Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 29789

  1   Le mardi 24 juin 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  6   l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges, bonjour à

  8   toutes les personnes présentes dans le prétoire et à l'extérieur. Il s'agit

  9   de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. En ce mardi, je salue,

 11   Messieurs les accusés, Mesdames et Messieurs les avocats, Mesdames et

 12   Messieurs du bureau du Procureur ainsi que toutes les personnes qui nous

 13   assistent. Je crois que M. Scott a une question administrative à évoquer.

 14   Vous avez la parole.

 15   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

 16   Messieurs les Juges. Je ne vois pas le Juge Trechsel derrière le pilier,

 17   mais je le salue quand même. Je salue toutes les présentes dans le prétoire

 18   et à l'extérieur de celui-ci.

 19   Messieurs les Juges, je vous demande un peu de patience ce matin. Hier soir

 20   j'ai passé beaucoup de temps à me pencher sur les questions concernant ce

 21   témoin, j'ai examiné les nombreux documents que l'Accusation souhaitait

 22   présenter à ce témoin. Je peux dire aux Juges, suite au travail que j'ai

 23   effectué hier soir, que j'ai réduit la durée de mon contre-interrogatoire.

 24   Il y a un certain nombre de documents que j'aurais préféré présenter à la

 25   Chambre, mais j'ai décidé de ne pas me servir d'un nombre important de

 26   documents.

 27   Cela dit, compte tenu du nombre de questions soulevées lors de

 28   l'interrogatoire de la Défense, je pense que j'aurai besoin encore d'une

Page 29790

  1   heure pour terminer mon contre-interrogatoire. J'espère que vous serez

  2   d'accord avec moi, mais compte tenu du nombre important de questions à

  3   soulever avec ce témoin, compte tenu des fonctions occupées par ce dernier

  4   durant la période qui nous intéresse, certaines questions doivent être

  5   évoquées de façon détaillée. Lors de l'interrogatoire principal, je ne suis

  6   pas beaucoup intervenu, je l'ai laissé répondre.

  7   Il y a un exemple quand même qui est important, c'est la question du

  8   règlement antérieur de la présidence, nous en avons parlé hier. J'ai

  9   demandé au témoin de lire certains articles pour qu'ils soient traduits.

 10   J'espère que cela a servi à la Chambre qui dispose maintenant de ces

 11   éléments de preuve, mais cela a pris du temps. 

 12   Huit heures et 11 minutes ont été prévues pour l'examen de ce

 13   document par la Défense. Je pense que l'Accusation devrait avoir à peu près

 14   le même temps. J'ai noté que pendant la présentation des moyens à charge, à

 15   maintes reprises les contre-interrogatoires de la Défense ont duré autant

 16   de temps que les interrogatoires principaux, mais parfois même on dirait

 17   plus longtemps.

 18   Pour les raisons que j'ai mentionnées, je vous demande du temps

 19   supplémentaire, et même avec ce temps supplémentaire, je pense que Me

 20   Karnavas aura suffisamment de temps pour les questions supplémentaires et

 21   nous pourrons terminer avec ce témoin aujourd'hui. Merci.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez.

 23   Monsieur Scott, je crois qu'il devait vous rester une heure et 31

 24   minutes ou quelque chose comme ça, sauf erreur de ma part. Vous nous avez

 25   dit qu'il vous faut qu'une heure, donc vous n'avez pas besoin du temps

 26   supplémentaire.

 27   M. SCOTT : [interprétation] Excusez-moi, j'avais cru être clair. J'avais

 28   demandé une heure de plus, de plus que le temps qui m'avait été imparti.

Page 29791

  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Karnavas.

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, bonjour,

  3   Messieurs les Juges, bonjour à toutes les personnes présentes ici et autour

  4   du prétoire.

  5   Je comprends bien le souhait de l'Accusation qui voudrait consacrer plus de

  6   temps à l'examen de ce témoin, mais j'estime tout du moins que le Procureur

  7   n'a pas utilisé son temps à bon escient. Il y avait des questions qui

  8   n'étaient pas très importantes qui ont été abordées, des questions déjà

  9   établies sur lesquelles il est revenu à maintes reprises, des questions

 10   aussi qui n'étaient pas nécessairement pertinentes dans le cadre de

 11   l'audition de ce témoin. Si l'Accusation avait été plus efficace, je serais

 12   sans doute un peu plus généreux. C'est une première chose.

 13   Deuxième chose, ce qui ne concerne pas le fait de terminer ce témoin

 14   aujourd'hui. J'ai un autre témoin qui attend, qui est très occupé et qui ne

 15   peut comparaître que cette semaine. Je ne peux pas le faire revenir la

 16   semaine prochaine ni plus tard. Ça fait déjà plusieurs jours, puisqu'il est

 17   arrivé vendredi, qu'il est ici. Et je suis prêt à réduire le temps que je

 18   vais consacrer à cet autre témoin pour veiller à ce qu'il termine son

 19   audition cette semaine afin que nous retrouvions le rythme que nous avions

 20   respecté.

 21   Maintenant, l'Accusation demande du temps supplémentaire, si l'Accusation

 22   disait exactement quels sont les domaines qu'elle voudrait aborder de façon

 23   précise, ce serait utile pour vous et pour moi aussi, pour savoir si ce

 24   temps supplémentaire est mérité. Mais jusqu'à présent, tout ce que

 25   l'Accusation a dit c'est qu'elle a élagué, mais pourtant elle a quand même

 26   besoin d'une heure de plus.

 27   Et quelquefois, je vous le rappelle, j'avais un témoin et il y a

 28   encore un témoin qui me tracasse tous les jours, vraiment je ne m'en

Page 29792

  1   débarrasse pas de cette idée, cette frustration que nous avions eue à un

  2   ambassadeur qui était avec M. Vance et M. Owen, qui recueillait les notes

  3   et je n'avais que trois heures avec lui. Or, j'aurais voulu une journée de

  4   plus, mais je n'ai pas reçu de temps supplémentaire lorsque je

  5   l'interrogeais. Et ce témoin n'était ici que pour quatre jours. Ici, ça

  6   fait cinq jours que le témoin comparaît, qu'il est présent. Nous allons

  7   avoir une séance de travail supplémentaire, ça devrait suffire.

  8   A un moment donné, nous devons faire la meilleure utilisation

  9   possible du temps qui nous est donné. C'est ce que nous faisons du côté de

 10   la Défense. Je comprends bien ce que dit l'Accusation, mais elle n'a

 11   toujours pas présenté de cas méritant une rallonge.

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me le

 13   permettez, tout d'abord je voudrais saluer tout le monde ici dans ce

 14   prétoire. La Défense de M. Petkovic considère qu'il est extrêmement

 15   important que chaque partie au procès --

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Il n'y a pas d'interprétation.

 17   L'INTERPRÈTE : Apparemment, on a la traduction sur le canal B/C/S.

 18   Mme ALABURIC : [interprétation] Est-ce que vous recevez la traduction,

 19   Monsieur le Président ? Bien.

 20   J'ai salué tout le monde et je dis ce qui suit : la Défense du général

 21   Petkovic comprend les besoins de toutes les parties en l'espèce de disposer

 22   de suffisamment de temps pour entendre ce témoin de façon la plus

 23   appropriée d'après leur propre évaluation. Dans ce sens, nous avons

 24   toujours soutenu les demandes du Procureur quand il souhaitait disposer de

 25   plus de temps pour entendre ce témoin. Nous comprendrions le Procureur

 26   aussi s'il souhaitait avoir plus de temps pour entendre le témoin de la

 27   Défense. Mais dans ce cas précis, la Défense du général Petkovic n'est pas

 28   d'accord avec la demande du Procureur par laquelle il demande à avoir une

Page 29793

  1   heure de plus pour entendre ce témoin, puisqu'il base cela sur la façon

  2   dont il a compris le contre-interrogatoire des autres Défenses qu'il a

  3   interprété comme l'interrogatoire principal, donc il a fait l'amalgame

  4   entre mon contre-interrogatoire et l'interrogatoire principal de Me

  5   Karnavas, et je ne peux absolument pas accepter cela.

  6   Nous sommes absolument contre cette procédure, puisque

  7   l'interrogatoire principal de ce témoin ne peut pas être mis sur le pied

  8   d'égalité avec les contre-interrogatoires menés par différentes autres

  9   Défenses en l'espèce. C'est pour cela que nous sommes absolument contre ce

 10   procédé. Mais si jamais, si on faisait droit à la demande du Procureur, la

 11   Défense de Petkovic demande à avoir suffisamment de temps supplémentaire

 12   pour poser les questions par rapport aux différents points soulevés par le

 13   Procureur au cours de son contre-interrogatoire. Donc si on faisait droit à

 14   la demande du Procureur, nous demandons à avoir plus de temps pour

 15   interroger Me Akmadzic.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez. Vous allez avoir la parole Maître

 17   Khan.

 18   Monsieur Scott, dans l'heure que vous demandez, on va passer une

 19   heure, une fois de plus.

 20   Mais, Monsieur Scott, quel sujet vous vouliez aborder pendant cette

 21   heure et quels documents que vous vouliez évoquer?

 22   M. SCOTT : [interprétation] Il y avait quelques éléments que je voulais

 23   terminer, un peu nettoyer hier. Il y avait un document supplémentaire

 24   concernant les événements de janvier 1993. C'était le dernier sujet abordé

 25   hier matin. Il y avait eu une réunion importante à laquelle avait participé

 26   le témoin, c'était à Citluk en 1993, c'est important que vous voyiez ce

 27   document.

 28   Le témoin a fait une déclaration brève mais importante sur la division de

Page 29794

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29795

  1   l'assistance militaire ou des munitions aux Musulmans, ça été soulevé ici à

  2   plusieurs reprises dans ce prétoire.

  3   La Défense a passé beaucoup de temps à parler d'un certain Fikret

  4   Abdic, et je serai absolument précis et concis pour aborder ce sujet, mais

  5   vu le temps qu'y a consacré la Défense, je ne peux pas laisser de côté ce

  6   sujet.

  7   Il y a d'autres documents concernant le rôle de M. Akmadzic lorsqu'il

  8   a participé à des réunions et des événements. Et enfin, il y aura cinq ou

  9   six parties de transcripts présidentiels que je voudrais lui soumettre

 10   parce qu'il était présent. Il a participé à ces réunions.

 11   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, permettez-moi de répondre

 12   en quelques mots à ce qu'a dit Me Alaburic. Elle a peut-être le sentiment

 13   qu'elle doit parler de sentiments qui concernent son client, M. Petkovic,

 14   mais j'estime que je ne vais pas ajouter de nouveaux sujets qui concernent

 15   M. Petkovic. Si Me Alaburic a des questions à aborder, qu'elle veut vous

 16   soumettre, ça n'a rien à voir avec le fait que vous m'accordiez ce temps

 17   supplémentaire ou pas parce que je regarde de nouveau les chemises que j'ai

 18   ici, je ne pense pas qu'il y ait des documents qui concernent M. Petkovic

 19   dans les document que je vais aborder ce matin. Donc à mon avis, ça fait

 20   l'objet d'une décision indépendante du sujet que j'ai abordé.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Khan.

 22   M. KHAN : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que je vais

 23   m'inspirer de ce qu'a dit M. Le Juge Trechsel, je pense que vous avez

 24   entendu suffisamment d'arguments sur ce point.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, la Chambre après en avoir délibéré,

 27   donc rajoute 30 minutes au temps qui lui reste. Donc le Procureur aura deux

 28   heures pour terminer.

Page 29796

  1   M. SCOTT : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président, je

  2   ferai de mon mieux.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : On va introduire le témoin.

  4   Oui, pour Me Alaburic on verra en fonction des réponses si on vous donne,

  5   enfin si la Chambre, parce que moi, à titre personnel, j'ai déjà mon point

  6   de vue si la Chambre vous donne ou pas du temps.

  7   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  8   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, puisqu'il est

  9   évident que le temps qui a été consacré à mon contre-interrogatoire a servi

 10   de base pour la demande formulée par Me Scott et au fait que vous y ayez

 11   fait droit en partie, je vais demander à avoir plus de temps pour poser mes

 12   questions à ce témoin suite aux questions posées par M. Scott, mais je

 13   propose que l'on laisse cela pour la fin pour voir comment les choses

 14   évoluent et de combien de temps j'aurai besoin exactement.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Témoin, je vous salue.

 16   [[LE TÉMOIN : MILE AKMADZIC [Reprise]

 17   [Le témoin répond par l'interprète]

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Je m'excuse de vous avoir fait patienter. Pendant 20

 20   minutes, il y avait un problème de procédure à régler. Monsieur Scott, vous

 21   avez la parole.

 22   Contre-interrogatoire par M. Scott: [Suite]

 23   Q.  [interprétation] Merci, Messieurs les Juges. Je souhaite une bonne

 24   journée à toutes et à tous. Une fois de plus, bonjour, Monsieur le Témoin.

 25   Nous n'avons que très peu de temps et tout le monde souhaite que vous

 26   puissiez entrer chez vous aujourd'hui, c'est ce que nous espérons en

 27   fonction, bien sûr, des plans de vol, si j'ose dire. Mais je ferai de mon

 28   mieux et si vos réponses sont concises, ce serait utile.

Page 29797

  1   C'est de façon répétée que vous l'avez dit et je nous remets là par rapport

  2   au dernier jour, si j'ai bien compris votre déposition jusqu'aujourd'hui,

  3   vous avez dit que le HVO était considéré comme faisant partie intégrante

  4   des forces armées de l'Etat de Bosnie-Herzégovine et se trouvait sous le

  5   commandement Suprême de la présidence de Bosnie-Herzégovine, en principe;

  6   c'est ça ?

  7   R.  Oui, c'est exact.

  8   Q.  Le Président de la Chambre, M. Le Juge Antonetti, l'a fort bien dit

  9   hier à la page 71, dans une armée, il faut qu'il y ait un commandant

 10   suprême, puis il y a une hiérarchie, une chaîne de commandement. Vous

 11   seriez d'accord avec cette idée, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, en Bosnie-Herzégovine, la situation était spécifique. Si vous avez

 13   le commandement Suprême de la présidence, vous avez sept membres et pendant

 14   la guerre, sept plus trois.

 15   Q.  Vous conviendrez avec moi, j'espère que jamais au cours de la période

 16   qui va d'avril 1993 [comme interprété], point de départ de la plupart des

 17   questions que je vous ai posées, jusqu'à vers le mois de janvier 1994,

 18   jamais au cours de cette période Mate Boban n'a fait partie de la

 19   présidence de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 20   R.  Jamais.

 21   Q.  Par conséquent, si le HVO faisait partie intégrante des forces armées

 22   de l'Etat de Bosnie-Herzégovine, selon le commandement Suprême de la

 23   présidence de Bosnie-Herzégovine, en principe, le HVO ne se trouvait pas

 24   sous le commandement de Mate Boban; est-ce exact ?

 25   R.  Je n'ai pas très bien compris la question. Excusez-moi.

 26   Q.  Vous nous l'avez dit, le HVO faisait partie intégrante des forces

 27   armées de l'Etat de Bosnie-Herzégovine. Si c'est le cas, et si le

 28   commandement Suprême de ces forces armées se situe à la présidence de la

Page 29798

  1   Bosnie-Herzégovine, il ne se peut pas, n'est-ce pas, que M. Boban soit le

  2   commandant suprême de ces forces ?

  3   R.  M. Boban ne pouvait pas être le commandant suprême des forces armées de

  4   Bosnie-Herzégovine; il pouvait, en revanche, être le commandant d'un de ces

  5   segments.

  6   Q.  De quelle façon est-ce que vous voulez dire que M. Boban, lui-même, lui

  7   aussi relevait des ordres du commandement Suprême de la Bosnie-Herzégovine,

  8   la présidence ?

  9   R.  Toutes les forces armées de Bosnie-Herzégovine sont placées sous le

 10   commandement Suprême de la présidence de Bosnie-Herzégovine qui est un

 11   organe civil du commandement Suprême.

 12   Q.  Revenons à ce que M. Le Juge Antonetti disait hier. Il faut qu'il y ait

 13   un commandant suprême et le HVO ne peut pas en avoir deux, deux commandants

 14   suprêmes. On ne peut pas avoir comme commandant suprême la présidence de

 15   Bosnie-Herzégovine tout en ayant Mate Boban aussi ?

 16   R.  Hier j'ai répondu la question du Président. J'ai expliqué que d'un côté

 17   vous avez la présidence en tant que commandant suprême des forces armées,

 18   et que de l'autre côté, vous aviez le commandement conjoint de deux armées

 19   qui composent les forces armées de Bosnie-Herzégovine. D'un côté l'ABiH, et

 20   de l'autre côté, le HVO. J'ai expliqué que dans ce commandement conjoint,

 21   il pouvait y avoir aussi un certain nombre de personnes ou de membres qui

 22   en font partie, donc qu'il peut y avoir plusieurs membres qui font partie

 23   de ce commandement conjoint.

 24   Q.  Veuillez examiner la pièce P 01312, ça devrait se trouver dans le

 25   deuxième classeur. P 01312. Pendant qu'on essaie de trouver ce document, je

 26   précise aux fins du compte rendu qu'il semble que c'est une lettre ou

 27   communication envoyée par Bruno Stojic le 26 janvier 1993, qui aborde le

 28   sujet évoqué par nous hier, la décision du 15 janvier 1993, portant

Page 29799

  1   subordination ou réinstallation de certaines forces. 1312.

  2   Veuillez regarder la dernière page du document, le dernier paragraphe qui

  3   se trouve au-dessus du nom de M. Stojic. Au milieu du paragraphe, en

  4   réponse à une lettre que nous avons examinée hier, une lettre de M.

  5   Halilovic, M. Stojic dit ceci : "Pour notre part, nous sommes prêts sans

  6   condition à exécuter les ordres de notre commandant suprême, M. Boban."

  7   Je vous repose la question, ceci ne peut être exact, n'est-ce pas, parce

  8   que c'est la présidence de Bosnie-Herzégovine qui était le commandant

  9   suprême, le commandant collégial, commandant suprême collégial du HVO,

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, Monsieur. Il faut, par rapport à la lettre de M. Stojic, définir à

 12   quoi correspond le nous, probablement le HVO. Le segment du HVO, je pense,

 13   ici correspond à la personne de M. Boban qui est le commandant suprême du

 14   HVO, mais il n'est pas le commandant suprême des forces armées de la

 15   Bosnie-Herzégovine puisque c'est le rôle qui appartient à la présidence.

 16   Q.  Je vous soumets, une fois de plus, mon hypothèse, et ceci va dans le

 17   droit fil de ce que vous avez dit jusqu'à présent. Est-ce que vous voulez

 18   dire que le HVO était une partie intégrante des forces armées de Bosnie-

 19   Herzégovine ? Et si vous dites que M. Boban était le commandant en chef

 20   d'un segment en particulier de ces forces armées, est-ce que vous dites aux

 21   Juges de cette Chambre que M. Boban était soumis, faisait rapport, était

 22   comptable envers la présidence de Bosnie-Herzégovine qui était, elle, le

 23   commandant suprême ?

 24   R.  Je ne sais pas si M. Boban a fait des rapports auprès de la présidence

 25   de Bosnie-Herzégovine. Je sais en revanche que la présidence de Bosnie-

 26   Herzégovine disposait des informations concernant le fonctionnement du HVO

 27   qui était un segment des forces armées.

 28   Q.  Veuillez examiner le paragraphe précédent qui précède celui que nous

Page 29800

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29801

  1   venons de voir. En anglais, c'est le bas de la page 3. M. Stojic tient

  2   aussi ces propos : "Je suis chef du service de la Défense ou du ministère

  3   de la Défense de la communauté croate d'Herceg-Bosna." Et vu mes dernières

  4   questions, je vous demande

  5   ceci : convenez-vous qu'il n'y a aucun élément permettant de laisser

  6   entendre que là, au moment où nous sommes, depuis le milieu du mois de

  7   l'année 1992 jusqu'en janvier 1994, M. Stojic, chef de la Défense d'Herceg-

  8   Bosna, recevait ses ordres de la présidence de Bosnie-Herzégovine en tant

  9   que commandant suprême ?

 10   R.  Je dois dire que pendant cette période, nous étions en train de

 11   participer aux négociations. La présidence de Bosnie-Herzégovine, à ce

 12   moment-là, se rencontrait à l'étranger. Donc il y avait très peu d'échanges

 13   par écrit, nous nous mettions d'accord lors des sessions de travail de la

 14   présidence. Donc je ne saurais répondre de façon précise à la question que

 15   vous venez de me poser.

 16   Q.  Pouvez-vous dire à un Juge de cette Chambre si vous vous souvenez d'une

 17   réunion de la présidence, nous avons au cours des derniers jours examiné

 18   plusieurs documents. Est-ce que vous vous souvenez d'une seule réunion où

 19   M. Stojic serait venu faire rapport directement à la présidence du travail

 20   qu'il fait ou que son service, son département faisait, que ce soit

 21   directement ou indirectement ?

 22   R.  Je ne sais pas, mais je peux dire que Bruno Stojic, de par sa fonction

 23   à l'époque, ne dépendait pas directement de la présidence de Bosnie-

 24   Herzégovine, puisque entre lui et la présidence il y avait d'autres

 25   segments auprès desquels il aurait pu présenter ses rapports, notamment le

 26   ministre de la Défense.

 27   Q.  Examinez, s'il vous plaît, dans le premier classeur, la pièce P 00042.

 28   Il doit s'agir en principe du premier document du premier classeur. 42. Au

Page 29802

  1   compte rendu, on lit 402, mais il s'agit de la pièce P 00042.

  2   Monsieur, je souhaiterais évoquer brièvement ce sujet dont nous avons déjà

  3   un peu parlé et je souhaiterais revenir sur ce que vous avez dit hier. Est-

  4   il exact de dire que pendant toute cette période, à partir du milieu de

  5   l'année 1991 et jusqu'à la fin de l'année 1992, il y avait des dissensions

  6   importantes au sein de la direction du HDZ de Bosnie-Herzégovine, et ces

  7   problèmes n'ont été résolus qu'en novembre 1992. A l'époque, la plupart des

  8   modérés de ce parti, notamment M. Kljuic, M. Brkic et d'autres, avaient

  9   quitté le parti, en avaient été éjectés ou avaient été marginalisés; est-ce

 10   exact ?

