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1 Le vendredi 30 mars 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 [L'accusé Beara est absent]
6 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes, bienvenue.
8 Madame la Greffière, je vais vous demander de citer l'affaire inscrite au
9 rôle.
10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame et Messieurs les Juges.
11 Affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Je veux acter au compte rendu
13 d'audience que Beara est toujours indisposé. Il n'est pas ici aujourd'hui,
14 et je suppose que sa dispense s'applique aujourd'hui ?
15 M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, je lui parlé ce matin, mais je pense
16 qu'il y aura une deuxième dispense qui viendra ce matin. Il a donné son
17 accord pour que le procès se poursuive en son absence.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
19 Je vois que Me Meek est absent. C'est à peu près tout. Du côté du bureau du
20 Procureur, nous avons M. McCloskey, M. Nicholls, M. Thayer. Le témoin est
21 déjà installé dans la salle d'audience.
22 Vous l'aurez peut-être remarqué, le Juge Stole est absent aujourd'hui pour
23 des raisons d'ordre personnel, si bien que nous allons siéger en vertu de
24 l'article 15 bis.
25 Monsieur Thayer, vous avez la parole.
26 M. THAYER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, merci.
27 LE TÉMOIN: HAMDIJA TORLAK [Reprise]
28 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous savez que vous êtes toujours sous
4 le coup de la déclaration solennelle que vous avez faite hier, à savoir que
5 vous allez dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
6 Monsieur Thayer, vous avez la parole.
7 Interrogatoire principal par M. Thayer : [Suite]
8 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je voudrais que nous
9 parlions du mois de juillet 1995. Pourriez-vous nous donner un ordre
10 d'idées du nombre de Musulmans en âge de combattre qui se trouvaient à ce
11 moment-là dans la région de Zepa ?
12 R. En juillet 1995, si on parle d'hommes dans la classe d'âge entre 18 et
13 60, les hommes en âge de combattre, d'après les informations que j'ai,
14 après la situation qui régnait à ce moment-là, il y avait 1 200 hommes,
15 peut-être un peu plus.
16 Q. D'après vous, combien de ces hommes étaient armés à ce moment-là ?
17 R. Là non plus je n'ai pas de données précises. Il y avait entre 600 et
18 700 hommes armés.
19 Q. Le colonel Avdo Palic était leur commandement ?
20 R. C'est exact.
21 Q. Lorsque la zone protégée de Zepa a été créée en 1993, elle était censée
22 être démilitarisée, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Mais elle n'a pas été tout à fait démilitarisée, n'est-ce pas ?
25 R. A ma connaissance, la plupart des armes ont été restituées, mais étant
26 donné que beaucoup de ces armes étaient en fait la propriété privée de
27 certains individus, je suppose qu'il y en a qui ont été gardées et n'ont
28 pas été données à la base de la FORPRONU à Zepa. Ceci ne concernait que des
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1 armes d'infanterie légère.
2 Q. Est-ce que vous saviez, Monsieur, qu'il y avait des armes et des
3 munitions qui arrivaient dans l'enclave en dépit de l'accord portant sur la
4 démilitarisation ?
5 R. D'après ce que je sais, d'après les renseignements que j'ai reçus, au
6 cours du deuxième semestre de 1994, des armes et des munitions ont été
7 délivrées à Zepa par hélicoptère. Je n'ai pas d'informations quant aux
8 quantités concernées, ni non plus quant au type d'armes. Mais je suis au
9 courant de ce fait-là.
10 Q. Avant l'attaque de la VRS sur l'enclave de Srebrenica, est-ce que vous
11 avez appris qu'il y avait certaines opérations militaires qui avaient été
12 lancées par les hommes du commandant Palic ?
13 R. Oui, je suis au courant d'une opération. Je ne sais plus quelle était
14 la date exacte, mais je pense qu'ils ont intervenu mi-juin. Il y a eu une
15 attaque en dehors de la zone à l'extérieur de leur zone de Zepa.
16 Q. Est-ce que vous avez appris quel était l'objectif de cette opération
17 militaire ?
18 R. D'après ce que je sais, cette opération devait un peu alléger la
19 pression qui était exercée sur le champ de bataille de Sarajevo. A ma
20 connaissance, une action était entreprise pour essayer de lever le siège de
21 Sarajevo.
22 Q. Soyons un peu plus précis en ce qui concerne les événements qui ont
23 suivi la chute de Srebrenica. Est-ce que vous vous souvenez de la date à
24 laquelle l'enclave est tombée ?
25 R. Vous parlez de Srebrenica ?
26 Q. Oui.
27 R. Oui, je m'en souviens. Cela s'est passé le 12 juillet 1995.
28 Q. Est-ce que vous avez assisté à une réunion avec des officiers de la VRS
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1 peu de temps après cela ?
2 R. Oui.
3 Q. Je vais vous demander de décrire à l'attention des Juges comment cette
4 réunion d'abord a été convoquée, dans quelle circonstances elle l'a été, et
5 nous donner des détails quant à la réunion même.
6 R. Après la chute de Srebrenica, le 12 juillet 1995, dans la soirée et par
7 le truchement de la FORPRONU, plus exactement de M. Dudnik, je pense
8 qu'Avdo a été informé du fait que les Serbes étaient intéressés à l'idée
9 d'une discussion. Nous, en tant que présidence de Guerre, nous avons
10 essayé de nous mettre d'accord sur ce qu'il fallait faire ce soir-là. Nous
11 avons demandé au Grand état-major de l'ABiH de nous donner l'autorisation,
12 autorisation que nous avons également demandée aux dirigeants politiques de
13 Sarajevo, et nous avons marqué notre accord à l'idée de discussions avec le
14 camp serbe.
15 Q. Qu'est-ce que vous avez fait précisément ?
16 R. Il avait été convenu que c'était moi qui allais me rendre à la réunion,
17 et avec M. Mujo Omanovic. Cette réunion était censée se tenir et s'est tenu
18 d'ailleurs au poste de contrôle numéro 2, à Boksanica.
19 Nous sommes arrivés à Boksanica dans un véhicule de la FORPRONU, et le
20 général Tolimir Zdravko, Tolimir, était là pour nous accueillir du côté
21 serbe, et il y avait le commandant de la Brigade de Rogatica de l'armée de
22 la Republika Srpska. Je pense qu'il avait le grade de colonel. Il
23 s'appelait Rajko Pusic.
24 Q. Permettez-moi de vous interrompre, j'ai quelques questions de suivi. Je
25 constate que nous avons comme traduction pour le nom du général Rajko
26 Pusic. Est-ce que c'est le bon nom, Monsieur ?
27 R. Non. Ce n'est pas Pusic avec un P, mais Kusic avec un K.
28 Q. Donnez une idée, s'il vous plaît, aux Juges, de l'emplacement de cet
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1 endroit de Boksanica par rapport à la rue de Boksanica ?
2 R. Cela se trouve au sud de l'enclave de Zepa, dans la direction de
3 Rogatica.
4 Q. Vous avez mentionné M. Omanovic, est-ce qu'il avait un poste
5 particulier ?
6 R. Je pense qu'il avait un poste au conseil exécutif dans un des organes,
7 mais je ne me souviens exactement. Je pense qu'il exerçait certaines
8 fonctions, mais ce n'était pas des fonctions élevées. C'était un homme de
9 la région de Zepa.
10 Q. Je vais vous demander de poursuivre la description que vous faisiez de
11 cette réunion qui s'est tenue le 13 juillet.
12 R. Lors de cette réunion, le général Tolimir a plus ou moins dit que
13 Srebrenica était tombée et que maintenant c'était le tour de Zepa. Il a
14 proposé deux options : évacuation totale de toute la population, ou si nous
15 n'étions pas d'accord sur cette option-là, il proposait une solution
16 militaire.
17 Q. Est-ce que vous avez voulu poser des questions au général Tolimir pour
18 savoir ce qu'il entendait quand il parlait de toute la population ?
19 R. Oui, c'était la question-clé. Si je me souviens bien, j'ai demandé au
20 général Tolimir si les hommes âgés de 35 ans pouvaient monter dans un car
21 pour partir de l'enclave de Zepa avec les membres de sa famille. Le général
22 Tolimir a dit : "Mais oui, bien sûr."
23 Q. Comment d'après le général Tolimir était censé se produire le départ de
24 toute la population de Zepa ?
25 R. Pour autant que je m'en souvienne, on allait évacuer les gens par cars.
26 Ils partiraient de Zepa pour aller en territoire contrôlée par l'ABiH. Je
27 ne sais pas si on a mentionné tel ou tel endroit en particulier. Peut-être
28 a-t-on parlé d'Olovo ou de Kladanj.
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1 Q. Est-ce que vous vous souvenez s'il a fait la moindre référence à
2 Srebrenica ?
3 R. Je ne me souviens pas, si ne n'est qu'au début il a dit que Srebrenica
4 était tombée et que c'était maintenant le tour de Zepa. Il a été dit que
5 Zepa ne devait plus rester ce qu'elle avait été jusque-là.
6 Q. Est-ce que vous pourriez être plus clair ? Qu'est-ce que vous voulez
7 dire quand vous dites "qu'elle ne devait pas rester ce qu'elle avait été
8 jusque-là" ?
9 R. Elle avait un certain statut, c'était un lieu sûr, une zone protégée.
10 Q. Cette réunion, combien de temps a-t-elle duré d'après vous ?
11 R. Je ne me souviens pas exactement. Elle n'a pas duré très longtemps, 40
12 minutes à une heure. C'est une estimation, mais vous savez cela s'est passé
13 il y a longtemps. Je ne me souviens pas exactement.
14 Q. Qui est-ce qui a parlé le plus lors de cette réunion ?
15 R. C'est le général Zdravko Tolimir.
16 Q. Est-ce que vous avez été autorisé à répondre à cette réunion ?
17 R. Non, on n'a pas été autorisé à le faire. Nous avons été d'accord pour
18 voir ce qui était exact au juste et ce que proposait le camp serbe. J'ai
19 informé le général Tolimir de ce fait. Nous nous sommes mis d'accord pour
20 que M. Mujo Omanovic et moi, nous rentrions à Zepa. Cette proposition
21 allait être transmise à la présidence de Guerre de Zepa.
22 Q. Est-ce que vous avez effectivement rencontré la présidence de Guerre ?
23 R. Oui. A notre retour de la réunion, nous avons rencontré la présidence
24 de Guerre de Zepa. Nous avons transmis la demande qu'avait faite M.
25 Tolimir.
26 Q. Qu'avez-vous décidé de faire ?
27 R. Si je me souviens, la discussion fût longue. Au bout du compte, ma
28 proposition n'a pas été acceptée. Je ne me souviens pas de tous les
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1 détails. Les gens étaient un peu inquiets. Ils se demandaient si les
2 promesses faites par le général Tolimir allaient être tenues. Finalement,
3 le colonel Avdo Palic a transmis ces informations au commandant de la
4 FORPRONU. On a transmis que la proposition n'avait pas été acceptée. M.
5 Dudnik, qui était le commandant de la FORPRONU à Zepa, il est allé au poste
6 de contrôle numéro 2 pour informer le camp serbe de la décision.
7 Q. Merci, Monsieur. Revenons un peu dans le temps. Pourquoi est-ce que
8 vous avez refusé ? Est-ce que vous aviez quelques inquiétudes ? Est-ce que
9 vous aviez des doutes quant au fait que le général Tolimir tiendrait sa
10 promesse ou pas ?
11 R. Regardez, Srebrenica était tombée. La situation générale en Bosnie-
12 Herzégovine était telle que peu de gens avaient confiance dans les autres.
13 On ne croyait pas vraiment que les promesses seraient tenues. C'est un peu
14 le climat général qui régnait dans la population.
15 Q. A ce moment-là, est-ce que vous avez à Zepa reçu des rapports ou
16 entendu des rumeurs qui circulaient à propos de ce qui s'était passé à
17 Srebrenica ?
18 R. Le premier jour et le deuxième aussi je pense, nous n'avons reçu aucune
19 information. C'est seulement lorsque les gens ont commencé à rentrer. Ils
20 essayaient d'arriver à Kladanj. Ils n'y sont pas parvenus. C'est à ce
21 moment-là que des rumeurs ont commencé à circuler parmi la population de
22 Zepa. Je n'ai jamais eu l'occasion de parler directement aux gens de
23 Srebrenica, mais par l'intermédiaire d'autres personnes j'ai entendu parler
24 de ces événements. J'ai entendu dire qu'on avait essayé de passer de
25 Srebrenica à Kladanj ou à Olovo, ce qui encore exacerbait les peurs de la
26 population de Zepa. En ce qui concerne le 13 ou 14, aucune de ces personnes
27 n'était arrivée à Zepa.
28 Q. Vous avez fait part de la décision de la présidence de Guerre au
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1 colonel Dudnik. Quelle fut sa réaction à ce dernier ?
2 R. Oui, j'en ai entendu parler aussi. D'après ce qu'ont dit ceux qui
3 étaient présents, il semblait être assez apeuré. Il pensait que c'était une
4 décision erronée qui avait été prise et qu'on aurait dû accepter la demande
5 du général Tolimir.
6 Q. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
7 R. Des attaques militaires ont été déclenchées sur l'enclave de Zepa,
8 attaques de l'armée de la Republika Srpska, pilonnages et attaques
9 d'infanterie.
10 Q. Les obus ont touché quoi exactement, Monsieur ?
11 R. Si je me souviens bien, tout a été touché; les lignes de défense, les
12 maisons, les zones habitées, les villages. Tout a été pilonné.
13 Q. Ceci s'est poursuivi pendant combien de temps ?
14 R. Les attaques se sont poursuivies jusqu'au 19 juillet 1995.
15 Q. Où est-ce que vous étiez pendant toute cette période ?
16 R. J'étais dans le centre de Zepa la plupart du temps, sur le lieu de mon
17 travail. J'étais en contact avec la FORPRONU parce que c'était assez près
18 du quartier général de la FORPRONU à Zepa.
19 Q. Au cours de cette période, Monsieur, y avait-il une résistance armée de
20 la part des Musulmans de Zepa ?
21 R. Oui, la résistance avait été organisée.
22 Q. Au cours de cette période, quel rôle avez-vous joué ? Pourriez-vous le
23 décrire aux Juges de la Chambre ?
24 R. Il y avait une répartition des tâches au sein de la présidence de
25 Guerre. J'étais responsable des liaisons avec la FORPRONU. Au fil des
26 jours, j'ai dû également établir des contacts avec le camp serbe pour voir
27 comment nous pouvions évacuer certaines personnes et les sauver. J'étais en
28 contact permanent avec la FORPRONU, c'est-à-dire tous les jours.
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1 Q. Avez-vous assisté à une autre réunion, Monsieur ?
2 R. Oui. Le 19 juillet, le poste de contrôle de Boksanica a envoyé quelque
3 chose comme une convocation, cela venait du général Mladic - c'était pour
4 nous demander de venir négocier. Ceci a été fait par intermédiaire de la
5 radio de la FORPRONU.
