16 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

17 M. LUKIC : [interprétation] Il ne faut pas continuer à visionner cela,

18 parce qu'on peut peut-être visionner cela lors de l'évaluation des moyens

19 de preuve. Je proposerais que cette vidéo soit versée au dossier. Le compte

20 rendu, éventuellement, l'interprétation a été faite dans le compte rendu.

21 Il vaut mieux peut-être attendre à ce que le compte rendu arrive des

22 services de traduction ou bien il faut verser cela au dossier ainsi,

23 c'est-à-dire, avec l'interprétation qui a été faite parallèlement avec la

24 vidéo.

25 M. MOORE : [interprétation] Est-ce que --

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Moore.

27 M. MOORE : [interprétation] J'aimerais soulever une objection en ce moment.

28 Mon estimé collègue a dit qu'il demanderait pour que cela soit versé au

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1 dossier, avec un numéro d'identification pour la traduction.

2 Le deuxième chose : peut-être que c'est de notre faute, mais nous ne

3 pouvons pas trouver cela dans nos documents. Peut-être que notre éminent

4 collègue nous aidera à vérifier cela pendant la pause déjeuner.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, est-ce que vous pourriez

6 vous occuper de cela après la pause en espérant que vous allez résoudre

7 cela pendant la pause.

8 Nous allons faire une pause maintenant et nous allons poursuivre à 12

9 heures 45.

10 --- L'audience est suspendue à 12 heures 25.

11 --- L'audience est reprise à 12 heures 48.

12

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, vous pouvez poursuivre

14 votre interrogatoire principal.

15 M. LUKIC : [interprétation] Avant la pause, avec les représentants de

16 l'Accusation, on a échangé des informations. On a communiqué à l'Accusation

17 la liste de nos documents, à savoir documents et moyens de preuve

18 conformément à l'article 65 ter que nous avons utilisés lors de

19 l'interrogatoire principal de

20 M. Sljivancanin. Il y a quatre vidéos. Ce sont des numéros conformément à

21 la liste 65 ter de l'Accusation et des moyens de preuve de l'Accusation. La

22 vidéo qu'on vient de voir fait partie de la documentation vidéo ainsi que

23 toutes les autres vidéos. Ce sont des vidéos de l'Accusation. Je ne peux

24 pas voir si ce numéro a été communiqué dans notre lettre à l'Accusation. En

25 tout cas, le document dont il est question est connu par l'Accusation parce

26 que c'est le document de l'Accusation.

27 Pour ce qui est du compte rendu, j'aimerais attendre que la

28 traduction en anglais soit officielle, soit donc reçue pour pouvoir la

Page 13650

1 verser au dossier et pour lui accorder un numéro d'identification. Ce sont

2 les dernières six minutes et demie de la vidéo, la vidéo à laquelle j'ai

3 donné le numéro. Ce film dont cette vidéo fait partie dure à peu près deux

4 heures et demie.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La vidéo sera versée au dossier

6 en tant que pièce à conviction, et le compte rendu obtiendra un numéro aux

7 fins d'identification.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, la vidéo

9 deviendra la pièce à conviction portant la cote 837, et le compte rendu, ou

10 la transcription plutôt de la vidéo deviendra

11 MFI 838.

12 M. LUKIC : [interprétation]

13 Q. Monsieur Sljivancanin, il ne faut pas que je vous suggère cela,

14 mais quand même, pendant cette vidéo on a pu voir un homme en blanc, tout à

15 fait. Il y avait un commentaire émis par le journaliste par rapport à cela.

16 Est-ce que vous avez eu des contacts avec cet homme-là ? Dites-nous ce qui

17 s'est passé à l'hôpital lors de l'évacuation des blessés pendant qu'ils

18 étaient toujours là ?

19 R. Cet homme en blanc je le connais très bien. S'il suit tout ce qui

20 se passe aujourd'hui en tant que journaliste, si cela l'intéresse, je le

21 salue, parce que je pense qu'il était correct et je pense qu'il peut

22 toujours continuer à travailler de façon correcte. Il s'appelle Martin

23 Bell. Il est journaliste anglais.

24 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous vous êtes entretenus, et si oui,

25 quel était le sujet de votre entretien ?

26 R. Ce jour-là nous nous sommes entretenus à l'hôpital, parce que le

27 monsieur en question est venu me voir. Il m'a dit que

28 M. Borsinger a tenu une conférence de presse à proximité de l'hôpital et il

Page 13651

1 a attaqué violemment les membres de la JNA lors de cette conférence de

2 presse. M. Bell m'a dit : "Je suis ici témoin oculaire, presque à partir du

3 premier jour, des événements survenus à Vukovar et en particulier des

4 événements survenus ce matin-là. Je vois que la JNA a fait tout ce qu'il

5 faut faire et je suis désolé pour savoir qu'un tel entretien va être

6 diffusé au monde entier. Je propose que cet entretien soit donc -- qu'on

7 émette des [imperceptible] et que je vous organise une conférence de

8 presse. Je ne sais pas ce que

9 M. Borsinger a dit à cette conférence de presse. Il a dit que je regarde et

10 que j'entende ce que M. Borsinger a dit en utilisant une petite caméra.

11 J'ai dit qu'il attende un peu, parce que je dois consulter mes supérieurs

12 hiérarchiques.

