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1 Le jeudi 10 janvier 2008
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.
6 Madame la Greffière d'audience, pourriez-vous, s'il vous plaît,
7 appeler la cause.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame
9 et Messieurs les Juges.
10 C'est l'affaire IT-05-88-T [comme interprété], le Procureur contre
11 Vujadin Popovic.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
13 Pour le compte rendu, nous avons deux accusés qui ne sont pas là. Le
14 premier, c'est l'accusé Borovcanin. Les renseignements que la Chambre de
15 première instance a obtenus sont qu'il a un rendez-vous de dentiste et
16 qu'il devrait être en mesure de se joindre à nous au cours de l'audience un
17 peu plus tard dans la matinée, mais j'ai encore besoin que son équipe de la
18 Défense me confirme qu'il n'y a pas d'objection à ce que la Chambre de
19 première instance continue ses débats. En d'autres termes, qu'il a renoncé
20 à son droit à être présent pour la partie de l'audience dans laquelle il
21 sera absent.
22 Maître Lazarevic.
23 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Les
24 renseignements sont exactement les mêmes que ceux qu'a obtenus la Chambre
25 de première instance. Les renseignements sont que M. Borovcanin avait un
26 rendez-vous de dentiste prévu - une petite intervention dentaire - et qu'il
27 nous rejoindra un peu plus tard dans le cours de l'audience. Il a renoncé
28 effectivement à son droit d'être présent, tout au moins pour une partie des
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1 débats d'aujourd'hui.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, s'il vous plaît, il
3 nous faudrait encore également la renonciation écrite. Vous voudrez bien
4 vous en occuper.
5 M. LAZAREVIC : [interprétation] Mais certainement, Monsieur le Président,
6 je la fournirai à la Chambre de première instance.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'en suis certain, Maître Lazarevic.
8 L'autre accusé absent c'est l'accusé Pandurevic. Vous vous
9 rappellerez que nous avons dû accorder une autorisation de mise en liberté
10 provisoire spéciale et il devait revenir ici au plus tard le 8 janvier.
11 Malheureusement, en raison de --
12 [problème technique]
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il y a des interférences.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. En raison de circonstances
15 imprévues échappant à la volonté du général Pandurevic et d'autres, il n'a
16 pas pu voyager depuis Sarajevo le jour où il était censé revenir en raison
17 des intempéries, des conditions météorologiques, notamment le brouillard.
18 Nous avons essayé de faire d'autres arrangements, mais on n'a pas réussi.
19 On peut espérer qu'il arrivera un peu plus tard dans la journée, dans
20 l'après-midi.
21 Je comprends que, tout au moins d'après les renseignements que nous
22 avons reçus, il a aussi renoncé à son droit d'être présent pour l'audience
23 d'aujourd'hui et une communication officielle va être confirmée par Me
24 Haynes.
25 Maître Haynes.
26 M. HAYNES : [interprétation] Oui, c'est bien cela. Il a parlé à Me Sarapa
27 hier et il a indiqué qu'il était tout à fait disposé à ce que les débats se
28 poursuivent en son absence et il a signé une confirmation qu'il serait en
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1 salle d'audience aujourd'hui.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
3 Sinon, les autres accusés sont présents.
4 Pour autant que les conseils, je note l'absence de Me Ostojic et de
5 Me Sarapa. Je ne vois pas Me Sarapa, mais je ne suis absolument pas sûr.
6 Non, pas de Me Sarapa.
7 Pour l'Accusation, c'est donc M. McCloskey et M. Thayer.
8 Je pense que nous pouvons maintenant vous souhaiter à tous la
9 bienvenue. J'apprécie les efforts que vous déployez, Maître Zivanovic,
10 parce que vous aussi avez eu des problèmes à être de retour en temps utile
11 et vous avez réussi à trouver une solution, parce que sans ça nous aurions
12 vraiment eu un problème plus compliqué encore. Donc j'apprécie cela.
13 Général Miletic, je vous présente nos condoléances pour le décès de
14 votre sœur. Nous aurions accordé une modification des conditions de mise en
15 liberté provisoire si le gouvernement de la Republika Srpska avait fourni
16 les garanties nécessaires en temps utile, mais d'après ce que je comprends
17 ça n'a pas été possible.
18 Il y a des questions préliminaires à évoquer.
19 Il y a une requête de l'Accusation qui a été récemment déposée,
20 c'est-à-dire le 8 janvier, demandant que la Chambre donne une ordonnance
21 pour admettre un représentant du gouvernement des Etats-Unis afin qu'il
22 puisse être présent à l'audience au cours de la déposition de Richard
23 Butler qui, comme vous le savez, doit commencer sa déposition probablement
24 demain, au plus tard lundi.
25 L'INTERPRÈTE : Il s'agissait de Miletic et pas de Pandurevic.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections du côté
27 des équipes de la Défense ?
28 Maître Haynes ?
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1 M. HAYNES : [interprétation] Non, il n'y en a pas. Effectivement,
2 nous avons eu la possibilité lorsque nous sommes tous finalement arrivés de
3 Belgrade hier d'en discuter hier soir et nous avons été d'avis qu'il n'y
4 avait pas d'objection à ce que M. Butler soit interrogé en ce qui concerne
5 ses antécédents et sa carrière, mais la Chambre de première instance est
6 bien l'autorité habilitée à prendre une décision et nulle autre.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'apprécie votre décision prise
8 pour l'ensemble des équipes de la Défense, donc votre requête, Monsieur
9 McCloskey, il y est donc maintenant fait droit verbalement et il n'y aura
10 pas de décision écrite par la suite, vous avez simplement besoin de
11 communiquer la décision verbale à l'ambassade des Etats-Unis ici à La Haye.
12 Il y a aussi, quelques jours après que nous ne commencions les
13 vacances judiciaires, l'Accusation a déposé une requête visant à pouvoir
14 modifier sa liste de pièces 65 ter en amendant des pièces concernant le
15 témoin Richard Butler. Elle a été déposée à titre confidentiel le 18
16 décembre 2007, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails en ce qui
17 concerne ces documents.
18 Ce que je voulais savoir c'est si l'une quelconque des équipes de la
19 Défense s'oppose ou non à cette requête. Normalement, on se serait attendu
20 à ce que vous déposiez une réponse pour le 2 janvier. C'était le délai que
21 nous avions accordé le 14 décembre lorsque nous avons siégé pour la
22 dernière fois avant les vacances judiciaires, et c'est ce qui
23 s'appliquerait vraisemblablement aussi à cette requête, mais maintenant
24 nous sommes tous de retour, l'audience a commencé le 7 janvier même si nous
25 siégions pour la première fois seulement aujourd'hui. M. Butler est prévu
26 comme devant déposer soit demain, soit au plus tard lundi, mais il est
27 nécessaire de savoir quelle est votre position parce que nous avons une
28 décision à prendre à ce sujet.
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1 Oui, Maître Haynes.
2 M. HAYNES : [interprétation] Sous réserve de la possibilité de parler à M.
3 McCloskey, peut-être lors de la première suspension d'audience, cette
4 requête, il est probable qu'il y aura une opposition, je pourrai vous en
5 informer.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons reporter cette
7 question jusqu'après la suspension de séance et garder à l'esprit en raison
8 de l'urgence de la question, il faut que nous prenions une décision à ce
9 sujet maintenant.
10 Je ne crois pas qu'il y ait autre chose que nous devions évoquer pour le
11 moment à moins que vous n'ayez d'autres questions préliminaires à évoquer
12 vous-mêmes.
13 Je donne la parole à Me Haynes.
14 M. HAYNES : [interprétation] Je ne veux pas évoquer de questions
15 préliminaires et inutiles, mais l'autre question dont nous avons discuté et
16 sur laquelle je suis autorisé à vous donner une réponse immédiate, c'est la
17 requête présentée par l'Accusation le 2 janvier qui avait trait aux 18
18 témoins supplémentaires et à la requête sur laquelle ils pourraient être
19 reçus au titre de l'article 92 bis. Peut-être qu'on pourra attendre que M.
20 Kingori ait fini sa déposition.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
22 Monsieur Thayer.
23 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, oui, nous avons déposé
24 cette requête. Nous n'avons pas eu de discussion à ce sujet avec nos
25 confrères en ce qui concerne cette requête, donc nous serions prêts à
26 présenter nos arguments verbalement sur cette question après une suspension
27 ou vers la fin de l'audience si nécessaire, à la fin de la journée.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a d'autres questions
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1 préliminaires ?
2 M. THAYER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce cas-là, on peut faire entrer M.
4 Kingori.
5 D'après ce que j'ai compris, à moins que ma mémoire ne me fasse défaut,
6 c'est que vous aviez conclu ou terminé votre interrogatoire principal et
7 que nous étions sur le point de commencer un contre-interrogatoire. C'est
8 bien cela ?
9 M. THAYER : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour Colonel, je vous souhaite
12 la bienvenue. Heureux de vous voir de retour.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les
14 Juges. Je suis heureux d'être de retour.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite une bonne année. Nous
16 pouvons maintenant commencer les divers contre-interrogatoires qui vous
17 concernent.
18 LE TÉMOIN: JOSEPH KINGORI [Reprise]
19 [Le témoin répond par l'interprète]
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que c'est vous
21 qui voulez commencer ?
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, c'est à vous.
24 Contre-interrogatoire par M. Zivanovic :
25 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Kingori.
26 R. Bonjour.
27 Q. Je vais commencer par le commencement pour ce contre-interrogatoire,
28 Monsieur le Témoin.
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1 Vous avez procédé à certains préparatifs avant d'arriver dans l'ex-
2 Yougoslavie où vous avez travaillé comme observateur de l'ONU. Vous dites
3 que vous avez eu toute une série de travaux préparatoires, premièrement au
4 Kenya, à Nairobi, et ensuite à Zagreb.
5 Ce que je voudrais vous demander, c'est si avant que vous n'arriviez
6 à Srebrenica, est-ce que vous étiez préparé ? Est-ce que vous aviez reçu
7 des instructions ou des renseignements qui avaient trait à votre tâche dans
8 ce secteur particulier ?
9 R. Monsieur le Président, les préparatifs que nous avons dû faire avant
10 d'aller à Srebrenica, c'étaient essentiellement des informations sur la
11 situation, tout particulièrement où que ce soit en Bosnie-Herzégovine. Je
12 devais aller évidemment d'une zone à l'autre, de sorte qu'il fallait
13 obtenir des instructions et des informations pertinentes, une formation
14 pertinente sur la façon de traiter la situation en Bosnie-Herzégovine, car
15 elle était considérée comme étant plus risquée par rapport à d'autres
16 secteurs de d'autres enclaves.
17 Le type de problèmes qui se trouvait là à l'intérieur était quelque peu
18 différent, par cela je veux dire que vous verrez qu'il y avait davantage de
19 combats à l'intérieur que dans d'autres secteurs, comme disons, par
20 exemple, la Krajina orientale où je me suis trouvé pendant environ six
21 mois, et également d'autres secteurs de la Croatie.
22 Q. Bien. En tout état de cause, vous avez reçu des renseignements
23 détaillés concernant les deux parties belligérantes dans l'enclave de
24 Srebrenica et autour de l'enclave. C'est bien cela ?
25 R. Oui, vous avez raison.
26 Q. Vous avez dit que votre responsabilité principale était d'observer s'il
27 y avait des violations de l'accord de cessez-le-feu. Est-ce que ces
28 violations de cessez-le-feu, est-ce que ça comprenait le fait de maintenir
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1 ou de garder des unités militaires à l'intérieur de l'enclave, à
2 l'exception évidemment du Bataillon néerlandais qui était là parce qu'il
3 faisait partie du contingent des Nations Unies ?
4 R. Ce qu'il y avait concernant les violations de l'accord de cessez-le
5 feu, eh bien il y en a eu plusieurs, simplement je n'ai pas à l'instant
6 même de liste à ce sujet, mais on les a consignées par écrit et l'un
7 d'entre eux c'était que nul ne devait pouvoir avoir des armes à l'intérieur
8 de la zone sécurisée. C'était la raison pour laquelle tous les Musulmans
9 étaient désarmés et que toutes les armes et toutes les armes lourdes ainsi
10 que les armes légères, les mitraillettes ou mitrailleuses et tout avaient
11 été emmenées à un endroit sécurisé, à savoir l'enceinte tenue par le
12 Bataillon néerlandais. C'est là qu'elles étaient conservées. Ceci se
13 passait dans toutes les autres zones démilitarisées, pas seulement à
14 Srebrenica. C'était dans tous les autres secteurs.
15 Q. Avant votre arrivée dans l'enclave et au cours des préparatifs que vous
16 faisiez, est-ce que vous avez été informé du fait que les forces musulmanes
17 qui se trouvaient dans l'enclave avaient été désarmées ou avaient rendu
18 leurs armes aux représentants de l'ONU ?
19 R. Oui, j'ai été informé de cela, Monsieur le Président. Même lorsque je
20 suis arrivé, au moment où on m'a fait faire la tournée, on m'a amené
21 jusqu'aux locaux de la compagnie Bravo où on m'a montré toutes les armes
22 lourdes qui avaient été prises à la partie musulmane. Elles se trouvaient
23 là. Elles étaient gardées et protégées par le Bataillon néerlandais.
24 Q. Par qui avez-vous été informé ? Je veux dire en ce qui concerne le fait
25 que les forces musulmanes à l'intérieur de l'enclave avaient été désarmées
26 ?
27 R. Ces renseignements provenaient du quartier général de l'ONU à Zagreb;
28 du quartier général des observateurs militaires de l'ONU également à
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1 Zagreb; et également lorsque nous sommes entrés dans l'enclave, c'était des
2 renseignements également obtenus des observateurs militaires eux-mêmes qui
3 se trouvaient à l'intérieur de l'enclave, et ces renseignements étaient à
4 la disposition de pratiquement tous ceux qui se trouvaient là, donc tout le
5 monde était au courant de ce qui avait été fait pour la démilitarisation.
6 Q. Entre autres choses, vous avez reçu des instructions à Zagreb
7 concernant la manière dont vous deviez envoyer vos rapports au commandement
8 supérieur. C'est bien ce que vous avez dit dans votre déposition, n'est-ce
9 pas ? Est-ce qu'on vous a dit à l'époque ce que devaient contenir ces
10 rapports ?
11 R. Je ne comprends pas votre question. Pourriez-vous la répéter ?
12 Q. Avez-vous reçu des instructions concernant ce que devaient contenir vos
13 rapports, les rapports que vous étiez censé adresser à votre commandement
14 supérieur à Tuzla ?
15 R. Oui. Nous avons reçu -- on nous a dit ce qu'il fallait inclure dans le
16 rapport, et en tant que -- bon, s'ils concernaient les observateurs
17 militaires d'une façon générale, vous savez, on attendait beaucoup des
18 observateurs militaires -- on était censés rendre compte de chaque
19 activité, de toutes les activités qui se déroulaient à l'intérieur des
20 secteurs de responsabilité militaire, du point de vue militaire, du point
21 de vue humanitaire ou tout autre type d'activités qui se déroulait à cet
22 endroit-là.
23 On s'attendait ou on était censés rendre compte au quartier général
24 de l'ONU parce que, bien que vous puissiez penser que nous n'avions pas
25 d'incidence directe sur les activités qui se déroulaient, ces
26 renseignements pouvaient être nécessaires pour d'autres dans le système de
27 l'ONU, de façon à être utilisés à leurs propres fins.
28 Q. Qu'en est-il des renseignements que vous transmettiez dans vos rapports
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1 ? Est-ce qu'ils avaient le même niveau de protection, de confidentialité ?
2 R. Oui, tous les renseignements que nous envoyions étaient directement
3 destinés à l'ONU, pour utilisation par l'ONU.
4 Q. Est-ce que vous utilisiez des codes pour transmettre ce type
5 d'information ?
6 R. Nous n'utilisions pas de codes, parce que notre système était très
7 clair sur la ligne par laquelle on transmettait ces renseignements, ceci
8 jusqu'au destinataire. Notre système était très clair.
9 Q. Ce type de renseignement était envoyé par télécopie, n'est-ce pas ?
10 R. Il y avait différentes manières de transmettre ce type d'information.
11 Un d'entre eux était certainement, comme vous le dites, par télécopie.
12 Sinon l'autre, c'était qu'on pouvait chiffrer et utiliser une radio pour
13 transmettre, et ceux qui recevaient de l'autre côté pouvaient déchiffrer,
14 décoder et mettre sur papier de sorte qu'ils puissent comprendre ce qu'on
15 voulait vraiment dire, et l'on pouvait également utiliser notre propre
16 réseau, c'est-à-dire notre réseau de transmission, notre propre ligne.
17 Donc, on pouvait parler à quelqu'un et lui dire exactement ce qui se
18 passait.
19 Il y avait donc ces différents moyens de transmission, et il y en
20 avait peut-être encore un dernier qui était peut-être un peu difficile,
21 mais enfin je le mentionne parce que ça pouvait se faire encore. C'était
22 d'avoir un texte qui était porté par la route. On pouvait le prendre comme
23 lettre ou une façon ou une autre, comme un document qui était porté par la
24 route.
25 Q. Autre question : avant que vous n'arriviez à Srebrenica, est-ce que
26 vous avez reçu des instructions, notamment de prendre des notes ?
27 R. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, mais s'il s'agit de
28 prendre des notes, c'était notre activité principale. En tant
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1 qu'observateurs, c'était notre activité principale de prendre des notes
2 partout où nous allions.
3 Q. Donc chaque observateur de l'ONU avait la responsabilité de faire cela
4 dans le secteur, n'est-ce pas ?
5 R. C'était vraiment le cas. En l'occurrence, notre cahier personnel
6 indépendant, c'était notre outil essentiel, notre arme essentielle. C'est
7 pour ça que nous n'étions pas attaqués ou blessés. C'est tout ce que nous
8 avions, et c'est tout ce que nous utilisions pour écrire ce que nous
9 constations sur le terrain et ce dont nous rendions compte.
10 Q. Combien de cahiers étiez-vous censés avoir ?
11 R. Il n'y avait pas d'instructions concernant le nombre de cahiers que
12 nous étions censés avoir. Nous prenons des notes en nous servant de ce que
13 nous pouvions, qu'il s'agisse d'un cahier, d'une feuille de papier.
14 Toujours est-il qu'il fallait que les informations parviennent à leurs
15 destinataires, c'est-à-dire à l'ONU. Il n'y avait pas de restriction
16 concernant le nombre de cahiers.
17 Q. Si j'ai bien compris, vous aviez à votre disposition deux cahiers; est-
18 ce exact ?
19 R. Je me suis servi effectivement de deux cahiers, mais il n'y avait pas
20 de restriction concernant le nombre de cahiers.
21 Q. Est-ce que vous vous êtes servi de ces deux cahiers pour coucher sur le
22 papier le même type d'information ?
