Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 17 novembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 16.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  6   l'affaire, s'il vous plaît.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

  8   toutes et à tous.

  9   Affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 10   Merci, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 12   Bien, en ce lundi, je salue toutes les personnes présentes. Je salue MM.

 13   les accusés, Mmes et MM. les avocats, M. Scott, M. Kruger et leurs

 14   collaboratrices, M. le sténotypiste et toutes les personnes qui nous

 15   assistent.

 16   Je vais d'abord donner la parole à M. le Greffier qui a quatre numéros IC.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 18   Certaines parties ont déposé des listes de documents à verser par le

 19   truchement du Témoin Zdravko Batinic. La liste de l'équipe D1 recevra la

 20   cote IC 00881. Celle de l'équipe D2 deviendra la cote IC 00882. La 3D IC

 21   00883. Quant à la liste de l'équipe D4, ce sera la pièce IC 00884. Quant à

 22   la liste de l'Accusation, ce sera la pièce IC 00885 [comme interprété].

 23   Merci.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 25   Bien. Comme actuellement, il y a un virus qui circule. Si un des accusés ne

 26   se sent pas bien, il a, bien entendu, l'autorisation de se lever et de

 27   quitter la salle d'audience s'il en éprouve la nécessité.

 28   Je vais d'abord lire une décision orale portant sur la demande de

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  1   traduction du rapport d'expert du Témoin Cvikl.

  2   Le 10 octobre 2008, la Défense Prlic a déposé au titre de l'article 94 bis

  3   du Règlement un rapport d'expertise rédigé en anglais par M. Milan Cvikl. A

  4   l'audience du 15 octobre 2008, la Défense Prlic a demandé à ce que la

  5   Chambre ordonne au Greffe la traduction du rapport en B/C/S pour les

  6   besoins de la Défense Prlic. La Défense Stojic s'est également ralliée à

  7   cette demande.

  8   La Chambre constate que le rapport d'expert a été déposé bien au-delà de la

  9   date du 31 mars 20008, initialement requise par la Chambre et que la

 10   demande de traduction est donc tardive.

 11   En outre, la Chambre constate que ce rapport est rédigé en anglais, l'une

 12   des deux langues de travail du Tribunal, et que le conseil et le co-conseil

 13   respectivement des accusés Prlic et Stojic maîtrisent parfaitement

 14   l'anglais, de ce fait ils sont en mesure de communiquer le contenu du

 15   rapport à leur client et recevoir des instructions de leur part pour mener

 16   à bien le contre-interrogatoire du Témoin Cvikl, si ce dernier viendrait à

 17   comparaître.

 18   La Chambre considère en conséquence que les accusés Prlic et Stojic

 19   ne peuvent souffrir d'un préjudice de l'absence de décision de la Chambre

 20   ordonnant au service de Traduction du Greffe la traduction en B/C/S du

 21   rapport d'expert. En conséquence, la Chambre décide qu'il n'appartient au

 22   service de Traduction du Greffe d'effectuer la traduction en B/C/S du

 23   rapport d'expert mais qu'il incombe, au cas échéant, à la Défense Prlic de

 24   s'acquitter de cette tâche.

 25   Bien. Je crois que Me Khan a quelque chose à nous dire.

 26   M. KARNAVAS : [interprétation] Une précision, Monsieur le Président. Cette

 27   demande de traduction, ce n'était pas pour nous, c'était dans l'intérêt

 28   d'autres. Ici, on a l'impression que maintenant on essaie de faire porter

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  1   le chapeau par quelqu'un d'autre, en fait on voulait le mettre à la

  2   disposition de ceux qui en ont besoin. Mais nous acceptons votre décision

  3   orale.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

  5   Maître Khan, je pense que vous avez quelque chose à nous dire.

  6   M. KHAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour, Monsieur

  7   le Président, Messieurs les Juges.

  8   Ce matin, nous avons reçu une réponse de synthèse de l'Accusation qui

  9   répond de cette façon. Excusez-moi, il faudrait passer à huis clos partiel,

 10   Monsieur le Président, j'avais oublié.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, huis clos.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

 13   Monsieur le Président.

 14   [Audience à huis clos partiel]

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  8   [Audience publique]

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

 10   L'idéal ça serait que l'Accusation termine son contre-interrogatoire

 11   aujourd'hui, comme l'Accusation a moins de quatre heures, s'il n'y a pas

 12   d'objection pour y arriver, et que demain, Me Karnavas prenne son temps

 13   pour les questions supplémentaires. Je dis ça serait l'idéal, maintenant on

 14   le sait.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Bien.

 17   LE TÉMOIN : NEVEN TOMIC [Reprise]

 18   [Le témoin répond par l'interprète]

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre a donc plaisir de vous revoir à nouveau.

 20   Comme vous le savez, vous revenez pour la suite et fin de votre contre-

 21   interrogatoire et des questions supplémentaires. Normalement, si tout se

 22   passe bien, le Procureur devrait terminer aujourd'hui le contre-

 23   interrogatoire, et demain, Me Karnavas devrait pouvoir vous poser les

 24   questions supplémentaires, ce qui fait que mercredi, vous serez dans vos

 25   activités. Voilà.

 26   Monsieur Scott, je vous donne la parole.

 27   M. SCOTT : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 28   Messieurs les Juges. Bonjour à tous et à toutes. Bonjour aux équipes de la

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  1   Défense et à toutes les personnes qui nous assistent dans ce prétoire et

  2   autour de celui-ci.

  3   Contre-interrogatoire par M. Scott : [Suite]

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Tomic. Je vous souhaite de nouveau

  5   comme d'autres la bienvenue ici.

  6   Commençons très rapidement par quelques questions de procédure pour que

  7   tout soit clair au procès-verbal, je suppose que nous connaissons déjà les

  8   réponses à ces questions, mais faut-il comprendre que depuis que vous étiez

  9   ici le 4 novembre, depuis cette date-là, vous n'avez parlé à personne de

 10   l'audition que vous faites de la déposition que vous avez faite la dernière

 11   fois ou de ce que vous risquez de dire aujourd'hui et demain. Vous n'avez

 12   parlé à personne n'est-ce pas, de tout cela ?

 13   R.  Oui, c'est exact.

 14   Q.  Je suppose que vous n'avez examiné aucun document, aucun document quel

 15   qu'il soit, pour préparer la poursuite de votre déposition depuis le 4

 16   novembre ?

 17   R.  Tout à fait, non.

 18   Q.  Je pense qu'il faut rapidement revenir sur la situation que nous avions

 19   il y a plus de dix jours. Où en étions-nous notamment le 4 novembre, je

 20   vous avais montré un document qui vous montrait un procès-verbal d'une

 21   réunion que vous avez eue le 8 janvier 1992 avec le président Tudjman.

 22   M. SCOTT : [interprétation] Je le précise pour le procès-verbal. C'est la

 23   pièce P 00108.

 24   Q.  Rappelez-vous c'est la réunion que vous avez eue mais aussi avec M.

 25   Franjo Boras et M. Koljevic, un dirigeant serbe de Bosnie. Il y a une

 26   partie de ce procès-verbal que je n'avais pas abordé à l'époque. J'en suis

 27   tout à fait responsable. Ce fut une omission mais je pense que ceci nous

 28   permettra de nous remettre dans le contexte.

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  1   M. SCOTT : [interprétation] Je vais vous demander, avec l'aide de

  2   l'huissier, d'examiner le document qui se trouve qui se trouve dans le

  3   classeur. Il s'agit de la pièce P 00108. Ça devrait être dans le premier

  4   classeur.

  5   Q.  Regardons ce document et dans tout ce qu'on a appelé ces transcripts

  6   compte rendu présidentiel, nous avons un numéro de page en B/C/S et un

  7   numéro en anglais. Normalement, il devrait concorder, donc quand je dis

  8   page 9, ça devrait être page 9 dans les deux versions. Je vais vous

  9   demander d'examiner la page 9.

 10   C'est ici que M. Koljevic qui poursuit son intervention.

 11   Page 9, deuxième paragraphe de la page qui dit ceci : "Par conséquent, nous

 12   proposons un statut de Confédération pour la Bosnie en tout cas dans un

 13   premier temps au cours de cette étape pour autant qu'on soit positif la

 14   communauté nationale croate et la communauté nationale serbe pourraient

 15   avoir des liens confédéraux libres avec la Croatie et la Serbie."

 16   Nous allons maintenant prendre la page suivante, la page 10, c'est le même

 17   sujet qui se poursuit, et ce paragraphe dit ceci à la page 10 : "Bien

 18   entendu, en principe on peut parler de la Bosnie-Herzégovine mais moi je

 19   serais content que nous en tant que Serbes de Bosnie-Herzégovine, nous

 20   puissions offrir nos bons services en tant que médiateur que médiateur si

 21   vous le souhaitez et si ces faisable. Dans la même veine, dans cette région

 22   plus large serbe et croate, il nous semble, et j'en ai parlé hier soir avec

 23   Radovan Karadzic, nous pensons tous deux que ceci pourrait être l'amorce

 24   d'un règlement en général des relations serbo-croates. Si nous ne résolvons

 25   pas ces problèmes, il n'y a pas, permettez-moi de le dire, d'issue.

 26   "Par conséquent, le reste de cette crise politique pourrait s'avérer

 27   beaucoup plus simple."

 28   Maintenant nous allons prendre la page 41. M. Koljevic, qui intervient,

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  1   prenons le deuxième paragraphe, il dit ceci : "Tout d'abord, je pense qu'il

  2   nous faut emprunter cette voie politique parce qu'il faut créer un climat

  3   d'acceptation sociale. En Bosnie, les Croates et les Serbes ont créé un

  4   climat tout à fait négatif, et si nous Bosniaques et si nous étions

  5   Bosniaques ou Herzégovins, ce serait un peu difficile de le dire. Il faut

  6   mettre fin à ce climat."

  7   Nous sautons quelques paragraphes pour arriver en -- du paragraphe suivant,

  8   où Konjevic dit ceci : "Nous avons étudié la carte et les municipalités et

  9   nous avons vu qu'on avait fait la même chose aux Croates et aux Serbes. Ces

 10   enclaves qu'il est possible d'établir au niveau de la municipalité

 11   devraient être délimitées et il faudrait voir ce qu'on peut faire en

 12   matière de transfert ce qui est faisable par voie d'accord. Mais il faut

 13   établir de libres échanges et une agence permettant le transfert civilisé

 14   des biens et des personnes ce qui est dans l'intérêt des personnes

 15   concernées. Le terme "d'homogénéité," - entre guillemets - vous savez qu'il

 16   a été vilifié [comme interprété] en Yougoslavie. Pourquoi est-ce que ce

 17   n'est pas normal ? Pourquoi est-ce que c'est terrible de vivre avec des

 18   gens envers qui on se sent proche ou le plus proche ?"

 19   Ceci nous ramène à ce que nous disions la dernière fois, haut de la page

 20   42, où voici ce que dit Tudjman : "Lorsque des problèmes surgissent comme

 21   ce fut le cas chez nous, c'est à cause des deux dernières guerres mondiales

 22   et tout ceci, plus tôt, a été résolu au cours de ces deux guerres par des

 23   échanges."

 24   C'était le sujet que nous abordions, à savoir les questions démographiques

 25   et les rapports existant entre les communautés en Bosnie-Herzégovine. Je

 26   vous ai également montré en fin d'audience la pièce P 08623. Vous allez

 27   peut-être vouloir la consulter. Ce sera peut-être pas nécessaire, mais je

 28   voulais que vous sachiez de quoi je parle. C'est cette déclaration que je

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  1   vous ai montrée faite par M. Pogarcic, peut-être vous en souvenez-vous.

  2   Dans cette audition, il dit ceci : "Tant qu'un groupe ethnique ne

  3   représentait pas plus que 10 % de la population, ce groupe pouvait être un

  4   ornement, une ornementation, et pouvait servir à montrer qu'on pouvait

  5   vivre dans une société pluriethnique" - entre guillemets.

  6   Partant de ceci, regardons l'article qu'avait écrit M. Pogarcic, je

  7   rappelle la cote, c'est la cote P 08623. Une des choses qu'il dit dans

  8   cette déclaration, je ne vous l'ai pas lue aujourd'hui mais nous l'avions

  9   examinée la dernière fois, et il dit que les trois groupes ethniques, les

 10   Musulmans, les Serbes, et les Croates, dans la période allant de 1991 à

 11   1995, je cite : "On procédait au nettoyage ethnique de territoires, là où

 12   ils le pouvaient." Je m'interrogeais : êtes-vous d'accord avec ce qu'il dit

 13   ici, que les trois groupes ethniques, pour ainsi dire, ont procédé au

 14   nettoyage ethnique de territoires partout où ils l'ont pu le faire ?

 15   R.  Non, je ne suis pas d'accord.

 16   Q.  Parlons de la démographie ethnique, n'est-il pas vrai de dire que les

 17   dirigeants du HVO de Bosnie-Herzégovine ont pris plusieurs mesures, pendant

 18   toute cette période qui va de 1991 à 1995, destinées à accroître le nombre

 19   de Croates dans les régions qu'ils souhaitaient et de diminuer le nombre de

 20   Musulmans qu'il y avait dans les dites régions ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  N'est-il pas juste de dire qu'en fait même il y a eu des mesures prises

 23   en matière de logement de façon à accroître la population croate dans

 24   certaines régions ?

 25   R.  Il s'agissait de programmes de logements qui ont été développés après

 26   les accords de Washington, et les accords de Dayton -- c'était de

 27   Washington, et cela concernait un certain nombre de personnes afin qu'elles

 28   n'aient pas à revenir sur un territoire où elles auraient été minoritaires,

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  1   afin qu'elles puissent installer là où elle le souhaitait.

  2   Q.  Nous allons maintenant examiner la pièce P 08545, vous allez trouver ce

  3   document dans le deuxième classeur. P 08545. C'est un procès-verbal d'une

  4   autre réunion qui s'est tenue dans le bureau du président Tudjman, le 27

  5   mars, celle-ci, le 27 mars 1995. Prenez la page 14, si vous voulez bien.

  6   Une partie est en rapport avec un autre sujet, mais je veux aborder ce

  7   document-ci pour ne pas devoir y revenir, j'aborderais --

  8   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection permanente. Depuis la semaine

  9   dernière, tout ce qui est en dehors de la période couverte par l'acte

 10   d'accusation, ce sont des zones qui devraient être interdites d'accès pour

 11   le Procureur. Je veux dire clairement parce que je crois que l'Accusation

 12   est en train de politiser ce procès et maintenant est en train de mettre en

 13   accusation l'implication des accords de Dayton. Si c'est bien cela, je

 14   pense qu'il est absolument impératif d'y consacrer une audience avec dépôt

 15   d'écriture de notre part pour ce qui est de l'élargissement que fait

 16   l'Accusation de l'acte d'accusation avec l'acquiescement de la Chambre.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- la semaine dernière. Le Procureur a

 18   expliqué en long et en large quelle était sa conception.

 19   Bien, Monsieur Scott.

 20   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Je veux ici que tout soit dit clairement au procès-verbal, merci de cette

 22   décision, mais je le précise au cas où ceci resurgirait : depuis le dernier

 23   jour d'audience de M. Tomic j'ai examiné le compte rendu, et j'ai 14 pages

 24   de ce qu'il a dit en interrogatoire principal qui concernent les accords de

 25   Washington. On peut dire que Me Karnavas a vraiment épuisé le sujet, je

 26   voudrais évacuer tout doute à ce sujet.

 27   Q.  Monsieur, revenons à la page 14, bas de la page, ce sont des dires

 28   attribués à M. Prlic : "Monsieur le Président, je ne peux pas vous

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  1   importuner par trop de faits, et le président du parti vient de présent 56

  2   faits différents. Je pense que la question principale qui se pose

  3   aujourd'hui c'est une question des relations, des rapports politiques de

  4   façon générale. Je voudrais simplement dire quelques phrases en fin de

  5   réunion. Puisque je suis ministre et vice-premier ministre au pouvoir dans

  6   la Fédération, à Sarajevo, quelques mots simplement pour avoir une idée

  7   précise et complète de la situation actuelle. Pour le moment, ces zones

  8   libres que la Fédération fonctionnent en tant que deux entités étatiques et

  9   en tant que deux Etats séparés totalement au sein d'une structure interne à

 10   chacune d'entre elles. Il y a la République de Croate d'Herceg-Bosna et la

 11   République de Bosnie-Herzégovine.

 12   "Par conséquent, il s'agit de territoires contrôlés par la République ou

 13   l'armée de la République de la Bosnie-Herzégovine. Pourquoi est-ce que je

 14   dis deux Etats ? C'est qu'en vertu de tous les éléments constitutifs, ce

 15   sont là deux Etats tout à fait différents. Un exemple" - nous en avons

 16   longuement parlé, Monsieur le Témoin, la dernière fois - "les procédures

 17   douanières habituelles sont prises en charge pour ce qui est de

 18   l'importation de l'entrée de marchandises venant de la HB, et c'est la même

 19   procédure quand des marchandises viennent de l'Allemagne, de l'Autriche, ou

 20   du Canada. Ce sont deux entités tout à fait séparées."

 21   Je saute quelques paragraphes, M. -- paragraphe --

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] Est-ce qu'on peut autoriser le témoin à lire

 23   la totalité du passage ? Parce que maintenant, si on choisit les meilleurs

 24   morceaux, je pense qu'il a le droit de lire la totalité de l'intervention

 25   de M. Prlic; c'est comme ça qu'il faut faire. La charge de la preuve ne

 26   doit pas être transférée aux questions supplémentaires, surtout que vous

 27   avez accordé davantage de temps à l'Accusation sans m'en accorder dans

 28   l'ensemble du temps que vous m'avez donné. C'est injuste fondamentalement.

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  1   M. SCOTT : [interprétation] Permettez-moi de répondre, Monsieur le

  2   Président.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

  4   M. SCOTT : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

  5   Tout d'abord, c'est là une pratique, vous le savez très bien maintenant,

  6   c'est ce que dit Me Karnavas à chaque fois, et on remet cette même

  7   discussion sur la table.

  8   Impossible de lire la totalité du document, en interrogatoire

  9   principal du témoin. Il a fait exactement la même chose Me Karnavas. Il a

 10   pris un document et il a soumis au témoin les parties qui l'intéressaient;

 11   pourquoi est-ce qu'on n'aurait pas le droit de faire la même chose ? Ce

 12   n'est pas une procédure incorrecte que j'applique, ici ça ne porte pas sur

 13   le temps qui a été accordé à Me Karnavas.

 14   La Chambre l'a déjà dit elle a l'intention d'être très généreuse pour ce

 15   qui est du temps prévu pour les questions supplémentaires, mais quoi qu'il

 16   en soit.

 17   En tout état de cause, la procédure que j'applique est celle qui convient

 18   c'est la pratique appliquée.

 19   M. KARNAVAS : [aucune interprétation] 

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, la Chambre a rejeté votre

 21   objection. Il est important pour la Chambre, à travers ce témoin, de savoir

 22   quelle est la perception qu'il a de ce qu'a pu dire M. Prlic. Alors plutôt

 23   que de perdre son temps pour savoir comment la question est posée,

 24   l'objection, et cetera, il vaut mieux que tout le monde se monopolise sur

 25   le texte. C'est ça qui est important. C'est dans l'intérêt même de M.

 26   Prlic. Il a dit quelque chose, autant que le témoin confirme, infirme,

 27   précise.

 28   Puis vous, dans les questions supplémentaires, vous aurez l'occasion de

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  1   revenir dessus.

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, le texte se passe de commentaire,

  3   Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, vous avez soulevé

  5   une objection. La partie adverse a réagi. Le Président vous a dit qu'une

  6   décision avait été prise, un point c'est tout. On ne va pas maintenant se

  7   remettre à discuter inlassablement, comme on l'a fait jeudi, parce que

  8   vraiment jeudi dernier, on a perdu un temps catastrophique. C'est une

  9   décision qui a été rendue.

 10   Poursuivez, Monsieur Scott.

 11   M. KARNAVAS : [interprétation] Je persisterai à faire objection tant que la

 12   Chambre permet à l'Accusation de retirer des éléments de leur contexte.

 13   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous l'avez déjà dit, et vous avez

 14   parfaitement la possibilité de faire objection à chaque fois.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 16   M. SCOTT : [interprétation] Nous arrivons en fin de paragraphe, c'est là

 17   que je m'étais arrêté, M. Prlic dit : "Ils n'ont toujours pas reçu de

 18   salaire, et après tout, les salaires sont la question primordiale politique

 19   qui se pose ici. Et ça va être très difficile plus tard, lorsqu'on va

 20   parler de la Fédération, le problème est une complexité exceptionnelle au

 21   sens technique, et je pense que si l'on voit les choses statistiques, il

 22   n'y a aucune solution possible. Monsieur le Président, en ce qui concerne

 23   la Fédération, rien jusqu'à présent n'a été fait au sens des fonctions de

 24   cette Fédération. Aucune fonction n'a été mise au point, n'a été préparée."

 25   Je vous rappelle la date, nous sommes en mars 1995, donc après la

 26   signature des accords de Washington. Je reprends le texte : Aucune fonction

 27   de cette Fédération n'a été établie. Par conséquent, il ne s'agit ici que

 28   de quelques effets psychologiques qui existent ou pas. Mais aucune, pas la

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  1   moindre fonction de cette Fédération n'a été mise sur pied, n'a été

  2   développée, n'a été appliquée. Normalement les représentants officiels se

  3   trouvent dans une situation où leur autorité, leur poste sont compromis.

  4   C'est un processus réel. Ils ont pensé qu'a cours de cette période, la

  5   République croate d'Herceg-Bosna devrait grandir, ce qui est contraire à

  6   leur objection primordiale. Ils ont pour le moment comme intention de

  7   renverser la République croate d'Herceg-Bosna, l'autre est d'avoir un accès

  8   à la mer. Ce sont leurs deux objectifs fondamentaux."

  9   Nous sommes là en mars 1995, vous occupiez un poste très élevé, à

 10   cette époque, vous l'avez dit aux Juges : êtes-vous en mesure de confirmer

 11   qu'arrivait la date de mars 1995, rien d'essentiel n'avait été fait en vue

 12   d'établir la Fédération, qu'elle n'était pas fonctionnelle, qu'elle ne

 13   fonctionnait pas ?

 14   R.  J'ai déjà dit dans le courant de mon témoignage que, par l'arrivée des

 15   représentants croates à Sarajevo, il y a eu officiellement démarrage de la

 16   mise en œuvre de ces accords de Washington et édification d'une Fédération.