13 Si je me souviens bien, je suis allé vois le colonel Pavkovic et

14 peut-être voir un officier de liaison. Peut-être qu'il s'appelait

15 Mimisevic. Il était colonel aussi. Je leur ai dit ce que M. Martin Bell m'a

16 dit. J'ai demandé à Pavkovic à ce qu'il voie si, lui-même, il pourrait

17 organiser cet entretien. Pavkovic m'a dit la chose suivante : "Vous étiez

18 ici pendant toute la matinée. Vous connaissez la situation et les

19 journalistes. Il faut que vous vous occupiez de cela, le démenti de cet

20 entretien."

21 J'ai retrouvé M. Bell par la suite. Les interprètes étaient venus.

22 Pendant une demi-heure et même plus, j'écoutais l'entretien fait pour M.

23 Borsinger. Dans cet entretien, il y avait beaucoup de non-vérités. Martin

24 Bell a organisé la conférence de presse près de l'hôpital. Un grand nombre

25 de journalistes étaient venus. A cette occasion-là, j'ai fait une courte

26 déclaration aux journalistes. L'officier de liaison était le colonel

27 Memisevic.

28 Q. Il ne faut pas que je vous pose des questions concernant ce que

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1 vous avez dit à cette occasion-là.

2 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais qu'on regarde maintenant la

3 vidéo V0003250. C'est la vidéo de l'Accusation. Nous avons la transcription

4 en B/C/S qu'on a distribuée aux interprètes. C'est 3D060019. J'espère que

5 les interprètes pourront nous aider pour interpréter cela.

6 [Diffusion de la cassette vidéo]

7 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

8 "Il faut qu'on évite que nos jeunes soldats périssent. Messieurs les

9 journalistes, ici, c'est l'armée populaire yougoslave. Je suis fier d'être

10 à la tête de tels soldats et de tels officiers. Jusqu'à présent, la guerre

11 a été imposée à cette armée ainsi que de gros problèmes qui sont créés par

12 ceux qui n'aiment pas l'armée. Nous luttons pour aider tous les hommes et

13 tous les citoyens de ce pays. Je pense que vous étiez témoins dans la ville

14 de Vukovar au moment où nous étions en train de sortir et de sauver des

15 blessés, mais en même temps la population civile des caves et des tunnels,

16 de tous les endroits où les formations Oustachi les tenaient. Vous avez vu

17 à la fin, quand nous avons finalement pris Vukovar, à aucun moment, aucun

18 soldat, aucun supérieur n'a essayé de braquer son arme ou n'importe quel

19 autre objet sur des civils ou de se venger des civils, des civils qu'on a

20 arrêtés ici, même s'il s'agissait de quelqu'un qui appartenait à l'autre

21 partie en tant que membre des formations oustachi. Ce qui me réjouit en

22 particulier, je suis fier, parce que nous nous comportons de façon digne et

23 intègre.

24 Deuxièmement, Messieurs, nous avons fait des efforts pour montrer à tous

25 les journalistes, à toutes les organisations internationales et à tout

26 homme, tout ce qui se passe dans cette ville-là. Nulle part nous n'avons

27 empêcher qui que ce soit de voir ce que les unités de la JNA font. Et même

28 aujourd'hui nous n'empêchons personne pour ce qui est de l'évacuation de

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1 cet hôpital.

2 Même s'il y avait eu des gens appartenant aux organisations

3 internationales, qui voulaient tenir des réunions à huis clos et qui n'ont

4 pas permis aux journalistes de filmer ces réunions et des propos qu'ils ont

5 dit. Alors, je vous ai dit que vous pouviez enregistrer tout parce qu'ici

6 nous ne faisons rien en catimini. Nous ne faisons que ce que tout notre

7 peuple veut et nous travaillons sur le salut de tous nos hommes et de tous

8 les citoyens intègres.

9 Certains des membres de la Croix-Rouge internationale viennent à

10 Vukovar et, pour la plupart d'entre eux, il s'agissait de ceux qui avaient

11 l'air de se promener pour pouvoir contrôler les unités de la JNA. Je leur

12 ai demandé s'ils s'intéressaient à savoir dans quel état se trouvaient les

13 blessés, les malades et les jeunes soldats de mon armée. Jamais ils n'ont

14 montré un tel intérêt, mais plutôt ils sont accourus pour venir ici, même

15 si c'est nous qui nous occupons de ces blessés. A aucun moment ils n'ont

16 pas aidé l'armée par le biais de l'organisation de la Croix-Rouge pour

17 organiser une évacuation ou pour acheminer une aide en médicaments, en

18 nourriture ou en vêtements. Nous avons dû tout faire tout seul, s'occuper

19 de 10 000 citoyens de Vukovar. Ils se sont constamment présentés comme

20 étant une organisation humanitaire et comme étant neutres. Mais s'ils sont

21 neutres ou s'ils représentent une organisation humanitaire, alors ils ne

22 doivent pas choisir qui aider, mais plutôt ils doivent aider le peuple de

23 Vukovar, donc leur propre peuple de Vukovar, indépendamment du fait à quel

24 groupe ethnique ils appartiennent.

25 J'ai dit ce matin à un monsieur que je suis ici dans ma patrie, dans

26 mon pays, je suis ici commandant, et que je respecterais et reconnaîtrais

27 les lois de son pays au moment où je me trouverais dans son pays. Je les ai

28 accueillis comme il le fallait. J'ai fait de mon mieux. Nous leur avons

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1 assuré le carburant, la nourriture et le logement et nous les avons emmenés

2 où ils ont voulu aller. Ces messieurs ne comprennent pas qu'ici il y a la

3 guerre et que la vie de chacun de mes soldats m'importe beaucoup

4 [incompréhensible].

