Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 21 mai 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Les accusés Prlic et Coric sont absents]

  5   [Le témoin vient à la barre]

  6   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  8   l'affaire, s'il vous plaît.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

 10   toutes les personnes présentes dans le prétoire.

 11   Il s'agit de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 12   Je vous remercie, Monsieur le Juge.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 14   En ce jeudi 21 mai, je salue toutes les personnes présentes. Je salue M.

 15   Praljak, je salue M. Stojic, M. Petkovic, et M. Pusic, ainsi que tous les

 16   avocats, Mmes et MM. les avocats. Je salue également M. Stringer et ses

 17   collaborateurs et collaboratrices, ainsi que toutes les personnes qui nous

 18   assistent.

 19   Avant de donner la parole à Me Pinter pour la suite de son interrogatoire,

 20   je tiens à indiquer ceci : hier vous avez constaté qu'à quelques reprises,

 21   les avocats se sont levés pour dire qu'il y avait quelques problèmes au

 22   niveau de la traduction. Alors j'invite M. Praljak et Me Pinter à ralentir

 23   le débit parce qu'en parlant très vite, les interprètes, qui font des

 24   exploits, peuvent manquer quelques mots. Ça peut arriver. Vous le savez, on

 25   vous l'a déjà dit.

 26   Nous sommes dans le procès où, en une journée d'audience, il y a à chaque

 27   fois le plus grand nombre de pages de transcript, tout ceci en raison de la

 28   vitesse des uns et des autres, et lorsque l'on parle vite - et moi-même, je


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  1   me confesse, parfois je vais trop vitre - on risque de ne pas voir dans le

  2   transcript tout ce qu'on a dit.

  3   Alors je profite de cela pour renouveler notre entière confiance dans tous

  4   nos interprètes, qui font un travail fantastique, et qui essaient de mieux

  5   possible de faire leur travail pour que nous ayons le maximum de la

  6   traduction au mieux de ce qu'ils ont entendu.

  7   Je salue aussi M. le sténotypiste qui, comme vous le savez, grâce à lui,

  8   nous voyons défiler sur l'écran tout ce que les uns et les autres puissent

  9   dire.

 10   Ça aussi, c'est un travail exceptionnel qu'ils font les uns et les

 11   autres. Donc pour éviter quelques erreurs, il faut que tout le monde se

 12   discipline et parle de manière lente, afin que tous nos propos soient

 13   enregistrés.

 14   Donc je renouvelle, à nouveau, notre entière confiance dans nos

 15   interprètes, quel qu'il soit ceux qui traduisent du B/C/S en français, ou

 16   du B/C/S en anglais, ou de l'anglais en français, ou du B/C/S en anglais

 17   qui est retraduit en français, et cetera. Ce travail est remarquable et il

 18   faut l'indiquer. Voilà.

 19   Alors, Maître Pinter, je vous donne la parole et tenez compte de ce

 20   que je viens de dire.

 21   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Bonjour à vous et à toutes les personnes présentes dans le prétoire. Je

 23   m'efforcerai véritablement de parler le plus lentement possible dans mon

 24   propos. Mais c'est contre nature, croyez-moi, je vais donc m'efforcer de

 25   faire en sorte que tout soit consigné.

 26   Donc je vais essayer de contrôler ma nature.

 27   J'aimerais que nous passions à huis clos partiel pour quelques minutes tout

 28   au début.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Juge, nous sommes maintenant

  3   à huis clos partiel.

  4   [Audience à huis clos partiel]

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  6   [Audience publique]

  7   LE TÉMOIN : SLOBODAN PRALJAK [Reprise]

  8   [Le témoin répond par l'interprète]

  9   Mme PINTER : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre

 10   autorisation, je demanderais à M. l'Huissier, de remettre une carte au

 11   général.

 12   Interrogatoire principal par Mme Pinter : [Suite]

 13   Q.  [interprétation] Mon Général, vous vouliez dire quelque chose, vous

 14   vouliez ajouter quelque chose, me semble-t-il ?

 15   R.  Je vous remercie.

 16   Q.  Il s'agit du 3D03545.

 17   R.  Le 3544 aussi. Alors hier, j'ai cogité la chose et j'ai voulu compléter

 18   la réponse apportée à la question posée par M. le Juge Mindua. La question

 19   portait sur le fait de savoir si j'avais conscience de la menace que

 20   j'avais adressée au directeur de cette paternité ou ce qu'on appelle la

 21   fraternité pouvait constituer exemple pour les combattants afin qu'eux

 22   aussi se mettent à proférer des menaces. Alors je voudrais dire que j'avais

 23   pleinement conscience de ce type de possibilité parce que pendant une

 24   grande partie de ma vie, j'ai eu à m'occuper du problème des méthodes et de

 25   l'objectif, et ce, non seulement pour ce qui est de la méthodologie à

 26   étudier en matière de science mais aussi de la méthodologie et des

 27   objectifs pour ce qui est des structures politiques et celles de l'Etat.

 28   J'ai étudié donc Platon, Machiavel, Savonarole, Hegel et ce qui s'est passé


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  1   dans l'Etat de Prusse puis Karl Popper et la société ouverte.

  2   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pardonnez-moi. Il s'agit d'un

  3   avertissement que je lance. Nous entendons un son qui vient de la cabine

  4   française qui n'est pas le son habituel. Peut-être qu'il y a un petit

  5   souci, il y a un microphone qui aurait dû être éteint, quelque chose comme

  6   cela. Je vous prie de bien vouloir vérifier.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] On n'a pas consigné : "Platon, Aristote,

  8   Machiavel, Savonarole, Karl Popper, la société ouverte."

  9   Donc je savais pertinemment bien à quel point le problème est grave pour ce

 10   qui est de ne pas faire en sorte que la fin vienne à justifier les moyens.

 11   Alors, Messieurs les Juges, dans une situation où Jajce est tombé, et

 12   lorsque vous voyez le nombre de réfugiés, de blessés, de morts et tous ces

 13   gens qui passent par Travnik pour aller au-delà, et lorsque vous avez

 14   conscience du fait que cette offensive, en passant par Travnik et en se

 15   dirigeant vers la Bosnie centrale, je parle de l'offensive serbe dirigée

 16   vers Sarajevo; donc susceptible du point de vue humanitaire et militaire et

 17   quand je parle de l'élément humanitaire, j'entends par là des centaines de

 18   milliers de réfugiés en plus. Lorsque je me réfère à ce segment militaire,

 19   j'entends en réalité la possibilité de voir la Bosnie-Herzégovine couper en

 20   deux depuis Banja Luka en passant par Travnik, la vallée de Lasva et

 21   Sarajevo. Chose qui, dans la situation telle que qui se présentait,

 22   constituerait une catastrophe militaire véritable tant pour l'ABiH que pour

 23   le HVO et aussi bien pour les deux peuples en présence.

 24   Alors ce que je voudrais c'est le dessiné ici. S'il y a cette carte

 25   dans le prétoire électronique, peut-être serait-il préférable de tracer ce

 26   que j'entends tracer sur l'écran et cela nous permettra de garder la carte

 27   sur papier intacte.

 28   Q.  Oui, nous avons ça.


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  1   Mme PINTER : [interprétation] Je vais demander à M. l'Huissier de donner le

  2   matériel qu'il faut au témoin.

  3   Q.  Dites-nous quel est le numéro de la référence, une fois de plus, pour

  4   ce qui est de la carte ?

  5   R.  3D 03544. Alors, pour ce qui est de cette partie centrale non loin de

  6   Sarajevo, j'aimerais qu'on zoom.

  7   Q.  Mon Général, c'est le 545 qu'on a sur l'écran.

  8   R.  Oui, justement il nous faut l'Herzégovine pas la Yougoslavie. On a

  9   besoin donc de la Bosnie-Herzégovine. C'est le 3D 05044; c'est le bon

 10   numéro.

 11   Q.  Vous avez une autre carte de préparer, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, c'est autre chose, c'est la carte de la Yougoslavie, mais d'abord

 13   penchons-nous sur celle-ci.

 14   Voilà, on y est. Agrandissez la partie non loin de Sarajevo. Voilà.

 15   Je n'y vois plus comme avant. Un instant.

 16   Voilà. Ici se trouve Travnik.

 17   [Le témoin s'exécute]

 18   Voici la vallée de la Lasva en direction de Sarajevo.

 19   [Le témoin s'exécute]

 20   Ici on a Jajce.

 21   [Le témoin s'exécute]

 22   Une fois Jajce tombée, par cette route-ci que sont passés les

 23   réfugiés qui étaient au nombre de dizaines de milliers, et il n'y avait

 24   plus aucune défense de poids avant Travnik sur ce cheminement lorsque je

 25   suis arrivé et le péril s'était de voir couper la Bosnie-Herzégovine sur

 26   cet axe ici.

 27   [Le témoin s'exécute]

 28   Alors le sentiment de la catastrophe humanitaire immédiat que cela


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  1   risquerait de susciter a ce qui a -- c'est ce qui a motivé mon

  2   comportement.

  3   Je voudrais que nous passions à présent pour quelques instants à huis

  4   clos partiel.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes

  7   actuellement à huis clos partiel.

  8   [Audience à huis clos partiel]

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

  2   Maître Pinter, continuez.

  3   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pardonnez-moi. Votre dernière

  4   réponse, Monsieur Praljak, est un petit peu énigmatique à mon sens. On vous

  5   a demandé combien de réfugiés il y avait et vous avez répondu "ensemble

  6   avec les hommes des troupes." Est-ce que cela signifiait que les troupes

  7   fuyaient ? Qu'est-ce que cela veut dire exactement ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Les soldats fuyaient aussi, tous fuyaient. En

  9   termes simples, ça vous donne une masse qui se déplace et l'armée, les

 10   militaires sont en débandades complètes. Les soldats de l'ABiH, en partie

 11   avec leur peuple, les Musulmans, se déplaçaient et ensuite ils sont arrivés

 12   à Gornji Vakuf voire Uskoplje; et comme on l'a déjà montré à plusieurs

 13   reprises, il a été créé cette Brigade de Jajce par l'ABiH, et les Croates

 14   du HVO sont passés en vitesse par l'Herzégovine au galop, et ils se sont

 15   installés sur le territoire de la Croatie. D'une certaine façon, j'ai dû --

 16   j'ai réussi à me procurer de l'argent pour leur faire distribuer des

 17   salaires. Certaines parties de ces effectifs sont par la suite retournées

 18   en Bosnie-Herzégovine, des petits segments ont également pris part --

 19   INTERVENANT NON IDENTIFIÉ : Je vous remercie.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, je connais la ville de Travnik, je

 21   connais la mosquée. Nous savons que Travnik est une localité encaissée, il

 22   y a des montagnes. Dans cette fuite, comment se fait-il que l'armée n'ait

 23   pas déployé quelques mortiers, artillerie pour, le cas échéant, endiguer

 24   les Serbes ? C'était impossible ? Car comme vous l'avez dit hier, Travnik

 25   il y a une entrée une sortie, il y a une seule voie d'accès, et en termes

 26   militaires, il était impossible d'éviter cette débandade et déroute ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, non, pour une raison simple.

 28   Vous verrez plus tard, j'ai préparé une carte à cet effet. Je me trouvais à


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  1   la tête d'une opération. Voilà de quoi il s'agit, Jajce. Enfin, j'aimerais

  2   qu'on me donne la même carte pour que je puisse tracer la chose sur une

  3   carte vierge, aux fins d'indiquer. Est-ce qu'on peut me remettre la carte

  4   non -- ?

  5   Voilà.

  6   Alors Jajce, c'était encerclé comme ceci, et là, il y a une route qui passe

  7   par Turbe, et c'est là que se trouvaient les dernières Unités du HVO et de

  8   l'ABiH, en direction de Travnik. Toutes les positions comme Vlasic, au

  9   numéro 1 et, au numéro 2, Komar, Komar c'est une montagne qui se trouve --

 10   [Le témoin s'exécute]

 11   -- enfin, ce n'est pas indiqué ici, mais sur une carte plus grande,

 12   on peut voir -- alors le voilà c'est ici; c'est le numéro 2, alors Komar,

 13   tout ceci. Donji Vakuf compris était tenu par les Serbes, et depuis ces

 14   montagnes, ils tiraient vers la vallée étroite que vous avez vue, et c'est

 15   pour cela qu'on avait envoyé cet autocar blindé. Sans disposer de Vlasic et

 16   de Komar, c'était illusoire que de s'attendre à ce que Jajce puisse tenir

 17   longtemps, parce que la route d'approvisionnement pour arriver à Jajce et

 18   pour se frayer un passage jusqu'à Jajce était tellement exposée aux tirs de

 19   l'artillerie de la VRS, que tout un chacun comprenait parfaitement bien que

 20   Jajce ne tiendrait pas longtemps, et que cette position militaire ne serait

 21   être défendue. C'est pour cela qu'il était impossible de stopper cette

 22   armée et la population une fois qu'ils ont commencé à se retirer parce

 23   qu'ils étaient constamment exposés à des tirs depuis Vlasic et depuis

 24   Komar, et ceci par donc les bons soins de la VRS.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- on va donner un numéro. Mettez vos

 26   initiales, et on va mettre un nouveau numéro.

 27   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Et la date.


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  1   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

  2   Mme PINTER : [interprétation] Et la date.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier.

  4   Mme PINTER : [interprétation] Le numéro 5, non pas 6.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] La deuxième version de cette carte

  6   recevra le numéro IC 1013.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, votre avocate a dit que ce n'est

  8   pas un 6, c'est un 5 qu'il faut mettre. On est au mois de mai.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai indiqué un 5.

 10   [Le témoin s'exécute]

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est un "5." Très bien.

 12   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Alors, Général, juste pour éclaircir cette question des réfugiés de

 14   Jajce, dont vous avez fait mention, est-ce qu'ils allaient à Sarajevo ?

 15   R.  Non, Madame Nika. On ne pouvait plus entrer à Sarajevo. Dans

 16   l'ensemble, les réfugiés musulmans sont restés en Bosnie centrale, donc à

 17   Travnik, Novi Travnik, à Gornji Vakuf. Quant aux Croates, une partie en est

 18   restée sur place, alors de l'autre la majeure partie est partie en

 19   Herzégovine, et en fait la majorité a poursuivi son chemin jusqu'à la

 20   Croatie.

 21   Q.  Et les soldats ?

 22   R.  Je l'ai dit, les soldats, eux aussi.

 23   Q.  Merci. Alors, Général, vous avez dit qu'il y avait une autre carte sur

 24   laquelle vous souhaitiez formuler un commentaire ?

 25   R.  Oui, je voudrais de nouveau avoir cette même carte, mais avec la partie

 26   concernant Mostar.

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous êtes à nouveau en train de

 28   parler en même temps, M. Praljak commence à parler bien avant que la


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  1   question posée par Mme Pinter soit terminée, qu'elle soit surtout

  2   interprétée, ce qui nous donne une situation de chaos, je vous rappelle ce

  3   que nous a dit le Président de cette Chambre ce matin.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] M. le Juge Antonetti m'a demandé hier comment

  5   s'était passé l'exode des réfugiés à partir de la Bosnie orientale.

  6   Alors, Monsieur le Président, c'est déjà au début de l'année 1992, et avec

  7   le début des opérations des forces serbes, que nous avons dans toute cette

  8   partie -- la carte a disparu. Est-ce qu'on peut zoomer ? Merci. Donc à

  9   partir de Borici, Glavaticevo, Nevesinje --

 10   [Le témoin s'exécute]

 11   Si l'on descend un petit peu, si l'on fait remonter un peu la carte

 12   pour voir la partie qui est en bas, s'il vous plaît, on verra Trebinje.

 13   Alors ici Kalinovik.

 14   [Le témoin s'exécute]

 15   Si l'on peut juste descendre un peu plus au sud.

 16   Mme PINTER : [interprétation]

 17   Q.  Peut-on remonter un peu la carte ? Ah, on ne peut pas.

 18   R.  Pardon. Glasko [phon] aussi, et donc en bas, on a Trebinje.

 19   [Le témoin s'exécute].

 20   Alors au début, avant la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine, c'est en

 21   provenance de toutes ces localités et de Trebinje qui se trouve plus bas --

 22   [Le témoin s'exécute]

 23   -- de tous ces endroits donc d'Herzégovine orientale, les Musulmans -

 24   -

 25   [Le témoin s'exécute]

 26   -- de toutes ces localités ont été chassées en direction de Mostar.

 27   C'était la première vague de réfugiés, et en direction de Capljina aussi.

 28   Nous en avons déjà beaucoup parlé quant au nombre de personnes qui sont


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  1   arrivées à Mostar.

  2   La deuxième vague de réfugiés arrive lorsque les Serbes se livrent à leurs

  3   attaques. Alors il serait bon peut-être de passer à une deuxième carte

  4   maintenant. J'indique un chiffre romain I sur celle-ci, et c'est peut-être

  5   sur une nouvelle carte que je pourrais indiquer la suite.

  6   Alors je souhaite indiquer que cela correspond à la période s'étendant

  7   jusqu'au 10 avril 1992. Comment dit-on ça en anglais --

  8   Q.  Pouvons-nous avoir un numéro IC pour cette carte ?

  9   Général, indiquez la date également, s'il vous plaît.

 10   R.  [Le témoin s'exécute]

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, un numéro.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui. La troisième version de la carte

 13   annotée recevra la cote IC 1014. Je vous remercie.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors si l'on peut afficher la même partie de

 15   cette carte, s'il vous plaît.

 16   Voilà que nous avons donc à faire maintenant.

 17   Mme PINTER : [interprétation]

 18   Q.  De quelle partie avez-vous besoin, Général ?

 19   R.  De cette partie-ci. Voilà. Merci.

 20   Alors nous avons maintenant la situation militaire au 15 mai 1992.

 21   [Le témoin s'exécute]

 22   A ce moment-là, les Serbes ont déjà chassé tous les Croates qui

 23   restaient, qui étaient restés et tous les Musulmans également qui étaient

 24   restés à Mostar Est.

 25   [Le témoin s'exécute]

 26   Ils les ont chassé VRS la partie ouest de la ville.

 27   S'il vous plaît, est-ce que l'on peut remonter -- faire remonter la carte,

 28   voire sa partie inférieure ?


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  1   Q.  Non, on ne peut pas mais on peut vous afficher l'ensemble de la carte,

  2   si vous voulez.

  3   R.  Entendu. Si on peut voir la carte dans son ensemble ?

  4   Très bien. Donc à partir de la partie est de Mostar vers la partie ouest --

  5   [Le témoin s'exécute]

  6   -- et ceux qui étaient restés à Bijelo Polje également; Bijelo Polje

  7   se trouve au nord de Mostar --

  8   [Le témoin s'exécute]

  9   -- et également tous ceux qui étaient restés derrière cette ligne,

 10   donc par la prise de Stolac, ils ont chassé tout le monde vers la rive

 11   gauche de la Neretva, ils ont pris possession de cette même rive gauche --

 12   [Le témoin s'exécute]

 13   -- de la Neretva. Voilà comment se présentait la ligne et c'était à

 14   cette date du 15 mai 1992.

 15   [Le témoin s'exécute]

 16   Ensuite, au mois de juin, lorsque Stolac a été libéré, lorsque Mostar et

 17   Bijelo Polje aussi ont été libérés, "tous" les réfugiés -- ou du moins tous

 18   ceux qui le souhaitaient puisque, bien entendu, une partie d'entre eux est

 19   aussi restée en Croatie, puisque dans l'ensemble les gens s'efforçaient de

 20   mettre à l'abri femmes et enfants, et tous les réfugiés, aussi bien

 21   Musulmans que Croates, sont revenus.

 22   Or s'il y a peut-être une autre couleur disponible ? Peut-être qu'il serait

 23   bon que je l'utilise autrement ça risque de ne pas être clair.

