Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 25 janvier 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

7 l'affaire, s'il vous plaît.

8 M. LE GREFFIER : Bonjour, Monsieur le Président. Affaire

9 IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je salue toutes les

11 personnes présentes, l'Accusation, les avocats, MM. les accusés et

12 notamment M. Petkovic. Je salue également le personnel qui nous assiste.

13 Monsieur le Greffier, je vous donne la parole pour les deux numéros IC.

14 M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le numéro IC 252. Merci, Monsieur le

17 Président.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. La Chambre va rendre une décision orale

19 concernant la vidéo. La Chambre ayant délibéré ce matin, décide que la

20 vidéo doit être présentée pendant la phase d'audition de ce témoin. Comme

21 la vidéo fait une durée de l'ordre de 58 minutes, la Chambre prie

22 instamment l'Accusation à réduire dans la mesure du possible la fin de son

23 interrogatoire principal, afin que la Défense puisse disposer d'ici 19

24 heures d'au moins deux heures pour le contre-interrogatoire.

25 LE TÉMOIN : JOVAN RAJKOV [Reprise]

26 [Le témoin répond par l'interprète]

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, Madame Egels, vous avez donc la parole.

28 Terminez votre interrogatoire principal et on passera la vidéo après.

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1 Je rajoute également car je l'avais oublié, si la Défense, par la suite,

2 estime que pendant le contre-interrogatoire, elle n'aura pas eu le temps de

3 poser toute question utile et pertinente au témoin. Elle aura toujours la

4 possibilité par écrit de faire part de ses objections conformément donc aux

5 décisions que nous avions rendu lorsqu'il y a des contestations sur des

6 éléments de preuve.

7 Madame Egels, vous avez la parole.

8 Mme EGELS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

9 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, et toutes les personnes

10 présentes ici.

11 Interrogatoire principal par Mme Egels : [Suite]

12 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

13 Monsieur le Témoin, hier, en terminant notre travail, nous étions en train

14 d'expliquer en détail à quoi ressemblaient les conditions qui prévalaient à

15 l'hôpital après le 9 mai 1993. Je souhaite que l'on parle de certains

16 détails que vous nous avez fournis hier. Vous nous avez dit qu'une

17 infirmière, Linda, avait été tuée autour du 9 mai. Compte tenu de

18 l'emplacement de l'hôpital et de votre description de la situation, est-ce

19 que vous pouvez nous dire si l'hôpital -- si le bâtiment de l'hôpital a été

20 affecté par les activités de combat après le 9 mai ?

21 R. Pour répondre simplement, je peux vous dire que ceci ressort des

22 photographies qui ont été montrées à de nombreuses reprises. Il y avait

23 énormément de traces de balles de petit calibre sur le bâtiment et puis, un

24 homme était chargé de réparer Le toit et remettre les dalles sur le toit au

25 jour le jour, puis d'ailleurs une fois. Je pense que c'était un obus de

26 canon qui a provoqué un grand trou dans le mur. C'était tellement grand que

27 moi-même, je pouvais me placer à l'intérieur. C'est ce que je fais

28 d'ailleurs une fois. Il y avait deux trous de ce genre, le premier au nord-

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1 ouest et par la suite il y en a eu un autre du côté ouest à l'étage

2 supérieur. Certains considéraient qu'il s'agit du premier ou du deuxième

3 étage en fonction de l'angle dont on le voit. Mais de toute façon, c'était

4 l'étage supérieur.

5 Malheureusement, dans les deux cas, nos pharmacies ont été touchées.

6 Donc, beaucoup de matériels pharmaceutiques ont péri. La première fois cela

7 a eu lieu dans un pilonnage, la deuxième fois c'était également le cas.

8 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que l'hôpital portait des masques, des

9 signes indiquant qu'il s'agissait de l'hôpital ? Est-ce qu'il y avait ce

10 genre d'insigne sur l'hôpital ou autour ?

11 R. Oui, il y avait un grand symbole constitué de plusieurs draps qui

12 étaient reliés, cousus et qui étaient en forme de croix avec l'insigne de

13 la Croix-Rouge. Ceci était placé sur la barrière des deux côtés. Puisque

14 l'on venait surtout du côté gauche, comme on l'appelait, donc du sud, je

15 pense que c'est là qu'on avait placé l'insigne qui était le plus visible,

16 puis, il y avait un énorme drapeau également sur l'hôpital avec la Croix-

17 Rouge dessus.

18 Q. Mis à part Linda, est-ce qu'il y a eu d'autres membres de l'hôpital, du

19 personnel de l'hôpital qui avaient essuyé les tirs après le 9 mai ?

20 R. Oui. Une femme médecin, Dr Camdzic. Elle a été touchée par des balles,

21 elle est morte. Elle a été grièvement blessée. Elle a subi une opération

22 chirurgicale. Elle a été évacuée à Split, par conséquent, mais elle a

23 succombé à ses blessures. Le Dr Konjhodzic a été touché par un obus dans la

24 partie gauche de sa poitrine, c'est pour cela qu'il ne pouvait pas

25 travailler, il ne pouvait pas fonctionner. Il a été pendant un certain

26 temps notre patient à l'hôpital. Le Dr Rizvanbegovic a été touché, lui

27 aussi. Je pense que ceci est visible sur un enregistrement que j'ai vu

28 plusieurs fois. Je pense qu'il s'agit d'une séquence de la vidéo BBC qui

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1 montre comment le Dr Rizvanbegovic a été touché.

2 Puis deux infirmières qui travaillaient là-bas ont été tuées. C'était

3 un endroit qui était prêt du Département de l'hygiène. L'une d'elle

4 s'appelait Sunita. Je ne me souviens pas du nom de l'autre. Puis, il y

5 avait d'autres personnes qui étaient blessées, c'étaient les gens qui

6 appartenaient à ce qu'on appelle la protection civile, mais c'étaient les

7 gens, en fait, qui transportaient les civières.

8 Puis une autre personne a été tuée. Cette personne travaillait sur ce

9 qu'on appelait chez nous, la préparation des cadavres et sur les registres

10 des personnes tuées. Agim Morina a été son nom. Il travaillait à l'hôpital

11 avant la guerre et pendant la guerre, il travaillait avec nous aussi. Il a

12 été tué juste devant le Département d'hygiène. Je pense que c'était un

13 grand obus qui l'a tué.

14 Il y en avait certainement d'autres, oui, je me souviens. Il y avait

15 une autre infirmière, Sunita, elle s'appelait, elle était blessée elle

16 aussi.

17 Q. Au cours de votre déposition, vous avez parlé plusieurs fois des

18 incidents des tirs isolés, et vous avez parlé des victimes des tirs isolés.

19 Est-ce que vous savez d'où provenaient ces tirs isolés, est-ce que les

20 victimes, ces autres personnes vous disent d'où tiraient les tireurs

21 embusqués ?

22 R. J'ai une idée de cela. Je dispose de données de mon expérience

23 personnelle. Donc, je connais au moins deux points qui peuvent être

24 caractérisés comme tels.

25 D'un côté, il s'agissait du lycée, mais ce n'était pas seulement un

26 lycée, il ne s'agissait pas seulement du bâtiment du lycée mais aussi des

27 bâtiments prêts de ce lycée. Donc, le lycée est le bâtiment central et à

28 côté de ce bâtiment il y a un autre bâtiment qui ressemble, c'est l'école

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1 primaire. En face, se trouve ce qu'on appelait la banque en verre. C'était

2 une banque qui dans le temps était tout en verre, mais, bien sûr, au moment

3 des faits, il n'y avait plus de vitre. C'étaient ces points-là.

4 Pourquoi je le sais ? Je le sais car parfois je devais penser le long

5 de l'axe utilisé par les tireurs isolés, par conséquent, il fallait pour

6 passer à travers la rue de Tito, il fallait aussi éviter une partie, et ne

7 pas prendre cette rue-là, mais prendre d'autres rues pour faire un détour.

8 D'ailleurs pendant longtemps après le conflit, il y avait encore un signe

9 dans cette partie de la rue où il était écrit : "Attention, tirs isolés."

10 Personne n'osait passer dans cette partie-là de la rue.

11 Puis, d'ailleurs, je sais ce que les patients me disaient aussi. Il y

12 avait une localité qu'on appelait soit Luka Tekija, soit -- mais il s'agit

13 du même endroit, qui est en prolongement du pont de Hasan Brkic, en allant

14 vers l'est. Ceux qui tiraient étaient en face sur la colline à une centaine

15 de mètres. C'est une grande rue avec quatre files. En fait, c'était

16 vraiment un terrain totalement en plein air où il n'était pas possible du

17 tout de trouver un abri. Donc, pour traverser cette partie-là, c'était

18 vraiment à ses risques et périls.

19 Q. Monsieur le Témoin, puis-je vous demander maintenant d'examiner la

20 pièce à conviction 2 791 qui fait partie du premier classeur qui est à côté

21 de vous ?

22 Hier, vous avez expliqué en détail comment il fallait lire le protocole ou

23 le registre de l'hôpital de guerre. Ceci vous a été présenté comme pièce à

24 conviction 2 786 et vous verrez dans le support papier de ce document, il y

25 a un "post-it" jaune au milieu, à peu près. Est-ce que vous pouvez nous

26 dire ce qui est indiqué par cela ?

27 R. La première page.

28 Q. C'est la première page de votre classeur, il s'agit de la page 123 du

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1 document dans le système électronique.

2 R. Il s'agit de la même page que celle que nous avons vue la dernière

3 fois. Comme je l'ai dit, il s'agit de l'une des dernières pages du premier

4 protocole qui était tenu au début dans le dispensaire, et ensuite, cela

5 s'est poursuit comme le registre du Département chirurgical, à partir du 9

6 mai, car à l'époque, quel que soit le diagnostic, tous les patients sont

7 admis dans une même salle. Donc, c'est l'une de ces pages-là en date du 9

8 mai, d'ailleurs, je me souviens que -- je me souviens de cela en raison du

9 nombre de patients, 400.

10 Q. Très bien. Est-ce que vous pouvez parcourir ces pages jusqu'à "post-it"

11 jaune ? Est-ce que vous pouvez nous dire s'il s'agit toujours de ce même

12 registre dont vous êtes en train de parler ?

13 R. Oui, il s'agit là des pages du 9 mai. Par exemple, Linda Petrovic, son

14 nom figure ici, pour moi c'est un signe sûr car il n'y a pas de cachet ici,

15 le premier cachet parce que pour nous c'est ainsi que l'on marquait les

16 dates à partir de minuit ensuite on marquait les noms des personnes qui

17 étaient de service, et cetera,

18 si nous avons la date du 10 mai, donc, il s'agit toujours du même registre.

19 Q. Avec votre permission, je souhaite maintenant vous montrer le "post-it"

20 jaune. Est-ce que vous pourriez dire à Chambre de première instance de

21 quelle page il s'agit ? C'est la première page du document dans sa version

22 électronique.

23 R. C'est la photocopie de la première page du protocole de l'hôpital de

24 guerre et des admissions chirurgicales d'urgence, à commencer par 19 mai

25 1993 jusqu'au 15 juin 1993. Ici on dirait que la période est relativement

26 brève. Mais ce n'est pas que le protocole était petit mais en raison du

27 volume du travail on a changé de protocole après le 15 juin et nous avons

28 transféré ceux qui s'en occupaient à l'étage. C'était à l'étage que nous

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1 avions une ambulance pour des affaires courantes pour ainsi dire les

2 affaires et des cas de temps de paix. Alors que, dans la cave, nous

3 n'avions plus que le département chirurgical. Donc, c'est pour cela qu'un

4 nouveau protocole a été ouvert en bas et je pense que nous avions commencé

5 avec le numéro 1. Alors, qu'ici vous avez des numéros qui se comptent en

6 milliers.

7 Q. Si l'on examine maintenant la deuxième page du protocole, qui commence

8 avec la date du 19 mai 1993, est-ce que vous pourriez expliquer brièvement

9 à la Chambre de première instance la différence entre ce protocole et celui

10 que nous avons vu tout à l'heure ?

11 R. La première différence est l'origine de ce protocole car visiblement il

12 devait servir dans le cadre d'une documentation laboratoire car ici, nous

13 voyons que l'on énonce les matériels et les personnes qui envoyaient les

14 matériels, donc c'était utilisé dans le protocole. Puis, au début, nous

15 utilisions les cachets pour les dates mais après nous n'avions plus

16 d'encre, donc, on écrivait cela à la main. Puis, après nous avons le numéro

17 d'ordre du patient ensuite le nom et le prénom - cela c'était obligatoire -

18 la date de naissance, le diagnostic, puis ici la thérapie aussi si c'était

19 possible on inscrivait aussi la thérapie proposée. Puis, parfois, il y

20 avait - je suppose que c'est le cas ici - il y avait aussi des annotations

21 supplémentaires, comme par exemple, Sika P [phon], cela veut dire visite

22 chez le patient si parfois un médecin pouvait se déplacer chez un patient

23 qui habitait le quartier. Donc, c'était ce genre de données de base.

24 Q. Est-ce que vous pourriez maintenant examiner la pièce à conviction

25 4287, qui fait partie du premier classeur aussi ? Comme vous l'avez

26 expliqué hier -- aujourd'hui, à partir du 1er juin et par la suite les deux

27 protocoles séparés tenus à l'hôpital.

28 Est-ce que vous pourriez expliquer à la Chambre de première instance ce que

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1 représente ce protocole-ci ?

2 R. Oui. Il s'agit là d'une photocopie de la première page de ce nouveau

3 protocole que l'on utilisait en bas dans la cave, donc, dans le service

4 chirurgical. Cela commence le 15 juin et cela se termine le 18 août 1993.

5 Ici, il est clairement indiqué qu'il s'agit du protocole du laboratoire,

6 donc c'était l'intention, mais ceci a fini par servir à d'autres fins. Puis

7 comme je vous l'ai dit tout à l'heure, cela commence par le numéro 1, ici

8 nous avons la confirmation de cela, la date est celle du 15 juin. C'est la

9 date à laquelle l'autre protocole a été transféré à l'étage et celui sert

10 seulement pour le département chirurgical et, sinon, les rubriques sont

11 plus ou moins les mêmes. Nous avons le nom du patient, la date de

12 naissance. Ici, nous avons un élément nouveau, je pense, par rapport à

13 l'autre protocole, qui figure parfois, parfois non, mais ici nous voyons la

14 rubrique marquant l'appartement à quelqu'un ou quelque chose. Par exemple,

15 ici nous voyons : 2e Bataillon,

16 2e Compagnie; puis le deuxième c'est marqué, civil; le troisième, MUP,

17 c'est-à-dire policiers; ensuite, compagnie de Carina. Cela veut dire que

18 c'était quelqu'un qui était leur membre. Ensuite, de nouveau, MUP civil,

19 civil, civil, et cetera.

20 Puis le dernier élément est intéressant, je pense. Parfois, cela

21 figurait devant l'endroit où la personne a été blessée. Ici, la rue

22 Fejiceva, cinéma partisan, entre parenthèses, tirs isolés; ensuite, un

23 vieux restaurant, Lera, entre parenthèses obus. Le fait est que ce

24 protocole - vous savez, je m'en souviens - donc je peux le lire de manière

25 plus claire peut-être.

26 En fait, ce protocole contenait deux faces. D'un côté, nous avions

27 les données comme cela, et de l'autre côté, nous avions le diagnostic, le

28 traitement. Ici, nous pouvons voir effectivement le diagnostic et ce qui a

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1 été le fait que les plaies ont été pansées ainsi de suite.

2 Q. Pour le compte rendu d'audience, lorsque vous dites "côté gauche du

3 protocole," vous parlez de la première page. Lorsque vous parlez du "côté

4 droit du protocole," vous faites référence à la deuxième page du document

5 que vous examinez.

6 R. Oui.

7 Q. Merci. Est-ce que vous reconnaissez -- ou remarquez votre écriture dans

8 ce protocole ?

9 R. Attendez. Ici aux numéros 28, 29 30. La rubrique a complètement été

10 rédigée par ma main. C'est pareil pour le numéro 25. C'est vrai que j'ai

11 sauté le 25. Par exemple, l'endroit de la blessure c'est moi-même qui a

12 écrit cela. C'est un quartier tourné vers le nord est ici. Puis, ici en

13 haut, nous avons aussi quelque chose qui a été écrit par moi, puis, bon, le

14 patient-ci 22. Ce sont les numéros si c'est important, 22, 25, 28, 29, 30.

15 Q. Merci.

16 R. Il y en a, oui, oui.

17 Q. Est-ce que vous pourriez maintenant examiner la pièce à conviction

18 9675, qui se trouve dans le deuxième classeur à côté de vous ?

19 Q. Est-ce que vous pourriez dire à la Chambre de première instance ce que

20 représente ce document ?

21 R. C'est la photocopie de la première page du même protocole, c'est-à-dire

22 du protocole qui fait suite à celui que nous avons vu tout à l'heure et qui

23 couvre la période entre le 18 août 1993 et le 13 octobre 1993. Ce qui est

24 écrit ici. Si mes souvenirs sont bons, ce registre avait la forme identique

25 sauf que ceci a été photocopié de manière différente. Du coup ici à la même

26 page, vous avez à la fois le côté gauche et le côté droit.

27 Q. S'agirait-il du même type de protocole juste celui qui continue après

28 le premier ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que vous pourriez maintenant examiner la pièce 5853, qui fait

3 partie du même classeur, s'il vous plaît ?

4 Est-ce que vous pourriez dire à la Chambre de première instance de quoi il

5 s'agit dans ce document ?

6 R. De ce côté-là nous pouvons voir une photocopie de la première page du

7 protocole du service chirurgical d'urgence de l'hôpital de guerre à la date

8 du 13 octobre 1993 jusqu'au 24 mai 1994. Nous voyons ici la première page.

9 Nous devons poursuivre.

10 Q. Oui, s'il vous plaît. Les deux premières pages.

11 R. Les deux premières pages -- ici, ces deux pages ne font pas partie du

12 protocole en tant que tel. Leur origine, pour ainsi dire, est liée au

13 protocole. Effectivement, ceci vient d'un des livres de protocoles, mais

14 ces deux pages-là, je vais vous expliquer en détail, si vous le souhaitez.

15 L'une de cette page, ou plutôt ces pages, c'était des espèces de tableau de

16 température que l'on tenait, car on utilisait simplement des papiers -- des

17 pages blanches pour se faire, et nous mettions des lignes horizontales et

18 verticales. Nous mettions le nom, le prénom, la date de naissance de la

19 personne, le diagnostic. Ici, par exemple, nous pouvons voir le diagnostic.

20 Puis, il y a le numéro 114, et d'habitude, on prenait le même numéro du

21 protocole pour l'inscrire dans ce tableau de températures. On faisait la

22 même chose pour les cartes de relâchement. Puis ici, il y avait la date,

23 par exemple, le 27 octobre. Si on indiquait sur le patient "resté à

24 l'hôpital," si le patient avait survécu, c'était indiqué dans la liste

25 aussi. Si le patient était déchargé de manière définitive, ou s'il

26 décédait, dans ce cas-là, c'était inscrit à la page suivante. Donc,

27 d'habitude, nous avions deux manières d'inscrire les choses.

28 D'un côté, nous pouvions biffer cette chose, et puis ensuite, nous

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1 avons le tableau de température du patient, qui était là-bas pendant assez

2 longtemps à l'hôpital de guerre. Mais c'est, en réalité, une des listes

3 utilisées par l'un des dispensaires, car nous voyons que les dates

4 concernent les numéros 18, 19 et 20. Donc, cela veut dire que ce sont les

5 journées assez tardives. La thérapie indiquée ici n'était pas une thérapie

6 post-opérative urgente. Nous y voyons des analgésiques, des pansements et

7 ce genre de chose. Puis ensuite, nous avons les copies des pages du

8 protocole de l'hôpital de guerre.

9 Q. Avec quelles dates ?

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Une clarification. D'après le thème que vous

11 parliez, je regardais les documents. Le premier document, cela concerne

12 Delalic, Aida, née en 1961, le départ, le 27 octobre. Elle a apparemment 36

13 de fièvre, tension artérielle 120/180. Est-ce que c'est ce type de

14 documents que l'on met au pied du lit, pour avoir une vision immédiate de

15 sa situation ? Parce que quand on tourne, on voit à la page 3 -- tournez,

16 vous verrez à la page 3. On a, à ce moment-là, un autre document où l'on

17 retrouve Delalic, Aida, mais qui est appelée quelqu'un d'autre et on a

18 l'impression que ce document est un document qui est établi minute par

19 minute. A 20 heures 43, Delalic, Aida, il y a une mention, et puis à 20

20 heures 44, c'est Peko. Je ne sais pas quoi, et cetera." Est-ce qu'il n'y a

21 donc pas plusieurs documents qui peuvent concerner le même malade ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas sûr avec certitude à quoi vous

23 faites référence. Ici, je peux suivre selon les dates, le 14, 15, 16, 17 et

24 ainsi de suite du mois d'octobre, jusqu'au 20. A la page 2, nous voyons une

25 division verticale en deux parties. Ensuite, cela continue avec le 21, 22,

26 23, 4, 5, 6 octobre. Puis ensuite, nous avons ce qui suit après le 27. Nous

27 voyons ici le 31, le 1er, le 2 et ainsi de suite.

28 Mais ce qui est écrit en bas, effectivement, correspond à la fièvre

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1 des patients et à leur tension. C'est écrit en valeur de kilos pascals,

2 donc, je suppose que leurs instruments s'exprimaient ainsi. A un certain

3 moment, c'était la valeur traduite, mais nous n'avons pas de données

4 particulières, par exemple, dans le rapport du

5 28 octobre. Ici, c'est marqué chirurgien orthopédique, donc, soit on a

6 appelé le chirurgien pour qu'il vienne voir le patient, soit le patient

7 s'est fait examiner; mais, sinon, ce sont les listes. Mais, effectivement,

8 vous avez raison. C'est ce qui est exposé devant le lit.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : C'est bien ce que je pensais. Bien.

10 On ne va pas y passer des heures, Madame Egels. Donc, allez de

11 l'avant, parce que tout le monde a été un jour plus ou moins malade ou

12 hospitalisé, donc, tout le monde sait manier ce type de document. Allez-y.

13 Mme EGELS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. C'est ce que je

14 voulais justement, c'est que le témoin se penche sur ces documents et qu'il

15 nous dise s'il reconnaît.

16 Q. Monsieur le Témoin, dites-nous : pour ce qui est du troisième classeur,

17 la pièce à conviction 3918, je vous prie, pouvez-vous dire, je vous prie,

18 aux Juges de la Chambre, de quel type de documents il s'agit là ?

19 R. Il s'agit d'une photocopie de la première page, à savoir de la page de

20 garde du protocole du dispensaire de la rue Santiceva, daté du 22 au 20 --

21 du 22 janvier au 20 février 1994.

22 Q. Est-ce que vous reconnaissez ce document ?

23 R. Je le reconnais, bien que je n'aie pas eu l'occasion de le voir à

24 l'époque, parce que cela était utilisé au dispensaire de la rue Santiceva

25 et je n'y aie pas travaillé. Je ne suis allé là-bas qu'une seule fois,

26 lorsqu'il fallait créer ce dispensaire en tant que tel. Ensuite, ce sont

27 d'autres médecins qui ont été appelés à y travailler pendant 48 heures,

28 puis d'autres médecins venaient les relayer et c'est souvent selon ce

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1 principe que cela se passait.

2 Q. Merci.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui.

4 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois

5 qu'il y a une petite erreur. Nous avons peut-être un autre document, un

6 rapport qui doit provenir de la FORPRONU. Il doit s'agir forcément d'une

7 erreur.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. C'est la pièce 1198 et pas 3918. Il y a eu une

9 erreur à la page -- à la ligne 10 de la page 13. Vous avez dit 3918. En

10 réalité, c'est 3198.

11 Mme EGELS : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. J'ai

12 l'impression que ces jours-ci, j'ai un problème de lecture des chiffres.

13 Mais bon, je n'ai plus de questions pour ce témoin en tout état de cause.

14 Q. Merci, Monsieur le Témoin.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Merci pour votre interrogatoire principal qui

16 est conforme à ce qu'on attendait en ce qui concerne le temps.

17 Monsieur Mundis.

18 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Messieurs les

19 Juges, bonjours à tous et à toutes dans le prétoire. Si j'ai bien compris,

20 pour ce qui est de ce qu'on nous a demandé de faire, d'après ce que nous

21 avons compris, les Juges de la Chambre ont demandé à l'Accusation de

22 montrer des vidéos, ou plutôt une collection de vidéos à ce témoin et nous

23 aimerions obtenir des instructions pour ce qui est de savoir si c'est

24 maintenant qu'on doit le faire ou plus tard dans l'après-midi.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous passez la vidéo maintenant, celle qui commence

26 où on voit des gens qui marchent sur le sentier. Ensuite, il y aura des

27 séquences sur l'hôpital, et cetera, ce qui permettra évidemment soit que

28 vous reposiez des questions et cela permettra aux Défenseurs de contre-

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1 interroger sur tout ce qui peut leur sembler utile, dans la mesure où le

2 témoin pourra y répondre. S'il ne peut pas y répondre, il ne répond pas.

3 M. MUNDIS : [interprétation] Peut-être à ce moment-ci nous pourrions

4 bénéficier de l'aide de l'Huissier pour ce qui est de transcripts et des

5 listes indiquant les numéros de pièces et les noms de code aussi qui

6 devraient être distribués.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, effectivement.

8 M. MUNDIS : [interprétation] Je demanderais également si possible

9 d'expliquer au témoin vraiment ce qui va se produire parce que le témoin

10 n'a pas connaissance de la façon dont nous procédons.

11 M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, bien, peut-être ne

12 sommes-nous pas au courant, mais c'est la première fois que nous allons

13 parler de cette procédure. Nous avons compris qu'on allait nous montrer une

14 vidéo avec un montage de plusieurs clips différents. Il ne nous a pas dits

15 que cela allait être placé en corrélation avec ce témoin particulier. On

16 nous a dit également que cela allait deux heures comme interrogatoire

17 principal, mais avec la vidéo cela va durer trois heures en tout et pour

18 tout.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Non, non. Oui. La vidéo dure exactement 58 minutes,

20 la vidéo concerne Mostar. Elle est constituée de reportages de Sky News,

21 CNN, BBC, HRT, ROF. Cette vidéo porte sur des tirs avec des blessés, et des

22 personnes qui sont conduites dans des centres de soin où opère le témoin.

23 Donc, le témoin pourra dire : "Oui, effectivement je reconnais. C'est mon

24 hôpital," c'est ceci et c'est cela. On pourra également poser au témoin des

25 questions en relation avec les images que nous voyons. Voilà. Donc, il n'y

26 a aucune surprise. Hier, la Défense souhaitait pouvoir contre-interroger.

27 Il y a un élément de preuve. Il y a un témoin. Qui mieux que le témoin peut

28 nous parler des images des personnes qui ont été blessées, soignées,

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1 traitées. Voilà. Maintenant si vous faites -- vous pouvez faire des

2 observations, vous les ferez par écrit, mais on est pris par le temps donc

3 la Chambre a décidé de cela. C'est décidé. Il n'y a plus à revenir dessus.

