Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 11 février 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Petkovic est absent]

  5   [L'accusé Coric est absent]

  6   --- L'audience est ouverte à 14 heures 13.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Veuillez appelez le numéro de l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Mesdames et Messieurs. Il s'agit

  9   de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. En ce mercredi, 11

 11   février 2009, je salue MM. les Accusés, Mmes et MM. les Avocats, tout le

 12   bureau du Procureur, M. Stringer et tous ses collaborateurs et

 13   collaboratrices, et je n'oublie pas non plus toutes les personnes qui nous

 14   assistent, Greffe, huissier et interprètes. Monsieur le Greffier, je vous

 15   donne la parole pour quelques numéros IC.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Certaines

 17   parties ont présenté une liste de documents à verser par le biais du témoin

 18   Slobodan Bozic. La liste présentée par 2D recevra le numéro IC 00913. La

 19   liste présentée par 3D sera numérotée 00914. La liste de 4D sera numérotée

 20   IC 00915. Et la liste présentée par l'Accusation sera numérotée IC 00916.

 21   Merci, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je vous demande de

 23   passer à huis clos pendant quelques instants.

 24   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

 25   le Président.

 26   [Audience à huis clos partiel]

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  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, bien sûr, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Kovacic, vous avez noté qu'il y avait eu une

  8   erreur au transcript.

  9   M. KOVACIC : [interprétation] Non, c'est que je n'ai pas entendu ni vu dans

 10   le compte rendu le numéro IC correspondant à la liste présentée par M.

 11   Praljak. Peut-être que c'est une erreur de ma part, mais je voulais m'en

 12   assurer.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Le mieux, M. le Greffier va nous redire les

 14   quatre numéros.

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Certaines

 16   parties ont présenté une liste de documents à verser par l'entremise de

 17   Slobodan Bozic, témoin. La liste présentée par l'équipe 2D recevra la cote

 18   IC 913. La liste présentée par 3D recevra la cote IC 914. La liste

 19   présentée par l'équipe 4D recevra la cote IC 915. Et la liste présentée par

 20   l'Accusation recevra la cote IC 916. Merci, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 22   Maître Kovacic.

 23   M. KOVACIC : [interprétation] Nous avons présenté deux listes -- oui, oui,

 24   d'accord. On me fait signe. Très bien. J'ai compris. Merci.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. On va donc introduire le témoin.

 26   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Pouvez-vous me donner votre nom,

 28   prénom et date de naissance, s'il vous plaît.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour. Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour

  2   à tout le monde ici présent. Je suis Stipo Buljan. Je suis né en 1960 à

  3   Kuljanovci dans la municipalité de Derventa.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Quel jour et quel mois ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis né le 2 janvier 1960.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession ou qualité actuelle ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Actuellement, je suis fonctionnaire,

  8   secrétaire, plus précisément, au sein du ministère de l'Energie.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Avez-vous, Monsieur, déjà témoigné devant un

 10   tribunal sur les faits qui se sont déroulés dans l'ex-Yougoslavie ou bien

 11   c'est la première fois que vous témoignez ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai jamais témoigné. C'est la

 13   première fois devant ce Tribunal.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous demande de lire le serment, s'il vous plaît.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 16   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 17   LE TÉMOIN : STIPO BULJAN [Assermenté]

 18   [Le témoin répond par l'interprète]

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Vous pouvez vous asseoir, Monsieur.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : J'aimerais vous fournir quelques éléments

 22   d'information afin que l'audience se déroule le mieux possible. Comme a dû

 23   vous l'expliquer l'avocate de M. Stojic, vous allez devoir répondre à des

 24   questions qu'elle va vous poser à partir de documents. Ça, vous le savez.

 25   Elle a dû vous l'expliquer en long et en large. Une fois que ceci aura été

 26   fait, l'Accusation, dans le cadre du contre-interrogatoire, vous contre-

 27   interrogera. Mais avant cela, les autres avocats des autres accusés

 28   pourront aussi, dans le cadre du contre-interrogatoire, vous poser des

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  1   questions.

  2   Les quatre Juges qui sont devant vous pourront, mais principalement à

  3   partir des documents, vous demander quelques précisions. Il est donc prévu

  4   deux jours d'audience. J'espère que nous terminerons donc demain. Vous

  5   verrez que c'est assez épuisant parce qu'il faut que sans cesse vous soyez

  6   en éveil pour répondre aux questions. Si vous ne comprenez pas le sens

  7   d'une question, n'hésitez pas à demander à celui qui vous pose la question

  8   de la répéter.

  9   Vous vous apercevrez que les formes des questions sont très

 10   différentes. L'avocate de M. Stojic va vous poser des questions qui vont

 11   vous permettre certainement des développements. Le contre-interrogatoire

 12   par le Procureur consistera à des questions où il faut répondre oui ou non,

 13   je ne sais pas, ou peut-être. Les autres avocats vous poseront un peu aussi

 14   des questions de nature mixte. Les Juges, eux, auront une approche tout à

 15   fait différente, car leurs questions seront normalement de nature technique

 16   et ce sont des questions ouvertes qui permettent au témoin un large choix

 17   dans les réponses apportées.

 18   Nous faisons des pauses toutes les heures et demie. Si jamais vous avez un

 19   malaise quelconque, vous nous l'indiquez et on arrêtera l'audience. A

 20   partir de ce moment, vous êtes témoin de la justice, ce qui veut dire que

 21   vous n'avez plus aucun contact avec Me Nozica, et surtout à partir de ce

 22   soir puisque vous allez dormir ici, non pas dans le Tribunal, mais dans

 23   votre hôtel, mais ça veut dire que vous n'aurez plus aucun contact. Voilà

 24   ce que je voulais vous dire pour que cette audience se déroule le mieux

 25   possible.

 26   Maître Nozica, je vous donne la parole. Vous avez donc deux heures.

 27   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bon après-midi

 28   et bonjour à toutes et à tous, et je vous salue également, Monsieur Buljan.

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  1   Interrogatoire principal par Mme Nozica :

  2   Q.  [interprétation] Vous avez communiqué quelques informations vous

  3   concernant à la Chambre. Afin d'éviter des questions supplémentaires et de

  4   couvrir ces éléments importants rapidement, pourriez-vous fournir à la

  5   Chambre quelques éléments sur votre parcours professionnel de l'école

  6   secondaire jusqu'à aujourd'hui.

  7   Quelles ont été vos activités dans les grandes lignes ?

  8   R.  J'ai dit quels étaient mon lieu et ma date de naissance. J'ai suivi un

  9   lycée technique à Derventa. Ensuite une école de mécanique à Sarajevo. J'ai

 10   ensuite poursuivi mes études en 1998 et 1999 à Mostar. J'ai présenté une

 11   maîtrise en 2001 à la faculté de construction d'engin mécanique à Mostar.

 12   J'ai défendu une thèse en 2007 à la même faculté, faculté de construction

 13   mécanique à Mostar, et l'an dernier, j'ai été promu au niveau d'enseignant

 14   à la faculté de génie mécanique de Mostar.

 15   Q.  J'aimerais vous demander de bien vouloir parler un petit peu plus

 16   lentement. Vous donnez des dates, et tout doit figurer au compte rendu de

 17   cette procédure. Je vous invite donc à parler un peu plus lentement.

 18   R.  Après être sorti de l'université, j'ai d'abord travaillé au sein d'une

 19   organisation chargée du traitement à froid, de matériaux. C'est une société

 20   qui travaillait dans l'industrie militaire. Ensuite j'ai changé et j'ai

 21   commencé à travailler dans une autre organisation qui comptait 480

 22   employés. J'étais responsable de production dans cette nouvelle société au

 23   moment où la guerre a éclaté. En avril 1992, j'ai rejoint le Conseil de

 24   défense croate. Au cours des premiers mois, j'ai été soldat sur la ligne de

 25   front, ensuite j'ai été assistant commandant, et ensuite j'ai été

 26   commandant au sein de la 103e Brigade, commandant par intérim, ensuite j'ai

 27   été nommé au poste de chef de département rattaché à la zone opérationnelle

 28   d'Orasje en Bosanska Posavina, et j'y suis resté jusqu'en 1995. A ce

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  1   moment-là, j'ai été nommé responsable de l'administration chargé des

  2   services sociaux et affaires sociales.

  3   Et ensuite, par décision du gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, j'ai été

  4   nommé directeur adjoint au sein de l'administration fédérale chargée des

  5   anciens combattants et des combattants pour la guerre menée pour la patrie.

  6   J'y suis resté pendant deux ans. Ensuite j'ai été nommé directeur adjoint

  7   pour l'administration chargée de la défense civile. Et en 2002, sur la base

  8   d'une décision du gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, j'ai été nommé au

  9   sein du ministre fédéral de l'industrie. Et c'est le poste que j'occupe

 10   encore aujourd'hui.

 11   Q.  Je constate qu'un certain nombre d'informations que vous avez évoquées

 12   n'ont pas été inscrites au compte rendu. Vous avez parlé de Derventa. On

 13   voit la lettre D, qui y correspond dans le compte rendu en ligne 11 de la

 14   page 7. Mais pour que les Juges comprennent bien ce que vous avez fait au

 15   cours de la période qui nous intéresse, j'aimerais que nous revenions un

 16   peu en arrière. Vous avez dit que vous avez rejoint le HVO en avril 1992 à

 17   Derventa; c'est bien cela ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous avez dit qu'au début vous étiez simple soldat et qu'après un

 20   certain temps vous êtes devenu assistant du commandant IPD dans la 103e

 21   Brigade.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et après, vous êtes devenu commandant de la brigade par intérim, n'est-

 24   ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et vous avez dit qu'en avril 1993, vous avez été nommé chef de

 27   département chargé des questions sociales et de bien-être dans la zone

 28   opérationnelle de Bosanska Posavina --

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  1   R.  Bosanska Posavina. 

  2   Q.  Et vous avez occupé ce poste jusqu'en 1995; c'est bien exact, n'est-ce

  3   pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Monsieur Buljan, je vous l'ai déjà dit, mais je vous le répète. Nous

  6   allons devoir ménager des pauses entre nos questions et nos réponses de

  7   façon à ce que tout puisse figurer au compte rendu d'audience.

  8   Veuillez expliquer aux Juges de la Chambre ce qui s'est passé à Derventa

  9   une fois que vous avez rejoint le HVO sur place. Je vous demanderais de

 10   bien vouloir expliquer, en prenant des références géographiques, où se

 11   trouve Derventa.

 12   R.  En avril 1992, lorsque j'ai rejoint le HVO, la ligne de front de la

 13   103e Brigade de Derventa était extrêmement longue, allongée. Derventa c'est

 14   une petite bourgade, une municipalité de

 15   56 000 habitants, qui se trouve en Bosanska Posavina, à proximité de

 16   Bosanski Brod et de Slavonski Brod, par conséquent. Par ailleurs dans la

 17   municipalité de Derventa, il y avait, disons, 52 villages et à l'époque la

 18   ligne de front faisait plus de 100 kilomètres de long.

 19   Vers la fin du mois d'avril et au début du mois de mai, les autorités

 20   civiles ont dû quitter Derventa. Elles sont parties, la brigade est restée

 21   seule sur place. Au cours de ces deux premiers mois j'ai été déployé sur la

 22   ligne de front.

 23   Tout au long de la période dont nous parlons, la 103e Brigade de

 24   Derventa a dû reculer devant son ennemi plus fort. Il y avait donc une

 25   certaine retraite de sa part à ce moment-là. Le 4 juillet 1992, la ville de

 26   Derventa est tombée. Il ne restait plus personne le matin de ce jour-là

 27   dans la ville. La brigade a formé une ligne à peu de distance de Derventa

 28   entre Bosanski Brod et Derventa et s'est livrée à des combats une nouvelle

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  1   fois. Et plus tard vers la fin du mois de septembre pour être plus exact,

  2   le 6 octobre 1992, c'est Bosanski Brod qui est tombé. Les derniers mètres

  3   carrés de la municipalité de Derventa. Il ne restait plus une seule unité

  4   du HVO dans ce lieu.

  5   Q.  Monsieur Buljan, vous parlez d'un ennemi plus fort. Pour que le compte

  6   rendu soit tout à fait précis, de qui parlez-vous et qui menait l'offensive

  7   au cours de cette période dont vous avez parlé?

  8   R.  Je dirais que c'était l'armée serbe, la 103e Brigade de Derventa, se

  9   battait exclusivement contre l'armée serbe.

 10   Q.  Vous nous avez dit ce qu'il est advenu de votre brigade, pourriez-vous

 11   nous dire maintenant ce qui est arrivé aux autres brigades du HVO du même

 12   secteur ?

 13   R.  A ce moment-là, le 5 octobre 1992 ainsi que le 6, ma brigade se

 14   trouvait sur la droite de Bosanski Brod. Et les hommes faisaient l'objet

 15   des attaques de l'armée serbe. Bosanski Brod est tombé et la 103e Brigade

 16   de Derventa avec quelques autres unités du HVO était la seule à rester dans

 17   cette espèce de fer à cheval. Nous nous sommes rendu compte qu'on ne

 18   pouvait rien faire, que la Sava se trouvait derrière nous et qu'il faudrait

 19   faire retraite en traversant la Sava et que la 103e Brigade de Derventa

 20   était postée, stationnée dans des écoles à Slavonski Brod, dans des maisons

 21   vides, alors que le commandement de la brigade se trouvait à proximité de

 22   Slavonski Brod. La brigade est restée sur place pendant un mois, elle s'y

 23   entraînait, ensuite elle est rentrée vers Bosanski Posavina vers une zone

 24   qui s'appelait Orasje ou en tout cas une zone qui se trouvait à proximité

 25   d'Orasje. La 101e Brigade de Bosanski Brod a connu le même sort. Elle s'est

 26   aussi repliée à Orasje, un peu plus tôt, parce que la municipalité d'Odzak

 27   était tombée plus tôt. Ces brigades donc sont allées en territoire libre

 28   d'Orasje et des localités environnantes donc du côté de la Bosanska

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  1   Posavina.

  2   Q.  Bien. Le lieu appelé Orasje n'apparaît nulle part dans le compte rendu

  3   alors que vous y avez fait référence à plusieurs reprises, O-r-a-s-j-e,

  4   Orasje. Peu importe, j'en reparlerai plus tard pour vous aider, mais pour

  5   l'instant, pourriez-vous nous donner le nom du lieu où votre 103e Brigade a

  6   été restationnée ?

  7   R.  Domaljavac, près d'Orasje.

  8   Q.  Monsieur Buljan, pourriez-vous citer par leur nom toutes les brigades

  9   qui se trouvaient au même endroit que la 103e Brigade de Derventa. Vous

 10   avez dit que vous parliez de la période correspondant à la mi-octobre.

 11   Alors quelles étaient les brigades qui étaient stationnées au même endroit

 12   ?

 13   R.  A la mi-novembre, lorsque nous sommes arrivés, nous avons trouvé la

 14   situation suivante : la 101e Brigade de Bosanski Brod, la 102e Brigade de

 15   Odzak, la 103e Brigade de Derventa donc , la 104e Brigade de Samac, la 105e

 16   Brigade de Modrice et la 106e Brigade d'Orasje.

 17   Q.  Vous avez dit que la 103e Brigade de Derventa se battait contre l'armée

 18   serbe. Quelles étaient les zones opérationnelles correspondantes à ces

 19   brigades et contre quelle partie se battaient-elles pendant toute la guerre

 20   ?

 21   R.  Il s'agissait de la zone opérationnelle de Bosanska Posavina. Toutes

 22   ces brigades, pendant toute la guerre affrontaient l'armée serbe.

 23   Q.  Bien. Nous avons vu la période au cours de laquelle la guerre a

 24   commencé. Jusqu'à quand la guerre s'est-elle poursuivie ?

 25   R.  La dernière offensive d'envergure la plus forte a eu lieu disons en

 26   juin ou en juillet 1995, approximativement.

 27   Q.  Dans le secteur d'Orasje, donc sur le territoire de la zone

 28   opérationnelle de Bosanska Posavina, y avait-il des unités de l'armée de

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  1   Bosnie-Herzégovine ?

  2   R.  Non, il n'y en avait pas. Il n'y avait pas d'unité de l'"armija" à cet

  3   endroit.

  4   Q.  Pourriez-vous me dire quelle était la composition ethnique de ces

  5   brigades du HVO ?

  6   R.  Je peux vous dire que chacune de ces six brigades avait une composition

  7   multiethnique. La première, la 101e Brigade de Bosanski Brod comptait un

  8   nombre important de soldats d'origine musulmane, ainsi que de Serbes et

  9   d'autres encore, tout comme le commandement de cette brigade. Même chose

 10   pour la 102e Brigade d'Odzak. Je crois que le chef d'état-major était

 11   musulman et que l'assistant du commandant IPD était aussi Musulman, pareil

 12   dans la 103e Brigade de Derventa, ma brigade. Il y avait aussi un certain

 13   nombre de Musulmans, le chef chargé des questions médicales était également

 14   Musulman. Dans la 104e Brigade de Samac, il y avait également des personnes

 15   d'autres origines. Dans la 105e de Modrica, il y avait aussi des personnes,

 16  ainsi que la 106e dont celle d'Orasje, il y avait également des personnes au

 17   sein du commandement qui appartenaient à différents groupes ethniques.

 18   Q.  Très bien. Dans le commandement de la zone opérationnelle, y avait-il

 19   différents groupes ethniques, je vous parle vraiment là du commandement ?

 20   R.  Oui, bien sûr. Il y avait différentes appartenances ethniques au sein

 21   du commandement également. Je crois que le principal officier chargé du

 22   renseignement dans la zone était Musulman de Bosnie. Il y en avait

 23   d'autres, d'autres officiers qui l'étaient également.

 24   Q.  Monsieur Buljan, pourriez-vous me dire quels insignes portaient les

 25   soldats du HVO à partir d'avril 1992 et au cours des mois suivants ?

 26   R.  On pourrait dire que les insignes portés montraient que les personnes

 27   appartenaient au HVO mais ils ont envoyé une indication de l'ABiH. Et je

 28   parle surtout, bien sûr, des Musulmans qui portaient ce genre de chose.

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  1   Donc il y avait une espèce de mélange avec une moitié HVO et une autre

  2   moitié avec trois listes. Ceci a perduré jusqu'à la fin de 1992, voire même

  3   jusqu'au début de l'année 1993. La brigade a mis très longtemps avant de

  4   s'organiser. Je me souviens que la 102e Brigade d'Odzak et que le

  5   commandant Bozic ont porté ce genre d'insigne jusqu'à la mi-1993.

  6   Par la suite, le HVO s'est organisé et ce genre d'insigne a progressivement

  7   disparu. Il n'est resté que l'insigne du HVO. Ces insignes mixtes ou

  8   doubles, parce que parfois il y en avait deux qui étaient portés, donc ont

  9   disparu progressivement, mais n'ont pas disparu par la force.

 10   Q.  Pourriez-vous nous dire quelque chose, lorsque vous avez dit des

 11   "insignes mélangés ou mixtes," est-ce que ça veut dire qu'il y en avait

 12   deux ou est-ce qu'il y en avait un ? Est-ce que c'était sur une seule

 13   épaule ? Enfin, pouvez-vous nous dire à quoi cela ressemblait ?

 14   R.  Souvent il y en avait deux. Deux types d'insignes qui étaient bien

 15   distincts l'un de l'autre, qui étaient sur l'uniforme. Parfois l'insigne du

 16   HVO était divisé en deux, donc il y avait la moitié du HVO et l'autre

 17   moitié l'ABIH pour faire un seul qui était apparié pour faire un seul

 18   insigne.

 19   Q.  Très bien. A partir d'octobre 1992, est-ce que les musulmans ont

 20   commencé à quitter les rangs du HVO, est-ce que cela s'est fait d'une façon

 21   massive ou non ?

 22   R.  Compte tenu de la situation qui régnait à l'époque, surtout les

 23   brigades qui avaient perdu leur territoire, la 102e, la 103e, la 105e et la

 24   101e en ce qui concerne donc ces brigades, là, il y avait des soldats qui

 25   sont partis en effet. En 1992, je me souviens qu'en octobre 1992, après la

 26   chute de Bosanski Brod, après que le pont ait sauté, nous étions cantonnés

 27   à Oreovac [phon], donc il y a peut-être  une unité, peut-être renforcée par

 28   une section renforcée dont les membres étaient principalement musulmans.