 24   Donc le HVO --

 25   [Le témoin s'exécute]

 26   -- libère. Le HVO prend -- ou plutôt, libère Mostar, et c'est donc le

 27   mois de juin, fin juin --

 28   [Le témoin s'exécute]


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  1   -- de l'année 1992, et à ce moment-là, tous les réfugiés reviennent

  2   chez eux. Comme je l'ai dit, ce sont tout d'abord les unités qui

  3   reviennent, les unités militaires et ensuite les civils, aussi bien les

  4   Croates que les Musulmans, et les Unités de l'ABiH que nous avions

  5   entraînées à Medjugorje, qui avaient déjà commencé à être organisées alors

  6   que nous procédions à ces entraînements. Alors c'était sur une base

  7   volontaire évidemment. Il n'y avait pas d'adresse. On ne savait pas qui se

  8   trouvait où et c'était finalement ceux qui se sont présentés, ceux qui

  9   voulaient le faire, pouvaient se présenter. C'était comme ça cela

 10   fonctionnait.

 11   Donc tous les volontaires du peuples musulmans, qui le souhaitaient

 12   étaient entraînés, armés, et ils sont repartis, ils sont revenus à Stolac,

 13   comme vous avez pu le voir dans les documents. Concernant ces unités, deux

 14   ou trois mois plus tard, on a formé à partir d'elles la Brigade de Bregava

 15   de l'ABiH.

 16   Voilà ce qui serait ma réponse si cela peut vous satisfaire, Monsieur

 17   le Président.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- marquez la date, vos initiales et

 19   j'ai deux questions de suivi à vous poser.

 20   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Première question : si je comprends bien, les Serbes

 22   chassent les Musulmans de Mostar Est et ils vont à Mostar Ouest; c'est bien

 23   ce que vous avez dit ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, le 15 mai 1992.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Le 15 mai 1992. La conséquence c'est que les

 26   Musulmans vont -- qui habitaient Mostar Est se retrouvent à Mostar Ouest,

 27   et ils vont occuper des appartements -- je présume, ils vont occuper des

 28   appartements.


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  1   Deuxième question : au mois de juin, vous indiquez que le HVO reprend des

  2   positions, ce qui va permettre aux soldats et aux civils de revenir. Là, il

  3   est important. Quand les civils reviennent, à votre connaissance, est-ce

  4   que c'est 100 % de civils musulmans qui reviennent, ou finalement il y en a

  5   qui ont été en Croatie et puis qui se disent : c'est pas mal la Croatie, on

  6   va y rester en attendant que tout se calme ? Le retour est assuré de

  7   manière approximative d'après vous à quel pourcentage ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je sais avec certitude c'est qu'un

  9   grand nombre d'entre eux est resté en Croatie en tenant précisément ce

 10   raisonnement, à savoir laissons faire la guerre par d'autres, nous, nous

 11   sommes des réfugiés, ce n'est pas si mal que cela au bord de la mer. Il y a

 12   assez de nourriture, et cetera. Personne n'avait faim là-bas. Je ne

 13   pourrais pas vous donner le pourcentage exact, Monsieur le Président, mais

 14   je pense que, pour ce qui concerne Stolac, nous n'avons même pas 50 % de la

 15   population qui est revenue. Mais je vous dis cela avec des réserves; c'est

 16   vraiment une estimation très approximative.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc Stolac, 50 %; et Mostar, à votre avis, combien

 18   sont revenus exactement à Mostar Est ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai un document du

 20   mois d'avril que nous pourrons voir ultérieurement. Il y a eu beaucoup plus

 21   de réfugiés de la première vague de réfugiés à Mostar à ce moment-là qu'il

 22   n'y avait de population locale, tant Croates que Musulmanes, donc de

 23   population domicilier à Mostar. Donc pour parler, par exemple, de ceux qui

 24   étaient un peu plus aisé, qui avaient une résidence secondaire ou des amis

 25   ayant une résidence secondaire, avaient quitté Mostar. Je ne crois pas non

 26   plus qu'il y ait eu plus de 50 % de la population domiciliée à Mostar qui

 27   soit retournée à ce moment-là, je pense que c'était moins que cela. Je le

 28   répète, je parle de la population qui vivait était domiciliée à Mostar


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  1   avant le début de la guerre à ceci près, et nous en avons déjà parlé

  2   également à ceci près donc qu'au moment des pilonnages et des bombardements

  3   de Mostar, déjà on procédait à l'évacuation des femmes, des enfants avec

  4   toute l'aide qui était disponible et chacun s'efforçait de mettre à l'abri

  5   les femmes et les enfants autant que possible, autant que faire se

  6   pourrait.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, donnez un numéro pour la

  8   quatrième carte qui a été marquée dont on n'a pas donné de numéro IC.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, la quatrième version du document 3D

 10   00544 avec ces nouvelles annotations recevra la cote 1015. Je vous

 11   remercie.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Pinter.

 13   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 14   Q.  Alors, Général, je vois que vous êtes en train d'essayer d'ouvrir une -

 15   - de déployer une carte. Que souhaiteriez-vous montrer ?

 16   R.  Seulement si quelqu'un peut peut-être m'aider à tenir l'autre partie de

 17   la carte pour que je puisse le montrer.

 18   Q.  Que représente cette carte ?

 19   R.  Messieurs les Juges, il s'agit d'une carte qui montre avec exactitude

 20   l'attaque -- qui montre avec exactitude la répartition des forces de la JNA

 21   au 1e octobre 1992. Cette carte a été faite en Croatie par M. Milan

 22   Perkovic, général de brigade. On voit donc l'attaque des Serbes. On voit

 23   exactement où se trouve la frontière de la République de Croatie. On voit

 24   également la frontière de la Bosnie-Herzégovine.

 25   A l'endroit que j'ai montré précédemment, c'est à peine un kilomètre

 26   de la frontière de la Croatie. Or, plus haut, nous avions donc la sortie de

 27   la Bosnie-Herzégovine sur la mer. Les force serbes ont pris position

 28   jusqu'à la côte et ont coupé l'accès au sud. Autour de cette zone que je


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  1   suis en train de montrer, nous avions les questions et les problèmes qui se

  2   posaient quant à savoir qui allait maintenir telle ou telle position, et

  3   quelle était la tâche qui incombait au HVO, quelles étaient celles qui

  4   incombaient en revanche à l'armée croate.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, au compte rendu,

  6  nous avons comme date le 1er octobre 1991; est-ce correct ou s'agit-il d'une

  7   erreur ? Est-ce que ça devrait être 1992 ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Juge, cette guerre a commencé

  9   là en 1991. En 1991, elle durait déjà quatre ou cinq mois.

 10   Je vous en prie et je souhaiterais que l'on donne un numéro à cette carte.

 11   Je suis désolé, moi aussi, je suis limité dans les conditions que je

 12   dispose pour ce qui est de montrer les cartes.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, un numéro IC pour la dernière

 14   carte.

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui. Cette carte recevra la cote IC 1016.

 16   Je vous remercie.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, deux questions d'ordre technique,

 18   qui m'apparaissent importantes et à vous poser à ce stade.

 19   Normalement un général qui a fait l'école militaire, l'école des officiers

 20   et lui, il est capable sur une carte d'état-major de positionner les unités

 21   combattantes de son propre camp, des belligérants et également de

 22   positionner les civils et les réfugiés.

 23   Bien, parce qu'il a appris cela à l'école des officiers pendant son cursus.

 24   Vous, vous n'avez pas fait l'école des officiers. Donc vous êtes quelqu'un

 25   qui s'est retrouvé général quasiment du jour au lendemain. D'où avez-vous

 26   appris la connaissance pour positionner sur une carte des forces militaires

 27   ou des réfugiés ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Il me semble que je l'ai déjà dit une fois,


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  1   mais je vais le répéter, Monsieur le Président. Tous ceux qui se qualifient

  2   eux-mêmes d'humanistes, pour la très grande majeure partie d'entre eux

  3   fuient, évitent d'aborder le problème de la guerre. Les sociologues font

  4   ainsi car c'est une question difficile. Par ailleurs, c'est un aspect assez

  5   terrible et puisque c'est quelque chose de terrible, on peut l'éliminer en

  6   faisant l'autruche.

  7   Des années déjà avant la guerre, je m'intéressais à la question de sa

  8   survenue. Comment en arrive-t-on à l'éclatement d'une guerre ? Comment

  9   certaines opérations militaires se déroulent-elles ? A cet égard, j'ai lu

 10   des dizaines et des dizaines d'ouvrages concernant Napoléon et ses

 11   batailles. J'ai lu pratiquement tout à ce sujet. Je me suis intéressé aux

 12   raisons qui avaient fait qu'il avait remporté ses batailles et comment. Je

 13   me suis également intéressé à la question de savoir comment l'état de la

 14   société française, à un moment donné, avait permis à une armée relativement

 15   peu organisée de vaincre les Prussiens, les Anglais et les Autrichiens dans

 16   des dizaines et des dizaines de batailles. J'ai voulu savoir pourquoi la

 17   chance avait tourné de cette façon pour eux. Combien de soldats il avait

 18   perdu à telle ou telle occasion, avec combien de soldats il était venu se

 19   présenter devant Moscou ? Puis je me suis intéressé à cette bataille

 20   célèbre contre Kutusov et à la question de savoir pourquoi Kutusov a

 21   incendié Moscou et ce que cela signifiait pour Napoléon. J'avais lu un

 22   certain nombre de choses au sujet des groupes qui ont existé à cette

 23   occasion. Juste pour finir, je me suis intéressé à Iwo Jima, la Seconde

 24   Guerre mondiale, à Okinawa, et cetera.

 25   Ça, c'est une chose. Deuxièmement, j'ai fait le scout aussi et nous nous

 26   servions de cartes, nous nous servions de boussoles. J'étais vraiment très,

 27   très bon dans ces exercices-là. Il fallait s'y retrouver sur le terrain.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez répondu à ma première question.


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  1   Ma deuxième question, tout à l'heure en parlant des réfugiés, et vous nous

  2   parlez de Travnik ou les réfugiés sont passés par Travnik; en vous

  3   écoutant, je me suis posé la question du commandement militaire. Dans une

  4   situation de cette sorte, de déroute, de fuite, le commandement militaire

  5   doit-il appréhender en premier la situation des militaires ou la situation

  6   des civils ou la situation des deux ? Y a-t-il un ordre de priorité ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, dans les Etats bien

  8   organisés, et plus précisément dans le cas des Etats qui sont bien

  9   organisés et qui mènent une guerre, bien entendu, nous avons des sections

 10   qui sont chargées des civils à différents égards, et les militaires de leur

 11   côté s'occupent de questions militaires et de l'armée.

 12   Mais, ici, nous avons des civils et des militaires qui fuient mais

 13   qui sont liés les uns avec les autres. Ils sont frères et sœurs, père et

 14   fils, et nous ne pouvons pas procéder à la séparation de l'un et de

 15   l'autre. Si l'armée commence à fuir, tous les civils, qui sont originaires

 16   de cette région et qui sont liés d'un point de vue familial ou ethnique,

 17   commencent à fuir aussi. C'est ce qui s'est passé pendant la guerre. Dans

 18   plusieurs guerres, ce sont des éléments de la guerre civile, comme ça s'est

 19   passé en Espagne ou aux Etats-Unis également. Ce n'est pas le genre de

 20   guerre que vous aviez pendant la Seconde Guerre mondiale, où une armée

 21   entre dans une zone et où la population n'a absolument aucun rapport avec

 22   elle. On peut leur imposer, dans ce cas-là, des impôts ou des taxes

 23   supplémentaires, et cetera. Mais lors de la Seconde Guerre mondiale, par

 24   exemple, lors de l'occupation d'une partie de la France et des Pays-Bas, il

 25   y a eu combat entre deux armées. L'une a perdu, l'autre a vaincu. Les

 26   civils sont restés. Il y a eu des répercussions sur les civils, bien

 27   entendu, mais pas des conséquences telles que celles qu'on a vues dans la

 28   guerre qui s'est déroulée en Bosnie-Herzégovine.


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  1   Cette dernière avait certaines caractéristiques d'une guerre civile,

  2   à savoir que la population, si les militaires fuyaient, ne restait pas sur

  3   place. Inversement, si la population fuyait d'un territoire donné, alors

  4   l'armée militaire, l'armée n'avait plus de raison non plus d'y rester. Ils

  5   fuyaient, eux aussi.

  6   Pour finir, les Serbes, dans la tactique qui était la leur,

  7   s'appuyaient tout particulièrement sur ces faits. Je vous donnerais

  8   l'exemple particulier de Sunja où je me trouvais. Ils pilonnaient tellement

  9   l'endroit qui était visé que les civils fuyaient. Puis, après cela,

 10   l'armée, donc ce qui devrait être fait, c'était parvenir à arrêter les uns

 11   et les autres d'une façon ou d'une autre pour que les civils puissent

 12   revenir et que l'armée puisse avoir quelqu'un à défendre, pour que les gens

 13   puissent avoir leurs pères, leurs sœurs ou leur frères à défendre.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] 

 15   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Général, hier nous avons parlé de Jajce. Nous avons commencé à en

 17   parler -- ou plutôt, de ce document de M. Prkacin, avant de revenir à ce

 18   document, je voudrais que vous vous reportiez au P 00717. Il a été mis dans

 19   ce classeur ultérieurement car nous avions initialement l'intention de le

 20   fournir dans une autre annexe.

 21   Mme PINTER : [interprétation] Il a été fourni à M. Les Juges à part ce

 22   matin. Voilà comment il se présente, il est indiqué document

 23   supplémentaire, "additional document," avec le numéro, et ce document est

 24   lié à ce que nous avons examiné et commenté hier concernant M. Jasmin

 25   Jaganjac et sa nomination, pour ainsi dire, en tant que conseiller de M.

 26   Izetbegovic ainsi que ses activités et ses travaux suite à cela dans les

 27   tentatives conjointes visant à apaiser la situation.

 28   Q.  Alors, Général, que pouvez-vous dire concernant ce document ?


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  1   R.  Ce que j'ai déjà dit. Moi, je n'ai pas été nommé officiellement pour

  2   jouer le rôle qui a été le mien, mais les personnes qui avaient été nommées

  3   officiellement aussi bien par le HVO que l'ABiH me reconnaissaient comme

  4   une personne qui coordonnait les choses, qui établissait des liens, qui

  5   mettait de l'ordre. Ici, il a été convenu avec M. Boban et Stojic, qu'on

  6   allait former un commandement conjoint, et c'est au nom de l'ABiH que M.

  7   Jasmin Jaganjac qui y a participé. C'est pourquoi les documents - nous le

  8   verrons ultérieurement - portent la signature de Jasmin Jaganjac et la

  9   mienne, et ces documents me donnaient d'une certaine façon une forme de

 10   légitimité, de reconnaissance. Vous verrez l'exemple d'une opération

 11   militaire où on a, et Jasmin Jaganjac et Pasalic, et Merdan, qui au moins

 12   d'un point de vue formel, ont reconnu que je jouais le rôle qui était

 13   effectivement le mien.

 14   Q.  Alors, il pourrait ressortir de ce document, Général, que cela ne

 15   concernait que la Défense de Jajce ainsi que c'est ici formulé ?

 16   R.  Oui, c'est ce qu'ils ont limité car d'une certaine manière, ils

 17   n'étaient pas prêts. Ma détermination - et là, je ne pas être tout à fait

 18   modeste - ma capacité, ma force, tout ceci me permettait de gérer au mieux

 19   une telle situation de crise, une situation chaotique. Il s'agissait là

 20   d'un nombre de soldats qui avaient du mal à se retrouver dans de telles

 21   situations. Bien sûr, ils avaient une expérience de l'armée et d'ordre

 22   ainsi de suite, mais ici personne -- le tout devait être obtenu par la

 23   force des arguments, par les conversations, par une certaine véhémence, il

 24   fallait savoir s'imposer. Même à supposition de faire certaines choses que

 25   vous n'auriez jamais fait car la situation était telle, ça changeait

 26   d'heure en heure. Donc je créé une certaine autorité.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Ce document, qui est daté du mois de novembre 1992,

 28   atteste, sans aucune ambiguïté, qu'à partir du mois de novembre 1992,


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  1   Izetbegovic et Halilovic reconnaissaient qu'il y avait un commandement

  2   conjoint des deux armées. Je relis ce document, un autre document qu'on a

  3   déjà vu, qui est une déclaration de l'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine au

  4   Conseil de sécurité en mars 1993, où il indique que les armées de la

  5   République de Bosnie-Herzégovine sont le HVO et l'ABiH.

  6   Donc ce document, signé par Halilovic, reconnaît qu'il y a une

  7   composante armée, constituée de deux branches. Les destinataires, je vois

  8   que c'est à Dzemo et à Djed. Dzemo, est-ce que ce ne serait pas, d'après

  9   vous, M. Merdan ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Dzemo Merdan.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Et le Djed, c'est qui Djed ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas, Monsieur le Président; en ce

 13   moment, je ne sais pas. Je peux me renseigner pour savoir qui se cacher

 14   derrière ce surnom, mais en ce moment je ne sais pas qui se faisait appeler

 15   Djed.

 16   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Q.  Général, vous avez commencé à parler hier, nous n'avons pas entièrement

 18   terminé pour ce qui est du document 3D 00484. Il s'agit d'un rapport de M.

 19   Prkacin.

 20   R.  Vous avez dit ?

 21   Q.  3D 00484. Ça devrait faire partie du classeur "Jajce." Si vous ne

 22   l'avez pas, je vais vous le fournir.

 23   R.  Quel numéro encore ?

 24   Q.  3D 00484.

 25   R.  Oui, 484, je vais le trouver.

 26   Q.  Jajce était à part, non pas dans le classeur. Pas dans le classeur,

 27   c'est un dossier qui ressemble à celui-ci, que vous avez reçu hier.

 28   R.  Je ne sais pas, peut-être que je l'ai oublié. Mais je connais par cœur


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  1   le document en question.

  2   Q.  Vous pouvez le suivre à l'écran.

  3   R.  Pardon, je connais très bien ce document, je sais exactement comment

  4   les choses se sont déroulées --

  5   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, le document est trop long et

  6   contient énormément de détails concernant la manière dont ils sont partis.

  7   Comment on les arrêtés ? Comment on les arrêtés pour une deuxième fois ?

  8   Comment on a pointé les fusils sur eux, qui étaient les personnes que M.

  9   Prkacin a appelées à Sarajevo ? Pour clarifier cette situation incroyable,

 10   comment se faisait-il qu'alors qu'il allait fournir l'aide à la Bosnie

 11   centrale, on l'ait arrêté sur la route ? Il essaie de comprendre qui

 12   faisait tout ceci, surtout étant donné que plus de 60 % des membres de

 13   l'unité à la tête de laquelle ils étaient des Musulmans.

 14   Je ne souhaite pas passer trop de temps s'agissant de ce document-là

 15   puisque le document est tout à fait clair et détaillé, et parle des mêmes

 16   choses que celles dont je parle moi-même.

