Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 27 novembre 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous. Madame la Greffière,

  7   veuillez, s'il vous plaît, citer l'affaire.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour à tous. Il s'agit de l'affaire

  9   IT-05-88-T, le Procureur contre Popovic et consorts.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 11   Je vois que tout le monde est ici, tous les accusés en tout cas.

 12   Pour ce qui est de la Défense, je vois que M. Meek, Me Bourgon et Me

 13   Haynes sont absents.

 14   En revanche, côté Accusation, nous avons M. McCloskey et

 15   M. Thayer.

 16   Avant de commencer, le général Pandurevic, nous venons d'apprendre ce matin

 17   que votre père est décédé. Nous sommes un Tribunal qui est tout à fait

 18   humanitaire et qui essaie de montrer l'exemple et de se montrer humain en

 19   tout points, donc, je sais que pour vous cela sera difficile, donc, avant

 20   quoi que ce soit, nous tenons à vous exprimer nos condoléances à vous et à

 21   votre famille.

 22   L'ACCUSÉ PANDUREVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Faites-nous savoir quand les obsèques

 24   auront lieu afin que nous puissions nous disposer et faire tous les

 25   arrangements nécessaires.

 26   Bonjour, Monsieur le Témoin.

 27   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons continuer votre

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  1   interrogatoire principal.

  2   Monsieur Thayer, plus tard dans la semaine, nous aurons une

  3   ordonnance portant calendrier. Nous allons rendre cette ordonnance portant

  4   calendrier. C'est une chose que nous voulons absolument, je veux dire nous

  5   insistons nous voulons absolument que vous ayez fini de présenter vos

  6   moyens à charge à une date bien précise. Donc, gardez cela en tête, sachez

  7   que vous allez avoir une date butoir et tenez-vous en au délai que vous

  8   avez prévu pour votre interrogatoire principal. D'ailleurs, si possible,

  9   écourtez-le.

 10   M. THAYER : [interprétation] Oui, merci. J'ai déjà écourté mon

 11   interrogatoire principal et je vais essayer de l'écourter encore plus.

 12   Bonjour à tous.

 13   LE TÉMOIN: LOUIS FORTIN [Reprise]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   Interrogatoire principal par M. Thayer : [Suite]

 16   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 17   R.  Bonjour.

 18   M. THAYER : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, avoir le

 19   document 2968 de la liste 65 ter à l'écran ? Il nous faudrait la deuxième

 20   page de la version à la fois en anglais et en B/C/S ? C'est le dernier

 21   paragraphe qui nous intéresse.

 22   Q.  Vous avez rendu compte de cette conversation et on voit bien ici que le

 23   général Gvero a promis qu'il ferait de son mieux pour que la situation à

 24   Srebrenica soit maîtrisée, il considérait que ce serait tout à fait

 25   possible car il avait du personnel militaire extrêmement compétent sur

 26   place. Ce qui est arrivé aujourd'hui n'a fait que compliquer la situation

 27   dans la région de Srebrenica et risque d'avoir des conséquences négatives

 28   sur la situation.

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  1   Phrase suivante, je la lis encore : "Il a dit qu'il serait exactement ce

  2   qui se passait à Srebrenica le matin suivant. C'est pour cela qu'il a

  3   suggéré qu'un autre contact téléphonique soit établi mais uniquement le

  4   lendemain matin. Il a suggéré que dans l'intervalle on n'emploie pas de

  5   soutien aérien."

  6   Lorsque vous avez pris ces notes et vous avez fait ce rapport, pourriez-

  7   vous nous dire si c'était la première fois qu'un officier gradé -- un

  8   officier supérieur de l'état-major de la VRS vous ait suggéré de rappeler

  9   le lendemain pour vérifier ce qui se passait, l'évolution sur le terrain ?

 10   R.  Non, à l'époque -- enfin, à ce moment-là, on se rendait bien compte

 11   qu'il s'agissait de tactique dilatoire, ils essayaient du temps, c'est tout

 12   pour arriver en fait à réaliser leur plan.

 13   Q.  Dans ce rapport que vous avez dactylographié, le général Gvero fait

 14   référence à un appui aérien rapproché, et je crois qu'à deux reprises et,

 15   en tout cas, selon votre rapport, il déclare -- enfin, il demande à ce que

 16   l'on mette un terme au soutien aérien rapproché; vous en souvenez ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Donc, nous là nous sommes à peu près à 18 heures 10, le 11 juillet,

 19   alors, pouvez-vous nous dire quand la décision a été prise au sein de la

 20   FORPRONU pour savoir s'il fallait oui ou non mettre un terme à ce soutien

 21   aérien rapproché ?

 22   R.  Ecoutez, on voit, dans la première phrase de ce document, il est écrit

 23   que les avions ne volaient plus au-dessus de Srebrenica mais qu'elles

 24   étaient encore à la disposition du général Gobillard. Donc, nous avons mis

 25   un terme au soutien aérien rapproché alors qu'il avait encore été en cours

 26   plus tôt dans la journée.

 27   Q.  Très bien. Mais cette décision de ne pas employer le soutien aérien

 28   rapproché a-t-elle été transmise à la VRS, ou est-ce qu'on a dit autre

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  1   chose à la VRS dans le cadre de cette conversation téléphonique ?

  2   R.  Je ne sais pas très bien où vous voulez en venir.

  3   Q.  Je suis désolé. La question est absolument mal posée. Je la reformule.

  4   La décision de ne pas employer à nouveau de soutien aérien rapproché, bien

  5   sûr, par rapport à l'attaque de la VRS sur Srebrenica, j'aimerais savoir si

  6   cette décision de mettre un terme au soutien aérien a été transmis à la VRS

  7   ?

  8   R.  Non, je ne pense pas. Nous avions à ce moment-là suspendu, si je puis

  9   dire, le soutien aérien rapproché. Si je me souviens bien, il y avait des

 10   soldats néerlandais qui avaient été capturés par la VRS et ils menaçaient

 11   de les tuer si on continuait à utiliser le soutien aérien. Donc, c'est pour

 12   ça qu'on l'a arrêté, ce soutien aérien.

 13   Q.  Très bien. Pouvez-vous nous dire exactement qui a donné l'ordre à

 14   Sarajevo de mettre un terme au soutien aérien et pouvez-vous nous dire

 15   quels étaient les avions en cause ?

 16   R.  Ecoutez, c'est le commandant de la BH, de la Bosnie-Herzégovine, qui a

 17   donné l'ordre, et le commandant par intérim à l'époque c'était le général

 18   Gobillard. Donc, je pense qu'il a sans doute agi au travers du chef d'état-

 19   major du commandement des forces de l'ABiH, c'était le général Nicolaï.

 20   Donc, il y avait deux F-16 néerlandais, deux F-16 américains, et enfin, il

 21   me semble, en tout cas, qu'il y avait ces deux F-16 américains et

 22   normalement il y avait deux A-10 qui devaient arriver mais ils n'ont pas

 23   été employés.

 24   Q.  Pouvez-vous nous dire quelle est la capacité de l'A-10 ?

 25   R.  Écoutez, l'A-10 c'est l'aéronef le plus capable de fournir ce type

 26   d'émission aérienne. Ils sont plus lents, leurs pilotes sont extrêmement

 27   compétents. Ils ont l'habitude de cibler les cibles sur le terrain. Ils ont

 28   un canon très important, très précis surtout, et donc, les contraintes,

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  1   étant donné la façon dont ces avions sont conçus, ils sont vraiment

  2   employés lorsque l'on a besoin d'être extrêmement précis au niveau des

  3   frappes, donc, lorsque nos troupes amies sont proches, par exemple, ou des

  4   moments où la précision est extrêmement essentielle.

  5   Q.  Vous avez dit qu'il y avait eu donc des menaces à l'encontre des

  6   soldats de la paix du DutchBat. Donc, avez-vous entendu qui a eu d'autres

  7   menaces à d'autres soldats de la paix des Nations Unies ou à des civils en

  8   juillet ?

  9   R.  Oui, tout à fait. Lorsque la VRS s'est avancée au fur et à mesure

 10   qu'elle s'est avancée, les Néerlandais se sont retirés de la plupart de

 11   leurs positions. Ils se sont retirés principalement sur Potocari, c'est là

 12   qu'ils avaient leur base principale. D'ailleurs, la plupart de la

 13   population de Srebrenica s'est aussi retirée là. Tout le monde se

 14   regroupait dans l'enceinte de Potocari, et encore une fois, pour nous

 15   empêcher d'employer les avions, les Serbes ont menacé de pilonner

 16   l'enceinte, l'enceinte qui était absolument pleine de gens, évidemment.  

 17   Q.  Très bien. Passons à autre chose, s'il vous plaît. Est-ce que vous vous

 18   souvenez avoir écouté une transmission radio venant de Zepa au cours de

 19   cette attaque de la VRS sur cette enclave ?

 20   R.  Oui. Nous avions eu plusieurs communications radio avec Zepa.

 21   Q.  Très bien. Vous souvenez-vous d'une communication bien précise à

 22   laquelle participait un représentant civil de Zepa qui s'adressait par le

 23   biais de cette communication radio ?

 24   R.  Oui, c'est l'un des trois civils que j'ai rencontrés par la suite à

 25   Zepa, lorsque j'y suis allé. Je crois qu'il s'appelait Horlak, si je me

 26   souviens bien. Alors, il nous a parlé. On était revenu au bâtiment des PT

 27   dans notre QG, dans la salle des opérations. Les Ukrainiens avaient une

 28   communication à chef avec leur compagnie à Zepa et il employait exactement

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  1   cet équipement, l'équipement des Ukrainiens, l'équipement qu'ils avaient

  2   dans leur poste de commandement à Zepa pour s'adresser à nous.

  3   Q.  Très bien. Est-ce que vous vous souvenez précisément de quoi ce M.

  4   Horlak aurait parlé, ce représentant des civils de Zepa ?

  5   R.  Ça ne me vient pas en tête comme ça, mais j'ai des notes de la

  6   conversation.

  7   Q.  Très bien. Ces notes se trouvent-elles dans votre journal ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Très bien.

 10   M. THAYER : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous montrer à

 11   l'écran la pièce 6D00165 ?

 12   Q.  En attendant de voir à l'écran, je pense que tout le monde dans la

 13   salle a déjà entendu parler de votre journal quotidien que vous avez tenu à

 14   jour. Pouvez-vous nous dire exactement ce qu'était ce journal ?

 15   R.  Tous les jours pendant ma mission en Bosnie, je prenais des notes. Je

 16   prenais les notes de tout ce qui était important qui était arrivé. Je

 17   prenais aussi des notes très détaillées de toutes les réunions auxquelles

 18   j'ai participé, réunions où il y avait un des généraux pour lequel je

 19   travaillais. Il y avait des réunions avec des Bosniaques, des Serbes, des

 20   représentants civils, des autorités gouvernementales et des officiers

 21   militaires. Or, ces notes, normalement, je les dactylographiais le soir

 22   même. Comme je vous disais hier, il y avait des réunions tout le temps

 23   souvent plus une par jour et je voulais dactylographier et mettre au propre

 24   mes notes avant d'en reprendre le lendemain, bien sûr.

 25   J'avais aussi un agenda où -- un agenda personnel où je prenais des notes

 26   plus personnelles. Donc, quand je suis rentré chez moi après la mission,

 27   j'ai compilé ce journal. Donc, en fait, il y avait des paragraphes qui

 28   représentaient chaque jour. Donc, j'utilisais d'abord la page du jour de

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  1   mon journal intime enfin de mon agenda, et ensuite, j'ajoutais aussi les

  2   notes que j'avais prises dans le cadre du théâtre des opérations, sans y

  3   toucher d'ailleurs. Je faisais juste un copier coller et j'ai tout assemblé

  4   en ordre chronologique.

  5   Q.  Qu'avez-vous fait de vos notes originales, enfin les notes manuscrites

  6   ?

  7   R.  J'ai tout jeté.

  8   Q.  Très bien. Passons plutôt à la page 127 de l'anglais --

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Josse, qu'avez-vous à nous

 10   dire ?

 11   M. JOSSE : [interprétation] Pourrions-nous passer, s'il vous plaît, à huis

 12   clos partiel ?

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, nous sommes à huis clos partiel.

 14   [Audience à huis clos partiel]

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 15   [Audience publique]

 16   M. THAYER : [interprétation]

 17   Q.  D'après vos expériences quels étaient les défis que le colonel Gvero

 18   rencontrait au sein de son commandement, et comment est-ce qu'il a répondu

 19   à certains de ces défis, si vous le savez ?

 20   R.  Ce Bataillon ukrainien n'était certainement pas constitué des soldats

 21   de meilleure qualité, d'après ce que j'ai pu comprendre. Avec de nombreuses

 22   discussions avec le colonel Verhoglyad, ils étaient tous des volontaires

 23   qui fuyaient au fond leur propre pays en raison de leur problème là-bas.

 24   Donc, il y avait beaucoup de problèmes disciplinaires à la fois dans les

 25   enclaves dans lesquelles ils étaient, mais encore plus à Sarajevo et dans

 26   les casernes dans lesquels s'y trouvaient les soldats ukrainiens.

 27   Le colonel Verhoglyad a souhaité que cela change cette perception de -- car

 28   les Français pensaient qu'ils faisaient plus de la moitié des troupes et le

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  1   quartier général du secteur n'accordait pas beaucoup de mérite aux

  2   Ukrainiens, bien sûr, et le colonel Verhoglyad souhaitait changer cela.

  3   Tout d'abord, je pense, il voulait convaincre son quartier général national

  4   de fournir de meilleures troupes, de meilleurs équipements et il a fait

  5   beaucoup de travail afin de pouvoir contribuer de meilleure manière à

  6   l'IFOR au moment du transfert de l'autorité à l'OTAN.

  7   Q.  Monsieur, est-ce que vous n'avez jamais entendu parler de rapports ou

  8   de rumeurs au sujet des Ukrainiens que ce soit à Zepa, dans l'enclave de

  9   Zepa ou ailleurs, donc, ces personnes chargées du maintien de la paix qui

 10   auraient participé au trafic non approprié avec qui que ce soit ?