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  1   Avec leur équipement venant de la 103e Brigade de Derventa, ils sont partis

  2   par Zagreb pour arriver jusqu'en Bosnie centrale, peut-être du côté de

  3   Zenica. Donc nous n'avons pas été informés du mouvement de ces soldats en

  4   arme. Certains sont retournés à Orasje mais enfin après, à la fin après

  5   tout ça, j'en ai retrouvé à Zenica, mais la plupart sont partis en Bosnie

  6   centrale.

  7   Q.  Ensuite pendant toute la guerre après 1993 jusqu'en 1995, pouvez-vous

  8   nous dire s'il y avait beaucoup de soldats d'appartenance ethnique

  9   musulmane qui sont partis ? Est-ce que ça a été un exode massif ?

 10   R.  Non, je ne peux pas dire qu'il y a eu plus de soldats d'appartenance

 11   musulmane qui sont partis plus que de Croates ou d'autres appartenances

 12   ethniques.

 13   Q.  Très bien. Vous dites lorsqu'à partir d'avril 1992, au début d'avril

 14   1992 lorsque vous avez rejoint les rangs de la HVO vous étiez le

 15   commandant, l'adjoint au commandant pour l'influence et la propagande IPD,

 16   donc le renseignement et propagande. Combien de temps avez-vous eu ce poste

 17   ?

 18   R.  Ecoutez, deux ou trois mois, je ne m'en souviens pas exactement.

 19   C'était après la chute de Derventa, après la chute de la municipalité de la

 20   ville de Derventa. La 103e Brigade de Derventa était à Bosanski Brod à

 21   l'époque. Dans ce type de situation, l'état-major de commandement une fois

 22   que le territoire perdu a tendance à disparaître, et donc le commandement

 23   de la 103e Brigade de Derventa m'a nommé à ce poste, il m'a donné cette

 24   tâche, donc la tâche de renseignement et propagande.

 25   Q.  Vous avez aussi dit que vous étiez le commandant de la brigade par

 26   intérim; c'est bien cela ? A quel moment ? Je tiens à préciser ma question,

 27   j'aimerais savoir ce qui était arrivé au commandant puisque vous aviez pris

 28   sa place, vous l'avez remplacé ?

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  1   R.  C'est à partir du début de novembre à peu près, mettons, à partir du 10

  2   novembre 1992 jusqu'à la fin janvier 1993. Le commandant de la brigade a

  3   été blessé très sérieusement, très gravement à Bosanski Brod, il s'est

  4   retrouvé à l'hôpital, et du coup, j'ai pris son poste, enfin, j'ai été

  5   nommé à son poste.

  6   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire qui commandait votre brigade,

  7   qui se trouvait au commandement ?

  8   R.  Bien, il y avait l'adjoint pour les renseignements et la propagande. Le

  9   chef des services de sécurité, le chef en charge de la logistique, celui

 10   des services de santé, c'est ainsi que fonctionnait la brigade.

 11   Q.  Très bien. Etaient-ils sous vos ordres, étaient-ils vos assistants ?

 12   R.  Oui, c'était tous mes assistants. C'était les personnes qui

 13   s'occupaient de ces sujets au sein de la brigade.

 14   Q.  Très bien. Pouvez-vous nous parler maintenant de la structure de

 15   commandement dans la zone opérationnelle ?

 16   R.  Ecoutez c'est à peu près la même chose que ce qui se passe au niveau de

 17   la brigade. Dans la zone opérationnelle, c'est à peu près la même chose. On

 18   a d'un côté, le commandant de la zone opérationnelle, ensuite le chef de

 19   l'état-major pour la zone, et l'assistant en charge du renseignement et de

 20   la propagande, l'assistant en charge des services de sécurité - je pense

 21   que c'est ainsi que ça s'appelait - l'assistant chargé du renseignement, et

 22   cetera, et cetera.

 23   Q.  Bien. Nous allons revenir à votre brigade. Pourriez-vous nous

 24   expliquer, s'il vous plaît, quel était le supérieur hiérarchique de tous

 25   ces assistants en charge du renseignement et de propagande, sécurité,

 26   santé, logistique, et cetera ?

 27   R.  Pendant cette période, ils étaient sous mes ordres, moi seul. Le matin,

 28   je leur donnais leur mission. Je leur disais comment exécuter leur mission,

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  1   comment ensuite en rendre compte.

  2   Q.  Pourriez-vous nous dire maintenant quel était le lien entre ces

  3   assistants et les assistants chargés du même domaine dans les différentes

  4   zones opérationnelles ?

  5   R.  Je pense qu'il y avait des réunions, et c'est à ce moment-là qu'ils

  6   échangeaient des informations, donc une personne de la zone opérationnelle

  7   pouvait ainsi informer le commandant de la zone opérationnelle de ce qui se

  8   passait dans son domaine.

  9   Q.  Monsieur Buljan, vous nous avez dit qu'à l'époque, c'est-à-dire lorsque

 10   vous étiez en poste de commandement, donc de novembre 1992 à la fin janvier

 11   1993, début février 1993 - et c'est vraiment la date qui m'intéresse - donc

 12   je vais vous poser des questions qu'à propos de cette période.

 13   J'aimerais savoir quelles étaient les relations existant entre les

 14   assistants pour le renseignement et la propagande, les services de

 15   sécurité, les services de santé, la logistique dans votre brigade avec les

 16   membres travaillant dans ces domaines-là, mais au ministère de la Défense ?

 17   R.  Bien, je vais vous le dire, mes assistants, au niveau de ma brigade,

 18   travaillaient avec l'assistant de ce domaine pour ce qui est de certains

 19   secteurs. Et les assistants de certains domaines, un domaine bien précis,

 20   aussi étaient en charge d'assurer la coordination et de s'assurer que des

 21   liens corrects existaient entre tous ces assistants dans les différents

 22   départements.

 23   Q.  J'aimerais qu'on y revienne pour bien comprendre. A l'époque, y avait-

 24   il des liens physiques, des connexions physiques qui vous permettaient

 25   d'entrer en communication avec l'Herzégovine, par exemple ? Quelle était la

 26   technologie employée et quels étaient les liens physiques qui existaient

 27   avec l'Herzégovine et surtout avec Mostar, bien sûr ? Je parle de novembre

 28   1992 à janvier 1993.

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  1   R.  Il était très difficile de communiquer. Même de se rendre sur place

  2   était extrêmement difficile. C'était extrêmement long. Il fallait traverser

  3   toute la Croatie pour arriver à Mostar.

  4   Q.  Qu'en est-il des transmissions et communications, à savoir quel était

  5   l'équipement utilisé, les technologies ? Quels étaient les moyens que vous

  6   pouviez employer, moyens de transmission ?

  7   R.  Il n'y avait pas de communication quotidienne en tout cas, ça c'est

  8   sûr; enfin, je ne pense pas. Mais on pouvait s'appeler au téléphone,

  9   c'était possible.

 10   Q.  Monsieur Buljan, j'écoute tout ce que vous nous dites. Je m'attarde

 11   surtout aux détails. Vous dites que vous deviez traverser toute la Croatie

 12   pour aller à Mostar. N'y avait-il pas un raccourci pour aller à Mostar ?

 13   Pouvez-vous nous le dire ?

 14   R.  Bosanski Posavina et toute cette région autour d'Orasje était divisée

 15   par la Sava. Devant la Sava, il y avait un front de 27 kilomètres qui était

 16   truffé d'ennemis, si je puis dire. La seule façon d'y aller, c'était

 17   d'emprunter les airs, traverser la Bosnie-Herzégovine par air pour arriver

 18   en Herzégovine. Donc on traversait plutôt la Croatie en suivant

 19   l'Adriatique, la côte et les îles. On passait par les îles croates, ensuite

 20   on revenait sur la côte et on arrivait en Herzégovine ou en Bosnie-

 21   Herzégovine.

 22   Q.  Expliquez-nous exactement quelle était cette côte qu'il fallait

 23   traverser. Etait-elle occupée ?

 24   R.  Oui, il y avait quand même une partie de la côte, qui appartient

 25   maintenant à la République de Croatie, qui était occupée à l'époque par

 26   l'armée serbe, donc on ne pouvait pas traverser cela. Il fallait prendre le

 27   ferry pour contourner cette zone occupée et pour se retrouver ensuite dans

 28   le territoire libre de la République de Croatie. Je pense qu'on utilisait

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  1   les ferry, mais on utilisait aussi des avions pour traverser cette partie

  2   serbe.

  3   Q.  Très bien. Vous nous dites qu'à partir de ce moment-là jusqu'en 1995,

  4   vous vous battiez contre l'armée serbe uniquement. Vous pouvez nous

  5   expliquer quelle était cette armée serbe ? Mis à part les régions de

  6   Bosnie-Herzégovine dont vous avez parlé, y avait-il des activités de combat

  7   ou des opérations qui auraient eu lieu dans votre territoire afin de -- y

  8   avait-il des opérations contre la République de Croatie ?

  9   R.  Lorsque nous étions encore dans la zone de Bosanski Brod, je dois dire

 10   qu'il était extrêmement dangereux de se retrouver à Bosanski Brod ou un peu

 11   plus loin à l'intérieur du territoire de Bosanski Brod. Je ne peux pas être

 12   extrêmement précis, mais Zupanja, par exemple, a été pilonné pendant 1 000

 13   jours. Avant que la ligne de front ne remonte sur la Bosanski Posavina et

 14   Orasje. L'armée serbe utilisait des armes à  longue portée pour pilonner

 15   notre ligne de front, et pilonner aussi à l'intérieur du territoire.

 16   Q.  Revenons-en maintenant à la structure de votre brigade. A l'époque, qui

 17   s'occupait des services sociaux au sein de la brigade, si tant est qu'il y

 18   ait eu quelqu'un ?

 19   R.  Je dois dire qu'il n'y avait personne. Au niveau de la 103e Brigade de

 20   Derventa, il n'y avait personne qui s'occupait des services sociaux, et la

 21   même chose s'applique d'ailleurs aux autres brigades.

 22   Q.  A quelle période faisons-nous référence ici, où il y avait personne

 23   s'occupant des services sociaux ?

 24   R.  Je parle d'une personne qui serait chargée uniquement des services

 25   sociaux au sein de l'unité. Il n'y avait personne pendant toute l'année

 26   1992 dans les unités du Conseil de la défense croate à Bosanska Posavina.

 27   C'est en 1993 qu'une personne a été nommée à ce poste pour la première

 28   fois.

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  1   Q.  Est-ce vous qui avez été nommé, Monsieur Buljan, à ce poste justement ?

  2   Avez-vous été nommé à un poste qui avait quoi que ce soit à voir avec les

  3   services sociaux; et si oui, pouvez-vous nous dire quand ou dans quelle

  4   zone opérationnelle ?

  5   R.  C'était en mars 1993. En effet, c'est moi qui ai été nommé au poste

  6   chef des services sociaux de la zone opérationnelle de Bosanska Posavina.

  7   Q.  Très bien. Qui a signé la fiche signifiant votre nomination ?

  8   R.  Ça a été signé par le chef du département, M. Bruno Stojic.

  9   Q.  Y avait-il une personne nommée dans chaque brigade chargée des services

 10   sociaux à cette époque-là, c'est-à-dire après avril 1993 ?

 11   R.  Une fois que j'ai été nommé, j'ai fait quelques réunions avec mes ex-

 12   collègues, puisque c'est les commandants des autres brigades. J'ai parlé

 13   aussi au commandant de la zone opérationnelle. Je lui ai demandé de faire

 14   la même chose. Je lui ai dit qu'il fallait nommer quelqu'un dans les dix

 15   jours, quelqu'un qui s'occuperait des services sociaux pour toutes les

 16   unités. Dans certaines unités, il n'y avait qu'une personne qui était

 17   chargée de ce poste, et dans d'autres unités, il y avait plusieurs

 18   personnes qui faisaient ce travail. Pour la plupart du temps -- ensuite

 19   chaque brigade avait une personne chargée des services sociaux et il y

 20   avait une connexion entre la brigade et la branche de la zone

 21   opérationnelle s'occupant des servies sociaux.

 22   Q.  Très bien. Monsieur Buljan, expliquez-nous quelle était la relation

 23   entre vous et le commandant de la zone opérationnelle pour ce qui est, bien

 24   sûr, de ces fameux services sociaux, puisque vous étiez en charge de ce

 25   poste. Quelle était votre relation aussi entre vous, donc sur le terrain,

 26   et le chef des services sociaux au ministère ?

 27   R.  J'avais un commandant, un commandant de ma zone opérationnelle, et je

 28   rendais compte à cette personne. Je n'avais pas le droit de quitter la zone

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  1   opérationnelle ou de faire quoi que ce soit sans un consentement écrit de

  2   la part de mon commandant. J'étais chef de département chargé des services

  3   sociaux. Parfois nous nous entretenions, je l'informais, je lui soumettais

  4   des rapports lorsque cela m'était demandé, et c'était à peu près

  5   l'essentiel de nos relations.

  6   Q.  D'après vos souvenirs, pouvez-vous nous dire quand ces services sociaux

  7   ont commencé à fonctionner au niveau du ministère, au niveau du département

  8   de la Défense ?

  9   R.  Ça devait être vers la mi-1993, mai, juin 1993.

 10   Q.  Vous souvenez-vous du nom du chef de cette administration des services

 11   sociaux au sein du département de la Défense ?

 12   R.  Oui. C'était Josip Palac.

 13   Q.  Très bien. Maintenant nous allons, s'il vous plaît, Monsieur Buljan,

 14   regarder un certain nombre de documents ensemble pour étayer justement vos

 15   propos. J'imagine qu'on vous a donné un dossier contenant des documents, un

 16   classeur, c'est un classeur bleu.

 17   Le premier document qui m'intéresse, nous allons les passer en revue

 18   les uns après les autres, donc commençons par le premier, 2D 00629. L'avez-

 19   vous trouvé ?

 20   R.  Oui. Voici le document. Donc il s'agit d'un document par lequel le chef

 21   du département M. Stojic me nomme officiellement chef des services sociaux

 22   de la zone opérationnelle de Bosanska Posavina.

 23   Q.  Vous avez dit que c'était en mars, mais ici on voit que la date c'est

 24   le 3 avril. C'est la même chose ?

 25   R.  Oui, pour moi c'est à peu près pareil. J'ai dû me tromper de mois. Mais

 26   je pense que c'est le papier qui en fait peut faire foi. Je me suis trompé.

 27   Q.  Très bien. Passons maintenant à la pièce 2D 00567. Il y a normalement

 28   un post-it qui est attaché. Vous devriez le trouver assez facilement. Il

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  1   s'agit de la décision sur la nomination interne du département de la

  2   Défense, document en date du 17 octobre 1992. Vous avez vu le document de

  3   1992, je pense.

  4   Lorsque vous regardez cet organigramme, pourriez-vous nous dire si on

  5   avait au moins pensé à ce qu'il y ait un poste de quelqu'un s'occupant des

  6   services sociaux ?

  7   R.  Non, ici dans cette décision, il n'y a rien de la sorte.

  8   Q.  Très bien. Passons au document suivant, le P 02477. Il s'agit d'une

  9   décision sur la structure interne en date du 20 mai 1993. C'est le deuxième

 10   paragraphe qui m'intéresse. On voit bien qu'en mai il y avait un service en

 11   charge des questions sociales ?

 12   R.  Oui, absolument.

 13   Q.  Le document déclare que les chefs seront chargés de l'administration

 14   des services sociaux ?

 15   R.  En effet.

 16   Q.  Ensuite ils devront rendre compte au vice-directeur. Y avait-il un

 17   vice-directeur à l'époque ?

 18   R.  Je dois admettre que lorsque je contactais l'administration des

 19   services sociaux, je passais toujours par M. Palac, qui était le chef et

 20   non pas le sous-chef.

 21   Q.  Très bien. Passons maintenant à la pièce 2D 01370. Il s'agit d'un

 22   organigramme qui nous montre la structure de la brigade. On devrait trouver

 23   une liste de toutes les fonctions qui relèvent du commandement de la

 24   brigade. Il faudrait aller à la page 3 de ce document. Ici, on trouve les

 25   nominations. Au point 4, page suivante, il s'agit d'un tableau que nous

 26   avons maintenant à l'écran. Il est écrit :

 27   "Coordinateur des affaires sociales et traitement des blessés."

 28   S'agit-il bien d'un poste qui existait au sein de la brigade, d'après

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  1   vos souvenirs ?

  2   R.  Oui, oui. C'était en fait les postes qui faisaient le lien entre la

  3   brigade d'un côté et mes collègues du côté des différentes administrations

  4   chargées des services sociaux dans les différentes zones opérationnelles.

  5   Q.  Bien. Passons maintenant à la pièce P 02945. Il s'agit d'un ordre. Il

  6   s'agit en fait d'une nomination au niveau du commandement de la Brigade

  7   Rama. Ordre signé par Bruno Stojic, émanant du département de la Défense et

  8   en date du 25 juin 1993. Cette nomination, était-elle effective ?

  9   J'aimerais que nous nous attardions sous le numéro 20 de cette liste.

 10   L'avez-vous trouvé ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Je voudrais que ce soit au compte rendu. Pourriez-vous nous dire

 13   exactement de qui il s'agit ?

 14   R.  Il s'agit d'un coordinateur des services sociaux et c'est bien lui qui

 15   est nommé au numéro 20 de cette liste.

 16   Q.  Très bien. Pourriez-vous nous expliquer maintenant -- je pense sans

 17   cesse de votre poste, poste auquel vous avez été nommé en avril, 3 avril,

 18   dans la zone opérationnelle de Bosanska Posavina. Vous avez été nommé chef

 19   des services sociaux. Pouvez-vous nous dire si à ce moment-là vous avez

 20   rédigé des rapports; et si oui, quel genre de rapports et pour qui ?

 21   R.  Les services sociaux, c'est-à-dire toutes les personnes travaillant

 22   dans ce domaine, moi-même y compris, avions l'habitude de rédiger des

 23   rapports, ensuite on envoyait les rapports à l'administration des services

 24   sociaux, l'administration centrale. Le format et la teneur étaient

 25   standard. Il y avait des rapports aussi qui étaient envoyés au cas par cas,

 26   lorsque le commandant de la zone opérationnelle le demandait.

 27   Q.  Je n'ai pas bien compris peut-être ce que vous avez dit. Je vous

 28   demande de répéter. Ces rapports, j'aimerais savoir si vous les envoyiez à

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  1   l'administration des services sociaux à Mostar aussi ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Très bien. Passons sur deux autres documents, le P 04699. Je pense que

  4   ça va nous aider à y voir plus clair.

  5   Monsieur Buljan, il s'agit d'un rapport d'avancement portant sur janvier à

  6   juin 1993 du HVO HZ HB. Je ne vous montre pas les rapports de 1992 puisque

  7   nous savons que vous n'étiez pas encore nommé à ce poste. Regardez, s'il

  8   vous plaît, la page 14 en croate, qui correspond à la page 9 dans la

  9   version anglaise. En bas de la page 14, on voit qu'il y a un rapport sur

 10   les tâches effectuées par l'administration des services sociaux. Cela

 11   continue ensuite à la page suivante. Une fois que vous l'avez lu, que vous

 12   le relirez, pourriez-vous nous dire si toutes les informations que l'on

 13   trouve dans ce rapport correspondent bien aux informations que vous-même

 14   aviez tendance à envoyer dans vos propres rapports annuels ?

 15   R.  Oui, cette information correspond bien. Elle correspond parfaitement

 16   d'ailleurs aux informations que ma propre section avait envoyées aux

 17   services centraux chargés des affaires sociales.

 18   Q.  Très bien. Passons au rapport suivant. Il s'agit de la pièce P 07419.

 19   Ensuite nous rentrerons dans les détails des fonctions de votre poste. Il

 20   s'agit d'un rapport d'avancement toujours, de juillet à décembre 1993,

 21   rapport envoyé au HZ HB, le HVO. Ce qui m'intéresse, c'est la page 4 en

 22   croate, page 2 en anglais.

 23   C'est un document qui parle des affaires personnelles. On parle

 24   directement de vous d'ailleurs, puisqu'en décembre 1993, il est dit que le

 25   département chargé des services sociaux a été mis en place à Orasje et que

 26   des préparatifs ont été effectués pour s'occuper des blessés au sein du

 27   HVO.

 28   Est-ce que vous vous rappelez qu'en décembre 1993, le département des

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  1   services sociaux rattaché au HVO a été visité dans la zone d'Orasje ?

