Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 6 décembre 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, veuillez citer

  7   l'affaire.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire

  9   IT-05-88-T, le Procureur contre Popovic et consorts. 

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous. Les accusés sont

 11   présents. Du côté de la Défense, je remarque que l'absence de

 12   Me Ostojic seulement.

 13   Du côté de l'Accusation, il y a M. McCloskey et M. Nicholls.

 14   Est-ce que vous êtes prêt ? Maître Lazarevic, avez-vous réfléchi à propos

 15   du temps de votre contre-interrogatoire, vous allez diminuer ou l'augmenter

 16   ?

 17   M. LAZAREVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

 18   Messieurs les Juges. J'ai beaucoup réfléchi sur la question, et vous serez

 19   sans doute satisfait de constater que j'ai réduit de façon importante le

 20   temps de mon contre-interrogatoire. Avec l'aide de ce témoin, je pense

 21   pouvoir terminer d'ici une heure.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Je vous remercie. Veuillez

 23   poursuivre.

 24   Bonjour à vous, Monsieur Petrovic.

 25   LE TÉMOIN: ZORAN PETROVIC [Reprise]

 26   [Le témoin répond par l'interprète]

 27    Contre-interrogatoire par M. Lazarevic : [Suite]

 28   Q.  [interprétation] Monsieur Petrovic, vous avez entendu ce que je viens

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  1   de dire aux Juges de la Chambre. De façon à pouvoir remplir mes promesses,

  2   je vais vous demander de bien vouloir coopérer avec moi et de répondre le

  3   plus brièvement possible. Par oui, par non, de préférence, et si vous ne le

  4   savez ou vous ne vous en souvenez pas, dites-le-moi; ceci est tout à fait

  5   valable. Si quelque chose n'est pas clair, n'hésitez pas à me le dire et je

  6   reformulerai ma question.

  7   R.  Très bien.

  8   Q.  Hier, nous avons abordé certains événements qui se sont déroulés dans

  9   l'après-midi du 13 juillet à Potocari. Nous avons parlé de certains membres

 10   du Bataillon néerlandais qui portaient des

 11   t-shirts. Vous souvenez-vous à quel endroit nous nous sommes arrêtés de

 12   façon à ce que je puisse vous poser ma question suivante ?

 13   R.  [aucune interprétation]

 14   Q.  Je vois que vous hochez de la tête.

 15   R.  Oui. 

 16   Q.  Pour pouvoir parler de cela, l'endroit où se trouvent les réfugiés et

 17   les membres du Bataillon néerlandais en t-shirts, vous deviez passer pour

 18   arriver à cet endroit-là devant la base du Bataillon néerlandais; est-ce

 19   exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  En passant devant, vous avez pu voir qu'il y avait des soldats

 22   néerlandais qui étaient en uniforme de combat complet, qui portaient des

 23   gilets pare-balles, des casques, des fusils, et cetera à l'intérieur,

 24   n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui. Je puis ajouter qu'il y avait deux genres de soldats à l'époque du

 26   Bataillon néerlandais : devant, il y avait ceux qui portaient les armes, et

 27   derrière, il y avait ceux qui ne portaient pas d'armes.

 28   Q.  Merci. Donc, [imperceptible] de Potocari, et donc, une de ces images de

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  1   film que vous avez tourné, on voit un soldat serbe qui porte un gilet pare-

  2   balles bleu, et on s'adresse à lui et on l'appelle Miki. Je souhaite

  3   simplement vous rappeler une photographie de ce monsieur, c'est le numéro

  4   P0286 -- pardonnez-moi, c'est le numéro 2986 -- pardonnez-moi, à la page

  5   16. Il s'agit d'une photographie qui est annotée à l'aide de la lettre C,

  6   et vous pouvez voir ceci à l'écran. Je suppose que vous savez de quelle

  7   photographie il s'agit.

  8   M. LAZAREVIC : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu, nous

  9   parlons ici de la personne qui se trouve à droite de la photographie et qui

 10   porte un gilet pare-balles bleu. Donc, après avoir vu ce garçon, après

 11   avoir vu ce qu'il portait, pourriez-vous me répondre -- pourriez-vous

 12   répondre à cette question-ci ? Lorsque vous l'avez vu, en avez-vous conclu

 13   que ce gilet pare-balles appartenait à quelqu'un des Nations Unies ?

 14   R.  Non, ce n'est pas ce que j'ai conclu. Je me souviens d'occasions

 15   similaires où c'est une télévision française qui m'a remis un gilet pare-

 16   balles de ce genre. Je n'ai jamais imaginé que cela avait été enlevé à

 17   quelqu'un.

 18   Q.  Merci. Juste encore une question : lorsque vous êtes allé en direction

 19   de Potocari, est-ce que vous souvenez que M. Borovcanin vous a dit qu'il

 20   avait besoin de résoudre un problème, quelque chose qui avait trait avec un

 21   vol d'autocar ? Est-ce que vous souvenez de quelque chose de ce genre ?

 22   R.  Je ne peux -- ne me souviens pas de quelque chose qui aurait été dit de

 23   cette façon-là. Je sais qu'il y avait des problèmes en fait au niveau du

 24   transport en tant que tel. Il s'agissait de transporter quelques 28 000

 25   civils et d'après moi ces personnes-là ont été emmenées à Tuzla. Il y avait

 26   des dizaines d'autocars et de camions qui étaient là. Il y en a certains

 27   que l'on voie sur la vidéo. De toute façon, nous nous dirigions vers cet

 28   endroit-là et lorsque je suis arrivé sur place, je me suis rendu compte de

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  1   ce qu'il avait à faire. Il devait sans doute essayer de se procurer de

  2   l'eau et tout le reste c'était assez difficile. On voit ici qu'il porte un

  3   gilet pare-balles et il porte un tee-shirt et je sais qu'il devait

  4   s'occuper de la question de l'eau et des civils.

  5   Q.  Merci. Nous allons revenir sur le sujet. C'était simplement une

  6   référence à un autocar qui avait été volé ?

  7   R.  Non, pas un autocar, pas un bus. Quelque chose a été volée. Je crois

  8   que c'était un camion citerne qui transportait de l'eau, bon, un réservoir

  9   d'eau.

 10   Q.  Nous allons y venir. Merci. Lorsque vous êtes arrivé à Potocari, ce que

 11   je peux voir d'après la déclaration que vous avez remise au bureau du

 12   Procureur, page 19, vous avez dit que le long de la route, vous avez vu

 13   toute une série d'objets et des sacs, des couvertures, des vêtements, et

 14   cetera. Vous souvenez-vous de cela ?

 15   R.  Lorsque nous sommes descendus des véhicules, c'est à ce moment-là que

 16   nous avons vu tout cela, et c'est à ce moment-là que j'ai croisé ces gens

 17   en très grand nombre qui venait de Srebrenica. Je n'ai jamais rien vu de la

 18   sorte. Je n'ai jamais vu autant d'objets. C'était très frappant. Je n'ai

 19   jamais vu des objets en tas comme ça et ceci indiquait justement que ces

 20   gens étaient très pauvres. Quelqu'un qui habitait la ville n'aurait jamais

 21   songé à porter de telles choses. Je ne pouvais pas être choqué puisque je

 22   faisais mon métier de journaliste. Mais je pense que j'ai fait un reportage

 23   là-dessus comme il se doit.

 24   Q.  Merci. D'après votre déclaration, les soldats néerlandais et serbes

 25   étaient venus en aide à ces personnes-là et les aidaient à rejoindre les

 26   autocars autant que possible. Cela se trouve à la page 20 de votre

 27   déclaration en anglais. Est-ce que vous avez dit cela au Procureur ?

 28   R.  Oui. Je peux peut-être même ajouter quelque chose. Si je devais faire

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  1   quelque chose, si j'étais soldat et que j'étais contraint de faire quelque

  2   chose et que je n'avais plus d'arme et que j'étais menacé, je n'aurais pas

  3   eu l'air aussi détendu.

  4   Q.  Dans la déclaration que vous avez faite au bureau du Procureur, j'ai

  5   trouvé une phrase qui a attiré mon attention. Cela se trouve à la page 21.

  6   Vous avez dit que lorsque vous étiez là, vous n'avez vu personne être

  7   maltraité, passé à tabac ou auquel on faisait subir des sévices. Est-ce que

  8   vous pouvez confirmer cela aujourd'hui également ?

  9   R.  Oui. Si vous avez -- à l'image un héros de guerre cela est très

 10   différent de ce que j'ai pu -- des choses que l'on voie dans un film c'est

 11   très différent de l'expression que j'ai pu voir sur le visage de M.

 12   Borovcanin et toutes les personnes qui étaient là qui avaient l'air très

 13   fatigué. Je n'ai pas entendu un seul soldat s'adresser à ces gens qui

 14   montaient à bord des autocars de façon dure. De toute façon, je l'aurais

 15   signalé dans mon article si cela avait été le cas.

 16   Q.  Merci. Pour en revenir au sujet que vous avez abordé donc sur cette

 17   vidéo de Potocari, que vous évoquez également dans votre déclaration, à la

 18   page 21, il y avait eu un problème avec un réservoir ou une citerne -- un

 19   camion citerne transportant de l'eau. Est-ce que l'on peut voir cette

 20   partie-là de votre vidéo, s'il vous plaît ?

 21   M. LAZAREVIC : [interprétation] Il s'agit, en fait, de la pièce P02047. Il

 22   s'agit d'une pièce à conviction et le numéro de la vidéo c'est le V000-

 23   4458.

 24   [Diffusion de la cassette vidéo]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que nous avons un problème.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais j'ai compris.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais attendez, il faut que nous

 28   comprenions également et nous avons besoin de revoir cette séquence.

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  1   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Je crois qu'il nous faut revoir cette

  2   séquence.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En tout cas, voir cette séquence parce

  4   que je crois que nous n'avons rien vu, en réalité.

  5   M. LAZAREVIC : [interprétation] C'est très important de voir un moment très

  6   précis de façon pour identifier les personnes qui figurent sur cette vidéo.

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8   M. LAZAREVIC : [interprétation] Veuillez vous arrêter ici, s'il vous plaît.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, lorsque vous voulez vous arrêter,

 10   je suppose que vous vous arrêtez sur l'image qui n'est pas la dernière que

 11   nous venons de voir et nous l'avons encore à l'écran --

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être que nous pouvons utiliser le

 13   logiciel Sanction; à ce moment-là, nous pourrions le visionner là-dessus.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce serait préférable, Monsieur

 15   Nicholls, parce que ce que nous voyons ici, en fait, n'a pas de rotateur,

 16   donc, on peut se -- pas d'horloge qui indique l'heure. Oui, pour le besoin

 17   du compte rendu, le compteur s'est arrêté à 2 heures 28 minutes 32.1.

 18   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaite remercier mes collègues de

 19   l'Accusation pour cela.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes un homme doux, Maître

 21   Lazarevic.

 22   M. LAZAREVIC : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Petrovic, sur cet arrêt sur image, on voit à gauche M.

 24   Borovcanin, et à droite on voit des membres du Bataillon néerlandais, bien

 25   évidemment, et entre les deux, nous voyons deux personnes. J'essaie de me

 26   concentrer sur ces deux personnes qui sont entre M. Borovcanin et le soldat

 27   néerlandais. Ma première question est celle-ci : comme vous nous l'avez

 28   dit, hormis M. Borovcanin, vous ne connaissiez personne d'autre à Potocari.

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  1   Peut-être que ceci est un petit peu mal placé comme question, mais pouvez-

  2   vous me confirmer que vous ne connaissiez pas ces deux personnes que nous

  3   voyons entre

  4   M. Borovcanin et le soldat néerlandais ?

  5   R.  Est-ce que je peux voir le texte qui va avec, s'il vous plaît, le sous-

  6   titre ? Je ne sais pas quand les interprètes ont terminé.

