Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 20 avril 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Les accusés Prlic et Coric sont absents]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  7   l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

  9   tous.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et autres.

 11   Merci.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 13   En ce lundi 20 avril 2009, je salue en premier MM. les accusés, je salue

 14   Mme et MM. les avocats, je salue tous les représentants du bureau du

 15   Procureur ainsi que toutes les personnes qui nous aident.

 16   Je vais d'abord donner la parole à M. le Greffier qui a un numéro IC à vous

 17   donner.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci.

 19   2D a été soumis à la liste de documents à verser par le témoin Korac,

 20   Davor. Ce document portera la cote IC987.

 21   Merci.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre va rendre une décision orale proprio

 23   motu. Cette décision orale est destinée à la Défense de M. Stojic.

 24   La Chambre rappelle que portant adoption des lignes directrices pour la

 25   présentation des éléments de preuve à décharge rendus le 24 avril 2008, et

 26   notamment le paragraphe 35 relatif à la ligne directrice 9. Toute requête

 27   demandant l'admission d'éléments de preuve documentaires doit être

 28   présentée dans les plus brefs délais après la fin de la présentation de

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  1   l'ensemble des éléments de preuve relatifs à une municipalité ou un sujet

  2   déterminé.

  3   La Chambre constate qu'à ce jour la Défense Stojic n'a pas déposé de

  4   requête écrite en admission d'éléments de preuve au titre de la ligne

  5   directrice numéro 9. Elle pourrait donc en déduire que la Défense Stojic ne

  6   compte pas présenter de requête au titre de la ligne directrice 9 sur les

  7   sujets pour lesquels elle a fini sa présentation. En effet, la Chambre

  8   rappelle que les Défenses ne doivent pas attendre la fin de la présentation

  9   de leur cause pour déposer de telles requêtes.

 10   Néanmoins, la Chambre demande à la Défense Stojic de bien vouloir lui

 11   présenter avant le 23 avril 2009 ses observations sur l'absence de dépôt de

 12   requête au titre de la ligne directrice numéro 9. A ce stade, la Chambre

 13   demande également à la Défense Stojic, toujours avant le 23 avril 2009, de

 14   lui faire part de ses intentions de déposer ou non une ou des requêtes en

 15   vertu de la ligne directrice numéro 9 et si oui, sur quels sujets et dans

 16   quel délai.

 17   La Chambre tient également à rappeler à la Défense Stojic que d'éventuelles

 18   comparutions du témoin Momcilo Mandic après la fin de la présentation de sa

 19   cause ne saurait, en aucun cas, lui permettre de déposer une nouvelle

 20   demande au titre de la ligne directrice 9 après la comparution de ce

 21   témoin. Bon, donc en deux mots, la Défense Stojic est invitée à nous dire

 22   avant le 23 avril ce qu'elle compte faire.

 23   Mme NOZICA : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à tous

 24   et à toutes dans le prétoire.

 25   C'est avec reconnaissance que nous acceptons votre requête, nous allons le

 26   faire dans le délai imparti. Je tiens à dire que nous n'allons pas

 27   présenter de requête parce que la Défense ne s'est pas faite par

 28   municipalités, admise par thèmes; et on a vu dans le prétoire que l'expert

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  1   a situé un cadre, l'expert qu'on a entendu le premier; et que le témoin que

  2   nous allons entendre aujourd'hui est un témoin qui va fermer la boucle pour

  3   ce qui est du domaine d'intervention et qui porte sur la santé; donc nous

  4   allons présenter une requête d'ici au 23, et informerons les Juges de la

  5   Chambre de ce que nous avons l'intention de faire et quand. Alors, je

  6   prends note du fait que si on entend ultérieurement le témoin Mandic, nous

  7   allons présenter pour versement au dossier des éléments de preuve le

  8   concernant.

  9   Merci.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 11   Maître Kovacic, vous avez deux minutes puisque vous nous avez demandé deux

 12   minutes.

 13   L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'entendent pas du tout Maître Kovacic. Les

 14   interprètes continuent à ne pas entendre Maître Kovacic.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Kovacic, les interprètes ne vous

 16   entendent pas.

 17   M. KOVACIC : [interprétation] On va essayer celui-là.

 18   Je demande à la Chambre de m'autoriser à me borner à répondre brièvement à

 19   la réponse de l'Accusation à la demande de Slobodan Praljak d'ajouter 360

 20   [comme interprété] pièces au titre du 65 ter. Cette réponse a été soumise

 21   par l'Accusation le 16 avril 2009.

 22   Dans la réponse, l'Accusation notamment indique que l'Accusation voit ses

 23   intérêts lésés car un nombre très peu important de ces documents lui a été

 24   communiqué. Le problème est que tous les documents couverts par la requête

 25   n'ont pas été publiés sur le prétoire électronique. Ma réponse est la

 26   suivante : en raison de l'erreur technique, l'Accusation a raison; tous les

 27   documents n'ont effectivement pas été publiés sur le système électronique.

 28   Toutefois, après cette réponse, et précisément ce week-end, nous nous

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  1   sommes rendu compte de cette erreur et à présent tous les documents sont

  2   disponibles sur le système de prétoire électronique. J'espère que cela

  3   aidera l'Accusation à se pencher sur ces documents afin d'en prendre

  4   connaissance.

  5   Je ne pense pas qu'il était nécessaire de déposer une écriture, je pense

  6   que c'est suffisant, et il fallait une réponse.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Huissier, allez chercher le témoin.

  8   Alors, le temps que le témoin arrive, on a une deuxième décision orale à

  9   rendre, je veux la lire tout de suite, décision orale relative à l'ajout de

 10   plusieurs documents sur la liste 65 ter de la Défense Stojic.

 11   Par le biais de trois requêtes successives, la Défense Stojic a demandé à

 12   ce que neuf pièces soient ajoutées à sa liste 65 ter en vue d'être

 13   présentées au témoin Ivan Bagaric. La Défense Petkovic a précisé le 17

 14   avril 2009 qu'elle ne s'opposait pas à la demande d'ajout de la pièce

 15   2D01540 sur la liste 65 ter présentée par la Défense Stojic. Les autres

 16   équipes de la Défense et l'Accusation n'ont pas posé d'écritures.

 17   Tout d'abord, la Chambre prend acte du retrait de la demande d'admission de

 18   la pièce 2D01535, déposée le 20 avril 2009, et du corrigendum présenté le

 19   même jour par la Défense Stojic relatif à la dernière requête déposée le 17

 20   avril 2009.

 21   La Chambre relève ensuite que la demande d'ajouts à la liste 65 ter 2D01000

 22   de huit pièces est extrêmement tardive puisqu'elle n'est intervenue que

 23   quelques jours avant la comparution du témoin Ivan Bagaric. Néanmoins,

 24   malgré la tardivité de cette demande, la Chambre prend acte de ce que la

 25   Défense Stojic n'a pu obtenir six des huit pièces, à savoir les pièces

 26   2D01534, 2D01536, 2D01537, 2D01538, 2D01539 et 2D10540 au moment du

 27   récolement.

 28   En outre, la Chambre note que ces pièces présentent certains indices de

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  1   fiabilité de valeur probante et de pertinence, et que les parties invitées

  2   à présenter leurs observations ne se sont prévalues d'aucun préjudice lié à

  3   la tardiveté des demandes d'ajouts. La Chambre décide donc, en conséquence,

  4   d'admettre leur rajout à la liste 65 ter.

  5   En revanche, s'agissant des pièces 2D00303 et 3D00235, la Chambre relève

  6   que dans sa requête en date du 17 avril 2009, la Défense Stojic spécifiait

  7   qu'elle était en possession de ces deux documents avant le récolement du

  8   témoin, mais que la nécessité de les présenter par l'intermédiaire d'Ivan

  9   Bagaric n'est apparue qu'après le récolement de ce témoin. Cela

 10   expliquerait la demande tardive de rajout à la liste 65 ter.

 11   La Chambre estime qu'il ne s'agit pas là d'un motif suffisant pour

 12   justifier d'une demande aussi tardive de rajout à la liste 65 ter.

 13   Les explications fournies par la Défense Stojic dans son corrigendum du 20

 14   avril 2009 ne permettent pas davantage de justifier de cette tardiveté; en

 15   conséquence, la Chambre rejette la demande de rajout des pièces 2D00303 et

 16   3D00235.

 17   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, levez-vous.

 19   Pouvez-vous nous donner votre nom, prénom et date de naissance.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je m'appelle Ivan

 21   Bagaric. Je suis né le 11 novembre 1961.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession ou qualité actuelle ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis médecin.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous travaillez où ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] A présent, je travaille à la faculté de

 26   médecine et je suis engagé par les facultés de médecine à Split et à

 27   Mostar, mais je suis aussi député à l'assemblée de République de Croatie.

 28   C'est l'une de mes fonctions.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur le Député -- ou Docteur, avez-vous

  2   déjà témoigné devant un tribunal, ou bien c'est la première fois que vous

  3   témoignez ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'est pas la première fois que je

  5   témoigne. Je suis déjà venu ici pour témoigner dans l'affaire Naletilic,

  6   mais j'ai témoigné sur des circonstances générales.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Dans l'affaire Naletilic, vous étiez témoin de la

  8   Défense ou de l'Accusation ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] De la Défense.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Je vous demande de lire le serment.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   LE TÉMOIN : IVAN BAGARIC [Assermenté]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : -- Vous allez devoir répondre à des questions de Me

 16   Nozica, et à l'appui de ces questions, elle a préparé toute une série de

 17   documents qui sont dans deux classeurs que vous aurez sous la main au

 18   moment où Me Nozica vous posera des questions sur les documents. Essayez

 19   d'être précis et concis dans vos réponses.

 20   Si vous ne comprenez pas le sens d'une question, même quand le Juge

 21   pose une question, n'hésitez pas à demander à celui qui vous pose la

 22   question de la reformuler. Vous aurez à répondre en premier à Me Nozica,

 23   après quoi les autres avocats des autres accusés, puisque Me Nozica

 24   représente Me Stojic, vous poseront également peut-être des questions. Les

 25   quatre Juges qui sont devant vous pourront aussi intervenir pour vous faire

 26   préciser certains éléments. Après cela, le Procureur, qui se trouve à votre

 27   droite, vous posera des questions dans le cadre de son contre-

 28   interrogatoire.

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  1   Nous avons prévu quatre jours d'audience pour terminer votre

  2   audition. Comme vous avez prêté serment, vous êtes maintenant témoin de la

  3   justice, ce qui veut dire que vous n'avez plus aucun contact avec la

  4   Défense de M. Stojic et avec quiconque sur la teneur de votre témoignage.

  5   Voilà ce que je voulais vous dire.

  6   Sans perdre de temps, je donne la parole à Me Nozica, que je salue à

  7   nouveau.

  8   Mme NOZICA : [interprétation] Merci.

  9   Je dis bonjour aux Juges et à tous et à toutes dans le prétoire. Bonjour,

 10   Monsieur Bagaric.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 12   Mme NOZICA : [interprétation] Je voudrais dire une chose avant de commencer

 13   avec mon interrogatoire. M. Bagaric m'a demandé, je suis censée de

 14   transmettre aux Juges de la Chambre, à savoir que nous avons envisagé

 15   quatre heures pour l'interrogatoire principal du témoin ici présent; nous

 16   avons fait un calcul suivant lequel on pourrait terminer d'ici à jeudi dans

 17   le cas des quatre journées prévues pour cette semaine, et le témoin a

 18   demandé en particulier, et je tiens à en informer les Juges de la Chambre,

 19   de faire en sorte, parce que vendredi, pour des obligations qui sont les

 20   siennes, il doit être l'après-midi à Zagreb. Enfin, j'espère qu'il en sera

 21   ainsi, mais je tiens à le dire dès à présent.

 22   Interrogatoire principal par Mme Nozica :

 23   Q.  [interprétation] Monsieur Bagaric, je vais donner lecture et présenter

 24   brièvement des renseignements vous concernant à l'attention des Juges, et

 25   avant de commencer à vous interroger, j'aimerais que vous confirmiez si ces

 26   renseignements de nature générale sont exacts.

 27   Vous avez terminé vos études de médecine en 1986 à Sarajevo. De 1986 à

 28   1992, vous avez travaillé en tant que médecin à l'établissement de santé de

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  1   Tomislavgrad.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous avez été député au Parlement de la Bosnie-Herzégovine suite aux

  4   premières élections pluripartites à l'époque, et ce notamment entre 1990 et

  5   1998 ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Entre mars 1992 et septembre 1992, vous avez été responsable du QG

  8   principal chargé de la santé au sein du HVO ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Entre septembre 1992 et l'année 1996, vous avez d'abord été adjoint du

 11   responsable du département de la Défense, puis ensuite ministre adjoint du

 12   ministère de la Défense chargé de la santé au sein du HVO de la HZ HB, et

 13   par la suite au sein de la République croate de l'Herceg-Bosna.

 14   R.  Exact.

 15   Q.  Vous avez procédé à des études de spécialisation en matière de santé

 16   publique, et ce de 1995 à 1998 ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Entre 1999 et 2001, vous êtes intervenu en tant qu'assistant du

 19   ministre chargé de la santé au sein de la Fédération de Bosnie-Herzégovine,

 20   dont le siège se trouvait à Sarajevo ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Entre 2001 et 2003, vous avez travaillé à l'institut de la médecine

 23   maritime situé à Split ?

 24   R.  Exact.

 25   Q.  Entre 2002 et ce jour d'aujourd'hui, vous êtes assistant pour enseigner

 26   la matière qui est celle de la santé publique à la faculté de médecine de

 27   Mostar ?

 28   R.  C'est exact.

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  1   Q.  Et de Split aussi ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous nous avez dit aujourd'hui qu'en outre entre 2003 et ce jour, vous

  4   êtes député au Sabor, à savoir à l'assemblée de la République de Croatie ?

  5   R.  Exact.

  6   Q.  Vous représentez les citoyens croates résidant à l'extérieur de la

  7   République de Croatie ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de représenter la

 10   totalité des citoyens croates au sein du Parlement croate, citoyens qui

 11   résident à l'extérieur du territoire de la Croatie ?

 12   R.  Qu'ils vivent en Australie, au Canada ou en Bosnie-Herzégovine, ce sont

 13   des citoyens croates indépendamment de leur appartenance ethnique.

 14   Q.  Bien. Je vais maintenant passer à la période pour laquelle on a dit

 15   dans vos renseignements que vous étiez après 1992 chef de ce QG principal

 16   chargé de la santé. Nous allons nous pencher sur cette période où vous avez

 17   été assistant du représentant ou du responsable du département à la Défense

 18   chargé des questions liées à la santé.

 19   Alors, Monsieur Bagaric, nous avons entendu ici un témoin qui nous a en

 20   long et en large expliqué la création des services de santé au sein de la

 21   HZ HB. Je vous demanderais pour ma part de le faire de la façon la plus

 22   concise, la plus brève possible, en fournissant dans vos réponses le rôle

 23   qui a été le vôtre dans tout cela. Quand et comment y a-t-il eu création de

 24   ces services de santé au sein de la HZ HB ?

 25   R.  Je vous remercie de votre question et de l'opportunité de pouvoir en

 26   parler. Il me semble qu'il est important pour les Juges de comprendre le

 27   contexte dans lequel a été procédée l'organisation de ces services de santé

 28   au sein du HVO, notamment pour ce qui est de la période indiquée par

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  1   l'avocat.

  2   Suite à une agression ouverte contre la Bosnie-Herzégovine, et d'abord

  3   contre la République de Croatie et les préparatifs évidents à l'époque de

  4   l'armée yougoslave et des Serbes qui se sont insurgés contre la Bosnie-

  5   Herzégovine, pour ce qui est de la préparation de la guerre à la Bosnie-

  6   Herzégovine, et suite à une attaque contre le village croate de Ravno en

  7   Bosnie-Herzégovine, et compte tenu de tout ce qui s'est passé à l'époque au

  8   Parlement de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo, nous médecins étions plusieurs

  9   à être députés déjà, nous avons décidé d'une certaine façon d'essayer

 10   d'organiser un service concret qui, en cas de guerre --

 11   Q.  Excusez-moi, Monsieur Bagaric. Ce que je vous demanderais c'est de

 12   parler un peu plus lentement et tout ira bien.

 13   R.  Nous autres médecins, disais-je, qui étions là, et nous étions

 14   plusieurs à être députés au sein du Parlement de la Bosnie-Herzégovine,

 15   avons décidé dans les circonstances qui étaient déjà prévisibles, d'essayer

 16   de mettre sur pied un service pour répondre aux nécessités de ceux qui

 17   allaient en avoir besoin. De qui s'agissait-il ? De militaires ou de

 18   civils, peu importe l'appartenance ethnique des gens dans le besoin, nous

 19   avons au début 1992 commencé à mettre sur pied des services médicaux qui

 20   par la suite sont devenus cet établissement, ce QG chargé des services de

 21   santé intégré au sein du HVO, et qui par la suite malheureusement pendant

 22   la guerre a dû prendre soin des blessés, tant des civils que des

 23   militaires. Comment avons-nous fait ? Nous avons tout simplement fait le

 24   tour des sites où il y avait une majorité de la population croate, et

 25   notamment les sites où il y avait une population mixte puisque nous avions

 26   à nos côtés des Bosniens, des Musulmans, et pour ce qui était des

 27   localités, à titre préventif, nous avons prévu quels seraient les

 28   établissements où l'on accueillerait les blessés, parce que l'imminence de

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  1   la guerre en Bosnie-Herzégovine était évidente. En premier lieu, nous nous

  2   sommes basés sur nos établissements de santé civils qui existaient déjà,

  3   c'est-à-dire les dispensaires.

  4   Nous avons fait le tour des localités en compagnie de personnes appartenant

  5   à la même spécialité, et au sein de ces établissements nous avons prévu des

  6   unités d'accueil pour les cas de besoin.

  7   Je tiens à préciser que ce qui a été fait a été fait de concert avec les

  8   Musulmans et même avec les Serbes qui vivaient sur ces territoires-là.

  9   C'est de façon conjointe sur des principes de volontariat que nous avons

 10   procédé à des préparatifs sérieux.

 11   Ultérieurement, lorsqu'il y a eu création d'unités militaires au niveau

 12   municipal, nous avons demandé aux établissements de santé de nommer des

 13   chefs de postes de santé municipaux, donc sur le terrain, qui étaient

 14   chargés d'un suivi à l'égard des unités qui se créeraient au niveau

 15   municipal.

 16   Une fois qu'il y a eu création de brigades, lorsqu'il y a eu réorganisation

 17   au sein du HVO, nous avons emboîté le pas et nous avons apporté notre

 18   assistance logistique en créant des services sanitaires au sein des unités

 19   militaires du HVO.

 20   J'oublie de dire aussi qu'à titre officiel, nous avons mis en place ce que

 21   nous avons qualifié de QG principal chargé des questions de santé qui avait

 22   pour mission tout ce que je viens de dire, et qui en plus avait pour

 23   mission d'intervenir de façon intégrationniste, c'est-à-dire d'apporter son

 24   aide à tous, qu'il s'agisse de civils ou de militaires. La seule chose sur

 25   laquelle nous pouvions prendre appui c'était les établissements et

 26   dispensaires de santé civils. Par la suite, compte tenu des circonstances

 27   de guerre, ces établissements de santé ont mué en hôpitaux de guerre. Les

 28   hôpitaux de guerre que nous avons créés en tant que tel avaient pour

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  1   mission également d'accueillir les blessés.

  2   A un moment donné, nous n'avons pu communiquer avec les grands centres

  3   médicaux que les Croates et même les Musulmans de Bosnie avaient coutume de

  4   contacter avant la guerre. Il y a eu un espèce d'isolement de Sarajevo et

  5   un grand nombre de cadres spécialisés dans ces grands établissements de

  6   santé là-bas ont été séparés des autres, et nous avons été constamment

  7   privés de médicaments, de médecins et de matériel. Ce QG principal en

  8   matière de santé avait pour mission de faire en sorte d'apporter une aide,

  9   un soutien logistique à l'égard des postes d'intervention dont j'ai parlé.

 10   Malheureusement, lorsque les conflits ont éclaté entre les Croates et les

 11   Musulmans en Bosnie-Herzégovine, ces territoires croates en Bosnie-

 12   Herzégovine sont tombés dans une situation plus difficile encore. Bien

 13   entendu, ce n'était pas chose facile pour nos collègues musulmans non plus,

 14   mais ce qu'il convient de savoir c'est qu'à un moment donné, en Bosnie-

 15   Herzégovine, nous sommes restés dans plusieurs enclaves tout à fait isolées

 16   en Bosnie centrale.

 17   Q.  Très bien, excusez-moi mais nous y viendrons, Monsieur Bagaric. Je

 18   souhaitais simplement que nous procédions par ordre.

 19   Vous venez de nous expliquer la façon dont ce QG militaire principal

 20   a été organisé. Est-ce que vous pouvez simplement nous dire si c'était vous

 21   qui vous trouviez à la tête de ce QG ?

 22   R.  En effet, j'avais l'honneur et le devoir de servir en tant que

 23   commandant de ce QG médical principal lors de la guerre, et c'est

 24   ultérieurement, suite à la formation de ce département de la Défense de la

 25   HZ HB que ce dernier s'est intégré au sein du département de la Défense.

 26   C'est alors ultérieurement que j'ai été nommé assistant du chef du

 27   département de la Défense. C'est ensuite lorsque ce département de la

 28   Défense s'est transformé en ministère de la Santé que je suis devenu un

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  1   ministre adjoint du ministre de la Défense au sein du HVO.

  2   Q.  Qui vous a nommé assistant du chef du département de la Défense chargé

  3   de la santé ?

  4   R.  Il me semble que j'ai été nommé au mois de septembre environ, vers le

  5   mois de septembre 1992. Je l'ai été par le HVO. Jusque là nous avions déjà

  6   un service qui avait été organisé sur le terrain qui s'était intégré au

  7   HVO, je parle ici également de la branche militaire qui procédait à la

  8   défense des territoires concernés.

  9   Q.  Vous avez d'une certaine façon déjà répondu à mes questions qui

 10   auraient été les suivantes : quelles étaient les missions du secteur de la

 11   santé ? Je voudrais vous demander quels étaient les principes qui

 12   régissaient le fonctionnement de ce secteur de la santé ? Je vous

 13   demanderais de répondre très brièvement quant à ces principes que vous

 14   suiviez.

 15   R.  Notre mission était de venir en aide à toute personne qui en aurait eu

 16   besoin, et Dieu merci cela s'est effectivement produit. Toute personne

 17   ayant besoin d'aide, qu'elle soit civile ou militaire, indépendamment de

 18   son appartenance ethnique, nationale ou autre, s'est vu accorder l'aide

 19   dont elle avait besoin. Quant aux principes fondamentaux que nous suivions,

 20   ils reposaient sur le volontariat. Nous ne pouvions véritablement pas

 21   donner l'ordre à un médecin, par exemple, d'intervenir.