  2   R.  Oui, je m'en rappelle. Je me rappelle que les employés de

  3   l'administration des services sociaux ont effectué une visite du

  4   département du HVO sur le territoire d'Orasje. Il est vrai que 63 - et je

  5   n'ai pas de raison d'en douter - qu'une aide financière a été donnée aux

  6   personnes dont les membres ont péri sur le front et aux personnes blessées,

  7   et j'ai laissé de côté le mot "établi," car en fait ça a été --

  8   Q.  Très bien. Après votre nomination en tant que chef de l'administration

  9   des services sociaux dans la zone de Bosanska Posavina, quelles étaient vos

 10   tâches à l'origine ?

 11   R.  Lorsqu'il est question de services sociaux, il faut diviser cela en

 12   deux secteurs importants; lorsque j'étais responsable du secteur ou du

 13   département à Orasje, ensuite la deuxième section, c'était lorsque j'étais

 14   à la tête de l'administration.

 15   Lorsque j'ai pris les fonctions de chef du secteur dans la zone

 16   opérationnelle de Bosanska Posavina, il n'y avait rien en fait -- donc j'ai

 17   commencé dès le départ. J'ai reçu de la part du commandant une pièce. Il

 18   m'a donné une pièce qui m'a servi de bureau, et c'est là où l'on

 19   recueillait les données sur les victimes. Et là, on s'est mis d'accord sur

 20   la façon dont on recueillerait les données et les enverrait au département.

 21   Donc au départ, il nous a fallu identifier les personnes qui étaient

 22   impliquées, les envoyer faire suivre des soins, si nécessaire, les aider à

 23   se rétablir, et pour les invalides militaires, cela était essentiel. Il

 24   fallait trouver des aides orthopédiques également pour ces personnes. Pour

 25   les invalides qui ne pouvaient pas retourner chez eux ou qui n'avaient pas

 26   où aller, il fallait trouver des logements pour eux.

 27   Q.  Lorsque vous parlez de la première étape, de la première période de vos

 28   activités, donc là vous parlez de la première période. Mais vous n'avez pas

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  1   dit quand a lieu la deuxième période.

  2   R.  La deuxième période ou étape, c'est aussi long que la première, car

  3   elle a commencé également en avril, mais en 1995, donc avril, mai, lorsque

  4   j'ai été nommé à la tête de l'administration des services sociaux.

  5   Q.  Donc dans cette première étape, vous avez recueilli des données sur les

  6   blessés et ceux qui sont morts ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Qui a recueilli ces données ? C'était au sein des brigades ou au niveau

  9   des zones opérationnelles ?

 10   R.  Ceux qui fournissaient les informations étaient les coordinateurs qui

 11   étaient au sein des brigades. Certaines brigades en avaient plusieurs.

 12   Certains bataillons avaient leurs propres coordinateurs. Cela dépendait de

 13   la taille des brigades. C'étaient donc les premières personnes qui

 14   fournissaient les demandes d'information. C'était à moi de décider de la

 15   façon d'organiser ces données. Si on avait besoin qu'un document soit signé

 16   par le commandant des brigades, ces certificats qui devaient être signés

 17   par les commandants de brigade devaient être uniformes précisément.

 18   Q.  Monsieur Buljan, lorsque vous étiez en train de recueillir ces données,

 19   aviez-vous fourni des services de soins aux invalides et à leurs familles,

 20   et à leurs victimes, et comment ?

 21   R.  Oui. Nous avions pris soin de tous les invalides qui, lorsqu'ils

 22   avaient les documents requis, percevaient des salaires  par le biais de

 23   leurs unités. Egalement, par le biais de notre département, ils recevaient

 24   des soins, je l'ai mentionné il y a quelques instants. On les envoyait à

 25   différents établissements pour suivre des soins de chirurgie, et cetera.

 26   Cela s'appliquait aux invalides.

 27   Q.  Qu'en était-il des familles des personnes décédées ?

 28   R.  Les familles, aussi on s'en occupait. Il fallait faire la même chose

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  1   que pour les invalides quant aux documents notamment. Il fallait vérifier

  2   qui avait le droit de recevoir ces compensations suite à la mort d'un

  3   soldat, donc il fallait recueillir ces données.

  4   Q.  Pouvez-vous expliquer, Monsieur Buljan, vous avez expliqué que vous

  5   étiez au sein d'un territoire qui était menacé par l'armée serbe d'un côté,

  6   et vous avez parlé de la rivière Sava. Alors les soins étaient fournis à

  7   quel endroit justement pour les membres de votre brigade ?

  8   R.  Dans Orasje, toutes les victimes, tous les blessés étaient accueillis

  9   au sein de l'hôpital militaire d'Orasje, peut-être à 1 kilomètre ou 2

 10   d'Orasje. C'est une localité qui s'appelle Tolisa. C'est en fait dans un

 11   monastère. La moitié du monastère était utilisée comme hôpital militaire et

 12   l'autre moitié de ce monastère franciscain était utilisée en tant que

 13   monastère, en fait. Donc il fallait d'abord vérifier si les blessés

 14   pouvaient être soignés sur place, et si ce n'était pas le cas, l'hôpital le

 15   plus proche où ils étaient envoyés se trouvait à Slavonski Brod.

 16   Q.  J'aimerais apporter une correction au compte rendu d'audience. Page 27,

 17   ligne 14, vous avez mentionné l'hôpital de Tolisa.

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous avez, pour les cas les plus difficiles, ils étaient envoyés à

 20   Slavonski Brod. Slavonski Brod se trouvait en Croatie ?

 21   R.  Oui. C'est une petite ville sur la rivière Sava, de l'autre côté de la

 22   rivière par rapport à Bosanski Brod, donc c'est tout près du territoire

 23   occupé de la Bosanska Posavina. L'objectif était de déplacer les blessés et

 24   de les faire traverser la rivière. Il n'y avait pas de ponts. Le pont avait

 25   été détruit au début de la guerre et donc on employait des ferry et des

 26   bateaux pour les faire traverser la rivière.

 27   Q.  Lorsque vous parliez des blessés, pourriez-vous nous dire si les

 28   invalides recevaient des soins de réhabilitation, des soins

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  1   postopératoires, oui; et si oui, où ?

  2   R.  Pour toutes les blessures très graves ou pour les interventions

  3   chirurgicales, on avait besoin de soins de rééducation, donc on les

  4   envoyait à Toplisa en Croatie par l'intermédiaire du département des

  5   affaires sociales de la République de Croatie. Et parfois, ils allaient à

  6   Varazdinska [phon] et Toplica [phon] ou Stublica, Uztobic [phon]. Il s'agit

  7   de stations thermales en Croatie, donc là ils suivaient des thérapies

  8   notamment.  

  9   Q.  Plus tard, est-ce que les invalides allaient dans des motels dans les

 10   territoires de la Bosnie-Herzégovine ?

 11   R.  Cela fut toujours problématique lorsque les soins de rééducation

 12   étaient terminés. Par exemple, si la personne avait une maison à Modrica,

 13   Bosanski Brod ou autre, la question suivante se posait : où pouvaient-ils

 14   revenir ? Ces personnes-là, ces invalides, étaient logés dans des hôtels.

 15   Il y avait un hôtel à Zenit à Krvavice [phon], ensuite pour les victimes de

 16   la Bosanska Posavina, de l'autre côté d'Orasje, de l'autre côté de la

 17   rivière donc, il y avait Djakovo, et là il y avait à Djakovo un hôtel qui

 18   était une sorte de centre accueillant les invalides de guerre.

 19   Q.  Vous avez parlé de l'hôtel Zenit. Où se trouve l'hôtel Zenit ?

 20   R.  L'hôtel Zenit se trouve à Neum, et Neum se trouve en Bosnie-

 21   Herzégovine.

 22   Q.  Merci. Lorsqu'on parle de soins fournis aux invalides et lorsqu'on

 23   parle de rééducation, et de soins de prise en charge fournis aux familles,

 24   est-ce qu'on faisait une distinction entre Musulmans et Croates qui avaient

 25   été tués ou blessés ?

 26   R.  Lorsque l'on fournissait des soins ou de l'aide aux familles, aux

 27   victimes, on ne faisait aucune distinction entre eux. On fournissait les

 28   mêmes soins, mêmes prises en charge pour les Musulmans, pour les Croates,

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  1   pour les Serbes qui combattaient au sein d'une unité HVO ou pour les autres

  2   volontaires, volontaires étrangers notamment qui ont participé à la HVO.

  3   Q.  Monsieur Buljan, vous avez parlé de la deuxième étape et vous avez

  4   mentionné qu'elle a commencé à la mi-1995. Pourriez-vous nous dire que

  5   s'est-il passé dans la deuxième étape ? Première étape, vous pratiquiez la

  6   collecte de données. Alors la deuxième étape ?

  7   R.  Pour la première étape, nous avions recueilli les données que j'ai

  8   mentionnées il y a quelques instants. Et également, jusqu'en 1995, les

  9   invalides de guerre qui avaient complété leur rééducation, on les faisait

 10   passer devant des commissions pour voir quelle était la gravité de leur

 11   invalidité. C'était un processus qui a commencé vers la fin de l'année 1995

 12   lorsque j'ai rejoint le département des Affaires sociales, ensuite il y a

 13   eu des commissions de deuxième niveau, donc une deuxième commission, et là

 14   on a pu déterminer leur taux d'invalidité.

 15   Q.  Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ? C'était difficile sur le

 16   plan technique de ne pas procéder à ces activités tout de suite ? Cela

 17   était-il vraiment difficile avant d'arriver justement à la commission de

 18   deuxième niveau pour déterminer tout cela ?

 19   R.  Nous avons souhaité que tous les documents soient uniformes. Il y avait

 20   des dossiers pour les victimes. Il y avait des formulaires qui devaient

 21   être remplis, recueillis des commissions de premier niveau qui devaient

 22   être formées, qui devaient s'exprimer concernant le niveau d'invalidité.

 23   Les invalides devaient suivre, terminer leurs soins. Il faut dire qu'il y

 24   avait un manque de main d'œuvre au sein du département en question. En

 25   raison de cela, ce n'était pas avant la fin de 1995 que ce processus a pu

 26   être terminé, qu'on a pu donc établir sur le plan juridique qu'une personne

 27   est bel et bien un invalide de guerre. Donc avant cela, ils étaient

 28   invalides mais ils n'avaient pas ce document officiel attestant ce fait.

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  1   Q.  Mais il ne faut pas oublier que pendant cette période, vous avez pris

  2   en charge, dans la mesure du possible, ces personnes-là ?

  3   R.  Oui, il y avait divers moyens qui me permettaient d'aider les blessés

  4   ou les familles des victimes, alors si cela impliquait de la rééducation ou

  5   autre.

  6   Q.  Monsieur Buljan, pouvez-vous nous dire à quel moment cette deuxième

  7   étape a commencé ? Est-ce qu'elle a été terminée ?

  8   R.  Non, à ce jour, jusqu'à ce jour, cette étape est toujours en cours.

  9   Cela prendra encore un certain temps.

 10   Q.  Nous avons encore dix minutes avant la pause. On va examiner certains

 11   documents reliés à votre témoignage. Examinons le document 2D 1245. Il

 12   s'agit du document suivant dans votre classeur. L'avez-vous trouvé ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Monsieur Buljan, je préférerais si vous pouvez parler de ce document.

 15   De quoi s'agit-il ? J'ai des questions, mais je vous les poserai après.

 16   Il s'agit d'un document de trois pages. J'aimerais le parcourir très

 17   brièvement.

 18   R.  Ce document nous indique qu'à l'époque, donc le 4 août 1993, il montre

 19   que la brigade, le commandant de la brigade, de la 103e Brigade de Bosanski

 20   Brod, Zedjko [phon] Barisic, à la demande du ministre de la Défense de la

 21   République de Croatie, informe, nous indique qu'une personne s'est vue

 22   retirer de l'aide financière.

 23   Q.  Monsieur Buljan, il s'agit, on peut le voir, il s'agit de Smajo

 24   Mahmutovic. Vous auriez dit qu'on prenait soin de toutes les personnes sans

 25   égard à leur nationalité, donc c'est pour ça que j'ai pris ce document.

 26   Voilà, cette personne est décédée et la personne autorisée, et donc M. Omar

 27   Carsovic ne souhaite plus recueillir le personnel en salaire. Et là, on lui

 28   demande qui sera la personne, la nouvelle personne qui recueillera le

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  1   salaire dorénavant. Ne faites pas de spéculation, si vous ne le savez pas.

  2   Mais en regardant ce nom, Smajo Mahmutovic, il s'agit sans doute d'un

  3   Musulman ?

  4   R.   Oui, il s'agit d'un Musulman. Ici, il s'agit d'un nom de famille

  5   musulman, oui, effectivement. Il s'agit d'un exemple de ce type.

  6   Q.  Alors nous passons maintenant à la page suivante de ce document.

  7   Regardez la troisième page. Il est fait mention de certaines sommes

  8   d'argent qui ont été versées à cette personne qui a été décédée; est-ce

  9   correct ?

 10   R.  Oui. On voit la date du 9 août 1993, Bosanski Brod.

 11   Q.  Monsieur Buljan, regardez le document suivant, 2D 00749. Il s'agit

 12   d'une décision relative à une commission médicale à Mostar, datée du 17

 13   mars 1993. Donc il s'agit d'une commission qui traite des invalides de

 14   guerre. Il est mentionné des noms de docteurs, leurs noms semblent indiquer

 15   qu'il s'agit de Musulmans. Pourriez-vous commenter le document ? Je ne

 16   souhaite pas, je souhaiterais dire qu'au sein du HVO il y avait des Croates

 17   et des Musulmans.

 18   R. Oui, effectivement il s'agit d'une décision portant nomination d'une

 19   commission médicale et on peut voir la composition de cette commission.

 20   Numéro 2, par exemple, M. Ramo Omanovic, on peut le voir qu'il s'agit d'un

 21   Musulman.

 22   Q.  Monsieur Buljan, vous nous avez parlé de la première étape de vos

 23   activités, dans la deuxième partie, il s'agissait de procédures juridiques

 24   visant à déterminer le statut, le niveau d'invalidité d'une personne,

 25   visant à identifier si une personne a été tuée au front. Donc cette

 26   décision en question que vous avez sous les yeux, se trouve à quel moment ?

 27   R.  Cette décision précède les autres décisions qui avaient été prises

 28   après, ayant rapport avec la commission de deuxième niveau. Mais après

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  1   cette décision, il est possible qu'il n'ait pas été possible d'agir

  2   immédiatement, car par exemple, il n'y avait pas d'infrastructure forcément

  3   nécessaire au sein des départements.

  4   Q.  Passons au document 2D 1246. Il s'agit à nouveau d'un document signé

  5   Bruno Stojic. Il est fait mention du département de la Défense. Pourriez-

  6   vous nous indiquer : est-ce une tentative de la part de M. Stojic, pour

  7   s'assurer que les aspects juridiques de ce problème soient mis en place ?

  8   R.  Oui. C'est un document qui fut utilisé par ceux qui souhaitaient faire

  9   ce qui leur était demandé. Donc il s'agit en fait d'un nouvel ordre par

 10   lequel on demande à certaines personnes de respecter les délais pour les

 11   activités reliées aux affaires sociales. Oui, il s'agit des affaires

 12   sociales, oui, effectivement.

 13   Q.  Passons au document 2D 01247. Il s'agit d'une décision signée de la

 14   main de M. Stojic. La date n'est pas très lisible. Mais étant donné vous

 15   l'avez déjà vu, vous savez de quoi il s'agit ?

 16   R.  Oui. C'est une décision portant nomination, création d'un département

 17   sur la protection des vétérans, des vétérans de guerre. Dans de telles

 18   conditions, lorsqu'une personne perd sa municipalité on agit de façon

 19   différente, il n'y a pas assez de personnes, il n'y a pas assez de

 20   professionnels, et donc il nous est impossible de travailler. Il s'agissait

 21   de procédures à long terme, on avait besoin de personnel pour -- on avait

 22   besoin de salaires. Donc cette décision permettait à tous ceux qui

 23   n'étaient pas dans leur propre territoire et l'on peut voir qui était

 24   responsable de la rédaction de certains document, par rapport à certains

 25   individus.

 26   Q.  Vous parlez de personnes qui n'étaient pas dans leur territoire parce

 27   que le territoire était occupé ?

 28   R.  Cela vous comprenait également ? Oui, la municipalité de Derventa était

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  1   sous occupation serbe depuis le 6 octobre 1992.

  2   Q.  Je m'excuse, j'aimerais passer à un document un peu plus exigeant. J'ai

  3   besoin de quelques minutes.

  4   Mme NOZICA : [interprétation] Peut-être qu'on pourrait passer à une pause

  5   d'abord. A vous de décider, Monsieur le Juge.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : -- une heure et 20 minutes, donc il vous reste 40

  7   minutes.

  8   --- L'audience est suspendue à 15 heures 44.

  9   --- L'audience est reprise à 16 heures 08.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Nozica, vous avez la parole.

 11   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Q.  Monsieur Buljan, examinons le document suivant, 2D 600626. Vous l'avez

 13   sous les yeux ? Pourriez-vous indiquer brièvement à la Chambre qui est

 14   l'auteur de ce document, et pourriez-vous nous parler également de la

 15   teneur de celui-ci ? Il nous reste quelque 20 minutes, 40 minutes, pardon,

 16   et j'aimerais également que vous commentiez les autres documents.

 17   R.  Ce document a été rédigé par le service chargé du bien-être et des

 18   questions sociales. J'étais moi-même à la tête de ce service. On voit un

 19   tableau avec le nombre de personnes tuées, de personnes blessées, de

 20   personnes disparues, en voit le nombre de tués, dont ceux qui touchaient

 21   une solde, le nombre de personnes blessées et le nombre de personnes

 22   blessées au sein des unités, le nombre de personnes blessées touchant une

 23   compensation financière. Donc une distinction est faite entre les blessés,

 24   les malades, le nombre de personnes disparues ensuite, et la dernière

 25   colonne nombre de tués et de personnes disparues qui touchaient des soldes.

 26   Q.  La date de ce document est le 30 novembre 1996. Pourriez-vous indiquer

 27   à la Chambre s'il s'agit là de la première fois que vous obteniez des

 28   informations si détaillées, et est-ce là le résultat du travail qui a été

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  1   accompli, comme vous l'avez décrit, au cours de cette deuxième étape

  2   lorsque les conditions ont été en place qui permettaient de recueillir ce

  3   genre d'information ?

  4   R.  En effet, oui. C'est le résultat de ces activités. Comme je l'ai dit,

  5   vous avez là des informations qui entrent un peu plus dans le détail. Vous

  6   avez des chiffres quant au statut des victimes, des invalides de guerre, à

  7   propos desquels certaines décisions ont été prises en matière de

  8   compensation financière. Donc voilà l'un des premiers rapports qui a été

  9   préparé.

 10   Q.  Très bien. Avant de passer à des documents qui présentent également les

 11   appartenances ethniques des personnes concernées ainsi que le nombre de

 12   personnes tuées, d'invalides de guerre, parmi les brigades qui se

 13   trouvaient dans la zone opérationnelle, j'aimerais que vous examiniez un

 14   autre document, le document 2D 00150. C'est un document à part, les Juges

 15   en disposent également. C'est un document qui porte la date du 9 juin 1996.

 16   C'est une analyse sur base ethnique des personnes concernées. C'est le

 17   document 2D 00150. 2D 150 donc, voilà c'est celui-ci, exactement.

 18   Monsieur Buljan, pourriez-vous nous parler des chiffres qui figurent ici,

 19   les chiffres qui se trouvent en deuxième page et qui concernent les unités,

 20   les membres des unités. On parle ici de Musulmans et de Croates. Pouvez-

 21   vous confirmer que ces informations, ces chiffres sont bien exacts ?

 22   R.  J'ai sous les yeux un document de 1993 signé par le chef du département

 23   du personnel, Jure Brkic. A l'époque c'était la personne habilitée à poser

 24   sa signature sur ce genre de document. Alors s'agissant maintenant de

 25 l'appartenance ethnique des membres des 101e, 102e, 103e, 104e, 105e, et 106e

 26   Brigade du HVO, ils se trouvaient donc sur le lieu de bataille d'Orasje de

 27   ce côté-ci du corridor. Il me semble que les données relatives à leur

 28   appartenance ethnique sont correctes, d'après ce que je vois ici.

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  1   Q.  Très bien. Pourrait-on à nouveau confirmer que ce document qui porte la

  2   date du 9 juin 1993 est un document qui est bien de 1993 et non pas de

  3   1996. Ce que l'on voit néanmoins en page 35, ligne 25 du compte rendu. Oui.

