Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 20 novembre 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame la Greffière. Veuillez

  6   citer l'affaire, s'il vous plaît.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges,

  8   il s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et

  9   consorts.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Je salue toutes les

 11   personnes présentes dans le prétoire. Je constate du côté de la Défense

 12   l'absence de Me Ostojic. Pour l'Accusation, nous avons M. McCloskey.

 13   Donc je pense que nous pouvons commencer. Y a-t-il des questions

 14   préliminaires ? Non. Ce témoin n'a pas de mesures de protection ? C'est

 15   cela ?

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Néanmoins, peut-être une mise en garde.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Merci.

 18   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Janjic.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour à vous.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaite vous accueillir dans ce

 22   Tribunal, vous accueillir dans ce procès.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous allez maintenant faire une

 25   déposition. Notre Règlement exige, avant de commencer votre déposition, que

 26   vous fassiez une déclaration solennelle en vertu de quoi vous allez dire la

 27   vérité. Le texte de cette déclaration solennelle va maintenant vous être

 28   présenté. Veuillez le lire, s'il vous plaît, à voix haute, et ceci

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  1   équivaudra à une prestation de serment.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  3   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  4   LE TÉMOIN: MILE JANJIC [Assermenté]

  5   [Le témoin répond par l'interprète]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Janjic.

  7   Veuillez vous asseoir.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La procédure adoptée ici est assez

 10   simple et peu compliquée. M. McCloskey va vous poser une série de

 11   questions, ensuite ce sera au tour des différents avocats de la Défense de

 12   vous contre-interroger. Si nous coopérons tous, et ceci s'adresse à vous

 13   également, si vous êtes en mesure de nous fournir des réponses aussi

 14   précises et exactes que possible, nous pourrons terminer votre déposition

 15   aujourd'hui.

 16   Mais avant de commencer votre déposition, nous souhaitons attirer votre

 17   attention sur quelque chose qui peut vous intéresser. Vous avez vécu ces

 18   événements, et certains de ces événements font l'objet de l'acte

 19   d'accusation qui nous concerne. Il se peut néanmoins, et bien que cette

 20   possibilité soit quelque chose qui relève plutôt de la probabilité au cours

 21   de l'interrogatoire principal et du contre-interrogatoire, certaines de vos

 22   réponses pourraient vous exposer à une procédure pénale. Ceci n'est pas le

 23   cas de toutes les juridictions pénales de par le monde, mais nous avons une

 24   disposition dans notre Règlement qui vous donne un droit limité, à savoir

 25   vous pouvez être exempté de fournir des réponses. Ceci n'est pas un droit

 26   absolu dans la mesure où nous pouvons accéder à votre demande et vous

 27   accorder cette exception à la règle, ou nous pouvons ne pas être d'accord

 28   avec vous et vous sommer de répondre à la question.

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  1   Si nous optons pour la dernière solution et que nous vous sommons de

  2   répondre à la question, à ce moment-là vous disposez d'un autre droit. Pour

  3   autant que les réponses que vous fournissez à ces questions correspondent à

  4   la vérité, ceci signifie que toutes les réponses que vous donnerez ne

  5   pourront pas être utilisées contre vous et ne seront pas utilisées dans

  6   d'autres procès qui pourraient avoir lieu. Comme je vous l'ai dit, je vous

  7   signale que vous disposez de ces droits en vertu du Règlement, non pas

  8   parce que je pense que le cas va se présenter, mais dans le cas où de

  9   telles questions pourraient vous être posées, et ce moment-là il est

 10   important que vous sachiez quels sont vos droits. Est-ce que j'ai été clair

 11   ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Janjic.

 14   Monsieur McCloskey, c'est à vous. Vous pouvez interroger le témoin.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bonjour, Monsieur Janjic, et bonjour à

 16   vous, Madame, Messieurs les Juges.

 17   Interrogatoire principal par M. McCloskey : 

 18   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Janjic. Tout d'abord, est-ce que

 19   vous pourriez nous donner votre nom pour les besoins du compte rendu, s'il

 20   vous plaît ?

 21   R.  Mile Janjic.

 22   Q.  Quel âge avez-vous ?

 23   R.  Je suis né en 1971.

 24   Q.  Quel est votre métier actuellement ?

 25   R.  Je suis un travailleur agricole.

 26   Q.  De quel pays venez-vous ?

 27   R.  Je vis actuellement en Autriche, et j'y travaille.

 28   Q.  Est-ce que vous avez témoigné dans l'affaire Blagojevic au mois de mai

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  1   2004, en tant que --

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et vous étiez à ce moment-là témoin à décharge cité à la barre par Me

  4   Karnavas; c'est exact ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce que vous avez pu écouter la retranscription audio de votre

  7   déposition au cours de ces derniers jours ?

  8   R.  Après cette date-là, oui, mais ce n'est que dimanche dernier, il y a

  9   deux jours.

 10   Q.  Bien. Est-ce que vous avez également remis une déclaration au procureur

 11   de l'Etat de la BiH au mois de février de cette année ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de voir un compte rendu de cet

 14   entretien dans votre langue hier ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Lorsque vous avez écouté votre témoignage, avez-vous constaté qu'il y a

 17   certains domaines sur lesquels vous souhaitez apporter des précisions avec

 18   moi ce matin, des éléments que nous avons vus ensemble ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Hormis ces précisions que nous allons voir ensemble, si on vous repose

 21   ces mêmes questions aujourd'hui, est-ce que vos réponses seraient les mêmes

 22   ?

 23   R.  Je pense que oui.

 24   Q.  Avez-vous, lorsque vous avez fait votre déposition, dit la vérité dans

 25   ce procès-là ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Et vous maintenez ce que vous avez dit dans votre déposition ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Bien. Comme je vous l'ai déjà dit, je vais vous lire un résumé de cette

  2   déposition, et ensuite parler de points à préciser. A la lecture de ce

  3   résumé --

  4   L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils ne disposent pas de ce

  5   résumé.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] 

  7   Q.  -- si vous constatez qu'il y a une modification que vous

  8   souhaitez apporter, n'hésitez pas à m'interrompre. Quelquefois, il y a des

  9   questions de traduction, peut-être qu'il y a quelque chose qui vous vient à

 10   l'esprit au moment où je vous lis ceci, d'accord ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Au mois de juillet 1995, M. Janjic était un membre de la Brigade de

 13   Bratunac de la police militaire. Dans la période qui a précédé la chute de

 14   Sbrebrenica, le 11 juillet, M. Janjic était de garde et s'occupait de ses

 15   activités régulières au sein de la police militaire. Le 11 juillet 1995,

 16   tard dans l'après-midi, juste avant la tombée de la nuit, 10 à 15 membres

 17   de son unité de police militaire ont été rassemblés par Momir Nikolic et on

 18   leur a dit de se rendre à l'hôtel Fontana.

 19   M. Janjic s'est exécuté et a rencontré des personnes qui se disaient être

 20   membres de la garde rapprochée du général Mladic, et ces gens-là ont

 21   demandé aux membres de son groupe d'assurer la sécurité à l'extérieur de

 22   l'hôtel Fontana. Plus tard ce soir-là, après que des négociations aient eu

 23  lieu à l'hôtel, les gardes de la garde rapprochée de Mladic ont demandé à M.

 24   Janjic ainsi qu'à d'autres membres de la Brigade de Bratunac d'assurer la

 25   sécurité des chambres des étages supérieurs de l'hôtel. M. Janjic ainsi que

 26   d'autres membres de la Brigade de Bratunac ont assuré la sécurité de cet

 27   endroit pendant toute la nuit. Ils ont quitté les lieux le matin du 12 et

 28   sont revenus dans le bâtiment de la police militaire le matin.

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  1   Ils se sont présentés dans ce bâtiment de la police militaire dans la

  2  matinée du 12. M. Janjic a vu M. Mirko Jankovic, le commandant de son unité,

  3   ainsi que son adjoint, Mile Petrovic. Mirko Jankovic lui a dit que Momir

  4   Nikolic allait l'appeler pour lui assigner une tâche. Peu de temps après,

  5   quelqu'un est entré dans la pièce et a déclaré que Momir Nikolic a déclaré

  6   que la police militaire devait se rendre à Zuti Most. Mirko Jankovic a

  7   ensuite indiqué aux 10 ou 15 membres de l'unité qui étaient rassemblés là

  8   de se rendre à Zuti Most.

  9   M. Janjic s'est rendu avec le groupe de membres de son unité, et lorsqu'ils

 10   sont arrivés à Zuti Most, ils ont rencontré Momir Nikolic. Momir Nikolic

 11   leur a dit de se rendre en direction de Potocari, et qu'il allait les

 12   rattraper à cet endroit-là.

 13   Dix minutes plus tard, lorsque le groupe était arrivé à Potocari --

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Monsieur McCloskey. Maître

 15   Nikolic ?

 16   Mme NIKOLIC : [interprétation] J'hésite à interrompre. Nous n'avons jamais

 17   reçu le résumé de la déclaration. La déclaration 92 ter. J'ai vérifié

 18   plutôt que d'interrompre dès le début, mais nous n'avons rien reçu.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce la position de tous les autres

 20   avocats de la Défense ? Je vois des signes de la tête.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] En fait, j'ai apporté la dernière touche ce

 22   matin. C'est un simple résumé.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons poursuivre ? Je

 24   comprends bien votre position, mais nonobstant cela, est-ce que nous

 25   pouvons poursuivre ? Bien. Poursuivons.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois qu'il n'y a pas d'exigences

 27   particulières.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais là n'est pas la question.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Voyons où nous nous sommes arrêtés.

  2   Momir Nikolic leur a dit de se diriger vers Potocari et qu'il allait les

  3   rattraper. Environ dix minutes plus tard, lorsque le groupe était arrivé à

  4   Potocari, Momir Nikolic a rencontré ce groupe d'hommes et a dit à Mile

  5   Janjic plus précisément que sa tâche ce jour-là consistait à aider le

  6   colonel Jankovic. M. Janjic ne savait pas qui était le colonel Jankovic.

  7   Momir Nikolic lui a ensuite montré qui était le colonel Jankovic en lui

  8   montrant qui c'était, il était debout non loin de là. M. Janjic s'est

  9   ensuite dirigé vers lui et s'est présenté à lui. Le colonel Jankovic lui a

 10   dit que des autocars et des camions arriveraient pour emmener les civils

 11   musulmans de Potocari pour les emmener à Kladanj. Le colonel Jankovic a dit

 12   que la tâche lui incomberait, à savoir celle du colonel Jankovic, de

 13   compter le nombre de Musulmans qui seraient ainsi emmenés à l'extérieur de

 14   Potocari, et que c'était à Janjic de l'aider à faire cela et d'autres

 15   hommes de la police militaire leur viendraient en aide pour ce faire.

 16   Le colonel Jankovic a dit ceci à M. Janjic le matin, avant que tout autocar

 17   ou camion ne soit arrivé. M. Janjic et le colonel Jankovic étaient à 100

 18   mètres environ en direction de Bratunac, là où il y avait un grand

 19   rassemblement de Musulmans. M. Janjic a mené à bien cette tâche tout au

 20   long de la journée le 12 juillet, ainsi que toute la journée du lendemain,

 21   le 13 juillet. Le premier jour, il a compté 9 000 et quelques centaines de

 22   femmes et d'enfants musulmans qui quittaient Potocari. Un membre de la

 23   police civile, appelé Milisav Ilic, a également participé au dénombrement

 24   des Musulmans.

 25   Au cours de ces deux jours, M. Janjic n'a vu aucun Musulman que l'on

 26   attaquait ou que l'on abusait d'une manière ou d'une autre. M. Janjic a vu

 27   des hommes qui étaient séparés de leurs familles. Ce processus de

 28   séparation des hommes de leurs familles a commencé lorsque les premières

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  1   personnes ont commencé à monter à bord des bus, des autocars le 12 juillet.

  2   Les officiers que Janjic ne connaissait pas donnaient des ordres à des

  3   hommes en uniforme que Janjic ne connaissait pas. Il s'agissait de séparer

  4   les hommes de leurs familles. Ces hommes en uniforme se sont présentés à

  5   Janjic et ont précisé qu'ils venaient de l'unité spéciale, et Janjic savait

  6   que c'était une abréviation qui correspondait à une unité de police

  7   militaire spéciale placée sous les ordres du MUP.

  8   M. Janjic a remarqué que les hommes qui avaient été séparés étaient

  9   emmenés de l'autre côté de la rue. Il a demandé à l'un des membres de cette

 10   unité spéciale de la police pourquoi les choses se passaient ainsi et on

 11   lui a rétorqué que c'était sous les ordres donnés par le général Mladic. Au

 12   cours de la journée, M. Janjic a remarqué que Momir Nikolic était là à

 13   Potocari. Il l'a vu s'entretenir avec des membres de la police spéciale. M.

 14   Janjic a également vu le général Krstic et son entourage à Potocari le

 15   premier jour, ainsi que le général Mladic.

 16   Plus tard dans l'après-midi, les autocars sont arrivés et les hommes

 17   qui avaient été séparés ont été placés à bord des autocars et emmenés dans

 18   la direction de Bratunac. Ceci est arrivé un peu plus bas par rapport à

 19   l'endroit où les femmes et les enfants montaient à bord des autocars. Le

 20   colonel Jankovic a dit à M. Janjic de compter ces hommes que l'on avait

 21   séparés des femmes ainsi que des femmes et des enfants. M. Janjic a déclaré

 22   que dix à 15 autocars ont été chargés d'hommes ce jour-là, le 12 juillet.

 23   M. Janjic ne se souvient pas du chiffre exact d'hommes qui sont montés à

 24   bord des autocars le 12, mais il se souvient qu'il y avait plus de 50

 25   personnes par autocar. M. Janjic n'a pas donné une estimation par rapport

 26   au nombre d'hommes qui avaient été séparés le 13, parce que les autocars

 27   sont arrivés à plusieurs fois et il ne se souvient pas combien d'autocars

 28   en réalité ont transporté les hommes musulmans de Potocari ce jour-là.

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  1   Le transport des personnes s'est poursuivi la journée du 12 jusqu'à

  2   la tombée de la nuit environ. Le colonel Jankovic était là dans ce secteur

  3   pendant toute la journée.

  4   En fin d'après-midi, le colonel Jankovic a dit à M. Janjic que la

  5   même chose se poursuivrait le lendemain.

  6   A la fin de leur journée de travail à Potocari ce jour-là, Momir

  7   Nikolic est passé et a donné l'ordre à Janjic ainsi qu'à d'autres de se

  8   présenter et de se rendre à l'extérieur du bâtiment de la police militaire

  9   à Bratunac lorsqu'ils avaient terminé leur tâche.

 10   Donc après l'évacuation de la journée, M. Janjic ainsi que d'autres membres

 11   de la Brigade de Bratunac sont retournés à Bratunac et se sont présentés au

 12   bâtiment de la police militaire. M. Janjic ainsi que les autres membres de

 13   la brigade ont reçu l'ordre d'assurer la sécurité à l'hôtel Fontana. M.

 14   Janjic ainsi que les autres membres de la brigade ont traversé la ville

 15   pour se rendre à l'hôtel Fontana et ils ont commencé à assurer la sécurité

 16   comme ils l'avaient fait la vielle.

 17   Le lendemain matin, ils sont retournés à pied au bâtiment de la police

 18   militaire et ont reçu pour tâche de la part de Momir Nikolic de retourner à

 19   Potocari et de reprendre leur travail et de faire la même chose qu'ils

 20   avaient fait le jour précédent.

 21   Lorsque M. Janjic est retourné à Potocari, il a vu le même groupe de

 22   membres de la police spéciale qu'il avait vu la vielle. Peu de temps après

 23   sa venue à Potocari, il a vu qu'il y avait d'autres autocars et camions qui

 24   sont arrivés ainsi que le colonel Jankovic. Ils ont poursuivi ce qu'ils

 25   avaient fait la vielle. Ils dénombraient le nombre de personnes qui

 26   quittaient Potocari.

 27   Le colonel Jankovic n'a pas donné d'ordres nouveaux, mais à un moment donné

 28   le colonel Jankovic est venu vers eux et leur a dit de faire plus attention

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  1   au nombre de personnes et de compter plus précisément. Le travail s'est

  2   poursuivi le 13 juillet comme le jour précédent. Les hommes ont été séparés

  3   de leurs familles et emmenés par autocars à Bratunac. Les membres de la

  4   Brigade de Bratunac accompagnaient certains de ces autocars et revenaient

  5   par la suite. M. Janjic a demandé à un de ses collègues pourquoi il était

  6   revenu aussi vite. M. Janjic a demandé à l'un de ses collègues pourquoi il

  7   est rentré aussi vite et son collègue lui a dit que les hommes musulmans

  8   ont été emmenés à l'école à Bratunac et qu'ils étaient gardés là-bas. M.

  9   Janjic a trouvé cela bizarre et a demandé à un officier de la police

 10   spéciale ce qui se passait. On lui a dit que la tâche a été accomplie et il

 11   fallait fermer le point de contrôle à Potocari le plus vite possible et

 12   puisqu'il n'y avait pas assez de véhicules pour transporter les hommes plus

 13   tard, que les autres véhicules allaient venir peu après.

 14   Le 13, Momir Nikolic est arrivé et est parti comme le jour avant et le

 15   colonel Jankovic est resté à Potocari la journée entière.

 16   Vers la fin de la journée du 13, le colonel Jankovic a ordonné à

 17   Janjic et aux autres de prendre un véhicule et de se diriger dans la

 18   direction de Srebrenica, et s'ils trouvaient des Musulmans, de leur dire de

 19   venir à Potocari parce qu'à Potocari il y avait des véhicules qui allaient

 20   les transporter à Kladanj. Le colonel Jankovic a dit à Janjic de dire aux

 21   autres de ne pas provoquer de la panique et que tout allait bien.

 22   M. Janjic a exécuté cet ordre à peu près vers la tombée de la nuit.

 23   Il a rencontré une douzaine de Musulmans, pour la plupart il s'agissait des

 24   femmes, et il leur a dit d'aller à Potocari d'où elles allaient être menées

 25   à Kladanj avec les autres. M. Janjic est retourné à Potocari de la région

 26   de Srebrenica, et à Potocari il a vu Momir Nikolic. Momir Nikolic lui a dit

 27   et il a dit aux autres membres de la police militaire de Bratunac de se

 28   présenter au bâtiment de la police militaire pour aller au front. M. Janjic

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  1   et les autres ont procédé ainsi, et là-bas ils ont rencontré encore une

  2   fois Momir Nikolic. Momir Nikolic leur a dit d'aller dans la ville et

  3   d'aider les autres qui assuraient la sécurité des Musulmans détenus dans

  4   les écoles et à bord des véhicules qui se trouvaient tout près de l'école.

  5   M. Janjic et les autres membres de la police militaire de la Brigade

  6   de Bratunac sont restés à Bratunac toute la nuit pour garder les autocars à

  7   bord desquels il y avait des hommes musulmans. A un moment donné, il a

  8   entendu un homme crier dans la direction de l'école et c'était comme s'il

  9   avait ressenti une résistance. Peu après, il a entendu des tirs d'une arme

 10   automatique après quoi les cris ont arrêté. M. Janjic n'a pas vu quelqu'un

 11   qui aurait été blessé ou tué à Bratunac cette nuit-là. Durant la nuit,

 12   entre à peu près 22 heures et minuit, Momir Nikolic est arrivé et leur a

 13   dit de continuer de travailler.