 17   Il s'agissait d'un double jeu, et ce que l'on peut dire en toute

 18   certitude, est que sous la pression d'une situation de guerre, et du fait

 19   que Sefer Halilovic savait que toutes les armes venaient de la Croatie.

 20   Parfois, il devait accepter de signer un document indiquant que le HVO et

 21   l'armée de Bosnie-Herzégovine constituaient une seule armée, et parfois il

 22   devait reconnaître le général Petkovic en tant que son égal. Mais j'ai déjà

 23   démontré hier, et je démontrerai par la suite, que dans sa tête, nous

 24   étions tous des Oustachi, et c'est lui qui minait tout le monde. Le

 25   président de la présidence,

 26   président Izetbegovic, et à chaque fois il y avait des choses incroyables

 27   qui se déroulaient.

 28   Il n'y avait pas encore de conflits, et ils ne laissaient pas passer une


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  1   unité dans la Bosnie centrale. Par la suite, des thèses ont circulé

  2   indiquant qu'en Bosnie centrale il y avait cinq à six brigades de l'armée

  3   croate. C'est une thèse que l'on imposait pendant des mois, indiquant que,

  4   dans la Bosnie centrale, alors qu'une unité comme celle-ci ne pouvait pas y

  5   passer, on disait qu'il y avait cinq à six brigades de l'armée croate qui

  6   s'y battaient.

  7   Q.  S'il vous plaît, M. Glasnovic mentionné dans le document, c'est qui ?

  8   R.  M. Glasnovic était de Tomislavgrad et il était le commandant de la

  9   Brigade du HVO de là-bas.

 10   Q.  Et M. Dautovic ?

 11   R.  M. Senad Dautovic était le commandant des Unités de l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine à Bugojno, et avec cet homme, jusqu'à ce que l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine n'a attaqué à Bugojno, on avait une bonne coopération. C'était

 14   quelqu'un de raisonnable et de bien, et j'ai toute une série de

 15   conversations avec lui, mais j'en parlerai tout à l'heure.

 16   Q.  Qui est M. Lendo ? Attendez, je chevauche. C'est de ma faute.

 17   R.  Refik Lendo était le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pour

 18   autant que je le sache, moi, je l'ai retrouvé à Novi Travnik mais, à ce

 19   moment-là, il avait d'autres fonctions aussi, et c'était l'une des

 20   personnes qui me dupaient sans cesse et qui me faisaient passer sans cesse

 21   pour un idiot.

 22   Q.  Est-ce que vous diriez la même chose de Dautovic ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Merci. Car apparemment c'est ce qui est écrit dans le compte rendu

 25   d'audience. Un autre document, 3D 01669. C'est un document qui comporte

 26   votre signature, la date est le 28 octobre 1992. 3D 01669.

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pardonnez-moi quelques instants,

 28   mais je suis un petit peu perdu. Nous venons d'avoir un document qui est


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  1   assez long et le témoin a cité un nombre important de détails, mais on ne

  2   nous a pas vraiment dit de quoi il s'agissait. Il s'agit d'un rapport; ai-

  3   je raison de dire cela ? Moi, j'ai l'impression que l'objectif principal de

  4   tout ceci était de dénigrer M. Prkacin, pour dire que c'était une personne

  5   mauvaise, mais je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.

  6   Il y a beaucoup de noms qui sont cités. Personne ne dit qui sont ces

  7   personnes. Je crains malheureusement que, d'après la façon dont je perçois

  8   tout ceci, ceci est tellement présenté dans le désordre que je ne peux pas

  9   m'en servir.

 10   Mme PINTER : [interprétation] Monsieur le Président, hier nous avons parlé

 11   de ce document et hier lors de l'audience nous avons présenté une

 12   introduction. Nous avons parlé de M. Prkacin, qui était parti de Bosnie-

 13   Herzégovine, plus exactement de Capljina, avec un groupe de soldats vers

 14   Jajce, afin de venir en aide pour libérer Jajce.

 15   Le général dira la suite.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Trechsel, hier, en expliquant

 17   ce document, j'ai parlé en détail au sujet de la question de savoir qui M.

 18   Prkacin était. Il n'était pas du tout dénigré; bien au contraire. Dans ce

 19   document et dans ce que je disais moi-même, on ne disait que du bien de M.

 20   Prkacin.

 21   Donc il s'agissait de 400 personnes membres du HOS, qui sont venues de la

 22   Croatie sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, après qu'il a été

 23   réalisé que Jajce était en train de tomber et que la Bosnie centrale était

 24   menacée. Ces hommes-là sont venus à Capljina, où Bruno Stojic a dit qu'il

 25   fallait leur distribuer des armes, des vêtements, et tout ce qui est

 26   nécessaire pour qu'ils partent avec M. Prkacin afin de venir en aide à ce

 27   qui à Jajce se défendait, et afin d'aider la Bosnie centrale. Suite à leur

 28   départ, il s'est passé ce dont M. Prkacin parle ici.


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  1   Dans ce groupe, il y avait plus de 70 % de Musulmans, et d'après ce

  2   document, il ressort clairement que dans certaines parties des unités

  3   musulmanes, il n'y avait pas de souhait de lutter ensemble, et dès à ce

  4   moment-là ils considéraient que ce territoire de la Bosnie-Herzégovine --

  5   de la Bosnie centrale était le leur, c'est la seule explication qu'on peut

  6   donner à ce document. Ils n'ont pas pu passer. Ils ont été renvoyés, et

  7   d'ailleurs le passage d'une autre unité plus petite de la police militaire

  8   de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Mostar a été bloqué aussi. Cette unité

  9   elle aussi a été renvoyée, tout comme c'était le cas d'une unité de la

 10   police militaire du HVO, et certains groupes de volontaires qui étaient

 11   prêts à se battre pour Jajce et la Bosnie centrale.

 12   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. Donc une

 13   caractéristique importante que montre ce document c'est qu'il y avait des

 14   tensions entre les Croates et les Musulmans à ce moment-là également

 15   lorsqu'ils étaient censés se battre ensemble contre les Serbes ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas d'accord avec cela, Monsieur le

 17   Juge Trechsel. Il n'y a pas eu de tensions entre les Croates et les

 18   Musulmans. Mais il y avait des -- il y avait des arrêts incroyables

 19   militaires et des blocus incroyables des unités régulières. Donc il

 20   s'agissait du fait que l'armée de Bosnie-Herzégovine bloquait le passage de

 21   l'unité qui allait venir en aide à la défense de Jajce. Il s'agissait d'un

 22   sabotage de la lutte commune, de la manière la pire qui existe.

 23   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Oui, j'ai bien compris ce que vous

 24   voulez me dire, et je vous remercie pour votre explication. Ce fut fort

 25   utile. Je vous remercie.

 26   Mme PINTER : [interprétation]

 27   Q.  Général, s'il vous plaît, s'agissant du document 3D01669.

 28   R.  Voilà, c'est justement ce que je viens de dire. Ceci émane de la 1ère


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  1   Brigade de Mostar, M. Stojic et moi-même, nous disons - permettez le

  2   passage - nous disons que le commandant Suad Muharemovic est le commandant,

  3   mais même cette unité-là a été arrêtée et renvoyée. Même s'agissant d'eux,

  4   ces parties de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui envisageaient déjà, je

  5   l'affirme, déjà à ce moment-là, un conflit avec le HVO ne l'a -- ne leur a

  6   pas permis d'avancer là-bas car c'était les personnes qui, à cette époque-

  7   là, voyaient la lutte des Croates et des Musulmans comme une lutte commune.

  8   Q.  En ce qui me concerne et en ce qui concerne les documents, nous en

  9   avons terminé pour ce qui est de Jajce. Est-ce que vous souhaitez ajouter

 10   quelque chose au sujet de Jajce ?

 11   R.  Non. Je vais terminer brièvement ce sujet-là, j'ai une autre carte que

 12   j'ai préparée ici, et justement elle constitue une réponse à la question du

 13   Président de la Chambre Antonetti, qui a demandé : pourquoi il n'était pas

 14   possible d'arrêter cela ? Est-ce que l'huissier pourrait m'aider ?

 15   A ce moment-là, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il était assez

 16   clair que Turbe - est-ce qu'on voit Turbe -

 17   voilà Turbe, et l'entrée de Travnik, que ni Travnik ni Novi Travnik,

 18   qu'il se trouverait dans une mauvaise situation si Komar, qui était

 19   entièrement contrôlé par les Serbes le long de cet axe ici

 20   [Le témoin s'exécute]

 21   jusqu'en haut, au-dessus de Donji Vakuf, vers Bugojno,

 22   n'était pas libéré. M. Lendo et M. Arif Pasalic ont constitué un plan,

 23   suite aux conversations qu'ils ont eues entre eux, quant à la manière dont

 24   il fallait effecteur cela. Les Unités de l'ABiH étaient censées lancer une

 25   attaque de ce côté-là.

 26   [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Pour le compte rendu d'audience, est-ce que vous pouvez nous dire

 28   quelle est la page que vous montrez sur la carte ?


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  1   R.  Je vais expliquer cela.

  2   Q.  Dites-le alors.

  3   R.  Bien. Donc l'ABiH devait lancer une attaque depuis l'endroit au-dessus

  4   de Gornji Vakuf, et c'était censé être fait par les Unités de Bosnie-

  5   Herzégovine de Bugojno, commandées par Senad Dautovic; ici les Unités de

  6   l'ABiH, commandées par Refik Lendo, étaient censées lancer une attaque. Le

  7   HVO, conformément à cette proposition, s'agissant des -- tout d'abord,

  8   s'agissant des unités ici devant Turbe --

  9   [Le témoin s'exécute]

 10   -- elles étaient censées être gardées par les Unités de l'ABiH et du

 11   HVO. C'est pour cela que la ligne est à la fois bleue et verte.

 12   Le HVO de Travnik était censé lancer une attaque, pour couper cette zone.

 13   Il devait déjà détenir cette position --

 14   [Le témoin s'exécute]

 15   -- afin d'empêcher ou d'entrer en bataille avec les unités ou à

 16   l'encontre des unités qui allaient venir en tant que renfort pour leurs

 17   positions sur les lignes de front, car les lignes de front de l'ABiH

 18   étaient relativement faibles.

 19   Lorsque le plan a été élaboré, ils me l'ont soumis pour signature. Je l'ai

 20   examiné, il y a eu quelques petites corrections, et ensuite je l'ai signé.

 21   Mais j'ai dit, avant cela -- enfin, il faut savoir qu'avant cela, les

 22   commandants du HVO - M. Juric - m'ont convaincu du fait que Lendo tendait

 23   un piège que c'était du blaff, et que rien de tout cela n'allait être

 24   réalisé. Moi, j'ai dit que tout ceci ne m'intéressait pas et qu'on allait

 25   faire ce qu'on avait prévu de faire.

 26   Mais alors qu'ils n'avaient pas l'habitude que je fasse cela, eux ils

 27   pensaient que comme d'habitude j'allais signer cela, et continuer à vaquer

 28   à mes affaires, moi, j'ai dit : d'accord, Lendo, mais je veux diriger


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  1   l'attaque, je vais être aux positions. Bien sûr, il a fallu trouver un

  2   accord là-dessus.

  3   Donc cette nuit-là - je ne me souviens pas maintenant de la date - nous

  4   avons traversé une route dans des conditions très difficiles nous avons

  5   pris nos positions, il était 5 heures du matin, et les groupes du HVO

  6   étaient déjà entrés en profondeur du territoire derrière les premières

  7   lignes de front de l'ABiH, ils nous ont dit qu'elles étaient prêtes, et

  8   l'attaque était censée être lancée.

  9   Aucune balle n'a encore été tirée, aucune balle n'a été tirée. Lendo me

 10   faisait passer pour un idiot, et même M. Dautovic, lui, il était désigné

 11   comme "komsija" 1, voisin 1, et l'autre comme "komsija" 2, voisin 2. Bien

 12   sûr, nous avions des noms de code.

 13   J'ai attendu jusqu'à 9 heures du matin, j'ai vu que rien n'allait se

 14   passer. Ensuite j'ai pris un bout de papier et j'ai arrêté l'attaque, et

 15   par le biais des moyens de communications, j'ai donné l'ordre que les

 16   groupes du HVO se retirent en toute sécurité.

 17   Je vais ajouter une autre chose. Lorsque l'on avançait vers les positions

 18   depuis lesquelles l'attaque était censée commencer, cet homme, Juric, est

 19   allé avec moi de même que la personne chargée des transmissions. M. Lendo

 20   était à la tête de sept à huit hommes, dont deux d'entre eux étaient des

 21   gardes du corps, et ils avaient des armes Hecklers, et ils étaient toujours

 22   derrière moi, avec leur canon de fusil. A chaque fois que je m'arrêtais,

 23   eux, ils s'arrêtaient aussi avec leurs armes derrière mon dos. Ça c'est un

 24   sentiment horrible lorsque, vous savez -- lorsque vous sentez que cet homme

 25   a des arrières pensées qu'il ne souhaite pas réellement une lutte commune.

 26   Au bout d'un ou deux jours, il a disparu de la région, et lorsque

 27   j'ai posé la question de savoir où il était, et ça, je ne peux pas en être

 28   sûr, mais on m'a dit que sa famille vivait en Serbie et qu'il est allé en


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  1   Serbie afin de se faire opérer d'appendicite. Je ne peux pas affirmer cela,

  2   mais ça c'était la position officielle de ces personnes-là du HVO, et des

  3   personnes chargées des renseignements qui m'ont fourni cette information.

  4   Donc maintenant je vais signer --

  5   [Le témoin s'exécute]

  6   -- cette carte, qui porte sur mon expérience personnelle, et je vais

  7   mettre la date d'aujourd'hui, le 21 mai 2009.

  8   [Le témoin s'exécute]

  9   A ce moment-là --

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : -- un numéro.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Cette carte aura

 12   le numéro IC 1017. Je vous remercie, Monsieur le Juge.

 13   L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : dans la déclaration, la

 14   réponse précédente du général Praljak remplacer à 5 heures du matin, des

 15   groupes du HVO avaient déjà pénétré loin en profondeur derrière les

 16   premières lignes de la VRS et non de l'ABiH.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] La carte 1992 est l'année. Je suppose que

 18   c'était en novembre ou en décembre.

 19   [Le témoin s'exécute]

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, vous nous avez montré la carte sur

 21   cette opération militaire, qui en définitive n'a pas eu lieu, et vous avez

 22   expliqué qu'il y avait eu une préparation. Alors ma question est importante

 23   par rapport au 9 mai 1993, et par rapport à ce qui s'est passé à Stupni Do.

 24   Quand il y a une opération militaire, donc ma question est d'ordre général,

 25   mais elle a pour retomber le 9 mai, et Stupni Do. Quand il y a une

 26   opération militaire, est-ce qu'il est classique que le commandement

 27   militaire prépare avant l'opération à partir de carte de positionnements

 28   des uns et des autres ? Est-ce qu'il y a une préparation avant une


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  1   opération militaire ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, tous éléments se

  3   préparent; une carte, tout ce que l'on sait au sujet des positions de

  4   l'ennemi, de l'infanterie, des blocoses [phon], la question de savoir où

  5   leur artillerie se trouve, quel est le nombre de troupes. Puis l'on évolue

  6   le profil psychologique de l'ennemi. L'on détermine le moment du début de

  7   l'attaque, les axes de l'attaque, les unités qui doivent participer, le

  8   nombre de troupes au sein de ces unités. L'on élabore le système des

  9   transmissions et des communications. L'on établit des noms de code, pour

 10   éviter de parler directement, et ainsi de suite.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : On aura l'occasion de revenir sur cela mais j'en

 12   profite tout de suite pour vous poser la question suivante qui est d'une

 13   importance cruciale à mes yeux.

 14   Le 9 mai, s'il y a une attaque du HVO ou une attaque de l'ABiH. J'emploie

 15   le terme "ou." En théorie, doit-on avoir des documents des éléments

 16   provenant soit du HVO, soit de l'ABiH qui ont préparé l'attaque ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Une telle attaque est difficilement imaginable

 18   sans les documents dont vous êtes en train de parler.

 19   Nous avons présenté ici des documents par le biais desquels l'ABiH avait

 20   préparé l'attaque contre le HVO. A Mostar on a montré clairement tous ces

 21   ordres et les axes de l'attaque, et nous avons dessiné sur la carte de

 22   Mostar comment ceci allait se dérouler. Je ne suis au courant d'aucuns

 23   documents du HVO de quelque niveau que ce soit portant sur l'opération et

 24   la réalisation de l'attaque contre l'ABiH à Mostar, le 9 mai 1993.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Je termine par cette ultime question avant la pause.

 26   Si le HVO a organisé l'attaque du 9 mai, est-ce que normalement on aurait

 27   dû retrouver des documents des différentes unités qui étaient sur le

 28   terrain ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président Antonetti, et mis à

  2   part cela, une telle opération telle que l'attaque contre une ville et de

  3   telles opérations sont extrêmement complexes, ceci ne peut pas avoir lieu

  4   sans la signature de M. Petkovic, le chef d'état-major principal du HVO,

  5   qui pendant cette époque-là n'était même pas à Mostar. Pour autant que je

  6   le sache, il était ailleurs en train de participer aux négociations.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est l'heure du -- vous voulez poser une question ?

  8   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] J'ai l'impression que nous arrivons

  9   à la fin de cet épisode sur Jajce, et je souhaite vous poser une question.

 10   Ce que vous nous dites, Monsieur Praljak, c'est le récit d'une trahison. La

 11   personne, qui aurait dû être du côté de l'ABiH pour attaquer avec vous les

 12   positions serbes, vous a fait défaut. Il est parti, il s'en est allé et il

 13   s'agit d'une question très sérieuse en cas de guerre. En général, quelqu'un

 14   comme ça serait jugé devant un tribunal militaire, peut-être que même voire

 15   même exécuté pour ne pas avoir obéi aux ordres. Ce qui m'intéresse c'est

 16   quelles conséquences y a-t-il pour autant qu'il y en ait ou quelles mesures

 17   ont été prises contre ce M. Lendo suite à l'événement que vous venez de

 18   nous décrire.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas du tout, Monsieur le Juge Trechsel,

 20   aucune. Tout ce qu'on m'a dit puisqu'il n'était pas là c'est qu'il était

 21   parti en Serbie pour se faire opérer de l'appendicite.

 22   Deuxièmement, je ne sais même pas si ces unités-là étaient sur les

 23   positions, car de 5 heures à 9 heures du matin, malgré les questions

 24   répétées par le biais des moyens de communications, qu'est-ce qui se passe

 25   ? Pourquoi on ne part pas ? Ils n'ont tiré aucune balle, pas une seule.

 26   Cela dit, ses deux "bodyguards" tenaient leur Hecklers pointés sur moi. Ils

 27   étaient à côté de moi.

 28   J'étais là. J'étais armé d'un pistolet. Il y avait Juric, le commandant du


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  1   HVO de Travnik, et puis un homme chargé des transmissions qui était en

  2   communication avec le HVO au sujet des positions. Je ne sais plus même si

  3   ces unités-là étaient sur les positions ou pas.

  4   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Oui, mais suite à cela, vous n'avez

  5   pas évoqué cette question avec les Musulmans ? Vous étiez en train de

  6   mettre en place un commandement conjoint. Vous avez dit que vous souhaitiez

  7   cela et cela devait fonctionner. Ceci a complètement échoué et de manière

  8   très grave. Je suppose que ceci doit faire l'objet de remontrances très

  9   sérieuses, remontrances faites au côté serbe. Ce n'est pas une question que

 10   vous avez reprise avec eux ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge Trechsel. Je l'ai fait

 12   de façon violente, rude. Je ne vais pas répéter le type de mots que

 13   j'utilise dans ce type de situation pour que cette réunion à Plave Vode,

 14   qui est-ce qu'il est en train de charrier ? Jusqu'à quand il va nous

 15   emmerder, et où sont ces bataillons qu'il avait affirmés avoir en réserve ?