  4   Très bien.

  5   Regardons le document suivant, 2D 00604.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : De mon point de vue c'est un document important et

  7   comme vous étiez à la 103e Brigade vous allez certainement pouvoir répondre

  8   à ma question. Je voulais vous demander, est-ce qu'au mois où a été établi

  9   ce document, c'est-à-dire au mois de juin 1993, est-ce que vous étiez le

 10   commandant par intérim de la 103e Brigade ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. En juin 1993, non, je n'étais pas

 12   commandant par intérim de la 103e.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : -- 1993 ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] A ce moment-là en juin 1993, j'étais

 15   responsable du département des affaires sociales dans la zone

 16   opérationnelle de Bosanski Posavina.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Vous étiez donc dans la zone opérationnelle,

 18   dans cette zone opérationnelle il y avait des unités du HVO avec des

 19   Musulmans, oui ou non ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors savez-vous qu'au mois de mai 1993 il y avait

 22   eu des événements à Mostar ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Saviez-vous que des Musulmans avaient été

 25   arrêtés ou déplacés ou détenus ? Disons, qu'ils ont été mis d'un point A à

 26   un point B - pour certains c'était l'Heliodrom - sont rentrés dans les

 27   problèmes juridiques. Saviez-vous cela, oui ou non ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors dernière question et ça va être ultra simple.

  2   Est-ce que les événements du mois de mai à Mostar ont eu des répercussions

  3   sur les unités combattantes du HVO ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

  6   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Q.  Le Président de la Chambre vous a demandé où vous étiez au moment où

  8   ces rapports ont été communiqués. Vous avez dit que vous étiez dans la zone

  9   opérationnelle et que vous occupiez le poste que vous avez évoqué. En

 10   marche de cette position que vous occupiez, pour ce qui est de la 103e

 11   Brigade, pouvez-vous confirmer l'exactitude de cette information, parce

 12   qu'en dépit du fait que vous vous trouviez dans cette zone opérationnelle,

 13   vous étiez en contact les brigades qui s'y trouvaient également, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  Nous parlons toujours du document de 1993, 2D 00150. Oui. Bien, si nous

 16   parlons des six brigades qui se trouvaient sur le champ de bataille

 17   d'Orasje - et je peux, je confirme, en effet, que la composition ethnique

 18   était multiple - ce que l'on voit dans le document reflète tout à fait la

 19   réalité des choses.

 20   Q.  Très bien. Passons à un autre document, 2D 00604.

 21   Monsieur Buljan, le document contient votre nom. Pourriez-vous dire

 22   en quelques mots à la Chambre ce que c'est que ce document ?

 23   R.  Bien, lorsque j'ai obtenu certaines informations selon lesquelles

 24   j'allais témoigner devant ce Tribunal, j'ai demandé au service chargé des

 25   victimes de la guerre menée pour la patrie, donc à l'endroit où je

 26   travaillais, c'est moi qui avais mis le système en place, j'ai demandé à ce

 27   service de me communiquer un certain nombre d'informations. J'ai demandé à

 28   ce que ces informations me soient communiquées. En faisant ressortir

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  1   l'appartenance ethnique des personnes concernées, je vois ici que

  2   l'information est assez précise. On voit les noms de famille, les prénoms,

  3   les noms du père, leur identité, et cetera.

  4   Q.  Très bien. Peut-on passer au document suivant, le document 2D 00605.

  5   Nous passons maintenant à un ensemble de documents, c'est-à-dire les listes

  6   qui vous ont été présentées. J'aimerais m'attarder sur la première de ces

  7   listes pour expliquer aux Juges de la Chambre quel est le sens de cette

  8   liste et quelle en est la structure ?

  9   R.  Cette liste présente des noms de membres du HVO qui ont été tués et qui

 10   venaient de la municipalité de Bosanski Brod et qui étaient des Croates.

 11   Ici il s'agit de la 101e Brigade de Bosanski Brod du HVO. C'est une liste

 12   qui contient les noms de tous les membres qui ont été tués avec le nom de

 13   famille, le prénom, le prénom du père, et le numéro de matricule. Puis on

 14   aperçoit une référence à la fin du document à la 106e Brigade d'Orasje au

 15   département de la Défense de la HZ HB, au ministère de la Défense. Ces

 16   listes ont donc été préparées de sorte à faire ressortir toutes les

 17   informations relatives à tous les membres du HVO pour une municipalité

 18   donnée quel que soit l'endroit où ils ont péri, ou l'unité à laquelle ils

 19   appartenaient au moment où ils ont été tués.

 20   Q.  Très bien. Si l'on examine la première liste, on constate un total de

 21   230 membres qui étaient Croates d'origine. On trouve ensuite une liste de

 22   membres du HVO qui ont été tués de la municipalité de Bosanski Brod, des

 23   Musulmans de Bosnie, n'est-ce

 24   pas ?

 25   R.  Oui, en effet. Nous avons procédé de la même manière que pour la partie

 26   précédente de la liste pour la 101e Brigade de Bosanski Brod et pour les

 27   Croates d'origine. Donc la liste suivante a été produite pour la même unité

 28   mais elle reprend les noms de Musulmans de Bosnie.

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  1   Q.  Très bien. La dernière page de ce document en version croate, bien sûr,

  2   indique les membres du HVO qui ont été tués et qui émanent de la

  3   municipalité de Bosanski Brod mais qui sont d'une origine ethnique

  4   différente, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, en effet. On voit 13 membres de la Brigade de Bosanski Brod qui

  6   ont été tués et qui appartenaient à d'autres groupes ethniques, qui

  7   n'étaient donc ni Croates ni Musulmans de Bosnie.

  8   Q.  Bien. Peut-être devrait-on revenir à ce premier document, puis nous

  9   allons repasser en série tout un ensemble d'autres documents qui sont

 10   structurés de la même manière. Tous ces gens sont des membres du HVO,

 11   Croates, Musulmans et autres qui ont été tués au cours d'affrontements avec

 12   quelle armée ? Pouvez-vous être précis ?

 13   R.  Les membres de ces six brigades que j'ai évoquées, les brigades dont

 14   nous parlons, pendant toute la durée de la guerre ne se sont battus que

 15   contre l'armée serbe.

 16   Q.  Très bien. Monsieur Buljan, pourriez-vous également me dire si tous ces

 17   membres du HVO dont nous allons parler ont été pris en charge de la manière

 18   dont vous avez parlé il y a une minute ou deux, quelle que soit leur

 19   appartenance ethnique ? Pour ceux qui ont été tués, est-ce que l'on a pris

 20   en charge leur famille de la même manière quelle qu'ait été leur

 21   appartenance ethnique ?

 22   R.  Oui, les familles de tous les morts ont été prises en charge de la même

 23   manière quelle que soit leur appartenance ethnique.

 24   Q.  Très bien. Nous allons examiner rapidement les documents suivants en

 25   commençant par le 2D 00606.

 26   Les données sont semblables, mais il s'agit ici de membres du HVO de

 27   la municipalité d'Orasje qui ont été tués, n'est-ce pas ?

 28   R.  En effet. Il s'agit de la 106e Brigade du HVO ici, Brigade d'Orasje.

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  1   Des informations ont été recueillies de la même manière que pour la brigade

  2   précédente.

  3   Q.  Nous passons au document 2D 00607.

  4   R.  Voici quelle était la situation. Le HVO de Bihac était isolé au sein de

  5   la poche de Bihac même. Le HVO était seul et il n'était rattaché à personne

  6   à ce moment-là, donc beaucoup de membres de ces unités ont été tués. Il

  7   était facile pour eux de passer en Croatie et de parvenir à Orasje par la

  8   Croatie. Il a été décidé que le service chargé des questions sociales et du

  9   bien-être des soldats prendra en charge ceux qui avaient été tués dans la

 10   zone de Bihac.

 11   Q.  J'aimerais maintenant que l'on examine la pièce 2D 00608.

 12   R.  C'est la 108e, la Brigade de Brcko du HVO, qui se trouvait de l'autre

 13   côté du corridor, de l'autre côté de la ligne de front d'Orasje. Le

 14   corridor allait du secteur proche de Brcko, suivait la ligne, la ligne

 15   tenue par le HVO, et remontait vers Banja Luka.

 16   Cette unité se trouvait de l'autre côté. La largeur du corridor, enfin on

 17   disait les choses comme cela, correspondait à peu près à une distance de

 18   tir raisonnable. C'est ce qu'on disait en tout cas à l'époque. Donc

 19   certains membres sont allés en République de Croatie pour y être soignés ou

 20   à des fins de rééducation. Mais dès lors qu'un tel cas se présentait, c'est

 21   mon service qui s'en occupait.

 22   Q.  Très bien. Regardons maintenant la pièce 2D 00608. Non, nous venons de

 23   l'examiner, donc maintenant nous examinons la pièce 2D 00609.

 24   R.  C'est la 103e Brigade, la Brigade de Derventa du HVO. Toutes les

 25   informations contenues dans ce document ont été traitées de la même manière

 26   que pour les unités précédentes.

 27   Q.  Très bien. Passons au document suivant, 2D 00610, sur Modrica. Avez-

 28   vous des commentaires ?

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  1   R.  Là encore, c'est la même situation. A la mi-1992, ou disons, en

  2   juillet, Modrica est tombée. Tous les soldats de la municipalité de Modrica

  3   ont traversé vers le théâtre d'affrontement d'Orasje. C'est une autre

  4   brigade qui nous correspondait.

  5   Q.  Le document suivant est le document 2D 00611.

  6   R.  Oui. Tout ce que j'ai dit par rapport au document précédent, je peux le

  7   réitérer ici. Il s'agit ici d'une ville qui est adjacente à Modrica. Il

  8   s'agit d'Odzak. Ce que j'ai dit s'applique également à Odzak, l'information

  9   a été recueillie et traitée de la même manière.

 10   Q.  Très bien. Passons maintenant au document suivant, 2D 00612. Il s'agit

 11   d'une liste de membres du HVO qui ont été tués dans la municipalité de

 12   Tuzla. Tuzla, faisait-il partie de votre zone opérationnelle ? Pouvez-vous

 13   nous expliquer pourquoi vous vous êtes occupés également de ces soldats-là

 14   ?

 15   R.  Oui, la 103e Brigade de Tuzla Zinski correspond tout à fait aux

 16   précédentes. Nous nous sommes occupés d'elle tout comme nous l'avons fait

 17   pour la 108e Brigade. 

 18   Q.  Passons au document suivant, 2D 00613. Voici une liste de personnes

 19   tuées dans la municipalité de Gradacac, Croates, Musulmans et autres

 20   groupes ethniques.

 21   R.  Oui. La 7e Brigade du HVO de Gradacac se trouvait de l'autre côté du

 22   corridor. Et tous les membres de la 107e Brigade de Gradacac, au cours des

 23   opérations de combat, ont quitté la zone, et si mon service avait accès à

 24   ces hommes, nous nous occupions d'eux comme nous nous sommes occupés des

 25   autres brigades qui se trouvaient du même côté du corridor, s'ils se

 26   trouvaient, bien sûr, dans le secteur d'Orasje.

 27   Q.  Bien. Pouvons-nous examiner le document 2D 00614 maintenant.

 28   R.  Il s'agit des blessés et des tués de la brigade qui se trouvaient sur

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  1   la municipalité de Bosanska Samac. Cette information a été traitée

  2   exactement de la même façon que les documents précédents.

  3   Q.  Bien. Pour être bien précis, il s'agit d'une liste de personnes qui ont

  4   été tuées, elles ne sont pas blessées ?

  5   R.  Oui, en effet. Vous avez raison. Je suis désolé, je me suis trompé. Il

  6   n'y a pas de blessés, il n'y a que des tués.

  7   Q.  Passons maintenant à la pièce 2D 00615.

  8   Il s'agit d'une liste d'invalides de guerre du HVO, municipalité de

  9   Bihac, donc il y a des Croates. Ensuite le document continue avec les

 10   Musulmans de Bosnie qui ont trouvé la mort dans la même municipalité et

 11   ceux d'autres appartenances ethniques. Pouvez-vous nous confirmer que

 12   toutes ces listes ont été traitées et ont été générées exactement de la

 13   même façon ? Ici, bien sûr, on parle d'invalides de guerre et non plus de

 14   tués, mais sinon c'est exactement le même traitement ?

 15   R.  Oui absolument. Toutes les listes qu'on a vues jusqu'à présent

 16   traitaient les membres du HVO qui avaient été tués au combat, et maintenant

 17   nous en sommes aux invalides de guerre du HVO, mais l'information est

 18   traitée exactement de la même façon que dans les listes précédentes sur les

 19   tués.

 20   Q.  Bien. Rapidement, pourriez-vous regarder la pièce 2D 00616. Là encore

 21   il s'agit d'invalides de guerre. Ici, c'est la municipalité de Bosanski

 22   Brod ?

 23   R.  Oui, absolument. C'est la 101e de Bosanski Brod. On voit les invalides

 24   de guerre d'appartenance croate, des Musulmans de Bosnie et autres.

 25   Q.  Très bien. Passons maintenant au document suivant, le 2D 00617. Il

 26   s'agit encore d'une liste d'invalides de guerre qui ont été blessés à

 27   Bosanski Samac.

 28   R.  Oui, absolument. C'est la liste de la 104e Brigade du HVO, et cette

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  1   liste a été générée exactement comme dans les listes précédentes.

  2   Q.  Très bien. Maintenant la 2D 00618. Il s'agit de la liste des invalides

  3   de guerre de la municipalité de Brcko; c'est ça ?

  4   R.  Oui. Ce sont les membres de la 108e Brigade du HVO. Et ils sont

  5   présentés exactement de la même façon que pour les autres listes.

  6   Q.  Très bien. Ensuite la 2D 00619, sur les invalides de guerre, n'est-ce

  7   pas ? Municipalité de Derventa. Toutes les ethnicités; c'est bien cela ?

  8   R.  Oui, absolument. C'est la 103e, la Brigade de Derventa du HVO, et dans

  9   ce document se trouvent exactement les mêmes éléments que l'on a trouvés

 10   dans les documents précédents, mais cette fois-ci sur la Brigade de

 11   Derventa, la 103e.

 12   Q.  Très bien. Passons maintenant au 2D 00620. Il s'agit des invalides de

 13   guerre de la municipalité de Gradacac; c'est cela ?

 14   R.  Oui, c'est la 107e du HVO, Brigade de Gradacac. Et le traitement

 15   appliqué est absolument identique à ce qu'on a vu jusqu'à présent.

 16   Invalides de guerre, il y en a d'appartenance ethnique croate, Musulmans de

 17   Bosnie ou autres

 18   Q.  Très bien. Passons maintenant à la 2D 00621.

 19   R.  Oui, il s'agit encore d'une liste. C'est la 105e Brigade du HVO. Liste

 20   des invalides de guerre, municipalité de Modrica. La liste a été compilée

 21   absolument identiquement aux autres qu'on a vues jusqu'à présent.

 22   Q.  Très bien. Maintenant passons à la 2D 00622.

 23   R.  Toujours une liste des invalides de guerre du HVO, municipalité

 24   d'Odzak. Nous avons là les Croates. Il s'agit de la 102e Brigade du HVO. Il

 25   y a aussi les Musulmans de Bosnie et autres. Donc c'est des membres de

 26   cette municipalité qui ont été blessés, non pas tués, blessés alors qu'ils

 27   servaient dans le cadre d'autres unités.

 28   Q.  Très bien. Maintenant le dernier document de cette liste, le 2D 00624.

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  1   C'est vous qui nous avez donné ce document, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. C'est encore un document du HVO. C'est la 115e, municipalité de

  3   Tuzla cette fois-ci, et compilée exactement comme les autres documents que

  4   nous avons vus jusqu'à présent.

  5   Q.  Très bien. Nous avons donc passé en revue tous les documents qui

  6   donnaient les listes des tués et des invalides de guerre venant de la zone

  7   opérationnelle de Bosanski Posavina, la zone sur laquelle vous opériez.

  8   Maintenant voici ma question : toutes ces personnes, enfin, leurs familles

  9   en tout cas, la famille des invalides de guerre et les invalides de guerre,

 10   ont-ils été prises en charge de façon identique, quelle que soit leur

 11   appartenance

 12   ethnique ?

 13   R.  Tous les membres du HVO, quelle que soit leur appartenance

 14   ethnique, ont été pris en charge de façon identique.

 15   Q.  Très bien. Passons maintenant au document suivant, 2D 00627. Il

 16   s'agit d'un document qui vient du ministère de la fédération, ministère

 17   fédéral sur les anciens combattants et les invalides de la guerre pour la

 18   patrie. C'est aussi appelé le ministère fédéral s'occupant des défenseurs

 19   et des invalides de la guerre, patriotes de guerre pour défendre la patrie.

 20   En date du 12 mars 2008. C'est moi qui ai demandé la copie de ce document.

 21   Pouvez-vous nous confirmer ce qu'il y a dans ce document.

 22   Il y a ici les membres de la Brigade Stjepan Radic, ce sont des Musulmans

 23   de Bosnie. Vous avez leurs noms, leur date de naissance, le temps passé

 24   sous le drapeau, 31 mai 1992, ça se termine le 15 juillet 1993.

 25    Monsieur Buljan, pourriez-vous nous confirmer, car vous travailliez aussi

 26   avec les organes fédéraux, n'est-ce pas, que ce ministère était bien un

 27   ministère qui devait centraliser ces informations ?

 28   R.  Oui, le ministère a peut-être compilé ce type d'information.

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  1   Q.  Très bien. Passons à un document différent maintenant, la pièce P 4756.

  2   Il s'agit d'une réunion du collège des directeurs du département de la

  3   Défense, réunion qui s'est tenue le 2 septembre 1993.  Pourriez-vous nous

  4   dire, s'il vous plaît, si vous avez participé à cette réunion de ce collège

  5   ?

  6   R.  Non, je n'ai pas participé à cette réunion.

  7   Q.  Passons à la page 5 de ce document, s'il vous plaît, le point 6 plus

  8   précisément. J'aimerais attirer votre attention sur un passage bien

  9   spécifique qui porte sur la structure des affaires sociales, paragraphe 6.

 10   "Une nouvelle organisation a été adoptée et la conclusion est que les

 11   familles des membres musulmans du HVO qui ont trouvé la mort doivent

 12   continuer à être pris en charge."

 13   Le Juge Antonetti vous a demandé si vous savez ce qui se passait au mois de

 14   mai. Vous avez dit que vous n'étiez pas au courant. Donc je vous demande

 15   maintenant la chose suivante : d'après ce document, ne peut-on pas en

 16   conclure que les familles des membres croates qui ont été tués ont été pris

 17   en charge même après le 2 septembre 1993 ? Et j'ai une autre question à

 18   vous poser : est-ce que cette prise en charge s'est poursuivie par la suite

 19   ? Vous aviez toutes les informations, n'est-ce pas ? Vous avez pu quand

 20   même compiler toutes ces informations suite à tous les documents que nous

 21   avons étudiés, n'est-ce pas, vous avez pu compiler l'esprit général ?

 22   R.  La conclusion montre bien que les membres d'appartenance musulmane du

 23   HVO ont été pris en charge de façon permanente. Je peux vous dire que la

 24   prise en charge s'est poursuivie d'ailleurs. Je ne sais pas exactement ce

 25   dont on parlait lors de la réunion du collège, mais à l'époque en Bosnie-

 26   Herzégovine, il y avait une guerre entre les Croates et les Serbes, entre

 27   les Serbes et les Musulmans de Bosnie, entre les Musulmans de Bosnie et les

 28   Croates, et même entre les Musulmans de Bosnie et les Musulmans de Bosnie.

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  1   Alors on se demandait peut-être ce qu'il fallait faire vu la situation.Mais

  2   je tiens à répéter qu'avant ceci et même après, tous les membres du HVO ont

  3   toujours été pris en charge de façon identique.

  4   Q.  Merci. Pourriez-vous maintenant vous pencher sur le document 2D 00625

  5   et nous expliquer ce dont il s'agit ?

  6   R.  Dans mon introduction, je vous ai dit qu'à un moment j'ai été vice-

  7   directeur de l'administration fédérale s'occupant des problèmes des anciens

  8   combattants et des invalides de la guerre patriotique. Donc le directeur et

  9   moi-même, nous sommes convenus que nous devions absolument échanger les

 10   informations à propos des disparus, des tués et des blessés. Donc à

 11   l'époque, je voulais avoir les données portant sur les membres de l'ABiH.