 22   C'est un fait bien connu qu'un grand nombre de médecins, lors des années de

 23   guerre et en raison de cette guerre, ont quitté le territoire de la Bosnie-

 24   Herzégovine. Il est ici particulièrement intéressant et important de

 25   mentionner la chose suivante, j'ai fait mon Master sur ce sujet qui est

 26   celui du véritable modèle que représentait l'organisation du service de la

 27   santé au sein du HVO. Il ne faut pas oublier que ce sont environ 3 000

 28   médecins de toutes appartenances ethniques qui ont quitté le territoire de

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  1   la Bosnie-Herzégovine durant ces années et près de 6 700 techniciens et

  2   autres personnels de santé. Par conséquent, nous étions contraints de

  3   travailler sur cette base du volontariat et notre principe fondamental

  4   était un principe d'ouverture envers chacun. Nous n'avions pas d'autre

  5   façon possible de fonctionner dans ce contexte que de développer cet esprit

  6   d'ouverture. C'est une chance que malgré tous ces événements tragiques,

  7   c'est ainsi que les choses se sont passées. Notre politique se fondait sur

  8   l'acceptation et l'engagement de tout spécialiste, quelle que soit son

  9   appartenance ethnique.

 10   Une caractéristique très importante de nos services était qu'indépendamment

 11   de l'appartenance ethnique, non seulement nous apportions de l'aide aux

 12   gens, mais nous collaborions indépendamment de ces questions d'appartenance

 13   ethnique.

 14   Il est très important de mentionner, par exemple, que lors des années

 15   de guerre à Mostar, nous avions plusieurs chirurgiens, mais pas beaucoup.

 16   Cependant, deux d'entre eux étaient des Serbes qui sont restés pendant

 17   toute la durée de la guerre, qui sont venus en aide aux patients et aux

 18   gens. Pendant toute la durée de la guerre, une seule anesthésiste, qui

 19   était Musulmane. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais ce sont des

 20   choses que l'on peut vérifier. C'était un véritable esprit d'ouverture qui

 21   a marqué ces années de guerre où l'on luttait pour l'intérêt de chaque

 22   patient.

 23   Q.  Monsieur Bagaric, quels étaient les différents services qui faisaient

 24   partie du secteur de la santé, si vous pouvez vous en souvenir ?

 25   R.  Bien sûr, pas mal de temps s'est écoulé, mais nous avons eu plusieurs

 26   réorganisations au sein du secteur de la santé en fonction de la situation

 27   sur le terrain et de son évolution. Cependant, après que nous ayons été

 28   intégrés au sein du département de la Défense, nous avons disposé au sein

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  1   du secteur de la santé une unité chargée de la logistique en matière de

  2   santé. C'était le QG médical principal. Ensuite, nous avions une unité

  3   chargée des soins à apporter aux blessés, et nous avions une unité

  4   d'inspection et de contrôle. En conséquent, notre mission était

  5   particulièrement importante, non seulement au sens de l'organisation et de

  6   la mise en place des services de santé, mais également du contrôle du

  7   fonctionnement de ces services de santé.

  8   Bien entendu, nous avons procédé ultérieurement à des réorganisations de

  9   l'ensemble de ces services en fonction des besoins qui étaient les nôtres.

 10   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je voudrais vous demander, Monsieur

 11   Bagaric, s'il vous plaît, de bien vouloir ralentir parce qu'il est

 12   impossible pour les interprètes de vous suivre.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : En vous écoutant, j'aurais une question d'ordre

 14   technique à vous poser.

 15   Si je comprends bien, pour le cas de Mostar, un Croate qui était blessé a

 16   été opéré par un chirurgien serbe, et l'anesthésiste était musulman; c'est

 17   bien la situation que vous avez décrite ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était une situation extrêmement fréquente.

 19   Mais, Monsieur le Président, c'était un cas qui s'est présenté très

 20   fréquemment, mais pas systématiquement. J'ai cité cela à titre d'exemple

 21   d'une collaboration telle qu'elle existait à l'époque, donc le cas de ces

 22   deux chirurgiens serbes et de cette unique anesthésiste dont nous

 23   disposions, qui était musulmane. Cependant, nous avions d'autres médecins.

 24   Certains étaient croates, et tous, autant qu'ils étaient, prenaient soin de

 25   l'ensemble des patients indépendamment de l'appartenance ethnique de ces

 26   derniers.

 27   Il est très important de garder à l'esprit ici le manque criant et durable

 28   dont nous avons souffert en matière de personnel médical. En dehors de

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  1   cette anesthésiste que j'ai mentionnée, nous avons dû nous mettre à la

  2   recherche d'autres personnes qui auraient été en mesure de procéder à ces

  3   anesthésies. Et en dehors de ces chirurgiens qui étaient disponibles parmi

  4   également les autres médecins, cela était toujours insuffisant. Nous étions

  5   obligés de chercher en permanence des remplaçants afin de maintenir le

  6   système plus ou moins à flot. Mais cela était marqué par un manque constant

  7   à la fois de personnel médical et d'équipement.

  8   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

  9   Juges.

 10   Q.  Monsieur Bagaric, je sais que vous avez un caractère assez fort et je

 11   pense que ce n'est pas facile pour vous de parler lentement car cela nuit à

 12   votre concentration, mais je réitère ma demande, je vous prie de parler un

 13   peu plus lentement, et nous devons également pratiquer une courte pause

 14   entre ma question et votre réponse.

 15   Vous nous avez expliqué quels étaient les différents services existant au

 16   sein du secteur de la santé. Mais pouvez-vous nous dire quels étaient les

 17   différents responsables à la tête de ces différentes unités ?

 18   R.  Moi, je me trouvais à la tête de ce secteur de la santé au sein du HVO,

 19   et les responsables des différentes unités me répondaient directement.

 20   J'étais en quelque sorte leur supérieur hiérarchique direct, bien que nous

 21   ayons eu avant tout des rapports collégiaux.

 22   Q.  Puisque nous en sommes à ces questions relatives aux principes, vous

 23   nous l'avez dit, mais je voudrais le souligner encore une fois, vous nous

 24   avez dit que sur l'ensemble du territoire de la HZ HB, il y a eu pendant

 25   toute cette période une insuffisance de personnel médical, qu'il s'agisse

 26   de médecins ou d'autres types de personnel médical. Pouvez-vous nous dire

 27   s'il y avait suffisamment de médicaments et d'équipements médicaux au sein

 28   du service de la santé du HZ HB ?

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  1   R.  Nous avons travaillé en permanence dans une situation marquée par un

  2   manque criant à la fois de médicaments, d'équipement et de personnel

  3   médical. Cela concernait avant tout ces territoires de la Bosnie-

  4   Herzégovine où vivaient des Croates qui s'étaient retrouvés totalement

  5   isolés, comme par exemple l'hôpital de Nova Bila, l'hôpital de Zepce,

  6   l'hôpital de Kiseljak, l'hôpital d'Orasje.

  7   Q.  Nous voyons à partir de votre réponse que vous avez été assistant du

  8   chef du département de la Défense chargé de la santé. Mais ce qui

  9   m'intéresse maintenant, c'est si vous pouvez nous dire s'il y avait des

 10   réunions de type collégial au sein du département de la Défense, et selon

 11   le souvenir que vous en avez, à quelle fréquence ?

 12   R.  Eh bien, indépendamment du département de la Défense, nous autres

 13   médecins étions constamment en contact et nous travaillions ensemble en

 14   permanence dans le cadre de notre QG médical principal. Pour ce qui

 15   concerne le département de la Défense, oui, il y avait des réunions

 16   collégiales. Mais je ne peux pas maintenant dire exactement à quelle

 17   fréquence. C'était de temps en temps. Parfois c'était sur une base

 18   hebdomadaire, parfois c'était tous les quinze jours, et selon moi, c'était

 19   exclusivement en fonction des besoins qui se présentaient.

 20   Q.  Est-ce que vous pourriez expliquer pour les Juges de la Chambre la

 21   façon dont les décisions étaient prises lors de ces réunions collégiales,

 22   en vous fondant sur votre propre expérience et celle des réunions

 23   auxquelles vous avez été présent, dont vous avez directement eu

 24   l'expérience ?

 25   R.  Compte tenu de la nature des missions qui m'étaient confiées, et compte

 26   tenu de mes départs incessants et de ma présence quasiment constante sur le

 27   terrain, je n'ai pas été en mesure d'être présent à chacune de ces réunions

 28   collégiales. Mais je pense avoir été présent lors de réunions qui

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  1   montraient de façon assez caractéristique la façon dont on discutait, on

  2   débattait des différents problèmes qui se présentaient, l'on adoptait des

  3   positions et si certains des assistants avaient des propositions, eh bien,

  4   il en était discuté. Et suite à ces débats, l'on adoptait les conclusions

  5   appropriées.

  6   Q.  Monsieur Bagaric, dans quelle mesure, dans votre fonction d'assistant

  7   chargé du secteur de la santé au sein du département de la Défense, avez-

  8   vous été indépendant pour ce qui concernait la prise de décisions dans

  9   votre propre domaine ?

 10   R.  Compte tenu du fait que je suis médecin et que d'une certaine façon

 11   nous avions déjà un service de santé largement organisé, je dirais que

 12   c'est dans une assez large mesure que je pouvais communiquer et prendre des

 13   décisions de manière indépendante. Je ne me rappelle pas avoir rencontré la

 14   moindre difficulté pour ce qui est de cette prise de décisions et de la

 15   mise en œuvre des tâches qui m'incombaient, donc je disposais d'un degré

 16   important de liberté et d'autonomie.

 17   Q.  Je vois que tout ce qui se passe dans le prétoire a tendance à vous

 18   déconcentrer, donc je vous prie de rester concentré sur les questions que

 19   je pose.

 20   M. LE JUGE MINDUA : Excusez-moi. J'ai juste une question de précision avec

 21   M. le Témoin.

 22   Monsieur le Témoin, vous étiez assistant dans le département de la Défense,

 23   chargé des affaires de la santé. Est-ce qu'en même temps il y avait aussi

 24   un chef du département de la Santé au sein du HVO, et quels étaient vos

 25   rapports ? Parce que vous parlez de votre indépendance et tout ça.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une excellente question et je vous

 27   remercie, Monsieur le Juge, de l'avoir posée.

 28   A l'échelon de la branche civile se trouvait à l'époque un chef de

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  1   département chargé de la santé qui est ensuite devenu ministre, c'est un

  2   collègue que j'estime beaucoup, M. Sarac. Quand on parle d'indépendance

  3   dans le fonctionnement qui était celui de mon service, il est question,

  4   c'est à cela que je pense, de cette partie des services de santé qui

  5   concernait les hôpitaux et l'organisation des services de santé au sein des

  6   unités militaires du HVO. Quant à lui, il avait la charge de la partie des

  7   services sanitaires qui n'appartenait pas à cela. Donc il s'agissait des

  8   structures civiles, des centres médicaux et dispensaires qui

  9   n'appartenaient pas à ce même segment. Cependant, nous coordonnions en

 10   permanence nos activités parce que tout ce dont nous disposions au sein des

 11   unités militaires du HVO, nous l'avons emprunté, pour ainsi dire, auprès

 12   des structures civiles, car nous ne disposions d'aucun autre moyen. C'est

 13   dans ce sens-là que l'on parle de système de santé intégré qui est tout à

 14   fait connu et bien décrit dans le monde entier lorsque l'on s'intéresse à

 15   la question des services de santé en temps de guerre.

 16   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

 17   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 18   Q.  Monsieur Bagaric, je voudrais que vous nous expliquiez, si possible, si

 19   vous avez une connaissance personnelle des choses suivantes. Vous nous avez

 20   dit que vous aviez un degré d'autonomie indépendant dans votre prise de

 21   décision. Mais lorsque vous participiez à ces réunions collégiales et

 22   lorsque l'on débattait de questions ressortantes à d'autres domaines, en

 23   présence d'autres assistants du chef du département de M. Stojic, est-ce

 24   que vous étiez en mesure d'avoir quelque position ou conclusion que ce soit

 25   quant à leur propre indépendance à eux pour ce qui concernait la façon dont

 26   eux prenaient des décisions dans leurs propres domaines ?

 27   R.  Je pourrais dire que j'ai oublié de dire que ce degré d'autonomie dont

 28   je disposais moi, et les relations tout à fait correctes que j'avais à

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  1   l'époque avec M. le chef du département, à mon sens, c'était le cas

  2   également pour tous les autres assistants. Je ne sais pas évidemment quels

  3   étaient les rapports individuels de chacun de ces assistants avec M.

  4   Stojic, mais en me fondant sur ce que j'ai pu voir lorsque j'étais présent

  5   lors de ces réunions collégiales, il s'agissait de rapports tout à fait

  6   corrects.

  7   Q.  Pouvez-vous dire pour les Juges de la Chambre la façon dont les

  8   services de santé étaient organisés au sein des unités militaires du HVO de

  9   la HZ HB, puisque vous avez déjà abordé cette question ? Il me semble que

 10   vous nous avez dit à quel moment cela s'est organisé à l'échelon municipal,

 11   c'était donc à l'échelon des HVO municipaux, puis ensuite cela a été

 12   organisé à l'échelon des brigades, n'est-ce pas, mais dites-nous comment

 13   cela a été organisé ?

 14   R.  Lorsque je parle d'"unités", je sous-entends unités militaires, donc il

 15   s'agit de la branche militaire du HVO. En tant que QG, nous avons procédé à

 16   la coordination des activités dans ce domaine spécialisé et nous avons

 17   organisé des services ainsi que je l'ai décrit. Chaque peloton, par

 18   exemple, avait son propre infirmier qui avait été formé, chaque compagnie

 19   avait un technicien, chaque brigade devait avoir son propre médecin.

 20   Egalement ce qui était important, c'est que nous nous efforcions d'assurer

 21   la plus grande autonomie possible d'un point de vue des services de santé

 22   au sein du HVO. C'est ainsi que nous avons essayé, partout où cela était

 23   possible, en adoptant le point de vue opposé à celui du modèle yougoslave,

 24   d'extraire les services de santé des services logistiques. Nous avons

 25   réussi à faire cela par endroits, et ailleurs nous avons échoué. Cela

 26   dépendant du commandant de l'unité en question, et le but était que ces

 27   médecins puissent se voir accorder le statut d'assistant du commandant afin

 28   qu'ils jouissent de la plus grande autonomie possible dans leur travail. Je

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  1   pourrais en parler encore très longtemps.

  2   Q.  Malheureusement, mon temps est limité, j'aimerais bien pouvoir vous

  3   laisser nous expliquer encore plus en détail tout cela, mais je serai amené

  4   par moment à vous interrompre.

  5   Alors lorsque vous nous dites qu'il y avait au sein des unités des

  6   personnes qui avaient la charge des services de santé, à qui ces personnes

  7   étaient-elles subordonnées ?

  8   R.  Il me semble avoir déjà répondu à cela. A l'échelon des

  9   circonscriptions militaires, nous avions un commandant des services

 10   médicaux, il avait le statut de commandant de la circonscription militaire,

 11   ensuite il y avait un assistant, donc l'assistant du commandant de brigade,

 12   et lorsque l'on envisage la hiérarchie militaire, ces personnes étaient

 13   directement responsables auprès du commandant militaire.

 14   Maintenant, si l'on prend la ligne de responsabilités

 15   professionnelles, si on imagine, par exemple, la mise en œuvre de mesures

 16   de protection en matière de santé, c'était nous dans ce cas-là, au sein de

 17   cette structure qui était avant le QG médical principal ensuite a été

 18   intégré au département de la Défense, nous avions la possibilité de nous

 19   adresser à eux et de leur envoyer des instructions, d'envoyer des ordres,

 20   même, c'était la seule façon dont j'ai connaissance, la seule façon dont

 21   nous ayons communiqué.

 22   Q.  Je voudrais maintenant que vous preniez le premier classeur de

 23   documents, si vous ne l'avez pas l'on va demander à l'huissier de

 24   l'apporter, mais vous l'avez.

 25   Donc nous allons nous reporter au premier document qui est le 2D00567, il

 26   s'agit de la décision portant organisation interne du département de la

 27   Défense datant du 17 octobre.

 28   R.  Excusez-moi mais je crois que j'ai besoin d'aide. C'est le 2D --

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  1   Q.  Ça devrait être le premier document dans l'ordre si vous avez pris le

  2   premier classeur, il me semble que vous avez des onglets sur le côté.

  3   R.  Entendu, oui, je le vois.

  4   Q.  Vous avez des intercalaires, donc vous pouvez vous en servir.

  5   R.  Merci.

  6   Q.  Il s'agit donc de la décision portant organisation interne du

  7   département de la Défense, décision prise par Bruno Stojic avec

  8   l'approbation de M. Boban le 10 novembre 1992. Je voudrais que nous voyions

  9   le point 5 de cette décision afin d'examiner comment étaient réglées les

 10   questions de santé. Il est dit, je cite :

 11   "Au sein du secteur de la santé, le responsable du service de soins aux

 12   blessés, le responsable du QG médical, le responsable médical de la brigade

 13   et le responsable du service du contrôle et d'inspection, ainsi que les

 14   commandants des hôpitaux militaires sont nommés par le chef du département

 15   de la Défense sur proposition de l'assistant chargé de la santé. Tous les

 16   autres employés et personnel opérationnel sont nommés par l'assistant

 17   chargé de la santé auprès du chef du département de la Défense avec

 18   approbation préalable du chef du département de la Défense ou de la

 19   personne qui a été autorisée à jouer ce rôle par lui."

 20   Monsieur Bagaric, est-ce que conformément aux termes de cette

 21   décision vous avez pu, à partir du mois de septembre 1992, date à laquelle

 22   vous avez été nommé à cette fonction, est-ce que vous pouvez vous souvenir

 23   de la façon dont ont été nommés les responsables des services de santé au

 24   sein des brigades ?

 25   R.  Ce que l'on voit ici, c'est bien ce dont vous avez donné lecture.

 26   Cependant, avant que nous rejoignions le département de la Défense, c'est à

 27   l'échelon municipal que nous procédions en quelque sorte à la nomination

 28   des personnes, je dis "en quelque sorte", car cela était beaucoup plus

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  1   informel, cela se faisait par accord mutuel. Ensuite, lorsque les brigades

  2   ont été formées, c'était le commandant de la brigade au sein de cette

  3   dernière ou alors le service médical sur lequel il s'appuyait, il pouvait

  4   s'agir du centre médical ou du dispensaire - c'étaient eux qui se mettaient

  5   d'accord pour savoir qui allait être nommé au sein de l'unité militaire.

  6   C'est ainsi que cela se faisait le plus souvent me semble-t-il, sauf

  7   opposition du commandant de la brigade. Je n'ai pas vu le moindre problème

  8   qui serait apparu dû à cette façon de fonctionner.

  9   Q.  Très bien.

 10   R.  Peut-être que nous avons proposé quelqu'un d'autre à un certain moment,

 11   mais je ne peux m'en souvenir, et cela correspond également à ce que vous

 12   avez lu.

 13   Q.  Je vous renvoie au document suivant, le 2D702.

 14   R.  J'y suis.

 15   Q.  Il s'agit d'une décision portant votre nomination aux fonctions

 16   d'assistant responsable du département de la Défense le 8 septembre 1992;

 17   cela correspond à ce que vous nous avez dit ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Alors document suivant, 2D1352. A cet effet, je vous renvoie, parce que

 20   je vois cela sur l'affichage électronique, ça devrait être le 2D660126.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je vous demande de trouver la liste.

 23   R.  Je viens de la voir.

 24   Q.  Alors, secteur de la santé et il s'agit des salaires pour le mois de

 25   novembre et on voit une liste de 28 personnes. Je vous demande combien de

 26   personnes à peu près il y avait dans ce secteur chargé de la santé à partir

 27   du mois de septembre, date à laquelle vous avez été nommé aux fonctions

 28   d'assistant, et ce, jusqu'à la fin 1993. Comment est-ce que ce chiffre-là a

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  1   évolué ?

  2   R.  Mais cela n'importe pas beaucoup pour la question qui vient d'être

  3   posée. Je crois que c'est le tout premier salaire que les gens ont reçu. Je

  4   dirais que ce chiffre a varié du fait des nécessités et aussi du

  5   volontariat dont j'ai parlé tout à l'heure. Quand nous avions quelqu'un à

  6   disposition, pour les raisons qui le concernait, il pouvait effectuer autre

  7   chose ou quitter l'armée, ce chiffre a évolué entre 25 et 30 personnes au

  8   total, j'étais le supérieur hiérarchique direct.

  9   Q.  Je vous renvoie au 2D752. Il s'agit d'un organigramme du secteur de la

 10   santé, et pour les besoins du compte rendu, je tiens à vous rappeler que le

 11   2D est notamment la décision portant organisation interne 2D567; au point

 12   13, il est dit que l'organigramme fait partie intégrante de ladite

 13   décision. Je vous demanderais de commenter ledit organigramme et de nous

 14   expliquer la subordination en place, et qui est votre subordonné et de

 15   quelle façon, si vous pouvez nous l'expliquer sur ce schéma.

 16   R.  C'est très simple. Les choses sont clairement indiquées ici. On voit le

 17   secteur de la santé qui comporte trois entités. Service de l'accueil des

 18   responsables, qui a un responsable; un service de contrôle, et un QG chargé

 19   de la santé pour la logistique. Donc il y a la logistique médicale, et les

 20   deux autres ce sont des parties opérationnelles qui vont sur le terrain,

 21   qui visitent, et cetera. Ces responsables étaient directement placés sous

 22   mes ordres, et comme on peut le voir ici, ils s'appuient sur le service

 23   chargé de l'accueil des brigades, les médecins, les techniciens médicaux au

 24   niveau des infirmeries, des hôpitaux militaires, enfin tout ce qui est

 25   chirurgie, et cetera. C'est ce que vous je vous ai indiqué, il s'agit de

 26   cette filière du point de vue professionnel qui passe au travers de tout ce

 27   Conseil croate de la Défense.

 28   Il convient ici de mentionner, et je m'excuse de ne pas l'avoir fait : les

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  1   hôpitaux de guerre que nous avons eus au fil du temps, disons qu'ils

  2   étaient au nombre de 20, avaient un très fort degré d'autonomie, et ils

  3   s'appuyaient sur ce service chargé de l'accueil des malades et des blessés

  4   du point de vue d'un soutien logistique. Ils n'avaient pas suffisamment de

  5   médecins et ils étaient là pour apporter un soutien. Vous voyez que ce

  6   secteur médical comporte plusieurs segments. Il y en a un qui se rapporte à

  7   une unité qui avait pour mission de faire le tour des organisations

  8   internationales, d'individus notables ou d'institutions internationales

  9   pour obtenir des donations en matière de médicaments ou de matériel. On

 10   voit ici qui est subordonné à qui.