 11   R.  J'ai entendu parler de l'utilisation très élevée de carburant. Ils

 12   n'avaient nulle part ou ailleurs alors qu'ils dépensaient bien plus de

 13   carburant par rapport aux autres unités qui patrouillaient, dans d'autres

 14   régions. Donc, nous les soupçonnions, et en même temps, nous savions -- le

 15   colonel Verhoglyad savait qu'ils faisaient du trafic du carburant avec les

 16   Serbes.

 17   Ceci a posé problème car nous avons eu des problèmes

 18   d'approvisionnement de nos propres troupes dans des enclaves différentes.

 19   Il était difficile de trouver le carburant.

 20   Q.  Est-ce que vous vous souvenez -- ou plutôt, à quel moment ces rapports

 21   portant sur le trafic du carburant ont commencé à circuler ? Est-ce que

 22   vous souvenez si c'était avant votre arrivée ou pendant votre mandat ?

 23   R.  Je ne me souviens pas avec précision. Mais c'est que je peux dire c'est

 24   que j'ai entendu parler de cela à peu près au même moment où l'on faisait

 25   attention à Zepa et Gorazde, donc, au moment où ces événements ont commencé

 26   à se dérouler.

 27   Q.  Monsieur, avez-vous jamais entendu de plaintes ou des informations au

 28   sujet du fait que les Ukrainiens, chargés du maintien de la paix, étaient -

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  1   - faisaient preuve de partialité vis-à-vis d'un camp ? Est-ce que vous avez

  2   entendu ce genre de commentaire ?

  3   R.  Bien, surtout les Français disaient que les Ukrainiens étaient pro

  4   Serbes. Ils trouvaient cela plus facile de vivre du côté serbe ou qui que

  5   ce soit d'autre, et en réalité, après la crise d'otages en mai, nous avons

  6   eu des ordres selon lesquels les soldats de la FORPRONU devaient aller au

  7   territoire serbe, et cet ordre a duré pendant plusieurs semaines.

  8   Cependant, nous avons dû rester en contact autour de Sarajevo avec

  9   l'officier de liaison serbe et nous avons utilisé les Ukrainiens pour ce

 10   faire car ils pouvaient voyager dans les deux sens sans être pris en otage.

 11   M. THAYER : [interprétation] Peut-on examiner, s'il vous plaît, la pièce

 12   2502 en vertu de l'article 65 ter ?

 13   Q.  Pendant la session de récolement, afin d'épargner le temps je vais vous

 14   montrer juste un rapport de ce genre.

 15   Est-ce que vous savez ce que c'est ?

 16   R.  C'est un rapport rédigé par David Harland qui était chargé des affaires

 17   civiles au niveau du secteur.

 18   Q.  La date est le 15 juillet 1995 et le titre est : "Secteur Sarajevo,

 19   rapport de situation hebdomadaire."

 20   Monsieur, est-ce que vous avez vu et reçu régulièrement ces rapports de

 21   situation hebdomadaires pendant votre mandat ?

 22   R.  Bien, ceux-ci s'adressaient au commandant du secteur, et on peut voir

 23   d'après la diffusion interne qu'au fond tous les officiers opérationnels

 24   qui envoyaient des rapports ou des documents de l'ONU envoyaient cela tout

 25   d'abord au commandant en passant par moi. Donc, j'ai vu la plupart.

 26   Q.  Et vous les examiniez, peut-on dire ça comme ça ?

 27   R.  Oui, c'est exact.

 28   Q.  C'est exact ? D'accord.

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  1   Est-ce que vous pouvez dire à la Chambre, colonel, si vous avez trouvé que

  2   le rapport d'Harland était utile ?

  3   R.  Bien, j'ai trouvé ce rapport utile car il était doué pour recueillir

  4   les informations de sources différentes et pour les regrouper. Dans le

  5   journal, je sais que j'ai déjà parlé de l'utilisation des observateurs

  6   militaires qui savaient beaucoup de choses, mais ceci n'était parfois pas

  7   bien intégré dans la manière dont nous traitions des informations au niveau

  8   du secteur.

  9   Donc, je dirais que les réflexions appropriées portant sur les affaires

 10   personnelles n'étaient pas concernées la plupart du temps puisque ceci

 11   concernait les observateurs militaires de l'ONU, mais ces eux qui

 12   recevaient les informations. Le HCR, qui avait des convois partout, pouvait

 13   lui fournir les informations ou, lui-même, il travaillait, ou d'autres

 14   officiers chargés des affaires civiles qui étaient sur le terrain

 15   voyageaient avec une perspective différente.

 16   Par conséquent, d'habitude je ne considérais pas que ces rapports fussent

 17   particulièrement précis mais jetaient une lumière sur cela -- sur la

 18   situation.

 19   M. THAYER : [interprétation] Peut-on examiner maintenant la page 2 en

 20   anglais, toujours à la page 1 en B/C/S ?

 21   Q.  Vous m'avez dit que vous ne vous souveniez pas des informations

 22   arrivant au sujet de Zepa dans ce rapport. Je souhaite vous poser une

 23   question au sujet de quelques parties de ce rapport.

 24   Peut-on aller au paragraphe qui commence par les mots "samedi dernier" ?

 25   R.  Oui.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en audience publique

 27   maintenant. Si à un moment donné, vous souhaitez passer à l'audience à huis

 28   clos partiel, dites-le-nous, s'il vous plaît.

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  1   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   "Samedi dernier, les Bosniaques ont demandé à la FORPRONU de rendre les 127

  3   armes qui avaient été remis à la FORPRONU suite à l'accord de

  4   démilitarisation du 8 mai 1993."

  5   Monsieur, est-ce que vous vous souvenez avoir reçu des rapports ou des

  6   informations concernant les tentatives bosniaques de requérir les armes

  7   qu'ils avaient remises ?

  8   R.  Oui. Nous avons eu des points de recueil des armes dans la plupart des

  9   enclaves y compris à Sarajevo et à l'extérieur de Sarajevo. Les deux

 10   parties devaient remettre leurs armes à ces points de recueil et justement

 11   aux points de collectes d'armes justement, il s'agissait de ces armes-là et

 12   les Bosniaques souhaitent reprendre ces armes pour se défendre.

 13   Q.  Peut-on juste nous concentrer sur la dernière phrase du dernier

 14   paragraphe ? 

 15   M. THAYER : [interprétation] En B/C/S, il s'agit du troisième paragraphe :

 16   "Le même jour, le commandant des forces bosniaques dans la poche a menacé

 17   de tuer des soldats de la FORPRONU s'ils ne faisaient rien pour défendre la

 18   poche."

 19   Colonel, est-ce que vous vous souvenez quelles étaient les informations que

 20   vous avez reçues au sujet des menaces proférées contre la Compagnie

 21   ukrainienne, ou si, effectivement, ils ont fait l'objet d'une attaque que

 22   ce soit de la part des belligérants de l'un ou l'autre belligérant pendant

 23   l'attaque contre Zepa ?

 24   R.  En fait, comme je l'ai déjà dit, il y avait des postes d'observation

 25   autour des enclaves et ils avaient leur point de contrôle en haut de la

 26   route, le point de contrôle 2, et ils avaient un poste de commandement au

 27   village.

 28   Certains des postes d'observation étaient bloqués par les Serbes afin de

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  1   les empêcher d'aller où que ce soit. Certains étaient bloqués par les

  2   Bosniaques qui essayaient d'obtenir les armes et les équipements que les

  3   Ukrainiens avaient.

  4   Il y avait une pression faite par les Bosniaques sur les Ukrainiens à leur

  5   poste de commandement dans le village pour que ceux-ci leur donnent toutes

  6   les armes, un quart de leur munition. Ils exerçaient de la pression des

  7   deux côtés. Bien sûr, et nous avons vu déjà avant dans la discussion avec

  8   M. Horlak, qu'ils exerçaient beaucoup de pression sur nous aussi pour faire

  9   quelque chose, soit il fallait leur donner des armes ou leur fournir un

 10   soutien aérien rapproché afin d'arrêter l'attaque serbe.

 11   Q.  Maintenant, que nous avons passé en revue ce rapport de David Harland,

 12   est-ce que vous avez des raisons de douter de l'exactitude ou la véracité

 13   des informations y contenues ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Si l'on s'en tient au sujet de l'attaque contre Zepa, Colonel, est-ce

 16   que vous vous souvenez quel était le rôle, si un quelconque rôle a été joué

 17   par les avions de l'OTAN au cours de l'attaque de la VRS sur Zepa ?

 18   R.  Nous étions présent sur le plan aérien, comme on le dit à un moment

 19   donné, mais nous n'avons pas utilisé les avions que ce soit dans le cadre

 20   du soutien aérien rapproché ou des frappes aériennes pour de nombreuses

 21   raisons. Tout d'abord, la situation sur le terrain était confuse, et tout

 22   comme c'était le cas s'agissant de la situation de Srebrenica dont nous

 23   avons parlé hier. Les Ukrainiens n'avaient pas leur poste de commandement

 24   tactique présent afin de pouvoir être en contact avec leurs avions et afin

 25   de pouvoir diriger leur tir sur le terrain, alors que ceci est essentiel

 26   afin de s'assurer que les bombes tombent là où elles doivent tomber.

 27   A mon avis, c'était l'obstacle militaire le plus important qui s'opposait à

 28   l'utilisation de soutien aérien rapproché s'agissant de Zepa.

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  1   Q.  Même s'il n'y a pas eu réellement de soutien aérien rapproché par

  2   rapport à l'attaque de la VRS à Zepa, est-ce qu'il y a eu des conséquences

  3   par rapport à leur présence aérienne sur Zepa ?

  4   R.  Ils n'aimaient pas ça, et c'est ce qu'ils nous ont dit. Je m'en

  5   souviens, mais je ne me souviens pas des détails de leur réaction.

  6   Q.  Très bien. Avant que l'on traite de votre journal --

  7   M. THAYER : [interprétation] Peut-on tout d'abord aller en huis clos

  8   partiel, Monsieur le Président, immédiatement ?

  9   [Audience à huis clos partiel]

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  7   [Audience publique]

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous y sommes.

  9   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Monsieur, est-ce qu'à un moment donné vous êtes allé à Zepa

 11   personnellement ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire dans quelle circonstance ceci s'est

 14   déroulé ?

 15   R.  Nous avons décidé -- ça s'est passé au bout de dix jours environ autour

 16   du 26 juillet, et ce que nous venions de voir était en cours depuis dix

 17   jours encore, et nous avons décidé de renforcer les Ukrainiens à Zepa.

 18   Puisque nous n'avons pas pu empêcher les Serbes de réduire cette poche,

 19   nous allions nous assurer que l'on veille à la population et à ce qu'on les

 20   évacue de manière sûre. Donc, nous avons décidé de renforcer les Ukrainiens

 21   en envoyant les Français et les Russes -- les troupes françaises et russes.

 22   Le général Gobillard trouvait que le meilleur moyen de communication

 23   nous permettant de rester en contact était soit par le biais du

 24   commandement de l'ABiH, le commandant des forces, les gens de la poche et

 25   tous autour de l'utilisation des avions et ce genre de chose, et il a

 26   considéré qu'il fallait rester au PT -- bâtiment de PT, donc, il m'a envoyé

 27   afin que je sois ses yeux et ses oreilles à Zepa.

 28   Q.  S'agissant du déplacement de la population civile à l'extérieur de

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  1   l'enclave de Zepa avant le 26, Colonel, lorsque vous y avez été envoyé

  2   comment avez-vous compris la situation ?

  3   R.  L'évacuation a commencé avant mon arrivée là-bas, et ce que nous

  4   souhaitions faire était de nous assurer que chaque bus ou véhicule

  5   transportant les personnes évacuées de Zepa à Kladanj sur le territoire

  6   bosniaque ait un soldat de l'ONU à bord.

  7   Au fond, la tâche de ces soldats était de s'assurer que le véhicule

  8   arrivait à Kladanj et que personne n'a été descendu du véhicule par les

  9   Serbes le long de la route.

 10   Q.  Pourquoi est-ce que ceci a été votre objectif ?

 11   R.  Sans avoir tous les détails, par rapport à ce qui s'était passé à

 12   Srebrenica 15 jours plus tôt, nous avions reçu des informations selon

 13   lesquelles plusieurs milliers d'hommes bosniaques avaient disparu ou

 14   avaient été tués.

 15   Q.  Est-ce que vous vous souvenez concrètement avec qui vous avez voyagé à

 16   Zepa le 26 ?

 17   R.  J'ai voyagé avec le colonel Chinouihl. Il était un ingénieur français

 18   haut placé au sein de l'état-major du secteur Sarajevo.

 19   Q.  Est-ce que vous êtes arrivé directement à Zepa ?

 20   R.  Non, nous avons arrêté à chaque point de contrôle serbe sur la route,

 21   et lorsque nous sommes arrivés à Rogatica nous étions obligés d'y rester 18

 22   heures.

 23   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez vu ou de ce qui a été

 24   fait pendant que vous étiez à Rogatica ?

 25   R.  Lorsque nous avons essayé ou plutôt à chaque fois que l'on considérait

 26   qu'il était possible simplement de poursuivre le chemin et obtenir

 27   l'autorisation de poursuivre jusqu'à Zepa, négocier avoir des discussions,

 28   a essayé de sortir de là, à un moment donné nous avons vu des bus et

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  1   d'autres véhicules qui conduisaient dans l'autre direction et qui étaient

  2   pleins des Bosniaques évacués de Zepa.

  3   Nous sommes entrés et il y avait un soldat à l'intérieur. A un moment

  4   donné, nous avons vu un camion sans qui que ce soit à l'intérieur. Il n'y a

  5   pas eu de soldats de l'ONU alors 50 personnes environ sont assises sur un

  6   lit en métal de ce camion. C'était probablement en juillet. C'était il

  7   faisait presque 50 degrés en arrière de ce camion de cette benne, et

  8   lorsque nous n'avons pas vu de soldats de l'ONU là-bas, nous nous sommes

  9   placés devant le véhicule.