  7   Oui. Ma réponse est celle-ci. Je ne connais personne d'autre hormis M.

  8   Borovcanin. J'ai un commentaire à faire, qui peut peut-être vous aider. Les

  9   deux personnes qui se trouvent au milieu ont des brassards ou quelque chose

 10   qui semble indiquer que ces hommes faisaient partie d'une opération

 11   ancienne de l'opération en cours. Ces hommes ne faisaient pas partie de

 12   l'Unité de M. Borovcanin. On pouvait le distinguer par rapport à l'insigne

 13   qu'ils arboraient.

 14   Dans l'ex-Yougoslavie pendant la guerre, nous appelions cela les troupes

 15   locales ou ces personnes qui défendaient leur patrie, leur terre, et donc,

 16   c'étaient des gens qui n'ont pas quitté le terrain qu'ils défendaient.

 17   Peut-être que vous m'entendrez dire que je parle de l'eau sur cette vidéo,

 18   et ensuite, j'ai été interrompu parce que je me suis rendu compte du fait

 19   que l'eau posait problème. C'est quelque chose que l'on voit bien au début

 20   de cette vidéo.

 21   Q.  Je vous remercie de cette précision. J'ai encore deux questions à vous

 22   poser. J'essaie de vous demander si ces deux soldats voulaient emmener le

 23   camion citerne qui comportait de l'eau et voulaient l'emporter, et ceci

 24   appartenait à la FORPRONU, et c'est ce qu'on voit sur la vidéo et c'est la

 25   raison pour laquelle les membres du Bataillon néerlandais se sont

 26   interposés. Est-ce que vous vous souvenez de cela, c'est comme cela que les

 27   choses se sont passées ?

 28   R.  Oui. Il y avait un soldat néerlandais qui faisait de mettre et qui

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  1   semblait avoir très peur, si je puis le dire. Je crois qu'il avait peur des

  2   Serbes. De toute façon, M. Borovcanin s'est interposé, cela s'est bien

  3   passé parce que je n'ai pas filmé un tracteur qui partait avec un camion

  4   citerne contenant de l'eau. Si je me souviens bien, tout ceci est resté sur

  5   place, donc, il y a eu un accord entre M. Borovcanin et ce soldat

  6   néerlandais.

  7   Q.  Donc, d'après votre déposition, M. Borovcanin est allé voir les soldats

  8   pour leur demander de laisser ce camion citerne rempli d'eau à cet endroit-

  9   là; c'est exact ?

 10   R.  Oui. En tout cas, c'est comme ça que j'ai compris les choses lorsque je

 11   me suis trouvé sur les lieux, à ce moment-là.

 12   Q.  Merci. Une dernière question à propos de cet événement ou ces

 13   événements à Potocari. Lorsque vous étiez à Potocari, vous n'avez ni vu ni

 14   entendu dire que M. Borovcanin a donné des ordres à quelqu'un; c'est exact

 15   ? Ai-je raison de faire remarquer cela ?

 16   R.  Oui, c'est exact.

 17   Q.  Dans votre déclaration, lorsque vous avez parlé de Potocari et que vous

 18   avez dit avoir vu des membres de l'Unité spéciale de la Police de la

 19   brigade, et ceci se trouve à la page 27 de la déclaration que vous avez

 20   remise à l'Accusation. Vous en avez conclu, d'après cela, d'après les

 21   insignes ou écussons qu'ils arboraient sur leurs manches ?

 22   R.  Oui. C'était très facile de reconnaître cet insigne. On le voyait très

 23   clairement. Cet emblème ou insigne se distinguait très clairement des

 24   autres que l'on pouvait voir à Potocari à l'époque. Ils étaient beaucoup

 25   moins nombreux en uniforme ces gens-là que les gens que l'on voyait dans la

 26   région.

 27   Q.  Merci. Encore deux questions, et ensuite, nous allons passer à un autre

 28   sujet. Lorsque vous étiez à Potocari, vous n'avez jamais vu une séparation

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  1   physique des hommes, des femmes et des enfants, vous n'avez jamais vu

  2   quelqu'un à tirer ou tirer des hommes d'un côté, ou quelque chose de ce

  3   genre ?

  4   R.  Absolument pas. Nous sommes arrivés vers 14 heures 30, le 13 dans

  5   l'après-midi, et la seule chose qui aurait pu arriver, c'est quelque chose

  6   qui est arrivé avant mon arrivée. M. Nicholls m'a déjà posé une question à

  7   ce sujet à propos de la terrasse, où étaient assis les Musulmans avaient

  8   sans doute été séparés plus tôt, à savoir s'ils avaient été séparés, à ce

  9   moment-là. Non, parce que je l'aurais filmé. A l'époque où je suis arrivé,

 10   ils étaient déjà sur la terrasse et avaient déjà été séparés et je les ai

 11   filmés comme cela.

 12   Q.  Merci. J'ai remarqué quelque chose dans votre déclaration que vous avez

 13   remise au Procureur à la page 32, ça c'est le numéro de référence que je

 14   vous donne. J'ai remarqué que vous avez été surpris par le nombre d'enfants

 15   entre l'âge d'un et trois ans qui se trouvaient à Potocari lorsque vous

 16   êtes arrivé. Je suis sûr que vous vous souvenez de cette partie-là de votre

 17   déposition et déclaration.

 18   R.  La première idée qui m'est venue lorsque je me suis entretenu avec

 19   Lacoste, qui est un géopoliticien, qui m'a parlé de la guerre démographique

 20   ou qui m'a parlé de guerre démographique, autrement dit, lorsque -- et

 21   donc, en fait, il s'agit -- cet homme parlait de l'augmentation

 22   considérable de la population afin de réaliser ces objectifs. Moi, j'étais

 23   très choqué de constater qu'il y avait un nombre important d'enfants entre

 24   ces âges-là. La petite enfance entre un et trois ans. De petits enfants,

 25   des bébés. Là, nous avons pu voir des personnes qui mouraient de faim

 26   quasiment, ils n'avaient pas suffisamment à manger, donc, j'ai cru que

 27   c'était des images absolument incroyables dont j'ai été le témoin.

 28   Vous savez comment les petits enfants sont, en général, ils sont mignons,

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  1   ils sont bons à regarder, ce n'était pas des enfants du Darfour, ils

  2   n'étaient pas maigres, et ceci m'a frappé parce que, lorsque j'ai regardé

  3   certaines données des éléments d'information, par la suite, il y avait

  4   quelque 5 000 à 6 000 entre 1993 et 1995, par exemple.

  5   Q.  Merci de votre réponse, mais pour compléter le compte rendu, à la page

  6   9, ligne 24, si j'ai bien entendu votre réponse, vous avez dit : "Qu'il y

  7   avait des gens qui mourraient de faim."

  8   R.  Non, non, moi, je n'étais pas là, mais certains ont pu rentrer avec le

  9   général Morillon. Mais, moi, je n'avais pas ce type de rapport avec lui,

 10   mais il y avait un journaliste américain qui est entré, c'est quelque chose

 11   qui était déjà connu du public. Il y avait beaucoup d'articles, de récits

 12   qui avaient été racontés à propos de Srebrenica.

 13   Donc, si on disait qu'il y avait une population de 40 000 et que 10

 14   000 personnes portaient les armes, à ce moment-là, 6, 7 ou

 15   8 000, ce qui correspond à un tiers de la population, un tiers de la

 16   population était des nouveaux-nés ou des touts petits enfants. Donc, si on

 17   devait analyser ces données démographiques, ceci ne correspond pas à ce que

 18   l'on racontait à propos de Srebrenica. 

 19   Q.  Donc, pièce suivante. La pièce suivante va peut-être nous aider à faire

 20   la clarté sur tout ceci de façon à ce que nous puissions avoir une image

 21   claire de ce qui s'est passé, en réalité. C'est un document qui est daté du

 22   11 janvier 1995 et qui a été préparé par l'état-major municipal de la

 23   protection civile de Srebrenica et passe en revue les différents foyers sur

 24   place. Je souhaite maintenant montrer ce document dans le système

 25   électronique du prétoire. Le 4D127, s'il vous plaît.

 26   M. LAZAREVIC : [interprétation] Il serait bien d'agrandir cette page et

 27   montrer au témoin la partie inférieure de la page.

 28   Q.  Alors, Monsieur Petrovic, on peut avoir une idée générale sur la base

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  1   de ce document en ce qui concerne la structure d'âge et de sexe de la

  2   population. On voit en bas la colonne, la ligne M, ça veut dire les

  3   personnes de sexe masculin, et ensuite, l'âge, et au-dessus de l'âge de 18

  4   ans, il y en a 6 294. Pourriez-vous le confirmer ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Bien. Ensuite, le sexe féminin indiqué dans ce tableau par un Z, on

  7   voit intitulé de la colonne numéro 4, jusqu'à l'âge de 18 ans, il y est

  8   indiqué 5 706. Pourriez-vous confirmer que c'est bien cela qui est inscrit

  9   dans ce tableau ?

 10   R.  Oui.

 11   M. LAZAREVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant afficher le haut

 12   de ce document ? Merci.

 13   Q.  On voit également un tableau en haut de la page, première colonne, la

 14   population au total 36 051.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Étant donné qu'il s'agit d'un document qui émane du QG de la protection

 17   civile de Srebrenica et qu'il émane, qu'il est en date du 11 janvier 1995,

 18   donc, il pourrait y avoir quelques différences par rapport à la situation

 19   sur le terrain mais on peut conclure sur la base de ce tableau qu'un tiers

 20   de la population à Srebrenica avait moins de 18 ans; êtes-vous d'accord

 21   avec ce que je viens de dire ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Bien. Alors, ce chiffre que vous avez mentionné, 7 à 8 000

 24   personnes ou enfants de moins de trois ans, ça ce n'est pas tout à fait

 25   précis.

 26   R.  Non, non, certainement pas, mais je voulais tout simplement illustrer

 27   ce que j'ai ressenti en les voyant, les impressions très fortes que j'ai

 28   ressenties en les voyant.

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  1   Q.  Bien. Alors, j'aimerais maintenant passer à un autre thème. Après avoir

  2   quitté Potocari, le 13, selon la déclaration faite au bureau du Procureur

  3   et vous y êtes resté une demi-heure à une heure, page 30 de votre

  4   déclaration. Ensuite, vous vous êtes rendu à Bratunac, en direction de

  5   Bratunac et emprunter la route menant vers Konjevic Polje, Kravica, et

  6   cetera, et cetera; cela est-il exact ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Si j'ai bien compris votre déposition sur la portion de cette route que

  9   vous avez nommée la source de Kravica ou Sandici, puis, il y avait une

 10   maison en ruine et un champ, qu'à côté de cette route où il y a eu un

 11   terrain un peu plus large que vous vous êtes arrêté là-bas et que vous avez

 12   filmé des membres de la Brigade de la Police spéciale s'y trouvant et

 13   quelques Musulmans ?

 14   R.  Oui, si je me souviens bien de cela.

 15   Q.  A cette occasion-là, vous avez filmé deux jeunes hommes portant des

 16   uniformes. L'un avec les insignes de Brigade de la Police spéciale, je

 17   pense que vous vous souvenez de cet extrait où ce jeune homme dit : "Boro,

 18   veux-tu qu'on échange le pistolet ?"

 19   R.  Oui.

 20   Q.  A ce moment-là, vous avez filmé la reddition de cette partie-là de ce

 21   petit territoire autour de la source ?

 22   R.  Oui. J'ai tout filmé à ce moment-là.

 23   Q.  Bien.

 24   M. LAZAREVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant qu'on examine une

 25   pièce que nous avons déjà vue hier. P02986 page 52. Il s'agit de la

 26   photographie B. Il s'agit de la photographie B et non pas D comme s'est

 27   consigné au transcript, au compte rendu de l'audience.