 14   Dans la matinée du 14, les soldats sont arrivés à cette localité. Ils

 15   portaient des pulls noirs et des bandeaux noirs autour de leurs têtes et

 16   certains d'entre eux avaient des chiens. Certains de ces hommes sont montés

 17   à bord des autocars et les autocars ont commencé à partir. Quand tous les

 18   autocars étaient partis, M. Janjic est rentré chez lui pour se reposer.

 19   Lorsque le témoin était à Potocari, il a vu qu'on a donné de la

 20   nourriture aux civils musulmans. Le témoin n'a pas reçu de nourriture

 21   pendant qu'il était à Potocari le 12 et le 13. Pendant la nuit du 13

 22   juillet et la matinée du 14, M. Janjic et son collègue de la police

 23   militaire ont donné de l'eau et du pain à des Musulmans dans le bus.

 24   Q.  Est-ce que c'est vrai ?

 25   R.  Je n'ai pas de papier et de stylo pour pouvoir noter quelques

 26   corrections. Je ne sais pas si cela était bien interprété. Au début du

 27   résumé, après la première soirée vers 12 heures, il a été dit qu'ils

 28   étaient partis à la police, et "dans la matinée ils étaient retournés à la

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  1   police."

  2   Q.  Pouvez-vous tirer cela au clair, s'il vous plaît, c'est-à-dire nous

  3   dire ce qui s'est passé pour que nous puissions comprendre cela mieux ?

  4   R.  Dans la matinée, nous sommes partis dans la direction du bâtiment de la

  5   police. Ce qui ne m'est pas clair c'est la mention du temps, c'est-à-dire

  6   12 heures. Pouvez-vous peut-être dire comment cela a été traduit.

  7   Q.  Vous parlez de quelle matinée ? De quel jour ?

  8   R.  C'est la matinée du 12. C'est lorsqu'on est parti pour la première fois

  9   à la police et lorsqu'on a exécuté notre première tâche à Potocari.

 10   Q.  Bien. Merci.

 11   R.  J'ai encore des corrections à apporter pour ce qui est du chiffre 9

 12   000. Il a été dit : "Des enfants et des femmes." C'est ce que j'ai compris.

 13   J'ajouterais qu'il y avait des femmes, des enfants et des hommes. Ce nombre

 14   de personnes, dans ce nombre d'entre 10 et 15 000, qui à la fin de la

 15   journée à bord des autocars étaient partis dans la direction de Potocari.

 16   Q.  Bien. Est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter par rapport à ce

 17   résumé ?

 18   R.  [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît.

 20   Maître Zivanovic, vous avez la parole.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je m'excuse, mais il y a une autre erreur à

 22   la page 12, à la ligne 4, entre 10 et 15 000. Je ne sais pas s'il agit du

 23   nombre d'autocars ou du nombre de personnes.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère qu'il ne s'agissait pas

 25   d'autocars. Je suppose que nous parlons des personnes. Je ne sais pas.

 26   Peut-être qu'on pourrait éclaircir cela. Monsieur McCloskey, pouvez-vous

 27   nous éclaircir là-dessus.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation]

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  1   Q.  Avez-vous parlé d'entre 10 et 15 000 personnes ou autocars ?

  2   R.  Non, il ne s'agissait pas de 10 ni 15 000 autocars. Il s'agissait de 10

  3   ou 15 autocars.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maintenant c'est clair. Il n'y

  5   avait pas de quelques milliers d'autocars impliqués. Merci, Monsieur

  6   Janjic.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Janjic, je voudrais maintenant qu'on vérifie trois choses,

  9   c'est-à-dire il faut qu'on revienne à ces trois choses dont vous avez parlé

 10   auparavant. Le premier élément se trouve au compte rendu du procès

 11   précédent à la page 9 852 --

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, Monsieur McCloskey,

 13   parce que lorsque Me Zivanovic est intervenu, le témoin allait répondre à

 14   la question que vous avez posé. Revenons à cette question, s'il vous plaît.

 15   Le témoin venait d'expliquer ce qui s'est passé quant à ces 10 ou 15

 16   autocars à la fin de la journée étaient partis dans la direction de

 17   Bratunac. Après ça, vous lui avez demandé s'il avait ajouté quelque chose

 18   d'autre, ensuite il a dit : "Cela n'est pas clair pour moi," après quoi il

 19   a été interrompu. Permettez-lui de finir sa phrase, sa réponse. Monsieur

 20   Janjic.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je m'excuse.

 22   Q.  Avez-vous voulu expliquer d'autres choses ?

 23   R.  Pour ce qui est du détail quant à la deuxième journée, du 13, pour ce

 24   qui est des autocars, à un moment donné les autocars retournaient vite et

 25   après ils étaient repartis à l'école à Bratunac. J'ai compris que mes

 26   collègues ont escorté les autocars jusqu'à l'école à Bratunac, et que j'ai

 27   demandé aux membres de la police spéciale où ils allaient, et je dirais que

 28   mes collègues, avec les membres de la police spéciale, escortaient les

Page 17936

  1   autocars jusqu'à l'école à Bratunac. Moi, je dirais cela. C'était ce que

  2   j'ai voulu ajouter.

  3   Q.  Lorsque vous dites "collègues", à qui pensez-vous ?

  4   R.  Ce sont les membres de la police militaire. Je les appelle souvent

  5   collègues. Je pense qu'ils ont escorté ensemble les collègues, c'est-à-dire

  6   la police militaire et la police spéciale ont escorté les autocars ce jour-

  7   là à ce même endroit.

  8   Q.  Lorsque vous dites qu'ils les ont escortés, est-ce que vous pensez

  9   qu'ils les ont escortés hors des autocars ou à bord des autocars ?

 10   R.  Il s'agissait d'une pratique habituelle, non pas quand il s'agit des

 11   hommes, et aussi quand il s'agissait des autocars à bord desquels se

 12   trouvaient des femmes. Toujours il y a les membres de l'armée, c'est-à-dire

 13   de la police militaire ou de la police spéciale, qui escortent ces

 14   autocars. Ils sont toujours à bord des autocars, un ou deux membres. Ils

 15   sont tout près du siège du chauffeur d'autocar.

 16   Q.  Merci de nous avoir éclaircis sur ce sujet.

 17   Est-ce qu'il y a d'autres choses à ajouter de votre part pour ce qui est de

 18   ce résumé ?

 19   R.  Je pense que non, que je n'ai rien d'autre à ajouter quant au résumé.

 20   Q.  Bien. Maintenant, revenons à des clarifications ou modifications dont

 21   nous avons parlé avant d'être venus dans le prétoire. D'abord, il s'agit de

 22   la page 9 852, à la page 12 -- excusez-moi, c'est la page 9 808, lignes 1 à

 23   3. Dans cette partie de votre témoignage, vous avez dit que Momir Nikolic

 24   vous a dit que pendant la nuit du 13, votre groupe allait travailler

 25   jusqu'à minuit, après quoi les autres vous remplaceraient; est-ce vrai ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Bien. Est-ce que Momir Nikolic a effectivement dit cela, à savoir que

 28   le travail allait être fini à minuit ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Avez-vous lu dans votre déclaration faite au procureur de l'Etat, est-

  3   ce que vous avez lu ce que vous avez dit à propos du même sujet ? Souvenez-

  4   vous de ce que vous avez dit au procureur de l'Etat par rapport à ce même

  5   sujet ?

  6   R.  Je l'ai lu, oui, sa déclaration, mais je ne l'ai pas comprise. J'ai

  7   compris que Momir Nikolic nous a promis que le travail serait fini jusqu'à

  8   minuit et que les gens partiraient, mais cela n'a pas été du tout fini à

  9   minuit, mais seulement le lendemain matin. C'était ça, la faute. Peut-être

 10   que je ne l'ai pas bien entendu ou que cela n'a pas été bien interprété. En

 11   tout cas, le travail était fini le lendemain matin, et lui il nous a pris

 12   que le travail serait fini à minuit, mais ce n'était pas le cas.

 13   Q.  Très bien. Maintenant passons à une autre correction et c'est à la page

 14   9 852, à la ligne 12, dans votre témoignage dans l'affaire Blagojevic, vous

 15   avez déclaré que vous n'étiez pas au courant des hommes qui se trouvaient

 16   au stade à Bratunac le 13 juillet, et dans l'entretien que vous avez eu

 17   avec les représentants du tribunal de l'Etat, vous avez fourni des

 18   informations concernant le stade. Pouvez-vous expliquer cela, si vous vous

 19   en souvenez ?

 20   R.  Oui. Pour autant que je me souvienne de ces préparatifs pour l'affaire

 21   Blagojevic, M. Michael Karnavas a demandé lors de la séance de récolement

 22   que je lui parle seulement de ce que j'ai vu, où j'ai été, et des choses

 23   dont je suis absolument certain, et non pas des choses que j'ai entendues

 24   dire d'autres gens, seulement de lui dire les faits, à savoir avec qui j'ai

 25   parlé et où j'ai été. Mais cela, je n'ai pas vu. Mais j'ai entendu parler

 26   de cela. Et aujourd'hui également, il y aura également des choses qui

 27   resteront peut-être sans réponse ou incomplètes.

 28   Q.  Bien. Et il y a également une autre clarification à apporter pour ce

Page 17938

  1   qui est de la page 9 814, cela commence à la ligne 8, où vous avez témoigné

  2   que certains soldats sont arrivés à Bratunac au cours de la matinée et que

  3   vous ne les connaissiez pas. Mais il semble que dans votre déclaration

  4   faite au procureur de l'Etat que vous ayez identifié ces personnes; est-ce

  5   vrai ?

  6   R.  Je pense que les deux déclarations sont vraies. La première

  7   déclaration, à savoir que je ne les connaissais, je maintiens cela. Donc il

  8   n'y avait que des suppositions de ma part, je pense qu'ils ressemblaient

  9   aux membres de la police spéciale parce qu'il y avait deux appellations

 10   pour ce qui est de cette formation, de cette unité. On les appelait membres

 11   de la police spéciale. Peut-être que ce que j'ai dit par rapport à ces

 12   membres a été omis dans la traduction parce que j'ai dit qu'ils

 13   ressemblaient aux membres de la police spéciale.

 14   Q.  Vous avez mentionné que vous utilisiez deux dénominations pour ce qui

 15   est de la police spéciale. Pouvez-vous nous dire ces noms ?

 16   R.  Lors de tous ces événements, tout le monde savait que la police

 17   spéciale existait, la police spéciale, je peux dire ce que je pense sur

 18   cette police spéciale. Mon opinion est tout à fait positive pour ce qui est

 19   de ses membres, ils étaient professionnels. Nous étions au courant de

 20   l'existence des formations de déserteurs, c'est comme cela qu'on les

 21   appelait, qui ont été rattachés à cette unité spéciale de la police.

 22   Q.  Bien. Alors dites-nous, parce que vous avez dit que vous avez vu les

 23   hommes qui étaient séparés des autres au moment où les gens ont commencé à

 24   monter à bord des autocars. Pouvez-vous nous dire qui a séparé ces hommes

 25   des autres ?

 26   R.  Sur place, il y avait des membres de la police spéciale. Mais il faut

 27   qu'on trouve une autre appellation. La police spéciale de départ ou quelque

 28   chose comme cela, parce qu'il y avait des petits groupes au début. Nous les

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  1   appelions, les membres des détachements de déserteurs qui ont été rattachés

  2   à la police spéciale, si je peux  utiliser ce terme, unité de déserteurs,

  3   qui était dans le cadre de l'unité de la police spéciale.

  4   Q.  Mais si vous le savez, pouvez-vous nous dire qui a séparé les hommes de

  5   leurs familles ?

  6   R.  Ce deuxième groupe de déserteurs qui faisaient partie de la police

  7   spéciale, qui faisaient partie intégrante de la police spéciale à l'époque.

  8   Q.  Je le sais, mais vous devriez nous dire qui a séparé les hommes pour

  9   que cela soit clairement consigné au compte rendu.

 10   R.  Oui, je vous ai compris. Ma réponse est la police spéciale, parce que

 11   j'ai compris que je n'ai pas parlé de groupes ou de formations.

 12   Q.  Bien. Avez-vous vu des membres de cette unité de déserteurs en train de

 13   séparer les hommes de leurs familles ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Connaissiez-vous le surnom de l'un des supérieurs de la police spéciale

 16   qui se trouvait à Potocari ?

 17   R.  Oui. Je connaissais l'un d'entre eux, l'un des chefs de compagnie,

 18   section ou autre unité pour ce qui est des événements survenus en 1990. La

 19   dernière fois, lorsque j'ai été dans le prétoire je n'ai pas eu l'occasion

 20   de parler de lui. Je ne connais que son surnom. Je ne connais pas son nom.

 21   C'est Mane ou Manic. C'était son surnom, mais je ne suis pas tout à fait

 22   certain.

 23   Q.  Avez-vous fourni cette information quant à Mane au procureur de l'Etat

 24   en février, cette année ?

 25   R.  Oui. Pourtant, j'ai vu dans la déclaration que cela ne figure pas. Je

 26   ne sais pas pourquoi cela ne figure pas dans la déclaration. Pourtant, je

 27   suis sûr qu'en juin cette question m'a été posée dans le prétoire, question

 28   à laquelle j'ai répondu. Et en février, cette déclaration a été montrée,

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  1   mais également une photographie de cette personne a été montrée ici.

  2   Q.  Je ne vous ai pas posé des questions pour ce qui est -- parce que vous

  3   avez témoigné dans une affaire qui se déroule en Bosnie, cette année,

  4   n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Pour ce qui est des mêmes événements ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et nous n'étions pas en mesure de vous montrer le compte rendu ni

  9   l'enregistrement audio de cette affaire, n'est-ce pas ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Quand le procureur de l'Etat vous a-t-il montré la photographie d'une

 12   personne au moment où vous lui avez dit que vous vous souveniez du surnom

 13   Mane ?

 14   R.  Je me souviens du surnom Mane ou Manic, et après avoir dit cela au

 15   procureur il m'a montré une photographie. C'est ce que j'ai déjà dit.

 16   Q.  Avez-vous reconnu la personne sur la photographie ?

 17   R.  Je l'ai reconnue. Je connaissais cette personne depuis 1992, il est

 18   venu chez moi à plusieurs reprises. Il était, comment dire, chef d'une

 19   unité spéciale à l'époque, je ne dirais pas qu'il s'agissait de l'unité de

 20   police, parce qu'à l'époque on appelait toutes les unités tout simplement

 21   "unité" après la chute de Kravica.

 22   Ils ont été envoyés de Bijeljina en renfort au peuple serbe à Kravica, où

 23   ils sont restés jusqu'à la chute de Kravica, le 7 janvier 1993. Donc nous

 24   avions des contacts pendant une semaine, ou une dizaine de jours.

 25   Q.  Donc où habitiez-vous vers la fin de 1992 et en 1993 pendant la période

 26   où vous aviez des contacts avec la personne que vous avez reconnue ?

 27   R.  Avant 1992, toute l'année 1992 jusqu'à Noël, le 7 janvier jusqu'à

 28   l'entrée des groupes musulmans féroces à Kravica, quand ils ont incendié

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  1   mon village. C'est à ce moment-là où je suis parti à Bratunac.

  2   Q.  Maintenant, dites-moi si je vous ai montré la même photographie que le

  3   procureur de l'Etat vous a montrée.

  4   R.  Vous m'avez dit que vous disposez de plusieurs photographies, mais vous

  5   m'avez montré seulement une photographie, et il s'agit de la même

  6   photographie. Mais vous n'avez pas dit qu'il s'agissait de la même

  7   personne. Vous m'avez dit : "Dans ce jeu de photographies, il y a une

  8   photographie que je vais vous montrer." C'est comme cela que vous m'avez

  9   dit.

 10   Q.  Regardons cette photographie. Il s'agit du document 1936 de la liste 65

 11   ter, et ce document se trouve dans le logiciel Sanction.

 12   Il s'agit de la page 60 dans le système de prétoire électronique.

 13   Est-ce que vous pouvez voir la photographie sur l'écran devant vous ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Reconnaissez-vous la personne sur la photographie ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Qui est cette personne ?

 18   R.  C'est la personne dont on a parlé tout à l'heure, et dont nous avons

 19   mentionné le surnom ou le prénom.

 20   Q.  Bien. Où l'avez-vous vue -- je m'excuse, quand l'avez-vous vue pour la

 21   première fois ?

 22   R.  Je ne peux pas vous garantir pour ce qui est de la date exacte. Je l'ai

 23   vue à plusieurs reprises, toujours au même endroit, il s'agissait de la

 24   sortie à la barrière, en fait il s'agissait d'un ruban utilisé par la

 25   police de couleur rouge et blanche qu'on peut considérer comme une

 26   barrière, où les Musulmans se dirigeaient vers les autocars par groupe.

 27   Q.  Et qu'est-ce qu'il faisait là-bas ?

 28   R.  Je pense qu'il a aidé à ce que tout se passe comme il fallait, c'est au

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  1   moins ce que je pensais, pour éviter qu'un groupe de personnes plus

  2   important ne parte dans la direction des autocars, parce que si cela était

  3   arrivé, il aurait été impossible de les contrôler. Donc c'était très

  4   brièvement que je lui ai parlé.

  5   Q.  Avez-vous vu Momir Nikolic parler avec lui ?

  6   R.  Non. Je n'ai pas vu non plus d'officiers qui lui auraient donné des

  7   ordres.

  8   Q.  Bien. Je voudrais maintenant essayer d'éclaircir certains des chiffres

  9   dont vous avez parlé. Parlons du premier jour, je parle là uniquement des

 10   hommes, n'est-ce pas, qui montaient à bord des autocars. Pouvez-vous nous

 11   donner votre meilleure estimation d'autocars à bord desquels les hommes

 12   montaient ce premier jour, le 12 juillet ?

 13   R.  Ce dont je me souviens et ce que j'ai affirmé, je ne peux pas changer

 14   le nombre. A présent il est difficile de faire une estimation. Il s'agit

 15   d'un nombre de 15, 11, 9 plusieurs bus, si je puis m'exprimer ainsi.

 16   Q.  Bien. D'après ce que vous avez dit la dernière fois, il y avait plus de

 17   50 hommes par autocar. Pouvez-vous nous donner une meilleure estimation par

 18   rapport à cela ?

 19   R.  Nous avons pu calculer ça nous-même. Dix autobus fois 50, ou plus de 50

 20   personnes, probablement 70, je me souviens de ça à partir des échantillons

 21   pris le 12 au matin, pendant une heure et demie ou deux heures de comptage

 22   des échantillons, à bord des autobus, où il n'y avait pas d'hommes, il n'y

 23   avait que des femmes me semble-t-il, et par le volume, si on le prend par

 24   personne, chaque personne avait un bagage, on pourrait donc avoir le même

 25   nombre d'hommes que de femmes assis, si vous me suivez.

 26   Q.  Pouvez-vous expliquer brièvement ce que vous avez commencé à dire,

 27   c'est-à-dire que le matin vous échantillonniez en quelque sorte en comptant

 28   chaque personne à bord du bus. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez

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  1   procédé et comment cela changeait ?

