Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 12 décembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous. Madame la Greffière,

  7   veuillez, s'il vous plaît, appeler la cause.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. C'est

  9   l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Je vois que tous les accusés

 11   sont là. M. McCloskey est là pour l'Accusation. Et dans les équipes de la

 12   Défense, je remarque seulement l'absence de Me Nikolic.

 13   Bonjour, Monsieur Jevdjevic.

 14   LE TÉMOIN: MILENKO JEVDJEVIC [Reprise]

 15   [Le témoin répond par l'interprète]

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons poursuivre l'interrogatoire

 18   principal par Me Haynes, puis ensuite on va voir ce qui se passe après ça.

 19   Monsieur Haynes, bonjour.

 20   M. HAYNES : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

 22   M. HAYNES : [interprétation] Merci.

 23   Interrogatoire principal par M. Haynes : [Suite] 

 24   Q.  [interprétation] Lorsque nous avons interrompu hier soir, Monsieur

 25   Jevdjevic, nous étions en train de parler de deux systèmes de transmission

 26   que vous avez mis en place au poste de commandement avancé à Pribicevac.

 27   Nous parlions du système de codage que vous utilisiez pour communiquer avec

 28   les unités sur le terrain ainsi que du système de relais radio que vous

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  1   utilisiez pour communiquer avec le commandement du corps. En ce qui

  2   concerne le système relais radio, est-ce qu'il était également capable de

  3   communiquer avec les commandements de chaque brigade ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Comment est-ce qu'on pouvait s'arranger pour le faire ?

  6   R.  Le système de communication relais radio ne pouvait pas être intégré

  7   avec les unités qui participaient à l'opération Krivaja 95, mais si j'ai

  8   bien compris votre question, on pouvait l'utiliser pour mettre en place des

  9   contacts avec les commandements de ces unités et en passant par la garnison

 10   de Vlasenica, Zvornik, et cetera.

 11   Q.  Non, vous n'avez pas compris ma question, mais vous avez  prévu la

 12   question suivante donc peut-être que vous nous avez gagné un peu de temps.

 13   Dans la mesure où un commandant sur le terrain, tel que le commandant

 14   Pandurevic, aurait voulu se mettre en rapport avec le commandant de la

 15   brigade, qu'est-ce qu'il pouvait faire ?

 16   R.  La seule possibilité pour lui était de venir au poste de commandement

 17   avancé, ou plus tard au poste de commandement avancé du côté de Zepa, en

 18   personne, d'utiliser le téléphone, le matériel de transmission qui était là

 19   et de communiquer avec son commandement d'origine à Zvornik.

 20   Q.  Je vous remercie. Je voudrais simplement maintenant vous montrer

 21   quelques documents très brièvement

 22    M. HAYNES : [interprétation] Pourrait-on voir le P377, page 96, à la fois

 23   pour l'anglais et le B/C/S. En fait, peut-être n'est-ce pas le meilleur

 24   document qu'on devrait regarder maintenant. Pourrait-on voir plutôt le

 25   P378, s'il vous plaît, à la page 83.

 26   Q.  Là nous avons le journal de l'officier de service de la Brigade de

 27   Zvornik et il s'agit du 5 juillet, et si vous regardez aux mentions qui

 28   sont tout à fait en haut de la page, elles semblent dire qu'il y a eu une

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  1   demande du commandant Pandurevic adressée au commandant de la brigade pour

  2   qu'on lui envoie des munitions pour un char.

  3   Alors, le 5 juillet, du point de vue du système de transmission, que se

  4   passait-il ?

  5   R.  Le 5 juillet au début de l'après-midi, je suis allé au poste de

  6   commandement avancé à Pribicevac et quelque dix minutes plus tard j'ai pu

  7   établir les communications avec le commandement supérieur, c'est-à-dire le

  8   commandement du Corps de la Drina à Vlasenica. Et j'ai pu établir la

  9   liaison radio avec les unités subordonnées qui prenaient part à l'opération

 10   Krivaja 95 qui, à ce moment-là, se trouvaient déjà dans les zones où elles

 11   devaient se trouver autour de l'enclave de Srebrenica.

 12   Q.  Est-ce que vous vous rappelez des conversations avec le commandant

 13   Pandurevic, notamment en ce qui concerne la nécessité d'avoir des munitions

 14   pour un char le 5 juillet ?

 15   R.  Je me rappelle que j'ai établi le contact avec toutes les unités juste

 16   pour faire une vérification pour voir si les lignes de communication

 17   étaient bonnes, si tout un chacun pouvait entendre les uns les autres, pour

 18   vérifier s'il y avait des besoins particuliers, parce que c'était la

 19   première fois que nous étions tous ensemble dans cette partie de la ligne

 20   de front, étant donné que j'étais la seule personne qui était capable de

 21   communiquer avec le commandement du corps pour ce qui est de fournir un

 22   appui logistique, des choses de ce genre. Je ne me rappelle pas de

 23   conversations particulières, mais si ceci est le télégramme qui a été

 24   enregistré par l'officier des opérations, l'officier de service à la

 25   Brigade de Zvornik à 17 heures, à ce moment-là les communications étaient

 26   déjà en place. C'était tout à fait opérationnel mais ceci donc passait soit

 27   par moi, en d'autres termes, si le commandant Pandurevic me disait de

 28   relayer un message à l'officier d'opération de service à la Brigade de

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  1   Zvornik, c'est ce qu'on lit ici, en l'occurrence : "Message envoyé." Ça

  2   voulait dire que le message a été relayé par l'intermédiaire de quelqu'un

  3   qui demandait que 50 obus lui soient envoyés au nouveau poste de

  4   commandement avancé. Telle était la pratique, la pratique habituelle selon

  5   laquelle ces messages étaient traités lorsqu'il s'agissait de logistique et

  6   qu'ils étaient relayés.

  7   Q.  Je vous remercie. Maintenant jetons encore un coup d'œil à une page un

  8   peu plus loin dans le registre de l'officier de service cette fois-ci.

  9   M. HAYNES : [interprétation] Je voudrais que l'on présente le P377, page

 10   101, à la fois en anglais et en B/C/S, s'il vous plaît.

 11   Q.  Pouvez-vous voir la mention qui correspond à 11 heures 10 concernant un

 12   appel qui aurait été donné par le lieutenant-colonel Pandurevic avec une

 13   demande de remettre quelque chose à la faculté.

 14   Pendant la période où le centre de communication, de transmission

 15   fonctionnait à Pribicevac, est-ce que vous vous rappelez si le lieutenant-

 16   colonel Pandurevic est venu au centre de transmission ?

 17   R.  Est-ce qu'il s'agit du 7 juillet, parce que je n'arrive pas à voir la

 18   date ?

 19   Q.  Oui, c'est bien cela. Il s'agit du 7 juillet.

 20   R.  Je suis presque sûr que le 7 juillet la ligne de front était tout à

 21   fait calme. C'était un jour où il pleuvait et il y avait un brouillard

 22   intense qui s'est installé de sorte que le 7, les unités du Corps de la

 23   Drina, qui se trouvaient sur le front, sur cette ligne, ne se sont pas du

 24   tout engagées, il n'y a pas eu de combat et, en fait, elles renforçaient

 25   leur préparation au combat, et peut-être effectuaient certaines corrections

 26   des positions. Et la Brigade de Zvornik a effectué une attaque à partir de

 27   Zeleni Jadar-Tucak de cette base. Cette colline de Javor qui se trouve à

 28   environ un kilomètre et demi ou 2 du poste de commandement avancé de

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  1   Pribicevac, je pense qu'il est absolument possible que ce jour-là, lorsque

  2   l'on renforçait les préparatifs du combat et où aucun combat n'avait lieu,

  3   que le lieutenant-colonel Pandurevic ait été en mesure de franchir ce

  4   kilomètre et demi pour aller au poste de commandement avancé et relayer ce

  5   message pour le commandement de sa brigade. C'était probablement pour

  6   demander du matériel, ou en fait, c'était du matériel qui devait être remis

  7   à la faculté. Je suppose que c'est la faculté à Zvornik parce qu'à ce

  8   moment-là lui-même était maître assistant ou quelque chose de ce genre à la

  9   faculté. 

 10   Q.  Je vous remercie. Je vais maintenant cesser de vous interroger sur le

 11   système de transmission et très, très brièvement, nous allons voir certains

 12   détails des opérations de combat et en ce qui concerne l'opération Krivaja

 13   95 dans la mesure où vous pouvez vous en souvenir.

 14   Vous nous avez dit qu'il y avait des préparatifs de combat le 6 juillet. Y

 15   a-t-il eu une progression des forces du Corps de la Drina le 6 juillet ?

 16   R.  Le 6 juillet, nos forces ont effectué des reconnaissances de façon à

 17   savoir où se trouvaient les points de résistance, et mis à part un secteur

 18   entre les deux groupes de tranchées qui avaient été pris, il n'y a pas eu

 19   d'évolution particulière en ce qui concerne la situation des combats.

 20   Q.  Je vous remercie. Du poste de commandement avancé, pouviez-vous voir

 21   deux éléments, à savoir Biljak et Tri Sise ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce qu'ils ont été pris lors des opérations de combat du 8 ou du 9

 24   juillet ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  De façon générale, saviez-vous quelle était l'importance des effectifs

 27   de la force qui avaient été rassemblés pour effectuer l'opération Krivaja

 28   95 ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Et quel était son nombre ?

  3   R.  J'ai dit ça il y a deux jours. A mon avis, la force complète des unités

  4   qui ont participé à Krivaja 95, qui ont en fait participé à l'attaque, ne

  5   dépassait pas 1 000 soldats.

  6   Q.  Je suis désolé si je vous ai déjà posé la question ou si on vous l'a

  7   déjà posée, mais est-ce que vous aviez également des renseignements

  8   concernant les effectifs de la force qui se défendaient à Srebrenica et

  9   autour de Srebrenica ?

 10   R.  D'après toutes les données que nous avions à notre disposition et qu'on

 11   recevait depuis des années dans l'enclave de Srebrenica, il y avait entre

 12   10 000 et 15 000 hommes d'âge à porter les armes et nous pensions qu'il y

 13   avait au moins 10 000 à 12 000 hommes qui étaient armés.

 14   Q.  Pour ce qui était du terrain, est-ce que Srebrenica était une ville

 15   facile ou difficile à défendre ?

 16   R.  Le terrain lui-même autour de Srebrenica, c'est un terrain où il y a

 17   des collines, c'est même montagneux, c'est difficile à passer à cause des

 18   défilés, des ravins; il y a des hauteurs dominantes du point de vue

 19   géographique. Ce terrain est très favorable pour ce qui est de monter une

 20   défense et il est très difficile d'attaquer ce type de terrain et de

 21   prendre les hauteurs et de passer les défilés ou les ravins et ainsi de

 22   suite.

 23   Q.  Etant donné ce que vous nous avez dit jusqu'à présent, est-ce qu'à

 24   votre avis les forces rassemblées pour effectuer l'opération Krivaja 95

 25   avaient pour but de prendre la ville de Srebrenica ?

 26   R.  Non. C'était l'équivalent des forces, si vous voulez comparer avec

 27   celles qui organisaient la défense du point de vue militaire, même dans les

 28   prévisions les plus optimistes on ne pouvait même pas imaginer qu'un nombre

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  1   de soldats de ce genre puisse jamais infliger une défaite à 10 000 soldats,

  2   parce que d'après la doctrine militaire qui est la nôtre, il faut que la

  3   partie attaquante dispose du triple de soldats et un appui équivalent pour

  4   qu'une attaque puisse réussir dans ce genre de terrain. J'ai dit quelque

  5   chose en ce sens il y a deux jours, à savoir qu'en 1993, sur la base de mes

  6   connaissances personnelles, nous avions des forces qui étaient beaucoup

  7   plus respectables dans le secteur et néanmoins nous avons dû nous arrêter à

  8   la position de Pribicevac et Kvarac, et je me rappelle qu'à un moment donné

  9   notre unité de choc, la brigade des gardes a subi 30 victimes, 30 personnes

 10   hors de combat parce qu'ils étaient soit tués, soit blessés à 13 heures 13.

 11   Q.  Je vous remercie. Maintenant, hier nous parlions d'un élément

 12   géographique qui se trouve au sud de Srebrenica et qui est appelé Zivkovo

 13   Brdo. Est-ce que vous pourriez maintenant confirmer pour moi la date à

 14   laquelle cet élément a été pris par les forces du Corps de la Drina.

 15   R.  Les forces du Corps de la Drina ont pris cette hauteur le 9 juillet et

 16   ça a été le premier grand succès de nos forces dans le secteur.

 17   Q.  Pourriez-vous simplement me confirmer sous la commande de qui se

 18   trouvait l'unité qui a pris Zivkovo Brdo ?

 19   R.  Ces unités se trouvaient sous le commandement du lieutenant-colonel

 20   Pandurevic.

 21   Q.  Après que Zivkovo Brdo a été prise, qu'est-ce que les unités commandées

 22   par le lieutenant-colonel Pandurevic ont fait ?

 23   R.  Les unités qui se trouvaient sous le commandement de Vinko Pandurevic

 24   au cours de la nuit ou plutôt dans les premières heures de la soirée du 9

 25   ont assuré la sécurité des positions de Zivkovo Brdo qui avaient été prises

 26   de sorte que les unités du bataillon Skelani ont pu les rejoindre.

 27   C'étaient des unités qui tenaient des positions autour de Srebrenica, ce

 28   qui a permis à ses unités à lui de se retirer sur un secteur d'environ 1

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  1   kilomètre ou 2 à l'arrière, de façon à pouvoir se reposer et se préparer

  2   pour une action future, des combats futurs.

  3   M. HAYNES : [interprétation] Je me demande si maintenant on pourrait revoir

  4   un moment le document que vous avez déjà commenté. Il s'agit du P107 et je

  5   voudrais regarder le point 5. Je pense que c'est sur la page 3 pour les

  6   deux versions, les deux documents.

  7   Q.  Monsieur Jevdjevic, est-ce que vous pouvez voir au point 5 que la

  8   mission confiée au 1er Bataillon de la Brigade d'infanterie légère de

  9   Zvornik était de battre l'ennemi sur l'axe d'avancée et plus directement

 10   également de s'emparer du point trigonométrique de la côte 644 Zivkovo Brdo

 11   ?

 12   R.  Oui.  

 13   Q.  Je ne sais pas si vous vous rappelez bien ces points trigonométriques,

 14   mais est-ce qu'il s'agit bien de la colline et de l'élément géographique

 15   dont nous parlons et qui est mentionné dans ce document ?

 16   R.  Je ne me rappelle pas exactement le point trigonométrique, mais il n'y

 17   a aucun doute qu'il s'agit de Zivkovo Brdo; c'est le point trigonométrique

 18   dont vous êtes en train de parler.

 19   Q.  Du point de vue d'une bonne pratique militaire, est-ce que ceci vous

 20   surprend qu'après avoir réalisé son objectif, l'unité commandée par le

 21   lieutenant-colonel Pandurevic se soit retirée de Zivkovo Brdo ?

 22   R.  À l'époque, nous n'avions que des effectifs plus réduits que ceux qui

 23   menaient l'attaque, et il est tout à fait possible qu'un nombre inférieur

 24   d'éléments afin de sécuriser le terrain gagné, qu'effectivement un groupe

 25   de bataille de la Brigade de Zvornik qui menait l'attaque sur cet axe ait

 26   quitté la zone, donc il y a eu quelques effectifs partis pour sécuriser la

 27   ligne de front, et deux ou trois points de résistance armés de Pragas et je

 28   pense que le gros des effectifs est reparti pour y passer la nuit, pour se

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  1   reposer un peu, reprendre des forces afin d'effectuer d'autres missions

  2   éventuelles que pourrait ordonner le commandant du poste de commandement

  3   avancé.

  4   Q.  Nous voyons à la fin de ce paragraphe-là une phrase qui dit "Soyez prêt

  5   à poursuivre l'attaque." Est-ce que vous avez vu beaucoup de documents

  6   opérationnels pendant que vous étiez soldat ?

  7   R.  Oui, assez bien.

  8   Q.  Est-ce que vous avez trouvé souvent ces termes : "Soyez prêt à

  9   poursuivre l'attaque," ou est-ce que c'est quelque chose qui n'est pas

 10   habituel dans ce genre de documents ?

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-on voir la page suivante ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une tournure tout à fait habituelle, ce

 13   sont des termes que l'on trouve fréquemment dans tous ces ordres, ça

 14   s'utilise partout, qu'il y ait un besoin réel ou pas. Quand je dis besoin

 15   réel, je veux dire s'il est vraiment nécessaire de poursuivre l'activité ou

 16   pas.

 17   M. HAYNES : [interprétation] Vous parliez de la page suivante en anglais ou

 18   en B/C/S ?

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maintenant nous on le voit, la page 4.

 20   Merci.

 21   M. HAYNES : [interprétation]

 22   Q.  Vous nous l'avez déjà dit, que s'est-il passé aux premières heures du

 23   matin, le 10 juillet ?

 24   R.  Le 10 juillet, tôt le matin, entre 4 et 5 heures du matin, au poste de

 25   commandement avancé de Pribicevac, on a lancé l'alarme. Nous nous sommes

 26   tous levés, nous étions éveillés car on craignait qu'il y ait des échanges

 27   intenses, qu'il y ait beaucoup de coups de feu aux coordonnées de Zivkovo

 28   Brdo; et nous avions reçu des informations par radio disant que les forces

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  1   ennemies de l'enclave de Srebrenica avaient lancé une contre-attaque

  2   féroce. En très peu de temps, ils avaient réussi à repousser nos unités,

  3   celles qui avaient pris Zivkovo Brdo la veille. D'après les transmissions

  4   que nous avons écoutées, nous avons battu en retraite de façon tout à fait

  5   chaotique. Nous avons perdu des hommes qui ont été tués, du matériel à nous

  6   a été capturé. Mais deux heures après le début de la contre-attaque, nous

  7   avons réussi dans nos unités à enrayer l'avancée de l'ennemi et nos forces

  8   ont réussi à se regrouper pour lancer une contre-attaque.

  9   Q.  D'après ce que vous savez, où se trouvait le lieutenant-colonel

 10   Pandurevic à ce moment-là ?

 11   R.  Le lieutenant-colonel Pandurevic se trouvait à son poste de

 12   commandement avancé. Je me souviens que vers 9 heures, le 10 juillet,

 13   lorsque le général Mladic est arrivé au poste de commandement avancé, je me

 14   souviens de la conversation qu'il y a eu entre le lieutenant-colonel

 15   Pandurevic et Mladic à propos de cette situation que je viens de décrire.

 16   Q.  Est-ce que vous pourriez synthétiser cette conversation du mieux que

 17   vous pouvez.

