Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 11 juillet 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, on se sent toujours très

  7   heureux le vendredi, nettement plus heureux que le lundi, en tout cas.

  8   Donc, je vous dis bonjour et je vous souhaite d'ores et déjà un très bon

  9   week-end.

 10   Madame la Greffière, veuillez citer l'affaire, s'il vous plaît.

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame et Messieurs les Juges.

 12   Il s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et

 13   consorts.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Tous les accusés sont

 15   présents. Je vois que M. Bourgon, M. Krgovic,

 16   M. Lazarevic et M. Haynes ne sont pas présents. Et du côté de l'Accusation,

 17   je vois M. McCloskey et M. Nicholls.

 18   LE TÉMOIN: VOJISLAV MEDIC [Reprise]

 19   [Le témoin répond par l'interprète]

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le témoin est déjà dans le prétoire.

 21   Bonjour, Monsieur Medic.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis heureux de vous revoir,

 24   espérons que nous allons en terminer avec votre déposition aujourd'hui,

 25   afin que vous puissiez rentrer chez vous au sein de votre famille.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Hier, Me Nikolic s'est lancé dans les

 28   préliminaires mais, aujourd'hui, nous allons entrer davantage dans le vif

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  1   du sujet. Vous aurez tout le temps que vous avez demandé Maître Nikolic

  2   afin d'en terminer avec votre interrogatoire principal.

  3   M. NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à

  4   toutes les personnes présentes dans le prétoire. 

  5   Interrogatoire principal par M. Nikolic : [Suite]

  6   Q.  [interprétation] Avant donc d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais

  7   que l'on se souvienne du point où nous en sommes restés hier. Monsieur

  8   Medic, votre dernière réponse hier se rapportait à la structure des

  9   tribunaux militaires et le fait que le tribunal militaire de Split a été

 10   transféré à Tivat; Split se trouvant en Croatie et Tivat au Monténégro.

 11   En 1992, vous étiez juge d'instruction auprès du tribunal militaire à

 12   Belgrade, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui. J'étais juge d'instruction, je travaillais pour le tribunal

 14   militaire à Belgrade. 

 15   Q.  Et cette même année, vous avez mené une instruction visant Ljubisa

 16   Beara et un groupe de soldats ainsi qu'un autre officier d'instruction d'un

 17   crime, d'une infraction d'incitation au meurtre; est-ce bien exact ?

 18   R.  C'est exact.

 19   Q.  Le tribunal militaire de Belgrade était-il compétent pour mener une

 20   telle instruction dans cette affaire ?

 21   R.  Le tribunal n'avait pas la compétence territoriale afin de mener une

 22   telle instruction ou enquête.

 23   Q.  Comment dès lors se fait-il que le tribunal militaire ait pu effectuer

 24   cette instruction ou enquête et de vous la confier en particulier ?

 25   R.  C'était prévu par la loi. Permettez-moi de vous expliquer comment cela

 26   a pu se produire. Au début du mois de juillet 1992, le président du

 27   tribunal m'a fait venir et il m'a dit qu'au Monténégro à la frontière avec

 28   la Croatie il y avait eu un double meurtre de soldats ou membres de la

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  1   Défense territoriale, je ne me souviens plus exactement de qui il

  2   s'agissait, à Debeli Brijeg plus précisément, et les hauts responsables de

  3   l'armée ont décidé que l'instruction devait être confiée au tribunal

  4   militaire de Belgrade et il m'a nommé -- désigné en tant que juge

  5   responsable de l'affaire.

  6   Q.  Je suppose que vous vous êtes fondé sur certains documents juridiques,

  7   puisque la loi envisage qu'un tribunal peut déléguer sa compétence à un

  8   autre. Avez-vous eu la possibilité de voir ces documents ? Vous ont-ils été

  9   montrés avant que vous ne chargiez de l'instruction ?

 10   R.  Je ne saurai plus vous le dire avec certitude. Je ne sais pas si j'ai

 11   vu la décision du tribunal militaire suprême portant délégation de la

 12   compétence territoriale au tribunal de Belgrade. Cela dit, sans ce document

 13   il aurait été difficile de procéder. Je pars donc du principe que la

 14   décision existait bel et bien, mais je ne saurai vous dire avec certitude

 15   si j'ai vu cette décision et, le cas échéant, quand.

 16   Q.  Très bien. Donc, vous vous êtes chargé du dossier et vous avez pris les

 17   mesures afin d'initier l'instruction à l'encontre de ces personnes. Quelle

 18   était la première mesure que vous avez prise dans le cadre de cette

 19   instruction ?

 20   R.  Tout d'abord je peux vous décrire les préparatifs pour me rendre au

 21   Monténégro; est-ce que cela vous intéresse ?

 22   Q.  Oui, bien sûr, c'est d'ailleurs à cela que je faisais allusion.

 23   Qu'avez-vous fait depuis le moment où l'affaire vous a été confiée et par

 24   la suite ?

 25   R.  Cela remonte même il y a 16 ans, donc, je ne suis pas sûr si le

 26   président du tribunal m'a dit qu'il y avait un véhicule qui m'attendait ou

 27   alors peut-être s'agissait-il du chef de la sécurité de l'armée, le général

 28   Boskovic qui m'a appelé. Il m'a dit qu'il y avait une voiture qui viendrait

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  1   me chercher. Je ne sais plus qui me l'a dit, mais une demi-heure ou une

  2   heure plus tard, un véhicule est venu me chercher. En attendant, j'ai

  3   appelé le médecin légiste du VMA et je crois qu'un procureur militaire nous

  4   a accompagnés, si je me souviens bien, feu Tomislav Cvetkovic mais je n'en

  5   suis pas certain. Dans le véhicule du général Boskovic, nous avons été

  6   emmenés à l'état-major général au bureau du général Boskovic et c'est là où

  7   il m'a montré un rapport des services de Sécurité du commandant des forces

  8   navales à Kumbor décrivant brièvement les faits, ce qui s'était passé, et

  9   c'est la première fois que j'ai pris connaissance de l'incident.

 10   Q.  Au sein de l'administration de la sécurité, le bureau du général

 11   Boskovic, vous avez reçu donc les informations initiales concernant ce qui

 12   s'était passé et où vous deviez rendre; est-ce bien exact ?

 13   R.  Il m'a brièvement décrit l'incident en deux phrases, il n'avait pas

 14   beaucoup de temps. Il m'a soumis ce rapport. Je crois qu'il s'agissait d'un

 15   rapport imprimé qui nous venait du commandement naval à Kumbor. Il nous a

 16   dit également qu'un avion nous attendait et que nous devions ainsi nous

 17   rendre à Tivat.

 18   Q.  Qui a mis cet avion à votre disposition ? Etait-ce un vol ordinaire

 19   relié à Belgrade à Tivat, ou s'agissait-il d'un vol spécial; et le cas

 20   échéant qui a mis ce vol à disposition ?

 21   R.  Il s'agissait d'un avion militaire. Je ne sais plus qui l'a mis à

 22   disposition. De toute manière il s'agissait de l'état-major des forces

 23   aériennes. Il s'agissait d'un avion Falcon avec 12 sièges, qui était

 24   destiné au transport de passagers mais qui appartenait aux forces aériennes

 25   ou à l'armée de l'air.

 26   Q.  Monsieur Medic, vous avez été juge d'instruction pendant un certain

 27   nombre d'années. Avez-vous souvent pu bénéficier de telle condition lorsque

 28   vous étiez chargé d'une instruction ? Est-ce que cela se produisait souvent

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  1   ?

  2   R.  C'était tout à fait exceptionnel. Je crois que cela ne s'est produit

  3   qu'une ou deux fois dans. Dans d'autres affaires, nous devions nous

  4   contenter des moyens du bord du transport public, des voitures.

  5   Q.  Pourquoi cette situation exceptionnelle à votre avis ? Y avait-il un

  6   fondement juridique pour justifier cette organisation exceptionnelle,

  7   puisque vous dites vous-même qu'au quotidien dans toutes vos autres

  8   affaires vous deviez vous contenter des moyens du bord ?

  9   R.  A mon avis, il ne s'agissait pas d'une affaire exceptionnelle. Elle

 10   ressemblait à n'importe quelle autre affaire. Alors la raison pour laquelle

 11   l'état-major général a procédé de cette manière, a organisé les choses de

 12   cette manière, je ne saurais vous le dire.

 13   Q.  Très bien. Vous êtes parti pour Tivat. Qui était avec vous dans l'avion

 14   ?

 15   R.  Le général Nedjo Boskovic; le Dr Zoran Stankovic, le médecin légiste;

 16   et je crois bien que le procureur [imperceptible], Tomislav Cvetkovic était

 17   également avec nous, je ne suis plus absolument certain de son nom de

 18   famille, et je crois qu'il était avec nous.

 19   Q.  Pourquoi le général Boskovic, donc, le chef de l'administration de la

 20   sécurité, voyagerait-il avec le juge d'instruction ? Est-ce qu'il avait

 21   d'autre chose à faire à Tivat ?

 22   R.  C'est très difficile de répondre à la question. Je suppose qu'il devait

 23   s'occuper d'autres choses. Pourquoi il s'intéressait autant à cette

 24   affaire, je ne saurais vous le dire, si ce n'est le fait que ces gens

 25   étaient ses subordonnés.

 26   Q.  Et pendant le vol qui vous emmenait vers Tivat, avez-vous parlé de

 27   l'affaire au général Boskovic et aux autres passagers ?

 28   R.  Dans l'avion j'ai parlé au général Boskovic, et il m'a parlé d'u Dr

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  1   Vojislav Seselj, le président du Parti radical serbe - je crois que c'est

  2   ainsi qu élément parti s'appelait à l'époque - il m'a dit que le Dr Seselj

  3   avait appelé le général Panic, chef de l'état-major général. Il était très

  4   en colère, et il avait exigé une instruction, une enquête très approfondie.

  5   C'est ce qu'il m'a dit au sujet de l'affaire. Je ne sais pas s'il m'a

  6   encore rapporté d'autre chose, mais cela je me souviens avec certitude.

  7   Q.  Lorsque vous en avez discuté dans l'avion, êtes-vous parvenu à

  8   certaines conclusions ?

  9   R.  L'on sentait bien qu'une pression était exercée à mon égard, mais cela

 10   ne m'a pas troublé. La manière dont tout avait été organisée, l'avion avait

 11   été mis à disposition, tout cela démontrait bien l'importance de l'affaire.

 12   Mais cela ne m'a pas troublé.

 13   Q.  Lorsque le général Boskovic vous a donné ces explications, est-ce que

 14   vous avez estimé qu'il était important de le mettre en garde de lui dire

 15   que vous ne céderiez pas à de telles pressions, est-ce que vous vous êtes

 16   expliqué ?

 17   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas soulevé d'objection jusque-là,

 19   mais les questions ont été quelque peu directrices, et maintenant, je

 20   soulève une objection à d'autres questions directrices de ce type, je ne

 21   suis pas du tout certain de la valeur probante.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais vous saviez exactement sur quoi

 23   allait porter la déposition de ce témoin, donc --

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela vous paraîtra peut-être insolite

 26   en termes juridiques. Compte tenu du sujet dont nous parlons, dont parle le

 27   témoin, plutôt, et les questions très détaillées que posent Me Nikolic

 28   auquel il sollicite des réponses du témoin, nous pensons que la meilleure

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  1   manière d'accélérer les choses serait de faire comme suit : tout d'abord,

  2   encourager Me Nikolic à séparer le bon grain de l'ivraie et se concentrer

  3   sur les questions réellement fondamentales pour votre client dans le cadre

  4   de cette déposition et venez-en tout de suite au but. Nous n'avons pas

  5   besoin d'une description de tous les menus détails et cela ne nous avance

  6   pas, cela ne fait que prendre du temps.

  7   En deuxième lieu compte tenu du sujet, nous estimons que le fait

  8   d'autoriser Me Nikolic à diriger le témoin c'est peut-être la manière la

  9   plus efficace d'en venir à bout du témoignage de ce témoin. Est-ce que vous

 10   seriez prêt à vous accommoder de cela, cela s'applique aussi à Me Nikolic

 11   qui est sans doute est favorable à ce que je viens de dire ? Est-ce que

 12   tout bien réfléchi l'Accusation accepterait de procéder ainsi ? Il y a une

 13   raison pour laquelle nous avons admis ces questions directrices.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien. Je retire mon objection pour

 15   l'heure, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup. Nous tentons d'être

 17   aussi pratique, aussi pragmatique que possible et espérons que Me Nikolic

 18   [imperceptible] pas. Merci.

 19   Maître Nikolic.

 20   M. NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Madame et Messieurs les

 21   Juges.

 22   Oui, alors, je vais essayer de revenir à l'essentiel.

 23   Q.  Monsieur Medic, quelle a été la première chose que vous avez faite

 24   lorsque vous êtes arrivé à Tivat et avez initié ou commencé votre

 25   instruction ?

 26   R.  Je ne peux pas vous donner une réponse très succincte. Lorsque je suis

 27   arrivé à Tivat, j'ai appris que mon collègue du tribunal militaire de

 28   Tivat, le juge Radomir Besevic [phon] avait déjà effectué une visite, une

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  1   inspection sur le site et je n'étais pas très à l'aise, je ne savais pas

  2   pourquoi je devais reprendre l'instruction. Je lui ai présenté mes excuses,

  3   il m'a montré le dossier. Donc, je devais recommencer à zéro.

  4   Q.  Avez-vous interrogé l'accusé Béara ?

  5   R.  Oui. Après avoir effectué l'inspection des lieux, j'ai interrogé les

  6   suspects, M. Ljubisa Beara et deux ou trois autres dont les noms

  7   m'échappent, je ne m'en souviens plus à l'heure actuelle. Un nom, je crois,

  8   était Pag et puis un officier subalterne, je ne me souviens plus de leurs

  9   noms, un jeune officier.

 10   Q.  Comment M. Beara s'est-il comporté ? A-t-il répondu à votre citation à

 11   comparaître en tant que juge d'instruction ? Est-ce qu'il est venu à

 12   l'entretien ?

 13   R.  Oui, bien sûr. M. Beara est venu sans problème, non seulement lui, mais

 14   tous les autres sont venus aux entretiens.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Pardon d'interrompre, je ne soulève pas

 17   d'objection, mais pour gagner du temps, j'aimerais juste savoir exactement

 18   à quelle période cela se situe. Immédiatement après les meurtres ou un peu

 19   plus tard ?

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est ce que je présumais.

 21   Mais, Maître Nikolic, pourriez-vous poser la question au

 22   témoin ?

 23   M. NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Q.  Monsieur Medic, lorsque vous avez interrogé M. Beara, l'un des accusés

 25   dans cette affaire, est-ce que M. Beara a tenté de faire obstruction à

 26   l'enquête ou à l'instruction --

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne sais pas s'il s'agit là d'un

 28   petit problème d'interprétation, mais en fait je vous demandais, Maître

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  1   Nikolic, de poser au témoin la question de savoir à quel moment il a

  2   interrogé M. Beara. En d'autres termes, était-ce immédiatement après les

  3   meurtres ou si un certain temps s'était écoulé depuis les meurtres. Nous

  4   aimerions être au clair à ce sujet.

  5   M. NIKOLIC : [interprétation] Oui, manifestement, Monsieur le Président, il

  6   y a eu un malentendu en raison de l'interprétation, je n'avais pas compris

  7   votre question.

  8   Q.  Monsieur Medic, combien de temps s'est écoulé entre votre première

  9   conversation avec votre collègue et le moment où vous avez cité M. Beara et

 10   l'avez interrogé ? Et combien de temps s'est écoulé entre cet entretien et

 11   le moment où vous êtes arrivé à Tivat ?

 12   R.  En fait, il me semble que l'Accusation m'avait demandé, ou voulait

 13   savoir combien de temps s'était écoulé entre l'incident même et

 14   l'entretien. Quoi qu'il en soit, trois ou quatre jours se sont écoulés,

 15   entre le jour où je suis arrivé sur place, donc le jour même où j'ai

 16   effectué l'inspection des lieux, et je crois que c'était le même jour ou le

 17   lendemain que j'ai interrogé M. Beara et les autres suspects. Je ne saurais

 18   répondre à cette question de manière tout à fait précise. Je sais que les

 19   entretiens ont eu lieu le soir, mais je ne sais plus si c'était le jour où

 20   je suis arrivé ou le lendemain.

 21   Q.  Lorsque vous avez interrogé M. Beara, était-il en détention -- l'avez-

 22   vous placé en détention préventive et pourriez-vous nous citer les

 23   fondements juridiques, les bases légales pour une telle décision ?

 24   R.  J'ai interrogé M. Beara et d'autres suspects, je crois qu'ils étaient

 25   au nombre de deux et je les ai placés en détention préventive. J'ai

 26   toujours dit à qui voulait l'entendre que M. Beara se comportait en homme

 27   très courtois, en gentleman, il n'a pas formulé d'objection, il s'est très

 28   bien comporté. Et si vous souhaitez connaître les bases légales de la

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  1   détention préventive, il faut tout d'abord garder à l'esprit le côté, le

  2   caractère très grave du crime qui avait été commis, donc, les bases

  3   juridiques concerneraient le fait d'influencer les témoins, de porter

  4   atteinte à l'ordre public, de créer une ambiance -- le fait qu'une ambiance

  5   très difficile avait été créée. Et en fait je voulais isoler M. Beara, et

  6   une manière de le faire était de le placer en détention préventive.

  7   Q.  Lorsque vous dites que tout cela se passait dans un climat, dans une

  8   ambiance étrange, que voulez-vous dire par là ?

  9   R.  On pouvait ressentir très aisément certaines tensions auprès des

 10   membres de l'armée. Et aussi il y avait des troubles -- certains troubles

 11   ressentis auprès des citoyens -- de la population. C'est la raison pour

 12   laquelle justement j'avais ordonné cette mise en détention préventive parce

 13   que d'autant plus qu'il me semble que j'avais conclu moi-même que certaines

 14   menaces auraient dû être adressées à l'attention de M. Beara.

 15   Q.  Vous rappelez-vous de qui pouvaient émaner de telles menaces ou

 16   harcèlement ?

 17   R.  Je ne me souviens pas tout à fait, mais il me semble que ceci devait

 18   émaner des milieux très proches des personnes tuées.

 19   Q.  Les personnes péries, vous dites ils étaient membres de la Défense

 20   territoriale. De quelle région, s'il vous plaît ?

 21   R.  Je pense qu'ils appartenaient à la Défense territoriale de Bilici ou de

 22   Trebinje d'Herzégovine. Je n'en suis pas certain pour autant mais il me

 23   semble qu'ils étaient tous des volontaires adhérant au Parti radical serbe.

 24   Q.  Fort bien, Monsieur Medic. Vous avez mené l'instruction, ceci a été

 25   mené à bien. Et puis c'est ensuit au parquet que vous vous êtes tourné pour

 26   entamer l'affaire. Quelle en fut l'issue, s'il vous plaît, issue de cette

 27   affaire ? Ceci se passait dans l'enceinte de Belgrade. Savez-vous quelle en

 28   était l'issue -- l'issue de cette affaire ? Est-ce que vous en savez

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  1   quelque chose ?

  2   R.  Je ne peux pas vous répondre non plus avec certitude à cette question-

  3   là car il me semble qu'il y avait à plusieurs reprises des jugements dans

  4   le cadre de cette affaire. Il y a eu acquittement et puis reprise,

  5   révision. Je ne saurais vous le dire avec certitude, je ne sais pas quelle

  6   était la décision, mais d'après certaines informations que j'ai pu

  7   recueillir, M. Beara n'avait pas été jugé à une peine en prison.

  8   Q.  Merci, Monsieur Medic. Pour votre information, M. Beara a été acquitté

  9   pour ce qui est de cette incitation au meurtre, et pour ce qui est du

 10   reste, M. Beara a été jugé à une peine avec sursis.