 11   R.  Ce n'est pas exact.

 12   Q.  Pourriez-vous maintenant vous pencher sur la pièce P 00042. Il est

 13   question du procès-verbal d'une réunion du HDZ de Bosnie-Herzégovine dans

 14   la région de Travnik le 21 juillet 1991. J'appelle votre attention sur le

 15   paragraphe 5 de ce document. Il y est dit : "Si le président Stjepan Kljuic

 16   n'est pas en mesure de quitter la direction du HDZ parce qu'il est membre

 17   de la présidence de Bosnie-Herzégovine," et ainsi de suite - et je vous

 18   renvoie également au paragraphe 13 où il est dit, entre autres, que : "Les

 19   députés du HDZ," - je suppose au sein de l'assemblée de Bosnie-Herzégovine,

 20   il fait référence à un passage situé plus haut, "sont devenus des

 21   marionnettes de la politique du SDA." Est-ce que vous voyez cela ?

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, je soulève une

 23   objection. Si l'on se penche sur le paragraphe numéro 5, en fait, nous

 24   voyons qu'il s'agit d'une manière assez rusée d'établir des liens pour

 25   correspondre à la thèse de l'Accusation. Au paragraphe 5, il est dit : "En

 26   raison de sa position de membre, il est recommandé que les séances soient

 27   présidées par d'autres vice-présidents ou d'autres membres habilités de la

 28   présidence." Qu'est-ce que ça veut dire ? Peut-être qu'il a des fonctions

Page 29803

  1   qui l'empêchent d'assister à cette réunion, peut-être que ça n'a rien à

  2   voir avec ses idées politiques contrairement à ce que laisse entendre

  3   l'Accusation. Donc voilà mon premier point; deuxièmement, quel est le

  4   rapport avec la question qui nous intéresse, en quoi est-ce pertinent ? Je

  5   ne vois absolument pas la pertinence de cette question. Il a demandé du

  6   temps supplémentaire, mais nous perdons du temps.

  7   M. SCOTT : [interprétation] Premièrement, en réponse, je dirais que je n'ai

  8   pas le temps de présenter tous les documents qui m'intéressent à ce témoin

  9   pour démontrer ma thèse. Je peux poser la question au témoin. Et je suis

 10   surpris qu'il y ait un litige, mais il y avait des différences d'opinion

 11   entre M. Kljuic, M. Boban, M. Kostroman et d'autres, tout le monde le sait.

 12   Deuxièmement, je pense que c'est très pertinent, car l'Accusation est

 13   d'avis que dans les documents il est souvent fait référence à l'idée fausse

 14   que le HDZ s'exprimait au nom de tous les Croates et au nom de tous les

 15   commandants du parti alors qu'il y avait des différents courants au sein du

 16   HDZ au début. Et l'affaire la plus la plus pertinente est à la fin de

 17   l'année 1992, c'est-à-dire c'est la période la plus importante pour l'acte

 18   d'accusation. Fin 1992, le HDZ n'était pas le même qu'au début. Si la

 19   Défense dit que ce n'est pas contesté, nous allons considérer que c'est un

 20   fait admis et nous allons aller de l'avant. S'il s'agit d'un point de

 21   litige, l'Accusation doit être autorisée à présenter sa thèse.

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] Comme dans tous les partis politiques au

 23   sein du HDZ, il y avait des points de vue différents. Nous voyons ce qui se

 24   passer aux Etats-Unis actuellement. A l'époque, c'était pareil en Croatie

 25   ou en Bosnie, personne ne le conteste. C'est pareil partout dans le monde.

 26   Deuxièmement, Kljuic a démissionné, que les choses soient claires. Il a

 27   démissionné. Alors, est-ce qu'il a démissionné ou est-ce qu'il a été éjecté

 28   ? Non, il a démissionné, c'est un fait qui a été établi dans ce procès.

Page 29804

  1   Alors, est-ce qu'il a succombé à des pressions ? Peu importe. Le fait est

  2   qu'il a démissionné. Mais est-ce que l'on est en train de poursuivre le

  3   HDZ, est-ce ce qui est au cœur du procès ? Donc je demande que l'on

  4   s'intéresse vraiment à ce qui nous intéresse ici, sinon, tout est

  5   poursuivi, on doit tout défendre.

  6   M. SCOTT : [aucune interprétation] 

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : -- parce que la Chambre estime que ça peut rentrer

  8   dans l'entreprise criminelle commune dans la mesure où M. Kljuic, sur la

  9   thèse de l'Accusation, aurait quitté la direction du HDZ. C'est la thèse de

 10   -- du Procureur, donc autant qu'il vérifie sa thèse auprès du témoin. Bon,

 11   alors posez votre question, Monsieur Scott.

 12   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Monsieur Akmadzic, peut-être que le conseil en partie a raison, peut-

 14   être que je n'ai pas choisi le meilleur document sur ce point, il en existe

 15   beaucoup d'autres. Toujours est-il que vous savez, n'est-ce pas, qu'au

 16   milieu de l'année 1991, à l'automne 1991, à l'époque où des réunions très

 17   importantes se sont tenues à Zagreb, notamment le 27 décembre 1991, il y

 18   avait des points de vue très divergents au sein du HDZ de Bosnie-

 19   Herzégovine. Il y avait un conflit opposant M. Boban et M. Kordic d'un côté

 20   et M. Kljuic de l'autre; est-ce exact ?

 21   R.  Messieurs les Juges, je voudrais que nous cernions ce sujet et que j'en

 22   finisse de répondre à ces questions. Le HDZ a remporté les élections en

 23   Bosnie-Herzégovine avec une majorité écrasante. Le HDZ détient encore le

 24   pouvoir dans la Bosnie-Herzégovine, du moins pour ce qui est de la partie

 25   qui se rapporte à la population croate. Le HDZ n'a pas toujours et partout

 26   été unanime et nous n'avons pas estimé que cela eut été intelligent ou bon

 27   que d'avoir ce type d'accord.

 28   Parce que nous, pendant socialisme, l'époque socialiste, nous

Page 29805

  1   parlions de pensées uniques et nous avons lutté contre au niveau des trois

  2   peuples, des trois ethnies. Et en 1990-1991, lorsque nous avons procédé à

  3   ces élections et changé le pouvoir en place, nous avons dit que nous avions

  4   un pouvoir démocratique où tous les gens -- toutes les gens avaient le

  5   droit d'exprimer leurs opinions.

  6   Ce avec quoi je ne suis pas d'accord en ce moment-ci avec le

  7   Procureur, c'est le fait de dire que M. Kljuic et d'autres sont des

  8   modérés, donc les autres ne seraient pas modérés, voire extrémistes ou que

  9   sais-je. Alors, je ne suis pas du tout d'accord avec ce type d'allégation,

 10   parce que me concernant je ne pense pas que M. Kljuic ait été si modéré que

 11   cela.

 12   Les plus modérés parmi eux, enfin, estimaient que j'étais le plus

 13   modéré. Donc j'aimerais qu'on prenne en considération mon opinion. Il y a

 14   eu des opinions différentes qui se sont exprimées de façon démocratique. M.

 15   Kljuic a démissionné, parce qu'il n'était pas d'accord avec la majorité,

 16   c'était son droit et c'était la possibilité -- l'une des possibilités qui

 17   s'offrait à lui. Je suis d'accord pour dire --

 18   Q.  A moins que la Chambre ne m'accorde davantage de temps, je suis obligé

 19   de vous interrompre. Veuillez répondre à ma question. En fait, pourriez-

 20   vous vous pencher sur le document P 00743 qui se trouve dans le deuxième

 21   classeur.

 22   Nous avons là le procès-verbal d'une réunion du HDZ de Bosnie-Herzégovine,

 23   deuxième assemblée générale tenue à Mostar le 14 novembre 1992. De nombreux

 24   points sont évoqués dans ce document, mais nous n'avons pas beaucoup de

 25   temps pour les évoquer en détail.

 26   Première page, j'attire votre attention sur le point 3 où il est question

 27   des invités du parti de la République de Croatie, Gojko Susak, MM. Pasalic,

 28   Vukjevic, Juric, Zulic. Au point 5, on voit les invités de Bosnie-

Page 29806

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21   

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29807

  1   Herzégovine, Mile Akmadzic, Miro Lasic, Franjo Boras, Mariofil Ljubic,

  2   Vlado Pandic, Jadranko Prlic et d'autres.

  3   Au point 7, il y est dit que la convention générale a commencé par le salut

  4   à la patrie et Lijepa Nasa, l'hymne a été chanté. L'hymne de la République

  5   de Croatie, n'est-ce pas ?

  6   R.  Monsieur, c'est l'hymne du peuple croate que l'Etat croate a adopté

  7   comme sien, mais c'est l'hymne chanté également par les Croates de la

  8   Bosnie-Herzégovine. Et tant qu'on y est, permettez-moi de dire qu'il y a

  9   deux drapeaux qui se ressemblent; le drapeau de la République de Croatie et

 10   le drapeau du peuple croate en Bosnie-Herzégovine.

 11   Q.  Oui, vous avez raison, les drapeaux sont très semblables. Pourriez-vous

 12   maintenant vous pencher sur le point 22 en anglais, cela se trouve au bas

 13   de la page 5. Revenons sur quelque chose dont nous avons parlé hier. Est-il

 14   exact de dire, comme il est dit au point 22, que Mate Boban a été élu

 15   président du HDZ de Bosnie-Herzégovine, comme il est dit ici ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Puis, au point 23, nous voyons que plusieurs vice-présidents ont été

 18   élus sur proposition de Mate Boban : vous; M. Dario Kordic; M. Jadranko

 19   Topic, qui était le maire de Mostar ou le président du HVO; et M. Ivo

 20   Zivkovic. Tous les quatre, vous avez été en quelque sorte nommés par M.

 21   Boban, n'est-ce pas ?

 22   R.  C'est absolument faux. Nous avons été proposés et élus par le

 23   parlement.

 24   Q.  On peut lire "Sur proposition de Mate Boban…" Vous dites que ce n'est

 25   pas vrai ?

 26   R.  La proposition et l'élection ce n'est pas pareil. Enfin, je suis

 27   linguiste. Suite à une proposition de Mate Boban, ont été élus par le

 28   parlement du HDZ, les représentants, un tel, un tel, un tel. Ce n'est pas

Page 29808

  1   la même chose.

  2   Q.  Peut-être que vous m'avez mal compris, peut-être qu'il s'agit d'un

  3   problème de traduction. Le fait est que vous avez été nommés par M. Boban,

  4   n'est-ce pas ?

  5   R.  Ce n'est pas exact. On en a débattu dans ce prétoire. Nomination et

  6   élection ce n'est pas du tout la même chose. Nomination c'est "appointment"

  7   en anglais et élu c'est "elected." Et ici on dit "elected," élus.

  8   Q.  Au point 24, on peut lire : Sur proposition de Mate Boban, 40 personnes

  9   ont été élues au sein du comité central du HDZ. Il s'agissait du comité

 10   principal du parti, du comité exécutif du parti, n'est-ce pas ?

 11   R.  Je ne peux pas parler du parti à ce point-là, parce que je venais

 12   d'être élu et nous n'avions pas le statut du parti sous les yeux pour voir

 13   comment procéder aux élections en application du statut du parti. On a

 14   parlé hier d'autre chose et on a vu que le règlement régissant le

 15   fonctionnement de la présidence était différent de ce qu'on avait parlé au

 16   départ, ou plutôt, il différait de ce que j'avais affirmé au début.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott, il y a une question d'un Juge.

 18   M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Scott, excusez-moi.

 19   Monsieur le Témoin, je voudrais revenir un peu à la question de nominations

 20   et d'élections. Si nous considérons le paragraphe 23, élection du vice-

 21   président. En français, parce que moi, je suis le texte de la traduction en

 22   français. J'ai entendu : Sur proposition de Mate Boban, les quatre

 23   personnes ont été élues. Elues, il n'y a pas de problème. Mais la

 24   proposition, c'est quoi ? C'est une -- en anglais ils disent : Vous étiez

 25   des nominés de M. Boban ou vous étiez proposés sur une liste, par exemple,

 26   de plus de quatre personnes ?

 27   En d'autres termes, M. Mate Boban a proposé quatre personnes, a nominé

 28   quatre personnes et les quatre personnes ont été élues ou bien il avait

Page 29809

  1   proposé plus de personnes, par exemple, cinq, six, dix ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'arrive pas m'en souvenir. Je pense que M.

  3   Boban avait proposé les cinq personnes qui ont été élues. Et s'il y avait

  4   eu d'autres propositions émanant d'autres membres du parti, chose que je

  5   saurais ni confirmer ni infirmer à ce moment-là, mais M. Boban a proposé et

  6   l'assemblée, tous les membres du parti qui étaient délégués là ont élu

  7   cette direction précise.

  8   M. LE JUGE MINDUA : La toute dernière question. L'assemblée avait

  9   l'autorité et le pouvoir de refuser les quatre personnes ou l'une des

 10   quatre personnes; c'est bien cela ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] L'assemblée pouvait refuser les quatre,

 12   refuser même l'élection de Mate Boban, l'élection du vice-président.

 13   L'assemblée c'est l'organe au sommet du parti à l'époque et c'est de nos

 14   jours encore le cas.

 15   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

 16   M. SCOTT : [interprétation]

 17   Q.  Peut-on maintenant passer à la pièce P 02142 qui doit se trouver dans

 18   le deuxième classeur. P 02142. Il s'agit d'un rapport portant sur une

 19   réunion tenue à Citluk le 29 avril 1993, réunion de la présidence à

 20   laquelle ont assisté un certain nombre de personnes. La présidence, le

 21   gouvernement de la HZ HB, et ainsi de suite. Vers le milieu de la première

 22   page, nous voyons votre nom. Vous avez assisté à cette réunion. Nous voyons

 23   le nom de Mile Akmadzic.

 24   Puis juste en dessous, quelques lignes plus bas, après la liste, nous

 25   voyons une déclaration qui vous est imputée. Vous dites, je cite :

 26   "Officiellement contester le mandat de M. Izetbegovic en tant que président

 27   (à partir du 2 novembre 1992)".

 28   Alors, je vais vous donner mon interprétation et vous me direz si vous êtes

Page 29810

  1   d'accord ou pas. Alors, jusqu'à ce moment-là, M. Izetbegovic, en tant que

  2   président n'avait pas été "contesté officiellement" ? C'est ce que vous

  3   dites ?

  4   R.  On en a parlé hier. La présidence de M. Izetbegovic a été contestée à

  5   partir du 20 décembre 1992. C'est pour des raisons de compromis qu'on a

  6   accepté qu'il reste parce qu'il était membre de la présidence. Il était à

  7   la tête du peuple majoritaire de Bosnie-Herzégovine aux négociations. Nous

  8   ne pouvions pas donc mettre de côté ce fait-là. Mais lui, en sa qualité de

  9   président de la présidence, nous l'avons contesté.

 10   Q.  Avant la réunion tenue à Citluk, le 29 avril 1993, la direction du HDZ,

 11   à savoir M. Boban, vous-même, M. Kordic et d'autres, et les autres membres

 12   du parti avaient-ils "officiellement contesté" le mandat de M. Izetbegovic

 13   en tant que président ? Donc avant le 29 avril ?

 14   R.  Je vous prie de mettre de côté le parti et l'Etat bien que les

 15   représentants du parti fassent partie des autorités de l'Etat. Le mandat de

 16   M. Izetbegovic a été contesté par les membres de la présidence du peuple

 17   croate au sein de la Bosnie-Herzégovine. C'étaient donc des représentants

 18   officiels de l'Etat et le parti ne pouvait avoir qu'un lien consultatif,

 19   mais pas un lien déterminant.

 20   Q.  Pourriez-vous examiner la pièce P 10482 qui se trouve dans le troisième

 21   classeur. Il s'agit d'une interview que vous avez accordée le 4 mai 1993 à

 22   Vecernji List, un quotidien de Zagreb. Vous avez accordé un entretien qui a

 23   été publié dans ce journal de Zagreb, le 4 mai 1993, soit quelques jours

 24   après la réunion tenue à Citluk le 29 avril.

 25   Au troisième paragraphe, on vous impute une déclaration, je cite :

 26   "Il dit qu'il n'exclut pas les membres croates du gouvernement qui se

 27   trouvent dans la ville méridionale de Mostar et qui s'autoproclament

 28   gouvernement de Bosnie-Herzégovine."

Page 29811

  1   Est-ce que cela reflète bien vos propos ce que l'on peut trouver dans

  2   l'entretien du 4 mai 1993 ?

  3   R.  Je n'arrive pas à retrouver ce que vous évoquez, mais je peux vous

  4   confirmer la chose suivante : cette interview, je n'ai pas vérifié et

  5   approuvé. Les réunions que vous venez de mentionner, je pense que les dates

  6   ne sont pas bonnes, mais je ne sais pas si cela est important. Je ne me

  7   pencherai pas sur ces interviews aux journaux, ce n'est pas des journaux

  8   officiels, je n'ai pas vérifié, autorisé ce qui a été dit, et je ne me

  9   souviens pas de ce que j'ai dit du reste.

 10   Q.  Je ne sais pas ce que vous entendez par "autorisé". Est-ce que vous

 11   avez accordé un entretien vers le 4 mai 1993 ou pas ? Commençons par cette

 12   question et ensuite nous passerons à autre chose. Avez-vous accordé une

 13   interview à cette époque ou bien est-ce que ce quotidien de Zagreb a tout

 14   inventé ?

 15   R.  Je tiens d'abord à expliquer ce que je dis "approuvé" et "autorisé."

 16   Q.  Avez-vous accordé un entretien ?

 17   R.  Je ne m'en souviens pas. Probablement, je ne m'en souviens pas. J'en ai

 18   donné beaucoup, vous savez, des interviews.

 19   M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, reprenons la question

 20   de M. Scott, "Je ne sais pas ce que vous entendez par "autorisé ou

 21   approuvé." Alors il essaie d'obtenir une explication de ce terme. Puis, M.

 22   Scott pose sa question de façon assez sarcastique, puis il dit : "Je ne

 23   sais pas ce que vous entendez par 'autorisé ou approuvé'." Mais il ne peut

 24   pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Il ne peut pas poser une

 25   question et ensuite empêcher le témoin de répondre.

 26   M. SCOTT : [interprétation] Comme Me Karnavas aime à le dire, essayons de

 27   procéder par étape. Je souhaiterais que l'on établisse le premier point.

 28   D'abord, est-ce qu'il y a eu une interview; voyons ensuite si interview il

Page 29812

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29813

  1   y a eu, si cette interview a été autorisée ou pas.

  2   Q.  Donc, Monsieur le Témoin, vous ne vous souvenez pas avoir accordé

  3   d'interview ?

  4   R.  J'ai dit que j'avais accordé beaucoup d'interviews. Et cette interview

  5   au concret, je ne m'en souviens pas. Je n'affirme pas que je n'aie pas

  6   accordé cette interview aussi.

  7   Q.  A l'époque, fin avril ou début mai 1993, est-ce que vous pensiez que

  8   les membres croates du gouvernement qui se trouvaient dans la ville

  9   méridionale de Mostar pouvaient s'autoproclamer gouvernement de Bosnie-

 10   Herzégovine ? Etiez-vous de cet avis à l'époque ?

 11   M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais

 12   intervenir brièvement. Ma consoeur qui lit le croate, contrairement à moi,

 13   m'a dit que si l'on compare le texte traduit et le texte original, ce n'est

 14   pas la même chose. Le texte que nous avons ici ne correspond pas à

 15   l'entretien, donc l'article paru et l'autre document ne correspondent pas.

 16   C'est peut-être un montage, une question d'interprétation, mais le document

 17   que nous avons ici, cet extrait du journal n'est pas ce qui correspond à ce

 18   que nous avons, me dit-on. Donc il y a une agence qui interprète, ce qui a

 19   été dit, c'est peut-être de là que vient la confusion.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur Scott, ça ne m'a pas échappé. Le

 21   premier document c'est la dépêche en anglais de l'agence France-Presse qui,

 22   en règle générale, fait des dépêches en français, donc c'est déjà une

 23   traduction. Deuxièmement, l'article on l'a, il y a la photo du témoin. Donc

 24   il serait peut-être bon que vous puissiez montrer au témoin l'article parce

 25   que moi je vois l'article. Il semble qu'il y ait des questions et des

 26   réponses. La question semblait être en noire et puis la réponse en grisé.

 27   Alors comme vous avez une assistance en B/C/S, elle peut peut-être vous

 28   indiquer où se trouve la question reprise par la dépêche de l'agence

Page 29814

  1   France-Presse.

  2   M. SCOTT : [interprétation] Je n'ai pas ce type d'assistance dans la salle

  3   d'audience, je verrai ce qu'il en est à l'extérieur.

  4   Je vois que le témoin dispose de l'article. Il a une version

  5   agrandie, plus lisible de cet article.

  6   Contrairement à Me Karnavas, je ne peux pas lire le document dans sa

  7   version originale, mais je comprends ce que vous dites. Il s'agit de la

  8   traduction de ce document qui m'a été remise. Peut-être qu'une partie de

  9   l'entretien a été revue, le témoin peut regarder l'entretien original, là

 10   où il y a sa photo, vous étiez un peu plus jeune à l'époque, comme nous il

 11   y a 15 ans, mais moi non plus je ne peux pas lire le document original,

 12   Monsieur le Président, mais je demanderai à quelqu'un à l'extérieur du

 13   prétoire de nous aider.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors vous reviendrez peut-être après la pause

 15   sur la question.

 16   Continuez.

 17   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, c'est ce que je

 18   ferai. Veuillez m'accorder un instant. Merci, Monsieur le Président, nous

 19   allons essayer de tirer les choses au clair. Cela dit, le témoin ne nie pas

 20   avoir accordé un entretien mais il ne s'en souvient pas. Alors je ne sais

 21   pas dans quelle mesure cela nous aidera. Donc je lui ai demandé s'il se

 22   souvenait avoir accordé cet entretien ou pas.

