Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 2369

  1   Le mardi 11 novembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  6   l'affaire.

  7  M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour à tous, il s'agit de l'affaire IT-

  8  04-74-T, l'Accusation contre Jadranko Prlic et consorts. Je vous remercie.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. En ce mardi 11 novembre

 10   2008, je salue toutes les personnes, MM. les Accusés, Mmes et MM. les

 11   Avocats, M. Scott et Mme le Procureur, ainsi que toutes les autres

 12   personnes qui nous assistent.

 13   Nous allons continuer l'interrogatoire principal, et je vais demander à M.

 14   l'Huissier d'introduire le témoin.

 15   M. KARNAVAS : [interprétation] Avant que le témoin ne rentre, j'aimerais

 16   mettre au compte rendu une chose, il conviendrait peut-être de passer à

 17   huis clos partiel pour cela.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant en audience à huis

 20   clos partiel.

 21   [Audience à huis clos partiel]

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

Page 2370

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Pages 34370-34372 expurgées. Audience à huis clos partiel.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 

 26 

 27 

 28 

Page 2373

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23   [Audience publique]

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   LE TÉMOIN : ZDRAVKO BATINIC [Reprise]

 26   [Le témoin répond par l'interprète]

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Vous pouvez vous asseoir.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

Page 2374

  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Je donne la parole à Me Karnavas pour la fin de son

  2   interrogatoire principal.

  3   M. KARNAVAS : [interprétation] Je vous remercie.

  4   Interrogatoire principal par M. Karnavas : [Suite]

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Batinic.

  6   R.  Bonjour à tous.

  7   Q.  Veuillez, s'il vous plaît, parler lentement, je vous le répète, je vous

  8   avertis avant que nous ne commencions, et donnez-nous aussi les dates

  9   lorsque vous parlez d'une certaine période, essayez d'être précis en

 10   donnant la date du jour, mois et année, si possible.

 11   Donc nous allons reprendre où nous en étions hier.

 12   Veuillez, s'il vous plaît, vous pencher sur le document

 13   1D 01692 vers la fin de votre classeur, c'est le document 1D 01692.

 14   M. KARNAVAS : [interprétation] Peut-être l'huissier pourrait-il aider le

 15   témoin à trouver le document. Il s'agit de la pièce

 16   1D 01692. Veuillez, s'il vous plaît, regarder les intercalaires jaunes. Ça

 17   vous aidera à vous repérer.

 18   Vous l'avez trouvé ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Sachez que je n'ai pas beaucoup de temps. Nous avons passé cinq

 21   minutes, non, perdu cinq minutes à chercher le document. Donc je vais être

 22   rapide dans mes questions.

 23   Voici le document. On voit qu'il vient du 22 juin 1992. Il s'agit d'une

 24   décision. Hier, vous nous avez parlé de la cellule de Crise qui, à un

 25   moment, a été transformée en présidence, rebaptisée présidence. Donc voici

 26   la décision qui crée justement cette présidence.

 27   R.  On n'a pas changé le nom de la cellule de Crise au niveau de la

 28   présidence. C'est le conseil chargé de la Défense de Gornji Vakuf qui a

Page 2375

  1   toujours existé en temps de guerre, qui est devenu une présidence de cette

  2   municipalité de Gornji Vakuf.

  3   Q.  Bien. Dites-nous quels étaient les membres du conseil de la Défense

  4   nationale, s'il vous plaît.

  5   R.  Le conseil chargé de la Défense nationale de la municipalité de Gornji

  6   Vakuf était constitué par un président, le président de l'assemblée

  7   municipale de Gornji Vakuf, ex officio; puis le président du conseil

  8   exécutif de la municipalité de Gornji Vakuf, ex officio aussi; le

  9   secrétaire à la Défense nationale de l'assemblée municipale, ex officio; le

 10   commandant du QG de la Défense territoriale, d'office également; le

 11   commandant du poste de sécurité publique, lui aussi d'office; et deux

 12   Croates, à savoir deux Musulmans suite à proposition formulée par les

 13   partis politiques en présence.

 14   Q.  Qu'en est-il de la présidence des partis politiques, HDZ et SDA ?

 15   Etaient-ils membres ?

 16   R.  Ils pouvaient, mais ils n'étaient pas forcément membres de ce conseil

 17   de la Défense nationale. En l'occurrence, le président du HDZ pour la

 18   municipalité de Gornji Vakuf et le président du Parti de l'Action

 19   démocratique pour l'assemblée municipale de Gornji Vakuf se trouvaient à

 20   être membres de ce conseil de la Défense nationale.

 21   Q.  Très bien. Vous nous avez parlé d'un poste assez spécial qui devrait

 22   être peut-être expliqué, le secrétaire pour la Défense nationale. Pouvez-

 23   vous nous expliquer exactement ce qui était compris dans cette fonction ?

 24   R.  Le secrétaire à la Défense nationale au sein de la municipalité de

 25   Gornji Vakuf était chargé du recensement des conscrits militaires sur le

 26   territoire de la municipalité à des fins de mobilisation, et en temps de

 27   paix, pour les envoyer faire leur service militaire au sein de l'armée

 28   yougoslave de l'époque.

Page 2376

  1   Q.  Très bien. Dans cette décision, dans le grand I, point 2, il est écrit,

  2   les commandants de la Défense territoriale et de la défense du HVO font

  3   partie de la présidence. C'est bien ça ?

  4   R.  Exact.

  5   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous rappeler qui étaient ces

  6   commandants à l'époque ?

  7   R.  A l'époque, le commandant des forces armées du Conseil croate de la

  8   Défense, c'était M. Zrinko Tokic; le commandant des forces armées de la TO,

  9   c'était M. Fikret Musa. Et par la décision de la présidence, compte tenu de

 10   la situation, plutôt, de l'état de guerre qui prévalait en Bosnie-

 11   Herzégovine, ils étaient devenus membres à part entière de la présidence de

 12   la municipalité.

 13   Q.  Qu'en est-il du secrétaire de la Défense nationale ? Qui tenait le

 14   poste à l'époque ? Qui occupait ce poste ?

 15   R.  Le secrétaire à la Défense nationale était M. Reuf Begovic.

 16   Q.  1D 01687. C'est le document suivant que je voudrais que nous

 17   regardions. Il s'agit d'un ordre en date du 24 juin 1992, ordre demandant

 18   que l'on assure la sécurité du bâtiment de l'assemblée municipale. Donc au

 19   grand I, on voit que les commandants de la Défense territoriale et de la

 20   HVO demandent que l'on déploie, on demande à ces deux entités que l'on

 21   déploie leur personnel pour assurer la sécurité du bâtiment de l'assemblée

 22   municipale.

 23   Donc, hier vous avez dit que quelque chose s'est passé là au 18, 19 juin,

 24   enfin, jusqu'au 20, 21 juin. Donc pouvez-vous nous dire pourquoi cet ordre

 25   était absolument indispensable à ce moment-là ?

 26   R.  A partir de ce 20 juin 1992, date à laquelle est survenu le premier

 27   incident grave dans Gornji Vakuf, il y eut des comportements variés de la

 28   part des membres des forces armées au sein des deux groupes ethniques en

Page 2377

  1   présence. Il y a eu des appréhensions au niveau de l'administration

  2   municipale pour ce qui est de voir des individus faire irruption l'arme au

  3   poing dans le bâtiment de la mairie, et c'est la raison pour laquelle cette

  4   décision a été prise afin que les gens de l'administration puissent faire

  5   leur travail sans entrave et faire en sorte que dans la ville, il n'y ait

  6   pas à déambuler des militaires en armes.

  7   Q.  Maintenant, passons à 1D 01690. Du 24 juin 1992, à nouveau. Décision de

  8   mettre en œuvre un couvre-feu dans la municipalité de Gornji Vakuf, et sur

  9   le territoire de cette municipalité on voit écrit d'ailleurs au paragraphe

 10   III, que ce sont les commandants de la TO et du HVO, ainsi que le chef de

 11   la protection civile qui seront chargés de mettre en œuvre cette décision.

 12   Donc pourquoi est-ce que la présidence a dû mettre en œuvre cette décision

 13   ?

 14   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, j'aimerais faire un

 15   commentaire sur votre question. Pourquoi était-ce nécessaire ? Vous

 16   anticipez sur la nécessité, déjà le témoin -- il faudrait peut-être

 17   demander pourquoi c'était imposé d'abord avant de demander pourquoi c'était

 18   nécessaire.

 19   M. KARNAVAS : [interprétation] Très bien.

 20   Q.  Etiez-vous membre de la présidence, à l'époque ? Monsieur Batinic, je

 21   vous pose une question. Etiez-vous membre de la présidence, à l'époque ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Avez-vous participé à cette audience ?

 24   R.  A toutes les sessions de la présidence, oui, j'étais présent.

 25   Q.  Pourquoi est-ce que cet ordre a été donné ?

 26   R.  En vue de l'apaisement de la situation en général sur le territoire de

 27   Gornji Vakuf suite à cet incident du 20 juin 1992; et pour ce qui est des

 28   déplacements après 23 heures jusqu'à 5 heures du matin, s'agissant de

Page 2378

  1   groupes, on avait supposé que cela risquait de générer de nouveaux

  2   problèmes.

  3   Q.  Bien. Passons au document suivant, le 1D 01784, qui est encore daté du

  4   même jour, 24 juin 1992. Donc ordre de démanteler les points de contrôle

  5   qui se trouvent dans les hameaux et toutes les fortifications aussi qui

  6   sont déployées autour de la ville. On voit au grand II que c'est le

  7   commandement de la TO et du HVO qui doivent nommer des groupes conjoints

  8   pour inspecter le territoire, et cetera, et cetera.

  9   Pouvez-vous commenter là-dessus ?

 10   Il y a un document que je n'ai pas vu sur la liste. J'y reviendrai.

 11   R.  Après l'incident de ce 20 juin 1992, chaque village avait son propre

 12   poste de contrôle, et c'est la raison pour laquelle on avait besoin d'un

 13   ordre de ce type pour que ce soit levé et afin que des postes de contrôle,

 14   des points de contrôle ne se trouvent qu'à l'entrée de Gornji Vakuf en

 15   provenance de Prozor, Bugojno, et Novi Travnik.

 16   Q.  Savez-vous si cet ordre a été exécuté ?

 17   R.  Si.

 18   Q.  Maintenant, revenons en arrière d'un document dans le classeur. Je suis

 19   désolé. Je ne les ai pas pris dans l'ordre. Il s'agit du 1D 01691. C'était

 20   le document précédent. Toujours daté du 24 juin, donc le même jour. C'est

 21   un ordre demandant qu'une enquête soit menée sur les événements malheureux

 22   qui ont eu lieu entre les 18 et 22 juin 1992. Donc on peut lire, mais le

 23   document parle de lui-même et pouvez-vous nous expliquer exactement si

 24   l'ordre a été exécuté ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Je sais qu'hier vous nous avez parlé du résultat de cet ordre, mais

 27   nous allons y revenir quand même. Y a-t-il eu un rapport d'enquête

 28   conjoint, ou y a-t-il eu des rapports séparés ? Donc y a-t-il eu un seul

Page 2379

  1   rapport conjoint ou des rapports séparés ?

  2   R.  Pour les raisons que j'ai évoquées hier, à savoir qu'il n'y avait pas

  3   d'accord complet entre les forces d'investigation du secrétariat de la

  4   Défense, de la Défense territoriale, et des agents du poste de sécurité

  5   publique pour ce qui est de ces événements du 20 juin. C'est la raison pour

  6   laquelle il n'y a pas eu de document unifié en guise de rapport sur

  7   l'incident du 22 juin 1992, mais ces différentes parties avaient rédigé des

  8   rapports différents sous forme écrite pour chacune des parties en présence.

  9   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] J'aimerais revenir à une de vos

 10   questions précédentes, question à propos de laquelle nous avons déjà parlé.

 11   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 12   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous avez demandé pourquoi on a

 13   démantelé les points de contrôle. Dans sa réponse, le témoin dit uniquement

 14   qu'il y avait des points de contrôle dans les villages.

 15   La raison pour qu'il y ait des points de contrôle beaucoup plus de

 16   démantelés et les supprimés, mais nous ne savons toujours pas pourquoi il a

 17   fallu donner l'ordre que les points de contrôle qui étaient établis dans

 18   les villages soient démantelés. Alors on peut imaginer la réponse nous-

 19   mêmes, mais on préférerait l'entendre de la bouche du témoin.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Aux fins de permettre des déplacements sans

 21   entrave à l'intention des gens sur le territoire de la municipalité de

 22   Gornji Vakuf sans pour autant qu'ils soient arrêtés et contrôlés à ces

 23   postes de contrôle villageois. En d'autres termes, il fallait mettre des

 24   "check-points" qui avaient déjà été installés auparavant sur ces sites que

 25   j'ai indiqués à l'entrée de la municipalité de Gornji Vakuf.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. J'avais imaginé la

 27   chose, mais je pense après le discours de Me Karnavas, et maintenant je

 28   pense qu'il vaut mieux l'entendre et le voir écrit sur le compte rendu

Page 2380

  1   plutôt que d'imaginer la réponse.

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Ecoutez, je ne suis pas là pour faire de

  3   grands discours, j'ai juste posé une question sur la nécessité de la chose.

  4   Et j'imagine qu'un ordre ne serait pas donné à moins qu'il soit nécessaire.

  5   Mais moi j'essaie d'aller vite, c'est tout.

  6   Q.  Maintenant passons au document 1D 01785. Toujours daté du même jour.

  7   Empêchant tout déplacement de soldats armés au sein de la ville, donc

  8   interdisant tout mouvement de soldats armés au sein de la ville. Alors

  9   pourquoi cet ordre a-t-il été donné, et que se passait-il donc en ville qui

 10   aurait rendu cet ordre nécessaire ?

 11   R.  A l'époque, au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine, il y avait

 12   plein de petits shérifs ou de héros qui avaient eu le mérite de faire la

 13   guerre dans les cafèts le fusil à l'épaule. En d'autres termes, il fallait

 14   mettre à l'écart ces gens-là, les écarter des rues de la ville de Gornji

 15   Vakuf. Et quand il fallait porter des armes, c'était sur la ligne de

 16   défense vis-à-vis des forces serbes à Radusa ou à d'autres secteurs.

 17   C'est la raison pour laquelle cet ordre a été donné, pour pas qu'il y ait

 18   des membres des forces armées à déambuler en ville l'arme au poing.

 19   Q.  Ceci s'appliquait-il aux deux partis, c'est-à-dire aux membres de la TO

 20   ainsi qu'aux membres du HVO ?

 21   R.  Oui. Cela a été la mission de la police militaire du HVO et la police

 22   militaire de la TO.

 23   Q.  Lorsque vous nous avez dit qu'il y avait des shérifs, enfin, des héros

 24   aux petits pieds, est-ce que c'était d'un côté bien précis qu'il y avait ce

 25   genre de personnes ou est-ce que c'était partagé par les deux camps ?

 26   R.  Il y en avait des deux côtés. Je ne fais pas la distinction entre les

 27   forces armées du HVO et de la TO. Il s'agissait de ressortissants

 28   irresponsables des forces armées, de membres irresponsables des forces

Page 2381

  1   armées des deux côtés.

  2   Q.  Bien. J'aimerais avoir à l'écran maintenant le 1D 011786 [comme

  3   interprété]. Ordre demandant que l'on enlève tous les drapeaux dans la

  4   ville, enfin, de tous les bâtiments de la ville. On voit au grand I qu'il

  5   n'y a qu'une exception, c'est-à-dire sur les casernes et les édifices

  6   religieux, donc nous allons parler de l'exception avant de parler de la

  7   règle.

  8   J'aimerais savoir si les édifices religieux pouvaient arborer des armoiries

  9   ou des drapeaux ?

 10   R.  A Gornji Vakuf, désolé a ville même, il y avait une église catholique

 11   et deux mosquées islamiques, et personne n'avait le droit d'interdire de

 12   faire hisser un drapeau vert avec un croissant sur le minaret, et on ne

 13   pouvait non plus interdire le drapeau catholique sur le clocher de l'église

 14   catholique.

 15   Q.  Je parle aussi des casernes. Quel genre de casernes [comme interprété]

 16   y avait-il sur les casernes, et où se trouvaient les casernes surtout ?

 17   R.  La caserne de la TO -- ou plutôt des forces armées de la TO et la

 18   caserne des forces armées du HVO se trouvaient l'une à côté de l'autre. Il

 19   n'y avait qu'une clôture qui les séparait. Cela signifie que ça se trouvait

 20   dans une usine de la TO, et dans une autre usine le HVO. A l'entrée de la

 21   caserne, il se trouvait à être logique qu'au niveau de la caserne des

 22   forces armée de la Défense territoriale, il y ait le drapeau que eux

 23   voulaient. Il s'agissait en l'occurrence du drapeau avec les fleurs de lys.

 24   Alors qu'à l'entrée de la caserne du HVO, on avait placé le drapeau du

 25   peuple croate en Bosnie-Herzégovine.

 26   Q.  Bien. Dans cet ordre il n'y a aucune exception à propos des drapeaux

 27   qui pouvaient être arborés le jour des fêtes nationales ou religieuses,

 28   donc vous dites quand même qu'à Bajram et à Noël on arborait les drapeaux;

Page 2382

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2383

  1   c'est bien cela ?

  2   R.  Exact.

  3   Q.  A votre connaissance, la présidence a-t-elle donné l'ordre une fois ces

  4   drapeaux arborés que l'on retire les drapeaux ?

  5   R.  A l'église et à la mosquée, non.

  6   Q.  Moi, je vous parle des fêtes religieuses. Parce qu'on était à la saison

  7   religieuse avec Bajram et Noël, y a-t-il eu un ordre selon lequel aucun

  8   drapeau ne devait être arboré ? Et ça c'est pour Bajram, et à Noël aussi y

  9   a-t-il eu un ordre selon lequel il ne fallait pas arborer le drapeau croate

 10   de Bosnie-Herzégovine ?

 11   R.  Non, il n'y a pas eu d'ordre de ce genre. Cela aurait été dénué de

 12   sens. L'ordre dont on vient de parler visait à apaiser la situation

 13   générale sur le territoire de la municipalité de Gornji Vakuf après cet

 14   incident du 20 juin, et ce, aux fins de normaliser les conditions de vie et

 15   de travail sur le territoire de la municipalité.

 16   Q.  Maintenant nous allons regarder le document 1D 01792. Ordre demandant

 17   aux forces armées de la TO de Gornji Vakuf de revenir sur le territoire de

 18   Radusa. Quelle est l'explication de ce document, s'il vous plaît ?

 19   R.  A l'époque de cet incident du 20 janvier 1992, les forces de la TO

 20   s'étaient retirées derrière les lignes de la défense face aux forces serbes

 21   sur la ligne de Radusa, et elles se trouvaient concentrées dans et autour

 22   de la ville de Gornji Vakuf. Sur la ligne de la défense face à l'agresseur

 23   serbe, il n'est resté que les forces du HVO. Au bout de quatre jours, entre

 24   le 20 juin et le 24 juin 1992, les forces de la Défense territoriale ont

 25   décidé de se retirer elles-mêmes sur Radusa pour se trouver aux côtés des

 26   autres forces face aux forces serbes, et c'est cet ordre qui les a obligées

 27   de faire ainsi.

 28   Q.  Bien. 1D 01686, s'il vous plaît. C'est un document maintenant du 28

Page 2384

  1   juin, étiez-vous là lorsque cet ordre a été décidé par la présidence ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Il s'agit d'un ordre visant à ce que les bureaux du poste de sécurité

  4   publique et du secrétaire municipal de la Défense nationale, il faut

  5   rouvrir les bureaux, et on voit sur ce document les bâtiments dont il

  6   s'agit.

  7   Pouvez-vous nous donner quelques explications à propos de ce document ?

  8   R.  Le poste de cette sécurité publique, bâtiment où se trouvent également

  9   les locaux du secrétariat à la Défense nationale de la municipalité de

 10   Gornji Vakuf, ça se trouve dans la partie de la ville avec une prédominance

 11   de la population croate. Lors de l'incident du 20 juin 1992, les forces du

 12   HVO étaient déployées sur la ligne de démarcation aux fins de protéger la

 13   population croate dans cette partie croate de la ville, et elles se sont

 14   servies du bâtiment du poste de sécurité publique et du secrétariat à la

 15   Défense nationale. Les commandants du HVO, responsables qu'ils étaient,

 16   avaient conscience du fait que les membres des forces armées du HVO

 17   risquaient d'entrer dans les secteurs où il y avait d'entreposés des

 18   documents sensibles, à savoir passeports, permis de conduire, et tout le

 19   reste, alors ça été fermé à clé pour ne pas que l'on vienne fouiller ou

 20   éparpiller ces documents importants. C'est pourquoi cet ordre a été donné

 21   pour que les locaux en question soient restitués à ceux qui étaient censés

 22   les utiliser, avec restitution des clés en présence des responsables

 23   concernés.

