Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-96-21-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mardi 2 juin 1998

4 (L'audience est ouverte à 10 heures .)

5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

6 M. le Président (interprétation). - Bonjour Mesdames et

7 Messieurs. Les parties peuvent-elles se présenter ?

8 M. Niemann (interprétation). - Bonjour Madame et

9 Messieurs les Juges. Je suis Me Niemann et je représente l'accusation en

10 présence de Mme McHenry, Me Turone et M. Ruber*.

11 M. le Président (interprétation). - Pour la défense ?

12 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour Madame et

13 Messieurs les Juges. Je m'appelle Edina Residovic. Je représente

14 aujourd'hui M. Zejnil Delalic en compagnie de mon confrère,

15 Eugène O'Sullivan, professeur de droit du Canada.

16 M. Olujic (interprétation). - Bonjour. Je m'appelle

17 Zeljko Olujic. Je représente Zdravko Mucic avec mon confrère,

18 Me Tomislav Kusmanovic, absent ce matin et qui ne nous rejoindra pas à

19 l'audience ce matin.

20 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour, je m'appelle

21 Salih Karabdic, avocat de Sarajevo, et je représente Hazim Delic.

22 Mme McMurrey (interprétation). - Bonjour Madame et

23 Messieurs les Juges. Je m'appelle Cynthia McMurrey et c'est avec

24 Mme Nancy Boler que je représente

25 M. Esad Landzo.

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1 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Je crois

2 que c'est Me Residovic qui présente ses témoins. Quel est le suivant ?

3 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Effectivement, je vais

4 citer à la barre sans tarder le témoin suivant. Ce matin, nous avons

5 fourni aux Juges la liste de nos témoins pour préciser la possibilité de

6 les faire comparaître. Je vous remercierai de nous dire ce que vous pensez

7 de ces propositions, s'agissant des témoins que nous avons l'intention de

8 citer à la barre aujourd'hui. Je vous remercie.

9 M. le Président (interprétation). - Je suppose qu'ils s'ajoutent

10 aux témoins que vous avez déjà cités ?

11 Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi,

12 Monsieur le Président, je n'ai pas entendu votre remarque car je n'avais

13 pas encore branché mes écouteurs. Je n'ai pas entendu l'interprétation.

14 M. le Président (interprétation). - Je vous demandais si cette

15 liste s'ajoute à celle des témoins déjà appelés, qui ont déjà déposé.

16 Mme Residovic (interprétation). - Effectivement, c'est la

17 poursuite de la comparution des témoins qui commence aujourd'hui. Ce sont

18 des témoins qui avaient déjà été prévus dans la liste, mais nous en avons

19 réduit le nombre. Nous avons laissé de côté huit témoins. Ce serait ici

20 notre proposition définitive qui nous permettrait de mettre un terme à la

21 présentation de nos moyens de preuve.

22 M. le Président (interprétation). - Il n'y a rien de négatif

23 dans la présentation des témoins, pour autant bien sûr qu'il n'y ait pas

24 double emploi, répétition de la présentation des éléments de preuve par le

25 biais des témoins que vous avez l'intention de citer à la barre. Vous avez

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1 dit d'entrée de jeu que les témoins qui présenteraient une absence de

2 pertinence évidente du fait qu'ils répéteraient ce qui a déjà été dit, ne

3 seraient pas appelés à la barre.

4 Nous allons examiner cette liste, mais ce sont vos témoins. Vous

5 savez comment procéder à l'interrogatoire de ces témoins et ce que vous

6 devez faire pour éviter ces répétitions.

7 Je vous remercie. Vous pouvez poursuivre, faites prêter serment

8 au témoin.

9 M. Dzelillovic (interprétation). - Je déclare solennellement que

10 je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 M. le Président (interprétation). - Veuillez prendre place,

12 Monsieur.

13 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour Monsieur.

14 M. Dzelillovic (interprétation). - Bonjour.

15 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous décliner votre

16 identité et vous présenter à la Chambre de première instance ?

17 M. Dzelillovic (interprétation). - Je m'appelle

18 Mustafa Dzelillovic.

19 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, avant de

20 commencer à vous poser ces questions au cours de l'interrogatoire

21 principal, j'aimerais attirer votre attention sur une question d'ordre

22 technique. Vous et moi, nous parlons la même langue et il serait dès lors

23 fort simple de répondre à chacune de mes questions sans attendre. Mais

24 vous savez que nous faisons l'objet d'une interprétation afin que

25 les Juges et toutes les parties présentes à l'audience puissent nous

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1 comprendre. Je vous demande donc d'attendre l'interprétation de ma

2 question que vous entendrez par les écouteurs qui se trouvent sur la table

3 avant de répondre à ma question. Lorsque vous aurez entendu

4 l'interprétation, de cette façon vous pourrez répondre à la question.

5 Monsieur Dzelillovic, m'avez-vous compris ?

6 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui.

7 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

8 Monsieur Dzelillovic, quels sont votre lieu et votre date de

9 naissance ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Je suis né à Hadzici le

11 13 novembre 1955.

12 Mme Residovic (interprétation). - Et quelle est votre

13 appartenance ethnique ? Quelle est votre nationalité ?

14 M. Dzelillovic (interprétation). - Je suis bosnien et je suis un

15 citoyen de Bosnie-Herzégovine.

16 Mme Residovic (interprétation). - Quelle est votre profession,

17 Monsieur Dzelillovic ?

18 M. Dzelillovic (interprétation). - Je suis ingénieur agronome.

19 Mme Residovic (interprétation). - Quelle fut votre formation ?

20 Quelles écoles avez-vous fréquentées ?

21 M. Dzelillovic (interprétation). - J’ai terminé l’école primaire

22 à Hadzici, l’école secondaire à Sarajevo et je suis diplômé de la faculté

23 d’agronomie de Sarajevo.

24 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire où

25 vous vous trouviez en 1992, au début des hostilités en Bosnie-

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1 Herzégovine ?

2 M. Dzelillovic (interprétation). - Quand l’agression contre la

3 Bosnie-Herzégovine a commencé, j’étais à Hadzici. J’étais président de

4 l’assemblée municipale de Hadzici.

5 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, la

6 Chambre connaît de nombreux éléments relatifs à la Bosnie-Herzégovine et à

7 la région qui nous intéresse, mais pourriez-vous nous dire si la

8 municipalité de Hadzici fait partie du secteur comprenant la ville de

9 Sarajevo ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Exactement. La municipalité

11 de Hadzici faisait partie de Sarajevo. C’était une des dix municipalités

12 constituant la ville ou la municipalité de Sarajevo.

13 Mme Residovic (interprétation). - Une dernière question pour

14 apporter une précision sur cette question, afin que nous sachions

15 précisément de quelle région nous parlons.

16 Pourriez-vous nous dire précisément où se trouve cette

17 municipalité ? Lorsqu’on

18 part de Sarajevo, dans quelle direction se trouve-t-elle ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - La municipalité de Hadzici se

20 situe sur la route M17. Au Sud, elle est limitrophe avec la municipalité

21 de Konjic et à l’Ouest, avec les municipalités de Kresevo et de Kiseljak.

22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, ce qui

23 nous intéresse pour le moment, c’est la partie plus méridionale de votre

24 municipalité. Quels sont les villages appartenant à la municipalité de

25 Konjic qui sont limitrophes avec votre municipalité de Hadzici ?

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1 M. Dzelillovic (interprétation). - Eh bien cette zone frontière

2 se trouve près de Ivan Sedlo, près du village de Bradina qui, lui, relève

3 de la municipalité de Konjic.

4 D’un autre côté, il y a les villages de Rastelica et de Dzanici.

5 Il y a aussi un tunnel qui traverse les monts Ivan Planina et là aussi, ce

6 sont les parties limitrophes de la municipalité.

7 Mme Residovic (interprétation). - Nous avons déjà entendu

8 prononcer les noms de Hadzici, Pazaric et Tarcin, mais par rapport à votre

9 municipalité, où se situent ces villages que je viens de citer ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Il y a onze communautés

11 locales dans la municipalité de Hadzici et il y a trois zones

12 résidentielles urbaines : Hadzici, Pazaric et Tarcin ; les autres

13 communautés locales sont plutôt des villages, des zones rurales.

14 Mme Residovic (interprétation). - Vous venez de dire, Monsieur

15 Dzelillovic, que cette municipalité, notamment ces zones résidentielles se

16 trouvent sur un axe stratégiquement important, la M17 ; pourriez-vous nous

17 dire s’il y avait d’autres raisons qui faisaient de votre municipalité un

18 lieu tout à fait stratégique à l’époque ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - Effectivement, c’était un

20 lieu stratégiquement important à l’époque, car il y avait de nombreuses

21 installations militaires sur le territoire de la municipalité. Cette

22 municipalité reprend une partie des monts Lasnic qui représentent un

23 endroit d’une grande importance stratégique.

24 L’institut militaire technologique était situé à Hadzici ; c’est

25 là que l’on effectuait les réparations d’équipements militaires et il y

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1 avait aussi d’importants dépôts où étaient entreposées des armes. Il

2 s’agit de Zunovnica.

3 Il y avait un autre arsenal militaire à la caserne de Pazaric. A

4 Usivak, il y avait une caserne qui avait pour fonction principale

5 d’assurer les communications à l’époque. On peut donc dire que sous

6 l’angle stratégique, cette municipalité était très importante.

7 Mme Residovic (interprétation). - Ces installations qui

8 appartenaient à l’ex-JNA, cette région de grande importance stratégique,

9 ont-elles constitué en fait une base expliquant pourquoi la JNA a adopté

10 une attitude particulière à l’égard de cette municipalité ? Je vous

11 rappelle une fois de plus que c’est une municipalité qui relevait de

12 Sarajevo.

13 M. Dzelillovic (interprétation). - Effectivement, cette région

14 avait une grande importance stratégique aux yeux de l’ex-JNA qui voulait

15 s’en emparer.

16 Mme Residovic (interprétation). - En qualité de président de la

17 municipalité, et par la suite vous êtes devenu président de la présidence

18 de guerre de Hadzici, savez-vous si l’ex-JNA a réussi à réaliser cet

19 objectif, et si elle l’a fait, quand ?

20 M. Dzelillovic (interprétation). - Effectivement, après les

21 événements de Sarajevo, au cours du mois d’avril la JNA, ainsi que des

22 forces du SDS, ont établi un barrage routier sur la route M17 et au

23 carrefour qui menait vers Kiseljak et Hadzici, ce qui était un lieu

24 stratégique important puisqu’on venait de la direction de Sarajevo. La JNA

25 et les forces de SDS se sont donc emparé de ce carrefour.

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1 Par ailleurs, l’ex-JNA, les forces paramilitaires et les forces

2 du SDA dans le secteur du Mont Ivan Planina étaient présentes à ces

3 endroits. Il était donc manifeste que ces forces réalisaient leurs

4 objectifs. Ils mettaient en oeuvre une politique d’agression, ils ne s’en

5 cachaient pas pendant tout le mois d’avril. Ils étaient à l’appui des

6 forces pro Chetniks du SDS.

7 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que l’ex-JNA avait des

8 activités militaires dans le secteur de la municipalité de Hadzici ? Que

9 s’est-il passé par rapport aux autorités municipales et à la population de

10 votre municipalité ?

11 M. Dzelillovic (interprétation). - Hélas, le 9 mai, l’ex-JNA a

12 lancé une agression contre notre municipalité, à l’aide de chars d’assaut,

13 de lance-roquettes, de véhicules transporteurs de troupes, d’artilleries

14 antiaériennes. Ils ont attaqué la ville de Hadzici et ont écarté les

15 forces de police qui essayaient de manifester une certaine forme de

16 résistance, mais en vain. En effet, à cette époque-là, la police ne

17 disposait que de peu de pièces d’artillerie, une partie de la population

18 était chassée.

19 M. Jan (interprétation). - Pourquoi tous ces détails ? Pourquoi

20 ne pas en venir au vif du sujet ?

21 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

22 je crois que ces détails revêtent une importance particulière lorsqu’on

23 parle de l’affectation du groupe tactique et des responsabilités incombant

24 au commandant du groupe tactique dans le secteur de la municipalité.

25 Cette municipalité relève de Sarajevo et il s’agit ici d’un

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1 témoin factuel qui peut nous décrire les circonstances et la situation

2 dans lesquelles s’est trouvé M. Delalic pendant près de six mois. Je crois

3 qu’en l’absence de ces détails, il ne serait pas possible de bien

4 comprendre quelles étaient les responsabilités et les tâches de

5 M. Delalic. A l’époque, il était commandant du groupe tactique. Ce sont là

6 les seules raisons qui nous poussent à poser ces questions, nous ne

7 voulons pas simplement parler de la guerre.

8 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il contestation ? Je

9 ne pense pas que ce soit le cas. Personne ne conteste le fait que

10 M. Delalic était commandant du groupe tactique 1. Ce n’est pas en litige.

11 Il faut voir quelles sont les charges retenues contre M. Delalic

12 en tant que commandant du groupe tactique 1. Je crois qu’il n’y a pas de

13 contestation non plus de la part de l’accusation sur ce point.

14 Mme Residovic (interprétation). - Certes Monsieur le Président,

15 mais l’accusation affirme que M. Delalic, en tant que commandant de toutes

16 les formations, était responsable pour tout, aussi pour Celebici. S’il n’a

17 pas de responsabilité pour quoi que ce soit, comment peut-on invoquer une

18 telle responsabilité à son encontre en ce qui concerne Celebici ? C’est là

19 notre réponse à toutes ces informations.

20 Nous avons des témoins factuels qui viennent nous parler de

21 l’époque, de connaissances directes qu’ils ont des événements, ce que moi

22 je n’ai pas en tant qu’avocat.

23 C’est la raison pour laquelle nous appelons des témoins à la

24 barre venant de Prozor et Hadzici notamment. Ceci nous permet de voir

25 quelles étaient effectivement les responsabilités de M. Delalic. C’est

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1 sans doute après la présentation de ces dépositions que vous pourrez

2 trancher sur la question de la responsabilité de M. Delalic.

3 L’accusation a-t-elle raison ? Est-ce la défense qui a raison ?

4 Vous pourrez trancher. Nous ne pouvons pas administrer de preuves en ce

5 qui concerne le hangar n° 6, puisque notre client n’était pas là. Nous

6 n’avons pas de témoin factuel sur les questions relevant par exemple du

7 hangar n° 6. Nous voulons présenter des témoins qui parleront de la

8 responsabilité générale.

9 M. le Président (interprétation). - Nous avons déjà tous les

10 détails en ce qui concerne ces événements. Ceci n’a rien à voir avec la

11 question de savoir si effectivement il a bien exécuté les responsabilités

12 qui étaient les siennes. Pourquoi a-t-il été désigné à ce poste ? Pourquoi

13 la région n’était-elle pas sûre ? Qu’a fait la JNA ? Ceci représente des

14 questions qui ne portent pas du tout sur la question de la responsabilité

15 de l’accusé, parce que les charges retenues contre lui portent sur

16 l’exercice de ses responsabilités et le rôle qu’il a joué dans ce

17 cadre-là.

18 Peut-être ne comprenez-vous pas bien quelle est la nature des

19 charges. Qu’est-ce que ce témoin est censé nous dire ? Rôle et

20 responsabilité de M. Delalic en tant que commandant du groupe tactique

21 n° 1 et plus particulièrement à partir du 1er mai jusqu’au mois d’octobre

22 1992. Or ce que dit ce témoin n’a rien à voir avec ces charges.

23 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

24 la défense est convaincue qu’au contraire, ceci revêt une grande

25 importance. Il est toujours possible de dire ou de n’accorder aucune

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1 pertinence aux questions que je pose, mais nous pensons que les fonctions

2 ou les missions affectées à ce groupe tactique dont il était commandant

3 étaient importantes. Nous ne voulons pas vous encombrer de détails

4 superficiels qui sont sans pertinence pour la défense de M. Delalic. Je

5 vous remercie.

6 A la suite des instructions données par la Chambre de première

7 instance, je me contenterai, Monsieur Dzelillovic, de vous demander ceci.

8 Les autorités locales se sont retirées où, après que l’ex-JNA se soit

9 emparée du centre de la ville, comme vous l’avez décrit, ainsi que les

10 forces du SDS ?

11 M. Dzelillovic (interprétation). - Les autorités locales se sont

12 retirées à Pazaric avec les résidents qui avaient réussi à sortir, mais

13 malheureusement 186 personnes sont restées sur place et nous ne savons pas

14 quel est le sort qui leur a été réservé jusqu’à ce jour. Dès le début de

15 la guerre jusqu’à la signature des accords de Dayton, les autorités

16 locales siégeaient à Pazaric.

17 Mme Residovic (interprétation). - En réponse à la question que

18 je vous ai posée précédemment, vous avez dit que la municipalité de

19 Hadzici était limitrophe avec celle de Konjic, près de Ivan Sedlo et qu’il

20 y avait en fait un blocus, dès avril, dans cette région. Qu’est-ce que le

21 blocus de cette route en direction de Konjic a signifié pour les habitants

22 de Hadzici ?

23 M. Dzelillovic (interprétation). - Les habitants de Hadzici

24 étaient coincés entre Konjic et Hadzici et il nous était impossible de

25 sortir de notre municipalité, si ce n’est par Kiseljak.

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1 Qu’est-ce que ceci a signifié pour les habitants de Hadzici ?

2 Cela a signifié par exemple que les blessés et les malades devaient être

3 acheminés au premier poste médical qui se trouvait en dehors de Hadzici et

4 qu’il fallait voyager quinze ou seize heures pour y arriver.

5 Mme Residovic (interprétation). - Quelle était la durée

6 habituelle d’un trajet allant de Pazaric à Konjic ? Y a-t-il eu

7 modification des conditions de voyage après le blocus ?

8 M. Dzelillovic (interprétation). - Avant, cela ne durait qu’une

9 demi-heure au plus.

10 M. Jan (interprétation). - Ceci a déjà été dit par d’autres

11 témoins, notamment par le général Divjak. Effectivement, si l’accès est

12 interdit, il faut essayer de trouver un accès, notamment par des cols.

13 Ceci nous est déjà connu. Mais posez des questions au témoin à propos du

14 groupe tactique n° 1. Nous saurons ainsi quelles étaient les

15 responsabilités. Il est inutile de s’attarder sur des détails qui n’ont

16 pas d’importance.

17 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

18 je vais m’exécuter suite à ces instructions, mais rappelez-vous la

19 déposition du général Divjak. Suite à celle-ci, l’accusation n’a pas

20 modifié ses allégations selon lesquelles ces forces ont attaqué des

21 villages serbes qui étaient tout à fait paisibles. C’est la raison pour

22 laquelle nous appelons à la barre des témoins qui vivaient dans la région,

23 pour qu’ils nous décrivent la situation.

24 Ceci est peut-être sans contestation pour vous, mais tant que

25 les charges demeurent ce qu’elles sont, il nous est obligatoire d’appeler

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1 ces témoins pour contrecarrer ces allégations. Je sais que vous avez déjà

2 été convaincus de ces éléments, mais il n'en demeure pas moins que

3 l'accusation confirme ces charges.

4 M. le Président (interprétation). - Je comprends, mais

5 poursuivez.

6 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Vous avez déclaré

7 qu'une demi-heure

8 suffisait pour vous rendre sur place. Mais après le siège, qu'en était-

9 il ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Il nous fallait quinze ou

11 seize heures. Il fallait suivre un chemin de terre extrêmement difficile.

12 M. Jan (interprétation). - Il y a peut-être une erreur. Il a

13 dit : "Je ne suis pas sûr."

14 M. Dzelillovic (interprétation). - Je n'ai pas dit que je

15 n'étais pas sûr, j’ai dit que je n'étais pas convaincu.

16 M. le Président (interprétation). - Poursuivez,

17 Madame Residovic.

18 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, à

19 l'époque, la population de Hadzici devait se cantonner à cette portion de

20 terrain. La levée de ce barrage était-elle pour eux d'une importance

21 cruciale ?

22 M. Dzelillovic (interprétation). - Evidemment, c'était là une

23 question de vie ou de mort pour la population de Hadzici car c'était la

24 seule voie de sortie et il fallait absolument que cette opération soit

25 menée à bien.

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1 A l'époque, dans le secteur, énormément de réfugiés arrivaient

2 de la Bosnie orientale et racontaient des histoires absolument tragiques,

3 des histoires de pillages, de viols. Nous vivions dans un terrain

4 extrêmement délimité, une région de deux kilomètres carrés à peu près,

5 soumise à de constantes attaques. Nous n'avions pas de structure médicale

6 adéquate et, je le répète, c'était là une question de vie ou de mort. Il

7 fallait que cela soit fait.

8 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, nous

9 avons décrit la situation générale qui prévalait dans la région à

10 l'époque, mais j'aimerais maintenant aborder une nouvelle série de

11 questions, si vous le voulez bien.

12 Connaissiez-vous M. Delalic avant la guerre ? D'autre part,

13 avez-vous eu l'occasion de le rencontrer entre les mois d'avril et

14 novembre 1992 ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Je ne connaissais pas

16 Zejnil Delalic avant la guerre. La première fois que je l'ai rencontré,

17 c'était en avril, à Konjic. En compagnie des

18 représentants de l'état-major municipal de Hadzici et des représentants de

19 la police, je me suis rendu à Konjic en empruntant ce chemin de terre dont

20 j'ai parlé précédemment. C'est en cette occasion que j'ai rencontré

21 Zejnil Delalic pour la première fois. A l'époque, il était chargé de la

22 logistique. Ce jour-là, il nous a aidés en nous donnant un certain nombre

23 d'uniformes, de Motorola. Il nous a également donné des médicaments. C'est

24 la première fois que nous nous sommes rencontrés.

25 Mme Residovic (interprétation). - Cette première rencontre a

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1 donc eu lieu en avril. Par la suite, à un moment quelconque, avez-vous à

2 nouveau rencontré M. Delalic ?

3 M. Dzelillovic (interprétation). - La deuxième fois que nous

4 nous sommes rencontrés, c'était à la mi-mai, un peu plus tard peut-être.

5 Nous avions reçu des informations selon lesquelles Zejnil Delalic se

6 trouvait à Zagreb. On nous avait dit également qu'il était supposé

7 rassembler du matériel technique, que ce convoi de matériel technique

8 devait passer par Vesina, sur la route qui mène à Visoko.

9 Donc, avec des représentants de l'état-major municipal et des

10 représentants de la police, je me suis aussi rendu à Dusina et c'est là

11 que je l'ai rencontré pour la deuxième fois. Une partie de l'équipement

12 technique a été confié à la municipalité de Hadzici.

13 Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous avez rencontré

14 M. Zejnil Delalic à Dusina, au cours de la deuxième quinzaine du mois de

15 mai, quelles étaient ses fonctions ? Vous en souvenez-vous ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - Il me semble qu'il était

17 chargé d'accompagner le convoi. Il s'était rendu à Zagreb. C'est lui qui

18 avait été chargé de rassembler tout cet équipement et d'accompagner ce

19 convoi.

20 Mme Residovic (interprétation). - A cette époque, hormis les

21 membres de l'état-major municipal, y avait-il d'autres personnes à

22 Dusina ? D’autres personnes ont-elles profité des différents types de

23 matériels qui avaient été obtenus en République de Croatie ?

24 M. Dzelillovic (interprétation). - Pour autant que je m’en

25 souvienne, Mustafa Polutak se trouvait sur place. Il représentait le

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1 groupe tactique qui avait été créé quelque temps auparavant. Je crois

2 qu’effectivement il était saisi d’un certain nombre d’armes qui étaient

3 destinées au groupe tactique.

4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, vous

5 nous avez parlé de cette rencontre qui s’est produite à Dusina. En vue de

6 ce que vous nous avez dit, pouvez-vous nous dire si à l’époque M. Delalic

7 était un civil ou s’il avait d’autres fonctions ? La première fois que

8 vous avez rencontrée M. Delalic, l’avez-vous perçu comme étant un civil et

9 qu’en était-il lors de la deuxième rencontre ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Pour autant que je sache,

11 c’était un civil. Cela a été son poste jusqu’à ce qu’il soit commandant du

12 groupe tactique 1.