6 Q. Qu'avez-vous fait ?
7 R. Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il fallait assister à cette
8 réunion. Moi-même et M. Benjamin Kulovac, nous sommes allés à cette
9 réunion.
10 Q. Qui est M. Kulovac, Monsieur ?
11 R. M. Kulovac est un médecin. Il est né à Zepa. Avant la guerre, il
12 exerçait et vivait à Rogatica. Avant la guerre, il est venu à Zepa où il
13 avait une maison, et c'est lui qui dirigeait l'hôpital. Il s'est occupé des
14 blessés et des personnes malades et toutes personnes qui avaient besoin de
15 soins médicaux. C'était un homme de la région.
16 Q. Savez-vous si, oui ou non, le général Mladic avait convoqué le colonel
17 Palic à cette réunion ?
18 R. Oui, c'est exact. Ceci était adressé au colonel Palic; telle était la
19 teneur de sa demande. Je ne sais pas si je me souviens de tout ceci
20 exactement. Je ne sais pas si Palic était là et s'il a assisté ou s'il se
21 trouvait à la base de la FORPRONU. Nous deux, qui avions été convoqués à
22 cette réunion en présence de Mladic, autrement dit moi-même et M. Kulovac,
23 on nous avait demandé de venir.
24 Q. Saviez-vous, Monsieur, si oui ou non le colonel Palic était inquiet et
25 hésitait peut-être à assister à des négociations en personne avec la VRS en
26 dehors du centre de Zepa ?
27 R. Je sais qu'il avait quelques préoccupations. En réalité, je ne sais pas
28 s'il était là lors de cette réunion en particulier. Lors des premières
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1 négociations en présence du général Tolimir, je sais qu'Avdo a dit qu'il
2 craignait de se rendre à cette réunion. C'est la raison pour laquelle moi-
3 même et M. Mujo Omanovic, on nous avait demandé d'aller à cette réunion.
4 Pour ce qui est de cette réunion avec le général Mladic, je ne me souviens
5 pas. Je ne sais pas s'il s'est trouvé sur la base de la FORPRONU lorsque
6 nous prenions nos dispositions pour partir.
7 Q. Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre qui du côté VRS était là ?
8 R. Pour autant que je m'en souvienne, ont assisté à cette réunion le
9 général Mladic, le général Tolimir, le colonel Rajko Kusic.
10 Q. Que s'est-il passé à cette première réunion ?
11 R. A cette première réunion, le général Mladic a stipulé quelles étaient
12 ces conditions portant sur la vocation de la population à Zepa. Il a dit
13 que ce sera fait dans cet ordre-là : On évacuera d'abord les blessés, les
14 femmes, les enfants, les personnes âgées. Pour ce qui est des hommes en âge
15 de porter les armes ou pour ce qui est des hommes valides, il souhaitait
16 que ces derniers déposent les armes et qu'ils se présentent à la base de la
17 FORPRONU, quelque chose comme cela. C'est ainsi que cette demande avait été
18 formulée. Ensuite, ils devaient être échangés contre les soldats serbes.
19 Donc telles étaient les conditions posées par le général Mladic dans les
20 grandes lignes.
21 Q. Est-ce qu'il vous a indiqué où, à quel endroit devait se rendre la
22 population civile ?
23 R. Pourriez-vous être plus précis ou en tout cas être un peu plus précis
24 au niveau de votre question.
25 Q. Est-ce que le général Mladic a indiqué à quel endroit devait être
26 transférée la population civile de Zepa ?
27 R. Oui, oui. Olovo et Kladanj étaient les deux endroits en question. C'est
28 à cet endroit-là que la population civile a été évacuée par la suite. Ce
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1 territoire était contrôlé par l'ABiH.
2 Q. Est-ce qu'il a dit quelque chose à propos de bus ?
3 R. Oui. Pour autant que je m'en souvienne, il a dit que c'est lui qui
4 mettrait ces autobus à disposition de la population civile pour qu'elle
5 puisse être transportée le lendemain. Je crois que les choses se sont
6 passées ainsi.
7 Q. Qu'avez-vous fait après cette réunion ?
8 R. Après cette réunion, nous sommes retournés à Zepa, et à ce moment-là,
9 nous nous sommes rendu compte du fait que nous ne pouvions rien faire de
10 plus et que nous devions accepter l'évacuation de la population civile.
11 Donc, entre ce jour-là et la date du 27 juillet, la vraie question qui se
12 posait à nous c'était le sort réservé aux hommes en âge de porter les
13 armes.
14 Nous sommes retournés à Zepa, et nous avons pris contact immédiatement avec
15 les dirigeants, à savoir les dirigeants politiques de la République de
16 Bosnie-Herzégovine à l'époque. Ces personnes étaient à Sarajevo. Nous leur
17 avons retransmis les exigences de Mladic, et pour ce qui est de trouver un
18 moyen qui permettrait l'échange des soldats ou des hommes en âge de porter
19 les armes de Zepa et permettre l'échange avec les soldats serbes capturés.
20 Les hommes de porter les armes à Zepa n'étaient pas censés se rendre à la
21 FORPRONU. On devait, au contraire, les faire sortir de l'enclave par
22 hélicoptère pour qu'ils soient échangés avec les soldats serbes qui avaient
23 été capturés.
24 Q. Après cette réunion qui a eu lieu le 19 juillet, vous souvenez-vous de
25 la réponse, pour autant qu'il y en ait eu une, des dirigeants de Zepa;
26 quelle réponse ont donné les dirigeants de Zepa aux membres de la VRS ?
27 R. Je ne me souviens pas très bien, et je ne pense pas qu'il y ait eu des
28 réponses écrites ou orales, en tout cas, pas à ma connaissance, mais
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1 c'était une tactique qui consistait à retarder les choses et qui ne
2 permettait pas les conditions requises pour évacuer la population, comme
3 l'avait demandé le général Mladic, ce qui a été interprété par eux ou par
4 les Serbes comme un refus de notre part de leur proposition. Mais à
5 l'époque, les Serbes n'ont pas tellement avancé sur le terrain, et les
6 lignes de front qui avaient été établies au début, à partir du 13 juillet,
7 sont restées sensiblement les mêmes. Ensuite, les attaques se sont
8 poursuivies.
9 Q. Vous dites, en somme, simplement pour que les choses soient bien
10 claires, que les attaques se sont poursuivies après le 19; c'est cela ?
11 R. Oui, oui. Peut-être que les attaques se sont même intensifiées à
12 certains endroits, peut-être qu'elles étaient plus violentes qu'avant.
13 Q. Savez-vous combien de temps ont duré ces attaques environ ?
14 R. Cette attaque a duré trois ou quatre jours, donc l'attaque qui a suivi.
15 Q. Encore une fois, qu'est-ce qui a été touché au cours de cette attaque ?
16 R. Des maisons familiales, des appartements étaient pris pour cibles,
17 ainsi que des lignes et positions tenues par des soldats. J'ai même vu qu'à
18 un moment donné, je ne sais pas exactement quel jour c'était, j'ai vu que
19 le QG de la FORPRONU à Zepa avait été touché. C'étaient des balles
20 incendiaires qui avaient touché le toit du bâtiment de l'école où la
21 FORPRONU avait installé son QG.
22 Q. Je souhaite maintenant que vous vous reportiez à la date du 24 juillet,
23 s'il vous plaît, Monsieur. Avez-vous assisté à une troisième réunion ?
24 R. Oui. J'ai assisté à la troisième réunion également. Cette fois-ci
25 j'étais tout seul.
26 Q. Pourriez-vous décrire aux Juges de la Chambre cette réunion, comment
27 elle avait été organisée et ce qui s'est passé à cette réunion ?
28 R. Vers le 23, Brezova Ravan qui était le point culminant qui permettait
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1 de défendre la ville de Zepa est tombée. L'armée de la Republika Srpska a,
2 en somme, établi de nouvelles lignes qui étaient très près de Zepa, et en
3 termes militaires, il était devenu impossible de défendre le centre de
4 Zepa. Une demande avait été faite aux fins de renouer les négociations par
5 l'intermédiaire de la FORPRONU. Ceci a été transmis au général Mladic, et
6 toutes les attaques le long de la ligne de front ont cessé au cours de
7 cette période. Mais ce jour-là, j'ai assisté aux négociations seul.
8 Q. Qui était là du côté de la VRS ?
9 R. La VRS était encore une fois représentée par le général Mladic, le
10 général Tolimir, pour autant que je m'en souvienne. Je crois que le colonel
11 Rajko Kusic était également là, et quelques autres officiers que je ne
12 connaissais pas. Je ne les avais jamais vus auparavant, je ne les avais
13 jamais rencontrés lors de réunions qui avaient précédées celle-ci.
14 Q. Pourriez-vous me dire ce qui s'est passé ?
15 R. Je suis arrivé au même poste de contrôle que celui que j'avais déjà
16 passé à deux reprises, c'était un poste de contrôle de la FORPRONU, et là
17 autour de la table - en réalité tout ceci s'est passé à l'extérieur - ceci
18 ne s'est pas passé à l'intérieur d'un quelconque bâtiment. Il y avait les
19 tables et il y avait des feuilles de papier sur la table. Le général Mladic
20 était assis de l'autre côté. Il était très en colère et blême. Il a dit que
21 je devais signer cette feuille de papier et qu'il n'y avait pas d'autre
22 solution. Je ne me souviens pas de tous les détails car j'étais assez
23 énervé.
24 J'ai lu ce qu'il y avait sur cette feuille. Il y avait deux
25 exigences-clés qui figuraient sur ce document, à savoir l'évacuation de la
26 population et la reddition des hommes en âge de porter les armes. Quant à
27 savoir si ces hommes devaient se rendre d'abord à la FORPRONU, s'ils
28 devaient se rendre directement à l'armée de la Republika Srpska, je ne me
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1 souviens pas de cela. Mais je dis que je n'avais aucun pouvoir et que je ne
2 pouvais pas signer au nom de l'armée. Je ne me souviens pas de tous les
3 détails. Nous, notre objectif était de commencer l'évacuation de la
4 population, car il était devenu impossible de défendre la région et la
5 population s'était déjà retirée dans les montagnes.
6 J'ai signé ce document.
7 Q. Bien. Monsieur, lorsque cette réunion a eu lieu le 24, de quel élément
8 disposiez-vous, pour autant que vous en ayez, sur les événements qui se
9 sont déroulés après la chute de Srebrenica ?
10 R. Bien, oui. Il y avait des rumeurs qui avaient commencé à circuler déjà
11 venant des personnes qui avaient vécu ces événements terribles comme ils
12 les décrivaient. Je ne me souviens pas de tous les détails, mais j'ai
13 entendu certains de ces récits. Les gens de Zepa avaient encore plus peur.
14 L'atmosphère, de façon générale, était une atmosphère empreinte de peur,
15 voire de panique au sein de la population. Les gens ne savaient pas quoi
16 faire.
17 Q. Monsieur, regardons maintenant cet accord, si vous voulez, accord que
18 vous avez signé.
19 M. THAYER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir la pièce
20 60D00030 [comme interprété] affichée à l'écran, s'il vous plaît. Est-ce que
21 nous pourrions avoir la traduction anglaise, s'il vous plaît. Est-ce que
22 nous pouvons la placer sur le rétroprojecteur également, s'il vous plaît.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quel est le problème ?
24 M. THAYER : [interprétation] Il semble que nous ne pouvons pas avoir un
25 écran double et avoir à la fois l'anglais et le B/C/S en même temps.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. D'accord, pas de problème.
27 Affichons, s'il vous plaît, la version en anglais.
28 M. THAYER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons remonter un peu le
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1 document à l'écran, s'il vous plaît, de façon à montrer… Q. Monsieur,
2 voyez-vous ce document à l'écran devant vous ?
3 R. Oui, je le vois. Est-ce que nous regardons la version anglaise ou -
4 oui, je vois la traduction également.
5 Q. Reconnaissez-vous ce document, Monsieur ?
6 R. Je crois que oui, parce qu'on m'a remis un exemplaire après la
7 signature, mais je ne me souviens pas de ce qui est advenu de ce document.
8 Je ne sais pas si je l'ai remis à quelqu'un à la présidence de Guerre à
9 Zepa.
10 Q. Est-il exact de dire que depuis ce jour-là vous n'avez pas vu
11 l'original de ce document signé ? Est-ce exact ?
12 R. Oui.
13 Q. Bien. Est-ce que ceci semble être une traduction exacte de cet accord
14 ou une photocopie qui correspond au document ?
15 R. C'est difficile à dire. J'y vois les points-clés, mais je ne sais pas
16 si les corrections y ont été apportées. Je ne peux pas vous répondre sans
17 regarder l'original.
18 Q. Bien. Je souhaite maintenant vous demander de vous reporter au
19 paragraphe 7 de ce document, s'il vous plaît. Je vous demande de bien
20 vouloir regarder cela.
21 M. THAYER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir un écran double
22 et avoir le B/C/S en regard avec l'anglais ?
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que cela pose problème, Madame
24 la Greffière. Je crois bien qu'il serait préférable d'utiliser le
25 rétroprojecteur.
26 M. THAYER : [interprétation] Nous allons donc simplement traiter une page à
27 la fois.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît.
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1 M. THAYER : [interprétation]
2 Q. Monsieur, le paragraphe 7 est un paragraphe assez court. Le paragraphe
3 7 dans le texte anglais commence par ce qui suit : "Les civils de Zepa
4 devront avoir le libre choix de leur lieu de résidence et d'habitation
5 conformément aux conventions de Genève du 12 août 1949 et des Protocoles
6 additionnels de 1977."
7 Monsieur, compte tenu de cette réunion que vous avez eue avec le général
8 Mladic, est-ce que ceci est vrai, autrement dit, les civils de Zepa
9 devraient avoir la liberté de choisir leur lieu de résidence et
10 d'habitation, conformément aux conventions de Genève ?
11 R. Ceci n'a pas du tout été évoqué au fil des discussions, puisque
12 personne n'a évoqué cette possibilité. Je dois dire que l'atmosphère était
13 assez particulière au sein de la population de Zepa. Il y avait cette peur.
14 Ce paragraphe a été mis sur le papier. A ce moment-là, cela ne voulait pas
15 vraiment dire grand-chose.
16 Q. Je crois que nous en avons terminé avec ce document pour l'instant.
17 M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur l'Huissier.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je souhaite -- pardonnez-moi. Dans ce
20 document, mon nom n'a pas été épelé correctement. Je ne vais pas citer mon
21 nom. Mon prénom est mal orthographié au niveau de l'intitulé. Dans le corps
22 du texte, mon nom de famille est mal orthographié. Je souhaitais simplement
23 que ceci soit indiqué au compte rendu d'audience.
24 M. THAYER : [interprétation]
25 Q. Merci pour cette précision, Monsieur le Témoin.
26 Pendant cette réunion du 24 juillet, le général Mladic vous a-t-il
27 dit quelque chose quant à la façon dont les événements allaient se
28 dérouler, plus particulièrement lorsqu'il a été question de votre rôle ?
