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1 Le jeudi 22 février 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière. Pourriez-
7 vous appeler la Cour, s'il vous plaît ?
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. C'est
9 l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Tous les accusés sont
11 présents. La même chose pour les équipes de la Défense. Pour l'Accusation,
12 il y a donc M. McCloskey, M. Nicholls et
13 M. Thayer.
14 Le Témoin numéro 101 -- PW-101 est présent dans la salle d'audience. Y a-t-
15 il des questions préliminaires à évoquer ? Apparemment pas, donc, nous
16 pouvons commencer avec le témoin.
17 Bonjour, Monsieur le Témoin.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaite vous donner la bienvenue au
20 Tribunal, pour ce procès notamment. Vous allez faire votre déposition. Mme
21 l'Huissière va vous présenter le texte de la déclaration solennelle dans
22 laquelle vous promettez que vous direz la vérité. Ce sera votre engagement
23 de dire la vérité. Veuillez, s'il vous plaît, lire et lire à haute voix. Ce
24 sera donc votre déclaration solennelle.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
26 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
27 LE TÉMOIN: TÉMOIN PW-101 [Assermenté]
28 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Si vous
2 voulez vous installer.
3 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant que vous ne commenciez votre
5 déposition, M. Nicholls, c'est celui qui vous posera les questions, en
6 premier. Je voudrais que vous nous confirmiez -- je souhaite moi-même vous
7 confirmer que nous avons mis en place pour vous deux mesures de protection,
8 à savoir l'utilisation d'un pseudonyme et la déformation des traits du
9 visage à l'écran. Je veux simplement m'assurer auprès de vous que ceci vous
10 satisfait.
11 M. Nicholls vous interrogera en premier, puis ensuite, il aura les
12 différents conseils des équipes de la Défense pour le
13 contre-interrogatoire.
14 Monsieur Nicholls, c'est à vous.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour. Je vous remercie.
16 Interrogatoire principal par M. Nicholls :
17 Q. [interprétation] Si je pouvais donc donner ce feuillet au témoin.
18 Pourriez-vous simplement lire des yeux - pas à haute voix - et simplement
19 me dire si c'est bien votre nom qui est imprimé sur le papier qui vous est
20 tendu. Ce sera versé au dossier sous le numéro P02448.
21 M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait présenter ce feuillet
22 à mes collègues, s'il vous plaît ?
23 Pourrait-on aller un instant en audience à huis clos partiel, pour les
24 tenants et aboutissants ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Certainement. Allons en audience à huis
26 clos partiel.
27 [Audience à huis clos partiel]
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6 [Audience publique]
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous voici maintenant en audience
8 publique.
9 M. NICHOLLS : [interprétation]
10 Q. Je voudrais maintenant que vous vous reportiez à la période de juillet
11 1995. Vous rappelez-vous la date de la chute de Srebrenica ?
12 R. A vrai dire, depuis que j'ai établi un contact avec vous, depuis que
13 nous sommes en rapport, je crois que c'est à cause de toutes les
14 expériences que j'ai vécues, j'ai comme un problème d'antagonisme par
15 rapport à cette date. J'ai appris à apprendre cette date comme un perroquet
16 parce qu'il fallait tout simplement que je sache que c'était du côté du 11,
17 12, 13, 14, 15, ces jours-là. Quant à savoir exactement quelle date c'était
18 en ce qui me concerne, je crois que c'était deux ou trois jours après que
19 Srebrenica était tombé.
20 Q. Bien. Je crois que vous faites un peu un saut en avant. Je souhaite
21 simplement vous demander maintenant, si vous rappeliez cette date et si je
22 ne me trompe pas, vous ne vous rappelez pas la date exacte, c'est cela que
23 vous dites pour ce qui est de la chute de Srebrenica ?
24 R. Je viens juste de vous dire que, quand Srebrenica est tombé, ce qui
25 s'est passé lorsque j'étais mêlé à ce qui se passait, cela a eu lieu deux
26 ou trois jours -- peut-être deux jours après le jour où Srebrenica est
27 tombé ou a été libéré; cela dépend de quel terme les gens veulent employer.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, allons en audience à huis
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1 clos partiel, s'il vous plaît.
2 [Audience à huis clos partiel]
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12 [Audience publique]
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Témoin, je vais vous
14 expliquer qu'il y a une question juridique qui se pose à la suite des
15 échanges que nous avons eues lors du huis clos partiel, et également comme
16 conséquence d'un article de notre Règlement de procédure et de preuve.
17 J'imagine qu'on pourra vous poser des questions qui, lorsque vous y
18 répondrez, pourraient avoir pour résultat que vous vous accusiez vous-même.
19 Si tel était le cas, je ne sais pas si ce sera le cas ou non, si tel était
20 le cas, d'après notre Règlement de preuve, vous pouvez demander à être
21 autorisé à ne pas répondre à de telles questions.
22 Toutefois, ce droit de demander une telle exemption ne vous donne pas le
23 droit à ce que cette exemption soit automatique. En d'autres termes, la
24 Chambre de première instance, c'est-à-dire les quatre Juges qui sont ici,
25 peuvent après avoir entendu ce que vous avez à dire, vous obligez à
26 répondre à la question ou aux questions qui vous ont été posées.
27 Toutefois, il y a une garantie juridique qui est prévue en votre faveur
28 dans cet article du Règlement si on vous obligeait à répondre en donnant
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1 une réponse qui serait susceptible de vous incriminer, à savoir qu'une
2 déposition obtenue en vous forçant. Par exemple, si nous vous forçons à
3 répondre, il ne pourra pas être utilisé comme éléments de preuve dans
4 toutes procédures qui pourraient être engagées par la suite contre vous,
5 pour quelques infractions que ce soit, sauf si vous êtes accusé de faux
6 témoignage, et de parjure. Est-ce que vous me comprenez bien ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] J'essaie de comprendre.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Au fur et à mesure, si les choses
9 deviennent trop compliquées pour que vous puissiez les comprendre, si vous
10 avez besoin d'éclaircissements supplémentaires de notre part, nous
11 prendrons tout le temps nécessaire pour vous expliquer cela, et en
12 particulier, vos droits. Vous n'avez pas été traité été comme un suspect
13 par l'Accusation, mais certains membres des équipes de la Défense estime
14 que vous auriez dû l'être.
15 Donc, il est probable qu'on vous posera des questions qui potentiellement,
16 éventuellement, pourraient conduire à donner des renseignements qui
17 seraient susceptibles de vous incriminer. Vous pouvez nous demander de vous
18 autoriser à ne pas répondre à ces questions. Nous pouvons décider de vous
19 exempter. Si nous décidons de ne pas le faire, à ce moment-là, vous savez
20 que qu'est-ce que vous direz dans votre déposition ne sera pas utilisé dans
21 un procès pénal contre vous, sauf si vous êtes surpris en train de quelque
22 sorte construire vos propres protections.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Merci.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis désolé de cette longue
25 interruption. Monsieur Nicholls, vous êtes d'accord que c'était pour un bon
26 motif.
27 M. NICHOLLS : [interprétation] Je suis d'accord, Monsieur le Président. Je
28 vous remercie.
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1 Q. Maintenant, Témoin, la question suivante que j'ai à vous poser concerne
2 la question de savoir si vous avez connaissance de prisonniers dans la zone
3 de Zvornik. Si vous vous rappelez que des prisonniers aient été retenus à
4 Zvornik après la chute de Srebrenica, et si vous pourriez nous dire où --
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Terminez votre question mais ne
6 répondez pas avant que nous vous le disions, s'il vous plaît.
7 M. NICHOLLS : [interprétation]
8 Q. Oui. Donc, si vous pouviez nous dire où étaient retenus ces
9 prisonniers ?
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.
11 Oui, Maître Bourgon.
12 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, nous pensons que c'est
13 une question directrice, et mon collègue est en train de poser des
14 questions au témoin depuis le début en ce sens. Bien entendu, c'était à des
15 fins d'identification, et de ce point de vue-là, il n'y a pas de problème.
16 Mais en ce qui concerne le fond de sa déposition, nous insisterons pour que
17 ce témoin, vu la nature de sa déposition, ne soit pas l'objet de questions
18 qui sont directrices. Je vous remercie, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Elle est directrice parce que --
20 [La Chambre de première instance se concerte]
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que l'objection de Me Bourgon
22 est bien fondée. Je crois qu'il faut que vous reformuliez votre question.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais
24 essayer de formuler les sujets --
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En même temps, si nous allons arriver
26 dans le même domaine, Maître Bourgon, soyons pratiques.
27 Mais allez-y et reformulez votre question, s'il vous plaît.
28 M. NICHOLLS : [interprétation]
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1 Q. Après la chute de Srebrenica, vous rappelez-vous avoir vu les
2 prisonniers musulmans ?
3 R. Oui.
4 Q. Où cela ?
5 R. Est-ce que je peux de simplifier ? Ce n'était pas simplement des
6 prisonniers. Plus tôt, au cours de la journée, je voudrais vous dire -- La
7 nature de mon travail était telle que j'étais constamment en mouvement avec
8 ma fourgonnette. J'étais un garçon de course, en quelque sorte. Un
9 coursier. J'avais toutes sortes de choses à faire. Donc, j'étais
10 constamment en mouvement. Lorsque je suis arrivé à la caserne pour prendre
11 du carburant ou pour rendre compte pour dire que j'avais achevé, rempli ma
12 mission précédente, qu'il fallait qu'on me donne une autre mission, chaque
13 fois que je venais, ou en tous les cas, ce jour-là, lorsque je suis venu,
14 j'ai vu des cars, des cars qui venaient de différentes villes, d'après les
15 plaques d'immatriculation, cela venait de différentes villes, qui était
16 garées dans l'enceinte de la caserne, avec des prisonniers qui étaient sur
17 ces cars et qui portaient des bandeaux sur les yeux et des liens aux
18 poignets.
19 J'ai vu qu'on les emmenait en groupes de dix ou de 15, qu'ils étaient
20 emmenés aux toilettes, à l'intérieur, puis qu'ils étaient ramenés dans la
21 partie de l'enceinte de la caserne où des soldats serbes étaient gardés en
22 fait en détention s'ils avaient commis une infraction au règlement.
23 Il y avait de la place pour 130 personnes et il y en avait de 20 à
24 30. Des gens de Srebrenica qui étaient blessés, également qui n'étaient pas
25 blessés. Ils étaient gardés là parce que c'est des personnes importantes
26 qui savaient beaucoup de choses et qu'on avait emmené là pour les
27 interroger, pour interrogatoire. Je ne veux pas dire quoi que ce soit
28 d'autre que la vérité.
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1 Ni moi ni quoi que ce soit d'autre à la caserne n'a jamais entendu dire que
2 ces personnes aient été maltraitées. Il n'y a pas eu de gémissements
3 entendus. La porte qui donnait dans cette salle de conférence était
4 toujours ouverte. On a dit qu'ils parlaient, qu'ils bavardaient. Je suis
5 venu me renseigner par curiosité parce qu'il y avait deux ou trois
6 conducteurs qui étaient mes collègues, qui avaient été mes collègues dans
7 le passé et je suis allé me renseigner pour voir qui ils étaient. Ils m'ont
8 répondu, et c'est comme cela que les choses se sont passées.
9 Dans cette pièce, il y avait cet homme de Tuzla --
10 Q. Arrêtez-vous un instant, s'il vous plaît.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, attendez.
12 Maître Meek.
13 M. MEEK : [interprétation] Je souhaitais que l'on arrête le témoin, qui
14 parlait sans cesse; mais, sinon, s'il arrête cela, je n'ai plus
15 d'objections.
16 M. NICHOLLS : [interprétation] Je fais objection à cette caractérisation.
17 Il ne parlait pas sans cesse.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On ne va pas nous attarder sur
19 l'utilisation de ce terme, mais il n'a pas mentionné l'emplacement de la
20 caserne.
