Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 27 février 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes. Bonjour,

  7   Madame la Greffière. Veuillez appeler l'affaire, je vous prie.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame

  9   le Juge, Messieurs les Juges. Affaire numéro IT-05-88-T, le Procureur

 10   contre Vujadin Popovic et consorts.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour ce qui est des présences, je

 12   constate que ce sont les mêmes présences qu'hier à l'exception de M.

 13   Sarapa, M. Ostojic et M. Bourgon. Bien. Alors nous sommes prêts à procéder.

 14   Alors bonjour, Monsieur McCloskey. Bonjour à vous ainsi qu'à M.

 15   Pandurevic.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, merci. Bonjour, Monsieur le Président,

 18   Madame le Juge, Messieurs les Juges. Je souhaite également dire bonjour à

 19   toutes les personnes présentes dans le prétoire. Bonjour, Monsieur le

 20   Témoin.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais commencer

 23   avec une brève réponse --

 24   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- quant à votre question posée hier pour

 26   ce qui est du journal d'hier. Nous avons vérifié -- comme je l'ai déjà

 27   mentionné hier, nous avons vérifié les documents, les copies électroniques,

 28   tout est en ordre. Il n'y a absolument aucun problème, tout est dans le

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  1   même ordre. Donc je ne vois pas où le problème se trouve. Les choses

  2   semblent effectivement un peu différentes lorsque vous regardez l'écran,

  3   c'est peut-être ça. Je voulais également ajouter que j'étais un petit peu

  4   blessé lorsqu'on m'a dit que je ne menais pas un contre-interrogatoire qui

  5   était exact, que je ne faisais pas les choses correctement. Alors nous

  6   avions M. Trivic le 21 mai, M. Thayer qui avait dit à ce témoin à la page

  7   11 875 :

  8   "En dernier lieu, Monsieur, je vais vous demander de parler de quelques

  9   questions quant aux deux entrées dans votre journal. Si vous l'avez encore,

 10   Monsieur, avec vous - et l'un de mes éminents confrères m'a demandé si vous

 11   pouviez avoir ce journal disponible pour votre témoignage - il vous sera

 12   peut-être plus facile de faire référence à ce journal original que nous

 13   avons déjà communiqué à nos éminents confrères. Sortez le journal

 14   maintenant si vous avez besoin de le consulter.

 15   "Monsieur, je remarque maintenant que vous avez sorti votre journal que

 16   j'ai déjà communiqué à mes éminents confrères, et il est tout à fait

 17   approprié si vous avez besoin de vous référer à ce journal pour répondre à

 18   certaines des questions que je vous pose, mes éminents confrères ainsi que

 19   les Juges de la Chambre, vous pouvez le consulter. Mais j'aimerais vous

 20   demander, consultez-le seulement si vous avez réellement besoin de le

 21   consulter, mettez-le de côté pour l'instant. Si vous avez absolument besoin

 22   de le consulter, vous le ferez, mais pour l'instant, nous aimerions que

 23   vous répondiez de mémoire. Est-ce que vous avez compris ? Merci."

 24   Nous tenterons d'obtenir le journal original pour répondre à d'autres

 25   questions qui peuvent se poser. C'était à la page 11 813 du compte rendu

 26   d'audience. Voilà tout ce que j'avais à dire 

 27   LE TÉMOIN : VINKO PANDUREVIC [Reprise]

 28   [Le témoin répond par l'interprète]

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  1   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : [Suite]

  2   Q.  [interprétation] Mon Général, le 15 juillet il y a eu cette

  3   conversation interceptée, qui se trouve au document 65 ter 1179A et en

  4   B/C/S 1179B. Je n'ai pas une copie papier pour vous, et il nous faudra tous

  5   consulter l'ordinateur, je suis désolé. Attendons que le document soit

  6   téléchargé. Voilà. Je vais vous en donner lecture très lentement en anglais

  7   et si vous ne comprenez pas on va le répéter.

  8   Voilà, vous vous rappelez c'est la partie du tiers du bas de cette

  9   conversation où : 

 10   Krstic avait dit : "Vérifie avec Blagojevic. Prend ses bérets

 11   rouges."

 12   Beara dit : "Ils ne sont pas là. Ils étaient encore là. Ils sont

 13   partis, qu'ils aillent se faire foutre, ils ne sont plus là."

 14   Krstic dit : "Je vais voir ce que je peux faire."

 15   Beara dit : "Vérifie le tout et fais en sorte qu'ils aillent chez

 16   Drago."

 17   Krstic : "Je ne peux pas garantir quoi que ce soit."

 18   Alors j'aimerais savoir : Drago, quelle est cette référence qu'on fait à

 19   Drago ?

 20   R.  Nous avons parlé hier de la conversation où on évoque le poste 139 dans

 21   lequel Zivanovic dit d'appeler Beara, et nous avions également constaté à

 22   qui appartenait ce numéro, c'était donc Drago. C'est l'homme à qui

 23   appartenait ce poste 139

 24   Q.  Fort bien.

 25   Krstic poursuit : "Je ne peux rien garantir, je vais prendre les

 26   mesures nécessaires."

 27   Beara : "Krle je ne sais plus quoi faire."

 28   Krstic : "Ljubo, alors prends les gars du MUP de là-haut."

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  1   Beara : "Non, ils ne vont rien faire. Je leur ai parlé. Il n'y a

  2   aucune autre solution outre de prendre les 15 à 30 hommes avec Indjic. Ils

  3   étaient censés arriver le 13 mais ils ne sont pas là."

  4   Dites-moi, Monsieur : est-ce que M. Beara ne vous a jamais dit de quels

  5   gars du MUP il parlait ici ?

  6   R.  M. Beara ne m'a jamais absolument rien dit quant à ceci, et pour ce qui

  7   est de cette première partie de la conversation il découle qu'il y a eu

  8   certaines personnes de Bratunac, comme on les appelle les Bérets rouges,

  9   qui étaient emmenés de Bratunac. Une partie d'eux avaient déjà participé à

 10   des activités relatives aux exécutions et qu'une partie était partie et

 11   qu'une autre partie du groupe était restée. Pour ce qui est de Ljubisa

 12   Beara, je ne me suis jamais entretenu avec lui quant à ceci et il ne m'a

 13   rien dit à ce sujet non plus.

 14   Q.  Donc, Monsieur, vous n'avez absolument aucune idée de quels gars du MUP

 15   il s'agissait, à savoir des personnes qui avaient refusé de prendre part à

 16   tout ceci, d'après cette conversation ?

 17   R.  J'imagine que c'était quelqu'un du centre de sécurité publique de

 18   Zvornik.

 19   Q.  Est-ce que ce serait Dragomir Vasic et Mane Djuric, ce sont les deux

 20   personnes principales du centre de Sécurité publique de Zvornik, n'est-ce

 21   pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Fort bien. La conversation se poursuit, alors :

 24   Krstic : Ljubo, tu vas me comprendre également. Vous m'avez dupé."

 25   Qu'est-ce que vous pensez que cela veut dire ?

 26   R.  D'après le contexte, je peux seulement avoir une opinion personnelle, à

 27   savoir ce qu'il pensait lorsqu'il disait ceci. Mais Krstic était sans doute

 28   devenu conscient de tout ce qui s'était passé jusqu'à ce moment-là, et

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  1   qu'il n'avait pas le désir de continuer de prendre part à ces exécutions

  2   car ces exécutions qui ont eu lieu, il pensait sans doute à cela et qu'on

  3   lui avait plein de choses.

  4   Q.  Ne pensez-vous pas qu'il pensait que les ressources qui étaient

  5   nécessaires pour mener à bien cette opération pesaient lourd sur Krstic et

  6   c'est la raison pour laquelle il avait mentionné ceci, qu'il allait devoir

  7   puiser dans ses ressources pour pouvoir prêter son personnel ?

  8   R.  Voyez-vous, d'après le contexte de cette conversation, vous pouvez voir

  9   que Beara attend qu'Indjic vienne et qu'Indjic, lui, avait sans doute déjà

 10   été attribué un peu plus tôt. Les ressources avaient probablement déjà été

 11   déterminées, à savoir quelles étaient les ressources qui allaient prendre

 12   part à ceci, et on demande à Krstic de lui fournir des ressources

 13   supplémentaires. C'est ainsi que je comprends cette conversation.

 14   Q.  Beara poursuit en disant : "Je comprends, mais tu dois me comprendre

 15   également, si ceci avait été fait, à ce moment-là on n'aurait pas eu de

 16   discussion là-dessus maintenant.

 17   Krstic : "Merde, ce sera maintenant moi qui serai blâmé.

 18   Beara : "Je ne sais pas quoi faire. Je suis sérieux, Krle. Il y a encore 3

 19   500 colis que je dois distribuer et je n'ai absolument aucune solution."

 20   A quoi fait-il allusion lorsqu'il parle de ces 3 500 colis qu'il doit

 21   encore distribuer ?

 22   R.  Comme l'a dit le général Zivanovic, d'après ce qu'il sache, Ljubo

 23   n'était pas un postier. Il pensait sans doute aux personnes qui avaient été

 24   emprisonnées et qui étaient détenues, et qu'il fallait qu'il s'en

 25   débarrasse.

 26   Q.  Lorsqu'on parlait de se débarrasser de ces personnes, on parlait des

 27   tuer; est-ce que c'est exact ?

 28   R.  Oui, probablement.

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  1   Q.  Fort bien.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Bourgon, je vous écoute.

  3   Pour le compte rendu d'audience, Me Bourgon est entré dans la salle

  4   d'audience il y a environ cinq minutes. Oui, Maître Bourgon.

  5   M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je

  6   souhaiterais d'abord soulever une objection quant à toute cette série de

  7   questions qui a été posée au témoin et je voudrais demander à M. McCloskey

  8   de nous dire quel est le but de ces questions. Est-il en train d'essayer de

  9   contester la crédibilité du témoin, ou bien demande-t-on au témoin de

 10   répondre aux questions en tant que témoin expert ?

 11   C'est une conversation à laquelle le témoin n'a pas participé. Il s'agit

 12   d'événements dans lesquels le client n'a pas pris part non plus et

 13   maintenant on lui demande d'expliquer que pensez-vous que M. Beara pensait,

 14   pourquoi a-t-il dit ceci, qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce que ceci

 15   veut dire.

 16   C'est tout à fait inadéquat, inexact. Ceci ne peut absolument pas aider les

 17   Juges de la Chambre. Les questions qui sont posées au témoin peuvent être

 18   répondues par n'importe quelle autre personne dans ce prétoire et le

 19   témoin, bien sûr, mais donc nous sommes en train de perdre du temps et nous

 20   n'allons nulle part avec cette ligne de questions.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Aimeriez-vous faire un commentaire

 22   bref, Monsieur McCloskey.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois que je devrais présenter une

 24   argumentation qui n'est sans doute pas nécessaire. Ce témoin est tout à

 25   fait en mesure de nous donner ses points de vue, ses opinions, et je ne

 26   veux pas amoindrir les opinions de M. Butler, mais je crois que ce témoin

 27   est tout à fait en mesure de nous donner son opinion et nous connaissons le

 28   contexte dans lequel nous les obtenons.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Oui, Maître Bourgon.

  2   M. BOURGON : [interprétation] Oui, mon collègue vient juste de dire qu'il

  3   aimerait avoir les opinions de ce témoin. Les opinions du témoin n'aideront

  4   pas du tout ce procès et vous, Juges de la Chambre. Voilà, c'est du

  5   sensationnalisme, c'est tout ce qu'on fait ici. Ceci ne va pas du tout

  6   aider les Juges de la Chambre de savoir quelles sont les opinions de ce

  7   témoin pour ce qui est de cette conversation interceptée. Ce n'est que de

  8   se livrer à des conjectures. Cela ne nous mène absolument à rien.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis vraiment désolé, mais je dois

 10   réellement répondre à ceci.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, terminez --

 12   [La Chambre de première instance se concerte]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Bourgon et Maître McCloskey,

 14   mais tout d'abord nous sommes complètement en désaccord avec vous, nous

 15   estimons que votre question est presque obstructive d'une certaine façon,

 16   que c'est une obstruction. Mais procédons. Je crois que ces questions sont

 17   tout à fait légitimes et les réponses peuvent être données, bien sûr, c'est

 18   une personne qui a vécu ces circonstances, qui était là pendant cette

 19   période. Alors poursuivez, je vous prie.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 21   Q.  Fort bien. Alors pour terminer cette conversation :

 22   Krstic dit : "Je vais voir ce que je peux faire."

 23   Ensuite nous voyons le 16, vous serez sans doute d'accord avec moi que le

 24   commandement de la Brigade de Zvornik arrive, le 10e Détachement de

 25   Sabotage avec Erdemovic et les autres, nous savons très bien où ils sont

 26   allés, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à la pièce 65 ter 334.

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  1   C'est un rapport intérimaire de combat du 18 juillet. Page 2 en anglais, et

  2   page 5 en B/C/S. Ce qui m'intéresse se trouve au paragraphe 4. Je sais que

  3   vous en avez déjà parlé. Je ne vais pas passer énormément de temps là-

  4   dessus. Au paragraphe 4, on peut lire s'agissant de la situation sur le

  5   territoire, intitulé situation sur le territoire, vous dites :

  6   "Au cours des derniers jours, la municipalité de Zvornik est remplie de

  7   Turcs de Srebrenica. C'est inconcevable que quelqu'un ait pu emmener 3 000

  8   Turcs en âge de porter des armes et de les placer dans les écoles et les

  9   municipalités, et de plus 7 000 d'entre eux ont fui dans la forêt. Ceci a

 10   causé une situation extrêmement complexe et une situation de possibilité

 11   d'occupation totale de Zvornik de concert avec les forces sur le front. Ces

 12   actions ont fait en sorte que les gens soient très mécontents et le

 13   résultat est que Zvornik va devoir payer le pris d'avoir pris Srebrenica."

 14   Mon Général, lorsque vous parlez de "ces actions," est-ce que vous parlez

 15   du meurtre de ces milliers de Musulmans de Srebrenica ?

 16   R.  J'ai entendu le mot "postubdi" [phon] en B/C/S, je ne sais pas,

 17   j'essaie de lire ce qui se trouve à l'original, mais je ne trouve pas le

 18   terme. Il est certain que lorsque j'ai rédigé ce texte de cette façon-ci,

 19   j'ai fait comprendre de cette façon-là que ces personnes avaient été tuées

 20   lorsque je dis qu'il y avait énormément de personnes dans la municipalité

 21   de Zvornik. Pour ce qui est du reste du paragraphe quant à libération de

 22   Srebrenica, ceci a eu pour conséquence que la situation ne s'est

 23   qu'envenimée plus tard dans la municipalité.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez commencé par répondre quelque

 25   chose, vous avez dit : "J'ai entendu les mots 'ces actions'." M. McCloskey

 26   a parlé d'actions. "Mais je ne peux pas trouver le mot 'actions' à

 27   l'original." Que voyez-vous à l'original puisque, de toute façon, c'est un

 28   document que vous avez rédigé vous-même ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Oui, on dit ce qui

  2   est causé par ces actions effectivement. Oui, le mot y figure. Je ne

  3   l'avais pas vu au début. Donc on parle de l'action d'emmener ces personnes

  4   dans la municipalité de Zvornik et par la suite de procéder à leur

  5   liquidation.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  7   Q.  Lorsque vous parlez de liquidation ou du meurtre de ces Musulmans, vous

  8   parlez de façon un peu en termes un peu déguisés, vous nuancez les termes

  9   en les employant ici ?

 10   R.  Oui. J'avais envoyé ce document au commandement du corps d'armée, il

 11   était tout à fait clair de quoi il était question, c'était mon intention,

 12   je voulais qu'il y ait une trace écrite de tous ces événements afin que

 13   l'histoire en ait connaissance.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant au document 65 ter 329.

 15   Un autre rapport envoyé au même commandant, et à notre avis il s'agit, bien

 16   sûr, du même sujet.

 17   Q.  Je vais maintenant vous remettre l'original. Voilà. Je vais passer en

 18   revue la partie qui est la plus pertinente afin d'avoir le contexte, je

 19   cite :

 20   "Depuis la chute de Srebrenica sur le territoire de la zone de

 21   responsabilité de la 1ère Brigade d'infanterie de Zvornik, dans la zone

 22   élargie de Pandurice, Planinci, Crni Vrh, Kamenica, et Glodjansko Brdo, il

 23   y a environ 3 000 soldats ennemis armés et non armés. Les forces de la

 24   brigade ratissent le terrain. Il y a une centaine de soldats ennemis qui

 25   ont été liquidés jusqu'à maintenant.

 26   "Tout au long du 15 juillet 1995, les forces de l'armée de l'ABiH du 2e

 27   Corps d'armée de Tuzla ont lancé une attaque très nourrie sur la défense de

 28   la brigade afin d'établir un lien avec les forces qui ont été coupées.

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  1   L'attaque, sur la zone de défense des 4e, 6e et 7e Bataillons le long de la

  2   route Petkovci-Memici, a été lancée à 4 heures 30 avec des actions

  3   simultanées par les forces assiégées.

  4   "Les attaques ennemies ont été soutenues de façon vigoureuse avec

  5   l'artillerie de tout calibre ainsi que les chars. Les attaques ont varié en

  6   intensité suivies par d'autres attaques en direction de Nezuk et Kalesija

  7   sur Memici. L'attaque sur Memici est encore en cours. Toutes les cibles se

  8   trouvant en profondeur sur le territoire, ainsi que les banlieues et la

  9   ville de Zvornik font l'objet de tirs d'artillerie. Toutes les attaques ont

 10   été repoussées avec succès jusqu'à maintenant.

 11   "Jusqu'à l'heure actuelle, et d'après les informations reçues, nous

 12   comptons quatre morts et une douzaine de blessés. Avec toutes les forces

 13   disponibles, nous avons coupé la zone élargie de Crni Vrh ainsi que de

 14   Planinci et partiellement la zone de Kamenica. Toutes les forces de la

 15   brigade sont pleinement engagées et nous n'avons pas de réserves."

 16   Donc vous en avez déjà parlé et je ne vais pas entrer en détail.

 17   Ensuite nous avons le paragraphe qui suit :

 18   "Un poids supplémentaire qui pèse sur nous c'est un très grand nombre de

 19   prisonniers qui sont placés dans des écoles de la région de la brigade,

 20   ainsi que des obligations relatives à la sécurité et la restauration du

 21   terrain."

 22   Général, pourriez-vous nous expliquer, je vous prie, lorsque vous parlez

 23   que : "Le poids supplémentaire qui pèse sur nos épaules est le grand nombre

 24   de prisonniers placés dans des écoles de la zone de responsabilité de la

 25   brigade;" que vouliez-vous dire ? Quel est ce poids supplémentaire

 26   qu'engendrent ces prisonniers placés dans les écoles ? Quel est ce poids

 27   supplémentaire qui pesait sur vous ?

 28   R.  Je l'ai déjà expliqué en réponse à l'interrogatoire principal lorsque

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  1   M. Grujic m'a posé une question, à savoir qu'il y avait des prisonniers

  2   dans les écoles et ces gens étaient dans les écoles, cela avait des

  3   conséquences sur la situation sur la ligne de front. Je ne dis pas ici que

  4   j'avais des contacts directs avec ces personnes, mais que ce fait-là en

  5   soit entraîne une charge supplémentaire.

  6   Q.  Donc la charge c'est le fait que la population locale est préoccupée

  7   parce que ces personnes se trouvent dans les localités ou à proximité ?

