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1 Le mercredi 20 mai 2009
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Les accusés Prlic et Coric sont absents]
5 [Le témoin vient à la barre]
6 --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
8 l'affaire, s'il vous plaît.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour à tous, bonjour à tous, à tous
10 ceux qui se trouvent dans le prétoire.
11 Il s'agit de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
13 En ce mercredi 20 mai 2009, je salue en premier M. Praljak, je salue M.
14 Stojic, M. Petkovic, et M. Pusic. Je salue Mmes et MM. les avocats, je
15 n'oublie pas de saluer M. Stringer et tous ses collaborateurs et
16 collaboratrices, ainsi que toutes les personnes qui nous assistent.
17 Avant de continuer les questions, Monsieur Praljak, je crois que Me
18 Karnavas veut intervenir.
19 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci. Bonjour, Monsieur le Président.
20 Bonjour à tous.
21 Avant de venir ce matin, j'ai diffusé, au Procureur ainsi qu'à la Chambre,
22 un échange de courriel, suite à une requête qui a été déposée hier par le
23 bureau du Procureur. Depuis, M. Stringer a regardé cet échange de courriel,
24 et je crois que M. Stringer souhaite vous adresser -- j'allais vous
25 demander si nous allions déposer une requête pour réexamen sur la base de
26 cet échange de courriel. Je crois que la situation est claire, mais ayant
27 reçu la décision de la Chambre, nous avions demandé des clarifications,
28 parce que nous voulions vérifier que nous avions fait les choses en temps
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1 et en heure. Vous avez sans doute remarqué, que nous avions déposé une
2 requête de quelque 1 300 pages de commentaires et nous devons travailler
3 là-dessus, nous étions en train de le faire au moment où cette décision a
4 été rendue, donc nous voulions vérifier que nous avions en effet respecté
5 les délais. M. Stringer, lorsqu'il a vu cet échange e-mail qu'il n'avait
6 pas vu puisqu'il était très occupé pour se préparer au témoignage du
7 général Praljak, je crois qu'il voulait ajouter quelque chose.
8 M. STRINGER : [interprétation] Bonjour à tous, à tous ceux qui se trouvent
9 dans le prétoire.
10 En effet, il s'agit de la requête pour réexamen déposée par la Défense
11 Prlic concernant un certain nombre de documents.
12 Hier soir, le Procureur a déposé sa réponse à la requête pour réexamen, et
13 nous nous sommes fondés sur une décision récente de la Chambre qui impose
14 des conditions ou des limites concernant la déposition de requêtes pour
15 réexamen. Lorsque nous avions déposé notre réponse hier, j'avais oublié un
16 échange pour courriel en date du 27 mars, que j'avais vu à l'époque, dans
17 lequel la Chambre avait clarifié les choses en disant que la décision, qui
18 imposait des limites sur ces requêtes pour réexamen, que cette décision
19 n'allait pas s'appliquer à la requête pour réexamen que préparée à l'époque
20 l'équipe Prlic, c'est-à-dire au moment où cette décision avait été rendue.
21 Il s'agit d'un échange en date du 27 mars. Je l'avais vu à l'époque, et
22 pour être parfaitement franc avec la Chambre, j'avais oublié l'existence de
23 cette clarification qui avait émané de la Chambre.
24 Cela signifie que la Chambre -- je demande à la Chambre de ne pas tenir
25 compte de la réponse déposée par le bureau du Procureur hier, puisque étant
26 donné les circonstances cela n'a pas lieu d'être.
27 Selon mon souvenir, le délai pour le bureau du Procureur tombe, je crois, à
28 la fin de la semaine, c'est-à-dire vendredi. Mais je vérifierais cela à la
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1 pause. Si tel est le cas, si en effet la date limite pour déposer une
2 réponse à cette requête pour réexamen, dans ce cas, nous n'avons pas encore
3 dépassé ce délai. Dans ce cas, je retire la réponse qui avait été déposée
4 hier et je vais réfléchir pour savoir si, oui ou non, il faut déposer une
5 autre requête modifiée tout en respectant le calendrier. Nous n'allons pas
6 demander une prolongation.
7 Merci, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Très bien. Tout est clair. La Chambre vous
9 donne acte de vos interventions respectives en la matière.
10 Maître Pinter.
11 LE TÉMOIN : SLOBODAN PRALJAK [Reprise]
12 [Le témoin répond par l'interprète]
13 Mme PINTER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, merci.
14 Bonjour à vous, à vos collègues, et à tous et toutes dans le prétoire et
15 autour.
16 Interrogatoire principal par Mme Pinter : [Suite]
17 Q. [interprétation] Mon Général, hier nous nous sommes entretenus sur un
18 jeu de documents issu de ce livre de Sead Cupina. Est-ce que vous voudriez
19 ajouter quelque chose ou est-ce qu'on peut aller de l'avant ?
20 R. On va de l'avant.
21 Q. Bien. Alors je vous demande de vous pencher sur le 3D 02855. Il s'agit
22 d'un document du 20 mai 1992, et il est question d'un ordre à l'attention
23 du commandement de la Brigade de Mostar, émanant du commandant, le général
24 de division, Momcilo Perisic.
25 R. Lequel vous avez dit, le document, je n'ai pas très bien saisi ?
26 Q. 3D 02855.
27 R. Merci.
28 Q. Les documents sont rangés dans l'ordre, l'ordre croissant.
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1 R. J'y suis.
2 Q. Est-ce que vous avez déjà vu ce document de par le passé ?
3 R. Oui.
4 Q. Sur quoi attireriez-vous l'attention de tout un chacun au sujet de ce
5 document ? D'abord, ce général de division, Momcilo Perisic, c'est la
6 personne dont a parlé hier lorsque nous avons parlé de la prise de la
7 caserne de Grabovina et lorsque vous l'avez mentionné comme étant la
8 personne avec qui vous avez eu des contacts, voire la personne qui a décidé
9 de l'attaque héliportée ?
10 R. Oui. Il était commandant de ces effectifs de l'armée populaire
11 yougoslave. Pour autant que je le sache, il était à la tête des unités --
12 des autres unités qui attaquaient depuis la rive gauche, vers la rive
13 droite de la Neretva. Enfin, il n'y a pas grand-chose à dire au sujet de ce
14 document. Il est parfaitement clair.
15 Q. J'attire votre attention sur le paragraphe 2, de la page 1, dernière
16 partie.
17 L'INTERPRÈTE : Le témoin sans faire de pause.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Certes. Il s'agit d'un ordre classique d'un
19 militaire qui dit qu'il procèdera au regroupement des effectifs du corps et
20 qu'il préparera toutes les charges d'explosifs pour faire sauter tous les
21 ponts. Enfin ceux qui ont fait leur formation dans l'armée de la
22 Yougoslavie et je ne sais pas si ça c'est ainsi fait ailleurs, mais les
23 choses étaient ainsi faites. Du point de vue de la construction, il y avait
24 des creux où l'on pouvait placer des explosifs pour faire sauter chaque
25 pont, et l'armée populaire yougoslave, en application de l'ordre émis, l'a
26 fait. Ces ponts au mois de mai et juin sur la Neretva par commande à
27 distance, elle les a fait tous sautés. On a pu le voir.
28 Donc il y a des préparatifs d'attaque qui sont en cours. Il est
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1 question de tout ce qu'il convient de faire, de faire des barrages,
2 préparés les unités et il est en train de déployer l'artillerie et le
3 reste. C'est assez long, mais en somme, parfaitement clair.
4 Q. Au paragraphe 4, on dit sécuriser du point de vue du génie. Alors étant
5 donné que nous nous trouvons entre Mostar et Capljina, c'est-à-dire
6 Capljina et Stolac, et nous sommes en train de parler de l'année 1992, il
7 est question de la rive est de la Neretva.
8 R. Bien sûr, aussi de façon évidente, ils avaient estimé qu'il y avait de
9 notre côté beaucoup de militaires. A chaque fois on exagère un peu. Les
10 effectifs de l'autre côté, ils savaient probablement quels étaient les
11 effectifs à notre disposition à l'époque, autrement ils se seraient
12 comportés de façon autrement. Mais mis à part les préparatifs d'attaque, il
13 dit que la rive est doit être bien bloqué par utilisation de MPO et
14 préparer tous les ponts pour destruction. Il dit qu'une fois que les ordres
15 afférents reçus, il les ferait sauter, parce qu'il y avait déjà un pont au
16 village de Buna sur la rivière Buna qu'on avait déjà préparé pour le faire
17 sauter, parce que c'était susceptible de couper la communication entre
18 Mostar et Capljina. S'agissant de l'attaque relative à la rive gauche de
19 juin 1992, à la tête de quoi je me trouvais, j'ai prêté attention à la
20 chose et nous avons réussi pour ce qui est de cette route de communication
21 entre Sarajevo-Konjic-Mostar, Capljina et la rive, enfin le littoral, on a
22 réussi à s'emparer du pont avant qu'ils ne le fassent sauter. Parce que
23 militairement parlant, ce n'était pas trop important.
24 Q. Merci. Nous pouvons passer maintenant au document d'après, 3D 03050. Il
25 s'agit d'un document daté du 25 mai 1992; le signataire est une fois de
26 plus le commandant Momcilo Perisic. Il s'agit d'un ordre d'entrée en
27 action. Vous avez pris connaissance de ce document ?
28 R. Oui.
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1 Alors le 25 mai -- ou plutôt, le 10 avril 1992, la situation militaire en
2 Herzégovine n'était guère bonne. Vous avez pu le voir, l'organisation de
3 l'armée et notamment le 10 avril 1992, le HVO ou ces unités avaient perdu
4 Kupres. C'était un emplacement stratégiquement important pour attaquer
5 Split et au-delà, le territoire de l'Herzégovine entier. La JNA au plateau
6 de Kupres, qui est idéal pour les chars parce que déjà auparavant les
7 manœuvres de blindé avaient toujours eu lieu dans ce secteur-là, donc la
8 JNA a réussi à s'emparer de Kupres et nous avons eu beaucoup de pertes. Il
9 y a eu beaucoup de morts et beaucoup de blessés, ainsi que beaucoup de
10 capturés. La situation toute entière se présentait à peu près comme vous
11 avez pu le voir. Il s'agissait de redresser l'organisation et d'intervenir
12 sur deux segments importants, à savoir mise en place d'un état-major, chose
13 dont s'est chargé le général Petkovic; aux fins de réunifier tous ces
14 groupes, à savoir tous les secteurs qui avaient réussi de s'armer.
15 Dans certains segments, il fallait faire intervenir des gens,
16 notamment sur le secteur de Capljina, Mostar et au nord de là, pour faire
17 en sorte que, le 15 mai 1992, l'on finisse par s'emparer de Stolac. Les
18 Serbes, une fois qu'il y a eu les premiers réfugiés partis de Stolac,
19 notamment les Croates, il est resté quand même bon nombre de Musulmans. Les
20 Serbes avaient souhaité créer une armée conjointe, une police conjointe
21 avec eux. Ils leur disaient qu'ils allaient être en sécurité, bien sûr, ils
22 n'ont pas cru. Il y a eu des meurtres notamment de réservistes ivres qui
23 probablement là-bas aussi étaient hors contrôle.
24 Q. Meurtre de qui ?
25 R. De Musulmans, de la part de réservistes de la JNA.
26 Ce 15 mai, les Serbes ont chassé à Mostar pratiquement tout le monde,
27 tous ceux qui se trouvaient à l'est, à la rive est. Les gens sautaient dans
28 la rivière. Certains passaient par les ponts, on leur tirait dessus. Il y a
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1 eu une femme qui a été tuée sur le pont et d'autres encore. En même temps,
2 après cette première vague de réfugiés, il y a eu une vague de réfugiés
3 énorme - on en a déjà parlé - et ces réfugiés sont arrivés sur la rive
4 gauche de la Neretva dans le secteur de Sevac Polje et dans le secteur de
5 Pocitelj. Au tout début, ils ont essayé de se frayer un passage vers
6 Capljina en empruntant la route principale pour une fois arriver à
7 Capljina, emprunter le vieux pont ferroviaire à voie étroite qui était
8 encore utilisable pour servir à des fins de circulation dans une direction
9 seulement. On ne pourrait pas aller dans les deux directions mais, comme le
10 pont de Capljina -- le principal pont de Capljina était déjà miné avec des
11 explosifs, c'était par là qu'il fallait passer.
12 Les Serbes n'ont pas voulu leur ménager un passage et on a parlé de la
13 chose avec un témoin et il y a eu l'ordre d'organiser d'urgence l'accueil
14 de ces personnes. En application du document qu'on a déjà versé au dossier,
15 nous avons procédé au transfert de quelques 15 000 personnes avec deux
16 radeaux ordinaires. Je ne sais pas si vous savez ce que sait qu'un radeau
17 mais c'est donc là une embarcation sans moteur. On se sert donc du courant
18 de l'eau pour passer d'un côté à l'autre et on a fait passer 15 000
19 personnes. On a fait passer 3 000 petites voitures. Etant donné que les
20 Serbes n'ont pas progressé suffisamment vite en ces deux ou trois journées
21 d'effort extrêmes que nous avons déployés, et là, il faut reconnaître le
22 mérite des individus qui s'en sont occupés, on a réussi à faire passer même
23 des camions lourds. Il en est resté une dizaine à peine et transféré 3 000
24 voitures avec des radeaux, ça fait 60 ferries qui transportent 50 voitures
25 chacune au niveau de l'Adriatique, si on fait circuler les passagers.
26 Donc on a accueilli ces gens, ceux qui ne sont pas partis vers la Croatie -
27 et je parle ici d'hommes - ceux-là, on les a conviés pour qu'ils viennent
28 suivre un entraînement. Je parle de Musulmans ici, et s'agissant du groupe
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1 que nous avons armé, entraîné et ainsi de suite, avec les segments
2 logistiques, Stojic et autres, on a réussi donc à armer ces gens, leur
3 fournir un entraînement et c'est partant de ce groupe-là qu'a ensuite été
4 créée la Brigade de Bregava qui était constituée uniquement de Musulmans.
5 Cette Brigade de Bregava, après la libération de Stolac au mois de juin,
6 début juin 1992, est passée du côté gauche et s'est emparée aux côtés du
7 HVO des positions face aux lignes que nous avions atteintes suite à
8 l'opération de Stolac et les opérations en direction de Capljina étaient
9 dirigées par le général Petkovic.
10 Je précise que, pour ce qui est de l'action visant à repousser l'ennemi de
11 Dubrovnik à droite de Metkovic, l'opération a été dirigée par une Brigade
12 de l'armée croate, et son commandant, pour autant que je le sache,
13 s'appelait Beneta. Il s'agissait d'une opération conjointe et l'armée
14 croate l'a fait aux fins de libérer Dubrovnik qui était complètement
15 encerclée, dans un étau. On pourrait tirer au pistolet sur cette ville et
16 le HVO allait suivant l'axe Capljina pour finir, pour aboutir à Stolac.
17 Dans la deuxième phase de cette opération, je suis venu aider autant que je
18 savais le faire.
19 L'INTERPRÈTE : Question hors micro, micro, micro.
20 Mme PINTER : [interprétation]
21 Q. [aucune interprétation] -- ce document, pour l'essentiel, c'est
22 l'évaluation du commandant du Corps de l'Herzégovine portant sur les
23 intentions du HVO. Au paragraphe 2, après le numéro 1, il est dit que
24 l'objectif c'est le territoire de l'Herzégovine Est et les parages de
25 Dubrovnik. Alors vous venez d'en parler de cet objectif Dubrovnik ?
26 R. Je vais toujours répéter des choses qui sont infiniment évidentes, à
27 savoir que la JNA dans la réalisation de ce plan politique ne s'est pas
28 attaquée à la Bosnie-Herzégovine et à la Croatie de façon distincte. Elle
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1 voulait s'emparer des territoires qui, dans leurs têtes, avaient été
2 proclamés comme étant cet Etat de Yougoslavie, voire de Serbie; et c'est
3 tout à fait clair dans ces documents. Il ne s'agissait pas de frontières
4 des républiques, quelles soient reconnues ou pas, c'était dénué de
5 pertinence. Pour eux, c'était un théâtre de bataille et il y avait un seul
6 objectif à poursuivre.
7 Q. Mon Général, on vient de me prévenir qu'au compte rendu, page 7, ligne
8 6, on n'a indiqué que ces événements se sont produits le 15 mai 1995.
9 R. 1992.
10 Q. Je me propose maintenant de vous demander au sujet de ce document et ça
11 ne fait que confirmer ce que vous nous avez dit jusqu'à présent. Je
12 voudrais que vous nous indiquiez : où se trouve le village de Slano et où
13 se trouve Popovo Polje ? Il s'agit de localités indiquées comme étant des
14 centres de gravité pour ce qui est des attaques lancées ou des attaques
15 auxquelles on s'attendait.
16 R. Slano, c'est en Croatie, et Popovo Polje, c'est là que se trouve la
17 frontière entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie.
18 Q. Merci.
19 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderaient à ce que les questions et les
20 réponses ne se fassent pas en même temps.
21 R. Alors tout doucement, les Musulmans ont fini par se retourner vers le
22 secteur et nous avons permis la création de cette Brigade de Bregava qui a
23 fini par passer vers Stolac.
24 Ce que je veux indiquer c'est que cela contredit quelque volonté que ce
25 soit de nettoyer le territoire de ces Musulmans, parce que du fait de
26 l'attaque des Serbes, c'était déjà vide et il n'y avait plus les Musulmans.
27 Mais si quelqu'un avait souhaité au niveau de la HZ HB parmi son
28 commandement faire en sorte que ce territoire soit ethniquement pur, une
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1 banovina quelconque, ils n'iraient pas armés une brigade musulmane pour les
2 ramener au point de départ avec la population. Qui plus est, on aurait pu
3 dire, vous n'avez plus le droit de retourner, et puis c'est tout.
4 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, vous vous lancez
5 dans des arguments dans des spéculations. Je vous demande de bien vouloir
6 vous en tenir aux faits.
7 Puisque je vous ai déjà interrompu, j'ai deux petites questions à
8 vous poser.
9 Vous avez dit à la page 6, ligne 15, en ce qui concerne ce document, vous
10 dites :
11 "Le 25 mai -- ou plutôt, le 10 avril, la situation militaire n'était
12 pas bonne."
13 Pourquoi mentionnez-vous la date du 10 avril alors que nous avions
14 déjà un document en date du 20 mai qui était également un texte, un ordre
15 similaire, alors que vous n'aviez pas fait la même remarque à ce propos-là
16 ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Trechsel, je l'ai déjà dit, en
18 indiquant que la situation au 10 avril était déjà mauvaise, et ça s'est
19 notamment détérioré du fait que l'ARSK et la JNA avaient chassé la totalité
20 de la population, Croates et Musulmans confondus de la rive gauche de la
21 Neretva, Konjic et Mostar.
22 Donc à Mostar, nous avions des dizaines de milliers de réfugiés, à Capljina
23 et Medjugorje, des dizaines de milliers de réfugiés aussi, et c'est de cela
24 que je parle.
25 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup.
26 La deuxième question que je souhaitais poser porte sur l'en-tête. Il y a
27 une ligne où il y a le mot "to" et puis "commandement," mais on n'a pas
28 d'explication concernant ce commandement. A qui est adressé ce texte ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Trechsel, ce type d'ordre est
2 d'abord préparé et à partir de la date qu'on a désigné pour la date de
3 départ, on dit quel est le commandement concerné et on met à qui l'ordre
4 est communiqué pour ce qui est donc des destinataires afin que l'ordre soit
5 exécuté. Donc ici nous avons un ordre qui n'est pas encore parti pour
6 exécution. Moi, je ne disposais pas de la totalité de leur -- enfin, à un
7 moment donné, on a réussi à capturer ceci, je suppose, chez quelqu'un mais,
8 eux, à un moment donné où il fallait rédiger tout ceci, on indiquait, M. le
9 Juge Trechsel, M. le Juge un tel, et cetera.
10 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci. Dans ce cas, c'est une
11 ordonnance préparatoire, en allemand : "Forbaltener welle." [phon] Je ne
12 sais pas si vous connaissez la terminologie allemande.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement, Monsieur le Juge.
14 Mme PINTER : [interprétation]
15 Q. [aucune interprétation]
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, vous avez dit quelque chose tout à
17 l'heure qui mérite un approfondissement.
18 Nous avons vu deux documents militaires signés par le général Perisic, sur
19 une situation du mois de mai. Quand on lit ces deux documents militaires,
20 qui sont des documents très longs, je dirais même peut-être de tous les
21 documents que nous avons vus, c'est peut-être l'ordre militaire le plus
22 détaillé qu'on ait pu voir jusqu'à présent, il en résulte qu'il y a donc
23 une situation de conflit et que les Serbes prennent toutes les mesures pour
24 faire face à cela. Mais sans entrer dans la technique de cet ordre - parce
25 que là nous pourrions passer beaucoup de temps - je vais me placer sur un
26 autre plan.
27 Vous venez de dire, il y a quelques instants, qu'il y a eu beaucoup de
28 réfugiés musulmans qui sont venus à Mostar, et puis vous avez embrayé sur
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1 la création d'éventualité d'une brigade musulmane, et cetera. Alors, si des
2 Musulmans quittent une zone X où ils vivaient, et ils partent sans espoir
3 de retour, est-ce que ce départ est, d'après vous, le fait unique des
4 Serbes ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Uniquement des Serbes, Monsieur le Juge.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Si ces Musulmans ne reviennent pas dans leur
7 région, de votre point de vue, est-ce qu'on pourrait imputer au HVO après
8 une quelconque responsabilité dans le fait qu'ils ne reviennent pas ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, en aucune façon, Monsieur le Juge
10 Antonetti. Quand le HVO a libéré ces territoires, le libre retour était
11 garanti à tout le monde, y compris la Brigade Bregava, qui est revenue une
12 fois qu'on l'a aidée à les former, à entraîner, armer et vêtir.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que, dans les éléments de preuve que vous
14 nous apporterez, parce qu'on ne les a pas tous, puisqu'il vous reste encore
15 du temps, est-ce que vous avez prévu de nous montrer une carte de la
16 Bosnie-Herzégovine où il y avait des Musulmans, et ces Musulmans sont
17 partis à cause des Serbes, et ont laissé donc des territoires sous contrôle
18 serbe, voire peut-être après sous contrôle du HVO, mais où il n'y a plus eu
19 de Musulman ? Est-ce que vous avez l'intention de nous présenter cela ou
20 pas ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, bien sûr, je peux le
22 montrer très simplement. Sur l'ensemble de la zone de la Blagaj, du plateau
23 de la Dubrava, et de la rive est de la Neretva, les choses se sont passées
24 précisément comme je l'ai indiqué. C'est moi qui ai émis l'ordre. Alors,
25 bien entendu, je n'avais pas le droit de faire cela d'émettre un ordre,
26 pour être tout à fait clair, mais à cet instant précis, je prends ce rôle-
27 là et j'émets l'ordre que l'on prenne en charge tous les réfugiés. Nous les
28 avons tous pris en charge tous, et vraiment tous ceux qui ont voulu revenir
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1 chez eux, ont peu revenir sur la zone de Stolac, de Mostar Est, du village
2 de Buna; simultanément avec les forces de l'ABiH, mais demain je
3 préparerais une carte qui le montrera.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. On verra ça plus tard.