  2   R.  Le premier ordre, le premier contact avec le colonel Jankovic, était de

  3   compter les personnes qui montaient à bord des véhicules, des autobus, des

  4   camions, des autocars, donc les personnes qui montaient à bord des

  5   véhicules. Et selon lui, il fallait plusieurs personnes pour effectuer

  6   cette tâche. Il allait demander à Nikolic d'inclure un plus grand nombre

  7   d'officiers de police, de collègues, pour réaliser cette tâche. Nous

  8   montions à bord des autocars, dans la plupart des cas, les collègues

  9   seraient à l'avant et à l'arrière, aux entrées et aux sorties, et qui me

 10   transmettaient les chiffres. C'est moi qui les consignais. Je montais

 11   également à bord lorsque je ne pouvais pas compter, puisqu'il y avait de

 12   plus en plus de monde. Je montais à bord de l'autobus pour compter, pour

 13   avoir le chiffre le plus précis qui soit, car j'ai pris cette tâche très au

 14   sérieux.

 15   Q.  Donc compter chaque personne, est-ce que cela a changé par la suite où

 16   vous ne comptiez pas les personnes ?

 17   R.  Oui. Cela a changé lorsque le nombre d'autobus a augmenté, il y avait

 18   une énorme foule sur place et c'était compliqué et rendu plus difficile par

 19   les hommes qui étaient séparés des femmes. Il y avait de plus en plus de

 20   monde, une foule grandissante avec un nombre accru de policiers présents.

 21   Par suite de cela, j'ai proposé au colonel Jankovic, parce que j'avais

 22   conclu sur base de mon expérience précédente que les chiffres étaient plus

 23   ou moins les mêmes, que nous appliquions la méthode d'échantillonnage.

 24   Donc, nous comptions sur la base du nombre de véhicules et non pas de

 25   personnes, et par la suite, en temps utile, nous arrivions au nombre de

 26   personnes par le nombre de véhicules enregistrés. Bien.

 27   Q.  Vous avez évoqué le chiffre 70. Comment êtes-vous arrivé à ce chiffre

 28   en réponse à ma question concernant les hommes ?

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  1   R.  Il ne s'agit pas d'un chiffre précis. Je ne suis pas sûr. Mais lorsque

  2   je songe à ces gros camions, les chiffres étaient de 170, mais il

  3   s'agissait pour la plupart d'hommes et de femmes qui embarquaient à bord de

  4   ces gros camions. Mais je confirme les chiffres concernant les autobus. Il

  5   s'agit bien de 70 et non pas de 50.

  6   Q. Savez-vous combien d'hommes ou combien de passagers ces autobus étaient

  7   conçus pour accueillir, assis ?

  8   R.  Il s'agissait d'autobus classiques avec 52 à 54 places assises. Il ne

  9   s'agissait pas d'autobus à étage, mais les cars habituels, avec 52 à 54

 10   places assises. Il y avait les places  assises et il y avait les couloirs

 11   qui pouvaient accueillir encore 15 à 20 personnes.

 12   Q.  Lorsque vous avez vu les autobus remplis uniquement d'homes, y avait-il

 13   des personnes qui se tenaient debout dans le couloir du bus ?

 14   R.  Oui. Je l'ai vu, car je comptais les bus un par un. J'étais très près

 15   des bus.

 16   Q.  Combien de bus y avait-il où les hommes se tenaient debout dans les

 17   couloirs ?

 18   R.  Si je comprends bien votre question, dans combien de bus, je dirais que

 19   tous les bus, si telle était votre question.

 20   Q.  Oui. Je vous remercie. Bien. Venons-en maintenant au 13. Dans votre

 21   déposition, d'après le compte rendu, vous aviez du mal à donner une

 22   estimation. Alors je voudrais vous poser la question suivante : à partir de

 23   ce que vous avez vu le 13, les hommes étaient-ils séparés le 13 également ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire, selon vous, s'agissait-il de plus d'hommes ou de

 26   moins d'hommes séparés par rapport au 12 juillet ?

 27   R.  Si j'avais le temps, je confirmerais cela par les faits, puisque vous

 28   avez la description où ils étaient le premier jour. Il y avait la maison

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  1   blanche à droite, il y avait une cour pleine de personnes et qui plus est,

  2   les 10 à 15 autobus étaient pleinement chargés. Le deuxième jour, je ne

  3   sais pas si c'est sur le PV. J'ai décrit la maison blanche, la cour et la

  4   partie de la route vers Bratunac. Donc en regardant le côté droit de la

  5   route vers Bratunac, et également le pré juste en face. Donc beaucoup plus.

  6   Q.  Le 13, donc, beaucoup plus d'hommes séparés que le 12 ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Pouvez-vous nous préciser de combien ? Deux fois plus, trois fois plus,

  9   quatre fois plus ? Quelle serait votre meilleure estimation, sans supputer

 10   ?

 11   R.  Oui, là, je suppute, mais en tant que témoin oculaire, je dirais au

 12   moins deux ou trois fois plus.

 13   Q.  Bien. A l'époque, connaissiez-vous un M. Borovcanin ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Quel était son nom ? Comment vous le connaissiez-vous ? Quel était son

 16   nom entier ?

 17   R.  J'habitais à Bratunac. On peut dire que j'habitais dans le proche

 18   voisinage de SUP de Bratunac. J'ai entendu parler de Ljubisa Borovcanin, en

 19   tant que commandant de notre SUP. Mais je ne veux pas entrer dans la

 20   hiérarchie de commandants, de responsables, du commandement du SUP. Je sais

 21   qu'à Bratunac, il était perçu comme un homme intègre, un officier de police

 22   non corrompu. Je parle là de la période qui a précédé tous ces événements.

 23   Je sais également qu'à une époque, il était parti de Bratunac. Le récit qui

 24   avait cours dans la ville, c'est que quelqu'un lui avait vendu ce

 25   détachement de déserteurs, que quelqu'un lui avait confié cette tâche

 26   ingrate de diriger cette unité. Je savais donc qu'il était au sommet des

 27   unités spéciales du MUP.

 28   Q.  L'avez-vous vu autour de Bratunac ou Potocari ces journées du 11

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  1   jusqu'au 14 ou 15 juillet ?

  2   R.  Je l'ai déjà dit. Je n'ai vraiment aucun souvenir de l'avoir vu.

  3   Q.  Bien. Je voudrais préciser une autre chose d'après votre déposition.

  4   Vous citez le nom d'un officier de police civil qui était également assigné

  5   au comptage. De qui s'agissait-il ?

  6   R.  Il s'agit d'un policier civil qui s'appelait Milisav Ilic.

  7   Q.  Avez-vous vu qui lui a donné, confié cette tâche de compter ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  L'avez-vous vu rendre compte à qui que ce soit ou s'entretenir avec qui

 10   que ce soit sur le comptage ou la tâche qu'il effectuait ce jour-là ?

 11   R.  Tout cela revient à cette brève remarque du colonel Jankovic, que je

 12   n'ai pas vu, mais je suppose qu'ils ont eu un contact, qu'ils devaient sans

 13   doute recouper leurs chiffres, comparer leurs chiffres, en expliquant ce

 14   qu'ils disaient --

 15   Q.  Pouvez-vous nous donner de plus amples précisions à ce propos ? Vous

 16   dites ne pas l'avoir vu. Comment saviez-vous, dans un premier temps, que

 17   l'agent de police civile -- je devrais utiliser son nom, Milisav Ilic,

 18   comment saviez-vous qu'il comptait comme vous ?

 19   R.  Je le savais à partir d'un événement précédent, c'est-à-dire le matin

 20   lorsque je procédais à un échantillonnage, lorsque nous comptions personne

 21   par personne, j'ai remarqué la présence de Milisav Ilic. J'ai constaté

 22   qu'il prenait des notes. Je ne sais pas si nous sommes arrivés à cette idée

 23   au même moment, mais il est arrivé également au même nombre de personnes

 24   qui pouvaient être montées dans un bus. J'ai l'impression qu'il ne comptait

 25   pas les personnes, c'est que dès le départ il comptait les autobus. Il

 26   avait peut-être sa propre moyenne qu'il utilisait, mais il souhaitait

 27   savoir à quel chiffre j'étais arrivé.

 28   Q.  Bien. Le colonel Jankovic, il intervient à quel moment ?

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  1   R.  Ce dialogue-là s'est déroulé beaucoup plus tard, le lendemain sans

  2   doute, lorsqu'il nous disait : "Faites plus attention dans le dénombrement

  3   puisqu'il y a quelques incohérences." Sur la base de cela, il a dû peut-

  4   être revoir ses propres chiffres. C'est ce que j'en ai conclu et s'il dit

  5   ce qu'il a dit, je pense que c'était vrai.

  6   Q.  Bien. Il va falloir désigner les "ils" et les "nous" par leurs noms

  7   pour que ça soit clair pour le procès-verbal. Lorsque Jankovic vous a fait

  8   cette remarque, à qui d'autre s'adressait-il, à qui d'autre l'a-t-il

  9   adressé ?

 10   R.  Milisav Ilic.

 11   Q.  Bien. Donc, c'est à cette personne que vous vous référez lorsque vous

 12   dites "lui," "il," "ses" chiffres ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  De quelle unité faisait partie Milisav Ilic ?

 15   R.  Avant la guerre, il était membre du MUP de la police. A l'époque, il

 16   travaillait au poste de sécurité de police à Bratunac en tant que policier.

 17   Avant la guerre, il travaillait à Srebrenica. Je suppose que le groupement

 18   Srebrenica et Bratunac, enfin des MUP ont été fusionnés à l'époque. Je sais

 19   qu'après la guerre il a repris ses tâches policières à Srebrenica. Je crois

 20   qu'il est à la retraite maintenant.

 21   Q.  Vous souvenez-vous ce qu'il portait, ce que portait Ilic ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pouvez-vous nous dire ?

 24   R.  Il portait la tenue de police en camouflage bleu. Je pourrais peut-être

 25   voir des photos pour m'en rappeler, donc l'uniforme en camouflage bleu de

 26   la police.

 27   Q.  Bien. J'avance jusqu'au point où nous sommes arrivés dans le résumé,

 28   donc le matin du 14, les bus quittent Bratunac et ça vous permet enfin de

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  1   vous reposer. A un moment donné après cela, vous êtes-vous rendu à Rocevic

  2   ?

  3   R.  Suivant la nuit du 13, à une date donnée, oui.

  4   Q.  Pouvez-vous nous dire quels sont vos souvenirs de cela ? A quel moment,

  5   par exemple ?

  6   R.  Je n'ai jamais été certain de la date, si c'était l'après-midi du 14.

  7   Je sais que c'était en fin d'après-midi, soit le 14 ou le 15. Je ne peux

  8   pas l'affirmer avec certitude, mais en toute fin d'après-midi.

  9   Q.  Que s'est-il passé en toute fin d'après-midi ?

 10   R.  Je me trouvais devant le bâtiment de la police. Je ne sais pas si

 11   quelqu'un m'a informé des détails. Je ne peux pas vous le dire. Je me suis

 12   trouvé là. Un véhicule était déjà prêt, un Pinzgauer. Nous avions pour

 13   mission d'embarquer à bord du véhicule. Un collègue à moi, Slobodan

 14   Mijatovic, un des officiers de police les moins gradés, on nous a dit qu'on

 15   avait une mission à accomplir et qu'il fallait que nous partions, et nous

 16   sommes partis.

 17   Q.  Pour préciser, en tant que collègue, il s'agissait de la police

 18   militaire, cette partie de la police militaire de Bratunac ?

 19   R.  Un des commandants les moins gradés de la police militaire, oui.

 20   Q.  Vous souvenez-vous avoir reçu des ordres de qui que ce soit mis à part

 21   lui pour faire cela ?

 22   R.  Je ne crois pas qu'il y avait quiconque d'autre là à cette époque.

 23   Q.  Qui d'autre vous a accompagné dans cet autocar ce jour-là ?

 24   R.  Il s'agissait d'un groupe de six, sept personnes. Quatre personnes, non

 25   compris moi-même -- je peux les identifier. Pour les autres, je ne m'en

 26   souviens plus. Prenons le chauffeur, Milovan Mitrovic, en premier, qui

 27   était le chef du groupe. Ensuite, Slobodan Mijatovic. Ensuite, assis

 28   derrière moi au fond, Mladen Blagojevic. Et il y avait quelques collègues

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  1   dont je ne me souviens plus de noms.

  2   Q.  Bien. Saviez-vous où vous vous rendiez lorsque vous avez embarqué à

  3   bord de ce camion ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Où êtes-vous allés ?

  6   R.  Nous sommes partis en direction de Kravica-Konjevic Polje-Zvornik.

  7   Q.  Et ensuite où ?

  8   R.  Sans faire d'arrêts, sans tâche qui me permettait de conclure quel

  9   était l'objet de notre voyage, nous sommes arrivés à Zvornik, nous avons

 10   traversé Zvornik, et ensuite dans un lieu plus petit, j'ai vu le panneau

 11   Rocevic ou Rocevici. Nous nous sommes rangés sur le bas côté de gauche,

 12   face à Zvornik, et nous avons coupé le moteur.

 13   Q.  Y avait-il un pont proche de ce lieu ?

 14   R.  Je sais d'après mes connaissances personnelles, qui n'a rien à voir, à

 15   plusieurs minutes plus loin il y a le pont Sepak, qui est le pont qui

 16   marque la frontière avec la République de Serbie sur le fleuve Drina.

 17   Q.  Sur cette route au-dessus de Zvornik était une route principale ou une

 18   petite route ?

 19   R.  Vous voulez dire la route sur laquelle nous étions ou la route

 20   sur laquelle nous nous étions rangés ?

 21   Q.  Non, la route sur laquelle vous conduisiez avant de tourner.

 22   R.  Il s'agissait de la route principale Zvornik-Bijeljina. Nous nous

 23   sommes arrêtés juste avant le pont. Je savais que le pont était là, mais

 24   bien sûr nous ne pouvions pas le voir là où nous nous sommes arrêtés parce

 25   qu'à partir de ce lieu Rocevici ou Roncevici [phon], il faudrait conduire

 26   encore pendant quelques minutes avant d'atteindre le pont.

 27   Q.  A quel moment avez-vous quitté la route ? Vers la gauche ou vers la

 28   droite ?

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  1   R.  J'ai dit que nous avons tourné à gauche, à partir de la route Zvornik-

  2   Bijeljina. Nous avons tourné à gauche -- nous avons quitté cette route à

  3   gauche.

  4   Q.  Et pendant combien de temps avez-vous roulé après avoir tourné à gauche

  5   ?

  6   R.  Une douzaine, deux douzaines de mètres.

  7   Q.  Et où vous êtes-vous arrêtés ?

  8   R.  Nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route à proximité d'un

  9   bâtiment qui pour moi était peut-être -- oui, je suis sûr que c'était une

 10   école.

 11   Q.  Qu'avez-vous vu à cette école ?

 12   R.  Je n'ai rien vu à cette école. J'ai vu devant l'école.

 13   Q.  Qu'avez-vous vu devant l'école ?

 14   R.  J'ai vu un groupe de personnes. J'ai vu un transporteur de troupes des

 15   Nations Unies et un groupe de personnes, c'est tout. Un groupe de soldats.

 16   Q.  Quelle couleur était le transporteur de troupes blindé des Nations

 17   Unies ?

 18   R.  De couleur blanche.

 19   Q.  Avez-vous reconnu qui que ce soit dans cette zone, personnellement ?

 20   R.  Parmi les personnes présentes, si c'est ce que vous me demandez, oui.

 21   Q.  Qui avez-vous reconnu personnellement qui était présent ?

 22   R.  J'ai personnellement reconnu le commandant de la police, Mirko

 23   Jankovic. J'ai reconnu un collègue, un policier militaire du nom de Zoran

 24   Zivanovic, donc, les personnes que j'ai pu identifier.

 25   Q.  Avez-vous pu reconnaître des soldats en provenance d'une unité

 26   particulière ?

 27   R.  Pour ce qui est de l'autre groupe de dix à 15 soldats de l'armée serbe

 28   que j'ai vu devant le bâtiment, disons, dans la cour, dans le pré à

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  1   proximité du bâtiment, en réalisant ces tâches policières j'ai pu les

  2   reconnaître comme faisant partie de la Brigade de Bratunac. Et je l'affirme

  3   avec certitude, j'ai pu en juger d'après les visages de ces personnes,

  4   qu'elles étaient membres de la compagnie de Zenica qui faisait partie de la

  5   Brigade de Bratunac.

  6   Q.  Ce groupe d'hommes de Zenica faisait-il partie d'un bataillon

  7   particulier de la Brigade de Bratunac ?

  8   R.  Je ne sais pas. Il y en avait dans le premier bataillon et dans le

  9   deuxième bataillon également. Je pense qu'il y avait une compagnie dans

 10   chacun des bataillons, mais je ne peux pas affirmer avec certitude où. Je

 11   sais qu'il y en a dans les deux bataillons.

 12   Q.  De Zenica, pouvez-vous expliquer comment des hommes de Zenica étaient

 13   sur place ?

 14   R.  C'était des membres de la Brigade de Bratunac. Mais nous, nous les

 15   appelions des Zenicani, des gens de Zenica, et c'est parce qu'ils sont

 16   venus de Zenica en 1992 accompagnés de leurs familles en tant que réfugiés

 17   depuis cette région. Et là ils ont rejoint l'armée serbe et ont fait partie

 18   de cette brigade tout en créant leurs propres unités, des pelotons, des

 19   compagnies, et cetera. Et ceci était le cas pendant toute la durée de la

 20   guerre. Ils disposaient de leurs propres brigades, de leurs propres

 21   pelotons qui ensuite faisaient partie des bataillons et des brigades qui

 22   avaient été mis en place.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai quasiment terminé, mais peut-être que

 24   c'est l'heure de faire la pause.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause de 25

 26   minutes, ensuite vous pourrez terminer.

 27   --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

 28   --- L'audience est reprise à 11 heures 00.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

  3   Q.  Bien. Nous en sommes toujours où nous sommes arrivés à l'école Rocevic.

  4   Y a-t-il quelqu'un d'autre ou d'autres personnes que vous avez vues qui

  5   nous permettrait de reconnaître leur unité ou de savoir de qui il s'agit,

  6   hormis ce que vous avez déjà dit ?

  7   R.  Hormis ces deux collègues que j'ai reconnus, des soldats qui

  8   appartenaient à une unité particulière, non.

  9   Q.  Avez-vous vu des officiers à cet endroit-là ?

 10   R.  --

 11   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu, il ne sait pas si le témoin a

 12   répondu oui ou non.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je l'ai entendu dire "nay", mais je

 14   souhaite qu'il confirme.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 16   Q.  Avez-vous vu des officiers à cet endroit-là ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Bien. Qu'avez-vous fait ? Est-ce que vous êtes descendu de l'arrière du

 19   camion lorsque vous êtes arrivé ?

 20   R.  Je n'appellerais pas ça un camion, ce Pinzgauer. Personnellement je

 21   suis descendu, je suis sorti. Certains collègues n'ont même pas quitté le

 22   véhicule. J'étais debout à côté du véhicule et je discutais un petit peu

 23   avec les soldats qui étaient là, c'est tout.

 24   Q.  Avez-vous appris quelque chose de ces soldats sur ce qui se passait ?

 25   R.  Oui. Par exemple, ils ont dit que l'école dispose des installations

 26   nécessaires, il y a des Musulmans à l'intérieur, et on leur a dit de monter

 27   la garde à cet endroit-là pendant un certain temps, et que des véhicules

 28   viendraient qui les emmèneraient jusqu'à Kladanj -- non, en réalité en

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  1   direction de Teocak. Je savais qu'à l'époque Teocak, et pendant toute la

  2   durée de la guerre, je savais que ceci était placé sous le commandement des

  3   forces musulmanes. Néanmoins, je ne sais pas exactement où.