  8   R.  Oui, ce fait-là, mais également leurs contacts avec les soldats qui se

  9   trouvent sur la ligne de front.

 10   Q.  C'est donc tout ce qu'il faut entendre par fardeau ou charge ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Saviez-vous que des civils avaient pris contact avec les soldats sur la

 13   ligne de front au moment où vous avez écrit ces lignes ?

 14   R.  Non, je n'ai pas reçu d'information dans ce sens à ce moment-là.

 15   Q.  C'était donc uniquement une possibilité ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Rien d'autre ?

 18   R.  Non, c'est tout.

 19   Q.  Ensuite, vous poursuivez en parlant d'"obligations de sécurité" et

 20   d'"assainissement du terrain," "asanacija terena." Qu'entendez-vous par

 21   "assainissement du terrain" ?

 22   R.  Le terme de "security," en anglais, ne correspond pas au terme

 23   serbe "obezbedjenje." Le terme d'"asanacija" a également donné lieu à de

 24   longues explications. Pour la première fois en 1992, on a parlé de ce

 25   terme-là, "asanacija." Auparavant, de telles opérations de combat n'étaient

 26   pas planifiées ni attendues.

 27   Q.  Dans votre interrogatoire principal, vous avez dit en définissant

 28   ce terme que la première chose à faire serait de se rendre sur le terrain

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  1   et de s'occuper des blessés; est-ce que c'est de cela dont il est question

  2   ?

  3   R.  Oui, en entre autres parce que c'était en cours.

  4   Q.  Donc le fait d'aller récupérer les blessés et de s'occuper d'eux

  5   constituait une charge supplémentaire, comme cela est dit dans ce

  6   paragraphe ?

  7   R.  Oui, parce que je devais prendre une partie des forces des lignes de

  8   front qui participaient au combat pour s'occuper de ces tâches,

  9   l'évacuation des blessés est loin d'être aisée en situation de combat.

 10   Q.  Donc à part le fait de vous rendre sur place et d'évacuer les blessés,

 11   qu'entendez-vous par cette référence à "asanacija terena," qu'entendez-vous

 12   exactement ? Comme nous nous en souvenons certainement, il n'y avait pas de

 13   combat à ce moment-là. Vous songiez même à ouvrir un corridor le lendemain.

 14   Alors quoi d'autre peut être couvert par cette expression, "asanacija

 15   terena," si cette expression doit englober autre chose ? Qu'essayez-vous de

 16   dire au général Krstic ?

 17   R.  C'est également le fait de récupérer les tués, et il y avait eu des

 18   pertes. Il y a eu des embuscades à Crni Vrh. Là quand on dit les tâches,

 19   les missions, cela ne veut pas dire que l'on va forcément le faire dans

 20   l'immédiat, dans les instants qui suivent. Mais il faut poursuivre cet

 21   assainissement du terrain le lendemain également, et d'ailleurs c'est ce

 22   qui s'est passé.

 23   Q.  Général, je ne vous demande de vous exprimer sur la définition de ce

 24   terme. Nous avons deux définitions. Je vous demande ce que vous aviez à

 25   l'esprit à part le fait d'évacuer les blessés quand vous avez dit cela,

 26   dans ce contexte ? Nous connaissons la définition.

 27   R.  Je ne peux pas me situer en dehors de cette définition. Je suis un

 28   soldat, je sais ce qu'il faut entendre par "assainissement." Je voulais

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  1   dire par là le fait d'aller récupérer ceux qui avaient été tués et

  2   d'évacuer les blessés, c'est tout. Il faut envisager cela dans le cadre de

  3   la sécurisation du terrain.

  4   Q.  Oui, nous nous souvenons tous de vos explications à ce sujet. Mais ma

  5   question est la suivante, comment est-ce que cela peut constituer une

  6   charge supplémentaire puisque vous l'avez déjà expliqué au paragraphe

  7   précédent ?

  8   R.  Non, dans le paragraphe précédent, je décris la situation de combat, la

  9   situation tactique sur le terrain le 15 jusqu'au moment où ce rapport a été

 10   envoyé.

 11   Q.  Vous saviez au moment où vous aviez écrit cela qu'il y avait des

 12   milliers de prisonniers qui étaient encore en vie à la fois dans l'école de

 13   Rocevic et dans la ferme de Branjevo et également au centre culturel de

 14   Pilica, et vous savez que les soldats de la Brigade de Zvornik ont

 15   participé à la sécurité de ces personnes. Vous avez entendu la déposition

 16   de 20 ou 30 soldats au moins s'agissant de Pilica, des soldats de la

 17   Brigade de Zvornik, du 1er Bataillon, et même chose pour Rocevic. Lorsque

 18   vous avez écrit cela, vous saviez également que des milliers de Musulmans

 19   avaient été enterrés à Orahovac le 14 et que d'autres encore allaient être

 20   enterrés le 15, ce qui, vous en conviendrez avec moi, est englobé dans le

 21   terme de "asanacija," et que si des milliers d'autres personnes devaient

 22   être tuées, alors cette charge augmenterait.

 23   Général, il n'y a qu'une façon raisonnable d'interpréter cette formulation

 24   énigmatique, je le reconnais, destinée au général Krstic. Vous deviez

 25   veiller à la sécurité des prisonniers, et en termes d'"asanacija" vos

 26   obligations veulent dire que vous deviez les enterrer, n'est-ce pas ?

 27   R.  Non, ce n'est pas cela, Monsieur McCloskey. Vous avez résumé et

 28   télescopé les événements que je connaissais à l'époque et ceux que j'ai pu

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  1   apprendre par la suite au cours de ce procès. Vous essayez de me faire

  2   avaler cela. Mais je ne peux pas avaler ce type d'affirmation, sinon mon

  3   estomac n'acceptera pas.

  4   J'essaie de vous expliquer ce que j'ai écrit et ce que j'avais à

  5   l'esprit et j'ai traduit dans ce texte ce que je savais à l'époque. A

  6   l'époque, je ne savais pas que quiconque avait été tué ou que l'on se

  7   préparait à tuer quiconque. Vous-même vous avez dit hier que le 15 au

  8   matin, on avait fini d'enterrer ces gens à Orahovac, même chose pour

  9   Petkovci. Par conséquent, si vous sous-entendez que c'est ce qu'il fallait

 10   entendre par "asanacija," bien, non, c'était déjà terminé. Or,

 11   l'assainissement, "asanacija," n'est pas un acte criminel. Mais c'est une

 12   action nécessaire sur le champ de bataille. Je me souviens d'une

 13   photographie qu'on a montrée à M. Trivic ici, M. Thayer lui a demandé si

 14   c'était ce qu'il fallait entendre par "asanacija," assainissement, et il a

 15   dit que ce n'était pas le cas et je suis d'accord avec lui.

 16   Q.  Lorsque vous parlez d'"asanacija," vous nous parlez d'évacuation

 17   des blessés et de récupération de ceux qui ont été tués; alors pourquoi

 18   avez-vous dit à Eileen Gilleece que le fait de tuer des cochons en décembre

 19   1992 était un exemple de cette notion "asanacija" ?

 20   R.  Bien, "l'assainissement" est à la fois "l'assainissement" du champ de

 21   batille mais également du territoire où il n'y a pas de combat et

 22   l'assainissement peut être effectué par les Unités de l'Armée ou par les

 23   Unités de la Protection civile, et j'essayais de citer cela comme exemple

 24   de ce qu'il fallait entendre par "assainissement."

 25   Vous, vous souvenez bien de la déposition de M. Butler lorsqu'il a

 26   été question de cela et il a dit que ces rapports avaient été interprétés

 27   au départ comme étant à décharge après quoi par un brusque revirement, on a

 28   estimé que c'était une pièce à charge contre moi. Je ne vais pas citer le

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  1   cardinal Richelieu, qui a dit qu'on pouvait lui donner n'importe quelle

  2   phrase et qu'il se débrouillerait pour faire pendre la personne en

  3   question.

  4   Q.  Répondez à ma question, Général : pourquoi si vous n'avez pas enterré

  5   quiconque le 15, pourquoi faites-vous référence à des cochons en fait

  6   d'enterrer des cochons ? Est-ce que vous avez changé votre ligne de défense

  7   puis le moment où vous avez parlé avec Eileen Gilleece ?

  8   R.  Monsieur McCloskey, j'ai déjà répondu à votre question précédente.

  9   Peut-être que la réponse ne vous convient pas mais j'ai dit pourquoi j'ai

 10   mentionné ces cochons. Si vous relisez ma réponse, vous verrez que j'ai

 11   bien répondu et je n'ai pas changé ma déposition.

 12   Q.  Vous n'avez pas laissé partir ces prisonniers, n'est-ce pas ? Même si

 13   vous aviez menacé de le faire ?

 14   R.  A qui est-ce que j'avais adressé des menaces ?

 15   Q.  Je pense que c'est un problème de traduction.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je pense.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je peux reformuler.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être pourriez-vous répéter

 19   la question, Monsieur McCloskey ?

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 21   Q.  Général, l'Accusation prétend que lorsque vous avez dit que : "Si

 22   quelqu'un ne s'occupait pas de ce problème, serait contraint de les laisser

 23   partir, vous avez menacé votre commandement de laisser partir ces

 24   prisonniers parce que vous aviez autre chose à faire que de vous occuper

 25   d'un crime énorme comme celui-ci, et ça effectivement c'est un élément à

 26   décharge; et si vous les aviez laissé partir, Général, alors je crois que

 27   nous ne serions pas dans ce prétoire. Voilà donc ce que je disais lorsque

 28   je parlais d'éléments à décharge, mais vous ne les avez pas laissé partir.

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  1   Vous n'avez pas laissé partir les prisonniers qui se trouvaient à l'école ?

  2   Et je suis heureux que vous y ayez pensé.

  3   R.  Si vous aviez interprété cela comme il faut jusqu'au bout, peut-être ne

  4   serais-je pas assis ici à la fin du rapport ce n'est pas enfin ce n'est pas

  5   la fin du rapport où cela dit : je serais contraint de les laisser partir

  6   point, signature. Mais si vous lisez le paragraphe suivant qui est en

  7   rapport direct avec ce paragraphe-là, il est dit que le commandant de la

  8   partie adverse Semso Muminovic s'est vu offrir de séparer les civils et que

  9   les autres se rendent, mais il a refusé et il a exigé qu'on les laisse tous

 10   partir ensemble, là il est question de 28e Division.

 11   Alors comment est-ce que je pourrais séparer les civils et que les autres

 12   puissent se rendre ? Ceux qui se sont rendus, ceux qui ont été fait

 13   prisonniers ne peuvent pas être fait prisonniers à nouveau et ensuite on ne

 14   peut pas faire le tri, les séparer. Donc le contexte est très clair,

 15   c'était là le fait de laisser passer la colonne de la 28e Division et non

 16   pas des prisonniers de guerre. Donc essentiellement à ce moment-là on peut

 17   dire que je ne pouvais pas décider du sort de ces gens. C'est la seule

 18   manière d'interpréter cela. Si l'on y ajoute le rapport du 16 qui doit être

 19   rattaché à cela et qui dit qu'on les laisse passer là -- cela ne fait plus

 20   aucun doute.

 21   Q.  Général, nous pouvons tous voir qu'il y a un autre paragraphe mais que

 22   vous changez de sujet, que vous ne parlez plus des prisonniers mais de la

 23   colonne, par conséquent, je ne vais pas entrer dans une polémique à ce

 24   sujet.

 25   Pouvez-vous me dire quelles étaient vos relations professionnelles avec le

 26   général Radinovic ?

 27   R.  Nous n'avons jamais eu de contacts professionnels pendant que j'étais

 28   en service d'active de la JNA, j'étais en Slovénie, il était à Belgrade,

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  1   après quoi il a pris sa retraite et je n'ai jamais eu de contacts

  2   professionnels avec lui. Est-ce que c'est bien Radinovic, ou Radenovic

  3   parce que j'ai entendu Radenovic dans l'interprétation.

  4   Q.  Dites-nous qui est le général Radinovic qui a déposé en tant qu'expert

  5   dans l'affaire Krstic ?

  6   R.  Oui, il est apparu en qualité d'expert dans l'affaire Krstic.

  7   Q.  De qui s'agit-il ?

  8   R.  C'est un général à la retraite. Il est professeur et précédemment il

  9   était professeur au centre pour les études stratégiques de la JNA. Il a été

 10   expert des systèmes de défense. Voilà pour autant que je puisse le savoir.

 11   J'ai lu certains de ces ouvrages.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'aimerais préciser quelque chose.

 13   Lorsque vous avez fait référence précédemment à l'officier qui se trouvait

 14   à Belgrade quand vous étiez en Slovénie, est-ce que c'était bien la même

 15   personne ou est-ce que vous parliez de quelqu'un d'autre qui avait un nom

 16   qui rassemblait mais qui n'était pas la même personne ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la même personne, Monsieur le Président,

 18   le général Radinovic.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 20   Q.  Dans l'un de vos ouvrages sur un thème militaire, nous voyons qu'il a

 21   contribué à la publication. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

 22   R.  Je ne sais pas à quels livres vous songez. Si c'est celui qui concerne

 23   "la constitution du système de défense de la Republika Srpska," est-ce

 24   qu'il a été -- est-ce qu'il a participé en qualité de rédacteur expert,

 25   peut-être.

 26   Q.  Le livre qui m'intéresse s'intitule : "Intérêt national comme base de

 27   la doctrine militaire."

 28   R.  Oui, je crois que le titre était celui-là. Je ne sais pas s'il a été

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  1   chargé de l'édition de cet ouvrage. Je crois que c'est un autre professeur,

  2   le Pr Stisevic, qui y a participé, mais il faudrait vérifier.

  3   Q.  Oui, nous allons le faire. Quoi qu'il en soit dans votre réponse à

  4   l'interrogatoire principal, lorsque vous avez parlé de ce rapport

  5   intérimaire du 15 juillet, vous affirmez page 31 009 en réponse à Me Haynes

  6   à la page précédente où il vous demande :

  7   "Question : Est-ce que vous faites référence dans ce rapport au fait de

  8   garder et d'enterrer des prisonniers de guerre ?

  9   "Réponse : Ce passage peut être interprété ainsi d'un point de vue

 10   linguistique mais d'autres experts devraient être invoqués à cette fin. Je

 11   peux l'interpréter uniquement s'agissant de l'essence de la question. Cela

 12   n'était nullement lié au fait de garder des prisonniers ou d'enterrer leurs

 13   corps. Cela ne peut même pas être sous-entendu sur la base des termes

 14   utilisés dans ce document."

 15   En réponse à cette dernière remarque, à savoir qu'on ne peut même pas sous-

 16   entendre cela sur la base de cette lecture, j'aimerais

 17   vous citer les mots du général Radinovic qui a déposé pour la Défense du

 18   général Krstic et qui s'est exprimé sur ce rapport. Il dit la chose

 19   suivante, le 6 décembre 2000, page 7 987 :

 20   "Dans cette partie du rapport, nous pouvons voir plusieurs faits très

 21   importants. Cruciaux pour ce procès. Le commandant le Brigade de Zvornik

 22   sait, par conséquent, que dans sa zone de responsabilité se trouvent des

 23   prisonniers de guerre. C'est le premier fait qui ressort de ce rapport.

 24   "Deuxième fait il dit que cela utilise les ressources de la brigade, or il

 25   a une pénurie de telles ressources, pour la Défense de sa zone de

 26   responsabilité. Et il cite les ressources nécessaires pour assurer la

 27   sécurité des prisonniers, et pour assainir le terrain voilà`donc en quoi

 28   consiste ces obligations. Et il dit qu'il ne peut pas assumer ce fardeau

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  1   additionnel plus longtemps et s'occuper de ces problèmes.

  2   "Pour moi, ce rapport veut dire qu'il est bien conscient que les

  3   prisonniers se trouvent dans sa zone de responsabilité, et que jusqu'à ce

  4   moment-là il a assuré leur sécurité, que ses hommes à lui qui s'en

  5   chargeaient, mais qu'ils ne peuvent plus assumer cette responsabilité. Ce

  6   qui nous permet de conclure que le commandant est au courant de l'existence

  7   de ces prisonniers mais que vraisemblablement, le commandant ignore qu'à ce

  8   moment-là, d'après les éléments que j'ai pu apprendre à la lecture des

  9   documents pour cette déposition, qu'il ignore donc qu'à ce moment-là les

 10   prisonniers ont déjà été exécutés dans sa zone de responsabilité.

 11   Par conséquent, il est vraisemblable qu'il l'ignore car s'il l'avait su, il

 12   aurait su qu'il était responsable et ce fait n'aurait pas été divulgué. Il

 13   l'aurait caché car de cette manière-là il apparaît dans la chaîne de

 14   responsabilité."

 15   Il poursuit et il dit pour conclure le 12 décembre, page 8 404 :

 16   "Lorsque le commandant de la brigade est rentré de Zepa dans sa zone de

 17   responsabilité, on lui a dit que les prisonniers de guerre se trouvaient

 18   dans sa zone de responsabilité, et il a demandé pourquoi ils ne se

 19   trouvaient pas là où ils auraient dû être en vertu de l'ordre. Et que ceux-

 20   là utilisaient des ressources qui devaient être sur la ligne de front. Et

 21   c'est pour cela qu'il a lancer cet appel et dit qu'il ne souhaitait pas

 22   assumer ses responsabilités, que quelqu'un d'autre devait s'occuper d'eux

 23   cela veut dire que le commandement supérieur devait s'en charger, car sinon

 24   ils seraient contraints de les laisser partir. C'est donc là un appel lancé

 25   au commandement supérieur s'agissant de ces prisonniers de guerre. Et pour

 26   notre grand malheur et notre grande honte, nous savons comment ils s'y sont

 27   pris avec eux."

 28   L'Accusation affirme donc que le général Radinovic avait raison. Nous ne

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  1   sommes pas d'accord sur le fait que vous n'étiez pas au courant des

  2   assassinats, mais nous sommes d'accord sur le reste, n'est-ce pas ? C'est

  3   là une appréciation logique et pertinente de la situation, n'est-ce pas ?

  4   R.  Non. Vous m'avez donné lecture d'un passage relativement long, mais je

  5   vais essayer de vous répondre en vous disant ce que je savais à l'époque.

  6   Pour commencer, M. Radinovic s'est exprimé sur un seul paragraphe de ce

  7   rapport qui en compte sept ou huit. Ce qui l'amène à tirer des conclusions

  8   erronées.

  9   Deuxièmement, dans ses propres conclusions il se contredit. Au début il dit

 10   que j'étais chargé de sécuriser puis d'enterrer ces personnes, et dans un

 11   deuxième temps il dit que j'ignorais qu'ils avaient été tués, et que cela

 12   ne me concernait pas.