 24   Q.  Très bien. Maintenant le document 1D 01693, s'il vous plaît. En date du

 25   3 juillet 1992. Ordre visant à assurer la sécurité au cours de travaux des

 26   champs sur le territoire de Radusa.

 27   Quel était le but de cet ordre ?

 28   R.  La ligne de Radusa était à la ligne de défense qui était gardée par des

Page 2385

  1   efforts conjointement déployés d'une part par le HVO et la TO, d'autre

  2   part, vis-à-vis des forces serbes qui avaient à nos yeux occupé Kupres, sur

  3   les pentes de Radusa, dans la zone de combat immédiate, la population des

  4   localités habitées avait des terres arables et il fallait leur fournir la

  5   possibilité de récolter ce qui avait poussé et de procéder aux travaux des

  6   champs sans pour autant que leurs vies ne soient menacées.

  7   Q.  Le 1D 01694, s'il vous plaît. Ordre demandant que l'on répare

  8   rapidement certains passages de la route entre Gornji Vakuf et Novi

  9   Travnik. Quelle était l'utilité de c'était ordre, pourquoi était-ce urgent

 10   ?

 11   R.  La route de macadam entre la municipalité de Gornji Vakuf et celle de

 12   Novi Travnik était l'artère vitale qui reliait la Bosnie centrale et la

 13   Bosnie du nord avec la Bosnie-Herzégovine sud-ouest, c'était donc la route

 14   du salut, telle qu'on l'appelait à l'époque, étant donné que cette route

 15   constituait une voie de communication plutôt très utilisée, il fallait

 16   réparer et remettre en état de fonctionner.

 17   Q.  Bien. Maintenant le document 1D 01688, s'il vous plaît. En date du 8

 18   juillet 1992. J'aimerais savoir tout d'abord si vous étiez présent lorsque

 19   cet ordre a été décidé, ordre visant à limiter les heures d'ouverture des

 20   hôtels et restaurants. Pouvez-vous nous dire exactement pourquoi cet ordre

 21   a été rédigé ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et qui est ?

 24   R.  En raison du fait que les gens pendant leur temps libre, les membres

 25   des forces armées, passaient la majeure partie de leur temps en ville. Bon

 26   nombre ou plutôt tous - je me corrige - tous y étaient. C'est pourquoi il a

 27   été donné l'ordre de ne pas servir d'alcool après 14 heures. C'est-à-dire,

 28   on voulait interdire qu'ils ne viennent à se saouler, si ce n'est pas autre

Page 2386

  1   chose, ils avaient des canons courts à leur ceinture. Ils risquaient de

  2   créer des problèmes tant pour soi-même que pour les autres.

  3   Q.  Bien. Passons maintenant à 1D 01696. C'est une conclusion cette fois-

  4   ci. Votre nom est sur ce document, votre nom en tant que président du

  5   comité exécutif. Document qui date du 27 juillet 1992, qui parle de la 13e

  6   Séance extraordinaire et qui porte sur des équipements nécessaires pour

  7   recevoir le signal de télévision HTV, du moment qu'il ne perturbe pas la

  8   réception du signal de la BiH. Donc comment se fait-il qu'il y ait une

  9   séance extraordinaire du comité exécutif ? Pouvez-vous répondre à cette

 10   première question ?

 11   R.  Ce conseil exécutif de l'assemblée municipalité de Gornji Vakuf,

 12   conseil exécutif de la présidence qui était devenu par la suite organe

 13   exécutif, avait fonctionné de façon normale, les tâches opérationnelles

 14   étaient effectuées par ce conseil exécutif.

 15   Q.  Je voudrais que les choses soient claires. On a la présidence. Vous

 16   nous avez dit comment elle était composée, vous nous avez dit que la

 17   cellule de Crise a été rebaptisée présidence. On comprend bien que

 18   lorsqu'on a la présidence, le comité exécutif tel qu'il avait existé par le

 19   passé avec ses membres nommés par l'assemblée municipale, était encore

 20   opérationnel, n'est-ce pas ? J'aimerais que vous nous disiez si ce comité

 21   exécutif était encore en fonctionnement.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Passons au document suivant -- non, restons sur cette conclusion

 24   d'abord. Pourquoi cette conclusion a-t-elle été adoptée ?

 25   R.  Le relais de télévision se trouvait à une cote élevée sur les hauteurs

 26   de la ville de Gornji Vakuf, et par le biais de ce relais de télévision

 27   nous pouvions suivre le programme de la télévision de Bosnie-Herzégovine

 28   tant que celui-ci a été diffusé. Le Conseil croate de la Défense a demandé

Page 2387

  1   à ce que soient installés des équipements au niveau du relais télévision

  2   pour que ce secteur soit couvert autant que faire se pouvait par les

  3   signaux de la télévision croate. Et à nos yeux, il avait été logique

  4   d'adopter ce type de conclusion.

  5   Q.  Bien. Passons au document suivant, donc le 1D 01783. Toujours une

  6   conclusion, en date du même jour, signée par vous-même en tant que

  7   président du comité exécutif -- ici : "Les conscrits qui résident en dehors

  8   de la municipalité de Gornji Vakuf, avec l'aide du HVO et de la TO -- de la

  9   police militaire du HVO et de la TO, seront renvoyés à la première

 10   municipalité libre qui est la plus proche physiquement de leur endroit de

 11   résidence."

 12   Donc on parle de conscrits, on parle d'hommes en âge de porter les armes,

 13   mais dites-nous exactement quel était le but de cette conclusion ?

 14   R.  Du fait de la chute de la Posavina bosniaque, un grand nombre de

 15   conscrits militaires, croates et musulmans confondus, passaient par la

 16   Croatie et l'Herzégovine pour arriver à Gornji Vakuf. A un moment donné, on

 17   en avait eu plus de 1 000, et ils ont été hébergés dans des locaux

 18   inadéquats dans l'école primaire, dans les salles de sport de Gornji Vakuf;

 19   et au début, nous avons tous investi un maximum d'efforts pour que ces

 20   hommes puissent manger et se reposer. Mais du point de vue humanitaire,

 21   pour nous, à long terme, c'était intenable d'une part. Et d'autre part,

 22   eux, en leur qualité de conscrits militaires, à ce moment-là, ils ne nous

 23   étaient pas nécessaires pour la défense de la municipalité de Gornji Vakuf

 24   face à l'agresseur serbe. C'est pourquoi suite à des consultations

 25   politiques qui ont eu lieu auparavant, nous avons pris la décision de faire

 26   en sorte que ces conscrits militaires en compagnie de la police militaire

 27   du HVO et de la TO soient installés à bord de moyens de transports assurés

 28   par nos soins, pour être transportés vers des localités les plus proches

Page 2388

  1   possibles de leur localité d'origine afin qu'au niveau de ces secteurs

  2   frontaliers où la guerre faisait rage ils puissent s'intégrer aux unités

  3   qui faisaient la guerre en Bosnie-Herzégovine.

  4   Q.  Bien. Votre nom est mentionné ici en tant que président du conseil

  5   exécutif, et vous l'avez signé. Il s'agit d'une conclusion que vous avez

  6   rédigée vous-même, ou vous l'avez juste signée ? Vous en avez déjà parlé

  7   hier, mais était-ce une conclusion du conseil exécutif ou de vous-même ?

  8   R.  Il s'agit d'un appel à l'intention des présidences des partis

  9   politiques qui l'ont emporté aux élections pluripartites de Bosnie-

 10   Herzégovine pour ce qui est de la municipalité de Gornji Vakuf, un appel du

 11   comité exécutif de la municipalité pour qu'une réunion conjointe ait lieu.

 12   Q.  C'est le document suivant. Mais ma question était la suivante : cette

 13   conclusion dont on a parlé, ces deux conclusions dont on vient de parler

 14   qui ont été signées de votre main, j'aimerais savoir s'il s'agit de

 15   conclusions que vous avez rédigées vous-même et que vous avez conçues vous-

 16   même, ou sont-ce des conclusions du comité exécutif en tant qu'entité

 17   collégiale, comme vous nous l'avez dit hier ?

 18   R.  Moi, je n'ai fait que signer les décisions, les conclusions et les

 19   opinions de ce comité exécutif de la municipalité lorsqu'en tant qu'organe

 20   collégial ils adoptaient de telles opinions, conclusions ou décisions.

 21   Q.  Passons au document suivant, mais vous avez déjà rapidement parlé de ce

 22   document. Il s'agit du document 1D 01695, en date du 30 juillet 1992. Il

 23   s'agit d'un formulaire vierge, en tout cas ça semble l'être, on y voit

 24   votre nom, mais on ne voit pas de nom à part le vôtre, il y a l'ordre du

 25   jour : "Problèmes rencontrés dans les travaux des autorités exécutives de

 26   la municipalité de Gornji Vakuf." Pourriez-vous nous dire quels étaient les

 27   problèmes rencontrés par les autorités exécutives à l'époque, si tant est

 28   qu'il y en ait eu, bien sûr ?

Page 2389

  1   R.  A l'époque, fin juillet 1992, il y a eu des dilemmes pour ce qui est de

  2   la façon dont devait fonctionner l'autorité exécutive au sein de la

  3   municipalité de Gornji Vakuf compte tenu du fait que vers le 22 juillet

  4   1992, à l'occasion d'une réunion entre représentants du peuple croate et

  5   musulman, avec participation de plus de 50 notables des deux populations

  6   confondues, M. Milan Saric a proposé la création d'une autorité exécutive

  7   du HVO pour être une autorité administrative et exécutive au sein de cette

  8   municipalité de Gornji Vakuf.

  9   Q.  Oui, mais cette autorité administrative et exécutive a-t-elle été

 10   créée, oui ou non, pour la municipalité de Gornji Vakuf à l'époque ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Est-ce qu'elle a été créée à un moment ou à un autre ? Peut-être pas à

 13   ce moment-là, mais peut-être ultérieurement ?

 14   R.  Jamais, de facto. En 1992, jamais.

 15   Q.  Si je me souviens bien, hier vous nous avez dit que rien n'avait été

 16   fait pour la créer, mais pouvez-vous nous parler de l'année 1993 à ce

 17   propos ? Vous avez dit qu'il n'y avait rien eu en 1992, rien de facto. Mais

 18   qu'en est-il de l'année 1993 ?

 19   R.  En 1993, après les conflits de janvier et février, vers le début du

 20   mois de mars, les deux partis ont créé des administrations propres, il y

 21   avait l'autorité civile du HVO, et il y avait aussi l'administration de la

 22   municipalité de Gornji Vakuf. Chacune fonctionnait séparément en

 23   application des dispositions qu'elles étaient portées à mettre en œuvre.

 24   L'administration croate avait repris les dispositions législatives de la

 25   Communauté croate d'Herceg-Bosna et la municipalité de Gornji Vakuf avait

 26   pris les dispositions des municipalités de Bosnie-Herzégovine.

 27   Q.  Maintenant, document 1D 01682, à moins qu'il y ait des questions des

 28   Juges. Non, il n'y en a pas. Donc 1D 01682, s'il vous plaît.

Page 2390

  1   On voit en haut de ce document, la date est en anglais, mais en anglais il

  2   est écrit 12 octobre 1992, mais la traduction est erronée, en fait, c'est

  3   le 22 octobre 1992, n'est-ce pas ?

  4   R.  Exact.

  5   Q.  Bien. On voit que c'est un document qui a été signé par le président du

  6   SDA de Gornji Vakuf, Abdulah Topcic. Pouvez-vous rapidement nous en parler.

  7   On parle du "fonctionnement de la présidence de Gornji Vakuf" et on dit que

  8   "c'est le président du SDA de Gornji Vakuf qui va prendre ce poste."

  9   Ensuite, il est écrit que le SDA nomme M. Abdulah Garaca qui va remplacer

 10   M. Muhamed Palalic. Est-ce que ça a bel et bien eu lieu ? Est-ce que M.

 11   Palalic a bel et bien démissionné de son poste de président de la

 12   présidence pour être remplacé par M. Abdulah Garaca sur ordre du SDA, bien

 13   sûr ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Rien ne vous paraît étonnant, j'imagine. Il a été nommé par le SDA,

 16   comme vous l'avez dit hier, après tout --

 17   R.  Il avait été proposé par le SDA. Il n'a pas été nommé par le SDA.

 18   Q.  Merci. Ça c'est à cause des élections, n'est-ce pas ? Enfin, si j'ai

 19   bien compris vos réponses d'hier, c'était à cause des élections.

 20   R.  Exact.

 21   Q.  Passons maintenant au document suivant, le 1D 01787. Il s'agit d'un

 22   avertissement, d'une note faite par M. Muhamed Palalic, président de la

 23   présidence. En date du 6 novembre 1991, note envoyée donc à M. Saric, qui

 24   était président du HDZ et qui était aussi président de Gornji Vakuf, du HVO

 25   à Gornji Vakuf. Donc on voit ici l'ordre du jour, qu'il y a des rapports

 26   faits par les commandants. Forces armées. Donc forces armées, en fait.

 27   Enfin, on ne voit plus forces armées. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi

 28   on ne voit plus forces armées ?

Page 2391

  1   R.  Je ne me souviens plus quand est-ce que la TO de Bosnie-Herzégovine,

  2   l'armée du peuple musulman, est venu à s'appeler ABiH. Je crois que c'est

  3   vers cette période-là, vers ces temps-là que ça s'est passé.

  4   Q.  Savez-vous si la réunion a eu lieu ? C'est une réunion qui semble avoir

  5   été prévue pour le 10 novembre 1992. A-t-elle eu lieu, oui ou non; et si

  6   oui, y a-t-il eu un résultat suite à cette

  7   réunion ?

  8   R. Cette réunion s'est tenue le 16 novembre 1992, date à laquelle où à la

  9   place de M. Palalic, aux fonctions de président de la présidence de la

 10   municipalité de Gornji Vakuf, il y a eu nomination de M. Abdulah Galacic.

 11   Q.  Savez-vous si M. Saric a bel et bien participé à cette réunion ?

 12   R.  Oui, il y a bien participé.

 13   Q.  Lorsqu'il a été invité à cette réunion particulière, en quelle qualité

 14   y a-t-il été invité ? Nous savons qu'il avait deux positions différentes.

 15   Il était président du HDZ, puis président du HVO. En quelle qualité donc

 16   avait-il été invité ?

 17   R.  Monsieur Ivan Saric était de jure et de facto président du HDZ pour la

 18   municipalité de Gornji Vakuf. De jure, il était membre du Conseil de la

 19   défense populaire de la municipalité de Gornji Vakuf de la mi-avril 1992

 20   jusqu'à -- ou plus précisément, il était automatiquement membre de la

 21   présidence de la municipalité de Gornji Vakuf en cette qualité, et c'est en

 22   cette qualité qu'il a été invité aux réunions de la présidence de la

 23   municipalité de Gornji Vakuf.

 24   Q. Très bien. 1D 00947. Daté du 6 novembre 1992, il s'agit d'un rapport

 25   portant sur les événements qui se sont déroulés sur le territoire de la

 26   municipalité de Gornji Vakuf dans la période s'étendant du 19 au 31 octobre

 27   1992.

 28   Et si nous nous rendons à la toute fin de ce document, de cette page, nous

Page 2392

  1   voyons que s'y trouve la signature d'Ivan Saric, président du HVO, la même

  2   personne que nous venons d'évoquer, et nous voyons également le tampon de

  3   la HZ HB, ou plutôt, du HVO de la HZ HB. Il s'agit de la même personne qui

  4   était président du HDZ et qui était également membre du Conseil national de

  5   Défense, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Concernant ce rapport, si nous regardons le tout dernier paragraphe de

  8   la page en anglais, si nous nous reportons à cette partie, dans le texte

  9   nous voyons que selon M. Saric, vous-même, Zdravko Batinic, qui étiez

 10   membre du HVO de Gornji Vakuf, et dans la même ligne, il est également

 11   mentionné le nom de Fabijan Trbara.

 12   Alors, hier nous avons posé la question de savoir si vous étiez membre du

 13   HVO de Gornji Vakuf, en tant qu'autorité, qu'organe exécutif en 1992 et

 14   1993, et vous nous aviez dit que cela n'était pas le cas, et maintenant

 15   nous avons sous les yeux ces documents. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

 16   Est-ce que vous en avez le souvenir ou

 17   non ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Très bien. Alors, vous avez pris connaissance de ce rapport à présent,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Alors, vous aviez connaissance des événements en question. Vous nous

 23   avez affirmé que vous viviez dans cette région. Est-ce que vous pourriez

 24   nous aider par rapport à la question de savoir si des événements qui sont

 25   rapportés par M. Saric sont ici consignés fidèlement ?

 26   R.  Oui, ce rapport correspond aux événements pour la période qui est ici

 27   mentionnée.

 28   Q.  Très bien. A moins qu'il n'y ait des questions, nous allons passer au

Page 2393

  1   document suivant.

  2   1D 01789. Bien sûr, ce document n'est pas sans lien avec le précédent que

  3   nous venons de voir, le 1D 01696. Il émane d'Abdulah Topcic, le président

  4   du SDA. Et nous avons vu dans cette décision qui avait été prise par le

  5   comité exécutif, et à présent nous avons le président de la SDA qui déclare

  6   ce qui suit le 23 novembre 1992. Je cite :

  7   "Par rapport à votre demande d'installer un relais de télévision pour le

  8   signal de la HTV, nous devons vous informer que le parti n'a pas l'autorité

  9   lui permettant d'autoriser la mise en place d'un tel relais compte tenu du

 10   fait que ce relais est la propriété de la RTV BiH," il est également dit

 11   "qui devrait être contacté à cet égard."

 12   Et nous voyons évidemment qui a reçu copie de ce document, les forces

 13   armées de Gornji Vakuf se trouvent parmi les récipiendaires.

 14   Tout d'abord, si nous revenons au document 1D 01696, si vous pouviez vous

 15   reporter à ce document, s'il vous plaît. Il s'agit d'une décision. Est-ce

 16   qu'une décision c'est la même chose qu'une demande, une requête ?

 17   R.  Avec une décision, c'est un accord qui est donné, alors qu'une requête

 18   ou une demande, bien, comme son nom l'indique, formule une demande.

 19   Q.  Très bien. Est-ce que vous pourriez nous expliquer comment il se fait

 20   que le comité exécutif, dont étaient membres à la fois des Musulmans et des

 21   Croates, comme vous l'avez indiqué hier, et qui est donc un organe

 22   légitime, d'un point de vue politique, a pu prendre une décision d'une

 23   part, et que d'autre part nous ayons le président du SDA qui semble

 24   disposer de la mise en œuvre ou non de cette décision en rejetant la

 25   requête qui a été soumise et en en informant également les forces armées

 26   bosniennes ?

 27   R.  Le président du SDA pour la municipalité de Gornji Vakuf par la

 28   présente lettre viole la décision qui a été prise par le comité exécutif de

Page 2394

  1   la municipalité, et dans le même temps il est enjoint aux forces armées, au

  2   1er Bataillon de l'ABiH qui se trouve dans la ville, d'empêcher la mise en

  3   place d'un relais de télévision pour la retransmission des programmes de la

  4   télévision croate.

  5   Q.  Très bien. Passons au document suivant, le 1D 00207. Il est daté du 5

  6   janvier 1993. Il est signé par M. Saric en tant que président du HVO à

  7   Gornji Vakuf, le HVO à Gornji Vakuf donc. Il y est dit, je cite :

  8   "Hier, le 4 janvier 1993, des membres de la 305e Brigade de l'ABiH de

  9   Jajce ont pénétré dans les bureaux du conseil municipal de la municipalité

 10   de Gornji Vakuf et des syndicats, et cela, sous l'ordre du président du

 11   bureau exécutif du SDA de Gornji Vakuf, M. Abdulah Topcic."

 12   Il est mentionné le fait qu'un drapeau a été abaissé, et à d'autres

 13   incidents. Bien sûr, il y a une requête à la fin de la présente lettre de

 14   la part du bureau exécutif du SDA et du commandement de l'ABiH de Gornji

 15   Vakuf demandant de prendre des mesures afin de corriger et d'empêcher dans

 16   la plus grande mesure possible ce type de comportement.

 17   Est-ce que vous pourriez nous dire si ces événements se sont bien passés,

 18   pour commencer ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Quelle était cette 305e Brigade de l'ABiH et que faisait-elle en ville

 21   à ce moment-là, à Gornji Vakuf, si vous vous en souvenez toutefois ?

 22   R.  Nous avons posé la même question aux représentants des Musulmans, ou

 23   plutôt, au commandement de la 317e Brigade, qui était la brigade résidante

 24   des Musulmans à Gornji Vakuf. Leur réponse a été qu'il s'agissait de la

 25   305e Brigade de Montagne qui avait été amenée ici pour se reposer. En tant

 26   que Croates, nous n'avons pas accordé crédit à cette réponse, mais nous

 27   n'avons pas été en mesure d'écarter ces membres de forces armées.