 17   Cependant, j'ai également dit que nous avions élaboré des analyses de

 18   fonctionnement de l'organisation financière sur le territoire contrôlé par

 19   l'ABiH et le HVO, et en ma qualité de ministre des Finances de la

 20   République et de la Fédération, j'avais émis des propositions à l'intention

 21   du gouvernement pour ce qui est des paquets de lois à promulguer. Mon

 22   ministère a préparé 26 réglementations en la matière. Donc partant de

 23   l'administration des douanes, du fisc, de l'administration du budget, et

 24   cetera, et il y a eu cependant --

 25   M. KARNAVAS : [interprétation] J'ai une objection, c'est une question

 26   ouverte. Il est tout à fait fondé, il a dit que rien n'a été développé. Il

 27   n'a pas dit par qui. A présent, qu'il n'aime pas la réponse, il s'aperçoit

 28   à présent que c'étaient les autorités musulmanes de Sarajevo qui ont

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  1   refusé, qui ont refusé à mettre en œuvre l'accord de Washington. Elles ne

  2   souhaitaient absolument qu'une Fédération existe. Ce qu'ils voulaient,

  3   c'était un Etat unitaire, c'était ce qu'ils essayaient de faire, c'était ce

  4   que le témoin essayait d'expliquer. Donc je m'élève contre cette -- on ne

  5   peut avoir dans les deux.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, terminez parce que vous

  7   étiez en train de parler des 26 réglementations, et vous allez expliquer et

  8   le Procureur vous a arrêté. Alors terminez ce que vous vouliez nous dire,

  9   pourquoi vos 26 textes n'ont pas vu le jour.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces réglementations ont été promulguées;

 11   cependant, ce qu'on n'a pas résolu c'est la question fondamentale de mise

 12   en place d'une Fédération de Bosnie-Herzégovine : quelle armée, quelles

 13   Unités de la Police ? En application des accords de Washington, la police

 14   était censée être organisée au niveau des cantons. Maintenant on ne pouvait

 15   pas financer un budget de l'Etat alors que les accords de Washington

 16   devaient d'abord faire adopter des lois portant sur la police, sur l'armée

 17   et sur le budget. C'est dans ce contexte qu'il a été procédé à des

 18   pressions et nous nous sommes entretenus sur les textes publiés par

 19   l'Armija où l'on s'efforçait de créer une image, à savoir que les Croates

 20   étaient contre la mise en œuvre des accords de Washington.

 21   Cependant, il n'y a pas une seule réglementation définissant le

 22   domaine dont je viens de parler, à savoir le budget, les dépenses, les

 23   institutions de la Fédération, n'a été adopté parce que la partie bosnienne

 24   n'était pas intéressée par la mise en place d'une Fédération tant qu'elle

 25   ne saurait pas ce qu'il adviendrait de la République de Bosnie-Herzégovine

 26   qui était son seul objectif, son seul et unique objectif. C'est la raison

 27   pour laquelle il y a eu des pressions pour que des fonds soient dirigés

 28   vers le budget de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Mais on ne savait

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  1   pas où cela allait être dépensé, et c'était cela la pierre d'achoppement.

  2   Pourquoi il n'y a pas eu la mise en œuvre de la réglementation en question.

  3   Par la suite, lorsque nous avons insisté sur la mise en place d'une

  4   Fédération pour séparer le gouvernement de la Fédération et le gouvernement

  5   de la République, et là, le processus a connu un déblocage. Je vous donne

  6   un exemple.

  7   En application de la lettre des accords de Washington, il était prévu

  8   une banque centrale de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, et une monnaie

  9   de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Pas un seul moment, les collègues

 10   bosniens ne voulaient adopter une loi portant sur ces banques centrales de

 11   la Fédération. Ils disaient, nous avons une banque centrale ou banque

 12   nationale de la République de Bosnie-Herzégovine, et il y a le dinar de

 13   Bosnie-Herzégovine. Or, nous nous étions concentrés sur la création d'une

 14   Fédération et nous avions insisté pour que ce soit une banque, une loi sur

 15   la banque centrale de la Fédération qui se faisait adopter. Or, cette loi

 16   n'a pas vu le jour. C'est l'une des raisons pour lesquelles il y a toujours

 17   eu obstruction. Mais il y a également eu création d'une ambiance, disant

 18   que les Croates qui font obstruction à tout ceci dans l'ensemble. Moi, je

 19   parle de gens qui étaient venus à Sarajevo dans l'intention de mettre en

 20   œuvre véritablement les accords de Washington.

 21   M. KARNAVAS : [interprétation] Alors une petite modification, à la page 16,

 22   ligne 15, la mention indiqué n'était pas -- n'a pas été adopté en fait dans

 23   le transcript "n'a pas été adopté," donc page 16, ligne 15 dans le

 24   transcript.

 25   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, pour en revenir à cette partie du

 26   transcript, le mot enfin qui se rapporte plus directement à la question

 27   donc que nous débattions en termes de données démographiques et ethniques,

 28   je vous demanderais de passer à la page 18 du compte rendu, qui et c'est

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  1   toujours M. Prlic qui parle, le premier paragraphe qui commence à la page

  2   18, M. Prlic  dit : "S'agissant de la conférence, on parle des liens

  3   émotionnels et fondamentaux vers Herceg-Bosna, c'est la raison pour

  4   laquelle c'est important. La plupart des Croates de Bosnie-Herzégovine ne

  5   sentent pas d'émotion à l'égard de BRH. Le groupe intégral n'a pas le

  6   sentiment que c'est leur état. Je le sais, j'étais aux entretiens jeudi et

  7   vendredi de l'autre côté de la table. Donc c'est la seule charge

  8   émotionnelle et significative, et nous devons la garder à l'esprit à tout

  9   moment. C'est donc pourquoi je pense que ce que nous disons politiquement

 10   donc la Confédération comme préalable à cela," j'espère quelque chose que

 11   nous aborderons aujourd'hui, comme cela a été dit aux Juges, donc le sujet

 12   de la Confédération.

 13   M. Prlic dit : "C'est la raison pour laquelle je pense que ce que

 14   nous avons dit politiquement, Confédération comme préalable de ceci, c'est

 15   qu'il faut que ça soit opérationnel par les décisions adaptées et tester la

 16   volonté des Musulmans."

 17   Je poursuis donc à la fin de la page, dernière ligne à la page 18 : "La

 18   troisième question de M. Markovic, les projets, donc les projets nous vous

 19   les avons mentionnés. Il s'agit de la construction de 1 000 unités de

 20   logement dans les zones de Capljina, Dubrava, Stolac et la partie sud de

 21   Mostar qui va selon nous renforcer l'épine dorsale croate dans cette

 22   région."

 23   Ça revient à la question que je pose il y a quelques instants. Cela

 24   n'était-il pas fait précisément pour accroître la population croate et

 25   démographique dans ces régions comme moyen de maintenir le contrôle croate

 26   sur ces régions; c'est bien cela ?

 27   R.  C'était une réponse pragmatique vis-à-vis de la situation et du

 28   nombre de réfugiés sur ces territoires. Ces gens-là étaient dans des

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  1   appartements d'autrui, dans des maisons d'autrui et ces maisons et

  2   appartements, ils devaient les quitter. A titre alternative. On leur a

  3   proposé de leur construire là des maisons parce que eux ne voulaient pas

  4   retourner dans les localités de la Bosnie centrale qu'ils avaient quittée.

  5   Q.  N'est-il pas exact que les autorités HVO et de nombreux Croates en

  6   Herzégovine n'étaient pas -- ne souhaitaient pas vivement vivre à nouveau

  7   avec les Musulmans ?

  8   R.  On ne pouvait pas le dire de façon générale. Là où le conflit était

  9   violent et où il y a eu des victimes dans les familles, les unes et les

 10   autres, il est certain que les blessures étaient encore fraîches et

 11   profondes et qu'il était encore difficile d'intervenir sur le plan

 12   politique afin que les gens, ces gens-là retournent immédiatement vers les

 13   lieux qui avaient été habités par eux jusque-là.

 14   Q.  Monsieur, donc il y avait une grande préoccupation, n'est-ce pas parmi

 15   les dirigeants d'Herceg-Bosna concernant le retour éventuel des Musulmans

 16   dans les soi-disant régions croates ?

 17   R.  Les Musulmans résidaient dans les régions croates jusqu'à l'éclatement

 18   de cette guerre entre Musulmans et Croates. Ils se trouvaient là donc. Le

 19   problème fondamental c'est la relation ou le relationnel qu'il y a eu entre

 20   les victimes et les gens qui ont souffert. Je parle d'une attitude générale

 21   de la part de ces gens qui empêchait leur retour.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, c'est ce sujet qui est

 23   important. On voit que M. Prlic intervient devant M. Tudjman et la date

 24   c'est après les accords de Washington.

 25   La situation, que vous avez connue puisque vous avez été ministre de

 26   la Fédération, les ethnies, les Serbes, les Musulmans et les Croates en

 27   raison de la, et nous le savons de l'offensive de l'ABiH. Est-ce qu'il y

 28   avait des zones prises par les forces armées musulmanes où les Croates

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  1   avaient vocation à rester n'ont pas permis le retour des Croates ? Est-ce

  2   que vous avez connaissance de quelque situation où théoriquement dans le

  3   cadre des accords de Washington il devait y avoir des changements

  4   significatifs à titre d'exemple si vous en connaissez ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons toujours reçu des informations

  6   disant qu'il y a eu des attaques de lancer à l'égard de ces gens s'en

  7   revenant chez eux en Bosnie centrale, par exemple, à Jablanica. Les gens

  8   qui étaient là-bas en tant que réfugiés, ces Musulmans, c'était leur

  9   réaction à eux. C'est une ambiance qui régnait qui était encore en

 10   ébullition, le sang était chaud, ça tournait à un quart de tour. Dans ces

 11   régions pour ce que du retour des Croates, c'était le cas notamment en

 12   Bosnie centrale pour ce qui est par exemple de Travnik, d'où ces

 13   informations venaient, et puis j'ai mentionné également Jablanica, Doljani,

 14   et cetera.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Bien. Vous citez [hors micro] Jablanica. Très

 16   bien.

 17   Monsieur Scott.

 18   M. SCOTT : [interprétation]

 19   Q.  Vous évoquez donc la réaction des Musulmans au retour en Bosnie

 20   centrale, enfin, mais c'était également côté croate, s'agissant du retour

 21   des soi-disant Musulmans. Il y avait beaucoup de gens, y compris des gens

 22   parmi la direction HVO, qui s'opposaient soit au maintien des Musulmans ou

 23   à leur retour dans ces soi-disant zones croates, n'est-ce pas ?

 24   R.  J'ai déjà mentionné cette situation, c'était trop récent, et dirais-je

 25   il y avait de part et d'autre ce type de réaction.

 26   M. SCOTT : [interprétation] Je vous demanderais de passer à la pièce P

 27   00848. Donc dans le deuxième des grands dossiers, P 00848.

 28   J'attire votre attention à la page 3 de ce compte rendu de sa réunion avec

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  1   entre autres M. Prlic et M. Tudjman. M. Prlic, à la page 3 : "S'agissant du

  2   retour des personnes, la Bosnie centrale, Sarajevo, Bosnie centrale,

  3   Posavina, demandait si ça allait réussir. Je lui ai remis ce livre et je

  4   lui ai dit : 'Qu'il fallait se réunir à plusieurs reprises avant que la

  5   paix parfaite ne soit rétablie'."

  6   Je passe au paragraphe suivant : "Il a demandé mon avis à cette situation.

  7   Je lui ai dit que les Croates ne souhaitaient pas revenir aux régions où se

  8   trouvait la majorité de la population musulmane."  

  9   Page suivante : "Je lui ai donné mon exemple. Je ne souhaite pas amener mes

 10   filles à la ville qui est à majorité musulmane, puisque crains quelles

 11   épousent les Musulmans. Voilà comment je vois les choses en tant que

 12   parent."

 13   Ça c'est donc ce qu'a affirmé M. Prlic, ne s'agissait-il pas d'un

 14   point de vue largement répandu parmi les Croates en Bosnie-Herzégovine à

 15   l'époque ?

 16   M. KARNAVAS : [interprétation] -- nous sommes en 1998. Quel est le rapport

 17   avec l'acte d'accusation ? Or, objection pour des motifs de pertinence.

 18   Alors en quoi cela est-il pertinent à l'acte d'accusation ? On parle de

 19   Croates maintenant, on vilifie [comme interprété] tous les Croates en

 20   Bosnie-Herzégovine. Il parle, voyez-vous, de la direction d'Herceg-Bosna.

 21   Alors pourquoi la direction ? Quelle est la pertinence de tout cela ?

 22   M. SCOTT : [interprétation] Bien, entre autres, Monsieur le Président, donc

 23   ça va à l'état d'esprit de M. Prlic à l'époque première chose.

 24   Deuxièmement, le témoin vient de dire il y a quelques instants que

 25   c'était assez intéressant et en fait assez apparenté puisqu'il attribuait

 26   ses émotions aux blessures récentes après la guerre 1993, 1994. On voit ici

 27   qu'apparemment, ses sentiments restent inchangés et toujours en 1998, et un

 28   certain nombre d'années après ces blessures récentes qui étaient

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  1   importantes, donc c'est tout à fait lié et ça rejoint directement le

  2   témoignage du témoin.

  3   M. KARNAVAS : [interprétation] Puis-je avoir une décision ? Puis-je avoir

  4   une décision ?

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : De l'avis de la Chambre, c'est pertinent et c'est

  6   totalement acceptable d'autant que M. Prlic continue pensant, il dit que :

  7   "Je pense que la visite du pape est ici importante." Donc il y a ceci

  8   semble être lié également à la visite du pape.

  9   Monsieur le Témoin, vous étiez au courant de cela ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Avec quoi, Monsieur le Président ? Est-ce que

 11   j'étais au courant de quoi ?

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, la visite du pape susceptible d'arranger les

 13   choses ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je me trouvais être président de ce

 15   comité de l'Etat de Bosnie-Herzégovine pour ce qui est de l'accueil du

 16   Saint-Père le Pape à Sarajevo. Je suis au courant des activités qui ont été

 17   menées. Son déplacement était censé constituer ou fournir un message

 18   politique de soutien à l'intention des Croates pour ce qui était de rester

 19   et de continuer à vivre en Bosnie. Parce que les Croates, en leur qualité

 20   de groupe qui était le plus petit des groupes en présence suite à tout ce

 21   qui s'était passé ressentaient une peur, peuvent de ne pas pouvoir être un

 22   peuple constitutif de cette Bosnie-Herzégovine. Dans les régions où il y

 23   avait une majorité de la population musulmane où il n'y aurait pas d'écoles

 24   en langue croate, et c'est la raison pour laquelle les enfants ne

 25   revenaient pas. C'était essentiellement des personnes âgées qui étaient

 26   parties pour garder les biens qui étaient les leurs. Je pense qu'il est

 27   exact de dire que s'employait en faveur d'un déplacement du Saint-Père

 28   constituait une entreprise de taille pour ce qui est de faire les Croates

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  1   rester en Bosnie-Herzégovine.

  2   M. SCOTT : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur le Témoin, j'en reviens à la question posée il y a quelques

  4   instants avant l'objection de M. Karnavas.

  5   Le sentiment exprimé par M. Prlic, lorsqu'il dit : "Je lui ai dit que les

  6   Croates ne souhaitaient pas retourner dans les zones avec la majorité de la

  7   population musulmane, je ne souhaitais pas amener mes filles à la ville à

  8   majorité musulmane." C'était le point de vue partagé non seulement par M.

  9   Prlic, mais un grand nombre de personnes dans la direction HVO même en

 10   1998; c'est bien ça ?

 11   R.  Je pense que M. Prlic à travers de ceci avait exprimé des appréhensions

 12   qui étaient celles de bon nombre de gens, de Croates, de la Bosnie-

 13   Herzégovine Je sais personnellement que ce n'est pas son opinion à lui,

 14   pour ce qui est de sa famille à lui, car autant que je le sache, son frère

 15   avait eu deux mariages, et les deux fois il était marié avec des

 16   Musulmanes, donc sur le plan familial, il n'y avait pas d'obstacle de cette

 17   nature. Mais c'était une appréhension qui existait bel et bien, et qui

 18   était transmise, je dirais, à titre d'exemple.

 19   Q.  Passez à la page 8 du même document, je vous prie.

 20   Le président Tudjman, dans sa conversation avec M. Prlic à un moment dit :

 21   "Mon cher Jadranko" - me référant à mon prénom - "cher Jadranko, Zubak est

 22   une ligne, vous en êtes une autre, les autres là-bas sont la troisième, et

 23   c'est là le problème.

 24   "M. le Président, je n'appartiens à aucune ligne. J'ai écouté vos

 25   conseils."

 26   Et je répète donc la deuxième partie de la fin de ce paragraphe : "Je

 27   n'appartiens à aucune ligne. J'ai mis en œuvre ce que vous m'avez dit en

 28   permanence."

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  1   Dans votre association étroite pendant cette période, nous avons appris

  2   lorsque vous étiez ici la dernière fois vous étiez des amis proches et des

  3   associés professionnels, dans le sens gouvernement, et cetera, vous étiez

  4   très proche de M. Prlic. Ceci n'indique-t-il pas, avec précision, ses

  5   actions et ses points de vue de l'époque, à savoir qu'il a suivi ce que le

  6   président Tudjman lui a demandé de faire ? Ou pour le citer : "J'ai mis en

  7   œuvre ce que vous m'avez dit en permanence" ?

  8   R.  M. Prlic est un homme fort pragmatique, dans ses relations avec le

  9   président Tudjman aussi. Il avait coutume de se comporter de la sorte de

 10   façon à obtenir des informations car toutes ces négociations qui ont été

 11   conduites faisaient transiter les informations essentiellement via Zagreb,

 12   et c'est dans ce contexte-là, à mon avis, qu'il avait eu une relation des

 13   plus correctes avec le président Tudjman.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, il y a quelque chose qui me

 15   manque aux Juges -- enfin, en tout cas, pour moi. Il semble que cette

 16   conversation entre Tudjman et M. Prlic est liée au départ de Zubak; qu'est-

 17   ce qui s'est passé avec Zubak ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Zubak a créé un nouveau parti, un parti à lui.

 19   Il a quitté le HDZ pour créer un parti nouveau, qui s'appelait : "La

 20   nouvelle initiative croate."

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Pour quelle raison, il a quitté le HDZ ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Le HDZ était intervenu plutôt, ce temps-là, en

 23   guise de mouvement du peuple croate en Bosnie-Herzégovine, et ça ne s'était

 24   pas profilé en tant que parti, et ceci a commencé par les adhérents,

 25   jusqu'au mode de fonctionnement. Je vous ai donné mon exemple, de par ma

 26   fonction j'étais devenu membre de la présidence d'un parti dont je n'ai

 27   jamais été l'affilié de façon officielle. Dans les activités qui se sont

 28   déployées par la suite, lorsqu'il y a eu une période pacifique, de

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  1   défications [comme interprété] de la Bosnie-Herzégovine, et c'est là, bien

  2   entendu, qu'il y a des divergences de vues qui surviennent pour ce qui est

  3   de la vision des choses telles qu'elles doivent se produire à l'avenir.

  4   C'est dans ce contexte qu'on a vu Zubak s'en aller en premier du HDZ pour

  5   créer un nouveau parti. Par la suite ça a été fait aussi par M. Prlic;

  6   après lui, d'autres encore l'ont fait. Il y a eu depuis le HDZ création de

  7   nouveaux partis de Croates en Bosnie-Herzégovine.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : M. Prlic a créé quel parti, lui ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] M. Prlic a créé un parti qui s'appelait : "Le

 10   mouvement européen," enfin quelque chose de genre, et c'était un parti

 11   pluriethnique. Il n'avait pas d'adjectif croate dedans.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Vu que M. Zubak créé son parti, M. Prlic le sien, et

 13   cetera, à votre connaissance, M. Tudjman qu'est-ce qu'il disait de cela ?

 14   Il assistait impuissant à ceci ? Comment vivait-il cela ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas vous apporter de réponse à

 16   cette question. Je ne sais vraiment pas comment il percevait tout ceci, je

 17   sais, toutefois, que chaque parti nouveau de créer constituait un

 18   amoindrissement des chances croates en Bosnie-Herzégovine parce que les

 19   votes s'éparpillaient, et les Croates, en leur qualité de tout petit

 20   groupe, restaient essentiellement attachés au HDZ puisque c'était le tout

 21   premier des partis créés.

 22   Il y a deux ans, nous avons eu un nouveau grand parti, de créer. C'est une

 23   scission là qui était la plus grande vis-à-vis du HDZ. Alors il y a eu :

 24   "HDZ mais 1990," en sus, et ce parti, aux élections récemment tenues, a

 25   connu des résultats bien plus mauvais que cela n'a été le cas pour ce qui

 26   est du HDZ d'origine.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott.

 28   M. SCOTT : [interprétation]

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  1   Q.  Alors sur cette même question, j'en viens à la pièce P 08489, qui sera

  2   donc dans le deuxième classeur. Il s'agit d'un compte rendu d'une réunion

  3   avec M. Tudjman et d'autres le 24 novembre 1995, une date assez rapprochée

  4   dans des autres comptes rendus que nous avons examinés.

  5   J'attire votre attention, sur la page 6, on reprend toujours avec M. Prlic

  6   qui parle. A la page 6, quelques lignes du premier paragraphe de cette

  7   première page, Monsieur Prlic : "A cet égard, notre demande fondamentale à

  8   la partie musulmane a une gravité toute particulière. Aussi, nous vous

  9   demandons d'essayer de la résoudre avec M. Izetbegovic. Il s'agit d'aborder

 10   la question de démarquer les frontières entre 'velezupe' ou cantons, comme

 11   nous les appelons, dans le cadre de la Fédération. Vous savez quel est

 12   notre intérêt à cet égard. Au titre de l'accord de Vienne, ces zones

 13   nouvellement libérées ne sont pas incluses dans le territoire de la

 14   Fédération, car en tout état de cause, ce processus doit être réalisé, et

 15   est absolument essentiel concernant la prochaine conclusion, il s'agit du

 16   retour des réfugiés déplacés où nous trouvons, qu'on le veule ou non, dans

 17   une position défensive, sachant que les Musulmans restent, mais que les

 18   Musulmans n'ont pas d'autres territoires où ils peuvent se replier, même au

 19   prix de niveau de vie très inférieures, ils resteront, ils rempliront nos

 20   zones. Ce n'est pas le cas avec les Croates, et conformément à nos

 21   priorités nationales, nous devons veiller à ce que lorsqu'il s'agit de la

 22   démarcation, nous sauvegardons les zones - et je souhaite le dire tout à

 23   fait ouvertement - où nous souhaitons vivement qu'il y ait une majorité de

 24   population croate."

 25   Ensuite, je passe au haut de la page 9, M. Prlic poursuit sur cette

 26   question. Au haut de la page 9, M. Prlic dit ceci : "Le troisième aspect,

 27   c'est le soutien au sens démographique. Nous en avons discuté à Dayton de

 28   cette question-là aussi, je parle du ministre des affaires étrangères et de

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  1   moi-même, et il nous faut trouver des fonds pour Drvar, partant d'un crédit

  2   ou d'autre façon, nous voulons avoir ces zones pour que les familles

  3   croates puissent y vivre. Il nous faut trouver des fonds pour ces familles,

  4   ces familles qui demeurent ou veulent vivre à Ivanjica, entre Dubrovnik et

  5   Trebinje, et dans ce couloir, dans cette partie qui appartient à la

  6   Fédération. Mais il n'y aura pas de Croates, quelles que soient les

  7   frontières, nous ne pourrons pas pleinement réaliser ces intérêts qui

  8   étaient au départ la raison pour laquelle nous avons tracé ces frontières

  9   dans cette partie du territoire, quels que soient les dispositifs

 10   mentionnés, qui étaient prévus depuis très longtemps, sans doute."