 12   Et je voulais, de son côté, qu'il soit informé des membres du HVO qui eux

 13   avaient trouvé la mort, ou avaient été tués, ou étaient portés disparus.

 14   Donc le directeur et moi-même avons essayé d'échanger des données sur ces

 15   points.

 16   Q.  Je dois vous poser une question : le directeur de cette administration

 17   fédérale était M. Suad Porusovic [phon], n'est-ce

 18   pas ? Est-il Musulman de Bosnie ? Je dois vous poser cette question.

 19   R.  Oui. Il est d'appartenance musulmane. A l'époque, on nommait les

 20   personnes de la façon suivante : si le directeur était musulman de Bosnie,

 21   son adjoint devait être croate, et l'inverse s'appliquait aussi.

 22   Q.  Au départ, j'ai oublié de vous poser une question. Je vous ai demandé

 23   si vous avez fait partie à un moment où à un autre du parti du HDZ ?

 24   R.  Non, je n'ai jamais été membre de ce parti.

 25   Q.  Très bien. Du fait de ce protocole, vous avez commencé à échanger des

 26   données à propos des membres du HVO et de l'ABiH. Quel était votre but à

 27   tous deux ?

 28   R.  La guerre venait de se terminer puisqu'on était en 1998, la guerre

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  1   venait de se terminer, elle avait pris fin avec les accords de Dayton. Mais

  2   sur le terrain la situation continuait à être assez tendue, au moins

  3   jusqu'au milieu de 1996. Et ce directeur et moi-même, nous nous sommes dits

  4   que nous allions commencer tout d'abord à échanger les informations pour au

  5   moins avoir des chiffres sur lesquels nous appuyer, les chiffres corrects

  6   pour que nous sachions combien de personnes étaient concernées dans chaque

  7   groupe ethnique, pour que nous puissions ensuite avoir une approche commune

  8   au niveau de nos relations avec le gouvernement pour être sûrs que les

  9   projets de loi qui seraient passés traiteraient de façon identique les

 10   victimes tombées dans les rangs du HVO et dans les rangs de l'ABiH.

 11   Q.  Très bien. Mais est-ce que c'est arrivé ? Est-ce qu'il y a eu des lois

 12   de ce type qui ont été faites, prises ?

 13   R.  Je dois vous dire que je n'ai pas eu la chance au cours de mon mandat

 14   de voir adopter une telle loi. Nous avons pourtant travaillé, nous n'avons

 15   pas ménagé nos efforts. Nous avons préparé nos projets de loi. La seule

 16   différence qui nous opposait était que je n'étais pas d'accord à propos de

 17   deux articles du projet de loi. Je trouvais que la base dont on s'est

 18   servie pour calculer la prise en charge des invalides de guerre en

 19   Fédération de Bosnie-Herzégovine et les familles des tuées et des personnes

 20   disparues devaient être -- donc la prise en charge aurait dû être calculée

 21   sur la solde de moyenne pour les pensions d'invalidité. Il n'était pas

 22   d'accord, lui. Il trouvait que pour ce qui est des pensions on aurait dû

 23   plutôt utiliser les moyennes portant sur toute la Fédération de Bosnie-

 24   Herzégovine. Nous avons préparé un projet de loi, nous l'avons envoyé au

 25   gouvernement, il a été adopté par le gouvernement. Je ne sais plus très

 26   bien quel a été le nombre de votes en faveur et contre, mais

 27   malheureusement quand cette loi est arrivée devant les députés de la

 28   fédération, le parlement a été tout à fait divisé, tout à fait comme nous

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  1   l'étions d'ailleurs, sur les mêmes articles. Cela dit, quand la loi a été

  2   adoptée, finalement nous n'étions plus en place.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

  4   Mme NOZICA : [interprétation] Oui, je sais. Je m'en souviens. Je n'ai plus

  5   qu'un document à étudier.

  6   Q.  Si j'ai bien compris ce que vous avez dit, le problème portait sur les

  7   pensions et non pas sur les bénéficiaires des pensions, c'était le montant

  8   qui était le problème.

  9   R.  Oui, le problème ce n'était pas le pensionné, on n'avait pas un

 10   problème de date non plus, le début et la fin de la prise en charge, et

 11   cetera, donc ce n'était pas la prise en charge en tant que telle qui était

 12   remise en cause, notre conflit portait sur la base sur laquelle la pension

 13   d'invalidité devait être calculée. On n'était pas d'accord sur la

 14   référence.

 15   Q.  Très bien. Dernier document, le 2D 628, pourriez-vous nous expliquer de

 16   quoi il s'agit ?

 17   R.  Oui, il s'agit ici de l'article de Loi sur les droits des défenseurs et

 18   membres de leurs familles, adoptée la Fédération de Bosnie-Herzégovine.

 19   C'est un peu ce que nous avions essayé de faire en 1998 et 1999, avec mon

 20   collègue musulman. On n'était pas arrivé, et les personnes qui ont repris

 21   le projet quatre ans plus tard sont arrivées, puisqu'ils voyaient que la

 22   loi était adoptée en 2004, elle a été publiée dans le bulletin officiel de

 23   la Bosnie-Herzégovine, numéro 33. Article 2, on voit bien ce dont je

 24   parlais une minute et le parlement a bel et bien adopté cette loi une fois

 25   qu'elle a été mise en vigueur et impliquée.

 26   Q.  Très bien. En ce qui concerne cette loi, qui peut prétendre au statut

 27   de défenseur ?

 28   R.  C'est l'article 2, qui parle des membres, des membres des familles y

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  1   ayant droit. Donc les défenseurs ce sont les membres de l'ABiH, du Conseil

  2   de la Défense croate et des forces de police du ministère des Affaires

  3   intérieures pertinent qui ont participé à la Défense de la Bosnie-

  4   Herzégovine, l'agression étant censée commencer le 18 septembre 1991 et

  5   s'étant poursuivie jusqu'au 23 décembre 1996.

  6   Q.  Donc la date, en fait, c'est l'attaque de Ravno; c'est bien cela ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc ceci s'appliquait aux membres du HVO ainsi qu'aux membres de

  9   l'"armija," et ils avaient exactement les mêmes droits qu'ils soient

 10   d'appartenance musulmane ou croate, n'est-ce pas ?

 11   R.  Cette loi définit le statut, les droits, et les droits des personnes

 12   ayant droit au statut de défenseurs.

 13   Q.  Très bien. Passons maintenant à la page 50, ligne 5. Je vous ai demandé

 14   de vous pencher sur l'article 2. Vous nous l'avez lu, donc au compte rendu

 15   je pense que les choses sont claires ?

 16   R.  Oui, je vous ai bel et bien lu l'article 2.

 17   Q.  Très bien. Je vous remercie d'être venu déposer, et j'en ai terminé

 18   avec mes questions.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai une question très simple à vous poser, mais qui

 20   prend sa source au début de votre audition quand Me Nozica vous a demandé

 21   ce que vous faisiez, et cetera, et vous aviez dit que votre brigade était

 22   face aux Serbes. C'est bien ce que vous me confirmez ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne comprends pas votre question, je suis

 24   désolé, je ne la comprends pas bien.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Tout au début de votre audition, j'ai cru comprendre

 26   que vous aviez dit à un moment donné que votre brigade était sur la ligne

 27   de front face aux Serbes. Est-ce bien ce que vous m'avez dit ?

 28   Mme NOZICA : [interprétation] Nous n'avons pas d'interprétation, c'est pour

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  1   cela que le témoin n'a pas vraiment pu répondre. En fait, il n'a pas eu

  2   d'interprétation en B/C/S.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez entendu ?

  4   Mme NOZICA : [aucune interprétation]

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je suis désolé, en effet, j'ai entendu la

  6   question maintenant. La 103e Brigade de Derventa pendant toute la guerre

  7   était face aux Serbes, en effet. C'était notre position, face aux Serbes.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Dans la 103e, j'ai cru comprendre qu'il y avait des

  9   Musulmans et des Croates ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous-même et vos camarades soldats, vous défendiez

 12   quoi face aux Serbes ? Vous défendiez la République de Bosnie-Herzégovine,

 13   vous défendez l'Herceg-Bosna, vous défendez le territoire de la Posavina ?

 14   Vous défendez quoi ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, lorsque j'ai commencé à

 16   déposer, je vous ai dit que j'étais né à Kuljanovci, donc c'est à 5

 17   kilomètres de Derventa. Le 8 avril, j'étais au travail et dans l'après-midi

 18   l'armée serbe a pilonné mon village, ce village où j'étais né. De mon

 19   village pratiquement jusqu'à Banja Luka, il n'y a pas d'autres villages

 20   croates. C'est le seul village croate que l'on peut trouver dans cette

 21   région. Nous tous et l'armée, comprenant des Musulmans de Bosnie, des

 22   Croates, et cetera, enfin, nous défendions notre territoire surtout avant

 23   toute chose. Je retournais chez moi quand je rentrais de mon travail.

 24   C'était notre but, on voulait rentrer chez nous, rentrer là où nous

 25   habitions, en Bosnie-Herzégovine.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Une autre question qui n'a rien à voir avec la

 27   question précédente et ça sera ma dernière question. On a regardé tout à

 28   l'heure les documents sur les statistiques des personnes tuées et blessées.

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  1   Et je dois vous dire que j'ai été très impressionné par les chiffres. Je

  2   vois, par exemple, qu'il y a eu 780 amputés, plusieurs milliers de morts,

  3   des milliers de blessés. Donc je présume que beaucoup de familles ont été

  4   touchées par ce conflit. Est-ce que ça a créé un traumatisme tel

  5   qu'aujourd'hui ce traumatisme existe encore ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, après des événements de

  7   ce type,  après tout ce qui s'est passé, tous ceux qui ont été touchés par

  8   cela, tous ceux qui ont perdu un être aimé, un père, un enfant, sont

  9   totalement traumatisés, bien sûr, certains plus ou moins, bien sûr.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Alors je regarde D 3, D 4, et cetera.

 11   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Je suis debout, la Défense de M.

 12   Coric n'a pas de questions pour ce témoin mais nous sommes censés

 13   apparaître dans cet ordre, donc je voulais éviter toute confusion.

 14   M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Je n'ai pas de questions non plus.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : D1 maintenant.

 16   M. KARNAVAS : [interprétation] Nous n'avons pas de questions et je tiens à

 17   remercier le témoin d'être venu déposer.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je saute D2, parce que ce n'est pas la peine,

 19   donc je passe à D3.

 20   M. KOVACIC : [interprétation] Je tiens à dire que la Défense Praljak a

 21   quelques questions à poser et après lorsqu'on en aura terminé, M. Praljak

 22   lui-même a une question à poser à propos d'un problème de géographie. Peut-

 23   être que nous pouvons avoir les cartes. Ce serait plus pratique.

 24   Contre-interrogatoire par M. Kovacic :

 25   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Buljan. Je défends M. Praljak. Nous

 26   nous sommes déjà rencontrés et j'ai quelques questions à vous poser.

 27   Vous nous avez dit ce que vous faisiez. Vous avez parlé de votre

 28   poste, de vos postes au sein de la 133e Brigade et dans la zone

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  1   opérationnelle aussi. Vous avez parlé de tout cela lorsque vous avez

  2   commencé à déposer.

  3   J'aimerais savoir la chose suivante : vous dites qu'en juillet 1992, vous

  4   avez dû quitter votre position à Derventa et aux alentours et que vous

  5   étiez en train d'effectuer une retraite lente vous retirant sur les

  6   territoires de Croatie vers Bosanski Brod. C'est bien cela, vous avez

  7   effectué un retrait ?

  8   R.  Oui, en effet. Nous avons effectué un retrait. Nous sommes repliés sur

  9   Bosanski Brod. Bosanski Brod est de l'autre côté de la rivière, de l'autre

 10   côté de Slavonski Brod, et c'est là que nous nous sommes repliés.

 11   Q.  On peut un petit peu expliquer la géographie de ces lieux pour les

 12   Juges qui ne la connaisse peut-être pas très bien. Toute la Posavina, en

 13   fait, se trouve au nord de la Bosnie-Herzégovine. Il s'agit de la région

 14   qui suit la Save, la rivière Save - c'est pour ça qu'on l'appelle la

 15   Posavina d'ailleurs - et c'est une région frontière, frontière avec la

 16   République de Croatie, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  L'ennemi auquel vous étiez confrontés, donc la JNA ou l'armée serbe

 19   essayait de vous repousser depuis la partie orientale du côté de la Save,

 20   ils ont repoussé, en fait, vers le sud-est, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Donc ils vous ont repoussés dans une petite enclave qui se trouve au

 23   sud de la rivière Sava; c'est ça ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Donc au nord sur la berge nord de la Save, bon, la frontière n'est pas

 26   exactement sur la Save mais vers le nord, au nord de la Sava, on a la

 27   frontière avec la République de la Croatie, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Une offensive serbe était donc en train de vous repousser dans une

  2   petite enclave et vous ne pouviez plus aller nulle part. Vous étiez de dos

  3   à la rivière ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Donc après la chute de Derventa, les civils aussi se repliaient vers la

  6   Croatie ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et en juillet 1992, pendant deux jours environ, un certain nombre de

  9   civils et de soldats qui avaient quitté les rangs du HVO se trouvaient dans

 10   les prés, dans les prés à l'est de Bosanski Brod dans le but de traverser

 11   la Save pour aller à Bosanski Brod et se rendre en Croatie ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Pourriez-vous nous donner un chiffre d'une approximation du nombre de

 14   ces personnes. Ils étaient des centaines ou des milliers ?

 15   R.  Je pense qu'on peut dire qu'ils étaient des milliers. Je ne sais pas

 16   s'ils étaient 3 000, 2 000 ou 4 000 mais la zone où ils se trouvaient, ils

 17   campaient, ils bivouaquaient, si je puis dire. Enfin le commandant de ma

 18   brigade était proche aussi, donc je les ai vus, je les ai tous vus

 19   bivouaquer.

 20   Q.  Bien. Et ces personnes ne pouvaient aller nulle part en fait.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 22   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] De Bosanski Brod à Slavonski Brod alors

 23   qu'ici il est écrit de Bosanski Brod à Bosanski Brod il y a une erreur dans

 24   le transcript.

 25   M. KOVACIC : [interprétation]

 26   Q.  Je le répète pour le compte rendu. Les personnes aux alentours de

 27   Bosanski Brod, qui étaient sur le territoire de Bosnie-Herzégovine,

 28   voulaient traverser la Sava vers le nord pour se rendre à Slavonski Brod,

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  1   n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. Et de Derventa, de Bosanski Brod, il y en avait d'autres qui

  3   étaient déjà arrivés d'Odzak ou de Modrica en Bosnie-Herzégovine, et ils se

  4   sont tous rassemblés devant le pont. Leur but c'était de traverser pour se

  5   retrouver en République de Croatie.

  6   Q.  Mais pourquoi se sont-ils retrouvés là ? Pourquoi n'ont-ils pas tout

  7   simplement traversé pour se rendre en Croatie ?

  8   R.  A l'époque, je ne sais pas pourquoi ils sont restés là, mais

  9   physiquement il était impossible de traverser. Il y avait des obstacles sur

 10   le pont. On ne pouvait pas traverser le pont. En plus on n'avait pas le

 11   droit de passer le pont.

 12   Q.  Si mes informations sont bonnes, les autorités de Bosnie ne

 13   contrôlaient pas ce passage, ce poste-frontière et ces autorités croates ne

 14   voulaient pas permettre aux gens de traverser. C'est cela, c'est eux qui

 15   contrôlaient le passage.

 16   R.  Je crois qu'à l'époque il y avait en effet des policiers de Bosanski

 17   Brod, donc de Bosnie-Herzégovine et d'autres des Croates aussi sur le pont.

 18   Q.  Réellement, quand qu'on traverse une frontière on doit toujours

 19   demander à la police de cet Etat l'autorisation de rentrer sur le

 20   territoire ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Oui. Donc pendant quelques jours les autorités croates n'ont pas voulu

 23   autoriser toutes ces personnes à se réfugier en Croatie; c'est cela ?

 24   R.  Oui. Pendant quelques jours, trois jours, quatre jours. Je ne sais pas

 25   vraiment combien de temps, enfin, un certain nombre de jours en tout cas.

 26   Q.  Ensuite la frontière a été ouverte et les personnes ont commencé à

 27   traverser; est-ce correct ?

 28   R.  Oui, oui, la frontière a été ouverte.

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  1   Q.  Combien de temps cela a-t-il pris ? Une demi-journée, une journée,

  2   trois jours pour qu'ils puissent traverser ?

  3   R.  De manière approximative - en fait, personne ne le sait. Je ne sais pas

  4   combien de temps cela a pris mais les gens traversaient habituellement le

  5   pont. C'est assez rapide.

  6   Q.  Oui. Ils avaient traversé en Croatie ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Etant donné que vous étiez tout près à l'époque, ce fut un problème,

  9   les gens étaient dans les prés et aucun soin n'était fourni à ces gens-là.

 10   Il y avait des gens qui étaient bombardés par les forces serbes; est-ce

 11   correct ?

 12   R.  Oui. Oui, cela se passait quotidiennement et à plusieurs reprises

 13   également. Donc voilà, la ville de Bosanski Brod et les environs étaient

 14   pilonnés. Vous parlez des gens qui étaient exposés quotidiennement au

 15   danger, oui, effectivement.

 16   Q.  Lorsqu'ils ont commencé à traverser, est-ce que vous avez entendu

 17   parler de la façon dont ils ont pu traverser, est-ce qu'il y a des gens qui

 18   ont joué des rôles; si oui, qui ?

 19   R.  Au sein de mon commandement, de mes troupes, il y avait des rumeurs à

 20   l'effet que la personne qui était responsable de l'ouverture était le

 21   général Praljak. Je ne peux pas confirmer d'avoir vu le général à l'époque,

 22   mais je n'étais pas là tout le temps. Les fronts étaient en bas de Bosanski

 23   Brod. Il y avait des rumeurs à l'époque.

 24   Q.  Donc il s'agissait d'information qui était reliée à l'époque ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Les jours suivants, après que les gens eurent traversé pour rentrer en

 27   Croatie, est-ce que vous avez entendu des informations concernant un

 28   conflit entre des opinions de M. Praljak et les autorités de la République

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  1   de Croatie concernant l'ouverture de cette frontière ?

  2   R.  Oui, je peux effectivement dire qu'il y avait des rumeurs. On en

  3   discutait de cela. Il y a des gens haut placés en Croatie qui prenaient des

  4   mesures punitives envers le général Praljak par rapport à ce qui a été

  5   fait. Je ne peux pas dire que j'ai lu cela ou que j'ai vu cela à la

  6   télévision, mais c'est ce que disaient les soldats entre eux.

  7   Q.  Très bien. Laissez-moi vous rappeler quelque chose. Avant cet exode,

  8   bien avant cet exode, Vukovar était tombée et les forces serbes avaient

  9   pris une grande partie de la Slavonie; est-ce

 10   correct ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Est-ce que vous savez si à cette époque-là ou plus tard, la Croatie

 13   avait également ses propres réfugiés, beaucoup de ses propres réfugiés ?

 14   R.  Oui, je savais qu'il y avait beaucoup de gens déplacés. Il s'agissait

 15   d'une situation difficile. Il y avait la guerre, il y avait les populations

 16   qui se déplaçaient de certaines villes, et cetera.

 17   Q.  En tant qu'homme éduqué, une personne impliquée dans le secteur des

 18   affaires sociales, est-ce que vous savez si la Croatie avait un large

 19   fardeau, car elle devait s'occuper de ses propres citoyens déplacés, donc

 20   en plus de ceux des réfugiés de Bosnie-Herzégovine; c'est correct ?

 21   R.  Oui, tout à fait.

 22   Mme WEST : [interprétation] Désolée de vous interrompre, Monsieur le Juge.

 23   Un certain commentaire que j'aimerais formuler : avant tout, je n'ai pas

 24   fait de commentaire jusqu'à maintenant. Je ne vois pas à quel point cela

 25   est pertinent. Si vous êtes d'accord pour que cela continue, je préférerais

 26   qu'on ne pose pas de questions directives.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, mais Monsieur Kovacic pareil,

 28   avant que vous continuiez sur ce sujet, je vais proposer à mes collègues de

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  1   vous retirer du temps, parce que là, ça touche à l'interrogatoire

  2   principal. Ce ne sont pas des questions de contre-interrogatoire.