 10   Le colonel Chinouihl a pris l'initiative et il s'est placé devant le

 11   véhicule et moi je me suis joint à lui, j'ai dit que ce véhicule n'allait

 12   nulle part tant qu'un soldat de l'ONU n'y entre. Ils se sont excités, ils

 13   ont préparé leur fusil. Ils nous ont menacés. Chinouihl et moi-même, à la

 14   fin, nous avons réussi à calmer la situation et ils ont accepté ce qu'on

 15   disait.

 16   Donc, les gens sont sortis du camion, ils ont pris un peu d'air frais

 17   et à la fin, le bus est rentré avec quatre ou cinq soldats ukrainiens de

 18   Kladanj. Ils sont passés à côté de nous et nous avons pris un soldat on lui

 19   a dit de monter à bord du camion et c'est ainsi qu'il pouvait aller jusqu'à

 20   Kladanj de manière sûre.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendez. Est-ce que les

 22   passagers étaient des hommes, des femmes, ou mixtes ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Ils étaient surtout mixtes et très jeunes ou

 24   très vieux.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 26   M. THAYER : [interprétation]

 27   Q.  Est-ce que vous pouvez décrire si vous avez fait quelque chose pour

 28   aider ces personnes âgées dans la benne ?

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  1   R.  Je me rappelle c'était une très vieille dame, il faisait vraiment très

  2   chaud dans l'arrière dans ce camion benne. Il faisait chaud à l'extérieur,

  3   chaud et humide, et même dans ce camion, elle a eu du mal fondamentalement

  4   à déplier ses jambes de façon à pouvoir marcher. Donc, nous l'avons aidée

  5   un petit peu pour qu'elle puisse avoir de l'air. Ça c'était une des choses

  6   que je me rappelle.

  7   Q.  Et où avez-vous passé la nuit, Monsieur, la nuit du 26 ?

  8   R.  Outre cet épisode, c'était la nuit, et nous avons dormi dans nos

  9   véhicules. Personnellement je me trouvais dans un petit blindé français.

 10   C'était vraiment très à l'étroit, et ceci est un euphémisme.

 11   Q.  Ceci nous amène au 27. Qu'avez-vous fait ce jour-là ?

 12   R.  En fin de compte, on nous a laissé passer. Nous avons conduit jusqu'à

 13   Zepa et pas jusqu'au village mais au point de contrôle en haut de la

 14   colline, qui se trouvait, comme je l'ai dit, probablement à un kilomètre et

 15   demi du village, et là nous avons été rencontré par d'autres soldats de

 16   l'ONU qui avaient été envoyés là, ainsi que par les personnes qui étaient

 17   évacuées et il y avait des Serbes qui s'occupaient de leurs affaires, à

 18   savoir évacuer ces personnes.

 19   Q.  Et lorsque vous êtes arrivé à ce point de contrôle, est-ce que vous

 20   avez rencontré des fonctionnaires ou officiers de l'ONU, ou est-ce que vous

 21   leur avez parlé d'une personne en particulier ?

 22   R.  Le colonel Chinouihl et moi-même sommes allés -- enfin nous avons

 23   trouvé le colonel Germain, le colonel Germain qui était un légionnaire

 24   français, était de la légion, et il avait été envoyé là avec les renforts

 25   russes, et nous lui avons demandé ce qui se passait, quelle était la

 26   situation.

 27   Q.  Savez-vous depuis combien de temps il se trouvait à Zepa ?

 28   R.  Je ne suis pas sûr.

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  1   Q.  Alors, qu'avez-vous fait et qu'avez-vous vu pendant que vous étiez là à

  2   ce point de contrôle ?

  3   R.  Lorsque j'y suis arrivé, je me rappelle les gens qui s'y trouvaient. La

  4   route provenant du village était une route à une seule voie qui en fait

  5   était à flanc de falaises, de collines, et donc les camions montaient

  6   jusqu'à une vaste aire de stationnement, le point de contrôle numéro 2, ils

  7   débarquaient des civils de Bosnie qu'ils avaient pris au village. Ils

  8   étaient à ce moment-là transférés dans des cars ou des bus, et ces cars

  9   allaient alors à Kladanj. C'était essentiellement des personnes âgées ou

 10   des jeunes enfants avec leurs mères, comment devrais-je dire cela, c'était

 11   irréel un sentiment irréel de voir ces personnes qui étaient emmenées de

 12   force de chez eux et qui essayaient de rester ensemble dans leur famille.

 13   Il y avait une jeune mère avec deux enfants qui essayaient de les

 14   garder ensemble et de monter dans le car, et un soldat serbe qui la

 15   poussait la plupart du temps sans aucune émotion parfois en criant et il y

 16   avait tous ces soldats de l'ONU qui étaient là et qui regardaient et

 17   fondamentalement qui avaient les bras ballants, qui avaient abandonné.

 18   Personne n'a rien fait.

 19   Q.  Vous avez parlé de cris, Monsieur le Témoin. Qui criait ?

 20   R.  Je me rappelle un Serbe qui, en fait, faisait le clown. Je crois qu'il

 21   devait se sentir très puissant au milieu de tout cela, et en fait, il

 22   faisait le pitre et il criait contre les gens : "Dépêchez-vous, allez plus

 23   vite, montez sur les cars," tout au moins je suppose que c'est ça qu'il

 24   disait.

 25   Q.  Pourriez-vous décrire dans quel état étaient ces civils que vous avez

 26   vus ? Prenez votre temps pour décrire ce que vous avez vu.

 27   R.  Bien, bien sûr, ils avaient l'air triste, en fait, ils étaient sous le

 28   coup de l'émotion. Nous savions qu'on les obligeait à tout quitter, à tout

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  1   laisser derrière eux et qu'il fallait qu'en fait, ils s'en aillent

  2   simplement avec les vêtements qu'ils portaient et c'est tout. Ils étaient,

  3   comme on dirait en français : "Resigned to their faith," "résignés à leur

  4   sort."

  5   Q.  Qu'est-ce que cela veut dire ? Mon français n'est pas très bon.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est-à-dire "réconcilié avec leur sort

  7   -- avec leur sort." Continuons.

  8   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Leur sort.

 10   M. THAYER : [interprétation]

 11   Q.  Est-ce que vous avez vu, à un moment donné, le général Mladic à ce

 12   point de contrôle ?

 13   R.  Oui, il était là. Peu de temps après notre arrivée, le colonel Germain

 14   a dit à Chinouihl et à moi-même que le Mladic s'était réuni avec trois

 15   civils qui représentaient les Bosniens de Zepa et qu'il était sur le point

 16   de se réunir à nouveau avec eux.

 17   Donc, nous avons demandé à un soldat serbe de nous trouver -- de faire en

 18   sorte que nous puissions assister à cette réunion. Il est allé parler à

 19   quelqu'un, je ne sais pas qui c'était à l'époque. Cette personne est

 20   revenue et a dit, en pointant le doigt vers moi : "Vous pouvez venir avec

 21   un interprète," et je me déplacais avec un légionnaire français d'origine

 22   slovène.

 23   Donc, moi-même et lui sommes allés assister à cette réunion, et la personne

 24   qui avait été approchée avait dit : "Oui, le Canadien peut venir." Celui

 25   qui avait dit cela c'était Mladic.

 26   Q.  Alors, qu'avez-vous fait ?

 27   R.  Bien, je suis venu, je me suis assis. On m'a dit où m'asseoir à côté de

 28   lui et pour assister à cette réunion.

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  1   Q.  Pourriez-vous décrire cette réunion ?

  2   R.  Elle n'a pas commencé tout de suite. Les trois représentants de Bosnie

  3   ont été emmenés au lieu de cette réunion. Ils semblaient suffisamment en

  4   forme. Ils ne semblaient pas avoir été maltraités ou quoi que ce soit de ce

  5   genre. Peut-être ne se sentant pas très en sécurité, peut-être mais rien

  6   d'autre que j'ai pu constater.

  7   La réunion n'a pas commencé tout de suite mais lorsqu'elle a

  8   commencé, on n'avait pas l'impression qu'il y avait un ordre du jour. Que

  9   c'était quelque chose comme : "Allons-nous signer cet accord," ou quelque

 10   chose dont ils avaient discuté précédemment, et il y avait des menaces

 11   voilées selon lesquelles, bien je ne me rappelle pas des détails, mais, --

 12   fondamentalement, il n'avait pas besoin d'être là tous les trois pour

 13   parvenir à un accord et --

 14   Q.  Mais lorsque vous dites "lui, il," vous voulez parler de qui ?

 15   R.  Mladic.

 16   Q.  Est-ce que vous rappelez les noms de l'un quelconque de ces

 17   représentants ou de leurs visages ?

 18   R.  Un seul. Il s'appelait, je crois, Horlak ou Torlak, dont j'ai parlé

 19   tout à l'heure. J'ai reconnu son visage, les autres, non.

 20   Q.  Pourrions-nous très brièvement voir une séquence vidéo, très, très

 21   brièvement ? Sans se référer à une date particulière, je voudrais savoir si

 22   vous reconnaissez les visages, Monsieur le Témoin.

 23   M. THAYER : [interprétation] Nous voulons voir la pièce P02489.

 24   Q.  On va faire passer un extrait, une séquence vidéo très brève, et je

 25   vais vous demander si vous reconnaissez quelqu'un.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   M. THAYER : [interprétation]

 28   Q.  Y a-t-il quelqu'un sur cette séquence vidéo --

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  1   M. THAYER : [interprétation] Qui a commencé approximativement à 0012

  2   minutes sept secondes et nous nous sommes arrêtés à 12 minutes, 15

  3   secondes, neuf dixième.

  4   Q.  Y a-t-il quelqu'un que vous ayez reconnu comme étant l'un des

  5   représentants civils que vous avez vus pendant le temps que vous avez passé

  6   à Zepa ?

  7   R.  Oui. Celui qui est en chemise blanche et qui sert la main de Mladic --

  8   le dernier qui lui sert la main, c'est celui que j'ai reconnu.

  9   Q.  Donc il avait une chemise à manches courtes; c'est cela ?

 10   R.  Oui, c'est exact.

 11   Q.  Alors, nous allons maintenant présenter une autre séquence vidéo.

 12   M. THAYER : [interprétation] Est-ce qu'on peut voir la pièce P2491 de la

 13   liste 65 ter. Nous allons commencer cette séquence à 46 minutes et six

 14   secondes.

 15   [Diffusion de la cassette vidéo]

 16   M. THAYER : [interprétation] Nous avons fait un arrêt sur image à 46

 17   minutes 12 secondes, trois dixième.

 18   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cette

 19   séquence ?

 20   R.  Oui. Sur la gauche, je vois le lieutenant-colonel Germain de la Légion,

 21   le Français et en face de nous, le colonel Jim Baxter, qui était

 22   l'assistant militaire du général Smith. Et sur sa droite, il y a le général

 23   Rupert Smith qui était le commandant de la FORPRONU à l'époque et qui m'a

 24   rejoint à cette réunion dont nous parlions il y a un instant, donc, peu de

 25   temps après que ça avait commencé.

 26   Q.  Juste pour être bien au clair pour le compte rendu, la personne que

 27   vous avez désignée comme étant le lieutenant-colonel Germain, c'est la

 28   personne qui est sans barbe et qui se trouve à gauche de l'image; c'est

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  1   bien cela ?

  2   R.  C'est exact.

  3   M. THAYER : [interprétation] Pouvons-nous continuer à faire présenter

  4   l'extrait -- la séquence vidéo.

  5   [Diffusion de la cassette vidéo]

  6   M. THAYER : [interprétation] Nous avons fait un arrêt à 46 minutes 25

  7   secondes 4 dixième.

  8   Q.  Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cet extrait ?

  9   R.  Celui que nous voyons de plus près au premier plan c'est Mladic. Avec

 10   lui, portant moustache, c'est Indic. C'était lui qui était notre contact

 11   principal ou notre officier de liaison avec le Corps Sarajevo-Romanija, le

 12   lieutenant-colonel Indic.

 13   Q.  Bien. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

 14   M. THAYER : [interprétation] Nous en avons terminé avec la séquence vidéo.

 15   Q.  Pourriez-vous brièvement résumer ce que vous pouvez vous rappeler ce

 16   qui s'est passé pendant cette réunion ?

 17   R.  Bien, peu de temps après le commencement de la réunion, le général

 18   Smith est arrivé et a rejoint la réunion, et Mladic était en train

 19   d'essayer de faire en sorte que les Bosniens signent l'accord. Mais la

 20   FORPRONU avait de nombreuses garanties qui devaient être fournies pour cet

 21   accord, or, ces garanties ne pouvaient pas être fournies.

 22   Alors, le général Smith était intervenu et a pris en aparté les trois

 23   représentants civils de Bosnie pour leur dire : "Ne signez pas cela parce

 24   que nous ne pouvons pas offrir les garanties que dit Mladic que nous

 25   pouvons offrir, donc vous allez signer ceci sans avoir les garanties de la

 26   FORPRONU."

 27   Il a également dit à Mladic que ces personnes étaient des représentants

 28   locaux, qu'ils n'étaient pas des représentants du gouvernement de Bosnie,

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  1   et que pour l'essentiel, l'un des aspects de l'accord se fondait sur un

  2   échange éventuel de prisonniers, qui devait être négocié à un niveau

  3   beaucoup plus élevé. De sorte que ces -- il n'était pas possible de se

  4   mettre d'accord sur les choses que Mladic leur demandait de donner leur

  5   accord.

  6   Q.  Après cette réunion, qu'est-ce que vous vous rappelez ce qui s'est

  7   passé ensuite ? Est-ce que vous êtes allé quelque part ?

  8   R.  Après cela, Mladic a pris un véhicule et est allé au village de Zepa,

  9   et j'ai suivi avec le lieutenant-colonel Germain. Je suis donc allé au

 10   poste de commandement ukrainien dans le village où ils étaient installés,

 11   et c'est là que j'ai rencontré le colonel Verhoglyad qui se trouvait là, le

 12   commandant adjoint ukrainien.