4 Vous aurez la possibilité de contre-interroger. A mon avis, vous n'avez

5 aucun préjudice.

6 M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, avec tout le respect

7 que je vous dois, peut-être n'ai-je pas bien compris, peut-être n'a-t-on

8 bien interprété ou n'a-t-on pas bien précisé les choses, mais je n'ai pas

9 compris du tout hier partant de ce qui nous a été dit que c'est en plein

10 milieu du témoignage de ce témoin qu'on allait montrer une vidéo et

11 qu'ensuite il y aura contre-interrogatoire. Nous avons compris que nous

12 allions contre-interroger le témoin et que la vidéo nous serait passée

13 après, au cas où il y aurait suffisamment de temps. On est jeudi, regardez

14 l'heure qu'il l'est --

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, mais nous avons estimé qu'effectivement,

16 c'était une option, mais si on passait la vidéo après le témoin, vous ne

17 pouviez plus contre-interroger le témoin. Donc, ce que nous voulions c'est

18 que la vidéo --

19 M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, mais c'est la décision qui a été rendue

20 -- ces décisions auraient dû être communiquées à la Défense pour que nous

21 nous préparions. C'est la première fois que nous sommes confrontés à ce --

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Karnavas, s'il vous plaît, regardez le

23 transcript. Hier, nous avions dit que nous allions délibérer sur la

24 question de la vidéo. Cela a été au transcript. Hier, on n'a pris aucune

25 décision. Il y avait l'option comme le souhaitait l'Accusation de faire

26 passer la vidéo à un autre moment. Me Kovacic s'est levé pour dire qu'il

27 n'était pas d'accord. Nous en avons délibéré ce matin, et pour sauvegarder

28 les droits de la Défense nous avons estimé que la Défense après visionnage

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1 de la vidéo en présence du témoin pourrait poser au témoin les questions

2 qui lui paraissent utiles. Voilà. C'est dans votre propre intérêt. Je

3 m'étonne.

4 M. KARNAVAS : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président, mais nous

5 voudrions savoir quel est le temps que le témoin devra passer, on nous a

6 dit qu'il allait rester ici pour qu'il puisse lundi. Là, il y a des

7 modifications parce que c'est une façon évidente une nouvelle approche.

8 Nous sommes jeudi aujourd'hui, et j'estime que si la Chambre rend des

9 décisions - et là, je suis tout à fait d'accord avec vous - mais nous

10 aimerions avoir communication de la chose autant que possible pour que nous

11 nous préparions. Mais bon.

12 M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Ecoutez, arrêtons. On est pris par le temps, et là,

14 vous paralysez par des incidents de procédures. On passe la vidéo. Si

15 l'Accusation a des questions à poser elle les posera, mais cela

16 m'étonnerait, et vous aurez territoire le temps jusqu'à 19 heures pour

17 poser vos questions. Alors --

18 M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président, si je peux énoncer

19 deux faits seulement. Il me semble d'écouler de ce débat que vous n'avez

20 pas reçu une partie des communications. Dans le récolement qu'on nous

21 communique de la part du Procureur pour ce qui est de ce témoin, nous

22 l'avons obtenu -- lui aussi, on l'a reçu en temps utile et il n'a pas été

23 fait mention du tout de vidéo. Puis le 24 janvier 2007, je ne sais pas si

24 vous avez reçu vous-même une copie. D'après ce que je vois, cela doit être

25 le cas. Le Procureur nous a laissés entendre et il le dit explicitement et

26 je vais donner lecture du texte en anglais : en corrélation avec le témoin

27 à Mostar il a été préparé une compilation de clips qui vont durer une

28 heure. Cette présentation ou cette compilation de 15 clips au sujet de

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1 Mostar émane des médias croates et internationaux s'accompagnent des pièces

2 à conviction suivantes…" Alors, c'est la première fois que nous avons été

3 informé de la chose hier, il n'est pas du tout question dans tout le

4 courrier que cela se trouverait être placé en corrélation avec ce témoin-

5 ci. Nous nous ne sommes pas préparés au sujet des vidéos en parallèle avec

6 ce témoin. Les vidéos on les a déjà vues parce qu'on nous les a communiqué

7 à l'occasion de la communication des pièces, mais maintenant nous ne nous

8 sommes pas préparés parce qu'on ne nous a pas fait savoir que la vidéo

9 accompagnerait son témoignage.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Ecoutez, Monsieur Kovacic, vous dites que vous ne

11 vous êtes pas préparés, mais vous aviez connaissance de cette vidéo. Vous

12 aviez dû la visionner et dans cette vidéo, il y a des séquences de

13 personnes qui ont été blessées, qui ont été tuées, qui sont soignées. Vous

14 saviez qu'il y a le médecin, le chirurgien qui va venir. N'allez pas me

15 dire que vous n'avez pas eu le temps de vous préparer. Je ne le crois pas.

16 On passe donc la vidéo. Allez-y lancer la vidéo.

17 M. MUNDIS : [interprétation] Si je puis expliquer au témoin brièvement,

18 Monsieur le Président, pour qu'il comprenne mieux.

19 Docteur Rajkov, comme vous avez probablement dû suivre le débat,

20 l'Accusation a été saisie d'une demande pour ce qui est de vous présenter

21 cette compilation de clips qui va durer à peu près une heure. Nous allons

22 visionner ces clips et vers la fin de l'examen nous allons avoir quelques

23 petites questions pour vous pour ce qui est de l'endroit où cela a été

24 tourné, et cetera. Nous ne voulons pas donc anticiper mais nous ne

25 prévoyons pas de longues questions à votre intention.

26 Le comprenez-vous ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Le témoin opine du chef.

28 M. MUNDIS : [interprétation] Je demanderais maintenant à ce qu'on nous

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1 présente et au témoin aussi la compilation des clips vidéo.

2 [Diffusion de la cassette vidéo]

3 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

4 "BRIAN HANRAHAN -- BBC NEWS :

5 'Les Nations Unies ont besoin d'informations urgentes pour ce qui ce

6 passait à Mostar et redoutent le pire. Dans la ville qui a déjà été

7 endommagée, il y a des combats qui se déroulent au cours des neuf mois

8 écoulés.

9 'Les troupes des Nations Unies sont expulsées de la ville et les

10 forces croates qui se sont tournées vers les Musulmans ne -- laissent pas

11 accéder. Un haut représentant chargé de la -- a dit qu'il y avait des

12 centaines de milliers de Musulmans d'expulsés. La faute en retomberait sur

13 les Croates cette fois-ci. Ces images ont été montrées à la télévision

14 espagnole et confirment les rapports des Nations Unies au terme desquels

15 des centaines d'hommes musulmans ont été pris et séparés des femmes et des

16 enfants. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a appris à œuvre de

17 façon plus rapide a condamné les Croates, et a demandé accès aux

18 observateurs des Nations Unies en les menaçant de mesures, on a demandé au

19 gouvernement croate d'utiliser de leur influence pour stopper les combats à

20 Mostar.

21 'Les forces de maintien de la paix espagnoles ont été forcées de quitter

22 Mostar dimanche, ce matin un des hommes est mort après avoir été blessé,

23 puisqu'ils ont été forcés de se trouver sur les hauteurs au-dessus de la

24 ville alors que les Musulmans et les Croates se combattaient. Les

25 observateurs onusiennes ont critiqué les Croates ils leur ont dit qu'ils

26 avaient commencé les combats. Il y a eu un cessez-le-feu, mais il y a eu

27 des tirs et qu'on ne sait toujours pas s'il y a maintien du cessez-le-feu.

28 L'accord obtenu par le général Morillon, commandant français des forces

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1 onusiennes a été signé par les chefs des deux armées. On demande aux forces

2 de se retirer.

3 'L'accord dit le général Morillon vise à une cessation immédiate des

4 hostilités sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine.

5 'On demande aussi la libération des prisonniers. Ils ont été autorisés à

6 montrer certains des civils musulmans détenus dans des camps de détention

7 croates où on peut dire, voilà qu'il s'agit de nettoyage ethnique de la

8 pire espèce. Mais les officiers croates disent que les Musulmans détenus

9 seront, ils ont été détenus pour leur sécurité, qu'ils seront relâchés.

10 Mais les commentaires lancés à ses responsables de l'aide humanitaire

11 permettent d'en douter.

12 MARTIN BELL -- BBC NEWS, MOSTAR :

13 'Un jour tranquille à Mostar, là ici, on a des échanges à la

14 mitraillette, mais le cessez-le-feu n'a toujours pas vraiment été appliqué.

15 Les forces croates, dirigées par Bruno Stojic, ministre de la Défense,

16 estiment qu'il y a 150 [phon] blessés. Sans doute qu'il y a beaucoup de

17 victimes musulmanes. Il y a au moins 200 Croates manquants plus au nord et

18 ce n'est peut-être qu'un début. Le nombre total de morts en ville serait de

19 500. Le ministre dit que ces forces ont pu nettoyer leur quartier de la

20 ville en cinq heures. Ils accusent le commandant musulman de ne pas vouloir

21 ce cessez-le-feu.

22 'Il est en train de gagner du temps, a-t-il dit, mais c'est une guerre très

23 sanglante, très difficile, rien ne peut nous surprendre.

24 'Les conflits récents qu'il y a eus dans la zone qui supposait être

25 contrôlée par les forces onusiennes espagnoles qui ont eu leurs premières

26 victimes, se trouvent sous des feux quotidiens à Mostar. Maintenant chaque

27 côté accuse l'autre d'avoir planifié l'offensive suivante. Ici vous avez la

28 Bosnie centrale, vous avez les Croates qui ont produit 11 Moudjahiddines

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1 présumés qui seraient des combattants islamiques, qui viennent du Moyen-

2 Orient et de Bengladesh. Ils disent qu'ils sont des travailleurs

3 humanitaires, mais les Croates disent que ce sont des contrebandiers qui

4 trafiquent des armes, et trois d'entre eux ont été pris dans des combats.

5 JIM CLANCY -- CNN :

6 'Il y a ici, c'est une guerre de tireurs embusqués, c'est comme cela

7 qu'on peut décrire les combats à Mostar. Dimanche, cette guerre des tireurs

8 embusqués a explosé. Les forces croates de Bosnie ont commencé à faire des

9 tirs de roquette d'artillerie, et des tirs de mitraillette sur des

10 positions musulmanes. L'objectif de cette offensive croate, semble être de

11 forcer les troupes musulmanes à se retirer de la principale partie de la

12 ville.

13 'Les Croates veulent prendre le contrôle de ces parties de la Bosnie

14 qui leur ont été cédée en vertu du plan Vance-Owen, affirment que les

15 Musulmans planifient de mettre en cause leur autorité dans la région. Les

16 forces de protection onusiennes essaient depuis plusieurs jours de pousser

17 les deux factions à terminer cette lutte pour le pouvoir et à respecter le

18 cessez-le-feu qui a été signé par leur commandant. Il y a des gens qui

19 veulent rentrer chez eux, effectivement.

20 'Les hommes se plaignent du fait qu'ils ont dû partir beaucoup --

21 oui, dit la femme.

22 'Je suis contente que cela est fini. Je suis contente que cela s'est

23 passé. Je suis contente qu'il y a une guerre ici, dit cette femme de façon

24 sarcastique. Je suis contente que nos familles soient divisées. Tout le

25 monde doté de bon sens serait un réfugié de tout cela.

26 'Les groupes d'aide humanitaire ont accusé les Croates d'un nettoyage

27 ethnique, alors que les Musulmans avaient cessé cela la semaine dernière.

28 Alors que la bataille fait rage, les hommes se trouvent auprès de la ligne

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1 de front avec les tireurs embusqués. Terrifiés, certains de ces personnes

2 évacuées essaient de passer entre des bâtiments pour éviter d'être vues.

3 D'autres sont paralysées par la peur et auraient voulu s'avancer. La

4 plupart des habitants de cette ville pluriethnique disent qu'ils veulent

5 que la guerre se termine, qu'ils veulent continuer à vivre comme avant. Ils

6 veulent que la trêve onusienne soit maintenue. Mais personne n'a vu ces

7 souhaits exaucés dimanche.

8 'Les tireurs musulmans et croates ont échangé des tirs de

9 mitrailleuse, de roquette et d'artillerie dans des combats féroces, dans

10 les rues de la ville pendant l'après-midi. Le cessez-le-feu ne tient plus,

11 les combats continuent.

12 DAN DAMON -- SKY NEWS MOSTAR -- SKY AND FOX NEWS :

13 'Un calme soudain s'est installé dans le sud-ouest de la Bosnie, grâce à

14 une série d'hélicoptères qui ont amené le président croate Franjo Tudjman,

15 qui a demandé qu'il y ait une réunion pour renforcer l'appui de son pays

16 aux Croates de Bosnie. Leur dirigeant, Mate Boban, le président de Bosnie,

17 Alija Izetbegovic et les négociateurs, Lord Owen et Gerhard Stoltenberg.

18 'Ils sont arrivés et ont dit leurs porte-parole parce qu'on leur a

19 demandé de venir non pas parce que ils n'arrivaient rien à part les Serbes.

20 Presse - porte-parole : 'Le président Izetbegovic a dit qu'il ne sentirait

21 pas à l'aise de venir ici s'il n'y avait pas Owen et Stoltenberg. C'est le

22 président qui a demandé cette réunion.'

23 Dan Damon : 'Il y a même des nouvelles selon lesquelles on essaie de

24 faire revivre cette carte Vance-Owen de la Bosnie, en dépit de ce disent

25 les Serbes.'

26 Presse - porte-parole : 'C'est une carte provisoire et ce qui la rend

27 provisoire, c'est que ces lignes peuvent être changées.'

28 Dan Damon : 'Les combats croates aux Musulmans visent à prendre le

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1 contrôle d'un couloir stratégique qui est nécessaire comme artère

2 d'approvisionnement pour les combattants au nord. En dépit des négociations

3 on ne sait pas si ceci va se passer. On nous a dit que l'armée de Bosnie

4 pense qu'en dépit des pertes subies face aux Serbes depuis plus d'un an,

5 cette guerre peut être gagnée contre les Croates. Il y a une fissure qui

6 s'écarte, qui s'agrandit entre une partie de l'armée de Bosnie qui dit que

7 les Croates doivent accepter un commandement unique et l'autre camp qui dit

8 que l'avenir de la Bosnie c'est de placer un accord avec les Croates. Alors

9 que les négociations se poursuivent, les combats ont cessé, c'est un fait

10 de la vie en Bosnie. En dépit de plusieurs jours de difficiles de combat,

11 la moindre accalmie permet aux gens de sortir, parce qu'il faut trouver un

12 abri pour les heures qui vont suivre. Il faut chercher la nourriture ce qui

13 efforce les gens à sortir en surmontant leur peur. Le pavillon espagnol

14 envoyait plus de troupes en ville pour essayer de maintenir le plus

15 longtemps possible cette trêve. Mais dès que les hommes politiques sont

16 partis, la guerre peut recommencer à tout moment.'

17 DAN DAMON - SKY NEWS -MEDJUGORJE :

18 Dan Damon : 'Le résultat le plus pratique de cette réunion d'un jour

19 entre les Croates et les Musulmans a été d'envoyer une délégation conjointe

20 en vue d'essayer de faire libérer les prisonniers. Le Bataillon espagnol --

21 et les combats se sont déroulés dans cette zone, ont organisé cette visite

22 sans garantir son succès. Lord Owen auparavant avait mise en garde contre

23 l'habitude de signer des accords qui n'ont aucun sens.

24 Lord Owen : 'J'en ai marre de ces morceaux de papier qu'on signe si

25 facilement et qu'on rejette de façon tellement arbitraire. Ce ne sont pas

26 ces bouts de papier qui vont être une solution au problème.'

27 Dan Damon : 'Il n'est donc pas surprenant que la commission ait

28 rencontré des difficultés presque aussitôt. Un poste de contrôle des

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1 soldats croates se sont opposés à la présence de représentant musulman, il

2 a fallu une heure pour négocier la poursuite de l'entreprise. Cela a fini à

3 la caserne dans l'enceinte de la JNA où 1 200 Musulmans sont détenus. Les

4 Croates disent que ce sont des soldats. Eux, ils disent qu'ils sont civils.

5 A la tombée de la nuit, on n'avait pas du tout progressé. Le principal

6 bénéficiaire de ces négociations c'est sans doute Franjo Tudjman qui

7 insiste sur le fait qu'il est un dirigeant d'un pays qui en théorie n'est

8 pas le sien.'

9 DAN DAMON - SKY AND FOX NEWS MOSTAR :

10 Dan Damon : 'Ceci ressemble à Sarajevo, des gens qui transportent de

11 l'eau à travers les débris de bâtiment bombardé. Mais c'est Mostar en fait

12 ici après 10 jours de combat entre les Musulmans et les Croates. Les

13 Nations Unies disent qu'il y a des milliers de mortier qui sont tombés, qui

14 ont plus sur la vieille ville. Il n'y a pratiquement pas une belle rue qui

15 soit restée intacte. Nous avons ici dans un sous-sol des dizaines de

16 blessés. On nous a dit que la dernière victime se trouve dans un cercueil,

17 enfin dans une boite dans un laboratoire. Il va être enterré la nuit.

18 En dépit de ce cessez-le-feu présumé, il y a une femme qui arrive qui

19 était blessée par balles. Il y a des snipers encore on tire en ville. Non,

20 ce n'est pas Sarajevo, nous disent les médecins. Nous avons deux ennemis

21 qui tirent l'un sur l'autre ici, les Serbes -- qui tirent sur nous, les

22 Serbes et les Croates. Il y a des balles qui sifflent au-dessus des toits

23 dans les rues. Un obus de mortier tombe tout près mais le commandant local

24 de l'armée de Bosnie insiste pour dire que ce cessez-le-feu est un bon.

25 Personne en uniforme : 'Il va falloir 24 heures pour que cela tienne, mais

26 il n'y a pas de raison de se combattre. On peut avoir un commandement

27 conjoint comme convenu par les hommes politiques. Si cela continue on

28 pourra se défendre soi-même et même commencer à saisir du territoire tenu

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1 par les Croates.'

2 Dan Damon : 'Ce sont des paroles bien braves, mais l'armée de Bosnie

3 est encerclée ici et on nous dit qu'il n'y a que la moitié des soldats qui

4 ont des armes de l'autre côté de la rivière bien sûr, les civils du côté

5 croate souffrent aussi.

6 'Vous avez ici cet hospice pour vieilles personnes qui se trouve sur

7 la ligne de front. Il y a eu des échanges de coups de feu qui ont duré

8 trois jours et trois nuits. Les forces croates ont établi un poste de

9 commandement ici, ce qui veut dire qu'il y a de façon incessante des tirs

10 embusqués autour de ce bâtiment. Ici, vous avez une rangée de maisons qui

11 marque la ligne de front. Chacune des maisons a été incendiée. Quelques

12 centaines de mètres plus loin, il y a encore des incendies. Vous voyez de

13 la fumée qui surmonte ce qui avait une des plus jolies villes touristiques

14 de l'Europe. Donc le cessez-le-feu a cessé. Les feux continuent. Ce n'est

15 pas surprenant.'

16 'Les Croates disent -- les soldats croates que ce territoire est le

17 leur en vertu du plan et qu'ils veulent le contrôler.'

18 Personne en uniforme : 'Nous sommes d'accord pour des patrouilles

19 conjointes, mais après, ils nous ont attaqués le lendemain. Le plan Vance-

20 Owen a donné cette région aux Croates, avec Mostar comme capitale. Nous

21 avons le droit de la tenir.'

22 Dan Damon : 'Pour ces gens qui ont peur et qui se retrouvent dans des

23 cars avec leurs maisons détruites, cet argument politique, c'est celui du

24 désespoir. Vu comment les choses vont, des centaines encore vont mourir.

25 Mostar doit être détruite et les combattants vont manquer de munitions

26 avant la fin de la guerre.

27 DAVID CHATER - ITN :

28 David Chater : 'Les Musulmans de Mostar, depuis des mois, subissent des

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1 pilonnements [phon] intenses -- des pilonnages intenses et la fin. Les

2 Nations Unies disent qu'il y a des personnes, une population qui est

3 détenue -- qui est tenue en rançon par les forces de Croates. Cinquante-

4 cinq mille personnes qui se retrouvaient ici sans vraiment d'eau ni de

5 nourriture, ni de l'eau dans des bâtiments où il n'est pas possible de

6 vivre. Il y a jusqu'à 20 opérations qui sont faites dans cet hôpital tous

7 les jours, sans anesthésie, sans antibiotique et sans même possibilité de

8 faire des sutures médicales correctes. Dans des conditions vraiment

9 sanitairement [phon] impossibles.'

10 Lyndall Sachs : 'S'il n'y pas de convois de nourriture qui arrivent

11 dans les cinq jours à venir, il y a des gens qui vont mourir de faim.'

12 David Chater : 'La seule eau qu'on peut avoir vient de la rivière,

13 alors qu'il y a là des tirs embusqués constants. Les Nations Unies disent

14 qu'il y a risque d'épidémie de dysenterie.

15 BRENT SADLER - CNN - MOSTAR :

16 'Une façon pour les Musulmans de sortir ou de défendre la ville de

17 Mostar, ce sentier de montagne est le seul lien qui les relie à l'espoir,

18 et ceci pour des gens qui sont chassés par la peur et le désespoir. Vous

19 avez des groupes épuisés de personnes, de femmes, d'enfants et d'hommes qui

20 doivent parcourir plus de 60 kilomètres. C'est une odyssée de la tristesse,

21 un exode du désespoir.'

22 'Vous voyez qu'ils sont mal préparés. Les forts -- les plus forts

23 portent les plus faibles. Les vieux, les affamés s'effondrent souvent, et

24 ils ont amené juste assez pour survivre, un peu de nourriture, un peu

25 d'eau. Une arme pour se défendre des voleurs. Ce sont des groupes

26 pitoyables éparpillés qui n'ont rien, qui n'ont nulle part où aller. Nous

27 les avons trouvés après avoir accompagné des soldats du gouvernement de

28 Bosnie qui étaient -- qui utilisaient des chevaux. Dans les montagnes de

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1 Prenj, il y a encore une journée de marche avant la fin du voyage, à

2 Jablanica, qui est loin. Ici, c'est un lieu où on peut reposer. On peut

3 relater ce qui s'est passé.'

4 'Nous avons été chassé par les Croates du HVO. Neuf maisons ont été

5 incendiées, une mosquée aussi. Ils ont tué deux de nos hommes et ils ont

6 brûlé leurs corps.

7 'Les femmes disent que tous les hommes musulmans dans Mostar

8 contrôlée par les Croates ont été emprisonnés, mais ceux qui avaient plus -

9 - beaucoup -- qui avaient plus de 60 ans ont été libérés. Kolak Salem n'a

10 pas pu retrouver sa femme et ses fils sont toujours en prison.'

11 'Vous voyez ici une longue série de personnes. On apporte des munitions.

12 Mostar, qui vit depuis plus de 100 jours dans le siège, reçoit peut d'aide.

13 Ici, on n'a qu'un sac de médicaments.'

14 'La ville meurt, il faut bien que je fasse quelque chose.

15 'A deux tiers du chemin, une délégation de Sarajevo se trouve en

16 difficultés. Une personne avait du mal à marcher.'

17 Bahrudin Bisedi : 'Nous savons qu'il y a plus de 150 000 personnes

18 qui ont été forcées de s'échapper ou de fuir leur foyer et nous voulons

19 savoir ce qui se passe là-bas. Au crépuscule, autre obstacle. Nous avons

20 ici des -- un poste de contrôle du HVO. Nous sommes ici -- on essaie de

21 passer la ligne de front. Il y a un côté qui chasse les autres, tirs

22 d'artillerie de l'autre. On sent l'odeur de la bataille et de la peur et le

23 matin, on a vu à quoi ressemblait la folie à Mostar. Dans cette ville, il y

24 a des tirs de roquettes partout, ainsi que des tirs de tireurs embusqués.

25 Les lignes de front se superposent. On entend le sifflement des balles à

26 proximité.'

27 'Le quartier musulman est un théâtre de dévastation.'

28 'Il n'y a pas d'aide humanitaire qui arrive ici. Il y a des milliers

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1 de réfugiés.'

2 'Au moins 50 000 personnes sont piégées dans les débris.'

3 Brent Sadler : 'Les forces musulmanes tiennent à tout prix. Vraiment,

4 la vie tient à un fil.

5 Emela Mujic : 'C'est l'enfer. Ici, nous n'avons rien. Nous n'avons pas de

6 vivres. Nous n'avons pas d'eau, nous n'avons pas d'électricité. Le prix des

7 choses se compte en vie humaine et en parties de corps.'

8 'Le seul hôpital temporaire est bondé de gens qui sont blessés et qui

9 essaient de trouver de l'eau. Dans cette terrible image, on voit une fille

10 de dix ans, Selma Handar, qui est blessée et dans le lit d'à côté, il y a

11 son frère qui a été mis en morceaux par un obus. Un obus a détruit le

12 visage de Selma et son bras droit. Peut-être ne va-t-elle pas surpris.'

13 Normana Handar : 'Ils sont très courageux. Selma était très jolie.

14 Pourquoi elle ?' Il n'y a qu'une seule salle d'opération. Les chirurgiens

15 sont torse nu parce qu'il y a peu de moyens de stérilisation. Leur travail

16 n'a pas de fin. Il s'agit de faire stopper toutes ces hémorragies. Sur la

17 ligne de front, les défenseurs de l'enclave sont à dix mètres à peine des

18 forces croates.'

19 'Ici, il n'y a pas de vainqueur. Ici, tous perdent et meurent. Sur la

20 terre qui n'appartient à personne, on voit un corps qui disparaît dans les

21 flammes. Les Musulmans affirment que les Croates sont en train de nettoyer

22 ethniquement leur partie à eux de la ville. Dans l'hôpital, on voit,

23 grièvement blessée, Zejnira Bazi. Elle est blessée à l'épaule et à la

24 jambe. On voit du plasma d'infusion -- de transfusion. La femme est très

25 faible, mais elle veut parler. Elle dit qu'une fois, quelqu'un a tiré. Son

26 mari est tombé. Il s'est relevé et ils ont couru. Ensuite, on a encore eu -

27 - entendu plusieurs coups de feu et il est tombé mort.'

28 'Dans la rue, au numéro 37, son mari, Dzamil Bazi, était -- gisait

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1 dans une mare de sang à lui et des affaires étaient dispersées autour. Sa

2 femme se souvient de leur dernier moment passé ensemble. Ici, personne

3 n'essaie de stopper les tirs et les souffrances. Tout se passe de façon

4 inaperçue par autrui. Les Nations Unies essaient de mettre fin au siège de

5 la ville. Elles essaient de convaincre les Croates de Bosnie de cesser de

6 faire crever de faim les gens et de tuer les gens innocents pour -- dans

7 les fins de guerre.'