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1 R. Oui. Il m'a dit quelque chose qui n'est pas évoqué dans ce document,
2 c'est que l'ensemble de l'opération qui consiste à évacuer la population de
3 Zepa, que cette opération serait menée par le général Tolimir avec Avdo
4 Palic, c'était un colonel, et qu'eux se trouveraient au centre de Zepa. Ils
5 allaient rassembler la population afin de pouvoir assurer son transport.
6 Pour ce qui est de la sécurité de la vie du général Tolimir qui allait se
7 trouver ce jour-là à Zepa, je devais me rendre au point de contrôle 2. Je
8 devais passer tout mon temps là-bas, sur ce point de contrôle.
9 Q. Avec toutes les avancées militaires que la VRS avait faites à ce
10 moment-là, pourquoi est-ce que le général Tolimir avait besoin de toutes
11 ces garanties ?
12 R. Je dois vous dire ceci. Le 24, il y a eu un cessez-le-feu. L'armée de
13 la VRS, selon mes connaissances, n'était pas entrée au centre de Zepa. Cela
14 veut dire qu'il y avait une zone dans laquelle il n'y avait pas de soldats
15 de la VRS. L'arrivée jusqu'au centre de Zepa voulait dire un passage par un
16 territoire qui n'était pas sous le contrôle de la VRS. C'est la raison pour
17 laquelle les choses avaient été présentées de cette façon-là.
18 Q. Qu'avez-vous fait ensuite, Monsieur ?
19 R. Je suis retourné à Zepa, j'ai transmis le message à la présidence de
20 Guerre. Je crois que pendant la soirée, nous avons eu d'autres contacts
21 avec les dirigeants politiques de la République de Bosnie-Herzégovine à
22 Sarajevo. Je ne sais plus comment les événements se sont déroulés
23 exactement, ce qui a été dit ensuite exactement. On a convenu qu'il y
24 aurait une évacuation de la population civile. Les gens qui voulaient se
25 présenter, le 25 juillet, au centre de Zepa pouvaient le faire afin de
26 donner leurs noms avant de monter à bord des autocars pour être transporter
27 sur le territoire à l'extérieur de Zepa, à Kladanj. Je ne sais plus où on
28 m'avait dit exactement, ou peut-être Olovo.
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1 Q. Maintenant, vous avez dit que l'une des conditions que le général avait
2 stipulée, c'est que les blessés allaient être évacués d'abord. Est-ce que
3 vous avez pris des mesures afin d'assurer ceci lorsque vous êtes retourné à
4 Zepa ?
5 R. Oui. J'ai transmis le message à M. Benjamin Kulovac, qui était médecin.
6 Je crois que le lendemain matin, dès la matinée, il avait organisé le
7 transport des blessés qui ne trouvaient pas au centre de Zepa. Il y avait
8 une sorte d'antenne médicale à Zepa. C'était un bâtiment du dispensaire.
9 Ces blessés se trouvaient à l'extérieur du centre de Zepa dans un village,
10 et ce, dans une maison qui était un peu à l'écart des feux d'artillerie.
11 Q. Pouvez-vous nous dire pourquoi cet hôpital se trouvait à l'extérieur du
12 centre de la ville ?
13 R. C'est parce que le centre-ville avait été pilonné. Il était impossible
14 de passer par le centre de façon normale. Il aurait été impossible d'avoir
15 des contacts avec les blessés, s'ils avaient été placés au centre.
16 Q. Est-ce que vous savez à quel moment l'hôpital a été transféré à
17 l'extérieur de la ville ?
18 R. Je ne me souviens pas de la date exacte. Cela concordait possiblement
19 avec la chute de Srebrenica. Soit le 13 ou le 14 juillet.
20 Q. Cela nous amène au 25 juillet. Est-ce que vous pourriez expliquer aux
21 Juges de la Chambre ce qui s'est passé ce jour-là ?
22 R. Ce jour-là, si je me souviens bien, j'étais présent et le général
23 Tolimir était venu accompagner de deux officiers ou de deux soldats pour
24 représenter le côté serbe. Ensuite, il y avait également une équipe de la
25 Croix-Rouge internationale sur les lieux. Tous ces détails techniques
26 étaient convenus entre le général Palic et le colonel Tolimir. Les premiers
27 autocars sont arrivés ce jour-là. Il était vers midi, et l'évacuation a
28 commencé.
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1 Donc, toute la population qui montait à bord des autocars donnait
2 leurs noms et leurs prénoms. Il y avait une liste, et je présume que cette
3 liste avait été remise aux membres de la Croix-Rouge internationale et
4 l'équipe qui était là sur place, mais je n'ai pas participé à la prise des
5 noms.
6 Q. Monsieur, dites-nous, est-ce que vous avez vu le général Tolimir et le
7 colonel Palic se déplacer librement dans le centre-ville de Zepa ?
8 R. Oui, je les ai vus à plusieurs reprises.
9 Q. Est-ce qu'ils sont partis avec l'un des convois le 25 ?
10 R. Oui. C'était le dernier convoi qui avait été organisé pour la journée.
11 A bord de ce convoi ou avec ce convoi, le colonel Palic avait placé à bord
12 de ce dernier autocar sa famille, sa femme et ses enfants, et d'après mes
13 connaissances, il était la personne qui escortait le convoi jusqu'à
14 Kladanj, ensuite le lendemain, il retournait à Zepa.
15 Q. Qu'en est-il du général Tolimir ? Est-ce que vous savez de quelle façon
16 il est parti ? Faisait-il partie de ce convoi ?
17 R. Oui. Le général Tolimir, accompagné du colonel Avdic, est sorti de Zepa
18 avec le même convoi. C'était déjà presque la nuit. En fait, il faisait déjà
19 nuit, et c'était à la tombée de la nuit qu'il est sorti avec le même
20 convoi. Le colonel Avdic est peut-être monté à bord du véhicule du général
21 Tolimir, véhicule personnel du général Tolimir, ou tout du moins ils
22 étaient ensemble lorsqu'ils sont sortis de Zepa.
23 Q. De quel type de véhicule s'agit il ?
24 R. Je crois que c'était un blindé. Ce n'était pas un blindé transport de
25 troupes. Ce n'était pas un blindé lourd. Je crois que c'était une sorte de
26 véhicule blindé.
27 Q. Dans le compte rendu d'audience on lit à plusieurs reprises le nom du
28 colonel Avdic. Est-ce que vous faites référence au colonel Palic par
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1 hasard ?
2 R. Oui, oui, oui. Je suis vraiment désolé, c'est une erreur. Oui, oui,
3 c'était le colonel Avdo Palic. Je me suis peut-être trompé. Je suis désolé.
4 J'ai fait une inversion.
5 Q. D'accord. Maintenant, permettez-moi de vous poser d'autres questions
6 précises nous permettant de comprendre ce que vous avez vu à bord de ces
7 convois le 25. Est-ce que vous vous souvenez si vous avez vu des soldats de
8 la VRS qui ont prêté main-forte ou qui ont pris part à ces convois le 25 ?
9 R. Vous parlez du centre-ville de Zepa ?
10 Q. Oui.
11 R. Je ne me souviens pas. En ait, je me souviens seulement de personnes
12 qui accompagnaient le général Tolimir. Si je me souviens bien, ces
13 personnes portaient un uniforme de la VRS. Je ne sais pas s'ils étaient là
14 pour aider, faciliter le déplacement. Je ne me souviens pas. Je n'ai pas en
15 fait participé personnellement à tout ce processus qui visait à préparer la
16 population à l'évacuation.
17 Q. Fort bien. Maintenant, le 25, vous souvenez-vous si vous avez vu des
18 soldats de la FORPRONU ayant pris part à ces transports de personnes ?
19 R. Je crois que oui. Ils étaient là.
20 Q. Monsieur, est-ce que vous avez vu s'il y a eu quelque mauvais
21 traitement que ce soit réservé à la population musulmane qui montait à bord
22 de ces véhicules ?
23 R. Non, il n'y a pas eu de mauvais traitement, seulement que le fait même
24 d'avoir voulu monter avant la personne qui était derrière, enfin il y a eu
25 des gens qui se poussaient un peu, mais il n'y a pas eu de mauvais
26 traitement, d'abus de quelque sorte que ce soit.
27 Q. Qui a fourni ces véhicules ? Dites-nous si vous pouvez décrire de
28 quelle type de véhicule il s'agit ?
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1 R. Les véhicules pour l'évacuation avaient été assurés par le général
2 Mladic. L'évacuation avait été faite de la façon suivante : pour ce qui est
3 du type d'un véhicule de Zepa à Boksanica - Boksanica est un point de
4 contrôle en direction de Rogatica - le transport avait été fait par
5 autocars et par des camions non bâchés. Maintenant, une fois rendu à
6 Boksanica, les gens qui se trouvaient à bord de ces camions ouverts non
7 bâchés étaient placés à l'intérieur des autocars, ce qui permettait
8 l'évacuation depuis Boksanica en direction de Kladanj, à bord des autocars.
9 Q. Le 25, est-ce que vous avez pris part à une autre réunion ?
10 R. Oui. Dans l'après-midi, j'ai rencontré de nouveau le général Mladic, et
11 c'était à Brezova Ravan. Donc, c'est un endroit qui est plus près de Zepa.
12 Q. Que s'est-il passé dans cette réunion ?
13 R. Rien de particulier, si ma mémoire est bonne. On a parlé quelque peu de
14 l'évacuation, ensuite, je suis retourné à Zepa.
15 Q. Vous souvenez-vous d'avoir rencontré le général Rupert Smith le 25 ?
16 R. Oui. Oui, je me souviens qu'il y a eu deux réunions. Je me souviens
17 très bien de l'une des réunions à laquelle a assisté le général Rupert
18 Smith. C'était à Boksanica. Donc, c'était ce même endroit où on s'était
19 réunis une fois auparavant.
20 M. THAYER : [interprétation] Fort bien. Maintenant, pourrait-on montrer au
21 témoin une carte qui porte la cote P02493. Je ne sais pas s'il est possible
22 de réduire cette carte pour la présenter sur le prétoire électronique. Nous
23 pouvons placer une copie sur le rétroprojecteur s'il nous faut employer ce
24 moyen technique-là.
25 Q. Monsieur, est-ce que vous pouvez voir la carte ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous avez vu clair de la carte ou est-ce que vous aimeriez
28 voir la carte sur le rétroprojecteur ?
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1 M. THAYER : [interprétation] En fait, j'aimerais savoir s'il y a des
2 personnes qui ont du mal à lire à la carte.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est assez difficile de distinguer les
4 noms, les toponymes. Mais c'est un peu mieux comme cela après avoir fait
5 cet agrandi [phon], c'est mieux.
6 M. THAYER : [interprétation] Très bien.
7 Q. Monsieur, est-ce que vous reconnaissez la région qui est montrée sur
8 cette carte ?
9 R. Oui.
10 Q. D'accord. Maintenant, permettez-moi de vous demander d'indiquer deux
11 endroits avec le stylet, et ce, avec l'aide de
12 M. l'Huissier.
13 R. [aucune interprétation]
14 Q. Est-ce que vous voyez cet endroit qui s'appelle Brezova Ravan ?
15 R. Oui.
16 Q. Avant d'indiquer quoi que ce soit, j'aimerais vous demander si vous
17 vous souvenez si c'était bien là que la réunion avec le général Mladic a eu
18 lieu le 25 juillet; et si oui, alors indiquez-nous-le sur cette carte.
19 R. Je crois que c'était ici, environ ici.
20 Q. Très bien. Pourriez-vous, je vous prie, faire un X à côté de l'endroit.
21 R. [Le témoin s'exécute]
22 Q. Il faudra peut-être déplacer l'image quelque peu. Je vous demanderais
23 également de nous indiquer l'endroit Boksanica. Vous nous avez parlé des
24 réunions du point de contrôle de Boksanica, je vous demanderais donc de
25 nous l'indiquer.
26 R. Oui, oui. Je crois que c'est ici. Voilà la sortie. Alors, ce serait
27 environ ici. Voilà, c'était le point de contrôle. Voici Boksanica et le
28 point de contrôle était situé ici, donc à la sortie même de la pente sur un
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1 plateau. C'est là que se trouvent Boksanica et ce point de contrôle.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, je vous prie. Monsieur le
3 Témoin, à la droite de l'endroit où vous avez indiqué un X près de Brezova
4 Ravan, pourriez-vous, je vous prie, mettre les initiales RM.
5 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A la droite du cercle que vous avez
7 tracé, pourriez-vous, je vous prie, mettre les initiales BCP.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] BCP.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est cela.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] [Le témoin s'exécute] Excusez-moi.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, non. Ne vous inquiétez pas. Tout
12 va bien.
13 M. THAYER : [interprétation]
14 Q. La ligne en pointillé sur laquelle vous avez tracé un cercle qui
15 indique le point de contrôle de Boksanica, pourriez-vous, je vous prie,
16 nous indiquer ce que représente cette ligne en pointillé qui va de Brezova
17 Ravan jusqu'à ce point de contrôle.
18 R. C'est une route locale, et c'est en empruntant cette route-là que l'on
19 peut se rendre en voiture à ces endroits-là. Entre autres, cela faisait
20 partie de la route par laquelle la population avait été évacuée.
21 Q. Très bien. Je vous remercie. Pourriez-vous, je vous prie, mettre la
22 date d'aujourd'hui quelque part.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, je vous prie. Ce document
24 ne sera pas diffusé. Le témoin va mettre sa signature. A partir de
25 maintenant, vous ne pouvez pas diffuser cette carte. On va demander au
26 témoin de signer et de mettre la date.
27 Donc dans un coin - je vous propose peut-être dans le coin inférieur
28 droit - vous pourriez signer votre nom, Monsieur le Témoin, et indiquer
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1 également la date d'aujourd'hui.
2 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]
3 M. THAYER : [interprétation] Merci.
4 Je crois que ce document pourra être sauvegardé. Maintenant nous
5 pouvons passer à la question suivante.
6 Q. Monsieur, cela nous emmène au 26 juillet. Est-ce que vous
7 pourriez nous dire ce qui s'est passé ce jour-là ?
8 R. Le 26 juillet dans la matinée, le colonel Avdo Palic est venu me voir.
9 Il m'a dit qu'à son retour de Kladanj où il avait évacué sa famille, il a
10 brièvement rencontré le général Mladic à Boksanica, et que Mladic avait
11 demandé que, selon une demande faite préalablement, je me rende au point de
12 contrôle numéro 2 pour assurer la vie du général Tolimir qui, ce jour-là,
13 avait continué ces activités d'évacuation de la population de Zepa. Je
14 devais être là en tant que garantie.
15 Donc je suis allé avec le premier convoi à Boksanica, et j'y suis
16 resté deux jours ou jusqu'à la fin de la journée du 27 juillet.
17 Q. Maintenant, avant de quitter Zepa pour vous rendre à Boksanica, est-ce
18 que vous pourriez décrire aux Juges de la Chambre ce qui se passait
19 s'agissant de la population civile dans le secteur de Zepa, et dites-nous
20 ce que vous avez vu dans la ville même de Zepa ?