  4   Q.  Bien. Avez-vous entendu des discussions entre Mirko Jankovic et

  5   quelqu'un d'autre lorsque vous étiez là sur place ?

  6   R.  J'ai entendu la conversation qu'il a eue avec un de mes collègues, en

  7   fait le seul qui était là, Zoran Zivanovic. J'ai entendu la conversation

  8   entre eux -- quelque chose qui était comme un commentaire, il s'adressait

  9   aux autres soldats qui faisaient partie du groupe, et ceci se rapportait à

 10   eux : "Vous devez voir, vous organiser et rassembler les autres habitants

 11   pour vous aider dans cette mission."

 12   Ensuite ce que Zoran a dit à Mirko Jankovic, il indiquait en somme qu'il

 13   souhaitait nous rejoindre parce que nous, nous savions déjà que nous

 14   allions rentrer, ceux qui sont arrivés dans le Pinzgauer, moi-même et mes

 15   autres collègues. Donc il voulait revenir avec nous, et il a dit :

 16   "Pourquoi rentrent-ils sans moi ? Je souhaite rentrer avec eux également.

 17   Je suis fatigué." Et il ne souhaitait absolument pas rester. Ensuite, je me

 18   suis un petit peu écarté et je n'ai pas suivi le reste de leur

 19   conversation. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Je ne sais pas s'il est

 20   rentré avec nous, avec Mirko dans le véhicule blindé de transport de

 21   troupes. Je crois que oui. Ou peut-être même qu'il est resté.

 22   Q.  Bien. Zoran Zivanovic était un membre de la brigade de Bratunac, la

 23   police militaire; c'est cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Savez-vous s'il y a un lien de parenté entre lui et le général

 26   Zivanovic ?

 27   R.  Non. Nous n'avons aucun lien de parenté. Il y avait un membre de notre

 28   famille qui était apparenté au colonel Zivanovic, mais Zoran Zivanovic,

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  1   non.

  2   Q.  Pourriez-vous me dire qui était apparenté au général Zivanovic ?

  3   Comment s'appelle-t-il ?

  4   R.  Je ne me souviens pas de son nom. Zivanovic, c'était un ancien membre

  5   de l'escorte de la sécurité rapprochée du général Zivanovic à l'époque. Il

  6   faisait partie de l'unité. Comme nous le savons, Zivanovic n'occupait plus

  7   cette fonction après la chute de Srebrenica et ensuite. Plus tard, ce

  8   collègue Zivanovic, et peut-être que je me souviendrai de son nom avant la

  9   fin de cette déposition, il a servi jusqu'à la fin dans le peloton de la

 10   police militaire avec nous.

 11   Q.  Bien. Nous allons revenir à Rocevic. Nous avons eu ce petit aparté ou

 12   digression. Quand pour la première fois avez-vous vous entendu dire que

 13   vous alliez rentrer ?

 14   R.  De Rocevic, vous voulez dire ?

 15   Q.  Oui.

 16   R.  Je ne peux pas être très précis. Nous y sommes restés 10, 15 ou 20

 17   minutes. En tout cas, cela ne représentait pas une demi-heure. Au début,

 18   j'ai essayé de dire je ne sais pas comment je suis arrivé là, qui nous a

 19   envoyé, quelle était notre mission. Je ne sais pas qui a donné l'ordre de

 20   mission pour que nous rentrions non plus. Je ne sais pas.

 21   Q.  Avez-vous fait quelque chose avant que vous n'obteniez, vous, les

 22   hommes, les véhicules pour pouvoir rentrer ?

 23   R.  Hormis le fait de simplement rester sur place pendant un temps et de

 24   discuter avec les soldats qui se trouvaient là, rien de plus.

 25   Q.  Avez-vous vu des corps tout autour dans ce secteur ?

 26   R.  Pas du tout.

 27   Q.  Avez-vous vu des Musulmans, des Musulmans dans ce secteur-là ?

 28   R.  Comme je vous l'ai dit, j'ai parlé de ce dont j'ai entendu, mais si

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  1   j'avais une photographie de l'école, du hall d'entrée, et de tout ce qui se

  2   trouve derrière l'école, il n'y a pas de fenêtres, donc, je ne pouvais pas

  3   voir à l'intérieur. Mais en ce qui concerne -- pour moi, cela ne faisait

  4   pas l'ombre d'un doute, et je croyais ce que les gens me disaient.

  5   Q.  Lorsque votre groupe est parti après un certain temps, est-ce que les

  6   autres gars, les gardes de Zenica, est-ce qu'ils sont restés, d'après ce

  7   que vous savez ? Est-ce qu'ils étaient là lorsque vous êtes parti ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Qu'en est-il de Mirko Jankovic ? Savez-vous s'il est resté, ce qu'il a

 10   fait, s'il est resté là lorsque vous êtes parti ?

 11   R.  Je sais avec certitude qu'il n'est pas resté. Je ne sais pas si nous

 12   sommes partis ensemble. Je suis convaincu du fait qu'il est parti dans les

 13   minutes qui ont suivi notre départ. Il a allumé le moteur de son véhicule

 14   blindé et il parti dans une direction inconnue, d'après ce que je sais.

 15   Q.  Vous ne savez pas s'il se dirigeait vers le nord ou vers le sud ?

 16   R.  Je ne sais pas exactement. Je sais que l'endroit où nous étions, il y

 17   avait quelque chose qui ressemblait à une petite courbe par rapport à

 18   l'endroit où j'étais, de ce côté-là de la rue, mais honnêtement je ne sais

 19   pas.

 20   Q.  Où êtes-vous parti, dans quelle direction êtes-vous parti ?

 21   R.  Nous avons emprunté la même route que celle que nous avions empruntée à

 22   l'allée, dans la direction de Zvornik. Nous avions emprunté la route, l'axe

 23   principal Bijeljina-Zvornik, en direction de Zvornik.

 24   Q.  Où êtes-vous arrivés ?

 25   R.  La destination finale était Bratunac, mais nous nous sommes arrêtés en

 26   chemin, sur cette route, alors qu'à l'allée, nous ne nous sommes pas

 27   arrêtés.

 28   Q.  Où vous êtes vous arrêtés sur le chemin du retour ?

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  1   R.  Nous nous sommes arrêtés dans le quartier de Drinjaca, qui se trouve

  2   également sur la route de Zvornik-Sarajevo, avant Konjevic Polje, et plus

  3   près de Konjevic Polje que de Zornik.

  4   Q.  Qu'avez-vous fait dans ce quartier de Drinjaca ?

  5   R.  Nous nous sommes arrêtés à Drinjaca avant la guerre, et maintenant il y

  6   avait un traiteur ou un service de restauration. Nous avons -- je vous ai

  7   déjà indiqué que nous n'avions pas grand-chose à manger les jours

  8   précédents, nous sommes -- lorsque nous étions arrêtés à Potocari, on

  9   manquait de vivres. Nous nous sommes donc arrêtés pour pouvoir dîner. Nous

 10   savions qu'en arrivant à Bratunac, rien n'allait nous attendre. Nous

 11   savions que nous ne pourrions pas nous procurer un repas ailleurs. Ce

 12   serait trop tard.

 13   Q.  Bien. Quand pour la première fois avez-vous évoqué le fait de vous être

 14   rendu à Rocevic à quelqu'un du tribunal; des juges, des avocats ou

 15   quelqu'un ?

 16   R.  Ceci a été évoqué pour la première fois devant le tribunal de la BiH de

 17   Sarajevo, et ceci a été pris au sérieux. A un moment donné, je l'ai évoqué

 18   lors de la séance de récolement dans le cadre de la déposition dans

 19   l'affaire Blagojevic. J'en ai parlé à Me Michael Karvanvas, et concernant

 20   une date précise, il a noté ce qui l'intéressait. Ensuite, il y a eu

 21   d'autres activités avec lesquelles j'ai établi un lien avec ces jours-là,

 22   les jours qui ont précédé la chute de Srebrenica, pendant et après la chute

 23   de Srebrenica. Mais il n'a pas fait attention à cela.

 24   J'ai évoqué des éléments nouveaux à propos de Sarajevo qui avaient un

 25   rapport avec cela. J'ai eu l'occasion de m'expliquer, et je constate que

 26   certaines choses peut-être n'ont pas été dites, parce qu'on en parle

 27   beaucoup, et même pendant la séance de récolement avec vous, il y a

 28   beaucoup de sujets qui n'ont été abordés; celles de mes activités qui

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  1   avaient trait à ces dates-là, par la suite, et cetera.

  2   Q.  Bien. Vous, est-ce que vous vous êtes entretenu avec Mirko

  3   Jankovic peu de temps ou quelque temps après ces événements et est-ce que

  4   vous lui avez posé des questions à propos de ces événements ?

  5   R.  Nous avons parlé, mais c'était une réaction un petit peu négative,

  6   comme une rébellion, de notre part. Nous, les policiers, quelque temps

  7   après, une semaine ou dix jours plus tard, lorsque la situation s'est un

  8   petit peu apaisée à Srebrenica, lorsque le tout était terminé, nous avons

  9   réagi, et je l'ai cité quelque part. Il y avait une certaine dynamique.

 10   Peut-être que j'ai un petit peu exagéré, mais j'ai raison dans 50 % des

 11   cas. Je connais les faits. Je suis sûr des faits.

 12   Nous avons réagi par rapport à la structure du commandement de l'époque, et

 13   nous avons estimé que l'on avait enfreint le règlement, parce qu'à un

 14   moment donné, nous n'avions plus de cadres de commandement, et on nous a

 15   laissé seuls et les autres unités et les commandants, je ne sais pas

 16   exactement lesquels.

 17   Q.  C'est quelque chose que vous avez évoqué avec Mirko Jankovic ?

 18   R.  Non, il n'y avait pas que moi, mais d'autres collègues lui en ont fait

 19   part aussi. Nous lui avons dit que Slobodan Mijatovic, il était le dernier

 20   subordonné qui n'était pas avec nous. Il y avait Mirko et l'adjoint de

 21   Mirko, qui était avec eux, d'après leurs récits, et les deux avaient un

 22   lien avec Momir Nikolic. C'est ce qu'ils ont dit. Ils ont dit avoir passé

 23   ces deux jours en présence de Momir Nikolic, et d'après nous ceci était

 24   tout à fait incompréhensible, parce que ces cadres dans la structure de

 25   commandement travaillent séparément, et ils travaillaient dans un groupe et

 26   n'étaient pas avec les soldats et auprès des soldats et de la police.

 27   Ensuite, j'ai ajouté, j'ai dit qu'il y avait Nikolic, c'était le premier

 28   supérieur hiérarchique, ensuite, il y avait Beara, Beara et Mladic, et ces

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  1   cadres qui faisaient partie du commandement  avaient pris leur distance par

  2   rapport aux soldats et travaillaient séparément, parce que c'est eux qui

  3   nous en ont parlé.

  4   Q.  Je souhaite préciser un point. Vous venez d'évoquer le nom de Beara.

  5   Qui a, pour la première fois, évoqué le nom de Beara au cours de cette

  6   conversation ?

  7   R.  Je dirais -- en tout cas, c'est quelque chose que je dis en mon nom

  8   personnel, que c'était une façon de réagir en ce qui nous concernait.

  9   Q.  Je souhaite -- et vous avez évoqué le nom de Beara. Pardonnez-moi. Je

 10   souhaite préciser cela. C'est vous qui aviez en premier lieu évoqué le nom

 11   de Beara ou c'est Mirko Jankovic qui l'a évoqué pour la première fois ?

 12   R.  Je dirais que c'est nous. Je ne parle pas en mon nom propre, mais je

 13   parle des collègues et de moi-même.

 14   Q.  Dans quel contexte est-ce que le nom de Beara a été cité ?

 15   R.  Il a été évoqué dans le cadre d'un commandement négatif. A l'époque, et

 16   ce, sur la base de nos conclusions, parce que ceci avait une incidence sur

 17   nous. Ils se déplaçaient toujours en groupe, et ils parlent de M. Nikolic,

 18   de Petrovic, de Mirko Jankovic, les cadres qui faisaient partie du

 19   commandement agissaient séparément par rapport à l'armée. Lorsqu'on leur

 20   posait la question et quand on leur demandait où êtes-vous allés, MM.

 21   Nikolic et Beara, je suppose qu'il y avait un supérieur hiérarchique aussi

 22   -- c'est le général Mladic, nous ne pouvions pas établir de lien parce

 23   qu'il y avait plus personne d'autre au-delà de Mladic. Mais si je peux vous

 24   l'expliquer, si je peux expliquer ce que je veux dire par là.

 25   Q.  Bien.

 26   R.  Je crois que j'ai dit je l'ai dit, si vous avez compris ce que j'ai

 27   dit.

 28   Q.  Vous ne souhaitez pas fournir d'autres explications ?

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  1   R.  Non, non, si vous n'avez pas d'autres questions à me poser.

  2   Q.  Mirko Jankovic, que vous a-t-il dit pour autant qu'il vous a dit

  3   quelque chose après que vous et votre groupe vous lui avez fait part de vos

  4   frustrations ?

  5   R.  Il nous a dit à plusieurs reprises -- mais en réalité, il nous

  6   reparlait de la situation, du temps qu'il avait passé pour se rendre depuis

  7   le premier jour, sa condition, ensuite il est parti à bord d'un véhicule

  8   blindé qui avait été capturé par la FORPRONU et qu'il a emmené quelque

  9   part. Il était le seul à pouvoir se déplacer de la sorte. Ensuite, il a

 10   reçu différentes missions et il est parti en ce véhicule. Il a rassemblé

 11   des gens, des Musulmans, des groupes de Musulmans, il escortait Nikolic,

 12   ainsi que Mile Petrovic à Konjevic Polje à plusieurs reprises. C'est ce

 13   qu'il nous disait. C'était certaines de ces activités, de leurs missions.

 14   Il s'agissait de se rendre dans le secteur de Zvornik à bord de ce

 15   véhicule, que je confirme, parce que -- et ceci avait un fond de vérité.

 16   Il avait des réunions avec des officiers hauts gradés. Il parlait de

 17   Pop. Je suppose qu'il voulait parler de Pop Nikolic, lui-même. Je suis

 18   simplement en train de vous rapporter ses propos. Il faut comprendre par là

 19   qu'il se justifiait il était en mission et qu'il était très occupé et que

 20   c'était la raison pour laquelle nous étions laissés seuls. On nous avait

 21   laissé seuls.

 22   Q.  Est-ce qu'il a dit quelque chose à propos de Beara ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Lorsqu'il a dit Pop, est-ce que vous saviez de qui il parlait ?

 25   R.  Non, je n'en ai aucune idée. Pop dans ma langue, cela veut dire prêtre.

 26   Même aujourd'hui, je ne sais pas.

 27   Q.  A l'époque, connaissiez-vous le chef chargé de la sécurité du Corps de

 28   la Drina ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Avez-vous vu Beara avant ou après la chute de Srebrenica, au cours de

  3   ces journées ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Où l'avez-vous vu ?

  6   R.  Je ne peux pas évoquer les dates, mais c'était certainement après la

  7   chute de Srebrenica. D'après moi, c'était après que la situation soit

  8   apaisée. Je l'ai vu à deux reprises devant le commandement de la brigade,

  9   et je l'ai vu beaucoup plus tôt, bien avant ces événements. Il venait

 10   devant le commandement de la brigade. C'est en général Nikolic qui

 11   annonçait sa venue.

 12   Q.  Bien. Maintenant vous dites que vous l'avez vu après que les choses se

 13   soient apaisées devant la brigade. Qu'est-ce que vous entendez par là :

 14   "après que les choses se soient apaisées", ou qu'il y ait retour au calme ?

 15   R.  J'entends par là que d'après -- en ce qui me concerne, j'ai passé la

 16   journée du 13, la nuit du 13, je pense au 12, 13, la nuit du 13, et je

 17   pense à cette mission pour laquelle je dis, je ne savais pas si c'était le

 18   14 ou le 15 lorsque nous devions nous rendre à Rocevic. En ce qui me

 19   concerne, c'était la dernière de ma mission importante. Ensuite, nous

 20   sommes revenus à Rocevic, et j'ai parlé de cela. J'ai dit qu'il y avait un

 21   retour au calme. J'ai pu rentrer chez moi, j'ai pu me reposer. Mais j'ai eu

 22   d'autres missions par la suite, mais nous pouvons y revenir.

 23   Q.  Donc, vous pensez que vous l'avez vu avant ou après votre retour de

 24   Rocevic ?

 25   R.  Je pense à ces journées-là, je ne pense pas à ce soir-là en particulier

 26   ou le lendemain matin, je pense à ces jours qui ont suivi Rocevic, ça

 27   pourrait être le 14, 15, 16, 17, 20. Je ne voudrais pas me livrer à des

 28   conjectures ici.

Page 17963

  1   Q.  Pour ce qui est du colonel Jankovic, hormis le fait de l'avoir vu le 12

  2   et 13 à Potocari, l'avez-vous vu ailleurs ?

  3   R.  La première fois que j'ai vu le colonel Jankovic, c'était à Potocari.

  4   Comme je l'ai expliqué dans le détail, je lui ai dis comment je -- qui me

  5   l'a indiqué, comment je suis entré en contact avec lui. Ceci est précisé

  6   dans des documents que j'ai lus et qui ont été présentés au tribunal de

  7   Bosnie-Herzégovine. Il m'a posé la question. On m'a demandé si je l'avais

  8   vu avant, et j'avais compris la question différemment. Je pensais qu'il me

  9   demandait si c'était après, et ceci a semé une confusion dans mon esprit,

 10   lorsqu'il a dit que le colonel Jankovic était à Potocari, et qu'il portait

 11   un attaché-case. Ceci sans doute a provoqué ma colère, comment un colonel

 12   dans cette position-là.

 13   Je ne vois pas comment un colonel sur le front puisse se déplacer

 14   avec un attaché-case. Un attaché-case, c'est quelque chose que l'on a

 15   lorsque l'on entre dans le bureau du parlement. Donc ceci a un petit peu

 16   semé la confusion. Je sais que je l'ai vu avant à Potocari, la première

 17   fois le 12, et après cela, oui, effectivement au commandement de la

 18   brigade.

 19   Q.  Simplement pour que les choses soient bien claires, quand vous

 20   souvenez-vous avoir vu le colonel Jankovic, avant le 12, 13 à Potocari, ou

 21   après ?

 22   R.  Je crois que vous voulez dire après ces deux jours au commandement de

 23   la brigade après Potocari.

 24   Q.  L'avez-vous vu porter quelque chose ?

 25   R.  Non, sauf à Potocari lorsque j'ai expliqué qu'il portait des sacs, et

 26   j'ai expliqué cela dans le détail. Je ne me souviens pas de détails, je ne

 27   sais pas si c'était un sac qu'il avait à l'épaule, un attaché-case, des

 28   documents, je ne me souviens pas des détails de tout cela.

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  1   Q.  D'après vous, est-ce qu'il était en contact en particulier avec

  2   certains officiers au commandement de la Brigade de Bratunac ?

