Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 17 août 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Coric est absent]

  5   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  6   --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  8   l'affaire, s'il vous plaît.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 10   Messieurs les Juges. Bonjour à tous.

 11   Il s'agit de l'affaire IT-04-74-T, l'Accusation contre Prlic et consorts.

 12   Je vous remercie.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 14   En ce lundi, 17 août 2009, jour de reprise de nos audiences, je salue en

 15   premier M. Praljak. Je salue M. Prlic, M. Stojic, M. Petkovic et M. Pusic.

 16   Je n'oublie pas également d'associer dans ces salutations M. Coric qui est

 17   momentanément absent. Je salue Mmes et MM. les avocats qui sont présents en

 18   majorité. Je salue également les représentants éminents de l'Accusation qui

 19   sont présents, M. Stringer et M. Scott, ainsi que leurs collaborateurs et

 20   collaboratrices, et je n'oublie pas d'associer toutes les personnes qui

 21   nous assistent quotidiennement, à savoir M. le Greffier, M. l'Huissier

 22   ainsi que les interprètes.

 23   Je vais demander à M. le Greffier de passer pendant quelques instants à

 24   huis clos.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

 26   partiel.

 27   [Audience à huis clos partiel]

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 23   [Audience publique]

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 25   En audience publique, je salue à nouveau M. Stringer qui va avoir la

 26   charge de continuer le contre-interrogatoire. Je remercie également

 27   l'Accusation de nous avoir fourni un document où les différents sujets vont

 28   être abordés. Et ce document a été porté à la connaissance de tout le


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  1   monde, puisqu'il a été enregistré. C'est un document du 10 août. Tout le

  2   monde a eu ce document, et ça nous permettra donc de mieux suivre le

  3   contre-interrogatoire.

  4   Monsieur Stringer, je vous donne la parole.

  5   LE TÉMOIN : SLOBODAN PRALJAK [Reprise]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

  8   Président. Bon après-midi à tous dans ce prétoire.

  9   Avant de commencer, j'aimerais présenter Mme Amarys Preuss, qui a

 10   rejoint le bureau du Procureur très récemment. Elle est une stagiaire. Elle

 11   vient de France. Elle étudie à l'heure actuelle en Provence, et elle nous

 12   aidera très certainement dans les mois qui vont venir.

 13   Contre-interrogatoire par M. Stringer : [Suite]

 14   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Praljak.

 15   R.  Bonjour, Monsieur Stringer.

 16   Q.  Général, lorsque nous nous sommes quittés le mois dernier, nous

 17   parlions de documents qui portaient sur l'entreprise criminelle commune à

 18   laquelle il est fait référence dans l'acte d'accusation. Afin de permettre

 19   d'aborder certains problèmes -- je ne pense pas que vous ayez besoin de

 20   revenir au document, on en a parlé déjà. Il s'agit d'un compte rendu

 21   présidentiel, P 00089. Il s'agit d'un compte rendu portant sur une

 22   conversation qui a eu lieu le 27 décembre 1991, conversation à laquelle

 23   vous n'avez pas assisté. Je vais vous poser des questions à ce propos.

 24   D'ailleurs, avec l'aide de certains, nous pourrions peut-être l'avoir sur

 25   le prétoire électronique, donc on va parler de la page 98.

 26   Donc à la page 98 de ce compte rendu présidentiel, on voit que le président

 27   Tudjman prend la parole. Voici ce qu'il dit, je cite. Je vais d'abord vous

 28   le lire, ensuite je reprendrai mon contre-interrogatoire. Donc il dit, je


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  1   cite :

  2   "Dans l'histoire, on a bien vu que la Bosnie-Herzégovine ne représente pas

  3   une solution pour le peuple croate.

  4   "Tout d'abord, Messieurs, il ne faut pas oublier que la Bosnie a été créée

  5   sur la base de conquêtes coloniales d'une puissance asiatique au détriment

  6   du peuple croate et des territoires croates, et ce, entre les XVe et XVIIIe

  7   siècle.