21 M. NICHOLLS : [interprétation]
22 Q. Monsieur, vous avez parlé de la caserne dans laquelle se trouvaient ces
23 cars et où les prisonniers étaient détenus; est-ce que vous pouvez nous
24 dire l'emplacement exact de la caserne ?
25 R. Vous voulez que je le dise ?
26 Q. Oui, s'il vous plaît. Dites-moi : quel était l'emplacement, la ville,
27 la brigade dans laquelle se trouvait cette caserne ?
28 R. J'ai parlé de cela pendant que je parlais de ma caserne, la seule qui
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1 était dans la zone de Zvornik, aux alentours, et c'est à Karakaj, la partie
2 appelée Standard.
3 Q. Merci.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous ne souhaitez pas que ceci soit
5 abordé à huis clos partiel ?
6 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que cela va, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
8 M. NICHOLLS : [interprétation]
9 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire, approximativement, combien de cars -
10 je sais que vous l'avez dit - mais approximativement, dites-nous : combien
11 de cars y avait-il lorsque vous avez parlé de ces cars que vous avez vus à
12 la caserne Standard à Karakaj ? Dites-nous simplement : quel était le
13 nombre de cars ?
14 R. Lors de ces occasions, lorsque je venais à la caserne, peut-être j'y
15 allais une ou deux, trois fois par jour, et le reste du temps, je
16 m'occupais d'autres affaires. A chaque fois, je voyais un autre car avec
17 d'autres plaques d'immatriculation, mais la situation était la même, c'est-
18 à-dire les prisonniers y étaient, et parfois, on les faisait sortir pour
19 qu'ils aillent aux toilettes ou ce genre de chose.
20 Q. Merci. Est-ce que vous pouviez me dire de quelle Unité de la Brigade de
21 Zvornik -- ou quelle Unité de la Brigade de Zvornik gardait les prisonniers
22 lorsque vous les avez vus être en train d'être amenés à la caserne
23 Standard ?
24 R. C'était des policiers.
25 Q. La police militaire ou civile, pour être clair ?
26 R. Oui, oui, la police militaire.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Maître Nicholls. Je
28 souhaite que l'on passe à huis clos partiel pour poser juste une question
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1 au témoin.
2 Nous sommes à huis clos partiel.
3 [Audience à huis clos partiel]
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23 [Audience publique]
24 M. NICHOLLS : [interprétation]
25 Q. Maintenant, je souhaite aborder un autre sujet. En 1995, en tant que
26 soldat de la Brigade de Zvornik, n'avez-vous jamais vu le chef de la
27 sécurité de la Brigade de Zvornik ?
28 R. Vous savez, un grand nombre d'officiers du corps d'armée - ou je ne
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1 sais pas comment cela s'appelle exactement - ils passaient par là,
2 traversaient le couloir, s'arrêtaient peut-être, mais, vous le savez, ils
3 venaient en voiture devant le commandement. Il y a une entrée qu'ils
4 prenaient pour rentrer dans le commandement. Ils terminaient leurs affaires
5 et ils partaient. Je ne connaissais personne d'eux. Alors qu'au sein du
6 corps d'armée, je connaissais certaines personnes avec lesquelles j'avais
7 des contacts pour des raisons logistiques, pour des besoins logistiques,
8 donc, je connaissais certains officiers.
9 Mais ici, concrètement parlant, est-ce que vous avez eu une question
10 au sujet de quelqu'un, concrètement parlant ?
11 Q. Je ne vous pose pas de question au sujet du corps d'armée en ce moment,
12 mais je vous demande si vous aviez vu le chef de la sécurité de la Brigade
13 de Zvornik, si vous avez vu cette personne.
14 R. Je ne sais pas le nom de la personne ni de qui vous parlez, à qui vous
15 pensez. Si vous me citez un nom, je pourrai peut-être vous répondre, mais
16 je ne suis pas sûr si une telle personne était le chef de la sécurité. Il y
17 en avait un qui faisait partie du corps de l'armée, mais il n'était
18 simplement pas à Zvornik. Vous savez, là-bas, le grade le plus élevé était
19 celui du colonel ou lieutenant-colonel, alors que le grade inférieur était
20 en bas, mais il y avait un monsieur; faut-il que je dise son nom ?
21 Q. Dites-moi les noms des officiers chargés de la sécurité que vous
22 connaissiez et qui étaient affectés à la Brigade de Zvornik.
23 R. Je connaissais seulement Drago -- ou plutôt, Dragan. Je pense qu'il
24 s'appelait Drago Nikolic. Je le connaissais. Il y était souvent dans la
25 caserne, on le rencontrait pas que moi, mais tout le monde. Je le
26 connaissais personnellement, c'était une personne bien méticuleuse et les
27 soldats considéraient que c'était un officier bien gentil, pas arrogant,
28 pas difficile. Je le connaissais. Je savais qu'il était chargé de la
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1 sécurité, vous savez, c'était connu, les gens le savaient. Il était chargé
2 de l'échange des Serbes contre des Musulmans, et les gens disaient qu'il le
3 faisait avec beaucoup de succès.
4 Q. Vous, en tant que soldat, lorsque cette personne, ce Dragan ou Drago
5 Nikolic du secteur de la Sécurité venait -- s'approchait; est-ce que vous
6 deviez faire quelque chose lorsqu'il passait à côté de vous ?
7 R. Non, compte tenu du fait que je respectais son grade, là, je ne parle
8 pas du respect personnel, je ne connaissais pas cette personne si bien que
9 cela, ni son caractère. Donc, ce n'était pas par respect pour le fait qu'il
10 était gentil, mais je respectais son grade, Je ne faisais pas des signes
11 formels, militaires, mais simplement j'inclinais ma tête quelque peu pour
12 lui montrer du respect. Je le saluais amicalement. Comme je l'ai dit,
13 c'était une personne sociable et agréable, mais je n'ai jamais eu
14 l'occasion d'avoir une conversation avec lui. Il ne m'a jamais dit :
15 (expurgé), comment allez-vous." J'ai fait un --
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, on va nous arrêter là. On va
17 passer à huis clos partiel.
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1 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 Q. Monsieur le Témoin, rassurez-vous comme je vous l'ai déjà dit, il y a
3 un délai de 30 minutes, délai de transmission de tout ce qui est dit dans
4 ce prétoire. Donc, faites attention à ce que vous dites, mais votre -- le
5 président a pu arrêter cela avant la diffusion publique. Est-ce que vous me
6 comprenez ? Je souhaite simplement vous mettre à l'aise.
7 R. Je m'excuse, vraiment.
8 Q. Je souhaite que l'on passe à autre chose. Je ne parle plus des
9 prisonniers à Standard et Karakaj. Mais d'un nouveau sujet, après que vous
10 avez vu les prisonniers à Standard comme vous l'avez décrit, où êtes-vous
11 allé le lendemain et qu'avez-vous fait ?
12 R. Le lendemain -- vous savez, vous me demandez comme si cela s'est passé
13 -- comme si cela s'était passé hier, avant-hier ou il y a une semaine,
14 alors que c'était il y a dix, 11 ans. Ce que je sais comme je vous le dis,
15 c'est que j'étais très mobile. Je me déplaçais facilement en véhicule, mais
16 je ne sais pas dans quelle partie de la Republika Srpska j'étais ce jour-
17 là. Je ne saurais vous le dire.
18 Mais je sais que, ce jour-là, au moment -- enfin, le jour de
19 l'événement, au soir je suis arrivé à la caserne. Lorsque j'y suis arrivé,
20 j'étais envoyé pour accomplir une mission, mission en raison de laquelle je
21 me retrouve ici aujourd'hui. Donc, c'était au soir.
22 Là, où j'étais au cours de la journée, je me demande si c'est vraiment
23 important pour vous, vous savez, c'était des affaires d'importance
24 marginale pour ce Tribunal. Par exemple, il fallait conduire des blessés à
25 Belgrade, à l'Académie médico-militaire, les patients qu'il fallait amener
26 à cette institution médico-militaire pour qu'ils y subissent des examens,
27 pour qu'ils aient un contrôle, et c'était à Belgrade.
28 Q. Je vais vous arrêter là. Lorsque vous êtes allé à la caserne dans la
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1 soirée, est-ce que vous avez reçu un ordre d'aller quelque part ?
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est une question directrice.
3 Veuillez la reformuler.
4 M. NICHOLLS : [interprétation]
5 Q. Que s'est-il passé lorsque vous êtes allé à la caserne le soir, que
6 s'est-il passé ensuite ?
7 R. Cela je le sais. Je n'oublierai cela jamais de ma vie. J'y suis allé et
8 mon supérieur, Radoslav Pantic, m'a confié une tâche. Il m'a demandé de
9 garer mon véhicule près de l'entrée dans l'enceinte de la caserne, il a dit
10 que des cartons contenant des biscuits, des gâteaux secs, ce genre de chose
11 de même que des jus, de l'eau minérale que tout ceci allait être chargé
12 dans le véhicule de même que des sacs de pain, et effectivement, il y avait
13 deux grands sacs de pain.
14 On m'a donné l'ordre de transporter cela jusqu'à l'école à Orahovac. Je ne
15 savais pas du tout ce qui se passait là-bas, j'ai fait charger tout cela et
16 je suis parti dans cette direction. Faut-il que je continue ?
17 Q. Oui, s'il vous plaît. Oui, continuez. Que s'est-il passé ensuite après
18 que vous y êtes allé ?
19 R. Bien, je suis allé, je suis arrivé devant l'école. Il y a une autre
20 partie de l'école qui est un peu plus loin et j'ai vu un grand nombre de
21 soldats. J'ai constaté que quelque chose se passait, j'ai supposé que
22 c'était là que je devais venir. J'ai garé ma camionnette, je suis sorti,
23 toujours sans savoir ce qui était en train de se passer, et c'est là que
24 j'ai vu des soldats, des policiers militaires. J'ai vu l'adjoint. Faut-il
25 que je dise le nom de l'adjoint du commandant chargé des questions
26 logistiques ? Puis-je dire son nom ?
27 Q. Oui.
28 R. Sreten Milosevic. Je l'ai vu dans ce groupe de personnes qui se
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1 tenaient dans la rue. Ils ne faisaient rien. Ils se tenaient là. Ils
2 étaient en train de parler. Il y avait un grand nombre d'autres militaires,
3 des soldats et des officiers, sous officiers que je ne connaissais pas de
4 nom. Par exemple, il y avait aussi quelqu'un que je connaissais comme un
5 homme d'affaire financièrement très prospère, (expurgé), et je l'ai vu
6 avec un fusil automatique. J'étais étonné de le voir car je savais qu'il
7 n'avait jamais participé à quoi que ce soit. Je ne comprenais toujours pas
8 pourquoi j'y étais, et pourquoi eux y étaient. J'ai garé ma camionnette.
9 J'ai ouvert la portière derrière, là, où se trouvait la nourriture. Sreten
10 Milosevic a dit aux soldats de se servir. Donc, ils venaient, ils prenaient
11 ce qu'ils souhaitaient : des jus, des biscuits, des gâteaux, enfin en
12 fonction de leurs souhaits. En ce qui concerne deux gros sacs de pain
13 d'environ 20 kilos, à mon avis, chacun a été emporté dans une salle. Je ne
14 comprenais toujours pas pourquoi. Après, j'ai compris que ces deux sacs de
15 40 à 50 kilos de pain -- j'ai compris pourquoi. Drago Micic s'est approché
16 de moi --
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendez. Monsieur Nicholls, soit vous
18 allez contrôler votre témoin vous-même, soit nous allons le faire.
19 D'habitude, nous essayons de ne pas intervenir tellement, mais vous avez
20 fait objection à un terme utilisé tout à l'heure par M. Meek.
21 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
22 [La Chambre de première instance se concerte]
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.