5 Mme PINTER : [interprétation]
6 Q. Général, il nous faut encore clarifier la question de ces localités qui
7 sont mentionnées dans ce document. Comme je l'ai dit, il s'agit de Slano,
8 de Zavala, de Dubrovnik, de Peljesac, de Sipan. Où se trouvent ces
9 localités ?
10 R. En République de Croatie pour toutes ces localités. Sipan est une île.
11 Donc toutes les localités que vous avez énumérées aussi bien que la
12 presqu'île de Peljesac, par exemple, qui est cette grande presqu'île
13 visible ici.
14 Mme PINTER : [interprétation] M. l'Huissier, si on peut donner peut-être à
15 M. Praljak une règle.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai.
17 Alors, voilà, Monsieur le Juge, ceci est Peljesac en République de Croatie.
18 [Le témoin s'exécute]
19 Ceci est Dubrovnik.
20 [Le témoin s'exécute]
21 L'INTERPRÈTE : Me Pinter, hors micro.
22 Mme PINTER : [interprétation]
23 Q. Alors juste un instant, Général. Les Juges viennent juste de prendre la
24 carte pour l'examiner.
25 R. [aucune interprétation]
26 L'INTERPRÈTE : Le témoin dit que la réponse est inaudible.
27 Mme PINTER : [interprétation]
28 Q. [aucune interprétation]
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1 R. [aucune interprétation]
2 Mme PINTER : [interprétation] Alors c'est la pièce 3D 003545, on peut donc
3 l'afficher sur les écrans, mais dans ce cas-là, je prierais M. l'Huissier
4 de bien vouloir apporter un stylet au général Praljak afin qu'il puisse
5 procéder à des indications sur cette carte.
6 L'INTERPRÈTE : Me Pinter hors micro.
7 Mme PINTER : [interprétation]
8 Q. 3D 00 -- pardon, il n'y a un seul zéro, 3D 03545.
9 R. Où sont ces cartes ?
10 Q. 3545. 3D 03545.
11 Pendant que nous attendons l'affichage de cette carte, Général, pour ce qui
12 est de ces localités que nous avons énumérées, veuillez indiquer, s'il vous
13 plaît, où elles se trouvent; nous avons mentionné Dubrovnik, Slano, Zavala,
14 ainsi que Peljesac, la presqu'île donc de Peljesac, puis Sipan, Slano et
15 enfin Popovo Polje.
16 R. C'est une petite carte.
17 Q. On peut l'agrandir.
18 R. Voilà Sipan.
19 [Le témoin s'exécute]
20 Excusez-moi. Voilà Sipan.
21 [Le témoin s'exécute]
22 Peljesac.
23 [Le témoin s'exécute]
24 Q. Placez un numéro 1 à côté de Stipan et 2 pour Peljesac.
25 R. Slano, numéro 3; quant à Popovo Polje, c'est ici, numéro 4. Donc à
26 partir de la République de Bosnie-Herzégovine et de Popovo Polje, ils
27 lancent des attaques ainsi que cela a été établi déjà des dizaines de fois,
28 et se prépare à la défense. Mais il ne s'agit même pas d'attaques. Ces
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1 zones devraient être libérées. Dubrovnik était encerclée et je l'ai déjà
2 montré, on ne pouvait venir qu'en bateau ici. C'était une petite escouade
3 de bateaux, une équipe extraordinaire de Dubrovnik qui a réussi à
4 contourner le blocus des forces maritimes de la JNA et à maintenir sous
5 perfusion cette ville jusqu'à ce que l'armée croate ne la libère. Donc dans
6 cette opération de libération, l'armée croate devait aller selon cet axe de
7 Metkovic vers Stolac afin de s'assurer la possibilité de progression
8 ensuite vers le sud. Donc ils sont allés de Capljina vers Stolac sous la
9 direction du général Petkovic et c'est le chiffre 6; et le chiffre 5
10 correspond aux troupes menées par Beneta de Metkovic et Stolac.
11 Q. Mais alors nous pourrions conclure que le point 2 et ce qui suit
12 correspondent en réalité aux intentions qui sont celles de l'armée croate -
13 - ou plutôt, du HVO - excusez-moi - et ainsi qu'à l'axe qui est celui des
14 opérations menées par le HVO, et ils se préparent à contrer leurs
15 opérations ?
16 R. Oui, en effet c'est manifestement la défense qu'ils étaient en train de
17 préparer pour se défendre contre le HVO; vous pouvez voir que cela s'étend
18 ensuite vers le nord.
19 Q. Général, et pour compléter votre réponse à la question de M. le Juge
20 Trechsel, quelle connaissance avez-vous de ces événements ? Les avez-vous
21 complétés ultérieurement, ou bien est-ce la connaissance que vous en avez
22 de l'époque où ils se sont produits ?
23 R. La connaissance que j'en ai remonte au moment où ils se sont produits.
24 Q. Etiez-vous présent ?
25 R. J'ai été participant sur place et j'ai participé activement ainsi que
26 je l'ai déjà décrit. Bien que je n'ai pas été officiellement chargé de
27 commander, j'ai assuré, j'ai fait la navette entre le territoire des
28 opérations et Zagreb, et j'ai procédé à des préparatifs et à
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1 l'organisation. J'ai travaillé également au moral des troupes, et je leur
2 ai dit que nous avions la force de nous défendre et que nous lancerions une
3 attaque, une offensive à un moment donné sur la rive gauche de la rivière
4 Neretva.
5 Q. Alors pour finir de répondre à cette question, pourriez-vous vous
6 reporter à la page 2 de ce même document dans le coin inférieur gauche ? Il
7 est indiqué à qui ce document est adressé.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- numéro IC.
9 Mme PINTER : [interprétation] Oui, oui, mais je souhaitais en terminer avec
10 ce document pour ensuite demander un numéro IC pour l'ensemble et j'en
11 ferai la demande effectivement.
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, la version annoté du
13 document 3D 03545 aura le numéro ou la cote IC 1011.
14 Mme PINTER : [interprétation] Merci.
15 Q. Général, pouvez-vous nous dire ce que représentent ces abréviations IKM
16 Mostar, IKM Mrkonjici ?
17 R. C'est le point de commandement délocalisé Mostar ou le point de
18 commandement -- poste de commandement délocalisé de Mostar ou de Mrkonjici
19 ? Mais je pense que je pourrais quasiment passer des heures sur un document
20 comme celui-là mais nous n'avons pas le temps de faire cela.
21 Q. Nous n'avons pas le temps mais nous devons expliquer à qui ce document
22 était adressé ?
23 R. Non, il n'allait pas au HVO en tout cas.
24 Q. En effet.
25 R. Si c'est le général Perisic qui signe cela alors, il est évident à qui
26 cela est adressé mais pour moi cela n'a aucune importance peut-être le
27 regarder plus en détail à qui cela a été envoyé.
28 Q. Passez maintenant au document, au document 3D 03064, s'il vous plaît.
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1 Mme ALABURIC : [interprétation] Excusez-moi, Messieurs les Juges, je
2 voudrais juste procéder à une correction. Page 17 -- ligne 16 du compte
3 rendu d'audience, le général Petkovic a parlé du général -- le général
4 Praljak a parlé du "général Perisic" et non pas du général Petkovic ainsi
5 que cela est mentionné au compte rendu.
6 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Moi, j'ai entendu au niveau de la
7 traduction, j'ai entendu "Petkovic."
8 Mme ALABURIC : [interprétation] Il est absolument certain que le général
9 Praljak a parlé du général Perisic mais nous pouvons lui demander de
10 répéter.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est le général Perisic, bien sûr.
12 Mme PINTER : [interprétation]
13 Q. Général, il faut que je répète le numéro. C'est le 3D 03064.
14 R. Alors pour ce qui concerne ce document, c'est un rapport de Zarko Keza,
15 qui était responsable des services de Renseignements militaires au sein du
16 HVO, services qui s'occupaient d'essayer d'apprendre ce dont disposait
17 l'ennemi en termes de ressources, ce qu'il faisait, quelles étaient ses
18 intentions, où se trouvaient ses postes de commandement et ainsi de suite;
19 toutes les informations donc concernant l'ennemi étaient censées être
20 collectées par la personne qui était à la tête du service des
21 renseignements militaires du HVO.
22 Dans ce document, entre autres, il me semble qu'il est important de
23 souligner les éléments dont nous avions connaissance et qui sont les
24 suivants. Parmi les Serbes qui étaient restés de notre côté et à Mostar, il
25 y en avait, me semble-t-il, environ 4 000 à Capljina également et ainsi de
26 suite; parmi toutes ces personnes, il est tout à fait certain qu'il en est
27 eu de nombreux que l'on a laissé poursuivre leurs activités de contre-
28 renseignement ou d'agents provocateurs, de personnes qui intervenaient pour
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1 le compte du KOS, du K-O-S, et ici, ce que j'indique que l'intention des
2 Serbes, et cela a été continuellement leur intention et c'est ce qu'ils ont
3 fait en permanence. Cela consistait à encourager par tous les moyens
4 possibles et imaginables les divergences entre les Croates et les
5 Musulmans, et tout conflit même le plus minime, tout conflit individuel
6 faisait l'objet d'une tentative de leur part pour que cela soit transformé
7 par l'intermédiaire de la propagande en quelque chose de plus important qui
8 entraînerait un nouveau conflit et puis de nouvelles opérations de
9 propagande, et cetera, et cela est tout à fait certain. Ils avaient un
10 certain succès en la matière à l'époque. Leur service le faisait bien, et
11 puis ensuite ils faisaient intervenir également leur artillerie, ils
12 tiraient sur les Croates puis sur les Musulmans.
13 Puis tout d'un coup, des rumeurs apparaîtraient selon lesquelles les
14 Croates tiraient sur les Musulmans et les Musulmans tiraient sur les
15 Croates, et l'ensemble de ce territoire voyait passer un nombre
16 considérable de rumeurs de cette nature. Quant à la lutte contre cette
17 sorte de rumeur, c'était l'une des tâches les plus difficiles qui pouvaient
18 incomber à un individu sur place.
19 Q. Très bien. Alors maintenant sur le document 3D 0322 -- 3D 36-1646,
20 c'est la page en croate, et en anglais, c'est 3D 36-1662. Il s'agit d'un
21 article de Camil Salihovic concernant la 6e Flotte de la Neretva. Je
22 voudrais simplement attirer votre attention dans cet article sur les
23 réponses de Mirsad Zuhric, qui était commandant dans la zone de la Dubrava.
24 Dans la partie qui appartenait - alors on ne peut pas dire la BiH car ils
25 étaient encore intégrés au HVO à l'époque - et je voudrais simplement
26 souligner cette partie où il parle de la façon dont ils ont acquis une très
27 bonne réputation au sein du HVO. Alors vous avez déjà évoqué la coopération
28 entre le HVO et les Musulmans, vous avez dit qu'ils se sont battus
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1 ensemble. Vous avez dit que le jeune Luburic avait, à un moment, amené des
2 insignes à fleur de lys pour des combattants appartenant au groupe ethnique
3 musulman. Maintenant, nous avons cet article qui parle précisément de cela,
4 à savoir que les combattants musulmans portaient des insignes à fleur de
5 lys, et qu'il n'y avait pas le moindre problème du côté du HVO. Vous en
6 avez la même expérience, n'est-ce pas ?
7 R. Oui. Il ne s'agit pas de l'expérience que j'en avais, moi-même. Je
8 faisais cela aussi, à savoir que ces fleurs de lys, alors juste ce journal,
9 "Le Soldat de Herzégovine," c'est un numéro du mois de février 1993. Donc
10 en février 1993, nous avons encore les Musulmans qui écrivent de tels
11 articles au sujet des Croates, nous sommes encore au plus haut niveau de
12 coopération dans les combats, combats qui sont communs. Cela confirme ce
13 que j'ai dit, à savoir qu'à Medjugorje, nous avons 250 personnes qui ont
14 été armées par le HVO, entraînées également et cela a été le noyau de la
15 future Brigade de Bregava. Mais pour ne pas procéder à des conclusions
16 comme me le reprochait M. le Juge Trechsel, quant à ce que faisaient ces
17 personnes là-bas, alors cette unité est revenue -- ou plutôt, elle est
18 partie de son propre gré à Stolac. Personne ne l'en aurait empêché. Alors
19 je ne sais pas qui a fait cela, qui a produit ces insignes à Zagreb,
20 insignes que Luburic aurait donné, mais il n'y avait absolument aucun doute
21 quant à la liberté de chacun de porter l'insigne qu'il souhaitait sur son
22 uniforme. Mais il n'y avait qu'une armée qui participait à une lutte
23 conjointe, des combats conjoints, c'était l'armée de la représentant de la
24 Bosnie-Herzégovine.
25 Mme PINTER : [interprétation] Pour en finir avec Capljina et Stolac, en
26 1992, c'est le document 3D 00682, et aux fins du compte rendu d'audience,
27 il s'agit d'un document que l'on présente pour contredire la déposition du
28 Témoin CU, qui a déposé ici les 15 et 16 janvier 2007, donc 3D 00682.
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1 Q. Alors Général, il est indiqué : "Rappelez au général -- rappelez M.
2 Praljak ainsi de suite." Qui a rédigé ce document, qui l'a écrit ?
3 R. Ma secrétaire à l'IPD.
4 Q. Comment s'appelait-elle ?
5 R. Mme Gasevic.
6 Q. Il y est indiqué que, samedi 6 juin, à 9 heures 30, vous devez vous
7 rendre à un rendez-vous dans les bureaux du président, en 1992. Alors
8 maintenant j'ai du mal à me rappeler si vous étiez présent ou non à cette
9 réunion, mais aux fins de l'éclaircir, nous avons préparé le document 3D
10 01538, d'où il ressort en page 3D 29-1458, que M. Slobodan Praljak, les 5
11 et 6 juin 1992, a été enregistré comme visiteur au bureau du président de
12 la république. Nous en déduisons que vous n'étiez pas présent dans la zone
13 de Capljina, le 6 juin 1992, et maintenant, je vais vous demander de --
14 M. STRINGER : [interprétation] Pardonnez-moi, écoutez, je ne pense pas que
15 c'était l'intention, mais je n'ai pas soulevé d'objection après avoir
16 entendu toute une série de questions directrices. Je pense que le conseil
17 de la Défense pose trop de questions directrices; c'est la raison pour
18 laquelle je me lève pour soulever cette objection.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Je sais que vous essayez de bien faire mais, pour
20 arriver à la conclusion, valait-il mieux que ce soit M. Praljak qui arrive
21 lui-même à cette conclusion ? Car, là, vous l'avez dirigé.
22 Mme PINTER : [interprétation] Oui, je reconnais que cela était directeur,
23 mais nous avons déjà vu ce document, ça n'a rien de nouveau, et l'on
24 attendait simplement que le général Praljak dépose.
25 Q. Enfin, Général, dites-le avec vos propres mots, s'il vous plaît.
26 R. Il est exact que l'on m'a demandé si, le 6 juin, j'étais chez le
27 président Tudjman, et je ne pouvais pas dire avec certitude que j'y étais.
28 Mais je sais avec certitude que la déclaration de (expurgé)
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1 --
2 L'INTERPRÈTE : Excusez-moi, Me Pinter, hors micro.
3 Mme PINTER : [interprétation] Je vous prie que l'on procède à l'expurgation
4 de cela, du compte rendu d'audience.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Greffier, il faut expurger la ligne 20, de la page
6 21.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Donc je ne vais pas mentionner son nom, mais
8 le témoin qui a affirmé que, le 6 juin, j'aurais été au commandement à
9 Capljina et qu'il m'y a vu et entendu, alors que, moi, je ne l'ai pas vu,
10 c'était disons caché. Il s'était sans doute caché derrière un pilier.
11 Concernant cela, premièrement qu'il ait pu ainsi entrer au poste de
12 commandement, c'est un mensonge.
13 Deuxièmement, que dans un poste de commandement aussi petit, il ait
14 pu être caché derrière un pilier et qu'on ne puisse pas l'y voir, est un
15 mensonge stupide.
16 Troisièmement, qu'il ait pu m'entendre là-bas expliquer une idée
17 selon laquelle nous allions -- que les Serbes tiraient et que nous allions
18 provoquer les Serbes pour qu'ensuite ils tirent sur les Musulmans, est un
19 mensonge encore plus stupide car j'ai transféré 15 000 Musulmans d'une rive
20 à l'autre de la Neretva. Je les ai pris en charge, je les ai armés, et ce
21 n'est -- je les ai entraînés aussi et ainsi de suite, ce n'est qu'ensuite
22 par l'intermédiaire de ce document que nous avons sous les yeux, que
23 j'étais en position de prouver que j'étais bien chez le président, le 6
24 juin. Cela montre qu'il s'agissait d'un mensonge complètement stupide. Il
25 faut au moins être intelligent lorsqu'on ment.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : En tant que Juge, je dois apprécier votre version,
27 je dois apprécier la version du Procureur, et je dois apprécier la version
28 donnée par le témoin. C'est à la lumière de cet examen qu'un Juge
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1 raisonnable peut en tirer une conclusion. Nous sommes le 6 juin 1992, à 9
2 heures 30, vous rencontrez le président Tudjman. 9 heures 30, pas 9 heures,
3 comme le dit le transcript. Si l'entretien dure une heure, voire deux
4 heures, ça nous amène à 11 heures, midi. Sur le plan technique, il est
5 possible mais quand on est un Juge pénal, on est obligé aussi de procéder
6 par hypothèse, il est fort possible que vous ayez pu dire au président
7 Tudjman; je suis venu vous voir à votre demande mais ma tâche m'amène à
8 être à Capljina, et j'ai un problème et qu'à ce moment-là, le président
9 Tudjman vous dit, il n'y a pas de problème. Je mets à votre disposition un
10 hélicoptère et vous allez retourner à Capljina.
11 Est-ce possible, n'est-ce pas possible ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non c'est complètement impossible,
13 Monsieur le Président. D'un point de vue hypothétique, on peut imaginer
14 qu'après cette entrevue, à 10 heures, je sois monté en voiture. Mais même
15 en conduisant sans prendre la même précaution, il fallait dix heures pour
16 arriver jusqu'à Capljina. Il fallait conduire comme un fou pour y arriver
17 en dix heures, et donc ce que ce témoin affirmait comme quoi j'aurais été à
18 Capljina, c'est faux. Je n'étais pas à Capljina et j'ajouterais que ce
19 témoin ment de façon éhontée et de façon stupide, car affirmer que, moi,
20 j'allais organiser des tirs sur Stolac alors 15 jours auparavant nous
21 n'avions pas ménagé nos efforts pour utiliser un mécanisme pour transférer
22 15 000 personnes. C'est tellement stupide, que je ne peux même pas en
23 parler. Il y avait 3 000 véhicules qui ont été transférés. Ce document a
24 déjà été versé - on en a déjà parlé - c'est contraire à toute logique.
25 Certains éléments sont même blessants au point qu'il est difficile d'en
26 parler.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Général, vous n'avez pas répondu à ma question. Vous
28 avez dit en voiture il vous faudrait dix heures. Mais moi, ce n'est pas en
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1 voiture je vous ai demandé. Je vous ai demandé est-ce qu'un hélicoptère ne
2 pouvait pas vous ramener de Zagreb à Capljina ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Pourquoi ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais été ainsi transféré par
6 hélicoptère. Je ne sais même pas si nous disposions d'hélicoptère à
7 l'époque en 1992. J'ignore même si l'armée croate disposait alors
8 d'hélicoptère, en tout état de cause à cette époque je n'ai jamais été
9 transporté en hélicoptère. C'est tout ce que je puis dire.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- rien ne m'échappe. Dans les deux
11 documents que nous avons vus tout à l'heure, signés par M. Perisic, il
12 indique qu'il y a des hélicoptères, que les Croates ont des hélicoptères.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas dit qu'il
14 n'y en avait pas, mais croyez-moi, moi, je n'avais connaissance du fait
15 qu'ils en aient ou qu'ils n'en aient pas. Le fait est que, moi,
16 personnellement, je ne me suis jamais rendu en Bosnie-Herzégovine en
17 hélicoptère, ni le président ne me l'a même pas -- je n'ai même pas dit au
18 président que j'allais en Bosnie-Herzégovine, je n'avais même pas le droit
19 de le lui dire. Je ne pouvais lui dire, je m'y rendais en secret. Même
20 cette opération sur la Neretva, je ne l'ai pas complémentaire achevée, je
21 ne l'ai pas menée à son terme car il m'avait convoqué il m'avait demandé de
22 venir à un rendez-vous et je ne lui avais pas dit que j'étais parti là-bas.
23 Je ne lui avais pas dit j'y suis allé en cachette.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : En admettant que ce que vous dit est la réalité,
25 pourquoi ce témoin aurait dit cela ? Dans quel but ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors il s'agissait de me noircir -- enfin de
27 noircir politiquement les Croates, et ça s'est poursuivi, ça s'est
28 approfondi, et entre les deux peuples, ça existe de nos jours encore.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
2 Mme PINTER : [interprétation] Merci.
3 Q. Mon Général, je voudrais enchaîner sur la question de M. le Juge
4 Antonetti, pour vous demander de vous pencher sur le 3D 00684. Il s'agit
5 également du texte de rappeler le général Praljak pour la date du 8 juin
6 1992. Que pouvons-nous conclure de ce document ?
7 R. Je vous l'ai dit, très clairement, à l'époque où le témoin indique que
8 j'ai été là-bas, je n'y étais pas. Je suis arrivé plus tard vers la fin de
9 l'opération de libération de Stolac. Je n'ai rien à cacher, j'étais là-bas,
10 mais plus tard. J'ai aidé dans certains segments, mais pour ce qui est
11 d'avoir convenu de battre les Musulmans, je refuse de discuter sur ce
12 point-là, et qu'on tire les conclusions qu'on veut.
13 Q. Dernière question : est-ce qu'en 1993, lorsque vous étiez commandant de
14 l'état-major du HVO, vous êtes allé sur un territoire de cette municipalité
15 de Capljina et Stolac en votre qualité de chef d'état-major du HVO ?
16 R. 1993 ?
17 Q. 1993.
18 R. A un seul moment, et c'était le 15 août 1993 -- non, c'était dans la
19 période entre le 14 et le 15, et il y a eu à ce moment-là une grande frappe
20 de l'ABiH en direction du sud, c'est-à-dire sur le secteur de Buna, ils ont
21 connu des succès au début, et c'est l'époque où les convois ne pouvaient
22 pas passer pour aller à Mostar, ça a duré. A ce moment-là, j'ai pris --
23 enfin je suis arrivé là-bas comme commandant, et j'ai participé à la
24 reprise de ce qu'on avait perdu. Je m'en souviens bien parce que le 15 août
25 c'est la Vierge Marie, c'est une fête qui est fortement célébrée par les
26 catholiques en Herzégovine.
27 Quand on en parle, ce 15 août, lorsqu'on a réussi à reprendre les positions
28 en question, il est venu à l'état-major de Citluk M. Stojic aussi, et ce
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1 jour-là, il faisait très chaud, c'est la période où il fait très chaud, et
2 il y a eu épuisement. Il est tombé dans les pommes, et il a presque mourus
3 -- enfin, il a failli mourir. Je lui ai administré une assistance d'urgence
4 pour l'envoyer après à l'hôpital, et à l'hôpital, ils l'ont sauvé. Ça c'est
5 passé encore une fois il s'était évanoui une deuxième fois de fatigue.
6 Q. Merci, Général. Je crois que nous pouvons passer au sujet suivant, et
7 il s'agit de Mostar 1992.