 28   Q.  Vous souvenez-vous d'avoir déjà vu cette photographie hier. Ce qui

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  1   intéressait le Procureur concernait la voiture, mais, moi, je suis

  2   intéressé par toute autre chose. Si on examine bien cette photographie et

  3   si on regarde tranquillement l'enregistrement que vous avez fait et je

  4   pense que ce n'est pas la peine d'y revenir maintenant, on a l'impression

  5   que cette image a été filmée de loin et que vous avez tout simplement zoomé

  6   ?

  7   R.  Oui, c'est exact. J'ai déjà dit qu'il s'agissait d'une caméra huit

  8   millimètres qui normalement n'est pas utilisée pour un usage professionnel.

  9   Q.  Vous n'êtes par rapproché pour voir qui était la personne portant le

 10   casque bleu qui était en train de discuter avec

 11   M. Borovcanin, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, c'est exact, parce que je ne me suis pas rendu compte 

 13   qu'il y avait quelque chose de particulièrement intéressant. Donc, je n'ai

 14   pas cherché à m'approcher de cette scène. J'étais attiré par autre scène,

 15   ce jeune homme qui proposait d'échanger son pistolet, et cetera. Donc,

 16   cette scène-là, je la trouvais intéressante, je me suis approché pour l'a

 17   filmer, alors que celle-ci c'était quelque chose tout à fait banal. Ça ne

 18   m'intéressait pas particulièrement.

 19   Q.  Bien. Mais je voulais seulement savoir si vous êtes capable

 20   d'identifier cette personne et nous dire à quelle unité il appartenait ?

 21   R.  Non, je ne connais pas cette personne.

 22   Q.  Merci, Monsieur le Témoin.

 23   M. LAZAREVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aurais besoin de

 24   l'aide du Procureur parce que notre système Sanction ne marche très bien.

 25   Peut-être que Mme Stewart pourrait nous aider et montrer un extrait de

 26   l'enregistrement vidéo.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je suis sûr qu'ils le feront pour

 28   vous.

Page 18857

  1   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, ils savent déjà de quel extrait il

  2   s'agit. Pour les besoins du compte rendu, je vous informe qu'il s'agit de

  3   la pièce à conviction P02047, et sur le compteur, ça va de 02:47:45 à

  4   02:48:12.

  5   [Diffusion de la cassette vidéo]

  6   M. LAZAREVIC : [aucune interprétation]

  7   Q.  Ce sont-ils tous rendus ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Mais à Belgrade, quand on entend ces chiffres, on dit : vous exagérez ?

 10   R.  Peut-être que c'est exagéré, mais c'est leur nombre véritable. Oui.

 11   Bon.

 12   Q.  Très bien. Je souhaitais vous présenter cet extrait de votre

 13   enregistrement dans votre reportage parce que c'est quelque chose dont vous

 14   avez parlé avec les représentants du Procureur, page 5 -- 82 de votre

 15   déclaration.

 16   S'agissant de cette information avancée par ce soldat qui mentionne

 17   qu'environ 3 à 4 000 soldats se soient rendus, vous lui demandez : mais

 18   vous ne pensez pas que c'est exagéré ?

 19   Il vous dit : oui, c'est peut-être exagéré.

 20   Mais à votre avis, dans quelles mesures cette information-là, donc,

 21   ce chiffre mentionné par le soldat, correspondait-il à la vérité ?

 22   R.  Je ne vois plus le compte rendu affiché sur l'écran. Je m'excuse,

 23   j'aimerais bien le voir.

 24   Lors de l'entretien, je crois que c'est exactement ce chiffre-là que j'ai

 25   utilisé. Mais à ce moment-là quand cette personne me parle, elle avance ce

 26   chiffre sur la base des rumeurs et il s'agit d'un jeune homme originaire de

 27   cette région qui est chargé de surveiller une portion très, très petite de

 28   la route. Il ne peut pas savoir grand-chose à cet instant-là même Mladic

Page 18858

  1   aurait été incapable de vous dire de quel nombre il s'agissait exactement.

  2   Mais j'ai laissé cet enregistrement, je l'ai inclus dans mon reportage pour

  3   démontrer dans quelle mesure toutes ces évaluations ont été approximatives

  4   et arbitraires.

  5   Q.  Oui. Bien. Compte tenu du fait que vous vous êtes rendu à Sandici, que

  6   vous avez vu des personnes, des hommes rassemblés sur un champ de Sandici,

  7   pourriez-vous nous dire, à votre avis, de combien de personnes il était

  8   question à ce moment-là ?

  9   R.  J'avais l'impression qu'il y avait suffisamment de personnes pour

 10   remplir un car. Si on prenait des enregistrements faits par les satellites

 11   à l'époque, et on sait qu'ils sont extrêmement précis, je pense que cela

 12   corroborerait ce que je suis en train de dire et ça m'étonne de voir que

 13   ces enregistrements-là ne sont pas utilisés devant ce Tribunal.

 14   Q.  Bien. Ce qui m'intéresse c'est votre propre évaluation de leur nombre.

 15   Bien. Encore une question portant sur le champ de Sandici. Vous étiez libre

 16   de filmer ces personnes-là. M. Borovcanin ne vous a jamais dit : ne filmez

 17   pas ce qui se passe ici, ne filmez pas ces gens-là. Cela est-il exact ?

 18   R.  Je dois vous rappeler quelque chose. Je l'ai déjà dit tout à l'heure à

 19   M. Nicholls. A l'époque, j'avais déjà eu deux expériences avec cette unité

 20   pendant la guerre. J'étais journaliste professionnel, je n'avais pas besoin

 21   d'avoir quelqu'un sur ma tête qui serait là en train de suivre mes pas et

 22   de me surveiller. S'il m'avait autorisé à filmer, je savais comment il

 23   fallait faire, il ne fallait pas me donner des consignes supplémentaires.

 24   Je n'en n'avais pas besoin.

 25   Q.  Bien. Merci beaucoup.

 26   Page 46 du compte rendu d'hier, j'ai vu que vous avez déclaré avoir entendu

 27   tellement de rumeurs selon lesquelles certaines personnes se trouvaient, à

 28   ce moment-là, sur ce champ et auraient été tuées. Vous avez mentionné une

Page 18859

  1   personne s'appelant Ramo. 

  2   Alors, après avoir vu tout cela pendant ces deux jours, et après tout ce

  3   que vous avez vécu pendant ces deux jours, pensez-vous encore aujourd'hui

  4   que M. Borovcanin à ce moment-là ignorait leur sort, qu'il ne savait pas, à

  5   ce moment-là, ce qui allait se passer avec eux, qu'en fait, qu'il ne savait

  6   pas que ces gens-là, se trouvant sur le champ, allaient être tués ?

  7   R.  En tant qu'homme et journaliste de profession, j'en suis convaincu --

  8   très profondément convaincu.

  9   Q.  Merci.

 10   R.  Je peux éventuellement vous expliquer quelque chose, si vous le

 11   permettez. Rien de ce que j'ai vu n'indiquait que quelque chose allait se

 12   passer de tel. A cette époque-là, j'avais déjà derrière moi 20 ans, plus de

 13   20 ans d'expérience, et j'aurais senti quelque chose, mais vraiment il n'y

 14   avait rien, rien qui indiquait que de tels événements pourraient se

 15   produire.

 16   Q.  Bien. Nous allons maintenant en finir de ce champ de Sandici et les

 17   questions portant sur Sandici. Nous allons passer maintenant sur le hangar

 18   de Kravica, les images des corps devant cet endroit. Cela ne vaut pas la

 19   peine de vous présenter de nouveau cet extrait ce que vous avez déclaré au

 20   sujet de cet extrait figure à la page 236 de votre déclaration. J'aimerais

 21   simplement vous poser une question et vous demandez de me confirmer un

 22   élément.

 23   En passant à côté du hangar à Kravica, à l'époque, vous n'avez pas vu les

 24   soldats qui s'y trouvaient ouvrir le feu en direction du hangar, c'est-à-

 25   dire tirer sur les portes ou les fenêtres du hangar.

 26   R.  Oui, oui, je le confirme. J'en suis absolument certain. Il s'agit d'un

 27   extrait qui dure quelques secondes seulement après qu'on agrandit et cet

 28   enregistrement si on l'agrandit et si on le regarde au ralenti, c'est à ce

Page 18860

  1   moment-là qu'on voit ces personnes-là -- ces gens-là apparaître. Mais, moi,

  2   où j'ai filmé, ça je ne m'en suis même pas rendu compte, c'est après que

  3   j'ai aperçu cette personne-là sur l'enregistrement.

  4   Q.  Bien. Moi aussi. Alors, la nuit du 13 au 14, vous l'avez passé à

  5   Bratunac. Dans la déclaration faite au bureau du Procureur, page 77, à

  6   Bratunac, même vous avez passé la nuit, vous n'avez pas entendu de tirs ?

  7   R.  Non. C'est vrai. Je n'en n'ai pas entendu.

  8   Q.  Bien. J'aimerais maintenant aborder un autre thème. Vous avez déclaré

  9   qu'ensemble avec M. Borovcanin vous vous êtes rendu le lendemain des

 10   événements de Srebrenica à Zeleni Jadar. Vous avez pu filmer M. Tomislav

 11   Kovac et les autres. Vous souvenez-vous d'avoir déclaré ceci ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  -- mon attention hier, c'est-à-dire, chose que vous ne trouvez pas

 14   particulièrement important - page 72 du compte rendu. Vous avez déclaré

 15   qu'à cette occasion, le 14, le jour où vous vous êtes rendu à Zeleni Jadar

 16   à Srebrenica, que vous étiez accompagné d'un chauffeur, conducteur. D'après

 17   les informations dont nous disposons, le chauffeur de M. Borovcanin, ce

 18   jour-là, se trouvait ailleurs et s'occupait -- il transportait une autre

 19   personne. Dans cet enregistrement, on voit trois personnes. Il y a

 20   certainement eu un chauffeur mais peut-être accepterez-vous la possibilité

 21   qu'il y ait eu une autre personne et non pas son chauffeur attitré ?

 22   R.  Oui, bien sûr. Comme je vous ai déjà dit tout à l'heure, que j'étais

 23   tout seul là-bas et j'étais censé faire tout seul mon travail, et je devais

 24   me concentrer sur des choses les plus importantes. Evidemment, je permets

 25   absolument la possibilité que le chauffeur, le premier et le troisième

 26   jour, n'ait pas été le même.

 27   Q.  Bien. Page 106 de la déclaration faite au bureau du Procureur, vous

 28   avez déclaré que vous étiez à Zeleni Jadar ensemble avec M. Borovcanin et à

Page 18861

  1   Srebrenica. En répondant à une question posée par le Procureur, vous avez

  2   dit que : "M. Borovcanin ne rendait pas compte à M. Kovac et que, selon

  3   vous, cela était tout à fait normal, tout à fait professionnel parce que

  4   vous considérez qu'il n'allait pas faire une telle chose devant un tiers,

  5   une personne qui n'était pas concernée par ce qui se passait."

  6   R.  Bien évidemment, je vous rappelle et j'attire votre attention sur le

  7   reportage. Quand nous sommes arrivés un policier, peut-être un chef local,

  8   c'est lui - et on peut le voir - qui rencontre -- qui fait un rapport au

  9   ministre. Si je me souviens bien, Ljubisa, il a fait que saluer les

 10   présents, comme je l'ai fait moi et tous les autres. Tout simplement, il ne

 11   s'agissait pas de son territoire là où il avait des compétences -- où il

 12   pouvait exercer ces compétences du chef de la police. Il n'était pas chez

 13   lui.