 23   Q.  Toujours est-il, je voulais savoir si à l'époque, fin avril 1993, début

 24   mai 1993, j'ai voulu savoir si le témoin pensait que les membres croates du

 25   gouvernement qui se trouvaient dans la ville méridionale de Mostar auraient

 26   pu s'autoproclamer gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Je souhaiterais que

 27   le témoin réponde à cette question de toute façon.

 28   Monsieur le Témoin, était-ce là votre position à l'époque ?

Page 29815

  1   R.  Si vous voulez on ne va pas parler de journaux, je peux vous dire ce

  2   que j'en pense. Je ne pensais pas à l'époque et je ne pense pas au jour

  3   d'aujourd'hui --

  4   Q.  C'est exactement ce que je viens de dire. Vous ne vous souvenez pas de

  5   cette interview-ci donc vous répondez à ma question. Nous avons dit tous

  6   les deux la même chose. Est-ce que vous estimiez quand même à l'époque que

  7   c'était là votre position ?

  8   R.  Non, je ne le pensais pas à l'époque et je ne pense pas au jour

  9   d'aujourd'hui que nous, les Croates, nous étions capables de créer tout

 10   seuls le gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Si c'est cela qui est écrit

 11   dans les journaux, c'est qu'on m'a cité à tort, c'est qu'on a mal

 12   interprété ce que j'ai dit. Je dois ajouter --

 13   Q.  Quelle était votre position à l'époque, est-ce que vous pensiez, c'est

 14   dit aussi dans cet article, que vous vous en souvenez pas, je vous soumets

 15   cette hypothèse : est-ce que vous vous souvenez avoir affiché cette

 16   position à l'époque, à savoir qu'à cette période-là la Bosnie-Herzégovine

 17   n'existait plus en tant qu'entité légale puisqu'elle ne contrôlait plus

 18   tout son territoire même si le pays avait été reconnu par la communauté

 19   internationale ? Etait-ce là votre position à l'époque ?

 20   R.  Ce n'était pas ma position. Je pense qu'ici on connaît très bien ce que

 21   je pensais, ce que je disais à l'époque. La présidence dans la fonction

 22   telle qu'elle a été la sienne à l'époque n'avait pas toute sa légitimité,

 23   le contrôle du territoire c'était autre chose. Vous pouvez avoir un pays

 24   qui est complètement occupé tout en étant un pays reconnu.

 25   Q.  Mais votre position était-elle que la Bosnie-Herzégovine, en avril et

 26   mai 1993, n'existait plus en tant qu'entité légale ?

 27   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection. Question posée qui a reçu

 28   réponse. On peut le faire à l'infini, mais je suis un petit peu troublé par

Page 29816

  1   l'attitude de la Chambre qui a accordé ce temps supplémentaire à

  2   l'Accusation sans qu'il ait d'abord épuisé le temps qu'il avait reçu au

  3   départ. Parce que maintenant il abuse de votre indulgence.

  4   M. SCOTT : [interprétation] Pas du tout, j'essaie d'obtenir une réponse et

  5   la page est encore à l'écran. Il a parlé de la légitimité de la présidence.

  6   Ma question n'était pas celle-là, ma question ne se bornait pas à la

  7   question de la présidence. Je reprends ce qui est présenté dans cet article

  8   comme étant une déclaration du témoin, à savoir qu'à l'époque la Bosnie-

  9   Herzégovine n'existait plus en tant qu'entité légale, et je lui ai demandé

 10   de confirmer ça ou pas.

 11   M. KARNAVAS : [interprétation] Vous avez dit que l'Accusation qui ne

 12   comprend pas le B/C/S, le croate, devrait prendre le temps de la pause pour

 13   lire ce texte. Nous estimons que c'est soit une interprétation d'un

 14   entretien ou simplement un montage est monté de toutes pièces. Et tant que

 15   ceci n'est pas tiré au clair, il ne convient vraiment pas que le Procureur

 16   dise, "Monsieur, c'était là votre position." Il peut lui poser une

 17   question, ce qu'il a fait, mais maintenant de là à dire, nous avons ce

 18   texte et est-ce que c'est ce que vous avez dit à l'époque, mais on ne sait

 19   même pas si ce sont là les propos du témoin. Oui, Monsieur le Juge

 20   Trechsel.

 21   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, je n'ai pas entendu

 22   le Procureur parler dans ce sens, je n'ai pas dit si c'était sa position.

 23   Il lui a posé une question qui était ouverte, il lui a demandé est-ce que

 24   c'était là sa position ou pas, quelle que soit la teneur de l'article. Et

 25   le témoin a dit, "Mettons de côté l'article et parlons du sujet." Moi, je

 26   pensais que c'était ça qui se passait.

 27   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, mais alors M. Scott revient à

 28   l'article. Il peut poser cette question, il peut demander au témoin quelle

Page 29817

  1   était sa position à telle ou telle date quel que soit l'article, mais il a

  2   dit, mais c'était bien ce qui était dans l'article. En tout cas, c'est ce

  3   que moi j'ai entendu. Donc là vraiment, il gagne sur tous les tableaux, il

  4   peut présenter sa thèse au témoin tant qu'il veut, je ne ferai jamais

  5   d'objection.

  6   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Juge Trechsel, vous avez tout à

  7   fait raison. Je n'avais pas besoin du document, je pouvais l'avoir sous les

  8   yeux comme base pour poser des questions au témoin, et c'est là que nous en

  9   sommes.

 10   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Mais vous avez quand même parlé de

 11   la déclaration qui était faite dans cet article.

 12   M. SCOTT : [interprétation] Bien, je vais reformuler ma question.

 13   Q.  Je vous repose ma question, Monsieur le Témoin. En avril et en mai

 14   1993, est-ce que vous estimiez que la Bosnie-Herzégovine n'existait plus en

 15   tant qu'entité légale ?

 16   R.  Je considérais que la Bosnie-Herzégovine existait du point de vue

 17   juridique en tant qu'Etat. Donc juridiquement, qu'est-ce que cela veut dire

 18   juridiquement ? Je ne sais pas. Vous les Juristes, vous pouvez en discuter,

 19   moi, je ne sais pas ce que cela veut dire. Mais la Bosnie-Herzégovine à

 20   l'époque dont vous parlez existait en tant qu'entité, qu'Etat international

 21   quels que soient ses problèmes internes.

 22   Q.  Si vous, Monsieur, et la majorité des membres croates du gouvernement

 23   du Bosnie-Herzégovine avez quitté Sarajevo lorsque arrive la date de

 24   décembre 1992 ?

 25   R.  Nous, Monsieur le Président, nous avons proposé que le gouvernement

 26   soit déplacé de Sarajevo aussi bien que la présidence puisque Sarajevo

 27   était placée sous blocus. Sarajevo était encerclée.

 28   Q.  Ce n'était pas ma question. Je vous demande si vous et la majorité des

Page 29818

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29819

  1   membres croates, en fait, étiez partis de Sarajevo déjà lorsque arrive le

  2   mois de décembre 1992. C'était ma question et je vous demande d'y répondre.

  3   Oui ou non ? Est-ce que vous aviez quitté Sarajevo, est-ce que vous aviez

  4   déménagé de Sarajevo en décembre 1992 ?

  5   R.  Certains membres sont partis à différentes époques, pas seulement au

  6   mois de décembre 1992. Ensuite ils revenaient à Sarajevo. Ils sont

  7   retournés à Sarajevo, où ils assistaient à nouveau aux sessions de travail

  8   de la présidence. Vous avez des procès-verbaux qui indiquent que moi, j'y

  9   ai assisté aussi bien à Sarajevo qu'à l'extérieur de Sarajevo.

 10   Q.  Est-ce qu'en décembre 1992, vous aviez déjà quitté Sarajevo et est-ce

 11   que vous avez accepté de revenir une ou l'autre fois à Sarajevo pour des

 12   objectifs précis, pour des situations précises, mais sinon, pour toute

 13   l'année 1993, vous êtes resté à l'extérieur de Sarajevo ?

 14   R.  Monsieur, en 1992, entre un Noël et le Nouvel An, à peu près le 28, je

 15   dirais.

 16   Q.  Non, c'est pas la question que je vous pose. Non, non, je vous ai

 17   demandé si en décembre 1992, vous étiez parti de Sarajevo et, à part l'une

 18   ou l'autre occasion, vous n'avez pas vécu, habité à Sarajevo, si ce n'est

 19   que pour une éventuelle visite, mais sinon, vous étiez à l'extérieur. Oui

 20   ou non ?

 21   R.  Je ne peux pas répondre par un oui ou par un non à la question posée.

 22   Je ne peux pas répondre, parce que je suis allé assister aux négociations

 23   de Genève.

 24   Q.  Vous ne savez pas où vous habitiez en 1993 ?

 25   R.  Monsieur, mon appartement à Sarajevo a été pillé, je n'avais plus rien

 26   là-dedans, mais j'ai tout de même continué à assister aux sessions de

 27   travail, j'ai assisté aussi aux négociations à l'étranger. Mon appartement

 28   a été complètement pillé, il ne restait plus rien dedans et je ne pouvais

Page 29820

  1   pas y aller du tout.

  2   Q.  Donc vous répondez à ma question en disant, oui, je n'étais pas à

  3   Sarajevo mis à part l'une ou l'autre fois après décembre 1992.

  4   R.  C'est vous qui tirez vos conclusions.

  5   Q.  [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur le Témoin, je suis un petit

  7   peu frustré, parce que le Procureur a le droit de vous poser des questions

  8   auxquelles on peut répondre par oui ou par non. Il y a peut-être toujours

  9   des explications à fournir, mais vous avez toujours essayé de louvoyer et

 10   commencer par les explications plutôt que de répondre à la question. Ça

 11   peut nous fait perdre beaucoup de temps. La question était simple. Il est

 12   difficile de voir qu'on ne peut pas y répondre par oui ou par non et vous

 13   n'avez pas réussi à nous montrer pourquoi on ne pouvait pas y répondre

 14   simplement. Je vous demande de vous conformer à votre devoir de témoin qui

 15   est de répondre à des questions simples quand elles le sont.

 16   M. KARNAVAS : [interprétation] Sauf le respect je vous dois, je pense qu'il

 17   y a des questions-pièges.

 18   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je le sais bien, mais ici ce n'était

 19   pas une question-piège.

 20   M. KARNAVAS : [interprétation] Et c'est là que je suis en profond désaccord

 21   avec vous, sans doute est-ce parce que vous n'avez pas écouté ou essayé

 22   d'entendre ce que le témoin tentait de dire. S'il était en déplacement

 23   officiel lors de négociations, la réponse est oui. Mais aux fins de

 24   l'Accusation, ça veut dire qu'il a abandonné Sarajevo, et je ne peux pas

 25   laisser passer cela, je ne veux pas que vous, Juges, vous concluiez qu'il a

 26   quitté Sarajevo alors qu'il était en mandat, en déplacement officiel.

 27   Il a essayé de fournir une explication à laquelle il a droit. Je ne

 28   pense pas qu'ici il n'y est pas simplement comme un robot pour dire oui ou

Page 29821

  1   non ou comme une otarie de cirque. S'il était parti pour un déplacement, ça

  2   ne veut pas dire qu'il a abandonné la ville. Je pense que si on avait donné

  3   une certaine marge de manœuvre, il aurait pu répondre à la question. Et là,

  4   je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il n'a jamais

  5   répondu aux questions ou qu'il n'y répond pas. Il essaie, peut-être qu'il

  6   ne le fait à notre façon, mais il essaie d'être juste et intègre afin que

  7   vous, vous puissiez tirer les conclusions qui s'imposent.

  8   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Mais c'est vous qui tirez

  9   cette conclusion qu'il avait abandonné Sarajevo. Ce n'est pas une

 10   conclusion que j'ai tirée, ce n'est pas ce que je pense. Mais je pense que

 11   c'est un cas d'école ici. Nous avons un témoin qui peut répondre par oui ou

 12   par non. Au fond, au moment, des questions supplémentaires, vous pouvez

 13   obtenir cette explication de sa part et vous pouvez l'éclairer comme il se

 14   doit de l'avis de la Défense. C'est comme ça que je comprends les règles du

 15   jeu et je pense qu'il faut tous les respecter.

 16   M. KARNAVAS : [interprétation] C'est ce que j'essaie de faire, je

 17   vais me rasseoir, je ne veux pas ici polémiquer avec la Chambre, mais je

 18   crois que le témoin essayait de répondre à la question. Je ne veux pas que

 19   vous tiriez de mauvaises conclusions, c'est peut-être pour ça que je dis

 20   que s'il avait l'occasion d'expliquer pourquoi il n'était pas à Sarajevo.

 21   Mais si c'est moi qui ai la charge des questions supplémentaires, bien,

 22   elles vont être longues.

 23   M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 24   avec le respect énorme que nous avons pour la Chambre, nous soutenons Me

 25   Karnavas sur ce point. La question n'était pas simple. Regardez-là, page

 26   30, lignes 15 à 18. Elle n'est pas formulée de façon absolument limpide, il

 27   y a deux ou trois questions sous-entendues, sous-jacentes. Alors, est-ce

 28   que vous habitiez quelque part mis à part les quelques visites

Page 29822

  1   occasionnelles ? Mais vous savez, c'est notre vie à tous. Alors comment

  2   faites-vous la différence entre une résidence permanente dans un endroit et

  3   l'obligation de sortir de cet endroit de temps à autre pour des absences

  4   prolongées ? On ne peut pas répondre simplement par oui ou par non, et oui

  5   et non serait-ce la réponse appropriée ? Oui, ce serait possible si la

  6   question était unique et simple.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, le problème est très clair et il

  8   n'y a pas de question de respect des uns et des autres. Il y a un article

  9   en B/C/S dont nous ne connaissons pas la teneur puisqu'il n'a pas été

 10   traduit. Il y a une dépêche de l'agence France-Presse qui semble se

 11   reporter intégralement à votre interview, où vos déclarations, on ne sait

 12   pas, mais qui se réfèrent à l'article, et la dépêche AFP semble dire que

 13   vous auriez dit que la Bosnie-Herzégovine n'existait plus en tant qu'entité

 14   et le dernier paragraphe de la dépêche dit que vous avez continué à agir

 15   comme premier ministre bien que la majorité des membres croates du

 16   gouvernement ont quitté la Sarajevo en décembre.

 17   Donc voilà ce que dit la dépêche et apparemment le Procureur s'appuie

 18   sur la dépêche, puisqu'il ne sait pas exactement ce qu'il y a à l'intérieur

 19   de l'article.

 20   Vous êtes à l'époque en décembre premier ministre. Donc un premier

 21   ministre il a des ministres, il y des réunions de travail, et cetera.

 22   Alors, pouvez-vous dire si en décembre vous continuiez à vous rencontrer

 23   avec les autres ministres ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Où, à Sarajevo ou ailleurs ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] A Sarajevo dans les locaux du gouvernement.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Votre appartement a été pillé. Bon, vous nous l'avez

 28   expliqué. Quand vous reveniez à Sarajevo, où habitiez-vous à ce moment-là ?

Page 29823

  1   Vous aviez changé d'appartement ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je revenais le jour même dans l'organisation

  3   de la FORPRONU.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, quand vous aviez des réunions de travail au

  5   niveau du gouvernement, vous reveniez avec la force PRONU à Sarajevo ? Bon,

  6   donc c'est clair.

  7   Continuez, Monsieur Scott.

  8   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Juste une

  9   question de suivi.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, j'ai éclairci le problème, alors,

 11   continuons.

 12   Oui, question de suivi, Monsieur Scott.

 13   M. SCOTT : [interprétation] Oui, une question de suivi, Monsieur le

 14   Président.

 15   Q.  Vous dites que vous rentriez le même jour et vous rentriez où ?

 16   R.  Tout d'abord, je revenais en Herzégovine là où je suis né.

 17   Q.  Où en Herzégovine ?

 18   R.  C'est Drinovci, c'est le nom du village. Mon frère a une maison là-bas,

 19   je suis né là-bas, mon épouse, mes enfants ont été.

 20   Q.  Pourriez-vous nous aider, car il se peut que tout le monde ici ne

 21   connaisse pas cet endroit, je confesse que je ne sais pas où ça se trouve.

 22   Où ça se trouvait par rapport à Mostar ?

 23   R.  C'est 50, 60 kilomètres de Mostar.

 24   Q.  Vous dites que vous allez assister à des réunions à Sarajevo en tout

 25   cas parfois avec l'aide de la FORPRONU. Pourriez-vous nous dire au cours de

 26   l'année 1993, combien de fois vous avez fait cela ?

 27   R.  Je suis allé assister à des réunions importantes surtout les réunions

 28   de travail de la présidence.

Page 29824

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29825

  1   Q.  Il y a eu combien de ces réunions importantes ?

  2   R.  Peut-être cinq, six fois.

  3   Q.  Je passe à un autre sujet. Au cours des questions que vous a posées Me

  4   Karnavas et peut-être d'autres avocats de la Défense, vous avez parlé de la

  5   fourniture d'assistance militaire, matériel, munitions, donc fourniture par

  6   les Croates aux Musulmans. N'est-il pas exact de dire que cela s'est passé,

  7   en tout cas, qu'il y a eu des moments où la partie croate, que ce soit les

  8   gens à Grude ou à Zagreb, ont fourni de l'aide militaire, de l'assistance

  9   aux Musulmans. Mais ça s'est passé au cours de périodes où il n'y avait pas

 10   de guerre entre les Croates et les Musulmans; c'est exact, n'est-ce pas ?

 11   R.  Non, je ne peux pas répondre à la question posée, je ne peux pas le

 12   contester, je ne peux pas le confirmer non plus. Je pense qu'il y a

 13   toujours eu des conflits sauf qu'ils ils ne se sont pas tous détériorés, et

 14   si vous voulez, il y a toujours eu de l'aide.

 15   Q.  Dans le procès Kordic, page 20 480 et suivantes, le 4 juin 2000, vous

 16   avez déclaré ceci sous serment : "Pour ce qui est des munitions reçues des

 17   Musulmans ou qu'ils n'auraient pas reçues des Croates, ça dépendait de la

 18   situation politique. Il est donc possible, lorsque les relations politiques

 19   étaient meilleures, qu'il y a eu cette fourniture. Mais lorsqu'il y a eu

 20   escalade de conflits, ça été empêché. Donc c'était une situation en dents

 21   de scie."

 22   C'est ce que vous avez dit au cours du procès de Kordic, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je pense que je viens de dire à peu près la même chose. Je ne peux pas

 24   dire exactement la même chose que j'ai dite il y a huit ans. Mais je pense

 25   qu'au fond j'ai dit la même chose à l'époque comme aujourd'hui.

 26   Q.  Nous n'avons pas le temps de parler longtemps de cet homme, il suffira

 27   peut-être - pour le moment, j'insiste là-dessus "pour le moment," - de dire

 28   ceci de Fikret Abdic, c'était un criminel de guerre qui avait et est

Page 29826

  1   toujours condamné ?

  2   R.  Oui, je pense que c'est exact, je l'ai appris dans les journaux.

  3   Q.  Il a été condamné en juillet 2002, condamné à 20 ans de réclusion

  4   criminelle pour des crimes commis dans des camps et centres de détention

  5   fonctionnant sous sa direction pour traitements inhumains de prisonniers et

  6   de civils, dont tortures et travaux forcés. Vous vous en souvenez ?

  7   R.  Non, je ne me souviens pas de ces événements. Mais j'ai lu dans les

  8   journaux que M. Fikret Abdic a été condamné pour certains crimes. Cela a

  9   été dit, je ne sais pas ce qui s'est passé à Kladusa et à Bihac.

 10   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir lu dans la presse que le juge qui

 11   l'a condamné a dit que les prisonniers qui ont été le plus torturés

 12   c'étaient ses adversaires politiques ?

 13   R.  Je ne me souviens pas de cela.

 14   M. SCOTT : [interprétation] Prenons la pièce P 10468, troisième classeur,

 15   Messieurs les Juges.

 16   Q.  Il s'agit d'un entretien accordé au Washington Post, en tout cas c'est

 17   paru dans ce journal le 16 février 1993. Je vais vous en lire quelques

 18   extraits pour ensuite vous poser quelques questions.

 19   Début de l'article :

 20   "Parler, avoir une conversation avec Mile Akmadzic, le premier ministre de

 21   Bosnie-Herzégovine c'est comme parler à trois personnes différentes.

 22   Parfois, il parle en tant que fonctionnaire représentant officiel d'un

 23   gouvernement souverain et présente sa position en matière de guerre civile

 24   et de paix, parfois il a la voix d'un nationaliste croate et critique les

 25   positions du gouvernement et contre les Serbes et les Musulmans."

 26   Et là apparemment il vous cite, il dit : "Parfois je parle en mon nom

 27   personnel," a-t-il dit au cours de cette interview donnée la semaine

 28   dernière. "Donc ça peut créer la confusion."

Page 29827

  1   Est-ce que c'est bien ici rendre la réalité des faits que vous vous

  2   souveniez de cet entretien ou pas ? Est-ce qu'à votre avis c'est bien

  3   rendre compte de - ce n'est pas ici vous manquer de respect - de vos trois

  4   personnalités différentes du fait que vous portez trois casquettes

  5   différentes ? Est-ce que vous êtes d'accord là-dessus ?

  6   R.  Je ne dirais pas trois fonctions différentes, mais je dirais qu'elles

  7   étaient peut-être différentes, mais il ne s'agissait pas de trois

  8   fonctions.

  9   Q.  Un peu au-dessus du milieu, il y a ici une citation qui vous est

 10   attribuée, qui vous est prêtée, "Apparemment Akmadzic - et c'était

 11   prévisible - a trois avis différents en ce qui concerne le plan Vance-

 12   Owen," je vous rappelle la date c'est février 1993, donc "Akmadzic - et

 13   c'est prévisible - a trois avis différents à propos du plan Vance-Owen. 'Le

 14   gouvernement,' c'est cité, 'ne l'acceptera pas tel qu'il est proposé,' dit-

 15   il, "en qualité de premier ministre."

 16   On revient à ce que vous avez dit hier, vous le saviez déjà dès février,

 17   vous le saviez encore en janvier, mais vous saviez qu'à la date de février

 18   le gouvernement n'avait pas accepté le plan Vance-Owen ?