  3   R.  Je sais que lorsque je l'ai vu, il se déplaçait. Je vais avoir besoin

  4   de temps si vous voulez parler du bâtiment du commandement de la brigade,

  5   il y a au milieu la cuisine, la cafétéria, la salle des officiers, ensuite

  6   à côté du portail, le commandant avait son bureau, de l'autre côté, il

  7   avait son bureau.

  8   Je le sais parce que très souvent nous avions des tâches qui étaient

  9   assignées à la police, et nous allions dans ce bureau, nous avions des

 10   demandes qui avaient été certifiées parce que nous faisions entrer des

 11   conscrits militaires. C'est à ce moment-là que je l'ai vu dans le secteur

 12   du commandement. Lorsqu'on se trouve à la gauche du portail, c'est là que

 13   se trouve le bureau du commandant Eskic.

 14   Q.  Bien. Où se trouve le bureau de Momir Nikolic par rapport au bureau

 15   d'Eskic, si vous vous en souvenez ?

 16   R.  Il était à proximité. Lorsque j'étais dans la pièce où je l'ai

 17   rencontré, je ne sais pas si c'était son bureau, je ne peux pas l'affirmer,

 18   mais c'était du côté opposé par rapport au commandant de la brigade, plus

 19   près du bureau d'Eskic dans ce quartier-là.

 20   Q.  Bien. Est-ce que vous avez vu Jankovic dans ce quartier-là ou

 21   simplement vous l'avez vu allant dans cette direction-là ?

 22   R.  Comme je vous l'ai dit, il se déplaçait, à gauche de cet endroit. Donc

 23   à gauche de cet endroit, c'est là que se trouvait le bureau ou le siège du

 24   commandant Eskic. Donc je l'ai vu à l'extérieur.

 25   Q.  Donc il était à l'extérieur du bâtiment ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je vais maintenant vous montrer une photographie. C'est un document 65

 28   ter 1936. Il est sur le système d'affichage du prétoire. Il s'agit de la

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  1   page 43. Est-ce que vous pouvez voir la photographie sur l'écran ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Reconnaissez-vous la personne qui est au premier plan sur la

  4   photographie, qui a une grande tête ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  De qui s'agit-il ?

  7   R.  Du général Krstic.

  8   Q.  Reconnaissez-vous la personne qui se trouve à droite du général Krstic,

  9   derrière son épaule droite ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Qui est cette personne ?

 12   R.  C'est moi-même.

 13   Q.  Vous souvenez-vous du jour où -- excusez-moi, vous souvenez-vous de

 14   l'endroit où cette photographie a été prise ?

 15   R.  A Potocari, à la proximité de mon poste de travail, pour ainsi dire, où

 16   les autocars arrivaient pour que les passagers montent à bord de ces

 17   autocars, dans ce secteur-là.

 18   Q.  Vous souvenez-vous de la date de cela ?

 19   R.  Je ne suis pas sûr. Le premier ?

 20   Q.  Bien. Merci. Je n'ai plus de questions pour vous.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

 22   Maintenant, je ne sais pas si vous vous êtes mis d'accord entre vous ? Qui

 23   va poser des questions en premier ?

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais réduire le temps pour ce qui est

 25   de mon contre-interrogatoire. Mais avant cela, j'aimerais consulter mon

 26   client, brièvement.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Allez-y.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Là, il faut que je vérifie avec vous,

  2   Maître Meek, si vous pensez que vous avez toujours besoin d'une heure ?

  3   M. MEEK : [interprétation] J'espère que non.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et Maître Nikolic ?

  5   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je pense que j'aurai besoin de moins de

  6   temps que prévu.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Maître Stojanovic ?

  8   M. STOJANOVIC : [interprétation] Quarante cinq minutes, Monsieur le

  9   Président, c'est ce que nous avons dit au début pour ce qui est de notre

 10   contre-interrogatoire, et je pense que cela nous suffira.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Fauveau ?

 12   Mme FAUVEAU : [hors micro]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour M. Gvero, il n'y aura pas de

 14   contre-interrogatoire ?

 15   M. JOSSE : [interprétation] Comme avant.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et Maître Haynes ?

 17   M. HAYNES : [interprétation] Nous n'allons pas procéder au contre-

 18   interrogatoire de ce témoin.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci, Maître Haynes.

 20   Maître Zivanovic, vous avez la parole.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il n'y aura

 22   pas de contre-interrogatoire de ce témoin de notre part. Merci.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.

 24   Qui est le suivant ? Vous, Maître Meek ?

 25   M. MEEK : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Pouvez-vous vous présenter au

 27   témoin ?

 28   M. MEEK : [interprétation] Oui.

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  1   Contre-interrogatoire par M. Meek : 

  2   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Chris Meek et je

  3   représente Ljubisa Beara. Comment allez-vous ce matin ?

  4   R.  Très bien.

  5   Q.  Vous n'avez jamais rencontré Ljubisa Beara, c'est ce que j'ai bien pu

  6   comprendre de votre témoignage aujourd'hui et des témoignages que vous avez

  7   faits dans l'affaire Blagojevic et sur la base des déclarations que vous

  8   avez faites trois ans après le procès Blagojevic, les déclarations faites

  9   au procureur à Sarajevo ?

 10   R.  Pouvez-vous être plus clair ? Est-ce que vous pensez que je ne le

 11   connaissais pas en personne ? Que je ne le fréquentais pas ? Je ne

 12   comprends pas votre question tout à fait, qu'est-ce que vous avez entendu

 13   par : je ne l'ai jamais rencontré.

 14   Q.  Bien. Monsieur, vous venez de témoigner qu'avant la chute de Srebrenica

 15   et quelques temps plus tard, vous le voyiez dans la région, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Quelle était sa position à l'époque ?

 18   R.  Vous pensez à sa position en tant qu'officier ?

 19   Q.  Oui. Quelle était sa position et dans quel organe il était ?

 20   R.  Par le biais de M. Nikolic qui s'occupait des affaires de la sécurité

 21   dans la Brigade de Bratunac, que selon l'information qu'il détenait que son

 22   supérieur, l'officier chargé de la sécurité, était M. Ljubisa Beara.

 23   Q.  Aviez-vous des contacts proches avec M. Nikolic de la Brigade de

 24   Zvornik ?

 25   R.  De la Brigade de Zvornik ?

 26   Q.  Excusez-moi, je pense à Momir Nikolic, et dans votre réponse, il s'agit

 27   de la Brigade de Bratunac.

 28   R.  Si vous pensez aux contacts personnels proches, je ne les avais pas, je

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  1   ne les avais avec aucun des officiers.

  2   Q.  Bien. A quelle fréquence parliez-vous avec M. Momir Nikolic ?

  3   R.  Je suis certain que Momir Nikolic, pendant qu'il travaillait, une

  4   moitié de la journée il était avec la police ou devant le bâtiment de la

  5   police. Il partait avec nous pour accomplir les tâches policières

  6   régulières, par exemple, pour faire venir des recrues qui devaient se

  7   présenter à l'armée.

  8   Q.  A quelle fréquence lui parliez-vous quand il s'agit d'une période d'une

  9   semaine ou d'une demi-semaine ?

 10   R.  Je pense que j'ai été clair dans ma réponse. Je vous parle de tout cela

 11   au nom de mon unité et en mon nom aussi. Je le voyais souvent, mais je ne

 12   lui parlais pas. Personne ne lui parlait. C'est lui qui nous parlait pour

 13   la plupart du temps, je ne sais pas si vous pouvez me comprendre.

 14   Q.  Nous parlons de Momir Nikolic, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Qui était votre supérieur hiérarchique direct ?

 17   R.  C'était le commandant ou chef de la police militaire concernant ces

 18   événements, après Dragisa Ivanonic, c'était Mirko Jovanovic. Et selon la

 19   chaîne de commandement, Momir Nikolic était au-dessus de Mirko, parce que

 20   les contacts avec le commandant de la brigade étaient inexistants. C'était

 21   Momir Nikolic qui a participé à l'exécution de toutes les tâches qui

 22   étaient les nôtres, ce qui m'a semblé toujours un peu bizarre.

 23   Q.  Est-ce que, Monsieur, aujourd'hui vous témoignez après avoir prononcé

 24   la déclaration solennelle, est-ce que vous pensez que l'officier chargé de

 25   la sécurité de la Brigade de Bratunac aurait pu donner des ordres à la

 26   police militaire, et non pas présenter des demandes au commandant de la

 27   police militaire ou au commandant de la brigade ?

 28   R.  Non, mais si vous vous penchez sur ma déclaration, qui m'a donné les

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  1   ordres le 12, le 13 ou le 14, je pense que vous pourrez avoir la réponse à

  2   cette question. Mais je ne peux pas me lancer dans des conjectures par

  3   rapport à cela.

  4   Q.  Je suis d'accord avec vous, Monsieur. Je ne veux pas que vous vous

  5   lanciez dans des conjectures, mais je pense que nous devrions aborder ce

  6   sujet, parce que cela a déjà été mentionné. Vous avez témoigné pour la

  7   Défense de Blagojevic en 2004.

  8   R.  Vous avez dit quoi ? Je m'excuse ?

  9   Q.  Vous avez témoigné en tant que témoin à décharge dans l'affaire

 10   Blagojevic dans ce même bâtiment le 24 et le 25 mai 2004, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que vous avez passé assez de

 13   temps pour le conseil de la Défense de M. Blagojevic. M. Karnavas, et avec

 14   Mme --

 15   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nom.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je répondre à cette question ?

 17   M. MEEK : [interprétation]

 18   Q.  Oui.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, allez-y.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne serais pas d'accord avec vous pour dire

 21   que j'ai passé suffisamment de temps avec eux.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît,

 23   parce dans la question il était dit une période de temps suffisamment

 24   importante, et maintenant vous dites qu'il s'agissait d'une période de

 25   temps suffisante. Est-ce que vous pouvez clarifier cela ?

 26   M. MEEK : [interprétation] Oui.

 27   Q.  Ma question était la suivante, Monsieur. Est-ce que du moment où vous

 28   avez été contacté par le conseil de la Défense, jusqu'au moment où vous

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  1   avez témoigné, est-ce que vous êtes resté avec eux une période de temps

  2   assez importante, indépendamment du fait si vous avez considéré comme

  3   période de temps qui n'était pas suffisante ?

  4   R.  Je ne peux pas répondre si j'ai eu des contacts avec eux à Bratunac. Je

  5   suis resté avec eux une heure, ici à deux reprises une ou deux heures je

  6   leur ai parlé activement, plus l'interprétation, donc deux heures ici à

  7   deux reprises, à Bratunac une heure, au total cinq ou six heures. Je ne

  8   sais pas si c'est suffisant ou pas suffisant.

  9   Q.  Donc vous témoignez ici après avoir prononcé la déclaration solennelle

 10   que Michael Karnavas et Suzanna, son co-conseil, sont restés avec vous

 11   approximativement cinq heures à partir du moment où vous vous êtes

 12   rencontrés pour la première fois, jusqu'au moment où la séance de

 13   récolement s'est tenue, pour ce qui est de votre témoignage dans l'affaire

 14   Blagojevic ?

 15   R.  Oui. Il s'agissait d'un entretien actif.

 16   Q.  Pouvez-vous nous donner une idée pour ce qui est du nombre d'heures

 17   d'entretien pas effectives avec l'équipe de la Défense de Blagojevic.

 18   R.  A partir du départ de l'endroit --

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Meek, passez à une autre

 20   question, s'il vous plaît.

 21   M. MEEK : [interprétation] Monsieur le Président, permettez-moi de poser

 22   une question de plus sur ce sujet.

 23   Q.  Lorsque vous dites le temps de l'entretien qui n'était pas actif ou les

 24   heures qui n'étaient pas effectives, vous nous dites que vous n'avez pas du

 25   tout parlé de l'affaire ou des faits que vous avez vécus pendant cette

 26   semaine en 1995 au mois de juillet ? Ce n'est pas ce que vous nous dites ?

 27   R.  Je pense à la période à partir du départ jusqu'à l'endroit où

 28   l'entretien s'est tenu, pendant cette période-là, on a parlé des événements

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  1   de la ville pendant la conduite, jusqu'à l'endroit où l'entretien s'est

  2   tenu. Ça a duré une dizaine ou une quinzaine de minutes, parce qu'il y

  3   avait toujours quelqu'un qui est venu pour nous conduire jusqu'à cet

  4   endroit-là. Je ne considère pas ce temps-là comme un entretien actif, parce

  5   qu'on a parlé des conditions météorologiques, de la ville, de l'histoire de

  6   la ville, et cetera.

  7   Q.  Et vous savez, Monsieur, n'est-ce pas, que le client de M. Karnavas, M.

  8   Blagojevic, avait une thèse pour ce qui est de sa Défense, à savoir qu'il y

  9   avait une chaîne de commandement parallèle, et que derrière tout ce qui

 10   s'est passé était le département de la sécurité, n'est-ce pas ?

 11   R.  Je n'en sais rien.

 12   Q.  Me Karnavas n'a jamais parlé là-dessus avec vous ?

 13   R.  Mis à part ce qui est dans la déclaration, à savoir pourquoi il défend

 14   son client, quelle thèse de la Défense il a adoptée, il ne m'a jamais

 15   demandé quoi que ce soit d'autre. Il était tout à fait correct avec moi.

 16   Q.  Permettez-moi de vous dire, Monsieur, que vous avez parlé des questions

 17   concernant les officiers chargés de la sécurité, n'est-ce pas, pendant la

 18   période du 11 jusqu'au 17 ou jusqu'au 18 juillet 1995 ?

 19   R.  Si vous pensez aux officiers chargés de la sécurité, si vous pensez à

 20   M. Nikolic, M. Nikolic a été mentionné à plusieurs reprises, non seulement

 21   une seule fois.

 22   Q.  Vous nous dites aujourd'hui après avoir prononcé la déclaration

 23   solennelle que Momir Nikolic est le seul officier chargé de la sécurité,

 24   que Michael Karnavas et son équipe de la Défense a montré l'intérêt pour

 25   parler avec vous?

 26   R.  La déclaration solennelle est mentionnée à plusieurs reprises après

 27   presque toutes les deux phrases. Ce mot déclaration solennelle est répété,

 28   est réitéré, mais d'ailleurs je n'ai pas compris votre question.

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  1   Q.  Monsieur, vous avez prononcé la déclaration solennelle et vous avez

  2   témoigné à Sarajevo ?

  3   R.  Maintenant, après toutes les phrases ma déclaration solennelle apparaît

  4   ou est prononcée. Oui, à Sarajevo aussi j'ai prononcé la déclaration

  5   solennelle avant mon témoignage.

  6   Q.  En fait, pouvez-vous dire à la Chambre de première instance quelles

  7   sont les personnes contre lesquelles vous avez témoigné ? Pouvez-vous dire

  8   à la Chambre leurs noms ?

  9   R.  Je répondrais à la question de la Chambre portant sur ces noms si la

 10   Chambre me posait cette question.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Meek, vous avez rendu tout cela

 12   compliqué parce que vous avez qualifié ce témoignage en tant que témoignage

 13   contre une personne particulière et je suppose qu'il a témoigné sur les

 14   événements.

 15   M. MEEK : [interprétation] Je vais reformuler.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il n'aurait pas témoigné nécessairement

 17   contre les personnes, Monsieur.

 18   M. MEEK : [interprétation] Lorsqu'il s'agit du témoin qui témoigne dans une

 19   affaire, habituellement il témoigne contre un accusé.

 20   Q.  Permettez-moi de vous poser cette question --

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avancez, Monsieur Meek,  parce que nous

 22   n'avons pas ici les témoins de l'Accusation et de la Défense sur lesquels

 23   ni l'Accusation ni la Défense n'aient des droits de possession ou de

 24   propriété.

 25   M. MEEK : [interprétation]

 26   Q.  Vous avez mentionné aujourd'hui dans votre témoignage l'un de vos

 27   collègues, Miladin Blagojevic ?

 28   R.  Mladen Blagojevic et non pas Miladin Blagojevic.

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  1   Q.  Excusez-moi, mais j'ai mal prononcé son nom. Vous avez mentionné un

  2   autre de vos collègues en 1995, Zoran Zivanovic, n'est-ce pas ?

  3   R.  En 1995, pour ce qui est de cette année, j'ai mentionné plusieurs de

  4   mes collègues, non seulement Zoran Zivanovic. Pour ce qui est de l'une des

  5   localités, j'ai mentionné son nom, oui.

  6   Q.  Monsieur, nous pouvons avancer beaucoup plus vite si vous écoutiez mes

  7   questions plus attentivement.

  8   Dans l'affaire dans laquelle vous avez témoigné à Sarajevo, il y

  9   avait quatre accusés, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et l'un de ces accusés était Zoran Zivanovic, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Votre collègue de la Brigade de Bratunac ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  L'autre personne était Mladen Blagojevic, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, il était l'un d'entre eux.

 17   Q.  Et il était également votre collègue dans la Brigade de Bratunac,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Ensuite, nous avons Bozic. Vous pouvez peut-être m'aider pour ce qui

 21   est du suivant, Zdravko ?

 22   R.  Zdravko Bozic, oui.

 23   Q.  Il était également votre collègue en 1995 ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Zeljko Zaric ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Encore l'un de vos collègues de 1995 ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Pendant la période dont on a parlé aujourd'hui dans le prétoire, il

  2   s'agissait de vos collègues, n'est-ce pas, et de temps en temps vous étiez

  3   avec eux pendant ces trois jours, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui. Avec certains d'entre eux, oui.

  5   Q.  Monsieur, avez-vous eu un conseil ou un avocat avant ou durant le

  6   témoignage contre ces quatre personnes dont on a parlé ?

  7   R.  Encore une fois, vous avez utilisé le mot "contre." Je ne sais pas si

  8   c'est justifié.

  9   Q.  Je vais poser encore une fois cette question, mais je ne sais pas de

 10   quel terme vous parlez --

 11   R.  Cela m'a été traduit en tant que "contre."

 12   Q.  Monsieur, avez-vous eu un conseil, un avocat à la cour de Bosnie-

 13   Herzégovine à un moment donné avant votre témoignage ou lors de votre

 14   témoignage ou après votre témoignage dans cette affaire ?

 15   R.  Je n'ai eu de contact avec aucun des avocats. J'ai eu des contacts

 16   uniquement avec le procureur en février.

 17   Q.  En février. Et après cela ?

 18   R.  Après, en juin, j'ai témoigné dans cette affaire à la cour de Bosnie-

 19   Herzégovine.

 20   Q.  Est-ce que vous avez été représenté par un conseil ? C'était ma

 21   question.

 22   R.  Je ne comprends pas, parce que ce n'était pas moi qui étais jugé.

 23   Q.  Vos collègues ont été jugés, n'est-ce pas ? Les collègues avec lesquels

 24   vous êtes passé une certaine période de temps pendant des jours desquels

 25   vous avez témoigné sur la même localité.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense qu'il nous a déjà dit qu'il

 27   n'avait pas de conseil. Vous pouvez poser la question suivante, Maître

 28   Meek.

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  1   M. MEEK : [interprétation] Mais avant cela, permettez-moi de vous poser

  2   cette question.

  3   Q.  Avant votre témoignage, Bratunac n'est pas une grande ville, n'est-ce

  4   pas ?

  5   R.  Pour moi oui, c'est une grande ville. Je ne sais pas quel est

  6   l'objectif de votre question.

  7   Q.  La plupart des gens se connaissent entre eux là-bas, les gens qui ont

  8   vécu là-bas ?