24 M. NICHOLLS : [interprétation] Tout d'abord, je demanderais la rédaction
25 d'un nom à la ligne 25, page 18. Le nom de cette personne, cet homme
26 d'affaire. Je demanderais l'expurgation de ce nom.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous allons le faire.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi ?
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1 M. NICHOLLS : [interprétation] Car je pense que dans sa déposition le
2 témoin a parlé de cette personne en particulier à ce qui peut permettre de
3 savoir qui est le témoin.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis d'accord.
5 Maître Bourgon, ceci vous convient ?
6 M. BOURGON : [interprétation] Je ne sais pas, Monsieur le Président. Je
7 vois le nom, mais le fait que ce nom est mentionné par le témoin, puisqu'il
8 dit qu'il a eu une conversation avec lui, peut-être que ceci permettrait à
9 cette personne de l'identifier.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Cette personne peut informer tous
11 les autres.
12 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous décidons de procéder à une
14 expurgation. Poursuivez.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci. Je souhaite dire que normalement on
16 permet certaines questions directrices afin d'aider le témoin à se
17 concentrer sur l'essentiel. Si je ne peux poser aucunes questions
18 directrices les choses me seront rendues plus difficile. Je suis en train
19 d'essayer simplement de poser quelques questions directrices sur des grands
20 sujets afin de placer le témoin devant un certain cadre.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vois que
23 plusieurs noms ont été mentionnés mis à part celui qui a été expurgé parmi
24 lesquels se trouvent des témoins potentiels. Je crois que l'un deux est
25 déjà sur la liste des témoins, donc, je ne vois pas de raison pourquoi ce
26 nom devrait être expurgé.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ceci a déjà été fait, Maître Zivanovic.
28 Maître Meek.
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1 M. MEEK : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président. Mon
2 collègue, M. Nicholls, mentionne les questions directrices. Je ne
3 m'opposais pas d'objection nécessairement aux questions directrices mais à
4 la nature des réponses. Car il commençait à radoter et ce qui n'est pas
5 approprié. Je pense que la Chambre a dû le constater aussi. Puis je fais
6 objection à la nature des questions directrices, mais mon objection
7 concernait la nature des réponses.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ma position est très simple. J'ai senti
9 que M. Nicholls a été averti par vous lorsque vous lui avez dit de ne pas
10 poser de questions directrices au témoin. Si tel est le cas, dans ce cas-
11 là, bien sûr il faut donner une certaine marche de liberté au témoin; et
12 dans des situations pareilles d'habitue nous n'intervenons pas. Il revient
13 au conseil de contrôler son propre témoin.
14 Ce que nous avons dit à M. Nicholls c'est que s'il a l'impression que la
15 déposition du témoin devient moins pertinente qu'il peut l'arrêter; sinon,
16 s'il arrive à un stade où il considère que c'est sans pertinence, et nous
17 on le considère, nous allons intervenir. Mais tant que c'est pertinent, je
18 n'ai pas d'objection à ce que le témoin continue à donner des explications
19 plutôt que de répondre aux questions. Je veux dire, il y a eu des procès où
20 l'ensemble de la procédure s'est déroulé ainsi. Vous le savez.
21 Oui, Monsieur Nicholls.
22 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci. Peut-on passer à huis clos partiel,
23 brièvement ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Nous allons passer à huis clos
26 partiel.
27 [Audience à huis clos partiel]
28 (expurgé)
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7 [Audience publique]
8 M. NICHOLLS : [interprétation]
9 Q. Vous avez expliqué que vous êtes arrivé à l'école à Orahovac, ce qui
10 s'est passé à ce moment-là et la conversation que vous avez eue. Ensuite,
11 que s'est-il passé ? Qu'avez-vous pu observer à l'école par la suite ?
12 R. J'ai vu quelque chose dont j'ai parlé dans ma déclaration. J'étais là
13 sur place, la nourriture a été distribuée. J'étais là sur place et je
14 cherchais à savoir pour qui cette livraison était destinée et j'ai demandé
15 qui étaient ces prisonniers et contre qui ils seraient échangés. Ils
16 étaient emprisonnés et ils seraient échangés.
17 Ils se servaient de la nourriture que j'avais dans ma camionnette et à ce
18 moment-là un camion est arrivé de la marque Zastava. Ce camion est arrivé
19 de la direction de Krizevci et Kitovnice. Il s'est arrêté juste devant
20 l'école, alors les policiers se sont activés. Ils ont organisé un corridor
21 entre le policier et les soldats, et certains des policiers se sont rendus
22 dans la salle de gymnastique et ont pris un certain nombre de personnes.
23 Ils se sont rapprochés du camion, à ce moment-là, j'ai pu voir qu'ils
24 étaient entre 25 et 30 qu'ils avaient les yeux bandés, qu'ils avaient les
25 mains liées. On leur criait dessus, on leur disait : "De se dépêcher." Je
26 ne sais pas ce qu'ils disaient d'autre.
27 Ils ont dû installer une échelle pour leur permettre de grimper dans le
28 camion. Au fur et à mesure que la colonne se rapprochait, j'imagine que
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1 certains avaient des doutes ou des craintes, des peurs que quelque chose de
2 pire encore se passe et ils ont pris la fuite, certains; en tout cas, l'un
3 d'entre eux a pris la fuite et avant de vraiment prendre conscience quelle
4 était la direction qu'ils devaient prendre pour prendre la fuite, les
5 soldats l'ont rattrapé et ce que j'ai entendu ce sont des coups qui furent
6 tirer derrière le bâtiment et puis les soldats sont revenus sans lui. Ils
7 ont continué à faire monter les prisonniers dans le camion.
8 Q. Bien, je vais vous arrêter là un instant. Est-ce que quelqu'un donnait
9 des ordres à la police militaire pendant le transport de prisonniers, quand
10 on a essayé de les faire monter à bord du camion ?
11 R. Il y a quelque chose que je dois vous dire. J'ai vu Sreten Milosevic,
12 c'était un officier à ce moment-là responsable de la logistique. Ce n'était
13 pas quelqu'un qui était un officier en service responsable ou qualifié pour
14 la formation militaire ou de la police militaire. Ce n'était pas son
15 domaine de compétence pour ce genre de mission. Il était là et il est resté
16 sur la route à côté des véhicules, à côté de la camionnette. Je suis sûr
17 qu'il y en avait d'autres aussi. Il y avait d'autres soldats, d'autres
18 officiers qui étaient là sur place pour organiser le travail, à savoir
19 embarquer ces gens-là.
20 Maintenant, quant à savoir qui a coordonné, je ne sais pas. Je ne l'ai pas
21 vu. Je n'ai pu me concentrer vu le contexte et les circonstances que sur
22 certaines choses, et c'est vrai que certaines personnes m'ont frappé mais
23 je n'ai pas pu voir tout le monde. Je suis sûr qu'il y avait d'autres
24 officiers sur place, d'un rang inférieur qui organisait ce qui se passait.
25 Dois-je continuer ?
26 Q. Quant aux officiers VRS qui étaient à l'école d'Orahovac, essayez de
27 bien penser et de répondre de manière très précise. Donnez-moi le nom des
28 officiers que vous avez vus à l'école d'Orahovac, ce jour-là.
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1 R. J'ai vu Streten Milosevic, Drago Nikolic, qui n'était pas sur ce petit
2 tronçon de route. Je ne sais pas si c'est Drago ou Dragan. Je crois que
3 c'est Drago. Il y a beaucoup de surnoms. Moi aussi, j'ai beaucoup de
4 surnoms. Je crois que son prénom était Drago. Il était là, il écoutait, il
5 donnait des ordres et les autres exécutaient ses ordres. Il y avait
6 d'autres officiers, il y avait d'autres sous-officiers, certains sergents.
7 Vous savez -- bon, je ne m'y connais pas tellement, s'agissant des rangs et
8 des tâches des uns et des autres.
9 Q. Je voudrais que l'on reprenne un élément de preuve, 1691. C'est une
10 photo. Peut-on l'afficher ? Peut-être que cela va prendre quelques minutes,
11 mais je crois que c'est important que vous puissiez voir cette photo à
12 l'écran. Dites-moi quand ceci apparaît.
13 Je sais que cela prend du temps, mais j'ai une photo papier si cela pose
14 trop de problèmes. Je crois que c'est quand même bien aussi de pouvoir
15 l'afficher à l'écran. On y reviendra.
16 Entre-temps, je vais vous poser d'autres questions. Dans votre dernière
17 réponse, vous nous avez dit que la personne Drago ou Dragan Nikolic était
18 là, sur place, donnait des ordres et que les autres exécutaient. Pouvez-
19 vous nous expliquer cela un peu plus avant ? A qui donnait-il des ordres et
20 que faisait-il pour ces gens-là pour exécuter les ordres ?
21 R. Je vais vous expliquer. Ce n'était pas vraiment des ordres. En fait, je
22 pense qu'ils étaient en train de planifier, de coordonner pour faire cela
23 de manière systématique. Il n'était pas nécessaire de donner des ordres les
24 uns après les autres. Les gens savaient ce qu'il fallait faire. Tout cela
25 avait été planifié, prévu, et comme je vous le disais, j'étais là, sur la
26 route. Il y avait Drago qui était là aussi, puis il y avait une clôture, et
27 puis la salle de gym et puis en haut, en face de la salle de gym, une porte
28 qui était fermée. Je ne sais pas combien ils étaient à l'intérieur, mais il
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1 y avait des policiers, il y avait des soldats. Pour vous donner un petit
2 point de détail : ils leur ont apporté de l'eau dans des cruches. Donc, ils
3 ont distribué de l'eau.
4 Pour moi, tout cela me semblait assez normal, même si le contexte était
5 particulièrement difficile. Ils leur apportaient de l'eau, mais je n'ai pas
6 pu voir qui que ce soit à l'intérieur. Je n'ai pu reconnaître personne. Je
7 n'ai pas pu reconnaître de policiers, de sous-officiers, de sergents ou qui
8 que ce soit.
9 Q. Parlez-moi, plutôt, de manière plus précise, avec plus de détails,
10 comment on a fait monter les prisonniers dans le camion. Vous avez dit
11 qu'ils ont dû prendre une échelle. Combien de prisonniers sont montés ?
12 Reparlez de cet événement-là.
13 R. Je pense que, tout au plus, 25 personnes pouvaient monter. Ils
14 n'étaient pas assis non plus sur des bancs. Ils étaient debout, les uns à
15 côté des autres. Il me semble que c'était un groupe de 25, 30 personnes.
16 Pour tout vous dire, vous savez, la situation était tellement difficile
17 qu'on ne s'attache pas vraiment aux chiffres, aux nombres.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Bourgon.
19 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Maintenant, on
20 est passé de la photo 1691 à 1692. Je ne pense pas que c'est celle que mon
21 collègue avait demandée.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, ce n'est pas encore la bonne
23 photo, en effet.
24 M. BOURGON : [interprétation] Alors, pourquoi montrer une photo au témoin
25 alors qu'on ne lui pose pas de questions par rapport à cette photo ?
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En effet. On a interverti les photos.
27 M. NICHOLLS : [interprétation] C'est la photo que j'avais demandée, mais je
28 voulais gagner du temps. Je ne voulais pas attendre que la photo apparaisse
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1 et je continue à poser des questions.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] L'objection est que la photo qui nous
3 est présentée n'est pas la photo que vous avez demandée. C'est cela que M.
4 Bourgon nous dit.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je n'aime pas que l'on continue à
6 interrompre le témoignage qui est déposé.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Je suis d'accord, Monsieur le Juge. Désolé.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous pouvez soulever vos objections plus
9 tard, lorsque nous aborderons justement cette photo. Continuons.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est une des raisons pour lesquelles
11 je voulais laisser la parole au témoin pour qu'il puisse terminer avant de
12 donner la parole à M. Bourgon.