 11   M. NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, ceci termine le volet

 12   de questions que j'avais à poser des questions, je n'ai plus de questions à

 13   poser à ce témoin.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Nikolic. Allons,

 15   maintenant, par un certain ordre.

 16   Monsieur Zivanovic, vous avez demandé deux minutes.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne veux pas contre interroger ce témoin.

 18   Merci, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est moi qui vous remercie.

 20   Madame Nikolic, vous avez demandé un quart d'heure.

 21   Mme NIKOLIC : [interprétation]  Non, je vous remercie. Pas de questions

 22   pour ce témoin.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Gosnell.

 24   M. GOSNELL : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.

 26   Mme FAUVEAU : [hors micro] 

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors, maintenant, nous ne savons pas,

 28   mais il me semble que ce thème, ce sujet ne vous intéresse pas trop.

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  1   Monsieur Josse.

  2   M. JOSSE : [interprétation] Oui, exact.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Sarapa.

  4   M. SARAPA : [interprétation] Non, Monsieur le Président, pas de questions

  5   non plus.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, vous avez demandé

  7   une heure et demie. Avez-vous besoin de deux heures ? Nous sommes prêts à

  8   vous les accorder en prolongation du temps qui vous est imparti.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que vous n'allez pas me le

 10   reprocher, je ne savais pas très bien ce que ce témoin allait dire, et

 11   quant à moi, je n'ai pas de questions à poser à ce témoin.

 12   [La Chambre de première instance se concerte]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 14   Monsieur Medic, je ne sais pas si vous venez de marque un record

 15   devant ce Tribunal -- en ce Tribunal mais voilà que votre déposition n'a

 16   pas duré plus d'une demi-heure pour ce qui est de ce que vous avez dit hier

 17   et aujourd'hui, vous êtes libre, vous pouvez disposer -- rentrer à votre

 18   famille, à vos occupations. Au nom de mes collègues, au nom de tout le

 19   personnel du Tribunal et en mon nom personnel, je vous remercie d'être venu

 20   ici pour nous présenter votre version des faits de cet événement. Au nom de

 21   nous tous ici présents je vous souhaite un bon retour à la maison.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je vous souhaite

 23   un plein succès dans vos travaux.

 24   [Le témoin se retire]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose que nous n'avons pas de

 26   documents pour demander leur versement au dossier.

 27   M. NIKOLIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas

 28   d'éléments de preuve.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ceci donc termine la déposition de M.

  2   Medic.

  3   Maître Ostojic, qui est le prochain témoin ?

  4   M. OSTOJIC : [interprétation] Il s'agit de Ljubomir Mitrovic, Monsieur le

  5   Président; il s'agit de 2DW-11.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voulais justement qu'il s'agit bien

  7   de cette personne-là.

  8   M. OSTOJIC : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendons que l'Huissier fasse entrer

 10   le témoin dans le prétoire.

 11   M. OSTOJIC : [interprétation] Je me demande s'il est là.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ça m'étonnerait. Il est vrai que nous

 13   avons terminé déjà, je ne formule aucun reproche, surtout pas à des

 14   nouveaux venus, Maître Nikolic. Notamment mieux je m'adresse à vous, Maître

 15   Ostojic, pour dire qu'étant donné le contenu de la déposition de ce témoin,

 16   je me demande comment vous avez pu avoir une idée de dire que, pour la

 17   déposition de ce témoin, vous avez eu besoin de deux heures.

 18   M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, lorsque nous avons --

 19   lors du récolement ou de préparer la déposition de ce témoin, il nous a

 20   fallu beaucoup plus de temps. Nous avons voulu faire de notre mieux pour ne

 21   pas qu'on nous -- de façon de ne pas pouvoir faire une toute première

 22   appréciation du temps. Une première appréciation est en fait il y a

 23   plusieurs mois lorsque nous n'avons pas pu voir le témoin, l'autre jour

 24   lorsque je l'ai revu, j'ai voulu avoir suffisamment de temps. Pour ce qui

 25   est évidemment du prochain témoin, étant donné que le bureau du Procureur

 26   avait demandé qu'il avait une heure et demie, nous ne savions pas, nous, en

 27   ce qui concerne les pièces à conviction, nous avons voulu tout simplement

 28   emprunter un sentier aussi certain et sûr que possible. Nous nous en

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 28  

Page 23604

  1   excusons, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

  3   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, tout cela est parfaitement

  5   compréhensible que, dans de telles situations, nous devions être prêts à

  6   nous adapter. On vient de nous informer qu'il avait été prévu la venue du

  7   prochain témoin à midi 30 parce qu'on prenait en considération les deux

  8   heures que le Procureur avait requis, et vous, vous avez demandé, Maître

  9   Ostojic, deux heures vous aussi, par conséquent il s'agit de cela.

 10   [La Chambre de première instance se concerte]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous essayions tout à l'heure conférer

 12   entre nous pour voir comment nous pouvons nous mettre d'accord pour que

 13   tous nous puissions faire un peu plus d'effort pour faire mieux et pour

 14   faire plus efficace que possible. Je suis certain que vous de votre côté

 15   vous ferez tout pour qu'il en soit fasse. Nous venons d'apprendre

 16   qu'indépendamment de tout cela que ce monsieur-là devait être d'après le

 17   calendrier, devait venir ici à midi 30 et voilà que des responsables du

 18   Tribunal essayent de le retrouver, voir s'il est toujours dans son hôtel

 19   auquel cas il sera ici sitôt dans 20 ou 30 minutes. Nous pouvons donc

 20   reprendre l'audience. S'il n'est pas dans son hôtel, alors, là, nous

 21   aurions des difficultés. Je vous prie d'être disponible, s'il vous plaît,

 22   vous pouvez aller prendre un café, mais certes restez dans l'enceinte dès

 23   qu'on le retrouvera ce monsieur-là, ce M. le Témoin, on le fera venir ici.

 24   L'audience est suspendue. 

 25   --- L'audience est suspendue à 9 heures 44.

 26   --- L'audience est reprise à 10 heures 17.

 27   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Mitrovic.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Au nom de la Chambre de première

  3   instance, je vous souhaite la bienvenue à ce Tribunal. Devant cette Chambre

  4   de première instance vous allez maintenant entamer votre déposition.

  5   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant cela, je voudrais vous dire que

  7   vous devez prêter serment, faire votre déclaration solennelle, qui est

  8   faite dans d'autres systèmes juridiques judiciaires correspond à ce qu'on

  9   appelle serment. Mme l'Huissière vous tendra le texte de cette déclaration

 10   solennelle. Et vous l'aurez maintenant, vous allez la lire et ceci sera

 11   [imperceptible] à prêter serment.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 13   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 14   LE TÉMOIN: LJUBOMIR MITROVIC [Assermenté]

 15   [Le témoin répond par l'interprète]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Veuillez vous asseoir, mettez-vous à

 17   l'aise, s'il vous plaît. Vous avez été cité à la barre en qualité de témoin

 18   par le conseil de la Défense, équipe de conseil de la Défense le colonel

 19   Beara, et il s'agira de cette équipe de conseil de la Défense qui

 20   commencera par vous poser des questions en interrogatoire principal, et

 21   vous allez être contre-interrogé par le Procureur. C'est Monsieur Ostojic ?

 22   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui.

 23   Interrogatoire principal par M. Ostojic : 

 24   Q.  [interprétation] Monsieur Mitrovic, bonjour. Je m'appelle John Ostojic,

 25   et représente la Défense de M. Beara dans la présente affaire. Bonjour à

 26   vous.

 27   R.  Bonjour.

 28   Q.  Pour que l'on puisse consigner tout cela dans le compte rendu

Page 23606

  1   d'audience, dites-moi, votre nom et votre prénom ?

  2   R.  Ljubomir Mitrovic.

  3   Q.  Pouvez-vous nous dire la date de naissance et votre domicile ?

  4   R.  Je suis né le 27 septembre 1939. Actuellement, j'habite Bijeljina en

  5   Bosnie-Herzégovine.

  6   Q.  Je m'excuse de vous poser cette question, Monsieur le Témoin, mais ceci

  7   peut être pertinent pour cette affaire. De quelle appartenance ethnique

  8   êtes-vous, pouvez-vous nous le dire ?

  9   R.  Serbe.

 10   Q.  Un fois de plus, je m'excuse de vous poser de telle question, quelle

 11   est votre confession, si vous en avez une ?

 12   R.  Je suis un athée.

 13   Q.  Pourriez-vous nous dire un peu plus sur vous-même pour que nous

 14   puissions savoir quelles étaient vos occupations au cours de votre vie de

 15   professionnel et notamment en 1995. Parlez-nous un peu de vos études ?

 16   Quelles sont les études que vous avez faites ?

 17   R.  J'ai d'abord l'école élémentaire, ensuite l'école élémentaire [comme

 18   interprété], et ensuite, la faculté pédagogique, c'est-à-dire je suis

 19   spécialisé en chimie et physique, travaux pratiques à l'école que je devais

 20   enseigner.

 21   Q.  Pouvez-vous nous dire comment évoluait votre profession et où vous

 22   étiez employé approximativement vers la fin des années 80, plus tard en 90

 23   ?

 24   R.  A cette époque-là jusqu'en 1985, j'étais dans les services de Sécurité

 25   d'Etat. En 1985, j'ai été muté pour travailler dans le domaine de la

 26   sécurité publique. En 1986, j'ai été nommé commandant de l'état-major du QG

 27   de la Défense territoriale Bijeljina, mais avec condition que quelques

 28   années plus tard, je devais retourner au ministère de l'Intérieur. En 1991,

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  1   mon mandat étant expiré, je n'ai pas pu regagner mon poste au ministère

  2   parce que je n'appartenais pas à ceux qui étaient vainqueurs aux

  3   législations, par conséquent, il s'agit de parler du Parti démocratique

  4   serbe. Et, c'est ainsi que j'ai requis ma mise à la retraite, chose faite

  5   d'ailleurs et à laquelle il a été fait droit.

  6   Q.  En quelle année avez-vous demandé de prendre votre retraite, 1991 ?

  7   R.  Oui, en 1991.

  8   Q.  Et, qu'avez-vous fait ensuite depuis 1991 jusqu'à septembre ou décembre

  9   1995 ?

 10   R.  En 1991, depuis que j'ai été mis à la retraite, j'ai dû m'occuper un

 11   petit peu de ma vie privée, j'ai dû me soulager, me faire soulager, me

 12   reposer un petit peu étant donné toutes les souffrances que nous avons dû

 13   subir, nous tous, notre peuple et moi-même. Et vers la fin de cette année-

 14   là, fin décembre 1991, j'ai été convié par le commandement de la 38e

 15   Brigade partisans. Il s'agissait d'une brigade qui était chargée de

 16   questions opérationnelles, on a expliqué qu'il était difficile de compléter

 17   cette brigade. Les officiers chefs qu'ils soient de nationalité serbe et

 18   autres, il y avait des Musulmans et des Croates, et il m'a été d'ailleurs

 19   offert le poste de chef d'un organe -- d'une instance de Sécurité de la 38e

 20   Brigade. Moi, j'avais accepté ce poste pendant un certain temps pour

 21   attendre une consolidation, mais ceci n'a pas été le cas. J'ai fini par

 22   rester dans cette unité. 

 23   Q.  Excusez-moi de vous interrompre. Et pendant combien de temps êtes-vous

 24   resté dans cette unité, 38e Brigade de Partisans ?

 25   R.  J'y suis resté jusqu'à fin mai 1992, parce que le 20 mai, les officiers

 26   chefs d'active ont pu passer en Yougoslavie, en Serbie, au Monténégro, ceux

 27   qui le souhaitaient. Et le peu de cadres commandants qui étaient restés, et

 28   bien, le commandement étant défait, et encore une fois, j'ai été muté pour

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  1   passer à la

  2   17e Brigade de Partisans où j'ai été encore dans les instances de Sécurité,

  3   et quelques mois plus tard, cette brigade sera rebaptisée pour devenir la

  4   Brigade de Semberija. Ensuite, je suis passé à la Brigade de Majevica pour

  5   y rester jusqu'à mi-mars 1993. Lorsque j'ai été muté vers le corps d'armée,

  6   encore une fois dans les instances de la Sécurité, j'ai été nommé membre --

  7   désigné membre d'une Commission chargée des Echanges de prisonniers de

  8   guerre et de corps de combattants tués. J'ai donc été devenu membre de

  9   cette commission et j'ai dû vaquer à ces occupations en conformité avec un

 10   règlement qu'il y avait là pour réglementer l'ensemble de ces activités.

 11   J'ai pu me rendre à Batkovic, j'ai pu contacter avec mes homologues des

 12   partis opposés de même que j'ai pu avoir des contacts avec la Croix-Rouge

 13   internationale et des représentants du CICR.

 14   Q.  Merci beaucoup de nous avoir dit tout cela. Essayons de nous focaliser

 15   sur ce que vous venez de dire. Primo, vous avez été membre d'une Commission

 16   chargée des Echanges de combattants capturés et de corps de combattants

 17   tués. Il s'agissait d'ailleurs d'une commission qui appartenait au Corps

 18   d'armée de la Bosnie orientale ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Essayons de vous poser d'autres questions concrètes avant de parler des

 21   obligations qui étaient [imperceptible]. Pendant combien de temps avez-vous

 22   été membre de cette Commission chargée des Echanges ? Plus tard, vous serez

 23   président de cette commission mais vous avez été membre de cette commission

 24   pendant un certain temps pour devenir son président ?

 25   R.  Depuis la mi-mars 1993 jusqu'au 20 avril 1994, j'ai été membre de la

 26   Commission des Echanges. Après quoi, par et sur la base d'un ordre émanant

 27   du commandant du Corps d'armée que j'ai été nommé -- désigné président de

 28   la Commission des Echanges; ainsi cela durait jusqu'au 30 avril 1997. Après

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  1   cette date-là, il n'y avait plus de commission d'ailleurs, elle a été

  2   démantelée. J'ai regagné ma maison, j'ai été démobilisé sur ma demande

  3   d'ailleurs.

  4   Q.  Merci, Monsieur Mitrovic. Je vais essayer de me focaliser sur la

  5   période pendant laquelle vous avez été membre de cette Commission chargée

  6   des Echanges de combattants capturés et de corps de combattants péris.

  7   Combien de gens il y avait en qualité de membres de cette commission au

  8   cours de cette période depuis mi-mars 1993 jusqu'au 20 avril 94 ?

  9   R.  Il y avait en tout cinq membres de cette commission. Il y avait un

 10   président qui d'ailleurs du point de vue organique méritait ce poste.

 11   Ensuite, il y avait un secrétaire, les autres membres étant les

 12   représentants consécutivement et respectivement de différentes unités. Ils

 13   avaient donc la possibilité de vaquer à d'autres occupations, mais lorsque

 14   la commission devrait siéger, eux, ils étaient toujours sur place en

 15   qualité de membres de ladite commission.

 16   Q.  Pourriez-vous nous dire qui, à cette époque-là, était le président de

 17   cette commission - je parle de la période de 1993 jusqu'au 20 avril 1994 -

 18   lorsque vous avez été nommé président ?

 19   R.  C'était Bodirogic, Matija, originaire de Tuzla, un réfugié, d'ailleurs

 20   à Bijeljina. S'il faut que je vous en parle

 21   plus ?

 22   Q.  Non, merci. Peut-être cela nous intéresserait-il plus tard mais,

 23   d'abord, dites-moi : est-ce que vous me rappelez les autres membres de

 24   cette commission au cours de cela datant de 1993, depuis le mois de mars

 25   jusqu'en avril 94 ?

 26   R.  Il y avait là une secrétaire, une certaine dame Radovanovic, Mitra de

 27   son prénom. Il y avait aussi entre-temps des changements, il y avait un

 28   certain Sokic, lui, il avait le grade de sous-officier aspirant. Et, il y

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  1   avait quelqu'un de Brcko, Makso Simeonovic qui, lui, plus tard sera pendant

  2   plus longtemps membre -- un des membres de la Commission des Echanges.

  3   Q.  Au cours de cette période de 1993, 1994, en qualité de membre de cette

  4   commission, pouvez-vous me dire ce dont s'occupait cette commission ? Dans

  5   l'ensemble en quoi consistait vos obligations et vos responsabilités à

  6   cette époque-là ?

  7   R.  La commission était tenue d'établir des contacts avec d'autres

  8   commissions, celles de la Fédération et, de temps en temps, celles de

  9   Croatie compte tenu de besoins ressentis. C'était un membre de la

 10   Commission de Brcko qui lui était doté d'une communication, transmission

 11   par radio, quelquefois il y avait d'autres qui étaient chargés d'établir

 12   des liaisons. Il n'y avait pas mal d'hommes péris des deux côtés. En 1992,

 13   au début des opérations de guerre et de combat, il a fallu d'abord procéder

 14   à des tractations, combien de corps il y avait retrouvés, combien de

 15   personnes ont été recherchées lorsqu'il s'agit de la partie adverse qui

 16   recherchait des hommes portés disparus. Il a fallu résoudre tous ces

 17   problèmes et il n'y avait pas mal de problèmes qui n'ont pas été réglés et

 18   restaient en suspens et cela datait depuis 1992 et restait en suspens même

 19   lorsque la commission était démantelée. Le CICR avait des revendications

 20   également, des réclamations de son côté, par conséquent, nous nous avons

 21   été tenus de répondre à tout cela; nous avons pu coopérer avec et tout

 22   semblait se dérouler dans les meilleurs des termes possibles.

 23   Q.  Vous m'avez dit que vous avez pu établir des contacts, vous avez pu

 24   coopérer avec la fédération et avec vos homologues de Croatie. Lorsque vous

 25   parlez de "Fédération," y a-t-il eu lieu de parler de votre homologue du

 26   côté bosnien-herzégovien. Est-ce qu'en 1993 et 1994, vous avez pu mener des

 27   négociations avec eux ?

 28   R.   Pour parler de la Commission de la Fédération, dès le début, même

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  1   lorsque j'ai été désigné membre de cette commission, il y a toujours eu

  2   quelqu'un que je connaissais déjà d'avant; il y avait deux de mes confrères

  3   qui travaillaient dans la Défense territoriale ou ailleurs. D'aucun d'entre

  4   eux travaillait pour les services de Sécurité d'Etat, il y avait même le

  5   secrétaire du comité de Bijeljina lorsque, moi-même, j'ai été membre du

  6   comité. Par conséquent, il y a toujours eu quelqu'un qui me connaissais

  7   bien et je pense que ceci a pu contribuer à une excellente coopération, ce

  8   qui d'ailleurs a été bien apprécié de parts et d'autres pour parler des

  9   parties belligérantes.

 10   Q.  Dites-moi, s'il vous plaît, quel était l'intitulé de cette Commission

 11   de la Fédération avec laquelle vous avez pu avoir des contacts au cours des

 12   années 1994 -- 1993 et 1994 pour procéder à des échanges de combattants et

 13   de corps ?

 14   R.  Pour la plupart, c'était une Commission du canton de Tuzla. A un moment

 15   donné, nous avons coopéré également avec la Commission correspondante du

 16   canton de Zenica, mais il y avait là certains points qu'il a fallu trancher

 17   et régler. Mais c'est d'ordinaire le canton de Tuzla qui comptait environ

 18   une quinzaine de municipalités. Il y avait toujours environ 15

 19   représentants de chacune de ces municipalités; de notre côté, il y avait

 20   peut-être quatre membres, et cetera. On parlait également entre nous de

 21   civils, de personnes civiles, au début même des échanges ont été effectués.

 22   Je ne saurais vous dire en quel nombre, mais il y a eu pas mal d'échanges

 23   où l'objet de ces échanges était la population civile et, bien entendu, le

 24   tout ayant été avalisé par les autorités correspondantes des deux parties.