 28   Q.  Très bien. Il s'agissait d'une façon de leur faire prendre du repos ?

Page 2395

  1   Ils étaient en permission à Gornji Vakuf ? Je ne pense pas qu'il s'agissait

  2   de vacances à Gornji Vakuf. Peut-être à Jahorina, mais pas à Gornji Vakuf à

  3   mon sens.

  4   R.  Ils ont amené 500 à 600 membres de la 305e Brigade de Montagne sur

  5   notre zone. J'ai cité la raison qu'ils ont invoquée. Je ne peux pas me

  6   livrer à davantage de spéculations. Il est tout à fait clair que nous ne

  7   croyions pas la raison qu'ils invoquaient.

  8   Q.  Très bien. Où se trouvaient les bureaux des syndicats qui sont évoqués

  9   ici ? Quelles étaient leurs localisations précises ?

 10   R.  Les bureaux des syndicats se trouvaient dans la partie de la ville qui

 11   était peuplée majoritairement de Musulmans.

 12   Q.  Très bien. Mais cela était-il au centre-ville, plutôt en périphérie, à

 13   l'extérieur de la ville ?

 14   R.  C'était très près du centre-ville.

 15   Q.  Entendu. Si vous pouvez à présent nous dire combien de temps les

 16   drapeaux qui sont ici mentionnés avaient été hissés et maintenus ? Nous

 17   voyons ici la date du 5 janvier 1993, où ces événements se sont produits,

 18   ou plus précisément les événements se sont produits la veille. Mais savez-

 19   vous combien de temps les drapeaux avaient été en place ?

 20   R.  Il était coutumier chez les Croates, que les insignes nationaux soient

 21   mis en valeur avant Noël, et qu'ils restent en place au moins jusqu'à

 22   l'Epiphanie, c'est-à-dire jusqu'au 6 janvier. Donc à partir de Noël 1992,

 23   ou plutôt avant Noël 1992, et au moins jusqu'au 6 janvier 1993.

 24   Q.  Très bien. Passons au document suivant, le 1D 01698. Tout en gardant à

 25   l'esprit votre réponse précédente à la question qui était la mienne

 26   concernant la mise en place des organes de l'autorité civile, vous nous

 27   avez dit qu'il y avait deux organes administratifs indépendants. Donc le 6

 28   avril 1993, dans ce document, référence

Page 2396

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2397

  1   1D 01698, nous voyons que cette personne nommée Danica Saric est relevée de

  2   ses fonctions. Connaissez-vous la personne qui a réellement pris cette

  3   décision, s'agissait-il bien de M. Garaca qui, à ce moment-là, est

  4   président de la présidence ?

  5   R.  Dans la période où cette décision a été prise, donc le 29 avril 1993,

  6   nous avions à Gornji Vakuf deux organes qui fonctionnaient de façon

  7   indépendante. Il y avait le HVO et sa propre administration d'une part, et

  8   d'autre part Garaca avec sa propre administration - c'était la partie

  9   musulmane de la municipalité - et c'est pourquoi la décision apparaît

 10   ainsi.

 11   Quant à Mme Saric, jusqu'au début du mois de janvier 1993, elle était

 12   secrétaire de l'assemblée municipale.

 13   Q.  Très bien. Passons au document suivant, 1D 01699. Et toujours en

 14   gardant en mémoire la réponse qui était la vôtre, nous avons ici une

 15   décision datée du 29 avril 1993, encore une fois prise par M. Garaca, et

 16   portant sur le fait que : "Tous les officiers croates devraient être

 17   relevés de leurs fonctions au sein des organes administratifs, et que par

 18   là même ils perdent leur statut d'officiels jusqu'à ce qu'un accord final

 19   ne soit signé concernant l'organisation de tous les organes, et cela sur

 20   une base paritaire."

 21   Pouvez-vous expliquer cette décision ?

 22   R.  C'est très simple. Puisqu'il y avait deux administrations parallèles

 23   qui avaient été mises en place pour deux nationalités différentes, ils ont

 24   trouvé logique de relever de leurs fonctions les employés de

 25   l'administration conjointe pour la partie de l'administration qui était

 26   dirigée par M. Garaca.

 27   Q.  Très bien. Document suivant, 1D 01809. C'est le 24 juillet 1993, et

 28   c'est un document signé par M. Saric en tant que président du HVO et en

Page 2398

  1   tant que président du HDZ, il s'agit de la municipalité d'Uskoplje. Alors

  2   de quelle municipalité s'agit-il vraiment ici ?

  3   R.  Les Croates appelaient cette zone-là Uskoplje, et après qu'il ait été

  4   procédé de facto et de jure à la séparation de la municipalité de Gornji

  5   Vakuf, à sa division en deux administrations indépendantes, la partie

  6   croate a été nommée Uskoplje par les Croates.

  7   Q.  Très bien. Dans cette lettre nous voyons que M. Saric s'adresse à

  8   différentes organisations, au chef de la Communauté européenne, au

  9   commandant de la FORPRONU, un représentant de la Croix-Rouge à Sanica, et

 10   il demande de l'aide puisque son père âgé de 70 ans, a apparemment été

 11   capturé et les forces bosniennes sont apparemment disposées à procéder à

 12   l'échange de son père âgé de 70 ans contre 12 de leurs hommes.

 13   Avez-vous connaissance de cet événement, savez-vous si cela est exact,

 14   pouvez-nous nous dire si quoi que ce soit s'est produit suite à cela, suite

 15   au kidnapping ou à l'enlèvement du père de M. Saric ?

 16   R.  Malheureusement, cela est exact. Le père de M. Ivan Saric a été capturé

 17   par les forces musulmanes, il a été emmené dans un premier temps dans un

 18   endroit dont nous n'avions pas connaissance. Puis il a été retenu

 19   prisonnier dans une localité musulmane. Cela a été confirmé ultérieurement

 20   et cela a pris du temps avant qu'il ne soit finalement relâché dans le

 21   cadre d'un échange, mais le fait est que les Musulmans ont essayé

 22   d'utiliser le fait qu'ils retenaient ce vieil homme, qui était un civil,

 23   afin de demander la libération d'un certain nombre de membres de leurs

 24   forces armées qui avaient été, selon eux, capturés par le HVO ce qui, à

 25   l'époque, n'était pas vrai.

 26   Q.  Très bien. Maintenant, passons au 1D 01801. Nous avons ici un rapport

 27   daté du 5 août 1993. Si nous regardons la fin de cette page, il est dit que

 28   cela a été établi par le département des travaux d'analyse, le professeur

Page 2399

  1   Davor Cordas, et je voudrais attirer votre attention sur la partie où il

  2   est question de Croates qui ont été déplacés en provenance de la

  3   municipalité de Gornji Vakuf et qui sont arrivés sur le territoire de la

  4   municipalité de Prozor les 29 et 30 juillet 1993, nous voyons ici un

  5   chiffre de 2 000 personnes. Avez-vous la possibilité de nous dire si ce

  6   chiffre reflète avec exactitude la situation et les événements tels qu'ils

  7   s'étaient produits, la réalité de ces personnes qui avaient été déplacées

  8   de Gornji Vakuf et qui sont arrivées à Prozor ?

  9   R.  Malheureusement, c'est exact, ce chiffre de 2 000 Croates chassés du

 10   territoire de la municipalité de Gornji Vakuf qui ont été obligés de se

 11   réfugier dans la municipalité de Prozor est un chiffre qui est très bas et

 12   sous-estimé. Je peux dire que l'ensemble de ma famille, mes frères, mes

 13   parents, mon épouse et mes enfants se trouvaient parmi eux.

 14   Q.  Il ne s'agissait pas d'une tentative de procéder à un nettoyage

 15   ethnique inversé des Croates de Gornji Vakuf en les envoyant ailleurs,

 16   n'est-ce pas ? C'est-à-dire de la part des Croates, qui auraient essayé

 17   d'évacuer les terres qu'ils occupaient depuis des siècles ?

 18   Mme HEDVIG MOE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

 19   Messieurs les Juges, et bonjour à toutes les personnes présentes dans le

 20   prétoire. Je pense qu'il serait préférable que la réponse du témoin soit

 21   plus proche d'un récit et ne se lie pas à des "oui", "non" ou "c'est

 22   exact," et Me Karnavas devrait s'abstenir de poser des questions

 23   directrices.

 24   M. KARNAVAS : [interprétation]

 25   Q.  Savez-vous si ces Croates ont été déplacés ou sont arrivés dans

 26   une municipalité musulmane, la municipalité de Prozor ?

 27   R.  Au début du mois d'août 1993, les forces musulmanes ont attaqué les

 28   lignes de défense du HVO à Gornji Vakuf, et cela, en provenance de

Page 2400

  1   différentes directions avec des forces importantes, et afin de sauver leurs

  2   vies, les gens se sont retirés et se sont mis à rechercher des abris, sinon

  3   ils auraient été tués. Il en a résulté un exode des Croates en direction de

  4   la zone qui était la plus proche, à savoir la municipalité de Prozor.

  5   Q.  Très bien. Mais vous avez dit qu'il s'agissait du début du mois d'août

  6   1993 lorsque les forces musulmanes ont attaqué. Le rapport que nous avons

  7   sous les yeux parle du 29 et du 30 juillet 1993. Cela se situe avant les

  8   attaques dans ce cas-là. Est-ce que vous pouvez nous apporter une

  9   explication ?

 10   R.  Il s'agit de la fin du mois de juillet ou du début du mois

 11   d'août, pour moi cela revient au même. Il s'agit là des journées qui ont

 12   été les plus difficiles pour le peuple croate à Uskoplje.

 13   Q.  Très bien. Pour finir, allons au dernier document de cette liasse qui

 14   est le 1D 01791, il s'agit d'un rapport de M. Saric, dont il a déjà été

 15   question.

 16   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, excusez-moi.

 17   Je trouve votre dernière réponse quelque peu étrange, je dois

 18   l'avouer, Monsieur le Témoin. Nous avons ici un document qui a trait à ces

 19   mouvements de population, qui est daté du 5 août 1993, mais qui se réfère

 20   au mois de juillet; or, les attaques, vous avez vous-même affirmé qu'elles

 21   avaient eu lieu au début du mois d'août, et cela se situe bien après les

 22   dates du 28 -- ou 29 juillet. Etes-vous en train de dire que lorsque vous

 23   avez parlé du début du mois d'août, vous vous êtes trompé, qu'il s'agissait

 24   d'une erreur ? C'est, bien entendu, toujours possible.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] L'information qui a été fournie par M. Davor

 26   Cordas et qui est datée du 5 août 1993, a trait à l'état et à la situation

 27   qui prévalait déjà sur place, avec le nombre de Croates qui est indiqué,

 28   qui avaient été chassés d'Uskoplje - et ce chiffre de 2 000 est une

Page 2401

  1   estimation par le bas du nombre de Croates qui ont été chassés d'Uskoplje.

  2   Selon mes propres souvenirs, les événements en question ont commencé fin

  3  juillet, début août. Plus précisément, la nuit du 31 juillet au 1er août. Et

  4   c'est pour ça que j'ai parlé du début août. Je me base sur mes propres

  5  souvenirs. Le 31 juillet 1993, la nuit du 31 juillet au 1er août 1993, selon

  6   mes souvenirs.

  7   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Que s'est-il passé plus précisément

  8   à ce moment-là, si vous vous en souvenez ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] L'ABiH a attaqué les lignes de défense du HVO

 10   en venant de plusieurs directions, ils ont attaqué les zones qui étaient

 11   habitées des Croates. Et les lignes de défense du HVO n'ont pas pu tenir,

 12   et il en a résulté un exode de la population croate des zones en question

 13   peuplées de Croates.

 14   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Il semblerait qu'ils se soient

 15   enfuis plus tôt. Si nous reprenons les dates qui ont été mentionnées, ils

 16   avaient déjà fui à ce moment-là, mais ce que je voudrais savoir, c'est s'il

 17   y avait des rumeurs à ce moment-là, des informations qui circulaient. Peut-

 18   être qu'ils n'avaient pas envie tout simplement d'attendre d'être tués et

 19   d'être victimes de pilonnage, ce qui serait tout à fait censé ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous répète selon les souvenirs qui sont

 21   les miens, l'exode le plus important a eu lieu dans la nuit du 31 juillet

 22   au 1er août.

 23   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Très bien.

 24   M. KARNAVAS : [interprétation]

 25   Q.  Est-ce que c'est à ce moment-là que votre famille a quitté le

 26   territoire de Gornji Vakuf également ?

 27   R.  En dehors de mon épouse et de deux enfants mineurs qui étaient partis

 28   deux jours plus tôt, mes parents et mes frères sont partis cette même nuit

Page 2402

  1   du 31 juillet au 1er août, pour autant que je m'en souvienne, mes frères

  2   ainsi que leurs épouses.

  3   Q.  Très bien. Donc certains membres de votre famille au moins étaient déjà

  4   partis deux jours plus tôt, si j'ai bien compris votre réponse ?

  5   R.  Oui, mon épouse et deux enfants en bas âge.

  6   Q.  Entendu. Quelle était la raison, la motivation qui a poussé ces

  7   personnes à partir deux ou trois jours plus tôt si l'attaque s'est produite

  8   ultérieurement ? C'était, il me semble, la question que le Juge Trechsel

  9   vous posait.

 10   R.  La raison principale était que la partie libre de notre municipalité,

 11   selon les critères qui étaient les nôtres, les critères des Croates, était

 12   à moitié encerclée. Alors que précédemment nous avions déjà vu tomber la

 13   municipalité de Bugojno et nous pouvions également nous attendre à des

 14   attaques de la part des Musulmans en provenance de Novi Travnik. Nous

 15   étions déjà à moitié encerclés et c'est pour ça qu'il était plus que

 16   nécessaire de mettre à l'abri mon épouse et ces deux enfants en bas âge.

 17   Q.  Très bien. Et si nous passons au document suivant, 1D 01791, nous

 18   voyons ici encore une fois émanant de M. Saric, une liste de 20 villages

 19   situés dans la municipalité de Gornji Vakuf, c'est en date du 29 septembre

 20   1993. Avez-vous connaissance de ces différents noms de villages ? Les

 21   connaissez-vous ?

 22   R.  Oui, je les connais tous.

 23   Q.  Il est dit que nous avons là des villages dans lesquels les Croates

 24   sont à présent absents. Ils n'y vivent plus.

 25   Tout d'abord, je souhaiterais que vous nous disiez s'il y avait

 26   vraiment des Croates dans ces différents villages avant différents

 27   événements, ensuite s'il y en avait qui vivaient dans ces différents

 28   villages, est-ce que M. Saric a raison de dire qu'en cette date du 29

Page 2403

  1   septembre, plus aucun Croate ne se trouve dans ces différents villages ?

  2   R.  Malheureusement M. Saric avait tout à fait raison.

  3   Q.  Et nous avons un tout dernier document.

  4   M. KARNAVAS : [interprétation] Cela ne va prendra, Messieurs les Juges,

  5   qu'une ou deux minutes tout au plus, et nous pourrons ensuite faire une

  6   pause, je présume.

  7   Q.  Il s'agit du 1D 02961. Je pense que vous devriez également avoir

  8   l'original de ce document, n'est-ce pas, Monsieur le Témoin ?

  9   R.  Oui, c'est exact.

 10   Q.  Est-ce que vous pourriez vous y reporter, s'il vous plaît. Nous

 11   pourrions peut-être placer une page de ce document sur le rétroprojecteur.

 12   Peut-être que M. l'Huissier pourrait nous assister.

 13   Est-ce que vous pourriez -- il s'agit du 1D 02961. Pourriez-vous tout

 14   d'abord nous dire de quoi il s'agit ? Peut-être que M. l'Huissier pourrait

 15   nous aider à placer cette première page sur le vidéoprojecteur. Est-ce que

 16   je peux --

 17   R.  Il s'agit du programme statutaire de la Communauté croate

 18   d'Herceg-Bosna telle que fondée le 24 mai 1997.

 19   Q.  Entendu. Maintenant si nous pouvions situer la page que -- nous avons

 20   le drapeau du peuple croate en Bosnie-Herzégovine. Est-ce que vous pourriez

 21   nous dire à quoi correspond la première partie ? Nous voyons ici un drapeau

 22   et des armoiries, semble-t-il.

 23   Pourriez-vous nous expliquer très brièvement de quoi il

 24   s'agit ?

 25   R.  Monsieur Karnavas, ça ne ressemble pas à des armoiries. Ce sont les

 26   armoiries du peuple croate en Bosnie-Herzégovine.

 27   Q.  Donc ce drapeau n'est pas le drapeau de la République de Croatie,

 28   n'est-ce pas ?

Page 2404

  1   R.  Non, pas du tout.

  2   Q.  Vous dites qu'il s'agit des statuts fondateurs, vous avez donné la date

  3   de 1997 aussi. Cette organisation dotée de ces statuts et de ces insignes,

  4   est-elle enregistrée en tant qu'organisation en Bosnie-Herzégovine ? Etait-

  5   elle enregistrée à l'époque et est-elle enregistrée encore aujourd'hui,

  6   quelque dix ans plus tard ?

  7   R.  Oui. C'était enregistré, en effet, auprès des tribunaux de Bosnie-

  8   Herzégovine en 1997, et c'est encore en cours d'ailleurs.

  9   M. LE JUGE MINDUA : -- une copie en anglais de ce document ?

 10   M. KARNAVAS : [interprétation] Malheureusement, nous ne l'avons pas. Nous

 11   pourrions le fournir. Cela vous sera fourni d'ailleurs. C'est en cours de

 12   traduction, c'est ce qu'on me dit en tout cas. Mais je montre cela

 13   maintenant juste pour montrer le drapeau du peuple croate en Bosnie-

 14   Herzégovine parce qu'il semble qu'il y ait un peu de confusion au niveau de

 15   ce qui servait de drapeau à l'époque. Et pour montrer que même encore

 16   aujourd'hui c'est un emblème qui est bien reconnu, qui est enregistré,

 17   c'est une organisation reconnue qui a pignon sur rue.

 18   C'est le témoin qui nous l'a donné il y a peu de temps, et c'est pour

 19   cela que la traduction n'est pas encore prête, vous savez que la

 20   traduction, c'est une œuvre qui est toujours en cours.

 21   M. LE JUGE MINDUA : Merci.

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] J'en ai terminé avec mon interrogatoire

 23   principal.

 24   Je tiens à vous remercier, Monsieur le Témoin, d'être venu déposer,

 25   en tout cas d'être venu répondre à mes questions, et je vous serais très

 26   reconnaissant si vous répondez aussi précisément aux questions qui seront

 27   posées par mes éminents confrères. Merci.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous allons faire la pause de 20 minutes,

Page 2405

  1   après quoi nous continuerons avec le contre-interrogatoire des autres

  2   accusés.

  3   --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.

  4   --- L'audience est reprise à 10 heures 57.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors la Défense des autres accusés a deux

  6   heures. Qui commence ?

  7   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  8   bonjour, Messieurs les Juges. La Défense de M. Coric n'a pas de questions à

  9   poser à ce témoin.

 10   Mme NOZICA : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges, bonjour à tous

 11   et à toutes dans le prétoire. La Défense de M. Stojic a quelques questions.

 12   Nous avons distribué nos classeurs, je pense qu'on doit vous les remettre

 13   sous peu pour ce qui est de notre partie de l'intervention du contre-

 14   interrogatoire.

 15   Contre-interrogatoire par Mme Nozica :

 16   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Batinic.

 17   R.  Bonjour.

 18   Q.  Je m'appelle Senka Nozica. Je me propose de vous poser quelques

 19   questions et de vous montrer plusieurs documents, et ce, uniquement sur le

 20   sujet de la première attaque de l'ABiH, telle que je qualifierais avec des

 21   réserves à l'égard ou à l'encontre des unités du HVO. Vous en avez parlé

 22   dans l'interrogatoire principal et les documents le confirment. Vous avez

 23   désigné que c'est la précédente allant du 11 janvier 1993, et courant

 24   jusqu'au 27 février 1993.

 25   Mme NOZICA : [interprétation] Je souhaite informer les Juges de la Chambre

 26   du fait que mes questions se rapporteront uniquement à cette période et

 27   uniquement porteront sur ce sujet. C'est donc à part entière que nous nous

 28   retrouverons dans le contexte des questions posées au témoin à l'occasion

Page 2406

  1   de l'interrogatoire principal.