 19   R.  C'était à l'époque des négociations, les négociations étaient

 20   difficiles. Quand on dit le gouvernement ici, on ne parle pas du

 21   "gouvernement," ici on parle de la présidence, donc ceux qui négociaient au

 22   nom de la présidence. C'est ce que je pensais puisque les négociations

 23   avançaient péniblement. A la fin, ces négociations ont été couronnées d'une

 24   certaine façon de succès, mais d'une certaine façon.

 25   M. SCOTT : [interprétation] Je vais aborder un nouveau sujet. Nous sommes à

 26   quelques minutes de la pause, mais peut-être pourrait-on la faire

 27   maintenant ?

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, je voudrais que vous regardiez

Page 29828

  1   toujours ce document, parce que ça me paraît important, le dernier

  2   paragraphe. Parce que vous dites des choses qui peuvent avoir de

  3   l'importance. Vous avez vu le dernier paragraphe, à la page 3 ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas lu. Vous me permettez de lire à

  5   présent ?

  6   Oui, je le vois. Je vois ce paragraphe.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous indiquez aux journalistes que vous êtes un

  8   Bosnien de cœur, que vous appartenez au peuple croate, mais pas à l'Etat de

  9   Croatie.

 10   C'est bien ce que vous dites ? Et vous le dites à ce journal, ô combien

 11   célèbre, le Washington Post.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ce que j'ai dit, oui. C'est ce que j'ai

 13   dit, c'était il y a longtemps. Je ne me souviens pas de mes propos exacts,

 14   mais je pense que j'ai dit que j'étais Bosniaque, ou plutôt, citoyen de

 15   Bosnie-Herzégovine, pas un Bosnien au sens qui a été précisé à Washington.

 16   Puisque nous avons deux termes. Vous avez quelqu'un qui est citoyen de

 17   Bosnie-Herzégovine; puis l'autre, qui correspond à la nationalité

 18   bosnienne, à un terme nouveau, ces Musulmans qui s'appellent comme cela. A

 19   l'époque cela n'existait pas encore.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il est l'heure de faire la pause. Nous allons

 21   faire 20 minutes de pause.

 22   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 23   --- L'audience est reprise à 10 heures 52.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.

 25   Monsieur Scott, vous avez la parole.

 26   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous avons

 27   retrouvé la traduction de l'article précédemment examiné. Il s'agit de la

 28   pièce P 10 000 -- excusez-moi un instant, j'ai deux cotes. Etait-ce 10482

Page 29829

  1   ou 483 ? P 10482.

  2   Q.  Monsieur le Témoin, vous avez encore sous les yeux l'original en croate

  3   dans sa version agrandie. Vous comprenez bien l'anglais, donc vous pouvez

  4   vous pencher sur les deux versions, voyez ce qui est le plus utile.

  5   J'appelle votre attention sur le bas de la première page en anglais.

  6   Dans le document original, ce passage se trouve -- alors sous votre photo

  7   on peut lire un point, un tiret, puis "Za". Et à la fin de ce paragraphe,

  8   voilà ce qu'on peut lire : "J'ai quitté Sarajevo avant le Nouvel An avec

  9   l'autorisation du gouvernement qui m'a permis à participer aux négociations

 10   à Genève sur l'organisation interne de la Bosnie-Herzégovine. Je ne suis

 11   pas retourné à Sarajevo après cette date."

 12   Est-ce que vous êtes d'accord ? Est-ce que cela reflète fidèlement

 13   vos propos ?

 14   R.  Non. J'étais à Sarajevo le 20 janvier aux négociations avec Vance et

 15   Owen et à la session de la présidence.

 16   Q.  Page 2 de la traduction en anglais, dans l'article -- si vous le

 17   souhaitez, vous pouvez examiner le quatrième point dans la colonne de

 18   gauche, donc au bas de cette colonne. Voilà ce qu'on peut lire au bas de la

 19   page 2 dans la version en anglais. Je cite : "Malheureusement, j'ai

 20   rarement des contacts avec les membres du gouvernement à Sarajevo. Le

 21   téléphone de mon bureau est éteint, les connexions sont très mauvaises,

 22   donc je peux dire que je ne suis pas du tout en contact avec les membres

 23   musulmans du gouvernement. Nous, les membres croates du gouvernement, nous

 24   nous trouvons tous à l'extérieur de Sarajevo, à l'exception d'une personne.

 25   Nous avons des réunions, des consultations régulières, si bien que d'une

 26   certaine manière, nous participons aux activités qui peuvent être en

 27   relation avec le gouvernement de Bosnie-Herzégovine et le HVO."

 28   Sont cela les renseignements que vous avez communiqués à Vecernji

Page 29830

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29831

  1   List le 4 mai 1993 ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Pouvez-vous maintenant examiner la pièce P 10472 qui doit se trouver

  4   dans le troisième classeur. P 10472. Il s'agit d'un autre entretien qui

  5   vous concerne, la date est celle du 27 août 1993. Au cinquième paragraphe,

  6   voilà ce qu'on peut lire, l'article a été rédigé le 27 août 1993. Donc

  7   lorsqu'il est question du mois de janvier, il s'agit du mois de janvier

  8   1993. "En janvier, Akmadzic s'est rendu à Genève avec la délégation

  9   bosniaque, mais à son arrivée, il a rejoint la délégation croate dirigée

 10   par le Croate de Bosnie, Mate Boban. Depuis, il se trouve soit dans la

 11   capitale de la Croatie, Zagreb, ou à Grude, un bastion croate qui se trouve

 12   sur l'est de la Bosnie. Il n'a fait que de brefs et courts voyages à

 13   Sarajevo."

 14   Est-ce exact ?

 15   R.  Oui, c'est exact. Et comme vous pouvez le voir, je n'ai pas quitté

 16   Sarajevo en janvier, j'étais allé à Genève dans le cadre d'une délégation

 17   de Bosnie-Herzégovine. Il est inexact de dire que mon siège se trouvait ni

 18   à Zagreb ni à Grude. La majorité de mon temps je le passais aux

 19   négociations.

 20   Q.  Pouvez-vous maintenant examiner la pièce P 10473, même classeur. En

 21   principe, c'est le document suivant, 10 473. Il s'agit là apparemment d'un

 22   autre article paru dans le Washington Post, il est daté du 24 décembre

 23   1993.

 24   Dans la version en anglais, cela se trouve sur la deuxième page, donc

 25   l'anglais ici est la langue originale puisque c'est le Washington Post.

 26   "Depuis Haris Silajdzic, l'ancien ministre des Affaires étrangères âgé de

 27   48 ans est devenu le 25 octobre premier ministre, succédant ainsi à son

 28   prédécesseur croate Mile Akmadzic, Sarajevo est devenue une nouvelle

Page 29832

  1   ville." Est-ce que vous voyez

  2   cela ?

  3   R.  Malheureusement, je ne le vois pas, mais je peux répondre à votre

  4   question quand même.

  5   Q.  Est-il exact de dire que vous étiez "le prédécesseur croate" de M.

  6   Silajdzic ?

  7   R.  Absent dans la signification dont on a déjà parlé, oui. Et présent

  8   aussi, oui. Donc, présent parfois.

  9   Q.  Vous avez déclaré dans l'affaire Kordic que vous étiez un bon ami de

 10   Mate Boban, que vous le connaissiez depuis l'enfance. Est-il exact que vous

 11   étiez un bon ami de M. Boban et que vous le connaissiez depuis votre

 12   enfance ?

 13   R.  Oui, j'aimerais que vous lisiez plus loin ce que je dis encore.

 14   Q.  Veuillez simplement répondre à ma question. Est-ce que vous étiez un

 15   bon ami de M. Boban ? Est-ce que vous connaissiez M. Boban depuis l'enfance

 16   ?

 17   R.  Oui, je l'ai connu dans mon enfance, puis on s'était plus vu pendant 30

 18   ans ou à peu près.

 19   Q.  Est-ce que vous êtes tous les deux nés à Grude où vous avez grandi ?

 20   R.  Au sens large du terme, oui. Du point de vue de la municipalité, mais

 21   nous ne sommes pas originaires du même village.

 22   Q.  Dans l'affaire Kordic, page 20 409 du compte rendu d'audience de cette

 23   affaire, le 5 juin 2000, je cite : "Sur un certain nombre de questions, je

 24   n'étais pas tout à fait d'accord avec M. Boban car j'avais été intégré dans

 25   Sarajevo. Mais nous avons essayé de ne pas nous disputer au sujet des

 26   questions sur lesquelles nous n'étions pas d'accord."

 27   Alors, est-ce que vous pourriez nous dire, d'après vos souvenirs, quels

 28   étaient les points sur lesquels vous n'étiez pas en accord avec M. Boban ?

Page 29833

  1   R.  Nous n'étions pas d'accord du point de vue du fait que j'aimais

  2   Sarajevo. J'étais devenu habitant de Sarajevo indépendamment du fait que

  3   mon lieu de naissance soit près de celui de M. Boban. Et souvent, il disait

  4   qu'il n'aimait pas du tout Sarajevo. En réalité, il n'a jamais vécu dans

  5   Sarajevo.

  6   Q.  Etiez-vous en désaccord avec M. Boban sur ses idées politiques

  7   concernant l'Herceg-Bosna, sa création et son fonctionnement ?

  8   R.  Comme vous le savez, je n'étais pas présent lors de la création de

  9   l'Herceg-Bosna. J'étais plus souple et plus modéré que Boban. C'était un

 10   homme quelque peu ferme, dur. Je ne vais pas dire il avait raison ou tort,

 11   nous sommes des personnalités différentes.

 12   Q.  Pourriez-vous nous donner un exemple de questions où M. Boban se serait

 13   montré plus radical que vous, question sur laquelle vous auriez été tous

 14   les deux en désaccord ?

 15   R.  Je n'ai pas dit qu'il appartenait à la ligne dure, j'ai dit que c'était

 16   un homme dur de par son caractère, et que j'étais plus modéré. Et, à cet

 17   effet, nous ne partagions pas les mêmes points de vue mais nous pouvions

 18   coopérer.

 19   Q.  Vous venez de dire, à la ligne 24 de la page 43 : "J'ai dit que c'était

 20   son caractère en tant que personne, c'est-à-dire qu'il était dur, c'était

 21   un dur." Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple de situation où M.

 22   Boban se serait montré dur et tous les deux vous auriez été en désaccord,

 23   ou alors est-ce que vous n'étiez jamais en désaccord ? Si c'est le cas,

 24   dites-le-nous.

 25   R.  Aux négociations, il défendait des positions et il cédait difficilement

 26   du terrain. Et lorsque nous avions d'un côté M. Izetbegovic, qui était tout

 27   aussi dur, et Boban dur, de son côté, lui, il était difficile d'aboutir à

 28   des accords. Je défendais des positions qui disaient qu'il fallait y avoir

Page 29834

  1   davantage de compromis et qu'il devait y avoir une véritable concertation

  2   et moins de politisation.

  3   Q.  Etiez-vous en désaccord avec M. Boban sur les revendications

  4   territoriales, par exemple, sur les territoires que devait comprendre

  5   l'Herceg-Bosna ou sur les territoires qui devaient être donnés aux Croates

  6   à la suite des négociations ?

  7   R.  On ne s'est pas entretenus sur ce sujet. Je ne voulais pas en parler du

  8   tout.

  9   Q.  Excusez-moi, vous dites qu'au cours de toutes ces négociations de paix

 10   dont vous avez beaucoup parlé, Cutileiro, Vance-Owen, Stoltenberg, l'accord

 11   de Washington, au cours de toutes ces négociations, M. Boban et vous-même

 12   n'avez jamais parlé des questions territoriales, c'est ce que vous dites ?

 13   R.  On en a parlé en général, pas dans le détail. J'ai cru comprendre que

 14   votre question sous-entendait les détails. J'étais grand adepte du plan

 15   Vance-Owen, et de nos jours encore je suis favorable à ce type de plan et à

 16   ce type d'organisation de la Bosnie-Herzégovine. De là à savoir s'il y

 17   aurait un peu plus ou un peu moins de territoire, c'est une autre question.

 18   Autre chose aussi, ces territoires n'avaient pas seulement un caractère

 19   ethnique, quelque chose que nous avons déjà établi ici. Ces territoires,

 20   d'après le plan Vance-Owen -- ou plutôt, les provinces en question étaient

 21   censées être la résultante de plusieurs caractéristiques différentes, à

 22   savoir ethnique, culturel, géographie, historique, et enfin tout un

 23   diapason d'aspects devait être représenté.

 24   Q.  A maintes reprises, vous vous êtes entretenu avec Boban et Tudjman au

 25   sujet des territoires revendiqués par l'Herceg-Bosna, des frontières qui

 26   devaient être créées. Vous avez examiné ensemble des cartes, vous avez

 27   parlé de questions bien précises et vous avez proposé cela aux

 28   négociations, n'est-ce pas ?

Page 29835

  1   R.  Oui, c'est exact. C'est exact, oui.

  2   Q.  J'enchaîne sur ce que vous venez de dire. N'est-il pas exact de dire

  3   qu'à l'automne 1992, lorsque vous êtes devenu vice-président du HDZ de

  4   Bosnie-Herzégovine et premier ministre, à partir de ce moment-là et

  5   jusqu'en 1993, vous étiez le bras droit de Tudjman et de Boban pour ce qui

  6   est de la mise en œuvre de leurs programmes et de leurs politiques, n'est-

  7   ce pas ?

  8   R.  Cela n'est pas exact, surtout pas pour ce qui est de Tudjman. Je n'ai

  9   jamais aimé avoir au-dessus de moi une espèce d'idole, et encore moins

 10   Tudjman, que j'ai toujours considéré comme étant le chef d'un Etat dont on

 11   ne négociait pas à ce moment-là. Pour ce qui est de Boban, lui, était chef

 12   de la délégation dont j'étais membre moi-même et seulement au cas où il

 13   était discuté, débattu de l'organisation interne de la Bosnie-Herzégovine.

 14   Boban et moi avons visité ensemble le Canada, l'Etat du Canada. Je peux

 15   vous montrer mon passeport et c'était moi qui étais chef non pas d'une

 16   délégation mais, disons, d'une mission.

 17   Q.  Donc pendant toute l'année 1993 et pendant l'année 1994, voire plus

 18   tard, vous vous entendiez très bien avec Tudjman et vous suiviez ses

 19   consignes, n'est-ce pas ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Examinons ensemble la pièce P 07480 si vous le voulez bien, deuxième

 22   classeur. Il s'agit du procès-verbal d'une réunion avec le président

 23   Tudjman tenue le 5 janvier 1994. En première page, nous voyons le nom de

 24   certains participants, M. Tudjman, M. Akmadzic, M. Mate Granic, et la

 25   réunion s'est tenue à la résidence présidentielle le 5 janvier 1994.

 26   J'appelle votre attention sur les pages 15 et 16 de ce document.

 27   Au bas de la page 15, nous voyons une déclaration attribuée au président,

 28   je cite : "Nous avons une réunion du Conseil de la Défense et de la

Page 29836

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29837

  1   Sécurité nationale, VONS, qui va se tenir demain." Pouvez-vous rapidement

  2   nous confirmer que le VONS est bien le Conseil de la Défense et de la

  3   Sécurité nationale, comme il est dit ici ?

  4   R.  Je pense que oui. D'après ce que j'en sais, oui.

  5   Q.  Vous souvenez-vous du nombre de fois où vous avez assisté à des

  6   réunions du VONS ?

  7   R.  Pour autant que je m'en souvienne, seulement une fois.

  8   Q.  En haut de la page 16 -- et alors on verra à la fin du compte rendu

  9   pour ce qui est de la question des négociations de paix, mais pour le

 10   moment, nous sommes au début du mois de janvier 1994. En haut de la page

 11   16, le texte se lit comme suit, Mile Akmadzic : "Monsieur le Président,

 12   est-ce qu'il ne serait pas préférable que si je reste ici jusqu'à samedi,

 13   je devrais partir samedi ?"

 14   Le Président : "Non, non, vous allez à Bonn. (Donc je devrais rester ici,

 15   ne pas aller là-bas et ne pas parler de ces questions.)"

 16   M. Granic : "Non, vous devez les informer de tout ce qui s'est passé. Je

 17   pense qu'il est de la plus haute importance que vous les informiez de tout

 18   ce qui s'est passé."

 19   Le Président : "Informez-les, mais restez ici. (Vous devez rester ici)."

 20   M. Akmadzic : "J'en informerai Boban par téléphone demain. (Oui)."

 21   Comme je l'ai dit il y a un instant, Monsieur, est-ce que cela n'est pas là

 22   l'une des nombreuses occasions où vous étiez de mèche avec le président

 23   Tudjman, vous avez même obtenu des consignes très précises de sa part sur

 24   les endroits où vous deviez aller ou ne pas aller ?

 25   R.  Puis-je répondre à votre question ?

 26   Q.  Pourriez-vous répéter votre réponse, s'il vous plaît.

 27   R.  Non, je n'ai pas répondu. Vous m'avez demandé une réponse, une

 28   explication à ce sujet.

Page 29838

  1   Q.  Monsieur, je vous ai demandé si cela ne montrait pas que vous

  2   travailliez en étroite collaboration avec M. Tudjman, vous étiez de mèche

  3   avec lui, vous suiviez ses consignes, y compris sur les endroits ou vous

  4   deviez aller ou ne pas aller; c'est bien cela ?

  5   R.  Dans ce cas concret, Messieurs les Juges et Monsieur le Procureur, il

  6   s'agit du début des négociations de Washington, où la Croatie a été partie

  7   prenante de façon directe à la demande de la communauté internationale. Il

  8   y a des négociations qui commencent à Francfort, puis qui se poursuivent à

  9   Bonn, puis qui se terminent à Washington, et c'est ce qu'on appelle les

 10   négociations et accords de Washington. La Croatie a été intégrée à la

 11   demande de la communauté internationale et M. Tudjman aussi, et les

 12   négociations sont conduites par Mate Granic, comme on le dit dans le texte.

 13   Q.  Pourriez-vous maintenant examiner la pièce P 07516, deuxième classeur,

 14   P 07516. Il s'agit du procès-verbal d'une réunion tenue au palais

 15   présidentiel le 7 janvier 1994, deux jours plus tard. Parmi les

 16   participants, nous avons M. Tudjman, Granic, Akmadzic, Vicevic [phon],

 17   Sancevic, Makic [phon] et peut-être d'autres.

 18   J'appelle votre attention sur la page 71 de ce document, pages 71 et 72.

 19   Veuillez examiner ces pages et nous dire si cela ne montre pas que vous et

 20   d'autres avez eu une conversation détaillée sur la manière dont certains

 21   projets de documents allaient être rédigés. En fait, vous étiez en train de

 22   rédiger ce document. Vous choisissiez des termes; c'est bien cela ?

 23   R.  Je dirais ici, comme je l'ai déjà précisé, que la Croatie a été

 24   intégrée à ces négociations et les accords de Washington avaient prévu une

 25   confédération entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, et de ce point de

 26   vue-là on a examiné tous les aspects relatifs auxdites négociations.

 27   Q.  A cette occasion, vous évoquez un scénario où la République croate

 28   d'Herceg-Bosna aurait le droit de rejoindre la République de Croatie. Donc

Page 29839

  1   vers la fin de cette réunion au bas de la page 72, par exemple, vous dites,

  2   on peut voir Mile Akmadzic, je cite : "Je n'utiliserais pas le terme,

  3   'alors que,' 'whereas'" en anglais. Est-ce que vous voyez cela ?

  4   R.  Moi, je ne l'ai pas retrouvé, hélas. De quelle page parlez-vous ?

  5   Q.  Page 72, cela se trouve au bas de la page 72. Cela doit correspondre à

  6   la même page en croate.

  7   R.  Ici il est dit, Mile Akmadzic : "Je ne dirais pas, M. Matic, le "A"."

  8   Q.  S'agissant des revendications territoriales dont j'ai parlé il y a un

  9   instant, est-il exact qu'au début de vos conversations à ce sujet, les

 10   territoires qui devaient être revendiqués par la communauté croate

 11   d'Herceg-Bosna étaient appelés Hrvatska Banovina ?

 12   R.  Ce n'est pas exact, Monsieur. Si vous le demandez je peux vous

 13   l'expliquer.

 14   Q.  Dans l'affaire Kordic, pages 20 494 et 20 495, le 6 juin 200 vous avez

 15   dit la chose suivante, je cite : "Au début, avant la signature du plan

 16   Vance-Owen et avant que la Bosnie-Herzégovine ne soit reconnue, avant que

 17   des relations diplomatiques ne soient mises en place, pour ce qui est des

 18   solutions politiques pour ce qui est de la Bosnie-Herzégovine, Tudjman a

 19   mentionné le fait que la République croate, ou plutôt, la communauté croate

 20   d'Herceg-Bosna en Bosnie-Herzégovine devait comprendre les régions qui

 21   faisaient partie de la

 22   banovina serbe en Bosnie-Herzégovine." Par exemple, je poursuis la lecture

 23   de votre déposition : "Je suis né en banovina serbe -- ou en banovina

 24   croate," plutôt. "A l'époque où je suis né c'était la banovina croate."

 25   C'est ce que vous avez dit sous serment dans l'affaire Kordic; est-ce

 26   exact ?

 27   R.  Le mot "serbe," c'était une erreur technique, le nom dont vous venez de

 28   donner lecture. Un deuxième fait est que je suis né le 1er octobre 1939,

Page 29840

  1   lorsque c'était la banovina croate, et dire le contraire et, je pense, que

  2   dorénavant et désormais ce n'est plus la banovina, ce ne sera plus une

  3   banovina. Donc il n'est pas vrai de dire que M. Prlic est né dans la

  4   République socialiste de Croatie, mais il est né dans la République de

  5   Croatie.

  6   Q.  Vous souvenez-vous d'un homme répondant au nom d'Ivo Komsic et dans

  7   l'affirmative savez-vous quelles fonctions il occupait en 1993 ? Pourriez-

  8   vous nous dire quel rôle il a joué dans les événements survenus en Bosnie-

  9   Herzégovine ? Ivo Komsic.

 10   Q.  Lorsque la présidence de la Bosnie-Herzégovine, de façon illégale, a

 11   remplacé ou congédié Miro Lasic et Franjo Boras, à leur place ont été élus

 12   M. Kljuic et M. Ivo Komsic. Cela signifie qu'indépendamment de sa

 13   démission, M. Kljuic revient à la présidence alors que M. Komsic, lui, qui

 14   ne l'a pas emportée aux élections vient à la présidence. On en a déjà parlé

 15   lors de mon témoignage.