13 Donc, ce que nous devons savoir, c'est si la photo qui est présentée ici
14 est bien celle que vous vouliez montrer ou si c'est une autre photo.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] C'est la photo que je voulais montrer et
16 c'est la photo 1691 d'après mes références.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Bourgon.
18 M. BOURGON : [interprétation] Avec tout le respect que je vous dois, je ne
19 suis pas ici pour interrompre le témoignage. C'est simplement parce que si
20 on passe d'une photo à l'autre sans savoir pourquoi, quelque part, c'est
21 aussi directif. On montre des photos au témoin, c'est quand même assez
22 directeur. C'est justement ce que je ne voudrais pas qu'il se passe.
23 Alors, peut-être que je me trompe. Peut-être que j'ai seulement la
24 première photo qui est apparue à l'écran était la 1691 et puis on est passé
25 à la 1692. Peut-être que je me trompe, mais c'est ce que j'ai ici, dans les
26 notes. Donc, j'ai 1691 et puis 1692. La première étant donc la photo qui
27 portait la référence ERN 9640, alors que la 1692 est celle qui porte la
28 référence ERN 1633.
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1 Alors il faudrait que l'on sache exactement quelle est la photo qui doit
2 être montrée. Cela ne posera pas de problème. Mais il y a eu ce passage
3 d'une photo à l'autre et c'est quelque chose qui ne peut pas se passer,
4 parce que cela influence le témoignage.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'ai pu aller rechercher la 1691. Elle
6 est identique. Alors, continuons. Quoi qu'il arrive, continuons.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Beaucoup de vent pour pas grand-chose.
8 Bien. Vous avez maintenant la photo. Il y a un problème. Quel est le
9 problème ?
10 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un petit instant. Il semblerait qu'il y
12 a un problème d'informatique, puisque nous nous sommes seulement occupés à
13 cette question-là. Il semblerait qu'une des raisons pour lesquelles les
14 micros ne s'allument pas parfois, c'est que nous ne pouvons pas avoir, dans
15 la salle d'audience, plus d'un nombre X, Y de micros allumés en même temps.
16 On m'a dit que c'était cinq, mais j'ai vu que la dernière fois, c'était à
17 partir de trois que le système a bloqué. J'avais mon micro, M. Nicholls et
18 M. Bourgon. C'est la raison pour laquelle mon collègue ici n'a pas pu
19 allumer le sien. Donc essayons de bien vérifier ce qui se passe.
20 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez l'intention de
22 demander au témoin de faire des marques sur cette photo.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] C'était mon intention.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Justement un problème que nous avions,
25 que nous craignions, vu que le logiciel pour le moment ne pourrait pas
26 prendre cela en charge. Donc, vous allez faire cette marque sur la photo
27 papier que nous allons verser au dossier. Nous, nous suivons comme il se
28 doit.
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1 M. NICHOLLS : [interprétation] Une proposition, Monsieur le Président,
2 peut-être pouvons-nous faire la pause maintenant et ce problème
3 d'informatique peut être solutionné, et à ce moment-là, on ne va pas
4 s'encombrer d'un document papier.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En effet, nous pourrions très bien
6 lever la séance, avoir une pause de 30 minutes, le temps que nous devons
7 discuter de plusieurs choses et donc nous reprendrons nos travaux au bout
8 de la demi-heure.
9 --- L'audience est suspendue à 10 heures 18.
10 --- L'audience est reprise à 10 heures 52.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, avons-nous pu
12 trouver une solution aux problèmes techniques ? Bien. On me fait savoir que
13 oui. Pouvez-vous continuer, Monsieur Nicholls ?
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
15 Q. Tout va bien pour vous, Monsieur ? Vous avez une photo qui vous est
16 présentée ici à l'écran. Pouvez-vous me dire ce que nous voyons ? De quel
17 bâtiment s'agit-il ?
18 R. A droite, c'est l'école. A côté de l'école la salle de gymnastique avec
19 l'entrée et tout ce qui est nécessaire.
20 Q. Quelle école ? De quelle école s'agit-il ? De quelle ville ou quelle
21 école dans quelle ville ?
22 R. C'est dans le village d'Orahovac, tout près de Zvornik, à cinq
23 kilomètres en fait de Zvornik.
24 Q. Vous nous avez parlé de ce que camion sur lequel on faisait monter les
25 prisonniers. Pourriez-vous si cela vous est possible faire une petite
26 marque sur la photo pour nous indiquer où était situé le camion ? On va
27 vous donner un feutre spécial qui vous permettra d'indiquer cela.
28 R. A son arrivée, le camion a fait demi-tour, il était, en fait, à cet
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1 endroit-là. Moi et des gars -- Drago -- nous étions là derrière.
2 Q. Très bien. Nous allons garder la partie, la première croix que nous
3 voyons sur la photo qui est l'endroit qui était le camion quand on a fait
4 monter les personnes à bord et sa camionnette était à l'endroit où il y a
5 la deuxième marque. Est-ce que l'on peut noter 100, et 101, en haut à
6 gauche, s'il vous plaît ?
7 R. Où vous le souhaitez. 100 et 101, là en haut ?
8 [Le témoin s'exécute]
9 Q. Très bien.
10 M. NICHOLLS : [interprétation] On peut retirer la photo de l'écran.
11 Q. J'ai une autre question à vous poser. Vous avez dit que lorsque les
12 prisonniers montaient sur le camion, les soldats et les policiers étaient
13 là pour les faire accélérer, leur crier dessus, et cetera. Est-ce que
14 c'était une police militaire, une police civile ?
15 R. C'était une police militaire ce n'était pas une police civile.
16 Q. J'aimerais maintenant que vous me racontiez ce qui s'est passé après
17 que vous continuiez. Je ne vous demande pas de vous rappeler exactement du
18 nombre précis mais vous nous avez parlé du nombre de prisonniers qui
19 montaient à bord. Qu'avez-vous vu après ?
20 R. J'ai vu donc les gens qui montaient dans le camion. Le camion a
21 démarré, alors qu'il était sur la route, une jeep qui suivait le camion, à
22 bord de laquelle il y avait des soldats, les portes étaient ouvertes. Ils
23 étaient prêts à intervenir si quelqu'un devait décider de soudainement
24 sauter du camion. On m'a demandé de rouler derrière la jeep, derrière eux,
25 jusqu'à un endroit spécifique où j'étais supposé décharger ce que j'avais à
26 bord de ma camionnette, la nourriture. Nous sommes arrivés, le camion s'est
27 arrêté. La police, les policiers les soldats semblaient plus régir par la
28 peur alors qu'ils donnaient les ordres aux prisonniers de descendre du
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1 camion. Ils étaient assez féroces. C'était une route asphaltée, la route
2 principale pour les villages Krizanovci [phon] et Kitovnice et, en fait,
3 les prisonniers sont descendus. C'était tout près de la route principale,
4 et ils les ont fait marcher d'ailleurs jusqu'à un tas de corps. Alors,
5 c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que ce n'était pas un
6 échange que c'était quelque chose d'absolument horrible.
7 Ils les ont obligés à se mettre en ligne là, un groupe de soldats, je
8 ne sais pas quatre, cinq, six soldats étaient là debout, les autres étaient
9 là aussi, on leur a donné l'ordre de tirer. Quand ils ont reçu l'ordre, ils
10 ont tiré, les autres sont tombés. Puis ils en ont pris d'autres, il y a eu
11 comme cela, un, deux, trois groupes et ils avaient terminé. Est-ce que je
12 continue ?
13 Q. Oui, s'il vous plaît, continue.
14 R. Alors, à ce moment-là, il y a eu quelque chose d'absolument terrible,
15 quelque chose d'incroyable, quelque chose que je n'ai jamais pu oublier --
16 que je n'oublierai jamais. Je dois dire qu'après cet événement, j'ai
17 attrapé le diabète parce que je me suis rendu compte de ce qu'un homme peut
18 infliger à un autre homme, ce qu'un autre humain peut infliger à un autre
19 être humain en lui tirant dessus pour le tuer.
20 Quand j'ai fait ma déposition, vous savez, on peut voir des atrocités dans
21 de si nombreuses occasions, que ce soit à l'écran, dans des commentaires
22 dans des films, dans des livres que vous pouvez lire et vous pouvez, à ce
23 moment-là, pleurer quand vous pensez au destin de ces gens-là. Tout cela
24 n'est pas comparable à ce que l'on peut vivre soi-même quand on est
25 confronté à ce genre d'expérience. C'est suite à cette expérience que j'ai
26 attrapé le diabète.
27 Il y avait donc ce tas de corps mort qui ne ressemblait même plus à
28 des êtres humains, c'était de la chair, de la chair en morceau. Puis, il y
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1 a eu un être humain qui en a émergé, c'était un garçon de cinq à six ans,
2 c'était incroyable. Un être humain est ressorti de ce tas et a commencé à
3 se diriger vers le chemin. Le chemin où il y avait ces hommes avec des
4 mitraillettes et cet enfant marchait vers eux. Tous ces soldats, tous ces
5 policiers, les policiers qui tiraient là, je ne suis pas là pour les juger,
6 je ne connais pas leur situation, peut-être ont-ils tiré parce qu'ils en
7 avaient reçu l'ordre, peut-être est-ce dans leur nature il y a toute sorte
8 de gens. Peut-être que certains étaient heureux de le faire, d'autres l'ont
9 fait parce qu'ils devaient.
10 Mais tout d'un coup, ils ont baissé leur arme et tous jusqu'au tout
11 dernier restaient geler sur place. Il y avait cet enfant. Si cela avait été
12 une personne de 70, 80 ans, c'était déjà horrible, mais en plus un enfant
13 tout à fait innocent. C'était un enfant -- cet enfant était couvet de
14 morceaux de corps, d'intestins des autres personnes, de tissus des autres
15 personnes. Un peu plus tard à l'hôpital, à Zvornik, le docteur m'a dit :
16 "Mais cela se pue, cela sent mauvais," et je l'ai dit que je ne l'ai pas
17 senti, je ne l'ai même pas senti alors que j'avais l'enfant dans ma
18 camionnette et que nous conduisons. J'ai repensé cela après.
19 Cet homme -- ce monsieur -- enfin - excusez-moi, j'emploie ce terme -
20 enfin, cet officier, je crois qu'il était lieutenant-colonel -- je suis sûr
21 qu'il était lieutenant-colonel ou colonel tout au plus. Je ne peux pas me
22 lever ici, il faudrait bien -- je voudrais vous donner une illustration,
23 une description de l'impression que j'ai eue. Il était la personne la plus
24 arrogante qui s'est tournée vers les hommes, vers les soldats en leur
25 disant : "Qu'est-ce que vous attendez finissez-en. Tirez dessus." Ces
26 hommes qui n'avaient aucune difficulté à tuer plus tôt des personnes, lui
27 ont dit : "Vous avez un pistolet vous-même, pourquoi est-ce que vous ne le
28 tuez pas vous-même ? Allez-y puisque nous ne pourrons pas le faire." Tous
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1 ceux qui étaient là, étaient muets d'horreur. Alors, l'officier a dit :
2 "Emmenez cet enfant, mettez-le sur le camion et amenez-le là-bas. Ramenez-
3 le ici avec le lot suivant -- le groupe suivant, et à ce moment-là, on
4 pourra en finir." J'étais là, j'étais complètement sans aucun pouvoir,
5 j'étais un extérieur, une personne chargée des questions logistiques.