  2   Q.  Monsieur Batinic, je vous demanderais pour ce qui est de mon classeur

  3   qu'on vient de vous distribuer, de vous donner, que vous parcouriez

  4   plusieurs documents, et ce, dans l'objectif de confirmer ce que vous avez

  5   déjà dit dans l'interrogatoire principal. Je ne sais pas si vous avez déjà

  6   vu ces documents. Peut-être certains n'ont pas été vus par vous, mais vous

  7   verrez que cela parle de ce que vous nous avez raconté.

  8   Et je voudrais avec vous vérifier si vous vous souvenez si les événements

  9   se sont produits tels qu'indiqués dans ces documents. Donc le tout premier

 10   c'est le P 01102, c'est le tout premier de mon classeur. Il s'agit d'un

 11   document du 12 janvier 1993. Ça s'appelle un rapport d'information, et

 12   c'est présenté par le Dr Ante Starcevic pour la brigade à l'intention de M.

 13   Pero Mejdandzic. Connaissez-vous le dénommé Mejdandzic ?

 14   R.  Oui, je connais M. Mejdandzic.

 15   Q.  Je vais vous donner lecture lentement de ce qui est dit. Je ne vous ai

 16   pas montré ce document. Il est évoqué bon nombre de localités. Et il est

 17   justement question du tout début des conflits. Mais pour le besoin du

 18   compte rendu, je dirais que ce document sera demandé, enfin, sera présenté

 19   pour qu'il y ait correction de certains toponymes pour ce qui est des

 20   localités de Bugojno et de Gornji Vakuf. On dit : "Depuis le tout dernier

 21   rapport à ce jour, les forces musulmanes ont bloqué la voie de

 22   communication Bugojno-Gornji Vakuf au niveau des localités Drazev et

 23   Duratbegov Dolac. Les unités originaires de Grnica ont emprisonné cinq

 24   soldats en provenance de l'unité Ludvig Pavlovic à Rajci où des combats

 25   âpres sont en cours. Les unités de l'ABiH originaires de Voljica-Osidrak se

 26   sont servies d'un mortier MB-82 pour tirer vers la cité de Trnovaca.

 27   L'unité de Voljevci [phon], composée de 30 personnes est envoyée pour

 28   intercepter les unités du HVO sur l'axe Makljen-Vakuf. L'entrée de la ville

Page 2407

  1   est complètement bloquée, et il convient de nettoyer l'agglomération

  2   d'Uzaricje [phon] pour libérer l'accès à la ville. Les unités de Voljice

  3   ont reçu l'ordre de tirer sur Podovi depuis Osridak et d'être prêtes pour

  4   une attaque à l'infanterie.

  5   Monsieur Batinic, je vais vous demander, est-ce que vous pouvez nous dire

  6   si vous avez connaissance des événements qui se sont produits ce jour-là et

  7   les jours d'avant, comme indiqué dans le premier paragraphe de ce document

  8   ?

  9   R.  Madame l'Avocate, le 12 janvier 1993, j'étais encore civil chez moi, en

 10   attendant de voir comment la situation allait évoluer. Les événements ont

 11   commencé le 11 janvier. Je ne peux pas vous confirmer ce qui est dit ici,

 12   mais compte tenu des hypothèses pour ce qui est des agglomérations dont il

 13   est question ici, je veux bien croire que M. Mejdandzic ait rédigé cela

 14   conformément à la façon dont se présentaient les choses sur le terrain.

 15   Q.  Je vous demanderais maintenant de continuer avec la lecture, parce

 16   qu'il se peut que vous ayez entendu parler de certaines éléments à l'époque

 17   dans la ville ou même peut-être plus tard.

 18   On dit : "Depuis la ville on attaque à l'infanterie Grebine et Visa [phon].

 19   Au centre-ville, les places fortes de l'ABiH sont --"

 20   Mme HEDVIG MOE : [interprétation] Je demande une clarification de la part

 21   du témoin sur sa dernière réponse. Il dit qu'il ne peut pas confirmer ce

 22   qui est déclaré ici, mais étant donné les hypothèses pour ce qui est des

 23   endroits qui ont été nommés, je pense que M. Mejdandzic a décrit ce qui

 24   s'est passé sur le terrain. Est-ce que cela suffit pour que le témoin ait

 25   une opinion ?

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : -- faire préciser ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous apporter ces précisions. Je vous

 28   ai dit, le 12 janvier 1993, j'étais chez moi et j'attendais de voir ce qui

Page 2408

  1   allait se produire au niveau de l'évolution des événements, événements qui

  2   ont pris naissance le 11 janvier 1993. Alors quand je vous ai dit que je

  3   croyais bien que M. Mejdandzic avait décrit ces événements de façon

  4   conforme à la vérité - et j'avais à l'esprit le fait que Drazev,

  5   Izetbegovic, il y avait des localités ethniquement pures musulmanes. Grnica

  6   et Osridak aussi c'est ethniquement pur, musulman. Donc c'est la raison

  7   pour laquelle j'ai dit que je croyais bien que M. Mejdandzic ait dit la

  8   vérité.

  9   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Batinic, comment savez-vous

 10   que M. Izetbegovic voulait nettoyer ethniquement Gornji Vakuf ? Il vous l'a

 11   dit ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas mentionné cela du tout. Je n'ai

 13   pas parlé de M. Izetbegovic, moi. Quelqu'un interprète à tort et à travers,

 14   alors.

 15   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Ça a été confirmé de la part de la

 16   cabine de traduction. Mais pouvez-vous répéter ce que vous avez dit pour

 17   que nous puissions maintenant avoir la traduction correcte de vos propos.

 18   Pourriez-vous répéter, s'il vous plaît, ce que vous avez dit.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] En janvier 1993, le 12, en ma qualité civile,

 20   je me trouvais chez moi, ou plutôt, dans une maison à côté de chez moi où

 21   l'on avait aménagé un abri provisoire pour cas de danger de pilonnage, pour

 22   moi et ma famille.

 23   Je ne peux pas confirmer ce que M. Mejdandzic a décrit ici pour ce qui est

 24   du 12 janvier 1993, mais je crois bien que ce qu'il a décrit ici correspond

 25   à la situation telle qu'elle se présentait sur le terrain au moment même,

 26   parce que les localités, les agglomérations qui sont mentionnées ici sont

 27   des localités ou agglomérations ethniquement pures. Drazev Dolac,

 28   Duratbegov Dolac, Grnica et Osridak.

Page 2409

  1   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

  2   Mme NOZICA : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur, vous nous avez expliqué où vous vous trouviez le 12. Je vais

  4   vous donner lecture du reste du document, parce qu'il explique la situation

  5   telle qu'elle se présentait en ville, et peut-être pourrez-vous nous

  6   confirmer certains des éléments.

  7   Le deuxième paragraphe dit : "Depuis la ville, on attaque à l'infanterie

  8   Grebine et Zvizde. Au centre-ville, les places fortes de l'ABiH sont la

  9   maison de la culture, le restaurant municipal, l'hôtel Radusa, Gradina, la

 10   maison des sapeurs-pompiers, les bâtiments KB 1 et KB 3, le secteur de la

 11   mosquée du haut, le parc mécanique, le relais T8 [phon].

 12   D'après vous, est-ce que c'est ainsi que les forces de l'ABiH étaient

 13   disposées en ville ?

 14   R.  Le 12 janvier, je ne sais pas si ces forces étaient déployées là, mais

 15   le soir du 13 janvier, une fois que je me suis rendu au commandement du HVO

 16   pour la défense de la partie de la ville de Gornji Vakuf où il y avait

 17   majorité de la population croate, ces dires-là m'ont été bel et bien

 18   confirmés.

 19   Q.  Si je vous ai bien compris, vous ne savez pas nous dire si ça s'est

 20   présenté ainsi le 12, vous ne le saviez pas le 12 ?

 21   R.  Exact.

 22   Q.  Mais le 13, vous vous êtes rendu compte par vous-même que ces dires

 23   étaient tout à fait exacts, n'est-ce pas ?

 24   R.  Je ne me suis pas rendu compte par moi-même. J'ai obtenu ces

 25   informations de la part de personnes qui étaient chargées de la défense de

 26   la partie de la ville où il y avait une majorité de population croate.

 27   Q.  Merci. Allons plus loin.

 28   "L'ABiH à Rajci a obtenu des renforts depuis Novi Travnik avec des insignes

Page 2410

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2411

  1   de glands."

  2   Avez-vous eu des informations disant que l'ABiH avait reçu des renforts

  3   d'ailleurs, de Novi Travnik ou éventuellement de Bugojno ? L'avez-vous su,

  4   ça ?

  5   R.  Je n'ai pas eu ce type d'information comme indiqué ici par les soins de

  6   M. Mejdandzic du fait que ma maison, là où je me trouvais à ce moment-là,

  7   se trouvait à un kilomètre et demi de la caserne du HVO.

  8   Q.  Monsieur Batinic, je vous ai demandé, non pas pour ce jour mais pour le

  9   jour d'après. Parce que s'il y a eu des renforts de l'ABiH, et ces renforts

 10   ont dû rester sur le secteur. Donc les jours d'après avez-vous eu

 11   l'occasion de les voir ou d'apprendre que l'ABiH avait obtenu des renforts

 12   pour cette attaque ?

 13   R.  Après le 13 janvier, il y a eu confirmation de ce qui est dit ici à

 14   plusieurs reprises.

 15   Q.  Monsieur Batinic, nous allons plus facilement parcourir ce document que

 16   je trouve très important, si vous me répondez tout de suite, "Je ne le

 17   savais pas le 12, mais je l'ai appris le 13, le 14." Je ne vous demande pas

 18   de nous dire que vous l'avez su ce jour même. Ce sont des informations qui

 19   sont très précises, qui sont de nature militaire, et je sais fort bien que

 20   vous ne pouviez pas disposer de cela chez vous, mais vous avez pu apprendre

 21   par la suite ou vous avez pu avoir connaissance des séquelles de ce qui est

 22   dit ici.

 23   Ici, il est question de l'ABiH, et on parle "d'un mortier qui se trouve au-

 24   dessus de Duratbegov Dolac. A 15 heures 15, ils ont commencé à pilonner de

 25   façon dense, drue la ville et ses environs."

 26   Monsieur Batinic, vous souvenez-vous si ce jour-là vous avez pu entendre,

 27   apprendre qu'il y a eu pilonnage ?

 28   R.  Oui, il y a eu un pilonnage intense de la ville.

Page 2412

  1   Q.  Bien. Il est question maintenant des effectifs. Probablement ne le

  2   savez-vous pas, mais on va donner lecture quand même : "Concentration des

  3   effectifs," dit-on, "Vakuf environ 1 000 hommes, Voljevac environ 900,

  4   Grnica environ 550, Voljice environ 550." Et on dit : "Les unités sont

  5   déployées dans les agglomérations à population majoritairement musulmane, à

  6   savoir Drazev Dolac, Duratbegov Dolac, Hrasnica, Luzani, Rojska, Grnica,

  7   Bistrica. Environ 70 hommes car la population croate, là où elle est

  8   majoritaire, Jagnjid, Gaj, Osridak, Voljice, Kute, Batusa, Odvode. La

  9   partie élevée de la ville, Vrse, Zdrimci avait peu d'hommes car la

 10   population majoritairement croate, entre parenthèses, Uzricje compte

 11   environ 40 hommes où il y a une dizaine de nos maisons."

 12   Est-ce que vous pouvez confirmer cela ? Quels étaient donc ces hameaux où

 13   il y avait majorité de Musulmans, et est-il exact de dire que les hameaux

 14   qui viennent d'être énumérés sont des hameaux qui comportaient une majorité

 15   croate ?

 16   R.  Oui. Cela correspond à la composition ethnique des agglomérations ou

 17   hameaux sur le territoire de notre municipalité, ce qu'on nous dit ici.

 18   Q.  Je ne vais pas --

 19   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je suis désolé, mais je voudrais

 20   éviter tout malentendu. Monsieur Batinic, vous nous confirmez que ces

 21   villages sont soit musulmans ou ce sont des villages où il y a quelques

 22   habitants croates, ou alors est-ce que vous pouvez aussi nous confirmer que

 23   le 12 janvier l'ABiH a pris position dans ces villages avec les effectifs

 24   qui sont décrits dans le document et aussi dans l'ordre qui est décrit dans

 25   le document ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, j'ai dit et je répète, les

 27   agglomérations énumérées ici et qui sont désignées comme étant à majorité

 28   musulmane, voire à majorité croate, correspondent à ce qui a été la

Page 2413

  1   composition ethnique croate et musulmane dans ces agglomérations. Je n'ai

  2   rien dit d'autre.

  3   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. Je voulais poser

  4   la question parce que dans votre question, Madame Nozica, il y avait deux

  5   étages, si je puis dire. Tout d'abord, vous parlez des endroits, donc des

  6   locations, ensuite on dirait que l'ABiH était présente à l'époque, et vous

  7   aviez confirmé la première partie mais non pas la deuxième partie de la

  8   question. Je vous remercie, maintenant.

  9   Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Juge, afin que les choses soient

 10   tout à fait claires au compte rendu, j'ai donné lecture au témoin du

 11   passage entier, mais ma question ne se rapportait qu'au fait de savoir s'il

 12   pouvait confirmer s'il s'agissait là d'agglomérations à majorité musulmane

 13   ou à une population majoritairement croate. J'ai estimé que ce que le

 14   témoin nous avait dit jusqu'à présent et devait être pris en compte, à

 15   savoir qu'il n'avait pas de connaissance plus précise que cela au sujet des

 16   éléments cités par ce document.

 17   Q.  Monsieur Batinic, je vous demande maintenant de nous pencher sur le

 18   document suivant, bien qu'il nous parle aussi du 2 janvier. Il s'agit du P

 19   01112. C'est le document d'après dans le classeur. Il a été versé au

 20   dossier comme élément de preuve, P 01112. Je tiens à dire qu'il y a là une

 21   chose importante, à mes yeux.

 22   Il s'agit d'un rapport en provenance de la zone opérationnelle de

 23   l'Herzégovine du Nord-ouest. C'est décrit par Tonko Dzalto, et c'est daté

 24   du 12 janvier.

 25   J'aimerais que nous nous penchions ensemble sur le premier paragraphe de ce

 26   rapport qui parle de cette journée. Il dit : "Dans la zone de

 27   responsabilité du OZSZH, l'ennemi n'est pas intervenu en matière de combat.

 28   Il est possible que nos forces aient fait l'objet d'attaques au secteur de

Page 2414

  1   Gornji Vakuf par un autre ennemi (les Chetniks), parce que le rapport

  2   d'information fait état d'un ordre en provenance de Banja Luka, donné au

  3   commandant se trouvant à Kupres."

  4   Au paragraphe 3, on parle de l'emprisonnement de cinq membres de

  5   l'unité de Ludvig Pavlovic; et on dit, au quatrièmement :

  6   "Requête : Nous vous demandons d'assurer d'urgence des négociations avec

  7   l'ABiH au niveau le plus élevé afin de normaliser la situation à Gornji

  8   Vakuf."

  9   Monsieur Batinic, au premier paragraphe on mentionne comme ennemi les

 10   Chetniks. C'est important. Pouvez-vous nous confirmer qu'à l'époque déjà il

 11   y avait des attaques de la part de Chetniks, voire de l'ennemi comme on le

 12   qualifie ici, à une période où il y a justement des conflits entre l'ABiH

 13   et le HVO ?

 14   R.  Oui, je peux vous le confirmer, cela. Les forces serbes, avec leurs

 15   canons, avaient une portée qui allait jusqu'à la municipalité de Gornji

 16   Vakuf, et ils se réjouissaient du conflit qui venait de commencer entre

 17   l'ABiH et le HVO. Dans le courant de ce mois, ils nous ont, à plusieurs

 18   reprises, pilonnés en janvier.

 19   Q.  Pour que les Juges le comprennent bien, veuillez nous expliquer ce que

 20   vous vouliez dire : Ils se réjouissaient ou ils s'amusaient. Je suppose que

 21   vous vouliez parler de ce pilonnage, mais expliquez pour que nous n'ayons

 22   pas une réponse autorisant des interprétations différentes.

 23   R.  C'est en tirant à l'artillerie qu'ils ont d'abord ciblé une partie des

 24   localités habitées majoritairement par des Croates, et ils faisaient la

 25   même chose par la suite s'agissant d'agglomérations où il y avait majorité

 26   musulmane. Chacune des parties en présence pensait que c'étaient des

 27   pilonnages pour les Musulmans en provenance du HVO et vice-versa. Ils

 28   s'amusaient à nos dépens. C'est ce que je voulais dire.

Page 2415

  1   Q.  Bien. Avez-vous eu des informations au sujet de ces cinq membres de

  2   l'unité Ludvig Pavlovic qui ont été capturés ? En avez-vous entendu parler

  3   ?

  4   R.  J'ai appris cela par la suite. J'ai appris non pas seulement ce qui

  5   s'est passé avec ces emprisonnements mais au sujet d'autres emprisonnements

  6   aussi.

  7   Q.  Monsieur Batinic, vous étiez plutôt assez impliqué dans la vie

  8   politique et publique de Gornji Vakuf. Vous devriez forcément savoir qu'il

  9   y a eu des demandes où le HVO a constamment cherché à apaiser la situation.

 10   Au point 4, on dit, on demande au QG principal du HVO d'assurer d'urgence

 11   des négociations. Est-ce que le HVO avait pris position qui consistait à

 12   s'efforcer de résoudre plus vite le conflit ?

 13   R.  Je sais que nous avons souhaité le faire. Là où je me trouvais, je

 14   voulais que la folie cesse, mais les communications par paquets se

 15   faisaient au niveau de la caserne, et ça se trouvait à un kilomètre et demi

 16   de l'endroit où je me trouvais. Hélas, je ne pouvais pas avoir les

 17   documents originaux. Du reste, je ne pouvais pas voir mes parents non plus

 18   ni mes frères qui se trouvaient à à peu près 1 kilomètre de ma maison, dans

 19   la localité de Krupa. J'ai pas pu les voir pendant à peu près un mois.

 20   Q.  Monsieur Batinic, détendez-vous. Je ne vous demande pas si vous avez vu

 21   ces documents. Je sais que vous n'avez pas vu le document. Je vous demande

 22   si vous êtes au courant de ce que nous dit le document. C'est pourquoi ma

 23   question était celle de savoir si le HVO à l'époque ou plus tard --

 24   Parce que vous dites que le conflit a pris fin le 27 février. A-t-il

 25   fait de sorte à ce que le conflit connaisse un terme ou qu'il n'y ait pas

 26   de conflit du tout ? Je vous pose des questions au sujet des informations,

 27   des connaissances que vous auriez pu en avoir directement, vous-même.

 28   R.  Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas non détendu. Je suis en train de

Page 2416

  1   vous parler de ce que je sais et que je ne sais pas. S'agissant de ces

  2   dates, je dirais que j'avais plus d'informations au sujet des efforts

  3   déployés par la partie croate, par le HVO, aux fins de faire mettre un

  4   terme à la folie.

  5   Q.  C'est tout ce que je vous demande, rien d'autre. Je vous remercie. Et

  6   excusez-moi si ma remarque au niveau du fait d'être détendu a été mal

  7   interprétée. Je voulais juste que vous me disiez ce que vous avez su au

  8   niveau de ces événements ou de ce que vous en avez appris par la suite. Je

  9   ne veux pas vous faire dire que vous avez vu un document ou pas.

 10   Maintenant que vous venez d'évoquer cette situation au sujet des Chetniks

 11   et de leurs activités, j'aimerais vous demander de sauter un document dans

 12   mon classeur et de --

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de voir l'autre document, une question de

 14   suivi, Monsieur le Témoin.

 15    A Gornji Vakuf, est-ce qu'il y avait des représentants de la communauté

 16   internationale ? Est-ce qu'il y avait la FORPRONU, la mission européenne ?

 17   Est-ce qu'il y avait des étrangers qui étaient là, à Gornji Vakuf, ou il

 18   n'y avait personne ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Au mois de janvier 1993, je ne peux pas vous

 20   confirmer qu'il y ait eu à Gornji Vakuf des forces de maintien de la paix.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : A votre connaissance, qui était le commandant des

 22   forces serbes qui s'amusaient à pilonner alternativement les Croates, puis

 23   les Musulmans ? Vous le saviez ou vous ne le saviez pas ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le savais pas, Monsieur le Juge.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

 26   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 27   Q.  Je voudrais vous demander maintenant de vous pencher sur le 2D 00219.

 28   Vous sautez un document dans mon classeur. Il s'agit d'un ordre en

Page 2417

  1   provenance de M. Zchekuje [phon]. Avez-vous retrouvé la chose ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Ça porte la même date, 12 janvier 1993, et c'est adressé à la brigade

  4   Ante Starcevic de Gornji Vakuf. C'est une réponse évidente à ce rapport du

  5   12 janvier. On y dit : "Libérer par voie pacifique tous nos prisonniers

  6   suivant le principe tous pour tous. Garder nos effectifs sous contrôle afin

  7   qu'ils ne se laissent pas provoquer et qu'ils ne provoquent pas en premier

  8   non plus. Suivre la situation et en informer régulièrement. Pour ce qui est

  9   de l'axe Voljevac-Gornji Vakuf, vous avez des effectifs au village de

 10   Dobrosin. Assurez-vous d'un lien avec eux, et arrangez-vous pour leur

 11   utilisation si nécessaire."