 13   Si vous lisez le rapport dans sa totalité, quand vous arrivez au paragraphe

 14   où il est dit notre commandement ne peut plus s'occuper de ces problèmes,

 15   ce à quoi il est fait référence ce sont tous les problèmes énumérés dans

 16   les paragraphes précédents du rapport. Nous ne pouvons pas ici nous

 17   comporter comme quelqu'un qui ne ramasse que les herbes médicinales dans un

 18   pré et qui ignore toutes les autres, c'est-à-dire choisir ce qui vous

 19   arrange, et ne reprendre que les parties de la déclaration de M. Radinovic

 20   qui vous arrange. Vous ne pouvez donc pas interpréter ce texte comme vous

 21   l'avez fait.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

 23   M. HAYNES : [interprétation] J'aimerais réagir à ce qui vient d'être dit.

 24   C'est un témoin qui a été cité comme témoin à décharge dans l'affaire

 25   Krstic et je crois que l'Accusation ne devrait pas se prononcer sur cette

 26   déposition.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons consigner au compte

 28   rendu d'audience votre position.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pensais l'avoir fait. J'étais d'accord

  2   avec une partie et en désaccord avec l'autre partie.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Du point de vue de la

  4   Chambre, j'aimerais dire que ce qui a été présenté au témoin par M.

  5   McCloskey et plus particulièrement la réponse du témoin est la déposition.

  6   Ce que M. Radinovic a peut-être dit dans l'affaire Krstic ne constitue pas

  7   un élément de preuve dans cette affaire. Vous en convenez ?

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président. Je

  9   ne souhaite pas verser cette déposition au dossier.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est ce que je souhaitais confirmer,

 11   obtenir comme confirmation de votre part, vous ne demandez pas que la

 12   déposition de M. Radinovic dans l'affaire Krstic soit reçue comme élément

 13   de preuve dans cette affaire.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je l'ai invoqué uniquement à des fins de

 15   crédibilité, parce qu'il dit que les termes utilisés dans le document ne

 16   peuvent pas laisser entendre que, et cetera.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Merci. Nous sommes donc d'accord.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 19   Q.  Vous avez eu l'occasion d'entendre la totalité de l'enregistrement,

 20   n'est-ce pas, l'enregistrement sonore de M. Radinovic ?

 21   R.  J'ai reçu le DVD mais les séquences n'étaient pas dans l'ordre

 22   chronologique. J'ai bien essayé d'écouter mais ça fait un bout de temps, et

 23   je ne me souviens pas du moins détail. Mais vous, vous avez l'auteur de ce

 24   rapport ici devant vous c'est une chance uniquement que vous avez et

 25   personne ne pourrait mieux vous aider à interpréter ce rapport.

 26   Tout d'abord, c'est écrit dans ma langue maternelle je la comprends

 27   parfaitement, je sais ce que j'ai voulu dire. Je sais ce qui se passait sur

 28   le terrain, et je suis la personne la mieux placée pour en parler.

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  1   Q.  Ecoutez, vous avez dit que c'était la seule interprétation possible,

  2   pourtant voyons ce que le général Krstic a donné lui comme interprétation,

  3   puisqu'il était le destinataire de ce document. Je vous donne une idée du

  4   contre-interrogatoire que j'ai mené de M. Krstic, page 6 738. Ce qui valait

  5   pour le général Radinovic, vous pour le général Krstic.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

  7   M. HAYNES : [interprétation] Mais quelle sera la question posée au bout du

  8   compte ? Parce que c'est bien de lire des parties interminables de la

  9   déposition d'autrui, mais la question reste à poser.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je me trompe peut-être, vous me le

 11   direz, mais je pense que M. McCloskey essaie d'avancer, de faire un pas de

 12   plus dans ce qu'il affirme, à savoir que votre client ne dit pas la vérité

 13   sur ce point. Attendons de voir la question.

 14   M. HAYNES : [interprétation] Il a déjà laissé entendre au moins quatre

 15   fois.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais peut-être qu'il essaie d'en

 17   apporter la preuve.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Voici ce qui compte : le général Pandurevic

 19   dit qu'il n'y a pas d'autre interprétation possible, or moi j'ai

 20   l'interprétation de M. le général Krstic qui est différente; je crois qu'il

 21   est donc tout à fait correct de lui poser la question.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 24    Q.  Page 6 738, sur le point d'évacuation suivante. C'est moi qui lui pose

 25   cette question.

 26   "Question : Qu'est-ce qu'il veut dire Vinko Pandurevic, au fond lorsqu'il

 27   dit que 'le fardeau que nous portons, la charge que nous portons' ? Est-ce

 28   qu'il parle de la Brigade de Zvornik ?

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  1   Réponse : Je pense qu'il parle des prisonniers qui lui ont été amenés dans

  2   sa zone de responsabilité, celle de sa brigade.

  3   Question : Je vous demande quelle signification il faut donner au terme

  4   'nous' ?

  5   Réponse : Sans doute veut-il parler de la Brigade de Zvornik.

  6   Question : Si celle-ci a des obligations en matière de sécurité et celle-ci

  7   avait été imposée par le colonel Beara, quelle c'aurait été sa

  8   responsabilité ?

  9   Réponse : Sans doute des obligations en matière de sécurité. Il fallait

 10   sécuriser les installations et les lieux où se trouvaient les prisonniers."

 11   Je saute quelques passages et j'arrive à celui-ci :

 12   "Question : Mais ce commandement ne peut plus se charger de ces problèmes.

 13   Ces problèmes, ce sont des problèmes qui sont des obligations en matière de

 14   sécurité et en matière de nettoyage du terrain ?

 15   Réponse : Il pense sans doute à la question de la sécurité.

 16   Question : Nous venons de parler des responsabilités qui lui avaient été

 17   imposées par Ljubo Beara, est-ce que c'est en application des ordres donnés

 18   par le général Mladic ? Excusez-moi, je vous ai interrompu. Quelle était

 19   votre réponse ? Vous avez dit oui ?

 20   Réponse : Je n'ai pas encore répondu.

 21   Question : D'accord. Tirons ceci au clair. Apparemment Pandurevic ne peut

 22   plus se charger d'un problème, ne peut plus [imperceptible] lequel, c'est

 23   celui de la sécurité.

 24   Réponse : C'est sans doute à cela, je suppose."

 25   C'est la réponse qui avait été donnée par le général Krstic.

 26   Un peu plus loin :

 27   "Question : Général, qu'est-ce qu'il faut pour procéder à des exécutions

 28   dans le contexte par exemple de Orahovac, quand on a autant de personnes ?

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  1   Réponse : Je ne sais pas ce qu'il faut comme équipement. La personne qui

  2   s'en est chargée de cette exécution qui le savait, et ce n'était pas Vinko

  3   Pandurevic. Je suis certain qu'il ne pensait pas à cet équipement. S'il a

  4   pensé à quoi que ce soit, c'était sans doute aux vivres dont avaient besoin

  5   sa brigade et les prisonniers de guerre. Ici, il ne parle pas du tout

  6   d'exécution, de quelle nature qu'elle soit.

  7   Question : 'Si personne n'endosse cette responsabilité, je vais devoir les

  8   laisser partir.' Mais il parlait de qui quand il disait les laisser partir

  9   ?

 10   Réponse" : Sans doute pensait-il aux prisonniers de guerre.

 11   Question : Qui se trouvaient dans les écoles, qui se trouvaient dans sa

 12   zone de responsabilité ?

 13   Réponse : C'est ce qu'il dit, dans les écoles.

 14   Question : Donc vous dites que ce qui le préoccupe, c'est le fait de

 15   pouvoir nourrir ces prisonniers si personne ne s'en occupe, il va devoir

 16   les laisser partir; c'est ça ?

 17   Réponse : Tout à fait, précisément."

 18   Nous avons ici la personne qui a reçu ce document. Il était traduit en

 19   justice. Il était à la barre des témoins et il devait répondre à mes

 20   questions. Voyons ce qu'il dit, il dit non Vinko n'est pas responsable,

 21   n'est coupable de rien en ce qui concerne l'opération meurtrière, mais il

 22   est au courant de la présence de prisonniers dans l'école. C'est ça, sa

 23   préoccupation, le fardeau qu'il porte. Qu'avez-vous à répondre ?

 24   R.  A ma connaissance, vous n'avez pas cru un seul mot de ce qu'a dit le

 25   général Krstic, lorsqu'il a déposé. Maintenant vous voulez utiliser un

 26   mensonge pour en prouver un autre. Je ne comprends pas. Parce que le

 27   général Krstic conclut ici qu'il y a des prisonniers détenus dans des

 28   écoles, c'est dit clairement dans le texte. C'est clair, pas difficile à

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  1   comprendre. Si vous aviez donné ce rapport à quelqu'un qui ne connaît pas

  2   le contexte dans lequel s'inscrivent ces événements, et bien, cette

  3   personne n'aurait jamais fait cette interprétation du rapport.

  4   Krstic parle de ce qu'il sait, de ce qui se passe s'agissant de ces

  5   personnes. Moi, je n'ai pas ces éléments de connaissance. Quand je vois vos

  6   questions, qui sortent de leur contexte les faits contenus dans ce rapport,

  7   le général Krstic répond parce qu'on l'amène à croire qu'ici on fait

  8   référence à des prisonniers de guerre. On ne lui a pas montré le paragraphe

  9   où j'ai dit que j'avais offert au commandant de l'ennemi de faire la

 10   séparation, de trier les civils et il a insisté pour que tout le monde

 11   parle. Ici, le contexte le montre clairement dans le cas des prisonniers de

 12   guerre. Pourquoi est-ce que je les laisserai partir si quelqu'un les avait

 13   amenés du Corps de la Drina ou de l'état-major principal, et si c'étaient

 14   ces éléments-là qui les surveillaient ?

 15   Q.  Mais vous êtes d'accord pour dire que la Brigade de Zvornik a

 16   gardé les prisonniers à Pilica les 14, 15 et 16 juillet ?

 17   R.  Pendant le procès, pendant ce procès, ça a été établi. Je ne savais pas

 18   à l'époque, Dragan Obrenovic non plus. Vous savez comment ces prisonniers

 19   ont été traités. Ils ont reçu de l'eau et du pain.

 20   Q.  Essayons de terminer l'examen de la question de M. Radinovic. Je vous

 21   remets ce livre, est-ce que nous avons quelque chose qui a été saisi dans

 22   le prétoire électronique, je ne sais pas, est-ce que c'est bien une

 23   photocopie du livre dont on parlait ?

 24   R.  J'ai parlé de ce livre, mais vous, vous en avez parlé -- vous avez

 25   parlé d'un autre, mais vous avez raison. Il a fait la critique de ce livre,

 26   pas de l'autre.

 27   Q.  Comment savez-vous qu'il a fait la critique de ce livre ?

 28   R.  C'est dit dans le remerciement.

Page 32224

  1   Q.  Précisions le titre de ce rapport.

  2   R.  "Les fondements de la doctrine de la Défense de la Republika Srpska."

  3   Q.  C'est vous qui avez choisi ce monsieur, qu'il avait chargé de faire la

  4   critique de ce livre, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est l'Institut des études géopolitiques qui a publié ce livre. Elle

  6   comptait parmi son personnel, dans un personnel le Pr Radinovic. C'est la 

  7   maison d'édition ou celui qui a publié ce livre qui a l'idée de le choisir.

  8   Q.  Je suppose que vous auriez eu votre mot à dire, puisque vous étiez

  9   l'auteur du livre.

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Vous étiez d'accord pour que ce soit le général Radinovic qui fasse la

 12   critique du livre ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Bien. Revenons brièvement au rapport d'Eileen Gilleece. Vous en avez

 15   déjà parlé.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la page 4 en B/C/S. pardon je précise

 17   la cote 7D 1154, ce sera la page 4 en anglais, la même page, le même numéro

 18   de page en B/C/S.

 19   Q.  Mme Gilleece, vous lui avez rapporté "qu'il y avait des rumeurs qui

 20   circulaient parmi les éléments, dans les effectifs de Pandurevic, que Naser

 21   Oric se trouvait à la -- Naser Oric, il était une sorte de légende doté de

 22   pouvoir incroyable, difficile de garder les hommes concentrés sur leur

 23   tâche car il y avait une rumeur concernant Naser Oric qui paralysait de

 24   peur beaucoup d'entre eux. Le conflit, l'épicentre du conflit, c'était le

 25   village de Baljkovica et Pandurevic y est arrivé le conflit s'est

 26   poursuivi."

 27   Alors Me Haynes vous a posé une question concernant :

 28   "L'arrivée ou l'avancée des forces de Naser Oric en direction de

Page 32225

  1   Srebrenica." C'était mentionné dans le rapport de Gilleece. Voici votre 

  2   réponse, page 31 279 :

  3   "Réponse : Mais je ne sais pas d'où est venu cette note. Il n'y a eu

  4   aucun mouvement des forces musulmanes vers Srebrenica.

  5   Question : Est-ce que vous l'avez dit ?

  6   Réponse : Bon, vous avez dit que : 'Tout sur ce sujet;' je ne vois

  7   pas comment j'aurais pu le dire s'il n'y avait pas d'informations de ce

  8   genre. Nous avons établi pendant toute la durée de ce procès que rien de

  9   cela ne se serait passé. Ce n'était pas comme ça."

 10   Je vais vous poser des questions sur un premier document qui porte le

 11   numéro de la liste 65 ter 201. Vous voyez il émane du commandement du Corps

 12   de la Drina. Il porte la date du 15 juillet à 8 heures du matin. Nous

 13   savons qu'à ce moment-là, vous êtes sans doute à Krivace ou dans la zone.

 14   Ce commandement de Corps de la Drina en tout cas est-ce que vous savez ce

 15   qu'est la 4e Section de Reconnaissance Radio du commandement du corps ?

 16   R.  C'est ce qu'a fait cette section de Reconnaissance, c'est elle qui a

 17   intercepté et brouillé les communications de l'ennemi. Q.  Mais vous voyez

 18   qu'il est fait état :

 19   "A 6 heures 30 du fait que Naser Oric avec Dokteur et une partie des

 20   forces turques, qui sont partis de la zone de Tuzla pour viser le plus de

 21   Turcs de Srebrenica, font rapport du village de Krizevici, qui se trouve

 22   sur la route de Karakaj à Crni Vrh. Apparemment c'est une partie seulement

 23   des forces qui sont en route pour faire une jonction avec la population de

 24   Srebrenica. D'après nos estimations, la partie principale de cette route

 25   musulmane de Srebrenica se trouve être dans la région de Velija Glava

 26   (Gornja Kamenica)."

 27   Je suppose que ces informations Eileen Gilleece les tenaient de vous,

 28   n'est-ce pas ?

Page 32226

  1   R.  Non. Ce que j'ai dit c'est que c'était des transmissions falsifiées de

  2   la part des Musulmans. Naser Oric n'avait pas bougé. Il était toujours dans

  3   la zone de Kalesija et Tuzla. C'est simplement que ces personnes ont eu un

  4   entretien radio en faisant semblant, en prétendant qu'ils avaient réussi

  5   une avancée et qu'ils étaient loin derrière les lignes serbes alors qu'ils

  6   n'avaient pas bougé d'un pouce.

  7   Q.  Pourtant vous avez fourni une réponse à Me Haynes et vous avez montré

  8   le paragraphe où l'on dit que Naser -- qui concernait Naser Oric et vos

  9   effectifs qui étaient pris de peur. Nous avons entendu ce que vous avez dit

 10   : "Non, non, je n'en sais rien. Je n'ai pas eu aucune transmission, rien de

 11   tout cela ne s'était pas passé. Nous l'avons établi pendant ce procès."

 12   Vous voulez maintenant vous rétracter et dire que vous avez bien dit

 13   certaines des choses qui se trouvent ici à Eileen Gilleece ?

 14   R.  Je ne me rétracte pas du tout. C'est simplement qu'il n'y a eu aucun

 15   mouvement. C'était ici -- ou -- se servir de la situation pour tromper

 16   l'ennemi pour le leurrer, c'est ce que j'ai dit en réponse à la question de

 17   Me Haynes. En tout cas, en ce qui concerne M. Naser Oric, je n'ai pas cru

 18   la façon dont Mme Gilleece l'a présenté. Moi, je n'admire pas l'ennemi de

 19   cette façon-là. Elle a fait un peu de recherche, des enquêtes et peut-être

 20   quelle reprend ici ce que d'autres personnes lui ont dit.

 21   Q.  Donc elle dit qu'il y avait des rumeurs qui circulaient en grand nombre

 22   parmi les effectifs de Pandurevic et qu'on disait aussi que Naser Oric se

 23   dirigeait sur les positions tenues par Pandurevic. Vous lui avez dit qu'on

 24   disait aussi que Naser Oric se dirigeait vers les positions de Pandurevic.

 25   Vous lui avez bien dit cela, je suppose ?

 26   R.  Bien, sans doute, ai-je dit qu'il y avait eu des rumeurs qui avaient

 27   circulées ? Mais il n'y a pas eu de véritables -- ou de mouvements ne

 28   réalité. Il s'agit de deux choses bien différentes.

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  1   Q.  Est-ce que vous avez dit à Mme Eileen Gilleece : non pas qu'on disait

  2   que Naser Oric se dirigeait sur les positions tenues par Pandurevic ?

  3   R.  Je parlais probablement du fait que c'était des moyens utilisés par

  4   communication radio pour faire croire que Naser Oric avait commencé à

  5   avancer sur nos positions. Mais je n'ai pas dit qu'il l'avait fait en

  6   réalité.

  7   Q.  Mais vous avez quand même parlé de Naser Oric et vous avez parlé du

  8   fait qu'il s'était trouvé ou placé dans cette situation ?

  9   R.  S'il a été mentionné c'est dans le contexte que je viens d'expliquer.

 10   Il n'était pas parti prenante des activités sur le terrain.

 11   Q.  Une autre -- la totalité de votre déposition montre que vous croyez que

 12   Mme Gilleece a monté ceci de toutes pièces; c'est bien cela ? C'est comme

 13   ça qu'il faut interpréter ce que vous avez dit. Mais après avoir lu ce que

 14   Mme Gilleece a dit; est-ce que vous reconnaissez que les sujets quelle

 15   mentionne ici sont des sujets dont vous avez parlé ? Je vais relire : c'est

 16   une panique très vive, c'est répandu à cause de ces rumeurs parmi les

 17   effectifs de Pandurevic.

 18   Est-ce que vous avez parlé de cela avec elle ?

 19   R.  Vous pouvez me relire -- est-ce que vous pourriez me relire la réponse

 20   que j'ai donnée, en réponse à la question de Mme Gilleece ?

 21   Q.  Qu'en est-il des forces de Naser Oric qui allaient vers Srebrenica ?

 22   R.  Je ne sais pas d'où vient cette note. Il n'y a eu aucun mouvement de la

 23   part des forces musulmanes sur Srebrenica.

 24   Q.  Mais est-ce que vous avez dit quelque chose de ce genre ?

 25   R.  Je ne sais pas comment j'aurais pu le dire. S'il n'y avait aucune

 26   information, aucun renseignement de ce genre et tout ce procès établi que

 27   rien de ce genre ne s'est passé de tout cela."

 28   Q.  Mais vous dites qu'il n'y avait aucune information à propos de Naser

Page 32228

  1   Oric ?

  2   M. HAYNES : [interprétation] Mais ce que vous avez dit à propos de la

  3   communication c'était simplement des termes qui induisaient en erreur.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Elle peut continuer à faire -- à essayer de

  5   faire de l'obstructionnisme mais ça ne sert à rien.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Faisons une pause de 25 minutes.

  7   L'audience est suspendue.

  8   --- L'audience est suspendue à 10 heures 19.

  9   --- L'audience est reprise à 10 heures 50.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivons. Vous avez la parole,

 11   Monsieur McCloskey. Je vous avais interrompu -- ou plutôt, c'est Me Haynes

 12   qui vous avait interrompu, mais j'avais personnellement proposé de faire la

 13   pause à ce moment-là.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, nous sommes de nouveau à flot.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Reprenez là où vous vous étiez arrêté.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 17   Q.  Essayons de voir si nous allons élucider cette question de l'exactitude

 18   de ce cas consigné dans son rapport, Mme Gilleece.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous revenons au document de la liste 65

 20   ter 1173D.