 11   Nous continuons d'examiner ce sujet, et pour ce cas nous allons à la page

 12   14, bas de page, où là intervient M. Bender. J'ai quelques questions à vous

 13   poser à cet égard, mais je voudrais vous lire le passage. Bender dit ceci

 14   en fin de paragraphe : "J'aimerais demander que soit concrétisé le

 15   programme national de protection des territoires marginaux périphériques,

 16   en plus de Dubrovnik, jusqu'à Num, et jusqu'en Bosnie centrale, parce que

 17   si nous ne concrétisons pas tout ceci, je crains qu'il n'y ait un exode,

 18   une fuite des Croates de la région, ce qui veut dire qu'il ne faudra plus

 19   de Fédération ni de Bosnie Herzégovine. J'espère qu'avec l'aide généreuse

 20   de la République de Croatie, nous pourrons réaliser ceci à la satisfaction

 21   des Croates."

 22   N'est-il pas exact de dire qu'à cette période-là, il y a quand même une

 23   grosse préoccupation, une préoccupation démographique pour l'Herceg-Bosna

 24   et les dirigeants du HVO, parce qu'il y avait une augmentation de la

 25   population musulmane et une perte de population croate, n'est-ce pas ?

 26   R.  Non, cela n'a pas rapport à ce que vous dites. Il s'agit de la période

 27   dans laquelle la Fédération a été divisée en cantons. Les territoires dans

 28   lesquels des combats avaient eu lieu sont restés dans une forme de floue.

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  1   On n'a pas déterminé s'ils appartenaient ou non à la Fédération, je parle

  2   de la zone de Drvar en particulier, et la question de savoir comment ces

  3   territoires seraient organisés était restée ouverte également.

  4   Un grand nombre de réfugiés, des réfugiés croates, sont arrivés à Drvar

  5   pour s'y installer. Il est devenu nécessaire de prendre des mesures pour

  6   financer les besoins alimentaires de ces personnes, en termes d'éducation,

  7   en termes de construction de logements, en termes économiques, tout

  8   simplement. Il y avait beaucoup d'activités forestières dans la région, et

  9   dans d'autres domaines également.

 10   Il ne s'agit pas ici de l'Herceg-Bosna, mais de la situation au sein de la

 11   Fédération de la Bosnie-Herzégovine après les opérations au cours

 12   desquelles ces différentes zones sont devenues partie de l'entité en

 13   question.

 14   Q.  Non seulement le document, voyons ce que dit le président Tudjman sur

 15   le sujet, à la page 30 plus exactement, deuxième ligne de cette page. C'est

 16   M. le président Tudjman qui est en train de s'exprimer : "Oui, ils peuvent

 17   dire qu'ils ont préservé une Bosnie complète, ils ont préservé cette

 18   Bosnie, mais il y en a une où il y a une ligne de démarcation, ils ont créé

 19   quatre kilomètres. Il y a Grahovo, pas juste Kupres, mais aussi Grahovo,

 20   Glamoc, Drvar et Jajce, des territoires qui représentent un intérêt

 21   stratégique pour l'Etat croate. Il est clair qu'ici, nous sommes censés

 22   essayer, comme nous l'avons fait à Stolac, d'installer des gens là-bas, et

 23   vous allez créer" - et là il parle de M. Susak. Il dit : "M. Susak m'a déjà

 24   dit qu'il y avait une décision destinée à cantonner là-bas votre brigade de

 25   la garde à Drvar, et donc, il faut garder cette zone naturelle pour

 26   l'avenir.

 27   "Ne perdez pas confiance. Nous avons réussi, réussi pas seulement à obtenir

 28   l'Herceg-Bosna, nous l'avions déjà, mais on peut dire que si nous

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  1   gouvernons bien, nous pourrons avoir la moitié de la Bosnie si on gouverne

  2   de façon intelligente."

  3   Le président Tudjman continue à la page 31, premier paragraphe : "Et, bien

  4   entendu, dans la Fédération et partant d'expérience acquise, il nous faut

  5   exiger, il faut exiger que toute municipalité croate se conserve, reste

  6   autonome, continue à se gouverner seule, et là où les Croates sont

  7   éparpillés, là où ils ne peuvent pas conserver ce pouvoir ou ne le veulent

  8   pas rester là, plus exactement, ne veulent pas, on peut les faire se

  9   déplacer, s'installer dans les territoires qui nous intéressent, à tous

 10   égards, pour ce qui est de la population-là prendra un caractère croate."

 11   Revenons à ce que disait le président Tudjman. Cette politique

 12   démographique s'est poursuivie, ça toujours été la politique du président

 13   Tudjman et des dirigeants d'Herceg-Bosna, qui consistait à veiller, à

 14   maintenir un contrôle croate dans certaines régions visées, n'est-ce pas ?

 15   R.  Nous devons ici revenir à la constitution de la Bosnie-Herzégovine. Les

 16   cantons étaient ceux qui avaient compétence en matière d'organisation du

 17   système éducatif, des médias, et encore dans un certain nombre, un grand

 18   nombre de domaines. Ici, on parle de Grahovo, de Drvar et d'autres

 19   localités qui intègrent un canton à majorité croate, le canton de Livno. Au

 20   centre de ces structures, la population avait la possibilité de disposer

 21   d'écoles en langue croate, de médias également en langue croate et cetera,

 22   et c'est dans ce contexte --

 23   Q.  Excusez-moi de vous interrompre. Mais ce paragraphe ne parle pas

 24   simplement de Livno, il parle de Kupres, de Jajce, de la Bosnie centrale.

 25   Vous ne pouvez pas limiter les dires de M. Tudjman à ces seules régions que

 26   vous venez de mentionner. Il dit d'ailleurs : "Nous avons réussi pas

 27   seulement à obtenir la Bosnie d'Herceg-Bosna, mais nous pourrons avoir la

 28   moitié de la Bosnie si nous y prenons bien dans la façon de gouverner."

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  1   R.  Il s'agissait d'une forme de soutien et d'un message envoyé aux

  2   dirigeants croates, afin que ces derniers prennent part à la construction

  3   de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, dans le sens où il était possible

  4   de trouver des solutions dans ce cadre-là. Je parle ici d'un canton qui

  5   était de façon très dominante croate, et aussi des cantons -- que la parité

  6   existait. On y trouvait des écoles en langue croate et c'était là un

  7   facteur essentiel dans le retour des personnes dans les régions où ils

  8   avaient été habités. 

  9   Q.  La dernière fois vous avez souvent fait référence à la municipalité de

 10   Tuzla. J'en aurais qu'une question à ce propos.

 11   Soyons clair : au cours de la période commençant en avril 1992 et se

 12   terminant en avril 1994, est-ce que vous vous êtes trouvé dans la

 13   municipalité de Tuzla ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Je vais peut-être élargir ma question pour vous la poser à propos de

 16   Zenica; est-ce qu'il vous est arrivé de vous trouver à Zenica au cours de

 17   cette période d'avril 1992 à avril 1994 ?

 18   R.  J'y suis passé en 1992, au mois d'octobre.

 19   Q.  Ça a été la seule fois où vous êtes passé par Zenica, en deux ans

 20   ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Quelques questions vous ont été posées à propos de l'argent qui venait

 23   du ministère croate de la Défense et qui était destiné à la Croatie. Nous

 24   avons vu quelques documents. Vous avez fait référence à cette question,

 25   vous avez dit que cet argent venait de ce qu'avait donné la diaspora

 26   croate; est-ce exact ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Voici l'hypothèse que je vous soumets, à moins que vous n'ayez vu

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  1   l'argent, sauf dans le cas où vous auriez procédé à une comptabilisation à

  2   des comptes précis de ces fonds, et vous n'avez aucune preuve montrant que

  3   tous ces fonds venant de ministère ou qui passaient par le ministère de la

  4   Défense venaient de la diaspora ?

  5   R.  Sur la base des informations que j'ai reçues, de M. Martinovic qui

  6   était l'un des titulaires de ces différents comptes, j'ai déclaré que ces

  7   fonds provenaient ou plutôt étaient couverts par l'argent qui avait été

  8   déposé sur des comptes à l'étranger hors de Croatie. L'affectation de ces

  9   fonds passait soit par l'intermédiaire du ministère de la Défense soit par

 10   d'autres voies selon l'organisation qui avait été adoptée par M. Susak ou

 11   M. Martinovic.

 12   Q.  Permettez-moi de répéter ma question. Il vous est impossible de dire

 13   sous serment aux Juges de la Chambre que tout l'argent qui est arrivé en

 14   Herceg-Bosna ou dans le HVO en passant par le ministère croate de la

 15   Défense venait des apports de la diaspora. Il vous est absolument

 16   impossible de le prouver, n'est-ce pas ?

 17   R.  Ce que j'ai dit c'est la façon dont j'ai eu connaissance de ces

 18   éléments. Je n'ai pas participé à la gestion de ces différents comptes et

 19   la gestion de cette comptabilité.

 20   Q.  Parlons de M. Prlic et du poste qu'il occupait. Rappelez-vous, la

 21   dernière fois nous avons examiné une de ses cartes de visite. Il avait un

 22   portable, un numéro de téléphone, un numéro de télécopie et sur cette

 23   carte, il se présente comme étant le président du HVO, HZ HB; vous vous en

 24   souvenez ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Je suppose que vous, qui avez travaillé étroitement avec M. Prlic, vous

 27   savez ceci, s'il rencontrait des personnalités étrangères, je suppose qu'il

 28   ne se présentait pas comme étant l'organisateur de réunion simplement ?

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  1   R.  Je ne vous ai pas compris.

  2   Q.  Je m'explique, est-ce qu'il se présentait comme étant, voilà, je suis

  3   le président ? "Je suis simplement celui qui est chargé d'organiser les

  4   réunions."

  5   R.  Je n'ai pas connaissance de cela.

  6   Q.  Je suppose également que, dans de telles circonstances, il ne s'est

  7   jamais présenté comme étant "le signataire de documents."

  8   R.  J'ai bien peur de ne vraiment pas comprendre la question.

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   M. KARNAVAS : [interprétation] Je dois objecter. Objection face à ces

 11   genres de questions. C'est quelque chose de récurent. On a parlé des

 12   fonctions exercées par le président, que fait un président d'un exécutif,

 13   que ce soit au niveau de la municipalité ou à d'autres niveaux. Je trouve

 14   que c'est vraiment une insulte ici, c'est insultant. Je pense que c'est

 15   insultant pour les Juges de la Chambre aussi, parce que le procès a

 16   commencé il y a trois ans. Je pense qu'on peut faire meilleur, on peut

 17   tirer meilleure partie du temps qu'on reçoit, temps généreusement donné par

 18   la Chambre.

 19   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Maître Karnavas.

 20   J'étais tout à fait sérieux. On a parlé de l'autorité dont était investie

 21   M. Prlic, et c'est important de savoir comment il se présentait à

 22   l'extérieur, au monde entier. Je suppose qu'il ne disait pas simplement je

 23   suis un organisateur de réunions. Ma question était tout à fait sérieuse.

 24   Q.  Monsieur, est-ce qu'il vous est arrivé d'entendre M. Prlic dire, voilà,

 25   lorsqu'il rencontrait des personnalités étrangères, voilà, en Herceg-Bosna

 26   il avait pour vocation "de signer des documents." ?

 27   R.  M. Prlic était le président du HVO de la HZ HB, c'est ainsi qu'il se

 28   présentait.

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  1   Q.  Avez-vous appris que pendant toute cette période, 1992 à 1994, M. Prlic

  2   a eu des tractations de façon constante et continue avec les autorités

  3   serbes de Bosnie ?

  4   R.  Non, je n'avais pas connaissance de contact permanent. Je savais qu'il

  5   y avait des informations qui arrivaient de façon ponctuelle, mais je

  6   n'étais pas au fait de contact permanent.

  7   Q.  Je ne sais pas d'où vient le terme permanent en anglais, ce n'est pas

  8   ce que j'ai dit. Je vous avais demandé si vous avez appris que de temps à

  9   autres et peut-être de façon de plus en plus fréquente, M. Prlic avait eu

 10   des négociations, avait eu affaire des autorités serbes de Bosnie. Je

 11   suppose que vous avez répondu par l'affirmative.

 12   R.  Oui, ultérieurement, il y a eu des contacts, pour autant que je le

 13   sache.

 14   Q.  Je vais vous demander de vous rapporter à la pièce P10718. Ça devrait

 15   se trouver dans le troisième classeur. Je répète la cote, P10718.

 16   Apparemment, si quelqu'un veut regarder la traduction en B/C/S, on a

 17   distribué ces traductions en B/C/S. Nous avons réussi à les obtenir, nous

 18   ne les avions pas la dernière fois mais je vous rappelle le numéro de la

 19   pièce, P10718.

 20   Article paru de la BBC, 14 juin 1993. Il est fait état de M. Prlic et de sa

 21   participation à des négociations en vue d'échange de prisonniers,

 22   négociations avec les autorités serbes. Un peu avant le milieu de la page,

 23   ou le bas de la page, il exprime sa gratitude au nom de la partie croate,

 24   aux représentants de la République pour avoir aidé à la libération des

 25   soldats et des combattants et des civils croates qui ont dû quitter la zone

 26   de Travnik en raison d'une attaque menée par l'armée musulmane.

 27   Puis au paragraphe suivant, après l'intervention de l'auteur de l'article,

 28   il parle de l'échange de prisonniers, un pour un.

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  1   Rappelez aux Juges ce que ça veut dire effectivement, ce un pour un ?

  2   R.  Je ne suis pas vraiment expert en matière d'échange de prisonniers,

  3   mais je pense que ce principe signifiait qu'il s'agissait d'échanger tous

  4   les prisonniers qui se trouvaient d'un côté contre tous les prisonniers qui

  5   se trouvaient de l'autre.

  6   Q.  Je suppose que indépendamment du nombre de prisonniers, par exemple il

  7   y en a peut-être une des parties en a dix, l'autre 50, mais ça veut dire

  8   qu'on échange tous ceux qui viennent d'un côté avec tous ceux qui viennent

  9   de l'autre ?

 10    R.  Je suppose que c'est bien cela.

 11   Q.  Nous sommes en train d'examiner le même article. On parle maintenant de

 12   la participation de M. Petkovic. Dans un document, on dit à son propos

 13   qu'il parle de certaines personnes faites prisonnières apparemment. Il dit

 14   : "Une fois ces personnes placées en détention, un traitement différent ne

 15   se fait pas en fonction de ce que vous avez dit. Par conséquent, à mes yeux

 16   ce sont des civils. Ils sont en uniforme. Et j'espère qu'ils recevront le

 17   traitement réservé aux civils et qu'ils nous seront restitués."

 18   Est-ce que vous saviez qu'à cette époque, en juin 1993, dans cette zone,

 19   est-ce que vous avez eu connaissance de soldats croates qui ont été placés

 20   comment dire sous la garde des Serbes, et est-ce qu'on a parlé de la façon

 21   dont on devait les traiter ?

 22   R.  Pour autant que je sache, il y avait des prisonniers croates

 23   originaires de Kupres, et une pression importante résistait dans l'opinion

 24   publique en faveur de leur libération. Nombreux d'entre eux étaient portés

 25   disparus, il y avait une association de familles et de parents qui

 26   oeuvraient en permanence et exerçaient des pressions, envoyaient des

 27   lettres, faisaient des déclarations dans les médias pour essayer de

 28   retrouver les disparus.

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  1   Q.  Nous examinons toujours le même sujet, mais nous allons passer à une

  2   pièce qui devrait se trouver juste avant ou juste après le document que

  3   nous venons d'examiner, la pièce P 10717. Autre article de la BBC 26 juin

  4   1993, cette fois-ci, en matière d'échange de prisonniers. Il est de nouveau

  5   question de la participation de M. Prlic.

  6   Troisième paragraphe, voici ce qu'il dit : "Apparemment, les Croates

  7   avaient refusé de relâcher les 90 Serbes qui avaient été amenés en vue d'un

  8   échange de Livno, en Herzégovine occidentale."

  9   Est-ce que vous souvenez de cette situation où les Croates ont refusé de

 10   libérer 90 Serbes ?

 11   R.  Non, je ne sais rien à ce sujet.

 12   Q.  Au paragraphe suivant, il est question de 500 Serbes qui ont été

 13   relâchés près de Tomislavgrad en octobre 1992. Est-ce que vous êtes au

 14   courant de la libération de ces Serbes en octobre 1992 ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Est-ce que vous saviez que pendant toute cette période, M. Prlic en sa

 17   qualité de président du HVO HZ Herceg-Bosna intervenait dans des

 18   négociations en vue d'échange de prisonniers avec les Serbes ?

 19   R.  Je sais que M. Prlic avait des contacts avec les Serbes et cela au

 20   sujet de l'aide à apporter à ces personnes probablement sous la pression

 21   des familles qui étaient à la recherche de leurs différents membres et qui

 22   exigeaient leur libération.

 23   Q.  Prenons maintenant si vous le voulez bien la pièce P 10711.

 24   Ce document devrait être tout près des deux derniers. Je répète le numéro

 25   de la pièce P 10711. C'est ici aussi un article de la BBC. Apparemment,

 26   nous avons la date de septembre, 3 septembre 1993, à propos de pourparlers

 27   concernant M. Prlic et les autorités serbes de Bosnie, plusieurs sujets

 28   sont concernés, la liberté de mouvement, le passage de pouvoir. Troisième

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  1   classeur, ça devrait se trouver non loin de la pièce que nous venons

  2   d'examiner de la 10711.

  3   Voici la question que j'aimerais vous poser, vous ne l'avez pas ?

  4   R.  Non, cela ne se trouve pas dans cette liasse.

  5   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur l'Huissier, pouvez-vous nous aider ?

  6   Troisième classeur, je répète la cote 10711.

  7   Je vois. On me dit qu'effectivement, les documents ne sont pas

  8   nécessairement dans le classeur, je parle des documents examinés par le

  9   témoin aujourd'hui; c'est pour cela qu'il y a un petit peu de confusion.

 10   Q.  Mais, regardez, vous avez la pièce à l'écran. Pour ne pas perdre de

 11   temps, je ne vous pose qu'une question sur ce document. En bas de page,

 12   nous avons le dernier paragraphe qui est attribué à M. Prlic. Vous voyez,

 13   on voit son nom entre crochets, à la fin de ce paragraphe il dit ceci : "La

 14   République croate d'Herceg-Bosna veut que ses voisins se trouvant sur le

 15   territoire de l'ancienne Bosnie-Herzégovine soient des gens prêts à

 16   négocier pour amenuiser les tensions."

 17   Alors est-ce qu'il était courant que le HVO et l'Herceg-Bosna en septembre

 18   1993 disent de la Bosnie-Herzégovine que c'était l'ex-Bosnie-Herzégovine ?

 19   R.  On ne parlait pas d'ex-Bosnie-Herzégovine au sens où cette dernière

 20   n'aurait pas existé. Ce préfixe d'ex-Bosnie-Herzégovine se qualifiait à la

 21   notion d'ancienne République de Bosnie-Herzégovine qui n'avait pas été

 22   l'expression de la volonté de tous ses habitants et dans ce contexte que

 23   l'on parlait "d'ex-Bosnie-Herzégovine," non pas au sens où il se serait agi

 24   d'un Etat qui n'existerait plus.

 25   Q.  Mais qu'est-ce qu'il n'avait pas été convenu, accepté, d'après la

 26   volonté de tous ces habitants ?

 27   R.  La République de Bosnie-Herzégovine, avec tous les changements qui sont

 28   intervenus au niveau de la présidence du parlement et du gouvernement, les

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  1   changements mis en œuvre de façon unilatérale à Sarajevo; c'est à cela

  2   qu'on se référait avec ce préfixe "d'ex," et cette expression "d'ex-Bosnie-

  3   Herzégovine." Donc on ne parlait pas d'un Etat qui n'existerait plus mais

  4   de l'Etat en tant que tous, tous les peuples de Bosnie-Herzégovine

  5   n'avaient pas participé pleinement à son développement et à sa mise en

  6   œuvre.

  7   Q.  Mais il est dit ici, ici on ne fait pas de référence à un gouvernement,

  8   on parle du territoire et le territoire lui il n'avait pas changé, n'est-ce

  9   pas, ou est-ce qu'il avait changé ? Est-ce que vous estimez qu'à la date du

 10   30 septembre 1993, le territoire de la Bosnie-Herzégovine avait changé ?

 11   R.  Non. Il est question de Bosnie-Herzégovine, donc d'un Etat qui est

 12   considéré à l'intérieur de ses frontières. Les frontières telles que

 13   déterminées par l'AVNOJ. Toutefois dans la langue courante, on parlait

 14   "d'ex-Bosnie-Herzégovine" sans se référer à quelque territoire que ce soit

 15   et encore moins à un nouveau territoire. On désignait ainsi l'Etat tel

 16   qu'il avait été organisé précédemment, et pour faire la différence avec la

 17   Bosnie-Herzégovine telle qu'elle devait être mise en œuvre, et on est

 18   toujours à la recherche d'une structure qui conviendrait à tous les

 19   citoyens de la Bosnie.

 20   Q.  C'est ce que vous direz aujourd'hui, moi, je maintiendrais

 21   --

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection. Il peut passer à une autre

 23   question. Il n'est pas censé ici assurer des commentaires.

 24   M. SCOTT : [interprétation] C'est vraiment bien d'entendre Me Karnavas dire

 25   ça, c'est vraiment stupéfiant puisque lui, il le fait sans cesse des

 26   commentaires, mais enfin, je passe effectivement à autre chose.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Deux minutes avant la pause.

 28   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

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  1   Passons au document P 10709. Ça devrait être dans le troisième classeur, si

  2   vous l'avez sous la main. Je répète le numéro de la pièce P 10709.

  3   Q.  -- article de la BBC en date du 5 octobre 1993, il y est aussi question

  4   de réunions de M. Prlic avec les autorités serbes de Bosnie; d'abord une

  5   visite de deux jours à Banja Luka est mentionnée. M. Prlic, entre autres

  6   choses, dit de moins que les Serbes et les Croates de ces régions n'ont

  7   jamais été en guerre les uns contre les autres.

  8   Troisième paragraphe du document, il dit : "… lorsqu'on a gelé les

  9   lignes de front et le cessez-le-feu était en vigueur surtout le théâtre de

 10   la guerre."

 11   Est-ce qu'il était de dire qu'à cette date, en octobre 1993, il n'y avait

 12   pas de combat actif de taille importante entre -- opposant les Croates et

 13   les Serbes en Bosnie-Herzégovine ?

 14   R.  Je ne peux pas le dire avec exactitude, je n'en ai pas connaissance.

 15   Q.  Il vous est impossible de parler aux juges de la situation générale qui

 16   prévalait à l'époque en octobre s'agissant des rapports entre les forces

 17   serbes et les forces croates ?

 18   Je vous présente cette hypothèse. N'est-il pas exact de dire que, pendant

 19   de nombreux mois à cette époque, il n'y avait pas eu de conflit armé de

 20   taille entre les forces armées serbes et croates en Herzégovine ou en

 21   Bosnie centrale ?

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] Messieurs les Juges, je voudrais faire une

 23   objection.