  8   "Toute création coloniale dans toute l'histoire ont échoué, que soit en

  9   Afrique comme en Asie. La Bosnie-Herzégovine n'a pas existé entre les deux

 10   guerres mondiales. Les communistes l'ont inventée, l'ont remise sur la

 11   carte après la Deuxième Guerre mondiale, ont même déclaré que les Musulmans

 12   étaient une nation afin, soi-disant, de résoudre les différends existants

 13   entre les Serbes et les Croates.

 14   "Y sont-ils arrivés ? Non, au contraire. Donc la Bosnie-Herzégovine ne doit

 15   pas être considérée comme étant quelque chose qui a été donné par Dieu et

 16   qui doit être préservé. Nous ne devons pas oublier qu'elle est néfaste. Du

 17   fait de la création de la Bosnie-Herzégovine, la Croatie s'est retrouvée

 18   dans une situation impossible en ce qui concerne son territoire, en ce qui

 19   concerne l'administration et la défense. Nous ne pouvons pas établir une

 20   Croatie indépendante dans l'état actuel."

 21   Donc, Général, si on prend les mots du général Tudjman en se mettant en

 22   tête, j'aimerais que vous repreniez les documents que nous avons vus avant

 23   la pause pour que vous ayez les documents en version originale, il s'agit

 24   de la pièce 1D00401. Il s'agit d'un passage d'un livre écrit par le

 25   président Tudjman en 1991.

 26   Je vois que vous cherchez la version originale. C'est bien

 27   cela ? Vous aviez le livre avec vous, c'est ça ?

 28   R.  Oui, mais le livre n'est pas daté de 1991. Ces textes ont été créés dix


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  1   ou 15 ans avant. Vous avez l'édition de 1991, parce que c'est ce qui a été

  2   traduit à l'époque en langue anglaise.

  3   Q.  Très bien. Je lis ce qui se trouve sur la pièce de la Défense, mais

  4   j'accepte ce que vous venez de nous dire à ce propos.

  5   Maintenant j'aimerais attirer votre attention sur la page 112 de la version

  6   en anglais. Je crois qu'en croate cela correspondra à la page 103.

  7   Veuillez, s'il vous plaît, vous tournez à la page 103 pour voir si les

  8   pages correspondent bien, parce que je n'ai pas exactement -- nous n'avons

  9   pas les mêmes versions au départ.

 10   Maintenant je vais donner lecture du bas de la page 112 de la version en

 11   anglais, et j'espère que vous arriverez à me suivre. Surtout faites-moi

 12   signe si vous n'y arriverez pas.

 13   Tudjman écrit, je cite :

 14   "On pourrait donner plusieurs raisons en faveur de la décision d'unir la

 15   Vojvodine à la Serbie."

 16   Avez-vous vu cette phrase ? L'avez-vous retrouvée ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  "Ces deux régions avaient des liens culturels et économiques,

 19   nationaux, historiques très étroits et leur union était aussi dans

 20   l'intérêt de la communauté étatique en tant que tout. L'établissement de

 21   frontières pour la Vojvodine et Serbie est une question tout à fait

 22   différente qui sera discutée plus tard. Néanmoins, il y a un grand nombre

 23   d'indications qui semblent dire que les mêmes critères logiques n'ont pas

 24   été appliqués en ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine. En effet, selon la

 25   même référence, on aurait dû en faire une partie de l'unité fédérale

 26   croate."