8 JIM BUCHANAN - ITN :

9 Le journaliste : 'Dix-neuf camions des Nations Unies qui transportent

10 environ 200 000 tonnes de nourriture et de médicaments en attente de

11 l'autorisation d'entrer à Mostar. Ils ont essayé d'y arriver aujourd'hui.

12 Ils ont été stoppés par des forces spéciales croates. Les rapports de ce

13 soir disent que c'est l'échange des morts entre les Croates et les

14 Musulmans qui vient d'être résolu. Le convoi s'est dirigé vers Mostar

15 depuis Metkovici à Medin [phon], mais il a été stoppé par les soldats

16 croates à proximité de Medjugorje, à 19 kilomètres de la destination

17 finale.'

18 Jim Buchanan : 'Il s'agit d'un convoi qui ne va nulle part. Dix-neuf

19 camions des Nations Unies, trois étaient britanniques, à attendre dans la

20 partie musulmane de la ville de Mostar. Il n'y a pas de signal de

21 démarrage. Cela fait des heures que les camions attendent. L'autorisation a

22 été demandée et obtenue de la part des Croates pour ce qui est de passer

23 par leurs lignes et fournir la nourriture et les médicaments qui sont

24 nécessaires à ces quelques

25 50 000 Musulmans.'

26 Brett Lodge : 'Pour des raisons pratiques sur lesquelles nous

27 travaillions, le convoi ne pourra pas démarrer ce soir. Les chauffeurs

28 seront en attente d'une deuxième tentative demain.

Page 12956

1 Nick Moore : 'Nous, on nous a dit qu'il fallait être prêts à Metkovici pour

2 7 heures du matin. Des blindés de transports de troupes espagnols étaient

3 censés accompagner le convoi jusqu'à Mostar et qu'ils savaient en être plus

4 nécessaire.'

5 Jim Buchanan : 'Les besoins en aide croissent de façon dramatique de jour

6 en jour. Les Nations Unies ont déclaré que bon nombre de Musulmans à Mostar

7 allaient mourir si l'aide n'arrivait pas. A Mostar même, il y a eu des

8 combats violents. Les forces croates ont commencé par des tirs au mortier à

9 la mitrailleuse et à l'artillerie en direction des Musulmans. Au moins deux

10 civils et cinq soldats ont été tués.'

11 CHRISTOPHER MORRIS - SKY NEWS - BOSNIE :

12 'Quatre mois de guerre ont mis Mostar en ruine. Des bâtiments d'une

13 valeur historique et architecturale de grande valeur ont été détruits suite

14 à un pilonnage. Nous sommes --quelque 55 000 Musulmans vivent cloîtrés dans

15 la partie est de la ville turque et vivre dans un ghetto sans aliment, sans

16 nourriture et sans électricité, sans eau et sans médicament, sans espoir

17 également. Le premier convoi d'aide de la part des Nations Unies arrivent à

18 Mostar et a apporté une quantité symbolique d'assistance médicale qui ne

19 suffit pas à soigner tous les blessés dans un seul hôpital qui a été

20 auparavant un laboratoire construit au début du siècle. Les conditions y

21 sont catastrophiques. En agonie, à peine conscient, ce petit garçon se

22 trouve clouer au lit, il ne peut pas ouvrir les blessures qui sont dues à

23 des éclats d'obus. Il n'y a pas d'anesthésie, il n'y a pas de médicament

24 contre les douleurs et les chances de survivre sont à moins de 50 %.

25 Plusieurs milliers de personnes sont déjà mortes dans cette guerre

26 sanglante. C'est la fin du monde disait un chirurgien, la fin d'une

27 civilisation occidentale que vous pouvez -- à laquelle vous pouvez

28 assister. Il y a tant de blessés, tant de gens qui vivent dans des caves,

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1 tant de pertes et la chaleur est insupportable, l'odeur nauséabonde est

2 intenable. Ce sont pour la plupart des jeunes soldats de l'armée de Bosnie

3 qui défendent Mostar.

4 'Ironiquement l'un disait qu'il voulait aller se battre. Je veux

5 aller me battre.'

6 'Un deuxième département hospitalier improvisé a été placé devant une

7 bibliothèque qui ne dispose que de quelques médecins et de quelques

8 infirmières qui travaillent comme des bénévoles jusqu'à ne plus en pouvoir.

9 Les blessés doivent attendre dans les couloirs pour l'opération et en

10 général on doit les amputer ou alors sortir des balles et il n'y a que des

11 sédatifs en quantité minimum. Même dans les salles d'opération un grave

12 péril de contagion. Il n'y pas d'oxygène. Celui qui est destiné à des

13 soudures peut tuer quelqu'un, peut une personne.

14 'Les soldats bosniens se sont de moins en moins nombreux mais ils

15 sont prêts à donner leur vie pour empêcher leurs ex-alliés les Croates à

16 s'emparer de Mostar. Ils veulent avoir comme récompense Mostar que pour en

17 faire la capitale croate de Bosnie. Il y a bien des gens qui sont encore

18 gardés dans des centres de détention.

19 'En guise de protection d'un convoi des Nations Unies qui depuis cinq

20 jours se trouve bloquer dans la partie musulmane de la ville de Mostar. Il

21 constitue une cible aisée alors que tout autour d'eux il tombe plein

22 d'obus. Heureusement, personne n'a encore été blessé par éclats d'obus qui

23 tombent de partout. Il y avait une série d'obus qui a été tirée par des

24 forces insurgées croates en direction de la ville qui est assiégée depuis

25 trois mois et où ils vivent 55 000 Musulmans. Cela a été l'un des

26 pilonnages les plus intenses au cours des quelques dernières semaines. Le

27 tout a coïncidé avec les négociations de paix à Genève.'

28 'Une fois de plus, dans un hôpital il y a une femme qui a été

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1 tirée à plusieurs reprises et une fois de plus c'est en état d'alerte que

2 se trouve cet hôpital. On emmène constamment de nouvelles victimes de ce

3 pilonnage incontrôlé qui apporte leurs doses d'horreur quotidiennes. Il

4 s'est avéré que sortir les prisonniers de la guerre est une mission

5 impossible pour les Nations Unies tout comme les négociations pour ce qui

6 est de faire libérer les soldats. Tout le monde s'efforce de sortir de ce

7 piège de Mostar.'

8 Edward Joseph : 'Je me trouve dans la même position que vous. J'accepte de

9 vous donner mon gilet par balle. Enfin, les Musulmans cèdent confronter à

10 une condamnation internationale pour ce qui est de laisser quand même faire

11 passer les convois. Une heure plus tard, les soldats espagnols avec leurs

12 blindés retournent vers leur base. La première chose qu'il leur vient à

13 l'esprit c'est de prendre une douche et de se raser et une bière.

14 Cinquante-trois soldats espagnols après six jours passés en guise d'otage

15 du côté musulman de Mostar peuvent souffler avec soulagement.

16 CHRISTIANE AMANPOUR - CNN :

17 'Le siège des Croates de Bosnie dans les collines environnantes. Ce n'est

18 plus Sarajevo la ville la plus dangereuse, la plus détruite de Bosnie c'est

19 Mostar. Alors quand il arrive un peu de nourriture on fête cela. Jusqu'à

20 présent il n'y a que cinq camions par semaine qui sont arrivés pour nourrir

21 entre 30 et 50 000 personnes. Un peu de farine, un peu d'huile. Le secours

22 des Nations Unies est clair. Il faudrait qu'il y ait des protéines.

23 Jerrie Hulme : 'La situation s'améliore alors que l'hiver arrive les

24 gens commencent à avoir froid et vraiment ce qu'il faut le plus c'est de la

25 nourriture. Ici vous avez beaucoup de gens. Ici ces personnes, huit

26 personnes en tout ont fini à l'hôpital de fortune de la ville, tout

27 simplement parce qu'ils essayaient de trouver quelque chose à manger. Ils

28 avaient été blessés par des mines alors qu'ils essayaient de trouver des

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1 paquets de nourriture, des colis.'

2 'Mais à Mostar Est la nourriture n'est pas le seul problème. Il y a

3 des pilonnages qui ont détruit 80 % des bâtiments. Les Nations Unies n'ont

4 toujours pas apporté suffisamment d'équipements pour l'hiver. Il fait froid

5 et les gens craignent la mort aussi. On essaie de rester au chaud et de

6 cuire quelque chose quand on a un peu farine. Treize familles se cachent

7 ici dans un sous-sol humide. Ils sont 30 dans un autre. Il est 2 heures de

8 l'après-midi, mais on ne va pas sorti du lit. Pourquoi ? Il y a beaucoup de

9 gens qui ont peur de tout. C'est à cause des pilonnages.'

10 'Il y a une femme qui dit : Voilà, on ne sait pas comment on va

11 survivre. Il fait froid. On n'a pas de vêtement. Tout ce qu'on a c'est un

12 peu de farine de l'aide humanitaire.

13 'En fait, beaucoup de gens vivent comme cela dans les caves depuis

14 des mois, depuis qu'ils ont été chassés de leurs foyers sur la rive ouest

15 par les Croates. Ils ont tout perdu, y compris leurs hommes.'

16 'Une femme dit : Voilà, il n'y a pas une seule famille complète,

17 parce que les hommes pratiquement -- tous les hommes sont en prison.

18 Certains se trouvent sur la ligne de front. On ne savait pas où.

19 'La ligne de front est maintenant de l'autre côté de la rivière et

20 ces soldats de Bosnie maintenant échangent des coups de feu avec les gens

21 qu'il ont eu -- il y a pas si longtemps cela appelaient des hommes : Tomic,

22 est-ce que tu viens par ici ? Il y en a un qui essaie d'attirer l'autre

23 pendant un des nombreux --'

24 Christiane Amanpour : 'Pour juste qu'il y a six mois les Musulmans et

25 les Croates étaient alliés contre les Serbes, mais maintenant, Mostar est

26 le meilleur endroit pour voir que cette alliance était effondrée. En fait,

27 les Musulmans, le gouvernement de Bosnie a dit qu'ici les Croates ont

28 infligé plus de dégâts que les Serbes ne l'ont jamais fait.'

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1 'La vieille ville est dévastée ce qui avait été vraiment un joyau de

2 la ville. Le vieux pont a été finalement détruit par les chars croates.'

3 'On entend le bruit des avions de l'OTAN qui survolent la ville.

4 C'est un crime culturel. Il y a des centaines -- il y a 127 ans d'histoire

5 qui ont été effacés. Mais les gens de Mostar Est refusent d'être intimidés,

6 entre les pilonnages fréquents ils viennent sur les toits et ils essaient

7 de se débrouiller. Ils croient qu'ils vont pouvoir reconstruire leur ville.

8 Ici vous avez partout des enfants qui recommencent à écrire et à étudier.'

9 ORF - TELEVISION AUTRICHE :

10 'Dans le chaudron de Mostar -- a dit le -- seul espoir qu'ils ont ce

11 sont des légionnaires -- ou plutôt, le Bataillon espagnol, qui patrouille

12 mais qui n'apporte aucune aide.'

13 'Vous avez ici une rue dans la poche de Mostar, dans la partie est de la

14 ville, les Musulmans assiégés mendient pour avoir de la nourriture. Leur

15 seul espoir, ce sont les soldats du Bataillon espagnol qui font des

16 patrouilles mais sans apporter d'aide. C'est un cul-de-sac. A gauche, il y

17 a les Croates, à droite, dans les collines, les Serbes, la ligne de front

18 entre les Musulmans et les Croates est en pleine ville. Ceux qui avaient

19 été auparavant alliés maintenant sont devenus des ennemis. Les assiégeants

20 croates sont plus forts que les défenseurs musulmans. Ici, vous voyez le

21 drapeau de Bosnie qui flotte sur le bâtiment du conseil militaire, le QG de

22 l'enclave des désespérés. Cinq kilomètres de long, à quelques centaines de

23 mètres de large, vous avez ici un lieu, qui est devenu un lieu de ruines où

24 20 000 Musulmans qui ont été chassés par les Croates se trouvent et meurent

25 -- de mort lente parmi les débris. Il n'y a que deux sources d'eau, pas

26 d'électricité, pas de téléphone. La terreur infligée quotidiennement par

27 les soldats que vous voyez ici. J'ai été frappé par un d'eux dans la rue.

28 Dapinac. Il est resté dans le lit -- au lit pendant cinq jours et

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1 aujourd'hui, c'est la première fois que je quitte le lit. Mais qui a fait ?

2 C'est Stela. C'est toujours lui qui est à la tête des razzias. Il m'a

3 attaqué dans mon appartement. Je n'ai rien dit. Mais il m'a quand même

4 frappé. Je ne peux même pas respiré. C'est vraiment horrible.'

5 'Il y a un tiers des maisons qui ont été incendiées dans les ruines

6 de la vieille ville et il y a tous les jours jusqu'à 300 obus qui tombent.

7 Voici un des hôpitaux improvisés où il y a un lieu pour accueillir les

8 personnes déplacées qui vont recevoir un bout de papier et un peu de soupe,

9 mais les soins médicaux sont catastrophiques. Les victimes civiles des

10 grenades au phosphore se trouvent souvent sur les -- dans des lieux

11 vétustes et sales, sans bénéficier d'aide véritable.'

12 'Ce que les Chetniks ont fait; maintenant, le HVO le fait. On chasse les

13 Musulmans. Oui, on chasse les Musulmans, demande le journaliste. Réponse :

14 Oui.'

15 'Puis, on a emmené tout le monde sur la rive gauche, on le fait tous

16 les jours. On en a tué beaucoup. On en a tué jusqu'à 250. L'un d'entre eux,

17 enterré de façon anonyme, ce n'est qu'un numéro, se trouve dans le

18 cimetière musulman, le vieux cimetière près de la mosquée qui a été placée,

19 qui est le patrimoine culturel a été détruit, qui avait été détruit déjà

20 dans la guerre croate-serbe, est suivi d'une destruction impitoyable par ce

21 carnage croato-musulman. Les Musulmans qui ont été piégés sur la rive

22 gauche de la Neretva disent qu'ils vivent de façon -- comme des légumes

23 dans un ghetto et qu'ils ne vont pas survivre aux semaines qui vont suivre

24 s'il n'y a pas véritablement d'aide qui arrive. On pense ici, c'est le

25 deuxième Vukovar. Il y a des ruines sans aucune protection, sans aucune

26 façon de se protéger des obus et des tirs d'artillerie. Les bâtiments

27 historiques n'ont pas de sous-sol. Le vieux pont est devenu un chemin

28 dangereux dans la partie croate de la ville. Pour les Croates, Mostar est

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1 la capitale de cette république d'Herceg-Bosna autoproclamée. Ici, on

2 achète du pain avec le dinar croate. Au marché, on a des produits qui

3 viennent de villes de l'Herzégovine occidentale. Avant la guerre, il y

4 avait pratiquement autant d'habitants croates que d'habitants musulmans à

5 Mostar.

6 Les prisonniers musulmans doivent faire des travaux forcés pour

7 l'armée croate. Ils travaillent aussi à la cantine de la prison militaire.

8 L'un d'entre eux dit : Nous devons travailler dans la cuisine. D'autres

9 doivent aller creuser des tranchées sur le front. Ils ont vraiment beaucoup

10 de choses à faire. Les prisonniers que nous avons filmés dans une cellule

11 qui avait été montée à cet effet n'ont pas été autorisés à parler devant la

12 caméra. Représailles des Croates contre -- pour les attaques menées par les

13 Musulmans contre les positions croates. Nous nous attendons à ce que les

14 Musulmans essaient de prendre Mostar. Depuis le 19 avril, nous savons --

15 nous avons connaissance des ordres de leur commandant et des modalités

16 qu'ils prévoient pour prendre la ville. Ils n'ont jamais renoncé à cette

17 idée et s'ils occupent Mostar, ils auront peut-être la possibilité de

18 prendre Stolac pour ensuite avancer vers le Neum croate et la mer

19 Adriatique.'

20 'Ce conflit sanglant a commencé en automne de l'an dernier à Prozor,

21 une ville de Bosnie centrale, qui avait environ 62 % de Croates et 37 % de

22 Musulmans avant la guerre. Aujourd'hui, Prozor est croate. Les observateurs

23 militaires essaient de maintenir un cessez-le-feu fragile. Il y a des

24 parties du centre de la ville qui ont été détruite. Les Musulmans ont été

25 chassés et la mosquée reste fermée. La plupart des Musulmans de Prozor se

26 trouvent aujourd'hui à Konjic, dans cette municipalité. Ils ont été

27 expulsés les 28 et 29 août. Je pense qu'il y avait de 3 500 à 4 000 femmes,

28 des enfants et des personnes âgées. Les hommes, quant à eux, ils sont dans

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1 des prisons du HVO et dans des prisons ou des camps à Capljina, Ljubuski,

2 Mostar et Prozor. Il y en a qui ont été libérés à Jablanica. Ils parlent de

3 sévices brutaux. Un vieux monsieur a été tellement tabassé qu'il ne

4 parvient même pas à marcher. Il y a un homme qui l'a menacé de lui tirer un

5 coup de feu dans la bouche. Ces prisonniers de guerre musulmans étaient les

6 agresseurs : dit le maire croate de Prozor. Nous avons des documents

7 montrant que les Musulmans avaient un plan, un plan qui comprenait Prozor,

8 mais aussi quelques municipalités de Bosnie centrale, ainsi que Mostar. Ils

9 voulaient faire, d'après ce plan, la Bosnie centrale, une région musulmane

10 de Bosnie centrale. C'est la raison pour laquelle ils avaient comme -- pour

11 plan d'occuper militairement Prozor. Ils voulaient prendre Prozor, c'était

12 leur plan. L'attaque a commencé à Prozor en octobre 1992.'

13 'A l'époque, les unités musulmanes -- les unités de l'ABiH ont été

14 défaites. En Bosnie centrale, les Croates, qui constituent le plus petit

15 groupe ethnique, se considèrent être des victimes des Serbes, mais aussi

16 des attaques musulmanes. Il y a 180 000 personnes qui ont encerclé par des

17 unités musulmanes surtout du côté de Vitez, de Kiseljak et de Vares. 9 000

18 Croates se trouveraient dans des camps et une position clé sur le plan

19 militaire, c'est la ville de Gornje Vakuf qui a fait l'objet de combat

20 féroce entre les Croates et les Musulmans. La partie croate de la ville se

21 trouve à la portée des tireurs embusqués musulmans. Il y a trois civils qui

22 ne veulent pas être délogés d'ici.

23 'Une dame dit : J'ai encore quelques pommes de terre, de la farine,

24 tu ne peux plus aller en ville, tout est fermé. Je ne sais pas comment

25 c'est de l'autre côté. Ma maison a été incendiée par des Musulmans, depuis

26 je suis avec les soldats. Les Croates ont aussi demandé à bénéficier de

27 l'aide humanitaire pour leur population en Bosnie centrale. Ils sont amers

28 quand ils pensent au sort que subissent les personnes déplacées.'

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1 'Alors que l'OTAN effectue encore des vols de reconnaissance au sud

2 de la Bosnie à 3 000 mètres plus bas, le cimetière est souvent trop petit,

3 dans une guerre où les victimes sont souvent aussi les auteurs des

4 infractions.'

5 'Le côté gauche musulman de Mostar, pour les Musulmans ceux qui croient en

6 Bosnie-Herzégovine en tant qu'état est la dernière chance où plutôt c'est

7 le Bataillon espagnol qui est leur dernière chance comme c'était le cas

8 pour Sarajevo par rapport à la Bosnie, Mostar pour l'Herzégovine était le

9 symbole d'une communauté multiethnique des Serbes et Croates et de

10 Musulmans de même que des commerçants juifs qui exerçaient sous le règne

11 ottoman. Les destructions provoquées d'abord par les Serbes l'année

12 dernière lorsque ils ont été expulsés par les Croates et les Musulmans, se

13 sont multipliés par dix à partir du 9 mai. Maintenant, les Croates

14 souhaitent avoir leur partie de la Bosnie-Herzégovine tout comme

15 [imperceptible]. Leur argument est clair là où les Croates vivent c'est

16 l'état croate. Oui, Mostar est beau, mais il a été dévasté. C'est ce qui se

17 passe à cause du fait que les gens sont stupides, ils s'entretuent mais ce

18 que je ne peux pas expliquer, c'est comment s'ils se battent contre un Etat

19 d'abord, ensuite ils se battent entre eux mais finalement qu'ils fassent ce

20 qu'ils veulent. Non, c'est terminé ici. Ici il n'y a plus rien à faire,

21 nous essayons de temps en temps de faire en sorte de le séparer, mais ils

22 ne font pas attention à ce qu'on dit. Ici, nous ne savons pas pendant

23 combien de temps nous allons rester, en principe nous sommes venus pour

24 passer 24 heures mais peut-être cela va se prolonger car plus tard peut-

25 être que nous ne pourrions pas traverser un point de contrôle. Nous venons

26 toujours avec de la nourriture pour au moins trois jours. La situation est

27 difficile et à tout moment, il peut y avoir un scandale. Mais n'avez-vous

28 remarqué des instructions spéciales ces jours-ci, justement en raison du

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1 fait qu'il est possible que vous vous retrouviez dans une situation où vous

2 devrez riposter. Nous ici, nous savons pourquoi nous sommes venus nous ne

3 devons pas riposter au tir d'obus seulement si l'on essuie directement.

4 Dans ce type de véhicule, il n'y a pas de problème pour nous si on tire

5 avec des armes légères sur nous, car ce véhicule peut supporter cela mais

6 un obus de mortier pourrait nous raser de la terre. Comme les troupes

7 espagnoles disent tous les jours, les tragédies s'enchaînent alors que tout

8 le monde est indifférent. A Mostar, par exemple où l'on continue avec le

9 nettoyage ethnique. Les Croates intimident, ils expulsent et emprisonnent

10 les Musulmans afin d'obtenir une ville croate pure. Cet homme dit qu'il

11 avait été expulsé l'année dernière de la part des Serbes de Nevesinje en

12 Herzégovine de l'est, il est venu à Mostar. La semaine dernière son fils de

13 18 ans est mort en combat. Maintenant, j'ai seulement encore un fils et une

14 fille. Je remercie Dieu parce que cela aurait pu être pire ou ces soldats

15 bosniaques qui se battent pour un état que tout le monde considérait

16 inexistant avec 30 balles par soldat, ils font face à une puissance

17 nombreuse bien équipée et avec de bons soutiens en artillerie, tout comme

18 c'était le cas à Sarajevo. Nous allons insister jusqu'à la fin. Il dit,

19 nous ne croyons plus en paix ni en croate mais nous allons résister

20 jusqu'au dernier soldat. Nous n'avons rien à perdre. Afin d'être isolé

21 encore plus, les Croates du HVO de l'organisation paramilitaire croate ont

22 été formés et soutenus par Zagreb. Ils essaient sans succès de miner ce

23 pont qui était reconstruit avec l'aide des Etats-Unis en raison de plus en

24 plus de conflit en Herzégovine dans la zone contrôlée par eux, afin de

25 soutenir ces hommes dans leur travail difficile. Ils sont sur les positions

26 pendant des heures pas possible, mais 200 nouveaux soldats, 70 personnes

27 chargées de la logistique et 120 légionnaires sont venus de l'Espagne afin

28 de les renforcer. Après l'arrestation en masse des Musulmans effectuée par

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1 les Croates, dès l'aube qui a commencé le 9 mai, la plupart des Musulmans

2 sont à l'Heliodrom de Mostar. La position des Casques bleus espagnols dans

3 cette zone est bien délicate. Pour le moment, nous essayons de faire ce que

4 nous pouvons d'être les médiateurs. Nous essayons de sauver la population

5 civile, alors qu'ils essaient de maintenir un certains statu quo, des deux

6 côtés il y a de plus en plus de démonstration de la haine. Il était

7 inutile, le fait que les médiateurs internationaux sont --rencontraient les

8 côtés de nouveau, lors de la réunion tenue à haut niveau sous l'égide du

9 bataillon espagnol, il y avait à la fois le président bosniaque et croate.

10 Cependant tout ce qui était fait c'est de souligne l'importance des

11 intérêts concrets et le manque d'accord entre eux. Bientôt, plutôt le

12 lendemain, il y a eu une réunion où le président croate Franjo Tudjman a

13 rendu hommage à ses financiers de l'Herzégovine, son puissant lobbying qui

14 avait payé sa campagne. Un peu plus loin, il y a eu un territoire occupé

15 par le bataillon espagnol afin d'accompagner le convoi d'aide humanitaire

16 qui se dirige vers la Bosnie centrale maintenant dévastée dans le cadre du

17 conflit.

18 'Le centre de la base avancée, Jablanica se trouve sous le contrôle

19 des Musulmans mais est entourée par les Croates. Dans leur tente, le

20 commandant bosniaque, Sefer Halilovic et le commandant croate Milivoje

21 Petkovic parlent souvent en présence du colonel espagnol Morales. Sefer

22 Halilovic, il y a un mois je vous ai demandé, je vous ai supplié à la fois

23 de nous aider à aider les gens, à la fois les Musulmans et les Croates mais

24 vous, vous négociez avec les Serbes. Antonio Morales, d'ici une heure ou

25 une heure et demie, et nous arriverons à une situation meilleure avec les

26 deux camps de la région et puis il y a aussi les observateurs de l'Union

27 européenne. Seulement une fois nous avons eu l'occasion permettant aux uns

28 et aux autres de voir les régions dévastées. A seulement quelques

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1 kilomètres de la base, les uns et les autres se regardent avec méfiance et

2 ils se préparent pour ce qui suivra. Les Croates ont des chars, des

3 mortiers. Les gens n'arrêtent pas de venir. Les Musulmans détiennent leur

4 position, mais reçoivent des armes bien rarement.'

5 'Les Casques bleus espagnols ont pour tâche principale de faire baisser les

6 tensions entre les Croates et les Musulmans, car il y a déjà eu beaucoup de

7 pertes humaines. Si nous devons mener à bien cette mission, nous ne

8 n'oublierons pas le lieutenant de l'Union, qui peut nous influencer, même

9 si en termes réels, c'est très difficile. Nous prenons nos précautions,

10 mais de temps en temps, nous sommes victimes -- nous faisons l'objet des

11 bombardements et de temps en temps, quelqu'un périt'.

12 'Le commandement du Groupe tactique Canarias peut évoluer. Chaque opération

13 des patrouilles de l'escorte ou faire attention à chaque détail. Toute

14 erreur peut provoquer une situation dans laquelle l'ordre peut leur être

15 donné leur imposant une interdiction d'utiliser les armes, sauf si leurs

16 vies sont mises à mal. A la fin de la route vers Tarcin, nous avons une

17 zone de conflit à Konjic. Il y a un groupe de tireurs embusqués qui tirent

18 sur la route et qui ne permettent pas le passage des véhicules qui sont, en

19 réalité, des véhicules civils. Ils n'ont pas encore tiré sur nous, mais

20 nous avons remarqué un grand nombre de véhicules civils qui passent dans

21 les deux sens.'