13 Mme Residovic (interprétation). - Après le mois de mai, avez-

14 vous rencontré M. Delalic et le cas échéant quelles étaient ses

15 responsabilités à l’époque ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - J’ai rencontré M. Delalic

17 dans la région de la municipalité de Hadzici. Nous essayions de rétablir

18 le courant électrique sur l’ensemble des territoires de la municipalité

19 parce qu’il y avait des coupures de courant. Il fallait que certaines

20 mesures soient prises afin de réparer le réseau électrique. En coopération

21 avec M. Delalic, nous avons réussi à rétablir le courant depuis Konjic.

22 Nous nous sommes retrouvés une nouvelle fois encore lors de la

23 reconstruction du réseau ferroviaire entre Hadzici et Jablanica.

24 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais maintenant aborder

25 une nouvelle série de questions, si vous le voulez bien. Vous nous avez

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1 décrit quelles étaient, d’après vous, les fonctions qu’occupait M. Delalic

2 entre les mois d’avril et de juin. J’aimerais maintenant vous demander si

3 vos troupes ont pris part à certaines opérations de combat, en liaison

4 avec des unités se trouvant à Konjic, toujours dans la période de temps

5 qui nous intéresse.

6 M. Dzelillovic (interprétation). - Effectivement, nous avons

7 mené une opération

8 conjointe visant à lever le barrage de la route M17 en direction de

9 Bradina. Nous avions sous nos ordres des unités de la Défense territoriale

10 de Hadzici. Il y avait également les unités de la police de notre

11 municipalité.

12 Mme Residovic (interprétation). - Qui commandait les unités de

13 la Défense territoriale de votre côté, ces unités qui ont participé à la

14 levée du blocus de la route ? Par ailleurs, qui commandait les unités de

15 la police ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - Les unités de la Défense

17 territoriale étaient placées sous les ordres du commandant de l’état-major

18 local. Quant à la police, elle disposait de sa propre structure

19 hiérarchique et à sa tête il y avait le chef de la police qui était basé

20 dans le poste de sécurité publique de Hadzici.

21 Mme Residovic (interprétation). - Etes-vous à même de nous dire

22 qui était responsable des unités de l’autre côté, du côté de Ivan Planina

23 vers Konjic ?

24 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, je ne sais pas.

25 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, diriez-

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1 vous que les unités qui étaient en action de votre côté étaient placées

2 sous les ordres des personnes dont vous venez de parler ou bien y avait-il

3 des tiers, des personnes venant d’autres municipalités qui, à l’époque,

4 auraient pu occuper un poste de commandement quelconque ou qui auraient pu

5 être revêtus d’une autorité quelconque pour ce qui était des unités de

6 Hadzici ?

7 M. Dzelillovic (interprétation). - Je répète que nos unités

8 étaient placées sous les ordres exclusifs du commandant de notre état-

9 major municipal, sous les ordres de la police de Hadzici. C’est l’état-

10 major de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine qui a donné tous

11 les ordres relatifs à ces opérations.

12 Mme Residovic (interprétation). - Etes-vous à même de vous

13 souvenir du temps qu’a duré cette opération visant à lever ce barrage,

14 pour ce qui est de vos unités, en tout cas ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Cette opération a été menée à

16 bien en deux jours.

17 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous si les poches de

18 populations serbes armées ont opposé une résistance à ces opérations ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - Une résistance extrêmement

20 déterminée. Le premier jour, nous avons compté parmi nos rangs quatorze

21 blessés. Nos unités s’étaient déplacées un peu plus tôt et les forces

22 Chetniks de Bradina se sont sans doute dit que l’attaque ne provenait que

23 de notre direction. Ils ont donc opposé une résistance très vigoureuse.

24 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, est-ce

25 qu’à un moment quelconque, dans le secteur de votre municipalité, il y

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1 avait un commandant ou bien est-ce qu’il y avait un état-major qui

2 commandait le groupe tactique 1 ?

3 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement, le

4 commandant du groupe tactique, comme je l’ai dit précédemment, était

5 M. Mustafa Polutak. Il était lieutenant-colonel dans l’ex-JNA et il était

6 venu sur place à Pazaric. Le siège du groupe tactique 1, à partir du

7 moment de son arrivée, se trouvait à Pazaric également.

8 Mme Residovic (interprétation). - Et pendant tout le temps où

9 M. Polutak commandait le groupe tactique 1, savez-vous si certaines unités

10 de la Défense territoriale municipale étaient placées sous son

11 commandement ?

12 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement, une

13 partie de nos unités était placée sous ses ordres. Je dirai que trois

14 cents hommes environ étaient placés sous les ordres du groupe tactique 1

15 et donc de son commandant.

16 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que toutes les

17 opérations de combat ont été menées sur le secteur de votre municipalité,

18 pouvez-vous nous dire si, à cette époque-là, vous aviez connaissance du

19 fait que, dans certaines des opérations du groupe tactique 1, il y avait

20 des unités de la municipalité de Konjic ?

21 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement, dans le

22 cadre du groupe tactique 1, il y avait des unités de Konjic, de Prozor, de

23 Jablanica, et lorsque ces unités sont arrivées des différents lieux que

24 j’ai nommés, elles étaient très bien équipées. Et il a été dit à l’époque

25 que c’était M. Delalic qui avait pourvu à l’équipement de ces unités.

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1 C’était quelque chose d’important, à l’époque, parce que la

2 situation était telle que, tous les jours, nous devions essayer de

3 repousser les attaques dont nous étions la cible quotidiennement, des

4 attaques qui venaient de toutes parts.

5 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, je vais

6 maintenant vous poser une question relative aux opérations de combat,

7 parce qu’un témoin est venu déposer ici et a parlé également du

8 lieutenant-colonel Polutak.

9 Mais je veux vous poser à vous la question suivante : savez-vous

10 si, dans le cadre de cette opération commandée par M. Polutak, M. Delalic

11 commandait les unités de la municipalité de Konjic ?

12 M. Dzelillovic (interprétation). - Non. Ces unités étaient

13 placées sous les ordres du groupe tactique 1 et certaines des unités de la

14 Défense territoriale étaient, elles aussi, placées sous les ordres du

15 groupe tactique 1.

16 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Nous allons aborder une

17 nouvelle série de questions parce que je crois que nous avons rassemblé

18 suffisamment d’informations relatives au groupe tactique 1 lorsqu’il était

19 placé sous le commandement de M. Polutak. Je pense que les Juges disposent

20 maintenant de suffisamment de détails sur ce point.

21 Vous avez déclaré qu’au début de la guerre, vous étiez président

22 de l’assemblée municipale. Vous avez occupé ce poste jusqu’à quelle

23 période exactement, en 1992 ?

24 D’autre part, lorsqu’il vous était impossible, dans le cadre de

25 votre municipalité, d’organiser des réunions de l’assemblée municipale,

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1 est-ce qu’une autre structure locale pouvait fonctionner parallèlement ?

2 M. Dzelillovic (interprétation). - J’ai occupé ce poste pendant

3 toute la durée de la guerre. Lorsque nous ne pouvions pas organiser de

4 réunions, nous disposions d’une présidence

5 de la municipalité de Hadzici qui pouvait toujours fonctionner. C’est un

6 terme assez spécifique que l’on utilise dans le cadre d’une situation de

7 guerre, une présidence de guerre, si vous voulez.

8 Mme Residovic (interprétation). - Vous voulez dire qu’il ne

9 s’agissait pas là d’une instance légitime ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, cette présidence a été

11 mise sur pied parce que nous avions suffisamment de représentants présents

12 pour pouvoir tenir régulièrement des réunions de l’assemblée municipale,

13 réunions qui permettaient de ratifier les décisions prises par la

14 présidence de guerre.

15 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que cette assemblée

16 municipale ou cette présidence de guerre, comme vous l’avez appelée,

17 lorsqu’il n’était pas possible d’organiser des réunions de l’assemblée

18 municipale, avait compétence pour nommer certaines personnes au poste de

19 commandant des unités qui se trouvaient sur votre territoire ?

20 M. Dzelillovic (interprétation). - Non. La présidence de guerre

21 n'était pas compétente pour nommer les commandants. Nous pouvions faire

22 des propositions, mais c'est la Défense Territoriale et l'état-major de la

23 Défense Territoriale régionale qui prenaient ce type de décisions, c'était

24 cette instance ou le quartier général de la Défense Territoriale de

25 Bosnie-Herzégovine.

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1 Mme Residovic (interprétation). - Dans votre municipalité de

2 Hadzici, les commandants des états-majors municipaux étaient-ils membres

3 de cette présidence de guerre dont vous avez parlé ?

4 M. Dzelillovic (interprétation). - Non.

5 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, au cours

6 de cette période qui va du mois d'avril au mois d'octobre, vous souvenez-

7 vous de qui étaient les commandants des états-majors municipaux de la

8 Défense Territoriale à Hadzici ? Ou bien y avait-il un seul

9 commandant pour toutes ces différentes structures ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Lorsque le conflit a

11 commencé, le commandant était M. Stupovac. Il avait été nommé auparavant,

12 avant le début de la guerre. Ensuite, il y avait Said Rizvic, ensuite

13 M. Camur a pris le poste, puis Kazic et d'autres personnes encore.

14 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné qu'à l'époque,

15 certaines opérations étaient menées sur le terrain, pouvez-vous nous dire

16 si certains des commandants ont été blessés ou tués ? Dans de telles

17 situations, est-ce que les autorités militaires nommaient de nouveaux

18 commandants ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - Effectivement, parce que nous

20 étions tout près de la ligne de front. Il y avait des attaques

21 quotidiennement, il y avait des blessés, des morts.

22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, le chef

23 de la police était-il membre de la présidence de guerre ? D'autre part,

24 qui était placé sous ses ordres ?

25 M. Dzelillovic (interprétation). - Le chef de la police siégeait

Page 12119

1 à la présidence de guerre et le secrétaire de la défense populaire

2 siégeait lui aussi, mais la présidence de guerre n'était pas compétente

3 pour ce qui est de la police et du chef de la police. En fait, le chef de

4 la police était placé sous le contrôle du ministère de l'Intérieur de la

5 Bosnie-Herzégovine.

6 Mme Residovic (interprétation). - Une question qui porte sur ce

7 même sujet : Monsieur Dzelillovic, quelles étaient les forces de défense

8 en présence à Hadzici à cette époque ?

9 M. Dzelillovic (interprétation). - Il y avait les unités de la

10 Défense Territoriale, également les unités de la police de Hadzici.

11 Mme Residovic (interprétation). - En réponse à une question,

12 vous avez déclaré que depuis l'arrivée de M. Polutak, le siège du groupe

13 tactique 1 se trouvait dans le secteur de votre municipalité. En tant que

14 président de cette municipalité, pouvez-vous nous dire combien de soldats

15 de votre municipalité étaient placés sous le commandement du commandant du

16 groupe tactique 1 dans le cadre de certaines opérations ? Je ne sais pas

17 si vous êtes à même de répondre à la question. Peut-être faudrait-il la

18 poser au commandant de la Défense territoriale.

19 M. Jan (interprétation). - Il a dit trois cents personnes.

20 M. le Président (interprétation). - Effectivement.

21 Mme Residovic (interprétation). - Peut-être, Monsieur le

22 Président, Monsieur le Juge, avez-vous mal entendu ce qui a été dit. Sous

23 les ordres de qui étaient placées les unités de votre municipalité qui ne

24 dépendaient pas du commandant du groupe tactique 1 ?

25 M. Dzelillovic (interprétation). - Ces unités étaient placées

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1 sous le commandement de l’état-major municipal de la Défense territoriale

2 de Hadzici.

3 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, ces

4 opérations de combat, combien de temps duraient-elles ? Je parle des

5 opérations menées par le groupe tactique 1.

6 M. Dzelillovic (interprétation). - Entre sept et dix jours.

7 Mme Residovic (interprétation). - Au cours d’une période

8 quelconque, y a-t-il eu des opérations qui ont duré plus longtemps ?

9 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement, en août

10 ou en novembre peut-être, l’opération JUG a été lancée en 1992.

11 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, pour

12 autant que vous le sachiez, savez-vous de ce qu’il est advenu des soldats

13 qui étaient placés sous le commandement du commandant du groupe

14 tactique 1, après que ces opérations eurent été menées à bien ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Ces unités repassaient

16 ensuite sous les ordres de la Défense territoriale et de l’état-major

17 municipal. En fait, elles réintégraient leur structure initiale.

18 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu’à une période

19 quelconque dans le secteur de votre municipalité il y a eu un nouveau

20 groupe tactique créé ?

21 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, absolument, le groupe

22 tactique 2 a été mis

23 sur pied. Il siégeait sur le Mont Igman. Le quartier général était dans

24 l’hôtel Borik.

25 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous si une partie des

Page 12121

1 unités de la municipalité de Hadzici a été placée sous les ordres du

2 groupe tactique 2 ?

3 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement une partie

4 des unités de la Défense territoriale de la municipalité de Hadzici a

5 effectivement été placée sous les ordres du groupe tactique 1, tandis

6 qu’une autre partie de ces unités a été placée sous le commandement du

7 groupe tactique 2. Une partie de ces unités était également déployée sur

8 la ligne de front. Ces unités dépendaient de l’état-major de la Défense

9 territoriale.

10 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, savez-

11 vous si l’un quelconque de ces deux groupes tactiques était compétent vis-

12 à-vis du quartier général de la Défense territoriale de Hadzici ?

13 M. Dzelillovic (interprétation). - Absolument pas. Notre

14 quartier général municipal n’a jamais été placé sous leurs ordres. Ils

15 étaient responsables et commandaient certaines unités qui avaient été

16 expressément placées sous leurs ordres, unités qui étaient placées soit

17 sous le commandement du groupe tactique 1, soit sous le commandement du

18 groupe tactique 2.

19 Mme Residovic (interprétation). - Au vu de la situation qui

20 prévalait dans la municipalité, pouvez-vous nous dire si l’un de ces deux

21 groupes tactiques avait sous ses ordres certaines institutions de votre

22 municipalité ?

23 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, les groupes tactiques 1

24 et 2 n’avaient aucune autorité de ce type, toujours hormis ces unités qui

25 étaient directement placées sous les ordres de ces deux groupes tactiques.

Page 12122

1 Certaines unités étaient placées sous le contrôle de la Défense

2 territoriale.

3 Mme Residovic (interprétation). - Je crois que vous êtes clair,

4 mais je vais vous demander tout de même de préciser votre réponse. Est-ce

5 que le groupe tactique 1 ou le groupe tactique 2 étaient compétents pour

6 la gestion des prisons, notamment celles qui pouvaient

7 exister sur le territoire de votre municipalité ?

8 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, le groupe tactique 1 et

9 le groupe tactique 2 n’avaient aucune compétence relative à la gestion des

10 prisons.

11 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Monsieur Dzelillovic,

12 nous allons passer à une nouvelle série de questions. Je voudrais que vous

13 répondiez notamment à deux questions. Pour autant que vous le sachiez,

14 est-ce que M. Delalic, en 1992, a été nommé commandant du groupe

15 tactique 1 ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, effectivement.

17 M. Polutak a été victime d’un accident et par conséquent le poste qu’il

18 occupait a été vacant. C’est à ce moment-là que Zejnil Delalic est devenu

19 commandant du groupe tactique 1. Il me semble que cela s’est passé dans le

20 courant du mois de juillet, ou peut-être au début du mois d’août.

21 Mme Residovic (interprétation). - Lorsque M. Delalic est arrivé

22 à Pazaric, c’est-à-dire sur le territoire de votre municipalité, est-ce

23 que vous l’avez rencontré immédiatement ? Par ailleurs, vous souvenez-vous

24 de qui il était accompagné à l’époque ?

25 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, je l’ai rencontré, je

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1 suis allé le féliciter. Il était accompagné par le responsable de la

2 Défense territoriale, par le commandant Suco Pulica*. Je l’ai donc

3 félicité, je lui ai souhaité tout le succès possible parce que la ligne de

4 front qui se trouvait sur le secteur de ma municipalité était l’objet

5 d’attaques particulièrement violentes.

6 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, à partir

7 du moment où, vers le mois de juillet ou août, M. Delalic a été nommé au

8 poste de commandant du groupe tactique, est-ce que du fait du poste qu’il

9 occupait il était en position de supérieur hiérarchique par rapport à

10 l’assemblée municipale, par rapport à la présidence de guerre ou par

11 rapport à vous-même ?

12 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, je n’ai jamais été placé

13 sous les ordres de

14 qui que ce soit. Il était commandant d’une partie des unités de la Défense

15 territoriale, c’est-à-dire celles placées sous l’autorité du groupe

16 tactique 1. Nous avons appliqué le principe qui prévalait lorsque c’était

17 M. Polutak qui commandait. Donc il n’était pas supérieur hiérarchique par

18 rapport à la présidence de guerre ou par rapport à l’assemblée municipale.

19 C’était impossible.

20 Mme Residovic (interprétation). - A partir du moment où il est

21 arrivé, est-il devenu commandant de l’état-major de la municipalité de

22 Hadzici ?

23 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, comme je vous l’ai déjà

24 dit, il ne commandait que ces parties des unités qui venaient de l’état-

25 major municipal de Hadzici et qui ont été mises sous le commandement du

Page 12124

1 TGA.

2 Mme Residovic (interprétation). - Pendant cette période, pouvez-

3 vous nous dire si une partie des unités ont été placées sous les ordres de

4 M. Zejnil Delalic en tant que commandant du groupe tactique 1 ?

5 M. Dzelillovic (interprétation). - Excusez-moi, je n’ai pas

6 compris.

7 Mme Residovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si une

8 partie des unités venues du territoire de la municipalité de Hadzici

9 étaient placées sous les ordres du groupe tactique 1, à l’époque où

10 Zejnil Delalic était commandant ?

11 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, elles étaient placées

12 sous les ordres du groupe tactique 1 et du groupe tactique 2, d’une partie

13 des unités de l’état-major municipal de Hadzici.

14 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, pouvez-

15 vous me dire qui était à la tête du groupe tactique 2 ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - Le commandant du groupe

17 tactique 2 était Mirsad Catic. Lorsqu’il a été blessé, c’est le chef de

18 l’état-major, Huso Alic, qui a pris ce poste.

19 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, savez-

20 vous sous quelle

21 autorité étaient placées les prisons ?

22 M. Dzelillovic (interprétation). - Sous l’autorité du poste de

23 sécurité publique de ma municipalité.

24 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, vous

25 avez dit que les unités armées sur le territoire de votre municipalité

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1 étaient des unités du MUP de la Défense territoriale. Par conséquent,

2 pouvez-vous nous dire si M. Zejnil Delalic a été, à un moment quelconque,

3 commandant de toutes les formations du MUP et de la Défense territoriale,

4 sur le territoire de votre municipalité ?

5 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, jamais. Il n’a été que

6 commandant des unités qui ont été placées sous les ordres du groupe

7 tactique 1. Je pense que c’est clair.

8 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, pouvez-

9 vous nous dire si, à cette époque, en 1992, sur le territoire de la

10 municipalité de Hadzici, il y avait un tribunal. et un Procureur ?

11 M. Dzelillovic (interprétation). - Non. Même avant la guerre,

12 aussi bien qu’après la guerre, nous n'en n'avons pas eu sur la

13 municipalité de Hadzici. Nous dépendons de Sarajevo, nous sommes sous

14 l'autorité de Sarajevo ; nous n'avons donc qu'un Tribunal correctionnel.

15 Mme Residovic (interprétation). - Merci. La Chambre sait déjà

16 qu'un Tribunal administratif est un Tribunal chargé uniquement des

17 infractions mineures. Monsieur Dzelillovic, avez-vous été chargé de fonder

18 un Tribunal et de nommer des Juges sur le territoire de votre

19 municipalité ?

20 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, cela ne relève pas des

21 compétences de la municipalité, mais du ministère de la Justice.

22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, je

23 voudrais aborder un autre sujet. Dites-moi si vous savez où se trouve

24 Celebici.

25 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, je le sais : sur l'axe

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1 M 17, en direction de

2 Jablanica.

3 Mme Residovic (interprétation). - A cette époque, en 1992,

4 saviez-vous qu'il y avait une caserne à cet endroit ?

5 M. Dzelillovic (interprétation). - Je savais avant la guerre

6 qu'il y avait une caserne là-bas.

7 Mme Residovic (interprétation). - Au cours de 1992, vous est-il

8 arrivé de vous rendre à la caserne de Celebici ?

9 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, jamais.

10 Mme Residovic (interprétation). - Au cours de 1992, saviez-vous

11 que, dans cette caserne, il y avait une prison ?

12 M. Dzelillovic (interprétation). - Non.

13 Mme Residovic (interprétation). - Au cours de 1992 ou à un autre

14 moment, saviez-vous que le groupe tactique 1, ou son commandant,

15 Zejnil Delalic, aurait une quelconque compétence par rapport à cette

16 prison ?

17 M. Dzelillovic (interprétation). - Cela n'est pas possible.

18 M. Jan (interprétation). - Le témoin n'était même pas au courant

19 de l'existence de la prison.

20 M. le Président (interprétation). - Oui.

21 M. Jan (interprétation). - Comment peut-il répondre à cette

22 question ?

23 Mme Residovic (interprétation). - Enfin, un dernier sujet,

24 brièvement. Monsieur Dzelillovic, vous avez dit que votre municipalité est

25 limitrophe à l'Ouest de Kiseljak. Au cours de 1992, sur le territoire de

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1 votre municipalité, y a-t-il eu des problèmes avec les forces du HVO bien

2 que, au début, les forces du HVO et l'armée, le BIH, ont agi de concert ?

3 M. Dzelillovic (interprétation). - Sur le territoire de la

4 municipalité de Hadzici, il n'y avait pas de forces du HVO. Toutefois,

5 nous utilisions la route via Kresevo et Kiseljak et nous avions de grandes

6 difficultés quand il s'agissait de traverser ce territoire. Il y a eu des

7 pillages de convois, des arrestations de personnes, etc.

8 Mme Residovic (interprétation). - Vous est-il arrivé quelque

9 chose, personnellement ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui. J'ai été arrêté neuf

11 fois par le HVO.

12 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous qu'à l'époque, ces

13 forces ont aussi diffusé une certaine propagande à l'encontre de certaines

14 personnalités ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Cette propagande était

16 constante. Ils cherchaient notamment à discréditer les hommes politiques

17 en Bosnie-Herzégovine, tous les commandants militaires. C'était une

18 campagne médiatique qui ne s'est pas arrêtée pendant toute la guerre. Cela

19 faisait partie intégrante de la guerre, vraisemblablement.

20 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, une

21 dernière question : puisque, sur le territoire de votre municipalité, il y

22 avait le siège des commandants du groupe tactique 1 et du groupe

23 tactique 2, savez-vous personnellement que, pendant cette période, il y a

24 eu une propagande très dure et mensongère à l'encontre des

25 commandants Delalic et Catic ?

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1 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, c'était une propagande

2 lancée de manière délibérée pour porter atteinte au moral des troupes de

3 Bosnie-Herzégovine.

4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, en dépit

5 de tous ces efforts pour lever le siège de la ville, jusqu'à quand ont

6 duré ces combats sur le territoire de votre municipalité ?

7 M. Dzelillovic (interprétation). - Il y a eu des combats pendant

8 toute la guerre mais, parlant de cette période-là de combats intenses,

9 c’était en juillet, en août, en septembre. Hélas, nous n’avons pas réussi

10 à débloquer la ville, nous n’avons pas pu aider la population de la

11 capitale de Sarajevo pour qu’ils sortent de cet enfer.

12 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie

13 Monsieur Dzelillovic.

14 Madame et Messieurs les juges, j’ai terminé avec cette partie de

15 l’interrogation.

16 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

17 Y a-t-il un contre-interrogatoire ?

18 M. Olujic (interprétation). - Nous n’avons pas de questions.

19 M. Karabdic (interprétation). - Madame, Messieurs les Juges, la

20 défense de M. Delic n’a pas de questions à poser à ce témoin.

21 Mme Mc Murrey (interprétation). - Nous non plus, nous n’avons

22 pas de questions à poser à ce témoin.

23 M. le Président (interprétation). - Je donne la parole à

24 l’accusation.

