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1 (Mardi 26 mars 2002.)
2 (Audience publique.)
3 (Les accusés sont dans le prétoire.)
4 (L'audience est ouverte à 9 heures 14.)
5 (Propos liminaires de la défense.)
6 M. le Président (interprétation): Veuillez citer l'affaire, Madame la
7 Greffière.
8 Mme Thompson (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames
9 les Juges. Il s'agit de l'affaire n°IT-98-34-T, le Procureur contre
10 Naletilic et Martinovic.
11 M. le Président (interprétation): Merci. Avant que de commencer, je
12 voudrais mentionner plusieurs éléments. La première des choses que je
13 voudrais mentionner, c'est que la Chambre de première instance a pris une
14 décision accordant une session ex parte qui aura lieu demain après-midi à
15 15 heures.
16 La deuxième des questions que j'aurais voulu soulever se rapporte à
17 certaines requêtes qui sont en attente, pour ce qui est des réponses de
18 l'accusation. Nous espérons que le Procureur nous fournira une réponse dès
19 que possible.
20 Maître Krsnik, je crois que vous nous devez des excuses, étant donné que
21 nous sommes en retard aujourd'hui.
22 M. Krsnik (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les
23 Juges.
24 Je suis certainement tenu de vous fournir des excuses. J'ai eu des
25 encombrements dans la circulation et en plus, j'ai eu des difficultés avec
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1 les cassettes; c'est la raison pour laquelle je suis en retard. Mais je
2 m'excuse à la Chambre et j'espère que la Chambre agréera mes excuses.
3 Puis-je commencer, Monsieur le Président?
4 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie.
5 M. Krsnik (interprétation): Merci.
6 Monsieur et Mesdames les Juges, si je ne m'abuse, je crois m'être arrêté
7 hier à une partie de mon exposé où j'étais en train d'élaborer des faits
8 que la défense se propose certes de montrer tant à la Chambre qu'aux
9 témoins. Et je crois que nous étions en train de parler de conflits entre
10 les Musulmans, c'est-à-dire une partie de la population musulmane et une
11 partie de la population croate en Bosnie-Herzégovine. Je crois que ma
12 dernière phrase avait traité de la reconnaissance au terme de laquelle,
13 dans ce conflit de guerre, il y avait certainement eu des gens qui avaient
14 été torturés, qui avaient été malmenés, qui avaient été passés à tabac. Et
15 au niveau des trois groupes ethniques, pour sûr; ce fait triste dû à des
16 conflits armés et dû également à un manque d'éducation, à un manque
17 d'organisation, un manque de discipline et de savoir-faire militaire.
18 Je crois que j'avais terminé, en fait, avec une phrase disant que le fait
19 d'avoir réalisé une purification ethnique avait constitué une conséquence
20 inévitable d'un conflit armé, mais cela avait été une conséquence
21 inévitable qui avait fait des victimes des trois côtés et où des crimes
22 individuels ont été perpétrés. Mais s'agissant des nettoyages ethniques ou
23 de crimes, j'avais dit que cela n'avait pas été des finalités en soi mais
24 des conséquences malheureuses où les criminels portent des noms et
25 prénoms. On ne peut pas les appeler Croates, Serbes ou Musulmans, car les
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1 peuples ne sauraient être considérés comme étant criminels.
2 Aussi la défense se propose-t-elle de démontrer qu'il n'y a pas eu de
3 persécutions de Musulmans par licenciement de leur poste de travail, car
4 les Musulmans qui avaient eu des emplois dans des institutions sociales ou
5 dans des entreprises économiques et qui étaient seuls, du moins qui
6 étaient en mesure de continuer à fonctionner, avaient gardé ces gens-là à
7 leurs postes, aux postes qu'ils avaient occupés avant le conflit.
8 Nous nous proposons que, s'agissant des Musulmans, c'est précisément le
9 parti de l'action démocratique qui a exercé des pressions pour ce qui
10 était de leur faire quitter leurs postes, leur faire manquer à toute
11 coopération, à toute participation et à ne pas trouver d'emploi au sein du
12 HVO. Car, comme vous le savez, le HVO avait été une organisation qui avait
13 une composante tant civile que militaire.
14 Contrairement aux assertions de l'accusation disant que les unités du HVO
15 avaient été celles qui avaient lancé l'attaque, la défense se propose de
16 montrer à la Chambre des éléments de preuve disant que c'est précisément
17 l'armée de la Bosnie-Herzégovine qui s'est attaquée au HVO et ce, en date
18 du 9 mai 1993, et montrant que les conflits qui se sont ensuivis en aucun
19 cas n'avaient visé des civils musulmans.
20 La défense est certes tenue de présenter des éléments de preuve aux termes
21 desquels l'armée croate ne s'avérerait pas comme étant la force qui avait
22 occupé -et je parle ici de Mostar, notamment. La défense se propose de
23 présenter la genèse des conflits de l'armée de la Bosnie-Herzégovine et du
24 HVO, notamment à Mostar, et présentera des éléments de preuve disant que
25 Mladen Naletilic n'avait pas été une personne qui conduisait une campagne
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1 contre les Musulmans.
2 La défense se propose également de présenter des éléments de preuve aux
3 fins de contester les allégations aux termes desquels les événements de
4 Mostar, Sovici et Doljani avaient pour finalité une purification ethnique
5 et l'exercice d'un contrôle effectif sur les municipalités de Mostar et de
6 Jablanica, ainsi que sur d'autres municipalités au sein de la Bosnie-
7 Herzégovine, et le tout aux fins de contraindre les Musulmans à quitter
8 ces territoires, les territoires où ils avaient résidé jusque-là.
9 Nous allons certainement présenter des éléments de preuve, Monsieur et
10 Mesdames les Juges, aux termes desquels mon client, Mladen Naletilic, ne
11 s'est en aucun cas comporté conformément aux allégations qui ont été
12 avancées.
13 Nous allons passer maintenant à une partie de l'Acte d'accusation que la
14 défense se propose également de contester et elle le fera certainement: il
15 s'agit du Bataillon des détenus. La défense affirme que Mladen
16 Naletilic... l'accusation affirme que Mladen Naletilic, pendant tout le
17 temps couvert par l'Acte d'accusation, était le commandant de ce Bataillon
18 des détenus, et ce Bataillon aurait été partagé en plusieurs groupes
19 faisant 200 à 300 soldats au total, qu'on appelait "ATG" ou "STG", à
20 savoir groupes antiterroristes ou unités antiterroristes; et ces groupes
21 auraient pour siège Mostar, Siroki Brijeg et Ljubuski.
22 D'après les assertions présentées dans l'Acte d'accusation par le Bureau
23 du Procureur, la tâche principale de ce Bataillon de détenus avait été,
24 outre les activités de combats, la nécessité de chasser la population
25 civile et de s'attaquer à celle-ci, et ce, sur le territoire -comme le dit
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1 le Bureau du Procureur- qui se trouvait sous l'occupation du HV ou du HVO.
2 Et ce Bataillon de détenus avait agi en collaboration, en concertation
3 avec le HVO et le HV.
4 Monsieur et Mesdames les Juges, la défense se propose de faire venir ici
5 des témoins disposant de connaissances directes relatives aux événements
6 et qui nous parleront de cette unité de détenus. Ce ne seront pas des
7 témoins, Monsieur et Mesdames les Juges, de deuxième main. La défense se
8 propose également de présenter des éléments de preuve pour prouver que
9 Mladen Naletilic n'avait pas été le commandant de ce Bataillon de détenus
10 pendant tout le temps couvert, ou toute la période couverte par l'Acte
11 d'accusation. Et vous aurez l'occasion d'entendre toute une série de
12 témoins cités par la défense disant qu'il n'avait pas été la figure la
13 plus proéminente, la figure principale pour ce qui est des événements de
14 guerre tant au niveau des autorités du HV que du HVO.
15 Ce que la défense se proposera de prouver est ce qui suit, à savoir que
16 cette unité de détenus a été créée comptant au début une dizaine de jeunes
17 gens et à la fin de l'agression serbe, elle avait fini par grandir au
18 point de comporter des effectifs de l'ordre de 200 ou 300 jeunes gens. Une
19 fois la démobilisation effectuée, donc à la fin de la guerre, contre
20 l'armée de la Republika Srpska en décembre 1992, et suite au départ des
21 jeunes gens démobilisés vers la Croatie et/ou vers l'Allemagne où ils
22 avaient travaillé auparavant, pour ce qui concerne une bonne partie de ces
23 jeunes gens. Et l'autre partie était repartie vers leur propre domicile en
24 Bosnie-Herzégovine sans pour autant s'attendre à ce qu'il y ait conflit,
25 notamment pas avec l'armée de la Bosnie-Herzégovine.
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1 Le HVO s'est quant à lui efforcé de créer, de mettre en place, de former
2 un embryon d'unités professionnelles, voire des unités à affectation
3 spéciale qui étaient censées être des unités d'élite de moindre importance
4 au sein du HVO.
5 C'est ainsi que s'est constitué un groupe antiterroriste qui est issu de
6 ce Bataillon des condamnés. Il s'agissait de jeunes gens qui avaient passé
7 un certain temps dans la guerre, de cette guerre qui s'est tenue en 1992.
8 C'étaient donc des jeunes gens qui avaient été formés au sein dudit
9 Bataillon. Et c'est ainsi que s'est constitué ce groupe antiterroriste
10 appelé "Baja Kraljevic" qui avait suivi une façon militaire de se
11 comporter. C'est-à-dire, ils se levaient le matin comme tous les soldats;
12 il y avait des exercices, un salut au drapeau, enfin, tout ce qui
13 s'ensuit, tout ce qui fait partie d'une vie militaire normalement
14 constituée. Ils vivaient dans une caserne à l'Héliodrome.
15 Mais s'agissant de l'organisation du HVO, je dirais qu'il s'agissait là
16 d'une unité autonome qui était commandée par un commandant qui était le
17 sien. Et la défense, quant à elle, se propose de démontrer ici que,
18 lorsque cette unité était conviée à intervenir, étant donné qu'il
19 s'agissait d'une unité d'intervention rapide où il s'agissait par exemple
20 de faire des percées dans les lignes des ennemis ou intervenir de façon
21 urgente dans ce type de situation, cette unité était commandée directement
22 par le commandant de la zone, à savoir le commandant de la brigade, voire
23 encore le commandant du bataillon ou de la compagnie qui à ce moment-là se
24 trouvait sur les lignes de combat. Et ce n'était pas seulement "Baja
25 Kraljevic", mais tout autre groupe ou unité antiterroriste ou unité
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1 d'intervention rapide était censé faire de même si tant est qu'elle se
2 trouvait sur les lieux à ce moment-là.
3 Monsieur et Mesdames les Juges, nous nous proposons ici de vous présenter
4 en premier lieu des éléments de preuve démontrant que ce Bataillon des
5 condamnés n'avait existé qu'à Siroki Brijeg avec des vétérans dans le
6 courant de l'année 1991 et 1992.
7 Des gens qui résidaient à Siroki Brijeg dans leur propre maison ou à
8 l'hôtel de Siroki Brijeg -unité qui n'avait jamais compté plus de quelque
9 80 personnes- qui se rassemblaient lorsqu'il y avait un danger imminent,
10 comme je l'ai déjà décrit ou de façon analogue à celle que j'ai décrite
11 pour ce qui est de l'ATG, du groupe antiterroriste "Baja Kraljevic".
12 A la différence près, aux termes de laquelle ce Bataillon de condamnés
13 n'avait pas eu à Siroki Brijeg une vie de caserne proprement dite: ils ne
14 s'alignaient pas, ils n'avaient pas d'exercices quotidiens, ils ne se
15 rassemblaient pas quotidiennement. Et ce sont là des choses que nous nous
16 proposons de démontrer par les éléments de preuve que nous vous
17 présenterons.