  3   M. KOVACIC : [interprétation] Si je peux simplement répondre par rapport à

  4   ce que mon collègue a dit, il est clair que mon sujet est en rapport avec

  5   ce que le témoin a dit. Je suis allé au-delà de la portée, uniquement pour

  6   donner un cadre horaire, un cadre de référence temporel. Je voulais évoquer

  7   la situation en parallèle en Croatie, à l'époque où lorsque les réfugiés

  8   sont arrivés; je vais simplement fournir le contexte. Si vous voulez

  9   réduire le temps, mon temps, bien, c'est à vous de décider. Mais je pense

 10   que c'est important de faire des liens entre certains événements, par

 11   rapport à une situation sur le terrain. Si cela ne vous intéresse pas,

 12   bien, je n'irai pas plus loin. De toute façon, je n'avais pas l'intention

 13   de le faire.

 14   Q.  Monsieur le Témoin, lorsque ces gens ont traversé le pont pour entrer

 15   en Croatie, vous avez dit, il me semble, que certains soldats avaient fui

 16   le front; c'est correct ?

 17   R.  Oui, je ne pense pas qu'il s'agissait de militaires qui étaient

 18   capables.

 19   Q.  Très bien. Les autorités croates, frontalières croates, est-ce qu'elles

 20   ont demandé à désarmer les soldats armés ?

 21   R.  Non -- oui, pardon ils n'ont pas autorisé les gens à entrer avec des

 22   armes en Croatie, c'est juste. D'abord ils devaient être désarmés, ensuite

 23   ils pouvaient entrer dans le territoire.

 24   Q.  Merci beaucoup.

 25   M. KOVACIC : [interprétation] Question concernant le territoire, en fait

 26   peut-être que M. Praljak pourrait évoquer ce sujet. Il s'agit d'une

 27   question militaire, donc j'aimerais demander à la Chambre d'autoriser M.

 28   Praljak de poser quelques questions à M. le témoin.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

  2   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il s'agit

  3   de questions militaires, en effet. J'ai demandé une carte de la Bosnie-

  4   Herzégovine, mais on n'aura pas le temps. Mais peut-être que M. le Témoin

  5   pourrait nous fournir une feuille de papier, on pourrait faire une carte.

  6   J'aimerais clarifier certains points. Par exemple, lorsque le territoire de

  7   la Posavina, qui est en Bosnie-Herzégovine, il y avait donc six brigades

  8   qui faisaient face à la Croatie.

  9   Contre-interrogatoire par l'Accusé Praljak : 

 10   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Pouvez-vous donner au témoin une

 11   feuille de papier, s'il vous plaît.

 12   Q.  [interprétation] Monsieur le Témoin, pourriez-vous nous expliquer --

 13   Mme WEST : [interprétation] Désolée, nous avons une carte qui est

 14   disponible, donc M. le Général pourrait l'utiliser.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : -- un numéro pour que nous l'ayons sur l'écran.

 16   Mme WEST : [interprétation] Il s'agit de P 09276. Pendant quelques instants

 17   avant qu'il s'affiche à l'écran. Donc la carte numéro 3.

 18   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Un surligneur, s'il vous plaît, pour le

 19   témoin.

 20   Q.  Pouvez-vous marquer l'endroit où se trouvaient les brigades du HVO,

 21   donc 103, 104, 105, 106.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : -- carte sur l'écran et avec le stylet vous pouvez

 23   dessiner sur l'écran. Ici on n'arrête pas le progrès, on est la pointe du

 24   progrès. Donc vous --

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] [Le témoin s'exécute] Voilà le petit pont est

 26   excellent ici.

 27   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait avoir la carte

 28   précédente, s'il vous plaît, numéro 3. On l'avait à l'écran il y a quelques

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  1   instants. Il y avait une version différente sans annotation avant. Là

  2   voilà.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, pourriez-vous montrer le territoire qui fait face à

  4   la Croatie, donc à la Posavina, le territoire où on retrouvait la brigade

  5   en question.

  6   R.  Si on se réfère à la période après novembre 1992, lorsque les brigades

  7   se trouvaient à cet endroit, la situation serait la suivante : Odzak est

  8   tombée avant la chute. Voilà la municipalité de Derventa, ensuite Modrica,

  9   on poursuit avec Gradacac et la ligne, voilà, Brcko reste donc à droite.

 10   Voilà ce n'est pas très précis, mais voilà en gros à quoi ça ressemble.

 11   Q.  Il y avait six brigades HVO dans cette région ?

 12   R.  Oui, il y avait six brigades du HVO. Merci.

 13   Q.  Les Serbes avaient un corridor et de l'autre côté du corridor il y

 14   avait Tuzla et la 115e Brigade du HVO, et la 107e Brigade du HVO. Pouvez-

 15   vous indiquer également la présence de ce corridor avec ces deux brigades ?

 16   R.  Voilà à quoi cela pourrait ressembler.

 17   Q.  Il s'agissait d'un corridor étroit, les forces serbes s'efforçaient

 18   d'élargir le corridor, car il s'agissait d'un corridor important à

 19   proximité de Banja Luka; est-ce correct ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Dernière question pour ma part. On vous a demandé si vous saviez que

 22   j'étais présent ou pas. Il s'agissait d'un conflit sanglant; beaucoup de

 23   blessés, beaucoup de personnes qui sont décédées, beaucoup de pertes dans

 24   les rangs du HVO ?

 25   R.  Dès le départ et jusqu'à la fin de la guerre en Bosnie- Herzégovine,

 26   j'étais là, mais je dois reconnaître que la situation était la pire dans la

 27   Bosanska Posavina et dans le territoire de l'est -- en partant de l'est de

 28   l'ouest. Bien, il est possible que des chars puissent passer. Donc on a

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  1   tout traversé. Nous n'avions pas de parachutistes qui nous attaquaient mais

  2   on a tout expérimenté, tous oubliés; c'était vraiment terrible. Il

  3   s'agissait d'un petit territoire. Beaucoup de gens sont décédés, il y a eu

  4   beaucoup de blessés. Mon unité était à Derventa. Et si on regarde la carte,

  5   bien, à aucun moment n'ai-je lancé une offensive. J'étais tout le temps sur

  6   la défensive. Les troupes étaient toujours en retrait tout le temps dans

  7   cette direction-ci.

  8   Q.  Est-il vrai que dans votre brigade, la brigade a subi 400 pertes en

  9   hommes et cela concerne la 101e Brigade. Vous utilisiez quoi comme

 10   équipement pour vous défendre ?

 11   R.  Je ne sais pas. Peut-être le temps venu j'écrirai quelques pages là-

 12   dessus. Mais le plus gros chapitre serait consacré au manque de munitions

 13   pour les armes légères et pour les armes lourdes.

 14   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais remercier les Juges et le

 15   Procureur et le témoin.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : -- donne un numéro IC au document.

 17   M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]  

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Alaburic, pour terminer.

 19   Mme ALABURIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Juge. Bonjour à tout

 20   le monde dans le prétoire.

 21   Contre-interrogatoire par Mme Alaburic :

 22   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. J'aimerais poser quelques

 23   questions brèves. Je pense --

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce à dire que les autres vous ont donné du temps

 25   ?

 26   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas

 27   beaucoup de temps. Je pense que cela prendra seulement une quinzaine de

 28   minutes. Ça dépendra des réponses du témoin. Mais on peut d'ores et déjà

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  1   distribuer les documents que nous avons. Peut-être que l'huissier pourrait

  2   remettre les documents. On n'était pas sûr d'avoir assez de temps pour

  3   commencer au cours de cette audience, donc c'est pour ça qu'on n'a pas

  4   procédé à la distribution avant.

  5   Q.  Monsieur Buljan, j'aimerais vous montrer un document qui indique le

  6   nombre de Musulmans au sein de votre brigade. Pourriez-vous apporter

  7   quelques éclaircissements là-dessus ? Confirmer ou

  8   infirmer ? Ensuite, j'aimerais vous poser quelques questions par rapport à

  9   votre déposition, par rapport notamment aux adjoints de commandants, par

 10   rapport aux adjoints chargés de la sécurité, de la santé et du moral. Je ne

 11   pense pas que nous avons besoin de corriger certaines choses que vous avez

 12   dites, mais il serait bien d'avoir un meilleur aperçu des commandants des

 13   brigades, la façon dont ils sont nominés, comme l'organigramme de ces

 14   brigades.

 15   Vous avez une série de documents face à vous, Monsieur, ils sont dans

 16   un ordre arithmétique. Ça ne sera pas forcément l'ordre que je vais suivre,

 17   mais je pourrais peut-être sauter certains documents en fonction de vos

 18   réponses.

 19   Alors le premier document que j'aimerais que vous examiniez porte le numéro

 20   2D 33, D 3355 -- non, P 3355. Il s'agit d'un rapport du département de la

 21   Défense relatif à la période qui, entre janvier et juin 1993, donc page 11

 22   en croate. Avez-vous le document,

 23   Monsieur ? L'avez-vous trouvé ? Il s'agit de la Brigade de Derventa qui, à

 24   l'époque de la rédaction du rapport, donc en juillet 1993, a intégré un

 25   certain nombre de conscrits donc 161, dont 59 Croates, ou plutôt, 539

 26   étaient Croates, donc pour un total de 861 conscrits. Donc 539 Croates, 308

 27   Musulmans, et 14 Serbes.

 28   Donc par rapport à vos souvenirs et les informations dont vous

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  1   disposez concernant la structure ethnique de cette brigade à la mi-1993;

  2   est-ce exact ? Ça reflète la réalité, oui ?

  3   R.  Oui, voilà. Grosso modo, oui.

  4   Q.  La prochaine phrase qui pourrait être intéressante, car on mentionne

  5   l'existence d'autres brigades en Bosnie-Herzégovine, pourriez-vous

  6   commenter la phrase suivante :

  7    "Les besoins en hommes s'élèvent à 3 096 conscrits."

  8   Voilà ce qui est dit dans ce document. Monsieur Buljan, cela ne signifie-t-

  9   il pas qu'au moment de sa création, la brigade devait avoir 3 086 hommes ou

 10   soldats, mais qu'en réalité à l'époque elle n'en avait que 861 ?

 11   R.  Il est clair qu'une telle brigade avait besoin de 3 096 conscrits ou

 12   hommes, mais ils n'avaient que le chiffre que vous avez mentionné.

 13   Q.  Lorsqu'on parle d'une brigade de la HVO de cette façon-ci, cela ne

 14   signifie pas toujours le chiffre envisagé au départ; exact ?

 15   R.  Oui, si l'on doit en conclure une règle, la règle serait la suivante :

 16   c'est qu'aucune brigade de la HVO n'était au complet par rapport au chiffre

 17   établi au départ.

 18   Q.  Merci beaucoup pour cette clarification. Maintenant quelques questions

 19   concernant les adjoints aux commandants de ces brigades, d'assistants qui

 20   les aidaient pour certaines tâches, sécurité, morale, et cetera; exact ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pouvez-vous dire, si vous le savez, comment cela était réglementé, qui

 23   avait le droit de nominer ces personnes et de les démettre de leurs

 24   fonctions, ces assistants ?

 25   R.  Je ne pense pas que je puisse donner une réponse très spécifique quant

 26   à la procédure, mais je peux vous dire comment j'ai été nominé à mon poste

 27   d'assistant au sein de l'IPD.

 28   Q.  Regardons la réglementation d'abord et voyons ensuite la pratique à

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  1   travers l'exemple de votre brigade. Je souhaite mettre en exergue les

  2   différences entre une situation de facto et de jure.

  3   Il s'agit du document concernant la structure interne du département

  4   de la Défense en date d'octobre 1992. Regardez maintenant le point (d). Sur

  5   la question de la baisse de moral au sein des troupes. Le paragraphe 2,

  6   s'il vous plaît, regardez le paragraphe 2 :

  7   "Les assistants des commandants chargés du moral dans la zone

  8   opérationnelle du sud-est de l'Herzégovine et également celle de la Bosnie

  9   centrale et du nord-ouest de l'Herzégovine, les assistants des commandants

 10   chargés du moral, les assistants des commandants de brigade de la morale

 11   sont nommés par le chef du département de la Défense sur proposition de

 12   l'adjoint au chef chargé du moral."

 13   Saviez-vous qu'il s'agissait de la procédure ainsi selon la

 14   réglementation ?

 15   R.  Quand tout cela se passait en octobre, en novembre, en septembre 1992,

 16   je ne connaissais pas cette procédure. J'ignorais l'existence de ce

 17   document.

 18   Q.  Par rapport à votre réponse, j'en conclus que vous en avez eu

 19   connaissance plus tard ?

 20   R.  Oui, mais effectivement plus tard, après les événements.

 21   Q.  Dites-nous comment vous avez été nommé en tant qu'assistant du

 22   commandant chargé du moral ?

 23   R.  Lorsque nous perdions de larges portions du territoire et deux tiers du

 24   commandement ont été démis de leurs fonctions, ou ont été blessés, ou nous

 25   ont quitté, le commandant de la brigade m'a dit simplement, Tu seras mon

 26   assistant chargé de l'IPD, donc des renseignements. Il m'a dit qu'il y

 27   aurait une procédure pour obtenir ces documents pour moi. Il a été très

 28   clair à ce niveau-là.

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  1   Q.  A votre avis, ces assistants aux commandants dans les brigades, chargés

  2   des questions de moral, et ces assistants des commandants dans les zones

  3   opérationnelles, relevaient-ils du département de la Défense de la Bosnie-

  4   Herzégovine ?

  5   R.  Je suis incapable de répondre à cette question.

  6   Q.  Très bien. Il y a un autre élément que j'aimerais que vous expliquiez à

  7   la Chambre de première instance, parce que je crois que ce serait très

  8   intéressant afin de répondre à la question que je viens de poser.

  9   J'aimerais qu'on examine la pièce P 646. Il s'agit d'une proposition de

 10   programme de travail du département de la Défense jusqu'à la fin de l'année

 11   1992. Examinez le chapitre intitulé "moral" en page 3, et notamment la

 12   deuxième phrase, qui dit la chose suivante :

 13   "Il est nécessaire d'établir des liens, tant verticaux qu'horizontaux, de

 14   coordination et de hiérarchie."

 15   Monsieur Buljan, pourriez-vous éventuellement faire la lumière sur ce dont

 16   on parle lorsque l'on parle de liens verticaux et de liens horizontaux ?

 17   R.  Je dois dire que c'est la première fois que je vois ceci. Et je ne suis

 18   pas en mesure de faire la moindre lumière sur ce que sont ces liens

 19   horizontaux ni verticaux. Mais est-ce que ceci ne s'explique pas de soi ?

 20   Q.  Si vous pensez que la chose est tout à fait claire, expliquez-la-nous.

 21   Je pense qu'il serait utile pour les Juges de la Chambre de bénéficier

 22   d'une explication sur ce que pourraient être ces liens horizontaux ou

 23   verticaux.

 24   R.  Non, je ne parlais pas de ce cas précisément. Mais je le disais de

 25   manière générale. Lorsque l'on parle d'horizontal ou de vertical. Je n'ai

 26   pas lu ce document et ce n'est pas le type de questions qui m'occupaient à

 27   l'époque, alors on ne peut pas attendre de moi que je fournisse une réponse

 28   fiable.

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  1   Q.  Bien. Je vais vous montrer quelques schémas qui pourront peut-être vous

  2   aider à parvenir à une réponse. Ce document que je souhaite vous montrer a

  3   la cote 2D 685. C'est en fait un organigramme du service chargé du moral

  4   des troupes du département de la Défense d'Herceg-Bosna. C'est un document

  5   de la Défense de Bruno Stojic.

  6   Examinez ce document. Vous voyez des unités de niveau bataillon, de niveau

  7   section. Vous voyez qu'il y a des assistants, notamment un assistant du

  8   commandant pour les questions de moral. Et on voit les liens de la zone

  9   opérationnelle vers l'assistant en chef chargé des questions de moral.

 10   Regardez cet organigramme et dites-nous s'il est conforme avec ce que vous

 11   savez de l'organisation du service chargé du moral des troupes ?

 12   R.  Je ne peux vous dire quoi que ce soit là-dessus. Je ne m'en suis occupé

 13   que très brièvement, ensuite je suis passé à quelque chose de complètement

 14   différent. Géographiquement parlant, j'étais également très loin de ce qui

 15   se passait. Alors avec tout le respect que je vous dois, je ne souhaite pas

 16   contribuer à cette discussion.

 17   Mme ALABURIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions compte tenu de la

 18   réponse qui vient d'être donnée par le témoin. Merci au témoin.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 20   M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, tout à l'heure, je n'ai pas voulu

 21   interrompre Me Alaburic lorsqu'elle vous a posé la question concernant

 22   votre nomination comme "assistant commander for morale." Parce qu'à la page

 23   68, ligne 10 et suivantes, vous avez répondu à la question. Vous avez dit

 24   que le commandant de la brigade, un beau jour, vous a dit, A partir

 25   d'aujourd'hui, vous êtes assistant pour les questions de moral.

 26   Alors ma question c'est de savoir comment se passait la nomination de

 27   commandants de brigade et des assistants de commandants de brigade,

 28   spécialement pour vous, commandant assistant. Je ne sais pas si j'ai

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  1   traduit bien en français, "assistant commander." C'est le commandant de

  2   brigade qui nommait, ou c'est le ministre -- le chef du département de la

  3   Défense, ou encore le président de la Communauté croate d'Herceg-Bosna ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, à l'époque, la situation

  5   était extrêmement compliquée dans le secteur en question. La période était

  6   compliquée. La guerre faisait déjà rage depuis longtemps. En un sens,

  7   l'armée finalement est devenue un peu passive. Derventa était tombée et la

  8   plupart des membres du commandement avaient été remplacés. Compte tenu de

  9   la situation, le commandant a jugé que je pouvais lui donner un coup de

 10   main à l'époque. Il m'a dit, Tu seras maintenant assistant chargé du

 11   renseignement et de la propagande. Les documents arriveront bientôt. On m'a

 12   donc confié une mission et on m'a dit précisément ce que je devais faire,

 13   comment je devais le faire et comment je devais faire rapport à lui-même.

 14   Nous n'étions pas dans des bureaux devant des machines à écrire. Il nous

 15   fallait réfléchir et faire des choses au fur et à mesure où la situation se

 16   présentait. C'était aussi simple que cela.

 17   M. LE JUGE MINDUA : Très bien. Alors les documents devaient venir très

 18   bientôt. Des documents devaient venir de qui, de quelle autorité et signer

 19   par qui ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas vous répondre. Je n'ai pas

 21   analysé les choses. Je n'ai pas cherché à savoir. A cette époque-là, j'ai

 22   consacré toute mon énergie à la prise en charge de ceux qui en avaient

 23   besoin. Par conséquent, finalement le renseignement et la propagande, je ne

 24   m'en suis occupé qu'en passant, que pendant une certaine période brève par

 25   ailleurs. Je l'ai précisé dans mon parcours, dans mon CV, si je puis dire.

 26   Ça n'a pas duré plus de deux mois, deux mois et demi peut-être au plus. Je

 27   n'ai pas creusé la question pour être tout à fait honnête. Par conséquent,

 28   je ne peux pas vous dire très précisément quelle aurait été la procédure

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  1   appropriée. Si j'avais pu examiner les documents, j'aurais sans doute tiré

  2   certaines conclusions.

  3   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous allons faire 20 minutes de pause, et le

  5   Procureur commencera le contre-interrogatoire.

  6   --- L'audience est suspendue à 17 heures 37.

  7   --- L'audience est reprise à 18 heures 00.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de donner la parole au Procureur, juste un

  9   petit problème de calendrier : vous saviez que la semaine prochaine il n'y

 10   avait pas d'audience le mercredi, parce qu'il y avait la tenue d'un

 11   septième, voire d'un huitième procès. Bon, il se trouve que pour des

 12   raisons de calendrier, ceci a été annulé. Donc le mercredi redevient libre.

 13   On prévoit donc qu'on siègera lundi, mardi, mercredi, jeudi. Mais si jamais

 14   on a terminé mercredi, l'audience de jeudi sautera. Donc le greffe nous

 15   programme pour mercredi.

 16   Madame le Procureur, vous avez la parole.

 17   Mme WEST : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Contre-interrogatoire par Mme West :

 19   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur, je suis Kim West. Je représente le

 20   bureau du Procureur et je vais vous poser un certain nombre de questions,

 21   jusqu'à 19 heures ce soir. Je pense qu'il serait utile que nous commencions

 22   par revenir aux cartes que nous avons examinées.

