Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 10 janvier 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

  6   Madame la Greffière d'audience, pourriez-vous, s'il vous plaît,

  7   appeler la cause.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame

  9   et Messieurs les Juges.

 10   C'est l'affaire IT-05-88-T [comme interprété], le Procureur contre

 11   Vujadin Popovic.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 13   Pour le compte rendu, nous avons deux accusés qui ne sont pas là. Le

 14   premier, c'est l'accusé Borovcanin. Les renseignements que la Chambre de

 15   première instance a obtenus sont qu'il a un rendez-vous de dentiste et

 16   qu'il devrait être en mesure de se joindre à nous au cours de l'audience un

 17   peu plus tard dans la matinée, mais j'ai encore besoin que son équipe de la

 18   Défense me confirme qu'il n'y a pas d'objection à ce que la Chambre de

 19   première instance continue ses débats. En d'autres termes, qu'il a renoncé

 20   à son droit à être présent pour la partie de l'audience dans laquelle il

 21   sera absent.

 22   Maître Lazarevic.

 23   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Les

 24   renseignements sont exactement les mêmes que ceux qu'a obtenus la Chambre

 25   de première instance. Les renseignements sont que M. Borovcanin avait un

 26   rendez-vous de dentiste prévu - une petite intervention dentaire - et qu'il

 27   nous rejoindra un peu plus tard dans le cours de l'audience. Il a renoncé

 28   effectivement à son droit d'être présent, tout au moins pour une partie des

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  1   débats d'aujourd'hui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, s'il vous plaît, il

  3   nous faudrait encore également la renonciation écrite. Vous voudrez bien

  4   vous en occuper.

  5   M. LAZAREVIC : [interprétation] Mais certainement, Monsieur le Président,

  6   je la fournirai à la Chambre de première instance.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'en suis certain, Maître Lazarevic.

  8   L'autre accusé absent c'est l'accusé Pandurevic. Vous vous

  9   rappellerez que nous avons dû accorder une autorisation de mise en liberté

 10   provisoire spéciale et il devait revenir ici au plus tard le 8 janvier.

 11   Malheureusement, en raison de --

 12   [problème technique]

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il y a des interférences.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. En raison de circonstances

 15   imprévues échappant à la volonté du général Pandurevic et d'autres, il n'a

 16   pas pu voyager depuis Sarajevo le jour où il était censé revenir en raison

 17   des intempéries, des conditions météorologiques, notamment le brouillard.

 18   Nous avons essayé de faire d'autres arrangements, mais on n'a pas réussi.

 19   On peut espérer qu'il arrivera un peu plus tard dans la journée, dans

 20   l'après-midi.

 21   Je comprends que, tout au moins d'après les renseignements que nous

 22   avons reçus, il a aussi renoncé à son droit d'être présent pour l'audience

 23   d'aujourd'hui et une communication officielle va être confirmée par Me

 24   Haynes.

 25   Maître Haynes.

 26   M. HAYNES : [interprétation] Oui, c'est bien cela. Il a parlé à Me Sarapa

 27   hier et il a indiqué qu'il était tout à fait disposé à ce que les débats se

 28   poursuivent en son absence et il a signé une confirmation qu'il serait en

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  1   salle d'audience aujourd'hui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

  3   Sinon, les autres accusés sont présents.

  4   Pour autant que les conseils, je note l'absence de Me Ostojic et de

  5   Me Sarapa. Je ne vois pas Me Sarapa, mais je ne suis absolument pas sûr.

  6   Non, pas de Me Sarapa.

  7   Pour l'Accusation, c'est donc M. McCloskey et M. Thayer.

  8   Je pense que nous pouvons maintenant vous souhaiter à tous la

  9   bienvenue. J'apprécie les efforts que vous déployez, Maître Zivanovic,

 10   parce que vous aussi avez eu des problèmes à être de retour en temps utile

 11   et vous avez réussi à trouver une solution, parce que sans ça nous aurions

 12   vraiment eu un problème plus compliqué encore. Donc j'apprécie cela.

 13   Général Miletic, je vous présente nos condoléances pour le décès de

 14   votre sœur. Nous aurions accordé une modification des conditions de mise en

 15   liberté provisoire si le gouvernement de la Republika Srpska avait fourni

 16   les garanties nécessaires en temps utile, mais d'après ce que je comprends

 17   ça n'a pas été possible.

 18   Il y a des questions préliminaires à évoquer.

 19   Il y a une requête de l'Accusation qui a été récemment déposée,

 20   c'est-à-dire le 8 janvier, demandant que la Chambre donne une ordonnance

 21   pour admettre un représentant du gouvernement des Etats-Unis afin qu'il

 22   puisse être présent à l'audience au cours de la déposition de Richard

 23   Butler qui, comme vous le savez, doit commencer sa déposition probablement

 24   demain, au plus tard lundi.

 25   L'INTERPRÈTE : Il s'agissait de Miletic et pas de Pandurevic.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections du côté

 27   des équipes de la Défense ?

 28   Maître Haynes ?

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  1   M. HAYNES : [interprétation] Non, il n'y en a pas. Effectivement,

  2   nous avons eu la possibilité lorsque nous sommes tous finalement arrivés de

  3   Belgrade hier d'en discuter hier soir et nous avons été d'avis qu'il n'y

  4   avait pas d'objection à ce que M. Butler soit interrogé en ce qui concerne

  5   ses antécédents et sa carrière, mais la Chambre de première instance est

  6   bien l'autorité habilitée à prendre une décision et nulle autre.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'apprécie votre décision prise

  8   pour l'ensemble des équipes de la Défense, donc votre requête, Monsieur

  9   McCloskey, il y est donc maintenant fait droit verbalement et il n'y aura

 10   pas de décision écrite par la suite, vous avez simplement besoin de

 11   communiquer la décision verbale à l'ambassade des Etats-Unis ici à La Haye.

 12   Il y a aussi, quelques jours après que nous ne commencions les

 13   vacances judiciaires, l'Accusation a déposé une requête visant à pouvoir

 14   modifier sa liste de pièces 65 ter en amendant des pièces concernant le

 15   témoin Richard Butler. Elle a été déposée à titre confidentiel le 18

 16   décembre 2007, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails en ce qui

 17   concerne ces documents.

 18   Ce que je voulais savoir c'est si l'une quelconque des équipes de la

 19   Défense s'oppose ou non à cette requête. Normalement, on se serait attendu

 20   à ce que vous déposiez une réponse pour le 2 janvier. C'était le délai que

 21   nous avions accordé le 14 décembre lorsque nous avons siégé pour la

 22   dernière fois avant les vacances judiciaires, et c'est ce qui

 23   s'appliquerait vraisemblablement aussi à cette requête, mais maintenant

 24   nous sommes tous de retour, l'audience a commencé le 7 janvier même si nous

 25   siégions pour la première fois seulement aujourd'hui. M. Butler est prévu

 26   comme devant déposer soit demain, soit au plus tard lundi, mais il est

 27   nécessaire de savoir quelle est votre position parce que nous avons une

 28   décision à prendre à ce sujet.

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  1   Oui, Maître Haynes.

  2   M. HAYNES : [interprétation] Sous réserve de la possibilité de parler à M.

  3   McCloskey, peut-être lors de la première suspension d'audience, cette

  4   requête, il est probable qu'il y aura une opposition, je pourrai vous en

  5   informer.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons reporter cette

  7   question jusqu'après la suspension de séance et garder à l'esprit en raison

  8   de l'urgence de la question, il faut que nous prenions une décision à ce

  9   sujet maintenant.

 10   Je ne crois pas qu'il y ait autre chose que nous devions évoquer pour le

 11   moment à moins que vous n'ayez d'autres questions préliminaires à évoquer

 12   vous-mêmes.

 13   Je donne la parole à Me Haynes.

 14   M. HAYNES : [interprétation] Je ne veux pas évoquer de questions

 15   préliminaires et inutiles, mais l'autre question dont nous avons discuté et

 16   sur laquelle je suis autorisé à vous donner une réponse immédiate, c'est la

 17   requête présentée par l'Accusation le 2 janvier qui avait trait aux 18

 18   témoins supplémentaires et à la requête sur laquelle ils pourraient être

 19   reçus au titre de l'article 92 bis. Peut-être qu'on pourra attendre que M.

 20   Kingori ait fini sa déposition.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Monsieur Thayer.

 23   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, oui, nous avons déposé

 24   cette requête. Nous n'avons pas eu de discussion à ce sujet avec nos

 25   confrères en ce qui concerne cette requête, donc nous serions prêts à

 26   présenter nos arguments verbalement sur cette question après une suspension

 27   ou vers la fin de l'audience si nécessaire, à la fin de la journée.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a d'autres questions

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  1   préliminaires ?

  2   M. THAYER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce cas-là, on peut faire entrer M.

  4   Kingori.

  5   D'après ce que j'ai compris, à moins que ma mémoire ne me fasse défaut,

  6   c'est que vous aviez conclu ou terminé votre interrogatoire principal et

  7   que nous étions sur le point de commencer un contre-interrogatoire. C'est

  8   bien cela ?

  9   M. THAYER : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 10   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour Colonel, je vous souhaite

 12   la bienvenue. Heureux de vous voir de retour.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les

 14   Juges. Je suis heureux d'être de retour.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite une bonne année. Nous

 16   pouvons maintenant commencer les divers contre-interrogatoires qui vous

 17   concernent.

 18   LE TÉMOIN: JOSEPH KINGORI [Reprise]

 19   [Le témoin répond par l'interprète]

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que c'est vous

 21   qui voulez commencer ?

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, c'est à vous.

 24   Contre-interrogatoire par M. Zivanovic : 

 25   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Kingori.

 26   R.  Bonjour.

 27   Q.  Je vais commencer par le commencement pour ce contre-interrogatoire,

 28   Monsieur le Témoin.

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  1   Vous avez procédé à certains préparatifs avant d'arriver dans l'ex-

  2   Yougoslavie où vous avez travaillé comme observateur de l'ONU. Vous dites

  3   que vous avez eu toute une série de travaux préparatoires, premièrement au

  4   Kenya, à Nairobi, et ensuite à Zagreb.

  5   Ce que je voudrais vous demander, c'est si avant que vous n'arriviez

  6   à Srebrenica, est-ce que vous étiez préparé ? Est-ce que vous aviez reçu

  7   des instructions ou des renseignements qui avaient trait à votre tâche dans

  8   ce secteur particulier ?

  9   R.  Monsieur le Président, les préparatifs que nous avons dû faire avant

 10   d'aller à Srebrenica, c'étaient essentiellement des informations sur la

 11   situation, tout particulièrement où que ce soit en Bosnie-Herzégovine. Je

 12   devais aller évidemment d'une zone à l'autre, de sorte qu'il fallait

 13   obtenir des instructions et des informations pertinentes, une formation

 14   pertinente sur la façon de traiter la situation en Bosnie-Herzégovine, car

 15   elle était considérée comme étant plus risquée par rapport à d'autres

 16   secteurs de d'autres enclaves.

 17   Le type de problèmes qui se trouvait là à l'intérieur était quelque peu

 18   différent, par cela je veux dire que vous verrez qu'il y avait davantage de

 19   combats à l'intérieur que dans d'autres secteurs, comme disons, par

 20   exemple, la Krajina orientale où je me suis trouvé pendant environ six

 21   mois, et également d'autres secteurs de la Croatie.

 22   Q.  Bien. En tout état de cause, vous avez reçu des renseignements

 23   détaillés concernant les deux parties belligérantes dans l'enclave de

 24   Srebrenica et autour de l'enclave. C'est bien cela ?

 25   R.  Oui, vous avez raison.

 26   Q.  Vous avez dit que votre responsabilité principale était d'observer s'il

 27   y avait des violations de l'accord de cessez-le-feu. Est-ce que ces

 28   violations de cessez-le-feu, est-ce que ça comprenait le fait de maintenir

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  1   ou de garder des unités militaires à l'intérieur de l'enclave, à

  2   l'exception évidemment du Bataillon néerlandais qui était là parce qu'il

  3   faisait partie du contingent des Nations Unies ?

  4   R.  Ce qu'il y avait concernant les violations de l'accord de cessez-le

  5   feu, eh bien il y en a eu plusieurs, simplement je n'ai pas à l'instant

  6   même de liste à ce sujet, mais on les a consignées par écrit et l'un

  7   d'entre eux c'était que nul ne devait pouvoir avoir des armes à l'intérieur

  8   de la zone sécurisée. C'était la raison pour laquelle tous les Musulmans

  9   étaient désarmés et que toutes les armes et toutes les armes lourdes ainsi

 10   que les armes légères, les mitraillettes ou mitrailleuses et tout avaient

 11   été emmenées à un endroit sécurisé, à savoir l'enceinte tenue par le

 12   Bataillon néerlandais. C'est là qu'elles étaient conservées. Ceci se

 13   passait dans toutes les autres zones démilitarisées, pas seulement à

 14   Srebrenica. C'était dans tous les autres secteurs.

 15   Q.  Avant votre arrivée dans l'enclave et au cours des préparatifs que vous

 16   faisiez, est-ce que vous avez été informé du fait que les forces musulmanes

 17   qui se trouvaient dans l'enclave avaient été désarmées ou avaient rendu

 18   leurs armes aux représentants de l'ONU ?

 19   R.  Oui, j'ai été informé de cela, Monsieur le Président. Même lorsque je

 20   suis arrivé, au moment où on m'a fait faire la tournée, on m'a amené

 21   jusqu'aux locaux de la compagnie Bravo où on m'a montré toutes les armes

 22   lourdes qui avaient été prises à la partie musulmane. Elles se trouvaient

 23   là. Elles étaient gardées et protégées par le Bataillon néerlandais.

 24   Q.  Par qui avez-vous été informé ? Je veux dire en ce qui concerne le fait

 25   que les forces musulmanes à l'intérieur de l'enclave avaient été désarmées

 26   ?

 27   R.  Ces renseignements provenaient du quartier général de l'ONU à Zagreb;

 28   du quartier général des observateurs militaires de l'ONU également à

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  1   Zagreb; et également lorsque nous sommes entrés dans l'enclave, c'était des

  2   renseignements également obtenus des observateurs militaires eux-mêmes qui

  3   se trouvaient à l'intérieur de l'enclave, et ces renseignements étaient à

  4   la disposition de pratiquement tous ceux qui se trouvaient là, donc tout le

  5   monde était au courant de ce qui avait été fait pour la démilitarisation.

  6   Q.  Entre autres choses, vous avez reçu des instructions à Zagreb

  7   concernant la manière dont vous deviez envoyer vos rapports au commandement

  8   supérieur. C'est bien ce que vous avez dit dans votre déposition, n'est-ce

  9   pas ? Est-ce qu'on vous a dit à l'époque ce que devaient contenir ces

 10   rapports ?

 11   R.  Je ne comprends pas votre question. Pourriez-vous la répéter ?

 12   Q.  Avez-vous reçu des instructions concernant ce que devaient contenir vos

 13   rapports, les rapports que vous étiez censé adresser à votre commandement

 14   supérieur à Tuzla ?

 15   R.  Oui. Nous avons reçu -- on nous a dit ce qu'il fallait inclure dans le

 16   rapport, et en tant que -- bon, s'ils concernaient les observateurs

 17   militaires d'une façon générale, vous savez, on attendait beaucoup des

 18   observateurs militaires -- on était censés rendre compte de chaque

 19   activité, de toutes les activités qui se déroulaient à l'intérieur des

 20   secteurs de responsabilité militaire, du point de vue militaire, du point

 21   de vue humanitaire ou tout autre type d'activités qui se déroulait à cet

 22   endroit-là.

 23   On s'attendait ou on était censés rendre compte au quartier général

 24   de l'ONU parce que, bien que vous puissiez penser que nous n'avions pas

 25   d'incidence directe sur les activités qui se déroulaient, ces

 26   renseignements pouvaient être nécessaires pour d'autres dans le système de

 27   l'ONU, de façon à être utilisés à leurs propres fins.

 28   Q.  Qu'en est-il des renseignements que vous transmettiez dans vos rapports

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  1   ? Est-ce qu'ils avaient le même niveau de protection, de confidentialité ?

  2   R.  Oui, tous les renseignements que nous envoyions étaient directement

  3   destinés à l'ONU, pour utilisation par l'ONU.

  4   Q.  Est-ce que vous utilisiez des codes pour transmettre ce type

  5   d'information ?

  6   R.  Nous n'utilisions pas de codes, parce que notre système était très

  7   clair sur la ligne par laquelle on transmettait ces renseignements, ceci

  8   jusqu'au destinataire. Notre système était très clair.

  9   Q.  Ce type de renseignement était envoyé par télécopie, n'est-ce pas ?

 10   R.  Il y avait différentes manières de transmettre ce type d'information.

 11   Un d'entre eux était certainement, comme vous le dites, par télécopie.

 12   Sinon l'autre, c'était qu'on pouvait chiffrer et utiliser une radio pour

 13   transmettre, et ceux qui recevaient de l'autre côté pouvaient déchiffrer,

 14   décoder et mettre sur papier de sorte qu'ils puissent comprendre ce qu'on

 15   voulait vraiment dire, et l'on pouvait également utiliser notre propre

 16   réseau, c'est-à-dire notre réseau de transmission, notre propre ligne.

 17   Donc, on pouvait parler à quelqu'un et lui dire exactement ce qui se

 18   passait.

 19   Il y avait donc ces différents moyens de transmission, et il y en

 20   avait peut-être encore un dernier qui était peut-être un peu difficile,

 21   mais enfin je le mentionne parce que ça pouvait se faire encore. C'était

 22   d'avoir un texte qui était porté par la route. On pouvait le prendre comme

 23   lettre ou une façon ou une autre, comme un document qui était porté par la

 24   route.

 25   Q.  Autre question : avant que vous n'arriviez à Srebrenica, est-ce que

 26   vous avez reçu des instructions, notamment de prendre des notes ?

 27   R.  Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, mais s'il s'agit de

 28   prendre des notes, c'était notre activité principale. En tant

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  1   qu'observateurs, c'était notre activité principale de prendre des notes

  2   partout où nous allions.

  3   Q.  Donc chaque observateur de l'ONU avait la responsabilité de faire cela

  4   dans le secteur, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'était vraiment le cas. En l'occurrence, notre cahier personnel

  6   indépendant, c'était notre outil essentiel, notre arme essentielle. C'est

  7   pour ça que nous n'étions pas attaqués ou blessés. C'est tout ce que nous

  8   avions, et c'est tout ce que nous utilisions pour écrire ce que nous

  9   constations sur le terrain et ce dont nous rendions compte.

 10   Q.  Combien de cahiers étiez-vous censés avoir ?

 11   R.  Il n'y avait pas d'instructions concernant le nombre de cahiers que

 12   nous étions censés avoir. Nous prenons des notes en nous servant de ce que

 13   nous pouvions, qu'il s'agisse d'un cahier, d'une feuille de papier.

 14   Toujours est-il qu'il fallait que les informations parviennent à leurs

 15   destinataires, c'est-à-dire à l'ONU. Il n'y avait pas de restriction

 16   concernant le nombre de cahiers.

 17   Q.  Si j'ai bien compris, vous aviez à votre disposition deux cahiers; est-

 18   ce exact ?

 19   R.  Je me suis servi effectivement de deux cahiers, mais il n'y avait pas

 20   de restriction concernant le nombre de cahiers.