22 'Dans la base à Dracevo, les gens du colonel Morales qui, au début,

23 contrôlait la route vers Neretva, se prépare pour la mission qui a été

24 interrompue. Ils nettoient leurs armes qui devaient être préparées en

25 avance'."

26 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

27 M. MUNDIS : [interprétation] Nous avons ainsi terminé la présentation de

28 cette vidéo. Peut-être l'heure se prête-elle bien à une pause.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire une pause de 20 minutes. Nous

2 reprendrons à 16 heures 10.

3 --- L'audience est suspendue à 15 heures 51.

4 --- L'audience est reprise à 16 heures 12.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise. Juste avant de donner la

6 parole à M. Mundis, il a quelques questions à poser au témoin.

7 Monsieur le Témoin, après avoir vu cette vidéo avec mes collègues, je n'ai

8 que deux très courtes questions à vous poser. L'une qui porte sur les

9 conditions à Mostar, et l'autre sur la question de l'hôpital.

10 Dans la vidéo, on a vu des gens vivre à Mostar, le pilonnage, les

11 problèmes des tirs, les conditions difficiles, certains vivent dans les

12 caves, et cetera. Est-ce que cette partie des séquences multiples que nous

13 avons vues correspond, de votre point de vue, à ce que vous-même aviez vécu

14 sur place ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] En un mot, absolument.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La deuxième question qui concerne l'aspect

17 pour lequel vous êtes devant nous, c'est les questions médicales,

18 l'hôpital, les blessés. On a vu à plusieurs reprises des séquences qui ont

19 été tournées dans des lieux où on soignait des gens. Est-ce que ces

20 séquences correspondent à ce que vous avez vu vous-même ? Est-ce que vous

21 avez reconnu des lieux que vous reconnaissiez ou est-ce que le cas échéant,

22 vous avez reconnu des collègues et des blessés ou des tués ? Vous-même,

23 est-ce que vous vous êtes reconnu ? Peut-être, je ne sais pas.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout d'abord, ce que je dois vous dire, c'est

25 que vous le croyez ou pas, je n'ai rien vu de ces clips. J'ai été plutôt

26 surpris. Je me suis vu à deux reprises, moi-même, sur des enregistrements.

27 Ce devait être l'homme en pantalon vert qui travaillait sur une jambe

28 gauche blessée, cela ressemble à moi. Enfin, j'ai eu du mal à me

Page 12969

1 reconnaître. J'ai reconnu ma collègue Mujic. Elle n'est pas chirurgienne,

2 elle, mais elle est physiatre. A l'époque, elle était en état de grossesse

3 avancé et elle a accouché d'ailleurs pendant la guerre à l'hôpital.

4 J'ai reconnu quelques infirmières. Certains patients, je les ai reconnus

5 aussi. Non pas par leur apparence, mais par les diagnostics.

6 Enfin, je me souviens de la petite fille qui a été blessée à Tekija.

7 Pour ce qui est des conditions, cela correspondait absolument à ce

8 qui s'est produit dans la réalité, notamment le fait qu'on ait travaillé

9 torse nu. C'est parce que nous n'avions que deux jeux de vêtements pour la

10 salle d'opération. Une fois qu'on avait accompli deux opérations donc, il

11 n'y avait plus rien à se mettre dessus.

12 Je devrais dire quelque chose pour qu'il n'y ait pas une image

13 déformée. Je n'ai peut-être pas relevé tous les détails, parce que cela

14 s'est passé assez vite. On a parlé d'une bombonne à oxygène qui se trouvait

15 au coin. Pour ne pas qu'on me dise que je n'ai pas dit la vérité, j'ai dit

16 qu'il n'y avait pas d'oxygène, mais je me souviens très bien de cette

17 bombonne, parce qu'on s'était procuré celle-ci d'une façon assez drôle. Je

18 me souviens quand on avait parlé de la chose, j'avais demandé s'il y avait

19 un mécanicien auto, une boutique de tôlerie, parce qu'un appareil de

20 soudure, il y a de l'acétylène et de l'oxygène. J'ai demandé à ce qu'on

21 appelle la bombonne bleue. On nous a amené la bombonne bleue et on ne

22 l'avait pas encore vidée. Donc le caméraman est tombé sur nous quand on

23 l'utilisait encore. Il y avait l'autre à côté du radiateur, le long du mur.

24 Il y avait une installation de chauffage central, mais nos soi-disant

25 réparateurs, ce n'était pas des gens qui étaient calés ou qualifiés en

26 matière de chauffage, n'ont jamais réussi à faire marcher le dispositif.

27 Soit que c'était en mauvais état de marche, soit il manquait des pièces.

28 Toujours est-il que cela n'a jamais fonctionné. Ce qui fait que l'hiver,

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1 c'est anormalement froid. Je ne sais pas comment les patients ont survécu,

2 parce que pour nous et pour nous-mêmes, je n'ai pas compris la chose, parce

3 qu'il n'y avait pas de fenêtres. Tout était ouvert. On avait bouché les

4 orifices avec des bouts de boulon que le vent n'arrêtait pas d'arracher,

5 mais globalement parlant, c'était bien comme cela.

6 C'est ce qu'on a pu voir. Certaines vues sont obscures, mais ce n'est

7 pas pour rien. Ce n'est pas par mauvaise exposition ou par mauvaise

8 ouverture des objectifs. C'est parce qu'il faisait très sombre.

9 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi, mais je crains qu'il y

10 ait certaines choses du compte rendu d'audience qui nous surprennent. Vous

11 avez dit notamment que vos mécaniciens connaissaient très bien

12 l'équipement, mais qu'ils n'avaient pas été en mesure de réparer les

13 radiateurs. Vous voulez sans doute dire qu'ils n'étaient pas très experts,

14 très calés.

15 Puis, vous avez dit auparavant que vous étiez presque à l'aise, page 45,

16 lignes 7 et 8, mais si on reprend ceci dans le contexte, vous vouliez

17 plutôt dire que vous étiez loin de bénéficier de confort.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors si vous êtes en train de lire la

19 traduction en anglais, je n'ai pas suivi celle-ci, vous avez raison. Je dis

20 que nous n'avions pas des réparateurs dans la profession ou la

21 qualification. J'ai dit donc soi-disant réparateur, parce que c'était des

22 gens qui n'étaient pas qualifiés pour ce type de travail. Pour ce qui est

23 du confort, Dieu m'en garde, non, pas confortable du tout.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors l'Accusation, pour terminer son

25 interrogatoire principal a-t-elle des questions ?

26 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Non, nous

27 n'avons pas de questions supplémentaires à poser. Nous pensons que ces

28 séquences vidéo se passent de commentaires et nous voulons donner tout le

Page 12971

1 temps nécessaire à la Défense.

2 Merci, Docteur Rajkov d'être venu ici.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense aura jusqu'à 19 heures. Je précise que

4 nous ferons une pause à 17 heures 15. Nous avons une heure, puis après nous

5 reprendrons après la pause.

6 Qui veut commencer ? Maître Tomic.

7 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous

8 n'avons pas de questions pour ce témoin. Nous avons cédé notre temps à la

9 Défense de M. Stojic.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Avocat suivant ?

11 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, d'après ce que

12 nous avons convenu nous avons mis notre temps à la disposition de la

13 Défense de M. Stojic et Mme Nozica. Merci.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas.

15 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je ne voulais

16 pas au départ poser de questions, mais étant donné maintenant que nous

17 avons visionné ces séquences, je voudrais poser quelques questions au

18 témoin.

19 Contre-interrogatoire par M. Karnavas :

20 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

21 R. Bonjour.

22 Q. Nous avons une séquence qui montrerait le Conseil de sécurité.

23 Pourriez-vous nous dire dans quelle mesure vous avez pris part à des

24 négociations au niveau du Conseil de sécurité à propos des événements de

25 l'époque ?

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Karnavas, évidemment il n'était pas au

27 Conseil de sécurité. Vous imaginez bien que nous, on ne va pas tenir compte

28 de cette séquence par rapport à ce témoin.

Page 12972

1 M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, c'est à cela que je voulais en venir,

2 Monsieur le Président, en effet, il y a des négociations. Il y a des

3 combats. Il y a les Moudjahiddines. On parle du plan Vance-Owen. De

4 Tudjman, d'Izetbegovic, du plan de paix. Des Musulmans qui auraient un plan

5 ou qui affirment qu'ils essaient de parvenir à la mère Adriatique. On parle

6 de Gornji Vakuf, de la Bosnie centrale, de Prozor. Il y a toutes sortes de

7 questions qui ont été ainsi introduites et je pourrais poser toute une

8 série de questions au témoin et notre brave homme pourrait nous dire qu'il

9 n'a participé à rien de tout cela, pas non plus avec le Bataillon

10 néerlandais qui n'était pas encré chez eux, pour reprendre un terme utilisé

11 pendant la guerre en Irak. Pourquoi est-ce que je dis tout ceci ? Je dis

12 qu'e amenant tous ces éléments de preuve même si on nous donne l'apparence

13 d'avoir le droit de contre-interroger et on donne le droit de

14 confrontation, ici ce n'est pas le bon témoin, et par souci d'équité envers

15 la Défense l'Accusation aurait pu se contenter des séquences concernant

16 l'hôpital ou des parties de Mostar. C'est là que je ne suis pas d'accord

17 avec la présentation de cette vidéo à ce stade-ci de la procédure parce

18 qu'on aurait pu diffuser d'autres extraits par le truchement d'autres

19 témoins. Mais si la Chambre me dit que ce témoin n'est pas compétent pour

20 répondre à tous ces domaines que je viens d'évoquer, je vais évoquer les

21 domaines pour lesquels à mon avis il est compétent.

22 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] J'aimerais répondre. Nous avons

23 discuté de ceci. La Chambre est parfaitement conscient de ce que vous venez

24 d'exposer, mais nous avons vu également qu'on a une panoplie tellement

25 large qu'il n'y a sans doute pas un seul témoin qui aurait pu être

26 compétent pour répondre à toutes ces questions. Nous avons toujours

27 seulement des parties de ces séquences pour lesquelles il serait compétent.

28 Mais la question reste ouverte.

Page 12973

1 M. KARNAVAS : [interprétation] Fort bien, mais je dois vous dire que mon

2 niveau d'anxiété est très élevée. J'étais assez calme au début de

3 l'audience, mais maintenant je ne sais pas si je pourrais rester en bon

4 équilibre parce qu'on a beaucoup d'éléments qui ont été présentés, et en

5 fait c'était de l'ouï-dire de troisième ou quatrième main, mais vu les

6 réserves que vous venez d'exprimer je me sens un peu mieux, et maintenant

7 je vais m'adresser au témoin pour les questions qui le concernent.

8 Q. Je le répète, Monsieur, bonjour.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, vous dites vous vous sentez un peu

10 mieux et c'est ce que j'espère. Vous avez remarqué que tout de suite après

11 la vidéo je n'ai posé que deux questions très précises, les conditions de

12 vie à Mostar, l'hôpital. Je ne lui ai pas posé d'autres questions très

13 significatives.

14 M. KARNAVAS : [interprétation] Je comprends. Je comprends, Monsieur le

15 Président, et je me serais senti beaucoup mieux si vous aviez dit au

16 Procureur que c'est tout ce qu'il pouvait montrer, mais je comprends que la

17 Chambre veut voir tout vu les contraintes de temps. Je comprends. Je vous

18 ai gréé des questions que vous avez posé qui étaient tout à fait bien

19 ciblées.

20 Q. Monsieur, je voudrais évoquer seulement quatre points. Hier, vous avez

21 indiqué qu'à partir du mois d'août 1992, vous aviez une carte d'identité

22 militaire; est-ce exact ?

23 R. A compter d'août 1991, oui.

24 Q. C'est parce que vous étiez muni de cette carte que vous aviez le droit

25 d'aller du côté ouest au côté est; c'est bien ce que vous avez déclaré

26 hier, n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Bien. Cette carte d'identité militaire, est-ce que c'était une carte du

Page 12974

1 HVO, de l'ABiH, ou est-ce que c'était autre chose ?

2 R. C'était une pièce d'identité de l'ABiH.

3 Q. Bien. A l'époque quel était votre grade ?

4 R. Je n'ai jamais obtenu de grade dans mon service régulier sur le plan

5 militaire, et je suis sorti simple soldat. Dans mon livre militaire il n'y

6 avait aucun grade de mentionné.

7 Q. D'accord. Est-ce que vous faisiez partie d'une unité particulière ?

8 R. Membre d'une unité, non. A l'époque, dans l'armée du fait de l'héritage

9 datant de la JNA, je faisais partie des services sanitaires ou médicaux, si

10 vous préférez.

11 Q. C'était le corps militaire du 4e Corps d'armée de l'ABiH ? Le corps qui

12 était basé à Mostar à l'époque.

13 R. Probablement disposait-il d'un système avec des échelons. C'était un

14 service médical du 1er Bataillon de Mostar. On l'appelait ainsi en 1992 du

15 moins.

16 Q. D'accord. Revenons au mois d'août 1992, le QG de l'ABiH, est-ce qu'il

17 était dans le bâtiment Vranica, quand vous avez reçu votre carte militaire.

18 R. En 1992 ?

19 Q. Oui.

20 R. Pour être tout à fait sincère, je ne sais pas si à l'époque cela se

21 trouvait dans le bâtiment Vranica. Plus tard, oui, j'y suis allé lorsqu'il

22 s'agissait de prendre un agent des transmissions, quand on allait sur la

23 ligne de front. Ma pièce d'identité je l'ai obtenue dans Mostar est de la

24 part ou des mains d'un agent administratif, si c'est la question que vous

25 me posez.

26 Q. D'accord. Si je vous pose cette question c'est parce que j'ai essayé de

27 suivre votre déposition depuis hier, et de la façon dont je l'ai comprise,

28 corrigez-moi si je me trompe ou si je déforme quelque chose, le 6 mai vous

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1 êtes allé travailler et vous travailliez 24 heures d'affilée à ce moment-

2 là, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, 24 heures d'affilée.

4 Q. Si j'ai bien compris le 7 ou le 6, il se peut que vous ayez contacté le

5 QG de Vranica mais c'est le 7, le 7 mai, que vous avez parlé avec quelqu'un

6 répondant au nom de Ramo, me semble-t-il, qui était peut-être votre

7 supérieur.

8 R. Au matin du 7 mai, au matin disais-je bien, je me suis entretenu avec

9 le chef des services médicaux c'est Ahmo, c'est quelqu'un qui répond au

10 prénom d'Ahmo.

11 Q. D'accord. Oui. Je lisais ceci dans le compte rendu d'audience, merci de

12 cette précision. Soit dit en passant, ceci peut se trouver aux pages 75 et

13 76 du compte rendu d'hier.

14 Si j'ai bien compris, c'est le 7 qu'on vous a dit que la situation était

15 très tendue et qu'il était préférable de rester dans le côté est de la

16 ville; est-ce exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Ahmo ou quelqu'un qui est au-dessus de lui savait que quelque chose

19 était en train de se passer dès le 7 mai.

20 R. Oui, oui, ou quelqu'un au-dessus ou à côté de lui aurait remarqué ou

21 savait que la situation était loin d'être bonne.

22 Q. D'accord. Je suppose qu'à ce moment-là vous ne lui avez pas demandé des

23 précisions, vous ne lui avez pas dit qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui

24 va se passer ?

25 R. Non, je ne lui ai pas demandé la chose pour une raison tout à fait

26 claire. Il m'a fait savoir même avant lorsque nous nous étions rencontrés

27 qu'il ne fallait pas parler de toute chose au téléphone, parce que les

28 communications étaient communes et passées par le même centre de

Page 12976

1 transmission, tant pour ce qui est de l'élément armé de BiH et HVO, pour ce

2 qui est des communications, et c'est la raison pour laquelle cela s'est

3 fait.

4 Q. D'accord, donc quand vous communiquiez avec Ahmo, c'est par téléphone

5 que vous lui parliez ?

6 R. Oui.

7 Q. D'accord, donc ce n'est pas en tête-à-tête ?

8 R. Non.

9 Q. D'accord. Où est-ce qu'il était Ahmo à ce moment-là ? Où est-ce qu'il

10 se trouvait physiquement ?

11 R. Lorsque vous vous entretenez avec quelqu'un au téléphone, vous ne

12 pouvez pas être tout à fait certain de son emplacement, n'est-ce pas,

13 notamment quand ce n'est pas vous qui avez composé le numéro. Ce que j'ai

14 su, c'est que Ahmo avec certains autres collègues qui étaient compétents en

15 matière d'administration des services médicaux se trouvaient au bâtiment de

16 Vranica. Pendant que j'y étais, ils se trouvaient dans un segment du sous-

17 sol juste en dessous du restaurant ou la cantine. Ils devaient se trouver

18 là. J'ai supposé que je m'entretenais avec quelqu'un qui se trouvait à cet

19 endroit-là.

20 Q. D'accord. Vous, physiquement, je suppose que vous étiez de votre côté

21 puisque vous étiez en train de terminer votre tour, vous avez commencé à 6

22 heures, et je suppose qu'on était à ce moment-là dans la matinée du 7 ?

23 R. Oui. C'était au matin lorsque nous remettions de la relève à autrui,

24 vers 7 heures.

25 Q. Physiquement, je veux simplement m'en assurer, je veux me faire une

26 idée précise. J'essaie de me faire une idée. Quelqu'un semble être dans le

27 bâtiment de Vranica mais pas sûr, on suppose que oui. Vous, vous êtes en

28 train de terminer votre travail, donc vous étiez de l'autre côté, côté

Page 12977

1 est ?

2 R. Oui.

3 Q. D'accord. Cette personne, elle vous dit tu as intérêt à rester de côté-

4 là ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Je suppose que vous l'avez cru. C'est précisément ce que vous avez

7 fait, vous êtes resté de ce côté-là ?

8 R. Je suis resté au travail et j'ai transmis à ceux qui venaient pour me

9 relever et à ceux qui venaient les relever eux, de rester. C'est ce qui

10 s'est passé.

11 Q. D'accord. Parce que c'était pour ainsi dire le signal, enfin c'est un

12 terme que j'utilise, disons que c'était le message qu'il fallait

13 transmettre à tout le monde qui était de dire à tous qu'ils devaient rester

14 à partir du 7 mai 1993 du côté est, parce que la situation était tendue et

15 qu'il risquait de se passer quelque chose; c'est cela ? Est-ce que cela a

16 bien présenté la situation ?

17 R. Je ne sais pas ce que vous entendez par un signal à l'intention de tout

18 un chacun. Notre travail et mon travail n'était pas d'informer toutes les

19 personnes qui se trouvaient du côté est. C'était une recommandation émanant

20 du chef des services médicaux à l'intention des services médicaux pour ce

21 qui est de la façon de se comporter dans les jours à venir. C'est tout ce

22 que cela veut dire.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous dites que c'était une recommandation ou

24 instruction ? Parce qu'on peut faire une recommandation et celui qui reçoit

25 la recommandation il fait ce qu'il veut, par contre une instruction on doit

26 obéir. Alors quelle est la nuance dans ce que vous avez perçu au

27 téléphone ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous dire littéralement comment les

Page 12978

1 choses ont été dites. Elles ont été dites comme suit : "Le mieux serait de

2 rester là où tu te trouves. Les autres qui viendraient après toi, qu'ils

3 restent aussi." Ce sont des phrases dont je me souviens parfaitement bien.

4 Il y a quelques phrases dont je me souviens dans ma vie, celles-là font

5 partie de ces phrases-là.

6 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Docteur, ce conseil qui vous est

7 donné de rester là, on peut voir deux motifs. Un de ces motifs c'est que

8 vous seriez là plus en sécurité, l'autre motif, c'est qu'on s'attend à ce

9 que vous allez avoir beaucoup de travail.

10 Vous nous avez dit qu'on vous avait dit qu'il était préférable que

11 vous restiez là. Alors, est-ce que je vous comprends bien, pour vous, ce

12 n'était pas là une alarme ou une alerte. On vous disait qu'il fallait être

13 sur le pied d'alerte, encore plus grand, parce qu'il pourrait y avoir des

14 risques de voir l'hôpital devoir répondre à plus de besoins ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Personnellement, je n'ai pas compris ceci

16 comme un signal d'alarme, non pas un signal d'alarme mais plutôt, comment

17 dirais-je, quel serait le bon mot à utiliser, mais comme un conseil, comme

18 une recommandation, comme la meilleure des choses à faire en raison

19 d'événements potentiels. Je ne pouvais pas m'imaginer qu'il arriverait ce

20 qui s'est passé le 9 mai. Nous avons tous été stupéfaits.

21 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais laisser la parole à Me Karnavas, parce qu'il

23 pose les mêmes questions que je voulais poser.

24 Vous venez de dire une phrase importante, en raison d'événements

25 potentiels. Je pense que Me Karnavas va embrayer.

26 M. KARNAVAS : [interprétation]

27 Q. Une première chose, je vous demande votre aide parce qu'après cette

28 dernière question il y a un peu de confusion qui règne dans mon esprit.

Page 12979

1 D'abord, vous nous avez dit que par téléphone on vous avait donné

2 instruction d'être prudent parce que l'ABiH et le HVO utilisaient les mêmes

3 lignes. Est-ce qu'on ne vous donne pas ici un message un peu codé ? Il y a

4 une signification un peu cryptique, n'est-ce pas, à ce qui vous est dit ?

5 R. Je ne trouve pas que cela ait été cryptique. Excusez-moi, permettez-moi

6 de finir. C'était notre façon habituelle de parler entre amis, entre êtres

7 humains que nous utilisions comme à l'accoutumée. La chose à dire c'est que

8 moi au téléphone de sa part, je n'ai jamais reçu quelque ordre que ce soit

9 du style, lui il est le commandant et je suis soldat, et je suis censé

10 exécuter quelque chose. Non, on s'est entretenus. Est-ce que lui ou

11 quelqu'un d'autre qui aurait pu s'entretenir voulait éviter de communiquer

12 des renseignements sur des activités militaires, je ne sais pas. Cela se

13 peut, mais je ne suis pas une unité militaire portant un fusil à la main

14 pour qu'on me donne des ordres de ce type.

15 Q. Oui, d'accord. Je comprends et c'est un peu maintenant comme si on

16 essayait de déchiffrer les feuilles de thé qu'on trouve au fond d'une

17 tasse, si vous comprenez ce que je veux dire.

18 R. Oui, peut-être vous, pas moi. Vous pouvez peut-être essayer de deviner,

19 de jouer au devin, mais je peux vous parler de ce qui s'est dit, et il

20 s'est produit une chose, c'est que j'ai bon souvenir de ce qui a été dit.

21 Q. Je comprends bien. Bien entendu, vous aviez travaillé 24 heures, vous

22 n'êtes pas retourné du côté est ne serait-ce pour vous doucher, dormir un

23 peu, changer de vêtement, vous reposez. Vous êtes resté sur place côté est,

24 et vous avez dit à d'autres de faire pareil; c'est bien cela ?

25 R. Oui.

26 Q. D'accord. Merci. Point suivant, et je ne présume pas que je connais

27 beaucoup de choses, peut-être que je déchiffre mes feuilles de thé dans le

28 fond de ma tasse, mais hier à un moment donné, vous avez dit, page 96 du

Page 12980

1 compte rendu d'hier, vous avez dit que quelqu'un a déchargé une grande

2 quantité d'analgésiques. Ce n'était peut-être pas la morphine, mais c'était

3 des analgésiques. Vous vous souvenez avoir dit cela hier ?

4 R. Oui, je me souviens de la chose. Je peux même étoffer mon propos à ce

5 sujet ou au sujet par exemple du système d'approvisionnement. Je peux le

6 faire.

7 Q. Une chose à la fois, s'il vous plaît.

8 R. Une chose à la fois, d'accord.

9 Q. Merci. Est-ce que cela s'est passé avant ou après cette mise en garde,

10 cet avertissement ou ces appels ou cette recommandation de mise en garde ?

11 Est-ce que c'était avant ou après le 7 mai ? Est-ce après cela ou avant que

12 quelqu'un ait venu décharger des analgésiques ? Est-ce que vous vous en

13 souvenez ? Sinon, dites-le-nous.

14 R. Est-ce que je peux faire une remarque ? Personnellement, j'ai

15 l'impression que vous voulez m'amener à dire une chose que vous voudriez

16 prouver vous-même ou que vous voudriez laisser entendre, insinuer. Enfin,

17 permettez-moi de le dire. Ce n'est pas pour rien que je vous ai demandé si

18 vous vouliez l'étoffée de mon propos sur le système de l'approvisionnement,

19 pour que vous compreniez comment les choses se sont passées.

20 Alors, tout à fait par hasard, pour ce qui est de la boîte, il s'agit

21 d'une caisse.

22 Q. Excusez-moi de vous interrompre.

23 Vous avez du côté de l'Accusation un substitut très talentueux, patient,

24 qui vous a posé des questions. Maintenant, on arrive à un moment donné.

25 Quel est ce moment ? C'est le moment où quelqu'un décharge toutes sortes

26 d'analgésiques. Alors ne voyez pas trop de choses dans ce que je vous dis.

27 Je suis un bon type. Il n'y a rien de méchant dans la question que je pose.

28 Je voulais simplement savoir si c'était avant ou après le 7 [comme

Page 12981

1 interprété] mai. Il reviendra aux Juges de décider s'il faut apporter un

2 poids quelconque à cela. C'est assez direct cela. C'est simple, me semble-

3 t-il.

4 R. Un peu comme cela.

5 Q. Oui, comme cela. Tout simplement.

6 R. Alors, avant, oui. Avant le 9 mai. Cela s'est passé avant le 9 mai.

7 Q. Maintenant c'est réglé, on peut passer à autre chose.

8 R. Point suivant, s'il vous plaît.

9 Q. Fort bien. Vous pouvez répondre tout de suite sans avoir reçu toute

10 l'interprétation, puisque je sais que vous parlez anglais.

11 Parlons du groupe électrogène, parce que cela m'a titillé un peu hier,

12 cette histoire. Vous avez parlé --

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Un instant, Maître Karnavas. Je pensais que vous

14 alliez continuer dans le même sens, et je vois que vous passer à un autre

15 problème. Les questions que vous posez, je voulais les lui poser et vous

16 avez bien fait de poser ces questions.

17 Monsieur le Témoin, la question que nous les Juges avons à résoudre,

18 parce que vous n'êtes pas le premier témoin auquel on a posé ces questions.

19 Nous, nous voulions savoir si avant le 9 mai il y a eu une attaque à obus

20 de l'ABiH contre le HVO. Nous savons que le 9 mai, c'este le HVO qui a

21 attaqué le quartier général de l'ABiH, du 4e Corps, mais est-ce que cette

22 attaque n'entre pas dans un canevas plus général ? Quand hier, vous avez

23 dit en répondant à l'Accusation, quand on vous a demandé à partir du 7 mai

24 d'être présent, je me suis tout de suite demandé est-ce que ce n'était pas

25 la mobilisation des structures de l'ABiH en vue de quelque chose, car quand

26 il y a préparatif d'attaque, la première chose auquel toute armée du monde

27 pense, c'est le secteur médical, préparer les médecins, et cetera.