 24   Il me semble que, compte tenu de cette question, mon confrère en fait

 25   est en train d'induire le témoin en erreur. Car la première fois dans la

 26   question du Procureur, tel qu'il a cité les propos de M. Prlic, qu'il

 27   s'agissait des Serbes dans cette région, or il s'agissait de Banja Luka, et

 28   donc M. Prlic aurait affirmé que "les Serbes et que les Croates" n'y ont

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  1   jamais été en conflit, et ensuite il continue. Si l'on pose la question de

  2   cette manière, alors ça veut dire que ça se rapporte à Banja Luka. Or,

  3   maintenant on voit la question englobée d'autres parties de la Bosnie-

  4   Herzégovine --

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- votre question était générale ou

  6   concernait uniquement Banja Luka ?

  7   M. SCOTT : [interprétation] J'ai présenté le sujet en faisant simplement

  8   référence au premier paragraphe, mais lorsqu'on arrivera au troisième, vous

  9   verrez que nous parlons de façon plus générale, et c'était là l'objet de ma

 10   question.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Bon, Monsieur le Témoin, vous pouvez répondre

 12   à cette question, d'ordre générale ? D'après le Procureur, pendant cette

 13   période, il n'y avait pas de conflit ou de combat entre les Serbes et les

 14   Croates. Qu'est-ce que vous en dites ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas au fait des détails précis,

 16   quant à la question de savoir où il y aurait eu des affrontements ou il n'y

 17   en aurait pas eu. Je ne peux pas m'en souvenir. Ce que je sais, c'est que

 18   dans ce texte, il est question de la région de Banja Luka. De cette région

 19   où il y avait de nombreux Croates. Mon père est né à Banja Luka, et sa

 20   famille habitait à Banja Luka, et il n'y avait pas d'opération de guerre à

 21   ce moment-là, dans cette région. Je pense que c'est de cela qu'il est

 22   question dans ce document. Quant au conflit qui aurait été en cours dans

 23   telle ou telle région de Bosnie-Herzégovine, je ne peux pas le dire car il

 24   n'était pas dans mes attributions de suivre ce type de situation sur le

 25   terrain. Je ne peux pas m'en souvenir.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- pendant 20 minutes. On reprend dans

 27   20 minutes.

 28   [Le témoin quitte la barre]

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  1   --- L'audience est suspendue à 15 heures 47.

  2   --- L'audience est reprise à 16 heures 12.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de reprendre les débats, une courte décision

  4   orale à rendre décision orale concernant la demande formulée par l'accusé

  5   Prlic de voir attribuer un numéro IC à un écrit de l'Accusation relatif au

  6   décompte du temps.

  7   A l'audience du 13 novembre 2008, l'accusé Prlic a demandé à la Chambre de

  8   voir assigner un numéro IC à un écrit de l'Accusation distribué à

  9   l'audience du 11 novembre 2008 à l'appui de sa demande d'octroi de temps

 10   supplémentaire pour contre-interroger le Témoin Neven Tomic. Cet écrit

 11   contient une comparaison du temps global utilisé par les équipes de la

 12   Défense pour interroger et contre-interroger les Témoins Neven Tomic, EA et

 13   Zoran Perkovic, d'une part du temps global utilisé par l'Accusation pour

 14   contre-interroger ces Témoins d'autre part.

 15   La Chambre, après en avoir délibéré décide de rejeter cette demande, en

 16   effet la Chambre n'attribue un numéro IC aux éléments de preuve discutés et

 17   introduits en audience par l'intermédiaire d'un témoin. L'écrit dont il est

 18   question ici n'appartenant pas à cette catégorie de document, ne peut, par

 19   conséquent, se voir attribuer un numéro IC.

 20   Bien. Nous allons introduire le témoin.

 21   M. KARNAVAS : [interprétation] En attendant le témoin, alors à propos de

 22   votre décision, j'avais présenté donc une motion pour certification. Une

 23   demande orale que ça joint en pièce à conviction répondant à la requête

 24   pour certification, et je peux déposer une version amendée à cela si cela

 25   peut aider.

 26   [Le témoin revient à la barre]

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

 28   Monsieur Scott, vous avez la parole.

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  1   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Monsieur Tomis, nous en sommes toujours à la pièce P 10709, l'article

  3   du 5 octobre 1993. Alors il y a toujours de nombreux aspects de cette pièce

  4   que je souhaiterais évoquer avec vous.

  5   On se demandait s'il y avait conflit pendant cette période entre les Serbes

  6   et les Croates. On pourrait peut-être y revenir dans quelques instants.

  7   Mais dans le dernier paragraphe dont nous parlions précédemment, je vous ai

  8   renvoyé, c'est-à-dire : "Puisque les lignes de front étaient gelées," on

  9   poursuit en disant en attribuant M. Prlic la déclaration concernant la

 10   coopération économique entre les deux Etats, se référant donc à la

 11   République serbe, la Republika Srpska et la République croate d'Herceg-

 12   Bosna.

 13   Je vous pose la question, Monsieur Tomic : est-ce la terminologie que vous

 14   avez employée à l'automne de 1993 pour vous référer à l'Herceg-Bosna Etat

 15   et de la RS comme un Etat ?

 16   R.  Aucune prérogative d'Etat n'a été utilisée pour ce qui est de cette

 17   appellation d'Herceg-Bosna. C'est une description faite par un journaliste

 18   ici.

 19   Q.  Je reviens donc au dernier paragraphe de ce même article, où il est dit

 20   que M. Prlic affirme à présent : "La République a toutes les

 21   caractéristiques et pouvoirs d'un Etat."

 22   Est-ce que vous êtes -- êtes-vous en désaccord avec Jadranko Prlic ?

 23   R.  Excusez-moi, je ne vous ai pas bien compris; de quelle partie parlez-

 24   vous ?

 25   R.  Dernier paragraphe du même article que nous examinions depuis quelques

 26   minutes : "S'agissant de l'élaboration de la République croate d'Herceg-

 27   Bosna, Prlic a dit que c'était maintenant une république avec toutes les

 28   caractéristiques et pouvoirs d'un Etat." Est-ce que vous êtes d'accord avec

Page 34675

  1   cette analyse de M. Prlic ou pas ?

  2   R.  On ne peut pas dire que cela avait eu le caractère d'un Etat ou des

  3   caractéristiques d'Etat. Jamais cela n'a été mis en exergue en tant

  4   qu'élément.

  5   Q.  Au paragraphe qui précède, la déclaration qu'on attribue à M. Prlic :

  6   "Puisque et là il se réfère bien entendu dans le contexte de cet article,

  7   il se réfère aux Serbes puisque nous n'étions pas en mesure de vivre

  8   ensemble, nous devons continuer à vivre en voisins, je cite, Prlic."

  9   Cette déclaration de M. Prlic est étonnamment semblable à celle de M.

 10   Koljevic dans le compte rendu présidentiel que nous avons étudié

 11   précédemment. "Nous pouvons vivre ensemble mais pas les uns sur les

 12   autres." C'était également le sentiment de M. Prlic, n'est-ce pas ?

 13   R.  Je ne peux pas dire ce qui a été dit ici. Ce que je sais partant des

 14   contacts que j'ai eus avec M. Prlic, quelles ont été ses réflexions à ce

 15   sujet, et en aucun cas cela ne se trouve-t-il dans le contexte de ce qui a

 16   été dit par M. Koljevic. Ici il est question d'une visite à Banja Luka et

 17   des efforts déployés en vue d'aider les Croates qui sont restés à Banja

 18   Luka pour ce qui est des frais inférant aux soins médicaux et autres

 19   problèmes qui étaient les leurs. Cela fait que, s'agissant de cette partie

 20   et notamment parce que, de façon descriptive, je ne pourrais commenter les

 21   points de vue d'un journaliste connaissant les positions et réflexions de

 22   M. Prlic, moi, je trouve cela contraire à ce que je savais.

 23   Q.  Vous avez dit quelque chose de semblable à cela à de nombreuses

 24   reprises cet après-midi, et alors je vous présente les choses de la manière

 25   suivante : laissez-vous entendre qu'avec un public donné, un jour donné, M.

 26   Prlic va dire une chose et un autre jour il va dire quelque chose de

 27   différent.

 28   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection à la forme de la question. Le

Page 34676

  1   Procureur estime-t-il qu'il s'agit là de ses propos et que le journaliste a

  2   décrit avec précision ce qui a été dit. Si quelque chose a été dite, nous

  3   n'avons pas d'enregistrement, nous n'avons aucun moyen de le vérifier.

  4   Objection à la façon dont la question est rédigée.

  5   S'il souhaite reposer la question et dire que Dr Prlic va dire une

  6   chose à un moment et une autre chose à un autre moment, ça me va. Mais une

  7   affirmation selon laquelle il s'agit de ses positions, là objection.

  8   M. SCOTT : [interprétation] Deux réponses, Monsieur le Président.

  9   Premièrement, a priori, on ne peut pas effectivement prendre cet article

 10   pour argent comptant. On ne peut pas supposer que c'est inexact, ça c'est

 11   une première chose. 

 12   Deuxièmement, je suis tout à fait disposé à présenter la question comme

 13   l'indique M. Karnavas.

 14   Q.  D'après votre expérience en tant qu'ami et associé du Dr Prlic, avez-

 15   vous le sentiment qu'en fonction des conditions, en fonction du public

 16   auquel il s'adressait, M. Prlic pourrait dire une chose un jour, et quelque

 17   chose de tout à fait différent à un autre public un autre jour ?

 18   R.  Je me dois de dire une fois de plus que je connais les positions qui

 19   sont les siennes sur ces questions. Dans le texte concret ici présent, je

 20   précise que c'est un texte de la Tanjug qui a été retransmis par la BBC.

 21   C'est une agence presse de Belgrade retransmise par la BBC, donc nous

 22   étions témoin de toute une série d'écrits sur ce quelques personnes

 23   auraient dites sans quelle l'ait dit, et il est question d'un contexte

 24   politique émanant de l'une des parties.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- ce que vous dites ne m'avait pas

 26   échappé. On ne sait pas exactement qui appartient à l'agence Tanjug et

 27   qu'est-ce qui relève de la BBC. On ne sait pas si c'est Tanjug qui attribue

 28   à M. Prlic ces propos ou si c'est la BBC qui fait le commentaire.

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  1   Simplement en matière de presse, une agence de presse lorsqu'elle entend

  2   quelque chose, elle le cite entre guillemets ou entre trémas, or, là, la

  3   dernière phrase, il n'y a pas de guillemets, il n'y a pas de trémas. Donc

  4   on peut penser que c'est le journaliste qui fait cette conclusion ou la

  5   BBC. Bon.

  6   Qu'est-ce que vous en pensez-vous ? Vous, qui avez l'habitude, qui avez eu

  7   dans vos fonctions antérieures l'habitude de la presse, quel est votre

  8   point de vue ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour être concret, s'agissant de ce texte, je

 10   dirais qu'il s'agit d'un texte que l'agence de presse Tanjug de Belgrade

 11   donc a publié et qui a été repris par la BBC.

 12   Personnellement, ayant effectué des tâches que j'ai effectuées en

 13   Bosnie-Herzégovine, au fils des 15 dernières années, je ne puis prêter foi

 14   à des citations de ce type de situation. Vous avez vu dans mon témoignage

 15   le texte en provenance du journal "Oslobodjenje," où on m'a mis dans la

 16   bouche certaines constations disant que j'aurais assumé des

 17   responsabilités. Or, je sais, moi, que c'est tout à fait inexact. Mais cela

 18   été publié par un journal qui avançait l'une des options en présence.

 19   Tanjug était sur la filière d'option qui voulait faire de la Republika

 20   Srpska un Etat et, bien sûr, il tenait, à toute  

 21   circonstance ou toute opportunité, d'expliquer que la Republika Srpska

 22   était un Etat, qu'elle faisait d'autre, mais peu importait, si l'important

 23   était de créer cette impression et de raconter ce type de récit. C'est la

 24   raison pour laquelle je suis quelque peu sceptique pour ce qui est de voir

 25   ici bel et bien une citation de M. Prlic.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 27   M. SCOTT : [interprétation]

 28   Q.  Je vous ai demandé il y a quelques instants - on ne va pas y revenir

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  1   dès à présent - mais je le cite pour que ce soit dans le contexte des

  2   questions que je vais vous poser concernant l'absence de conflit armé

  3   substantiel entre les Serbes et les Croates en Bosnie-Herzégovine et une

  4   bonne partie de la Bosnie centrale, enfin, dans cette deuxième partie de

  5   1993. Je pose un jalon, j'y reviendrai dans quelques instants.

  6   Est-il vrai qu'en réalisant les objectifs croates dans la deuxième partie

  7   de 1993, M. Prlic et d'autres dans la direction HVO pensaient qu'une

  8   victoire militaire sur les Musulmans était essentielle, qu'en substance, il

  9   n'y avait aucune façon de progresser, il n'y avait donc aucune bonne

 10   solution pour les Croates en l'absence d'une victoire militaire claire sur

 11   les Musulmans ?

 12   R.  Cette opinion de la part de M. Prlic, je n'en ai pas eu connaissance.

 13   J'ai eu à savoir qu'il était d'avis que ce conflit devait connaître un

 14   terme au plus vite, et comme nous étions les moins nombreux, il disait que

 15   les Croates, dans ce conflit, n'avaient aucune perspective, aucune chance.

 16   C'était sa façon de voir les choses telles que je les ai perçues.

 17   Q.  Vous aviez compris, n'est-ce pas, que la position de M. Prlic et

 18   d'autres dans la direction HVO est que les Croates devaient être déplacés

 19   ou concentrés - on parle de certaines parties de la Bosnie-Herzégovine vers

 20   d'autres qui pourraient être rendues ou qui resteraient sur base de ces

 21   mouvements -- resteraient, donc, des zones Croates ?

 22   R.  Comme point de vue du HVO, ça, on ne l'a jamais étudié, on n'a jamais

 23   pris position de la sorte. La position adoptée était celle de devoir aider

 24   les Croates, à savoir que ceux qui s'en allaient, qui quittaient leurs

 25   maisons, devaient forcément bénéficier d'un hébergement adéquat ou d'un

 26   hébergement alternatif.

 27   Q.  Passons à P 06454 dans le deuxième classeur. P 06454.

 28   Il s'agit d'un compte rendu d'une réunion présidentielle dans les bureaux

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  1   du président Tudjman le 5 novembre 1993, et je vous demande de vous référer

  2   dans un premier temps à la page 30, le haut de la page, simplement pour

  3   planter le décor, M. Prlic parle. En haut de la page 30, Jadranko Prlic

  4   affirme : "Je pense que cette réunion est extrêmement importante. Les

  5   responsables des plus hauts gangs de la République de Croatie et de la

  6   République croate d'Herceg-Bosna sont présents, et c'est donc une occasion

  7   pour un dialogue ouvert portant sur la situation d'ensemble dans laquelle

  8   nous nous trouvons …"

  9   Je vous demanderais de bien vouloir passer à la page 36. Le haut de la

 10   page, et le procès-verbal -- enfin, le transcript indiquera que c'est

 11   toujours M. Prlic qui parle. M. Prlic, donc : "Je pense qu'à ce moment, une

 12   victoire militaire est nécessaire afin de rétablir à la fois la situation

 13   et l'état d'esprit. Je pense qu'il est clair -- je pense que cela est clair

 14   et je ne dois pas du tout être expliqué qu'il s'agisse de Mostar, de Vakuf

 15   ou de cette qui est prévue là pour relier Kiseljak avec Busovaca.

 16   "Nous devons donc nous rapprocher de délimiter les territoires. En tant que

 17   gouvernement, au printemps dernier, nous avons défini à la fois les

 18   propositions et les conclusions, même en ce qui concerne le déplacement de

 19   certaines brigades de certaines zones, qui comprendrait le déplacement des

 20   populations de ces zones et de la concentrer dans certaines directions qui,

 21   selon nous, pourraient devenir et rester des zones Croates.

 22   "Nous souhaitons que cela se fasse seulement du point de vue pragmatique.

 23   Je sais que les efforts sont orientés vers le maintien de Croate habiter là

 24   où il set.

 25   "Mais il y a un pragmatisme, il y a une concentration des forces, il y a

 26   tout le reste. Vous, en tant que soldat, le savez assez bien."

 27   Pouvez-vous passer à la page 38. Le bas de la page 38, M. Prlic poursuit :

 28   "S'agissant de relations avec les deux autres parties, je suis à Velika

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  1   Kladusa demain, si Dieu le veut, pour des pourparlers avec ces deux camps.

  2   Nous devons jouer un jeu avec les Serbes en raison de ces enclaves car

  3   c'est le seul moyen de les maintenir en vie et de les permettre d'avoir la

  4   force militaire pour se protéger contre les Musulmans."

  5   Je m'arrête là. Lorsque M. Prlic parle, n'est-ce pas ici de la nécessité

  6   pour les Croates de Bosnie de se déplacer à travers les territoires détenus

  7   par les Musulmans; c'est bien cela ?

  8   R.  J'ai déjà dit que le HVO n'a pas débattu de ceci, d'un déménagement de

  9   la brigade ou des brigades et choses similaires. Cela n'était pas dans le

 10   domaine des questions examinées par le HVO.

 11   Q.  Je vais reposer la question, donc, pour éviter toute confusion.

 12   Donc, la référence à M. Prlic : "Nous devons jouer un jeu avec les Serbes

 13   compte tenu de ces enclaves, puisque c'est le seul moyen de les maintenir

 14   en vie vaille que vaille," il parle de la nécessité qu'a le HVO à Herceg-

 15   Bosna et des autorités des forces de se déplacer à travers le territoire

 16   détenu par les Serbes; c'est bien ça ?

 17   R.  Je ne sais pas ce que ceci sous-entendait. Non, je ne sais vraiment

 18   pas.

 19   Q.  "Et s'agissant des Musulmans, un jeu devra être joué sur deux cartes,

 20   donc des personnes différentes sur l'une et sur l'autre, vous-même" - ou le

 21   président Tudjman - "un haut responsable de Croatie sera celui qui sera

 22   chargé de coordonner et d'unifier cette partie."

 23   Alors, de jouer deux cartes avec les Musulmans, n'est-ce pas un petit peu

 24   comme cela ne revient-il pas à dire une chose un jour et une autre chose un

 25   autre jour ?

 26   R.  Je ne sais pas de quoi il s'agit ici dans le concret. Je n'y ai pas

 27   pris part, moi. Je ne sais vraiment pas vous l'expliquer.

 28   Q.  Alors, Monsieur, donc je vous pose la question. Vous êtes un haut

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  1   responsable de ce gouvernement pendant un certain temps. Vous avez affirmé

  2   lors de pratiquement toutes les réunions du HVO HZ HB que vous étiez un

  3   proche collègue de M. Prlic. Je vous soumets que vous ne pouvez pas dire à

  4   ces Juges que vous ne connaissiez pas la politique du HVO sur ces questions

  5   à cette époque. Vous ne pouvez pas l'affirmer.

  6   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection, et j'en reviens donc à mon

  7   objection fondamentale du début.

  8   On lui demande de se prononcer sur une conversation qui se déroule avec une

  9   personne qui n'était pas présent. Sur base de cela, à moins qu'il n'ait la

 10   possibilité de lire la totalité du transcript, comment peut-il se

 11   prononcer, il n'y était pas, s'il ne le sait pas ? Donc, voilà donc le

 12   problème fondamental auquel nous sommes confrontés.

 13   Je comprends que la Chambre ne souhaite pas -- on ne souhaite pas bien

 14   prendre le temps de la Chambre pour lire tout cela, mais en tout état de

 15   cause, pour être équitable, soit il faut donc demander au Procureur de

 16   retirer la question ou de reposer la question afin qu'il puisse répondre,

 17   comment peut-il se prononcer sur une réunion où il n'était pas présent ? On

 18   lui demande de lire, de regarder une ligne ici et une ligne là. Aucun

 19   d'entre nous ne pourrait le faire, même les Juges.

 20   M. SCOTT : [interprétation] -- M. Karnavas a mal cité ma question.

 21   Ce n'est pas une pratique courante, et je pense que chaque conseil a fait

 22   ça pendant ce procès; on cite quelques exemples, un cite un exemple

 23   particulier. Ensuite je me suis basé, je suis allé du précis vers le

 24   général, et j'ai demandé à M. Tomic : compte tenu de sa position, compte

 25   tenu de sa participation active de ces questions pendant toute cette

 26   période, je l'ai mis au défit je lui ai dit que ce n'est pas crédible de

 27   dire non pas cette conversation particulière, mais les politiques du HVO

 28   touchant à ces questions pendant cette période, et je lui affirme que ce

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  1   n'est pas une solution crédible.

  2   Q.  Vous connaissiez quelle était la position du HVO HZ HB, puisque vous

  3   étiez présent à la réunion, vous avez participé aux votes, vous avez

  4   participé au financement ? Vous avez faite toutes ces choses, vous ne

  5   pouvez pas dire aux Juges que vous ne saviez pas quels étaient

  6   [imperceptible] au HVO.

  7   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pouvez-vous vous abstenir de frapper

  8   parce que ça passe par le micro si vous tapez sur le document ?

  9   M. SCOTT : [interprétation] Je vous prie de m'excuser.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- j'ai perdu le fil. Vous pouvez

 12   reposer votre question au témoin.

 13   Je tiens quand même à préciser une chose on a un transcript qui démarre,

 14   apparemment, suite à ce qui s'est passé à Stupni Do. C'est à la page 1, où

 15   Tudjman l'explique pourquoi il y a cette réunion, ensuite on n'a pas les

 16   pages 2 jusqu'à 30. Ensuite on a M. Prlic qui intervient pendant quelques

 17   pages, et puis ça va continuer, puisqu'il y en a 113 pages, et le document

 18   qu'on a sous les yeux est très parcellaire. Mais, de mémoire, je sais que

 19   ce document on l'a déjà vu à diverses reprises. Les Juges sont parfaitement

 20   informés de la teneur de ce document.

 21   Avant que M. Scott vous repose la question, j'ai juste une petite question

 22   d'ordre technique.

 23   On a vu plusieurs réunions tenues par M. Tudjman ça dure des heures et des

 24   heures. Il y en a des dizaines de pages. Là, par exemple, il y en a 100

 25   pages. C'est une pratique chez vous, d'avoir des réunions aussi longues ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout dépendait des sujets examinés. J'ai été à

 27   des réunions de partis qui n'ont pas duré aussi longtemps, mais enfin.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Parce que tout à l'heure, on a vu un document, dont

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  1   j'ai pu le numéro, il y avait eu une première réunion avec M. Susak, qui

  2   avait commencé à 10 heures du matin et qui s'était terminée à 4 heures

  3   l'après-midi. La deuxième réunion avec M. Tudjman, redémarre à 18 heures,

  4   et M. Tudjman leur dit : "Vous n'avez pas mangé." Or, la réunion qui

  5   commence à 18 heures, elle a dû se prolonger tard dans la nuit, donc

  6   manifestement personne n'avait mangé. Donc les participants, ça durait

  7   toute une journée. Et ce n'est pas le premier exemple. Il y a plein de

  8   documents qui montrent que vos réunions durent des heures et des heures.