25 M. Turone (interprétation). - Nous avons quelques questions.

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1 Bonjour, Monsieur Dzelillovic. Je suis Maître Turone et j’ai

2 quelques questions à vous poser de la part de l’accusation.

3 Monsieur Dzelillovic, vous avez déjà parlé de l’importance

4 stratégique de votre municipalité de Hadzici. Seriez-vous d’accord avec

5 moi pour dire que Hadzici était particulièrement important dans l’objectif

6 de lever le siège de Sarajevo ?

7 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui. Du point de vue

8 stratégique, à droite de la ville se trouve le Mont Igman et derrière,

9 vers le Sud, se trouve le Mont Ivan. Ce sont deux points stratégiquement

10 les plus importants.

11 M. le Président (interprétation). - Vous avez déjà dit que cela

12 avait une importance stratégique. Cela suffit.

13 M. Turone (interprétation). - Oui, cela me suffit comme réponse.

14 M. le Président (interprétation). - Monsieur Dzelillovic, je

15 vous remercie.

16 M. Turone (interprétation). - Seriez-vous d’accord pour dire

17 que, pour cette raison-là, Hadzici a été choisie comme une des deux lignes

18 d’attaque pour lever le siège de Sarajevo ? Est-ce exact ? L’autre ligne

19 d’attaque serait Visoko ? Etiez-vous au courant de cela ?

20 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, je sais que c’était

21 Visoko, mais je dois dire que moi, je suis un participant des événements

22 sur mon territoire. C’est clair.

23 Pourquoi a-t-on essayé sur cette portion-là ? Parce que l’on

24 n’était séparé que de deux ou trois kilomètres. Il ne nous manquait que

25 cela pour lever le siège de Sarajevo. C’est pour cela qu’on a choisi ce

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1 point, cet endroit, pour tenter de percer le siège.

2 M. Turone (interprétation). - Merci. Nous n’allons pas parler de

3 ligne d’attaque de Visoko, mais de Hadzici. Donc cela concerne votre

4 municipalité. Seriez-vous d’accord avec moi pour dire que la ligne

5 d’attaque de Hadzici était celle qui était confiée au groupe tactique 1 ?

6 Est-ce exact ?

7 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui.

8 M. Turone (interprétation). - Vous saviez que l’autre ligne

9 d’attaque, donc de Visoko, était confiée au groupe tactique 2 ?

10 M. Dzelillovic (interprétation). - Je ne connais pas les

11 détails.

12 M. Turone (interprétation). - Cela me suffit, merci.

13 Mais concernant le groupe tactique 2, vous avez donné des noms

14 de certains commandants ? Vous savez qu’un autre commandant du groupe

15 tactique 2 a été le colonel Hazim Delic vers le début ?

16 M. Dzelillovic (interprétation). - Non.

17 M. Turone (interprétation). - Vous ne le saviez pas ?

18 M. Dzelillovic (interprétation). - Non. Je sais que c’était

19 Mirsad Catic qui était commandant du groupe tactique, mais je ne savais

20 pas que c’était Hazim Delic.

21 M. Turone (interprétation). - Quoi qu’il en soit, connaissez-

22 vous cet individu, le colonel Hazim Delic ?

23 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, je le connais. C’est un

24 des commandants de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Bien entendu, je le

25 connais.

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1 M. Turone (interprétation). - Que pouvez-vous dire de ses

2 fonctions en mai ? Etait-il déjà commandant en chef au mois de mai 1992 ?

3 M. Dzelillovic.- Non.

4 M. Turone (interprétation). - Quelle était sa qualité en mai

5 1992, si vous pouvez vous en souvenir ?

6 M. Dzelillovic (interprétation). - Je ne sais pas ce qu’il

7 faisait en mai. Je sais que le commandant était Sefer Halilovic, à

8 l’époque.

9 M. Turone (interprétation). - Je vois. Vous avez parlé à la

10 Chambre du barrage de Bradina et des événements annexes et des routes

11 d’accès qui étaient indispensables pour atteindre Konjic de Pazaric.

12 Jusqu'à ce que ce que ce barrage soit levé, vous étiez obligé de passer

13 par Fojnica et Dusina.

14 M. le Président (interprétation). - Oui, c’est bien ce que le

15 témoin a dit.

16 M. Turone (interprétation). - Mais le témoin n’a pas dit

17 exactement par quel village ou ville il fallait passer par ces déviations.

18 Ces routes passaient par Fojnica et Dusina. Est-ce exact ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, oui, elles passaient par

20 les municipalités de Kresevo, Kiseljak, la municipalité de Fojnica et puis

21 Konjic. Ce sont des chemins de montagne qui passent par la forêt. Si vous

22 avez des cartes, je peux vous les montrer.

23 M. Turone (interprétation). - Non, non, c’est bien. Vous avez

24 dit que Dusina était sur cette déviation, et ceci parce que la route M 17

25 était barrée. L’attaque sur Bradina le 25 mai a été menée précisément pour

Page 12132

1 lever ce barrage sur la route principale M 17, est-ce exact ?

2 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, c’était l’objectif

3 principal de cette opération, de débloquer cette route M 17 pour empêcher

4 que les unités Chetniks de Dzanici et de Bradina se rejoignent.

5 M. Turone (interprétation). - C’est bien. Merci.

6 Passons maintenant à ces jours de la mi-mai 1992 lorsque vous

7 avez rencontré M. Zejnil Delalic à Dusina. Bien entendu, c’était avant la

8 levée du barrage, n’est-ce pas, à la mi-mai ?

9 M. Dzelillovic (interprétation). - Oui, bien entendu.

10 M. Turone (interprétation). - Seriez-vous d’accord avec moi pour

11 dire qu’à cette occasion, le jour en question, vous aviez un entretien à

12 Dusina non seulement avec Delalic et Polutak, mais aussi avec Hazim Delic,

13 Dinko Zebic et Hasan Cengic ? Le jour en question, les avez-vous vus, ces

14 gens, à Dusina ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Non. Je n’ai vu que

16 Dinko Zebic, Polutak et certaines autres personnes qui accompagnaient ce

17 convoi.

18 M. Turone (interprétation). - Vous ne vous souvenez pas d’avoir

19 Hazim Delic et Hasan Cengic ?

20 M. Dzelillovic (interprétation). - Non.

21 M. Turone (interprétation). - Et Dinko Zebic, qu’est-ce qu’il

22 faisait là, ce jour-là ?

23 M. Dzelillovic (interprétation). - Je ne le sais pas. Je lui ai

24 été présenté. C’est tout ce que je peux vous dire. Mais je ne sais pas ce

25 qu’il faisait là.

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1 M. Turone (interprétation). - Mais à cette occasion quand vous

2 avez rencontré ces gens, à Dusina, Delalic, Polutak, Dinko Zebic, serez-

3 vous d’accord avec moi pour reconnaître que vous avez discuté de la

4 nécessité de lever le barrage de Bradina qui durait encore ? Est-ce

5 exact ?

6 M. Dzelillovic (interprétation). - Je n’ai eu aucune

7 conversation avec Dinko Zebic.

8 M. Turone (interprétation). - Non, je veux dire... avec d’autres

9 membres de ce groupe, vous étiez à Dusina sur cette déviation à cause du

10 barrage de la route principale M 17 ? Est-ce que vous avez dit que lorsque

11 vous avez rencontré ces gens-là à Dusina ce jour-là, vous n’avez

12 absolument pas touché la question de Bradina ?

13 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, je ne suis venu que pour

14 accuser réception d’une partie du matériel technique. C’est la seule chose

15 qui me préoccupait.

16 M. Turone (interprétation). - N’est-il pas vrai que pendant

17 cette réunion avec ces gens à Dusina il a été question de la formation des

18 groupes tactique 1 et 2 ?

19 M. le Président (interprétation). - Le témoin vous a dit qu’il y

20 est allé pour reprendre du matériel. C’est ce qu’il vient de vous dire,

21 que c’était le seul objectif.

22 M. Turone (interprétation). - D’accord, monsieur le Président.

23 Je poursuivrai. Sur le territoire de votre municipalité, il y avait un

24 camp de détention pour les Serbes. Est-ce exact qu’il y avait une unité de

25 détention des Serbes dans le silo de Tarcin en 1992 ?

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1 M. Dzelillovic (interprétation). - Ce n’était pas un camp,

2 c’était une prison. C’est exact qu’elle se trouvait à Tarcin. C’était une

3 prison et non pas un camp.

4 M. Turone (interprétation). - D’accord, une prison. Essayons de

5 voir un peu plus en détail cette prison de Tarcin. Est-il exact que le

6 commandant du camp de Tarcin était Becir Hujic ?

7 Mme Residovic (interprétation). - Quelle est la pertinence de

8 ces questions par rapport à l’acte d’accusation ?

9 M. Turone (interprétation). - L’interrogatoire principal de

10 Me Residovic a touché ce sujet, probablement juste pour montrer que cette

11 prison était gérée de manière semblable sur le territoire de différentes

12 municipalités. C’est pour cela que l’accusation peut aussi poser des

13 questions là-dessus.

14 M. le Président (interprétation). - Alors limitez-vous

15 uniquement à la question de Tarcin.

16 M. Turone (interprétation). - Oui, je ne parle que de la prison

17 de Tarcin. Alors, le commandant était Becir Hujic. A quelle unité

18 appartenait-il ?

19 M. Dzelillovic (interprétation). - Ecoutez, je vais vous dire,

20 en ce qui concerne

21 cette prison de Tarcin, elle était placée sous l’autorité du MUP, c’est-à-

22 dire du poste de sécurité publique de Hadzici. D’après la législation de

23 l’époque, la Défense territoriale ne pouvait pas ouvrir une prison. Les

24 snippers qui étaient arrêtés, puis ceux qui ont été faits prisonniers

25 pendant les combats étaient remis au poste de sécurité publique de Hadzici

Page 12135

1 qui était chargé de la procédure. Je n’ai jamais mis les pieds dans cette

2 prison, elle ne m’intéressait nullement.

3 M. Turone (interprétation). - Seriez-vous d’accord avec moi sur

4 le fait qu’en tous les cas, au cours de 1992, la prison de Tarcin était

5 sous le contrôle supérieur de la brigade de montagne 109 de l’armée de

6 Bosnie-Herzégovine, à la tête de laquelle était Nezir Kazic ?

7 M. Dzelillovic (interprétation). - Non, au cours de 1992, la

8 prison était sous le contrôle du poste de sécurité publique. Ce n’est

9 qu’au moment où l’on a dressé les actes d’accusation et ce qui était du

10 domaine des tribunaux militaires, ce n’est qu’à ce moment-là que cela a

11 été placé sous la 109ème brigade. Il s’agissait de prisonniers de guerre,

12 donc c’était la loi.

13 M. Jan (interprétation). - C’était un tribunal militaire qui

14 jugeait ces dossiers, après l’acte d’accusation ou un tribunal civil ?

15 M. Dzelillovic (interprétation). - Je ne sais pas. C’était la

16 police qui était chargée de mener l’enquête. Je ne sais pas du tout qui a

17 jugé. Ce n’est qu’en 1994, me semble-t-il, que cela a été fait, pour

18 autant que je sache.

19 M. Turone (interprétation). - Pourrait-on faire une pause

20 maintenant et poser une ou deux questions supplémentaires après la pause ?

21 M. le Président (interprétation). - Si vous êtes épuisé, vous

22 n’avez pas...

23 M. Turone (interprétation). - En ce cas, j’ai terminé mon

24 contre-interrogatoire, Monsieur le Président.

25 M. le Président (interprétation). - Avez-vous des questions

Page 12136

1 supplémentaires, Maître Residovic ?

2 Mme Residovic (interprétation). - Une seule question.

3 Monsieur Dzelillovic, au cours du contre-interrogatoire, vous avez dit que

4 Catic était commandant du groupe tactique. C’est ce que vous avez dit

5 pendant l'interrogatoire principal. Pouvez-vous me dire maintenant

6 uniquement sur quelle partie de votre municipalité a agi ce groupe

7 tactique ?

8 M. Dzelillovic (interprétation). - Sur le mont Igman.

9 Mme Residovic (interprétation). - Ce groupe tactique a-t-il agi,

10 à un moment quelconque, de Visoko ?

11 M. le Président (interprétation). - Mais je ne vois pas où vous

12 voyez une ambiguïté sur Catic et son poste de commandant du groupe

13 tactique 2. Je ne vois vraiment pas pourquoi il devait y avoir une

14 ambiguïté quelconque.

15 Mme Residovic (interprétation). - C'est une question d'axe parce

16 que le Procureur nous a dit que l'axe était à Visoko et le témoin dit que

17 ce groupe a tout le temps agi sur le mont Igman. Je viens donc de

18 clarifier ce point, il n'y a plus d'ambiguïté.

19 M. le Président (interprétation). - La question était uniquement

20 de savoir si Catic était bien à la tête du groupe tactique 2. Maintenant,

21 vous étendez le champ.

22 Mme Residovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

23 j'en ai terminé.

24 M. le Président (interprétation). - Merci, Monsieur Dzelillovic.

25 M. Dzelillovic (interprétation). - Je vous remercie.

Page 12137

1 M. le Président (interprétation). - Nous allons maintenant lever

2 la séance jusqu'à midi pour une pause.

3 (Suspendue à 11 heures 30, la séance est reprise à 12 heures)

4 M. le Président (interprétation). - Maître Residovic, veuillez

5 appeler votre témoin suivant.

6 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

7 M. le Président (interprétation). - Veuillez faire prêter

8 serment au témoin.

9 M. Duracic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

10 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir,

12 Monsieur. Poursuivez, Maître Residovic.

13 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

14 Président.

15 Bonjour, Monsieur.

16 M. Duracic (interprétation). - Bonjour.

17 Mme Residovic (interprétation). - Veuillez décliner votre

18 identité à l'intention des juges.

19 M. Duracic (interprétation). - Je m'appelle Saban Duracic.

20 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Duracic.

21 Avant que je vous pose des questions s'agissant des événements qui se sont

22 produits en 1992 et dont vous auriez connaissance, j’aimerais vous

23 rappeler un point technique.

24 Nous parlons vous et moi la même langue, nous pourrions aisément

25 avoir un dialogue, vous pourriez répondre directement à mes questions,

Page 12138

1 mais nous avons des interprètes qui doivent interpréter chacune des

2 questions et chacune des réponses dans l'une des langues de travail du

3 Tribunal afin que toutes les personnes présentes dans le prétoire puissent

4 suivre notre conversation.

5 Veuillez donc attendre que l'interprétation de ma question soit

6 terminée. Vous entendrez cette interprétation par les écouteurs qui se

7 trouvent à votre gauche sur le pupitre et c'est seulement alors que vous

8 répondrez à ma question. De cette façon, il n'y aura pas de

9 confusion.

10 Avez-vous bien compris ces instructions ?

11 M. Duracic (interprétation). - Oui.

12 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

13 Monsieur, quelle est votre date de naissance et votre lieu de

14 naissance ?

15 M. Duracic (interprétation). - Je suis né le 18 août 1941 dans

16 le village de Koto, dans la municipalité de Konjic.

17 Mme Residovic (interprétation). - Quelle est votre appartenance

18 ethnique ? Quelle est votre citoyenneté ?

19 M. Duracic (interprétation). - Je suis Musulman de Bosnie, je

20 suis citoyen de Bosnie-Herzégovine.

21 Mme Residovic (interprétation). - Et où vivez-vous, Monsieur ?

22 M. Duracic (interprétation). - J'habite Konjic.

23 Mme Residovic (interprétation). - Quelle est votre profession ?

24 M. Duracic (interprétation). - Je suis technicien du bâtiment.

25 Mme Residovic (interprétation). - Quelle formation avez-vous

Page 12139

1 suivie ?

2 M. Duracic (interprétation). - J'ai terminé l'école secondaire

3 technique à Mostar.

4 Mme Residovic (interprétation). - Avant que la guerre éclate en

5 avril 1992, où travailliez-vous ?

6 M. Duracic (interprétation). - Jusqu'au début des hostilités, je

7 travaillais dans une compagnie de service public, à la Compagnie des eaux

8 et des eaux usées. J'étais chef d'un service technique.

9 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, où étiez-

10 vous au moment où la guerre a éclaté, le 6 avril 1992 ?

11 M. Duracic (interprétation). - J'étais à mon travail.

12 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu'à un certain moment,

13 vous avez rejoint les forces de défense de Konjic ?

14 M. Duracic (interprétation). - Oui. Sitôt après le premier

15 pilonnage sur Sarajevo, j'ai rejoint l'état-major municipal de la Défense

16 territoriale.

17 Mme Residovic (interprétation). - Quelles furent les premières

18 activités que vous avez réalisées après que vous ayez rejoint la Défense

19 territoriale et après votre mobilisation dans le cadre de la défense de

20 Konjic ?

21 M. Duracic (interprétation). - Je suis officier du génie et, de

22 ce fait, j'ai eu pour première mission d'assurer la sécurité technique des

23 installations où devait être logée la présidence de guerre.

24 Mme Residovic (interprétation). - Vous faisiez partie de la

25 Défense territoriale. A ce titre, savez-vous si, en avril 1992, la Défense

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1 territoriale de Konjic était organisée sur base des nouveaux règlements en

2 matière de défense ?

3 M. Duracic (interprétation). - Oui.

4 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous à qui l'état-major

5 municipal rendait des comptes ?

6 M. Duracic (interprétation). - L'état-major municipal de la

7 Défense territoriale à Konjic. Etant donné qu'il n'y avait pas d'état-

8 major de district à Mostar, en effet il y avait occupation de Mostar par

9 les agresseurs de Serbie et du Monténégro. Cet état-major municipal était

10 placé sous les ordres de l'état-major de la République de Bosnie-

11 Herzégovine uniquement.

12 Mme Residovic (interprétation). - Je n'ai plus de questions à

13 vous poser sur ce point, qui a déjà été évoqué par d'autres dépositions.

14 Je ne vais pas vous poser de questions à propos de la situation qui

15 prévalait à Konjic, ni à propos de ce que vous avez fait pour la défense

16 stratégique.

17 Voici ma question : avez-vous participé à des opérations de

18 combat en avril et en

19 mai, à Konjic et aux alentours ? En d'autres termes, à quel moment avez-

20 vous pris part à des opérations de combats dans le secteur de Konjic en

21 qualité de membre de la Défense territoriale ?

22 M. Duracic (interprétation). - C'est en mai que j'ai participé

23 pour la première fois à des opérations de combat, au moment où la caserne

24 de Ljuta a été libérée.

25 Mme Residovic (interprétation). - Puisque vous avez participé à

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1 la libération de la caserne de Ljuta, pourriez-vous nous dire si

2 M. Zejnil Delalic a lui aussi participé à cette opération ?

3 M. Duracic (interprétation). - Non.

4 Mme Residovic (interprétation). - Sauriez-vous où se trouvait

5 M. Delalic à l'époque ?

6 M. Duracic (interprétation). - Je pense qu'il était à Zagreb.

7 Mme Residovic (interprétation). - Au cours du mois de mai, y a-

8 t-il eu des modifications qui seraient intervenues au sein de l'état-major

9 municipal ? La question est de savoir s'il y a eu des remplacements, si de

10 nouveaux commandants ont été désignés à leur poste.

11 M. Duracic (interprétation). - Effectivement. M. Redzepovic a

12 été remplacé et c'est M. Esad Ramic qui est devenu commandant de l'état-

13 major de la Défense territoriale.

14 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, les Juges

15 connaissent bien la structure des forces de défense à Konjic ; j'aimerais

16 savoir si, au vu de votre expérience et de vos connaissances personnelles,

17 vous savez quels furent les efforts consentis afin que la Défense

18 territoriale et le HVO soient placés sous un commandement conjoint qui

19 serait à la tête de toutes ces activités.

20 M. Duracic (interprétation). - En avril et en mai 1992, tant les

21 membres de la Défense territoriale que les membres du HVO, tout du moins,

22 d'après ce que je sais, ces membres de ces deux groupes partageaient à ce

23 moment-là le même objectif, celui de défendre la Bosnie-Herzégovine contre

24 l'agresseur.

25 Mme Residovic (interprétation). - Dans le cadre de ces efforts

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1 conjoints afin d'assurer la défense, savez-vous si un représentant de

2 l'état-major de la République est venu à Konjic ?

3 M. Duracic (interprétation). - Oui. Je suis au courant. Cela

4 s'est passé précisément au moment de la nomination du nouveau commandant.

5 Un membre de l'état-major de la République est venu à Konjic. Il

6 s'agissait de M. Asim Dzambasovic.

7 M. le Président (interprétation). - Il s'agit d'un autre témoin

8 que vous avez l'intention de citer, n'est-ce pas, M. Dzambasovic ? Alors,

9 pourquoi ce témoin-ci va-t-il nous raconter ce que l'autre va nous dire

10 puisque vous avez prévu la comparution de ce témoin ? Quel est l'intérêt

11 de poser cette question à ce témoin-ci ?

12 Mme Residovic (interprétation). - Je ne vais pas insister,

13 Monsieur le Président. Plusieurs citoyens de Konjic viennent déposer et

14 vous comprendrez ainsi que nous préparons la comparution de

15 M. Dzambasovic.

16 Je voulais simplement établir un lien entre M. Duracic et

17 M. Dzambasovic.

18 M. le Président (interprétation). - Pourquoi appelez-vous ce

19 témoin à la barre ? Quel sera l'objet de sa déposition lors de la

20 comparution de M. Dzambasovic ? Il nous expliquera quel est l'objet de sa

21 présence parmi nous. Vous attendez de ce témoin qu'il parle des

22 journalistes arabes ? Est-ce bien le cas ?

23 Mme Residovic (interprétation). - C’est exact, Monsieur le

24 Président, mais ce témoin attestera aussi d'autres activités de M. Delalic

25 au cours de cette période, qui est tout à fait importante pour la défense

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1 de M. Delalic.

2 M. le Président (interprétation). - Poursuivez.

3 Mme Residovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

4 Monsieur Duracic, est-ce qu’à un moment donné, en mai 1992, vous avez

5 intégré le commandement conjoint ?

6 M. Duracic (interprétation). - Oui, c’est exact.

7 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous nous préciser la

8 date ? A quel poste avez-vous été affecté ?

9 M. Duracic (interprétation). - Je pense que c'est au cours de la

10 deuxième quinzaine de mai, vers le 17 ou le 18 mai, à la suite d’une

11 réunion des cadres supérieurs militaires et de la présidence de guerre. Je

12 n’ai pas assisté à cette réunion au cours de la matinée...

13 Mme Residovic (interprétation). - Poursuivez.

14 M. Duracic (interprétation). - Mais j’ai participé à la réunion

15 l'après-midi. C'est à ce moment-là que l'état-major du commandement

16 conjoint a été établi. Il se composait de membres de la Défense

17 territoriale et du HVO. Je suis devenu responsable des services du génie.

18 Mme Residovic (interprétation). - Peut-on montrer au témoin la

19 pièce de la défense D145-V-X- cote de référence 7009 à 7011 ?

20 (L’huissier s’exécute).

21 Monsieur Duracic, veuillez placer la traduction en Anglais de ce

22 texte sur le rétroprojecteur, alors que vous examinerez la version en

23 Bosniaque du même document. Reconnaissez-vous cet organigramme ?

24 M. Duracic (interprétation). - Oui.

25 Mme Residovic (interprétation). - Que représente-t-il ?

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1 M. Duracic (interprétation). - C’est l'organigramme du

2 gouvernement conjoint. Il y a le terme en croate « stozer »*. En tout cas,

3 c'est l'organigramme du commandement conjoint des forces de défense de

4 Konjic.

5 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Pourriez-vous nous

6 indiquer à quel endroit vous êtes placé dans cet organigramme ? Quelles

7 étaient vos fonctions ? Vous allez peut-être utiliser le pointeur plutôt

8 que la pince à linge pour le montrer sur le rétroprojecteur.

9 (Le témoin montre un point).

10 Merci. L'organigramme peut être remis au greffe, puisqu’il est

11 déjà une pièce de la défense versée au dossier.

12 (L'huissier s'exécute).