 14   Q.  Bien. Merci. Hier, on a eu quelques problèmes liés à l'interprétation

 15   parce qu'on s'est chevauché parce qu'on allait trop vite, et cetera. Mais,

 16   hier, vous avez déclaré, si je ne me trompe, qu'en arrivant à Srebrenica,

 17   que vous étiez capable -- que vous pouviez circuler à Srebrenica librement

 18   sans être escorté, que

 19   M. Borovcanin ne vous accompagnait pas partout.

 20   R.  Bien évidemment.

 21   Q.  Bien. Il y a eu des moments où M. Borovcanin -- des moments, en fait,

 22   pour lesquels vous ne savez pas ce que

 23   M. Borovcanin faisait, qui il rencontrait, à qui il parlait ?

 24   R.  Oui, c'est exact.

 25   Q.  Bien. Encore des détails que j'aimerais mettre au clair avec vous,

 26   quelque chose de pas suffisamment clair a été consigné au compte rendu

 27   hier, alors, je ne sais pas s'il s'agit d'un problème de traduction ou

 28   autre chose. Nous avons mettre cela au clair maintenant.

Page 18862

  1   Il s'agit d'un certain Lukic mentionné à la page 69 du compte rendu.

  2   Si j'ai bien compris, vous avez mentionné ce Lukic dans le contexte d'un

  3   petit déjeuner où vous êtes rendu ensemble avec

  4   MM. Kovac et Borovcanin. Alors, on voit dans le compte rendu la mention de

  5   "Belgrade," et on a l'impression que ce petit déjeuner a eu lieu à

  6   Belgrade.

  7   R.  Ah, non, non, non, non. Il s'agissait d'un petit déjeuner qui a eu lieu

  8   à Bratunac avant le départ pour Belgrade.

  9   Q.  Bien. Merci. J'avais l'impression que ça devait être cela mais j'ai

 10   surtout voulu vous donner l'occasion à vous-même de corriger le compte

 11   rendu.

 12   A cette occasion-là, M. Borovcanin, Kovac et les autres, c'étaient tous des

 13   hommes de la police. Est-il possible que le nom de famille de cette

 14   personne que vous avez mentionnée qu'il est faux, en fait, que vous ayez

 15   mal retenu son nom, qu'il ne s'agissait pas là du  [imperceptible] Lukic,

 16   mais de quelqu'un d'autre ?

 17   R.  C'est possible. Je permets cette possibilité, mais je pense que j'ai dû

 18   noter quelque part le nom de Lukic dans -- parce que je souhaitais aider ce

 19   Tribunal. Peut-être que M. Nicholls se référait à Lukic, que lui, il

 20   pensait à Lukic de Visegrad. Moi-même, j'ai entendu beaucoup de mal sur

 21   cette personne, sur ce Lukic de Visegrad, mais s'il y a eu un Lukic lors de

 22   ce petit déjeuner, ce n'était pas certainement pas celui de Visegrad.

 23   Q.  Bien. Merci beaucoup. Je pense que le Procureur non plus n'a plus de

 24   doute au sujet de cette personne.

 25   Cette réponse nous est utile à tous.

 26   Encoure une question pour conclure. Vous avez déjà parlé de cela dans le

 27   cadre de votre entretien au bureau du Procureur. Mais quand M. Borovcanin

 28   est venu vous voir en 2002 et vous a demandé de fournir une déclaration au

Page 18863

  1   sujet de ces événements, afin de contribuer au procès se déroulant devant

  2   le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, à cette occasion-là,

  3   vous a-t-il demandé de dire seulement la vérité, rien que la vérité sur les

  4   événements dont il est question ?

  5   R.  Oui. Oui. Il a dit très clairement, très clairement, très précisément.

  6   Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai immédiatement accepté sans hésitation. Je

  7   voudrais, si possible, l'aider davantage encore plus que maintenant parce

  8   que j'ai eu l'impression, à l'époque, qu'il s'agissait d'un nombre de

  9   qualités morales très, très hautes.

 10   Q.  Bien. Je suis sûr que mon client est très sensible à ce que vous de

 11   dire, et je vous en remercie en son nom.

 12   A cette occasion-là, vous avez offert à M. Borovcanin un exemple de

 13   votre livre et vous avez dédicacé ce livre.

 14   R.  S'il s'agit de 2002, hiver 2002, alors, oui, il pourrait s'agir

 15   de mon livre intitulé : "Al Qaeda, la comintern [phon] verte contre la

 16   civilisation judéo-chrétienne." Je suis très fier de ce livre dont je suis

 17   l'auteur. Ce livre en fait partie -- est parmi le fond du livre de la

 18   bibliothèque de congrès à Washington, et ce n'est pas moi qui l'ai envoyé

 19   là-bas. Je vous le garantis. Comme

 20   M. Borovcanin a été, à mon avis, intéressé par ce thème, alors, je lui ai

 21   tout simplement offert ce livre.

 22   Q.  Bien. Encore une question portant sur une portion de votre déclaration

 23   faite au Procureur. Page 258. Vous avez déclaré : "Si Ljubisa avait fait

 24   quelque chose, qu'alors là, il faudra croire que vous-même aussi avez fait

 25   des choses qui méritent, qu'il faut que vous méritiez également d'être

 26   jugé." Pour quelle raison avez-vous déclaré cela ?

 27   R.  Pendant ces 40 et quelques heures que j'ai passées avec lui sur le

 28   terrain, je n'ai rien vu de tel, rien qui indiquerait la possibilité que

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  1   cette personne pourrait faire quelque chose comme ça. Si c'était un tel

  2   homme déjà, je n'aurais jamais demandé à un tel service, je n'aurais jamais

  3   travaillé avec lui en tant que journaliste et maintenant devant le

  4   Président de la Chambre,

  5   M. Agius, et les autres Juges de la Chambre, je peux dire avec la certitude

  6   la plus absolue que si, à l'époque où je me trouvais là-bas, s'il avait

  7   commis un crime quelconque, alors, moi, j'en suis également responsable, et

  8   vous pouvez me garder ici en détention, j'en suis responsable aussi.

  9   Q.  Merci beaucoup, Monsieur le Témoin. Je n'ai plus de questions pour

 10   vous.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Krgovic, vous avez la parole.

 12   Contre-interrogatoire par M. Krgovic : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Petrovic.

 14   R.  Bonjour.

 15   Q.  Je m'appelle Dragan Krgovic et c'est avec David Josse que je défends

 16   les intérêts du général Gvero, et j'ai dans ce cadre l'intention de vous

 17   poser quelques questions. Nous parlons la même langue, faisons l'impossible

 18   pour ne pas nous chevaucher parce que le même problème se pose lorsque Me

 19   Lazarevic vous a posé ses questions. Essayons de respecter ces règles.

 20   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à Me Krgovic de ne pas parler trop

 21   loin du micro.

 22   M. KRGOVIC : [interprétation] Est-ce que c'est mieux

 23   maintenant ?

 24   L'INTERPRÈTE : Oui.

 25   M. KRGOVIC : [interprétation] Fort bien.

 26   Q.  Monsieur, d'abord, une précision. En réponse à une des questions de Me

 27   Lazarevic - lignes 22 et 23, page 7 - vous avez décrit ce soldat

 28   néerlandais qui faisait près de deux mètres, et vous avez dit qu'il avait

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  1   l'air effrayé. Enfin, est-ce qu'il y avait là une nuance de sarcasme ou

  2   d'ironie. Nous, nous saisissons toutes ces nuances mais sans doute que ceci

  3   n'a pas été répercuté au compte rendu d'audience. Est-ce que vous pourrez

  4   étoffer ce propos qui était le vôtre ? Qu'avez-vous pensé de son aspect de

  5   son comportement ?

  6   R.  Merci de me le demander parce que moi j'ai pratiquement dit ceci entre

  7   guillemets pour ainsi dire. J'ai dit qu'il était un peu déboussolé, qu'il

  8   était effrayé. Mais quand j'ai dit ça c'était avec un brin d'ironie,

  9   j'étais ironique. Si vous regardez ces images, vous verrez ce que je

 10   voulais dire. Ce n'était qu'une illustration de plus de mon impression. Je

 11   n'ai pas vu un seul soldat néerlandais qui avait peur. Je les ai tous vus

 12   travailler à évacuer les gens, à coopérer avec les Serbes. Si quelqu'un a

 13   peur, il n'a pas le même comportement. Il y avait un soldat néerlandais qui

 14   buvait un verre de lait. Quand on a peur, on ne boit on ne mange pas.

 15   Q.  Merci. Je suis d'accord avec vous là-dessus. Passons à un autre sujet.

 16   Lorsque vous avez fourni cette déclaration vous avez dit qu'au cours de

 17   cette journée passée à Bratunac, vous aviez rencontré deux personnes dans

 18   la rue. Est-ce que vous pourriez me dire --apparemment, c'étaient des

 19   journalistes. Pourriez-vous nous dire qui c'était précisément ?

 20   R.  Maintenant, vous voyez à quoi sert ce bout de papier que j'ai dans les

 21   mains parce qu'à l'époque, j'ai écrit ceci : "Il y avait The Independent,

 22   Peter Block, et aussi Braco Grubacic." Quand je parle de "The Independent,"

 23   je parle du quotidien britannique. Il était avec Braco sur Bratunac, et là,

 24   j'ai écrit ce texte publié du 21 janvier, sans doute qu'il a publié avant,

 25   et le titre c'était : "Massacre dans un champ de Bosnie, les pieds dans le

 26   sang." Page 46.

 27   Ce sont les deux hommes que j'ai rencontrés. Nous nous sommes salués car je

 28   connaissais Braco, c'est un collègue de travail.

Page 18866

  1   Q.  Vous avez parlé de Braco Grubacic, il était rédacteur en chef et

  2   propriétaire du V.I.P. C'était une espèce de magazine d'information, mais

  3   pourriez-vous nous dire quel genre de magazine c'était véritablement ?

  4   R.  Ce n'était pas véritablement un magazine. C'est une espèce édition

  5   spéciale réservée ou destinée aux étrangers à Belgrade. Vous en avez aussi

  6   à Zagreb, à Sarajevo, ailleurs, qui donne des informations dignes de foi.

  7   Une synthèse, si vous voulez, des informations les plus importantes de la

  8   journée, de sorte qu'un étranger pourra ainsi voir les moments forts de la

  9   journée et vous aviez aussi des clients, d'hommes d'affaires qui s'en

 10   servaient.

 11   Ce journal V.I.P, ou ce magazine a très bonne réputation. La preuve

 12   en est que Braco Grubacic pendant toute la durée de la guerre a sans doute

 13   été un des Serbes les plus interviewés par les médias occidentaux. On

 14   estimait que l'analyse qu'il fournissait était très bonne.

 15   Q.  L'information qu'il fournissait était-elle digne de foi ?

 16   R.  Oui, c'est ce qu'on pensait. J'ai lu certains de ces articles pas tous,

 17   bien entendu, mais je peux vous dire qu'ils étaient de très bon niveau.

 18   Q.  Peut-on maintenant afficher la pièce 6D195 ?

 19   Monsieur Petrovic, vous avez ici un numéro de ce magazine. C'est le numéro

 20   du 31 juillet 1995. Est-ce que c'est bien de ce magazine que vous parliez ?

 21   R.  Oui, mais ce numéro-ci ou cet article-ci plus précisément je ne l'ai

 22   pas lu.

 23   Q.  Je voulais simplement vous demander une confirmation, vous demander si

 24   ce magazine est en rapport avec cet homme que vous avez vu à Bratunac ?

 25   R.  Oui, maintenant, l'adresse est différente. Le siège de cette

 26   publication est sur la place de la République.