 13   Q.  Qu'est-ce que vous avez vu en allant jusqu'au centre du village ?

 14   R.  Il y avait là des soldats serbes, ce n'était peut-être pas les mieux

 15   vêtus. Je suppose qu'ils revenaient d'un combat, ou vous savez, pendant un

 16   moment, qu'ils avaient participé à des évacuations ou à du pillage. J'ai vu

 17   des camions qui passaient, et qui avaient des vaches à l'arrière. J'ai

 18   supposé qu'ils allaient de maison en maison et qu'ils prenaient tout ce qui

 19   avait comme objets de valeur.

 20   Q.  Comment pourriez-vous décrire le pillage que vous avez vu ?

 21   R.  Il y avait un certain nombre de maisons qui étaient en feu, c'est-à-

 22   dire qu'il y avait une sorte de place centrale. Il n'y avait pas tout près

 23   d'incendie. Mais je pouvais voir au loin des maisons qui brûlaient, et

 24   j'entendais de temps en temps la détonation d'un coup de feu, une arme qui

 25   tirait. Et à un moment donné, je ne suis pas sûr si c'était le même jour,

 26   je pense que oui, Mladic avec son équipe de caméraman était en train

 27   d'essayer d'offrir de l'eau à une vieille dame qui était assisse sur les

 28   marches d'un grand bâtiment. Ils s'occupaient de tout cela.

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  1   Q.  Où avez-vous passé la nuit du 27 juillet, Colonel ?

  2   R.  Je suis resté dans l'enceinte du centre ukrainien dans le village de

  3   Zepa. Je crois que c'était une école qu'ils utilisaient comme pièces à cet

  4   endroit-là.

  5   Q.  Ceci nous amène à la journée du 28. Est-ce que vous vous rappelez ce

  6   que vous avez vu ce qui se passait dans le village ce matin-là ?

  7   R.  Si je me souviens bien, je ne suis pas sûr si ce que j'ai vu c'était

  8   dans l'après-midi de la veille ou le lendemain matin, c'était plus ou moins

  9   la même chose. Il y avait toujours des soldats serbes, et moi, j'allais et

 10   je venais avec l'interprète qui était avec moi, le légionnaire français, et

 11   nous avons parlé à certains d'entre eux.

 12   Q.  Que faisaient ces soldats serbes ?

 13   R.  Rien de spécial à ce moment-là, parce qu'il y avait en cours

 14   l'évacuation du village à proprement dit, je crois, qu'elle était achevée

 15   en fait à ce moment-là; bien que je ne puisse pas dire la même chose en ce

 16   qui concerne l'ensemble de l'enclave. Il y avait toujours ce pillage, le

 17   fait qu'ils saisissaient tout ce qu'ils pouvaient, qu'ils chargeaient sur

 18   des camions. L'un d'entre eux voulait voir mon arme, mon pistolet, je lui

 19   ai montré après avoir évidemment fait ce que prévoit la procédure de

 20   sûreté.

 21   Q.  Maintenant, vous avez parlé d'une vielle dame que vous avez rencontrée.

 22   Pourriez-vous simplement décrire comment vous l'avez rencontrée et décrire

 23   ce que vous avez fait, si vous avez fait quoi que ce soit en ce qui la

 24   concerne ?

 25   R.  Cette vieille femme à qui Mladic offrait, je crois, de l'eau et du

 26   chocolat - et ceci était devant son équipe de caméraman - c'était

 27   évidemment une présentation de mauvais goût en tout état de cause. Après

 28   cette épisode, nous l'avons emmenée - "nous" c'est-à-dire mon interprète et

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  1   moi-même - nous l'avons emmenée dans le périmètre ukrainien. Elle ne

  2   voulait pas y aller. Elle était très effrayée, elle avait très peur, mais

  3   nous avons finalement réussi à la convaincre de ne pas rester au village.

  4   Nous voulions qu'elle -- enfin, qu'elle puisse se reposer. Nous voulions

  5   pouvoir lui donner quelque chose à manger, et elle ne voulait pas entrer

  6   dans l'école -- dans le bâtiment de l'école que les Ukrainiens utilisaient.

  7   Donc, j'ai fait en sorte que des soldats prennent un matelas à l'intérieur,

  8   et le mettre dehors sous l'ombre d'un arbre, de façon à ce qu'elle puisse

  9   s'y asseoir. Il y avait un homme âgé qui -- bon, âgé du -- c'était relatif.

 10   Il aurait eu peut-être eu 50 ou 60 ans mais il se trouvait déjà dans

 11   l'enceinte ukrainienne. Donc, nous lui avons demandé de sortir avec nous et

 12   de nous aider à convaincre cette dame qu'elle était davantage en sécurité

 13   en restant là, ce qu'elle a fait.

 14   Q.  Quels sont les arrangements que vous avez faits, par rapport à ces deux

 15   personnes, pour qu'elles puissent être transportées ?

 16   R.  J'ai dû partir peu de temps après, mais je me suis assuré que les

 17   Ukrainiens savaient qu'ils devaient emmener ces personnes et qu'il fallait

 18   les évacuer comme il convenait et qu'on ne pouvait pas les laisser seul; et

 19   à partir de ce moment-là; parce que Verhoglyad se trouvait là, j'ai estimé

 20   et pensé qu'ils feraient correctement ce travail, ils s'acquitteraient

 21   correctement de cette mission.

 22   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait plus tard dans la journée ?

 23   R.  Nous sommes repartis dans ce véhicule jusqu'au point de contrôle numéro

 24   2, et c'est là que nous avons rencontré le général Gobillard, qui était

 25   allé à Zepa le jour même; et après l'avoir rencontré, nous sommes retournés

 26   à Sarajevo.

 27   Q.  Pendant que vous vous trouviez avec le général Gobillard au point de

 28   contrôle numéro 2, est-ce qu'il y a eu des réunions avec des officiers de

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  1   la VRS ?

  2   R.  Oui. Je sais que j'ai des notes sur cela, mais je ne me rappelle pas

  3   très bien cette partie.

  4   Q.  Avant qu'on en revienne aux notes, est-ce que vous vous rappelez qui

  5   participait à cette réunion ?

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   Q.  Je vois que vous secouer la tête, donc, je pense que nous allons

  8   regarder directement le document.

  9   M. THAYER : [interprétation] Je voudrais que l'on présente, s'il vous

 10   plaît, à l'écran le document numéro 2969 de la liste 65 ter par le logiciel

 11   e-court, s'il vous plaît.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous voulez que ceci soit

 13   présenté en audience publique ou en audience à huis clos partiel ?

 14   M. THAYER : [interprétation] En audience publique, ça va très bien,

 15   Monsieur le Président, merci.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

 17   M. THAYER : [interprétation] Peut-être que l'on s'écarter un petit peu pour

 18   le texte anglais de façon à avoir le texte complet. Merci.

 19   Q.  Est-ce que vous pourriez lire ce document, Monsieur le Témoin ?

 20   R.  Oui, je peux.

 21   Q.  Est-ce que vous reconnaissez ce dont il s'agit ?

 22   R.  Oui, c'est un rapport concernant cette réunion que j'ai personnellement

 23   rédigé. C'est mon écriture.

 24   Q.  Qui se trouve à cette réunion, Monsieur ?

 25   R.  Le général Tolimir.

 26   Q.  Qui d'autres ?

 27   R.  Le général Gobillard qui était arrivé à Zepa ce jour-là.

 28   Q.  Si nous lisons la ligne qui comporte le titre -- ou enfin, la partie

Page 18290

  1   qui est soulignée, pourriez-vous nous lire ce que cela dit, s'il vous plaît

  2   ?

  3   R.  "Réunion, général Gobillard, Tolimir, point de contrôle numéro 2

  4   ukrainien, 28 juillet 1995 à 17 heures 20."

  5   Q.  Est-ce que vous pouvez prendre quelques instants maintenant pour lire

  6   cette première page.

  7   R.  Hm-hm.

  8   Q.  Au paragraphe 1, vous dites que l'une des choses qui a été discuté,

  9   l'une des questions qui a été discutée c'était les motifs pour lesquels les

 10   civils, 36 civils de Bosnie avaient été enlevés des derniers deux convois

 11   dans la soirée du 27 juillet et pour le fait qu'on avait emmené un autre

 12   civil de Bosnie au point de contrôle numéro 2, dans l'après-midi du 28

 13   juillet.

 14   Alors, est-ce que vous vous rappelez qui disposait de ce renseignement

 15   concernait les 36 civils de Bosnie ainsi que ces civils bosniens au point

 16   de contrôle numéro 2 ?

 17   R.  Le général Gobillard avait ce renseignement. Je ne sais pas d'où il les

 18   tenait parce que je suis allé en voiture du village de Zepa au point de

 19   contrôle numéro 2 ce jour-là pour le rencontrer. Et moi, je n'avais pas ce

 20   renseignement.

 21   M. THAYER : [interprétation] Si nous passons maintenant à la page 2 du

 22   texte anglais, s'il vous plaît, c'est également la page 2 pour le texte en

 23   B/C/S.

 24   Q.  En haut du texte anglais, vous écrivez que : "Le général Tolimir a

 25   expliqué que ces civils étaient en fait des hommes en âge de porter les

 26   armes, entre 18 et 60 ans, et qu'ils avaient menti concernant leur âge en

 27   essayant de s'échapper de Zepa. Ceci parmi eux il y avait 12 hommes

 28   légèrement blessés."

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  1   Est-ce que vous vous rappelez avoir entendu des renseignements de ce genre

  2   concernant ces 12 blessés légers ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Est-ce que vous vous rappelez quoi que ce soit concernant le général

  5   Tolimir ?

  6   R.  Oui. Il n'était pas tout à fait sobre. Il semblait que c'était un état

  7   permanent ou habituel d'après ce que disait tout au moins le général

  8   Gobillard.

  9   Q.  Bien. Je vois que nous en sommes venus à l'heure de la suspension de

 10   séance et il ne me reste environ que cinq minutes pour terminer mon

 11   interrogatoire principal. Donc nous reprendrons à ce stade lorsque nous

 12   serons revenus après la suspension.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, nous allons suspendre l'audience,

 14   d'accord. Mais je voudrais savoir qui va commencer les contre-

 15   interrogatoires et je lui demande de se préparer.

 16   Je vous remercie.

 17   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 18   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous donne vos cinq minutes,

 20   Monsieur Thayer. J'ai comme l'impression que cela va devenir dix minutes.

 21   M. THAYER : [interprétation] Ecoutez, je vais aller le plus vite que je

 22   peux.

 23   Q.  J'aimerais que l'on en revienne au clip vidéo que je vous ai montré.

 24   Vous avez identifié l'un des représentants musulmans, celui qui avait la

 25   chemisette blanche. Donc, est-ce que vous pouvez lui donner un nom à cette

 26   personne ?

 27   R.  Oui, c'est Torlak ou Horlak. Je ne me rappelle pas extrêmement bien de

 28   son nom.

Page 18292

  1   Q.  Très bien. Lors de votre séjour à Zepa, vous souvenez-vous avoir vu

  2   d'autres officiers de la VRS mis à -- de quelques grades que ce soit mis à

  3   part bien sûr les généraux Tolimir et Mladic ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Avdo Palic, est-ce un nom qui vous dit quelque chose ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  D'après vous, qui est-ce ?

  8   R.  Il s'agit du chef des -- chefs militaires bosniaques ou des troupes que

  9   l'armée de l'ABiH avait dans l'enclave de Zepa.

 10   Q.  Vous souvenez l'avoir vu lorsque vous étiez à Zepa ?

 11   R.  Non, je l'ai sans doute rencontré, mais je ne m'en souviens pas.

 12   Q.  Très bien. Nous étions en train de regarder des notes que vous aviez

 13   prises suite à une réunion entre le général Tolimir et le général

 14   Gobillard. Qu'avez-vous fait de ces notes, s'il vous plaît ?

 15   R.  Quand j'ai rédigé des notes rapidement au manuscrit, et ainsi cela

 16   signifie qu'il fallait que je les envoie. Donc, je pense que le commandant

 17   en Bosnie-Herzégovine a reçu une copie ainsi que le bureau du commandant de

 18   la force à Zagreb.

 19   Q.  Est-ce que vous souvenez du moment où vous avez compilé le rapport

 20   final à partir de ces notes ?

 21   R.  Bien, dès que je suis retourné au bureau, je m'occupais de cela, donc,

 22   là, le fait qu'il s'agit de notes qui sont encore manuscrites c'est quelque

 23   chose qui est arrivé extrêmement rapidement, cela veut dire que j'ai dû

 24   sans doute transmettre l'information extrêmement rapidement; sinon,

 25   j'aurais attendu la soirée pour dactylographier le tout.

 26   Q.  Très bien. Vous, vous souvenez de votre retour à Sarajevo, à ce moment-

 27   là ?

 28   R.  Oui, je suis rentré vers le 28, juste après cette réunion avec Tolimir

Page 18293

  1   au point de contrôle 2; je crois qu'on est retourné directement sur

  2   Sarajevo.

  3   Q.  Etes-vous jamais revenu à Zepa ?

  4   R.  Non.

  5   M. THAYER : [interprétation] Pouvons-nous maintenant avoir la pièce 65 ter

  6   2969 à l'écran, s'il vous plaît ?

  7   Q.  J'ai quelques questions à vous poser à ce propos.

  8   M. THAYER : [interprétation] Pouvons-nous passer à la page 3 de l'anglais

  9   qui correspond à la page 2 en B/C/S.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voulez-vous ceci en audience publique

 11   ou en huis clos partiel ?

 12   M. THAYER : [interprétation] Audience publique, c'est très -- ça va très

 13   bien.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 15   M. THAYER : [interprétation] Donc, passons en bas de la page en anglais, et

 16   pour ce qui est du B/C/S, c'est la dernière partie du paragraphe 3.

 17   Q.  Donc, il est fait référence à ce qui suit, je vais en donner lecture :

 18   "Pour ce qui est des militaires bosniaques, il semble prêt à rendre leurs

 19   armes du moment qu'ils obtiennent des garanties en matière de la FORPRONU,

 20   permettant à assurer leur sécurité."

 21   Vous souvenez d'où vous avez obtenu cette information ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Très bien.

 24   M. THAYER : [interprétation] Passons maintenant à la page suivante en

 25   anglais. C'est toujours la même page en B/C/S.