  9   Alors ma question était de nature intellectuelle : est-ce que c'est

 10   l'habitude de parler pendant longtemps ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] D'après ce qu'on peut voir partant des

 12   transcriptions, c'est une opportunité où chacun essaie de dire quelque

 13   chose. C'est pourquoi cela dure plutôt longtemps, mais il va s'en dire que

 14   je n'ai pas été présent à bon nombre de ces réunions. Il se peut qu'il y en

 15   ait eue une de véritablement plus longue, les autres étaient restées dans

 16   des cadres supportables.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott, reposez votre question, qui a été

 18   perdue de vue.

 19   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Je l'avoue, Monsieur le Président, il est difficile de revenir parce que

 21   tout d'un coup on est interrompu en plein milieu d'une question, et des

 22   choses vont dans une autre direction. Je voulais simplement le dire, parce

 23   que j'essayais de poser les bases, j'ai essayé de poser les questions, et

 24   puis là, on a une diversion.

 25   Q.  Je reviens à la question que je vous ai posée il y a quelques minutes

 26   de cela et qui était en rapport avec la question posée par le Président.

 27   Vous saviez parfaitement bien quelle était la politique du HVO HZ HB au

 28   cours de cette période pendant toute l'année 1993. Vous avez assisté à ces

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  1   réunions et vous étiez un proche, presque un confident, aurais-je dire, de

  2   M. le Président. Nous avons trace de réunions où vous étiez à Zagreb. Vous

  3   saviez pertinemment quelle était la politique du HVO, et vous saviez que

  4   cette politique consistait, notamment à ce qui est repris ici, dans ce

  5   compte rendu.

  6   R.  Non, ce n'est pas exact. J'ai déjà dit que le HVO avait, pour mission

  7   première, de défendre et de protéger les Croates sur les territoires de la

  8   HZ HB. C'est ça le concept, et j'en ai parlé à plusieurs reprises dans ce

  9   prétoire même.

 10   Je voudrais dire encore ce qui suit : jamais à l'occasion de réunions

 11   officielles du HVO, il n'y a eu de concept différent de posé. Pour ce qui

 12   est des solutions recherchées. Bien sûr, cette situation était sous la

 13   coupe des négociations de paix, des négociations internationales sous

 14   l'effet des résultats obtenus aux champs de bataille. Du grand nombre de

 15   réfugiés, et de tout ce qu'on devait résoudre au quotidien, mais la

 16   politique du HVO était clair.

 17   Q.  Excusez-moi, de vous interrompre, vous l'avez déjà dit plusieurs fois,

 18   mais je reviens à la question que je vous posais à l'instant. Est-ce que

 19   vous voulez dire que c'est ce que vous avez entendu de la bouche de M.

 20   Prlic ? Je vous rappelle, nous avons vu plusieurs exemples où M. Prlic a

 21   dit quelque chose radicalement différent. Est-ce qu'il vous a dit quelque

 22   chose à vous alors qu'ailleurs il a exprimé un autre avis ? Est-ce que

 23   c'est comme ça que les Juges doivent comprendre ce que vous dites ?

 24   R.  Je ne peux pas juger de cela sur la base de ce qui m'est montré ici. Je

 25   sais qu'il y avait toute une série de situation dans laquelle il fallait

 26   trouver des solutions tout à fait pragmatiques il fallait prendre position

 27   et trouver des solutions afin que cette question politique fondamentale que

 28   j'ai évoquée puisse être résolue. Après toutes ces années qui se sont

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  1   écoulées, comment nous devons envisager tout cela, et quel point de vue

  2   adopter, je ne peux vraiment pas apporter l'éclairage.

  3   Q.  Vous avez parlé de "pragmatisme." Reprenons la page 36, la Chambre le

  4   sait fort bien et tous les avocats le savent aussi ici et nous avons des

  5   comptes rendus et procès-verbaux de réunions parce qu'il y avait un

  6   magnétophone qui enregistrait ce qui se disait dans les bureaux, et ici

  7   nous avons à la page 36 ceci : "Il faut avancer dans la délimitation du

  8   territoire. Parce qu'à compter, en tant que gouvernement, le printemps

  9   dernier en 1993, donc en tant que gouvernement, nous avons défini les

 10   propositions et les conclusions, aussi pour ce qui est du déplacement de

 11   certaines brigades de certaines zones, qui veut dire qu'il faudrait peut-

 12   être faire bouger la population et la concentrer de façon à avoir des zones

 13   qui pourraient devenir et rester croates. C'est quelque chose de tout à

 14   fait pragmatique."

 15   Je saute quelques lignes et on retrouve le mot "pragmatisme."

 16   Est-ce que c'est ce genre de solution pragmatique et que vous avez dit de

 17   celle-ci il y a quelques instants à peine qu'elle était nécessaire ?

 18   R.  En ce qui concerne ce paragraphe précis, j'ai dit la chose suivante :

 19   que j'avais été membre du gouvernement au printemps, mais que je ne l'étais

 20   pas en octobre au moment de ces événements. Je sais que le gouvernement n'a

 21   jamais débattu de programme de transfert des brigades ou de la population

 22   d'une zone à l'autre.

 23   Quant à ce M. Prlic a dit, dans telles ou telles circonstances, c'est une

 24   question à laquelle lui-même pourrait peut-être répondre. Je sais qu'au

 25   cours des réunions que j'ai assistées, de telles positions n'ont pas été

 26   prises.

 27   M. KOVACIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai laissé le témoin

 28   répondre. Je n'ai pas voulu formuler d'objection avant. Mais comme vous

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  1   l'avez dit vous-même, nous n'avons pas ici toutes les pages de ce procès-

  2   verbal, et nous ignorons le contexte précis dans lequel cette discussion a

  3   été tenue. Est-ce qu'elle fait référence à un événement précis ou s'il

  4   s'agirait par exemple d'une opération menée par les pompiers en vue

  5   d'éteindre un incendie de façon urgente ? C'est dans ce cadre-là que l'on

  6   parle de cette zone, ou s'agit-il de politique en général, nous ne le

  7   savons pas. Ensuite compte tenu de la date qui est ici portée, nous

  8   pourrions tout à fait comparer ce qui est mentionné dans ce compte rendu

  9   avec les événements sur le terrain dont nous avons connaissance.

 10   M. le Procureur sait ici de quoi il s'agit. Toutefois, nous avons ici

 11   des éléments qui sont en quelque sorte suspendus hors de tout contexte et

 12   auxquels on peut donner une connotation tout à fait erronée.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : A la page 36, M. Prlic dit : "Je pense qu'une

 14   victoire militaire est nécessaire." Nous savons que, parce que ça va faire

 15   trois ans qu'on est là, donc vous imaginez bien que nous avons eu beaucoup

 16   de témoignages, de documents. Nous savons qu'il y a une offensive de l'ABiH

 17   en Bosnie centrale. Nous que les Croates malheureusement pour eux vont

 18   quitter des positions, ne serait-ce que Vares où il y a 5 000 ou 15 000

 19   Croates. Là, M. Prlic parle de 15 000, on a vu des documents où il y a 5

 20   000 Croates qui quittent Vares. Il semble que la situation sur le plan

 21   militaire est très préoccupante. Là, M. Prlic dit : "Je pense qu'une

 22   victoire militaire est nécessaire."

 23   Alors à votre connaissance, à l'époque, en novembre, le HVO était en mesure

 24   de s'opposer face à l'ABiH, ou fallait-il une aide de la République de

 25   Croatie et, curieusement, j'entendais en regardant le document une réponse

 26   de M. Tudjman à la problématique soulevée par M. Prlic. En réalité, suite à

 27   son intervention c'est M. Sancevic qui intervient.

 28   Bon, ceci étant dit, vous n'étiez plus ministre en novembre, nous le

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  1   savons, mais d'après votre connaissance, est-ce qu'à l'époque sur le plan

  2   militaire le HVO était en mesure de remporter une victoire ou pas ? Bien

  3   que M. Prlic, l'appelle, semble-t-il, de tous ses vœux. 

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous aviez posé cette question à

  5   n'importe quel citoyen croate à l'époque, il vous aurait répondu de la même

  6   manière. Une victoire militaire serait nécessaire afin de réinstaller

  7   l'espoir, afin d'arrêter ces vagues de réfugiés, afin que les gens restent

  8   en Bosnie-Herzégovine. C'est ce contexte dont il est question, c'est dans

  9   ce contexte-là que nous les discussions avaient eu lieu.

 10   Je ne peux pas dire maintenant si le HVO, à cette époque-là, était en

 11   mesure ou non de reporter une victoire car il ne s'agissait pas de mon

 12   domaine, et je ne peux pas juger de cela ni apporter des informations

 13   concernant cela.

 14   Ce que je sais c'est que et c'est quelque chose de tout à fait

 15   simple, c'est que lorsque quotidiennement vous avez des informations qui

 16   vous parviennent selon lesquelles les gens ont quitté une première localité

 17   et puis une seconde, puis une troisième, quatrième, cinquième, sixième.

 18   C'est une situation dans laquelle et qui est telle qu'il serait. Il est

 19   évident qu'il est bon de se poser la question de savoir comment arrêter ces

 20   différents mouvements de population et ces mouvements de migration des

 21   Croates.

 22   M. KOVACIC : [interprétation] Messieurs les Juges, si je puis me permettre

 23   une remarque aux fins du compte rendu d'audience; sinon, nous allons partir

 24   dans une mauvaise direction.

 25   Lorsque le témoin a commencé à répondre à la question, il a dit, je cite :

 26   "je crois que tous les Croates seraient d'accord avec ça;" il a aussi dit :

 27   "A l'époque," à savoir qu'une victoire serait nécessaire. Ce qui est entré

 28   au compte rendu d'audience, c'est, je cite : "Une victoire était

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  1   nécessaire." Ce qui pourrait être interprété comme une victoire totale,

  2   alors ce qu'est-ce qu'il a dit était complètement différent. Alors je crois

  3   que le témoin pourrait éclaircir cela mais maintenant ma consoeur me dit

  4   que ce que j'ai dit n'est pas bon non plus.

  5   Il apparaît que le mot clé qui a été utilisé par le témoin n'a pas été

  6   interprété. Ce que le témoin a dit, et je cite : "C'est qu'à cette époque

  7   et c'est ce que chaque Croate aurait certainement dit la même chose à

  8   l'époque, à savoir qu'une victoire aurait été nécessaire."

  9   Qu'une seule victoire était nécessaire, c'est ce que le témoin a dit, une

 10   seule victoire serait nécessaire.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- vous avez dit au juste, vous pourrez

 12   préciser ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Une victoire, non pas au sens de victoire

 14   finale, mais au sens d'une seule victoire. Ne serait-ce qu'une seule

 15   victoire sur l'un des théâtres d'opération afin de restaurer la confiance

 16   et afin que les populations cessent de penser à la façon dont elles

 17   pourront quitter les localités où elles se trouvent afin d'interrompre ce

 18   mouvement de panique dans lequel tous essaient de trouver des solutions

 19   pour quitter leurs localités, notamment celle qui se trouvaient dans les

 20   zones frontalières avec l'ABiH ?

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- en novembre 1993, d'après vous, les

 22   Croates avaient le moral assez bas, ils n'avaient plus confiance vu

 23   l'afflux des réfugiés, vu les événements, c'est ce que vous semblez dire ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Et vous-même, vous aviez confiance ou pas ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Il existait une crainte d'assister

 27   l'impossibilité de contrôler un afflux aussi important de réfugiés au sens

 28   de leur prise en charge en termes d'hébergement, au sens de leur

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  1   approvisionnement.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- qui me vient à l'esprit et puis

  3   après je redonnerai la parole à M. Scott.

  4   En novembre, nous savons qu'il y a Vares qui est totalement évacué par la

  5   population croate, et nous avons vu les documents où ces gens-là, il va

  6   falloir les re-dispatcher un peu partout. On a vu plusieurs documents. A

  7   votre connaissance, les services de Renseignement croates, savaient-ils que

  8   l'ABiH faisait une offensive d'envergure ? Si c'était le cas, pourquoi ils

  9   ne sont pas intervenus de manière transparente et visible ? Ou bien, vous

 10   n'en savez rien, et à ce moment-là, je poserai cette question aux

 11   militaires qui viendront puisqu'il y a plusieurs militaires qui sont

 12   programmés par les autres accusés, donc je pourrais toujours reposer cette

 13   question. Mais vous, à votre niveau, vu l'état de déliquescence, semble-t-

 14   il, et ces départs de réfugiés croates par millier, pourquoi la République

 15   de Croatie n'est pas intervenue militairement, de manière visible,

 16   officielle ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne dispose véritablement pas de

 18   suffisamment d'information pour vous répondre concernant cette question,

 19   Monsieur le Juge.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : On posera la question à des militaires.

 21   Monsieur Scott.

 22   M. SCOTT : [interprétation] Merci.

 23   Avant de commencer à poser la question, maintenant je précise que nous

 24   avons entendu plusieurs commentaires où je n'ai pas eu l'occasion de

 25   réagir.

 26   Pour ce qui est du compte rendu d'audience, tout d'abord, et ceci ne met

 27   pas en cause le témoin, vous savez, on a déjà souvent parlé de cela.

 28   Je le précise, depuis le début, depuis le premier jour, et ça restera

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  1   aujourd'hui. Lorsque ces transcripts ont été versés, ils auraient dû être

  2   versés dans leur totalité précisément pour éviter ce genre de dispute sur

  3   le nombre de pages. Ça ne cesse d'être notre position.

  4   Pour ce qui est de ce que vient de dire Me Karnavas, je ne pense pas

  5   que l'Accusation s'opposera à ce qu'on ajoute des éléments de ce transcript

  6   présidentiel. Nous avons toujours pensé qu'il devait l'être dans son

  7   intégralité. On a dit que j'avais retiré des choses de son contexte. Ça

  8   explique et puis j'ajouterais qu'il est impossible de lire la totalité de

  9   chacun de ces transcripts avec chaque témoin. Il n'est pas possible de vous

 10   soumettre 120 pages. Vous avez maintenant quatre classeurs. Il faudrait que

 11   vous en ayez dix, si je vous donnais ? Alors imaginez d'avoir dix classeurs

 12   sur votre table. Ce sont les vicissitudes de la vie. C'est ce que nous

 13   faisons depuis trois ans et je pense qu'avoir une objection : "Et exiger

 14   qu'on lise le tout ce n'est pas très utile." C'est infaisable, Monsieur le

 15   Président, vu les circonstances, et la Défense a fait pareil. Elle a

 16   utilisé des bribes, les bribes de ces transcripts pour les passages qui

 17   l'intéressait. Si vous voulez nous donner des journées entières pour lire

 18   tout de la page 1 à 120, fort bien, mais je pense que j'ai dit ce que je

 19   devais dire.

 20   Je reviens maintenant au témoin.

 21   Q.  N'est-il pas exact de dire que, pendant toute cette période ici, nous

 22   parlons de l'interaction de M. Prlic avec les Serbes de ces négociations

 23   avec eux, mais vous saviez, n'est-ce pas, qu'il était en négociations

 24   permanentes, constantes avec les Serbes surtout au cours de l'automne 1993

 25   et sur plusieurs sujets, une vaste gamme de sujets, il le disait d'ailleurs

 26   au HVO de la HZ HB, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui, j'étais au courant de cela plus précisément j'étais au courant de

 28   certains des contacts qu'il avait avec la partie serbe.

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  1   Q.  Qui plus est vous saviez qu'à un moment donné, il négociait un accord

  2   avec ce qu'on a appelé la Province autonome de Bosnie occidentale avec un

  3   certain Fikret Abdic, mais aussi avec la Republika Srpska, donc avec M.

  4   Karadzic ?

  5   R.  Non, je n'étais pas au fait de cela.

  6   M. SCOTT : [interprétation] Veuillez examiner la pièce P 10707, troisième

  7   classeur.

  8   Q.  Vous avez désormais le document, je vous demande ceci, c'est de nouveau

  9   un article repris ou présenté par la BBC qui concerne la journée du 9

 10   novembre 1993. Etant donné ce que nous avons déjà dit, je sais qu'au départ

 11   les informations viennent du service de télévision satellite en Croatie,

 12   information fournie à 8 heures 30 le 7 novembre, 18 heures 30.

 13   M. Prlic parle de ces réunions, réunions qu'il a avec les personnes

 14   mentionnées ici, qui représentent certaines entités dont M. Lukic, premier

 15   ministre de la RS, mais on fait également référence au fait qu'il apporte

 16   son soutien à une déclaration faite par Fikret Abdic et le président Mate

 17   Boban de la République croate d'Herceg-Bosna, et une déclaration signée à

 18   Belgrade par Abdic et Karadzic. Est-ce que vous étiez au courant de toutes

 19   ces négociations et de ces documents qui furent signés en novembre 1993 ?

 20   R.  J'en ai entendu parler à travers les médias, oui.

 21   Q.  Mais est-ce que vous vous souvenez si M. Prlic en a parlé lors de

 22   réunions qui se sont tenues à ce moment-là ? Est-ce qu'il a parlé de ces

 23   pourparlers, de ces négociations, des accords qu'il avait conclus avec M.

 24   Fikret Abdic et avec les soi-disant autorités serbes ?

 25   R.  A cette époque, je n'étais pas membre du gouvernement et je ne puis me

 26   rappeler si cela a donc été rapporté ou non.

 27   Q.  N'est-il pas juste de dire que pendant cette période M. Prlic avait des

 28   contacts réguliers et fréquents avec les dirigeants serbes de Bosnie, il

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  1   s'est rendu dans plusieurs endroits, les a rencontrés, il leur a parlé par

  2   téléphone, par télécopie, il avait beaucoup de contacts avec les dirigeants

  3   serbes de Bosnie, n'est-ce pas ?

  4   R.  Je ne sais pas jusqu'à quel point il s'agissait de contacts permanents

  5   ou non. Je sais qu'il s'est rendu à Banja Luka. J'ai eu vent de ce qui a

  6   été évoqué par les médias, mais je ne sais pas, je n'ai pas connaissance du

  7   caractère plus ou moins permanent ou non de ces contacts.

  8   Q.  Est-ce que vous saviez qu'il a participé aussi à des négociations sur

  9   l'échange de prisonniers avec les Serbes ?

 10   R.  J'ai évoqué tout à l'heure lorsque nous avons vu l'ensemble de ce

 11   rapport le fait qu'une pression très importante était exercée par les

 12   familles des prisonniers de Kupres que des pressions avaient été exercées

 13   dans le sens de leur libération.

 14   M. SCOTT : [interprétation] Je vais vous demander d'examiner la pièce P

 15   06581, deuxième classeur. Deuxième classeur, je répète le numéro 06581.

 16   Autre compte rendu d'une réunion présidentielle à Zagreb, réunion qui s'est

 17   tenue le 10 novembre 1993.

 18   Monsieur l'Huissier, est-ce que vous pourriez montrer la page 3 au témoin.

 19   Q.  Début de la page, le président Tudjman demande d'abord : "Est-ce

 20   que vous avez eu une réunion avec Karadzic ?"

 21   Mate Boban dit : "Non. C'est demain qu'il y a une réunion du

 22   gouvernement."

 23   Puis il parle de Jadranko Prlic, voici comment ça s'est passé :

 24   "J'y suis allé et on a eu des difficultés au moment du passage. Je suis

 25   arrivé à Banja Luka dans la soirée, on avait un changement là. Il y a eu

 26   des discussions et nous avons envoyé ce "fax" puisqu'on avait parlé de

 27   communication-là, j'insiste sur le fait qu'on a utilisé un fax, une

 28   télécopie, et qui disait que c'était aujourd'hui, jeudi."

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  1   Puis ils ont dit -- je saute un peu là : "Ils l'ont reçu dimanche à

  2   Komarica," - excusez-moi si je prononce mal - "Komarica a écrit cette

  3   partie à la main. Il a dit qu'il fallait tirer des éclaircissements, donner

  4   des précisions par téléphone. Dimanche soir, je me suis trouvé à Kladusa,

  5   d'après ce qu'ils ont dit," le texte se poursuit.

  6   Page 7, s'il vous plaît, de nouveau Jadranko Prlic qui intervient :

  7   "En ce qui concerne ces Serbes en Bosnie-Herzégovine, l'échange se

  8   poursuit. Nous sommes d'accord là-dessus, vous le savez, et eux ils ont

  9   fait ce qu'ils devaient faire."

 10   Puis il parle des Croates de Banja Luka, il dit : "C'est une

 11   obligation de travail et on ne peut pas les empêcher de le faire. Ils vont

 12   la récolte des pommes, c'est mieux que d'aller à l'armée. Oui, voilà ce

 13   sont certaines des choses essentielles qu'il y a eu."

 14   Vu des réponses que vous avez données récemment, est-ce que vous

 15   estimez que M. Prlic parlait davantage de ce qu'il faut au président

 16   Tudjman à Zagreb que d'en parler à Mostar au gouvernement du HVO ?

 17   R.  Je ne peux pas tirer cette conclusion de ce qui m'est présenté ici.

 18   Lorsque j'étais membre du gouvernement, nous étions informés de ce que M.

 19   Prlic lui-même savait. Après cela, lorsque je n'étais plus membre du

 20   gouvernement, je ne pouvais véritablement pas faire de commentaires.

 21   Je vais donc terminer cette section, si vous voulez bien, j'en reviens à la

 22   question que je vous ai posée il y a de ça quelques instants, ayant vu et

 23   ayant parcouru un certain nombre de documents supplémentaires.

 24   N'est-il pas juste, qu'en février 1994, il n'y avait pas eu d'affrontement

 25   armé important entre les Serbes de Bosniaques et les Croates pendant au

 26   moins les sept mois qui ont précédé cette période ?

 27   R.  Je ne peux vraiment pas affirmer avec certitude, quoi que ce soit

 28   concernant les opérations militaires, dans cette période-là, comme je l'ai

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  1   déjà dit précédemment d'ailleurs. Je sais, par exemple, quand il y a eu des

  2   affrontements armés à Usora, mais de façon plus générale, je ne tenais pas

  3   le compte de tous ces affrontements, tous ces incidents. Je ne peux pas en

  4   dire plus pour Usora, où je sais que je sais qu'il y avait eu des actions

  5   pour arrêter l'avancée des Serbes. Je sais qu'il y a eu des tentatives en

  6   ce sens, mais quand exactement, cela a eu lieu, je ne peux pas fournir plus

  7   de détails.

  8   Q.  Saviez-vous, aux alentours de février, 1994, que M. Prlic négociait

  9   avec les Serbes bosniaques afin de relier les lignes de courant électrique

 10   à la fois des Croates et des Serbes ?

 11   R.  Non, pour cette période-là, je ne peux vraiment pas confirmer.

 12   Q.  -- regardez P 10705.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- je reste sur cette réunion. On aura

 14   l'occasion évidemment de revenir avec d'autres témoins sur ce document,

 15   mais c'est un document important, parce que cette réunion se déroule le 10

 16   novembre 1993, et manifestement, on découvre deux choses : que M. Tudjman

 17   ignorait tout de l'affaire de Stupni Do, puisqu'il demande qu'est-ce qui

 18   s'est passé et qui c'est sur Rajic, et puis sur la destruction du pieux

 19   pont. C'est le même positionnement de Tudjman, qui va aux nouvelles et qui

 20   pose des questions.