 18   R.  Tous ceux qui se trouvaient au poste de commandement avancé étaient

 19   très préoccupés. En effet, la veille, ce premier succès que nous avions

 20   remporté nous avait encouragés et puis il y a un revers de situation; et je

 21   me souviens que le général Mladic a contacté le lieutenant-colonel

 22   Pandurevic, lequel avait réussi à consolider à ce moment-là son dispositif

 23   de combat. Je me souviens que le lieutenant-colonel Pandurevic a exprimé sa

 24   frustration à Mladic en raison de la réponse qu'il y avait eu des unités

 25   voisines qui se trouvaient sur ces flancs gauche et droit. Je suppose qu'il

 26   parlait de la passivité manifestée lorsqu'il s'agissait de réagir à cette

 27   situation militaire. A mon avis, il l'a dit de façon tout à fait brillante,

 28   avec beaucoup de confiance, avec beaucoup de force il a dit au général

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  1   Mladic qu'il allait capturer de nouveau Zivkovo Brdo avant 11 heures. Moi,

  2   je me suis dit que c'était tout à fait réaliste ce qu'il disait, mais que

  3   c'était très brave ce qu'il disait. Mais effectivement c'est ce qui s'est

  4   passé quelques heures plus tard.

  5   Q.  Connaissez-vous le village de Pusmulici ?

  6   R.  Je pense que le village s'appelle Pusmulic.

  7   Q.  Je vous remercie de cette précision; est-ce que vous connaissez le

  8   village de Pusmulic ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Où se trouve-t-il par rapport à Zivkovo Brdo ?

 11   R.  Je n'ai pas de carte sous les yeux à l'instant, mais si on vient de

 12   l'endroit où avait commencé l'attaque, ça se trouvait sur la gauche.

 13   Q.  Hier, en réponse à des questions posées par Me Petrusic, vous avez dit

 14   que le 10 juillet, le général Mladic avait exhorté tous les commandants à

 15   aller vers Srebrenica. Pour vous, qu'est-ce que ça voulait dire, est-ce

 16   qu'il disait aux commandants ce 10 juillet qu'ils devaient entrer dans la

 17   ville ou simplement s'en rapprocher ?

 18   R.  Le 10 juillet, j'ai compris qu'il donnait l'ordre aux commandants de

 19   progresser en direction de la ville, de s'en approcher car les positions

 20   qu'ils occupaient sur le champ de bataille étaient encore à ce point

 21   éloignées de Srebrenica qu'on ne pouvait pas raisonnablement s'attendre à

 22   ce que ses forces pénètrent dans Srebrenica à ce moment-là. Il essayait

 23   simplement de les exhorter à se dépêcher pour essayer de faire une percée

 24   et de franchir l'élément de terrain qui était l'objectif immédiat.

 25   Q.  D'après vos souvenirs, est-ce que cet ordre signifiait qu'il fallait

 26   effectivement entrer dans la ville même ?

 27   R.  Je pense que c'est seulement le 11 que cet ordre a été donné, lorsque

 28   nous avons traversé la ville, mais le 11, lorsque j'ai traversé la ville,

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  1   je n'y ai pas vu nos unités. Vraiment, littéralement j'avais l'impression

  2   que le 11, la ville n'était plus défendue et que la 28e Division de l'armée

  3   de Bosnie-Herzégovine avait cessé d'exister, que cette division avait

  4   quitté la ville pour se regrouper surtout dans la partie nord-ouest de

  5   l'enclave.

  6   Q.  Je vous remercie. Le 11 juillet, est-ce que vous avez eu l'occasion de

  7   rencontrer le lieutenant-colonel Pandurevic ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Dans quelles circonstances s'est déroulée cette rencontre ?

 10   R.  Le 11 juillet, l'évolution du combat était telle que nous avons reçu

 11   des renseignements venant du champ de bataille disant que l'ennemi

 12   n'opposait plus de résistance où que ce soit. Certaines de nos unités

 13   avaient pris du retard, elles étaient encore assez loin, et il a fallu les

 14   transporter par route pour qu'elles se rapprochent le plus possible de la

 15   ligne de front. Le général Krstic, en effet je connaissais bien ce terrain,

 16   et Krstic m'a envoyé dans la zone de Alibegovac, où j'étais censé emmener

 17   une compagnie de la 2e Brigade de Romanija qui aurait eu beaucoup de mal à

 18   progresser dans ce terrain tellement hostile; en plus avec toute la

 19   distance qu'il y avait à couvrir pour les mené à Jasenova et Zeleni Jadar

 20   dans cette zone qui leur permettrait de rejoindre les activités de combat

 21   dans cette zone car ils avaient pris beaucoup de retard, ces hommes. Après

 22   avoir fait ça, entre les villages de Rajna et celui de Bojna, j'ai

 23   rencontré le lieutenant-colonel Pandurevic, qui était avec l'homme chargé

 24   des transmissions, et il se trouvait dans son abri improvisé, un abri de

 25   fortune.

 26   Nous avons parlé. Je lui ai parlé de cette unité qui devait maintenant être

 27   l'unité voisine qu'il avait sur son flanc gauche, et à ce moment-là les

 28   avions de l'OTAN ont survolé l'endroit où nous étions. Et je me souviens

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  1   qu'une bombe a été larguée, est tombée tout près de l'endroit où on était

  2   sur la route allant de Zeleni Jadar à Srebrenica, et le pare-brise de la

  3   jeep du commandant de l'unité de manœuvre, Jolovic, a volé en éclats. Ce

  4   jour-là, le 11, j'ai rencontré le lieutenant-colonel Pandurevic.

  5   Q.  Merci. Je n'ai que quelques questions à vous poser s'agissant des

  6   opérations de combat qui se sont déroulées entre le 6 et le 11 juillet.

  7   Est-ce que, grâce à des transmissions effectuées sur le terrain, vous avez

  8   appris qu'il y avait des positions de la 28e Division qui étaient proches

  9   des postes d'observation des Nations Unies ?

 10   R.  Pendant l'attaque menée par nos forces sur la route Zeleni Jadar et

 11   Srebrenica, près de ces trois points qui n'avaient pas de noms de ce qu'on

 12   appelait les trois seins, il y avait un point trigonométrique surnommé

 13   Biljeg, et c'est là que se trouvait un poste d'observation des Nations

 14   Unies. Je suivais les transmissions radio, c'est ainsi que je suivais les

 15   communications des commandants subordonnés avec le général Krstic

 16   concernant le problème que posait cette hauteur surnommée Biljeg car se

 17   trouvait là un poste d'observation des Nations Unies.

 18   Le général Krstic n'a pas pensé qu'il était intéressant pour lui d'avoir

 19   des complications avec la situation de la FORPRONU. Il a donc donné l'ordre

 20   à ses commandants de les contourner par tous les moyens possibles, en

 21   utilisant l'infanterie ou autre chose. Mais les commandants se sont plaints

 22   du fait que les formations de la 28e Division qui se défendaient dans la

 23   zone s'étaient infiltrées dans les abris improvisés de la FORPRONU et que

 24   c'est de là qu'ils tiraient sur nos unités. Ce qui compliquait grandement

 25   la situation de combat.

 26   Q.  Vous avez déjà décrit les ordres donnés par le général Krstic en ce qui

 27   concerne la FORPRONU, je ne vais donc pas vous reposer ces questions. Qu'en

 28   est-il des cibles se trouvant à l'intérieur de la ville même de Srebrenica

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  1   ? Est-ce que vous avez entendu quoi que ce soit qui laisserait entendre

  2   qu'il y avait des tirs d'artillerie dirigés sur la ville de Srebrenica ?

  3   R.  Le soutien que nous avions pour l'opération de Srebrenica c'était une

  4   unité qui se trouvait dans le plan de transmission, c'était un régiment

  5   d'artillerie mixe, je me souviens que le colonel Borovina commandait ce

  6   régiment et qu'en vue de cette opération se produisant sur cette partie-là

  7   du théâtre de guerre, nous n'avions que deux pièces d'artillerie, des

  8   obusiers de 50-millimètres, je pense que les commandants des unités

  9   subordonnées --

 10   L'INTERPRÈTE : Correction des interprètes, le calibre était 150-

 11   millimètres.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] -- et le commandant a demandé du soutien sur

 13   l'axe d'attaque simplement de façon à ce que l'artillerie puisse réduire la

 14   résistance qu'il y avait éventuellement. Il n'était pas nécessaire de

 15   demander le pilonnage en profondeur de certaines parties du territoire, ici

 16   je pense à la ville même de Srebrenica, ce n'était pas nécessaire.

 17   M. HAYNES : [interprétation]

 18   Q.  Merci. Nous avons très brièvement évoqué le village de Pusmulic. Est-ce

 19   que par le centre de transmission vous vous êtes vite rendu compte qu'à un

 20   moment donné cette zone avait été utilisée comme position de défense par

 21   les forces de la 28e Division ?

 22   R.  Je ne me souviens pas particulièrement de ces détails-là.

 23   Q.  Je vous remercie. Une dernière chose. Je suppose que vous avez vu bon

 24   nombre des effectifs qui avaient été rassemblés afin de mener cette

 25   opération Krivaja 95. Est-ce que vous avez jamais vu des effectifs du VRS

 26   qui auraient eu des chiens avec eux ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Je vous remercie. Passons maintenant à la réunion qui a eu lieu le 11

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  1   juillet à Bratunac. Vous souvenez-vous aujourd'hui des personnes qui

  2   étaient présentes à cette réunion ?

  3   R.  C'était le général Mladic qui avait présidé cette réunion. A gauche, à

  4   droite de lui se trouvaient les généraux Zivanovic et Krstic. Je m'en

  5   souviens, je l'ai déjà dit d'ailleurs, je ne sais pas, il y avait beaucoup

  6   de commandants qui n'étaient pas là, enfin un ou deux, mais je le répète,

  7   la plupart des commandants qui participaient à l'opération Krivaja 95

  8   étaient présents. Le lieutenant-colonel Furtula était là aussi; il

  9   commandait la Brigade de Visegrad, laquelle n'avait pourtant pas participé

 10   à l'opération. Et je me souviens, bien entendu, parfaitement de la présence

 11   du lieutenant-colonel Pandurevic.

 12   Q.  Qui a pris la parole à cette réunion ?

 13   R.  C'est surtout le général Mladic qui a parlé lors de cette réunion. Il a

 14   fait une brève description de la situation qui se présentait à ce moment-

 15   là. Il était satisfait des succès militaires remportés, et une fois cette

 16   analyse faite par lui, il a dit que le lendemain toutes les unités qui

 17   avaient participé à l'attaque de Srebrenica, ou plutôt à l'opération

 18   Krivaja 95, devaient se regrouper pour aussitôt se mettre en route pour

 19   commencer l'attaque de Zepa.

 20   Q.  Est-ce que le lieutenant-colonel Pandurevic est intervenu lui aussi à

 21   cette réunion ?

 22   R.  D'après ce dont je me souviens, le lieutenant-colonel Pandurevic est

 23   intervenu. Je me souviens très bien de ce qu'il a dit au général Mladic.

 24   Q.  Vous l'avez peut-être déjà dit de façon synthétique auparavant, mais

 25   pourriez-vous nous rappeler ce qu'il a dit ?

 26   R.  Le lieutenant-colonel Pandurevic a décrit une situation, la suivante :

 27   on ne savait pas exactement où se trouvait la 28e Division. Nous n'avions

 28   pas de renseignements précis et il pensait que cette division continuait de

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  1   représenter un danger en puissance puisque la situation restait très floue.

  2   Si cette division voulait faire une percée vers Tuzla, ça pourrait poser de

  3   graves problèmes pour Srebrenica, en tout cas pour les forces qu'on avait

  4   autour de Srebrenica et en profondeur vers Tuzla. Il a dit au général

  5   Mladic que ce serait une bonne idée de rendre la situation militaire à

  6   Srebrenica plus claire, de façon à ce que plus tard il soit possible

  7   d'exécuter les ordres qu'il avait donnés.

  8   Q.  Et qu'a répondu Mladic ?

  9   R.  Le général Mladic a écouté la proposition qu'il avait faite et

 10   d'emblée, il a dit : "Indépendamment de cela, tout le monde doit partir

 11   vers Zepa."

 12   Q.  Est-ce qu'il était inhabituel qu'un officier, disons inférieur, tienne

 13   tête de cette façon au général Mladic ?

 14   R.  Le général Mladic était un commandant très autoritaire, il était

 15   inusité pour nous de voir que quelqu'un qui était inférieur en rang, par

 16   exemple, exprimer une proposition tellement évidente et tellement

 17   rationnelle face à des généraux comme le général Krstic ou le général

 18   Zivanovic, ou face aux autres colonels.

 19   Q.  Est-ce que cette réunion a eu lieu à la veille d'une fête religieuse

 20   particulière ?

 21   R.  Cette réunion a eu lieu le 11 juillet, le 12 juillet, d'après le

 22   calendrier chrétien, c'est la Saint-Pierre. C'est à ça que vous pensez ?

 23   Q.  Ce n'est pas à moi qu'il revient de répondre à votre question, mais

 24   vous avez répondu à la mienne. Est-ce qu'il y a une tradition culinaire

 25   particulière ce jour-là, le jour de la Saint-Pierre ?

 26   R.  Dans la tradition chrétienne, la Saint-Pierre est la fin d'un carême ou

 27   d'un jeûne important. Et le 11 juillet, étant la fin du carême ou du jeûne,

 28   les fidèles chrétiens mangent le genre de nourriture qui convient à un jour

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  1   de carême.

  2   Q.  Est-ce qu'il y a eu un repas avant la réunion du 11 juillet ?

  3   R.  Je ne me souviens pas qu'il y ait eu un repas avant la réunion, mais

  4   vers la fin de la réunion, lorsque j'ai reçu un ordre du général Mladic,

  5   lorsque la réunion étant terminée tout le monde s'est levé pour vaquer à

  6   ses occupations respectives, tout d'un coup la porte d'un bureau qui était

  7   plus grand s'est ouverte et quelqu'un a appelé Zvonko Bajagic. J'ai entendu

  8   dire que c'était un homme de Vlasenica qui travaillait dans la logistique

  9   et il avait à bout de bras un énorme plateau avec un poisson dessus. J'ai

 10   trouvé ça tout à fait inhabituel dans le monde militaire, donc je m'en

 11   souviens, mais pour moi, c'était un lien qu'il y avait avec ce jour de

 12   jeûne. Après quoi je suis aussitôt parti, j'ai quitté les lieux.

 13   Q.  Merci. Est-ce que vous avez le moindre doute quant à la date de cette

 14   réunion, était-ce bien le 11 juillet ?

 15   R.  Je n'ai aucun doute et je n'en ai jamais eu. Je suis sûr que ça s'est

 16   passé le 11 juillet.

 17   Q.  Merci. Tirons au clair quelques détails. Vous nous avez dit que vous

 18   aviez été envoyé à Krivace le 11 juillet. Est-ce que vous y êtes allé

 19   directement, ou est-ce que vous avez fait une halte ailleurs d'abord avant

 20   d'y aller ?

 21   R.  Le 11 juillet, il devait être 24 heures, je suis arrivé au commandement

 22   du Corps de la Drina à Vlasenica, celui-ci se trouvait sur la route qui va

 23   vers Han Pijesak et Krivace. Je me suis arrêté là pour voir l'officier de

 24   service pour faire le point de la situation. Je devais faire réparer un

 25   véhicule, celui que nous utilisions pour transporter le centre de

 26   transmission mobile. Je sais que j'étais beaucoup plus mobile au moins que

 27   les unités qui se trouvaient à Srebrenica et je savais que je pourrais

 28   arriver dans la zone de Zepa avant ces unités. C'est pour cela que j'ai

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  1   décidé de donner un peu de répit à mes hommes, pour nous réapprovisionner

  2   en matériel, pour aussi recharger nos générateurs, nos groupes

  3   électrogènes, puis pour voir ce qui se passait pour faire un suivi de la

  4   situation, pour aller à Zepa le lendemain.

  5   Q.  Est-ce bien ce que vous avez fait ?

  6   R.  Oui, c'est ce que j'ai fait. Le lendemain au matin, j'étais déjà au

  7   poste de commandement avancé à Krivace, qui se trouve entre Han Pijesak et

  8   Zepa.

  9   Q.  Quand est-ce que vous avez établi ces transmissions depuis Krivace et

 10   le commandement du corps à Vlasenica ?

 11   R.  Tout de suite dès notre arrivée le 12 juillet.

 12   Q.  Et avez-vous obtenu un contact avec le commandement du corps ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Dites-nous : qu'avez-vous compris à quoi s'employaient les forces qui

 15   avaient déjà accompli l'opération Krivaja 95 à la date du 12 juillet ?

 16   R.  J'ai trouvé la chose plutôt inhabituelle étant donné que le général

 17   Mladic avait donné l'ordre le 11 juillet disant que le lendemain il fallait

 18   que tout le monde aille à Zepa et que les unités ayant participé à Krivaja

 19   95, j'étais surpris de ne pas les voir faire leur apparition à Zepa d'ores

 20   et déjà.

 21   Q.  Quand sont-elles arrivées à Zepa, ces unités ?

 22   R.  Elles sont arrivées dans le secteur où on les attendait près de Zepa,

 23   pour l'essentiel, toutes dans la nuit du 13 au 14 juillet. Entre-temps,

 24   j'ai appris que dans cette espace vers Vijogora, entre Milici, et

 25   Podravanje, et Suceska, il y a eu un ratissage du terrain, et les effectifs

 26   ont pris du repos, puis il y a eu un alignement et une brève rencontre avec

 27   le général Mladic. Suite à cela, c'est en colonnes de marche que par des

 28   axes différents ils ont pris la route, et du fait d'avoir redouté des

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  1   bombardements, ils ont entendu la nuit pour se déplacer et pour lancer des

  2   opérations d'attaque dans ce secteur de Stupcanica 95.

  3    Q.  Merci. Je voudrais que nous nous penchions sur un document que nous

  4   avons déjà eu l'occasion de voir.

  5   M. HAYNES : [interprétation] Il s'agit de la pièce P114.

  6   Q.  J'imagine que vous reconnaissez ce document, Monsieur Jevdjevic ?

  7   R.  Oui. Je ne l'ai jamais obtenu en personne mais j'ai eu l'occasion de le

  8   voir lors de mon récolement en vue du témoignage.

  9   Q.  Veuillez nous indiquer qui a rédigé ce document ?

 10   R.  Ce document est signé me semble-t-il par le général Krstic, c'est

 11   probablement ce qui figure à la dernière page dudit document. Mais

 12   probablement suite à un ordre de sa part et suite à des instructions de sa

 13   part, le document a-t-il été rédigé par le colonel Vicic qui a sans cesse

 14   été aux côtés du général Krstic, tant à l'occasion de l'opération Krivaja

 15   95 ainsi qu'à l'occasion de l'opération Stupcanica 95.

 16   Q.  Ce colonel Vicic, on sait que sa position, ses fonctions changeaient

 17   vers cette période. Dites-nous je vous prie quelles étaient ses fonctions

 18   en début juillet 1995 ?

 19   R.  Je ne sais pas être trop précis. Il me semble qu'il faisait partie des

 20   instances opérationnelles. Mais s'agissant de ces deux opérations-là, il

 21   avait bénéficié de la confiance du général Krstic parce que c'était un

 22   officier formé d'avant-guerre qui connaissait bien les tâches qui

 23   relevaient du domaine de ses compétences. Je sais qu'il a sans cesse été

 24   intégré à ces deux opérations-là.