 26   Q.  ce qui m'intéresse ici c'est le passage qui commence par "Note." Je

 27   donne lecture : "Peu de temps après le départ du général Gobillard, les

 28   Serbes ont arrêté M. Mehmet Hanic, le maire et le chef la présidence de

Page 18294

  1   guerre de Zepa, étant donné qu'il n'y avait plus besoin de lui et qu'il est

  2   quand même en âge de porter les armes. Il l'avait employé en tant que

  3   médiateur entre eux et la population de Zepa. Je pense que ce M. Hajric est

  4   honnête et courageux et a fait de son mieux pour sauver son peuple."

  5   Vous vous souvenez d'avoir noté tout ça ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Pouvez-vous nous appeler ce qui s'est passé après ce que vous avez --

  8   après que vous ayez rédigé cette note ? Est-ce que vous vous souvenez qui

  9   vous a donné ces informations ?

 10   R.  Je ne suis pas certain de la source. Mais je me souviens comment j'ai

 11   rédigé les choses -- je me souviens très bien ce qui s'est déroulé à

 12   l'époque.

 13   Si j'apprenais quelque chose après une réunion qui était pertinente, je

 14   l'ajoutais en l'intitulant note. Donc, c'est sans doute après mon retour à

 15   Sarajevo, au QG du secteur que je puise cette information sur cette

 16   personne, soit je l'ai obtenue de quelqu'un dans la salle d'opération ou

 17   c'est peut-être David Harland qui me l'a dit puisqu'il connaissait

 18   l'officier chargé des civils qui était encore à Zepa.

 19   Q.  Vous souvenez-vous du nom de cette personne ?

 20   R.  C'était Viktor Bezrouchenko ou Ed Joseph, l'un ou l'autre.

 21   Q.  Avez-vous des informations sur ce M. Hajric quant à savoir si on l'a

 22   revu vivant oui ou non ?

 23   R.  Non, je n'ai aucune information.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais il faut clarifier cela. Vous ne

 25   savez pas quoi.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai jamais eu d'information sur ce

 27   qui était arrivé à cette personne.

 28   M. THAYER : [interprétation] Très bien. Donc, paragraphe 5 maintenant, en

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  1   anglais et en B/C/S. Je donne lecture :

  2   Q.  "Le général Tolimir a suggéré qu'étant donné que la FORPRONU en avait

  3   terminé avec l'évacuation des civils, étant donné qu'elle ne voulait pas

  4   aider les militaires bosniaques, il fallait mieux que la FORPRONU se

  5   retire."

  6   Vous vous souvenez avoir eu cette information et vous vous souvenez de qui

  7   vous l'avez eue surtout ?

  8   R.  J'ai obtenu ces informations pendant la réunion.

  9   Q.  Donc, vous relatez exactement les propos du général Tolimir; c'est bien

 10   cela ?

 11   R.  Oui.

 12   M. THAYER : [interprétation] Maintenant, passons à la dernière page en

 13   anglais, ce sera la page 5.

 14   Q.  Ici, on parle donc du sort réservé à M. Avdo Palic. Je

 15   cite : "Le général Gobillard a demandé si comme Mladic l'avait dit Palic

 16   était mort. Général Tolimir a répondu en disant que 'comme toute armée, ils

 17   employaient la propagande pour influencer le morale de l'ennemi qui ne

 18   pouvait pas confirmer cette information, qui pouvait très bien être de la

 19   propagande'."

 20   Donc, savez-vous d'où vous avez obtenu cette information à propos d'Avdo

 21   Palic ?

 22   R.  C'est quand on est arrivé au check-point 2 en haut de la colline de

 23   Zepa; moi, j'étais encore en bas dans le village. Donc, il a sans doute

 24   parlé à des officiers des Nations Unies, c'est probablement de leur part

 25   qu'il a appris ces informations.

 26   Q.  Savez-vous ce qui est arrivé au colonel Palic ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Il y a des initiales qui se trouvent en bas de la page; pouvez-vous les

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  1   identifier, s'il vous plaît ?

  2   R.  C'est ma signature.

  3   Q.  Merci.

  4   Je n'ai plus de questions pour vous, colonel Fortin.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Thayer.

  6   Donc, passons maintenant à la Défense pour le contre-interrogatoire et voir

  7   les périodes prévues. Jusqu'à présent, donc, il n'y a que l'équipe

  8   Pandurevic qui n'a pas l'intention de procéder à un contre-interrogatoire.

  9   Puis-je avoir confirmation de cela, Monsieur Sarapa ? Vous n'allez pas

 10   contre-interroger le témoin ?

 11   M. SARAPA : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 13   Monsieur Zivanovic, vous avez demandé 30 minutes. Avez-vous encore besoin

 14   de 30 minutes ?

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne procèderai pas à un contre-

 16   interrogatoire.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Ostojic, vous avez demandé une

 18   heure.

 19   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, il me faut environ 45 minutes voire une

 20   heure.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 22   Madame Nikolic, combien de temps vous faut-il ? Vous avez demandé 10

 23   minutes.

 24   Mme NIKOLIC : [interprétation] Nous n'aurons pas de questions pour ce

 25   témoin.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 27   Maître Lazarevic, vous avez demandé un quart d'heure.

 28   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je pense que nous n'aurons pas besoin de

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  1   procéder à un contre-interrogatoire.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau, s'il vous plaît, vous

  3   avez demandé une heure 15.

  4   Mme FAUVEAU : Oui, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous voulez toujours une heure 15.

  6   Mme FAUVEAU : En tout cas, j'essaierai de faire de mon mieux pour terminer

  7   en une heure et 15 minutes.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup.

  9   Maître Josse, qu'en est-il de votre équipe ? Il vous fallait deux heures --

 10   deux heures 30, c'est ce que vous aviez estimé.

 11   M. JOSSE : [interprétation] Oui, deux heures 30, ça devrait être le

 12   maximum. Nous allons essayer d'écourter.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, ça nous donne une bonne idée

 14   de ce qui va se passer. Donc, vous n'allez simplement pas en avoir terminé

 15   avec votre témoignage aujourd'hui mais demain ça risque d'être terminé.

 16   Madame Fauveau, j'imagine que c'est vous qui commencez, n'est-ce pas

 17   ?

 18   Mme FAUVEAU : Oui, Monsieur le Président, merci.

 19   Contre-interrogatoire par Mme Fauveau : 

 20   Q.  [interprétation] Monsieur, je suis Natacha Fauveau Ivanovic, je

 21   représente le général Miletic.

 22   Je voudrais commencer par votre déclaration que vous avez faite au bureau

 23   du Procureur en 1996.

 24   Mme FAUVEAU : Et il s'agit de la pièce 6D152, et si on peut montrer au

 25   témoin la page 3 de cette déclaration, tout en bas de la page. Donc,

 26   j'aurais besoin de tout en bas de la page 3, et ensuite, de la page 4.

 27   Q.  Monsieur, dans cette déclaration, vous parliez des réunions qui avaient

 28   eu lieu entre les différents commandements de la FORPRONU. Et vous avez dit

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  1   que ça commence à la troisième ligne en partant d'en bas de la page. Vous

  2   avez dit ceci : "Ces réunions avec le commandement -- avec les MA du

  3   commandement de la BH avaient une importance essentielle pour garantir un

  4   lien entre les secteurs et le commandement de l'ABiH. Moi et les autres MA

  5   employaient ces séances pour nous assurer que les généraux…"

  6   Mme FAUVEAU : Peut-on passer à la page suivante, s'il vous plaît ?

  7   Q.  "…que les généraux Smith et Gobillard ainsi que les successeurs de

  8   Gobillard se comprenaient bien. C'était important étant donné qu'ils

  9   parlaient des langues différentes et qu'ils avaient des cultures

 10   différentes et qu'ils avaient des points de vue militaire différents

 11   aussi."

 12   Ce qui m'intéresse en fait c'est la dernière phrase, lorsque vous parliez

 13   de différence linguistique, culturelle et militaire; est-ce que cela

 14   signifie que chaque officier voyait et analysait la situation en fonction

 15   de ce qu'il connaissait dans sa propre armée, en fonction de sa propre

 16   expérience militaire ?

 17   R.  Non, pas tout à fait. C'est pour cela qu'on avait des séances de toute

 18   façon et les sessions pour s'assurer, en fait, que ce n'était pas le cas.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Une minute, une minute. Je suis désolé

 20   de vous interrompre. Mais Mme Fauveau et vous-même, il faut bien que vous

 21   attiriez notre attention sur les moments où nous devons être en huis clos

 22   partiel. Je ne suis pas certain qu'on puisse débattre de tout cela en

 23   audience publique, il vaudrait peut-être mieux passer à huis clos partiel.

 24   Mme FAUVEAU : Je crois que j'ai l'accord du Procureur que ce soit en

 25   audience publique.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Très bien. Attirez notre

 27   attention quand vous pensez qu'il faut absolument qu'on passe à huis clos

 28   partiel.

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  1   Mme FAUVEAU :

  2   Q.  Je comprends bien que ces réunions étaient pour assurer une cohérence.

  3   Mais si ces réunions n'existaient pas, n'aurait-il pas chaque officier

  4   analyser la situation en fonction de sa propre expérience ?

  5   R.  Oui, bien sûr, bien sûr, ce qui ne signifie pas que -- parce qu'il n'y

  6   avait pas -- s'il n'y avait pas eu des réunions, il aurait pas eu de

  7   cohérence, en revanche.

  8   Q.  Ce qu'en fait -- ce que je veux savoir c'est puisqu'il y avait des

  9   officiers qui venaient de différents pays dans différentes cultures, et des

 10   différentes armées, je ne parle pas de la cohérence qui pourrait avoir ou

 11   pas avoir; mais je parle tout simplement de chaque officier en particulier

 12   de la FORPRONU.

 13   Est-ce qu'on peut toutefois dire que chacun d'eux avait une habitude autre,

 14   différente de fonctionnement d'une armée ?

 15   R.  Non, pas tout à fait. Puisqu'ils étaient quand même tous formés par

 16   l'OTAN, y compris les Français qui étaient quand même très formés aux

 17   procédures de l'OTAN. Donc, on avait quand même nos ceintures communes,

 18   qu'on soit Britannique, Français, Canadien, ou Néerlandais.

 19   Q.  Et si on parlait des Ukrainiens, ou des Egyptiens ?

 20   R.  Non. Certes, ils n'avaient pas cette [imperceptible] commune, ils

 21   n'étaient pas formés par l'OTAN.

 22   Q.  Vous parliez dans votre déclaration de l'organisation de votre secteur,

 23   et vous avez dit que le secteur -- que le commandant du secteur avait au-

 24   dessous de lui trois commandants adjoints et le chef de l'état-major.

 25   Quel était le lien hiérarchique entre ces quatre personnes au-dessous le

 26   commandement ?

 27   R.  Il y avait trois adjoints qui étaient tous au même niveau, et qu'ils

 28   avaient des postes similaires ils faisaient exactement la même choses mais

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  1   chacun pour son contingent. Quant au chef d'état-major, il était Russe, et

  2   il avait les mêmes fonctions envers ses forces que les adjoints, mais il

  3   était aussi en charge de gérer le QG pour le général.

  4   Q.  -- Gobillard lorsqu'il n'était pas présent à Sarajevo ?

  5   R.  Cela dépendait de qui était là, il y avait souvent des absences soit

  6   pour permission, retour dans les foyers, ou pour réunion ailleurs. C'était

  7   en ordre hiérarchique descendant, d'abord les adjoints, qui avaient chacun

  8   leur ordre, si je puis dire : c'était l'adjoint égyptien qui était le plus

  9   haut dans la hiérarchie, ensuite, l'ukrainien, ensuite, le Français.

 10   Q.  Est-ce que vous pouvez dire qui était le chef de l'état-major du

 11   général Gobillard ?

 12   R.  Le chef d'état-major; c'est ça ?

 13   Q.  "Chief of Staff" ?

 14   R.  C'était le colonel Demurenko.

 15   Q.  -- "nationality"  ?

 16   R.  Russe.

 17   Q.  Hier, vous avez dit que le nom du général Miletic vous est apparu en

 18   juillet 1995. C'est hier à la page 80; est-ce que vous vous souvenez de ça

 19   ?

 20   R.  -- m'en rappelle.

 21   Q.  -- aussi c'était à la page 82, que lors des événements à Srebrenica,

 22   vous passiez beaucoup de temps dans le quartier général de la FORPRONU car

 23   le général Gobillard était le commandant par intérim, à ce moment ?

 24   R.  En effet.

 25   Q.  Vous vous souvenez de ça aussi ?

 26   R.  Tout à fait. Tout à fait.

 27   Q.  Lorsque le général Gobillard était le commandant par intérim, il avait

 28   les contacts avec les officiers de l'état-major principal de l'armée de la

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  1   Republika Srpska ?

  2   R.  Avec certains, en effet.

  3   Q.  -- à cette période-là, en juillet 1995, le général Gobillard avait des

  4   contacts avec le général Miletic ?

  5   R.  Non. Non, je ne m'en souviens pas.

  6   Q.  Et également, vous n'avez aucun souvenir que le général Nicolai aurait

  7   eu des contacts avec le général Miletic dans cette période-là, en juillet

  8   1995 ?

  9   R.  Non, ça je ne m'en souviens pas non plus.

 10   Q.  Et vous ne vous souvenez pas que le nom du général Miletic était

 11   mentionné lors des réunions que vous aviez eues à Zepa ?

 12   R.  Ça se peut, je sais que j'ai quelque chose sur lui dans mes notes. Mais

 13   je ne m'en souviens pas comme ça, de but en blanc.

 14   Mme FAUVEAU : Est-ce qu'on peut montrer au témoin la pièce 5D532 ?

 15   Q.  Il s'agit de l'information que le Procureur nous a donnée suite à

 16   l'entretien que vous avez eu avec lui le dimanche dernier.

 17   Est-ce que vous pouvez lire rapidement pour vous-même le premier

 18   paragraphe, le paragraphe que vous voyez sur l'écran ?