 21   Alors à votre connaissance, M. Tudjman était-il bien informé de ce qui se

 22   passait dans l'Herzégovine ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'il disposait de suffisamment

 24   d'informations. Quant à la qualité de ces informations, je ne peux rien

 25   dire. Je ne sais pas.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc vous ne pouvez pas, vous supposez qu'il

 27   disposait des informations, mais vous ne pouvez rien dire de plus ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, vraiment pas.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott.

  2   M. SCOTT : [interprétation]

  3   Q.  P 10705, toujours un article du service suivi de la BBC, du 15 février

  4   1994, qui indique que M. Prlic participe à une négociation pour relier les

  5   lignes de courant d'alimentation électrique. Compte tenu du facteur temps,

  6   je souhaite attirer votre attention tout particulièrement au paragraphe 3,

  7   où il est dit dans cet article, en fait, l'information est attribuée aux

  8   dirigeants serbes bosniaques, Lukic, je cite : "Il n'y a pas eu

  9   d'affrontement entre les Serbes bosniaques et les Croates depuis sept mois

 10   au total, ce qui montre comment les affrontements peuvent être évités dans

 11   la guerre, a souligné Lukic."

 12   Je vous le souligne une dernière fois, Monsieur Tomic : ne savez-vous pas

 13   que cette déclaration de M. Lukic est exacte, c'est-à-dire qu'à compter de

 14   février 1994, il n'y a pas eu d'affrontement majeur entre les Serbes

 15   bosniaques et les Croates depuis sept mois qui ont précédé ?

 16   R.  A plusieurs reprises déjà, j'ai répondu à cette question. Je ne dispose

 17   pas de la chronologie de ces événements, et je ne peux pas confirmer cela.

 18   Je sais qu'il y a eu des affrontements à Usora, mais je ne peux les

 19   resituer dans le cadre temporel exact qui était les leurs. C'est qu'il

 20   s'est agi pendant longtemps d'un lieu où se déroulaient des affrontements

 21   avec les Serbes.

 22   Q.  Alors je change de sujets, à moins qu'il n'y ait d'autres questions

 23   supplémentaires donc dernier document, en changeant de sujets, j'en reviens

 24   à des points que nous avons évoqués précédemment pour la dernière fois,

 25   mais je voudrais relier ça avec d'autres questions que je veux vous poser.

 26   Vous vous souviendrez que nous avons étudié un certain nombre de documents

 27   la dernière fois, y compris un des comptes rendus de la réunion de Livno le

 28   9 février 1992. Je pense qu'il n'y a pas lieu de l'examiner, mais pour le

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  1   PV, P 00117, que vous avez vu la dernière fois et que les Juges ont vu à

  2   plusieurs reprises, la langue du référendum enfin auquel -- pour lequel ils

  3   ont voté, enfin la formule qu'ils souhaitaient c'était de redire la chose

  4   suivante : "Etes-vous favorable à une Herzégovine souveraine et

  5   indépendante, un Etat conjoint avec des peuples constitués souverains,

  6   croates, musulmans, serbes, dans leurs propres régions ethniques (cantons)

  7   ?"

  8   Ça c'est la rédaction que le HDZ, conseil central réuni à Livno le 9

  9   février 1992, c'est ce qu'ils voulaient, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, c'est exact.

 11   Q.  Cela restait toujours la position du HVO et des autorités Herceg-Bosnie

 12   pendant toute cette période, 1992, 1993, jusqu'en 1994, une organisation de

 13   Bosnie-Herzégovine sur base de zones ethniques distinctes, que les Croates

 14   auraient leur zone, les Serbes la leur, et les Musulmans auraient leur

 15   zone. Ça c'était le modèle souhaité, n'est-ce pas ?

 16   R.  On ne peut pas ici parler de zones qui auraient été ethniquement en

 17   quelque sorte pures, ou au sens où on y aurait habité d'une part que des

 18   Croates, d'autre part que des Musulmans, et encore dans le troisième

 19   ethnique, que des Serbes. Ceux dont nous discutions c'était des zones où

 20   les uns ou les autres auraient été majoritaires, des zones qui auraient été

 21   majoritairement peuplées par l'un des trois groupes ethniques.

 22   Q.  Trois zones ethniques, pas nécessairement pures, mais trois zones

 23   ethniques, c'était là, la structure souhaitée, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Puis-je vous demander de passer à la pièce P 00498 ? P 00498, qui se

 26   trouve dans le premier classeur.

 27   Il s'agit d'un autre compte rendu d'une réunion présidentielle à Zagreb le

 28   17 septembre 1992. J'attire votre attention sur la page 26.

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  1   A la page 26, M. Prlic affirme à ceux qui sont réunis : "Je voudrais dire

  2   que nous tenons ferme sur les lignes de défense, sur les territoires

  3   d'Herceg-Bosna. J'ai les informations précises concernant la Bosnie-

  4   Herzégovine qui n'a pas été formellement associée à la Herceg-Bosna. Nous

  5   allons voir ça demain et résoudre ces questions. A l'heure qu'il est, en

  6   raison d'une absence de moyen technique, nous ne sommes pas prêts pour les

  7   opérations offensives notamment en ce qui concerne Kupres," et cetera.

  8   "Sans quoi nous tenons ferme sur la ligne qui fait plus de 500 kilomètres

  9   de long."

 10   D'après votre expérience, c'était vrai lors des réunions HVO HZ HB, M.

 11   Prlic était assez bien informé de la situation militaire, et dans cette

 12   situation il pouvait fournir des informations assez spécifiques au

 13   président Tudjman, n'est-ce pas ?

 14   "En raison d'une pénurie de moyens techniques, nous ne sommes prêts pour

 15   des opérations offensives, cela mis à part cela, nous tenons ferme sur la

 16   ligne qui fait plus de 500 kilomètres de long."

 17   Vous avez dit la dernière fois que je voulais dire la chose, la dernière

 18   fois que vous étiez présent lorsqu'on vous a interrogé à propos du style de

 19   gestion de M. Prlic, vous avez dit que c'était : "Un homme qui était très

 20   précis dans ces actes," n'est-ce pas ?

 21   R.  Je ne pense avoir utilisé ces termes-là.

 22   Q.  Je vous avais posé cette question et je crois que le procès-verbal fera

 23   apparaître que vous avez répondu, oui, M. Prlic était un administrateur

 24   talentueux qui prêtait attention aux détails. Je vous avais dit et si nous

 25   avons le temps, je vous donnerai la page de la transcription, une personne

 26   qui était "précise dans ses actes et dans ses gestes." Je crois que vous

 27   étiez d'accord. En tout état de cause, vous serez d'accord pour dire que M.

 28   Prlic était bien informé de la situation militaire en Herceg-Bosna ?

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  1   R.  Pour être concret, cette façon de s'exprimer, moi, je ne m'en souviens

  2   pas. Je ne me souviens pas de m'être exprimé ainsi.

  3   M. KOVACIC : [interprétation] Je crois que là, on jette le témoin dans la

  4   confusion. Cette phrase, mettre les points sur les "i," mettre les traits

  5   sur les "t," ça, le témoin ne l'a jamais dit. On a assez bien traduit du

  6   point de vue linguistique ce qu'il a dit. Il vient de le confirmer. Alors

  7   là, on cherche à le jeter dans la confusion parce qu'on affirme qu'il a dit

  8   que Prlic était un homme du genre à mettre les points sur les "i." Ce n'est

  9   pas propre à notre façon de nous exprimer. Je crois que dans le langage,

 10   dans langue anglaise, ça a été assez bien traduit. Mais ceci prête à

 11   confusion pour ce qui est du témoin.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Tomic, qu'est-ce que vous avez voulu dire ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, ce que je voulais dire, c'est que cette

 14   citation telle que le Procureur vient de nous la donner, ce n'est pas

 15   propre à notre façon de parler. Moi, je n'ai pas dit chose pareille, je ne

 16   me sers pas de ce type d'image, les points sur les "i." Ce n'est pas

 17   l'image, une image que j'utilise. Alors pour maintenant tirer une

 18   conclusion concernant mes positions ou mes opinions, ça, c'est tout à fait

 19   autre chose.

 20   M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi alors, Monsieur le Juge, la

 21   question était posée par M. Scott de cette façon. Je sais pour un fait.

 22   Alors il y a peut-être quelque chose qui a été perdu dans la traduction,

 23   mais je peux effectivement vérifier que M. Scott a posé la question, si

 24   c'est le genre de personne qui effectivement mettait les points sur les "i"

 25   et qui barrait ces "t." Si la réponse, M. Tomic a dit effectivement qu'il

 26   barrait ces "t," enfin, quelque chose de ce genre, enfin, je peux retrouver

 27   le passage, je l'ai lu hier mais il y a peut-être eu -- ça n'a peut-être

 28   pas été rendu dans la traduction. Mais le fait, le témoin trouve objection

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  1   à une question qui est formulée par le Procureur, et l'Accusation qui

  2   affirme que c'est là les propos du témoin. Ça peut-être là où se situe la

  3   confusion. Il n'y a pas eu une mauvaise intention de part et d'autre.

  4   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci, Monsieur Karnavas. En effet,

  5   Monsieur Scott, c'est effectivement une question de sémantique sans

  6   pertinence aucune. Vous pourrez très bien demander -- poser la question à

  7   M. Scott quand avoir recours à cette image, avant de ce faire puisqu'on en

  8   a beaucoup parlé.

  9   M. SCOTT : [interprétation] Je remercie, Maître Karnavas, pour sa franchise

 10   en indiquant que j'avais bien posé la question.

 11   Q.  34105-106, la question a été posée, et donc pour vous rassurer,

 12   Monsieur Tomic.

 13   Question : "La question que je vous pose porte davantage sur M. Prlic

 14   et les prémices pour le fonctionnement. Diriez-vous, d'après vous, que M.

 15   Prlic est quelqu'un de très compétent, un administrateur qui très

 16   talentueux ?"

 17   Réponse : "Oui."

 18   Question : "Pourrait-on dire que M. Prlic est le genre de personne

 19   dont on pourrait dire, et pardonnez-moi, je ne sais pas si ça existe dans

 20   votre langue, on pourrait dire effectivement c'est le genre de personne qui

 21   est extrêmement précis et pointilleux, qui met les points sur les "i" et

 22   qui barre ces "t" ?"

 23   Réponse : "Oui, c'est ce qu'il essaie de faire en permanence, de

 24   mettre les points sur les "i," et de barrer ses "t."

 25   Donc ça, ce sont les propos du témoin.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Ce ne sont pas les propos du témoin,

 27   c'est la traduction. A plusieurs reprises, nous avons constaté qu'un bon

 28   traducteur va traduire une image à une image correspondante mais qui ne

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  1   correspond pas à l'image identique dans une autre langue. Un autre

  2   interprète va peut-être traduire en utilisant l'image qu'il traduit et

  3   ensuite c'est incompréhensible. Donc je vous demande de poursuivre et

  4   laissons de côté cette histoire de points sur les "i" et les "t."

  5   M. SCOTT : [interprétation] Désolé, c'est le compte rendu d'une décision,

  6   ce qui conteste le contenu de ce qui a été souligné au témoin, c'était un

  7   administrateur talentueux qui prêtait attention aux détails.

  8   Q.  Peut-on se mettre d'accord là-dessus ?

  9   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Je viens de confirmer -- je voudrais

 10   confirmer : on vient de nous traduire littéralement point sur les point sur

 11   les "i" et les traits sur les "t."

 12   Ça n'avait pas été traduit au départ, et je crois que le débat est

 13   complètement inutile.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : On a passé dix minutes.

 15   Monsieur le Témoin, la question était ultra simple. Est-ce que M. Prlic

 16   était informé de la situation militaire ? Voilà.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense qu'un certain volume d'information

 18   devait être accessible au travers des réunions conjointes que nous avons

 19   tenues. Pour ce qui est des opérations ou actions mêmes, pour ce qui est

 20   des planifications, et cetera, je pense savoir qu'il n'avait pas eu

 21   d'information à ce sujet-là.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott.

 23   M. SCOTT : [interprétation] Bien. Je vous remercie de votre aide. Je vais

 24   donc poursuivre sans retard. J'espère que la question est claire s'agissant

 25   de la métaphore qu'on peut employer.

 26   Q.  J'attire votre attention à la page 28 de ce même document.

 27   Poursuivons à la page 28, M. Prlic donne ce qui est en substance un énoncé

 28   de différentes positions des trois partis : "Les Serbes souhaitent une

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  1   association d'Etats en Bosnie-Herzégovine, ce qui signifie pratiquement

  2   aucun Etat, s'agissant de la Bosnie-Herzégovine. Ce qui existerait au

  3   centre serait financé et tout Etat basé là-dessus n'est pas un Etat. Ça

  4   c'est l'option des Serbes. L'option des Musulmans est ce que les

  5   intervenants, les orateurs précédents avaient proposé et ont dit mais

  6   essentiellement  il s'agit d'une Bosnie-Herzégovine unitaire et civique,

  7   c'est ce que nous pensons tous."

  8   Ensuite il parle de la position des Croates : "Les Croates, les soldats au

  9   Conseil de Défense croate et ceux qui y travaillent, les organes

 10   d'autorité, ont un objectif politique clair. Il m'est apparu clairement

 11   depuis que je suis impliqué dans cette affaire et depuis que j'occupe cette

 12   fonction, à savoir la constitution de Bosnie-Herzégovine ont trois unités

 13   nationales."

 14   Cela est pleinement conforme au libellé de la formulation de Livno

 15   que je viens de vous soumettre, c'est-à-dire trois unités nationales,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, M. Prlic dit :

 18   "Avec les principes de la Communauté européenne." C'est dans le texte,

 19   gardant présent à l'esprit que c'est la Communauté européenne qui pilote

 20   les formules de négociations, et ça c'est un aspect essentiel de ce qu'il

 21   dit. Donc si on pose la question, il faudrait peut-être ajouter : "Dr Prlic

 22   favorisait les initiatives internationales, notamment la Communauté

 23   européenne quant à la façon dont la Bosnie-Herzégovine doivent être menées

 24   en un terme."

 25   M. SCOTT : [interprétation] Bon. Là il s'agit d'argument et de commentaire.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Scott, c'est ici qu'il est

 27   vraiment facile de mettre toute la situation, c'est ce que dit M. Karnavas

 28   donc n'ayons pas recours à ces formules.

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  1   M. SCOTT : [interprétation] Je pense que, bon, je peux lire la totalité.

  2   Vous l'avez. Il ne s'agit pas d'induire qui que ce soit en erreur dans

  3   cette salle d'audience.

  4   "Depuis que j'ai participé à ceci, depuis que j'occupe ce poste, et

  5   la formation est d'ordonner à la Bosnie-Herzégovine conformément aux

  6   principes de la Communauté européenne, c'est-à-dire constituer la Bosnie-

  7   Herzégovine via trois entités nationales."

  8   Entre nous, le sentiment que M. Karnavas infirme d'argument et de

  9   commentaire, il l'affirme mais c'est sa position. Je ne dis pas que

 10   l'Accusation est d'accord, ni le témoin, ils ne le savent pas. Donc il n'y

 11   a pas de raison pour cela.

 12   Q.  Ma question, la question que je vous posait était spécifiquement : cela

 13   suit avec précision la formule énoncée par le conseil central HDZ qui s'est

 14   réuni à Livno le 9 février 1992, l'organisation de la Bosnie-Herzégovine en

 15   trois unités ethniques séparées ou comme cela est dit ici trois unités

 16   nationales; c'est bien ça ?

 17   R.  Je dois ajouter la position suivante --

 18   Q.  Pouvez-vous répondre à ma question d'abord ?

 19   R.  Pas intégralement.

 20   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, combien de fois pendant

 21   l'affaire de l'Accusation, M. Karnavas a dit : "Répondez à la question, oui

 22   ou non" ? Je pense que je suis fondé à la même procédure que celle qui a

 23   été accordée à la Défense.

 24   Q.  Je vous laisse préciser, je vous laisse ajouter --

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Essayez de répondre comme la question vous est

 26   posée, même si ça ne vous plait pas, mais c'est comme ça, parce que, dans

 27   le cadre du contre-interrogatoire, le Procureur a le droit de poser une

 28   question suggestive qui entraîne "oui" ou "non," "je ne suis pas d'accord,"

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  1   ou "je ne sais pas." Après, selon votre réponse, le Procureur complètera,

  2   le cas échéant.

  3   Bien. Alors, Monsieur Scott, reprenez.

  4   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, donc en fait c'est au

  5   moins la troisième fois que je pose la question.

  6   Q.  Donc l'énoncé ici présenté par M. Prlic le 17 septembre 1992, neuf mois

  7   après la réunion qui s'est tenue à Livno en février, c'est la formulation à

  8   toutes fins utiles sont les mêmes, n'est-ce pas, c'est-à-dire trois unités

  9   nationales, chaque peuple dans sa propre zone ethnique - entre parenthèses

 10   - (cantons), trois unités nationales; c'est la même structure fondamentale,

 11   n'est-ce pas ? 

 12   R.  Non, car ici on parle d'une action mutuelle et on ne parle pas d'unités

 13   tout à fait distinctes parque le critère n'est pas uniquement la

 14   composition ethnique de la population. Il y a des critères géographiques,

 15   les positions au niveau des voies de circulation, les communications

 16   routières, et cetera. On ne va pas vers la création d'unités ethniques

 17   pures.

 18   Q.  Nous avons déjà eu cette discussion. Vous m'avez vous-même corrigé ou

 19   vous avez laissé l'impression que la question de Livno était semblable et

 20   qu'il ne s'agissait pas nécessairement de trois zones ethniquement pures

 21   que la question de Livno en appelait à des zones majoritairement ethniques.

 22   C'est ce que vous avez dit il y a un quart d'heure, 20 minutes, dans le

 23   prétoire à parler "d'ethniquement pur;" la structure était trois unités

 24   nationales; c'est bien ça ? Ou ne croyez-vous pas ce que disait M. Prlic

 25   ici le 17 septembre 1992 ?

 26   R.  Oui, ce qui a été dit c'est intégralement ce qui avait été la politique

 27   du HVO de la HZ HB défendue par celle-ci.

 28   Q.  Je passe à la page 29.

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  1   M. SCOTT : [interprétation] Je pense que nous en arrivons à une pause mais

  2   permettez-moi de terminer. Page 29, encore quelques points là-dessus.

  3   Q.  M. Prlic poursuit en bas pas tout à fait à la fin mais vers la fin de

  4   cette page, vous trouverez le texte suivant, le passage suivant ver la fin

  5   d'un des paragraphes : "Il n'y a toujours pas d'accord politique concernant

  6   les relations entre les Croates et les Musulmans. Ces relations" - il

  7   s'agit bien de septembre 1992 - "ces relations deviennent de plus en plus

  8   tendues et certains conflits -- peut présager de certains conflits.

  9   Personnellement, je pense qu'il sera impossible d'éviter totalement des

 10   conflits."

 11   Ensuite il parle d'envoyer des courriers; ne s'agit-il pas de la position

 12   de M. Prlic mais d'autres, y compris vous-même ? N'aviez-vous pas le même

 13   point de vue ? Vous saviez que, compte tenu des positions prises à

 14   l'époque, un conflit entre les Croates et les Musulmans était pratiquement

 15   inévitable, n'est-ce pas ?

 16   R.  Ici il n'est pas question du conflit militaire tel que je comprends les

 17   choses. Au quotidien dans nos activités, nous tombions sur des réactions,

 18   nous avions des conflits du point de vue de la mise en œuvre de certaines

 19   réglementations sur le terrain. Dans tous les segments, à savoir finance,

 20   justice et autres, il y a eu des tensions, des situations tendues qui

 21   avaient généré des problèmes, et c'est dans ce contexte-là que je comprends

 22   les choses ici.

 23   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, voulez-vous faire la

 24   pause -- imperceptible --

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- faire une pause de 20 minutes.

 26   --- L'audience est suspendue à 17 heures 34.

 27   --- L'audience est reprise à 17 heures 56.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.

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  1   Monsieur le Greffier, indiquez-moi le temps qui reste au Procureur.

  2   M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott.

  4   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  5   Q.  Examinons maintenant la pièce P 10701, qui se trouve dans le premier

  6   classeur. Je répète le numéro de la pièce P 10701.

  7   Je précise que c'est de nouveau un service -- une publication de service de

  8   suivi de la BBC et nous avons la date qui est celle du 26 avril 1993.

  9   Voici ma question : il y a deux paragraphes dans ce document. Voici ce que

 10   dit le second, je vous le lis : "Le président du HVO de la Communauté

 11   croate d'Herceg-Bosna, Jadranko Prlic, a parlé des derniers affrontements

 12   qui ont posé le HVO et les forces musulmanes à l'occasion d'une conférence

 13   de presse donnée aujourd'hui, une des conférences de presse régulière du

 14   HVO, qui se tienne à Mostar quotidiennement."

 15   Est-ce que vous saviez que les autorités du HVO avaient pour habitude ? Je

 16   vous demande de le confirmer, si vous le savez : est-ce que vous savez

 17   qu'il y avait des conférences de presse quotidiennes ?

 18   R.  Pour autant que je sache, ces conférences de presse n'étaient pas

 19   quotidiennes.

 20   Q.  Quelle était la fréquence ?

 21   R.  Je ne saurais le dire avec exactitude. Mais je sais que le HVO de la HZ

 22   HB ne tenait pas de conférence de presse très souvent. Il y avait des

 23   déclarations qui étaient données après nos réunions.

 24   Q.  Qui étaient les principaux porte-parole du HVO HZ HB à ces conférences

 25   de presse ?

 26   R.  J'ai déjà dit qu'il aurait même été impossible de parler de porte-

 27   paroles principaux car il n'y avait pas beaucoup. Il n'y en a pas eu

 28   beaucoup de conférences de presse de ce type. Je ne sais pas en fait --

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  1   Q.  Monsieur, voici une hypothèse que je vous soumets, en fait, elles

  2   avaient lieu de façon bien plus régulières que vos -- et qui parlait autre

  3   que M. Prlic à ces conférences de presse ?

  4   R.  Je ne sais pas. Je ne pourrais pas vous le dire ici.

  5   Q.  Veuillez examiner la pièce P 10706. Article de la BBC, en date du 6 mai

  6   1993, qui fait état ou qui relaye un reportage qui vient de la télévision

  7   satellitaire de Croatie, Zagreb, et vous voyez ici qu'il est question du 4

  8   mai en présence du président de l'Herceg-Bosna. "M. Prlic et de plusieurs

  9   représentants du HVO, le directeur de la radio, Zlatko Prienda, a insisté

 10   pour dire que tous les transmetteurs ou relais qui permettraient à Radio

 11   Croate de l'Herceg-Bosna d'être entendu dans toute l'Herceg-Bosna d'être

 12   établie dans les prochaines semaines."

 13   Souvent c'était M. Prlic qui participait à ce genre d'activité, n'est-ce

 14   pas, ou qu'il faisait ce genre de déclaration, conférence de presse,

 15   communiqué de presse, déclaration aux médias ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Dites-nous : est-ce que c'est bien au début du mois de mai 1993, que de

 18   nouvelles mesures ont été prises afin de faire fonctionner, de mettre en

 19   route ce qu'on a appelé la Radio Croate d'Herceg-Bosna ?