 21   Q.  Nous sommes toujours, bien entendu, en train d'examiner la question, à

 22   savoir si elle avait raison de vous dire ou que vous lui disiez, plus

 23   exactement, qu'on disait aussi qu'Oric se dirigeait vers les positions

 24   tenues par Pandurevic et qu'il y avait parmi vos effectifs de la panique,

 25   des rumeurs. Nous voyons ici une communication interceptée. Je pense que

 26   vous en avez déjà parlé, vous avez reconnu à cet égard que vos hommes vous

 27   disaient dans le courant de la matinée du 15, alors que vous étiez à

 28   Krivace --

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez un problème ? Monsieur

  2   Borovcanin, quel était votre problème précisément ?

  3   L'ACCUSÉ BOROVCANIN : [interprétation] Mais on ne recevait pas

  4   l'interprétation. Elle vient de reprendre juste maintenant.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, je pense que vous avez le

  6   droit d'entendre ce qui avait été dit auparavant.

  7   Nous allons donc répéter.

  8   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ayez l'obligeance de répéter -- de

 10   reprendre ce que vous avez dit en quelques mots, Monsieur McCloskey.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je rappelle à tous où nous en étions. Nous

 12   étions en train de discuter des commentaires formulés par Eileen Gilleece

 13   lorsqu'elle disait que vous lui avez rapporté que, par exemple, il y avait

 14   des rumeurs, des rumeurs concernant l'arrivée de Naser Oric, que vos hommes

 15   étaient pris de panique. Nous parlons de cette partie-là du rapport. Vous

 16   vous souvenez de ce que vous avez dit à Me Haynes.

 17   Regardons maintenant cette communication interceptée qui porte sur la

 18   question de savoir si vous avez dit quelque chose à Mme Gilleece à ce

 19   propos. Cette communication interceptée - et je crois que vous l'avez déjà

 20   reconnue - nous montre qu'il y avait entre votre unité et Zvornik. Je ne

 21   sais pas si c'est Mijatovic ou Milosevic, votre interlocuteur, mais on vous

 22   dit :

 23   "Question : Ce matin. Et quand est -- c'était l'aube ? Maintenant,

 24   alors donne-moi une idée d'ensemble."

 25   Réponse : Mais c'est la même chose, la même situation. Mais l'élément le

 26   plus récent dit que Naser est venu de Krizevici avec un groupe et qu'il se

 27   trouve maintenant en route pour faire la jonction avec ceux qui viennent de

 28   Srebrenica. C'est le renseignement le plus récent. Il est arrivé il y a dix

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  1   minutes."

  2   Alors, je ne vous demande pas s'il s'agissait de renseignements fallacieux,

  3   de bêtises qui vous avaient été envoyées par radio pour [imperceptible] à

  4   propos de la situation des Musulmans. Ce que je veux dire, c'est que vous

  5   aviez ces éléments d'information concernant Naser Oric, et c'est ce que

  6   vous avez dit relié à Mme Gilleece, et qu'elle a paraphrasé dans son

  7   rapport succinct qu'elle a établi, n'est-ce pas ?

  8   R.  J'ai parlé des rumeurs qui circulaient disant que Naser Oric était à

  9   Krizevici, mais au moment où se tenait cette conversation, je ne savais pas

 10   s'il était là ou pas. Mais lorsque je suis arrivé à Zvornik, j'étais

 11   certain qu'il n'était pas là, et qu'il ne s'était pas déplacé. C'est ce que

 12   je disais, à ce moment-là, à Mme Gilleece. Je lui disais qu'il y avait des

 13   rumeurs qui circulaient de ce genre, et qu'en fait on essayait ici de nous

 14   mettre les bâtons dans les roues ici, et j'ai dit à Me Haynes, j'ai dit

 15   qu'il n'y avait aucun mouvement des forces musulmanes sur Srebrenica. Sauf

 16   le respect que je dois à l'interprète que j'avais, tout ceci a été mal

 17   traduit comme dans le film.

 18   Q.  Vous reconnaissez maintenant --

 19   R.  --comme dans le film : "Lost in Translation."

 20   Q.  Donc vous reconnaissez maintenant que ces informations concernant Naser

 21   Oric qui se serait dirigé sur Srebrenica, c'est quelque chose de correct ?

 22   R.  Je ne démens pas, je ne confirme pas. Je dis simplement qu'on a essayé

 23   d'utiliser [imperceptible] pour faire croire que Naser Oric déplaçait ces

 24   effectifs, mais il n'y pas eu de mouvement de troupes de Naser Oric.

 25   Q.  Est-ce que vous avez dit que ces rumeurs avaient semé une panique

 26   considérable parmi vos hommes ?

 27   R.  Mais non. Je n'ai pas du tout parlé de panique, de peur qui se serait

 28   ainsi répandue. Regardez, je demande un rapport des 4e et 6e Bataillon, du

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  1   7e aussi parce que ce qui m'avait été dit venait sans doute de cette

  2   section de reconnaissance, elle ne venait pas du terrain. Je n'ai pas été

  3   pris de panique, je n'ai pas parlé de panique au cours de ces

  4   conversations.

  5   Q.  Je ne parle pas de vous, Général, je parle de vos hommes.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Prenons le document 200 de la liste 65 ter.

  7   C'est un rapport ici aussi, très court du groupe chargé des interceptions

  8   au cours de la Drina; il porte la date du 15 juillet.

  9   Q.  Nous allons le voir, il est pratiquement le même que le précédent. On

 10   dit que les turques, et avec à leur tête Oric, sont arrivés, on rencontré

 11   nos troupes dans la zone de Planinci. Et il se vante qu'il a écrasé nos

 12   forces dans la zone et qu'il avance, et qu'il sème le chao."

 13   Nous estimons que la situation est très grave, a-t-il ajouté. On n'exclut

 14   pas une attaque sur Zvornik."

 15   Alors, ceci est porté à la connaissance du commandant, au poste de

 16   commandant avancé, or vous n'êtes pas encore là, à ce moment-là, nous avons

 17   établi cela. Pourtant, les hommes chargés des interceptions prennent cela

 18   au sérieux. Ils parlaient du fait qu'Oric semait le chaos et qu'on parle

 19   d'une éventuelle attaque de Zvornik. Forcément, c'est quelque chose qui a

 20   dû être -- ou si c'était communiqué au commandement et aux hommes, allait

 21   engendrer le genre de panique que vous auriez rapporté à Mme Gilleece,

 22   selon elle.

 23   R.  Mais voyez la chronologie des événements. Nous sommes à ce moment-là le

 24   15 juillet, à 8 heures 5. Le commandant de la section de Reconnaissance

 25   envoie un rapport aux destinataires ici mentionné. Ce rapport n'est pas

 26   remis à Dragan Obrenovic, lui il était dans le secteur de Crni Vrh le 15,

 27   il savait que Naser Oric ne s'y trouvait pas. Les soldats de la Brigade de

 28   Zvornik savaient que Naser Oric n'était pas là non plus. Il n'y a aucune

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  1   panique dans leurs rangs.

  2   Krstic au poste de commandement avancé reçoit ce rapport, le commandant de

  3   la section de reconnaissance radio n'est pas à même de bien évaluer les

  4   conséquences qu'auraient toutes les actions de la part de l'ennemie. C'est

  5   ce que doit faire un commandant. Vu cette situation, vu ce renseignement,

  6   Krstic était face à un dilemme. Il ne savait pas s'il devait autoriser mon

  7   retour sur les lieux. Mais vous voyez qu'aucun des officiers supérieurs ne

  8   dit, ne parle d'une panique qui aurait régné par les soldats.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Prenons le document 170 de la liste 65 ter.

 10   Q.  Un autre document d'une page. C'est un rapport du colonel Predrag

 11   Jocic. Pourriez-vous nous rappeler qui c'est ?

 12   R.  Oui, c'est l'officier de l'organe des Opérations du Corps de la Drina.

 13   Q.  Comme nous pouvons voir le document est daté du 15 juillet, 9 heures

 14   50, intitulé : "Information très urgente quant aux formations musulmanes."

 15   Il dit : "Sur la base des informations obtenues par la surveillance

 16   électronique" - alors il y a deux types d'information, c'est donc le

 17   recueil d'information et l'écoute électronique - "nous avons découvert que

 18   Naser Oric est passé par nos positions, s'est rendu jusqu'à Krizevici et se

 19   dirige vers Planinci pour rejoindre le groupe de Srebrenica pour causer un

 20   chaos."

 21   Je poursuis la lecture, on peut voir que :

 22   "J'ai donné l'ordre à tous les hommes mobilisés à Zvornik pour qu'ils

 23   aillent s'assurer de la position de défense. J'ai également proposé que

 24   Pandurevic et Legenda reviennent dans leur zone de responsabilité et

 25   prennent les mesures nécessaires pour réparer toutes les conséquences et

 26   pour empêcher qu'une catastrophe n'arrive."

 27   M. Jocic parle d'une catastrophe, il dit qu'il a donné l'ordre à tous les

 28   hommes de Zvornik de se mobiliser. Pourriez-vous nous dire comment se fait-

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  1   il qu'un colonel chargé des opérations puisse donner un tel ordre ?

  2   R.  Voyez-vous cette information est arrivée au poste de commandement

  3   avancé à 9 heures 50, et cette information a été rédigée à la suite de

  4   l'information précédente à 8 heures 05, que Krstic avait déjà reçu avant

  5   Jocic, et il était mis au courant de tous ces faits, et M. Jocic lui-même

  6   ici dans ce texte donne sa propre évaluation et il en informe Krstic, alors

  7   que Krstic avait déjà pris la décision que, moi, je devais revenir, même

  8   cette information n'a vraiment pas changé quoi que ce soit.

  9   Comme il avait donné l'ordre que tout doit -- de quelle façon est-ce

 10   qu'il a donné l'ordre pour que tout soit mobilisé à Zvornik ? Je ne sais

 11   pas. Je ne sais pas qui l'en a autorisé. Je ne suis pas sûr ou c'est peut-

 12   être lui qui a renseigné à l'officier de permanence de faire cela. Nous

 13   avons également dit -- vu dans la note de service qu'un certain moment

 14   donné, le 15, M. Galic a fait une demande auprès du corps d'armée pour

 15   effecteur la mobilisation du bataillon.

 16   Q.  Est-ce que vous vous étiez entretenu avec le général Krstic à l'époque

 17   concernant cette question relative à Oric ?

 18   R.  Nous avions regardé ensemble tous les rapports du peloton de

 19   reconnaissance. Nous les avions regardé ensemble. Je m'étais également

 20   entretenu avec les commandants de la Brigade de Zvornik et M. Krstic et

 21   moi-même nous n'étions pas du tout paniqués car nous n'estimions pas que la

 22   situation fût telle qu'elle était représentée par le Peloton de

 23   Reconnaissance par voie radio.

 24   Q.  Mais vous en aviez parlé. Vous avez parlé de ces questions concernant

 25   Oric avec Krstic ?

 26   R.  Je ne me souviens pas d'avoir mentionné, de façon très concrète, M.

 27   Oric. Je me souviens toutefois d'avoir parlé de cette nouvelle situation

 28   tactique, cette nouvelle situation qui venait d'arriver dans la zone de

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  1   responsabilité de la Brigade de Zvornik, et ma suggestion était également

  2   que je rebrousse le chemin, que je retourne.

  3   Q.  Merci. Un instant, s'il vous plaît. Je vais rester avec le rapport

  4   d'Eileen Gilleece, et j'aimerais vous donner lecture de quelques réponses

  5   que vous aviez données concernant cette question -- cette information que

  6   vous lui aviez donnée, à savoir de cette ferme de cochons. M. Haynes vous a

  7   demandé à la page 31 286, je cite :

  8   "Question : 'Pandurevic a fait une référence au rapport de Rick Butler qui

  9   a été rédigé à la main daté du 15 juillet 1992, le rapport fait référence à

 10   la ferme de cochons près du 4e Bataillon, les soldats de la 28e Division

 11   musulmane ont saisi le commandement et ils ont tué des cochons.'est-ce que

 12   vous aviez parlé de ceci à Mme Gilleece ?

 13   Réponse : Je n'ai jamais dit que la ferme de cochons a été mentionnée dans

 14   le rapport Butler. J'ai mentionné la chose suivante pour expliquer le terme

 15   "asanacija.

 16   Question : Pourquoi est-ce que vous donnez l'exemple de 'asanacija' ?

 17   Réponse : J'ai dit que l'asanacija' c'était très important, c'est

 18   réellement important en termes militaires et ensuite je me suis rappelé

 19   qu'effectivement il y avait des cochons là-bas et pour illustrer le tout

 20   j'ai dit que l'asanacija,' ou le ratissage, ou l'assainissement du terrain,

 21   comprenait également le dégagement des cadavres d'animaux s'ils avaient été

 22   trouvés sur le terrain.

 23   Question : Et donc vous essayez d'expliquer le rapport du 15 juillet 1995 ?

 24   Réponse : Je crois que j'ai déjà fait des commentaires quant aux

 25   conclusions de M. Butler. Je crois qu'ils ont été faits de façon erronée.

 26   Je l'ai dit à l'époque et je le dis maintenant.

 27   Question : Mais est-ce que vous êtes en train de dire que l'emploi du terme

 28   'asanacija' dans la rapport du 15 juillet 1995, fait référence à une

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  1   obligation de dégager le terrain des cadavres de cochons ?

  2   Réponse : Non, je n'ai pas dit que c'était une obligation. J'ai simplement

  3   donné ceci comme exemple pour démontrer, pour illustrer ce que le terme

  4   'asanacija' veut dire."

  5   Je crois que vous me l'avez dit. Vous m'avez dit la même chose, n'est-ce

  6   pas ? Est-ce que vous maintenez ce que vous avez dit ? Est-ce que vous

  7   maintenez ce que vous avez dit en réponse à ces questions qui vous avaient

  8   été posées ?

  9   R.  Oui, bien sûr, je maintiens les mêmes réponses, je maintiens tout ce

 10   que j'ai dit dans les réponses que j'ai données dans ce rapport.

 11   Q.  Ensuite un peu plus bas vous dites :

 12   "Question : L'exemple que vous avez donné des cadavres d'animaux ou de

 13   cochons qui devaient être enlevés, à quel moment est-ce que cela est

 14   survenu dans le cadre de la guerre ?

 15   Réponse : Bien, il est vrai qu'on a analysé le rapport du 15 juillet 1995,

 16   qui est mentionné dans le rapport Butler mais ce rapport ne fait pas

 17   allusion aux cochons et au dégagement de leurs cadavres, mais j'ai donné

 18   cet exemple pour dire qu'un peu plus tôt en 1992 c'était arrivé. Je me

 19   souviens du village de Jeremici à Snagovo qui en 1992, au mois de décembre,

 20   avait fait l'objet de pillage et ils avaient été incendiés, les cochons

 21   avaient été tués, et donc j'ai mentionné ceci pour illustrer cet exemple.

 22   J'ai également parlé de 'l'asanacija' qui avait été mené à Gornje Kamenica

 23   et Snagovo en 1993."

 24   Donc en 1992 lorsque les cochons avaient été tués et enterrés, est-ce que

 25   c'est vraiment un événement qui a réellement eu lieu ? Maintenez-vous cela

 26   ?

 27   R.  C'est arrivé -- 'asanacija' nous la faisions en 1992 et en 1993, mais

 28   dans ce rapport, c'est la raison pour laquelle on parle de 1992. Mais tout

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  1   ceci est un peu mélangé et on lit cela au 15 juillet 1995. Moi, j'ai

  2   simplement essayé de donner un exemple et c'est la raison pour laquelle

  3   c'est sorti comme ça dans le texte. Mais nulle part dans le rapport du 15

  4   juillet 1995, dans le rapport extraordinaire de combat on ne fait allusion

  5   aux cochons ni du dégagement de leurs cadavres, alors c'est un document que

  6   nous avons lu il y a quelques instants.

  7   Q.  Donc est-ce qu'on a tué des cochons en juillet 1995 ?

  8   R.  Oui, on a tué des cochons parce que ce bataillon avait une mini ferme

  9   tout près du commandement. Soit à la suite d'obus et par la suite lorsque

 10   les forces de la 28e Division effectivement il y a eu des cochons qui

 11   avaient été tués.

 12   Q.  Où est-ce que ceci a eu lieu ?

 13   R.  A Baljkovica.

 14   Q.  Dans la zone du 4e Bataillon ?

 15   R.  Oui, du 4e Bataillon.

 16   Q.  La Brigade de Zvornik a dégagé ces cadavres et les a enterrés ?

 17   R.  Oui, au cours des journées suivantes effectivement on a enlevé ces

 18   cadavres, on les a enterrés.

 19   Q.  Est-ce que vous savez que dans la session de récolement nous avons

 20   demandé à Obrenovic de consulter la référence qui existe quant à

 21   l'enterrement des cochons. Vous avez dit qu'effectivement il y avait des

 22   cochons qui avaient été tués et que c'était le 16 et non pas le 15 et ce

 23   par le 4e Bataillon; est-ce que ou dans la zone de responsabilité du 4e

 24   Bataillon donc c'était le 16 et non pas le 15 ? Vous souvenez-vous de ces

 25   notes de récolement ?

 26   R.  Oui, je me souviens. Dans mon rapport extraordinaire de combat du 15,

 27   je ne parle pas des cochons qu'on a tués mais lui non plus ne peut pas

 28   affirmer que les cochons avaient été tués à ce moment-là parce que des

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  1   personnes dans des tranchées ou étaient dans des abris alors que les

  2   cochons étaient à l'ouvert, étaient à l'extérieur et donc il y a peut-être

  3   eu quelques cochons qui avaient été tués le 15.

  4   Q.  S'agissant des cochons qui avaient été tués à Jeremici en 1992, c'était

  5   quel bataillon à l'époque ?

  6   R.  Non, ce n'était pas -- il n'y avait aucuns bataillons sur ce

  7   territoire, sur ce secteur, parce que c'est arrivé après le démantèlement

  8   du 6e Bataillon de l'époque qui défendait Kamenica et après sa défaite,

  9   après la défaite de Glodjansko Brdo cette espace était vide et il y avait

 10   des villages serbes qui étaient presque complètement non défendus et des

 11   groupes musulmans étaient -- ont fait irruption dans les villages de

 12   Jeremici et Milici et c'est à ce moment-là qu'ils ont tué certaines femmes,

 13   certains cochons, ils ont pillé des maisons et ils ont pris le butin avec

 14   eux.

 15   Q.  Fort bien. Maintenant revenons au rapport de Mme Gilleece qui porte la

 16   cote 7D1154.

 17   M. HAYNES : [interprétation] Par excès de prudence, je me demande s'il

 18   faudrait expurger l'allusion aux notes de récolement ?

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qu'est-ce que vous en pensez ?

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ce n'est pas nécessaire.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Procédons alors.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] 

 23   Q.  Vous avez ce document devant vous, mon Général. C'est à la page 5 du

 24   document en anglais et à la page 5 en B/C/S. Vous dites,  d'après Eileen

 25   Gilleece ceci, je cite :

 26   "Pandurevic a dit que Rick Butler a fait référence à un rapport rédigé à la

 27   main le 15 juillet 1992 à 2 heures. Ce rapport fait référence à une ferme

 28   de cochons située près du 4e Bataillon. Les soldats de la 28e Division

Page 32239

  1   Musulmane ont saisi le poste de commandement et ont tué des cochons."

  2   Comment Eileen Gilleece peut-elle savoir que la ferme de cochons dont vous

  3   parlez est située tout près du 4e Bataillon à moins que vous ne lui ayez

  4   dit cela ?