8 Les Juges ont reçu les classeurs à cet effet. Ils portent une instruction
9 "Mostar 1992."
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, je réfléchis à tout ce que vous
11 dites, et parfois j'ai quelques secondes de décalage.
12 Vous venez de dire que M. Stojic est venu le 15 août 1993, et qu'en raison
13 de la chaleur, il a eu un malaise, et cetera. Bon, très bien. Au mois
14 d'août 1993, M. Stojic est-il ministre de la Défense ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était responsable du département à la
16 Défense du HVO. Oui, responsable du département à la défense, il n'était
17 pas ministre.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il est responsable du département de la
19 Défense. Quand il vient, il vient pour contrôler les opérations militaires,
20 ou il vient dans un aspect purement logistique ? Quel était le but de la
21 venue ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'a pas contrôlé les opérations
23 militaires. Il était venu s'informer. Il est venu s'informer pour savoir
24 comment les choses se présentaient. Les opérations militaires étaient
25 conduites par des gens qui étaient sur le terrain le commandant de la zone
26 opérationnelle, commandant de la brigade, et moi-même aussi, lorsque je me
27 trouvais là-bas, lui est venu une fois que j'étais revenu. Il est arrivé,
28 il demandait comment ça allait et se passait, et il ne s'est pas évanoui
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1 parce qu'il faisait chaud, mais parce qu'il était épuisé.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors vous dites il est venu s'informer. Vous
3 savez, en langage militaire, tous les mots ont leur valeur, et quand on
4 emploie un mot, ça a une signification militaire. Il s'informe. Parce que
5 j'essaie de déterminer dans la défense de M. Stojic sa place.
6 Il vient s'informer, si en l'informant, vous lui avez donné des données
7 dont il ne serait pas d'accord; aurait-il le pouvoir de vous dire, à ce
8 moment-là au mois d'août : Général Praljak, il ne faut pas faire comme
9 cela, vous allez faire comme ceci ? Est-ce qu'il pouvait vous le dire ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Pourquoi ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que je n'étais pas sous le commandement
13 de Bruno Stojic. Je n'étais que sous le commandement -- enfin il n'y a que
14 Mate Boban qui pouvait me dire chose pareille, pas Bruno Stojic. Bruno
15 Stojic, lui est venu pour être tout à fait sincère, et indépendamment du
16 fait que vous souhaitiez procéder à une structuration de l'armée, je
17 comprends vos raisons, mais les communications à l'époque entre nous, ce
18 n'était pas le fait de dire que le responsable du département à la Défense
19 était venu me dire quelque chose. Mais c'est pour des raisons purement
20 humaines que je l'ai fait, pour que le responsable du département à la
21 Défense ait une information concernant ce qui se passait, mais ce n'était
22 pas mon devoir, il n'avait pas à me dire : tu n'as pas fait bien ceci ou
23 cela.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc vous avez dit - c'est à la ligne 18 de la
25 page 27 - que vous étiez sous le commandement de Mate Boban. Alors je vais
26 terminer par une autre question parce que je me dois de régler tout cela.
27 Si M. Prlic était venu également pour examiner la situation pour
28 s'informer, est-ce qu'il aurait pu également vous dire : Général Praljak,
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1 il ne faut pas que ça se passe comme cela mais ça doit se passer comme ceci
2 ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. M. Prlic ne pouvait pas le faire. M.
4 Prlic pouvait venir me voir, oui, comme l'autre, et me demander, comme des
5 gens s'entretiennent entre eux, mais c'est très volontiers que j'aurais
6 fourni des informations et que j'aurais dit la situation se présente comme
7 ci, comme cela. Il ne pouvait pas donner d'ordre. Il ne pouvait même pas me
8 demander à ce que je lui présente des rapports si l'on parle d'organigramme
9 au niveau des structures.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors même question : et pourquoi il ne pouvait pas
11 vous donner d'ordres ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que l'état-major n'était pas en
13 corrélation avec le gouvernement. Le gouvernement, en passant par Bruno
14 Stojic, avait des attributions à l'égard d'une partie de l'armée, c'est-à-
15 dire veiller à ce que cette armée soit vêtu, à ce quelle ait de quoi mangé
16 afin qu'il soit procédé à une mobilisation. Mais pour ce qui est de
17 l'utilisation opérationnelle de l'armée, qu'est-ce qu'on défend, comment on
18 défend, où est-ce qu'on attaque, comment on attaque, ça, ça faisait partie
19 des commandements -- du commandement de l'état-major, et à l'époque,
20 c'était moi, enfin des officiers ou subalternes aussi suivant la filière de
21 commandement, bien sûr.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
23 Maître Pinter.
24 Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
25 Q. Mon Général, lorsque vous avez parlé de Capljina et de mai 1992, vous
26 avez aussi évoqué la situation à Mostar. Veuillez décrire aux Juges de la
27 Chambre comment ça s'est présenté à Mostar en 1992 lorsque vous y êtes
28 arrivé ?
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1 R. Nous n'allons perdre trop de temps sur ce point-là, il y en allait
2 partout de même. Les gens ne se débrouillaient pas, c'était
3 particulièrement pénible à Mostar parce que le commandant des effectifs à
4 Mostar, je parle du HVO, c'était la seule force qui existait là-bas avant
5 que je n'arrive, c'était un certain dénommé, bien c'était un M. Perak, il
6 avait été l'homme du KOS au sein du HVO. Les Serbes avaient réussi à
7 organiser le jeu de façon à placer leur homme à eux à la tête du HVO. A un
8 moment donné, suite à instruction de la partie adverse, il a donné l'ordre
9 à la population et à l'armée de se retirer de Mostar en expliquant la chose
10 en disant que la JNA était trop forte et quelle allait être, quelle allait
11 pilonner la ville, chose que Perisic a fait et qu'il fallait qu'on s'en
12 aille de là.
13 Heureusement, dans cette armée-là, il n'y a pas eu obéissance de ce type
14 d'ordre vis-à-vis de ce type d'ordre. Il faut que l'on vous respecte et
15 qu'on respecte votre logique pour qu'on obéisse aux ordres, ce qui fait que
16 les commandants du HVO, les neuf bataillons qui se trouvaient à Mostar ont
17 refusé de le faire et ils ont vu que ça n'allait pas. Comment voulez-vous
18 qu'ils quittent la ville avec la population, donc ils ont refusé de s'y
19 conformer. Ensuite M. Perak a fui et il doit vivre encore en Serbie si tant
20 est qu'il est vivant. Il s'est enfui, ça n'a pas marché pour lui mais bon.
21 Quand vous venez après cela dans une situation de ce type, vous êtes
22 accueilli par un mur de défiance, qui c'est celui-là, est-ce que lui aussi
23 il est comme Perak, quelles sont ses intentions.
24 Ce qui est très important en temps de guerre et malheureusement dans les
25 documents ce n'est pas inscrit, à savoir le sentiment psychologique des uns
26 et des autres. Qui est maintenant ce Praljak, qu'est-ce qu'il veut celui-là
27 ? Les gens se réunissaient, ne prêtaient -- ne faisaient confiance qu'à
28 ceux qu'ils connaissaient dans la rue, avec qui ils ont grandi, dix ans, 20
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1 ans de cela, eux, ils leur faisaient confiance. Alors ils vous acceptent
2 dans la mesure où ils voient que vous vous exposez au danger, au danger de
3 vous faire tuer, comme l'a demandé M. le Juge Mindua hier.
4 Donc je dois montrer non seulement que je suis général. Le fait d'être
5 général, eux, ils s'en moquent. Il faut d'abord que j'entre dans Mostar par
6 la route pour me faire tirer dessus par les Serbes, et s'ils ne me touchent
7 pas, et si j'arrive vivant dans Mostar, là, oui, déjà j'ai déjà acquis le
8 droit de commander, celui-là, donc il n'est pas une passe à personne, il
9 est comme nous. Du jour au lendemain, ça se passait ainsi avec, bien sûr,
10 tous les entretiens que j'ai eus avec les gens, avec les inspections sur
11 les premières lignes du front, vous vous faites, vous acquérez le droit de
12 commander et leur confiance. Donc j'ai constitué le début d'une espèce de
13 cristallisation des choses et autour de vous commence à se créer un noyau
14 constitué de braves gars et c'est ainsi que l'on réduit le champ de
15 manœuvre aux rumeurs, à la discipline, et ça ne fait que croître selon la
16 situation, selon vos aptitudes, selon le fait de survivre ou pas.
17 Mais je répète que c'est parce qu'il y a ce n'est pas parce qu'il y a un
18 général qui est arrivé que tout de suite on se mettra sous ses ordres et
19 que vous allez vous faire obéir, ça il n'en était pas question.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Général, vous venez de parler de M. Perak, et vous
21 avez dit que c'était un agent du Kosovo; à votre connaissance, le HVO dans
22 ces différentes composantes, civile, militaire, avait-il été infiltré par
23 le KOS ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas compris de quelles deux ailes de
25 flancs vous parliez.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Si, dans le HVO, il y a une composante militaire et
27 une composante civile, dans ces deux composantes, à votre connaissance,
28 est-ce que le KOS avait pu infiltrer ces deux composantes, ou le HVO dans
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1 son intégralité ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors exception faite du dénommé Perak, dont
3 le cas est clair, c'était un militaire auparavant donc il fallait y avoir
4 quelqu'un qui s'y connaisse, mais la plupart des commandants de bataillons
5 à Mostar n'avaient fait aucune école militaire du tout. Eux, ils avaient
6 réussi donc à le mettre dans la poche, mais je ne pense pas, Messieurs les
7 Juges, que par la suite ça ait pu se faire parce qu'on a filtré, et je veux
8 vous dire qu'il y a eu, bien sûr, des gens qui avaient des objections
9 concernant Prlic parce qu'il avait été secrétaire de Ligue des Communistes
10 de Yougoslavie. Puis en Bosnie centrale, il y a eu quand je suis arrivé des
11 commentaires de taille concernant Blaskic parce qu'il était commandant d'un
12 Bataillon au sein de la JNA en Slovénie, et puis au début de la guerre, il
13 a fui la JNA pour aller en Autriche rejoindre la famille à lui, et il n'a
14 pas participé à la guerre en Croatie. Or, il est venu en Bosnie centrale en
15 passant par le territoire serbe. Lorsque je suis arrivé là-bas après la
16 chute de Jajce et du reste, il y avait à son égard pas mal de défiance,
17 parce que comment se fait-il qu'il n'ait pas participé à la guerre en
18 Croatie ? Comment a-t-il passé par le territoire serbe, donc pas mal de
19 défiance qu'il fallait surmonter en expliquant qu'il n'en n'était rien et
20 qu'il était venu de façon tout à fait honorable. Par la suite, tout
21 commandant pouvait démontrer pour le mieux qu'il n'était pas de ceux, enfin
22 de l'autre côté, c'était de partir à la ligne de front avec le risque de se
23 faire tuer et s'il survivait, là, oui, c'était un gars à qui on pouvait
24 faire confiance. Parce que s'il s'agissait d'un agent de quelque nature que
25 ce soit, il ne serait pas allé se faire tuer, il serait bien en sécurité
26 dans les arrières.
27 Mais donc je ne peux pas vous répondre par un oui ou par un non catégorique
28 à cette question.
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1 Mme PINTER : [interprétation]
2 Q. Lorsqu'il a été question de ce Perak, je voudrais vous demander si
3 c'est bien la même personne qui est mentionnée dans le livre de Mirsad
4 Cupina dont nous avons parlé hier, et où il est dit que c'était le traître
5 Vladimir Perak; c'est bien le même ?
6 R. Oui.
7 Q. Merci, mon Général. Vous avez dirigé les opérations de libération de
8 Mostar; est-ce que vous voudriez parler de la façon dont ça s'est produit
9 et de la façon dont vous avez organisé les choses et de la conduite des
10 opérations, ou est-ce que vous préférez qu'on suive les documents ?
11 R. C'est très simple en fait.
12 L'armée s'est soulevée après ce 15 mai 1992, la situation n'était pas
13 bonne. J'avais préparé l'armée pour indiquer que très certainement on irait
14 libérer les territoires. Je casais cela dans leur crâne. Je leur disais
15 qu'on était capable de le faire.
16 Puis j'ai élaboré des plans et précisément parce que je savais que si je
17 présentais la chose à une réunion, comme cela se fait normalement dans
18 toute armée usuelle, ça finirait par [imperceptible], et Perisic finirait
19 par le savoir, lui ou un autre.
20 Donc je n'ai jamais découvert -- dévoilé le planning entier à personne.
21 Donc avec ceux qui devaient aller au nord de Mostar, j'avais des
22 discussions à part, avec les gars qui devaient passer de l'autre côté de la
23 Neretva à Mostar, et Arif Pasalic, je parlais de façon à part. les gars qui
24 devaient traverser la Neretva au sud de Buna, je m'entretenais à part.
25 c'est ainsi que je gardais les choses sous contrôle, donc il n'y a rien à
26 ajouter.
27 Les opérations, l'une ou l'autre, et cetera ont été faites avec
28 succès. C'est ce qui fait que la rive droite et par la suite la rive gauche
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1 ont été libérées. Quelque temps plus tard, il y a ce plateau qui s'appelle
2 Bijelo Polje, au nord de Mostar, qui a également été libéré. Ça a été
3 dirigé -- ces opérations étaient conduites par quelqu'un de né dans Bijelo
4 Polje. Lui, j'ai obtenu à le faire se présenter en tant que volontaire au
5 sein du HVO.
6 Il importe de mentionner qu'à ce moment-là, Petkovic et moi - je
7 m'étais entretenu à ce sujet avec Susak aussi - on a réussi à convaincre
8 Jasmin Jaganjac, qui est un Musulman et qui commandait une brigade de
9 réservistes dans Imotski, à la frontière non loin de la Bosnie-Herzégovine.
10 Q. Donc en Croatie ?
11 R. Oui, en armée de Croatie, de venir, en tant que volontaire, pour se
12 faire commandant de la défense de Mostar. Ça a été mon idée à moi. Nous
13 voulions montrer aux Musulmans que voilà, Arif Pasalic pouvait commander
14 là-bas et que le même le HVO se voit commander par un Musulman.
15 Je sais que Jaganjac avait beaucoup de familles à Mostar - je ne sais pas
16 s'il y était né - mais c'est donc lui qui était devenu le commandant de la
17 défense de Mostar, et c'est sur son commandement qu'avait été, à l'époque,
18 placé Arif Pasalic. Là, il n'y a eu aucun problème.
19 Alors le premier matin puis la nuit -- non, la troisième nuit de
20 l'opération, lorsque ça s'est passé donc très bien jusqu'au bout, j'ai dû
21 quitter le poste de commandement parce que le président Tudjman avait
22 demandé où était Praljak, il avait réclamé une réunion. Alors je suis parti
23 pour réaliser cette opération sans pour autant prévenir que j'allais au
24 sud, que j'allais descendre à Mostar, j'ai dû quitter donc la partie finale
25 de l'opération et remettre le commandement à Jasmin Jaganjac qui a
26 parachevé l'opération, et j'ai rebroussé mon chemin pour entrer à Zagreb.
27 Donc c'est tout ce qu'on pourrait dire. Mis à part le fait que le 15 mai,
28 les Serbes du côté est avaient fini, par une fois de plus, de chasser tout
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1 le monde, les ponts ont été détruits, la ville a été détruite.
2 Il convient de mentionner encore que, lorsque nous sommes passés à la
3 rive est, ceux qui étaient restés comme Musulmans et Croates, il y a eu 115
4 personnes de tuées, à deux sites.
5 Q. Sutina ?
6 R. Sutina, oui.
7 Q. Et Borak -- Uborak ?
8 R. Oui, Uborak. Alors quand on est passé là-bas, il fallait faire une
9 chose et je crois l'avoir dit un million de fois à chacun, qu'il ne devait
10 pas y avoir de représailles. Il n'y a pas eu de représailles à l'égard de
11 Serbes qui étaient restés à Mostar. Il y a peut-être eu des cas individuels
12 de règlement de comptes, c'est sûr, mais pas de représailles à l'égard de 4
13 000 Serbes qui étaient restés dans Mostar ouest, non, il n'y en a pas eu.
14 Q. Peut-être pourrait-on passer aux documents ? Penchez-vous sur le
15 premier, 3D 02543 ? J'attire votre attention sur la date, 13 décembre 1991.
16 L'avez-vous retrouvé le premier document, le tout premier ?
17 R. Le 3D --
18 Q. 3D 2543. Il s'agit d'un document de Milan Torbica, qui a un grade de
19 général de division.
20 R. Attendez, 2543.
21 Q. C'est rangé dans l'ordre de grandeur.
22 R. Oui, je vois.
23 Q. La date est celle du 13 décembre 1991, il s'agit d'un ordre relatif à
24 une sécurisation en matière de génie.
25 R. Oui.
26 Q. Je vous demanderais -- oui, vous vouliez dire quelque chose.
27 R. Oui, on a tout raconté. En 1991, la JNA s'est emparée de toutes les
28 positions autour de Mostar, le mont Hum, Orlovac et tout ce qui était
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1 autour. Elle a placé donc Mostar dans un encerclement total. Il n'y a rien
2 à ajouter, nous sommes en 1991, et depuis lors ils malmènent la ville avec
3 les réservistes qu'ils ont fait venir. Alors on peut passer à la carte,
4 s'il vous plaît.
5 Q. Alors dites-nous le numéro.
6 R. 3D 02553.
7 Q. C'est la carte à Pantelic --
8 R. Oui, Pantelic, Milojko. C'est la carte des positions de la JNA à
9 Mostar. Ce sont les positions prises par la 10e Brigade motorisée de la
10 JNA.
11 Q. Il s'agit du 3D 32-0637. Voilà, c'est affiché, c'est affiché
12 maintenant.
13 R. Messieurs les Juges, vous pouvez voir que c'est profondément dans les -
14 - en profondeur de la rive gauche de la Neretva qu'ils sont déployés. Je ne
15 sais pas si les Juges sont intéressés.
16 Mme PINTER : [interprétation] Est-ce qu'on peut zoomer ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Enfin, écoutez, laissons cela de côté. Les
18 choses sont claires.
19 Mme PINTER : [interprétation]
20 Q. Mais vous avez demandé la carte ?
21 R. Oui, elle y est. Alors qu'on lui donne un numéro IC, s'il y a des
22 questions, je veux bien répondre. Mais je crois que la carte est claire.
23 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Nous n'avons pas besoin de donner un
24 numéro IC à la carte, puisque nous ne l'avons pas annotée.
25 Mme PINTER : [interprétation]
26 Q. Mon Général, je sais que vous voudriez accélérer les choses, mais
27 j'estime qu'il faut parcourir certains documents et en parler. Car cela est
28 susceptible de montrer quel a été le résultat obtenu au final par les
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1 ordres donnés par M. Momcilo Perisic et autres commandants de la JNA.
2 Aussi vous demanderais-je de vous pencher sur le 5D-0191.
3 L'INTERPRÈTE : Les interprètes redemandent à Mme Pinter de donner lecture
4 plus lentement de ces références.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez dit quoi ?
6 Mme PINTER : [interprétation]
7 Q. 5D 01091. 5D ai-je dit. Ça devrait être vers la fin. C'est un document
8 qui émane des autres équipes de la Défense pas de notre équipe à nous.
9 R. 5D, vous avez dit ?
10 Q. 5D 01091. Ne perdons pas de temps. On laisse tomber parce que si on
11 perd trop de temps -- vous l'avez sur l'écran maintenant. Il s'agit d'un
12 document émanant de Momcilo Perisic, daté du 19 avril 1992. Il est question
13 d'un ordre de sa part. Vous nous avez dit parlé de ces tirs d'artillerie
14 sur Mostar et ainsi de suite. Qu'avez-vous à ajouter ?
15 R. Ce document on l'a déjà présenté aux Juges. Je l'ai montré et je l'ai
16 expliqué à l'occasion de l'interrogatoire d'un témoin.
17 Q. Oui, mais --
18 R. Mais on n'a pas à le faire, montrons les résultats de la destruction de
19 la ville. Si j'avais eu 100 heures à ma disposition, je pourrais expliquer
20 le tout, Messieurs les Juges, ne m'en veuillez pas, je ne peux plus
21 m'occuper de Perisic et de son pilonnage de la ville. Les Juges n'ont qu'à
22 voir les destructions de la ville. Là, on n'aura pas le temps, parce que
23 c'est l'heure de la pause.
24 Mme PINTER : [interprétation] Alors, là, je vais demander aux Juges de
25 faire une pause, Monsieur le Juge, avant de faire en sorte que la vidéo --
26 le clip vidéo soit préparé.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Nous allons faire donc la pause, nous
28 reprendrons dans 20 minutes.
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1 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
2 --- L'audience est reprise à 10 heures 54.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.
4 Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 Conformément à votre demande, nous avons préparé l'enregistrement vidéo qui
6 porte le numéro 3D 03130 et qui représente Mostar en 1992 après les
7 opérations militaires de l'ABiH.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Du HVO.
9 INTERVENANT NON IDENTIFIÉ : De la JNA
10 [Diffusion de la cassette vidéo]
11 Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, avec votre permission,
12 je voudrais apporter une correction au compte rendu d'audience. Il ne
13 s'agit pas de l'ABiH, mais de la JNA, et au compte rendu d'audience, on a
14 indiqué : "Le HVO," en ligne 12.
15 Mme PINTER : [interprétation] Pouvez-vous continuer avec l'enregistrement ?
16 L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : les interprètes français n'ont
17 pas le texte original en croate mais uniquement des traductions anglaises.
18 [Diffusion de la cassette vidéo]
19 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
20 "Ce pont a été créé en 1566, quand l'architecte célèbre, Mimar Hajrudin a
21 dirigé les travaux et représente un chef d'œuvre de l'architecture turque.
22 Aujourd'hui cela représente une partie du patrimoine mondiale sous le
23 drapeau de l'UNESCO, et à ce titre, cet élément de patrimoine est menacé
24 par la soldatesque serbe et monténégrine. Le pont a déjà été la cible de
25 plusieurs projectiles d'artillerie. Il a été endommagé et ébranlé dans ses
26 fondements, et on a intercepté également un message radio du criminel
27 général Perisic.
28 "Il reste l'espoir que ce crime terrible que serait la destruction du
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1 pont ne se produira pas. Le pont était recouvert aux fins de protéger par
2 des planches, mais tout espoir a disparu pour les autres ponts de Mostar
3 qui ont disparu l'un après l'autre. Le premier a été le pont Mujo Komadina,
4 le pont du maire de Mostar des dernières années de l'époque austro-
5 hongroise. C'était un beau pont situé à une centaine de mètres seulement en
6 aval du vieux pont. Ensuite c'est le pont de maréchal Tito qui a été
7 détruit, qui reliait l'hôtel Neretva, magnifique hôtel de style moresque,
8 qui a été détruit et incendié le jour de son centième anniversaire. Ce pont
9 reliait cet hôtel avec l'autre hôtel, le plus récent nommé Bristol, qui lui
10 aussi a brûlé de l'autre côté. Ensuite le 11 janvier, lorsque les Unités du
11 HVO, dans leur élan libérateur en provenance de Mostar, Siroki Brijeg et
12 Citluk, composées qu'elles étaient de combattants aussi bien croates que
13 musulmans, ont complètement nettoyé la rive droite de la municipalité de
14 Mostar. L'ennemi dans sa fuite a également détruit le reste des ponts :
15 tout d'abord, le pont des douanes, ensuite le pont Hasan Brkic à la sortie
16 sud de la ville. En plus de ces quatre ponts, un cinquième, le pont des
17 aviateurs a été détruit à la périphérie sud; le pont ferroviaire et les
18 ponts routiers menant de Jablanica à Capljina ont également été détruits.