 20   R.  Oui. La Radio Croate d'Herceg-Bosna a été fondée par une décision du

 21   HVO de la HZ HB, et ce, dans le but d'informer la population sur l'ensemble

 22   du territoire de la HZ HB. Compte tenu du fait que jusqu'à ce moment-là,

 23   c'était surtout des stations radios locales qui émettaient sur ces

 24   territoires.

 25   Q.  Vous vous souvenez, n'est-ce pas, Monsieur, que nous avons parlé de

 26   ceci et de cette réunion en 1993, le 3 avril 1993. C'est une réunion du HVO

 27   HZ HB. Vous vous souvenez, n'est-ce pas, vous êtes d'accord pour dire que,

 28   vers le 3 avril 1993, les autorités d'Herceg-Bosna ont délivré ce qu'on a

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  1   fini par appeler un ultimatum aux forces armées de Bosnie-Herzégovine qui

  2   devait souhaite se subordonner au HVO souhaite qui quitter ces zones dites

  3   croates avant le 15 avril 1993 ?

  4   R.  Oui. Cela a été fait dans le cadre de la mise en œuvre du plan Vance-

  5   Owen.

  6   Q.  Mais vous saviez, n'est-ce pas, qu'il y avait beaucoup de documents,

  7   qu'il y avait beaucoup de coalitions liées à la signature par le président

  8   Izetbegovic. J'ai ce document, question qui n'était pas encore résolue ?

  9   R.  Oui, cela correspond et cela figure dans une partie de la

 10   correspondance entre MM. Prlic et Izetbegovic.

 11   Q.  En fait, d'ailleurs, regardons la pièce P 10675. P 10675. Troisième

 12   classeur. Pendant que vous recherchez le document, je précise, aux fins du

 13   compte rendu d'audience, qu'il s'agit ici de quatre articles, l'un du 4

 14   avril 1993, qui vient de l'agence Reuters; l'autre qui est du "Financial

 15   Times," daté du 20 avril 1993; l'autre du "Christian Science Monitor," 7

 16   avril 1993; et l'autre France-presse - si je prononce bien - en date du 16

 17   avril 1993. Tous ces documents -- tous ces articles parlent de l'ultimatum

 18   délivré par le HVO, la date butoir étant le 15 avril 1993.

 19   Etant donné le peu de temps que j'aie, je vais vous demander de

 20   prendre le troisième article, celui du "Christian Science Monitor," je

 21   pense que c'est le troisième du classeur, ou plutôt dans ce jeu de

 22   documents que vous avez.

 23   Nous allons regarder aux deux tiers de l'article en anglais de la

 24   première page : "M. Prlic reconnaît néanmoins que l'ultimatum du HVO

 25   pourrait entraîner un bain de sang. 'Nous n'avons pas de raison, nous nous

 26   attendons à tout. Nous ne voulons pas ce conflit, nous n'avons pas de

 27   raison d'avoir ce conflit.' Dit-il."

 28   Est-ce que vous seriez d'accord avec nous pour dire que cette

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  1   déclaration, cet ultimatum existait et que effectivement il disait que tout

  2   n'importe quoi pouvait se passer, qu'on ne savait pas à quoi s'attendre ?

  3   R.  Tout d'abord, je ne considère que cela ait été un ultimatum. Car

  4   à mon avis, il s'agissait d'une étape permettant d'avancer dans la mise en

  5   œuvre du plan Vance-Owen. Il ne s'agit pas ici de M. Prlic en tant que

  6   président du HVO, comme cela est écrit ici, mais il intervient ici en tant

  7   en qualité de premier ministre.

  8   La situation à l'époque était déjà difficile, mais on s'attendait à

  9   ce que la signature des accords exercerait une influence favorable pour la

 10   mise en œuvre de ce processus. Cela s'est traduit ultérieurement par la

 11   nomination du ministre de la Défense, M. Rajic, nomination qui suivi, cela

 12   correspond à la déclaration ultérieure du ministre de la Défense, M. Rajic.

 13   Je ne crois pas que cela ait constitué un ultimatum. Je voulais simplement

 14   dire que cela traduisait avant tout le souhait que ces accords soient mis

 15   en œuvre le plus rapidement possible et que l'on puisse passer à une

 16   seconde étape des activités en Bosnie-Herzégovine.

 17   Q.  Vous ne voulez peut-être pas utiliser ce terme "d'ultimatum" mais

 18   n'était-ce pas en fait une date butoir qu'il fallait respecter. Celle-ci

 19   étant celle du 15 avril 1993 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Revenons au premier article, celui de l'agence Reuters, cinquième

 22   paragraphe de cette page, de cet article, voici ce qu'il dit : "Le HVO a

 23   fixé un ultimatum au 15 avril afin de forcer Izetbegovic a signé un

 24   communiqué conjoint qui ratifie, qui entérine les retraits en créant un

 25   commandement supérieur conjoint et qui certifierait qu'il n'y a plus de

 26   contestation territoriale entre Musulmans et Croates."

 27   Je saute un paragraphe. Il dit : "Si Izetbegovic ne signe pas ce document

 28   d'ici au 15 avril, le HVO va appliquer de façon unilatérale sa compétence

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  1   dans les cantons 3, 8 et 10. C'est une déclaration qui vient du QG du HVO,

  2   à Mostar," n'est-ce pas ?  Est-ce que c'est bien exact ?

  3   R.  Je n'ai pas connaissance de cette seconde déclaration.

  4   Q.  Examinons ce qu'on appelé l'accord de Medjugorje. Vous avez consacré un

  5   certain temps avec Me Karnavas.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : On a vu qu'il y avait trois communiqués de presse,

  7   mon attention a été appelée par le communiqué de l'AFP de Zagreb, le poste

  8   de Zagreb. En règle générale, l'AFP est très précise. Je découvre que le

  9   HVO avait un porte-parole, M. Veso Vegar, et qui aurait dit et c'est ce que

 10   l'AFP cite, que c'est définitivement un ultimatum : "Nous ne pouvons pas

 11   attendre indéfiniment de mettre en place le plan de paix dans la pratique."

 12   Donc le porte-parole du HVO dit que c'est un ultimatum. Vous, vous nous

 13   avez dit que ce n'est pas un ultimatum. Alors quel est -- est-ce que vous

 14   connaissiez d'ailleurs M. Veso Vegar ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le connais. Mais M. Veso Vegar n'était

 16   pas porte-parole du HVO de la HZ HB. Il était porte-parole de la branche

 17   militaire.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Il était porte-parole de la branche militaire,

 19   d'accord.

 20   Monsieur Scott.

 21   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Q.  Permettez-moi une question de suivi. Vous dites que c'était un porte-

 23   parole pour la partie militaire, Vegar. Il était le porte-parole de l'état-

 24   major principal du HVO, n'est-ce pas ?

 25   R.  Je sais qu'il n'appartenait pas au HVO de la HZ HB, quand nous avions

 26   un service à la tête duquel se trouvait une autre personne.

 27   Q.  Essayer de répondre à ma question. Vous avez passé toute cette période

 28   à Mostar, vous étiez une des personnalités centrales du gouvernement

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  1   d'Herceg-Bosna, vous connaissiez M. Vegar, vous saviez bien, n'est-ce pas,

  2   qu'il était porte-parole de l'état-major principal du HVO ? Ma question est

  3   tout à fait simple.

  4   R.  Oui.

  5   M. SCOTT : [interprétation] Je ne sais pas si vous avez des questions

  6   supplémentaires, Monsieur le Président, si ce n'est pas le cas je peux

  7   passer à un autre sujet.

  8   Q.  Il y a quelques instants, je parlais de l'accord de Medjugorje.

  9   Essayons de faire la lumière sur certains points. On fait référence à cet

 10   accord dit de Medjugorje, mais n'est-il pas vrai de dire que tout du moins

 11   du côté du gouvernement, du côté politique, disons dans les meilleurs des

 12   cas, le 18 mai 1993, lors de cette réunion il y a eu des discussions de

 13   principe qui jamais et j'insiste bien sur ce mot, jamais n'ont débouché sur

 14   un accord écrit, signé ?

 15   R.  Je ne suis pas au courant des détails.

 16   Q.  Mais excusez-moi, écoutez, vous en avez longuement parlé lorsque Me

 17   Karnavas vous a posé des questions. Vous le saviez à ce moment-là et

 18   maintenant vous avez oubliée. Comment expliquez le fait que vous pouviez en

 19   discourir il y a dix jours et qu'aujourd'hui vous ne savez plus rien.

 20   M. KARNAVAS : [interprétation] Peut-être que si la question était posée

 21   autrement, comment faut-il en effet interpréter ce qui est dit quand on

 22   parle d'une discussion sur les concepts, les principes ? Si la question

 23   était plus concrète, il pourrait peut-être vous répondre.

 24   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Maître Karnavas.

 25   Q.  Ma question était simple, très simple je trouve. Elle revenait à dire

 26   ceci : n'est-il pas exact de dire que tout du moins au niveau du

 27   gouvernement, au niveau politique, jamais il n'y a eu d'accord écrit signé.

 28   Je vous ai parlé d'une réunion qui s'est tenue le 18 mai, où il y a eu une

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  1   discussion sur certains concepts mais que jamais il n'y a eu d'accord

  2   écrit, signé. C'est facile, c'est un oui ou c'est un non. Il n'y a pas de

  3   moyen de terme là. Si l'on parle d'accord de Medjugorje et si cela porte ce

  4   nom, alors cela a bien existé car c'est ce que l'on peut déduire de

  5   l'échange entre MM. Prlic et Izetbegovic --

  6   Q.  Excusez-moi de vous interrompre, mais est-ce qu'il vous est arrivé de

  7   voir un document qu'on vous remettrait qui dit : "Voilà, c'est l'accord de

  8   Medjugorje avec la signature des parties" ? Parce que vous dites

  9   "probablement," ça ne sert à rien ça. Est-ce que vous avez vu un tel

 10   document ?

 11   R.  Non, je n'ai jamais vu un tel document tout comme je n'ai pas vu des

 12   milliers et des milliers d'autres documents et d'accords au sujet desquels

 13   nous obtenions des informations.

 14   Q.  Mais vous seriez d'accord avec moi pour dire que s'agissant de ces

 15   discussions générales, on a discuté de l'établissement des gouvernements et

 16   des structures, il y avait beaucoup de choses qui n'étaient pas tout à fait

 17   résolues, qui avaient encore disons des fils qui n'avaient pas été bien

 18   noués - je ne sais pas comment ça va être traduit dans les autres langues -

 19   mais en tout cas, des choses qui n'étaient pas résolues après cette réunion

 20   du 18 mai 1993 ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je pense que vous avez dit qu'une des choses qui a suscité une critique

 23   chez vous c'est que les Musulmans et M. Izetbegovic voulaient d'abord

 24   commencer à travailler au niveau provincial plutôt que de se concentrer sur

 25   le gouvernement central. Mais est-ce que ce n'était pas là la position de

 26   Mate Boban qui voulait commencer, lui aussi, par le niveau de la province

 27   tout comme M. Izetbegovic voulait le faire; vous vous en souvenez ?

 28   R.  Dans quel contexte ?

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  1   Q.  Les discussions sur la façon d'avancer et ces concepts évoqués lors de

  2   la réunion du 18 mai 1993.

  3   R.  La mise en œuvre des différents pouvoirs à l'échelon des cantons ne

  4   faisait pas l'objet de débats. C'était une question préalable à cela qui

  5   faisait débat, à savoir la mise en œuvre du pouvoir étatique qui

  6   financerait et comment seraient financées l'armée, la police, et cetera, et

  7   le partage des compétences entre les autorités centrales et les cantons.

  8   Cette question n'avait pas été résolue.

  9   Quant à la mise en œuvre du pouvoir à l'échelon exclusivement cantonal,

 10   cela entraînait la destruction des structures de la HZ HB, et non pas la

 11   mise en œuvre du plan Vance-Owen. C'est pourquoi il fallait une action

 12   coordonnée et la mise en place d'un gouvernement avec lequel les cantons

 13   auraient été en communication par rapport aux pouvoirs qui étaient les

 14   leurs et à la mise en œuvre détaillée de leurs compétences.

 15   Q.  Précisément, et rien dans tous ces sujets n'a été résolu à la réunion

 16   du 18 mai 1993, il n'y a jamais eu de résultat parce qu'il n'y a jamais eu

 17   d'accord, n'est-ce pas ?

 18   R.  Il est impossible de résoudre la question de l'organisation de l'Etat

 19   au moyen de la réunion de quelques personnes, c'est pour ça qu'il était

 20   nécessaire de mettre en place un gouvernement capable de communiquer avec

 21   les autres échelons du pouvoir afin de mettre en œuvre ces accords. Ce

 22   n'est pas une simple réunion qui peut venir à bout de toutes les questions

 23   et tous les détails nécessaires.

 24   Les accords de Dayton ni de Washington n'ont pas non plus réussi à

 25   apporter des réponses efficaces. Tout cela, ça n'a été que lorsque le

 26   gouvernement a commencé et que des amendements ont été mis en œuvre aux

 27   accords de Washington et de Dayton que cela a été possible.

 28   R.  C'est précisément pour ces raisons que vous venez d'énoncer, il y avait

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  1   tellement de choses qui étaient encore en suspens, il y avait tellement de

  2   problèmes à résoudre à partir d'une seule réunion d'un jour. Est-ce qu'il

  3   n'était pas prématuré que Jadranko Prlic envoie des lettres où il se décrit

  4   comme étant le président de ce soi-disant nouveau gouvernement ?

  5   Q.  Non, ça n'était pas prématuré, car M. Izetbegovic lui-même, dans sa

  6   réponse, allait dans ce sens. De la même façon que certaines solutions ont

  7   été apportées ultérieurement dans le cadre de l'accord de Washington, il a

  8   mis en avant certaines décisions qui lui étaient personnelles.

  9   R.  -- mais je vous soumets la même idée qu'il y a un instant. Le 18 mai

 10   1993, on a eu une réunion qui portait sur des concepts, mais jamais ceci

 11   n'a débouché sur un accord concret ni n'a donné lieu à un poste qu'occupait

 12   M. Prlic ?

 13   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection. Question déjà posée qui a trouvé

 14   réponse. Le témoin a déjà dit qu'Izetbegovic avait réagi à un courrier de

 15   M. Prlic partant précisément de cet accord et des désignations qu'il

 16   demandait, que ce soit pour occuper des postes des ministères que

 17   souhaitait M. Izetbegovic. Il y a un échange à cet effet. Donc pour le

 18   moment, ici on a tout à fait épuisé le sujet.

 19   M. SCOTT : [interprétation] Moi, je ne suis pas d'accord avec cet avis, je

 20   ne pense pas que le sujet soit véritablement épuisé et qu'on ne puisse rien

 21   tirer.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : -- il y a des échanges de lettres entre M. Prlic et

 23   M. Izetbegovic à ce propos. Maintenant, l'Accusation a un point de vue,

 24   donc posez vos questions.

 25   M. SCOTT : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord, Monsieur le

 26   Président. Il y a eu des correspondances, nous l'avons vu.

 27   Q.  D'ailleurs, Monsieur, examinez le document 1D 01597. Quatrième

 28   classeur, celui qu'on appelle classeur de la Défense. Je rappelle le numéro

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  1   de la pièce, 1D 01597.

  2   Vous avez trouvé le document, Monsieur ? 1D 01597. Il s'agit d'une de ces

  3   lettres. Je pense que c'est Me Karnavas qui vous l'a montrée. Elle porte la

  4   date du 23 mai 1993. Regardez, pour revenir sur ce dernier point évoqué, le

  5   début. Il commence sa lettre en disant ceci : "Même si je n'ai reçu des

  6   informations que verbales des décisions prises à la réunion de Medjugorje

  7   …"

  8   Donc est-ce qu'il ne dit pas ici et, selon cet appel, quelques jours plus

  9   tard puisque nous sommes là le 23 mai, c'est quelques jours après le 18,

 10   est-ce que ceci ne vous montre pas qu'il n'y a pas eu d'accords écrits, car

 11   M. Prlic en personne dit : "Je n'ai reçu que les informations verbales" ?

 12   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection quant à la forme de la question.

 13   Comment voulez-vous que le témoin y réponde ?

 14   M. SCOTT : [interprétation] Ma question est infantile.

 15   M. KARNAVAS : [interprétation] Mais regardez le libellé. Comment a-t-il eu

 16   l'idée de poser une telle question quand il dit qu'il a été informé

 17   oralement ou verbalement ? On peut recevoir ce genre d'informations.

 18   M. SCOTT : [interprétation]

 19   Q.  Je poursuis. Est-ce que quand on dit : "Même si je n'ai été oralement"

 20   dans une discussion, est-ce que ça veut dire qu'à cette date-là il n'avait

 21   pas vu de document écrit et signé ?

 22   M. KARNAVAS : [interprétation] -- fou.

 23   M. SCOTT : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur ?

 25   R.  En effet, il n'en avait pas vu de version écrite.

 26   Q.  Troisième paragraphe, il dit : "J'ai préparé de nouveaux bureaux pour

 27   les services du gouvernement puisque j'estime qu'il n'est pas possible de

 28   travailler dans les conditions actuelles dans un Sarajevo occupé."

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  1   Il propose à ce moment-là que le gouvernement ne s'installe pas à Sarajevo.

  2   Il dit -- je saute un paragraphe, il dit ici : "Si je ne reçois pas de

  3   réponses des représentants des nations dans le temps prévu (M. Mate Boban a

  4   dit qu'il s'intéressait au ministère des Échanges internationaux), à ce

  5   moment-là, effectivement, nous serons forcés à chercher d'autres

  6   candidats."

  7   Est-ce qu'ici, en fait, il ne prend pas les devants ? Est-ce qu'il ne

  8   cherche pas de s'établir ?

  9   M. KARNAVAS : [interprétation] Avant que le témoin ne réponde, il nous faut

 10   pouvoir examiner le document 1D 01600, là c'est la réponse disait

 11   Izetbegovic à M. Prlic. Il faut dire les deux documents qu'on a ensemble.

 12   S'il a lu les deux documents, ce témoin la question peut lui être posée.

 13   M. SCOTT : [interprétation] Est-ce que j'ai le droit de contre-interroger

 14   comme je veux ?

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre connaît tous les documents puisqu'on les

 16   a déjà vus. Donc à moins que Monsieur Scott, vous auriez pu poser la

 17   question au témoin, de savoir s'il avait déjà vu lui ces documents.

 18   M. SCOTT : [interprétation] Ce n'était pas ma question qui m'intéressait.

 19   C'est pour ça que je n'ai pas posé.

 20   Q.  Ma question c'était : est-ce qu'on a pas ici un nouvel exemple qui

 21   montre que, d'après nous, j'insiste, je ne sais pas -- est-ce qu'ici en

 22   fait il ne prend pas les devants, et est-ce qu'il n'agit pas de façon

 23   prématurée alors qu'il n'y avait pas eu d'accord encore, et qu'en fait, il

 24   n'y a jamais eu d'accord ?

 25   R.  Non. J'estime qu'il s'agissait ici d'une approche active à la mise en

 26   œuvre de cet accord. Il s'agissait ici du souhait de voir le plan Vance-

 27   Owen mis en œuvre, et du souhait d'arrêter les affrontements, d'y mettre un

 28   terme.

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  1   Q.  Prenons la pièce P 02613, premier classeur. Pièce P 02613, c'est un

  2   procès-verbal d'une autre réunion qui s'est tenue dans les bureaux du

  3   président Tudjman le 2 juin 1993, ici d'après ce procès-verbal, le

  4   président Tudjman, était en présence du ministre de la Défense Susak et

  5   peut-être y avait-il d'autres participants, notamment, Lord Davis Owen.

  6   Veuillez, en particulier, un instant, je cherche le bon endroit, examinez

  7   la page 10. Page 10, voici ce que dit M. Owen :

  8   "Nous avons analysé la solution de la Confédération qui dans les faits

  9   sépare la Bosnie en trois parties. Mais ici jusqu'à présent, nous n'avons

 10   pas trouvé les moyens d'établir un Etat viable. Ce serait plutôt une

 11   nouvelle Palestine. Les gens n'accepteraient jamais cette solution et les

 12   combats continueraient."

 13   Tudjman dit ceci à la page suivante :

 14   "Qui n'aura jamais accepté, c'est l'Europe ou bien Lord Owen ?"

 15   "Ce serait les Musulmans qui n'accepteraient jamais."

 16   Fin de page - là je saute quelques paragraphes - il dit ceci : "Mais

 17   lorsque j'analyse une division tripartite de la Bosnie-Herzégovine, ça ne

 18   donne pas assez aux Musulmans. Je pense que votre peuple veule une partie

 19   trop grande, plus grande que ce qui serait autorisé par le reste du monde"

 20   - page suivante - "ça --" "-- il suffit devoir comment Boban interprète les

 21   provinces de Travnik et de Mostar. Il en parle comme s'ils étaient à lui,

 22   et c'est comme ça qu'il a commencé à se comporter aussi. Or elles ne sont

 23   pas à lui. Ce sont des provinces dans lesquelles il aura probablement une

 24   majorité à Mostar notamment et sans doute dans la province de Travnik

 25   aussi."

 26   Certainement à Mostar.

 27   Page suivante, il dit ceci M. Owen : "Je ne voudrais pas abandonner l'idée

 28   qui consiste à préserver la Bosnie-Herzégovine, mais je suis prêt à

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  1   envisager d'autres options, par exemple, si ceci s'avère impossible on

  2   pourrait établir un Etat musulman viable."

  3   Tudjman : "En ce qui nous concerne, nous aussi nous pouvons influencer les

  4   Croates. Mais nous pouvons influencer les Croates pour qu'ils acceptent

  5   cette idée de la Confédération. Donc pour appliquer le plan Vance-Owen avec

  6   les Croates, qui auraient notamment les provinces 3, 8, et 10, c'est un peu

  7   comme ça qu'en 1939 c'est devenue une partie de la banovina de Croatie."

  8   On nous accuse souvent de ne pas donner suffisamment lecture de ces

  9   parties, mais là, en haut de page 12, est-ce qu'il ne dit pas là de nouveau

 10   : "Vous avez pris les devants, vous avez agi à la hâte, Boban. Vous vous

 11   êtes comporté comme si c'était déjà bouclé" ? Est-ce que ce n'est pas de

 12   cette façon-là qu'on pourrait décrire ou dont vous pourriez décrire

 13   l'accord dit de Medjugorje ?

 14   R.  Il ne s'agit pas ici des provinces. Il s'agit de la mise en place de

 15   l'autorité de l'Etat en Bosnie-Herzégovine. C'est là le propos même du plan

 16   Vance-Owen. Il ne s'agit pas uniquement de la mise en place des cantons.

 17   Mais de la mise en place de l'autorité de l'Etat dans son ensemble.

 18   Q.  Je vous pose la question de manière très précise, alors je suis

 19   intervenu très peu souvent, je vous montre le libellé précis en haut de la

 20   page 12. S'il vous plaît, aidez-moi. Je vous demande de regarder ce que dit

 21   Owen : "Il suffit de regarder la façon dont Boban interprète les provinces

 22   de Travnik et de Mostar. Il en parle comme si elles étaient à lui, et c'est

 23   comme ça qu'il a commencé à se comporter."