 11   Q.  Monsieur Bagaric, puisque nous avons cet organigramme sous les yeux, à

 12   l'intérieur de ce QG chargé de la santé, et on y viendra tout à l'heure

 13   pour ce qui est du fonctionnement, il y avait un service hygiénique,

 14   épidémiologique et toxicologique ?

 15   R.  Exact.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez expliquer quelle était la mission première de ce

 17   service ?

 18   R.  Ce service était peut-être le plus important de ceux qu'on avait, mis à

 19   part les hôpitaux, et mis à part aussi ce service chargé de l'accueil des

 20   blessés au sein du QG chargé de la santé. Il avait pour mission de prendre

 21   soin de l'hygiène, et notamment en situation épidémiologique par la mesure

 22   prophylactique et par la prise de mesures contre les épidémies.

 23    Sur tout le territoire où il y avait nos unités, ou quel que soit

 24   l'établissement en place, là où l'on pensait qu'il pouvait y avoir des

 25   infections ou des épidémies, et où nous pensions qu'il était nécessaire de

 26   procéder à une surveillance permanente. Mis à part ce fait, le service en

 27   question était chargé de l'éducation des gens, parce qu'il faut savoir que

 28   lorsque nous parlons des unités du Conseil croate de la Défense, ce sont

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  1   des gens qui jamais auparavant auraient été dans l'armée, ou peu d'entre

  2   eux y avaient été. Quand on parle des services médicaux, il s'agit de gens

  3   qui n'en savent rien ou qui savent très peu de choses au sujet de la santé

  4   ou de la médecine en temps de guerre, il fallait procéder à l'éducation, à

  5   la formation de ces gens-là.

  6   Je m'excuse de parler vite.

  7   Q.  Monsieur Bagaric, je vous demande de vous pencher sur les trois

  8   documents suivants. Quels sont ces postes en matière de formation d'unités

  9   qui se rapporteraient au service de santé.

 10   Je vous renvoie au 2D927. Nous avons ici l'organigramme de ce département

 11   chargé de la zone opérationnelle. Je vous renvoie à la position numéro 30,

 12   j'imagine que ça devrait être la page 4 pour ce qui est de la version

 13   anglaise et croate, l'avant-dernière page. On parle d'un "chef de

 14   l'intendance", et puis on parle des services de santé. Est-ce que c'est

 15   bien cette personne qui faisait partie de la zone opérationnelle en matière

 16   de la formation des effectifs appropriés ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Je vous demande maintenant de vous pencher sur le 2D1370, le document

 19   d'après. Il s'agit d'un organigramme pour ce qui est de la formation d'une

 20   brigade. En page 4, version croate, et page 6, version anglaise au numéro

 21   8, j'aimerais que vous vous y référiez un instant. Il est dit : "Chef des

 22   services de santé." Est-ce que c'est bien exact ? Page 4, l'avant-dernière

 23   page.

 24   R.  J'y suis.

 25   Q.  C'est là le poste qu'on a dans la formation de la brigade pour ce qui

 26   est de la personne chargée des services de santé ?

 27   R.  Exact.

 28   Q.  Un autre document maintenant, P566. Il s'agit de l'organigramme de la

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  1   formation d'un bataillon, en version croate et en version anglaise, il y a

  2   une page 2 qui donne un organigramme, et sous le peloton logistique, tout à

  3   fait à droite, on parle d'un "peloton logistique", puis d'une "section

  4   technique", d'une "section d'intendance" et d'une "section sanitaire". Est-

  5   ce que nous sommes d'accord pour dire que c'est cette section qui existait

  6   au niveau du bataillon ?

  7   R.  Oui. Je m'excuse, mais il faut que je dise, c'est ainsi que c'était

  8   censé être le cas. On avait une pénurie de personnel, et cela faisait que

  9   la règle était que c'était un poste non pourvu. La situation se présentait

 10   telle quelle.

 11   Q.  Bien. Monsieur Bagaric, je vous demande maintenant de vous pencher sur

 12   le document d'après, 2D540. Ça devrait être celui d'après.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Bon. Il s'agit d'un document que vous m'avez donné vous-même lors des

 15   récolements, parce que vous l'aviez en votre possession, et c'était à vous

 16   qu'on l'avait adressé. C'est un courrier de M. Bruno Stojic, et il est dit

 17   qu'en raison des problèmes de commandement et de contrôle vis-à-vis des

 18   unités du HVO, s'agissant de la santé en circonstances de guerre, compte

 19   tenu des problèmes à surmonter et de l'organigramme militaire, "je donne

 20   l'ordre qui suit." Expliquez-nous comment cet ordre tranche la question des

 21   subordinations et de la filière de commandement. Si nous nous référons à la

 22   notion militaire de la chose, est-ce que vous pourriez nous commenter tout

 23   ceci ?

 24   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Une petite correction au compte

 25   rendu. A la page 9, ligne 17, la cote du document indiquée est 2D540, et je

 26   pense que c'est 2D01540.

 27   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Vous avez tout à

 28   fait raison. Merci.

Page 38895

  1   Q.  Alors 2D01540, nous l'avons tous. C'est une erreur de compte rendu. Je

  2   veillerai au grain.

  3   Veuillez continuer, je vous prie.

  4   R.  Je suppose que cet ordre a été généré suite à une proposition émanant

  5   de ma part. Je ne m'en souviens pas trop bien, mais je pense que oui. En

  6   raison notamment d'une absence de respect de ce qui était censé être fait

  7   sur le terrain, parce que j'avais donné des instructions comment il fallait

  8   procéder. Cela illustre ce que je disais tout à l'heure. Les médecins, au

  9   niveau des unités, répondaient des soins médicaux et ils étaient à des

 10   postes d'assistant du commandant de l'unité. C'était important pour avoir

 11   un fonctionnement plus efficace des services. Il faut qu'il y ait un lien

 12   direct avec le commandant et il fallait qu'ils répondent de leurs activités

 13   auprès du commandant au sein de l'unité pour tout ce qu'il convenait de

 14   faire conformément aux activités déployées par cette unité.

 15   Je le répète une fois de plus, s'agissant de l'aspect professionnel, ils

 16   étaient rattachés à moi aussi, bien entendu.

 17   Q.  Alors je vous renvoie au paragraphe 6, le chef de la santé en temps de

 18   guerre s'agissant de la zone opérationnelle répond du fonctionnement des

 19   services de santé au sein de cette zone opérationnelle au commandant de la

 20   zone opérationnelle, et du point de vue professionnel, présente des

 21   rapports et répond de ses activités auprès du secteur chargé de la santé au

 22   sein du ministère de la Défense.

 23   R.  C'est ce que je viens de dire, c'est sur le plan professionnel qu'il

 24   répond à l'individu sur l'organigramme de tout à l'heure qui était chargé

 25   de ce service de l'accueil des prisonniers au service de santé.

 26   Q.  S'agissant des problèmes de fonctionnement et de la possibilité que les

 27   uns ou les autres avaient de donner les ordres, on y reviendra tout à

 28   l'heure. Mais on reviendra à votre réponse actuelle, à savoir qu'il y a eu

Page 38896

  1   des problèmes sur le terrain, ça et là.

  2   J'aimerais que vous vous penchiez maintenant sur un tout dernier document

  3   en la matière, et il s'agit du P3679 -- P06379, oui. Je voulais présenter

  4   aux Juges de la Chambre et indiquer aux Juges quelles sont les positions

  5   que vous avez occupées. Ici, il y a une décision portant nomination d'une

  6   commission chargée d'établir les crimes de guerre commis sur le territoire

  7   de la République croate de l'Herceg-Bosna. Au numéro 6, on voit votre nom

  8   et on sait que la commission a été créée le 3 novembre 1993.

  9   Monsieur Bagaric, saviez-vous que vous aviez été nommé et avez-vous

 10   participé aux activités de ladite commission ?

 11   R.  C'est un document qu'auparavant je n'ai jamais vu. Je ne peux pas vous

 12   dire si j'avais éventuellement été nommé, et il se peut que la commission

 13   ne se soit jamais réunie, et je n'exclus pas la chose, je ne le sais

 14   vraiment pas. Ou alors, c'est qu'à ma place ici il y ait eu mon collègue

 15   qui avait le même prénom et un autre nom de famille, et lui était chargé du

 16   secteur de la santé civile. J'imagine que cela a pu être le cas, parce que

 17   ce document je ne l'ai jamais vu jusqu'à présent et je n'ai participé à

 18   aucune activité de cette commission.

 19   Q.  Bon, cela nous suffira.

 20   Monsieur Bagaric, est-ce que vous, dans votre secteur de la santé au

 21   département de la Défense, et je parle de vous-même, avez-vous présenté des

 22   rapports ? On verra tout à l'heure si d'autres ont présenté des rapports à

 23   votre égard. Mais j'aimerais savoir si vous en avez fait, et pour qui, et à

 24   quelle fréquence ? Pouvez-vous vous en rappeler ?

 25   R.  Certainement, c'est par écrit que j'ai dû rédiger des documents. Ces

 26   documents étaient notamment préparés par des collègues qui étaient

 27   titulaires des différents secteurs d'activités, et ces rapports-là, de

 28   temps à autres, nous les envoyions au département de la Défense, et

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  1   ultérieurement au ministère de la Défense. Je me souviens que c'est assez

  2   souvent que nous avons envoyé d'autres types de rapports à différentes

  3   adresses, aux organisations internationales, à l'intention d'institutions

  4   qui s'attendaient à recevoir des informations afin de pouvoir faire leur

  5   travail et afin de pouvoir nous aider. Donc nous l'avons fait. Je n'arrive

  6   pas à me souvenir de la totalité, je ne sais pas vous dire si ça s'est fait

  7   tous les sept jours ou tous les 15 jours. Je pense qu'on l'a fait deux

  8   fois, peut-être une fois par mois, mais cela dépendait à mon avis de la

  9   situation et des besoins.

 10   Q.  Je vais maintenant vous demander de vous pencher sur des documents qui

 11   illustrent la chose. Je vous renvoie au suivant dans le classeur, 2D721.

 12   R.  J'y suis.

 13   Q.  Il s'agit d'un rapport, on parle de janvier 1993, il n'y a pas le jour

 14   du mois. Est-ce que vous pouvez nous le confirmer ? Mais est-ce que c'est

 15   votre signature ? Il ne faut pas que je témoigne moi-même. Et est-ce que

 16   c'est ce type de rapport que vous avez évoqué tout à l'heure ?

 17   R.  Je dois reconnaître que ce rapport n'est pas tout à fait typique pour

 18   ce qui est des rapports présentés, parce qu'on voit qu'il manque des

 19   numéros de référence en en-tête. Mais je ne doute pas de l'exactitude de ce

 20   qui est dit dans ce rapport parce que je vois qui l'a signé. Je reconnais

 21   cette signature, bien que dans la plupart des documents qui ont été envoyés

 22   par un secteur chargé de la santé, il y avait dans le programme mon nom en

 23   tant que commandant, et j'ai parlé de ces relations collégiales que nous

 24   avions entre nous. Je faisais confiance aux gens, les gens me faisaient

 25   confiance aussi, et ils ne devaient pas forcément m'attendre à chaque fois

 26   pour que je signe. Donc si besoin était, ils signaient avec mon

 27   approbation. Bien entendu, il y a eu préalablement une consultation

 28   téléphonique avec moi si je n'étais pas là.

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  1   Q.  Je vous renvoie maintenant au document suivant, 2D739.

  2   R.  Ah oui --

  3   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je voudrais poser une question assez

  4   rapidement au sujet du document précédent.

  5   Je ne sais pas si quelque chose m'a échappé, mais pourriez-vous nous

  6   expliquer l'abréviation "HE", s'il vous plaît ? "Une situation extrêmement

  7   déplorable en termes de HE, équipe HE" ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Merci d'avoir posé la question. Il s'agit

  9   d'une abréviation, hygiénique et épidémiologique.

 10   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

 11   Mme NOZICA : [interprétation]

 12   Q.   Je vous ai renvoyé au 2D739, et on voit que quelqu'un a signé pour

 13   vous. Dites-nous, pour qu'on ne perde pas trop de temps -- oui, dites-nous

 14   ce que vous voulez dire au juste.

 15   R.  Ça, c'est déjà un rapport plus typique, bien que le rapport en question

 16   soit plutôt court, mais cela pourrait être considéré comme étant l'un des

 17   documents qui est périodique. Par exemple, ici on indique entre le 13

 18   juillet et le 2 août 1993, pour ce qui est du fonctionnement du secteur de

 19   la santé. Ceci pourrait être considéré comme étant un rapport régulier.

 20   Q.  Bon, je vous renvoie au document suivant et je suis en train de vous

 21   montrer les rapports que la Défense a pu trouver. Je ne doute pas du fait

 22   qu'il y ait eu plus de rapports émanant de vous, mais je vous renvoie au

 23   2D738. Ça se poursuit.

 24   R.  Oui, là c'est ma signature à moi et c'est cela, oui. C'est l'un de

 25   ceux-là.

 26   Q.  Maintenant, 2D714. Il s'agit du rapport courant entre le 7 septembre et

 27   le 13 septembre.

 28   R.  Oui, c'est l'un de ces rapports, en effet.

Page 38899

  1   Q.  Bien. Monsieur Bagaric, s'agissant de ce secteur chargé de la santé,

  2   avez-vous rédigé des rapports qui pouvaient être semestriels ou annuels, et

  3   est-ce que vous les communiquiez au département de la Défense ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Je vous renvoie maintenant au P00128.

  6   R.  Pardon ?

  7   Q.  P00128. Ça devrait être le suivant dans votre classeur, juste après

  8   celui que vous venez de voir.

  9   R.  Non. 00--

 10   Q.  Ecoutez, vous l'avez sur l'écran. Référez-vous donc à l'écran. Peut-

 11   être cela sera-t-il plus facile. 

 12   Alors je vous demanderais de vous pencher sur la page 14, version

 13   croate, page 13, version anglaise.

 14   Au tout début, vous avez vu la page de garde. Il s'agit d'un intitulé

 15   --

 16   R.  Ecoutez, je ne peux pas suivre, je ne peux pas suivre de la sorte.

 17   Q.  Vous n'avez pas ce document dans votre classeur ?

 18   R.  Je ne le vois pas.

 19   Mme NOZICA : [interprétation] J'aimerais que M. l'Huissier nous aide.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez dit quoi ? 2 --

 21   Mme NOZICA : [interprétation] Non, j'ai dit P00128.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, j'ai 1100108. Ah, le voilà. Merci.

 23   Excusez-moi.

 24   Mme NOZICA : [interprétation] 

 25   Q.  Il s'agit d'un rapport d'activités pour l'année 1992, HVO HZ HB. C'est

 26   un rapport regroupant la totalité des rapports, vous l'avez relevé et ça a

 27   été relevé dans le prétoire. On dit : "Mostar, mars 1992." C'est une erreur

 28   de façon évidente. Il s'agit du mois de mars 1993. En début de page 14 de

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  1   la version croate, il est question, et j'ai dit que c'était la page 13 de

  2   la version anglaise, paragraphe du bas, il est question de la santé, et je

  3   vais juste relever quelques éléments que vous avez évoqués. Vous dites :

  4   "Au mois de février 1992, on commence à développer des activités accélérées

  5   en matière de formation des services de santé. 1992, il a été créé un QG

  6   principal chargé de la santé dont le siège se trouvait à Tomislavgrad."

  7   Et je vous renvoie au dernier paragraphe, c'est la partie dont vous

  8   avez déjà parlé. J'en saute plusieurs.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : -- parce qu'il m'a fallu quelque temps pour faire

 10   une vérification.

 11   Monsieur le Témoin, je voudrais revenir au document précédent qui est un

 12   rapport pour la période -- c'est le document 2D714. C'est un rapport du 7

 13   septembre au 13 septembre. Il y a un petit détail qui m'a frappé. Il

 14   semblerait que le général Praljak intervient pour un fils de Haris

 15   Silajdzic. Ce Haris Silajdzic, était-il bosniaque ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse, mais je ne vois pas dans le texte

 17   ce que vous venez de nous dire.

 18   Mme NOZICA : [interprétation] Si vous le permettez, Monsieur le Président,

 19   je vais aider le témoin en version croate. Alors, le 2D714, paragraphe 3,

 20   en page 1, dernière phrase.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Paragraphe 3.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je vois.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Le fils serait atteint de leucémie ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je pense que ça n'a rien à voir avec

 25   Silajdzic. Ça, c'est Haris Silajdzia [phon]. Monsieur le Président, c'est

 26   une situation typique où il s'agissait d'intervenir d'une certaine façon,

 27   et souvent on le faisait pour aider un enfant dans le besoin. Ça n'a rien à

 28   voir avec Silajdzic. Ça, c'est Silajdzia. C'est un nom de famille tout à

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  1   fait autre.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous en êtes sûr ? J'ai vérifié dans -- Bien,

  3   on continue.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je pense que oui. Enfin, j'imagine qu'il

  5   n'y a aucun lien familial entre les deux.

  6   Mme NOZICA : [interprétation] Merci. Je promets que M. Praljak en parlera

  7   lui-même. Mais on a eu l'occasion de voir un document qui se rapporte

  8   notamment à l'évacuation. Il me semble qu'on l'a déjà montré dans le

  9   prétoire. Je reviens maintenant --

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Si je puis ajouter une phrase.

 11   Mme NOZICA : [interprétation] Allez-y.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Cela illustre ce que j'ai déjà dit, à savoir

 13   que la situation dans nos hôpitaux était plutôt grave. Et dans cette

 14   localités de Rama - c'est un village, nous avions un hôpital, et là M.

 15   Praljak est intervenu de façon tout à fait honorable, parce qu'il y avait

 16   un enfant malade souffrant de leucémie qui ne pouvait pas être soigné dans

 17   cet hôpital-là. Donc cela illustre les problèmes qu'on a surmontés.

 18   Mme NOZICA : [interprétation]

 19   Q.  Docteur, je sais que vous êtes très sensibilisé à la question que je me

 20   propose de vous poser; mais je vous comprends, mais je suis obligée de le

 21   faire. Cet enfant est par hasard du groupe ethnique bosnien, enfin de par

 22   le nom et le prénom. Je sais que vous vous fâchez d'habitude quand on en

 23   parle parce que vous vous référez à des principes d'intervention des

 24   médecins qui n'ont pas prêté attention à ce type de choses, mais moi je

 25   suis dans un prétoire et il faut que je vous pose la question.

 26   R.  Moi j'ai attiré votre attention sur le fait, parce que si pendant la

 27   guerre nous n'avons pas fait attention à l'appartenance ethniques d'un tel

 28   ou d'un tel autre, et si on soignait tout un chacun, alors je pense qu'il

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  1   est dénué d'importance de le relever maintenant. Mais Haris Silajdzia, ça

  2   me semble évident, est du groupe ethnique musulman.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, il y aura d'autres questions de ma part dans ce

  4   style, mais vous devez forcément comprendre que pour vous, ce qui semble

  5   être logique pour ce qui est du nom et du prénom de tout un chacun, ce

  6   n'est si logique que ça dans le prétoire, donc je vous demanderais à

  7   l'avenir de nous aider encore.

  8   Je reviens maintenant au document d'après, le 0128. Je vous ai renvoyé à la

  9   page 14, c'est-à-dire à la page 13 de la version anglaise, dernier

 10   paragraphe de cette version anglaise -- et maintenant on passe à la page 14

 11   de cette version anglaise, qui est l'avant-dernier paragraphe relatif au

 12   secteur de la santé, et on dit :

 13   "En créant ce QG de la santé HZ HB, il est créé une instance pour ce qui

 14   est de l'accueil des prisonniers et des blessés et c'est ainsi que se crée

 15   ce département de la santé."

 16   Monsieur Bagaric, c'est ce que vous nous avez dit vous-même pour ce qui est

 17   des modalités de fonctionnement de ce QG principal en matière de la santé

 18   et quelle a été la position, la place qu'il a occupé dans le service de la

 19   santé.

 20   R.  Excusez-moi, quelle page avez-vous dit ?

 21   Q.  Page 14, dernier paragraphe.

 22   R.  Je ne vois pas la numérotation des pages. Ah, excusez-moi, là

 23   maintenant je vois.

 24   Q.  Monsieur Bagaric, dernier paragraphe.

 25   R.  Oui, cela confirme tout ce que j'ai dit, par la création de ce

 26   département à la Défense, cette unité, ce QG de la santé et les différents

 27   services qui donnent naissance à ce secteur. C'est ce que j'ai indiqué.

 28   Q.  Bon, je vous renvoie à la phrase, et tout à l'heuse ont en parlera plus

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  1   en détail. On dit que l'on organise le transport des blessés, des civils

  2   des parages de Jajce, est-ce que cela a été l'une des activités importantes

  3   de ce secteur ?

  4   R.  Très importante, très importante. Je signale qu'il s'agit d'une époque

  5   où les Musulmans, les Bosniens, et les Croates véritablement faisaient

  6   pleinement confiance les uns aux autres et défendaient le territoire, et

  7   tous ensemble faisaient partie du HVO. Nous parlons de Jajce, mais en

  8   raison de cette suprématie Serbe, il a fallu quitter la ville. Et

  9   auparavant, justement les médecins en question dont je suis véritablement

 10   fier et dont j'ai parlé, donc les les médecins qui étaient à la tête de ces

 11   services, en personne à bord de blindés de transport de troupes, voire

 12   d'autobus aménagés de façon plutôt rudimentaire, ont sorti de Jajce la

 13   totalité des blessés, et parmi eux, autant les Musulmans que les Croates,

 14   et en réalité, nous parlerons-là de la chute de Jajce.

 15   Q.  Monsieur Bagaric, nous allons y revenir plus tard, mais puisqu'il est

 16   maintenant temps de faire la pause, je voudrais vous interroger concernant

 17   un détail, une donnée qui est importante.

 18   Pouvez-vous nous indiquer à quel moment interviennent les avènements

 19   auxquels vous venez de faire référence à Jajce ?

 20   R.  J'ai pas mal de difficulté avec les chiffres en général, avec les

 21   dates, parce que cette période de la guerre est très concentrée pour moi,

 22   mais c'est vers la fin 1992, il me semble que c'est le mois d'octobre ou de

 23   novembre, c'est là, je crois, que Jajce est tombé.

 24   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin.

 25   Messieurs les Juges, Monsieur le Président, je pense que nous allons

 26   maintenant faire la pause.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 28   --- L'audience est suspendue à 15 heures 48.