18 Par conséquent, Monsieur et Mesdames les Juges, il importe énormément,
19 notamment pour ce qui concerne la défense qui s'efforcera de le présenter,
20 de comprendre véritablement et de distinguer pour de bon une unité qui
21 s'appelle Bataillon disciplinaire ou Bataillon des condamnés et,
22 éventuellement d'autres groupes désignés par des appellations de groupes
23 antiterroristes ou des groupes à affectations spéciales, Vinko Skrobo,
24 Benko Penavic, mais qui n'ont rien à voir avec le Bataillon disciplinaire
25 ou Bataillon des condamnés, ou son organisation interne.
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1 Nous arrivons maintenant à une situation au sujet de laquelle le Bureau du
2 Procureur avait affirmé que l'unité de Juka Prazina se trouvait sous le
3 commandement de mon client. Monsieur et Mesdames les Juges, tout d'abord
4 nous allons vous montrer des éléments de preuve pour vous dire qui était
5 M. Jusuf Prazina, alias "Juka".
6 Je ne vais pas vous fatiguer à présent avec des données relatives à ce
7 sujet, mais ce que vous devriez garder à l'esprit, c'est le fait que M.
8 Alija Izetbegovic a lui-même nommé ledit monsieur au poste de commandant
9 de toutes les unités spéciales de Bosnie-Herzégovine et, à ce moment-là, à
10 l'intérieur de la ville de Sarajevo occupée, et qui entre en conflit
11 aussitôt après, non seulement avec M. Alija Izetbegovic, mais avec les
12 professionnels militaires qui se trouvent à Sarajevo au sein de l'armée de
13 Bosnie-Herzégovine. Et son unité à lui, à ce moment-là, avait été l'unité
14 la plus importante, la plus organisée au sein de l'armée de Bosnie-
15 Herzégovine et comptait plus de 5.000 hommes. Aussi le conflit s'était-il
16 exprimé d'une part, ou manifesté d'une part en raison de la peur que
17 l'unité de M. Juka Prazina pouvait avoir comme influence, et d'autre part
18 le fait que M. Juka Prazina avait insisté qu'on libère d'abord Sarajevo et
19 que par la suite, avec tous les hommes disponibles à qui la Bosnie-
20 Herzégovine tenait à cœur, on se mette par la suite à libérer la Bosnie-
21 Herzégovine, c'est-à-dire mettre en place une Bosnie-Herzégovine en sa
22 qualité de communauté de trois peuples en présence. Nous nous proposons
23 donc de vous présenter des éléments de preuve ou des témoignages de gens
24 qui se trouvaient à ses côtés, directement à ses côtés pendant les
25 événements concernés et qui, avec lui, suite au conflit, se sont déplacés
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1 vers l'Herzégovine.
2 Et nous nous proposons de prouver le fait que le Parti de l'action
3 démocratique, à savoir son propre président, M. Alija Izetbegovic, n'avait
4 pas permis, n'avait pas voulu entendre parler de planning quelconque
5 relatif à la libération de Sarajevo par le HVO.
6 Je ne vais pas aller plus avant dans cette analyse -nous aurons l'occasion
7 certainement d'analyser la situation-, et je crois que le Tribunal ici
8 présent, aux côtés du jugement du Seigneur, de notre Dieu, sera celui qui
9 jugera de toutes les souffrances endurées par les gens qui se trouvaient à
10 Sarajevo, et nous présenterons des éléments de preuve disant que Sarajevo
11 avait pu être libérée deux mois seulement suite à son occupation.
12 Et je crois que le moins que l'on puisse dire, cette histoire et le
13 jugement de Dieu jugeront ceux qui ont fait ce qui s'est fait et qui se
14 sont servis de Sarajevo pour en faire un instrument de propagande qui a
15 été diffusée de jour en jour sur CNN pour réaliser leurs objectifs
16 politiques, tout en présentant de façon erronée des images de victimes ou
17 en diffusant l'image d'une seule victime. Et ces souffrances auraient pu
18 être réduites: un mois, deux mois, voire trois mois, délai dans lequel
19 Sarajevo aurait pu être libérée.
20 Monsieur et Mesdames les Juges, je voudrais maintenant me tourner vers des
21 points ou des chefs d'accusation spécifiques, et je me propose de parler
22 du 9 mai 1993, notamment s'agissant de Mostar.
23 Monsieur et Mesdames les Juges, je ne vais pas vous fatiguer avec tous les
24 détails étant donné que nous allons entendre des témoins, s'agissant des
25 événements de Mostar et autour de Mostar, vers cette date du mois de mai
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1 1993.
2 Mais ce que je voudrais vous dire d'ores et déjà, c'est le fait que nous
3 nous proposons de prouver que l'armée de la Bosnie-Herzégovine avait des
4 plannings et avait donné des ordres dès le 16 avril de 1993 pour élaborer,
5 donc, un plan d'attaque et d'occupation de Mostar. Quand je dis
6 "occupation", je parle entre guillemets parce qu'on ne peut pas occuper
7 une ville… pour ce qui est des gens qui y habitent, si les gens qui y
8 habitent ne l'occupent pas; ils y habitent, c'est tout. Et de nos jours
9 encore, nous pouvons dire que dans cette ville il n'existe pas de mur de
10 Berlin, si je puis m'exprimer ainsi.
11 Je dirai que dans une nuit, dans la nuit du 8 au 9… Je vous demanderai,
12 Monsieur le Président et Mesdames les Juges, un petit moment d'attention.
13 Si vous vous souvenez bien –je ne sais pas si les moniteurs vous
14 transmettent l'image-, l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans la nuit du 8 ou
15 9, a traversé cette ligne dans la ville de Mostar. Et avec leurs unités
16 spéciales -et nous allons vous montrer des éléments de preuve montrant
17 qu'il s'agissait de membres de l'armée de la Bosnie-Herzégovine qui
18 étaient originaires de toute la Bosnie, de l'unité de Zulfikar Pasic
19 appelé "Zuka"- ils sont arrivés ici jusqu'au Rondo et leur objectif avait
20 été de faire une jonction, arriver à la rue de Zagrebacka, la rue de
21 Kalemova, et faire une jonction avec Vranica alors que les autres unités
22 étaient allées prendre possession de Balinovac. Et si cela avait réussi,
23 la ville de Mostar serait tombée entre leurs mains immédiatement.
24 Comment cette attaque a-t-elle été amorcée? Suite à un signal particulier,
25 le matin, vers 3 heures, 4 heures ou 5 heures du matin, donc, depuis
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1 Vranica par un fusil à lunettes, ils ont tué un policier répondant au nom
2 de famille Lugonja, policier qui se trouvait à son poste quotidien en
3 uniforme, et c'est une chose que la défense prouvera à la Chambre par ses
4 éléments de preuve.
5 Puis il faut savoir aussi que jusqu'au 9 mai, il n'y avait aucune ligne de
6 démarcation à Mostar. Puis sont venus, ont commencé des combats pour
7 toutes les rues, tous les bâtiments, mais seulement dans l'après-midi du
8 9, la nuit du 9 au 10, la matinée du 10 mai, et les unités du HVO qui se
9 trouvaient à Mostar, ce qu'on appelle le 2e , 3e ou 4e Bataillon; chose que
10 nous vous prouverons en faisant venir ici les commandants de ces unités,
11 de ces brigades, qui vous raconteront en leur qualité de témoins oculaires
12 immédiats comment se sont passées les choses.
13 Et on fera venir des gens qui ont été faits prisonniers, ici, à cet
14 emplacement, à proximité de Rondo. Certains d'entre eux ont été libérés
15 lors des contre-attaques mais d'autres ont été emmenés, faits prisonniers
16 et emmener de l'autre côté de la Neretva, et ont été gardés en détention:
17 certains pendant 10 jours, d'autres pendant un mois et d'autres encore
18 n'ont été relâchés qu'en 1994.
19 Comme cela est le cas par exemple d'un particulier qui a été emmené en
20 détention, à savoir le curé de la cathédrale qui, suite à l'intervention
21 du Vatican même, a fini par être échangé. Pour ce qui est de son
22 évacuation depuis la partie est de Mostar, il a fini par se faire abattre…
23 Ah non, lors de son évacuation de la partie est, on a abattu un officier
24 de l'armée espagnole qui faisait partie des effectifs de la Forpronu à
25 l'époque.
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1 Monsieur le Président, mes confrères vient de me dire que le curé de la
2 cathédrale avait été tué. Ce n'est pas le cas; c'est l'officier espagnol
3 qui a été tué au moment où le curé de la cathédrale a été relâché ou
4 plutôt au moment où on l'a libéré pour le faire transférer d'une rive à
5 l'autre, de la rive gauche vers la rive droite. A la date de la mort de
6 cet officier qui s'est fait tuer et à cause de la vie donc qui a été
7 sauvée; de la cathédrale à Medjugorje il y a une messe qui était tenue. Et
8 il me paraît clair qu'actuellement l'Acte d'accusation et le Procureur
9 souhaitent présenter les preuves différemment.
10 Ceci dit, nous souhaitons également citer un certain nombre de témoins qui
11 vont venir ici dans le prétoire pour raconter à la Chambre ce qui s'était
12 effectivement passé, et ceci dans l'intérêt de la justice.
13 Monsieur le Président, Mesdames les Juges, j'aimerais maintenant évoquer
14 un certain nombre de détails qui vont certainement vous intéresser et que
15 nous allons de toute façon argumenter.
16 Nous allons d'abord affirmer que (expurgée) était à Vranica, pas
17 comme un civil mais comme commandant, et au moment où le plan est tombé à
18 l'eau, au moment où les formations de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont
19 été poussées jusqu'à Bulevar, et à partir du 9 mai ce Bulevar devient une
20 ligne de démarcation et jusqu'aux accords de Washington, (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée) de Vranica pour se
23 rendre.
24 Mme Clark (interprétation): Maître Krsnik, je suis quelque peu préoccupée
25 par ce que vous venez de dire mais (expurgée)
Page 8925
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 M. Krsnik (interprétation): Nous pouvons passer à huis clos partiel, mais
5 de toute façon j'ai cité un certain nombre de noms, mais je n'ai jamais
6 cité, je n'ai jamais dit qui était témoin dans ce prétoire, mais ce sont
7 les noms des personnes qui ont participé aux événements, aux opérations.
8 Il y a toute une série de ces personnes qui ont participé d'un côté et de
9 l'autre dans la création de cette histoire et de ces événements, et moi je
10 n'ai pas parlé des témoins, j'ai parlé des noms, j'ai cité des noms et,
11 moi, ça ne me viendrait même pas à l'esprit de parler des témoins.
12 Mme Clark (interprétation): Maître Krsnik, j'ai tort éventuellement, mais
13 le nom qui figure dans la ligne 140948 et 33, il s'agit probablement du
14 témoin qui est protégé.
15 M. Krsnik (interprétation): Je vais vous demander de passer à huis-clos
16 partiel, s'il vous plaît, Madame la Juge.
17 M. le Président (interprétation): Je pense effectivement que le mieux
18 c'est de passer à huis clos partiel et on verra comment on va procéder.
19 M. Scott (interprétation): Je pense qu'il faut expurger également les noms
20 dans le compte rendu, car si avant Me Krsnik ne l'a pas fait, maintenant
21 nous avons identifié le témoin qui a été protégé.
22 (Audience à huis clos partiel à 9 heures 52.)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
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1
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12 Pages 8926 à 8929 – expurgées – audience à huis clos partiel.
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1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (Audience publique à 10 heures.)
4 M. Krsnik (interprétation): Merci, je vais donc essayer de ne pas parler
5 des noms. Nous allons parler des événements et, surtout, le 9 mai 1993 est
6 une date importante à Mostar. Mais les témoins... Et la défense va prouver
7 de manière incontestable ce qui s'était produit effectivement et ce qu'on
8 a voulu faire éviter de dire ici, dans le prétoire.
9 Mais de toute façon, le Procureur a soi-disant essayé de prouver que le
10 HVO tout simplement, pour aucune raison justifiable, avait attaqué
11 l'immeuble Vranica. C'est un immeuble qui se trouvait au centre-ville, et
12 c'est tout simplement que cette raison-là que le HVO avait décidé de
13 s'attaquer à cet immeuble. Il n'y avait pas d'autres raisons, d'après les
14 témoins du Bureau du Procureur.