28 Vous avez indiqué qu'on vous avait demandé de rester en place. Mais

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1 qui plus est, il y a un détail qui est arrivé. C'est la question des

2 produits analgésiques qui viennent à ce moment-là. Alors, ma question, elle

3 est très simple, et je ne vais pas prendre des heures pour vous la poser.

4 Avant le 9 mai, est-ce qu'à votre connaissance il y avait un plan de votre

5 armée, puisque vous étiez membre de l'ABiH, en vue d'une attaque sur le

6 HVO ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une question à poser à quelqu'un d'un

8 niveau bien plus élevé que moi. Ce que je puis vous dire, de quoi je peux

9 parler, c'est ce dont je sais, dont je sais vous parler. Les services

10 médicaux, mis à part ce qui a été fait, à savoir cette recommandation ou ce

11 conseil disant que le mieux serait de rester là, toi et les autres, c'est

12 tout ce qu'on nous a dit. Ultérieurement, pendant la guerre, j'ai eu

13 l'occasion de voir que lorsqu'on avait planifié des choses à tel ou tel

14 autre endroit, on organisait des groupes mobiles, des coins chirurgicaux ou

15 des postes chirurgicaux, là où on s'attendait à des frappes ou à un axe de

16 déplacement des troupes pour utiliser cette terminologie militaire dont

17 j'ai eu par la suite eu l'occasion de connaître. Mais ce n'est pas ce qui

18 s'est fait le 7, 8, 9. Tout ce qu'on nous a dit, c'était de rester là où on

19 était, nous autres, des services médicaux. Rien d'autre -- enfin, personne

20 n'a rien fait d'autre.

21 Après le 9 mai, pour me servir d'un terme concret, j'aurais trouvé stupide

22 de voir des gens de l'armée, et j'en ai vu, ne rien savoir, ne se prépare à

23 rien du tout. Il n'y avait que nous, le 6, 7, 8, qui nous posions la

24 question de savoir que se passe-t-il. Pourquoi les autres ne font-ils

25 rien ? -- si personne ne fait rien en guise de préparatif. C'est pour cela

26 que je vous ai dit que le 9 au matin, nous étions stupéfaits, parce que

27 j'avais sincèrement l'impression qu'on allait ne faire qu'une bouchée de

28 nous.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Karnavas.

2 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Q. Bien sûr, vous n'étiez pas l'un des hommes de confiance de M. Arif

4 Pasalic. Autrement dit, il ne vous confiait pas les conseils militaires ou

5 il ne vous disait pas en avance ce qui allait se passer, ce qu'il

6 planifiait, n'est-ce pas ? Vous pouvez répondre par un oui ou non.

7 R. Non.

8 Q. Même le commandant inférieur à lui ne vous confiait pas exactement ce

9 qu'il planifiait, avait l'intention de dire. Ils ne vous disaient pas :

10 "Ecoute, Monsieur le Médecin, voilà ce que je vais faire," n'est-ce pas ?

11 Ils ne vous le disaient pas.

12 R. A moi, non.

13 Q. Très bien. Exactement. Parlons maintenant de ce groupe électrogène.

14 C'est le dernier point que je souhaite aborder. Si mes souvenirs sont bons,

15 vous avez dit hier, que même avant le conflit vous aviez obtenu ce groupe

16 électrogène, quelque chose allant dans ce sens, n'est-ce pas ? Je pense que

17 ceci se trouve à la page 102. Vous avez dit qu'il y avait un bon samaritain

18 qui vous a procuré ce groupe électrogène. Ou plutôt, il vous avait dit :

19 Voilà. Il y a ce groupe électrogène en haut, là-bas, au cas où vous en

20 auriez besoin.

21 Est-ce que je caractérise votre déposition de manière correcte ? Ceci

22 était avant le conflit. Donc, c'est approprié ?

23 R. Dans une certaine mesure.

24 Q. Allons-y pas à pas.

25 C'était avant le conflit ? Oui ou non ?

26 R. Oui.

27 Q. Très bien. Deuxièmement, ce monsieur, il a fait son apparition et il a

28 dit simplement : "Ceci étant dit, soi dit en passant, il y a un groupe

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1 électrogène." C'était tout à fait inattendu, comme un ange qui arrive et

2 qui dit : Il y a un groupe électrogène au cas où vous en auriez besoin pour

3 de l'électricité. Simplement, il a fait son apparition sans être invité et

4 il vous l'a dit ?

5 R. Il n'a pas dit voici un groupe électrogène au cas où vous en auriez

6 besoin. On a parlé de la situation, ce qui fait que je connaissais. Il a

7 mentionné cela. Ensuite, les gens ont pris connaissance de cela. On a eu

8 une idée, et du coup, on a pris possession de ce groupe électrogène.

9 Q. J'ai peut-être mal compris. Car hier, vous avez dit que cet homme est

10 venu, et tout d'un coup, il vous fait part de cette information, du fait

11 qu'à un certain endroit il se trouve un groupe électrogène que vous

12 pourriez utiliser; est-ce exact ?

13 R. Il était de passage. On a parlé et il m'a dit qu'il y avait

14 effectivement un groupe électrogène.

15 Q. Très bien. Justement, c'est ce que vous avez dit hier, et je pense que

16 je cite ce qui a été dit à la page 1 121 -- correction, 1 291. Vous avez

17 dit au début, même avant le début du conflit, nous avons eu de la chance

18 puisqu'un homme que je ne connaissais pas passait à côté de notre bâtiment

19 par hasard, il m'a rencontré et il a dit : "Est-ce que vous avez un groupe

20 électrogène ?" Comme je l'ai dit, c'était un samaritain, un ange, appelez-

21 le comme vous le voulez. Quelqu'un qui est de passage et qui vous dit

22 pratiquement bonjour est-ce que vous avez besoin -- il vous dit comme les

23 gens disent comment cela va, votre femme, votre enfant, bonjour. Lui, il

24 vous a dit est-ce que vous avez besoin d'un groupe électrogène ?

25 R. Je pense qu'il a d'abord dit bonjour avant de me demander cela, et

26 quelques mots.

27 Q. Très bien. Pouvez-vous nous dire -- quelle était la proximité de la

28 date du 9 mai ?

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1 R. Je ne sais pas exactement. Peut-être un mois avant. C'est possible.

2 Q. D'accord. Peut-être que c'était quelques jours avant. C'est possible

3 aussi.

4 R. Non.

5 Q. Très bien. D'accord. Ce groupe électrogène se trouvait quelque part et

6 vous et les autres vous avez pu vous organiser pour l'apporter là où il est

7 resté à la fin ?

8 R. Oui.

9 Q. D'accord. Très bien. La situation à Mostar même à cette époque-là,

10 disons un mois avant, je n'accepte pas cela vraiment, mais disons que

11 c'était un mois avant. Même à cette époque-là, un groupe électrogène de

12 cette nature-là, grand, capable de produire beaucoup d'électricité, c'était

13 certainement un élément précieux. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi ?

14 Précieux pour le gouvernement local, certainement pour les leaders

15 militaires. Seriez-vous d'accord avec moi là-dessus ?

16 R. Encore une fois je veux dire dans une certaine mesure. Si vous avez des

17 installations normales et qui fonctionnent, vous savez vous n'y

18 réfléchissez pas outre mesure. J'avais l'impression que dans ces

19 conditions-là personne ne réfléchissait trop à la réalité de la guerre.

20 Tout le monde avait l'impression que cela va durer quelques jours. Tout

21 cela va revenir à la normale. Je parle de ce qui se passait à partir de

22 1992 et par la suite. Il n'y a pas de problème. C'est ce qui était

23 problématique dans notre travail et ce qui était bien dans notre métier

24 c'est qu'il y a eu quelques personnes qui réfléchissaient bien, qu'ils

25 avaient de bonnes idées, et s'ils avaient de bonnes idées ils arrivaient à

26 le réaliser, cela c'était notre atout.

27 Q. Si je vous ai bien compris, encore une fois corrigez-moi si je me

28 trompe, apparemment vous êtes ce genre de personne justement, et

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1 apparemment l'armée et le gouvernement local n'allaient pas utiliser ce

2 groupe électrogène car ils avaient beaucoup d'électricité à cette époque,

3 ou au moins suffisamment pour leurs besoins, et cela peut être la raison

4 pour laquelle le groupe électrogène était là-bas tout seul en train

5 d'attendre que quelqu'un comme vous vienne le piquer pour l'apporter à

6 l'hôpital.

7 R. Vous voulez que je réponde ?

8 Q. Oui, c'était une question.

9 R. D'accord. En ce qui concerne ce groupe électrogène en particulier, je

10 pense que le problème était le suivant : il était dans une pièce d'un

11 bâtiment qui est utilisé afin de pomper l'eau pour le système

12 d'approvisionnement en eau de la ville, et personne ne connaissait ce qui

13 était à l'intérieur de ce bâtiment car il était entièrement clos. Donc

14 c'était un coup de chance que de tomber sur quelqu'un qui sait que ce site

15 se trouve à l'intérieur et pour qu'il vous informe.

16 Après il fallait avoir vraiment les moyens techniques appropriés pour

17 transporter cela, car il s'agissait là d'un appareil énorme. Heureusement

18 nous avions un camion, nous avions plusieurs personnes à nous aider. On l'a

19 fait venir. Si je n'avais pas dit allons-y, je suis sûr que l'on n'aurait

20 pas pu le transporter chez nous. Je me souviens très bien que les gens me

21 disaient que je me trompais. Ils me disaient : mais on n'a pas besoin de

22 cela. Puis regarde à quel point c'est grand. Des collègues me disaient cela

23 aussi.

24 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci beaucoup.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : -- des minutes sur cette histoire du groupe

26 électrogène, la question principale à vous poser là-dessus : s'il y a une

27 attaque qui va se préparer, il est logique que les structures militaires

28 envisagent que l'hôpital doit jouer un rôle important pour le traitement

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1 des blessés, et l'autorité militaire doit également penser qu'en cas de

2 coupure d'électricité l'hôpital aura besoin d'un groupe électrogène. Donc

3 dans le cadre d'une préparation d'une attaque, y a-t-il une logique à doter

4 un hôpital d'un groupe électrogène, et votre groupe électrogène est venu

5 avant le 9 mai, est-ce que ce groupe électrogène aurait pu procéder à un

6 plan d'ensemble ? Voilà. Tout est dit par ma question. Quelle est votre

7 réponse ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] En ce qui concerne cette question, je peux

9 vous dire quel est mon opinion là-dessus, voici ce à quoi cela ressemble :

10 s'il n'y avait pas eu deux personnes dans le cadre du service médical qui

11 étaient un peu plus capable de réfléchir de manière logique ou conformément

12 à la situation de la guerre, je ne veux pas dire raisonnement militaire,

13 parce que nous ne sommes pas des soldats, tout ce qui se passait à Mostar

14 aurait été bien plus grave pour la population si ces deux personnes

15 n'avaient pas dit dès 1992 que le corps médical qui à l'époque était dans

16 le camp sud juste à côté du dépôt d'armes et des explosifs, donc à

17 Kiseljak, si je n'avais pas dit que c'était totalement fou, car si un obus

18 tombait sur cette installation nous allions être détruits également. Le

19 commandant a dit : "Et alors, tu as peur ?" Donc vraiment c'est la manière

20 dont les gens réfléchissaient à l'époque. Malheureusement, les soldats sont

21 restés à la surface ou dans les tranchées. Dans les meilleures

22 circonstances, ils étaient dans les tranchées.

23 Le corps médical il a été décidé, a été écarté, donc il a été décidé de

24 placer le corps médical dans la cave de l'institut d'hygiène, et ceci créé

25 un autre grand problème car il fallait avoir l'approbation du commandant et

26 du commandement qui n'étaient pas heureux lorsqu'ils ont entendu dire que

27 nous souhaitions nous déplacer du premier bataillon, donc cela c'était le

28 sort réservé au centre médical. Ici il y avait des entrées différentes.

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1 Vraiment nous avions des problèmes. Il était difficile pour nous de

2 réaliser les idées logiques. A l'époque je pensais et je pensais tout au

3 long qu'il revenait aux structures militaires de réagir et de réfléchir de

4 manière logique. Pour la plupart des gens ils ne pensaient pas de manière

5 logique en 1992 et 1993. Même le 9 mai.

6 Nous ne recevions pas d'aide des militaires ni de la défense civile, par

7 exemple, pour placer les sacs de sable sur les fenêtres de l'institut

8 d'hygiène. Cela s'est fait pendant quatre jours avec l'aide de mon

9 technicien. Personne ne nous a aidés.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce groupe électrogène est venu là, d'après vous,

11 sans qu'il soit intégré à votre connaissance dans un plan d'ensemble ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ceci ne faisait pas du tout partie d'un

13 plan d'ensemble. S'il y avait un plan d'ensemble, pour eux ceci aurait été

14 une circonstance heureuse pour eux si c'étaient des gens qui planifiaient

15 quelque chose.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, combien vous faut-il encore de

17 temps ?

18 M. KARNAVAS : [interprétation] Juste quelques questions encore, Monsieur le

19 Président.

20 Q. Si j'ai bien compris, autour du 30 juin 1993, il y a eu une coupure

21 d'électricité du côté est, autour de cette période-là ?

22 R. Avec votre permission, je souhaite dire que c'était approximativement

23 autour de cette date peut-être. Mais le 30 juin, il y avait encore de

24 l'électricité. Je me souviens de cette date-là car il y avait beaucoup

25 d'activités qui se déroulaient.

26 Q. Très bien. Tout à l'heure, là je vais enchaîner sur la dernière

27 question posée par le Président de la Chambre, apparemment vous avez émis

28 des opinions concernant la logique militaire, alors que vous vous aviez

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1 reçu une formation de médecin; est-ce exact ?

2 R. Non. Permettez-moi de vous répondre. Il ne s'agissait pas de la logique

3 militaire, mais la logique de guerre. A mon avis, j'ai parlé de la logique

4 de guerre, non pas de la logique militaire. Vous savez je ne suis pas un

5 expert en guerre, mais je regarde les films de guerre.

6 Q. Très bien. Mais en écoutant votre réponse, vous n'accusez personne

7 d'avoir utilisé la logique, d'avoir fait preuve de la logique. Autrement

8 dit, d'après ce que vous voyiez, des choses illogiques se déroulaient.

9 R. Oui.

10 Q. Donc parfois vous fondez vos opinions sur cette logique défaillante, et

11 peut-être vous donnez du mérite aux gens qui étaient logiques. Je ne sais

12 pas si vous voyez où je veux en venir.

13 R. Est-ce que vous pouvez reprendre, car je n'ai pas vraiment pu bien

14 suivre la phrase dans la traduction.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, veuillez reprendre votre question

16 parce que c'est assez compliqué. Moi-même j'étais un peu perdu. Alors je

17 sais que vous allez la reformuler.

18 M. KARNAVAS : [interprétation] Je vais la simplifier.

19 Q. Apparemment, Monsieur, vous considérez que personne au sein des

20 structures militaires ont du mérite, car à votre avis ils appliquent la

21 logique dans le cadre de leur décision. Donc vous, puisque vous avez un

22 raisonnement clair et logique, avant de faire quelque chose vous considérez

23 qu'eux ils ont agi ainsi lorsqu'ils effectuaient leurs activités ?

24 R. D'après la manière dont j'ai compris la question, je dirais non. Car

25 mon opinion de base à l'époque et aujourd'hui encore concernant les

26 événements militaires et les idées directrices pour ainsi dire militaires,

27 car je ne connais pas le bon terme, qu'elles étaient illogiques, inutiles,

28 absurdes et même stupides parfois, au moins du point de vue de mon service,

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1 service médical.

2 Q. Exactement, c'est ce que je souhaitais établir avec vous, car je vous

3 ai demandé, je vous ai dit que vous, peut-être vous auriez dû faire le jeu

4 de la devinette pour deviner quelle était la logique derrière leurs

5 agissements et leurs décisions. N'est-ce pas ce que l'on est en train de

6 dire maintenant ici ?

7 R. Vous savez les choses ressemblent à ce que j'ai dit du point de vue de

8 mon service, service médical, les choses ne se déroulaient pas suffisamment

9 bien. Pourquoi ? Parce que je pense qu'ils n'utilisaient pas leur tête pour

10 réfléchir comme il fallait. Personne ne nous a jamais rien demandé. Je

11 suppose que nous, nous connaissons notre partie du travail. S'agissant de

12 notre partie du travail, il fallait demander notre avis. Mais on était pris

13 pour de l'argent comptant, comme si on était suffisamment nombreux, comme

14 s'ils allaient trouver d'autres médecins, peu importe, un médecin peut

15 toujours être remplacé par un autre. C'est ce qui me dérangeait toujours.

16 Vous savez ceci n'a jamais été relevé à un très niveau d'un service avec

17 une subordination. On sait qui est la personne principale que tout le monde

18 veut écouter et qui est vraiment un expert dans ce domaine. Ce n'était pas

19 vraiment le cas.

20 Vous savez, mon chef c'était mon collègue qui avait le même niveau

21 que moi. A mon avis, il n'avait pas terminé une école militaire. Il n'avait

22 pas de connaissance militaire. Personnellement, je ne le crois pas.

23 Q. Sur la base de votre dernière réponse, apparemment le commandement

24 était plutôt indifférent par rapport aux conditions dans lesquelles les

25 médecins militaires, tels que vous, travaillaient apparemment. Ils auraient

26 dû vous écouter plus souvent et demander votre conseil.

27 R. Oui. Ils étaient indifférents. Justement, jusqu'au 9 mai, ils étaient

28 totalement indifférents, comme si nous n'existions pas. A partir du 9 mai,

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1 la situation était tellement complexe, tellement difficile, tellement

2 dangereuse que ce qui était la chose principale c'était de savoir si vous

3 partez quelque part, si vous allez arriver vivant ou pas. Sinon vous

4 terminerez en tant que patient ou personne agonisante à l'hôpital. C'est

5 seulement à partir de ce moment-là que les gens ont commencé à comprendre

6 que c'était l'endroit principal de la ville. Cela dit, c'était l'une des

7 rares caves du côté est de la ville où il était possible de saboter.

8 Q. Merci beaucoup, Monsieur, d'être venu déposer ici. Je vous remercie.

9 R. Je vous remercie.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Il reste 10 minutes avant la pause. Qui veut

11 commencer pour 10 minutes et on continuera après la pause.

12 Maître Nozica, commencez.

13 Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais

14 commencer, puis je vais continuer après, merci.

15 Contre-interrogatoire par Mme Nozica :

16 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

17 R. Bonjour.

18 Q. Je vais vous poser simplement une question qui concerne dans une

19 certaine mesure les questions posées par mon collègue, ensuite nous allons

20 parler des questions liées à votre métier plus directement. Est-ce que vous

21 pouvez nous dire avant le conflit, avant le 9 mai, s'agissant de l'hôpital

22 de guerre où est-ce qu'il se trouvait et à quel moment est-ce que le

23 bâtiment a été trouvé équiper de la manière conforme à ce que vous nous

24 avez dit ? Est-ce que vous pouvez nous dire combien de temps avant le 9 mai

25 est-ce que ceci a commencé à fonctionner ?

26 R. Je vais vous dire la chose la plus importante, s'agissant de mon

27 hôpital --

28 Q. Vous savez, Monsieur Rajkov, j'ai très peu de temps. Donc je vous

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1 suggérerais quelque chose.

2 Vous avez dit que c'était à peu près un mois avant le conflit. Est-ce que

3 vous êtes d'accord ?

4 R. Je suis d'accord, mais en même temps ce n'est pas une réponse tout à

5 fait complète. J'anticipe bien votre question suivante.

6 Q. N'anticipez pas. Je ne vous demanderais rien d'autre. Vous savez, il

7 est nécessaire que l'on procède à une pause entre les questions et les

8 réponses afin que l'on ne nous avertisse pas du point de vue des

9 interprètes, du point de vue aussi des Juges de la Chambre et de toutes les

10 personnes qui ne comprennent pas notre langue. Donc vous savez moi-même je

11 parle un peu vite et vous aussi, mais veuillez faire une petite pause après

12 ma question, s'il vous plaît.

13 Hier, en répondant aux questions des Juges, vous avez dit que votre

14 position n'était pas élevée mais plutôt basse, que vous n'aviez pas de

15 contact avec les médecins du HVO ni avec l'hôpital de guerre du HVO à

16 Mostar. Est-ce que j'ai raison de dire cela ? Je vais vous demander

17 d'examiner certains documents concernant l'acheminement de l'aide. Vous

18 avez dit, oui, tout à l'heure mais la réponse était inaudible. Vous avez

19 dit oui, n'est-ce pas ?

20 R. Oui, j'ai répondu oui à la question précédente lorsque vous avez

21 demandé si ma position était peu élevée et si je n'avais pas de contact

22 avec les médecins de l'autre côté, la réponse est oui.

23 Q. Je vais vous demander d'examiner certains documents, nous allons

24 faire ceci avant la pause, en ce qui concerne l'approvisionnement en

25 médicaments au HVO, au fait que le HVO fournissait des médicaments à l'ABiH

26 à Mostar. Peut-être vous vous souviendrez de certains de ces médicaments et

27 la situation ?

28 R. Regardons.

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1 Q. Est-ce que l'on peut placer devant le témoin le document 2D 00320 et le

2 lot documents préparés en avance.

3 Mme EGELS : [interprétation] Excusez-moi, nous avons reçu la liste, mais

4 nous venons de recevoir le document. Donc nous ne les avons pas tous. Je me

5 demande si vous pourriez nous fournir un exemplaire de plus de ces

6 documents.

7 Mme NOZICA : [interprétation] Vous avez non pas de support papier. Nous

8 avons compris que nous avions l'obligation de vous fournir les documents

9 sous forme électronique. C'est ce que nous avons dit. Je m'excuse. Nous

10 avons préparé cela --

11 M. LE JUGE ANTONETTI : Par courtoisie, vous auriez pu faire un lot pour

12 l'Accusation. Quand eux ils vous font des documents, ils vous en donnent

13 également une copie. Pour respecter l'équilibre, je vais leur donner mon

14 document.

15 Mme NOZICA : [interprétation] Ce n'est pas la peine, Monsieur le Président.

16 Je vais leur remettre mon exemplaire.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Allez-y.

18 Mme NOZICA : [interprétation] Mais je dois vous informer, puisqu'on me dit

19 que j'ai fait preuve du manque de courtoisie, que la plupart des membres

20 des équipes de la Défense font cela sous forme électronique. C'est ce que

21 nous avons pratiqué jusqu'à présent, et c'est ce que nous avons fait à

22 présent. Donc, il s'agit du document 00320.

23 Q. Vous voyez, Monsieur, il s'agit d'un ordre. Je pense que nous avons

24 tous cet ordre. C'est un ordre émanant de Gveric; est-ce que vous l'avez

25 vu ?

26 R. Oui.

27 Q. Regardons. La date est celle du 7 juin 1993. Le dépôt central des

28 médicaments du commandement principal du HVO donne l'ordre pour que les

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1 médicaments soient envoyés suite à la demande de l'ABiH et il est écrit que

2 la signification est en annexe, et les médicaments doivent être fournis

3 dans l'espace de sept jours, n'est-ce pas ?

4 R. Oui. Deux mots qui sont écrits l'un sur l'autre.

5 Q. Puis, nous allons voir maintenant l'analyse des médicaments. Peut-être

6 vous reconnaîtrez cela mieux. Il s'agit du document 2D 00321.

7 Mme NOZICA : [interprétation] On vient de m'indiquer que le prétoire

8 électronique ne fonctionne pas du tout. Je ne sais pas si ceci pose

9 problème, mais je continue en raison du temps, puisque maintenant le témoin

10 et les Juges et l'Accusation ont le document. Donc c'est le document 00321.

11 Q. L'avez-vous trouvé ?

12 R. Oui.

13 Q. C'est la spécification en date du 8 juin. C'est l'hôpital de guerre du

14 HVO de Mostar, le dépôt central de la HZ HB, et maintenant, nous avons

15 cette fourniture de médicaments qui est préparée pour l'ABiH. Est-ce que

16 vous vous souvenez que ceci s'est passé approximativement autour de la date

17 indiquée et que peut-être vous avez reçu cette fourniture de médicaments

18 après cette date-là ? Vous voyez qu'il s'agit de ceci dans les documents et

19 vous allez comprendre cela mieux que je ne le comprends.

20 R. Oui. Je me souviens et je me souviens d'un tel papier.

21 Q. Monsieur, vous avez dit et je répète, vous avez dit que vous étiez à un

22 niveau peu élevé et que vous n'étiez pas en contact avec eux. Je vous

23 demande si vous vous souvenez si pendant cette période l'hôpital avait reçu

24 une telle quantité de médicaments de ce genre ? Je ne demande pas si vous

25 avez vu le papier, le document.

26 R. Je vous ai mal compris. Vous savez, si je trouve quelque chose de

27 précis que j'ai vu de mes propres yeux à l'époque, je pourrais le conclure.

28 Q. Vous pouvez regarder.

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1 R. Très bien. Je vais regarder. Je regarde. Je ne peux rien vous garantir,

2 car je ne vois aucun médicament précis que je pourrais reconnaître

3 immédiatement. Il s'agit effectivement des médicaments habituels. On

4 commence par les antibiotiques et ainsi de suite. On termine avec Canesten

5 et crème gynécologique. Je ne vois pas qu'il s'agit d'une grande quantité,

6 car s'il s'agit des boîtes de médicaments. Vous savez, ce n'est pas une

7 grande quantité. Je ne sais pas. Je ne saurais vous dire ni oui ni non. Il

8 y a eu ce genre de médicaments qui circulaient et qui étaient utilisés dans

9 l'hôpital et les dispensaires.

10 Mme NOZICA : [interprétation] Je demande aux Juges de procéder à une pause.

11 Puisque le prétoire électronique ne fonctionne pas, peut-être que cela peut

12 être remédié pendant la pause.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous reprendrons dans 20 minutes.

14 --- L'audience est suspendue à 17 heures 15.

15 --- L'audience est reprise à 17 heures 35.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Nozica, les interprètes vous demandent

17 d'aller plus lentement parce qu'ils ont du mal à vous suivre.

18 Mme NOZICA : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

19 Q. Oui. Je vais ajouter que le problème se corsait, parce qu'il y avait

20 souvent chevauchement entre questions et réponses.

21 Avant la pause, nous avons examiné un document qui est toujours à l'écran.

22 Il s'agit d'une liste de médicaments. Nous avons la date du 8 juin 1993.

23 Est-ce que vous saviez que quelqu'un du commandement du

24 4e Corps, vers ces dates, avait demandé au corps médical du HVO des

25 services, une assistance médicale, à commencer par des médicaments, du

26 transport ou ce genre de chose. Est-ce que vous étiez au courant de cela ?

27 R. Personnellement, je n'ai jamais entendu parler de ce genre de chose.

28 Mme NOZICA : [interprétation] Examinons maintenant le document 2D 00322.

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1 Q. Est-ce que vous avez pu le trouver ?