  5   R.  Il a été question de cochons effectivement. On a parlé de cochons aux

  6   deux endroits mais ici on n'en parle comme si cette question de cochons

  7   figurait dans mon rapport extraordinaire du 15. Mais ce n'est pas le cas.

  8   Moi non plus, je ne peux pas expliquer pourquoi et comment se fait-il que

  9   certaines choses soient notées de la façon dont elles sont notées.

 10   Q.  Mon Général, lorsque vous avez rencontré Eileen Gilleece, vous lui avez

 11   dit que Rick Butler qu'il avait parlé de votre rapport intérimaire du 15 et

 12   vous étiez en désaccord avec lui et vous lui avez dit à elle que

 13   "l'asanacija" qui figure dans ce rapport avait trait aux cochons qui

 14   avaient été tués près du 4e Bataillon, n'est-ce pas ? C'est ce que vous

 15   avez dit et c'est ce qui figure dans ce rapport. Eileen Gilleece ne peut

 16   pas savoir de quoi il en est avec le 4e Bataillon. Elle n'avait jamais

 17   travaillé sur cette affaire, alors elle ne peut absolument pas savoir que

 18   des cochons avaient été tués près du 4e Bataillon si vous ne lui aviez pas

 19   dit cela ?

 20   R.  J'ai mentionné les cochons du 4e Bataillon pour essayer d'expliquer le

 21   terme "asanacija" pour lui expliquer ce que ce terme voulait dire et elle

 22   l'a marqué dans son rapport que ceci figure dans mon rapport extra --

 23   intérimaire. Je sais que c'est elle qui a rédigé ce rapport. Nous n'avons

 24   absolument aucune trace de ce rapport. Je ne sais pas si ce rapport a été

 25   embelli, si des mots ont été ajoutés, s'il a été maquillé d'une certaine

 26   façon. Je ne sais pas. Je ne sais pas si elle avait connaissance de ce 4e

 27   Bataillon. C'est peut-être d'autres personnes.

 28   Q.  Vous pensez qu'Eileen Gilleece a inventé cette histoire du 4e Bataillon

Page 32240

  1   et que c'est la raison pour laquelle elle l'a indiqué dans son rapport ?

  2   R.  Non, non, pas elle qu'il est question.

  3   Q.  Qui ?

  4   R.  Moi, j'ai dit que j'ai mentionné le 4e Bataillon.

  5   Q.  En rapport avec les cochons ?

  6   R.  Oui, j'ai mentionné les cochons, j'ai parlé des cochons pour donner un

  7   exemple du ratissage du terrain de "l'asanacija."

  8   Q.  Alors il faut faire attention de quoi parle-t-on de l'année 1992 ou de

  9   1995 et parle-t-on de cochons du 4e Bataillon ? Il faut faire un choix ?

 10   R.  Non, je parle des deux.

 11   Q.  Merci.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant au document 65 ter 2754.

 13   Q.  Nous avons là le document qui porte la date du 15 juillet qui porte sur

 14   le 1er Corps de Krajina en rapport avec une unité pour laquelle le général

 15   Miletic donne l'ordre d'aller -- vous donnez un renfort pour ce qui est de

 16   votre brigade, n'est-ce pas ?

 17   R.  Ici on voit : déploiement d'une unit, d'une Compagnie d'Infanterie pour

 18   venir en aide à la 1ère Brigade de Zvornik, et c'est signé par le général

 19   Miletic.

 20   Q.  Mon Général, je vais vous demander de vous appuyer sur votre mémoire.

 21   Est-ce qu'il y avait une Unité des forces de la Krajina qui était placée

 22   sous votre commandement à partir du 16 ?

 23   R.  Oui. Oui.

 24   Q.  Très bien. Merci. Mais je suis vraiment navré je vais devoir revenir,

 25   un peu en arrière, invoquer un autre point dans le rapport Gilleece. Il

 26   s'agit toujours du rapport 7D 1154. Page 4 en B/C/S, mon Général, et page 3

 27   en anglais. On peut lire ici :

 28   "Que le 15 juillet, Pandurevic a reçu de l'information du chef de l'état-

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  1   major qu'un certain nombre de prisonniers de guerre avaient été placés dans

  2   la municipalité de Zvornik par le commandement Suprême du corps d'armée."

  3   C'est une déclaration très claire venant de Mme Eileen Gilleece; est-ce que

  4   vous êtes d'accord avec moi ?

  5   R.  Si c'est une affirmation, je ne suis pas d'accord. J'ai dit

  6   qu'Obrenovic m'a informé de ces faits le 16 s'agissant de toutes ces

  7   questions en rapport avec les prisonniers de guerre.

  8   Q.  Donc elle s'est trompée de date ?

  9   R.  Probablement que oui. A moins que quelqu'un ne l'ait corrigée.

 10   Q.  D'accord. Merci.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant au document 65 ter 3-7-

 12   7, 377.

 13   Q.  C'est un extrait très court du carnet de notes de l'officier de

 14   permanence. Je ne vais pas trop m'appesantir sur ce passage. Nous pouvons

 15   remettre l'original si vous souhaitez le consulter. Il s'agit du 16

 16   juillet. La page est 149 en B/C/S et 149 en anglais également. Nous avons

 17   déjà vu cette note auparavant, j'en suis sûr. On peut lire ici que :

 18   "Il y a eu un message de Zlatar selon lequel le lieutenant-colonel Popovic

 19   doit aller voir Vinko Pandurevic sur le terrain à 16 heures 04, message par

 20   le 1er Bataillon que Popovic doit voir l'officier de permanence afin qu'il

 21   puisse être envoyé à Zlatar."

 22    Pourquoi voulait-il envoyer un message par le biais du 1er Bataillon pour

 23   trouver Popovic ? Est-ce que c'est parce qu'il pensait que c'est là qu'il

 24   se trouvait, à ce moment-là, quelque part au sein du 1er Bataillon ?

 25   R.  La personne qui a entré cette information dans le carnet de notes

 26   devait sans doute savoir où Popovic se trouvait, de quelle façon on pouvait

 27   le rejoindre.

 28   Q.  Vous serez d'accord pour dire que nous avons vu des éléments de preuve,

Page 32242

  1   il n'est pas nécessaire de passer en revue tous les éléments de preuve,

  2   mais il était très clair que le 16, le corps et l'état-major principal

  3   voulaient savoir ce qui se passait avec la colonne, et que finalement ils

  4   ont demandé Popovic pour aller voir ce qui en était, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, on a demandé auparavant qu'un commandant de la Brigade de Zvornik

  6   se rende là-bas, et par la suite on mentionne le nom de Popovic.

  7   Q.  Pourquoi Popovic ?

  8    R.  Probablement parce qu'il voulait effectuer une vérification de

  9   renseignement, parce qu'il ne faisait peut-être pas confiance aux

 10   renseignements reçus par la Brigade de Zvornik.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons au document 65 ter 1225B, et en

 12   B/C/S 1225C.

 13   Q.  Je crois que nous avons déjà vu ce rapport également. C'est une

 14   conversation interceptée du 16 juillet, à 16 heures 43. Il semblerait que

 15   cette conversation pourrait être en rapport avec l'entrée faite par

 16   l'officier de permanence dans son carnet de notes :

 17   X dit : "Est-ce que Popovic est avec toi quelque part ?"

 18   Y : "Non."

 19   X : "Drago Nikolic ?"

 20   R.  Vous m'avez donné le mauvais exemplaire, excusez-moi.

 21   Q.  Essayons l'écran, essayons de suivre à l'écran, s'il vous plaît.

 22   R.  C'est le même document à l'écran aussi.

 23   Q.  La version manuscrite est peut-être la bonne.

 24   R.  Malheureusement c'est la même chose.

 25   Q.  C'est à 16 heures 43, et ça commence avec "allô," je vois le mot

 26   "Popovic," donc je crois que nous avons la bonne, enfin le bon document à

 27   l'écran, la bonne page.

 28   R.  Oui, vers le milieu, excusez-moi, je n'avais pas vu.

Page 32243

  1   Q.  D'accord. Alors on dit :

  2   "Question : Est-ce que Popovic est là avec toi quelque part ?

  3   Réponse : Non.

  4   Question : Qu'en est-il de Drago Nikolic ?

  5   Réponse : Non, il n'est pas là non plus.

  6   Question : Ecoute, le chef veut que l'un d'eux aille voir Vinko.

  7   Réponse : Oui.

  8   Question : Pour voir ce qui se passe là-bas."

  9    Il voulait que ce soit, soit Drago Nikolic ou Popovic, gardes chargés de

 10   la sécurité, donc est-ce que ceci voulait dire pour vous que vous voulez

 11   dire quelque chose que vous n'étiez pas censé de faire ?

 12   R.  On peut l'interpréter ainsi, effectivement.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant au document 65 ter

 14   1201A.

 15   Q.  Pour vous situer, mon Général, c'est la conversation qui débute à 21

 16   heures 16. C'est en B/C/S le texte commence par "lieutenant-colonel

 17   Popovic, au téléphone."

 18   Beaucoup plus tard dans la même soirée du 16 juillet, à 21 heures 16, je

 19   voudrais que l'on passe en revue avec vous ce document. Alors nous nous

 20   souvenons tous que vous nous avez dit que vous n'aviez pas vu le

 21   lieutenant-colonel Popovic le 16, même s'il avait reçu pour ordre d'aller

 22   vous voir, n'est-ce pas.

 23   Alors P dit : "Allô, ici le lieutenant-colonel Popovic.

 24   Rasic ici, est-ce que je peux vous aider ?

 25   Rale, oui."

 26   Rasic, du Corps de la Drina dont le surnom était Rale, n'est-ce pas ?

 27   R.  Je ne connaissais absolument aucun Rasic du Corps de la Drina. Je

 28   connaissais un certain Rakic. Mais Rasic, tout est possible que Rasic ait

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  1   eu le surnom de Rale.

  2   Q.  D'accord.

  3   Rale dit : "Oui."

  4   Popovic dit : "Je viens d'y aller, j'étais là-bas, il y a quelques

  5   instants."

  6   Rasic : "Oui."

  7   Popovic : "J'étais avec le chef personnellement."

  8   Rasic : "Oui."

  9   Popovic : "Là où je suis… tu sais où je suis."

 10   Rasic dit : "Oui."

 11   Popovic : "Et bien, vous avez eu -- tu as eu ce rapport intérimaire, n'est-

 12   ce pas ?"

 13   Alors est-ce que vous pourriez nous dire de quel rapport intérimaire parle-

 14   t-il dans la soirée du 16 juillet ?

 15   R.  Il parle probablement du rapport de combat extraordinaire du même jour,

 16   du 16 juillet.

 17   Q.  Lorsqu'on dit : "Et bien, tu as eu son rapport intérimaire," il fait

 18   référence au rapport de Vinko Pandurevic ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Un peu plus haut lorsqu'on dit ici : "J'étais avec le chef

 21   personnellement," il parle du chef de la Brigade de Zvornik, n'est-ce pas ?

 22   R.  Probablement.

 23   Q.  Donc Popovic dit : "Bien, tu a son rapport intérimaire.

 24   Rasic dit : "Tout le rapport.

 25   Popovic : "C'est exactement comme il l'a écrit. J'étais là-bas et j'ai tout

 26   vu par moi-même et il avait reçu certains chiffres mais ce n'est pas

 27   vraiment important. Je vais venir là-bas demain, donc dire au général que

 28   j'ai terminé la tâche."

Page 32245

  1   Quand on parle de chiffre, on parle de chiffre -- des chiffres de votre

  2   rapport intérimaire du 16, vous parlez en fait du nombre de pertes, de

  3   blessés.

  4   R.  Il n'y avait pas vraiment de chiffre. On disait qu'il y avait une

  5   dizaine de tués et davantage de blessés. J'imagine que c'est à cela qu'il

  6   fait référence.

  7   Q.  "Je vais venir là-bas, dis-le au général. Je vais terminer le travail."

  8   C'est donc là le 16 juillet -- ou plutôt, j'ai fini le travail, nous sommes

  9   donc le 16 juillet, à 9 heures 16 du soir. A quel travail Popovic fait-il

 10   allusion à part le fait d'avoir reçu l'ordre de venir vous voir au poste de

 11   commandement avancé à Baljkovica ?

 12   R.  Là il dit qu'il faut informer le général qu'il a fini le travail.

 13   J'imagine que c'était le travail qui lui avait été confié par le général.

 14   Q.  Mais en quoi consistait ce travail. Vous faisiez partie du commandement

 15   à l'époque et vous avez étudié le dossier.

 16   R.  A l'époque je me trouvais à l'IKM, Baljkovica ou Delici, et M. Popovic

 17   faisait le travail qui lui avait été ordonné par Krstic. Il se trouvait sur

 18   le territoire de Zvornik. J'imagine quelles pouvaient être ces tâches, ce

 19   travail mais je n'ai pas d'information directe.

 20   Q.  Très bien.

 21   "Tu as fini ?"

 22   "Oui, j'ai tout fini.

 23   "Très bien.

 24   "Je viendrai demain quand je serai certain que tout a été bien fait.

 25   "Très bien.

 26   Popovic : "Après que j'aurais organisé un transport.

 27   "Bien."

 28   En général, il n'y a pas eu de problème, mais là-bas il y a eu des

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  1   problèmes terribles, et je crois que ce que le commandant a envoyé, c'était

  2   la bonne chose à faire.

  3   Bien. Popovic dit : "C'était vraiment horrible." Alors vous connaissez bien

  4   le dossier dans cette affaire, et vous savez que l'on interprète comme

  5   étant la chose horrible qui est mentionnée ici, c'était la ferme de

  6   Branjevo, et les meurtres qui ont eu là-bas. Vous savez que M. Butler dans

  7   sa déposition, lorsqu'il a examiné ces messages interceptés, a interprété

  8   cela comme voulant dire que ces problèmes horribles auxquels fait référence

  9   Popovic dont il était question dans votre rapport du 16, étaient les

 10   problèmes en rapport avec les combats avec la 28e Division qui vous ont

 11   attaqué par derrière. Popovic vous défend, il dit que les problèmes

 12   auxquels vous étiez confrontés étaient horribles et que les renforts pour

 13   vous aider en situation de combat étaient nécessaires. Il vous défend donc,

 14   il dit que c'était horrible et qu'il fallait le faire, et que les renforts

 15   étaient bien la chose à faire. C'est ainsi que vous interprétez les choses

 16   ?

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

 18   M. HAYNES : [interprétation] Je crois que c'est une question extrêmement

 19   complexe, qui a trait à des questions essentielles, et je crois qu'il

 20   faudrait peut-être la présenter sous forme de plusieurs questions

 21   différentes.

 22   L'ACCUSÉ NIKOLIC : [interprétation] Je suis certain que M. Pandurevic

 23   pourra répondre.

 24   M. HAYNES : [interprétation] Oui, je pense qu'il pourrait le faire.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voyons voir s'il peut répondre à la

 26   question ou si elle est trop complexe et s'il faut la décomposer en

 27   plusieurs questions.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que c'est un résumé fidèle de la

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  1   déposition de M. Butler, et je crois que le général comprend bien de quoi

  2   il est question, mais c'est à lui de nous dire, et cela résume d'ailleurs

  3   bien la position de l'Accusation également.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Pandurevic.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai déjà l'habitude

  6   des questions de M. McCloskey, et souvent l'introduction n'est pas vraiment

  7   en rapport avec la question elle-même. Alors, je vais répondre à cette

  8   question.

  9   M. Popovic ne m'a pas rencontré le 16, je ne lui ai rien dit, je n'ai pas

 10   fait rapport. Il peut-être -- il est possible qu'il ai lu le rapport de

 11   combat intérimaire au commandement, et qu'il ait pu tirer des conclusions

 12   sur cette base, peut-être qu'il a parlé à quelqu'un d'autre, je l'ignore,

 13   mais pas avec moi. Les problèmes là-bas étaient tels que je vous les

 14   décrits en réponse à l'interrogatoire principal et au contre-

 15   interrogatoire.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 17   Q.  En d'autres termes, les problèmes horribles en rapport avec les combats

 18   et la question des pertes, n'est-ce pas ?

 19   R.  Dans mon rapport, je parlais exclusivement de problèmes en rapport avec

 20   les combats à Baljkovica.

 21   Q.  Donc vous êtes d'accord avec moi ?

 22   R.  Sur la base de ce message intercepté, je constate que M. Popovic parle

 23   de problèmes en rapport avec Baljkovica. Quant à la source d'information

 24   qui est la sienne, je l'ignore, et je conviens avec vous que mon rapport

 25   intérimaire de combat parle de la situation de combat à Baljkovica et des

 26   problèmes y relatifs car ces problèmes existaient.

 27   Q.  Donc lorsque Popovic parle au commandement du corps et dit : "J'étais

 28   sur place j'ai pu voir par moi-même." Il confirme la réalité du problème,

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  1   et il vous défend, et votre situation avec le corps, n'est-ce pas ?

  2   R.  Sur la base de ce qui est écrit ici, on peut tirer cette conclusion. Si

  3   c'est uniquement sur la base de mon rapport de combat intérimaire, alors il

  4   n'aurait pas pu tirer d'autre conclusion. Est-ce que quelqu'un d'autre lui

  5   a fourni d'autres renseignements, je l'ignore. Est-ce qu'il me défend ou

  6   pas ? Peut-être est-il persuadé que ce rapport est tout à fait fidèle et

  7   véridique, et il le défend et il le transmet comme tel au commandement du

  8   corps.

  9   Q.  Général, je suggère pour ma part que le colonel Popovic était avec vous

 10   à Baljkovica, qu'il a pu constater par lui même les pertes terribles, et

 11   qu'il était d'accord avec vous pour dire que l'ouverture de corridor était

 12   la meilleure chose à faire, et qu'il a transmis cela au corps. Il aurait pu

 13   dire, nous avons ouvert le corridor pour laisser passer les Musulmans, et

 14   cela aurait mis fin à votre carrière, au même moment, n'est-ce pas ?

 15   R.  Il ne m'a pas rencontré à Baljkovica ce soir-là, et ce message

 16   intercepté a été intercepté à 21 heures 16, le corridor a été ouvert avant

 17   16 heures, et s'il n'avait pas été sur place, il n'aurait pas pu voir quoi

 18   que ce soit. Vous avez également vu le PV 168 qui disait que Popovic

 19   n'était pas sur place parce que la situation était terrible, et qu'il

 20   aurait pu être tué. Alors est-ce qu'il y était ou n'y était ? Je ne sais

 21   pas. Je ne sais pas dans quelle mesure votre affirmation est fondée.

 22   Q.  Poursuivons. Je crois que c'était clair.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la pièce 1224 A de la liste 65

 24   ter. C'est le 1224A en anglais, et 1224C pour la version en B/C/S.

 25   Q.  Il s'agit là du 17 juillet, et c'est une conversation entre Popovic et

 26   Y qui était inaudible. Et Popovic dit :

 27   "Bonjour, c'est Popovic. Allo, chef, c'est Popovic. Tout va bien, le

 28   travail a été fait. Tout est terminé, pas de problème."