15 Mais en ce qui concerne les témoins qui sont les nôtres, ils vont donc
16 présenter les éléments de preuve à décharge différemment et comment cela
17 s'est passé effectivement, la façon dont un certain nombre de personnes
18 ont été faites prisonniers parce que, justement, ils ont essayé d'occuper
19 Mostar.
20 Moi, je parle également de la partie ouest. Je vais vous montrer une fois
21 de plus comment ils ont traversé Bulevar: ici, à cet endroit-là que je
22 montre actuellement, se trouve l'immeuble Vranica. Ils sont arrivés de
23 l'autre côté. Par conséquent il y avait les deux jours d'opérations de
24 combat rue par rue. Ils se sont retrouvés par la suite au niveau de
25 Bulevar, et c'est là où se trouvait la ligne de démarcation.
Page 8931
1 Maintenant, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je vais vous
2 montrer que, le 30 juin, il n'y avait strictement rien qui se passait.
3 Pendant deux mois il y avait une paix qui régnait à Mostar dans le sens
4 absolu de ce terme. Et pourquoi? Parce qu'il y avait des initiatives
5 pacifiques qui ont été lancées de tous les côtés, aussi bien de la
6 communauté internationale que du côté du président croate et des parties
7 en conflit également. Et quand le conflit s'était déclenché de nouveau,
8 l'attaque qui a été reconnue également par l'Acte d'accusation, l'attaque
9 de l'armée sur le camp du nord, qu'ils appellent la "libération", je ne
10 sais pas de quoi ils libèrent ce camp et de qui? Car, nota bene, ils se
11 trouvent du côté est, de l'autre côté de la rivière de Neretva, et ils
12 libèrent les Croates de leur propre foyer, ils les font prisonniers à
13 Bijelo Polje, Vrapcici. Ce sont les municipalités de la ville de Mostar,
14 du côté est de Mostar, la rive gauche.
15 Ils sont donc en train de mettre en place un certain nombre de camps, le
16 bâtiment du SDK, de la comptabilité d'Etat de l'école élémentaire à Bijelo
17 Polje également. Il y a eu un camp, au cours de 1993 jusqu'au mois de mars
18 1994, où ont été détenus des civils: 80% de civils qui ont été détenus par
19 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
20 Malheureusement, et je vais le dire chaque fois quand ils utiliseront le
21 terme de libération. Libérer de quoi que ce soit un Musulman ou un Croate,
22 pendant 200 ans, il habite dans la municipalité de Mostar et on le libère
23 parce que c'est "un Croate", entre guillemets, tout simplement.
24 C'était quelque peu hypocrite alors que c'est l'armée de Bosnie-
25 Herzégovine qui soi-disant avait libéré la Bosnie. Peut-être, mais le
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1 territoire qu'ils allaient envahir, occuper et islamiser dans ce sens-là,
2 oui, dans ce cas-là ils l'ont libéré, ils l'ont libéré des membres
3 d'autres communautés ethniques ou d'autres peuples; dans ce cas-là c'est
4 vrai, ils ont libéré cette ville et ce territoire.
5 Maintenant je vais demander à la cabine technique de bien vouloir nous
6 visionner la cassette. Je pense qu'elle porte toujours la cote n°1. Je ne
7 sais pas si je suis bien entendu parce que tout à l'heure je me suis
8 adressé à la cabine technique et j'aimerais bien qu'ils visionnent la
9 cassette.
10 Est-ce que vous pouvez s'il vous plaît visionner de manière accélérée la
11 cassette?
12 (Diffusion de la cassette vidéo en accéléré.)
13 J'ai besoin des séquences qui suivent. Deuxième partie. Est-ce que vous
14 pouvez vous arrêter ici un petit moment s'il vous plaît?
15 Eh bien, après le 9 mai, vous avez également cette initiative de paix
16 lancée par Dr Franjo Tudjman qui commence qu'il avait adressée à Alija
17 Izetbegovic et Mate Boban; c'est un message adressé par lui et sur son
18 initiative à Medjugorje le 18 mai.
19 Se sont réunis les représentants de la communauté internationale de tous
20 les partis en conflit, et Franjo Tudjman était à la tête de la délégation
21 croate; du côté musulman Alija Izetbegovic; et du côté de la communauté
22 internationale M. Owen, M. Stoltenberg; représentants de la communauté
23 européenne, je pense que c'était Jensen; commandant de la Forpronu, je
24 pense que c'était le général Walden.
25 Et si vous voulez bien, on peut voir les séquences qui suivent sur la
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1 cassette et vous pouvez accélérer s'il vous plaît.
2 (Diffusion de la cassette vidéo.)
3 Il y a un certain nombre de citations dans le cadre du message. Est-ce que
4 vous pouvez vous arrêter s'il vous plaît? Je m'adresse à la cabine
5 technique: est-ce que vous pouvez faire marche arrière juste un petit peu,
6 s'il vous plaît? Est-ce que vous pouvez vous arrêter là, s'il vous plaît?
7 J'ai donc besoin de la suite juste après la première image. Voilà, c'est
8 là où nous allons commencer et si vous pouvez nous laisser entendre ce qui
9 se dit…
10 (Diffusion de la cassette vidéo.)
11 (Note de l'interprète: Pas de traduction de la cabine française parce
12 qu'elle ne dispose pas du texte.)
13 (Fin de la diffusion de la cassette vidéo.)
14 On vient de me dire qu'il n'est pas correct, dans le cadre de la
15 déclaration liminaire, de laisser visionner de manière aussi longue la
16 cassette mais, moi, je n'étais pas au courant et je m'en excuse. De toute
17 façon, je pense que vous avez vu de quoi il s'agit.
18 Il y avait donc l'initiative du président de la République de Croatie, Dr
19 Franjo Tudjman, que cette réunion ait eu lieu et nous allons citer un
20 certain nombre des témoins qui ont participé à cette réunion. Nous allons
21 prouver que, malgré tout ce qui se passait -et dans le cas concret, le 9
22 mai 1993-, on n'a jamais arrêté du côté croate des initiatives pour
23 résoudre la situation. Dans le cas concret, les parties en conflit, les
24 Musulmans et les Croates se sont réunis justement pour arrêter les
25 opérations de combat, et le plan Vance-Owen aurait dû être mis en
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1 application alors qu'il a été signé aussi bien par les Croates que par les
2 Musulmans.
3 Mais vous voyez qu'il y avait toujours un certain nombre d'obstructions,
4 et à partir du moment où vous signez un accord de paix à plusieurs
5 reprises, vous ne voulez pas le mettre en application, la question se
6 pose: pourquoi? Pourquoi? Et après cette réunion, il a été une fois de
7 plus dit que la bonne volonté existait pour relâcher tous les prisonniers,
8 tous, pour tous. Et à cette époque-là, Monsieur le Président, Mesdames les
9 Juges, tous ceux qui ont été emmenés dans un soi-disant camp -il y en a
10 qui l'appelle "camp", d'autres "centre de rassemblement"- ou au bâtiment
11 de la prison qui était à la caserne de l'Héliodrome ont été relâchés.
12 Par conséquent...
13 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, excusez-moi de vous
14 interrompre une fois de plus, mais est-ce que vous pouvez me dire de
15 combien de temps vous avez besoin encore, s'il vous plaît? Si vous pouvez
16 terminer votre déclaration liminaire en un quart-d'heure, ce serait bon.
17 Dans ce cas-là, nous allons poursuivre. Sinon nous allons lever la séance
18 et puis nous poursuivrons.
19 M. Krsnik (interprétation): Une demi-heure, j'en ai besoin. Certainement
20 pas un quart-d'heure parce qu'il y a Mostar, il y a Sovici, il y a
21 Rastani. Il y a encore un certain nombre de points que j'aimerais
22 soulever. J'ai donc besoin d'une demi-heure au minimum.
23 (Les Juges se concertent sur le siége.)
24 M. le Président (interprétation): A ce moment-là, nous allons suspendre et
25 nous allons reprendre à 11 heures 45.
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1 (L'audience, suspendue à 10 heures 18, est reprise à 10 heures 51.)
2 M. le Président (interprétation): Vous pouvez continuer, Maître Krsnik.
3 M. Krsnik (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je viens de
4 faire un certain nombre de consultations pendant la pause, j'ai apporté
5 quelques changements à ma déclaration liminaire que je crois pouvoir
6 terminer d'ici une demi-heure à peu près.
7 Nous nous sommes arrêtés à Medjugorje, les essais pour faire un certain
8 nombre de missions de paix et de négociations. Donc, après cette réunion à
9 Medjugorje, de l'Héliodrome qu'on appelle Centre de rassemblement ou du
10 camp, ont été relâchés tous les détenus, sauf ceux pour lesquels on avait
11 déterminé qu'ils faisaient partie de l'armée de Bosnie-Herzégovine, et ils
12 étaient au nombre de 559 exactement, ce que nous allons vous démontrer. Je
13 mentionne ce chiffre parce que des listes existaient du temps où ils
14 faisaient armée commune.
15 Les personnes qui faisaient partie de l'armée de Bosnie-Herzégovine et qui
16 n'étaient pas originaires de Mostar, qui venaient de différentes unités de
17 Bosnie-Herzégovine et qu'on ne connaissait pas, ils ont bien sûr dû subir
18 des enquêtes pour savoir qui ils étaient, d'où ils venaient, ce qui est
19 tout à fait naturel et habituel lors des enquêtes militaires. Car les
20 tribunaux travaillaient tout le temps: il y avait un tribunal militaire
21 qui menait les enquêtes et des procès.
22 Nous allons vous démontrer ici que quelque 600 affaires se sont trouvées
23 devant le tribunal et que le tribunal de Mostar a donc eu ces procès. Des
24 personnes n'ont pas été -ce qu'on essaie de prouver ici- tout simplement
25 arrêtées ou jugées parce qu'elles avaient participé au conflit armé, mais
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1 il y avait aussi des personnes détenues à cause des pillages ou des
2 incendies. Et on les envoyait soit au tribunal d'enquêtes militaires soit
3 à la prison de l'Héliodrome.
4 Monsieur le Président, Mesdames les Juges, si on combat pour chaque
5 maison... Et vous pouvez vous imaginer la situation où, dans une tour,
6 vous avez des Serbes, des Musulmans et des Croates qui y habitent et, en
7 plus, ils sont tous armés jusqu'aux dents! Dieu merci, il n'y a pas eu
8 plus de victimes, ce qui aurait pu être le cas.
9 Dans une situation où personne ne fait confiance à personne, comme vous
10 avez pu l'entendre, avec une propagande politique dans les médias, que
11 l'on entend quotidiennement encourager, armer; dans une situation
12 d'anarchie où l'on tirait de partout -et c'était tout le monde qui tirait-
13 ; pour pouvoir faire en sorte qu'une ville soit opérationnelle, qu'elle
14 fonctionne, il fallait tout d'abord arrêter les combats. Il fallait
15 vérifier qui était armé. Ceux qui possédaient des armes sans avoir de
16 permis, eh bien, il fallait leur confisquer leurs armes. Il fallait aussi
17 mettre en place un couvre-feu et limiter la circulation. Et étant donné
18 qu'il s'agissait là de plusieurs centaines ou de milliers de personnes,
19 tout le monde ne pouvait pas en même temps se trouver dans un poste de
20 police ou bien dans un tribunal.
21 Pour vérifier l'identité de chaque personne, pour vérifier d'où les
22 personnes venaient: et pourquoi sont-elles venues à Mostar? Pourquoi
23 possédaient-elles des armes? Est-ce qu'elles se sont servi de leurs armes?
24 N'ont-elles pas tué quelqu'un? Eh bien, des enquêtes de ce genre ont dû
25 être organisées à un lieu donné, et tout cela pour empêcher la propagation
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1 du conflit, et non pas pour expulser les gens.