 19   R.  Tout à fait. Tout à fait.

 20   Q.  Est-il exact que dans cet entretien qui a eu lieu il y a deux jours,

 21   donc le dimanche, le 25 novembre, vous avez dit au Procureur que vous

 22   croyez en effet que vous avez entendu parler de Miletic en septembre '95 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous avez mentionné tout à l'heure les notes, qu'il y a quelque chose

 25   sur Miletic dans les notes, ne serait pas cette réunion en septembre, la

 26   réunion qui a eu lieu le 24 -- la réunion du novembre, du 24 novembre 1995

 27   ?

 28   R.  Sans doute, c'est sans doute cette réunion, en effet.

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  1   Q.  Excusez-moi. C'était ma faute, en effet je parlais de la réunion du 24

  2   novembre '95.

  3   R.  Ecoutez, les deux réunions apparaissent dans mes notes. Je n'ai pas

  4   participé à la première, mais j'ai participé à la deuxième en revanche, je

  5   ne me souviens pas très bien de cette réunion.

  6   Q.  Vous avez dit hier, c'était à la page 81, que vous n'étiez pas sûr des

  7   fonctions que le général Miletic occupait, mais vous avez toutefois

  8   mentionné la fonction du adjoint du commandant Mladic ainsi que la fonction

  9   du chef de renseignements ou de la sécurité.

 10   N'est-il pas exact que, lorsque vous avanciez ces fonctions, c'est en fait

 11   une pure spéculation parce que vous ne connaissez pas et vous n'avez jamais

 12   connu la fonction exacte du général Miletic ?

 13   R.  Tout ce que je savais c'est qu'il était officier haut gradé dans la VRS

 14   au-dessus du niveau du corps d'armée, donc, il faisait partie de l'état-

 15   major du général Mladic mais je ne connaissais pas sa fonction exacte en

 16   effet.

 17   Q.  Est-il exact que lorsque vous êtes arrivé en Bosnie-Herzégovine en mai

 18   1995, une offensive de l'armée de la Bosnie-Herzégovine avait eu lieu ?

 19   R.  En effet.

 20   Q.  Et cette offensive était menée entre autres des zones démilitarisées

 21   particulièrement de Sarajevo ?

 22   R.  Tout à fait.

 23   Q.  Et lorsque les Serbes ont répondu à cette offensive, ils ont reçu un

 24   ultimatum afin qu'ils arrêtent leur réponse sur les Bosniaques, sur l'armée

 25   bosniaque.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

 27   M. THAYER : [interprétation] Peut-être serait-il bon d'avoir une date pour

 28   savoir exactement où nous en sommes.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau, que c'est un

  2   commentaire tout à fait juste.

  3   Mme FAUVEAU : Est-ce qu'on peut montrer au témoin la page, donc, c'est la

  4   pièce 6D152, c'est sa déclaration et il s'agit de la page 10, donc, il

  5   s'agit du troisième paragraphe dans lequel il était dit ceci : "In response

  6   to the Bosnian,"

  7   [Interprétation] "En réponse à l'attaque bosniaque, les Serbes de

  8   Bosnie ont employé leurs armes qui avaient été collectées dans les points

  9   de collecte. Le secteur leur a donné un ultimatum en leur demandant

 10   d'arrêter de tirer et de rendre leurs armes au point de collecte à midi le

 11   25 mai 1995 au plus tard."

 12   [en français] Je crois que ça répond à la question du Procureur.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela vous va ?

 14   M. THAYER : [interprétation] Oui, tout à fait.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 16   Mme FAUVEAU :

 17   Q.  Monsieur, est-il donc exact que lorsque les Serbes ont répondu à

 18   l'offensive bosniaque, ils ont reçu un ultimatum de la part de la FORPRONU

 19   ?

 20   R.  Oui, certes, mais il y a quand même un contexte plus large à prendre en

 21   compte parce que les armes que l'on prend dans les points de collecte ce

 22   sont des armes lourdes, des armes lourdes qui ont été collectées sous

 23   supervision de la FORPRONU dans des points de collecte bien précis. Ce sont

 24   les armes qu'employaient les Serbes et on ne voulait pas qu'ils les

 25   emploient, et puis, ils étaient en train d'étrangler la ville, et la ville

 26   elle mourait de faim. Donc, c'est pour cela qu'on a essayé de négocier pour

 27   faire rentrer des vivres dans la ville et les Bosniaques voulaient s'en

 28   sortir, ils essayaient de s'en sortir avec des armes légères.

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  1   Q.  D'accord, Monsieur, je ne dispute pas tout ça pour le moment, mais

  2   avant que les Serbes répondent, les Bosniaques ont bien attaqué d'une zone

  3   qui aurait dû être démilitarisée ?

  4   Q.  Oui, mais comme je vous l'ai dit : "démilitarisé" cela veut dire zone

  5   sans armes lourdes; les armes lourdes ne peuvent être que dans des zones de

  6   collecte sous la protection de la FORPRONU, pas les armes légères, ça

  7   c'était impossible, et des deux côtés, bien sûr.

  8   Q.  Mais dans cette offensive qui partait de Sarajevo, l'armée de la

  9   Bosnie-Herzégovine utilisait et dans l'enceinte de Sarajevo, dans

 10   l'enceinte de la zone démilitarisée, les armes lourdes aussi ?

 11   R.  Non pas à cette époque-là. Mais à la fin, tout le monde utilisait les

 12   armes lourdes car les points de collecte d'armes ont cessé d'exister mais

 13   pas à ce moment-là.

 14   Q.  Est-il exact qu'au moment de cette offensive, les Bosniaques et

 15   notamment les représentants de l'armée de la Bosnie-Herzégovine, le général

 16   Delic refusait de parler de la paix ?

 17   R.  Je ne sais pas.

 18   Mme FAUVEAU : Est-ce qu'on peut montrer -- et là je crois qu'il faut passer

 19   à huis clos partiel parce qu'il s'agit de la pièce 6D165 qui est le

 20   journal.

 21   [Audience à huis clos partiel]

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25   [Audience publique]

26   Mme FAUVEAU :

27   Q.  Il s'agit d'un mémorandum qui date du 2 juillet '95.

28   Mme FAUVEAU : Est-ce qu'on peut passer à la page 3 ? Ce qui m'intéresse

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  1   c'est les deux derniers paragraphes.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas l'ensemble du texte. C'est trop

  3   étroit. Bien.

  4   Mme FAUVEAU :

  5   Q.  Dans le paragraphe qui se trouve immédiatement au-dessous du titre :

  6   "Location of Bosnian --"

  7   [interprétation] "L'emplacement des armes de l'ABiH est un problème,"

  8   [en anglais] "Since the Bosnian offensive began --"

  9   [interprétation] "Depuis le début de l'offensive bosniaque il y a

 10   deux semaines, le nombre des armes lourdes bosniaques opérant des

 11   structures près de la FORPRONU se sont accrues de manière de importante."

 12   [en français] Est-ce que donc début juillet 1995, l'ABiH opérait avec les

 13   armes lourdes de Sarajevo ?

 14   R.  Oui. Mais, comme je l'ai déjà indiqué, entre mai - sur lequel vos

 15   questions initiales portaient - et juillet, il y a eu un grand changement

 16   puisque les points de collecte d'armes ne fonctionnaient plus, donc, tout

 17   le monde utilisait les armes lourdes.

 18   Q.  -- lorsque ces points -- le point de collection des armes n'était plus

 19   fonctionnel, est-ce que ça veut dire donc que la zone démilitarisée n'était

 20   plus fonctionnelle aussi ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qu'en juin 1995, la FORPRONU avait

 23   beaucoup de problèmes avec les Bosniaques, avec l'ABiH ? Et notamment qu'à

 24   l'époque, l'ABiH limitait la liberté de mouvement de la FORPRONU ?

 25   R.  Vous devriez me le demander de manière plus concrète.

 26   Mme FAUVEAU : -- à l'audience à huis clos partiel.

 27   [Audience à huis clos partiel]

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  8   [Audience publique]

  9   Mme FAUVEAU : Il s'agit d'une dépêche envoyée par M. Akashi à M. Annan.

 10   Q.  Et est-ce que vous pouvez voir sur le tampon tout en nom de la page --

 11   Mme FAUVEAU : Tout au nom de la page --

 12   Q.  -- il y a marqué : "Le 1995, juillet 11, 2147 --

 13   R.  Je peux voir ça.

 14   Q.  Est-ce que ce numéro 2147 signifie bien que cette dépêche était envoyée

 15   à 21 heures 47 ?

 16   R.  Oui, c'est une bonne analyse. Le tampon provient des communications de

 17   la FORPRONU.

 18   Mme FAUVEAU : Est-ce qu'on peut maintenant montrer la page 2 de ce document

 19   ?

 20   Q.  Si vous voyez le paragraphe B, et au milieu de ce paragraphe il y a une

 21   phrase qui commence par : "Following." Dans cette partie de cette dépêche,

 22   on peut lire ceci : "Following consultation with the Bos --"

 23   [interprétation] "A la suite de consultation avec le gouvernement de

 24   Bosnie, et de façon à éviter une catastrophe humanitaire, un accord sera

 25   sollicité avec les Serbes de Bosnie pour permettre à tous les résidents de

 26   Srebrenica, y compris tous les hommes, de partir pour Tuzla s'ils le

 27   souhaitent.

 28   [en anglais] "The DutchBat --"

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  1   [interprétation] "Les Néerlandais seront avisés de rester dans

  2   l'enclave de Srebrenica au moins jusqu'à ce que ces arrangements aient pu

  3   être négociés et mis au point avec les autorités des Serbes de Bosnie pour

  4   le départ de l'enclave de ces personnes."

  5   [en français] Est-ce qu'on peut dire que cette dépêche faisait suite à la

  6   conversation ou le contact que M. Akashi avait avec les gens au quartier

  7   général de la FORPRONU à Sarajevo ?

  8   R.  Probablement, parmi d'autres très nombreux contacts, il est probable

  9   que ces contacts, qui ont dû avoir en tant de crises comme ça, nous n'avons

 10   jamais cessé de discuter, et de réunir des informations, et d'échanger des

 11   idées.

 12   Q.  D'après cette dépêche, la FORPRONU devait demander aux Serbes une aide

 13   afin d'évacuer la population, la population musulmane de Potocari.

 14   R.  C'est dit là : "Accord, autoriser tous les résidents de Srebrenica de

 15   partir pour Tuzla."

 16   Q.  Vous avez tout à fait raison. Mais en tout cas, l'initiative pour

 17   l'évacuation venait bien de la FORPRONU ?

 18   R.  A ce stade, après trois ou quatre jours de pression serbe, oui.

 19   Q.  Et en effet comme suite, à tous ces contacts que la FORPRONU avait

 20   aussi bien avec le gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, avec M. Akashi,

 21   le commandant du DutchBat avait une réunion avec le général Mladic.

 22   R.  Quelle est votre question ?

 23   Q.  Je vous poser la question : est-ce que vous êtes au courant qu'une

 24   réunion a été organisée le soir du 11 entre le commandant du DutchBat et le

 25   général Mladic ?

 26   R.  Pour ça, je ne le sais pas.

 27   Q.  Je voudrais vous montrer --

 28   Mme FAUVEAU : Donc, si on peut repasser à huis clos partiel.

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 1   Q.  Il s'agit donc de la pièce 5D165.

 2   [Audience à huis clos partiel]

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28   [Audience publique]

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  1   Mme FAUVEAU :

  2   Q.  Et n'est-il pas exact que Zepa devait être démilitarisée en 1993 ?

  3   R.  Je ne sais pas. Tout ce qui s'est passé avant mai 1995, au moment de

  4   mon arrivée, ça je ne peux rien dire de sûr.

  5   Q.  Et est-ce que vous vous souvenez que lorsque cette proposition -- est-

  6   ce que, d'après vos informations que vous avez reçues, lorsque Tolimir

  7   avait reçu cette proposition de démilitariser Zepa, on est là en juillet

  8   1995, que Tolimir semblait intéresser par cette proposition ?

  9   R.  Je ne me rappelle pas cela, mais c'est possible.

 10   Mme FAUVEAU : Je voudrais maintenant passer à huis clos partiel pour

 11   montrer au témoin son journal 6D155 -- "6D165."

 12   [Audience à huis clos partiel]

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  4   [Audience publique]

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau, c'est à vous.

  6   Mme FAUVEAU : Merci, Monsieur le Président.

  7   Q.  Monsieur, est-ce que vous vous souvenez que, lorsque l'évacuation de la

  8   population civile de Zepa était terminée, le général Tolimir vous a proposé

  9   d'aller voir, que la FORPRONU aille voir dans les forêts autour s'il y a

 10   encore des gens à évacuer ?

 11   R.  Vous faites référence à la réunion du général Gobillard avec le général

 12   Tolimir au point de contrôle ? Je ne me souviens pas de cela précisément,

 13   mais c'est possible. À ce moment-là, il y a eu une chose qui n'était pas

 14   certaine. Nous avions estimé qu'il y avait 2 à 3 000 personnes qui sont

 15   restées à Zepa à ce moment-là. D'après les Serbes, ils étaient tous membres

 16   de l'ABiH, alors que d'après nous, au moins la moitié était des civils,

 17   mais nous n'étions pas sûrs des chiffres.

 18   Mme FAUVEAU : Je voudrais passer à huis clos partiel --

 19   [Audience à huis clos partiel]

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  4   [Audience publique]

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] N'oubliez pas que vous parlez la même

  6   langue, donc, faites une pause, s'il vous plaît, entre les questions et les

  7   réponses.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Je suis John Ostojic. Je représente Ljubisa Beara. Je souhaite vous

 10   poser quelques questions préliminaires.

 11   Est-ce que vous pouvez, tout d'abord, me donner les listes de documents que

 12   vous avez passés en revue avec l'Accusation en vous préparant pour votre

 13   déposition ici aujourd'hui.

 14   R.  C'étaient certaines parties de mon journal; ensuite, les notes de la

 15   réunion que j'ai préparée suite à la conversation téléphonique entre le

 16   général Gobillard et Gvero; ensuite, les notes d'une autre réunion, hier

 17   les notes de réunions entre le général Gobillard et Tolimir au point de

 18   contrôle 2 à Zepa; et ensuite, le rapport hebdomadaire, que David Harland a

 19   écrit le 2 juillet 1995 que nous avons déjà vu.