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  1   --- L'audience est reprise à 16 heures 12.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

  3   Avant de reprendre, Monsieur le Témoin, la Chambre vous invite à répondre

  4   moins vite parce que les interprètes ont dû mal. Nous savons que vous avez

  5   des talents oratoires, mais essayez de maîtriser la vitesse de votre débit.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, excusez-moi.

  7   Mme NOZICA : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Bagaric, nous venons de voir le rapport semestriel pour la

  9   première moitié de 1992, et je voudrais maintenant que vous passiez au

 10   document P4699, qui devrait être le document suivant dans votre classeur.

 11   Il s'agit d'un rapport émanant du HVO, un rapport d'activités couvrant la

 12   période s'étendant de janvier à juin 1993. Je vais vous prier de vous

 13   reporter à la page 20 de la version croate, qui correspond à la page 19 de

 14   l'anglais, dites-moi lorsque vous l'aurez trouvée.

 15   R.  Oui, j'ai trouvé.

 16   Q.  Nous sommes dans le cadre du département de la Défense, le rapport

 17   commence avec cette section, le secteur de la santé. Je vais me reporter au

 18   paragraphe 3 de la page 30, qui est le dernier paragraphe correspondant au

 19   paragraphe de la page 19 en version anglaise, il y est dit :

 20   "Les problèmes les plus importants qui se posent en ce moment sont ceux du

 21   transport sanitaire, notamment les véhicules de transport médical tout-

 22   terrain qui ne sont quasiment pas représentés, alors que l'on en a

 23   absolument besoin pour le transport des blessés."

 24   Ce problème se pose de façon tout à fait aiguë dans les zones de la Bosnie

 25   centrale et l'Herzégovine septentrionale, ensuite il est question du manque

 26   de personnel médical.

 27   En ce qui concerne les moyens de transport, vous avez déjà souligné ce

 28   problème qui figure ici en première position dans le rapport. Mais dites

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  1   pour les Juges de la Chambre quelle était la situation en matière de

  2   transport et de véhicules ?

  3   R.  Il s'agit ici principalement des véhicules sanitaires, des ambulances,

  4   qui sont destinés à l'évacuation des blessés se trouvant dans des zones

  5   difficiles d'accès, voire inaccessibles, c'est pour cela qu'il est question

  6   ici de véhicules tout-terrain. Cependant, de façon générale, nous avons été

  7   confrontés à un manque permanent de véhicules permettant de transporter nos

  8   blessés.

  9   Q.  Je voudrais que vous vous reportiez encore à la page 31 du même

 10   rapport, deuxième paragraphe, c'est le quatrième paragraphe de la page 20

 11   en version anglaise. Il est ici question du service chargé de la

 12   toxicologie, de l'épidémiologie, et de la situation en matière de maladies

 13   infectieuses, vous avez dit que ce service faisait partie du QG médical

 14   principal. Je veux maintenant prendre la phrase qui se situe à peu près au

 15   milieu du paragraphe, étant donné que la tâche fondamentale de ce service

 16   est la prévention des maladies infectieuses au sein des unités des forces

 17   de la HZ HB. Une formation a été fournie comme suit : la surveillance

 18   sanitaire de l'approvisionnement en eau; la surveillance médicale et

 19   sanitaire des denrées alimentaires; la surveillance des capacités d'accueil

 20   pour les soldats en matière d'hébergement, aussi bien sur le théâtre des

 21   opérations que dans les casernes; la surveillance médicale des personnes

 22   réfugiées et déplacées afin d'empêcher l'apparition de maladies

 23   infectieuses et la contamination par ces mêmes maladies des forces armées

 24   de la HZ HB; le traitement des déchets aussi bien dans les casernes que sur

 25   le théâtre des opérations. Le contrôle des mesures de vaccination contre le

 26   tétanos, la mise en œuvre des mesures DDD dans les conditions de guerre,

 27   les mesures appropriées concernant les patients suspects, ainsi que dans

 28   son ensemble une approche sanitaire unifiée, conforme à la doctrine

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  1   médicale appropriée en matière de maladies infectieuses.

  2   Monsieur Bagaric, est-ce que cette description correspond aux tâches

  3   effectives de ce service chargé des maladies infectieuses, de

  4   l'épidémiologie et de la toxicologie ?

  5   R.  Oui. Des instructions ont été fournies émanant de ce service à

  6   l'attention des membres du personnel médical chargé de la prévention. Il

  7   s'agit ici de prévention en matière de santé.

  8   Q.  Très bien. Je vais vous prier de vous reporter encore à un autre

  9   rapport, c'est celui concernant le second semestre 1993. C'est le P07419,

 10   qui comprend la période de juillet à décembre. Ce que je voulais vous

 11   demander concerne la seconde page. On trouve en page 6 le secteur de la

 12   santé.

 13   Je veux attirer votre attention sur un détail qui se trouve en page 3,

 14   cinquième phrase à partir du haut dans la version anglaise. Il y est dit :

 15   "L'un des problèmes les plus aigus dans ce qui est désigné ici comme RZ,

 16   Ratno Strasno [phon], sont les services médicaux en situation de guerre,"

 17   n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit.

 19   Q.  "Le manque de personnel médical qui, avec le début de la guerre, a

 20   quitté la zone de la HZ HB pour trouver un emploi en République de Croatie.

 21   Et cela bien que le QG médical principal ait fait tout ce qui était en son

 22   pouvoir pour que ces personnes reviennent, il a malheureusement échoué en

 23   cela."

 24   Monsieur Bagaric, est-ce que ce qui figure dans ce rapport pour la période

 25   s'étendant de juillet à décembre 1993 peut être considéré comme

 26   caractéristique de l'ensemble de la guerre ?

 27   R.  Très brièvement, je voudrais éclaircir d'abord une chose.

 28   En 1992, nous sommes intervenus sur la base exclusive du volontariat pour

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  1   ce qui est des questions médicales. Cependant, au fil du temps et des

  2   événements de la guerre, les effectifs sont devenus de plus en plus

  3   clairsemés, un nombre croissant de personnes sont parties, avant tout en

  4   direction de la République de Croatie; nous avons véritablement fait tout

  5   ce qui était en notre pouvoir, aussi bien sous la forme d'entretiens,

  6   d'explications que nous leur donnions afin d'essayer de les retenir.

  7   Malheureusement, nous n'avons pas réussi à retenir une large part de ce

  8   personnel. C'est une caractéristique de l'ensemble de cette période, il me

  9   semble que la situation était la même chez les Musulmans, les Bosniens et

 10   les Croates.

 11   Q.  Sur ce même sujet, passons en revue un document qui est le 2D1536.

 12   C'est dans le classeur suivant. Il s'agit d'un ordre de M. Boban, et nous

 13   voyons que le 3 juillet 1992, nous sommes revenus un petit peu en arrière,

 14   puisque nous étions auparavant en train de regarder un rapport pour le

 15   second semestre 1993, et nous avons un document du 3 juin 1992, ordre

 16   adressé aux QG municipaux du HVO. Au point 3 il est dit :

 17   "Tout le personnel médical, à l'exception de celui de l'hôpital de Grude

 18   qui était en train d'intervenir à Mostar doit immédiatement revenir à son

 19   poste. Tous ceux qui ne se conformeront pas à cet ordre seront

 20   immédiatement licenciés et des poursuites au pénal seront engagées contre

 21   eux."

 22   Monsieur Bagaric, nous pouvons voir sur la base de ce document de juin 1992

 23   qu'entre cette date et jusqu'à la fin de 1993, il s'agissait là d'un

 24   problème particulièrement aigu, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, mais nous avons ici une situation assez particulière. A ce moment-

 26   là, je n'étais pas à Mostar. Nous avons ici une requête qui émanait

 27   probablement de l'un des commandants de l'hôpital de Mostar allant dans le

 28   sens que l'on demande le retour des personnes qui se trouvaient dans les

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  1   localités avoisinantes, le retour de ces personnes à Mostar afin de pouvoir

  2   assurer les services médicaux nécessaires.

  3   Q.  Nous allons passer brièvement à un autre sujet qui mériterait que l'on

  4   y consacre plus de temps, mais nous allons voir ça.

  5   Monsieur Bagaric, est-ce que le secteur de la santé procédait à des

  6   formations concernant le respect du droit international humanitaire et son

  7   application ?

  8   R.  Cela était le cas aussi bien dans le cadre de nos activités préventives

  9   et de ce que l'on appelait, me semble-t-il, l'unité d'enquête et

 10   d'information, qui ont procédé à l'envoi de ces brochures, brochures qui

 11   abordent les services médicaux d'urgence qu'il faut assurer sur le terrain,

 12   et attirent simultanément l'attention sur la nécessité de respecter le

 13   droit international humanitaire. J'ai cependant vu également assez

 14   fréquemment que les commandants les plus haut placés au sein du HVO

 15   utilisaient cela et s'y référaient, j'ai eu l'occasion de voir plusieurs

 16   ordres allant dans ce sens.

 17   Q.  Je voudrais que vous passiez au document suivant, qui est le 2D751.

 18   Est-ce qu'il s'agit de la brochure que vous avez évoquée ?

 19   R.  Oui, exactement, ou alors c'était une brochure similaire. Il y en avait

 20   eu plusieurs qui étaient similaires.

 21   Q.  Juste aux fins du compte rendu d'audience et de son exactitude, vous

 22   avez dit qu'il s'agissait de cette brochure et de brochures similaires,

 23   n'est-ce pas ? Attendez, s'il vous plaît, que je finisse ma question. Vous

 24   nous dites donc que cette brochure et d'autres brochures similaires ont été

 25   distribuées lors de formations dispensées par des membres du secteur de la

 26   santé, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui, c'est bien cela.

 28   Q.  Reportez-vous maintenant au document suivant, qui est le P2050. Il

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  1   s'agit d'un ordre signé par MM. Stojic et Petkovic, le 24 avril. Il y est

  2   dit, je cite : "Lorsque la nécessité d'assurer des services médicaux

  3   apparaît, à chaque fois, veuillez assurer l'accès à tout blessé, qu'il soit

  4   civil ou membre d'une unité armée ennemie, veuillez assurer l'accès des

  5   personnels médicaux à ces blessés -- se comporter envers les civils et les

  6   membres des unités de forces armées exclusivement en conformité avec les

  7   conventions internationales en vigueur." Cet ordre est envoyé à tous les

  8   commandants des unités des forces armées sur le terrain. Vous nous avez dit

  9   que vous avez eu l'occasion de voir également sur le terrain des

 10   commandants en train de donner des ordres allant dans ce sens. Est-ce que

 11   vous pensiez à des ordres de ce type ?

 12   R.  Oui, précisément. Il s'agit là de l'un de ces ordres.

 13   Q.  Monsieur Bagaric, je vais maintenant vous demander d'être aussi

 14   efficace que possible. Je ne vais pas vous demander d'aller plus vite au

 15   détriment de la qualité, mais je voudrais que nous passions à ce domaine

 16   qui concerne les rapports qui vous parvenaient en provenance du terrain.

 17   Tout d'abord, dites-nous si vous receviez des rapports concernant l'état

 18   sanitaire sur le terrain sur le territoire de la HZ HB ? Je souligne que

 19   lorsque nous avons examiné ce rapport mensuel que vous avez rédigé, nous

 20   avons déjà vu des données allant dans ce sens.

 21   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je voudrais vous demander, Maître

 22   Nozica, je voudrais vous demander de dire ceci : à la ligne 11, où il y a

 23   les mots "tous les civils et tous les commandants devaient être traités

 24   exclusivement conformément aux conventions internationales et aux règlement

 25   internationaux," je pense que dans ce cas, il ne s'agit pas des commandants

 26   mais de tous les civils et combattants. Est-ce que c'est ça que vous auriez

 27   voulu dire au lieu de "commandants", ici cela aurait dû être "combattants",

 28   conformément aux termes employés par les conventions internationales qui

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  1   s'appliquent en l'occurrence.

  2   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Si vous permettez également que je

  3   complète ce qui est dit. Dans ce document, en l'occurrence, il y a les

  4   civils et les prisonniers, mais je ne me rappelle pas exactement ce que

  5   vous avez dit.

  6   Mme NOZICA : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai donné lecture du

  7   document P02050. Dans le deuxième paragraphe, il est dit : "En ce qui

  8   concerne les civils et les prisonniers," donc il s'agit des deux catégories

  9   en question. C'est ce qui est exactement indiqué dans le document.

 10   Très bien. Merci, Messieurs les Juges.

 11   Q.  Monsieur Bagaric, nous revenons à cette question de savoir si vous

 12   receviez des rapports faisant état de l'état de la situation sanitaire sur

 13   le territoire de la HZ HB ?

 14   R.  Oui, nous recevions des rapports, et en fonction de la zone dont il

 15   s'agissait, nous recevions des rapports plus ou moins fréquemment, en

 16   fonction de la situation qui prévalait sur le terrain.

 17   Q.  Je vais maintenant vous montrer un certain nombre de rapports, mais

 18   avant cela, pouvez-vous nous donner une évaluation d'ensemble de ce que

 19   pouvait constituer le contenu de ces rapports ? Est-ce qu'il y avait un

 20   modèle pour l'élaboration de ces rapports ? Est-ce que parfois on sortait

 21   de ce cadre qui était normalement prévu ?

 22   Excusez, excusez-moi.

 23   R.  Au début, ces rapports ont été rédigés au cas par cas, lorsque le

 24   besoin en apparaissait et sans qu'un rapport type soit utilisé.

 25   Ultérieurement, nous avons déterminé un rapport type ou un modèle, et cela

 26   a ensuite été utilisé. Cependant, nous avons eu une période assez longue,

 27   je pense que cela s'est étendu pendant toute la guerre, plus ou moins, des

 28   rapports concernant les noms de nos blessés, de nos morts, s'agissant des

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  1   combattants; il s'agissait de rapports qui dressaient la liste de ces

  2   personnes.

  3   Q.  Est-ce que ces rapports ont été groupés, et est-ce qu'on a procédé à

  4   l'élaboration de rapports de synthèse ou de rapports groupés qui ensuite

  5   concluaient au nombre exact de blessés ou de morts ?

  6   R.  Oui, c'est exact. Je ne peux pas l'affirmer avec une certitude absolue,

  7   mais je sais qu'en raison de l'absence de communication régulière avec

  8   chacune des unités militaires individuelles, nous ne pouvions pas élaborer

  9   un rapport d'ensemble à chaque moment. Mais nous finissions par regrouper

 10   les différents rapports afin d'avoir une vue d'ensemble, ce qui nous

 11   permettait également d'organiser les services médicaux.

 12   Q.  Passez maintenant, s'il vous plaît, au document 2D00222, qui devrait

 13   être le suivant. Les documents que je vais vous montrer sont rangés par

 14   ordre chronologique afin que nous voyons ce qui se passait lors de cette

 15   période. Nous avons là un rapport de la Brigade Eugen Kvaternik de Bugojno

 16   du HVO datant du 26 janvier 1993. Il y est dit "Liste des combattants

 17   blessés sur le territoire de la municipalité de Bugojno", en la date du 24

 18   janvier 1993. Nous verrons ultérieurement ce qui s'est passé à Bugojno.

 19   Mais je voudrais juste vous demander de vous reporter au point numéro

 20   1 à 20 de cette liste. Est-ce que nous pouvons y voir, d'après les noms qui

 21   figurent, qu'il se trouve dans cette brigade aussi bien des combattants

 22   appartenant au groupe ethnique croate qu'au groupe ethnique musulman ?

 23   R.  Oui. On peut le conclure. On peut tout à fait voir qu'il y a un grand

 24   nombre de soldats appartenant au groupe ethnique musulman qui sont des

 25   membres de cette unité du HVO.

 26   Q.  Passez maintenant au document 2D0098, s'il vous plaît, qui devrait être

 27   le suivant. Il s'agit d'un document émanant de Vitez en date du 19 avril

 28   1993, signé par M. Drago Dzambas, le responsable médical de la zone

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  1   opérationnelle de Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et il s'agit ici d'un rapport sur lequel nous ne pouvons pas nous

  4   attarder, mais il est dit :

  5   "A partir du 17 avril, 11 heures, jusqu'à aujourd'hui, 19 avril, 16

  6   heures 30, la situation sur le territoire de la Bosnie centrale empire à

  7   grande vitesse."

  8   Lors de la première attaque de l'ABiH dans les municipalités de Busovaca et

  9   de Vitez, dans les localités de Kakanj, Konjic, Fojnica -- donc, Kakanj,

 10   Konjic et Fojnica, aussi Zenica, Kiseljak et Kresevo, sont les localités en

 11   provenance desquelles il y a eu des attaques importantes sur Busovaca.

 12   Ensuite, dans le paragraphe suivant, il est dit :

 13   "Dans l'hôpital central de tri, l'hôpital de guerre de Nova Bila, depuis le

 14   dernier rapport jusqu'à aujourd'hui, nous avons reçu 50 nouveaux blessés

 15   parmi lesquels trois sont morts à l'hôpital. Le nombre de combattants et de

 16   civils décédés sur le territoire de Bosnie centrale se situe entre 60 et 65

 17   en tout."

 18   Ensuite, au paragraphe suivant, je lis la seconde phrase, il est dit :

 19   "Nous vous demandons tout spécialement de protester auprès de la FORPRONU

 20   parce qu'ils transportent des soldats musulmans à Travnik. Ils transportent

 21   des médicaments et des équipements médicaux qui leur sont destinés, alors

 22   que nous, par ailleurs, nous sommes dans l'incapacité de seulement

 23   transporter nos blessés à l'hôpital."

 24   Je voudrais que vous expliquiez pour les Juges de la Chambre les conditions

 25   dans lesquelles cet hôpital fonctionnait. Est-ce que vous pouvez revenir à

 26   cette protestation du responsable médical de la zone opérationnelle de

 27   Bosnie centrale concernant le traitement inéquitable qui est réservé aux

 28   blessés musulmans d'un côté et aux blessés croates de l'autre ?

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  1   R.  Avant tout, cet hôpital de Nova Bila se trouvait dans une situation qui

  2   était typique de l'environnement de guerre tel qu'il existait à l'époque.

  3   Cet hôpital se trouvait dans un monastère franciscain, et les patients

  4   disposaient en guise de lits des bancs de l'église. Il y avait très peu de

  5   personnes qui procédaient aux opérations chirurgicales, et ce, en utilisant

  6   un matériel très obsolète. Le rapport que nous avons sous les yeux a avant

  7   tout trait au problème de l'organisation de ce service de soins aux blessés

  8   dans ce type d'environnement. Nous avons ici à faire à une personnes qui

  9   n'est pas en train de demander, mais pour ainsi dire de supplier qu'on lui

 10   apporte de l'aide, et cela est destiné non pas à une seule personne, n'est

 11   pas destiné uniquement à nous, mais à toute une série de destinataires y

 12   compris à des organisations internationales.

 13   Alors je ne peux pas ici dire si mon confrère, M. Dzambas, avait

 14   raison de dire que la FORPRONU se comportait de façon différente et

 15   apportait une aide différence au côté croate. Cependant et malheureusement,

 16   ma propre expérience de la collaboration avec les organisations

 17   internationales pendant les années de la guerre est marquée par la

 18   déception. Ce à quoi je m'attendais était une réaction plus résolue, sans

 19   réserve, et de mon point de vue, ce qui se passait très souvent lorsque je

 20   demandais personnellement de l'aide, il y avait toujours des réserves et

 21   une volonté de comparer si l'autre côté recevait la même chose. C'est

 22   pourquoi l'aide arrivait généralement très souvent tard, notamment l'aide

 23   en provenance du CICR et des organisations internationales.

 24   Bien entendu, je dois dire que nous sommes très reconnaissants et que nous

 25   reconnaissons l'aide inestimable que ces personnes sont venues nous

 26   apporter dans des circonstances aussi tragiques. Sans elles, la situation

 27   aurait été encore plus grave.

 28   Q.  Vous parlez de l'hôpital de Nova Bila, pourriez-vous nous dire quelle

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  1   était la situation ? Nous voyons quelle était la situation le 19 avril

  2   1993, mais pouvez-vous nous dire jusqu'à quand l'hôpital en question

  3   existait, et pendant quelle durée il a fonctionné dans ces circonstances-là

  4   et dans l'isolement ?

  5   R.  C'est une situation particulièrement tragique qui prévalait là et qui a

  6   duré pratiquement jusqu'à la signature des accords de Paix de Washington.

  7   Je pense que c'était en 1993 vers le mois de mars, et pendant toute cette

  8   période, cet hôpital de Nova Bila s'est trouvé totalement encerclé sans la

  9   moindre possibilité de procéder à l'évacuation des blessés, à l'exception

 10   de l'évacuation par voie aérienne.

 11   Q.  Je voudrais que l'on passe à la suite. Nous reviendrons à ce sujet.

 12   Nous avons d'autres documents qui concernent cet hôpital. Je sais que c'est

 13   un sujet particulièrement important, nous y reviendrons dans le domaine du

 14   contact que vous avez eu avec les organisations internationales.

 15   Mais pour le moment je voudrais que nous avancions et que vous

 16   passiez au document 2D00779. Vous l'avez trouvé, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Il s'agit d'un rapport signé par le Dr Zrinko Brekalo. Au début, il

 19   demande un certain nombre de médicaments, et puis il donne aussi une liste

 20   d'un certain nombre de civils de la localité de Trusina en date du 16 avril

 21   1993.

 22   Monsieur Bagaric, est-ce que vous pouvez nous dire s'il s'agissait là de

 23   l'une de ces modalités selon lesquelles vous receviez des informations en

 24   provenance du terrain ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Il s'agit ici de Kostajnica, le Konjic. Juste aux fins du compte rendu

 27   d'audience, je voudrais dire que nous avons ici la page 2D52-0240, c'est un

 28   document qui fait deux pages. La première est donc la 2D52-0240, et la

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  1   seconde est la 2D52-0241, et cette deuxième page n'appartient pas à ce même

  2   document. Le document a un numéro ERN, nous y avons eu accès auprès des

  3   services du Procureur, mais la deuxième page n'appartient pas au document

  4   au sens strict. Nous demanderons le versement de ce document également.

  5   Je voudrais, Monsieur le Témoin, que vous passiez au document suivant qui

  6   est le 2D0707. L'avez-vous trouvé ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Il s'agit d'un rapport qui est signé par Toni Kolak. Comme il est dit

  9   ici, il était responsable du service de soins aux blessés, ce rapport c'est

 10   à vous qu'il l'adresse et il concerne une négociation portant sur

 11   l'évacuation et la protection des blessés, des malades et des personnes

 12   complètement épuisées sur le territoire des municipalités de Konjic et de

 13   Jablanica pendant les opérations de guerre. La date est celle du 9 mai

 14   1993.