 25   Q.  Une fois que le général Krstic est devenu le commandant du Corps de la

 26   Drina, quelles étaient alors les fonctions de ce colonel Vicic ?

 27   R.  Je crois qu'il est devenu responsable du département opérationnel au

 28   sein du commandement du Corps de la Drina.

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  1   Q.  A-t-il joué un rôle concret dans cette opération Krivaja 95 et

  2   Stupcanica 95 ?

  3   R.  En termes simples, c'était quelqu'un qui était au service du général

  4   Krstic. C'est à lui qu'arrivait toute l'information en provenance des

  5   champs de bataille. C'est lui qui rédigeait les rapports et c'est lui qui

  6   recevait les ordres du général Krstic. Donc les idées qui étaient formulées

  7   par ce dernier c'était lui qui les mettait sur papier et qui était chargé

  8   de la correspondance avec les autres.

  9   Q.  Fort bien, on va laisser ça de côté maintenant. Ce poste de

 10   commandement avancé à Krivace, pouvez-vous me dire quelle était la

 11   possibilité d'observer visuellement le territoire où les combats avaient eu

 12   lieu ?

 13   R.  Krivace c'est une côte en surélévation devant laquelle il y a une très

 14   bonne vue vis-à-vis du terrain entier de ce qu'on appelle l'enclave de Zepa

 15   et l'extérieur de cette enclave. C'est une région fort accidentée et dans

 16   la plupart des cas fort arborisée.

 17   Q.  Est-ce que vous avez connaissance, non seulement du point de vue des

 18   systèmes de communication mais aussi sur le plan visuel, s'il y a eu

 19   arrivée des unités commandées par le lieutenant-colonel Pandurevic dans les

 20   environs de Zepa ?

 21   R.  Oui, devant nous il y avait une grande clairière où il y avait

 22   Podzeplje et un autre village, et on pouvait clairement voir, j'ai vu de

 23   mes yeux l'arrivée des unités de la Brigade de Zvornik. C'était une unité

 24   caractéristique parce qu'ils disposaient de plusieurs véhicules qui étaient

 25   utilisés à des fins de combat, puisqu'ils transportaient des mitrailleuses

 26   de combat et ils étaient stationnés à Podzeplje et on plaçait là leur poste

 27   de commandement avancé.

 28   Q.  A quelle date cela s'est-il produit ?

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  1   R.  Ça s'est passé vers le 14 dans la matinée.

  2   Q.  Est-ce que ces unités ont eu des activités de combat et si oui,

  3   lesquelles, à la date du 14 je veux dire ?

  4   R.  Ce jour-là, il y a eu avancée jusqu'à la ligne de développement,

  5   jusqu'à la partie avant de la défense de l'ennemi. C'était un secteur assez

  6   éloigné parce que le village de Podzeplje qui était placé sous notre

  7   contrôle à nous et le mont Brloska où se trouvaient les endroits où les

  8   positions supposées -- Brloska, le mont Brloska où l'on a supposé que se

  9   trouvaient les premières positions de la défense de la Brigade de Zepa se

 10   trouvaient être éloignées l'une de l'autre. Ce qui fait que ce n'est qu'au

 11   soir ou à l'orée de la nuit que nos unités ont pu se rapprocher des unités

 12   de la Brigade de Zepa. Toute la durée de cette journée du 14, il y a eu ce

 13   type d'activités. Il n'y a pas eu d'autres affrontements mis à part

 14   quelques tirs isolés et des patrouilles de reconnaissance effectuées en

 15   force.

 16   Q.  Merci. Nous avons déjà parlé du commandant Dragan Obrenovic. Est-ce une

 17   personne que vous avez connue et que vous connaissez toute votre vie durant

 18   pratiquement ?

 19   R.  Oui, nous sommes littéralement venus du même village. Nous sommes de la

 20   même génération et nous avons fait toutes nos classes ensemble depuis

 21   l'école primaire jusqu'à l'académie militaire.

 22   Q.  Ce jour du 14 juillet 1995, étiez-vous en contact avec lui ?

 23   R.  Oui, on a eu une conversation téléphonique à la date du 14 juillet.

 24   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire à quelle heure cette communication a

 25   eu lieu ?

 26   R.  Je sais très bien que ça a eu lieu le 14, je ne sais pas vous dire

 27   l'heure. Mais je sais de quoi nous avons parlé.

 28   Q.  Mais dites-nous à peu près, était-ce le matin, le midi, le soir ?

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  1   R.  De mon avis, il serait logique de supposer que ce n'était ni le matin,

  2   ni le soir, mais disons vers la mi-journée plus ou moins.

  3   Q.  La question peut vous paraître étrange, mais pourquoi pensez-vous qu'il

  4   vous a contacté ?

  5   R.  Le commandant Obrenovic, puisqu'il était commandant à l'époque, m'a

  6   contacté et en termes simples je dirais qu'il était fort préoccupé. Il m'a

  7   dit que la situation militaire dans le secteur de Zvornik se présentait de

  8   façon très défavorable parce qu'il avait obtenu des informations parlant

  9   d'une énorme colonne de la 28e Division qui essayait d'opérer une percée de

 10   l'encerclement au travers des zones de la défense de son unité et ses

 11   patrouilles de reconnaissance avaient déjà eu des contacts rapprochés avec

 12   cette colonne. Il disait qu'il n'avait pas suffisamment d'hommes pour

 13   pouvoir réaliser avec succès l'emploi de ses effectifs à cette fin. J'ai

 14   l'impression qu'il s'est déjà entretenu avec quelqu'un au niveau du

 15   commandement du corps. Suite à cela, il m'a dit, j'ai le sentiment que le

 16   commandement supérieur ne me comprend pas, ils ne comprennent pas de façon

 17   suffisante l'énormité du problème auquel je dois faire face. Il m'a dit, tu

 18   sais bien que je n'ai pas peur, que je ne suis pas un lâche, mais c'est un

 19   problème de taille et je te prie de le faire savoir d'une façon ou d'une

 20   autre au général Krstic et il faut qu'il prenne des décisions concernant

 21   l'accomplissement de cette mission et qu'il renvoie ce groupe de combat qui

 22   était commandé à Zepa par le lieutenant-colonel Pandurevic.

 23   Au poste de commandement avancé, approximativement à une dizaine de mètres

 24   de moi se trouvait justement le général Krstic, et il était plutôt

 25   inhabituel de voir le commandant Obrenovic parler de ce problème à moi.

 26   Mais il l'a fait en termes simples parce qu'il avait jugé que les officiers

 27   supérieurs n'avaient pas pris la chose au sérieux ou suffisamment au

 28   sérieux, et étant donné que je me trouvais moi plus près du général Krstic

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  1   et que c'était quelqu'un que je connaissais, et que je connaissais

  2   Obrenovic aussi fort bien, que je serais plus à même de façon plastique à

  3   illustrer l'envergure du problème auprès du général Krstic.

  4   Q.  Merci, Monsieur Jevdjevic. L'avez-vous fait alors ?

  5   R.  Oui, j'ai raconté tout cela au général Krstic.

  6   Q.  Quelle a été la réponse du général Krstic ?

  7   R.  Je pense qu'à ce moment-là le général Krstic lui-même, du point de vue

  8   militaire, devait forcément se douter de la réalité du problème auquel

  9   devait faire face le commandant Obrenovic. Mais il devait faire face lui à

 10   un autre problème. Si pour résoudre ledit problème il renvoyait le

 11   lieutenant-colonel Pandurevic avec son unité, cela perturberait toute sa

 12   conception à lui pour ce qui est des opérations d'attaque à Stupcanica 95,

 13   et il a longuement hésité pour ce qui est de ce qu'il convenait de faire

 14   avec ces deux problèmes survenus à deux bouts différents tenus par les

 15   effectifs du corps d'armée.

 16   Q.  Donc c'est dans l'après-midi de ce 14 juillet qu'il a eu à prendre une

 17   décision, laquelle ?

 18   R.  Ce 14 juillet, il était encore en train de soupeser la situation; je ne

 19   me souviens pas d'une décision qu'il aurait prise dans le concret au sujet

 20   de la requête faite par Obrenovic.

 21   Q.  Mais a-t-il donné l'ordre au lieutenant-colonel Pandurevic de retourner

 22   à Zvornik le 14 juillet ?

 23   R.  Pas le 14.

 24   Q.  Mais a-t-il convoqué le lieutenant-colonel Pandurevic pour que celui-ci

 25   vienne au poste de commandement avancé aux fins de discuter de ce problème

 26   avec lui ce 14 juillet ?

 27   R.  Non. Le lieutenant-colonel Pandurevic se trouvait assez loin en

 28   direction des monts Brloska en train de procéder à des reconnaissances

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  1   forcées, et c'était la première des journées de l'utilisation de ses unités

  2   dans cette opération de Stupcanica 95, ce qui fait que ce jour-là le

  3   général Krstic, s'agissant du problème survenu à Zvornik, n'avait eu aucun

  4   contact avec le lieutenant-colonel Pandurevic.

  5   Q.  Vers quelle heure le 14 juillet au soir le général Krstic a-t-il quitté

  6   le poste de commandement avancé ?

  7   R.  Le général Krstic ce soir-là, une fois qu'il a reçu les rapports pour

  8   ce qui est de la situation au front et lorsqu'il était certain que la

  9   situation se présentait bien, alors c'est là qu'il partait vers un village

 10   voisin pour voir les parents de son épouse et il y passait la nuit parce

 11   qu'il avait des problèmes évidents avec sa prothèse qu'on lui a installée

 12   après sa blessure et après l'amputation de sa jambe.

 13   Q.  Merci, mais il me semble que vous n'avez pas répondu à ma question,

 14   vous n'avez pas dit à quelle heure ?

 15   R.  C'est le soir qu'il partait, toujours vers 9 heures, 10 heures. C'est

 16   donc vers 9 heures, 10 heures qu'il quittait le poste de commandement

 17   avancé, vers cette heure-là.

 18   M. HAYNES : [interprétation] J'aimerais qu'on montre maintenant en

 19   affichage électronique plusieurs documents. D'abord le P169.

 20   Q.  Il s'agit ici d'un rapport envoyé au commandement du Corps de la Drina

 21   daté du 14 juillet, l'heure est de 22 heures 30. Alors est-ce que ce

 22   rapport est arrivé au poste de commandement avancé de Krivace au soir du 14

 23   ?

 24   R.  Oui. Ce rapport qui porte la mention "très urgent, destiné à Krstic"

 25   est arrivé à 22 heures 30. Ça a été réceptionné et c'est signé par mon

 26   encodeur, Oliver Sekulic, mon soldat chargé du codage.

 27   Q.  Le général Krstic a-t-il vu ce message avant de s'en aller ?

 28   R.  Non, ce document est arrivé une fois lui parti du poste de commandement

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  1   avancé.

  2   M. HAYNES : [interprétation] Penchons-nous maintenant sur le document

  3   suivant, le P327.

  4   Q.  Ceci est un rapport de combat extraordinaire en provenance de la

  5   Brigade de Zvornik destiné au Corps de la Drina daté du 15 juillet très tôt

  6   le matin à 1 heure 10. Est-ce que ceci est arrivé au poste de commandement

  7   avancé à Krivace ? 

  8   R.  Ici je n'ai pas eu la possibilité de m'en rendre compte par moi-même,

  9   mais je suppose que comme cette information était destinée au général

 10   Krstic, l'un quelconque de ses assistants ou l'agent opérationnel de

 11   permanence du commandement de corps à Vlasenica a dû transmettre ceci au

 12   poste de commandement avancé de Krivace puisqu'à ce moment-là c'était un

 13   document fort important.

 14   Q.  Le matin d'après, le 15 juillet, est-ce que vous pouvez nous indiquer à

 15   quelle heure le général Krstic est arrivé au poste de commandement avancé ?

 16   R.  Le général Krstic arrivait au poste de commandement avancé le matin

 17   vers 7 heures, des fois un peu plus tôt, des fois un peu plus tard.

 18   M. HAYNES : [interprétation] Penchons-nous maintenant sur le document P163.

 19   Q.  Il s'agit d'un rapport du 4e Peloton de reconnaissance radio qui décrit

 20   la situation dans les environs de Zvornik, et s'adressait au commandement

 21   du Corps de la Drina. Est-ce que ce document est arrivé au poste de

 22   commandement avancé au matin de ce 15 juillet 1995 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Une fois que le général Krstic est arrivé au poste de commandement

 25   avancé au matin du 15 juillet, lui a-t-on donné ces trois documents

 26   concernant la situation à Zvornik ?

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection, il s'agit d'une question

 28   directrice.

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  1   M. HAYNES : [interprétation] Non, ce n'est pas le cas, puisque la réponse

  2   peut être oui ou non. Une question directrice est celle qui suggère la

  3   réponse à fournir.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, mais c'est tout de même le cas parce

  5   qu'il s'agit d'un certain nombre de documents qui proviennent du conseil.

  6   Je ne vois pas pourquoi on doit poser la question pour les trois ?

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il y a un désaccord.

  8   Au début, j'ai pensé que ce n'était pas une question directrice. Mais comme

  9   vous vous référez à trois documents, cela laisse entendre qu'il y a une

 10   certaine suggestion --

 11   M. HAYNES : [interprétation] Bon, je vais aller de l'avant.

 12   Q.  Quand est-ce que le général Krstic a reçu des informations au sujet de

 13   la situation telle qu'elle se présentait à Zvornik lorsqu'il est arrivé à

 14   son poste le matin du 15 ?

 15   R.  Chaque matin lorsqu'il arrivait au poste de commandement avancé, le

 16   général Krstic prenait immédiatement connaissance de la situation sur le

 17   front, et on lui montrait de coutume la totalité des télégrammes qui

 18   arrivaient pendant son absence au poste de commandement avancé. Cela fait

 19   qu'il a eu l'occasion de lire tous les télégrammes et de prendre

 20   connaissance de la situation au complet.

 21   Q.  Merci, Monsieur Jevdjevic. Mais ce matin concret, lui a-t-on attiré

 22   l'attention sur la situation telle qu'elle se présentait à Zvornik ?

 23   R.  Oui. Il a mis l'accent de toutes ses activités dans la lecture des

 24   documents sur cette situation à laquelle devait faire face le commandement

 25   de la Brigade à Zvornik.

 26   Q.  Alors pour satisfaire à toutes les curiosités des uns et des autres,

 27   est-ce qu'on lui a remis les deux, trois, quatre, ou cinq documents en même

 28   temps ?

Page 29620

  1   R.  On lui a donné tous les documents, les trois documents que nous venons

  2   d'évoquer à l'instant.

  3   Q.  Et quelle a été sa réaction ?

  4   R.  Il a été fort préoccupé. Et c'est là qu'il a pris sa décision. Il m'a

  5   donné l'ordre d'établir une communication radio pour convoquer au poste de

  6   commandement avancé le commandant de ce groupe de Zvornik, à savoir le

  7   lieutenant-colonel Vinko Pandurevic.

  8   Q.  Et le lieutenant-colonel Pandurevic s'est-il exécuté ?

  9   R.  Oui. Il est arrivé avec son véhicule et son escorte au poste de

 10   commandement avancé.

 11   Q.  Et combien de temps s'est-il passé entre l'examen des documents et son

 12   arrivée ?

 13   R.  Il est arrivé au bout d'une demi-heure à bord de son véhicule.

 14   Q.  Et y a-t-il eu un entretien quelconque, ou est-ce que le général Krstic

 15   a tout simplement donné ses ordres ?

 16   R.  Le général Krstic lui a brièvement présenté la situation telle qu'elle

 17   venait de survenir dans le secteur de Zvornik. Il lui a parlé des documents

 18   qu'il a réceptionnés et qui parlaient desdits problèmes, puis il lui a

 19   donné l'ordre en disant que c'était la seule façon de procéder que de faire

 20   en sorte que l'unité totale, s'étant réunie à Stupcanica, soit tout de

 21   suite renvoyée dans le secteur de Zvornik pour aider à surmonter le

 22   problème en question. Je sais que suite à cet entretien, le lieutenant-

 23   colonel Pandurevic souhaitait en personne prendre connaissance de la

 24   situation telle qu'elle se présentait à Zvornik même, et il m'a demandé

 25   d'établir une communication avec le commandement de la Brigade de Zvornik,

 26   et par l'autre système de transmission, il a contacté ses commandants qui

 27   étaient sur le front en direction de Zepa pour leur donner les ordres

 28   préparatoires qu'il fallait.

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  1   Q.  Et au meilleur de votre souvenir, à quelle heure cela s'est-il produit

  2   dans la matinée ?

  3   R.  Il devait être à peu près 8 heures 30 du matin, c'est donc à ce moment-

  4   là qu'il s'est entretenu avec le commandement de sa brigade.

  5   Q.  Je vous remercie, Monsieur Jevdjevic. J'en viens presque au bout mais

  6   l'heure est venue de faire la pause.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes près de combien ? Parce que

  8   si c'est cinq minutes, on peut continuer.

  9   M. HAYNES : [interprétation] Il pourrait s'agir d'une dizaine de minutes

 10   parce qu'il y a des documents d'impliqués.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors nous allons faire notre pause. 25

 12   minutes de pause.

 13   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 14   --- L'audience est reprise à 11 heures 00.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à

 17   tous. Juste une petite remarque. Maintenant que nous nous rapprochons du

 18   contre-interrogatoire, pourrions-nous, s'il vous plaît, aller en audience à

 19   huis clos partiel.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, bien sûr, allons en audience à

 21   huis clos partiel, pour un instant, s'il vous plaît.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

 23   partiel.

 24   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Page 29622 expurgée. Audience à huis clos partiel.

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 27   [Audience publique]

 28   M. HAYNES : [interprétation]

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  1   Q.  Revenons au point où nous nous étions interrompus avant la suspension

  2   de séance. Nous nous trouvions au poste de commandement avancé à Krivace,

  3   et vous étiez en train de nous décrire comment le lieutenant-colonel

  4   Pandurevic se mettait en contact avec sa brigade à Zvornik. Vous vous

  5   rappelez cela ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  En quelque sorte, pour servir d'aide-mémoire pour vous aider, je

  8   souhaiterais vous montrer quelques documents pour voir si ça vous rappelle

  9   ce qui s'est passé au cours de cette matinée.

 10   M. HAYNES : [interprétation] Je souhaiterais que l'on présente, que l'on

 11   commence avec le P1171A pour l'anglais, P1171B pour le B/C/S. Le 1171, je

 12   me suis trompé. Je recommence.

 13   Q.  Bien. On va voir tout de suite le système. Vous savez d'expérience,

 14   puisque vous êtes venu précédemment au Tribunal, que certaines

 15   communications sur la ligne non protégée auraient été interceptées par

 16   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Vous en avez entendu parler, n'est-ce pas ? 