 21   Q.  Est-ce que vous vous êtes servi de ces deux cahiers pour coucher sur le

 22   papier le même type d'information ?

 23   R.  Pas nécessairement.

 24   Q.  Est-ce que vous pourriez nous expliquer la raison pour laquelle vous

 25   aviez deux cahiers à votre disposition ?

 26   R.  En fait, on pouvait avoir davantage de cahiers. On n'était pas limités

 27   à deux cahiers. Par ailleurs, on pouvait se servir d'un autre cahier qu'on

 28   avait à disposition et revenir ensuite sur le papier cahier. Si vous

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  1   n'aviez pas retrouvé votre cahier, vous pouviez entamer un nouveau cahier.

  2   Si vous retrouviez l'ancien cahier, vous pouviez continuer à prendre

  3   vos notes dans l'ancien cahier. En fait, il importait peu qu'on continue à

  4   se servir du même système. Vous vous serviez de ce que vous trouviez pour

  5   prendre vos notes, pour écrire vos rapports, c'était là l'objet essentiel

  6   de ces cahiers. Voilà ce que nous faisions.

  7   Peu importe combien de cahiers nous avions à notre disposition, ces

  8   cahiers parfois étaient utilisés pendant une semaine ou un mois, puis on se

  9   servait d'un autre cahier. Cela importait peu. Chacun faisait ce qu'il

 10   voulait.

 11   Q.  Récemment, vous avez communiqué au bureau du Procureur ces

 12   cahiers qui concernent la période allant jusqu'au 9 juillet, d'après ce que

 13   j'ai pu constater en examinant ces documents. Je n'ai pas eu beaucoup de

 14   temps pour ce faire; est-ce exact ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Vous avez détruit les autres cahiers, n'est-ce pas ? C'est ce que

 17   vous avez affirmé. Mais je souhaiterais que vous réfléchissiez de nouveau à

 18   ce qui s'est passé afin de raviver vos souvenirs. Est-ce que vous avez noté

 19   dans ces autres cahiers des informations concernant les événements

 20   précédant le 9 juillet ?

 21   R.  En fait, dans l'autre cahier se trouvaient des informations qui

 22   concernaient la période allant quasiment jusqu'au dernier jour de notre

 23   séjour dans l'enclave, c'est-à-dire autour du 20 ou du 21, car je pensais

 24   que si ce cahier devait se retrouver entre les mains de l'armée des Serbes

 25   de Bosnie, je pourrais avoir des ennuis. Je craignais pour ma vie à

 26   l'époque. Dans ces notes, j'avais, entre autres, consigné des informations

 27   concernant les noms et des activités particulières des uns et des autres.

 28   J'ai pensé à l'époque que si ce cahier devait se retrouver entre les

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  1   mains de certaines personnes, alors que nous quittions l'enclave, quelque

  2   chose aurait pu m'arriver. Donc, je craignais pour ma sécurité. C'est la

  3   raison pour laquelle j'ai détruit ce cahier.

  4   Q.  Oui, je comprends bien. C'est ce que vous avez dit; cependant, voilà ce

  5   que je souhaiterais savoir : s'agissant du premier volume, du premier

  6   cahier que vous avez détruit, est-ce que vous en avez parlé à qui que soit;

  7   et dans l'affirmative, quand ?

  8   R.  Je pense que nous n'avons communiqué cette information qu'au commandant

  9   Tetteh, car nous étions tout le temps ensemble avec lui, donc il avait

 10   connaissance des informations contenues dans ce cahier. Mais je ne me

 11   souviens pas vraiment et certaines informations étaient assez sensibles.

 12   Elles portaient sur les activités en cours, j'avais quasiment tout noté, y

 13   compris des informations concernant les personnes, les activités, ce que

 14   nous faisions; enfin tout. Il s'agissant d'informations très sensibles et,

 15   à mon sens, il convenait de les détruire.

 16   Q.  Vous et les deux autres observateurs de l'ONU, qui étiez sur place le

 17   22 juillet, aviez participé à une réunion au QG des observateurs de l'ONU à

 18   Tuzla ou à Zagreb, c'est ce qui ressort de ce document.

 19   Vous souvenez-vous de cette réunion à laquelle vous trois aviez participé

 20   en compagnie d'observateurs des Nations Unies ? Je pense que cela

 21   concernait un commandement supérieur.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je demanderais que l'on examine le document

 23   1D470 qui a été enregistré aux fins d'identification.

 24   Q.  Comme vous pouvez le constater dans le titre, il s'agissait d'une

 25   réunion d'information concernant les observateurs de l'ONU ayant séjourné

 26   dans l'enclave de Srebrenica. Vous souvenez-vous avoir assisté à une

 27   réunion de ce genre ?

 28   R.  Oui, je m'en souviens.

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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous n'avons plus besoin de ce document.

  2   Nous allons y revenir plus tard.

  3   Q.  Pour le moment, je souhaiterais vous poser une autre question : avez-

  4   vous reçu des instructions avant votre arrivée dans l'enclave concernant

  5   votre liberté de circulation ? Vous a-t-on informé que vous étiez libre de

  6   circuler à votre gré dans toute l'enclave ?

  7   R.  Oui. On nous a transmis une lettre indiquant que notre liberté de

  8   circulation était garantie et que nous pouvions effectuer des patrouilles

  9   dans toute l'enclave.

 10   Q.  Ce faisant, vous n'avez rencontré aucune difficulté, n'est-ce pas ?

 11   R.  Si, si. Notre liberté de circulation a parfois été restreinte alors que

 12   nous cherchions à nous rendre dans le secteur vers l'autre secteur.

 13   Q.  Et qui a entravé votre liberté de circulation ?

 14   R.  Parfois l'armée des Serbes de Bosnie, parfois les Musulmans.

 15   Q.  Est-ce que vous dites que l'armée de la Republika Srpska était présente

 16   dans l'enclave ?

 17   R.  Oui. Dans certains secteurs. Ils se trouvaient présents dans certains

 18   secteurs.

 19   Q.  Est-ce que vous pourriez nous indiquer ces secteurs où avez-vous

 20   observé la présence de membres de l'armée de la Republika Srpska ?

 21   R.  Où voulez-vous que je vous indique cela ?

 22   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 24   Q.  Est-ce que vous pourriez nous indiquer le nom des villages et des lieux

 25   où ça s'est produit ?

 26   R.  Certains secteurs se trouvaient au sud, il y avait présence de l'armée

 27   des Serbes de Bosnie; donc essentiellement dans le sud. C'est là que nous

 28   les rencontrions parfois et parfois ils nous empêchaient de poursuivre

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  1   notre chemin dans l'enclave jusqu'à la ligne de démarcation. Ils avaient

  2   pénétré de façon assez profonde dans l'enclave, au-delà de la ligne de

  3   cessez-le-feu. Donc lorsque nous cherchions parfois à nous rendre sur cette

  4   ligne de cessez-le-feu, ils empêchaient notre passage, il s'agissait de

  5   secteurs situés essentiellement au sud. Je ne me souviens pas du nom de ces

  6   villages. Si vous me montrez une carte, je pourrais vous indiquer cela.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est exactement ce que j'allais vous

  8   demander, Colonel. Si l'on vous montre une carte, est-ce que cela vous

  9   aidera à vous souvenir du nom de ces villages ou du moins, est-ce que vous

 10   pourriez nous indiquer alors l'endroit précis que vous avez à l'esprit ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez une carte à nous

 13   montrer, Maître Zivanovic ?

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je ne

 15   m'attendais pas à une telle réponse de la part du témoin.

 16   Q.  Est-ce que vous pourriez me dire quand cela s'est produit, quand avez-

 17   vous rencontré des unités de la VRS situées en profondeur dans l'enclave

 18   qui vous ont empêchés de passer ?

 19   R.  Je ne me souviens pas des dates, mais ils étaient présents, c'est sûr.

 20   Q.  En avez-vous informé vos supérieurs hiérarchiques ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Après avoir examiné vos rapports, je n'ai trouvé aucune indication en

 23   ce sens. Par conséquent, n'est-ce pas, vous ne faites pas mention de ce

 24   fait dans vos rapports ?

 25   R.  Je doute que vous disposiez de tous les rapports établis par des

 26   observateurs de l'ONU situés à Srebrenica, rapports qui ont été envoyés au

 27   QG des observateurs de l'ONU à Tuzla ou à Zagreb. Je ne pense pas que vous

 28   ayez tous ces rapports à votre disposition.

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  1   D'après ce que j'ai pu voir, il s'agit essentiellement de rapports que nous

  2   avons nous-mêmes transmis. J'aurais souhaité que nous ayons des rapports

  3   établis quotidiennement, des rapports de situation quotidiens émanant des

  4   observateurs de l'ONU à Srebrenica où il serait fait mention de certains

  5   moments, de certains endroits où on nous a empêchés de passer. Je me

  6   souviens de deux ou trois occasions où notre passage, où nos mouvements ont

  7   été entravés. On n'a pas pu aller au-delà d'un certain endroit en raison de

  8   la présence de l'armée des Serbes de Bosnie. On ne pouvait pas voir tout le

  9   secteur situé jusqu'à la ligne de cessez-le-feu.

 10   A une occasion, en particulier, notre interprète musulman s'est vu poser

 11   des questions par les soldats serbes de Bosnie, ils étaient tout à fait

 12   sérieux, ils ne voulaient pas qu'il soit présent. C'est l'une des occasions

 13   où on nous a empêchés de nous rendre jusqu'à la ligne de cessez-le-feu,

 14   donc ils se trouvaient déjà dans l'enclave.

 15   Q.  Un certain nombre d'officiers du Bataillon néerlandais ont déposé en

 16   l'espèce, ils tenaient des postes d'observation dans le secteur à l'époque,

 17   et pourtant aucun de ces officiers ne nous a dit que l'armée des Serbes de

 18   Bosnie avait franchi la ligne de confrontation pour pénétrer dans

 19   l'enclave.

 20   Ne pensez-vous pas qu'ils auraient dû franchir la ligne de confrontation

 21   afin de pénétrer dans l'enclave.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

 23   M. THAYER : [interprétation] Je pense que l'on défend dans la question les

 24   dépositions entendues par la Chambre. Je ne souhaite pas insister, mais je

 25   voulais simplement le signaler aux fins du compte rendu.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si cette question devait être débattue,

 27   il conviendrait d'en débattre en l'absence du témoin. Je ne suis pas en

 28   mesure d'exprimer mon accord ou mon désaccord, car je ne souhaite pas

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  1   m'immiscer dans ces débats.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je n'insisterai pas.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Question suivante.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  5   Q.  Entre autres, vous avez déclaré que l'ABiH, ou plutôt la partie qui de

  6   temps à autre entravait vos déplacements dans l'enclave. Est-ce que vous

  7   pourriez nous dire quand et où ces agissements se sont produits ?

  8   R.  Je pense avoir déjà répondu à cette question, cela concernait

  9   essentiellement le secteur situé au sud et l'armée des Serbes de Bosnie.

 10   C'est l'armée des Serbes de Bosnie, essentiellement, qui entravait nos

 11   déplacements dans la partie sud de l'enclave. Ils avaient pénétré assez

 12   profondément dans l'enclave. Et parfois, alors que nous effectuions des

 13   patrouilles, nous les avons rencontrés, nous nous sommes entretenus avec

 14   eux. Si vous examinez la carte, vous pourrez voir où ils se trouvaient à ce

 15   moment-là. Ils se trouvaient dans l'enclave. En ce qui les concernait, il

 16   s'agissait de leur propre territoire.

 17   Au cours d'une des réunions que nous avons eues, le Bataillon néerlandais a

 18   été informé par les Musulmans qu'ils avaient installé leur poste

 19   d'observation plus profondément dans l'enclave, et que c'est ce qui avait

 20   permis à l'armée des Serbes de Bosnie de se rapprocher et de pénétrer plus

 21   en profondeur dans l'enclave. C'est mentionné dans l'un de vos rapports,

 22   c'est ce qui se passait à l'époque, n'est-ce pas.

 23   Q.  Est-ce que cela signifie que vous n'avez pas vu l'armée des Serbes de

 24   Bosnie aller au-delà de ces postes d'observation et des lignes de

 25   séparation ?

 26   R.  Je ferai remarquer que certains postes d'observation ont été installés

 27   en profondeur dans l'enclave. Ils n'étaient pas tous situés le long de la

 28   ligne de cessez-le-feu, et ceci a été parfois source de préoccupation pour

Page 19346

  1   les Musulmans, le Bataillon néerlandais installait ses postes d'observation

  2   à l'intérieur de l'enclave, ce qui permettait à l'armée des Serbes de

  3   Bosnie de se rapprocher des postes d'observation, cela signifie donc qu'ils

  4   avaient déjà franchi la ligne de cessez-le-feu et qu'ils avaient déjà

  5   pénétré dans la zone de sécurité de Srebrenica, dans l'enclave. Il y a des

  6   documents qui en témoignent.

  7   Q.  Merci. En ce qui concerne votre liberté de circulation au sein de

  8   l'enclave, est-ce que vous avez eu parfois des problèmes avec les Musulmans

  9   ? Est-ce qu'il vous est arrivé que ces derniers entravent vos déplacements

 10   ou vous refusent l'accès à certains secteurs de l'enclave ?

 11   R.  Cela s'est produit effectivement. Je me souviens notamment d'une

 12   occasion où ils nous ont empêchés de nous rendre dans un secteur en

 13   particulier, appelé le Triangle, et nous nous sommes plaints. Il y a des

 14   documents qui en attestent également.

 15   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire qui entravait vos déplacements ? Qui

 16   vous empêchait de vous rendre dans le Triangle de Bandera ? Est-ce que ces

 17   personnes étaient armées ? Est-ce qu'il s'agissait de soldats ?

 18   R.  Pour ce qui est du Triangle de Bandera, il s'agissait d'un secteur très

 19   actif, donc on y trouvait parfois des hommes en armes, certains n'étaient

 20   pas armés, mais ils nous disaient tout simplement : "Non, vous n'y irez pas

 21   au-delà." Parfois ils étaient armés, parfois ils ne l'étaient pas, mais on

 22   y réfléchissait à deux fois avant de poursuivre notre chemin. Donc on

 23   s'assurait de leur réaction, mais on ne voulait pas non plus dépasser une

 24   certaine limite.

 25   De retour à Srebrenica, nous en faisions rapport aux Musulmans, et nous

 26   signalions que l'on nous avait refusé l'accès à tel ou tel secteur, nous

 27   signalions également cela au QG de l'ONU en passant par les filières

 28   habituelles.

Page 19347

  1   Q.  Quelle raison vous a-t-on donnée pour le fait que l'on vous a refusé

  2   l'accès à certains secteurs de l'enclave ?

  3   R.  Lorsqu'ils nous ont refusé l'accès à certains secteurs de l'enclave,

  4   ils nous ont simplement dit : "Vous n'êtes pas autorisés à y aller. Vous ne

  5   pouvez pas aller au-delà de ce point." Aucune explication, aucune raison ne

  6   nous a été donnée.

  7   Q.  Lors de votre séjour dans l'enclave de Srebrenica, vous avez eu la

  8   possibilité de vous rendre dans un certain nombre de villages situés dans

  9   l'enclave. Dans l'un quelconque de ces villages, avez-vous rencontré des

 10   forces musulmanes armées, hormis les secteurs que vous venez de mentionner

 11   ?

 12   R.  Il était vraiment très rare de rencontrer des Musulmans en armes, cela

 13   n'est arrivé, je pense, qu'une ou deux fois que nous voyions dans la rue

 14   des Musulmans armés, mais sinon ces hommes n'étaient pas armés, ou du moins

 15   nous n'avons pas vu qu'ils étaient armés. Nous ne l'avons observé qu'une ou

 16   deux fois, pas plus.

 17   Q.  Vous a-t-on jamais empêché de vous rendre dans un endroit qui vous

 18   intéressait et où vous auriez pu trouver des armes, des munitions ou autres

 19   choses ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Qu'en est-il des entrepôts où l'on stockait les vivres ?

 22   R.  Non.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, la réponse faite à la

 24   question posée précédemment pourrait donner lieu à plusieurs

 25   interprétations.

 26   On vous a demandé si l'on : "Vous avait jamais empêché de vous rendre dans

 27   un endroit qui vous intéressait et où on aurait pu trouver des armes, des

 28   munitions ou autres choses ?" Et vous avez répondu par la négative.

Page 19348

  1   Je pense cependant qu'il convient d'abord d'établir si le témoin a jamais

  2   eu l'intention ou a jamais essayé de se rendre dans des endroits tels que

  3   vous avez décrits.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Effectivement.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela nous permettra de mieux comprendre

  6   la réponse faite par le témoin.

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  8   Q.  Je vais répéter ma question : avez-vous jamais essayé d'entrer dans un

  9   endroit particulier afin de voir s'il s'y trouvait des armes, des munitions

 10   ou tout autre matériel qui n'était pas autorisé ?

 11   R.  Au cours de mon séjour à Srebrenica, il n'y avait aucun endroit où se

 12   trouvaient des armes que l'on nous a empêché de visiter, il n'y a aucun

 13   endroit où nous pensions que des armes étaient entreposées que nous aurions

 14   voulu inspecter et auquel on nous aurait refusé l'accès, cela ne s'est pas

 15   produit.

 16   Q.  Merci. Vous vous êtes également rendu dans tous les postes

 17   d'observation tenus par les membres du Bataillon néerlandais, n'est-ce pas

 18   ?

 19   R.  Oui, nous avons vu la plupart d'entre eux.

 20   Q.  Vous a-t-on dit si les habitants de l'enclave étaient libres de quitter

 21   celle-ci ? En d'autres termes, pouvaient-ils quitter l'enclave sans

 22   l'autorisation préalable des autorités de Bosnie-Herzégovine ?

 23   R.  Vraiment, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. On ne nous a

 24   jamais dit si les Musulmans pouvaient circuler ou pas. Mais il n'y avait

 25   pas d'autorisation, jamais, qui aurait été nécessaire. En fait, pour entrer

 26   ou sortir de Srebrenica, il fallait obtenir l'autorisation de l'armée des

 27   Serbes de Bosnie. En ce qui concerne la possibilité pour les Musulmans de

 28   quitter l'enclave, je ne crois pas qu'il existait ce type d'autorisation.

Page 19349

  1   Q.  En d'autres termes, vous ne savez pas si cette autorisation était

  2   demandée ou pas ?

  3   R.  Pour que les Musulmans entrent ou sortent de l'enclave, il ne fallait

  4   pas obtenir une autorité, et la situation pour eux était différente de la

  5   nôtre. Nous, nous devions demander l'autorisation de quitter l'enclave ou

  6   de pénétrer dans l'enclave. Cette demande passait par la voie concernée,

  7   parfois notre demande était rejetée, parfois elle était accueillie.

  8   Mais pour ce qui est des Musulmans, ce système n'existait pas. Ils

  9   s'arrangeaient comme ils le pouvaient en passant par leur propre filière.

 10   Ils s'arrangeaient pour sortir ou entrer dans l'enclave pour obtenir des

 11   vivres ou d'autres approvisionnements, en passant par le système que j'ai

 12   qualifié plus tôt de système mafieux. En fait, il fallait soudoyer

 13   quelqu'un pour pouvoir sortir ou revenir. Le système fonctionnait et nous

 14   avons écrit des rapports à ce sujet.

 15   Q.  Vous en avez parlé dans votre déposition. J'essaie tout simplement

 16   d'être précis, de vous poser des questions claires. 