 15   Monsieur Bagaric, je voudrais que vous nous expliquiez aussi précisément,

 16   mais aussi synthétiquement que possible, les négociations dont il

 17   s'agissait ?

 18   R.  Il s'agit ici d'un document très important et d'un moment très

 19   important dans les affrontements entre les Croates et les Musulmans. Ce

 20   document est très étroitement lié au rapport précédent qui dit que les

 21   jours précédents en la date du 16 avril. Si nous nous en souvenons, la même

 22   chose que ce qui s'est produit à Ahmic [comme interprété] pour les

 23   Musulmans vient de se produire chez les Croates à Kostajnica.

 24   En tant que service médical, c'est en réponse aux requêtes qui

 25   émanaient d'eux, qui nous suppliaient quasiment, que nous avons essayé

 26   d'organiser conjointement avec le CICR l'évacuation des blessés, à savoir

 27   de ceux qui avaient besoin d'aide. A plusieurs reprises, il me semble que

 28   c'était à deux reprises que nous nous sommes rendus à Jablanica, cela était

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  1   organisé par le CICR. Or, les autorités bosniennes ne nous ont pas permis

  2   de nous rendre auprès des blessés, ni à nous ni au CICR. C'est alors que

  3   j'ai prié le général Petkovic ici présent de bien vouloir organiser, si

  4   cela était possible, une opération conjointe avec les membres du bataillon

  5   espagnol de la FORPRONU, conjointement avec M. Morales dont je suis

  6   aujourd'hui encore le débiteur, j'ai demandé l'organisation d'une réunion

  7   qui aurait eu pour but d'organiser à un échelon supérieur l'évacuation de

  8   nos gens. C'est grâce aux personnes ici présentes et à M. Morales que cette

  9   réunion a bel et bien été organisée. M. Morales a organisé cette réunion

 10   avec M. Halilovic qui était le commandant de l'ABiH et M. Petkovic qui

 11   était le commandant de l'état-major principal du HVO. Moi-même et mes

 12   confrères nous sommes intervenus, nous avons été présents lors de cette

 13   réunion dans le but de parvenir à cet objectif que j'ai évoqué. J'ai été

 14   présent lors de cette réunion à Konjic à la base de la FORPRONU, et M.

 15   Morales qui était un commandant de la FORPRONU, un échelon encore plus

 16   élevé est venu à cette réunion. C'est à ce moment qu'un accord a été

 17   trouvé, un accord propre je dirais à des gentlemans, et j'étais heureux

 18   parce que j'estimais que cela permettrait de venir en aide à ceux qui en

 19   avaient le plus besoin, et fier parce que j'estimais que de notre côté, je

 20   pense au général Petkovic qui était à la tête de notre partie, nous nous

 21   étions comportés de façon particulièrement correcte.

 22   Nous avons été ouverts, il a été dit, eh bien voyons quels sont les

 23   problèmes qui se présentent, et voyons comment nous pouvons les écarter. Il

 24   y avait des accusations émanant de la partie musulmane. Ils ont essayé de

 25   nous accuser de vouloir faire de l'obstruction de différentes façons, mais

 26   c'était eux qui essayaient de se mettre en travers de notre chemin et tout

 27   cela a été dit très clairement. Les représentants de la communauté

 28   internationale l'ont dit et les autres aussi. Donc un accord a été

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  1   finalement trouvé aux fins de trouver trois voies principales pour évacuer

  2   les blessés et pour permettre à l'ABiH de passer en revue ces points qui

  3   étaient importants pour elle.

  4   Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur Bagaric, je voudrais attirer votre

  5   attention sur le milieu de la page, "Il était convenu, dites-vous, de nous

  6   diriger sur trois axes et de faire sortir la totalité des personnes en

  7   péril," Konjic, Zaslivjle, et Zabrdje --

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Puis Stari Grad, Ostrozac, Celebici, Klis, Kostajnica, Buscak, Trusina,

 10   Butorovic Polje, Obriverca [phon], puis Sovici et Doljani, ainsi que toutes

 11   les prisons. Comme le rapport est très précis, j'aimerais que vous

 12   indiquiez aux Juges de la Chambre ce qu'au final vous avez réussi à visiter

 13   et ce que vous n'avez pas réussi à visiter, mais que vous aviez prévu de

 14   visiter.

 15   Pour le compte rendu d'audience, je vois que la totalité des

 16   localités n'a pas été consignée, mais je vais dicter tout à l'heure les

 17   noms de ces localités pour ne pas qu'on perde de temps.

 18   Allez-y.

 19   R.  Monsieur Halilovic voulait qu'on aille à Sovici parce qu'il accusait le

 20   HVO de prétendus crimes qui auraient été commis là-bas, et nous nous

 21   insistions pour qu'on aille à un endroit où il y a bel et bien eu un crime

 22   de commis, Trusina, c'est donc Sajnica [comme interprété] et Buscak, ainsi

 23   de suite. Le troisième axe était Zabrdje, Zaslivlje, et ainsi de suite.

 24   Nous avons réussi à visiter Sovici. On a été à Sovici et au grand plaisir

 25   de moi-même et des autres, il n'y a pas eu de crimes de commis du tout à

 26   l'égard de civils, c'est ce qu'ont reconnu les Musulmans qui étaient

 27   détenus. Lorsque nous sommes allés là-bas, il n'y eut rien, mais sur les

 28   deux autres axes on n'y est pas allé parce que l'armée avait bloqué le

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  1   convoi de la FORPRONU et c'est Morales qu'ils ont obligé à rebrousser

  2   chemin vers Mostar.

  3   D'un autre côté, la raison pour laquelle nous avions organisé cette

  4   réunion et demandé de l'aide, nous avons dû rentrer bredouille. On n'est ni

  5   allé à Zabrdje, ni à Zaslivje, ni à Trusina, ni à Klis.

  6   Q. On n'est pas allé, avez-vous dit, à Zaslivlje. Est-ce que vous pouvez

  7   répéter les noms pour le compte rendu, où est-ce qu'on n'est pas allé ?

  8   R. On n'est pas allé sur les deux autres axes, Zabrdje et Zaslivlje.

  9   L'autre partie c'est Kostajnica et les villages environnants où il y a eu

 10   véritablement un crime de commis, dont il est question dans le rapport

 11   précédent émanant de mon confrère, l'autre médecin.

 12   Q.  Pouvez-vous indiquer aux Juges de la Chambre ce qui a ce moment-là a

 13   été l'événement qui a marqué Turija, Zaslivlje et Zabrdje, qui est-ce qui

 14   se trouvait dans ces localités ? Turija, Zabrdje et Zaslivlje.

 15   R.  Sur ces territoires-là, il y avait des Croates qui étaient restés là.

 16   Ils se trouvaient tous dans l'enclave de Konjic, mais il y avait une

 17   enclave à part, c'était un espèce de sandwich, ils étaient entre les forces

 18   bosniennes et d'autre part l'armée de la Republika Srpska, et je pense

 19   qu'ultérieurement c'est par le biais de la partie serbe qu'ils ont réussi à

 20   s'en sortir et à partir, enfin garder la vie sauve.

 21   Q.  Je vous demande de vous référer au 2D74 --

 22   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi, Maître Nozica.

 23   Je voudrais une question à votre attention, Monsieur le Témoin. Lors de

 24   cette dernière longue trame de réponses, vous avez parlé de "nos blessés",

 25   vous avez dit "nos blessés". Pourriez-vous expliquer aux Juges ce que vous

 26   entendez par "nos blessés".

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Certes. Nous avons reçu des rapports en

 28   provenance de ces villages, Trusina, Sajonica [comme interprété],

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  1   Kostajnica, rapports disant qu'il y avait beaucoup de membres du HVO, de

  2   blessés ainsi que beaucoup de civils blessés et c'est pour eux que nous

  3   avions demandé l'organisation de cette réunion. Nous n'avons pas réussi à

  4   aller jusqu'à ces gens-là et à les sortir de là, c'est tout.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Mais la suite de votre réponse,

  6   Monsieur le Témoin, me porte à penser que ce que vous avez vu ici, c'était

  7   des personnes d'origine musulmane, c'est cela, qui étaient des membres du

  8   HVO, n'est-ce pas ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, dans le cas concret, je me

 10   suis servi du terme "les nôtres", c'est ce qui a prêté à confusion, de

 11   façon tout à fait justifiée. Cela a généré un manque de compréhension. Mais

 12   dans ce cas concret, les blessés, c'étaient uniquement des membres du HVO

 13   ainsi que des Croates qui étaient des civils et qui résidaient là-bas. Les

 14   blessés c'étaient donc les nôtres que nous n'avons pas réussi à rejoindre

 15   pour leur apporter un soutien. Dans ce cas concret, il s'agissait bel et

 16   bien de Croates, oui.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. Je ne suis pas

 18   d'accord avec le fait que je ne comprenais pas. Je l'avais pensé, mais je

 19   voulais que les choses soient claires afin de ne pas procéder par

 20   devinettes. Merci.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Mme NOZICA : [interprétation] On vient d'attirer à tout juste titre mon

 23   attention sur la page 54, ligne 22, et il manque le mot "blessés" qui a été

 24   prononcé par le témoin. Lorsqu'il a parlé de blessés, il a parlé de membres

 25   du HVO et de civils. Peut-être confusion y a-t-il parce que le mot

 26   "blessés" n'est pas là, et c'était la mission telle que présentée par le

 27   témoin.

 28   Q.  Monsieur, penchez-vous sur le suivant, 2D745. L'avez-vous trouvé ?

Page 38922

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Il s'agit d'un rapport portant la même date, pour ce qui est du

  3   cheminement d'un convoi humanitaire pour Klisa et Vrci. Est-ce que c'est de

  4   la même route qu'il s'agit ? C'est signé par Tugomir Gveric, chef du QG

  5   sanitaire de la HZ HB. Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la

  6   différence entre les deux ?

  7   R.  La différence c'est seulement l'axe sur lequel ces deux médecins, Kolak

  8   et Tugomir Gveric, se sont dirigés. Ils sont allés dans deux directions. Je

  9   suis allé dans une troisième direction. Alors sur le troisième axe on a

 10   fait notre travail tant pour satisfaire les commandants bosniens que nous

 11   autres, et moi j'en étais surtout satisfait en ma qualité de médecin. Sur

 12   les deux autres axes, nous n'avons pas eu la possibilité de nous frayer un

 13   passage et c'est la raison pour laquelle il y a eu deux rapports, mais ce

 14   sont deux rapports qui parlent d'un même événement.

 15   Q.  Quand on parle de rapports en provenance du terrain, je voudrais qu'on

 16   se penche sur 2D1296. Ce serait le document qui suit dans votre classeur.

 17   C'est daté du 9 juin, signé une fois de plus par le chef de ce service

 18   sanitaire, Drago Dzambas, et dans la première phrase, il nous dit que

 19   Travnik est tombée. Au deuxième paragraphe, il parle de l'hôpital de Nova

 20   Bila qui fonctionne au-delà de tous ses potentiels possibles et

 21   imaginables, et il parle de 213 blessés, de manque d'oxygène, de

 22   l'évacuation vers Split, d'un drame qui est en train de se dérouler à

 23   Travnik, et de médecins blessés également. Il indique que deux médecins,

 24   Valjan --

 25   R.  Valjan ?

 26   Q.  Oui, Valjan et Stipinov. Il dit que leur sort est incertain. Est-ce que

 27   vous pouvez commenter, Monsieur

 28   Bagaric ?

Page 38923

  1   R.  Mais c'est l'un des rapports typiques qui nous parvenaient de cet

  2   hôpital de Nova Bila que j'ai déjà évoqué. Ici, dans le concret, cela se

  3   rapporte à des événements en corrélation avec l'expulsion de la population

  4   civile croate de Travnik et d'une maîtrise par l'armée de Bosnie-

  5   Herzégovine à l'égard de la totalité de la ville. Il parle de la gravité de

  6   la situation sur un tout petit segment de territoire. Il parle aussi des

  7   difficultés qu'il a pour ce qui est de soigner les blessés, les malades

  8   dans l'hôpital de Nova Bila.

  9   Q.  Bien. 2D569, maintenant. Il s'agit d'un rapport du 3e Bataillon à

 10   Fojnica, daté du 2 juillet. Il est fait référence à un ordre émanant de

 11   vous-même. On dit que c'est communiqué au chef du service de santé, Drago

 12   Dzambas. C'est le responsable des services sanitaires de ce bataillon, M.

 13   Bugomir Barbic [phon], et on parle de soldats blessés et de civils blessés

 14   : les militaires sont 99 à avoir été blessés, et il y en a 46 de tués.

 15   Etant donné que nous allons revoir des rapports similaires, est-ce que ce

 16   sont des rapports qui vous parvenaient aussi ? Il est indiqué qu'on l'avait

 17   adressé au département à la Défense, secteur chargé de la santé, et on

 18   énumère les personnalités.

 19   R.  Je m'excuse, quelle est votre question ?

 20   Q.  Est-ce que c'est le type de rapport qui vous parvenait depuis ces

 21   secteurs sur le terrain ?

 22   R.  Oui. Cela parle de la situation ici en corrélation avec Fojnica, ça

 23   ressemble à ce qui s'est passé au niveau de Travnik tout à l'heure, il y a

 24   une population mixte dans cette localité, il y a une majorité croate mais

 25   il y a une population musulmane, il s'est passé ce qui s'est passé, et on

 26   voit qu'il y a beaucoup de victimes, beaucoup de blessés, et c'est à un

 27   moment où les Musulmans et les Bosniens ont contrôlé le territoire tout

 28   entier et ont expulsé ces civils.

Page 38924

  1   Q.  Document suivant, 2D00461. Vous l'avez trouvé ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  C'est signé par le service sanitaire du HVO, Ivo Sandrk.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  On voit aussi que c'est M. Siljeg qui a signé, en réalité. On voit la

  6   date qui est celle du 22 juillet. On dit :

  7   "Je m'adresse à vous peut-être pour la dernière fois …"

  8   On voit à qui cela a été adressé, au Bataillon britannique, au commandant

  9   Bins, au capitaine Holden, et on y dit :

 10   "Je m'adresse peut-être pour la dernière fois à vous afin que tout soit

 11   fait aux fins de sauver des centaines d'enfants, de militaires et de civils

 12   de Bugojno. Déjà demain, l'aide ne nous sera plus nécessaire du tout."

 13   Est-ce que cette situation au sujet de Bugojno, vous étiez au courant, est-

 14   ce que vous pouvez commenter le document en question ou pas ?

 15   R.  C'est la troisième fois qu'on voit le même récit se produire, qui est

 16   maintenant lié à Bugojno, en raison d'une forte concentration des forces

 17   musulmanes bosniennes, de gens qui étaient eux-mêmes expulsés de quelque

 18   part en Bosnie-Herzégovine, et il y avait aussi à leurs côtés des

 19   militaires de l'ABiH. Les Croates de Bugojno se sont trouvés dans une

 20   situation impossible, et c'est un triste récit ce qui s'est passé à

 21   Bugojno. Après ceci, véritablement, Bugojno a été purifiée ethniquement de

 22   ses Croates, et les événements de là-bas, pour autant que je le sache,

 23   n'ont jamais été sanctionnés.

 24   Q.  Monsieur Bagaric, nous avons vu la situation telle qu'elle se

 25   présentait auparavant à Travnik. Puis, on a vu la situation de Fojnica.

 26   Maintenant, on voit Bugojno. Je sais ce que vous avez voulu dire, mais pour

 27   les besoins du compte rendu d'audience et pour les besoins des Juges, je

 28   pense que vous devriez être explicite. Qui est-ce qui s'est emparé de ces

Page 38925

  1   localités et qui est-ce qui a expulsé les Croates de ces localités-là ?

  2   R.  Malheureusement, il s'agit d'une période d'escalade des conflits entre

  3   l'ABiH et le Conseil croate de la Défense. Donc toutes ces localités ont

  4   été prises par l'ABiH, à savoir la partie bosnienne musulmane. Les

  5   personnes expulsées de ces trois localités sont uniquement ou dans la

  6   plupart des cas des Croates qui, hélas, pour ce qui est de Bugojno dans le

  7   concret, constituaient 40 % de la population. Disons que les Croates et les

  8   Musulmans étaient sur pied d'égalité, puis il y a eu expulsion complète de

  9   la population croate, et en dépit de la totalité des efforts déployés, je

 10   crois que sur les 30 000 habitants qu'il y avait, ils ne sont maintenant

 11   que 6 000 ou 7 000. Je parle encore d'un retour au foyer qui a plus réussi

 12   là qu'ailleurs, 6 000 Croates qui ont réussi à retourner chez eux. A un

 13   moment donné, tous avaient été expulsés.

 14   Q.  Alors pour ce qui est de ce document, je dirais que c'est déjà une

 15   pièce à conviction, on l'a déjà vu dans ce prétoire, et c'est un cri au

 16   secours pour l'évacuation des blessés, pour de l'aide. Document suivant,

 17   2D465. L'avez-vous trouvé ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  C'est signé par M. Sandrk et c'est adressé à vous. Cela nous parle

 20   également du besoin ressenti de procéder à l'évacuation des blessés, n'est-

 21   ce pas ?

 22   R.  Oui, mais cela parle de la totalité des blessés, parce que c'était un

 23   hôpital où l'on a soigné tant les Musulmans que les Croates jusqu'au moment

 24   où il y a eu conflit.

 25   Q.  Là je vais vous demander de vous référer à la page 2 de ce document où

 26   c'est précisément ce qu'on dit :

 27   "Je reviens à l'instant de cet hôpital de guerre de Bugojno en présence de

 28   la FORPRONU et des observateurs où il a été convenu d'évacuer la totalité

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  1   des blessés civils et militaires du HVO vers Gornji Vakuf."

  2   Alors ici il est question du début de cette évacuation, n'est-ce pas,

  3   Monsieur le Témoin ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Alors sur le même sujet je vous renvoie au 2D467. Nous avons là un

  6   document signé aussi par le directeur du SIK du HVO. Il parle de blessés de

  7   Bugojno et autres localités. Est-ce que vous pouvez nous confirmer tout

  8   ceci ?

  9   R.  Oui, c'est la même chose.

 10   Q.  Je vous renvoie au 2D726 maintenant. 2D726.

 11   R.  Il faut que je prenne l'autre classeur.

 12   Q.  Excusez-moi, j'ai oublié que c'était chez vous dans le deuxième

 13   classeur.

 14   R.  J'y suis.

 15   Q.  Alors ceci vient de Busovaca. C'est rangé dans l'ordre chronologique.

 16   Ici nous avons un rapport du 1er août 1993, cela émane du chef des services

 17   de santé de la brigade et cela communique des données relatives aux tués et

 18   aux blessés, et aux civils aussi.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Bien. Document suivant, 2D728. C'est un rapport daté du 4 août, cela

 21   vient de la Brigade Stjepan Tomasevic de Novi Travnik, et on a dit 4 août,

 22   et il s'agit également de soldats tués ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  On indique également que l'agresseur serbe a tué deux membres de la

 25   brigade. Le document suivant qui est similaire, 2D729. Monsieur Bagaric,

 26   n'est-ce pas là un autre rapport de la Brigade de Vitez, chef du service de

 27   santé qui parle de blessés et de tués ? C'est daté du 5 août 1993.

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Ce type de rapport, vous le receviez ?

  2   R.  Oui, celui-là ou des semblables.

  3   Q.  Maintenant on passe au 2D00730. Il s'agit d'une requête visant à faire

  4   transporter des blessés par hélicoptère jusqu'à Split. C'est signé par M.

  5   Dzambas. On demande à évacuer les gens de l'hôpital militaire de Bila. On

  6   en a déjà parlé de cet hôpital. Est-ce que vous pouvez brièvement nous dire

  7   combien de requêtes il y a eu de ce genre et combien d'évacuations de ce

  8   genre il y a eu aussi ?

  9   R.  Là on voit qu'il y a eu beaucoup de requêtes, mais je sais que c'était

 10   pratiquement au quotidien qu'on envoyait des requêtes, et cela vous

 11   illustre la gravité de la situation dans laquelle on s'était trouvé. Enfin,

 12   on s'était tous trouvés dans cette situation-là, mais notamment les Croates

 13   de Bosnie centrale, et en l'occurrence Nova Bila.

 14   Q.  Je vous demanderais de vous pencher à présent -- Monsieur Bagaric,

 15   peut-être allez-vous trouver cela superflu, mais pourquoi a-t-on demandé

 16   des hélicoptères ? Est-ce qu'il y avait d'autres possibilités pour ce qui

 17   était de procéder à l'évacuation ?

 18   R.  C'était notoirement connu que les voies de communication étaient

 19   coupées avec la Bosnie centrale en raison des conflits entre l'armée et le

 20   HVO. En ma qualité de responsable de ce service sanitaire, ou en ma qualité

 21   de commandant de ce service sanitaire du HVO, j'étais fort marri à avoir au

 22   quotidien à envoyer ce type de requête tous les jours pour nous aider, nous

 23   donner un coup de main à faire ceci, faire cela, et nous dépendions de ces

 24   vols par hélicoptère qui nécessitaient des approbations de la FORPRONU.

 25   C'est la raison pour laquelle nous avons constamment demandé cela aux

 26   commandants de la FORPRONU.

 27   Q.  Monsieur Bagaric, on vient de se pencher sur un certain nombre de

 28   rapports et je voudrais que maintenant vous voyiez le 2D712, qui est une

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  1   liste des tués et des blessés.

  2   R.  J'y suis.

  3   Q.  Nous voyons ici une liste, et à cet effet, je vais vous demander, on y

  4   voit : "Département de la Défense, secteur de la santé." Veuillez nous

  5   indiquer -- ou plutôt, je vais être plus concret : est-ce que ces listes

  6   ont été rédigées partant des rapports et listes précédemment vus ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Ici on précise qu'on donne les noms des personnes tuées et les

  9   personnes blessées. Veuillez expliquer aux Juges de la Chambre comment ces

 10   listes-là ont-elles été établies ?

 11   R.  Moi, ce que je trouve inhabituel au niveau de ce document, c'est en

 12   haut la date, le 1er août 1993, et en bas on voit des dates qui sont

 13   ultérieures, 2 août, 3, 4, 5 août. Je ne comprends pas comment cela a-t-il

 14   pu se faire. Est-ce que là-haut c'est une erreur ? Je ne sais pas. Ça prête

 15   à confusion.

 16   Q.  Monsieur Bagaric, permettez-moi, c'est moi qui vous demande une

 17   explication.

 18   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi. La question a été

 19   posée, le témoin y a répondu. Mais moi, je ne comprends pas à quoi servent

 20   ces listes et ces nombres de blessés. En toute franchise, je ne saisis pas

 21   la pertinence de ce document par rapport à notre affaire, peut-être

 22   pourriez-vous le préciser, et il y a des répétitions puisque nous avons

 23   déjà abordé cela par le passé.