  9   R.  Je ne peux pas vous répondre et vous dire qui connaît qui. Pouvez-vous

 10   me poser une question concrète.

 11   Q.  Je vais vous poser une question concrète. Est-ce que vous vous souvenez

 12   de l'époque où vos quatre collègues dont nous venons de mentionner les noms

 13   étaient ou contre lesquels l'instruction judiciaire a été ouverte à la cour

 14   de Bosnie-Herzégovine ou qu'un acte d'accusation a été dressé contre eux ?

 15   R.  Dans mon contact avec le procureur, le seul contact, il m'a dit qu'ils

 16   étaient détenus en détention provisoire, mis en détention provisoire, et

 17   que l'acte d'accusation a été dressé contre eux et que pour le procureur,

 18   ma déclaration est importante en tant que témoin oculaire dans cette

 19   affaire et que le procureur représentait le bureau du procureur.

 20   Q.  Savez-vous le nom de ce procureur ?

 21   R.  Je n'aimerais pas supposer. Je ne veux pas l'offenser. Je sais qu'il

 22   est d'origine asiatique, peut-être de Chine ou de la Corée. Je ne sais pas.

 23   J'ai toujours sa carte de visite et je peux vous la remettre pendant la

 24   pause.

 25   Q.  Merci. Je vais vous poser des questions là-dessus plus tard. Est-ce

 26   qu'il vous a contacté et, si oui, comment, de quelle façon ?

 27   R.  Puisque je ne vis pas à Bratunac depuis les deux dernières années, en

 28   janvier on a essayé de me contacter chez moi. Quelqu'un du bureau du

Page 17978

  1   procureur est venu. Il s'est présenté comme quelqu'un de Zepa. Il a remis

  2   une convocation à mes parents. Il ne pouvait pas me remettre cette

  3   convocation, à moi-même. Mes parents m'ont téléphoné, après quoi j'ai

  4   appelé le SUP de Bratunac. Le SUP de Bratunac m'a fourni d'autres

  5   informations en me disant que la convocation est arrivée de Sarajevo et

  6   qu'ils vont se renseigner.

  7   Je leur ai laissé mon numéro de téléphone en Autriche. Peu après, une

  8   convocation de Sarajevo est arrivée de la part de M. Birkic, ou au moins il

  9   s'est présenté comme étant M. Birkic, qui travaille à la cour de Bosnie-

 10   Herzégovine en disant qu'en février, je ne peux pas vous donner la date

 11   exacte, qu'en février je devrais me présenter à la cour de Bosnie-

 12   Herzégovine. Il m'a donné l'adresse de la cour. Ils m'ont contacté, et par

 13   la suite j'ai procédé conformément à ces instructions.

 14   Q.  Avez-vous jamais vu un exemplaire de cette convocation ? Est-ce que

 15   cette convocation est restée au SUP ou dans votre maison ?

 16   R.  Pour ce qui est de la convocation, on m'a dit que la convocation me

 17   serait remise au moment de l'arrivée dans le bâtiment de la cour ou dans la

 18   rue Kraljica Jelena à Sarajevo, parce que j'ai insisté à ce que la

 19   convocation me soit remise pour pouvoir justifier mon absence au poste de

 20   travail. On m'a remis la convocation à la cour de Bosnie-Herzégovine.

 21   Q.  Est-ce qu'il a été indiqué dans la convocation que vous aviez le statut

 22   de suspect, qu'ils voulaient vous parler en tant que suspect ?

 23   R.  Je n'ai pas interprété la convocation, mais j'ai pu comprendre qu'il

 24   s'agissait d'une sorte d'enquête, parce que j'ai pu lire sur la porte de la

 25   salle dans laquelle je suis entré : "Salle d'enquête" ou

 26   "d'interrogatoire."

 27   Q.  Vous serez d'accord avec moi, Monsieur, pour dire que vous n'avez

 28   jamais mentionné à Michael Karnavas ou à son équipe de Défense cela, parce

Page 17979

  1   que vous avez dit que vous n'avez pas fait attention à ces présumées

  2   histoires pour ce qui est de Pop ou de Beara quelques semaines plus tard ?

  3   Vous n'avez jamais parlé de cela à qui que ce soit pendant ces trois années

  4   jusqu'au moment où vous êtes venu à Sarajevo ?

  5   R.  Le contact suivant pour ce qui est de mon implication aux événements à

  6   Srebrenica en 1995 était à la cour de Bosnie-Herzégovine, à Sarajevo, en

  7   février 2004, où mon contact avec M. le Procureur et avec les autres de

  8   l'équipe, dans ces contacts, il m'a dit qu'il avait besoin de moi et de ma

  9   déclaration dans l'affaire le procureur contre Bozic et consorts. Il m'a

 10   dit que j'avais le statut de témoin à charge, le témoin potentiel.

 11   Q.  Vous avez compris, n'est-ce pas, que le bureau du procureur voulait

 12   condamner vos quatre collègues ?

 13   R.  Je ne savais pas. Je ne peux pas spéculer. Je ne savais qu'ils

 14   souhaiteraient condamner ou pas condamner.

 15   Q.  Bien.

 16   R.  Enfin, ils ont engagé la procédure.

 17   Q.  Jankovic, vous le connaissiez bien avant cette période ? Alors, de

 18   quelle journée s'agit-il ?

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Précision ?

 20   M. MEEK : [interprétation]

 21   Q.  Il s'agit du nouveau commandant.

 22   R.  Je le connaissais depuis mon premier jour d'arrivée à la police en

 23   2004. Il faisait déjà partie de la police et c'est là où je l'ai rencontré.

 24   Non, désolé, 1994. C'est une erreur, 1994.

 25   Q.  Alors que vous participiez à cet entretien en mai -- non, plutôt le 5

 26   février 2007, cette année, après avoir déposé ici dans l'affaire Blagojevic

 27   sur les mêmes faits trois ans auparavant, vers la toute fin de votre

 28   déposition, souvenez-vous, le Procureur vous a demandé : "Avez-vous vu qui

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  1   était en charge de ces soldats ?" C'est-à-dire les 40, 50 soldats qui,

  2   selon vous, étaient et se trouvaient autour de Rocevici ?

  3   R.  Je ne sais pas si j'ai évoqué le chiffre de 40 ou de 50. Ça dépend de

  4   la traduction.

  5   Q.  Quoi qu'il en soit, souvenez-vous que le Procureur vous a demandé vers

  6   la fin de cet entretien qui s'est déroulé tout au long de la journée, la

  7   question suivante : "Avez-vous vu qui était en charge de ces soldats ?"

  8   Vous vous en souvenez ?

  9   R.  Non. Je n'en ai pas vraiment le souvenir.

 10   Q.  Votre réponse était : "Non." Est-ce que vous en avez le souvenir ?

 11   R.  Non. Je ne m'en souviens absolument pas. Nous pouvons peut-être passer

 12   à la question suivante.

 13   Q.  Vous ne vous souvenez pas de ce que vous avez dit ? Vous me dites que

 14   vous vous ne souvenez plus de ce que vous avez dit dans la déclaration de

 15   février de cette année ?

 16   R.  Non, non. Je ne dis pas ça.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On pourrait lui montrer la déclaration.

 18   M. MEEK : [interprétation] Je n'ai pas l'exemplaire B/C/S.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On peut vous le remettre.

 20   M. MEEK : [interprétation] Monsieur le Président, il y avait quatre

 21   sessions. Chaque fois qu'ils démarraient une session, ils commençaient une

 22   nouvelle page, 1, 2, et ensuite, ils revenaient. Je crois qu'il s'agit de

 23   la dernière --

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, il y a un exemplaire B/C/S.

 25   M. MEEK : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 27   M. MEEK : [aucune interprétation]

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous prendre quelques instants

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  1   pour remettre un exemplaire au témoin ?

  2   M. MEEK : [interprétation] Oui, nous pouvons lui remettre une copie papier

  3   -- 65 ter numéro 2963. Non. Ce n'est pas ça. Ça, c'est Blagojevic. Pour le

  4   procès-verbal, il s'agit de la page 6, tout en bas, la dernière partie de

  5   l'entretien.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc on va l'afficher pour le PV.

  7   M. MEEK : [interprétation]

  8   Q.   Témoin, pour vous, il s'agit de la ligne 17. Puis-je vous demander de

  9   nous donner lecture de la ligne 17, la question posée par le Procureur ?

 10   R.  "Avez-vous vu qui était en charge de ces soldats ?"

 11   Q.  [aucune interprétation]

 12   R.  La réponse est "non".

 13   Q.  Avant de poursuivre, au tout début de cette conversation à Sarajevo,

 14   vous étiez là pour dire la vérité, rien que la vérité, vous souvenez-vous ?

 15   R.  Oui, il y a manifestement maldonne. Je vous ai dit aujourd'hui que je

 16   ne savais pas qui était en charge de ces soldats. Vous m'avez demandé si la

 17   question m'a été posée : "Est-ce que je savais qui était en charge", et non

 18   pas ma réponse. Ma réponse aujourd'hui -- je ne -- je savais que c'était la

 19   même question, la question qui m'avait été posée par le Procureur.

 20   Q.  Souvenez-vous, pourquoi ne m'avez-vous pas répondu que vous le saviez,

 21   donc vous avez répondu non. Donc je poursuis. Le Procureur vous a ensuite

 22   demandé, avez-vous vu des officiers de quelque brigade que ce soit ? C'est

 23   à l'écran. Vous pouvez passer -- vous vous souvenez peut-être de votre

 24   réponse ? Je ne sais pas. Cela rafraîchirait-il votre mémoire ?

 25   R.  Non. Nous ne nous comprenons toujours pas. La question qui m'avait été

 26   posée auparavant est, est-ce que je me souvenais si la question m'avait été

 27   posée et quelle était la réponse. Je ne me souviens pas si la question

 28   m'avait été posée. Je crois que c'est là où il y a peut-être maldonne --

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  1   vous insistez --

  2   Q.  Je n'insiste nullement. Je vous demande simplement -- vous regardez une

  3   transcription de votre déclaration que vous avez donnée en février, que

  4   vous avez lue et qui selon vous est la vérité. Donc il y a manifestement

  5   quiproquo. Le Procureur vous a ensuite demandé : "Avez-vous vu des

  6   officiers de quelque brigade que ce soit ?" Et votre réponse était, en haut

  7   de la page suivante, la première ligne, vous le voyez à l'écran ? Vous

  8   pouvez lire le texte pour vous rafraîchir la mémoire.

  9   M. LE JUGE PROST : [interprétation] Nous allons vous demander de lire.

 10   M. MEEK : [interprétation]

 11   Q.  Donc vous avez répondu à la question de savoir si vous aviez vu des

 12   officiers de la brigade. Votre réponse, Monsieur, était : "Pas à ce moment.

 13   Très certainement pas. Je sais d'après les récits que plus tard, lorsque

 14   nous étions sur le chemin du retour, des officiers sont venus pendant la

 15   journée et certains sont venus, c'est sûr. Jankovic en a parlé plus tard.

 16   Il a fait part de certaines de ses expériences et de ses rencontres avec

 17   ces gens. Je ne connais pas leurs noms." Vous vous souvenez d'avoir donné

 18   cette réponse, Monsieur ?

 19   R.  C'est la même chose que j'ai répondue ce matin. J'ai expliqué tout ça

 20   en détail concernant ses expériences, ses déplacements, le fait qu'il ait

 21   cité certains noms, tels Pop et autres. Mais pas lié directement à ces

 22   personnes dont vous parlez.

 23   Q.  Donc c'était la vérité dans la réponse que vous avez donnée au mois de

 24   février lors que le procureur vous a posé la question ? C'est bien ça ?

 25   R.  Je ne sais pas de quelle réponse vous parlez. Ce que je vous dis

 26   maintenant, je confirme ce que je dis. Je ne vous comprends pas.

 27   Q.  C'est très simple. Votre réponse était qu'à l'époque, vous ne voyiez

 28   pas d'officiers de la brigade, surtout pas. Par la suite vous en avez

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  1   entendu des récits, et Jankovic vous en a même parlé plus tard, lorsqu'il

  2   vous a fait part de ses expériences. C'est bien ça ? C'est bien ce qui

  3   s'est passé ? C'est la question que je vous pose.

  4   R.  S'agissant des événements, mais je ne peux pas relier ces événements au

  5   lieu de Rocevic, avec tout son engagement pendant les deux jours. Peut-être

  6   à d'autres localités. Je ne lie pas ces événements à ces événements, à ces

  7   localités, Rocevic, Kravica, Konjevic Polje -- il parlait de façon

  8   générale.

  9   Q.  Par la suite, à la page 8, je vais simplement essayer de vous

 10   rafraîchir la mémoire. Ce doit être à la page 8. Bien. Le Procureur vous a

 11   posé un peu la même question que vous a posée M. McCloskey ce matin, à

 12   savoir "De quoi vous a parlé Jankovic lorsqu'il a cité la personne qui

 13   avait pour surnom Pop ?" Votre réponse était ensuite : "Je n'en sais rien.

 14   Il a dit qu'il était avec des officiers, et je ne peux vraiment pas

 15   supputer. Tout d'abord, il était toujours à se féliciter. Il aime bien

 16   effectivement se montrer sous le meilleur jour. C'est le genre de personne

 17   qui était assez proches de Momir," c'était Nikolic, n'est-ce pas ? C'est

 18   bien ça ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  "Donc, Momir, plus il est à proximité d'une personne gradée, mieux il

 21   se sent. Si nous essayions de trouver une logique à tous ces événements, de

 22   savoir pourquoi tout repose sur les épaules de la police, la réponse est

 23   parce qu'il n'y a pas de commandement." Vous vous souvenez d'avoir donné

 24   cette réponse, Monsieur ?

 25   R.  Je le vois, et je m'en souviens, oui.

 26   Q.  Oui, c'était vrai. Il se portait aux nues en permanence ?

 27   R.  Oui, c'est ce qu'il disait.

 28   Q.  C'est ce que vous disiez, n'est-ce pas, constamment ? Ainsi que vos

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  1   collègues. Vous l'avez dit, c'est marqué ici, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je l'ai dit parce que j'étais présent et je l'ai entendu.

  3   Q.  Lorsque vous avez donné cette déclaration de vérité que "nous ne

  4   croyions pas à tout ce qu'il disait." C'est bien ça ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Parce que foncièrement, Jankovic était une de ces personnes qui se

  7   promenait en disant combien il était important, en se vantant, en essayant

  8   d'impressionner les gens, j'étais avec un tel, tel jour, j'étais avec une

  9   autre personne tel autre jour. C'est bien ça, n'est-ce pas ?

 10   R.  Il y a un petit peu trop de questions. D'après ce que j'ai dit, il

 11   avait tendance à se vanter, à exagérer son importance, sa mission.

 12   Q.  Et vous ne croyiez pas tout ce qu'il disait ?

 13   R.  Vous avez tout à fait raison.

 14   Q.  Et puisque vous ne souhaitez pas vous livrer à des suppositions, vous

 15   n'allez pas ici supposer que Jankovic se vantait, n'est-ce pas, concernant

 16   Beara ?

 17   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, là c'est une question d'argument.

 19   Vous pouvez effectivement reformuler la question, mais il ne doit pas

 20   répondre à la question telle que vous venez de la formuler.

 21   M. MEEK : [interprétation]

 22   Q.  Je vais vous poser la question suivante : puisque vous n'êtes pas

 23   l'accusé, avez-vous conclu un marché avec un procureur ou d'autres

 24   procureurs à Sarajevo de ne pas être mis en accusation pour des crimes de

 25   guerre comme l'ont été vos collègues ?

 26   R.  Pour moi, c'est une question insultante, et si je ne suis pas obligé,

 27   je préfèrerais ne pas répondre à cette question. C'est absurde.

 28   Q.  Monsieur le Témoin, désolé si cela vous insulte, mais très franchement

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  1   très souvent des personnes vont conclure des accords avec des procureurs

  2   pour ne pas être mis en accusation, mais témoigner dans d'autres procédures

  3   contre des personnes qui, elles, sont mises en accusation. Donc je pense

  4   que la question est tout à fait fondée.

  5   R.  Je ne le crois pas, et je ne me vois pas en tant que suspect potentiel,

  6   et sur ce plan-là, je n'ai aucune crainte, et je n'ai pas conclu de marché

  7   avec ces personnes ici ou M. Karnavas. Personne n'a essayé de me convaincre

  8   de quoi que ce soit ou avec qui que ce soit.

  9   Q.  Je sais que vous ne vous voyez pas comme suspect éventuel, je sais

 10   qu'il en va de même pour M. Karnavas. Mais je vous dis qu'il y a quatre

 11   collègues qui ont été mis en accusation au tribunal de Bosnie-Herzégovine.

 12   Vous n'êtes pas mis en accusation. Vous témoignez dans cette affaire et

 13   soudainement après votre déposition, vous soulevez le nom de mon client et

 14   d'autres personnes qui vont établir le lien possible avec ce que veut le

 15   Procureur dans cette affaire, et je vous soumets que c'est ce qui s'est

 16   passé.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il a déjà répondu à la question, il n'a

 18   pas conclu de marché avec qui que ce soit. Passons à la question suivante,

 19   si vous voulez bien.

 20   M. MEEK : [interprétation] Bien.

 21   Q.  A la page 7, lorsque vous discutez avec ces gens à Sarajevo, souvent

 22   vous dites -- là encore, page 7 en B/C/S, ligne 7 en anglais. Je vous en

 23   donne lecture. Après une longue interrogation par le Procureur, vous avez

 24   répondu à une question concernant les récits dont Jankovic a parlé, le

 25   Procureur dit :

 26   "Question : Qu'a-t-il dit ?

 27   Réponse : Il a parlé de certains officiers. Il disait qu'il était en

 28   contact avec eux mais je n'en suis pas sûr."

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  1   C'était bien vrai, n'est-ce pas ? C'est-à-dire vous ne connaissiez pas

  2   leurs noms ? Ou vous ne disiez pas la vérité ?

  3   R.  Vous dites que je ne dis pas la vérité. J'affirme à présent que je ne

  4   connaissais pas les noms. Je l'ai dit à l'époque, je ne les connaissais pas

  5   à l'époque, et je ne les connais pas maintenant.

  6   Q.  Bien, d'accord.

  7   R.  Alors là vous me troublez, vous posez la question, après avoir posé des

  8   questions avec ces commentaires.

  9   Q.  D'accord. Je vois votre réponse, page 64, lignes 4 à 6, c'est la même

 10   réponse que vous avez donnée à Sarajevo que cette année. Ensuite, Monsieur,

 11   vous avez laissé entendre dans cette déclaration que les récits qui sont

 12   parvenus, il s'agit bien de récits, de ouï-dire, de propos rapportés, de

 13   sous-entendus ?

 14   R.  Il s'agit de son retour -- ou plutôt, j'ai expliqué quelle était notre

 15   réaction suite à tous ces événements, la perte de l'encadrement du

 16   commandement. Je ne veux pas le répéter. C'était sa réponse, sa

 17   justification, ses missions, au cours de ces deux jours, puisqu'on lui a

 18   demandé ce qu'il faisait pendant ces deux jours, lui et les autres du

 19   groupe de commandement. Ensuite il poursuivi son récit, ce qu'il faisait,

 20   et j'en ai déjà parlé. Donc je ne souhaite pas répéter cela.