 17   Savez-vous avec certitude que les autorités musulmanes n'ont pas

 18   empêché les habitants de l'enclave de quitter celle-ci ? Est-ce que vous

 19   savez quoi que ce soit à ce sujet ? Et dans l'affirmative, que savez-vous à

 20   ce sujet ?

 21   R.  Je ne sais rien à ce sujet.

 22   Q.  Merci. Avant d'arriver dans l'enclave, avez-vous reçu entre autres des

 23   instructions sur les modalités de votre coopération avec le Bataillon

 24   néerlandais situé dans l'enclave ?

 25   R.  Oui, et c'était normal. En tant qu'instance de l'ONU, nous étions

 26   censés coopérer dans quasiment tous les domaines, notamment en ce qui

 27   concerne l'approvisionnement en nourriture. C'est eux essentiellement qui

 28   assuraient l'approvisionnement en nourriture et en eau. Donc la plupart de

Page 19350

  1   l'approvisionnement passait par eux, parfois nous allions déjeuner, nous

  2   avions des repas chauds chez eux, puis nous revenions, nous échangions des

  3   informations, nous participions parfois à des réunions ensemble.

  4   Les observateurs militaires ne dépendent pas des autres, mais on

  5   encourageait fortement la coopération. Mais la façon dont nous établissions

  6   nos rapports était différente de la façon dont eux établissaient leur

  7   rapport. Nous avions une façon bien spécifique de faire rapport, et c'était

  8   très fiable.

  9   En tant qu'observateurs, nous n'étions pas armés, nous pouvions nous

 10   rendre dans n'importe quel secteur de l'enclave, ce qui n'était pas parfois

 11   le cas pour le Bataillon néerlandais. Nous pouvions accéder à tous les

 12   secteurs car nous n'étions pas armés, alors que pour d'autres, qu'il

 13   s'agisse du Bataillon néerlandais ou d'autres, il y avait des secteurs

 14   auxquels ils n'avaient pas accès. En fait, parfois ils nous demandaient de

 15   les escorter jusqu'à certains endroits qu'ils souhaitaient voir.

 16   Q.  Dans le cadre de cet échange d'information avec le Bataillon

 17   néerlandais, avez-vous jamais été informé des activités menées par les

 18   forces musulmanes dans l'enclave ?

 19   R.  Il n'existait pas de système les obligeant à nous faire rapport sur

 20   quoi que ce soit.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, vous utilisez le

 22   terme "activités" de façon trop générale. Je souhaiterais que vous

 23   précisiez ce que vous entendez par activités ?

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Activités militaires.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Soyez donc plus précis pour que le

 26   témoin puisse répondre.

 27   Je pense qu'il a déjà répondu à cette question. Poursuivez.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

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  1   Q.  Dans le cadre des échanges d'information avec le Bataillon néerlandais,

  2   avez-vous reçu des informations concernant les activités de la partie

  3   musulmane au sein de l'enclave ?

  4   R.  Monsieur le Président, à moins qu'il s'agisse là d'un événement

  5   spécifique auquel vous faites référence, je peux vous dire qu'il n'y a pas

  6   eu de système sur lequel ils étaient censés nous informer des activités

  7   militaires à l'intérieur et à l'extérieur. Je veux dire par là que,

  8   s'agissant de la manière dont ils envoyaient des rapports, nous n'étions

  9   pas censés nécessairement savoir ce qu'ils avaient vu. Mais parfois ils

 10   pouvaient nous appeler, ils pouvaient nous dire s'il y a quelque chose au

 11   sujet de quoi ils souhaitaient qu'on lance une enquête. Ils pouvaient nous

 12   le demander dans des situations spécifiques, mais pas en général.

 13   Q.  Si j'ai bien compris, vous avez eu trois interprètes, deux Musulmans et

 14   un Serbe. Etaient-ils tenus d'exécuter les ordres que vous leur donniez,

 15   les ordres des observateurs militaires des Nations Unies ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Ils n'avaient aucune indépendance dans leur travail ?

 18   R.  Je ne comprends pas votre question.

 19   Q.  Elle n'est pas tellement importante. Je ne vais pas la répéter. Je vais

 20   parler maintenant des événements qui se sont déroulés en juillet 1995.

 21   Vous nous avez dit que vous étiez logé dans le bâtiment des PTT et que vous

 22   y êtes resté jusqu'au 9 juillet, date à laquelle vous vous êtes retiré à la

 23   base des Nations Unies à Potocari. Dites-moi tout d'abord, s'il vous plaît,

 24   est-ce que vous vous souvenez quelle est la taille de ce bâtiment ? Combien

 25   d'étages a-t-il ?

 26   R.  Je ne me souviens pas, je dirais quatre -- quatre ou cinq, mais je ne

 27   me souviens pas avec exactitude.

 28   Q.  Vous étiez au dernier étage, n'est-ce pas, vous et les autres

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  1   observateurs des Nations Unies ?

  2   R.  Non. Nous étions au parterre, tout en bas.

  3   Q.  Il y avait un petit centre de transmissions militaires dans ce bâtiment

  4   aussi, dans ce même bâtiment, n'est-ce pas, c'est ce que vous avez dit ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Est-ce que vous vous souvenez ce qui se trouvait d'autre dans ce

  7   bâtiment ? Est-ce qu'il y a eu d'autres institutions, d'autres

  8   organisations ?

  9   R.  Monsieur le Président, je ne me souviens pas s'il y avait autre chose,

 10   mais il y avait cette salle de transmissions. Je pense que c'est tout ce

 11   dont je me souviens.

 12   Q.  Vous nous avez dit que le premier jour du pilonnage de l'enclave, que

 13   vous avez informé les habitants de Srebrenica qu'il ne fallait pas qu'ils

 14   sortent à l'extérieur, qu'il fallait qu'ils restent chez eux; est-ce

 15   exact ?

 16   R.  Oui, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, nous avons

 17   exigé qu'ils restent chez eux pour assurer un niveau plus élevé de sécurité

 18   pour eux.

 19   Q.  Ai-je bien compris vos propos si je dis qu'à ce moment-là la ville même

 20   de Srebrenica était pilonnée. Je pense que vous avez compté environ 250

 21   obus qui sont tombés sur la ville ce jour-là ?

 22   R.  Oui, nous avons compté ce nombre d'obus.

 23   Q.  Est-ce que vous pourriez me dire, s'il vous plaît, si la ville était

 24   pilonnée de manière aussi violente, pourquoi n'avez-vous pas conseillé à

 25   ces gens-là de quitter la ville pour être plus en sécurité ?

 26   R.  Nous ne pouvions pas leur dire de le faire, car tout d'abord, ce nombre

 27   d'obus ne tombait pas sur un endroit en particulier seulement. Les 250 obus

 28   sont tombés, mais ils ne sont pas tombés sur un même poste, à un seul

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  1   endroit. Puis deuxièmement, où aurait-on pu leur dire d'aller ? Nous ne

  2   pouvions pas leur dire simplement de partir de chez eux. Nous ne pouvions

  3   pas le faire.

  4   En réalité, la raison pour laquelle nous avons essayé de nous mettre

  5   en contact avec Peter, c'était afin de nous assurer tout d'abord que le

  6   pilonnage s'arrête. Car nous avons voulu parler avec la partie des Serbes

  7   de Bosnie, de l'armée des Serbes de Bosnie pour qu'ils cessent le pilonnage

  8   de l'enclave, mais nous n'allions pas dire aux gens de partir car où

  9   voulez-vous qu'on leur dise de partir ? Dans quelle zone ? Quelle était la

 10   zone qui était sûre pour eux, si l'enclave qui était une zone de sécurité

 11   n'était pas sûre pour eux, où aurait-on pu leur dire de partir ?

 12   Donc notre réaction immédiate à l'époque était de leur dire de rester

 13   en sécurité là où ils étaient, de rester à l'intérieur et on disait que

 14   s'ils sortaient, il y avait une possibilité qu'ils soient touchés par obus.

 15   Même dans des bâtiments, ils n'étaient pas en sécurité, mais on considérait

 16   qu'il serait un peu plus sûr s'ils sont à l'intérieur plutôt qu'à

 17   l'extérieur, car à l'intérieur ils ne risquaient pas d'être touchés par des

 18   fragments d'obus. Donc on ne pouvait pas leur dire d'aller où que ce soit

 19   car même nous-mêmes nous étions dans la même situation.

 20   Q.  Puisque vous avez parlé des 250 obus que vous avez comptés ce jour-là,

 21   est-ce que ça veut dire que les obus tombaient partout dans l'enclave et

 22   que c'était le nombre d'obus tiré sur l'enclave dans son ensemble et non

 23   pas sur la ville ?

 24   R.  Je pense que dans notre rapport il est écrit quelque part qu'il

 25   s'agissait de Srebrenica et Potocari. Je pense que c'est écrit quelque

 26   part.

 27   Q.  D'après vous, il était plus sûr de rester à Srebrenica plutôt que de

 28   quitter la ville et aller dans des forêts aux alentours ?

Page 19354

  1   R.  Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, je considère qu'il

  2   est toujours mieux d'être en sécurité. C'est ce que je crois. Puis

  3   deuxièmement, si vous connaissez vraiment un endroit il vaut mieux -- enfin

  4   c'est mieux qu'un endroit que vous ne connaissez pas. Si vous leur dites

  5   d'aller dans les forêts, vous ne savez pas qui est dans les forêts. Il peut

  6   y avoir des soldats, des soldats de l'armée des Serbes de Bosnie, l'armée

  7   de la Republika Srpska, avec des armes légères qui pourraient les tuer

  8   immédiatement dès qu'ils les voient.

  9   Vous savez, lorsque vous tirez sur les gens, parfois vous atteignez

 10   votre cible, parfois non. On ne peut pas savoir si quelqu'un va être touché

 11   par balle ou obus ou pas. Puis on ne peut pas dire que les obus atteignent

 12   leurs cibles avec autant de précision que les armes légères, car avec les

 13   armes légères vous voyez votre cible alors qu'avec les obus il s'agit d'un

 14   tir dans le noir. Vous êtes en train de faire une évaluation de l'endroit

 15   où l'obus tombera. A notre avis, il était plus sûr de rester à l'intérieur

 16   plutôt que de dire aux gens d'aller dans la forêt, sans savoir qui y est.

 17   Q.  Vous avez dit également que ce jour-là, et que ceci vous a surpris

 18   compte tenu de l'intensité du pilonnage, il n'y a pas eu tellement de

 19   victimes à Srebrenica et que vous étiez surpris de voir que les obus

 20   tombaient aussi sur le marché, l'hôpital et le bâtiment des PTT -- enfin,

 21   ils ciblaient ces bâtiments-là, mais qu'ils n'étaient pas atteints, ils

 22   n'étaient pas touchés. Est-ce que vous nous dites que l'armée des Serbes de

 23   Bosnie tirait et ciblait effectivement ces bâtiments ?

 24   R.  En ce qui nous concerne, lorsque vous voyez une concentration des obus

 25   autour d'une certaine zone, on peut dire que c'est la zone qu'ils ciblent,

 26   peut-être pas de manière directe, mais vous pouvez déterminer leurs cibles.

 27   Je ne me souviens pas si c'était le 9 ou le 8, la date à laquelle le

 28   bâtiment des PTT a été ciblé, mais ceci figure dans notre rapport. On

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  1   pouvait voir qu'ils ciblaient cela, on pouvait voir que les obus tombaient,

  2   on pouvait voir qu'ils ciblaient ce bâtiment en particulier.

  3   Donc, si vous pouvez vous fonder seulement sur l'analyse du nombre

  4   d'obus qui tombent sur une zone en particulier, faire une analyse et

  5   comprendre ce qu'ils ciblent.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, je ne sais pas si

  7   vous souhaitez parler plus en détail de cela, mais le témoin a déposé assez

  8   longuement de cela et de la manière dont il pouvait déterminer si un site

  9   en particulier constituait une cible ou pas pendant l'interrogatoire

 10   principal, mais c'est à vous de voir.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, merci. Je vais juste poser quelques

 12   questions de plus concernant cela.

 13   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire alors la chose suivante :  comment

 14   est-ce que vous expliquez le fait que ces bâtiments qui étaient ciblés ce

 15   jour-là, le marché, l'hôpital et le bâtiment des PTT n'ont pas été touchés

 16   ? Est-ce que c'est peut-être parce que l'armée de la Republika Srpska

 17   n'avait pas les armes appropriées pour exécuter cette tâche ?

 18   R.  Je me souviens que je l'ai déjà dit que la plus grande partie de ces

 19   pièces d'artillerie n'étaient pas très précises. Puis prenant en compte le

 20   fait aussi que la trajectoire était haute, qu'il ne s'agissait pas de tirs

 21   directs et qu'ils tiraient depuis un endroit dont ils ne voyaient pas leurs

 22   cibles.

 23   Q.  Vous avez déjà expliqué cela. Inutile d'entrer dans les détails de ce

 24   que vous avez déjà mentionné.

 25   Lorsque quelqu'un cible une cible de manière aussi indirecte, est-ce

 26   qu'il peut y avoir un observateur placé à proximité qui renvoie les

 27   informations concernant les coordonnées afin de corriger la manière dont on

 28   cible ? Je ne suis pas un soldat, mais je crois que c'est ce qui est fait

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  1   d'habitude lorsque l'on souhaite atteindre une cible.

  2   R.  Vous avez raison. Vous parlez comme un soldat, et la plupart des fois

  3   c'est la manière -- il faut y avoir une manière de procéder aux corrections

  4   et aux ajustements. Si vous ne touchez pas votre cible, vous pouvez essayer

  5   d'ajuster un peu, mais après qu'un endroit est atteint par un obus, vous

  6   pouvez constater que l'obus suivant tombera un peu à droite, ou même à

  7   gauche. Donc, c'est ainsi qu'on peut conclure que les ajustements ont

  8   effectivement été faits.

  9   Q.  Cependant, après avoir manqué ces trois bâtiments, ils n'ont pas

 10   réessayé de cibler ces mêmes bâtiments le même jour afin d'enfin les

 11   atteindre, n'est-ce pas ?

 12   R.  Monsieur le Président, je n'étais pas de leur côté. Je n'étais pas là

 13   physiquement, donc je ne sais pas ce qu'ils faisaient en réalité. Ce que je

 14   sais c'est qu'ils n'ont effectivement pas atteint ces cibles de manière

 15   appropriée, notamment l'hôpital. Mais s'agissant du marché, bien sûr, le

 16   marché a été atteint. Les obus ont tombé sur le marché plusieurs fois, mais

 17   s'agissant de l'hôpital, effectivement, ils le manquaient. Je ne sais pas

 18   ce qu'ils faisaient de leur côté, je pouvais simplement faire l'évaluation

 19   selon laquelle ils ciblaient l'hôpital sans l'atteindre.

 20   Q.  Je souhaite que l'on passe à la date du 8 juillet, le deuxième jour du

 21   pilonnage, lorsque le chef d'état-major de l'ABiH vous a informé du fait

 22   que plus de 100 obus étaient tombés sur Srebrenica.

 23   Dites-nous, s'il vous plaît : est-ce que vous étiez à Srebrenica ce

 24   jour-là, le 8 juillet ?

 25   R.  Oui, Monsieur le Président.

 26   Q.  J'ai eu l'occasion de me pencher sur --

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Je dois

 28   trouver cela.

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  1   Q.  Sur une déclaration de votre interprète, Hasan Mahanovic, c'est une

  2   déclaration qui a été faite le 22 août 1995.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on se penche là-dessus.

  4   Il s'agit de la pièce 1D451. C'est Hasan Nuhanovic.

  5   Peut-on passer à la page suivante, s'il vous plaît.

  6   Q.  Vous voyez au deuxième paragraphe, il est écrit qu'en raison du

  7   pilonnage, justement avant la chute de Srebrenica, que les observateurs

  8   militaires des Nations Unies ont quitté Srebrenica le 8 juillet; est-ce

  9   exact ? Et que lui, il est le seul à y être resté pour envoyer des

 10   informations concernant ce qui se passait ?

 11   R.  Ceci n'est pas exact. Hasan Nuhanovic n'a jamais été abandonné dans le

 12   bâtiment des PTT au moment de notre départ. Nous avons quitté ce bâtiment

 13   sans le quitter à l'intérieur. Il était à l'extérieur. Nous, nous avons

 14   essayé de le trouver. Nous l'avons attendu. Nous n'avons pas pu le joindre,

 15   alors que lui il était quelque part à l'extérieur en train de chercher des

 16   membres de sa famille. Nous avons écrit tout cela dans un rapport à ce

 17   sujet. C'est écrit dans le document que vous avez déjà, qu'il était absent

 18   et que c'est la raison pour laquelle nous sommes partis seulement avec

 19   l'autre interprète.

 20   Q.  Mais est-ce que vous n'excluez pas alors la possibilité que le 8

 21   juillet, vous avez quitté Srebrenica, comme il dit ?

 22   R.  Monsieur le Président, il faut voir quand nous sommes partis du

 23   bâtiment, mais ceci figure dans un rapport. Donc, il faut le trouver, il

 24   faut trouver la date exacte. Mais le fait est que nous n'avons pas laissé

 25   Hasan Nuhanovic dans le bâtiment des PTT au moment de notre départ. Je veux

 26   dire que nous nous sommes partis le soir, et il n'y était pas. Nous n'avons

 27   pas pu le trouver. Nous sommes restés jusque vers 6 heures et nous avons

 28   démantelé tout, y compris le système de communication.

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  1   On n'aurait pas pu le laisser afin qu'il continue à communiquer avec qui

  2   que ce soit. Il n'y avait plus rien dans le bâtiment des PTT, s'agissant

  3   des activités des observateurs militaires de l'ONU. Il n'y avait absolument

  4   rien pour eux.

  5   Q.  Et vous n'avez plus eu de contacts personnels avec lui jusqu'à la chute

  6   de Srebrenica ?

  7   R.  Hasan, nous n'étions pas en contact avec --

  8   Q.  Avec Hasan Nuhanovic.

  9   R.  Hasan Nuhanovic, nous n'avons pas eu de contacts avec lui jusqu'à

 10   beaucoup plus tard, lorsqu'il est apparu dans la base du Bataillon

 11   néerlandais. Il est venu lui-même. Beaucoup plus tard, il a dit qu'il était

 12   quelque part en train de chercher des membres de sa famille. Il ne savait

 13   pas où ils étaient, et il a dû rester pour les chercher.

 14   Q.  Dites-nous, d'après nos informations, le 9 juillet un membre du

 15   Bataillon néerlandais a été tué, qui s'appelle "Renssen". Est-ce que vous

 16   avez essayé d'établir, en allant sur les lieux, comment ceci était arrivé ?

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Un moment avant de répondre à la

 18   question.

 19   Monsieur Thayer.

 20   M. THAYER : [interprétation] Oui. Objection, mais je pense qu'il faut

 21   entendre cette objection sans la présence du témoin, et il est absolument

 22   nécessaire que nous soulevions cette objection pour le compte rendu

 23   d'audience.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Est-ce que vous pourriez

 25   escorter le témoin à l'extérieur du prétoire.

 26   Colonel, je suis sûr que vous pouvez comprendre que nous avons besoin de

 27   parler d'une question de procédure en votre absence. Nous allons bientôt

 28   vous rappeler à moins que nous ne prenions une pause.

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  1   [Le témoin quitte la barre]

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, Monsieur Thayer.