 25   Il y a eu aussi de demandes d'échange de personnes qui ont été portées

 26   disparues ou mises en détention, et cetera. Là aussi, nous avons pu bien

 27   nous y débrouiller pour trouver des solutions et puis après on s'est occupé

 28   uniquement des échanges de combattants capturés. Et on ne s'occupait plus

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  1   par la suite d'échange de civils.

  2   Q.  Merci, Monsieur. Nous allons nous en occuper plus en détail tout à

  3   l'heure lorsque aurons à traiter de l'époque où vous avez été nommé

  4   président de ladite commission.

  5   Maintenant, essayons de nous focaliser sur les années 1993 et 1994 pour

  6   mieux saisir tout ce qui se passait. Vous dites, vous, que vous étiez

  7   membre de cette commission. Or, l'intitulé de la commission se lit comme :

  8   "Commission du Corps d'armée de la Bosnie-Herzégovine orientale." Pouvez-

  9   vous me dire s'il y avait de commission similaire dans les zones de

 10   responsabilité relevant de la compétence d'autres corps d'armée des anciens

 11   territoires de Bosnie ? Par exemple, le 1er Corps de la Krajina, le 2nd Corps

 12   de la Krajina, le Corps de la Krajina de Sarajevo-Romanija, est-ce que tous

 13   ces Corps d'armée possédaient leur commission respectivement ?

 14   R.  Tous les Corps d'armée devaient être dotés d'une Commission chargée des

 15   Echanges de prisonniers de guerre, de combattants capturés parce qu'on ne

 16   pouvait pas voir une commission, appartenant à un Corps d'armée donné,

 17   s'occuper, par exemple, de problèmes d'échange relevant de la compétence

 18   d'un autre Corps d'armée étant donné que le territoire a été très étendu.

 19   Le cas échéant, deux commissions pourraient établir des contacts avec une

 20   commission de la partie adverse, quelque fois il y a lieu de signaler qu'il

 21   y avait le travail effectué par la Commission de l'Etat serbe, par exemple.

 22   Et c'est dans ce sens-là -- dans cet esprit-là qu'il y a eu des réunions,

 23   par exemple, au niveau de l'aéroport.

 24   Q.  Lorsque vous dites que tous les Corps d'armée étaient dotés de leur

 25   Commission des Echanges, savez-vous quand chacun de ces Corps d'armée ont

 26   pu fonder leur commission, à moins de dire que ceci a été fait à un moment

 27   donné -- au même moment ?

 28   R.  Je ne sais pas quand, peut-être que ce n'était toujours pas des

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  1   commissions pour les intitulés désignés comme quoi chaque Corps d'armée

  2   devait en avoir une parce que, dès que les hostilités avaient commencé en

  3   1992, c'était le cas parce qu'il y avait des prisonniers de guerre de part

  4   et d'autres, et puis des cadavres qu'il a fallu échanger. Et, depuis 1992,

  5   donc, ceci devait être effectué comme un travail. Et pendant combien de

  6   temps, je ne saurais vous dire pour chacune de ces commissions pendant

  7   combien de temps ils ont travaillé.

  8   Q.  Est-ce que vous avez bonne mémoire pour nous dire qu'au niveau de

  9   chaque Corps d'armée il y a eu de ces commissions-là en temps de l'année

 10   1993 ?

 11   R.  Oui, oui, parce que j'ai eu l'occasion de m'en assurer et de connaître

 12   personnellement certains présidents de ces commissions.

 13   Q.  Brièvement, vous avez parlé également de la nécessité de procéder à un

 14   échange de Corps, de personnes péries. Est-ce qu'il y a eu aussi de ces

 15   échanges-là ou d'échanges de soldats lorsque vous n'étiez que simple membre

 16   de Commission des Echanges en 1993, en

 17   1994 ?

 18   R.  Non, pas nous en ce qui nous concerne, mais d'autres Corps d'armée qui

 19   pouvait en avoir - je veux dire de combattants, prisonniers capturés - ils

 20   pouvaient donc procéder à ces travaux-là. Nous n'en avions pas eus, nous

 21   avons eu des cadavres de combattants tués à échanger.

 22   Q.  Quand -- à quel moment la Commission qui appartenait au Corps d'armée

 23   de la Bosnie-Herzégovine, de laquelle commission vous allez être ensuite

 24   président ? Quand est-ce que cette commission a pu former un centre de

 25   détention ou de rétention si jamais ceci a été le cas ?

 26   R.  Cette commission qui était la nôtre n'a pas formé de camp de rétention;

 27   le camp d'ailleurs a été formé en 1992 par qui ? Je ne sais pas. Je me

 28   trouvais, à cette époque-là, Majevica, mais je sais qu'en cette année-là,

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  1   le Corps a été bien formé ce qui a servi à ce que depuis d'autres Corps

  2   d'armée, des combattants, soldats, prisonniers puissent être acheminés vers

  3   un centre de rétention, à quel moment, je ne saurais vous le dire.

  4   Q.  Savez-vous comment s'appelait ce centre de rétention ?

  5   R.  C'était le centre de rétention de Batkovic.

  6   Q.  Très bien. Parlons pendant quelques instants de Batkovic. S'agit-il là

  7   de ce centre de Batkovic qui a été fondé en 1992 ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous êtes-vous rendu à un quelconque moment là-bas ?

 10   R.  Je ne me suis jamais rendu. Je ne savais même pas quoique ce soit sur

 11   l'existence de ce camp, parce que moi, il m'est arrivé seulement de partir

 12   chez moi, revenir au domicile une fois toutes les quinzaines pour prendre

 13   un bain, pour me changer, et cetera, et ensuite seulement j'ai pu le

 14   savoir.

 15   Q.  Procédez, procédez.

 16   R.  Quand je suis arrivé au corps en tant que membre de la commission, j'ai

 17   pu rencontrer toutes les personnes qui se trouvaient au centre de

 18   commandement du point de Rassemblement ou de ce centre de Rassemblement.

 19   C'est là où j'ai appris où cela se trouvait. Quel était aussi le statut des

 20   détenus, ça m'intéressait. La seule raison pour laquelle j'ai demandé

 21   d'aller justement là et de revenir ensuite à ma brigade, c'est parce que

 22   j'avais demandé -- c'est parce que j'avais dit que si je voyais que les

 23   détenus étaient battus ou maltraités, dans ce cas-là, je refuserais d'être

 24   membre de la commission, parce que je serai beaucoup trop honteux. Je

 25   trouvais ça absolument honteux, je ne pouvais pas négocier. Donc, je pense

 26   que cela a une influence puisqu'en fait je n'ai rien pu, je n'ai pu donner

 27   aucun ordre à Batkovica. Le commandant à l'époque était quelqu'un qui était

 28   avec moi, je lui faisais confiance et de ce fait on a réussi à parler avec

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  1   l'autre camp et on n'a pas parlé de ce qu'il fallait faire. Enfin, si vous

  2   voulez que je vous donne plus de détail, je le ferai.

  3   Je me suis rendu aussi avec les représentants du CICR, et c'est vrai

  4   que vous pouvez y aller quand on le voulait, une fois par semaine à peu

  5   près, enfin tout dépend de la situation. Si je n'avais pas autre chose à

  6   faire, moi, je les accompagnais. C'est à ces occasions-là que j'arrivais

  7   aussi à organiser d'autres choses. Donc, quand ils voulaient parler à des

  8   prisonniers, je venais aussi en tant qu'escorte. Il y avait aussi des

  9   espèces de bureau que l'on organisait pour que les détenus puissent faire

 10   part de leurs problèmes ou d'objections s'ils en avaient. 

 11   Mais les représentants du CICR m'ont dit, qu'ils n'avaient jamais

 12   considéré que les détenus avaient été maltraités, qu'on leur avait pris

 13   leur argent ou quoi que ce soit. La Commission cantonale d'ailleurs n'en a

 14   jamais mentionné quoi que ce soit de la sorte aussi. Au contraire, quand

 15   j'ai parlé à mes collègues, ils ont dit que c'est bien que ces gens

 16   allaient à Kotorsko parce que c'était une vraie prison. Pourquoi auraient-

 17   ils dû -- quand j'ai parlé à mes collègues, ils m'ont dit c'est bien que

 18   ces personnes y étaient allées là parce que c'était une vraie prison. Donc,

 19   en fait, à Batkovica, ils étaient toujours bien traités, mieux traités

 20   qu'ailleurs. Bon, toute prison n'est pas terrible de toute façon, mais là,

 21   ils étaient traités de façon humaine.

 22   Pour question de nourriture, par exemple, ce n'était pas excellent

 23   mais après tout, on n'avait qu'un seul met, tout le monde mangeait la même

 24   chose. De toute façon, les prisonniers mangeaient la même chose que les

 25   membres du corps. C'était nutritif au moins ce n'était pas très varié

 26   enfin, nous, on ne trouvait pas ça excellent et les prisonniers non plus.

 27   Mais quand on avait trop de nourriture, on le partageait toujours avec les

 28   prisonniers. Donc, je pense qu'il trouvait aussi que c'était plutôt une

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  1   bonne chose.

  2   Q.  Monsieur Mitrovic, nous avons parlé un peu trop vite, là, parce

  3   que ce qui m'intéresse, en fait, pour l'instant, c'est ce fameux corps de

  4   Batkovica. Pourriez-vous tout d'abord nous dire où il se trouve ?

  5   R.  Batkovica ?

  6   Q.  Oui, Batkovica.

  7   R.  C'est dans le village de Batkovic, à six kilomètres de Bijeljina. Quand

  8   on traverse le village, quatre kilomètres plus loin, donc, on trouve le

  9   camp. Donc, en tout, c'est un camp qui est à peu près à dix kilomètres de

 10   Bijeljina, mais il faut d'abord traverser le village de Batkovic pour

 11   arriver au centre de Rassemblement de Batkovica, c'est pour cela qu'on a

 12   appelé cet endroit Batkovica.

 13   M. THAYER : [interprétation] Je voudrais juste savoir -- faire corriger un

 14   peu le compte rendu parce qu'on a déjà donc Baljkovica, mais ce n'est pas

 15   celui-là; ici c'est Batkovica. 

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 17   Maître Ostojic.

 18   M. OSTOJIC : [interprétation]

 19   Q.  Pouvez-vous nous décrire un petit peu ce centre de détention ? Pouvez-

 20   vous nous dire s'il y avait un seul bâtiment, plusieurs bâtiments ?

 21   Décrivez-nous un peu l'aspect de ce centre ?

 22   R.  C'était les bâtiments de l'ancien combiné agricole de Batkovic. C'était

 23   la ferme Semberija, en fait, c'était le nom. Il y avait des bâtiments

 24   préfabriqués, de là on voyait partout en Bosnie-Herzégovine, qui servait

 25   d'entrepôt. Ce n'était pas, c'était plutôt des hangars plutôt que des

 26   bâtiments résidentiels. Etant donné que Bijeljina est sur la route entre

 27   l'Herzégovine et la Krajina, c'est à mi-chemin, je m'imagine que c'est pour

 28   cela que les gens ont décidé qu'ils allaient établir le centre de

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  1   Rassemblement à cet endroit-là.

  2   Pour ce qui est des conditions de détention, elles n'étaient pas tout à

  3   fait ce qu'elles auraient dû être. On a essayé quand même de fournir des

  4   matelas, des couvertures, le CICR nous a aidés pour que les détenus

  5   puissent passer un moment des cet endroit qui ne soit pas trop désagréable.

  6   Il y avait de grands hangars aussi, et des bâtiments qui étaient contigus,

  7   parce que les bâtiments administratifs du combinat, quand c'était encore un

  8   combinat.

  9   Mais quand je suis arrivé il n'y avait qu'un des bâtiments qui était

 10   utilisé au centre de rassemblement. Plus tard, cela dit, un autre bâtiment

 11   a été préparé pour pouvoir héberger d'autres détenus mais ça n'a jamais été

 12   le cas. Finalement, enfin on y reviendra plus tard, je suis sûr.

 13   Q.  Oui, enfin, je suis sûr que si vous me permettez de poser la

 14   question nous y parlerons. Donc, pour ce qui est donc de ce camp, pourriez-

 15   vous nous dire déjà en 1993 et en 1994, qui le gérait, qui dirigeait le

 16   camp ?

 17   R.  Le centre de Rassemblement, bien sûr, était dirigé par un

 18   commandant de camp, ce commandant était subordonné au commandant du corps

 19   qui lui rendait compte aussi.

 20   Q.  Votre commission a-t-elle été impliquée dans l'organisation du

 21   camp, ce centre de détention; est-ce que vous avez, par exemple, participé

 22   à l'approvisionnement en nourriture, ou est-ce que vous étiez une entité

 23   parfaitement séparée et distincte ?

 24   R.  Nous étions une entité parfaitement séparée. La Commission des Echanges

 25   avait été nommée par le commandant. Nous étions censés coopérer, certes,

 26   mais nous ne pouvions absolument pas poser sur les décisions prises par

 27   l'autre entité. Pour ce qui est de la nourriture, par exemple, des

 28   provisions de bouche, c'était l'adjoint du commandant en charge de la

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  1   logistique qui s'en occupait. Puis il y avait aussi d'autres unités qui

  2   comprenaient des officiers subalternes qui se chargeaient en fait de tâches

  3   administratives.

  4   Q.  Très bien. Dans la période où vous étiez à la tête de cette commission,

  5   j'aimerais savoir : quel a été le nombre maximum de prisonniers de guerre

  6   détenus dans ce centre, qui a été mis en place jusqu'en juillet 1995 ?

  7   R.  La situation a évolué en 1992 et 1993. Les gens allaient et venaient,

  8   si je puis dire. Le Corps de Banja Luka, par exemple, nous emmenait des

  9   prisonniers, puis ensuite, ils les reprenaient. Il y avait environ à peu

 10   près 500 personnes quand même dans ce centre. Quand je suis devenu

 11   président de la commission, il n'était que 40 ou 50, en plus, ce n'était

 12   pas que des prisonniers de guerre, enfin pas dans le sens strict du thème.

 13   Q.  Très bien. Nous allons parler de la période au cours de laquelle vous

 14   avez présidé cette commission. Mis à part celui dont nous avons parlé, il y

 15   avait Batkovic; y avait-il d'autre centre de Rassemblement qui existait ?

 16   R.  A ma connaissance, non, il n'y avait pas d'autre centre de collecte de

 17   Rassemblement. Je ne sais pas ce qu'il en est de l'Herzégovine. Ça je ne me

 18   suis jamais entretenu avec quiconque de cela, mais je sais que le 1er Corps

 19   de la Krajina, et le 2e Corps de la Krajina n'en avaient pas d'autre.

 20   Enfin, pour ce qui est du

 21   1er Corps de la Krajina je ne sais pas puisque je n'avais pas de contact

 22   avec ceux. Pour ce qui est du 2e Corps de la Krajina et la Corps de la

 23   Drina, ils n'avaient pas ce type de centre de Rassemblement, mais

 24   j'aimerais ajouter une chose : il est en effet arrivé que parfois certains

 25   n'arrivaient jusqu'à Batkovic. Certains étaient détenus ou gardés ailleurs,

 26   si le corps devait effecteur des échanges et si l'occasion se présentait

 27   pour faire un échange, ça n'aurait servi à rien d'emmener les gens jusqu'au

 28   centre pour les remmener ensuite ailleurs. Donc, parfois quand il y avait

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  1   des tractations, les gens étaient un peu gardés de côté jusqu'à ce que des

  2   négociations aboutissent, et en revanche, les autres étaient d'abord

  3   emmenés à Batkovic, et puis quand l'occasion se présentait les

  4   échangeaient, on venait les chercher à Batkovic et on les emmenait à

  5   l'endroit où les commissions avaient décidé de procéder à l'échange.

  6   Q.  Ce matin au début de votre déposition, vous nous avez dit que vous avez

  7   dit aux gens en fait que si vous alliez être chargé des tractations et des

  8   négociations vous vouliez absolument que les prisonniers de guerre soient

  9   bien traités, je vous en parle et j'aimerais savoir exactement : quand est-

 10   ce que vous avez exigé cela en tant que membre de la commission, ou voire

 11   en tant que président de cette commission ? Pouvez-vous me dire à peu près

 12   à quel moment vous avez fait cette remarque ?

 13   R.  En 1993, quand j'ai rejoint la commission. J'ai dit que je ne pouvais

 14   pas donner d'ordre, mais j'ai informé mon supérieur hiérarchique de mon

 15   opinion de ce que j'allais dire et ce que j'allais recommander au

 16   commandant du centre de rassemblement, et ça a été accepté d'ailleurs. La

 17   situation était ce qu'elle était parce que nous n'étions pas uniquement des

 18   collègues. Nous connaissions depuis un bon moment et nous avions été amis,

 19   en fait -- nous étions amis depuis un bon moment quand il est arrivé en

 20   janvier 1993, et c'était comporté ainsi. Et comme je vous l'ai dit au

 21   début, c'est ce que j'ai dit dès le départ. Je lui ai dit : "S'il y a des

 22   passages à tabac à Batkovic, ce soit des Croates ou des Musulmans qui

 23   soient passés à tabac, ils font pareil avec les Serbes de l'autre côté; je

 24   pense que ça a été utile -- les gens du fait -- de ce fait, les gens qui

 25   avaient été détenus par notre corps n'ont pas été maltraités, parce que la

 26   rumeur se propage vite. On n'a pas eu besoin d'attendre la fin de la guerre

 27   pour savoir que des deux côtés les prisonniers ont parfois été maltraités.

 28   Q.  Vous maintenez -- lorsque vous êtes devenu président de la commission

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  1   en avril 1994 jusqu'en 1997, vous avez maintenu cette politique très ferme,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui, oui, pendant toute -- c'est important pour moi, je ne vois pas

  4   comment procéder autrement. On ne peut pas s'attendre à être bien traité si

  5   on traite mal les gens, donc, en tant que président, j'avais sans doute un

  6   peu plus d'influence que d'autres mais ce n'était pas très nécessaire

  7   d'ailleurs. Puisque je n'y allais pas, je n'y résidais pas, j'allais

  8   seulement, à certain moment, pour accompagner, par exemple, le CICR, mais

  9   la Commission de Tuzla ou les membres du CICR m'ont bien dit qu'il n'y

 10   avait jamais -- qu'ils n'avaient jamais entendu quiconque se plaindre de

 11   mauvais traitements, en tout cas, pas quand j'étais en poste.

 12   Q.  Très bien. Pendant que vous étiez en poste, pouvez-vous nous dire à

 13   quelle fréquence vous rencontriez la Commission cantonale de Tuzla, la

 14   Commission des Echanges -- donc, pouvez-vous nous dire la fréquence de ces

 15   rencontres par mois ?

 16   R.  Je ne peux pas vous répondre très exactement. Il n'y avait pas de

 17   programme régulier de rencontre. On se rencontrait fréquemment, très

 18   fréquemment. Parfois on se rencontrait un jour et se retrouvait encore le

 19   lendemain ou dans la semaine, même quand on n'avait pas de prisonniers de

 20   guerre à Batkovic, enfin, de prisonniers de guerre qui les auraient

 21   intéressés, en tout cas, quand ils disaient à la Commission du 2e Corps de

 22   la Krajina qui ne voulait pas venir négocier, j'ai dit : "J'ai rien à vous

 23   proposer, attendons qu'on ait des prisonniers de guerre et ensuite on se

 24   rencontra." Et alors, le président pouvait dire : "Non, finalement, on va

 25   plutôt se rencontrer la semaine prochaine et on va voir ce qu'on peut

 26   faire." Ils voulaient même des hommes en âge de porter les armes, mais

 27   j'imagine que la direction ne leur permettrait pas cela. Il y avait

 28   beaucoup de travail parce qu'il y avait à peu près 900 jeunes musulmans, en

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  1   âge de porter les armes, qui devaient être assez en revue, si je puis dire.