 16   Q.  Vous avez assisté à un certain nombre de réunions de travail dans le

 17   cadre des négociations, y compris à Genève, en compagnie de M. Komsic dans

 18   le courant des années 1993 et 1994, n'est-ce pas ?

 19   R.  M. Komsic, souvent allait aux négociations non pas comme membre de la

 20   délégation, mais il faisait partie d'un groupe d'accompagnement. Il disait

 21   qu'il était expert en matière d'aménagement, d'aménagement politique de

 22   l'Etat de par sa profession, et il proposait des solutions constructives,

 23   assez constructives pour ce qui est notamment de résoudre des questions,

 24   notamment en Bosnie centrale. Parce que lui était originaire de Kiseljak,

 25   me semble-t-il.

 26   Q.  Je vous remercie de nous avoir communiqué ces renseignements

 27   supplémentaires. Mais pour résumer, vous dites qu'effectivement vous avez

 28   assisté à un certain nombre de réunions de négociations en compagnie de M.

Page 29841

  1   Komsic, n'est-ce pas ?

  2   R.  Quelques-unes de ces négociations, pas beaucoup.

  3   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner la pièce P 10508 qui se trouve

  4   dans le troisième classeur. P 10508.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Scott, malheureusement,

  6   nous ne trouvons pas ce document.

  7   M. SCOTT : [interprétation] Il s'agit d'un document qui ne fait pas partie

  8   du jeu de documents, excusez-moi.

  9   Le document est affiché à l'écran. Mais je rappelle qu'il s'agit de la

 10   pièce 10508.

 11   Q.  Monsieur le Témoin, je pense que maintenant vous avez ce document.

 12   Avant de vous poser quelques questions à son sujet, je vous soumets

 13   l'hypothèse suivante : n'est-il pas vrai de dire qu'en 1993 à 1994, vous

 14   avez continué à prôner une politique de nettoyage ethnique sous une forme

 15   ou une autre, il s'agissait soit d'expulser les Musulmans des secteurs

 16   croates, soit de réduire de manière drastique leur nombre ?

 17   R.  Non, ce n'est pas exact.

 18   Q.  Si l'on examine la pièce P 10508, il s'agit d'un extrait du livre de M.

 19   Komsic intitulé "Pays rescapé, qui a divisé la Bosnie-Herzégovine, quand et

 20   où." La Chambre a déjà entendu parler de ce livre, elle en a déjà examiné

 21   certains extraits.

 22   Dans le passage que je vous ai remis, que vous devez avoir en anglais et en

 23   croate, s'agissant du 27 juillet 1993, M. Komsic indique, je cite : "Nous

 24   sommes arrivés à Genève hier, nous sommes restés à l'hôtel du Président.

 25   Boras et Akmadzic ont rejoint la délégation de Sarajevo à l'aéroport de

 26   Zagreb. Lasic m'a invité hier soir dans sa chambre pour que l'on discute.

 27   Akmadzic et Boras étaient présents."

 28   Puis, le texte se poursuit quelques lignes plus bas, fin du premier

Page 29842

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29843

  1   paragraphe : "Akmadzic et Boras ont essayé de me convaincre que cela," vu

  2   le contexte, il s'agit de l'intérêt des Croates et de la Croatie en tant

  3   qu'Etat, "Akmadzic et Boras ont essayé de me convaincre que cela serait

  4   vrai aux motifs que l'accord conclu entre les Serbes et les Croates avaient

  5   été contestés par Lasic et par moi."

  6   Alors quel est cet accord conclu entre les Serbes et les Croates au moins

  7   de juillet 1993 ou vers cette date ? De quoi s'agit-il, si vous vous en

  8   souvenez ?

  9   R.  Je ne pensais à aucun accord avec les Serbes qui exclurait les

 10   Musulmans au cours d'aucune guerre, à l'époque comme aujourd'hui.

 11   Q.  Vous souvenez-vous qu'après l'échec du plan Vance-Owen en juin 1993,

 12   quelques semaines avant cet événement reporté pour la date du 27 juillet,

 13   Tudjman et Izetbegovic s'étaient rencontrés de nouveau et s'étaient mis

 14   d'accord sur un plan de division de la Bosnie-Herzégovine; est-ce exact ?

 15   R.  Tudjman et --

 16   Q.  Excusez-moi, je voulais parler de Tudjman et de Milosevic.

 17   R.  Je n'ai pas assisté à cette réunion, je ne suis pas au courant de cela.

 18   Je sais que Tudjman et Izetbegovic se sont rencontrés au moins une fois par

 19   mois.

 20   Q.  Un peu plus bas sur cette page, le texte se lit comme suit, paragraphe

 21   suivant : "En défendant leurs positions respectives, Boras et Akmadzic ont

 22   révélé qu'ils acceptaient toujours la politique de nettoyage ethnique et

 23   qu'elle devait prendre la forme de 'déplacement pacifique et volontaires.'

 24   Ils avaient besoin d'un accord à cette fin, il fallait que les choses

 25   soient finalisées différemment et sans avoir recours à la force."

 26   C'est ce que vous avez dit à Komsic le 27 juillet 1993 ?

 27   R.  Ce n'est pas exact, mais je vais expliquer quelle était la politique

 28   qui existait au moment des négociations, pas seulement chez nous. Il n'y a

Page 29844

  1   pas de nettoyage ethnique, il n'y a pas de transfert forcé, il n'y a pas

  2   d'interdiction de transférer des individus. Donc chacun a le droit de

  3   choisir son lieu de résidence, mais on n'a pas le droit de le forcer à

  4   cela. Peut-être que M. Komsic a mal compris le mot qui est utilisé, le

  5   terme "volontaire," qui n'a pas le droit d'interdire à qui que ce soit de

  6   choisir son lieu de résidence.

  7   Q.  Je vais maintenant vous demander d'examiner la pièce

  8   P 07260. Je pense que la plupart des personnes l'auront déjà trouvée.

  9   Examinons ce procès-verbal, transcription d'une réunion avec notamment M.

 10   Tudjman au palais présidentiel à Zagreb le 19 décembre 1993.

 11   Pour recadrer rapidement les choses, nous allons voir rapidement la page

 12   16.

 13   On y voit votre nom. Et si je prends cette page, c'est parce que ceci

 14   montre que vous avez participé à la réunion "1.4 autour de Jajce et 0.5 en

 15   dessous de Stolac." Nous allons revenir à cela dans un instant.

 16   Mais une fois de plus, nous avons une réunion à laquelle vous participez,

 17   réunion avec le président Tudjman qui se tient le 19 décembre 1993. Il y a

 18   plusieurs pages, notamment les quatre premières au cours desquelles le

 19   président Tudjman et M. Boban, comme d'autres, parlent de la libération de

 20   prisonniers musulmans qui se trouvent dans des camps du HVO en Bosnie-

 21   Herzégovine. Au milieu de la page 2, Boban dit notamment : "Il ne reste

 22   plus un seul camp. Tout s'est terminé exactement la soirée du 17."

 23   Le président : "Faites une déclaration à ce propos.

 24   Boban : "Reuters a pris toutes ces nouvelles hier soir et c'est en train

 25   d'être publié."

 26    Maintenant, en bas de la page 3.

 27   Granic : "Monsieur le Président, c'est une excellente décision très forte

 28   qui a eu beaucoup d'impact et qu'il voudrait approfondir encore, par

Page 29845

  1   conséquent."

  2   Page 4, Boban : "CNN en a parlé hier soir."

  3   Bas de la page 4, il semblerait que M. Tudjman vous confie une nouvelle

  4   mission. "Mile, écris tout ça pour que tu puisses utiliser cela."

  5   Ce sont des instructions que vous donne le président Tudjman, n'est-ce pas

  6   ?

  7   R.  Souhaitez-vous que je réponde à la question ?

  8   R.  Oui, c'était la question que je vous posais. Est-ce qu'il y avait

  9   quelqu'un d'autre qui s'appelait Mile à la réunion ?

 10   R.  Non, c'était moi. J'ai été mandaté par le peuple croate bosniaque au

 11   moment où on a commencé à négocier les accords de Washington, j'ai été

 12   mandaté pour écrire un document sur la base duquel les côtés croate et

 13   musulman pourraient arriver à un accord. Autrement dit, la conférence

 14   internationale exigée à l'époque où M. Redman était encore un envoyé

 15   spécial du président des Etats-Unis d'Amérique, que les Croates et les

 16   Musulmans ont des conflits entre eux, qui sont moins importants que celui

 17   qui les oppose aux Serbes, et que les Croates et les Musulmans doivent être

 18   les premiers à trouver la paix, et ensuite il s'agira de trouver la paix,

 19   de faire la paix avec les Serbes.

 20   Q.  Oui, à cet égard - et d'ailleurs dans ce même document, nous allons

 21   avancer dans la lecture pour arriver à la page 15 - le président Tudjman

 22   aborde le sujet des négociations en cours.

 23   Président : "Allez, avançons, passons aux préparatifs en vue des réunions à

 24   Genève et Bruxelles. Il nous faut examiner deux problématiques. Il y a

 25   l'accord politique pour ainsi dire, mais il faut examiner les formulations

 26   de façon détaillée. La deuxième chose c'est ce que nous pensons de la

 27   démarcation territoriale. Akmadzic et Matic, est-ce que vous avez étudié

 28   chacune des formulations ?"

Page 29846

  1   Un peu plus bas, "Président : Mettons-nous d'accord sur ce que nous

  2   devrions faire d'abord. Ça pourrait être d'abord aborder la question

  3   territoriale. Les troupes dont nous avons besoin afin de ne pas tous perdre

  4   notre temps. D'après tous ces rapports et d'après ce que Sarinic et

  5   Akmadzic ont entendu dire pendant les négociations, Owen et Stoltenberg

  6   mènent les négociations de telle façon qu'en fait ils ne remplissent pas la

  7   tâche que leur a confiée la Mission européenne, à savoir que 3,3 %

  8   supplémentaire du territoire devait être donné aux Musulmans aux dépens des

  9   Serbes. D'après ce que Sarinic m'a dit, ils voulaient même 1,9 % ou 2,3 %

 10   des Croates."

 11   Un peu plus bas, Sarinic dit ceci : "Quand on regarde les cartes, et

 12   apparemment on regarde les cartes, il y avait plusieurs cartes."

 13   Puis Akmadzic dit : "1,4 % autour de Jajce et 0,5 % en dessous de Stolac."

 14   Qu'est-ce que ça voulait dire 1,4 % et 0,5. Vous faisiez allusion à quoi ?

 15   R.  Monsieur, à l'époque, on discutait pour savoir comment les Croates et

 16   les Musulmans peuvent aboutir à avoir 51 % du territoire. C'est le

 17   territoire qu'ils détiennent au jour d'aujourd'hui. D'après cette

 18   proposition qui venait de la communauté internationale, les Croates

 19   devaient avoir 17,5 % alors que les Musulmans devaient détenir 33 %. On est

 20   arrivé jusqu'au chiffre qui à Dayton correspondait à 49 contre 51. Mais à

 21   Washington, notre accord n'était pas comme cela, nous étions d'accord que

 22   tout le territoire de Bosnie-Herzégovine où la population musulmane ou

 23   croate était majoritaire, devait appartenir à la fédération. Ce qui

 24   correspondait à peu près à 58 % du territoire.

 25   M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi d'intervenir ici. Nous avons

 26   eu un témoin précédemment, on a parlé des pourcentages. Il y avait une

 27   objection soulevée par l'Accusation. Je voulais simplement attirer

 28   l'attention de la Chambre sur ce point parce que moi, quand j'essais

Page 29847

  1   d'évoquer ceci, l'Accusation affirme qu'il n'y a pas eu de discussions de

  2   ce genre, or qu'ici le Procureur utilise le même document que j'essaie

  3   d'utiliser. Je voulais simplement vous montrer l'ironie ultime qu'il y a à

  4   tout cela. Merci.

  5   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas de quoi

  6   parle Me Karnavas. Si nous avons le temps, peut-être que nous pourrons en

  7   découdre et savoir de quel contexte il s'agit pour voir si ce qu'il dit est

  8   exact ou pas.

  9   Q.  Quoi qu'il en soit, Monsieur le Témoin, page 16, M. Sarinic dit ceci :

 10   "Il y a trois domaines où ils sont, c'est ici, 1,4 % et 0,5 %, c'est le 1,9

 11   % à toutes fins utiles, ça pourrait être les 2 % qu'ils nous demandent de

 12   céder. Ici on a Caplina et ici ils veulent un corridor…" Page 18, haut de

 13   la page.

 14   Président : "Oui, c'est plus près de Neum, mais le port en passant par

 15   Celevo. Vous deux, vous devez régler tout ceci et présenter la chose de

 16   façon bien argumentée. Il est exclu que la Croatie accepte une réduction

 17   territoriale."

 18   Est-ce que vous vous souvenez de la réduction territoriale à laquelle

 19   faisait allusion M. Tudjman ici ?

 20   R.  Je pense qu'ici il s'agit de ces 17,6 % qu'il s'agit de trouver pour

 21   satisfaire tous les éléments que nous avons évoqués, du point de vue

 22   ethnique et autrement pour définir ce territoire parce qu'il s'agit de les

 23   faire, qu'il s'agisse de provinces ou bien d'une entité croato-musulmane de

 24   l'avenir.

 25   Q.  Page 20. En haut de la page, Mile Akmadzic : "Monsieur le Président,

 26   les Musulmans ne recherchent ces concessions, ils demandent des concessions

 27   en Bosnie occidentale et orientale. Ils mettent l'accent sur les zones où

 28   vivent leurs gens, ils ne s'intéressent pas à Kresevo…"

Page 29848

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28   

Page 29849

  1   Sarinic fait cette déclaration et on a de nouveau le président, "Nous

  2   défendons ce qui est à nous." Vous voyez cette phrase ?

  3   R.  Je vois cela chez les Musulmans, ce que j'ai dit. Et je vois aussi ce

  4   que le président a dit.

  5   Q.  Où obteniez-vous vos informations s'agissant des concessions que

  6   voulaient les Musulmans ou qu'ils ne voulaient pas ?

  7   R.  Lors des négociations qui ont eu lieu partout, ici on mentionne

  8   Bruxelles, Genève, différentes négociations où on est allé et où l'on

  9   arrivait à des conclusions par rapport à ce terme que je n'ai jamais voulu

 10   utiliser, à savoir le partage de la Bosnie-Herzégovine, parce que moi, je

 11   considérais que la Bosnie-Herzégovine devait être composée de différentes

 12   entités, mais pas être partagée.

 13   Q.  Plusieurs personnes interviennent, nous avons alors le président qui

 14   s'adresse à vous : "Mile, qu'est-ce que tu penses ?"

 15   Mile Akmadzic : "Monsieur le Président, je suis du même avis."

 16   Ceci suit une intervention de M. Boban.

 17   Excusez-moi, je m'excuse, ici revenons à la page 23 pour regarder

 18   tout ceci.

 19   Page 23, Boban dit ceci en haut de la page : "Je vais vous dire ce

 20   que je pense, moi, et je vais d'ailleurs soutenir ceci par des arguments.

 21   C'est la première fois que je le dis, il y avait 45 000 Musulmans à Mostar

 22   avant la guerre…" Puis il parle, il discute de cela.

 23   Paragraphe suivant, ce que je veux dire c'est que, "Je n'accepterais jamais

 24   que cette partie de Mostar de l'autre côté de la Neretva soit pour les 45

 25   000 Musulmans. Donc on pourrait accepter que la Neretva devienne une

 26   frontière."

 27   Voilà le contexte, gardons-le à l'esprit pour passer à la page 24, "Mile,

 28   qu'est-ce que tu en penses ?"

Page 29850

  1   Akmadzic : "Monsieur le Président, je suis du même avis. Mais pour bien

  2   examiner les choses il faut deux versions, il faut avoir la Neretva et

  3   Celevo, et il y a aussi la solution là-bas. Si nous avons la solution qui

  4   est là-bas, alors elle est acceptable aussi en autant que la frontière

  5   continue vers les Musulmans et vers Stolac, part de Buna et de Blagaj et

  6   remonte afin qu'on puisse les éliminer totalement, en tout cas de Caplina."

  7   Donc ce que vous proposez dans cette discussion avec le président Tudjman

  8   c'est en tout cas, je cite le texte, "d'éliminer les Musulmans de Caplina."

  9   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection. Je vais laisser le soin au témoin

 10   de répondre, parce que ce n'est pas de cette façon que j'ai lu le texte.

 11   M. SCOTT : [interprétation]

 12   Q.  Est-ce qu'il est dit ici " …à partir de Buna et de Blagaj en remontant

 13   de façon à ce que nous puissions les éliminer complètement, en tout cas de

 14   Caplina."

 15   R.  Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. D'ailleurs à la lecture de ce texte

 16   on peut dire que c'est moche ce qu'il est dit mais je ne suis pas ce type

 17   d'homme, d'ailleurs cela était démontré à travers tous les documents qu'on

 18   a pu lire jusqu'à maintenant, même le mot élimination, on peut

 19   l'interpréter de différentes façons. Moi, je n'ai pas utilisé ce mot. Et je

 20   vais revenir vers vous, Monsieur le Procureur, vous m'avez cité par rapport

 21   à ce que j'aurais dit lors de ma déposition dans l'affaire Kordic, et après

 22   avoir examiné cela, vous avez pu vous rendre compte de nombreuses erreurs

 23   que vous avez faites.

 24   Q.  Poursuivons au haut de la page 25, ici le président vous pose une

 25   question à propos de Mostar : "Un instant. C'était une question," et

 26   cetera. Et il revient à vous.

 27   Mile Akmadzic : "Il est préférable que nous divisions la ville,

 28   préférable que d'avoir 25 000 ou 30 000 Musulmans, mais il faudrait

Page 29851

  1   chercher une compensation ailleurs."

  2   C'est bien ce que vous avez dit, non ?

  3   R.  Je ne me souviens pas de cela, mais la division de Mostar d'après

  4   le plan Owen-Stoltenberg était toujours à l'ordre du jour. C'était toujours

  5   à l'ordre du jour, et à la fin on l'a eu telle qu'elle a été faite au

  6   moment des accords de Washington.

  7   Q.  Bas de la page 25, Susak intervient de nouveau : "Monsieur le

  8   Président, le problème c'est qu'ils ne nous donnent pas l'autorisation,

  9   alors qu'ici nous avons Mostar, ils vont prendre l'aéroport. Si on autorise

 10   la division, elle se fera le long de la Neretva, donc tout ce qui est de

 11   l'autre côté de la Neretva sera entre leurs mains."

 12   Page 48. Fin de la réunion, le président Tudjman vous confie une

 13   nouvelle mission, page 48. Président : "Très bien. Trouve une formulation.

 14   Rien d'autre ? Non. Fort bien, Messieurs, je pense que ce sont là les

 15   questions essentielles, mais maintenant vous deux, Matic et Akmadzic, devez

 16   chacun relire et retravailler les formulations. Il faut que chacune des

 17   virgules soit en respect avec le sens alors que le reste va continuer la

 18   réunion."

 19   Est-ce que vous avez continué à travailler sur le texte, sur la

 20   formulation en faisant attention comme vous disait le président Tudjman, à

 21   chaque virgule ?

 22   R.  Non, absolument pas. C'est l'époque à laquelle j'étais en train de

 23   rédiger les documents pour aboutir à cet accord définitif avec le côté

 24   musulman que l'on appelait entre nous l'accord entre les Croates et les

 25   Musulmans.

 26   Q.  Pièce P 07856, deuxième classeur, Messieurs les Juges.

 27   P 07856. Réunion avec le président Tudjman, une fois de plus et avec

 28   d'autres, 13 février 1994. Dressons le décor, il y a une première

Page 29852

  1   intervention à la première page du président.

  2   "Messieurs, j'ai dit au ministre Susak d'inviter Mate et vous autres -- un

  3   sommet et des dirigeants de l'Herceg-Bosna, pour que nous nous mettions

  4   d'accord sur ce qu'il faut présenter et comment le présenter après tout ce

  5   qui vient de se passer. Notre réunion générale à Livno, la réunion à

  6   Sarajevo, les pourparlers actuels à Genève, mais surtout la nouvelle

  7   situation qui découle de l'initiative entreprise par les Etats-Unis avec un

  8   groupe de pays européens afin de trouver une solution à la crise en Bosnie-

  9   Herzégovine."

 10   On fait ici référence à une nouvelle situation, il s'agit des accords des

 11   Washington, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui. Je vous ai dit qu'on avançait pas par pas. Donc le procès-verbal

 13   précédent nous montrait aussi bien que celui-ci, qu'on avance vers les

 14   accords de Washington.

 15   Q.  N'est-il pas exact de dire que fin 1993, début 1994, Owen et

 16   Stoltenberg, où ce plan n'était plus sur la table des négociations, il

 17   avait été supplanté par une nouvelle proposition comme il est dit ici,

 18   proposée par les Etats-Unis et un groupe de pays européens, proposition qui

 19   est connue sous le nom de "Washington" ?

 20   R.  C'est exact, mais il n'y a pas eu de délimitation stricte entre les

 21   plans, parce que quand on a vu qu'un plan échouait on allait de l'avant, on

 22   allait au pas à pas, et là nous sommes sur la bonne voie des futurs accords

 23   de Washington.

 24   Q.  Page 42, milieu de la page, Président Tudjman, "Si on ne les a pas

 25   tous, pour cinq, on peut dire 5 500 et ça ira." Je fais une interruption,

 26   on voit le contexte à la page précédente et au haut de cette page-ci, le

 27   sujet c'est le nombre de Croates tués suite au conflit opposant les

 28   Musulmans et les Serbes, et on suggère qu'il y a quelques 2 500 personnes

Page 29853

  1   qui ont trouvé la mort dans le conflit avec les Serbes et qu'il y en a à

  2   peu près 5 500 avec les Musulmans.