  3   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   Je pense qu'il n'a pas été contesté, mais peut-être il s'agissait là d'un

  5   lapsus, mais les éléments de preuve étaient clairs. Je pense que ceci n'a

  6   pratiquement pas fait l'objet d'objection, ni de contestation, pour dire

  7   que le soldat Renssen est mort - Ben Renssen - est mort le 8 et non pas le

  8   9 juillet. Et puisque mon éminent collègue semble insister sur les dates,

  9   je souhaite dire cette objection, mais en l'absence du témoin.

 10   Mais si mon éminent collègue a des éléments de preuve lui permettant de

 11   déterminer que cette mort a eu lieu le 9, je veux bien que l'on clarifie

 12   cela, mais je souhaitais que l'on clarifie ces points tout d'abord.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, c'est moi qui me suis trompé. Excusez-

 15   moi. Il s'agissait de la date du 8 juillet. Excusez-moi.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Va-t-on procéder à une pause

 17   maintenant ou --

 18   Pour le compte rendu d'audience, pendant que nous avons siégé, nous avons

 19   été informé du fait que M. Borovcanin se dirigeait vers le Tribunal; en

 20   fait, il y est présent maintenant.

 21   Est-ce que nous allons prendre une pause maintenant ou que suggérez-vous.

 22   Nous allons prendre une pause maintenant et veuillez expliquer au témoin

 23   que nous avons une pause, il s'agira là d'une pause de 25 minutes.

 24   --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.

 25   --- L'audience est reprise à 10 heures 58.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On nous informe, Maître Haynes, que

 27   vous souhaitez vous adresser aux membres de la Chambre ?

 28   M. HAYNES : [interprétation] C'est peut-être un peu exagéré comme formule,

Page 19361

  1   mais j'ai voulu être fidèle à mon engagement qui était de parler à M.

  2   McCloskey pendant la dernière suspension d'audience au sujet de la requête

  3   65 ter.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

  5   M. HAYNES : [interprétation] Je pense que je peux dire sans crainte d'être

  6   contredit, que nous pensons que nous pouvons évoluer vers une position où

  7   nous n'aurions plus besoin de vous poser un problème de décision. Nous

  8   allons en l'occurrence essayer de cristalliser tous les domaines potentiels

  9   de litige sur tel ou tel document particulier, et je pense qu'il y aura une

 10   décision seulement s'il n'y a pas d'accord. M. McCloskey n'utilisera pas

 11   cela pour l'interrogatoire de M. Butler.

 12   Je pense pouvoir parler au nom de tous les membres de la Défense

 13   lorsque je dis qu'étant donné qu'il y a un problème qui se pose, il est

 14   vraisemblable qu'il nous faudra jusqu'à lundi matin pour le résoudre et vu

 15   l'état de préparation de Butler pour sa déposition et l'importance que

 16   revêt sa déposition en l'espèce, je pense que quel que soit le point où on

 17   arrivera avec M. Kingori au cours de la journée d'aujourd'hui et de demain,

 18   nous serions collectivement heureux si M. Butler pouvait commencer lundi

 19   seulement, lundi matin.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous remercie. Franchement je

 21   pense qu'il est plutôt probable que ce sera le cas en tout état de cause,

 22   Monsieur McCloskey. Je vous remercie Maître Haynes.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, bonjour Monsieur le Président, bonjour

 24   à tous.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur McCloskey. Sur ce

 26   dernier point, en fait j'avais évoqué cela avec Me Haynes et tous les

 27   conseils de la Défense sur la possibilité d'organiser la déposition de M.

 28   Butler lundi, vu les estimations du temps nécessaire pour la déposition

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  1   Kingori. Il serait très utile si on pouvait continuer d'organiser les

  2   choses de façon à terminer l'agencement des nombreux documents parce qu'il

  3   y a des questions de logiciel e-court qui se posent et nous rencontrons les

  4   mêmes problèmes que d'habitude. Je pense que nous pourrions prévoir de

  5   parler à M. Butler et organiser les choses en ce qui concerne les documents

  6   volumineux. Je vois que nous pouvons être aidés par les conseils de la

  7   Défense à ce sujet.

  8   Sur les autres questions de la Défense 65 ter, je n'utiliserai pas de

  9   document. Là où nous ne sommes pas d'accord, si ça se produit, à ce moment-

 10   là on pourra peut-être isoler les choses et voir sur les domaines sur

 11   lesquels nous ne sommes pas d'accord. On verra ça rapidement demain.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, M. McCloskey. Y a-t-il autre

 13   chose ?

 14   Alors faites entrer le témoin, s'il vous plaît.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, il vous est loisible

 17   de décider si vous voulez répéter vos dernières questions en reprenant la

 18   date exacte ou si vous voulez abandonner la question et passer à la

 19   question suivante.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais corriger ma question.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, allez-y.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur Kingori, je vais répéter la

 23   question que je vous avais posée tout à l'heure avant la suspension. J'ai

 24   fait une petite erreur concernant la date.

 25   D'après les renseignements dont nous disposons, le 8 juillet 1995, un

 26   membre du Bataillon néerlandais, le soldat van Renssen a été tué. La

 27   question que je vous posais est la suivante : est-ce que vous êtes allé sur

 28   place et est-ce que vous avez pu constater quelles étaient les

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  1   circonstances dans lesquelles il avait été tué ?

  2   R.  Monsieur le Président, ce soldat, pour autant que je le sache et que je

  3   puisse m'en souvenir, a été tué par un impact je crois provenant du côté de

  4   l'armée des Serbes de Bosnie. Je n'en suis pas absolument sûr, mais si vous

  5   pouvez me remontrer le compte rendu, peut-être que je pourrais m'en

  6   souvenir. Je ne me rappelle pas ce point précis. Je sais qu'il a été tué et

  7   je suis au courant du rapport et je crois que j'y ai participé.

  8   Q.  Ma question était de savoir si vous êtes allé en personne sur place

  9   pour constater quelles étaient les circonstances et la cause de son décès ?

 10   R.  Non, personnellement non.

 11   Q.  Est-ce qu'il y a eu quelque chose qui a été fait par vos autres

 12   collègues, les autres observateurs militaires ?

 13   R.  Oui, un autre observateur militaire l'a fait. Je ne me rappelle plus

 14   qui c'était. Mais tout ce qui était fait par un observateur militaire, nous

 15   le reconnaissons.

 16   Q.  Est-ce que vous avez parlé à quiconque de la cause du décès du soldat

 17   Renssen ?

 18   R.  Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par "quiconque", mais nous

 19   avons rendu compte à ce sujet. Oui, nous avons rendu compte.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Là encore, je veux dire, la question

 21   que vous avez posée au témoin est quelque peu difficile, tout au moins la

 22   façon dont nous en avons la traduction. Vous lui avez précisément posé des

 23   questions sur le fait d'avoir rendu compte de la cause du décès du soldat

 24   Renssen, non pas le décès proprement dit, mais la cause. Je ne pense pas

 25   que, d'après la réponse précédente, il ait donné une indication qu'il était

 26   au courant de la cause du décès du soldat Renssen. Je pense qu'il faut ou

 27   bien que vous reformuliez votre question ou bien ---

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, je vais laisser maintenant cette

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  1   question.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, je vous remercie.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  4   Q.  Vous nous avez dit que l'un des points qui avaient été discutés lors de

  5   vos réunions avec des représentants de l'ABiH dans l'enclave c'était

  6   également les attaques et les embuscades de la VRS contre les Musulmans qui

  7   revenaient de Tuzla où ils s'étaient rendus pour prendre certaines

  8   marchandises ou certaines fournitures, des vivres. Vous rappelez-vous cela

  9   ?

 10   R.  Oui, je m'en souviens.

 11   Q.  Pourriez-vous nous dire exactement de quel type de vivres, ou de

 12   fournitures, ou de biens il s'agissait, qu'est-ce qu'ils ramenaient de

 13   Tuzla ? Est-ce que vous pourriez être plus précis. Je vais essayer d'être

 14   plus précis. Est-ce que ceci comprenait des armes, des munitions, des

 15   choses de ce genre ?

 16   R.  Monsieur le Président, pas pour autant que je le sache. Tout au moins

 17   ce que je sais, c'est que le type de biens qu'ils ramenaient, c'était des

 18   vivres, des aliments, des choses de ce genre mais bien sûr, nous ne sommes

 19   jamais allés inspecter pour voir ce qu'ils rapportaient. Mais ce dont je

 20   suis au courant, vous le savez, c'est que la plupart des choses qu'ils

 21   ramenaient, c'était des aliments pour la population locale, parce qu'il n'y

 22   avait pas de vivres dans l'enclave autres que ce que l'UNHCR leur donnait.

 23   Donc c'était essentiellement des vivres qu'ils apportaient.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si nous n'êtes jamais allé inspecter ou

 25   si vous n'avez jamais effectué d'inspection, comment pouvez-vous savoir

 26   exactement ce qu'ils faisaient entrer ? Quelle est la source de vos

 27   renseignements, en d'autres termes ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, la source des

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  1   renseignements, c'était le réapprovisionnement sur le marché local. Chaque

  2   fois que ces hommes allaient là-bas, vous pouviez voir la quantité qui

  3   était ramenée, et ceci, par rapport à la veille ou à la semaine précédente

  4   ou quelque chose de ce genre, parce que nous pouvions suivre les prix des

  5   biens et nous pouvions trouver ces biens, ceci veut dire qu'il y avait donc

  6   réapprovisionnement.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Mais s'il n'y avait pas

  8   d'inspections en soi, ce seul fait n'exclut pas la possibilité que des

  9   armes aient pu aussi être rapportées de Tuzla, n'est-ce pas ?

 10   Vous ne vous attendriez pas, si des armes avaient été également rapportées

 11   de Tuzla, de les trouver sur le marché ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, évidemment, si des armes avaient été

 13   amenées, on ne se serait pas attendu à les trouver sur le marché. Mais tout

 14   au moins vous pouviez savoir ou vous pouviez apprendre, parce que nous

 15   parlions presque continuellement avec ces gens-là. Parfois, il se peut

 16   qu'ils n'aient pas révélé qu'ils avaient apporté des armes, mais pour

 17   autant que nous le sachions, il n'y avait pas d'armes qui rentraient.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 19   Oui, Maître Zivanovic.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 21   Q.  En d'autres termes, je comprends que vous soutenez qu'aucune arme, ni

 22   munition n'était vendue ouvertement; par conséquent, est-ce que vous en

 23   déduisez que ces gens qui sont allés à Tuzla n'ont jamais ramené d'armes,

 24   ni de munitions. C'est cela que vous en déduisez ?

 25   R.  Monsieur le Président, c'est exact. C'est bien de cela que je veux

 26   parler. Mais également, en revanche, puisque l'accord de permettre à ces

 27   personnes de sortir et de revenir était fait par la VRS, vous savez, en

 28   utilisant leurs contacts locaux et les paiements, je ne pense pas que ces

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  1   personnes auraient permis aux Musulmans d'apporter également des armes pour

  2   les combattre. Donc notre conviction, c'est certainement qu'ils se

  3   bornaient à apporter des aliments et d'autres biens de première nécessité.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant voir la pièce

  5   1D464. Il semblerait que ça n'ait pas encore été traduit, bien que nous

  6   ayons présenté une demande le mois dernier pour que ce soit fait. Je vais

  7   vous dire de quel type de document il s'agit.

  8   C'est une lettre adressée par l'état-major général de l'ABiH au

  9   commandement du 1er Corps. C'est un rapport intérimaire du général d'armée

 10   Rasim Delic. Ce rapport a été présenté le 13 juillet 1995. Il y est

 11   question de l'aide qui était apportée à l'intérieur de l'enclave par le 2e

 12   Corps de l'ABiH.

 13   Je voudrais vous demander si vous pouvez aller à la page suivante de ce

 14   document, s'il vous plaît. Il y a là un tableau qui indique quels sont les

 15   objets ou éléments qui ont été livrés.

 16   Q.  Au point 1, nous voyons : "Balles de 7.62 multiplié par 39." C'est ce

 17   qu'on lit là. Et en dessous de "Srebrenica", on lit : "354 656 éléments" ou

 18   "pièces."

 19   Vous voyez cela ?

 20   R.  Oui, je le vois.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ou 658, excusez-moi.

 22   Q.  Ensuite, vous voyez qu'il y a d'autres types de balles qui sont

 23   mentionnés : 7.62 fois 54 -- celles de 7 millimètres, 20; et ensuite, des

 24   fusils lance-grenades, 35 de ceux-là; 96 grenades à main, 425; RPG avec

 25   optique, probablement, 424; et ensuite des missiles, des grenades lancées à

 26   la main, 59; puis un lance-roquettes de 107 millimètres, une unité; puis

 27   des missiles de 107 millimètres, il y en a 28. Il y a un très grand nombre

 28   d'articles sur ce tableau. Je ne vais pas vous faire passer en revue toute

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  1   la liste.

  2   Mais la question que je pose : est-il possible que tout ceci ait été

  3   apporté à l'intérieur de l'enclave de Srebrenica sans que les observateurs

  4   de l'ONU ne remarquent quoi que ce soit ?

  5   R.  Monsieur le Président, ce que je peux vous dire, c'est que là en ce qui

  6   concerne ce type d'armes, il semble qu'il y en a eu un tel nombre qui soit

  7   entré sans que nous le sachions, bien entendu nous ne faisions pas

  8   constamment des patrouilles de jour dans tous les coins, tout au moins à

  9   chaque minute, à chaque heure. Mais en même temps, pour ce type d'armes,

 10   qu'elles aient pu entrer au moins à Srebrenica, je pense que c'est vraiment

 11   un peu difficile pour nous à envisager. J'en doute, à moins qu'elles

 12   n'aient été gardées quelque part près de la forêt, ou quelque part où nous

 13   ne pourrions pas le savoir. Parce que pour la plupart des activités qui se

 14   déroulaient là à l'intérieur, nous avions quand même quelques connaissances

 15   à ce sujet. Je pense que ce type d'armes, je ne sais pas, mais --

 16   Q.  Entre autres choses, vous avez dit que l'une des questions que vous

 17   avez discutées lors de vos réunions avec les autorités de l'ABiH dans

 18   l'enclave, c'était aussi les objections fréquentes qui étaient élevées à la

 19   suite d'attaques contre les villages, plus particulièrement ceux qui se

 20   trouvaient dans le Triangle de Bandera. Ceci faisait partie de votre

 21   déposition ici. Vous vous en souvenez ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Vous avez également dit que des fermiers étaient souvent attaqués

 24   lorsque ça a eu lieu. Comment avez-vous su que ces personnes qui étaient

 25   attaquées ces fois-là étaient simplement de simples paysans ?

 26   R.  Monsieur le Président, nous pouvions aller sur place enquêter, et les

 27   personnes à qui nous parlions, nous avons vu qu'il s'agissait simplement de

 28   paysans. C'est donc les éléments de preuve que nous avons utilisés. Vous

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  1   savez, on pouvait voir que c'étaient des fermiers tout à fait normaux,

  2   c'est ça. Ils n'étaient pas armés, ils n'avaient pas de tenue de combat et

  3   tout cela; et il y avait leurs activités qu'on pouvait également voir, il

  4   s'agissait d'agriculture. Ils avaient des fermes, et c'est la raison pour

  5   laquelle d'une façon habituelle nous rendions compte du fait qu'il

  6   s'agissait d'agriculteurs.

  7   Q.  Je comprends que vous avez dit que vous n'aviez aucun accès au Triangle

  8   de Bandera. Parfois vous étiez arrêtés par des personnes armées, et parfois

  9   vous étiez arrêtés par des personnes qui n'étaient pas armées. Ceci était

 10   une réponse que vous avez faite à une question que j'ai posée tout à

 11   l'heure au cours de cet interrogatoire ?

 12   R.  C'est vrai.

 13   Q.  J'ai l'impression que ceci n'est pas cohérent par rapport à ce que vous

 14   nous dites maintenant; à savoir que lorsque vous voyiez ces personnes qui

 15   se trouvaient dans le Triangle de Bandera, vous avez conclu qu'il

 16   s'agissait de simples agriculteurs non armés qui étaient soumis à ces

 17   attaques. Ne voyez-vous pas de contradiction là ?

 18   R.  Monsieur le Président, il n'y a pas de contradiction. Lorsqu'une

 19   attaque avait lieu ou lorsqu'une attaque s'était produite et que nous

 20   allions enquêter sur place, les blessés et ceux dont les fermes avaient

 21   reçu des bombes, on voyait qu'il s'agissait de fermiers ou d'agriculteurs

 22   tout à fait ordinaires. Ceci ne veut pas dire que nous n'ayons pas été

 23   arrêtés plus tôt ou que nous ne serions pas arrêtés plus tard par des

 24   personnes qui étaient armées. Ça ne change rien à cela, parce que le fait

 25   d'être arrêtés -- ça n'était pas nécessairement au même endroit. Le

 26   Triangle de Bandera était vaste. Et lorsqu'on y trouvait de simples

 27   agriculteurs qui étaient en train de cultiver leurs champs, ceci ne voulait

 28   pas dire qu'on ne serait pas arrêté le lendemain par un soldat armé. Donc

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  1   ce n'est pas différent et il n'y a pas nécessairement de contradiction.

  2   C'est seulement le fait que les gens que nous avons trouvés là au cours de

  3   ces attaques c'étaient de simples agriculteurs, mais en même temps nous

  4   avons rendu compte que parfois nous étions arrêtés par des hommes armés.

  5   Ceci ne contredit pas cela.

  6   Q.  Vous saviez que c'étaient de simples agriculteurs lorsque vous leur

  7   parliez, ils ne portaient pas d'armes, et ils disaient cela; c'est bien

  8   cela ?

  9   R.  Monsieur le Président, il n'y a pas que cela. Je viens juste de dire

 10   que pour l'essentiel, ils disaient qu'ils étaient de simples agriculteurs.

 11   Deuxièmement, vous pouviez voir qu'ils avaient des activités agricoles.

 12   Vous les voyiez là dans leurs fermes en train de vaquer à leurs activités

 13   ordinaires, et ceci vous amenait à penser que c'étaient effectivement des

 14   paysans ordinaires.

 15   Et un autre facteur, c'est que compte tenu de leur âge - certains

 16   d'entre eux étaient vieux - c'étaient des personnes âgées, des femmes, qui

 17   normalement ne participeraient pas à des activités de guerre -- ne seraient

 18   pas armées, je veux dire, ne seraient pas des soldats. Donc on était bien

 19   obligés de penser que c'était bien des paysans tout à fait normaux.

 20   Si l'on trouvait des gens jeunes, vigoureux, à ce moment-là qui

 21   pouvaient rapidement se convertir en soldats la nuit ou à d'autres moments.

 22   Mais lorsqu'on trouvait ces personnes âgées, vous savez, qui s'occupaient

 23   simplement de leurs exploitations, qui avaient leurs outils et tout cela,

 24   vous pensiez qu'il s'agissait bien de paysans, et je suis convaincu que

 25   c'était cela.

 26   Q.  Avez-vous dit qu'il n'y avait pas d'objectifs militaires dans le

 27   Triangle de Bandera ?

 28   R.  Je n'ai pas dit cela. Ce que je voulais dire, c'était que ce

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  1   secteur -- une partie de ce secteur, nous n'étions pas autorisés à y aller.

  2   Ce que je veux dire, c'est que les secteurs où nous étions autorisés à nous

  3   rendre, nous ne pouvions pas voir qu'il y ait des objectifs militaires.