19 Cela n'est qu'une partie des dommages qui ont été portés par l'agresseur en
20 moins de deux mois.
21 "Il est tout à fait terrifiant de constater qu'il y avait eu des
22 préparatifs de long date d'un scénario de génocide qui sont le fait
23 d'esprits paranoïaques. Les ponts ont été détruits en activant des
24 explosifs à distance, si bien qu'il n'a pas été possible ni de les protéger
25 ni de les défendre; cependant, de par leur destruction, Mostar et la vallée
26 de la Neretva ne sont pas divisées, mais encore plus unies car il n'y a
27 aucune espèce de côté gauche ni côté droit sur la rivière Neretva."
28 M. STRINGER : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous dire à quel moment
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1 ceci a été filmé, s'il vous plaît, parce que ceci n'est pas indiqué dans la
2 vidéo ?
3 Mme PINTER : [interprétation] Oui, le général va le dire.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Les images que l'on voit en introduction, je
5 ne sais pas quand elles ont été tournées; ce sont ces vues aériennes qui
6 montrent Mostar avant la guerre. Quant à ces images-là, elles ont été
7 tournées au mois d'août ou de septembre, à partir de 1992, car j'ai réussi
8 à obtenir auprès du maire de Zagreb de l'époque, M. Boris Bozancic, qui par
9 ailleurs est toujours acteur, et au cours de la guerre, il est également
10 devenu maire. J'ai réussi à obtenir de lui 1 100 mètres de pellicule Kodak,
11 je ne sais pas comment il a pu se les procurer, et ensuite j'ai envoyé l'un
12 de mes commandants de l'IPD, Goran Pavelic, et l'un de mes caméramans qui
13 travaillait à l'un de mes films, Goran --
14 Mme PINTER : [interprétation]
15 Q. Mecava ?
16 R. Oui. Je les ai envoyées à Mostar avec une caméra pour qu'ils tournent
17 ces images d'archive; ce documentaire montrant ce qui s'y passait et la
18 situation. Nous avons là des prises de vue en provenance de ce
19 documentaire.
20 Mme PINTER : [interprétation] Encore une explication supplémentaire. Nous
21 avons également les prises de vue brutes que nous avons également fournies
22 au bureau du Procureur, nous y voyons absolument toutes les images, mais il
23 n'y a pas de texte qui l'accompagne ni aucune explication, aucune
24 explication n'accompagne ces prises de vue brutes.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Encore une chose, Messieurs les Juges.
26 Beaucoup plus de bâtiments et d'installations ont été détruits et installés
27 que ce que nous pouvons voir ici. Ce que nous voyons là à l'image, ce que
28 nous voyions précédemment ne représentait plus que des murs. Ici nous avons
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1 la cathédrale sur la rive ouest.
2 Mme PINTER : [interprétation]
3 Q. [aucune interprétation]
4 R. [aucune interprétation]
5 Q. Je pense que nous pouvons maintenant nous arrêter avec cet
6 enregistrement vidéo.
7 M. STRINGER : [interprétation] Pardonnez-moi si je vous interrompt une
8 nouvelle fois, il semblerait que le compte rendu ne soit pas très clair.
9 Au niveau de la liste des pièces, on indique qu'il y a deux vidéos qui
10 comportent des numéros différents. Nous avons le numéro 3D 00303130 [comme
11 interprété], au niveau du compte rendu, c'est le numéro qui a été donné
12 pour la première vidéo; si j'ai bien compris, le général a indiqué qu'il ne
13 savait pas quand ce film a été tourné. Nous avons une deuxième vidéo, je
14 crois que c'est ce que nous venons de voir, et je pense -- et c'est ce que
15 je voulais confirmer, qu'il s'agit de la pièce 3D 03556 qui, d'après la
16 liste des pièces, correspond à différents films de Mostar en ruines en 1992
17 filmés par Goran Pavelic et Goran Mecava. Je voulais simplement préciser
18 ceci et savoir si le 3D 03556, qui est la vidéo de Pavelic, si ceci
19 correspond bien à la deuxième séquence vidéo que nous venons de voir, comme
20 l'indique le général, ceci a été filmé au mois de septembre ou octobre
21 1992.
22 Mme PINTER : [interprétation] Je dois juste donner une explication
23 technique. Les prises de vue originales, mais brutes, correspondent au
24 numéro 3D 03556, mais nous avons souhaité ne pas présenter un
25 enregistrement sans bande son, c'est pourquoi nous avons passé
26 l'enregistrement 3D 03130 qui se trouvait également sur notre liste 65 ter.
27 C'est pour l'explication purement technique que je voulais donner.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit seulement que cet enregistrement de
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1 Mostar, ces vues aériennes prises à partir d'un hélicoptère, ont
2 probablement été reprises d'une émission de télévision qui avait été
3 diffusée. Tout le reste, à savoir les destructions dans Mostar, la
4 destruction des ponts, ce que vous avez pu voir, a été tourné par cette
5 équipe que j'ai envoyée sur place. Alors est-ce qu'il s'y trouve un autre
6 cadre ou une autre prise de vue ? Je ne sais pas, je n'étais pas le seul à
7 filmer tout cela. Il y a eu aussi une équipe qui travaillait, un groupe de
8 personnes qui préparaient l'ouvrage "Urbicide," et j'ai fourni évidemment
9 toutes ces prises de vue à la télévision de Zagreb, je pensais qu'ils
10 pourraient procéder à un montage à partir de toutes ces prises de vue. Mais
11 en tout cas, ça correspond à 1992, fin août, début septembre.
12 Mme NOZICA : [interprétation] Excusez-moi, Messieurs les Juges. Général
13 Praljak, j'ai remarqué un détail que vous n'aurez peut-être pas remarqué
14 vous-même.
15 C'est au début de l'enregistrement 3D 03130, on parle au début d'"Izudin
16 Sehovic," le journaliste, et pendant cette première partie où l'on montre
17 les ponts qui ont été détruits, c'est sa voix que l'on entend. Je ne
18 souhaite pas ici témoigner, mais je voudrais simplement préciser qu'il
19 s'agit là d'un journaliste de la télévision de Bosnie-Herzégovine qui à
20 l'époque faisait des reportages et les fournissait à la télévision de
21 Bosnie-Herzégovine. Cela correspond à la toute première partie où on montre
22 les ponts qui ont été détruits à Mostar. Peut-être que nous pourrions
23 revenir juste au tout début qui montre que c'est lui le reporter, donc M.
24 Izudin Sehovic, ce que je présume, et on peut le vérifier très facilement,
25 c'est qu'il s'agit là d'images qui ont été tournées par la télévision de
26 Bosnie-Herzégovine. Nous allons le voir, voilà : "Préparé par Izudin
27 Sehovic," c'était un journaliste de la télévision de Bosnie-Herzégovine en
28 1992 qui faisait des reportages pour cette même chaîne de télévision. Je
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1 vous remercie.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Maître Nozica.
3 Alors je sais simplement que j'ai envoyé cette équipe et que je leur
4 ai donné à peu près 1 000 mètres de pellicule, ce qui correspond à peu près
5 à une heure et demie de prise de vue. Alors évidemment, après ils ont
6 procédé à un montage, et nous voyons ici donc des images d'Izudin Sehovic.
7 J'ignore à partir de quelles sources variées cela a été composé car je n'ai
8 pas fait cela moi-même, je n'ai fait qu'envoyer cette équipe. Il est très
9 probable que d'autres personnes aient finalement tourné des images. Moi ce
10 que je souhaitais c'est être sûr que cela, qu'il resterait une trace de
11 tout cela et c'est pourquoi j'ai envoyé cette équipe. Alors si vous laissez
12 tourner le reste de la vidéo, on pourra voir tout ce qui a été détruit et
13 incendié là nous avons un bâtiment qui a brûlé de l'intérieur, qui a été
14 incendié.
15 Mme PINTER : [interprétation] Juste encore une explication pendant que la
16 vidéo continue. Les prises de vue brute qui ont été transférées du format
17 VHS au format DVD, cela nous l'avons fourni à l'Accusation, cela représente
18 une durée d'une heure 15. Les Juges de la Chambre ont demandé que l'on ne
19 présente que 15 à 20 minutes d'enregistrement vidéo, c'est alors que nous
20 avons choisi ce que nous avons sous les yeux. Mais nous disposons aussi des
21 prises de vu brute qui ont été prises par Pavelic et Mecava qui montrent
22 aussi un ensemble de -- qui montrent aussi des numéros de prise de vue.
23 Q. Alors pendant que nous regardons cela, Général, que savez-vous au sujet
24 de cet ouvrage "Urbicide," sous la référence 3D 00785 ?
25 R. J'ai connaissance de cet ouvrage. Je sais à peu près de quelle façon il
26 a été écrit. Je sais qu'il y a eu des expositions organisées à Split, à
27 Zagreb, à Paris autour de cet ouvrage. Ce que je peux dire ici, c'est que
28 vers le mois de septembre, alors je ne peux pas maintenant me rappeler
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1 exactement quelle date; je suis parti examiner les rives gauche et droite
2 de la Neretva et j'ai passé en revue l'ensemble de Mostar et j'ai pu
3 constater de visu toutes les destructions qui ont été subies par Mostar à
4 cause des opérations de la JNA donc cela a été incendié.
5 Vous voyez ici à l'image que tout cela a brûlé de l'intérieur. En
6 dehors de ce qui a été détruit à présent les projectiles, il y a eu encore
7 plus de dommages du fait des incendies. Alors il est difficile de détruire
8 un bâtiment uniquement avec des obus de char.
9 Mme PINTER : [interprétation] Alors juste aux fins du compte rendu
10 d'audience, c'est le numéro de l'ouvrage "Urbicide" n'a pas été consigné
11 c'est le 3D 00785.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Donc ce dont je témoigne ici c'est que ce qui
13 figure au sein de l'ouvrage "Urbicide," j'en ai été le témoin direct en
14 marchant dans la ville.
15 Mme PINTER : [interprétation]
16 Q. Si nous comparons les photographies qui sont dans l'ouvrage "Urbicide"
17 avec les images que nous voyons ici dans l'enregistrement vidéo, est-ce
18 qu'il y a une correspondance ?
19 R. Oui, tout ce que nous voyons ici dans l'enregistrement vidéo
20 correspond. Ici c'est la partie ouest de Mostar, ce que nous voyons dans le
21 premier cadre, c'est l'hôpital. Mais on ne voit pas ici tout. Je répète que
22 c'est notamment la partie ancienne de Mostar qui a été détruite. Les
23 petites maisons anciennes, les petites rues les plus anciennes. Tout ce qui
24 est écrit dans l'ouvrage "Urbicide." Les bâtiments plus récents en béton
25 étaient plus difficiles à détruire et de tels bâtiments, ils ne les
26 détruisaient pas, on ne les détruit pas mais c'est par incendie qu'ils sont
27 détruits. J'ai vu aussi deux mosquées qui ont été détruites et j'ai vu les
28 autres qui ont été endommagées et je l'ai vu personnellement en marchant à
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1 travers la ville et je pense que je n'ai pas besoin de passer plus de temps
2 là-dessus.
3 Q. Très bien.
4 Mme PINTER : [interprétation] Alors, arrêtez, s'il vous plaît,
5 l'enregistrement vidéo.
6 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, il y a quelques
7 instants, lorsque nous avons tout d'abord vu ce qui correspondait à la
8 cathédrale, c'était une structure moderne. Vous dites que c'était incendié
9 à l'intérieur; ensuite nous avons vu ces images d'intérieur, je n'ai vu
10 aucune trace d'incendie. Est-ce que vous maintenez toujours que ceci a été
11 brûlé à l'intérieur comme vous nous l'avez dit un peu plus tôt sous serment
12 ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Juge Trechsel, je n'ai pas
14 dit cela. Je montrais une autre image précédente. Probablement que l'image
15 avait déjà changé, alors j'ai parlé d'un autre bâtiment qui avait brûlé de
16 l'intérieur. J'affirme simplement, pour le vieux pont, que ce bouclier de
17 planches qui avait été posé pour protéger le vieux pont de -- a été
18 construit sur ordre de ma part deux nuits après que nous ayons passé la
19 Neretva par une équipe de 35 à 40 personnes du HVO, et cela a été fait en
20 pleine opération de libération de la rive est de la Neretva sur ordre de ma
21 part. Vous disposez de toutes les déclarations pertinentes à cet égard donc
22 la plus importante était celle du logisticien --
23 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, je souhaite vous
24 citer vos propres termes, ce qui a été enregistré ici au compte rendu. Nous
25 savons qu'i peut se glisser des erreurs dans ceci. Néanmoins, voici, ceci
26 se trouve à la page 49 480 -- 40, ligne 9 :
27 "Messieurs les Juges, beaucoup plus a été brûlé que détruit. Ce bâtiment,
28 par exemple, est toujours debout. Les murs sont encore là mais ceci a été
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1 complètement brûlé de l'intérieur. Il s'agit de la cathédrale qui se trouve
2 sur la rive occidentale."
3 "Question : s'agit-il bien là de la cathédrale ?
4 Réponse : oui, tout à fait."
5 Donc ce n'est pas ce que vous vouliez dire ? D'accord.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ce que je j'ai dit, Monsieur le Juge
7 Trechsel, mais je l'ai dit en montrant un bâtiment dont ne restaient que
8 les murs. Ensuite on est passé à une autre image, et à ce moment-là, j'ai
9 dit cela c'est la cathédrale. Donc la cathédrale ne dispose pas de murs de
10 ce type-là et c'est alors -- voilà, j'ai dit : cela est un bâtiment qui a
11 été -- qui a brûlé de l'intérieur et beaucoup plus de bâtiments ont été
12 brûlés qu'il n'y a eu de bâtiments détruits.
13 Ensuite nous voyons la vue suivante est celle de la cathédrale. Voilà.
14 Donc c'est alors que j'ai dit ceci est la cathédrale, et on a eu ensuite
15 l'impression que j'étais en train de dire que la cathédrale avait été
16 brûlée. Non, je n'ai pas dit ça. Cela se référait au bâtiment précédent.
17 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] D'après mes souvenirs, c'était un
18 petit différent, mais je n'insisterai pas.
19 Mme PINTER : [interprétation] Si c'est nécessaire, nous pouvons remontrer à
20 nouveau l'enregistrement vidéo et puis nous verrons à quel moment le
21 général Praljak l'a dit.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'est pas la peine.
23 Mme PINTER : [aucune interprétation]
24 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Nous n'avons pas besoin de revoir
25 tout ceci. Ce n'est pas si important que cela. Ceci m'a frappé parce que,
26 de l'extérieur, je ne voyais aucune trace non plus; c'est la raison pour
27 laquelle je me suis posé la question et je me demandais si vraiment ceci
28 avait brûlé à l'intérieur. Mais nous pouvons poursuivre.
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1 Mme PINTER : [interprétation] Si vous n'avez plus de questions concernant
2 cet enregistrement vidéo et l'ouvrage "Urbicide," je voudrais pour ce qui
3 concerne Mostar que vous vous référiez encore à un seul document, Général,
4 c'est le 3D 00004.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
6 Mme PINTER : [interprétation]
7 Q. Pourriez-vous commenter ce document, s'il vous plaît ?
8 R. Il y a deux éléments importants dans ce document. Tout d'abord le
9 cachet, le tampon. C'est le tampon du Bataillon indépendant de la Défense
10 de Mostar, c'est-à-dire ce bataillon qui ensuite est devenu la 1ère Brigade
11 de Mostar, et ensuite le 4e Corps d'armée de l'ABiH. A cette époque, le 19
12 juillet 1992, ils avaient leur propre tampon où se trouvait ce que nous ne
13 cessions de mettre en avant à savoir un blason commun des peuples croates
14 et musulmans, un commandement commun dans leur lutte qui était commune.
15 Deuxièmement, le deuxième élément important qui a traversé toute la guerre,
16 est la chose suivante : sur le papier, ils ont mis 265 hommes, et parmi
17 tous ces hommes, il n'y en a que 87 qui sont déployés; 456 hommes sont
18 prêts à combattre, 456 ou 466 peu importe. Ensuite lorsque l'on voit
19 combien il y a de blessés, d'absents et ainsi de suite, combien il y a
20 d'hommes en permission. On voit qu'en réalité, il manque 600 hommes qui ne
21 sont pas, ni en permission ni prêt à combattre ni dans des unités qui sont
22 déployées, et ainsi de suite. Or ils indiquaient que des hommes se
23 trouvaient dans leurs unités alors que c'était tout à fait fictif. Dès le
24 départ, c'est quelque chose qui n'était pas correct et qui n'était pas bon
25 pour nos relations mutuelles, et il y avait un nombre beaucoup trop
26 insuffisant de leurs hommes qui étaient réellement sur les différentes
27 positions. 87 hommes à peine, c'est juste assez pour deux bunkers, et
28 encore parce qu'il faut travailler à tour de rôle.
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1 Q. Après juin 1992, êtes-vous revenu à Mostar ?
2 R. Oui. Il faut dire que les succès du HVO, y compris le succès des
3 Musulmans qui y ont participé, cela représentait beaucoup de choses en
4 Bosnie-Herzégovine. Ça avait une grande signification, c'était une
5 opération militaire réussie, et cela a relevé le moral de tous ceux qui se
6 battaient pour la Bosnie-Herzégovine, car jusqu'à lors aussi bien l'ABiH
7 que le HVO avaient subi d'importantes pertes, j'avais donc eu une longue
8 entrevue avec M. Izetbegovic. Cet événement était donc important, et donc,
9 moi aussi, j'ai acquis un certain poids en tant que personne qui n'avait
10 jamais fait de distinction entre les Croates et les Musulmans et qui
11 avaient procédé à une jonction des deux armées qui avait fonctionné.
12 Lorsque M. Izetbegovic s'est entretenu avec Prlic et d'autres, il a demandé
13 à me rencontrer par l'intermédiaire de Hadziosmanovic, nous nous sommes
14 alors rencontrés dans un appartement à Mostar, et avons discuté assez
15 longtemps pendant une heure 15 ou une heure 30.
16 Q. Pouvez-vous nous connaître les sujets de cet entretien que vous avez eu
17 ?
18 R. Bien sûr, il s'est agi de nombres thèmes différents, mais je peux les
19 réduire à deux ou trois éléments qui sont particulièrement significatifs
20 pour moi. Le premier élément c'était la levée de l'encerclement de
21 Sarajevo. J'affirmais à M. Izetbegovic qu'après des opérations, l'ABiH et
22 le HVO étaient suffisamment puissants pour lever le blocus de Sarajevo tout
23 moins en provenance de Kiseljak et de Hadzic. Alors, bien sûr, je n'ai pas
24 donné des détails de ce que serait un tel plan, mais c'est l'indication que
25 j'ai fournie, et j'ai été étonné par une forme de manque d'intérêt de sa
26 part pour ce qui était de la proposition que je venais de faire.
27 Je suis par ailleurs quelqu'un d'assez têtu et persévérant, et j'ai plutôt
28 tendance à insister jusqu'à ce que l'on me donne une réponse claire. Mais
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1 M. Izetbegovic s'est montré évasif, et ni à ce moment-là, ni plus tard je
2 n'ai réussi à savoir si c'était parce qu'il ne souhaitait pas que le blocus
3 de Sarajevo soit levé, ou qu'il ne souhaitait peut-être pas que le HVO y
4 prenne part. Moi, j'ai simplement dit qu'il y avait eu déjà de très
5 nombreux morts à Sarajevo, lui était persuadé qu'il y aurait bientôt une
6 intervention de la communauté internationale qui n'accepterait pas de
7 continuer à regarder le spectacle de tant de morts. Mais face à cela, j'ai
8 donné l'argument suivant : à savoir que si la communauté internationale
9 avait souhaité intervenir, elle l'aurait déjà fait. Alors si elle ne
10 voulait pas intervenir quand il y avait mille morts et un deuxième millier
11 de morts, il ne s'agissait pas non plus d'intervenir de ce point de vue-là,
12 et j'ai indiqué qu'alors comme il n'y aurait pas intervention le siège
13 allait se poursuivre.
14 Est-ce que M. Izetbegovic avait redouté que, mis à part le déblocus de
15 Sarajevo, les gens finiraient par fuir Sarajevo et l'armée également
16 l'aurait fait, ça, je ne le sais pas, je ne puis que spéculer. Mais
17 toujours est-il qu'il a écarté les insistances que j'avais avancées pour
18 que le HVO et l'ABiH dans une opération conjointe procèdent au déblocus de
19 Sarajevo ?
20 Deuxième élément important, plus important encore que celui-là, c'était de
21 faire en sorte que -- où l'explication que j'ai apportée plutôt, qui
22 consistait à dire qu'au fil des jours suite au moindre des incidents
23 survenus nécessairement entre les différentes armées en présence, il y
24 aurait de plus en plus de divergence et de plus en plus de défiance et que
25 cela au fil du temps allait progresser de façon géométrique. Alors je l'ai
26 affirmé à l'époque, je l'affirme à présent, quand il y a eu au début
27 quelqu'un à faire du mal à l'autre, de porter atteinte à l'autre, là on ne
28 regardait pas tant le fait de savoir si c'était un Croate qui l'avait fait
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1 à l'intention d'un Musulman ou vice versa. Mais au fil du temps, lorsqu'un
2 Croate avait porté du mal à un autre Musulman, c'était le résultat de la
3 situation de guerre, mais si, dans un restaurant, une guinguette, un Croate
4 faisait du mal à un Musulman, on laissait entendre, Eux ont tabassé l'un
5 des nôtres, donc on faisait partie d'un groupe. Il n'y a plus l'individu en
6 tant que tel; on fait partie d'un group, et ce, nous et eux, au fil du
7 temps, on évoluera et va faire détériorer la situation pour ne plus la
8 faire échapper à tout contrôle.
9 Alors j'ai affiché la chose, et je l'ai affirmée, c'est scientifiquement
10 prouvé, le fait que si l'on n'empêche pas les choses en temps utile, du
11 fait du caractère inflammatoire, sans rajouter des raisons supplémentaires
12 qui n'ont pas manqué de se présenter, ça ne ferait qu'empirer les
13 problèmes, et il y aurait de moins en moins de contrôle possible à la
14 situation. Alors c'est la raison pour laquelle j'ai demandé à M.
15 Izetbegovic, je l'ai supplié de faire en sorte qu'il fasse savoir
16 publiquement quel est le type de Bosnie-Herzégovine qu'il envisage de créer
17 et quel est le projet qui est le sien.
18 J'affirme -- j'ai affirmé à l'époque, et je l'affirme de nos jours encore,
19 que M. Izetbegovic jamais n'a dit publiquement quelle est sa proposition à
20 lui pour ce qui est de l'aménagement intérieur de la Bosnie-Herzégovine. Je
21 l'ai prié, j'ai affirmé à l'époque et de nos jours encore, c'était
22 indispensable parce que tout Bosniaque et tout Croate, et une partie des
23 Serbes aussi, par voie de conséquence, pourraient comprendre exactement
24 quel est le type d'Etat en faveur duquel ils sont en train de se battre. Sa
25 réponse a été la suivante : nous allons vaincre les Serbes ensemble, et
26 ensuite on se mettra d'accord. Ma réponse a été, à l'époque, tout comme
27 aujourd'hui : allons nous mettre d'accord d'abord et nous finirons par
28 vaincre.