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Nous avons là un exemple de ceci, regardez au bas de la page, on dit

 19   que ceci a eu lieu à 8 heures 34 dans la matinée du 15 juillet. Avez-vous

 20   quelques souvenirs, savez-vous si vous avez participé à une conversation

 21   dans laquelle on vous aurait dit que Semso demandait à parler à Vinko

 22   Pandurevic en laissant un numéro de téléphone ?

 23   R.  Il a quitté cette fréquence sur laquelle ils auraient dû se parler et

 24   très probablement, pour autant que je me rappelle cet événement, ce

 25   commandant Semso Muminovic, qui se trouvait du côté de Tuzla, dans ce

 26   secteur de responsabilité, zone de responsabilité entre la Brigade de

 27   Zvornik et le Corps de Tuzla avait probablement déjà eu certaines

 28   communications avec le lieutenant-colonel Pandurevic et je pense qu'il

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  1   pouvait y avoir la possibilité que quelqu'un m'ait parlé et m'ait transmis

  2   ce message en me demandant d'essayer de trouver le lieutenant-colonel

  3   Pandurevic pour lui dire que ce Semso Muminovic demandait à lui parler.

  4   Q.  Je vous remercie.

  5   M. HAYNES : [interprétation] Pourrait-on voir le document P1173; lettre A

  6   pour l'anglais et lettre B pour le serbe. Excusez-moi. Est-ce qu'on

  7   pourrait également voir le D en B/C/S parce que cela nous donne la date

  8   alors que ce n'est pas le cas pour le document B.

  9   Q.  Je crois qu'en fait on peut passer cela assez rapidement. Vous avez

 10   déjà vu ce document précédemment, n'est-ce pas ? C'est encore une

 11   transcription d'une écoute, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et ceci correspond bien à vos souvenirs concernant l'un des appels qui

 14   a été passé par le lieutenant-colonel Pandurevic au poste de commandement

 15   avancé dans la matinée du 15, ou 14 ou 15 juillet ?

 16   R.  Je me souviens que j'ai établi des communications pour lui avec le

 17   commandement de la Brigade à Zvornik et qu'il n'a pas trouvé le commandant

 18   Obrenovic là-bas à ce moment-là, son chef d'état-major. Et je sais qu'il a

 19   parlé à certains officiers de son commandement et qu'ils ont discuté de la

 20   situation relative au combat. Mais je ne savais pas à l'époque précisément

 21   à quel officier il a parlé, avec qui il s'est entretenu. Tandis qu'ici, je

 22   vois qu'il y avait Milosevic et Mijatovic. Et je les connaissais tous deux.

 23   M. HAYNES : [interprétation] Juste pour que le tableau soit complet,

 24   pourrait-on présenter le P1174; le A pour l'anglais, le B pour le B/C/S. Je

 25   crois qu'on le voit déjà pour le B/C/S et donc je vais poursuivre pour ma

 26   question.

 27   Q.  Est-ce que vous vous rappelez un appel qui a été passé par le

 28   lieutenant-colonel Pandurevic ou peut-être davantage, plus d'un appel à

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  1   partir du poste de commandement avancé ce matin-là ?

  2   R.  Mais vous voulez parler de quel poste de commandement avancé ?

  3   Q.  Celui de Krivace.

  4   R.  Ce matin-là, lorsque le général Krstic a expliqué à Vinko quelle était

  5   la situation dans le secteur de sa Brigade de Zvornik et lui a donné pour

  6   ordre de revenir avec l'unité depuis Zepa de façon à pouvoir régler la

  7   partie militaire de cette situation, Vinko a demandé un complément

  8   d'information, des renseignements supplémentaires, et il a demandé à

  9   pouvoir se mettre en contact avec son commandant personnellement et son

 10   commandement à Zvornik. Il a parlé à certains officiers du commandement de

 11   sa brigade de ses problèmes et c'est tout ce que je savais personnellement

 12   à l'époque parce que je me trouvais là.

 13   Q.  Je vous remercie. Maintenant je voudrais simplement essayer de résumer

 14   les événements qui se sont passés au poste de commandement avancé dans la

 15   matinée du 15 juillet. Avez-vous vu des documents qui auraient été reçus

 16   sur le téléscripteur et qui aient parlé de prisonniers de guerre, où il eut

 17   été question de prisonniers de guerre ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Est-ce que quoi que ce soit dans les conversations entre le général

 20   Krstic et le lieutenant-colonel Pandurevic concernait des prisonniers de

 21   guerre ?

 22   R.  Absolument pas.

 23   Q.  D'après ce que vous avez entendu que disait le lieutenant-colonel

 24   Pandurevic à Milosevic ou à Mijatovic ou Jokic, on peut voir qu'il leur a

 25   parlé lors d'une de ces conversations, est-ce que l'une quelconque de ces

 26   conversations concernait les prisonniers de guerre ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Juste pour que le tableau soit bien complet, est-ce que le lieutenant-

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  1   colonel Pandurevic a retiré ses unités de Zepa ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que c'était un processus simple, ou est-ce que ça a pris un peu

  4   de temps ?

  5   R.  Logiquement, il a fallu un peu de temps pour cela, il a fallu du temps

  6   parce qu'il n'est pas facile de retirer une unité qui s'est trouvée en

  7   contact avec l'ennemi dans un terrain impassable, très difficile,

  8   montagneux. Et alors le commandant, le général Krstic, a dû faire entrer

  9   une autre unité dans cette brèche de sorte qu'elle puisse reprendre la

 10   position qui avait été prise dans la matinée par la Brigade de Zvornik et

 11   donc pour faire cela dans la matinée, ça a pris du temps.

 12   Q.  Je vous remercie.

 13   M. HAYNES : [interprétation] Je voudrais maintenant voir brièvement une

 14   autre conversation qui a été écoutée interceptée, si nous pouvions voir,

 15   s'il vous plaît, le P1176. Version A pour l'anglais et version B pour le

 16   B/C/S.

 17   Q.  Est-ce que vous comprenez les noms de code Palma et Zlatar ?

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce document est déposé sous pli scellé

 19   donc soyez bien prudent pour savoir ce que l'on en dit et que ça ne soit

 20   pas diffusé.

 21   M. HAYNES : [interprétation] Je suis désolé.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 23   M. HAYNES : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur Jevdjevic, vous comprenez que l'officier de service à Palma

 25   était l'officier de service de la Brigade de Zvornik ?

 26   R.  Oui. C'était l'officier de service de permanence au commandement de la

 27   Brigade de Zvornik.

 28   Q.  Et Zlatar c'était le nom de code pour le Corps de la Drina ?

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  1   R.  Oui. C'était le nom de code du Corps de la Drina pendant cette période-

  2   là, et cette conversation a probablement trait à l'officier de service qui

  3   se trouvait au commandement du Corps de la Drina.

  4   Q.  Il est noté qu'il s'agit d'une conversation qui a eu lieu sur le canal

  5   3, qu'est-ce que ça vous dit quant à son origine ?

  6   R.  Les conversations précédentes utilisaient la fréquence indiquée ici qui

  7   correspond à la portée de la fréquence du RRU1, comme poste. Nous n'avions

  8   pas de protection permettant de coder ou de chiffrer sur ce poste, sur ce

  9   matériel, et je suppose que ça c'était entre le poste de commandement

 10   avancé de Krivace et Velika Zepa, parce que c'était le type d'appareil que

 11   nous utilisions avec ce canal. C'est probablement RRU800, donc appareil

 12   relais radio utilisé à partir de Vlasenica par rapport au standard matériel

 13   relais utilisé de Veliki Zep, et avec ce matériel nous communiquions avec

 14   les commandements de la brigade à Zvornik, Sekovici, et Rogatica, et je

 15   suppose que ceci ne peut se rapporter qu'à ce matériel. Il serait encore

 16   plus clair pour moi si c'est de savoir qui a rédigé ce document et qui a

 17   également inscrit la fréquence du matériel.

 18   Q.  Vous avez vu ce document précédemment. Qu'est-ce qu'il vous semble

 19   évoquer, à quoi se réfère-t-il ?

 20   R.  D'après mon interprétation, tel que je comprends cette conversation et

 21   compte tenu du fait que le commandement de la Brigade de Zvornik, la

 22   situation concernant les problèmes qu'ils éprouvaient, parce que la 28e

 23   Division passait à travers leur secteur de responsabilité, avant qu'un

 24   télégramme écrit n'ait été expédié, quelqu'un voulait les encourager et les

 25   réconforter et leur dire que leur formation spéciale était en train d'être

 26   de retour à partir de Zepa.

 27   Q.  Je vous remercie. C'est évidemment un message assez nébuleux. Est-ce

 28   que ce serait normal de passer cela comme message sur une ligne non

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  1   protégée ?

  2   R.  Tel que je comprends les chose, il est probable que l'officier de

  3   service à Zlatar voulait empêcher quiconque écouterait cette conversation

  4   de comprendre ces renseignements, donc il a dit à l'officier de service à

  5   Palma, c'est-à-dire à Zvornik, quelque chose que l'autre n'a pas compris,

  6   ce qui est la raison pour laquelle il a dit un juron. Il a dit, je cite :

  7   "Nos hommes ayant beaucoup de -- ayant notre sort avec la passe," ce qui

  8   correspond à la situation à l'époque.

  9   Q.  Je vous remercie.

 10   M. HAYNES : [interprétation] Pourrait-on voir maintenant le 7D686.

 11   Q.  L'heure indiquée sur cet ordre est 10 heures 41, est-ce que vous

 12   pourriez nous dire ce que c'est cet ordre ou ce document ?

 13   R.  C'est un document qui émane du commandement du Corps de la Drina qui,

 14   le 15 juillet, était dicté et dactylographié ce jour-là, et ensuite

 15   chiffré, donc pendant que ces opérations se faisaient un certain temps

 16   s'est écoulé. Et la personne qui l'a chiffré l'a remise à la Brigade de

 17   Zvornik à 10 heures 41. Le document lui-même vise à informer le

 18   commandement de la Brigade de Zvornik par écrit que la composition de

 19   combat qui été engagé à Zepa revenait à sa zone de responsabilité

 20   d'origine. Ceci explique pourquoi un ordre visant à empêcher les

 21   conséquences d'une attaque possible contre Zvornik, et le fait de faire une

 22   jonction avec les formations musulmanes de Srebrenica et de Tuzla pour que

 23   toutes les mesures puissent être prises pour bloquer, et si possible,

 24   disperser et capturer des formations musulmanes avant l'arrivée de cette

 25   unité et ainsi de suite.

 26   Q.  Juste pour qu'on soit bien au clair, est-ce que le lieutenant-colonel

 27   Pandurevic aurait pu retourner à Zvornik sans un ordre du général Krstic ?

 28   R.  Non.

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  1   Q.  Je vous remercie. Progressons donc. Vous nous avez déjà dit que pour

  2   les communications pour le plan de Stupcanica 95, est-ce que ceci était en

  3   quoi que ce soit différent par rapport à l'opération Krivaja 95 ?

  4   R.  Non, c'étaient les mêmes plans de communication, identiques. La seule

  5   chose qui changeait c'était le lieu où se trouvait le poste de commandement

  6   avancé. Donc nous avons dû, en fait, modifier l'azimut pour l'antenne du

  7   poste RRU à Veliki Zep. Cet autre plan comportait des participants de la

  8   Brigade de Rogatica et de la Brigade de Visegrad qui n'avaient pris part à

  9   l'opération Krivaja mais qui avaient pris part à l'opération Stupcanica.

 10   Q.  Donc vous aviez conservé en faisant partie du réseau de la Brigade de

 11   Zvornik le même nom de code ?

 12   R.  Oui, c'était identique et on a gardé le même plan qui a été maintenu.

 13   Q.  Maintenant, vous avez répondu à certaines questions posées par Me

 14   Petrusic en ce qui concerne les combats et l'évacuation de Zepa. Est-ce que

 15   vous-même, pendant cette période, avez utilisé des transmissions sur ce

 16   réseau avec des unités de la Brigade de Zvornik ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Je vais juste vous montrer deux autres documents, après quoi nous en

 19   aurons terminé.

 20   M. HAYNES : [interprétation] Pourrait-on voir, s'il vous plaît, le P1353.

 21   Lettre A pour l'anglais et B pour le B/C/S.

 22   Q.  Voici la transcription d'une autre conversation qui a été écoutée et

 23   qui aurait eu lieu entre le commandant Jevdzevic, ce serait vous en

 24   principe, et quelqu'un appelé Vinko. Est-ce que ça pourrait être le

 25   lieutenant-colonel Pandurevic ?

 26   R.  Oui, je suppose que c'est le cas parce qu'à l'époque, je ne connaissais

 27   aucun autre Vinko.

 28   Q.  Il semble que cela se rapporte à la situation de combat à Zepa, et le

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  1   point de savoir si le lieutenant-colonel Pandurevic se verrait demander d'y

  2   retourner. Est-ce que vous vous rappelez avoir eu une telle conversation le

  3   26 juillet ou autour de cette date ?

  4   R.  Je me rappelle en gros cette conversation en termes généraux, mais je

  5   n'étais pas sûr en ce qui concerne la date.

  6   M. HAYNES : [interprétation] On vient juste de me faire remarquer qu'en

  7   fait, sur le B/C/S, la conversation commence tout à fait au bas de la page

  8   et peut-être que la page suivante de ce document est celle que le témoin

  9   aurait dû voir.

 10   Q.  Est-ce que vous voyez que la personne appelée Vinko vous demande :

 11   "Est-ce que vous êtes allé de l'autre côté de Zepa ?"

 12   Et vous répondez : "Eh bien, en quelque sorte, oui."

 13   "Est-ce que le travail va bien ?"

 14   "Bon, c'était déjà en cours. Un grand convoi est parti et ainsi de suite."

 15   "Où est leur armée ?"  Vous suivez cela ?

 16   R.  Oui, oui.

 17   Q.  Est-ce que vous avez vu, après le 15 juillet, le lieutenant-colonel

 18   Pandurevic au théâtre à Zepa, l'avez-vous vu du tout ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Enfin, pour finir, je souhaiterais que vous regardiez un document

 21   différent, enfin un autre document.

 22   M. HAYNES : [interprétation] Il s'agit de P3839 [comme interprété].

 23   Q.  Ceci nous ramène à quelques questions que je vous avais posées hier.

 24   Est-ce que vous voyez le nom qui figure au bas du document, Nedo Jovicic ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous connaissez ce monsieur ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Ce document n'a pas été traduit, mais pourriez-vous nous dire ce qu'à

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  1   première vue il semble dire ?

  2   R. Dans l'en-tête manuscrite, il est écrit "Commandant du poste de

  3   commandement avancé du Corps de la Drina de Pribicevac." 11 juillet 1995.

  4   Le destinataire c'est le commandant de la Brigade spéciale de la police.

  5   Objet "Documents de combat délivrés en même temps que la présente." Il est

  6   dit ici :

  7   "Nous vous fournissons par la présente le code de Grmec, le livre du

  8   chiffre pour l'opération Krivaja 95, le plan d'opération de Krivaja 95 et

  9   le document d'ordre confidentiel 489/156-3."

 10   M. HAYNES : [interprétation] Peut-on voir la page 2 de ce document.

 11   Q.  Nous avons déjà vu ce document qui porte la cote P3753, est-ce que vous

 12   reconnaissez tout d'abord les mentions manuscrites figurant sur la première

 13   page ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Est-ce que vous, vous avez participé d'une quelconque façon sur la

 16   rédaction de cette lettre, est-ce que vous l'avez rédigée ou demandé à ce

 17   qu'elle soit rédigée ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Est-ce que vous saviez que cette lettre avait été écrite ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Je vous remercie vivement, Monsieur le Témoin. Je n'ai pas d'autres

 22   questions à vous poser.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Haynes.

 24   Maître Zivanovic.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Prenez tout le temps qu'il vous faut.

 27   Interrogatoire principal par M. Zivanovic : 

 28   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Nous nous connaissons

Page 29633

  1   bien, mais il faut que je me présente aux fins du procès-verbal de

  2   l'audience. Je m'appelle Zoran Zivanovic, je représente Vujadin Popovic, en

  3   tant que conseiller principal en l'espèce.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez besoin du

  5   pupitre ?

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, pas du tout. Ce n'est pas nécessaire.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci.

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  9   Q.  Monsieur le Témoin, je me borderai à poser des questions portant sur

 10   l'organisation et le fonctionnement des transmissions dans la période qui

 11   nous intéresse tous, à l'époque où vous étiez commandant du 5e Bataillon,

 12   bataillon chargé des transmissions dans le Corps de la Drina. Nous en avons

 13   longuement parlé ici dans ce procès et nous avons d'ailleurs un rapport

 14   d'expert, de l'expert Djuro Rodic qui dit notamment qu'eu égard à tous les

 15   documents que nous lui avons fournis, il vous a consulté au moment

 16   d'élaborer son rapport. Il s'agit du document 1D321 que nous avons versé au

 17   dossier. Page 6 en anglais; page 5 en B/C/S. Paragraphe 221.

 18   Pourriez-vous nous dire ceci : est-ce que vous avez eu des contacts avec M.

 19   Rodic et pourriez-vous nous dire en quelques mots ce qu'il vous a demandé

 20   comme information et ce que vous lui avez donné comme information ?

 21   R.  Je ne le connais pas personnellement, M. Rodic. On a simplement eu des

 22   contacts téléphoniques une ou deux fois, au maximum. Au moment où il

 23   rédigeait son rapport d'expert, il souhaitait savoir, de façon plus

 24   précise, quel était le matériel que nous avions utilisé à un ou deux

 25   endroits afin de donner du poids et de la crédibilité à son rapport

 26   d'expert.

 27   Q.  Pendant le récolement qui a précédé votre audition, nous nous sommes

 28   rencontrés, et est-ce que vous avez eu l'occasion de prendre connaissance

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  1   de son rapport d'expert ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Dites-moi, de façon générale, inutile d'aborder ceci par le menu, mais

  4   dites-nous, je vous prie, si ce rapport d'expert traduit fidèlement

  5   l'organisation et le fonctionnement des transmissions dans le Corps de la

  6   Drina quand vous, vous étiez commandant du 5e Bataillon des transmissions ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Je l'ai déjà dit, je ne veux pas aborder de détails, je vais cependant

  9   me pencher sur l'un ou l'autre point. Tout d'abord, est-ce qu'il y avait

 10   transmission directe par relais radio entre Vlasenica et Zvornik ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Pourriez-vous nous dire en quelques mots comment il se fait qu'il n'y

 13   avait pas eu établissement de cet accès direct par relais radio ?

 14   R.  Ça aurait été formidable si cette possibilité avait existé, car ceci

 15   aurait donné plus de souplesse de fonctionnement à notre système de

 16   transmission, mais vu la nature et la répartition des ondes

 17   électromagnétiques, vu les fréquences utilisées par ce genre de matériel

 18   radio, il vous faut un contact visuel entre les deux lieux, entre les deux

 19   antennes. Il faut qu'elles se voient, pour ainsi dire, ces antennes, pour

 20   fonctionner. Ce qui était impossible entre Vlasenica et Zvornik car il y a

 21   beaucoup d'obstacles géographiques qui se dressent entre ces deux points.