  4   Mais peut-être que les secteurs dans lesquels nous ne pouvions pas accéder,

  5   peut-être que c'était le cas, peut-être que non. En ce qui nous concernait,

  6   les zones dans lesquelles nous allions, nous ne trouvions que des

  7   agriculteurs qui vaquaient à leurs activités agricoles normales.

  8   Q.  Je vous remercie. Vous avez également dit que, d'une certaine

  9   manière, vous aviez été très surpris d'apprendre que des membres de l'armée

 10   de la Republika Srpska avaient demandé que les Musulmans quittent l'enclave

 11   ?

 12   R.  Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Bien sûr, à un

 13   moment ou à un autre, la VRS nous avait dit qu'ils ne voulaient pas que les

 14   Musulmans restent dans l'enclave. Ceci est évidemment consigné par écrit.

 15   Q.  Ils n'ont donné aucune raison pour ça, n'est-ce pas ?

 16   R.  Ils ont donné des raisons nombreuses, variées et diverses. L'une

 17   d'entre elles, et ceci est consigné par écrit ici, c'est qu'ils ne

 18   voulaient pas qu'il y ait des Musulmans qui étaient appuyés par des

 19   fondamentalistes au milieu d'eux. Ils ne voulaient pas d'un pays où il y

 20   aurait des Musulmans qui étaient appuyés par des fondamentalistes.

 21   L'autre point, c'est qu'ils se sentaient vraiment peu confortables

 22   avec le fait que les Musulmans vivent à l'intérieur de leur propre secteur,

 23   parce qu'ils estimaient que ce secteur appartenait aux Serbes. Donc ils ne

 24   voulaient pas qu'ils soient là.

 25   Il y avait donc différentes raisons, et tout ceci est documenté.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi, Maître Zivanovic, si je

 27   peux vous interrompre un instant.

 28   Je pensais que vous poseriez d'autres questions concernant le décès du

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  1   soldat Renssen.

  2   Monsieur Kingori, vous avez répondu à Me Zivanovic que, pour autant que

  3   vous puissiez vous en souvenir, le soldat Renssen avait été tué par un

  4   impact provenant de la VRS. Pourriez-vous développer cela ? Pourriez-vous

  5   nous dire, pour autant que vous pouvez vous en souvenir, comment il est

  6   mort ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Juge, de m'avoir

  8   corrigé sur ce point.

  9   Ce soldat, je me rappelle également que je ne suis pas celui qui est

 10   allé investigué; bien qu'en tant qu'observateurs nous reconnaissons tous ce

 11   rapport comme étant le nôtre. Nous sommes bien ceux qui ont établi ce

 12   rapport, et je ne peux pas me rappeler absolument tout. Il a été tué par un

 13   obus. En fait, c'était soit une balle ou quelque chose, un projectile. Mais

 14   je ne peux pas me rappeler très bien de quel côté il provenait. Mais je

 15   pense que c'était du côté de la VRS, simplement je ne suis pas tout à fait

 16   sûr de cela pour le moment.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Sur quoi vous fondez-vous pour

 18   penser qu'il provenait de la VRS ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est parce que dans un poste d'observation --

 20   ou peut-être que je confonds deux incidents, mais je me rappelle très bien

 21   qu'il y en avait eu un qui avait été tué par la VRS, et un autre qui avait

 22   été tué par les Musulmans lorsqu'ils essayaient de se retirer. Donc il y a

 23   ces deux scénarios, je ne me rappelle pas exactement lequel des deux.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Maître Zivanovic.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 28   Q.  Sur la base de votre dernière réponse, je me rends compte que deux

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  1   membres du Bataillon néerlandais ont été tués à cette occasion. Est-ce que

  2   j'ai bien compris ?

  3   R.  Oui, il y en a eu deux.

  4   Q.  Vous ne savez pas qui était l'autre soldat, quel était son nom, puisque

  5   nous n'avions jamais entendu parler de l'autre, vraiment ?

  6   R.  En fait, je n'ai pas les noms ni de l'un, ni de l'autre.

  7   Q.  Merci. Vous avez également mentionné le fait que les unités de l'armée

  8   de la Republika Srpska avaient pris le poste d'observation Echo.

  9   R.  [aucune interprétation]

 10   Q.  Avant cela, y avait-il eu des avertissements ou des explications pour

 11   lesquelles ceci aurait eu lieu ?

 12   R.  En fait, la prise des postes d'observation par des Serbes de Bosnie ne

 13   se trouvait pas dans un cadre sans lequel il pouvait y avoir des

 14   discussions sur laquelle : "Nous allons les prendre, ou ils ne seraient pas

 15   pris." Simplement, ils lanceraient une attaque pour prendre le poste

 16   d'observation. Pour eux, ils estimaient qu'en ce qui les concernait, il y

 17   avait des soldats musulmans à compter des postes d'observation, et c'était

 18   ce à quoi ils voulaient mettre fin, et en même temps ils attaquaient les

 19   postes d'observation. Pour eux, c'était une façon d'avancer. Ils avançaient

 20   en direction de l'enclave et ça faisait également qu'ils pouvaient empêcher

 21   les observateurs de les observer.

 22   Donc c'était une activité qui avait plusieurs éléments, plusieurs facettes.

 23   Ils essayaient de faire différentes choses de façon à pouvoir atteindre

 24   leurs objectifs et se rapprocher tout en n'étant pas observés dans leurs

 25   activités de l'autre côté.

 26   Q.  Est-ce que vous vous êtes jamais trouvé là lors de réunions qui ont eu

 27   trait à ce poste d'observation, le poste d'observation Echo ? Est-ce que

 28   vous avez été en contact avec des représentants de l'armée de la Republika

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  1   Srpska lorsque ceci a été discuté ?

  2   R.  De quelle réunion voulez-vous parler, si vous permettez, parce que je

  3   ne suis pas bien sûr de savoir de quelle réunion il s'agit. Mais en ce qui

  4   concerne le poste d'observation Echo tout seul, peut-être qu'il faudrait

  5   que je me reporte à un document parce que je ne me rappelle pas quoi que ce

  6   soit concernant cette réunion.

  7   Q.  Vous a-t-on jamais fourni des explications ou ne vous a-t-on jamais

  8   prévenu que la VRS était sur le point de prendre contrôle du poste

  9   d'observation Echo ou avait, en tout cas, l'intention de le faire ?

 10   R.  Oui. Le Bataillon néerlandais nous a indiqué que la VRS -- en fait, ils

 11   nous ont dit que le poste d'observation serait déplacé. C'est ce qu'ils ont

 12   dit au Bataillon néerlandais. Ils leur ont demandé de déplacer le poste

 13   d'observation. Et ils ont dit que si ce poste d'observation n'était pas

 14   déplacé, ils se rendraient sur place et en prendraient le contrôle.

 15   Q.  Je vais vous montrer une déclaration faite par Evert Rave, un officier

 16   du Bataillon néerlandais. Il était placé sous les ordres directs du

 17   commandement.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Sa déclaration porte la cote 1D452.

 19   Je souhaiterais que l'on examine l'avant-dernier paragraphe de la page 3 de

 20   sa déclaration.

 21   Q.  Je vous invite à en prendre connaissance.

 22   R.  Quel paragraphe ?

 23   Q.  L'avant-dernier paragraphe qui commence ainsi : "La réunion du 31 mai

 24   s'est tenue au poste d'observation Echo. Les représentants serbes," et

 25   cetera.

 26   Est-ce que vous voyez ce passage ?

 27   R.  Oui. Ça y est. Je l'ai lu.

 28   Q.  Avez-vous été informé de cette conversation ou de cette réunion tenue

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  1   entre le Bataillon néerlandais et les représentants de la VRS à propos des

  2   activités menées par les Musulmans qui faisaient l'objet de plaintes ?

  3   R.  Tout ce que nous avons appris de ces gens c'est que la VRS se

  4   plaignait, car elle voulait que le poste d'observation soit déplacé

  5   puisque, d'après eux, il était utilisé par les Musulmans. Nous n'avons rien

  6   appris de plus. En outre, les rapports du Bataillon néerlandais ne nous

  7   étaient pas tous nécessairement transmis. La plupart de ces rapports nous

  8   ne les recevions pas. Mais nous avons été informés des raisons pour

  9   lesquelles la VRS voulait que le poste d'observation soit déplacé.

 10   Q.  Est-il exact de dire que les Musulmans se servaient des postes

 11   d'observation de l'ONU ?

 12   R.  Il s'agissait de postes d'observation du Bataillon néerlandais. Nous

 13   n'avions pas nos propres postes d'observation. Donc, si ces postes

 14   d'observation étaient utilisés par les Musulmans, nous n'avions aucun moyen

 15   de le savoir, puisque nous n'étions pas là.

 16   Q.  Nous avons notamment entendu la déposition de plusieurs officiers du

 17   Bataillon néerlandais. Je peux vous dire que l'un de ces officiers, qui

 18   était le commandant adjoint du bataillon, le commandant "Franken" a déclaré

 19   entre autres qu'à son arrivée à Srebrenica, on lui a dit que les forces

 20   musulmanes de l'enclave disposaient de 4 000 ou 4 500 armes légères et d'un

 21   certain nombre de mortiers.

 22   Cela figure à la page 2 438, lignes 11 et 12 du compte rendu

 23   d'audience. Le passage en question se poursuit à la page suivante.

 24   Vous a-t-on informé à votre arrivée dans l'enclave que les forces

 25   musulmanes disposaient de 4 000 ou 4 500 armes d'infanterie ?

 26   R.  Lorsque vous parlez "d'armes d'infanterie" je pense que vous parlez

 27   d'armes légères, d'armes de petit calibre. En ce qui nous concerne, toutes

 28   les machines lourdes, toutes les mitrailleuses étaient gardées par le

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  1   Bataillon néerlandais.

  2   Q.  C'est ce que vous nous avez dit. Ma question porte maintenant sur les

  3   armes légères.

  4   R.  Les armes légères dont disposaient les Musulmans, enfin

  5   personnellement, je ne savais pas qu'ils en avaient. Je ne savais pas

  6   qu'officiellement ils avaient ces armes.

  7   Q.  Ce même témoin a déclaré qu'en mai 1995, il avait pu constater que les

  8   soldats musulmans avaient reçu de nouveaux uniformes, il a pu les voir à

  9   Srebrenica. Est-il possible que vous n'ayez pas constaté la même chose ?

 10   R.  C'est ce que nous avons observé. Ils nous l'ont dit et nous l'avons

 11   constaté.

 12   Q.  Un autre officier du Bataillon néerlandais a fait une déclaration le 6

 13   octobre 2006, page 3 058, ligne 24 à la page 3 060, ligne 34 du compte

 14   rendu d'audience. Il a déclaré qu'à partir de la mi-juin en 1995, lorsqu'il

 15   se trouvait à Srebrenica, il avait pu constater une présence de plus en

 16   plus importante de soldats musulmans. Est-ce que vous avez pu observer la

 17   même chose ? Le témoin en question s'appelait "Koster".

 18   R.  Oui. Nous avons été témoin de cela, nous en avons fait rapport. Nous

 19   avons même vu certains soldats armés. Dans notre rapport, il est indiqué

 20   que nous avons signalé le fait que le chef d'état-major de l'ABiH, le

 21   dénommé Ramiz -- enfin, nous avons signalé ça à Ramiz, nous avons signalé

 22   le fait que nous avons vu la présence des soldats armés d'armes légères. Il

 23   faut se souvenir du type d'armes dont nous parlons. On ne peut pas du tout

 24   comparer ces armes avec les armes à la disposition de la VRS.

 25   Il arrivait que l'on voie deux ou trois personnes armées, mais on ne

 26   saurait comparer cela avec le type d'armements à la disposition de la VRS.

 27   A chaque fois que nous voyions des soldats de la VRS, ils étaient armés

 28   jusqu'aux dents. Nous avions une liste d'armes qu'ils avaient à leur

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  1   disposition; obus d'artillerie, missiles, lance-roquettes et ainsi de

  2   suite.

  3   La seule raison pour laquelle nous avons fait rapport à ce sujet, c'est que

  4   cela nous paraissait un peu anormal. Les Musulmans n'étaient pas censés

  5   avoir des armes du tout. Mais il est arrivé deux ou trois fois que nous

  6   voyions des personnes avec des armes, deux ou trois revolvers ou des armes

  7   de ce genre. Nous avons dû nous poser la question de ce qui se passait et

  8   nous demander d'où ils obtenaient ces armes. Donc nous avons posé la

  9   question au chef d'état-major.

 10   Q.  S'agissant de ce que vous avez déclaré, s'agissant du fait que vous

 11   aviez pu observer des personnes armées, je peux vous dire que ce même

 12   témoin nous a déclaré qu'à l'époque il y avait tellement de soldats

 13   musulmans armés que l'on ne pouvait absolument pas garantir la

 14   démilitarisation de l'enclave car le Bataillon néerlandais n'avait pas

 15   suffisamment d'effectifs.

 16   C'est ce que ce témoin a déclaré à la page 3 067, lignes 11 à 22 du compte

 17   rendu d'audience, et cela me donne l'impression qu'il y avait beaucoup de

 18   gens armés.

 19   R.  En ce qui nous concerne nous les observateurs, nous n'avons jamais eu

 20   l'impression qu'il y avait beaucoup de soldats musulmans armés dans

 21   l'enclave. Peut-être que quelqu'un du Bataillon néerlandais a remarqué cela

 22   et il n'a jamais porté cela à notre connaissance, mais la plupart du temps

 23   s'ils remarquaient quoi que ce soit ou quelque chose de ce genre, ils nous

 24   le signalaient afin que nous puissions nous rendre sur place et mener

 25   l'enquête. Mais personne à l'époque ne nous a demandé d'aller où que ce

 26   soit pour mener enquête, donc je ne sais pas. Je ne conteste pas ce qu'il a

 27   affirmé, mais tout dépend ce qu'il entend par "de nombreux soldats." Je ne

 28   le sais pas.

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  1   Q.  Je vais essayer de tirer ce point au clair et pour ce faire je vais

  2   revenir à la déposition du commandant Franken. Il a dit ici que les

  3   Musulmans de Srebrenica étaient organisés comme une division, avec des

  4   brigades chargées de secteurs bien particuliers.

  5   Aviez-vous connaissance du fait qu'il existait des brigades à Srebrenica,

  6   je veux parler de l'époque où vous vous y trouviez ?

  7   R.  A l'époque où je me trouvais sur place, nous savons qu'il y avait un

  8   chef d'état-major. Je crois qu'il y avait la 28e Division, si je ne

  9   m'abuse, qui a été rebaptisée par la suite. Pour ce qui est de cette

 10   organisation, on ne pourrait pas parler vraiment de hiérarchie. Dans

 11   l'enclave, il n'y avait pas vraiment d'organisation militaire ou de

 12   hiérarchie militaire, il n'y avait pas de hiérarchie avec une division, des

 13   brigades, des unités, tout cela n'existait pas d'après ce que nous avons pu

 14   constater. Ce type d'organisation existait bel et bien du côté de la VRS.

 15   Elle n'existait pas sous cette forme de l'autre côté.

 16   Et si vous me le permettez, j'ajouterais que même un groupe de guérilleros

 17   peuvent prétendre être organisés. C'est vrai, vous voyez qu'il y a des

 18   structures, mais cela n'en fait pas pour autant une organisation militaire

 19   digne de ce nom, si vous voyez ses dirigeants.

 20   Donc, il n'y avait pas de hiérarchie d'après ce que nous avons pu

 21   constater. C'était tout à fait différent de la situation du côté de la VRS.

 22   Donc je ne dirais pas qu'il y avait une organisation musulmane dans

 23   l'enclave, tout du moins pas sous la même forme que du côté des Serbes. Il

 24   n'y avait pas une structure militaire digne de ce nom. Je ne sais pas,

 25   peut-être qu'il y a eu certaines choses à l'extérieur de l'enclave, mais en

 26   ce qui nous concerne, dans l'enclave, nous n'avons pas pu constater la

 27   présence de telles structures qui fonctionneraient.

 28   Q.  Est-ce que vous contestez la déclaration du commandant Franken, selon

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  1   laquelle il y avait une division composée de brigades disposant chacune de

  2   zones de responsabilité ?

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

  4   M. THAYER : [interprétation] Je pense que la question a été posée à

  5   plusieurs reprises et que le témoin y a amplement répondu.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je le pense également.

  7   Question suivante, s'il vous plaît.

  8   Et je vous rappelle qu'il vous reste entre 15 et 18 minutes. Merci.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais vous montrer un autre document, le

 10   document 1D467. Ce document émane de l'état-major des forces armées à

 11   Srebrenica, il porte la date du 28 juillet 1995, c'est-à-dire, après la

 12   démilitarisation de l'enclave. Nous voyons ici les unités qui, à l'époque

 13   où le rapport a été établi, se trouvaient à l'intérieur de l'enclave.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

 15   M. THAYER : [interprétation] J'apporte une correction pour les besoins du

 16   compte rendu d'audience. Le document que nous examinons porte la date du 28

 17   juillet 1993. Je ne sais pas s'il s'agit du bon document ou pas.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je crois avoir dit le 28 juillet 1993. Si

 19   ma langue a fourché, je m'en excuse.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Tout le compte rendu

 21   d'audience a été corrigé. En conséquence, poursuivez, Maître Zivanovic.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous voyons ici toutes les unités qui se

 23   trouvaient dans l'enclave de Srebrenica à partir du 28 juillet 1993. A

 24   cette date, l'enclave était censée être démilitarisée. Or, nous constatons

 25   ici manifestement qu'il y avait la Brigade de Potocari, composée de trois

 26   bataillons; la Brigade de Suceska, composée de trois bataillons; la Brigade

 27   de Kragnjivoda.

 28   Vous êtes-vous rendu dans l'un quelconque de ces villages ? Avez-vous vu là

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  1   des membres desdites brigades ?

  2   R.  Nous nous sommes rendus à Suceska et aux autres endroits. Nous avons vu

  3   la plupart de ces lieux, et nous n'avons pas pu observer l'existence d'une

  4   telle organisation. Du moins en 1995, lorsque j'étais sur place, une telle

  5   organisation n'existait pas.

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons maintenant le document 1D472.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaiterais que les choses soient

  8   bien claires.

  9   La Brigade de Suceska --

 10   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- c'est celle qui était déployée dans

 12   le Triangle de Bandera, n'est-ce pas ? Je voudrais que les choses soient

 13   tout à fait claires.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne sais pas très bien.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que c'était la brigade placée

 16   sous les ordres de Zulfo Tursunovic, je crois que le témoin a dit qu'on les

 17   a empêchés d'entrer dans ce secteur. Pour ce qui est de la Brigade de

 18   Kragnjivoda, je ne sais plus si elle était dans le Triangle de Bandera. Je

 19   pense qu'il convient d'établir une distinction entre les renseignements

 20   obtenus directement en vous rendant sur les lieux, et les renseignements

 21   que vous n'avez pas pu obtenir car on vous a empêchés de vous rendre sur

 22   place.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, une brigade est

 24   composée d'au moins trois unités, trois unités d'infanterie, sans parler

 25   des armes d'appui, et si vous incluez les armes d'appui, il s'agit

 26   d'effectifs assez importants, car une unité compte environ 1 000 soldats.