 12   On vient maintenant à l'objet de ma question. "Nous nous sommes procurés

 13   des informations du domaine du renseignement disant que les Chetniks ont

 14   reçu l'ordre de battre ou de pilonner des villages musulmans avec des

 15   pièces d'artillerie et avec d'autres pièces d'artillerie des villages

 16   croates afin de créer l'impression que ces les Croates qui tirent sur les

 17   Musulmans, voire les Musulmans sur les Croates."

 18   Puis on dit plus loin : "Par le biais de leurs informateurs, les Chetniks

 19   sont très probablement au courant de la situation générale telle qu'elle se

 20   présente à Gornji Vakuf. De la sorte, ils cherchent à générer des conflits

 21   mutuels entre Croates et Musulmans, chose qui les arrangerait."

 22   Monsieur Batinic, est-ce que c'est bien la situation telle que vous l'avez

 23   décrite tout à l'heure en parlant du comportement des Chetniks à l'époque ?

 24   R.  Oui. C'est justement la situation dont je parlais, en disant que les

 25   Serbes s'amusaient à nos dépens.

 26   Q.  Fort bien. Je vais vous demander maintenant de vous pencher sur le

 27   document suivant. Nous n'allons pas revenir sur le document précédent. Je

 28   n'ai pas toutefois oublié que vous avez dit que la situation s'était

Page 2418

  1   apaisée le 27 février. Maintenant, nous allons nous pencher sur un document

  2   du 23 février 1993, où il est déjà fait état des forces de la FORPRONU.

  3   C'est en corrélation avec la question de M. le Juge Antonetti tout à

  4   l'heure. Je vais vous demander, avant qu'on ne se penche sur ce document,

  5   si vous pouvez vous souvenir quand est-ce que la FORPRONU est à peu près

  6   venue sur le territoire de Gornji Vakuf ?

  7   R.  D'après ce que j'en sais, au tout début du printemps 1993.

  8   Q.  Ils sont évoqués ici le 23 février déjà, pour ce qui est d'avoir été

  9   là-bas et qu'il a été question d'une concertation mutuelle pour ce qui est

 10   des conditions ou de la réalisation d'un cessez-le-feu signé auparavant.

 11   Je ne sais pas ce que vous en savez par début printemps ? Dans le document,

 12   on dit qu'ils s'y trouvaient déjà de façon évidente le 23 février, sur ce

 13   territoire de Gornji Vakuf. C'est la raison pour laquelle je vous pose la

 14   question -- ou plutôt, c'est Prozor parce que c'est un rapport en

 15   provenance de Prozor.

 16   R.  Quand j'ai parlé de début printemps 1993, j'ai parlé de la base de la

 17   FORPRONU qui s'est installée sur nos territoires, et ils se sont installés

 18   dans l'ex-caserne de la JNA, à savoir dans l'usine des roulements à billes.

 19   Q.  Il faut tirer la chose au clair. C'est début printemps qu'ils ont mis

 20   sur pied une base, mais est-ce qu'ils venaient d'ailleurs sur ce territoire

 21   à une époque antérieure ? Est-ce que vous savez nous dire si les membres de

 22   la FORPRONU sont venus négocier en provenance d'une autre base vers la même

 23   période ?

 24   R.  A cette période, j'étais avec un groupe de Domobrani, dans la zone

 25   industrielle. Ils ne sont pas venus chez moi, donc je ne peux pas vous le

 26   confirmer.

 27   Q.  Nous avons parlé d'attaques de Chetniks tout à l'heure, au mois de

 28   janvier. On dit : "Cette nuit les Chetniks ont ouvert du feu d'artillerie

Page 2419

  1   en direction de Lapsunj S2 depuis Prozor," parce que là il est question de

  2   Prozor. On dit : "En même temps ils ont pilonné Gornji Vakuf dans la zone

  3   de responsabilité de la Brigade Rama. Il est tombé 30 obus là-bas, et dans

  4   la zone de responsabilité de la brigade Ante Starcevic, il est tombé quatre

  5   obus."

  6   Pouvez-vous nous confirmer que les Chetniks ont continué leurs activités

  7   ultérieurement au fil du mois de février, comme on le dit ici, pas

  8   seulement à l'occasion de la première attaque dans ces premières journées

  9   de l'année 1993 ?

 10   R.  Oui, je peux vous confirmer, étant donné le fait que sur le territoire

 11   de notre municipalité il n'y avait que des armes d'infanterie. Il n'y a pas

 12   eu de frappes à l'artillerie, et les obus qui tombaient sur notre

 13   territoire venaient de ce qu'on appelle ici, le nord, c'est-à-dire Kupres,

 14   et c'étaient des obus tirés par les forces serbes.

 15   Q.  Dernier passage de ce document qui nous parle de ce qui s'est passé,

 16   j'ai bien entendu votre réponse, vous nous avez dit que vous étiez avec des

 17   Domobrani, mais je voudrais que vous nous disiez au sujet de ces

 18   événements.

 19   On me prévient que je n'ai pas indiqué le numéro du document. Je

 20   m'excuse. Il s'agit du 2D 01427.

 21   L'avez-vous retrouvé, vous ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Fort bien. Au dernier passage, on dit au dernier paragraphe, je dis que

 24   j'ai bien noté que vous étiez avec des Domobrani, mais peut-être êtes-vous

 25   au courant de ces événements. On dit que les activités du HVO et l'ABiH ont

 26   été reprises en présence de la FORPRONU, et il a été question de la

 27   réalisation d'un plan pour ce qui est de l'agglomération croate et

 28   musulmane et d'un acheminement de vivres vers ces agglomérations. Alors on

Page 2420

  1   a proposé des plannings par les deux parties pour ce qui est d'une

  2   normalisation de la vie dans la ville avec l'essentiel des mesures que

  3   devaient entreprendre les structures civiles. On parle de leur étude et on

  4   parle de leur acceptation dès demain.

  5   On dit : "Aujourd'hui sur les lieux, il y a eu déplacement de nos

  6   représentants, à savoir Begic et un représentant de l'ABiH, M. Cikotic,

  7   pour se rendre compte du massacre survenu au village de Rojska, où ils ont

  8   trouvé Franjo et Finka Okadar égorgés chez eux."

  9   Vous souvenez-vous de ce cas concret ? Il en a été question, et vous

 10   souvenez-vous aussi s'il y a eu situations de ce type de perpétration de

 11   crimes à l'égard des Croates à l'époque, donc en janvier, février 1993 ?

 12   R.  Oui, je me rappelle très bien de cet événement. Malheureusement,

 13   il est tout à fait exact que l'armée dans cette localité qui était purement

 14   musulmane a procédé au massacre de toute une famille, la famille Okadar.

 15   C'est M. Vuka Spelin [phon], qui lui, en l'espèce m'en a parlé directement.

 16   Il s'agissait de personnes parmi celles qui avaient pris des photographies

 17   et qui plus tard ont enterré les victimes.

 18   Mme NOZICA : [interprétation] Messieurs les Juges, je voudrais maintenant

 19   continuer.

 20   Q.  L'interprète n'a pas bien entendu. Est-ce que vous pourriez juste

 21   répéter le nom que vous avez cité.

 22   R.  M. Luka Sekerija.

 23   Q.  Oui, cela était consigné correctement.

 24   Mme NOZICA : [interprétation] Je voudrais juste souligner, Messieurs les

 25   Juges, le fait que toutes mes grandes questions avaient trait à l'attaque

 26   de janvier 1993, l'attaque par l'ABiH telle que référencée aux chefs 65 et

 27   66 de l'acte d'accusation.

 28   Q.  Monsieur Batinic, aviez-vous connaissance des négociations qui se

Page 2421

  1   tenaient à Genève au mois de janvier et du fait qu'une déclaration

  2   conjointe a été signée par Alija Izetbegovic et Mate Boban, tous deux,

  3   ayant trait à l'arrêt des hostilités entre l'ABiH et le HVO ?

  4   R.  Oui, j'avais connaissance des pourparlers ayant lieu à Genève.

  5   Q.  Je voudrais que nous regardions le P 01329. C'est le document suivant.

  6   Il s'agit précisément de cette déclaration conjointe de M. Alija

  7   Izetbegovic et de Mate Boban à Genève. Ils y donnent l'ordre que "soit

  8   porté un terme immédiatement aux affrontements entre l'ABiH et le HVO. Ils

  9   appellent les peuples croates et musulmans à donner leur place au soutien

 10   et ils appellent également les commandants du quartier général de l'ABiH et

 11   du quartier général du HVO à établir immédiatement les responsabilités pour

 12   les différents affrontements à tous les niveaux, et à former immédiatement

 13   un commandement conjoint." Merci de m'avoir laissé lire jusqu'au bout.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui.

 15   Mme HEDVIG MOE : [interprétation Merci. Avant que ma consoeur et le témoin

 16   ne se penchent sur ce document, la question précédente était double. Tout

 17   d'abord : "Est-ce que vous aviez connaissance des négociations qui avaient

 18   lieu à Genève en janvier 1993…" Et deuxièmement : "Aviez-vous connaissance

 19   d'un accord ou d'une déclaration conjointe qui avait été signée," et je ne

 20   crois pas que cette partie de la question ait reçu une réponse.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Nozica, faites repréciser si l'accord, il

 22   était au courant ou ne l'était-il pas.

 23   Mme NOZICA : [interprétation] Je pense, Messieurs les Juges, que si nous

 24   montrons ce document au témoin, il pourra répondre comme il a répondu

 25   jusqu'à présent à mes questions, s'il a déjà vu ou non le document en

 26   question. Et je pense que nous pouvons avoir pleine confiance en la

 27   capacité du témoin à répondre en nous disant s'il avait ou non connaissance

 28   de cette déclaration conjointe.

Page 2422

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, nous avons entendu parler de cette

  2   déclaration conjointe de M. Izetbegovic et de M. Boban en écoutant la

  3   radio.

  4   Mme NOZICA : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Batinic, maintenant je voudrais vous interroger quant à la

  6   connaissance que vous aviez personnellement. Cette déclaration qui a été

  7   signée, cet ordre enjoignant les quartiers généraux de l'ABiH et du HVO dès

  8   les 27 janvier 1993 à cesser les hostilités, à établir les raisons des

  9   affrontements, et cetera.

 10   Nous avons eu jusqu'à présent des documents, des indications nous montrant

 11   que le HVO s'efforçait de mettre un terme dès que possible à ces

 12   affrontements qu'il n'avait pas provoqués. Aviez-vous connaissance que le

 13   commandement de l'ABiH se serait opposé à une solution pacifique et qu'à

 14   cette période existaient déjà des plans visant à attaquer le HVO sur

 15   l'ensemble du territoire où il se trouvait et que l'armée, d'une certaine

 16   façon, pendant toute cette précédente de temps à partir de ce moment et

 17   ultérieurement également, aurait souhaité apporter une solution militaire à

 18   la question de la Bosnie-Herzégovine et non pacifique ? Aviez-vous

 19   connaissance de l'existence de tels plans ?

 20   R.  Je dois dire que je n'avais pas connaissance de tels plans, et si vous

 21   me permettez juste de dire quelques mots.

 22   Q.  Bien entendu.

 23   R.  Le 27 janvier 1993, le HVO a pris position sur l'ensemble des cotes les

 24   plus importantes entourant Gornji Vakuf, et cela s'est arrêté là. Il n'y a

 25   pas eu d'actions de combat d'envergure suite à cela entreprises par le HVO.

 26   Autrement dit, le HVO, s'il avait eu l'intention ou s'il avait eu comme

 27   plan de prendre le contrôle de Gornji Vakuf, ils auraient pu le faire, ils

 28   auraient pu le faire en lançant des pierres, pour ainsi dire, ils auraient

Page 2423

  1   pu chasser l'ABiH.

  2   Q.  Vous parlez de l'ABiH qui aurait pu être chassée de façon très simple ?

  3   R.  Oui, c'est exact, il s'agit de l'ABiH, et cela se rapporte à la période

  4   mentionnée.

  5   Q.  Il s'agit de la déclaration du 27 janvier 1993, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui. Et avant cette date également, les unités du HVO au mois de

  7   janvier - et cela était effectif au 22 janvier - avaient pris position sur

  8   les cotes les plus importantes autour de Gornji Vakuf.

  9   Q.  Mais je vous avais demandé quelque chose d'un peu différent, je ne vous

 10   avais pas posé de question concernant le comportement du HVO.

 11   R.  Oui. Mais ce que je vous disais, c'est que je n'avais pas connaissance

 12   des plans et des intentions des officiers de l'ABiH, est-ce qu'ils étaient

 13   disposés à mettre en œuvre les dispositions d'un accord, une déclaration de

 14   non-agression et de cessez-le-feu ou non, je ne sais pas. J'ai juste dit

 15   quelles étaient les intentions du HVO précédemment à cette date.

 16   Q.  Je vous remercie. Je voudrais maintenant que nous passions au 2D 00 --

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai une question à vous poser par rapport à ce

 18   dernier document confronté au document qui avait été examiné tout à

 19   l'heure. Le P 1102, si je ne me trompe pas.

 20   Le dernier document signé par Boban et Zeljkovic [phon] fait ressortir

 21   trois points. Premier point, les combats entre l'ABiH et le HVO, en

 22   réalité, bénéficient à l'agresseur, c'est-à-dire aux Serbes. C'est ce qu'on

 23   peut comprendre.

 24   Deuxième point, il est demandé que les commandants de l'ABiH et du HVO

 25   déterminent immédiatement les responsables de ces combats à tous niveaux.

 26   Donc il est demandé aux uns et aux autres de savoir qui a commencé

 27   l'attaque.

 28   Et puis, troisième point, Boban et Izetbegovic invitent la mise en place

Page 2424

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2425

  1   d'un commandement conjoint.

  2   En regardant ce document, un juge raisonnable peut penser que M. Boban et

  3   M. Izetbegovic découvrent qu'il y a eu des combats, mais lorsque l'on voit

  4   le premier document, le rapport du 12 janvier de la Brigade Ante Starcevic,

  5   qui semble indiquer qu'il y a de la part de l'ABiH une offensive, puisqu'en

  6   faisant le total on s'aperçoit qu'il y a 3 000 personnes de l'ABiH sur le

  7   terrain. Est-ce qu'il n'y a pas, d'après vous, quelqu'un qui ne dit pas la

  8   vérité, notamment par rapport à l'offensive du 11 janvier ? Qu'est-ce que

  9   vous en pensez, vous qui étiez sur place ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je l'ai dit hier, je ne sais

 11   pas comment les affrontements ont commencé le 11 janvier; et j'ai redit

 12   aujourd'hui que le 12 janvier, les localités qui sont mentionnées dans ce

 13   rapport de la Brigade Ante Starcevic du HVO, il est un fait que ces

 14   localités correspondent à la composition ethnique telle qu'elle était dans

 15   la municipalité de Gornji Vakuf. Combien il y avait de membres de l'ABiH

 16   présents dans ces différentes localités, cela je ne peux pas le confirmer.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Pour vous, le 11 janvier, c'est l'ABiH qui a attaqué

 18   le HVO ou pas ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas qui a attaqué qui le 11 janvier

 20   1993.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 22   Maître Nozica, le décompte du temps, vous avez utilisé près de 30 minutes.

 23   Normalement, chaque Défense avait 24 minutes, donc vous avez dû vous

 24   rétrocéder du temps entre vous.

 25   Mme NOZICA : [interprétation] Non, nous ne nous sommes pas répartis notre

 26   temps. Je vais finir avec le document suivant. Et je suis étonnée d'avoir

 27   déjà dépensé autant de temps. Pour répéter, il s'agit du 2D 00207.

 28   Oui, Monsieur le Juge. Je voudrais juste vous informer du fait que seules

Page 2426

  1   trois des Défenses auront des questions à poser. Elles disposeront donc

  2   chacune de 40 minutes, et je suis encore dans les limites du temps dont je

  3   dispose.

  4   Q.  Monsieur le Témoin, avez-vous trouvé le document ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Je vous ai déjà posé cette question, vous m'avez dit que vous ignoriez

  7   quels étaient les plans de l'ABiH. Nous avons ici un document daté du 20

  8   janvier. Vous avez affirmé avoir eu connaissance des pourparlers qui se

  9   tenaient à Genève et il s'agit ici d'un document signé par le commandant

 10   Enver Hadzihasanovic. Ce document est adressé au QG de la défense de

 11   Bugojno. Je vais vous le lire :

 12   "Nous apprécions les suggestions qui sont les vôtres, mais nous

 13   voudrions attirer votre attention sur la mise en œuvre des tâches qui sont

 14   les vôtres dans votre zone de responsabilité. Ne vous impliquez pas dans ce

 15   qui ressort de votre responsabilité et établissez des rapports de façon à

 16   ce qu'ils reflètent la situation sur le terrain, et non pas de façon à

 17   donner des leçons d'un point de vue politique."

 18   Et cela continue ainsi : "Efforcez-vous de faire tout ce qui est en

 19   votre pouvoir afin de venir en aide à Gornji Vakuf."

 20   Nous parlons du 20 janvier, donc cela intervient à une date après que

 21   vous avez rejoint le HVO. Avez-vous quelque information concernant les

 22   unités du HVO de Bugojno qui seraient venues en aide à l'ABiH à Gornji

 23   Vakuf ?

 24   R.  Oui. Les unités de l'ABiH de Bugojno ont participé aux combats

 25   contre le HVO dans la zone de la municipalité de Gornji Vakuf.

 26   Mme NOZICA : [aucune interprétation]

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : -- suivante.

 28   M. KOVACIC : [interprétation] Excusez-moi, Messieurs les Juges. Je pensais

Page 2427

  1   que c'était le tour de ma consoeur, Me Alaburic. Je voudrais dire que M.

  2   Praljak a un certain nombre de questions à adresser à ce témoin, compte

  3   tenu de sa connaissance en matière militaire; et nous avons profité de la

  4   présence de ce témoin pour éclaircir certaines questions relatives au

  5   déploiement des forces sur les lignes de front face aux forces serbes. Et

  6   avec votre permission, je voudrais que M. Praljak puisse poser ces

  7   questions au témoin.

  8   Hier, au compte rendu d'audience concernant le 11 janvier 1993, cet

  9   événement qui a été mentionné en page 26, et encore une fois mentionné

 10   aujourd'hui par ma collègue, Me Nozica, il y avait mention de ces

 11   différentes localités, il est question des lignes de défense en pages 40 et

 12   44, et une carte a été versée au numéro de référence IC 00878.

 13   Mme HEDVIG MOE : [interprétation] Excusez-moi. Je ne voudrais pas

 14   interrompre mon confrère, mais juste un point de clarification avec le

 15   compte rendu d'audience avant de reprendre un contre-interrogatoire par une

 16   autre Défense.

 17   Le dernier échange entre Me Nozica et le témoin, page 52, ligne 11, posait

 18   la question de savoir si le témoin avait connaissance d'unités du HVO en

 19   provenance de Bugojno qui seraient venues en aide à l'ABiH à Gornji Vakuf.

 20   Et je me demandais si cela avait été une erreur de traduction ou si c'était

 21   la réponse correcte à cette question, ce qui voudrait dire que le HVO

 22   serait venu en aide à l'ABiH.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, vous pouvez éclaircir ce que

 24   vient de dire Mme le Procureur ou pas ?

 25   Mme HEDVIG MOE : [interprétation] Il y avait une erreur dans le numéro de

 26   page, il me semble. C'était page 57, ligne 12, me semble-t-il.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, pour autant que j'ai

 28   compris la question de Mme Sokolovic, la question était de savoir si les

Page 2428

  1   unités de l'ABiH de la municipalité de Bugojno étaient venues en aide aux

  2   forces de l'ABiH au mois de janvier 1993 à Gornji Vakuf. J'ai confirmé

  3   cela, car nous avions beaucoup d'informations en rapport avec cela. Les

  4   forces de l'ABiH en provenance de Bugojno ont participé activement au mois

  5   de janvier 1993 aux combats qui se déroulaient sur le territoire de la

  6   municipalité de Gornji Vakuf contre les forces du HVO.

  7   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges. Et je remercie

  8   également ma consoeur d'avoir attiré l'attention sur ce qui doit être une

  9   erreur au compte rendu d'audience. Merci beaucoup.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, vous avez la parole puisqu'il

 11   s'agit de questions militaires.

 12   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.

 13   Contre-interrogatoire par l'accusé M. Praljak :

 14   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Batinic.