5 Voix non identifiée : [incompréhensible]

6 Sljivancanin : [incompréhensible] Ils devaient le faire,

7 indépendamment du fait de quel côté ils se trouvaient, et aucun médecin

8 honnête et aucun membre du personnel médical n'a rien à craindre parce que

9 pour -- oui, s'il vous plaît.

10 Voix non identifiée : Il y a eu des malentendus ce matin pour ce qui

11 est de l'organisation de la Croix-Rouge. Est-ce que cela a été résolu ?

12 Commentateur : La question d'un collègue de SkyNews.

13 Sljivancanin : Il n'y avait aucun malentendu de notre côté, aucun.

14 S'il vous plaît, Messieurs, aucun malentendu de notre côté. Encore une

15 fois, je souligne qu'ici nous sommes dans la zone d'actions de combat, et

16 qu'on mène la guerre ici, et qu'il faut respecter les conditions de tons et

17 certaines mesures entreprises par les unités de la JNA. Vous pouvez

18 entendre à ce moment-là qu'il y a des tirs. Donc, il faut qu'on s'occupe de

19 la sécurité de chaque homme, de chaque organisation qui vient ici, et il

20 faut qu'on soit patients parce qu'on n'est pas en temps de paix, il ne

21 s'agit pas d'une vie normale ici, mais plutôt il s'agit de …

22 [incompréhensible]

23 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

24 M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président, ceci constitue une

25 partie de l'interview accordée par M. Sljivancanin, et cela fait partie des

26 pièces à conviction. C'est la pièce 138 qui a été versée à l'occasion du

27 témoignage de M. van Lynden. Je voudrais que l'enregistrement vidéo soit

28 versé en entier, parce que la fois précédente, cela a été fait sous forme

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1 d'extraits. Et nous voudrions que la transcription officielle soit prise et

2 versée au dossier ultérieurement en guise de pièce à conviction également.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La vidéo sera versée au dossier.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 839,

5 Monsieur le Président.

6 M. LUKIC : [interprétation]

7 Q. Monsieur Sljivancanin, où se trouvait M. Borsinger ? L'avez-vous vu

8 pendant que vous vous trouviez à l'hôpital ?

9 R. Vraiment, je ne sais pas --

10 M. MOORE : [interprétation] Je m'excuse, mais avant que de poursuivre, que

11 va-t-il advenir de la transcription ?

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, j'attendais une

13 réponse s'agissant de cette question. Cela doit être confirmé.

14 M. MOORE : [interprétation] Je m'en excuse.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je voudrais que cette transcription

16 fasse l'objet de l'octroi d'une cote à des fins d'identification, qui sera

17 le numéro 840.

18 M. LUKIC : [interprétation] Je dirais que la transcription en B/C/S est le

19 3D060019, et j'aimerais qu'on lui accorde une cote à des fins

20 d'identification.

21 M. LE GREFFIER : [interprétation] A des fins d'identification, la cote sera

22 840.

23 M. LUKIC : [interprétation]

24 Q. Je vous ai demandé si vous aviez vu M. Borsinger et si vous lui aviez

25 interdit d'entrer dans l'hôpital.

26 R. Je vous ai déjà dit que je ne lui ai jamais interdit la chose ni à lui

27 ni à qui que ce soit d'autre. Après mon interview qui, quelque part, selon

28 moi, s'est tenue vers 1 heure, peut-être même vers 2 heures de la journée,

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1 je n'ai pas pour ma part rencontré

2 M. Borsinger. Je ne l'ai rencontré que le 21 au soir.

3 Q. Nous allons en parler un peu plus tard. Mais je suppose que cela s'est

4 passé à Negoslavci cela ?

5 R. Oui.

6 Q. Veuillez nous décrire brièvement ce que vous avez mentionné tout à

7 l'heure, quand est-ce que ces gens qui ont été emmenés, acheminés par

8 autocars jusqu'à la caserne, qui est-ce qui les a amenés et qu'est-ce qui

9 s'est passé ensuite ?

10 R. Selon la liste que j'ai envoyé vers la caserne, d'après mes souvenirs à

11 présent, je pense que sur la liste il devait y avoir entre 20 et 24

12 personnes. C'est la liste que m'ont remise les dames de l'hôpital. C'était

13 une feuille de papier ordinaire et c'est elles qui ont inscrit ces noms de

14 leurs mains.

15 Ils ont été acheminés là-bas en autocar par le commandant Ljubisa

16 Vukasinovic. Cela s'est passé après l'arrivée de tous ces gens-là à

17 l'hôpital, donc peut-être vers 11 heures, ou plutôt vers midi. En arrivant,

18 le commandant m'a dit : "Mon commandant, j'ai eu des problèmes dans la

19 caserne, parce que les membres de la Défense territoriale pensent que vous

20 laissez partir librement les pires des Oustachi. Ils pensent que vous

21 l'avez fait la nuit passée et à Mitnica également. Ils sont venus à

22 proximité de la caserne et ils ont essayé de malmener les gens que j'avais

23 fait sortir pour les ramener à l'hôpital comme vous m'aviez dit de le

24 faire. Aussi, vous demanderais-je de ne plus m'envoyer accomplir ce type de

25 missions." C'est à peu près le rapport qu'il m'a fait.

26 Je lui ai demandé : "Est-ce que tu as ramené les gens qui étaient sur

27 la liste ?" Il m'a dit que oui. Je lui ai demandé si dans la caserne il y

28 avait le lieutenant-colonel Miodrag Panic. Il m'a dit qu'il s'y trouvait.