23 R. Pas nécessairement.
24 Q. Est-ce que vous pourriez nous expliquer la raison pour laquelle vous
25 aviez deux cahiers à votre disposition ?
26 R. En fait, on pouvait avoir davantage de cahiers. On n'était pas limités
27 à deux cahiers. Par ailleurs, on pouvait se servir d'un autre cahier qu'on
28 avait à disposition et revenir ensuite sur le papier cahier. Si vous
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1 n'aviez pas retrouvé votre cahier, vous pouviez entamer un nouveau cahier.
2 Si vous retrouviez l'ancien cahier, vous pouviez continuer à prendre
3 vos notes dans l'ancien cahier. En fait, il importait peu qu'on continue à
4 se servir du même système. Vous vous serviez de ce que vous trouviez pour
5 prendre vos notes, pour écrire vos rapports, c'était là l'objet essentiel
6 de ces cahiers. Voilà ce que nous faisions.
7 Peu importe combien de cahiers nous avions à notre disposition, ces
8 cahiers parfois étaient utilisés pendant une semaine ou un mois, puis on se
9 servait d'un autre cahier. Cela importait peu. Chacun faisait ce qu'il
10 voulait.
11 Q. Récemment, vous avez communiqué au bureau du Procureur ces
12 cahiers qui concernent la période allant jusqu'au 9 juillet, d'après ce que
13 j'ai pu constater en examinant ces documents. Je n'ai pas eu beaucoup de
14 temps pour ce faire; est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous avez détruit les autres cahiers, n'est-ce pas ? C'est ce que
17 vous avez affirmé. Mais je souhaiterais que vous réfléchissiez de nouveau à
18 ce qui s'est passé afin de raviver vos souvenirs. Est-ce que vous avez noté
19 dans ces autres cahiers des informations concernant les événements
20 précédant le 9 juillet ?
21 R. En fait, dans l'autre cahier se trouvaient des informations qui
22 concernaient la période allant quasiment jusqu'au dernier jour de notre
23 séjour dans l'enclave, c'est-à-dire autour du 20 ou du 21, car je pensais
24 que si ce cahier devait se retrouver entre les mains de l'armée des Serbes
25 de Bosnie, je pourrais avoir des ennuis. Je craignais pour ma vie à
26 l'époque. Dans ces notes, j'avais, entre autres, consigné des informations
27 concernant les noms et des activités particulières des uns et des autres.
28 J'ai pensé à l'époque que si ce cahier devait se retrouver entre les
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1 mains de certaines personnes, alors que nous quittions l'enclave, quelque
2 chose aurait pu m'arriver. Donc, je craignais pour ma sécurité. C'est la
3 raison pour laquelle j'ai détruit ce cahier.
4 Q. Oui, je comprends bien. C'est ce que vous avez dit; cependant, voilà ce
5 que je souhaiterais savoir : s'agissant du premier volume, du premier
6 cahier que vous avez détruit, est-ce que vous en avez parlé à qui que soit;
7 et dans l'affirmative, quand ?
8 R. Je pense que nous n'avons communiqué cette information qu'au commandant
9 Tetteh, car nous étions tout le temps ensemble avec lui, donc il avait
10 connaissance des informations contenues dans ce cahier. Mais je ne me
11 souviens pas vraiment et certaines informations étaient assez sensibles.
12 Elles portaient sur les activités en cours, j'avais quasiment tout noté, y
13 compris des informations concernant les personnes, les activités, ce que
14 nous faisions; enfin tout. Il s'agissant d'informations très sensibles et,
15 à mon sens, il convenait de les détruire.
16 Q. Vous et les deux autres observateurs de l'ONU, qui étiez sur place le
17 22 juillet, aviez participé à une réunion au QG des observateurs de l'ONU à
18 Tuzla ou à Zagreb, c'est ce qui ressort de ce document.
19 Vous souvenez-vous de cette réunion à laquelle vous trois aviez participé
20 en compagnie d'observateurs des Nations Unies ? Je pense que cela
21 concernait un commandement supérieur.
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je demanderais que l'on examine le document
23 1D470 qui a été enregistré aux fins d'identification.
24 Q. Comme vous pouvez le constater dans le titre, il s'agissait d'une
25 réunion d'information concernant les observateurs de l'ONU ayant séjourné
26 dans l'enclave de Srebrenica. Vous souvenez-vous avoir assisté à une
27 réunion de ce genre ?
28 R. Oui, je m'en souviens.
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1 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous n'avons plus besoin de ce document.
2 Nous allons y revenir plus tard.
3 Q. Pour le moment, je souhaiterais vous poser une autre question : avez-
4 vous reçu des instructions avant votre arrivée dans l'enclave concernant
5 votre liberté de circulation ? Vous a-t-on informé que vous étiez libre de
6 circuler à votre gré dans toute l'enclave ?
7 R. Oui. On nous a transmis une lettre indiquant que notre liberté de
8 circulation était garantie et que nous pouvions effectuer des patrouilles
9 dans toute l'enclave.
10 Q. Ce faisant, vous n'avez rencontré aucune difficulté, n'est-ce pas ?
11 R. Si, si. Notre liberté de circulation a parfois été restreinte alors que
12 nous cherchions à nous rendre dans le secteur vers l'autre secteur.
13 Q. Et qui a entravé votre liberté de circulation ?
14 R. Parfois l'armée des Serbes de Bosnie, parfois les Musulmans.
15 Q. Est-ce que vous dites que l'armée de la Republika Srpska était présente
16 dans l'enclave ?
17 R. Oui. Dans certains secteurs. Ils se trouvaient présents dans certains
18 secteurs.
19 Q. Est-ce que vous pourriez nous indiquer ces secteurs où avez-vous
20 observé la présence de membres de l'armée de la Republika Srpska ?
21 R. Où voulez-vous que je vous indique cela ?
22 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
23 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
24 Q. Est-ce que vous pourriez nous indiquer le nom des villages et des lieux
25 où ça s'est produit ?
26 R. Certains secteurs se trouvaient au sud, il y avait présence de l'armée
27 des Serbes de Bosnie; donc essentiellement dans le sud. C'est là que nous
28 les rencontrions parfois et parfois ils nous empêchaient de poursuivre
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1 notre chemin dans l'enclave jusqu'à la ligne de démarcation. Ils avaient
2 pénétré de façon assez profonde dans l'enclave, au-delà de la ligne de
3 cessez-le-feu. Donc lorsque nous cherchions parfois à nous rendre sur cette
4 ligne de cessez-le-feu, ils empêchaient notre passage, il s'agissait de
5 secteurs situés essentiellement au sud. Je ne me souviens pas du nom de ces
6 villages. Si vous me montrez une carte, je pourrais vous indiquer cela.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est exactement ce que j'allais vous
8 demander, Colonel. Si l'on vous montre une carte, est-ce que cela vous
9 aidera à vous souvenir du nom de ces villages ou du moins, est-ce que vous
10 pourriez nous indiquer alors l'endroit précis que vous avez à l'esprit ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez une carte à nous
13 montrer, Maître Zivanovic ?
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je ne
15 m'attendais pas à une telle réponse de la part du témoin.
16 Q. Est-ce que vous pourriez me dire quand cela s'est produit, quand avez-
17 vous rencontré des unités de la VRS situées en profondeur dans l'enclave
18 qui vous ont empêchés de passer ?
19 R. Je ne me souviens pas des dates, mais ils étaient présents, c'est sûr.
20 Q. En avez-vous informé vos supérieurs hiérarchiques ?
21 R. Oui.
22 Q. Après avoir examiné vos rapports, je n'ai trouvé aucune indication en
23 ce sens. Par conséquent, n'est-ce pas, vous ne faites pas mention de ce
24 fait dans vos rapports ?
25 R. Je doute que vous disposiez de tous les rapports établis par des
26 observateurs de l'ONU situés à Srebrenica, rapports qui ont été envoyés au
27 QG des observateurs de l'ONU à Tuzla ou à Zagreb. Je ne pense pas que vous
28 ayez tous ces rapports à votre disposition.
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1 D'après ce que j'ai pu voir, il s'agit essentiellement de rapports que nous
2 avons nous-mêmes transmis. J'aurais souhaité que nous ayons des rapports
3 établis quotidiennement, des rapports de situation quotidiens émanant des
4 observateurs de l'ONU à Srebrenica où il serait fait mention de certains
5 moments, de certains endroits où on nous a empêchés de passer. Je me
6 souviens de deux ou trois occasions où notre passage, où nos mouvements ont
7 été entravés. On n'a pas pu aller au-delà d'un certain endroit en raison de
8 la présence de l'armée des Serbes de Bosnie. On ne pouvait pas voir tout le
9 secteur situé jusqu'à la ligne de cessez-le-feu.
10 A une occasion, en particulier, notre interprète musulman s'est vu poser
11 des questions par les soldats serbes de Bosnie, ils étaient tout à fait
12 sérieux, ils ne voulaient pas qu'il soit présent. C'est l'une des occasions
13 où on nous a empêchés de nous rendre jusqu'à la ligne de cessez-le-feu,
14 donc ils se trouvaient déjà dans l'enclave.
15 Q. Un certain nombre d'officiers du Bataillon néerlandais ont déposé en
16 l'espèce, ils tenaient des postes d'observation dans le secteur à l'époque,
17 et pourtant aucun de ces officiers ne nous a dit que l'armée des Serbes de
18 Bosnie avait franchi la ligne de confrontation pour pénétrer dans
19 l'enclave.
20 Ne pensez-vous pas qu'ils auraient dû franchir la ligne de confrontation
21 afin de pénétrer dans l'enclave.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
23 M. THAYER : [interprétation] Je pense que l'on défend dans la question les
24 dépositions entendues par la Chambre. Je ne souhaite pas insister, mais je
25 voulais simplement le signaler aux fins du compte rendu.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si cette question devait être débattue,
27 il conviendrait d'en débattre en l'absence du témoin. Je ne suis pas en
28 mesure d'exprimer mon accord ou mon désaccord, car je ne souhaite pas
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1 m'immiscer dans ces débats.
2 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je n'insisterai pas.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Question suivante.
4 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
5 Q. Entre autres, vous avez déclaré que l'ABiH, ou plutôt la partie qui de
6 temps à autre entravait vos déplacements dans l'enclave. Est-ce que vous
7 pourriez nous dire quand et où ces agissements se sont produits ?
8 R. Je pense avoir déjà répondu à cette question, cela concernait
9 essentiellement le secteur situé au sud et l'armée des Serbes de Bosnie.
10 C'est l'armée des Serbes de Bosnie, essentiellement, qui entravait nos
11 déplacements dans la partie sud de l'enclave. Ils avaient pénétré assez
12 profondément dans l'enclave. Et parfois, alors que nous effectuions des
13 patrouilles, nous les avons rencontrés, nous nous sommes entretenus avec
14 eux. Si vous examinez la carte, vous pourrez voir où ils se trouvaient à ce
15 moment-là. Ils se trouvaient dans l'enclave. En ce qui les concernait, il
16 s'agissait de leur propre territoire.
17 Au cours d'une des réunions que nous avons eues, le Bataillon néerlandais a
18 été informé par les Musulmans qu'ils avaient installé leur poste
19 d'observation plus profondément dans l'enclave, et que c'est ce qui avait
20 permis à l'armée des Serbes de Bosnie de se rapprocher et de pénétrer plus
21 en profondeur dans l'enclave. C'est mentionné dans l'un de vos rapports,
22 c'est ce qui se passait à l'époque, n'est-ce pas.
23 Q. Est-ce que cela signifie que vous n'avez pas vu l'armée des Serbes de
24 Bosnie aller au-delà de ces postes d'observation et des lignes de
25 séparation ?
26 R. Je ferai remarquer que certains postes d'observation ont été installés
27 en profondeur dans l'enclave. Ils n'étaient pas tous situés le long de la
28 ligne de cessez-le-feu, et ceci a été parfois source de préoccupation pour
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1 les Musulmans, le Bataillon néerlandais installait ses postes d'observation
2 à l'intérieur de l'enclave, ce qui permettait à l'armée des Serbes de
3 Bosnie de se rapprocher des postes d'observation, cela signifie donc qu'ils
4 avaient déjà franchi la ligne de cessez-le-feu et qu'ils avaient déjà
5 pénétré dans la zone de sécurité de Srebrenica, dans l'enclave. Il y a des
6 documents qui en témoignent.
7 Q. Merci. En ce qui concerne votre liberté de circulation au sein de
8 l'enclave, est-ce que vous avez eu parfois des problèmes avec les Musulmans
9 ? Est-ce qu'il vous est arrivé que ces derniers entravent vos déplacements
10 ou vous refusent l'accès à certains secteurs de l'enclave ?
11 R. Cela s'est produit effectivement. Je me souviens notamment d'une
12 occasion où ils nous ont empêchés de nous rendre dans un secteur en
13 particulier, appelé le Triangle, et nous nous sommes plaints. Il y a des
14 documents qui en attestent également.
15 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire qui entravait vos déplacements ? Qui
16 vous empêchait de vous rendre dans le Triangle de Bandera ? Est-ce que ces
17 personnes étaient armées ? Est-ce qu'il s'agissait de soldats ?
18 R. Pour ce qui est du Triangle de Bandera, il s'agissait d'un secteur très
19 actif, donc on y trouvait parfois des hommes en armes, certains n'étaient
20 pas armés, mais ils nous disaient tout simplement : "Non, vous n'y irez pas
21 au-delà." Parfois ils étaient armés, parfois ils ne l'étaient pas, mais on
22 y réfléchissait à deux fois avant de poursuivre notre chemin. Donc on
23 s'assurait de leur réaction, mais on ne voulait pas non plus dépasser une
24 certaine limite.
25 De retour à Srebrenica, nous en faisions rapport aux Musulmans, et nous
26 signalions que l'on nous avait refusé l'accès à tel ou tel secteur, nous
27 signalions également cela au QG de l'ONU en passant par les filières
28 habituelles.
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1 Q. Quelle raison vous a-t-on donnée pour le fait que l'on vous a refusé
2 l'accès à certains secteurs de l'enclave ?
3 R. Lorsqu'ils nous ont refusé l'accès à certains secteurs de l'enclave,
4 ils nous ont simplement dit : "Vous n'êtes pas autorisés à y aller. Vous ne
5 pouvez pas aller au-delà de ce point." Aucune explication, aucune raison ne
6 nous a été donnée.
7 Q. Lors de votre séjour dans l'enclave de Srebrenica, vous avez eu la
8 possibilité de vous rendre dans un certain nombre de villages situés dans
9 l'enclave. Dans l'un quelconque de ces villages, avez-vous rencontré des
10 forces musulmanes armées, hormis les secteurs que vous venez de mentionner
11 ?
12 R. Il était vraiment très rare de rencontrer des Musulmans en armes, cela
13 n'est arrivé, je pense, qu'une ou deux fois que nous voyions dans la rue
14 des Musulmans armés, mais sinon ces hommes n'étaient pas armés, ou du moins
15 nous n'avons pas vu qu'ils étaient armés. Nous ne l'avons observé qu'une ou
16 deux fois, pas plus.
17 Q. Vous a-t-on jamais empêché de vous rendre dans un endroit qui vous
18 intéressait et où vous auriez pu trouver des armes, des munitions ou autres
19 choses ?
20 R. Non.
21 Q. Qu'en est-il des entrepôts où l'on stockait les vivres ?
22 R. Non.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, la réponse faite à la
24 question posée précédemment pourrait donner lieu à plusieurs
25 interprétations.
26 On vous a demandé si l'on : "Vous avait jamais empêché de vous rendre dans
27 un endroit qui vous intéressait et où on aurait pu trouver des armes, des
28 munitions ou autres choses ?" Et vous avez répondu par la négative.
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1 Je pense cependant qu'il convient d'abord d'établir si le témoin a jamais
2 eu l'intention ou a jamais essayé de se rendre dans des endroits tels que
3 vous avez décrits.
4 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Effectivement.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela nous permettra de mieux comprendre
6 la réponse faite par le témoin.
7 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
8 Q. Je vais répéter ma question : avez-vous jamais essayé d'entrer dans un
9 endroit particulier afin de voir s'il s'y trouvait des armes, des munitions
10 ou tout autre matériel qui n'était pas autorisé ?
11 R. Au cours de mon séjour à Srebrenica, il n'y avait aucun endroit où se
12 trouvaient des armes que l'on nous a empêché de visiter, il n'y a aucun
13 endroit où nous pensions que des armes étaient entreposées que nous aurions
14 voulu inspecter et auquel on nous aurait refusé l'accès, cela ne s'est pas
15 produit.
16 Q. Merci. Vous vous êtes également rendu dans tous les postes
17 d'observation tenus par les membres du Bataillon néerlandais, n'est-ce pas
18 ?
19 R. Oui, nous avons vu la plupart d'entre eux.
20 Q. Vous a-t-on dit si les habitants de l'enclave étaient libres de quitter
21 celle-ci ? En d'autres termes, pouvaient-ils quitter l'enclave sans
22 l'autorisation préalable des autorités de Bosnie-Herzégovine ?
23 R. Vraiment, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. On ne nous a
24 jamais dit si les Musulmans pouvaient circuler ou pas. Mais il n'y avait
25 pas d'autorisation, jamais, qui aurait été nécessaire. En fait, pour entrer
26 ou sortir de Srebrenica, il fallait obtenir l'autorisation de l'armée des
27 Serbes de Bosnie. En ce qui concerne la possibilité pour les Musulmans de
28 quitter l'enclave, je ne crois pas qu'il existait ce type d'autorisation.
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1 Q. En d'autres termes, vous ne savez pas si cette autorisation était
2 demandée ou pas ?
3 R. Pour que les Musulmans entrent ou sortent de l'enclave, il ne fallait
4 pas obtenir une autorité, et la situation pour eux était différente de la
5 nôtre. Nous, nous devions demander l'autorisation de quitter l'enclave ou
6 de pénétrer dans l'enclave. Cette demande passait par la voie concernée,
7 parfois notre demande était rejetée, parfois elle était accueillie.
8 Mais pour ce qui est des Musulmans, ce système n'existait pas. Ils
9 s'arrangeaient comme ils le pouvaient en passant par leur propre filière.
10 Ils s'arrangeaient pour sortir ou entrer dans l'enclave pour obtenir des
11 vivres ou d'autres approvisionnements, en passant par le système que j'ai
12 qualifié plus tôt de système mafieux. En fait, il fallait soudoyer
13 quelqu'un pour pouvoir sortir ou revenir. Le système fonctionnait et nous
14 avons écrit des rapports à ce sujet.
15 Q. Vous en avez parlé dans votre déposition. J'essaie tout simplement
16 d'être précis, de vous poser des questions claires.