2 R. Oui.

3 Q. Nous le voyons. C'est en fait une demande faite par le commandement du

4 4e Corps le 9 juin. C'est bien cela ?

5 R. Oui. C'est ce que l'en-tête dit.

6 Q. La signature est celle de M. Arif Pasalic. Cela ne fait pas de doute,

7 n'est-ce pas, ou est-ce que quelqu'un a signé en son nom et son nom est

8 dactylographié ?

9 R. Oui.

10 Q. Merci.

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. Examinons certains éléments importants de cette demande. Je vais en

13 donner lecture. Je le précise pour le compte rendu d'audience. C'est une

14 demande. Il est dit dans la première phrase, faites attention, Monsieur le

15 Témoin : "Etant donné que vous avez annoncé par les moyens d'information

16 publics qu'il y aurait coopération médicale et assistance portée aux

17 malades et aux blessés, nous vous présentons la demande suivante."

18 Première question : à l'époque, avez-vous entendu dire que le corps médical

19 du HVO s'était servi des moyens d'information publics, des médias, pour

20 annoncer qu'il était prêt à porter aide aux malades et aux blessés du côté

21 est ?

22 R. La seule chose qui s'est peut-être passée, c'était peut-être par la

23 radio. J'ai bien écouté la radio, mais je n'ai rien entendu de ce genre.

24 Q. Avez-vous une raison quelconque de douter que M. Arif Pasalic aurait

25 envoyé cette demande à partir de l'annonce qui avait été faite dans les

26 médias quelles que soient les sources de cette annonce pour lui à

27 l'époque ?

28 R. Si c'était bien le cas, ce serait un acte raisonnable parce que c'était

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1 un objectif humanitaire -- et toute action était bienvenue, et si vous me

2 posez la question à moi, j'aurais fait la même chose.

3 Q. Lorsque nous parlons de chose raisonnable ou d'irraisonnable, est-ce

4 que vous parlez des raisons qu'avait le corps médical du HVO ou est-ce que

5 vous parlez du raisonnement de M. Arif Pasalic qui a accepté ce genre

6 d'assistance par le biais de cette lettre. A qui pensez-vous ?

7 R. Si ce que nous avons sous les yeux est conforme à la vérité, bien, les

8 deux choses seraient raisonnables.

9 Q. Voyons maintenant ce qu'on a demandé ici dans cette lettre. Au chiffre

10 1 on lit ceci : "Veuillez à assurer promptement un passage libre et garanti

11 ou des changements de relève pour les équipes médicales bénévoles avec la

12 protection du CICR et de la FORPRONU." Est-ce exact ?

13 Deuxième point je ne veux pas tout parcourir puisque vous avez le document

14 sous les yeux vous pourrez le lire, vous pourrez lire vous-même ce que je

15 ne donne pas ici pour le compte rendu d'audience. Point 2 : "Nous vous

16 demandons de fournir une liste de médicaments et de produits médicaux."

17 Troisième point de la demande : "Etant donné que nous avons une ambulance,

18 nous vous prions de bien vouloir nous fournir deux ambulances ou de nous

19 restituer le véhicule diesel de marque Mercedes ce qui nous a été

20 confisqué."

21 R. Oui. Je ris parce que je connais parfaitement le véhicule, la Mercedes

22 dont il est question ici. Il y avait une plaque minéralogique de Mostar.

23 Q. Est-ce que vous avez des doutes quant au fait que ce ne serait pas un

24 document de Mostar ?

25 R. J'attends l'interprétation. On dit Mostar. Je suppose que c'est bien le

26 cas, mais je ne fais que le supposer. Je ne peux que le supposer ceci

27 concerne Mostar. Je le sais bien. Il se fait que je suis au courant de la

28 Mercedes. Je sais quand elle nous a été confisquée.

Page 12998

1 Q. Je voudrais simplement vous rappeler de bien vouloir regarder qui est

2 le destinataire de cette lettre. On voit le QG médical du HVO pour

3 l'hôpital de guerre de Mostar. Donc c'était bien à Mostar, n'est-ce pas ?

4 R. Oui, le corps médical du HVO, c'était logique qu'il soit à Mostar, mais

5 pour ce qui est de l'hôpital de guerre du HVO c'est l'hôpital qu'on appelle

6 l'hôpital Safet Mujic, il a été transformé en hôpital de guerre de Mostar

7 début 1992.

8 Q. Il était à Mostar ?

9 R. Oui.

10 Q. Regardons la réponse fournie par le chef du corps médical, le document

11 porte la date du 11 juin.

12 Mme NOZICA : [interprétation] Il s'agit du document 2D 00323.

13 Q. Vous l'avez trouvé ? Nous allons l'examiner ensemble. La cote c'est

14 3223.

15 R. Oui.

16 Q. On voit ici de nouveau, département de la défense du corps médical, la

17 réponse est datée du 11 juin. Elle dit ceci : "En ce qui concerne la

18 demande présentée par le commandement du 4e Corps," on fait référence au

19 document précédent, "nous avons le devoir d'apporter réponse et s'agissant

20 de la liste des médicaments et des équipements médicaux on est en train de

21 préparer une liste. Ces équipements et ces produits sont prêts et devraient

22 être fournis avec l'aide de la FORPRONU à la rive gauche. S'agissant de la

23 demande que vous avez faite pour obtenir les ambulances, nous devons vous

24 rappeler que pendant l'agression perpétrée sur la ville de Mostar vous avez

25 détruit 19 ambulances, vous avez blessé six chauffeurs et vous en avez tué

26 un. Nous ne pouvons pas faire suite à votre demande même si nous aimerions

27 le faire, car nous-mêmes nous n'avons pas suffisamment de véhicules."

28 Un peu plus loin il est fait une offre. J'aimerais savoir si vous avez eu

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1 connaissance à cette offre. C'est important. D'abord, on parle d'une équipe

2 de médecin -- de spécialistes que vous demandiez. Nous devons vous informer

3 a-t-il dit qu'il n'y a pas de bénévole parmi le personnel musulman.

4 Regardez la phrase suivante : "Etant donné que les conditions de soin à

5 apporter aux civils et aux soldats d'un autre côté sont bien meilleurs que

6 les nôtres -- par la présente, nous vous demandons pour la énième fois

7 d'envoyer tous vos malades et tous vos blessés à l'hôpital de guerre du HVO

8 où ils pourront bénéficier du même traitement que nos soldats conformément

9 au serment d'Hippocrate et à l'étique médicale. L'état-major principal,

10 l'état-major du corps médical du HVO et moi-même vous garantissons que ces

11 différents services vous seront assurés."

12 Monsieur Rajkov, n'avez-vous jamais entendu dire qu'une telle proposition

13 avait été faite à votre hôpital ? Quand je dis "votre hôpital", je parle

14 aussi de toutes les autres installations qui existaient. Est-ce que vous

15 n'avez jamais eu vent d'une telle proposition ?

16 R. Vous voulez dire qu'il y aurait été faite à notre hôpital à nos

17 patients, non. Pas à moi. Si vous -- en disant si vous dites mon hôpital

18 vous pensez aussi à mes collègues, à nos patients. Est-ce qu'on n'en avait

19 jamais entendu parler ? Est-ce que nos patients en ont jamais entendu

20 parler ? Je réponds par la négative.

21 Q. Bien entendu, vous pourrez répondre pour vous-même mais est-ce que vous

22 êtes sûr que l'administrateur en chef de l'hôpital n'a pas reçu cette

23 offre ?

24 R. Je ne peux pas parler en son nom. Je n'ai jamais parlé de ce genre de

25 chose avec lui, même la moindre bribe de cette offre. Le transfert éventuel

26 n'aurait jamais été formulé, jamais de sa bouche. On n'a jamais discuté de

27 ce genre de chose. Jamais nous n'avons discuté de ce genre de chose.

28 Q. Vu votre réponse je peux conclure que vous ne saviez pas que le 4e

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1 Corps avait envoyé une demande pour obtenir des médicaments. Vous nous avez

2 également dit que les quantités de médicaments qui étaient arrivés -- vous

3 ne le saviez pas que ces quantités n'étaient peut-être jamais venues du

4 côté ouest de Mostar. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire

5 que tout ce qui est arrivé s'agissant de fournitures médicales que tout

6 ceci est venu avec l'aide organisation internationale ? Est-ce que ce

7 serait exact de le dire ?

8 R. Pour ce qui est de ce que nous avons reçu en fournitures médicales, en

9 médicaments, la plupart venait ou par des organisations médicales

10 internationales et soit que cela ait été fait délibérément ou par accident.

11 Il est arrivé une fois, par exemple, qu'un camion s'arrête devant le

12 bâtiment et tout ce qui était prévu pour Jablanica, en tout cas, qu'un

13 tiers de cela nous a été donné. Le reste des fournitures médicales venait

14 de civils, venait des ruines. Tout ce qui était d'ordre médical se

15 retrouvait à l'hôpital. Où voulez-vous que cela arrive autrement ?

16 Q. Mais regardez, cela marche bien avec les pauses. Les interprètes n'ont

17 plus de problème. Alors, je ne sais pas maintenant si j'aurai du mal à

18 finir à vous poser toutes les questions que je voulais vous poser. Vous

19 savez pourquoi je vous pose cette question. Dans un des documents, et la

20 Chambre a entendu plusieurs témoins. Il s'agissait notamment des

21 observateurs disons (expurgé)

22 (expurgé)

23 Je n'en parlerai pas, mais effectivement, tout ceci est venu sous forme

24 d'aide.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, faites-moi une ordonnance pour

26 enlever la ligne 7 de la page 79.

27 Mme NOZICA : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Je

28 pensais que ceci ne risquait pas de dévoiler l'identité de ces témoins,

Page 13001

1 puisque je n'ai pas donné de noms précis.

2 Q. Est-ce que nous avons des informations montrant qu'il y a certaine

3 quantité de médicaments qui avait été apportée ? Du sang aussi, en plus de

4 médicaments ? Ce que j'essaie de dire, c'est que vous ne deviez pas

5 forcément savoir que ce qu'apportaient les organisations internationales

6 venait de la rive ouest; est-ce exact ?

7 R. Oui. C'est exact. Je ne peux pas savoir d'où exactement ceci était

8 parti et par quel chemin c'est passé.

9 Q. Merci. Est-ce que nous pouvons examiner deux autres documents, pour

10 parler précisément de ce point ? Ce sont de nouveau des listes de

11 médicaments, 2D 00325.

12 Dites-moi quand vous aurez trouvé ce document. Inutile d'attendre le

13 système du prétoire électronique.

14 R. Oui.

15 Q. Nous sommes là le 15 mai 1993. Hôpital de guerre du HVO à Mostar.

16 Entrepôt central des fournitures médicales, expéditions à destination de

17 l'ABiH. Il s'est passé quelque chose de particulier, mais je vais vous

18 demander si vous vous souvenez qu'il y avait des pénuries à l'époque. Est-

19 ce que vous vous souvenez avoir reçu ce genre de médicaments de qui que ce

20 soit, à l'époque ? Est-ce que vous vous souvenez de cela ou de quelque

21 chose d'analogue ? Je vois ici 100 unités -- 100 unités. Oui, peut-être que

22 vous vous souvenez de cela ?

23 R. Je ne sais pas si on fait référence à ce qu'on appelait, nous, les

24 Brauneles [phon], c'est rien de spécial. C'est plutôt -- si c'était un

25 dispositif, un instrument, oui, je pourrais le deviner, mais je dois

26 répéter ce que j'ai dit. Désolé de ne pas pouvoir vous aider, mais il n'y a

27 rien qui soit à ce point spécial que je puisse me rappeler que c'est

28 précisément ce que j'ai vu.

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1 Q. Merci. Vous n'êtes pas ici pour m'aider, mais pour aider à la

2 manifestation de la vérité. Oui, d'accord. Nous avons des témoins qui

3 pourront confirmer ce dont vous ne vous souvenez pas vous. Mais je vous

4 pose simplement la question. Notamment, à l'aide du document 2D 00328.

5 Monsieur Rajkov, vous le savez, hier, deux Juges de la Chambre vous ont

6 demandé si ce genre de coopération existait, s'il y avait eu une

7 intervention, une contribution du côté croate au moment du conflit. Puisque

8 nous avons des documents, nous essayons de vous raviver des souvenirs pour

9 voir si vous vous souvenez de cela. Je ne veux exercer aucune pression sur

10 vous. Est-ce que vous avez trouvé ce document ?

11 R. Oui.

12 Q. Je reviens à ce que je disais il y a un instant. Comment cela s'est

13 passé ? Est-ce que ceci a été confirmé ? Dites-moi si vous vous souvenez de

14 ceci ? Il s'agit ici de sang. Après tout, il s'agit du 25 septembre. Vous

15 voyez, voici ce qui est dit ici. C'est passé par le HCR, vous vous en

16 souvenez à peu près ?

17 R. Je peux vous dire pourquoi je ne m'en souviens pas. C'est parce que,

18 même si cela vous semble bizarre, j'avais trop de travail pour aller aussi

19 souvent que cela à l'étage, où il y aurait eu supposément service de

20 perfusion, de transfusion, parce que -- Je dis "supposément," parce qu'en

21 fait, c'est un peu donnant-donnant. J'y allais souvent, mais pour ce qui

22 est du sang utilisé de façon thérapeutique, disons, dans cet hôpital, il

23 n'y avait qu'un médecin qui avait cette responsabilité-là. C'était le seul

24 professionnel parmi nous à l'époque, parce que nous autres, nous étions des

25 généralistes. Il y avait un dentiste et nous n'aurions pas osé faire les

26 choses comme cela. Il n'y avait qu'une personne qui était au courant de

27 cela et il s'agit du chef de l'hôpital, mon chef à l'époque, le Dr

28 Miljevic, qui était le responsable et c'est la seule personne qui peut se

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1 souvenir de ce genre de chose. Je n'ai aucune connaissance à ce propos. Il

2 était anesthésiste.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Hier, je vous ai posé la question. Quand je pose des

4 questions, je n'ai pas besoin de documents parce que je vais au cœur même

5 du problème, et quand je vous ai demandé s'il y avait une coopération, vous

6 m'avez dit qu'à votre niveau, vous n'en saviez rien. Je vous ai même posé,

7 sans connaître les documents, comme je vous l'ai dit, je n'ai pas besoin de

8 documents, pour poser mes questions. Je vous ai demandé concernant les

9 transfusions de sang, est-ce que vous aviez des problèmes. Vous nous avez

10 expliqué ce que vous faisiez, tout en sachant que lorsqu'on fait une

11 opération, parfois, il y a besoin du sang.

12 Là, il y a un document, mais qui est du mois de septembre, alors que la

13 période cruciale était après le 9 mai. Là, d'après ce document, le HCR

14 reçoit donc des lots de sang et apparemment, c'est pour votre hôpital. Là,

15 vous dites, vous ne saviez pas. "Je ne savais pas que cela avait fait HVO,

16 secteur médical, HCR et mon hôpital." Donc, quand vous étiez au bloc

17 opératoire et que vous aviez besoin pour les transfusions de sang, en

18 quelque sorte vous ne saviez pas d'où venait le sang ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. En fait, je ne savais pas d'où venait le

20 sang. Il venait surtout de ce qui était supposé être nos services de

21 transfusion, une petite pièce. D'où il venait --

22 M. LE JUGE ANTONETTI : -- pourtant, cela a produit un morceau du document

23 qui établit, apparemment, que le HVO a fourni à votre unité médicale, du

24 sang, du matériel, des gants, des masques, des canules, des antibiotiques,

25 et cetera, et cetera. Alors est-ce que la révélation que vous avez de ces

26 documents, quelle est votre conclusion ? On peut passer à un autre sujet,

27 parce qu'on ne va pas là aussi rester des heures là-dessus. Quelle est

28 votre conclusion ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous me demandez une conclusion à partir de

2 ce qui m'a été présenté aujourd'hui et que je suppose être vrai, je suppose

3 que ce ne sont pas seulement des tentatives qui ont été faites. Ce sont

4 peut-être des documents qui montrent des intentions, mais elles ne se sont

5 pas nécessairement matérialisées. Ce que je peux dire, c'est tant mieux,

6 tant mieux, bravo. Mais il s'agit de cinq poches de sang. AB +, B+. Cinq,

7 cinq poches. Cinq doses. Alors, c'était peut-être pour deux patients. Est-

8 ce qu'il y en a eu plus, quelles sont les quantités, je ne sais pas. Je

9 n'ai pas les documents sous les yeux. Pour ce qui est de ce que j'ai vu

10 auparavant, cela ne représente pas beaucoup. Un hôpital qui a tellement de

11 patients utilise beaucoup de sang.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : -- les médecins internationaux qui vous assistaient,

13 les Espagnols, et cetera. Eux, dans leur fonction de médecins divers, ils

14 pouvaient aussi avoir des sources d'approvisionnement ? Je présume que

15 Médecins sans frontières, qui est dans votre hôpital, s'il a un problème,

16 il peut quand même avoir du ravitaillement. Est-ce que le corps médical

17 étranger a été dans ce cours et d'une aide précieuse pour vous ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] S'ils entendent cela je n'aimerais pas qu'ils

19 soient insultés. Mais je vais dire que principalement, c'était une main

20 d'œuvre car nous étions nombreux et puis aussi s'agissant de certaines

21 spécialités qui nous faisaient défaut, comme par exemple,

22 l'anesthésiologie. Puis, s'agissant des matériels et des équipements

23 qu'eux, d'après ce que j'ai pu remarquer ne pouvaient pas transporter en

24 quantité suffisante. Je ne sais pas pourquoi. J'ai l'impression qu'ils

25 n'avaient pas le droit de porter avec eux plus de matériel que ce qui peut

26 être contenu dans un sac. Ils apportaient à, par exemple, des échantillons

27 pour ainsi dire, mais vous savez les médecins ne venaient jamais avec une

28 grosse quantité de médicament. Mais chacun essayait de venir avec quelque

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1 chose sur la base des informations qu'il avait reçues auparavant par

2 rapport à ce qui faisait défaut ou allait faire défaut.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Si vous pouvez peut-être passer à un autre sujet

4 parce qu'il y a peut-être d'autre sujet intéressant, également.

5 Mme NOZICA : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président. C'est ce

6 que j'avais préparé justement puisque nous n'avons pas beaucoup de temps.

7 Puisque le témoin a dit qu'il s'agissait des quantités peu importantes mais

8 dans si peu de temps nous ne pouvons pas parcourir tout le document mais

9 nous le ferons une autre fois.

10 Q. Je souhaite maintenant aborder un autre sujet au sujet de quelque chose

11 dont vous ne savez rien, c'est ce que vous avez dit, que vous ne savez rien

12 au sujet de la coopération entre les deux mais peut-être j'arriverais à

13 vous rafraîchir la mémoire, peut-être certains exemples de la coopération

14 vous reviendront à l'esprit. Est-ce qu'il serait possible de trouver dans

15 le lot que je vous ai remis le document 3D 00319 ?

16 R. 329 ?

17 Q. 319. L'avez-vous trouvé ?

18 R. Je dois revenir en arrière.

19 Q. Oui, c'est au début. Vous l'avez maintenant devant vous.

20 C'est un document bref, il s'agit de la date du 6 mai, n'est-ce pas, c'est

21 une date assez importante. Etiez-vous au courant, étiez-vous en contact

22 avec l'hôpital de guerre à Jablanica, aviez-vous un quelconque contact avec

23 eux ?

24 R. Vous parlez de quelle période ?

25 Q. Du document -- de la période mentionnée dans ce document, à savoir le 6

26 mai 1993.

27 R. Le 6 mai 1993, officiellement non. Nous qui étions dans l'institut

28 d'hygiène nous on n'a même pas de contact avec l'hôpital de Jablanica. Mais

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1 moi personnellement, je connais des médecins qui étaient de service à

2 Jablanica pendant cette période, qu'ils y allaient et effectuaient des

3 roulements, qui restaient pendant un certain temps. Cela je le sais

4 personnellement.

5 Q. Est-ce que vous savez encore, s'agissant de la même période, qui était

6 M. Ivan Bagaric ?

7 R. Non.

8 Q. Ce document était signé de la part de lui en tant adjoint du chef du

9 département de la Défense, secteur de la santé.

10 R. Oui, c'est ce qui est écrit.

11 Q. C'est pour cela que je suis étonnée que vous ne le savez pas qui c'est

12 mais dans ce document vous pouvez le voir, il y est justement question du

13 fait que l'équipe chirurgicale suivante est nommée pour travailler à

14 l'hôpital de guerre de Jablanica. Il y a quatre noms, puis il est dit que

15 l'équipe va remplacer l'équipe chirurgicale qui travaillait à l'hôpital de

16 guerre de Jablanica et qui rentre dans l'hôpital de guerre régional de

17 Mostar. Puis nous avons trois autres noms. Est-ce que vous connaissiez ces

18 médecins, est-ce que vous saviez que justement c'est ainsi que ces médecins

19 là se relayaient ?

20 R. S'agissant de Jablanica, oui, je le savais. Il y avait trois quatre

21 personnes par équipe. Je sais que le Dr Hajdarevic et Dr Saric étaient à

22 Jablanica à cette époque-là. Ils y sont restés pendant la guerre.

23 Q. Peut-on maintenant examiner le document 2D 00333.

24 R. 333, vert ou bleu.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Nozica, eu égard au premier, le document dont

26 on vient de parler sur l'équipe de Jablanica qui va être transférée à

27 l'hôpital régional, l'hôpital de guerre régional de Mostar. L'hôpital

28 régional de Mostar, c'est l'hôpital du HVO ou de l'ABiH ?

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1 Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si la

2 traduction que j'ai entendue est la bonne, mais ici il est dit de l'hôpital

3 de guerre de Mostar. Je pensais que c'était évident, puisque cela a été

4 signé par l'adjoint du chef du département de la Santé du HVO, M. Ivan

5 Bagaric. Donc, cette équipe est allée de l'hôpital de guerre à Jablanica

6 afin d'y remplacer les médecins de l'hôpital du HVO de Mostar. Encore une

7 fois, il s'agit des gens qui

8 --

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Par rapport au témoin qui lui appartient à l'ABiH.

10 Si le document disait ces médecins vont dans l'hôpital de guerre de l'ABiH,

11 là j'aurais compris, mais apparemment, j'ai l'impression que ce sont des

12 médecins qui travaillent uniquement pour le HVO. Alors quel est l'intérêt ?

13 Mme NOZICA : [interprétation] Le problème de ma question est lié à

14 l'interprétation que vous recevez, car deux fois déjà j'ai dit que

15 l'hôpital de guerre de Jablanica est l'hôpital de l'ABiH. C'est ce que j'ai

16 dit au témoin et le témoin l'a confirmé.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je intervenir ?

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, s'il vous plaît --

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Quel était le numéro du document ?

20 Mme NOZICA : [interprétation]

21 Q. 2D 00319.

22 R. A cette époque-là, au moment où le Dr Taslaman ou le

23 Dr Safet Omerovic a été nommé pour remplacer l'équipe chirurgicale qui

24 travaillait à l'époque à Jablanica, à savoir le

25 Dr Hajdarevic et Dr Saric, je ne sais pas si à ce moment-là les combats se

26 déroulaient entre les deux camps dans cette ville ou un peu avant ou un peu

27 après. Ce que je sais simplement, c'était une relève normale des membres du

28 personnel qui travaillaient dans l'hôpital du HVO, c'étaient leurs employés

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1 réguliers qui recevaient des salaires. Il s'agissait d'une circulation

2 habituelle qui avait existé auparavant aussi. Je sais aussi que cette

3 équipe n'a pas pu arriver à remplacer l'équipe du Dr Hajdarevic et Saric

4 pour une raison que j'ignore, quelque chose s'est passé entre-temps qui a

5 empêché que cette équipe n'arrive et je sais que le Dr Hajdarevic et Saric

6 sont restés tout au long du conflit. Mais ils étaient tous les deux des

7 employés du HVO. Je ne sais pas si l'hôpital de Jablanica pouvait être

8 considéré comme l'hôpital de la Bosnie-Herzégovine à l'époque. Pour moi,

9 c'était un hôpital du HVO.

10 Q. Monsieur, le 6 mai c'est la date à laquelle vous êtes resté du côté

11 Est ?

12 R. Oui, le 6 mai j'ai été de service.

13 Q. Vous dites que le 9 mai, l'attaque du HVO contre la partie côté Est a

14 commencé ?

15 R. Oui. Je ne suis pas le seul à le dire.

16 Q. Pour le moment, je parle avec vous. Ce document est de la date du 6

17 mai, est-ce que vous serez d'accord avec moi pour répondre comme vous

18 l'avez dit tout à l'heure, à savoir que tout ce qui ressemblait à la

19 préparation de la partie est pour un conflit futur n'était pas du tout

20 ressenti par les médecins -- membres du personnel médical, n'est-ce pas ?

21 Vous ne saviez rien à ce sujet. Vous ne croyez pas qu'il y a eu de tels

22 préparatifs ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce que nous pouvons conclure sur la base de ce document que

25 l'hôpital de guerre du HVO de Mostar ne savait rien au sujet de ce conflit

26 à venir non plus, car le 6 mai, ils employaient quatre médecins à

27 Jablanica, afin de remplacer d'autres qui devaient revenir, alors qu'ils

28 sont tous d'appartenance ethnique musulmane. Je dois le dire ainsi.

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1 R. [aucune interprétation]

2 Q. Mis à part peut-être Djuro Grumic, qui est un technicien médical, est-

3 ce que sur la base de cela, nous pouvons conclure aussi que vos collègues

4 du côté est -- du côté ouest ne savaient pas non plus ce qui se préparait,

5 tout comme vous ? Répondez, s'il vous plaît, par oui ou non. Nous n'avons

6 pas beaucoup de temps, mais je souhaite aborder d'autres sujets aussi avec

7 vous.

8 R. Je conclus que la situation semblait être habituelle, de notre point de

9 vue aussi, car ils se préparaient pour une équipe habituelle.

10 Q. Merci. C'était justement ce que je voulais montrer par le biais de ce

11 document.

12 Puis, veuillez examiner deux autres documents qui portent la coopération,

13 notamment 2D 00333. 2D 00333.

14 R. Je l'ai trouvé.

15 Q. Nous pensions que nous avions un problème, mais c'est bon.

16 Est-ce que vous pouvez le lire ? Est-ce que vous connaissiez Mme ou Mlle

17 Sally Becker ?

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Ne lui demandez pas de lire. Il l'a lu en quelques

19 secondes. -- votre question en disant : "Ce document évoque l'envoi d'un

20 document à Citluk, et cetera." Vous lui posez votre question, parce que si

21 vous lui dites : "Lisez le document," vous attendez qu'il le liste et vous

22 posez la question, on perd du temps. Il a lu le document, il le voit.

23 Mme NOZICA : [interprétation] Merci. C'est justement ce que je réfère.

24 Q. Je souhaitais savoir s'il connaissait Mme Sally Becker et si oui, dans

25 ce cas-là, peut-être il connaît quelque chose au sujet de ce qui est écrit

26 dans ce document. Dites-le-nous, s'il vous plaît.