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1 Je lui ai demandé si le lieutenant-colonel Lukic s'y trouvait. Il m'a dit

2 que oui. Il m'a dit aussi qu'il y avait la compagnie de la police militaire

3 commandée par le capitaine Predojevic. Il m'a indiqué que les autocars

4 étaient en toute sécurité.

5 A ce moment-là, il est arrivé un groupe de ces membres de la TO qui

6 ont été amenés par Miroljub Vujevic. Il y a eu un petit incident de survenu

7 là. Ils m'ont transmis leur indignation pour ce qui est de vouloir ramener

8 les gens que j'ai fait monter à bord de l'autocar. Vukasinovic s'est

9 adressé à l'égard de l'un d'entre eux de façon assez brutale. J'ai réagi

10 aussi mais les choses se sont calmées.

11 J'ai prévenu M. Vujevic, parce que je savais que c'était l'un des

12 commandants de la Défense territoriale. Je lui ai dit de prévenir ses

13 hommes de ne pas se comporter vis-à-vis de moi de façon aussi peu

14 militaire. Il devrait dire ce qu'ils voulaient. Il disait que c'était des

15 membres de formations paramilitaires, ils savaient quel type de crimes ont

16 été commis par ces gens-là. J'ai dit : "Si tu le sais, tu nous le diras. On

17 verra ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai."

18 J'ai ensuite contacté des médecins de l'hôpital de Vukovar. J'ai

19 également contacté des membres de la police militaire. Il y avait aussi M.

20 Vujevic de présent. J'ai demandé à ce que ce groupe de gens descende de

21 l'autocar. Je les ai appelés un par un en lisant leurs noms sur la liste.

22 J'ai demandé à Vujevic ce qu'il avait à me dire au sujet de chacun d'entre

23 eux pour ce qui est des choses qu'ils avaient faites. Tous ceux qui

24 n'avaient pas porté d'armes ou n'avaient pas ouvert le feu, je n'ai pas

25 considéré qu'ils avaient commis quelque tort que ce soit ou des délits

26 quelconques. J'ai relâché ces 20 hommes avec leurs familles mis à part les

27 quatre hommes en question.

28 Je me souviens qu'ils avaient admis eux-mêmes avoir tué des gens au

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1 niveau de la station d'essence à Vukovar. Ils ont même dit lesquels. J'ai

2 dit à leurs familles ainsi qu'à eux-mêmes qu'ils devaient aller en prison

3 pour y être interrogés.

4 Q. Bien.

5 R. J'ai demandé au commandant Vukasinovic de prendre ces quatre-là pour

6 les emmener vers le groupe des personnes suspectées d'avoir fait quoi que

7 ce soit. J'ai laissé partir les autres. C'est ainsi que la chose s'est

8 terminée.

9 Q. Nous avons ici des pièces à conviction, la 331 et la 333, que nous

10 allons placer sur les écrans. Il s'agit du convoi avec les personnes

11 blessées qui ont quitté l'hôpital vers 14 heures 30. Je vais vous demander

12 la chose suivante : étiez-vous là-bas lorsque le convoi a quitté

13 l'hôpital ? Est-ce que cela correspond à ce dont vous vous souvenez ?

14 R. J'étais là-bas lorsque le convoi est parti et je crois que l'heure est

15 bonne.

16 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la déposition de Mara Irene devant ce

17 Tribunal ? Vous avez, semble-t-il, demandé au personnel médical de rester à

18 travailler à l'hôpital.

19 R. A plusieurs reprises, suite à l'intervention du Dr Ivezic et d'autres

20 docteurs qui étaient là-bas, j'ai prié des médecins de rester et de

21 continuer à travailler à l'hôpital. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas

22 voulu le faire. Ils sont partis.

23 Q. Quelques questions encore et j'aimerais que vous répondiez brièvement.

24 Ce jour-là, lorsque ces autocars se trouvaient dans la caserne, à

25 quelque moment que ce soit êtes-vous allé jusqu'à la caserne et êtes-vous

26 entré dans la caserne de Vukovar ?

27 R. Ce jour-là, je ne suis jamais entré dans la caserne de Vukovar jusque

28 tard dans la soirée. Il faisait déjà nuit lorsque je suis arrivé au portail

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1 de la caserne le soir du 20.

2 Q. Etes-vous allé à quelque moment que ce soit à Velepromet pendant ce

3 jour-là ?

4 R. Ce jour-là, non. Pas du tout.

5 Q. Ce jour-là, dans la journée ou dans la nuit, êtes-vous allé à quelque

6 moment que ce soit à Ovcara ?

7 R. Ni le jour ni le soir je ne suis allé à Ovcara ce jour-là. Je veux dire

8 le 20 novembre 1991.

9 Q. Vous nous avez dit tout à l'heure au sujet de la caserne de Vukovar qui

10 était le commandant de la caserne. Veuillez nous dire de quelle zone de

11 responsabilité cette caserne-là faisait-elle partie à la date du 20

12 novembre ?

13 R. D'après ce que j'en sais - mais je préférerais que l'on s'en tienne à

14 ce que disent les documents. Il se peut que je me trompe. Le commandant de

15 la caserne et de la garnison c'était le lieutenant-colonel Lukic. Ici, j'ai

16 vu un ordre qui a été présenté aux Juges du Tribunal, qui est daté du 18

17 novembre ou d'un peu avant, et qui dit que c'est le commandant Adem Bajic

18 qui est nommé aux fonctions de commandant de la caserne. C'était l'un des

19 deux. Maintenant, de vous dire qui au juste; j'ai du mal.