 27   Q.  Fort bien. Je n'ai plus besoin de ce document. 

 28   Passons à un autre sujet que vous avez effleuré pendant l'interrogatoire

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  1   principal. Nous avons vu les images que vous avez filmées ici dans ce

  2   prétoire, ce qui m'intéresse plus particulièrement c'est le temps que vous

  3   avez passé à Srebrenica le lendemain. C'est ce film du 14 juillet, filmé

  4   pendant la journée.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  J'ai regardé l'aspect qu'avait ce jour-là à Srebrenica, ce que vous

  7   avez filmé, des bâtiments du centre ou des rues principales. Je demande

  8   ceci parce que moi, quand j'ai regardé ces images, l'impression que j'en ai

  9   eue c'est que Srebrenica était assez bien conservé, que je n'ai pas vu de

 10   maison récemment détruite ou de traces manifestes, visibles de pilonnage où

 11   que ce soit. Alors, est-ce que ceci correspond bien à ce que vous, vous

 12   avez sur place ce jour-là ?

 13   R. Mais Srebrenica c'est ce qui a vraiment beaucoup attiré les médias. Bon,

 14   encore, c'est beaucoup plus petit que Sarajevo mais c'est un peu pareil et

 15   rappelez-vous on a dit que cinq millions d'obus étaient tombés sur

 16   Sarajevo. S'il y en avait eu autant il ne resterait plus rien de Sarajevo.

 17   Or, Sarajevo est toujours là. Alors, ce qui est intéressant ici c'est que

 18   cette opération n'a pas duré très longtemps. Elle a commencé, je pense, le

 19   5 ou le 6, mais, manifestement, ceux qui défendaient Srebrenica sont partis

 20   très vite, abandonnant tout, et vous verriez sur les images que c'est filmé

 21   des traces d'impact, mais ce sont des traces assez vielles, on le voit

 22   quand on voit la texture des revêtements des murs.

 23   Mais dans mes images, vous voyez que nous ne parlons -- on ne peut

 24   pas voir ce qu'on voit à Sarajevo ou à Zagreb. Dès le mois de juillet, les

 25   gens avaient déjà été cherchés tout le bois de chauffage dont ils auraient

 26   besoin, l'hiver, qui n'allait arriver que deux ou trois mois plus tard.

 27   Donc, c'étaient des gens assez industrieux. Et s'il n'y avait eu des tirs

 28   des combats sérieux, je n'aurais pas pu vous montrer sur ces images l'état

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  1   de cette ville. Il y avait beaucoup de bâtiments intacts qui ne

  2   présentaient aucun problème.

  3   Q.  Vous avez fait des reportages de Vukovar et des champs de bataille de

  4   toute la Yougoslavie. Vous savez que quand une ville a été pilonnée --

  5   détruite; vous savez à quoi ça ressemble. Alors, est-ce que Srebrenica vous

  6   a donné l'impression d'avoir subi des pilonnages de centaines d'obus

  7   pendant de nombreuses journées.

  8   Est-ce là l'impression que vous avez eue ? Aux questions des obus, des

  9   mines.

 10   R.  Moi, je suis arrivé trois jours après. De ce fait, je n'aurais pas pu

 11   capter -- saisir ce genre d'atmosphère. Ce que j'ai dit c'est que je n'ai

 12   pas vu de nouvelles traces, hormis celles que j'ai mis qui remontaient à

 13   deux ou trois ans.

 14   Q.  Donc, tous les reportages qui disent qu'il y a autant d'obus qui sont

 15   tombés sur Srebrenica ce serait un mensonge pur et simple ?

 16   R.  Je suis journaliste de profession, si je m'étais trouvé dans une

 17   rédaction de journal à Srebrenica, si j'avais raconté ça, j'aurais eu peur

 18   -- honte de sortir.

 19   Q.  Vous répondiez à des questions du bureau du Procureur, ceci se trouve à

 20   la page -- un instant. Page 102 et à la page suivante, vous dites : "Avoir

 21   vu à Zeleni Jadar et à Srebrenica des traces de coups récents, de

 22   pilonnages récents et qu'il y avait aussi des lieux où il y avait des

 23   incendies." Où se trouvaient-ils ces lieux ?

 24   Parce que quand vous avez répondu aux questions du Procureur, vous avez dit

 25   qu'il y avait encore des feux qui brûlaient. Où est-ce que vous les avez

 26   vus ces feux ?

 27   R.  Quand on veut aller de Srebrenica à Zeleni Jadar, il y a une usine, et

 28   puis, il faut prendre la route en lacet, et vraiment la pente est raide, et

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  1   c'est tout près de cette usine. Il y avait deux maisons plus loin c'était

  2   peut-être là que se trouvait un carrefour, un poste de contrôle, je ne sais

  3   plus exactement. Je ne me souviens pas des détails, mais c'était à

  4   plusieurs kilomètres, donc, je ne sais pas la distance qu'il y a entre

  5   Zeleni Jadar et la ville, mais, en tout cas, il y a pas mal de kilomètres.

  6   C'est du côté de l'endroit où se développe l'armée serbe et il y avait des

  7   lignes de défense qui ont été rapidement abandonnées et les combattants

  8   musulmans se sont partis vers les bois. C'est là que j'ai pu filmer des

  9   images où il y avait des feux, des incendies. Mais en ville, il n'y en

 10   avait pas, en ville j'ai vu autre chose. J'ai vu des gens qui partaient,

 11   qui s'enfuyaient de leurs maisons, qu'il y avait un chaos complet qui

 12   régnait dans la rue mais, sinon, la ville était en bon état.

 13   Q.  Sur ces images, je n'ai vu aucune trace de bris de verre, de fenêtres

 14   qui se seraient brisées; est-ce que vous vous souvenez s'il y en avait ?

 15   Est-ce que c'était quelque chose que votre camarade n'a pas capté ?

 16   R.  Si j'avais vu ce genre de chose comme tout autre journaliste, je

 17   l'aurais vu, et j'aurais marcher sur du verre parce que, quand on voit des

 18   bris de verre, on peut se dire qu'il y a eu des destructions causées par la

 19   guerre, mais je n'ai pas vu de vitres brisées, de bris de verre provoqués

 20   par des explosions.

 21   Q.  J'ai constaté une chose : il y avait plusieurs fenêtres recouvertes

 22   d'une couche de plastique. Je ne sais pas exactement ce que c'était, mais

 23   c'était du plastique, du nylon.

 24   R.  Sans doute que ça remontait aux années 1992-93, pendant la guerre. Je

 25   me souviens, quand j'ai été en Israël dès qu'on craignait une attaque, on

 26   couvrait les fenêtres, on utilisait des bandes de papier collant pour

 27   essayer de protéger et de renforcer les vitres. Mais je ne comprends ce que

 28   vous me demandez à propos du verre.

Page 18871

  1   Q.  Vous avez dit que vous avez remarqué qu'il y avait ces pellicules de

  2   plastique qui avaient été posées sur les fenêtres.

  3   R.  Oui. C'était tout à fait remarquable à Srebrenica et ce n'était pas,

  4   manifestement, les Serbes qui avaient fait ça en l'espace de deux jours,

  5   c'étaient des gens qui rentraient dans leurs appartements.

  6   Q.  Hier, vous avez parlé avec le Procureur de cet article que vous avez

  7   publié après votre retour à Belgrade. A cet égard, j'aurais quelques

  8   questions.

  9   M. KRGOVIC : [interprétation] Je vais demander que la pièce suivante P469

 10   soit affichée par le système du prétoire électronique. 

 11   Page 2, s'il vous plaît. En anglais, il s'agit des pages 2 et 3. Ça

 12   commence en bas de page 2 et ça se poursuit à la troisième page.

 13   Q.  Monsieur Petrovic, j'ai écouté très attentivement les réponses que vous

 14   avez fournies au Procureur quand vous parliez des sources utilisées pour la

 15   rédaction de cet article, et vous avez dit que, pour la plupart des

 16   articles -- des phrases de cet article, vous aviez des dires de témoins

 17   oculaires. Or, lorsque j'ai analysé cet article, j'ai trouvé deux éléments

 18   d'information dont vous ne donniez pas les sources et ça semble un peu être

 19   différent du reste de l'article. En tout cas, c'est l'impression que j'en

 20   ai eue à la lecture.

 21   Bon, je suis un lecteur profane - si j'ose dire - et vous le savez mieux

 22   que moi quand on rédige un article pour essayer d'étoffer son propos, on va

 23   peut-être forcer le trait, exagéré, tiré des conclusions un peu

 24   dramatiques. On veut donner l'impression forte ou peut-être vous vous

 25   lancez dans des conjectures un peu de journaliste. J'ai lu vos articles

 26   lorsque vous avez travaillé pour d'autres magazines, et ça semble être

 27   votre style.

 28   R.  Bon. Vous avez vous-même remarqué que cette partie-là du texte diffère

Page 18872

  1   un peu des règles qui régissent le travail d'un journaliste, peut-être que

  2   j'ai voulu dire quelque chose entre les lignes ou en incise. Nous n'avons

  3   pas la même culture qu'ailleurs en matière d'information. Les hommes

  4   politiques de notre pays n'ont pas l'habitude de travailler dans un service

  5   citoyen, donc, c'est beaucoup plus difficile, et vu les nombreuses

  6   informations que j'avais venant d'autres périodes antérieures, j'ai fait

  7   une synthèse, une compilation.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Pas d'objection, mais je voulais que le

 10   compte rendu soit précis. Nous parlons de quelle partie de l'article parce

 11   que le témoin parle de certaines parties, l'avocat de la Défense d'autres

 12   et je pense qu'il faudrait donner des précisons quant à l'endroit qui est

 13   mentionné ici.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nicholls.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, c'est précisément ce que j'allais faire

 17   dans un instant.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maintenant, je pense qu'il faut

 19   rétablir la connexion avec M. Petrovic et je crois que nous l'avions

 20   interrompu. Est-ce que vous pouvez reprendre, Monsieur Petrovic ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Poursuivez.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous le disais ce qui compte c'est que vous

 24   l'avez fort bien remarqué. La partie du texte qui vous a intéressé parce

 25   que là on donne un nom, celui de Gvero, cette partie est un peu différente

 26   du reste de l'article. Je voulais si vous voulez donner une nouvelle

 27   dimension, une dimension différente dans l'intérêt du lecteur en faisant

 28   cet ajout. C'est au fond le fruit, la résultante des informations que

Page 18873

  1   j'avais acquises auparavant à propos de la Republika Srpska, j'ai été sans

  2   doute l'un des rares journalistes de Serbie qui en parlait de temps en

  3   temps.

  4   Je le répète : depuis 2003, Milosevic interdisait aux médias belgradois de

  5   donner des détails concernant la Republika Srpska, et surtout, on pas --

  6   nous n'avions sûrement pas l'autorisation de faire un programme pour la

  7   RTS. Ici, vous avez une interview menée par Milomir Maric et c'est lui qui

  8   donnait ce texte.

  9   Q.  Ici, apparemment, vous reprenez dans cette partie de l'article tous les

 10   membres de l'armée de la Republika Srpska que vous installez au

 11   commandement Suprême dans votre article.

 12   R.  Est-ce qu'on pourrait agrandir cette partie-là du texte ? Parce que

 13   pour moi, pour le moment c'est illisible.

 14   Q.  La colonne de gauche on dit il semblerait que.

 15   R.  Est-ce que c'est un rapport avec l'abolition définitive de l'enclave ?

 16   Ah, bon, je crois que j'ai trouvé le passage que vous cherchiez.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut remonter pour voir la

 18   partie supérieure de la page ?  C'est la page 3 en anglais.

 19   L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils n'ont pas la page en

 20   anglais.

 21   M. KRGOVIC : [interprétation]

 22   Q.  En fait, ici on mélange torchon et serviette; c'est ça ?

 23   R.  Oui, c'est ça que je voulais dire. Il n'a aucune place pour les civils,

 24   Krajisnik, Plavsic, Koljevic, mais je pense que Karadzic s'y trouve, c'est

 25   sa place.