  2   Il fallait que je sache d'où ils viennent, d'où ils venaient. Je sais

  3   qu'ils avaient sans doute de bonnes intentions mais les choses n'étaient

  4   pas si simples quand même. Alors, on se rencontrait, on se parlait, et si

  5   on n'avait pas de prisonniers de guerre à échanger on disait qu'on allait

  6   peut-être faire des échanges de corps, l'échange des cadavres, de ceux qui

  7   n'avaient pas été échangés en 1991. Donc, on échangeait par exemple

  8   différent -- les dépouilles, de trouver -- on essayait de trouver d'autres

  9   endroits où on pourrait trouver des prisonniers. Afin, bon, il y avait

 10   beaucoup de contacts, parfois on se voyait huit, sept ou huit fois par moi,

 11   on ne pouvait pas vraiment -- parfois on n'arrivait pas à coordonner de

 12   travaux, et donc, on devait se consulter pour résoudre un problème s'il

 13   intervenait.

 14   A Teocak, une autre commission a été établie dans cette municipalité,

 15   elle était extrêmement proche de l'endroit où je me trouvais. Donc, on

 16   parlait aussi avec eux avec, bien sûr, le consentement de la Commission de

 17   Tuzla, et là aussi, avec cette deuxième commission, on arrangeait -- enfin,

 18   cette deuxième commission, et on a essayé d'organiser les échanges de

 19   dépouilles.

 20   Q.  Très bien. Mais avez-vous eu aussi des réunions avec le CICR ?

 21   R.  Ce n'était pas des réunions officielles plutôt officieuses. Mon bureau

 22   était en ville, quatre ou cinq bâtiments du bâtiment du CICR, tant qu'on

 23   pouvait se parler, je passais les voir quand je passer devant leur

 24   bâtiment, parfois ils venaient aussi dans notre bâtiment pour s'entretenir

 25   avec moi. Enfin, quand ils partaient pour assister à une négociation, on

 26   leur disait quand c'était possible qu'ils viennent nous aider ou participer

 27   aux négociations ou au moins assister aux négociations et on leur demandait

 28   de venir avec nous. Et les représentants du CICR, eux aussi, bien sûr,

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  1   accompagnaient les représentants de l'autre côté. Donc, nous n'avons jamais

  2   eu de problème à demander -- enfin, à accepter le CICR dans le cadre des

  3   négociations.

  4   Q.  Très bien. Monsieur Mitrovic, où est-ce que ces réunions ont eu lieu,

  5   s'il vous plaît ? Pourriez-vous nous le dire ? Si vous voulez, nous dire

  6   beaucoup de choses, mais nous aimerions savoir exactement où se faisaient -

  7   - où se tenaient ces réunions. Toujours côté fédération ou bien à Bijeljina

  8   ou quand vous étiez le président de la commission ? Donc, dites-nous : où

  9   se tenaient les réunions ?

 10   R.  Les réunions se tenaient toujours, en fait, sur la ligue de front entre

 11   les parties en guerre, dans le territoire. Donc, il y avait un de ces

 12   endroits près de Brcko, un autre près de Lopare. Et pour Povrsnica près de

 13   Lopare sur une colline de Majevica; donc, on se réunissait toujours entre

 14   sur la ligne de front. Il y a eu deux réunions à Memici près de Zvornik,

 15   mais celle-ci n'a pas abouti. C'est là qu'il y a eu le plus de réunions.

 16   Ensuite, on a aussi des réunions à Gradacac et Gracanica, à une ou deux

 17   reprises. Bon, les réunions dont je vous ai parlé précédemment étaient

 18   beaucoup plus fréquentes.

 19   Q.  Pendant la période de juillet 1995, avez-vous eu des réunions à

 20   Sarajevo ou aux alentours de Sarajevo ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Très bien. Donc, nous allons en parler, vous n'avez -- ce n'est qu'en

 23   1995 qu'il y a eu des réunions à Sarajevo, réunions avec la Commission

 24   d'Echange cantonale de Tuzla. Y avait-il eu d'autres réunions précédemment

 25   avant juillet 1995 qui se seraient tenues à Sarajevo ?

 26   R.  Je crois qu'il y a eu une réunion en janvier 1995 ou alors c'est peut-

 27   être décembre, en tout cas il y avait de la neige et je me souviens de

 28   cette réunion. Quelques jours plus tard, il y a eu une autre réunion à

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  1   Sarajevo même et à partir de là, on est allé à Sidski Brod près de Tuzla

  2   sur la base de la S4. On y est allé en hélicoptère des Nations Unies et des

  3   réunions ont été organisées dans ce camp militaire aussi. Et tout ceci,

  4   bien sûr, a eu lieu avant ce qui s'est passé à Srebrenica.

  5   Q.  Oui, on va y venir. Qui participait aux réunions ? Uniquement, des

  6   représentants de votre commission ou est-ce que c'était vous qui

  7   représentiez votre partie ? Afin, s'il vous plaît, essayez de nous décrire

  8   un peu, nous donner l'impression de qui participait à ces réunions ? Qui

  9   représentait l'autre côté ? Y avait-il présence du CICR, et cetera ? Afin,

 10   essayez de nous détailler un petit peu à quoi ressemblaient ces réunions ?

 11   R.  Lorsque les réunions avaient eu lieu à Sarajevo, des réunions

 12   organisées par des deux Commissions d'Etat, celle de la Republika Srpska et

 13   celle de la Fédération. Donc, les présidents de ces deux commissions

 14   s'étaient mis d'accord sur l'ordre du jour et ont été invités, et ensuite,

 15   évidemment, tous les membres il n'y avait pas une représentant de tous les

 16   Corps. La plupart du temps il y avait les représentants du canton de Tuzla

 17   et de celui de Zenica aussi. Le Corps de Banja Luka, le Corps de la

 18   première -- le

 19   1er Corps de la Krajina, le Corps de Bosnie orientale, et je pense qu'il

 20   avait des représentants du Corps de la Drina, au moins à l'une de ces

 21   réunions, mais je n'en suis pas vraiment sûr. Cela dit, ces réunions n'ont

 22   absolument pas abouti, c'était principalement des tractations entre les

 23   représentants des Commissions d'Etat des deux côtés, on notait le PV de ce

 24   que -- on faisait un compte rendu de ce qui avait été obtenu, on prenait

 25   note des travaux effectués par les deux commission mais, moi, je n'ai

 26   jamais signer ces PV ou ces compte rendu, ça ne servait absolument à rien.

 27   C'était du travail fait en pure perte.

 28   Q.  Très bien. Vous souvenez-vous en juillet 1995 avoir participé à une

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  1   réunion à Sarajevo avec la Commission d'Echange cantonale de Tuzla ?

  2   R.  Oui, une réunion avait été prévue à Kiseljak, qui se trouve près de

  3   Sarajevo; c'était -- la réunion était prévue le 11 juillet 1995.

  4   Q.  Nous allons y revenir. Mais j'aimerais vraiment comprendre la façon

  5   dont cette réunion a été organisée, les raisons pour lesquelles elle a été

  6   organisée, et cetera. Donc, on va revenir au détail, mais tout d'abord,

  7   pourriez-vous nous dire quand est-ce que cette réunion a été prévue à

  8   Kiseljak près de Sarajevo, réunion qui devait vous permettre de rencontrer

  9   la Commission d'Echange cantonale de Tuzla. Donc, pouvez-vous nous dire

 10   combien de temps avant le 11 juillet 1995 cette réunion a été programmée ?

 11   R.  Ce n'est pas nous qui avons programmé la réunion, c'était les

 12   Commissions d'Etat qui programmaient les réunions, c'était eux qui

 13   décidaient aussi des participants. Les commissions au niveau des Corps

 14   n'avaient pas vraiment leur mot à dire en ce qui concerne l'organisation de

 15   ces réunions et leur participation aux réunions aussi. Oui.

 16   Q.  Très bien, mais pouvez-vous nous dire combien de temps avant le 11

 17   juillet cette réunion a été organisée, planifiée et prévue ?

 18   R.  Je ne sais pas, peut-être deux jours avant. Deux jours avant, en fait,

 19   à peu près qu'on a appris que la réunion allait avoir lieu, qu'on nous a

 20   demandé -- mais je ne sais pas du tout quand est-ce qu'elle avait été

 21   programmée au départ.

 22   Q.  On vous a demandé de participer à cette réunion, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et qui vous a demandé ?

 25   R.  Le président de la commission -- l'Etat. Bien sûr, il est passé par la

 26   voie hiérarchique, par le commandement du Corps puisque c'était

 27   normalement, évidemment, le commandement du Corps qui devait prendre une

 28   décision à propos de cela.

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  1   Q.  Nous nous comprenons très bien, Monsieur Mitrovic, mais j'aimerais

  2   avoir une réponse quand même. Est-ce que vous saviez quel était le but de

  3   cette réunion qui s'est tenue le 11 juillet 1995 avant d'y aller -- vous

  4   saviez quel était le but même de la réunion ?

  5   R.  Oui, enfin, je savais quel était le principe de la réunion. Nous

  6   savions que les représentants du corps de Tuzla allaient participer, nous

  7   voulions les rencontrer. On connaissait déjà l'ordre du jour, donc, on n'a

  8   pas demandé vraiment de détail, on n'avait pas besoin de détail d'ailleurs,

  9   on était bien préparé pour cette réunion.

 10   Q.  Donc, peut-on dire que ce n'était pas une réunion extraordinaire,

 11   c'était juste une réunion organisée de façon tout à fait régulière. Je sais

 12   que ce n'était pas par vous, ce n'était pas par votre commission mais c'est

 13   une réunion qui avait été organisée comme toutes les autres réunions de ce

 14   type, et vous aviez parlé avec l'autre camp à propos des prisonniers de

 15   guerre et des dépouilles des victimes; c'est cela ?

 16   R.  Oui, c'est essentiel comme ça, en tout cas.

 17   Q.  Pouvez-vous nous donner la distance entre Bijeljina où se trouve le QG

 18   de votre commission et Kiseljak, où la réunion avait été organisée ?

 19   R.  Ecoutez, ça m'a pris à peu près 200 kilomètres jusqu'à Sarajevo. Il

 20   faut ajouter dix kilomètres jusqu'à Kiseljak, enfin je ne connais pas

 21   exactement cet endroit. Donc, c'est assez approximatif, mais il s'agissait

 22   de territoire qui se trouvait sous le contrôle du conseil de la Défense

 23   croate peuplé par des Croates. 

 24   Q.  Très bien. Une approximation nous suffit largement. Donc, avez-vous

 25   finalement participé à cette réunion en juillet 1995, qui avait été

 26   programmée de façon parfaitement normale, réunion au cours de laquelle vous

 27   deviez rencontrer l'autre camp ?

 28   R.  On savait qu'on devait attendre les transports de troupes blindés du

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  1   HCR des Nations Unies, donc on a attendu. Il y a eu sept qui sont arrivés,

  2   on n'avait pas besoin d'autant d'ailleurs on était assez étonné de voir

  3   sept alors que deux auraient largement suffi. Donc, quand on est arrivé au

  4   carrefour de Kobiljaca et tout près de Kiseljak, là, la police militaire

  5   nous a arrêtés, la police militaire enfin du conseil de la Défense croate

  6   nous a donc arrêtés à ce carrefour de Kobiljaca. On nous a demandé notre

  7   identité. On a dit qu'on était membre de la Commission d'Echange serbe. Ils

  8   ont demandé à nos escortes donc du HCR des Nations Unies d'ouvrir un peu

  9   les écoutilles parce qu'on était un peu enfermé à l'intérieur, c'était pour

 10   qu'on ne voie pas le front, c'est [imperceptible]. Là, on a attendu pendant

 11   deux heures, personne n'est arrivé. Personne n'est venu. On était là à

 12   attendre, et finalement quelqu'un nous a dit que la Commission de Tuzla

 13   n'était pas là, que la Commission d'Etat côté musulman n'était pas là non

 14   plus, et les représentants du HCR des Nations Unies avaient traversé,

 15   étaient partis de l'autre côté. Ils voulaient qu'on aille aussi nous de

 16   notre côté. L'un des officiers nous a demandé d'attendre encore un peu

 17   parce que nous ne savons pas quoi faire.

 18   On a dû attendre que les communications avec l'état-major principal

 19   soient rétablies. Là, on a appris que Srebrenica était tombé, qu'il ne

 20   fallait pas faire de problème, que deux des APC devraient être autorisés à

 21   partir, donc on n'était pas dans une position très enviable. On a continué

 22   vers le mont Jahorina. Le lendemain on a une réunion à l'aéroport Sarajevo.

 23   Alors, l'autre côté a dit que eux, ils étaient là pour la réunion qu'ils

 24   étaient bel et bien là, et c'était nous qui n'étions pas arrivés et que

 25   l'autre camp a déclaré que nous n'étions pas venus à la réunion et que du

 26   coup aucun accord n'avait pu être obtenu.

 27   Q.  Nous allons y revenir, nous allons venir au 12, mais continuons avec ce

 28   qui s'est passé le 11 juillet. Donc, vous étiez avec le HCR, cette fois-ci,

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  1   vous étiez avec le HCR donc qui vous escortait, mais est-ce que c'était

  2   toujours le cas -- est-ce qu'il vous escortait toujours ?

  3   R.  A plusieurs reprises, seulement quand on est allé à l'aéroport, par

  4   exemple, quand ils arrivaient avec leur APC enfin leurs blindés pour nous

  5   permettre de traverser les lignes de front permettant, afin que nous

  6   puissions attendre à l'aéroport. Dans le cadre d'autres négociations ou

  7   d'autres réunions, on n'avait pas de l'escorte du HCR. C'était à nous de

  8   nous organiser pour que les réunions se passent correctement et

  9   tranquillement. Donc, ce n'est que quand ils sont venus à l'aéroport de

 10   Sarajevo qu'ils nous ont escortés.

 11   Q.  Mais vous passez la nuit là près de Sarajevo, enfin la nuit du 11

 12   juillet 1995, où est-ce que vous avez passé la nuit ?

 13   R.  On s'est trouvé à Ilidza d'une manière ou d'une autre. Mais on ne

 14   savait absolument pas quoi faire d'ailleurs. On était à Ilidza, on était

 15   censé traverser un territoire qui faisait partie de la fédération, on

 16   s'était forcé de passer près des tranchées de l'armée adverse. Les troupes

 17   n'étaient pas là mais on a décidé d'aller à Ilidza, on a conduit très vite

 18   pour éviter de se faire tirer là-dessus. Donc, on ne nous a pas tirés

 19   dessus parce que personne ne savait qui on était sans doute. Alors on a

 20   réussi à traverser, on a emprunté des chemins forestiers, les petites

 21   routes et au bout de 150, voire 160 kilomètres après avoir conduit sur des

 22   chemins, des sentiers de montagne, on est arrivé au mont Jahorina et

 23   c'était là qu'on était censé passer la nuit.

 24   Q.  Mais pourquoi est-ce que vous n'êtes pas tout simplement retourner chez

 25   vous, pourquoi avez-vous décidé de passer la nuit à cet endroit-là plutôt

 26   que de rentrer chez vous ?

 27   R.  On avait quitté Jahorina et on voulait revenir en fait, on voulait

 28   rentrer chez nous puisque les familles, tout le monde attendait qu'on

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  1   vienne avec des informations pour savoir s'il y avait eu accord ou pas.

  2   Mais on nous a dit qu'il fallait qu'on aille quand même à Jahorina pour y

  3   passer la nuit parce qu'il y aurait une réunion qui serait organisée le

  4   lendemain. Réunion avec l'autre côté, réunion qui aurait eu lieu à

  5   l'aéroport de Sarajevo. C'était un problème, ça posait un problème pour

  6   nous parce qu'on a dû rebrousser chemin avec nos véhicules. Le véhicule de

  7   Banja Luka que nous avons utilisé y était resté, nous n'avions pas prévu

  8   une réunion le lendemain mais suite à la demande du président de la

  9   Commission d'Etat, et en raison de la situation de nécessité nous avons

 10   fait de notre mieux pour essayer de régler au moins certaines choses.

 11   Q.  Combien de personnes y avait-il avec vous dans ce groupe ?

 12   R.  De Banja Luka, du 1er Corps de Krajina, il y avait deux personnes, puis

 13   moi-même, cela fait trois -- trois personnes mais il y avait aussi des

 14   représentants de la Commission d'Etat.

 15   Q.  Vous souvenez-vous si tel n'est pas le cas nous passerons à autre

 16   chose, mais si vous en souvenez, y avait-il cinq personnes, plus de cinq,

 17   cela peut-être approximatif, cela remonte même il y a longtemps, ou est-ce

 18   qu'il y avait plus dix, on n'a pas besoin de savoir exactement d'où ils

 19   venaient, qui ils représentaient, mais donnez-nous une idée du nombre de

 20   personnes, plus ou moins de cinq personnes ?

 21   R.  Peut-être sept.

 22   Q.  Donc, cette réunion était prévue, vous ne l'aviez pas organisée vous-

 23   même, ça on l'a bien compris. Donc, cette réunion était programmée et la

 24   partie adverse n'est pas venue à la réunion prévue le 11 juillet 1995.

 25   R.  En effet.

 26   Q.  Ils vous ont dit que la raison pour cela était la chute de Srebrenica,

 27   Srebrenica venait de tomber.

 28   R.  On ne nous a pas dit que c'était la raison pour laquelle ils ne sont

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  1   pas venus à la réunion. Mais avant même de rebrousser nous avons appris que

  2   cela avait eu lieu, mais on ne nous a pas dit que c'était pour cela qu'ils

  3   n'étaient pas venus. Ils nous ont simplement dit oui, que nous devions

  4   rentrer chez nous sans autre explication, et le lendemain, ils ont prétendu

  5   qu'ils étaient à la réunion.

  6   Q.  Et le lendemain, c'est-à-dire le 12 juillet 1995, est-ce que vous êtes

  7   retourné sur place avec votre groupe, et est-ce que vous vous êtes réuni

  8   avec vos homologues afin de parler du sort des prisonniers de guerre et des

  9   dépouilles ? Peut-être qu'une réponse par oui ou par non serait utile.

 10   R.  Une réunion a bien eu lieu à l'aéroport. Les deux présidents ont parlé

 11   des problèmes généraux concernant Sarajevo. Il n'a pas été possible

 12   d'entrer dans des détails, de parler de questions particulières. Le souhait

 13   de poursuivre les négociations étaient exprimés, mais en attendant l'issue

 14   des événements à Sarajevo, toute une série de questions se posaient, et par

 15   la suite, nous, nous sommes réunis à plusieurs reprises sans que la

 16   Commission d'Etat ne joue le rôle de médiateur.

 17   Q.  Pour nous en tenir à cette réunion pour l'instant, vous avez dit

 18   qu'elle a eu lieu à l'aéroport; quel aéroport ?

 19   R.  L'aéroport de Sarajevo.

 20   Q.  Cela ne pourrait pas paraître évident, Monsieur, mais je vous m'assurer

 21   que je ne vous pose pas de questions directrices.

 22   Combien de temps a duré cette réunion ?

 23   R.  Dans le bâtiment de l'aéroport.

 24   Q.  Oui, d'accord. Et combien de temps a duré cette réunion ?

 25   R.  Je ne saurais vous le dire au juste. Peut-être une heure.

 26   Q.  Et vos homologues de Tuzla ou de la fédération, étaient-ils présents à

 27   cette réunion ?

 28   R.  De la Fédération -- du côté de la Fédération, il y avait des membres de

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  1   la Commission d'Etat.

  2   Q.  Autant que vous vous en souveniez, pouvez-vous nous dire combien de

  3   personnes, combien d'homologues de la Fédération ont assisté à cette

  4   réunion le 12 juillet 1995 ?