17 Savez-vous avec certitude que les autorités musulmanes n'ont pas
18 empêché les habitants de l'enclave de quitter celle-ci ? Est-ce que vous
19 savez quoi que ce soit à ce sujet ? Et dans l'affirmative, que savez-vous à
20 ce sujet ?
21 R. Je ne sais rien à ce sujet.
22 Q. Merci. Avant d'arriver dans l'enclave, avez-vous reçu entre autres des
23 instructions sur les modalités de votre coopération avec le Bataillon
24 néerlandais situé dans l'enclave ?
25 R. Oui, et c'était normal. En tant qu'instance de l'ONU, nous étions
26 censés coopérer dans quasiment tous les domaines, notamment en ce qui
27 concerne l'approvisionnement en nourriture. C'est eux essentiellement qui
28 assuraient l'approvisionnement en nourriture et en eau. Donc la plupart de
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1 l'approvisionnement passait par eux, parfois nous allions déjeuner, nous
2 avions des repas chauds chez eux, puis nous revenions, nous échangions des
3 informations, nous participions parfois à des réunions ensemble.
4 Les observateurs militaires ne dépendent pas des autres, mais on
5 encourageait fortement la coopération. Mais la façon dont nous établissions
6 nos rapports était différente de la façon dont eux établissaient leur
7 rapport. Nous avions une façon bien spécifique de faire rapport, et c'était
8 très fiable.
9 En tant qu'observateurs, nous n'étions pas armés, nous pouvions nous
10 rendre dans n'importe quel secteur de l'enclave, ce qui n'était pas parfois
11 le cas pour le Bataillon néerlandais. Nous pouvions accéder à tous les
12 secteurs car nous n'étions pas armés, alors que pour d'autres, qu'il
13 s'agisse du Bataillon néerlandais ou d'autres, il y avait des secteurs
14 auxquels ils n'avaient pas accès. En fait, parfois ils nous demandaient de
15 les escorter jusqu'à certains endroits qu'ils souhaitaient voir.
16 Q. Dans le cadre de cet échange d'information avec le Bataillon
17 néerlandais, avez-vous jamais été informé des activités menées par les
18 forces musulmanes dans l'enclave ?
19 R. Il n'existait pas de système les obligeant à nous faire rapport sur
20 quoi que ce soit.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, vous utilisez le
22 terme "activités" de façon trop générale. Je souhaiterais que vous
23 précisiez ce que vous entendez par activités ?
24 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Activités militaires.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Soyez donc plus précis pour que le
26 témoin puisse répondre.
27 Je pense qu'il a déjà répondu à cette question. Poursuivez.
28 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
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1 Q. Dans le cadre des échanges d'information avec le Bataillon néerlandais,
2 avez-vous reçu des informations concernant les activités de la partie
3 musulmane au sein de l'enclave ?
4 R. Monsieur le Président, à moins qu'il s'agisse là d'un événement
5 spécifique auquel vous faites référence, je peux vous dire qu'il n'y a pas
6 eu de système sur lequel ils étaient censés nous informer des activités
7 militaires à l'intérieur et à l'extérieur. Je veux dire par là que,
8 s'agissant de la manière dont ils envoyaient des rapports, nous n'étions
9 pas censés nécessairement savoir ce qu'ils avaient vu. Mais parfois ils
10 pouvaient nous appeler, ils pouvaient nous dire s'il y a quelque chose au
11 sujet de quoi ils souhaitaient qu'on lance une enquête. Ils pouvaient nous
12 le demander dans des situations spécifiques, mais pas en général.
13 Q. Si j'ai bien compris, vous avez eu trois interprètes, deux Musulmans et
14 un Serbe. Etaient-ils tenus d'exécuter les ordres que vous leur donniez,
15 les ordres des observateurs militaires des Nations Unies ?
16 R. Oui.
17 Q. Ils n'avaient aucune indépendance dans leur travail ?
18 R. Je ne comprends pas votre question.
19 Q. Elle n'est pas tellement importante. Je ne vais pas la répéter. Je vais
20 parler maintenant des événements qui se sont déroulés en juillet 1995.
21 Vous nous avez dit que vous étiez logé dans le bâtiment des PTT et que vous
22 y êtes resté jusqu'au 9 juillet, date à laquelle vous vous êtes retiré à la
23 base des Nations Unies à Potocari. Dites-moi tout d'abord, s'il vous plaît,
24 est-ce que vous vous souvenez quelle est la taille de ce bâtiment ? Combien
25 d'étages a-t-il ?
26 R. Je ne me souviens pas, je dirais quatre -- quatre ou cinq, mais je ne
27 me souviens pas avec exactitude.
28 Q. Vous étiez au dernier étage, n'est-ce pas, vous et les autres
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1 observateurs des Nations Unies ?
2 R. Non. Nous étions au parterre, tout en bas.
3 Q. Il y avait un petit centre de transmissions militaires dans ce bâtiment
4 aussi, dans ce même bâtiment, n'est-ce pas, c'est ce que vous avez dit ?
5 R. C'est exact.
6 Q. Est-ce que vous vous souvenez ce qui se trouvait d'autre dans ce
7 bâtiment ? Est-ce qu'il y a eu d'autres institutions, d'autres
8 organisations ?
9 R. Monsieur le Président, je ne me souviens pas s'il y avait autre chose,
10 mais il y avait cette salle de transmissions. Je pense que c'est tout ce
11 dont je me souviens.
12 Q. Vous nous avez dit que le premier jour du pilonnage de l'enclave, que
13 vous avez informé les habitants de Srebrenica qu'il ne fallait pas qu'ils
14 sortent à l'extérieur, qu'il fallait qu'ils restent chez eux; est-ce
15 exact ?
16 R. Oui, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, nous avons
17 exigé qu'ils restent chez eux pour assurer un niveau plus élevé de sécurité
18 pour eux.
19 Q. Ai-je bien compris vos propos si je dis qu'à ce moment-là la ville même
20 de Srebrenica était pilonnée. Je pense que vous avez compté environ 250
21 obus qui sont tombés sur la ville ce jour-là ?
22 R. Oui, nous avons compté ce nombre d'obus.
23 Q. Est-ce que vous pourriez me dire, s'il vous plaît, si la ville était
24 pilonnée de manière aussi violente, pourquoi n'avez-vous pas conseillé à
25 ces gens-là de quitter la ville pour être plus en sécurité ?
26 R. Nous ne pouvions pas leur dire de le faire, car tout d'abord, ce nombre
27 d'obus ne tombait pas sur un endroit en particulier seulement. Les 250 obus
28 sont tombés, mais ils ne sont pas tombés sur un même poste, à un seul
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1 endroit. Puis deuxièmement, où aurait-on pu leur dire d'aller ? Nous ne
2 pouvions pas leur dire simplement de partir de chez eux. Nous ne pouvions
3 pas le faire.
4 En réalité, la raison pour laquelle nous avons essayé de nous mettre
5 en contact avec Peter, c'était afin de nous assurer tout d'abord que le
6 pilonnage s'arrête. Car nous avons voulu parler avec la partie des Serbes
7 de Bosnie, de l'armée des Serbes de Bosnie pour qu'ils cessent le pilonnage
8 de l'enclave, mais nous n'allions pas dire aux gens de partir car où
9 voulez-vous qu'on leur dise de partir ? Dans quelle zone ? Quelle était la
10 zone qui était sûre pour eux, si l'enclave qui était une zone de sécurité
11 n'était pas sûre pour eux, où aurait-on pu leur dire de partir ?
12 Donc notre réaction immédiate à l'époque était de leur dire de rester
13 en sécurité là où ils étaient, de rester à l'intérieur et on disait que
14 s'ils sortaient, il y avait une possibilité qu'ils soient touchés par obus.
15 Même dans des bâtiments, ils n'étaient pas en sécurité, mais on considérait
16 qu'il serait un peu plus sûr s'ils sont à l'intérieur plutôt qu'à
17 l'extérieur, car à l'intérieur ils ne risquaient pas d'être touchés par des
18 fragments d'obus. Donc on ne pouvait pas leur dire d'aller où que ce soit
19 car même nous-mêmes nous étions dans la même situation.
20 Q. Puisque vous avez parlé des 250 obus que vous avez comptés ce jour-là,
21 est-ce que ça veut dire que les obus tombaient partout dans l'enclave et
22 que c'était le nombre d'obus tiré sur l'enclave dans son ensemble et non
23 pas sur la ville ?
24 R. Je pense que dans notre rapport il est écrit quelque part qu'il
25 s'agissait de Srebrenica et Potocari. Je pense que c'est écrit quelque
26 part.
27 Q. D'après vous, il était plus sûr de rester à Srebrenica plutôt que de
28 quitter la ville et aller dans des forêts aux alentours ?
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1 R. Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, je considère qu'il
2 est toujours mieux d'être en sécurité. C'est ce que je crois. Puis
3 deuxièmement, si vous connaissez vraiment un endroit il vaut mieux -- enfin
4 c'est mieux qu'un endroit que vous ne connaissez pas. Si vous leur dites
5 d'aller dans les forêts, vous ne savez pas qui est dans les forêts. Il peut
6 y avoir des soldats, des soldats de l'armée des Serbes de Bosnie, l'armée
7 de la Republika Srpska, avec des armes légères qui pourraient les tuer
8 immédiatement dès qu'ils les voient.
9 Vous savez, lorsque vous tirez sur les gens, parfois vous atteignez
10 votre cible, parfois non. On ne peut pas savoir si quelqu'un va être touché
11 par balle ou obus ou pas. Puis on ne peut pas dire que les obus atteignent
12 leurs cibles avec autant de précision que les armes légères, car avec les
13 armes légères vous voyez votre cible alors qu'avec les obus il s'agit d'un
14 tir dans le noir. Vous êtes en train de faire une évaluation de l'endroit
15 où l'obus tombera. A notre avis, il était plus sûr de rester à l'intérieur
16 plutôt que de dire aux gens d'aller dans la forêt, sans savoir qui y est.
17 Q. Vous avez dit également que ce jour-là, et que ceci vous a surpris
18 compte tenu de l'intensité du pilonnage, il n'y a pas eu tellement de
19 victimes à Srebrenica et que vous étiez surpris de voir que les obus
20 tombaient aussi sur le marché, l'hôpital et le bâtiment des PTT -- enfin,
21 ils ciblaient ces bâtiments-là, mais qu'ils n'étaient pas atteints, ils
22 n'étaient pas touchés. Est-ce que vous nous dites que l'armée des Serbes de
23 Bosnie tirait et ciblait effectivement ces bâtiments ?
24 R. En ce qui nous concerne, lorsque vous voyez une concentration des obus
25 autour d'une certaine zone, on peut dire que c'est la zone qu'ils ciblent,
26 peut-être pas de manière directe, mais vous pouvez déterminer leurs cibles.
27 Je ne me souviens pas si c'était le 9 ou le 8, la date à laquelle le
28 bâtiment des PTT a été ciblé, mais ceci figure dans notre rapport. On
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1 pouvait voir qu'ils ciblaient cela, on pouvait voir que les obus tombaient,
2 on pouvait voir qu'ils ciblaient ce bâtiment en particulier.
3 Donc, si vous pouvez vous fonder seulement sur l'analyse du nombre
4 d'obus qui tombent sur une zone en particulier, faire une analyse et
5 comprendre ce qu'ils ciblent.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, je ne sais pas si
7 vous souhaitez parler plus en détail de cela, mais le témoin a déposé assez
8 longuement de cela et de la manière dont il pouvait déterminer si un site
9 en particulier constituait une cible ou pas pendant l'interrogatoire
10 principal, mais c'est à vous de voir.
11 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, merci. Je vais juste poser quelques
12 questions de plus concernant cela.
13 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire alors la chose suivante : comment
14 est-ce que vous expliquez le fait que ces bâtiments qui étaient ciblés ce
15 jour-là, le marché, l'hôpital et le bâtiment des PTT n'ont pas été touchés
16 ? Est-ce que c'est peut-être parce que l'armée de la Republika Srpska
17 n'avait pas les armes appropriées pour exécuter cette tâche ?
18 R. Je me souviens que je l'ai déjà dit que la plus grande partie de ces
19 pièces d'artillerie n'étaient pas très précises. Puis prenant en compte le
20 fait aussi que la trajectoire était haute, qu'il ne s'agissait pas de tirs
21 directs et qu'ils tiraient depuis un endroit dont ils ne voyaient pas leurs
22 cibles.
23 Q. Vous avez déjà expliqué cela. Inutile d'entrer dans les détails de ce
24 que vous avez déjà mentionné.
25 Lorsque quelqu'un cible une cible de manière aussi indirecte, est-ce
26 qu'il peut y avoir un observateur placé à proximité qui renvoie les
27 informations concernant les coordonnées afin de corriger la manière dont on
28 cible ? Je ne suis pas un soldat, mais je crois que c'est ce qui est fait
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1 d'habitude lorsque l'on souhaite atteindre une cible.
2 R. Vous avez raison. Vous parlez comme un soldat, et la plupart des fois
3 c'est la manière -- il faut y avoir une manière de procéder aux corrections
4 et aux ajustements. Si vous ne touchez pas votre cible, vous pouvez essayer
5 d'ajuster un peu, mais après qu'un endroit est atteint par un obus, vous
6 pouvez constater que l'obus suivant tombera un peu à droite, ou même à
7 gauche. Donc, c'est ainsi qu'on peut conclure que les ajustements ont
8 effectivement été faits.
9 Q. Cependant, après avoir manqué ces trois bâtiments, ils n'ont pas
10 réessayé de cibler ces mêmes bâtiments le même jour afin d'enfin les
11 atteindre, n'est-ce pas ?
12 R. Monsieur le Président, je n'étais pas de leur côté. Je n'étais pas là
13 physiquement, donc je ne sais pas ce qu'ils faisaient en réalité. Ce que je
14 sais c'est qu'ils n'ont effectivement pas atteint ces cibles de manière
15 appropriée, notamment l'hôpital. Mais s'agissant du marché, bien sûr, le
16 marché a été atteint. Les obus ont tombé sur le marché plusieurs fois, mais
17 s'agissant de l'hôpital, effectivement, ils le manquaient. Je ne sais pas
18 ce qu'ils faisaient de leur côté, je pouvais simplement faire l'évaluation
19 selon laquelle ils ciblaient l'hôpital sans l'atteindre.
20 Q. Je souhaite que l'on passe à la date du 8 juillet, le deuxième jour du
21 pilonnage, lorsque le chef d'état-major de l'ABiH vous a informé du fait
22 que plus de 100 obus étaient tombés sur Srebrenica.
23 Dites-nous, s'il vous plaît : est-ce que vous étiez à Srebrenica ce
24 jour-là, le 8 juillet ?
25 R. Oui, Monsieur le Président.
26 Q. J'ai eu l'occasion de me pencher sur --
27 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Je dois
28 trouver cela.
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1 Q. Sur une déclaration de votre interprète, Hasan Mahanovic, c'est une
2 déclaration qui a été faite le 22 août 1995.
3 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on se penche là-dessus.
4 Il s'agit de la pièce 1D451. C'est Hasan Nuhanovic.
5 Peut-on passer à la page suivante, s'il vous plaît.
6 Q. Vous voyez au deuxième paragraphe, il est écrit qu'en raison du
7 pilonnage, justement avant la chute de Srebrenica, que les observateurs
8 militaires des Nations Unies ont quitté Srebrenica le 8 juillet; est-ce
9 exact ? Et que lui, il est le seul à y être resté pour envoyer des
10 informations concernant ce qui se passait ?
11 R. Ceci n'est pas exact. Hasan Nuhanovic n'a jamais été abandonné dans le
12 bâtiment des PTT au moment de notre départ. Nous avons quitté ce bâtiment
13 sans le quitter à l'intérieur. Il était à l'extérieur. Nous, nous avons
14 essayé de le trouver. Nous l'avons attendu. Nous n'avons pas pu le joindre,
15 alors que lui il était quelque part à l'extérieur en train de chercher des
16 membres de sa famille. Nous avons écrit tout cela dans un rapport à ce
17 sujet. C'est écrit dans le document que vous avez déjà, qu'il était absent
18 et que c'est la raison pour laquelle nous sommes partis seulement avec
19 l'autre interprète.
20 Q. Mais est-ce que vous n'excluez pas alors la possibilité que le 8
21 juillet, vous avez quitté Srebrenica, comme il dit ?
22 R. Monsieur le Président, il faut voir quand nous sommes partis du
23 bâtiment, mais ceci figure dans un rapport. Donc, il faut le trouver, il
24 faut trouver la date exacte. Mais le fait est que nous n'avons pas laissé
25 Hasan Nuhanovic dans le bâtiment des PTT au moment de notre départ. Je veux
26 dire que nous nous sommes partis le soir, et il n'y était pas. Nous n'avons
27 pas pu le trouver. Nous sommes restés jusque vers 6 heures et nous avons
28 démantelé tout, y compris le système de communication.
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1 On n'aurait pas pu le laisser afin qu'il continue à communiquer avec qui
2 que ce soit. Il n'y avait plus rien dans le bâtiment des PTT, s'agissant
3 des activités des observateurs militaires de l'ONU. Il n'y avait absolument
4 rien pour eux.
5 Q. Et vous n'avez plus eu de contacts personnels avec lui jusqu'à la chute
6 de Srebrenica ?
7 R. Hasan, nous n'étions pas en contact avec --
8 Q. Avec Hasan Nuhanovic.
9 R. Hasan Nuhanovic, nous n'avons pas eu de contacts avec lui jusqu'à
10 beaucoup plus tard, lorsqu'il est apparu dans la base du Bataillon
11 néerlandais. Il est venu lui-même. Beaucoup plus tard, il a dit qu'il était
12 quelque part en train de chercher des membres de sa famille. Il ne savait
13 pas où ils étaient, et il a dû rester pour les chercher.
14 Q. Dites-nous, d'après nos informations, le 9 juillet un membre du
15 Bataillon néerlandais a été tué, qui s'appelle "Renssen". Est-ce que vous
16 avez essayé d'établir, en allant sur les lieux, comment ceci était arrivé ?
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Un moment avant de répondre à la
18 question.
19 Monsieur Thayer.
20 M. THAYER : [interprétation] Oui. Objection, mais je pense qu'il faut
21 entendre cette objection sans la présence du témoin, et il est absolument
22 nécessaire que nous soulevions cette objection pour le compte rendu
23 d'audience.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Est-ce que vous pourriez
25 escorter le témoin à l'extérieur du prétoire.
26 Colonel, je suis sûr que vous pouvez comprendre que nous avons besoin de
27 parler d'une question de procédure en votre absence. Nous allons bientôt
28 vous rappeler à moins que nous ne prenions une pause.
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1 [Le témoin quitte la barre]
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, Monsieur Thayer.