 21   Q.  Mais vous avez laissé entendre dans la déclaration que les récits

 22   étaient venus par la suite, nous revenions, et plus tard au poste de

 23   police, mais ce n'était pas aussitôt après les événements, n'est-ce pas ?

 24   R.  Je crois que vous avez -- enfin je l'ai expliqué par la suite, je crois

 25   l'avoir expliqué à deux reprises depuis ce matin. Après ces événements,

 26   lorsqu'ils m'ont demandé ce que je pensais, lorsque la situation s'est

 27   calmée, là je songe aux missions du 13, le 14 ou le 12 ou le 15, le voyage

 28   à Rocevic, ensuite le retour, donc je songe aux événements après ces dates.

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  1   Je ne peux pas dire ce qui s'est passé avant ces dates.

  2   Q.  Oui, je le comprends. Et les événements qui sont intervenus avant cette

  3   date avec Jankovic, lorsqu'il n'était pas là, c'est donc les récits dont il

  4   vous parle, n'est-ce pas ? Ou était-ce pendant les journées, les deux,

  5   trois jours où vous étiez à Rocevic et que lui n'était pas là, ou les deux

  6   ? Je reformule ma question si vous le souhaitez.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense qu'il a bien témoigné à

  8   Rocevic qu'il avait vu, entre autres, Jankovic, n'est-ce pas ?

  9   M. MEEK : [interprétation] Bien, d'accord.

 10   Q.  Alors, précisons les choses. Lorsque Jankovic vous dit après Rocevic

 11   avec qui il était, et il cite des noms, que ne connaissez pas, les gens que

 12   vous ne connaissez pas, c'était à quel moment ? C'était à quelle époque,

 13   pour vous, dont il vous parlait de ces récits ?

 14   R.  J'ai répondu à cette question il y a dix secondes, il s'agit de dates

 15   après le 15 et les récits concernant ces dates faisaient référence à des

 16   périodes où il n'était pas avec nous, en réponse à la question, donc il

 17   n'était pas avec nous le 12, il n'était pas avec nous le 13, et même après

 18   le 15 à l'exception de cette brève réunion à Rocevic, le 15 ou le 14, je

 19   crois.

 20   Q.  A quel moment vous a-t-il dit -- on biffe la question.

 21   Précédemment, vous avez déposé directement en disant que c'est vous qui

 22   avez formulé cette remarque, ce n'était pas Jankovic, c'était vous qui

 23   pensiez qu'il avait été quelque peu trahi, le fait de ne pas avoir de

 24   commandant là -- c'est bien ça ?

 25   R.  Oui, je vous ai dit il y a de ça à peu près une heure, nous, c'est-à-

 26   dire moi-même et mes collègues, nous, non pas moi, nous.

 27   Q. Bien. Vous avez discuté avec M. McCloskey au bureau du Procureur,

 28   en apportant d'autres changements dans votre déposition ou vos déclarations

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  1   et des précisions ?

  2   R.  Oui, j'ai eu des contacts hier, en fin d'après-midi. On pourrait dire

  3   que c'était plus pour aider à quelques éclaircissements pour interpréter ce

  4   que j'entendais, enfin, dans ces papiers qui sont arrivés de Sarajevo très

  5   brièvement.

  6   Q.  D'accord. Seriez-vous d'accord avec le Procureur, M. McCloskey,

  7   lorsqu'il dit pendant cette brève période que vous avez passé à discuter de

  8   certaines questions, partant il y avait des notes d'épreuve de Mile Janjic,

  9   M. McCloskey dit : "Je lui ai demandé où il avait reçu l'information qu'il

 10   avait transmise au procureur d'Etat concernant Beara et une personne nommée

 11   Pop." Il a affirmé qu'il avait reçu cette information de Mirko Jankovic,

 12   une à deux semaines après les événements.

 13   Vous vous souvenez avoir dit cela au Procureur hier ?

 14   R.  Des journées après ces événements. Je ne suis pas certain d'avoir parlé

 15   de deux semaines après.

 16   Q.  Mes notes de vérification précisent une à deux semaines après que les

 17   événements eurent lieu.

 18   R.  Je ne pense pas avoir précisé le délai. Je pense qu'après les

 19   événements, ou les dates suivant ces événements, ou j'ai peut-être employé

 20   les mots "une fois que la situation se soit calmée," et on m'a demandé ce

 21   que j'entendais par là, et j'ai répondu à cette question ce matin. Pour ce

 22   qui est du reste -- je ne sais pas.

 23   Q.  Avec le respect, vous répondez à des questions différemment

 24   lorsqu'elles vous sont posées par des personnes différentes --

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 27   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Meek.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] En fait, ces commentaires font qu'il est

  2   impossible pour le témoin de répondre. Au bout du compte, cela ne sert plus

  3   à rien.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous ne vous permettrons pas de traiter

  5   les témoins de cette façon.

  6   M. MEEK : [interprétation] Je vous prie de m'en excuser.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Votre temps est pratiquement épuisé. Il

  8   vous reste trois minutes pour terminer votre contre-interrogatoire.

  9   M. MEEK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  M. McCloskey, le Procureur me dit, ainsi que tous les autres avocats de

 11   la Défense qui représentent l'accusé ici aujourd'hui, vous lui avez dit que

 12   vous avez demandé à Mirko Jankovic où il se trouvait pendant ces journées,

 13   puisque la police militaire n'était pas contente de ne pas avoir leur

 14   commandant avec eux. Vous dites que Mirko Jankovic a réagi ou a répondu en

 15   se vantant. Vous vous souvenez d'avoir dit cela à M. McCloskey hier ?

 16   R.  Nous lui avons demandé, pas simplement lui mais le reste de groupe de

 17   commandement, y compris Petrovic, le moins gradé, enfin, je ne peux pas

 18   répondre par oui ou par non, quelle que soit votre agitation.

 19   Q.  C'est une question toute simple, à savoir s'il a le souvenir d'avoir

 20   répondu. 

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais vous lui avez posé la même

 22   question à plusieurs reprises.

 23   M. MEEK : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous recevez la même réponse. Là, vous

 25   énervez le prétoire, vous énervez le témoin --

 26   M. MEEK : [interprétation] Je vous prie de m'en excuser, mais ça, c'est le

 27   texte d'épreuve que nous avons reçu hier soir ou ce matin. Je demande

 28   simplement au témoin : vous souvenez-vous d'avoir dit cela à M. McCloskey

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  1   hier ? S'il ne s'en souvient pas, il répond non. S'il s'en souvient, il

  2   répond oui.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivons et passons à vos dernières

  4   questions, Monsieur Meek.

  5   M. MEEK : [interprétation]

  6   Q.  Vous souvenez-vous hier avoir dit à M. McCloskey que Mirko Jankovic

  7   vous aurait dit pendant cette période, il était la seule personne à pouvoir

  8   conduire le blindé des Nations Unies ? Vous vous souvenez d'en avoir

  9   discuté avec M. McCloskey hier ?

 10   R.  Je dois répondre de la manière suivante : il a affirmé qu'il était le

 11   seul à pouvoir faire démarrer le véhicule des Nations Unies. Il n'a pas dit

 12   qu'il était le seul à pouvoir le conduire. Nous partons de l'hypothèse

 13   qu'il conduisait souvent ce véhicule. On peut peut-être en conclure que

 14   quelqu'un d'autre a essayé de faire démarrer le moteur, mais c'était le

 15   seul à avoir réussi à le faire.

 16   Q.  Monsieur, j'en ai pratiquement terminé mais, manifestement, vous l'avez

 17   dit à M. McCloskey lors de la session hier soir, vous n'avez pas vu Ljubisa

 18   Beara à aucun moment le 11, 12, 13, ni à l'hôtel Fontana, pendant la

 19   période où vous y étiez; c'est bien ça ?

 20   R.  Non, je ne l'ai pas vu ces jours-là. Je ne me souviens pas.

 21   Q.  En somme, je souhaite résumer rapidement, votre déposition concernant

 22   Ljubisa Beara, vient de Mirko Jankovic, une personne que vous ne faites pas

 23   confiance parce qu'il se vante beaucoup. Il aime bien être le centre de

 24   l'attention et il aime bien citer des noms comme ça, en l'air. Est-ce une

 25   bonne façon de dire les choses ?

 26   R.  Hormis le fait que j'ajouterais que je l'ai vu et je l'ai vu après ces

 27   événements, ces trois jours. Je souhaite simplement ajouter cela; sinon, je

 28   conviens avec ce que vous avez dit.

Page 17992

  1   Q.  Très rapidement sur ce point, je crois que vous êtes rentré le 15,

  2   c'est exact ? Le 15 juillet ?

  3   R.  Je l'ai dit peut-être une centaine de fois. J'ai déjà dit que je

  4   n'étais pas sûr. Je ne me souviens pas si c'était le 14 ou le 15.

  5   Q.  Vous étiez en permission pendant quelques jours après avoir été appelé

  6   ou, en tout cas, avoir été de permanence pendant toutes ces journées-là,

  7   n'est-ce pas ? Je crois que vous avez témoigné à cet effet et vous aviez

  8   quelques tâches plutôt légères et vous avez eu une permission ?

  9   R.  J'ai eu des problèmes de santé pendant deux ou trois jours. Je recevais

 10   des perfusions. C'était une infirmière qui me les prodiguait. Ensuite, j'ai

 11   eu un certain nombre de missions par rapport à Srebrenica. Personne ne m'a

 12   jamais posé de questions là-dessus.

 13   Q.  Vous êtes resté combien de temps à l'infirmerie ?

 14   R.  Je n'ai pas dit que j'étais à l'hôpital, juste à l'infirmerie. J'y ai

 15   été traité, ensuite je suis rentré à la maison pour simplement suivre le

 16   traitement qui m'avait été donné. Je crois que c'était lorsque j'ai suivi

 17   ce traitement qu'on m'a demandé de partir en mission à Rocevic. Quelqu'un

 18   m'a appelé ou quelqu'un est venu me chercher. Encore une fois, il s'agit

 19   des deux mêmes jours. C'est certainement après la nuit du 13.

 20   Q.  Je n'ai plus de questions.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Meek. Nous

 22   allons faire une pause de 25 minutes et reprendre à 13 heures.

 23   --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.

 24   --- L'audience est reprise à 13 heures 05.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est vous, Maître Nikolic, qui allez

 26   contre-interroger ?

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Merci, Monsieur

 28   le Président.

Page 17993

  1   Contre-interrogatoire par Mme Nikolic : 

  2   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Janjic.

  3   R.  Bonjour.

  4   Q.  Je m'appelle Jelena Nikolic et je représente les intérêts de M. Drago

  5   Nikolic. Je souhaite vous poser quelques questions au sujet de vos tâches

  6   au sein de la Brigade de Bratunac. Vous faisiez partie de la police

  7   militaire. Vous savez que la police militaire de la Brigade de Bratunac

  8   conservait des registres quotidiens sur lesquels les soldats inscrivaient

  9   ce qui s'était passé pendant la journée ?

 10   R.  Oui.

 11   Mme NIKOLIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut montrer au témoin la pièce

 12   P220, s'il vous plaît. C'est un document 65 ter et cela se trouve à la page

 13   6 en B/C/S, et 3 dans la version anglaise.

 14   Q.  Il s'agit ici des pages qui concernent les 2 et 3 juillet 1995.

 15   Et c'est ici le registre de la police militaire. Est-ce que vous pourriez

 16   jeter un œil, s'il vous plaît. Est-ce que vous voyez ce document ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  On peut lire ici, si je ne me trompe pas, "Officier de garde, Mile

 19   Janjic." C'est vous, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Reconnaissez-vous ce qui est inscrit ici, ainsi que l'écriture ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  C'est l'écriture de qui ?

 24   R.  Je suis quasi certain que c'est la mienne.

 25   Q.  Et vous avez consigné par écrit brièvement ce qui s'était passé les 2

 26   et 3 juillet 1995, ce que la patrouille ainsi que d'autres unités de la

 27   police militaire ont fait sur le terrain ce jour-là ?

 28   R.  Oui.

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  1   Mme NIKOLIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut montrer au témoin la

  2   page 16 de ce même document, s'il vous plaît, en B/C/S. C'est la page 13 en

  3   anglais.

  4   Q.  Avant que le document soit affiché à l'écran, je souhaite vous dire

  5   qu'il s'agit là d'une page qui correspond à la date du 13 juillet 1995. On

  6   peut voir qu'il y a un autre officier de permanence qui est cité ici,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, c'est exact.

  9   Q.  A la lecture de cette page, je constate qu'au niveau d'un des

 10   paragraphes la police militaire, entre autres, a assuré la sécurité du

 11   commandant Ratko Mladic, et il y avait des relèves la nuit à l'hôtel

 12   Fontana, et cetera. Avez-vous lu cela ?

 13   R.  Oui, je l'ai lu.

 14   Q.  Et c'est exact ? Est-ce que ceci illustre ce qui s'est passé ce jour-là

 15   ?

 16   R.  Je ne peux pas vous répondre par oui ou par non étant donné que je n'ai

 17   pas rédigé ce document. En y jetant un œil, je vois qu'il y a certaines

 18   irrégularités, soit à propos des dates -- ce que je souhaite dire, c'est

 19   que le texte ne reflète pas ce que je sais, et je sais ce qui s'est passé.

 20   Q.  Fort bien.

 21   R.  Je veux parler de la partie du texte où on peut lire le "Le pont,

 22   Mladen Blagojevic", et on peut voir le nom Mile Janjic. C'est mon nom.

 23   Q.  Vous conviendrez avec moi, n'est-ce pas, qu'une partie de ce texte

 24   reflète ce qui s'est passé, alors qu'il y a certaines erreurs au niveau des

 25   dates et de la présence de certaines personnes au niveau du pont ?

 26   R.  J'établis un lien entre les dates et la présence, personnellement, si

 27   on parle du 12 et du 13, j'ai passé ces deux journées-là au niveau du pont,

 28   si seulement c'était le cas, à ce moment-là je ne pense pas que la date

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  1   soit exacte, car je n'aurais pas pu être au niveau du pont les 12 et 13 à

  2   aucun moment de la journée, pas un seul instant. Ceci n'est pas très clair

  3   à mes yeux. Je ne peux que supposer -- je vois que la signature est celle

  4   de l'officier de garde, Mile Petrovic. Nous savons également, d'après ce

  5   qu'il a dit, qu'il avait des missions importantes qui lui avaient été

  6   confiées par Mirko Jankovic et Momir Nikolic. Je pense que le document a

  7   peut-être été écrit par la suite, et qu'on ait remplacé le journal d'une

  8   façon ou d'une autre. Ce qui n'est pas très clair à mes yeux, c'est le HCR

  9   et le chargé de la sécurité du HCR. Ceci n'est pas très clair.

 10   Q.  Fort bien. Merci. Mais ce jour-là, vous étiez bel et bien de garde à

 11   l'hôtel Fontana, et vous assuriez la sécurité de Ratko Mladic le 12, n'est-

 12   ce pas ?

 13   R.  Oui. Le 12, j'assurais la sécurité dans le secteur de l'hôtel Fontana à

 14   Potocari, oui.

 15   Mme NIKOLIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut montrer au témoin le

 16   même document, s'il vous plaît, mais la page 19 en B/C/S et 16 en anglais,

 17   s'il vous plaît.

 18   Q.  Monsieur Janjic, voyez-vous le document que vous avez sous les yeux ?

 19   Encore une fois, si vous avez raison, ce qui correspond aux paragraphes

 20   relatifs à la date du 17 juillet 1995. Encore une fois, les tâches de la

 21   police militaire ?

 22   R.  Oui, je le vois.

 23   Mme NIKOLIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut montrer au témoin

 24   l'intégralité de la page, s'il vous plaît, est-ce que nous pouvons faire

 25   défiler le texte vers le bas pour qu'il puisse le voir, s'il vous plaît.

 26   Merci.

 27   Q.  Je constate que vous n'étiez pas de permanence ce jour-là. Votre nom ne

 28   figure pas ici. Néanmoins, dans une partie du texte, c'est quelqu'un qui a

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  1   rédigé ce paragraphe, on indique que parmi les activités référencées à

  2   cette date-là, il s'agissait d'aller à Pilica sur le territoire de la

  3   municipalité de Zvornik. C'est un groupe de la police militaire. Est-ce que

  4   vous voyez cela ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce que vous pensez que ces autres entrées sont authentiques, bien

  7   que celles-ci ne soient pas rédigées de votre main ?

  8   R.  Etant donné que ce n'est pas moi qui ai rédigé cela, je ne peux rien

  9   dire à propos d'un document qui est rédigé par quelqu'un d'autre. Je ne

 10   peux ni confirmer ni infirmer que ces personnes étaient là. Mais cela

 11   ressemble à un rapport habituel de la police militaire, c'est tout ce que

 12   je peux vous dire à cet effet.

 13   Q.  Cela ressemble à un rapport de police quotidien, en général ceux qui

 14   sont rédigés par la police militaire ?

 15   R.  Je ne suis pas en mesure de faire des commentaires là-dessus.

 16   Q.  Je vais maintenant revenir sur quelques questions qui portent sur la

 17   déclaration que vous avez faite ou plutôt la déposition devant la cour de

 18   Bosnie-Herzégovine contre quatre de vos collègues. Vous en avez parlé dans

 19   votre déposition aujourd'hui assez longuement, donc je ne vais pas revenir

 20   dessus. Je souhaite simplement vous montrer le procès-verbal de l'affaire

 21   KTRZ 132/06, la cour de l'Etat de Bosnie-Herzégovine pour crimes de guerre

 22   à Sarajevo. L'affaire contre Blagojevic, Mladen, Zoran Zivanovic, et

 23   consorts. 

 24   Lorsque vous avez déposé dans cette affaire, étant donné que vous

 25   avez déposé dans cette affaire, vous savez que vos collègues ont été mis en

 26   accusation pour les événements qui se sont déroulés dans l'école Vuk

 27   Karadzic, et également pour les événements qui se sont déroulés à l'école

 28   Orahovac et qui sont contenus dans l'acte d'accusation ?

Page 17997

  1   R.  Je peux vous dire que je n'ai jamais vu cet acte d'accusation contre

  2   mes quatre collègues, et je ne sais pas ce dont on les accuse. Ceci ne m'a

  3   jamais été lu.

  4   Mme NIKOLIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut montrer au témoin la

  5   pièce 3D133, document MFI marqué aux fins d'identification le 9 mai 2007,

  6   pièce de la Défense qui a été versée au dossier par le truchement d'un

  7   témoin différent. Est-ce qu'on peut afficher la version en B/C/S pour que

  8   le témoin puisse voir le document ? Est-ce que la version en B/C/S est dans

  9   le prétoire électronique ?

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que c'est disponible ou pas,

 11   cette version en B/C/S ?

 12   Mme NIKOLIC : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur, vous voyez maintenant le document devant vous.

 14   R.  Je suis en train de le lire.

 15   Q.  Vous allez reconnaître les noms. Ce sont des biographies de vos

 16   collègues. Est-ce qu'il s'agit de ces quatre personnes dont on a parlé ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce qu'on peut afficher la page suivante, s'il vous plaît. Vous

 19   allez voir qu'il s'agit des événements survenus à l'école Vuk Karadzic.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Est-ce qu'on peut passer à la page suivante. Si vous vous penchez sur

 22   le point 6 et le point 7, où ces personnes sont accusées des événements

 23   survenus à Orahovac, municipalité de Zvornik ?