 26   Q.  Je vais examiner avec vous une autre pièce qui nous permettra de voir

 27   quelle était la composition du commandement Suprême.

 28   M. KRGOVIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce P422, qui a d'ailleurs

Page 18874

  1   une autre cote aussi, la cote 725. Il s'agit du journal officiel de l'armée

  2   de la Republika Srpska, 29 novembre 1994. Page 2, s'il vous plaît, peut-on

  3   l'afficher à l'écran ?

  4   Peut-on agrandir l'article 3 ? En anglais, c'est aussi la

  5   page 3.

  6   Q.  Nous avons ici la composition du commandement Suprême, le président,

  7   vice-présidents, président de l'assemblée, le premier ministre. Le

  8   président, étant le président du commandement Suprême, M. le ministre la

  9   Défense ainsi que le ministre de l'Intérieur.

 10   Voici ce que j'aimerais dire - et je pense que vous êtes d'accord avec moi

 11   ici - ça peut deviner ce que vous avez fait quant à la composition et tous

 12   ces événements, je parle ici de votre article. Vous vouliez simplement

 13   forcer le trait rendre un peu plus intéressant cet article, n'est-ce pas ?

 14   Ça peut -- c'est ça un petit peu, d'accord pour étoffer le propos ?

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Maintenant, voyons la pièce P469. En anglais,

 16   c'est à la page 9.

 17   Q.  Ici, nous avons une partie distincte. Faites un encadré de l'article,

 18   et puis, c'est là que vous parlez de l'aspect qu'a pris Fikret Adbic, ce

 19   phénomène. Là aussi, ceci se distingue de ce que vous faites généralement

 20   afin de votre [imperceptible] et c'est un peu pour les mêmes raisons que

 21   vous venez d'expliquer que vous l'avez fait, n'est-ce pas ?

 22   R.  C'est exact. Je peux vous dire que je ne referais plus ça aujourd'hui.

 23   Si je compare ceci au document précédent je constate certaines différences.

 24   Je parle de Milovanovic, de Gvero, de Tolimir, et nous sommes d'accord pour

 25   dire que ces gens ne faisaient pas partie du commandement Suprême. C'est

 26   clair comme de l'eau de roche. Il n'y a rien à prouver là. C'est une erreur

 27   que j'ai commis, et je la reconnais.

 28   Q.  Je vous remercie, Monsieur Petrovic. Je n'ai pas d'autres questions à

Page 18875

  1   vous poser. Je vous remercie.

  2   M. KRGOVIC : [interprétation] J'ai ainsi terminé mon contre-interrogatoire,

  3   Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Krgovic.

  5   Y aura-t-il des questions supplémentaires, Monsieur Nicholls ?

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que oui, pas beaucoup.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il vous faudrait combien de temps ?

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Je préfèrerais faire une pause parce que je

  9   dois retrouver un document, quelques minutes quand même.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Nous allons maintenant faire

 11   une pause de 25 minutes.

 12   --- L'audience est suspendue à 15 heures 43.

 13   --- L'audience est reprise à 16 heures 13.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est à vous.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Nouvel interrogatoire par M. Nicholls :

 17   Q.  [interprétation] J'ai simplement quelques questions à vous poser. Tout

 18   d'abord, mon confrère, Me Lazarevic, vous a posé une question à propos du

 19   gilet bleu, et vous nous avez dit que cela n'était pas un gilet du

 20   Bataillon néerlandais. Je souhaite revenir sur une partie de votre article

 21   et vous posez une question à ce propos. A la page 5 de l'anglais de la

 22   pièce P469, donc, je vais attendre l'affichage de cela, je peux simplement

 23   le lire pour faire accélérer les choses un petit peu.

 24   "Les soldats néerlandais qui ont été capturés, entre guillemets, à Potocari

 25   se promenaient et apportaient de l'eau, pousser des gens dans des brouettes

 26   et s'entretenaient avec les Serbes et ne savaient pas quoi faire après. Il

 27   est vrai qu'ils ont remis aux Serbes leurs casques qui étaient de bonne

 28   qualité, leurs gilets pare-balles, leurs pistolets, leurs couvre-chefs

Page 18876

  1   ainsi que des butins de guerre."

  2   Ma question est très simple : d'après, en fait, cet arrêt sur image où l'on

  3   voit ce soldat du Bataillon néerlandais portant un gilet pare-balles, est-

  4   ce que vous pouvez en dire que c'est vraiment du Bataillon néerlandais ?

  5   R.  Écoutez, si vous regardez ce gilet pare-balles, si vous le regardez, en

  6   tout cas, ceux qui ont participé à une guerre savent qu'il y a des gilets

  7   pare-balles différents, donc, là, c'est un gilet pare-balles qui est assez

  8   mince. Moi-même, j'ai un gilet pare-balles qui est beaucoup plus épais qui

  9   m'avait été remis par une équipe de la télévision française. Les soldats

 10   néerlandais portaient des gilets pare-balles qui étaient plus, et ceci

 11   n'est pas un gilet pare-balles de grande qualité. Si vous regardez l'arrêt

 12   sur image, vous verrez que c'est assez mince. Et c'est la raison pour

 13   laquelle je pense que cela ne venait pas du Bataillon néerlandais, mais il

 14   s'est écoulé beaucoup de temps depuis, et je ne peux pas dire grand-chose

 15   de plus. De toute façon, les experts vous le diront. Il y a différents

 16   types de gilets. Mais ceci n'est pas le type qui permet d'empêcher que les

 17   balles le traversent. Une balle d'un calibre important pourrait traverser

 18   ce type de gilet-là. Ce que j'essaie de vous dire que c'est sans doute un

 19   gilet pare-balles différent.

 20   Q.  Merci. Mon confrère vous a posé quelques questions sur le nombre

 21   d'enfants et les âges des personnes de Srebrenica et Potocari. Nous avons

 22   quelques données démographiques. Je souhaite recueillir vos commentaires

 23   là-dessus. Nous avons donc une séquence vidéo 2054 qui est la séquence

 24   d'origine brut à 3 minutes 28,9 secondes.

 25   [Diffusion de la cassette vidéo]

 26   M. NICHOLLS : [interprétation]

 27   Q.  Nous avons vu que vous avez posé des questions à cette femme, vous lui

 28   avez demandé : "Quel âge à son bébé ? Combien d'enfants elle avait ?" Je

Page 18877

  1   souhaite vous poser une question à ce sujet. Tout d'abord, je vais vous

  2   montrer une autre partie de votre article qui se trouve à la page 5 lorsque

  3   vous parlez du même sujet. En haut de la page 5, en anglais.

  4   Les démographes vont certainement trouver intéressant le fait qu'il y

  5   avait environ 10 000 enfants parmi les réfugiés, et sur ce chiffre, il y en

  6   avait 8 000 qui avaient moins de trois ans.

  7   "Les enfants de guerre," entre guillemets, comme on dit, "c'est

  8   vraiment ce qu'ils font. Je ne peux pas le prononcer hojas [phon] perijaj

  9   [phon] [imperceptible] ils n'ont pas de nourriture. Ils se plaignaient sans

 10   cesse mais continuent à se procréer. Est-ce qu'on peut y croire? Veuillez

 11   me dire, dites-moi, de quelle religion s'agit-il si c'est cela, l'Islam ?

 12   Ils ont créé un nouveau corps de soldats en plein milieu de Srebrenica. Ils

 13   seront encore là dans 15 ou 20 ans, qu'ils soient le plus loin de nous

 14   possible. Ces fils de pute."

 15   Ensuite, au paragraphe suivant, vous parlez d'une jeune fille de 14

 16   ans qui est avec des enfants.

 17   Alors, le bébé que nous avons vu dans la séquence vidéo, et je vous

 18   cite dans votre article, c'est cela dont vous voulez parler lorsque vous

 19   parlez de guerre démographique, lorsque les enfants sont nés ainsi pendant

 20   la guerre pour les besoins de la guerre ?

 21   R.  J'ai cité un avis, quelque chose que j'ai entendu sur le terrain. Mais

 22   si vous regardez ceci sous un angle ou sous une perspective géopolitique ou

 23   démographique, je peux confirmer une nouvelle fois que c'était tout à fait

 24   normal lorsque j'ai revu ces scènes-là, ce que j'ai déjà dit aujourd'hui.

 25   Lorsque vous êtes assiégé et menacé de mort et que vous n'avez pas

 26   suffisamment à manger, alors, si je compare cette situation-là avec ce que

 27   j'ai vu là à cet endroit - et le nombre d'enfants que j'ai vus c'est la

 28   première chose qui m'a frappé - et j'affirme encore que ce n'est pas très

Page 18878

  1   courant que de voir autant d'enfants dans de telles conditions. Vous pouvez

  2   appeler cela comme vous voulez et vous pouvez aussi poser la question au

  3   démographe.

  4   Q.  Est-ce que quelque chose dans votre article indique que vous n'êtes pas

  5   d'accord avec cette citation ? C'est vous qui avez décidé de parler de

  6   cette question démographique.

  7   R.  Ce que je vous ai dit c'est que je pense. La partie que vous avez citée

  8   est une citation et l'ensemble de l'article est en fait un reportage, un

  9   documentaire, mon rôle ne consistait pas à faire des conclusions. Mon rôle

 10   consistait à décrire ou dépeindre la situation ou l'atmosphère lorsque l'on

 11   regarde quelque chose à la télévision on ne peut pas saisir et comprendre

 12   ce qui se passe à la simple lecture d'un texte. Certains de mes opposants

 13   en politique me l'ont reproché. Justement c'est la marque d'un bon

 14   journalisme, c'est un texte qui est excellent. J'ai essayé de reproduire

 15   l'atmosphère du moment. J'ai essayé de faire cela de mon mieux pour le

 16   public. J'ai vraiment fait de mon mieux.

 17   A ce moment-là, je n'avais aucune raison religieuse pour écrire cela. C'est

 18   simplement quelque chose que j'ai voulu documenter. Je me suis trouvé dans

 19   cette situation-là. C'est l'histoire contemporaine au sens propre du terme,

 20   texte qui restera dans les anales pour les générations à venir. C'est ainsi

 21   que je comprends le journalisme.

 22   Q.  Merci.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nicholls.

 24   Nous avons une question de M. le Juge Kwon.

 25   Questions de la Cour : 

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de savoir si je vais poser une

 27   question là-dessus, je souhaite voir l'image où on voit la boite de ration

 28   française, s'il vous plaît. Je crois que c'est à l'image 24 ou point 24 du

Page 18879

  1   compteur.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Bien sûr, Monsieur le Juge.

  3   [Diffusion de la cassette vidéo]

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous pouvez vous arrêter ici.

  5   Monsieur Petrovic, vous nous avez dit hier, n'est-ce pas, que cette partie-

  6   là a été filmée avant les événements de Srebrenica, n'est-ce pas ?

  7   R.  Bien sûr.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais vous avez pu constater que la date

  9   qui se trouve sur cette boite de ration est celle du

 10   2 juin 1997.

 11   R.  En fait, c'est la date à laquelle les articles à l'intérieur sont

 12   périmés.

 13   Si je peux vous aider, c'est ce que j'ai rapporté du front de Majevica.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien.