  3   Président Tudjman, il poursuit, "Donc plus de deux fois le nombre de

  4   personnes dans le conflit avec les Serbes et il est probable que les

  5   Croates ne vont pas vouloir se mettre en situation d'union avec les

  6   Musulmans, qu'est-ce que vous pensez, vous seriez d'accord avec le peuple

  7   d'Herceg-Bosna ?"

  8   Akmadzic : "Je vais être le premier à donner mon avis et cependant, il

  9   semble que la direction que prennent les événements dans le monde est telle

 10   qu …"

 11   Le président vous interrompt et dit : "Oublie ça, les événements du monde…"

 12   Page 43, "Notre rôle fondamental c'est l'Herceg-Bosna, notre objectif

 13   principal c'est l'Herceg-Bosna avec des frontières, maintenant que la

 14   guerre est finie, mais je pense qu'il ne va pas y avoir de problèmes

 15   particuliers si nous ne vivons pas dans cette union et puis on revient à

 16   cette idée d'une union à trois. Donc on pourrait vivre avec les Musulmans,

 17   de la façon dont j'ai parlé dans notre propre république avec nos intérêts

 18   protégés, protégés contre deux indépendants, mais dans un certain rapport,

 19   ils ont plus de monde, nous en avons parlé. Nous y avons pensé à Genève.

 20   Nous avons la Croatie derrière nous, et eux ils ont la masse derrière eux,

 21   mais notre connection étroite avec la Croatie doit être présente dans

 22   toutes ces variations, et notre séparation aussi, séparation d'avec les

 23   Musulmans doit se retrouver par toutes les moutures."

 24   C'est bien votre objectif principal ?

 25   R.  Pas tout à fait, mais l'objectif a été réalisé tout de même. Alors

 26   chaque homme doit avoir des droits ethniques, ne pas opter en faveur d'un

 27   Etat unitariste, mais en faveur d'une Bosnie-Herzégovine décentralisée aux

 28   côtés des Musulmans et des Serbes, si possible, et c'était mon point de

Page 29854

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29855

  1   vue, et c'était notre point de vue qui n'a jamais évolué tout au fil de la

  2   guerre.

  3   Q.  Page 46. Pages 46 et 47, nous avons une intervention de Jadranko Prlic,

  4   je cite : "Monsieur le Président, les informations présentées aujourd'hui

  5   sont d'une importance exceptionnelle et d'une grande importance

  6   stratégique."

  7   Je saute pour arriver à la fin du paragraphe, à un sujet que nous avons

  8   abordé vous et moi. M. Prlic dit : "C'est un fait, les Croates de Bosnie-

  9   Herzégovine ont une politique différente, des intérêts différents, en

 10   fonction de l'endroit où ils vivent, en fait."

 11   Page 47 : "En dépit de toutes ces informations, nous avons créé un Etat en

 12   Herceg-Bosna complet dans ce système avec des douanes et finances finances.

 13   Les gens naissent et meurent avec des documents d'Herceg-Bosna. Je pense

 14   qu'il n'y a aucune solution qui est acceptable si on n'a pas une République

 15   croate d'Herceg-Bosna, donc une République croate, et les frontières

 16   devraient englober le plus grand nombre possible de zones de la Bosnie

 17   centrale. Je pense qu'on peut y arriver par des moyens militaires si c'est

 18   nécessaire afin de veiller que les choses évoluent et continuent d'évoluer

 19   comme elles le font, mais l'évolution est favorable. Après tout, ils ont

 20   été écrasés sur le plan militaire."

 21   M. Prlic dit ceci : "Ils ont été écrasés sur le plan militaire après tout,"

 22   est-ce que vous vous souvenez ou est-ce que vous pourriez nous aider pour

 23   élucider ce point ?

 24   R.  Si M. Prlic parle ici de Musulmans, c'est probablement le cas, mais je

 25   ne pense pas, je ne sais pas qu'ils aient véritablement été brisés,

 26   anéantis sur le plan militaire.

 27   R.  Paragraphe suivant, M. Prlic dit ceci, il y a M. Boban qui avait été

 28   éloigné, on n'en a pas encore parlé même s'il y a une partie du compte

Page 29856

  1   rendu présidentiel qui évoque cela, on n'a pas le temps de tout évoquer.

  2   Voici ce que dit M. Prlic : "Nous exigeons que leurs symboles, Alija," je

  3   suppose que c'est Izetbegovic, "et Silajdzic soient démis de leurs

  4   fonctions. C'est seulement à ce moment-là qu'il pourrait y avoir des

  5   courants qui fassent surface chez eux. J'ai préparé quelques autres

  6   propositions. Le moment est tout à fait crucial. C'est de cette façon-là

  7   que je vois les choses là-bas parce que tout ce qui se fait sur le plan

  8   international, ça va passer. Je crois que nous aurons et qu'ils n'ont pas

  9   l'autorité ni ne sont capables de contrôler tout cela. C'est ce que je

 10   pense."

 11   Est-ce que vous pensez qu'on avait proposé qu'Alija Izetbegovic et

 12   Silajdzic soient éloignés, démis de leurs fonctions ?

 13   R.  Je ne m'en souviens pas, mais Izetbegovic et Silajdzic, au sein de la

 14   population musulmane, étaient des membres de la ligne dure. Il était

 15   difficile de négocier avec, et j'imagine que c'est de cela qu'il s'agit. Je

 16   pense que je n'ai pas été présent à cette partie-là de la réunion puisque

 17   j'ai dû prendre l'avion pour aller aux négociations.

 18   Q.  Page 68. Tudjman intervient et commence, je pense, à la page 66. Ici,

 19   nous avons la page 68. "…et vous, vous aussi en Herceg-Bosna, vous devez

 20   garder ceci à l'esprit, mais ça veut dire aussi que nous ne devons pas

 21   abandonner nos objectifs les plus importants. Ça veut dire que nous ne

 22   pouvons pas abandonner cet objectif d'établir la République d'Herceg-Bosna

 23   et nous verrons comment elle va être établie. Militairement, c'est clair

 24   pour nous, il est de notre intérêt de maintenir le contrôle sur le

 25   territoire que nous avons pour le moment…" Puis il dit : "Mais c'est

 26   quelque chose qu'il faudra discuter davantage plus tard."

 27   Puis, la réunion porte sur la sélection des nouveaux dirigeants d'Herceg-

 28   Bosna. Page 69, Boban dit : "On parle d'un président et de deux vice-

Page 29857

  1   présidents."

  2   Page 86, le même sujet est évoqué, la discussion se poursuit et on dit :

  3   Mais il faut quand même quelques Musulmans. Fin de l'intervention de M.

  4   Sancevic : "Il faut quelques Musulmans pour montrer que c'est quelque chose

  5   de démocratique."

  6   Page 87, M. Pasalic soulève ce qu'il voit être un problème parce que :

  7   "Monsieur le Président, la constitution, la décision fondamentale comme

  8   elle s'appelle, ne permet pas d'avoir un conseil présidentiel."

  9   Est-ce que vous vous souvenez de ces discussions au cours desquelles

 10   Pasalic et d'autres procédaient à la sélection des dirigeants et des

 11   nouvelles structures du gouvernement

 12   d'Herceg-Bosna ?

 13   R.  Je ne m'en souviens pas et, comme je vous l'ai dit, je ne pense pas

 14   avoir été présent à cette partie-là de la réunion, mais je connais les

 15   personnalités en présence.

 16   Q.  J'appelle votre attention très rapidement sur la page 90, j'en aurai

 17   fini dans quelques minutes. Tudjman en termine avec cette partie de la

 18   conversation. Page 92 il dit, je cite : "N'essayez pas de vous servir

 19   d'officiers de juridique. Nous sommes en guerre," et il dit tout simplement

 20   que la fonction du président sera assumée par le conseil présidentiel.

 21   Est-ce que vous voyez cela ?

 22   R.  On a déjà expliqué que ce conseil présidentiel avait repris à l'époque

 23   les fonctions qui étaient celles de M. Boban auparavant.

 24   Q.  Telle était ma question. Donc, suite à cette réunion, le conseil

 25   présidentiel a été mis en place, plusieurs personnes sont devenues membres

 26   de cet organe présidentiel et ont remplacé ainsi M. Boban, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Pourriez-vous maintenant vous pencher sur la pièce P 08012. Deuxième

Page 29858

  1   classeur, P 08012. Il s'agit d'une autre réunion tenue au palais

  2   présidentiel le 4 mars 1994. Nous voyons la liste de certaines des

  3   personnes qui ont assisté à cette réunion, nous voyons votre nom. En haut

  4   de la page, nous voyons qu'il est dit "37e réunion de travail du VONS." Et

  5   vous avez dit tout à l'heure qu'il s'agissait d'un organe chargé de la

  6   sécurité et que vous avez assisté au moins une fois à une réunion du VONS.

  7   Etait-ce le 4 mars 1994 ?

  8   R.  Je pense avoir été à deux réunions. Je viens de voir celle-ci, donc je

  9   pense avoir été à celle-ci et à une autre encore.

 10   Q.  Au bas de la deuxième page, on vous mentionne vous, on parle également

 11   de M. Zubak. Il est dit que vous revenez des pourparlers de Washington. Et

 12   en haut de la page 3, nous voyons les autres participants, Tudjman déclare

 13   : "J'ai parlé de ces deux personnes, M. Prlic est également là."

 14   Est-ce que vous voyez cela ?

 15   R.  Je le vois, oui, Monsieur.

 16   Q.  A la page 4, Tudjman poursuit, et vers le milieu de la page il dit, je

 17   cite: "C'est de cela que j'ai parlé dans un message hier et si quelqu'un ne

 18   comprend pas, j'affirme pourquoi avons-nous créé la République croate

 19   d'Herceg-Bosna, je répète, c'était pour obtenir les résultats de cette

 20   politique. Si nous ne l'avions pas fait, si nous n'avions pas aujourd'hui

 21   la République croate d'Herceg-Bosna, il n'y aurait pas de fédération

 22   croato-musulmane en Bosnie. Nous n'aurons pas la confédération en Bosnie,

 23   confédération croato-musulmane associant la Bosnie et la Croatie."

 24   Vous le voyez ?

 25   R.  Je le vois.

 26   Q.  Ce qui se passait à l'époque lors de cette réunion et d'autres

 27   réunions, c'est que Tudjman essayait de faire accepter une modification

 28   importante, il ne s'agissait plus d'Owen-Stoltenberg, il ne s'agissait plus

Page 29859

  1   d'une République croate distincte, il s'agissait des accords de Washington

  2   et Tudjman essaie de convaincre ses collaborateurs qu'il s'agit en fait

  3   d'un bon marché. N'est-ce pas ce qui est en train de se passer ?

  4   R.  C'est une libre interprétation. On peut comprendre ainsi, en effet.

  5   Cependant, la confédération entre la Croatie et la fédération de Bosnie-

  6   Herzégovine a été une chose proposée par la communauté internationale, et

  7   dans les accords de Washington et dans ceux de Dayton. Et dans les accords

  8   de Dayton, il y a les liens spéciaux. Mais maintenant, plus question de

  9   confédération et plus question de relations spéciales non plus.

 10   Q.  Je n'ai presque plus de temps à ma disposition. Veuillez examiner la

 11   page 23, s'il vous plaît. Au milieu de la page, le président intervient, et

 12   il remercie l'orateur précédent, puis nous voyons votre nom, Akmadzic.

 13   Voilà vos propos, je cite : "Je pense que nous pouvons être heureux

 14   et satisfaits de la manière dont le président de la République de Croatie,

 15   le président des Croates, M. Franjo Tudjman, a résolu ce problème dont nous

 16   parlons maintenant. Je souhaite ajouter qu'il a été excellent hier soir.

 17   L'allocution du président à la nation a été acceptée par tous en toute

 18   confiance et toute compréhension."

 19   Vers le milieu de la page 24, je cite : "Je pense que ce qui est le

 20   plus important maintenant c'est que nous tous qui avons directement

 21   participé aux négociations, compris et dirigé par le président Tudjman, que

 22   nous comprenions ce que le monde nous demande."

 23   Page 29. C'est vous qui parlez, votre intervention commence à la page

 24   23, milieu de la page. "Cependant, nous devons savoir à ce stade qu'il

 25   s'agit de la seule solution; d'après moi, la meilleure jusqu'à présent. Je

 26   dis à cette occasion que M. Zubak et moi-même avons rencontré certains de

 27   nos Américains à Francfort."

 28   Je saute quelques phrases, puis vous dites : "Nous, les Croates de

Page 29860

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29861

  1   Bosnie-Herzégovine, souhaitions et souhaitons encore aujourd'hui soutenir

  2   totalement la Croatie, avec la Croatie, être dans le même Etat. Cependant,

  3   je pense que l'autre partie de la solution, la confédération règle ce

  4   problème maintenant de la meilleure manière possible. Il y aura des Croates

  5   en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, et ceci pour le bien-être de tous les

  6   Croates."

  7   Vous dites que c'était la meilleure solution que de régler ce

  8   problème à ce moment-là, à ce stade, "pour le moment", meilleure solution

  9   pour le moment. Alors qu'est-ce que vous prévoyez ensuite ?

 10   R.  J'avais à l'esprit l'accord entre les Croates et les Musulmans,

 11   qui consistait donc à être ensemble dans un même Etat et avoir des

 12   relations très étroites avec la Croatie, à peu près ce qu'on a de nous

 13   jours.

 14   Q.  Page 49, s'il vous plaît. M. Prlic prend la parole et il dit, je cite :

 15   "Tout d'abord, je pense que l'accord est une solution raisonnable, mais

 16   bien entendu, il ne s'agit pas d'une solution définitive." Le texte se

 17   poursuit : "Les personnes d'Herceg-Bosna, vous, M. Prlic et d'autres

 18   estimiez qu'il s'agissait d'une étape, mais que ce n'était pas la solution

 19   définitive."

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Prlic.

 21   L'ACCUSE PRLIC : [interprétation] Je pense que c'est inadmissible

 22   d'interpréter les choses de la sorte. Tout d'abord, le Procureur ne lit pas

 23   la deuxième phrase qui dit clairement ce que j'ai à l'esprit dans la

 24   première phrase. Donc ça fait une manipulation totale partant de quelque

 25   chose qui est tout à fait clair. On peut parler dans notre langue ou dans

 26   l'anglais. "D'abord, j'estime que l'accord est une solution raisonnable,

 27   mais bien entendu pas définitive." Puis vient une deuxième phrase. "C'est

 28   seulement un point de départ pour une solution générale, parce qu'en ce

Page 29862

  1   moment-ci nous n'avons pratiquement près de la totalité de ce territoire de

  2   la Bosnie-Herzégovine qui est occupé si on considère la partie serbe et

  3   ainsi de suite."

  4   Donc, un an et demi après, il y a eu les accords de Dayton, les

  5   choses sont claires ici. Et ça fait dix fois aujourd'hui que le Procureur

  6   déforme les propos clairement tenus dans ce compte rendu.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est au transcript.

  8   Monsieur Scott.

  9   M. SCOTT : [interprétation]

 10   Q.  Comme le dit M. Prlic, la deuxième phrase de ce paragraphe dit : "Ce

 11   n'est qu'une base en vue d'une solution complète, car maintenant nous

 12   contrôlons presque tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine occupé."

 13   Page 55, s'il vous plaît, et j'en ai encore pour une ou deux minutes,

 14   Messieurs les Juges. Page 55, Tudjman poursuit. Il est bien connu, n'est-ce

 15   pas, que M. Misic et M. Manolic avaient des positions très différentes de

 16   celles du président pour ce qui est de la Bosnie. Tudjman porte une

 17   attention vers eux.

 18   Peut-on maintenant voir le bas de la page 55, le président Tudjman dit :

 19   "C'est moi qui suis essentiellement à l'origine de la situation Cutileiro,

 20   et j'ai emmené Vance et Owen sur l'île de Brijuni pour obtenir des

 21   suggestions en vue d'obtenir une solution et ainsi de suite afin d'obtenir

 22   une solution dans le cadre d'une confédération avec l'union, et cetera."

 23   D'après vos connaissances, et vu votre implication dans ces événements,

 24   êtes-vous d'accord, est-ce que c'est M. Tudjman qui a joué ce rôle

 25   essentiel dans le cadre des négociations Cutileiro et pour ce qui est de

 26   Vance-Owen ?

 27   R.  Je n'ai pas pris part à l'établissement du plan Cutileiro, j'ai déjà

 28   expliqué. Pour ce qui est maintenant du plan Vance-Owen, c'était un plan

Page 29863

  1   qui englobait les négociations de paix sur le territoire de toute l'ex-

  2   Yougoslavie. Aux séances plénières les plus importantes, il y avait la

  3   présence de Milosevic, Tudjman, Cosic, non pas Cosic, c'était des

  4   négociations de paix pour le territoire entier de l'ex-Yougoslavie.

  5   Q.  Dernière page que nous allons examiner, il s'agit de la page 57. Le

  6   président Tudjman poursuit, et vers le milieu de la page, il dit : "Par

  7   conséquent, voilà la différence et, s'il vous plaît, Susak a raison. Nous

  8   ne pouvons pas faire face à notre public maintenant pour des raisons

  9   politiques, afin d'empêcher la dégradation du moral du peuple qui s'est

 10   sacrifié."

 11   Or, le problème mentionné ici par Tudjman et Susak, c'est qu'il s'agit

 12   d'une modification importante par rapport à la politique poursuivie, et

 13   cela va poser des problèmes, il va falloir faire accepter cela aux gens,

 14   n'est-ce pas ?

 15   R.  C'est votre commentaire à vous, je ne suis pas en mesure de commenter

 16   la chose moi-même à présent.

 17   Q.  Vous souvenez-vous l'avoir entendu dire cela : "Nous ne pouvons pas

 18   faire face à -- nous ne pouvons pas regarder notre public maintenant pour

 19   des raisons politiques…" Que voulait dire Tudjman à ce moment-là ?

 20   R.  Partant de ce qui est écrit ici, peut-être pourrais-je apporter une

 21   interprétation, à savoir que le public s'attendait peut-être à avoir cette

 22   République croate d'Herceg-Bosna qui en vient de prendre fin avec ces

 23   accords et il y a création d'une nouvelle fédération croate ou musulmane.

 24   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur, je vous remercie de votre déposition.

 25   Merci d'être venu témoigner et d'être resté si longtemps. Je remercie

 26   également les Juges de la Chambre de m'avoir accordé du temps

 27   supplémentaire. Merci.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il est midi et quart. Nous allons faire la

Page 29864

  1   pause, 20 minutes, et nous reprendrons dans 20 minutes.

  2   --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.

  3   --- L'audience est reprise à 12 heures 37.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, tout d'abord, la Chambre rend une

  5   décision orale sur la demande formulée par Me Alaburic.

  6   La Chambre après avoir écouté attentivement les réponses données par le

  7   témoin aux questions du Procureur estime qu'il y a lieu à circonstances

  8   telles que le contre-interrogatoire supplémentaire pourrait se dérouler.

  9   Donc la Chambre dit qu'il n'y aura pas de contre-interrogatoire

 10   supplémentaire par la Défense de M. Petkovic.

 11   Concernant maintenant les questions supplémentaires pour M. Prlic, bien

 12   entendu, la Défense Prlic peut poser donc toutes questions, mais la Chambre

 13   rappelle que ça viendra en déduction de son temps global accordé.

 14   Maître Karnavas.

 15   M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci,

 16   Messieurs les Juges.

 17   Nouvel interrogatoire par M. Karnavas :

 18   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Akmadzic.

 19   R.  Bonjour.

 20   Q.  Vous étiez le premier ministre de la Bosnie-Herzégovine, avez-vous

 21   jamais été interrogé en tant que suspect par le bureau du Procureur pour

 22   avoir été impliqué dans des affaires de nettoyage ethnique ou pour avoir

 23   été membre d'une entreprise criminelle

 24   commune ? Je vous pose la question aujourd'hui, car nous avons un accusé

 25   ici qui est accusé en tant que membre d'une entreprise criminelle commune

 26   qui aurait participé à un nettoyage ethnique. Avez-vous jamais été

 27   interrogé en tant que suspect ?

 28   R.  Non, à aucun point de vue. Ni à l'occasion des entretiens qu'on a eus à

Page 29865

  1   l'extérieur du Tribunal ni dans le prétoire ni à l'occasion de mon

  2   témoignage préalable, quand je dis "préalable," c'est en l'an 2000.

  3   Q.  Merci.

  4   M. KARNAVAS : [interprétation] A ce stade, je souhaiterais que le compte

  5   rendu soit nettoyé pour reprendre l'expression du Procureur, qu'il n'y ait

  6   plus d'insinuations selon lesquelles ce témoin aurait participé à un

  7   nettoyage ethnique. On lui a présenté cette thèse, il a été accusé, et

  8   l'Accusation devait savoir que le témoin avait certaines responsabilités en

  9   tant que premier ministre, il avait des fonctions assez élevées. Si le

 10   Procureur doit poursuivre les crimes les plus graves, et nous parlons ici

 11   de nettoyage ethnique, soit l'Accusation aurait dû enquêter, mettre en

 12   accusation et poursuivre le témoin ou bien ne pas proférer d'accusations

 13   aussi graves devant ce Tribunal et devant la Chambre.

 14   Vous pourrez délibérer sur la question un peu plus tard.

 15   Q.  S'agissant de Sarajevo, Monsieur Akmadzic, on vous a demandé quand vous

 16   étiez parti. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre, pour qu'ils

 17   comprennent bien, quelles étaient les circonstances à Sarajevo, quelle

 18   était la situation en novembre ou en décembre 1992, alors à quel point

 19   était-il difficile d'essayer de tenir des séances du gouvernement,

 20   d'essayer de faire fonctionner un pays, un ville à cette époque ?

 21   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à cette

 22   question de façon très émotive. Ça nous a beaucoup impressionné lors de

 23   l'interrogatoire principal. Je me souviens que le témoin a même porté un

 24   mouchoir à son visage et moi, j'ai été très touché.