6 J'avais un travail à faire et je devais garder le silence. Je n'avais rien
7 à voir. Ils étaient en train d'exécuter ces gens, ma tâche était d'apporter
8 des fournitures. Ensuite, ils étaient là à tuer les gens. Les autres ont
9 emmené l'enfant par la main, alors que cet enfant s'était sorti du tas de
10 ceux qui avaient été exécutés. Il disait : "Baba" - c'est comme cela qu'on
11 appelle un père - "Baba, où es-tu ? Cet enfant était en état de choc. Ils
12 l'ont emmené jusqu'au camion. L'enfant, sachant qu'il avait été plus tôt
13 sur ce camion, a commencé à avoir des convulsions. Il frémissait, il disait
14 : "Non, non je ne veux pas remonter." A ce moment-là, je suis intervenu
15 pour aider et tout le monde y compris l'enfant. Puis, écoutez, je vais
16 allumer la lumière et je vais mettre la musique de façon à essayer de
17 détourner son attention de ce qui se passait. Je vais allumer la radio
18 parce que je voulais que cet enfant puisse revenir à lui. Il était
19 complètement perdu, il ne savait pas ce qui se passait, ni qui il était. Je
20 l'ai dit : "Je vais essayer de l'emmener où vous voulez que je l'emmène."
21 Donc, je l'ai emmené dans la camionnette. J'ai allumé la lumière à
22 l'intérieur. Cela a aidé cet enfant parce que, pour lui, tout ce n'est plus
23 qu'obscurité. J'ai allumé la radio, la radio locale avec de la musique
24 qu'il connaissait, cela lui était familier. J'ai fait tout cela pour
25 essayer de l'aider à être réconforté, qu'il revienne à ses sens. J'ai dit :
26 "Viens ici, viens me retrouver." J'ai dit : "Viens ici, écoute, là j'ai
27 allumé la lumière, j'ai mis la musique," alors brusquement, il m'a pris par
28 la main, il vient vers moi. Je ne veux qu'aucun d'entre vous n'ait une
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1 pareille expérience. J'étais un homme fort à l'origine, j'étais un homme
2 ferme. J'avais la réputation d'être quelqu'un de solide. Mais je ne
3 souhaite à personne de faire cette expérience. La façon dont ceci vous
4 saisit, le fait qu'il avait pris la main, qu'il avait saisi ma main,
5 j'étais étonné par la force de cet enfant.
6 Je suis monté dans le véhicule. Je l'ai laissé pendant une seconde
7 seul parce qu'il fallait que je mette le contact, et puis, j'ai mis la
8 musique et nous sommes repartis avec le reste. Vous savez que ce que
9 c'était le reste, de façon à ce que le lot suivant -- le groupe suivant
10 puisse être exterminé.
11 Donc, à partir de cette place, il y a un endroit qui s'appelle Orac,
12 et il y a une source d'eau, une fontaine, connue sous le nom d'Orac et donc
13 j'ai conduit pour aller jusqu'à l'école élémentaire, jusqu'à la salle de
14 gymnastique. Donc, alors que je les conduisais, je savais que je ne devrais
15 pas le laisser là-bas. Je savais que je ne pouvais pas le laisser là-bas.
16 Comme j'avais achevé ma tâche, j'ai distribué les vivres et autres
17 fournitures et j'étais censé laisser l'enfant sur place, mais je n'ai pas
18 pu faire cela. J'ai pensé peut-être que je devrais aller jusqu'à la
19 caserne, à Karakaj.
20 A la caserne, il y avait un centre médical, où des soldats légèrement
21 blessés ou quelqu'un qui avait la grippe, qui était légèrement malade. Pour
22 commencer, j'ai pensé que je devais le laisser là à ce centre médical, mais
23 tout en conduisant vers Karakaj, je réfléchissais et je pensais : "Si je le
24 laisse là, à cette installation militaire, il va falloir que j'explique à
25 tout le monde comment j'ai trouvé cet enfant." Mais je n'osais pas dire à
26 qui que ce soit quelle était la situation. Je n'osais même pas parler à mes
27 amis de ce qui s'était passé sur -- à cet endroit.
28 J'ai donc décidé d'aller à Zvornik à la place pour le mettre à
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1 l'hôpital. Je savais qu'il y serait enregistré, à partir du moment où il
2 était -- il avait pu faire son entrée. Il n'y avait plus de risques de quoi
3 que ce soit d'autre. Je savais ce que je faisais. Je savais que je risquais
4 peut-être même ma vie, mais si cet homme était prêt à tuer un si grand
5 nombre de personnes, alors certainement, il était prêt à tuer -- vraiment,
6 que Dieu ne le permette pas. Je ne peux pas continuer.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, vous avez dit quelque
8 chose concernant le compte rendu ?
9 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
10 Dans le compte rendu, il y a quelque chose qui a été omis, quelque chose
11 que le témoin a dit, à savoir que c'était dans la soirée, que c'était au
12 crépuscule.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Cela n'aurait pas été traduit, page 36,
15 ligne 14.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie d'avoir fait remarquer
17 cela. Donnez-moi une seconde pour prendre mes propres annotations.
18 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui. C'était dans le contexte de ce qu'a
19 dit le témoin, a dit que pour l'enfant, c'était l'obscurité, alors qu'il y
20 avait encore quelques lumières, mais c'était le crépuscule. Tout était
21 obscur.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je crois que c'est suffisamment
23 clair. Je pense que le témoin est d'accord avec cela.
24 M. NICHOLLS : [interprétation]
25 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Vous avez dit vous ne pouvez pas poursuivre.
26 Est-ce que vous pensez que vous pouvez répondre encore à quelques
27 questions ?
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si vous avez besoin que l'on
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1 s'interrompe, nous pouvons interrompre un moment.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je ne sais pas. J'ai juste mentionné
3 mon propre nom.
4 M. NICHOLLS : [interprétation]
5 Q. Le compte rendu n'a pas noté votre nom, donc vous n'avez pas de
6 problème.
7 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon. Alors, cela n'est pas inscrit au
9 compte rendu, donc il n'est pas nécessaire à une expurgation de cela, mais
10 il faudrait également s'assurer que l'enregistrement sono -- Il faudra le
11 vérifier, s'il vous plaît. Ou en tous les cas, on peut peut-être expurger
12 la dernière partie de la vidéo de façon à être, bien sûr. Donc, veuillez,
13 s'il vous plaît, expurger à partir de la ligne 13 de la page 38 de la
14 vidéo, pas du compte rendu, jusqu'à ici. Ceci ne doit pas être diffusé.
15 Donc, poursuivons.
16 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.Q. Monsieur le
17 Témoin, vous avez décrit ce lieutenant-colonel en disant que cet enfant
18 devait être tué. Pourriez-vous le décrire le mieux que vous le pouvez ?
19 Quelle était son apparence, l'apparence du lieutenant-colonel ? De quoi
20 avait-il l'air ?
21 R. L'élément-clé -- l'élément essentiel dans cette situation, c'est gravé
22 à la fois dans mon cœur et dans ma cervelle et cela y restera pour le
23 restant de mes jours. Cet homme était plus grand que moi. C'était un homme
24 qui était grand. Il avait une moustache. Il était assez beau. Il avait
25 l'air viril. Il portait un uniforme d'officier avec son grade, l'insigne de
26 son grade. Il portait un pistolet.
27 Q. Pourriez-vous nous dire un peu comment il était ? Est-ce qu'il était
28 mince ? Est-ce qu'il était grand ? Un peu plus -- Alors quelques détails de
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1 plus que ce que vous avez --
2 R. Bien bâti. Bien bâti. Quand j'ai dit grand, je voulais dire qu'il était
3 plus grand que moi.
4 Q. Pour le compte rendu, lorsque le témoin a dit : "Bien construit," il a
5 levé les mains également de côté pour indiquer cela.
6 Maintenant, vous avez parlé -- excusez-moi, je sais que c'est difficile
7 pour vous, mais le fait qu'il y ait eu ces prisonniers qui ont été tués en
8 deux ou trois -- un, deux, trois groupes, est-ce que vous vous rappelez,
9 dans toute la mesure où vous le pouvez, comment on leur a tiré dessus,
10 comment ils étaient tués ? Est-ce que c'était un par un, individuellement,
11 ou est-ce qu'on leur a tiré dessus en groupe ? Est-ce que les soldats
12 agissaient de leur propre gré, séparément ? Est-ce que vous pourriez nous
13 décrire, autant que vous vous en souvenez, comment cette exécution, en
14 fait, a été faite, effectuée ?
15 R. Vous savez, un peu plus tôt, quand j'ai dit que certains d'entre eux --
16 mais je ne connais aucun de ces hommes, mais me fondant sur leur
17 comportement pendant l'exécution, pendant cet événement, on avait une
18 impression que certains le faisaient avec plaisir, comme je vous l'ai dit
19 un peu plus tôt, tandis que d'autres pas. Ils le faisaient parce qu'ils y
20 étaient obligés. Un détail qui était particulièrement terrible pour moi,
21 une fois que cela a été fini -- que tout cela a été fini, en fait, j'ai vu
22 cela dans des films, ainsi de suite. Je crois que, plus tard, ceux qui
23 donnaient encore un signe de vie ont dû être achevés. L'un des hommes, qui
24 c'était ce genre de personne, qui a vu un orteil sur un des corps, qui
25 bougeait - je ne sais pas comment vous décrire de façon imagée son
26 attitude, ses mots - il a dit qu'il fallait qu'il aille, qu'il tue cet
27 orteil. Vous savez, ce n'était pas une tête ou une autre partie du corps,
28 c'était cet orteil qui le troublait et il fallait qu'il l'exécute. Je
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1 pensais que, dans ce mal terrible, il aurait pu agir de façon plus humaine
2 et ne pas se préoccuper -- il a beau être préoccupé par cet orteil ou peut-
3 être par une touffe de cheveux qui était déplacée par le vent. Je ne sais
4 pas. Peut-être que je n'aurais pas attrapé le diabète. Peut-être que cela
5 aurait été naturel pour quelqu'un d'autre, mais telle a été mon impression,
6 telle a été mon expérience de cet événement et cela ne me quittera jamais.
7 (expurgé).
8 Q. Peut-être que nous sommes, ce serait être extrêmement prudent, mais je
9 pense qu'on ferait bien d'expurger ce qu'il vient de dire parlant de (expurgé)
10 (expurgé)
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE AGIUS : [hors micro]
13 L'INTERPRÈTE : Microphone.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Excusez-moi, oui, je pense qu'il vaut
15 mieux expurger cela.
16 Voilà. Allez-y.
17 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
18 Q. Vous avez dit que vous n'étiez pas sûr. Vous pensiez que certains des
19 soldats n'avaient peut-être pas envie, ne souhaitaient pas tirer. Est-ce
20 que c'était parce qu'ils -- et que c'était parce qu'ils avaient reçu des
21 ordres ? Est-ce que l'ordre de tirer a été donné ?
22 R. Oui.
23 Q. Qui a donné l'ordre de tirer sur les prisonniers ?
24 R. Non, excusez-moi. Il y a un moment j'ai oublié de vous donner ce
25 détail. Merci de me l'avoir rappelé. Ceci figure dans ma déclaration. A ce
26 moment-là, au moment où toute cette histoire concernant l'enfant a été
27 discuté, s'il fallait qu'il monte dans la camionnette, un jeune homme, un
28 homme jeune s'est approché de moi et il avait les cheveux bouclés et je ne
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1 le connaissais pas et il m'a dit : -- j'ai redit encore mon nom --
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne l'ai pas entendu. Je ne l'ai pas
3 entendu. Je ne pense pas, mais soyons prudents et expurgeons ces deux
4 lignes. Donc, nous n'allons pas diffuser ces deux lignes.
5 M. NICHOLLS : [interprétation]
6 Q. Vous étiez en train de dire, ou vous étiez sur le point de parler de ce
7 que vous a dit ce jeune homme qui avait des cheveux bouclés.
8 R. Oui, merci. Excusez-moi. Il m'a appelé par mon nom, et m'a dit :
9 "Crois-moi quand je te dis cela, je n'ai pas eu la force de tirer sur eux.