  5   R.  Je crois qu'il y en avait un certain nombre qui était membre de la

  6   Commission d'Etat fédéral -- la Commission d'Etat de la Fédération, cinq.

  7   Et sur la base de ce qui avait été convenu à Kiseljak, les représentants du

  8   canton auraient dû assister à la réunion mais ils n'y étaient pas. Je crois

  9   qu'il y avait un représentant de Tuzla. Je sais que nous ne sommes parvenus

 10   à un aucun accord. 

 11   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire, même si vous n'êtes pas parvenu à

 12   aucun accord au terme de ces négociations, pouvez-vous nous donner une idée

 13   de la teneur des discussions qui ont eu lieu, si tant est, qu'il y ait eu

 14   des discussions pendant cette réunion ?

 15   R.  Nous avons parlé des problèmes se rapportant aux échanges de manière

 16   générale. Plus précisément, nous étions censés parler des dépouilles des

 17   soldats tués, c'était toujours une question brûlante qui à ce jour n'est

 18   toujours pas entièrement réglée. Certains représentants des Commissions

 19   d'Etat avaient leurs propres objectifs, mais l'événement que j'ai cité nous

 20   a empêché de nous attaquer à ces questions. La seule chose dont nous sommes

 21   convenus c'était de poursuivre les négociations et nous n'avons même pas

 22   fixé de date.

 23   Q.  Et que s'est-il passé après la réunion ? Qu'avez-vous fait et qu'a fait

 24   votre groupe ? Est-ce que vous êtes reparti, est-ce que vous êtes resté sur

 25   place ?

 26   R.  A la fin de la réunion, chacun est reparti. Je suis allé avec le

 27   président de la Commission du 1er Corps de la Krajina. Et le 12, nous sommes

 28   allés aussi loin que Vlasenica mais on nous a dit que nous ne pouvions pas

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  1   poursuivre notre chemin parce qu'il y avait des combats dans la région. Il

  2   y avait des obstacles sur la route qui nous barrait le passage mais j'ai pu

  3   discuter avec eux et j'ai pu les convaincre de nous laisser passer. J'ai pu

  4   arriver jusqu'à Milici où il y avait un point de contrôle conjoint contrôlé

  5   par la police et la police militaire, et puis nous n'avons pas pu aller

  6   plus loin. Nous pouvions entendre les armes d'infanterie et les tirs de ces

  7   armes et les obus de mortier, entre autres.

  8   Les parents m'ont attendu pendant deux jours. Je leur ai dit qu'il fallait

  9   que je poursuive mon chemin et j'ai demandé qui pouvait prendre une telle

 10   décision, et ils m'ont dit de m'adresser au commandant de la brigade de

 11   Milici. J'ai demandé à lui parler et je lui ai expliqué que les parents,

 12   les proches m'attendaient depuis deux jours. Et donc il nous a autorisés à

 13   poursuivre notre route, et bien à nos risques et périls. Nous avons eu de

 14   la chance, nous avons roulé à toute vitesse et nous n'avons pas essuyé de

 15   tir. Même si nous avons entendu sifflé des balles.

 16   Nous sommes arrivés à destination et j'ai pu décrire la situation aux

 17   parents, aux proches. C'était le soir. Et le lendemain, je me suis rendu

 18   auprès du corps --

 19   Q.  Nous y viendrons. J'aimerais d'abord vous poser quelques questions

 20   concernant votre retour. Vous avez parlé des parents, des proches, est-ce

 21   que vous avez eu des réunions régulières avec ce groupe dont vous nous

 22   parlez, ce groupe de "parents," en qualité de président de la Commission

 23   chargée de l'Echange des dépouilles ?

 24   R.  Je vais essayer de vous expliquer tout cela brièvement. De telles

 25   réunions avaient eu lieu effectivement mais n'étaient pas prévues longtemps

 26   à l'avance. Par exemple, dans la municipalité d'Ugljevik, 66 personnes

 27   avaient été faites prisonniers et un comité a été institué, le comité de

 28   parents de ceux qui avaient été faits prisonniers, et ce comité comptait

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  1   certains responsables politiques parmi ses membres. Ils s'intéressaient

  2   beaucoup aux échanges.

  3   Après trois ou quatre réunions, je me suis rendu à Bjivec [phon] et les

  4   parents et les membres des familles suivaient de près ce qui se passait. Je

  5   leur expliquais comment les négociations progressaient. Par exemple, Tuzla

  6   a offert d'échanger cinq personnes et puis j'ai demandé aux parents de

  7   choisir les cinq qui devaient être échangés. Ils refusaient, et puis le

  8   nombre passait à 15. Et cela a été rejeté aussi. Je ne veux pas vous dire

  9   exactement qui a été échangé, c'est devenu très compliqué, c'était très

 10   difficile, mais nous avons réussi à obtenir des résultats, et les parents

 11   s'en sont réjouis. Nous avons en fait réussi à obtenir que tous ces enfants

 12   soient restitués.

 13   Pour ce qui est de la région de Bijeljina, les parents se sont également

 14   organisés, nous avons toujours eu des contacts. Je me rendais auprès du

 15   corps de temps en temps. Il y avait toujours quelqu'un sur place, que ce

 16   soit moi-même ou un secrétaire qui pouvait donner des informations. Et

 17   lorsque j'allais mener les négociations, il y avait toujours quelqu'un sur

 18   place, qui pouvait tenir informer les personnes qui attendaient

 19   impatiemment les résultats, et je prenais toujours le temps de leur

 20   expliquer ce qui se passait, même si j'étais souvent épuisé, mais cela se

 21   passait bien. Evidemment, je leur demandais de ne pas protester, ne pas

 22   organiser de manifestation, de ne pas créer de problème. Parfois les gens

 23   manifestaient parce que les échanges n'avaient pas lieu, mais en principe,

 24   en règle générale tout se passait bien.

 25   Q.  Merci de cette réponse.

 26   Donc, cela fait partie de vos attributions, si je puis dire, de vous réunir

 27   avec les parents, de les aider s'ils avaient des préoccupations

 28   particulières. Et le 12, lorsque vous êtes retourné à votre siège, est-ce

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  1   que vous avez tout de suite rencontré ces parents pour faire le point sur

  2   la situation et répondre à leurs questions concernant leurs proches qui

  3   étaient encore détenus par la

  4   Fédération ?

  5   R.  Dans le cadre des négociations, quelque soit le moment de la journée,

  6   quelque soit l'heure, parfois les négociations avaient lieu à une distance

  7   de 200 kilomètres, mais je rendais toujours en premier lieu auprès de la

  8   commission même si parfois il était déjà tard et il y avait toujours des

  9   groupes qui attendaient d'être informés quant à l'issue des négociations.

 10   Et en particulier à cette occasion, nous n'avions pas d'informations,

 11   le secrétaire attendait sur place mais ils attendaient mon retour. Et on

 12   leur a expliqué comment se présentait la situation, c'est ce qui leur

 13   importait, c'était de comprendre quelle était la situation et que nous

 14   étions prêts à faire tout notre possible. Nous étions en guerre, nous

 15   devions traiter avec la partie adverse, mais pour nous cela avait un

 16   caractère purement humanitaire, nous avons laissé de côté les débats

 17   politiques, je pense que c'était une bonne chose, nous n'avons pas laissé

 18   la politique s'immiscer dans nos efforts.

 19   Q.  J'aimerais maintenant vous montrer une pièce, nous parlons je sais de

 20   juillet 1995, mais j'aimerais expliciter quelques questions qui remontent à

 21   1993 lorsque vous êtes devenu membre de la commission pour la première

 22   fois, commission que vous avez par la suite présidée.

 23   M. OSTOJIC : [interprétation] Donc, je demanderais à ce que l'on affiche la

 24   pièce 2D520.

 25   Q.  Pourriez-vous nous dire : est-ce que vous voyez le document à l'écran ?

 26   R.  Oui.

 27   M. OSTOJIC : [interprétation] Je crois que nous avons un projet de

 28   traduction en anglais. En tout cas, moi, j'ai un projet de traduction et si

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  1   cela n'est pas encore dans le système du e-court, j'ai ici un exemplaire,

  2   nous allons pouvoir distribuer à tout le monde. Je demande un peu de

  3   patience. Je vais essayer de retrouver le document ou peut-être serait-ce

  4   plus rapide de mettre cet exemplaire sur le rétroprojecteur, l'exemplaire

  5   que j'ai sous les yeux.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, ce serait sans doute mieux, c'est

  7   sans doute ce qu'allait proposer la Juge Prost.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation]

  9   Q.  Monsieur Mitrovic, en fait, je vous serais reconnaissant de regarder

 10   l'écran où vous voyez la version en B/C/S et vous voyez qu'il est fait

 11   mention du camp à Batkovic. Est-ce que vous voyez cela au troisième

 12   paragraphe à gauche ?

 13   R.  Oui. Un camp de rassemblement mais, en fait, il s'agissait du centre,

 14   le nom était : centre de Rassemblement de Batkovic.

 15   Q.  Et si l'on fait défiler le document, est-ce que vous pourriez nous dire

 16   qui a rédigé ce document ?

 17   R.  Le général de brigade Manojlo Milovanovic.

 18   Q.  Et pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consistait l'ordre

 19   qu'il donnait au Corps de la Drina et au Corps de Bosnie orientale ?

 20   R.  C'était dans le cours ordinaire des choses que le commandant, le chef

 21   donne l'ordre à ses subordonnés, les commandants des Corps. Ce n'était pas

 22   des ordres donnés directement à la commission, tout cela correspondait à la

 23   procédure régulière. Nous savions qui était responsable, qui devait donner

 24   des ordres et qui devait les exécuter. Tout cela était tout à fait

 25   ordinaire, régulier pour des forces armées fonctionnant normalement.

 26   Q.  En fait, cela nous amène à la pièce suivante, 2D 521, un document dont

 27   nous avons également un projet de traduction en anglais.

 28   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vous demanderais, avec la permission de la

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  1   Chambre, que l'on place également ce document sur le rétroprojecteur. Mais

  2   j'aimerais aussi que l'on examine la version en B/C/S, je ne suis pas sûr

  3   s'il n'y a pas une incohérence en ce qui concerne les dates.

  4   Q.  Monsieur Mitrovic, je vous demanderais : est-ce que vous avez eu la

  5   possibilité de jeter un coup d'œil sur ce document, de nous le dire ? Et je

  6   vais vous poser quelques questions au sujet du document.

  7   R.  Oui, j'ai déjà vu ce document. Je n'étais pas encore président, à ce

  8   moment-là, mais il s'agissait de communication entre le commandant et le

  9   président. Mais, donc, ce document m'est familier. Etant donné que ces

 10   différents Corps d'armée nous amenaient leurs prisonniers, mon

 11   prédécesseur, donc, président de la commission avant moi, s'était servi de

 12   ces prisonniers-là à des fins d'échanges également sans tenir compte des

 13   besoins particuliers de ces Corps d'armée, mais ces échanges ont eu lieu et

 14   le Corps de la Drina, par exemple, avait une objection car il souhaitait

 15   que leurs soldats capturés fassent l'objet d'un échange.

 16   Mais nous n'avons pas pu le faire même si nous devions essayer de

 17   tenir compte de ses souhaits. Mais il n'a pas été possible, il n'a plus été

 18   possible par la suite de procéder à des échanges de prisonniers venant

 19   d'autres régions sans autorisation, et donc, chaque Corps avait un rôle à

 20   jouer pour ce qui était d'entériner ces échanges, le Corps dont était issu

 21   les prisonniers.

 22   Q.  Quelques questions encore pour rebondir sur ce que vous venez de dire.

 23   Vous avez dit que le Corps avait un rôle à jouer. N'est-il pas vrai en fait

 24   que la décision dépendait du Corps, que le Corps devait être inclus et

 25   impliqué de façon plus approfondie, au-delà d'un simple rôle mineur ?

 26   R.  Oui, cela reflète bien la réalité. A l'époque, les prisonniers de

 27   guerre de Batkovic ont été échangés. Des prisonniers capturés, fait

 28   prisonniers par le 2e Corps, le 2e Corps voulait procéder à un échange mais,

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  1   bien souvent, il allaient ailleurs, par conséquent, le corps, qui avait --

  2   ou dont où étaient issus les prisonniers, n'était pas en mesure de procéder

  3   par la suite à des échanges. Tout cela nécessitait qu'une certaine

  4   organisation soit imposée à tous ces échanges.

  5   Q.  Pour être tout à fait au clair quant à la date, Monsieur le Témoin, en

  6   anglais, je crois qu'il y a eu une erreur de typographie. Je crois que cela

  7   c'était au mois d'octobre 1993. Est-ce que vous pourriez nous aider, nous

  8   dire quelle est la date qui figure sur le document 2D521, donc, en haut à

  9   gauche à la quatrième ligne depuis le haut de la page ?

 10   R.  Je crois le 8 novembre, je ne suis pas certain, ou alors, le 8 octobre

 11   1993.

 12   Q.  Nous allons examiner cela depuis près sur un gros plan, je crois que

 13   cela pouvait être du 16 au 23 octobre 1993. Mais j'essaie, en fait, de

 14   mettre l'accent sur le fait que nous étions en 1993, et c'est à ce moment-

 15   là que le Corps de la Drina autant que vous le sachiez en tant que membre

 16   de la commission à l'époque a soulevé des objections pour la première fois

 17   quant à la possibilité ou non pour eux d'amener des prisonniers de guerre

 18   au camp de Batkovic ou au centre de détention.

 19   R.  Je crois que l'ordre antérieur a été mis en œuvre, exécuté, il pouvait

 20   s'agir de Banja Luka ou d'un autre camp. De toute manière, si certains

 21   leurs soldats avaient été faits prisonniers, ils demandaient à ne pas être

 22   obligé d'aller aussi loin que Batkovic s'ils étaient en mesure d'établir

 23   des contacts avec l'autre camp et de procéder à des échanges rapides en

 24   l'espace de quelques jours. Ensuite, autant que je le sache, puis en

 25   pointillé, je ne pense pas que cela ait été fait de manière inadéquate. La

 26   procédure régulière a été suivie, une requête était envoyée par le corps à

 27   l'état-major général et la Commission d'Etat, et après que cela ait été

 28   entériné, l'on donnait suite à la requête. Certaines personnes pouvaient

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  1   être échangées à une date ultérieure et les autres étaient amenés au centre

  2   de Rassemblement.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, d'ici cinq minutes, il

  4   faudrait faire une pause.

  5   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je vais essayer

  6   d'avancer un tout petit peu si vous le voulez bien.

  7   Q.  Monsieur le Témoin, revenons-en au 12 juillet 1995; avez-vous appris --

  8   avez-vous été informé que des prisonniers de guerre allaient être amenés au

  9   camp de Batkovic ou au centre de détention ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vous serais reconnaissant de vous limiter -- de limiter votre

 12   réponse à la question posée afin d'avancer un peu plus vite. Je vous

 13   remercie de votre patience. Qui vous en a informé ?

 14   R.  Le chef de la sécurité du corps. Je l'ai rencontré et il m'a informé du

 15   fait qu'on ordre avait été reçu et que conformément à cet ordre les

 16   préparatifs avaient eu lieu à Batkovic afin de pouvoir loger 1 300 soldats

 17   musulmans faits prisonniers dans deux hangars à l'intérieur de ce camp.

 18   Q.  Cela évidemment a eu lieu après les 11 et 12, lorsque vous êtes

 19   retourné à Bijeljina, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Savez-vous si cela s'est produit le 13, dans la matinée ou dans la

 22   soirée dans l'après-midi ?

 23   R.  Et bien, 13 ans se sont écoulés depuis. Je ne saurais vous le dire à

 24   quel moment de la journée, mais en tout cas après mon retour, en tout cas

 25   pas le 12, ça, c'est certain mais je ne sais pas à quel moment de la

 26   journée le 13.

 27   Q.  A un moment donné, pendant la journée du 13, cela nous satisfait.

 28   Savez-vous avec quel membre -- savez-vous avec qui vous avez eu cette

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  1   conversation et de quel corps cette personne était membre ?

  2   R.  Le corps de Bosnie orientale, le responsable de la sécurité, il était

  3   au courant des problèmes auxquels j'étais confronté se rapportant aux

  4   échanges.

  5   Q.  Pardon de vous interrompre, mais pouvez-vous me donner le nom de cette

  6   personne ?

  7   R.  Le colonel Milenko Todorovic.

  8   Q.  Merci.

  9   M. OSTOJIC : [interprétation] Je crois que nous pourrions faire la pause

 10   maintenant.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Une pause de 30 minutes. Il est 11

 12   heures 50, donc, nous nous retrouverons à 12 heures 20.

 13   --- L'audience est suspendue à 11 heures 49.

 14   --- L'audience est reprise à 12 heures 23.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, de combien de temps

 17   avez-vous besoin encore ?

 18   M. OSTOJIC : [interprétation] [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En effet, j'aimerais bien qu'on termine

 20   -- qu'on conclue aujourd'hui l'interrogatoire de ce témoin. Je ne sais pas

 21   s'il y a un contre-interrogatoire, si tel n'est pas le cas, il serait

 22   obligé ici jusqu'à mercredi prochain.

 23   M. OSTOJIC : [interprétation] Nous avons espéré pouvoir éviter tout cela.

 24   J'en ai parlé avec mes éminents collègues, mais il me faudra des

 25   instructions de la part de la Chambre de première instance, je ne sais pas

 26   de combien de temps le Procureur aura-t-il besoin. J'ai fait de mon mieux

 27   pour parcourir tous les sujets qui m'intéressent dans la mesure du possible

 28   mais j'aimerais savoir ce que le Procureur en pense.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais aussi, nous aimerions savoir en

  2   quelque chose.

  3   Monsieur Thayer.

  4   M. THAYER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  5   Je crois que mes prévisions sont plutôt mauvaises. En effet, nous venons de

  6   parler d'une possibilité de -- avant que le témoin entame sa déposition,

  7   que je puisse lui parler un peu et je pensais pouvoir le faire aujourd'hui

  8   parce que nous essayait de suivre le calendrier qui nous semblait assez

  9   raisonnable. Il me semble que tous les deux nous avons été pris de court

 10   par les événements intervenus. Je n'ai pas eu le temps de parler avec le

 11   témoin, par conséquent, vraiment rien de sert de courir ni de pleurer

 12   misères maintenant lorsque évidemment les choses ont pris le court tel

 13   quel.

 14   C'est seulement au cours de cette nuit dernière que j'ai reçu la liste des

 15   éléments de preuve. Et sur la base de ce que j'ai entendu tout à l'heure au

 16   cours de la déposition du témoin, il me faudra au moins une heure sinon

 17   plus pour le contre-interrogatoire. Il me semble que nous sommes en train

 18   seulement d'entrer dans la partie pertinente de sa déposition. Pour être

 19   franc, j'ai été pris de court quant à pas mal de fragments de la déposition

 20   de ce témoin, qui vont au-delà des résumés au titre de 65 ter. Moi, je

 21   m'ouvre pas mal de parenthèses parce que je ne sais pas jusqu'où ira la

 22   déposition du témoin et comment elle finira. J'ai bien peur que d'après ce

 23   que nous avons dit tout à l'heure, il me semble que nous serions obligé de

 24   garder le témoin ne serait-ce que pendant le week-end prochain.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous propose de faire comme ce que

 26   j'ai dit à M. Nikolic. Essayez de séparer le blé du bon grain et essayer de

 27   respecter ce qui est pertinent pour la présente affaire. Probablement

 28   devrons-nous focaliser, ne serait-ce, que sur des choses importantes sans

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  1   parler d'autres chose ? Essayons de faire.

  2   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, je vous remercie, Monsieur le Président.

  3   Q.  Voilà, Monsieur le témoin, nous venons de nous mettre d'accord pour

  4   dire, faire de notre mieux pour que votre déposition soit terminée

  5   aujourd'hui. Essayez d'être patient, de répondre brièvement à mes

  6   questions. Vous aurez l'occasion, bien sûr, d'élaborer tout ce dont vous

  7   avez envie.