20 Q. D'après vous, à qui appartenaient les forces de sécurité de la caserne

21 à Vukovar ? De quoi étaient constitués ces effectifs de sécurité ?

22 R. Selon les règlements régissant la sécurité, c'est le commandant de la

23 caserne qui commande les effectifs de sécurité. Cela était constitué

24 notamment par les effectifs qui ont été désignés pour assurer les services

25 de sécurité.

26 Q. Selon les témoignages qu'ils nous a été donnés d'entendre devant ce

27 Tribunal de la bouche de bon nombre de témoins, l'heure à laquelle ces

28 autocars ont quitté la caserne varie entre 13 heures 30 et 14 heures 30. Je

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1 vais vous poser une question concernant un point qui figure à l'acte

2 d'accusation, toujours sur le même sujet.

3 Est-ce que vous avez surveillé l'emprisonnement des détenus dans la

4 caserne pendant deux heures lorsque les membres de la TO les menaçaient et

5 les exposaient à des provocations psychologiques ?

6 R. Cela est inexact. Ce jour-là je n'étais pas à la caserne. Il y a des

7 enregistrements vidéo précis concernant les sites sur lesquels je me suis

8 trouvé.

9 Q. Un autre point, Monsieur Sljivancanin. Pendant le tri qui a été

10 effectué, pendant les fouilles et pendant l'acheminement des différentes

11 personnes, auriez-vous vu dans l'hôpital ou dans l'enceinte de l'hôpital

12 des volontaires, des membres de la TO ?

13 R. Je n'ai vraiment pas du tout remarqué cela. Je ne l'ai pas vu.

14 Q. Nous avons entendu devant ce Tribunal des éléments de preuve disant

15 qu'il s'est tenu à l'époque une session du gouvernement de la SAO de la

16 Baranja, Slavonie orientale et Srem occidental. Je vais vous demander si

17 vous avez été à quelque moment que ce soit présent à cette réunion.

18 R. A aucun moment je n'ai été présent lors de cette réunion.

19 Q. Je me propose maintenant de vous demander quand est-ce que vous avez

20 entendu dire et de la bouche de qui, qu'il y avait une réunion du

21 gouvernement ?

22 R. Pour la première fois, s'agissant de cette réunion du gouvernement,

23 j'en ai entendu parler le 20 au soir lorsque je suis revenu dans mon

24 bâtiment à Negoslavci. Je l'ai appris de la bouche de Srecko Borisavljevic

25 et de la bouche du colonel Miroslav Mrksic.

26 Q. Entre le départ des autocars et votre retour à Negoslavci - vous allez

27 à peu près nous y donner l'heure - dites-nous aussi ce que vous avez fait ?

28 R. Après le départ des autocars je suis allé jusqu'à l'abri que je vous ai

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1 déjà décrit, à proximité de l'hôpital, où l'on avait procédé au déminage et

2 j'ai inspecté l'abri entier. Il y avait là-bas mon chargé de la sécurité,

3 le capitaine Karanfilov. J'ai donné l'ordre de récupérer le matériel qui se

4 trouvait dans l'abri, comme l'administration chargée de la sécurité me

5 l'avait demandé. Une fois tout ceci récupéré, il s'agissait de le faire

6 porter à l'administration chargée de la sécurité à Belgrade. Je pense que

7 tout de suite après il s'en est allé. Je sais qu'il a emporté cela. Je sais

8 que ce matériel, ces équipements sont arrivés à l'administration chargée de

9 la sécurité.

10 Il commençait à déjà faire nuit lorsque je suis revenu de cet abri. Je suis

11 allé voir le Dr Ivezic à l'hôpital parce qu'il restait encore des blessés

12 dans l'hôpital. Nous avons convenu de préparer le reste pour l'évacuation

13 du lendemain.

14 Le personnel de l'hôpital a exprimé le souhait de prendre un café avec moi.

15 Je suis resté avec eux certainement pendant une heure, peut-être même plus.

16 On a pris un café et ils m'ont raconté tout ce qu'ils ont vécu pendant leur

17 séjour à l'hôpital.

18 Q. Où êtes-vous allé après ?

19 R. Après, je suis parti à bord de mon véhicule jusqu'au poste de

20 commandement, c'est-à-dire jusqu'à Negoslavci. En passant à côté de la

21 caserne, je me suis arrêté au portail de la caserne. J'ai rencontré le

22 capitaine Mladen Predojevic, qui était le chef de la compagnie de la police

23 militaire. Je ne peux pas être certain de la présence de quelqu'un d'autre.

24 Lui était là. Il se peut qu'il y ait eu d'autres officiers, mais maintenant

25 il m'est difficile d'être plus précis.

26 Predojevic m'a dit ce qui suit : il m'a dit que tout ce qu'il y avait dans

27 la caserne avait été évacué conformément au planning, et que les soldats

28 étaient en train de se reposer. Sa compagnie était chargée d'assurer la

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1 sécurité. Il n'y avait plus personne mis à part les soldats. C'était la

2 toute première nuit, au bout de ces nuits blanches si nombreuses, qu'ils

3 pouvaient se reposer.

4 Je lui ai dit de veiller à la sécurité. Je lui ai raconté la mort des

5 trois soldats la nuit passée et j'ai continué mon chemin en direction de

6 Negoslavci.

7 En passant à côté de Velepromet, il se peut que je me sois arrêté.

8 Vraiment j'ai du mal à être plus précis. Au cas où je me serais arrêté là-

9 bas, les choses étaient calmes. Je ne me suis pas attardé.