2 Mais pour vous démontrer que cela s'est bien passé ainsi, nous allons
3 faire venir à la barre des témoins et nous apporterons des preuves qui
4 démontreront donc que, pendant tout le temps du conflit, pendant toute la
5 période où Mostar avait été attaquée, dans la partie ouest de Mostar -et
6 là je vous dis que les chiffres ne sont pas déterminés-, mais au minimum
7 entre 7.000 et au maximum 12.000 Musulmans vivaient normalement sur la
8 rive droite, donc dans Mostar ouest. En même temps, nous allons apporter
9 des preuves et citer à la barre des témoins qui vous diront que, dans la
10 municipalité de Mostar, du côté est, eh bien, sur ce côté est, du côté
11 est, on a fait déménager 8.000 Croates, les personnes qui ne sont pas
12 jamais rentrées dans cette partie de Mostar.
13 Et juste pour votre information, je vous dirais qu'au jour d'aujourd'hui
14 il y a 73 Croates qui vivent du côté est de Mostar, et vous allez entendre
15 ici des raisons pour cela. Vous allez entendre ce qui s'est passé en
16 réalité, surtout après le 30 juin, après la deuxième attaque de l'armée
17 bosniaque qui n'était nullement provoquée. La seule raison de l'attaque a
18 été la conquête du territoire. Ils ont occupé Vrapcici et Bijelo Polje,
19 pour peu après attaquer Rastani d'où ils ont fait transférer toute la
20 population pratiquement, puisqu'avant la guerre c'étaient des Serbes qui y
21 habitaient. Mais s'ils avaient réussi à occuper Rastani et garder les
22 positions, Mostar serait tombée dans leurs mains facilement.
23 Il s'agissait donc là des combats pour s'emparer des territoires et non
24 pas pour libérer la Bosnie-Herzégovine, car nul ne peut libérer la Bosnie-
25 Herzégovine des personnes auxquelles elle appartient qui y habitent, les
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1 Serbes, les Musulmans et les Croates.
2 Et je vais continuer à évoquer cela: ils ne peuvent pas se libérer d'eux-
3 mêmes, le Musulman ne peut pas dire qu'il a libéré la Bosnie-Herzégovine
4 des Serbes; ou le Serbo-Musulman, ou le Croate qu'il l'a libérée des
5 Serbes ou des Musulmans, il ne peut dire qu'il a élargi son territoire, le
6 territoire dans lequel il exercera son pouvoir, sur lequel il va
7 gouverner. Ceci est la seule façon dont on peut présenter les choses, et
8 nous allons le démontrer preuves à l'appui.
9 L'agression sur la Bosnie-Herzégovine -et permettez-moi de caricaturer
10 quelque peu- n'a pas été faite à partir de la Bulgarie. Par exemple, on
11 pourrait se dire: "Oui, ce sont des Bulgares qui sont arrivés ici, et nous
12 sommes en train de libérer la Bosnie-Herzégovine des occupants bulgares".
13 Non, il s'agissait tout simplement de ceux qui combattaient pour le
14 territoire, et ceux qui combattaient pour le territoire étaient tout
15 simplement ceux auxquels la Bosnie-Herzégovine appartenait.
16 La défense va démontrer que mon client, le 23 septembre, n'était pas à
17 Rastani, pas du tout. Le KB ne se trouvait pas à Rastani à cette date-là.
18 Ils étaient à Djubrani, une localité à 15 kilomètres de distance de
19 Rastani, une localité qui se trouve sur une colline. La raison pour cela
20 était la suivante: si Djubrani tombe, vous arrivez à Siroki Brijeg en un
21 quart d'heure. Les unités qui détenaient les positions à Rastani, il
22 s'agissait là du 2e Bataillon de la 2e Brigade du HVO, soutenue par les
23 groupes de combat, bien, quand ils ont perdu les positions avec les
24 groupes de combat, ils ont réussi à s'emparer de nouveau des mêmes
25 positions, et nous allons le démontrer ici.
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1 Pour vous donner une illustration, je vais vous montrer -même si moi-même
2 je ne suis pas expert en matière militaire-, mais tout de même,
3 j'essaierai de clarifier.
4 Monsieur le Président, suivez bien le stylo. Ici, vous voyez Mostar; en
5 bleu c'est la rivière Neretva; et puis ici, vous avez l'endroit où la
6 ville s'arrête et Rastani commence; donc Rastani se trouve dans la
7 proximité immédiate. Ils ont l'armée de Bosnie-Herzégovine à attaquer de
8 deux lignes principales, d'un côté par en bas de Rastani, de la centrale
9 hydroélectrique, et de l'autre c'était donc à travers Vrapcici. Ils ont
10 traversé la rivière et les forces se sont trouvées encerclées, et vous
11 allez entendre dans ce prétoire ce qui est arrivé à ces unités-là. L'armée
12 de Bosnie-Herzégovine a occupé cet endroit et ils arrivent du côté par-
13 derrière, vers les troupes du HVO à Mostar.
14 Que se passe-t-il à ce moment-là? Il y a une contre-attaque du HVO, comme
15 je l'ai déjà mentionné, le 2e Bataillon de la 2e Brigade qui détenait déjà
16 des positions sur ces deux directions principales, et vous voyez, ils ont
17 été donc soutenus par d'autres, à savoir par un peloton d'infanterie qui
18 comportait quelque 15 personnes, ces groupes de combat qui étaient donc de
19 peloton d'infanterie dénombraient 15 à 20 personnes. Vous allez voir ici
20 le barrage sur la rivière de Neretva, ils arrivent donc à leur position
21 précédente, ils arrivent à récupérer le territoire qu'ils avaient eu
22 auparavant. Mais le KB n'y a pas pris part et nous allons faire venir des
23 témoins à la barre qui vont le prouver.
24 Le 30 juin, nous pouvons dire que le conflit est devenu un conflit
25 permanent. Donc à partir du 30 juin et jusqu'aux accords de Washington,
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1 c'est devenu un conflit constant, et les accords de Washington ont eu lieu
2 au mois de février 1995 ce qui fait que le 9 mai n'était pas un début, ce
3 n'était tout simplement que l'un des nombreux incidents en série. Car
4 pendant deux mois, rien ne se passe à Mostar, mais comme pendant les cinq
5 mois précédents, le feu des fusils à lunette, des arrestations
6 individuelles… Et jusqu'au 30 juin, les représentants du HVO et des
7 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine continuent à vivre ensemble au
8 sein du camp du nord.
9 Et vous allez entendre maintenant pourquoi Rotimlje, jusqu'au 30 juin,
10 pourquoi les membres de la Brigade commencent à arrêter à Rotimlje et à
11 Capljina. Car le 30 juin, le représentant… Les Musulmans reçoivent des
12 invitations qui leur demandent de se mettre du côté de l'armée de Bosnie-
13 Herzégovine. Il s'agit là des personnes qui sont dans les rangs du HVO. On
14 leur dit que s'ils n'écoutent pas, s'ils n'obéissent pas aux ordres de
15 l'armée de Bosnie-Herzégovine… ils reçoivent donc l'ordre, ils arrêtent
16 tous les membres du HVO là où ceux-ci se trouvaient en minorité, et tous
17 ces gens détenaient les lignes de front vers les membres de l'armée de la
18 Republika Srpska. C'est ainsi que cela s'est passé sur toutes les lignes
19 de front où le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine combattaient côte à
20 côte, jusqu'à ce moment-là.
21 Et, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je peux le dire librement:
22 tout simplement, on essayait de voir qui allait arrêter qui, avant que
23 l'autre ne l'arrête. Non, on n'arrêtait pas les gens parce qu'ils étaient
24 tout simplement musulmans; il s'agissait de personnes armées en uniforme
25 avec des kalachnikovs, et en plus qui tiraient. Donc les gens n'étaient
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1 pas arrêtés tout simplement parce qu'ils étaient musulmans.
2 Vous allez entendre de manière très précise ce qui s'est passé dans la
3 caserne le 30 juin. Nous avons un témoin qui témoignera de vive voix; vous
4 allez entendre son récit. Ceci est très important parce qu'il y a eu
5 d'autres témoins qui étaient venus dans ce prétoire pour nous raconter ce
6 qui s'était passé le 30 juin. Mais vous allez entendre beaucoup d'autres
7 choses, et j'espère que mon collègue le Procureur ne soulèvera pas
8 l'objection tu quoque, en l'occurrence, puisque précisément ce témoin-là -
9 et nous n'allons en faire citer qu'un seul à la barre pour ces événements-
10 , eh bien, ce témoin vous dira ce qui s'est passé au moment de la chute,
11 de la prise du camp du nord, et il vous donnera les détails de ce qui
12 s'était passé avec lui.
13 Mais là non plus, il n'y a pas le KB. On n'a pas vu la présence de le KB
14 le 9 mai, on ne la voit pas non plus le 30 juin. Ils n'ont pas leurs
15 unités, à ce moment-là, à Mostar, et je peux vous l'expliquer de manière
16 tout à fait simple: une armée aussi désorganisée qui n'était qu'en train
17 de se former, et c'était bien le cas du HVO à l'époque… Les unités qui
18 étaient sur les lignes de front, n'est-il pas logique qu'elles n'aient
19 qu'un seul commandant? Par exemple, à Bulevar, vous pensez que des
20 centaines de personnes pouvaient être des commandants au Bulevar? Mais
21 non! Il y a un quartier général et un commandant.
22 Est-ce que vous pensez que chaque unité pouvait, de son plein gré, décider
23 à quel moment ils allaient attaquer? Malgré la désorganisation qui
24 régnait, ceci n'aurait pas été viable; les gens seraient tombés comme des
25 mouches et je pense, au contraire, que des vies ont été préservées. Nous
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1 allons pouvoir vérifier ces faits très facilement en appelant des témoins
2 à la barre et ils vous diront la vérité. Et nous aurions pu l'entendre
3 déjà il y a longtemps, si d'aucuns auraient voulu être objectifs.
4 Nous allons aussi prouver que les unités Benko Penavic et Vinko Skrobo
5 n'étaient pas sous le commandement de le KB. Et même si elles l'avaient
6 été au moment où ils se trouvent dans la zone opérationnelle -en
7 l'occurrence, de Mostar, ou peut-être dans une autre zone opérationnelle-,
8 ils doivent se soumettre aux ordres de cette zone opérationnelle; ils
9 doivent être soumis à la zone opérationnelle. Donc même s'ils avaient été
10 là-bas, le KB n'aurait pas pu commander. Le commandement se trouvait dans
11 les mains de la zone opérationnelle, quelles que soient les unités qui se
12 trouvaient sur le territoire de la zone.
13 Monsieur le Président, Mesdames les Juges, la défense va aussi démontrer
14 que Mladen Naletilic n'avait rien à voir avec l'Héliodrome ni avec Dretelj
15 ou bien avec quelque camp que ce soit ou quelque centre de rassemblement
16 que ce soit, et qu'il n'aurait pu rien faire, ne pouvait rien faire pour
17 déterminer les conditions de vie dans les centres de rassemblement.
18 La défense va par la suite démontrer qu'il n'est jamais venu dans un
19 centre de rassemblement, il n'est jamais venu rendre visite à qui que ce
20 soit là-bas. Si tel était le cas, le Procureur nous aurait déjà démontré
21 les preuves et l'accusation aurait très facilement pu le démontrer. Et
22 même s'il s'y était rendu, est-ce que c'est un mal en soi? En quelle
23 qualité s'est-il rendu là-bas et qu'a-t-il fait?
24 Vous savez, il est très difficile pour la défense, car il y a des témoins
25 qui n'ont pas parlé des dates ni mentionné le jour ni le mois. On ne
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1 connaît que l'année, on disait "on sait tout simplement si ça s'était
2 passé au début du printemps ou à la fin de l'automne". Ce serait nettement
3 mieux s'ils avaient mentionné la date.
4 Je ne voudrais pas ici dévoiler l'identité de certains témoins, mais ils
5 ont par exemple dit que M. Naletilic se trouvait à l'Héliodrome. Si au
6 moins on pouvait savoir quel mois c'était, parce que de cette manière nous
7 pourrions très facilement prouver où se trouvait mon client à l'époque.
8 Mais maintenant nous devons émettre des hypothèses en disant "voilà, il se
9 trouvait au mois de juin, juillet ou septembre à tel ou tel endroit".