 27   Voilà les effectifs d'une unité. Nous parlons ici d'un minimum de trois

 28   unités, c'est-à-dire 3 000 soldats, et il ne pouvait pas y avoir 3 000

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  1   soldats dans le Triangle de Bandera sans que nous les voyions. Le secteur

  2   où nous ne pouvions pas nous rendre n'était pas si vaste. En fait, si l'on

  3   tient compte de toute l'enclave de Srebrenica, on ne peut pas avoir une

  4   brigade sur le territoire de l'enclave de Srebrenica. Donc s'il y avait des

  5   soldats dans le Triangle de Bandera, s'il y avait eu l'équivalent d'une

  6   brigade, nous l'aurions vu.

  7   Il y avait peut-être des raisons pour lesquelles on nous a empêchés

  8   d'accéder dans certains secteurs. Mais j'affirme qu'il ne pouvait pas y

  9   avoir une brigade déployée dans ce secteur.

 10   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons maintenant le document 1D472. Ce

 11   texte est rédigé en anglais.

 12   Q.  Il n'a pas été traduit, mais je ne pense pas que cela vous pose

 13   problème. Ce texte a été publié.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je souhaiterais que nous examinions la

 15   dernière page de ce document. Ce qui m'intéresse, c'est le dernier

 16   paragraphe.

 17   Q.  Il y est fait mention d'un nom, Carlos Martins Branco, et

 18   l'endroit où il travaillait à l'époque est mentionné, l'endroit où il a

 19   rédigé ce texte. Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ?

 20   R.  Je l'ai peut-être oublié. Cela ne me dit pas grand-chose.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

 22   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que le

 23   compte rendu d'audience soit plus clair. Est-ce que l'on pourrait avoir des

 24   éléments de contexte, des renseignements concernant la date à laquelle ce

 25   document a été rédigé ? Nous voyons seulement l'objet, le contenu du

 26   document, il s'agit apparemment d'un courrier électronique qui a été

 27   distribué, mais je n'arrive pas à déterminer la nature de ce document, ni

 28   son auteur. Je souhaiterais que l'on nous éclaire sur son origine avant que

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  1   des questions soient posées à ce sujet.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce document se trouve sur internet. Je n'en

  3   connais pas la date exacte. Mais je pense qu'il date de 2005. C'est moi qui

  4   affirme qu'il s'agit de 2005. Il me faudrait vérifier cela. Cela étant, je

  5   souhaiterais poser d'autres questions à ce sujet, afin de rafraîchir la

  6   mémoire du témoin sur ce point.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Mais il ne faut savoir cela de

  8   toute façon, tout ce que nous avons c'est une page, et nous ne savons pas

  9   vraiment de quel document il s'agit. Vous le savez peut-être, et peut-être

 10   que M. Thayer le sait, mais nous, nous l'ignorons, et il nous faut suivre

 11   également.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'essayerai d'obtenir ces informations et

 13   j'en informerai la Chambre.

 14   M. THAYER : [interprétation] Je n'ai jamais vu ce document auparavant. Je

 15   ne connais pas cette personne, je ne sais rien.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous dire

 17   quand vous avez été informé que ce document serait utilisé ?

 18   M. THAYER : [interprétation] Aujourd'hui, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous l'avons saisi dans le système e-court

 21   lundi.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 24   Q.  Je souhaiterais que l'on revoie le début du texte, car je pense

 25   qu'il pourrait vous rafraîchir la mémoire. Vous allez voir à qui il est

 26   fait référence.

 27   Veuillez, je vous prie, examiner le premier paragraphe, troisième

 28   phrase : "J'étais adjoint au chef des officiers chargés des opérations

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  1   parmi les observateurs militaires de l'ONU à l'UNPF sur le théâtre des

  2   opérations, et mes informations se fondent sur les réunions d'information

  3   tenues avec les observateurs militaires déployés à Srebrenica à l'époque et

  4   sur certains rapports confidentiels de l'ONU."

  5   R.  Oui, j'ai lu ce passage.

  6   Q.  Vous souvenez-vous de cette personne ?

  7   R.  Ce nom ne me dit rien.

  8   Q.  Au vu de la phrase que nous venons de lire, nous pouvons conclure que

  9   cette personne a été un observateur militaire, et il a précisé son titre.

 10   Il a également précisé le fait qu'il était en contact avec des

 11   représentants militaires à Srebrenica, et notamment avec vous. Avez-vous eu

 12   des contacts avec les observateurs militaires à ce niveau ?

 13   R.  Vraiment, je ne vois pas où vous voulez en venir, au niveau du chef des

 14   opérations à l'UNPF, si c'est à cela que vous pensez, je dirais que nous

 15   n'opérions pas de concert, nous envoyions des rapports depuis notre base

 16   jusqu'au QG en passant par les voies habituelles. Alors lorsque nous

 17   rapports arrivaient au QG de Zagreb, je ne sais pas qui les lisaient. Mais

 18   nous, au niveau de l'équipe, nous nous contentions d'envoyer les rapports.

 19   Il y avait beaucoup d'observateurs militaires à l'époque. Je pense qu'il y

 20   avait environ 300 observateurs militaires, si ce n'est plus. Il m'est

 21   difficile de connaître tout le monde.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qui signifiait le sigle "UNPF" ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Force de protection de l'ONU. En fait, il

 24   s'agit de la FORPRONU.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je l'ignorais. Avez-vous jamais entendu

 26   parler de "Ruder & Finn Global Public Affairs" ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne sais pas. En tout cas, je ne pense

 28   pas qu'il faisait partie des casques bleus. Je ne sais pas.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et vous, les observateurs militaires de

  2   l'ONU, est-ce que vous faisiez partie de la FORPRONU ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous étions des observateurs militaires de

  4   l'ONU, l'UNPF était la composante armée, il s'agissait des bataillons, et

  5   ainsi de suite.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci.

  7   Monsieur Thayer.

  8   M. THAYER : [interprétation] Peut-être que je pourrais apporter quelques

  9   éclaircissements. A un moment donné, je ne sais pas si cela sera contesté

 10   ou pas, le nom officiel est devenu "Force de protection de l'ONU", et au

 11   niveau du théâtre des opérations, cette force était basée à Zagreb, je veux

 12   parler des observateurs militaires qui étaient une composante de l'UNPF. A

 13   toutes fins utiles, il n'y a pas lieu de faire la différence entre la

 14   "FORPRONU" et l'"UNPF". Tout dépend de quelle période on parle.

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons le paragraphe 10.

 16   Q.  Il en ressort que M. Branco disposait d'informations concernant les

 17   questions mentionnées dans le texte. Ces informations provenaient de

 18   conversations qu'il avait eues avec des observateurs militaires de l'ONU à

 19   Srebrenica et de rapports de l'ONU qui étaient confidentiels. Je

 20   souhaiterais que l'on examine le dernier paragraphe de la page précédente

 21   si vous le voulez bien.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Dernier paragraphe.

 23   Q.  Vous pouvez en prendre connaissance, sans le lire à voix haute, après

 24   quoi je vous poserai quelques questions à ce sujet.

 25   Il est manifeste que M. Branco, qui se trouvait à Zagreb à l'époque, a

 26   appris que des attaques armées avaient été menées contre des villages

 27   serbes situés autour de l'enclave, les informations provenaient de deux

 28   sources, les observateurs militaires déployés sur le terrain et certaines

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  1   sources confidentielles, à savoir les rapports de l'ONU qui n'avaient pas

  2   été divulgués au public. Ma question est la suivante : est-ce que les

  3   observateurs militaires des Nations Unies informaient leur commandement à

  4   Zagreb de ces incidents militaires provoqués par les formations musulmanes

  5   de l'enclave à l'encontre de la population civile autour de l'enclave de

  6   Srebrenica, donc des villages serbes, et des pertes civiles provoquées ?

  7   R.  Monsieur le Président, pendant mon mandat, je n'ai jamais été témoin de

  8   ce genre d'incidents.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Ça ne veut pas dire que

 10   ceci ne s'est pas produit.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Cela ne veut pas dire que ceci ne s'est pas

 12   produit, mais je n'ai pas été témoin de cela au cours des quatre à cinq

 13   mois que j'y ai passés.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Encore une fois, le témoin nous indique

 15   qu'il n'a pas été présent lors de tels incidents. Mais est-ce que vous en

 16   avez entendu parler sans en avoir été le témoin ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce que je voulais dire

 18   n'était pas forcément que je ne l'ai pas vu personnellement. Mais je

 19   voulais dire que pendant l'ensemble de mon séjour, s'agissant des rapports

 20   que nous avons reçus, nous, en tant qu'observateurs, n'avons jamais reçu de

 21   tels rapports, et pas seulement moi personnellement, mais nous en tant

 22   qu'observateurs.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, vous avez épuisé les

 24   deux heures que vous aviez demandées, donc veuillez conclure.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'y suis presque.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 28   Q.  Dans cette même lettre il est écrit --

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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ou plutôt, je vais vous demander de vous

  2   pencher sur le paragraphe 14, à la page suivante.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est quelle page ?

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Un instant. Veuillez défiler le texte vers

  5   le bas, s'il vous plaît.

  6   C'est le paragraphe qui commence par les mots : "Il est important aussi de

  7   prendre note de l'appel pathétique lancé par le président d'Opstina, Osman

  8   Suljic."

  9   Q.  Vous le voyez ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je veux attirer votre attention sur l'avant-dernière phrase de ce

 12   paragraphe où il est dit : "Curieusement les observateurs n'ont jamais reçu

 13   la permission d'inspecter les dépôts de réserve de nourriture."

 14   Il en découle que l'observateur militaire de Zagreb informe ici que les

 15   observateurs militaires à Srebrenica n'avaient pas reçu la permission

 16   d'inspecter les réserves de nourriture à Srebrenica; est-ce exact ?

 17   R.  Ce n'est pas exact.

 18   Q.  Est-ce qu'un tel rapport a jamais été envoyé aux observateurs

 19   militaires de Zagreb ?

 20   R.  Ce n'est pas vrai. Nous n'avons jamais envoyé ce genre d'information.

 21   Si vous examinez le début du paragraphe où il est dit que les observateurs

 22   militaires disent au monde que les Serbes utilisaient les armes chimiques,

 23   vous pouvez voir que cette même personne par la suite accuse les médias. Il

 24   a écrit au sujet de tout cela, et nous avons dit que c'était M. Osman

 25   Suljic qui l'a dit, mais nous n'avons jamais pu vérifier l'information ni

 26   la confirmer. Ceci fait partie du document, nous l'avons dit formellement.

 27   Même là où il parle de la situation en matière humanitaire, lorsqu'il

 28   dit que nous n'avions pas été autorisés à inspecter les réserves de

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  1   nourriture, ce n'est pas exact. Nous allions dans des magasins nous-mêmes.

  2   On vérifiait la situation en matière de la nourriture et on recevait

  3   également des rapports de l'UNHCR. Donc on était au courant de la situation

  4   constamment.

  5   Q.  Vous avez inspecté aussi les entrepôts de Srebrenica qui contenaient de

  6   la nourriture; est-ce exact ?

  7   R.  Oui, on les a inspectés. On allait dans des magasins. On pouvait

  8   procéder aux inspections, parfois on comptait même les articles, article

  9   par article, pour savoir ce qui était disponible.

 10   Q.  Vous avez vu l'entrepôt appartenant à la 28e Division, je suppose, qui

 11   contenait de la nourriture ?

 12   R.  La nourriture pour les gens de l'enclave ?

 13   Q.  Les militaires, les gens de l'ABiH.

 14   R.  S'il y avait un magasin différent par rapport à celui qu'on

 15   connaissait, ça je ne le sais pas. Mais le magasin dans lequel nous sommes

 16   allés, nous avons pu voir quels étaient les articles, les produits

 17   alimentaires qui étaient stockés. Je peux même dire qu'en fonction de la

 18   situation, cette nourriture pouvait durer pendant un certain temps. Et

 19   lorsque nous pouvions dire qu'il y avait suffisamment de nourriture pour

 20   une certaine période, un mois, deux mois, quelque chose comme ça, et si

 21   nous pouvions le dire c'est que nous avions pu inspecter les magasins et

 22   les dépôts.

 23   Q.  Vous avez surveillé la situation en matière de la nourriture à

 24   Srebrenica entre autres choses, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous saviez que l'ABiH ne cessait de saisir une partie de

 27   l'aide humanitaire et de nourriture ?

 28   R.  On nous a dit cela à ce moment-là en particulier, qu'effectivement

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  1   parfois ces hommes-là saisissaient un peu de nourriture et même que parfois

  2   certains des consommateurs vendaient une partie de l'aide en nourriture de

  3   l'aide humanitaire qu'ils recevaient, donc ils utilisaient une partie et

  4   ils vendaient une autre partie. Ce genre de chose se déroulait. L'armée

  5   retenait la nourriture, la stockait, et si ce genre de chose se passait,

  6   nous ne le savions pas.

  7   Q.  J'avais plusieurs questions, mais j'ai épuisé mes deux heures; donc,

  8   j'aurais une dernière question pour vous.

  9   Vous nous dites que les observateurs militaires de l'ONU étaient censés

 10   être impartiaux et neutres. Voici ma question : est-ce qu'à votre avis vous

 11   étiez un observateur impartial pendant votre mission à Srebrenica ?

 12   R.  Monsieur le Président, ceci ne fait aucun doute. J'ai été impartial.

 13   Nous, en tant qu'observateurs militaires, nous étions impartiaux. Pour

 14   autant que je le sache, nous l'étions tous. Personnellement, j'étais très

 15   impartial et je ne me suis jamais rangé d'un quelconque côté. Nous étions

 16   amicaux avec tout le monde. Nous pouvions librement parler avec chaque

 17   camp, c'est-à-dire, l'armée de la Republika Srpska et de l'ABiH, ils

 18   pouvaient nous faire confiance en tant qu'observateurs militaires. Il n'y a

 19   rien qui pourrait indiquer que nous étions partiaux de quelque manière que

 20   ce soit.

 21   Personnellement, j'ai eu des contacts avec les deux parties à tous les

 22   niveaux et les réunions ont été enregistrées. A aucun moment, mon rapport

 23   ou mes rapports n'étaient partiaux. Même la déposition que je suis en train

 24   de faire, et tout ce que je dis s'agissant d'une situation particulière est

 25   neutre. Je me fonde simplement sur la vérité par rapport à ce que j'ai

 26   observé sur le terrain et ce que j'ai enregistré.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur. Je n'ai plus de

 28   questions.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.

  2   Nous allons maintenant passer en revue le temps indiqué par les membres des

  3   équipes de la Défense différentes.

  4   Maître Meek, vous aviez demandé une heure ?

  5   M. MEEK : [interprétation] Oui.

  6   Bonjour, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

  8   M. MEEK : [interprétation] A ce stade de cette déposition, je ne pense pas

  9   avoir de questions. Ce faisant, je souhaite demander de m'accorder la

 10   possibilité de céder mes 30 minutes à l'équipe de M. Borovcanin, Me

 11   Lazarevic.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 13   M. MEEK : [interprétation] Très bien.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic.

 15   Mme NIKOLIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 16   La Défense de M. Nikolic n'a pas de questions pour ce témoin en ce moment.

 17   Je souhaite demander également à la Chambre de me permettre de céder une

 18   certaine partie du temps accordé à cette équipe de la Défense à l'équipe de

 19   M. Borovcanin, 20 minutes. C'est ce qu'on avait demandé.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

 21   M. THAYER : [interprétation] Oui. Je souhaite simplement informer la

 22   Chambre du fait que l'Accusation et l'équipe Nikolic sont arrivées à un

 23   accord pour dire que toutes les références au commandant Nikolic ne se

 24   réfèrent pas à l'accusé Drago Nikolic.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup.

 26   Pour l'équipe de M. Miletic. Madame Fauveau, vous avez demandé deux heures

 27   ?

 28   Mme FAUVEAU : Oui, Monsieur le Président. Je crois que ça sera un peu plus

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  1   court, mais je serai en position de vous dire plus après le contre-

  2   interrogatoire de mon collègue pour la Défense de Borovcanin.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Krgovic ou Maître Josse.

  4   M. JOSSE : [interprétation] Nous allons nous en tenir à notre évaluation,

  5   Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Maître Haynes.

  7   M. HAYNES : [interprétation] Je ne pense pas avoir de questions. Si

  8   quelqu'un souhaite disposer de mon temps, je veux bien céder.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Justement, je me demande si avec

 10   M. Borovcanin, dans ce cas-là nous pourrons terminer d'ici deux semaines.

 11   Maître Lazarevic, vous avez besoin de combien de temps pour votre contre-

 12   interrogatoire ? Vous avez demandé une heure et demie, au début.

 13   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Je dois être réaliste. Je m'attendais

 14   à ce que certains sujets que j'allais couvrir soient couverts au cours du

 15   contre-interrogatoire avec Me Zivanovic, et je dois dire que certains

 16   autres sujets ont été ouverts. D'autre part, lorsque nous avons comparé les

 17   documents que nous avons souhaité utiliser au cours du contre-

 18   interrogatoire de ce témoin, les documents de Mme Fauveau que nous avons eu

 19   l'intention d'utiliser, nous avons constaté que plus ou moins il s'agissait

 20   des mêmes documents.

 21   Donc probablement nous pourrons couvrir un nombre de sujets dans notre

 22   contre-interrogatoire, mais je pense que ça va durer au moins deux heures,

 23   peut-être deux heures 10, 15 minutes.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Très bien. Commençons.

 25   C'est vous qui allez prendre la parole maintenant. Veuillez vous présenter.

 26   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Permettez-moi une seconde, simplement

 27   je vais préparer --

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être vous voulez une pause

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  1   maintenant ?

  2   M. LAZAREVIC : [interprétation] Ce n'est pas la peine d'avoir une pause

  3   maintenant. Je souhaite simplement me mettre derrière le pupitre.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non. Simplement je veux dire que d'ici

  5   15 minutes nous sommes censés faire une pause de 25 minutes. Si vous

  6   préférez que l'on fasse la pause maintenant, peut-être que c'est plus

  7   facile.

  8   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, vous avez raison, Monsieur le

  9   Président. Je pense que c'est une meilleure idée.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien ?

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons alors avoir une pause

 13   de 25 minutes à partir de maintenant, ensuite nous allons continuer.

 14   --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.

 15   --- L'audience est reprise à 12 heures 48.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, êtes-vous prêt ?

 17   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez, s'il vous plaît.

 19   Un point. Nous nous attendons à ce que vous fassiez un effort, petit effort

 20   ou grand effort, afin de terminer avec ce témoin demain. Merci.

 21   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vais tenir

 22   compte de cela, je pense que nous pourrons terminer d'ici demain.

 23   Contre-interrogatoire par M. Lazarevic : 

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, Colonel Kingori. Je m'appelle Aleksandar

 25   Lazarevic. Avec mes collègues je défends le général Borovcanin devant ce

 26   Tribunal. Afin de vous permettre de m'aider à remplir les obligations qui

 27   sont les miennes devant cette Chambre de première instance, je vous demande

 28   de faire en sorte que vous répondiez dans la mesure du possible à mes

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  1   questions par un oui ou un non.

  2   Si quelque chose n'est pas clair, veuillez me l'indiquer et je vais

  3   reformuler la question afin de me permettre de traiter de toutes les

  4   questions prévues dans le temps qui nous est imparti.

  5   Je souhaite que l'on parcoure maintenant les dépositions que vous avez

  6   faites jusqu'à maintenant, afin d'identifier tout ce que vous avez dit

  7   devant ce Tribunal et devant les représentants du bureau du Procureur au

  8   sujet des événements de Srebrenica.