 15   R.  En fait, c'est ce que l'on a donné aux combattants de Dieu.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'en ai terminé. Merci.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Petrovic, nous sommes arrivés

 18   à la fin de votre déposition. Au nom de la Chambre de première instance et

 19   de ce Tribunal, je souhaite vous remercier pour votre coopération et d'être

 20   venu faire votre déposition devant ce Tribunal, et au nom de toutes les

 21   personnes présentes dans ce prétoire, nous vous souhaitons un bon voyage de

 22   retour.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] -- à vous à la fin, brièvement, je

 24   réfléchissais pendant longtemps. Je vous dois encore quelque chose puisque

 25   tout le monde ici est pour trouver la version finale --- la vérité finale,

 26   je dirais. Moi, je vous offre une proposition à votre Tribunal parce que

 27   j'ai interviewé il y a quelques années un colonel de renseignements

 28   militaires français, Brunel [phon], qui m'a donné de nouvelles informations

Page 18880

  1   sur tous les cas de Srebrenica, et je pense que jusqu'à nos jours, jusqu'à

  2   aujourd'hui, je n'ai jamais vu personne qui s'intéressait à ces faits que

  3   je considère du même importance.

  4   Il m'a confirmé dans l'interview que j'ai publiée - j'ai le texte en

  5   français ici - que vers le printemps de 96 -- de 1996, donc, plusieurs mois

  6   après la lutte pour Srebrenica, un groupe -- il a dit de plusieurs

  7   centaines de combattants musulmans sont arrivés armés à Tuzla dans les

  8   avions américains. Colonel Brunel était présent ainsi que son collègue

  9   anglais. Les Américains n'ont pas permis qu'ils assistent à cet

 10   interrogatoire, mais c'est sûrement qu'ils étaient transportés après aux

 11   Etats-Unis. Moi, je connais la ville aux Etats-Unis où ils sont. Est-ce que

 12   ça vous intéresse, ça vous aidait ou

 13   pas ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Écoutez, ce n'est pas à vous de nous --

 15   ce n'est pas à nous que vous devez communiquer ce genre d'information. Si

 16   vous voulez le faire, il faut vous tourner vers le bureau du Procureur ou

 17   quelqu'un d'autre, si vous le souhaitez. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir

 18   soit commenter ou soit dire quelque chose à propos de ce que vous venez de

 19   dire ou de réagir.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais la vérité jusqu'au bout. Merci, votre

 21   Honneur.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Petrovic.

 23   [Le témoin se retire]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maintenant, les documents, Monsieur

 25   Nicholls.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, 469, c'est l'article.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] L'article qu'a rédigé

Page 18881

  1   M. Petrovic peu de temps après les événements. L'autre pièce dont je

  2   souhaite demander le versement au dossier n'est pas tout à fait prête.

  3   C'est le compte rendu dans la transcription de la diffusion du film par

  4   studio B. Je me suis entretenu avec les avocats de la Défense de M.

  5   Borovcanin et ils m'ont dit qu'il y avait peut-être des erreurs qui

  6   s'étaient glissées à l'intérieur. Donc, nous devons en parler. Je crois

  7   qu'il n'y a pas d'objection, en fait, en tout cas, à son versement, mais je

  8   souhaite que tout ceci fait avant.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors, vous n'allez pas en

 10   demander le versement maintenant.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, pas maintenant, parce que je crois

 12   qu'il vaut mieux que ce soit un exemplaire parfait. Donc, voilà. Simplement

 13   l'article pour l'instant. 

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 15   Avez-vous des objections ? Pas d'objections.

 16   Donc, nous acceptons le versement du document 469.

 17   Maître Lazarevic, est-ce que vous souhaitez verser au dossier un document ?

 18   M. LAZAREVIC : [interprétation] Un seul document, c'est la liste de la

 19   protection civile et de la liste de la population et des numéros de foyer.

 20   Je crois que la pièce est le 4D00127.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Pas d'objection.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

 24   Y a-t-il des objections du côté des autres avocats de la Défense ? Donc, il

 25   n'y a pas d'objection. Donc, ce document est admis. Assurez-vous de

 26   l'exactitude de la cote de cette pièce, Madame la Greffière, s'il vous

 27   plaît.

 28   Maître Krgovic, vous n'avez rien.

Page 18882

  1   Donc, nous en avons terminé avec la déposition Petrovic.

  2   M. JOSSE : [interprétation] Est-ce que nous pouvons évoquer je crois qu'il

  3   y a un problème de traduction et non pas de transcription. Je remercie mes

  4   confrères qui m'ont signalé cela. À la page 30, ligne 13, lorsque Me

  5   Krgovic était en train de contre-interroger le témoin, et bien évidemment,

  6   c'est 1993.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, au lieu de 2003, bien sûr. On

  8   devrait avoir 1993. Bien.

  9   Alors ceci met fin à la déposition Petrovic, et nous pouvons maintenant

 10   passer au témoin suivant, Erin Gallagher.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs

 12   les Juges, alors, le sujet de la déposition de Mme Gallagher allait

 13   travailler sur le carnet, le recueil de photographies des Musulmans, la --

 14   et nous, nous avons donc -- nous sommes parvenus à un accord sur cet

 15   ouvrage. Donc, je crois qu'il est important que vous signaliez que nous

 16   sommes tous d'accord là-dessus. Cela va de soi, il n'y a pas de désaccord,

 17   et donc, cela représente certain travail. Je crois que tout va bien.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En tout cas, c'est quelque chose qu'il

 19   m'est agréable d'entendre. Hormis le fait de demander une confirmation de

 20   cela à la Défense, nous souhaitons savoir ce qui va se passer après et si

 21   ce qui va se passer après va avoir une quelconque incidence sur les délais

 22   que nous avons fixés pour l'affaire de la présentation des moyens à charge.

 23   Nous n'allons absolument pas bouger là-dessus.

 24   Tout d'abord, M. Manning, est-il disponible, est-ce qu'il peut commencer

 25   demain, par exemple ?

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, parce que, comme vous le savez, c'est

 27   quelqu'un qui vient d'Australie et lorsque nous avons vu que les

 28   estimations de la Défense allaient être réduites, nous allons essayer de

Page 18883

  1   voir si on pouvait le faire venir plus tôt, mais ce n'est pas possible

  2   compte tenu de son calendrier. La façon dont nous avons prévu tout ceci,

  3   nous ne pouvons pas le faire venir plus tôt.

  4   Colonel Kingori, qui va venir après Dean Manning, nous allons voir si

  5   le colonel peut peut-être venir avant et il avait été prévu qu'il devait,

  6   en fait, témoigner devant le tribunal d'Etat de Sarajevo aujourd'hui, mais

  7   n'a pas pu pour un problème de visa. Mais il sera ici la semaine prochaine.

  8   Donc, la semaine prochaine, cela se présente plutôt bien, et comme

  9   vous pouvez l'imaginer, nous avons été un peu conservateurs dans nos

 10   estimations. Nous ne voulions pas avoir trop de choses à traiter

 11   aujourd'hui, ne pas être obligé de faire revenir quelqu'un après les

 12   vacances judiciaires.

 13   Donc, cela se présente bien, mais je n'ai pas de témoin pour demain.

 14   Mais simplement, M. Butler et M. Vasic pour le mois de janvier, donc, pas

 15   de problème. Je crois que nous allons pouvoir terminer dans les délais, et

 16   la seule chose c'est la longueur du contre-interrogatoire de M. Butler. Ça

 17   c'est le gros point d'interrogation pour nous. Mais même si nous avons un

 18   contre-interrogatoire qui est long, cela devait plutôt bien se passer.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est vrai, vous êtes un bon avocat,

 20   Monsieur McCloskey.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il vaux mieux que je m'assois donc

 22   maintenant.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'ai besoin de m'entretenir avec mes

 24   collègues en quelques instants.

 25   Pardonnez-moi, Maître.

 26   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, on vient d'entendre que

 27   M. Kingori est en train de témoigner à Sarajevo. Je me demande si mes

 28   collègues de l'autre côté nous fourniront le témoignage à Sarajevo parce

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  1   que je suppose que ça concerne Srebrenica.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, vous souhaitez

  3   faire un commentaire, là-dessus, nous ne pouvons pas répondre à cette

  4   question.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Simplement pour dire qu'il est venu en

  6   Europe et il a eu un problème avec KLM et les lignes aériennes croates. En

  7   fait, il a donc raté sa déposition, et on l'a retenu à Amsterdam pendant 24

  8   heures. J'espère qu'il va pouvoir venir et je peux vous dire qu'il n'aura

  9   pas ce problème-là avec nous.  

 10   [La Chambre de première instance se concerte]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] M. Blaszczyk c'est quand même une bonne

 12   carte pour nous, n'est-ce pas, un bon joker ?

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] En fait, il y a deux ouvrages qui

 14   comportent des pièces que nous avons évoquées avec nos confrères et

 15   consœurs et qui ressemblent pour beaucoup à ce recueil de photos qui sont

 16   assez évocateurs. Si cela va être contesté, il serait peut-être bien que

 17   vous ayez un enquêteur qui puisse vous expliquer tout ceci, comment ceci a

 18   été compilé. Nous n'avons pas pu nous entretenir dans le détail à propos de

 19   ces livrets avec la Défense. Je ne sais pas si nous allons avoir ce temps.

 20   Je ne sais pas si nous allons pouvoir parvenir à un accord ou non.

 21   J'ai présenté un argument oralement sur le carnet de notes pris par

 22   l'officier de permanence, mais ceci portait surtout sur la question de

 23   savoir si vous vouliez l'édition du professeur avec nos commentaires ou

 24   non. Mais il y a une question qui est un peu plus complexe en fait, je n'ai

 25   pas entendu de réponse de la Défense sur ce point. Tous les éléments

 26   contenus dans ce livret dans cette pièce que nous avons préparée ne sont

 27   des éléments -- sont des éléments qui viennent de déposition dans le cadre

 28   de procès ou de dépositions faites par un expert. Certains relèvent du ouï-

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  1   dire que l'enquêteur a consigné, par exemple, un témoin aurait dit à

  2   l'enquêteur que l'écriture manuscrite se trouve sur telle ou telle page.

  3   Nous estimons que ce type de déposition est autorisé parce qu'il s'agit de

  4   ouï-dire. Je ne sais même pas si la Défense est en désaccord ou si elle

  5   s'oppose, en fait, à la conclusion apportée sur ce qui a été inscrit à la

  6   main.

  7   Si c'est le cas, à ce moment-là, ce serait un point de droit que nous

  8   pourrons débattre avec vous. L'enquêteur, à ce moment-là, pourrait être

  9   interrogé sur cette question-là en particulier, donc, les enquêteurs sont

 10   des parties tiers, en fait, si vous voulez, parce qu'ils n'ont pas

 11   participé à cela, mais ont de près ou de loin quelque chose à voir avec ce

 12   type d'information. Donc, il y a une question encore des points

 13   d'interrogation à propos de ce livret. 

 14   Egalement, un autre ouvrage qui est très ressemble pour beaucoup à

 15   des recueils de photographie, en fait. L'identification de ces soldats, de

 16   ces visages de personnes que nous avons vues le long de la route, en fait,

 17   il y a beaucoup d'identification faite par ce Tribunal et ceci se retrouve

 18   -- se trouve dans un recueil. Comme je l'ai dit, certaines de ces

 19   identifications relèvent, en fait, du ouï-dire sur le terrain qui -- choses

 20   qui n'ont pas été présentées devant la Chambre encore. Nous avons fait ceci

 21   à dessein parce que nous estimons que le Règlement de procédures nous

 22   autorise à le faire et on peut dire -- faire venir quelqu'un et dire : oui,

 23   c'est moi dans la vidéo. Ce qui aurait en fait rallongé la liste des

 24   témoins.

 25   Je ne sais pas s'il y a des objections de la part de la Défense sur

 26   ce point en tout cas ils disposent de cet ouvrage depuis longtemps déjà.

 27   Nous avons maintenant des identifications qui ont été mises à jour et nous

 28   souhaitons parcourir ces dernières avec eux et elles pour voir s'il y a des

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  1   points de dissension.