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  1   Qui était le commandant direct de Popovic ?

  2   R.  Le général Krstic.

  3   Q.  Ensuite il poursuit, et il dit : "Je suis là à l'endroit où j'étais

  4   avant, tu sais, vous savez, je suis à la base."

  5    C'est la Brigade de Zvornik, n'est-ce pas ?

  6   R.  Il dit : "Je suis au même endroit, l'endroit où je me trouvais

  7   précédemment, vous savez," et sa base c'est le Corps de la Drina. Alors

  8   est-ce qu'il veut dire la Brigade de Zvornik, le Corps de la Drina ? Je ne

  9   sais pas. Mais étant donné qu'il parle de l'endroit où il se trouvait

 10   précédemment, Krstic doit savoir où il se trouvait avant et on peut

 11   l'interpréter de deux façons.

 12   Q.  Ensuite il poursuit :

 13   "Est-ce que je peux juste prendre -- faire une petite pause, prendre une

 14   douche et puis ensuite je vais réfléchir à tout cela. En gros, je crois

 15   qu'on peut donner une note de 20 sur 20, c'est parfait, au revoir."

 16   Alors, je vais vous montrer la pièce 65 ter, 3009. Peut-être que cela

 17   prendra un certain temps à charger cette pièce sur l'ordinateur, c'est une

 18   image aérienne de la ferme de Branjevo, datée du 17 juillet, et

 19   l'ordinateur ne permet pas d'avoir une version très nette, mais le 17

 20   juillet dans l'après-midi, vous étiez commandant de la Brigade de Zvornik

 21   dans la zone de responsabilité de la Brigade de Zvornik, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Ceci nous voyons des corps éparpillés un peu partout et nous voyons une

 24   grue en train de creuser une tranchée et des montagnes de terre. C'est là

 25   le travail qu'a réalisé le colonel Popovic le 17 juillet, n'est-ce pas, il

 26   était en train d'enterrer ces cadavres ?

 27   R.  Dans cette conversation, il informe son chef, le général Krstic, il lui

 28   dit qu'il a fini son travail. J'imagine qu'il savait tous les deux de quel

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  1   travail il s'agissait et si ces documents peuvent y être rattachés d'une

  2   quelconque manière alors j'imagine qu'il peut s'agir de ce travail-là, de

  3   cette tâche-là.

  4   Q.  Qui est le commandant du conducteur de la grue ? Si c'est un soldat du

  5   génie de la Brigade de Zvornik, qui est son commandant ?

  6   R.  Le commandant directement responsable des soldats du génie de la

  7   Brigade de Zvornik est Dragan Obrenovic, et le deuxième supérieur dans la

  8   hiérarchie c'est moi-même.

  9   Q.  Ces soldats qui gardaient les prisonniers à l'école de Kula, ces

 10   soldats de la Brigade de Zvornik dont nous avons entendu parler qui étaient

 11   en train de garder ces prisonniers le 16 juillet, alors qu'on les faisait

 12   monter dans des autocars pour les emmener à Branjevo, vous étiez également

 13   leur commandant ce jour-là, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, j'étais leur commandant pour autant que j'ai pu comprendre leur

 15   déposition ils se trouvaient vers ces écoles. Mais je ne sais pas s'ils y

 16   étaient le jour où les exécutions ont eu lieu. En tout cas, ce n'est

 17   certainement pas suite à un ordre de moi-même ou de Dragan Obrenovic qu'ils

 18   se trouvaient là-bas.

 19   Q.  Général, l'Accusation affirme que pour commettre des meurtres de masse

 20   à cette échelle-là, il faut que trois conditions soient réunies, que les

 21   prisonniers soient détenus, qu'ils soient transportés vers le lieu

 22   d'exécution et qu'ils soient exécutés, que ces prisonniers soient exécutés.

 23   L'Accusation prétend que ces trois éléments sont essentiels et que les

 24   trois sont tout aussi importants pour ceux qui organisent et facilitent

 25   cela. Etes-vous d'accord ? Ou alors est-ce que ceux qui leur tirent dessus

 26   sont plus coupables d'une certaine manière que ceux qui les gardent et ceux

 27   qui les transportent ?

 28   R.  Là il y a deux niveaux différents dans votre question. Il y a un niveau

Page 32252

  1   général et puis il y a la question plus concrète des événements. Vous avez

  2   mentionné trois éléments essentiels pour qu'un processus ait lieu et puis

  3   dans un deuxième temps vous vous êtes attardé sur une composante de ce

  4   processus. Alors je suis d'accord avec vous pour dire que quelqu'un doit

  5   bien mettre ces gens en détention, ensuite quelqu'un doit les transporter

  6   jusqu'au lieu d'exécution et ensuite que quelqu'un doit les exécuter.

  7   Le transport de ces détenus vers ces lieux de détention n'a pas été fait

  8   par la Brigade de Zvornik ni le transport du lieu de détention au lieu

  9   d'exécution, et l'exécution de ces gens n'a pas été le fait de la Brigade

 10   de Zvornik. Par conséquent, les gens qui se trouvaient sur place et sur

 11   l'ordre de qui ? Je ne sais pas. Et bien leur commandant non plus ne peut

 12   pas être responsable de ces trois actes que j'ai énumérés.

 13   Q.  Général, si Dragan Obrenovic vous a informé que le 15 juillet quand

 14   vous l'avez revu la première fois que la Brigade de Zvornik était désormais

 15   responsable d'aider à l'exécution massive et la détention de milliers de

 16   prisonniers et qu'il avait autorisé la brigade à y participer, si cela

 17   avait été le cas quel aurait été votre devoir après avoir reçu des éléments

 18   d'information de cette nature de Dragan Obrenovic ?

 19   R.  Il faut d'abord éclaircir si Dragan Obrenovic a autorisé la Brigade de

 20   Zvornik à participer à cela.

 21   Q.  Général, là n'est pas le problème. C'est une question hypothétique.

 22   Nous savons quelles sont nos positions respectives et je ne veux pas

 23   m'engager sur cette voie.

 24   M. HAYNES : [interprétation] En cas de question hypothétique la réponse

 25   peut être tout aussi hypothétique.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Nous sommes entièrement du même

 27   avis que Me Haynes.

 28   Monsieur Pandurevic, vous pouvez répondre de la meilleure manière possible

Page 32253

  1   et puis nous verrons ce qu'il en est.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Alors cette

  3   question affirme que Dragan Obrenovic a autorisé la Brigade de Zvornik à

  4   participer aux exécutions, ce qui est sur la base des éléments de preuve

  5   jusqu'ici et de la façon dont j'interprète ces éléments de preuve n'est pas

  6   exact. Il a -- il s'est mis d'accord avec cinq policiers et Dragan Nikolic

  7   au moment où il ne savait pas que les exécutions auraient lieu, en tout cas

  8   c'est ce qu'il m'a dit.

  9   (expurgé)

 10   (expurgé)

 11   (expurgé)

 12   (expurgé) et j'aurais mis fin à ces agissements.

 13   J'aurais essayé de vérifier qui s'était chargé de ce travail et pourquoi et

 14   j'aurais fait rapport à mes supérieurs.

 15   Vous savez qu'à la maison de la culture de Pilica, des gens ont été tués à

 16   l'intérieur dans la salle, et puis ceux qui étaient dans l'école qui

 17   étaient sécurisés, d'après l'Accusation, par des soldats du 1er Bataillon,

 18   ils y ont passé deux ou trois jours et ils ont survécu parce qu'on leur

 19   avait apporté de la nourriture et de l'eau. S'il n'y avait pas eu ces

 20   soldats, ils auraient été tués dans l'école même comme ceux qui avaient été

 21   tués à la maison de la culture.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 23   Q.  Après que Dragan Obrenovic vous a informé si vous n'aviez rien dit à

 24   Dragan Obrenovic et si l'opération de meurtres avait continué avec l'aide

 25   de la Brigade de Zvornik, est-ce que vous auriez été d'une quelconque

 26   manière responsable ?

 27   R.  Si des membres de la Brigade de Zvornik avaient participé à ces

 28   événements avec ma connaissance et mon autorisation, alors je serais

Page 32254

  1   responsable.

  2   Q.  Bien.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la pièce 686 de la liste 65 ter.

  4   Je ne l'ai pas en B/C/S, je l'ai sous les yeux néanmoins c'est une

  5   déclaration très brève du rapport de M. Butler, je sais que vous l'avez

  6   examiné, étudié.

  7   Q.  Voilà ce qu'il dit : "Il y a une référence cependant à des prisonniers

  8   détenus par le 7e Bataillon"

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvez-vous attendre un instant ?

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la page 86 en anglais. Désolé, je

 11   n'ai pas la page pour la version en B/C/S. Mais c'est une déclaration très

 12   simple et nous allons évoquer le document dont il est question.

 13   Q.  Il est dit :

 14   "En examinant le registre du véhicule, véhicule TAM 2001, numéro

 15   d'immatriculation M5342, il constate que le 16 et le 17 juillet, ce

 16   véhicule était actif et a transporté des prisonniers entre Stari Selo et

 17   Crni Vrh," et une autre localité dont le nom est illisible.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la page 90 de la version B/C/S, mais

 19   ce que j'aimerais vous présenter en réalité c'est la pièce 65 ter 295 c'est

 20   ce registre relatif au véhicule qui a été évoqué par M. Butler.

 21   Q.  Comme il le dit, nous pouvons le voir sur la base de ce registre, c'est

 22   un registre de véhicule de la Brigade de Zvornik pour un TAM 2001. Nous

 23   voyons que c'est Milenko Majstorovic et Milenko Mitrovic, qui le

 24   conduisait. Si vous prenez le 16 juillet, on voit : "De 5 heures à 22

 25   heures." Si vous voyez : "Transport de nourriture, munition, prisonniers,

 26   et autres," et le nombre de personnes est 1 plus 10.

 27   Donc c'est là un compte rendu du fait que votre unité, votre brigade a

 28   transporté des prisonniers de Stari Selo, Crni Vrh ou alors de Stari Selo

Page 32255

  1   Papraca, alors que vous étiez présent au commandement et nous savons que

  2   tous que ces localités Stari Selo et Crni Vrh se trouvent là où se trouvait

  3   la colonne. Mais qu'en est-il de Papraca ?

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, Monsieur

  5   McCloskey. Je ne pense pas que nous ayons la bonne page et que nous

  6   puissions suivre.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] La traduction est à la -- 069-4771 REV.

  8   C'est la page 3.

  9   M. HAYNES : [interprétation] La page 3 de la pièce P295 ? Il y a 604 pages

 10   du P295.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est une traduction révisée, donc elle

 12   s'est vue attribuer une nouvelle cote. La traduction a une cote.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous l'avons à l'écran maintenant. Je

 14   souhaitais que vous me confirmiez que c'est bien la bonne. Et c'est la

 15   version anglaise.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page 227 de la version B/C/S.

 17   Q.  Général, si vous avez eu la possibilité de l'examiner et si vous avez

 18   entendu mon introduction, est-ce que vous pouvez accepter essentiellement

 19   ce que j'ai dit en parcourant la traduction de ce document en essayant de

 20   répéter ce qui y figurait ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Stari Selo, Crni Vrh, Papraca, est-ce que vous pouvez nous dire en gros

 23   où se trouvent ces localités ?

 24   R.  Crni Vrh, je crois que nous le savons; tous se trouve sur la route

 25   Zvornik-Tuzla, à une vingtaine de kilomètres de Zvornik. Quant à Papraca,

 26   cette localité se trouve sur la même route mais vers Caparde, on tourne

 27   vers l'ouest dans la direction de Sekovici.

 28   Q.  Savez-vous de cette mention de prisonniers qui ont été transportés dans

Page 32256

  1   ce véhicule ?

  2   R.  J'ai vu cela pour la première fois dans les documents que vous m'avez

  3   présentés aux fins du contre-interrogatoire avant. Sur ces 604 pages au

  4   total, je n'avais pas remarqué ce document. Il m'avait échappé. Là, je vois

  5   que le 16, on a transporté des prisonniers, des munitions, de la

  6   nourriture, et cetera. Le 17 également. Donc il est difficile de savoir

  7   d'où ils partaient où ils allaient, quelle était la destination, mais ma

  8   supposition et éventuellement ma conclusion seraient qu'il s'agissait de

  9   détenus qui ont été faits prisonniers par les soldats du 7e Bataillon, ou

 10   encore le Groupe tactique, qui relève de la Brigade de Sekovici, et que

 11   c'est un véhicule du 7e Bataillon qui a aidé à transporter ces gens à

 12   Papraca parce que Papraca relève de la zone de défense de la Brigade de

 13   Sekovici qui n'est nullement liée à la Brigade de Zvornik. A l'époque,

 14   j'ignorais absolument qu'il y avait un transport de détenus de cette

 15   nature. C'est la première fois que j'en suis informé.

 16   Q.  C'est pour cela que j'avais commencé par vous parler du rapport de M.

 17   Butler. Cela fait un certain temps qu'il existe et c'est mentionné dans le

 18   rapport de M. Butler. Mais vous ignorez tout de ces prisonniers et de ce

 19   qui leur ait arrivé ?

 20   R.  Oui, je ne sais rien.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la pièce 336 de la liste 65 ter.

 22   Q.  Il s'agit là d'un rapport de combat quotidien, et j'aimerais que nous

 23   prenions la page 1 de l'anglais et la page 1 de la version B/C/S également.

 24   Il date du 19 juillet, il porte votre nom, et je vous demanderais d'essayer

 25   de vous rappeler du mieux que vous le pouvez la déposition d'une personne

 26   qui a déposé dans le cours de ce procès, et la déposition d'une autre

 27   personne qui nous est parvenue par voie du 92 bis, à savoir des survivants

 28   d'une exécution qui a eu lieu le 18 juillet ou autour de cette date. L'une

Page 32257

  1   de ces personnes, vous vous en souvenez certainement, a reçu un coup de feu

  2   dans le dos, une balle dans le dos et ensuite a roulé en bas d'une pente et

  3   l'autre personne a été identifiée comme un soldat et a été détenu ensuite

  4   envoyé à Batkovic.

  5   Général, votre rapport, ce rapport qui porte votre nom fait rapport

  6   sur cet incident : "Pendant l'opération de fouille, deux soldats musulmans

  7   ont été capturés et 13 ont été éliminés."

  8   Vous avez reconnu que la 16e Unité de la Krajina, qui est mentionnée dans

  9   ce rapport, et qui fouiller le terrain était sous votre commandement, le 18

 10   et le 19 juillet, ils étaient sous votre commandement; est-ce exact ?

 11   R.  Oui, c'est exact.

 12   Q.  S'ils avaient tué ce groupe de personnes, vous auriez su que c'était

 13   arrivé ?

 14   R.  Si ces derniers avaient été tués dans le cadre d'opération de combat,

 15   j'aurais eu ces détails dans le rapport. C'est la raison pour laquelle le

 16   rapport existe. Mais je ne comprends pas pourquoi on tuerait alors qu'on

 17   laisserait l'autre en vie. Lorsqu'on procède au ratissage du terrain, là ou

 18   l'herbe est très haute ou le terrain est boisé, où il y a des ruisseaux, et

 19   cetera, il est très difficile de savoir si quelqu'un a tiré sur quelqu'un

 20   dans le cadre de combat, ou bien si c'était à la suite de -- ou si la

 21   personne avait été tuée après qu'elle était fait prisonnier. Mais la

 22   consigne était très claire, il fallait constituer des prisonniers non pas

 23   tuer qui que ce soit.

 24   Q.  Vous vous rappellerez de deux personnes, deux personnes, PW 139 et PW

 25   119, les deux ont dit que l'unité qui les avait capturés, ils l'avaient dit

 26   à la radio, au moment de la capture, ne serait-il pas juste de dire que

 27   l'unité a informé son commandement par voie radio pour obtenir

 28   l'information, à savoir de ce qu'ils devaient faire avec ces derniers, non

Page 32258

  1   pas simplement pour les en informer.

  2   (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   (expurgé)

  5   (expurgé)

  6   (expurgé)

  7   (expurgé)

  8   (expurgé)

  9   Q.  Vous ne croyez pas le Musulman qui avait dit que son groupe  été

 10   exécuté, qu'on lui a tiré dessus mais qu'on pensait qu'il était mort ?

 11   R.  Si on a tiré dans le cadre d'opération de ratissage, dans le cadre des

 12   opérations de combat, c'est tout à fait logique. Je ne vais pas essayer

 13   d'entrer dans la véracité de sa déclaration, mais je sais pertinemment que

 14   personne n'avait reçu pour ordre de capturer quelqu'un de le tuer ensuite.

 15   Mais dans le cadre d'une opération de ratissage, de combat, les soldats

 16   avaient eu pour ordre de tirer. C'est tout à fait correct au point de vue

 17   militaire.

 18   Q.  Vous ne voulez pas dire que ce qu'on racontait les survivants

 19   lorsqu'ils ont dit que des -- ou du survivant que ses amis avaient été

 20   abattus après la capture, que ceci a un rapport quelconque avec les

 21   activités de combat, je suppose que non ?

 22   R.  Mais comme le dit le rapport, ces personnes auraient pu être tuées au

 23   cours de combat. Je n'ai rien qui me dit le contraire comme information. Le

 24   témoin qui a parlé des hommes de la Krajina a vu plusieurs insignes, elle

 25   n'en a pu reconnaître aucun. Je ne sais pas qui a utilisé ce terme, les

 26   gens de la Krajina, je ne sais pas. Comment se fait-il que ces personnes

 27   aient été tuées par des gens de la Krajina et pas par quelqu'un de la

 28   Brigade de Zvornik ?

Page 32259

  1   Q.  Vous avez entendu ce qu'a déclaré le témoin qui était officier du MUP

  2   de Ugljevik, et qui a survécu à l'incident qui s'est produit au même moment

  3   du côté de Snagovo, où des gens ont été abattus après avoir été capturés ?

  4   R.  Oui, je m'en souviens.

  5   Q.  Avez-vous une raison de croire que ce témoin n'a pas dit la vérité ? Je

  6   veux dire, à savoir que des Musulmans ont été capturés et puis tués,

  7   assassinés ?

  8   R.  C'est ce que j'ai déjà dit en réponse à votre question précédente.

  9   C'est la déposition qu'a faite ce témoin. Mais ses dires n'ont pas été

 10   vérifiés, ni corroborés par ce qu'auraient dit d'autres agents du MUP qui

 11   étaient avec lui, si je m'en souviens bien.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, on me dit que le

 13   moment est venu de faire la pause. Mais je peux vous dire que j'étais en

 14   contact avec M. Vanderpuye, de mon équipe, nous essayons de déposer cette

 15   motion aux fins de réouverture, aux fins d'audition de témoins en

 16   réfutation aujourd'hui, mais est-ce que vous pourriez nous accorder jusqu'à

 17   lundi pour le dépôt de cette requête, car nous étions si occupés avec la

 18   déposition du général ?

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, vous en avez le droit, mais pas

 20   plus tard.

 21   Oui, Maître Bourgon.

 22   M. BOURGON : [interprétation] Puisque cette requête sera déposée plus tard,

 23   je peux vous dire que nous, nous n'avons pas encore vu la requête mais il

 24   faudra sans doute le délai habituel de 14 jours que prévoit le Règlement

 25   pour répondre à cette requête. Bien entendu, nous n'avons pas encore pris

 26   connaissance de cette requête, mais je pense que nous aurons besoin de ces

 27   deux semaines.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci de nous aviser de la chose. Nous

Page 32260

  1   en tiendrons compte.