  9   Tout d'abord, votre première déclaration faite au bureau du Procureur

 10   de ce Tribunal a été faite les 25 et 26 septembre 1997; est-ce exact ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Puis le 31 mars, et ceci s'est poursuivi le 3 avril 2000, vous avez

 13   déposé devant ce Tribunal dans le cadre du procès à l'encontre du général

 14   Krstic; est-ce exact ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Ensuite dans le cadre du procès qui a commencé en décembre et qui

 17   continue en ce moment ?

 18   R.  Oui, c'est exact. Ça se poursuit.

 19   Q.  Au cours de la prise de déclaration de la part de l'Accusation et, bien

 20   sûr, au cours de vos dépositions devant ce Tribunal, vous avez dit  la

 21   vérité et seule la vérité au mieux de vos souvenirs; est-ce exact ?

 22   R.  Oui, c'est exact.

 23   Q.  Avant d'avoir commencé à déposer dans cette affaire, je suppose que

 24   vous avez eu l'occasion de parcourir vos déclarations préalables faites

 25   auprès du bureau du Procureur et de lire votre déclaration dans l'affaire

 26   Krstic, au cours des préparatifs; est-ce exact ?

 27   R.  Oui, vous avez raison. J'ai eu l'occasion de les parcourir.

 28   Q.  Vous avez également eu l'occasion de corriger certains points peu

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  1   précis, éventuellement de dire aux collègues de l'Accusation certaines

  2   remarques que vous aviez qui pouvaient être introduites dans la note de

  3   récolement ?

  4   R.  Oui, nous avons eu une séance de récolement.

  5   Q.  Avez-vous eu l'occasion par hasard de voir les notes que M. Thayer a

  6   pris au sujet de ce récolement qu'il a eu avec vous ? Est-ce qu'il vous a

  7   montré éventuellement ces notes de récolement ?

  8   R.  Je ne vois pas tout à fait de quelles notes vous êtes train de parler

  9   en particulier.

 10   Q.  Excusez-moi. Je vais être tout à fait clair.

 11   Après que M. Thayer a terminé votre séance de récolement, il a écrit

 12   certaines notes qui ont été envoyées à toutes les équipes de la Défense.

 13   Est-ce que, par hasard, vous-même vous avez eu l'occasion de voir les notes

 14   de M. Thayer, les notes de récolement de M. Thayer ?

 15   R.  Je n'ai pas parcouru ces notes. Nous avons simplement parcouru mes

 16   déclarations et les autres éléments de preuve. Mais c'était ça, la séance

 17   de récolement. Mais s'agissant de ces notes, s'il en a prises, nous ne les

 18   avons pas parcourues ensemble.

 19   Q.  Très bien. Peut-être je vais vous poser d'autres questions à ce sujet

 20   plus tard. Mais pour le moment, je voulais savoir si vous avez eu

 21   l'occasion de les voir et vous m'avez répondu. Maintenant, je souhaite que

 22   l'on aborde l'essentiel de votre déclaration.

 23   Sur la base de la déclaration que vous avez faite au bureau du

 24   Procureur, et j'ai déjà attiré votre attention là-dessus au début de votre

 25   déposition ici, nous voyons que vous avez décrit votre mission à Srebrenica

 26   en tant que : "Le fait d'observer toute violation de l'accord de

 27   démilitarisation et d'organiser les réunions entre les parties

 28   belligérantes afin de trouver une solution à long terme. Il s'agissait

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  1   également des activités de médiation entre les parties belligérantes et le

  2   bataillon de l'ONU qui était en charge de surveiller la mise en œuvre du

  3   cessez-le-feu."

  4   C'est la description de votre mission, de la mission de l'ONU,

  5   fournie dans votre déclaration fournie au bureau du Procureur à la page 2

  6   en anglais et page 2 en B/C/S aussi. Voici ma question, par conséquent.

  7   Est-ce que vous avez eu l'impression que votre tâche principale était

  8   d'observer les violations de l'accord de démilitarisation ? Est-ce que

  9   c'était la tâche principale de la Mission des observateurs militaires de

 10   l'ONU là-bas ?

 11   R.  Notre mission était de surveiller toutes les violations de l'accord de

 12   cessez-le-feu, les surveiller et envoyer un rapport à ce sujet.

 13   Q.  Très bien, nous allons revenir là-dessus. Vous savez, bien sûr, qu'il y

 14   avait un accord de cessez-le-feu passé entre les forces serbes et les

 15   forces de l'ABiH; est-ce exact ?

 16   R.  Monsieur le Président, l'accord de cessez-le-feu était un accord passé

 17   entre les deux parties belligérantes, et en réalité l'accord a été conclu

 18   grâce à la médiation. Le résultat est devenu quelque chose de réellement

 19   concret que ces mêmes parties belligérantes devaient respecter.

 20   Q.  Je souhaite expliquer quelque chose. Je vois qu'ici le terme anglais

 21   "ceasefire agreement", accord de cessez-le-feu, et je pensais à l'accord de

 22   démilitarisation. Donc il y a eu une erreur d'interprétation. Nous parlons

 23   donc d'un accord de démilitarisation. Est-ce que vous savez qu'un tel

 24   accord existait et qu'il constituait le fondement permettant d'ailleurs aux

 25   observateurs de l'ONU de se rendre à Srebrenica ? C'était sur cette base-là

 26   qu'ils ont pu venir à Srebrenica dans l'enclave ?

 27   R.  Si je peux le redire, j'étais censé surveiller et envoyer des rapports

 28   au sujet des violations de l'accord de cessez-le-feu, et il y avait des

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  1   questions qui faisaient partie de cet accord que nous on surveillait. S'il

  2   y a eu un accord de démilitarisation, je ne suis pas au courant de cela. Ce

  3   que je sais, c'est qu'un accord de cessez-le-feu a été conclu - je pense

  4   qu'il s'appelait "Accord Qatar" ou quelque chose comme cela - et les points

  5   qui ont fait l'objet de cet accord incluaient la démilitarisation,

  6   l'établissement d'une zone de sécurité pour les Musulmans, et ici on ne

  7   parle pas seulement des Musulmans.

  8   Car si l'on examine le contexte du point de vue de l'ONU, la question

  9   portait sur les gens qui pouvaient facilement faire l'objet des violations,

 10   donc il s'agissait des minorités dans une zone particulière. C'est la

 11   raison pour laquelle nous avions constitué des zones de sécurité à

 12   Srebrenica, Zepa, et je pense qu'il y en avait une à Sarajevo aussi et à

 13   Gorazde aussi. Si l'on examine la partie croate, je pense qu'il y avait une

 14   zone aussi appelée "Bihac". Il y avait la zone de Bihac et d'autres zones

 15   de sécurité établies par l'ONU pour protéger les personnes en position de

 16   désavantage et des minorités dans une zone en particulier.

 17   Ceci s'appelait "la zone de sécurité", car l'idée était d'assurer à

 18   la population à l'intérieur de cette zone de survivre sous la garantie de

 19   l'ONU, c'est la raison pour laquelle les contingents militaires, les

 20   bataillons, ont été envoyés dans certaines zones particulières afin

 21   d'assurer la sécurité de ces populations en particulier qui étaient soit

 22   vulnérables, soit une certaine minorité dans une zone en particulier.

 23   Q.  Merci de cette longue réponse. Mais j'ai l'impression que nous ne

 24   parlons pas de la même chose. Je vais poser une autre question.

 25   Est-ce que vous, en tant que membre de la mission d'observateurs, aviez

 26   pour tâche de remarquer le déplacement militaire d'une partie, concrètement

 27   parlant, des militaires bosniaques de l'ABiH au sein de l'enclave et d'en

 28   informer vos supérieurs ? Autrement dit, est-ce que votre tâche était de

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  1   surveiller par exemple si l'on acheminait les armes dans la zone protégée,

  2   ou bien ceci ne faisait pas partie de votre tâche ?

  3   R.  Ceci faisait partie de nos tâches.

  4   Q.  Merci beaucoup. C'est ainsi que je comprenais les choses moi aussi.

  5   Maintenant, je souhaite que l'on se penche sur un document. Je ne suis pas

  6   sûr si vous avez eu l'occasion déjà de le voir.

  7   M. LAZAREVIC : [interprétation] C'est un document qui existe à la fois en

  8   B/C/S et en anglais. Il s'agit du document 5D502.

  9   Je souhaite que l'on montre sous forme électronique ce document.

 10   Q.  Colonel, ce que nous pouvons voir maintenant à l'écran -- je vais vous

 11   dire le titre afin d'identifier le document. Il s'agit de l'accord portant

 12   sur la démilitarisation de Srebrenica et Zepa conclu entre le général Ratko

 13   Mladic et le général Sefer Halilovic le 8 mai 1993 en présence du général

 14   Philippe Morillon.

 15   Ce document est l'un des documents de base qui définissait à la fois le

 16   cessez-le-feu et la démilitarisation de Srebrenica et de Zepa.

 17   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je vous invite à vous pencher sur le

 18   paragraphe 3 de ce document, ou plutôt il s'agit de l'article 3, qui figure

 19   à la page 2 de la version en anglais et aussi en B/C/S.

 20   Q.  Veuillez prendre le temps de lire le contenu de l'article 3 avant que

 21   je vous pose ma question. Indiquez-moi simplement lorsque vous aurez fini

 22   de le lire.

 23   R.  Oui, je l'ai parcouru.

 24   Q.  Merci beaucoup. D'après cet accord, les parties serbes et musulmanes -

 25   avec la médiation du général Janvier [comme interprété] - ont conclu un

 26   accord. Conformément à l'article 3 de cet accord, comme vous pouvez le

 27   voir, est-ce qu'on peut dire qu'au sein de la zone démilitarisée, il est

 28   nécessaire de rendre les munitions, les mines, les explosifs et les

Page 19397

  1   réserves d'équipements de combat ?

  2   Autrement dit, est-ce qu'il faisait partie de votre tâche de

  3   surveiller la mise en œuvre de ce qui est stipulé au paragraphe 3, et d'en

  4   informer vos supérieurs ?

  5   R.  Monsieur le Président, je souhaite revenir un peu en arrière.

  6   Lorsque nous sommes entrés dans l'enclave, c'était au cours de la première

  7   partie de l'année 1995, la démilitarisation avait déjà eu lieu. Donc nous

  8   étions dans une enclave déjà démilitarisée et toutes les armes avaient été

  9   remises au Bataillon néerlandais, comme ils disaient, aux gens de la

 10   FORPRONU, dans cette zone en particulier. Il s'agissait des armes qui se

 11   trouvaient maintenant à la base du Bataillon néerlandais, chose dont j'ai

 12   été témoin. J'ai vu que ceci avait été fait. Donc il n'était pas nécessaire

 13   pour nous d'aller surveiller la démilitarisation, car ceci avait déjà eu

 14   lieu.

 15   Q.  Oui. Je comprends totalement votre réponse, car tout ceci se

 16   passait en 1993, et l'accord avait été passé en 1993.

 17   Vous, vous arrivez en avril 1995, à un moment où la démilitarisation

 18   avait déjà été terminée. Mais si vous observez que d'autres armes étaient

 19   acheminées dans l'enclave à cette époque-là, est-ce que conformément à cet

 20   accord vous étiez censés informer vos supérieurs à ce sujet ?

 21   R.  Oui, vous avez tout à fait raison. Ceci faisait partie de notre

 22   travail. Si nous les trouvions, nous envoyions immédiatement un rapport;

 23   c'est exact.

 24   Q.  Merci beaucoup. Je vais vous poser une question très précise

 25   maintenant.

 26   En avril 1995, c'est-à-dire au moment où vous êtes arrivé, en tant

 27   qu'observateur militaire de l'ONU, dans l'enclave de Srebrenica, saviez-

 28   vous qu'un grand nombre d'armes et d'équipements de combat avaient été

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  1   acheminés dans l'enclave ? Je fais référence à la période allant d'avril à

  2   juillet, c'est-à-dire la période pendant laquelle vous aussi, vous étiez

  3   dans l'enclave.

  4   R.  Monsieur le Président, nous n'étions pas au courant de cela, de rien

  5   d'autre que ce qui faisait l'objet de nos rapports. Ici, nous ne pouvons

  6   parler que du moment où nous avions remarqué quelques soldats de l'ABiH qui

  7   se déplaçaient en portant des armes, et nous en avons informé nos

  8   supérieurs. Mais s'agissant d'un certain réapprovisionnement en armes

  9   auquel vous semblez faire allusion, nous n'en avons pas été informé, nous

 10   n'avons pas envoyé de rapport à ce sujet.

 11   Q.  Merci beaucoup.

 12   Avant moi Me Zivanovic vous a contre-interrogé et il vous a montré le

 13   document 1D464. C'est un document du 13 juillet, et il a été envoyé par le

 14   commandant de l'ABiH, Rasim Delic, d'après votre réponse. J'ai compris que

 15   vous n'étiez pas sûr au sujet de l'exactitude de ce document, car il

 16   mentionnait un grand nombre de pièces de munition, d'armes et d'équipements

 17   de combat.

 18   Ai-je raison de dire que vous n'êtes pas tout à fait certain des

 19   nombres exacts et des niveaux de munitions, d'armes et d'équipements de

 20   combat mentionnés ici en tant qu'ayant été acheminés dans l'enclave ?

 21   R.  Monsieur le Président, il ne s'agit même pas du niveau d'armements. Il

 22   s'agit en réalité des armes elles-mêmes. S'agissant de ce genre de qualité

 23   mentionnée ici, elle est un peu trop élevée, ça c'est sûr. Deuxièmement, si

 24   un réapprovisionnement a eu lieu, ceci n'a pas été remarqué. Nous n'étions

 25   pas au courant de cela, nous ne pouvions pas être courant, donc nous

 26   n'aurions pas pu intégrer cela dans nos rapports. Donc je ne sais pas si

 27   ceci s'est vraiment produit ou pas.

 28   Q.  Très bien. Heureusement, depuis le temps où vous aviez déposé dans

Page 19399

  1   l'affaire Krstic jusqu'à ce moment-là, des équipes de la Défense

  2   différentes et l'Accusation elle-même a pu obtenir plusieurs documents

  3   importants, des archives ont été ouvertes, et maintenant nous sommes en

  4   mesure de montrer certains documents que nous ne pouvions pas vous montrer

  5   à l'époque.

  6   Je souhaite notamment vous montrer quatre documents l'un après

  7   l'autre pour continuer mes questions à ce sujet-là.

  8   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on montre maintenant le

  9   document 5D00011.

 10   Q.  Pendant que vous êtes en train d'examiner ce document, afin d'expliquer

 11   le contexte, je vais simplement dire qu'il s'agit d'un document rédigé par

 12   Enver Hadzihasanovic, qui était le chef d'état-major de l'ABiH. La date est

 13   le 21 avril 1995. Ici il est question des équipements, des moyens qui sont

 14   arrivés avant la 28e Division de Srebrenica et la 285e Brigade légère de

 15   Bosnie orientale à Zepa.

 16   Donc le 21 avril 1995, vous étiez déjà dans l'enclave de Srebrenica; est-ce

 17   exact ?

 18   R.  Oui, j'y étais. J'étais à l'intérieur.

 19   Q.  Je suppose, d'après ce que vous avez déjà dit, que vous n'aviez pas

 20   remarqué ces quantités d'armes et d'équipement dans l'enclave, mais avez-

 21   vous entendu dire que le nom du général Enver Hadzihasanovic, le chef

 22   d'état-major de l'ABiH, était mentionné pendant cette période-là pendant

 23   votre mission à Srebrenica ?

 24   R.  Je ne connais pas ce nom-là. Vous a dit "Madzi" ou "Hadzi" ?

 25   Q.  J'ai dit Hadzi. Peut-être qu'il y a eu une erreur de compte rendu

 26   d'audience. Ici il est écrit le général Enver Hadzihasanovic, le chef

 27   d'état-major de l'ABiH, il s'agit d'un officier très haut placé au sein de

 28   l'ABiH.

Page 19400

  1   R.  Je ne le connais pas. Je ne sais pas qui c'est.

  2   Q.  Bien.

  3   M. LAZAREVIC : [interprétation] Passons maintenant au document 5D00012.

  4   Excusez-moi. Il y a eu une erreur. J'ai examiné le document au lieu

  5   d'examiner le compte rendu d'audience. Il s'agit du document 5D00012.

  6   Q.  Colonel, ce document est bien semblable au document précédent, qui a

  7   été rédigé par la même personne, que vous ne connaissez pas, mais la

  8   différence est dans les dates auxquelles ces équipements de combat ont été

  9   livrés. Il s'agit ici de la date du 27 avril. Donc c'est toute une semaine

 10   plus tard par rapport aux documents précédents, et voici ce qui a été livré

 11   : les fers à cheval, les obus, les uniformes et d'autres articles.

 12   Il s'agit d'un autre rapport rédigé par le chef d'état-major au général

 13   Enver Hadzihasanovic au sujet de la distribution des équipements à la 28e

 14   Division à Srebrenica et la 285e Brigade légère d'infanterie à Zepa.

 15   Avez-vous peut-être vu les obus arriver dans l'enclave, les obus de 60

 16   millimètres, 82 millimètres, 120 millimètres ? Avez-vous peut-être vu ces

 17   articles arriver à Srebrenica pendant les mois dans lesquels vous y étiez,

 18   en avril en particulier ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Très bien. Mais vous étiez un observateur de l'ONU, et vous avez

 21   analysé les armes d'artillerie en profondeur, et vous avez parlé de cela

 22   dans vos rapports. Or, lorsque l'on parle des obus de 82 millimètres et de

 23   120 millimètres, on peut dire qu'il s'agit là d'armes d'artillerie assez

 24   puissantes, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui. Les obus de 120 millimètres ce sont des obus de mortier,

 26   effectivement ils sont puissants.

 27   Q.  Bien.

 28   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on passe maintenant à la

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  1   pièce 4D0005.

  2   Q.  Colonel, je vais vous désigner les parties pertinentes de ce

  3   document, mais je voudrais d'abord que vous regardiez la première page où

  4   il y a le titre de façon à ce que nous sachions bien de quoi nous parlons.

  5   La date est le 30 juillet 1996. Le lieu est l'assemblée de la République de

  6   Bosnie-Herzégovine. Le commandant de l'armée, Rasim Delic, présente un

  7   rapport sur les causes militaires de la chute de Srebrenica. C'est ça le

  8   sujet dont il est question.

  9   M. LAZAREVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant voir la page 4 et

 10   la page 5 en anglais; tandis que pour la version B/C/S, il s'agit de la

 11   page 4.

 12   Q.  Si vous regardez la partie supérieure de cette page, vous voyez qu'à

 13   une partie de ce paragraphe au début duquel -- le début se trouve sur la

 14   page précédente en anglais. Pourriez-vous jeter un coup d'œil à ce texte et

 15   nous reviendrons à la page précédente.

 16   R.  Oui, je l'ai vue.

 17   Q.  Maintenant, la partie inférieure de la page, comme vous le voyez, le

 18   général Rasim Delic parle devant l'assemblée de la BH et déclare qu'ils ont

 19   transporté à Srebrenica les fournitures suivantes, à l'exclusion de Zepa.