 22   Q.  Pourriez-vous nous dire comment la communication était établie entre

 23   Vlasenica et Zvornik puisqu'il n'y avait pas de ligne directe de

 24   transmission ?

 25   R.  Si l'on veut avoir un contact avec Zvornik, en raison de la

 26   configuration accidentée du terrain, il nous a fallu utiliser trois relais

 27   radio pour parvenir à Zvornik de façon indirecte. Les transmissions furent

 28   établies à l'aide de trois sections de relais radio. Première section,

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  1   Vlasenica-Veliki Zep. Et puis Veliki Zep-Cer. Et puis Cer-Gucevo. Le

  2   quatrième segment, si vous voulez, ce fut Cer-Zvornik, ou plutôt, Gucevo-

  3   Zvornik, excusez-moi.

  4   Q.  Merci. Dites-moi, sur ces segments, qu'est-ce qu'on a utilisé comme

  5   matériel ? Est-ce qu'on avait simplement un appareil, ou plusieurs, et de

  6   quels types de mécanisme s'agitait-il ?

  7   R.  Chaque segment était couvert par deux appareils de relais. Il y avait

  8   donc en tout sur la ligne huit appareils. Pour le premier, le troisième, et

  9   le quatrième segment nous avons utilisé l'appareil  RRU800. Pour ce qui est

 10   du deuxième segment, entre le nœud de Veliki Zep, qui était stationnaire et

 11   celui de Cer, nous nous sommes servis d'un appareil de relais radio qui

 12   avait une plus grande capacité et plus de canaux. Il s'appelle, cet

 13   appareil, MSC.

 14   Q.  Vous avez dit SMC, n'est-ce pas, pas MSC ?

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  J'aimerais vous demander ceci. Nous avons vu un organigramme qui montre

 17   l'organisation, inutile de le montrer une fois de plus, mais entre Veliki

 18   Zep et Cer, est-ce qu'il n'y avait pas un autre axe, il est indiqué que là

 19   on utilisait l'appareil RRU800. Est-ce que cet axe-là, il était

 20   opérationnel ou pas, et qu'est-ce qu'il avait comme fonction, comme rôle ?

 21   R.  C'était simplement un accès en cas de nécessité car c'était un segment

 22   de relais radio très important puisqu'il véhiculait des canaux; toute une

 23   série, une diversité de canaux utilisés, pas seulement par les militaires

 24   mais aussi par des personnalités politiques. C'est pour ça qu'il avait été

 25   prévu d'avoir un accès de soutien palliatif, si j'ose dire, s'il y avait

 26   perturbation sur la ligne habituelle de relais radio. En général, quand on

 27   faisait un organigramme, on prévoyait des lignes de soutien, des lignes

 28   d'appoint qu'on indiquait par des pointillés. Je n'ai pas le diagramme sous

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  1   les yeux, mais c'est de cette façon-là sur un graphique qu'on indiquait les

  2   accès d'appui.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ici il est écrit au compte rendu d'audience

  5   "RRU80". C'est juste ou est-ce que c'est un nouvel appareil ?

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, précisez ceci, Maître Zivanovic.

  7   Ça se trouve à la ligne 24 de la page précédente.

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  9   Q.  Effectivement. On voit ici qu'il est écrit que vous avez mentionné

 10   "RRU80". Pourriez-vous répéter quel était le type d'appareil utilisé pour

 11   les relais ?

 12   R.  RRU800.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur McCloskey.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 15   Q.  Je vais simplement vous demander ceci : d'après ce que vous savez et ce

 16   dont vous vous souvenez, ce qui nous intéresse c'est le mois de juillet

 17   1995, est-ce que vous vous souvenez si la ligne de soutien ou d'appui

 18   fonctionnait bien entre Veliki Zep et Cer, ou est-ce qu'il n'y avait que le

 19   SMC qui fonctionnait en fait ?

 20   R.  Je ne sais pas. Je n'ai pas de connaissance concernant l'axe, ou disons

 21   que je n'avais pas entendu parler d'une panne ou d'un problème sur la ligne

 22   où on avait le SMC ce qui aurait nécessité la mise en route de cette ligne

 23   d'appoint, là où il y a l'appareil RRU800.

 24   Q.  J'aimerais désormais vous montrer un autre document qui figure dans ce

 25   rapport.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] 1D322. Il s'agit de l'annexe de ce rapport.

 27   Pages 13 et 14 en anglais. Mais c'est un document qui a été écrit en B/C/S.

 28   Peut-on voir la pièce P2823. C'est une cote à charge parce que là nous

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  1   avons une traduction.

  2   Q.  Je pense que vous vous souvenez de ceci, dites-le-moi, s'il vous plaît.

  3   On a ici les fréquences utilisées par l'appareil RRU800, je vous demande

  4   d'abord ceci : vous souvenez-vous avoir vu ce document ?

  5   R.  Je l'ai vu pendant le récolement.

  6   Q.  Effectivement.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais vous demander de ralentir un

  8   tantinet tous les deux.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi.

 10   Q.  Dites-moi, le RRU800 utilise certaines fréquences. Vous étiez le

 11   commandant du 5e Bataillon des transmissions, en tant que tel, est-ce que

 12   vous vous pouviez muter des fréquences, les changer ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Est-ce que quelqu'un de votre unité aurait pu le faire, disons des gens

 15   qui utilisaient ces appareils ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Est-ce que disons le chef des transmissions que vous aviez dans le

 18   Corps de la Drina pouvaient le faire ?

 19   R.  Non, pas même le chef du signal des transmissions du Corps de la Drina

 20   n'était habilité à faire ce genre de modifications.

 21   Q.  Dites-moi, en ce qui concerne ce document, d'après les meilleurs

 22   souvenirs que vous avez gardés, je vois que vous voyez la date de 1993,

 23   est-ce que ces fréquences ont changé pendant la guerre ou ont été modifiées

 24   ?

 25   R.  Non, je ne le pense pas parce que ce n'était pas nécessaire de le

 26   faire.

 27   Q.  Fort bien.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je voudrais vous montrer un document, une

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  1   pièce à charge qui porte la cote P1468.

  2   Q.  Il s'agit d'une carte qu'avait l'armée de Bosnie-Herzégovine et qui

  3   indiquait l'emplacement à une disposition des appareils dont disposait pour

  4   les transmissions par relais radio l'armée de la Republika Srpska.

  5   Voici le document à l'écran, c'est la carte de travail de la section

  6   chargée des activités anti-renseignements électroniques du 2e Corps de la

  7   Krajina, et vous le voyez, ceci concerne la période qui va de janvier à

  8   septembre 1995. Pendant la séance de récolement, avez-vous eu la

  9   possibilité de voir cette carte ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Est-ce que cette carte montre bien la situation telle qu'elle se

 12   présentait pour ce qui est du système de transmission du Corps de la Drina

 13   ? Je m'intéresse pour le moment uniquement au Corps de la Drina.

 14   R.  Non.

 15   Q.  Si vous dites non, pourquoi est-ce que cette carte ne montre pas la

 16   situation, pouvez-vous nous le dire de façon approximative même en quoi

 17   cette carte n'est-elle pas exacte ?

 18   R.  Est-ce que l'huissière pourrait montrer le bas de la carte.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que le témoin préférerait avoir

 20   le document original sous les yeux ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Sinon, il faudra faire vraiment des

 23   gros plans parce qu'on voit à peine les toponymes. Vous l'avez ?

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] On peut aller la chercher mais on ne

 25   m'avait pas prévenu. Je n'ai pas les notes de récolement.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Jevdjevic, Maître Zivanovic,

 27   est-ce que vous vous intéressez au point de convergence de toutes ces

 28   lignes en bas de page ?

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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Agrandissons cette partie-là. J'essaie

  3   de vous aider.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  5   Q.  Peut-être pourrez-vous regarder l'original, ce qui vous permettra peut-

  6   être de nous faire une description plus précise. Je ne veux pas vous

  7   demander d'apporter des annotations.

  8   R.  Je vais d'abord vous expliquer les différences qu'il y a entre la

  9   situation véritable, la façon dont nos transmissions radio étaient établies

 10   et ce qui est conforme à l'organigramme que nous avons vu pour les

 11   documents de la période. Tout d'abord, vous avez ici un nœud, c'est-à-dire

 12   un centre de relais, c'est celui de Veliki Zep et c'est de là que partent

 13   toutes les lignes. C'est un peu le centre d'un cercle.

 14   Q.  Dans ce cas, vous pourrez peut-être l'indiquer à l'écran.

 15   R.  Ici vous avez le centre stationnaire de Veliki Zep.

 16   Q.  Veuillez y apposer le chiffre 1.

 17   R.  Et c'était le centre principal, le nœud principal pour les relais radio

 18   de l'état-major principal du Corps de la Drina dont les lignes de relais en

 19   direction de Vlasenica ne se trouvaient qu'à une quinzaine de kilomètres.

 20   Tout d'abord, cette ligne, cette direction de relais qu'on voit ici, elle

 21   n'existait pas. Et l'organe chargé du renseignement et du combat contre la

 22   guerre électronique du 2e Corps a montré cette direction comme venant de

 23   Veliki Zep à Gucevo.

 24   Q.  Est-ce que vous pourriez y annoter le chiffre 2 sur cette ligne.

 25   R.  On a une deuxième ligne de relais radio quand on part du nord et qu'on

 26   suit vers la droite, ici on indique que ça part de Veliki Zep et ça va à

 27   Milici. Mais cette brigade n'existait pas. Je vais l'indiquer par un 3

 28   parce qu'en ce qui concerne la Brigade de Milici, il y avait 13 kilomètres

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  1   entre Vlasenica et Milici, mais là on avait une ligne terrestre. Il était

  2   impossible de l'établir parce qu'il y avait un problème de visibilité, de

  3   contact visuel et il y avait aussi une ligne terrestre qui était protégée

  4   contre toute surveillance où ce n'était pas nécessaire.

  5   Puis on a une troisième ligne de relais, Gric-Vrelo, je ne sais pas à

  6   quelle unité ceci renvoie, mais dans cette zone indiquée ici, il se peut

  7   que nous ayons eu un régiment du génie à Konjevic Polje. Je vois que la

  8   ligne va jusque-là, mais on n'avait pas de ligne relais avec ce régiment,

  9   parce qu'à partir de Kasaba on avait une ligne terrestre. C'est moi-même

 10   qui l'ai posée, donc je peux dire que cette direction n'existait pas non

 11   plus.

 12   Q.  Veuillez y apposer le chiffre 4 pour éviter toute confusion,

 13   parce que vous avez d'abord écrit un 3 alors que vous en aviez déjà indiqué

 14   un auparavant.

 15   R.  Oui, on a une ligne plus grasse, c'est ce qu'on appelait la

 16   grosse ligne, parce que là il y avait plus de canaux et là c'est exact.

 17   Cette ligne utilisée, elle apparaît SMC, et je l'indique par le chiffre 5.

 18   Q.  Ne serait-il pas utile que vous nous donniez uniquement les

 19   détails qu'on trouve ici qui ne correspondent pas à la situation réelle.

 20   R.  Comme vous voulez, pas de ligne de relais directe avec Skelani. Là, on

 21   utilisait une ligne terrestre qui traversait le territoire de la Serbie,

 22   donc vous avez cette ligne ici. Celle-là, elle n'est pas correcte. J'y

 23   appose le chiffre 6. On a en plus une ligne indiquée ici qui dit "Brigade

 24   de Rogatica", ce n'est pas correct, parce que là on avait utilisé le

 25   stationnaire de Strazbenica au Monténégro, et là parce qu'il n'y avait pas

 26   de contact visuel, et puis on a une ligne grasse pour Veliki Tmor. Vous

 27   savez qu'il y a une tour de télévision là, mais les militaires n'ont jamais

 28   utilisé cette transmission ni avant la guerre ni pendant la guerre parce

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  1   que c'était un terrain fort accidenté, infranchissable et puis on a une

  2   ligne et j'y indique le chiffre 8.

  3   A Pale, là on avait aussi une ligne de Strazbenica à Jahorina, et ça se

  4   poursuivait après. Donc là, il n'y avait pas de grosse ligne, ligne grasse

  5   entre Zepa et Pale. Puis il y avait une ligne avec la Brigade de Sokolac,

  6   là il n'y avait pas de contact. J'indique le chiffre 10, parce que la ligne

  7   de relais radio avec ce qu'on a appelé la Brigade de Sokolac se faisait en

  8   utilisant la ligne Veliki Zep-Strazbenica, Strazbenica-Sokolac, ce qui veut

  9   dire qu'il n'y avait pas de ligne directe, tout simplement parce qu'il n'y

 10   avait pas de contact visuel entre Sokolac et Veliki Zep.

 11   Ici, on voit écrit "2e Brigade de Romanija". Cette ligne-là n'existait pas

 12   non plus, j'y appose le chiffre 11, pourquoi, c'est parce que le commandant

 13   Knezina avait une connexion avec une ligne terrestre. Il y avait 12 canaux

 14   qui fonctionnaient à Knezina.  Il y avait en fait une antenne utilisée

 15   surtout à des fins civiles.

 16   Puis il y a une ligne qui va jusqu'à Zlatar, on voit aussi Vlasenica, elle

 17   est indiquée, mais elle est indiquée sur le point de Visalac [phon] et

 18   c'est faux parce que ça ne se trouve pas ici, c'était dans la ville même.

 19   Là on voit une flèche indiquant le commandement, c'est là que se trouvait

 20   le poste, la station. C'est ici que se trouvait le commandement et nous

 21   avions en fait ce relais sur le bâtiment. C'est important, très important

 22   pour les transmissions par relais radio, car le [inaudible] se transmet

 23   d'un point à l'autre, ce qui veut dire que la ligne n'existait pas comme

 24   elle est pourtant indiquée ici.

 25   Ce qui veut dire qu'on aurait dû établir cette carte partant des

 26   renseignements qu'avait le 2e Corps de l'ABiH, et même si celle-ci était

 27   censée donner des instructions à leurs unités de reconnaissance

 28   électronique et à leurs stations de surveillance audio afin de diriger les

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  1   émetteurs et les antennes de façon à optimiser la réception. C'est ce que

  2   je pense, mais tout le monde peut faire la comparaison entre cette carte et

  3   les cartes que nous avions pour les transmissions par relais radio pour la

  4   période concernée. Je vous ai montré toutes ces modifications et tout le

  5   monde peut les constater, peut les voir.

  6   Q.  Je voudrais vous demander autre chose, remarquez-vous si oui ou non de

  7   façon fidèle on a indiqué les installations utilisées par l'état-major,

  8   est-ce que vous pouvez le voir ici ?

  9   R.  Oui, l'état-major est indiqué comme étant à Han Pijesak. Il se trouvait

 10   juste en dessous de Veliki Zep dans un site qui s'appelle Crna Rijeka. Et

 11   c'est à mon avis à quelque 11 kilomètres de distance de Han Pijesak même et

 12   de la ville même.

 13   Q.  Est-ce que cela signifie que ce site où l'on indique où se trouvait

 14   l'antenne se trouve être erronément inscrit sur la carte ?

 15   R.  Oui, j'ai moins prêté attention à la chose parce qu'on voit moins bien.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Vous avez parlé en même

 17   temps et là l'interprète a omis de rattraper ce que vous avez dit.

 18   Est-ce que les interprètes peuvent dire où se situe exactement la

 19   difficulté, est-ce que c'est la dernière des choses que M. Zivanovic a posé

 20   comme question, à savoir :

 21   "Est-ce que cette installation se trouve être erronément indiquée ?"

 22   Alors est-ce que vous pouvez recommencer votre réponse, Monsieur Jevdjevic,

 23   à partir de cet endroit ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est indiqué de façon erronée car

 25   l'état-major, à savoir le poste de commandement de l'état-major se trouvait

 26   à Crna Rijeka, et pour ce qui est de ce site, il n'y avait pas d'axe

 27   relatif à la communication par relais, mais il y avait un câble à plusieurs

 28   fils allant jusqu'à Crna Rijeka et jusqu'au nœud de communication, ce qui

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  1   fait que cet axe n'est pas indiqué pour ce qui est donc des besoins de

  2   l'état-major.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  4   Q.  Merci. Vous nous avez dit en réalité, si je vous ai bien compris,

  5   et il me semble que vous avez déjà répondu à la question de savoir quelle

  6   serait la conséquence si ces choses ne sont pas indiquées comme il se doit.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation] Vous avez bien dit la chose,

  8   mais nous, on n'a pas eu d'interprétation. Bon, ça arrive.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 10   Q.  Alors je crois vous avez déjà répondu à la question, mais si vous

 11   pensez que ce n'est pas le cas, dites-le. Quelles sont les séquelles, en

 12   termes pratiques, si sur une carte de cette nature on n'indique pas les

 13   axes et les bonnes installations par lesquelles il sera procédé à la mise

 14   sur écoute des conversations de l'adversaire, de l'ennemi ?

 15   R.  Cette carte et sa véracité, c'est une chose qui était importante parce

 16   que c'est partant de là que l'on fournit des données aux unités chargées de

 17   la mise sur écoute électronique. Pour ce qui est donc des axes sur lesquels

 18   ils doivent tourner leurs antennes aux fins d'écouter le mieux possible les

 19   conversations de la partie adverse, alors si vous avez cette façon

 20   approximative de procéder pour ce qui est du schéma de nos communications

 21   par relais radio et des postes de commandement, je me demande à juste titre

 22   comment organiser de façon précise la mise sur écoute de ces transmissions

 23   radio.

 24   Q.  Monsieur Jevdjevic, je me propose maintenant de vous poser une question

 25   qui se rapporte à votre déplacement vers Zepa le 11 au soir, à savoir vous

 26   êtes arrivé le 12. Ce qui m'intéresse c'est quand au juste êtes-vous arrivé

 27   là-bas, et une fois arrivé avez-vous vu des militaires, des soldats, un

 28   petit groupe de petites unités ? Ou y avait-il autre chose encore et est-ce

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  1   qu'il y aurait quelqu'un d'arrivé en même temps que vous ?

  2   R.  Le 12, lorsque je suis arrivé au secteur du poste de commandement

  3   avancé de Pribicevac, j'ai d'abord trouvé une unité de petite taille, un

  4   peloton du régiment de protection, 65e Régiment de protection, qui tenait

  5   ici des positions de défense et assurait un contrôle du territoire. A

  6   l'entrée du village de Pod Plane, il y avait déjà d'arrivée une unité en

  7   provenance de Visegrad qui devait ultérieurement se joindre aux opérations

  8   de Stupcanica 95 parce qu'elle est arrivée directement de Visegrad. Elle

  9   n'a pas été à Srebrenica, cette unité-là, et c'est avec leur chargé de

 10   transmissions que j'ai échangé les informations qui étaient indispensables.

 11   J'ai vu d'autres groupes de petite taille aussi, était-ce des réservistes

 12   ou des gens de la logistique, ils étaient plutôt chargés de la

 13   reconnaissance des sites où étaient censées arriver d'autres unités. Mais

 14   je n'ai pas gardé un souvenir très précis.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Monsieur Zivanovic.