  2   Maître Haynes.

  3   M. HAYNES : [interprétation] On nous dit apparemment que cette requête se

  4   concentrera surtout sur l'accusé que je représente, il est certain que

  5   j'aurais besoin de 14 jours.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous y viendrons et nous prendrons une

  7   décision sur le temps dont vous avez besoin pour ce qui est des requêtes.

  8   Nous allons maintenant faire une pause de 20 minutes.

  9   --- L'audience est suspendue à 12 heures 09.

 10   --- L'audience est reprise à 12 heures 42.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivons, Monsieur McCloskey.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Général, passons à la journée du 23 juillet pour parler rapidement

 14   d'une communication interceptée dont vous avez déjà parlée. Je crois il

 15   s'agit de la pièce ou du document sur la liste 65 ter 1309A en B/C/S et

 16   pour ce qui est de la version en anglais -- A,

 17   en anglais et C en B/C/S. Nous parlions de la journée du 23 juillet à 8

 18   heures du matin. Vous participez à cette conversation. Je pense que vous

 19   avez déjà dit à qui vous parliez, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui. Je parlais avec le colonel Cerovic.

 21   Q.  Vous reconnaissez que cette conversation portait sur les patients qui

 22   se trouvaient à la caserne Standard à ce moment-là; est-ce exact ?

 23   R.  Bon il s'agissait des prisonniers et des blessés.

 24   Q.  Ces blessés vous saviez que c'était des blessés de Srebrenica; non ?

 25   R.  Je savais que ces blessés étaient venus de l'hôpital de Zvornik et j'ai

 26   pu supposer que ces personnes étaient originaires de Srebrenica parce

 27   qu'effectivement elles venaient de Srebrenica.

 28   Q.  Mais saviez-vous que ces personnes venaient de la zone de l'hôpital de

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  1   Milici ?

  2   R.  Je ne me souviens pas des détails. Je sais qu'on m'a dit que ces

  3   personnes étaient là. Quant à savoir si ces personnes avaient d'abord été à

  4   Milici, je ne me souviens pas.

  5   Q.  Vous serez d'accord avec moi pour dire que lorsque vous avez eu cette

  6   conversation avec Cerovic, vous ne vous prononcez pas sur le sort de ces

  7   blessés, et il faut voir la communication interceptée suivante lorsque

  8   quelqu'un rappelle la brigade et laisse un message pour le savoir, n'est-ce

  9   pas ?

 10   R.  Oui, mais vous devez savoir et vous le savez car ça a été montré ici, à

 11   partir du 20 j'ai exigé des échanges, j'en ai parlés j'ai parlé de Lisaca.

 12   Ici la discussion ne porte pas seulement sur l'échange de blessés mais

 13   aussi des prisonniers et une décision définitive n'était pas encore tombée

 14   à ce moment-là comme le montre la conversation qui suit.

 15   Q.  A la date du 23 juillet, vous saviez parfaitement que Vujadin Popovic

 16   avait participé à l'opération de meurtres des prisonniers ?

 17   R.  Je savais à l'époque qu'il était là et qu'il a participé à ces

 18   activités.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Prenons cette communication interceptée

 20   suivante. Il s'agit du document de la liste 65 ter en anglais 1310A. En

 21   B/C/S ce sera 310C et cette conversation intervient cinq minutes après

 22   l'autre, à 8 heures cinq plus exactement. Elle se trouvera sans doute à la

 23   page 3 en B/C/S. Effectivement c'est cela page 3 en B/C/S.

 24   Q.  Cinq minutes plus tard, disais-je un Musulman dit :

 25   "Le participant de la conversation précédente a rappelé et a demandé à

 26   parler à Vinko une fois de plus mais Ljubo a répondu," et quelqu'un a dit à

 27   Ljubo de passer la conversation à Vinko :

 28   "Ce que Vinko et moi nous étions en train de discuter c'est arrivé -- ce

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  1   dont on discutait va arriver chez vous vers 17 heures. Le boss, le

  2   lieutenant-colonel Popovic va arriver et dira ce qu'il faut faire à propos

  3   du travail dont on a parlé."

  4   Donc vous êtes d'accord ici qu'après cette conversation que vous avez eue

  5   avec Cerovic, vouliez-vous dire qu'il viendra ici vous avez Popovic qui

  6   arrive ou qui dit qu'à 17 heures on va s'occuper du problème des blessés et

  7   des prisonniers, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, c'est vrai, cette conversation a suivi celle qui avait eu lieu à 8

  9   heures.

 10   Q.  Vous êtes d'accord avec le reste que j'ai mentionné ?

 11   R.  Vous, vous interprétez la teneur de cette conversation.

 12   Q.  Oui, et je vous ai demandé si vous étiez d'accord avec mon

 13   interprétation.

 14   R.  Oui, je suis d'accord parce que le travail avait été bien fait par

 15   vous.

 16   Q.  Prenons le registre de l'officier de permanence ce jour-là.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est le numéro 377 de la liste 65 ter. Ce

 18   sera une autre référence assez courte. Il suffira de l'examiner sur

 19   l'écran. C'est la page 117 [comme interprété] en B/C/S mais regardez je

 20   vous donne le document. La page pour que vous l'examiniez. En anglais ces

 21   aussi la page 177.

 22   Q.  On est à peu près à cette heure-là ce matin-là vers 8 heures 30, et

 23   l'officier de permanence dit que le lieutenant-colonel Cerovic a relayé un

 24   message au commandant disant que le lieutenant Popovic allait à --

 25   lieutenant-colonel Popovic allait arriver avant 17 heures ou à 17 heures ?

 26   Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que c'est la dernière fois

 27   qu'est mentionné cette communication interceptée qui confirme que

 28   normalement le lieutenant-colonel -- que c'est le sous lieutenant-colonel

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  1   Cerovic qui confirme que le lieutenant-colonel Popovic va arriver à 17

  2   heures, ce jour-là ?

  3   R.  Oui, mais regardez l'heure qu'il est, 8 heures 30. Il y a donc un

  4   décalage de 25 minutes.

  5   Q.  On disait : "Qu'il a relayé un message au commandant." L'officier de

  6   permanence a consigné expressément ceci dans le registre et que c'est un

  7   message qui devait vous parvenir, n'est-ce pas, à vous ?

  8   R.  On ne dit pas que ça a été relayé, mais le lieutenant-colonel Cerovic a

  9   fait ce rapport au commandant ou pour lui. Il est manifeste que moi je

 10   n'étais pas au commandement et que c'est Ljubo qui a réceptionné ce message

 11   parce que, moi, j'étais sorti faire quelque chose.

 12   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de cela ou est-ce que c'est une

 13   supposition que vous faites ?

 14   R.  Je ne me souviens pas qu'Obrenovic m'ait transmis ce message-là en

 15   particulier mais je sais que c'est quelque chose qu'il fallait régler avec

 16   Cerovic et dès que ce dernier recevait de nouveaux renseignements il

 17   fallait les transmettre au commandement et c'est ce que j'ai dit, dans un

 18   ordre que j'ai donné à Obrenovic, il fallait rester en contact avec le

 19   commandement du corps et s'occuper de la question le plus vite possible.

 20   Q.  Je répète ma question : est-ce que vous vous souvenez avoir quitté le

 21   poste de commandement de la brigade ? Vous auriez pu être ailleurs dans ces

 22   structures : dans la cuisine, la cantine, aux toilettes et ce message

 23   court, il dit que, bon, manifestement il était possible de vous contacter

 24   sans tarder, c'est la question que je vous posais. Est-ce que vous vous

 25   souvenez que vous êtes effectivement sorti ? Vous n'en avez pas parlé

 26   précédemment.

 27   R.  J'ai simplement ajouté ça maintenant parce que je n'ai pas parlé à

 28   Cerovic personnellement, donc si j'étais là dans le bureau je lui aurais

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  1   parlé. Mais quand Ljubo Bojanovic recevait un message, il a reçu à 8 heures

  2   30, moi, je n'étais pas là parce que, sinon, c'est moi qui aurais reçu ce

  3   message, si j'avais été présent.

  4   Q.  Entre 8 heures 30 du matin et 17 heures il y a pas mal de temps qui

  5   s'écoule. Manifestement, votre déposition l'a prouvé c'était un sujet

  6   important pour vous ce jour-là, donc je suis sûr qu'on vous a fait savoir

  7   que Popovic allait venir à 17 heures ce jour-là pour s'occuper du problème,

  8   pour se charger de ce problème ?

  9   R.  Je répète pour la troisième fois, c'est tout ce que je peux faire, je

 10   ne me souviens pas que Ljubo m'a transmis ce message. Je sais qu'après le

 11   briefing qui s'est tenu ce jour-là j'ai donné un ordre à Obrenovic.

 12   Q.  Est-ce que vous aviez des craintes, ou est-ce que vous vous inquiétez

 13   du fait que Popovic était peut-être -- avait peut-être l'intention de venir

 14   chercher les prisonniers dont vous aviez la garde ce jour-là vu ce qui

 15   s'était passé quelques jours auparavant ?

 16   R.  Bien, pour moi, ça revenait au même, c'était du pareil au même qui

 17   s'occupait du problème. Pour moi, c'était important qu'il soit réglé ce

 18   problème. Je vous dis que je n'ai pas vu ce jour-là le lieutenant-colonel

 19   Popovic au commandement de la Brigade de Zvornik.

 20   Q.  Je suis sûr que vous savez que vous avez le devoir de ne pas livrer à

 21   quelqu'un des prisonniers lorsque vous savez que cette personne va tuer les

 22   prisonniers ?

 23   R.  D'accord avec vous sur ce point, si j'avais été certain que ces

 24   personnes allaient être tués, d'accord.

 25   Q.  Vous saviez qu'au cours des journées précédentes, au cours des journées

 26   du 14, du 15, du 16 juillet, des milliers de Musulmans avaient été tués, et

 27   que ceci avait été en partie organisé par Popovic qui venait chercher des

 28   prisonniers dont vous aviez la garde. Je vous pose donc la question,

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  1   Général, vous avez certainement compris --

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Peut-on avoir la référence parce qu'on dit

  4   que : "Popovic vient chercher des prisonniers dont vous avez la garde;" où

  5   est-ce que ça se trouve ça ? Où est-ce que c'est dit ?

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose que c'est là la thèse de

  7   l'Accusation. Pourriez-vous nous en dire plus, Monsieur McCloskey ?

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis d'accord que c'était là la teneur

  9   de la conversation et le général l'a acceptée et le message était clair il

 10   disait que Popovic venait s'occuper, se charger des prisonniers et des

 11   blessés.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 13   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ça ne se trouve pas dans cette

 14   communication interceptée. On dit simplement transmettre --

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ça c'est un argument que vous évoquez.

 16   M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le témoin a entendu la question et il a

 18   répondu à cette question, il a donné son avis. C'est à vous de présenter

 19   des arguments sur des points de droit par la suite. Poursuivez, Monsieur

 20   McCloskey.

 21   Monsieur McCloskey, si je me souviens bien vous n'aviez pas tout à fait

 22   terminé votre question lorsque vous avez été interrompu.

 23   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Lignes 13 et 14 de la page précédente.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Effectivement.

 26   Q.  Le 23 juillet vous étiez sans doute rendu compte que si vous aviez

 27   empêché le lieutenant-colonel Popovic de se charger de la garde de ces

 28   prisonniers, vous auriez vraiment été dans le pétrin, vous auriez vraiment

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  1   de grosses difficultés avec le général Krstic et le général Mladic, pour ne

  2   pas dire aussi avec Radovan Karadzic. Vous êtes bien d'accord là-dessus,

  3   n'est-ce pas ?

  4   R.  Je ne sais pas si le lieutenant-colonel Popovic était venu pour prendre

  5   ces personnes si effectivement s'en est chargé, mais je ne vois pas comment

  6   vous pouvez me traiter de la même façon, alors que ça fait 20 jours que je

  7   témoigne ici en public, de ma vie privée devant tous les accusés qui me

  8   regardent et devant leurs avocats qui peuvent procéder à mon contre-

  9   interrogatoire. A l'inverse de certains qui ont témoigné en tant que

 10   témoins protégés à l'absence des autres accusés. Moi, je ne veux pas ici me

 11   prononcer pour ou contre Popovic. Je vous dis uniquement ce que je sais et

 12   ce que je peux conclure après avoir examiné ces documents.

 13   Q.  Si vous aviez refusé de livrer ces prisonniers au colonel Popovic à

 14   quoi pouviez-vous vous attendre pensez-vous ? Et je ne pense pas à ce que

 15   M. Popovic aurait pu vous faire, je pense plutôt à la réaction qu'aurait

 16   eue son commandement.

 17   R.  Bien. Tout ce que je peux faire maintenant c'est faire des

 18   suppositions. Je ne les ai pas livrés à Popovic. C'est Obrenovic qui m'en a

 19   parlé, et moi, j'avais la responsabilité personnelle de leur sécurité, ces

 20   personnes devaient aller à Batkovic et il n'a pas parlé de Popovic. Est-ce

 21   que quelqu'un est allé les chercher à Batkovic, est-ce qu'en fait en route

 22   ils ont fait un détour ? Ça je ne sais pas.

 23   Q.  Je vais faire un nouvel essai, et je peux vous dire que les archives

 24   ICMP ont montré, et je vais vous donner un numéro de la liste 65 ter, ces

 25   documents montrent que pour les 14 personnes patients mentionnés qui ont

 26   été transformés de Milici à Zvornik, il y en a qui est mort à l'hôpital de

 27   Zvornik, il y en a 12 qui sont encore portées disparues, et on a identifié

 28   une personne qui se trouvait dans la fosse secondaire de Liplja. C'est

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  1   clair ces personnes qui se trouvaient sur votre commandement ont été

  2   emmenées et assassinées.

  3   Je vous pose dès lors la question, si vous aviez empêché Popovic de les

  4   emmener, sachant ce que vous saviez ce jour-là, qu'est-ce qui serait

  5   advenue de votre carrière ?

  6   R.  Je suis d'accord avec ce que vous dites à propos de ce qui est arrivé à

  7   ces gens vu les conclusions de l'ICMP, mais votre question est

  8   hypothétique. Que serait-il advenu de ma carrière si j'avais empêché à

  9   Popovic d'emmener ces gens ? Tout d'abord, si un ordre était venu du corps

 10   me disant que je devais remettre ces personnes pour qu'elles soient

 11   emmenées à Batkovic, personne n'aurait pu, or il n'y avait aucune raison de

 12   m'empêcher de laisser partir ces personnes, Popovic non plus.

 13   Q.  Pourtant vous avez reçu un ordre tel qu'il soit de Cerovic disant que

 14   Popovic allait venir s'en charger. Vous dites que vous n'aviez pas du tout

 15   cette obligation. Une fois que vous avez reçu cet ordre, est-ce que vous

 16   aviez dites-vous le devoir, l'obligation de remettre ces personnes à celui

 17   qui a organisé ces meurtres en masse ?

 18   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ceci ne découle pas de la communication

 20   interceptée remise au témoin. C'est à nouveau une conclusion que tire M.

 21   McCloskey.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qu'en dites-vous, Monsieur McCloskey ?

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pas du tout. C'est un sujet sur lequel on

 24   revient sans cesse, dont on essaie de discuter. J'ai posé la question parce

 25   qu'on est au fond d'accord sur les faits et je vous présente maintenant la

 26   thèse de l'Accusation.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, je vous prie.

 28   [La Chambre de première instance se concerte]

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Lorsqu'on relit ces déclarations faites

  2   par M. McCloskey, il est de notre opinion que l'Accusation peut poser ces

  3   questions, car le témoin est en mesure de répondre à la question. Alors

  4   poursuivez, je vous prie.

  5   Monsieur Pandurevic, on vous écoute, si vous pouvez répondre.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'ai donné cet

  7   ordre, j'ai donné pour ordre que ces personnes soient protégées

  8   physiquement, que l'on leur apporte les premiers soins médicaux. J'ai

  9   demandé au corps d'armée de trouver un endroit pour les déloger, mais je ne

 10   me souviens pas que Ljubo Bojanovic m'ait dit que Popovic allait venir le

 11   chercher. M. McCloskey, part de l'hypothèse que si une personne a déjà tué

 12   quelqu'un, attend impatiemment pour recevoir d'autres personnes qu'elle

 13   peut tuer.

 14   Mais je ne pensais pas de cette façon-là. J'estimais qu'il était tout

 15   à fait logique à ma demande, qu'à la suite de l'intervention du corps ces

 16   personnes allaient être transférées à Bijeljina.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Tout d'abord, Monsieur le Président,

 18   je ne dis pas du tout que le lieutenant-colonel Popovic a hâte de tuer des

 19   personnes. Le lieutenant-colonel Popovic suivait ses ordres.

 20   Q.  La question que je vous ai posée est de savoir ce qui vous serait

 21   arrivé si vous aviez refusé de lui remettre ces prisonniers.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il a déjà répondu à

 23   cette question.

 24   M. HAYNES : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à quatre reprises.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il vous a déjà dit que le transfert de

 26   ces prisonniers était dans le but de les échanger, et qu'ils allaient être

 27   emmenés à Bijeljina ou ailleurs, enfin. Selon lui, il n'y a pas eu

 28   d'obstacle. Il ne voyait aucun problème. Il aurait exécuté l'ordre, c'est

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  1   tout.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président. Je vais

  3   passer à autre chose.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la pièce 379, 65 ter. M.

  6   ZIVANOVIC : [interprétation] Pourrait-on obtenir la pièce qui identifie la

  7   victime de Liplja. Je crois que M. McCloskey nous avait dit un peu plus tôt

  8   qu'il allait obtenir cette pièce.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais je commence à m'habituer d'être

 11   contre-interrogé dans le cadre de mon contre-interrogatoire, oui, je vais

 12   certainement communiquer cette pièce sous peu.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors poursuivons, c'est

 14   certainement quelque chose qui peut être vérifié en temps et lieu, donc

 15   cela ne fait pas partie de la question qui vient d'être posée. Poursuivez,

 16   je vous prie.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 18   Q.  Mon Général, cette pièce 65 ter 379 en B/C/S, à la page 1 et en anglais

 19   -- page 115 en B/C/S et page 115, en anglais. C'est un registre de

 20   l'officier de permanence. Il s'agit de son propre carnet de notes. Je vois

 21   que vous avez déjà parlé de ces deux télégrammes, deux numéros de

 22   télégramme qui portent sur le carburant qui venait selon les ordres du

 23   général Mladic, que ce carburant, nous avons déjà vu venait de Trbic. Alors

 24   je suis sûr que vous ne serez pas en désaccord avec moi pour dire que cette

 25   information est parvenue à l'officier de permanence et que c'était dirigé à

 26   Trbic, envoyée à Trbic. Nous sommes tous d'accord pour dire que ce

 27   carburant servait aux fins de l'opération de re-enfouissement ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  D'accord. Alors la question suivante se pose, c'est de savoir où vous

  2   trouviez-vous au mois de septembre, le 15 septembre ? Je sais que vous en

  3   avez réfléchi, vous en avez parlé au cours de votre témoignage, pourriez-

  4   vous nous rappeler de l'endroit où vous vous trouviez le 15 septembre ?