  8   Lorsque vous avez été informé par Milenko Todorovic qu'il a fallu procéder

  9   à des préparatifs de telle ou telle venue de 1 300 prisonniers de guerre

 10   que vous deviez héberger dans Batkovic. Qu'avez-vous fait lorsque vous avez

 11   reçu cette information de la part de M. Todorovic ?

 12   R.  J'ai reçu cette information et je m'en suis félicité. Je n'ai été tenu

 13   de rien pour parler de mes obligations pour faire à titre d'hébergement.

 14   Ceci était l'obligation d'ailleurs qui incombait au commandement du camp.

 15   Moi, en ce qui me concerne, il ne s'agit que de parler d'informations et

 16   pour ma propre gouverne.

 17   Q.  Saviez-vous que le commandement du camp avait procédé afin de préparer

 18   le camp de Batkovic, à savoir afin d'être prêt pour recevoir 1 300

 19   prisonniers de guerre pour retenir dans le centre de Batkovic ?

 20   R.  Oui, je le savais que ce grand hangar a été préparé pour abriter ces

 21   prisonniers de guerre étant donné qu'ils ne pouvaient pas tous tenir dans

 22   le premier hangar.

 23   Q.  Fort bien. Je vais vous présenter en vitesse la pièce à conviction

 24   P117.

 25   M. OSTOJIC : [interprétation] Je voudrais qu'on le présente moyennant le

 26   prétoire électronique.

 27   Q.  En attendant l'affichage de cette pièce, essayons de voir, d'où vient

 28   le document ? Il s'agit de la date du 13 juillet 1995, il s'agit d'un ordre

Page 23643

  1   signé par Milenko Zivanovic.

  2   Monsieur, je voulais attirer votre attention. Une fois que nous aurons vu

  3   le document affiché. Sur le second paragraphe, juste dans le texte qui

  4   précède "Jordan," il est dit : "Au cours de la nuit du 12 au 13 juillet

  5   1995." Est-ce que vous voyez cela dans le texte ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Alors, à regarder ce document, vous n'en êtes pas auteur, mais vous

  8   dites que vous avez reçu cette information en date du 13. Par conséquent,

  9   vous n'avez pas pu recevoir une information avant le 13 comme quoi il y

 10   aura la venue de prisonniers de guerre. Le Corps de la Drina n'a appris que

 11   tardivement le 12 ou le 13 juillet 1995, à savoir que peut-être y aura-t-il

 12   lieu de parler de certains effectifs capturés, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Penchez-vous sur le premier paragraphe de cet ordre, essayez de nous

 15   aider à mieux saisir tout cela. Par exemple, penchez-vous sur la seconde

 16   ligne du premier point. On dit que les commandants de brigade dans les

 17   zones de responsabilité qui sont les leurs, engageront tous les effectifs à

 18   disposition pour faire comme suit : "A révéler, dépister, désarmer et

 19   capturer les groupes musulmans et empêcher leur passage vers le territoire

 20   musulman." Est-ce que vous y êtes ?

 21   R.  Oui, je vous suis.

 22   Q.  Cela cadre bien et correspond à ce que Milenko Todorovic vous a dit en

 23   juillet, 13 juillet 1995, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Revenons tout de suite en vitesse à des préparatifs faits

 26   éventuellement dans le camp de Batkovic. Je sais vous m'avez dit que ceci a

 27   incombé au commandant du centre de Rassemblement. Mais outre le fait qu'il

 28   a été mis en place un second hangar, savez-vous ce qui était fait encore à

Page 23644

  1   titre de préparatif pour héberger ces 1 300 prisonniers ?

  2   R.  Ecoutez, il a fallu organiser l'hébergement de ces gens-là dans le

  3   deuxième hangar, pour parler de la sécurisation, de l'approvisionnement en

  4   vivres à l'intention de tous ces gens-là. On s'attendait à ce que le CICR

  5   nous aide également. Le restant des préparatifs devait être effectué en

  6   matière de soins sanitaires, et cetera, et cetera. Le tout a été prévu, le

  7   cas échéant, au cours de l'événement même pour que l'on soit toujours en

  8   mesure, évidemment, de répondre à quoi on s'attendait de notre part, c'est-

  9   à-dire de la part du camp également.

 10   Q.  En fin de compte, les prisonniers de guerre de la zone de Srebrenica,

 11   ont-ils été emmenés dans le camp de Batkovic ?

 12   R.  Je ne peux pas être beaucoup plus précis mais je pense que, pour me

 13   situer dans le temps -- mais il me semble qu'après le 15 ou le 18, un

 14   premier groupe a été emmené, ils étaient une vingtaine. D'ordinaire et en

 15   général, il s'agissait de gens blessés. Ils ont été pris en charge dans la

 16   zone où ils se trouvaient préalablement, et une fois qu'ils étaient à

 17   Bijeljina, on pouvait voir, ils avaient des pansements, et cetera. S'il y

 18   avait nécessité évidemment, on les prenait en charge du point de vue

 19   sanitaire. Je crois qu'ils étaient plus d'une vingtaine. Je n'ai pas pu me

 20   rendre au corps d'armée parce que j'avais d'autres choses à faire. Et on

 21   m'a dit que : "Voilà, tu as une vingtaine de personnes à prendre en

 22   charge." J'ai dit que : "Je ne pouvais pas le faire parce que j'avais 101

 23   personnes à Tuzla." Pour ne pas traîner évidemment plus tard 167

 24   prisonniers de guerre nous ont été emmenés, par conséquent, nous avons pu

 25   nous occuper des échanges.

 26   Q.  Et tous ils étaient venus du territoire de l'enclave de Srebrenica, ou

 27   des environs, si votre mémoire est bonne ?

 28   R.  Oui.

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 13  pagination anglaise et la pagination française.

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  1   Q.  Fort bien. Je vais vous présenter maintenant une autre pièce à

  2   conviction, il s'agit de la pièce à conviction 3D17. En attendant

  3   l'affichage du document, je vais vous dire très brièvement, qu'il s'agit

  4   d'une liste, laquelle liste contient certaines informations. Pourrait-on

  5   demander à ce qu'on n'affiche pas en public ce document ? Je ne sais pas

  6   dans quelle mesure il s'agit d'un élément sensible lorsqu'il faut voir tous

  7   les noms qui y figurent. Il s'agit d'ailleurs d'une liste de prisonniers de

  8   guerre qui ont été emmenés à Batkovic, nous avons des dates, différentes

  9   dates du départ, date de la venue à Batkovic, c'est-à-dire la venue à

 10   Batkovic et départ depuis Batkovic. Voulez-vous, s'il vous plaît, vous

 11   pencher sur les pages, comme je vais vous les indiquer ?

 12   Les prisonniers de guerre devaient être emmenés déjà en date du 18 juillet

 13   1995 au camp de Batkovic, voici le numéro ERN -- 3D17, document, ERN 0357-

 14   2256. Je vous l'indique, pour le numéro 0357-2256, Monsieur Mitrovic. Nous

 15   sommes en train de regarder les dates ce qui m'intéresse c'est le groupe de

 16   cinq ou de six personnes qui ont été emmenées ce jour-là. Est-ce que vous

 17   me suivez, s'il vous plaît ?

 18   R.  Vous vous référez à la date du 18 juillet ?

 19   Q.  Oui, exact.

 20   R.  Je crois qu'il y avait beaucoup plus de gens qui ont été emmenés. Une

 21   vingtaine de personnes. Je n'en suis pas certain, mais il s'agit du premier

 22   groupe de prisonniers de guerre qui étaient emmenés.

 23   Q.  Monsieur Mitrovic, je voulais tout simplement vous indiquer une partie

 24   seulement de cette liste, un fragment de cette liste --

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   Q.  -- si la Chambre de première instance nous y autorise, je pourrais

 27   peut-être vous remettre cette liste en main propre, sur l'écran je peux

 28   vous l'afficher page par page. Reprenons pour l'instant la partie qui porte

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  1   le numéro ERN 0357-2252, il s'agit de la première partie de cette liste

  2   nous pouvons y voir les informations portant sur les venues au centre de

  3   rassemblement. Est-ce que vous l'avez vue avant -- est-ce que vous ne

  4   l'avez jamais vue avant ?

  5   R.  Non. Je n'ai pas pu me familiariser avec cette liste. Si c'était arrivé

  6   à Batkovic, il était une procédure normale, que ceux qui envoient à

  7   Batkovic devaient en acte d'accompagnement faire parvenir une liste de

  8   personnes en question. Je n'étais à Batkovic à ce moment-là, je ne l'ai pas

  9   vu cette liste-là, mais je sais combien ils étaient. Et plus tard, je me

 10   suis rendu en personne pour recueillir les données nécessaires concernant

 11   chacun de ces gens-là, ainsi que de réclamer la Commission de Tuzla.

 12   Q.  Fort bien. Monsieur, comme vous pouvez le voir, sur cette liste nous

 13   pouvons voir le lieu de ces gens-là sont venus. Srebrenica, Zvornik,

 14   Bratunac, ou d'autres lieux. Est-ce que cela est exact ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  [aucune interprétation]

 18   Q.  Cela concerne leur domicile très bien.

 19   Est-ce que vous vous rappelez à quel moment pour la première fois le CICR a

 20   eu droit d'accès en vue de rendre une visite aux prisonniers de guerre en

 21   juillet 1995 au centre de Batkovic ?

 22   R.  Si ma mémoire est bonne, il n'avait pas d'interdiction quelconque, et

 23   je crois qu'ils étaient venus lorsqu'un dernier groupe de prisonniers de

 24   guerre étaient venus lorsque la situation s'est un petit peu consolidée.

 25   Q.  Quand ?

 26   R.  Vers le 25 ou le 26, lorsque les touts derniers groupes de gens étaient

 27   emmenés.

 28   Q.  Bien. Vos souvenirs sont meilleurs que je ne le pensais.

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  1   M. OSTOJIC : [interprétation] Pouvons-nous voir maintenant la pièce à

  2   conviction 2D522.

  3   Nous voulons voir très brièvement un document, en anglais. Il s'agit d'un

  4   document en anglais émanant du CICR. Je ne pouvais pas me rappeler si le

  5   témoin était en mesure de se rappeler que c'était en date du 25, 26,

  6   lorsque le CICR a reçu enfin une information concernant son droit d'accès.

  7   Voilà que le témoin a pu nous aider.

  8   Pouvons-nous nous pencher sur la page 2 de ce document ? La page 3, plutôt.

  9   Q.  Monsieur, ce document est en anglais, je ne sais pas si vous savez lire

 10   l'anglais, mais je vais vous en donner lecture. Troisième paragraphe, page

 11   2, où il est dit que :

 12   "Le CICR s'est vu accordé le droit d'accès de prisonniers de Srebrenica."

 13   Dans la troisième ligne du texte nous disant que : "Les pourparlers menés

 14   en vue d'avoir un droit d'accès on tété couronnés de succès en fin en date

 15   du 26."

 16   R.  [aucune interprétation]

 17   M. OSTOJIC : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, le document

 18   porte la date du 27 juillet. Il se peut que la première page, la page de

 19   garde n'était pas bonne, ce que je vois maintenant.

 20   Q.  Ma question est la suivante : qu'est-il advenu de ces 160 prisonniers

 21   de guerre qui se sont trouvés à Batkovic une fois Srebrenica tombée et

 22   lorsqu'ils ont été remis au centre de rassemblement ?

 23   R.  Ils ont été hébergés, accueillis et hébergés au centre de

 24   rassemblement, j'ai pu contacter la Commission de Tuzla. Je ne sais plus

 25   quelle date, ceux-là, la commission m'a demandé qu'on leur livre tous les

 26   gens de Batkovic. Ils étaient au nombre de 230 contre 101 personnes. Ce que

 27   je ne pouvais pas accepter. Je leur ai rappelé que pendant tout le temps

 28   des négociations ils avaient dit qu'on devait échanger toujours un

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  1   combattant contre un autre combattant. Par conséquent, entre-temps, un

  2   groupe de 45 ont été transférés à Kotorsko, il s'agit d'une zone relevant

  3   de la compétence du 1er Corps d'armée de la Krajina, cela ayant un besoin

  4   immédiat de procéder à des échanges.

  5   Mais on a intergiversé [comme interprété] 0un petit peu, après quoi pour le

  6   27 sept, il a été arrêté un certain échange ensuite pour le 29 septembre

  7   nous avons reçu 65 combattants, nous leur avons remis les 20 combattants

  8   blessés, une soixante de Srebrenica, et cetera. Il y avait des gens qui

  9   venaient de Cazin, de Kladusa, et cetera. Par conséquent, nous avons remis

 10   88 prisonniers contre 66 que nous avons reçus, ce qui semblait normal parce

 11   qu'ils étaient tous des combattants, et ceux que nous avons livrés étaient

 12   des gens qui ont été capturés lors des touts premiers débuts des

 13   accrochages. Il s'agissait de bons échanges d'ailleurs faits avec accord et

 14   approbation des personnes concernées.

 15   Pour ce qui est du reste des prisonniers de guerre de Batkovici, c'est le

 16   1er Corps qui devra en être saisi dans ces négociations traitant de Zenica

 17   et de Tuzla. Il a été obtenu la possibilité d'échanger encore 35 personnes

 18   que j'avais revendiquées, une trentaine pour le corps d'armée de Krajina et

 19   voilà comment nous avons pu voir tous partir de Batkovic. Une quarantaine

 20   de gens venus de Srebrenica ou de la prison de Kotorsko ou de la prison de

 21   Doboj; et en date du 24 décembre 1995, en définitive Batkovic a été clos

 22   parce qu'un dernier groupe a été échangé près de Sockovoc près de

 23   Gracanica. La Commission de Tuzla était présente, celle du canton de

 24   Zenica, et puis il y avait présent le 1er Corps d'armée, et notre Corps

 25   d'armée, ceci signifie un terme à mettre à l'existence du camp de Batkovic.

 26   Q.  Merci à vous de nous avoir dit cela. S'il vous plaît, à titre

 27   d'éclaircissement, le 29 septembre 1995, avez-vous dit était une date

 28   lorsque les prisonniers de guerre, c'étaient des combattants musulmans de

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  1   Bosnie, les soldats qui se trouvaient à Batkovic, c'est à cette date-là

  2   qu'ils ont été échangés et ils ont pu être en mesure de regagner leurs

  3   domiciles; soit qu'ils pouvaient partir pour Tuzla soit pour la Fédération

  4   ?

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   Q.  Juste, je voulais voir comment se présentait cette période pertinente.

  7   Vous nous dites que le camp de Batkovic a été clos et depuis le mois de

  8   décembre, très exactement, le 24 décembre que le camp n'existait plus --

  9   R.  Oui.

 10   Q.  -- je crois que vous avez dit que vous avez continué à travailler en

 11   qualité de président de cette Commission des Echanges jusqu'en 1997, n'est-

 12   ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Une fois que le camp de rassemblement de Batkovic a été fermé en 1995

 15   jusqu'en 1997, vous avez eu à vous occuper de personnes tuées ou de corps

 16   de combattants qu'il a fallu enfin transférer, c'est-à-dire dont il fallait

 17   s'occuper à titre d'échange à Tuzla ou à Sarajevo, non ?

 18   R.  Tuzla, Tuzla.

 19   Q.  Pardon, j'ai fait une erreur. Il s'agit de Tuzla. Par conséquent, vous

 20   avez dû procéder à des négociations, à des pourparlers, comme vous en avez

 21   parlé jusqu'à maintenant ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Je remercie à mon collègue de nous avoir permis la possibilité de poser

 24   de telles questions. Au sujet de la convention de Genève, je ne vous

 25   demande pas de faire de l'expertise juridique.  A l'époque-là, avez-vous pu

 26   parler avec Milenko Todorovic ou avec d'autres du Corps d'armée ? Avez-vous

 27   parlé -- a-t-on parlé de la Bosnie-Herzégovine [imperceptible] surtout --

 28   a-t-on parlé de convention de Genève et de prisonniers de guerre ?

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  1   R.  Non, on n'en a pas vraiment traité. Mais, en 1993, lorsqu'une première

  2   fois je me suis rendu à Batkovic, j'ai pu me rendre compte du fait que le

  3   CICR avait laissé là-bas des brochures s'y rapportant. J'ai pu me

  4   familiariser avec, il avait un document. Une brochure contenant tous ces

  5   règlements légaux portant sur le traitement des prisonniers de guerre en

  6   temps de paix d'ailleurs on devait s'occuper de cela, c'est-à-dire porter à

  7   la connaissance des officiers chefs, ceux-ci devraient s'en occupe pour

  8   porter à la connaissance de soldats, comment, à savoir comment il a fallu

  9   traiter des prisonniers de guerre. Et ceci je disais en traiter en temps de

 10   paix également.

 11   Q.  Je vais vous présenter une autre pièce à conviction, P107. Voyons, est-

 12   ce que vous êtes familier avec ce document, il s'agit de la date du 2

 13   juillet 1995.

 14   M. OSTOJIC : [interprétation] Passons directement à la page 7 de ce

 15   document, lequel document s'étend sur une dizaine de pages. Nous allons

 16   nous focaliser sur cette page-là, page 7.

 17   Q.  Je suis en train de vous montrer, Monsieur le Témoin, le document qui a

 18   été envoyé par Milenko Zivanovic à cette époque-là commandant du Corps

 19   d'armée de la Drina en date du 2 juillet. Il y a pas mal de choses, je

 20   voudrais vous focalisez dans ce document, page 7 version anglaise et en

 21   B/C/S. Je cite : "Pour ce qui est du traitement à assurer aux prisonniers

 22   de guerre et à la population civile, il faut se comporter toujours en

 23   conformité avec les conventions de Genève."

 24   Est-ce que vous y êtes, [imperceptible] dans le texte ?

 25   R.  Oui. Oui, oui.

 26   Q.  Ayant en vue l'expérience qui était la vôtre, vos travaux effectués

 27   auprès et dans les corps d'armée et avec l'armée, ce dont vous nous avez

 28   parlé dans l'armée, s'agit-il là d'un ordre typique lequel devrait donné un

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  1   commandant dans des combats et des activités de combat; pour autant que

  2   vous le sachiez ? 

  3   R.  Je ne suis pas évidemment quelqu'un qui y prenait part, mais je crois

  4   que ceci devrait être l'ordre dans lequel le tout devait être fait,

  5   personnellement je ne suis pas combattant, je crois que ceci était de

  6   coutume, et même je disais en tant de paix de s'en occuper sous forme de

  7   règlements à adopter.

  8   Q.  Fort bien. Laissons de côté maintenant ce document-là, et penchons-nous

  9   sur le document P33, en date du 9 juillet 1995. Il semble que l'auteur de

 10   ce document est Zdravko Tolimir, encore qu'en version anglaise, ce nom n'a

 11   pas été bien cité. En haut de page à l'en-tête, à lire le titre de ce

 12   document, il s'agit d'un document qui vient de l'état-major principal de

 13   l'armée de la Republika Srpska en date du 9 juillet 1995; le voyez-vous ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Très bien. Comme on le voit en anglais, il est écrit : "Extrêmement

 16   urgent, envoyé au président de la Republika Srpska pour information," c'est

 17   même ce qui est écrit, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Ce qui nous intéresse en fait c'est la dernière phrase du dernier

 20   paragraphe de ce document. Pour que le compte rendu soit bien clair, il

 21   faut aussi je pense dire que ce document est envoyé au commandement du

 22   Corps de la Drina aussi.

 23   R.  Oui, mais ça n'a absolument rien à voir avec le Corps de Bosnie

 24   orientale ni pour dire avec la Commission des Echanges, enfin à mon avis.