 25   M. KARNAVAS : [interprétation] Je me suis demandé pourquoi la Chambre

 26   n'avait pas réagi en disant que la question avait déjà été posée, que le

 27   témoin y avait déjà répondu.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Peut-être que les Juges sont moins

Page 29866

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29867

  1   émotifs.

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Très bien. Si la Chambre est satisfaite, je

  3   vais poursuivre.

  4   Q.  On a laissé entendre que vous aviez abandonné Sarajevo. Puis on vous a

  5   montré un document, je pense que c'était le document

  6   P 10473, il s'agissait d'un article de presse où il était dit qu'Haris

  7   Silajdzic avait repris, assumé vos positions, vous qui étiez son

  8   prédécesseur croate et vous qui étiez absent. Pourriez-vous dire aux Juges

  9   de la Chambre où était Silajdzic en 1992 ? A quelle fréquence se trouvait-

 10   il à Sarajevo ? Que faisait-il, à quelle fréquence vous faisait-il rapport,

 11   à vous ou à votre prédécesseur, à l'époque où il était ministre des

 12   Affaires étrangères ?

 13   R.  M. Silajdzic en termes pratiques se trouvait constamment à l'étranger.

 14   Il ne venait pas aux sessions du gouvernement. Il ne présentait pas de

 15   rapports. Il s'est entretenu une fois avec moi. Je lui ai dit qu'il ne

 16   pouvait pas aller à l'étranger sans l'approbation du gouvernement et sans

 17   m'avoir concerté. Il a accepté la chose, mais dès le lendemain il est parti

 18   à la conférence des pays islamiques à Jeda [phon]. En d'autres termes, et

 19   de façon pratique, pendant toute cette année 1992 et pendant une bonne

 20   partie de 1993, il était à l'étranger, mais il a participé aux négociations

 21   aussi.

 22   Q.  On vous a présenté un certain nombre de documents et posé un certain

 23   nombre de questions concernant des discussions en rapport avec les

 24   pourcentages, comment arriver au pourcentage de 33 %. Vous souvenez-vous de

 25   cet échange ?

 26   R.  Oui, je m'en souviens.

 27   Q.  Vous y avez fait allusion, mais je souhaite m'assurer que les faits

 28   soient bien établis, alors est-ce que ces échanges n'ont pas eu lieu

Page 29868

  1   également à Dayton ?

  2   R.  C'est à Dayton qu'on s'est mis d'accord sur le pourcentage, 49 versus

  3   51. Il y a eu de nombreuses négociations, on discutait des chiffres et

  4   ensuite on vérifiait qu'elle était la situation sur le terrain.

  5   Q.  Et vous ne vous êtes pas appuyé sur la population, mais sur l'endroit

  6   où on devait établir ces lignes sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine

  7   ?

  8   R.  Oui. Je l'ai dit. Mais on tenait compte aussi de la population à

  9   l'intérieur de Bosnie-Herzégovine, quel était le pourcentage des Croates,

 10   et cetera. Par exemple, les Croates disposaient de 17,6 %, c'était un des

 11   critères à prendre en compte.

 12   Q.  Est-ce que la communauté internationale était au courant de cela ?

 13   R.  Oui, cette initiative venait de la communauté internationale. C'est eux

 14   qui faisaient les propositions, c'est eux qui organisaient ces négociations

 15   auxquelles on a pris part.

 16   Q.  Les Musulmans, ont-ils aussi examiné des cartes pour essayer de décider

 17   quels seraient les 3 % du territoire de Bosnie-Herzégovine qu'ils

 18   souhaiteraient pour y installer leur population ?

 19   R.  Oui, bien sûr qu'ils ont participé à cela. Mais je dois ajouter quelque

 20   chose que je n'avais pas dit jusqu'à présent. M. Izetbegovic a dit une fois

 21   qu'il serait d'accord qu'une partie de Bosnie-Herzégovine soit rattachée à

 22   la Croatie. Il s'agissait juste de savoir quel serait ce pourcentage. Nous,

 23   on ne l'a jamais demandé, on ne l'a jamais exigé. C'est lui qui en a parlé.

 24   Q.  Voyons ce qu'Izetbegovic a dit lors de l'une de ces réunions. Il s'agit

 25   d'un enregistrement audio d'une réunion de la présidence tenue le 14

 26   janvier 1994. Je demande l'aide de M. l'Huissier. Nous avons vu ce document

 27   le 15 janvier 2007. Cela fait très longtemps que ce procès se déroule.

 28   C'était peut-être en 2008, en fait.

Page 29869

  1   Si l'on examine le compte rendu d'audience, cela se trouve à la page

  2   26 294. Mais j'ai le document sous les yeux. Je vais vous en donner lecture

  3   et je vous demanderais ensuite vos commentaires. Il est question justement

  4   des pourcentages. Cela se trouve à la page 19, Messieurs les Juges. Voilà

  5   ce que dit M. Izetbegovic. Page 19. Il y a un petit papier rouge pour que

  6   vous vous y retrouviez.

  7   Voilà ce que dit Izetbegovic : "Que nous comprenions bien toutes ces

  8   négociations que nous avons eues, y compris au sujet des républiques et des

  9   33 %, rien n'a été décidé car Klaus m'a prévenu lorsque j'ai parlé de

 10   quelque chose qu'il avait dit. Il a dit : 'Vous savez, Monsieur

 11   Izetbegovic, la règle en politique, c'est que jusqu'à ce qu'on se mette

 12   d'accord sur tout, on ne se met d'accord sur rien.' Jusqu'à présent, nous

 13   ne nous sommes mis d'accord sur rien. Il s'agit simplement de conditions

 14   préalables en vue d'un accord éventuel. Bien entendu, si cela nous

 15   convient, nous pouvons reprendre les choses au début. Nous devons

 16   simplement nous demander si nous avons de meilleures solutions. Mais dès

 17   que nous nous rendrons compte que c'est préférable pour nous, nous revenons

 18   au départ."

 19   Monsieur Akmadzic, est-ce qu'on n'a pas l'impression que c'est là la

 20   tactique utilisée par Izetbegovic dans le cadre des négociations pendant

 21   toute cette période ? Je vous pose la question en raison des questions qui

 22   vous ont été posées hier sur une cantatrice qui finissait le spectacle, la

 23   grosse dame, enfin, une personne d'un poids conséquent.

 24   R.  Bien, votre constatation est exacte, c'est ce que je pense. C'est comme

 25   cela que M. Izetbegovic s'est comporté lors des négociations.

 26   M. KARNAVAS : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai pas d'autres

 27   questions supplémentaires.

 28   Monsieur, je vous remercie et je suis désolé que vous ayez dû rester plus

Page 29870

  1   longtemps que prévu, notamment pendant le championnat d'Europe, car je sais

  2   que vous êtes un fan de football. Merci.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je souhaite m'exprimer si vous me le

  4   permettez, Messieurs les Juges.

  5   Je suis convaincu, Monsieur le Président, Monsieur les Juges, et en tant

  6   que député de Bosnie-Herzégovine, fonctionnaire qui a eu plusieurs

  7   fonctions importantes, je souhaite dire ce qui suit : les Croates et les

  8   Musulmans en Bosnie-Herzégovine ont fait la guerre mais il ne s'agissait

  9   pas là d'une guerre, il s'agissait plutôt d'un conflit. Les Croates et les

 10   Musulmans sont étroitement liés et ils ont constaté ensemble la guerre en

 11   Bosnie-Herzégovine en y fournissant une définition commune. La communauté

 12   démocratique croate n'est pas juste une branche de la HDZ croate, c'est

 13   aussi un parti autonome en Bosnie-Herzégovine. Mais ce parti a des bons

 14   rapports collégiaux avec sa contrepartie, comme c'est le cas dans nombreux

 15   autres pays européens. Le SDA, par exemple a aussi un parti en Croatie et

 16   ils ont même leur député dans le parlement.

 17   Pendant toute la guerre, pendant tout le conflit entre les Croates et les

 18   Musulmans, l'ambassade croate n'a cessé de fonctionner en Bosnie-

 19   Herzégovine. Pendant toute la guerre, la mosquée en Croatie, le centre

 20   islamique en Croatie, qui est considéré comme le plus grand centre

 21   islamique de l'Europe, a fonctionné sans aucun problème.

 22   Il y a un an, je pense, dans ce même centre islamique, une grande assemblée

 23   a eu lieu, et le "raise" de Bosnie-Herzégovine, qui est celui qui est à la

 24   tête de la communauté islamique de Bosnie-Herzégovine, M. Ceric, a parlé

 25   d'une façon très positive des rapports entre les Croates et les Musulmans.

 26   Je pense que la Croatie est le premier pays de l'Europe qui a reconnu

 27   l'Islam comme une religion officielle.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, nous vous avons donné la parole

Page 29871

  1   juste pour nous dire quelques mots, mais là vous êtes parti sur une

  2   plaidoirie. Bien. Et je dois vous interrompre. Bien. Alors --

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

  4   Monsieur les Juges. Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de

  5   dire ce que j'ai dit.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, Monsieur, au nom de mes collègues, je

  7   vous remercie en m'associant à ce que vient de dire Me Karnavas, vous

  8   remercie d'être venu donc et pour avoir témoigné. Je formule mes meilleurs

  9   vœux pour votre retour dans votre pays, et je vais demander à M. l'Huissier

 10   de bien vouloir vous raccompagner.

 11   [Le témoin se retire]

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Karnavas, on peut peut-être commencer

 13   avec le prochain témoin pour gagner du temps ?

 14   M. KARNAVAS : [interprétation] Absolument, Monsieur le Président.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Karnavas, il n'y a qu'un seul

 17   classeur ? Je suis déçu.

 18   M. KARNAVAS : [interprétation] Attendez le prochain, Monsieur le

 19   Président.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Pouvez-vous me donner votre nom,

 21   prénom et date de naissance, s'il vous plaît.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Zarko Primorac, je suis né le 15

 23   septembre 1937.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre activité actuelle ou vous n'avez

 25   aucune activité ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis diplômé d'économie, et à présent je

 27   travaille dans l'entreprise Energoinvest à Zagreb.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Votre date de naissance est 15 septembre 1937 ?

Page 29872

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 29873

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Avez-vous déjà témoigné devant un tribunal sur

  3   les faits qui se sont déroulés dans l'ex-Yougoslavie ou bien c'est la

  4   première fois ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois que je témoigne.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous demande de lire le serment.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  8   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  9   LE TÉMOIN : ZARKO PRIMORAC [Assermenté]

 10   [Le témoin répond par l'interprète]

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Vous pouvez vous asseoir. 

 12   Alors quelques brèves informations de ma part. Vous allez répondre à

 13   des questions qui vont vous être posées en premier par Me Karnavas. A la

 14   suite des questions posées par Me Karnavas, peut-être que les autres

 15   avocats des autres accusés dans le cas du contre-interrogatoire vous

 16   poseront des questions. Après quoi le Procureur qui se trouve à votre

 17   droite pourra également poser des questions dans le cadre du contre-

 18   interrogatoire. Les Juges qui sont devant vous pourront également vous

 19   poser des questions, mais nous le faisons quand il y a un document qui doit

 20   appeler des questions de suivi principalement.

 21   Essayez d'être précis et synthétique dans vos réponses.

 22   Nous faisons des pauses toutes les heures et demie, pause de 20 minutes.

 23   Aujourd'hui, il va nous rester juste trois quarts d'heure parce que nous

 24   nous arrêtons à 13 heures 45. Vous venez de prêter serment, vous êtes

 25   maintenant donc témoin de la justice, ce qui veut dire que vous n'avez plus

 26   aucun contact avec la Défense de M. Prlic.

 27   Sur ce, pour les 45 minutes qui viennent, je donne la parole à Me Karnavas.

 28   M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci,

Page 29874

  1   Monsieur les Juges.

  2   Interrogatoire principal par M. Karnavas:

  3   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur, excusez-moi de vous avoir fait

  4   attendre. J'ai quelques premières questions de contexte, si la Chambre m'y

  5   autorise je voudrais poser quelques directrices et vous vous contenterez de

  6   dire si j'ai bien énoncé les faits, puis nous allons examiner les

  7   documents.

  8   Vous dites être né le 15 septembre 1937, si j'ai bien compris vous avez un

  9   doctorat en économie que vous avez reçu en 1976 à Sarajevo ?

 10   R.  C'est exact.

 11   Q.  Depuis vous avez participé et assisté à plusieurs séminaires

 12   internationaux, notamment en 1995 vous avez réussi un examen vous

 13   permettant d'être réviseur des comptes agréés.

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  Vous avez travaillé 35 ans en tant qu'économiste, mais pendant cette

 16   période vous avez été aussi président de l'assemblée de la municipalité de

 17   Citluk, ceci de 1965 à 1969 ?

 18   R.  Oui, c'est exact.

 19   Q.  Je vais sauter quelques-uns de vos grands moments de carrière, mais de

 20   1969 à 1972, vous avez été premier conseiller du directeur général

 21   d'Energoinvest à Sarajevo plus exactement ?

 22   R.  Oui, c'est exact.

 23   Q.  Puis vous êtes devenu directeur général des finances dans cette même

 24   entreprise de 1972 à 1974, puis vous avez été directeur général pour les

 25   métaux non ferreux de cette même entreprise de 1975 à 1981 ?

 26   R.  Tout est exact. Mais on n'appelait pas cela le directeur général,

 27   c'était directeur principal, c'était le nom exact de la fonction, et donc

 28   cette fonction entre 1974 et 1981 c'était la fonction qui portait sur les

Page 29875

  1   métaux colorés comme on les appelait.

  2   Q.  Vous avez aussi à un moment donné été actif dans la chambre de commerce

  3   de Yougoslavie ou de Bosnie-Herzégovine ?

  4   R.  J'ai été président de la chambre de commerce de Sarajevo et c'était

  5   entre 1981 et 1984, mais j'étais aussi membre de la présidence de la

  6   chambre de commerce yougoslave, et par la suite j'ai été membre de la

  7   chambre de commerce de Bosnie-Herzégovine, mais ce n'était pas vraiment sur

  8   une base professionnelle, j'ai été là en tant que volontaire et sur la base

  9   de volontariat.

 10   Q.  Et de 1984 à 1998, vous avez été vice-président du comité de pilotage

 11   ou du conseil d'administration d'Energoinvest, puis vous êtes devenu vice-

 12   président de 1989 à 1992 avant de devenir ministre des Finances de la

 13   République de Bosnie-Herzégovine, poste que vous avez occupé de juin à

 14   décembre 1992; c'est exact ?

 15   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi --

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a des dates que je dois corriger. Entre

 17   1984 et 1989, et pas 1988. J'étais le président du conseil, vous pouvez

 18   l'appeler comme cela, même si c'était à l'époque le comité exécutif.

 19   Ensuite, entre 1989 et 1992, j'étais l'adjoint du président du comité

 20   exécutif, Energoinvest. Donc il ne s'agit pas de l'année 1998, mais 1999.

 21   M. KARNAVAS : [aucune interprétation] 

 22   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Page 83, lignes 2 et suivantes,

 23   c'est comme ça que je l'ai entendu aussi, mais c'est répercuté au compte

 24   rendu comme suit : "De 1984 à 1998, vous étiez vice-président du conseil

 25   d'administration et puis vous êtes devenu le vice-président de ce même

 26   comité."

 27   M. KARNAVAS : [interprétation] Ça aurait dû être 1984 à 1988.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Il a été deux fois vice-président ?

Page 29876

  1   M. KARNAVAS : [interprétation] Je peux poser une question dans ce sens.

  2   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Oui, faites-le.

  3   M. KHAN : [interprétation] Puisque nous sommes en train d'apporter des

  4   précisions, page 81, ligne 21, le témoin a dit qu'il était né en 1937; est-

  5   ce exact ?

  6   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui. Oui, il a plus de cheveux que moi et

  7   ils sont aussi plus foncés.

  8   M. KHAN : [aucune interprétation]

  9   M. KARNAVAS : [interprétation]

 10   Q.  Une précision quant à ce poste que vous avez occupé à Energoinvest de

 11   1984 à, disons, 1992, pourriez-vous préciser cela ?

 12   R.  Il s'agissait là de grandes entreprises en Yougoslavie. Et à l'époque,

 13   les dirigeants étaient organisés dans le cadre de comités exécutifs. J'ai

 14   été membre de ce comité entre 1984 et 1989, ensuite j'ai été l'adjoint au

 15   président de ce comité exécutif et c'était entre 1989 et 1992.

 16   Q.  Lorsque vous avez cessé d'être ministre des Finances en Bosnie-

 17   Herzégovine en décembre 1992, si j'ai bien compris, vous avez commencé un

 18   travail d'indépendant, vous avez démarré votre compagnie d'audit à Zagreb.

 19   Puis, par la suite, ça été racheté par Price Waterhouse. Après quoi, vous

 20   êtes devenu conseiller de Price Waterhouse Coopers à Zagreb, c'était de

 21   1998 à 2001, puis vous êtes devenu membre du conseil d'administration de

 22   Price Waterhouse ?

 23   R.  Vous posez beaucoup trop de questions à la fois. Je vais essayer de

 24   vous répondre à ma façon. J'ai créé avec d'autres collègues une entreprise

 25   de consultants. Cette entreprise a été achetée par Price Waterhouse en

 26   1997. Je suis devenu un conseiller particulier au niveau de Price

 27   Waterhouse. Price Waterhouse a fusionné avec Coopers en 1998 et c'est

 28   devenu Price Waterhouse Coopers. J'ai été directeur dans cette nouvelle

Page 29877

  1   entreprise jusqu'en 2001.

  2   Q.  Pourtant vous avez poursuivi vos activités professionnelles jusqu'à

  3   aujourd'hui. Aujourd'hui, vous êtes directeur régional de Deloitte à Zagreb

  4   ?

  5   R.  Oui, c'est exact, c'est un poste qui n'est pas un poste d'exécutif, de

  6   dirigeant. Il n'y a pas de fonction de dirigeant et je suis chargé de la

  7   communication avec les marchés.

  8   Q.  Fort bien. Mis à part tout cela, dans l'intervalle, vous êtes aussi

  9   professeur en économie. Vous avez enseigné quelque 15 ans, si je ne

 10   m'abuse, à Sarajevo. Vous avez enseigné la finance, le système économique

 11   et la politique en Yougoslavie, la gestion financière; est-ce exact ?

 12   R.  Oui, c'est exact, oui.

 13   Q.  Fort bien. Je ne veux pas énumérer tous vos exploits, car ils sont

 14   nombreux, mais vous avez, entre autres, été membre du comité organisation

 15   du congrès de la banque mondiale à Dubrovnik en 1989 ?

 16   R.  C'est exact.

 17   Q.  Et je pense qu'à un moment donné vous avez participé ou, en tout cas,

 18   contribué aux jeux olympiques d'hiver de Sarajevo en 1984 ?

 19   R.  Oui, à l'époque j'étais le président de la chambre de commerce de

 20   Sarajevo et j'étais aussi membre du comité d'organisation des --

 21   Q.  -- publié quelque 100 articles dans votre domaine et, si j'ai bien

 22   compris, vous êtes l'auteur de quelques ouvrages et vous avez été le

 23   rédacteur chargé du guide financier croate de 1995, 1998 et 2002 ?

 24   R.  Oui, c'est exact. Il s'agissait de différents articles que j'ai écrits,

 25   effectivement, dans la presse professionnelle. Pour le reste, c'est exact

 26   ce que vous avez dit.

 27   Q.  Une correction, oui ?

 28   R.  On a parlé des articles au sens juridique du terme alors qu'il

Page 29878

  1   s'agissait des articles de presse. Donc c'est l'interprète B/C/S qui a mal

  2   traduit.

  3   Q.  -- quelques questions de contexte supplémentaires. Si j'ai bien

  4   compris, vous n'avez jamais été membre du HDZ ?

  5   R.  Non, je n'ai jamais été membre du HDZ.

  6   Q.  Cependant, avant la désintégration de la Yougoslavie, si j'ose dire,

  7   vous avez été membre de la Ligue des Communistes ?

  8   R.  Oui, effectivement, j'étais membre de la Ligue des Communistes

  9   yougoslave.

 10   Q.  Serait-il exact de dire que vu votre expérience d'économiste, de

 11   professeur, de membre de plusieurs organisations, vous comprenez assez bien

 12   la façon dont fonctionnent l'économie et les institutions financières d'un

 13   pays ?

 14   R.  Oui, je pense que je connais assez bien le système économique

 15   yougoslave d'avant la guerre et je pense que je le comprends aujourd'hui

 16   encore surtout quand il s'agit du système économique croate.

 17   Q.  Une dernière chose, pour avoir conversé avec vous, je sais que vous

 18   m'avez dit qu'à divers moments vous avez fait des offres d'emploi, que ce

 19   soit au niveau de l'Etat en Yougoslavie ou au niveau de la république. Est-

 20   ce que vous pourriez énumérer certains des postes qu'on vous a offerts et

 21   que vous avez repoussés parce que vous vouliez rester dans le secteur privé

 22   ?

 23   R.  Entre 1989, 1990, 1991, j'ai reçu plusieurs offres pour participer au

 24   travail des organisations politiques. Entre autres, Ante Markovic m'a

 25   invité à faire acte de candidature au niveau du comité exécutif fédéral.

 26   J'ai été d'ailleurs le candidat de Bosnie-Herzégovine mais je n'ai pas pu

 27   accepter cela pour des raisons personnelles.

 28   En Bosnie-Herzégovine, on m'a invité à devenir membre de la présidence de

Page 29879

  1   Bosnie-Herzégovine. Je n'ai pas accepté, parce qu'à l'époque je souhaitais

  2   garder ma profession, travailler dans l'économie et je trouvais cela bien

  3   plus intéressant que de me lancer dans la vie politique.

  4   Q.  Ceci dit, les deux premiers documents - excusez-moi, Messieurs les

  5   Juges, ils ne sont pas dans l'ordre, mais au moins c'est dans un seul

  6   classeur. Donc je pense que c'est gérable - les deux premiers documents -

  7   là ce sont des questions d'intendance - donc ce sera très rapide, 1D 02645.