27 R. Je la connaissais, Sally Becker. Je me demande si je pourrais la

28 reconnaître. Pendant assez longtemps, j'avais l'impression que c'était

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1 assez longtemps, elle était à l'Institut d'hygiène. Elle dormait dans le

2 lit à côté du mien, je m'en souviens.

3 Q. Est-ce que vous savez quelque chose à ce sujet ?

4 R. Non, mais je ne sais rien à ce sujet.

5 Q. Donc, vous ne savez rien au sujet de l'envoi de cette voiture ou ce qui

6 est dans ce document?

7 R. Non, je ne sais pas si elle a pu faire quelque chose sur le plan

8 médical. Que vous me croyiez ou pas, je m'en souviens d'elle en raison du

9 thé qu'elle nous avait apporté.

10 Q. J'ai l'impression que vous n'avez pas vraiment une bonne opinion de son

11 aide.

12 R. Sur le plan médical, non.

13 Q. Peut-on voir, s'agissant de ces questions liées à la coopération, le

14 document 2D 00327, s'il vous plaît ?

15 R. Oui.

16 Q. C'est un document important aussi. C'est une autre demande envoyée par

17 le département de la Défense, le 16 décembre et comme le Président le dit,

18 c'est une date très importante. Ceci, la date du 16 septembre. Ceci est

19 envoyé au Bataillon espagnol de la FORPRONU. Ceci a été envoyé par

20 l'adjoint du chef du service de la santé, mais cela a été signé non pas M.

21 Ivan Bagaric, mais par quelqu'un d'autre, en son nom.

22 Veuillez le lire.

23 R. A haute voix ?

24 Q. Non, pas à haute voix.

25 R. Je l'ai lu.

26 Q. Très bien. Donc, encore une fois, donc cette demande, donc demande au

27 Bataillon espagnol de jouer le rôle de médiateur avec la partie musulmane,

28 s'agissant de l'hébergement et du traitement et je peux citer notamment ce

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1 qu'il dit au sujet des femmes et des enfants à l'hôpital de Mostar.

2 Encore une fois, ils vont recevoir le traitement égal et je vous rappelle

3 que ceci avait été dit déjà dans le document précédent 2D 00323 en date du

4 11 juin 1993. Puis, la dernière phrase est importante.

5 R. Oui, je vois.

6 Q. "Nous faisons ceci seulement pour des raisons humanitaires. Donc

7 veuillez ne pas accorder de connotations politiques à cette demande."

8 Tout d'abord, est-ce que vous saviez quoi que ce soit à ce sujet et est-ce

9 que cette dernière phrase fait preuve justement de cette même humanité que

10 visiblement vos collègues du côté ouest possédait, eux aussi, s'agissant du

11 traitement et soins administrés à toutes les personnes, quelque soit leur

12 appartenance ethnique ?

13 R. Le contenu de ce document et ce qui a été fait conformément à ce

14 document, je ne connais rien de tout cela, alors que cette phrase, elle est

15 très bien formulée et elle sonne très bien. Bravo.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : -- Petkovic et M. Praljak et il nous reste 45

17 minutes. Alors, est-ce que vous vous êtes entendu sur les questions, sur le

18 temps ? Parce que vous avez déjà plus de 40 minutes. N'oubliez pas, il y a

19 vos collègues aussi.

20 Maître Alaburic, il vous faut combien de minutes ?

21 Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président,

22 Me Nozica nous a consultés et nous considérons que les documents qu'elle

23 essaie de verser au dossier sont extrêmement importants et la Défense du

24 général Petkovic a cédé une partie de son temps à

25 Me Nozica. Donc, nous, nous avons redistribué le temps entre nous.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez cédé -- vous avez cédé tout votre temps ou

27 pas ? Ou vous avez besoin, Maître Alaburic, de quelques minutes après ?

28 Mme ALABURIC : [interprétation] Une partie de notre temps. Nous nous sommes

Page 13012

1 mis d'accord pour --

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Combien de temps vous faut-il ?

3 Mme ALABURIC : [interprétation] Juste le temps pour qu'on ait dix minutes à

4 la fin, si possible.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : -- vous.

6 Maître Kovacic, pour M. Praljak, combien de temps avez-vous besoin ?

7 M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce qui serait idéal,

8 ce serait maximum 15 minutes pour M. Praljak et Mme Pinter, deux ou trois

9 minutes, avec un seul document.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, donc, si je fais le total, Me Alaburic

11 et Me Kovacic, cela ferait 30 minutes; donc, Maître Nozica, il vous reste

12 encore 15 minutes.

13 Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais essayer

14 de terminer ce que je souhaitais faire -- au moins la partie principale.

15 Q. Nous avons entendu votre réponse. Nous pouvons aborder le sujet

16 suivant. Malheureusement, pas par ce qui vous a été demandé par les Juges

17 concernant l'évacuation des personnes malades, blessées, des patients, y

18 compris les membres de l'ABiH. J'avais préparé plusieurs documents, mais je

19 vais vous en montrer un seul, car malheureusement nous n'avons pas

20 suffisamment de temps. Il s'agit là du document 2D 00326. Pourriez-vous

21 l'examiner, s'il vous plaît ?

22 L'avez-vous trouvé ?

23 R. 326 ?

24 Q. Oui.

25 R. Il a deux pages.

26 Q. C'est le 10 septembre 1993, oui. En deux pages. Il est question de la

27 liste des blessés qui sont membres de l'ABiH et qui sont envoyés de

28 l'hôpital de guerre du HVO de Mostar à l'hôpital de Split.

Page 13013

1 Est-ce que vous étiez au courant de cela et puis est-ce que l'un de

2 ces noms pourraient vous rafraîchir la mémoire par rapport à cet

3 événement ? Donc de Mostar, on transfère à Split ces personnes-là,

4 probablement en raison du fait que le traitement qu'ils peuvent recevoir à

5 Split serait de meilleure qualité par rapport à l'hôpital de guerre de

6 Mostar. Est-ce que vous êtes au courant de cela ? Est-ce que vous savez

7 quelque chose à ce sujet ?

8 R. Non. Mais j'essaie de voir parmi les noms quelqu'un que je connais.

9 Q. Merci, Monsieur. Vous ne savez pas. Peu importe, nous n'allons pas

10 perdre notre temps. Nous trouverons d'autres témoins qui pourront le

11 confirmer. Nous allons passer à un autre document.

12 Est-ce que vous avez une quelconque idée au sujet de la question de savoir

13 combien de personnes sont mortes, ont été tuées au mois de mai, s'agissant

14 des membres du HVO ? Est-ce que vous savez combien de personnes du côté du

15 HVO et du côté ouest ont été tuées ou blessées ?

16 R. Non, je ne sais même pas le nombre de personnes tuées du côté où

17 j'étais moi-même. Je connais le nombre de blessés, mais pas de tués.

18 Mme NOZICA : [interprétation] Veuillez examiner, s'il vous plaît,

19 maintenant le document P 02445. Il s'agit d'un document de l'Accusation.

20 Q. Que vous avez dans le lot.

21 R. Que vous m'avez donné

22 Q. Oui.

23 R. Le numéro ?

24 Q. P 02245. Tout au début. Je pense qu'il s'agit de l'un des premiers

25 documents.

26 R. [aucune interprétation]

27 Q. L'avez-vous trouvé ? Peut-on examiner ensemble très brièvement la date

28 est donc celle du 18 mai. C'est une liste des personnes blessées et tuées.

Page 13014

1 Peut-on voir maintenant la dernière page de la version bosniaque ou croate,

2 comme vous voulez. C'est la dernière page en anglais aussi. Vous pouvez

3 voir ici.

4 S'agissant de la date du 18 mai, il y avait 245 soldats blessés, puis nous

5 avons leur appartenance ethnique. Il y avait 55 civils blessés, 35 soldats

6 tués, des Croates et 2 Musulmans, et ensuite 15 civils tués dont 13

7 Musulmans, et dans la morgue il y a encore huit personnes non identifiées.

8 Est-ce que vous avez une quelconque raison vous permettant de douter de la

9 véracité de ces chiffres ?

10 R. Pourquoi douter de leur véracité si c'est un document officiel ? Cela

11 dit je ne vois pas de cacher certifiant ce document, mais je suppose que

12 c'est un document qui est en règle et qui est conforme aux règles. Je ne

13 sais pas si le sceau qui figure sur le document est le sceau de ce Tribunal

14 ou du document lui-même.

15 Q. Le document contient tous les noms, c'est un document de l'Accusation.

16 Dites-moi, s'il vous plaît : saviez-vous que des échanges étaient

17 organisés, des échanges de prisonniers, membres de l'armée de Bosnie et

18 Herzégovine et du HVO pendant la période pendant laquelle vous avez

19 travaillé à l'hôpital ? Est-ce que vous n'avez jamais entendu parler d'un

20 tel échange de prisonniers, par exemple, au mois de sept est-ce que vous

21 n'avez jamais vu qu'éventuellement des membres de Bosnie-Herzégovine -- de

22 l'ABiH qui avaient été échangés et qui avaient besoin de l'aide médicale

23 venaient ?

24 R. Il y avait des patients qui avaient été relâchés de l'hôpital et qu'ils

25 sont allés de l'autre côté. C'étaient surtout des prisonniers du HVO qui

26 avaient été blessés, et qui avaient subi une opération chirurgicale dans

27 notre hôpital, ensuite, ils ont été transportés de l'autre côté. Je ne sais

28 pas si c'était dans le cadre de l'échange mais si vous me demandez s'il y a

Page 13015

1 eu des patients blessés qui ont été échangés contre d'autres qui se

2 trouvaient de l'autre côté je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas

3 qu'il y avait des blessés qui venaient en tant que tel. Cela dit, il y en

4 avait qui venaient en groupe de l'autre côté chez nous après leur

5 libération du camp.

6 Q. Après la libération des deux côtés, des camps des deux côtés ?

7 R. Libération des camps du côté ouest.

8 Q. Comment est-ce que cet endroit s'appelait ?

9 R. Comment cela s'appelait ?

10 Q. Oui.

11 R. Vous voulez savoir le nom de la prison ? C'était une prison. C'est

12 tout.

13 Mme NOZICA : [interprétation] Peut-on maintenant examiner la pièce 2D

14 00315 ?

15 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai besoin de quelques secondes.

16 Monsieur le Greffier, je vous demande de passer en audience à huis clos

17 pendant quelques secondes.

18 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

19 [Audience à huis clos partiel]

20 (expurgé)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (expurgé)

26 (expurgé)

27 [Audience publique]

28 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

Page 13016

1 Mme NOZICA : [aucune interprétation]

2 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi. Puisque l'on parle de

3 ce document, est-ce que vous pourriez informer la Chambre de première

4 instance, Madame Nozica, de la manière dont ceci a été constitué ? Quelle

5 est la base de cette liste ? Est-ce qu'il s'agit d'une liste qui porte sur

6 les cadavres trouvés des deux côtés de la Neretva, ou est-ce que ceci se

7 limite aux victimes dans la zone contrôlée par le HVO ?

8 Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Juge, compte tenu du fait que

9 cette liste a été dressée, le 18 mai 1993, logiquement parlant ceci pouvait

10 porter seulement sur les personnes qui ont été blessées ou tuées du côté

11 contrôlé par le HVO. C'est ce qui ressort logiquement.

12 Nous n'avons pas encore dans le système électronique le document 2D 00315.

13 Q. Vous l'avez trouvé, n'est-ce pas ?

14 R. Oui.

15 Q. Il est question d'une évacuation et je souhaite simplement attirer

16 votre attention sur un fait. Vous avez pu voir que le transport a été

17 effectué avec l'aide du Bataillon espagnol, et puis, il y est dit : "Avec

18 l'aide des véhicules transports de troupes du Bataillon espagnol les

19 blessés ont été transférés à notre hôpital. En revanche, le HVO a donné au

20 camp musulman cinq membres du MOS blessés qui avaient été traités à

21 l'hôpital de guerre de Mostar. Les membres du HVO blessés ont été repris

22 directement du côté est, directement de la prison."

23 Puis nous avons la description des conditions dans lesquelles les gens se

24 trouvaient de tout ce qui accompagnait l'évacuation. Puis finalement il est

25 dit que les évacuations futures allaient être effectuées également et que

26 probablement c'est la FORPRONU qui allait aider les évacuations à l'avenir.

27 Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que les évacuations

28 étaient impossibles à l'époque sans l'aide de la FORPRONU ou d'autres

Page 13017

1 organisations internationales ?

2 R. Je ne dirais pas que c'était presque impossible. C'était totalement

3 impossible.

4 Q. Merci. Je n'ai plus beaucoup de temps, il s'agit d'un point important.

5 J'ai un document que vous avez signé vous-même. Est-ce que vous savez qu'à

6 Mostar un procès est en cours contre certains membres de l'ABiH pour les

7 crimes de guerre commis quand vous dites dans des prisons dans lesquelles

8 les Croates étaient détenus pendant la guerre ?

9 R. Je sais qu'il y a eu une procédure d'entamée à ce sujet. Je ne sais pas

10 s'il y a eu une suite.

11 Q. Il s'agit de M. Cupina, je ne sais pas si M. Cupina vous dit quelque

12 chose, il a été le premier des accusés en l'occurrence. Alors, avez-vous

13 une information à ce sujet ?

14 R. Je suis au courant. C'est le procès dont j'ai parlé et dont je croyais

15 bien qu'il était terminé.

16 Q. Oui, il est terminé. Savez-vous nous dire quand ?

17 R. Je ne sais pas. Il doit y avoir quelques années.

18 Q. Cela s'est terminé hier par un jugement rendu en la Chambre de première

19 instance où il y a huit accusés qui ont reçu 17 ans d'emprisonnement au

20 total et il s'agissait de membres de l'ABiH, qui se trouvaient être

21 directeurs ou responsables de prisons où l'on avait détenus des

22 représentants du HVO.

23 Alors, je propose à présent de vous poser une question et je dis dès

24 le départ, pour qu'il n'y ait pas de malentendu parce qu'en l'occurrence,

25 enfin, vous avez eu connaissance de cette affaire, mais je voudrais savoir

26 si vous avez eu connaissance d'une chose et là, je ne vous mets en cause,

27 Monsieur Rajkov, parce que les documents dont j'ai parlé de vous, mais je

28 voudrais savoir si vous saviez que ces membres du HVO qui ont détenus le 30

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1 juin 1993 et qui sont restés jusqu'au mois de mars 1994, ne saviez-vous pas

2 qu'on leur avait pris leur sang sans leur approbation à eux, donc, par la

3 force ?

4 R. Ce que je sais, c'est que des prisonniers du HVO, comme on les a

5 qualifiés ici, venaient à l'hôpital, aux fins de donner leur sang. En

6 principe, c'était pour donner du sang à l'intention de collègues à eux, qui

7 étaient blessés et opérés par nos soins.

8 Mais pour ce qui est d'une autre finalité où on les aurait contraints à ce

9 faire, et je dois vous dire que les services de transfusion se trouvaient à

10 l'étage du dessus. Alors il se peut qu'en temps de paix, que vous trouviez

11 étrange le fait de ne pas savoir ce qui se trouvait à l'étage d'au-dessus,

12 mais nous, vous pouviez faire ce que vous vouliez, alors que j'étais juste

13 en bas depuis les 20 heures écoulées.

14 Q. Vous n'en savez rien ?

15 R. Je sais qu'ils étaient venus, qu'ils étaient venus donner du sang pour

16 leurs collègues, mais de façon forcée ou sous la contrainte, non.

17 Q. Mais s'agissant de ces collègues, et je vous laisse entendre tout de

18 suite qu'ils ont été blessés sur la première ligne parce qu'ils avaient

19 travaillé là-bas, ils avaient été battus et détenus, pourquoi avait-il été

20 nécessaire de leur donner du sang ?

21 R. Je me souviens de blessures graves. Je me souviens de certains patients

22 que j'ai opérés moi-même en coopération avec d'autres collègues. Il

23 s'agissait de blessures par explosion d'obus. Je me souviens, par exemple,

24 d'un dénommé Kordic, Josip et Jakov Raspudic, qui ont été blessés par

25 explosion d'obus ou de mines, devant le bâtiment du SDK dans la rue

26 principale, dans la rue du président Tito. Je ne sais pas à quelle date ils

27 ont été tués, mais je me souviens de -- enfin, vous intéressez, mais je me

28 souviens de l'événement.

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1 Q. Mais que faisaient les prisonniers du HVO dans cette rue-là ? Avez-vous

2 eu connaissance du fait qu'ils étaient partis travailler sur la première

3 ligne, qu'ils sont allés réaménager la rue où il y avait la première ligne

4 entre les parties en conflit, à savoir le HVO et l'ABiH ?

5 R. Pour autant que je m'en souvienne, partant de conversations, parlant du

6 fait de savoir pourquoi ils étaient aussi nombreux à être blessés dans ce

7 groupe, ce groupe de prisonniers, et pour autant que je m'en souvienne, il

8 avait été dit qu'ils avaient aidé à charger ou décharger des camions avec

9 une aide humanitaire, de la farine ou que sais-je, pour un entrepôt qui se

10 trouvait juste là, à l'époque.

11 Q. Avez-vous appris, et je sais que mon temps prend fin, je me propose de

12 poser des questions au sujet de deux documents -- des questions

13 importantes. Alors avez-vous ouï-dire que l'un quelconque des prisonniers

14 de Croates avait été battu à tel point qu'il en est mort ? Avez-vous eu

15 contact en qualité de médecin, avec un patient de ce genre ?

16 R. Avec un patient de ce genre, non. Pas avec ce type de blessure. Non.

17 Q. Je vous prie, autre question, maintenant. Il s'agit de revenir sur un

18 document et de savoir si --

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Nozica --

20 Mme NOZICA : [interprétation] Je termine, je termine.

21 Q. Si dans vos protocoles vous avez tenu à jour une rubrique, et là, je me

22 réfère à la pièce à conviction 9675, où vous avez annoté l'endroit de la

23 blessure ou du décès, si vous avez indiqué Santiceva, cela va signifier

24 quoi ? Que voulait dire Santiceva ? Est-ce que c'était la première ligne ?

25 R. Si au protocole, vous mettez Santiceva, c'est probablement -- non pas

26 probablement. Je m'excuse.

27 Q. [aucune interprétation]

28 R. C'est le secteur le long de la rue Santiceva, sur toute sa longueur,

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1 mais pas la première ligne. Il s'agit d'un segment de 100 à 200 mètres

2 derrière Santiceva vers la Neretva. Toute cette région-là, au protocole,

3 nous la qualifions ainsi.

4 Q. Au protocole ?

5 R. Oui, au protocole Santiceva, cela allait jusqu'à la rive de la Neretva.

6 Q. Maintenant, 2D 00335. Il s'agit d'un acte de décès que vous avez signé

7 vous-même, 2D --

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Mes collègues me disent que le temps est terminé.

9 Alors --

10 Mme NOZICA : [interprétation] Je le sais, Messieurs les Juges, mais je peux

11 poser cette question parce que ma collègue derrière moi m'a autorisé à

12 poser la question concernant ce document précis.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : -- et prends sur son temps.

14 Mme NOZICA : [interprétation] Je vous prie de me laisser vous dire que

15 j'estime que c'est très pertinent parce que c'est un document qui émane du

16 témoin.

17 Q. Avez-vous retrouvé, Monsieur, ce document ?

18 R. Oui.

19 Q. C'est bien votre signature ?

20 R. Oui.

21 Q. Alors, je vous prie maintenant de vous pencher. Est-ce qu'il s'agit --

22 sur la question. Est-ce qu'il s'agit bien de Vasic Mario ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce qu'il s'agit de la date du décès 22 -- 22 -- illisible -- 1992 ?

25 R. Oui.

26 Q. Est-ce que vous avez dit SDK comme étant le site du décès ?

27 R. [aucune interprétation]

28 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que signifie en croate, cause du

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1 décès en bosniaque. Vous n'y avez pas d'introduction, mais est-ce que cela

2 veut bien dire que sa tête a été écrasée ?

3 R. C'est une traduction du terme en médecine légale.

4 Q. [aucune interprétation]

5 R. Oui.

6 Q. En quoi cette blessure, pour ce qui est de la cause du décès du

7 patient, à la date du 22 septembre 1993, est-elle importante et dites-nous

8 où et de quoi.

9 R. Ce diagnostic --

10 Q. Est-ce que cela signifie qu'il a été frappé à la tête ?

11 R. Cela signifie que la blessure résulte d'un coup porté par un objet

12 contondant. Cela peut être une brique tombée d'un bâtiment. Cela peut être

13 également être le plat d'une hache ou que sais-je.

14 Q. Bien. Alors on va constater que ce témoin -- que cette personne a été

15 passée à tabac et on vous l'a amené pour que vous délivriez ce décès.

16 Merci, j'en ai terminé.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste 15 secondes, Docteur. Le document qu'on vient

18 de voir, vous indiquez en latin "contusion capitis [phon]." Vous dites

19 qu'il avait la tête écrasée. Vous n'avez pas essayé de savoir comment se

20 faisait-il qu'un soldat du -- parce qu'apparemment, c'était un soldat du

21 HVO, avait la tête écrasée dans le secteur ABiH ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Personnellement, je ne suis jamais allé

23 rechercher les circonstances. Pour ce qui est, par exemple, de la cause de

24 décès et de signer un document, j'ai été convié à déterminer la cause du

25 décès pour signer le document pour une raison tout à fait banale, à savoir

26 la suivante. J'étais le seul à l'hôpital à disposer d'un cachet et je

27 pouvais donc viser ma propre signature ou apposer des scellés. Peut-être

28 tous les décès, tous les autres décès, actes de décès délivrés à l'hôpital

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1 et notamment pour ce qui est de prisonniers du HVO, qui allaient quelque

2 part ailleurs et qui auraient été -- qui ont été signés par mes soins. Je

3 savais bien qu'on allait me poser, à quelque date que ce soit, des

4 questions.

5 Je ne me suis pas penché sur les circonstances. Il m'appartenait à moi de

6 constater quelle est la blessure principale et quelle est la cause la plus

7 probable du décès et confirmer que l'homme était bel et bien décédé.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Avocat suivant.

9 Mme PINTER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

10 Contre-interrogatoire par Mme Pinter :

11 Q. [interprétation] Bonjour, Docteur Rajkov. Pour ce qui est de la Défense

12 du général Praljak, je me propose de vous poser des questions au sujet d'un

13 document. Le 3D 00378. Vous allez le recevoir, le document. Pour ce qui est

14 de questions posées par notre consoeur de l'Accusation, je précise qu'il

15 s'agit de la page 3, ligne 24, vous avez parlé d'une collègue à vous, la Dr

16 Mira Candzic.

17 R. Camdzic.

18 Q. Pour les besoins du compte rendu d'audience, j'aimerais que vous re-

19 prononciez son nom de famille.

20 R. Almira Camdzic, la troisième lettre est un M non pas un N.

21 Q. Cette femme docteur a été blessée ?

22 R. Oui.

23 Q. Elle s'est vue sa jambe droite amputée et elle avait une blessure à

24 l'abdomen.

25 R. Oui.

26 Q. Je voudrais à présent vous demander de vous pencher sur ce document

27 celui que vous avez sous les yeux.

28 R. Oui.

Page 13023

1 Q. De me dire, est-ce qu'il s'agit ici des blessures subies par la Dr

2 Camdzic ?

3 R. Non, ce n'est pas très lisible.

4 Q. Oui, je suis bien d'accord avec vous.

5 R. Oui.

6 Q. Bon. Dans votre déposition vous avez précisé que vous avez su qu'elle a

7 fini par être évacuée.

8 R. Oui.

9 Q. Alors, vous serez d'accord avec moi pour dire que ce document indique

10 que le général Praljak avait assuré un hélicoptère qui a permis de

11 transporter Mme Camdzic à Split ?

12 R. C'est ce qui est dit ici.

13 Q. Dernière question de ma part : Dr Camdzic était une Musulmane de

14 Bosnie, n'est-ce pas ?

15 R. Oui.

16 Q. Merci.

17 Mme PINTER : [interprétation] Avec l'autorisation des Juges de la Chambre,

18 c'est maintenant M. Praljak qui va reprendre.

19 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

20 Contre-interrogatoire par l'accusé Praljak :

21 Q. [interprétation] Bonjour, Docteur Rajkov.

22 R. Bonjour.

23 Q. Compte tenu du peu de temps que nous avons nous allons essayer d'aller

24 vite, répondez le plus brièvement possible.

25 Par exemple, l'insigne ou l'inscription de l'hôpital militaire sur la

26 clôture, d'où pouvait-on la voir si vous étiez, par exemple, mis à l'écart

27 du côté de la rive droite ? Est-ce qu'on pouvait la voir à 50 ou 100 mètres

28 à gauche ou à droite ? Oui ou non.

Page 13024

1 R. Si vous vous mettiez à l'écart dans la rue, non.

2 Q. Merci. Revenons maintenant au groupe électrogène.

3 Les groupes électrogènes étaient utilisés et vous direz non si vous n'êtes

4 pas d'accord.

5 R. [aucune interprétation]

6 Q. C'était pour pomper de l'eau avec des pompes de transvasement lorsqu'il

7 y avait une panne de courant. Par exemple, en panne de courant, comme dans

8 les hôpitaux le groupe électrogène se mettait en marche pour qu'il y ait de

9 l'eau même quand il n'y a pas courant dans le secteur. Logique ?

10 R. Logique.

11 Q. Lorsque le groupe électrogène a été pris au niveau de la station de

12 pompage et il n'y a plus eu de courant, il n'y a plus eu d'eau dans le

13 secteur que cette station de pompage avait desservi. Logique ?

14 R. Logique si tel était son affectation ou son utilisation.

15 Q. Bon. Alors, je vous prie, maintenant de voir la page ou plutôt me dire,

16 avez-vous connaissance du fait qu'à proximité de votre hôpital, et derrière

17 votre hôpital il y avait une position de tir d'un mortier de l'ABiH ? Le

18 saviez-vous ou pas ?

19 R. Non.

20 Q. Merci. Je voudrais maintenant --

21 M. LE JUGE ANTONETTI : -- que le général Praljak.

22 Vous dites je ne savais pas. Vous ne savez pas parce que vous n'êtes pas

23 sorti dehors et vous ne savez pas ce qui s'est passé, ou circulant autour

24 vous n'avez jamais vu de position de mortier. Vous voyez la différence ?

25 Qu'est-ce que vous pouvez nous donner comme précision ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais rien vu de ressemblant à une

27 position de guerre, ou un nid de mitrailleuse ou quoi que ce soit de

28 similaire autour de l'hôpital. Derrière, il y a une espèce de petit

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1 monticule et derrière des maisons d'habitations. Je ne suis jamais allé là-

2 bas, mais derrière le bâtiment même de ce dispensait ou du bâtiment

3 hygiénique, non, je l'aurais vu.