10 Parlant du mois de septembre, Monsieur le Président, Mesdames les Juges,
11 c'est à ce moment-là que la restructuration de la HV commence et se
12 termine au mois de janvier 1994. L'organisation du HVO, telle que connue
13 jusqu'à cette date-là, cesse d'exister. Des brigades sont créées et il y a
14 donc un nouveau modèle. Après la restructuration, le KB cesse d'exister de
15 fait, mais pas encore dans les actes; elle s'éteint complètement au mois
16 de mars 1993 et elle cesse d'exister définitivement. Je vous le dis parce
17 que nous allons vous présenter ici à travers des témoins leurs fiches de
18 paye: on va voir leur bulletin de salaire, à quel moment on pouvait aller
19 collecter son salaire et où.
20 Monsieur le Président, Mesdames les Juges, la défense va aussi apporter
21 des éléments de preuve sur la véridique situation à l'Héliodrome. Nous
22 allons voir que les civils en tant que civils mais peut-être en tant que
23 prisonniers de guerre –nous pourrions même parler des gens en âge de
24 combattre-, nous allons prouver que tous ceux qui avaient promis qu'ils
25 n'allaient pas s'activer au sein de l'armée, eh bien, que ces personnes-là
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1 si elles étaient musulmanes étaient relâchées.
2 Mais ces personnes étaient moins nombreuses, ces civils-là, les membres de
3 l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient plus nombreux. Et toutes ces
4 personnes, qu'il s'agisse de civils, de prisonniers de guerre ou de
5 soldats, n'ont pas été emmenées là-bas à cause d'une décision prise par
6 Mladen Naletilic, jamais aucun, et ceci nous allons le prouver. Même s'il
7 avait voulu, il n'avait pas l'autorité pour le faire et nous allons le
8 prouver.
9 Je sais qu'au bout de trois ans… je m'excuse, après deux ans de détention
10 devant ce Tribunal, il est très difficile de démontrer que, voilà, la
11 personne qui est ici en réalité ce n'est pas sa place, parce qu'on
12 s'attendrait à ce que ce soit quelqu'un qui ait eu un grand pouvoir, qui
13 ait eu une très grande importance. Mais c'est la réalité, il s'agit
14 précisément d'une personne qui n'avait pas d'importance particulière, qui
15 n'avait pas de pouvoir particulier, et vous allez l'entendre dès
16 aujourd'hui.
17 Puis il me reste à vous donner encore une explication, il s'agit de
18 Sovici. Après quoi, je crois que je mettrai un terme à ma déclaration
19 liminaire.
20 Monsieur le Président, avant de commencer à donner des détails sur les
21 événements à Sovici, je vois que je n'ai pas mentionné Siroki Brijeg. Le
22 poste de police à Siroki Brijeg était sous les ordres du ministère des
23 Affaires intérieures de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Il est tout à
24 fait clair que ce n'étaient qu'eux, leur ministère, qui pouvaient gérer ce
25 poste de police. Ce n'était pas une armée, ce n'était pas un KB.
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1 Est-ce que vous pensez qu'un Etat pantin tel que la HZ-HB aurait permis
2 que qui que ce soit rentre dans un commissariat de police et se mette à
3 passer à tabac une personne sélectionnée au hasard? Nous allons prouver
4 que de telles choses n'étaient pas possibles et nous allons citer à la
5 barre des personnes qui vous le diront de vive voix. Nous allons prouver
6 exactement le contraire, à savoir que les soi-disant détenus à Siroki
7 Brijeg n'étaient pas du tout des prisonniers, ils passaient plus de temps
8 dans les différents cafés de Siroki Brijeg qu'autre chose. Et nous allons
9 le démontrer ici.
10 Ils ont demandé eux-mêmes qu'on les fasse revenir de Ljubuski à Siroki
11 Brijeg. Ils ne l'auraient pas demandé s'ils ne se trouvaient pas si bien.
12 Ils dormaient dans un immeuble dont la moitié était le département de la
13 défense, ça veut dire une section civile de la municipalité qui traitait
14 des questions de mobilisation, des questions similaires, et dans l'autre
15 partie de l'immeuble habitaient les prisonniers, les détenus. Ils
16 mangeaient la même nourriture, ils fumaient les mêmes cigarettes, et ils
17 étaient gardés par les Domobrani qui ne pouvaient rien faire d'autre à
18 cause de leur âge.
19 Et ces mêmes personnes viendront témoigner ici de vive voix pour vous
20 raconter comment les choses se sont passées. A Siroki Brijeg, on racontait
21 des anecdotes, on disait "voilà il y a les détenus qui passent par Siroki
22 Brijeg, ils portent le fusil de leur garde, et leur garde, ils sont en
23 train de porter le garde qui est complètement ivre." C'est comme ça que
24 les choses se sont passées.
25 Nous vous prouverons cela ici, et je n'ai pas à vous prouver que Mladen
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1 Naletilic n'a jamais mis le pied au poste de police, ni à Miljkovici, et
2 je ne vais pas élaborer davantage. Je pense qu'il n'est point nécessaire
3 que je le fasse à présent ici, étant donné que le Procureur n'en a pas
4 parlé non plus, mais ce sont les choses que la Chambre aura l'opportunité
5 d'entendre.
6 Mais d'après l'article de la propagande où il avait été question hier des
7 personnes qui allaient être jugées à La Haye, je vous montrerai pourquoi
8 certains témoins ont parlé avec plaisir de "Cikota", en tant que nom de
9 famille, ou prénom ou surnom, ou que sais-je encore, ils ont oublié par la
10 même occasion que la personne qui le sous-entendait par là, devait être
11 désavouée. Or, je crois qu'il ne s'était pas préparé suffisamment bien,
12 étant donné que la personne en question jusqu'en 1995 a vécu et a
13 travaillé à quelque 300 kilomètres de là, en République de Croatie et ce,
14 en qualité de policier au sein de cette même République de Croatie.
15 Nous touchons à la fin, Monsieur le Président, et je passe à Sovici. Je
16 l'ai délibérément laissée à la fin, parce que j'ai estimé que c'était une
17 localité qui méritait un peu plus d'attention que les autres. Je ne vais
18 pas vous fatiguer outre mesure. J'espère que vous serez en mesure de
19 suivre mon crayon sur l'écran. Vous verrez qu'ici la région s'appelle
20 Risovac, et vous avez le lac de Blidinje, certains l'appellent Blidinska
21 Zaravan ou lac de Blidinje.
22 Ici vous voyez, je vais essayer de vous illustrer la chose avec des
23 photographies, nous avons fait l'effort d'aller prendre des photographies.
24 Sovici, Doljani se trouvent en bas ici, et de ce côté se trouve ce plateau
25 Risovac; Sovici se trouve ici et Doljani, et ces deux localités sont
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1 cernées de pics de ce genre, comme vous pouvez le voir; donc ces deux
2 localités sont cernées des deux côtés.
3 Plus bas de l'autre côté, se trouve Jablanica et les localités se trouvent
4 dans la vallée. Tout soldat, même ceux qui n'avaient pas d'éducation
5 militaire, comprenait fort bien qu'il fallait tenir les monts, les pics,
6 et pas le bas, la vallée, c'est pour les hauteurs que les combats étaient
7 menés.
8 Et c'est la raison pour laquelle, dès le début des conflits, on avait
9 creusé des tranchées sur les hauteurs. Et ces tranchées avaient cet
10 aspect: ces photographies ont été prises il y a un an, les tranchées s'y
11 trouvent encore de nos jours. Vous voyez ici des tranchées pour soldats en
12 position couchée, ce sont des tranchées pour mitrailleurs. Et c'est la
13 raison pour laquelle les pics ont été pris, vous voyez ici les rochers
14 qu'on appelait Pasje Stjene, vous voyez en contrebas la route qui méandre
15 vers Sovici et vous voyez ce plateau de Blidinje.
16 Je vous montre cela pour arriver à une photographie où les choses seront
17 tout à fait claires pour vous. Ceci est la position de l'armée de la
18 Bosnie-Herzégovine, vous voyez cette route, c'est Blidinska Zaravan, et
19 tous ceux qui venaient ici étaient vus d'en haut. Bien sûr, si le HVO
20 voulait les attaquer, ils seraient venus de jour en camion, ils se
21 rassembleraient et s'ils avaient effectivement voulu attaquer.
22 Est-ce que vous croyez que c'est ainsi qu'on procède à des attaques? C'est
23 la nuit qu'on vient pour essayer d'occuper les côtes par surprise, et on
24 ne s'efforce pas de prendre d'attaque Sovici parce que Sovici était déjà
25 pratiquement en leurs mains.
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1 Donc vous voyez les portes de Sovici et la colline qu'on appelle Povrsak.
2 Le 16, au soir, dans la nuit du 16 au 17, il y a un appel dramatique
3 émanant de Sovici qui arrive, qui dit qu'elle est complètement encerclée
4 par un triple anneau: un premier anneau se trouvant dans les hauteurs des
5 montagnes; le deuxième anneau se trouvant au niveau des villages et des
6 pics; et le troisième encerclé, le troisième anneau se trouve dans les
7 villages eux-mêmes. Et nous montrerons que le rapport des forces n'allait
8 pas de 3 par rapport à 1, mais de 7 par rapport à 1 avec une base
9 logistique à Jablanica qui, à l'époque, comptait 10.000 soldats.
10 (Les interprètes demandent à Me Krsnik de se rapprocher du micro.)
11 La première localité plus importante se trouve éloignée de Sovici à au
12 moins 30... non, plutôt, je me reprends, 20 kilomètres. Il y a d'abord
13 Tomislavgrad, Posusje ou Tomislavgrad, donc à 20 kilomètres à peu près de
14 là. Il s'agit de monter sur les hauteurs de 1200 mètres et cette altitude,
15 ici, se trouve à 1.500 mètres de hauteur. Et à Blidinje, c'est à 1.200.
16 Sovici se trouve à 600, 700 mètres d'altitude. Mais ne me prenez pas au
17 mot parce que je vous donne ici des approximations. Je crois qu'ici, à
18 gauche, on voit assez bien toute cette vallée. Ici, vous voyez Sovici et
19 là, Doljani. Puis la route qui descend.
20 Vous voyez ici aussi assez bien la route à partir de ce qu'on appelle le
21 "portique de Sovici". Je dois vous préciser que la route est un peu
22 modernisée parce qu'avant il y avait une autre route qu'on appelait la
23 "route de sauvetage" qui a été construite par le HVO. C'est par cette
24 route-là qu'est venue toute l'aide humanitaire à l'intention de tous et
25 toutes pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine et ce, dans le courant du
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1 processus de la prise, enfin, de la conquête des territoires par l'armée
2 de la Republika Srpska. C'est par là, par cette route-là que sont passés
3 quelque 200.000 ou 300.000 réfugiés. Et c'est à ce portique de Sovici, à
4 Blidinje, ils étaient accueillis par Caritas parce qu'ils arrivaient pieds
5 nus pratiquement, sans vêtements. On leur donnait des chaussures, des
6 vêtements. Et c'est ce qu'on appelle le portique de Sovici, vous voyez
7 cette photographie.
8 C'est donc ici que prend fin ce plateau et que commence la descente vers
9 Sovici. Une fois que vous sortez de ce portique de Sovici, vous voyez ces
10 collines autour. Nous venons donc de passer le portique et d'arriver à
11 cette deuxième photographie: et c'est là que se trouvaient les membres de
12 l'armée de la Bosnie-Herzégovine. Et c'est quand on se dirigeait vers
13 Sovici en colonnes militaires qu'on avait ouvert le feu vers eux. Les
14 témoins vous raconteront ce qui s'est passé par la suite.
15 Voyez-vous, donc, ce sont les photographies qui ont été prises après avoir
16 traversé ce portique de Sovici, une fois de plus, le portique en question.
17 Nous en arrivons ici maintenant à Pasje Stijene, et c'est la vue que nous
18 avons vers ce plateau de Blidinje et Risovac. C'est ici "Sovicka Vrata" ou
19 "portique de Sovici". Donc on arrive par cette route, puis on commence à
20 descendre vers Sovici et, de là où la photographie a été prise se
21 trouvaient les tranchées de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Donc vous voyez
22 bien qu'une fourmi ne saurait passer par là sans être aperçue!