 24   C'est la question que je vous pose. C'est ce qui s'est passé, n'est-ce pas

 25   ? N'est-ce pas ce qui s'est passé en janvier 1993, en avril 1993, en mai

 26   1993 ? Le HVO anticipe en permanence souhaite -- font ce qu'il souhaite

 27   faire mais il n'y a aucun accord là-dessus, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je ne pense pas que ce soit exact. Parce que ceci se fonde sur le plan

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  1   Vance-Owen, qui lui a été confirmé. Donc c'est un rôle actif visant à

  2   mettre en œuvre ce plan Vance-Owen. Je vous affirme qu'à l'époque la partie

  3   musulmane n'était pas intéressée par son application pleine et entière

  4   parce qu'elle ne savait pas quelle serait la destiné, le sort de la Bosnie-

  5   Herzégovine dans son ensemble.

  6   Q.  Je vous dis, lorsque vous dites que la partie musulmane n'était pas

  7   intéressée par sa pleine mise en œuvre, ce que vous devriez dire, la

  8   position exacte, c'est que les Musulmans n'étaient pas d'accord avec la

  9   mise en œuvre telle que conçue par le HVO. C'est bien ça, n'est-ce pas ?

 10   C'est ça la bonne affirmation ?

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  Passons à la pièce P 10698, dans le classeur numéro 3. Il s'agit d'un

 13   article Reuters en date du 28 octobre 1992. Là, nous remontons un petit peu

 14   dans le temps, pour une raison. Là encore la discussion Lord Owen est Cyrus

 15   Vance. Au milieu de la page : "Prlic, président de la république déclarée

 16   par les Croates dans la zone de Bosnie qu'ils contrôlent, indique à Reuters

 17   ce que la seule façon de parvenir à une solution stable était d'avoir trois

 18   unités nationales, dont les parties ne devaient pas être physiquement

 19   reliées."

 20   Cela nous ramène, sommes-nous d'accord pour dire que la position du HVO et

 21   des autorités d'Herceg-Bosnie, vus dans les différents documents que nous

 22   avons vus précédemment et aujourd'hui, lorsque vous entendez que la

 23   position de base était et reste l'établissement des zones ethniques

 24   séparées ?

 25   R.  Je dois vous dire que l'objectif -- la question qui est en suspens

 26   depuis Livno n'est pas une question de région ethniquement pure. Il y avait

 27   des variantes, les variantes une étaient les cantons ou alors une autre qui

 28   créerait une unité qui ne serait pas --

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  1   Q.  -- ma question est très précise, cet article et la déclaration de M.

  2   Prlic. Jadranko Prlic a-t-il affirmé -- a-t-il continué à affirmer pendant

  3   toute cette période que la solution était trois unités nationales ?

  4   Personne n'a dit 100 % pur sur le plan ethnique ou quoi que ce soit, vous

  5   continuez à le dire, vous l'avez dit à cinq reprises aujourd'hui, l'idée

  6   était trois unités ethniques. C'est ce que M. Prlic a dit à Reuters en

  7   octobre 1992, et ça continue à être la position du HVO. Oui ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Si vous regardez P 010532, 10532 dans le troisième classeur. Il s'agit

 10   d'un article de la BBC en date du 9 août 1993, qui basé sur une interview

 11   avec quelqu'un de M. Zuzul. Vous le connaissiez, vous connaissiez sa

 12   fonction en août 1993 ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Gardez le troisième paragraphe de cet article et des propos que l'on

 15   attribue à M. Zuzul. Souvenez-vous que ce fût aux alentours de cette date

 16   en août 1993 à l'automne ? Il y avait eu des discussions sur un autre

 17   modèle, c'est-à-dire que les Musulmans n'avaient pas accepté trois zones

 18   distinctes de quelque chose qui deviendrait une Fédération croato-musulmane

 19   ?

 20   R.  Je n'étais pas au courant de ces activités-là à l'époque.

 21   Q.  Si vous regardez le troisième paragraphe : "Lorsqu'on lui a demandé

 22   pourquoi l'idée musulmane de l'unification de républiques musulmanes et

 23   croates dans une union de Bosnie-Herzégovine n'était pas acceptable, Zuzul

 24   a dit que 'ça ne pourrait à peine fonctionner,' que ce serait au bénéfice

 25   de la troisième partie, à savoir la Serbie."

 26   Avez-vous le souvenir de cet avis exprimé, non seulement pas M. Zuzul mais

 27   par la partie croate en général, au mois d'août et après en 1993, que

 28   l'idée d'une unité croato-musulmane conjointe n'était guère faisable et ne

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  1   pourrait pas fonctionner ?

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Il faut regarder la totalité du paragraphe,

  3   Monsieur le Président, le témoin doit regarder la toute dernière ligne

  4   parce que ça amènerait les Serbes dans la République fédérale de

  5   Yougoslavie, c'est pourquoi ce qui -- ça signifierait le démembrement de la

  6   Bosnie-Herzégovine.

  7   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous commentez.

  8   M. KARNAVAS : [interprétation] Je vous prie de m'excuser.

  9   M. LE JUGE TRECHSEL : [aucune interprétation]

 10   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, il y a eu peu

 11   d'interventions, mais objection, M. Karnavas témoigne là. Il peut soulever

 12   une objection mais il ne peut pas effectivement présenter ce que le

 13   document -- signifie à ses yeux ou doit signifier.

 14   Q.  Alors la question demeure. Je vous redonne lecture. Avez-vous le

 15   souvenir de ce sentiment exprimé pas simplement par M. Zuzul d'une manière

 16   générale du côté croate au mois d'août et après en 1993, l'idée d'une unité

 17   croato-musulmane conjointe n'était pas faisable et suivant les propos de M.

 18   Zuzul celle-ci pourrait guère fonctionner ?"

 19   R.  Je n'étais pas au courant de ces informations portant sur la création

 20   d'une communauté à l'époque. 

 21   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse vraiment

 22   d'intervenir mais il me semble qu'il y a malentendu.

 23   Parce que mon éminent collègue, M. Scott pose une question portant

 24   sur une unité conjointe croato-musulmane, alors que M. Zuzul lui parle de

 25   la communauté de deux républiques, la République musulmane et la République

 26   croate. Il n'est pas du tout question d'une unité unique qui serait croato-

 27   musulmane. Merci.

 28   M. SCOTT : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, désolé,

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  1   conseil. DANS le troisième paragraphe, lorsque l'on demanda : "Pourquoi

  2   l'idée musulmane de l'unification, unification" dans faire un, "des

  3   Républiques musulmanes et croates en une union Bosnie-Herzégovine, n'est

  4   pas acceptable." Je pense que c'est ça la question qui a été posée à M.

  5   Zuzul et M. Zuzul répond : "Que ça ne pourrait guère fonctionner."

  6   Q.  J'en reviens à votre réponse précédente, comment pouvez-vous

  7   affirmer en tant que membre de ce gouvernement, ministre des finances ou à

  8   la tête du département de Finances, et une fois de plus, là, un collègue

  9   très proche et confident de M. Prlic dans le compte rendu HVO HZ HB

 10   impliqué dans ces -- que vous ne pouviez pas connaître quelle était la

 11   position du HVO sur ces questions à l'époque qui devait être de la plus

 12   haute importance à la fois pour vous et pour l'équipe dirigeante ?

 13   R.  Je connais les positions du HVO. Vous m'avez interrogé au sujet

 14   des positions de M. Zuzul et des autres hauts responsables croates. Je

 15   croyais que vous parliez des hauts responsables officiels de la République

 16   de Croatie.

 17   Q.  Je vous prie de m'excuser, c'était le -- je parle de la direction

 18   HVO Herceg-Bosna, donc ceux qui faisaient partie du gouvernement où vous

 19   avez siégé à Mostar pendant toute la durée de l'année 93. N'était-ce pas là

 20   la position du gouvernement du HVO ?

 21   R.  La position que nous défendions était celle d'une Bosnie-

 22   Herzégovine constituée par trois unités ou trois cantons avec une majorité

 23   ethnique dans chacun des cantons. Ça a été depuis le début le cas au sein

 24   du HVO de la HZ HB.

 25   Q.  [aucune interprétation]

 26   R.  Les variantes maintenant --

 27   Q.  C'est bon. Allez-y.

 28   R.  [aucune interprétation]

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  1   Q.  Bien, pendant cette période maintenant nous passons à l'automne 1993,

  2   n'est-il pas juste, et je vous soumets ce postulat général et je vais

  3   essayer de le faire de la manière la plus claire qu'il soit, je vous

  4   demanderais d'écouter mes questions, à l'automne 1993, ceux de la partie

  5   croate à ses fins je comprends -- j'inclus à la fois Zagreb et le HVO

  6   dirigeant HVO Herceg-Bosna, et j'inclus les deux lorsque je dis "la partie

  7   croate," n'est-il pas vrai qu'à l'automne 1993, la partie croate voyait

  8   qu'il s'éloignait d'eux, que les négociations de discussions politiques à

  9   l'époque s'éloignaient de quoi que ce soit qui permettrait la mise en place

 10   d'une unité croate et quelque chose qui finalement était connu sous le nom

 11   de la Fédération ? C'était bien dans cette voie que les choses évoluaient à

 12   la fin 1993 -- à l'automne 193, n'est-ce pas ?

 13   R.  Les choses évoluaient vers la création d'une Fédération du croate en

 14   application des accords de Washington. C'est le résultat des négociations

 15   politiques qui ont eu lieu.

 16   Q.  Avant que cela ne devienne pleinement le cas, n'est-il pas juste qu'à

 17   la fois, Tudjman et Milosevic ont essayé de faire -- de remettre sur les

 18   rails l'idée d'une partition, n'est-ce pas, et qu'il était temps de ces

 19   concepts et que la véritable solution est une partition de la Bosnie, et

 20   qu'à la fois Tudjman et Milosevic, dans la deuxième moitié de 1993, là,

 21   encore en appelaient à cette position, n'est-ce pas ?

 22   R.  Je n'ai pas témoigné à ce sujet, je ne sais vraiment pas quoi vous

 23   dire.

 24   Q.  Vous n'avez pas assisté, je pense que vous n'avez pas assisté à

 25   beaucoup de chose dont vous a demandé M. Karnavas. Compte tenu de vos

 26   connaissances des événements, c'était bien le cas, n'est-ce pas ? C'est que

 27   vous avez eu connaissance quelle politique qui se déroulait dans la

 28   deuxième moitié de 1993, et tels certains des concepts sur la table

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  1   évoluaient. Vous le saviez, n'est-ce pas, que le président Tudjman prenait

  2   une telle position, Slobodan Milosevic, que l'idée était de revenir à une

  3   partition de la Bosnie-Herzégovine. Vous le saviez, n'est-ce pas ?

  4   R.  De par les spéculations publiées par les médias, mais je n'ai pas eu de

  5   position directe pour ma part sur ce point-là.

  6   Q.  Passons à la pièce P 10700 dans le troisième classeur, P 10700, le 2

  7   novembre 1993, l'article d'une agence de presse que d'après M. le Président

  8   est très fiable, l'AFP : "Zagreb, le 2 novembre, AFP : le président croate

  9   Franjo Tudjman en a appelé mardi à une reprise des pourparlers de paix de

 10   Genève sur la Bosnie-Herzégovine avec la participation de la Grande-

 11   Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie, la Turquie, les Etats-Unis."

 12   Quatrième paragraphe : "La proposition du dirigeant croate et qui valait à

 13   un rejet des suggestions par les médiateurs internationaux Lord Owen et

 14   Stoltenberg pour une tentative plus large visant à lier tous les conflits

 15   en cours dans l'ex-Yougoslavie à un nouvel effort de paix mondial.

 16   "Les pourparlers de paix animés par les Nations Unies et la communauté

 17   européenne  impliquant les parties au conflit en Bosnie ainsi que les

 18   dirigeants de la Croatie, de la Serbie et le Monténégro, se sont écroulés

 19   en septembre après que le parlement bosniaque et les Musulmans aient rejeté

 20   les propositions pour diviser le pays en mini états ethniques croates

 21   musulmans et serbes,

 22   "Tudjman avec la conférence élargie pour inclure des pays qui pourraient

 23   effectivement 'influer ce processus de paix,' devraient garder la

 24   précédente proposition de partition comme point de départ."

 25   Vous saviez que c'était ce qui se passait à l'époque, n'est-ce pas ?

 26   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Les deux

 27   premiers paragraphes dont on vient de nous donner lecture, le un, il s'agit

 28   donc de l'interprétation de l'auteur de l'article, quant à ce qui se

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  1   passait à l'époque. Ce que l'on ne voit pas par exemple, les discussions

  2   que nous avons vues dans les transcriptions présidentielles concernant la

  3   position --

  4   M. SCOTT : [aucune interprétation]

  5   M. KARNAVAS : [interprétation] Précisément pourquoi il y a une objection de

  6   ma part. puisque à l'heure qu'il est l'Accusation n'a que deux paragraphes

  7   précis qui sont l'avis d'un individu inconnu que je n'ai pas la possibilité

  8   de contre-interroger ici. Je n'ai pas la possibilité de voir, c'est un non

  9   sens.

 10   M. SCOTT : [interprétation] Toutes les parties ont utilisé des articles de

 11   presse comme je le fais. Maintenant en posant ces questions au témoin, et

 12   ce que je viens de dire M. Karnavas, là encore c'est de se lever -- c'est

 13   donner la réponse à la place du témoin avant que celui-ci ait la

 14   possibilité --

 15   M. KARNAVAS : [aucune interprétation]

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez raison, Monsieur Scott.

 17   Maître Karnavas, vous auriez pu faire cela lors des questions

 18   supplémentaires.

 19   M. KARNAVAS : [interprétation] Faire quoi, c'est ça le problème ? Vous

 20   permettez, vous autorisez d'aller dans cette zone ensuite vous me limitez

 21   mon temps. Il ne suffit pas de -- vous pouvez faire, vous pouvez passer

 22   tout le temps dans les questions supplémentaires si je n'ai que 95 heures

 23   lorsque j'ai réclamé 150 heures, vous dites, vous utilisez ça dans les

 24   questions supplémentaires, franchement je ne vois pas comment il se fait

 25   que la Chambre puisse rester là lorsqu'il lit deux paragraphes qui sont des

 26   commentaires. Il s'agit d'une analyse par quelqu'un qui a écrit cet

 27   article. Comment peut-on dire qu'il s'agit là de faits ensuite ? Voilà,

 28   quelle est mon objection. La façon dont il essaie de déformer cet article

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  1   pour nous faire croire que c'est la position de Tudjman. Pourquoi ne pas

  2   donner toute l'information au témoin ? Voilà quelle est mon objection, et

  3   de dire que je peux traiter ça dans des questions supplémentaires, il me

  4   faut cinq à dix heures de questions supplémentaires pour tout traiter.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott, continuez.

  6   M. SCOTT : [interprétation]

  7   Q.  Donc ma question, je vous en redonne lecture, je vous demande d'écouter

  8   ma question, je cite : "Tudjman affirme que la conférence élargie pour

  9   inclure les pays qui pourraient effectivement influer ce processus de paix,

 10   doit garder la proposition précédente des partitions comme point de

 11   départ."

 12   Gardez ça présent à l'esprit. Il y a quelques instants je crois que

 13   vous étiez d'accord pour dire vous avez marqué votre accord, après que je

 14   vous ai posé la question à plusieurs reprises, s'il y a eu discussion à

 15   cette époque, ça avait été signalé dans les médias qu'en effet Tudjman et

 16   Milosevic avaient pris cette position.

 17   M. KARNAVAS : [interprétation] Là encore une objection. Ils n'ont

 18   jamais accepté cela.

 19   M. SCOTT : [interprétation] Quelques instants, Monsieur le Président,

 20   je reviens sur le compte rendu d'audience.

 21   M. KARNAVAS : [interprétation] Pourquoi ne pas mettre quelque chose --

 22   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Modérez votre ton, s'il vous plaît.

 23   Vous êtes très engagé, c'est tout à fait à votre honneur, Monsieur

 24   Karnavas, mais la Chambre n'a pas besoin qu'on crie dessus.

 25   M. KARNAVAS : [interprétation] Je vous prie de m'excuser.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott.

 27   M. SCOTT : [interprétation] Pendant que nous recherchons, alors je viens de

 28   citer donc, je vous ai cité cela :

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  1   Q.  Vous et d'autres directions HVO, les gens que vous avez rencontrés

  2   pratiquement chaque semaine lors des réunions gouvernementales, vous saviez

  3   que le président Tudjman et Milosevic indiquaient, affirmaient, prenaient

  4   cette position à l'automne 1993; n'est-ce pas ? Etes-vous d'accord avec ce

  5   document ou pas. Voilà, comme a dit Me Karnavas, mettre quelque chose de

  6   matériel devant vous qui pourrait vous aider, qui pourrait rafraîchir votre

  7   mémoire. Etes-vous d'accord un peu, pour dire aux Juges vous saviez que

  8   c'était la position qui était présentée par Tudjman et Milosevic à cette

  9   époque, pendant cette période, n'est-ce pas ?

 10   R.  J'ai dit tout à l'heure aussi que j'avais appris cela par les

 11   spéculations publiées dans les médias. C'est là que j'ai pu lire la chose.

 12   Aucune information à ce sujet de façon directe ni document communiqué

 13   directement.

 14   Q.  Avez-vous le souvenir qu'à peu près à la même époque le gouvernement

 15   allemand retirait son soutien précédent du gouvernement Tudjman pour la

 16   raison précise que Tudjman s'était trop rapproché de Milosevic sur cette

 17   question ?

 18   R.  Ça, je n'en ai pas connaissance.

 19   Q.  Nous allons passer à P 10702, P 10702.

 20   M. KARNAVAS : [interprétation] Objection, à ce contre-interrogatoire. Y a-

 21   t-il quelque chose du gouvernement allemand, quelque chose d'officiel,

 22   n'est-ce pas ? Là, on utilise la presse maintenant. C'est une façon très

 23   profonde de démontrer une thèse par un organe international.

 24   M. SCOTT : [interprétation] Alors tout peut être utilisé comme preuve, il

 25   peut s'agir d'une chemise ensanglantée ou que sais-je enfin, mis devant le

 26   témoin, le témoin peut clairement affirmer, soit il dit qu'il ne le sait

 27   pas, qu'il n'est pas d'accord, il peut le dire. Moi, je ne suis pas obligé

 28   de mettre quel que document que ce soit devant lui, je peux simplement lui

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  1   poser la question. Donc M. Karnavas se trompe lourdement et je ne voudrais

  2   pas qu'il fasse preuve de tant d'obstruction.

  3   Q.  Encore un article de l'agence France-presse, le 2 novembre 1993,

  4   Zagreb, le 2 novembre, AFP : "L'Allemagne, un des soutiens les plus

  5   fervents de la Croatie dans les conflits yougoslaves ne peut plus

  6   s'identifier avec Zagreb, compte tenu de l'alliance accrue de ce pays avec

  7   la Serbie. Un député allemand a affirmé ici mardi, il s'agit de Hans

  8   Stercken.

  9   Au milieu de la page : "Stercken, qui est arrivé à Zagreb samedi dernier

 10   pour des pourparlers avec des hauts responsables croates, a également

 11   critiqué le président croate Tudjman qui 'faisait trop confiance' à son

 12   homologue serbe Slobodan Milosevic."

 13   Avez-vous le souvenir qu'à peu près à la même époque, en novembre 1993,

 14   avez-vous le souvenir d'un gouvernement très important qui était en général

 15   favorable à la Croatie qui retenait son soutien en raison de l'initiative

 16   de partition Tudjman-Milosevic ? Vous deviez certainement lire la presse à

 17   l'époque, regardez la télévision, vous participiez sans doute certainement

 18   à des réunions gouvernementales ?

 19   R.  A l'époque, je ne faisais pas partie du gouvernement. Ceci

 20   [imperceptible] des déclarations ou de positions dans les médias que je

 21   pouvais suivre à l'époque. Je n'en ai pas trouvé. Je ne pouvais en trouver.

 22   Ce document de la FP de l'agence France Presse, je le vois pour la première

 23   fois maintenant.

 24   Q.  Vous continuez à dire que vous ne faisiez pas partie du gouvernement. A

 25   quel moment avez-vous arrêté d'être à la tête du département de Finance

 26   d'Herceg-Bosna ?

 27   R.  Par la création de la République croate d'Herceg-Bosna, j'ai cessé --

 28   Q.  Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain ? Comme le disait tout à

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  1   l'heure, ça prend du temps de faire ces choses. Le nouveau gouvernement n'a

  2   pas été mis en place avant la fin de novembre 1993; n'est-ce pas ? S'il le

  3   faut, nous pouvons regarder le transcript présidentiel, où il a choisi --

  4   il a désigné le nouveau gouvernement ça peut aider, vous avez continué à

  5   être membre du gouvernement jusqu'au moins la fin novembre 1993, et même

  6   après, vous étiez le vice-ministre des finances, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, j'étais devenu adjoint du ministre des finances.

  8   M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, bien sûr, je suis entre

  9   vos mains, mais je suis sur le point de démarrer un nouveau sujet et il est

 10   quelques minutes avant 7 heures.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Il vous reste une heure et 15 minutes, donc vous

 12   préférez continuer demain.

 13   Moi, j'ai une crainte parce qu'avec toutes les objections, je pensais que

 14   vous termineriez maintenant. Si Me Karnavas a besoin de quatre heures,

 15   bien, il faudra que le témoin revienne.

 16   M. KARNAVAS : [interprétation] Sur base de la marche de manœuvre qui est

 17   donnée à l'Accusation et les observations contenues de la Chambre que je

 18   peux traiter tout par des questions supplémentaires, alors qu'il est -- je

 19   fais une demande verbale pour un temps supplémentaire au-delà de ce qui m'a

 20   été alloué pour mon dossier. Autrement dit, je demande que 10 heures

 21   supplémentaires soient ajoutées aux 95 heures qui m'ont été allouées.

 22   J'entends donc une certaine considération de cela, car il semblerait que la

 23   Chambre est l'impression que je peux traiter toutes ces choses lors des

 24   questions supplémentaires, surtout si nous allons entrer dans des domaines

 25   qui traitent de l'implication, pas seulement de l'accord de Washington,

 26   mais également des accords de paix de Dayton.

 27   La semaine dernière j'avais demandé une audition à un moment donné. On nous

 28   a promis une audition. Le général Praljak avait indiqué qu'une audition

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  1   nous avait été promise. Nous n'avons toujours pas eu cette audition.

  2   A un moment donné où sont les contours de cette mise en accusation ? Nous

  3   sommes fondés, à savoir ce contre quoi nous devons nous défendre, nous

  4   avons permis à l'Accusation d'entrer dans le processus d'implication des

  5   accords de pais de Dayton. Autrement dit, que nous devons maintenant

  6   défendre ce processus de 1995 jusqu'en 2008.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Votre demande est au transcript.

  8   Il est 19 heures. Monsieur le Témoin, vous reviendrez pour l'audience qui

  9   débutera demain à 14 heures 15.

 10   --- L'audience est levée à 19 heures 00 et reprendra le mardi 18 novembre

 11   2008, à 14 heures 15.

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