3 M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
4 Je pense qu'il n'a pas été contesté, mais peut-être il s'agissait là d'un
5 lapsus, mais les éléments de preuve étaient clairs. Je pense que ceci n'a
6 pratiquement pas fait l'objet d'objection, ni de contestation, pour dire
7 que le soldat Renssen est mort - Ben Renssen - est mort le 8 et non pas le
8 9 juillet. Et puisque mon éminent collègue semble insister sur les dates,
9 je souhaite dire cette objection, mais en l'absence du témoin.
10 Mais si mon éminent collègue a des éléments de preuve lui permettant de
11 déterminer que cette mort a eu lieu le 9, je veux bien que l'on clarifie
12 cela, mais je souhaitais que l'on clarifie ces points tout d'abord.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, c'est moi qui me suis trompé. Excusez-
15 moi. Il s'agissait de la date du 8 juillet. Excusez-moi.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Va-t-on procéder à une pause
17 maintenant ou --
18 Pour le compte rendu d'audience, pendant que nous avons siégé, nous avons
19 été informé du fait que M. Borovcanin se dirigeait vers le Tribunal; en
20 fait, il y est présent maintenant.
21 Est-ce que nous allons prendre une pause maintenant ou que suggérez-vous.
22 Nous allons prendre une pause maintenant et veuillez expliquer au témoin
23 que nous avons une pause, il s'agira là d'une pause de 25 minutes.
24 --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.
25 --- L'audience est reprise à 10 heures 58.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On nous informe, Maître Haynes, que
27 vous souhaitez vous adresser aux membres de la Chambre ?
28 M. HAYNES : [interprétation] C'est peut-être un peu exagéré comme formule,
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1 mais j'ai voulu être fidèle à mon engagement qui était de parler à M.
2 McCloskey pendant la dernière suspension d'audience au sujet de la requête
3 65 ter.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
5 M. HAYNES : [interprétation] Je pense que je peux dire sans crainte d'être
6 contredit, que nous pensons que nous pouvons évoluer vers une position où
7 nous n'aurions plus besoin de vous poser un problème de décision. Nous
8 allons en l'occurrence essayer de cristalliser tous les domaines potentiels
9 de litige sur tel ou tel document particulier, et je pense qu'il y aura une
10 décision seulement s'il n'y a pas d'accord. M. McCloskey n'utilisera pas
11 cela pour l'interrogatoire de M. Butler.
12 Je pense pouvoir parler au nom de tous les membres de la Défense
13 lorsque je dis qu'étant donné qu'il y a un problème qui se pose, il est
14 vraisemblable qu'il nous faudra jusqu'à lundi matin pour le résoudre et vu
15 l'état de préparation de Butler pour sa déposition et l'importance que
16 revêt sa déposition en l'espèce, je pense que quel que soit le point où on
17 arrivera avec M. Kingori au cours de la journée d'aujourd'hui et de demain,
18 nous serions collectivement heureux si M. Butler pouvait commencer lundi
19 seulement, lundi matin.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous remercie. Franchement je
21 pense qu'il est plutôt probable que ce sera le cas en tout état de cause,
22 Monsieur McCloskey. Je vous remercie Maître Haynes.
23 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, bonjour Monsieur le Président, bonjour
24 à tous.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur McCloskey. Sur ce
26 dernier point, en fait j'avais évoqué cela avec Me Haynes et tous les
27 conseils de la Défense sur la possibilité d'organiser la déposition de M.
28 Butler lundi, vu les estimations du temps nécessaire pour la déposition
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1 Kingori. Il serait très utile si on pouvait continuer d'organiser les
2 choses de façon à terminer l'agencement des nombreux documents parce qu'il
3 y a des questions de logiciel e-court qui se posent et nous rencontrons les
4 mêmes problèmes que d'habitude. Je pense que nous pourrions prévoir de
5 parler à M. Butler et organiser les choses en ce qui concerne les documents
6 volumineux. Je vois que nous pouvons être aidés par les conseils de la
7 Défense à ce sujet.
8 Sur les autres questions de la Défense 65 ter, je n'utiliserai pas de
9 document. Là où nous ne sommes pas d'accord, si ça se produit, à ce moment-
10 là on pourra peut-être isoler les choses et voir sur les domaines sur
11 lesquels nous ne sommes pas d'accord. On verra ça rapidement demain.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, M. McCloskey. Y a-t-il autre
13 chose ?
14 Alors faites entrer le témoin, s'il vous plaît.
15 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, il vous est loisible
17 de décider si vous voulez répéter vos dernières questions en reprenant la
18 date exacte ou si vous voulez abandonner la question et passer à la
19 question suivante.
20 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais corriger ma question.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, allez-y.
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur Kingori, je vais répéter la
23 question que je vous avais posée tout à l'heure avant la suspension. J'ai
24 fait une petite erreur concernant la date.
25 D'après les renseignements dont nous disposons, le 8 juillet 1995, un
26 membre du Bataillon néerlandais, le soldat van Renssen a été tué. La
27 question que je vous posais est la suivante : est-ce que vous êtes allé sur
28 place et est-ce que vous avez pu constater quelles étaient les
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1 circonstances dans lesquelles il avait été tué ?
2 R. Monsieur le Président, ce soldat, pour autant que je le sache et que je
3 puisse m'en souvenir, a été tué par un impact je crois provenant du côté de
4 l'armée des Serbes de Bosnie. Je n'en suis pas absolument sûr, mais si vous
5 pouvez me remontrer le compte rendu, peut-être que je pourrais m'en
6 souvenir. Je ne me rappelle pas ce point précis. Je sais qu'il a été tué et
7 je suis au courant du rapport et je crois que j'y ai participé.
8 Q. Ma question était de savoir si vous êtes allé en personne sur place
9 pour constater quelles étaient les circonstances et la cause de son décès ?
10 R. Non, personnellement non.
11 Q. Est-ce qu'il y a eu quelque chose qui a été fait par vos autres
12 collègues, les autres observateurs militaires ?
13 R. Oui, un autre observateur militaire l'a fait. Je ne me rappelle plus
14 qui c'était. Mais tout ce qui était fait par un observateur militaire, nous
15 le reconnaissons.
16 Q. Est-ce que vous avez parlé à quiconque de la cause du décès du soldat
17 Renssen ?
18 R. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par "quiconque", mais nous
19 avons rendu compte à ce sujet. Oui, nous avons rendu compte.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Là encore, je veux dire, la question
21 que vous avez posée au témoin est quelque peu difficile, tout au moins la
22 façon dont nous en avons la traduction. Vous lui avez précisément posé des
23 questions sur le fait d'avoir rendu compte de la cause du décès du soldat
24 Renssen, non pas le décès proprement dit, mais la cause. Je ne pense pas
25 que, d'après la réponse précédente, il ait donné une indication qu'il était
26 au courant de la cause du décès du soldat Renssen. Je pense qu'il faut ou
27 bien que vous reformuliez votre question ou bien ---
28 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, je vais laisser maintenant cette
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1 question.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, je vous remercie.
3 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
4 Q. Vous nous avez dit que l'un des points qui avaient été discutés lors de
5 vos réunions avec des représentants de l'ABiH dans l'enclave c'était
6 également les attaques et les embuscades de la VRS contre les Musulmans qui
7 revenaient de Tuzla où ils s'étaient rendus pour prendre certaines
8 marchandises ou certaines fournitures, des vivres. Vous rappelez-vous cela
9 ?
10 R. Oui, je m'en souviens.
11 Q. Pourriez-vous nous dire exactement de quel type de vivres, ou de
12 fournitures, ou de biens il s'agissait, qu'est-ce qu'ils ramenaient de
13 Tuzla ? Est-ce que vous pourriez être plus précis. Je vais essayer d'être
14 plus précis. Est-ce que ceci comprenait des armes, des munitions, des
15 choses de ce genre ?
16 R. Monsieur le Président, pas pour autant que je le sache. Tout au moins
17 ce que je sais, c'est que le type de biens qu'ils ramenaient, c'était des
18 vivres, des aliments, des choses de ce genre mais bien sûr, nous ne sommes
19 jamais allés inspecter pour voir ce qu'ils rapportaient. Mais ce dont je
20 suis au courant, vous le savez, c'est que la plupart des choses qu'ils
21 ramenaient, c'était des aliments pour la population locale, parce qu'il n'y
22 avait pas de vivres dans l'enclave autres que ce que l'UNHCR leur donnait.
23 Donc c'était essentiellement des vivres qu'ils apportaient.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si nous n'êtes jamais allé inspecter ou
25 si vous n'avez jamais effectué d'inspection, comment pouvez-vous savoir
26 exactement ce qu'ils faisaient entrer ? Quelle est la source de vos
27 renseignements, en d'autres termes ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, la source des
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1 renseignements, c'était le réapprovisionnement sur le marché local. Chaque
2 fois que ces hommes allaient là-bas, vous pouviez voir la quantité qui
3 était ramenée, et ceci, par rapport à la veille ou à la semaine précédente
4 ou quelque chose de ce genre, parce que nous pouvions suivre les prix des
5 biens et nous pouvions trouver ces biens, ceci veut dire qu'il y avait donc
6 réapprovisionnement.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Mais s'il n'y avait pas
8 d'inspections en soi, ce seul fait n'exclut pas la possibilité que des
9 armes aient pu aussi être rapportées de Tuzla, n'est-ce pas ?
10 Vous ne vous attendriez pas, si des armes avaient été également rapportées
11 de Tuzla, de les trouver sur le marché ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, évidemment, si des armes avaient été
13 amenées, on ne se serait pas attendu à les trouver sur le marché. Mais tout
14 au moins vous pouviez savoir ou vous pouviez apprendre, parce que nous
15 parlions presque continuellement avec ces gens-là. Parfois, il se peut
16 qu'ils n'aient pas révélé qu'ils avaient apporté des armes, mais pour
17 autant que nous le sachions, il n'y avait pas d'armes qui rentraient.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
19 Oui, Maître Zivanovic.
20 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vous remercie.
21 Q. En d'autres termes, je comprends que vous soutenez qu'aucune arme, ni
22 munition n'était vendue ouvertement; par conséquent, est-ce que vous en
23 déduisez que ces gens qui sont allés à Tuzla n'ont jamais ramené d'armes,
24 ni de munitions. C'est cela que vous en déduisez ?
25 R. Monsieur le Président, c'est exact. C'est bien de cela que je veux
26 parler. Mais également, en revanche, puisque l'accord de permettre à ces
27 personnes de sortir et de revenir était fait par la VRS, vous savez, en
28 utilisant leurs contacts locaux et les paiements, je ne pense pas que ces
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1 personnes auraient permis aux Musulmans d'apporter également des armes pour
2 les combattre. Donc notre conviction, c'est certainement qu'ils se
3 bornaient à apporter des aliments et d'autres biens de première nécessité.
4 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant voir la pièce
5 1D464. Il semblerait que ça n'ait pas encore été traduit, bien que nous
6 ayons présenté une demande le mois dernier pour que ce soit fait. Je vais
7 vous dire de quel type de document il s'agit.
8 C'est une lettre adressée par l'état-major général de l'ABiH au
9 commandement du 1er Corps. C'est un rapport intérimaire du général d'armée
10 Rasim Delic. Ce rapport a été présenté le 13 juillet 1995. Il y est
11 question de l'aide qui était apportée à l'intérieur de l'enclave par le 2e
12 Corps de l'ABiH.
13 Je voudrais vous demander si vous pouvez aller à la page suivante de ce
14 document, s'il vous plaît. Il y a là un tableau qui indique quels sont les
15 objets ou éléments qui ont été livrés.
16 Q. Au point 1, nous voyons : "Balles de 7.62 multiplié par 39." C'est ce
17 qu'on lit là. Et en dessous de "Srebrenica", on lit : "354 656 éléments" ou
18 "pièces."
19 Vous voyez cela ?
20 R. Oui, je le vois.
21 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ou 658, excusez-moi.
22 Q. Ensuite, vous voyez qu'il y a d'autres types de balles qui sont
23 mentionnés : 7.62 fois 54 -- celles de 7 millimètres, 20; et ensuite, des
24 fusils lance-grenades, 35 de ceux-là; 96 grenades à main, 425; RPG avec
25 optique, probablement, 424; et ensuite des missiles, des grenades lancées à
26 la main, 59; puis un lance-roquettes de 107 millimètres, une unité; puis
27 des missiles de 107 millimètres, il y en a 28. Il y a un très grand nombre
28 d'articles sur ce tableau. Je ne vais pas vous faire passer en revue toute
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1 la liste.
2 Mais la question que je pose : est-il possible que tout ceci ait été
3 apporté à l'intérieur de l'enclave de Srebrenica sans que les observateurs
4 de l'ONU ne remarquent quoi que ce soit ?
5 R. Monsieur le Président, ce que je peux vous dire, c'est que là en ce qui
6 concerne ce type d'armes, il semble qu'il y en a eu un tel nombre qui soit
7 entré sans que nous le sachions, bien entendu nous ne faisions pas
8 constamment des patrouilles de jour dans tous les coins, tout au moins à
9 chaque minute, à chaque heure. Mais en même temps, pour ce type d'armes,
10 qu'elles aient pu entrer au moins à Srebrenica, je pense que c'est vraiment
11 un peu difficile pour nous à envisager. J'en doute, à moins qu'elles
12 n'aient été gardées quelque part près de la forêt, ou quelque part où nous
13 ne pourrions pas le savoir. Parce que pour la plupart des activités qui se
14 déroulaient là à l'intérieur, nous avions quand même quelques connaissances
15 à ce sujet. Je pense que ce type d'armes, je ne sais pas, mais --
16 Q. Entre autres choses, vous avez dit que l'une des questions que vous
17 avez discutées lors de vos réunions avec les autorités de l'ABiH dans
18 l'enclave, c'était aussi les objections fréquentes qui étaient élevées à la
19 suite d'attaques contre les villages, plus particulièrement ceux qui se
20 trouvaient dans le Triangle de Bandera. Ceci faisait partie de votre
21 déposition ici. Vous vous en souvenez ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous avez également dit que des fermiers étaient souvent attaqués
24 lorsque ça a eu lieu. Comment avez-vous su que ces personnes qui étaient
25 attaquées ces fois-là étaient simplement de simples paysans ?
26 R. Monsieur le Président, nous pouvions aller sur place enquêter, et les
27 personnes à qui nous parlions, nous avons vu qu'il s'agissait simplement de
28 paysans. C'est donc les éléments de preuve que nous avons utilisés. Vous
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1 savez, on pouvait voir que c'étaient des fermiers tout à fait normaux,
2 c'est ça. Ils n'étaient pas armés, ils n'avaient pas de tenue de combat et
3 tout cela; et il y avait leurs activités qu'on pouvait également voir, il
4 s'agissait d'agriculture. Ils avaient des fermes, et c'est la raison pour
5 laquelle d'une façon habituelle nous rendions compte du fait qu'il
6 s'agissait d'agriculteurs.
7 Q. Je comprends que vous avez dit que vous n'aviez aucun accès au Triangle
8 de Bandera. Parfois vous étiez arrêtés par des personnes armées, et parfois
9 vous étiez arrêtés par des personnes qui n'étaient pas armées. Ceci était
10 une réponse que vous avez faite à une question que j'ai posée tout à
11 l'heure au cours de cet interrogatoire ?
12 R. C'est vrai.
13 Q. J'ai l'impression que ceci n'est pas cohérent par rapport à ce que vous
14 nous dites maintenant; à savoir que lorsque vous voyiez ces personnes qui
15 se trouvaient dans le Triangle de Bandera, vous avez conclu qu'il
16 s'agissait de simples agriculteurs non armés qui étaient soumis à ces
17 attaques. Ne voyez-vous pas de contradiction là ?
18 R. Monsieur le Président, il n'y a pas de contradiction. Lorsqu'une
19 attaque avait lieu ou lorsqu'une attaque s'était produite et que nous
20 allions enquêter sur place, les blessés et ceux dont les fermes avaient
21 reçu des bombes, on voyait qu'il s'agissait de fermiers ou d'agriculteurs
22 tout à fait ordinaires. Ceci ne veut pas dire que nous n'ayons pas été
23 arrêtés plus tôt ou que nous ne serions pas arrêtés plus tard par des
24 personnes qui étaient armées. Ça ne change rien à cela, parce que le fait
25 d'être arrêtés -- ça n'était pas nécessairement au même endroit. Le
26 Triangle de Bandera était vaste. Et lorsqu'on y trouvait de simples
27 agriculteurs qui étaient en train de cultiver leurs champs, ceci ne voulait
28 pas dire qu'on ne serait pas arrêté le lendemain par un soldat armé. Donc
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1 ce n'est pas différent et il n'y a pas nécessairement de contradiction.
2 C'est seulement le fait que les gens que nous avons trouvés là au cours de
3 ces attaques c'étaient de simples agriculteurs, mais en même temps nous
4 avons rendu compte que parfois nous étions arrêtés par des hommes armés.
5 Ceci ne contredit pas cela.
6 Q. Vous saviez que c'étaient de simples agriculteurs lorsque vous leur
7 parliez, ils ne portaient pas d'armes, et ils disaient cela; c'est bien
8 cela ?
9 R. Monsieur le Président, il n'y a pas que cela. Je viens juste de dire
10 que pour l'essentiel, ils disaient qu'ils étaient de simples agriculteurs.
11 Deuxièmement, vous pouviez voir qu'ils avaient des activités agricoles.
12 Vous les voyiez là dans leurs fermes en train de vaquer à leurs activités
13 ordinaires, et ceci vous amenait à penser que c'étaient effectivement des
14 paysans ordinaires.
15 Et un autre facteur, c'est que compte tenu de leur âge - certains
16 d'entre eux étaient vieux - c'étaient des personnes âgées, des femmes, qui
17 normalement ne participeraient pas à des activités de guerre -- ne seraient
18 pas armées, je veux dire, ne seraient pas des soldats. Donc on était bien
19 obligés de penser que c'était bien des paysans tout à fait normaux.
20 Si l'on trouvait des gens jeunes, vigoureux, à ce moment-là qui
21 pouvaient rapidement se convertir en soldats la nuit ou à d'autres moments.
22 Mais lorsqu'on trouvait ces personnes âgées, vous savez, qui s'occupaient
23 simplement de leurs exploitations, qui avaient leurs outils et tout cela,
24 vous pensiez qu'il s'agissait bien de paysans, et je suis convaincu que
25 c'était cela.
26 Q. Avez-vous dit qu'il n'y avait pas d'objectifs militaires dans le
27 Triangle de Bandera ?
28 R. Je n'ai pas dit cela. Ce que je voulais dire, c'était que ce
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1 secteur -- une partie de ce secteur, nous n'étions pas autorisés à y aller.
2 Ce que je veux dire, c'est que les secteurs où nous étions autorisés à nous
3 rendre, nous ne pouvions pas voir qu'il y ait des objectifs militaires.