 24   Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Juge, je pose des questions au

 25   témoin pour ce qui est de ce qu'il a fait lui-même au niveau de ce secteur

 26   de la santé. Il nous a expliqué quelles étaient les tâches du secteur de la

 27   santé. Donc il recevait des rapports du terrain, il les transmettait vers

 28   les terrains ailleurs, et je pense que ce que je viens de poser comme

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  1   question c'est ce que vous venez de demander. Il a dit qu'il était dans la

  2   confusion et moi je lui ai demandé s'il pouvait nous expliquer comment cela

  3   se pouvait parce qu'on dit secteur de la santé ici, hors, est-ce qu'il peut

  4   nous expliquer si ceci a été fait dans le cadre du secteur de la santé,

  5   s'il pense que non je vais passer outre.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Laissez-moi un instant, je vous prie.

  7   Messieurs les Juges, je ne doute pas de la véracité des données, à savoir

  8   qu'il y a eu le premier août un tel, un tel de blessés, que le 2 août il y

  9   a eu un tel, un tel. Moi je veux bien croire que tout ceci est exact. Ce

 10   que je ne comprends pas c'est la date du haut, aussi suis-je d'avis que

 11   probablement il a été procédé à la collecte des données par les soins de

 12   notre service et puis il a été établi un rapport de regroupement, et par

 13   erreur la date qui est là-haut était probablement celle qui était laissée

 14   dans l'ordinateur ou que l'ordinateur a gardé et c'est ce qui prête à

 15   confusion.

 16   Mme NOZICA : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur Bagaric, quel est le service qui a établi ces données ?

 18   R.  Je vous ai dit que dans le cadre de notre QG chargé de la santé, nous

 19   avons eu un service ou une section. Au début c'était une "section" puis un

 20   service chargé de l'information et de la documentation, et c'est ce service

 21   qui a recueilli les renseignements venant du terrain aux fins de pouvoir

 22   informer qui de droit de la situation ou de documenter la situation telle

 23   que se présentait sur le terrain afin que nous puissions suivre la totalité

 24   de ce qui se passait au niveau de ce service de santé.

 25   Q.  Je vais vous renvoyer au document suivant, 2D503. C'est un document qui

 26   a été établi de façon identique, on y parle du secteur de la santé.

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je voulais poser une question par

 28   rapport au dernier document. Monsieur Bagaric, je ne sais pas si vous le

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  1   savez, et si vous savez, répondez, est-ce que toutes les personnes

  2   répertoriées sur la liste ici sont croates ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Certainement pas. Je n'ai pas procédé à une

  4   vérification, mais je peux me livrer à des suppositions, bien sûr, mais je

  5   ne pense pas.

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Qui a établi la liste des noms,

  7   pourriez-vous nous le dire ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Puisque nous étions en communication avec nos

  9   médecins qui se trouvaient sur le terrain et que ces derniers

 10   représentaient la source première de nos informations, à vrai dire

 11   c'étaient eux qui étaient les premiers à ce trouver en contact avec les

 12   personnes blessées, qui étaient confrontés aux décès, et il était logique

 13   qu'eux collectent ces informations et nous les fassent suivre, donc de

 14   médecins à médecins. Et là je ne me livre pas à des suppositions, je sais

 15   que les médecins rapportaient cela également à leur commandant au sein des

 16   brigades, au sein des zones opérationnelles, et cetera.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Il y a un chapitre intitulé -- sous-

 18   chapitre "Soldats tués". Est-ce que cela comprend des soldats de l'ABiH ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suppose, à vrai dire, je suis persuadé que

 20   non, tout à fait. Concrètement, les responsables des services médicaux au

 21   sein des unités militaires du HVO suivaient la situation au sein de ces

 22   unités du HVO, donc les rapports en question ont trait avant tout aux

 23   membres de ces unités.

 24   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] D'accord, merci, c'est également

 25   très convaincant. Il y a deux civils, Nametak et Kresic. Et cela fait plus

 26   croate que musulman comme nom, mais bien sûr vous vous y connaissez plus

 27   que moi.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, mais à quelle page cela se

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  1   trouve-t-il ?

  2   Mme NOZICA : [interprétation] La dernière.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Marina Kresic, je suppose que c'est une

  4   Croate. Quant à Mija Nametak, je n'en suis pas sûr. Je ne sais pas.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

  6   Mme NOZICA : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur Bagaric --

  8   R.  Excusez-moi, mais si vous pouvez me le permettre, je pense que c'est

  9   important.

 10   Si on regarde la date du 7 août 1993, le 6 août 1993 aussi, nous avons

 11   aussi bien des Croates que des Musulmans, si nous nous intéressons à cette

 12   différence, et nous avons des diagnostics correspondant à ces personnes. Ce

 13   qui confirme ce que j'ai dit, à savoir que seuls les médecins pouvaient

 14   rédiger ces types de rapports, personne d'autre ne peut indiquer le

 15   diagnostic qui est dressé après que la personne a été blessée, et cetera.

 16   Excusez-moi.

 17   Q.  Oui, cela fait suite à la question de Monsieur le Juge Trechsel, donc

 18   la date du 5 août, c'est l'avant-dernière page, il est dit : Senad Saric,

 19   ensuite, on a 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, suivez-moi, s'il vous plaît, 10, 11, 12,

 20   13, 15, 16, 17, 18, 19. Est-ce que ces numéros correspondent tous à des

 21   personnes appartenant au groupe ethnique bosnien ?

 22   R.  Je suppose que oui, oui.

 23   Q.  Monsieur Bagaric, si on s'intéresse maintenant aux blessés, est-ce que

 24   ces personnes, une fois encore indépendamment de leur appartenance

 25   ethnique, ont été prises en charge à l'hôpital du HVO ?

 26   R.  Absolument, tous autant qu'ils étaient et indépendamment de leur

 27   appartenance ethnique ou de leur appartenance ou non à une unité militaire

 28   étaient traités de la même manière.

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  1   Q.  Pouvez-vous commenter brièvement le document suivant, 2D503. S'agit-il

  2   du même type de rapport ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Monsieur Bagaric, regardez le document 2D761.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Il s'agit d'un rapport établi pendant les négociations avec la partie

  7   musulmane portant sur l'évacuation des blessés entre le 1er et le 6

  8   septembre ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  La première phrase dit :

 11   "Le 1er septembre 1993, à la base du bâtiment espagnol de la FORPRONU, des

 12   négociations ont commencé concernant un accord portant sur l'évacuation des

 13   blessés graves de Nova Bila et Mostar…"

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et que cet accord a été signé à l'aéroport de Sarajevo en la date qui

 16   est ici indiquée du 1er août 1993, ou peut-être la date du jour est

 17   dépassée, auquel était présent à cette date le général Petkovic, le général

 18   Delic, et le général Briquemont comme témoin. Est-ce que vous avez été

 19   présent à cette réunion, Monsieur Bagaric ?

 20   R.  Beaucoup de temps s'est écoulé, mais je me souviens avoir été présent

 21   personnellement à cette réunion à Sarajevo, et cela a été signé à Sarajevo.

 22   Excusez-moi, c'est bien indiqué ici, n'est-ce pas ?

 23   Q.  Oui, à Sarajevo.

 24   R.  La réunion s'est tenue avant cela et j'y ai été personnellement présent

 25   avant la date qui est ici indiquée, la date du 7 septembre. J'étais

 26   présent, car M. Petkovic m'avait convié à venir en tant que responsable du

 27   service médical du HVO, il m'avait convié à venir à Sarajevo. A l'époque,

 28   Sarajevo était complètement encerclée. Cela m'a permis de demander à M.

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  1   Delic d'essayer d'organiser quelque chose, et c'est pour cela que je me

  2   rappelle cette réunion. Je me rappelle que pour ce qui est des blessés,

  3   j'ai demandé à M. Delic d'essayer d'organiser quelque chose entre moi-même

  4   et le chef responsable du service militaire de l'ABiH, j'espérais que cela

  5   permettrait d'établir une bonne communication, et j'escomptais que nos

  6   blessés, quelle que soit leur appartenance ethnique, seraient bien mieux

  7   traités, transportés, et cetera, de la sorte. Cependant, je me rappelle que

  8   M. Delic n'était pas tout à fait intéressé par ce type de réunion.

  9   J'ai poursuivi ce type d'efforts et de tentatives à de nombreuses reprises.

 10   Je me suis adressé à la communauté internationale, à la FORPRONU, en lui

 11   demandant de servir de médiateur entre nous et l'autre partie afin

 12   d'essayer d'organiser une réunion de ce type.

 13   Q.  Merci, Monsieur Bagaric. Alors ce sera ma prochaine série de questions,

 14   pour le moment, il y a deux choses que je voudrais que nous examinions dans

 15   le présent document.

 16   En page 2 de la version croate, page 4 de la version anglaise, j'ai oublié

 17   de dire qui avait signé ce document, c'est le responsable du service de

 18   contrôle et d'inspection, M. Stevo Sarlik [phon], et il est dit :

 19   "Je suis allé à Mostar afin d'être présent aux côtés de la FORPRONU, auprès

 20   des blessés du MOS lorsqu'ils ont été pris en charge."

 21   Je voudrais juste souligner qu'il s'agit de la date du 3 septembre, n'est-

 22   ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Il est dit qu'il s'en est suivi une attaque au mortier MOS contre la

 25   partie de la ville contrôlée par le HVO. 18 civils ont été blessés, cinq

 26   d'entre eux étaient des enfants, et cinq civils ont été tués. Parmi les

 27   civils blessés se trouvaient huit Musulmans. Il est clair que le but de

 28   l'attaque, du point de vue du MOS, était de montrer à la population que

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  1   l'évacuation ne pouvait pas être effectuée pour des raisons de sécurité.

  2   Monsieur Bagaric, est-ce que vous vous souvenez de ces événements ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre à quelle fréquence ce type

  5   d'attaque se produisait pendant que vous étiez en poste à Mostar ? Je crois

  6   que vous aviez votre bureau à Mostar, n'est-ce

  7   pas ?

  8   R.  Oui, j'étais à l'époque de façon permanente à Mostar. Ces attaques

  9   étaient fréquentes. Nous avons affaire à une attaque au cours de laquelle

 10   il y a eu des victimes civiles, parmi lesquelles se trouvaient des enfants.

 11   J'ai personnellement été le témoin fréquent d'attaques au mortier dirigées

 12   contre Mostar, d'attaques au mortier ou autres.

 13   Cependant, en toute honnêteté, je n'étais pas en mesure de distinguer si

 14   ces attaques provenaient des positions de la VRS ou des positions des

 15   Musulmans. Cependant, il est vrai que la ville était la cible de pilonnages

 16   de façon plus ou moins régulière. Cependant, et je voudrais dire pour MM.

 17   les Juges que l'on voit très bien à partir du présent document la chose

 18   suivante, M. Sandrk, mon confrère, qui était à la tête de ce service de

 19   contrôle et d'inspection, relève ici le manque d'intérêt de la partie

 20   musulmane pour ce qui concerne l'évacuation des blessés. L'impression qui

 21   en ressort est tout à fait incompréhensible, car les patients et les

 22   médecins musulmans à Mostar, à l'époque des affrontements avec les Croates

 23   et le HVO, se trouvaient véritablement dans une situation vraiment

 24   difficile. Cependant, nous nous trouvions dans une situation tout à fait

 25   semblable, voire pire encore à Bila, et nous nous mettons d'accord sur une

 26   évacuation concernant tout le monde, tous contre tous. Cependant, on a le

 27   sentiment que la partie bosnienne hésite, traîne des pieds, et je ne savais

 28   pas pourquoi. Cela n'a jamais été clair pour moi.

Page 38936

  1   Q.  Vous parlez de quelque chose qui figure dans ce même document en page

  2   5, paragraphe 2 de la version anglaise, donc nous avons cette phrase qui

  3   commence par la mention : "Le 5 septembre 1993." Est-ce de cela que vous

  4   parlez ?

  5   R.  Oui, exactement.

  6   Q.  Je vais vous montrer un autre document dans cette même série de

  7   questions qui est le 2D0508. A l'avant-dernière page de ce document, nous

  8   avons vu et vous nous avez confirmé qu'il y avait eu un obus de mortier qui

  9   est tombé et que des personnes avaient été blessées. A la date du 3

 10   septembre, il est fait mention de "civils blessés". Pour quelle raison cet

 11   incident vous est-il resté en mémoire, Monsieur Bagaric ?

 12   R.  Parce que des enfants ont été tués.

 13   Q.  A l'avant-dernière page, où il est mentionné "civils tués" à la date du

 14   3 septembre, pouvez-vous vous reporter au diagnostic. En tant que médecin,

 15   je ne veux pas que vous spéculiez, mais pouvez-vous nous dire s'il est

 16   possible qu'ils aient été blessés précisément de la façon qui est indiquée

 17   dans le document précédent, à savoir par un tir de mortier ?

 18   R.  Pouvez-vous me dire de quelle page il s'agit ?

 19   R.  Oui, c'est le 2D508, avant-dernière page. La date du 3 septembre. Est-

 20   ce que vous avez trouvé ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  3 septembre. Cela commence avec "Maric, Marijana." Pouvez-vous regarder

 23   le diagnostic ?

 24   R.  Oui, je vois. Je ne peux pas vous dire exactement de quoi il s'agit,

 25   parce que je ne me rappelle pas les noms de tous les enfants qui ont été

 26   tués, mais il est évident que toutes ces blessures sont la suite d'une

 27   explosion. On voit ici qu'en raison de l'explosion, les blessés ont des

 28   blessures à la tête, dans la région du torse, des blessures au ventre, des

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  1   blessures à la cage thoracique ou aux épaules.

  2   Q.  Pouvez-vous passer en revue rapidement les noms qui figurent ici. Nous

  3   voyons qu'il y a aussi les noms de personnes appartenant au groupe ethnique

  4   bosnien.

  5   R.  Oui, c'est exact.

  6   Q.  A la dernière page, les civils décédés le 3 septembre, est-ce que vous

  7   voyez cette partie ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Pouvez-vous également confirmer qu'il s'agit là de cinq noms

 10   appartenant à des personnes qui sont du groupe ethnique aussi bien croate

 11   que musulman ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Monsieur Bagaric, jusqu'à présent, vous avez mentionné la communication

 14   que vous avez eue avec les organisations internationales. Pouvez-vous

 15   expliquer, pour les Juges de la Chambre, quelles étaient les organisations

 16   internationales avec lesquelles vous communiquiez lors de cette période

 17   s'étendant à peu près de septembre 1992 jusque, disons, jusqu'aux accords

 18   de Washington. Quelles étaient les organisations internationales avec

 19   lesquelles vous communiquiez, est-ce que vous pourriez les caractériser ?

 20   Vous en avez déjà fait état, mais est-ce que vous avez quelque chose à

 21   ajouter concernant ces contacts qui ont été les vôtres ?

 22   R.  Oui. Nous étions en communication régulière aussi bien avec les Nations

 23   Unies que le HCR, le CICR, Médecins sans frontières, et cela autant que

 24   nous pouvions. Mon impression est la suivante, j'ai particulièrement à cœur

 25   que ce que je vais dire maintenant entre au compte rendu d'audience. C'est

 26   pour moi particulièrement important, si vous pouvez me le permettre.

 27   Mon expérience de cette période de la guerre est la suivante, les

 28   organisations internationales, que ce soit pour des raisons objectives ou

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  1   bien fréquemment subjectives, ne peuvent pas faire grand-chose lors des

  2   événements de la guerre. Pour faire suite à ce que j'ai déjà dit, ce que

  3   l'on voit souvent, c'est qu'il y a un suivi qui consiste à vérifier si les

  4   parties au conflit sont d'accord sur une question, est-ce que l'une ou

  5   l'autre partie accepte une chose ou non. De ce fait, les interventions

  6   connaissent souvent des délais importants. Il me semble que les médecins

  7   qui étaient présents sur le terrain, mes confrères et moi-même ont eu une

  8   expérience tout à fait concrète - et je parle ici de médecins aussi bien

  9   croates que musulmans - qui devrait permettre d'améliorer les choses lors

 10   d'éventuels conflits futurs.

 11   Par exemple, nous avions proposé la formation d'un hôpital commun à Mostar,

 12   et nous avions proposé que notre hôpital existant déjà à l'époque,

 13   l'hôpital du HVO, soit utilisé aussi bien pour les Croates et les

 14   Musulmans, et pour les membres de l'ABiH, mais je sais avec certitude que

 15   deux membres des Nations Unies et des organisations internationales ont

 16   considéré que c'était là une mission tout à fait impossible. Je suis tout à

 17   fait convaincu que tout est possible si vous voulez obtenir un résultat, et

 18   s'il y a au moins un des deux côtés qui y est disposé, nous avons des

 19   preuves de cela pendant toute la période concernée à Mostar, nous avons

 20   travaillé sur la ligne même du front, l'hôpital de Mostar se trouvait lui-

 21   même sur la ligne de front; cela constitue une des questions en jeu, sans

 22   même parler des problèmes ayant trait aux camps de réfugiés ou prisonniers,

 23   ou à la façon dont on pourrait améliorer la situation sur le plan

 24   humanitaire et les activités des organisations militaires.

 25   Peut-être que si Ovcara et Vukovar auraient pu être empêchés, Srebrenica ne

 26   se serait peut-être pas produit. Mais une fois qu'un événement comme

 27   Srebrenica se produit, en tant qu'organisation internationale, le but est

 28   d'empêcher la même chose qui est arrivée au Rwanda. Mon professeur en

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  1   matière de santé publique, le confrère qui a participé à tous ces

  2   événements à Mostar, a écrit et publié un article très important dans

  3   lequel il propose 12 éléments permettant d'améliorer la situation en se

  4   fondant sur les expériences que nous avons eues pendant la guerre,

  5   améliorer l'application du droit humanitaire et d'autres aspects qui sont

  6   également de ce même domaine.

  7   Q.  Voilà, je ne vous ai pas interrompu, Monsieur Bagaric.

  8   R.  Merci beaucoup.

  9   Q.  Je voudrais revenir aux contacts que vous avez eus avec les

 10   organisations internationales. Nous allons passer aux documents. Vous dites

 11   que vous aviez eu des contacts avec différentes organisations, n'est-ce pas

 12   ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Quelle était votre expérience en ce qui concerne ces différents

 15   contacts ? Comment ces organisations internationales ont-elles contribué à

 16   votre activité en tant que services médicaux ?

 17   R.  Très souvent, ces organisations humanitaires et internationales ont

 18   réussi à nous porter assistance, et elles étaient les bienvenues.

 19   Toutefois, bien souvent, ce que je viens de décrire s'est passé, et je suis

 20   tout à fait insatisfait de cela. Par exemple, nous demandions des

 21   médicaments. Je me rappelle un membre de l'OMS qui m'a tout simplement

 22   répondu qu'ils n'avaient pas de médicaments. Si l'OMS n'a pas de

 23   médicaments, alors qui peut en avoir ?

 24   Je me rappelle un moment où il m'a dit qu'il ne pouvait pas m'aider à

 25   transférer des médicaments d'une zone où ils étaient disponibles à une zone

 26   où ils ne l'étaient pas, parce que cela aurait été contraire au principe de

 27   leur intervention. Pour moi, c'était tout à fait incompréhensible. Il y a

 28   ensuite eu l'exemple également de l'hôpital global, et cetera.

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  1   Q.  Passons maintenant en revue les documents qui ont trait à cette partie-

  2   là. Il y a le document 2D317, pour commencer.

  3   R.  Oui, je le vois.

  4   Q.  Nous avons encore un certain nombre de sujets à aborder, je voudrais

  5   donc que vous nous fassiez rapidement un commentaire de ce document. Il

  6   s'agit d'une requête qui est adressée, et vous allez nous dire à qui. C'est

  7   le 2D317.

  8   R.  Oui, je le vois.

  9   Q.  Le compte rendu mentionne "3D127", j'apporte juste une correction,

 10   c'est le 2D317. Dites-nous de quoi il s'agit, Monsieur Bagaric.

 11   R.  Nous avons là un des documents qui nous dit de quelle façon nous avons

 12   procédé avec un certain nombre d'individus, comme c'était le cas avec cette

 13   personne, Madame Poltjos [phon]. Nous avons procédé pour essayer de trouver

 14   des solutions pour nos enfants malades qui provenaient de différentes

 15   localités d'Herzégovine et qui présentaient des pathologies différentes. Et

 16   ce que je vois, puisque c'est une question pour laquelle vous vous penchez

 17   souvent, je vois ici également qu'il s'agit d'enfants appartenant à des

 18   groupes ethniques différents. Nous avons un document ici qui a trait à l'un

 19   de nos projets qui a été couronné de succès, à savoir où d'autres ont

 20   également engagé des efforts visant à nous venir en aide.

 21   Q.  Vous parlez de "nos enfants malades" et je voudrais souligner cela.

 22   Nous parlons de la date du 14 avril 1993, et il y a une liste de 13, 14, 15

 23   personnes. Nous voyons que vous avez signé ce document, nous avons des

 24   noms. Est-ce que, sur la base de ces noms, vous pouvez nous dire s'il

 25   s'agit de Croates ou de Musulmans ?

 26   R.  Ces numéros que vous avez cités sont des enfants appartenant au groupe

 27   ethnique musulman, mais évidemment, il y a des Croates, des Musulmans, et

 28   cetera.

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  1   Q.  Monsieur Bagaric --

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire la pause, parce que c'est 6 heures

  3   moins 20. On fait une pause de 20 minutes, et on reprendra à 18 heures.

  4   --- L'audience est suspendue à 17 heures 40.

  5   --- L'audience est reprise à 18 heures 02.

  6   L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : En page 52, ligne 19 du compte

  7   rendu d'audience, code temps 16:47:50 -- 16 heures 47 50, ajouter à la

  8   réponse du témoin : "Donc lorsque nous nous sommes rendus sur le terrain,

  9   j'ai accompagné personnellement le général Petkovic. J'étais dans le

 10   convoi, et nous nous sommes rendus à Sovici.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est reprise.

 12   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Monsieur Bagaric, on m'a fait savoir que je disposais encore d'une

 14   heure 38 minutes pour mon interrogatoire. Compte tenu du fait que nous

 15   devons encore aborder deux ou trois sujets importants, je voudrais que vous

 16   commentiez brièvement les documents que nous allons maintenant passer en

 17   revue. Ensuite, nous prendrons peut-être un peu plus de recul, mais nous

 18   parlons de votre communication avec les organisations internationales. Je

 19   vous prie de vous reporter au document 2D706. L'avez-vous trouvé ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  La date qu'il porte est celle du 28 avril 1993. Vous adressez ce

 22   document au CICR et vous faites état de la situation à Konjic. Est-ce que

 23   ce document concerne la situation que vous avez évoquée à l'instant qui

 24   remonte à la même époque ?