21 R. La population civile ne s'est pas présentée en très grand nombre le 25.
22 Depuis les montagnes, ils se sont plutôt rendus au centre de Zepa en
23 descendant les montagnes. Ils suivaient les événements des montagnes. Le
24 26, avant que je ne parte pour Boksanica, un plus grand nombre d'habitants
25 de Zepa a pris des biens personnels, ce dont ils avaient besoin, et ils se
26 sont présentés pour prendre part à l'évacuation. Ils avaient placé leurs
27 biens personnels dans des sacs. C'était plutôt pénible de voir ces gens
28 s'entasser comme cela.
Page 9745
1 Ils voulaient tous partir le plus tôt possible, c'était le 26.
2 Q. Avant de se rassembler au centre de Zepa, où était la population civile
3 pendant les jours qui avaient précédé ce rassemblement ?
4 R. Si vous regardez la carte en direction du nord, toutes les personnes
5 qui devaient quitter les villages du côté sud de la rivière de Zepa, ces
6 villages avaient été déjà pris par l'armée de la VRS. Ces villageois
7 étaient partis dans les montagnes qui se trouvaient peut-être à cinq
8 kilomètres de Zepa. Il y avait des caves par-là, il y avait des huttes, des
9 petits bâtiments à cet endroit-là dans la montagne. Cette population
10 s'était rendue là-bas. Il y avait également des personnes qui n'avaient pas
11 quitté leurs demeures et qui étaient restées dans leurs maisons. C'est eux
12 qui sont venues au centre de Zepa.
13 Q. D'après vos connaissances, est-ce qu'il y a eu un lieu de rassemblement
14 à l'extérieur de la ville de Zepa où les civils s'étaient rassemblés en
15 plus grand nombre ?
16 R. L'extérieur de la ville de Zepa ? L'extérieur, non, non. Il n'y en a
17 pas eu.
18 Q. Fort bien.
19 M. THAYER : [interprétation] Je vois qu'il est 10 heures 30, Monsieur le
20 Président, Messieurs, Mesdames les Juges. Je ne sais pas si l'heure est
21 opportune pour prendre la pause.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ne vous en faites pas, c'est la bonne
23 heure effectivement, nous allons prendre une pause, et nous reprendrons nos
24 travaux dans 25 minutes.
25 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
26 --- L'audience est reprise à 10 heures 58.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Thayer, vous avez la parole.
28 M. THAYER : [interprétation]
Page 9746
1 Q. Est-il exact de dire que les transports se sont surtout effectués et
2 qu'ils ont commencé à ce moment-là aussi le 26 juillet ?
3 R. Le gros des transports, oui. Il y a eu un ou deux convois le 25 juillet
4 aussi, si j'ai bonne mémoire. Le premier convoi, c'était celui des blessés
5 qui avait pour destination Sarajevo. Le deuxième convoi, c'est celui qui
6 transportait la population civile. Ce convoi est parti vers Kladanj.
7 Q. D'après ce que vous avez vu les 25 et 26 juillet, pourriez-vous nous
8 dire dans quel état psychologique était ces civils qui avaient été
9 embarqués dans les cars ? Je pense que vous en avez un peu parlé déjà.
10 Dites-nous quel était leur état affectif ?
11 R. Tous ceux qui devaient être transportés avaient peur. Une grande
12 incertitude régnait; les familles avaient été séparées. Pour le dire
13 autrement, les hommes en âge de porter les armes n'accompagnaient pas leurs
14 femmes, leurs enfants. Je suis sûr que vous comprendrez que pour ce qui est
15 de la situation au niveau des émotions, des sentiments, cela était très
16 éprouvant pour tous. De façon générale, tous étaient pris de peur, ils
17 craignaient ce qui pouvait advenir à leurs maris, à leurs pères. La peur,
18 l'incertitude, voire la panique, voilà dans quel état émotionnel
19 psychologique se trouvait la population qui devait être transportée.
20 Q. Toujours le 26 juillet, est-ce que vous avez constaté qu'il y avait des
21 mauvais traitements infligés à la population civile qu'on allait
22 transporter ?
23 R. Non. Les transports se sont faits sans heurts, il n'y a pas eu de
24 sévices infligés. C'était conforme à l'accord qui avait été dicté par le
25 général Mladic et qui avait ensuite été couché sur le papier. Il n'y a pas
26 eu de mauvais traitement. Tout s'est bien passé sans heurts.
27 Q. Au cours de cette période, nous parlons de la période qui commence le
28 13 et qui va jusqu'au 27, jusqu'au lendemain, quelle fût la fréquence de
Page 9747
1 vos contacts avec le colonel Palic ? Pourriez-vous nous le dire ?
2 R. J'ai eu quelques contacts, trois ou quatre avec lui. Je ne l'ai vu que
3 très brièvement.
4 Q. Vous nous avez déjà dit que ce jour-là le 26, vous étiez allé à
5 Boksanica. Une fois sur place, qu'avez-vous fait ?
6 R. J'ai passé le plus clair de mon temps là en compagnie du général
7 Mladic. Nous étions attablés. Il y a eu une discussion générale portant sur
8 d'autres sujets. Pour ce qui est de chaque convoi arrivant de Zepa, si je
9 me souviens bien, il y a eu une visite du général Mladic. Il est monté dans
10 les cars et l'atmosphère était détendue ce jour-là pendant toute la
11 journée, celle du 26.
12 Q. Vous souvenez-vous si ce jour-là, le 26, vous avez rencontré le général
13 Smith ?
14 R. Oui, je suis en mesure de confirmer la réunion du 26, réunion avec le
15 général Smith. Nous avons discuté des options qu'il y avait pour ce qui est
16 du départ des hommes en âge de porter les armes de Zepa. Lors de réunions
17 précédentes avec le général Smith, il était prévu que ce soit les autorités
18 de Sarajevo, les autorités de la Bosnie-Herzégovine qui s'occupent de la
19 question.
20 Q. Avez-vous ce jour-là rencontré le général Krstic ?
21 R. Oui, je lui ai été présenté ce jour-là.
22 Q. Qui vous a présenté à lui ? Pourriez-vous le dire aux Juges et décrire
23 aussi comment s'est passé cet entretien ?
24 R. C'est le général Mladic qui m'a présenté au général Krstic. Nous étions
25 assis à une table, le général Krstic était attablé ailleurs, à un moment
26 donné Mladic m'a dit, en faisant un signe de la main : C'est le général
27 Krstic là-bas. Il a dit : Viens, Krle, viens ici." Je suppose que c'était
28 le surnom utilisé par le général Mladic pour parler de Krstic. Krstic est
Page 9748
1 venu à notre table, nous nous sommes présentés, et le général Mladic a dit
2 que le général Krstic était responsable des opérations militaires sur Zepa.
3 Nous avons échangé quelques mots, nous avons dit que nous étions de
4 la même région, parce que moi aussi j'étais né dans la municipalité de Han
5 Pijesak. Je pense me souvenir que le général Krstic m'a dit que lui était
6 né dans la municipalité de Vlasenica. Or celle-ci est la municipalité
7 voisine. Cela n'a pas duré longtemps cet échange, puis le général est
8 retourné à la table qu'il occupait.
9 A l'époque, je ne savais pas du tout qui était le général Krstic.
10 C'est seulement plus tard que j'ai appris d'autres choses.
11 Q. Est-ce que vous avez constaté quelque chose pour ce qui est de son
12 aspect physique ?
13 R. Oui. J'ai constaté qu'il avait un problème à la jambe. Je ne sais plus
14 si c'est celle de gauche ou de droite, mais il avait du mal à marcher.
15 Q. Où avez-vous passé la nuit du 26 au 27 juillet, Monsieur ?
16 R. J'ai passé cette nuit-là au poste de contrôle numéro 2, dans une pièce
17 où dormaient des soldats de la FORPRONU. J'ai dormi dans la même pièce que
18 ces soldats de la FORPRONU, qui étaient des soldats ukrainiens.
19 Q. Ceci nous amène à la journée du 27 juillet. Pourriez-vous relater aux
20 Juges ce qui s'est passé ce jour-là ?
21 R. L'évacuation s'est poursuivie. Le dernier convoi qui est parti de Zepa
22 en direction de Boksanica est arrivé, si je ne m'abuse, vers 13 heures,
23 puis la situation s'est tendue. Le général Mladic a exigé que les effectifs
24 se rendent, il a arrêté le convoi à Boksanica et a interdit que le convoi
25 poursuive sa route.
26 Parmi le convoi, ce dernier convoi de Zepa, se trouvait
27 M. Mehmed Hajric, qui était le président de la présidence de Guerre de
28 Zepa, Mehmed Hajric ainsi que le chef de la protection civile,
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1 M. Imamovic.
2 Nous étions tous, tous les trois au même endroit. La situation
3 détendue qu'il y avait, avait disparu; il y avait beaucoup de tension dans
4 l'air. On a exigé qu'un de nous aille dans les montagnes près de Zepa où il
5 y avait beaucoup d'hommes en âge de porter les armes, qui étaient
6 concentrés. Il fallait dire à ces hommes qui nous attendaient qu'ils
7 devaient se rendre. La personne qui a été désignée pour faire cela, je ne
8 sais pas si c'est le général Mladic qui a désigné
9 M. Mehmed Hajric qui était le président de la présidence de Guerre, ou si
10 ce fut quelqu'un d'autre, mais d'après ce dont je me souviens, c'est lui
11 qui est allé en direction de Zepa dans un véhicule de la FORPRONU.
12 Q. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?
13 R. Le convoi est resté là tout le temps. Vers 18 heures ou
14 19 heures, j'ai reçu l'ordre d'aller vers un des cars utilisés pour
15 transporter les civils. C'était un véhicule qui se trouvait là à Boksanica.
16 J'ai passé trois heures, je dirais, dans ce véhicule. Vers 20 heures 30, un
17 soldat m'a dit de suivre. Amir Imamovic, lui, se trouvait dans un autre
18 car. Tous les deux nous avons été emmenés dans la pièce où j'avais passé la
19 nuit dans la base de la FORPRONU. Il y avait déjà quelques soldats de la
20 FORPRONU qui se trouvaient dans cette pièce.
21 Si je me souviens bien, on a autorisé à ce moment-là le convoi à se
22 remettre en marche. Cette nuit-là, vers 23 heures 30, les soldats sont
23 venus, les soldats de la VRS. Ils m'ont dit à moi et à Amir qu'à partir de
24 ce moment-là nous avions pour statut celui de prisonniers de guerre. On
25 nous a passé les menottes, en tout cas une de mes mains a été menottée et
26 l'autre menotte a été placée sur Amir. C'est ainsi qu'on nous a fait sortir
27 de la pièce. Au cours de notre arrestation, je tiens à le dire, il y avait
28 quatre ou cinq soldats de la FORPRONU dans cette pièce. Le commandant
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1 Dudnik, le commandant de la FORPRONU pour Zepa, le colonel Sejmon Dudnik
2 était là aussi. Mais ils n'ont absolument rien fait.
3 Nous avons d'abord était emmenés vers les bois, puis on a fait un
4 petit détour et nous avons été ramenés sur la rue qui va à Borike. Là on
5 nous a fait monter dans un véhicule de l'armée de Republika Srpska, de la
6 VRS, et c'est ainsi que nous avons été emmenés à un hôtel à Borike. C'est
7 là que nous avons dormi dans une chambre. On ne nous avait pas enlevé les
8 menottes.
9 Les menottes nous ont été enlevées le matin, on nous a donné un peu à
10 manger et l'on nous a emmenés à Boksanica.
11 L'INTERPRÈTE : Correction des interprètes page 30, ligne 17 : L'heure était
12 22 heures 30 et non pas "20 heures 30."
13 M. THAYER : [interprétation]
14 Q. Avant de passer à autre chose, pourriez-vous nous donner une
15 description générale de l'endroit où se trouve Borike ?
16 R. C'est quelque part à mi-chemin entre Zepa et Rogatica. Au sud de Zepa,
17 mais plus bas, beaucoup plus bas que Boksanica. Avant, Borike, c'était un
18 lieu du tourisme avant la guerre.
19 Q. Ceci nous ramène au 28 juillet. Qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là,
20 Monsieur ?
21 R. Ce jour-là, on nous a ramenés à Boksanica. J'y ai revu le général
22 Mladic, mais cette fois-là il ne m'a même pas dit bonjour parce qu'à
23 moment-là j'étais déjà devenu un prisonnier. Puis un officier chargé de la
24 sécurité m'a appelé. Il a commencé à me poser des questions. Il m'a demandé
25 où j'étais né. On a eu un échange qui a duré 20 minutes ou 30. Puis, lui,
26 il a été appelé. Il est parti. Une dizaine de minutes plus tard, nous avons
27 été replacés dans la voiture, et Amir et moi, nous avons été ramenés à
28 l'hôtel où nous avions passé la nuit précédente.
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1 Q. Est-ce que vous avez passé quelques jours à cet hôtel ?
2 R. Oui. Nous avons passé les quelques jours suivants à l'hôtel à Borike.
3 Q. Puis, qu'est-ce qui s'est passé ?
4 R. Je ne sais pas exactement quand cela s'est passé, était-ce le 30 ou
5 vers le 30 juillet, nous étions surveillés par la police militaire de la
6 VRS. Ils nous ont fait sortir, ceux qui nous gardaient. Ils avaient une
7 voiture de marque Golf, Golf Mark 2, c'est comme cela qu'on les appelle à
8 Sarajevo. Mehmed Hajric, lui, on l'a fait sortir d'une autre pièce. Amir et
9 moi, on ne savait même pas qu'il s'était trouvé dans cette pièce tout ce
10 temps. C'est ainsi que tous les trois, nous avons été emmenés à la prison
11 de Rogatica.
12 Q. Combien de temps avez-vous passé à cette prison de Rogatica ?
13 R. Nous avons quitté la prison de Rogatica le 11 janvier 1996, de là, nous
14 sommes partis à Kula. Autre prison, mais celle-ci est proche de Sarajevo et
15 est contrôlée par la VRS. Nous y avons passé quatre jours avant de faire
16 l'objet d'un échange -- enfin d'être libérés. Je ne sais pas quelle
17 définition donnée ou quelle définition on a utilisé dans les accords de
18 Dayton.
19 Q. Lorsque que vous avez été emmenés à cette prison, vous nous avez dit
20 que M. Hajric et M. Imamovic ont été emmenés dans cette prison en même
21 temps que vous. Est-ce qu'ils y ont passé un certain temps ?
22 R. Oui. Nous étions dans la même cellule, Hajric, Imamovic et moi. Si je
23 me souviens bien, vers la mi-août 1995, ils ont été sortis de cette cellule
24 et jamais ils n'y sont revenus.
25 Q. Avez-vous reçu des informations en ce qui concerne ces deux hommes ?
26 Que leur est-il arrivé ? Où se trouvent-ils, le savez-vous ? Nous parlons
27 ici de M. Imamovic et de M. Hajric.