 15   R.  Bonjour, Mon Général.

 16   Q.  Est-il exact que nous nous connaissons depuis longtemps, depuis la

 17   période de ces événements à Uskoplje ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Dites-nous, s'il vous plaît, avant que nous ne passions aux cartes, que

 20   signifie le mot "Vakuf" ?

 21   R.  Vakuf signifie fondation religieuse ou humanitaire, fondation qui agit

 22   au service de l'Islam ou des Islamistes, pour donner une définition simple.

 23   Q.  Selon vous, est-ce qu'en plus de Gornji Vakuf - et il y avait aussi

 24   Donji Vakuf - est-ce que ce nom représentait une forme d'accord en vue

 25   d'une donation qui correspondait à un accord passé dans la période ottomane

 26   afin d'établir les conditions d'oeuvres religieuses ?

 27   R.  Oui, c'est exact. Il y avait un certain nombre de Vakuf, en Bosnie. Il

 28   y avait Gornji Vakuf, Donji Vakuf, Skender Vakuf, et cetera. Je ne vais pas

Page 2429

  1   tous les énumérer.

  2   Q.  Est-ce qu'à l'époque actuelle, dans cette zone, il existe bien deux

  3   dénominations sur un pied d'égalité, Uskoplje et Gornji Vakuf pour le même

  4   territoire ?

  5   R.  Oui. Le haut représentant pour la Bosnie-Herzégovine a décidé, à partir

  6   du 1er octobre 2001 que le nom officiel de la municipalité soit Gornji

  7   Vakuf-Uskoplje.

  8   Q.  Puisque nous en sommes déjà là, est-ce que cela vaut également pour la

  9   municipalité de Prozor-Rama ?

 10   R.  Oui, c'est exact, à ceci près que la décision concernant Prozor-Rama

 11   est intervenue ultérieurement.

 12   Q.  Puisque nous en sommes à ce type de question, nous pourrions essayer de

 13   clarifier également la chose suivante, s'il vous plaît. Quel est l'aspect

 14   aujourd'hui des armoiries et du drapeau de la Fédération de Bosnie-

 15   Herzégovine ? Est-ce que ces insignes contiennent aujourd'hui encore les

 16   armoiries traditionnelles du peuple croate, à savoir l'échiquier blanc et

 17   rouge ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre quelle est l'apparence du

 20   drapeau de la municipalité de Bosnie centrale où vous vivez ? Est-ce que

 21   là-bas aussi, nous avons les armoiries traditionnelles et historiques du

 22   peuple croate ?

 23   R.  Je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir décrire en détail les

 24   armoiries du comté de Bosnie centrale, mais je sais que ces insignes sont

 25   le résultat d'un accord entre les Croates et les Musulmans, et que cet

 26   accord contient la disposition selon laquelle un symbole doit être présent

 27   indiquant la présence du peuple croate dans la région.

 28   Q.  Je vous remercie. Je voudrais maintenant que nous passions au document

Page 2430

  1   3D 03250.

  2   R.  Pouvez-vous répéter, s'il vous plaît, Mon Général.

  3   Q.  Le 3D 03250. Nous allons trouver ce document, donc ça ne représente pas

  4   de difficulté. C'est le 3D 03250 ou encore

  5   3D 037-0428. C'est le premier document.  Il s'agit d'une vue à partir de

  6   Podova. Est-ce que vous avez trouvé le document ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Nous allons passer en revue cela rapidement puisqu'il s'agit de choses

  9   que vous connaissez. Nous avons ici des photographies qui ont été prises à

 10   partir de ce point qui s'appelle Podova, donc des photos de Voljice, Gaj et

 11   Jagnjid. Est-ce qu'il s'agit ici d'une carte exacte ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Entendu. Passons à la page suivante. C'est le 3D, ensuite à la place de

 14   28, c'est 29, pour la fin de la référence. Il s'agit d'une localité que

 15   vous avez désignée sur la carte comme étant un relais, un relais de

 16   télévision au-dessus de la ville de Gornji Vakuf. Est-ce que vous voyez la

 17   cote correspondante ?

 18   R.  Oui, je la vois.

 19   Q.  Entendu. Et nous avons ici des photographies qui ont été prises cette

 20   année, plus précisément l'été dernier. Il s'agit des restes d'un bunker qui

 21   se trouve toujours sur place, ces restes existent encore aujourd'hui.

 22   Et ma question est la suivante : est-ce qu'avant que n'éclatent les

 23   affrontements en janvier 1993, et selon la connaissance que vous en avez,

 24   les forces de l'ABiH ont procédé à la construction de bunkers sur toutes

 25   les cotes d'importance stratégiques qui se trouvaient autour de Gornji

 26   Vakuf ?

 27   R.  Oui, elles l'ont fait. Si vous pouvez me le permettre, la première fois

 28   que cela s'est produit, c'était le 26 juin 1992, dans l'après-midi.

Page 2431

  1   Q.  Et avez-vous connaissance, Monsieur Batinic --

  2   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi. Monsieur Batinic, il

  3   est assez surprenant que vous puissiez citer une date aussi précise, celle

  4   du 26 juin 1992 [comme interprété] dans l'après-midi. Comment cela se fait-

  5   il ? Avez-vous été directement impliqué dans ces événements ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, le 26 juin 1992, une réunion

  7   s'est tenue à l'hôtel Radusa sous la présidence de M. Muhamed Palalic et de

  8   moi-même, réunion qui s'est terminée vers 14 heures. Lorsque je me suis

  9   rendu à mon domicile pour y déjeuner, j'ai été arrêté devant l'hôtel par

 10   mon propre frère qui m'a montré de la main la direction d'une hauteur qui

 11   s'appelle Zvizde et m'a dit la chose suivante, je cite : "Vous vous

 12   entretenez de la façon la plus normale et la plus courtoise qui soit avec

 13   eux. Mais alors, pourquoi creusent-ils des tranchées et construisent-ils

 14   des bunkers ?"

 15   Le 20 juin 1992, les membres de la TO ont creusé des tranchées sur les

 16   hauteurs de Zvizde, et c'était une position qui faisait face à la ville.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci. Ce qui me frappe ici c'est

 18   que précédemment, dans la réponse que vous avez donnée, qui se trouve en

 19   page 61, ligne 23 du compte rendu d'audience, vous avez dit qu'il

 20   s'agissait du 20 juin 1993.

 21   M. KOVACIC : [interprétation] La Défense n'a pas la traduction.

 22   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi.

 23   M. KOVACIC : [interprétation] D'ailleurs, il y a une erreur dans le compte

 24   rendu d'audience. Le témoin a dit 1992, mais c'est 1993 qui a été consigné.

 25   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Entendu. Bien qu'il n'y ait pas eu

 26   prestation de serment, j'accepte votre témoignage comme étant vrai. Merci.

 27   Il n'était pas mon intention du tout dans mon intervention d'insister. Donc

 28   il s'agit de 1992.

Page 2432

  1   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur Batinic, encore une autre question en liaison avec le

  3   creusement des tranchées. Avez-vous connaissance qu'après le début du

  4   creusement de ces tranchées, il y ait eu des débats à plusieurs reprises,

  5   et cela, de façon particulièrement intense au mois de décembre 1992, entre

  6   le commandement du HVO à Gornji Vakuf et le commandement de l'ABiH à

  7   Uskoplje concernant la nécessité de remblayer ces tranchées et concernant

  8   le fait que l'existence de ces tranchées serait dénuée de sens, d'un point

  9   de vue militaire puisqu'elles ne se trouvaient pas face aux forces serbes ?

 10   R.  Oui, c'est exact. C'est ce qui a résulté de l'incident des 24 et 25

 11   octobre 1992. Et à partir de ce moment-là, les tranchées sont restées en

 12   l'état, elles n'ont pas été remblayées.

 13   Q.  Donc vous êtes d'accord avec ce que vous voyez sur cette carte qui est

 14   sous vos yeux ? Si vous voulez bien vous reporter à ces photographies qui

 15   ont été prises de Gornji Vakuf. Est-ce que vous pouvez confirmer que la

 16   carte est exacte et que les photographies le sont aussi ?

 17   R.  Cette carte correspond bien à la situation sur le terrain. De ma

 18   maison, je vois très bien, c'est à vol d'oiseau à une distance de même pas

 19   300 mètres, que se trouvent donc les restes de ce bunker tels qu'on peut

 20   les voir.

 21   Q.  Je vous remercie. Passez maintenant à la page suivante, s'il vous

 22   plaît. Il s'agit de la page -0430 du même document. Et reportez-vous, s'il

 23   vous plaît, d'abord à la carte militaire. Nous avons trois flèches rouges.

 24   Donc nous sommes maintenant face au relais, et nous avons là des

 25   photographies de la localité appelée Mackovac et des pentes du côté des

 26   pistes de ski.

 27   R.  Oui, cela correspond bien à la réalité.

 28   Q.  Maintenant, si vous pouvez voir sur les photographies les restes des

Page 2433

  1   tranchées. Est-ce qu'au moment du remblaiement de ces tranchées, après

  2   signature de l'accord, est-ce que vous aviez connaissance du nombre de

  3   tranchées qui existaient et de la qualité des travaux qui avaient permis de

  4   creuser ces tranchées ?

  5   R.  J'ai entendu de la part des membres du HVO et de nos propres unités, et

  6   cela après la guerre, que les tranchées en question avaient été très bien

  7   creusées et fortifiées.

  8   Q.  Je vous remercie. Passons à la carte suivante, en référence 3D 370431.

  9   Nous avons de nouveau -- non, ce n'est pas le bon document, c'est le 3D

 10   03250, et la page est la 0431. Je vais simplement vous demander la chose

 11   suivante : est-ce que, selon vous, la présente photographie, celle que nous

 12   voyons en haut, a été prise à partir de la position du relais ? Bien sûr,

 13   on a l'impression que cela se situe un peu plus loin, c'est en raison de la

 14   nature de l'objectif qui a été utilisé. Mais dites-nous, s'il vous plaît,

 15   si ceux qui contrôlaient le relais et les pentes qui s'étendaient à partir

 16   de ce relais avaient également la possibilité de contrôler l'ensemble de la

 17   ville Uskoplje, et notamment les moyens de communication, les voies de

 18   communication qui mènent de Rama jusqu'à Uskoplje et au-delà à Bugojno.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Donc c'est une nouvelle question. Si nous pouvons dire que --

 21   Mme MOE : [interprétation] Je vois qu'il y a un texte qui est sur la carte

 22   à l'écran. En fait, c'est en B/C/S et je ne vois pas de traduction.

 23   Pourrions-nous en donner lecture afin qu'il y ait traduction.

 24   M. KOVACIC : [interprétation] Il y a une traduction, c'est dans le même

 25   dossier. Messieurs les Juges, je profite de m'être déjà levé. Dans la

 26   réponse du témoin, et peut-être à cause d'une erreur au compte rendu

 27   d'audience ou dans la traduction, je pense qu'il faut clarifier quelque

 28   chose, en page 64 dans la réponse du témoin, la réponse n'a pas été

Page 2434

  1   correctement consignée.

  2   Ce que dit le compte rendu, c'est que le témoin a entendu parler de

  3   ces tranchées de la part de membres du HVO et qu'il a entendu dire après la

  4   guerre que ces tranchées avaient été très bien fortifiées. Ce qui est entré

  5   au compte rendu d'audience, c'est que les tranchées auraient été fortifiées

  6   après la guerre, et non pas que le témoin a entendu cela après la guerre.

  7   Est-ce que l'on peut clarifier cela avec le témoin, peut-être.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, vous pouvez faire clarifier.

  9   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Oui, je peux le faire, Monsieur le

 10   Juge.

 11   Q.  Monsieur Batinic, dites-nous, avez-vous eu connaissance que des

 12   pourparlers réguliers et constants avaient lieu et qu'ils se sont

 13   intensifiés au mois de décembre 1992, concernant le fait que l'ABiH avait

 14   creusé des tranchées sur toutes les cotes d'importance stratégique dans la

 15   ville et autour de la ville et sur le fait que le HVO avait demandé que ces

 16   tranchées soient remblayées car elles représentaient une menace pour le

 17   HVO, alors que les lignes de l'ennemi commun se trouvaient à 5 ou 6

 18   kilomètres de distance vers Radusko ?

 19   R.  Oui, Monsieur le Général. J'en ai discuté, et j'ai dit que l'incident

 20   du mois d'octobre, 24 au 25 et au-delà, en 1992, j'entends, il y a eu

 21   beaucoup de tranchées de creusées autour de la ville et les représentants

 22   du Conseil croate de la Défense avaient demandé aux représentants du

 23   commandement de l'ABiH afin que ces tranchées soient bel et bien

 24   remblayées.

 25   Q.  Merci. Je vous demande de vous pencher sur la page d'après, pour suivre

 26   l'ordre qui nous est donné. Vous allez voir l'indication du cimetière des

 27   Partisans. C'est pris comme vue depuis le répéteur, et il s'agit de la

 28   démarcation entre l'ABiH et l'axe allant vers l'ouest. Est-ce que c'est

Page 2435

  1   bien les positions ? Alors, je ne sais pas si vous êtes au courant des

  2   lignes de démarcation, mais est-ce que c'est l'emplacement, le bon

  3   emplacement de ce cimetière des

  4   Partisans ?

  5   R.  Oui, c'est l'emplacement du cimetière des Partisans, ou on appelle ça

  6   Glavica, nous autres, et ça se trouve plus bas par rapport au relais,

  7   station relais.

  8   Q.  Merci. Penchez-vous maintenant sur la page suivante, oui, la photo

  9   suivante. Je précise que ces photos sont prises cette année-ci, l'été passé

 10   justement, et on dit que : "Du haut du répéteur, en direction du cimetière

 11   des Partisans, le long de toute cette pointe, il a été arrangé des abris de

 12   troisième degré et certains ont été même construits en dur avec du béton."

 13   Et il y a eu là des éléments qui sont restés au bout de 16 ans. Donc je

 14   vous pose la question une fois de plus : si vous n'avez pas appris la chose

 15   au moment même, après le cessez-le-feu, avez-vous appris que l'un des

 16   éléments principaux consistait à séparer les forces en présence, de

 17   remblayer les tranchées et les remblais avaient été professionnellement

 18   fort bien aménagés par les soins de l'ABiH ?

 19   R.  Je ne suis pas allé sur ces sites, mais des membres du HVO, après la

 20   cessation des conflits, m'ont dit qu'il y a eu des abris ou des positions

 21   très bien aménagées pour l'ABiH sur les cotes que vous évoquez, et

 22   notamment, les gens ont eu coutume de commenter, bien après la guerre, en

 23   faisant leur travail, les gens qui allaient chasser là-bas l'ont relaté

 24   aussi.

 25   Q.  Monsieur Batinic, penchez-vous sur la photo d'après, je vous prie.

 26   C'est une vue du répéteur depuis le site du cimetière des Partisans et

 27   depuis le site de Vakuf. Est-ce que ça correspond à vos connaissances

 28   géographiques de la ville où vous vivez ? Est-ce bien ainsi que les choses

Page 2436

  1   se présentent ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que vous pouvez voir, d'après vos connaissances géographiques et

  4   topographiques, pour ce qui est donc de dire que ce répéteur contrôle

  5   absolument toute la région d'Uskoplje ?

  6   R.  Oui, absolument.

  7   Q.  Bon. Nous allons parcourir rapidement les choses. Penchez-vous sur la

  8   photo d'après, c'est une photo de la ville. Ça a été pris comme vue l'été

  9   passé de cette année-ci. Pour le moment, j'aimerais que vous nous disiez,

 10   compte tenu du fait que vous connaissez votre ville d'Uskoplje, est-ce que

 11   la photo montre véritablement les choses telles qu'elles se présentent ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Passons à la photo suivante. On voit la station de ski ou Glavica ou,

 14   comme on l'appelait, le cimetière des Partisans. Est-ce que cette photo est

 15   bien annotée ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Merci. Une fois de plus, on voit le téléphérique de ski ?

 18   R.  Oui, c'est bien cela.

 19   Q.  Sur la photo d'après, on voit quelle est l'altitude de ce cimetière des

 20   Partisans vis-à-vis d'Uskoplje; est-ce que c'est bien comme cela que ça se

 21   présente ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Maintenant, on en vient aux photos où vous êtes à même de témoigner de

 24   façon indirecte. Ce sont les restes des bunkers qu'on avait construits là-

 25   bas, et on voit que c'est fortifié avec des éléments en béton, et cetera.

 26   Est-ce qu'on peut montrer la photo 1, la 2, la 3, 4. Il faut qu'on donne

 27   les numéros. Un instant, je vous prie. Penchons-nous donc sur ces photos,

 28   numéro, le même document,

Page 2437

  1   3D 37-439. Le voyez-vous ?

  2   R.  Oui, je vois.

  3   Q.  Non, non, ce n'est pas la bonne.

  4   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] J'ai une question ici.

  5   Monsieur le Témoin, avez-vous déjà vu cet endroit ? Est-ce que vous vous y

  6   êtes rendu ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai dit, Monsieur le Juge, que la

  8   première tranchée qui a constitué une fortification près du répéteur, je

  9   peux voir ça depuis chez moi, à tous les jours. Les autres, je ne les ai

 10   pas vus parce que je ne les ai jamais inspectés. Jamais.

 11   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vois des parpaings, des

 12   parpaings, ça pourrait être des parpaings qui, auparavant, formaient un

 13   mur, je ne sais pas. Comment pouvez-vous dire que c'était un bunker ? Cela

 14   ne pourrait pas être tout simplement les ruines d'une maison, par exemple ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, c'est à 200 ou 250 mètres en

 16   dessous de ce bunker que se trouvaient mes positions au début des conflits

 17   de janvier, J'étais là-bas en qualité de membre du HVO. Je sais très bien

 18   comment ils ont tiré depuis cet endroit où se trouvait, en effet, le

 19   répéteur. Mais dans le cadre de ce dernier, ils avaient construit une place

 20   forte en dur, et c'est pour cela que je le sais.

 21   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez

 22   poursuivre, Monsieur Praljak.

 23   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Juge Trechsel, on aura des

 24   témoins sur ce sujet-là, des témoins qui l'ont vu, et à côté du répéteur,

 25   on ne saurait construire ni des murs ni des maisons. Donc je pose des

 26   questions pour ce qui est de ses connaissances à lui. Alors je voudrais que

 27   ces photos soient montrées, et vous l'avez vue, celle-ci.

 28   Q.  On passe à la suivante, le 0440. 440. Photo suivante, s'il vous plaît.

Page 2438

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2439

  1   Je vais sauter les autres photos. Point n'est nécessaire de vous fatiguer

  2   avec. S'agissant de ces photos, on s'arrête là.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Une petite question de nature technique. L'image que

  4   l'on voit, qui est, d'après M. Praljak, un ancien blockhaus, je suis

  5   surpris de ne pas voir des armatures métalliques. Un blockhaus,

  6   normalement, il y a des armatures métalliques. Comment vous expliquez qu'il

  7   n'y en a pas ? Ou à l'époque, il n'y avait pas d'armatures métalliques.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, le général a dit que cette

  9   photo a été prise l'an passé, donc quatorze ans et demi après le conflit

 10   qui est survenu à Gornji Vakuf. Sur ce site, ce que je peux vous dire c'est

 11   qu'il y avait un relais de diffusion de télévision où on avait monté des

 12   équipements pour suivre le signal de diffusion télévisée de Bosnie-

 13   Herzégovine.

 14   Après les combats, après que le HVO ait fini par maîtriser ces cotes, le

 15   répéteur, lui, a été abattu et les restes du fer ont été emportés parce que

 16   le fer pouvait être revendu au fil de ces 14 ans.

 17   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Juge Antonetti, on voit là

 18   sur la partie plate des éléments de construction métalliques.

 19   Mais j'aimerais qu'on vous montre la toute dernière des photos, 0445.

 20   Q.  Penchez-vous en contrebas pour voir la route. Est-ce qu'en premier plan

 21   vous voyez ? Enfin, ça n'a pas été fait comme photo l'an passé, mais cet

 22   été-ci. Alors est-ce que vous voyez les restes d'un blockhaus qui surplombe

 23   une voie de communication ? C'était sur le site du relais. La voyez-vous,

 24   la route ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que depuis un blockhaus de ce type on peut contrôler la voie de

 27   communication entre Rama et Uskoplje ?

 28   R.  Oui, parce que ça fait moins de 300 mètres à vol d'oiseau.

Page 2440

  1   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Juge, je voudrais

  2   maintenant qu'on attribue un numéro IC à ces photos. 3D, non. Excusez-moi.

  3   Je voudrais qu'on passe maintenant sous les yeux de M. Batinic une carte

  4   qui porte la référence 3D 00464. 3D 00464.