 20   Q.  Cette situation a-t-elle un rapport de situation dont il a été question

 21   ?

 22   R.  C'est le rapport hebdomadaire.

 23   Q.  Le rapport hebdomadaire. Avez-vous passé en revue les rapports de

 24   situation ?

 25   R.  Non, mis à part les rapports dans mon journal, nous avions certaines

 26   parties de ces rapports, et puis il y a eu des rapports de situation là-

 27   bas.

 28   Q.  Vous avez mentionné s'agissant de M. Harland et ses rapports

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  1   hebdomadaires, que vous les avez trouvés utiles et fiables.

  2   Est-ce que vous considérez que ceci était cadre des rapports de situation

  3   et que vous avez reçus au jour le jour des organisations différentes qui

  4   fournissaient des informations à vous en juillet

  5   1995 ?

  6   R.  Non, pas toujours. Comment dire, il y avait des sources différentes

  7   d'information que nous avions -- qu'il nous envoyait des informations qui

  8   étaient exactes de leur point de vue, mais pas nécessairement une image

  9   complète de ce qui se passait. C'était ça la difficulté, essayer de

 10   rassembler toutes ces pièces vu des angles différents pour faire une image

 11   d'ensemble. Mis à part cela, c'est comme lorsque l'on regarde quelque chose

 12   à la télé en deux dimensions et on essaie de se le présenter en trois

 13   dimensions.

 14   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire, s'il vous plaît, comment vous avez

 15   confirmé ou vérifié l'exactitude, par exemple, des rapports de situation

 16   que vous receviez du bureau des affaires civiles ?

 17   R.  Nous avons vérifié des informations que l'on recevait en les comparant

 18   aux autres sources, et il s'agissait surtout du fait de les vérifier et

 19   parfois de demander des questions supplémentaires aux personnes qui avaient

 20   rédigé le rapport, ou aux autres sources d'information afin de vérifier les

 21   informations. Ça c'était la procédure générale.

 22   Q.  Quelles sources consultiez-vous afin de vérifier si un officier chargé

 23   des affaires civiles vous envoyait un rapport de situation portant sur les

 24   activités qui se sont déroulées disons approximativement le 17 juillet 1995

 25   ?

 26   R.  Vous dites à Srebrenica ?

 27   Q.  Oui.

 28   R.  Je ne suis pas sûr de quel rapport vous parlez.

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  1   Q.  Très bien. J'essaie de comprendre en général. Vous avez dit qu'afin de

  2   vérifier l'exactitude de certains rapports, vous vérifiez auprès d'autres

  3   sources et ma question est simplement de savoir : quelles sont les autres

  4   sources que vous avez utilisées ou vérifiées afin de vérifier l'exactitude

  5   des informations qui vous étaient éventuellement transmises par le biais de

  6   votre officier chargé des affaires civiles, comme Ken Biser ?

  7   R.  S'agissant de Srebrenica, le 17 juillet, je ne sais pas.

  8   Q.  Pourquoi ?

  9   R.  Le rôle du général Gobillard à Srebrenica de commandant par intérim de

 10   la FORPRONU a duré jusqu'au 12 juillet; ensuite, il a repris son rôle du

 11   commandant de secteur, par conséquent, nous n'avons pas eu accès ni le

 12   temps au jour le jour pour suivre ou surveiller la situation à Srebrenica

 13   car on était déjà très pris par les événements à Zepa.

 14   Q.  Aidez-moi avec la chose suivante : aujourd'hui, à la page 20, lignes 3

 15   à 5, vous avez dit, je cite : "Nous avons eu des informations indiquant que

 16   plusieurs milliers d'hommes musulmans avaient disparu ou ont été tués;"

 17   est-ce que ceci était le cas le 12 juillet 1995 ?

 18   R.  Je ne suis pas sûr, mais entre-temps, entre les événements de

 19   Srebrenica et de Zepa, entre le 12 juillet et le 18, 19, 20 juillet, ces

 20   informations ont commencé à apparaître.

 21   Q.  Où les avez-vous obtenues ?

 22   R.  Je ne sais pas.

 23   Q.  Est-ce que ceci est reflété dans votre journal ?

 24   R.  Je ne m'en souviens pas non plus.

 25   Q.  Il me semble que vous déposer sous serment, et c'est la raison --

 26   enfin, en tant qu'officier, un lieutenant-colonel raisonnablement prudent,

 27   comment est-ce que vous pouvez dire cela sans avoir vérifié la source et

 28   l'exactitude ?

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  1   Est-ce que vous pouvez m'aider à comprendre cela ?

  2   R.  C'est quelque chose qui venait de plusieurs sources -- d'un nombre de

  3   sources à l'époque. Ce qu'on peut au début comprendre comme une rumeur

  4   devient un fait de plus en plus important avec le temps, mais je ne me

  5   souviens pas exactement de quelle manière j'ai reçu cette information, ni

  6   quand.

  7   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir reçu une information de la part de

  8   l'officier chargé des affaires civiles indiquant que des milliers d'hommes

  9   qui avaient été tués ont été surtout tués dans des explosions de mines ?

 10   R.  Je ne m'en souviens pas exactement.

 11   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir entendu de la part de l'officier

 12   chargé des affaires civiles que les hommes qui avaient été tués en partant

 13   de Srebrenica afin d'effectuer une percée vers Tuzla qu'ils ont été tués

 14   dans le cadre des engagements de combat

 15   légitimes ?

 16   R.  Je ne me souviens pas de ces détails-là.

 17   Q.  Est-ce que vous pouvez me dire sous serment enfin lorsque vous nous

 18   dites sous serment que vous saviez, à l'époque, que des milliers d'hommes

 19   bosniaques avaient disparu ou avaient été tués, c'est une supposition car

 20   vous ne le saviez pas comment ils ont été tués, où et quand ?

 21   R.  Lorsque vous entendez que quelque chose d'important et de gros s'est

 22   déroulé, et si ceci commence à prendre une forme de plus en plus précise

 23   avec le temps, et lorsqu'il devient important de savoir comment les gens

 24   dans d'autres poches vont se comporter, oui, il faut tenir compte de cela.

 25   Q.  Ed Joseph était avec vous à Zepa, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, mais pas avec moi, mais il était à Zepa.

 27   Q.  Est-ce que vous vous souvenez l'avoir vu là-bas ?

 28   R.  Je le pense.

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  1   Q.  Très bien. Est-ce que vous vous souvenez avoir parlé avec lui de son

  2   opinion concernant la question de savoir si ces Musulmans-là ont été tués

  3   en essayant de passer sur le territoire contrôlé par le 2e Corps de l'ABiH

  4   ?

  5   R.  Je ne me souviens pas de cette conversation.

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Peut-on montrer la pièce 1D374.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

  8   M. THAYER : [interprétation] S'il y a des listes de la Défense pour le

  9   contre-interrogatoire, nous apprécierons de les recevoir. Nous en avons que

 10   deux qui nous ont été envoyés jusqu'à maintenant.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Ostojic.

 12   M. OSTOJIC : [interprétation] Ceci se fonde sur sa déposition aujourd'hui,

 13   comme je l'ai dit à la page 20, et donc, on anticipait qu'il allait dire

 14   cela. Nous n'avions pas anticipé cela, donc, nous n'avons pas créé de liste

 15   mais en raison de sa déposition aujourd'hui, je pensais qu'il était

 16   opportun de lui montrer cela. Dans sa déclaration de témoin de 1997, le

 17   témoin dit clairement qu'il a eu de nombreuses discussions avec le bureau

 18   des affaires civiles.

 19   Donc, je pense que c'est une pièce à conviction et l'Accusation a eu

 20   l'occasion de rencontrer le témoin et je ne pense pas que le lieutenant-

 21   colonel ou l'Accusation soient pris de court, mais ceci n'est pas sur ma

 22   liste.

 23   M. THAYER : [interprétation] S'il y a jute une liste, Monsieur le

 24   Président, il faut me la communiquer conformément à la procédure

 25   préétablie.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si j'ai bien compris, Monsieur Thayer,

 27   la question n'est pas de savoir si vous pouvez utiliser ce document ou pas

 28   maintenant avec le témoin, s'il n'y a pas de liste mais l'essentiel réside

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  1   là.

  2   L'Accusation dit que vous avez plus ou moins décidé quel va être le contenu

  3   de votre contre-interrogatoire, à partir de ce moment-là, si vous avez une

  4   liste de documents que vous allez utiliser au cours du contre-

  5   interrogatoire, il faut le communiquer.

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'ai pas préparé de liste. J'utilisais

  7   simplement la liste fournie par mes collègues de la Défense et de

  8   l'Accusation. Ceci est le résultat de sa déposition, donc, je ne pouvais

  9   pas anticiper qu'elles allaient être ses déclarations dans sa déposition.

 10   Je n'ai pas fourni, mais je pense que c'est un document qui est

 11   équitable et je pense qu'il est correct d'utiliser et que j'ai le droit de

 12   l'utiliser avec ce témoin.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous évitez de

 14   répondre. La question concerne le fait que vous avez maintenant commencé

 15   votre contre-interrogatoire et que vous savez exactement quels sont les

 16   documents que vous allez utiliser et il faut communiquer cette liste.

 17   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais créer une liste si c'est ce que vous

 18   suggérez, mais je vais utiliser les documents 1D374, 1D373, 2D0003, et

 19   aussi 6D165 et 6D152 pour la plupart.

 20   M. JOSSE : [aucune interprétation] 

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Josse. Est-ce que ceci

 22   vous satisfait pour le moment, Monsieur Thayer ?

 23   M. THAYER : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez. Continuez.

 25   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   Donc, peut-on montrer la pièce 1D374 à l'écran, s'il vous

 27   plaît ? La première page nous suffira pour le moment.

 28   Q.  Savez-vous ce que c'est, Monsieur ?

Page 18334

  1    R.  C'est un rapport de Ken Biser du secteur nord-est.

  2   Q.  Vous l'appelez comme ça, rapport de Ken Biser ou un rapport de

  3   situation ?

  4   R.  Il est dit : "Srebrenica Tuzla, mis à jour."

  5   Q.  Si vous examinez la troisième partie surlignée au fond, nous voyons

  6   qu'il y est question surtout de Zepa aussi, et sous l'intitulé points

  7   principaux, c'est le troisième paragraphe ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  C'est un rapport qui a été rédigé par Edward Joseph; est-ce exact ?

 10   R.  Où voyez-vous cela ?

 11   Q.  En bas à droite dans la troisième, quatrième case, il y est dit : "Le

 12   numéro de référence, auteur."

 13   R.  [aucune interprétation]

 14   Q.  Monsieur, est-ce qu'on peut en conclure aussi que -- est-ce qu'on peut

 15   considérer que ce rapport-là, tout comme ceux de David Harland étaient

 16   utiles étaient fiables ?

 17   R.  Je ne sais pas. Je ne recevais pas le rapport de M. Joseph aussi

 18   régulièrement. C'est un rapport envoyé de l'officier des affaires civiles

 19   du secteur nord-est. Je ne savais pas moi, j'étais au secteur Sarajevo.

 20   Q.  Est-ce que vous avez eu des contacts avec Ken Biser ?

 21   R.  Je ne le connais pas.

 22   Q.  Dans votre déclaration de témoin - et je vais vous lire - vous avez dit

 23   que : "Vous aviez des contacts, des discussions avec les personnes des

 24   affaires civiles du HCR du CICR.

 25   M. OSTOJIC : [interprétation] A la page 3, avant-dernier paragraphe.

 26   Q.  Que voulez-vous dire lorsque vous dites que vous étiez en contact, que

 27   vous aviez des discussions avec les affaires civiles, qu'est-ce que ça veut

 28   dire ?

Page 18335

  1   R.  Ça veut dire que c'étaient des hommes affectés à notre niveau.

  2   S'agissant du secteur de Sarajevo, c'était David Harland et Viktor

  3   Bezrouchenko.

  4   Q.  Cette lettre a été envoyée en copie à M. David Harland, n'est-ce pas ?

  5   Ceci lui a été envoyé ce rapport de situation, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, on peut voir cela.

  7   Q.  Est-ce que David Harland n'était pas tenu de vous informer, vous et

  8   votre section du contenu de ce rapport portant sur la situation éventuelle

  9   à Srebrenica, le 17 juillet 1995 ?

 10   R.  Nous n'avions pas de responsabilité par rapport à Srebrenica.

 11   Q.  Sur la base de vos commentaires que vous avez eus, des informations que

 12   des milliers avaient disparu ou avaient été tués, j'essaie d'obtenir où

 13   vous avez trouvé cette information et j'essaie de voir si ceci peut vous

 14   rafraîchir la mémoire ?

 15   R.  Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas sûr de la source exacte. Je peux

 16   vous dire qu'il y en avait plusieurs mais compte tenu du fait que ceci

 17   était quelque chose qui augmentait au jour le jour devenait de plus en plus

 18   important. Nous, en tant qu'officier, nous n'avons pas pu ignorer ce genre

 19   d'information dans la planification de nos actions.

 20   Q.  Je ne suggère pas que vous deviez ignorer cela, mais à la page 2 du

 21   document, le premier paragraphe entier, avec l'aide de l'Huissier, s'il

 22   vous plaît. Peut-on voir cela ? Est-ce que vous pouvez le lire ?

 23   Je pense que je vais juste souligner certaines parties de ce premier

 24   paragraphe et ensuite la troisième partie du premier paragraphe où il dit :

 25   "Jusqu'à 3 000 hommes ont été tués sur la route surtout en raison des mines

 26   et des combats lancés par l'armée des Serbes de Bosnie."

 27   Dites-moi si lorsque vous aurez eu l'occasion de lire l'ensemble du

 28   paragraphe.