 20   C'est bien ce qui est dit ici, ce qui veut dire que Zepa n'avait aucun rôle

 21   à jouer en l'occurrence. Donc, ces renseignements concernent l'enclave de

 22   Srebrenica, seule.

 23   Pourriez-vous, s'il vous plaît, jeter un coup d'œil à cela. Que voyons-nous

 24   ici ? Dites-moi : ayant donc vu ce texte, ces tableaux sont très complets,

 25   il y a toutes sortes de munitions et d'armes qui sont mentionnées là ainsi

 26   que du matériel de transmission de communication et le reste, est-ce que

 27   vous avez remarqué quoi que ce soit de ce genre dans l'enclave de

 28   Srebrenica, à l'époque ?

Page 19402

  1   R.  Non.

  2   Q.  J'ai une question qui découle de la question précédente.

  3   Pouvez-vous nous dire qu'elle pourrait être la raison pour laquelle le

  4   général Rasim Delic, commandant de l'ABiH, présente ceci dans son rapport à

  5   l'assemblée à moins que ça n'ait été vrai ? Se pourrait-il qu'il ait eu une

  6   raison de mentir à son président ainsi qu'à l'assemblée, raison que vous

  7   pouvez vous imaginer ?

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

  9   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas de problème

 10   particulier en ce qui concerne le sujet, mais vraiment ceci demande au

 11   témoin de faire une hypothèse pour ce qui se passait dans la tête du

 12   commandant Delic, en l'occurrence.

 13   M. LAZAREVIC : [interprétation] Si je peux répondre à ce qui vient d'être

 14   dit maintenant, je ne demande pas au témoin ce que voulait dire le

 15   commandant Delic. Je lui demande s'il aurait eu connaissance d'une raison

 16   quelconque pour laquelle il mentirait. S'il ne connaît pas de raisons pour

 17   lesquelles il pourrait le faire, il n'a qu'à répondre "non".

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que d'après sa précédente

 19   réponse, il est très clair qu'il ne peut pas vous donner davantage de

 20   renseignements que ce qu'il vous a dit jusqu'à présent. Je suggère que vous

 21   passiez à la question suivante.

 22   M. LAZAREVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Q.  La dernière pièce que je souhaite vous montrer porte la cote 4D0002, en

 24   ce qui concerne cette série de questions.

 25   Colonel, au cours de votre déposition, à plusieurs reprises vous avez

 26   mentionné Ramiz Becirovic. Ce qui m'amène à conclure que vous le

 27   connaissiez et que vous aviez des contacts avec lui. Le 11 août 1993, Ramiz

 28   Becirovic a fourni une déclaration -- pardon 1995, excusez-moi. Ramiz

Page 19403

  1   Becirovic a fait une déclaration au bureau du service de la sécurité

  2   militaire du 2e Corps d'armée de l'armée de l'ABiH. Ce que nous avons

  3   devant nous c'est la déclaration qu'il a faite. Je voulais vous montrer une

  4   partie de cette déclaration; et en ce qui concerne votre déposition, nous

  5   reviendrons sur cette déclaration un peu plus tard.

  6   M. LAZAREVIC : [interprétation] Pour le moment, regardons la page 14 en

  7   B/C/S et la page 17 en version anglaise. Pourrait-on, s'il vous plaît,

  8   présenter la partie inférieure de la page, le troisième paragraphe à partir

  9   du bas.

 10   Q.  Pouvez-vous le lire à voix basse ? Ça commence par le texte suivant :

 11   "Toutes les armes lourdes ont été utilisées tout au long du combat…"

 12   "Un canon de montagne est resté sur sa position…" C'est de ce paragraphe-là

 13   que je suis en train de parler.

 14   R.  Oui, je le vois.

 15   Q.  En tant d'observateur militaire de l'ONU, dans l'enclave à l'époque,

 16   est-ce que vous avez consigné l'utilisation d'un canon de montagne ou d'une

 17   pièce d'artillerie lourde et les mortiers par l'ABiH attaquant la partie

 18   serbe ?

 19   R.  Je pense qu'il y a un point que vous devez bien comprendre clairement.

 20   Il n'est pas indiqué où il était placé, où il était monté, à quel endroit

 21   il était situé, quelles sont les coordonnées sur la carte, de sorte que

 22   nous puissions savoir s'il était plus près d'où nous nous trouvions parce

 23   que nous n'avons rien dit en ce qui concerne -- nous ne savons rien en ce

 24   qui concerne l'ensemble de l'enclave. Vous savez, il faudrait qu'on

 25   connaisse exactement la situation par rapport au bâtiment des PTT, de sorte

 26   que nous ne le savons pas. Y a-t-il des coordonnées que nous puissions

 27   connaître ?

 28   Q.  Malheureusement, je ne peux pas vous aider davantage en ce qui concerne

Page 19404

  1   ce point. Je ne suis pas à même de savoir où des pièces d'artillerie de la

  2   28e Division se trouvaient. Ce que je voulais savoir c'était si vous aviez

  3   consigné qu'il y avait eu l'utilisation de pièces d'artillerie lourdes par

  4   l'ABiH dans l'enclave. C'était ça ma question.

  5   R.  Non, Monsieur le Président. Nous n'avons pas remarqué quoi que ce soit

  6   de ce genre.

  7   Q.  Les conséquences du fait que vous n'avez pas remarqué quoi que ce soit

  8   de ce genre et de tels renseignements ne figurent dans aucun de vos

  9   rapports de situation au cours de la période en question; c'est bien cela ?

 10   R.  C'est exact. C'est la raison pour laquelle on ne pouvait pas trouver

 11   dans nos rapports ceci parce que nous ne l'avons pas constaté, nous ne

 12   l'avons pas entendu. Si ça eu lieu, il se peut que ça ait eu lieu ailleurs

 13   très loin de l'endroit où nous nous trouvions, mais en tous les cas pas à

 14   l'endroit où nous pouvions entendre. Il en va de même pour l'autre côté, ce

 15   que nous ne pouvions pas entendre, ce que nous ne pouvions pas constater et

 16   sur ce que nous ne pouvions pas rendre compte, dans ce cas-là, on n'en

 17   rendait pas compte.

 18   Q.  Oui, je suis pleinement d'accord. On ne peut pas rendre compte de

 19   choses que l'on a pas vues personnellement ou sur lesquelles ont n'a pas

 20   obtenu de renseignements. Mais j'ai une question concernant les documents

 21   que nous avons vus là. C'est une question hypothétique et je m'attends à

 22   recevoir une réponse hypothétique.

 23   Si nous supposons que tous les documents sont exacts et que toutes

 24   les armes ont en fait réussi à entrer dans l'enclave à l'époque, si nous

 25   supposons que les forces musulmanes ont ouvert le  feu avec des pièces

 26   d'artilleries contre les positions serbes à partir de l'intérieur de

 27   l'enclave, et si nous concluons que dans vos rapports de situation, il

 28   n'est pas fait mention de cela, est-ce que ça veut dire que vous n'avez pas

Page 19405

  1   rempli vos tâches d'observateur militaire comme il convenait ?

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.

  3   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, plus particulièrement

  4   en ce qui concerne la façon dont cette question est formulée, je dois

  5   élever une objection. Non seulement la question est hypothétique, et on

  6   demande au témoin une réponse hypothétique à une question hypothétique.

  7   Donc rien que pour cela, je voudrais respectueusement dire que ce n'est pas

  8   une question qui convient.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez reformuler votre question,

 10   Maître. Je crois que M. Thayer a raison. Vous pouvez lui demander s'il a

 11   une explication.

 12   M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui.

 13   Q.  Colonel, vous avez entendu ce que vient de dire le Président Agius. Si

 14   tout ce qui figure dans le document est exact, auriez-vous une explication

 15   que vous pourriez nous donner quant aux raisons pour lesquelles cela ne

 16   figure pas dans vos rapports ?

 17   R.  Monsieur le Président, si ce document est exact et que toutes les armes

 18   qui y sont énumérées dans ce rapport, si tout ceci est exact, alors

 19   vraiment, je ne peux pas comprendre pourquoi nous ne les avons pas vues. Ce

 20   qu'il y a, c'est que ces rapports, quand on émet ce genre de rapport, et

 21   tout particulièrement après avoir succombé aux combats, le type de

 22   connotations -- c'est peut-être pour essayer de se dédouaner.

 23   Je ne sais pas si ce qui a été écrit est faux. Ce que j'essaie de

 24   faire, c'est d'expliquer que ceci n'est pas ce que nous avons observé ou

 25   constaté. Pour nous, nous n'avons pas observé quoi que ce soit de ce genre

 26   pendant tout notre séjour à cet endroit.

 27   En même temps, en ce qui concerne ce type d'armes qui auraient été à

 28   cet endroit là, au moins nous aurions pu observer quelques activités dans

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  1   le genre tirs d'artillerie, si on utilisait des armes lourdes à partir de

  2   l'enclave, il est certain que nous en aurions parlé dans nos rapports.

  3   Vous voudriez noter que nos observations n'étaient pas

  4   essentiellement basées sur ce que l'ont peut voir en tant qu'individu,

  5   parce qu'il se peut qu'on ne voie pas les tirs soi-même, mais si vous

  6   entendez des obus qui survolent en sifflant, vous savez, ou qui traversent

  7   en allant d'un coté ou de l'autre, il est clair que vous savez qu'ils

  8   proviennent de tel ou tel endroit et qu'ils vont en direction de tel ou tel

  9   endroit. Nos observations, tout au long de notre séjour sur place, c'est

 10   que nous n'avons pas remarqué de tirs d'obus ou d'armes lourdes en

 11   direction de la partie adverse. Nous n'avons pas remarqué cela. S'il y en

 12   avait eu, certainement nous ne l'avons pas remarqué et nous n'avons pas

 13   rendu compte à ce sujet.

 14   Q.  Pour le moment, nous allons laisser cette question de côté, et peut-

 15   être que j'y reviendrai demain avec quelques questions supplémentaires.

 16   Hormis le fait de surveiller si des armes pénétraient dans l'enclave, votre

 17   rôle consistait également à observer si des attaques étaient lancées par

 18   l'ABiH depuis l'enclave contre des positions serbes et plus en profondeur

 19   sur le territoire tenu par les Serbes, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, vous avez raison.

 21   Q.  Si j'ai bien compris votre déposition, personne ne vous a jamais

 22   informé d'attaques menées par l'ABiH à l'époque où vous vous trouviez à

 23   Srebrenica en tant qu'observateur, attaques menées depuis l'enclave vers

 24   l'extérieur, c'est-à-dire vers les territoires tenus par les Serbes.

 25   Vous avez déclaré ici, un peu plus tôt, aux pages 19 168 et 19 169 du

 26   compte rendu d'audience, lignes 1 à 5, que vous ne vous souveniez pas de

 27   situation au cours de laquelle les Serbes se seraient plaints d'attaque

 28   menées sur leur territoire depuis l'enclave. Est-ce que vous maintenez ce

Page 19407

  1   que vous avez déclaré dans votre déposition ?

  2   R.  Je maintiens ce que j'ai dit.

  3   Q.  Fort bien. Au cours de votre séjour, avez-vous obtenu des

  4   renseignements concernant l'existence d'un plan établi par l'ABiH portant

  5   sur l'organisation d'attaques fréquentes menées depuis les enclaves de

  6   Srebrenica et de Zepa contre des territoires tenus par les Serbes, attaques

  7   visant à contenir les forces Serbes afin d'éviter qu'elles participent à

  8   des opérations du côté de Sarajevo par exemple. Est-ce que vous disposiez

  9   de tels renseignements ?

 10   R.  Je ne comprends vraiment pas ce que vous voulez dire. Si vous parlez

 11   des Musulmans qui auraient lancé des attaques contre la partie adverse afin

 12   d'éviter que celle-ci opère ailleurs, si vous parlez de cela, je ne pense

 13   pas que nous avions des renseignements en ce sens.

 14   Q.  C'est exactement la question que je voulais vous poser. Je vois que

 15   vous l'avez bien comprise.

 16   M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaiterais que l'on examine la pièce

 17   5D0003 à présent. Il me semble que nous ne voyions toujours pas la page 1

 18   de la version anglaise.

 19   Elle est affichée maintenant. Merci.

 20   Q.  Colonel, ce document porte la date du 30 juin 1995, 17 heures. Il

 21   s'agit d'un rapport de situation établi par le chef d'état-major, Ramiz

 22   Becirovic, et adressé au commandement du 2e Corps à Tuzla.

 23   Dites-moi quand vous avez fini de prendre connaissance de la première page,

 24   après quoi nous passerons à la deuxième page et nous parlerons de ce

 25   document.

 26   M. LAZAREVIC : [interprétation] Passons maintenant à la page 2, ensuite

 27   nous parlerons du contenu de ce document.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Ça y est. J'ai vu le document.

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  1   M. LAZAREVIC : [interprétation]

  2   Q.  Merci. Colonel, après vous être familiarisé avec le contenu de ce

  3   document, je vous invite à revoir la page 1, notamment le point 3. Il se

  4   lit comme suit : "Afin de détourner l'attention des forces ennemies du

  5   théâtre des opérations à Sarajevo et de concentrer leur attention sur

  6   Srebrenica et Zepa le 29 juin 1995," et cetera.

  7   En tout état de cause, le 26 juin 1995, vous vous trouviez à Srebrenica,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Est-ce que vous pourriez répéter ce que vous venez de dire, s'il vous

 10   plaît.

 11   Q.  Au point 3, point que vous avez lu, on voit que : "Pour détourner

 12   l'attention des forces ennemies du théâtre des opérations à Sarajevo et de

 13   concentrer leur attention sur Srebrenica et Zepa, le 26 juin 1995," et

 14   ainsi de suite.

 15   Au sujet de ce passage je souhaiterais vous poser la question

 16   suivante : à l'époque, vous ne vous trouviez pas à Srebrenica, vous n'étiez

 17   pas dans l'enclave, n'est-ce pas ?

 18   R.  Le 29 [comme interprété] juin, j'y étais.

 19   Q.  Au point 2, le texte se lit comme suit : "Afin d'empêcher les forces

 20   ennemies d'envoyer des renforts depuis les zones de Srebrenica et de Zepa

 21   en direction du théâtre des opérations à Sarajevo, deux actes de sabotage

 22   ont été menés à proximité de Srebrenica le 23 juin 1995, à Osmace, et le 23

 23   juin 1995 à Bijelo Stijenje près de Koprivno. Les résultats obtenus ont été

 24   les suivants," et ainsi de suite.

 25   C'est ce qui s'est passé alors que vous étiez à Srebrenica, n'est-ce

 26   pas ?

 27   R.  Est-ce qu'il est indiqué ici que je m'y trouvais ?

 28   Q.  Bien, d'après Ramiz Becirovic, d'après ses rapports, et vous connaissez

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  1   Ramiz Becirovic, il est dit qu'au cours de ces opérations 13 Chetniks ont

  2   été tués. Je pense que vous connaissez le terme "Chetnik" qui est un terme

  3   péjoratif utilisé pour désigner un soldat serbe. Je pense que vous vous

  4   souvenez de cela. Dans le cadre de ces opérations, 13 Chetniks ont été

  5   tués; puis sept Chetniks sont mentionnés au point 2; et au point 3, il dit

  6   que des actes de sabotage ont été menés en profondeur sur le territoire

  7   ennemi, jusqu'à 20 à 40 kilomètres dans le secteur de Han Pijesak. Si l'on

  8   examine la suite de ce texte, nous voyons qu'il est fait référence à une

  9   liste.

 10   Mais ceci n'est mentionné nulle part dans vos rapports et ces

 11   événements qui se sont produits le 23 et le 26 juin 1995 ne sont pas

 12   mentionnés dans vos rapports, n'est-ce pas ?

 13   R.  Voyons d'abord de quoi il est question ici. Ces activités se sont

 14   produites à l'extérieur de l'enclave, c'est ce qui est écrit, du côté de la

 15   VRS. La VRS s'est plainte entre nous de ces activités. Manifestement, si

 16   les Musulmans ont entrepris ces activités, ils ne nous en ont pas parlé et

 17   ils ne pouvaient pas nous dire : "Voilà ce que nous avons fait." Il en

 18   allait de même pour les Serbes de Bosnie. Ils ne nous parlaient pas de

 19   leurs activités militaires.

 20   Mais ceux qui avaient été touchés par ces activités se plaignaient auprès

 21   de nous et se demandaient pourquoi on leur avait fait telle ou telle chose.

 22   Alors, nous menions l'enquête et nous faisions des rapports.

 23   En l'occurrence, si la VRS a été touchée par des opérations menées par des

 24   Musulmans, on ne nous en a pas parlé. Ils ne se sont jamais plaints, donc

 25   nous ne pourrions pas en avoir connaissance et par conséquent nous n'avons

 26   pas établi de rapports à ce sujet. Mais nous aurions pu entendre des tirs,

 27   par exemple. Nous pouvions voir une distance de 20 ou 30 kilomètres, plus

 28   en profondeur du côté du territoire tenu par la VRS. Donc, c'est assez

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  1   profond. Si nous trouvions dans la ville de Srebrenica ou si nous

  2   patrouillions à proximité, à 20 ou 30 kilomètres, mais là nous n'aurions

  3   pas pu entendre ce qui se passait à moins que la partie adverse ne nous en

  4   ait parlé. Or, personne ne s'est plaint et personne ne nous en a parlé.

  5   Q.  Puisqu'il nous reste deux minutes, je souhaiterais m'assurer d'avoir

  6   bien compris votre réponse.

  7   S'agissant de ces incidents au cours desquels de nombreux soldats serbes

  8   ont été tués et pendant lesquels des groupes de sabotage de Srebrenica et

  9   de Zepa ont pénétré en profondeur sur le territoire tenu par les Serbes,

 10   vous n'avez pas été informé de ces événements et c'est la raison pour

 11   laquelle il n'en est fait mention nulle part dans l'un quelconque de vos

 12   rapports ? Est-ce que je vous comprends bien ?

 13   R.  Je souhaiterais ajouter que nous n'effectuions pas de patrouilles du

 14   côté du territoire tenu par la VRS. Notre zone de responsabilité principale

 15   se trouvait dans l'enclave. Tout ce qui se passait en profondeur sur le

 16   territoire tenu par la VRS, à moins qu'il ne nous ait été signalé par la

 17   VRS elle-même, nous ne le contrôlions pas, nous n'avions aucun contrôle là-

 18   dessus. Nous ne pouvions pas nous rendre sur place pour voir ce qu'il en

 19   était. Voilà ce que je souhaiterais dire pour compléter ce que vous avez

 20   dit.

 21   Q.  Oui, je comprends. En tout état de cause, si une attaque était menée

 22   depuis l'enclave par des membres de l'ABiH qui se trouvaient à l'intérieur

 23   de l'enclave, si une telle attaque avait eu lieu, vous auriez eu

 24   l'obligation d'établir un rapport à ce sujet, n'est-ce pas ?

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.

 26   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que nous avons

 27   vraiment épuisé ce sujet.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je le crois également. Maître

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  1   Lazarevic, ce que dit le témoin en résumé, c'est que tout ce qu'ils ont

  2   appris se trouve dans les rapports, et ce qu'ils n'ont pas appris,

  3   forcément ils ne pouvaient pas faire de rapport à ce sujet. C'est ce que

  4   l'on répète en boucle depuis quelque temps.

  5   Je pense que nous pouvons lever l'audience pour ajourner. Nous poursuivrons

  6   demain à 9 heures du matin.

  7   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le vendredi 11

  8   janvier 2008, à 9 heures 00.

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