 16   Monsieur Haynes.

 17   M. HAYNES : [interprétation] Je crois qu'à la ligne 15, il y a eu une

 18   erreur de faite. Je pense que le témoin n'a pas indiqué qu'il soit arrivé à

 19   Pribicevac le 12.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Jevdjevic. Ici au début

 21   de votre dernière réponse à la question de M. Zivanovic la transcription

 22   dit ce qui suit :

 23   "Lorsque je suis arrivé au poste de commandement avancé de Pribicevac…" Il

 24   s'agit probablement d'une erreur pour ce qui est de la date du 12. Où êtes-

 25   vous arrivé au juste le 12 ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] A Krivace, au poste de commandement avancé de

 27   Krivace.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur le Témoin, je vous demanderais de parapher cette carte et

  3   d'inscrire la date d'aujourd'hui. Nous sommes le 12 décembre.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, j'aimerais que ceci soit préservé.

  5   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions pour vous.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Zivanovic.

  7   Monsieur Ostojic.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,

  9   Monsieur les Juges.

 10   Contre-interrogatoire par M. Ostojic : 

 11   Q.  [interprétation] Monsieur Jevdjevic, je m'appelle John Ostojic et je

 12   suis ici pour représenter les intérêts de Ljubisa Beara. Je vous dis

 13   bonjour, Monsieur. Je précise que j'ai plusieurs questions à vous poser. Je

 14   m'excuse s'il y a répétition de certains segments, mais je demande à mieux

 15   comprendre certaines de ces conversations interceptées et le travail que

 16   vous effectuez. Avant que de passer à ces conversations interceptées,

 17   pourriez-vous me dire si un dénommé Eric se trouvait être votre commandant

 18   ?

 19   R.  Pour ce qui est des commandants subordonnés, il n'y a pas eu d'Eric. Il

 20   se peut que dans la 2e Brigade de Romanija il y ait eu l'un des officiers

 21   subalternes qui ait porté ce nom de famille.

 22   Q.  Savez-vous nous dire qui est cette personne répondant au nom de famille

 23   d'Eric ?

 24   R.  Dans la 2e Brigade Romanija, il y avait un capitaine de la réserve,

 25   Ljubo Eric, me semble-t-il, si tant est que c'est bien la personne

 26   concernée.

 27   Q.  Oui, en réalité je pense que c'est bel et bien de Ljubo Eric qu'il

 28   s'agit. Est-ce que vous pouvez nous dire qui était votre supérieur immédiat

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  1   en juillet 1995 ?

  2   R.  Mon supérieur immédiat au poste de commandement avancé était le général

  3   Krstic.

  4   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire combien de subalternes vous aviez

  5   eus vous-même, si tant est que vous en avez eus, en juillet 1995 ?

  6   R.  J'étais commandant du bataillon des transmissions, mes premiers

  7   subordonnés étaient les chefs des compagnies au sein de ce bataillon chargé

  8   des transmissions.

  9   Q.  Et combien étaient-ils ?

 10   R.  Deux.

 11   Q.  Quels sont leurs noms, je vous prie ?

 12   R.  A ce moment, il y en avait un qui était capitaine Drljaca Zeljko et

 13   j'imagine que l'autre aussi était capitaine, il s'appelait Todorovic Ranko.

 14   Q.  Merci. Je vais passer à autre chose maintenant. Avez-vous eu à

 15   connaître quoi que ce soit au sujet de la 5e Brigade d'infanterie de

 16   Podrinje ? 

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Qui commandait cette brigade ?

 19   R.  A l'époque, c'était un lieutenant-colonel répondant au nom de Furtula.

 20   Q.  Si maintenant on se penche sur le mois de juillet 1995, est-ce que

 21   cette 5e Brigade d'infanterie de Podrinje a pris part aux activités ou

 22   actions liées à Srebrenica ?

 23   R.  Je pense qu'il y a eu peut-être un peloton en provenance de cette

 24   brigade à avoir été engagé dans l'une quelconque de ces unités

 25   subordonnées.

 26   Q.  Vous souvenez-vous du nom de ce peloton ?

 27   R.  Je ne sais pas exactement vous dire comment ce peloton s'appelait, mais

 28   j'ai à peu près des informations, enfin on n'en a pas parlé mais je crois

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  1   savoir qu'un peloton de cette brigade a pris part à l'opération Krivaja 95.

  2   Q.  Si maintenant nous passons à l'action Zepa, est-ce que la 5e Brigade

  3   d'infanterie de Podrinje a participé aux opérations de Zepa, le savez-vous

  4   ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  De quelle date à quelle date ?

  7   R.  Ils sont arrivés dans le secteur où ils étaient attendus le 12 déjà,

  8   lorsque je m'y suis trouvé moi-même, et ils sont restés dans le secteur

  9   jusqu'à la fin de l'opération Stupcanica 95.

 10   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir vu ce commandant Furtula là-bas à

 11   partir du 12 jusqu'à 2 août, disons, 1995 ? Quand je dis "là-bas", je parle

 12   dans le concret du secteur de Krivace, où vous avez été au poste de

 13   commandement avancé. Ensuite nous allons parler du fait qu'il y en a eu

 14   trois en réalité.

 15   R.  Oui, il se trouvait là-bas.

 16   Q.  Et qui était son supérieur hiérarchique à l'époque, si vous le savez ?

 17   R.  Le général Krstic.

 18   Q.  Si nous nous concentrons maintenant sur la période couvrant du 5 au 11

 19   juillet 1995, période à laquelle vous vous trouviez au poste de

 20   commandement avancé que vous avez identifié comme étant Pribicevac. Alors,

 21   Monsieur, à l'époque, et je sais qu'on a vu un certain nombre de pièces à

 22   conviction à ce sujet, pouvez-vous nous dire si le général Krstic s'y est

 23   trouvé pendant toute cette période, à savoir du 5 au 11 ?

 24   R.  Il se trouvait là-bas pendant toute cette période à la précision près

 25   que dans la soirée, me semble-t-il, il allait à Bratunac pour y passer la

 26   nuit, parce que son état de santé le requérait.

 27   Q.  Aurais-je raison de dire que dans la déclaration que vous avez faite,

 28   il y aurait eu déplacement de votre part et de votre centre des

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  1   transmissions depuis Pribicevac à Bratunac, à la date du 11 juillet 1995 ?

  2   R.  Exact.

  3   Q.  Et vous avez passé la nuit du 11 juillet 1995 dans le secteur de

  4   Bratunac au moment où sont arrivés des ordres disant qu'il fallait que vous

  5   alliez à Zepa et que vous organisiez un poste de commandement avancé que

  6   nous avons appelé Krivace; est-ce bien exact ?

  7   R.  Oui. Je n'y ai pas passé la nuit, à vrai dire, mais je me suis trouvé

  8   là dans la partie de la nuit où l'ordre en question nous est parvenu.

  9   Q.  Fort bien. J'ai cru comprendre que vous êtes allé à Krivace le 12

 10   juillet à peu près vers 14 heures; est-ce exact ?

 11   R.  C'est exact. Mais la nuit du 11, vers 11 heures du soir, j'ai quitté

 12   Bratunac et je suis arrivé au poste de commandement du corps à Vlasenica et

 13   j'ai passé la nuit à Vlasenica même.

 14   Q.  Merci. J'ai peut-être maintenant une question bizarre à vous poser.

 15   Vous avez déjà dit que vous aviez, à Zepa, organisé trois ou quatre postes

 16   de commandement avancé. L'un étant Krivace. L'autre étant Godjenje et

 17   Zlovrh; est-ce que c'est exact ?

 18   R.  Zlovrh, oui. Il y a eu trois postes de commandement avancé parce que

 19   c'est ainsi que l'organisation des combats se déplaçait et le poste de

 20   commandement avancé suivait le déplacement des unités.

 21   Q.  Je vous remercie. Je crois que vous devez deviner la question que je

 22   vais vous poser. Si maintenant nous en revenons aux opérations de

 23   Srebrenica, pendant toute cette période-là allant du 5 au 11, il n'y a eu

 24   qu'un seul poste de commandement avancé, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Nous allons parler maintenant des conversations interceptées, des

 27   écoutes, et de l'expérience qui est la vôtre à ce sujet. Je pense que nous

 28   avons la possibilité de vous entretenir à ce sujet, alors il y a plusieurs

Page 29650

  1   éléments que j'aimerais aborder. Sept, pour être plus précis, il y a

  2   l'azimut, il y a les fréquences, les canaux, l'axe, la direction, les

  3   intervenants, et la date et l'heure. Est-ce bien exact ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Y a-t-il d'autres éléments indispensables pour qu'il y ait captage

  6   complet et détaillé de cette conversation interceptée, suivant les sept

  7   éléments que j'ai énumérés ?

  8   R.  C'est plus ou moins cela.

  9   Q.  Alors si maintenant, d'une manière générale, nous parlons des

 10   conversations interceptées, on en a vu quelques-unes, M. Haynes vous a en

 11   montré, est-ce qu'on peut déterminer où se trouvait l'intervenant ou les

 12   intervenants à la date donnée, si nous ne connaissons, par exemple, que les

 13   données relatives au canal ? Ou alors est-il nécessaire de disposer des

 14   sept éléments au total pour pouvoir tirer une conclusion exacte et précise

 15   pour ce qui est de l'emplacement des participants aux conversations ?

 16   R.  Pour la plupart de ces conversations interceptées, il convient de

 17   prendre en considération un nombre important d'éléments pour déterminer où

 18   se trouvent exactement les participants à ces conversations interceptées.

 19   Q.  D'accord.

 20   M. OSTOJIC : [interprétation] Penchons-nous alors sur la pièce P1171.

 21   Q.  Il s'agit d'une pièce à conviction que vous avez déjà eu à voir pendant

 22   l'interrogatoire principal. Alors pour mieux comprendre, est-ce que vous

 23   êtes à même de voir que cette fréquence est de 285.850 ? Non, 255, ai-je

 24   dit, 255.850. Le voyez-vous ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Si vous ne vous penchez que sur la fréquence, êtes-vous à même de nous

 27   dire d'où venait l'appel ou vers où était-il orienté ?

 28   R.  A l'époque, nous avions un RRU1 relais radio sur le secteur entre le

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  1   poste de commandement avancé et Veliki Zep. J'imagine qu'ici il s'agit de

  2   la date du 15 juillet, et cette fréquence-ci nous dit qu'il s'agit d'un

  3   appareil RR1. A l'époque nous avions une communication par relais radio

  4   organisée sur l'axe Krivace-Veliki Zep. J'imagine par conséquent que si

  5   tout est bien inscrit ici et si la conversation a été bien interceptée,

  6   qu'il s'agit là d'un interlocuteur se trouvant à Krivace, donc un

  7   interlocuteur se trouvant au poste de commandement avancé de Krivace. Pour

  8   ce qui est de l'autre participant à la conversation, il est difficile de

  9   déterminer ou est-ce qu'il se trouve pour une raison simple parce qu'après

 10   Veliki Zep, il peut faire partie des secteurs relais pour nous contacter à

 11   partir d'une distance qui ne nous est guère connue.

 12   Q.  Fort bien. Je ne suis pas certain d'avoir bien compris. Comment se

 13   fait-il que vous ne puissiez pas savoir cela ? Votre responsable des

 14   transmissions, partant d'une fréquence, peut savoir où se trouvaient les

 15   deux participants au cas où l'on n'aurait identifié que cette fréquence-là,

 16   ou il y a plusieurs possibilités ?

 17   R.  Si l'on ne se fonde que sur la fréquence, on ne peut savoir quel est le

 18   site à partir duquel les intervenants ont communiqué. J'imagine que la

 19   conversation était interceptée sur un axe entre Krivace et Veliki Zep. Mais

 20   comme Krivace c'est le poste final, le poste relais radio final, il fallait

 21   que quelqu'un donc partant de là communique, et j'imagine donc que l'un des

 22   participants à la conversation se trouve à Krivace. Mais ensuite, le signal

 23   transite depuis Veliki Zep en direction de Vlasenica et de Vlasenica dans

 24   toute la zone de responsabilité du corps, ce qui fait qu'on ne peut pas

 25   maintenant avec certitude savoir à partir de quel site a répondu, présent

 26   ou autre participant, à la conversation parce qu'entre Veliki Zep et

 27   Krivace, il y a certitude. Mais de Veliki Zep et au-delà, il y a beaucoup

 28   plus de possibilités pour ce qui est du site possible. Parce qu'il y a un

Page 29652

  1   schéma de relais radio où le signal radio peut provenir à partir d'axes

  2   multiples. Est-ce que vous me comprenez maintenant ?

  3   Q.  Merci. Oui, je vous ai compris. Je voudrais maintenant savoir si vous

  4   êtes en mesure de m'aider à décoder ceci. Penchons-nous maintenant sur le

  5   255.850. Est-ce qu'on peut dire qu'à chaque fois qu'on voit cette

  6   fréquence, cela signifie qu'il s'agit d'un appel en provenance de Krivace

  7   ou qui allait de Krivace-Veliki Zep, du moins pour ce qui est de cette

  8   partie-là de la conversation ?

  9   R.  A l'époque, nous avions eu, me semble-t-il, sur des axes auxiliaires

 10   des communications et des transmissions d'organisées par ce relais radio

 11   RR1. Je suppose que ce texte-ci ne parle que d'opération qui ne concerne

 12   que le poste de commandement avancé de Krivace et c'est la raison pour

 13   laquelle j'ai catégorisé cette partie-là dans le site de Krivace.

 14   Q.  Merci. Mais qu'en est-il des autres numéros ou autres fréquences ? Si

 15   on vous en donne une série, est-ce que vous pouvez nous aider par exemple

 16   le 254.300; est-ce que vous savez nous dire quel est le site qui engage

 17   cette fréquence ?

 18   R.  Ceci est une fréquence utilisée par le RRU1. J'imagine que cette

 19   conversation a été interceptée avec la participation de deux intervenants à

 20   la communication qui se servent de ce segment de la communication par

 21   relais radio.

 22   Q.  Mais où cela pourrait-il bien se situer dans le concret, sur le plan

 23   géographique ?

 24   R.  Sur le plan géographique, nous avions un axe de relais radio entre

 25   Krivace et Veliki Zep, donc on pourrait supposer que l'un des intervenants

 26   se trouverait à Krivace et l'autre, il est difficile de le situer parce que

 27   vous avez vu le schéma qui ressemble à une toile d'araignée. Tous tombent

 28   sur Veliki Zep et puis de Veliki Zep, il y a un axe allant jusqu'à Krivace.

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  1   Il est impossible maintenant de dire vers où le signal est parti ou plutôt

  2   où cet intervenant s'est joint dans le réseau, s'est intégré dans le réseau

  3   depuis Veliki Zep pour entrer de Veliki Zep à Krivace.

  4   Q.  Merci. J'étais en train d'attendre l'interprétation. Alors en notre

  5   qualité de profane, si nous souhaitons comprendre, comme on sait que le

  6   poste de commandement avancé était à Pribicevac ou à Krivace, si par

  7   exemple nous devions établir la communication entre la Brigade de Bratunac,

  8   est-ce que quelqu'un pouvait appeler d'un secteur à l'extérieur de

  9   Bratunac, par exemple, disons la Republika Srpska ou peut-être même la

 10   Serbie, est-ce qu'ils pouvaient être connectés par le biais de Bratunac

 11   pour arriver ou tomber sur le poste de commandement avancé ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous pouvez expliquer, si quelqu'un appelle de l'extérieur,

 14   de l'extérieur de Zvornik, par exemple, si quelqu'un appelle depuis la zone

 15   de Zvornik et contacte Bratunac, et demande quelqu'un; est-ce que Bratunac

 16   peut les mettre en liaison avec le secteur, le poste de commandement avancé

 17   de Pribicevac ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci. Alors y aurait-il indication quelconque au niveau de la

 20   communication interceptée disant que cet appel est passé via Bratunac et

 21   qu'il provenait, par exemple, d'une autre partie de la Republika Srpska ?

 22   R.  Il est impossible de le faire.

 23   Q.  Je vais vous poser la question concrète qui suit. J'ai mentionné tout à

 24   l'heure la Serbie, si quelqu'un est à Belgrade et contacte et appelle

 25   Bratunac pour demander à être mis en liaison avec le poste de commandement

 26   avancé; est-ce que cela est possible ?

 27   R.  C'est absolument possible. Dans tous nos centres de transmission au

 28   niveau des brigades, nous avions des centraux téléphoniques et ces centres

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  1   téléphoniques servaient à établir la communication entre différents types

  2   d'intervenants. Alors nous avions un numéro de [inaudible], un numéro

  3   attribué par les télécoms, comme par exemple tous les autres habitants de

  4   Bratunac en ont un. Et à l'autre bout du central, nous avions à Bratunac

  5   par exemple le commandement du corps et des bataillons au sein de la

  6   brigade. Il suffisait que quelqu'un de Belgrade ou de quelque autre endroit

  7   du monde fasse ce numéro au niveau des télécoms qui a son terminal dans ce

  8   terminal du central des communications de la Brigade de Bratunac et qu'il

  9   demande le commandement du corps à Vlasenica ou qu'il demande tout

 10   simplement Pribicevac. L'agent des transmissions sait par où passer pour

 11   établir la liaison avec Pribicevac parce que ce central justement sert de

 12   lien intermédiaire entre les différents postes de communication.

 13   Q.  Je vous ai posé la question au sujet de cette fréquence qui commence

 14   par 200. Pour être concret, je vous ai parlé du 255 et du 254. Dites-nous

 15   maintenant quelque chose au sujet de la série 700, et je me réfère

 16   notamment à la période qui est celle du 15 juillet 1995, où vous vous

 17   trouviez à Krivace; par exemple, le 784.650. Est-ce que vous pourriez

 18   m'aider et me dire ce que représente cette fréquence ?

 19   R.  C'est une fréquence qui relève de ce relais radio fonctionnant sur ces

 20   fréquences de l'appareil RRU800.

 21   Q.  Dites-nous quelle est sa portée, à combien de fréquences peut-on

 22   descendre par rapport à cette fréquence, 784.650 ? Est-ce qu'on peut aller

 23   en haut ou en bas à plus ou moins 100 ou plus que cela ?

 24   R.  Cela fait partie de l'éventail des portées, ça va de 610 à 960

 25   mégahertz, cet appareil.

 26   Q.  Par similarité pour ce qui est du RRU1, dites-nous quel était son

 27   éventail de fréquences ?

 28   R.  Il y a une différence considérable pour ce qui est des caractéristiques

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  1   de ces ondes électromagnétiques.

  2   Q.  Je vais rapidement vous demander de vous pencher sur une pièce à

  3   conviction qui est le P3753. Je pense qu'il s'agit là d'un plan de

  4   communication pour le secteur de Srebrenica dont nous avons déjà discuté,

  5   dont vous avez parlé. J'ai bien dit 3753.

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Pouvez-vous zoomer, je vous prie.