13 Monsieur Duracic, connaissiez-vous M. Delalic avant la guerre ?

14 M. Duracic (interprétation). - Oui, j’ai fait sa connaissance

15 dans les années 80 et je le connaissais en 1992. Nous étions des

16 connaissances, pas des amis intimes.

17 Mme Residovic (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion de

18 rencontrer M. Delalic dans les premiers temps de la guerre en Bosnie-

19 Herzégovine ? Et pourriez-vous nous préciser la date de votre première

20 rencontre ?

21 M. Duracic (interprétation). - La première fois où nous nous

22 sommes rencontrés, M. Delalic et moi, au début de la guerre, ce fut

23 lorsque l'état-major municipal de la Défense territoriale m'a assigné la

24 mission d'assurer la sécurité des installations de la présidence de

25 guerre. On m'avait dit que tout le soutien logistique, à savoir les sacs

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1 de sable, les matériaux de construction, le ciment, les blocs de béton,

2 tout ce genre de matériaux, pouvait être obtenu de M. Delalic.

3 Mme Residovic (interprétation). - Il y a un instant, vous avez

4 dit avoir assisté à une réunion le 17 ou le 18 mai, à l'occasion de

5 laquelle vous avez été désigné au poste de chef du service du génie. Est-

6 ce que M. Delalic était présent à cette réunion ?

7 M. Duracic (interprétation). - Pas du tout. En effet, je crois

8 qu'à l'époque, il était toujours à Zagreb.

9 Mme Residovic (interprétation). - Au vu de ce que vous saviez à

10 l'époque,

11 pourriez-vous nous dire si M. Delalic, lors de cette réunion-là, ou lors

12 d'une réunion ultérieure, aurait été nommé à telle ou telle tâche ou poste

13 dans le cadre du commandement conjoint ou de l'état-major municipal ?

14 M. Duracic (interprétation). - Ma réponse est négative.

15 Mme Residovic (interprétation). - Vous qui étiez membre de

16 l'état-major municipal, est-ce qu’au cours du mois de mai, vous avez

17 appris que la présidence de guerre avait assigné une tâche particulière à

18 M. Delalic ?

19 M. Duracic (interprétation). - Oui. On lui a donné comme mission

20 d'utiliser ses contacts à Zagreb afin d'acquérir du matériel, dans la

21 mesure du possible, d'acquérir des armes, au nom du commandement conjoint

22 et pour les unités qui en relevaient.

23 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu’à un moment donné,

24 vous auriez appris si M. Delalic était nommé au poste de coordinateur ?

25 M. Duracic (interprétation). - Oui.

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1 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire qui

2 l’a désigné à ce poste ?

3 M. Duracic (interprétation). - La présidence de guerre.

4 Mme Residovic (interprétation). - En tant que coordinateur, est-

5 ce que M. Delalic a jamais été à un poste de commandement supérieur au

6 vôtre ?

7 M. Duracic (interprétation). - Non. Zejnil Delalic était un

8 civil et moi, j’étais un soldat.

9 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit avoir participé

10 à des activités conjointes ; pourriez-vous nous dire si M. Delalic, en

11 tant que coordinateur, avait sous ses ordres des officiers ou d'autres

12 personnes détenteurs de postes officiels ?

13 M. Duracic (interprétation). - Je ne pense pas que cela ait été

14 le cas, parce qu'un coordinateur a une fonction d'intermédiaire entre deux

15 structures distinctes. C'est un poste qui

16 ne concerne qu'une personne.

17 Mme Residovic (interprétation). - En tant que soldat et membre

18 du commandement conjoint, avez-vous eu l'occasion de recevoir des ordres

19 de la part de M. Delalic en sa qualité de coordinateur ?

20 M. Duracic (interprétation). - Non.

21 Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi de vous poser des

22 questions d'ordre hypothétique, mais si vous aviez reçu un ordre signé

23 d'un coordinateur, est-ce qu'un tel ordre aurait eu une nature

24 contraignante sur vous ?

25 M. Duracic (interprétation). - Si cet ordre n'était signé que du

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1 coordinateur, ce ne serait pas un ordre de nature contraignante à mon

2 égard.

3 Mme Residovic (interprétation). - A cette époque-là, qui avait

4 le pouvoir de vous donner des ordres ?

5 M. Duracic (interprétation). - Uniquement le commandant de la

6 Défense territoriale municipale ou du commandement conjoint.

7 Mme Residovic (interprétation). - Une autre question que je vous

8 pose sous la forme d'une hypothèse : si à côté de la signature des

9 commandants apparaissait la signature du coordinateur, interpréteriez-vous

10 ce document comme étant un document émanant du coordinateur ?

11 M. Duracic (interprétation). - En aucun cas.

12 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, en tant que

13 soldat et en tant que membre de l'état-major, saviez-vous si M. Delalic en

14 tant que coordinateur était compétent pour nommer certaines personnes à

15 certain poste ?

16 M. Duracic (interprétation). - Non.

17 Mme Residovic (interprétation). - Connaissez-vous Jerko Kostic ?

18 M. Duracic (interprétation). - Oui. Jerko Kostic a été nommé au

19 poste de

20 commandant adjoint à la sécurité. Il a remplacé à ce poste M. Goran Lokas.

21 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, au sein du

22 commandement conjoint, qui était compétent pour nommer à certains postes

23 des personnes d'appartenance ethnique croate ? Fondez-vous, pour répondre

24 à cette question, sur vos connaissances personnelles, s'il vous plaît.

25 M. Duracic (interprétation). - Les personnes d'origine ethnique

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1 croate ne pouvaient être nommées à un poste au sein du commandement

2 conjoint que par le HVO.

3 Mme Residovic (interprétation). - Cette réponse répond en partie

4 à ma question suivante, je vous la pose tout de même. En vous fondant sur

5 vos connaissances personnelles, pouvez-vous nous dire si M. Delalic a

6 nommé M. Kostic à quelque poste que ce soit ?

7 M. Duracic (interprétation). - J'ai dit tout à l'heure que

8 M. Delalic était un civil ; en tant que tel il ne pouvait pas nommer qui

9 que ce soit à des postes militaires.

10 Mme Residovic (interprétation). - En tant que membre de l'état-

11 major, vous savez sans doute qu'une unité était placée sous les ordres du

12 commandant et qu’elle devait être également placée sous le commandement du

13 groupe tactique 1.

14 Monsieur Duracic, pouvez-vous nous dire si M. Delalic s'est vu

15 revêtu d'une autorité quelconque vis-à-vis de cette unité que je viens de

16 citer ?

17 M. Duracic (interprétation). - Mais de quelle unité parlez-vous

18 exactement, s'il vous plaît ?

19 Mme Residovic (interprétation). - Etes-vous au courant du fait

20 qu’en juin une unité de Konjik a été détachée et envoyée vers Pazaric pour

21 être placée sous le commandement du groupe tactique 1 ?

22 M. Duracic (interprétation). - Oui, je suis au courant de cela.

23 Cette unité était appelée l'unité des Gajret.

24 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu’une personne en

25 particulier était

Page 12149

1 responsable de l'approvisionnement de cette unité en toute sorte de

2 matériaux ?

3 M. Duracic (interprétation). - Oui, cela était du ressort de la

4 présidence de guerre. Celle-ci a désigné M. Delalic comme étant la

5 personne qui devait s’occuper de l'équipement de cette unité.

6 Mme Residovic (interprétation). - Etiez-vous présent lors du

7 départ de cette unité ? Au sein de l'état-major y a-t-il eu des

8 instructions particulières quant à l'envoi de cette unité sur le terrain ?

9 M. Duracic (interprétation). - J'étais présent lors du départ de

10 cette unité et au quartier général il a été décidé que M. Delalic aurait

11 l'honneur de donner le signal du départ à cette unité, parce qu'en fait

12 c'était la première unité entièrement équipée dont nous disposions.

13 Mme Residovic (interprétation). - Puisque vous étiez présent

14 lors de cette cérémonie de départ et puisque vous êtes au courant des

15 mesures prises par le quartier général, pouvez-vous nous dire si, lors du

16 départ de l'unité de Gajret, M. Delalic était revêtu d'une autorité de

17 supérieur hiérarchique quelconque vis-à-vis de cette unité ?

18 M. Duracic (interprétation). - Non.

19 Mme Residovic (interprétation). - Nous allons maintenant aborder

20 une nouvelle série de questions, puisqu'il me semble que la Chambre de

21 première instance dispose de suffisamment d'informations relatives au fait

22 que c'est l'état-major municipal qui a préparé et mené à bien l'opération

23 Oganj qui était menée dans la région du lac Borik.

24 Nous savons également qu'avant cette opération le HVO a renoncé

25 à prendre part à ladite opération, mais vous-même, personnellement, avez-

Page 12150

1 vous pris une part active à la préparation de l'opération Oganj ?

2 M. Duracic (interprétation). - Pas seulement moi, tout le

3 commandement conjoint y a pris part, toutes les structures des forces

4 armées y ont participé, tous les commandants de brigade ont été impliqués

5 dans la préparation de cette opération, laquelle visait à libérer les

6 territoires occupés et à libérer Boracko Jezero.

7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, pouvez-vous

8 nous dire si M. Delalic, à vos côtés, a pris part à la préparation de

9 cette opération de combat dans le cadre du commandement conjoint ?

10 M. Duracic (interprétation). - Non, parce qu'à l'époque il était

11 toujours civil.

12 Mme Residovic (interprétation). - Après le début de cette

13 opération, qui était responsable de la mener à bien ?

14 M. Duracic (interprétation). - Le commandant était Esad Ramic,

15 le commandant du commandement conjoint.

16 Mme Residovic (interprétation). - Et vous-même,

17 Monsieur Duracic, avez-vous pris une part active à cette opération ?

18 M. Duracic (interprétation). - Effectivement.

19 Mme Residovic (interprétation). - Dites-nous quelles étaient vos

20 fonctions et où étiez-vous basé au cours de ces opérations de combat ?

21 M. Duracic (interprétation). - J'étais à Vranske Stijene. C'est

22 là que se trouvait un des centres de communication dans le cadre de

23 l'opération Oganj. Notre poste s’appelait le poste Oganj 1.

24 Mme Residovic (interprétation). - On vient de m'indiquer qu'il

25 semble y avoir une erreur dans le compte rendu. Vous avez dit que le

Page 12151

1 commandant des opérations était le commandant du commandement conjoint.

2 Pardon, vous avez déclaré que le commandant de l'opération était le

3 commandant de l’état-major municipal.

4 M. Duracic (interprétation). - Non, c'était le commandant du

5 commandement conjoint qui était responsable de l'opération.

6 Mme Residovic (interprétation). - Comment s'appelle-t-il ?

7 M. Duracic (interprétation). - Esad Ramic.

8 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que vous étiez à

9 Vranske Stijene au cours de cette opération, pouvez-vous nous dire combien

10 de temps celle-ci a duré ?

11 M. Duracic (interprétation). - Elle a duré un peu plus d'un

12 mois, mais pour ce qui est des unités qui étaient responsables de mener à

13 bien certaines tâches tactiques, elles sont restées sur place un peu plus

14 longtemps que cela.

15 Mme Residovic (interprétation). - Au cours de cette période,

16 est-ce que M. Delalic se trouvait avec vous à Vranske Stijene ?

17 M. Duracic (interprétation). - Oui.

18 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, quelles

19 étaient vos fonctions à Vranske Stijene ?

20 M. Duracic (interprétation). - J'étais responsable des services

21 du Génie et j'étais notamment chargé d'assurer la sécurité du terrain

22 couvert par les opérations de combats. Cela s'est passé dans le secteur de

23 Boracko et c'est une région montagneuse. Je devais faire en sorte

24 d'établir certains liens de communication.

25 M. Jan (interprétation). - Votre question ne devrait porter que

Page 12152

1 sur les fonctions de Zejnil Delalic, pas sur les fonctions de ce témoin.

2 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Monsieur, étant donné

3 que vous étiez en compagnie de M. Delalic, pouvez-vous nous dire quelles

4 étaient ses fonctions à lui ?

5 M. Duracic (interprétation). - Monsieur Delalic avait déjà une

6 expérience de deux mois en matière de soutien logistique et sa tâche

7 prioritaire était de transférer les demandes émanant des unités et

8 destinées aux états-majors municipaux. Il le faisait par le biais des

9 liens de communication qui étaient établis. Ces messages portaient sur le

10 soutien logistique à apporter aux unités et sur d'autres questions encore.

11 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit que le poste

12 Oganj 1 était un des postes de communication qui avaient été mis en place

13 sur le terrain. Vous-même et M. Delalic

14 aviez-vous recours à ce centre de communication ?

15 M. Jan (interprétation). - Pour ce qui est de la question que

16 vous avez posée relative aux fonctions de M. Delalic, il y a quelque chose

17 d'assez confus qui apparaît sur le compte rendu. Je dois dire que je vois,

18 à ma grande tristesse, beaucoup d'erreurs apparaître sur le compte rendu

19 lorsque j'interviens. J'en suis vraiment navré.

20 Mme Residovic (interprétation). - Pardon, Monsieur le Juge, mais

21 je ne peux pas à la fois poser les questions et suivre le compte rendu.

22 J'ai d'abord posé une question relative aux fonctions de M. Duracic et

23 ensuite une question relative aux fonctions de M. Delalic. Il y a peut-

24 être eu une erreur d'interprétation et les réponses sont peut-être aussi

25 décalées de ce fait. Il est vraiment difficile pour moi-même et pour

Page 12153

1 Me O'Sullivan de suivre précisément ce qui se passe.

2 Nous allons tâcher de ralentir notre rythme afin que les

3 interprètes soient mieux à même d'interpréter nos échanges parce que cela,

4 bien sûr, est dans l'intérêt immédiat de la Chambre. Sans doute y a-t-il

5 eu une erreur d'interprétation.

6 La première question était : quelles étaient les fonctions du

7 témoin à Vranske Stijene ? Vous avez décrit, Monsieur Duracic, vos

8 fonctions au sein du service du Génie, n'est-ce pas ?

9 M. Duracic (interprétation). - Oui.

10 Mme Residovic (interprétation). - Ensuite, je vous ai demandé

11 quelles étaient les fonctions de M. Delalic.

12 M. Duracic (interprétation). - Oui et j'ai répondu à cette

13 question.

14 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Monsieur Duracic, étant

15 donné que vous avez passé un mois en compagnie de M. Delalic, pouvez-vous

16 nous dire si, à un moment quelconque, M. Delalic était en position de

17 supérieur hiérarchique par rapport à vous-même ? Vous commandait-il ?

18 M. Duracic (interprétation). - Non, j'ai déjà répondu à cette

19 question. Il n'était que soldat et depuis assez peu de temps, tandis que,

20 moi, j'étais déjà responsable de l'état-major chargé du Génie.

21 Mme Residovic (interprétation). - Hormis vous-même, qui se

22 trouvait au centre de Vranske Stijene ?

23 M. Duracic (interprétation). - Hormis moi-même et M. Delalic, il

24 y avait avec nous, au début de l'opération, le commandant du commandement

25 conjoint, même si le HVO a décidé à l'époque de ne pas prendre part à ces

Page 12154

1 opérations Nous avions également avec nous M. Cerovac qui était

2 responsable du quartier général et commandant-adjoint des tâches

3 opérationnelles.

4 M. le Président (interprétation). - Enfin, ne parlons pas de

5 personnes qui n'ont qu'un lien relativement ténu avec votre client.

6 Parlons de votre client.

7 Mme Residovic (interprétation). - Mais Monsieur le Président,

8 veuillez m'excuser, je vais répéter la question. Je pense qu'elle a été

9 mal interprétée Elle concernait directement M. Delalic. Je vais reposer ma

10 question. Monsieur Duracic, quelles étaient les fonctions de M. Delalic à

11 Vranske Stijene au cours de ce mois au cours duquel ces opérations ont été

12 menées ?

13 M. Duracic (interprétation). - Au cours de cette opération,

14 M. Zejnil Delalic était chargé de la fonction suivante : si les unités

15 prenant part aux opérations de combats avaient besoin d'équipement, elles

16 en formulaient la demande auprès de M. Delalic qui, à son tour, entrait en

17 contact avec les instances compétentes, notamment le centre à Konjic.

18 Donc, M. Delalic communiquait ces demandes auprès de M. Tahirovic,

19 notamment.

20 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Je vous repose la

21 question parce qu'il y a eu erreur dans le compte rendu. A un moment

22 quelconque, lors de cette opération Borci, avez-vous vous-même été placé

23 sous les ordres de M. Delalic ? D'autres soldats ont-ils été placés

24 sous ses ordres, des soldats prenant part à l'opération ?

25 M. Duracic (interprétation). - Cela n'a jamais été le cas.

Page 12155

1 Mme Residovic (interprétation). - Pour ce qui est des fonctions

2 remplies par M. Delalic, pouvait-il donner des ordres aux services du

3 Génie, aux unités d'artillerie ou à d'autres unités prenant part à

4 l'opération ?

5 M. Duracic (interprétation). - Mais combien de fois dois-je vous

6 le dire ? Zejnil Delalic ne pouvait pas émettre d'ordres, à qui que ce

7 soit.

8 M. le Président (interprétation). - Oui, je crois que la

9 question a été posée au moins quatre fois.

10 Mme Residovic (interprétation). - Oui, merci Monsieur le

11 Président. Il m'a simplement semblé que les réponses n'étaient pas

12 suffisamment claires et précises.

13 Monsieur Duracic, étant donné que vous avez passé la majeure

14 partie de ce mois à Vranske Stijene, pouvez-vous nous dire si vous avez

15 reçu des visites de Konjic ou d'autres lieux ?

16 M. Duracic (interprétation). - L'opération a duré plus longtemps

17 que prévu. Par conséquent, M. Cerovac, le commandant en chef, souhaitait

18 voir les unités. Je me souviens qu'une fois, le Président de la Présidence

19 de guerre lui-même est venu sur place pour voir ce qu'il en était. Je ne

20 me souviens pas de la visite de qui que ce soit d'autre.

21 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, à un moment

22 quelconque, avez-vous eu connaissance de la présence d'étrangers dans le

23 secteur ?

24 M. Duracic (interprétation). - Oui. Ils se sont présentés comme

25 étant des journalistes. Ils venaient d'un pays arabe, je ne sais plus

Page 12156

1 exactement lequel. Il y avait un cameraman, un journaliste et un

2 interprète.

3 Mme Residovic (interprétation). - Et vous-même,

4 Monsieur Duracic, avez-vous pris part personnellement à l'entretien qui a

5 eu lieu entre M. Delalic et ces journalistes ?

6 M. Duracic (interprétation). - J'ai été présent pendant toute la

7 durée de cet entretien.

8 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous nous donner les

9 grandes lignes de cet entretien ?

10 M. Duracic (interprétation). - Eh bien, ils voulaient surtout

11 essayer de savoir pourquoi la guerre avait commencé. Puis, M. Delalic a

12 expliqué que la Bosnie-Herzégovine était victime d'une agression et que la

13 population s'était levée en masse pour tâcher de se défendre. Il a

14 également parlé de l'équipement très défectueux des soldats. Ils avaient

15 des armes de mauvaise qualité et l'approvisionnement était très mauvais.

16 Ensuite, M. Delalic a expliqué que, d'après lui, les pays

17 membres de la communauté internationale n'avaient pas l'air de comprendre

18 que la Bosnie-Herzégovine était en train d'être victime d'une agression.

19 Il a également dit que les pays arabes ne se pressaient pas pour apporter

20 leur aide.

21 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, au cours de

22 cet entretien avec les journalistes, quelqu'un a-t-il présenté M. Delalic

23 comme étant un commandant ?

24 M. Duracic (interprétation). - Absolument pas.

25 M. Duracic (interprétation). - Comment vous êtes-vous présentés

Page 12157

1 les uns aux autres ?

2 M. Duracic (interprétation). - Simplement par nos noms et nos

3 prénoms.

4 Mme Residovic (interprétation). - La Chambre de première

5 instance a déjà vu des photographies de la région dont nous parlons. Mais

6 pouvez-vous nous dire si, dans le secteur, il y avait des pancartes ou des

7 panneaux portant des inscriptions dans une langue étrangère ?

8 M. Duracic (interprétation). - Oui, effectivement. Vous savez,

9 des adolescents participaient à la guerre, des jeunes hommes de 18, 19,

10 22 ans et, pour montrer qu'ils n'étaient pas n'importe qui, ils

11 rédigeaient ces inscriptions qui disaient "Otan" ou bien "Pentagone", etc.

12 Mme Residovic (interprétation). - Y avait-il un panneau

13 indiquant, je cite : "Commandant régional principal" ?

14 M. Duracic (interprétation). - Non, je ne le crois pas. En tout

15 cas, je ne l'ai jamais vu.

16 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, à l'époque à

17 Konjic, y avait-il un commandant régional ?

18 M. Duracic (interprétation). - Non, absolument pas. Ce poste n'a

19 jamais existé.

20 Mme Residovic (interprétation). - Ces soldats ont-il rédigé un

21 panneau qui portait l'indication, je cite : "En poste" ?

22 M. Duracic (interprétation). - Non, je vous ai déjà dit quelles

23 étaient les inscriptions qui figuraient sur ces panneaux. Une tente était

24 prévue pour deux soldats, pas plus, et je pense que mon fils et un autre

25 soldat ont rédigé cette inscription qui disait "Bureau".

Page 12158

1 Mme Residovic (interprétation). - J'aimerais maintenant diffuser

2 la cassette n° 2. Je souhaite en diffuser un segment extrêmement court, un

3 segment qui a été filmé sur les lieux, à Vranske Stijene. Je voudrais voir

4 si le témoin identifie certains lieux. Il s'agit de la cassette n° 1.

5 (Projection de la cassette.)

6 Merci. Avez-vous pu voir, Monsieur Duracic, les images ?

7 M. Duracic (interprétation). - Non, il n'y a pas d'images sur

8 mon écran.

9 Mme Residovic (interprétation). - S'il vous plaît, peut-on

10 revoir cette image ? Je demande au témoin d'appuyer sur le premier bouton

11 où il y a marqué "Vidéo".

12 M. Duracic (interprétation). - D'accord.

13 Mme Residovic (interprétation). - Peut-on revoir l'image ?

14 M. Duracic (interprétation). - C'est l'inscription que l'on voit

15 en bas, tout en bas.

16 Mme Residovic (interprétation). - Poursuivez la diffusion.

17 M. Duracic (interprétation). - Peut-on voir un peu mieux en

18 haut... Voilà, c'est cela.

19 (Projection de la cassette.)

20 M. Duracic (interprétation). - Je vous remercie. Il s'agit d'un

21 segment d'une vidéo. C'est la pièce à conviction du Procureur n° 146.

22 Monsieur Duracic, pouvez-vous affirmer qu'il ne fait aucun doute

23 que c'est le seul panneau qui a été fait de la manière que vous avez

24 décrite et qui se trouvait à proximité de l'endroit où vous vous

25 trouviez ?

Page 12159

1 M. Duracic (interprétation). - Je peux vous dire qu'il n'y a

2 aucun doute, il en est ainsi.

3 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais vous demander une

4 chose de plus : au cours de l'opération, y a-t-il eu à un moment donné un

5 changement au niveau des commandants de l'opération ?

6 M. Duracic (interprétation). - Non. Le commandant n'a pas été

7 changé. Mais...

8 M. Jan (interprétation). - On a entendu que Esad Ramic a été

9 blessé et qu'il a été remplacé.

10 Mme Residovic (interprétation). - Oui, c'est cela. Merci. Je

11 voudrais changer de sujet maintenant.

12 Monsieur Duracic, vous êtes un habitant de Konjic, vous

13 connaissez la levée du barrage de Bradina et vous êtes au courant des

14 opérations qui ont été menées à cette fin. Pouvez-vous me dire si vous

15 avez, vous personnellement, eu un contact quelconque avec la caserne et la

16 prison de Celebici ?

17 M. Duracic (interprétation). - Avec la caserne, oui, mais aucun

18 contact avec la prison.

19 Mme Residovic (interprétation). - Quand vous êtes-vous rendu à

20 la caserne et à

21 combien de reprises ?