 16   Là, il avait dit qu'il en avait trois, et est-ce que tu prépares ces

 17   bataillons pour t'attaquer au HVO ?

 18   Oui, oui, Monsieur le Juge Trechsel, ce type de questions, je l'ai posées

 19   même en pire variante. Enfin ce n'est pas l'armée que vous imaginez parce

 20   que tout risque de sauter. Ils risquent de se taire un instant et puis de

 21   continuer comme si de rien n'était.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que vous avez signalé cela à M. Halilovic ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Halilovic, moi, je ne suis pas arrivé jusqu'à

 24   Halilovic, Monsieur le Juge Antonetti. Celui-là, il ne venait pas. Lendo,

 25   là-bas, était la personnalité la plus haute placée que j'ai eu à voir, et

 26   c'est la personne que je pouvais contacter. Moi, je ne suis pas arrivé pas

 27   même au commandant du 3e Corps dans la zone C [phon], Hadzihasanovic --

 28   voilà, Hadzihasanovic, vous savez, il y avait toutes sortes de jeux là.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, mais comme l'a dit mon collègue ce Lendo quitte

  2   le champ de bataille, donc il commet un acte grave par rapport à l'armée.

  3   Il aurait pu être sanctionné et qui peut le sanctionner; sinon, le

  4   commandant du 3e Corps -- sinon, l'autorité supérieure ? Mais si vous, à

  5   part de crier dans le micro sur place dans votre Motorola, ou je ne sais

  6   quoi, et que vous ne faites rien, comment voulez-vous que ça avance ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Juge, je ne criais pas dans

  8   un porte-voix et pas de Motorola. On était ensemble. Je parle d'une réunion

  9   ici au sein du commandement de l'ABiH dont le siège se trouvait à Travnik

 10   dans une maison appelée Plave Vode, les eaux bleues. Parce que juste un

 11   jour après, il est arrivé un groupe de Musulmans qui avait perdu les

 12   positions tenues jusque-là à l'endroit que je vous ai indiqué parce que les

 13   Serbes leur avaient tiré dessus à l'artillerie depuis deux collines plus

 14   loin. Enfin, ces deux collines -- cet endroit de collines où le Pic Noir

 15   [phon] -- enfin, il y avait une espèce de mont noir dans cette espèce de

 16   pic ou de pointe ou de mont.

 17   Ils m'ont demandé à ce que le HVO vienne leur apporter leur soutien

 18   en matière d'artillerie pour qu'ils puissent récupérer leur position parce

 19   que de ces positions prises par les Serbes, ils étaient en train de leur

 20   taper dessus, de leur tirer dessus dans le village en bas, et moi, je leur

 21   ai promis la chose et j'ai tenu promesse. On leur a apporté un soutien

 22   puissant, une fois que l'action a été concertée et ils ont récupéré leur

 23   position.

 24   Mais à l'occasion de cette réunion élargie et des réunions comme ça,

 25   j'en ai eu pas mal. Si bien qu'à cette réunion, j'ai demandé à ces gars-là

 26   où est donc passé Lendo, et où donc que ces trios bataillons, qu'il avait

 27   affirmé avoir en réserve, ils ne sont nulle part sur les positions. Pour

 28   qui garde-t-il ces trois bataillons-là ? Est-ce qu'il les gardait pour


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  1   pouvoir s'attaquer aux Croates ?

  2   Parce que, là, je le répète, comme il y avait ces gens venus de plusieurs

  3   villages, il y avait aussi dans l'ABiH des gens qui voulaient bien se

  4   battre à nos côtés et qui étaient formidables de ce point de vue là. Comme,

  5   par exemple, celui que j'ai mentionné, ce monsieur Leko, originaire de

  6   Turbe, qui s'était vaillamment battu dans le secteur avec -- ils ont subi

  7   pas mal de pertes. Mais Lendo, lui, non. Lendo, c'était la tête. En bas,

  8   plus bas, c'étaient des gens plus normaux qui avaient le sentiment

  9   d'appartenance qui différait du sien.

 10   L'INTERPRÈTE : Veuillez remplacer en français, s'il vous plaît, du côté

 11   serbe pas du côté musulman. Merci.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire la pause de 20 minutes.

 13   --- L'audience est suspendue à 10 heures 38.

 14   --- L'audience est reprise à 11 heures 06.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise. Mais il y a un Juge qui a

 16   une question complémentaire à poser.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, Monsieur Praljak,

 18   j'espère que vous m'entendez; très bien allons-y.

 19   Nous parlions de cette attaque avortée, si je puis dire, et vous nous

 20   avez expliqué comment on doit planifier toute attaque, on doit donner

 21   l'ordre d'attaque, ordre qui doit être donné par écrit à un certain niveau.

 22   Donc j'aimerais savoir où se trouve l'ordre qui a été donné pour cette

 23   attaque.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai pas, Monsieur le Juge. Je l'ai

 25   cosigné, mais c'est resté soit chez M. Pasalic soit chez M. Lendo.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Il n'y avait eu qu'un seul

 27   exemplaire ? Etant donné qu'il y avait plusieurs destinataires, normalement

 28   il y a plusieurs exemplaires pour l'artillerie, l'autre pour l'appui feu,


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  1   des autres pour les différentes unités qui vont être déployées, n'est-ce

  2   pas ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, dans cette attaque, il n'y a pas

  4   prévision de participation de l'artillerie, parce que ce n'est pas un

  5   espace très grand. Il n'y avait aucune cible à viser à l'artillerie. Il y a

  6   des éléments d'ordre qui ont été communiqués à Travnik mais, moi, je n'ai

  7   pas pris de copie avec moi, je n'y ai pas pensé. Mais il y aura un témoin,

  8   il est prévu de faire témoigner M. Juric qui a participé à la chose, et on

  9   peut lui poser la question pour savoir s'il a gardé cela quelque part. Mais

 10   ces archives n'ont pas été bien tenues à jour, et nous avons eu du mal à

 11   collecter ou à rassembler tous les documents qu'on a déjà. Mais la carte

 12   avec l'ordre existait, bel et bien.  

 13   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître.

 15   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Mon Général, dans la fin de nos débats d'hier, nous avons annoncé un

 17   film. C'est au numéro 3D 03114. Il s'agit d'une partie qui se rapporte à

 18   Travnik. Mais avant que de passer la vidéo, j'aimerais que vous expliquiez

 19   : de quoi il s'agit aux Juges ?

 20   R.  Le film que vous allez voir a été tourné à Zagreb. A l'occasion des

 21   préparatifs en vue de ce procès, j'ai voulu rapprocher des Juges

 22   l'apparence des choses sur le terrain et alors l'événement vrai de la

 23   chute, enfin de Travnik après la chute de Jajce, je l'ai tourné dans les

 24   studios de Jadran Film. Bien sûr, j'ai pris un caméraman et des jeunes, et

 25   je leur ai dit quel a été l'événement, et je me suis efforcé de reproduire

 26   l'événement de façon fidèle afin que les Juges et le Procureur puissent

 27   voir de quoi a l'air la fuite des lignes, l'abandon des lignes et mon

 28   comportement. Mais là aussi, il y aura un témoin qui viendra nous en


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  1   parler, un témoin qui était là-bas.

  2   Mme PINTER : [interprétation] Pour les Juges, il s'agit de la transcription

  3   numéro 2, page 3D 41-1091, pour ce qui est du texte de cette stimulation.

  4   Maintenant j'aimerais qu'on nous passe le film.

  5   [Diffusion de la cassette vidéo]

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit ici des jeunes qui ont fui les

  7   lignes de combat et que j'ai interceptés.

  8   [Diffusion de la cassette vidéo]

  9   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 10   "Intervenant non identifié : Vous avez foutu le camp ? Et qui -- c'est qui

 11   va défendre ici ? Qui sont les officiers ? Les officiers, un pas en avant.

 12   Mettez en prison, allez en taule. Allez, mets-toi là-bas. Qui c'est qui

 13   veut aller en taule encore.

 14   Un soldat qui dit : Moi, je veux aller en taule.

 15   Intervenant non identifié : En taule. Ça vous va la taule. Allez ça,

 16   déshabille-toi, ça a été payé par le peuple croate. Dépose tes armes,

 17   déshabille-toi. Tu iras nu en prison. Allez, à poil. A poils j'ai dit, plus

 18   vite que ça. En culotte, la culotte, c'est à toi. Il fait froid, hein ?

 19   Bien froid. Déshabillez-vous.

 20   Intervenant non identifié : On va se battre ? Ou on va --"

 21   Les soldats : Oui, on se battra."

 22   Intervenant non identifié : Bon, allez. Rhabillez-vous. Ils vont vous tuer

 23   vos parents, vos femmes, vos enfants, vos frères. Qui c'est qui va les

 24   arrêter ? Nous, on est une armée, on peut les combattre. Nom de Dieu, mais

 25   qu'est-ce que c'est ces combattants-là ? On peut le faire les gars. Allez,

 26   de quoi on a l'air ? On y va. Allez, allez les gars, on y va. On leur

 27   niquera leur mère, allez, on peut le faire. Alors on peut y aller."

 28   Les soldats : Oui.


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  1   Intervenant non identifié : Reprenez vos fusils, allez, vous vous

  2   arrangerez plus tard, allez. Vous avez vu ce qu'ils ont fait à Jajce, vous

  3   voulez que vos blessés soient tués, vous voulez que vos maisons soient

  4   incendiées ? Où est-ce que tu vas habiter après ? Allez les officiers,

  5   reprenez en main vos soldats. Alignez-vous, allez, suivez-moi."

  6   Mme PINTER : [interprétation] Arrêtez ici, je vous prie. 

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, enfin, moi aussi, j'ai du mal à suivre

  8   tout ceci depuis le point de vue qui est le mien maintenant. Mais c'est de

  9   cela que ça avait l'air. Ça avait l'air, enfin c'était pire que ça.

 10   Moi, je n'avais pas de prison du tout, j'ai improvisé. J'ai montré

 11   vers des caves, ce n'est pas une prison véritablement.

 12   C'est l'image telle qu'elle se présentait. Ces jeunes avaient pris peur.

 13   Ils avaient fui les lignes de front et c'est à peu près ou littéralement

 14   comme ça que ça avait l'air. Les menaces étaient fictives. J'ai improvisé

 15   et les faire déshabiller -- se déshabiller, ça m'est venu à l'esprit à

 16   l'instant. Je ne savais trop que faire, il n'y avait pas de prison. Puis il

 17   a fait froid. Quand ils ont senti qu'ils faisaient froid, là, oui, après il

 18   faut leur remonter le moral, les ramener à leurs positions, et ça a duré

 19   comme ça à l'infini.

 20   Donc pour en terminer, et on épuisera le sujet bientôt, jusqu'à Noël

 21   1992, et le soir -- la veille de Noël, j'étais venu à Mostar, j'ai tenu

 22   jusque-là ou avant cela des dizaines et des dizains de réunions dans le

 23   secteur : Kiseljak, Vitez, Busovaca, Travnik, Novi Travnik, Bugojno,

 24   Uskoplje, qu'on appelle aussi Gornji Vakuf, Konjic. Enfin j'ai inspecté

 25   toutes les positions tenues par le HVO et l'ABiH dans le secteur au moins

 26   deux fois. Je me suis entretenu, je me suis disputé. Enfin c'est

 27   inénarrable.

 28   Là, vous avez vu certains détails. Tout à l'heure vous allez voir un


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  1   film concernant la création d'une Brigade du HVO à Zenica. Ce que je puis

  2   dire c'est que la façon de procéder que je vous ai montrée ici pour ce qui

  3   est de ce mont Komar, une opération similaire à l'époque avait été préparée

  4   par mes soins avec la participation du HVO et de l'ABiH non loin de Konjic.

  5   Pour ce qui est de s'attaquer aux positions de la VRS au village de Bjela

  6   et tout autour de Bjela, un site à partir duquel il tirait vers Konjic de

  7   façon nourrie, et ensuite j'ai inspecté les positions en compagnie des

  8   chefs de QG du HVO et de Konjic et des gens de l'ABiH de Konjic. On a vu un

  9   document à ce sujet. Il me semble qu'il y en a un autre. Je pense l'avoir

 10   vu quelque part, mais je ne suis plus capable de le retrouver moi-même.

 11   Lorsque tout a été convenu, lorsque au lendemain il s'agissait de

 12   conduire à son terme cette opération, l'ABiH a tout simplement dit qu'elle

 13   ne voulait pas.

 14   D'où était venue cette information ou cet ordre, voire injonction de

 15   ne pas aller ensemble réaliser l'opération en question, je ne le sais pas.

 16   Mais le jour d'avant, on avait convenu d'y aller au lendemain, et ils ont

 17   dit, Non, au début par contre ils étaient forts intéressés par

 18   l'éventualité de chasser la VRS de ce secteur de Bjela parce qu'ils leur

 19   tapaient dessus de façon nourrie, extrêmement nourrie depuis ce site-là.

 20   A cette époque-là, Monsieur le Juge, en compagnie de centaines de

 21   personnes avec qui je me suis entretenu, il y a eu quelque chose de très

 22   inhabituel. Avec votre autorisation, je vais me lever, je vais vous le

 23   montrer. Alors quand on sert la main à quelqu'un --

 24   [Le témoin s'exécute]

 25   -- on lui tend la main, et c'était normal; à un moment donné, un

 26   certain nombre d'officiers de l'ABiH faisaient comme ceci

 27   [Le témoin s'exécute]

 28   -- ce geste donc un peu la main vers l'arrière pour tendre la main en


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  1   avant par la suite. Bien sûr, j'ai trouvé ça inhabituel comme gestuel, et

  2   on m'a expliqué que cela démontrait, qu'en réalité, ils faisaient ainsi

  3   savoir qu'ils prenaient en considération cinq fondements de l'Islam -- cinq

  4   piliers de l'Islam, et on m'a expliqué cela par la suite à Bihac. Je ne

  5   sais pas quels sont ces cinq piliers de l'Islam, mais ce mouvement de la

  6   main c'était déjà devenu habituel, ils commençaient à se reconnaître l'un

  7   et l'autre de la sorte.

  8   Q.  Est-ce que vous pouvez décrire ce geste de la main pour que ce soit

  9   consigné ?

 10   R.  On retire un peu la main vers l'arrière, les cinq doigts écartés l'un

 11   de l'autre, et d'après l'explication qu'on m'a apportée ça aurait les cinq

 12   piliers de l'Islam. Enfin ils ne le faisaient pas tous, mais un certain

 13   nombre d'officier de l'ABiH saluait de la sorte, chose que j'ai trouvée

 14   inhabituelle.

 15   Je sais que le 23 décembre 1993, à Travnik, dans l'organisation du HVO nous

 16   avons eu une réception pour une fête catholique, la fête de Noël, et je me

 17   souviens qu'à cette réception il y avait de présent Hadzihasanovic. J'avais

 18   même une photo quelque part en sa compagnie et d'autres officiers de

 19   l'ABiH.

 20   Le 24, donc à la veille de Noël, je pense m'être trouvé à Usora, et là-bas,

 21   on avait pris une photo. Dans l'après-midi ensuite, j'ai pris ma voiture,

 22   et je suis allé à Mostar, j'ai rencontre là-bas MM. Stojic et Petkovic, et

 23   c'est la qu'il y a eu ces deux ordres de générés afin que les hommes

 24   politiques passent Noël et le Nouvel An aux positions de combat en

 25   compagnie des soldats, parce qu'on avait déjà commencé à faire la

 26   distinction d'entre les rangs. Les soldats étaient censés -- aient été se

 27   battre, les hommes politiques et les dirigeants prenaient leurs voitures

 28   pour aller en bord de mer, alors comme si on était deux mondes différents.


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  1   Ça générait du mécontentement, donc nous avons conclu la nécessité de faire

  2   en sorte que toutes les structures HVO, HZ HB, et cetera, aillent les gens,

  3   aillent de là passer la nuit -- au moins une nuit avec les hommes aux

  4   positions de combat pour qu'ils voient de quoi a l'air la nuit, quand elle

  5   est passée dans un bunker, et voir combien la nuit est longue.

  6   C'est pour cela que MM. Coric et Stojic, et moi-même avons adressé cet

  7   ordre pour ce qui est donc du comportement qui étaient censés adopter les

  8   membres de la police militaire au poste de contrôle, parce qu'en passant

  9   par des centaines de postes de contrôle, il y avait souvent des

 10   méconnaissances concernant la façon de se comporter. Alors il fallait dire

 11   bonjour, demander les papiers, dire : merci, bon voyage, et ainsi de suite.

 12   Donc l'ordre en question a été signé par M. Stojic, M. Valentin Coric et

 13   moi-même, pour qu'il y ait plus de poids à l'ordre. Ça relève des

 14   compétences de M. Coric mais, là, on a procédé de la sorte pour ce qui est

 15   des structures normales et pour les armées normales, il n'est pas -- on

 16   n'est pas censé signer tous les trois, mais on l'a fait pour donner plus de

 17   poids à cet ordre ou à ces instructions concernant le comportement des

 18   membres de la police militaire sur les voies de communication.

 19   Après le Nouvel An, j'ai été avec -- enfin, j'étais pour le Nouvel An avec

 20   les gars sur la ligne de front, et juste après, je suis allé à Zagreb.

 21   Q.  Merci. Pour cerner le récit, je vous renvoie au 05622.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- j'ai une question à vous poser sur

 23   la vidéo. Si j'ai bien compris, vous avez donc tourné cette vidéo

 24   ultérieurement à Zagreb pour montrer ce qui s'était passé en automne 1992,

 25   quand vous vous êtes adressé aux soldats qui avaient fui. Vos propos ont

 26   été traduits, et la version anglaise, nous l'avons. Mais il se trouve,

 27   Monsieur Praljak, que la cabine, qui a traduit vos propos en français, à un

 28   moment donné, vous dites ceci qui n'est pas dans la version anglaise. Vous


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  1   dites : "On niquera leurs mères." Est-ce que vous avez dit ça ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, c'est neutre. "Qu'on leur nique la mère à

  3   quelqu'un." A quelqu'un, c'est neutre, comme injure c'est neutre pour

  4   autant que je m'en souvienne.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Parce que dire ça à des jeunes soldats, qui ont

  6   entre 18 et 25 ans, de la part d'un commandant, est-ce normal, ou bien est-

  7   ce une expression qui était en usage chez vous et qui n'a pas de

  8   connotation sexuelle incitative ou autre ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Antonetti, je pense que je

 10   n'ai pas dit cela. Je l'ai dit de façon neutre. Et même quand bien même je

 11   l'aurais dit, si vous vous penchez sur n'importe quel film réellement

 12   tourné concernant l'armée et quelque soit la guerre en question, les

 13   expressions utilisées sont incomparablement plus lourdes s'agissant de

 14   quelque armée que ce soit et de quelque guerre que ce soit. J'ai étudié

 15   tout ce qu'on a pu dire au sujet de l'ennemi, des Allemands, puis ensuite

 16   des Russes, en les qualifiant d'ours et dans les autres guerres, la

 17   Deuxième Guerre mondiale notamment. Ce que j'ai dit est assez atténué pour

 18   la situation de guerre. La rhétorique en temps de guerre en termes simples

 19   c'est quelque chose de tout à fait différent de la rhétorique que l'on a

 20   dans le civil. Et si vous le voulez, je peux vous apportez tout ce que

 21   Hemingway a dit au sujet des Allemands ou ce que plus de 95 % d'Américains

 22   avaient dit dans le souhait de faire jeter des bombes sur Hiroshima et

 23   Nagasaki. C'est une autre optique en temps de guerre. Je pense quand même

 24   avoir dit la chose de façon neutre et quand bien même l'aurais-je dit ça ne

 25   veut rien dire d'autre que d'aller se battre et de vaincre militairement

 26   parlant. Ça n'a pas de signification.