28 R. Oui. D'après les informations dont je dispose, ils ont été tués. Il y a
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1 à peu près un an de cela leurs corps ont été retrouvés. Ils ont été
2 enterrés à Sarajevo. Tous les deux ont été tués,
3 M. Imamovic et M. Hajric.
4 Q. La dernière chose que je vais faire c'est visionner avec vous quelques
5 extraits vidéo que nous avons saisis à ce système du prétoire électronique.
6 M. THAYER : [interprétation] Peut-on afficher la
7 pièce V000-1355, ce sera la cote P02489. Je le précise pour le compte rendu
8 d'audience. Le compteur se trouve au chiffre 9 minutes et
9 22 secondes.
10 [Diffusion de la cassette vidéo]
11 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils ne disposent pas de la
12 transcription et qu'il n'est pas possible de faire une traduction, une
13 interprétation simultanée de ces extraits.
14 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander
15 que cet extrait ne soit pas diffusé en dehors de ce prétoire. J'en ai
16 discuté avec les conseils de la Défense. Je pense qu'il y a des éléments
17 qui risquent de révéler l'identité du témoin.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Josse.
19 M. JOSSE : [interprétation] Pas de problème ici puisqu'il y a des mesures
20 de protection en vigueur, ce qui veut dire que maintenant cet extrait ne
21 peut pas être diffusé en dehors de ce prétoire. Mais agissons avec méthode.
22 Parlons d'abord de ceci.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous avons la transcription.
24 M. THAYER : [interprétation] Oui, en anglais et en B/C/S, P02490. Mais à ce
25 jour il n'y a pas eu de discussions de fond qui ont été traduites; la
26 traduction importante commence ici.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voudrais tirer au clair autre chose.
28 Nous avons entendu Me Josse. Y a-t-il des commentaires de la part des
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1 autres avocats de la Défense ? Non, ce n'est pas le cas. Nous pouvons voir
2 le reste de cet extrait qui ne sera pas diffusé en dehors de ce prétoire.
3 En effet, la mesure de protection accordée eu égard à ce témoin est
4 la déformation des traits du visage, ce qui fait qu'il n'est pas vraiment
5 utile que ce témoin dise qu'il se reconnaît sur ces images.
6 Excusez-moi de vous avoir interrompu.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous sommes à la page 2 de cette
8 transcription ?
9 M. THAYER : [interprétation] Page 1 sur 4 en anglais, ligne 16. C'est là
10 que commence le prochain extrait.
11 [Diffusion de la cassette vidéo]
12 M. THAYER : [interprétation] Nous sommes à 11 minutes, 53,4 secondes.
13 Simplement deux questions avant de parler des éléments de fond.
14 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre quel jour ceci a été filmé ?
15 R. Le 19 juillet 1995.
16 Q. A quel endroit, s'il vous plaît, Monsieur ?
17 R. Le poste de contrôle de la FORPRONU à Boksanica.
18 Q. Il y a trois personnes que l'on voit très distinctement dans cet
19 extrait. Est-ce que vous les reconnaissez ?
20 R. Oui. M. Benjamin Kulovac au milieu. A gauche et à droite, je crois que
21 c'est le colonel Sejmon Dudnik, mais cet arrêt sur image n'est pas très
22 bon. J'ai un peu du mal à confirmer cela.
23 Q. Très bien. La personne que vous avez reconnue comme étant le Dr Kulovac
24 semble tenir un objet blanc dans la main. Pourriez-vous nous dire de quoi
25 il s'agit ?
26 R. Je ne sais pas ce que c'est. Je ne sais pas si c'était un chiffon blanc
27 ou quelque chose, car lorsque nous nous sommes rapprochés du poste de
28 contrôle de la FORPRONU, un accord avait été conclu avant notre départ dans
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1 cette direction-là. Ceci devait symboliser un drapeau blanc.
2 Q. Simplement pour que le compte rendu soit bien clair, c'est vous qui
3 êtes sur la gauche et qui portait une chemise de couleur clair, en face de
4 l'homme qui portait cet objet blanc; est-ce exact ?
5 R. Oui.
6 Q. Poursuivons maintenant le visionnage, s'il vous plaît.
7 [Diffusion de la cassette vidéo]
8 M. THAYER : [interprétation]
9 Q. Etes-vous en mesure de reconnaître la personne qui porte la casquette
10 et qui tourne le dos à la caméra ? Savez-vous qui c'est, en vous reposant
11 sur vos souvenirs de cette entrevue ?
12 R. Oui, c'est le général Zdravko Tolimir.
13 Q. Je crois qu'il est inutile d'identifier de façon formelle, mais est-ce
14 que vous pouvez nous dire qui est la personne qui se trouve complètement à
15 droite de cet arrêt sur image, s'il vous plaît ?
16 R. Le général Mladic.
17 Q. Le compteur indique 12 minutes et 18,4 secondes. Nous pouvons
18 poursuivre.
19 [Diffusion de la cassette vidéo]
20 M. THAYER : [interprétation] Nous sommes arrêtés là où le compteur indique
21 14 minutes, 57,9 secondes.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant s'il vous plaît, Maître
23 Thayer.
24 Mme Fauveau veut prendre la parole.
25 Mme FAUVEAU : Je crois qu'il y a une erreur dans le compte rendu. Il s'agit
26 de la page 35, ligne 12. Je suis désolé de vous emmener un peu en arrière.
27 Ce qui est dans le compte rendu, c'est : "This was to be a sign, a white
28 flag." En effet, ce que le témoin a dit, il me semble c'est que c'était un
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1 signe de reconnaissance, pas le drapeau blanc dans le sens de reddition.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Témoin, avez-vous suivi ce
3 que vient de dire Me Fauveau ? Est-ce que vous n'avez pas reçu la
4 traduction ?
5 Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, je crois qu'il y avait un erreur
6 maintenant dans ce que je viens de dire. Ce que le témoin avait dit, c'est
7 effectivement que c'était un signe de reconnaissance et pas d'un drapeau
8 blanc qui aurait été la signe de reddition.
9 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous reçu la traduction,
11 Monsieur ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes d'accord avec ce que vient de
14 dire Me Fauveau ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous souhaitez que je précise ?
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, la dernière interprétation a été
18 exacte. Ce n'était pas un drapeau blanc comme étant un signe de reddition,
19 mais c'est une signe de reconnaissance. C'est cela que j'avais à l'esprit.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer, l'image s'est arrêté
21 là où le compteur indique 14 minutes 57,9 secondes.
22 M. THAYER : [interprétation]
23 Q. Monsieur, est-ce que vous reconnaissez la personne qui se trouve au
24 centre de cet arrêt sur image et qui lève la main ?
25 R. Oui, c'est le colonel Sejmon Dudnik, le commandant de la FORPRONU à
26 Zepa.
27 [Diffusion de la cassette vidéo]
28 M. THAYER : [interprétation]
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1 Q. Monsieur, nous nous sommes arrêtés à 15 minutes 17,7 secondes.
2 Pourriez-vous nous signaler toute personne que vous êtes en mesure de
3 reconnaître sur cette image ?
4 R. Le général Mladic se trouve à gauche. Du même côté et à ses côtés se
5 trouve le général Tolimir. Les autres, je ne peux pas les reconnaître. A
6 droite, il y a Benjamin Kulovac. Je suis assis à côté de lui.
7 M. THAYER : [interprétation] Très bien, poursuivons le visionnage, s'il
8 vous plaît.
9 [Diffusion de la cassette vidéo]
10 M. THAYER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à V000-3412,
11 c'est la pièce P02491. Le compte rendu se retrouve dans le document P02492
12 et c'est le compte rendu que nous allons reprendre tout de suite,
13 transcription.
14 [Diffusion de la cassette vidéo]
15 M. THAYER : [interprétation] Nous nous sommes arrêtés à l'endroit où le
16 compteur indique 45 minutes 30 secondes.
17 Q. Je vous demande si vous reconnaissez une personne en particulier sur
18 cette image ?
19 R. Oui, quelqu'un qui se trouve au milieu. Vous pouvez voir le colonel
20 Avdo Palic. Vous voulez que je vous l'indique ?
21 Q. Peut-être que vous pourriez nous parler des vêtements qu'il porte et
22 qui permettrait de le distinguer dans la foule ?
23 R. Il portait le haut d'un uniforme militaire.
24 Q. Est-ce qu'il est debout à droite à côté d'une femme qui porte un
25 foulard sur la tête de couleur violette ?
26 R. Oui.
27 [Diffusion de la cassette vidéo]
28 M. THAYER : [interprétation] Le compteur s'est arrêté à 46 minutes, 1
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1 seconde.
2 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cette image ?
3 R. Oui, on peut voir la personne qui était alors le président de la
4 présidence de Guerre de la municipalité de Zepa, M. Mehmed Hajric, il est à
5 l'avant-plan.
6 Q. Il porte une veste ou une chemise de couleur bleu ciel, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, oui, je crois qu'il porte une chemise.
8 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre où ceci a été filmé, s'il
9 vous plaît ?
10 R. Ceci a été filmé dans le centre de Zepa, qui est l'endroit où les cars
11 à bord desquels se trouvait la population sont partis.
12 Q. Savez-vous à quelle date ce film a été tourné ?
13 R. Non. Je crois que c'était le 25 ou le 26. Dans la première partie du
14 film on peut voir les blessés. Je crois que c'était le 25 juillet. Dans la
15 partie qui a été montrée après, peut-être que c'était le 26 juillet 1995.
16 Q. Bien.
17 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite que la
18 partie qui va suivre ne soit pas diffusée, s'il vous plaît. On va parler de
19 certaines réunions.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ?
21 M. JOSSE : [interprétation] Non, pas d'objection.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La séquence qui va suivre ne sera pas
23 diffusée.
24 M. THAYER : [interprétation] Merci.
25 [Diffusion de la cassette vidéo]
26 M. THAYER : [interprétation] Nous nous sommes arrêtés là où le compteur
27 indique 46 minutes, 11 secondes.
28 Q. Regardons cette image, est-ce que vous reconnaissez quelqu'un ?
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1 R. Oui, M. Benjamin Kulovac se trouve à gauche. C'est la seule personne
2 que je suis en mesure de reconnaître sur cette image.
3 [Diffusion de la cassette vidéo]
4 M. THAYER : [interprétation]
5 Q. Maintenant ?
6 R. Le général Rupert Smith se trouve complètement à droite.
7 M. THAYER : [interprétation] Le compteur indique 46 minutes, 13,27
8 secondes.
9 Q. C'est quelqu'un dont on voit le profil entier, c'est exact ? Qui est
10 assis, c'est exact ?
11 R. Oui, oui, c'est bien lui.
12 M. THAYER : [interprétation] Poursuivons, s'il vous plaît.
13 [Diffusion de la cassette vidéo]
14 M. THAYER : [interprétation] Le compteur indique 46 minutes 25, 4 secondes.
15 Q. Reconnaissez-vous quelqu'un sur cette image, Monsieur ?
16 R. Oui. Le général Rupert Smith se trouve à gauche. Au milieu, le général
17 Krstic. Et à droite, à l'avant-plan, c'est Ratko, le général Ratko Mladic.
18 Ce sont les personnes que je suis en mesure de reconnaître sur cette image.
19 Q. D'après vos souvenirs, quand cette réunion s'est-elle tenue ?
20 R. Cette réunion s'est sans doute tenue le 26 juillet 1995 à Boksanica.
21 C'est le 26, d'après moi, mais je n'en suis pas sûr à
22 100 %, même s'il est clair que c'est au moment où l'évacuation avait déjà
23 commencé. C'était vers le 25, le 26 ou le 27, mais je pense maintenant que
24 cela devait être le 26 juillet 1995.
25 Q. Donc, vous ne vous êtes pas reconnu sur cette image. D'après vos
26 souvenirs, étiez-vous là ou non lors de cette réunion ?
27 R. Oui, je crois que oui. Je crois que j'étais là. On ne voit pas sur
28 cette image ou sur cette séquence vidéo, mais je suis quasiment sûr d'avoir
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1 assisté à cette réunion-là également.
2 M. THAYER : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,
3 nous allons reprendre là où le compteur indique
4 49 minutes et 15 secondes, ou en tout cas, le plus près possible de cet
5 endroit-là.
6 [Diffusion de la cassette vidéo]
7 M. THAYER : [interprétation]
8 Q. Monsieur, le compteur indique 50 minutes 14,8 secondes. S'agit-il
9 bien des camions et des cars que vous avez vus arriver à Boksanica les 26
10 et 27 juillet ? C'est ce que vous avez dit dans votre déposition.
11 R. Oui. Il s'agit effectivement des camions et des cars. On voit ici les
12 camions sur cette image.
13 M. THAYER : [interprétation] Poursuivons, s'il vous plaît.
14 [Diffusion de la cassette vidéo]
15 M. THAYER : [interprétation]
16 Q. Monsieur, le compteur indique 51 minutes, 23 secondes. D'après
17 votre meilleur souvenir, ceci a été filmé à quelle date ?
18 R. La première question que j'ai à vous poser, c'est quelque chose qu'il
19 faut enlever, cacher ?
20 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que ceci n'est
21 pas toujours diffusé suite à la demande qui a été faite précédemment.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est ce que je suppose.
23 M. THAYER : [interprétation] Merci.
24 Q. D'après votre meilleur souvenir, quel jour ceci a-t-il été filmé, ces
25 images ont-elles été filmées ?
26 R. Je crois que ceci devait être le 26 juillet 1995, lorsque CNN était une
27 de ces équipes de télévision qui est venue à Boksanica. Mon nom de famille
28 a été mal orthographié ici.
Page 9761
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il nous faut expurger cela.
5 M. THAYER : [interprétation] Pardonnez-moi. J'étais encore dans l'ancienne
6 mode, veuillez m'excuser.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Expurgeons cela et poursuivons, s'il
8 vous plaît.
9 M. THAYER : [interprétation]
10 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cet arrêt sur image au point
11 de 51 secondes, 23 secondes, s'il vous plaît ?
12 R. Oui. Je suis à droite, et la personne qui se trouve à ma gauche est un
13 monsieur de CNN. Je crois qu'il dirigeait une équipe de journalistes.
14 M. THAYER : [interprétation] Donc, poursuivons.
15 [Diffusion de la cassette vidéo]
16 M. THAYER : [interprétation]
17 Q. Monsieur, le compteur indique 53 minutes, 15,5 secondes. Est-ce
18 que vous reconnaissez l'homme qui se trouve à droite du général Mladic
19 quand on regarde l'image, et à sa gauche en réalité ?
20 R. Je crois que c'est le colonel Sejmon Dudnik. Le colonel et le
21 commandant de la FORPRONU à Zepa.
22 Q. D'après vos souvenirs, étiez-vous seul de l'autre côté en face du
23 général Mladic et du commandant Dudnik ?
24 R. Oui. J'étais assis en face du général Mladic, et cette dernière
25 question m'était destinée.
26 M. THAYER : [interprétation] Poursuivons.
27 [Diffusion de la cassette vidéo]
28 M. THAYER : [interprétation]
Page 9762
1 Q. Monsieur, quelques questions avant de clore mon interrogatoire
2 principal.