 25   R.  Oui, c'est exactement cela.

 26   Q.  Très bien. Passez maintenant au document suivant qui est le 2D710.

 27   2D710, c'est bien ça.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je m'excuse d'être très méticuleux,

Page 38942

  1   Maître Nozica, mais dans le document précédent vous aviez dit que sa date

  2   était le 25 avril. Or moi, je vois seulement "le 5 mai." Alors peut-être je

  3   me trompe, je n'ai pas compris quelque chose, alors il faut qu'on me

  4   l'explique.

  5   Mme NOZICA : [interprétation] Document 2D706.

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi, je regardais le

  7   document suivant.

  8   Mme NOZICA : [interprétation]

  9   Q.  Vous pouvez vous pencher sur le 2D710. Je crois que je viens de dire

 10   2D710.

 11   L'avez-vous trouvé, ce document ?

 12   R.  Est-ce que vous pouvez me le dire une fois de plus ?

 13   Q.  Oui, excusez-moi. C'est 2D519. 2D519. Excusez-moi, je me suis trompée.

 14   Je vous demande maintenant de nous commenter le 2D710.

 15   R.  Le 519, avez-vous dit ?

 16   Q.  710.

 17   R.  Oui, j'y suis.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez commenter, je vous prie ?

 19   R.  Ça se rapporte à la situation dont j'ai déjà parlé. Cela a trait à

 20   Bugojno.

 21   Q.  Ici vous vous adressez aux Nations Unies, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que nous pouvons maintenant revenir au 2D519 ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Veuillez indiquer aux Juges de la Chambre, je vous prie, de quoi il

 26   s'agit ici.

 27   R.  C'est le nom de Konjic, là où on a essayé avec les Nations Unies

 28   d'accéder à toutes les localités autour de Konjic et où on n'a pas réussi à

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  1   le faire. Une fois de plus je m'adresse aux Nations Unies, et en pièce

  2   jointe je leur communique nos rapports pour qu'ils prennent conscience de

  3   la façon dont ça s'est passé. Mais nous, notre travail, on ne l'a pas fait

  4   en somme.

  5   Q.  Monsieur Bagaric, est-ce qu'on peut se pencher maintenant sur le 2D521

  6   maintenant ?

  7   R.  J'y suis.

  8   Q.  Vous vous adressez au Bataillon espagnol. La date est celle du 31

  9   juillet. Vous indiquez que le 31 juillet à 7 heures il y a eu à Kucani et

 10   Toscenica une embuscade des Musulmans, où ils ont tué le chauffeur d'une

 11   ambulance, Ivan Topic, et un infirmier, Zvonko Tolj. On a emmené dans une

 12   direction inconnue le chauffeur et cet infirmier.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous vous en souvenez ?

 15   R.  M. Herve Koroburic [phon], je le connais en personne. C'est tout à fait

 16   exact. Malheureusement, c'est bien ainsi que ça s'est passé.

 17   Q.  Maintenant, 2D713. Vous vous adressez à la Croix-Rouge internationale.

 18   C'est daté du 2 août.

 19   R.  C'est en corrélation avec l'événement précédent, et là nous prions ces

 20   gens d'établir la communication avec les personnes en questions, et je me

 21   souviens qu'ils l'ont bel et bien fait.

 22   Q.  Document suivant. 2D716, je vous prie. Ici, je vois le document dans sa

 23   version originale.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, me préoccupant de la situation

 25   de ceux qui ont été capturés, est-ce qu'ils ont été libérés finalement ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est au bout de quelques mois qu'ils ont été

 27   libérés, mais au bout de quelques mois seulement. Je ne sais pas vous dire

 28   le nombre de mois au juste.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

  2   Mme NOZICA : [interprétation]

  3   Q.  2D716, je vous prie.

  4   R.  J'y suis.

  5   Q.  Ce document est daté du 23 septembre. Il y est à nouveau question de la

  6   situation en Bosnie centrale. Il y a des nouvelles questions de transport

  7   de malades et de blessés de Nova Bila. Est-ce que c'est l'une de vos

  8   requêtes adressées aux organisations internationales pour le transport des

  9   blessés depuis l'hôpital dont nous avons parlé ?

 10   R.  Oui, c'est exact. Cela ne fait que confirmer la situation grave,

 11   perpétuellement grave, en Bosnie centrale.

 12   Q.  Alors, je voudrais qu'on saute maintenant un document, et je vous

 13   renvoie au 2D460.

 14   R.  J'y suis.

 15   Q.  C'est daté du 16 janvier 1994.

 16   R.  En effet. Ici, on voit à nouveau la même histoire se répéter. La

 17   situation n'est pas résolue. Nous essayons d'établir une voie de

 18   communication pour sauver les blessés et les malades là-bas.

 19   Q.  Je vous renvoie maintenant au 2D733. Il s'agit une fois de plus de la

 20   date du 16 janvier 1994, adressée aux observateurs des Nations Unies à

 21   Posusje [phon] et aux gens de la FORPRONU. Penchez-vous sur la première

 22   page et commentez ce que l'on doit entendre par ceci.

 23   R.  Mais c'est le même document.

 24   Q.  2D733.

 25   R.  Il me semble que c'est la traduction ici.

 26   Q.  Mais dites-nous ce que vous entendez ici.

 27   R.  Ce que j'entends, c'est que les routes d'évacuation, les modalités de

 28   transport des membres blessés du HVO et des civils étaient censées être

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  1   effectuées soit par la FORPRONU, soit que nous les fassions escorter par la

  2   FORPRONU, ou encore avec l'utilisation d'hélicoptères.

  3   Q.  Monsieur Bagaric, je vous demande de vous pencher sur l'écran. Je me

  4   réfère au 2D733. Regardez l'écran, je vous prie.

  5   R.  2D quoi ?

  6   Q.  733. C'est une requête adressée par vous aux observateurs des Nations

  7   Unies, et au commandement de la FORPRONU à Kiseljak, et vous dites que :

  8   "Compte tenu de la situation du point de vue des soins apportés aux blessés

  9   sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine entier ne fait que se

 10   détériorer," et vous parlez de la nécessité de sauver des vies, et vous

 11   demandez à ce qu'il y ait réunion des commandants des services de santé du

 12   HVO et de l'ABiH avec participation des membres de la Mission d'observation

 13   des Nations Unies et des représentants de la FORPRONU ?

 14   R.  Oui. Cela a été l'une de nos requêtes fréquentes aux fins de procéder à

 15   un rapprochement entre les responsables chargés de la santé, parce qu'on

 16   croyait que si cela pouvait se produire, cela était censé atténuer la

 17   gravité de la situation sur le terrain, et conduire à une cessation des

 18   activités de combat.

 19   Q.  Monsieur Bagaric, afin que les choses soient tout à fait claires, ici

 20   il est question d'un rapprochement entre les employés des services de santé

 21   du HVO et de l'ABiH, est-ce que j'interprète bien ces documents ?

 22   R.  Oui, oui. C'est ce que j'ai dit.

 23   Q.  Enfin, je voudrais qu'on se penche sur un document qui fait la somme de

 24   tout ce qu'on a dit. Il s'agit du 2D512. C'est un courrier émanant de vous,

 25   daté du 20 décembre 1993, il est question de la situation du point de vue

 26   des blessés, des malades et de l'approvisionnement en médicaments, en

 27   matériel médical en Bosnie-Herzégovine et des relations entre le HVO et

 28   l'ABiH. C'est communiqué à la FORPRONU, à l'UNHCR, et au CICR.

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  1   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi, Maître Nozica. Je pense

  2   que le chiffre est 502, pas 512.

  3   Mme NOZICA : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge, c'est ce qu'on vient

  4   de m'indiquer. Il y a eu erreur au compte rendu, c'est 502. On a tous ce

  5   document sous les yeux et j'ai négligé de vérifier le compte rendu.

  6   Q.  Allez-y, Monsieur le Témoin.

  7   R.  Ceci est un document très important. D'une certaine façon, de façon

  8   détaillée, il y est question de la problématique liée aux malades, à nos

  9   malades, à nos blessés et d'une manière générale à la situation telle

 10   qu'elle se présente sur le terrain. Alors dans ce document je prie la

 11   partie en face, à savoir les représentants des institutions

 12   internationales, de nous venir en aide afin que soit enfin établi ce

 13   contact avec la partie adverse, afin que nos malades et nos blessés

 14   puissent être évacués aux fins de pouvoir bénéficier de soins médicaux à

 15   part entière. Et ce, s'agissant tant de Musulmans que de Croates, de façon

 16   inconditionnelle.

 17   A un endroit, j'indique même qu'au cas où il ne pourrait être convenu de

 18   ceci autrement, de faire en sorte que la partie musulmane prenne ses

 19   patients et les amène où elle veut. S'ils ne peuvent pas soigner du côté

 20   est de Mostar, ils n'ont qu'à amener les patients du côté ouest ou alors

 21   les amener à Sarajevo. Excusez-moi, Sarajevo c'était plutôt difficile parce

 22   que c'était assiégé, la situation était tout à fait particulière là-bas.

 23   Mais eux avaient ressenti la nécessité de faire partir les gens vers la

 24   Turquie ou vers d'autres pays de l'Union européenne, qui étaient disposés à

 25   leur venir en aide. Nous, de façon inconditionnelle, on prie que ce soit

 26   fait, on parle de blessés, de malades, on parle d'établissements de santé,

 27   on parle d'équipements médicaux, on parle d'approvisionnement en

 28   médicaments, et cetera.

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  1   Ceci est un document datant de la fin de l'année 1993. Jusqu'à la fin de la

  2   guerre malheureusement, il s'est avéré qu'il y avait encore beaucoup d'eau

  3   qui passerait sous les ponts, et si nous avions réussi à établir un accord

  4   de cette nature, j'en suis convaincu, nos patients tant musulmans que

  5   croates, bon nombre d'entre eux auraient survécus à ce terrible conflit

  6   inutile. Ce sont véritablement des victimes de l'agression dirigée contre

  7   la Bosnie-Herzégovine.

  8   Q.  Monsieur Bagaric, cette proposition que vous adressez à des adresses

  9   plus que pertinentes aux communautés internationales, vous proposez à ce

 10   que ces malades, paragraphe 7 et autres, je peux prendre lecture du texte à

 11   savoir que tous les malades sont censés être soignés indépendamment des

 12   différentes appartenances ethniques. Les uns et les autres étaient censés

 13   être soignés et on voulait mettre à profit la totalité des établissements

 14   de santé avec l'aide des organisations internationales à améliorer le

 15   fonctionnement des établissements de santé existants. Au petit C, "Utiliser

 16   les services des établissements de santé en république de Croatie en

 17   concertation avec le ministère de la santé de Croatie." Veuillez indiquer

 18   aux Juges de la Chambre s'ils partaient vers la Croatie, des blessés tant

 19   du côté de l'ABiH que de l'autre côté, qui aurait été éventuellement évacué

 20   du territoire de Mostar Est ?

 21   R.  Oui. Mais pas seulement Mostar Est, mais aussi la totalité des

 22   territoires sous l'emprise des activités de combat. Des milliers de

 23   patients, de blessés, de soldats, de civils, de Musulmans, et il y avait

 24   même des Serbes, mais beaucoup plus de Musulmans, certes. Des milliers de

 25   Croates ont été soignés et accueillis dans des hôpitaux croates sans qu'il

 26   soit pris en considération quelque appartenance que ce soit, et sans faire

 27   payer. C'était une aide apportée par un Etat à un autre Etat en des temps

 28   de conflits. Je pense que pendant les conflits en Bosnie-Herzégovine, aucun

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  1   pays n'a aidé la Bosnie-Herzégovine autant que la Croatie. Je ne pense pas

  2   qu'il y ait d'exemples ou d'antécédents de ce type dans l'histoire. Toute

  3   cette aide, toutes sortes d'aides humanitaires et autres ont été envoyées

  4   aux Musulmans et aux Croates en passant par la Croatie, peu importe

  5   comment, par voie aérienne, par voie terrestre ou par voie maritime, c'est

  6   un fait.

  7   Q.  J'attire votre attention sur la partie où vous parlez

  8   d'approvisionnement en médicaments. Mais avant, dites-nous s'il y a eu une

  9   réaction quelconque suite à ce courrier ? Est-ce que quiconque vous aurait

 10   informé de la possibilité d'entreprendre l'une de ces mesures ?

 11   R.  Ce qui a été le plus frustrant pour quelqu'un qui s'efforçait de

 12   résoudre le problème, c'est que très souvent il n'y avait aucune réponse,

 13   aucune. Je suppose que les représentants de la communauté internationale

 14   auraient pu envoyer cela à la partie adverse, mais cette partie adverse

 15   n'acceptait pas ce type de comportement, parce que si elle le faisait de

 16   mon avis, elle ne pourrait plus bénéficier malheureusement de cette image

 17   ou de cette position de victime.

 18   Quand je demandais, par exemple, aux représentants de la communauté

 19   internationale et quand je leur disais mais qu'en est-il ? Eux me disaient,

 20   nous attendons une réponse. Or, cette réponse on l'a attendue jusqu'à la

 21   fin de la guerre et on l'a jamais reçue, exception faite de quelques cas

 22   individuels où il y avait eu des réunions d'organisées dans le genre de

 23   celle-ci avec l'aide de généraux ou de commandants de haut niveau où il

 24   était signé un accord pour sortir telle ou telle partie ou individu.

 25   C'était surtout la partie adverse qui faisait traîner les choses, et je ne

 26   comprends vraiment pas pourquoi.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, votre dernière réponse me permet

 28   de faire le pont avec une question que je voulais vous poser. J'ai depuis

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  1   le début de l'après-midi regardé l'ensemble des documents et j'ai

  2   l'impression, voire même la certitude en lisant les rapports que vous avez

  3   rédigé, notamment au paragraphe F du chapitre 1, que vous mettez en cause

  4   en quelque sorte les institutions internationales qui semblent avoir prises

  5   le parti du camp adverse. Et le fait même que vous dites que quand vous

  6   envoyez des courriers et que vous n'avez pas de réponse peut laisser

  7   accréditer cela. Alors, est-ce que vous avez ressenti sur le terrain, là

  8   vous citez des exemples en disant que les organisations internationales ont

  9   mis en place des institutions à Sarajevo, Tuzla, Zenica, donc dans des

 10   zones musulmanes, et apparemment rien dans les zones croates. Alors, ce que

 11   vous écrivez, c'était une impression basée sur une approche subjective, ou

 12   c'était vraiment la vérité du terrain ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il

 14   est certain qu'ici, il y a une façon subjective de ma part de percevoir les

 15   choses. C'est sûr. J'ai communiqué de façon régulière avec ces

 16   représentants de la communauté internationale et ces institutions-là. Mais

 17   ce rapport-ci, ou plutôt cette requête, se fonde en premier lieu sur des

 18   données qui nous parvenaient du terrain.

 19   Si on s'en souvient bien, la Bosnie centrale, complètement encerclée,

 20   l'hôpital de Bila, l'hôpital de Zepce, l'hôpital de Orasje, et ainsi de

 21   suite, si on compare nos requêtes vis-à-vis des institutions

 22   internationales et leur réponse, il s'avère que pendant tout ce temps-là,

 23   nous avons eu le sentiment que de façon insuffisante, on vient à la

 24   rencontre de nos requêtes. Il n'y a pas de réaction en temps utile. C'est

 25   certain qu'ils nous ont aidés. Ils ont même parfois joué un rôle crucial,

 26   je l'ai dit au paragraphe F. J'ai dit que -- attendez, un instant.

 27   Enfin, je ne veux pas gaspiller votre temps. C'est écrit quelque

 28   part. Souvent, j'ai remercié ces institutions internationales de tout ce

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  1   qu'elles ont fait, mais j'avais l'impression qu'on pouvait toujours faire

  2   plus et que ce souvient faisait défaut, à ce moment-là. Voilà.

  3   Si vous le permettez, j'ajouterais encore en guise d'explication

  4   qu'il y a eu des cas dont j'ai eu connaissance. Par exemple, on a mis en

  5   place un hôpital de campagne qu'on a utilisé en Bosnie, par ailleurs, qui a

  6   été utilisé par les Musulmans de Bosnie, mais on n'a pas fait la même chose

  7   à Nova Bila. Or, là-bas, l'hôpital a été installé dans une église. Quand

  8   nous avons demandé des transports de blessés et ce genre de chose, il était

  9   de règle que les choses traînaient et traînaient. Je sais que ces

 10   représentants de la communauté internationale étaient limités par la

 11   volonté de la partie bosnienne musulmane. Je le savais. Mais ça me

 12   dérangeait, de mon point de vue, cette grande inefficacité.

 13   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais

 14   maintenant vous demander de vous pencher sur la partie qui est intitulée

 15   "Approvisionnement en médicaments," en page 2, une partie qui va nous

 16   servir d'introduction au thème suivant.

 17   Q.  "Pendant toute la durée de la guerre, nous nous sommes efforcés de

 18   faire en sorte que tous les établissements de santé soient approvisionnés à

 19   titre complémentaire en médicaments, indépendamment du type d'établissement

 20   et du type de patient accueilli ou soigné. Alors, chaque fois que la partie

 21   musulmane avait demandé des médicaments de notre part, elle les obtenait le

 22   même jour. Ci-joints quelques bordereaux d'expédition de médicaments."

 23   Monsieur Bagaric, le sujet que je souhaiterais aborder avec vous, ce sont

 24   précisément ces relations que vous avez entretenues avec l'ABiH. Ici, vous

 25   faites une constatation, mais je vais d'abord vous poser la question :

 26   quelle était la relation que vous aviez avec le domaine de santé de la

 27   Bosnie-Herzégovine avant le conflit ? Après, on verra pendant le conflit.

 28   R.  Si les Juges veulent bien le permettre, pour ce qui est de l'alinéa F,

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  1   je me sens débiteur d'un élément de réponse.

  2   Ici, je dis que cet engagement est évalué par nos soins comme étant très

  3   bon, tout soutien à la partie adverse est bon; mais il nous semble que nous

  4   ne bénéficions pas du même soutien. Je veux bien, Monsieur le Juge,

  5   admettre que j'ai en bonne partie été subjectif. Cependant, je suis

  6   absolument convaincu que ces institutions internationales pouvaient

  7   considérablement améliorer leur efficacité. J'en suis absolument convaincu.

  8   Pour ce qui est de la question présente pour ce qui est de cette

  9   coopération avec la partie adverse avant qu'il y ait un conflit entre les

 10   Croates et les Musulmans, je pourrais dire que c'était correct, et même

 11   excellent. Nous mettions en place nos hôpitaux de campagne. Nous soignions

 12   en commun, et on l'a fait jusqu'à la fin de la guerre.

 13   Là où je suis constamment mécontent, c'est en relation avec les situations

 14   d'encerclement, et en l'occurrence, les Croates en Bosnie centrale, et les

 15   Bosniens et Musulmans dans la partie est de Mostar. Il y a un semblant

 16   d'absence de volonté d'établir des contacts entre médecins; ce n'est pas

 17   les médecins de la partie adverse qui ne le voulaient pas, c'est leurs

 18   commandants qui ne les laissaient pas faire, c'était évident. Ils ne les

 19   laissaient pas établir une communication directe et une coopération

 20   directe.

 21   Pour ce qui est des institutions internationales, elles étaient

 22   tombées dans le piège de cette réponse négative de la part de la partie

 23   adverse.

 24   J'estime que c'était de la mauvaise volonté aussi de la part de certains

 25   individus au sein de cette communauté internationale ou de ces

 26   institutions.

 27   Q.  Monsieur Bagaric, après le conflit que vous avez eu avec l'ABiH, parce

 28   que jusqu'à présent, vous nous avez parlé de la période avant, mais après,

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  1   est-ce que vous vous êtes efforcé à réclamer cette coopération et à

  2   proposer des solutions qui se feraient au profit des deux parties ?

  3   R.  Oui, absolument. J'affirme en toute responsabilité que nous l'avons

  4   fait en permanence. C'était un peu frustrant comme les tentatives de Don

  5   Quichotte, parce que la partie adverse ne répondait pas.

  6   Q.  Je suis plutôt mal à l'aise, mais je tiens à vous le rappeler, nous

  7   arrivons maintenant à un sujet qui est plus qu'important. Je propose de

  8   vous montrer toute une série de documents pour illustrer la chose, et je

  9   vous renvoie au 2D705.

 10   R.  J'y suis.

 11   Q.  C'est un document qui a déjà été versé, et il porte votre signature et

 12   la date du 21 décembre 1992. Je voudrais simplement que vous nous

 13   commentiez très brièvement la proposition que vous avancez ici. Quelle

 14   était votre idée ?

 15   R.  C'était la période dans laquelle nous croyions qu'il n'y aurait jamais

 16   d'affrontement entre les Croates et les Musulmans. Toutefois, ne redoutions

 17   cette éventualité, parce que des escarmouches avaient déjà eu lieu sur le

 18   terrain. Ici, je prie M. Mile Akmadzic, le président du gouvernement de

 19   Bosnie-Herzégovine, de bien vouloir se mettre en relation avec mon confrère

 20   au sein de l'ABiH afin que ne prenions une position commune sur la base de

 21   la lettre que nous avons là -- que nous prenions une position commune afin

 22   de montrer la façon dont les médecins, aussi bien croates que musulmans, ne

 23   souhaitent aucune sorte d'affrontement que ce soit et veulent prévenir la

 24   guerre. C'est là l'un des documents que j'ai adressés au premier ministre

 25   du gouvernement à Sarajevo.

 26   Q.  Pouvez-vous regarder le document suivant sur le même sujet, et ensuite,

 27   nous verrons s'il y a eu la moindre réponse.

 28   R.  Je peux tout de suite le commenter, si vous voulez.

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  1   Q.  Je dois d'abord demander l'affichage de ce document. C'est le 3D708.

  2   Ensuite, faites-nous, s'il vous plaît, le commentaire que vous souhaitiez,

  3   je vous en prie.

  4   R.  Alors ici, la première lettre que nous venons de voir est en fait

  5   fournie en annexe de celle que nous avons ici sous les yeux qui est plus

  6   importante. Cette dernière est une lettre adressée directement au

  7   commandant des services médicaux de l'ABiH. Je lui dis, à vrai dire, je le

  8   prie de bien vouloir rédiger un texte conformément à ce qu'il considère

  9   être pertinent et que j'apposerais ma signature aussi à ce texte que nous

 10   adresserons à M. Robert Simon, qui est le représentant du "International

 11   Medical Corps". Maintenant, je vois adresser mes excuses à toute la

 12   communauté internationale pour la [inaudible] qui est la mienne, car ce M.