4 Mais peut-être que les secteurs dans lesquels nous ne pouvions pas accéder,
5 peut-être que c'était le cas, peut-être que non. En ce qui nous concernait,
6 les zones dans lesquelles nous allions, nous ne trouvions que des
7 agriculteurs qui vaquaient à leurs activités agricoles normales.
8 Q. Je vous remercie. Vous avez également dit que, d'une certaine
9 manière, vous aviez été très surpris d'apprendre que des membres de l'armée
10 de la Republika Srpska avaient demandé que les Musulmans quittent l'enclave
11 ?
12 R. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Bien sûr, à un
13 moment ou à un autre, la VRS nous avait dit qu'ils ne voulaient pas que les
14 Musulmans restent dans l'enclave. Ceci est évidemment consigné par écrit.
15 Q. Ils n'ont donné aucune raison pour ça, n'est-ce pas ?
16 R. Ils ont donné des raisons nombreuses, variées et diverses. L'une
17 d'entre elles, et ceci est consigné par écrit ici, c'est qu'ils ne
18 voulaient pas qu'il y ait des Musulmans qui étaient appuyés par des
19 fondamentalistes au milieu d'eux. Ils ne voulaient pas d'un pays où il y
20 aurait des Musulmans qui étaient appuyés par des fondamentalistes.
21 L'autre point, c'est qu'ils se sentaient vraiment peu confortables
22 avec le fait que les Musulmans vivent à l'intérieur de leur propre secteur,
23 parce qu'ils estimaient que ce secteur appartenait aux Serbes. Donc ils ne
24 voulaient pas qu'ils soient là.
25 Il y avait donc différentes raisons, et tout ceci est documenté.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi, Maître Zivanovic, si je
27 peux vous interrompre un instant.
28 Je pensais que vous poseriez d'autres questions concernant le décès du
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1 soldat Renssen.
2 Monsieur Kingori, vous avez répondu à Me Zivanovic que, pour autant que
3 vous puissiez vous en souvenir, le soldat Renssen avait été tué par un
4 impact provenant de la VRS. Pourriez-vous développer cela ? Pourriez-vous
5 nous dire, pour autant que vous pouvez vous en souvenir, comment il est
6 mort ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Juge, de m'avoir
8 corrigé sur ce point.
9 Ce soldat, je me rappelle également que je ne suis pas celui qui est
10 allé investigué; bien qu'en tant qu'observateurs nous reconnaissons tous ce
11 rapport comme étant le nôtre. Nous sommes bien ceux qui ont établi ce
12 rapport, et je ne peux pas me rappeler absolument tout. Il a été tué par un
13 obus. En fait, c'était soit une balle ou quelque chose, un projectile. Mais
14 je ne peux pas me rappeler très bien de quel côté il provenait. Mais je
15 pense que c'était du côté de la VRS, simplement je ne suis pas tout à fait
16 sûr de cela pour le moment.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Sur quoi vous fondez-vous pour
18 penser qu'il provenait de la VRS ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est parce que dans un poste d'observation --
20 ou peut-être que je confonds deux incidents, mais je me rappelle très bien
21 qu'il y en avait eu un qui avait été tué par la VRS, et un autre qui avait
22 été tué par les Musulmans lorsqu'ils essayaient de se retirer. Donc il y a
23 ces deux scénarios, je ne me rappelle pas exactement lequel des deux.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
25 [La Chambre de première instance se concerte]
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Maître Zivanovic.
27 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
28 Q. Sur la base de votre dernière réponse, je me rends compte que deux
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1 membres du Bataillon néerlandais ont été tués à cette occasion. Est-ce que
2 j'ai bien compris ?
3 R. Oui, il y en a eu deux.
4 Q. Vous ne savez pas qui était l'autre soldat, quel était son nom, puisque
5 nous n'avions jamais entendu parler de l'autre, vraiment ?
6 R. En fait, je n'ai pas les noms ni de l'un, ni de l'autre.
7 Q. Merci. Vous avez également mentionné le fait que les unités de l'armée
8 de la Republika Srpska avaient pris le poste d'observation Echo.
9 R. [aucune interprétation]
10 Q. Avant cela, y avait-il eu des avertissements ou des explications pour
11 lesquelles ceci aurait eu lieu ?
12 R. En fait, la prise des postes d'observation par des Serbes de Bosnie ne
13 se trouvait pas dans un cadre sans lequel il pouvait y avoir des
14 discussions sur laquelle : "Nous allons les prendre, ou ils ne seraient pas
15 pris." Simplement, ils lanceraient une attaque pour prendre le poste
16 d'observation. Pour eux, ils estimaient qu'en ce qui les concernait, il y
17 avait des soldats musulmans à compter des postes d'observation, et c'était
18 ce à quoi ils voulaient mettre fin, et en même temps ils attaquaient les
19 postes d'observation. Pour eux, c'était une façon d'avancer. Ils avançaient
20 en direction de l'enclave et ça faisait également qu'ils pouvaient empêcher
21 les observateurs de les observer.
22 Donc c'était une activité qui avait plusieurs éléments, plusieurs facettes.
23 Ils essayaient de faire différentes choses de façon à pouvoir atteindre
24 leurs objectifs et se rapprocher tout en n'étant pas observés dans leurs
25 activités de l'autre côté.
26 Q. Est-ce que vous vous êtes jamais trouvé là lors de réunions qui ont eu
27 trait à ce poste d'observation, le poste d'observation Echo ? Est-ce que
28 vous avez été en contact avec des représentants de l'armée de la Republika
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1 Srpska lorsque ceci a été discuté ?
2 R. De quelle réunion voulez-vous parler, si vous permettez, parce que je
3 ne suis pas bien sûr de savoir de quelle réunion il s'agit. Mais en ce qui
4 concerne le poste d'observation Echo tout seul, peut-être qu'il faudrait
5 que je me reporte à un document parce que je ne me rappelle pas quoi que ce
6 soit concernant cette réunion.
7 Q. Vous a-t-on jamais fourni des explications ou ne vous a-t-on jamais
8 prévenu que la VRS était sur le point de prendre contrôle du poste
9 d'observation Echo ou avait, en tout cas, l'intention de le faire ?
10 R. Oui. Le Bataillon néerlandais nous a indiqué que la VRS -- en fait, ils
11 nous ont dit que le poste d'observation serait déplacé. C'est ce qu'ils ont
12 dit au Bataillon néerlandais. Ils leur ont demandé de déplacer le poste
13 d'observation. Et ils ont dit que si ce poste d'observation n'était pas
14 déplacé, ils se rendraient sur place et en prendraient le contrôle.
15 Q. Je vais vous montrer une déclaration faite par Evert Rave, un officier
16 du Bataillon néerlandais. Il était placé sous les ordres directs du
17 commandement.
18 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Sa déclaration porte la cote 1D452.
19 Je souhaiterais que l'on examine l'avant-dernier paragraphe de la page 3 de
20 sa déclaration.
21 Q. Je vous invite à en prendre connaissance.
22 R. Quel paragraphe ?
23 Q. L'avant-dernier paragraphe qui commence ainsi : "La réunion du 31 mai
24 s'est tenue au poste d'observation Echo. Les représentants serbes," et
25 cetera.
26 Est-ce que vous voyez ce passage ?
27 R. Oui. Ça y est. Je l'ai lu.
28 Q. Avez-vous été informé de cette conversation ou de cette réunion tenue
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1 entre le Bataillon néerlandais et les représentants de la VRS à propos des
2 activités menées par les Musulmans qui faisaient l'objet de plaintes ?
3 R. Tout ce que nous avons appris de ces gens c'est que la VRS se
4 plaignait, car elle voulait que le poste d'observation soit déplacé
5 puisque, d'après eux, il était utilisé par les Musulmans. Nous n'avons rien
6 appris de plus. En outre, les rapports du Bataillon néerlandais ne nous
7 étaient pas tous nécessairement transmis. La plupart de ces rapports nous
8 ne les recevions pas. Mais nous avons été informés des raisons pour
9 lesquelles la VRS voulait que le poste d'observation soit déplacé.
10 Q. Est-il exact de dire que les Musulmans se servaient des postes
11 d'observation de l'ONU ?
12 R. Il s'agissait de postes d'observation du Bataillon néerlandais. Nous
13 n'avions pas nos propres postes d'observation. Donc, si ces postes
14 d'observation étaient utilisés par les Musulmans, nous n'avions aucun moyen
15 de le savoir, puisque nous n'étions pas là.
16 Q. Nous avons notamment entendu la déposition de plusieurs officiers du
17 Bataillon néerlandais. Je peux vous dire que l'un de ces officiers, qui
18 était le commandant adjoint du bataillon, le commandant "Franken" a déclaré
19 entre autres qu'à son arrivée à Srebrenica, on lui a dit que les forces
20 musulmanes de l'enclave disposaient de 4 000 ou 4 500 armes légères et d'un
21 certain nombre de mortiers.
22 Cela figure à la page 2 438, lignes 11 et 12 du compte rendu
23 d'audience. Le passage en question se poursuit à la page suivante.
24 Vous a-t-on informé à votre arrivée dans l'enclave que les forces
25 musulmanes disposaient de 4 000 ou 4 500 armes d'infanterie ?
26 R. Lorsque vous parlez "d'armes d'infanterie" je pense que vous parlez
27 d'armes légères, d'armes de petit calibre. En ce qui nous concerne, toutes
28 les machines lourdes, toutes les mitrailleuses étaient gardées par le
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1 Bataillon néerlandais.
2 Q. C'est ce que vous nous avez dit. Ma question porte maintenant sur les
3 armes légères.
4 R. Les armes légères dont disposaient les Musulmans, enfin
5 personnellement, je ne savais pas qu'ils en avaient. Je ne savais pas
6 qu'officiellement ils avaient ces armes.
7 Q. Ce même témoin a déclaré qu'en mai 1995, il avait pu constater que les
8 soldats musulmans avaient reçu de nouveaux uniformes, il a pu les voir à
9 Srebrenica. Est-il possible que vous n'ayez pas constaté la même chose ?
10 R. C'est ce que nous avons observé. Ils nous l'ont dit et nous l'avons
11 constaté.
12 Q. Un autre officier du Bataillon néerlandais a fait une déclaration le 6
13 octobre 2006, page 3 058, ligne 24 à la page 3 060, ligne 34 du compte
14 rendu d'audience. Il a déclaré qu'à partir de la mi-juin en 1995, lorsqu'il
15 se trouvait à Srebrenica, il avait pu constater une présence de plus en
16 plus importante de soldats musulmans. Est-ce que vous avez pu observer la
17 même chose ? Le témoin en question s'appelait "Koster".
18 R. Oui. Nous avons été témoin de cela, nous en avons fait rapport. Nous
19 avons même vu certains soldats armés. Dans notre rapport, il est indiqué
20 que nous avons signalé le fait que le chef d'état-major de l'ABiH, le
21 dénommé Ramiz -- enfin, nous avons signalé ça à Ramiz, nous avons signalé
22 le fait que nous avons vu la présence des soldats armés d'armes légères. Il
23 faut se souvenir du type d'armes dont nous parlons. On ne peut pas du tout
24 comparer ces armes avec les armes à la disposition de la VRS.
25 Il arrivait que l'on voie deux ou trois personnes armées, mais on ne
26 saurait comparer cela avec le type d'armements à la disposition de la VRS.
27 A chaque fois que nous voyions des soldats de la VRS, ils étaient armés
28 jusqu'aux dents. Nous avions une liste d'armes qu'ils avaient à leur
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1 disposition; obus d'artillerie, missiles, lance-roquettes et ainsi de
2 suite.
3 La seule raison pour laquelle nous avons fait rapport à ce sujet, c'est que
4 cela nous paraissait un peu anormal. Les Musulmans n'étaient pas censés
5 avoir des armes du tout. Mais il est arrivé deux ou trois fois que nous
6 voyions des personnes avec des armes, deux ou trois revolvers ou des armes
7 de ce genre. Nous avons dû nous poser la question de ce qui se passait et
8 nous demander d'où ils obtenaient ces armes. Donc nous avons posé la
9 question au chef d'état-major.
10 Q. S'agissant de ce que vous avez déclaré, s'agissant du fait que vous
11 aviez pu observer des personnes armées, je peux vous dire que ce même
12 témoin nous a déclaré qu'à l'époque il y avait tellement de soldats
13 musulmans armés que l'on ne pouvait absolument pas garantir la
14 démilitarisation de l'enclave car le Bataillon néerlandais n'avait pas
15 suffisamment d'effectifs.
16 C'est ce que ce témoin a déclaré à la page 3 067, lignes 11 à 22 du compte
17 rendu d'audience, et cela me donne l'impression qu'il y avait beaucoup de
18 gens armés.
19 R. En ce qui nous concerne nous les observateurs, nous n'avons jamais eu
20 l'impression qu'il y avait beaucoup de soldats musulmans armés dans
21 l'enclave. Peut-être que quelqu'un du Bataillon néerlandais a remarqué cela
22 et il n'a jamais porté cela à notre connaissance, mais la plupart du temps
23 s'ils remarquaient quoi que ce soit ou quelque chose de ce genre, ils nous
24 le signalaient afin que nous puissions nous rendre sur place et mener
25 l'enquête. Mais personne à l'époque ne nous a demandé d'aller où que ce
26 soit pour mener enquête, donc je ne sais pas. Je ne conteste pas ce qu'il a
27 affirmé, mais tout dépend ce qu'il entend par "de nombreux soldats." Je ne
28 le sais pas.
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1 Q. Je vais essayer de tirer ce point au clair et pour ce faire je vais
2 revenir à la déposition du commandant Franken. Il a dit ici que les
3 Musulmans de Srebrenica étaient organisés comme une division, avec des
4 brigades chargées de secteurs bien particuliers.
5 Aviez-vous connaissance du fait qu'il existait des brigades à Srebrenica,
6 je veux parler de l'époque où vous vous y trouviez ?
7 R. A l'époque où je me trouvais sur place, nous savons qu'il y avait un
8 chef d'état-major. Je crois qu'il y avait la 28e Division, si je ne
9 m'abuse, qui a été rebaptisée par la suite. Pour ce qui est de cette
10 organisation, on ne pourrait pas parler vraiment de hiérarchie. Dans
11 l'enclave, il n'y avait pas vraiment d'organisation militaire ou de
12 hiérarchie militaire, il n'y avait pas de hiérarchie avec une division, des
13 brigades, des unités, tout cela n'existait pas d'après ce que nous avons pu
14 constater. Ce type d'organisation existait bel et bien du côté de la VRS.
15 Elle n'existait pas sous cette forme de l'autre côté.
16 Et si vous me le permettez, j'ajouterais que même un groupe de guérilleros
17 peuvent prétendre être organisés. C'est vrai, vous voyez qu'il y a des
18 structures, mais cela n'en fait pas pour autant une organisation militaire
19 digne de ce nom, si vous voyez ses dirigeants.
20 Donc, il n'y avait pas de hiérarchie d'après ce que nous avons pu
21 constater. C'était tout à fait différent de la situation du côté de la VRS.
22 Donc je ne dirais pas qu'il y avait une organisation musulmane dans
23 l'enclave, tout du moins pas sous la même forme que du côté des Serbes. Il
24 n'y avait pas une structure militaire digne de ce nom. Je ne sais pas,
25 peut-être qu'il y a eu certaines choses à l'extérieur de l'enclave, mais en
26 ce qui nous concerne, dans l'enclave, nous n'avons pas pu constater la
27 présence de telles structures qui fonctionneraient.
28 Q. Est-ce que vous contestez la déclaration du commandant Franken, selon
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1 laquelle il y avait une division composée de brigades disposant chacune de
2 zones de responsabilité ?
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
4 M. THAYER : [interprétation] Je pense que la question a été posée à
5 plusieurs reprises et que le témoin y a amplement répondu.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je le pense également.
7 Question suivante, s'il vous plaît.
8 Et je vous rappelle qu'il vous reste entre 15 et 18 minutes. Merci.
9 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais vous montrer un autre document, le
10 document 1D467. Ce document émane de l'état-major des forces armées à
11 Srebrenica, il porte la date du 28 juillet 1995, c'est-à-dire, après la
12 démilitarisation de l'enclave. Nous voyons ici les unités qui, à l'époque
13 où le rapport a été établi, se trouvaient à l'intérieur de l'enclave.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
15 M. THAYER : [interprétation] J'apporte une correction pour les besoins du
16 compte rendu d'audience. Le document que nous examinons porte la date du 28
17 juillet 1993. Je ne sais pas s'il s'agit du bon document ou pas.
18 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je crois avoir dit le 28 juillet 1993. Si
19 ma langue a fourché, je m'en excuse.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Tout le compte rendu
21 d'audience a été corrigé. En conséquence, poursuivez, Maître Zivanovic.
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous voyons ici toutes les unités qui se
23 trouvaient dans l'enclave de Srebrenica à partir du 28 juillet 1993. A
24 cette date, l'enclave était censée être démilitarisée. Or, nous constatons
25 ici manifestement qu'il y avait la Brigade de Potocari, composée de trois
26 bataillons; la Brigade de Suceska, composée de trois bataillons; la Brigade
27 de Kragnjivoda.
28 Vous êtes-vous rendu dans l'un quelconque de ces villages ? Avez-vous vu là
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1 des membres desdites brigades ?
2 R. Nous nous sommes rendus à Suceska et aux autres endroits. Nous avons vu
3 la plupart de ces lieux, et nous n'avons pas pu observer l'existence d'une
4 telle organisation. Du moins en 1995, lorsque j'étais sur place, une telle
5 organisation n'existait pas.
6 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons maintenant le document 1D472.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaiterais que les choses soient
8 bien claires.
9 La Brigade de Suceska --
10 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- c'est celle qui était déployée dans
12 le Triangle de Bandera, n'est-ce pas ? Je voudrais que les choses soient
13 tout à fait claires.
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne sais pas très bien.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que c'était la brigade placée
16 sous les ordres de Zulfo Tursunovic, je crois que le témoin a dit qu'on les
17 a empêchés d'entrer dans ce secteur. Pour ce qui est de la Brigade de
18 Kragnjivoda, je ne sais plus si elle était dans le Triangle de Bandera. Je
19 pense qu'il convient d'établir une distinction entre les renseignements
20 obtenus directement en vous rendant sur les lieux, et les renseignements
21 que vous n'avez pas pu obtenir car on vous a empêchés de vous rendre sur
22 place.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, une brigade est
24 composée d'au moins trois unités, trois unités d'infanterie, sans parler
25 des armes d'appui, et si vous incluez les armes d'appui, il s'agit
26 d'effectifs assez importants, car une unité compte environ 1 000 soldats.