  5   Q.  Je regrette, Monsieur Batinic, qu'on n'ait pas assez de temps, et on a

  6   du mal à voir. J'ai cette carte -- si, vous l'avez. Oui, vous l'avez.

  7   Penchez-vous dessus. Vous n'avez, bien sûr, pas fait partie du commandement

  8   de la brigade. Vous n'avez pas été au commandement de la zone

  9   opérationnelle. Vous ne pouvez pas savoir jusqu'au bout, et je ne vous le

 10   demande pas. Sur cette carte ici, en noir, on voit les lignes de

 11   délimitation, à savoir les positions de l'ABiH et du HVO vis-à-vis de

 12   l'armée de la Republika Srpska. Appelons-la comme vous voulez. Ce sont les

 13   petits cercles.

 14   Est-ce que cela correspond à la réalité des faits, c'est face à Bugojno en

 15   direction d'Uskoplje et Rama ?

 16   R.  Je ne m'y connais pas en cartes topographiques, mais si cela est la

 17   ligne de la défense sur le mont Radusa entre Idovac, en passant par la

 18   municipalité de Rama et Raduski Kamen et en direction de Bugojno, alors

 19   oui.

 20   Q.  C'est dit ici. On ne va pas perdre notre temps. On voit Raduski Kamen

 21   et ces autres sites. C'est bien cela. Penchez-vous sur la carte qui montre

 22   maintenant la ligne de contact entre le HVO et l'ABiH à Uskoplje et autour

 23   d'Uskoplje une fois que le conflit a démarré, a commencé. D'après ce que

 24   vous en savez, est-ce que c'est, d'après les villages que vous

 25   reconnaissez, est-ce que c'est comme ça à peu près que cela se situait ?

 26   C'est la ligne de conflit une fois que le conflit a commencé ? En vert

 27   c'est l'ABiH, et en rouge c'est le HVO.

 28   R.  Mon Général, je m'excuse, mais je ne vois pas ici les noms des

Page 2441

  1   toponymes, les toponymes des localités.

  2   Q.  Oui, justement, il faudrait avoir une loupe. Malheureusement, je n'en

  3   ai pas apporté.

  4   Mais à peu près, il vous est donné de voir la partie autour du répéteur et

  5   la continuation. Est-ce que sur les pentes autour du répéteur, l'ABiH avait

  6   déjà eu des positions fortifiées, d'après vos connaissances à vous ?

  7   R.  A partir du début de ce monticule, comment l'appeler, de cette hauteur

  8   où se trouvait le répéteur, Rama ou Pidris, oui, c'est bien le cas.

  9   Q.  Dites-moi autre chose : saviez-vous si là-bas vers la route qui mène de

 10   Bugojno à Travnik il y avait un camp de Moudjahiddines ? Est-ce qu'on en a

 11   parlé ? Est-ce que vous avez eu des informations à ce sujet ?

 12   R.  Malheureusement, d'après les informations qui ont été les miennes, à

 13   savoir au moment où le HVO a perdu Bugojno et lorsqu'il a perdu Bugojno, à

 14   Ravno Rostovo, un site entre Bugojno et Novi Travnik, il y avait un motel

 15   où l'on a stationné des Moudjahiddines, et d'après certaines informations,

 16   il s'est produit là-bas des choses plutôt étranges.

 17   Q.  Vous souvenez-vous peut-être du fait qu'ils auraient capturé à un

 18   moment -- excusez-moi.

 19   Mme HEDVIG MOE : [interprétation] J'aimerais qu'on ait des dates plus

 20   précises, à la fois pour la question et pour la réponse portant sur les

 21   Moudjahiddines, s'il vous plaît.

 22   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

 23   Q.  Première question : est-ce que vous saviez que lors des conflits au

 24   mois de janvier, entre l'ABiH et le HVO à Uskoplje, sur Ravno Rostovo, est-

 25   ce qu'au motel il y avait un campement de Moudjahiddines ?

 26   R.  C'est ce que j'ai ouï-dire, oui.

 27   Q.  J'ai dit en janvier 1993, au moment des conflits. Ne m'interromps pas.

 28   Saviez-vous par quelque hasard qu'à ce même endroit, lorsqu'il est allé

Page 2442

  1   s'entretenir avec des représentants de l'ABiH, il y a eu désarmement d'une

  2   délégation militaire avec l'adjoint du commandant de l'état-major, le

  3   colonel Andric [phon] ? On les a pillés et déshabillés, on les a mis à nu

  4   et ils ont continué à nu pour aller jusqu'à Bugojno. En avez-vous entendu

  5   parler ?

  6   R.  J'en ai entendu parler par la suite, mais à l'époque je ne l'ai pas su.

  7   Q.  Merci.

  8   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais avoir une cote IC -- non,

  9   c'est un 3D, alors ce n'est pas nécessaire.

 10   Q.  Quelques questions encore. Dites-moi ce qui suit : les pilonnages des

 11   Serbes, est-ce que cela s'est produit même avant les conflits entre l'ABiH

 12   et le HVO en janvier 1993 ?

 13   R.  Oui. Ils ont commencé à pilonner notre municipalité le 15 août 1992,

 14   avec les huit premiers obus pour nous souhaiter une bonne journée de la

 15   Sainte Vierge.

 16   Q.  Donc ils ont commencé déjà en 1992 ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce qu'ils ont également tué des civils ? Est-ce qu'ils ont, pendant

 19   plusieurs jours, mis hors d'état de servir les installations électriques ?

 20   R.  Oui. Il y a eu bien des victimes de ces tirs d'artillerie des Serbes à

 21   partir du 15 août 1992 et au-delà. Leurs obus, au début de ce conflit de

 22   janvier 1993, entre le HVO et --

 23   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Arrêtez-vous, s'il vous plaît. Nous

 24   devons revenir en arrière, puisque je pense que M. Praljak devrait répéter

 25   sa question parce qu'il y a eu un arrêt dans l'interprétation. Veuillez,

 26   s'il vous plaît, répéter votre question parce que l'interprétation en

 27   anglais s'est arrêtée à un moment.

 28   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

Page 2443

  1   Q.  Monsieur Batinic, ma question était la suivante : Les forces serbes,

  2   les Chetniks, lorsqu'ils ont commencé à pilonner Uskoplje -- d'abord,

  3   dites-nous, est-ce qu'ils l'ont fait ? Dites-nous, quand est-ce qu'ils

  4   l'ont fait. Est-ce qu'à l'occasion de ces pilonnages il y a eu des victimes

  5   civiles ? Est-ce qu'il y a eu destruction notamment d'installations

  6   d'acheminement de

  7   l'électricité ? Dites-nous ce que vous en savez.

  8   R.  Le 15 août 1992, dans la soirée, il est tombé les premiers ou huit

  9   premiers obus tirés par les forces serbes depuis Kupres. Nos soldats

 10   disaient cela, le petit et le grand nord. Ils ont tombé sur une autre

 11   partie du territoire, ces obus, pour nous souhaiter bonne fête de la Sainte

 12   Vierge. C'est à partir du 15 août et au-delà qu'à des intervalles plutôt

 13   irréguliers qu'ils avaient coutume de tirer 12 à 40 obus par jour en

 14   direction du territoire de la municipalité de Gornji Vakuf.

 15   Au mois de janvier, lorsque le conflit a éclaté entre l'ABiH et le HVO, les

 16   Serbes ont eu coutume de pilonner plus fréquemment ce territoire. Vers le

 17   tout début de ce conflit, plusieurs projectiles ont complètement détruit le

 18   poste d'approvisionnement en énergie électrique de toute la municipalité de

 19   Gornji Vakuf.

 20   A partir du 20 janvier 1993, nous n'avons plus eu d'électricité sur le

 21   territoire entier de la municipalité de Gornji Vakuf.

 22   Q.  Merci, Monsieur Batinic. Vous nous avez dit que d'après vos

 23   informations et vos connaissances, au conflit du mois de janvier, le 22

 24   janvier, le HVO a maîtrisé les hauteurs que l'ABiH avait prises au départ

 25   et il n'y a plus eu d'attaque sur la ville par la suite; est-ce bien exact

 26   ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Merci. J'en viens à la fin. Nous allons revenir au mois de juillet

Page 2444

  1   1993.

  2   Est-il exact de dire que dès la deuxième moitié du mois de juillet 1993, ce

  3   qui revient à dire à partir du 15 et au-delà, l'ABiH s'est attaquée au HVO

  4   à Bugojno ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  D'après vos informations, combien de civils de Bugojno et combien de

  7   soldats du HVO est-il passé par Uskoplje pour aller vers Rama vers le 23,

  8   24, 25 juillet 1993 ?

  9   R.  Plusieurs milliers.

 10   Q.  Monsieur, dites-nous, je vous prie, si l'ABiH a continué son avancée

 11   vers Uskoplje à ce moment-là ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Puis Pavic Polje, et plus loin, dans le souhait de déboucher sur

 14   Makljen et continuer au-delà.

 15   D'après vos informations, était-ce une activité de combat extrêmement

 16   marquée dans la région ?

 17   R.  Oui. S'agissant de nous autres, le HVO je veux dire, on a perdu Bugojno

 18   le 20 juillet 1993, et depuis cette date et au-delà, les forces de l'ABiH

 19   se sont efforcées de s'emparer des territoires, des régions où il y avait

 20   eu des Croates à y résider en majorité précédemment.

 21   Q.  Quand nous disons le 20 juin -- dites-nous la date.

 22   R.  Le 26 juillet 1993.

 23   Q.  C'est bien. C'est cela. Revenons maintenant au 31 et au 1er.

 24   Est-ce que dans cette nuit il y a eu rupture complète de toutes les lignes

 25   du HVO dans la ville de Vakuf ou Uskoplje et autour ?

 26   R.  Quatre-vingt pour cent des lignes de la défense du HVO dans cette nuit-

 27   là, d'après mes souvenirs, du 30 et 31 juillet au 1er août, ont été perdues

 28   pour nous.

Page 2445

  1   Q.  Est-il exact de dire alors, que la population et l'armée ont commencé

  2   de façon massive à se replier vers Rama ?

  3   R.  Malheureusement, c'est bien vrai.

  4   Q.  Savez-vous que bon nombre de Croates ont incendié leur propre maison et

  5   abattu leur propre bétail en quittant la région ?

  6   R.  Oui, c'est exact.

  7   Q.  Saviez-vous que j'étais là-bas dans la région à l'époque ?

  8   R.  Nous nous sommes vus dans la ville, Mon Général, le 1er août, en ville.

  9   Q.  Le 1er août, avons-nous réussi à récupérer toutes les lignes ?

 10   R.  Exact.

 11   Q.  Est-ce que c'est pour me vanter que c'est sur un char dans le sens

 12   opposé que j'ai conduit ma force ?

 13   R.  Oui, depuis Pidris.

 14   Q.  Il faut que les choses soient clairement dites. Les Croates, et

 15   notamment les croyants, parce que tous les Croates ne sont pas croyants,

 16   quand on dit "la Sainte Vierge," qu'est-ce que cela signifie ?

 17   R.  La population catholique croate en Bosnie et ailleurs dans le monde a

 18   plusieurs fêtes religieuses qui sont considérées comme étant les plus

 19   grandes des fêtes; Noël, Pâques et la Sainte Vierge. Ce sont les trois

 20   grandes fêtes, l'Assomption.

 21   Q.  Ma dernière question. Deux choses : on pourrait rediffuser par ce

 22   répéteur le signal de TV Sarajevo 1 et TV Sarajevo 2.

 23   R.  Exact.

 24   Q.  Est-ce que le HVO avait demandé qu'une partie des capacités, la partie

 25   qui retransmettait TV Sarajevo 2, qui n'était plus diffusée, qui n'était

 26   plus en état de marche, on avait voulu rediffuser le programme de TV Zagreb

 27   ?

 28   R.  Oui, et c'est dans ce sens que notre assemblée municipale a adopté des

Page 2446

  1   conclusions.

  2   Q.  Monsieur Batinic, je vous remercie.

  3   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Messieurs les Juges, merci. C'est la

  4   fin de mon contre-interrogatoire.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci, Monsieur Praljak. Il est l'heure de

  6   faire la pause. Nous allons faire la pause de 20 minutes. Oui, Monsieur

  7   Scott, vous étiez debout.

  8   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera rapide. Je tiens

  9   à dire que je ne prends le temps de personne pour dire ça. Néanmoins, je

 10   fais toujours la même objection, objection régulière de l'Accusation et

 11   observation régulière de l'Accusation. J'attends vraiment le jour où on va

 12   pouvoir m'expliquer en quoi ceci consiste, en quoi ceci a été un contre-

 13   interrogatoire. Nous continuons à soulever des objections pour ce qui est

 14   de cette procédure.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous faisons la pause 20 minutes.

 16   --- L'audience est suspendue à 12 heures 36.

 17   --- L'audience est reprise à 12 heures 57.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Karnavas.

 19   M. KARNAVAS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 20   J'ai juste un problème technique que j'aimerais résoudre immédiatement

 21   avant de perdre le fil de tout cela. Aujourd'hui, nous avons présenté une

 22   liste modifiée de pièces IC pour le témoin Zelenika, nous avons ajouté la

 23   pièce IC 00863. Je tiens juste à vous le faire savoir pour des raisons

 24   techniques.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Maître Alaburic.

 26   Mme ALABURIC : [interprétation] J'ai un peu la même chose à dire. Pour ce

 27   qui est de la Défense Petkovic, nous avons présenté un ajout à la liste des

 28   pièces qui ont été montrées au témoin Mirko Zelenika. Il y a un document

Page 2447

  1   concernant une carte, numéro IC 0862. Je vous remercie. Et si vous me

  2   permettez, je vais immédiatement procéder au contre-interrogatoire, puisque

  3   c'est mon tour. Je tiens tout d'abord à souhaiter la bienvenue à tout le

  4   monde dans cette --

  5   Contre-interrogatoire par Mme Alaburic :

  6   Q.  [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pour ce qui est de la liste soumise par

  9   l'équipe de la Défense Prlic, elle recevra la cote

 10   IC 00879, et la liste supplémentaire présentée par la Défense Petkovic

 11   recevra la cote IC 00880. Je vous remercie.

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Je vous remercie.

 13   Q.  Je suis Vesna Alaburic, Monsieur le Témoin. Je suis avocate à Zagreb,

 14   et je défends les intérêts du général Petkovic en l'espèce.

 15   Pourriez-vous tout d'abord nous dire si nous nous connaissons, si nous nous

 16   sommes déjà entretenus, et leur dire si j'ai participé au récolement dans

 17   le cadre de votre déposition ?

 18   R.  Je ne vous connaissais pas auparavant, Madame Alaburic.

 19   Q.  Très bien. Monsieur Batinic, pourriez-vous clarifier quelque chose en

 20   ce qui nous concerne, il y a quelque chose qui, à mon avis, n'a pas été

 21   vraiment éclairci lors des séances précédentes. Vous avez répondu à une

 22   question posée par mon collègue Me Karnavas à propos du démantèlement des

 23   points de contrôle dans les villages, et le Juge Trechsel vous a posé une

 24   question à ce propos et vous a demandé pourquoi ces points de contrôle

 25   avaient été supprimés dans les villages. Et votre réponse était la

 26   suivante, vous avez dit que c'était pour que les gens puissent se déplacer

 27   sans entrave dans la région de Gornji Vakuf, et vous avez dit qu'il devait

 28   rester trois points de contrôle à l'entrée de Gornji Vakuf. C'est ce qui a

Page 2448

  1   été noté à la page 11 du compte rendu. Vous vous en souvenez ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Mais il reste quelque chose qui n'est pas clair, à mon avis. Si ces

  4   points de contrôle dans les villages ont bel et bien été supprimés pour que

  5   les gens puissent se déplacer sans entrave dans la région de Gornji Vakuf,

  6   quel était l'objectif de ces trois points de contrôle qui restaient à

  7   l'entrée de Gornji Vakuf ? On pourrait en tirer la conclusion que ces

  8   points de contrôle sont restés, en fait, pour empêcher les gens de se

  9   déplacer sans entrave ou que ces points de contrôle sont restés là pour des

 10   motifs de sécurité. Pourriez-vous nous dire exactement quel était le but de

 11   ces points de contrôle ?

 12   R.  C'est très simple. Avant qu'il y ait des incidents à Gornji Vakuf, le

 13   HVO et la TO - leurs forces armées, en fait - avaient des points de

 14   contrôle conjoints aux points d'entrée, aux routes qui donnaient accès à la

 15   ville de Gornji Vakuf. Il y avait un point de contrôle venant de Bugojno

 16   sur Gornji Vakuf qui se trouvait dans le hameau de Humac, qui se trouve à

 17   environ 10 kilomètres de la ville même de Gornji Vakuf. Pour ce qui est du

 18   point de contrôle qui se trouvait en direction de Novi Travnik, sur la

 19   route de Novi Travnik -- était à l'entrée -- c'était dans le hameau de

 20   Bistrica, et là on contrôlait l'entrée depuis les gorges de la rivière

 21   Bistrik; et le point de contrôle en direction de Prozor, à l'entrée de

 22   Gornji Vakuf, était là aussi tenu par les deux armées.

 23   L'ordre était de supprimer tous les points de contrôle qui se trouvaient à

 24   l'intérieur des hameaux de Gornji Vakuf, où il y avait des hameaux à

 25   majorité musulmane et un hameau à majorité croate. C'est ceux-là qu'on a

 26   supprimés, mais les trois grands points de contrôle, qui étaient utilisés

 27   pour contrôler l'accès à la ville et la sortie de la ville de toute

 28   personne voulant rentrer ou sortir de la région, ceux-là sont restés.

Page 2449

  1   C'était aussi pour éviter que les conscrits ne quittent la municipalité;

  2   s'ils n'avaient pas leurs certificats, soit de la TO, soit du HVO, soit

  3   d'un poste de sécurité publique, ils ne pouvaient pas sortir.

  4   Q.  Très bien. Ces trois points de contrôle principaux étaient tenus par

  5   des soldats de la HVO et de l'ABiH, est-ce qu'il y avait discrimination

  6   envers les Musulmans et les Croates, selon la personne qui tenait le point

  7   de contrôle ?

  8   R.  Non, pas du tout. Ils se comportaient de façon parfaitement similaire.

  9   Ils traitaient tout le monde de façon identique.

 10   Q.  Vous avez parlé de conscrits militaires, et nous avons vu un document à

 11   propos de ces conscrits. J'ai une question à vous poser. Vous connaissez

 12   peut-être la réponse, je n'en suis pas sûre.

 13   Est-ce qu'à Gornji Vakuf il y avait une liste de tous les conscrits

 14   militaires de tous les hommes en âge de porter les armes, quelle que soit

 15   leur origine ethnique; avant la guerre, quels types de registres y avait-il

 16   à Gornji Vakuf ?

 17   R.  On avait un seul registre de toutes personnes en âge de porter des

 18   armes, de conscrits militaires. Le secrétaire de la Défense nationale était

 19   chargé de tenir à jour ces fichiers. La liste des conscrits militaires

 20   reconnus par le QG opérationnel du peuple croate, fondé par décision de la

 21   cellule de Crise du HDZ pour la municipalité de Gornji Vakuf, avait sa

 22   propre liste de conscrits, mais Croates, pour ce qui est du SDA, ils

 23   avaient leur propre liste aussi. C'est la Ligue patriotique surtout qui

 24   avait cette liste.

 25   Q.  Revenons-en maintenant à cette fameuse route. Gornji Vakuf était-elle

 26   une ville qui était un nœud de communication important, ou alors est-ce

 27   que, pour ce qui est des communications, Gornji Vakuf avait une importance

 28   quelconque ?

Page 2450

  1   R.  Tout dépend de quel point de vue on se pose. Pour nous, c'était une

  2   voie extrêmement importante, depuis Gornji Vakuf on pouvait aller en Bosnie

  3   centrale ou on pouvait aller vers le sud, vers l'Herzégovine. Donc c'était

  4   un nœud de communication, la route Bugojno-Gornji Vakuf-Prozor, qui se

  5   poursuit sur Jablanica et Mostar, et qui dans l'autre direction va vers

  6   Travnik, était importante.

  7   Q.  J'aimerais vous montrer un passage de la déclaration d'un témoin qui

  8   était un soldat britannique dans une unité de la FORPRONU déployée à Gornji

  9   Vakuf. Page 8 468 du compte rendu, voici ce qu'il dit : "Celui qui contrôle

 10   Gornji Vakuf contrôle toutes les marches allant vers cette partie de la

 11   Bosnie."

 12   Est-ce que vous êtes d'accord avec cette déclaration ?

 13   R.  Non. Cela dit, vu du sud, quand on est en Herzégovine et qu'on regarde

 14   vers la Bosnie, c'est vrai que cette région de Gornji Vakuf se trouve en

 15   Bosnie géographiquement, alors que la municipalité voisine qui est Rama est

 16   déjà en Herzégovine.