3 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, nous pouvons revenir en
4 session qui permet de diffuser tous les documents. En fait, je propose que
5 l'on aille en audience publique. Il n'y a plus d'autres documents à
6 diffuser de toute façon.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
8 M. THAYER : [interprétation]
9 Q. Monsieur, vous avez vu des extraits vidéo. Vous avez vu l'extrait dans
10 lequel vous étiez assis en face du général Mladic autour d'une table, un
11 journaliste vous interviewait. Quelles étaient vos préoccupations à ce
12 moment-là ou craintes ?
13 R. J'étais plutôt préoccupé par le sort qui serait réservé aux hommes en
14 âge de porter les armes de Zepa, des habitants de Zepa. Toutes les
15 négociations, tous les pourparlers, tout ce que disait le général Mladic me
16 faisait croire qu'il fallait trouver une solution pour que les hommes en
17 âge de porter des armes, habitants de Zepa soient échangés contre des
18 prisonniers de la VRS, les soldats prisonniers de la VRS. L'une des
19 conditions qui a toujours été placée à l'ordre du jour pour ce qui est des
20 hommes en âge de porter les armes de Zepa, c'est qu'il ne fallait pas se
21 rendre aux membres de la VRS. Il y avait eu d'ailleurs une idée d'essayer
22 de faire en sorte que la FORPRONU assure un transport par hélicoptère de
23 ces personnes, mais ce n'était qu'une idée, en fait, cela n'a pas jamais
24 été mis en œuvre. Donc le problème principal était de savoir ce qui allait
25 advenir à la population en âge de porter les armes de Zepa.
26 Q. Pourquoi ne devaient-ils pas se livrer à l'armée de la VRS d'abord ?
27 R. C'est tout à fait clair, les gens avaient peur d'être tués, ils
28 craignaient pour leurs vies. C'était tout à fait clair.
Page 9763
1 Q. Pendant toute cette période entre le 19 et le 27, pendant que vous vous
2 trouviez sur ce point de contrôle de la FORPRONU à Boksanica, selon vous,
3 qui avait le contrôle de ce point de contrôle, qui assurait le contrôle de
4 ce point de contrôle ?
5 R. C'était un point de contrôle de la FORPRONU officiellement, de forces
6 internationales, mais le réel dirigeant de ce point de contrôle c'était la
7 VRS avec à la tête le général Mladic. Les soldats de la FORPRONU se
8 cachaient. Ce point de contrôle servait en quelque sorte de siège
9 temporaire du général Mladic alors qu'il séjournait dans ce secteur.
10 Q. Merci, Monsieur.
11 M. THAYER : [interprétation] Je n'ai plus de questions pour ce témoin.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Thayer.
13 Avant de donner la parole à Me Josse, je crois qu'il faudrait peut-être
14 compter l'heure qui reste pour le contre-interrogatoire. Vous avez besoin
15 des deux heures et demie, si je ne m'abuse ?
16 M. JOSSE : [interprétation] Je crois que j'aurais besoin d'au moins ce
17 temps-là.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ensuite la Défense du général Miletic a
19 demandé deux heures.
20 Mme FAUVEAU : Oui, Monsieur le Président. Pour le moment, je maintiens deux
21 heures.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. J'ai l'équipe de Beara qui
23 demande deux heures.
24 M. OSTOJIC : [interprétation] Un peu moins d'une heure. En tant
25 qu'évaluation, je crois que je pourrais donner une évaluation différente
26 entre 45 minutes à une heure, cela dépend des réponses que donnera le
27 témoin.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Les autres m'ont demandé dix
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1 minutes, dix minutes et vingt minutes, très bien.
2 Alors, Maître Josse, je vous écoute. Vous avez une pause dans 20 minutes.
3 Vous aurez la dernière session juste à vous et vous continuerez lundi.
4 M. JOSSE : [interprétation] Merci.
5 Contre-interrogatoire par M. Josse :
6 Q. [interprétation] Je voudrais commencer d'abord, Monsieur le Témoin, si
7 je le puis, avec le sujet de l'évacuation qui s'est déroulée le 25, le 26,
8 le 27 juillet. Vous venez de nous décrire de quelle façon l'évacuation
9 s'est déroulée. Vous aviez du mal à nous indiquer, lorsque M. Thayer vous a
10 demandé, si les personnes qui étaient évacuées avaient été soumis à des
11 mauvais traitements. Vous aviez hésité quelque peu et vous aviez confirmé
12 que c'était le cas ?
13 R. Oui, c'est le cas.
14 Q. Pour avoir une bonne idée de la façon dont les choses se sont
15 déroulées, dites-nous d'abord qui était présent appartenant à la VRS ? Vous
16 avez dit que le général Tolimir était là, n'est-ce pas ?
17 R. Oui, le général Tolimir était au centre de Zepa. Les convois sont
18 arrivés à Boksanica, et ils s'arrêtaient là un certain temps. Ensuite, ils
19 continuaient leur chemin vers Kladanj.
20 Q. C'est au centre de Zepa que les personnes évacuées montaient à bord des
21 autocars, n'est-ce pas ?
22 R. Oui, ils montaient à bord d'autocars et de camions ouverts, donc non
23 bâchés, la route est assez mauvaise en direction de Zepa. Ces camions
24 ouverts lorsqu'ils arrivaient à Boksanica, la population passait de ces
25 camions dans les autobus. Le transport se faisait plus loin de Boksanica en
26 autocars.
27 Q. Le général Tolimir était là et il était accompagné de certains
28 officiers qui étaient ses inférieurs de la VRS; est-ce que c'est exact ?
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1 R. Oui, ce sont des personnes dont j'ignore le grade. Je crois qu'il y
2 avait deux officiers de rang inférieur de la VRS et ils l'accompagnaient.
3 Q. A ce moment-là au centre de Zepa, y avait-il d'autres soldats de la
4 VRS ?
5 R. Etant donné que je suis parti dans l'après-midi du 26 juillet, je ne me
6 souviens pas si avant mon départ il y avait des soldats de la VRS.
7 Maintenant, pour tout vous dire ce qui a dû se passer après, je ne sais pas
8 s'il y avait des soldats de VRS après. Avant mon départ le 26 juillet, je
9 ne me souviens pas avoir vu de soldats de la VRS au centre de Zepa.
10 Q. Merci, cela répond à ma question. Les seules personnes qui auraient pu
11 maltraiter les personnes évacuées, pour en revenir à la question de M.
12 Thayer, auraient été soit le général Tolimir ou ces deux officiers de rang
13 inférieur. Il n'y avait pas d'autres membres de la VRS présents avant que
14 vous ne quittiez la ville, n'est-ce pas ?
15 R. Je ne me souviens pas s'il y avait d'autres soldats. Je dois dire que
16 s'agissant des mauvais traitements, ce n'est pas qu'au centre-ville de Zepa
17 qu'on aurait pu maltraiter des gens. On peut maltraiter des gens ailleurs
18 aussi à Han Pijesak, à Vlasenica, Rogatica, le long de la route. Ce que je
19 veux dire par là, pour ce qui est de ces mauvais traitements, je fais
20 plutôt référence à l'ensemble du processus de toute cette évacuation de la
21 population en partant de Zepa et en allant jusqu'à Kladanj lorsqu'ils sont
22 descendus des autocars.
23 Q. Je vous remercie de cette précision. Maintenant, pour continuer de
24 dépeindre cette image, est-ce que le bataillon ukrainien était présent au
25 cours de l'évacuation avant votre départ du centre de Zepa ?
26 R. Je crois que oui. Maintenant, à savoir combien il y en avait, ce qu'ils
27 faisaient, je ne sais pas. Effectivement, ils étaient là. Le plus grand
28 nombre de soldats de la FORPRONU depuis le point de contrôle s'étaient
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1 rendus à la base de la FORPRONU à Zepa.
2 Q. Y avait-il des hommes musulmans armés au centre-ville de Zepa à ce
3 moment-là ?
4 R. Je ne crois pas. Les personnes qui étaient venues dire au revoir à
5 leurs familles ne portaient pas les armes. Je ne sais s'il y avait des
6 personnes qui avaient un pistolet sur elles. Les personnes qui étaient
7 venues dire au revoir à leurs femmes et à leurs enfants n'avaient pas
8 d'armes sur eux. Cela aurait été illogique que ces personnes viennent avec
9 des armes.
10 Q. Est-ce que vous savez où était situé le reste de la brigade du colonel
11 Palic à ce moment-là ?
12 R. Selon ma connaissance, ils étaient sur le mont de Zepska-Planina. C'est
13 le mont qui se trouve au-dessus du centre-ville de Zepa vers le nord. Si
14 vous regardez la carte, c'est au nord du centre de Zepa.
15 Q. Je vous pose cette question parce que dans votre déclaration - si vous
16 aimeriez l'avoir je pourrais vous la montrer - pour le bénéfice des
17 participants, c'est à la page 8 vers le bas de la page en anglais. Vous
18 dites : "Le 26 juillet, les hommes en âge de porter les armes de Zepa se
19 sont retirés vers les montagnes. Ce jour-là vers midi, je me suis rendu au
20 point de contrôle de Boksanica. Je me suis donné en échange contre la vie
21 du général Tolimir, pour me plier à la demande du général Mladic."
22 D'abord, dans cette phrase, est-ce que c'est bien cela que vous avez dit ?
23 Est-ce que cette phrase correspond à la vérité ? C'est dans votre
24 déclaration du 19 janvier 1998.
25 R. Voyez-vous, lorsque j'ai relu la déclaration plus tard, je crois qu'il
26 y a eu une erreur de traduction. Je n'ai pas dit cela de cette façon-ci.
27 J'ai déjà attiré l'attention sur le fait c'est une erreur. La vérité c'est
28 ce que je viens de dire maintenant pour ce qui est de cet événement et de
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1 la situation s'agissant que l'on m'a dit qu'il fallait que j'aille sur le
2 point de contrôle 2 pour agir en sorte de garantie contre M. Tolimir.
3 Q. C'est peut-être moi qui me trompe, Monsieur le Témoin, mais c'est la
4 date qui m'intéresse. Vous dites-là, que le 26 juillet les hommes en âge de
5 porter les armes de Zepa se sont retirés vers les montagnes. Deux
6 questions. Première, est-ce que c'est exact ? Si c'est exact, où étaient-
7 ils le 25 juillet, ces hommes ?
8 R. Voyez-vous, à l'époque, j'étais préoccupé par d'autres choses, comme je
9 l'ai déjà dit. Ce que j'ai dit c'est selon les dires d'autres. Le 25
10 juillet depuis tôt le matin, il n'y avait plus d'activités militaires à
11 l'intérieur de l'enclave de Zepa et à l'extérieur de l'enclave. Tous les
12 hommes armés étaient d'abord allés voir leurs familles pour dire au revoir,
13 pour organiser le tout, voir leurs épouses, leurs enfants. Là, déjà à ce
14 moment-là, c'était clair que ces derniers iraient vers les autobus pour
15 être évacués. D'une façon générale, c'était le 26. Je présume que la
16 plupart d'entre eux se trouvaient sur le mont de Zepa, au nord. Je ne sais
17 pas ce qui n'est pas dit correctement.
18 Q. Une dernière question relative à ce sujet. Vous avez dit que le général
19 Tolimir était présent et accompagné de deux officiers de rang inférieur.
20 Vous étiez également là jusqu'à midi le 26 juillet. Qui devait garantir la
21 sécurité du général Tolimir pendant les premières 24 heures ?
22 R. La situation était la suivante : le général Tolimir est arrivé avec le
23 représentant de la Croix-Rouge internationale. Il y avait également les
24 soldats de la FORPRONU, leurs officiers étaient sur place également. Si je
25 ne m'abuse à l'époque, il était également accompagné du colonel Avdo Palic.
26 Dans la soirée du 25, le général Tolimir est parti de Zepa avec le convoi.
27 Après, il est revenu le lendemain matin, une heure ou deux peut-être après
28 mon départ. Je devais agir en tant que garantie pour sa vie. C'est à ce
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1 moment-là que je suis parti sur le point de contrôle numéro 2. Voilà
2 comment les choses se sont passées.
3 Q. Vous avez mentionné la Croix-Rouge internationale il y a quelques
4 instants. Est-il exact que vous vous souvenez que les représentants de la
5 Croix-Rouge internationale sont arrivés à Zepa le 25 juillet pour être
6 présents lors de l'évacuation ?
7 R. Oui, je me souviens bien. Je crois qu'il s'agissait d'une équipe de
8 trois ou de deux représentants de la Croix-Rouge internationale. Au cours
9 de cette première journée, ils étaient là. Cela, je peux vous le confirmer.
10 Ensuite le lendemain, je suis allé à Boksanica. Je ne sais pas s'ils sont
11 restés, je ne sais pas. Pour ce qui est du 25, il est certain qu'ils
12 étaient présents.
13 Q. Je souhaiterais maintenant passer à un autre sujet et revenir au début
14 de votre déposition. Ai-je raison de dire que vous êtes déménagé à Zepa au
15 début de 1993 ?
16 R. Oui, oui, vous avez tout à fait raison.
17 Q. Lorsque vous avez déménagé à Zepa, est-ce que vous aviez des membres de
18 votre famille qui habitaient cette ville ?
19 R. Non. J'habitais en tant que réfugié dans une maison d'un habitant de
20 l'endroit. C'était sa maison. Ce n'était pas du tout un cousin ou un membre
21 de la famille. Je n'avais pas où habité, donc j'habitais chez lui.
22 Q. Y avait-il quelqu'un à Zepa qui portait le même nom que vous ? Dites-
23 le-nous du meilleur de votre connaissance, bien sûr.
24 R. Oui, probablement que oui. (expurgé), je présume qu'il y avait plusieurs
25 (expurgé)
26 Q. J'aurais peut-être dû être plus clair. Je pensais à votre nom de
27 famille et pas à votre prénom. Je crois que vous l'avez dit du meilleur de
28 votre connaissance, n'est-ce pas ?
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1 R. Pour avoir le même nom et le même prénom que moi à Zepa, personne ne
2 portait ni mon nom ni mon prénom. J'avais un cousin qui n'était pas là. Il
3 était à Sarajevo pendant la guerre. Il s'appelle également comme moi, il
4 porte le même nom que moi, (expurgé).
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, ce passage sera expurgé aussi.
6 Monsieur le Témoin, pouvez-vous essayer, je vous prie, de faire attention ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. Je vous remercie.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes peut-être fatigué comme nous
9 tous. Essayons de travailler peut-être moins.
10 Oui, Monsieur Josse.
11 M. JOSSE : [interprétation] Pour des raisons tout à fait claires, certains
12 membres de mon équipe ont toujours une avance de cinq minutes sur moi, ils
13 ont l'avantage d'une certaine façon.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. JOSSE : [interprétation]
16 Q. Monsieur le Témoin, dans votre déclaration préalable et lors de votre
17 déposition, vous ne faites pas mention d'avoir fait votre service
18 militaire. Est-ce que c'est pour une raison particulière ?