27 Voilà les effectifs d'une unité. Nous parlons ici d'un minimum de trois
28 unités, c'est-à-dire 3 000 soldats, et il ne pouvait pas y avoir 3 000
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1 soldats dans le Triangle de Bandera sans que nous les voyions. Le secteur
2 où nous ne pouvions pas nous rendre n'était pas si vaste. En fait, si l'on
3 tient compte de toute l'enclave de Srebrenica, on ne peut pas avoir une
4 brigade sur le territoire de l'enclave de Srebrenica. Donc s'il y avait des
5 soldats dans le Triangle de Bandera, s'il y avait eu l'équivalent d'une
6 brigade, nous l'aurions vu.
7 Il y avait peut-être des raisons pour lesquelles on nous a empêchés
8 d'accéder dans certains secteurs. Mais j'affirme qu'il ne pouvait pas y
9 avoir une brigade déployée dans ce secteur.
10 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons maintenant le document 1D472. Ce
11 texte est rédigé en anglais.
12 Q. Il n'a pas été traduit, mais je ne pense pas que cela vous pose
13 problème. Ce texte a été publié.
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je souhaiterais que nous examinions la
15 dernière page de ce document. Ce qui m'intéresse, c'est le dernier
16 paragraphe.
17 Q. Il y est fait mention d'un nom, Carlos Martins Branco, et
18 l'endroit où il travaillait à l'époque est mentionné, l'endroit où il a
19 rédigé ce texte. Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ?
20 R. Je l'ai peut-être oublié. Cela ne me dit pas grand-chose.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
22 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que le
23 compte rendu d'audience soit plus clair. Est-ce que l'on pourrait avoir des
24 éléments de contexte, des renseignements concernant la date à laquelle ce
25 document a été rédigé ? Nous voyons seulement l'objet, le contenu du
26 document, il s'agit apparemment d'un courrier électronique qui a été
27 distribué, mais je n'arrive pas à déterminer la nature de ce document, ni
28 son auteur. Je souhaiterais que l'on nous éclaire sur son origine avant que
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1 des questions soient posées à ce sujet.
2 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce document se trouve sur internet. Je n'en
3 connais pas la date exacte. Mais je pense qu'il date de 2005. C'est moi qui
4 affirme qu'il s'agit de 2005. Il me faudrait vérifier cela. Cela étant, je
5 souhaiterais poser d'autres questions à ce sujet, afin de rafraîchir la
6 mémoire du témoin sur ce point.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Mais il ne faut savoir cela de
8 toute façon, tout ce que nous avons c'est une page, et nous ne savons pas
9 vraiment de quel document il s'agit. Vous le savez peut-être, et peut-être
10 que M. Thayer le sait, mais nous, nous l'ignorons, et il nous faut suivre
11 également.
12 M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'essayerai d'obtenir ces informations et
13 j'en informerai la Chambre.
14 M. THAYER : [interprétation] Je n'ai jamais vu ce document auparavant. Je
15 ne connais pas cette personne, je ne sais rien.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous dire
17 quand vous avez été informé que ce document serait utilisé ?
18 M. THAYER : [interprétation] Aujourd'hui, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
20 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous l'avons saisi dans le système e-court
21 lundi.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
23 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
24 Q. Je souhaiterais que l'on revoie le début du texte, car je pense
25 qu'il pourrait vous rafraîchir la mémoire. Vous allez voir à qui il est
26 fait référence.
27 Veuillez, je vous prie, examiner le premier paragraphe, troisième
28 phrase : "J'étais adjoint au chef des officiers chargés des opérations
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1 parmi les observateurs militaires de l'ONU à l'UNPF sur le théâtre des
2 opérations, et mes informations se fondent sur les réunions d'information
3 tenues avec les observateurs militaires déployés à Srebrenica à l'époque et
4 sur certains rapports confidentiels de l'ONU."
5 R. Oui, j'ai lu ce passage.
6 Q. Vous souvenez-vous de cette personne ?
7 R. Ce nom ne me dit rien.
8 Q. Au vu de la phrase que nous venons de lire, nous pouvons conclure que
9 cette personne a été un observateur militaire, et il a précisé son titre.
10 Il a également précisé le fait qu'il était en contact avec des
11 représentants militaires à Srebrenica, et notamment avec vous. Avez-vous eu
12 des contacts avec les observateurs militaires à ce niveau ?
13 R. Vraiment, je ne vois pas où vous voulez en venir, au niveau du chef des
14 opérations à l'UNPF, si c'est à cela que vous pensez, je dirais que nous
15 n'opérions pas de concert, nous envoyions des rapports depuis notre base
16 jusqu'au QG en passant par les voies habituelles. Alors lorsque nous
17 rapports arrivaient au QG de Zagreb, je ne sais pas qui les lisaient. Mais
18 nous, au niveau de l'équipe, nous nous contentions d'envoyer les rapports.
19 Il y avait beaucoup d'observateurs militaires à l'époque. Je pense qu'il y
20 avait environ 300 observateurs militaires, si ce n'est plus. Il m'est
21 difficile de connaître tout le monde.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qui signifiait le sigle "UNPF" ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Force de protection de l'ONU. En fait, il
24 s'agit de la FORPRONU.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je l'ignorais. Avez-vous jamais entendu
26 parler de "Ruder & Finn Global Public Affairs" ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne sais pas. En tout cas, je ne pense
28 pas qu'il faisait partie des casques bleus. Je ne sais pas.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et vous, les observateurs militaires de
2 l'ONU, est-ce que vous faisiez partie de la FORPRONU ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous étions des observateurs militaires de
4 l'ONU, l'UNPF était la composante armée, il s'agissait des bataillons, et
5 ainsi de suite.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci.
7 Monsieur Thayer.
8 M. THAYER : [interprétation] Peut-être que je pourrais apporter quelques
9 éclaircissements. A un moment donné, je ne sais pas si cela sera contesté
10 ou pas, le nom officiel est devenu "Force de protection de l'ONU", et au
11 niveau du théâtre des opérations, cette force était basée à Zagreb, je veux
12 parler des observateurs militaires qui étaient une composante de l'UNPF. A
13 toutes fins utiles, il n'y a pas lieu de faire la différence entre la
14 "FORPRONU" et l'"UNPF". Tout dépend de quelle période on parle.
15 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Examinons le paragraphe 10.
16 Q. Il en ressort que M. Branco disposait d'informations concernant les
17 questions mentionnées dans le texte. Ces informations provenaient de
18 conversations qu'il avait eues avec des observateurs militaires de l'ONU à
19 Srebrenica et de rapports de l'ONU qui étaient confidentiels. Je
20 souhaiterais que l'on examine le dernier paragraphe de la page précédente
21 si vous le voulez bien.
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Dernier paragraphe.
23 Q. Vous pouvez en prendre connaissance, sans le lire à voix haute, après
24 quoi je vous poserai quelques questions à ce sujet.
25 Il est manifeste que M. Branco, qui se trouvait à Zagreb à l'époque, a
26 appris que des attaques armées avaient été menées contre des villages
27 serbes situés autour de l'enclave, les informations provenaient de deux
28 sources, les observateurs militaires déployés sur le terrain et certaines
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1 sources confidentielles, à savoir les rapports de l'ONU qui n'avaient pas
2 été divulgués au public. Ma question est la suivante : est-ce que les
3 observateurs militaires des Nations Unies informaient leur commandement à
4 Zagreb de ces incidents militaires provoqués par les formations musulmanes
5 de l'enclave à l'encontre de la population civile autour de l'enclave de
6 Srebrenica, donc des villages serbes, et des pertes civiles provoquées ?
7 R. Monsieur le Président, pendant mon mandat, je n'ai jamais été témoin de
8 ce genre d'incidents.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Ça ne veut pas dire que
10 ceci ne s'est pas produit.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela ne veut pas dire que ceci ne s'est pas
12 produit, mais je n'ai pas été témoin de cela au cours des quatre à cinq
13 mois que j'y ai passés.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Encore une fois, le témoin nous indique
15 qu'il n'a pas été présent lors de tels incidents. Mais est-ce que vous en
16 avez entendu parler sans en avoir été le témoin ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce que je voulais dire
18 n'était pas forcément que je ne l'ai pas vu personnellement. Mais je
19 voulais dire que pendant l'ensemble de mon séjour, s'agissant des rapports
20 que nous avons reçus, nous, en tant qu'observateurs, n'avons jamais reçu de
21 tels rapports, et pas seulement moi personnellement, mais nous en tant
22 qu'observateurs.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, vous avez épuisé les
24 deux heures que vous aviez demandées, donc veuillez conclure.
25 M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'y suis presque.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci.
27 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
28 Q. Dans cette même lettre il est écrit --
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1 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ou plutôt, je vais vous demander de vous
2 pencher sur le paragraphe 14, à la page suivante.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est quelle page ?
4 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Un instant. Veuillez défiler le texte vers
5 le bas, s'il vous plaît.
6 C'est le paragraphe qui commence par les mots : "Il est important aussi de
7 prendre note de l'appel pathétique lancé par le président d'Opstina, Osman
8 Suljic."
9 Q. Vous le voyez ?
10 R. Oui.
11 Q. Je veux attirer votre attention sur l'avant-dernière phrase de ce
12 paragraphe où il est dit : "Curieusement les observateurs n'ont jamais reçu
13 la permission d'inspecter les dépôts de réserve de nourriture."
14 Il en découle que l'observateur militaire de Zagreb informe ici que les
15 observateurs militaires à Srebrenica n'avaient pas reçu la permission
16 d'inspecter les réserves de nourriture à Srebrenica; est-ce exact ?
17 R. Ce n'est pas exact.
18 Q. Est-ce qu'un tel rapport a jamais été envoyé aux observateurs
19 militaires de Zagreb ?
20 R. Ce n'est pas vrai. Nous n'avons jamais envoyé ce genre d'information.
21 Si vous examinez le début du paragraphe où il est dit que les observateurs
22 militaires disent au monde que les Serbes utilisaient les armes chimiques,
23 vous pouvez voir que cette même personne par la suite accuse les médias. Il
24 a écrit au sujet de tout cela, et nous avons dit que c'était M. Osman
25 Suljic qui l'a dit, mais nous n'avons jamais pu vérifier l'information ni
26 la confirmer. Ceci fait partie du document, nous l'avons dit formellement.
27 Même là où il parle de la situation en matière humanitaire, lorsqu'il
28 dit que nous n'avions pas été autorisés à inspecter les réserves de
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1 nourriture, ce n'est pas exact. Nous allions dans des magasins nous-mêmes.
2 On vérifiait la situation en matière de la nourriture et on recevait
3 également des rapports de l'UNHCR. Donc on était au courant de la situation
4 constamment.
5 Q. Vous avez inspecté aussi les entrepôts de Srebrenica qui contenaient de
6 la nourriture; est-ce exact ?
7 R. Oui, on les a inspectés. On allait dans des magasins. On pouvait
8 procéder aux inspections, parfois on comptait même les articles, article
9 par article, pour savoir ce qui était disponible.
10 Q. Vous avez vu l'entrepôt appartenant à la 28e Division, je suppose, qui
11 contenait de la nourriture ?
12 R. La nourriture pour les gens de l'enclave ?
13 Q. Les militaires, les gens de l'ABiH.
14 R. S'il y avait un magasin différent par rapport à celui qu'on
15 connaissait, ça je ne le sais pas. Mais le magasin dans lequel nous sommes
16 allés, nous avons pu voir quels étaient les articles, les produits
17 alimentaires qui étaient stockés. Je peux même dire qu'en fonction de la
18 situation, cette nourriture pouvait durer pendant un certain temps. Et
19 lorsque nous pouvions dire qu'il y avait suffisamment de nourriture pour
20 une certaine période, un mois, deux mois, quelque chose comme ça, et si
21 nous pouvions le dire c'est que nous avions pu inspecter les magasins et
22 les dépôts.
23 Q. Vous avez surveillé la situation en matière de la nourriture à
24 Srebrenica entre autres choses, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Est-ce que vous saviez que l'ABiH ne cessait de saisir une partie de
27 l'aide humanitaire et de nourriture ?
28 R. On nous a dit cela à ce moment-là en particulier, qu'effectivement
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1 parfois ces hommes-là saisissaient un peu de nourriture et même que parfois
2 certains des consommateurs vendaient une partie de l'aide en nourriture de
3 l'aide humanitaire qu'ils recevaient, donc ils utilisaient une partie et
4 ils vendaient une autre partie. Ce genre de chose se déroulait. L'armée
5 retenait la nourriture, la stockait, et si ce genre de chose se passait,
6 nous ne le savions pas.
7 Q. J'avais plusieurs questions, mais j'ai épuisé mes deux heures; donc,
8 j'aurais une dernière question pour vous.
9 Vous nous dites que les observateurs militaires de l'ONU étaient censés
10 être impartiaux et neutres. Voici ma question : est-ce qu'à votre avis vous
11 étiez un observateur impartial pendant votre mission à Srebrenica ?
12 R. Monsieur le Président, ceci ne fait aucun doute. J'ai été impartial.
13 Nous, en tant qu'observateurs militaires, nous étions impartiaux. Pour
14 autant que je le sache, nous l'étions tous. Personnellement, j'étais très
15 impartial et je ne me suis jamais rangé d'un quelconque côté. Nous étions
16 amicaux avec tout le monde. Nous pouvions librement parler avec chaque
17 camp, c'est-à-dire, l'armée de la Republika Srpska et de l'ABiH, ils
18 pouvaient nous faire confiance en tant qu'observateurs militaires. Il n'y a
19 rien qui pourrait indiquer que nous étions partiaux de quelque manière que
20 ce soit.
21 Personnellement, j'ai eu des contacts avec les deux parties à tous les
22 niveaux et les réunions ont été enregistrées. A aucun moment, mon rapport
23 ou mes rapports n'étaient partiaux. Même la déposition que je suis en train
24 de faire, et tout ce que je dis s'agissant d'une situation particulière est
25 neutre. Je me fonde simplement sur la vérité par rapport à ce que j'ai
26 observé sur le terrain et ce que j'ai enregistré.
27 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur. Je n'ai plus de
28 questions.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.
2 Nous allons maintenant passer en revue le temps indiqué par les membres des
3 équipes de la Défense différentes.
4 Maître Meek, vous aviez demandé une heure ?
5 M. MEEK : [interprétation] Oui.
6 Bonjour, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.
8 M. MEEK : [interprétation] A ce stade de cette déposition, je ne pense pas
9 avoir de questions. Ce faisant, je souhaite demander de m'accorder la
10 possibilité de céder mes 30 minutes à l'équipe de M. Borovcanin, Me
11 Lazarevic.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
13 M. MEEK : [interprétation] Très bien.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic.
15 Mme NIKOLIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.
16 La Défense de M. Nikolic n'a pas de questions pour ce témoin en ce moment.
17 Je souhaite demander également à la Chambre de me permettre de céder une
18 certaine partie du temps accordé à cette équipe de la Défense à l'équipe de
19 M. Borovcanin, 20 minutes. C'est ce qu'on avait demandé.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.
21 M. THAYER : [interprétation] Oui. Je souhaite simplement informer la
22 Chambre du fait que l'Accusation et l'équipe Nikolic sont arrivées à un
23 accord pour dire que toutes les références au commandant Nikolic ne se
24 réfèrent pas à l'accusé Drago Nikolic.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup.
26 Pour l'équipe de M. Miletic. Madame Fauveau, vous avez demandé deux heures
27 ?
28 Mme FAUVEAU : Oui, Monsieur le Président. Je crois que ça sera un peu plus
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1 court, mais je serai en position de vous dire plus après le contre-
2 interrogatoire de mon collègue pour la Défense de Borovcanin.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Krgovic ou Maître Josse.
4 M. JOSSE : [interprétation] Nous allons nous en tenir à notre évaluation,
5 Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Maître Haynes.
7 M. HAYNES : [interprétation] Je ne pense pas avoir de questions. Si
8 quelqu'un souhaite disposer de mon temps, je veux bien céder.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Justement, je me demande si avec
10 M. Borovcanin, dans ce cas-là nous pourrons terminer d'ici deux semaines.
11 Maître Lazarevic, vous avez besoin de combien de temps pour votre contre-
12 interrogatoire ? Vous avez demandé une heure et demie, au début.
13 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Je dois être réaliste. Je m'attendais
14 à ce que certains sujets que j'allais couvrir soient couverts au cours du
15 contre-interrogatoire avec Me Zivanovic, et je dois dire que certains
16 autres sujets ont été ouverts. D'autre part, lorsque nous avons comparé les
17 documents que nous avons souhaité utiliser au cours du contre-
18 interrogatoire de ce témoin, les documents de Mme Fauveau que nous avons eu
19 l'intention d'utiliser, nous avons constaté que plus ou moins il s'agissait
20 des mêmes documents.
21 Donc probablement nous pourrons couvrir un nombre de sujets dans notre
22 contre-interrogatoire, mais je pense que ça va durer au moins deux heures,
23 peut-être deux heures 10, 15 minutes.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Très bien. Commençons.
25 C'est vous qui allez prendre la parole maintenant. Veuillez vous présenter.
26 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Permettez-moi une seconde, simplement
27 je vais préparer --
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être vous voulez une pause
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1 maintenant ?
2 M. LAZAREVIC : [interprétation] Ce n'est pas la peine d'avoir une pause
3 maintenant. Je souhaite simplement me mettre derrière le pupitre.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non. Simplement je veux dire que d'ici
5 15 minutes nous sommes censés faire une pause de 25 minutes. Si vous
6 préférez que l'on fasse la pause maintenant, peut-être que c'est plus
7 facile.
8 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, vous avez raison, Monsieur le
9 Président. Je pense que c'est une meilleure idée.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien ?
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons alors avoir une pause
13 de 25 minutes à partir de maintenant, ensuite nous allons continuer.
14 --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.
15 --- L'audience est reprise à 12 heures 48.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, êtes-vous prêt ?
17 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez, s'il vous plaît.
19 Un point. Nous nous attendons à ce que vous fassiez un effort, petit effort
20 ou grand effort, afin de terminer avec ce témoin demain. Merci.
21 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vais tenir
22 compte de cela, je pense que nous pourrons terminer d'ici demain.
23 Contre-interrogatoire par M. Lazarevic :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Colonel Kingori. Je m'appelle Aleksandar
25 Lazarevic. Avec mes collègues je défends le général Borovcanin devant ce
26 Tribunal. Afin de vous permettre de m'aider à remplir les obligations qui
27 sont les miennes devant cette Chambre de première instance, je vous demande
28 de faire en sorte que vous répondiez dans la mesure du possible à mes
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1 questions par un oui ou un non.
2 Si quelque chose n'est pas clair, veuillez me l'indiquer et je vais
3 reformuler la question afin de me permettre de traiter de toutes les
4 questions prévues dans le temps qui nous est imparti.