23 Dans la nuit du 16 au 17, lorsque cet appel dramatique est parvenu pour
24 dire que l'on préparait un massacre -parce qu'un massacre analogue avait
25 été perpétré à Orliste, à Trusina deux jours auparavant où il y a eu 16
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1 Croates tués par des Musulmans-, et la nouvelle arrive à Sovici par la
2 même méthodologie, de la même façon! Parce que l'on bloque les villages
3 croates par petites enclaves et après on nettoie! Et c'est ce qui est
4 arrivé systématiquement à tous les villages dans la région de Sovici et de
5 Doljani. Pourquoi? Parce que l'armée de la Bosnie-Herzégovine gardait ses
6 flancs d'un côté, et ils n'auraient pu réaliser les plans de "Neretva 93"
7 sans assurer leurs flancs, sans se garder Jablanica d'un côté; et de
8 l'autre côté, on pouvait descendre pour prendre Tomislavgrad, Siroki
9 Brijeg et Rama parce que ceux qui détenaient Pasje Stijene détenaient tout
10 ce que je viens de vous citer. Donc ils n'avaient aucune raison de
11 craindre des attaques de l'armée de la Republika Srpska. L'armée de la
12 Republika Srpska n'avait rien à faire vers cette région-là: il ne leur
13 venait pas à l'idée d'attaquer. Ils se trouvaient à quelque 50 kilomètres,
14 au moins, de l'endroit!
15 Je crois donc pouvoir vous montrer de la sorte que les choses sont plutôt
16 transparentes. Je m'excuse auprès des interprètes.
17 (Les interprètes remercient Me Krsnik de ralentir.)
18 J'espère ne pas avoir besoin de plus de temps. Donc il s'agissait de deux
19 questions militaro-stratégiques, s'agissant des Croates.
20 Interprète: Ralentissez, Maître Krsnik. Ralentissez, de grâce!
21 M. Krsnik (interprétation): Je ne sais pas si cette attaque était
22 survenue, je ne sais pas ce que l'armée de la Republika Srpska serait
23 allée conquérir là-bas, étant donné qu'elle avait été encerclée de toutes
24 parts par des Musulmans et des Croates. Mais les Croates avaient cru à
25 cela parce que c'étaient leurs voisins qui le leur avaient dit; ils
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1 avaient vécu dans des villages, dans les mêmes villages. Ils se relevaient
2 et les relèves se trouvaient au niveau des tranchées, sur les pics, et les
3 relèves se faisaient avec le Bataillon de Sovici de l'armée de Bosnie-
4 Herzégovine qui faisait partie de la 44e Brigade des montagnes qui était
5 commandée par Enes Kovacevic à Jablanica et qui se trouvait faire partie
6 du 4e Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine et qui, elle, était
7 commandée par Arif Pasalic.
8 Ils disposaient de tous les moyens techniques de communication à partir
9 des Motorola jusqu'au reste, et nous le prouverons. Donc il y avait une
10 communication permanente entre Sovici, Jablanica et Mostar, avec tout
11 l'appui logistique, armés jusqu'aux dents, avec des mitrailleuses
12 antiaériennes que l'on appelle PAM, puis des mortiers de 60 et 80
13 millimètres qui avaient été placés sur le site de Rudnik. On vous le dira
14 d'ailleurs ici, vous l'entendrez de la bouche des témoins. Et les gens se
15 trouvaient dans des tranchées, s'attendant à des attaques lancées par
16 l'armée de la Republika Srpska. Bien entendu, nous vous démontrerons que
17 c'était là invention pure et simple, mais cela avait été avancé comme
18 raison pour ce qui était de conserver main-mise sur les côtes élevées.
19 Maintenant s'agissant de Trusina, si vous vous souvenez de ce que j'ai
20 essayé de vous expliquer de manière plastique hier avec l'arrivée de M.
21 Ciba, en date du 8 mars commencent les nettoyages. On nettoie toutes la
22 région de Konjic jusqu'à Jablanica, et il est resté pas mal de gens à
23 Jablanica; la population est à 1 sur 10. Et ce qu'on affirmait, c'est que
24 les Croates ont essayé de nettoyer ethniquement Jablanica. Ils étaient 150
25 seulement par rapport à des milliers de Musulmans et ils ont tous fini
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1 dans des camps, d'ailleurs, tant civils que les autres, et y compris les
2 femmes et les enfants, pour passer plus d'un an dans ce camp.
3 Donc c'est de peur que l'on ne commette de massacre, étant donné que l'on
4 avait commencé à nettoyer le territoire, qu'on envoie des messages pour
5 dire au commandement, au commandement qui est également encerclé à Konjic,
6 parce qu'il faisait partie de la brigade Herceg Stjepan et leur bataillon,
7 qui faisait partie de cette même brigade, s'appelait le Bataillon Mijat
8 Tomic et il était divisé; la moitié se trouvait à Sovici et l'autre moitié
9 à Doljani -en tout et pour tout, ils n'étaient pas plus de 60; vous allez
10 l'entendre ici, Monsieur et Mesdames les Juges-, que Herceg Stjepan a
11 réussi à établir le contact avec le quartier général pour l'informer.
12 Le quartier général ordonne, en date du 17 avril, non seulement s'agissant
13 de Sovici mais aussi… L'offensive a été déjà lancée, on n'arrête pas de
14 frapper sur les différentes localités. Donc ils sont informés. Une fois
15 encerclés, ils sont informés qu'on va lancer une attaque, donc il s'agit
16 pour eux d'entreprendre des mesures aux fins de déployer une défense
17 active. Et dans la nuit du 17, on informe toutes les unités de combats qui
18 seraient en mesure de dissocier certains groupes pour les envoyer au
19 combat et leur dire de venir ici, à ce qu'on appelle Risovac, donc se
20 rassembler ici, à Risovac, pour entrer en contact avec les effectifs qui
21 se trouvent encerclés ici.
22 Sovici encerclée -j'entends là le Bataillon Mijat Tomic- et Doljani
23 également complètement encerclée. Donc on disait que la guerre avec
24 l'armée de la Bosnie-Herzégovine n'avait pas commencé, mais on est au 16
25 ou 17 avril.
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1 Pourquoi les amis, l'armée conjointe, ces forces armées légales, le HVO et
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine ne seraient-ils pas venus à Sovici encerclée
3 et leur demander: "Mais que faites-vous donc?" Pourquoi avaient-ils besoin
4 d'ouvrir le feu tout de suite? Mais ils avaient d'ailleurs l'intention de
5 venir leur poser la question et leur demander ce qui se passait, leur
6 demander de l'aide. Parce que quand je dis "nous n'étions pas", je
7 paraphrase; j'entends par là les gens du HVO qui ne sont pas venus
8 demander "pourquoi ne nous aideriez-vous pas?"
9 Je m'excuse parce que la collègue vient de me prévenir qu'il y a, dans le
10 compte rendu d'audience, une date, celle du 16 septembre au lieu du 16
11 avril. Oui. Donc je disais le HVO avait une intention tout à fait
12 légitime, nous étions partenaires, nous étions des unités légitimes les
13 uns et les autres, et nous devions d'abord faire la démarche aux fins de
14 savoir si cela était bien vrai parce que les gens du HVO voyaient les
15 choses d'ici, là où se trouve mon crayon. Ils voient qu'il se passe
16 quelque chose et on lance l'alarme; il y a des unités supplémentaires qui
17 arrivent ici et une fois que ces unités sont arrivées au portique de
18 Sovici, on a ouvert le feu de toutes les armes.
19 Que voulez-vous qu'on puisse faire? On se retire, on regroupe ses
20 effectifs et il y a eu des unités très variées. Je vais essayer de vous
21 les énumérer, mais vous entendrez viva voce les témoins vous le raconter.
22 Il y avait 15 à 20 membres de ce KB, de ce Bataillon de détenus; puis il y
23 avait 15 membres du Bataillon de Siroki Brijeg, il y avait 15 à 20 membres
24 du Bataillon de Posusje, il y avait un petit peu de Tomislavgrad; et
25 apprenant la chose, il y avait des membres du HOS, du H-O-S. Mais les
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1 témoins qui viendront à la barre aussi vous diront le nombre exact des
2 membres, de quelle unité il s'était agi. Donc ils arrivent là-bas, ils
3 procèdent au repli.
4 Je m'excuse mais je ne sais pas comment cela vient au compte rendu
5 d'audience. Je sais que les interprètes sont fatigués et je suis fatigué
6 également parce que cela fait deux jours que je parle, mais je n'ai
7 certainement pas dit que des forces croates étaient venues, je n'ai pas
8 dit que c'étaient des forces armées croates qui étaient venues. Je n'ai
9 certainement pas dit cela. Mais j'ai plutôt dit HOS, H-O-S.
10 Ils sont attaqués, ils se mettent à table. Ici il y avait quelques maisons
11 que vous ne voyez pas parce que la distance est grande, mais il y a
12 quelques maisons ici. Je crois qu'ils s'étaient installés dans la maison
13 de Rado Bosnjak ou, si je ne me trompe, dans une des maisons avoisinantes,
14 et ils ont convenu de ce qu'il fallait faire.
15 Les chefs de ces petits groupes de 15 à 20 hommes se sont rassemblés pour
16 se concerter. Je ne vais pas vous donner de noms parce que peut-être
17 certains d'entre eux viendront-ils témoigner, ou plutôt que je pense que
18 ceux-là viendront témoigner. Et ils s'asseyaient pour convenir de ce qui
19 leur convenait de faire, ils ont donc convenu de regrouper leurs forces
20 parce que, si on a ouvert le feu vers nous, cela signifie que nos
21 effectifs sont encerclés, et qui sait, ils sont peut-être déjà liquidés.
22 Voilà ce que nous avons essayé de présenter.
23 Je vais être bref, je vous dirai que le KB s'est vu confier la mission de
24 traverser les pics de ces montagnes-ci pour arriver à cet endroit-là, et
25 ils rencontrent de la résistance. Mais le fait est qu'ils ne sont jamais
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1 arrivés à Sovici, pas un seul des membres du KB n'est entré à Sovici. Ils
2 sont restés sur les pics et ils sont restés sans interruption à se battre
3 avec des unités qui étaient en train de se retirer vers Jablanica.
4 Un deuxième groupe s'est vu confier la tâche de se diriger vers ce qu'on
5 appelle le "plateau" pour prendre, pour s'emparer de ces pics, et une fois
6 arrivés là, les autres se sont rendus. Ceux qui se trouvaient occuper les
7 pics avaient entre les mains les villages en contrebas et le KB a commencé
8 à se battre, a continué à se battre contre les unités qui se retiraient
9 vers Jablanica.
10 C'était donc là ce qu'on avait reproché à Mladen Naletilic, et Mladen
11 Naletilic se trouvait quelque part par ici dans une maison de l'un de ses
12 amis, Mato Zelenika, parce que le 16, voire le 17, c'étaient ce qu'on
13 appelle les petites fêtes de Pâques, et M. Naletilic, une fois revenu dans
14 sa patrie avec ses enfants qui avaient à l'époque, l'un 5 ans et l'autre 8
15 ans, passait toujours ces fêtes de Pâques ici, parce que la nature est
16 très belle, il y a un beau lac; c'est devenu maintenant un centre de
17 sports d'hivers.
18 Donc allant de Pâques, de ces fêtes de Pâques qui avaient eu lieu, je
19 crois, qui tombaient un 10 ou un 11 avril, et les fêtes de petites Pâques
20 c'était la semaine avant que M. Naletilic venait passer avec ses enfants
21 là-bas sur ces lieux; il ne le savait pas. Quand bien même il l'aurait
22 voulu, il ne pouvait pas savoir ce qui se passait entre le 10 et le 16
23 puisqu'il se trouvait là. Il n'aurait certainement pas emmené ses enfants
24 âgés de 5 à 8 ans là-bas s'il avait eu l'intention de commander là-bas des
25 batailles quelconques.