22 M. Duracic (interprétation). - Quand j'ai prêté serment.

23 Mme Residovic (interprétation). - Vous n'aviez rien à voir avec

24 cette prison, personnellement, mais saviez-vous qu'il y avait une prison

25 dans cette caserne ?

Page 12160

1 M. Duracic (interprétation). - Oui. Pratiquement tous les

2 habitants de Konjic savaient qu'il y avait à Celebici des détenus qui

3 étaient des membres du SDS et qui avaient été faits prisonniers au moment

4 de la libération de Bradina.

5 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, à un moment

6 quelconque, avez-vous appris que le traitement de ces détenus était

7 mauvais ou qu'ils étaient maltraités ?

8 M. Duracic (interprétation). - Non. Mais mon fils cadet, me

9 semble-t-il, au cours des premiers jours, a été gardien dans cette prison.

10 Il ne m'a jamais dit qu'il y a eu de mauvais traitements.

11 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, je voudrais

12 à présent vous poser quelques questions sur un autre sujet.

13 A un moment donné, auriez-vous appris que M. Zejnil Delalic a

14 été nommé à un poste de commandement ?

15 M. Duracic (interprétation). - Oui, nous étions à

16 Vranske Stineje ensemble et c'est là que, par des contacts depuis l'état-

17 major de Konjic, il a été informé qu'il avait été nommé au poste de

18 commandant du groupe tactique 1. Bien entendu, pour nous tous, c'était un

19 grand honneur.

20 Mme Residovic (interprétation). - Pouvez-vous dire à la Chambre

21 quand cela s'est passé exactement ? Quand avez-vous appris à

22 Vranske Stineje que Zejnil Delalic a été nommé à ce poste ?

23 M. Duracic (interprétation). - C'était peut-être à la fin du

24 mois de juillet. Je ne me souviens pas exactement mais c'était entre le 27

25 et le 29. Là, j'en suis sûr.

Page 12161

1 Mme Residovic (interprétation). - Une question sous forme

2 d'hypothèse, Monsieur Duracic : serait-il possible que M. Delalic ait été

3 nommé à ce poste bien avant, sans qu'il l'apprenne et sans que vous-même

4 le sachiez, à Vranske Stijene ?

5 M. Duracic (interprétation). - Non. Il n'était pas possible de

6 ne pas être au courant. Si l'ordre a été donné, s'il est arrivé à l'état-

7 major ou à l'état-major conjoint de Konjic, il devait être immédiatement

8 transféré là où se trouvait Zejnil Delalic.

9 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, pouvez-vous

10 affirmer avec certitude que Zejnil Delalic se trouvait à Vranske Stijene

11 jusqu'à fin juillet, c'est-à-dire jusqu'au moment où il a reçu cette

12 information ?

13 M. Duracic (interprétation). - A 100 % sûr.

14 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, serait-

15 ce le moment opportun pour faire une pause ?

16 M. Jan (interprétation). - Combien de questions avez-vous encore

17 pour ce témoin ?

18 Mme Residovic (interprétation). - Il me reste une dizaine de

19 questions.

20 M. le Président (interprétation). - Il me semble que nous avons

21 déjà couvert la plupart des sujets sur lesquels devait témoigner ce

22 témoin. Nous allons lever la séance maintenant et nous continuerons à

23 14 heures 30.

24 (La séance, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30)

25 Mme McMurrey (interprétation). - Je demande à la Chambre

Page 12162

1 d'excuser Mme Boler pour le reste de l'après-midi.

2 Mme le greffier (interprétation). - Je rappelle au témoin qu'il

3 est toujours sous serment.

4 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez poursuivre,

5 Maître Residovic.

6 Mme Residovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président .

7 Monsieur Duracic, vous vous souvenez peut-être qu'avant la

8 pause, nous avons dit que, fin juillet, entre le 27 et le 29 juillet, vous

9 avez appris que M. Delalic venait d'être nommé commandant du groupe

10 tactique 1. Vous en souvenez-vous ?

11 M. Duracic (interprétation). - Oui.

12 Mme Residovic (interprétation). - Dites-moi, Monsieur Duracic,

13 s'il vous plaît, vous-même avez-vous été placé sous les ordres de

14 M. Delalic à ce moment ?

15 M. Duracic (interprétation). - Non.

16 Mme Residovic (interprétation). - A partir de ce moment-là,

17 M. Delalic est-il devenu commandant de l'état-major de la Défense

18 territoriale ?

19 M. Duracic (interprétation). - Non. Excusez-moi ; le commandant

20 du groupe tactique ne commande que les unités qui sont placées sous ses

21 ordres pour l'exécution d'une mission particulière.

22 Mme Residovic (interprétation). - Vous-même, Monsieur Duracic, à

23 un moment quelconque, pendant que M. Delalic était commandant du groupe

24 tactique, étiez-vous membre du commandement du groupe tactique 1 ?

25 M. Duracic (interprétation). - Non.

Page 12163

1 Mme Residovic (interprétation). - Pendant que M. Delalic était

2 commandant du groupe tactique n° 1, vous-même étiez-vous soldat, et

3 pendant combien de temps, et à quel moment, dans ce groupe tactique, et

4 donc sous les ordres de M. Delalic ?

5 M. Duracic (interprétation). - Non.

6 Mme Residovic (interprétation). - Je vous poserai une question

7 de plus sous forme d'hypothèse, Monsieur Duracic.

8 Si, en tant que soldat de la Défense territoriale de Konjic et

9 membre de l'état-major municipal, vous aviez reçu un ordre de M. Delalic

10 en tant que commandant du groupe tactique 1, auriez-vous exécuté cet

11 ordre ? Cet ordre aurait-il été contraignant pour vous ?

12 M. Jan (interprétation). - Le témoin a déjà répondu à cette

13 question.

14 Mme Residovic (interprétation). - Il a dit qu'il n'était pas

15 placé sous ses ordres, mais je lui pose la question de savoir s'il aurait

16 exécuté cet ordre, s'il l'avait reçu. C'est une autre question, Monsieur

17 le Juge, mais si l'un implique l'autre, donc si on n'est pas tenu

18 d'exécuter l'ordre de celui qui n'est pas notre commandant, je

19 n'insisterai pas sur cette question. Si le témoin veut néanmoins répondre,

20 je lui demanderai de le faire.

21 M. Duracic (interprétation). - Non, en aucun cas. Seulement le

22 commandant était habilité à me donner des ordres.

23 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Duracic, je passe à

24 un autre sujet très brièvement.

25 Devant la Chambre, vous avez déposé en disant que M. Delalic a

Page 12164

1 fourni un soutien logistique considérable à la Défense territoriale et aux

2 forces de défense ; vous-même, en tant qu'habitant de Konjic, savez-vous

3 si d'autres habitants de Konjic, conformément à leurs possibilités, ont

4 aidé la défense ?

5 M. Duracic (interprétation). - Naturellement. Tous les habitants

6 de Konjic qui y étaient un peu aisés se sont mis au service de l'armée

7 pour l'équiper, pour fournir du matériel, pour donner des moyens qui

8 permettaient de se procurer du matériel.

9 Parmi eux figurait Zejnil Delalic, à cette différence près qu’en

10 tant qu’homme d'affaires qui travaillait en Occident, il avait des

11 contacts plus intéressants et il lui était plus facile de se procurer ces

12 équipements ou ce matériel.

13 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie. Je pense que

14 vous avez suffisamment répondu à la question, du moins en ce qui me

15 concerne.

16 Un autre sujet également : vous, en tant que membre des unités

17 de la défense de Konjic, savez-vous si, en 1992, à Konjic, il y a eu des

18 unités telles que Béret Vert, Ligue Patriotique, ou d'autres unités

19 organisées de la sorte ?

20 M. Duracic (interprétation). - Non. Je peux affirmer que mis à

21 part le HVO, l'armée et le MUP, il n'y avait pas d'autres unités armées.

22 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez passé en compagnie

23 de M. Delalic un mois dans le désert total à Vranske Stijene et vous avez

24 également collaboré avec lui à un autre moment en 1992. S'il vous plaît, à

25 un moment quelconque, auriez-vous entendu ou vu personnellement que Zejnil

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1 Delalic aurait une autorité quelconque sur la prison de Celebici ?

2 M. Duracic (interprétation). - Non, je n'ai eu aucune

3 information à ce sujet.

4 Mme Residovic (interprétation). - D'après ce que vous savez,

5 vous, personnellement, Zejnil Delalic avait-il un contrôle quelconque sur

6 le personnel de cette prison ou avait-il une autorité lui permettant de

7 punir ce personnel ?

8 M. Duracic (interprétation). - Non, j'ai dit que je n'avais

9 aucun contact avec cette prison. Ce n'était pas dans mon domaine d'action,

10 je ne pouvais pas savoir si M. Delalic avait une autorité quelconque là-

11 bas.

12 Mme Residovic (interprétation). - Et pendant que vous étiez

13 ensemble à Vranske Stijene, à un moment quelconque, auriez-vous remarqué

14 que Zejnil Delalic avait un contact quelconque avec cette prison ou avec

15 le personnel qui y travaillait ?

16 M. Duracic (interprétation). - Je peux dire avec une certitude

17 totale que la réponse est non.

18 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur

19 Duracic, je n'ai plus de questions. Merci.

20 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous voulez

21 contre-interroger ?

22 M. Olujic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

23 Bonjour, Monsieur Duracic. Je suis Zeljko Olujic, je représente

24 M. Zdravko Mucic. Je souhaite vous poser quelques questions, qui seront

25 brèves.

Page 12166

1 Tout ce que ma collègue vous a indiqué est toujours valable :

2 essayez d'écouter jusqu'au bout ma question avant de répondre. Vous avez

3 compris ?

4 M. Duracic (interprétation). - Oui.

5 M. Olujic (interprétation). - Merci. Monsieur Duracic, pendant

6 l'interrogatoire principal, vous avez répondu aux questions de Me

7 Residovic et entre autres, vous avez mentionné MM. Lokas et Kostic en

8 disant que c'était des individus qui faisaient partie de cette commission

9 d’interrogation.

10 M. Duracic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas dit. M. Goran

11 Lokas était commandant adjoint chargé de la sécurité au sein du

12 commandement conjoint et suite à son accident de la route, il a été

13 remplacé par M. Kostic.

14 M. Olujic (interprétation). - Oui. Quant à M. Lokas, qui était

15 chargé des questions de sécurité, peut-on dire qu’il était en effet placé

16 sous l'autorité du poste de sécurité publique ?

17 M. Duracic (interprétation). - Non. Peut-être l'aurait-il été

18 avant, mais dès qu'il est devenu membre du commandement conjoint, il a été

19 placé sous l'autorité du commandant du commandement conjoint.

20 M. Olujic (interprétation). - Dites-moi s'il vous plaît où était

21 employé avant M. Kostic.

22 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas où il travaillait.

23 La seule chose que je sais, c’est qu'il est venu de Mostar.

24 M. Olujic (interprétation). - Donc vous ne savez pas où il

25 travaillait ?

Page 12167

1 M. Duracic (interprétation). - Non.

2 M. Olujic (interprétation). - Monsieur, peut-on dire qu'au

3 printemps-été 1992, suite à toute une série de circonstances, la

4 population de la municipalité de Konjic n'était pas

5 suffisamment armée ni organisée ?

6 M. Duracic (interprétation). - Pouvez-vous répéter la question,

7 s'il vous plaît ?

8 M. Olujic (interprétation). - Au printemps 1992, peut-on dire

9 qu'il n'y avait ni suffisamment d'armes entre les mains de la population

10 ni qu'elle était suffisamment bien organisée pour ce qui s’en est suivi ?

11 M. Duracic (interprétation). - Oui, on peut l'affirmer avec

12 certitude.

13 M. Olujic (interprétation). - Merci.

14 Peut-on dire qu'après la chute de Bradina, dont vous avez parlé,

15 dans les forêts, il y avait toujours des bandes Chetniks ?

16 M. Duracic (interprétation). - Oui, on peut l'affirmer.

17 M. Olujic (interprétation). - Peut-on dire qu'il y avait

18 d’autres bandes et des voleurs, pilleurs armés ?

19 M. Duracic (interprétation). - A quoi pensez-vous quand vous

20 dites « d'autres » ?

21 M. Olujic (interprétation). - D’autres, mis à part ces

22 Chetniks, d'autres bandes qui étaient armées et qui représentaient un

23 danger pour l'ordre public.

24 M. Duracic (interprétation). - Non.

25 M. Olujic (interprétation). - J’en ai terminé. Je vous remercie

Page 12168

1 Monsieur Duracic. Je n'ai pas d'autres questions.

2 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, le

3 Président Jan m’a signalé quelques erreurs de traduction et de

4 formulation. Nous venons de voir une traduction complètement contraire à

5 la question que j'ai posée. A la page 68, lignes 8 à 10, on lit que j'ai

6 posé la question de savoir si M. Duracic était devenu un officier

7 supérieur de M. Delalic. Mais ma question était inverse, à savoir à partir

8 du moment où M. Delalic est devenu commandant du groupe tactique 1, est-ce

9 que lui, Delalic, était supérieur à M. Duracic. C'est à cette question-là

10 que le témoin m'a répondu alors que la traduction était complètement

11 contraire.

12 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie pour cette

13 correction que vous venez d’apporter. Maître Karabdic ?

14 M. Karabdic (interprétation). - Le représentant de M. Hazim

15 Delic n'a pas de question pour ce témoin.

16 Mme Mc Murrey (interprétation). - Puis-je prendre la parole,

17 Monsieur le Président ?

18 M. le Président (interprétation). - Oui, vous pouvez si vous

19 avez des questions.

20 Mme Mc Murrey (interprétation). - Oui, très peu de questions,

21 comme mon prédécesseur. Monsieur Duracic, bonjour, je suis

22 Cynthia McMurrey et je représente M. Esad Landzo.

23 Vous avez répondu aux questions de Mme Residovic en disant, me

24 semble-t-il, que tout de suite après la mobilisation vous avez rejoint les

25 forces de la Défense territoriale Est-ce exact ?

Page 12169

1 M. Jan (interprétation). - Il n'a pas mentionné la mobilisation,

2 mais il a dit qu'il a rejoint ces unités.

3 Mme Mc Murrey (interprétation). - Mais vous avez rejoint ces

4 unités immédiatement ?

5 M. Duracic (interprétation). - Oui.

6 Mme Mc Murrey (interprétation). - Et vos deux fils vous ont

7 suivi et sont devenus membres de la Défense territoriale avec vous ?

8 M. Duracic (interprétation). - Oui.

9 Mme Mc Murrey (interprétation). - Connaissiez-vous

10 M. Esad Landzo pendant son enfance ?

11 M. Duracic (interprétation). - Oui.

12 Mme Mc Murrey (interprétation). - En fait, vous et votre famille

13 ne viviez pas

14 seulement dans la même rue, la rue du 15 septembre, mais également dans le

15 même bâtiment ?

16 M. Duracic (interprétation). - Oui, c’était au même numéro de la

17 rue.

18 Mme Mc Murrey (interprétation). - Un de vos fils avait à peu

19 près le même âge que M. Landzo, n’est-ce pas ?

20 M. Duracic (interprétation). - Oui, mon fils cadet, qui est mort

21 aujourd’hui.

22 Mme Mc Murrey (interprétation). - En fait, quand vous dites que

23 votre fils ne vit plus, il a été tué dans un accident de la route en

24 1996 ?

25 M. Duracic (interprétation). - Oui.

Page 12170

1 Mme Mc Murrey (interprétation). - Votre fils et M. Landzo ont

2 été des amis d’enfance, n’est-ce pas ?

3 M. Duracic (interprétation). - Oui, naturellement.

4 Mme Mc Murrey (interprétation). - Vous souvenez-vous de

5 M. Landzo quand il était garçon ?

6 M. Duracic (interprétation). - Oui.

7 Mme Mc Murrey (interprétation). - Pourrait-il affirmer que

8 c’était un jeune homme un peu timide, replié sur lui ?

9 M. Duracic (interprétation). - Oui, on pourrait dire comme ça.

10 Mme Mc Murrey (interprétation). - Autre chose au sujet du

11 bâtiment où vous viviez. Les Serbes, les Croates, les Musulmans vivaient

12 tous en accord les uns avec les autres, avant que la guerre n'éclate ? Il

13 n'y avait pas d'hostilité entre eux, n'est-ce pas ?

14 M. Duracic (interprétation). - Bien sûr.

15 Mme Mc Murrey (interprétation). - Votre fils cadet qui a grandi

16 avec M. Landzo était l'un des jeunes recrues pour la Défense territoriale

17 qui a été transférée à Celebici vers le mois de juin 1992, n'est-ce pas ?

18 M. Duracic (interprétation). - Pendant la première semaine du

19 mois de juin, il n’y

20 est resté que sept jours.

21 Mme Mc Murrey (interprétation). - Votre fils y est resté pendant

22 une semaine. Est-ce exact ?

23 M. Duracic (interprétation). - Oui.

24 Mme Mc Murrey (interprétation). - D’accord. Votre fils ne vous a

25 jamais parlé de mauvais traitements infligés à des prisonniers là-bas,

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1 n'est-ce pas ?

2 M. Duracic (interprétation). - Non, pas du tout, absolument pas,

3 parce que très vraisemblablement il n'y en a pas eu.

4 Mme Mc Murrey (interprétation). - Tous ces jeunes gens qui ont

5 été envoyés à Celebici avaient 18, 19, 20 ans et n’avaient eu aucune

6 expérience militaire auparavant. Est-ce exact ?

7 M. Duracic (interprétation). - Je ne connais pas les autres

8 garçons qui étaient à Celebici.

9 Mme Mc Murrey (interprétation). - Votre fils et Landzo n’ont pas

10 fait leur service militaire avant cette guerre ?

11 M. Duracic (interprétation). - Non.

12 Mme Mc Murrey (interprétation). - Dernière question : si vous

13 pouvez vous rappeler, votre rue et votre bâtiment de Konjic ont été

14 sévèrement pilonnés et plusieurs personnes ont été victimes, tuées aux

15 yeux de tout le monde. Est-ce exact ?

16 M. Duracic (interprétation). - Oui, c’est exact.

17 Mme Mc Murrey (interprétation). - Je n’ai pas d’autres

18 questions. Merci, Monsieur Duracic.

19 M. Niemann (interprétation). - Monsieur Duracic, vous avez dit

20 avoir rencontré M. Delalic... Je retire ma question, Monsieur le

21 Président.

22 Au moment où vous assuriez la sécurité de la présidence de

23 guerre, c’est à ce

24 moment-là que vous avez rencontré M. Delalic ? Est-ce bien exact ?

25 M. Duracic (interprétation). - Oui.

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1 M. Niemann (interprétation). - Qui a donné les ordres visant à

2 assurer la sécurité au bâtiment où se trouvait la présidence de guerre ?

3 M. Duracic (interprétation). - J’ai reçu l'ordre du commandant

4 de l'état-major municipal.

5 M. Niemann (interprétation). - Vous avez travaillé avec

6 M. Delalic à ce projet ? Est-ce bien exact ?

7 M. Duracic (interprétation). - Non.

8 M. Niemann (interprétation). - Quelle était la nature des

9 rapports que vous aviez avec lui, à ce moment-là ?

10 M. Duracic (interprétation). - C’était une connaissance, c'était

11 tout.

12 M. Niemann (interprétation). - Quel était le travail réalisé par

13 la protection civile ou par le MUP ?

14 M. Duracic (interprétation). - Simplement parce que j'étais

15 spécialiste en la matière. J'étais un capitaine dans l'ex-armée, dans

16 l'ex-JNA.

17 M. Niemann (interprétation). - Vous avez déclaré que M. Delalic

18 avait été envoyé à Zagreb par la présidence de guerre. Saviez-vous que le

19 ministère de la Défense de Sarajevo l'avait habilité à réaliser ce projet

20 aussi ?

21 M. Duracic (interprétation). - De quel projet parlez-vous ?

22 M. Niemann (interprétation). - Du fait d'acquérir des armes et

23 du matériel au cours du mois de mai 1992.

24 M. Duracic (interprétation). - Je ne savais pas qu'il avait reçu

25 ces ordres. Je n'étais pas en mesure de le savoir, d'ailleurs. Cela ne

Page 12173

1 relevait pas de mes compétences.

2 M. Niemann (interprétation). - Si vous saviez qu'il avait été

3 autorisé et habilité par

4 la présidence de guerre à entreprendre des actions conjointes de troupes à

5 cette époque-là, je parle de mai 1992, cela vous ferait-il changer d'avis

6 quant à la question de savoir si M. Delalic devait remplir une fonction

7 militaire ?

8 M. Jan (interprétation). - Posez-lui d'abord le premier segment

9 de votre question. D'abord, avait-il reçu l'ordre de rejoindre le

10 commandement conjoint. Et puis posez seulement la deuxième partie de votre

11 question.

12 M. Niemann (interprétation). - Je ne voulais pas poser la

13 première partie de la question parce que cela ne me permet pas de répondre

14 à l'objectif que je recherche. Mais peut-être peut-on montrer au témoin la

15 pièce 499/7/4 ?

16 Veuillez examiner le troisième paragraphe. Je suppose que vous

17 n'avez jamais vu ce document auparavant ?

18 M. Duracic (interprétation). - C'est vrai, je n'ai jamais vu ce

19 document auparavant.

20 M. Niemann (interprétation). - Parle-t-on bien du 2 mai 1992 ?

21 A l'examen du troisième paragraphe, ce paragraphe vous fait-il

22 changer d'avis quant à la question de savoir si, en mai 1992, M. Delalic

23 devait remplir une quelconque fonction militaire ?

24 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

25 le témoin n'a jamais vu ce document. Il a déjà donné son avis et l'état de

Page 12174

1 ses connaissances quant aux devoirs et obligations remplis par M. Delalic

2 à son avis.

3 M. Niemann (interprétation). - Mais il peut bien changer d'avis

4 après avoir vu un autre document qu'il n'avait jamais vu auparavant.

5 M. le Président (interprétation). - Vous n'avez pas demandé un

6 avis.

7 M. Niemann (interprétation). - Mais il a déjà manifesté un avis

8 précédemment.

9 M. le Président (interprétation). - Et maintenant, vous demandez

10 si M. Delalic avait des responsabilités militaires. Ce n'est pas une

11 question de fait, mais d'avis.

12 M. Niemann (interprétation). - Peu importe si c'est un fait.

13 M. le Président (interprétation). - Le témoin semble ne pas

14 savoir.

15 M. Duracic (interprétation). - Je n'avais pas bien compris la

16 question posée par Me Niemann.

17 M. Niemann (interprétation). - Vous avez déclaré que, en

18 mai 1992, M. Delalic n'avait que des fonctions civiles. Je vous demande

19 d'examiner ce document qui date de mai 1992 et, plus particulièrement, le

20 troisième paragraphe. Je vous demande aussi si, après avoir pris

21 connaissance de ce paragraphe, vous persistez à dire qu'il n'avait que des

22 fonctions civiles.

23 Mme Residovic (interprétation). - Objection, Monsieur le

24 Président. Le témoin a fait état de ses connaissances en ce qui concerne

25 le mois de mai 1992. Ce sont des faits.

Page 12175

1 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez lui demander si,

2 à l'examen de ce document, M. Delalic n'avait qu'une fonction civile.

3 M. Niemann (interprétation). - Donc, si l'on examine ce

4 document, on peut dire que vous vous êtes trompé quant au fait que

5 M. Delalic n'aurait eu que des fonctions civiles.

6 M. le Président (interprétation). - Ce qu'il a dit n'était pas

7 un avis, une opinion, mais un fait qui lui était connu et je ne pense pas

8 que ce soit la même chose. Il n'a jamais dit que cela ne se soit jamais

9 passé.

10 M. Niemann (interprétation). - Mais nous avons là deux états

11 d'administration de la preuve différents parce qu'on lui montre ici un

12 document et je pense qu'il est normal, dans le cadre d'un contre-

13 interrogatoire, de montrer qu'il n'était pas en possession de tous les

14 faits lui permettant d'exprimer un avis. C'est tout ce que j'essaie

15 d'obtenir de la part de ce témoin. Mais je poursuis...

16 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.) Mais ce document fait

17 référence à des fonctions militaires. Je n'ai pas vu ce document.