 27   Mme PINTER : [interprétation]

 28   Q.  Dans notre parlé au quotidien non pas de façon officielle, est-ce qu'on


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  1   se sert d'injures ?

  2   R.  Oui, on se sert d'injures au-delà de la mesure normale. Oui, on se sert

  3   beaucoup.

  4   Q.  Merci. J'aimerais que vous ouvriez un document P 016122. Le document se

  5   trouve dans le classeur qui est intitulé : "Bosnie centrale," il s'agit

  6   d'un compte rendu ou transcript présidentiel.

  7   Pour préciser les choses, la version anglaise, c'est la page 18 sur un

  8   total de 60.

  9   Je peux vous donner le ERN, le numéro ERN 132-2353.

 10   Alors que sauriez-vous nous dire au sujet de ce document concernant donc le

 11   document et les circonstances de sa rédaction ?

 12   R.  Je vais enchaîner. Pour ce qui est de l'injure et le fait de mentionner

 13   la "mère d'autrui," c'est dans la façon idiomatique de parler en croate; ça

 14   n'a aucune connotation sexuelle. Ça veut dire : on les battra, on est

 15   meilleur, on vaincra. Voilà ce genre de chose. Je crois que les avocats en

 16   ont parfaitement conscience, il n'y a aucune connotation autre.

 17   Alors ici nous avons un PV d'entretien tel que consigné entre Franjo

 18   Tudjman et les représentants des municipalités de la Bosnie centrale à la

 19   date du 8 mars 1993. Compte tenu de la situation telle quelle se

 20   présentait, on énumère ici : Gvero, Krizanac, Dominik Sakic, originaire de

 21   Zenica, ce sont donc des gens qui sont venus se plaindre et parler de

 22   problèmes qu'ils avaient là-bas avec des préparatifs très clairs de

 23   l'agression lancée par l'ABiH contre les Croates de la région. En termes

 24   simples, je n'ai guère besoin d'en dire plus, ils ont présenté la chose de

 25   façon tout à fait précise dans leur propos et on voit qu'ils sont venus se

 26   plaindre et demander conseil concernant ce qu'il convenait de faire parce

 27   que la Croatie continuait de toutes ses forces à poser son soutien à une

 28   lutte conjointe, et les gens ont du mal à comprendre. C'est normal. Il


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  1   serait difficile pour tout un chacun de comprendre parce qu'ils étaient

  2   exposés à une agression de la part de l'ABiH qui en Croatie bénéficient du

  3   statut d'un ami à part entière. On l'a vu cela. Ce que je voudrais

  4   cependant indiquer, j'espère que vous allez à prendre lecture, mais là ce

  5   que je voudrais mentionner c'est la page où --

  6   Q.  0132-2353, 0132-2353. Version anglaise, c'est la page 18 sur un total

  7   de 60.

  8   R.  Donc ici nous avons Zoran Maric qui fait état de l'existence d'une aile

  9   extrémiste du SDA, il continue sur ce sujet et il dit que dans le cadre du

 10   territoire de Busovaca, ils n'ont pas de cadres bien formés, et je cite :

 11   "Lorsque M. Praljak était à Travnik, les choses se passaient plus ou moins

 12   bien plutôt."

 13   Mais dès qu'il est parti, les choses ont commencé à empirer. Il n'y a

 14   pas de discipline militaire. Les activités criminelles ont commencé à se

 15   développer et certains commandants militaires commencent à prendre à leur

 16   compte l'autorité civile et je sais qu'il y a eu aussi l'inverse. Je le

 17   note au passage, les civils ont commencé à se mêler des affaires

 18   militaires. Je continue la situation et c'est pourquoi je vous demande si

 19   cela est possible de faire revenir M. Praljak.

 20   Alors lorsqu'il est question de cela, je pense que j'ai bien

 21   travaillé et cela que nous avons sous les yeux confirme qu'avec toute

 22   l'énergie que j'ai mise en œuvre là-bas je parvenais à maintenir la

 23   situation plus ou moins sous contrôle pour autant -- dans toute la mesure

 24   où cela était possible. Nous voyons ici qu'après mon départ, les choses ont

 25   empiré.

 26   Q.  Passer maintenant au P 01852 qui est déjà une pièce à conviction. Nous

 27   avons déjà eu l'occasion de le voir; cependant, j'estime qu'il est

 28   important que vous disiez vous aussi personnellement quelques mots à ce


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  1   sujet.

  2   R.  Alors c'est un document qui correspond à une date un peu plus tardive,

  3   le 12 avril 1993, et nous voyons que le HVO de Travnik aborde ici les

  4   affrontements autour de Pâques de cette année-là et ils s'adressent encore

  5   une fois au président Tudjman. Ils décrivent de façon exhaustive quels sont

  6   les problèmes rencontrés. Je n'ai rien à y ajouter. C'est déjà une pièce à

  7   conviction, sauf pour ce qui concerne la dernière page. Dans cette dernière

  8   page, là encore, nous avons une lettre où ils demandent qu'on leur viennent

  9   en aide si cela est possible. On leur envoie des officies de l'armée croate

 10   qui pourraient leur venir en aide, et ils demandent également mon retour

 11   sur place. Je n'ai rien à rajouter à cela. Voilà les destinataires à qui

 12   cela a été envoyé : au président de la République, M. Tudjman; à Mate

 13   Boban; et à Jadranko Prlic.

 14   J'estime que ceci représente une confirmation du travail que j'ai accompli,

 15   de la sorte de travail que j'ai accompli et dont j'ai parlé ici de façon

 16   uniquement partielle car je n'ai pas le temps de vous montrer les dizaines

 17   et les dizaines d'exemples dans lesquels il s'est avéré nécessaire

 18   d'intervenir de cette façon, à savoir de s'opposer à untel ou untel, de

 19   menacer de piquer une crise et puis ensuite. Tout simplement il n'est pas

 20   possible de rentrer dans tous les détails de ces différentes situations.

 21   Q.  Général, est-ce que cette demande d'aide demandant des officiers

 22   croates était demandée en raison des opérations offensives auxquelles le

 23   HVO s'apprêtait à procéder ?

 24   R.  En Bosnie centrale, le HVO n'avait absolument aucune possibilité avec

 25   les forces dont il disposait et dans les conditions d'encerclement par

 26   l'ABiH qui l'entourait, aucune possibilité donc de seulement imaginer la

 27   moindre action offensive. C'était tout simplement impossible. Car le

 28   rapport de force était tel que même le plus cinglé des commandants n'aurait


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  1   pas osé imaginer une chose pareille.

  2   Q.  Merci. Je vous prie maintenant de prendre le document numéro 3D 02638.

  3   Il s'agit des souvenirs de guerre du général Alagic. En version anglaise

  4   c'est le document situé en page 3D020832, et le texte commence à la page 3D

  5   34-1053.

  6   R.  Madame Nika, quel est le numéro que vous avez donné ? J'ai un peu

  7   mélangé tout.

  8   Q.  3D 02-2638, c'est dans le classeur : "Bosnie centrale."

  9   M. STRINGER : [interprétation] Pourrions-nous avoir une référence pour la

 10   page en anglais, s'il vous plaît ?

 11   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] 3D 02832.

 12   M. STRINGER : [interprétation] En ce qui concerne le prétoire électronique,

 13   ma traduction en anglais commence à la page 3D -- patientez, 3D 41-0087,

 14   document qui fait dix pages. Donc la page que l'on m'a donnée ne correspond

 15   pas à la version anglaise que nous avons dans notre prétoire électronique,

 16   dans notre e-court. Ce n'est que dix pages, donc si le général veut

 17   commencer à commenter, je pense que j'arriverai à retrouver la page.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà je vais commencer avec la page 8, dans

 19   la version bosniaque.

 20   Mme PINTER : [interprétation] C'est la page 3D 41-0089, en anglais.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc M. Alagic était général de l'ABiH, dans

 22   son livre : "La guerre en Bosnie centrale," il décrit évidemment son point

 23   de vue concernant ces événements.

 24   Dans le premier paragraphe, il parle d'une chose qui donne la confirmation

 25   de ce que nous n'avons cessé de répéter ici. Alagic était toutefois

 26   précédemment à cela, un officier de la JNA. Il dit que les premières

 27   cocardes sont apparues dans les casernes.

 28   Pour information, pour les Juges de la Chambre, les cocardes étaient des


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  1   insignes portées par les Chetniks. Il s'agissait d'insigne que les Chetniks

  2   portaient sur leur subara, sur leur toc. Il dit que cela s'est produit déjà

  3   en 1990, on les a vus apparaître.

  4   Ensuite, il dit qu'il a été à Belgrade lorsqu'on a activé ce plan secret,

  5   "Navala I," c'est-à-dire attaque 1. Ensuite il parle de cet exercice où

  6   Alagic avait le rôle de commandant d'une division russe. Il s'agit des

  7   fameux plans S1 et S2 que j'ai déjà présentés à la Chambre, donc attaque

  8   par le plan de Varsovie ou une attaque possible par l'OTAN et les réponses

  9   correspondantes de la JNA. Donc ces différentes cartes ont déjà été

 10   montrées et versées.

 11   Ensuite il dit qu'à l'époque déjà, il a compris qu'ils faisaient cela en

 12   ayant à l'esprit cette ligne dont a déjà parlé, Karlobag-Karlovac-

 13   Virovitica, et que déjà à cette époque-là, l'armija n'avait pas de

 14   plan précis pour la défense de la Slovénie. Il dit que lorsque cela

 15   est devenu, il dit quand cela est devenu clair pour lui. Ensuite il

 16   dit qu'il y a eu ce plan Avala et non pas Navala; Avala-2,

 17   correspondait à des attaques contre Psunj, Papuk et en direction de

 18   Zagreb. Tout ça c'est donc la Croatie, en termes de localités, et que

 19   le sujet de son mémoire de fin d'études pour ses études d'officier

 20   était l'attaque par une brigade de blindé via Karlovac pour percer

 21   sur les rivières Kupa [phon] et Korana, et en passant par Bihac

 22   également à l'origine. Il s'agit de deux rivières qui sont en

 23   direction de la Slovénie.

 24   Q.  3D 41-0090 en version anglaise, et 3D 33-0343 en version croate.

 25   R.  Dans cette partie, Alagic dit qu'il a alors décidé de ne plus faire

 26   partie de la JNA. Il s'est occupé de commerce, mais il utilisait son livret

 27   militaire afin de voyager à travers la Krajina. Cela nous donne aussi une

 28   information quant à la nature même de cette période, à savoir que lui avait


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  1   la possibilité de quitter la JNA et de conserver malgré tout son livret

  2   militaire et de voyager à travers la Krajina que les Serbes tenaient sur

  3   leur contrôle.

  4   Il dit qu'il n'a pas été en mesure de rejoindre l'organisation militaire

  5   des Croates et des Bosniens à Banja Luka. Mais tout cela est un peu étrange

  6   parce qu'il n'y avait pas là-bas d'organisation militaire des Croates et

  7   des Bosniens. Cela indique plutôt le parcours assez étrange qui a été celui

  8   de cet homme. J'en parlerais après.

  9   Il dit que son adresse officielle se trouvait en Vojvodine, son domicile

 10   officiel et qu'à Banja Luka, il ne pouvait pas le retrouver. Il dit avoir

 11   été arrêté au mois d'août 1992.

 12   Alors cela n'est pas très important. Il parle de Sanski Most. Il dit avoir

 13   été accusé mais que le général Uzelac, commandant du corps d'armée de Banja

 14   Luka de la JNA serait intervenu pour qu'on le relâche. Donc Uzelac savait

 15   où il se trouvait. Il serait donc intervenu pour qu'on le laisse repartir

 16   sans papier. Ce qui signifiait qu'il ne pouvait pas quitter la ville et

 17   cela est tout simplement faux.

 18   Alors je ne sais pas si la suite a été traduite. Mais si cela n'a pas

 19   traduit, je peux en donner lecture. Tout ce qui est ici est assez bizarre.

 20   Il dit avoir été arrêté en août 1992, mais qu'il a passé 15 jours en ville,

 21   et que ce n'est que juste avant l'attaque contre la municipalité survenue

 22   le 12 mai, qu'il s'est entretenu avec Sabic et Kljucanin ainsi

 23   qu'Osmancevic concernant la défense. Alors, le 19 mai, c'est certainement

 24   avant le mois d'août 1992, cela n'est pas controversé, mais il avait donc

 25   rencontré les Musulmans à ce moment-là déjà, il était à Banja Luka. Mais il

 26   me semble que, d'un point de vue temporel, c'est tout simplement

 27   impossible.

 28   Pourquoi dis-je cela ? Parce que nous allons voir pourquoi dans le


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  1   paragraphe suivant, le paragraphe 13.

  2   Q.  Général, vous devrez lire parce que nous n'avons pas de traduction.

  3   R.  Alors il dit, je cite :

  4   "Cela signifiait que j'étais libre, ça été traduit, mais que je

  5   pouvais pas quitter la ville."

  6   Ensuite, je continue, je cite :

  7   "Je suis resté 15 jours en ville, et ce n'est qu'avant l'attaque

  8   contre la municipalité qui est survenue le 19 mai 1992."

  9   Or nous savons que la guerre fait déjà rage en Bosnie-Herzégovine, je

 10   poursuis la citation :

 11   "J'ai eu un entretien avec Sabic, Kljucanin, et Osmancevic,

 12   concernant la Défense. Je ne savais pas si quoi que ce soit avait été

 13   organisé, combien d'hommes ils avaient à leur disposition, où ils se

 14   trouvaient."

 15   Il dit que cette discussion a été tenue deux jours avant l'attaque

 16   des Chetniks contre la ville. Alors, moi, je ne comprends pas comment il a

 17   pu arriver que les Chetniks attaquent Banja Luka, tout comme je ne

 18   comprends pas comment il a pu être arrêté en août 1992 pour avoir ensuite

 19   passé encore 15 en ville, et cetera.

 20   Passons à la suite et puis vous allez voir de quoi il s'agit, ce qui

 21   se passe.

 22   Donc l'arrivée à Travnik c'est la page 13 du texte en bosnien.

 23   Q.  3D 41-0090 en version anglaise, et 3D 33-0344 en version croate.

 24   R.  Voilà, alors, ce monsieur qui se trouve à Banja Luka et qui discute

 25   dans une organisation de la Défense, fait son apparition le 13 janvier 1993

 26   à Travnik. Il s'est présent à l'officier chargé du personnel dans la

 27   caserne. Mais, à ce moment-là, la caserne Travnik a été abandonnée par la

 28   JNA et on n'y avait installé des soldats du HVO et des soldats de l'ABiH.


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  1   Lui s'est présenté en tant que volontaire, et il dit qu'il peut être --

  2   peut jouer n'importe quel rôle de soldat ou commandement. Il dit qu'il

  3   avait le -- qu'il avait le grade de sous colonel, et que l'ensemble de ses

  4   papiers se trouvait dans sa besace.

  5   Il est allé à Visoko, il y a fait la connaissance de Cuskic,

  6   Mahmuljin et Hadzihasanovic. Il dit que la caserne n'était pas -- il ne se

  7   trouvait pas de soldat; il dit que sa première tâche a été de préparer et

  8   d'équiper trois bataillons; et il dit y avoir répondu lorsqu'on lui a

  9   demandé pourquoi il était venu, que ce soldat ne pouvait pas être à sa

 10   place, mais qu'Alagic, lui, le pouvait.

 11   Messieurs les Juges, c'est complètement incompréhensible pour moi,

 12   que de voir qu'entre août 1992 et janvier 1993, nous avons une période

 13   pendant laquelle on ne sait pas, tout simplement, où est M. Alagic et ce

 14   qu'il fait. Alors, évidemment, il ne l'écrira pas, mais quand quelqu'un

 15   passe six moi pendant lesquels on a des attaques violentes de la JNA et des

 16   Chetniks contre son peuple, de cette façon, ça veut dire qu'il se cache

 17   quelque part à moins qu'une fois relâché par Uzelac, il n'ait commencé à

 18   travailler pour le compte de la JNA et vous verrez pourquoi.

 19   Donc le 13 janvier, il s'est présenté pour défendre la Bosnie-

 20   Herzégovine, il dit qu'avant cela il ne pouvait pas quitter la ville. Mais

 21   si en mai 1992, il ne pouvait pas quitter la ville, il n'était pas libre,

 22   alors je ne comprends pas comment en janvier 1993 il peut encore être en

 23   vie.

 24   Alors, passons à la page 14.

 25   Q.  Page 3D 41-0091, en version anglaise, et 3D 33-0345 en version

 26   croate.

 27   R.  Alors regardez comment cela fonctionnait. Donc il dit que lorsque

 28   lui est arrivé, cela reconstituait les premiers véritables préparatifs pour


Page 8552

  1   une guerre contre les Chetniks. Donc avant cela, ça signifie qu'il ne se

  2   battait pas contre les Chetniks.

  3   Ensuite il est dit que Cuskic reviendra de ses vacances à Rijeka, ce

  4   commandant était donc en train de passer ses vacances en Croatie à Rijeka.

  5   Alors, ils se sont mis d'accord pour former le groupe opération Bosanska

  6   Krajina, groupe opération qui a incorporé quatre brigades : la 7e, la 17e,

  7   la 27e et la 37e. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'ils établissent quelle

  8   brigade faisait quoi et qui défendait le territoire contre les Chetniks,

  9   mais c'est les Juges apprécieront.

 10   Ensuite nous avons la chose suivante : l'ordre portant formation de

 11   ce Groupe opérationnel Bosanska Krajina a été émis le 27 février -- le 27

 12   février 1993 donc -- pardon, 1993, oui.

 13   Rasim Imamovic était arrivé de Zagreb avec une espèce d'ordre visant

 14   à la formation d'une brigade motorisée de Banja Luka qui aurait eu son

 15   siège et son commandement à Zagreb. Donc ces réfugiés de Banja Luka qui

 16   avaient fui pour sauver leur peau, ces réfugiés musulmans avaient leur

 17   siège et leur commandement à Zagreb, et ils émettaient un ordre pour que

 18   l'on forme avec ces hommes une Brigade motorisée, et c'est ainsi qu'ils ont

 19   formé le 27e Brigade avec des réfugiés de Kotor Varos, et ce n'est qu'à

 20   lors, alors il n'y avait qu'un ordre, mais la mise en œuvre était assez

 21   déficiente, ce n'est qu'à lors que commence l'organisation de l'ABiH qui,

 22   dans ce territoire-là, testera sa puissance exclusivement en la tournant

 23   contre le HVO.

 24   Q.  Juste un détail. Vous avez parlé de Mehurici. Où cela se trouve

 25   t-il ?

 26   R.  C'était en Bosnie-Herzégovine centrale, c'était la base centrale

 27   des Moudjahidines.