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1 Nous le prouverons, nous prouverons que c'est la vérité en citant à la
2 barre des témoins. Et en voyant ce qui se passait, de peur pour ses
3 enfants et de peur pour ce qu'il adviendrait de ces gens là-bas parce
4 qu'il y avait beaucoup de gens qui résidaient là-bas.
5 Interprète: Maître Krsnik, rapprochez-vous de grâce du micro!
6 M. Krsnik (interprétation): Ce n'est qu'une fois qu'on a commencé à ouvrir
7 le feu, qu'on… Il se passait tout le temps quelque chose, il y avait des
8 réfugiés qui passaient par là; cela n'avait rien d'inhabituel. Ce qu'il y
9 avait d'inhabituel, c'était quand il n'y avait pas de tirs.
10 Alors on fera venir des témoins pour vous dire si M. Naletilic était là-
11 bas et si des gens étaient venus le voir pour lui dire que des combats
12 étaient en train de commencer là-bas et que les gens commençaient à
13 quitter la région. Donc, ayant appris ce qui se passait, il a poursuivi,
14 il a continué son séjour, quoiqu'il ait eu initialement l'intention de
15 s'en aller le dimanche, parce qu'il fallait se soucier de ces jeunes gens
16 qui faisaient partie de ce Bataillon de détenus, parce qu'il y avait des
17 enfants de ses amis. Et vous pensez bien qu'il n'avait pas le courage de
18 voir les parents par exemple de ces enfants dont il avait mobilisé les
19 fils dans ce Bataillon, s'il leur arrivait malheur.
20 Il avait donc toujours estimé qu'il était responsable de la création de ce
21 KB; pour tout jeune homme qui tomberait éventuellement, il avait toujours
22 par exemple l'obligation morale d'aller à l'enterrement et d'informer du
23 décès, de la mort de l'un quelconque de ses membres, les parents de celui-
24 ci. Je ne sais pas maintenant si cela s'est passé en date du 19 ou du 20
25 où sont tombés deux membres de ce KB, je ne saurais être très précis, mais
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1 les témoins qui viendront ici, et les deux qui sont tombés là ce jour-là
2 n'étaient pas membres du KB: ils étaient membres de l'une des quelconques
3 unités du HVO. Mais il y avait deux personnes de tuées, je ne donnerai pas
4 de nom maintenant, je les donnerai en temps utile.
5 Il a été informé de ce qui s'est passé là-bas et d'habitude quelle qu'ait
6 été la position qu'il a occupée à ce moment-là, Mladen Naletilic avait
7 pour coutume de se rendre personnellement pour prendre possession de la
8 dépouille mortelle du jeune homme en question pour le transporter vers
9 Siroki Brijeg, et de ce fait le 19, le 20, l'action était déjà terminée.
10 Et si elle ne l'avait pas été, elle aurait pris fin aussitôt après parce
11 que la coutume était qu'au sein du HVO, parce qu'on avait coutume de se
12 rassembler autour d'un mort parce que ce n'était pas seulement des amis,
13 c'étaient des frères, des cousins, ils se trouvaient habiter des maisons
14 voisines parce que chacun défendait sa propre maison, son village.
15 Je m'excuse d'avoir dépassé l'heure, j'avais promis une demi-heure mais
16 cela a fait plus, mais je voudrais prouver que le KB n'avait pas été à
17 Sovici, et encore moins Mladen Naletilic. Dans dix minutes, je pense que
18 je vais pouvoir terminer ma déclaration liminaire.
19 Et maintenant c'est la conclusion, nous allons démontrer que Mladen
20 Naletilic est tout à fait différent par rapport à ce qu'on l'a montré, moi
21 j'ai été avocat, j'ai une longue expérience, mais ici le Tribunal
22 fonctionne totalement différemment, et en ce qui me concerne moi, je me
23 suis promis de présenter les éléments de preuve même s'ils ne sont pas en
24 faveur de notre client, parce que je ne veux pas faire de louanges de mon
25 client, mais il me semble qu'il est indispensable de dire la vérité, même
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1 si celle-ci n'est pas bonne, et nous allons par conséquent présenter notre
2 client tel qu'il a été véritablement. Nous allons parler des choses
3 véridiques, vu l'instance.
4 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, mais le problème est
5 différent, si les interprètes et les sténotypistes n'ont pas fait
6 d'erreur, à ce moment-là nous pouvons oublier, nous pouvons oublier.
7 A tous ceux qui nous accompagnent dans notre tâche: vous avez du temps,
8 profitez bien de votre temps et surtout ne parlez pas trop rapidement, ce
9 n'est pas possible, vous êtes intraduisible.
10 M. Krsnik (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Mesdames les
11 Juges, merci de votre patience. J'ai promis une demi-heure mais je vois
12 que c'est une heure qui s'est écoulée, je n'ai toujours pas terminé, mais
13 je vais essayer de faire de mon mieux. Je suis tout le temps un petit peu
14 en manque de temps, et je souhaite vous dire tout ce qu'il y a à dire, et
15 ceci est le fait depuis le début de ce procès. Je m'efforce véritablement
16 de faire de mon mieux. Je vais donc mener à terme ma déclaration
17 liminaire.
18 Mladen Naletilic avait un rêve, un rêve qu'il avait rêvé en dehors de la
19 Yougoslavie, en dehors de la Bosnie-Herzégovine, en dehors de Siroki
20 Brijeg et en dehors de sa colline Cigansko Brdo. Pourquoi? Parce qu'il
21 vivait comme un émigrant en République fédérale d'Allemagne, un peu plus
22 de 20 ans, et c'est la raison pour laquelle il rêvait de retourner dans
23 son pays, dans son pays qui, à l'avenir, et je pense en Bosnie-
24 Herzégovine, en Croatie, aura la même démocratie ou plutôt une démocratie
25 similaire que celle d'ailleurs; et que les Républiques de l'ex-Yougoslavie
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1 deviennent des Etats indépendants, que la République de Croatie soit un
2 Etat indépendant des Croates, mais d'autres citoyens également qui y
3 résident, c'est un rêve qu'il avait fait et c'est la conscience nationale
4 qui s'est renforcée en lui, mais il n'a jamais été chauvin et on ne peut
5 pas le dire.
6 Dans ce monde, il y a de la place pour tout le monde, pour tous ceux qui
7 aiment ce qui leur appartient et qui respectent ce qui est leur est
8 étranger. Après les premières élections multipartites, quand il a été
9 clair que le parti unique, le pouvoir des communistes, a vu sa fin. Il est
10 retourné convaincu que sa place était dans la ville natale, ce n'était pas
11 son souhait et il s'attendait encore moins que la guerre allait se
12 déclencher dans l'ex-Yougoslavie et que ce qu'il avait commencé par la
13 voie démocratique allait se terminer par des conflits sanglants. Mladen
14 Naletilic ne voulait pas regarder de manière pacifique se détruire,
15 s'écrouler son rêve. Il a mobilisé toutes ses forces et ensemble, avec
16 d'autres amis qui ont été également prisonniers de leur conscience, il a
17 mis en place le KB.
18 Et pour ce qui concerne les jeunes qui ont rejoint les rangs du KB, il se
19 reconnaît lui-même de sa jeunesse; ce n'étaient pas des criminels comme
20 l'accusation a voulu le démontrer, ce n'étaient pas des condamnés qui
21 avaient été sanctionnés, purgeaient leur peine quelque part mais juste à
22 l'envers, c'étaient les fondateurs. Et les membres qui appartenaient à ce
23 KB, c'étaient des personnes qui, vu leurs convictions, convictions
24 personnelles, avaient purgé la peine, avaient été poursuivis par les
25 tribunaux alors que ceux qui se joignaient au KB étaient des jeunes entre
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1 18 et 22 ans; c'étaient les tout jeunes qui, certes, étaient fidèles au
2 peuple et à leurs idéaux.
3 Mladen Naletilic n'a jamais été membre d'aucun parti politique. Il n'a
4 jamais eu une fonction politique, il n'a jamais exercé de telles
5 fonctions, il n'a jamais participé à aucun organe du pouvoir. Il n'a
6 jamais occupé un poste dans la hiérarchie militaire ou politique et si
7 c'était le cas –d'ailleurs, la défense va le prouver-, l'accusation aurait
8 déjà depuis longtemps brandi des papiers sur les ordres ou sur les
9 différentes instructions qu'il aurait données parce que, de toute façon,
10 il ne peut pas se dire pour soi-même qu'il est commandant, il y a
11 quelqu'un qui doit le désigner, même si au HVO en général, c'étaient ceux
12 qui étaient les plus courageux qui étaient des commandants. Par exemple,
13 si on défendait un village, une ville etc., celui qui a été le plus
14 courageux était commandant.
15 Mais nous allons démontrer à la Chambre qu'il n'y avait pas de grade au
16 HVO jusqu'au mois de mai 1994. Par conséquent, après les accords de
17 Washington il y avait quelques insignes selon lesquels on aurait pu
18 conclure qu'il y avait éventuellement un commandant de la compagnie
19 jusqu'à la brigade, mais c'étaient des insignes tout simplement. Et il
20 était logique que le Juge Clark pose ces questions car tout le monde se
21 disait commandant, tout le monde était commandant, depuis la toute petite
22 unité jusqu'à l'unité la plus haute, mais il n'y a qu'un seul commandant.
23 Au moment où la JNA a commencé les attaques sur le territoire de Bosnie-
24 Herzégovine, dévastatrices, à ce moment-là c'est par le sentiment
25 patriotique, par l'expérience également de vie -il a reconnu le début de
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1 la guerre- que, très vite, il allait devenir le maître dans le territoire
2 de Bosnie-Herzégovine.
3 Les Croates, en Bosnie-Herzégovine, n'étaient pas organisés du point de
4 vue militaire; ils n'ont pas été équipés non plus. Et mon client, Mladen
5 Naletilic, a accepté l'organisation et l'équipement d'une unité. Je vais
6 m'expliquer: à cette époque-là, au début de 1992, c'est comme ça qu'on a
7 commencé à créer l'armée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine c'était le même
8 cas. Chacun qui avait été un peu plus riche avait une société; à cette
9 époque-là bien évidemment, les sociétés n'étaient pas dans les mains des
10 privés. Ils ont équipé leurs propres unités. Par conséquent, vous aviez
11 par exemple une unité de telle et telle entreprise parce que c'est elle
12 qui l'avait équipée; vous aviez également l'unité de tel ou tel homme
13 parce que c'est lui qui avait occupé l'unité, parce que c'est lui qui
14 avait approvisionné en pistolets, en armes, ces unités.
15 Il y avait des situations ridicules et on ne voulait pas véritablement
16 écouter celui qui était le chef de l'unité, celui qui l'avait équipée. Je
17 parle de 1991 et 1992 également, début 1992 en Croatie et ensuite, 1992,
18 1993 en Bosnie-Herzégovine. C'est justement pour que vous puissiez
19 véritablement vous faire un tableau un peu plus complet. Vous venez des
20 pays qui ont connu le bien-être et la démocratie depuis des centaines
21 d'années, par conséquent vous ne pouvez pas vous rendre compte de ce qui
22 se passait sur le terrain dans un pays comme fut le nôtre.
23 Par conséquent, mon client également, Mladen Naletilic, il est venu d'un
24 pays ou régnait le bien-être, où il habitait, où il résidait auparavant,
25 en Allemagne. Il avait traversé un drame tout à fait personnel, et je ne
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1 vais pas vous le relater, d'ailleurs. Je vais attendre un autre moment en
2 présence peut-être d'un témoin pour vous le relater. Mais il s'agit
3 également de sa propre famille qui s'est détruite à cause justement du
4 fait que, lui, il avait pris la décision de retourner en Croatie ou plutôt
5 en Bosnie.
6 Il a organisé une seule unité et il a équipé une seule. Personnellement,
7 il n'a jamais été militaire, jamais soldat. Il n'a même pas fait son
8 service militaire en l'ex-JNA. Il n'avait aucune formation militaire, il
9 n'avait aucune connaissance militaire. Il avait tout simplement le coeur
10 pour son propre peuple et ça, c'est définitif: il avait un très grand
11 coeur pour son peuple.