18 M. Niemann (interprétation). - Lorsqu'on parle de tout mouvement

19 de troupes et de retrait de troupes d'autres secteurs, peut-être

20 effectivement que l'on pourrait vous montrer ce document,

21 Monsieur le Juge. Mais je poursuis...

22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président...

23 M. le Président (interprétation). - Maître Niemann passe à un

24 autre domaine.

25 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit que, lorsque vous

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1 étiez avec M. Delalic à Vranske Stijene -veuillez m'excuser de la

2 prononciation- M. Delalic y est resté jusqu'à la fin du mois de juillet.

3 Voulez-vous dire qu'il n'est jamais retourné à Konjic au cours du mois de

4 juillet ?

5 M. Duracic (interprétation). - J'ai dit que, étant donné la

6 situation qui prévalait à Vranske Stijene, puisqu'il n'y avait pas de

7 courant électrique il n'y avait pas d'eau, il n'aurait pu rentrer ou

8 partir que dans l'après-midi et revenir le soir pour peut-être prendre un

9 bain. Mais je suis sûr qu'il ne l'a pas fait plus d'une ou deux fois.

10 M. Niemann (interprétation). - Lorsque M. Delalic était à

11 Vranske Stijene, savez-vous qu'il a signé un ordre de remise en liberté

12 d'un prisonnier qui se trouvait à Celebici ? Etiez-vous au courant de ce

13 fait ?

14 M. Duracic (interprétation). - Oui, puisque personnellement

15 j'étais présent.

16 M. Niemann (interprétation). - Et si M. Cerovac vous avait

17 demandé de signer le document de remise en liberté en son nom, l’auriez-

18 vous fait ?

19 M. Duracic (interprétation). - Oui.

20 M. Niemann (interprétation). - Dites-moi, lorsque vous étiez à

21 Vranske Stijene, comment se présentait le commandement ? Je crois qu'il

22 n'y avait pas vraiment de grade à ce moment-là ? Est-ce bien exact ?

23 M. Duracic (interprétation). - Non, nous n'avions pas de grade,

24 mais il y avait des postes.

25 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que M. Delalic avait un

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1 poste quelconque ?

2 M. Duracic (interprétation). - Non, c'était un soldat ordinaire.

3 M. Niemann (interprétation). - Je vois. Qu’est-ce qui faisait la

4 différence entre un soldat ordinaire et une personne occupant un poste ?

5 M. Duracic (interprétation). - Une personne désignée à un poste

6 détient une certaine responsabilité.

7 M. Niemann (interprétation). - Mais comment le fantassin

8 ordinaire le sait-il, s’il n’a pas constamment sur lui un papier lui

9 donnant une quelconque habilitation ?

10 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas qui ne saurait

11 pas.

12 M. Niemann (interprétation). - Le soldat ordinaire saurait-il

13 que vous étiez une personne détenant une certaine autorité, un certain

14 pouvoir de commandement ? Puisqu’il n’y avait pas de grade, comment

15 pouvait-on faire la différence entre quelqu'un qui n'avait pas de pouvoir

16 de commandement et quelqu'un qui en avait ?

17 M. Duracic (interprétation). - Tout commandement d'une unité de

18 base connaissait son propre commandant et connaissait la composition de

19 l'état-major.

20 M. Niemann (interprétation). - Donnez-moi des précisions.

21 Combien d'effectifs y avait-il ?

22 M. Duracic (interprétation). - L’unité de base était la section

23 avec neuf combattants et un commandant.

24 M. Niemann (interprétation). - Dans quelle section se trouvait

25 M. Delalic ?

Page 12178

1 M. Duracic (interprétation). - En ce qui le concerne, il n'y

2 avait pas de section, il faisait partie des communications.

3 M. Niemann (interprétation). - Qui était son commandant immédiat

4 s'il n'était qu'un simple fantassin ?

5 M. Duracic (interprétation). - Son commandant, et le mien aussi

6 d'ailleurs, était

7 Esad Ramic.

8 M. Niemann (interprétation). - S’il était responsable des

9 communications, est-ce que cela en soi ne représente pas un poste ?

10 M. Duracic (interprétation). - Non, le centre principal de

11 communication était à Konjic où le responsable était M. Sultanic, je

12 crois. Là, ce n'était qu'une simple station de communication, un centre

13 moins important.

14 M. Niemann (interprétation). - Normalement, à cette époque-là,

15 n’est-il pas reconnu que les soldats ne savaient pas nécessairement qui

16 était leur commandant ?

17 M. le Président (interprétation). - Rappelez-vous que nous avons

18 eu un témoin de la défense, M. Sultanic, qui nous a rappelé qu'il était

19 responsable du centre des communications.

20 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que M. Sultanic était le

21 commandant de M. Delalic ?

22 M. Duracic (interprétation). - Uniquement pour cette tâche

23 particulière.

24 M. Niemann (interprétation). - M. Sultanic donnait-il des ordres

25 à M. Delalic ?

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1 M. Duracic (interprétation). - (Inaudible).

2 M. Niemann (interprétation). - Pour les soldats qui étaient dans

3 une unité particulière, pouvaient-ils savoir qui était leur commandant et

4 faire la distinction avec d'autres commandants ?

5 Mme Residovic (interprétation). - Le témoin a déjà répondu en

6 disant que chaque soldat connaissait son commandant et que tous les

7 soldats connaissaient la composition de l'état-major municipal.

8 M. Niemann (interprétation). - Remarquez que j’ai posé une autre

9 question : comment est-ce que les soldats savaient qui était le commandant

10 ou les commandants des autres unités ?

11 M. Duracic (interprétation). - Ils ne devaient pas

12 nécessairement connaître les commandants des autres unités. Un soldat

13 devait uniquement connaître son supérieur immédiat.

14 M. Niemann (interprétation). - Vous avez fait état d'une visite

15 d'un journaliste arabe au mont. Qui a amené ce journaliste ou ces

16 journalistes à l'endroit où vous-même et M. Delalic vous trouviez, à

17 l'époque ?

18 M. Duracic (interprétation). - C’est notre messager qui

19 s'occupait d'amener le commandant à notre position d'artillerie.

20 M. Niemann (interprétation). - Vous serez d'accord avec moi pour

21 dire qu'il était considéré de votre intérêt de bien revoir ce journaliste,

22 de lui donner des informations afin que celles-ci soient relayées à la

23 communauté internationale ?

24 M. Duracic (interprétation). - En tout état de cause.

25 M. le Président (interprétation). - Poursuivez, Maître Niemann.

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1 M. Niemann (interprétation). - Ce journaliste arabe qui s’était

2 déplacé tout particulièrement, venant de l'extérieur pour se rendre sur

3 place, pourquoi a-t-il été présenté à un simple soldat, à un simple

4 fantassin ?

5 M. Duracic (interprétation). - Je n’en ai pas la moindre idée.

6 M. Niemann (interprétation). - Vous ne savez pas pourquoi la

7 personne qui était censée prendre la parole au nom de l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine, en tout cas dans la position, pourquoi cette personne était

9 un simple soldat ?

10 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas si ce soldat

11 devait parler au nom de toute l'armée de Bosnie-Herzégovine. Mais c’est

12 sans doute le choix qu'a opéré le journaliste lui-même.

13 M. Niemann (interprétation). - Est-il coutumier, dans l'armée de

14 Bosnie-Herzégovine, d'avoir de simples fantassins qui s’expriment au nom

15 de toute l'armée à des journalistes étrangers ?

16 M. Duracic (interprétation). - Jusqu’à ce qu’on leur interdise

17 de le faire.

18 M. Niemann (interprétation). - N’avez-vous pas dit qu’au cours

19 de l’opération militaire Oganj -opération feu- M. Delalic avait un rôle à

20 jouer au niveau de la logistique ?

21 M. Duracic (interprétation). - Oui.

22 M. Niemann (interprétation). - Vous conviendrez avec moi que la

23 fourniture de l'aide logistique, surtout sur le terrain des opérations,

24 est une fonction tout à fait militaire ?

25 M. Duracic (interprétation). - Oui, mais uniquement lors des

Page 12181

1 opérations de combat.

2 M. Niemann (interprétation). - Comment saviez-vous que la

3 présidence de guerre avait désigné M. Delalic au poste de coordinateur ?

4 M. Duracic (interprétation). - Je le savais parce que je faisais

5 partie du commandement conjoint. Mais ceci n'a pas été contesté du tout,

6 le fait qu'il ait été désigné au poste de coordinateur.

7 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous entendu parler d'une

8 autre désignation au poste de coordinateur au sein de l'armée de Bosnie-

9 Herzégovine à cette époque-là ?

10 Mme Residovic (interprétation). - Cette question n'en est pas

11 vraiment une et ne se rapporte pas à l'armée de Bosnie-Herzégovine.

12 M. Niemann (interprétation). - Savez-vous si, dans l'armée de

13 Bosnie-Herzégovine, on a nommé quelqu'un à un poste de coordinateur ?

14 C'est une simple question à laquelle il est facile de répondre par un oui

15 ou par un non. Vous devriez me préciser avec qui il est sensé assurer la

16 coordination.

17 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il y a déjà un

18 témoin qui s'est prononcé sur la question, ce n'était pas quelque chose de

19 rare que de désigner de telles personnes à ces postes. Ce n'était là rien

20 de neuf. Je ne vois pas pourquoi vous posez cette question au témoin. Cela

21 ne semblait pas étrange qu'il y ait une telle nomination au poste de

22 coordinateur.

23 M. Niemann (interprétation). - Et qui a fourni l’appui technique

24 au niveau du génie au groupe tactique n°1 ?

25 M. Duracic (interprétation). - Est-ce que vous parlez de

Page 12182

1 l'opération Borci ?

2 M. Niemann (interprétation). - Groupe tactique 1.

3 M. Jan (interprétation). - Le groupe tactique 1 qui était censé

4 participer à la levée du siège de Sarajevo.

5 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas qui a assuré cette

6 fonction de logistique.

7 M. Niemann (interprétation). - Peut-on montrer au témoin la

8 pièce 193 ? Je dispose l'exemplaire à l’intention des juges. Avez-vous

9 déjà vu ce document ?

10 M. Duracic (interprétation). - Non, c'est la première fois que

11 je le vois.

12 M. Niemann (interprétation). - Mais votre nom figure dans ce

13 document, n'est-ce pas, en tant que chef du service du génie ?

14 M. Duracic (interprétation). - Oui, je l'ai vu.

15 M. Niemann (interprétation). - Si vous aviez reçu un exemplaire

16 de cet ordre, est-ce que vous l'auriez exécuté ?

17 M. Duracic (interprétation). - En aucun cas.

18 M. Niemann (interprétation). - Pourquoi pas ?

19 M. Duracic (interprétation). - Parce que la signature de mon

20 commandant n'y figure pas.

21 M. Niemann (interprétation). - Je vois. Comment savez-vous que

22 ce n'est pas un ordre qui vous était envoyé au nom de votre commandant ?

23 Mme Residovic (interprétation). - Le témoin a dit qu'il n'avait

24 jamais vu ce document et qu'il n'avait jamais été membre du commandement

25 de ce groupe tactique. Je ne

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1 vois pas l'intérêt de la question.

2 M. Niemann (interprétation). - Comment est-ce que vous auriez su

3 que cela n'avait pas été envoyé à vous-même au nom de votre commandant ?

4 Mme Residovic (interprétation). - Je répète mon objection,

5 Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation). - En quoi ceci concerne-t-il

7 le témoin ?

8 M. Niemann (interprétation). - Il y a son nom.

9 M. le Président (interprétation). - Peu importe, il dit que ce

10 n’était pas signé par son commandant, et du fait que ce n'était pas le

11 cas, il n'aurait pas obéi à un tel ordre. C'est ce que le témoin a

12 déclaré.

13 Vous pourriez lui demander s'il est allé signer cet ordre au nom

14 de ce commandant, et que ceci aurait été fait à son insu.

15 M. Niemann (interprétation). - Si ceci n'avait pas été signé au

16 nom de votre commandant, vous ne l'auriez pas su ?

17 M. Duracic (interprétation). - Je n'ai pas compris la question.

18 M. Niemann (interprétation). - Vous dites que vous n'auriez pas

19 obéi à cet ordre si vous l'aviez reçu ; la question qui en découle est la

20 suivante : comment auriez-vous su que ce n'était pas votre commandant, ou

21 au nom de votre commandant, ou au nom du commandement suprême de Sarajevo,

22 qui était votre hiérarchie supérieure ? Comment auriez-vous su que ce

23 n'était pas envoyé par cette instance ?

24 Mme Residovic (interprétation). - Je répète mon objection. En

25 effet, ce document n'est pas authentique.

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1 M. le Président (interprétation). - Il peut essayer de répondre

2 à la question.

3 M. Duracic (interprétation). - En premier lieu, je l'aurais su

4 parce qu'il y a un préambule. On dit « République de Bosnie-Herzégovine,

5 armée de Bosnie-Herzégovine, groupe tactique 1 » et au lieu du groupe 1,

6 dans l’en-tête, il aurait fallu que figure : « Ceci est

7 un major municipal de la Défense territoriale » ou encore « commandement

8 conjoint pour Konjic ». Il aurait fallu le libellé complet du nom du

9 commandant, ainsi que la signature de ce dernier.

10 M. Niemann (interprétation). - Dans le cadre de votre

11 déposition, vous avez dit que certaines des personnes que vous avez

12 capturées au moment où vous avez libéré Bradina avaient été envoyées à

13 Celebici ; vous en souvenez-vous ?

14 M. Duracic (interprétation). - Ce n'est pas ce que j'ai dit.

15 M. Niemann (interprétation). - Peut-être que je me suis trompé,

16 peut-être que je n'ai pas bien regardé le transcript et que je n'ai pas

17 pris de bonnes notes.

18 M. Duracic (interprétation). - Ce que j'ai dit, c'est que,

19 lorsque nous avons libéré Bradina, nous avions capturé certaines personnes

20 et toute la ville de Konjic savait que ces personnes avaient été envoyées

21 à la caserne de Celebici.

22 M. Niemann (interprétation). - Qui les a acheminées à Celebici ?

23 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas.

24 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit que votre fils

25 avait passé une semaine à Celebici ; il faisait partie de la Défense

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1 territoriale n'est-ce pas, lorsqu'il a travaillé à Celebici ?

2 M. Duracic (interprétation). - Je ne sais pas s'il était membre

3 de la Défense territoriale. Je crois qu'il était policier de réserve.

4 M. Niemann (interprétation). - N'avez-vous pas dit à un moment

5 de votre déposition que le Président de la présidence de guerre s'était

6 rendu sur le théâtre des opérations militaires alors que M. Delalic et

7 vous-même vous y trouviez ensemble ?

8 M. Duracic (interprétation). - Je me souviens l'avoir dit, mais

9 ce n'était pas dans la zone des opérations de combat. Ce n'est pas dans

10 cette zone qu'il s'est rendu, mais au centre de communication de

11 l'opération Oganj, à Vranske Stijene.

12 M. Niemann (interprétation). - Et est-ce que le Président a

13 discuté avec vous et M. Delalic ?

14 M. Duracic (interprétation). - Oui.

15 M. Niemann (interprétation). - Et que faisait-il là ? Est-ce

16 qu'il se contentait de faire une inspection ?

17 M. Duracic (interprétation). - La présidence de guerre a le

18 devoir de soutenir les unités, de les approvisionner. Le Président est

19 venu voir quels étaient nos besoins.

20 M. Niemann (interprétation). - Au niveau local, la présidence de

21 guerre a la responsabilité de la direction politique des opérations

22 destinées à assurer la protection de la municipalité, n'est-ce pas ?

23 M. Duracic (interprétation). - Non. Ceci relève uniquement de la

24 compétence de la Défense territoriale.

25 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que vous voulez laisser

Page 12186

1 entendre que la municipalité et la présidence de guerre n'ont aucun

2 intérêt à voir protéger la municipalité ?

3 Mme Residovic (interprétation). - Objection !

4 M. le Président (interprétation). - Manifestement, vous

5 n'appréciez pas tellement le contre-interrogatoire de Me Niemann.

6 M. Duracic (interprétation). - ... (Inaudible)...

7 M. Niemann (interprétation). - Pourriez-vous répondre à ma

8 question ?

9 M. Duracic (interprétation). - Je n'ai pas dit que ce n’était

10 pas là une obligation de la présidence de guerre, toutefois, la présidence

11 de guerre a pour obligation de soutenir et d’approvisionner les unités qui

12 remplissent des fonctions de défense de la municipalité.

13 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que vous avez assisté à

14 des réunions de la présidence de guerre, ou tout du moins, des réunions où

15 se trouvaient présents des membres de la présidence de guerre ?

16 M. Duracic (interprétation). - Non, jamais.

17 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que l’on vous a jamais

18 donné pour tâche d'assurer ou de fournir des renseignements à la

19 présidence de guerre ?

20 M. Duracic (interprétation). - Non.

21 M. Niemann (interprétation). - Je vais vous montrer un document,

22 si vous le voulez bien. Je dispose d'exemplaires à l'intention des Juges.

23 (L’huissier s’exécute).

24 Veuillez examiner le second paragraphe, c'est celui-là qui

25 m'intéresse surtout.

Page 12187

1 Mme Residovic (interprétation). - ... (Inaudible)...

2 M. Duracic (interprétation). - Je n'ai jamais vu ce document et

3 je ne voudrais pas en parler.

4 M. Niemann (interprétation). - Ce qui m'intéresse et que vous

5 pourrez me dire, c'est la question de savoir si, dans le deuxième

6 paragraphe, on fait référence à vous comme étant le chef du service du

7 génie. D'abord, on parle de l'introduction du chef de service du génie. Il

8 se peut que ce ne soit pas le cas. Je veux simplement savoir si on parle

9 de vous.

10 M. Duracic (interprétation). - Si ceci faisait renvoi à moi, je

11 suppose que j'aurais reçu ce document.

12 M. Niemann (interprétation). - Mais vous ne vous souvenez pas

13 l'avoir vu, n'est-ce pas ?

14 M. Duracic (interprétation). - Non, en effet.

15 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous bien compris ma

16 question ? Elle est simple : on fait référence, dans le paragraphe 2, au

17 chef des services du génie ; est-ce que c'est de vous que l'on parle dans

18 ce paragraphe ? Est-ce que c'est votre poste qui est décrit dans ce

19 paragraphe ou bien est-ce qu'il s'agit d'un autre poste occupé par

20 quelqu'un d'autre ? Voilà la nature de ma question.

21 M. Duracic (interprétation). - L’état-major municipal et le

22 commandement conjoint, oui, cela me concernait directement, mais si ce

23 papier me concernait directement, je l'aurais reçu à l'époque.

24 M. Niemann (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

25 j'en ai terminé de mon contre-interrogatoire.

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1 M. le Président (interprétation). - Les conseils de la défense

2 souhaitent-ils poser des questions supplémentaires ?

3 Mme Residovic (interprétation). - Non, merci, Monsieur le

4 Président.

5 M. le Président (interprétation). - Eh bien merci beaucoup, vous

6 pouvez vous retirer, je vous remercie.

7 M. Duracic (interprétation). - Merci beaucoup.

8 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

9 M. le Président (interprétation). - Maître Residovic, veuillez

10 s’il vous plaît appeler votre prochain témoin à la barre.

11 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les juges,

12 le témoin suivant est ici, je ne manquerai pas de l'appeler à la barre,

13 mais je dois vous informer du fait que je ne me sens pas très bien

14 aujourd'hui et si je devais souffrir d'un malaise quelconque, bien sûr, je

15 vous en informerais parce qu'il faudrait peut-être interrompre

16 l’interrogatoire principal.

17 M. le Président (interprétation). - Mais si je ne m’abuse, vous

18 êtes accompagnée de Me O’Sullivan, qui pourra prendre la suite ?

19 Mme Residovic (interprétation). - Bien sûr, Monsieur le

20 Président, mais vous êtes également bien conscient du fait que chaque

21 conseil de la défense se charge d'un certain nombre de témoins, or, ce

22 témoin-là, c'est moi qui avait prévu de m'en charger, mais je ferai de mon

23 mieux, bien sûr.

24 M. le Président (interprétation). - Bien. Avant que vous ne

25 commenciez, Maître, je vois sur la liste des témoins que vous nous avez

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1 communiquée qu'il est indiqué que les témoins 1 à 7 vont arriver à La Haye

2 entre le 2 et le 12 juin.

3 Ensuite, il y a les témoins 8 à 14, pour lesquels vous prévoyez

4 qu'ils seront interrogés dans la semaine du 22 au 26. C'est bien ce qui

5 apparaît, n'est-ce pas ?

6 Or, vous ne pouvez pas procéder de la sorte et je vous en ai

7 fait part avant le week-end. Je vous ai précisé qu'il fallait absolument

8 que vous procédiez de telle sorte que tous les témoins puissent

9 comparaître en temps et en heure. Vous vous rappelez mon avertissement à

10 ce propos ?

11 Pensez-vous pouvoir, en procédant de la sorte, retarder

12 l'avancée des travaux de la Chambre de première instance ? Vous refusez de

13 faire venir certains de vos témoins en temps opportun. J'ai en tout cas

14 bien l'impression que c'est ce que vous essayez de faire.

15 Eh bien, ce n'est pas possible, il faudra que vous vous

16 arrangiez, que vos témoins puissent venir ici suffisamment tôt parce que

17 nous souhaitons poursuivre l'audition de ces témoins jusqu'à ce que la

18 liste soit terminée.

19 La Chambre de première instance ne va pas interrompre ses

20 travaux du fait des délais que vous pourriez occasionner. Il est hors de

21 question que nous suspendions nos travaux pour un motif de ce genre. Et si

22 vous n'êtes pas à même de faire comparaître tous vos témoins en temps

23 opportun, je vous demanderai de mettre un terme à l'audition de vos

24 témoins.

25 Maintenant, faites venir le témoin suivant.

Page 12137

1 Mme Residovic (interprétation). - Ayez l'obligeance de

2 m'écouter, Monsieur le Président, avant que le prochain témoin n'entre

3 dans le prétoire.

4 Nous avons fait tout ce que nous pouvions. Malheureusement, ces

5 témoins ont eux aussi le devoir de faire face à des obligations

6 professionnelles. Nous avons parlé aux personnes pour lesquelles elles

7 travaillent, nous avons essayé de nous arranger avec eux, c'est un

8 problème. Par ailleurs, certains des témoins sont aux Etats-Unis, ils ne

9 peuvent pas prévoir d'arriver à La Haye avant une certaine date.

10 M. Jan (interprétation). - Faites entrer le témoin et faites-lui

11 prêter serment.

12 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

13 M. Dzambasovic (interprétation). - Je déclare solennellement que

14 je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. le Président (interprétation). - Merci. Vous pouvez vous

16 asseoir.

17 M. Dzambasovic (interprétation). - Merci.

18 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur.

19 M. Dzambasovic (interprétation). - Bonjour.

20 Mme Residovic (interprétation). - Veuillez décliner votre

21 identité, s'il vous plaît.

22 M. Dzambasovic (interprétation). - Je m'appelle

23 Azim Dzambasovic.

24 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, avant

25 que je ne commence à vous poser les questions que j'ai préparées, je

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1 voudrais attirer votre attention sur un point d'ordre technique.

2 Nous parlons la même langue, vous et moi, et il vous serait très

3 facile de répondre immédiatement aux questions que je vais vous poser.

4 Mais il est absolument fondamental que toutes les questions et que toutes

5 les réponses soient comprises de tous ceux qui participent à ces débats.

6 Alors, au vu de cela, ayez l'obligeance d'attendre, lorsque je

7 vous pose ma question, que les interprètes aient fini leur travail. Vous

8 entendrez l'interprétation dans le casque qui est placé à vos côtés. Ce

9 n'est que quand les interprètes auront terminé de traduire la question que

10 vous pourrez y répondre. Vous comprenez ?

11 M. Dzambasovic (interprétation). - J'ai parfaitement compris.

12 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Monsieur Dzambasovic,

13 quels sont vos lieu et date de naissance, s'il vous plaît ?