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1 De ce point de vue-là, je me suis souvenu, et je me propose de le citer
2 d'une maxime de Clausewitz :
3 "La guerre ne fait pas partie du domaine des arts et des sciences
4 mais du domaine de la vie sociale. La guerre est un conflit de grands
5 intérêts qui vient à être résolue de façon sanglante, et il n'y a dans cela
6 que la guerre diffère du commerce. La politique c'est la vie intestine dans
7 laquelle évolue la guerre de façon analogue à celle d'un embryon. Cela met
8 en exergue et développe ces différents aspects."
9 Donc il y a un troisième élément dont nous avons parlé à l'époque et
10 c'était présent de la façon suivante : pendant qu'ils étaient en train de
11 rechercher une solution politique, il s'agissait de créer un commandement
12 conjoint entre l'ABiH et le HVO, parce que si ce commandement conjoint
13 venait à ne pas être créé, les gens ne pourraient pas échanger leurs points
14 de vue, ils ne se reconnaîtront plus, et les hommes qui portent des armes
15 et qui savent que ces armes peuvent tuer autrui, deviennent défiants, la
16 défiance n'arrête pas de croître.
17 Quand vous voyez une personne portant l'arme à la main, il faut que vous
18 soyez tout à fait sûr que c'est un ami, parce qu'un inconnu portant une
19 arme au poing risque d'être un ennemi. Vous ne savez pas quelles sont ces
20 intentions. Cela génère la peur. La peur génère des réactions folles. Là,
21 non plus on ne m'a pas répondu de façon appropriée. Oui, non, on essaiera,
22 on verra, et de ce point de vue là, j'estime que M. Izetbegovic, était bien
23 plus porté à la création d'un commandement conjoint. Il avait eu des
24 intentions bonnes.
25 Parce qu'à posteriori lorsque je suis allé en Bosnie centrale, et
26 compte tenu de ce que j'ai appris par la suite, j'ai compris que Sefer
27 Halilovic et les acolytes qui se trouvaient autour de lui n'en voulaient
28 pas de cela, en aucun cas. Lui n'avait pas la puissance nécessaire face à
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1 Sefer Halilovic qui était commandant du 3e Corps et autres joueurs autour
2 de lui sur le terrain. Donc il n'avait pas la puissance qu'il fallait, le
3 pouvoir qu'il fallait. Je vais le démontrer dans les livres qu'ont rédigé
4 ces gens-là et qu'il convient de verser au dossier, et lire les différentes
5 parties pour comprendre pourquoi nos efforts, les efforts visant à faire au
6 moins fonctionner l'armée comme il se fallait en attendant une solution
7 politique, de façon à ce qu'il n'y ait pas conflit.
8 Parce que les conflits dans une armée, c'est généré facilement. Il y
9 a une balle qui est tirée, et il y a l'autre qui affirme qu'il faut
10 riposter. Ensuite on n'arrête pas de tirer les uns sur les autres, chacun
11 tire sur l'autre disant que c'est l'autre qui a commencé, et le commandant,
12 lui, ne peut pas vérifier chaque échange de tir. Donc il faut dire riposte,
13 tire-leur dessus, il se passe des jours et des jours en attendant que ça se
14 calme. Le quatrième jour, ça recommence de plus bel et ça se perpétue de la
15 sorte sans qu'il y ait possibilité de faire quoi que ce soit en cas
16 d'absence d'un commandement conjoint.
17 Donc le cachet apposé sur ce document était censé constituer le
18 fondement de ce qui avait existé à l'époque. De ce point de vue là, moi et
19 Jasmin Jaganjac et Petkovic --vous l'avez vu, des centaines de cessez-le-
20 feu et des centaines de tentatives dans ce sens. J'affirme et je le
21 prouverais que Sefer Halilovic, Muslimovic et l'autre, celui du 3e Corps
22 avec les Moudjahiddines, ont empêché toute tentative d'y aboutir.
23 Voilà c'est ce que j'aurais à dire à ce sujet.
24 Q. [aucune interprétation]
25 R. On peut passer à l'opération Bura.
26 Q. Justement, j'allais l'évoquer. Pour ce qui est de cette opération Bura,
27 que pourriez-vous nous dire ? La carte, c'est le 3D 3159, l'opération Bura.
28 L'INTERPRÈTE : La cabine française précise qu'en traduction, ça veut dire
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1 vent du nord, le mistral.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux dire que la conversation a été
3 agréable. Nous avons discuté en seigneur. Je lui ai offert en gilet
4 militaire parce que, lui, il portait un uniforme, il faisait froid à
5 Sarajevo. Je lui dis : voilà, M. le président de la présidence, il fait
6 froid, prenez ceci. Bien entendu --
7 M. STRINGER : [interprétation] Je vous prie de m'excuser. J'aurais voulu
8 que l'on clarifie la période dont on parle. Le général nous a parlé d'une
9 rencontre avec M. Izetbegovic. Il avait dit au début que cette réunion
10 s'est produite au moment où il est rentré à Mostar, en juin 1992. J'avais
11 cru comprendre que cette réunion avait eu lieu à cette époque. Or, il vient
12 de dire qu'il faisait froid. Donc je voudrais qu'il précise exactement à
13 quel moment cette réunion s'est tenue.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas comment les choses sont
15 interprétées, mais je suis très précis. J'ai dit à Sarajevo il va faire
16 froid. M. Izetbegovic va à Sarajevo. A l'époque, en Herzégovine, il ne
17 faisait pas froid, mais M. Izetbegovic allait à Sarajevo. La date est celle
18 où il s'est entretenu avec Prlic et les autres. Cette date, on l'a déjà
19 indiquée à maintes reprises ici, vous pouvez la retrouver dans les
20 documents. Je ne m'en souviens pas.
21 Mme PINTER : [interprétation]
22 Q. Il s'agit du mois d'octobre 1992.
23 R. Oui, 1992, mois d'octobre.
24 L'INTERPRÈTE : La cabine française précise qu'elle a aussi compris que M.
25 Izetbegovic avait froid et non pas allait avoir froid.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas si Petkovic va témoigner au
27 sujet de l'opération Bura; c'est lui qui l'a préparé et qui est intervenu
28 en la matière. Moi, j'y ai participé pour ma part à un niveau d'assistant
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1 seulement sur le terrain, voilà. L'opération Bura a été conduite au mois
2 d'octobre, le 8 octobre, me semble-t-il, en 1992, un jour de plus un jour
3 de moins, vous savez, moi -- alors justement ça a été fait pour que les
4 effectifs de la Republika Srpska, l'ARSK soient repoussés plus loin encore.
5 Alors cette opération n'a pas été couronnée de succès dans son ensemble,
6 mais en grande partie, elle a été réussie parce qu'elle leur a porté des
7 pertes. Cela leur a démontré, enfin on leur a démontré la force qu'avait le
8 HVO. Donc on a montré qu'on ne pouvait plus jouer avec nous comme au début
9 de la guerre. Pendant cette opération, il y a eu participation également de
10 l'ABiH et participation de la totalité des Musulmans en faisant partie des
11 rangs du HVO.
12 Mme PINTER : [interprétation]
13 Q. Merci, mon Général. Je crois que nous pouvons en terminer avec cette
14 partie pour ce qui est donc de l'année 1992, et nous pouvons passer à
15 présent à l'année 1992, mais pour ce qui est de Prozor, à cet effet, je
16 vous demande de vous pencher. Les Juges disposent déjà de ces deux
17 classeurs intitulés : "Le Général Praljak apaise la situation." Alors c'est
18 placé en corrélation l'un avec l'autre, ça ne fait pas partie des classeurs
19 remis au départ; ça a juste été ajouté.
20 Général, quand est-ce que vous êtes arrivé à Prozor ?
21 R. Le conflit à Prozor a commencé je pense, le 23 octobre, il me semble
22 que c'était le 23 octobre 1993.
23 Q. 1992 ?
24 R. Oui, 1992, excusez-moi. Alors il est évident que le président Franjo
25 Tudjman a eu vent des conflits survenus à Prozor. Il m'a contacté, l'un de
26 ces deux jours - je répète que sur Uskoplje et l'autre - je ne sais pas
27 quand est-ce que ça s'est passé, mais je crois que c'était plus
28 probablement le 15 janvier, lorsque Izetbegovic avait été là-bas. Il m'a
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1 demandé d'y aller et d'aider à apaiser la situation, afin que cette guerre
2 avec les Musulmans soit évitée à tout prix. Alors non pas par hélicoptère,
3 Monsieur le Juge Antonetti, mais je suis une fois de plus monté à bord de
4 ma voiture. Je suis allé là-bas. Je me suis présenté chez Petkovic et
5 Stojic, et auprès de Arif Pasalic aussi. Ensuite Arif Pasalic et moi, il
6 n'y avait pas eu encore création du corps d'armée. C'était la 1ère Brigade
7 musulmane. Donc c'est ensemble que nous sommes allés en direction de
8 Prozor, par la route principale. C'est là qu'il m'a donné une pièce
9 d'identité de l'ABiH.
10 On est arrivé à Jablanica, et il arrivait déjà à Jablanica des Musulmans
11 qui avaient quitté Prozor. On a essayé de passer par la route en direction
12 de Prozor. Mais sur une partie de la route, il y a eu des tirs d'origine
13 inconnue et comme nous ne pouvions pas établir de communication, on n'avait
14 pas de transmission militaire à ce moment-là, et on n'a pas pu entrer en
15 contact avec quelle que partie que ce soit. Donc il a demandé à ce qu'on
16 rebrousse le chemin pour rentrer à Jablanica, et nous avons eu à Jablanica
17 une réunion conjointe avec des individus qui avaient fui Prozor, des
18 Musulmans, et ce, dans la salle d'accueil de la centrale hydroélectrique de
19 Jablanica.
20 Alors ils ont raconté leur histoire. Ils se sont plaints de la
21 confiscation de plein de voitures et je me suis entretenu avec eux, j'ai
22 dit que j'allais me frayer un passage là-bas et qu'on allait finir par
23 arranger les choses, qu'ils finiraient par rentrer chez eux. Bien sûr, je
24 n'ai pas promis que les voitures aillent être restituées parce que ceux,
25 qui volent les voitures ou qui ont volé des voitures, ils sont
26 irrattrapables. Il faut être réaliste et leur dire qu'à ce moment-là, nous
27 n'avions pas ni la police militaire, ni personne d'autre n'avait l'appareil
28 nécessaire pour capturer ces voleurs. Une partie allait certainement être
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1 retrouvée, mais j'ai affirmé aussi que la HZ HB finirait bien par les
2 retrouver et que je m'emploierais en faveur de création de fonds pour les
3 dédommager, et je crois que le Dr Prlic a fait la chose du moins pour ce
4 qui est de certains montants.
5 Alors on est revenu et c'est en prenant des routes qui passaient par le
6 mont Vran, donc une voie détournée qui m'a permis d'arriver à Prozor, et la
7 situation se présentait de façon tout à fait chaotique. Il y avait eu des
8 combats. Il y a eu, bien sûr, des vitrines de briser, des débris de verre
9 sur la route, des bouts de façade aussi qui jonchaient le sol, et là-bas,
10 en termes simples, il y avait des groupes qui n'étaient même pas du HOS;
11 c'était des groupes qui étaient complètement dénués de toute définition
12 qualificative. Alors je suis entré en contact avec Siljeg, Vranjic et tous
13 les autres qui se trouvaient là-bas.
14 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous prie de m'excuser. Je
15 voudrais poser une question et vous interrompre tant que nous voyons encore
16 ce qui m'intéresse. A la page 55, ligne 5, vous dites que les gens de
17 Prozor s'est plaint que leurs voitures avaient été confisquées, puis vous
18 parlez de votre réponse, et vous parlez de vols de véhicules. Il se
19 pourrait qu'il y ait un problème d'interprétation mais la confiscation
20 n'est pas la même chose que le vol. Peut-être que c'est une façon qui prête
21 à polémique de parler de la confiscation des véhicules, mais il y a tout de
22 même une différence entre les deux concepts. Est-ce que vous pouvez nous
23 expliquer de quoi il s'agissait exactement ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, il est tout à fait
25 certain qu'il ne s'agissait pas d'une confiscation. Ces individus et ces
26 groupes, qui n'appartenaient pas au HVO, donc les HOS et autres peu
27 définis, avaient petit A soit pris la voiture de quelqu'un en le mettant
28 dehors, en le prenant dehors ou alors ont cassé la serrure d'une voiture
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1 qui se trouvait sur la route et l'ont prise parce que le propriétaire avait
2 quitté le territoire. Alors, moi, je comprends la terminologie à laquelle
3 vous faites référence, mais en termes simples, moi, quand je me suis servi
4 de ces termes, je voulais dire qu'ils étaient restés sans leur voiture. Je
5 n'ai pas enquêté sur les façons dont les voitures ont été prises. Il y a
6 certainement eu saisie, vol, brigandage --
7 Mme PINTER : [interprétation]
8 Q. Mon Général, pour répondre à un juge de -- M. le Juge Antonetti, je
9 vous renvoie au 3D 00424.
10 L'INTERPRÈTE : Les interprètes seraient gré à Me Pinter de ne pas dire les
11 numéros de référence aussi vite.
12 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je voudrais être parfaitement sûr
13 d'avoir compris votre récit de manière correcte et de compléter ce que vous
14 nous avez dit. Les gens sont venus vous dire que leurs voitures avaient été
15 confisquées et vous, vous avez traduit, en quelque sorte, le terme
16 "confisqué" en "volé," puisque vous n'avez pas cru qu'en effet les
17 véhicules avaient été confisquées; c'est comme cela que je dois vous
18 comprendre ?
19 Mme TOMANOVIC : [interprétation] Juste un instant.
20 M. Praljak obtient dans ses écouteurs une mauvaise interprétation. Quand
21 vous dites : "confiscates," ça se traduit par "konfiskovana," or vous avez
22 reçu dans vos écouteurs, Monsieur le Témoin, une traduction erronée.
23 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça c'est un problème, oui. Mais l'autre
25 problème c'est qu'il y avait un groupe de 50 ou 60 personnes qui sont
26 frustrées et qui gueulent. Quels sont les termes utilisés à ce moment-là ?
27 Monsieur le Juge Trechsel, en ce moment-ci, me pose la question pour ce qui
28 est donc de m'en souvenir dans cette situation chaotique. Enfin, moi, je
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1 comprends que vous vouliez entendre les termes qu'ils avaient utilisés
2 mais, moi, je ne sais pas vous le dire maintenant. Ils étaient restés sans
3 leurs voitures. Que disaient-ils, à ce moment-là, je ne sais trop.
4 Je sais que, lorsque je suis arrivé à Rama, j'avais vu un groupe qui avait
5 pris des voitures d'autrui et un témoin a témoigné. Moi, j'avais mis une
6 balle dans le canon de mon pistolet et ils avaient fait de même et il y a
7 eu des échanges de tir pour que je reprenne le véhicule pour le restituer
8 au propriétaire. Bon. On parle de faits; à vous de voir un peu ce que vous
9 allez en faire.
10 Donc pour ce qui est du conflit survenu là-bas et savoir qui a saisi une
11 voiture confisquée ou volée, ça je ne peux pas m'aventurer à en parler. Je
12 me suis entretenu avec vous -- avec eux, et je leur ai dit qu'on allait
13 rechercher ces voitures et qu'il était certain qu'on ne retrouverait pas la
14 totalité des voitures. Ça c'est petit A et petit B que j'allais m'efforcer
15 moi-même autant que faire je pourrais afin qu'il soit indemnisé pour la
16 perte qu'ils ont subi et c'est ce que je leur ai dit à ce moment-là.
17 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup. Merci, Monsieur
18 Praljak.
19 Paradoxalement, en disant que ce qui était dit n'était pas clair, vous avez
20 réussi à clarifier la situation. Merci beaucoup.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit aussi que nous allions apaiser la
22 situation et qu'il finirait par rentrer chez eux. Voilà. Cela peut,
23 s'agissant de ce type de réunion, paraître académique.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Général, j'aurais une question à vous poser pour
25 essayer d'éclaircir.
26 Vous nous avez dit que cet événement à Prozor, c'est le 23 octobre. A votre
27 connaissance, avant le 23 octobre, est-ce qu'il y avait, en Bosnie-
28 Herzégovine, d'autres lieux où il y a eu, entre les Musulmans et les
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1 Croates, des conflits qui n'ont peut-être pas pris l'ampleur de Prozor,
2 mais où il y a eu des tensions entre les groupes et que ces tensions sont
3 très vite montées et puis très vite redescendues ? Est-ce qu'il y a eu
4 d'autres signes montant qui avaient eu des tensions antérieures ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge Antonetti. J'ai été au
6 courant suivant des filières très variées pour ce qui est des tensions qui
7 sont survenues à Prozor bien avant qu'ailleurs puis à Uskoplje, Gornji
8 Vakuf, puis à Novi Travnik aussi qui sont survenues au sujet d'une station
9 d'essence bien avant les autres. Ce sont donc des éléments au sujet
10 desquels je me suis entretenu avec M. Izetbegovic de la façon dont je l'ai
11 fait.
12 On aura maintenant ici un expert en matière de psychologie sociale pour
13 expliquer à quel point il est difficile de raccommoder les choses une fois
14 que la défiance est survenue.
15 Mme TOMANOVIC : [interprétation] Je m'excuse. On traduit de façon erronée
16 les dires du général. Page 58, ligne 25, le général a dit qu'il allait
17 faire venir un expert; or le compte rendu, il est dit qu'il n'a pas le
18 temps de le faire venir.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, j'avais compris parce que la traduction
20 française est meilleure et il n'y a jamais de problèmes avec la traduction
21 française.
22 Général Praljak, si je vous pose cette question, elle n'est pas innocente.
23 C'est parce que Prozor, dans l'acte d'accusation, fait partie de ce
24 plan de l'entreprise criminelle commune, voilà, et la question qu'il faut
25 déterminer -- que les Juges auront à déterminer : est-ce que c'est
26 effectivement l'exemple même de la mise en œuvre de ce fameux plan, ou bien
27 est-ce que c'est un événement qui est arrivé ce jour-là dans lequel les
28 responsables sont ceux qui étaient sur place et non pas la direction du
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1 HVO, et encore moins Zagreb ? C'est de ça que nous devons, nous,
2 déterminer, et c'est pour ça que je vous demande s'il y a eu des événements
3 ailleurs. Vous avez répondu : oui, il y en a eu quelques-uns, et c'est pour
4 cela que vous en avez discuté avec M. Izetbegovic. Bon. Donc vous nous
5 confirmez bien qu'avant Prozor, il y avait eu, dans d'autres localités, des
6 problèmes - peut-être pas aussi graves - mais des problèmes de tensions
7 entre les Croates et les Musulmans.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Messieurs les Juges. Mais il y a eu des
9 tensions entre les Croates également, mais là, on les a dissociés parce
10 qu'on était en temps de guerre, bien sûr, alors il y a eu des tensions
11 entre groupes de Croates. Il y en a qui ont tué huit Croates en -- qui ont
12 été -- il y en a qui ont tué huit Croates en Herzégovine, les gens du HOS.
13 A Ljubuski, les Croates se sont entretués deux fois plus de fois qu'il n'y
14 a eu de victimes parmi les Musulmans. Donc on doit dissocier les choses.
15 Quand vous avez ce type d'armée, lorsque cette armée n'est pas dans des
16 casernes, lorsqu'il n'y a pas de manœuvres ou d'exercices, lorsqu'on ne
17 sait pas quel est l'objectif poursuivi de façon précise, comme je l'ai
18 indiqué, les choses -- ce genre de choses est impossible à empêcher. Le
19 fait d'avoir des armes en mains, ça augmente l'agressivité des individus
20 deux fois et demie, ce n'est que vous pouvez le constater quand vous mettez
21 quelqu'un dans une pièce, et lorsqu'il y a une expérimentation quelconque
22 en train de se passer, je vais donc expliquer les choses avec un
23 psychologue en matière sociologique pour dire que la situation est auto
24 inflammable.
25 Messieurs les Juges, à Prozor, avec l'appui de la direction totale du HVO
26 et de la HZ HB, j'ai pissé du sang pour arriver à arranger les choses avec
27 les gens du cru. Je vais vous montrer par la suite comment. Alors,
28 maintenant, j'ai été prié par Zagreb. Je bénéficiais de l'appui de Petkovic
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1 --- enfin, pas l'appui, lui donnait des ordres : vous allez le voir. Alors
2 je suis allé à Prozor et il y avait des Musulmans aussi, mais il y avait
3 des groupes dont on ne savait pas à qui ils appartenaient. Ces groupes
4 étaient armés, et ils étaient nombreux, et je leur ai couru après dans
5 Rama, le pistolet au poing. Mais je vais laisser ça de côté. A un moment
6 donné, voyant que les choses n'allaient pas pouvoir se faire rien qu'au
7 niveau de l'armée, et s'agissant donc -- il ne s'agissait pas d'une réunion
8 seulement, j'en ai eu des dizaines, et il y avait une réunion, 150
9 personnes de présentes, c'était les hommes qui avaient le -- enfin, qui
10 étaient des notables de tous les villages.
11 M. LE JUGE ANTONETTI [hors micro] -- arrêter à ce niveau, et je vais
12 laisser votre avocate de vous poser des questions.
13 Mme ALABURIC : [interprétation] Avec votre permission, Messieurs les Juges,
14 excusez-moi, je voudrais intervenir. Aux fins du compte rendu d'audience,
15 si j'ai bien compris le général Praljak, nous avons, en lignes 12 et 13 du
16 compte rendu d'audience, la chose suivante qui est consignée, je cite :
17 "J'avais le soutien de Petkovic. A vrai dire, non, pas de Petkovic, lui il
18 émettait les ordres."
19 Alors, Général Praljak, est-ce que vous pourriez nous redire exactement en
20 quel sens vous avez bénéficié du soutien du général Petkovic ? Qu'avez-vous
21 dit au sujet des autres cas ? Il ressort du compte rendu d'audience que
22 vous n'aviez pas le soutien de Petkovic.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est erroné. C'était plus que du
24 soutien. C'était lui le commandant. Il a tout simplement rédigé tous les
25 ordres indiquant à l'armée comment elle devait procéder. C'était moi qui le
26 soutenais, qui lui apportais -- qui lui portais assistance. Moi, j'étais
27 tout simplement agent sur le terrain, quelqu'un qui intervient sur place,
28 qui crie, qui menace, qui court, qui s'engage sur le terrain.
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1 Mme ALABURIC : [interprétation] Général, nous avons de nouveau un problème
2 avec le compte rendu d'audience. Donc je vais vous prier de redire ce que
3 vous venez d'expliquer, mais en le disant suffisamment lentement pour que
4 chacun de vos mots puisse être consigné.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors ce qui est exact c'est la chose suivante
6 : ce n'était pas Petkovic qui m'apportait son soutien mais l'inverse.