19 R. Pendant cette première période où des activités militaires avaient lieu
20 et ma mère était malade et je m'occupais d'elle. Sinon pour ce qui est de
21 la JNA, je n'ai pas fait mon service militaire au sein de la JNA. La
22 période pendant les hostilités de combat, cette période, je l'ai passée à
23 m'occuper de ma mère qui était malade. Je n'étais pas engagé dans l'armée
24 au début de la guerre.
25 Q. Pendant la guerre, est-ce que vous aviez, d'une certaine façon,
26 participé à une activité militaire ?
27 R. Pas d'une façon correcte, pas vraiment de la vraie façon.
28 Q. Donnez-nous votre explication de la façon qui n'est pas vraie de
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1 participer aux activités de combat.
2 R. J'avais la connaissance, je fréquentais le colonel Avdo Palic et ces
3 personnes-là.
4 Q. Est-ce que vous avez fait partie de la brigade du colonel Palic de
5 quelque manière que ce soit ?
6 R. Je ne sais pas comment vous répondre; de façon officielle, non.
7 Q. Est-ce que vous portiez une arme ou est-ce que vous vous êtes servi
8 d'une arme, d'un revolver ou d'une quelconque autre arme pendant la période
9 qui a précédé la démilitarisation ou qui a suivi la démilitarisation ?
10 R. Non.
11 Q. Est-ce qu'on vous avait assigné un rôle particulier s'agissant de la
12 brigade du colonel Palic, un rôle officiel ?
13 R. Je me souviens qu'au début le colonel Palic - étant donné que je suis
14 ingénieur - avait des postes de relais radio, donc je m'occupais de ces
15 postes de relais radio. C'était une période de 15 à 20 jours environ avant
16 qu'il nous ait fallu quitter ce lieu d'habitation. C'est à ce moment-là que
17 je suis parti pour Zeleni Jadar, et je suis revenu, comme je vous l'ai
18 expliqué au début de mon témoignage. Je suis retourné au début du mois de
19 mars à Zepa.
20 Q. Pourquoi est-ce que vous mentionnez cela maintenant ?
21 R. Pourriez-vous préciser votre dernière question, je vous prie ?
22 Q. Oui. Est-ce que vous dites qu'il a joué un certain rôle -- enfin, que
23 vous avez joué un certain rôle dans la brigade ?
24 R. Votre question était de savoir si j'ai fait quelque chose, si j'ai eu
25 des contacts. Donc, c'est ma réponse : Avdo m'a appelé une fois et m'a
26 demandé de m'occuper de ces postes radio, de ces émetteurs radio, et je les
27 ai examinés. Voilà, c'est cela.
28 Q. Ce n'était pas officiel d'après vous; c'est cela ?
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1 R. Non, ce n'était pas officiel d'après moi.
2 Q. Peut-être que le moment est opportun de m'arrêter, Monsieur le
3 Président.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si on peut accompagner le témoin pour
5 qu'il puisse quitter le prétoire.
6 [Le témoin quitte la barre]
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a deux points que je souhaite
8 aborder avant de faire la pause.Le premier, vous savez qu'une décision est
9 en souffrance, décision que nous devons rendre à propos des éléments
10 restants. Vous pouvez raccompagner le témoin. A propos des trois témoins
11 qui restent sur la liste de 12 témoins pour lequel l'Accusation a demandé
12 que ceux-ci deviennent des témoins 92 ter. Bien.
13 Nous nous sommes penchés sur la question. Voici la conclusion à
14 laquelle nous sommes parvenus. Il est difficile pour nous de décider dans
15 un sens ou dans un autre, car nous devons avoir accès à ces déclarations
16 des témoins 92 ter qui est proposé. Dès que ceci sera mis à notre
17 disposition, nous pourrons parcourir et rendre une décision. Etant donné
18 que le premier de ces témoins doit venir témoigner assez rapidement, je
19 propose que ceci nous soit remis le plus rapidement possible.
20 L'autre point est le suivant : hier j'ai demandé de vous demander de
21 revenir ce matin avec la réponse à la requête de l'Accusation sur les
22 mesures de protection pour le Témoin 135. Est-ce qu'aucune des équipes de
23 la Défense ne s'oppose aux mesures de protection qui sont demandées soit
24 sur les traits du visage et les mesures demandées de pseudonyme ?
25 Maître Haynes.
26 M. HAYNES : [interprétation] Non, je ne crois pas.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, nous pouvons faire droit à la
28 requête sans autre formalité. Nous faisons droit à cette requête oralement.
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1 Nous allons faire la pause maintenant. Merci.
2 --- L'audience est suspendue à 12 heures 34.
3 --- L'audience est reprise à 13 heures 01.
4 [Le témoin vient à la barre]
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Josse.
6 M. JOSSE : [interprétation]
7 Q. Suite aux questions que j'ai posées avant la pause, je souhaite que
8 nous regardions la pièce 6D83, s'il vous plaît. Dans l'intervalle de
9 l'affichage, je puis dire qu'il s'agit d'un document qui est daté du 2
10 février 1994. C'est un document qui est signé par Avdo Palic. C'est un
11 document qui est envoyé par la Brigade légère de Zepa au 1er Corps des
12 forces armées de Sarajevo. C'est un document qui est assez long et qui
13 traite de l'organisation de la brigade. Dans un certain sens il s'agit
14 d'une pièce historique. J'aimerais tout d'abord vous demander, Témoin, de
15 bien vouloir regarder la troisième page dans votre langue.
16 M. JOSSE : [interprétation] Ceci ne va pas être diffusé, s'il vous plaît.
17 Pardonnez-moi, j'aurais dû le préciser avant.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie de le signaler, Maître
19 Josse.
20 M. JOSSE : [interprétation]
21 Q. Au milieu de cette troisième page, cela se trouve à la
22 page 4 de la version anglaise, on peut lire : "Le 18 octobre 1992, Avdo
23 Palic a été nommé commandant de la région de Zepa des forces armées dans la
24 région." C'est un résumé. Ici, il y a les noms des adjoints et un assistant
25 du commandant, ensuite on parle d'une personne répondant au nom de
26 Hasanovic, chargé du renseignement et de la sécurité, ensuite le chef de la
27 communication. C'est votre nom ici, n'est-ce pas, Monsieur le Témoin ?
28 R. Oui, c'est mon nom, et ceci correspond avec ce que j'ai dit avant. Mais
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1 aucune activité particulière n'est précisée ici. Ce document n'est pas un
2 document que je connais, il a été rédigé en 1994, comme vous l'avez dit, et
3 ceci est bien mon nom.
4 Q. Regardons le passage qui se trouve un petit peu au-dessus de celui que
5 je viens d'évoquer. Il se trouve sur la même page et décrit le fait que
6 deux détachements appelés "called 4 juni," et je cite, "ont été créés." On
7 parle du 2e Détachement de Zepa, on cite des noms à nouveau. M. Palic en
8 est le commandant et vous êtes le chef des transmissions ou de la
9 communication.
10 Ceci semble indiquer, n'est-ce pas, que vous faisiez partie de la structure
11 armée du commandant Palic ?
12 R. Oui, c'est la conclusion qu'on pourrait en déduire, mais les choses ou
13 la situation était telle que je vous l'ai décrite.
14 Q. Si nous faisons dérouler le document un petit peu vers le bas on
15 constate que le 27 janvier 1993, la 1ère Brigade de Zepa a été créée à
16 partir de deux détachements, et là encore vous étiez chef des
17 transmissions. Ceci semble indiquer clairement que vous faisiez partie de
18 la brigade et que vous participiez à ces activités. Vous ne jouez pas un
19 rôle officieux comme vous semblez l'indiquer, n'est-ce pas ?
20 R. Je ne suis pas au courant de l'existence de ce document, mais la
21 situation était telle que je vous l'ai décrite. Ce document semble indiquer
22 que j'étais là et que je participais à certaines activités. Je vais répéter
23 ce que j'ai déjà dit : à l'époque je n'étais pas à Zepa, j'étais à Zeleni
24 Jadar à la recherche de nourriture. Les choses étaient ainsi.
25 Q. Est-ce que je peux vous poser une autre question à propos de ce
26 document ? Je vous prie de bien vouloir regarder le haut de la page 3, s'il
27 vous plaît.
28 Il s'agit là de la page 3 dans la version anglaise en bas de la page.
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1 Nous pouvons voir qu'il lui donne une description du 1er Détachement
2 et les unités qui ont été créées, et nous voyons qu'une compagnie, Cavcici
3 de la TO avait été créée et on donne le nom du commandant. Je ne vais pas
4 lire le nom, vous pouvez lire à voix basse.
5 Combien de personnes répondant à ce nom-là connaissiez-vous à Zepa ?
6 R. Ecoutez, je vais essayer de retrouver le passage. Tout d'abord, je n'ai
7 pas la version anglaise.
8 Q. Je souhaite que vous disposiez du texte dans votre langue. Cela se
9 trouve à la quatrième phrase, à partir du haut de la page 3. Ce qui
10 m'intéresse ici, c'est le nom qui commence par la lettre "D". Le deuxième
11 nom commence par la lettre "M". Nous n'allons pas lire le nom à voix haute,
12 mais combien de personnes répondant à ce nom connaissiez-vous à Zepa ?
13 R. Une seule personne, je crois. Je ne le connaissais pas très bien ces
14 jours-là, mais une personne en somme.
15 Q. Cette personne, avait-elle un quelconque lien avec l'armée, la police
16 ou les deux ? Lorsque j'entends l'armée, je veux dire la brigade, le SJB,
17 centre de sécurité publique, ou les deux à la fois ?
18 R. A ma connaissance, la personne en question faisait partie des forces de
19 la police civile et remplissait certaines tâches. Lorsque je suis arrivé au
20 printemps, j'ai mieux appris à connaître ces gens-là. Jusqu'à ce moment-là,
21 je n'étais pas à Zepa, je ne connaissais personne.
22 Q. Ce qui m'amène à vous poser la question sur les rapports à Zepa au
23 début des années 1993, 1994, ainsi que 1995 entre la police et l'armée.
24 Nous savons qu'il y avait des sentiments peu cordiaux entre M. Sahic et M.
25 Palic; est-ce exact ?
26 R. Oui, c'est exact. Il y avait un désaccord, on pourrait l'exprimer comme
27 cela, sur le plan personnel ou peut-être quelque chose de pire. Ceci porte
28 sur cette époque-là à Zepa.
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1 Q. Vous, vous étiez dans le même bâtiment qu'eux, que vous partagiez la
2 coopérative pharmaceutique, ce bâtiment-là qui se trouvait dans le centre
3 de Zepa, n'est-ce pas ?
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
5 M. THAYER : [interprétation] Oui, simplement un point de précision. Vous
6 avez évoqué les deux, commandant Palic et cet autre homme répondant au nom
7 de M. Sahic. Lorsque vous dites vous étiez avec eux dans le même bâtiment,
8 je souhaite que vous précisiez s'il s'agit des deux.
9 M. JOSSE : [interprétation] Je vais reformuler ma question.
10 Q. L'armée, à savoir la brigade, la police, à savoir la SJB et les
11 autorités municipales dont vous faisiez partie, vous étiez abrités dans le
12 même bâtiment au centre de Zepa; est-ce exact ?
13 R. Oui, il y a quelque chose qu'il faut préciser ici. Le conseil exécutif
14 était au premier étage et au rez-de-chaussée. C'était la police civile qui
15 avait ses locaux à cet endroit-là. Pendant un certain temps, le colonel
16 Avdo Palic avait son bureau à un des étages.
17 Q. A quel moment le colonel Palic avait-il son bureau à un des étages ?
18 R. C'était peut-être dans la deuxième moitié de 1993, deuxième semestre ou
19 1994. Je ne me souviens pas vraiment de tous les détails. Je crois que
20 c'était deuxième moitié de 1995 et en 1994.
21 Q. Ecoutez, vous étiez là. Vous connaissez ces deux personnes, le colonel
22 Palic et M. Sahic. Dites aux Juges de la Chambre sur quoi portait leur
23 différend.
24 R. Lorsque je suis arrivé sur les lieux et que j'ai appris à connaître ces
25 personnes, je devrais signaler que j'avais rencontré M. Palic bien avant
26 cela, ce n'est qu'à ce moment-là que j'ai rencontré M. Sahic. D'après moi,
27 ils avaient des personnalités assez semblables, j'entends sur un plan
28 psychologique. Chacun pensait que c'est lui qui devrait être le numéro 1.
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1 C'est lui qui devait diriger tout cela. C'est ce qui a conduit à des
2 malentendus. Il y a eu des malentendus au moment de parler de la question
3 du partage des responsabilités, à savoir si la police devait être placée
4 sous le contrôle de l'armée ou pas. Je crois que c'était là le principal
5 point de désaccord entre Avdo Palic et le chef de la police Jure Sahic.
6 Q. Qu'en était-il du partage des ressources entre la police et l'armée ?
7 Par ressources, j'entends ressources monétaires. Est-ce que vous pouvez
8 nous dire quelque chose à ce sujet ?
9 R. Qu'est-ce que vous entendez par "argent" ?
10 Q. Ce que j'ai à l'esprit, Témoin, ce sont des marks allemands.
11 R. Oui, oui, les marks allemands, mais d'où ?
12 Q. C'est à vous de nous le dire. D'après vous, est-ce que le colonel Palic
13 s'enrichissait ou enrichissait sa brigade au détriment de tout autre
14 personne à Zepa ?
15 R. Non, pas d'après ce que je savais. Personne n'était en train de
16 s'enrichir sur le dos de qui que ce soit. Ce à quoi vous pensez, l'argent
17 était arrivé de Sarajevo, d'après ce que je savais. Ceci a été fait une
18 fois en 1993. A savoir si cela s'est produit à nouveau en 1994, je ne sais
19 pas. Je ne sais vraiment pas quelle quantité d'argent a été envoyée. Je
20 sais que l'argent a été distribué aux membres de l'armée. Ceci est si loin
21 que je n'arrive pas à me souvenir du tout.
22 Q. Je vais voir si je peux vous rafraîchir la mémoire. Je souhaite vous
23 montrer un document 6049, qui a déjà été versé au dossier.
24 Il s'agit là d'une série de documents, tous émanent de M. Sahic et
25 sont un ensemble de commentaires ou de plaintes dont il a communiqué à
26 différents représentants officiels de l'ABiH et de son organisation d'une
27 façon collective. Je souhaite que vous regardiez ce document, s'il vous
28 plaît, à la page 2 de votre langue, et la page 2 en anglais également.
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1 Si vous vous reportez au bas de la page, je ne vais pas vous lire
2 ceci à voix haute, car ce document a déjà été versé au dossier. Je vous
3 remercie de bien vouloir le lire à voix basse, à partir du mot "Jedani"
4 [phon], qui sont les différentes formes de désinformations propagées parmi
5 la population. Veuillez lire jusqu'à la fin du paragraphe, s'il vous plaît.
6 Pardonnez-moi, c'est de ma faute. Non, pardonnez-moi, c'est moi. Je
7 vous ai montré cet extrait, parlons-en maintenant.