14 M. Dzambasovic (interprétation). - Je suis né le 27 juin 1949 à

15 Rogatica, en Bosnie-Herzégovine.

16 Mme Residovic (interprétation). - Quelles ont été vos études ?

17 Pouvez-vous nous décrire votre parcours scolaire ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - J'ai suivi les cours de

19 l'école élémentaire à Rogatica. J'ai ensuite suivi les cours d'une école

20 de formation des enseignants à Sarajevo ; j'ai été à l'académie militaire

21 de Belgrade. Puis j'ai suivi les cours de l'académie militaire supérieure

22 de Belgrade.

23 Mme Residovic (interprétation). - Quelle est votre profession,

24 Monsieur Dzambasovic?

25 M. Dzambasovic (interprétation). - Je suis officier de carrière.

Page 12139

1 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous expliquer

2 aux Juges quel est le grade que vous occupez aujourd'hui au sein de

3 l'armée de la Fédération de Bosnie-Herzégovine ?

4 M. Dzambasovic (interprétation). - Je suis colonel de brigade.

5 Mme Residovic (interprétation). - Où vous trouviez-vous

6 le 6 avril 1992, lorsque la guerre a éclaté en Bosnie-Herzégovine ?

7 M. Dzambasovic (interprétation). - Le 6 avril 1992, je faisais

8 partie de la JNA et, plus précisément, je me trouvais à Han Pijesak.

9 Mme Residovic (interprétation). - Quel était votre poste au sein

10 de la JNA ?

11 M. Dzambasovic (interprétation). - A l'époque, j'étais chef de

12 l'état-major d'une brigade.

13 Mme Residovic (interprétation). - Quel était votre grade au sein

14 de l'ex-JNA ?

15 M. Dzambasovic (interprétation). - J'étais lieutenant-colonel.

16 Mme Residovic (interprétation). - En 1992, avez-vous commencé à

17 prendre une part active dans les opérations des forces de défense de

18 Bosnie-Herzégovine ?

19 M. Dzambasovic (interprétation). - Bien sûr, j'y ai pris part.

20 Le 13 avril 1992, je me suis rendu dans les locaux de l'état-major de la

21 République de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine. Depuis lors,

22 j'appartiens à l'armée de Bosnie-Herzégovine.

23 Mme Residovic (interprétation). - Les Juges ont déjà entendu un

24 certain nombre de témoignages relatifs aux forces armées dont disposait la

25 République de Bosnie-Herzégovine au moment de l'ouverture du conflit.

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1 Mais je souhaite vous poser la question suivante : lorsque vous

2 vous êtes présenté à l'état-major de la République de Bosnie-Herzégovine,

3 la Bosnie-Herzégovine, au moment où elle a été agressée, disposait-elle de

4 ses forces armées ?

5 M. Dzambasovic (interprétation). - Malheureusement, au début du

6 conflit, la

7 République de Bosnie-Herzégovine n'avait pas d'armée à proprement parler.

8 Elle n'avait pas de force armée à sa disposition et elle a pris toutes les

9 mesures nécessaires afin qu'une telle force armée puisse être mise sur

10 pied le plus rapidement possible.

11 Mme Residovic (interprétation). - La Chambre de première

12 instance a déjà entendu plusieurs témoins déposer sur la façon dont la

13 population serbe avait reçu des armes. Etant donné que vous êtes un

14 soldat, que vous êtes un officier de l'ancienne JNA et que vous l'avez été

15 jusqu'au 6 avril 1992, pourriez-vous nous dire, en vous fondant sur votre

16 propre expérience, si la JNA a contribué à la distribution d'armes à la

17 population serbe et au SDS, le parti politique serbe ?

18 M. Jan (interprétation). - C'est à l'accusation de poser de

19 telles questions. Pourquoi entrez-vous dans ce genre de détails, Maître ?

20 Mme Residovic (interprétation). - Après le Docteur Calic,

21 l'accusation a cité un autre témoin à comparaître et qui a déposé sur les

22 mêmes faits ; il s'agissait donc de témoins factuels, par opposition aux

23 témoins qui se sont prononcés simplement sur un certain nombre de

24 documents. Moi, j'ai eu l'impression que les Juges préféraient entendre

25 des témoins directs de tous les événements qui se sont produits.

Page 12141

1 Cela dit, si ce qui a été dit vous suffit, Monsieur le

2 Président, Madame et Messieurs les Juges, je peux poursuivre, bien

3 entendu.

4 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.) Une autre erreur

5 apparaît dans le compte rendu. J'ai dit que l'accusation avait interrogé

6 le docteur Calic. Je n'ai jamais parlé de M. Delalic, or, c'est le nom de

7 ce dernier qui apparaît dans le compte rendu en Anglais.

8 Mme Residovic (interprétation). - Vous voyez, Monsieur le Juge,

9 nous sommes confrontés à toutes sortes de problèmes. C'est un obstacle de

10 plus et cela nous oblige à nous consacrer à cette tâche particulièrement

11 difficile, qui consiste à constamment analyser et vérifier ce qui apparaît

12 dans le compte rendu.

13 Mais, en tout cas, merci de votre intervention Monsieur le Juge.

14 Merci de cette correction.

15 M. le Président (interprétation). - Bien sûr, des erreurs se

16 produisent, mais les témoins se trompent aussi parfois.

17 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Monsieur, vous avez

18 déclaré que vous vous étiez rendu à l'état-major de la République

19 le 13 avril. Maintenant, en vous fondant sur votre expérience personnelle,

20 pourriez-vous nous dire si les instances du gouvernement ont immédiatement

21 réagi à la situation en passant un certain nombre de lois qui visaient à

22 mettre sur pied des forces de défense ?

23 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui. Dès le 8 avril et dès

24 lors que la République de Bosnie-Herzégovine a été reconnue par la

25 communauté internationale, les instances gouvernementales ont pris des

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1 mesures d'urgence visant à adopter et à passer un certain nombre de lois

2 qui devaient régir le système de défense dans son ensemble.

3 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, au vu de

4 tout cela, et la Chambre de première instance connaît bien tous ces faits,

5 lorsque vous vous êtes vu revêtu d’une certaine autorité par l'état-major

6 républicain et par le ministère de la Défense, est-ce que vous vous êtes

7 rendu à Konjic dans le courant du printemps 1992 ?

8 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, tout de suite après le

9 vote de la nouvelle législation, c’est-à-dire le 14 avril, j’ai reçu un

10 ordre selon lequel je devais me rendre en tant qu’expert militaire sur la

11 municipalité de Konjic et je devais participer à la mise en place de la

12 Défense territoriale dans ce secteur.

13 Mme Residovic (interprétation). - Pourquoi l'état-major de la

14 République a-t-il décidé d'envoyer certains experts militaires sur le

15 terrain ? Pourquoi ont-ils décidé de les envoyer dans la région de

16 Konjic ? Est-ce que ce secteur revêtait une importance particulière dans

17 le cadre de la défense du territoire ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, ce secteur parmi

19 d'autres régions de Bosnie-Herzégovine était également considéré comme

20 particulièrement important. Konjic était un secteur particulièrement

21 important.

22 Dans ce secteur, l'industrie de l'armement est assez développé.

23 Il y avait déjà des structures militaires préexistantes, qui avaient été

24 autrefois utilisées dans le cadre du système de commandement et de

25 contrôle et dans le cadre du système de transmission. Dans ce secteur

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1 également, il y avait nombre d’entrepôts. Il y avait également d'autres

2 structures de moindre importance.

3 Mme Residovic (interprétation). - Merci monsieur Dzambasovic.

4 Maintenant, pourriez-vous nous dire comment et dans quelles circonstances

5 vous êtes vous-même arrivé à Konjic ?

6 M. Dzambasovic (interprétation). - La situation était très

7 difficile. La distance qui sépare Sarajevo de Konjic est assez courte

8 -quarante cinq minutes suffisent pour se rendre de Sarajevo à Konjic en

9 voiture- mais à l'époque il m'a fallu trois jours pour atteindre la

10 municipalité de Konjic.

11 Il y a donc Sarajevo, puis Tarcin, puis Konjic. Tout le long de

12 cette route, les extrémistes du SDS avaient érigé des barrages routiers et

13 au col d’Ivan Sedlo il y avait un barrage tel que je ne pouvais pas

14 emprunter cette route pour me rendre à Konjic. Ensuite, sur la suggestion

15 de mon état-major, j'ai décidé d'emprunter un itinéraire différent, celui

16 qui passait par Kresevo, Fojnica, Dusina, Puturovic, Polje.

17 Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous avez atteint

18 Konjic, c’était à quelle période exactement ?

19 M. Dzambasovic (interprétation). - C’était à la fin du mois

20 d’avril. J’ai dû arriver le 18 ou le 19 avril.

21 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie.

22 Une fois arrivé à Konjic, avez-vous essayé de rencontrer les

23 commandants militaires de la municipalité ? Connaissiez-vous préalablement

24 les dirigeants militaires et civils de la municipalité ?

25 M. Dzambasovic (interprétation). - Non, je ne connaissais

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1 personne et cela me rendait la situation encore plus difficile. Je ne

2 connaissais absolument personne là-bas, je n'avais pas d'amis sur place et

3 mon déplacement à Konjic n'avait pas de caractère officiel.

4 Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivée à

5 Konjic, vous avez sans doute rencontré tous les dirigeants ? Alors pouvez-

6 vous nous dire qui commandait l'état-major municipal ?

7 M. Dzambasovic (interprétation). -Eh bien, c'était un officier,

8 un capitaine de première classe. C’était Enver Rezdepagic, c’est lui qui

9 commandait l'état-major municipal. Il avait été nommé à ce poste après le

10 vote de cette nouvelle législation qui portait sur la mise en place de la

11 Défense territoriale sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine.

12 Mme Residovic (interprétation). - Combien de temps avez-vous

13 passé à Konjic, Monsieur Dzambasovic ?

14 M. Dzambasovic (interprétation). - Je suis resté à Konjic

15 jusqu'au 21 ou au 22 mai.

16 Mme Residovic (interprétation). - Quelle était la mission que

17 vous deviez mener à bien sur le territoire de cette municipalité ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - Je devais avant toute chose

19 apporter mon aide aux autorités militaires locales. Je devais les aider à

20 mettre en place une structure de Défense territoriale. Et comme nous

21 parlons là du tout début de la guerre, et comme en Bosnie-Herzégovine nous

22 n'avions pas suffisamment d'officiers de carrière, il était absolument

23 impératif qu'une résistance armée soit créée aussi rapidement possible.

24 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, pouvez-

25 vous nous dire quelles sont le mesure précises qui ont été prises par

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1 l'état-major municipal de la municipalité de Konjic, mesures qui allaient

2 dans le sens de ce que vous venez de dire ?

3 M. Dzambasovic (interprétation). - La mise sur pied d'une telle

4 structure, c'est une tâche extrêmement complexe, et la situation qui

5 prévalait était telle que tout devenait beaucoup plus difficile. Cela ne

6 faisait qu'aggraver les choses et ce n'était pas du tout des conditions

7 normales, en tout cas pas celles dans le cadre desquelles vous préparez

8 normalement un exercice militaire.

9 La liste d'activités à laquelle nous devions faire face était

10 particulièrement longue.

11 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que dans ce cadre il y

12 a eu mobilisation générale sur le territoire de la municipalité ?

13 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, absolument, conformément

14 au décret-loi qui avait été adopté après le 8 avril et conformément à

15 certaines instructions que nous avons reçues, la mobilisation générale a

16 effectivement été appliquée dans le secteur et, en fait, cela a été fait

17 partout en Bosnie-Herzégovine. Suite à cela, un certain nombre de

18 problèmes se sont posés, à savoir que les citoyens d'origine ethnique

19 serbe ont fait opposition à cette mobilisation générale en ayant recours à

20 diverses mesures.

21 M. Jan (interprétation). - Maître Residovic, ayez l'obligeance

22 de poser des questions qui ont un rapport direct avec M. Delalic.

23 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, est-ce

24 qu'au cours de cette période vous avez rencontré M. Zejnil Delalic à

25 Konjic ?

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1 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui. Je l'ai rencontré dans

2 le poste de sécurité publique et je l'ai rencontré également au quartier

3 général de la Défense territoriale. On m'a dit que c'était un homme très

4 intéressant. On m'a dit que c'était vraiment un des grands personnages de

5 la région et de la Bosnie-Herzégovine, qu'il allait être chargé de tous

6 les aspects logistiques de la situation et on lui avait confié cette tâche

7 parce que c'était lui qui semblait être le plus à même de la mener à bien.

8 Mme Residovic (interprétation). - Vous dites l'avoir rencontré

9 pour la première fois dans les locaux de la Défense territoriale et dans

10 ceux du MUP. Lorsque vous l'avez rencontré, est-ce qu'il était membre de

11 la Défense territoriale ou membre du MUP ?

12 M. Dzambasovic (interprétation). - Non, pas du tout. Pendant la

13 période que j'ai passée sur place et étant donné que je savais tout de

14 l'organisation et des structures qui étaient en place, je savais très bien

15 qu'il n'avait pas un tel poste.

16 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que vous avez eu

17 l'occasion de rencontrer une nouvelle fois M. Delalic au mois d’avril et,

18 le cas échéant, dans quelles circonstances l'avez vous rencontré et que

19 faisait-il à l'époque ?

20 M. Dzambasovic (interprétation). - Nous nous sommes retrouvés à

21 de nombreuses reprises par la suite. M. Delalic avait une maison qui se

22 trouvait juste à l'entrée de la ville de Konjic. Nous nous sommes

23 retrouvés plusieurs fois, mais c'étaient des contact assez informels. Nous

24 allions prendre un café ensemble. Nous nous entretenions de choses et

25 d'autres. C'est une personne extrêmement sociable, vous savez. Etant donné

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1 que moi j'étais vraiment nouveau dans la région, étant donné que je ne

2 connaissais personne, c'était très intéressant pour moi de pouvoir

3 discuter avec lui de choses et d'autres.

4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, lorsque

5 vous êtes arrivé à Konjic, est-ce que l'état-major municipal ou d'autres

6 autorités compétentes vous ont dit quoi que ce soit à propos de la reprise

7 de certaines structures militaires en avril 1992, de la prise de contrôle

8 de ces structures ?

9 M. Dzambasovic (interprétation). - C'est quelque chose qui

10 m'intéressait directement et, au cours d'entretiens que j'ai eus avec le

11 commandant de l’état-major de la Défense territoriale, j'ai appris que

12 certaines structures militaires à proximité de Celibici avaient été

13 reprises, mais de façon parfaitement pacifique, sans combat, et j'ai été

14 très satisfait d'apprendre cela.

15 M. le Président (interprétation). - Nous allons suspendre nos

16 travaux et nous nous retrouvons à 16 heures 30. Je vous remercie.

17 (La séance, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures35.)

18 M. Niemann (interprétation). - Le juge Jan a posé la question

19 sur une pièce à conviction sur les traductions. Nous avons eu confirmation

20 de cela. La section de traduction affirme que la traduction correcte est :

21 "toutes les formations".

22 Mme Residovic (interprétation). - Suite à votre suggestion, nous

23 avons consulté ce document, la pièce à conviction du Procureur n° 99 et le

24 rapport de l'expert, et nous avons constaté une différence par rapport à

25 ce que nous avons vu. Les deux documents ont été faits pour ce Tribunal et

Page 12148

1 la différence est incontestablement importante. Nous avons décidé de nous

2 adresser par écrit à la section de traduction pour qu'elle établisse une

3 traduction correcte.

4 Selon le dictionnaire anglais, toutes les formations sont

5 traduites par : « structure, formation » et nullement par « unit ». Nous

6 aimerions que la section de traduction consulte les deux documents et nous

7 dise quelle est la traduction exacte, correcte.

8 M. Jan (interprétation). - Est-ce que cela fait une différence

9 importante ?

10 Mme Residovic (interprétation). - Oui.

11 M. Niemann (interprétation). - Mais cela a été fait, nous avons

12 la réponse. La Chambre verra que ceci a été confirmé.

13 M. Jan (interprétation). - (Hors micro)

14 J'ai attiré votre attention sur ces différences pour que l'on

15 puisse tirer cela au clair.

16 M. Niemann (interprétation). - J'ai fait communiquer cela à

17 Maître Residovic,

18 mais je ne voulais pas qu’elle le conserve. Ce sera annexé à la pièce à

19 conviction.

20 Mme Residovic (interprétation). - Oui, nous sommes d'accord

21 parce que nous voyons qu’il y a ici un certificat donné par la section de

22 traduction. Cela a été donc certifié par ce service et c'est donc toujours

23 que cette expression est traduite par « all formations ». Je demanderai

24 donc que ceci soit joint à la pièce à conviction 245/6-51a.

25 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez continuer à

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1 interroger votre témoin.

2 Mme Residovic (interprétation). - Avant la pause,

3 Monsieur Dzambasovic, vous nous avez informé que vous veniez de recevoir

4 l'information que la caserne de Celebici avait été placée sous le contrôle

5 d'autres forces. Pourriez-vous nous dire qui a pris le contrôle sur la

6 caserne à ce moment-là ?

7 M. Dzambasovic (interprétation). - Je vous ai dit que c'est

8 quelque chose qui m’a intéressé et on m'a dit que ce sont les unités du

9 MUP et de la Défense territoriale qui ont pris le contrôle sur la caserne

10 et ceci sans combat, par voie pacifique.

11 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, à ce

12 moment avez-vous appris si M. Zejnil Delalic a joué un rôle quelconque

13 dans la prise de contrôle de cette caserne ?

14 M. Dzambasovic (interprétation). - Je n'en sais rien. Sur le

15 plan militaire, je ne vois pas quel rôle il aurait pu jouer, puisqu'il

16 n'avait aucune autorité, aucune compétence sur ce plan.

17 Mme Residovic (interprétation). - Donc vous ne disposiez pas de

18 ce genre d'information à l'époque ? Monsieur Dzambasovic, vous veniez de

19 l'état-major de la Défense territoriale au niveau de la République et du

20 commandement suprême de l'armée qui était en cours de création, de

21 constitution. Aviez-vous des informations au sujet des nouveaux organes de

22 l'Etat qui venaient de se créer, des organes légaux, s'ils demandaient que

23 les installations militaires sur le territoire de l'Etat de Bosnie-

24 Herzégovine soient placées sous le contrôle de ces

25 organes légaux ?

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1 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, c'était naturel. La

2 Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine ne disposait ni d’installations

3 militaires, ni d'armement, ni d'équipement. Il était tout à fait normal

4 que l'on essayât de faire fonctionner, d’utiliser au plus vite ces

5 installations. C'était de notre intérêt, mais aussi de l'intérêt de tous

6 ceux qui étaient favorables à l'Etat de Bosnie-Herzégovine.

7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, dites-

8 moi, s'il vous plaît, si après avoir appris que le contrôle a été pris sur

9 la caserne de Celebici, vous-même vous vous êtes rendu à cette caserne ?

10 M. Dzambasovic (interprétation). - Je m'y suis rendu à plusieurs

11 reprises, ainsi qu’à d’autres installations sur ce territoire. La première

12 fois, j'étais accompagné du commandant Rezdepagic simplement parce que je

13 voulais voir quelle était la situation et parce que je voulais être en

14 mesure de proposer les mesures à prendre pour mettre sur pied un système

15 de défense.

16 Mme Residovic (interprétation). - La Chambre sait déjà que la

17 caserne de Celebici était un ancien dépôt de la JNA. Pouvez-vous me dire,

18 s'il vous plaît, si cette installation, telle que vous l'avez vue à

19 l'époque où il y a eu cette prise de contrôle, était prévue, adaptée à y

20 placer un grand nombre de personnes ?

21 M. Dzambasovic (interprétation). - Il s'agit d'installations qui

22 ont été créées pour des besoins spécifiques, ici pour y déposer les

23 carburants. Il y avait quelques installations souterraines et je pense

24 qu'il y avait deux ou trois bâtiments avec trois ou quatre bureaux à

25 l'intérieur. On ne pouvait pas y installer beaucoup de gens, c'était

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1 essentiellement un dépôt.

2 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Vous vous y êtes rendu

3 en compagnie du commandant de l'état-major municipal, le

4 capitaine Enver Rezdepagic. Savez-vous qui a nommé M. Rezdepagic à ce

5 poste ?

6 M. Dzambasovic (interprétation). - Je le savais parce que je me

7 suis renseigné là-dessus. On m'a dit que, dès que les documents sont

8 arrivés, dès que ces documents ont été officiellement déclarés valables,

9 la Présidence a tenté de réaliser, de mettre en pratique au plus vite la

10 nouvelle réglementation. C'est cette présidence qui a proposé le nouveau

11 commandant.

12 Quand j'y suis arrivé, la nomination officielle, par écrit, est

13 arrivée de Sarajevo, de l'état-major de l'Etat.

14 Mme Residovic (interprétation). - Merci. S'il vous plaît,

15 d'après ce que vous savez, Zejnil Delalic, que vous avez rencontré de la

16 manière que vous avez décrite devant cette Chambre, avait-il une influence

17 quelconque sur la nomination des commandants de l'état-major municipal ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - Ecoutez, il ne pouvait pas

19 avoir d'influence. Personne ne pouvait en avoir, mais tout un chacun

20 pouvait proposer des gens. Donc concrètement, s'agissant de lui, il ne

21 pouvait avoir aucune influence sur la nomination du commandant.

22 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Puisque vous avez passé

23 pratiquement un mois sur le territoire de Konjic, au début de la guerre,

24 pouvez-vous me dire si Zejnil Delalic, d'après ce que vous savez de ses

25 missions, était à l'époque militaire ou civil ?

Page 12152

1 M. Dzambasovic (interprétation). - Il était civil et nous

2 l'enviions même parce que, à l'époque, nous n'avions pas la possibilité

3 d'être des civils.

4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, à un

5 moment quelconque, pendant que vous étiez à Konjic, Zejnil Delalic a-t-il

6 quitté le territoire de Konjic ? Et si vous le savez, où s'est-il rendu et

7 pendant combien de temps a-t-il été absent ?

8 M. Dzambasovic (interprétation). - Je n'y étais pour rien mais,

9 dans mes conversations avec mes collaborateurs, j'ai su qu’en tant que

10 grand organisateur -parce qu'il était vraiment très doué comme

11 organisateur-, je l'ai donc su de ce que j'ai entendu de la bouche

12 de mes collaborateurs, et comme il avait aussi des contacts à l'extérieur

13 de la Bosnie-Herzégovine, j'ai su qu'il est parti à Zagreb pour se

14 consacrer uniquement aux questions de la logistique, donc de l'appui

15 logistique et de l'approvisionnement en équipements et en matériels. C'est

16 ce qui nous manquait sur tous les plans.

17 Mme Residovic (interprétation). - Vos tâches principales telles

18 que vous les avez présentées à la Chambre -l'aide que vous avez fournie à

19 organiser les unités de la Défense territoriale et donc de la défense de

20 Konjic- vous ont vraisemblablement mis en position de pouvoir dire si,

21 pendant la période où vous y étiez, les autres installations militaires

22 ont également changé de main. Et qui a participé à ces opérations ?

23 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui mais, si vous me le

24 permettez, je dois dire en premier lieu que nous nous sommes vraiment

25 complètement engagés, que nous avons tout fait pour que ces installations

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1 soient placées sous notre contrôle de manière pacifique. Nous avons mené

2 des négociations à plusieurs reprises et ce sont les organes du pouvoir

3 qui ont été chargés de ces opérations, en partie aussi les organes de

4 l'état-major municipal.

5 Puis à la suite de l'échec des négociations, ces installations

6 qui se trouvent dans les environs de Konjic ont été placées sous notre

7 contrôle et cela, par une opération conjointe du HVO, de la Défense

8 territoriale et du MUP : les installations de Zlatar, les installations

9 dans le secteur de Ljuta, les dépôts et le poste de commandement Ark ou D-

10 0 comme on appelait cela-, une caserne où il y avait une unité de

11 bâtiment, de construction militaire. Avant que je n'arrive, l'usine

12 militaire, elle aussi, a changé de main, donc à l'époque, nous avions déjà

13 un ensemble.

14 Sur le plan de la prise de contrôle sur ces installations

15 militaires, nous avons déjà accompli une partie de notre tâche.