7 C'était moi qui soutenais et qui apportais mon assistance à Petkovic et au
8 reste des dirigeants de la HZ HB. Moi, j'étais un intervenant sur le
9 terrain, c'est ainsi qu'on l'appelle, une personne qui intervient sur le
10 terrain, et qui met en œuvre une politique donnée, qui participe aux
11 réunions, qui crie, qui menace, qui hurle, qui menace du pistolet, et
12 cetera. De ce point de vue-là, j'avais du succès, j'étais un bon agent sur
13 le terrain car il s'agit simplement de -- tout simplement de maîtriser le
14 chaos. Il ne s'agit pas d'une question qui peut être résolue de façon
15 structurelle lorsqu'on est en présence du chaos. Or, du fait de mes
16 occupations précédentes, comme le travail de metteur en scène, et autres,
17 j'avais de meilleures capacités pour ce qui était de maîtriser ce chaos.
18 C'est quelque chose que je sais mieux faire. Donc j'étais agent ou
19 intervenant sur le terrain, qui devait attraper par le collet les gens, de
20 temps à autres, sortir son pistolet. Tout expliquer lors des réunions, et à
21 un moment dans cette réunion, où il y avait 150 personnes j'ai enlevé ma
22 veste, et j'ai dit : si parmi vous il y en a un qui est disposé à se
23 battre, qu'il vienne. J'ai attendu pendant un certain temps à la porte pour
24 voir qui voulait vraiment la guerre.
25 C'est ce que j'affirme. C'est comme ça que les choses se passaient, et je
26 suis resté sur le terrain aussi bien à Jajce qu'ailleurs, jusqu'à -- et je
27 suis resté jusqu'au conflit à Rama, et dans toute la -- à Rama, et à Gornji
28 Vakuf, et dans toute la zone, à Konjic, Prozor, et cetera; et j'ai réussi à
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1 faire -- à maintenir la situation sous contrôle autant que ça a été
2 possible. Cependant, sans disposer premièrement d'une solution politique
3 et, deuxièmement, d'un commandement militaire conjoint et, troisième,
4 compte tenu du fait qu'ils étaient nombreux au sein de l'ABiH à souhaiter
5 un conflit avec nous. Il est tout à fait évident qu'une telle situation ne
6 peut être maintenue sous contrôle que pendant un certain temps et
7 qu'ensuite elle est vouée à exploser, et malheureusement, personne ne
8 dispose d'un pouvoir absolu en la matière. Vous pouvez faire tout ce que --
9 vous pouvez suer sang et os, mais à moins que tout cela ne soit fondé sur
10 de bonnes fondation, cela explosera et débordera tôt ou tard.
11 M. LE JUGE MINDUA : Maître Pinter, excusez-moi.
12 Monsieur le Témoin Praljak, en ce moment, j'ai encore une petite question
13 pour vous, par rapport à cet événement qui s'est passé à Rama.
14 Je ne pense pas que vous avez personnellement été très actif sur le
15 terrain, selon ce que vous nous racontez, parce que, face à un groupe de
16 personnes qui venait de confisquer une voiture, vous présentez votre
17 pistolet, vous sortez votre pistolet chargé, les autres sortent les leurs,
18 mais vous arrivez à l'emporter. Hier, vous aviez raconté aussi une histoire
19 au cours de laquelle vous aviez introduit votre pistolet désolé a bouche de
20 quelqu'un, qui était récalcitrant, et il y avait du succès.
21 Alors, la question que je voudrais vous poser, parce qu'au-delà de
22 vos efforts personnels individuels, les supérieurs ne pouvaient-ils pas
23 placer plus de personnes avec plus de pistolets sur le terrain, pour faire
24 face à ces situations ? En d'autres termes, y avait-il un semblant de
25 police militaire ou a posteriori un semblant de justice militaire pour
26 faire face à ces situations particulières ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors je vais essayer d'éclaircir cela.
28 Aussi bien dans le cas de cette voiture que j'ai réussi à reprendre de ces
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1 trois hommes qui comptaient l'emmener, c'était un cas isolé à Rama.
2 Il y avait une police militaire, oui. Le conflit venait juste de
3 s'arrêter, et l'on tenait encore certaines positions au moment où je suis
4 arrivé. En d'autres termes, lorsqu'on a affaire à deux groupes qui se sont
5 affrontés, qui viennent juste de s'affronter avec trois ou quatre morts de
6 chaque côté, il faut qu'il y ait quelqu'un sur place car nous somme SDS
7 situation de défiance. Par exemple, les Musulmans étaient méfiants vis-à-
8 vis de l'armée du HVO, il faut qu'il y ait quelqu'un qui vienne sur place,
9 et il est même impossible à ce moment-là de faire se rejoindre les deux
10 armées. J'ai d'abord commencé par les civils. J'ai demandé que l'on m'amène
11 lors des réunions des 150 personnes en provenance de différents villages,
12 150 personnes qui avaient quelque poids, qui étaient des personnes en qui
13 la population avait confiance, et ce, face à quoi vous êtes, c'est une
14 situation dans laquelle les esprits sont extrêmement échauffés, vous devez
15 ramener les gens à la Raison, c'est un dialogue qui est extrêmement
16 difficile de rétablir.
17 Vous voyez, à partir de ce document, alors la police militaire était
18 présente, on a retrouvé pas mal de ces véhicules.
19 Mme PINTER : [interprétation] Oui.
20 Q. Donnez le numéro.
21 R. C'est le 3D 00424, c'était peut-être une dizaine de jours après mon
22 arrivée. Il s'agit d'un ordre que j'ai co-signé. Bien entendu, c'est signé
23 aussi par Valentin Coric, bien qu'il me semble ici qu'il ne s'agisse pas de
24 sa signature. Donc c'est un ordre demandant la restitution des véhicules
25 qui se trouvent présentement dans les postes du 2e Bataillon de la Police
26 militaire. Donc il s'agit de récupérer les véhicules qu'ils ont réussi à
27 saisir. Alors je ne pense pas que l'on ait retrouvé tous les véhicules,
28 mais ceux que l'on a retrouvés, on a émis l'ordre qu'ils soient restitués à
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1 leurs propriétaires. A ce moment-là, la situation s'est déjà
2 significativement apaisée et la plupart des personnes qui avaient fui leurs
3 domiciles sont revenus chez elles, donc que ce soit à -- sont revenues chez
4 elles à Rama. Les choses avaient été rétablies en ville.
5 Alors Siljeg a émis un ordre, Franjic également, Petkovic a envoyé un
6 ordre, et j'avais -- je recevais du soutien, et de jour en jour, la
7 situation s'apaisait. Mais c'est un processus difficile et lent après qu'il
8 y ait eu ce type d'affrontement et des échanges de tir, mais cela d'autant
9 plus qu'il y a des groupes qui échappent à tout contrôle.Vous le verrez à
10 l'occasion de l'examen d'un document où cela est écrit.
11 Par ailleurs, si l'on reprend les documents que j'ai examinés qui se
12 trouvent dans ce classeur, l'ABiH se préparait à une attaque contre Rama et
13 Prozor, il n'était pas nombreux. Mais c'est un problème qui n'a cessé de
14 croître à Rama de mois en mois. Qu'il s'agisse de l'armement, des écoles,
15 de la langue, qu'il s'agisse du fait qu'ils ne se rendaient pas sur la
16 ligne de front, et ainsi de suite, cela ne cessait de prendre de l'ampleur,
17 et lorsqu'une réunion était organisée au cours de laquelle cela devait être
18 résolu, quelqu'un de l'ABiH, un membre du HVO - alors je ne me rappelle
19 plus exactement qui - mais c'est alors que tout a éclaté, la situation a
20 explosé.
21 Monsieur le Juge Mindua, il existe toujours des préparatifs pour la
22 guerre. C'est quelque chose qui croît, et qui bouillonne pendant des jours,
23 des semaines, des mois, et ensuite cela entre en éruption. Les gens qui
24 observent cela disent ensuite, à posteriori, c'est à ce moment-là que la
25 guerre a commencé. Mais en fait les choses et la guerre notamment étaient
26 en préparatif depuis bien plus longtemps, peu à peu, elles avançaient,
27 qu'il s'agisse de la Seconde Guerre mondiale, qu'il s'agisse de l'agression
28 en Yougoslavie. Il s'agit toujours de quelque chose qui est soigneusement
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1 préparé et qui va crescendo.
2 M. LE JUGE MINDUA : Merci.
3 Mme PINTER : [interprétation] Merci.
4 Q. Alors, Général, poursuivons avec cette réunion de150 personnes.
5 S'il vous plaît, passez au document 3D 00291 et veuillez dire pour les
6 Juges de la Chambre comment s'est présentée cette réunion.
7 R. Voilà, nous avons ici le SIS du département de la Défense qui explique
8 de quoi il s'agit. C'est le 1er décembre 1992 qu'a été tenue cette réunion
9 de la zone opérationnelle, et ensuite on a organisé une réunion avec les
10 extrémistes appartenant au rang de ceux qui ont posé ces conflits et qui se
11 trouvaient sur le territoire d'autres municipalités. Donc, moi, sur la base
12 des informations dont je disposais, et que j'avais demandées, j'exigeais,
13 et je criais, et j'ai demandé que tous viennent pour participer à ces
14 discussions.
15 C'est alors que M. Salih Ruvic, et je m'en souviens bien, et je le connais.
16 J'ai retrouvé là-bas également un certain nombre de personnes qui avaient
17 été arrêtées et mises en prison. Bien entendu, est-ce que cela était
18 justifié ou non, à ce moment précis, je ne m'en occupais pas. Je ne m'en
19 occupais pas. Je ne m'en préoccupais pas. Je les ai tout simplement
20 relâchés. Je les ai laissés entrer chez eux. Alors est-ce que l'un d'entre
21 eux a participé à cela ou non ?
22 A cet instant précis, je pense que cela pourrait vous intéresser,
23 Monsieur le Juge Trechsel. J'ai tout simplement ordonné par la force que
24 l'on relâche ces personnes, et c'est alors que quelqu'un a tabassé Salih
25 Ruvic lorsqu'il entrait chez lui, lorsqu'il était en route. C'était le
26 soir. Je m'en rappelle. J'ai discuté avec lui, nous avons convenu qu'il
27 rentrerait chez lui, qu'il allait procéder au rassemblement de ces
28 différentes personnes qui allaient ensuite venir à la réunion. Mais ensuite
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1 lorsque ces personnes sont venues à la réunion, Ruvic n'était pas présent -
2 - ou plutôt, il est venu plus tard, il était couvert de bleus car il avait
3 été tabassé. Alors, maintenant, la question de savoir qui l'avait tabassé
4 cela même dans des rêves les plus fous n ne pourra jamais le devenir.
5 Mais finalement c'est une autre -- seconde réunion qui a été
6 convenue, alors de quoi j'ai discuté lors de cette réunion ? J'ai abordé
7 évidemment toutes sortes de sujets. Mais finalement, j'ai menacé tout le
8 monde j'ai enlevé ma veste, et j'ai dit, Si quelqu'un parmi vous autres
9 imbéciles veut se battre, je vous entends devant la porte, et si quelqu'un
10 a le courage -- si quelqu'un, à nouveau, a le courage de se battre qu'il
11 vienne, voilà c'était une occasion de voir comment on adaptait les visées
12 qui étaient adoptées dans les hautes sphères politiques à l'échelon concret
13 de la réalité où les choses se passaient.
14 Q. C'est cette réunion à l'hôtel, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Avec les personnes les plus influentes de ces différents villages ?
17 R. Oui. J'ai invité les personnes les plus respectables, les plus en vue.
18 J'ai libéré toutes les personnes qui étaient en prison. Je me suis efforcé
19 de raccommoder les choses. Mais encore une fois, je m'appuierais sur des
20 faits scientifiques pour montrer cela, à savoir que pour qu'éclate le
21 prochain conflit dans une situation comme cela, il faut, cela est beaucoup
22 plus facile que pour le premier des deux conflits. Donc pour qu'il se
23 produise un deuxième conflit, beaucoup moins de conditions sont nécessaires
24 pour l'éclatement -- que cela est nécessaire pour l'éclatement du premier.
25 Cela ne fait qu'empirer. Nous avons affaire à une véritable spirale.
26 Alors si on ajoute à tout cela toutes les rumeurs, à Travnik, il se
27 passe ceci, à Gornji Vakuf, il se passe cela. Les Musulmans racontaient que
28 les Croates les attaquaient. Les Croates racontaient l'inverse. Toutes ces
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1 rumeurs sabotaient tout simplement l'ensemble de la situation.
2 Q. Jusqu'à Prozor, dans les événements de Prozor, est-ce qu'il y a eu des
3 affrontements armés entre l'ABiH et le HVO plutôt la Défense territoriale ?
4 R. Non, pour autant que je le sache.
5 Q. Il n'y avait que des tensions, n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Alors il y a eu une question qui a été posée, la question que je posais
8 c'était de savoir s'il s'agissait uniquement de tensions ?
9 R. Oui.
10 Q. Il n'y a pas non plus de réponse à ma question, qui était de savoir si
11 avant les événements de Prozor, il y avait eu des affrontements armés entre
12 le HVO et la Défense territoriale ?
13 R. Pour autant que je le sache, il n'y en a pas eu.
14 Q. Très bien. Regardez maintenant le document 3D00418. Peut-être devriez-
15 vous regarder la version qui s'affiche à l'écran ?
16 R. Non, je le vois. Je l'ai.
17 Q. Que pouvez-vous dire au sujet des événements dont il est question dans
18 ce document ?
19 R. Il s'agit d'un document qui est envoyé par le Groupe tactique de
20 Konjic, à M. Sefer Halilovic. Ce sont les commandants musulmans qui ont
21 rédigé cela. Il y est question de la façon dont se sont déroulés les
22 événements à Prozor, selon eux. Il est question des événements en question,
23 donc qu'est-ce qui s'est passé selon eux. C'est un long document mais je
24 peux dire ce qui est exact, par exemple.
25 C'était mon cinquième déplacement sur place avec différentes personnes, mon
26 cinquième ou mon sixième déplacement. Je suis alors arrivé avec M. Bozo
27 Rajic, des officiers locaux, et à ce qu'ils disent des membres inconnus du
28 HVO, trois membres inconnus du HVO, alors moi-même, je ne sais plus avec
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1 qui je suis venu pour mener ces discussions. Mais ce rapport a été écrit le
2 4 novembre. Cependant je pense qu'il concerne la situation qui se
3 présentait quelques jours auparavant, le 2 peut-être, le 2 novembre.
4 Il y est dit que le HOS, alors on me dit qu'ils étaient en train de
5 faire cuire un agneau à la broche et qu'ils traînaient le drapeau à fleur
6 de lys dans la boue. Cela est exact. Ils disent aussi que je n'avais pas
7 suffisamment d'autorité pour qu'ils m'obéissent. Cela aussi est exact. Il
8 faut dire qu'ils étaient beaucoup plus nombreux à être armés. Alors,
9 ultérieurement, comprenons-nous bien, j'ai réussi à régler cette situation.
10 Mais à ce moment précis, leur comportement avec cet agneau à la broche et
11 le reste, je ne pouvais rien y faire.
12 Cela aussi, qui est indiqué là, est exact, à savoir que j'étais
13 manifestement mal à l'aise. Ici, il est indiqué au point 3, que le HVO
14 n'apporte son aide qu'à Izetbegovic, j'aurais déclaré cela à plusieurs
15 occasions. Il est exact que j'ai pu dire des choses comme ça. Donc pour ce
16 qui est de leur commandant, certains de leurs commandants à Rama et
17 ailleurs agissaient tout simplement contre le HVO. J'ai vu de mes propres
18 yeux. Mais manifestement, Sefer Halilovic et son entourage jouaient un
19 double jeu. Car, en même temps qu'ils étaient avec nous pour discuter de
20 l'apaisement, ils envoyaient des ordres demandant la conquête de Prozor.
21 Cela est clairement indiqué dans des documents qui ont déjà été versés, me
22 semble-t-il.
23 Donc ce à quoi nous avons affaire, c'était un double jeu, le plus
24 ordinaire, le plus classique. Il discutait avec moi qu'il suait sang et eau
25 pour œuvrer à l'apaisement de la situation, alors qu'eux écrivaient comment
26 il fallait préparer l'attaque contre Prozor, à partir d'une certaine
27 direction. Delalic procédait également de la même manière. L'ABiH faisait
28 la même chose à Rama, avait deux plans que j'ai reçus, ultérieurement : le
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1 plan petit A contre les Chetniks. Le plan B contre le HVO. Ils avaient
2 préparé tout cela pendant des mois à l'avance.
3 Lorsque l'on voit cela, il est difficile après d'établir une
4 coopération lorsqu'on voit qu'on a affaire à un double jeu, que les choses
5 ne sont pas franches. Pour moi aussi, cela a été difficile bien que j'aie
6 eu tendance à passer sur ce genre de chose.
7 Alors vous pouvez vous reporter au document, si vous voulez. Par
8 ailleurs, ces documents sont déjà tous des pièces à conviction.
9 Q. Alors P00708, par exemple.
10 R. Alors ce document porte aussi deux tampons. Il me semble qu'à ce
11 moment-là, déjà on a M. Jaganjac qui est devenu le conseiller militaire du
12 président Izetbegovic et qu'il est lui aussi venu sur place. Alors il est
13 difficile pour moi de me rappeler exactement la date, ce n'est que dans les
14 documents que je retrouve le moment dont il s'agit. Je peux même dire
15 qu'après on a mis au point un tampon commun.
16 Mais voilà le 6 novembre, j'ai émis cet ordre. Il me semble qu'elle a
17 représenté le fondement de toutes mes discussions portant sur la question
18 d'un commandement conjoint, à savoir que, premièrement, il faut rétablir
19 sur les axes de circulation. Il est impossible de laisser le premier
20 imbécile venu se positionner sur un axe de circulation, établir un poste de
21 contrôle et de contrôler qui bon lui semblera. Ensuite les points de
22 contrôle doivent être formés conjointement par le HVO et la police
23 militaire de l'ABiH. Ensuite la composition des hommes se trouvant au point
24 de contrôle doit être décidée sur une base paritaire. Il faut également
25 établir des points de contrôle conjoints, et ce, dans un délai de 48
26 heures.
27 Alors, Madame Nika, ici, j'ai deux éléments qui sont illisibles,
28 alors je ne sais pas si vous pouvez m'aider.
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1 Pendant que l'on cherche cela, voilà le point numéro 5, c'est quelque
2 chose sur quoi j'ai attiré l'attention de tous. Il faut donc, au point 5,
3 organiser des patrouilles villageoises au sein de villages qui seront
4 composées de personnes qui n'appartiennent pas aux unités, et il faut leur
5 donner la mission de procéder à l'armement nécessaire. A l'époque, je
6 savais bien qu'il y avait des individus et des groupes qui échappaient au
7 contrôle et des membres du HVO ou de l'ABiH qui étaient en permission, qui
8 n'étaient donc pas au sein de leurs unités, mais qui n'avaient pas pour
9 autant remis leurs armes. Je savais que, d'un point de vue purement
10 statistique, il était inévitable que ces personnes -- certaines de ces
11 personnes aillent dans un village et commettent des crimes. Crimes qui
12 seraient ensuite imputés soit à l'ABiH soit au HVO, alors qu'il ne
13 s'agirait pas d'un tel crime mais du crime commis par un individu.
14 Or, pour empêcher cela, il fallait disposer d'un commandement
15 conjoint afin de pouvoir procéder à l'information au sein des villages, au
16 sein des villages où étaient mélangés des populations croates et
17 musulmanes, donc de façon à pouvoir procéder à la formation de groupes
18 mixtes de personnes âgées, de 60 et plus, afin qu'elles protègent contre la
19 racaille du village car personne n'avait la possibilité, autrement de
20 garantir la sécurité de 50 ou 60 villages autour de Rama et de garantir la
21 sécurité contre un tueur, par exemple, qui se livrerait à ces agissements
22 pendant la nuit d'un tueur ou d'un violeur. Les armées n'avaient pas ce
23 pouvoir là, et donc c'est pourquoi j'ai dit que la précondition à cela
24 était un commandement conjoint. Ensuite j'ai également souligné qu'il
25 fallait rendre les armes, restituer les armes qui étaient en surabondance
26 dans toute la zone. J'ai également dit qu'il fallait empêcher, il fallait
27 mettre de l'ordre dans tout cela et interdire que des hommes en arme se
28 présentent et fassent leur apparition en dehors de la ligne de front.
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1 Je pense que ce document montre que j'étais accepté aussi bien par l'ABiH
2 que par la HVO comme quelqu'un ayant une certaine autorité et je répète que
3 je n'avais pas autorité formellement ou officiellement pour émettre un tel
4 ordre mais c'est ce que j'ai fait.
5 J'ai déjà dit alors je dis ici qu'il faut mettre de côté 64 membres
6 de la police militaire et du HVO et de l'ABiH pour les besoins du
7 rétablissement de l'ordre dans la municipalité de Prozor bien qu'i y ait eu
8 bien plus de Croates là-bas. Alors j'ai réussi à réaliser un certain nombre
9 de ces objectifs et puis ensuite tout est reparti à --
10 Q. La partie que vous n'avez pas pu lire concerne la police militaire qui
11 devait escorter des convois et les patrouilles conjointes mixtes que vous
12 nous avez déjà parlées n'est-ce pas ?
13 R. Oui --
14 Q. [aucune interprétation]
15 R. Je dis, encore une fois, que cela aurait dû être le fondement de toute
16 réflexion du HVO, et en tant que représentant du HVO, c'est ainsi que les -
17 - je peux dire que c'est ainsi que les relations entre l'ABiH et le HVO
18 auraient dû être organisées. Je ne dis pas que tous avaient cette position
19 au sein de l'ABiH. Il y avait des personnes à Bugojno, et il y avait en
20 partie aussi des personnes à Travnik qui souhaitaient également tout cela.
21 Il y avait des personnes au sein de l'ABiH qui souhaitaient sincèrement
22 voir se réaliser tout cela. Mais il y avait aussi de ceux qui ne
23 souhaitaient pas du tout cela. Il y en avait beaucoup et de jour en jour il
24 y en avait de plus en plus, et à mesure que les Moudjahiddines arrivaient,
25 la situation ne cessait d'empirer.
26 Q. Général, aux fins du compte rendu d'audience, veuillez répéter, s'il
27 vous plaît, comment s'appelait cette personne qui échappait au contrôle ?
28 R. Prijic.
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1 Q. [aucune interprétation]
2 R. Hanefija Prijic, connu sous le sobriquet de Paramilitaire, et d'autres
3 aussi étaient dans la même situation que lui.
4 Q. Je vous demande maintenant de vous référer au document P 00727.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, le document qu'on a sous les yeux
6 porte deux cachets. Porte une date 6 novembre 1992, et porte un numéro 01-
7 2496/92, ce document est destiné à tous les membres du HVO et de l'ABiH.
8 Quand on lit ce document, et qu'on regarde les cachets, on peut avoir
9 l'impression que vous, vous vous êtes autoproclamé commandant du
10 commandement conjoint et que vous donnez des ordres au HVO et l'armée de
11 l'ABiH. Ces ordres sont détaillés dans les points 1 à 11 et vous imposez un
12 couvre-feu à Prozor entre 18 heures et 6 heures du matin.
13 Vous nous avez dit jusqu'à présent, jusqu'à ce matin, que vous veniez en
14 République de Bosnie-Herzégovine puis vous repartiez à Zagreb et que vous
15 étiez là "pour aider" - entre guillemets - par exemple, le général
16 Petkovic. Ce document n'entre pas dans cette théorie du support ou de
17 l'aide car là c'est un document d'un chef qui prend des mesures, des
18 mesures d'ailleurs drastiques et qui ordonne toute une série d'événements.