8 Cela se trouve à la page 3 du texte anglais.
9 Pardonnez-moi, je m'excuse auprès des Juges de la Chambre et auprès
10 de vous, Monsieur le Témoin.
11 Il s'agit là d'un passage qui parle d'une proposition pour ce qui est
12 intitulé "L'autonomie de Zepa." Ceci s'est passé à la fin de l'année 1994.
13 Qu'est-ce que vous savez à ce sujet ?
14 R. Je ne sais pas rien à ce sujet. C'est la première fois que je vois
15 cela. Je n'ai jamais vu un tel document ou entendu parler d'un tel
16 document. Lorsque j'étais à Zepa, je n'ai absolument pas été informé de ce
17 qui est dit dans ce document.
18 Q. Vous n'avez aucune connaissance de pourparlers en ces termes-là venant
19 du colonel Palic. C'est bien que vous dites dans votre déposition ?
20 R. Oui, je n'ai absolument aucune connaissance de cela. C'est la toute
21 première fois que j'entends parler de cela.
22 Q. Je souhaitais vous poser cette question de toute façon. Je vais revenir
23 un petit peu en arrière et aborder la question que je souhaitais vous
24 poser. En haut de la deuxième page, toujours la même page, le paragraphe
25 qui commence par "Razne dezinformacije." Pouvez-vous lire ce paragraphe à
26 voix basse, s'il vous plaît ?
27 M. JOSSE : [interprétation] C'est le passage auquel j'ai fait allusion il y
28 a quelques instants, Madame, Messieurs les Juges.
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1 Q. Témoin, est-il exact que les membres de la 1re Brigade ont reçu 400 000
2 marks allemands, qu'ils les ont gardés pour eux ?
3 R. Je ne peux pas vous confirmer ce montant. Je peux simplement vous dire
4 que s'agissant des moyens qui avaient été mis à la disposition de la
5 Brigade de Zepa ne m'étaient pas connus. Je ne sais pas de quelle façon on
6 dépensait l'argent. Je ne peux pas vous le confirmer. Je n'ai pas
7 d'information me précisant de vous confirmer les montants dont vous me
8 parlez.
9 Q. Est-ce que votre comité exécutif a reçu une partie de cet argent ?
10 R. Non, du meilleur de mon souvenir, non.
11 Q. Il y a une autre partie de ce document qui m'intéresse. C'est la page
12 qui suit en B/C/S, ou on peut voir un chiffre arabe 1. En anglais, c'est à
13 la troisième page, et je vais vous donner lecture de ce passage. On dit :
14 "En octobre 1993, alors qu'il retournait à Sarajevo en tant que membre de
15 la délégation de Zepa, le commandant de la brigade mentionnée ci-haut a
16 volé 5 000 marks allemands de la somme d'argent qu'il apportait à la
17 Brigade de Zepa."
18 Vous l'aviez accompagné lors de ce voyage de Sarajevo ?
19 R. Oui, c'est tout à fait juste. C'était vers la fin du mois de septembre,
20 et nous sommes retournés au début octobre. Pour la somme des 5 000 marks
21 allemands, je ne peux pas vous confirmer ce montant-là. Je ne sais pas
22 combien il avait reçu de cet argent. Combien d'argent il a dépensé, je ne
23 le sais pas. Nous étions ensemble à Sarajevo, oui.
24 Q. Est-ce que vous savez ce qui a pu pousser M. Sahic à faire une
25 allégation aussi sérieuse ? Sur la base de quoi il dit cela ?
26 R. Je crois que c'est le résultat de ces malentendus qui existaient entre
27 M. Sahic et le colonel Avdo Palic, et à la suite du document qui a été
28 rédigé et envoyé à Sarajevo. Je n'ai pas d'informations précises pour vous
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1 dire s'il a pris cet argent. Cela ne revenait pas de ma compétence. Ce
2 n'était pas à moi de vérifier des sommes d'argent. Quant à ce dont fait
3 référence, M. Sahic --
4 Q. En tant que représentant municipal dans l'enclave, est-ce que vous avez
5 essayé de garder ou de maintenir la paix entre eux, la police et l'armée ?
6 R. S'agissant de mes activités, j'avais de bonnes relations avec M. Sahic
7 ainsi qu'avec le colonel Avdo Palic. Maintenant, pour vous dire si l'on
8 pourrait dire que c'était une sorte de paix entre nous, une réconciliation,
9 on pourrait dire que oui. Dans certaines situations c'était ainsi. Cela
10 aurait été considéré comme une réconciliation.
11 Q. Passons maintenant à un autre sujet. Est-ce qu'il y a eu des tentatives
12 faites par les autorités, et je parle soit des autorités policières, des
13 autorités civiles ou des autorités militaires, pour arrêter que la police
14 civile ne quitte si elle en avait exprimé le sentiment ou le désir?
15 R. Je ne me souviens pas d'activités particulières sur ce plan. Il y a eu
16 certes des tentatives de quitter l'enclave de Zepa. Ces activités et les
17 obligations relatives pour la police étaient les leurs, était une
18 obligation. Mais après plusieurs années maintenant, je me souviens qu'il y
19 a eu des rumeurs, qu'on avait dit certaines choses, mais je ne me souviens
20 pas des détails précis. Selon une division qu'on avait faite, la police
21 devait s'occuper de cela, mais je ne sais pas quelles étaient les
22 activités, je ne sais pas ce qu'ils ont fait sur ce plan. Je ne le sais
23 vraiment plus. Je ne m'en souviens plus en réalité.
24 Q. Est-ce que vous avez eu des problèmes avec les gens qui voulaient
25 partir ?
26 R. De quel type de problèmes parlez-vous ? Pourriez-vous préciser votre
27 question ?
28 Q. Est-ce que cela vous a préoccupé personnellement ?
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1 R. Je peux vous confirmer que certaines personnes qui étaient malades ou
2 blessées avaient trouvé une façon de sortir de Zepa. Pour ce qui est
3 maintenant des soucis, il m'est bien difficile de vous dire après tant de
4 temps s'il y en a eu. Je ne m'en souviens plus.
5 Q. Pourquoi est-ce que vous avez précisé dans la réponse que vous avez
6 donnée en disant qu'il s'agissait de personnes malades et blessées ?
7 R. Je pensais surtout aux personnes qui étaient malades, car je me
8 souviens que certaines personnes avaient essayé de trouver un moyen d'être
9 transférées. En 1993/1994, il y avait des malades, il y avait beaucoup de
10 personnes malades qui avaient des problèmes de santé.
11 Q. Je parle d'hommes en âge de porter des armes qui voulaient partir, et
12 je pensais aux civils. Est-ce que cela vous a préoccupé qu'ils souhaitent
13 partir ? Est-ce que vous avez fait quelque chose pour les en empêcher ?
14 Est-ce que vous étiez personnellement préoccupé par ce fait ?
15 R. Voyez-vous, la population pouvait partir ou se rendre jusqu'à
16 Srebrenica sans problème si vous voulez, mais après, le territoire était
17 sous le contrôle de la VRS et il était impossible d'aller là-bas.
18 Maintenant pour ce qui est de cette histoire, lorsqu'on parle de partir de
19 Zepa - en fait, je ne comprends pas tout à fait bien à quoi vous faites
20 référence. De façon générale, tout le monde avait exprimé la volonté de
21 partir de Zepa, mais ils n'avaient pas de moyens pour partir.
22 Q. Pourrait-on prendre la pièce 6D39, s'il vous plaît. Voici un document
23 émanant du général de brigade Hadzihasanovic, en date du 26 mai 1995 envoyé
24 au colonel Palic. On peut y lire : "Afin d'empêcher que certains civils et
25 d'autres membres de l'ABiH quittent le territoire de Zepa sans permission
26 de façon illégale, il est nécessaire d'entreprendre les mesures
27 nécessaires." Sous le premier tiret ont voit coopération avec le poste de
28 sécurité publique, le SJB et un plan d'empêcher les personnes pour partir
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1 doit être fait.
2 Deuxièmement, et je cite également : "Outre de garder certaines
3 routes et secteurs, il sera nécessaire de mener un travail politique parmi
4 les habitants de Zepa. Les soldats devraient informer des dangers de partir
5 de cette région parmi la population, des dangers."
6 Alors, d'abord dites-nous, qu'est-ce qu'il veut dire ici par
7 personnes importantes de Zepa ?
8 R. Je ne sais pas ce que le général Enver pensait lorsqu'il a parlé
9 de personnes connues ou beaucoup d'influence. Je vois ce document pour la
10 première fois. Ici, on parle du départ de Zepa en disant qu'il fallait
11 monter à bord des premiers autocars pour aller en direction dans laquelle
12 on veut aller. S'agissant de partir de Zepa, ce n'est pas très clair.
13 Comment est-ce qu'on aurait pu quitter Zepa à partir de Zepa ? En principe,
14 non jamais, à moins d'aller à Srebrenica et de s'y arrêter. Donc cet ordre
15 ou cette recommandation en cas de départ, comme on le voit ici, comme porte
16 le titre - c'est-à-dire en lisant le titre de ce document, je vois que
17 c'est de cela qu'on parle - je trouve que c'est une façon un peu étrange
18 d'appeler les choses.
19 Je peux dire qu'il y a peut-être dix ou cinq à six membres de l'armée
20 qui avaient réussi de passer par le territoire contrôlé par la VRS et de se
21 retrouver sur le territoire qui était sous le contrôle de l'ABiH, mais
22 c'était très risqué. Je ne sais pas si dans cet ordre ou recommandation on
23 parle de cela. Ici on dirait que ce qui est écrit est simplement d'inviter
24 les personnes à monter à bord d'autocars pour aller là où ils veulent
25 aller, mais ce n'était pas la vérité du tout, ce n'est pas comment les
26 choses se sont déroulées.
27 Q. Donc l'ordre ou cette instruction de Hadzihasanovic ne vous est
28 jamais parvenu d'aucune façon que ce soit. Vous n'aviez jamais eu
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1 connaissance de cette instruction; est-ce que c'est cela ?
2 R. Non, je n'ai jamais eu connaissance de cette instruction. On parle de
3 la 285e Brigade. Non, je ne me souviens pas d'avoir eu connaissance de
4 cela.
5 Q. Pour clore ce sujet, pour ce qui vous concerne, ce n'était pas du tout
6 une préoccupation. Les autorités de Zepa n'étaient pas du tout préoccupées
7 par ce problème.
8 R. Pourriez-vous, je vous prie, être un peu plus clair dans votre
9 question. Je n'ai pas très bien saisi ce que vous voulez dire par là.
10 Q. Je vais passer à autre chose, si je puis. Un peu plus tôt aujourd'hui,
11 le Procureur M. Thayer, vous a demandé à la page 3, à la ligne 7, si vous
12 saviez que les armes et les munitions arrivaient à pénétrer dans l'enclave
13 malgré la démilitarisation ou l'accord sur la démilitarisation. Vous avez
14 répondu : "Selon les informations que j'ai eues dans la deuxième partie de
15 1994, les armes étaient fournies par hélicoptère, y compris les munitions."
16 R. Je le confirme.
17 Q. Ai-je raison de conclure de par cette réponse que vous ne saviez pas du
18 tout que des armes avaient été livrées en 1995 ?
19 R. Oui, oui, je sais. On avait livré par voie d'hélicoptère dans la
20 deuxième partie de 1994 et au début de 1995. C'était une période qui
21 englobait ces deux années-là.
22 Q. Pourquoi alors n'avez-vous pas parlé aux Juges de la Chambre de l'année
23 1995 alors que M. Thayer vous a posé cette question ?
24 R. Je ne sais pas. Ma réponse n'était peut-être pas précise. Mais il n'y a
25 absolument pas de problème. Ici ce n'est pas contesté. C'était dans la
26 deuxième partie de 1994 et au début de 1995. Ma réponse n'était peut-être
27 pas précise, c'est tout.
28 Q. A l'époque, étant dirigeant municipal, de quelle façon est-ce que vous
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1 perceviez cette livraison en fourniture d'armes qui représentait un bris
2 d'accord, une violation de l'accord qui existait ?
3 R. Ce n'était pas du tout sous ma compétence. Mes tâches ne permettaient
4 pas d'avoir aucune influence sur ce genre de livraison. C'était organisé
5 par l'armée. Toutes les informations que j'ai, que je détenais, que j'ai
6 données, ce sont des informations que j'avais entendues d'autres personnes.
7 Je n'avais pas de documents à consulter, je n'avais pas de documents précis
8 me parlant de cette livraison.
9 Q. Permettez-moi de préciser ma question. Est-ce que vous n'aviez pas
10 perçu ceci comme une route menant au désastre, puisque le fait d'être armé
11 permettait aux hostilités armées de s'enflammer, et que le fait d'avoir des
12 armes allait donner lieu à une activité armée ?
13 R. Le sort de Zepa était incertain. Il fallait régler les choses. La vie
14 n'était pas réelle, si vous voulez, d'une certaine façon. Je ne sais plus
15 quel était vraiment mon point de vue à l'époque, mais il fallait essayer de
16 trouver une solution pour sortir de cette impasse.
17 Q. Pourrait-on conclure, Monsieur, que ces armes qui avaient été fournies
18 à Palic et à ses hommes, desservaient à Palic et à ses hommes pour mener
19 des activités de sabotage contre les Serbes à l'extérieur de l'enclave au
20 cours de l'année de 1994 et de l'année 1995 ?
21 R. J'ai connaissance d'une activité militaire qui a eu lieu au cours de
22 l'année 1995 pour ce qui est des activités éventuelles en 1994 et pour
23 parler du mois de mai 1993. Après, je ne me souviens pas de ces activités-
24 là, je crois qu'il n'y en a pas eu. Mais je peux vous confirmer qu'il y a
25 eu une activité militaire en 1995.
26 Q. Je vais vous poser maintenant une dernière question pour aujourd'hui.
27 Celle dont vous aviez connaissance en 1995, cette activité s'est déroulée
28 où et quand ?
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1 R. C'était d'abord vers la mi-juin 1995. J'ignore les détails de l'action,
2 mais je crois qu'elle avait été menée du côté nord-est de l'enclave. Pour
3 être bien franc avec vous, les détails je les ignore. Je ne sais pas quel
4 était l'objectif de cette action, et cetera.
5 M. JOSSE : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que le moment est
6 opportun. Je souhaiterais à nouveau de terminer mon contre-interrogatoire
7 pour aujourd'hui.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Josse.
9 Le témoin va devoir revenir lundi matin à 9 heures dans cette même
10 salle d'audience. Entre-temps je voudrais répéter ce que j'ai dit hier.
11 Monsieur, je vous demanderais de ne pas contacter qui que ce soit. Je vous
12 demanderais non plus de ne pas parler à d'autres personnes de la teneur de
13 votre déposition. Merci.
14 Alors, bon week-end à tous et à toutes et nous nous reverrons lundi matin
15 dans cette même salle d'audience.
16 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi
17 2 avril 2007, à 9 heures 00.
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