  8   Je ne sais pas si vous avez ça. C'est le 15 juin 1992. 1D 02645. Je voulais

  9   attirer l'attention de tous sur ceci, notamment sur la page 4 en anglais où

 10   il est dit : "Membres et ministres du gouvernement de la République de

 11   Bosnie-Herzégovine qui ont été nommés comme suit…" et on voit votre nom au

 12   regard du chiffre 5. Donc je suppose que c'est la page 4 en anglais ainsi

 13   page 4 en B/C/S. C'est comme ça qu'on appelle les trois langues qui sont

 14   utilisées ici, c'est plus commode.

 15   Le 15 juin ou vers cette date, est-ce à ce moment-là que vous avez pris vos

 16   fonctions en tant que ministre des Affaires étrangères -- pardon, des

 17   Finances pour la Bosnie-Herzégovine ?

 18   R.  C'est exact. Je précise, à titre de correctif pour ce qui est des

 19   termes et des dates, ceci est un PV du 15 juin 1992. C'est un PV d'une

 20   session de la présidence de la République de Bosnie-Herzégovine. Pour

 21   autant que je m'en souvienne, nous avons été nommés et nous avons prêté

 22   serment le 18 juin 1992. Trois jours après, avons-nous donc prêté serment

 23   suite à la date de nomination.

 24   Q.  Merci beaucoup, Monsieur.

 25   Document suivant, 1D 01632. Ici, c'est uniquement des questions

 26   d'intendance, 1632.

 27   M. KARNAVAS : [interprétation] C'est peut-être vers la fin du classeur,

 28   Messieurs les Juges, car ce document porte la date -- 1D 01632, 23 décembre

Page 29880

  1   1992. Il s'agit d'une décision par laquelle vous êtes démis de vos

  2   fonctions de ministre des Finances de Bosnie-Herzégovine.

  3   R.  C'est bien cette décision-là. Je préfère dire "démis de ses fonctions

  4   au sein de la présidence," c'est ce qu'on dit ici, "démis de fonctions."

  5   Q.  Vous voulez dire que vous avez été congédié plutôt que relevé de vos

  6   fonctions ?

  7   R.  Non, je dis tout à fait le contraire.

  8   Q.  Nous allons parler de votre mandat et de vos activités de ministre des

  9   Finances, mais auparavant, permettez-moi d'aborder trois documents dont mon

 10   client est l'auteur. Ils interviennent avant le conflit.

 11   1D 02356, je vais en lire quelques passages et je vous demanderais de

 12   commenter la situation. Vous me direz si l'interprétation des événements

 13   que fait M. Prlic est assez fidèle à ce qui se passait à l'époque. 1D

 14   02356.

 15   En haut du document nous voyons qu'il s'agit du vice-président du

 16   conseil exécutif de la République de Bosnie-Herzégovine au conseil exécutif

 17   républicain en réforme économique. Qu'est-ce que c'était exactement ce

 18   conseil ?

 19   R.  Dans le parler d'aujourd'hui, c'était le gouvernement de la

 20   Bosnie-Herzégovine.

 21   Q.  Deuxième paragraphe, il parle d'un problème en matière de liquidité. Il

 22   dit que : "Cette année, 1 500 entreprises comptant

 23   37 000 employés ont été incapables d'être à la hauteur des obligations qui

 24   leur étaient imposées."

 25   Il parle de l'économie, il parle donc des entreprises telles qu'elles

 26   étaient à l'époque. Est-ce que ceci traduit bien la situation de l'époque ?

 27   Pourriez-vous nous en parler ?

 28   R.  Oui. La situation était assez grave. Suite à l'élection de Markovic aux

Page 29881

  1   fonctions de premier ministre fédéral, premier ministre yougoslave, il

  2   avait entamé une réforme qui était censée résoudre bon nombre de problèmes

  3   qui existaient dans l'économie yougoslave jusque-là. Et en plus, dans les

  4   premiers mois, cette réforme commençait à donner les bons résultats,

  5   notamment du point de vue du ralentissement et je dirais même de

  6   l'anéantissement de l'inflation. Mais au bout de quelques mois, je ne sais

  7   pas vous dire maintenant combien de mois au juste mais, disons, entre six

  8   et neuf mois après son entrée en fonction du premier ministre, les choses

  9   ont commencé à se compliquer. Il y a eu les vieux problèmes de l'économie

 10   yougoslave qui ont réémergé. L'insolvabilité et l'impossibilité des

 11   entreprises à payer leurs factures étaient plutôt élevées, très élevées.

 12   D'un point de vue général, c'est cette partie-là de la déclaration qui se

 13   trouve à être correcte.

 14   Q.  Nous sommes toujours en train d'examiner ce document. Voyons la toute

 15   dernière page, il dit que : "Il serait nécessaire de renforcer les pouvoirs

 16   publics grâce à des mesures radicales. Nous avons pris en main le

 17   financement de l'appareil judiciaire de façon à ce que le secrétariat de

 18   l'Intérieur puisse bientôt recevoir des fonds venant du budget."

 19   Il dit ensuite que les municipalités devront se voir privées de certaines

 20   fonctions exécutives. Et il parle de l'établissement d'un fond en faveur du

 21   développement.

 22   En raison des circonstances qui régnaient à l'époque, est-ce qu'il

 23   s'agissait ici de mesures qu'un économiste progressiste essayerait de

 24   mettre en place pour parer à la situation qu'il y avait avant le

 25   démantèlement, le conflit en Yougoslavie ?

 26   R.  Permettez-moi de lire un instant. Oui, l'économie bosniaque, celle de

 27   Bosnie-Herzégovine, avait connu des problèmes plus graves que cela n'est le

 28   cas de l'économie croate ou slovène qui faisaient également partie de ce

Page 29882

  1   système unifié de la Yougoslavie parce que l'économie de la Bosnie était

  2   pour l'essentiel basée sur la production de l'énergie, des métaux, ensuite

  3   tout ce qui est industrie forestière, donc c'est ce qu'on appelle au

  4   secteur primaire.

  5   Ce secteur primaire, d'après les règles du jeu qui prévalaient dans le

  6   système, ces matières premières et ressources énergétiques étaient

  7   convoyées vers les républiques plus développées et les prix des matières

  8   premières et des ressources énergétiques étaient fixés par l'Etat, voire

  9   bloqués, ce qui fait que l'économie de la Bosnie-Herzégovine sombrait dans

 10   des difficultés.

 11   Alors ceci, ces tentatives évoquées par M. Prlic, visent à faire

 12   démarrer les choses. Il y avait un fond de développement qui, à l'époque,

 13   se trouvait être une bonne idée. Je ne sais pas trop, mais j'imagine que

 14   l'idée relative à la création d'entreprises publiques était motivée par la

 15   volonté de se libérer de ces entraves qui étaient celles des blocages de

 16   prix au niveau des matières premières et des produits énergétiques.

 17   Q.  Examinons très rapidement le document, les deux documents suivants qui

 18   concernent la même période plus ou moins. D'abord, un document du 11

 19   janvier 1991. En 1991. Le document de l'autre ne l'était pas. 

 20   Ici, M. Prlic --

 21   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Ce serait plus facile de suivre si

 22   vous donniez la cote.

 23   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, excusez-moi, j'avais oublié, vous avez

 24   tout à fait raison, 1D 02232. 2232. On pose une question à M. Prlic et la

 25   voici, "A propos de la qualité donnée de la Serbie pour ce qui est du

 26   système de paiement yougoslave," et M. Panic dit : "Nous pouvons conclure

 27   que c'est quelque chose qui est inédit dans l'histoire monétaire, que c'est

 28   en fait un crime d'Etat qui est dirigé contre les autres parties de la

Page 29883

  1   Yougoslavie.

  2   "Je recommande d'envoyer un télex au conseil fédéral pour demander

  3   des mesures vigoureuses, à savoir que --

  4   Est-ce que vous savez de quoi parlait M. Prlic ici ?

  5   R.  Je pense que je le sais. Il s'agissait d'une irruption dans le système

  6   monétaire de Yougoslavie. C'est ainsi qu'on l'avait qualifié. De quoi

  7   s'agissait-il ? A un moment donné, la Serbie avec Milosevic à la tête de

  8   l'Etat, s'était trouvée en situation de ne pas pouvoir payer les retraites

  9   à l'intention de ses retraités, elle n'avait pas les moyens de le faire.

 10   Par le biais de ce service de comptabilité public qui se trouvait être une

 11   institution de l'Etat pour le système des paiements, a procédé à une

 12   irruption. Je ne sais pas vous donner de chiffres, je pense qu'il

 13   s'agissait d'un milliard 400 millions ou un peu plus. Je ne garantie pas

 14   l'exactitude des chiffres, mais c'était une somme assez grosse, donc

 15   quelques centaines de millions de dollars qui a été prélevée sur le système

 16   monétaire et qu'elle a payé ses obligations aux dépens des autres

 17   intervenants dans le système monétaire yougoslave à l'époque. En ma qualité

 18   d'économiste, ce que je pourrais dire à présent c'est que cette irruption

 19   dans le système monétaire a constitué le début du démantèlement du système

 20   monétaire en Yougoslavie.

 21   Q.  Alors je sais que cela sera corrigé plus tard, mais au compte rendu on

 22   peut lire, "monastery", "monastère", et non pas "monetry", "monétaire."

 23   Est-ce que vous pourriez examiner le document 1D 02226. Il est daté du 25

 24   janvier 1991. 1D 02226. Il s'agit d'un extrait de Oslobodjenje qui, comme

 25   vous le savez, est une publication de Sarajevo. Il semblerait d'après cet

 26   article que le gouvernement et le conseil exécutif de l'assemblée de la

 27   République socialiste de Bosnie-Herzégovine adoptent une loi qui

 28   autoriserait le gouvernement à annuler les dettes avec la fédération sans

Page 29884

  1   son accord.

  2   Au paragraphe suivant on peut lire, "On empêche provisoirement

  3   l'application de l'ordre donné par le secrétaire des finances fédérales en

  4   vue du transfert de fonds du budget de la république pour repayer les

  5   crédits internationaux pour lesquels la fédération a fourni des garanties,

  6   des super garanties," comme il est dit.

  7   Dernier paragraphe sur cette page et à la page suivante on peut lire,

  8   "L'année dernière, le problème était que la fédération était en retard pour

  9   s'acquitter de toutes ses obligations à l'égard de la Bosnie-Herzégovine,

 10   notamment ses obligations découlant des crédits étrangers, du paiement des

 11   différences des taux d'échange, des retraites, des pensions d'invalidité,

 12   des obligations, pour ce qui est des programmes sociaux," et on peut le

 13   chiffre de 11 milliards 400 millions de dinars dont la fédération n'a payé

 14   que 4 milliards 800 millions.

 15   Alors que peut-on tirer comme conclusion au sujet de la situation

 16   économique en Bosnie à l'époque ?

 17   R.  L'interprétation n'a pas été bonne. Je n'ai pas pu suivre votre

 18   intervention de façon adéquate. Mais si nous n'allons pas reprendre le

 19   tout, je crois pouvoir dire ayant compris la question que je puis commenter

 20   le texte si les Juges de la Chambre veulent bien m'y autoriser.

 21   Q.  Oui. Soyez bref si vous le pouvez, s'il vous plaît.

 22   R.  Ici, il s'agit d'un projet de décision de la part du conseil exécutif,

 23   à savoir du gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Et si j'ai bien compris le

 24   texte, cela devait être entériné par le Parlement de Bosnie-Herzégovine.

 25   C'est ce qui y est dit dans la première partie du texte.

 26   Je ne sais pas si le parlement a bel et bien entériné cette

 27   proposition émanant du gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, mais je tiens

 28   à vous rappeler ce que j'ai dit tout à l'heure. Cette irruption dans le

Page 29885

  1   système monétaire de la Yougoslavie a signifié le début de la

  2   désintégration de ce système, et je suppose que tous les gouvernements en

  3   Bosnie-Herzégovine et autres républiques ont tenté de s'autoprotéger.

  4   J'imagine, je suppose que cela faisait partie de la politique que le

  5   gouvernement de la Bosnie-Herzégovine a essayé d'adopter pour protéger son

  6   système financier lorsque le système monétaire du pays entier est en train

  7   de se désintégrer.

  8   Q.  Merci. J'en ai terminé avec cette question. Je voulais simplement

  9   que la Chambre ait une idée de l'ambiance à l'époque, c'est-à-dire juste

 10   avant la période qui nous intéresse.

 11   Document suivant, 1D 02687. Je sais que la Chambre va sûrement

 12   demander quelle est la date, bien qu'après ce document j'évoquerai le

 13   document 1D 02688 qui est daté du 6 mars 1992. Je le précise pour rassurer

 14   toutes les personnes dans le prétoire et à l'extérieur.

 15   Au vu du premier document, nous savons que vous n'étiez pas encore le

 16   ministre des Finances à l'époque, mais serait-il juste de dire, compte tenu

 17   de votre implication en tant que ministre et de vos qualités d'économiste,

 18   vous pouvez nous donner un petit peu quelques informations à propos de ce

 19   document ?

 20   R.  Deux phrases à titre introductif si vous le permettez. Toutes les

 21   économies des républiques, qu'il s'agisse de la Slovénie, Croatie, Bosnie-

 22   Herzégovine, Serbie, jusqu'en 1990, faisaient partie intégrante d'un

 23   système économique unifié. Depuis 1990, les Etats ont commencé à devenir

 24   plus autonomes et chacun a créé son organigramme financier à elle.

 25   Au moment de la séparation de cette Yougoslavie, il y a eu bien des

 26   créances financières qui allaient dans tous les sens, et aucun Etat n'avait

 27   suffisamment de devises pour régler les soldes. Il fallait continuer

 28   pourtant à vivre, il fallait permettre au système économique de continuer à

Page 29886

  1   fonctionner.

  2   Les Etats en question ont cherché une solution dans ce que l'on a

  3   qualifié de comptes non-résidents. Alors c'est, si j'ai bien compris, le

  4   document suivant qui dans le paragraphe 3 dit que les comptes non-

  5   résidents, ou plutôt que les relations entre républiques sur le plan

  6   financier seront réglementées par paiements des marchandises et services en

  7   monnaie locale ou en devise. En termes pratiques, ceci signifiait qu'une

  8   entreprise de Bosnie-Herzégovine qui avait des créances en Croatie et ne

  9   pouvait pas être payée, parce que la Croatie n'avait pas de moyens en

 10   devise pour payer ses factures, ouvrait dans une des banques croates un

 11   compte non-résident où l'entreprise croate payait la facture en question.

 12   L'entreprise de Bosnie-Herzégovine avait des fonds financiers, des dinars

 13   croates sur son propre compte en Croatie. 

 14   Ces entreprises pouvaient se servir de ces dinars pour acheter des

 15   marchandises en Croatie et payer à partir de ce compte. Par conséquent, ces

 16   comptes non-résidents étaient des comptes qui permettaient de surmonter

 17   cette espèce de faille qui s'est créée au moment du démantèlement de l'ex-

 18   Yougoslavie et par ce biais les relations financières pouvaient être

 19   résolues.

 20   Q.  Deux choses. Lorsque vous avez parlé de l'article 3, il s'agissait du

 21   document ID 02688, n'est-ce pas ?

 22   R.  Exact.

 23   Q.  Puis il ressort de ce document, car cet accord de paiement, comme il

 24   est dit dans le préambule, on voit que les deux gouvernements sont

 25   impliqués, le gouvernement de la République de Croatie et le gouvernement

 26   de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 27   R.  Au vu de l'accord, c'est exact. D'après le document, je veux dire,

 28   c'est exact.

Page 29887

  1   Q.  Il me faut vous demander de parler un peu moins vite, car vos réponses

  2   doivent être interprétées et les interprètes travaillent dur. Et si je ne

  3   vous demande pas de ralentir, on va me faire des reproches.

  4   Document suivant, 1D 02686. 2686, deuxième page. Au bas, nous voyons votre

  5   nom, Dr Zarko Primorac. Il est fait référence au 6 mars, nous en avons déjà

  6   parlé. Est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit dans cet accord

  7   de paiement ?

  8   R.  Le gouvernement dont je ne faisais pas partie et qui était en exercice

  9   avant le gouvernement où j'ai été nommé ministre, a signé un accord de

 10   paiement avec la République de Croatie. C'est le document précédent. C'est

 11   la date du 6 mars 1992 qui est dessus. Lorsque je suis devenu membre du

 12   gouvernement, donc je suis devenu ministre, nous avons constaté que

 13   certains éléments dans cet accord devaient forcément être modifiés. Un

 14   petit détail pour attirer ou pour vous expliquer, pour attirer votre

 15   attention sur la chose. Dans l'avant-propos du premier document, document

 16   daté du 6 mars 1992, il est dit : Le gouvernement de la République de

 17   Croatie, à sa session du 17 février 1992, et le gouvernement de la

 18   République socialiste de la Bosnie-Herzégovine ont signé, et ainsi de

 19   suite, et ainsi de suite.

 20   Dans le nouvel accord, nous avons exclu le mot République socialiste de

 21   Bosnie-Herzégovine puisqu'elle ne l'était plus. Elle s'appelait République

 22   de Bosnie-Herzégovine tout court.

 23   Pour ce qui est de la teneur de l'accord, on a repris les dispositions qui

 24   existaient dans l'accord précédent en y insérant des dispositions nouvelles

 25   qui étaient d'actualité à ce moment-là. Le texte de l'accord a été négocié

 26   par moi-même avec la République de Croatie, et du côté croate, il y avait

 27   le ministre Jasic, qui était la personne autorisée pour ce qui est de la

 28   négociation de la teneur de ce texte, et on a négocié et on a conduit les

Page 29888

  1   choses jusqu'à leur signature. La République de Croatie l'a signé, on le

  2   voit sur le document. Je ne l'ai pas signé moi-même car je n'ai pas obtenu

  3   l'approbation de Sarajevo pour ce faire. Le gouvernement n'avait pas

  4   débattu de la chose et ne m'a pas donné l'aval pour la signature, ce qui

  5   fait qu'il est resté non signé de ma part.

  6   M. KARNAVAS : [interprétation] Bien. Merci.

  7   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, vous aviez prévu

  8   que nous nous intéresserions à la date d'un autre document. Ce document lui

  9   non plus ne porte pas de date.

 10   Docteur Primorac, peut-être que vous pourriez nous indiquer la date de ce

 11   document qui n'a pas été signé ni finalisé.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Cet accord de paiement avec la Croatie, qui a

 13   été négocié par mes soins, a été négocié dans la deuxième quinzaine du mois

 14   de septembre 1992. Probablement a-t-on terminé mi-octobre 1992.

 15   La règle ou la pratique était celle-ci : mettre la date à laquelle le

 16   gouvernement a adopté ledit accord. Je ne sais pas pourquoi il n'y a pas de

 17   date au côté de la signature du ministre Jasic, qui était le ministre des

 18   Finances du gouvernement de la République de Croatie. Et moi, je ne pouvais

 19   pas avoir de date puisque mon gouvernement n'avait pas entériné l'accord à

 20   ce moment-là.

 21   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup.

 22   M. KARNAVAS : [interprétation]

 23   Q.  Document suivant, 1D 0 -- oui.

 24   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Excusez-moi de vous interrompre,

 25   Maître Karnavas, mais il s'agit d'une question technique. Le témoin a dit

 26   que d'après la pratique les accords sont mentionnés en fonction de la date

 27   de leur approbation par le gouvernement.

 28   D'après mon expérience, ce n'est pas exact. Les accords conclus sont datés

Page 29889

  1   par les négociateurs au moment de la signature. La question de

  2   l'approbation ou de la certification est une question distincte. On la

  3   mentionne plus tard, certes, mais la date d'un accord ou d'un traité

  4   correspond à la date de l'acceptation par les parties concernées. Merci.

  5   M. KARNAVAS : [interprétation]

  6   Q.  Est-ce que vous souhaitez faire des commentaires sur les remarques

  7   formulées par le Juge de la Chambre ?

  8   R.  J'en prends note.

  9   Q.  1D 02689. 2689. Il s'agit d'un document daté du 31 décembre 1991. C'est

 10   un accord, dans le préambule, nous voyons que c'est le ministère des

 11   Finances de la République de Croatie et le ministère des Finances de la

 12   République socialiste de Bosnie-Herzégovine qui ont conclu cet accord, et

 13   la date est celle du 31 décembre 1991. Nous aurions dû en parler un peu tôt

 14   en réalité.

 15   Nous voyons qu'à l'article 2 il est dit, "Afin d'effectuer des transactions

 16   telle que celle visé à l'article premier de cet accord, les participants

 17   aux transactions se trouvant en République de Croatie peuvent ouvrir des

 18   comptes séparés auprès du service des comptes publics de la Bosnie-

 19   Herzégovine dans la monnaie locale actuellement utilisée sur le territoire

 20   de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine." 

 21   Alors qu'est-ce que ça veut dire et pourquoi cet accord devait-il être

 22   conclu ?

 23   R.  Juste une minute pour lire.

 24   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] En attendant, Maître Karnavas, êtes-

 25   vous sûr que cet accord a été conclu le 31 décembre ? J'ai l'impression

 26   qu'il y a des signatures avec des dates en mars, et le 31 décembre c'est la

 27   date à laquelle certains effets entrent en vigueur.

 28   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, excusez-moi, je suis un peu fatigué,

Page 29890

  1   puis les dates m'échappent un peu. Je vois simplement que l'accord porte la

  2   date du 31 décembre. Mais peut-être que j'ai commis une erreur. En fait, je

  3   vois que c'est le 19 mars 1992. C'est signé d'un côté. Puis de l'autre

  4   côté, on a l'impression qu'il s'agit de la date du mois de février 1992.

  5   Q.  Nous allons passer au document suivant.

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : -- oui, mais vous, vous pouvez, mais ceux qui vont

  8   nous suivre ne peuvent pas, eux. Donc on va arrêter là. Vous continuerez

  9   demain. Monsieur, l'audience commencera donc demain matin à 9 heures. Donc

 10   je vous invite à revenir pour la suite de l'audience, 9 heures du matin. Je

 11   vous remercie.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 13   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mercredi 25 juin

 14   2008, à 9 heures 00.

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28