5 Je souhaite que l'on parcoure maintenant les dépositions que vous avez
6 faites jusqu'à maintenant, afin d'identifier tout ce que vous avez dit
7 devant ce Tribunal et devant les représentants du bureau du Procureur au
8 sujet des événements de Srebrenica.
9 Tout d'abord, votre première déclaration faite au bureau du Procureur
10 de ce Tribunal a été faite les 25 et 26 septembre 1997; est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Puis le 31 mars, et ceci s'est poursuivi le 3 avril 2000, vous avez
13 déposé devant ce Tribunal dans le cadre du procès à l'encontre du général
14 Krstic; est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Ensuite dans le cadre du procès qui a commencé en décembre et qui
17 continue en ce moment ?
18 R. Oui, c'est exact. Ça se poursuit.
19 Q. Au cours de la prise de déclaration de la part de l'Accusation et, bien
20 sûr, au cours de vos dépositions devant ce Tribunal, vous avez dit la
21 vérité et seule la vérité au mieux de vos souvenirs; est-ce exact ?
22 R. Oui, c'est exact.
23 Q. Avant d'avoir commencé à déposer dans cette affaire, je suppose que
24 vous avez eu l'occasion de parcourir vos déclarations préalables faites
25 auprès du bureau du Procureur et de lire votre déclaration dans l'affaire
26 Krstic, au cours des préparatifs; est-ce exact ?
27 R. Oui, vous avez raison. J'ai eu l'occasion de les parcourir.
28 Q. Vous avez également eu l'occasion de corriger certains points peu
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1 précis, éventuellement de dire aux collègues de l'Accusation certaines
2 remarques que vous aviez qui pouvaient être introduites dans la note de
3 récolement ?
4 R. Oui, nous avons eu une séance de récolement.
5 Q. Avez-vous eu l'occasion par hasard de voir les notes que M. Thayer a
6 pris au sujet de ce récolement qu'il a eu avec vous ? Est-ce qu'il vous a
7 montré éventuellement ces notes de récolement ?
8 R. Je ne vois pas tout à fait de quelles notes vous êtes train de parler
9 en particulier.
10 Q. Excusez-moi. Je vais être tout à fait clair.
11 Après que M. Thayer a terminé votre séance de récolement, il a écrit
12 certaines notes qui ont été envoyées à toutes les équipes de la Défense.
13 Est-ce que, par hasard, vous-même vous avez eu l'occasion de voir les notes
14 de M. Thayer, les notes de récolement de M. Thayer ?
15 R. Je n'ai pas parcouru ces notes. Nous avons simplement parcouru mes
16 déclarations et les autres éléments de preuve. Mais c'était ça, la séance
17 de récolement. Mais s'agissant de ces notes, s'il en a prises, nous ne les
18 avons pas parcourues ensemble.
19 Q. Très bien. Peut-être je vais vous poser d'autres questions à ce sujet
20 plus tard. Mais pour le moment, je voulais savoir si vous avez eu
21 l'occasion de les voir et vous m'avez répondu. Maintenant, je souhaite que
22 l'on aborde l'essentiel de votre déclaration.
23 Sur la base de la déclaration que vous avez faite au bureau du
24 Procureur, et j'ai déjà attiré votre attention là-dessus au début de votre
25 déposition ici, nous voyons que vous avez décrit votre mission à Srebrenica
26 en tant que : "Le fait d'observer toute violation de l'accord de
27 démilitarisation et d'organiser les réunions entre les parties
28 belligérantes afin de trouver une solution à long terme. Il s'agissait
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1 également des activités de médiation entre les parties belligérantes et le
2 bataillon de l'ONU qui était en charge de surveiller la mise en œuvre du
3 cessez-le-feu."
4 C'est la description de votre mission, de la mission de l'ONU,
5 fournie dans votre déclaration fournie au bureau du Procureur à la page 2
6 en anglais et page 2 en B/C/S aussi. Voici ma question, par conséquent.
7 Est-ce que vous avez eu l'impression que votre tâche principale était
8 d'observer les violations de l'accord de démilitarisation ? Est-ce que
9 c'était la tâche principale de la Mission des observateurs militaires de
10 l'ONU là-bas ?
11 R. Notre mission était de surveiller toutes les violations de l'accord de
12 cessez-le-feu, les surveiller et envoyer un rapport à ce sujet.
13 Q. Très bien, nous allons revenir là-dessus. Vous savez, bien sûr, qu'il y
14 avait un accord de cessez-le-feu passé entre les forces serbes et les
15 forces de l'ABiH; est-ce exact ?
16 R. Monsieur le Président, l'accord de cessez-le-feu était un accord passé
17 entre les deux parties belligérantes, et en réalité l'accord a été conclu
18 grâce à la médiation. Le résultat est devenu quelque chose de réellement
19 concret que ces mêmes parties belligérantes devaient respecter.
20 Q. Je souhaite expliquer quelque chose. Je vois qu'ici le terme anglais
21 "ceasefire agreement", accord de cessez-le-feu, et je pensais à l'accord de
22 démilitarisation. Donc il y a eu une erreur d'interprétation. Nous parlons
23 donc d'un accord de démilitarisation. Est-ce que vous savez qu'un tel
24 accord existait et qu'il constituait le fondement permettant d'ailleurs aux
25 observateurs de l'ONU de se rendre à Srebrenica ? C'était sur cette base-là
26 qu'ils ont pu venir à Srebrenica dans l'enclave ?
27 R. Si je peux le redire, j'étais censé surveiller et envoyer des rapports
28 au sujet des violations de l'accord de cessez-le-feu, et il y avait des
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1 questions qui faisaient partie de cet accord que nous on surveillait. S'il
2 y a eu un accord de démilitarisation, je ne suis pas au courant de cela. Ce
3 que je sais, c'est qu'un accord de cessez-le-feu a été conclu - je pense
4 qu'il s'appelait "Accord Qatar" ou quelque chose comme cela - et les points
5 qui ont fait l'objet de cet accord incluaient la démilitarisation,
6 l'établissement d'une zone de sécurité pour les Musulmans, et ici on ne
7 parle pas seulement des Musulmans.
8 Car si l'on examine le contexte du point de vue de l'ONU, la question
9 portait sur les gens qui pouvaient facilement faire l'objet des violations,
10 donc il s'agissait des minorités dans une zone particulière. C'est la
11 raison pour laquelle nous avions constitué des zones de sécurité à
12 Srebrenica, Zepa, et je pense qu'il y en avait une à Sarajevo aussi et à
13 Gorazde aussi. Si l'on examine la partie croate, je pense qu'il y avait une
14 zone aussi appelée "Bihac". Il y avait la zone de Bihac et d'autres zones
15 de sécurité établies par l'ONU pour protéger les personnes en position de
16 désavantage et des minorités dans une zone en particulier.
17 Ceci s'appelait "la zone de sécurité", car l'idée était d'assurer à
18 la population à l'intérieur de cette zone de survivre sous la garantie de
19 l'ONU, c'est la raison pour laquelle les contingents militaires, les
20 bataillons, ont été envoyés dans certaines zones particulières afin
21 d'assurer la sécurité de ces populations en particulier qui étaient soit
22 vulnérables, soit une certaine minorité dans une zone en particulier.
23 Q. Merci de cette longue réponse. Mais j'ai l'impression que nous ne
24 parlons pas de la même chose. Je vais poser une autre question.
25 Est-ce que vous, en tant que membre de la mission d'observateurs, aviez
26 pour tâche de remarquer le déplacement militaire d'une partie, concrètement
27 parlant, des militaires bosniaques de l'ABiH au sein de l'enclave et d'en
28 informer vos supérieurs ? Autrement dit, est-ce que votre tâche était de
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1 surveiller par exemple si l'on acheminait les armes dans la zone protégée,
2 ou bien ceci ne faisait pas partie de votre tâche ?
3 R. Ceci faisait partie de nos tâches.
4 Q. Merci beaucoup. C'est ainsi que je comprenais les choses moi aussi.
5 Maintenant, je souhaite que l'on se penche sur un document. Je ne suis pas
6 sûr si vous avez eu l'occasion déjà de le voir.
7 M. LAZAREVIC : [interprétation] C'est un document qui existe à la fois en
8 B/C/S et en anglais. Il s'agit du document 5D502.
9 Je souhaite que l'on montre sous forme électronique ce document.
10 Q. Colonel, ce que nous pouvons voir maintenant à l'écran -- je vais vous
11 dire le titre afin d'identifier le document. Il s'agit de l'accord portant
12 sur la démilitarisation de Srebrenica et Zepa conclu entre le général Ratko
13 Mladic et le général Sefer Halilovic le 8 mai 1993 en présence du général
14 Philippe Morillon.
15 Ce document est l'un des documents de base qui définissait à la fois le
16 cessez-le-feu et la démilitarisation de Srebrenica et de Zepa.
17 M. LAZAREVIC : [interprétation] Je vous invite à vous pencher sur le
18 paragraphe 3 de ce document, ou plutôt il s'agit de l'article 3, qui figure
19 à la page 2 de la version en anglais et aussi en B/C/S.
20 Q. Veuillez prendre le temps de lire le contenu de l'article 3 avant que
21 je vous pose ma question. Indiquez-moi simplement lorsque vous aurez fini
22 de le lire.
23 R. Oui, je l'ai parcouru.
24 Q. Merci beaucoup. D'après cet accord, les parties serbes et musulmanes -
25 avec la médiation du général Janvier [comme interprété] - ont conclu un
26 accord. Conformément à l'article 3 de cet accord, comme vous pouvez le
27 voir, est-ce qu'on peut dire qu'au sein de la zone démilitarisée, il est
28 nécessaire de rendre les munitions, les mines, les explosifs et les
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1 réserves d'équipements de combat ?
2 Autrement dit, est-ce qu'il faisait partie de votre tâche de
3 surveiller la mise en œuvre de ce qui est stipulé au paragraphe 3, et d'en
4 informer vos supérieurs ?
5 R. Monsieur le Président, je souhaite revenir un peu en arrière.
6 Lorsque nous sommes entrés dans l'enclave, c'était au cours de la première
7 partie de l'année 1995, la démilitarisation avait déjà eu lieu. Donc nous
8 étions dans une enclave déjà démilitarisée et toutes les armes avaient été
9 remises au Bataillon néerlandais, comme ils disaient, aux gens de la
10 FORPRONU, dans cette zone en particulier. Il s'agissait des armes qui se
11 trouvaient maintenant à la base du Bataillon néerlandais, chose dont j'ai
12 été témoin. J'ai vu que ceci avait été fait. Donc il n'était pas nécessaire
13 pour nous d'aller surveiller la démilitarisation, car ceci avait déjà eu
14 lieu.
15 Q. Oui. Je comprends totalement votre réponse, car tout ceci se
16 passait en 1993, et l'accord avait été passé en 1993.
17 Vous, vous arrivez en avril 1995, à un moment où la démilitarisation
18 avait déjà été terminée. Mais si vous observez que d'autres armes étaient
19 acheminées dans l'enclave à cette époque-là, est-ce que conformément à cet
20 accord vous étiez censés informer vos supérieurs à ce sujet ?
21 R. Oui, vous avez tout à fait raison. Ceci faisait partie de notre
22 travail. Si nous les trouvions, nous envoyions immédiatement un rapport;
23 c'est exact.
24 Q. Merci beaucoup. Je vais vous poser une question très précise
25 maintenant.
26 En avril 1995, c'est-à-dire au moment où vous êtes arrivé, en tant
27 qu'observateur militaire de l'ONU, dans l'enclave de Srebrenica, saviez-
28 vous qu'un grand nombre d'armes et d'équipements de combat avaient été
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1 acheminés dans l'enclave ? Je fais référence à la période allant d'avril à
2 juillet, c'est-à-dire la période pendant laquelle vous aussi, vous étiez
3 dans l'enclave.
4 R. Monsieur le Président, nous n'étions pas au courant de cela, de rien
5 d'autre que ce qui faisait l'objet de nos rapports. Ici, nous ne pouvons
6 parler que du moment où nous avions remarqué quelques soldats de l'ABiH qui
7 se déplaçaient en portant des armes, et nous en avons informé nos
8 supérieurs. Mais s'agissant d'un certain réapprovisionnement en armes
9 auquel vous semblez faire allusion, nous n'en avons pas été informé, nous
10 n'avons pas envoyé de rapport à ce sujet.
11 Q. Merci beaucoup.
12 Avant moi Me Zivanovic vous a contre-interrogé et il vous a montré le
13 document 1D464. C'est un document du 13 juillet, et il a été envoyé par le
14 commandant de l'ABiH, Rasim Delic, d'après votre réponse. J'ai compris que
15 vous n'étiez pas sûr au sujet de l'exactitude de ce document, car il
16 mentionnait un grand nombre de pièces de munition, d'armes et d'équipements
17 de combat.
18 Ai-je raison de dire que vous n'êtes pas tout à fait certain des
19 nombres exacts et des niveaux de munitions, d'armes et d'équipements de
20 combat mentionnés ici en tant qu'ayant été acheminés dans l'enclave ?
21 R. Monsieur le Président, il ne s'agit même pas du niveau d'armements. Il
22 s'agit en réalité des armes elles-mêmes. S'agissant de ce genre de qualité
23 mentionnée ici, elle est un peu trop élevée, ça c'est sûr. Deuxièmement, si
24 un réapprovisionnement a eu lieu, ceci n'a pas été remarqué. Nous n'étions
25 pas au courant de cela, nous ne pouvions pas être courant, donc nous
26 n'aurions pas pu intégrer cela dans nos rapports. Donc je ne sais pas si
27 ceci s'est vraiment produit ou pas.
28 Q. Très bien. Heureusement, depuis le temps où vous aviez déposé dans
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1 l'affaire Krstic jusqu'à ce moment-là, des équipes de la Défense
2 différentes et l'Accusation elle-même a pu obtenir plusieurs documents
3 importants, des archives ont été ouvertes, et maintenant nous sommes en
4 mesure de montrer certains documents que nous ne pouvions pas vous montrer
5 à l'époque.
6 Je souhaite notamment vous montrer quatre documents l'un après
7 l'autre pour continuer mes questions à ce sujet-là.
8 M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on montre maintenant le
9 document 5D00011.
10 Q. Pendant que vous êtes en train d'examiner ce document, afin d'expliquer
11 le contexte, je vais simplement dire qu'il s'agit d'un document rédigé par
12 Enver Hadzihasanovic, qui était le chef d'état-major de l'ABiH. La date est
13 le 21 avril 1995. Ici il est question des équipements, des moyens qui sont
14 arrivés avant la 28e Division de Srebrenica et la 285e Brigade légère de
15 Bosnie orientale à Zepa.
16 Donc le 21 avril 1995, vous étiez déjà dans l'enclave de Srebrenica; est-ce
17 exact ?
18 R. Oui, j'y étais. J'étais à l'intérieur.
19 Q. Je suppose, d'après ce que vous avez déjà dit, que vous n'aviez pas
20 remarqué ces quantités d'armes et d'équipement dans l'enclave, mais avez-
21 vous entendu dire que le nom du général Enver Hadzihasanovic, le chef
22 d'état-major de l'ABiH, était mentionné pendant cette période-là pendant
23 votre mission à Srebrenica ?
24 R. Je ne connais pas ce nom-là. Vous a dit "Madzi" ou "Hadzi" ?
25 Q. J'ai dit Hadzi. Peut-être qu'il y a eu une erreur de compte rendu
26 d'audience. Ici il est écrit le général Enver Hadzihasanovic, le chef
27 d'état-major de l'ABiH, il s'agit d'un officier très haut placé au sein de
28 l'ABiH.
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1 R. Je ne le connais pas. Je ne sais pas qui c'est.
2 Q. Bien.
3 M. LAZAREVIC : [interprétation] Passons maintenant au document 5D00012.
4 Excusez-moi. Il y a eu une erreur. J'ai examiné le document au lieu
5 d'examiner le compte rendu d'audience. Il s'agit du document 5D00012.
6 Q. Colonel, ce document est bien semblable au document précédent, qui a
7 été rédigé par la même personne, que vous ne connaissez pas, mais la
8 différence est dans les dates auxquelles ces équipements de combat ont été
9 livrés. Il s'agit ici de la date du 27 avril. Donc c'est toute une semaine
10 plus tard par rapport aux documents précédents, et voici ce qui a été livré
11 : les fers à cheval, les obus, les uniformes et d'autres articles.
12 Il s'agit d'un autre rapport rédigé par le chef d'état-major au général
13 Enver Hadzihasanovic au sujet de la distribution des équipements à la 28e
14 Division à Srebrenica et la 285e Brigade légère d'infanterie à Zepa.
15 Avez-vous peut-être vu les obus arriver dans l'enclave, les obus de 60
16 millimètres, 82 millimètres, 120 millimètres ? Avez-vous peut-être vu ces
17 articles arriver à Srebrenica pendant les mois dans lesquels vous y étiez,
18 en avril en particulier ?
19 R. Non.
20 Q. Très bien. Mais vous étiez un observateur de l'ONU, et vous avez
21 analysé les armes d'artillerie en profondeur, et vous avez parlé de cela
22 dans vos rapports. Or, lorsque l'on parle des obus de 82 millimètres et de
23 120 millimètres, on peut dire qu'il s'agit là d'armes d'artillerie assez
24 puissantes, n'est-ce pas ?
25 R. Oui. Les obus de 120 millimètres ce sont des obus de mortier,
26 effectivement ils sont puissants.
27 Q. Bien.
28 M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaite que l'on passe maintenant à la
Page 19401
1 pièce 4D0005.
2 Q. Colonel, je vais vous désigner les parties pertinentes de ce
3 document, mais je voudrais d'abord que vous regardiez la première page où
4 il y a le titre de façon à ce que nous sachions bien de quoi nous parlons.
5 La date est le 30 juillet 1996. Le lieu est l'assemblée de la République de
6 Bosnie-Herzégovine. Le commandant de l'armée, Rasim Delic, présente un
7 rapport sur les causes militaires de la chute de Srebrenica. C'est ça le
8 sujet dont il est question.
9 M. LAZAREVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant voir la page 4 et
10 la page 5 en anglais; tandis que pour la version B/C/S, il s'agit de la
11 page 4.
12 Q. Si vous regardez la partie supérieure de cette page, vous voyez qu'à
13 une partie de ce paragraphe au début duquel -- le début se trouve sur la
14 page précédente en anglais. Pourriez-vous jeter un coup d'œil à ce texte et
15 nous reviendrons à la page précédente.
16 R. Oui, je l'ai vue.
17 Q. Maintenant, la partie inférieure de la page, comme vous le voyez, le
18 général Rasim Delic parle devant l'assemblée de la BH et déclare qu'ils ont
19 transporté à Srebrenica les fournitures suivantes, à l'exclusion de Zepa.