19 Alors comment conciliez "votre mission" - entre guillemets - de bénévole
20 volontaire venant donner un coup de main à ses camarades avec ce document ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a qu'une explication de vrai, à savoir
22 que, dans cette tâche-là visant à créer un commandement conjoint, j'ai été
23 accepté tant par les Musulmans que par les Croates, et donc s'agissant de
24 cette tâche commune, il y avait, à mes côtés, M. Jaganjac. Lui se trouvait
25 déjà être nommé conseiller du président Izetbegovic, et par le biais de son
26 discours, je pense -- j'en suis sûr verbalement Izetbegovic apportait ce
27 soutien. Arif Pasalic n'avait rien contre. Je pense que -- c'est lui qui a
28 mis le cachet dessus. Petkovic n'avait rien contre parce qu'il faisait en
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1 somme le même travail en essayant de passer par Sarajevo, et je vais peut-
2 être montrer dès aujourd'hui si on n'y arrive un livre où il raconte quand
3 il va à Sarajevo chez m. Sefer Halilovic il n'est pas reçu et il dit à son
4 adjoint croate : je ne vais pas m'entretenir avec cet Oustachi, ils sont
5 tous Oustachi là-bas. Je vais le montrer, je vais vous le montrer cela.
6 Mais sur un plan juridique, Monsieur le Juge Antonetti, vous avez tout à
7 fait raison. Parce qu'il n'y a pas d'autre fondement à partir duquel
8 j'aurais pu signer la chose. C'est une enfreinte à l'organisation militaire
9 telle que vous la connaissez. Ça c'est bien exact. Mais compte tenu de la
10 situation chaotique là-haut avec l'autorisation parce que personne ne
11 s'était plaint, j'avais donc bénéficié d'un soutien tacite, j'ai donné ce
12 type d'ordre dans l'espoir enfin si ça a marché dans une certaine mesure
13 dans l'espoir donc qu'on aboutirait à un commandement conjoint et qu'on
14 finirait à fonctionner de la sorte. Dans une autre armée, on m'aurait mis
15 en tôle pour cela.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, c'est pour cela que je vous pose la question.
17 Vous avez dit un petit détail. Vous avez dit qu'Arif Pasalic a mis le
18 cachet. Bon, évidemment, Arif Pasalic est mort. Il ne pourra pas confirmer
19 mais comme vous êtes sous la foi du serment, donc vous affirmez qu'Arif
20 Pasalic a tamponné aussi le document ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense qu'il l'a fait. Mais au bout de tant
22 de temps avec la meilleure des volontés possibles, je ne peux pas affirmer
23 pour sûr que c'est feu M. Arif Pasalic qui l'a fait. Il me semble que
24 c'était lui mais je n'en suis pas trop sûr.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Une dernière question d'ordre technique : pourquoi
26 ce document qui est important et vous nous l'avez indiqué ce que vous
27 vouliez faire, pourquoi il n'a pas été signé par un Musulman quelconque,
28 Arif Pasalic, Jaganjac, n'importe lequel ? Pourquoi vous n'avez pas pensé à
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1 faire signer cela par une autorité musulmane ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, vous allez voir dans les
3 documents qu'on montrera ultérieurement qu'il en est qui sont signés par M.
4 Jaganjac et par moi-même et qu'il y en a d'autres qui, là où je suis en
5 train de nommer un commandement quelconque pour le retour à Jajce -- la
6 libération de Jajce, vous allez voir donc des documents du même type avec
7 des cachets conjoints. Je ne sais pas pourquoi ici il n'y a personne
8 d'autre qui a signé. Je n'arrive pas à me souvenir de la raison. Plus tard,
9 il y a des documents identiques -- enfin, de ce type, on le montrera pour
10 ce qui est de la Bosnie centrale, qui, compte tenu de mon rôle informel,
11 dans toute autre armée se trouverait impossible -- ou plutôt, ne serait pas
12 juridiquement fondée, justifiée, bon, on m'aurait mis en prison si je
13 venais à signer ce genre de chose de mon propre chef.
14 Mais il est exact qu'il y a eu M. Jasmin Jaganjac, qui était conseiller
15 donc militaire de M. Izetbegovic et moi-même, où - comment dirais-je -
16 avons bénéficié d'un soutien, moi de la part du HVO, et lui de la part de
17 certaines structures de l'ABiH, pour essayer de faire la chose.
18 Vous allez voir certains textes où je vous illustrerais dans quel point
19 Sefer Halilovic ça le jetait dans le désespoir jusqu'à qu'en 1993, il n'est
20 chassé. Jasmin Jaganjac et celui-ci n'est plus jamais revenu ni dans les
21 rangs militaires ni dans les effectifs enfin de la politique, et ça duré
22 des mois et des mois qu'on avait essayé de faire quelque chose.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- obligé de faire la pause. Il est
24 quasiment 12 heures 30. Donc on va faire la pause de 20 minutes, on
25 reprendra dans 20 minutes.
26 --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.
27 --- L'audience est reprise à 12 heures 51.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.
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1 Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 Q. Mon Général, je vous prie de vous pencher sur le document P 000720. Si
3 ce n'est pas lisible vous pouvez vous pencher sur l'affichage électronique.
4 C'est votre signature ici ?
5 R. Oui. On voit ici -- enfin, j'ai repensé la chose un peu et je suis
6 presque sûr qu'à l'époque où j'ai signé le document précédent, M. Jasmin
7 Jaganjac avait déjà prêté serment à l'ABiH et était déjà devenu le
8 conseiller personnel, à titre militaire, du président Izetbegovic. Nous
9 sommes intervenus donc ensemble déjà conformément donc à l'accord portant
10 sur la création d'un commandement conjoint. Il s'agissait de placer les
11 Unités de Juka Prazina sous un commandement conjoint, et ce commandement
12 serait coordonné par Slobodan Praljak et Jasmin Jaganjac, alors à ce
13 moment-là, il était déjà certainement devenu conseiller militaire du
14 président Izetbegovic. De ce point de vue-là, j'ai déjà la légitimité qu'il
15 faut pour signer ce type d'ordre, parce qu'en terme simple, il n'y avait
16 pas d'éléments s'y opposant, d'autant plus que j'avais une pièce d'identité
17 de l'ABiH aussi, et qu'une façon certaine, je faisais partie de l'une et de
18 l'autre des armées en présente.
19 Q. Veuillez ouvrir le document P 00727. L'avez-vous trouvé ?
20 R. Oui.
21 Q. C'est vous qui avez signé aussi ?
22 R. Oui. Là, il s'agissait de sauver Travnik après la chute de Jajce. Le
23 chaos c'était total, avec toutes ces armées qui battues sont passées par
24 Travnik et toutes ces quantités de réfugiés. Il y avait aussi la défense de
25 Travnik et toute la Bosnie centrale et le reste en direction de Sarajevo,
26 ça n'existait plus. Je vais en parler à part, et j'ai à cet effet nommé un
27 commandement provisoire. Blaskic, Ante Prkacin, ce dernier était connu
28 comme étant un général du HOS et il a été confirmé dans ses fonctions par
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1 M. Alija Izetbegovic, comme faisant partie de l'ABiH, et M. Arif Pasalic
2 aussi qui venait d'arriver de Mostar et se trouvait là-bas à mes côtés. On
3 voit donc le cachet à gauche qui était un cachet qu'on avait fait faire
4 pour indiquer qu'il s'agissait d'un commandement conjoint, et ce cachet a
5 été fait faire -- enfin a été donné à faire fabriquer par M. Jasmin
6 Jaganjac.
7 Q. Merci. Je vous renvoie maintenant au P 00776. Alors on voit ici
8 l'adjoint du chef de l'état-major des forces armées de l'ABiH, M. Jovan
9 Divjak, et ceci ne fait que confirmer l'ordre que j'ai donné. On se réfère
10 à l'ordre donné par le général Praljak du reste, et on dit que,
11 conformément à cet ordre émanant du HVO et de l'armée, il est donné un
12 ordre similaire par ses soins; pour ce qui est de Konjic et de Jablanica,
13 je ne sais trop. Mais ce qui est important ici dans ce document c'est le
14 fait qu'il transmet et confirme la légalité de mes ordres à moi. On verra
15 plus tard que c'est grâce aussi au général Petkovic qu'on réussissait à
16 évoluer vers ce commandement conjoint, du moins pour ce qui est de
17 certaines personnalités.
18 Q. Dans l'avant-propos de ce document, il est dit que ceci est la suite
19 des accords arrêtés à une réunion entre représentants de l'ABiH et de
20 l'état-major du HVO.
21 Alors, Général, est-ce que vous avez déjà parlé de cette réunion
22 aujourd'hui ?
23 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne pense pas. Il m'est difficile de s'en
24 souvenir de toutes ces réunions il y en a eu énormément. Mais je voulais
25 dire que je ne suis pas intervenu comme une espèce d'andouille d'individu
26 qui est venu se mêler de ce qui ne le regardait pas. Je suis allé de Zagreb
27 parce qu'il est certain que Franjo Tudjman avait eu des accords avec Alija
28 Izetbegovic, et là-bas, aux côtés de Jaganjac, Petkovic, Arif Pasalic, avec
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1 la présence de Prkacin aussi, je me suis efforcé de le faire, de défendre
2 Travnik, et on a réussi. A cette époque-là, il n'y avait pas eu de conflit.
3 Les conflits ont été interrompus. Je vous parlerais d'actions conjointes où
4 on a défendu ensemble Travnik, et toute cette période-là allant jusqu'à
5 après le Nouvel an en 1993. Tout avançait dans le bon sens, dans la bonne
6 direction, et ça donnait à croire qu'on finirait par réussir.
7 Q. Général, vous avez mentionné le lire de Stjepan Siber. Vous avez dit
8 que vous alliez vous référer.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous le savez, je suis toujours très intéressé
10 par les documents, et c'est un document important qui accrédite les
11 documents que nous avons vus tout à l'heure. Mais pour en être bien sûr,
12 pouvez-vous me dire exactement quelle était la fonction de Jovan Divjak au
13 sein de l'ABiH ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Chef adjoint de l'état-major principal.
15 C'était l'homme numéro 3 dans la hiérarchie -- l'homme numéro 2, excusez-
16 moi, parce que chez eux le chef c'était Sefer Halilovic. C'était lui le
17 numéro 1, et son adjoint c'était Jovan Divjak. Donc c'est la personnalité
18 numéro 2 dans la hiérarchie de l'ABiH, à ce moment-là.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors ce document arrive avec le tampon de
20 Jablanica, arrive le 20 novembre à Jablanica -- à l'ABiH de Jablanica;
21 c'est bien ça ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact. Dans les documents
23 ultérieurs ou d'autres documents, on voit que Jovan Divjak, à l'époque,
24 était de façon évidente arrivé sur le terrain. Il me semble que par la
25 suite il avait été mis aux arrêts par certains éléments de l'ABiH -- de
26 l'ABiH, je dis bien. Donc Jovan Divjak, c'est un Serbe. Il est Serbe, lui,
27 et pour autant que je sache - et il y a des documents à cet effet - il
28 avait été accusé de quelque chose là-bas et ils l'ont gardé en prison.
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1 Enfin, l'armée de la Bosnie-Herzégovine l'avait gardé en prison. C'était
2 des commandants qui étaient devenus des renégats, à Konjic, et c'est eux
3 qui l'ont mis en prison.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
5 Mme PINTER : [interprétation]
6 Q. Mon général, juste sous l'intitulé : "Etat-major des forces armées," il
7 dit : "IKM Konjic." Qu'est-ce que ça veut dire ?
8 R. Ça veut dire "Poste de commandement avancé," et c'est toujours l'état-
9 major principal de l'ABiH qui envoyait un représentant éminent à un
10 endroit, et là où se trouvait ce représentant, c'était le poste de
11 commandement avancé.
12 Q. Cet ordre-ci était adressé à Jablanica ?
13 R. Oui. C'est des ordres qu'il donne. Je ne suis pas en train de dire ce
14 qu'il a ordonné.
15 Q. Mais le Juge vous a demandé si lui avait été à Jablanica.
16 R. Je ne sais pas. Il est certain qu'il se trouvait au départ à Konjic, et
17 c'était là son poste de commandement avancé.
18 Q. Merci.
19 Mme PINTER : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas
20 préparé pour aujourd'hui des exemplaires de ce livre de Stjepan Siber. Le
21 général Praljak veut se référer à une partie. On préparera le livre, et on
22 l'avait envisagé pour la Bosnie centrale. Mais cela s'incorpore de façon
23 opportune à ce qu'il est en train de nous dire.
24 M. STRINGER : [interprétation] Pour le PV, le livre n'a pas -- n'est pas
25 sur le prétoire électronique, et donc nous avons une objection à ce que ce
26 soit utilisé en ce moment.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Pinter, alors il y a donc une difficulté dans
28 vos techniques, mais vous pouvez la contourner en posant la question au
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1 général Praljak, en disant : M. Siber a écrit un livre. A votre
2 connaissance, qu'est-ce qu'il a pu écrire dans ce livre par rapport à ce
3 qu'on vient de voir depuis ? Puis voilà.
4 Mme PINTER : [interprétation] Je vais éviter d'en parler, mais je me réfère
5 au 3D 40-1167, à l'affichage électronique, pour ce qui est de la version
6 anglaise. Il s'agit du document, je l'ai donnée sa référence, 3D 003535. La
7 version anglaise, c'est le 3D40-1167.
8 M. STRINGER : [interprétation] C'est le 3D 0 -- je crois qu'il y a un
9 chiffre de trop dans le procès-verbal, me semble-t-il. C'est 03535 ?
10 Mme PINTER : [interprétation]
11 Q. Mon général, dans ce livre de Stjepan Siber, vous aviez voulu attirer
12 l'attention de -- sur une partie qui s'incorpore dans ce que nous avons
13 évoqué aujourd'hui. Alors allez-y.
14 R. Nous allons y revenir à ce livre, il s'agit d'un journal de guerre
15 datant de 1992. C'est intitulé : "Supercheries, erreurs et vérités." Je
16 voudrais vous donner un bref extrait, c'est daté du 7 octobre 1992.
17 Pour ce qui est de cette date-là, M. Siber qui, me semble-t-il, était
18 l'homme numéro 3 au sein de l'ABiH, indique que, pour la journée en
19 question, il a été convenu d'avoir une réunion, un entretien avec les
20 représentants du HV. Il dit, au matin, je finis par convaincre Sefer
21 Halilovic, il faut donc qu'il essaie de convaincre parce qu'il est aussi
22 informé que Petkovic viendrait, et que Petkovic aussi serait présent aux
23 entretiens. Sefer, lui, refuse, et il cite :
24 "Les dires de Sefer, je ne veux pas m'entretenir avec des Oustacha.
25 C'est tous des Oustacha sauf -- enfin, exception faite de toi-même."
26 C'est Sefer qui le dit. Siber dit, il le lui dit parce que Siber c'est un
27 Croate, puis Siber réplique à l'intention de Sefer, je cite :
28 "Sefer, fais attention à ce que tu dis. SI tu penses que cette déclaration
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1 que tu viens de faire est musique à mes oreilles, tu te trompes de façon
2 considérable."
3 L'autre dit :
4 "Bon. Je ne faisais que plaisanter," mais en faisant un sourire cynique.
5 Siber insiste pour qu'on aille à la réunion parce qu'il y aurait Ganic, et
6 Kljuic de présents, ainsi que d'autres encore; et que Sefer Halilovic, ça
7 ne se faisait pas de ne pas -- qu'il n'y aille pas.
8 Sefer Halilovic lui dit :
9 "Stjepan, tu n'as qu'à mentir. Mens comme tu veux, comme tu l'entends. Dis
10 que je suis malade, et que j'ai la fièvre, et sors-moi de ce mauvais pas."
11 C'est Vehbija Karic et un dénommé Bena Fabijan [phon] qui sont allés à la
12 réunion, et pour ce qui est du HVO de l'Herzégovine, comme ils le
13 qualifient, ce n'est pas le HVO de l'Herzégovine, mais c'est le HVO tout
14 court. Il y a eu au bâtiment de la présidence de la République de la HZ
15 Herceg-Bosna, de présents : Milivoj Petkovic; Blaskic; Kostroman; Zarko
16 Keza, c'est l'homme du HOS - on l'a déjà évoqué - c'est l'homme numéro un
17 de l'état-major du HOS; et un dénommé Bandic, c'est le Bandic, Ivan qui a
18 témoigné ici, il n'y a pas longtemps. De l'autre partie -- de l'autre côté,
19 il y avait Ganic, Kljuic, Dahic [phon], Hebib, et une équipe de l'ABiH mais
20 sans la présence de Halilovic.
21 On dit par la suite que le général Morillon, en compagnie d'un
22 général Razzak [phon] --
23 M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si Mme
24 Pinter a trouvé le moyen de contourner la difficulté que nous avions
25 soulevée tout à l'heure. Le général lit à partir d'un livre, à moins que je
26 ne me trompe, nous n'avons pas de traduction en langue anglaise de ce
27 livre. Donc il insère dans le procès-verbal des passages d'un livre pour
28 lequel nous n'avons pas de traduction. Ce n'est pas tout à fait approprié.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Sur le plan, vous avez raison. Mais on a cette
2 difficulté technique, le livre n'est pas rentré dans le système e-court. Le
3 général Praljak, témoignage sous serment, vous imaginez bien qu'il ne va
4 pas courir le risque de lire de manière différente pour qu'ensuite on
5 constate le parjure. Donc quand il lit ce qui a dans le livre, ça doit être
6 très au mot près de ce qui a dans le livre.
7 Maintenant, sur la traduction, il a lu dans sa langue. Mais
8 l'interprète en anglais vous a traduit, et a traduit également en français,
9 donc on arrive à suivre. Maintenant, bien entendu, tant que nous n'avons
10 pas ce livre et les pages traduites, ça ne serait pas admis. On est bien
11 d'accord là-dessus.
12 La seule question qui était intéressante de savoir, y a-t-il eu cette
13 réunion ? Apparemment oui, puisque Siber le dit.
14 Deuxièmement, et au moment où vous avez interrompu le général
15 Praljak, il semblerait que j'ai cru entendre qu'il y avait aussi le général
16 Morillon. Alors voilà, mais vous l'avez interrompu alors je ne sais pas
17 très bien si c'est ça qu'il a voulu dire.
18 Quoi qu'il en soit, il y a une erreur dans le transcript, mais je
19 n'ai plus la ligne parce qu'à un moment donné, dans le texte anglais, il
20 est indiqué "VONS," alors que j'ai cru comprendre que le général Praljak
21 avait dit que c'était quelqu'un du "HOS."
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, du "VONS," c'est le service de
23 Renseignements militaires. Ça fait partie de l'état-major du HVO. C'est
24 Zarko Keza qui se trouvait à la tête de celui-ci, et mis à part le général
25 Morillon, il y avait le général Razzak Korvazak [phon], je pense. Le livre
26 est traduit. Je n'ai fait qu'en parler délibérément puisqu'on a été en
27 train de parler de cela, j'ai donc voulu montrer qui est-ce qui minait la
28 totalité des efforts déployés.
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1 Alors il y a M. Sefer Halilovic, le chef de l'état-major principal de
2 l'ABiH, et son collègue d'hier, dans les rangs de la JNA, il y avait son
3 homologue, le général Petkovic, et tout nous autres les Oustachi, nous et
4 vous allez le voir, ultérieurement, dans ces déclarations à ses yeux, on a
5 des Oustacha. Avec cet homme-là, on ne pouvait rien établir de bien du
6 tout. Je peux vous apporter des éléments de preuve à cet effet parce qu'il
7 a été interrogé par l'ABiH. Il avait été le collaborateur du KOS, du
8 service du Contre-renseignement de l'armée populaire yougoslave. C'est ce
9 que je veux démontrer ici, faire voir comment les efforts périclitent et
10 pourquoi ils périclitent.
11 Petkovic, avec son équipe, ils vont tous à Sarajevo avec, bien sûr,
12 le savoir de Morillon, c'est évident. Sefer Halilovic dit : tu n'as qu'à
13 mentir, je ne veux pas aller négocier avec des Oustacha; et il le dira à
14 Genève, il le dira partout ailleurs. Donc c'est cela la substance de ce
15 dont je suis en train de parler ici.
16 Alors pourquoi ces efforts terribles de plusieurs mois qu'on a
17 déployés pendant des mois et des mois, tombent à l'eau ? Ce sont des
18 phrases de ce type.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
20 Vous nous dites que Halilovic jouait un jeu qui semblait ne pas être dans
21 la ligne de M. Izetbegovic. Moi, c'est ce que je crois comprendre, mais à
22 ce moment-là, était-il en accord avec les jeunes Musulmans dont on a parlé
23 hier, ou bien était-il sous la dépendance du KOS serbe, ou bien jouait-il
24 un jeu à lui personnel ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Premièrement, il n'était pas un jeune
26 Musulman. Deuxièmement, petit B, il s'inscrivait complètement en opposition
27 par rapport à Izetbegovic et il sapait toutes les tentatives de ce dernier.
28 J'expliquerais comment c'était écrit dans ce livre, et c'est un autre
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1 général de l'ABiH qui l'écrit. Il utilisait les termes les plus
2 dépréciatifs pour le désigner, lorsqu'il parlait d'Izetbegovic, il le
3 désignait de vieux péteux. C'est ainsi que ce sont de grands généraux
4 musulmans qui mentionnent tout cela. Est-il resté ainsi pendant toute la
5 durée de la guerre ? Je laisse à votre propre appréciation.
6 Toutefois c'est ainsi que les choses se présentaient et c'est cela
7 qui a amené à l'attaque de l'ABiH contre le HVO, par lui et ses semblables.
8 Par lui qui nous considérait comme des Oustacha. Tout juste jusqu'à
9 l'opération Neretva 93 était dirigé contre les Croates et contre le HVO.
10 C'est ce que j'affirme et c'est ce que démontre, alors ce n'est pas Praljak
11 qui confirme cela c'est Siber. Le général Muslimovic aussi dans son ouvrage
12 ainsi que Sefer Halilovic dans son propre ouvrage.
13 Je vais demander le versement. Je le présenterais mais je voudrais
14 que MM. les Juges sachent les raisons qui sont derrière tout cela. Pourquoi
15 tout cela périclite, tout ce dont je m'entretiens avec Jaganjac, avec les
16 autres, non pas parce que le HVO souhaitait cela mais parce que ces
17 personnes de l'ABiH ont créé ce conflit, l'ont mis à l'œuvre et ont attaqué
18 le HVO ?
19 Mme PINTER : [interprétation] Pour l'information de la Chambre, la
20 traduction anglaise de cet ouvrage se trouve en page 3D 02 -- c'est le
21 document 3D 02647. Mais la page qu'a lue le général a déjà été donnée
22 précédemment, c'est la 3D 40-1167. Je me suis trompée car nous avons deux
23 numéros pour cet ouvrage, l'un pour la version croate, l'autre pour la
24 version anglaise. C'est pourquoi je me suis trompée lorsque je citais pour
25 la première fois ce document.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Quand vous citez des chiffres, dites-le lentement
27 parce que vous avez vu qu'il y a toujours des erreurs. Donc ralentissez
28 pour donner les chiffres parce que les interprètes font des exploits, mais
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1 à un moment donné, malheureusement, ils ne peuvent pas suivre.
2 Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je vais faire
3 un effort.