4 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

5 Q. Pour ce qui est du monticule là-bas ?

6 R. Au-delà pour ce qui est des cours et des maisons, je ne peux pas

7 garantir.

8 Q. Merci.

9 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Nika, est-ce que vous pouvez enlever la

10 carte qui se trouve là-haut, je vous prie ? M. l'Huissier, est-ce que vous

11 pourriez enlever cette carte, je vous prie ?

12 Q. Je vais vous poser la question suivante : dans votre déposition, page 6

13 vous dites, s'agissant de cette date du 9 : "Etant donné que le HVO se

14 trouvait au campement nord, qui se trouvait non loin de nous, je redoutais

15 de voir les gens du HVO frapper à notre porte à tout instant."

16 Vous avez à une carte très précise de Mostar. Je vous prie, de prendre un

17 stylo de marquer l'emplacement de votre hôpital et le campement nord ?

18 R. Dessus ?

19 Q. Oui, dessus.

20 R. Oui, cela a l'air d'être une prise par satellite.

21 Q. Exactement. On peut voir exactement votre hôpital et l'emplacement du

22 campement nord.

23 R. Laissez-moi un peu de temps pour que je m'oriente parce que je n'ai

24 jamais vu ceci.

25 Q. Pendant que vous êtes en train de y retrouver je me propose de vous

26 poser une question --

27 R. Allez-y.

28 Q. Vous dites le campement nord était à proximité de notre hôpital; c'est

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1 bien exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez redouté de voir les gens du HVO frapper à votre porte.

4 R. Oui.

5 Q. Nous avons tous, est-ce qu'on a bien noté, oui, comme réponse à ma

6 première question. Vous aviez redouté que le HVO ne vienne frapper à votre

7 porte. Votre réponse a été --

8 R. Oui.

9 Q. Bon. Maintenant ce que nous savons tous et toutes, la logique, la

10 logique au minima en temps de guerre ou en temps de paix, partout.

11 Voici ma question : si quelqu'un du HVO avait envisagé cette opération

12 d'attaque, je ne sais pas qui, mais enfin, ne serait-il pas exact ou

13 logique de dire qu'il faudrait attaquer par le campement nord et couper la

14 partie de Mostar où vous vous trouviez et la gare ferroviaire ? Est-ce que

15 d'après vous cela semblerait être logique de guerre ?

16 R. D'un point de vue de logique de guerre, oui.

17 Q. Cela -- à un côté gauche et un côté droit --

18 R. C'est du moins la façon dont cela me semble être.

19 Q. Est-ce que vous savez nous dire, est-ce que depuis le campement nord

20 quiconque vous aurait attaqué ce jour-là, le 9 mai ? Est-ce qu'ils se sont

21 dirigés vers vous ? Est-ce qu'ils vous ont tiré dessus ?

22 R. Ils nous ont tirés dessus, mais ils n'ont pas lancé d'attaque.

23 Q. Bon. Merci. Je vous prie, maintenant de marquer l'emplacement de votre

24 hôpital. De marquer l'emplacement de ce campement nord.

25 L'INTERPRÈTE : L'interprète souligne que le témoin marmonne; ceci est la

26 gare ferroviaire.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voulez que je mette un petit cercle ?

28 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

Page 13027

1 Q. Oui. Votre hôpital, vous annoterez avec un numéro 1, le campement nord

2 avec le numéro 2.

3 Vous pouvez tourner -- librement tourner la page -- la feuille.

4 R. Oui.

5 Q. Alors, sur cette carte j'aimerais que vous indiquiez une flèche, que

6 vous marquiez une flèche et vous marquiez N, nord, et mettez pour est E.

7 R. Voilà, le nord cela devrait ici, cela devrait être plutôt vertical.

8 Q. Oui, mais vous savez où se trouve le nord.

9 R. Oui. Voilà ici est.

10 Q. Je vous demande maintenant de mettre Musala en numéro 3. Vous savez ce

11 que c'est que Musala ?

12 R. Oui. Ici.

13 Q. Oui. J'ai encore deux points.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : -- c'est quoi ?

15 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] C'est la partie centrale de Mostar. Une

16 fois que vous avez traversé le pont de Tito pour aller vers l'est-il y a

17 une grande place relativement grande pour Mostar. C'est une place centrale

18 dans Mostar et cela s'appelle Musala. Cela débouche -- Musala débouche à

19 côté de ce dont on avait parlé, la station des sapeurs pompier, le bâtiment

20 de Razvitak et cela a abouti à la rue maréchal Tito. Est-ce que c'est bien

21 exact ?

22 R. Oui, cela rejoint la rue du maréchal Tito.

23 Q. Bien. Est-ce que vous avez appose un numéro 3 ?

24 R. Oui, un grand 3, comme cela.

25 Q. Alors, écoutez, vous nous avez dit deux grands touchés au niveau de

26 l'hôpital, l'un arrivant de l'avant mais un autre coup a été tiré du nord-

27 Est. Alors ma question est la suivante : étant donné que vous vous êtes

28 arrêté devant ce point d'impact au nord-Est, si vous vous tournez vers

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1 l'endroit présumé de son arrivée, c'était là que se trouvait d'après ce que

2 vous avez su les positions de tir de l'artillerie croate. Est-ce que cela

3 pouvait arriver depuis les positions des artilleurs du côté croate ?

4 R. Vous êtes en train de me demander pour le nord ?

5 Q. Le nord-est.

6 R. J'ai dit nord-est parce que un bâtiment c'est côté, ce n'est pas un

7 point. Alors, au nord-est, ce n'est pas au milieu, du coté Est, c'est pour

8 cela j'ai dit nord-est.

9 Lorsque j'ai regardé par cette ouverture j'ai su que j'ai vu la gare

10 ferroviaire ou plutôt la voie ferrée et plus loin, le campement nord, au-

11 delà les collines qui se trouvent du côté de la rive droite, là se trouvait

12 l'artillerie du HVO. Je n'ai pas été suffisamment fou pour vérifier à

13 partir d'où on a tiré exactement.

14 Q. Donc, vous avez donc vu la rive droite de la Neretva par le trou où

15 vous avez regardé ?

16 R. Oui.

17 Q. En page 11 de votre déposition, vous avez dit et je précise qu'il

18 s'agit du deuxième paragraphe, alors on dit au diagnostic qu'ils ont été

19 blessés par sniper.

20 Ma question, est celle de savoir comment un médecin peut-il faire la

21 distinction entre une balle tirée par un fusil à lunette et un fusil qui

22 est le même mais qui n'a pas de lunette ? Alors, est-ce qu'on peut faire la

23 différence sur une personne touchée par balle ?

24 R. Non, pas par la blessure.

25 Q. Non. Bien merci. Alors Il reste encore un point. Je voudrais que ceci

26 soit placé sur le rétroprojecteur, Mademoiselle à l'intention de ce M. le

27 Témoin ?

28 M. LE JUGE ANTONETTI : -- un numéro pour la carte ?

Page 13029

1 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Oui, à la fin.

2 Q. En page 5 de votre déposition, et c'est mon dernier point vous dites,

3 encore un cas où un soldat de l'ABiH, Vedran Dejanic est passé du côté

4 Ouest vers le côté Est en empruntant le pont à Tito. La phrase dit : "Il a

5 été touché à la tête avec un fusil à lunette depuis l'hôtel non loin du

6 supérieur marché sur la place Musala."

7 Alors veuillez vous pencher sur le petit papier que j'ai dessiné, sur cette

8 feuille de papier --

9 R. Donne-moi un instant. Est-ce que je peux m'orienter, je sais où vous

10 voulez en venir.

11 Q. Alors, je voudrais que sur ce papier, cette feuille de papier à côté du

12 supermarché vous indiquiez l'endroit à partir duquel il a été procédé au

13 tir qui a tué M. Vedran --

14 L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous indiquer exactement cet endroit.

16 Si ceci était une vue aérienne agrandie, vous auriez une vue très précise.

17 D'après votre dessin qui est plus ou moins approximatif, je m'efforcerais

18 d'être précis.

19 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

20 Q. Allez-y.

21 R. C'est exactement ici, pourquoi est-ce que je dis c'est ici, parce qu'il

22 était allongé sous la lampe d'éclairage de la rue qui était accrochée au

23 milieu de la rue.

24 Q. Alors je vous prie de poser là un numéro 1 ?

25 R. Un numéro 1.

26 Q. Je vous prie de signer et de mettre une date sur les deux documents,

27 c'est tout ce que je vous demande. C'est la pratique de ce Tribunal.

28 R. Est-ce que bien le cas ? Si c'est le cas, je le veux bien ?

Page 13030

1 M. LE JUGE ANTONETTI : 25 janvier, marquer 25 janvier 2007 et vous signez.

2 Un premier numéro, Monsieur le Greffier pour ce document.

3 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Signer aussi la grande carte je vous

4 prie.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : -- ce document.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Qu'on indique bien que le schéma a été dessiné

7 par M. Praljak et signé par le Dr Rajkov.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : [aucune interprétation]

9 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Signer aussi la carte, je vous prie.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vais le faire, attendez qu'on me la

11 pose.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Alors, le dessin fait par général Praljak

14 et signé par le témoin recevra la cote IC 253.

15 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] La carte.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] La carte qui vient d'être signée par le

17 témoin en prétoire, constituera la pièce à conviction IC 254.

18 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Merci beaucoup. Merci beaucoup,

19 Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Alaburic.

21 Contre-interrogatoire par Mme Alaburic :

22 Q. [interprétation] Monsieur Rajkov, je ne sais pas s'il me faut commencer

23 ou pas, parce qu'il reste à peine cinq minutes, mais peut-être pourrions-

24 nous essayer de tirer quelque chose au clair.

25 R. Allez-y.

26 Q. Je voudrais que très brièvement vous tiriez au clair une partie de

27 votre déclaration écrite qui se rapporte au conflit qui est survenu à

28 proximité de votre hôpital, quelques jours avant le 9 mai 1993. Si je puis

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1 vous rappeler --

2 R. Soyez plus précise.

3 Q. Je lis votre déclaration, vous parlez de l'hôpital de guerre, vous

4 dites que vous avez petit à petit rendu celui-ci apte et avant le conflit

5 nous avons reçu de plus en plus de matériel, d'équipement, cela nous

6 arrivait de toutes parts, et pour l'essentiel on nous envoyait des

7 équipements médicaux de l'ex-armée de l'Allemagne de l'Est et vous dites en

8 page 4 de la version B/C/S, ou plutôt page 3 de la version anglaise, "avant

9 le véritable conflit, nous avons eu une période de conflit -- de test de

10 conflit dont j'ai parlé."

11 Alors, j'aimerais que vous expliquiez qu'est-ce que vous avez entendu dire

12 par, test ou essai de conflit ?

13 R. C'est la période que les gens de mon entourage avait qualifié de tir

14 d'essai, on appelait ensuite cela ou on a qualifié cela test. Ils disaient

15 qu'après, c'était véritable. Ces deux jargons cela veut dire pour la

16 bagarre -- par bagarre d'essai et bagarre véritable.

17 Q. Donc, ce conflit était une espèce d'entraînement pour le cas d'un

18 conflit plus grand on pouvait -- d'où on pouvait s'attendre à un nombre de

19 blessés et de morts bien plus grand ?

20 R. Non cela n'avait rien à voir avec mon travail ou avec l'hôpital. Je

21 parlais de la période où pendant la nuit on tirait les uns vers les autres.

22 Dans la journée on pouvait s'asseoir avec les uns et les autres, c'est-à-

23 dire un membre de l'ABiH et du HVO, s'asseoir dans une buvette et prendre

24 une coca ensemble. Mais la nuit, ils tiraient dessus. C'est ce que je

25 voulais dire.

26 Q. Mais je vous parle de quelques jours avant le début des conflits ?

27 R. Oui.

28 Q. Votre phrase suivante dit : "Pendant ce temps, nous recevions des

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1 médecins et des infirmières musulmans et musulmanes depuis le département

2 clinique de l'hôpital du HVO."

3 Alors, dites-nous si, pendant cette période, il a été noté que de

4 collègues à vous du groupe ethnique musulman appartenant à l'hôpital du HVO

5 venaient travailler dans votre hôpital du côté est ?

6 R. Pendant un certain temps avant le 9 mai, je dirais parce que cela

7 correspondrait à la réalité, de façon sporadique ils venaient des collègues

8 chirurgiens que je connaissais d'avant. Pour être là, pour voir de quoi

9 cela avait l'air parce qu'on avait fait quelque chose mais nous n'étions

10 pas du métier, ils nous ont aidés en disant ce qu'il fallait servir à telle

11 chose ou telles choses ou placer ici ou placer là-bas. Ils avaient eu des

12 interventions chirurgicales. Il y avait un soldat de blessé qui était opéré

13 avant l 9 mai. Ce n'était pas une grosse intervention chirurgicale mais

14 c'était quand même une intervention chirurgicale, disons c'est au-delà du

15 type ambulatoire, qu'on se trouvait.

16 Q. Monsieur, dites-nous est-ce que l'un quelconque d'entre eux a apporté

17 des médicaments, du matériel médical qui pourraient vous -- s'avérer utile

18 pour vous ?

19 R. Il est vrai qu'ils apportaient chaque fois quelque chose pas toujours

20 mais ils apportaient quelque chose, c'était incomplet il manquait des trucs

21 importants, pour ce qui est, par exemple, des sept orthopédiques. Puis on

22 voyait, par exemple, que c'était formidable, mais qu'il manquait des

23 instruments cruciaux. Mais ils apportaient quand même quelque chose.

24 Q. Merci. Je voudrais que l'on tire au clair une petite ambiguïté. Vous

25 avez parlé de votre conversation avec votre responsable de le 7 mai. Mon

26 confrère, M. Karnavas, vous a demandé où se trouvait votre responsable.

27 Vous aviez dit que vous ne saviez pas et que c'était lui qui vous avait

28 appelé au téléphone, ce qui fait que vous ne saviez pas à partir d'où il

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1 vous a appelé. Or, hier, vous nous avez dit, et c'est ce qui a été noté au

2 compte rendu, que c'est vous qui l'avez appelé le 7 au matin pour lui

3 rapporter ou plutôt pour l'informer des événements dans le courant de votre

4 temps de permanence, chose que vous faisiez habituellement.

5 Alors, où est la vérité ?

6 R. Alors, nous n'allons pas perdre davantage de temps sur ces points qui

7 n'ont pas d'importance. Ces téléphones d'induction, vous allez voir le

8 bonhomme chargé des communications. Alors, je lui disais : "Passe-moi

9 celui-là." Alors, il tournait sa manivelle, il essayait ceci et cela.

10 C'était assez primitif. Il y avait une procédure. Alors, on appelait, on

11 nous donnait un signal et puis l'autre vous rappelait. Alors j'ai dit à

12 l'homme chargé des transmissions qu'il appelle enfin un tel et celui-ci me

13 rappelait. C'est ainsi que les choses que se passaient. Alors, je donnais

14 signe et j'ai été appelé. L'un et l'autre sont vrais. Mais du point de vue

15 des appareils téléphoniques portables, cela semble plutôt loufoque.

16 Q. Alors, vous saviez quel était le numéro qu'il fallait appeler et où se

17 trouvait le bâtiment en question ?

18 R. Non. Il n'y avait pas de numéros. Je disais à l'homme chargé des

19 transmissions : "Appelle-moi Ahmo." On se connaît. On se connaissait tous.

20 C'est une petite ville. Il le rappelait et puis l'autre me rappelait à son

21 tour.

22 Q. Docteur Rajkov, dites-moi, s'il vous plaît, si parmi vos collègues il y

23 avait des gens qui habitaient du côté est, étant que vous avez vous-même

24 résidé du côté ouest. Je vous pose la question pour cette raison.

25 R. Oui.

26 Q. Dites-moi : la recommandation de la part de votre responsable, de votre

27 chef, disant de rester sur la rive est et de rester à l'hôpital, est-ce que

28 cela se rapportait également à vos collègues qui habitaient du côté est,

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1 quant à eux ? Est-ce que eux, comme vous, ont dû rester à l'hôpital pendant

2 ces journées-là, pour servir d'une espèce de réserve ?

3 R. C'est ainsi que cela s'est passé. On l'a fait. On a réalisé ce conseil

4 ou cette recommandation de la part du Dr Ahmo. Le docteur qui est venue

5 après, elle habite du côté de Luka Tekija, donc, côté est. Le document qui

6 est venu après n'a pas obéi aux recommandations et lui est parti chez lui.

7 Il habite du côté est, lui, mais très loin, bien plus au sud. Il avait

8 besoin de plusieurs journées. Ensuite, pour revenir à l'hôpital. Celui

9 d'après, le quatrième, était là. Oui. Donc, nous n'étions que quatre. Tous

10 habitaient du côté est.

11 Q. Donc, la recommandation se rapportait également à ceux qui habitaient

12 du côté est ?

13 R. Non, pas aux médecins dont on a parlé dans les différentes infirmeries.

14 Pour eux -- pour nous, ils n'existaient pas.

15 L'INTERPRÈTE : Mais ils parlent à la fois. Ce n'est pas possible, Monsieur

16 le Président.

17 Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, il est

18 7 heures passées. J'aurais des questions encore à ce témoin. Je regrette

19 beaucoup de ne pas avoir de temps et si vous me permettez, peut-être encore

20 quelques minutes pour des éclaircissements brefs.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors allez-y, vous avez cinq minutes pour les

22 éclaircissements brefs.

23 Mme ALABURIC : [interprétation]

24 Q. Bien. Je vais être brève. Je ne vais pas aller dans des sujets plus

25 complexes. Monsieur le Docteur, vous nous avez dit que vous avez ouï-dire,

26 que vous avez écouté la radio le 9 mai. Cette radio conviait les membres de

27 l'ABiH à se rendre et à accrocher des drapeaux blancs. Vous ai-je bien

28 compris ?

Page 13035

1 R. Oui.

2 Q. Je voudrais tirer au clair cet appel par la radio. Cela se rapportait

3 aux membres de l'ABiH, n'est-ce pas ?

4 R. Oui. Il n'y avait pas de tiers.

5 Q. Je vous vois surpris, mais ce que je peux vous dire, c'est que vous

6 êtes le premier témoin à parler de la sorte de cet appel, parce que les

7 témoins jusqu'à présent nous disaient que c'était un appel adressé aux

8 Musulmans pour qu'ils se rendent. Je vous pose la question pour cette

9 raison-là. Je vous remercie d'avoir répondu.

10 R. [aucune interprétation]

11 Q. Alors, si nous pouvons tirer au clair le sujet de votre pièce

12 d'identité que vous aviez depuis 1992, parce que vous résidiez du côté

13 ouest. Cette pièce, vous en aviez besoin pour pouvoir passer du côté est ?

14 L'INTERPRÈTE : Le témoin : signe affirmatif de la tête.

15 Mme ALABURIC : [interprétation]

16 Q. Si j'ai bien compris, et bien retenu ce que vous nous avez dit, passer

17 librement du côté est, c'était possible pour ceux qui avaient des logements

18 là-bas, des maisons et qui y résidaient, n'est-ce pas ?

19 R. Oui.

20 Q. Alors, pouvez-vous nous dire qui est-ce qui a délivré, à l'intention

21 des citoyens, des pièces d'identité afin qu'ils puissent aller du côté

22 est ?

23 R. Je ne sais pas qui est-ce qui délivrait ces documents ou ces

24 attestations, approbations aux citoyens, pour qu'ils puissent aller du côté

25 est afin qu'ils puissent prouver qu'ils habitent du côté est. Je ne sais

26 pas, parce que j'habitais du côté ouest, ce qui fait que cette partie-là ne

27 m'intéressait. Je ne dis pas que j'ai été surpris quand on m'a dit : "Tu ne

28 peux pas y aller si tu ne peux pas avoir une approbation," parce que c'est

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1 effectivement de cette façon que cela s'est passé. C'est par le biais d'une

2 connaissance, un invalide, un civil, un ancien, un vieil habitant de

3 Mostar, un papier où il y avait un en-tête avec ABiH qui me permettait d'y

4 aller. Sinon, on ne pouvait pas.

5 Q. Docteur Rajkov, serait-il exact de conclure qui habitaient sur la rive

6 ouest et qui travaillaient sur la rive ouest n'auraient pas pu obtenir ce

7 genre de pièces d'identité, afin de passer de l'autre côté, s'il n'y avait

8 pas de justifications pour ce faire ?

9 R. C'est tout à fait possible, même si j'ai une impression qu'il y avait

10 d'autres pièces d'identité qui donnaient le droit de franchir la rivière,

11 parce qu'un soldat pouvait passer.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : -- nous savons que vous étiez dans le côté ABiH.

13 Nous savons qu'il y avait une ligne de front. Nous savons que vous habitiez

14 à Mostar ouest. Alors, quand vous alliez chez vous, est-ce que vous

15 traversiez la ligne de front et est-ce que vous passiez des "check points"

16 du HVO, avec votre carte ABiH ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, parce que le point de contrôle, il

18 existait, il était au vieux pont. Là, se trouvait des soldats, des

19 policiers qui s'y tenaient, quels qu'ils soient, et j'ai eu l'impression

20 que c'était des soldats de l'ABiH, même s'il me semble qu'à un moment

21 donné, le point de contrôle avait une composition mixte. Il y avait des

22 soldats et des policiers du HVO, mais cela évoluait. Cela fluctuait.

23 Parfois, les deux s'y trouvaient, effectivement. Mais pour ce qui est d'un

24 autre point de contrôle uniquement du HVO, non, il n'y en avait pas. Sur la

25 route qui allait du vieux pont à Mostar, non.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : -- doit-on en tirer comme conclusion que,

27 travaillant dans le secteur est de Mostar, vous pouviez vous déplacer pour

28 aller chez vous, à Mostar Ouest et revenir travailler à Mostar Est ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je pouvais y aller, je pouvais en

2 revenir, jusqu'au jour du conflit. Je ne sais pas ce qu'il en fut par la

3 suite. Ce jour-là, je suis allé au travail et après, je pouvais franchir

4 cette zone avec ma pièce d'identité.

5 Mme ALABURIC : [interprétation]

6 Q. Mes confrères et mes consoeurs me disent que la réponse que vous donnez

7 à ma question, quant à la question à savoir qui fournissait ces pièces

8 d'identité n'a pas été consignée au compte rendu. Pourriez-vous la

9 répéter ?

10 R. Vous avez demandé qui délivrait ces pièces d'identité permettant de

11 passer sur la rive gauche ou pour franchir le vieux pont. Je ne sais pas

12 qui c'était, qui délivrait ces pièces d'identité, parce que je ne devais

13 rien savoir à ce propos. En effet, à l'époque, j'habitais et je travaillais

14 sur la rive ouest.

15 Q. Mais c'était une pièce d'identité qui disait "ABiH."

16 R. Oui, en ce qui me concerne. Le document que j'ai eu, qui me permettait

17 du tout d'y aller, vu mes activités de médecin dans l'ABiH, avait

18 effectivement un en-tête disant "ABiH" et était signé par le commandant du

19 3e Bataillon.

20 Mme NOZICA : [interprétation] Je pense que c'est vraiment important et

21 lorsque le Juge Antonetti a pose sa question, ligne 17

22 -- excusez-moi, 17, 5, est-ce que vous aviez reçu une pièce d'identité de

23 l'ABiH ? Si j'ai bien compris, il a demandé si vous aviez reçu cette pièce

24 d'identité de l'armée, pas seulement de la Bosnie-Herzégovine.

25 Mme ALABURIC : [interprétation]

26 Q. Je n'ai plus qu'une question et elle concerne le conflit même qui est

27 survenu le 9 mai. Pourriez-vous nous dire si l'ABiH à partir de ces

28 positions dans la partie est de Mostar a tiré sur la partie ouest de Mostar

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1 le 9 mai, pour autant que vous ayez les informations à ce propos.

2 R. Tout ce que je sais, c'est à partir de ce comme on dit les combattants

3 qui étaient de ce quartier là de ce qui allait être la prochaine ligne de

4 séparation, ceux qui venaient à l'institut alors qu'ils accompagnaient des

5 patients. Les choses ont bougé, on avançait, on retirait. Plus tard, ils

6 ont répondu aux tirs comme ils l'ont pu avec ce qu'ils avaient, mais pour

7 savoir combien ils étaient.

8 Q. Est-ce que vous savez que dès le lendemain, le 10 mai, Izetbegovic et

9 Boban se sont mis d'accord pour qu'il y ait un cessez-le-feu, une trêve ?

10 Deux jours plus tard les commandants de l'ABiH et du HVO respectivement se

11 sont mis d'accord pour qu'il y ait cessez-le-feu ?

12 R. Non, je ne suis pas au courant. Je n'ai jamais participé à ces hauts

13 niveaux, pas alors et pas maintenant non plus.

14 Q. Pouvez-vous nous dire à partir du 11 mai jusqu'à la mi-mai ou la fin

15 mai, est-ce que les heurts -- les affrontements étaient beaucoup moins

16 intenses et qu'on ne serait les comparer à ce qui s'est passé le 9 et 10

17 mai ?

18 R. Comment vous le dire ? Vous savez, c'était un peu -- il y avait une

19 courbe et --

20 L'INTERPRÈTE : On demande aux intervenants de ne pas se chevaucher.

21 Mme ALABURIC : [interprétation]

22 Q. Ce qui m'intéresse c'est la première partie après le 10 mai.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je dois répondre ?

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Si vous pouvez répondre rapidement.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je vais le faire. Il y a eu si vous

27 voulez un premier crescendo et je dirais qu'après ce n'est que logique, il

28 y a eu une espèce d'accalmie dans l'intensité et des tirs. C'était un peu

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1 comme si on essayait -- on avait essayé de faire quelque chose. Que cela

2 n'avait pas marché et que maintenant on allait un peu tirer les uns sur les

3 autres. Puis de temps à autre, oui, effectivement, il y avait une reprise

4 de l'intensité après un premier "peak." Quant aux raisons, cela j'en sais

5 rien.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Docteur. Au nom de mes collègues je vous

7 remercie d'être venu témoigner à La Haye. Nous avons d'un quart d'heure,

8 mais vu les circonstances, il fallait vraiment à titre exceptionnel

9 terminer avec vous compte tenu de votre profession afin que vous regagniez

10 vos malades rapidement. C'est pour cette raison qu'on a prolongé d'un quart

11 d'heure, et le service du Greffe me pardonnera, j'en suis sûr.

12 Pour la semaine prochaine, Monsieur Mundis, il y a un plan qui est prévu.

13 Nous avons -- j'ai compté neuf témoins. J'espère que nous arriverons à

14 passer ces neuf témoins.

15 M. MUNDIS : [interprétation] Oui, nous avons prévu ce programme et on

16 essaiera d'arriver de A à B le plus vite possible.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous fais confiance. Je remercie toutes les

18 personnes présentes, et je vous invite à revenir pour l'audience qui

19 débutera lundi à 14 heures 15. Je vous remercie.

20 --- L'audience est levée à 19 heures 15 et reprendra le lundi 29 janvier

21 2007, à 14 heures 15.

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