  5   R.  On se trompe toujours d'une journée de plus ou moins, ce télégramme est

  6   arrivé le 14 septembre, alors qu'à l'époque je me trouvais dans le village

  7   de Velagici, au croisement des routes entre Bosanski Petrovac et Kljuc;

  8   c'est environ à 500 kilomètres de Zvornik, en empruntant les routes

  9   d'antan.

 10   Q.  Tout près de Drvar, est-ce que c'est exact ?

 11   R.  Non, ce n'est pas tout près de Drvar. C'était peut-être à 70

 12   kilomètres.

 13   Q.  Je vais maintenant vous rappeler de quelque chose.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais avant cela, pourrait-on passer à huis

 15   clos partiel, s'il vous plaît.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Fait.

 17   [Audience à huis clos partiel]

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 23   [Audience publique]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes maintenant en audience

 25   publique.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

 27   Q.  Pour rafraîchir votre mémoire, Mon Général, voici un carnet de notes de

 28   l'officier de permanence du 16, page 119 en anglais. On m'apprend à

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  1   l'instant qu'en B/C/S c'est la page 119 également. Voilà, nous pouvons

  2   apercevoir la date du 16 septembre sur l'original ainsi que sur la

  3   traduction. Vers le bas, on voit Vinko Pandurevic est revenu à 11 heures

  4   30. Donc vous êtes revenu à la brigade comme on le voit ici, le 16 ? 

  5   R.  Oui, le 16 je suis retourné au bureau et j'étais encore à ce moment-là,

  6   commandant de la 2e Brigade de Drina.

  7   Q.  Fort bien. Je voudrais maintenant vous montrer un autre document qui

  8   porte la cote 7D770, pages 1 et 2, en anglais c'est l'un de ces registres

  9   portant sur les véhicules et les déplacements de véhicules que nous avons

 10   vu souvent. Prenons la première page, nous pouvons voir qu'on parle de la

 11   Nissan, je crois qu'on a déjà parlé de cette Nissan auparavant, et nous

 12   pouvons voir ici Bogdan Pandurevic comme étant le chauffeur. Si l'on passé

 13   sur le registre des voyages effectués à la page suivante, page 2.

 14   J'aimerais que l'on agrandisse le passage, s'il vous plaît.

 15   Nous pouvons lire -- voir qu'il y a eu plusieurs voyages et que presque

 16   chaque voyage part de Drvar; est-ce que c'est votre véhicule à vous ? Est-

 17   ce que c'est le véhicule qui est allé à Krajina ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Avez vous à bord, c'était bien votre véhicule ?

 20   R.  Oui, j'étais dans le véhicule et c'est le véhicule du commandant.

 21   Q.  Très bien. Passons maintenant à la page 3 de ce même document. Ça nous

 22   amène au 15 septembre et puisque vous avez l'original, mon Général, nous

 23   n'étions pas en mesure de lire ce qui est indiqué pour le 15 septembre.

 24   Nous pouvons voir Sanski Most et Zvornik, mais est-ce que vous pouvez nous

 25   dire quel est le premier endroit ? Qu'est-ce que c'est ?

 26   R.  Oui, c'est Velagici et Sanski Most et Zvornik.

 27   Q.  Est-ce que ça correspond à l'endroit où vous vous trouviez le 15 à bord

 28   de ce véhicule ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Donc vous êtes retourné à Zvornik le 15 à quelle heure ?R.  Je ne suis

  3   pas du tout retourné à Zvornik le 15.

  4   Q.  On peut voir Zvornik ici comme vous l'avez dit. Il y avait un village,

  5   ensuite Sanski Most, et Zvornik.

  6   R.  C'est un registre qui porte sur l'itinéraire de ce jour-là mais nous ne

  7   sommes pas arrivés à Zvornik le 15.

  8   Q.  Mais ici on peut lire : 15 Zvornik; vous êtes en désaccord avec ceci ?

  9   R.  Non, le voyage a commencé le 15; le trajet était Velagici, Sanski Most

 10   et Zvornik et le voyage s'est terminé comme nous avons dit un peu plus tôt

 11   à Zvornik le 16.

 12   Q.  Très bien. C'est très clair. Maintenant je voudrais que l'on passe au

 13   16 septembre. On peut voir ici que l'on parle de votre véhicule, de votre

 14   chauffeur et présumément [phon] vous-même et vous rendiez de Zvornik pour

 15   aller à Hrasnica; est-ce que c'est exact ?

 16   R.  Non, quand je suis arrivé le 16 à Zvornik, j'ai été en contact avec le

 17   général Krstic et il était question que ce jour-là j'aille à Vlasenica pour

 18   l'informer de ce que la brigade avait fait et c'est pour cela que le

 19   chauffeur avait inscrit cette destination. Mais si vous regardez le nombre

 20   de kilomètres il y en avait pas encore 100 qui m'auraient permis d'aller à

 21   Vlasenica et de revenir. Et ce jour-là je ne me suis pas rendu à Vlasenica.

 22   Q.  Alors cette indication selon laquelle le véhicule du commandement est

 23   allé de Zvornik à Vlasenica est erronée tout comme la version d'Obrenovic ?

 24   R.  Non. J'imagine qu'Obrenovic avait vu ce registre concernant ce véhicule

 25   et sur la base de cela il a dû imaginer que je m'y étais rendu. Un

 26   chauffeur doit toujours avoir un véhicule prêt avant de se rendre ou que ce

 27   soit pour pouvoir partir à temps mais ce jour-là je n'y suis pas allé. Vous

 28   avez vu que dans le registre pour le 17 il y est dit que le commandant

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  1   n'est pas allé à Vlasenica, qu'il a téléphoné et le 17 non plus je n'y suis

  2   pas allé.

  3   Q.  Le général Krstic est un commandant qui souhaite qu'on lui fasse

  4   rapport et il veut un tel rapport -- enfin, sa phrase, n'est-ce pas ?

  5   R.  Mais est-ce que vous connaissez un commandant qui n'aime pas recevoir

  6   des rapports ? Il n'y a rien de curieux avec Krstic. Tout à l'heure vous

  7   m'avez montré un document où on voit que la 2e de la Drina avec Pandurevic

  8   est arrivé le 16 à 11 heures 30 de Drvar et simplement vous le laissez de

  9   côté et vous affirmez que je suis arrivé à Zvornik le 15. Alors quels sont

 10   les documents que vous acceptez et quels sont ceux que vous rejetez ?

 11   Q.  Général, c'était une question très simple et je crois que vous

 12   conviendrez avec moi que le général Krstic est le genre de personne qui

 13   souhaite recevoir des rapports avec la personne face à lui.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

 15   M. HAYNES : [interprétation] C'est vraiment laborieux car les questions

 16   sont posées deux ou trois fois de suite. Cette question a déjà été posée.

 17   On y a répondu aux lignes 18 à 25.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il n'a pas répondu. Il ne m'a pas répondu

 20   de façon claire.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Evitons ces polémiques. Je vais

 22   consulter mes collègues.

 23   [La Chambre de première instance se concerte]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous ne considérons pas que la question

 25   précédente a trouvé une réponse. Par conséquent nous autorisons, M.

 26   McCloskey à poser sa question et nous attendons de M. Pandurevic qu'il

 27   réponde. Et si vous souhaitez poser une nouvelle fois votre question,

 28   Monsieur McCloskey allez-y.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  C'est une question très simple. C'est le genre de commandant qui veut

  3   qu'on lui présente un rapport en personne, après coup, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, comme n'importe quel commandant qui attend qu'on lui fasse

  5   rapport. Il en allait de même pour le général Krstic et il a reçu ce

  6   rapport de ma part par téléphone.

  7   Q.  Est-ce que vous auriez dû être informé par le général Krstic -- qu'on

  8   avait pris la décision de déterrer des milliers d'hommes musulmans dans

  9   votre secteur et de les déplacer en passant par la ville de Zvornik dans

 10   des camions pour les éparpiller dans des fosses communes ? Vous n'auriez

 11   pas dû être informé de cela, Général, quand vous êtes rentré ?

 12   R.  Est-ce que j'aurais dû savoir cela ? Si cela avait été le cas, j'aurais

 13   dû savoir quelque chose au préalable, à savoir que quelqu'un avait

 14   l'intention de déplacer ces fosses communes, mais moi, je pense qu'il faut

 15   bien qu'il y ait des conditions préalables pour que j'aie eu besoin d'être

 16   informé de cela.

 17   Q.  Général, les prisonniers sont morts à ce moment-là et --

 18   M. HAYNES : [interprétation] Je crois --

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. C'est une erreur.

 20   M. HAYNES : [interprétation] Je crois que le général est sur le point de

 21   corriger parce que la réponse n'était pas exacte.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous avons eu une correction de

 23   l'interprète alors je ne sais pas si vous souhaitez qu'on vous traduise

 24   cela. Mais je crois que la façon la plus aisée de procéder c'est que vous

 25   apportiez les corrections que vous jugiez nécessaire, Monsieur Pandurevic,

 26   je vous en prie.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, en se corrigeant

 28   l'interprète s'est trompé. Je n'ai pas mentionné de prisonniers. Je vois

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  1   que cela apparaît au compte rendu d'audience. Moi j'ai dit simplement que

  2   pour ressentir un tel besoin, j'aurais dû en être conscient en tant qu'être

  3   humain rationnel.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]  

  5   Q.  Général, vous saviez qu'il y avait au moins 3 000 Musulmans morts

  6   enterrés dans des fosses communes dans votre secteur, dans votre zone en

  7   septembre 1995; est-ce que vous êtes d'accord ?

  8   R.  Je savais que des gens avaient été tués et enterrés avant le mois de

  9   septembre. Mais vous essayez de rattacher toutes mes visites à Zvornik aux

 10   prisonniers en vie ou exécutés. Quand je suis rentré de Krajina au mois de

 11   septembre vous savez bien de quel champ de bataille je venais. Alors en

 12   tant que commandant, pourquoi est-ce que dès mon arrivée à Zvornik j'aurais

 13   ressenti le besoin de m'informer quant à ce déplacement de ces fosses

 14   communes ?

 15   Q.  Très bien. Donc ces morts Musulmans ne figurent pas parmi vos priorités

 16   mais si on souhaite les enterrer ailleurs, déplacer ces cadavres avec des

 17   tonnes de terre et autre et si l'on doit les faire passer par Zvornik en

 18   camion avec des soldats du génie et des policiers militaires pour les

 19   escorter, est-ce que vous n'auriez pas dû être informé étant donné que cela

 20   concerne le centre de votre brigade, Pilica, Cancari ?

 21   R.  Monsieur McCloskey, vous avez vu le registre du chauffeur de M.

 22   Obrenovic il se trouvait le 15 à Vlasenica et le 15 il a appris du général

 23   Krstic à quoi allait servir le carburant qui était arrivé le 14. Mais il ne

 24   m'en a pas touché mot le 16, parce que c'était là une tâche qui n'incombait

 25   à la Brigade de Zvornik. Vous savez que je n'ai pas assumé le commandement

 26   de la Brigade de Zvornik jusqu'au 26 septembre. Le 18, j'ai quitté Zvornik,

 27   et vous savez quand ces ré enfouissements ont commencé et quand ils se sont

 28   achevés. Vous savez que tout cela s'est fait en mon absence et sans que

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  1   j'en ai été informé, sans que j'en ai connaissance et sans que j'y

  2   participe.

  3   Q.  Je comprends bien que c'est là votre position. Je vous ai posé la

  4   question à deux reprises déjà. Est-ce que vous auriez souhaité savoir que

  5   cela se déroulait dans votre secteur pour que vous puissiez vous préoccuper

  6   des conséquences éventuelles ?

  7   R.  Voilà comment je comprends votre question. Si quelqu'un était entré

  8   dans la cour de ma maison et qu'il m'avait volé quelque chose mais que je

  9   n'étais pas au courant, comment est-ce que j'aurais pu ressentir le besoin

 10   de me renseigner ? Quand je suis revenu de Budva, du Monténégro, j'ai

 11   appris qu'on avait déplacé des tombes et que les camions avaient traversé

 12   Zvornik, c'est exact, c'est un fait.

 13   Q.  C'était encore en cours quand vous êtes rentré, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je ne me souviens pas que c'était encore en cours. J'ai demandé à M.

 15   Jokic si une unité du génie de notre côté ou lui-même avait participé à ce

 16   travail, il m'a répondu que, non, qu'il avait vu des camions de

 17   l'entreprise à "Auto Transport," qui transportait ces cadavres qu'on

 18   ressentait une puanteur terrible dans la ville et on en parlait en ville.

 19   J'ai parlé de cette question-là avec Ivo Dragutinovic qui m'a confirmé la

 20   chose.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il faudrait corriger le compte rendu pour

 22   qu'on lise Jokic.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ce n'est pas Jocic mais Jokic.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 25   Q.  Général, alors quand vous êtes rentré vous saviez certainement si

 26   c'était encore en cours ou non. Alors est-ce que cela était encore en cours

 27   ?

 28   R.  Je ne sais pas. Jokic m'a dit qu'il savait que cela s'était passé, que

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  1   personne de la compagnie du génie n'y avait participé, et moi, je n'ai pas

  2   vu ces camions qui passaient par là.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bien. Passons au document 65 ter 4294.

  4   Q.  Il s'agit là d'un message intercepté du 23 septembre, c'était un

  5   samedi, et vous étiez encore en vacances à ce moment-là, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Si c'était un samedi alors quel jour êtes-vous revenu ?

  8   R.  J'ai fait le voyage de Budva à Zvornik le 25, donc c'est le 25 dans

  9   l'après-midi que je suis arrivé à Zvornik.

 10   Q.  Vous vous êtes donc rendu de Budva à Zvornik ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Bien. Nous pouvons voir dans cette communication interceptée dont vous

 13   n'avez pas parlé me semble-t-il précédemment, et nous l'avons identifié en

 14   entendant votre déposition. Il s'agit là d'une communication entre le

 15   général Krstic et le capitaine Petrovic. Qui est le capitaine Petrovic pour

 16   autant que vous puissiez le savoir ?

 17   R.  Il s'agit sans doute de Milisav Petrovic qui était le chef des

 18   transmissions à l'état-major de la Brigade de Zvornik à l'époque.

 19   Q.  Parfait. Nous voyons la conversation :

 20   "Krstic : Bonjour. Où est ton commandant ?

 21   Réponse : Il n'est pas encore rentré du terrain.

 22   Question : Je veux parler à l'officier de permanence.

 23   Réponse : Un instant.

 24   Petrovic : Allo.

 25   Krstic : Krstic à l'appareil.

 26   Réponse : Capitaine Petrovic à l'appareil, que puis-je faire pour vous,

 27   Monsieur ?"

 28   Question : Il rentre quand le capitaine Petrovic ?"

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  1   Je vais peut-être vous demander de lire cette conversation. Je ne sais pas

  2   si ce sont les Musulmans qui ont fait cette erreur ou si c'est nous qui

  3   l'avons faite. Parce qu'on voit après, Petrovic qui est intervenu :

  4   "Qu'est-ce je peux faire pour vous ?"

  5   Il y a : "Krstic : Quand est-ce qu'il sera de retour le capitaine ?

  6   Est-ce que ça veut dire le capitaine Petrovic, ou bien capitaine Petrovic ?

  7   R.  Ici il est dit : "Petkovic, ton commandant. Quand sera-t-il de retour,

  8   ton capitaine ?

  9    Q.  Merci de cette précision.

 10   R.  Est-ce que vous auriez la version manuscrite du document ?

 11   Q.  Nous l'avons quelque part. Nous allons vérifier mais je crois que c'est

 12   précisé un peu plus loin : 

 13   "On l'attend au bureau d'une minute à l'autre. Il est allé vérifier

 14   ou inspecter l'unité."

 15   Puis :

 16   "Question : Où est-ce qu'il est Vinko ?"

 17   Réponse : Il devrait être de retour lundi.

 18   Question : Lundi.

 19   Réponse : Oui, lundi soir.

 20   Krstic : Vous êtes en contact avec lui ?

 21   Allo, oui, vous êtes en contact.

 22   Réponse : Oui, on pourrait le contacter. Mais il n'a pas vraiment envie de

 23   vous déranger pendant que vous êtes en vacances, dirait-on.

 24   R.  Mais Petrovic dit : Oui, on -- je ne sais pas si lui personnellement il

 25   était certain qui lui était possible de le contacter. Il a supposé que

 26   j'avais laissé un numéro de téléphone, où on pouvait me contacter, me

 27   rejoindre."

 28   Q.  Pour éclaircir, je dis ceci :

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  1   "Krstic : Ecoute, veille assure-toi qu'il va écouter."

  2   Réponse : Oui.

  3   Question : Et qu'il vienne me voir assez tard lundi."

  4   Petkovic : D'accord, compris. Il va aller vous voir lundi à 7 heures.

  5   Krstic : Oui.

  6   Petkovic : Où est ton problème ?

  7   Krstic : "Salut."

  8   Cette communication interceptée nous montre que Krstic voulait que ce soit

  9   vous qui ailliez le voir, que ce soit vous qui allez voir Krstic lundi

 10   assez tard, lundi 25 septembre.

 11   R.  Effectivement.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous passer l'espace d'un instant

 13   à huis clos partiel, Monsieur le Président ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame la Greffière.

 15   [Audience à huis clos partiel]

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

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 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

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  1   (expurgé)

  2   (expurgé)

  3   [Audience publique]

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

  5   Q.  Vous avez examiné un document, je pense que votre avocat avait essayé

  6   de trouver l'original parce qu'il était doté d'un cachet. Ce que vous avez

  7   déclaré, ce que vous aviez signé ledit document, mais que vous ne l'avez

  8   pas signé le 25, qui porte -- pourtant qui est la date inscrite sur le

  9   document que vous avez signé en fait le 26, au retour au bureau.

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Nous avons trouvé un autre document, vous le savez, un document qui est

 12   une copie du premier document en question et il y a sur chacun de ces

 13   documents un cachet. Je vais vous les montrer tous les deux. Me Haynes sait

 14   que nous avons essayé de réserver un certain temps pour que le général

 15   puisse examiner tous ces documents, qu'il ait temps de réfléchir, mais il y

 16   a eu des problèmes de -- les agents de sécurité ont fait des allées et

 17   venues pour pouvoir lui soumettre les documents. Mais j'en ai presque

 18   terminé. Je sais que l'heure de la levée de l'audience approche, mais je

 19   dois terminer très vite lundi.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes, je pense que j'aurais

 21   besoin de votre autorisation pour que le témoin discute du document qui va

 22   être soumis à l'audience. Nous n'avons pas encore fait, si vous voulez

 23   qu'on lève l'audience maintenant et qu'il puisse en faire le point pendant

 24   le week-end. Tout le monde est un peu fatigué, c'est la fin de l'audience;

 25   qu'en pensez-vous ?

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, le seul problème

 27   c'est que ce sont des questions d'administration. La preuve, il faudrait

 28   qu'il soit tout près de nous pour que [imperceptible] documents.

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  1   M. HAYNES : [interprétation] De toute façon, on est presque à la fin de

  2   l'audience, pour être tout à fait -- être géographiquement proche.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pas de problème. Il ne sera pas en retard.

  4   Si nous levions l'audience maintenant, on pourra lui donner le document.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes d'accord, Maître Haynes ?

  6   M. HAYNES : [interprétation] Tout à fait.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est ce que nous allons faire.

  8   L'audience est levée, elle reprendra lundi, à 9 heures.

  9   --- L'audience est levée à 13 heures 37 et reprendra le lundi 2 mars

 10   2009 à 9 heures 00.

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