4 Alors le numéro du document est le 3D 02647, et il s'y trouve donc
5 également la traduction anglaise de cet ouvrage.
6 M. STRINGER : [interprétation] J'apprécie le fait que le conseil de la
7 Défense nous donne la référence maintenant que le Général Praljak a terminé
8 la lecture de ce document. Ça aurait été utile un peu plus tôt.
9 Mme PINTER : [interprétation] Moi, non plus je n'en disposais pas jusqu'à
10 maintenant.
11 Q. Général, nous pourrions maintenant passer à la partie de votre
12 déposition qui concerne Jajce qui concerne les événements avant la chute de
13 Jajce, pendant et après, et ainsi qu'à vos activités qui ont trait à Jajce.
14 R. Merci.
15 Q. Juste un instant.
16 Mme PINTER : [interprétation] Pour les Juges de la Chambre, nous avons
17 remis un fascicule intitulé : "Jajce 1992."
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais d'abord donner une vision d'ensemble.
19 Donc après ce début d'apaisement autour de Vakuf, Konjic, Rama, je suis
20 revenu vaquer à mes occupations à Zagreb, et ensuite le Dr Gveric est venu
21 me voir mais, moi aussi, évidemment, j'avais entendu cette information
22 selon laquelle la chute de Jajce était imminente. Le Dr Gveric demandait de
23 l'aide en ce qui concernait cette espèce d'autocar monstrueux, un autocar
24 blindé qui devait permettre l'extraction des blessés de Jajce.
25 Mme PINTER : [interprétation]
26 Q. Où se trouvait le Dr Gveric ? Qui est-ce ? Qui est-ce ?
27 R. C'est le Dr Gveric du HVO, donc de l'état-major de la Section chargée
28 des Affaires médicales. Lorsque nous avons équipé cet autobus, lorsque nous
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1 avons fait le plein d'essence, sachant quelle était la situation sur place,
2 je m'y suis rendu, moi aussi. Or après il y a eu de nouveau une réunion
3 avec Petkovic, une réunion rapide et nous essayons de voir s'il existait la
4 moindre chance d'envoyer là-bas des unités qui permettraient d'apporter une
5 aide pour essayer de sauver Jajce. Le général Petkovic a approuvé l'envoi
6 de certaines unités du HVO vers Jajce.
7 Deuxièmement, certaines parties de la police militaire de l'ABiH de
8 Mostar étaient également censées prendre la direction de Jajce.
9 Troisièmement, Prkacin qu était un général du HOS et qui avait été
10 reconnu par M. Izetbegovic comme représentant une partie de l'ABiH a de son
11 côté amené un groupe de 400 hommes à Capljina, des hommes qui s'étaient
12 présentés comme volontaires en provenance de Croatie pour aller défendre
13 Jajce.
14 Ce groupe de 400 hommes était composé à plus de 70 % de Musulmans, et
15 ce groupe était censé être armé et équipé dans la caserne de Capljina, et
16 c'est une question dont a eu à traiter le général Prkacin conjointement
17 avec Bruno Stojic afin de leur fournir les armes et les équipements
18 nécessaires. Après que ces hommes ont été équipés, ils sont partis en
19 direction de Jajce, et il y a un rapport extrêmement précis concernant ce
20 que je veux dire. Il existe un rapport qui fait état de la situation
21 absolument incroyable où nous nous retrouvons à savoir que l'ABiH ne permet
22 pas le passage de ces unités de taille plus petites et ce groupe un peu
23 plus grand de 400 personnes. Car 400 hommes ça représentait beaucoup de
24 monde dans les circonstances et l'ABiH ne les laisse même pas passer même
25 vers Gornji Vakuf et encore moins au-delà de Gornji Vakuf à travers la zone
26 dont ils avaient le contrôle, l'ABiH donc ne laisse pas ces unités passées
27 alors quelles ont pour objectif de participer à la défense de Jajce.
28 Alors, premièrement, cela est tout à fait incompréhensible. S'il
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1 existait la moindre volonté de leur part de mener des combats
2 conjointement; et deuxièmement, cela représente une indication que quelque
3 chose, qu'il y a quelque chose de pourri dans l'ensemble de ce jeu qu'ils
4 mènent avec nous et cela tend à indiquer qu'ils nous considèrent ni plus ni
5 moins comme des ennemis.
6 Alors pour ce qui est de Prkacin, on reviendra à son rapport. On
7 verra tout ce qu'il a essayé de faire et à quel point on l'a mené en bateau
8 sur cette route qu'il avait prise pendant des jours et des jours, et
9 finalement, ils n'ont pas réussi à passer et ils ont rebroussé chemin. La
10 police militaire, qui a été envoyée pour venir en aide, elle non plus n'a
11 pas pu passer, la police militaire du HVO. La police militaire de l'ABiH,
12 elle non plus n'a pas réussi à passer. On les a, on leur a fait rebrousser
13 le chemin. Alors vous pouvez essayer de comprendre cela et éventuellement
14 on a adopté un point de vue complètement différent.
15 Moi, j'ai réussi à passer ces points de contrôle parce que, si
16 quelqu'un m'arrête, bon, moi, je pique une crise et puis le temps que la
17 personne s'y retrouve, je réussis à passer mais la situation à Travnik
18 était désespérée, qu'il s'agisse des soldats qui avaient déjà traversés en
19 trombe la ville et qui étaient partis, et les soldats du HVO sont partis en
20 direction de l'Herzégovine. Personne ne pouvait les arrêter. Les soldats de
21 l'ABiH eux sont partis en direction de Vakuf. Il s'agit de cette brigade
22 qui ensuite a été constituée, la Brigade de Jajce à Vakuf mais personne ne
23 s'attardait à Travnik. Il s'y trouvait dans le poste de commandement de
24 l'ABiH dans une maison qui s'appelait "Les eaux bleus," et ce poste de
25 commandement se trouvait sous l'autorité de Tihomir Blaskic qui en était le
26 commandement, et il n'y avait tout simplement pas de lignes de défense.
27 C'est là que lorsqu'il est revenu avec son unité, Prkacin a opéré une
28 percée lorsqu'il a été contraint de rebrousser chemin et il est revenu avec
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1 ses hommes, donc lui il est passé. Ensuite mais plus tard, Arif Pasalic est
2 arrivé et lui aussi est passé.
3 Mais moi, au début j'étais seul avec Blaskic et c'est de ma propre
4 initiative encore une fois que j'ai pris en charge la direction de tout ce
5 chaos. J'ai essayé de maîtriser cette situation chaotique et pour la raison
6 suivante car Blaskic était un soldat, un commandant de bataillon et il
7 était en quelque sorte, il avait son propre point de vue. Par exemple,
8 lorsque nous aurions dû établir une ligne de défense pour que les Serbes
9 n'opèrent pas une percée, alors même que ces derniers continuent à avancer
10 peu à peu en provenance de Jajce, donc ils n'avancent pas selon une logique
11 militaire conforme à ce qu'on trouve dans les armées occidentales;
12 autrement, ils auraient pu avancer jusqu'à Sarajevo sans aucuns problèmes,
13 mais ils s'arrêtaient dans les différents villages, puis ils s'arrêtaient
14 pour boire et ensuite ils avançaient de nouveau et cela nous laissait une
15 marge de manœuvre et une possibilité d'entreprendre quelque chose.
16 Avec Blaskic, nous avions établi les endroits où nous allions essayer
17 de faire cela. On avait convenu du creusement de tranchées avec des
18 pelotons du génie et il s'agissait d'établir une défense appropriée et cela
19 ils savaient le faire. Mais lorsqu'il a demandé l'aide des gens pour qu'on
20 lui donne des planches et tout ce qui était nécessaire, il est revenu me
21 voir en me disant que personne ne voulait lui venir en aide et qu'il me
22 demandait de lui délivrer des attestations pour pouvoir obtenir tous ces
23 matériaux. Moi, je lui ai répondu : mais va te faire foutre avec tes
24 attestations, force-les, menace-les, fais tout ce qu'il sera nécessaire,
25 fais tout ce que tu voudras pour obtenir ce dont tu as besoin, et j'ai
26 alors posté des personnes donc j'ai vu que je pouvais avoir, donc j'ai vu
27 que je pouvais avoir confiance en elles à deux points de passage à la
28 sortie de Travnik. Je leur ai dit que personne ne devait sortir de Travnik
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1 à moins d'avoir l'autorisation de le faire de ma part. La première personne
2 qui a été ainsi renvoyée de ce point de contrôle était l'adjoint du numéro
3 un de Travnik, c'était un Croate. Le numéro un était un Musulman. Le numéro
4 deux était donc un Croate et ils m'ont demandé : avez-vous un permis de
5 Praljak ? Il a répondu : non, et donc ils lui ont fait faire machine
6 arrière. Quand ils sont -- quand il est revenu, il y avait là un groupe de
7 personnes qui étaient là pour voir ce qui allait se passer. Je lui ai
8 demandé : mais alors où es-tu parti, ou t'apprêtais-tu à partir ? Il m'a
9 répondu; j'ai pris la direction de Split, je voulais aller à Split pour
10 commencer à préparer la défense de Travnik.
11 Alors qu'est-ce que cela veut dire ? On voit un dirigeant politique qui
12 fuit et qui a l'audace de me dire qu'il se rend à Split où il entend
13 commencer avec les préparatifs de la défense de Travnik. Je lui ai donné un
14 coup de pied au cul devant toutes les personnes qui étaient là pour envoyer
15 un message aux autres, pour leur dire que j'étais maintenant dans la
16 fonction de commandant sur place et qu'aucun homme politique, aucun enculé
17 d'homme politique n'allait m'entraver dans mes travaux et que j'allais
18 défendre cette ville.
19 Nous avons réussi à creuser ces tranchées. Alors, parallèlement, il y
20 a des pilonnages constants de Travnik en provenance de Vlasic, des forces
21 serbes et c'est une situation de roulette russe dans laquelle nous sommes.
22 C'est tout vibre du fait de ces pilonnages permanents. Nous savions que,
23 dans ces unités, il y avait des hommes extraordinaires du côté musulman, un
24 certain Lajho [phon] et d'autres, tous ceux qui n'avaient cure de ce qui
25 pouvait bien leur arriver.
26 C'est alors comprenant que les unités que nous allions envoyer à ces
27 positions après la chute de Jajce allaient être des unités particulièrement
28 vulnérables et quelles ne seraient pas en mesure de repousser l'attaque
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1 serbe, j'ai demandé auprès de Blaskic que l'entreprise Bratstvo fraternité,
2 qui s'occupait de produire du matériel de guerre, fournisse 100 personnes.
3 J'ai demandé qu'on y procède au rassemblement de 100 personnes et c'était
4 là une question d'heures. J'ai demandé que l'on aille particulièrement
5 vite. Donc j'ai demandé que ces 100 personnes fabriquent une centaine de
6 mines téléguidées qu'on appelle "MRUD" qui peuvent être placées à une
7 distance de 50, 60 ou 70 mètres avant les lignes de défense et elles sont
8 activées par des détonateurs électriques. J'étais certain que ce sont des
9 explosifs qui ont un impact puissant et avec ces hommes courageux j'étais
10 certain que si l'on disposait de ce type de matériel que l'on déclenchait
11 son explosion, cela permettrait de repousser les Serbes et de nous donner
12 un ou deux jours de répit supplémentaire pour continuer à nous organiser.
13 Il était près de 2 heures du matin, moi, je ne dormais pas. Je venais
14 juste de revenir d'un village sous le mont Vlasic où j'ai pris quelques
15 personnes en route et j'ai trouvé Blaskic au téléphone qui était au
16 téléphone manifestement avec le directeur général de cette entreprise.
17 Alors cela durait tellement longtemps qu'à la fin je lui ai demandé de me
18 dire avec qui il était en train de parler, alors il m'a alors dit que
19 c'était le directeur et j'ai pris alors le combiné et j'ai demandé au
20 directeur s'il avait reçu l'ordre de se rendre là-bas avec ses hommes pour
21 réaliser ce plan. La réponse que j'ai reçu du directeur c'est : mais est-ce
22 que vous savez quelle heure il est et comment ose-t-on le déranger à 2
23 heures du matin ?
24 Alors il faut ici aussi savoir que cette entreprise était une grande
25 entreprise de production d'armes dans l'ex-Yougoslavie et lui c'était comme
26 un petit Dieu local et aucun Blaskic ou Praljak ne pouvait dans son esprit
27 le déranger.
28 Après qu'il a prononcé cela, alors on estime qu'en Europe ce sont les
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1 Hongrois, les Croates et les Italiens qui ont le répertoire d'injures le
2 plus étendus, mais c'est les injures que j'ai alors proférées sont
3 probablement une combinaison de celles dont disposent l'ensemble de ces
4 trois peuples, je ne vais pas dire ce que j'ai utilisé alors et j'ai envoyé
5 ensuite la police militaire pour qu'il soit procédé à son arrestation pour
6 qu'il soit amené dans son entreprise attaché à un radiateur et qu'à 8
7 heures du matin il sera exécuté.
8 Alors il est inutile de dire, Messieurs les Juges, que je ne l'ai pas
9 fait exécuter et que deux jours plus tard je prenais un café avec lui, mais
10 dans un tel instant il avait l'obligation -- il y avait tout simplement
11 l'obligation de prendre en charge cette responsabilité et de veiller à la
12 mise en œuvre de cet ordre, et non seulement j'ai réussi à obtenir ces 100
13 mines de type MRUD, mais après, j'en ai eu encore des centaines d'autres.
14 Nous avons établi notre défense et pour être bref, la défense de
15 Travnik a été couronnée de succès et ils n'ont pas réussi à opérer de
16 percée.
17 Juste encore une chose pour aujourd'hui. Il y avait une unité
18 d'hommes assez jeunes qui se trouvaient à une position où sont tombés deux
19 obus, enfin et ils se sont dispersés et en fuite. Alors nous verrons cela
20 mais, Messieurs les Juges, cela correspond à ces films que j'ai tournés
21 ultérieurement à titre documentaire. Bien je les ai convoqués, je leur ai
22 demandé pourquoi ils avaient fui et j'ai demandé qui étaient les officiers.
23 Il y en a deux qui sont deux ou trois qui ont avancé et qui ont dit qu'ils
24 étaient les officiers. Je leur ai alors dit qu'ils allaient aller en prison
25 et les autres ont dit qu'eux aussi ils voulaient aller en prison, qu'ils ne
26 voulaient pas revenir à leur position.
27 Alors face à une situation de cette nature, j'ai dit : déshabillez-
28 vous, enlevez ces uniformes, ce sont des uniformes du peuple croate et je
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1 ne voulais pas les leur laisser, et une fois qu'ils ont enlevé leurs
2 uniformes, il faisait froid, ils ont réfléchi à deux fois et ils ont
3 commencé à dire qu'ils ne voulaient pas aller en prison mais qu'ils étaient
4 prêts à retourner à leur position.
5 Là, de nouveau, vous devez changer de casquette. Vous devez vous
6 transformer en père, tenir un discours complètement différent après les
7 avoir menacés. Tout cela ce ne sont pas des capacités de nature militaire.
8 Ce ne sont que partiellement des capacités d'ordre militaire.
9 Dans une situation de décomposition telle quelle se présentait, je
10 fais simplement état des faits tels qu'ils se sont présentés. Et pour
11 finir, nous avons donc réussi, j'ai réussi à mettre en marche aussi bien le
12 HVO qu'une partie de l'ABiH bien que certaines parties, par exemple, de
13 Refik Lendo, qui m'affirmait qu'il avait trois bataillons de réserve, cela
14 je ne pouvais l'obtenir même dans mes rêves les plus fous, il les gardait
15 en réserve, il les cachait, je ne sais pas pour quel objectif. Donc, moi,
16 lors des réunions, je leur disais de façon très précise que manifestement
17 ces bataillons de réserve, il les conservait pour régler leur compte avec
18 nous car ils ne voulaient pas les lancer dans la bataille contre les
19 Serbes.
20 Alors le résultat de tout cela, c'est que Travnik a été défendu, et
21 que la Bosnie centrale, qui n'avait aucune défense jusqu'à Sarajevo, avait
22 été défendue. Quant à la façon dont cela a été fait, je vous l'ai décrit
23 pleinement.
24 Q. Général, l'enregistrement vidéo est prêt. Si vous le souhaitez, nous
25 pouvons maintenant le montrer.
26 R. [aucune interprétation]
27 Q. C'est par ailleurs la pièce 3D 03114, transcript numéro 2.
28 M. LE JUGE MINDUA : Maître Pinter, excusez-moi.
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1 Monsieur le Témoin Praljak, ici encore une fois je reviens à ma
2 préoccupation d'avant. Le résultat final était bon. Il y a eu de l'ordre à
3 Travnik. Vous avez eu les armes que vous vouliez avoir mais ce qui
4 m'inquiète c'est la méthode parce que vous, vous arrêtez le "big boss,"
5 vous l'attachez au radiateur et vous le menacez d'exécution; bien
6 évidemment, vous ne l'avez pas exécuté, parce que le matin ou quelques
7 jours après vous avez eu une tasse de café avec lui. Mais la question que
8 je me pose, est-ce que ce n'est pas une menace ? Qu'est-ce que cela donne
9 comme effet dans la tête des troupes que vous avez ? Est-ce que vos troupes
10 étaient autorisées aussi à menacer d'exécution des personnes ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Juge, non.
12 Tout d'abord, mes soldats -- ou plutôt, ceux qui restaient, ceux qui
13 étaient restés ont vu qu'il y avait là. Tout d'abord, moi, j'ai reçu, on
14 m'a fourni pratiquement un millier de mines de type MRUD, sans cela tout
15 serait tombé à l'eau.
16 Deuxièmement, cette menace, c'est une mise en scène de ma part.
17 Troisièmement, c'est après deux jours à peine, je me suis montré
18 publiquement avec cet homme et tous ont compris et savaient de quoi il
19 s'agissait. Enfin, la chose la plus importante, peut-être il est exact que,
20 dans des circonstances normales, cet homme aurait pu porter plainte contre
21 moi. Mais il s'agissait d'une guerre dans laquelle nous avons cet homme qui
22 refuse de produire des mines alors qu'on a déjà proclamé la mobilisation
23 générale. Mais c'est lui qui aurait été emmené au Peloton d'exécution dans
24 n'importe quelle armée.
25 L'état est en guerre, cette entreprise n'est pas sa propriété privée,
26 mais la propriété de la République de la Bosnie-Herzégovine, qui a émis un
27 avis de mobilisation générale. La guerre a été déclarée. Sans rencontrer de
28 grandes difficultés, j'aurais pu le faire exécuter pour son refus de
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1 participer à la défense de l'Etat. Bien entendu, dans une armée normale au
2 cours de la Seconde Guerre mondiale, dans l'armée française ou dans une
3 autre armée, cet homme aurait été exécuté.
4 Or, les soldats me connaissaient trop bien pour que quiconque parmi
5 eux puisse s'imaginer qu'il pouvait menacer quelqu'un qui s'était montré
6 publiquement avec moi, qui avait pris un café avec moi ou lui-même ou un
7 autre directeur originaire de Vitez, et je maintiens cela. Si j'avais cédé
8 devant cet homme et si j'avais commencé à entrer dans des discussions
9 interminables avec lui, comme l'a fait Blaskic, il n'y aurait pas eu de
10 défense de Travnik et Travnik serait tombé. C'est pour cela que j'assume
11 aujourd'hui encore cette décision qui a été la mienne, car elle est le
12 résultat de l'ensemble de mes réflexions. Par rapport à ce que vous
13 demandez, c'est la guerre qui nous amène des décisions que nous prenons. Je
14 maintiens cette décision qui a été la mienne. Car entre menacer un
15 imbécile, qui est en train de trahir son propre pays, et d'autre part,
16 permettre que 150 000 personnes en Bosnie centrale connaissent le sort qui
17 était prévisible, à savoir on aurait couper en deux la Bosnie centrale.
18 Dans cet instant précis, c'était mon sentiment personne et moral, et la
19 conception que j'avais aussi bien de l'armée de la défense du pays qui a
20 prévalu.
21 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.
22 M. KARNAVAS : [interprétation] Pardonnez-moi, j'ai écouté la question et la
23 réponse. Je ne sais pas si la réponse correspondait à la question. La
24 question était de savoir si par les actions que vous avez menées ceci
25 n'aurait pas donné l'impression qui était la bonne aux soldats, autrement
26 dit, leur donner le feu vert pour qu'ils puissent agir d'eux-mêmes. C'est à
27 cette question-là qu'il faut répondre. Par opposition à ce que vous venez
28 de dire, ceci avait trait à votre propre comportement. A mon sens, il
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1 serait bien de répondre de façon concrète à votre question.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, la question de mon collègue en
3 réalité visait à l'exemple qui est donné par un commandant. Si le
4 commandant donne un exemple d'emportement, ça peut avoir un effet sur la
5 troupe. Sur cet aspect, vous n'avez pas répondu.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. L'exemple donné, l'exemple donné
7 par le commandement c'est la chose la plus importante, en temps de guerre.
8 Mais il faut prendre en compte tous les exemples de comportement qu'a donné
9 ce commandement. Or, tous mes soldats connaissaient le comportement qui
10 avait été le mien à Capljina, à Mostar, dans la défense de Travnik tout
11 comme ailleurs. Et, ils savaient exactement comment se comporte leur
12 commandant. Un exemple isolé aurait assurément pu être un mauvais exemple,
13 mais les soldats parlent entre eux de leur commandant. Tous les soldats du
14 HVO, tous les commandants du HVO, une majorité des soldats de l'ABiH
15 savaient quel avait été mon comportement de Capljina en passant par Mostar
16 et à Konjic ainsi qu'ailleurs. Ils en parlaient. Quant à l'ensemble de mon
17 comportement et de l'exemple que je pouvais donner, ils étaient tels que
18 vous avez pu le voir, à savoir que je mettais ma propre peau en jeu pour
19 que quelqu'un ne commette pas un crime.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : On va arrêter l'audience de ce jour, parce qu'il
21 reste quelques secondes.
22 Mais avant cela, je voulais demander à Me Kovacic -- il y a plusieurs
23 semaines, je vous avais demandé de me donner la liste des documents que
24 vous, vous estimez faux. J'attends toujours cette liste parce que, comme je
25 me prépare pour les questions que je poserais à M. Praljak, ça m'aurait été
26 utile d'avoir ces documents.
27 M. KOVACIC : [interprétation] Bien sûr, Monsieur le Président, nous
28 sommes tout à fait conscients de cela et nous y travaillions. Le seul
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1 problème qui s'est posé à nous, c'est que pendant un certain temps, nous
2 n'avons pas pu mettre la main sur tous les documents dans le témoignage de
3 M. Praljak, et dans l'affaire Naletilic. Il semble qu'il y a une confusion
4 au niveau des chiffres. Nous savons pour sûr qu'il y a un document qui nous
5 intéresse, mais nous avons du mal à le retrouver, à retrouver les numéros
6 des documents dans l'affaire Naletilic, qui sont les numéros qui sont
7 utiles dans cette affaire-ci. J'espère que dans trois jours nous pourrons
8 résoudre ce problème.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Il est donc -- nous avons déjà dépassé
10 l'heure, alors comme vous le savez, nous nous retrouverons donc demain à 9
11 heures.
12 Pour la Défense de M. Praljak, j'indique que vous avez utilisé déjà 23
13 heures et 40 minutes.
14 Merci et donc à demain.
15 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le jeudi 21 mai
16 2009, à 9 heures 00.
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