  7   Q.  On a vu plusieurs documents de ce type à l'occasion de l'interrogatoire

  8   principal et nous avons pu constater qu'il y a deux [comme interprété]

  9   secteurs principaux. Alors j'aimerais que vous nous expliquiez, derrière le

 10   un, deux, trois on peut voir différentes indications pour les fréquences;

 11   est-ce que vous le voyez ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Aidez-moi à comprendre, s'agit-il là des fréquences de ces brigades

 14   concrètes ou de ces pelotons, voire unités concrètes, et est-ce que ce sont

 15   ces unités-là qui se sont faites attribuer ce type de fréquence à l'époque

 16   ?

 17   R.  Non. Nous commencions à fonctionner avec la première des fréquences, en

 18   substance, ce n'est pas une fréquence, c'est une désignation du canal. Il y

 19   a trois interrupteurs, A, B, C, et on procède par saut d'une fréquence à

 20   l'autre. Il était plus facile de mettre 250, c'est le canal 1, c'est un

 21   canal qui correspond à une fréquence déterminée. Alors le début et la fin

 22   de l'opération se faisaient en fonctionnant par le biais de ce canal, à

 23   savoir par le biais de cette fréquence.

 24   Les autres fréquences courant jusqu'au numéro 22, s'agissant de ceux

 25   qui ont fait ce planning, la personne qui a fait cela a prévu ces fréquence

 26   comme possibilité pour le cas où quelque chose tournerait mal, pour ce qui

 27   est donc de la sécurisation des communications afin que si les dispositifs

 28   de protection venaient à ne pas se comporter comme il fallait, alors nous

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  1   avions justement ceci de prévu pour pouvoir sauter d'un canal à l'autre

  2   afin que l'ennemi ne puisse pas à chaque fois nous capter sur la même

  3   fréquence. Et cela ne s'est pas produit à l'occasion des deux opérations en

  4   question, et donc nous n'avons pas eu besoin de nous servir des fréquences

  5   de réserve.

  6   Q.  Je vous remercie. J'ai encore quelques minutes, quelques

  7   questions, j'aurais besoin d'une quinzaine de minutes, est-ce que l'heure

  8   est venue de faire la pause.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est l'heure de la pause.

 10   Je m'excuse de ne pas avoir mis mon micro. Alors si vous avez besoin de 15

 11   minutes, il vaut mieux faire la pause maintenant. 25 minutes de pause.

 12   --- L'audience est suspendue à 12 heures 31.

 13   --- L'audience est reprise à 13 heures 00.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic.

 15   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur le Témoin, j'ai encore quelques questions à vous poser juste

 17   pour poursuivre sur certains sujets que nous avons évoqués. Nous avons bien

 18   parlé de la 2e Brigade Romanija et vous avez cette pièce à conviction qui

 19   est devant vous, la 3753, et c'est bien cela je crois, il s'agit donc là-

 20   haut à la quatrième ligne, ça fait partie du Corps de la Drina, n'est-ce

 21   pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pour que ce soit bien au clair, le commandant de cette brigade, cette

 24   personne c'est bien Ljubo --

 25   R.  Le commandant de la brigade c'était le colonel Trivic, et le commandant

 26   du bataillon, le bataillon qui a pris part à l'attaque à Krivaja 95, en

 27   l'occurrence, c'était le capitaine de première classe, Ljubo Eric. Il a été

 28   par la suite promu commandant. Et je ne sais pas s'il était commandant à

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  1   l'époque ou non.

  2   Q.  Parce que est-ce qu'on peut considérer que c'est un nom fréquent ou

  3   est-ce que vous connaissez son nom au complet ? Vous savez si ça commence

  4   par Ljubo ou s'il y a un autre nom comme Ljubisa ou Ljubislav ou Ljubomir ?

  5   R.  Je suppose que son premier nom était Ljubomir, approximativement, mais

  6   on l'appelait Ljubo en général.

  7   Q.  Bien. Quelques autres questions en ce qui concerne cette pièce. Si nous

  8   pouvions revoir un peu les fréquences par rapport au RRU800. Excusez-moi,

  9   vous me corrigerez si je me trompe, vous avez parlé des deux fréquences.

 10   Serait-il possible, pour autant que vous le sachiez, est-ce qu'il est

 11   possible qu'une conversation soit interceptée à la fois d'un RRU1 et d'un

 12   RRU800 simultanément, ce qui veut dire on interceptait la même conversation

 13   des deux côtés ? Est-ce que c'est possible ?

 14   R.  Il est possible d'intercepter une conversation à un endroit, mais il

 15   faut que vous ayez deux groupes d'écoute, de surveillance. Il y en a un qui

 16   écoute sur la partie qui s'occupe du RRU1 qui fonctionne à une certaine

 17   fréquence; et l'autre groupe d'écoute a besoin d'écouter sur une ligne

 18   complètement différente du point de vue géographique où les appareils

 19   RRU800 sont utilisés. C'est la seule façon dont il est possible d'écouter

 20   ces conversations audio sur une seule conversation allant dans plusieurs

 21   sens, mais il est nécessaire d'avoir à ce moment-là plusieurs groupes

 22   d'écoute.

 23   Q.  Je vous remercie beaucoup. C'est tout ce que j'ai à vous demander.

 24   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Bourgon.

 26   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, excusez-moi, Monsieur le Président.

 27   Excusez-moi, mon cher confrère. Il y a une erreur au compte rendu avant la

 28   suspension à la page 63, lignes 11 à 14. Je pense que le témoin a dit,

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  1   "222" et il faudrait écrire "22". Or, cela apparaît comme "222." Si on

  2   pouvait simplement noter cela et revérifier, je serais reconnaissant. Je

  3   vous remercie.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Il a dit, je cite : "Les autres

  5   fréquences jusqu'au chiffre 22."

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Bien.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Nous pouvons d'ailleurs le lire sur la pièce

  9   elle-même.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 11   Maître Bourgon.

 12   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Contre-interrogatoire par M. Bourgon : 

 14   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 15   R.  Bonjour.

 16   Q.  Bien que nous ayons eu la possibilité de nous rencontrer un peu plus

 17   tôt au cours de la semaine, pour le compte rendu, permettez-moi de me

 18   présenter. Mon nom est Stéphane Bourgon et aujourd'hui je suis accompagné

 19   par mon confrère Dragan Djukic, et j'ai quelques questions à vous poser,

 20   nous représentons Drago Nikolic dans ce procès. J'ai quelques questions à

 21   vous poser sur cinq domaines particuliers, et je vais faire de mon mieux

 22   pour en avoir terminé aujourd'hui avant 13 heures 45.

 23   Le premier domaine dans lequel je souhaiterais obtenir des précisions, que

 24   je voudrais éclaircir en ce qui concerne la mise en place des

 25   communications est, bien sûr, la possibilité pour l'ennemi d'écouter ces

 26   transmissions. Donc, c'est le thème général de la matinée, mais je vais

 27   essayer de poser des questions très précises de façon à éclaircir la

 28   question.

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  1   Premièrement, je souhaiterais obtenir confirmation de votre part que les

  2   documents pouvaient être envoyés par téléscripteur entre le commandement du

  3   Corps de la Drina et l'état-major principal, ainsi qu'entre le commandement

  4   du Corps de la Drina et les brigades subordonnées au Corps de la Drina par

  5   des moyens qui étaient protégés; est-ce exact ?

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Et lorsque nous parlons de "voie des transmissions protégées ou

  8   sécurisées," ou lorsque nous disons qu'un document a été chiffré, pourriez-

  9   vous confirmer que le codage d'un document ne nécessite pas l'utilisation

 10   de codes, et que l'opération de chiffrement est mécanique; c'est bien cela

 11   ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Passons maintenant aux communications verbales entre le commandement du

 14   Corps de la Drina et de l'état-major principal, et j'insiste ici, ma

 15   question c'est précisément avec l'état-major principal. Est-ce que vous

 16   pouvez confirmer qu'il était possible dans les deux sens de communiquer les

 17   transmissions, avec une ligne protégée ayant des possibilités limitées,

 18   tandis que l'autre ligne que vous avez décrite, la ligne en quelque sorte

 19   non protégée, fonctionnait en partie par fil ou câble, c'est-à-dire le

 20   téléphone ou un poste manuel en passant par un relais radio; c'est de cela

 21   ?

 22   R.  Oui. Vous avez dit au début que les communications par radio étaient --

 23   enfin vous avez mentionné les communications radio et nous parlons de

 24   relais radio pour les communications.

 25   Q.  Effectivement. Je vous remercie de cette correction. Je vous parle plus

 26   précisément maintenant des conversations orales entre le commandant du

 27   Corps de la Drina et l'état-major principal, je suppose que vous serez

 28   d'accord pour dire que la même chose s'applique pour le poste de

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  1   commandement avancé du Corps de la Drina ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et si j'examine la question des conversations orales entre le Corps de

  4   la Drina de son commandement et le poste de commandement avancé du Corps de

  5   la Drina avec ces brigades, les brigades qui lui sont subordonnées, la même

  6   chose s'applique, c'est-à-dire que nous avons une ligne non protégée qui

  7   passe par le relais radio mais il n'y avait pas de moyens de protéger ou de

  8   sécuriser les conversations orales; c'est exact ?

  9   R.  Oui. Nous n'avions pas d'appareil qui permettait de coder les lignes de

 10   relais radio du corps vers les brigades.

 11   Q.  Et comme vous l'avez déjà répondu au cours de l'interrogatoire

 12   principal, une conversation entre une personne qui appelait du secteur de

 13   Bratunac, par exemple, et qui appelait la Brigade de Zvornik ou le poste de

 14   commandement avancé de la Brigade de Zvornik, en l'occurrence, on avait une

 15   conversation qui pouvait être écoutée et interceptée ?

 16   R.  Oui, ça passe par un appareil de relais radio qui ne disposait pas de

 17   moyen de protection.

 18   Q.  Alors, un certain nombre de transcriptions d'écoute vous ont été

 19   montrées depuis le début de votre déposition, et à ce que je comprends,

 20   vous êtes également en mesure de confirmer, sur la base de votre

 21   expérience, que des conversations qui ont eu lieu au moyen de relais radio

 22   n'employaient pas de codage pour ces conversations; c'est bien cela ?

 23   R.  Les conversations avaient pour la plupart du temps lieu  sur des lignes

 24   non protégées sans protection de ce qui était dit, mais la pratique

 25   habituelle entre officiers était de parler de façon normale, mais sans

 26   mentionner de renseignement important, et de le faire d'une façon qui ne

 27   soit pas compréhensible.

 28   Q.  Mais on n'employait pas de codes, n'est-ce pas ?

Page 29662

  1   R.  Non.

  2   Q.  "Non" veut dire aucun code, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Maintenant, si je passe aux communications ou transmissions qui

  5   utilisaient des téléphones à induction, je pense que vous savez ce que je

  6   veux dire si je dis des téléphones à induction ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Vous serez d'accord avec moi que là il s'agit d'un moyen de

  9   communication ou de transmission protégé, à savoir que les conversations ne

 10   peuvent pas être écoutées lorsque vous avez un fil qui relie deux

 11   téléphones à induction militaire ?

 12   R.  Oui. C'est un moyen de communication très sûr, presque sûr à 100 %. On

 13   ne peut pas écouter.

 14   Q.  Bien sûr, en utilisant ces téléphones à induction pour les

 15   communications militaires, qui sont reliées par fil, la pratique était de

 16   ne pas employer de code, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Maintenant si je passe à des communications radio, pas des relais radio

 19   mais précisément des communications radio, et si je vous parle de Krivaja

 20   95 -- pour commencer, en ce qui concerne cette opération, vous avez dit

 21   qu'au cours de cette opération, vous utilisiez une radio qui ressemblait ou

 22   était presque la même chose qu'un poste RUP-12 avec cette précision que

 23   vous avez ajoutée qu'il y avait un système de brouillage; c'est bien cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et mon confrère vous a posé une question et vous avez confirmé qu'à

 26   votre connaissance vous n'aviez rien vu, pour dire le contraire, que toutes

 27   les communications radio au cours de Krivaja 95 employaient ce système de

 28   brouillage et que les communications étaient sécurisées; c'est bien cela ?

Page 29663

  1   R.  Oui. Je ne sais rien de particulier à ce sujet, maintenant pour ces

  2   lignes, à savoir qui était -- je ne sache pas qu'il était possible de

  3   surveiller ces lignes.

  4   Q.  Et sur cette base -- considérant, bien entendu, que vous étiez sur le

  5   terrain et que vous avez entendu, écouté ce réseau radio, vous pouvez

  6   confirmer qu'aucun code n'a été employé lorsqu'on utilisait la radio avec

  7   l'appareil de brouillage ?

  8   R.  Oui, c'est exact.

  9   Q.  Maintenant je passe aux communications radio qui se servaient du RUP-12

 10   sans le dispositif de brouillage, vous serez d'accord avec moi que, bien

 11   sûr, ce n'est pas un moyen de communication ou de transmission qui est sûr

 12   et qui peut être facilement écouté ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Et c'est là que les codes que nous trouvons dans votre plan de

 15   transmission, de communication pouvaient être utilisés, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, c'est exact.

 17   Q.  Mais je pense que vous serez également d'accord avec moi que

 18   l'utilisation de codes prend beaucoup de temps ?

 19   R.  Exact.

 20   Q.  Etes-vous en mesure de confirmer qu'en fait, rares, très rares sont les

 21   membres de la VRS qui avaient été formés à l'utilisation du chiffre, du

 22   code, que ce soit pour chiffrer ou déchiffrer, coder ou décoder des

 23   renseignements par radio ?

 24   R.  Mais ça dépend de l'unité. La pratique, le niveau de discipline imposé

 25   à ces régiments, compagnies subordonnées, ça je ne peux pas faire de

 26   généralisations, mais ce que je sais c'est que les messages importants

 27   étaient chiffrés en utilisant cette méthode lente, et je sais aussi qu'il y

 28   avait beaucoup de transmissions ouvertes, ce qui permettait la fuite

Page 29664

  1   d'informations importantes.

  2   Q.  Conviendrez-vous avez moi que si vous ne voulez pas utiliser de codes,

  3   de chiffres alors que vous utilisez un RUP-12, la meilleure façon de

  4   protéger votre information c'est de procéder à des changements fréquents de

  5   fréquences, et ce qui compte encore plus c'est d'essayer d'avoir des

  6   communications qui soient les plus brèves possibles ?

  7   R.  Tout à fait. C'est notamment là une des façons qui permet de protéger

  8   que la ligne soit mise sur écoute.

  9   Q.  Est-ce que vous iriez jusqu'à confirmer que la discipline qu'on impose

 10   dans le maniement du RUP-12, c'est effectivement de veiller à ce que les

 11   transmissions qu'on fait, les conversationS qu'on transmet ainsi soient

 12   vraiment les plus courtes possibles ?

 13   R.  C'est la règle que nous avons appliquée.

 14   Q.  J'aimerais aborder un mode de transmission supplémentaire dans notre

 15   entretien. C'est lorsqu'on envoie des informations, des missives par

 16   estafette ?

 17   R.  Effectivement, C'est la façon la plus sûre, la mieux protégée de

 18   communiquer.

 19   Q.  Merci de cette réponse. J'allais citer ce que vous aviez déclaré au

 20   cours du procès Krstic, page du compte rendu d'audience

 21   7 178, vous avez dit que "la façon la plus sûre de communiquer c'est par

 22   estafette, c'est par messager."

 23   Dans ce même procès Krstic, lorsque vous avez témoigné, vous avez dit que :

 24   "Le Corps de la Drina n'avait, ou plutôt, son poste de commandement avancé

 25   à Pribicevac n'a pas utilisé de messager parce que la distance ne le

 26   permettait pas."

 27   Confirmez-vous ce que vous avez alors dit, aujourd'hui ?

 28   R.  Dans le cadre de l'opération Krivaja 95, d'après le souvenir que j'en

Page 29665

  1   ai, on n'a pas eu recours à des messagers, à des estafettes parce que nous

  2   nous sommes dits que les transmissions radio étaient protégées, étaient

  3   sécurisés.

  4   Q.  Dans ce même procès Krstic, page 7 178, alors que vous parliez

  5   précisément du poste de commandement avancé situé à Krivace, vous avez dit,

  6   je cite : "Vous avez parlé d'une distance de 6 kilomètres séparant le poste

  7   de commandement avancé et le commandement de l'état-major principal et

  8   d'une trentaine de kilomètres séparant le poste de commandement avancé du

  9   commandement du Corps de la Drina."

 10   Est-ce que ces distances sont à peu près justes ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous avez ajouté dans le procès Krstic que même si vous vous n'aviez

 13   pas prévu d'utiliser des messagers, il est fort possible que des messages

 14   écrits étaient envoyés en utilisant des chauffeurs, des conducteurs; est-ce

 15   exact ?

 16   R.  Oui, j'ai examiné ça du point de vue logique parce qu'il n'y avait que

 17   6 kilomètres jusqu'à l'état-major principal quand on était à Krivace. Et le

 18   temps qu'il fallait pour que le cryptographe tape sur le télex les

 19   informations, qu'il ouvre la ligne, qu'il envoie le message, il était plus

 20   rapide de simplement y aller en voiture, mais je ne me souviens pas

 21   d'actions précises de ce genre.

 22   Q.  Une dernière question à propos des messagers ou estafettes. Nous avons

 23   eu ici un expert militaire, page du compte rendu d'audience 26 269, on lui

 24   a demandé de commenter l'utilisation de messagers. Voici ce qu'il a

 25   répondu, lignes 20 à 23 de cette page :

 26   "C'est pourquoi qu'on envoie un messager quand on a une missive

 27   confidentielle et c'est pour veiller à ce qu'aucun des éléments

 28   d'information ne soient capturés ou si l'on veut que l'information que l'on

Page 29666

  1   veut véhiculer arrive à bon port avec précision."

  2   Etes-vous d'accord avec ce que dit cet expert militaire ?

  3   R.  Au moment où se sont déroulées ces deux opérations, je ne me souviens

  4   pas -- ou, plus exactement, je ne sais pas si je l'ai organisé, je n'ai pas

  5   constaté que quelqu'un d'autre aurait organisé l'envoi d'estafettes en

  6   direction de l'état-major principal ou du commandement du Corps de la

  7   Drina.

  8   Q.  Il se peut que ma question n'ait pas été assez précise. Je vais vous

  9   lire ce qu'a dit un témoin expert : êtes-vous d'accord pour dire que

 10   l'utilisation d'estafettes c'est une très bonne façon de faire passer des

 11   informations confidentielles pour veiller, non seulement à ce qu'il n'y ait

 12   pas interception d'information, mais du fait qu'il y ait acheminement

 13   précis de l'information à son destinataire ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Deuxième sujet que je voudrais aborder avec vous, je reviens pour cela

 16   à quelques questions qui vous ont été posées à propos du 10e Détachement de

 17   Sabotage.

 18   Tout d'abord, hier vous l'avez dit et je vais vous demander de le

 19   confirmer, cette unité a fait son apparition le 10 juillet 1995 dans la

 20   zone de Pribicevac; est-ce exact ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Dans le procès Krstic, vous avez dit à la page du compte rendu

 23   d'audience 7 086 :

 24   "Je pense qu'ils sont arrivés dans la zone juste un jour ou deux avant la

 25   chute sur le plan militaire de Srebrenica, c'est-à-dire qu'ils sont arrivés

 26   un ou deux jours avant le 11."