Page 18336

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que ceci vous rafraîchit la mémoire sur la question de savoir si

  3   ou non c'est 1 000 qui ont disparu et qui ont été tués

  4   -- ont été tués en route parce qu'ils étaient considérés comme des gens qui

  5   s'échappaient. Vous dites au début du paragraphe que c'était

  6   essentiellement par des mines et des engagements avec l'armée serbe de

  7   Bosnie ?

  8   R.  Comme je l'ai dit, ce récit comme je l'ai appelé était en train de

  9   s'intensifier de jour en jour. Le paragraphe 2 indique : "Que d'autres

 10   rapports indiquent que 2 000 à 3 000 hommes avaient été pris." Ils ne

 11   disposaient pas des renseignements complets même à ce moment-là.

 12   Q.  Alors, comment savez-vous cela ?

 13   R.  Parce que c'est comme ça que les choses se sont déroulées.

 14   Q.  Bien. Alors, qu'est-ce que vous avez fait pour le vérifier, pour voir

 15   si ces renseignements étaient exacts ?

 16   R.  Je ne me rappelle pas des détails, mais nous parlions régulière avec

 17   David Harland en l'espèce. Je ne suis pas sûr -- enfin, je suis sûr qu'il

 18   aurait rendu compte de cela.

 19   Nous a-t-il montré le rapport ? Je ne me souviens pas. Nous étions

 20   satisfaits de l'information probablement pas, nous voulions en savoir

 21   davantage. Nous voulions savoir avec certitude.

 22   En tout état de cause, nous étions très occupés avec Zepa à l'époque.

 23   Q.  Vous rappelez-vous avoir rédigé de la correspondance ou demander des

 24   renseignements complémentaires à propos du nombre de Musulmans de Bosnie

 25   qui étaient morts à la suite de l'éclatement de mines terrestres ou alors

 26   qu'ils étaient en train d'essayer de passer à travers la colonne de Tuzla à

 27   Kladanj ?

 28   R.  Non.

Page 18337

  1   Q.  Est-ce que vous avez à un moment donné demandé des renseignements à ce

  2   sujet ?

  3   R.  Je ne sais pas.

  4   Q.  Est-ce que vos supérieurs avaient demandé des renseignements ?

  5   R.  Bon, je ne sais pas.

  6   Q.  Est-ce que vos subordonnés en avaient demandé ?

  7   R.  Je ne sais pas. Comme je l'ai dit, nous en étions au 17 juillet, nous

  8   étions au quartier général du secteur entretien de faire les tâches de

  9   notre secteur. Si nous avions été à la FORPRONU pendant quatre jours,

 10   maintenant nous étions à nouveau au quartier général du secteur et occuper

 11   pour Zepa.

 12   Q.  Bien. Est-ce qu'après Zepa ait été conclu, est-ce que vous êtes

 13   retourné vérifier pour voir combien de milliers de Musulmans de Bosnie

 14   avaient été tués par des mines ?

 15   R.  Non, pas moi personnellement. Je n'étais pas le seul soldat de la

 16   FORPRONU sur le théâtre.

 17   Q.  Bien. Mais qui de la FORPRONU se trouvait dans ce théâtre  qui serait

 18   allé voir pour confirmer les données en question ?

 19   R.  Vraisemblablement les gens du commandement de la FORPRONU en Bosnie-

 20   Herzégovine.

 21   Q.  Mais qui est-ce que vous savez quelqu'un en particulier ?

 22   R.  Non, je ne sais pas. Je ne veux pas faire d'hypothèse sur qui en

 23   particulier aurait pu le faire, mais la structure certainement se serait

 24   occupée d'essayer d'obtenir cette information.

 25   Q.  Étant un militaire, vous savez ce que veut dire un engagement ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Qu'est-ce que ça veut dire ?

 28   R.  Ça veut dire d'habitude que des troupes ennemies entrent en contact,

Page 18338

  1   sont en contact.

  2   Q.  Est-ce que ça veut dire qu'il y a des tirs d'un seul côté ou est-ce que

  3   l'engagement veut dire qu'il y a eu riposte d'un autre côté ainsi que

  4   l'autre partie et qu'en fait il y a eu échange de coups de feu entre deux

  5   factions ennemies qui s'opposent.

  6   R.  Je ne sais pas, ça peut être d'un côté ou de l'autre.

  7   Q.  Est-ce que vous savez si oui ou non les Musulmans de Bosnie qui étaient

  8   en train d'essayer de trouver passage à travers la colonne de Srebrenica,

  9   étaient-ils armés ?

 10   R.  Je ne sais pas mais je sais qu'il y avait des Bosniaques armés à

 11   Srebrenica.

 12   Q.  Comment savez-vous -- savez-vous combien il y en avait ?

 13   R.  Non. Je sais que j'ai vu des estimations c'est probablement dans mon

 14   journal mais je ne me rappelle pas.

 15   Q.  Voyez-vous, on a retrouvé ça dans votre journal; est-ce que ce serait

 16   une estimation juste de parler de 5 000 à 6 000 dans l'ordre de ces

 17   chiffres ?

 18   R.  Non. J'ai entendu des chiffres beaucoup plus bas mais je ne suis pas

 19   sûr. 

 20   Q.  Bien. Est-ce que le Procureur vous a communiqué ce que l'enquêteur

 21   pensait quant au nombre de Musulmans de Bosnie armés qui traversaient la

 22   forêt et aller à Tuzla ?

 23   R.  Non. Ils n'ont pas fait.

 24   Q.  Est-ce qu'ils vous ont communiqué des rapports de Richard Butler qui

 25   était leur analyste militaire ?

 26   R.  Je n'ai jamais entendu ce nom.

 27   Q.  Pourriez-vous me dire à cause de vos qualifications que nous avons

 28   entendues hier, votre expérience du combat, si vous pensez qu'il est

Page 18339

  1   important pour quelqu'un de donner une opinion en ce qui concerne la

  2   situation militaire telle que celle qui s'est développée à Srebrenica et

  3   Zepa, qu'une personne qui a donné de telles opinions devrait avoir au moins

  4   un peu d'expérience du combat ?

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

  6   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, mon confrère sait que

  7   ce n'est pas la raison pour laquelle le témoin est ici. C'est une question

  8   qui perd du temps et qui est inappropriée.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis d'accord. Je ne pourrais pas

 10   être plus d'accord avec vous. Oui, pourriez-vous s'il vous plaît passer à

 11   la question suivante, Maître Ostojic ?

 12   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vous remercie.

 13   Q.  Témoin, que veut dire exactement "extraire une population;" est-ce que

 14   vous connaissez cette expression ?

 15   R.  C'est une expression qui a été utilisée, nous disons, mais normalement

 16   nous employions le mot "évacuer."

 17   Q.  Donc, "extraire" veut vraiment dire la même chose qu'"évacuer;" c'est

 18   bien cela ?

 19   R.  Ça devrait.

 20   Q.  Bien. Maintenant, est-ce que vous avez utilisé ce mot, ou est-ce que

 21   vous avez utilisé un autre mot ?

 22   R.  Je ne sais pas.

 23   Q.  Bien.

 24   R.  Peut-être que oui.

 25   Q.  Bon, si je me trompe, c'était la priorité du général Smith en ce qui

 26   concernait Zepa d'évacuer, ou comme je pense que vous l'avez dit,

 27   "extraire" la population et puis les Ukrainiens; est-ce que ce serait exact

 28   ?

Page 18340

  1   R.  C'est devenu le cas au bout d'un certain temps, oui, je vous rappelle

  2   cela.

  3   Q.  Combien de temps après que les événements se soient

  4   déroulés ?

  5   R.  Je ne peux pas m'en souvenir de façon certaine.

  6   Q.  Maintenant, est-ce que vous vous rappelez, Témoin, aujourd'hui, si, oui

  7   ou non, le général Smith a rencontré

  8   M. Izetbegovic ?

  9   R.  Je ne m'en souviens pas.

 10   Q.  Maintenant --

 11   R.  Je ne travaillais pas pour le général Smith.

 12   Q.  Je comprends. Vous gardiez des notes très importantes et teniez un

 13   journal concernant les différentes réunions, et nous allons les parcourir

 14   dans un instant.

 15   Est-ce que vous savez si le général Smith avait proposé l'évacuation de la

 16   population de Zepa qui suivrait le même modèle que pour Srebrenica ?

 17   R.  Je ne m'en souviens pas. Je suppose que vous allez me montrer.

 18   Q.  Oui. Je vous remercie.

 19   Je pense qu'à cause de la décision qui a été prise, nous allons maintenant

 20   aller en audience à huis clos partiel. Je voudrais demander que nous

 21   allions en audience à huis clos partiel de façon à ce que nous puissions

 22   examiner ce journal, de façon assez détaillée ?

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, allons donc en audience à huis

 24   clos partiel.

 25   L'audience à huis clos partiel.

 26   [Audience à huis clos partiel]

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11  Page 18341 expurgée. Audience à huis clos partiel

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 16   [Audience publique]

 17   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci.

 18   Q.  Nous voilà en audience publique, Monsieur le Témoin. Vous rappelez-vous

 19   la réunion que le général Smith a eu avec le général Mladic en juillet 1995

 20   ?

 21   R.  Quelle date ?

 22   Q.  Je n'ai pas la date dans votre déclaration de témoin, mais c'était

 23   approximativement la date où ils discutaient de l'évacuation de la

 24   population, ayant discuté ensemble ?

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

 26   M. THAYER : [interprétation] Bien, si mon confrère ne peut pas fournir de

 27   date, peut-être qu'en se référant ou en montrant au témoin la déclaration

 28   du témoin à proprement dit ça pourrait être utile, puisqu'il vient juste de

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  1   s'y référer.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Je suppose qu'on peut faire cela.

  3   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais le faire en temps utile, Monsieur le

  4   Président. Je vais simplement poser une question préliminaire, et si le

  5   conseil veut bien me permettre, si c'est bien acceptable.

  6   Q.  Monsieur le Témoin, vous rappelez-vous que le général Mladic, en fait,

  7   a discuté avec -- vous rappelez-vous qu'ils ont eu cette réunion ?

  8   R.  Oui. Il y avait une réunion de ce genre où j'étais présent. C'est pour

  9   ça que je demande, à ce moment-là -- je vous demande -- je vous pose la

 10   question parce qu'il y a eu d'autres occasions.

 11   Q.  Bon, alors, parlons de la réunion à laquelle vous étiez présent parce

 12   que nous voulons savoir ce que vous, en qualité d'observateur à cette

 13   réunion, vous vous rappelez, concernant cette réunion.

 14   C'est juste pour cette réunion, qu'elle ait été sa date, Témoin, vous

 15   rappelez-vous que le général Mladic a demandé que la FORPRONU garde les

 16   prisonniers de guerre ?

 17   R.  Je ne m'en souviens pas.

 18   Q.  Vous rappelez-vous, Monsieur le Témoin, que le général Mladic a insisté

 19   pour que les hommes en âge de porter les armes, c'est-à-dire de 18 à 55 ans

 20   se désarment eux-mêmes, et qu'ils soient protégés et gardés par la FORPRONU

 21   ?

 22   R.  Je me rappelle qu'il voulait qu'ils soient désarmés, mais je ne me

 23   rappelle pas la deuxième partie.

 24   Q.  Bien, alors, regardons maintenant votre déclaration, comme mon confrère

 25   souhaitait que vous nous le fassions, à savoir le 6D153.

 26   Nous passons à la page 24 de cette déclaration, et il s'agit du premier

 27   paragraphe complet, Monsieur le Témoin.

 28   M. JOSSE : [aucune interprétation]

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  1   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci.

  2   Q.  Témoin, regardez votre déclaration de novembre de 1997, lorsque vous

  3   avez été interrogé par les membres du bureau du Procureur, vous décrivez la

  4   réunion dans laquelle le général Tolimir à laquelle il est arrivé. Il y a

  5   eu une réunion avec le général Mladic, et ils ont en fait discuté de la

  6   question des prisonniers de guerre à Zepa, n'est-ce pas ?

  7   L'INTERPRÈTE : Le témoin opine.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation]

  9   Q.  Est-ce que vous voyez à la quatrième ligne vers le bas, après avoir

 10   précisé ce que le général Mladic a dit au général Smith, vous poursuivez en

 11   disant que : "Mladic est la personne en question," et vous dites que :

 12   "Lui," Mladic, "a déclaré que les hommes entre 18 et 55 ans avaient essayé

 13   de s'échapper et avaient été tués." Voyez-vous cela ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce que vous savez à quoi il fait allusion ici, Monsieur le Témoin ?

 16   R.  Les hommes de Zepa qui avaient essayé de s'échapper de la poche.

 17   Q.  Est-ce que vous pensez que c'est à cela qu'il pensait ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous ne pensez pas qu'il était en train de se référer à peut-être

 20   quelque chose qui s'est passé à l'entrepôt de Kravica dans une -- à une

 21   distance d'une semaine par rapport au moment où a lieu cette réunion ou

 22   dans les dix jours précédents ?

 23   R.  Je ne vois pas pourquoi.

 24   Q.  Bien. A la phrase qui suit, alors, où il dit que : "Là, encore, Mladic

 25   voudrait que les hommes entre ces deux âges se désarment eux-mêmes et

 26   soient gardés par la FORPRONU." Vous souvenez-vous cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Est-ce que c'est exact ?

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  1   R.  Bien, si j'en ai rendu compte, c'est parce que ça a été discuté. Ça ne

  2   veut pas dire qu'on avait les moyens de le faire.

  3   Q.  Je n'essaie pas de faire passer les responsabilités vers vous, Monsieur

  4   le Témoin, à la différence d'autres témoins et d'autres personnes. Je

  5   suggère -- ou je vous suggère que, si c'est un fait, si vous avez identifié

  6   dans votre déclaration que vous avez signée, qu'en fait, Mladic voulait que

  7   les hommes qui se trouvaient entre les âges en question se désarment eux-

  8   mêmes et voulait qu'ils fussent garder par la FORPRONU. C'est bien une

  9   demande qu'il avait faite, n'est-ce pas ?

 10   R.  C'est exact.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous devons nous arrêter ici pour

 12   la journée, Maître Ostojic.

 13   Nous reprendrons demain à 9 heures. Je vous remercie, Commandant. Nous

 14   allons donc reprendre demain matin.

 15   Je vous remercie. Je lève l'audience.

 16   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mercredi 28

 17   novembre 2007, à 9 heures 00.

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