 25   Q.  On y va. On y arrivera, on y arrivera. L'état-major principal de

 26   l'armée de temps en temps, je ne sais pas si vous le savez, mais de temps

 27   en temps on envoyait des informations ou des directives, voire des ordres,

 28   au Corps de Bosnie orientale, quant à savoir des ordres bien sûr qu'ils

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  1   devaient respecter, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Ici, M. Tolimir le 9 juillet 1995, est en train de dire ceci au Corps

  4   de la Drina que : "Il convient d'interdire la mise en attaque et l'incendie

  5   des bâtiments résidentiels et qu'il convient de traiter la population

  6   civile et les prisonniers de guerre selon les conventions de Genève du 12

  7   août 1949."

  8   C'est bien ce qui est écrit ?

  9   R.  Oui, c'est ce qui est écrit et cela a été répété plusieurs fois, les

 10   conventions de Genève doivent absolument être respectées.

 11   Q.  Oui. Mais à votre souvenir, j'aimerais savoir : si vous avez eu vent de

 12   la moindre plainte de la part du CICR  selon lequel les prisonniers de

 13   guerre qui se trouvaient au camp de Batkovici auraient été maltraités ?

 14   R.  Non, je n'ai jamais entendu de plainte ni du CICR ni de la commission -

 15   - du chef de la Commission de Tuzla. Et moi-même non plus je n'en ai jamais

 16   entendu parler.

 17   Q.  Merci. Je vous remercie. Alors, vous avez peut-être déjà répondu à ma

 18   question mais je ne m'en souviens pas bien. Vous avez dit qu'à un moment il

 19   y avait jusqu'à 800 prisonniers de guerre qui se trouvaient dans le camp de

 20   Batkovici alors que vous étiez soit membre ou soit président de la

 21   commission. Pendant votre présence là-bas, donc, enfin à la commission, de

 22   1993 à 1995, pouvez-vous nous dire combien -- à combien d'échanges de

 23   prisonniers musulmans vous avez procédé avec l'autre partie -- enfin,

 24   combien surtout de prisonniers musulmans ont été échangés ?

 25   R.  Il y en avait moins quand je suis devenu président de la commission,

 26   puisqu'il n'y avait que 50 prisonniers à Batkovic; le reste -- les autres

 27   avaient déjà été échangés, et ça avait été fait alors que je n'étais pas

 28   président de la commission.

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  1   Q.  Mais, donc, ces 50, ils ont été échangés ou non ? Vous ne gardez pas

  2   sous le coude, si je puis dire, vous échangez tout ce que vous aviez,

  3   n'est-ce pas ?

  4   R.   Oui.

  5   Q.  Merci de votre patience, Monsieur Mitrovic. Je vais m'en tenir là

  6   puisque je pense qu'il serait bon quand même que vous puissiez rentrer chez

  7   vous et que vous n'ayez pas à passer le week-end à La Haye.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

  9   Monsieur Zivanovic, avez-vous des questions à poser ?

 10   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Nikolic, qu'en est-il ?

 12   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.

 14   Mme FAUVEAU : Pas de questions, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 16   Monsieur Josse. 

 17   M. JOSSE : [interprétation] Une question.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Mais qu'en est-il de

 19   M. Gosnell ?

 20   M. GOSNELL : [interprétation] Pas de questions.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 22   Maintenant, reprenons les questions de M. Josse.

 23   Contre-interrogatoire par M. Josse : 

 24   Q.  [interprétation] Vous avez parlé des documents du CICR; savez-vous

 25   comment ils étaient distribués aux membres de la VRS, les fameuses

 26   brochures du CICR ?

 27   R.  Je dois répondre à cette question ?

 28   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

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  1   M. JOSSE : [interprétation]

  2   Q.  Ecoutez, si vous pouvez, oui.

  3   R.  Je n'en sais rien. Je n'en sais rien.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

  5   Maître Sarapa. 

  6   M. SARAPA : [interprétation] Pas de questions.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Thayer, c'est à vous. Jusqu'à

  8   présent, on a réussi à circonscrire les débats, donc, j'aimerais bien que

  9   vous fassiez tout ce qui est en votre possible pour en terminer

 10   aujourd'hui.

 11   M. THAYER : [interprétation] Je m'y efforcerai.

 12   Contre-interrogatoire par M. Thayer : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 14   R.  Bonjour.

 15   Q.  Je m'appelle Nelson Thayer, je vais vous poser des questions au nom de

 16   l'Accusation.

 17   R.  Très bien.

 18   Q.  Je suis désolé que nous n'ayons pas eu l'occasion de nous rencontrer

 19   auparavant, mais c'est comme ça. Donc, je vais vous poser les questions

 20   tout de suite.

 21   Si j'ai bien compris le déroulement de votre carrière dont vous nous avez

 22   parlé aujourd'hui, vous avez été chef du service de Sécurité au sein de

 23   plusieurs Brigades des Partisans; c'est bien

 24   cela ?

 25   R.  Non, au sein d'une brigade et ensuite dans une division, enfin c'était

 26   une division qui a été démantelée, et ensuite, j'ai rejoint les rangs de la

 27   brigade. Auparavant, je travaillais au sein de la sécurité civile -- enfin

 28   sécurité d'état.

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  1   Q.  Très bien. Maintenant, je vais parler de votre poste à la commission

  2   des échanges. S'agissait-il d'un poste civil ou d'un poste militaire tout

  3   d'abord ?

  4   R.  Un poste militaire puisqu'il s'agissait de l'échange de prisonniers de

  5   guerre et non pas d'échange de civils, donc, c'était un poste militaire

  6   mais le président de la commission était nommé par le commandant et le

  7   reste venaient d'autres unités, donc, les trois autres qui étaient dans la

  8   commission -- mais le président de la commission était nommé selon

  9   l'organigramme de toutes les unités à partir des trois autres qui étaient

 10   membres de la commission.

 11   Q.  Donc, et vous étiez membre, et ensuite, président; j'espère que vous

 12   étiez en uniforme dans ce cas-là ?

 13   R.  J'étais toujours en uniforme lorsque je participais à des négociations

 14   et d'ailleurs j'arborais aussi mon grade.

 15   Q.  Très bien. Donc, c'était en juillet 95, n'est-ce pas ?

 16   R.  Non, tout le temps, tout le temps, je n'étais jamais en civil quand

 17   j'allais négocier. J'étais toujours en uniforme.

 18   Q.  Qu'en est-il de juillet 1995, pouvez-vous nous dire quel était votre

 19   grade ?

 20   R.  Juillet 1995, je devais être comme et ensuite lieutenant-colonel de

 21   réserve. J'étais promu assez rapidement, donc, j'étais soit commandant,

 22   soit lieutenant-colonel, je ne sais plus exactement quand je suis passé de

 23   l'un à l'autre. Enfin, la promotion était rapide.

 24   Q.  Très bien. Donc, comprenons-nous bien, vous étiez membre du corps de

 25   Bosnie orientale et vous serviez en uniforme; c'est bien cela ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Au cours de votre service à ce poste, pouvez-vous nous dire dans quelle

 28   mesure vous aviez des contacts avec les organes supérieurs de l'armée,

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  1   donc, que ce soit depuis l'état-major principal jusqu'au commandement des

  2   corps, commandement des brigades, voire subalterne ?

  3   R.  Les seuls contacts que j'avais c'était avec le corps. S'il y avait

  4   quelque chose d'important dont je devais parler la commission, il fallait

  5   passer par le chef de la sécurité du corps pour -- mais il n'y avait aucune

  6   communication avec l'état-major principal ni avec l'administration de la

  7   sécurité, il fallait surpasser par la voie hiérarchique, par mon supérieur

  8   hiérarchique.

  9   Q.  Mais c'était qui exactement votre supérieur hiérarchique ?

 10   R.  Lorsque je faisais partie de cette commission, j'en étais membre parce

 11   qu'on m'a dit que j'allais être membre de cette commission, mais, en fait,

 12   le poste que l'on m'a proposé en fait était un poste d'officier qui a

 13   changé de mission en vue d'établir la sécurité du corps. Donc, il y avait

 14   d'autres personnes dans d'autres unités dans la commission, alors ils

 15   avaient non seulement un travail régulier, ils faisaient cela en plus et

 16   c'était la même chose pour moi jusqu'à ce que je sois président de la

 17   commission. Donc, je faisais et la navette entre le bâtiment principal du

 18   corps et le bureau qui était en ville, puisque c'était dans le bureau en

 19   fait qu'on recevait les citoyens qui venaient demander des informations.

 20   Q.  Très bien. Donc, soyons clair : ce bureau, pouvez-vous nous dire

 21   exactement où il se trouvait ?

 22   R.  Dans la rue Filipa Visnjica, enfin, je ne me souviens plus du numéro --

 23   dans la rue Filipa Visnjica, au 14, sans doute -- ou à peu près au 14.

 24   C'était juste trois ou quatre bâtiments plus loin que le bâtiment du CICR.

 25   Je devais passer devant leur bureau avant d'arriver à mon propre bureau --

 26   enfin, c'était leur bureau, c'était un bien grand mot, c'était un café.

 27   C'était un café/bar avec porte sur la rue, donc, on pouvait y entrer

 28   facilement.

Page 23658

  1   Q.  Mais de quelle ville parlons-nous ici ?

  2   R.  Mais de Bijeljina.

  3   Q.  A qui rendez-vous compte au sein du corps -- vous étiez sous les ordres

  4   de qui ? Pouvez-vous nous donner le nom de votre supérieur hiérarchique

  5   immédiat ?

  6   R.  Le colonel Milenko Todorovic.

  7   Q.  Nous avons entendu parler de ce camp, enfin, au centre de Rassemblement

  8   -- camp de rassemblement voire prison, comme on le nommait. Je voudrais

  9   vous montrer une photo, il s'agit de la pièce 65 ter 3521. Elle va être

 10   affichée à l'écran, mais pourriez-vous déjà nous décrire à peu près

 11   l'emplacement de ce camp pour que nous puissions nous repérer sur une carte

 12   ? Pouvez-vous nous dire à peu près où se trouve ce camp ? 

 13   R.  On parle de Bijeljina, et il faut faire environ dix kilomètres vers le

 14   nord-est en direction de la Sava. On traverse le hameau de Batkovic, et

 15   puis on arrive à cette fameuse coopérative de Batkovic.

 16   Q.  Voyez-vous une photo à l'écran ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  [aucune interprétation]

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  D'après vos souvenirs s'agit-il bien de ce camp de Batkovic vu d'avion

 21   ?

 22   R.  On dirait, en tout cas, ça ressemble. Les bâtiments qui sont au premier

 23   plan sont les deux petits hangars, et ensuite, les quatre bâtiments

 24   derrière; bien sûr, ces quatre bâtiments-là, il y en avait deux qui était

 25   pleins de céréales. Ils étaient utilisés un peu comme des silos à grain, et

 26   dans l'un des deux restants, c'est là l'on hébergeait les prisonniers.

 27   M. THAYER : [interprétation] Pouvons-nous avoir à l'écran la pièce 3522 ?

 28   Q.  Avez-vous un document sous les yeux à l'écran --

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 13  pagination anglaise et la pagination française.

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  -- en date du 13 mars 2020 ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  On vous a précédemment montré --

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avons-nous une traduction de ce

  6   document ?

  7   M. THAYER : [interprétation] Oui, oui, tout à fait. Il est en train d'être

  8   chargé dans le système.

  9   [imperceptible] Je peux mettre la copie papier sur le rétroprojecteur ce

 10   sera peut-être plus simple.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Utilisons cette solution si le

 12   document est long et met du temps à être téléchargé.

 13   M. THAYER : [interprétation] Je ne veux pas faire référence à un grand

 14   nombre de pages mais, pour l'instant, je pense que je peux me passer de la

 15   copie papier du rétroprojecteur. J'ai quand même besoin de Mme l'Huissière

 16   parce que je voudrais donner au témoin une copie papier de ce document.

 17   Q.  On vous a montré précédemment une liste de prisonniers détenus dans ce

 18   camp de détention de Batkovic, dont le document portait la cote 3D17.

 19   J'aimerais vous en montrer un autre. Si vous pouviez regarder la page 2 de

 20   ce document, juste derrière la page de garde --

 21   R.  Pas de problème.

 22   Q.  -- vous voyez le titre : "Liste des Musulmans échangés à partir du

 23   centre de Rassemblement de Batkovic." C'est bien ce qui est écrit, n'est-ce

 24   pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Ce qui nous intéresse c'est la deuxième colonne, à partir de la droite,

 27   il est écrit : "Date à laquelle la personne a quitté le centre de

 28   Batkovic;" le voyez-vous ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  [aucune interprétation]

  3   M. THAYER : [interprétation] On me dit, Monsieur le Président, que le

  4   document en anglais est maintenant disponible.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce un document sous pli scellé ?

  7   Cette fameuse liste -- la liste étant dit que ce document était sous pli

  8   scellé.

  9   M. THAYER : [interprétation] Oui, en effet, c'est le cas. Merci de votre

 10   intervention.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, merci, Juge Kwon, de nous avoir

 12   attirer notre attention là-dessus il faut absolument faire en sorte que ce

 13   document ne soit pas diffusé à l'extérieur.

 14   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 15   M. THAYER : [interprétation]

 16   Q.  Avant de vous poser des questions sur ce -- avant tout, j'aimerais vous

 17   poser quelques questions sur ce document, il y a cette fameuse colonne

 18   l'avant-dernière où il y a la date à laquelle les prisonniers ont quitté le

 19   centre de Batkovic, alors, il y a toujours la date qui revient sans cesse.

 20   Il y en a un grand nombre qui sont échangés le 12 septembre 1995. Il y a un

 21   autre groupe qui semble avoir été échangé le 24 décembre 1995, et puis une

 22   autre date revient assez souvent, c'est le 7 octobre 1995. Avez-vous cela -

 23   - vous repérez ça sur la liste, Témoin ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Peut-être c'était une coquille parce que à la première ligne sous le

 26   nom "Alada Alic" [phon],  on voit qu'il est arrivé à Batkovic le 18

 27   juillet, ce qui ne correspond parfaitement avec ce que vous avez dit, vous

 28   avez dit qu'il y a un grand nombre de prisonniers qui sont arrivés soit le

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  1   18 juillet soit juste après. Or, il est écrit là qu'il serait parti le 7

  2   juillet. Impossible dans votre avis.

  3   Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'une petite erreur de frappe, en fait on a

  4   confondu le mois et la date, le mois et le jour, en fait, c'est le 7

  5   octobre, donc, le 7/10 et non pas le 10/7 ? Parce qu'on ne peut pas arriver

  6   le 18 juillet et partir le 10 de la même année. Ça paraît difficile. Donc,

  7   il y a sans doute eu une inversion entre le mois et le jour ?

  8   R.  Oui, tout à fait, vous avez raison.

  9   Q.  Vous souvenez-vous d'avoir reçu la moindre explication de la part du

 10   chef de la sécurité du Corps de la Bosnie orientale, ce

 11   M. Todorovic, je me souviens plus de son grade, il était colonel; c'est ça

 12   ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que vous savez si vous avez expliqué à un moment ou à un autre

 15   pourquoi les prisonniers de Srebrenica sont arrivés dans le centre de

 16   Batkovici dans ce centre de détention de Batkovici, qu'à partir du 18

 17   juillet, est-ce que vous avez une explication à ce propos ?

 18   R.  Non, on ne m'a rien dit à ce propos et j'étais subalterne de toute

 19   façon je ne me sentais pas vraiment en droit de le demander. Mais du coup,

 20   d'ailleurs je n'avais pas posé de question. Je n'avais pas posé de

 21   question. Je n'ai pas demandé pourquoi ils arrivaient si tard, après si

 22   tard. Moi, j'étais là pour [imperceptible].

 23   Q.  Bien. Je vais maintenant vous montrer des extraits de déclarations

 24   faites par des prisonniers de guerre qui se retrouvés au camp de Batkovic,

 25   donc, il suffit que vous regardiez le document papier que vous avez fait

 26   parvenir, alors, regardez déjà le numéro 113 sur cette liste. --

 27   R.  Hasanovic.

 28   Q.  Oui, Hasanovic. Sead Hasanovic, fils de Huso; le voyez-

Page 23663

  1   vous ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  De Srebrenica ?

  4   R.  Oui, oui.

  5   Q.  Donc, sur cette liste, il se -- on voit qu'il serait arrivé le 26

  6   juillet 1995 à Batkovici.

  7   R.  Oui.

  8   Q.  J'attire votre attention aussi sur le numéro 124, essayez de le

  9   trouver, s'il vous plaît.

 10   R.  Oui, je l'ai vu.

 11   Q.  Donc, il s'agit de Ramo Osmanovic, fils de Ramiz ?

 12   R.  Oui, oui.

 13   Q.  Et lui aussi est arrivé le 26 juillet dans le camp; vous le voyez ?

 14   R.  Oui.

 15   M. THAYER : [interprétation] Si Mme l'Huissière pouvait à nouveau nous

 16   aider, je voudrais -- enfin, tout d'abord, j'aimerais savoir si tout le

 17   monde a bien la version anglaise à l'écran. La salle répondant par un oui,

 18   dans ce cas-là, je n'ai pas besoin de

 19   Mme l'Huissière. Pourrions-nous avoir à l'écran la pièce 3519 ?

 20   Q.  Donc, vous voyez ici un document affiché à l'écran à la fois en anglais

 21   et en B/C/S; le voyez-vous ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Donc, il s'agit d'une déclaration de témoin faite par un dénommé Ramo

 24   Osmanovic, fils de Ramiz ?

 25   R.  Tout à fait.

 26   Q.  Qui est né le 2 octobre 1976 ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Passons à la page 5 de cette déclaration, et nous allons regarder le

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  1   dernier paragraphe de la version en B/C/S, juste avant la partie

  2   administrative qui se trouve en-dessous de la ligne. Il s'agit de la page 5

  3   en fait à la fois en anglais et en B/C/S, donc, je pense que la page est

  4   bien affichée maintenant. Donc, nous allons nous concentrer sur le dernier

  5   paragraphe de cette déclaration. Donc, à peu près au milieu de ce

  6   paragraphe, il est écrit et je cite : "Nous avons été encerclés par des

  7   soldats serbes vers 8 heures 30 du matin." Avez-vous trouvé ce passage,

  8   c'est pour que vous puissiez vous repérer dans le document ? Si vous avez

  9   trouvé "8 heures 30," nous arrivons ensuite à -- au passage qui nous

 10   intéresse vraiment.

 11   R.  Oui, j'ai trouvé.

 12   Q.  Donc, M. Osmanovic a déclaré aux enquêteurs que lorsqu'ils sont arrivés

 13   à une prison du -- un centre de détention à Osmaci, ils ont trouvé là leurs

 14   quatre autres camarades qui avaient déjà été capturés. L'un des prisonniers

 15   a demandé au policier ce qui allait leur arrive, et il a répondu qu'on

 16   avait beaucoup de chance parce que le général Mladic avait donné l'ordre

 17   que tous les prisonniers capturés au 18 juillet, alors que ceux qui ne

 18   seraient capturés qu'après le 18 juillet devaient être arrêtés et détenus."

 19   Voyez-vous cela ?

 20   R.  Oui, je le vois.

 21   Q.  Passons, maintenant, s'il vous plaît, au document 3518 de la liste 65

 22   ter parce que j'ai quelques questions à vous poser à ce propos, et ensuite,

 23   nous pourrons clore ce chapitre. Nous voyons là une déclaration de Sead

 24   Hasanovic. Si on passe à la deuxième page, en haut de la page, est-ce que

 25   vous voyez, en B/C/S, il dit : "Je suis Sead Hasanovic, fils de Huso." Est-

 26   ce que vous voyez cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Né en 1964.