20 C'est bien ce qui est dit ici, ce qui veut dire que Zepa n'avait aucun rôle
21 à jouer en l'occurrence. Donc, ces renseignements concernent l'enclave de
22 Srebrenica, seule.
23 Pourriez-vous, s'il vous plaît, jeter un coup d'œil à cela. Que voyons-nous
24 ici ? Dites-moi : ayant donc vu ce texte, ces tableaux sont très complets,
25 il y a toutes sortes de munitions et d'armes qui sont mentionnées là ainsi
26 que du matériel de transmission de communication et le reste, est-ce que
27 vous avez remarqué quoi que ce soit de ce genre dans l'enclave de
28 Srebrenica, à l'époque ?
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1 R. Non.
2 Q. J'ai une question qui découle de la question précédente.
3 Pouvez-vous nous dire qu'elle pourrait être la raison pour laquelle le
4 général Rasim Delic, commandant de l'ABiH, présente ceci dans son rapport à
5 l'assemblée à moins que ça n'ait été vrai ? Se pourrait-il qu'il ait eu une
6 raison de mentir à son président ainsi qu'à l'assemblée, raison que vous
7 pouvez vous imaginer ?
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.
9 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas de problème
10 particulier en ce qui concerne le sujet, mais vraiment ceci demande au
11 témoin de faire une hypothèse pour ce qui se passait dans la tête du
12 commandant Delic, en l'occurrence.
13 M. LAZAREVIC : [interprétation] Si je peux répondre à ce qui vient d'être
14 dit maintenant, je ne demande pas au témoin ce que voulait dire le
15 commandant Delic. Je lui demande s'il aurait eu connaissance d'une raison
16 quelconque pour laquelle il mentirait. S'il ne connaît pas de raisons pour
17 lesquelles il pourrait le faire, il n'a qu'à répondre "non".
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que d'après sa précédente
19 réponse, il est très clair qu'il ne peut pas vous donner davantage de
20 renseignements que ce qu'il vous a dit jusqu'à présent. Je suggère que vous
21 passiez à la question suivante.
22 M. LAZAREVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Q. La dernière pièce que je souhaite vous montrer porte la cote 4D0002, en
24 ce qui concerne cette série de questions.
25 Colonel, au cours de votre déposition, à plusieurs reprises vous avez
26 mentionné Ramiz Becirovic. Ce qui m'amène à conclure que vous le
27 connaissiez et que vous aviez des contacts avec lui. Le 11 août 1993, Ramiz
28 Becirovic a fourni une déclaration -- pardon 1995, excusez-moi. Ramiz
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1 Becirovic a fait une déclaration au bureau du service de la sécurité
2 militaire du 2e Corps d'armée de l'armée de l'ABiH. Ce que nous avons
3 devant nous c'est la déclaration qu'il a faite. Je voulais vous montrer une
4 partie de cette déclaration; et en ce qui concerne votre déposition, nous
5 reviendrons sur cette déclaration un peu plus tard.
6 M. LAZAREVIC : [interprétation] Pour le moment, regardons la page 14 en
7 B/C/S et la page 17 en version anglaise. Pourrait-on, s'il vous plaît,
8 présenter la partie inférieure de la page, le troisième paragraphe à partir
9 du bas.
10 Q. Pouvez-vous le lire à voix basse ? Ça commence par le texte suivant :
11 "Toutes les armes lourdes ont été utilisées tout au long du combat…"
12 "Un canon de montagne est resté sur sa position…" C'est de ce paragraphe-là
13 que je suis en train de parler.
14 R. Oui, je le vois.
15 Q. En tant d'observateur militaire de l'ONU, dans l'enclave à l'époque,
16 est-ce que vous avez consigné l'utilisation d'un canon de montagne ou d'une
17 pièce d'artillerie lourde et les mortiers par l'ABiH attaquant la partie
18 serbe ?
19 R. Je pense qu'il y a un point que vous devez bien comprendre clairement.
20 Il n'est pas indiqué où il était placé, où il était monté, à quel endroit
21 il était situé, quelles sont les coordonnées sur la carte, de sorte que
22 nous puissions savoir s'il était plus près d'où nous nous trouvions parce
23 que nous n'avons rien dit en ce qui concerne -- nous ne savons rien en ce
24 qui concerne l'ensemble de l'enclave. Vous savez, il faudrait qu'on
25 connaisse exactement la situation par rapport au bâtiment des PTT, de sorte
26 que nous ne le savons pas. Y a-t-il des coordonnées que nous puissions
27 connaître ?
28 Q. Malheureusement, je ne peux pas vous aider davantage en ce qui concerne
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1 ce point. Je ne suis pas à même de savoir où des pièces d'artillerie de la
2 28e Division se trouvaient. Ce que je voulais savoir c'était si vous aviez
3 consigné qu'il y avait eu l'utilisation de pièces d'artillerie lourdes par
4 l'ABiH dans l'enclave. C'était ça ma question.
5 R. Non, Monsieur le Président. Nous n'avons pas remarqué quoi que ce soit
6 de ce genre.
7 Q. Les conséquences du fait que vous n'avez pas remarqué quoi que ce soit
8 de ce genre et de tels renseignements ne figurent dans aucun de vos
9 rapports de situation au cours de la période en question; c'est bien cela ?
10 R. C'est exact. C'est la raison pour laquelle on ne pouvait pas trouver
11 dans nos rapports ceci parce que nous ne l'avons pas constaté, nous ne
12 l'avons pas entendu. Si ça eu lieu, il se peut que ça ait eu lieu ailleurs
13 très loin de l'endroit où nous nous trouvions, mais en tous les cas pas à
14 l'endroit où nous pouvions entendre. Il en va de même pour l'autre côté, ce
15 que nous ne pouvions pas entendre, ce que nous ne pouvions pas constater et
16 sur ce que nous ne pouvions pas rendre compte, dans ce cas-là, on n'en
17 rendait pas compte.
18 Q. Oui, je suis pleinement d'accord. On ne peut pas rendre compte de
19 choses que l'on a pas vues personnellement ou sur lesquelles ont n'a pas
20 obtenu de renseignements. Mais j'ai une question concernant les documents
21 que nous avons vus là. C'est une question hypothétique et je m'attends à
22 recevoir une réponse hypothétique.
23 Si nous supposons que tous les documents sont exacts et que toutes
24 les armes ont en fait réussi à entrer dans l'enclave à l'époque, si nous
25 supposons que les forces musulmanes ont ouvert le feu avec des pièces
26 d'artilleries contre les positions serbes à partir de l'intérieur de
27 l'enclave, et si nous concluons que dans vos rapports de situation, il
28 n'est pas fait mention de cela, est-ce que ça veut dire que vous n'avez pas
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1 rempli vos tâches d'observateur militaire comme il convenait ?
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Thayer.
3 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, plus particulièrement
4 en ce qui concerne la façon dont cette question est formulée, je dois
5 élever une objection. Non seulement la question est hypothétique, et on
6 demande au témoin une réponse hypothétique à une question hypothétique.
7 Donc rien que pour cela, je voudrais respectueusement dire que ce n'est pas
8 une question qui convient.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez reformuler votre question,
10 Maître. Je crois que M. Thayer a raison. Vous pouvez lui demander s'il a
11 une explication.
12 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui.
13 Q. Colonel, vous avez entendu ce que vient de dire le Président Agius. Si
14 tout ce qui figure dans le document est exact, auriez-vous une explication
15 que vous pourriez nous donner quant aux raisons pour lesquelles cela ne
16 figure pas dans vos rapports ?
17 R. Monsieur le Président, si ce document est exact et que toutes les armes
18 qui y sont énumérées dans ce rapport, si tout ceci est exact, alors
19 vraiment, je ne peux pas comprendre pourquoi nous ne les avons pas vues. Ce
20 qu'il y a, c'est que ces rapports, quand on émet ce genre de rapport, et
21 tout particulièrement après avoir succombé aux combats, le type de
22 connotations -- c'est peut-être pour essayer de se dédouaner.
23 Je ne sais pas si ce qui a été écrit est faux. Ce que j'essaie de
24 faire, c'est d'expliquer que ceci n'est pas ce que nous avons observé ou
25 constaté. Pour nous, nous n'avons pas observé quoi que ce soit de ce genre
26 pendant tout notre séjour à cet endroit.
27 En même temps, en ce qui concerne ce type d'armes qui auraient été à
28 cet endroit là, au moins nous aurions pu observer quelques activités dans
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1 le genre tirs d'artillerie, si on utilisait des armes lourdes à partir de
2 l'enclave, il est certain que nous en aurions parlé dans nos rapports.
3 Vous voudriez noter que nos observations n'étaient pas
4 essentiellement basées sur ce que l'ont peut voir en tant qu'individu,
5 parce qu'il se peut qu'on ne voie pas les tirs soi-même, mais si vous
6 entendez des obus qui survolent en sifflant, vous savez, ou qui traversent
7 en allant d'un coté ou de l'autre, il est clair que vous savez qu'ils
8 proviennent de tel ou tel endroit et qu'ils vont en direction de tel ou tel
9 endroit. Nos observations, tout au long de notre séjour sur place, c'est
10 que nous n'avons pas remarqué de tirs d'obus ou d'armes lourdes en
11 direction de la partie adverse. Nous n'avons pas remarqué cela. S'il y en
12 avait eu, certainement nous ne l'avons pas remarqué et nous n'avons pas
13 rendu compte à ce sujet.
14 Q. Pour le moment, nous allons laisser cette question de côté, et peut-
15 être que j'y reviendrai demain avec quelques questions supplémentaires.
16 Hormis le fait de surveiller si des armes pénétraient dans l'enclave, votre
17 rôle consistait également à observer si des attaques étaient lancées par
18 l'ABiH depuis l'enclave contre des positions serbes et plus en profondeur
19 sur le territoire tenu par les Serbes, n'est-ce pas ?
20 R. Oui, vous avez raison.
21 Q. Si j'ai bien compris votre déposition, personne ne vous a jamais
22 informé d'attaques menées par l'ABiH à l'époque où vous vous trouviez à
23 Srebrenica en tant qu'observateur, attaques menées depuis l'enclave vers
24 l'extérieur, c'est-à-dire vers les territoires tenus par les Serbes.
25 Vous avez déclaré ici, un peu plus tôt, aux pages 19 168 et 19 169 du
26 compte rendu d'audience, lignes 1 à 5, que vous ne vous souveniez pas de
27 situation au cours de laquelle les Serbes se seraient plaints d'attaque
28 menées sur leur territoire depuis l'enclave. Est-ce que vous maintenez ce
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1 que vous avez déclaré dans votre déposition ?
2 R. Je maintiens ce que j'ai dit.
3 Q. Fort bien. Au cours de votre séjour, avez-vous obtenu des
4 renseignements concernant l'existence d'un plan établi par l'ABiH portant
5 sur l'organisation d'attaques fréquentes menées depuis les enclaves de
6 Srebrenica et de Zepa contre des territoires tenus par les Serbes, attaques
7 visant à contenir les forces Serbes afin d'éviter qu'elles participent à
8 des opérations du côté de Sarajevo par exemple. Est-ce que vous disposiez
9 de tels renseignements ?
10 R. Je ne comprends vraiment pas ce que vous voulez dire. Si vous parlez
11 des Musulmans qui auraient lancé des attaques contre la partie adverse afin
12 d'éviter que celle-ci opère ailleurs, si vous parlez de cela, je ne pense
13 pas que nous avions des renseignements en ce sens.
14 Q. C'est exactement la question que je voulais vous poser. Je vois que
15 vous l'avez bien comprise.
16 M. LAZAREVIC : [interprétation] Je souhaiterais que l'on examine la pièce
17 5D0003 à présent. Il me semble que nous ne voyions toujours pas la page 1
18 de la version anglaise.
19 Elle est affichée maintenant. Merci.
20 Q. Colonel, ce document porte la date du 30 juin 1995, 17 heures. Il
21 s'agit d'un rapport de situation établi par le chef d'état-major, Ramiz
22 Becirovic, et adressé au commandement du 2e Corps à Tuzla.
23 Dites-moi quand vous avez fini de prendre connaissance de la première page,
24 après quoi nous passerons à la deuxième page et nous parlerons de ce
25 document.
26 M. LAZAREVIC : [interprétation] Passons maintenant à la page 2, ensuite
27 nous parlerons du contenu de ce document.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça y est. J'ai vu le document.
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1 M. LAZAREVIC : [interprétation]
2 Q. Merci. Colonel, après vous être familiarisé avec le contenu de ce
3 document, je vous invite à revoir la page 1, notamment le point 3. Il se
4 lit comme suit : "Afin de détourner l'attention des forces ennemies du
5 théâtre des opérations à Sarajevo et de concentrer leur attention sur
6 Srebrenica et Zepa le 29 juin 1995," et cetera.
7 En tout état de cause, le 26 juin 1995, vous vous trouviez à Srebrenica,
8 n'est-ce pas ?
9 R. Est-ce que vous pourriez répéter ce que vous venez de dire, s'il vous
10 plaît.
11 Q. Au point 3, point que vous avez lu, on voit que : "Pour détourner
12 l'attention des forces ennemies du théâtre des opérations à Sarajevo et de
13 concentrer leur attention sur Srebrenica et Zepa, le 26 juin 1995," et
14 ainsi de suite.
15 Au sujet de ce passage je souhaiterais vous poser la question
16 suivante : à l'époque, vous ne vous trouviez pas à Srebrenica, vous n'étiez
17 pas dans l'enclave, n'est-ce pas ?
18 R. Le 29 [comme interprété] juin, j'y étais.
19 Q. Au point 2, le texte se lit comme suit : "Afin d'empêcher les forces
20 ennemies d'envoyer des renforts depuis les zones de Srebrenica et de Zepa
21 en direction du théâtre des opérations à Sarajevo, deux actes de sabotage
22 ont été menés à proximité de Srebrenica le 23 juin 1995, à Osmace, et le 23
23 juin 1995 à Bijelo Stijenje près de Koprivno. Les résultats obtenus ont été
24 les suivants," et ainsi de suite.
25 C'est ce qui s'est passé alors que vous étiez à Srebrenica, n'est-ce
26 pas ?
27 R. Est-ce qu'il est indiqué ici que je m'y trouvais ?
28 Q. Bien, d'après Ramiz Becirovic, d'après ses rapports, et vous connaissez
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1 Ramiz Becirovic, il est dit qu'au cours de ces opérations 13 Chetniks ont
2 été tués. Je pense que vous connaissez le terme "Chetnik" qui est un terme
3 péjoratif utilisé pour désigner un soldat serbe. Je pense que vous vous
4 souvenez de cela. Dans le cadre de ces opérations, 13 Chetniks ont été
5 tués; puis sept Chetniks sont mentionnés au point 2; et au point 3, il dit
6 que des actes de sabotage ont été menés en profondeur sur le territoire
7 ennemi, jusqu'à 20 à 40 kilomètres dans le secteur de Han Pijesak. Si l'on
8 examine la suite de ce texte, nous voyons qu'il est fait référence à une
9 liste.
10 Mais ceci n'est mentionné nulle part dans vos rapports et ces
11 événements qui se sont produits le 23 et le 26 juin 1995 ne sont pas
12 mentionnés dans vos rapports, n'est-ce pas ?
13 R. Voyons d'abord de quoi il est question ici. Ces activités se sont
14 produites à l'extérieur de l'enclave, c'est ce qui est écrit, du côté de la
15 VRS. La VRS s'est plainte entre nous de ces activités. Manifestement, si
16 les Musulmans ont entrepris ces activités, ils ne nous en ont pas parlé et
17 ils ne pouvaient pas nous dire : "Voilà ce que nous avons fait." Il en
18 allait de même pour les Serbes de Bosnie. Ils ne nous parlaient pas de
19 leurs activités militaires.
20 Mais ceux qui avaient été touchés par ces activités se plaignaient auprès
21 de nous et se demandaient pourquoi on leur avait fait telle ou telle chose.
22 Alors, nous menions l'enquête et nous faisions des rapports.
23 En l'occurrence, si la VRS a été touchée par des opérations menées par des
24 Musulmans, on ne nous en a pas parlé. Ils ne se sont jamais plaints, donc
25 nous ne pourrions pas en avoir connaissance et par conséquent nous n'avons
26 pas établi de rapports à ce sujet. Mais nous aurions pu entendre des tirs,
27 par exemple. Nous pouvions voir une distance de 20 ou 30 kilomètres, plus
28 en profondeur du côté du territoire tenu par la VRS. Donc, c'est assez
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1 profond. Si nous trouvions dans la ville de Srebrenica ou si nous
2 patrouillions à proximité, à 20 ou 30 kilomètres, mais là nous n'aurions
3 pas pu entendre ce qui se passait à moins que la partie adverse ne nous en
4 ait parlé. Or, personne ne s'est plaint et personne ne nous en a parlé.
5 Q. Puisqu'il nous reste deux minutes, je souhaiterais m'assurer d'avoir
6 bien compris votre réponse.
7 S'agissant de ces incidents au cours desquels de nombreux soldats serbes
8 ont été tués et pendant lesquels des groupes de sabotage de Srebrenica et
9 de Zepa ont pénétré en profondeur sur le territoire tenu par les Serbes,
10 vous n'avez pas été informé de ces événements et c'est la raison pour
11 laquelle il n'en est fait mention nulle part dans l'un quelconque de vos
12 rapports ? Est-ce que je vous comprends bien ?
13 R. Je souhaiterais ajouter que nous n'effectuions pas de patrouilles du
14 côté du territoire tenu par la VRS. Notre zone de responsabilité principale
15 se trouvait dans l'enclave. Tout ce qui se passait en profondeur sur le
16 territoire tenu par la VRS, à moins qu'il ne nous ait été signalé par la
17 VRS elle-même, nous ne le contrôlions pas, nous n'avions aucun contrôle là-
18 dessus. Nous ne pouvions pas nous rendre sur place pour voir ce qu'il en
19 était. Voilà ce que je souhaiterais dire pour compléter ce que vous avez
20 dit.
21 Q. Oui, je comprends. En tout état de cause, si une attaque était menée
22 depuis l'enclave par des membres de l'ABiH qui se trouvaient à l'intérieur
23 de l'enclave, si une telle attaque avait eu lieu, vous auriez eu
24 l'obligation d'établir un rapport à ce sujet, n'est-ce pas ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer.
26 M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que nous avons
27 vraiment épuisé ce sujet.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je le crois également. Maître
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1 Lazarevic, ce que dit le témoin en résumé, c'est que tout ce qu'ils ont
2 appris se trouve dans les rapports, et ce qu'ils n'ont pas appris,
3 forcément ils ne pouvaient pas faire de rapport à ce sujet. C'est ce que
4 l'on répète en boucle depuis quelque temps.
5 Je pense que nous pouvons lever l'audience pour ajourner. Nous poursuivrons
6 demain à 9 heures du matin.
7 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le vendredi 11
8 janvier 2008, à 9 heures 00.
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