10 J'ai tiré au-dessus de leurs têtes." Je me rappellerai cette histoire toute
11 ma vie. Je n'oublierai jamais cela. Pourquoi m'a-t-il dit cela ? Qu'est-ce
12 qu'il l'a amené à me dire cela ? Je n'avais jamais rien eu à voir avec ce
13 jeune homme, mais puisqu'il m'a appelé par mon nom, il est probable qu'il
14 me connaissait. Mais il avait cette envie très forte de me dire cela pour
15 que cela sorte de lui pour trouver un réconfort à dire cela, me dire cela.
16 Ce que j'ai moi-même connu m'a amené à conclure que certains d'entre eux
17 ont reçu l'ordre de tirer, de faire cela.
18 Q. Je vous remercie. Je vous ai demandé si on avait donné l'ordre de tirer
19 et votre réponse a été tirée. Ma question c'est : est-ce que vous avez
20 entendu ou vu quelqu'un donner l'ordre de tirer ? Essayez de vous rappeler.
21 R. La seule chose que je puisse vous dire est - excusez-moi de vous le
22 dire de cette manière - est que peut-être je n'étais pas là pour suivre ce
23 qui se passait pour me rappeler des détails. Je me concentrais uniquement
24 sur les personnes qui étaient là, qui se tenaient là, qui étaient sensés
25 vivre leur vie, respirer, alors qu'ils allaient tous périr.
26 Je ne sais pas qui a ordonné cela, si c'était l'un des officiers de
27 la Brigade de Zvornik. Ne m'en veuillez pas le fait que je n'étais pas
28 placé de telle sorte que je puisse observer cela parce que cela a continué
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1 pendant toute la journée. Je ne sais pas si cela a duré pendant un ou deux
2 jours. J'ai aussi oublié de dire qu'il y a un moment que ce jeune -- le
3 jeune homme n'était pas venu dans ce groupe de personnes que j'ai observés
4 au moment où ils arrivaient et qui descendaient du camion pour aller aux
5 lieux d'exécution. Cet enfant n'était pas parmi eux. Il est probable qu'il
6 est arrivé plus tôt. C'est ce que j'avais oublié de dire tout à l'heure.
7 Q. Je vous remercie. Je voudrais m'assurer que ma question était bien
8 claire, peut-être qu'elle ne l'était pas. Je ne vous ai pas demandé si vous
9 saviez qui avait donné l'ordre pour que toutes ces personnes soient
10 assassinées à un moment donné.
11 Mais peut-être que je devrais posé ma question de façon plus claire :
12 lorsque vous étiez aux lieux d'exécution, est-ce que vous avez vu ou
13 entendu quelqu'un donner, qui était là qui a simplement donné l'ordre de
14 faire feu pour les prisonniers et ces prisonniers qui ont été tués au
15 moment où vous étiez là ?
16 R. Voyez-vous, personne n'était en mesure de donner des ordres. Il n'y
17 avait pas quelqu'un qui fut supérieur en grade à ces deux hommes qui
18 étaient là. L'un des deux l'était. Mais je vous ai dit que je ne peux pas
19 me rappeler lequel. Il n'y avait que ces deux qui étaient en charge sur
20 place et les seuls qui donnaient des ordres. Je pense que la personne qui
21 avait le grade le plus élevé était celle qui donnait les ordres parce que
22 c'est lui qui a dit : "Bien, qu'est-ce que vous attendez, tuez-le," et il
23 parlait de l'enfant. Parce que s'il s'était agi de la personne appartenant
24 à la brigade, à ce moment-là, il se serait approché des gars-là et il leur
25 aurait dit la même chose. J'ai fondé ma conclusion sur le fait qu'il a dit
26 : "Tue-le," haut et clair.
27 Q. Merci. Vous avez dit qu'il y avait deux hommes qui étaient là, qui
28 avaient des grades et que ce n'était pas la personne appartenant à la
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1 brigade qui avait dit : "Tue-le." Qui était l'autre personne avec un grade
2 qui était cette personne de la brigade ? Quel était le nom de cette
3 personne ?
4 R. Cela c'était Drago Nikolic. Je ne sais pas quel était son grade. Je
5 sais que c'était un grade relativement élevé. Ce n'était pas un sous-
6 officier, c'était un officier.
7 Q. Bien. Maintenant vous avez expliqué ce que ce lieutenant-colonel
8 faisait. D'après vos souvenirs, est-ce que -- que faisait Drago Nikolic au
9 moment où vous l'avez vu sur le lieu d'exécution ?
10 R. Il était là parce que les hommes qui escortaient les prisonniers depuis
11 le camion, il leur donnait des directives, il se tenait là pour donner les
12 ordres parce que les autres hommes étaient en train d'exécuter les gens.
13 Ils leur tiraient dessus et c'étaient leurs tâches, tandis que Drago se
14 trouvait avec ces autres, il ne criait pas contre eux ou quoi que ce soit
15 de ce genre, il était tout simplement en train de leur dire quoi faire.
16 Bien que les prisonniers qui descendaient du camion ne faisaient rien de
17 particulier et il n'était pas nécessaire d'intervenir en ce qui les
18 concernait.
19 Lorsqu'on les a fait sortir de la salle de gymnastique, on leur a dit de
20 faire attention de ne pas commencer une panique, qu'ils partaient pour être
21 échangés, qu'ils feraient l'objet d'un échange avec des soldats de la
22 partie adverse et pour cette raison, ils n'étaient pas inquiets. Ils
23 avaient gardé leur calme --
24 -- de rester calme.
25 Q. Je vous remercie.
26 L'INTERPRÈTE : Addition : Ils ont été trompés de cette manière.
27 M. NICHOLLS : [interprétation]
28 Q. Je vous remercie. Je voudrais en revenir à cet enfant dont vous nous
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1 avez dit que vous l'avez emmené à l'hôpital. Vous l'avez décrit comme étant
2 couvert de lambeau de chair, des cadavres, si je peux dire cela comme cela,
3 les personnes qui avaient été exécutées. Quel était son état physiquement ?
4 Est-ce qu'il était blessé d'une manière ou d'une autre ?
5 R. Oui, oui. J'ai oublié de dire cela. Quand vous comparez les choses par
6 rapport à un autre à tout faire, une personne qui s'occupe de plâtrer les
7 murs, vous voyez la façon dont la personne est pleine de tâches ou de
8 gravats avec de la poussière et tout. Là, c'étaient des vêtements qui
9 étaient maculés par des lambeaux de chair, de sang, des tâches de sang, de
10 la poussière par-dessus. Il y avait ces tâches très sombres sur lui.
11 Il était également blessé. Je savais que cela n'était pas des tendons
12 qui étaient blessés parce qu'il était capable de marcher. Mais j'ai compris
13 quelle était l'importance de ces blessures uniquement lorsqu'il a été
14 traité par le médecin qui a dû lui faire des points de suture. Il a eu de
15 la chance qu'aucunes de ces blessures n'aient touché une os. Dois-je
16 poursuivre mon récit ?
17 Q. Oui. Je voudrais simplement vous demander de revenir au moment où vous
18 avez emmené l'enfant à l'hôpital de Zvornik. Brièvement, pouvez-vous me
19 dire ce qui s'est passé au juste au moment où vous l'avez emmené ?
20 R. Je l'ai emmené directement à l'entrée du département chirurgical. J'ai
21 fait sortir l'enfant et il m'a pris de nouveau par la main et je ne vais
22 vous le ré expliquer à quel point c'était fort lorsqu'il me serrait la
23 main. Il me disait : "Baba, ne me laisse pas. Baba ne me laisse pas." Jour
24 et nuit, ceci faisait écho dans ma tête. (expurgé)
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20 [Audience publique]
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Heureusement que cela s'est passé à
22 huis clos partiel.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaite que l'on montre -- Enfin, je
24 souhaite indique que la photographie P02452 ne doit pas être diffusée en
25 public.
26 Q. Je vais vous montrer une photographie tout à l'heure, Monsieur le
27 Témoin. Prenez votre temps pour examiner cette photo, Monsieur le Témoin.
28 Reconnaissez-vous qui que ce soit sur cette photographie ?
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1 R. Les deux adultes, je ne les connais pas. Je ne sais pas qui c'est. En
2 ce qui concerne -- Enfin, si vous montrez cela pour me dire que c'était
3 lui, le garçon, je vais vous dire une seule chose. D'après les cheveux, la
4 physionomie, les enfants -- les yeux, la bouche, vous savez la lumière ici
5 est différente. Ce n'est pas exactement comme dans mes souvenirs que je
6 vous ai décrits. Mais d'après la physionomie, d'après la taille, je dirais
7 que c'est bien cet enfant. Les deux adultes, je ne sais pas.
8 Q. Merci. Je n'ai plus de questions en ce moment.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Nicholls.
10 Qui commence ? A quelle heure faut-il que l'on prenne une pause ? Il est
11 midi et quart. Nous avons donc une pause dans 30 minutes.
12 Maître Zivanovic.
13 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je souhaite simplement faire une demande,
14 compte tenu du fait que la déposition du témoin est très différente, par
15 rapport aux informations dont on disposait. Avant, peut-on procéder à une
16 pause des à présent pour nous permettre de voir comment nous allons
17 continuer, ou actuellement reporter le contre-interrogatoire car, vraiment,
18 nous avons besoin de consulter nos clients avant le contre-interrogatoire ?
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Souhaitez-vous dire quelque chose à ce
20 sujet, Maître Nicholls, avant que l'on décide ? Nous ne sommes pas en
21 mesure d'évaluer l'exactitude de ce que Me Zivanovic vient de dire car nous
22 ne savons pas quelle était la teneur de la déclaration préalable du témoin.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Tout d'abord, je n'aime pas ce genre de
24 commentaire lorsqu'ils sont faits devant le témoin. Je pense que ceci n'est
25 pas correct. Deuxièmement, je pense que Me Zivanovic a -- je ne pense pas
26 qu'il essaie d'insinuer que ce qu'il vient d'entendre aujourd'hui est
27 nouveau.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais de toute façon, nous allons nous
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1 fonder sur l'expérience de ce prétoire. Nous allons maintenant faire une
2 pause de 30 minutes.
3 M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'objection que l'on fasse une
4 pause, qu'ils consultent leurs client.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense qu'il vaut mieux procéder à
6 une pause maintenant, une pause de 30 minutes.
7 --- L'audience est suspendue à 11 heures 47.
8 --- L'audience est reprise à 12 heures 20.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qui commence, Me Bourgon ?
10 Oui, Maître Bourgon.
11 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
12 Contre-interrogatoire par M. Bourgon :
13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Bonjour, Monsieur le
14 Témoin, vous êtes en mesure de me dire bonjour.
15 R. Je l'ai dit. Vous ne m'avez pas entendu.
16 Q. Excusez-moi, ceci n'a pas consigné au compte rendu, je n'ai pas
17 entendu, excusez-moi.
18 R. Vous m'avez adressé.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez.
20 M. BOURGON : [interprétation]
21 Q. Je souhaite commencer, Monsieur le Témoin, en confirmant qu'avant que
22 je vous pose des questions, plus tôt cette semaine, vous avez reçu une
23 lettre, une lettre que mon collègue de l'Accusation vous a remise, et c'est
24 une lettre dans laquelle j'ai demandé d'avoir l'occasion de vous
25 rencontrer; est-ce que vous pouvez confirmer cela ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Merci. Monsieur le Témoin, dans cette lettre que vous avez lue, il y
28 avait un paragraphe où j'ai mentionné : "Ayant révisé ces documents mis à
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1 part ceux qui ont été fournis par d'autres témoins qui ont déposé dans
2 cette affaire ou qui vont déposer dans cette affaire, il existe un certain
3 nombre de points que l'on souhaite clarifier dans le cadre de votre
4 déposition et par conséquent nous vous demandons de nous accorder cet
5 entretien afin de parler de ces questions-là."