10 Je suis arrivé jusqu'à mon bâtiment au village de Negoslavci.

11 Q. Qui y avez-vous trouvé ?

12 R. J'ai trouvé Srecko Borisavljevic. Lorsque j'étais chez Predojevic,

13 c'était lui que j'avais demandé dans la caserne et l'autre m'a dit que

14 celui-ci était parti à Negoslavci chez moi. J'ai contacté le commandant

15 Vukasinovic. Le commandant Vukasinovic m'a dit ce qui suit : une fois qu'il

16 a ramené les gens de l'hôpital et qu'il est arrivé à la caserne, pour la

17 dernière fois Predojevic lui avait transmis un ordre du commandant disant

18 que ces gens-là devaient aller à Ovcara et qu'il avait emmené ces gens à

19 Ovcara. J'en ai été surpris.

20 Là-bas, il a trouvé d'autres personnes qui se trouvaient auparavant dans la

21 caserne et qui étaient des membres de la TO. Il y avait Miroljub Vujevic

22 parmi eux. Ils se sont comportés, comment dirais-je, de façon brutale. Il a

23 prévenu Miroljub de la nécessité de ne pas se comporter ainsi et il aurait

24 rétabli l'ordre. Tous ces gens-là auraient été placés dans un hangar et la

25 sécurité de ces gens aurait été prise en charge par la police militaire de

26 la 80e Brigade motorisée. Il a également indiqué que le lieutenant-colonel

27 Panic, le chef d'état-major de cette brigade, était là-bas.

28 Suite à cela, il est revenu au poste de commandement et il en a informé le

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1 colonel Mrksic. M. Mrksic ne lui a rien dit. Après cela, voilà ce que m'a

2 dit Srecko Borisavljevic : qu'il y avait eu une réunion gouvernementale à

3 Velepromet. Il s'agissait de la SAO de la Baranja occidentale et du Srem.

4 Lorsqu'ils sont arrivés pour cette réunion, Srecko s'est opposé à cela. Il

5 a refusé de leur autoriser l'accès à l'intérieur de Velepromet. A la suite

6 de quoi le lieutenant-colonel Matko Petrovic est arrivé. Il travaillait

7 pour l'organe chargé d'orientation morale. Il lui a transmis l'ordre et

8 l'approbation suivant lesquels le colonel Mrksic avait autorisé ladite

9 réunion à Velepromet.

10 Srecko a dit qu'il n'avait pas d'autre rôle à jouer. Il savait que le

11 colonel Bogdan Vujic avait participé à la réunion. Par la suite, Bogdan

12 Vujic lui a dit que lors de la réunion gouvernementale, une décision avait

13 été prise pour que les suspects qui avaient été emmenés de l'hôpital à la

14 caserne soient maintenant donnés au gouvernement de la Slavonie occidentale

15 et du Srem pour qu'ils puissent être échangés contre des Serbes qui avaient

16 été capturés. Srecko lui a demandé qui avait pris cette décision.

17 Apparemment,

18 M. Vujic lui a dit : "Ceux qui ont le pouvoir." Voilà ce que m'ont relaté

19 mes deux adjoints pour la sécurité lorsque je suis arrivé à Negoslavci.

20 Q. Est-ce qu'il a dit quoi que ce soit à propos de la soirée précédente à

21 Velepromet ?

22 R. Oui. Il m'en a parlé également. Il m'a dit que la soirée précédente, il

23 y avait un tri qui avait été effectué et que le colonel Vujic dirigeait

24 l'opération pendant qu'il aidait. A un moment donné, il y a un membre de la

25 Défense territoriale en état d'ébriété qui est arrivé. Il avait mentionné

26 son nom d'ailleurs, mais il m'est difficile de me souvenir de ce nom

27 maintenant. Cet homme a été congédié de cet endroit, mais il était tout à

28 fait possible que davantage de personnes dans cet état arrivent à

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1 Velepromet.

2 Alors j'ai dit à Srecko qu'il devrait repartir à la caserne, ce soir-

3 là, et qu'il devrait en parler au commandant de la caserne, qu'il devrait

4 parler de ceci et qu'il devrait également lui dire, ainsi qu'au commandant

5 de la police militaire, que j'avais dit que si cet homme venait à

6 réapparaître à nouveau, il devrait l'arrêter. Il faudrait également qu'il

7 vérifie si, à Velepromet, il y avait d'autres personnes qui ne se

8 comportaient pas en bonne et due forme, et le cas échéant, il devrait

9 demander au commandant que ces personnes passent la nuit à la caserne pour

10 éviter qu'il y ait davantage de sévices.

11 Le lendemain, Srecko m'a dit qu'il avait fait ce que je lui avais

12 demandé de faire, qu'il avait parlé au commandant de la caserne et qu'il

13 avait appris que cet homme venait d'un détachement qui était placé sous le

14 commandement de Milan Lancuzanin et que Milan l'avait déjà justement

15 renvoyé de la zone des opérations de combat le même jour. Cet homme était

16 un volontaire, par conséquent, il n'avait pas la possibilité de l'arrêter.

17 C'était probablement pour cela qu'il l'avait renvoyé parce que nous étions

18 sur le point d'arrêter cet homme.

19 Q. Est-ce que vous êtes allé voir le colonel Mrksic ?

20 R. Après avoir rencontré cet officier, je suis allé au poste de

21 commandement et je me suis présenté au rapport devant le colonel Mrksic.