 28   Q.  La page à laquelle vous venez de vous référer est la page numéro -- je


Page 8553

  1   ne la vois pas indiquée. C'est la page 3D 33-0346 en croate ? Pour la

  2   version anglaise, 3D 41-0091.

  3   R.  Il dit ici qu'il existait un syndrome de Jajce, qu'il fallait ré-

  4   instiller [phon] dans l'esprit des gens la notion qu'ils allaient voir

  5   revenir chez eux car toute la Krajina, Messieurs les Juges, au nord et à

  6   l'ouest de la Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire de Banja Luka vers la

  7   Croatie. Il dit que les gens fuient via la Croatie en direction de

  8   l'Europe. Alors ils réfléchissent au transfert éventuel de certaines Unités

  9   à Bihac. Le HVO imprimait des documents d'identité permettant de voyager.

 10   Il dit que c'est un officier du HVO qui à l'époque coopérait encore

 11   avec nous, dit-il. On dit qu'on lui reprochait de mener incitant la

 12   mobilisation, mais cette dernière avait été décrétée par le président

 13   Izetbegovic. Il dit avoir amené la 305e Brigade, la Brigade de Jajce, et

 14   qu'il a concentré ses unités à Travnik. La Brigade de Jajce c'était celle

 15   qui avait été formée par des réfugiés musulmans de Jajce.

 16   Ensuite il dit qu'il a reçu la visite de l'ambassadeur Thébault, et je

 17   cite; voilà ce qu'il a dit donc à M. Thébault, je cite :

 18   "C'est ici que ce plan Vance-Owen échouera, Monsieur Thébault. C'est ici

 19   que l'Herceg-Bosna tombera."

 20   Il dit que cette caserne conjointe à Travnik, il ne veut pas la partager

 21   avec le HVO, et il dit avec détermination : deux armées ne peuvent pas se

 22   trouver dans la même caserne tout comme deux drapeaux ne le peuvent pas non

 23   plus. Cela il l'a dit à Gasso [phon], le commandant du HVO. Il lui dit

 24   encore : toi, tu vas quitter la caserne. Alors tout ce qui s'est passé

 25   ensuite avec les gens qui ont été prisonniers dans cette caserne de Travnik

 26   et c'est dit très clairement.

 27   Le commandant de cette zone, lui aussi, continue; il dit qu'il était

 28   inconnu que ses succès qu'il avait obtenus étaient une inconnue pour


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  1   Tudjman et Milosevic. Imaginez le niveau de prétention qui est celui d'un

  2   officier de la JNA qui se cache dans la ville de Banja Luka et conclut des

  3   accords inimaginables avec Uzelac et que Tudjman ou Milosevic aient à

  4   connaître de lui. C'est pourquoi il a été -- il a remporté tant de succès

  5   dans ces attaques contre le HVO en les privant de leurs droits même à

  6   l'existence à moins, bien sûr, que comme il l'a découvert, l'aurait soi-

  7   disant découvert ensuite ou que Tudjman et Milosevic n'aient partagé la

  8   Bosnie-Herzégovine. Alors Alagic, lui, il ne le connaisse pas, et c'est

  9   pourquoi il avait l'intention de faire les choses de façon différente et de

 10   mettre en échec leur plan.

 11   L'INTERPRÈTE : note de la cabine française : les commentaires de M. Praljak

 12   sont extrêmement confus.

 13   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous, vous êtes peut-être mal

 14   exprimé ou peut-être qu'il y a eu une erreur au niveau de la traduction, à

 15   la ligne 11. Vous avez expliqué que c'est la raison pour laquelle il a

 16   réussi à attaquer la HV. Est-ce que cela ne devrait pas plutôt être le

 17   "HVO" ?

 18   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

 20   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 21   Q.  Général, vous avez mentionné Uzelac pour la deuxième fois. C'était qui

 22   ?

 23   R.  Uzelac était le commandant du Corps de Banja Luka. Il était donc le

 24   commandant du Corps d'armée de Banja Luka de la JNA. Et par la suite, je

 25   pense de la VRS. Je ne connais pas l'ensemble de son parcours professionnel

 26   mais il était du côté des Serbes, le commandant le plus important de cette

 27   région.

 28   Il avait été libéré de la prison pendant six mois au moins on ne savait pas


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  1   ce qu'il fabriquait, et ensuite au moment de Travnik, vous voyez ce qu'il

  2   dit. Bien sûr, nous n'avons pas de preuves, Monsieur le Président,

  3   Messieurs les Juges, mais on peut voir que les Serbes infiltraient dans les

  4   rangs de l'ABiH des gens qui travaillaient pour eux pendant cette période

  5   et qui, entre autres, ont été à la cause de l'attaque lancée par l'ABiH

  6   contre le HVO, non seulement en Bosnie centrale mais aussi à Vakuf, Konjic

  7   et Mostar.

  8   Passons maintenant à la page 18 où il élabore cela.

  9   Mme PINTER : [interprétation]

 10   Q.  En croate, il s'agit de la page 3D 33-0348; et en anglais, 3D 41-0092.

 11   R.  Voilà il donne une explication pour justifier ce qu'il fait et puis il

 12   dit que les Chetnik avaient pris leurs positions stratégiques et que les

 13   Croates par le biais des structures politiques se sont emparés du

 14   territoire qui aurait dû être croate.

 15   Mais, bon Dieu, il y avait beaucoup plus de Croates et de Musulmans

 16   sur ce territoire et ceci ressort clairement de la part de ceux qui sont

 17   venus voir Tudjman. Ces gens-là étaient déjà dans une situation bien

 18   inférieure. Ensuite il dit aussi que le président du HDZ est devenu le

 19   commandant du HVO et c'est ça, parle de lui-même, et puis ensuite il dit

 20   qu'à son avis la situation stratégique en Bosnie-Herzégovine est tel que

 21   "leur étreinte" est tellement serrée que c'était seulement avec un couteau

 22   qu'il aurait été possible de les séparer.

 23   Lorsqu'il parle de l'étreinte, il parle des Croates et du HVO. Donc

 24   s'agissant de l'ensemble de la situation en Bosnie-Herzégovine, d'après les

 25   idées du commandant Alagic qui commande quatre brigades extrêmement

 26   puissantes de l'ABiH, à son avis, la situation en Bosnie-Herzégovine va se

 27   clarifier, non pas après l'attaque contre les Chetnik, l'attaque de l'ABiH

 28   mais c'est lui qui va séparer avec un couteau l'étreinte du HVO. C'est ça


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  1   son plan.

  2   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, mais je dois procéder à une

  3   correction du compte rendu d'audience. Le général a vraiment ralenti.

  4   Mais à la page 40, ligne 11, le général n'a pas dit l'Herzégovine

  5   allait devenir claire ou clarifiée mais que la situation allait être

  6   résolue, donc non pas "clarifiée," mais "résolue."

  7   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  8   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je crois qu'il faut corriger la

  9   correction. Ceci n'était pas la page 40 mais à la page 60 que vous vouliez

 10   nous indiquer.

 11   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Absolument. Merci. J'ai dit "60."

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas Praljak qui le dit mais Alagic.

 13   Encore une fois, il faut relire cela très lentement. A, s'agissant de

 14   l'ensemble de la situation stratégique en Bosnie-Herzégovine, il va

 15   résoudre cela en brisant l'étreinte du HVO. Il dit que c'est très important

 16   et il dit par la suite : on a réussi à faire cela. Au moment où il écrit

 17   son livre, il veut dire que, dans des parties dans lesquelles avait attaqué

 18   le HVO et où il avait réalisé ses objectifs en partie, bien sûr, il dit que

 19   le partage définitif de la Bosnie-Herzégovine a été empêché donc ce ne sont

 20   pas les Serbes qui l'intéressent ni les 70 % du territoire tenu par les

 21   Serbes. Il s'intéresse seulement au HVO et il a empêché le partage de la

 22   Bosnie-Herzégovine en imposant une défaite au HVO en Bosnie centrale.

 23   C'est le concept des officiers hauts placés de l'ABiH à l'époque, que

 24   ceci a été écrit ici tout à fait contrairement à -- on voit clairement qui

 25   a attaqué qui en Bosnie centrale, qui avec quelles intentions et qui

 26   pensait quoi.

 27   Ensuite on voit que le Groupe opérationnel de Bosanka Krajina

 28   constitue un embryon des meilleures troupes de la Bosnie-Herzégovine,


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  1  ensuite il parle de deux brigades, la 7e Brigade musulmane et la 17e Brigade

  2   de Krajina. Il dit que, pendant une courte période, ces deux brigades

  3   agissaient ensemble à Travnik, Zenica, et Kacuni.

  4   Ensuite il parle de l'ennemi, et par là, il veut dire que le HVO

  5   souhaite maîtriser la vallée de la Lasva, donc Vitez, Busovaca, et le

  6   reste, et puis il dit que ceci a été empêché et puis, regardez, maintenant,

  7   il dit que le Bataillon de Sebesic -- et Sebesic est une région qui se

  8   trouve entre --

  9   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Monsieur Praljak, s'il vous plaît,

 10   les interprètes vous demandent de parler dans le microphone et, bien sûr,

 11   c'est très difficile à comprendre. Le micro n'étant pas allumé et également

 12   de ralentir, je suppose. Merci.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge Prandler.

 14   Donc ils ont attaqué à Sebesic, et vous avez pu voir qu'ils avaient des

 15   centaines d'ordres d'attaque. Or le HVO n'a pas d'ordre d'attaque, si ce

 16   n'est des mouvements de moindre importance ou ce que l'on appelle la

 17   défense tactique. Il dit qu'ils ont gagné là-bas, et dit notre tactique

 18   allait d'entrer à Bjela pour ce qui est de la partie arrière et la création

 19   des conditions pour les attaques d'une base circulaire.

 20   Or les hommes de Sebesic se sont battus par la suite dans la région de

 21   Prozor. Je les connais. Sebesic est un endroit en profondeur derrière la

 22   ligne. C'est entre Vakuf et Travnik, et mis à part l'idée de nettoyer et

 23   attaquer cette route, il n'y a aucun sens là-dedans, si ce n'est de battre

 24   le HVO.

 25   Nous allons passer à la page 21.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous nous avez dit qu'il y avait des

 27   centaines, ou que nous avions -- nous pouvions voir des centaines d'ordres

 28   d'attaques de l'ABiH. Je ne les vois pas. Pourriez-vous nous expliquer cela


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  1   ? Pourriez-vous nous dire où nous pouvons les voir ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans cette affaire, Monsieur le Juge, au moins

  3   cent ordres de l'ABiH en tant d'attaques ont été montrés, allant de Mostar,

  4   Konjic,  Vares - et ceci a été versé au dossier dans cette affaire - où il

  5   est écrit explicitement ordre d'attaque. S'agissant de l'offensive Neretva

  6   93, il y a eu des dizaines et des dizaines de tels ordres.

  7   Mme PINTER : [interprétation]

  8   Q.  Excusez-moi. S'agissant de Sebesic, quelle était son importance ?

  9   R.  Le contrôle des routes est un point dominant.

 10   Q.  Merci. Page 3D 41-0092, en anglais; et 3D 33-0349, en croate.

 11   R.  Donc cette décision, selon laquelle ils devaient prendre le contrôle du

 12   Groupe opérationnel, a été prise à Travnik lors d'une réunion. C'était leur

 13   commandement auquel je me rendais souvent, on sait très bien où c'était.

 14  Hadzihasanovic a encore mis à la disposition les unités suivantes, les 306e,

 15   325e, 312e et 308e, et ainsi de suite. Je ne vais pas énumérer le tout.

 16   Ensuite la 27e Brigade, qui était en cours de constitution, va se joindre à

 17   eux, de même que la 755e Brigade de Jajce.

 18   Puis, maintenant, regardez, c'est là que ça devient cynique.

 19   Donc en attendant l'attaque du HVO contre Travnik, alors qu'il les a

 20   chassés de la caserne, et alors que les unités dont il dispose sont au

 21   moins sept fois plus nombreuses par rapport à la Brigade de Travnik, mais

 22   peu importe, il dit : en attendant l'attaque, nous avons déjà en secret

 23   déployé de manière planifier les forces non pas seulement à l'intérieur de

 24   la ville mais sur l'ensemble du territoire. Par exemple, à Vilenica, nous

 25   avions nos forces derrière le dos du HVO alors qu'il ne le savait pas.

 26   Puis il dit qu'ils étaient prêts à prendre les lignes vers les Chetniks

 27   tenues, bien sûr, par le HVO, mais lorsqu'ils auront attaque le HVO, le HVO

 28   allait quitter la ligne vers les Chetniks pour se défendre, et c'est à ce


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  1   moment-là qu'ils se sont emparés de ces lignes.

  2   Ensuite il dit : c'est la raison pour laquelle lorsque la ville est devenue

  3   vide vers 13 heures, j'ai pris un cheval blanc, et ça c'est le symbole de

  4   vainqueur, et ainsi de suite.

  5   Donc ils ont planifié l'attaque en secret. Ils ont déployé les unités

  6   derrière le dos du HVO. Ils ne tenaient pas les lignes face aux Chetniks.

  7   Ils ont vidé la ville, ils ont chassé la population. Ils ont capturé et tué

  8   un certain nombre de personnes. Ceci est écrit de manière explicite par le

  9   participant et le dirigeant dans le cadre de ces événements, le général de

 10   l'ABiH, Alagic.

 11   Nous passons maintenant à la page 3D -- à la page 26.

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Avant que vous ne vous reportiez à

 14   d'autres pages, je souhaite vous poser une question à propos de la page 7

 15   en anglais, et qui en réalité est la page 30, du texte original, 3-0; il

 16   s'agit en fait d'une question que je souhaite soulever.

 17   Page 30 du texte original, et la page 7 ici, le titre qui dit ceci, et je

 18   cite : "La Croatie a envoyé 13 - 1-3 - 13, de ces brigades à Gornji Vakuf,

 19   Prozor et Jablanica." Lorsque j'ai lu ceci, j'ai tout d'abord pensé qu'il

 20   s'agissait d'une erreur, et je pensais que l'auteur voulait parler du 13,

 21   et non pas de 13 brigades. Ensuite j'ai vérifié l'original, et ceci est dit

 22   ici, et je cite, veuillez m'excuser pour ma prononciation : "La Croatie a

 23   envoyé à Gornji Vakuf, Prozor, et Jablanica, ces 13 brigades." Donc, de

 24   toute façon, il parle de 13 brigades de Croatie.

 25   Il y a quelques jours, vous vous en souviendrez, il y a eu une discussion

 26   et un échange de point de vue sur ces faits allégués, à savoir s'il y avait

 27   des unités croates officiellement en Bosnie-Herzégovine et, bien entendu,

 28   vous avez évoqué cette question. Donc comment pourriez-vous nous expliquer


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  1   cette affirmation, à savoir que la Croatie avait 13 de ces propres

  2   bataillons dans cette région, à savoir Gornji Vakuf, Prozor, et Jablanica ?

  3   Je vous remercie.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est très simple, Monsieur le Juge Prandler.

  5   Tout simplement il s'agit d'un mensonge fou. Un mensonge fou; 13 Brigades

  6   de l'armée croate ont libéré et je voulais y venir, je n'allais pas omettre

  7   d'en parler. Ici, il s'agit de 1994, car il est question de Here et ainsi

  8   de suite.

  9   Moi, comme je vous l'ai dit, j'y étais en 1994, même si l'Accusation ne l'a

 10   pas mentionné. Justement autour de Here - et je l'avoue - ils peuvent noter

 11   cela et me poser des questions : 13 brigades de l'armée croate ont vaincu

 12   l'armée de Martic et ont libéré la Krajina. Lorsqu'ils ont libéré la

 13   Krajina, ils ont libéré Bihac aussi. Lorsque l'avancée a commencé vers

 14   Banja Luka, c'est seulement lorsque les Américains ont donné un ordre très

 15   virulent à Franjo Tudjman. C'est seulement suite à cet ordre que cette

 16   armée a été arrêtée avant d'infliger une défaite décisive aux Serbes de

 17   Bosnie.

 18   13 brigades de l'armée croates auraient traversé Tuzla, auraient passé

 19   jusqu'à Tuzla en trois jours. Mais avec de telles rumeurs, l'on se glorifie

 20   soi-même. Il avait face à lui, 13 brigades de l'armée croate, mais voilà,

 21   il les a vaincues. Lui, Alagic, il dit, en parlant de lui-même : il est

 22   tellement rusé que ni Milosevic ni Tudjman n'ont réussi à percer ces

 23   secrets.

 24   Est-ce que vous pouvez imaginer la conscience de cet homme qui se cache à

 25   Banja Luka, et qui pense que Tudjman et Milosevic tiennent compte de lui,

 26   mais puisqu'il a réussi à leur échapper, c'est lui qui va réussir à

 27   empêcher le partage de la Bosnie-Herzégovine en vainquant le HVO en Bosnie

 28   centrale. Il ne mentionne aucune action des Chetniks dans son livre. Vous


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  1   allez le voir vous-même. Ça ne l'intéresse pas.

  2   Son groupe le 7e --

  3   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Pardonnez-moi de vous interrompre,

  4   mais j'ai ma réponse. Merci.

  5   Si on part de l'hypothèse où le feu général Alagic dit la vérité, à savoir

  6   qu'il y avait 13 brigades de l'armée croate, c'est donc une force armée

  7   importante avec 13 brigades. En théorie, ces brigades, qui se seraient

  8   déplacées, il doit y avoir des éléments de preuve, des ordres, parce qu'on

  9   ne déplace pas 13 brigades sans ordre, sans logistique, sans médecin, et

 10   cetera. Donc s'il dit la vérité, il doit y avoir dans les archives ou dans

 11   les documents de l'armée croate la preuve de cela.

 12   Alors comme vous avez exercé des hautes fonctions dans l'armée croate,

 13   qu'est-ce que vous me dites ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la même chose,

 15   que l'Accusation montre n'importe quel ordre de n'importe quelle brigade

 16   croate à l'époque dans cette région-là. 13 brigades de l'armée croate se

 17   constituent presque 30 000 soldats; 30 000 soldats, mis à part tous ceux

 18   qui étaient déjà là-bas. Ce sont des colonnes de centaines de kilomètres.

 19   Chaque brigade est longue de 40 kilomètres. Ce n'est pas une petite folie

 20   ou un petit mensonge que de dire cela, mais c'est un mensonge stupide. Un

 21   mensonge peut être intelligent, mais s'il avait parlé d'une seule brigade,

 22   peut-être, mais quand quelqu'un dit des bêtises et ment, si en plus il est

 23   stupide, il dit 13 brigades, or il s'agit de 30 000 soldats de l'armée

 24   croate qui auraient fait partie de 13 brigades.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons une partie

 26   du livre que le général compte verser, qu'il dit n'être que des mensonges.

 27   Donc nous voudrions revenir à un autre passage du livre. Evidemment, il

 28   veut que la Chambre de première instance accepte ce qu'il dit parce que ça


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  1   va avec sa thèse. Mais il faut une référence temporelle. Regardez à la page

  2   6 de la traduction en anglais; page 21 du livre en français.