16 Mme Residovic (interprétation). - Mais qui faisait ces

17 opérations de prise de contrôle de ces installations ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - Vraiment, toujours, c'étaient

19 les unités de la Défense territoriale du HVO et du MUP. Sur ce territoire,

20 il n'y avait pas d'autres unités.

21 Mme Residovic (interprétation). - S'il vous plaît,

22 Monsieur Dzambasovic, Zejnil Delalic a-t-il, d'une manière quelconque,

23 pris part à la prise de contrôle de ces installations ? Est-ce qu'il se

24 trouvait à ce moment à Konjic ?

25 M. Dzambasovic (interprétation). - Mais il ne pouvait nullement

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1 y prendre part, il s'agissait de missions qui, pour la plupart, ont duré,

2 qui ont commencé au début du mois de mai et qui se sont terminées à la mi-

3 mai et, à ce moment, M. Delalic n'était pas sur le territoire de la

4 Bosnie-Herzégovine. Donc même sur un plan théorique, on ne peut pas

5 envisager son éventuelle participation à ces opérations.

6 Mme Residovic (interprétation). - Zejnil Delalic est il revenu

7 de Zagreb pendant que vous étiez encore à Konjic ? Pouvez-vous nous dire à

8 peu près à quel moment cela s'est produit ?

9 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, il est revenu avant mon

10 départ, puisque, moi, d'une certaine façon, ces tâches que j'avais à

11 accomplir, je les avais déjà accomplies et c'était après le 20 mai. Je ne

12 peux pas vous dire exactement, mais il est venu avec un convoi de Zagreb

13 avez des moyens, du matériel pour nous.

14 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Vous avez dit que vous

15 vous êtes rendu à la caserne de Celibici à plusieurs reprises. Vous avez

16 décrit à la chambre votre première visite lorsque vous vouliez vous rendre

17 compte de l'état des installations.

18 Quand vous y êtes-vous rendu pour la deuxième fois ?

19 M. Dzambasovic (interprétation). - La deuxième fois, c'était

20 quand nous avons transporté les armes et les équipements qui venaient

21 d'une partie du dépôt de Ljuta. C'était après le pilonnage par les avions

22 de l’ex-JNA. En fait, à Konjic , cela s'est produit souvent, ces

23 pilonnages par l'aviation.

24 Nous avons conseillé à l'état-major de faire ceci parce que nous

25 avions des dépôts qui étaient mieux protégés, qui avaient une toiture plus

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1 solide et cela ne pouvait pas les protéger complètement contre l'aviation,

2 mais c'était quand même mieux. C'est là que nous avons placé les armements

3 et l'équipement qui venaient d'une partie du dépôt de Ljuta et nous avons

4 décidé de partager cela entre trois états-majors municipaux, et à la

5 satisfaction générale.

6 C'était d'après l'importance de la population de Konjic,

7 Jablanica et Prozor. Et c'était aussi d'après les proportions des

8 différentes populations dans cette région. Donc, selon ce projet, nous

9 avons réparti les armes et l’équipement, aussi bien pour la Défense

10 territoriale que pour le HVO.

11 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Colonel major,

12 vous avez dit des forces de la défense de Konjic qui ont pris le contrôle

13 sur les installations que c'étaient les unités du HVO de la Défense

14 territoriale et du MUP. Vous-même, qui faisiez partie de ces unités, avez-

15 vous participé à ces tentatives de mettre sur pied un commandement

16 conjoint entre la Défense territoriale et du HVO ?

17 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui, je suis venu de l'état-

18 major de la République, où étaient représentés aussi bien les Bosniens

19 musulmans que les Serbes et les Croates. Vous le savez déjà,

20 vraisemblablement. Puisque la Bosnie-Herzégovine a été reconnue sur le

21 plan international en tant qu'Etat, c'était tout à fait logique d'insister

22 sur le fait qu'il fallait mettre sur pied d'abord un commandement conjoint

23 mais, parce qu'il y avait conflit d'intérêts, ce commandement conjoint n'a

24 pas pu se constituer, ce qui a pu se constituer, c'était un commandement

25 conjoint, un commandement joint de la Défense territoriale et du HVO. Et

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1 c'était vraiment un pas très positif, aussi bien pour la région que pour

2 sa population.

3 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Colonel major,

4 vous souvenez-vous peut-être de la date à laquelle a été constitué ce

5 commandement joint, commun ?

6 M. Dzambasovic (interprétation). - Cela s'est produit à la mi-

7 mai.

8 Ceci a été le résultat des négociations entre les représentants

9 de la Défense territoriale et le HVO.

10 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

11 S'il vous plaît, pouvez-vous nous dire si ce commandement

12 conjoint qui s'est constitué ainsi a essayé de définir des objectifs

13 communs, et ces objectifs ont-ils été distingués de ceux qui relevaient

14 des autorités civiles de Konjic ?

15 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui. Cela, c'était un degré

16 de plus au niveau de l'organisation, la structuration de la Défense

17 territoriale. Nous avons suggéré que, au niveau des autorités municipales,

18 on décide, aussi bien qu'au niveau de ce commandement conjoint, ce qui

19 relevait de quelle instance au niveau de la défense et au niveau de la

20 gestion, au niveau de l'administration civile des organes de pouvoir.

21 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais que l'on montre au

22 témoin la pièce à conviction 144 5 A/7 pages 445, D 144 51/7 page 145.

23 C'est le rapport d'expert militaire D 144. C'est un dossier à

24 part, annexe A, rapport militaire d'un expert militaire.

25 Si je peux vous aider, c'est un dossier à part avec le rapport

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1 de l'expert. Nous avons l'annexe 1, 2 et 3. Ce sont des pièces à

2 conviction 145, 4, 5 et 6.

3 M. le Greffier. - Si je comprends bien la traduction, vous

4 demandez le D 144, annexe 4 7/1 ?

5 Excusez-moi Monsieur le Président.

6 Mme Residovic (interprétation). - Pour que l'on ne perde pas de

7 temps, je reviendrai plus tard à cette pièce à conviction, quand on l'aura

8 retrouvée. Visiblement, il y a un problème au niveau de l'enregistrement.

9 Je remets donc à plus tard cette partie de ma question.

10 Colonel major, avant de quitter le secteur de la ville de

11 Konjic, avez-vous appris si Zejnil Delalic avait été nommé au poste de

12 coordinateur par la présidence de guerre,

13 coordinateur entre la présidence de guerre et les forces de défense de

14 Konjic ?

15 M. Dzambasovic (interprétation). - Je ne l'ai pas vu

16 personnellement, mais effectivement j'en ai entendu parler. J'ai appris

17 que la présidence de guerre, qui voulait coordonner plusieurs activités

18 entre l'état-major municipal, son commandement et les autorités locales, a

19 créé ce poste de coordinateur. J’en ai entendu de cette façon.

20 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

21 Nous avons trouvé le document qui nous intéressait.

22 Vous parliez d'une distinction à opérer entre les autorités

23 civiles et les instances militaires, j'aimerais que vous examiniez ce

24 document.

25 M. Niemann (interprétation). - Serait-il possible de voir le

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1 document, parce que nous n'avons pas bien saisi la bonne référence ? Si

2 nous avons le document, nous pourrons peut-être effectivement savoir où il

3 se trouve.

4 Mme Residovic (interprétation). - Il s'agit des conclusions en

5 date du 18 mai.

6 M. Jan (interprétation). - Vous parlez de la réunion qui a eu

7 lieu entre la présidence de guerre et le commandement conjoint, à l'issue

8 de laquelle plusieurs conclusions furent adoptées ? Est-ce vraiment

9 pertinent ?

10 Mme Residovic (interprétation). - C'est une question que j'ai

11 l'intention de poser au témoin pour lui demander si c'est un document

12 pertinent ou pas. La défense essaie de montrer qu'il y a une distinction

13 très claire entre les compétences civiles et les compétences militaires.

14 Colonel major, avez-vous eu l'occasion d'examiner le document ?

15 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui.

16 Mme Residovic (interprétation). - Etiez-vous au courant de ces

17 conclusions en 1992 ?

18 M. Dzambasovic (interprétation). - Je connais ces conclusions.

19 Pourquoi ? Parce

20 qu'il était important, voire crucial, de faire une distinction entre les

21 fonctions assurées par les autorités locales, entre ces fonctions-là et

22 les unités et leur commandement. En effet, il y a eu des tentatives visant

23 à opérer tout cela de façon unilatérale.

24 Je dois indiquer que ces tentatives unilatérales étaient le fait

25 de nos partenaires du HVO. Ceux-ci ne voulaient pas que les autorités

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1 civiles existent. Ils auraient voulu que le commandement de l'état-major

2 municipal ou le commandement conjoint HVO Défense territoriale soit

3 responsable de toutes les activités se déployant dans la région.

4 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

5 Vous pouvez remettre le document.

6 Voici la question que je voudrais vous poser : à la suite de

7 cette réunion et des décisions qui y furent adoptées, savez-vous si les

8 autorités militaires ont poursuivi leurs activités militaires et si les

9 autorités civiles ont vaqué à leurs propres occupations au cours de cette

10 période que vous avez passée dans la région de Konjic ?

11 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui. Ceci s’est fait de façon

12 satisfaisante. Les autorités civiles et les autorités militaires ont été

13 constituées dans la municipalité de Konjic et dans la municipalité de

14 Jablanica. De ce fait même et vu les modalités dans lesquelles ceci s’est

15 fait, j'ai été convaincu que l'objectif qui m'avait amené à Konjic était

16 réalisé et que le gouvernement légitimement constitué, que les instances

17 officielles seraient à même de poursuivre leur activité de façon

18 satisfaisante.

19 Mme Residovic (interprétation). - Merci.

20 Etant donné le moment auquel vous vous êtes rendu à Konjic,

21 savez-vous si les instances militaires -je parle ici du commandement

22 conjoint- prévoyaient une opération de combat destinée à lever le siège de

23 la ville ? La Chambre de première instance sait déjà qu'à ce moment-là la

24 ville était assiégée.

25 M. Dzambasovic (interprétation). - A la suite de l'établissement

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1 de ce commandement conjoint, les opérations de combat visant à lever le

2 siège de la ville ont commencé à prendre forme et ceci dans deux

3 secteurs : à partir du sud-ouest et à partir du nord.

4 Mme Residovic (interprétation). - Colonel major, est-ce que

5 certaines de ces activités ont débuté et se sont terminées au cours de

6 votre séjour à Konjic ?

7 M. Dzambasovic (interprétation). - S'agissant des préparatifs

8 visant à lever le siège de la ville, ceci a commencé dans la partie nord

9 de la ville, du côté du village de Bradina. Des préparatifs en vue de la

10 levée du siège commencèrent aussi dans le sud, Konjic, Donje Selo.

11 M. le Président (interprétation). - Est-ce que nous n'avons pas

12 entendu déjà beaucoup de dépositions portant sur ce point ? Il est inutile

13 que le témoin se prononce sur ces questions. Vous ne cessez de nous faire

14 perdre notre temps, même si je ne vous interromps pas. Si vous pensez que

15 cela présente un intérêt, d'accord, mais je ne suis pas de cet avis, je

16 crois que nous avons entendu suffisamment de témoins sur ce point des

17 tentatives réalisées pour lever le siège de la ville. On a parlé notamment

18 de Bradina, de Donje Selo. Etait-il nécessaire de reposer de telles

19 questions ?

20 Mme Residovic (interprétation). - Je ne parle pas du tout de

21 Sarajevo, Monsieur le Président. Il y a peut-être maldonne sur la

22 question. Ma question portait sur Donje Selo. Vous savez que plusieurs

23 résidents de Donje Selo avaient été détenus à Celebici. Je posais la

24 question au témoin pour savoir s'il était au courant. Ma question suivante

25 était celle-ci : puisqu'il connaissait l'endroit où se trouvait M. Delalic

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1 et puisqu'il a fait une distinction entre les autorités civiles et les

2 autorités militaires, je voulais lui demander si, en qualité de civil,

3 M. Delalic avait participé à ces préparatifs.

4 M. Dzambasovic (interprétation). - M. Delalic n'a pas pris part

5 aux préparatifs qui devaient mener à ces opérations. Il n'aurait pas été

6 en mesure de le faire. Mais, en matière d'appui logistique, on peut dire

7 qu'il a apporté sa contribution. Tout le monde attendait

8 effectivement sa participation avec impatience.

9 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit avoir quitté

10 Konjic vers le 21, le 22 mai. Pour aller où, Monsieur Dzambasovic ?

11 M. Dzambasovic (interprétation). - Une fois ma mission

12 accomplie, je devais rentrer à Sarajevo. Mais ce n'était pas possible, des

13 obstacles physiques m'en empêchaient. Je suis donc retourné à Visoko, où

14 il y avait un groupe d'officiers. A un poste avancé, ces officiers se

15 trouvaient avec l'état-major républicain et avec le commandement suprême

16 de l'armée. J'ai donc rejoint ce groupe et j'y ai poursuivi mes activités

17 jusqu'au mois d'octobre.

18 Mme Residovic (interprétation). - Après avoir quitté Konjic,

19 avez-vous eu l'occasion de revoir M. Delalic en 1992 ? Et si tel fut le

20 cas, que faisait-il et quel était son poste à ce moment-là ?

21 M. Dzambasovic (interprétation). - Effectivement, nous nous

22 sommes retrouvés après une période assez considérable dans la région du

23 mont Igman, vers le début du mois d'août 1992. Je me suis rendu au

24 mont Igman parce que j'avais une mission à y accomplir. M. Delalic était

25 alors commandant du groupe tactique 1. Il fallait que nous nous

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1 rencontrions, ce que nous avons fait.

2 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous qui M. Delalic

3 remplaçait à ce poste et quelles étaient les raisons de ce remplacement ?

4 M. Jan (interprétation). - N'est-ce pas parce que

5 Mustafa Polutak a été blessé et qu'il a donc été relevé de ses fonctions

6 et remplacé ? C'est bien ce que votre précédent témoin a dit, n'est-ce

7 pas ?

8 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui.

9 Mme Residovic (interprétation). - Mustafa Polutak sera sans

10 doute celui qui pourra le mieux expliquer ces circonstances.

11 M. Jan (interprétation). - Vous avez un témoin qui vous dira

12 qu'il a été blessé et

13 qu'il devait donc être remplacé, en l'occurrence par M. Zejnil Delalic.

14 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dzambasovic, puisque

15 vous vous trouviez à un poste de commandement avancé à Visoko, poste de

16 commandement avancé de l'état-major principal, savez-vous pourquoi

17 M. Delalic est devenu commandant du groupe Tactique 1 alors qu'il n'avait

18 pas de formation antérieure au plan militaire ?

19 M. Dzambasovic (interprétation). - Personnellement, je pense que

20 Mme et MM. Les Juges savent que de nombreuses raisons ont présidé à une

21 telle décision. Nous n'avions pas de corps d'officiers. C'était la raison

22 n° 1. Et même à ce jour, nous avons des civils qui occupent des postes de

23 commandement et qui remplissent des fonctions militaires.

24 Etant donné que M. Delalic était doté de remarquables capacités

25 d'organisateur, étant donné aussi qu'il avait apporté un écho important à

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1 la cause, notamment par son soutien logistique, toute la population le

2 respectait. Je ne parle pas simplement de la population de Konjic, mais de

3 toute la Bosnie-Herzégovine.

4 Mme Residovic (interprétation). - Puisque vous avez coopéré avec

5 M. Delalic à cette époque-là, savez-vous s'il y avait des officiers

6 militaires au quartier général du groupe Tactique qui auraient pu

7 compléter les compétences nécessaires pour être commandant ?

8 M. Dzambasovic (interprétation). - Tout à fait. Il n'y avait pas

9 un seul poste de commandement où il n'y avait pas d'expert militaire.

10 C'est vrai aussi pour le groupe tactique 1, où il y avait de nombreux

11 officiers de carrière. Lesquels disposaient d'une formation, d'une

12 spécialité militaire précise, qui pouvaient aussi évaluer la situation,

13 proposer des conseils tout à fait judicieux.

14 Mme Residovic (interprétation). - Poursuivez.

15 M. Dzambasovic (interprétation). - Veuillez m'excuser. Nous

16 avons pu compter sur des gens compétents qui savaient comment organiser,

17 mais à ces personnes ont été ajoutés des gens qui devaient être affectés à

18 des tâches qui nécessitaient l'intervention d'un expert

19 militaire.

20 Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous êtes venu à

21 Visoko, vos responsabilités étaient-elles similaires à celles qui furent

22 par la suite celles de M. Polutak, puis de M. Delalic ?

23 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui. Dans le secteur de

24 Visoko, un groupe tactique Visoko a été constitué. J'étais commandant de

25 ce groupe tactique. En d'autres termes, ce fut là un processus qui s'est

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1 élargi à tout le territoire.

2 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Dans le secteur de

3 Visoko, un groupe tactique 2 a-t-il été constitué et a-t-il opéré dans la

4 région, à Visoko ?

5 M. Dzambasovic (interprétation). - Cela, ce n'est pas logique.

6 Le groupe tactique de Visoko se trouvait dans la région de Visoko et, en

7 fait, le groupe tactique 2, lui, était établi dans la région du

8 mont Igman. Son secteur de responsabilités, s'agissant de ce dernier,

9 allait de Grabak et Trnovo à Pazaric.

10 Mme Residovic (interprétation). - Vous qui avez pris part à ces

11 événements, pourriez-vous nous dire si le poste de commandement du groupe

12 tactique 1 était à un endroit précis ?

13 M. Dzambasovic (interprétation). - En règle générale, tous les

14 commandements, y compris celui du groupe tactique 1, avaient un poste de

15 base. Parfois, si les besoins s'en faisaient sentir, il y avait aussi des

16 postes de commandements avancés et des postes d'arrière. S'agissant du

17 groupe Tactique n° 1, pour la plupart du temps, les postes étaient à

18 Pazaric et au mont Igman.

19 Mme Residovic (interprétation). - A votre arrivée au mont Igman,

20 qu'étiez-vous censé faire ? Est-ce que la mission que vous deviez remplir

21 avait un lien quelconque avec les groupes Tactique 1 et 2 ?

22 M. Dzambasovic (interprétation). - Vous me demandez si

23 M. Delalic avait quoi

24 que ce soit à voir avait les groupes Tactique 1 et 2 ?

25 Mme Residovic (interprétation). - Non, pas du tout. Excusez-moi

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1 d’avoir mal posé ma question. Je reformule ma question. Vous êtes arrivé à

2 Igman début août . Et c'est là que vous avez revu M. Delalic. Quelle était

3 la fonction militaire qui vous a été assignée à votre arrivée ?

4 M. Dzambasovic (interprétation). - Je vais essayer de répondre à

5 votre question. Nous parlons du secteur du mont Igman. La situation

6 militaire sur le terrain s'était compliquée du fait que le commandement du

7 groupe Tactique n° 2 avait été blessé. Je parle de M. Catic. Du fait,

8 aussi, que certains membres de son état-major avaient été tués. Et j'ai eu

9 pour mission de veiller à ce que la situation revienne à la normale. Il

10 fallait donc coordonner les efforts et les activités entre le groupe

11 Tactique 1 et le groupe Tactique 2.

12 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais que l'on montre au

13 témoin la pièce de 145 annexe 6/6.

14 (L'huissier s'exécute.)

15 M. le Président (interprétation). - Maintenant, vous dirigez

16 notre attention sur le groupe Tactique 2 ?

17 Mme Residovic (interprétation). - Non, Monsieur le Président.

18 Nous parlons de la coordination entre le GT1 et le GT2. Est-il possible de

19 placer la traduction en anglais sur le rétroprojecteur pour que nous

20 puissions tous voir cette pièce ?

21 (L'huissier s'exécute.)

22 Monsieur Dzambasovic, connaissez-vous ce document ? Avez-vous

23 reçu cette désignation ?

24 M. Dzambasovic (interprétation). - Oui.

25 Mme Residovic (interprétation). - Au point 3, on voit que vous,

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1 vous êtes désigné au poste de chef de ce groupe de coordination temporaire

2 entre le GT1 et le GT2. De quelle

3 coordination veut-on parler ? Est-ce que c'est une fonction civile de

4 coordination ou militaire ?

5 M. Dzambasovic (interprétation). - C'est une fonction de

6 coordination exclusivement militaire.

7 Le concept de la coordination en terme militaire est bien connu

8 en théorie militaire.

9 Mme Residovic (interprétation). - Vous êtes un soldat

10 chevronné : dites-moi, est-ce qu'il existe dans le monde militaire ce

11 concept de coordinateur ?

12 M. Jan (interprétation). - Vous avez déjà posé cette question,

13 Madame. Pourquoi la répéter ici avec ce témoin ?

14 Mme Residovic (interprétation). - Si la Chambre estime que ce

15 fait a été suffisamment établi, fort bien. Mais je me dois de rappeler que

16 M. Delalic a été un coordinateur d'unité de combat qui a aussi emmené des

17 prisonniers à Celibici. Et nous avons un expert qui peut attester de ces

18 questions. Cependant, si vous estimez que ce fait a été suffisamment

19 établi et précisé, il m'est inutile de poser ce type de question.

20 Je me contenterai donc de vous demander uniquement ceci :

21 Monsieur le témoin, cette coordination militaire, telle qu'elle est

22 présentée dans ce document, a-t-elle quoi que ce soit à voir avec le poste

23 de coordinateur désigné par des autorités civiles ?

24 M. Dzambasovic (interprétation). - Non. Il ne faut pas semer la

25 confusion ou confondre ces deux rôles, le rôle du coordinateur dans le

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1 domaine civil et le rôle de coordination dans la chaîne de commandement et

2 de contrôle. Là, on parle d'un coordinateur militaire.

3 Mme Residovic (interprétation). - Puisqu'il s'agit d'un document

4 authentifié par le témoin, puisqu'il l'a reçu personnellement, je demande

5 son versement au dossier en tant que pièce de la défense, puisque ce

6 document a été authentifié.

7 M. le Président (interprétation). - Le document est admis.

8 Mme Residovic (interprétation). - Savez vous... Je retire cette

9 question.

10 En ce qui concerne ces différentes tâches, dites-moi si vous

11 avez participé aux préparatifs de la grande opération de combat sud JUG et

12 si M. Delalic a aussi participé à ces préparatifs.

13 M. Dzambasovic (interprétation). - Nous avions été nommés à ce

14 poste de coordinateur suite à une brève période d'évaluation et nous en

15 sommes parvenus à la conclusion que cette fonction ne nous permettait pas

16 d'accomplir la mission.

17 Nous avons donc suggéré au commandant qu'un groupe à durée

18 provisoire soit constitué, lequel ferait office de coordination pour cette

19 opération que nous avons appelée JUG ou SUD 92.

20 Mme Residovic (interprétation). - Le moment est-il opportun,

21 Monsieur le Président pour que nous en terminions de la journée ?

22 M. le Président (interprétation). - Si vous n'avez pas beaucoup

23 de questions à poser au témoin, nous pourrons peut-être en entendre une ou

24 deux et nous terminerons.

25 Mme Residovic (interprétation). - J'ai encore pas mal de

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1 questions à poser et aussi pas mal de domaines à couvrir. J'ai rappelé

2 aussi, Monsieur le Président, que je ne suis pas dans ma meilleure forme

3 aujourd'hui, et mes questions sont encore nombreuses à l'encontre de ce

4 témoin.

5 Je vous demanderai la permission de poursuivre demain.

6 M. le Président (interprétation). - D'accord, mais je vous

7 rappelle une fois de plus qu'il faut que vos témoins soient prêts pour la

8 suite des débats. Nous n'avons pas l'intention de vous accorder une autre

9 suspension en l'absence de témoin.

10 J'espère que vous n'oublierez pas le bon conseil que nous venons

11 de vous donner. Je ne suis pas grandement impressionné par le transcript.

12 Je crois qu'il y a eu trop d'erreurs qui se sont glissées dans celui-ci.

13 Il faudrait peut-être essayer d'améliorer la qualité du transcript, qui

14 n'est pas parfaite. Nous suspendons nos travaux et nous reprendrons demain

15 à 10 heures.

16 (La séance est levée à 17 heures 30.)

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