 23   Mme WEST : [interprétation] Je demanderais à ce que soit affichée la pièce

 24   P 09276 à l'écran, c'est la carte 3.

 25   Q.  L'avez-vous sous les yeux ?

 26   R.  Où est le numéro ?

 27   Q.  En bas à gauche. Mais voyez-vous cette carte qui dit "Communautés

 28   croates d'Herceg-Bosna et de Bosanska Posavina 1991" ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Bien, j'ai cru comprendre que vous étiez né à proximité de Derventa qui

  3   se trouve en Posavina; c'est la zone qui se trouve dans le nord-est de la

  4   Bosnie. Elle est en bleue sur cette carte; vous le voyez ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Merci. Derventa ne fait pas partie de la Communauté croate d'Herceg-

  7   Bosna, n'est-ce pas ?

  8   R.  Cette carte présente la situation qui prévalait en 1991. A l'époque

  9   Derventa avait le même statut que les autres municipalités en Bosanska

 10   Posavina.

 11   Q.  Alors au cours de cette période de temps en 1991, Derventa, n'est-ce

 12   pas, ne faisait pas partie de l'Herceg-Bosna ?

 13   R.  Je ne sais pas très bien si la division était celle-ci en 1991. En

 14   1991, la Bosnie-Herzégovine n'avait pas ces zones en bleu.

 15   Q.  Alors je vais vous rappeler la question que vous a posée le Juge

 16   Antonetti tout à l'heure. Il vous a demandé : "Bon, en 1992, lorsque vous

 17   luttiez contre le HVO, que défendiez-vous ?" Vous souvenez-vous de la

 18   réponse que vous avez donnée ?

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Contre les Serbes. Il y a une erreur de traduction.

 20   Dans la langue anglaise "ils combattaient avec le HVO," mais dans la

 21   traduction française on avait dit "contre le HVO." Alors reposez votre

 22   question parce que ça sera plus clair.

 23   Mme WEST : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président, en effet.

 24   Q.  Ma question, Monsieur, était la suivante : en 1991, lorsque vous vous

 25   battiez pour le HVO, qu'est-ce que vous défendiez ?

 26   Mme NOZICA : [interprétation] Un instant. Excusez-moi, l'interprétation que

 27   nous entendons, nous et le témoin est la

 28   suivante : "En 1991" or, le témoin, lui, ne parlait pas de 1991. Il ne l'a

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  1   pas fait, pas du tout. Le compte rendu le montre, il s'agit de 1992. Alors

  2   maintenant, nous ne savons plus très bien quelle est la teneur de la

  3   question de notre consoeur, 1991 ou 1992. Parce qu'en 1991, rien n'a été

  4   dit par le témoin.

  5   Mme WEST : [interprétation] Oui, pardon. Excusez-moi, merci.

  6   Q.  Donc ma question porte sur 1992, effectivement. Il me semble que vous

  7   avez rejoint le HVO en 1992. Alors en 1992, que défendiez-vous ?

  8   R.  Je suis né dans la municipalité de Derventa, municipalité comptant 52

  9   villages avec la ville de Derventa également. Ces villages étaient mixtes,

 10   certains étaient serbes et d'autres croates. A l'époque, la situation qui

 11   est apparue est la suivante : les Serbes ont attaqué les Croates dans la

 12   municipalité de Derventa pour asseoir leurs positions. C'est arrivé le 8

 13   avril 1992, à l'endroit où j'habitais. A ce moment-là, les membres de la

 14   103e Brigade de Derventa du HVO n'ont jamais essayé d'avancer vers d'autres

 15   villages ou vers d'autres villes. Nous nous sommes contentés de défendre

 16   notre secteur, le secteur où nous habitions.

 17   Q.  Bien. Vous venez d'indiquer que --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : -- je demande aux interprètes d'être très vigilants,

 19   parce que dans la version anglaise on dit "les membres de la 103e Brigade

 20   Derventa et le HVO." Alors est-ce que c'est la 103e et le HVO ou bien le

 21   HVO ?

 22   Monsieur le Témoin, redites ce que vous avez dit ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'ai dit que c'était des membres de la

 24   103e Brigade de Derventa du HVO ou le HVO. Donc la 103e Brigade c'était son

 25   nom.

 26   Mme WEST : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Q.  Monsieur le Témoin, votre ennemi était les Serbes, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Bien. Nous en arrivons à la carte 7. La carte 7 de la même pièce,

  2   09276.

  3   Vous avez cette carte sous les yeux ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  C'est une carte qui montre les régions autonomes serbes ou les régions

  6   que les Serbes jugeaient comme leur appartenant. Vous serez d'accord avec

  7   moi pour reconnaître que Derventa se trouve dans une zone que les Serbes

  8   jugeaient comme leur appartenant, n'est-ce pas ?

  9   R.  Je ne sais pas, d'après le recensement de 1991 Derventa comptait

 10   environ 22 000 Serbes, environ 21 000 Croates, donc 98 Croates de moins que

 11   les Serbes et environ 7 000 ou 8 000 Musulmans, peut-être un peu plus.

 12   Alors cette carte avec cette zone marquée en vert -- est-ce que les Serbes

 13   étaient intéressés par le secteur ou pas, je ne sais pas. Quoi qu'il en

 14   soit, je suis sûr que les affrontements n'auraient pas eu lieu à Derventa.

 15   Q.  Mais attendez, Monsieur Buljan, vous savez bien que les Serbes étaient

 16   intéressés par ce secteur, votre secteur, et c'est la raison pour laquelle

 17   ils étaient votre ennemi à ce moment-là ?

 18   R.  Oui, oui, c'est vrai. Oui, j'en conviens.

 19   Q.  Bien. Conviendrez-vous également qu'en examinant cette carte, il semble

 20   que les Serbes ne souhaitaient pas obtenir une partie substantielle de

 21   l'Herceg-Bosna pour leur compte, une partie substantielle, donc de

 22   l'Herceg-Bosna ?

 23   R.  Je n'en sais rien. Je ne sais pas ni dans un sens ni dans l'autre, je

 24   ne sais pas s'ils le voulaient ou pas. La guerre a été longue, donc c'était

 25   une guerre d'usure qui a duré de 1992 jusqu'à la fin de 1995.

 26   Q.  Bien. Examinez le premier classeur, Monsieur le Témoin, premier

 27   classeur de l'Accusation. Examinez la pièce P 09551. Vous trouverez la

 28   version en B/C/S à la fin du document. Mais avant d'en parler, je vous

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  1   poserais quelques questions.

  2   Le voilà. Pour revenir sur votre parcours jusqu'en avril 1995, vous étiez

  3   chargé des questions sociales prises en charge, et cetera, pour la

  4   Posavina, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Mais en avril 1995, votre emploi est devenu celui de responsable de

  7   l'administration pour la HR H-B chargée toujours de ces aspects sociaux au

  8   sein du ministère de la Défense, n'est-ce

  9   pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Avez-vous déménagé à Mostar physiquement lorsque vous avez été nommé à

 12   cette fonction ?

 13   R.  En 1995, la route n'était pas encore tout à fait ouverte à la

 14   circulation. Si on voulait aller jusqu'à Mostar en traversant la Bosnie-

 15   Herzégovine, il fallait faire un détour par la République de Croatie. Il

 16   fallait passer Biljovar-Zagreb [phon], et cetera, et cetera, donc le chemin

 17   était long. J'étais seul, donc il était logique, oui, que je me déplace.

 18   Q.  Donc vous répondez par l'affirmative ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Très bien. Brièvement, vous avez évoqué le fait que lorsque vous avez

 21   pris vos fonctions, vous avez consolidé les données qui avaient été

 22   recueillies par le service que vous avez rejoint à ce moment-là et que vous

 23   avez préparé différents rapports, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui. Je n'ai pas consolidé grand-chose. J'ai simplement accéléré

 25   certaines des procédures de façon à obtenir les informations nécessaires le

 26   plus rapidement possible pour parvenir à des solutions durables et pour

 27   aider les invalides et les victimes blessées pendant la guerre pour la

 28   patrie.

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  1   Q.  Oui. Mais dans votre nouvelle fonction, responsable du département

  2   chargé des affaires sociales pour l'ensemble de la république, vous avez eu

  3   accès à des données qui dépassaient la Posavina, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, en effet.

  5   Q.  Si vous regardez la pièce P 09551, et notamment c'est la page 6 de

  6   l'anglais, et 5 de la version en B/C/S, et c'est l'intercalaire rouge que

  7   vous voyez en haut de la page. Je vais vous en donner lecture, en tout cas

  8   d'une partie. Il s'agit ici des activités de votre service au cours de la

  9   période allant de juillet à décembre 1993 alors que vous étiez responsable

 10   du département chargé de l'ensemble de la république.

 11   "Entre autres," dit ce document, "les activités suivantes ont été

 12   menées à bien, coordination et contrôle du département, et notamment des

 13   districts militaires, avec fourniture d'une aide professionnelle,

 14   supervision des traitements et de la rééducation médicale des blessés au

 15   sein des hôpitaux et des centres de réhabilitation, analyse des résultats

 16   et procédures de diagnostic liées au type, à la catégorie et au pourcentage

 17   d'invalidité physique des invalides blessés au cours de la guerre pour la

 18   patrie, préparation de projets, de propositions juridiques, projets et

 19   programmes visant à résoudre tous les problèmes liés à la prise en charge

 20   de ces aspects de la situation sociale des souffrants, coopération avec

 21   institutions et autres organisations en vue de résoudre ces problèmes,

 22   octroi de moyens financiers en vue de la réalisation de projets ponctuels

 23   et à long terme en faveur des personnes blessées, établissement d'ordre de

 24   priorité. Et enfin, conservation de registres informatiques sur toutes les

 25   personnes tuées et disparues, emprisonnées, blessées, les personnes

 26   atteintes de maladies, anciens membres du HVO et membres de leurs familles.

 27   "Coopération avec les établissements hospitaliers de l'étranger,

 28   organisations caritatives, autres organismes et institutions s'agissant de

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  1   l'aide à apporter aux blessés et aux tués ainsi qu'aux membres de leurs

  2   familles et supervision de la gestion des tombes et des cimetières, lieux

  3   d'enterrement des membres du HVO."

  4   Monsieur Buljan, vous êtes d'accord avec moi pour dire que cette

  5   liste correspond à peu près avec la liste de vos responsabilités en tant

  6   que directeur de ce service pour l'ensemble de la république, n'est-ce pas

  7   ?

  8   R.  Oui. Plus ou moins, oui.

  9   Q.  Bien. Je vais attirer votre attention plus précisément sur ce que l'on

 10   dit à propos de l'informatisation. Donc "conservation de registres

 11   informatisés de toutes les personnes tuées, disparues, emprisonnées,

 12   blessées et malades parmi les membres du HVO et leurs familles."

 13   Ce système informatisé dont il est question ici, est-ce un système

 14   que vous avez tenu à utiliser lorsque vous avez pris vos fonctions à la

 15   tête de ce service en 1995, en avril précisément ?

 16   R.  Oui, nous avons complété ces listes, et chaque invalide de guerre qui

 17   souffrait de handicap devait passer devant une commission supérieure en

 18   quelque sorte. Il devait obtenir des documents écrits et un certificat

 19   établissant son invalidité. C'est une liste qui était dressée alors. J'ai

 20   participé à ce travail, et ce travail se poursuit à ce jour, ce travail

 21   consistant à établir si telle ou telle personne était effectivement membre

 22   du HVO et si effectivement cette personne a été blessée comme il le dit

 23   avoir été. La législation contient certaines définitions à cet égard.

 24   Parfois nous n'avions pas à l'époque l'intégralité des documents

 25   nécessaires. Parfois également, certains des documents ont été revus, et

 26   les activités se poursuivent aujourd'hui encore pour que ces listes soient

 27   complétées et modifiées le cas échéant.

 28   Q.  Bien. Ces listes qui se trouvaient sur ordinateur, vous conviendrez

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  1   avec moi qu'elles étaient notamment des listes de soldats du HVO de Mostar,

  2   de Stolac et d'autres zones se situant dans la communauté d'Herceg-Bosna,

  3   n'est-ce pas ?

  4   R.  Il n'y aurait pas de raison pour que ceci n'y figure pas, oui.

  5   Q.  Bien. Ce système informatique, permettait-il de faire la distinction

  6   entre les soldats du HVO qui étaient musulmans et ceux qui étaient croates

  7   ?

  8   R.  Non, le système ne permettait pas ceci. Il n'y avait pas de  programme

  9   permettant de faire ressortir ceci, mais simplement on gardait des

 10   registres, enfin des traces. Il y avait le nom de famille, le prénom, le

 11   numéro de matricule de soldat, la date à laquelle ils sont morts, et

 12   cetera.

 13   Q.  Bien. Vous-même, vous établissiez quel soldat était Croate et quel

 14   soldat était Musulman sur la base de leur nom, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je ne pourrais pas dire qu'il était possible de procéder à ce genre de

 16   détermination dans chaque cas, mais en principe, à la lecture simple d'un

 17   nom, on peut formuler des hypothèses quant à l'appartenance ethnique. Mais

 18   ce n'est pas toujours vrai à chaque fois.

 19   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Madame West, excusez-moi, vous

 20   conjuguez et combinez deux questions. D'abord un, ont-ils établi cette

 21   distinction entre Musulmans et Croates. Je ne crois pas qu'on l'ait dit

 22   avant. Ensuite, sur quelle base. Alors je crois qu'il y avait un fondement

 23   ici qui manquait.

 24   Mme WEST : [interprétation] Très bien. Je vais faire marche  arrière et

 25   reformuler la question.

 26   Q.  Lors de l'interrogatoire principal, Monsieur Buljan, vous avez parlé de

 27   votre brigade, la 103e Brigade de Derventa. En ce qui concerne cette

 28   brigade, vous nous avez montré un registre, c'est-à-dire la pièce 2D 00150,

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  1   qui contenait des chiffres sur le nombre de Croates membres de cette

  2   brigade, le nombre de Musulmans et d'autres encore.

  3   Savez-vous comment ce document 2D 00150 a été préparé ? Vous ne le

  4   trouverez pas dans votre classeur. C'était une pièce que vous avez examinée

  5   pendant votre interrogatoire principal. Voilà.

  6   R.  Tout d'abord, les données sur les brigades de la 101e à la 106e

  7   correspondent plus ou moins avec ce que j'en sais en tout cas. Quant à

  8   savoir si c'est bien 31,45, 28 en tout cas, c'est une bonne approximation.

  9   Donc ça c'est pour ces dossiers.

 10   Quant à la personne qui l'a signé, elle l'a signé, elle était en

 11   droit de le signer, et donc je considère que ce document est correct.

 12   Q.  Très bien. Passons à autre chose. En 1995, en avril 1995, lorsque vous

 13   avez pris la tête du département des affaires sociales pour la république,

 14   vous nous avez dit que vous avez pris connaissance des informations qui

 15   allaient au-delà de la Posavina, d'autres secteurs que la Posavina. Par

 16   exemple, le premier secteur dont j'aimerais parler -- la première brigade

 17   dont j'aimerais parler, c'est la 3e Brigade.

 18   Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous pencher sur le document P 10797.

 19   Mme NOZICA : [interprétation] Cette question n'a pas été posée au témoin,

 20   mais je tiens quand même à soulever une objection pour le compte rendu. En

 21   effet, il s'agit d'un nouveau document, et la Défense soulève une objection

 22   chaque fois que cela arrivera. Ça je le sais.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : -- majorité a décidé que le Procureur pouvait le

 24   faire. Moi, ce n'est pas mon point de vue. Mais la Chambre,

 25   majoritairement, estime que le Procureur peut aborder des sujets non

 26   abordés lors d'interrogatoire principal. On arrête là --

 27   Mme ALABURIC : [interprétation] --

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : -- a rendu une décision. Voilà.

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  1   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je suis désolée, mais

  2   moi aussi, pour le compte rendu, je souhaite dire que la Défense du général

  3   Petkovic s'associe à la Défense de M. Stojic et à l'objection qu'elle a

  4   soulevée, et nous pensons que nous devons suivre la décision prise en

  5   novembre en l'espèce, et ceci devrait s'appliquer à tout nouveau document,

  6   et nous soulèverons toujours une objection de ce fait, parce que ceci va à

  7   l'encontre de la décision prise par la Chambre de première instance en

  8   novembre 2002.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : -- le Procureur, si un document n'a pas été inscrit

 10   sur la liste 65 ter, si vous l'utilisez, à ce moment-là, ce n'est que pour

 11   la crédibilité. Vous avez compris ?

 12   Mme WEST : [interprétation] Oui, parfaitement. Et je comprends bien qu'il y

 13   a une discussion en cours à l'heure actuelle. Mais nous considérons que

 14   ceci n'a pas besoin d'être sur la liste 65 ter. Nous répétons d'ailleurs

 15   cela. Le document que je vais utiliser porte sur la crédibilité du témoin,

 16   mais aussi vient directement à l'encontre de ce qu'il nous a dit dans le

 17   cadre de son interrogatoire principal.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez, s'il vous plaît.  

 19   Mme WEST : [interprétation] Merci.

 20   Q.  Vous avez maintenant sous les yeux le document 10797. Il s'agit

 21   d'archives de fiches de paie en date de janvier 1994 pour la 3e Brigade.

 22   Vous avez des soldats de la 3e Brigade qui ont servi à plusieurs reprises

 23   entre 1991 et 1994. Vous n'avez jamais vu ce document, n'est-ce pas ?

 24   R.  [aucune interprétation]

 25   Q.  Avant de vous poser ma question, je tiens tout d'abord à vous dire

 26   qu'il y a une liste de 1 795 soldats ici, et il semble aussi qu'il y ait 26

 27   soldats qui semblent avoir un nom musulman. Pour poser ma question, je dois

 28   prendre l'hypothèse que ce numéro de 26 est correct, donc seriez-vous

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  1   d'accord avec moi pour dire que le pourcentage des Musulmans dans la 3e

  2   Brigade est un pourcentage bien inférieur au nombre de Musulmans qui se

  3   trouvaient dans les rangs de les brigades de la Posavina ?

  4   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'aimerais soulever

  5   une objection. En effet, le document que mon éminente consœur vient de

  6   produire est daté du 20 janvier 1994. Or, le témoin a parlé de documents

  7   qui avaient été préparés avant le 30 juin 1993. Tout le monde dans ce

  8   prétoire sait très bien que le 30 juin, il y a une modification très

  9   importante des relations entre les Croates et les Musulmans sur le

 10   territoire d'Herceg-Bosna, donc je pense que mon éminente consœur est en

 11   train d'essayer de comparer des périodes de référence qui ne sont pas

 12   comparables. Merci.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. J'ai compris et je vais expliquer au Procureur

 14   qui a dû comprendre. Madame le Procureur, quand la Défense a présenté le

 15   document sur la composition de la 103e Brigade, où on s'était rendu compte

 16   qu'il y avait beaucoup de Musulmans, le document que vous présentez, lui,

 17   est de 1994. Et entre-temps, il s'est passé un événement au mois de juin

 18   qui peut expliquer la diminution des effectifs. On est bien d'accord ? Bon.

 19   Donc vous pouvez votre question dans ce canevas.

 20   Oui, Maître.

 21   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Très rapidement, Monsieur le Juge,

 22   je crois qu'il y a eu une confusion quelque part. Le témoin a parlé de la

 23   103e Brigade, et Mme West est en train de parler de la 3e Brigade. Alors il

 24   s'agit de brigades bien différentes qui ne se trouvent même pas dans le

 25   même secteur. Deuxièmement, mon éminente consœur pourrait-elle nous dire

 26   d'où elle tire ce document et qui a signé ce document, qui a rédigé ce

 27   document. Elle ne nous l'a pas dit. Et comment sait-elle qu'il s'agit d'une

 28   liste de fiches de paie ? Je ne le vois pas.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : -- c'est la 103e Brigade, pas la 3e Brigade. Alors

  2   j'avais fait cette remarque, mais je me suis dit elle s'est trompée. Elle a

  3   dit 3e Brigade, alors que c'est 103e Brigade. Mais comme c'est écrit tout

  4   petit, je n'arrive pas à voir si c'est 3e Brigade ou 103e Brigade. Alors si

  5   c'est la 3e Brigade, ça n'a rien à voir avec la 103e Brigade. On est bien

  6   d'accord.