  3   Le général, là, parlait de cet incident. Il parlait donc d'un passage où

  4   l'on parle de la 306e, la 325e, la 312e Brigades, et cetera, et cetera, et

  5   la décision de prendre la zone opérationnelle de Bosanska Krajina. Donc

  6   c'est un sujet que le général a abordé, il y a quelques minutes, et là,

  7   Alagic visiblement a redéployé les Unités de l'ABiH loin des points serbes

  8   pour les déployer face à la HVO. Pouvez-vous nous donner une référence

  9   temporelle pour qu'on sache quand cela s'est passé ? Nous aimerions savoir

 10   à quel moment tout cela s'est passé ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces attaques contre Sebesic ont eu lieu

 12   au printemps, je pense, au mois de février ou de mars 1993. Travnik, ça a

 13   été fini et on le sait exactement. Monsieur Petkovic, levez-vous, dites-le-

 14   nous, je ne me souviens pas de la date exacte. Si vous vous souvenez, le

 15   mieux serait que vous le disiez. Je suppose que les Juges le permettront.

 16   Non, ça ne va pas.

 17   Mme PINTER : [interprétation] Pas sans l'autorisation des Juges.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien sûr, avec l'autorisation des Juges

 19   seulement. Mais on a la date exacte, c'est en 1993, en mai ou juin, ça

 20   c'est exact.

 21   Ce dont le Juge Prandler a parlé, porte sur 1994, c'étaient les combats qui

 22   ont eu lieu en janvier 1994 lorsqu'ils ont commencé, lorsqu'ils ont essayé

 23   encore une fois à une percée à Vakuf. Monsieur le Président, Messieurs les

 24   Juges, Messieurs de l'Accusation, je vous dis, j'y étais de nouveau, j'y ai

 25   participé en tant que volontaire. Il n'y a pas eu de forces croates du tout

 26   à l'époque là-bas. Nous avons réalisé certaines avancées tactiques là-bas.

 27   A ce moment-là, j'y ai participé et je peux énumérer, c'était Ciganske

 28   Livade, Zavisce, Skadine [comme interprété] Glava, Here, et peut-être


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  1   encore un point qui m'échappe momentanément.

  2   Je suis venu dire la vérité ici et je dirai la vérité.

  3   Donc il a nettoyé Travnik, au mois de mai, juin 1993. Mais il est possible

  4   de le constater sur la base d'une centaine de documents qu'on a.

  5   Maintenant, je demanderais que l'on présente la page 26.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : La page 26, on la verra après la pause, parce qu'il

  7   est temps de faire la pause. Nous allons donc faire une pause de 20

  8   minutes.

  9   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Mais je suis absolument désolé. Je

 10   m'excuse auprès de tous. Je dois, malheureusement, partir après la pause

 11   car je suis attendu dans un autre pays. Bien sûr, je lirais le compte

 12   rendu.

 13   L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : à 12 heures 30, page 66 du

 14   compte rendu, lignes 9 et 10, ajoutez : il n'a pas emmené la 7e, la 17e et

 15   ces autres brigades en direction de Banja Luka.

 16   C'était une réponse du général Praljak.

 17   --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.

 18   --- L'audience est reprise à 12 heures 50.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est reprise.

 20   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Q.  Mon Général, avant de continuer, j'aimerais que nous rectifiions ce qui

 22   figure au compte rendu page 67, ligne 5. Lorsque vous avez parlé de cette

 23   distance sur laquelle se déploie une brigade ou 13 brigades, et au compte

 24   rendu il dit qu'une brigade se déploie sur 100 kilomètres ou se déplace sur

 25   des centaines de kilomètres.

 26   R.  Non, non, non. Nous avons déjà -- il y a longtemps eu ce problème pour

 27   parler d'une Brigade de l'Infanterie ou de blindé lorsqu'il se déplace par

 28   échelon, quelle est la distance ou la longueur de route que cela prend.


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  1   Alors très souvent une brigade ça ne se déplace pas en un seul échelon, il

  2   y a deux échelons. J'ai dessiné et j'ai fourni aux Juges de la Chambre --

  3   le détonner -- disant que ça faisait 45 à 50 kilomètres de véhicules et de

  4   tout ce qui constitue une brigade, quand une brigade se déplace. Donc 13

  5   brigades, on ne peut pas parler de ce genre de bêtise à Vakuf notamment du

  6   fait du rapport qui émane de moi que j'ai envoyé de Rama et Uskoplje à mon

  7   intention à moi-même donc.

  8   En 1993, où je demandais aux autres, combien d'hommes nous avions du tout

  9   sur la ligne de front, et pour ce qui est de ce document qui est déjà versé

 10   au dossier, et ça a été rédigé en temps de guerre, il apparaît avec clarté

 11   quels sont les effectifs avec lesquels j'ai dû conduire la défense

 12   d'Uskoplje et de Rama face aux attaques de l'ABiH, donc les effectifs dont

 13   je disposais. Donc il n'est pas logique ni digne de foi de parler de 13

 14   brigades de l'armée croate dans ce secteur; cela ferait 13 000 soldats.

 15   Q.  Alors ça c'était pour les besoins du compte rendu.

 16   Pour autant que je le sache, on s'était arrêté à la page 26, 3D 41-0093 en

 17   anglais; et 3D 33-0350, en version croate.

 18   R.  Alors il est expliqué de la façon dont se déroule la guerre en Bosnie

 19   centrale et on dit que la percée opérée à Krizancevo Selo était décisive;

 20   on parle du 22, 23 décembre 1993.

 21   Il convient ici de mentionner le fait qu'ils ont alors tué pas au combat

 22   hors combat et que 70 personnes à Krizancevo Selo, et il y a des rapports à

 23   cet effet en provenance des officiers du renseignement anglais, et il y a

 24   une documentation autre à cet effet, donc il indique que suite à cela les

 25   Croates ont été contraints à signer une trêve. Le général Petkovic le sait

 26   mieux que moi, il a dû en signer au moins une dizaine de trêves de ce genre

 27   que nous avons respectées de notre côté.

 28   Voici comment il explique pourquoi il n'a pas libéré Vitez. Il indique que


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  1   ça avait été laissé en guise de soupape stratégique car si l'on venait à

  2   s'emparer de Vitez, il y aurait coupure d'arrivée d'armes depuis la

  3   Croatie, puis du reste. On sait quelles étaient les pénuries de toutes

  4   sortes qu'il y avait : vivres, et le reste, donc c'était un problème

  5   stratégique, laissant entendre que la Croatie risquait de changer

  6   d'opinion. Moi, je peux dire que, malheureusement, la Croatie n'a pas

  7   changé ses positions après toutes ces opérations et suite à cette agression

  8   non dissimulée.

  9   Il dit qu'il redoutait l'éventualité de ne pas pouvoir contrôler l'armée

 10   suite à ce qui s'était produit à Ahmici et à Stupni Do.

 11   Mais Krizancevo Selo, Uzdol, Grabovica et tout le reste, là où l'ABiH a tué

 12   plus de 1 100 et quelques Croates non pas dans des combats, là, il n'en

 13   n'est pas dit un seul mot. Voilà c'est ce que j'aurais à dire.

 14   Q.  Merci. Page suivante, page 30 --

 15   R.  En effet, mais j'ai déjà répondu à la question. On sait que le HVO

 16   était commandé à l'époque par le général Roso, et j'ai indiqué que, suite à

 17   mon départ des fonctions de chef d'état-major du HVO, en raison de la

 18   continuation des attaques, puisqu'il y a eu des trêves de signer, il y a eu

 19   cette trêve du mois d'octobre 1993 qui a suivi à l'arrêt de cette offensive

 20   de l'ABiH appelé Neretva 93. Ils n'ont toujours pas renoncé aux attaques

 21   contre le HVO, pour opérer des percées en direction de l'Occident et du

 22   littéral.

 23   J'indique, une fois de plus, que nulle part -- mais vraiment nulle

 24   part, d'après ce que j'ai pu voir, il n'est fait état de combats contre les

 25   Serbes donc ver Banja Luka, le corridor, en direction de Bihac, et ainsi de

 26   suite.

 27   Il a dit aussi auparavant que s'il venait à s'emparer de Vitez, la Croatie

 28   risquait de cesser d'approvisionner Bihac, chose qu'en Croatie personne


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  1   n'envisageait de faire, indépendamment de ce comportement tout à fait

  2   incompréhensible de la part de l'ABiH ainsi que des crimes commis par elle,

  3   à partir de Trusina et ainsi de suite.

  4   Alors maintenant on peut aller à la page 31.

  5   Q.  En version croate, 3D 33-0352; et en version anglaise, 3D 41-0094.

  6   R.  Pour ce qui est d'une question posée par le journaliste, ou que sais-

  7   je, pour savoir quel était le rôle d'Alagic dans les opérations non loin de

  8   Vares, il dit de façon tout à fait claire que c'est lui qui a rédigé

  9   l'ordre relatif aux opérations de Vares et qu'on lui avait confié la

 10   mission de faire en sorte que la 7e Brigade musulmane libère Vares de ce

 11   côté-ci, il s'entend.

 12   Ce qu'il convient de comprendre c'est que cette attaque lancée contre le

 13   HVO à Vares, où c'était tout à fait paisible jusque-là, et lorsqu'il y a eu

 14   cette attaque de Vares, ils ont qualifié cela de libération, pour ce qui

 15   est de ce type de commandants au sein de l'ABiH, nous faisions figure

 16   d'armées ennemis et de peuple ennemi. A la page d'après, il dit que la

 17   bataille avait une issue certaine; ils ne redoutaient pas du tout à un

 18   échec.

 19   Il parle de la logistique du 3e Corps. Il indique qu'il y a eu plusieurs

 20   centres logistiques. Il dit aussi que le marché noir florissait et des

 21   munitions et des vivres, qui faisaient l'objet de toute une contrebande, et

 22   une fois en coopération avec le MUP, il a essayé de trancher la chose, et

 23   il a eu des conflits. Il enchaîne pour dire que la situation était sans

 24   issue, et aussi a-t-il décidé de faire du commerce avec les Chetniks sur le

 25   territoire de Meokrnje ? Alors pour libérer la Bosnie-Herzégovine de ces

 26   Croates et du HVO, il a même donc coopéré avec les Chetniks.

 27   En page 34 --

 28   Q.  3D 41-0095, version anglaise; et 3D 33-0354, version originale.


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  1   R.  Il parle de la visite de M. Izetbegovic.

  2   Q.  Un instant. Un instant. Il convient de rectifier le numéro de la page.

  3   3D 33-0354.

  4   R.  Alors il est question de l'arrivée d'Izetbegovic dans la 7e Brigade

  5   musulmane et il s'agit de cette distribution de drapeau de guerre. Il est

  6   question d'une mise en scène d'incident, mise en scène de leur part

  7   d'ailleurs, et il indique que, dans une partie des autorités de Zenica, il

  8   y avait des éléments qui étaient contre Alagic, donc on ne peut pas dire

  9   que tous les Musulmans ou tous les hommes politiques, comme cela a été le

 10   cas à Tuzla ou ailleurs, étaient d'accord avec cette attitude vis-à-vis des

 11   Croates et vis-à-vis du HVO. Mais il leur adresse des reproches, et dit

 12   qu'ils étaient contre lui parce que ces gens de Zenica faisaient de la

 13   contrebande avec les Chetniks en passant par Bukovica.

 14   Il précise avec qui il s'était trouvé en bons termes. Il a demandé à ce que

 15   des fonds soient réservés ou prélevés pour l'armée et que sais-je encore.

 16   On peut passer à la page suivante.

 17   Q.  Page originale 3D 33-0355; et version anglaise, 3D 41-0095.

 18   R.  Il dit qu'il a fait la connaissance de M. Izetbegovic à la fin de l'été

 19   1993. Il dit qu'il ne savait rien des officiers de l'ABiH à Sarajevo. Il

 20   aurait précisé à Izetbegovic que, lui, Alagic, avait des contacts avec les

 21   Bosniens de Zagreb, et il lui a transmis le bonjour de Hasan Cengic. C'est

 22   le même Hasan Cengic qui s'est opposé à Izetbegovic dans le livre rédigé

 23   par M. Filipovic, lorsqu'il est question de la façon dont Izetbegovic ne

 24   pouvait pas gérer Hasan Cengic son père et autres jeunes Musulmans.

 25   Donc Hasan Cengic à Zagreb, en Croatie, organise par le biais des centres

 26   logistiques dont dispos l'ABiH, avec le soutien du gouvernement croate et

 27   de l'armée de Croatie, à Split, Zagreb, Samobor, afin que soit réalisé le

 28   planning de feu M. Alagic. Ce qu'il importe de dire c'est qu'il aurait


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  1   indiqué à Izetbegovic qu'il fallait passer à une guerre offensive. Quand il

  2   parle d'offensive, ce que j'affirme, c'est qu'il a à l'esprit le HVO. Nous

  3   sommes en septembre 1993, là, date à laquelle Sefer Halilovic poursuit

  4   l'offensive entamée, dès le mois de juin, contre le HVO le long de la

  5   vallée de la Neretva, pour déboucher sur les frontières occidentales de la

  6   Bosnie-Herzégovine et résoudre de la sorte le problème des Croates en

  7   Bosnie-Herzégovine.

  8   Or, au mois de septembre, leurs directions politiques et militaires signent

  9   un accord à part avec les Serbes portant aménagement de la Bosnie-

 10   Herzégovine et cessation d'opération de combat entre l'ABiH et l'ARSK, au

 11   mois de sept 1993, disais-je.

 12   Voilà. Merci, c'est ce que j'avais à dire au sujet de ce livre.

 13   Q.  Mon Général, on en a terminé avec les mois de l'hiver 1992, et on passe

 14   à janvier 1993.

 15   A l'attention des Juges et des autres dans le prétoire, j'indique qu'il

 16   s'agit de ce petit classeur qui porte l'intitulé : "15 janvier 1993."

 17   Voulez-vous dire quelque chose de façon générale ou est-ce que vous voulez

 18   qu'on se penche sur le document tout de suite ?

 19   R.  Oui, je peux donner des éléments généraux.

 20   Ici, le bureau du Procureur, présent en guise d'élément crucial quant au

 21   comportement du HVO, c'est-à-dire de la direction politique de la HZ HB, et

 22   parle d'un document qualifié de chantage ou d'ultimatum, adressé par le HVO

 23   à l'intention de l'ABiH de l'Herzégovine, et date du 15 janvier 1993. Cela

 24   n'est pas vrai. Je déclare ici que le texte de ce soi-disant ultimatum a

 25   été harmonisé à Zagreb, aux dates du 13 et 14 janvier 1993, en compagnie de

 26   M. Alija Izetbegovic, à l'hôtel Esplanade de Zagreb lors d'entretien où

 27   j'ai pris part moi-même. S'agissant de la rédaction du texte de ce prétendu

 28   ultimatum, j'y ai participé également; ont participé en outre à celle-ci,


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  1   M. Alija Izetbegovic, M. Gojko Susak.

  2   Je pense d'ailleurs qu'une fois, en compagnie de Gojko Susak lors

  3   desdits entretiens, il y avait de présent Lord Owen et Cyrus Vance. Je

  4   pense donc que ce document a été créé partant de ce qui a été convenu à

  5   Genève, j'imagine que ça s'est passé entre le 1er janvier et le retour des

  6   délégations à Zagreb.

  7   Pour ce qui est donc de la rédaction de ce prétendu ultimatum, j'ai pris

  8   part à celle-ci aux côtés de membres de la délégation musulmane dans la

  9   présence ou avec la présence de M. Alija Izetbegovic. Le document en

 10   question, le 15 janvier au matin, je l'ai emporté avec moi à Mostar pour le

 11   remettre à MM. Stojic, Petkovic et Prlic, et eux l'ont signé et diffusé,

 12   eux n'ont rien à voir du tout avec le document en tant que tel. Car la

 13   seule petite erreur possible de survenu c'est dû au fait qu'il avait été

 14   convenu avec M. Izetbegovic que le document serait d'abord rendu public par

 15   le ministre de la Défense de Bosnie-Herzégovine, le ministre de la Défense

 16   de M. Izetbegovic, en d'autres termes.

 17   Q.  Vous voulez dire Bozo Rajic ?

 18   R.  Bozo Rajic, oui, étant donné que les combats auprès de Gornji Vakuf ont

 19   déjà commencé à ce moment-là, au matin du 15 janvier 1993 --

 20   Q.  [aucune interprétation]

 21   R.  1993, 1993.

 22   J'ai été convié au bureau du président Franjo Tudjman et c'est avec 95 % de

 23   certitude que je crois pouvoir affirmé que M. Izetbegovic y était aussi. On

 24   m'a prié, et quand je dis "prié," ça s'appelle prier mais c'est plus que

 25   prier, c'est plutôt un ordre mais ce n'est pas un vrai ordre du tout non

 26   plus. Donc on m'a demandé d'aller à Uskoplje pour calmer la situation là-

 27   bas.

 28   Alors le texte de l'ordre je l'ai pris avec moi et une fois arrivé là-bas,


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  1   en début de soirée ou en soirée - je ne sais plus maintenant vous le dire -

  2   quand je suis arrivé à Mostar, je veux dire le 15 janvier 1993, c'est MM.

  3   Prlic, Stojic et Petkovic. Je les ai informés de l'accord auquel nous

  4   avions abouti avec M. Izetbegovic et je leur ai donné le texte. Je pense

  5   que ce texte-là, un jour après, c'est M. Bozo Rajic qui l'a publié en tant

  6   que document officiel parce que, lui aussi, il l'avait obtenu et cela

  7   émanait donc du ministre de la Défense de Bosnie-Herzégovine qui est le

  8   ministre de la Défense tant de l'ABiH que du HVO.

  9   Le 16, je me suis rendu à Uskoplje et j'en parlerai à part.

 10   M. Izetbegovic a alors changé d'avis concernant ce document, et le 20

 11   janvier 1993 toujours il a émis un ordre --

 12   Q.  1993 ?

 13   R.  Oui, excusez-moi, le 20 janvier 1993.

 14   Donc M. Izetbegovic a émis un ordre en vertu duquel il annulait l'ordre

 15   précédent émis par son propre ministre de la Défense et qui avait aussi été

 16   signé par les personnes que l'on a citées.

 17   Au sein du HVO existait alors un désir considérable de voir s'arrêter les

 18   conflits que l'on connaissait depuis déjà fort longtemps, et c'est par ce

 19   fait que l'on peut expliquer la précipitation qui a conduit à la

 20   publication de ce document à Mostar, peut-être un jour plus tôt que ce qui

 21   aurait dû se passer, et peut-être que je n'ai pas transmis des instructions

 22   tout à fait exactes concernant le fait qu'il aurait fallu attendre que le

 23   ministre du gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, le ministre de la

 24   Défense Bozo Rajic, procède en premier à la publication de ce texte avant

 25   que nous ne le fassions nous-même.

 26   Il ne s'agissait absolument pas d'un ultimatum. Je le répète, ce document a

 27   été rédigé en se fondant sur un accord. Il avait pour objet de réaliser ce

 28   que l'on souhaitait dès le départ à savoir que l'on mette en place un


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  1   certain ordre dans cette armée afin d'empêcher que n'apparaissent des

  2   problèmes sans cesse plus importants sur le terrain.

  3   Ce document n'a causé absolument aucun dommage puisqu'il a été purement et

  4   simplement annulé le 20 janvier, à ceci près que l'on a pu voir une fois

  5   encore qu'avec M. Izetbegovic qui a fait volte face des dizaines de fois

  6   concernant ce sur quoi il s'était précédemment mis d'accord. On a pu voir,

  7   une fois encore, qu'il était dirigé par quelqu'un de plus puissant que lui,

  8   et selon les informations dont je dispose en l'espèce, il s'agissait de

  9   Haris Silajdzic. Quant à la façon dont Silajdzic faisait cela lors de la

 10   réunion qui s'était tenue à l'époque, Haris Silajdzic a écrit une

 11   déclaration à l'attention de ce Tribunal concernant ce point. Je n'ai plus

 12   rien à dire à ce sujet.