 24   R.  Je vois maintenant cette partie.

 25   Q.  C'est la même affaire dans laquelle vous avez témoigné devant la cour à

 26   Sarajevo ?

 27   R.  Mais je vois l'acte d'accusation pour la première fois ici.

 28   Q.  Et vous n'avez pas témoigné sur ces événements; mais uniquement sur les

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  1   événements survenus à l'école et les événements survenus à Bratunac ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  J'ai deux ou trois questions eu égard à votre voyage à Rocevic. Vous

  4   avez dit que vous étiez à bord du véhicule du type Pinzgauer. Vous étiez

  5   six ou sept.

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Pouvez-vous nous décrire ce véhicule ?

  8   R.  Il s'agit d'un véhicule militaire du type Pinzgauer. Il y a une cabine

  9   avant pour deux personnes, le chauffeur et la personne qui le remplace. Il

 10   n'y avait pas de bâche. La partie arrière était ouverte. Il y avait deux

 11   banquettes derrière. Il y avait une mitrailleuse antiaérienne montée sur ce

 12   véhicule avec une sorte de coupole qui la protégeait et qui pouvait tourner

 13   180 degrés.

 14   Q.  Aujourd'hui vous avez dit que vous étiez partis tard dans l'après-midi.

 15   Pouvez-vous nous dire quand vous êtes partis de Bratunac le 14 ou le 15

 16   juillet, et de combien de temps vous avez eu besoin approximativement pour

 17   arriver à l'école à Rocevic ?

 18   R.  Nous sommes restés là-bas une vingtaine de minutes. A bord de ce

 19   véhicule il faut plus d'une heure et demie pour arriver à Rocevic. Il

 20   aurait pu être 8 heures de l'après-midi ou 7 heures.

 21   Q.  Quand vous êtes arrivés ?

 22   R.  A Drinjaca, il faisait déjà noir. C'était en été, donc nous sommes

 23   arrivés vers 7 heures du soir.

 24   Q.  Vous êtes arrivés à Rocevic à peu près à 8 heures 30 dans la soirée ce

 25   jour-là en juillet ?

 26   R.  Oui. On peut dire que qu'il était 8 heures et demie.

 27   Q.  Est-ce que la nuit a commencé à tomber ?

 28   R.  Non. C'était lorsque nous nous rentrions à Drinjaca après une heure de

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  1   conduite, il faisait déjà minuit. Là on peut dire que nous sommes partis

  2   vers 9 heures du soir.

  3   Q.  Donc vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il faut entre une heure

  4   et une heure et demie dans les deux sens entre Bratunac, Zvornik et

  5   Rocevic.

  6   R.  Non, je ne serais pas d'accord avec vous pour dire dans les deux sens,

  7   c'est seulement dans un sens qu'il faut une heure, une heure et demie, si

  8   vous vous empruntez toujours la même route.

  9   Q.  Avez-vous emprunté la même route ce jour-là ?

 10   R.  En partant pour accomplir la mission, nous avons emprunté une route et

 11   en rentrant, nous avons emprunté une route au début. Par la suite, nous

 12   avons pris une autre route pour arriver à la même destination.

 13   Q.  Quand avez-vous changé de route ? A quelle destination ? Pouvez-vous

 14   nous dire pourquoi vous avez emprunté cette deuxième route par la suite ?

 15   R.  En rentrant de Rocevici, nous sommes arrivés à Zvornik d'abord. De

 16   Zvornik nous sommes partis vers Sarajevo en empruntant la route vers

 17   Sarajevo, et nous sommes arrêtés à Drinjaca, c'est une petite ville. A

 18   Drinjaca, nous nous sommes arrêtés pour dîner. J'ai dit tout cela, il ne

 19   faut pas que je me répète. Il faisait déjà nuit. Nous avons emprunté une

 20   autre route dans la direction de Bratunac.

 21   Q.  Il s'agit d'une route plus longue ou plus courte ?

 22   R.  C'était une route beaucoup plus longue vers Bratunac qui suit le cours

 23   de la Drina. Il ne s'agissait pas d'une route goudronnée, mais plutôt en

 24   terre battue, et il fallait beaucoup plus de temps que si on avait emprunté

 25   la route Konjevic Polje pour aller à Bratunac.

 26   Q.  Pourquoi avez-vous emprunté cette autre route ? Pourquoi n'avez-vous

 27   pas emprunté la route Konjevic Polje-Bratunac ?

 28   R.  Comme j'ai déjà dit, Slobodan Mijatovic était la personne qui nous

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  1   guidait, l'un des chefs de section. On lui a dit qu'il fallait rentrer pour

  2   raisons de sécurité en empruntant cette route. Mais il ne nous a pas dit

  3   qui lui a dit cela. Et moi, j'aurais également proposé qu'on emprunte cette

  4   deuxième route pour des raisons de sécurité, ainsi que mes collègues je

  5   suppose. Parce que nous savions et nous supposions que les forces

  6   musulmanes traversaient ce secteur, cette route vers Konjevic Polje et

  7   Kravica. Nous avions reçu l'information portant là-dessus au cours de la

  8   journée.

  9   Q.  Merci. Aujourd'hui, lors de votre témoignage, à plusieurs reprises on

 10   vous a posé des questions, et je ne veux pas mentionner le prénom de la

 11   personne dont le nom est Nikolic. Je suppose que vous avez parlé de Momir

 12   Nikolic de la Brigade de Bratunac pendant tout le temps de votre témoignage

 13   aujourd'hui ?

 14   R.  Absolument, oui.

 15   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, je n'ai plus de questions pour ce

 16   témoin.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Nikolic.

 18   Maître Stojanovic, vous avez toujours besoin de 45 minutes ?

 19   M. STOJANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que cinq

 20   ou six questions ont été déjà répondues, des questions que nous avions

 21   l'intention de poser. Cela veut dire que notre contre-interrogatoire durera

 22   un moins longtemps que prévu.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Combien de temps de moins de temps que

 24   prévu ?

 25   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je pense que mon contre-interrogatoire

 26   durera entre 30 et 35 minutes, mais je ne peux pas être tout à fait sûr en

 27   ce moment pour ce qui est de la durée de mon contre-interrogatoire.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. C'est compréhensible.

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  1   Maître Fauveau, pouvez-vous commencer maintenant votre contre-

  2   interrogatoire parce que vous avez dit que vous aviez besoin de 20 minutes

  3   ?

  4   Mme FAUVEAU : [chevauchement] -- avec mon collègue Stojanovic pour voir si

  5   c'est souhaitable pour lui parce que pour moi, ça m'est égal.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Stojanovic, si vous voulez

  7   consulter votre collègue, vous pouvez le faire.

  8   [Le conseil de la Défense se concerte]

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vois que c'est la Défense de Miletic

 10   qui va commencer le contre-interrogatoire.

 11   Maître Fauveau, présentez-vous.

 12   Contre-interrogatoire par Mme Fauveau : 

 13   Q.  Bonjour, Monsieur. Je suis Natacha Fauveau, et je représente le général

 14   Miletic. Je voudrais vous poser quelques questions sur la journée du 11

 15   juillet 1995, à l'époque vous étiez bien sûr la route Sase-Prebicevac

 16   [phon] ?

 17   R.  Oui. Je ne vous vois pas. Je m'excuse, mais je ne vous vois pas. Ma

 18   réponse est oui.

 19   Q.  Et lorsque vous étiez sur cette route, les avions de l'OTAN survolaient

 20   bien la région ?

 21   R.  Si vous pensez à la date du 11, à un moment donné, oui, les avions de

 22   l'OTAN survolaient à un moment donné, pas toute la journée.

 23   Q.  [chevauchement] -- ils larguaient des bombes ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Est-ce que vous savez si ces bombes ont tué quelqu'un ?

 26   R.  Je ne sais pas, je ne dispose pas de cette information. Je sais que des

 27   gens ont péri dans cette action, mais je ne peux pas parler de faits

 28   concrets. Je ne sais pas s'ils ont péri à cause de ces bombardements ou

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  1   dans des combats.

  2   Q.  Mais en tout cas, il y a quelques bombes qui sont tombées pas très loin

  3   des positions où vous étiez ?

  4   R.  J'ai essayé d'expliquer cela. Presque toutes les bombes, la plupart de

  5   bombes étaient tombées, et elles n'ont pas atteint la cible, le

  6   commandement, où le général Mladic était présent, le commandement du 3e

  7   Bataillon en décollant. Comme nous étions à une altitude plus élevée par

  8   rapport au commandement à deux ou trois kilomètres de distance, la plupart

  9   de ces obus tombaient à notre proximité et ces bombes n'ont pas atteint la

 10   cible de départ.

 11   Q.  Je voudrais maintenant vous poser quelques questions sur la nuit du 13

 12   au 14 juillet à Bratunac. Dans cette nuit, vous avez bien entendu des coups

 13   de feu à un moment donné ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Mais vous ne savez pas si quelqu'un a été tué ?

 16   R.  Je ne sais pas.

 17   Q.  Juste avant ces coups de feu, vous avez entendu des cris. Est-ce que

 18   vous pouviez déterminer si ces cris provenaient des prisonniers musulmans

 19   ou des Serbes ou c'était mélangé ?

 20   R.  J'appellerais cela des appellations et non pas des cris. Des

 21   appellations, je suppose qu'il s'agissait des appellations du côté des

 22   Musulmans, parce que j'ai pu comprendre le nom Glogovci, les gens de

 23   Glogova sont mentionnés, je sais que Glogova était peuplé exclusivement de

 24   Musulmans.

 25   Q.  Vous avez entendu en effet était une sorte d'appel à la rébellion ?

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau, il y avait des

 27   chevauchements dans la traduction en anglais.

 28   Mme FAUVEAU : Je vais répéter la question.

Page 18004

  1   Q.  Est-ce qu'on peut dire que les cris que vous avez entendus étaient en

  2   fait une sorte d'appel à la rébellion ?

  3   R.  C'est comme cela que j'ai compris.

  4   Q.  Lorsque vous avez témoigné dans l'affaire Blagojevic, le 24 mai 2004,

  5   c'est à la page 9 799, vous parliez de la fin de l'évacuation de Potocari,

  6   de la population musulmane de Potocari, et vous avez dit que vous êtes

  7   parti avec le colonel Jankovic de Potocari vers Srebrenica pour voir s'il y

  8   avait d'autres gens qui voulaient être transportés vers Kladanj ?

  9   R.  Une correction à apporter. Il m'a été traduit avec le colonel Jankovic,

 10   ce qui n'est pas vrai. Je suis parti dans la direction de Srebrenica. Ce

 11   n'est pas vrai.

 12   Q.  Ça devait être ma faute. Mais vous, personnellement, vous êtes bien

 13   parti dans la direction de Srebrenica de Potocari ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et c'était pour voir s'il y avait encore des gens, des Musulmans qui

 16   voulaient partir, qui voulaient être évacués de cette région ?

 17   R.  Je dirais pour voir et pour les informer, pour leur transmettre la

 18   tâche qui était la nôtre.

 19   Q.  En effet, vous deviez leur dire que s'ils voulaient être évacués, ils

 20   devaient se présenter à un point précis le lendemain matin ?

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection. Il s'agit de la mauvaise

 22   interprétation du témoignage du témoin.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Fauveau.

 24   Mme FAUVEAU : -- sa déclaration, je lui pose la question : Est-ce que

 25   c'était l'information qu'il devait donner à ces gens ? Je suis dans le

 26   contre-interrogatoire, donc j'ai le droit de poser les questions

 27   suggestives.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Elle ne peut pas interpréter de cette façon

  2   le témoignage du témoin parce qu'il était très clair sur ce point. Elle

  3   peut lui poser des questions pour ce qui est des informations

  4   supplémentaires, mais elle ne peut pas lui mettre les mots dans la bouche.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais qu'est-ce qu'il y avait qui a été

  6   mal interprété ? Je pense que tout a été clair dans la question de Me

  7   Fauveau.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais il a toujours dit que sa tâche était

  9   d'informer les gens qu'il a vus pour leur dire qu'ils devaient aller à

 10   Potocari pour être transportés. Et il n'a jamais ajouté la partie dans

 11   laquelle elle a dit qu'il leur a dit s'ils voulaient partir.

 12   Mme FAUVEAU : Je lui pose la question si c'était bien ça.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes tous d'accord ici pour

 14   mettre de côté le fait s'ils voulaient ou pas aller, mais répondez à la

 15   question du Me Fauveau. Pouvez-vous la répéter.

 16   Mme FAUVEAU :

 17   Q.  Monsieur, lorsque vous êtes allé de Potocari vers Srebrenica, est-ce

 18   que vous aviez la tâche de dire aux gens qui voulaient partir, qui

 19   voulaient être évacués, que les bus seraient là le lendemain matin à un

 20   endroit précis et que ces gens-là doivent être aussi à cet endroit-là s'ils

 21   voulaient être évacués ?

 22   R.  Je me souviens de l'ordre dans lequel il a été dit; d'abord, si nous

 23   disposions des véhicules, moi et mon collègue, il nous a dit de nous

 24   diriger vers Srebrenica, en profondeur de la région de Srebrenica, et de

 25   voir s'il y a des groupes de gens, des hommes, des enfants, des femmes, de

 26   leur dire de se rassembler sans provoquer de la panique à ce point de

 27   rassemblement à Potocari, que le lendemain les transports seraient

 28   organisés, que les autocars arriveraient, que personne resterait sur place

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  1   et qu'il n'y a aucune raison pour paniquer. C'est ce que nous avons fait

  2   par la suite. C'est ce que j'ai dit.

  3   Q.  -- vous n'avez pas rassemblé ces gens. Vous ne les avez pas ramassés et

  4   transportés vous-même à cet endroit ?

  5   R.  La réponse suit d'elle-même. Je suis parti avec l'un de mes collègues,

  6   un policier, parce qu'on m'a dit d'informer tous ces gens-là. Je ne les ai

  7   pas rassemblés et je ne me suis pas occupé de leur transport. Je n'ai fait

  8   que leur transmettre l'information que j'ai reçue.

  9   Q.  -- étaient forcés d'aller à cet endroit.

 10   R.  Absolument pas. Je vous ai dit tout ce qui a eu, eu égard à ma tâche.

 11   Mme FAUVEAU : Je voudrais montrer au témoin la pièce P113.

 12   Q.  Avant que cette pièce arrive, est-il exact que lorsque vous étiez à

 13   Potocari le 12 et le 13 juillet 1995, vous n'avez pas vu que la population

 14   musulmane aurait été maltraitée ou abusée ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Monsieur, je crois que vous avez vu cette pièce lorsque vous avez

 17   témoigné dans l'affaire Blagojevic. Il s'agit d'un rapport du - est-ce

 18   qu'on peut montrer le bas de cette page - du 13 juillet 1995, qui était

 19   envoyé le 14 juillet à minuit et 30, à 0030 heures, et qui provient du

 20   colonel Jankovic. Si vous pouvez regarder le dernier paragraphe de cette

 21   pièce. Et notamment, les dernières deux lignes de ce paragraphe, il

 22   apparaît dans cette pièce, qu'au moins le colonel Jankovic était convaincu

 23   que la population musulmane a reçu un traitement adéquat à Potocari. Etes-

 24   vous d'accord avec ça ?

 25   R.  Ici, je vois qu'il s'agit du 13, de la nuit du 13. Je suis d'accord

 26   avec cela. C'est dont je parle. J'ai répondu déjà à cette question il y a

 27   quelques secondes, à savoir que je n'ai pas vu des gens qui auraient

 28   malmené les autres. J'ai répondu à votre question.

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  1   Q.  Vous avez mentionné aujourd'hui, c'était à la page 23, lignes 20 et 21,

  2   la maison blanche où les hommes séparés auraient été emmenés. Est-ce que

  3   vous pouvez me dire quand vous avez entendu pour la première fois cette

  4   expression, la maison blanche ?

  5   R.  Je n'ai jamais entendu ce terme, "maison blanche." Peut-être que dans

  6   mes déclarations, quand on m'a demandé d'expliquer cela, j'ai parlé d'un

  7   bâtiment en le décrivant en disant de quel couleur il était, quel était

  8   l'aspect physique de ce bâtiment. Je l'ai appelé la maison blanche, mais je

  9   ne sais pas s'il y a d'autres personnes qui l'appelleraient "maison

 10   blanche" également.

 11   Q.  Aujourd'hui donc, vous avez dit clairement, et je lis du compte rendu,

 12   donc la page 23, lignes 20 à 21 : "There was the white house."

 13   Effectivement, c'est aujourd'hui la première fois que vous mentionnez la

 14   maison blanche, ce terme-là. Donc, je voudrais savoir si quelqu'un vous a

 15   parlé de la maison blanche entre votre témoignage en 2004 et aujourd'hui.

 16   R.  Je pense que vous n'avez pas compris ma réponse. J'ai dit qu'on m'a

 17   demandé où se trouvaient ces hommes séparés. Je répète, j'ai dû expliquer

 18   comment était ce bâtiment, cette installation, où elle se trouvait, cette

 19   maison, quelle était la couleur de la maison, la cour de la maison, et j'ai

 20   expliqué tout cela en détail.

 21   Donc, il n'est pas vrai que je n'ai entendu qu'aujourd'hui ce "maison

 22   blanche." En 2004, je l'ai appelé comme cela, c'est-à-dire,  j'ai dit que

 23   c'était une maison blanche, de couleur blanche, qu'elle avait une cour,

 24   quel était son aspect physique, et cetera.

 25   Q.  Justement. Je vais vous lire ce que vous avez dit en 2004.

 26   [interprétation] "Donc, cela se trouve à droite. Il y avait un bâtiment, un

 27   grand bâtiment là-bas également. Maintenant, est-ce qu'il s'agissait d'une

 28   maison ou d'un autre type de bâtiment, d'une usine ou autre chose, je ne

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  1   sais pas. Ils ont été emmenés dans la cour de ce bâtiment."

  2   [en français] Donc à l'époque, vous ne saviez même pas déterminer s'il

  3   s'agissait d'une maison ou d'une usine. Aujourd'hui,  vous avez utilisé le

  4   terme "la maison blanche," donc je vous demande encore une fois, est-ce que

  5   vous vous rappelez que quelqu'un, lorsque vous avez parlé avec le Procureur

  6   ici à La Haye ou avec le procureur en Bosnie, vous a parlé de "la maison

  7   blanche" ?

  8   R.  Je -- si vous regardez plus loin dans la déclaration, vous allez

  9   retrouver que la photographie de cette maison m'a été montrée et que je

 10   l'ai reconnue, et il a été question des bagages laissés à la porte ou à la

 11   barrière. Je l'ai vue clairement sur la photographie, je l'ai reconnue,

 12   mais l'expression "maison blanche" ne veut rien dire pour moi.

 13   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, mais j'ai encore deux, trois minutes,

 14   mais est-ce qu'on peut peut-être terminer demain ?

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons lever l'audience. Il

 16   n'y a pas de problème. Vous pouvez continuer demain, Maître Fauveau. Après

 17   vous, c'est M. Stojanovic qui va procéder au contre-interrogatoire demain.

 18   L'audience est l'après-midi. Je suis sûr que tout le monde est au courant

 19   de cela. Nous allons en finir avec le témoignage de ce témoin et j'aimerais

 20   que le témoin suivant soit prêt à commencer son témoignage. Merci.

 21   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mercredi 21

 22   novembre 2007, à 14 heures 15.

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