22 Pour autant que je m'en souvienne, étaient présents le colonel Mrksic, le

23 lieutenant-colonel Panic. Je pense que l'un des officiers des opérations

24 était présent également. Il y en avait un qui était assis à la table des

25 standards téléphoniques, et je leur ai relaté ce qui s'était passé à

26 l'hôpital. Le commandant a dit qu'il avait déjà été informé par le colonel

27 Pavkovic et qu'ils étaient en contact tout le temps. Nous n'en avons pas

28 beaucoup parlé de ceci. Pour autant que mes souvenirs sont exacts, voilà ce

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1 qu'il m'a dit : "Nous avons terminé notre mission. La Brigade des Gardes va

2 se retirer pour pouvoir prendre un peu de repos. C'est la 80e Brigade

3 motorisée ainsi que le détachement de la Défense territoriale de Vukovar

4 qui vont maintenant assurer le contrôle de cette zone. Aujourd'hui, une

5 réunion gouvernementale a eu lieu. Il s'agissait du gouvernement de la

6 Slavonie et du Srem occidental. Ils sont réunis à Velepromet. Ils vont

7 commencer à instaurer des pouvoirs civils. Ils vont s'occuper d'un groupe

8 de suspects de l'hôpital, qui a été conduit à la caserne pour pouvoir faire

9 l'objet d'échange ultérieurement contre des Serbes capturés."

10 Puis, il a également dit qu'il allait se rendre à une réunion à Belgrade, à

11 une réunion avec le secrétaire fédéral, et qu'après cette réunion, il

12 prendrait d'autres décisions pour la brigade. Il m'a dit que le lendemain

13 il allait y avoir une conférence de presse organisée à la caserne de

14 Vukovar, le lendemain étant le 21 novembre 1991, et que le lieutenant-

15 colonel Panic supervisera cela. Il m'a dit que le lendemain matin, dès mon

16 réveil, je devrais aller aider le lieutenant-colonel Panic pour bien

17 m'assurer que tout se passe sans encombre. Il a également dit que le

18 général Vasiljevic avait demandé que je prenne contact avec lui aussi

19 rapidement que possible. C'est ainsi que la conversation s'est terminée.

20 Q. Qu'avez-vous fait alors ?

21 R. J'ai immédiatement utilisé les services de la salle des communications

22 et transmissions pour parler au général Vasiljevic du département de la

23 sécurité. Je dois dire que cela fait plusieurs jours que j'essaie vainement

24 d'ailleurs de me souvenir s'il s'agissait de Vasiljevic à qui j'ai parlé ou

25 d'un colonel, qui était de permanence à l'administration de la sécurité. Il

26 s'appelait Radojevic. Toujours est-il qu'il m'a dit pourquoi est-ce que

27 Vasiljevic avait demandé à me parler. Il voulait me voir. Il m'a dit que le

28 général avait donné un ordre et que le premier soir, lorsqu'il était venu

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1 me voir, il voulait que je rassemble tous les documents que j'avais pris à

2 Marin Vidic et à d'autres membres du ZNG, et que je devais utiliser la

3 cache utilisée par le commandant du ZNG et que je devais envoyer tout cela

4 immédiatement à l'administration de la sécurité.

5 Je lui ai dit que les documents étaient déjà en route vers Belgrade et

6 qu'il allait les recevoir soit la même nuit ou alors le lendemain matin.

7 C'est ainsi que s'est terminée cette conversation. Puis, je suis reparti

8 vers le bâtiment où j'avais été cantonné.

9 Q. Qu'avez-vous fait après ce soir-là ?

10 R. Alors que je me déplaçais vers ce bâtiment, j'ai rencontré un des

11 officiers, Zvorcan, peut-être, ou d'autres officiers. C'était l'heure du

12 bulletin d'information de la télévision et quelqu'un m'avait dit que l'on

13 avait annoncé qu'il allait y avoir un reportage sur Vukovar pour voir ce

14 qui s'était passé ce jour-là. Ils m'ont également dit qu'on allait me voir

15 aux nouvelles. C'était après les nouvelles, le journal télévisé, mais il

16 avait été dit pendant le journal télévisé que cela allait avait été annoncé

17 pendant le journal télévisé.

18 C'est là qu'il a eu l'idée que nous allions voir l'émission ensemble. Je

19 suis allé dans cette maison, mais il n'y avait pas de télévision. Il y

20 avait un poste de télévision au poste de commandement du colonel Mrksic, au

21 centre de presse, mais si vous utilisiez le générateur ou dès qu'il y avait

22 l'électricité, vous pouviez voir la télévision.

23 Ce soir-là, nous avons pu voir la télévision et j'ai regardé tout ce

24 qui a été montré sur Vukovar ce soir-là. Je pense que cela a duré jusqu'à

25 environ 23 heures. J'ai vu également d'ailleurs la séquence que nous venons

26 de voir; premièrement, je pars avec Borsinger sur le pont, ensuite il y a

27 la toute dernière séquence qui a été montrée. Il s'agissait de la séquence

28 qui avait été prise lors de la conférence de presse organisée par Martin

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1 Bell.

2 Q. Monsieur Sljivancanin, je vous ai posé déjà des questions à

3 propos d'Ovcara, mais j'aimerais savoir si vous, personnellement, vous avez

4 envoyé des gens à Ovcara ce soir-là, cette nuit-là ?

5 R. Non, je n'ai envoyé personne à Ovcara ce soir-là ou cette nuit-là.

6 Q. Est-ce que vous savez si les officiers de votre organe de sécurité, à

7 l'exception, bien entendu, de Vukasinovic, puisque vous l'avez déjà décrit,

8 sont allés à Ovcara ce soir-là ?