 13   Nous pouvons peut-être maintenant voir le procès-verbal.

 14   Pour ce qui est de cet accord et à sa mise en œuvre conformément aux

 15   accords passés à Genève il y a eu la participation, ou en tout cas ils ont

 16   été mis au courant tous les deux, aussi bien de Lord Owen que de Cyrus

 17   Vance.

 18   Q.  Général, alors selon le compte rendu d'audience il apparaîtrait que ces

 19   Haris Siladjzic qui a donné cette déclaration.

 20   R.  Non. C'est M. Antun Vrdoljak qui a donné cette déclaration, qui a été

 21   présent à cette réunion tenue lorsque M. Silajdzic est revenu des Etats-

 22   Unis, et qu'il a fait pression sur Alija Izetbegovic pour qu'il ne signe

 23   pas un tel accord.

 24   L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : les deux cabines n'ont --

 25   aucune cabine n'a entendu le nom d'Antun Vrdoljak à aucun moment que ce

 26   soit.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suppose que c'est ainsi qu'il a changé

 28   d'avis ultérieurement, avec évidemment avec une grande résistance de la


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  1   part de tous ses généraux, de Halilovic et de tous les autres.

  2   Q.  Simplement aux fins du compte rendu d'audience, je voudrais donner les

  3   numéros des documents dont vous avez parlé. L'un est le P 01155, c'est la

  4   décision du Dr Jadranko Prlic; le second est le P 01140, et c'est l'ordre

  5   émis par le responsable du département de la Défense de la HZ HB, M. Bruno

  6   Stojic; et enfin le troisième est le P 01139, qui est l'ordre du général de

  7   brigade Milivoj Petkovic. Il faut que je répète le premier numéro, P 01155.

  8   Et enfin concernant le dernier document que nous avions --

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Général, vous avez abordé la question de l'ultimatum

 10   du 15 janvier 1993. On a des documents sous les yeux, et je remercie votre

 11   Défense de nous avoir préparé ce petit classeur, qui nous permet de voir la

 12   suite de tous ces documents.

 13   Quand on lit ce document, on se rend compte qu'on met en application les

 14   provinces 3, 8 et 10, en termes militaires. Ces documents visent à

 15   instituer des commandements militaires, soit de l'ABiH soit du HVO, en

 16   fonction des régions qui avaient été déterminées lors de la Conférence de

 17   Genève. Bien, pourquoi pas, mais il y a une Conférence internationale. On a

 18   compris que vous avez participé de très près à tout cela.

 19   Pour éviter des problèmes, n'y avait-il pas une autre solution qui aurait

 20   été de soumettre aux participants à la Conférence internationale ce type de

 21   document, à titre de projet, pour voir : (1) si tout le monde était

 22   d'accord; (2) si les Etats qui y participaient, et notamment les diplomates

 23   comme Cyrus Vance ou Lord Owen étaient d'accord; et (3) si la partie

 24   adverse était aussi d'accord ? Une fois que vous auriez eu l'imprimature

 25   [phon] de tout le monde, vous auriez pu diffuser ces documents. Alors

 26   pourquoi ça n'a pas été fait, et pourquoi il a été décidé de sortir tout de

 27   suite ces documents et ces ordres ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président Antonetti, cela a été


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  1   convenu à Genève, et on l'a rendu opérationnel à Zagreb avec l'accord de

  2   tous. Quand je dis "tous," je parle du HVO, d'une part; de M. Izetbegovic,

  3   d'autre part; et aussi de Lord Owen et de Cyrus Vance, par ailleurs, et je

  4   voudrais que l'on donne lecture pour que cela soit parfaitement clair, du

  5   procès-verbal.

  6   Mme PINTER : [interprétation] C'est le P 01158.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est donc le 15 janvier, à Zagreb, à 15

  8   heures 50. La réunion se tient chez le président Tudjman; à cette réunion

  9   sont présents M. Cyrus Vance, Lord Owen, Alija Izetbegovic, Mate Boban, et

 10   leurs collaborateurs.

 11   Voyez les mots qui sont ceux de Gojko Susak, il faut les lire

 12   tranquillement, voilà ce que dit Susak :

 13   "Encore une fois, je voudrais poser une question tout à fait pratique pour

 14   laquelle je pensais que nous nous étions mis d'accord depuis longtemps

 15   déjà.

 16   "M. Izetbegovic, nous avons discuté de cela ici à Zagreb, et nous en avons

 17   parlé aussi devant les présidents de la Conférence à Genève," donc devant

 18   Vance et Owen.

 19   "Aux fins de l'efficacité des opérations de guerre et compte tenu du fait

 20   que nous sommes de toute façon dans une position désavantageuse, il est

 21   nécessaire que là où se trouvent de façon majoritaire des forces musulmanes

 22   --"

 23   On dit que cela a été partagé à Genève, ou conformément aux provinces qui

 24   ont été décidées, et donc il est nécessaire que le commandement de l'ABiH

 25   soit là où se trouvent en majorité des Unités de l'ABiH, et là, où se

 26   trouvent en majorité des forces du HVO, doivent se trouver les

 27   commandements du HVO.

 28   Mais puisque en raison de la réunion qu'il avait eue avec Silajdzic la


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  1   veille au soir, puisqu'il a changé d'avis de façon manifeste, nous avons sa

  2   réponse où il dit la chose suivante :

  3   "Gojko Susak, je ne peux pas comprendre ce qui fait ici l'objet

  4   controverse, après tous les accords auxquels nous sommes parvenus à Genève,

  5   parce qu'il s'agit de combattre un ennemi commun."

  6   Il continue, en disant :

  7   "Ce n'est pas quelque chose que nous avons déjà obtenu.

  8   "J'étais assis avec vous dans cette même pièce à l'hôtel Esplanade, lorsque

  9   nous avons convenu de cet accord entre nous afin que nous travaillions à

 10   cela.

 11   "Et je ne vois pas ici ce qui prête à controverse, pour ce qui est de

 12   la venue à Gornji Vakuf, et indépendamment du fait qu'il puisse y avoir là-

 13   bas plus ou moins de Croates ou de Musulmans en raison de la situation des

 14   réfugiés, qu'ils y viennent, donc contrôlés par le HVO, qu'ils viennent des

 15   ordres en provenance de Sarajevo et qui seraient contradictoires avec les

 16   ordres venant de Mostar."

 17   Puis il dit :

 18   "Mais alors, vous vous entretuez vous-mêmes. Les Serbes n'ont n'ont

 19   plus du tout besoin de faire la guerre contre vous."

 20   Alors je déclare devant les Juges de façon tout à fait responsable qu'il y

 21   a eu un accord de passé concernant tout cela, mais il est certain qu'on en

 22   a parlé aussi à Genève.

 23   Ces pourparlers de Genève, bien entendu, vont se poursuivre, et c'est à

 24   plusieurs reprises que nous demandons que, L'armée au moins soit placée

 25   sous une ou une autre -- sous une forme ou une autre de contrôle jusqu'à ce

 26   que l'on parvienne à une solution politique, car avec de tels généraux,

 27   comme le général Alagic et d'autres, sans un commandement conjoint et sans

 28   -- Messieurs les Juges, ce n'est pas -- ce qu'on ne demandait ce n'était


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  1   pas que le commandement du HVO soit monolithique d'un point de vue

  2   ethnique. Mais le premier, le numéro 1, qui émettait les ordres aurait dû

  3   être un Croate, et son numéro 2 devait déjà être un Musulman, c'était ça la

  4   notion de commandement conjoint, alors que parallèlement l'armée de Bosnie-

  5   Herzégovine restait organisée comme elle était. Ce n'était que pour

  6   introduire un minimum d'ordre. Il ne s'agissait pas de subordonner une

  7   armée à l'autre. Il s'agissait de pouvoir prendre en compte des problèmes

  8   tels que la politique de gestion du personnel, les mis à pied, les

  9   nominations, de combien de soldats on disposait et ainsi de suite.

 10   Lorsque vous avez deux commandements, on a des unités qui sont l'une

 11   à côté de l'autre, qui se regardent en chien de faïence, on ne sait pas qui

 12   dispose de combien de force. Ce que l'on a c'est une situation de défiance.

 13   Ce qui est ici est proposé c'est une forme classique de

 14   fonctionnement qui est celle par exemple de l'OTAN. Les troupes

 15   britanniques en Irak sont toujours des troupes britanniques. Mais il y a un

 16   commandement qui se place sur la coordination aussi bien des soldats

 17   birmans que polonais que britanniques. Mais l'armée en elle-même conserve

 18   sa pleine et entière intégrité. Il s'agit simplement de savoir qui fait

 19   quoi.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous interromps pour qu'on aille à l'essentiel. 

 21   Vous nous avez donné donc il y a deux pages, le compte rendu de la réunion

 22   fait 55 pages. Moi et mes collègues, on lira les 53 pages qui manquent.

 23   Mais je ne sais pas ce qui s'est dit après. Mais Mate Boban, qui était

 24   présent, n'aurait-il pas pu en présence de M. Vance et M. Owen dire, voilà,

 25   mes militaires ont préparé des ordres aux termes desquels à compter de

 26   demain ou à compter de telle heure, il y aura des re-subordinations des

 27   Unités HVO, ABiH, et nous vous les remettons solennellement, voilà les

 28   ordres qui vont partir dans quelques heures, si tout le monde est d'accord.


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  1   Pourquoi ça n'a pas été fait comme cela ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président Antonetti, c'est ce qui

  3   a été fait. Nous avons préparé cela. M. Izetbegovic a dit : O.K., c'est

  4   cela. Je vais donner cela à Bozo Rajic, pour qu'il le publie. Moi, j'ai

  5   apporté ça à Mostar, et ces trois hommes l'avaient publié la veille, car on

  6   était pressé, on voulait empêcher la suite des conflits.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc si je comprends bien, tous les documents qu'on

  8   a qui sont signés par M. Stojic, par M. Petkovic, et cetera ont été signés

  9   et délivrés en plein accord avec M. Izetbegovic ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement. La seule erreur c'est que c'était

 11   censé être d'abord publié par Bozo Rajic, et Bozo Rajic, en tant que

 12   ministre de la Défense, il l'a publié. Ceci aurait dû être présenté ici

 13   comme pièce à conviction, mais ça n'a pas été fait. Le 20 janvier, M.

 14   Izetbegovic a annulé l'ordre donné par son propre ministre de la Défense,

 15   Bozo Rajic.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors si tout le monde est d'accord, jusqu'à 20

 17   janvier, ça veut dire que ce n'est pas un ultimatum, tout le monde étant

 18   d'accord, il n'y a pas d'ultimatum; est-ce que c'est la conséquence logique

 19   ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, il n'y a pas

 21   d'ultimatum. Un accord n'est pas un ultimatum, c'est un accord qui a été

 22   passé avec le commandant suprême, M. Izetbegovic. Ceci a été publié par son

 23   ministre de la Défense, Bozo Rajic. Pour des raisons que j'ai citées,

 24   probablement en raison des protestations de ces généraux qui refusaient de

 25   le faire, M. Izetbegovic a annulé cela, le 20 janvier 1993, sans aucune

 26   conséquence pour qui que ce soit.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 28   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.


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  1   Q.  Général, lorsque vous veniez de Zagreb, est-ce que vous portiez sur

  2   vous des ordres déjà écrits ou c'était juste le contenu que vous aviez pour

  3   ainsi dire, ce qui avait été convenu ?

  4   R.  Ceci figurait par écrit. Donc l'accord passé là-bas selon les points,

  5   oui, ça existait par écrit, bien sûr.

  6   Q.  C'est justement de ça que je parlais. Donc l'ordre lui-même n'avait pas

  7   été écrit.

  8   Vous avez dit que vous alliez parler de Vakuf un peu plus tard, lors que

  9   vous avez parlé du 15 janvier. Dites maintenant s'il vous plaît, à la

 10   Chambre de première instance à quoi ressemblait la suite de votre séjour

 11   après le 15 janvier 1993 ?

 12   R.  Je suis resté à Mostar, j'y ai passé la nuit. Le lendemain, nous avons

 13   encore eu des discussions pour trouver un accord concernant la situation

 14   qui se passait là-bas. Le 16 au soir, je suis venu à Rama, c'était le 16

 15   janvier 1993. C'est là que j'ai rencontré bien sûr, M. Siljeg qui était le

 16   commandant de cette zone opérationnelle de même qu'avec M. Miro Andric, qui

 17   était l'adjoint de M. Petkovic. Ici, il convient de souligner que le

 18   problème à Vakuf avait commencé bien avant, qu'à plusieurs reprises, il

 19   avait escalé et puis a été calmé ainsi de suite.

 20   Au mois de décembre 1992, l'ABiH avait déjà creusé toutes les positions,

 21   sur toutes les collines autour de la ville de Vakuf, et dans la ville même

 22   de Vakuf. J'ai déjà montré cela sur une carte, et ceci m'a été confirmé par

 23   ce soldat anglais qui était là-bas, à Gornji Vakuf.

 24   Cela dit, et M. Andric et M. Siljeg, suite à mon ordre et requête, au mois

 25   de décembre 1992, se sont rendus à toute une série de réunions avec le

 26   commandement de l'ABiH, à Gornji Vakuf, afin de trouver une solution à ce

 27   problème. Car les lignes face aux Serbes conformément à ce que j'ai montré

 28   sur la carte étaient à 10, 15 kilomètres vers Raducki Kamen, à vol


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  1   d'oiseau. Ils tenaient cette ligne sur un territoire extrêmement limité.

  2   Alors qu'ils avaient deux brigades à Vakuf, ceci a escalé à un tel degré

  3   que le commandant du HVO de Vakuf, Vinko Tokic, qui déposera ici ne pouvait

  4   plus se rendre à son quartier général. Par exemple, il est allé à Rama pour

  5   assister à une réunion, ensuite, il est allé à son quartier général à

  6   Vakuf, et pour ce faire, c'était la FORPRONU qui devait l'escorter. Donc

  7   clairement, la situation était insoutenable du point de vue militaire, car

  8   les routes étaient bloquées, la route principale traversant Vakuf et les

  9   routes marginales. La même chose, enfin il y avait une petite route à

 10   travers Pidris.

 11   Q.  Lorsque vous parlez d'"ils," vous parlez de l'ABiH ?

 12   R.  Oui, l'ABiH avait coupé toutes les routes et lorsque les opportunités

 13   de se parler étaient épuisées, ils pensaient, et ils avaient raison que la

 14   menace était que -- que la menace posée par le fait que l'ABiH avait ainsi

 15   creusé les tranchées faisait que le HVO s'est retrouvé dans une situation

 16   de clair danger militaire et devait lancer une action militaire afin de se

 17   défendre à l'encontre de ce danger, de cette menace. Ceci a été lancé vers

 18   le 11 janvier pour calmer la situation.

 19   Q.  Quand ?

 20   R.  C'était le 16 juin, Je ne vois pas pourquoi il faut répéter. C'était le

 21   16 janvier 1993 au soir, j'ai entendu tout le monde, l'information, les

 22   arguments des officiers du HVO et j'ai demandé un deuxième tour de

 23   discussion avec l'ABiH en présence des officiers anglais de la FORPRONU qui

 24   étaient déployés là-bas et il y a tous les documents qu'on a vu tellement

 25   de fois où l'on demande que A, les tranchées soient comblées, que les

 26   unités de la ville se retirent, et cetera.

 27   Il est clair, sur la base de tout cela, que l'ABiH considérait quel était

 28   en position de pouvoir et il faisait partie de son plan de couper les


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  1   routes vers Bugojno et la Bosnie centrale car ils entravaient le passage à

  2   travers la ville sur toutes les routes; et puisque les discussions

  3   n'avaient pas abouti, ils ont pris la décision de faire en sorte que les

  4   cibles militaires donc je souligne bien seulement les cibles militaires, ce

  5   qu'on appelle dans la terminologie militaire "la défense active," que ces

  6   cibles-là soient déplacées. Moi, je n'étais pas en désaccord avec cela, je

  7   n'avais pas d'arguments pour leur dire de ne pas faire cela. Il n'y avait

  8   aucun argument logique que j'aurais pu leur présenter pour leur contester

  9   un tel droit. Même si je n'étais pas d'accord avec eux.

 10   Mme TOMANOVIC : [interprétation] A la page 86, ligne 17, le général a dit :

 11   "J'étais d'accord avec eux," alors qu'au compte rendu d'audience, il est

 12   écrit : "Je n'étais pas d'accord."

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, je n'avais pas d'argument me

 14   permettant de m'opposer à leur logique tout à fait claire la logique selon

 15   laquelle l'armée de HVO aurait dû être complètement bloquée à Vakuf, avec

 16   le passage vers Bugojno alors que de l'autre côté, il y avait des Chetniks

 17   car l'ABiH avait déjà quitté les lignes en face -- face aux Chetniks.

 18   C'était inadmissible.

 19   Donc les discussions se sont poursuivies, les discussions tripartites entre

 20   l'ABiH, le HVO et les anglais qui ont participé à cela eux aussi. L'action

 21   a commencé. C'était une action purement militaire, et cela faisant j'ai

 22   contacté c'était dès le 18 ou le 19 parce que les délégations qui avaient

 23   été à Zagreb sont rentrées à Genève encore une fois. A ce moment-là, le

 24   général Petkovic est allé à Genève, lui aussi, et bien sûr, je ne pouvais

 25   pas établir le contact avec lui. Je pense que j'ai appelé Susak pour qu'il

 26   me mette en relation avec Boban ou Petkovic, et je ne sais plus avec qui je

 27   parlais, c'était des communications, communiquées que j'ai utilisées pour

 28   leur dire de quoi il s'agissait. Je demandais que les commandants qui


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  1   étaient à Genève, donc le général Petkovic et le général Halilovic, je

  2   pense qu'eux aussi, ils étaient à Genève, à ce moment-là, mais je n'en suis

  3   pas sûr. J'ai demandé que l'on donne des ordres pour que l'on mette fin au

  4   conflit mais j'ai dit qu'il y avait encore d'autres points et qu'il fallait

  5   qu'ils se déplacent de la colline et que l'armée doive partir --

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : On va arrêter là parce qu'il reste que quelques

  7   minutes. Comme c'est un point important et vous allez certainement continué

  8   la semaine prochaine. Puisqu'on est arrivé aux environs du 18 et 19 janvier

  9   1993, comme vous témoignez en fonction du calendrier, donc on aura

 10   l'occasion de revenir sur cette question la semaine prochaine.

 11   Grosso modo, il doit vous rester une dizaine d'heures mais je n'ai pas le

 12   décompte officiel à vous donner. Mais si jamais il faudrait continuer

 13   l'autre semaine, bien, si pourquoi pas, si vous n'avez pas terminé la

 14   semaine prochaine. Mais, en tout cas, nous tablons sur les 36 heures qui

 15   vous ont été allouées, et là, jusqu'à présent, vous en avez utilisées 26

 16   heures, donc il vous reste une dizaine d'heures. Voilà.

 17   Donc nous nous retrouverons lundi à 14 heures 15. Je vous remercie.

 18   --- L'audience est levée à 13 heures 44 et reprendra le lundi 25 mai 2009,

 19   à 14 heures 15.

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