  7   Mme WEST : [interprétation] Oui, ce n'est pas du tout un lapsus. C'est bien

  8   la 3e Brigade de Mostar, mais le témoin nous a déjà dit qu'en avril 1995,

  9   il est devenu chef des affaires sociales pour la république. Et suite à

 10   l'informatisation du système, il avait accès à tous les dossiers des

 11   soldats HVO et sur toute l'Herceg-Bosna. C'est pour ça que je lui pose des

 12   questions sur les soldats qui sont en dehors de la Posavina. Et je sais

 13   bien, de plus, qu'il s'est passé quelque chose le 30 juin à Mostar. Il est

 14   vrai que je comprends bien que ça aurait fait une différence importante

 15   pour le nombre de Musulmans, et nous allons aborder cela d'ailleurs.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : -- lui poser une question sur la 3e Brigade de

 17   Mostar. Bon. Très bien.

 18   Mme NOZICA : [interprétation] Mais avant que la question ne soit posée, je

 19   tiens à attirer votre attention sur un autre point. Comme l'a dit Mme

 20   Alaburic, il s'agit d'un document qui date du 28 janvier 1994. Mon éminente

 21   consœur dit que le témoin a pris le poste à la mi-1995 et avait donc pu

 22   avoir connaissance de ces documents. Mais on parle quand même de périodes

 23   parfaitement différentes, puisque là, c'est un an et demi avant qu'il

 24   prenne son poste. Donc il faut quand même qu'il puisse établir une

 25   fondation quelconque. Quand vous avez rejoint votre poste en 1995, est-ce

 26   que vous avez étudié les dossiers précédents, et cetera.

 27   Mme WEST : [interprétation] Je vais vous expliquer. Le témoin a dit qu'il

 28   avait rejoint le département des affaires sociales de la république en

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  1   1995. Et la première chose qu'il a fait là, c'est consolider les données

  2   depuis 1992, donc il avait la possibilité de parler des soldats du HVO.

  3   Puis-je poursuivre ?

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : On verra.

  5   Mme WEST : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur Buljan, vous avez entendu la discussion. Savez-vous s'il s'est

  7   passé quoi que ce soit le 30 juin 1993 à Mostar, incident au cours duquel

  8   l'ABiH aurait attaqué les casernes du nord à Mostar ? Avez-vous

  9   connaissance de cela ?

 10   R.  J'en ai entendu parler. A l'époque, j'étais sur le front à Posavina.

 11   Quant à cette liste, je ne vous ai jamais dit, Messieurs les Juges, que

 12   j'avais toutes les données sur tous les membres du HVO à ma disposition. Je

 13   savais qu'il y avait des données à propos des victimes, des tués, des

 14   disparus et de leurs familles au sein du HVO. Je n'ai jamais eu une liste

 15   de tous les membres du HVO qui sont restés indemnes. Donc ça serait la

 16   liste totale des soldats du HVO, mais celle-là, je ne l'ai jamais eue en

 17   possession ni avant ni après.

 18   Q.  Oui, passez, s'il vous plaît, à la pièce P 07433, qui doit se trouver

 19   exactement dans le même dossier.

 20   Mme ALABURIC : [interprétation] J'aimerais attirer votre attention,

 21   Messieurs les Juges, sur le fait suivant : dans le système informatique, il

 22   y a une indication qui semble dire que l'Accusation a demandé le versement,

 23   mais que cela n'a pas été admis.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter le

 25   numéro du document ?

 26   Mme WEST : [interprétation]

 27   Q.  Il s'agit du document 07433.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à la Juriste de la Chambre qu'elle

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  1   me dise pourquoi ce document n'a pas été admis. Il y a des milliers de

  2   documents. Je peux pas vous répondre tout de suite. Bien, continuez.

  3   Mme WEST : [interprétation] Je vous remercie.

  4   Q.  Vous avez le document sous les yeux maintenant ? Il s'agit de l'analyse

  5   annuelle de la performance de l'administration de la défense de Mostar en

  6   1993. Passons à l'introduction que nous trouverons à la page 3 de la

  7   version en anglais, page 3 de la version en B/C/S aussi. C'est un mémo qui

  8   voit un petit peu l'administration de la défense en 1993 et parle des

  9   différents bureaux, des travaux, de ses fonctions, des difficultés

 10   rencontrées et des types de solutions envisagés.

 11   Passons à la page 6 de la version en B/C/S, qui correspond à la page 5 en

 12   anglais, s'il vous plaît. Il s'agit d'un document intitulé, "Généralités

 13   sur les conscrits engagés au combat dans la municipalité de Mostar et

 14   pourcentages par rapport à leurs dossiers militaires." Vous voyez ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Donc d'abord, on voit le nombre d'habitants croates d'après le

 17   recensement de 1991, ensuite on parle des conscrits, et il y a toutes

 18   sortes de chiffres qui sont associés à ces conscrits. Et en bas, on descend

 19   jusqu'au niveau de la brigade. Veuillez, s'il vous plaît, regarder une

 20   autre page avant que je vous pose ma question. J'aimerais que vous passiez

 21   à la page 14 en B/C/S, page 10 en anglais. Il s'agit toujours là du même

 22   type de document. Il s'agit ici, nombre de conscrits engagés au combat pour

 23   la municipalité de Citluk. Et là, à nouveau, on a le nombre d'habitants

 24   croates selon le recensement de 1991, puis le nombre de conscrits, et

 25   cetera. Donc il y a une ventilation.

 26   Je tiens à dire qu'il y a le même type de tableau pour les

 27   différentes municipalités, Grude [phon], et cetera, Siroki Brijeg. En

 28   regardant cela, on voit bien, n'est-ce pas, Monsieur le Témoin, qu'on ne

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  1   parle pas de soldats musulmans ni pour la municipalité de Mostar ni pour la

  2   municipalité de Citluk, n'est-ce pas ?     

  3   R.  Oui, en effet, on le voit. C'est la première fois que je vois cette

  4   liste, cela dit. Mais cela vient d'une période où je n'étais plus là. C'est

  5   vrai qu'à première vue, en lisant ce document, on voit qu'on a fait une

  6   analyse sur le nombre de conscrits.

  7   Q.  Vous n'avez pas vu ce document, certes, précédemment, mais vous

  8   convenez avec moi quand même qu'il n'y a aucun chiffre portant sur les

  9   Musulmans ? C'est peut-être tout simplement parce qu'il n'y avait pas de

 10   Musulmans dans les rangs du HVO, en tout cas, pas un nombre appréciable.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Kovacic.

 12   M. KOVACIC : [interprétation] Je soulève une objection. Si l'Accusation

 13   essaie de dire qu'à Citluk, par exemple, il n'y avait pas de soldats

 14   musulmans dans les rangs du HVO, s'ils veulent faire cela, ils doivent

 15   poser une question à propos de la composition ethnique de Citluk. C'est

 16   comme s'ils demandaient s'il y avait des Serbes, je ne sais pas moi, sur le

 17   pôle Nord. Il n'y en a pas. Donc ils ne peuvent pas participer s'il n'y a

 18   pas de Serbes au pôle Nord. Ou des Grecs à Citluk, comme l'a dit Michael.

 19   Michael Karnavas vient de nous dire qu'il n'y a pas de Grecs à Citluk. Donc

 20   il faudrait déjà établir s'il y a, oui ou non, des Musulmans. Parce que

 21   s'il n'y a pas de Musulmans à Citluk, comment est-ce qu'ils pourraient être

 22   représentés dans les rangs du HVO ? Ce n'est pas possible.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : -- le Procureur, avant de poser la question, vous

 24   auriez dû lui dire qu'à Citluk, la composition ethnique était X % de

 25   Croates, X % de Musulmans. Comment se fait-il que dans ces conditions il y

 26   a plus de soldats musulmans.

 27   Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, je sais que vous avez

 28   déjà entendu des experts démographiques sur ces municipalités. C'est pour

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  1   cela que je n'en ai pas parlé. Vous avez déjà entendu des chiffres à propos

  2   de la démographie. Mais bon, le témoin a dit qu'il n'avait pas vu ce

  3   document, donc je vais passer à autre chose.

  4   Q.  Monsieur Buljan, vous avez parlé à l'envi de la situation qui existait

  5   en Posavina. On peut dire, n'est-ce pas, qu'au cours de la guerre, les

  6   relations entre Croates et Musulmans en Posavina étaient très différentes

  7   de la relation qui existait entre les Croates et les Musulmans en Herceg-

  8   Bosna, surtout en Mostar à la fin 1993 ?

  9   R.  Oui, on peut dire en effet que les relations étaient différentes. Et

 10   c'est vrai que d'une certaine façon, les relations étaient différentes.

 11   Q.  Pourriez-vous nous dire en quoi ces relations étaient différentes en

 12   Posavina par rapport à Mostar ?

 13   R.  En Posavina, comme je vous l'ai déjà dit -- enfin, je vous ai dit ce

 14   qui s'était passé en Posavina et je vous ai dit quand tous ces événements

 15   étaient arrivés. En ce qui concerne Mostar, je tiens à répéter que pendant

 16   toute cette période, j'étais en Posavina. Je n'étais pas du tout à Mostar.

 17   Il est vrai qu'on a fait référence à ce qui s'est passé au milieu de

 18   l'année 1993, cet événement. C'est vrai qu'à partir de ce moment-là, la

 19   situation a un peu évolué par rapport à ce qui se passait en Posavina.

 20   Q.  Très bien. Mais vous dites que la situation est différente, qu'elle a

 21   évolué. Je comprends bien que vous étiez en Posavina et que vous n'étiez

 22   pas présent à Mostar. Ça, je le comprends bien. Mais vous travailliez quand

 23   même au sein du HVO, certes, dans la Posavina en 1993, mais vous deviez

 24   quand même plus ou moins savoir ce qui se passait à Mostar ?

 25   R.  Oui, plus ou moins. Enfin, Mostar ce n'était pas vraiment en tête de

 26   mes priorités. Je n'avais pas vraiment besoin d'analyser quoi que ce soit à

 27   propos de Mostar. A l'époque, il y avait des problèmes dans toute la

 28   Bosnie-Herzégovine. A Bosanka Posavina, il y avait la guerre contre les

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  1   Serbes, et la guerre contre les Musulmans de Bosnie dans d'autres secteurs.

  2   Parfois, il y avait des secteurs où c'était les Musulmans de Bosnie qui se

  3   battaient contre les Musulmans de Bosnie. C'était le chaos. Là où on se

  4   trouvait, de toute façon, ce qu'on essayait de faire, c'était de conserver

  5   le plus de territoire possible, tout en ayant le moins de pertes possible.

  6   Q.  Mais vous êtes d'accord avec moi pour dire que vous saviez qu'à Mostar,

  7   au moins à la fin 1993, les Croates combattaient les Musulmans ?

  8   R.  J'ai entendu parler de cela, en effet, qu'il y avait ce type de

  9   problème là-bas. Je ne peux pas dire que j'étais parfaitement au courant

 10   que les choses se passaient d'une façon ou d'une autre. Ça, je ne le sais

 11   pas vraiment, parce que la zone était quand même assez étendue,

 12   l'information n'était pas du tout correctement relayée. Je travaillais, je

 13   faisais ce que je devais faire. Je m'occupais de ma mission, de mes tâches.

 14   Je ne suivais pas vraiment la situation à laquelle vous avez fait

 15   référence. Je ne peux pas vraiment répondre à votre question parce que tout

 16   ce que je pourrais dire serait en fait des hypothèses.

 17   Q.  Je veux quand même continuer un petit peu. Vous avez dit que vous

 18   saviez quelle était la situation qui existait entre les Musulmans et les

 19   Croates, et vous saviez qu'elle était différente à Mostar par rapport à la

 20   relation en Posavina. Est-ce que c'est parce qu'alors qu'en Posavina les

 21   Croates et les Musulmans coopéraient, à Mostar, ils s'affrontaient ?

 22   R.  Bien, oui, c'est vrai. En Posavina, la situation était ce qu'elle était

 23   - je l'ai décrite - alors qu'à Mostar, à partir de cet incident dont nous

 24   avons parlé, il y a eu une certaine tension qui a régné. Ce qui pourrait

 25   expliquer la différence entre la situation à Posavina et à Mostar. Vous

 26   saviez à l'époque, comme je vous l'ai dit, Mostar, je ne m'en occupais pas

 27   tellement. Mostar est à 1 000 kilomètres de là où je me trouvais.

 28   Q.  Très bien, Monsieur Buljan. Nous allons quand même parler de la

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  1   tension. Vous avez quand même reconnu qu'il s'est passé des événements à

  2   Mostar en juin 1993, et vous avez une certaine connaissance de ce qui se

  3   passait à l'époque à Mostar.

  4   Monsieur le Témoin, regardez maintenant la pièce P 02223 dans votre

  5   classeur. Il s'agit d'un rapport de Ljubuski. Il s'agit d'une région que

  6   vous avez mentionnée tout à l'heure. Il s'agit d'un rapport relatif à la

  7   sécurité.

  8   "La situation sur le territoire de la 4e Brigade du HVO," et il

  9   s'agissait "de conflits qui ont eu lieu entre l'ABiH et le HVO. Dans la

 10   municipalité de Ljubuski, il y a environ 5,5 % des habitants qui sont de

 11   nationalité musulmane, et il y a également 1 000 réfugiés musulmans sur le

 12   territoire de la municipalité de Citluk. La période en question compte un

 13   bon nombre de Musulmans. Et si la --

 14   "Selon les informations que nous avons reçues, certains groupes et

 15   certains individus ont [imperceptible] la partie arrière de Mostar, vers

 16   l'Herzégovine occidentale. Ils vont essayer d'apporter de nouveaux hommes

 17   ou la troupe vers Mostar.

 18   "Ces dernières années, nous n'avons eu aucun problème avec les

 19   Musulmans, et même eux, ils étaient quelque peu épeurés ces dernières

 20   années puisqu'ils demeuraient une minorité, tout particulièrement après le

 21   conflit à Jablanica et Konjic, où il y avait beaucoup de soldats de l'ABiH

 22   et qui ont été emmenés à la prison de Ljubuski.

 23   Mme NOZICA : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, je me suis levée

 24   avant la question. Mais je pense vraiment qu'il faudrait établir les faits

 25   de fondement avant la question. Il ne s'agit pas d'une question directive,

 26   mais il faudrait demander au témoin ce qu'il connaît de la région de

 27   Ljubuski. Le témoin a mentionné juin, et ce document date de mai, donc il

 28   faudrait établir les fondements pour savoir si le témoin a connaissance de

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  1   cela.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : -- le travail de votre collègue, qui est aussi forte

  3   que vous et qui va, par ses questions, répondre aux objections. J'ai

  4   toujours l'impression que quand la Défense se lève c'est qu'elle considère

  5   que le Procureur ne va pas faire son travail ou fait des erreurs. Attendez

  6   de voir. Moi, je n'en sais rien. Attendons de voir.

  7   Mme WEST : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Buljan, est-ce que vous vous rappelez d'avoir parlé de la

  9   municipalité de Ljubuski ?

 10   R.  Oui, je me rappelle d'avoir évoqué à l'époque que ces mêmes personnes

 11   faisaient ces fonctions. Pour ce qui est de Ljubuski, je suis passé peut-

 12   être une fois ou peut-être jamais à Ljubuski.

 13   Q.  Ce document date du 7 mai 1993, et j'ai compris que vous étiez dans la

 14   Posavina à l'époque. Mais vous avez dit qu'il y avait différentes relations

 15   entre les Musulmans et les Croates. Aviez-vous entendu parler des relations

 16   qui se détérioraient entre les Musulmans et les Croates à Ljubuski ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Vous voulez passer maintenant --

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous qui avez exercé les fonctions dans l'armée, il

 20   y a un petit paragraphe qui m'intéresse au plus haut point. C'est le

 21   dernier paragraphe du document où l'auteur de ce document, qui est le

 22   responsable du SIS, fait ce rapport et indique, mais c'est son point de vue

 23   à lui :

 24   Je pense," dit-il, "qu'il est temps de prendre des mesures énergiques

 25   spécialement donc par le ministre des Affaires intérieures, parce que nous

 26   sommes dans une zone de guerre et qu'il est difficile pour une armée de

 27   prendre des mesures préventives ou répressives."

 28   Donc l'auteur de ce document place bien le problème. Il dit, il y a

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  1   un problème avec ces Musulmans, mais que de son point de vue à lui, c'est

  2   au ministre de l'Intérieur de s'occuper de cela et pas de l'armée. Alors

  3   qu'est-ce que vous en pensez ?

  4   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je vous prie

  5   de m'excuser. Il y a une erreur dans la traduction anglaise. En croate, il

  6   est dit que "parce que nous ne sommes pas en zone de guerre." C'est ce qui

  7   est écrit dans l'original croate. Le contraire est mentionné dans l'autre

  8   version, la version anglaise, dont d'où la confusion, je pense.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : On va repréciser. Le 7 mai, l'auteur du document

 10   estime qu'on n'est pas en zone de guerre. Bon. Mais il dit quand même que

 11   c'est au ministre de l'Intérieur de prendre des mesures à l'encontre de ces

 12   Musulmans. Donc pas que l'armée intervienne au niveau des mesures

 13   préventives ou répressives. Alors qu'est-ce que vous en pensez ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois que je vois ce

 15   document. Pour ce qui est de Ljubuski, je n'ai jamais analysé la situation

 16   dans cette ville. L'Accusation a répété à deux ou trois reprises, mais en

 17   fait, je ne suis pas sûr d'avoir le même document sous les yeux. Vous

 18   parlez d'un document rédigé à Ljubuski le 7 mai 1993 ?

 19   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'aimerais clarifier

 20   quelque chose.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : -- que vous ne connaissez pas ce document. La 103e

 22   Brigade, ce n'est pas Ljubuski, très bien. La question n'est pas là. Ce que

 23   je veux savoir - parce que je mets sur un autre niveau - est-ce qu'au

 24   niveau de votre brigade, quelqu'un aurait pu écrire la même chose en disant

 25   que c'est au ministre des affaires intérieures de s'occuper de cela. Voilà.

 26   C'est ça que je veux savoir. Donc tout le débat de dire il ne connaît pas

 27   le document, non, moi je suis dans un autre niveau. Alors est-ce que

 28   quelqu'un de votre brigade aurait pu écrire cela ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que quelqu'un aurait pu rédiger cela et

  2   l'envoyer sans que le commandant le sache ? C'est ça, c'est cela votre

  3   question ?

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Non. J'abandonne la question. Il me semble trop

  5   complexe.

  6   Madame le Procureur.

  7   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je pense que cela

  8   serait utile de clarifier quelque chose.

  9   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Madame Alaburic, il est bientôt 19

 10   heures. Par rapport à la discussion que nous avons eue hier, je pense que

 11   véritablement que cela n'est pas la bonne façon que dans la dernière demi-

 12   heure l'Accusation n'ait pas pu avancer dans son travail. Donc je vous

 13   demande, je vous prie d'accepter de prendre connaissance de ces problèmes

 14   que nous avons, mais laissez-la poursuivre, ensuite vous aurez la liberté

 15   de faire ce que vous souhaitez faire et poser vos questions. Merci.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Je corrige ce que dit mon collègue : celui qui aura

 17   la liberté c'est uniquement les questions supplémentaires par Me Nozica.

 18   Oui, Maître Alaburic. J'ai abandonné la question, donc ne revenez pas là-

 19   dessus.

 20   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaitais attirer

 21   votre attention sur la chose suivante. Je pense que votre question est très

 22   importante, et ce serait bien d'établir pourquoi, pour cette --

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Si le témoin ne comprend pas ce que je dis,

 24   j'abandonne, je n'insiste pas.

 25   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, dans les deux

 26   paragraphes précédents, il est fait référence à la police, la question est

 27   abstraite si on ne voit pas que le membre du SIS -- avez-vous des doutes

 28   par rapport aux membres de l'ABiH ? Donc il est question de la police

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  1   civile, sachant que Ljubuski n'est pas une zone de guerre. Donc maintenant,

  2   ce serait peut-être plus facile pour que le témoin puisse commenter étant

  3   donné qu'il ne connaissait pas le document.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Il est quasiment 19 heures, donc on va arrêter là.

  5   Il restera à l'Accusation une heure 30 demain. Bon.

  6   J'invite également la Défense comme il l'a dit à juste titre le Juge

  7   Prandler, à laisser faire l'Accusation son travail. Parce que l'Accusation

  8   doit faire son travail, nous ne connaissons pas ce quelle veut démontrer,

  9   donc laissons-la faire. Moi je n'ai posé des questions qui étaient vraiment

 10   autres que le but que recherche le Procureur. Voilà.

 11   Bien. Alors nous nous retrouverons demain à 14 heures 15. Je vous remercie.

 12   --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le jeudi 12 février

 13   2009, à 14 heures 15.

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