9 R. Je suis absolument sûr et certain que personne n'y est allé, parce que

10 je savais où se trouvaient tous mes officiers et je le sais toujours. Je

11 peux vous dire que Vukasinovic était à Negoslavci. Il était le commandant

12 de la ville. Srecko Borisavljevic se trouvait dans la caserne. Je lui avais

13 confié certaines choses à faire. Karan se trouvait à Sremska Mitrovica avec

14 le capitaine Bozic et Karanfilov était en train de s'occuper de porter des

15 documents. Il était à Sremska Mitrovica donc, Karan avec le capitaine Bozic

16 où il était question de Marin Vidic et d'autres et de la compagnie.

17 Q. Est-ce que vous avez entendu parler de policiers militaires de la

18 Brigade des Gardes qui auraient été à Ovcara cette nuit-là ?

19 R. Je n'en sais rien mais je n'étais pas en mesure de vérifier la présence

20 des membres de la police militaire. Il appartenait au commandant de la

21 police militaire de le faire. Je n'en sais rien.

22 Q. Je vais vous relire quelque chose qui était indiqué dans l'acte

23 d'accusation. Est-ce que vous avez dit à quelqu'un --

24 R. Premièrement, je dirais que c'est tout à fait stupide de dire cela. Il

25 n'y avait pas de chaîne de commandement qui aurait permis à quiconque

26 d'exécuter un ordre de ce style et je n'étais pas autorisé à ce genre

27 d'ordre. Je n'étais pas autorisé à intervenir dans la zone de

28 responsabilité d'une autre unité.

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1 M. LUKIC : [interprétation] Je m'excuse auprès des interprètes. Je vais

2 répéter la question.

3 Q. La question qui était comme suit : est-ce que vous avez dit à quelqu'un

4 de transmettre l'ordre suivant lequel l'ordre d'Ovcara devrait être

5 annulé ? Vous avez déjà fourni la réponse. Nous pouvons poursuivre.

6 R. Est-ce que je dois répéter ce que j'ai dit ?

7 Q. Je ne pense pas que ce soit nécessaire.

8 Le lendemain, il y a eu la conférence de presse. En quelques mots,

9 s'il vous plaît, j'aimerais savoir, votre réunion avec Borsinger, quelle a

10 été la teneur de la réunion ? De quoi avez-vous parlé ? Quel a été le

11 niveau de la conversation ?

12 R. Le lendemain matin, à 7 heures du matin, le

13 21 novembre 1991, je me suis présenté au rapport devant le colonel Panic et

14 j'ai été envoyé à la caserne de Vukovar. J'étais présent lors de la

15 conférence de presse. Je ne suis pas sûr de l'heure, mais je pense que cela

16 s'est poursuivi jusqu'à midi ou 13 heures.

17 Ensuite, on m'a demandé d'emmener les journalistes dans Vukovar. Je

18 ne sais pas qui s'occupait de tout cela, mais je leur montrer en tout cas

19 Vukovar, les rues, les endroits où nous avions repéré des abris, des

20 bunkers, des casemates, des bâtiments fortifiés, et cetera. Je suis resté

21 avec eux jusqu'au crépuscule. Il y avait d'autres officiers avec nous.

22 A un moment donné, j'ai reçu un message par la radio que j'avais avec

23 moi tout le temps, suivant lequel que certains membres de la Croix-Rouge

24 internationale étaient à ma recherche. Le message venait de Negoslavci.

25 J'ai demandé de qui il s'agissait, qui étaient ces personnes qui étaient à

26 ma recherche. On m'a répondu que

27 M. Borsinger essayait de me trouver. Je leur ai dit qu'ils devraient lui

28 dire que j'étais tout à fait disposé à lui parler et qu'il était tout à

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1 fait possible que nous nous rencontrions mais pas avant

2 19 heures le même soir, et ce, du fait de mes autres engagements. La

3 réponse qui m'a été apportée est qu'il était tout à fait d'accord.

4 Nous nous sommes rencontrés. Nous avons d'ailleurs dîné ensemble le

5 21 novembre 1991, à 19 heures, à Vukovar. Il y avait trois autres personnes

6 de la Croix-Rouge internationale qui l'accompagnaient. Nous avons dîné

7 pendant un peu plus de deux heures et nous avons parlé. L'homme s'est

8 excusé en quelque sorte, parce qu'il m'a dit qu'il ne savait pas qu'il y

9 avait certains de nos soldats qui avaient été tués. Il m'a dit qu'il

10 s'excusait de tout malentendu qui aurait pu surgir entre nous et que nous

11 avions toujours fait preuve de respect dans la façon dont nous les avons

12 traités. J'ai vraiment pris au pied de la lettre ce qu'il m'avait dit

13 d'ailleurs et la réunion s'est terminée ainsi. Nous nous sommes quittés de

14 façon tout à fait cordiale et amicale.

15 M. LUKIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser à

16 propos de Vukovar, mais j'ai quelques questions encore pour le témoin

17 Sljivancanin. Je voulais finir aujourd'hui, mais je n'étais pas en mesure

18 de le faire, parce que je voulais poser quelques questions à propos de ce

19 qui s'était passé après Vukovar pour terminer véritablement mon

20 interrogatoire principal.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons maintenant lever

22 l'audience, Maître Lukic, et nous reprendrons lundi après-midi à 14 heures

23 15.

24 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le lundi 30

25 octobre 2006, à 14 heures 15.

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