12 Et nous allons dire -nous ne voyons pas, d'ailleurs, pourquoi ne pas le
13 dire-, il est exact que Mladen Naletilic a mobilisé, a financé le KB.
14 Cela, c'est exact. Mais pendant qu'elle avait vingt membres et il y en
15 avait autant tout au début, je parle du début de l'année 1992, ces vingt
16 jeunes hommes, dont il y en a malheureusement très peu qui sont restés en
17 vie actuellement, et qui étaient prêts à défendre le pays.
18 Il est vrai également que Mladen Naletilic les a conduits dans la lutte,
19 le combat contre la JNA en 1992. Il est exact que c'est à cause de cela
20 qu'il a été glorifié comme le libérateur de Mostar en 1992 car ces jeunes
21 hommes se sont montrés très courageux et ils étaient donc la première
22 attaque, enfin dans les premiers fonds qui ont attaqué à la pointe de
23 frappe en Bosnie-Herzégovine entre Mostar et Nevesinje, et 18.000 réfugiés
24 qui sont arrivés dans cette région à cause de ce conflit qui s'est
25 déclenché avec la JNA, et c'est donc grâce à tout cela qu'ils ont pu
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1 regagner leurs foyers. C'était la première victoire qui a été remportée
2 dans l'ensemble de la guerre qui s'est déclenchée en Bosnie-Herzégovine.
3 Et une fois cette guerre, ce conflit terminé, le nom de "Tuta" voulait
4 dire beaucoup plus que Mladen Naletilic. Ce nom a obtenu une signification
5 que nous pourrions interpréter de la manière suivante: un peuple qui est
6 armé, pour ne pas dire pas du tout armé, mal armé donc, un peuple qui a le
7 sentiment qui est très développé pour défendre son propre sol peut vaincre
8 un ennemi 100 fois plus fort, plus puissant. Nous pouvons interpréter cela
9 que le nom de "Tuta" voulait dire la résistance, la force, le courage et
10 la sécurité également.
11 Vous allez entendre les témoins ici même dans ce prétoire qui vous diront
12 qu'en 1992 ils se sentaient sécurisés uniquement s'ils savaient
13 que"Dajdza" était à côté et "Tuta" également. Et quand je le dis, je pense
14 aux membres de toutes les communautés ethniques. Je parle de 1992, Mladen
15 Naletilic. Et nous autres qui le défendons, nous sommes parfaitement
16 conscients que son nom a été abusé, qu'on a abusé de son nom.
17 Mladen Naletilic également est conscient de ceux qui lui ont dit qu'ils
18 étaient ses amis ne l'étaient pas et ne le sont pas. Ils ne l'étaient pas
19 ou ne le sont plus. Mladen Naletilic est conscient également du fait que,
20 dans ce prétoire, vu le concours des circonstances qui se fondent sur des
21 raisons différentes mais pas sur sa responsabilité pénale -et la défense
22 présentera les moyens de preuve devant cette Chambre-, nous n'allons pas
23 demander la miséricorde ou la charité, nous allons présenter les moyens de
24 preuve de manière véridique. Nous n'allons pas avoir honte de ce que nous
25 avons fait. Je parle en notre propre nom, en notre nom. Tout ce qui a été
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1 fait a été fait.
2 Nous allons le souligner une fois de plus car nous n'avons commis en aucun
3 endroit un crime, juste le contraire. Nous ne sommes pas venus ici pleurer
4 ni cacher le fait -ce qui est le cas, souvent, et ce qui se passe ici
5 quelque part, autour de moi. C'est un Tribunal pénal, ce n'est pas une
6 commission pour la réconciliation politique. Et nous allons véritablement
7 traiter de la vérité des faits, la vérité telle qu'elle a été -je le
8 répète une fois de plus-, car nous n'avons rien à cacher. Nous n'avons
9 absolument à avoir honte de quoi que ce soit. S'il y avait un peu plus de
10 bonne volonté -et je ne sais pas quelles sont les raisons, d'ailleurs,
11 pour lesquelles il n'y en avait pas- si mes éminents confrères qui sont en
12 face de moi, s'ils étaient un peu plus objectifs, un peu plus objectifs,
13 jamais mon client n'aurait été ici.
14 Et comme nous parlons de la justice, Monsieur le Président, Mesdames les
15 Juges, elle regarde d'un seul œil, elle ferme certainement un œil, tout au
16 moins en ce qui concerne le Tribunal pénal car ce Tribunal, tout
17 simplement, a à faire avec un tout petit point du globe qui s'appelle
18 l'ex-Yougoslavie alors que d'autres criminels se déplacent sur cette
19 planète et personne ne peut leur faire quoi que ce soit. Par conséquent,
20 cette justice doit être la même depuis le général américain jusqu'au
21 Tadjikistan; ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrions dire que la
22 justice internationale ne ferme pas l'œil mais quelle est la justice pour
23 le monde entier, c'est la raison pour laquelle mon peuple auquel
24 j'appartiens en République de Croatie n'a pas confiance en ce Tribunal.
25 Car tous les jours devant la télévision, nous pouvons voir des crimes qui
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1 sont commis dans les pays divers, dans le monde entier sur notre planète,
2 mais nous leur disons qu'il faut avoir confiance au Tribunal, que ce
3 Tribunal ne vient que de commencer ses activités, et c'est la raison pour
4 laquelle mon client et moi-même nous croyons à la justice qui est la vôtre
5 et l'équité, et toute votre décision sera la nôtre. Nous allons nous
6 conformer à votre décision quelle qu'elle soit.
7 M. le Président (interprétation): Merci pour votre déclaration liminaire,
8 Maître Krsnik.
9 Je pense que nous pourrions maintenant suspendre nos travaux et, après la
10 pause, nous allons donc pouvoir entendre le premier témoin qui va
11 témoigner à huis clos partiel, ou plutôt huis clos. Je pense que la
12 Greffière va entreprendre toutes les démarches pour la suite de nos
13 travaux. Nous allons poursuivre à 12 heures 40.
14 (L'audience, suspendue à 12 heures 11, est reprise à 12 heures 45.)
15 (Questions relatives à la procédure.)
16 M. le Président (interprétation): C'est à vous Monsieur Scott.
17 M. Scott (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je pensais qu'à
18 ce stade il fallait que je soulève plusieurs choses, mais je serai bref.
19 Je voulais le souligner juste avant la déclaration liminaire et avant
20 l'arrivée du premier témoin.
21 Je regardais le compte rendu d'audience, et dans la déclaration liminaire,
22 je trouve que parfois il n'est pas tout à fait clair quels sont les
23 règlements et la pratique de ce Tribunal. Je ne souhaiterais pas que quoi
24 que ce soit qui a été mentionné dans le courant de la déclaration
25 liminaire soit pris comme quelque chose d'incontestable; je souhaiterais
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1 demander que la Chambre donne son opinion et je voudrais souligner
2 qu'aucune déclaration liminaire, que ce soit celle de l'accusation ou
3 celle de la défense, n'est quelque chose qu'il faille prendre pour argent
4 comptant et pour des preuves.
5 Je n'ai pas interrompu les propos de mon confrère une seule fois en deux
6 jours, mais nous allons en tout cas contester beaucoup de choses qui ont
7 été exposées. Nous sommes d'avis qu'un grand nombre de sujets évoqués ne
8 sont pas pertinents en l'espèce.
9 Maître Krsnik, m'a dit à plusieurs reprises "ne soulevez pas l'objection
10 tu quoque", et je dois souligner que nous allons le faire à chaque endroit
11 où ceci sera approprié. Voilà c'étaient quelques commentaires brefs que
12 j'avais à faire à ce sujet-là.
13 Par la suite, Me Krsnik nous a assuré qu'il n'avait rien à cacher et
14 l'accusation a demandé la communication des différentes pièces et des
15 différentes déclarations préalables des témoins. Il me semble que ceci
16 évoque une défense d'alibi, que M. Naletilic se trouvait ailleurs avec les
17 membres de sa famille pendant que les événements de Sovici ont eu lieu. Je
18 voudrais évoquer ici l'Article 67A) qui exige que la défense de l'alibi
19 soit évoquée avant le début du procès.
20 Je souhaite aussi évoquer la chose suivante: il y a une requête de la
21 défense concernant les communications au Procureur des déclarations
22 préalables des témoins. Je ne sais pas encore quelle sera notre réponse.
23 Ce que je peux dire d'avance, c'est qu'une telle réponse n'est nul part
24 exigée par le Règlement. Et nous allons tout de même répliquer à la
25 requête, mais étant donné que le premier témoin va être appelé, il y aura
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1 une déclaration de (expurgée) que nous allons faire, et maintenant
2 sans préjugé, nous allons dire que la défense n'est pas, n'a pas eu le
3 droit… le Procureur n'aura pas droit à cette déclaration.
4 M. Krsnik (interprétation): Je vous demanderai de ne pas mentionner ces
5 noms.
6 M. le Président (interprétation): Je m'excuse, mais nous n'avons pas reçu
7 l'interprétation.
8 M. Scott (interprétation): Je m'excuse Monsieur le Président, nous allons
9 demander que cela soit expurgé. Il faut dire que j'ai mentionné un nom et
10 je demanderai à ce que ce nom soit expurgé.
11 Ceci étant dit, nous disposons d'une déclaration préalable de témoin, nous
12 allons la communiquer aux deux équipes de la défense. Mais une fois de
13 plus, comme j'ai commencé à l'exposer, nous sommes d'avis qu'une telle
14 communication des déclarations n'est pas du tout exigée. Nous le faisons
15 par pure politesse et nous n'allons pas forcément le faire à l'avenir.
16 Aussi, je vais évoquer les différents aspects du planning et du
17 calendrier. Je souhaiterais savoir quel sera le nombre de pauses et quelle
18 sera la longueur et à quel moment nous allons les prendre. Je crois qu'il
19 serait bon de savoir pour tout le monde présent dans ce prétoire quelles
20 seront les pauses.
21 Si j'ai bien compris nous avons à peu près pris pour l'instant des pauses
22 d'une demi-heure à peu près toutes les heures. Je ne sais pas si vous avez
23 l'intention de continuer à ce rythme-là, mais je crois qu'il serait
24 bénéfique pour nous tous d'avoir ce type d'indications. Et par la suite
25 j'évoquerai quelque chose qui est lié au témoin.
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1 M. le Président (interprétation): Je souhaite maintenant vous donner notre
2 réponse quant à la déclaration liminaire. Pour nous la déclaration
3 liminaire ne représente qu'un résumé de la présentation des moyens de
4 preuve, soit par l'accusation soit par la défense. Bien sûr, c'est une
5 exposition d'un point de vue de l'une des parties. Bien sûr, il ne s'agit
6 pas du tout des éléments de preuve. Tout simplement, cela donne aux Juges
7 une idée de la façon dont les moyens de preuve seront présentés. Et il est
8 d'usage que la déclaration liminaire soit quelque chose qui ne
9 s'interrompe pas, qui ne soit pas sujet au débat pendant, donc, cette
10 déclaration liminaire.
11 Par la suite, vous avez évoqué la question d'alibi. Si le conseil de la
12 défense souhaite évoquer une défense d'alibi, il doit se conformer à la
13 Règle 67; cela veut dire qu'ils doivent donner les détails de ce type de
14 défense à l'autre partie.
15 Monsieur Stringer, c'est à vous.
16 M. Stringer (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.
17 Mes remarques concernent le prochain témoin qui a demandé les mesures de
18 protection. C'est pour cela que je vous demanderai de passer à huis clos
19 partiel pour pouvoir exposer à la Chambre quels sont les sujets que
20 j'estime être pertinents concernant ce témoin.
21 M. le Président (interprétation): Nous passons à huis clos partiel.
22 (Audience à huis clos partiel à 12 heures 53.)
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12 Pages 8970 à 8976 – expurgées – audience à huis clos partiel.
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3 (Audience à huis clos à 13 heures 12.)
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14 Pages 8977 à 8990 – expurgées – audience à huis clos.
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