 17   Q.  Très bien, quand on va de Mostar vers Bugojno, est-ce qu'on peut

 18   emprunter une autre route que celle qui passe par Gornji Vakuf ?

 19   R.  Oui, on peut passer par Kupres, mais à l'époque Kupres était occupée.

 20   Q.  On parle de ce qui était possible à l'époque. Après l'occupation de

 21   Kupres, est-ce qu'on pouvait atteindre Bugojno sans passer par Gornji Vakuf

 22   ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Et Novi Travnik et Travnik, pouvait-on aller de Mostar à ces deux

 25   localités sans passer par Gornji Vakuf ?

 26   R.  A ma connaissance, non.

 27   Q.  Très bien. Vous êtes du cru, vous connaissez Gornji Vakuf. Je tiens à

 28   vous lire ce qu'a dit ce soldat britannique, répondant à une question du

Page 2451

  1   Juge Antonetti sur la possibilité de contrôler un certaines régions

  2   uniques, même si le HVO avait contrôlé la route de Gornji Vakuf vers

  3   Bugojno ou Prozor, ce n'était pas suffisamment important à moins de

  4   contrôler les municipalités qui étaient sur le long de la route, Uzricje,

  5   Rasta [phon] et Zdrimci, parce que les troupes qui se trouvaient dans ces

  6   villages étaient en communication visuelle avec la route et pouvaient donc

  7   empêcher tout mouvement sur cette route. Je répète le nom des villages que

  8   l'on trouve au compte rendu. Uzricje, Uzricje donc, Hrasnica et Zdrimci,

  9   page 8 474 du compte rendu.

 10   Monsieur le Témoin, à votre connaissance, vous connaissez bien le terrain

 11   là-bas, est-ce que ce que dit ce soldat est vrai ou pas ?

 12   R.  C'est plus ou moins vrai.

 13   Q.  Q'est-ce qui est plus vrai ou moins vrai ?

 14   R.  Uzricje est au moins à 1 kilomètre de la route qui va de Gornji Vakuf à

 15   Bugojno ou de Gornji Vakuf à Prozor. Hrasnica s'adosse sur la route Vakuf-

 16   Bugojno, et Zdrimci est au moins à 500 mètres de la route, il va de Gornji

 17   Vakuf à Prozor. Je tiens à faire remarquer que depuis Zdrimci, on pouvait

 18   contrôler la route quand on tenait la cote Babek [phon].

 19   Q.  Oui, on sait très bien que ces villages ne sont pas sur la route, ils

 20   sont --

 21   R.  Non. Cette route ne pouvait pas être contrôlée depuis Uzricje d'aucune

 22   façon.

 23   Q.  Et y avait-il une autre route importante qui pouvait être contrôlée

 24   depuis Uzricje ?

 25   R.  Oui. Du côté croate de Gornji Vakuf, il y a un sentier forestier qui

 26   passe par Uzricje et qui va vers Mackovac ou Pidris.

 27   Q.  Ce sentier forestier était-il important pour aller de Prozor à Gornji

 28   Vakuf si l'ABiH voulait éviter la communication entre Mackovac vers Gornji

Page 2452

  1 

 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

 13  pagination anglaise et la pagination française.

 14 

 15 

 16 

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28  

Page 2453

  1   Vakuf et Bugojno ? En un mot, est-ce qu'on pouvait utiliser ce sentier pour

  2   aller à Gornji Vakuf ?

  3   R.  Si la route Prozor-Vakuf est bloquée, la seule façon d'aller de

  4   Mackovac à Pidris, ce serait d'emprunter ce sentier qui passe par Uzricje.

  5   Q.  Très bien. C'était la réponse à laquelle je m'attendais.

  6   Pourrions-nous maintenant nous pencher sur ce qui s'est passé le 20 juin

  7   1992. Lorsqu'il y a eu le premier conflit, vous avez parlé à l'envi de ce

  8   conflit qui a eu lieu au mois de juin 1992. Nous avons vu un grand nombre

  9   de documents datant de cette période quand la présidence de Gornji Vakuf a

 10   donné des ordre à la fois au HVO et à la TO. Vous souvenez-vous de ces

 11   documents et des discussions à ce propos ?

 12   R.  Oui, tout à fait.

 13   Q.  Ne peut-on pas en déduire que ces documents montrent qu'en 1992 le HVO

 14   coopérait totalement avec l'ABiH et qu'ils fonctionnaient comme les forces

 15   armées conjointes de Bosnie-Herzégovine, si on peut le dire ainsi, ou

 16   pourrait-on interpréter ces documents

 17   différemment ?

 18   R.  Non, impossible. Le HVO et la TO -- ou plutôt, les bras armés de ces

 19   deux composantes fonctionnaient de façon parfaitement coordonnée le long

 20   des lignes de défense contre l'agresseur serbe, et la coopération était

 21   excellente.

 22   Q.  Très bien. Voyons si cette situation était locale ou si elle peut être

 23   extrapolée au reste de cette partie de la Bosnie-Herzégovine. S'il vous

 24   plaît, nous allons regarder le document 4D 397. C'est un document qui a

 25   déjà été versé au dossier. Il s'agit d'une lettre écrite par le général

 26   Milivoj Petkovic le 20 juin 1992, envoyée à l'état-major municipal de

 27   Gornji Vakuf. Vous avez le document ?

 28   R.  Oui, tout à fait.

Page 2454

  1   Q.  C'est un document très court. Le général Petkovic dit à la première

  2   ligne que la TO et le HVO sont des composantes des forces armées de la

  3   Bosnie-Herzégovine. C'est écrit au premier paragraphe.

  4   Monsieur Batinic, pourriez-vous nous donner votre opinion à ce propos ?

  5   Est-ce que ceci correspond à ce que l'on a vu dans les documents émanant de

  6   la présidence de Gornji Vakuf qui, bien sûr, traitent aussi bien de la TO

  7   que du HVO ?

  8   R.  La cellule de Crise de Gornji Vakuf ainsi que la présidence de la

  9   municipalité de Gornji Vakuf considéraient que le HVO tout comme la TO

 10   faisaient partie des forces de défense parfaitement légitimes qui étaient

 11   tout à fait identiques et sur un même pied. Et à la présidence de la

 12   municipalité de Gornji Vakuf, nous avons nommé à la présidence le

 13   commandant des forces armées à la fois du HVO et de la TO, et je tiens à

 14   dire au passage qu'ils ont participé régulièrement à nos réunions. Parfois,

 15   bien sûr, ils nous envoyaient un de leurs adjoints et ils rendaient compte

 16   aussi assez régulièrement à cette entité de ce qui se passait sur le

 17   terrain, du comportement de l'agresseur, et cetera, et cetera.

 18   Q.  Sur la base de ces documents et de votre déclaration, on pourrait avoir

 19   l'impression qu'à Gornji Vakuf vous avez établi un commandement conjoint ou

 20   quelque chose de la sorte. Est-ce qu'on peut déduire cela, oui ou non ?

 21   R.  Non, on ne peut pas dire qu'il y avait un commandement conjoint. Cela

 22   dit, on peut dire qu'ils avaient les activités coordonnées quand même entre

 23   les deux commandements; commandement de la TO d'un côté, commandement du

 24   HVO de l'autre. La coordination était tout à fait excellente entre ces deux

 25   branches.

 26   Q.  Très bien. Quand on vient à la dernière phrase de ce document qui nous

 27   vient du général Petkovic à l'époque, on voit qu'il y a un appel, appel

 28   pour lutter ensemble contre l'ennemi commun, c'est-à-dire les Serbes de

Page 2455

  1   Bosnie. Est-ce que c'est bien ce qui se passait à Gornji Vakuf ?

  2   R.  Oui, oui. Les forces armées de la TO avaient abandonné leur ligne de

  3   défense en face du front serbe sur le mont Radusa.

  4   Q.  J'ai quelques questions à vous poser à propos du conflit qui ensuite a

  5   eu lieu en octobre 1992, le deuxième conflit dont vous nous avez parlé.

  6   J'ai deux documents à vous présenter à ce propos. Le premier est le P 633.

  7   C'est encore une lettre signée du général Petkovic, qui est maintenant chef

  8   de l'état-major général du HVO, envoyée, entre autres, à Gornji Vakuf

  9   demandant, exigeant des commandants qu'ils fassent tout ce qui est en leur

 10   mesure pour calmer les choses.

 11   Ensuite, document suivant, le P 644 en date du 24 octobre, la teneur est à

 12   peu près identique, il s'agit d'un ordre demandant que l'on établisse

 13   contact avec l'autre partie du conflit pour obtenir une cessation des

 14   hostilités.

 15   Monsieur Batinic, vous n'avez jamais vu ces ordres, n'est-ce pas ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Savez-vous qui est le général Petkovic, qui il était ?

 18   R.  Si je me souviens bien, c'était le commandant du HVO en Bosnie-

 19   Herzégovine à l'époque.

 20   Q.  Le connaissiez-vous à l'époque, en juin ou en octobre

 21   1992 ?

 22   R.  J'avais entendu parler de lui, mais je ne l'avais jamais rencontré.

 23   Q.  Ces ordres demandant à ce qu'on calme les choses, à ce qu'on obtienne

 24   une cessation des hostilités, est-ce qu'ils correspondent bien à ce qui se

 25   passait sur le terrain à Gornji Vakuf à l'époque, c'est-à-dire le fait que

 26   les commandants locaux essayaient de calmer le jeu, si je peux dire, et de

 27   réduire les tensions ?

 28   R.  Absolument. A Gornji Vakuf, on a fait tout ce qui était en notre

Page 2456

  1   possible pour éviter le conflit.

  2   Q.  Très bien. Les commandants de la TO et du HVO, est-ce qu'ils

  3   parcouraient la ville ensemble parfois, pour que les gens savent bien

  4   qu'ils étaient ensemble, qu'ils essayaient de maîtriser la situation

  5   ensemble et pour rassurer la population, peut-être ?

  6   R.  Non, les deux commandants des forces armées ne se promenaient pas

  7   ensemble, mais il pouvait y avoir un groupe, un groupe allant jusqu'à 50

  8   hommes, où il y avait autant de Croates que de Musulmans, enfin les élites

  9   de Gornji Vakuf, comprenant, bien sûr, les commandants du HVO et du TO. On

 10   a fait une marche de la paix avec ce groupe dans Gornji Vakuf. On voulait

 11   essayer de ramener la paix à Gornji Vakuf, pour que les gens voient qu'on

 12   était ensemble, que tout allait bien et que rien ne pouvait arriver,

 13   certainement pas un conflit.

 14   Q.  Pouvez-vous nous dire quand il y a eu cette marche de la paix ?

 15   R.  Si je me souviens bien, c'était dans la soirée du 24 octobre 1992.

 16   Q.  Je vais maintenant vous poser quelques courtes questions, Monsieur

 17   Batinic, concernant les drapeaux. Vous en avez déjà parlé. Si j'ai bien

 18   compris ce que vous avez dit, il était coutumier que chez les Croates le

 19   drapeau croate soit hissé au moment des faits. Ai-je bien compris ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Dites-nous, s'il vous plaît, si cette tradition existait déjà avant

 22   1992 ?

 23   R.  Après les premières élections multipartites, cela pouvait se faire

 24   librement et sans contrainte pour les fêtes que j'ai mentionnées, à savoir

 25   avant Noël et jusqu'à l'Epiphanie. Malheureusement, avant ces élections

 26   tripartites, cela était interdit. Il n'était pas permis dans la Yougoslavie

 27   socialiste de faire cela, et également à Gornji Vakuf.

 28   Q.  Les élections ont été tenues fin 1990, donc de la fin de 1990 et au-

Page 2457

  1   delà, il a été possible d'utiliser librement ses drapeaux, de la part des

  2   Croates de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui, pour les fêtes en question.

  4   Q.  Dites-nous si en 1991, lorsque des drapeaux croates étaient ainsi

  5   hissés en Bosnie-Herzégovine dans de telles occasions, est-ce qu'il est

  6   arrivé que quiconque parmi leurs concitoyens musulmans ait considéré cela

  7   comme une provocation ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Vous avez souvent fait mention de l'Epiphanie. Peut-être s'agit-il ici

 10   d'un fait de notoriété publique, mais il ne serait peut-être pas inutile de

 11   rappeler que l'Epiphanie, c'est une fête qui a lieu le 6 janvier, n'est-ce

 12   pas ?

 13   R.  Oui, c'est exact.

 14   Q.  Très bien. Pour finir, je voudrais simplement vous demander la chose

 15   suivante par rapport à un certain nombre de documents ayant trait à l'ABiH.

 16   Il y a aussi un document de nature civile émanant de la partie musulmane.

 17   Je vous prie de vous reporter au document

 18   3D 511. Il s'agit d'une décision émanant d'une réunion des représentants

 19   musulmans tenue le 11 juillet 1992 à Gornji Vakuf. J'attire votre attention

 20   sur le point numéro 4.

 21   Tout d'abord, est-ce que vous saviez à cette époque qu'il y avait eu lieu

 22   une réunion des représentants des Musulmans à Gornji Vakuf ?

 23   R.  Non, je ne le savais pas.

 24   Q.  Voyons la première phrase du point numéro 4. "Les représentants des

 25   Musulmans de Bosnie centrale soutiennent la lutte du HVO en tant que partie

 26   intégrante de l'armée de libération conjointe de la Bosnie-Herzégovine."

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Ça arrive souvent lorsque vous lisez

 28   le document. Les interprètes ont un peu du mal.

Page 2458

  1   Mme ALABURIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je pensais que

  2   c'était suffisamment lent.

  3   Q.  La première phrase, je cite : "Les représentants des Musulmans de

  4   Bosnie centrale et de Herzégovine approuvent et soutiennent la lutte du HVO

  5   en tant que partie intégrante de l'armée de libération de la Bosnie-

  6   Herzégovine, et cela, en toutes les matières militaires."

  7         Monsieur Batinic, je vous prie de bien vouloir commenter cela. Est-ce

  8   que selon vos propres informations portant sur les positions de vos propres

  9   concitoyens musulmans, est-ce que ces derniers considéraient véritablement

 10   le HVO comme une partie intégrante de l'Armée de libération de la Bosnie-

 11   Herzégovine, et est-ce qu'ils apportaient leur soutien aux efforts du HVO

 12   visant à la défense de la Bosnie-Herzégovine ?

 13   R.  Les Musulmans de Gornji Vakuf considéraient les forces armées du HVO et

 14   les forces armées de la TO de la même manière. Leur devoir était de

 15   défendre la municipalité de Gornji Vakuf. Les représentants des Musulmans

 16   qui faisaient partie de la cellule de Crise et de la présidence de la

 17   municipalité de Gornji Vakuf confirmaient cela sur une base quotidienne par

 18   les décisions qui étaient prises, les débats, les opinions qu'ils

 19   communiquaient.

 20   Q.  Je vais maintenant vous montrer le document P 1226, qui a déjà été

 21   versé comme élément de preuve, et je voudrais que vous me proposiez un

 22   commentaire.

 23   Il est très important pour nous dans ce procès de savoir si, et si oui de

 24   quelle manière, il y a eu des habitants musulmans sur le territoire de la

 25   municipalité de Gornji Vakuf qui auraient été déplacés. Je voudrais que

 26   vous nous commentiez un extrait de ce rapport du commandant Enver

 27   Hadzihasanovic. Je vais lire cet extrait. Je cite : "La partie du haut de

 28   la ville et tous les villages qui sont peuplés de Musulmans sont sous le

Page 2459

  1   contrôle de l'"armija," sous le contrôle de l'ABiH, à l'exception du

  2   village d'Uzricje, dont une partie des habitants, ils sont partis de leur

  3   propre initiative et ont rejoint Gornji Vakuf, tout comme cela a été le cas

  4   du village de Hrasnica dont les résidents ont été évacués à Grnica de leur

  5   propre initiative."

  6   Monsieur Batinic, savez-vous qui était Enver Hadzihasanovic ?

  7   R.  A l'époque, je ne le savais pas -- je ne sais même pas comment il

  8   s'appelle. Hadzihasanovic. J'ai entendu parler de lui plus tard de la part

  9   de nos commandants du HVO.

 10   Q.  Dites-nous si Gornji Vakuf était sous la responsabilité du 3e Corps ?

 11   R.  Conformément aux informations que j'avais, oui.

 12   Q.  Avez-vous jamais entendu - à l'époque ou après la guerre - que des

 13   Musulmans aient été évacués de certains villages autour de Gornji Vakuf ?

 14   R.  Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé le 19 janvier 1993, dans

 15   ces différentes localités. Je l'ai dit hier et je le répète aujourd'hui

 16   qu'à cette période-là j'ai été affecté à Gornji Vakuf, dans la localité qui

 17   se trouvait sous les hauteurs où se trouvait le répéteur, et le but de mon

 18   affectation était de protéger moi-même et les membres de ma famille.

 19   Q.  Très bien. Je pensais que vous auriez peut-être entendu quelque chose

 20   après la guerre.

 21   Passons maintenant au 4D 1235, s'il vous plaît. Il s'agit encore d'un

 22   document émanant du commandant Hadzihasanovic, daté du 10 janvier 1993,

 23   donc la période qui se situe avant que n'éclatent les affrontements.

 24   Il y est dit, et je cite : "A l'occasion de la poursuite des pourparlers à

 25   Genève, et répondant aux exigences d'un nombre très important d'unités et

 26   de combattants du 3e Corps de l'ABiH, nous vous donnons un soutien sans

 27   réserve dans les efforts qui sont les vôtres afin d'empêcher la division de

 28   la Bosnie-Herzégovine sur une base ethnique ou quelque autre base que ce

Page 2460

  1   soit.

  2   "Ne permettez à aucun prix, et nous ne le permettrons pas nous non plus,

  3   que le sang versé jusqu'à présent, le sang de nos combattants, des enfants,

  4   des femmes, des pères et des mères, l'ait été en vain."

  5   Monsieur Batinic, dites-nous, avez-vous jamais entendu dire à quelque

  6   période que ce soit que les membres de l'ABiH se soient opposés à la mise

  7   en œuvre du plan Vance-Owen en Bosnie-Herzégovine, tel qu'il a été proposé

  8   en janvier 1993 ?

  9   R.  Pour ce qui est de la période dont parle ce document, à savoir le 10

 10   janvier 1993, je n'ai pas eu d'information de ce type, pour ma part.

 11   Q.  Mais après, d'une façon ou d'une autre, avez-vous eu certaines

 12   connaissances ?

 13   R.  Voyez-vous, lorsque vous êtes un participant ayant survécu aux combats

 14   armés et que vous êtes menacé du jour au lendemain de mourir et vous vous

 15   demandez si vous allez rester vivant, vous cherchez à protéger ceux qui

 16   sont avec vous. Vous vous penchez presque pas, peu ou prou, sur ce type de

 17   question. Pour ce qui est de votre question, s'il y avait eu acceptation de

 18   l'une des solutions, il n'y aurait pas eu une telle intensité des combats

 19   entre l'ABiH et le HVO.

 20   Q.  Merci, Monsieur Batinic.

 21   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé.

 22   Juste une petite rectification, et je remercie Mme Pinter de l'information.

 23   En page 86, lignes 11 et 12, ma question portant sur le drapeau du peuple

 24   croate en Bosnie-Herzégovine a été traduite de façon erronée. On parle ici,

 25   dans le compte rendu, d'un drapeau croate. Moi, j'ai parlé du drapeau du

 26   peuple croate en Bosnie-Herzégovine. Merci.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Pour les quelques minutes qui restent avant la

 28   fin de l'audience, il n'est peut-être pas nécessaire que Mme le Procureur

Page 2461

  1   commence le contre-interrogatoire, sauf si elle ne veut pas perdre quelques

  2   minutes. Sinon on pourrait commencer le contre-interrogatoire demain à 9

  3   heures, l'Accusation ayant quatre heures.

  4   Monsieur Scott.

  5   M. SCOTT : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. On est

  6   tout à fait d'accord avec vous, et il n'y a que dix minutes qui restent, de

  7   toute façon, et nous préférons en effet commencer demain.

  8   Mais comme j'ai encore dix minutes quand même, j'aimerais employer

  9   certaines minutes justement pour vous demander l'autorisation de déposer

 10   une réponse plus étoffée aux demandes faites de libération provisoire pour

 11   --

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Passons à huis clos.

 13   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je ne vais pas

 14   prononcer de noms de toute façon, mais je pense en effet qu'il vaut mieux

 15   passer à huis clos partiel. Je comprends bien.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant en huis clos

 17   partiel.

 18   [Audience à huis clos partiel]

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

Page 2462

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Pages 34462-34463 expurgées. Audience à huis clos partiel.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 

 26 

 27 

 28 

Page 2464

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14   --- L'audience est levée à 13 heures 41 et reprendra le mercredi 12

 15   novembre 2008, à  9 heures.

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28