Page 23665

  1   R.  Oui, tout à fait.

  2   Q.  Pouvons-nous voir la page 4 en anglais, s'il vous plaît, page 4, en

  3   B/C/S également. Il y a là une mention d'une -- ou d'un Sapka, c'est une

  4   sorte de coiffe militaire. Est-ce que vous voyez cela ? C'est juste pour

  5   que vous vous y retrouviez dans ce paragraphe très dense.

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   Q.  Vous avez trouvé cette phrase ? Très bien.

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  Voyez-vous où il est dit : "Le chef de la patrouille m'a dit : 'Vous

 10   avez beaucoup de chance d'avoir été fait prisonnier par ce corps,' et

 11   qu'ils avaient reçu des instructions de la part des autorités la veille

 12   qu'ils devaient cesser de tuer les prisonniers faits ou détenus aussi bien

 13   que ceux déjà faits prisonniers et pas encore tués. Les instructions étant

 14   de garder les détenus en vie afin qu'on puisse les utiliser à des fins

 15   d'échange de prisonniers." Voyez-vous cela ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Et quant à la date, en tout cas, approximative, il faudrait revenir à

 18   la page 3, au paragraphe 6 en B/C/S. Vers le bas, il est question de

 19   quelques -- quelques 400 personnes rassemblées, et il dit que c'était à peu

 20   près le cinquième ou le sixième jour après qu'ils aient quitté Susnjari.

 21   Donc, je fais valoir -- l'Accusation fait valoir que cela situe la date à

 22   laquelle ce témoin a été fait prisonnier aux alentours du 18 juillet ou 19

 23   juillet.

 24   Monsieur le Témoin, je vous demande ayant entendu ces extraits de ces deux

 25   déclarations de deux témoins différents faits prisonniers à deux endroits

 26   différents mais qui se sont tous deux retrouvés à Batkovic et qui disent

 27   pour l'essentiel la même chose, c'est-à-dire le fait que des ordres avaient

 28   été donnés que l'on exécute plus les prisonniers après une certaine date;

Page 23666

  1   est-ce que cela vous rappelle quelque chose, vous rafraîchit la mémoire

  2   quant à d'éventuelles informations que vous auriez reçues au sujet des

  3   raisons pour lesquelles les prisonniers ne sont pas arrivés dans ce camp

  4   avant le 18 juillet ou vers cette date ?

  5   R.  Je n'ai pas connaissance d'un tel ordre qui aurait été donné. Je doute

  6   que l'un ou l'autre des plus hauts responsables aurait donné un tel ordre.

  7   Pour le reste, ce qui se passait ne se passait pas dans la zone de

  8   compétence du corps de Bosnie orientale. En tant que président de la

  9   commission, je ne pourrais pas savoir ce qui se passait sur d'autres

 10   territoires. Je suis désolé de ce qui est advenu à ces personnes. C'est une

 11   tragédie mais c'était une région très étendue et, en fait, je ne m'y

 12   intéressais pas. Je n'étais pas censé m'intéresser à de telles choses.

 13   Q.  Très bien. Et qu'en est-il des 1 300 prisonniers mentionnés par mon

 14   confrère ? Vous nous avez dit que vous attendiez leur venue, que le général

 15   Tolimir avait dit à votre chef de la sécurité de s'attendre à la venue de

 16   ces 1 300 prisonniers. Mais, d'après tout ce que nous avons entendu

 17   aujourd'hui, il s'agissait de quelques 200 prisonniers de Srebrenica qui

 18   ont peut-être fait l'objet d'échange à un moment donné, que sont devenues

 19   les autres prisonniers, 1 100 prisonniers ?

 20   R.  Ils ne sont jamais arrivés. Ce n'était qu'une estimation. On avait

 21   évalué à ce nombre ceux qui devaient arriver à Batkovici, mais je ne sais

 22   pas ce qui, finalement, s'est passé, les autres ne sont pas non plus

 23   arrivés. Lorsque nous les attendions, je me réjouissais de les voir arriver

 24   aux fins des échanges qui étaient escomptés, seuls 20 d'entre eux sont

 25   arrivés dans la soirée, tous étaient blessés. Par la suite, le président de

 26   la municipalité voisine a exercé des pressions. Il voulait les utiliser aux

 27   fins d'échange, mais le commandant du corps d'armée a refusé, et a dit

 28   qu'il enverrait une Unité de la Police militaire dont la tâche serait de

Page 23667

  1   faire des prisonniers et non de tuer, mais de faire des prisonniers à tout

  2   prix tout en s'assurant qu'aucun des nôtres ne soit tué. Quoiqu'il en soit

  3   nous avons reçu ce nombre-là, nous avons pu effectuer l'échange. Et, je me

  4   réjouissais de l'arrivée des 1 300. Nous les aurions d'ailleurs restitués

  5   même sans échange parce qu'il n'y avait aucune raison de les garder.

  6   Q.  Je suis peut-être, j'ai peut-être mal compris, mais à la première ligne

  7   de la page 74, vous avez dit que les 1 300 ne sont pas arrivés et,

  8   maintenant, il semblerait que vous dites qu'ils sont arrivés à un moment

  9   donné. Quand sont-ils arrivés ? Ou peut-être il y a-t-il un petit problème

 10   d'interprétation ou qui soit au compte rendu ou peut-être c'est parce qu'il

 11   est vendredi.

 12   R.  Oui, il y a une erreur. Personne n'est arrivé avant le 18, même si nous

 13   les attendions et tout avait été préparé pour recevoir les 1 300, mais

 14   ensuite, le 18, 20 blessés sont arrivés. Plus tard, le 23 ou le 24,

 15   d'autres sont arrivés mais c'est tout. Il n'y en a pas eu d'autres, je ne

 16   veux pas entrer dans les détails. Il y a quelques autres date mentionnées

 17   ici, un groupe de 45 je crois qui ont été remis au 1er Corps de la Krajina

 18   et puis emmené à la prison de Kotorsko pour qu'ils puissent les échanger

 19   contre ceux qui se trouvaient à Tuzla. Et, enfin, ils ont été rassemblés

 20   avec les nôtres. Le 24, un autre échange a eu lieu -- le 24 décembre, le

 21   dernier échange a eu lieu, le dernier prisonnier a quitté Batkovici, et

 22   ensuite, Batkovici a été fermé comme centre de Rassemblement.

 23   Q.  Vous connaissez bien la géographie générale, la topographie de cette

 24   région; en Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas, la région qui s'étend de

 25   Bijeljina à Zvornik ? Vous aviez emprunté cette route à de nombreuses

 26   reprises, j'imagine ?

 27   R.  Non, pas souvent. Chaque fois que j'allais m'occuper d'échange, je

 28   passais par Tuzla et la région qui par la suite a fait partie de la

Page 23668

  1   fédération. Mais j'ai emprunté cette route plusieurs fois pendant la

  2   guerre, je connais plus ou moins la région. Je ne connais pas les petits

  3   villages, les hameaux, je connais les plus grandes agglomérations. Je

  4   connais Zvornik, par exemple, et la route qui relie Zvornik à Milici m'est

  5   familière, cette zone-là, je l'ai traversée.

  6   Q.  Pouvez-vous dire à la Chambre combien de temps il vous fallait pour

  7   aller en voiture de Zvornik par exemple au camp de Batkovici ?

  8   R.  La distance est de 60 kilomètres environ. Je ne peux pas vous dire au

  9   juste, cela dépend de la vitesse, du type de voiture, ça dépend de celui

 10   qui conduit aussi, mais en tout cas la distance est de 60 kilomètres sur

 11   une route goudronnée.

 12   Q.  Très bien. Monsieur, vous venez de nous dire que les 1 300

 13   prisonniers ne sont jamais arrivés en dépit du fait que vous les attendiez.

 14   Je demanderais un dernier document, je vais poser quelques questions à ce

 15   sujet, P00175, un document qui figure sur la liste des documents de mon

 16   confrère. Je ne sais pas si ce document vous a été montré ? Mais je vais

 17   vous le soumettre. Est-ce que vous voyez le document dans votre propre

 18   langue à l'écran ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Faisons défiler un petit peu le document en B/C/S afin que nous

 21   puissions voir le haut de la page. Nous voyons qu'il s'agit d'un rapport

 22   destiné au commandement du Corps de la Drina en date du

 23   12 juillet 1995, et émanant du commandement de la Brigade de Milici. Je

 24   vous demanderais de parcourir ce document, s'il vous plaît. Ça ne devrait

 25   pas prendre très longtemps. En gros, il s'agit de cette première page que

 26   vous voyez en B/C/S.

 27   R.  Cela ne se rapporte pas à la zone qui relevait de ma responsabilité, à

 28   mes fonctions en tant que président de la commission. C'est la région ou la

Page 23669

  1   zone qui relevait du Corps de la Drina, donc, je ne sais pas très bien ce

  2   que je pourrais vous dire à ce sujet. Ça n'a pas été envoyé au Corps de la

  3   Bosnie orientale mais au Corps de la Drina. Si j'avais été président de la

  4   Commission d'Etat, la situation serait différente puisque cette personne-là

  5   avait une compétence générale.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Monsieur le Témoin, veuillez

  7   attendre qu'une question vous soit posée, s'il vous plaît.

  8   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Ce document est daté du 12 juillet. Vous avez déjà témoigné quant à ce

 10   que vous faisiez ce jour-là et quand vous avez reçu les informations que le

 11   général Tolimir vous a communiquées. Ce (expurgé)

 12   (expurgé), d'après ce document, vous voyez, n'est-ce pas, qu'il était

 13   détenu par la Brigade de Milici du Corps de la Drina, n'est-ce pas ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.

 15   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, j'ai peut-être tort, mais je ne me

 16   souviens pas que le témoin n'a jamais dit qu'il a reçu cette information

 17   par le général Tolimir.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Madame.

 19   M. THAYER : [interprétation] Je crois avoir dit que c'était de la part du

 20   général Tolimir mais évidemment par le biais de son chef de la sécurité.

 21   Cela ne mérite pas que l'on se dispute à ce sujet.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 23   M. THAYER : [interprétation]

 24   Q.  Cette personne dont il est dit qu'il était prisonnier de guerre le 12

 25   juillet auprès du Corps de la Drina, vous vous seriez entendu à ce qu'il

 26   fasse partie des 1 300 prisonniers qu'on vous avait dit d'attendre, n'est-

 27   ce pas ?

 28   R.  C'est possible.

Page 23670

  1   Q.  Encore une fois, nous voyons qu'il s'appelle (expurgé)

  2   (expurgé).

  3   M. THAYER : [interprétation] Je voudrais maintenant d'afficher la pièce

  4   P03517A à huis clos partiel, s'il vous plaît ou, en tout cas, qu'il n'y ait

  5   pas de diffusion, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que c'est aussi facile d'une

  7   manière ou de l'autre, simplement nous ne diffusons pas ce document.

  8   M. THAYER : [interprétation]

  9   Q.  Merci de votre patience, nous attendons ce document à l'écran. Je vous

 10   assure, Monsieur le Témoin, que vous pourrez rentrer chez vous aujourd'hui.

 11   R.  Merci.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous n'avez pas demandé à Me Ostojic,

 13   en fait, il aimerait poser des questions supplémentaires.

 14   M. THAYER : [interprétation] La cote 3517.

 15   Q.  Voyez-vous un document qui ne comporte que quelques lignes, je vais

 16   vous orienter ?

 17   R.  [aucune interprétation]

 18   (expurgé)

 19   (expurgé)

 20   (expurgé)

 21   Q.  1er janvier 1977. Date de sa disparition, 11 juillet 1995, dans la

 22   forêt. Monsieur, ce document constitue un élément de preuve de l'Accusation

 23   d'après lequel les dépouilles de cette personne ont été retrouvées et

 24   identifiées grâce à une analyse ADN, dépouilles retrouvées dans une fosse

 25   commune aux alentours de Cancari. La thèse de l'Accusation étant que cette

 26   personne a été victime d'une exécution de masse.

 27   Avez-vous reçu pendant cette période quelques informations que ce soit

 28   d'après lesquelles des exécutions en grand nombre de masse ont été

Page 23671

  1   perpétrées dans la zone relevant de la responsabilité du Corps de la Drina

  2   ?

  3   R.  Non. L'on peut partant du principe présumer que des choses horribles se

  4   produisaient, mais je n'ai pas reçu d'information à ce sujet de qui que ce

  5   soit.

  6   Q.  Pourquoi pourrait-on présumer que des choses horribles se passaient ?

  7   Quelles informations aviez-vous, qu'est-ce qui vous a incité à penser que

  8   des choses terribles se passaient pendant cette période ?

  9   R.  Déjà le fait que nous nous attendions à ce que 1 300 personnes arrivent

 10   à Batkovici et ne sont jamais venues, nous ne savions pas pourquoi, mais on

 11   ne pouvait que partir du principe que quelque chose leur était arrivé, si

 12   tant est que cela correspond bien au chiffre ou à l'estimation donnée.

 13   Permettez-moi de rajouter quelque chose. Si quelque chose se passait, s'il

 14   y avait des choses qui se produisaient, cela n'aurait pas été très sage de

 15   poser des questions surtout en ce qui me concerne. J'étais officer de

 16   réserve. Je ne m'intéressais pas à la politique, et si les organes civils

 17   avaient appris que je posais des questions que je m'intéressais à ces

 18   choses, j'aurais pu en pâtir. Donc, en fait, j'ai dû m'empêcher de poser

 19   des questions. Je ne pensais pas que c'était une bonne idée de commencer à

 20   poser des questions alors que je me promenais à Bijelina. Et je n'ai pas

 21   non plus eu de contact avec Tuzla pour cette raison. J'ai demandé à mon

 22   confrère de Batkovic de le faire. J'ai essayé d'éviter de me trouver dans

 23   des situations délicates dont j'aurais pu souffrir les conséquences.

 24   Q.  Monsieur, vous avez une certaine expérience en matière de sécurité,

 25   vous avez été membre de cette commission, vous avez beaucoup d'expérience

 26   dans le domaine des échanges de prisonniers. Savez-vous pourquoi -- ou

 27   pouvez-vous imaginer une raison pour laquelle l'on aurait dirigé des

 28   milliers de prisonniers de guerre -- pourquoi est-ce qu'on aurait donc

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  1   emmené des milliers de prisonniers de guerre dans des petites écoles dans

  2   la région de Zvornik plutôt que de les emmener à Batkovic ? Pouvez-vous

  3   expliquer pourquoi cela a été fait et concernait des milliers de

  4   prisonniers ?

  5   R.  Je n'ai pas d'explication, puisque nous parlons d'exécutions, je ne

  6   pense pas que l'ordre ait été donné par un membre du commandement. Des

  7   choses très cruelles ont eu lieu et j'en suis réellement désolé. Je suis

  8   navré que tant de personnes aient souffert pendant la guerre, mais il y

  9   avait des individus qui agissaient de leur propre gré, de leur propre

 10   initiative, qui ne respectaient pas les ordres donnés par le commandement,

 11   ils faisaient ce qu'ils voulaient, et c'est pour cela que des choses

 12   terribles se sont produites. Cela est dû au comportement de certains

 13   individus.

 14   M. THAYER : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 16   Maître Ostojic, avez-vous d'autres questions ?

 17   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président, afin de permettre

 18   à ce témoin de rentrer chez lui pour le week-end.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous sais gré, Maître Ostojic, de

 20   cette réponse, et au nom de tous, je tiens à vous remercier -- à remercier

 21   toutes les personnes de leur bonne volonté afin de permettre à ce témoin de

 22   rentrer chez lui.

 23   Et, Monsieur le Témoin, je vous remercie d'être venu et je vous souhaite un

 24   très bon voyage.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie infiniment de votre

 26   compréhension, et merci de m'autoriser à rentrer chez moi.

 27   [Le témoin se retire]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Occupons-nous peut-être de documents

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  1   pendant la prochaine séance ? Enfin. Maître Ostojic, les pièces ?

  2   M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous demanderions que

  3   la pièce 2D520 et 2D521 ainsi que la pièce 2D522 soient versées au dossier.

  4   Les autres pièces que j'ai utilisées, si je ne m'abuse, ont déjà été

  5   versées au dossier.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

  7   Des objections, Monsieur Thayer ?

  8   M. THAYER : [interprétation] Pas d'objection.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voilà, ils sont versés au dossier. Et

 10   tous ces documents ont été traduits, n'est-ce pas ?

 11   M. OSTOJIC : [interprétation] En fait, pour ce qui est de deux pièces, la

 12   traduction est en cours. Et j'aimerais juste vérifier la date concernant le

 13   CICR, je crois qu'il y a peut-être une erreur concernant la date.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer avez-vous des documents

 15   que vous souhaiteriez verser ?

 16   M. THAYER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. 65 ter 3517, sous

 17   pli scellé; l'extrait que nous avons montré aujourd'hui, 3517A, sous pli

 18   scellé également; 65 ter 3521, la vue aérienne du camp; et 3522, la liste

 19   des prisonniers à Batkovic montrée au témoin; 3519, l'une des déclarations

 20   de témoin soumises à ce témoin; 3518, autre déposition ou déclaration de

 21   témoin soumise à ce témoin; et P00175, le rapport de Milici, la Brigade de

 22   Milici également soumis au témoin.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous des objections, Maître

 24   Ostojic, ou d'autres --

 25   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui.

 26   M. THAYER : [interprétation] Si cela concerne les déclarations…

 27   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui.

 28   M. THAYER : [interprétation] En fait, en tout cas, les passages cités et

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  1   montrés au témoin sont les seuls passages dont nous souhaiterions le

  2   versement au dossier. Nous n'avons pas besoin du versement de toute la

  3   déclaration.

  4   M. OSTOJIC : [interprétation] Je soulève une objection quant à la

  5   déclaration et au versement de cette déclaration.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui mais si des questions ont été

  7   posées et le témoin y a répondu…

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, on les a soumis au témoin, mais à

  9   d'autres fins car à mon avis, il voit qu'il y a là une lacune et il tente

 10   en fait d'introduire des éléments de preuve par l'intermédiaire de ce

 11   témoin -- si ce témoin pouvait venir témoigner sur ces points sensibles, ce

 12   serait autre chose, mais les utiliser à cette fin, à mon avis, est

 13   inadéquat et pourrait nous porter préjudice.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 15   M. JOSSE : [interprétation] Je ne m'exprimerais pas de la sorte, mais je

 16   dirais, les passages pertinents ont été lus très lentement par mon éminent

 17   confrère, donc sont déjà au compte rendu, donc versés au dossier. Et en

 18   deuxième lieu, le Tribunal -- la Chambre a déjà admis le versement de

 19   certains documents sur une base très limitée, mais j'espère que la Chambre

 20   retiendra le premier point que j'ai soulevé.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- Madame Fauveau, la même chose ?

 22   Mme FAUVEAU : -- que je me joins à ce que mes collègues ont dit.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Oui, je crois que le fait que

 24   les passages pertinents ont été lus et les réponses ont été données, cela

 25   suffit, donc, il n'est pas nécessaire de verser ces documents au dossier.

 26   Ce que nous avons -- ce qui figure au compte rendu suffira.

 27   Très bien. D'autres objections concernant d'autres documents ? Non, je

 28   n'entends pas d'objections, donc, tous ces autres documents sont versés au

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  1   dossier dans la mesure où ils sont traduits. Merci.

  2   Nous levons la séance et nous nous retrouverons mercredi. En attendant,

  3   Maître Ostojic, notre juriste hors classe vous a parlé d'un certain nombre

  4   de questions dont nous souhaiterions que vous les examiniez. Vous pourriez

  5   profiter de la courte pause pour le faire; sinon, nous allons devoir sévir.

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je crois avoir

  7   répondu à ces questions, tous ces témoins je crois serons sur notre liste

  8   65 ter, mais je vais l'étudier de plus près.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 10   M. OSTOJIC : [aucune interprétation]

 11   --- L'audience est levée à 13 heures 52 et reprendra le lundi 21 juillet

 12   2008, à 9 heures.

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