6 Est-ce que vous vous souvenez avoir lu un paragraphe ou des mots
7 allant dans ce sens ?
8 R. Oui, oui. Mais avant cela, je ne sais pas exactement quand, j'avais
9 reçu une de vos invitations verbales, il y a un mois peut-être, vous m'avez
10 proposé donc verbalement de me rencontrer, chose que j'ai refusée après
11 cette demande par écrit, j'ai refusé aussi. Si vous le souhaitez, je vous
12 dirais mes raisons.
13 Q. Oui, allez-y, bien sûr.
14 R. Messieurs, chaque homme a sa propre opinion des choses. Je ne suis pas
15 juriste, je ne m'y connais nullement en la matière. Mais là, je parle comme
16 un être humain. Jusqu'à ma rencontre le 25 novembre avec les représentants
17 de l'Accusation, vous aviez eu l'occasion vous ou vos collègues qui sont
18 sur le terrain, vous auriez pu me contacter. -- le 25 novembre, cela
19 c'était une occasion et ensuite après le 25 novembre, après mes contacts
20 avec l'Accusation, mon nom est devenu commun et je m'attendais à ce que
21 quelqu'un (expurgé)
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5 (expurgé) Mais vraiment, personne
6 absolument personne, l'un d'eux est d'ailleurs un de mes amis.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons à huis clos partiel
8 brièvement, car nous devons vous consulter sur ce point.
9 [Audience à huis clos partiel]
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13 [Audience publique]
14 M. BOURGON : [interprétation]
15 Q. La question que je viens de vous poser est la suivante. La première
16 déposition que vous avez faite à l'Accusation était en date du 25 et 26
17 novembre 2005; est-ce bien cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Dans cet entretien, cela n'est pas repris dans la déclaration. Je
20 voudrais savoir où cela a eu lieu et pour cela, il faudra passer à huis
21 clos.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que cela n'est pas pertinent, là où
24 l'entretien a eu lieu.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être que ce le sera. Passons à
26 huis clos partiel.
27 M. BOURGON : [interprétation] J'ai beaucoup de questions sur cette
28 déclaration; comment cela s'est fait ?
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Arrêtez, Monsieur Bourgon.
2 M. BOURGON : [aucune interprétation] Elles sont pertinentes pour --
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous n'avons pas encore accepté
4 l'objection de M. Nicholls. Nous passons à huis clos partiel.
5 [Audience à huis clos partiel]
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9 [Audience publique]
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous y sommes maintenant. Non,
11 maintenant nous y sommes.
12 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit aujourd'hui que le chef de la section
14 de transport était quelqu'un du nom de Pantic, même renseignement qui a été
15 donné dans votre déclaration. J'aimerais que vous me confirmiez que c'était
16 Pantic qui vous a donné l'ordre d'aller à Orahovac le 14 juillet ou tel
17 jour, parce que vous n'avez jamais mentionné le jour exact, mais que
18 l'ordre pour aller à Orahovac vous a été donné par Pantic; est-ce exact,
19 Pantic ?
20 R. Non. Il a seulement donné l'ordre, mais c'est moi qui ai écrit Uzice et
21 "loko" ensuite parce que l'ordre pour le trajet est valable pour toute la
22 journée. Vous voyez, il y a de nombreux lieux autour de Zvornik, je dis qui
23 ont leur propre nom, tandis que ce dont nous discutons maintenant, sont
24 essentiellement des faubourgs de Zvornik. Je suis celui qui consigne cela
25 par écrit, c'est moi, on ne nous donne pas des ordres différents.
26 Q. Je passe à un autre sujet. J'ai fini avec la question des ordres
27 concernant les travaux. Je veux simplement me concentrer sur le fait que ce
28 jour-là, vous avez mentionné dans votre déposition d'aujourd'hui, que cet
Page 7622
1 ordre d'Orahovac vous a été donné par Pantic; est-ce exact ?
2 R. Maître je parle serbe. Je vous ai dit un peu plus tôt que j'avais reçu
3 un ordre ce matin-là tôt avant 5 heures 00, avant de partir pour Uzice.
4 Ensuite, sur la base de cet ordre, j'ai fait mes différents trajets, mes
5 différentes courses. J'ai reçu dans la matinée mais pas dans la soirée les
6 indications des endroits où je devais aller.
7 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a quelque chose qui ne va quand
9 même pas parce qu'il y a encore deux questions et les réponses semblent
10 être sans rapport avec cette personne, Pantic.
11 Les questions de Me Bourgon, les deux dernières questions étaient très
12 directes. Ce jour-là, lorsqu'on vous a ordonné de donner des instructions
13 d'aller à Orahovac, qui vous a donné cet ordre ? Est-ce que c'était Pantic
14 ou est-ce que c'était quelqu'un d'autre ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai reçu typiquement
16 un ordre dans la matinée alors que j'étais arrivé à la caserne, ce jour-là
17 c'était à 5 heures du matin. Pour tout le reste, une fois que j'avais
18 terminé ce que j'avais à faire, je suis retourné à la caserne. J'ai rendu
19 compte à Pantic pour lui dire, me voici et il m'a donné un ordre, je ne
20 veux pas dire un nouvel ordre, un ordre verbal. Alors j'ai écrit ceci sur
21 ce document. Je pense qu'il y avait un malentendu qui découlait de là.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que c'est suffisamment clair
23 maintenant.
24 M. BOURGON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je
25 voudrais simplement voir maintenant au logiciel e-court, juste que pour les
26 choses soient plus faciles, la déclaration qui a été fournie par le témoin,
27 qui a été faite par le témoin, le 25 novembre. C'est le document 3D - pour
28 delta - 80. Les paragraphes sont numérotés de sorte que nous puissions
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1 suivre en B/C/S et en anglais en même temps. Je souhaiterais que le témoin
2 regarde le paragraphe 5, si nous pouvons nous centrer sur le paragraphe 5
3 de cette déclaration.
4 Q. Témoin, au paragraphe 5, je vais simplement vous lire ceci et je
5 voudrais que vous confirmiez que ceci est bien votre déposition
6 d'aujourd'hui, ce que vous aviez dit aujourd'hui que : "Rade Pantic m'a
7 ordonné" - quand vous dites "m'a," il s'agit de vous - "d'emmener ma
8 fourgonnette à l'école à Orahovac pour livrer des vivres et des boissons
9 aux soldats qui s'y trouvaient."
10 Est-ce que c'est ce que vous dites dans votre déposition
11 aujourd'hui ?
12 R. Je confirme chaque mot de ce que j'ai dit en 2005.
13 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin. Je passe à la phrase suivante,
14 qui disait : "Il était déjà tard dans l'après-midi." Alors, aujourd'hui,
15 vous avez dit que c'était au début de la soirée, votre déclaration dit :
16 "Tôt dans" --
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais c'est : "Tard dans l'après-midi,"
18 tout au moins, c'est que nous avons à l'écran.
19 M. BOURGON : [interprétation] Très bien, excusez-moi, je me suis trompé,
20 c'était : "Tard dans l'après-midi."
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais quelle est la différence entre
22 "tard dans l'après-midi" et "tôt dans la soirée" ?
23 M. BOURGON : [interprétation] C'est pour cela que je pose la question au
24 témoin.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez posé la question. Poursuivez,
26 Demandez-lui l'heure.
27 M. BOURGON : [interprétation]
28 Q. Quelle heure était-il ? Puisque votre déclaration dit : "Tard dans
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1 l'après-midi," et aujourd'hui, vous dites : "Tôt dans la soirée," je
2 souhaiterais savoir à quel moment vous avez reçu cet ordre de Pantic.
3 R. Pour autant que je puisse m'en souvenir, je pense qu'une heure est
4 indiquée quelque part ici. 20 heures 30, c'était à cette heure-là, l'heure
5 à laquelle le soleil se couchait, il n'y avait pas encore, la lune n'était
6 pas encore levée. Je crois que j'ai dit, j'ai donné l'horaire, 8 heures 30.
7 Q. Donc, si je dis que c'est le coucher du soleil, est-ce que cela
8 correspondrait approximativement à l'heure à laquelle le soleil se couche,
9 mais il ne fait pas encore noir; c'est exact ?
10 R. Je suis de nature romantique. Je sais très bien ce que c'est le
11 crépuscule. Je ne veux pas vous le décrire, je n'ai pas de façon
12 d'obscurcir ici les lumières, mais ce crépuscule c'était le commencement de
13 l'obscurité.
14 Q. Je vous remercie, Témoin. Maintenant, au paragraphe 5, il est
15 également, vous voyez cela à l'écran devant vous, il est question de ce
16 contenaient les caisses qui avaient été chargées sur votre camionnette. Il
17 dit que ces cageots ou ces caisses contenaient des pâtisseries, des
18 rouleaux, du pain, un certain nombre de sacs de pain, ainsi qu'il est
19 question dans l'ordre de jus, de boisson, de jus de fruits. Est-ce que vous
20 -- je voudrais que vous confirmiez ceci, que ceci a, effectivement, été
21 placé sur votre véhicule, à savoir les jus de fruit, la pâtisserie, le
22 pain, et les sacs de pain; est-ce exact ?
23 R. Je vais vous le redire. Dans la camionnette, on disait qu'il y avait
24 donc trois cageots ou caisses de différents types de petits pains, des
25 petits pains différents types et de pâtisserie, des croissants, des
26 biscuits et deux sacs en papier de ceux qui sont utilisés par les
27 boulangers. C'était donc rempli de pain. C'est ce que j'ai déclaré, c'est
28 ce qui est écrit ici.
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1 Q. Vous confirmez qu'il y avait également des jus de fruits ici ?
2 R. Oui, bien sûr. Des jus, de l'eau minérale, il y avait trois caisses de
3 cela seulement, puis trois caisses de pâtisserie ou de petits pains et deux
4 sacs en papier contenant du pain.
5 Q. Je voudrais simplement vous poser une question pour que vous confirmiez
6 un élément concernant le véhicule. Je vais maintenant passer à cette
7 question, quand vous avez ramené le véhicule ce soir-là, nous avons pu
8 confirmer un peu plus tôt que c'était à 1 heure du matin. Vous avez
9 confirmé dans votre déposition d'aujourd'hui que vous aviez rencontré
10 Pantic à cette occasion; est-ce exact ?
11 R. Quant à savoir que si c'était Pantic ou le collègue qui le remplaçait,
12 qui s'appelait Miso, je ne me rappelle même pas son nom de famille, mais je
13 le savais et j'ai dû donner pour tous les documents à Miso quelque chose --
14 enfin, l'un des deux.
15 Q. Témoin, dans votre déclaration, je voudrais qu'on se centre sur le
16 paragraphe 33 de la déclaration. Vous avez dit, en ce sens aujourd'hui, que
17 vous aviez ramené le véhicule et l'a rendu à Pantic après être allé à
18 l'hôpital de Zvornik. Est-ce que vous modifiez votre déposition ou est-ce
19 que vous donnez à votre déclaration comme vous l'avez dit plus tôt à chaque
20 mot que vous avez dit dans votre déclaration de 2005 comme étant exact,
21 comme étant véridique ?
22 R. Vous dites que j'ai rendu le véhicule à Pantic, et qu'ensuite, je suis
23 allé à l'hôpital. Ce n'est pas logique. Je suis d'abord allé à l'hôpital
24 avec cet enfant, j'ai achevé tout ce qui avait à y faire, puis j'ai ramené
25 le véhicule. Le véhicule devait être lavé. J'ai garé, et ensuite, je suis
26 parti.