 27   C'est pour cela que je vous demande ceci : je suppose que ces hommes sont

 28   peut-être arrivés le 9 juillet 1995; est-ce exact ?

Page 29667

  1   R.  J'avais fait une comparaison, je me suis dit qu'ils doivent être

  2   arrivés sur la zone le jour où Mladic est arrivé aussi, bon, à un jour ou

  3   deux de près. Après avoir analysé les activités de cette période, je

  4   persiste à dire qu'ils sont arrivés un jour ou deux avant, donc le 9 ou le

  5   10, mais maintenant je ne sais pas pourquoi mais il me semble qu'ils sont

  6   tous arrivés le 10.

  7   Q.  Merci de cette précision. Confirmez-vous que lorsque cette unité est

  8   arrivée dans la zone de Pribicevac, bien entendu la VRS n'était pas encore

  9   entrée dans Srebrenica, ça, nous le savons, mais j'aimerais une

 10   confirmation de votre part. Ce jour-là, le Corps de la Drina avait très peu

 11   de renseignements, voire aucun, en ce qui concerne les intentions qui

 12   animaient la 28e Division, intention qui était de partir vers Tuzla ?

 13   R.  Nous n'avions pas à l'époque l'information exacte quant aux intentions

 14   véritables de la 28e Division.

 15   Q.  Vous avez également déclaré que ce qui vous intéressait dans cette

 16   unité, c'est que vous vouliez savoir exactement à quel moment il faudrait

 17   donner à cette unité le mécanisme permettant le brouillage ?

 18   R.  Exact.

 19   Q.  Hier, page du compte rendu d'audience 67, lignes 9 à 12, vous avez dit

 20   que parce que vous étiez soucieux de trouver une solution, vous avez

 21   demandé au général Krstic, et là, je cite le compte rendu d'audience :

 22   "Lui demandé quand je devrais leur fournir le matériel requis et

 23   quelles seraient les activités utilisées ou entreprises pour permettre

 24   d'avoir le commandement de ces hommes."

 25    Je vous demande ceci : qu'a répondu le général Krstic à votre

 26   question ?

 27   R.  Je ne me souviens pas de façon précise de sa réponse, mais le souvenir

 28   que j'en ai c'est que ça a été introduit entre Pribicevac et Kvarac, entre

Page 29668

  1   ces deux collines séparées par une vallées, qui faisait le lien entre les

  2   forces attaquant Srebrenica ou qui allaient vers Srebrenica. Ils faisaient

  3   partie de ces forces. C'était une unité de 20 à 30 soldats, et je n'ai pas

  4   pensé que ces hommes auraient pu véritablement contribuer à l'action

  5   militaire. Mais je me suis dit que ces hommes s'étaient vu confier une

  6   mission spéciale, qu'ils avaient un objectif spécial, je ne sais pas si

  7   c'était de déminage ou de préparation au combat en zone urbaine. Ils

  8   semblaient être dotés du matériel nécessaire pour ce genre d'activité.

  9   Auparavant, j'avais appris que ces hommes avaient tenté de pénétrer dans

 10   une partie de l'enclave en utilisant des tunnels de minage pour y parvenir,

 11   donc je me suis dit qu'on leur avait donné une mission spéciale de combat.

 12   Q.  Bien entendu vous l'avez présumé, mais vous n'aviez pas de véritables

 13   renseignements. Mis à part cet élément d'information, vous ne saviez pas

 14   exactement ce que faisaient ces hommes à cet endroit, n'est-ce pas ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Bien entendu, le général Krstic, lui, il savait que cette unité était

 17   arrivée sur zone ?

 18   R.  Exact.

 19   Q.  Et lorsque vous avez eu cette conversation avec l'homme chargé des

 20   transmissions dans le 10e Détachement de Sabotage, lorsque cet homme vous a

 21   dit que ces hommes avaient des Motorolas et que ce matériel leur était

 22   suffisant, il a ajouté qu'il n'avait pas l'intention de se déplacer avec du

 23   matériel si lourd, c'est ce qui a été dit à la page du compte rendu 29 587,

 24   lignes 7 à 9.

 25   Je vous demande ceci : s'il ne voulait pas cet équipement, ce

 26   matériel de brouillage, c'est parce qu'ils avaient tout le matériel dont

 27   ils avaient besoin et qu'eux n'avaient pas besoin de transporter une radio

 28   trop lourde; est-ce exact ?

Page 29669

  1   R.  Oui.

  2   Q.  En page 29 587, vous avez dit que cet homme chargé des transmissions

  3   vous a dit à vous qu'il avait une mission spéciale. Il n'a pas dit "mission

  4   secrète," n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est cela.

  6   Q.  Je vous pose la question parce que lorsque nous nous sommes rencontrés,

  7   j'ai vu des notes de récolement où il a été question de "secret", et vous

  8   nous avez dit et vous pouvez confirmer à présent que c'était une erreur.

  9   R.  J'ai compris qu'ils avaient une mission spéciale, c'est ainsi que j'ai

 10   compris la chose, c'est du reste comme cela que je l'ai dit.

 11   J'ai dit la même chose il y a huit ans.

 12   Q.  Et vous l'avez mentionné, j'aimerais que vous confirmiez que la raison

 13   ou l'une des raisons pour lesquelles vous n'avez pas prêté attention à

 14   cette conversation avec l'homme chargé des transmissions faisant partie du

 15   10e Détachement de Sabotage était la raison suivante, à savoir le général

 16   Krstic et le général Mladic étaient là-bas, ils étaient censés savoir ce

 17   qui se passait avec l'unité en question ?

 18   R.  C'est exact.

 19   Q.  Je voudrais passer maintenant au segment suivant de mes questions ou

 20   volet suivant de mes questions.

 21   M. BOURGON : [interprétation] A ce propos, j'aimerais qu'on nous montre le

 22   4D134 [comme interprété].

 23   Q.  Pendant que nous attendons que ce document nous soit montré, j'aimerais

 24   que vous confirmiez ce que vous avez dit dans votre témoignage dans

 25   l'affaire Krstic, à savoir que vous avez lu ce document lorsque vous êtes

 26   récolé pour ce témoignage. Alors je précise qu'il s'agit de la page 7 104,

 27   lignes 18 à 22. Alors avez-vous lu ce document lorsque vous vous êtes

 28   préparé pour votre témoignage dans l'affaire Krstic ?

Page 29670

  1   R.  Si je l'ai dit à l'époque, probablement est-ce bien le cas.

  2   Q.  Mais est-ce que vous vous souvenez de cela aujourd'hui ? Je ne voudrais

  3   pas…

  4   R.  Si vous voulez dire est-ce que j'ai lu le document à présent, oui.

  5   Q.  Mais vous souvenez-vous d'avoir vu ce document lorsque vous vous êtes

  6   préparé en vue de votre témoignage dans l'affaire Krstic ?

  7   R.  Tout ce que j'ai dit à ce moment-là ne saurait être contesté par moi

  8   aujourd'hui.

  9   Q.  Non, ce n'était pas une question à piège, c'était juste pour confirmer.

 10   Je ne suis pas sûr si nous avons déjà parlé de votre entretien avec le

 11   bureau du Procureur, mais pouvez-vous nous confirmer le fait que vous avez

 12   été interrogé par le bureau du Procureur, il y a eu cette interview au mois

 13   d'avril de l'an 2000; vous souvenez-vous de cela ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  En page 7 150 de ladite interview, vous avez déclaré la chose suivante,

 16   je cite :

 17   "Au cours des préparatifs en vue de cette interview, on m'a dit que ceci

 18   c'était produit le 13." "Ceci" étant l'édition de ce document. Vous dites

 19   que vous saviez que ça s'est produit mais que vous ne savez pas donner de

 20   date exacte, alors vous avez précisé que ça c'était produit au début de

 21   l'attaque sur Zepa.

 22   Ma question est la suivante : partant de cela, êtes-vous à même de nous

 23   confirmer que cela s'est bien produit au début de l'attaque sur Zepa ?

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce qu'on peut tirer au clair ce qu'on

 26   entend par "ceci" ?

 27   M. BOURGON : [interprétation] Certainement.

 28   "Ceci" se rapporte au document dont il est question et au changement du

Page 29671

  1   commandement vis-à-vis du Corps de la Drina qui est passé du général

  2   Zivanovic vers le général Krstic à la date du 13 juillet.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Petrusic.

  4   M. PETRUSIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce document a été

  5   évoqué pour la première fois dans cette affaire le 19 avril 2001. Le témoin

  6   a témoigné le 4 avril de l'an 2000, et il a témoigné dans l'affaire Krstic

  7   en novembre 2000. Ce qui fait qu'à l'époque de son témoignage, ce document

  8   n'a pas été montré.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois me souvenir de la même chose et

 11   cela coïncide avec l'opinion de M. Petrusic.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Avez-vous quelque chose à

 13   ajouter ?

 14   M. BOURGON : [interprétation] Non, Monsieur le Président. L'Accusation peut

 15   se pencher dessus à l'occasion de ses questions complémentaires ou son

 16   contre-interrogatoire, mais dans le compte rendu de l'affaire Krstic, page

 17   7 104, le témoin a dit qu'il avait lu ce document lorsqu'il s'était préparé

 18   aux fins de son témoignage dans cette affaire. Et c'est partant de cette

 19   information que j'ai posé ma question. Mais puis-je poser, enfin, ce n'est

 20   pas si important, puis-je passer à autre chose ?

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, c'est important. Me Petrusic et moi,

 23   nous nous souvenons de la chose de la façon dont il a dicté, je crois que

 24   le mieux serait de vérifier tout ceci avant que d'aller de l'avant.

 25   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être puis-je

 26   passer à autre chose, et si je n'en finis pas je pourrais peut-être tirer

 27   la chose au clair lundi ?

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'allais le suggérer. Merci.

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  1   M. BOURGON : [interprétation]

  2   Q.  Alors, je voudrais que vous me confirmiez la chose au sujet de ma

  3   dernière question, et là je ne suis pas sûr que vous ayez répondu, la

  4   question portait sur le changement de commandement qui est passé du général

  5   Zivanovic vers le général Krstic, comme vous nous l'avez dit dans votre

  6   interview, vous savez que cela s'était produit au tout début de l'attaque

  7   sur Zepa; est-ce bien exact ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que vous pouvez nous confirmer que le changement du commandement

 10   au niveau d'un corps est un événement de taille ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et en termes militaires et en termes de logique, il est important

 13   lorsqu'il y a changement du commandement que tout un chacun soit informé de

 14   la chose aussi rapidement que possible ?

 15   R.  Oui, c'est la logique.

 16   Q.  Pouvons-nous maintenant revenir vers ce document, qui est le 4D124,

 17   j'attire votre attention sur la toute dernière ligne de ce document, juste

 18   au-dessus de la partie où il y a la signature, et où on dit : "Mettre au

 19   courant de ce document de façon appropriée tous les membres de votre

 20   unité."

 21   Ma question pour vous est la suivante : on peut voir dans ce document que

 22   ceci a été bel et bien reçu par la Brigade de Zvornik, et nous pouvons

 23   aussi voir qu'il y a eu transmission du document à la date du 13 et ça a

 24   été réceptionné à un moment donné le 14. Alors, pouvez-vous nous confirmer

 25   qu'une fois reçu ce document, une fois que tous ont reçu ce document, on

 26   considérait qu'ils étaient informés du changement intervenu, notamment si

 27   le commandant de l'unité se trouvait être présent ?

 28   R.  Pour être concret, à l'époque, je me trouvais au poste de commandement

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  1   avancé de Krivace, moi, dans le concret, ce qui fait que ce document n'a

  2   pas été communiqué ou transmis au poste de commandement avancé, raison pour

  3   laquelle s'agissant de cette information de transfert de mission ou de

  4   fonction, je n'ai pas eu d'information directe, j'en ai été informé de

  5   deuxième main pour ma part.

  6   Q.  Mais en principe, vous pouvez confirmer que lorsque la Brigade de

  7   Zvornik a réceptionné ce document, l'information était forcément diffusée

  8   parce qu'il importait de savoir qu'il y avait eu changement de commandement

  9   au niveau de ce corps, c'est important, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, je suis d'accord. Cela me semble logique.

 11   Q.  Alors, pour gagner du temps, j'aurais deux documents que je

 12   souhaiterais vous montrer. Peut-être pourrions-nous prendre un raccourci,

 13   aussi vais-je vous poser cette question : si j'ai deux documents, l'un

 14   signé par le général Zivanovic en sa qualité de commandement à 16 heures

 15   10, et je me réfère au document 7DP1032 du 13 juillet, et si j'ai un

 16   deuxième document signé par le commandant, le général Krstic en sa qualité

 17   de commandant et que c'est daté du 13 juillet à 19 heures 45, est-ce que

 18   ceci constitue une indication fiable témoignant de la passation des

 19   fonctions ?

 20   R.  Est-ce que vous voulez me montrer le document ou est-ce que vous voulez

 21   me poser juste la question sans me montrer le document ?

 22   Q.  Si vous voulez, je peux vous montrer ces documents, mais l'un a été

 23   signé à 4 heures par Zivanovic et l'autre a été signé par Krstic à 19

 24   heures 45. Est-ce que cela laisse entendre qu'il y a bel et bien eu

 25   passation de fonction de commandant ? Et je crois que le Procureur s'y

 26   référera, mais je voudrais savoir, si partant de votre expérience, c'est

 27   une bonne façon d'indiquer les choses ?

 28   R.  Si le document ultérieur a été signé par le général Krstic avec

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  1   l'intitulé "Commandant du corps," sans la petite inscription devant disant

  2   "pour," cela laisse entendre qu'à ce moment-là c'est lui qui est le

  3   commandant du corps.

  4   Q.  Merci. D'autres conseils vont peut-être aborder la question dans leur

  5   contre-interrogatoire. J'ai deux sujets encore à aborder. L'un de mes

  6   confrères vous a posé des questions au sujet de la conversation

  7   téléphonique que vous avez eue avec le commandant Obrenovic, et vous avez

  8   précisé que ça s'était produit à un moment donné le 14 juillet 1995. Vous

  9   souvenez-vous de quelle conversation il est question ici ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  De quelle façon avez-vous reçu ce coup de fil, quel est le moyen

 12   technique utilisé ?

 13   R.  C'est un téléphone automatique, c'est un téléphone de domicile, qui

 14   était connecté au RR1, c'est un appareil téléphonique des plus ordinaires.

 15   Q.  Donc cela devrait signifier que cette conversation entre le commandant

 16   Obrenovic où il se soit trouvé à ce moment-là et vous-même, est passé en

 17   réalité par un relais radio, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et le commandant Obrenovic n'a pas pu utilisé une radio RUP-12 pour

 20   effectuer cette communication ?

 21   R.  Cela est exact aussi. Il devait forcément avoir appelé à partir d'un

 22   endroit où il devait forcément disposer d'un combiné téléphonique; était-ce

 23   un téléphone à induction ou un appareil téléphonique avec un cadran,

 24   toujours est-il, que ce n'est qu'en utilisant un combiné téléphonique qu'il

 25   a pu m'appeler et communiquer avec moi.

 26   Q.  Merci. Je n'ai plus que deux questions à vous poser. Je crois que nous

 27   pourrons en terminer aujourd'hui. Dans l'affaire Krstic, lorsque vous y

 28   avez témoigné, on vous a demandé et c'est le Juge Wald qui a posé cette

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  1   question au sujet des conversations interceptées. Il s'agit des pages 7 114

  2   et 7 115. Sa question s'est énoncée comme suit :

  3   "Au cas où il y aurait eu erreur et au cas où la conversation interceptée

  4   ne traduirait pas de façon précise et exacte ce qui s'est dit entre les

  5   parties ou à l'entretien, où l'erreur pourrait-elle plutôt se situer, du

  6   côté de la personne qui écoute et qui n'a pas bien compris, ou ce que je

  7   veux dire c'est où est-ce qu'il a le plus de probabilité de voir les choses

  8   aller mal, et si à la fin de cette conversation interceptée on constate que

  9   cela ne reflète pas ce qui s'était dit au juste à l'occasion de la

 10   conversation ? Donc quel est le segment ou le volet où les choses se sont

 11   mal produites."

 12   C'est la question que le Juge vous a posée. Et vous avez dit la chose

 13   suivante :

 14   "Partant de mon expérience, la probabilité la plus grande est de voir

 15   l'erreur survenir au niveau de l'individu qui suit la conversation, qui

 16   écoute la conversation parce qu'en principe ces conversations sont

 17   enregistrées puis il y a transcription de ce qui s'est dit partant de ce

 18   que l'on a écouté ou entendu."

 19   Et à la fin vous dites : "D'après nos règlements, ces personnes, ces

 20   individus devraient avoir passé cinq années à faire ce type de travail pour

 21   être considérés comme étant compétents aux fins de faire le tri entre les

 22   informations correctes et incorrectes et entre les informations importantes

 23   et non importantes."

 24   Maintenez-vous cette réponse de nos jours encore ?

 25   R.  Tout à fait.

 26   Q.  Ma dernière question pour vous est la suivante : vous avez également

 27   dit dans votre témoignage dans l'affaire Krstic, en répondant à une

 28   question portant sur le commandement et les officiers ainsi que leurs

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  1   expériences en 1995, et vous avez dit en page 7 132 :

  2   "Je veux faire remarquer également que ça s'était passé en 1995, date à

  3   laquelle les cadres de commandement et les officiers disposaient de pas mal

  4   d'expérience. Il suffisait d'avoir ou de disposer d'un certain nombre

  5   d'informations pour que tous les assistants soient à même de fonctionner de

  6   façon plus rapide qu'envisagée par la théorie et pour faire démarrer la

  7   procédure telle que j'ai essayé de vous la décrire."

  8   Vous êtes d'accord avec moi pour ce qui est des ordres. Est-ce qu'on peut

  9   dire qu'arrivée l'année 1995, le niveau d'expérience dans la VRS est bien

 10   meilleur que ce qu'il était au début de guerre ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Je n'ai pas d'autres questions.

 13   M. BOURGON : [interprétation] Il se peut que j'aie quelques questions

 14   supplémentaires lundi matin simplement pour faire la lumière sur ce

 15   document. 

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Tout à fait.

 17   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci, Monsieur

 18   le Témoin.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous avons déjà dépassé l'heure prévue

 20   pour la fin de l'audience. Nous reprendrons lundi matin. D'ici là,

 21   rappelez-vous, Monsieur le Témoin, vous devez vous abstenir de communiquer

 22   avec qui que ce soit. Vous ne devez pas non plus discuter de l'objet de

 23   votre témoignage avec qui que ce soit. Je souhaite à tous et à toutes un

 24   bon week-end.

 25   --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le lundi 15 décembre

 26   2008, à 9 heures 00.

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