  2   Mais, en tout cas, voici les deux points qui me viennent à l'esprit. Me

  3   Zivanovic a déposé une requête concernant Dean Manning et un petit peu

  4   tardivement, mais c'est une question à propos de laquelle je souhaite avoir

  5   une réponse par écrit d'ici ce soir ou demain matin, en tout cas. Ça c'est

  6   une autre question qui pourra être traitée mais, hormis ces points-là, je

  7   ne pense pas avoir de questions à aborder avec vous sur la déposition de

  8   témoins.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Laissons de côté la requête Popovic ou

 10   Zivanovic concernant M. Manning, nous attendons à cet égard votre réponse,

 11   et il faudra que la question soit tranchée avant le début de l'audition de

 12   M. Manning, lundi. Il nous reste deux heures -- plus de deux heures

 13   d'audience et nous avons toute la journée de demain.

 14   Pourriez-vous vous entendre pour rencontrer la Défense et débattre de

 15   cette dernière question concernant des documents que vous venez d'en parler

 16   pour que nous ayons une idée claire, disons, demain ou lundi. Si vous

 17   pensez que la date de lundi est plus réaliste afin que nous puissions faire

 18   le pont que nous sachions où nous en sommes ou vous en êtes, et

 19   éventuellement -- en la suite de cela, nous pourrions avoir la présentation

 20   d'arguments par écrit ou oralement afin que nous puissions rendre une

 21   décision.

 22   Mais je vous propose de tirer la meilleure partie du temps qui nous

 23   est aujourd'hui donnée. Nous allons d'ailleurs le faire, nous aussi. S'il

 24   n'y a pas d'audience demain, nous sommes à même de prendre trois ou quatre

 25   décisions que nous rendrons demain. Nous serons actifs et nous vous

 26   proposons de faire de même non pas que, sinon, vous seriez oisif, mais vous

 27   pourriez peut-être vous rencontrer pour régler ces questions pendantes.

 28   Oui, Maître Bourgon.

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  1   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Pourrais-je revenir à une des pièces mentionnées par mon confrère, ce

  3   registre des opérations ? Nous avons eu déjà l'occasion de vous soumettre

  4   certains arguments là-dessus. Effectivement, là, nous allons avoir du mal à

  5   nous entendre avec l'Accusation. Mon collègue a parlé d'une des facettes de

  6   ce document que l'on veut verser au dossier. Dans ce registre, il y a des

  7   accolades ou des parenthèses coloriés où on donne l'identité du témoin.

  8   Mais ceci ne s'appui que sur les dires du témoin expert. C'est pour des

  9   raisons pratiques et il nous vous faut faire savoir à vous qu'en fait,

 10   cette parenthèse -- ou ce crochet, effectivement, concerne quelque chose

 11   qui a été dit par le témoin.

 12   Mais il y a, en fait, plusieurs éléments qui interviennent. Il y a le

 13   témoin expert, il y a la déposition de témoins que vous avez entendus, mais

 14   il y a aussi des déclarations de témoins qui ne sont pas venus comparaître.

 15   Etant donné qu'on a là un panachage d'éléments, nous estimons que ces

 16   conclusions ne doivent pas être soumises à la Chambre de première instance

 17   en tout cas pas tant que le procès n'ait pas fini lorsque nous aurons une

 18   réquisition de l'Accusation donc là on aura du mal à trouver un terrain

 19   d'entente mais il est de toute façon possible en discussion.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, c'est une raison de plus

 21   pour avoir la réunion que je viens de proposer. Voulez-vous ajouter quelque

 22   chose.

 23   Monsieur McCloskey, si j'ai bien compris l'Accusation, je ne sais pas

 24   si c'était M. Thayer ou M. Nicholls ou vous qui en avez parlé, mais il me

 25   semblait avoir compris que les difficultés rencontrées par la Défense, s'il

 26   y en avait, c'est vrai que nous nous n'allions pas privilégié une option ou

 27   une autre et l'Accusation était prête à un peu nettoyé la traduction.

 28   C'était comme ça que j'avais compris l'Accusation la dernière fois.

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  1   Je me souviens que vous étiez intervenu, Maître Bourgon, pour dire

  2   que vous n'aviez pas demandé cela mais je pense que Me Haynes avait été

  3   mentionné comme étant une des personnes qui était directement intéressé par

  4   la chose et qui aurait demandé à l'Accusation de [imperceptible] la

  5   traduction.

  6   Ecoutez, rencontrez-vous, tenez une réunion. Si vous avez des

  7   arguments, nous sommes tout à fait prêts en être saisi et je pense que ce

  8   genre de réunion serait bénéfique. Il serait utile qu'avant ou d'ici lundi

  9   nous ayons une idée précise, que la position soit bien arrêtée, que ce soit

 10   une position commune ou non.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Nous avons poursuivi notre

 13   discussion auparavant lorsque nous avions débattu de cette question, nous

 14   nous en souvenons fort bien, et nous sommes contents de voir que la

 15   question se repose, et nous vous exhortons tout aussi vivement

 16   qu'auparavant à vous rencontrer pour parvenir à un accord quel qu'il soit.

 17   S'il n'y a pas d'accord, c'est tout à fait compréhensible, mais ça veut

 18   dire que nous pourrons à ce moment-là vous dire quelle est notre position,

 19   excusez-moi, j'ai dit position deux fois dans la même phrase.

 20   Monsieur McCloskey, je pense qu'il conviendrait maintenant puisque vous

 21   avez décidé de ne pas citer un autre témoin, de nous fournir une liste, une

 22   mise à jour des derniers témoins à charge -- du genre des deux derniers --

 23   comme un instant des deux dernières listes que vous nous avez fournies.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Volontiers, Monsieur le Président, ce sera

 25   fait. C'est bien de le savoir. Bon. C'est facile, la semaine prochaine on

 26   aura Dean Manning et Kingori, et le

 27   10 janvier, on aura M. Butler, puis une semaine ou deux plus tard,

 28   M. Basic, et puis, voilà. Mais nous allons vous le dire par écrit très

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  1   clairement.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

  3   [La Chambre de première instance se concerte]

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Bourgon, vous vouliez

  5   intervenir ?

  6   M. BOURGON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, merci.

  7   Une dernière question puisque nous avons le temps de l'aborder.

  8   Nous pensons qu'il est utile d'en faire part à la Chambre

  9   aujourd'hui, ceci concerne l'ordonnance portant calendrier de la Chambre

 10   s'agissant de la fin de la présentation des moyens à charge et la fin du

 11   procès. Conformément à cette ordonnance délivrée par la Chambre, nous

 12   devrions déposer nos résumés en application du 65 ter avant le 31 mars et

 13   c'est le 1er juin que nous commencerions la présentation de nos moyens. Nous

 14   avons eu de nombreuses discussions avec l'Accusation et entre les équipes

 15   de la Défense, nous pensons que nous aimerions avoir plus de temps pour

 16   vous présenter nos arguments en ce qui concerne les résumés 65 ter car nous

 17   faisons beaucoup de travail en amont de la présentation de nos moyens et

 18   c'est un travail qu'il faut faire avant le dépôt des résumés. Ce qui veut

 19   dire que nous n'avons pas tout à fait préparé une proposition définitive,

 20   mais nous aimerions connaître les modalités que vous souhaitez. Est-ce

 21   oralement, par écrit, mais au fond, voici notre position : bon, le 1er juin,

 22   c'est bon, c'est excellent.

 23   Nous avons déjà entamé les préparatifs en vue de la présentation de

 24   la Défense. C'est un très bon délai. Mais c'est uniquement la question du

 25   résumé 65 ter qui nous préoccupe, est-ce qu'on pourrait avoir comme date

 26   butoir un mois avant le 1er juin, ainsi vous auriez de bien meilleurs

 27   résumés, vous et l'Accusation. C'est une des questions que nous voulions

 28   évoquer ainsi que la date de dépôt pour les rapports d'experts. Nous

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  1   aimerions en parler également dans le même contexte.

  2   Non, ce n'est pas tellement l'échéancier, le 1er juin, c'est excellent comme

  3   date de début, mais nous voulons savoir quand il faudra fournir ces

  4   résumés, qu'il faudra donner à l'Accusation ou officiellement à vous,

  5   Madame et Messieurs les Juges.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Parlez-en également lorsque vous

  7   allez rencontrer l'Accusation aujourd'hui ou demain, aujourd'hui et demain

  8   éventuellement, car il y a la liste des pièces de 65 ter c'est important.

  9   Pour ce qui est des délais pour nous mais pour l'Accusation, car

 10   l'Accusation devra aussi faire sa copie et préparer ses documents.

 11   Discutez-en et dites-nous quelles sont vos positions respectives.

 12   M. BOURGON : [interprétation] Oui, mais ne pensions qu'il était opportun de

 13   vous signaler que c'est quelque chose que nous examinons déjà avec

 14   l'Accusation ce que nous allons poursuivre.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'y réfléchissais et

 17   Mme Stewart me le rappelait. Alistair Graham aussi, il existe. Nous en

 18   avons parlé avec l'équipe de M. Borovcanin. Je ne sais pas s'il faut

 19   vraiment le citer, peut-être les avocats de Borovcanin voudront-ils le

 20   contre-interroger. Il faudra en discuter et régler cette question-là aussi.

 21   Récemment, nous avons aussi trouvé un témoin qui devrait comparaître

 22   très, très peu de temps. Nous préparons une requête aux fins d'ajout de ce

 23   témoin en janvier. Vous devriez recevoir cette requête sous peu.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Je vois que vous étiez levé,

 25   Maître Josse.

 26   M. JOSSE : [interprétation] C'était en rapport avec cette question évoquée

 27   par Me Bourgon. J'allais m'abstenir vu ce que vous aviez proposé comme

 28   modalité. Manifestement la Défense vous dira si nous ne parvenons pas à un

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  1   accord avec l'Accusation et ceci de façon collective.

  2   Mais puisque j'ai la parole, est-ce qu'on peut revenir à Alistair Graham.

  3   Dans ce contexte-ci précisément, je me souviens de sa dernière comparution

  4   devant vous, personnellement au nom de notre client, j'ai dit que je

  5   voudrais qu'il revienne à la barre. Mais soyons tout à fait clairs sur ce

  6   point, je ne sais pas si -- bon, si on avait que deux ou trois questions à

  7   lui poser et s'il n'y a qu'une autre équipe qui souhaite l'interroger, ce

  8   ne sera pas nécessaire. Je voulais d'ailleurs vous le préciser simplement.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Lazarevic, vous vouliez

 10   intervenir.

 11   M. LAZAREVIC : [interprétation] Simplement pour confirmer que nous avons eu

 12   des discussions avec l'Accusation, mais il y a pas mal de temps de cela et

 13   puis on a simplement oublié le sujet, mais je peux vous garantir que nous

 14   allons contacter l'Accusation et que vous aurez notre avis sur la question

 15   dans les touts prochains jours.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il vous faut un président à

 17   cette réunion, ou une préparation d'ordre du jour ? Parce que je vois que

 18   la liste des sujets évoqués s'allongent de minute en minute.

 19   M. LAZAREVIC : [interprétation] Non, je ne pense pas que ce sera

 20   nécessaire. Nous pourrons nous débrouiller tout seul.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Monsieur McCloskey, pas d'autres

 22   questions ?

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, ceci met fin à l'audience

 25   d'aujourd'hui. Nous sommes à votre disposition demain. Tous les Juges

 26   seront présents dans nos bâtiments, si vous éprouvez des difficultés, si

 27   vous estimez qu'il faut tenir audience, quel que soit la longueur de cette

 28   audience et quelle que soit l'heure de tenir l'audience, nous sommes à

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  1   votre disposition.

  2   L'audience est levée.

  3   --- L'audience est levée à 17 heures 01 et reprendra le lundi 10 décembre

  4   2007, à 9 heures 00.

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