 13   Simon, c'est vraiment une personne qui a été très importante pour ce qui a

 14   été des efforts visant à ce que ces affrontements n'éclatent pas. Il est

 15   médecin lui-même. Il a essayé de me convaincre aussi que si les médecins

 16   parvenaient à prendre une telle position, et s'ils prenaient position

 17   ensemble de façon ferme partout en essayant de sensibiliser les gens, et

 18   sur la base des expériences particulièrement difficiles que nous avions

 19   déjà eues, je pensais que les affrontements pouvaient être évités. C'est

 20   plutôt particulier dans le domaine de la santé publique.

 21   Q.  La question est peut-être superflue, mais est-ce que vous avez reçu

 22   quelque réponse que ce soit à la première ou la seconde de ces deux lettres

 23   ?

 24   R.  Malheureusement, non, jamais.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : J'interviens pour vous poser la question suivante.

 26   Disons qu'en regardant ces deux derniers documents, je suis très surpris

 27   parce qu'alors que vous êtes dans une chaîne hiérarchique, vous vous

 28   permettez d'écrire au président du gouvernement de la Bosnie-Herzégovine

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  1   directement, et vous permettez d'écrire à votre homologue qui est dans le

  2   camp opposé. Alors, est-ce une habitude dans votre pays où on ne respecte

  3   pas les règles hiérarchiques, à savoir qu'on correspond avec l'autorisation

  4   de ces chefs, ou bien tout le monde fait n'importe quoi ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je regrette que vous ayez peut-être eu une

  6   impression erronée à ce sujet. Mais en 1992, le 21 décembre 1992, année de

  7   l'affrontement, année de guerre, correspond à une situation qui n'est pas

  8   normale, mais en tant que tel, elle exige parfois que l'on intervienne

  9   d'une façon qui pourra paraître irrégulière, et si on l'examine du point de

 10   vue d'un pays avancé et en paix. Mais étant donné les relations que j'avais

 11   avec M. Akmadzic, puisque j'étais député au parlement, j'estimais qu'il

 12   s'agissait là purement et simplement d'un geste de bonne volonté, une

 13   tentative d'établir une communication qui ne pouvait absolument pas porter

 14   préjudice à qui que ce soit, alors qu'elle pouvait, au contraire, entraîner

 15   des conséquences favorables. D'autre part, j'ai consulté mes supérieurs

 16   hiérarchiques, et aucun d'entre eux ne s'est opposé à ce que je procède

 17   ainsi.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, vous avez répondu.

 19   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Q.  Passez, s'il vous plaît, au document suivant, le 2D00737. Nous avons

 21   ici rangé les documents dans un ordre chronologique afin de mettre en

 22   évidence ces relations et cette coopération en matière des services

 23   médicaux et d'équipements médicaux. Nous avons ici une demande émanant de

 24   l'hôpital Dzemal Bijedic de Zenica, service de traumatologie. Il est dit --

 25   non, le 31 décembre 1992, M. Stojic n'était pas encore ministre, et c'est

 26   adressé à Bruno Stojic. C'est une demande pour obtenir un certain nombre

 27   d'équipements, d'instruments médicaux, des pansements, du désinfectant, et

 28   d'autres éléments. Nous avons une signature en haut. Pouvez-vous nous

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  1   confirmer si une aide de ce type a été fournie au territoire contrôlé par

  2   l'ABiH et à cet hôpital de Zenica à l'époque ?

  3   R.  Oui, nous avons ici la signature de M. Stojic. Il est indiqué qu'il

  4   approuve cela. N'oublions pas qu'il s'agit de la fin de 1992, où il n'y

  5   avait pas d'affrontements entre les Croates et les Musulmans. Cela montre

  6   que les Musulmans, eux non plus, n'étaient pas dans une situation facile.

  7   Eux aussi étaient en manque de matériel, et qu'ils avaient besoin d'aide,

  8   et je pense que cette aide est effectivement arrivée, parce que je pense

  9   que quelqu'un l'a effectué fournie. Alors, je ne suis familier avec ce

 10   document. Je ne l'ai pas vu précédemment, mais il me semble que cette

 11   requête a reçu une réponse favorable, et cela illustre la communication et

 12   la collaboration qui était la nôtre à l'époque.

 13   Q.  Alors, reportez-vous au document 2D00704, s'il vous plaît.

 14   R.  C'est la même chose.

 15   Q.  C'est une liste des médicaments et équipements médicaux indispensables,

 16   donc émanant du centre médical régional de Visoko en date du 5 décembre.

 17   Alors, il n'y a pas le nom du destinataire indiqué ici, mais il s'agit de

 18   médicaments. Donc, je vous demande si vous vous souvenez à qui on a demandé

 19   de fournir ces médicaments, et si vous savez si ces médicaments ont

 20   finalement été envoyés et livrés.

 21   R.  En tout honnêteté, je dois vous dire qu'il s'agit d'un type de document

 22   que j'ai eu l'occasion de voir à de nombreuses reprises jusqu'à ce que les

 23   affrontements éclatent. Ce type de demande pouvait nous être adressé à

 24   nous, au service médical, mais il pouvait également être adressé à la

 25   République de Croatie par notre intermédiaire dans ce cas-là. Dans le

 26   plupart des cas, cela était adressé à l'hôpital de Split, car ce dernier

 27   était en fait le plus proche, et sur la voie de communication entre la

 28   Bosnie et la Croatie. Alors, j'ignore si cela a été concrètement effectué

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  1   ou non en l'espèce.

  2   Q.  Monsieur Bagaric, je ne m'attends pas à ce que vous sachiez ce qui

  3   s'est réellement produit dans chaque cas individuel, mais je vais vous

  4   demander sur la base des documents que nous avons passé en revue si vous

  5   avez des éléments qui vous indiquent que ce type d'opération a

  6   effectivement été conduit et que des équipements médicaux et des

  7   médicaments ont été fournis pour couvrir les besoins de l'ABiH dans cette

  8   période ?

  9   R.  Absolument.

 10   Q.  Pouvez-vous vous reporter au document 2D00316 ?

 11   R.  Oui, je le connais.

 12   Q.  Il s'agit, je vais juste poser la question, il s'agit d'une information

 13   émanant d'une réunion tenue le 14 avril 1993, et la source en est une

 14   information émanant du studio de guerre de Mostar. Alors, pouvez-vous nous

 15   dire ce que vous en savez de cette note d'information ?

 16   R.  Oui. Alors, il s'agit du 14 avril 1993, c'est-à-dire que c'est une

 17   époque à laquelle on peut déjà supposer que des affrontements pourraient

 18   bien avoir lieu entre les Croates et les Musulmans. C'est alors qu'à la

 19   station de radio que vous venez de citer, il a été fait état de façon

 20   extrêmement tendancieuse de la situation qui prévalait de l'hôpital de

 21   guerre de Mostar. Il a été raconté -- on a dit par exemple que les Croates

 22   ne permettraient pas ceci ou cela, et c'est suite -- alors, je n'étais pas

 23   commandant de cette hôpital, mais c'est pour cette raison-là que j'ai

 24   organisé cette  réunion conjointement avec le directeur de l'hôpital et les

 25   chefs de service afin que nous rejetions ce communiqué qui avait été fait

 26   de façon très tendancieuse et que nous affirmions avec fermeté qu'il était

 27   nécessaire de travailler tous ensemble et que nous nous appelions également

 28   tous à coopérer à travailler ensemble. Et cela rejoint tout ce que j'avais

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  1   déjà déclaré et ce que j'ai continué à déclarer à cette époque-là.

  2   Excusez-moi, mais il y a ici une phrase, alors je ne sais pas si je

  3   l'écrirais de la même façon aujourd'hui, mais à l'époque c'était tout à

  4   fait logique pour nous. Je cite : 

  5   "Proposé aux noms du commandant et des médecins de l'hôpital de

  6   guerre, fournir un soutien et aux Croates et aux Musulmans dans la lutte

  7   contre l'ennemi conjoint."

  8   Car jusqu'à ce moment-là les Croates et les Musulmans considéraient

  9   les Serbes comme étant leur seul ennemi, leur seul adversaire. Il est

 10   également exprimé le souhait de voir s'arrêter tous les affrontements qui

 11   sont inutiles ou qui ne sont pas naturels, tous ces affrontements devraient

 12   cesser. Je sais que cela n'est peut-être pas bien important du point de vue

 13   des Juges de la Chambre, mais je crois que cela pouvait contribuer dans mon

 14   esprit à la prévention des affrontements et de la guerre.

 15   Q.  Très bien. Passons au 2D318. C'est un communiqué du 23 avril indiquant

 16   la présence du chef du corps médical du 4e Corps d'armée. C'est là encore

 17   une de vos tentatives allant dans ce même sens, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, exactement. Je lui ai demandé de rédiger une ébauche ou d'avoir un

 19   entretien et de rendre publique tout ce que nous avions écrit. Je crois

 20   qu'une réunion s'est tenue au commandement de l'armée, à l'époque il y

 21   avait un commandement qui était connu sous le nom de Tajtuk [phon], et nous

 22   avons élaboré ce document dans le but que si jamais un conflit se

 23   produisait, toutes les ressources et toutes les personnes disponibles

 24   seraient mises en jeu de façon conjointe pour sauver tout le monde, pour

 25   sauver qui que ce soit qui en aurait eu besoin, sans restriction, et cela

 26   est très important. Donc, cela a fait l'objet d'un accord, et il a été

 27   convenu qu'un véhicule de la FORPRONU devait être disponible pour évacuer

 28   les civils blessés et les soldats blessés. Tous les problèmes qui se

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  1   présentaient du côté de l'ABiH ou du HVO devaient être traités le jour même

  2   par les membres du corps médical et par le chef du corps médical du 4e

  3   Corps. C'était mon collègue, le docteur Dzemal, qui était à la tête du 4e

  4   Corps.

  5   Q.  Monsieur Bagaric, c'est vous qui étiez à l'initiative de cette réunion

  6   ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Avez-vous entendu ma question, est-ce que c'était vous qui avait initié

  9   cette réunion ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Alors le document suivant, le 2D319, qui est également signé par vous,

 12   qui est déjà versé au dossier et qui porte la date du 6 mai 1993. Vous

 13   nommez une équipe de chirurgie à l'hôpital de guerre de Jablanica ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  A cette époque déjà, donc le 6 mai, parce que nous avons vu que le 5

 16   mai vous refaite déjà état de visites au cours desquelles en compagnie de

 17   M. Petkovic vous vous étiez rendus sur le terrain, est-ce qu'à cette date

 18   le conflit, les affrontements avaient déjà éclaté entre l'ABiH et le HVO ?

 19   R.  Le 6 ami 1993, après tout ce qui c'était passé à Konjic, sur demande de

 20   l'équipe de chirurgiens de Jablanica, j'adresse un ordre à l'hôpital de

 21   guerre de Mostar et au HVO afin qu'ils relèvent de ces fonctions cette

 22   équipe. Cet ordre prend effet immédiatement, et effectivement, nous avons

 23   procédé à ce renouvellement de cette équipe.

 24   Q.  Alors dites-nous qui a organisé cet hôpital de Jablanica ?

 25   R.  L'hôpital a été mis en place par des médecins du HVO, mais nous ne

 26   percevions pas cet hôpital comme étant particulièrement le nôtre. Le

 27   directeur du centre médical local avait accepté d'être le directeur de cet

 28   hôpital, et nous la considérions comme l'une de nos institutions médicales

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  1   et sanitaires au sens de la couverture de l'ensemble des besoins, et nous

  2   travaillions là-bas ensemble, nous soignions les gens ensemble jusqu'à ce

  3   que le conflit ne se déplace de la zone de Konjic vers Mostar. A partir de

  4   là il est devenu impossible de communiquer avec Jablanica, car cela a

  5   interrompu la voie de communication, Messieurs les Juges, en direction de

  6   Jablanica et Konjic, et ce conflit à Mostar a interrompu les

  7   communications.

  8   Q.  Lorsque vous dites les uns et les autres, vous parlez des Croates et

  9   des Musulmans, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Donc, les unités du HVO et les unités de l'ABiH qui étaient présentes

 12   sur ce territoire, n'est-ce pas ?

 13   R.  Excusez-moi. Ce que je dis, alors, c'est qu'il s'agit du 6 mai, cela

 14   est donc après les affrontements à Konjic et dans cette partie du

 15   territoire.

 16   Excusez-moi, mais c'est important. A cette époque, je pense qu'il n'y

 17   avait plus aucun soldat du HVO dans cet hôpital, car la confiance avait

 18   déjà disparue, elle avait été perdue, mais nous avons procédé au

 19   remplacement de cette équipe de chirurgiens.

 20   Q.  Ma question portait sur la date à laquelle l'hôpital a été mis en

 21   place. Est-ce que j'ai raison ?

 22   R.  Oui, tu as raison. Vous avez raison, excusez-moi.

 23   Q.  Pouvez-vous vous rapporter au document P0221. Ma question sera très

 24   brève.

 25   Alors cela porte la date du 11 mai 1993, et M. Stojic donne son approbation

 26   pour un transport de plasma sanguin à destination de l'hôpital de Mostar.

 27   Alors manifestement il s'agit de l'hôpital de Mostar est. Pouvez-vous

 28   confirmer aux Juges de la Chambre que vous avez été informé de cela et que

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  1   vous aviez connaissance d'envois de plasma sanguin à destination de Mostar

  2   est, comme nous pouvons le voir à cette date-là du 11 mai 1993 ?

  3   R.  Les envois de poches de sang n'étaient pas aussi fréquents que les

  4   envois de médicaments, mais je sais que cela a été le cas à plusieurs

  5   reprises, et ça pour une raison simple qui est la suivante, nous n'avions

  6   pas de poches de sang. A de nombreuses reprises nous avons emprunté des

  7   poches de sang à l'hôpital de Split.

  8   Q.  Alors maintenant nous allons passer à une série de documents dont le

  9   premier est le 2D119. Il s'agit d'une lettre que vous avez envoyée le 3

 10   juin 1993 au commandement du 4e Corps d'armée de l'ABiH. Vous voudrez bien

 11   commenter brièvement ces documents, s'il vous plaît ?

 12   R.  Le 3 juin, nous avions déjà eu cette annonce, ce communiqué à la radio,

 13   selon lequel la partie est de Mostar après les affrontements du mois de

 14   mai, c'était au mois de mai, n'est-ce pas, que la partie est de Mostar ne

 15   disposait ni de médicaments ni d'équipements médicaux, de matériel médical,

 16   et alors moi je n'ai pas signé cela personnellement, mais mon collègue, mon

 17   confrère l'a signé en mon nom, nous envoyons donc une offre à l'autre

 18   partie, nous leur disons que s'ils ont un manque de médicaments ou de

 19   matériel, et nous savons que c'est le cas, qu'ils nous envoient une

 20   description de ce qu'ils leur manquent et que nous leur enverrons ce que

 21   nous pourrons.

 22   Mme NOZICA : [interprétation] Alors juste un moment, je pense qu'il y a une

 23   erreur au compte rendu d'audience, il me semble que c'est en page 84, ligne

 24   15, il devrait y figurer la référence "P02291". Il y a de nouveau un peu

 25   trop de 2. Alors je vais répéter, "P02291". P, la lettre P, 02291. Il n'y a

 26   que deux fois le chiffre 2. Voilà, nous avons la bonne référence au compte

 27   rendu.

 28   Q.  Alors, Monsieur le Témoin, suite à cette lettre que nous venons de

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  1   voir, la référence 2D00119, je vous prie de vous reporter à la référence

  2   2D00120.

  3   R.  Je l'aie.

  4   Q.  Pouvez-vous brièvement commenter cette lettre et nous dire si elle est

  5   liée à la référence 2D0119, à cette proposition que vous avez faite ?

  6   R.  Oui, en effet. Le commandant du 4e Corps de l'ABiH, M. Arif Pasalic,

  7   répond à la proposition que nous avons faite et demande que lui soit

  8   envoyée une liste de médicaments et d'équipements médicaux indispensables,

  9   et en annexe figure cette liste. Je pense que la liste n'est pas ici

 10   complète. Je ne peux pas en être absolument sûr, mais il me semble bien

 11   qu'il manque quelque chose dans cette liste. Mais en tout état de cause, il

 12   est exact que c'est ainsi que cela s'est passé. C'est bien arrivé. On parle

 13   bien de cette liste de médicaments, n'est-ce pas.

 14   Q.  En effet. Alors, reportez-vous au 2D00504, s'il vous plaît.

 15   R.  Je l'ai.

 16   Q.  Alors, est-ce que cet ordre de M. Tugomir Gveric est lié à la requête

 17   précédente émanant du 4e Corps d'armée aux fins de la fourniture de ces

 18   médicaments et équipements médicaux ?

 19   R.  Oui, exactement. Donc, après que nous avons reçue cette demande émanant

 20   du 4e Corps d'armée, M. Gveric écrit, je cite : "Fournir les médicaments

 21   demandés par l'ABiH, conformément au document ci-joint, et les quantités de

 22   médicaments demandées doivent être disponibles sous sept jours, sous une

 23   semaine."

 24   Q.  Pouvez-vous maintenant vous reporter au document 2D201, s'il vous

 25   plaît.

 26   R.  Je l'ai.

 27   Q.  Pouvez-vous confirmer que c'est M. Tugomir Gveric qui le signe

 28   également le 8 juin ?

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  1   R.  Oui, je pense que c'est cela. Non -- c'est exactement de cette demande

  2   qu'il s'agit.

  3   Q.  Alors, excusez-moi, Monsieur le Témoin. Il est dit ici donc : Envoi de

  4   médicaments et d'équipements médicaux pour l'ABiH. Est-ce que cela concerne

  5   la demande qui vous était parvenue en provenance de M. Arif Pasalic ?

  6   R.  Il me semble que j'ai répondu, oui.

  7   Q.  Très bien.

  8   Mme NOZICA : [interprétation] Je voudrais juste apporter une correction à

  9   la page 69, ligne 15, du compte rendu d'audience. Il fallait faire figurer

 10   le document 2D00321.

 11   Q.  C'est bien ce document que vous venez d'examiner, Monsieur Bagaric,

 12   n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Passez, s'il vous plaît, maintenant au document 3D634.

 15   R.  Je l'ai.

 16   Q.  Ce document porte la date du 16 juin. Il est signé par M. Tugomir

 17   Gveric, et il y est dit : Entrepôt central de médicaments et d'équipements

 18   médicaux de la HZ HB, envoi à destination de l'ABiH ?

 19   R.  C'est exact. Cependant, ici, je ne vois vraiment pas et je n'ai pas

 20   certitude qu'il s'agisse bien de cette date-là. Est-ce que c'est le 15 ou

 21   le 16 mai, je ne sais pas. En tout cas, cela concerne toujours la même

 22   chose.

 23   Q.  Je crois qu'il est assez manifeste qu'il s'agit du 16 mai.

 24   Q.  Excusez-moi, mais s'il s'agit du 16 juin, comment est-il possible que

 25   dans la version anglaise, cela ait été traduit "16 mai" ?

 26   Q.  Non, excusez-moi, Monsieur Bagaric, je vous ai demandé s'il s'agissait

 27   de la même affaire. Nous avons vu les requêtes allant dans ce sens.

 28   R.  Oui, en effet.

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  1   Q.  Et précisément parce que ici nous avons quelque chose qui n'est pas

  2   assez lisible. Si dans le document 2D00120, M. Pasalic a émis une requête,

  3   donc, le 5 juin 1993, c'est la raison pour laquelle je vous demande si nous

  4   avons ici affaire à un envoi de médicaments répondant précisément à cette

  5   requête-là.

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Reportez-vous maintenant au 2D00122.

  8   R.  Je l'ai.

  9   Q.  Il s'agit d'une nouvelle requête datant du 9 juin. Pouvez-vous la

 10   commenter brièvement ?

 11   R.  Cela rejoint précisément ce que j'ai dit. Il est demandé d'assurer de

 12   façon urgente le libre passage des équipes de chirurgiens, des volontaires,

 13   ainsi que la fourniture de la liste de médicaments qui est fournie, et il

 14   est fait mention d'un véhicule qui aurait été confisqué, mais cela a trait,

 15   effectivement, à la même chose.

 16   Q.  Monsieur Bagaric, est-ce que c'est une nouvelle requête ?

 17   R.  Oui, c'est une nouvelle requête.

 18   Q.  Pouvez-vous alors passer au 2D00323.

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  Il s'agit d'une lettre adressée par M. Tugomir Gveric, qui fait

 21   référence au document précédent et répond, et il dit :

 22   "Concernant la demande du commandement du 4e Corps d'armée adressée aux

 23   services médicaux du HVO, nous avons l'obligation de répondre, nous

 24   envoyons le matériel médical et les médicaments que vous demandez. Nous

 25   attendons que le transport soit assuré par la FORPRONU. Concernant votre

 26   demande d'ambulance, nous attirons votre attention sur le fait que pendant

 27   l'agression dirigée contre la ville de Mostar, vous avez détruit

 28   délibérément 19 ambulances, blessé six chauffeurs, et vous en avez tué un.

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  1   Nous ne pouvons pas répondre favorablement à votre demande."

  2   Alors, le numéro du document est le 2D00323, excusez-moi.

  3   Est-ce que vous pouvez commenter cela ? Nous parlons, encore une

  4   fois, d'une équipe de médecins, des spécialistes, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui. Ça rejoint ce que nous avons déjà dit. Malheureusement, à cause

  6   des affrontements, la communication avec l'hôpital de guerre de Jablanica a

  7   été interrompue. Pourquoi cela ? Il ne faisait aucun doute que les demandes

  8   de médicaments allaient recevoir une réponse favorable. Mais mon collègue

  9   Gveric affirme ici : Nous ne disposons pas de véhicules. Mais il le dit

 10   comme si nous, nous avons disposé de suffisamment d'ambulances nous-mêmes

 11   et pour en envoyer à d'autres. En ce qui concerne les équipes de

 12   chirurgiens, nous avions des volontaires au sein de nos équipes qui étaient

 13   disposés à partir, j'en suis tout à fait sûr, je le sais avec certitude,

 14   mais je dis en toute responsabilité que personne ne se serait porté

 15   volontaire, qu'il s'agisse des Musulmans ou des Croates, pour y aller, et

 16   il était impossible pour nous de nous rendre sur place dans les

 17   circonstances qui prévalaient, car nous ne pouvions pas garantir la

 18   sécurité de ces personnes en direction de Jablanica.

 19   Mme NOZICA : [aucune interprétation]

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : -- il vous restera 50 minutes, environ, demain.

 21   Monsieur le Témoin, vous reviendrez pour l'audience de demain après-midi,

 22   puisque nous reprendrons à 14 heures 15.

 23   Voilà, je souhaite à tout le monde une bonne fin de journée.

 24   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mardi 21 avril

 25   2009, à 14 heures 15.

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