27 Q. Ma question n'est pas cela. Ma question est : vous avez rendu le
28 véhicule et vous avez eu une conversation avec Pantic en parlant de prendre
Page 7626
1 quelques jours de congé, comme vous nous l'avez aujourd'hui; est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Maintenant, Témoin, j'ai des renseignements qui indiquent que Pantic
4 n'était pas à Zvornik, à partir du 11 jusqu'au 15 juillet. Il était absent
5 du quartier général et il avait obtenu une permission ou un congé ou du
6 temps libre. Je vous dis qu'il n'était possible que Pantic vous donne un
7 ordre de vous rendre à Orahovac ce jour-là.
8 R. Bien, savez-vous, je viens de le dire, il y a un instant, ceci figure
9 également dans ma déclaration. Il y avait Miso ou Pantic qui était là. Il
10 faisait ce travail tous les deux, mais à chacun leur tour. Je ne sais pas.
11 L'un travaillait le matin et l'autre plus tard. Pantic était le chef des
12 transports, et si Pantic n'était pas là, alors c'était Miso qui prenait sa
13 place. Maintenant je ne peux pas me rappeler si ce jour-là c'était Pantic
14 ou Miso. Est-ce que c'est important ?
15 Q. Bien, vous avez dit que tous les mots que vous aviez prononcés pour la
16 déclaration de 2005 étaient exacts. Ceci est indiqué dans votre déclaration
17 et aujourd'hui aussi vous l'avez dit ceci sous serment dans votre
18 déposition. Je pense que c'était effectivement très important. Vous dites
19 que c'était Pantic. Est-ce que vous modifiez votre déposition ? Est-ce que
20 vous dites que vous n'avez pas dit la vérité dans votre déclaration
21 maintenant ?
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense qu'il a répondu à cette question.
24 Je crois que vraiment on est revenu sur cette question de façon -- on a
25 beaucoup discuté de cette question.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, laissez-le répondre à cette
27 question. C'est une question importante.
28 M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien. Je voudrais également savoir
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1 quelle est cette information normalement cela devrait être présenté au
2 témoin.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Laissez-lui répondre à la question. On
4 vous dit que bien que -- quand vous avez fait votre déclaration en novembre
5 2005, vous étiez tout à fait catégorique et vous disiez clairement que
6 c'était en l'occurrence Pantic à qui vous aviez parlé après être revenu de
7 l'hôpital. Maintenant vous n'êtes pas sûr et vous modifiez votre déposition
8 en ce sens que cela aurait pu être l'un Miso ou l'autre; est-ce exact ?
9 Bien, la question de savoir qui vous a ordonné d'aller à Orahovac ? Je veux
10 dire c'est de cela qu'il est question. Vous êtes d'accord ? Vous avez dit
11 que vous étiez d'accord avec la proposition que je vous avais faite qui
12 était d'essayer de -- j'ai essayé de reformuler la question de Me Bourgon.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous dire. Au début de ma déposition,
14 j'ai dit quelles étaient mes tâches, qui était mon supérieur, Pantic, chef
15 de transport, et tout ce que j'ai dit le concernait parce qu'il était le
16 chef des transports. Maintenant, je ne vous ai pas dit qui étaient les
17 autres officiers qui s'occupaient de logistique, qui avaient envoyé des
18 gens à tels endroits ici et là, je ne peux pas me rappeler si c'était
19 Pantic ce jour-là. Si ce n'était pas Pantic, c'était Miso. Je n'arrive pas
20 à me rappeler son nom de famille. Ces deux-là c'étaient les deux les plus
21 importants pour la question des transports. C'étaient ceux qui donnaient
22 des ordres, pas seulement à moi mais à tous les autres chauffeurs aussi.
23 J'ai mentionné Pantic seulement parce que Pantic était le chef.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Vous avez aussi dit plus tôt dans
25 votre déposition d'autres détails. Vous avez donné davantage de détail
26 concernant votre retour de l'hôpital parce que vous avez dit un peu plus
27 tôt que lorsque vous êtes retourné à la caserne depuis l'hôpital, là, vous
28 aviez rencontré Pantic qui ne savait rien de ce qui vous était arrivé, et
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1 vous lui avez demandé trois ou quatre jours de congé. Je comprends qu'il
2 vous les a accordés. Est-ce qu'en fait, vous confirmez ceci que la personne
3 que vous avez rencontrée après être revenu de l'hôpital de Zvornik et qui
4 vous a accordé les trois jours en question était, effectivement, Pantic ou
5 est-ce que cela aurait aussi pu être Miso ? C'est cela que nous voulons
6 savoir.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai fait une erreur pour ce qui est de --
8 pour l'ensemble vous savez qu'est-ce que c'est quand on est conducteur et
9 qu'on passe sa vie -- toute sa vie derrière un volant, je ne suis pas un
10 orateur formé à cela. J'aurais dû dire soit mon chef soit son adjoint, l'un
11 des deux. C'est cela que j'aurais dû dire tout le temps. Je ne l'ai pas
12 fait. Vous savez très bien qui était de service ce jour-là parce que vous,
13 vous pouvez retrouver leurs signatures dans différents carnets de bord ou
14 registres et document et ainsi de suite. Je ne sais pas dans quelle mesure
15 c'est important pour vous. Je ne veux pas mentir. Je ne veux blâmer
16 personne. Peut-être que ce n'était pas Pantic. En tout état de cause, il y
17 avait un chef qui était là. Il serait venu -- j'ai laissé le véhicule, j'ai
18 demandé quelques jours de congé. Si Pantic n'était pas là, alors c'était
19 l'autre qui était là. Celui qui le remplaçait. Personne d'autre ne faisait
20 ce travail si ce n'est ces deux-là.
21 M. BOURGON : [interprétation]
22 Q. Je vous remercie, Témoin. Je voudrais maintenant que vous regardiez le
23 document 3D79 et ma question est très directe. Pantic était le chef des
24 transports --
25 M. BOURGON : [interprétation] Excusez-moi, il faudrait que l'on présente le
26 document 1D217. 3D79 n'a pas encore été communiqué c'est le même document
27 qui a été communiqué par l'autre équipe. 1D217.
28 Q. Témoin, est-ce que vous savez que le chef de transport que vous avez vu
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1 tous les jours que sa mère était morte pendant cette période,
2 immédiatement, en juillet ?
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9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Madame la Greffière, s'il vous
10 plaît, pourriez-vous vous occuper de faire expurger ceci ? Je vous suggère,
11 les lignes 23 à 25 sur la page précédente, et 2 sur la page actuelle. Bien.
12 Poursuivez, Maître Bourgon.
13 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
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17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela s'appelle de passer la rhubarbe et
18 le céleri, mais non nous nous sommes pas en audience à huis clos partiel.
19 Nous sommes en audience publique. Allons en audience à huis clos partiel et
20 directement, et veuillez, s'il vous plaît, expurger les lignes 8 et 9, s'il
21 vous plaît, depuis la page 83. Je suggère que vous posiez à nouveau votre
22 question, s'il vous plaît.
23 [Audience à huis clos partiel]
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12 [Audience publique]
13 M. BOURGON : [interprétation]
14 Q. Premièrement, avant de passer à la personne suivante, je voudrais que
15 vous confirmiez si oui ou non l'Accusation -- parce que c'est une pièce à
16 conviction présentée par l'Accusation -- si ceci vous a été -- si on vous a
17 dit que Pantic était absent du quartier général du 10 au 15 juillet ? Est-
18 ce que ces renseignements vous ont été fournis par l'Accusation lorsque
19 vous leur avez dit que Pantic vous avait donné cet ordre ?
20 R. Non. L'Accusation, le bureau du Procureur ne m'a jamais dit que Pantic
21 n'était pas là. Nous n'avons pas parlé de la question de savoir s'il était
22 là ou pas. J'ai simplement dit que le chef du service des Transports, Miso,
23 le remplaçait. Si ce n'était pas Pantic, c'était Miso.
24 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Maintenant, vous avez dit --aujourd'hui,
25 dans votre déposition, vous avez parlé de Sreten Milosevic et vous avez
26 dit, en fait, qu'il était chargé de la logistique dans la Brigade de
27 Zvornik; est-ce exact ?
28 R. Oui.
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1 Q. Maintenant, Témoin, j'ai des renseignements selon lesquels -- enfin,
2 qui proviennent de Sreten Milosevic, renseignements qui me font suggérer la
3 proposition suivante : Milosevic fournit des renseignements. Je cite ces
4 renseignements qui sont disponibles pour la Défense pour l'entreposage de
5 l'armée et dans les stocks de vivres, il n'y a jamais eu de jus de fruits
6 en 1995 ? Alors, qui a raison ? Milosevic en ce qui concerne les jus de
7 fruits ou vous dites qu'il y avait des jus de fruits ou vous dites --
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez besoin de reformuler votre
9 question.
10 Oui, Monsieur Nicholls.
11 M. NICHOLLS : [interprétation] Cela n'est pas une question convenable. La
12 personne à qui il se réfère, ce n'est pas un problème pour lui faire une
13 proposition de ce genre, Monsieur le Président. Il faut que ce soit très
14 clair que les témoins ne doivent pas être opposés de cette manière, sur la
15 liste des témoins.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez besoin de reformuler votre
17 question.
18 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Me Bourgon va reformuler sa
20 question.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je répondre ? Ce n'est pas la peine. Je
22 peux répondre à haute voix, fort et clair.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Témoin.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Maître, j'ai emporté des jus de fruits et de
25 200 à 500 kilos de viande aux soldats pour les cuisines. D'où cela venait ?
26 Si cela venait d'un magasin, de personnes privées qui en avaient fait le
27 don, de façon à ce que cela serve à l'armée, cela ne m'intéressait pas. Ce
28 qui était chargé dans le véhicule, c'était à la caserne. Donc, cela a été
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1 chargé dans le véhicule à partir de la caserne, et parfois, je suis allé à
2 certains magasins parce qu'on m'a dit d'aller à tel magasin et de prendre
3 telle ou telle chose. Donc, je suis allé à -- chez tel boucher, puis j'ai
4 emporté ce qui m'était donné, les jus de fruits. Je n'ai pas assez
5 d'intérêt pour --
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il faut que nous arrêtions
7 là, Maître Bourgon, et nous reprendrons demain. Oui, je pense que l'on peut
8 escorter le témoin hors de la salle.
9 Témoin, nous vous reverrons demain matin et, un instant, s'il vous plaît.
10 Avant que vous ne quittiez la salle d'audience, puisque vous n'avez pas
11 terminé votre déposition, il est important que vous ne vous mettiez en
12 rapport avec personne, que vous ne permettiez à personne de se mettre en
13 rapport avec vous au sujet des questions sur lesquelles vous déposez
14 aujourd'hui, jusqu'à ce que vous ayez fini votre déposition. Je vous
15 remercie.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, alors, bon après-midi. Bonne
18 soirée pour le début et la fin, et nous nous verrons demain matin.
19 Oui, Monsieur Nicholls.
20 M. NICHOLLS : [interprétation] Juste si on pouvait me -- si
21 Me Bourgon pouvait me fournir la liste des documents qu'il a l'intention
22 d'utiliser pour le contre-interrogatoire, comme conformément à notre
23 pratique ou la pratique ici.
24 [Le témoin se retire]
25 M. NICHOLLS : [interprétation] On m'a fourni une liste, mais il n'y a rien
26 que des déclarations du témoin et des feuillets d'information.
27 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, excusez-moi, mais ceci
28 n'est pas exact. Ces documents ont été communiqués et l'Accusation a été
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1 informée du fait que ces documents seraient utilisés pour un contre-
2 interrogatoire.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, enfin, de toute manière --
4 M. BOURGON : [interprétation] Il faut que je dise à l'Accusation qu'avec le
5 P311, P [inaudible], ainsi qu'un document concernant le registre de
6 présences --
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il ne faut pas que nous prenions du
8 procès Prlic. Donc essayez d'échanger entre vous à ce sujet et on en
9 reparlera demain matin à 9 heures. Je vous remercie. Je lève la séance.
10 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le vendredi 23 février
11 2007, à 9 heures 00.
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