 27   Ensuite il aborde le fait que la Bosnie-Herzégovine a été établie avec des

 28   frontières qui avaient été dessinées lors de l'occupation turque. Et il


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  1   déclare :

  2   "Une grande partie de la Croatie avait été incorporée au sein de la Bosnie

  3   par les Turcs. De plus, la Bosnie-Herzégovine avait un lien historique avec

  4   la Croatie et comprenait ensemble une entité économique et géographique

  5   indivisible. La Bosnie-Herzégovine occupe la partie centrale de ce tout,

  6   séparant la Croatie du sud (la Dalmatie) de la Croatie du nord (la

  7   Pannonie). La création d'une Bosnie-Herzégovine séparée rend la position

  8   géographique et territoriale de la Croatie extrêmement non naturelle, et

  9   ce, à la fois de façon économique et de façon politique. Cela rend un

 10   développement très difficile et, dans le sens administratif plus étroit,

 11   cela donne une condition tout à fait handicapante."

 12   Donc ces mots écrits par le président Tudjman pratiquement 20 ans avant le

 13   conflit en 1993, si on doit vous prendre aux mots, sont finalement

 14   exactement la même chose que ce qu'il a dit lors de la réunion qui a eu

 15   lieu en 1991. Donc il n'avait pas changé d'avis en ce qui concerne la

 16   relation entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Etes-vous d'accord avec

 17   moi sur ce point ?

 18   R.  Je ne suis pas d'accord avec vous, pas le moindre du monde. Vous avez

 19   lu à tort et à travers tout ce qui est écrit ici.

 20   Certes, quand on lit des extraits de livres de ce genre, c'est une

 21   entreprise impossible.

 22   Le président Tudjman, en 1969-1970, lorsqu'il a été convoqué à un

 23   congres en Slovaquie, a présenté des textes qu'il avait rédigés depuis

 24   toujours, à savoir quel était le sort des petites nations pour ce qui est

 25   des grandes idées, et notamment lorsque ces grandes idées c'est l'Empire

 26   russe, le Panslavisme, l'Autriche-Hongrie ou alors qu'il s'agisse d'une

 27   pensée expansionniste germanique, qu'il s'agisse de conquête turque ou

 28   autre chose. De ce point de vue-là, il défend des idées politiques


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  1   cristalement claires et nettes pour ce qui est de deux aspects notamment.

  2   Q.  Je suis désolé, mais voici ma question : j'ai l'impression que

  3   les mots du président Tudjman, tels qu'ils sont écrits dans le livre dont

  4   je viens de donner lecture, sont entrés absolument en ligne avec ce qu'il a

  5   dit lors de la réunion en décembre à propos de la Bosnie-Herzégovine. En

  6   1991, il a dit il sera toujours montré que la Bosnie-Herzégovine ne

  7   représente pas une solution pour le peuple croate. Il fait référence

  8   ensuite aux frontières historiques qui ont été établies pendant l'Empire

  9   ottoman, et cetera, et cetera, donc il reprend pratiquement les mêmes idées

 10   que ce qu'il a écrit dans son livre 20 ans plus tôt ?

 11   R.  Non. La Bosnie-Herzégovine, telle que créée et telle que pensée

 12   du point de vue politique, qu'il s'agisse de la pensée politique serbe ou

 13   musulmane, ce n'est pas une solution pour le peuple croate, et les données

 14   statistiques parlent de la disparition de la population croate pendant des

 15   décennies ou des centaines d'années. Il est juste de tirer une conclusion

 16   sur le plan historique, à savoir que la population croate disparaît

 17   rapidement de ces territoires de Bosnie-Herzégovine. C'est clair sur le

 18   plan politique, c'est tout à fait correct du point de vue historique, et

 19   cela ne signifie pas autre chose que constater des vérités historiques sans

 20   avoir des aspirations territoriales. Il parle en tant qu'historien.

 21   Q.  Non, je pense que vous n'avez pas très bien compris ma question,

 22   Monsieur Praljak. Je voulais savoir si vous êtes d'accord avec moi pour

 23   dire que les opinions du président Tudjman, telles qu'elles sont

 24   représentées dans ce livre, sont absolument identiques ou pratiquement

 25   identiques à celles qu'il exprimait en 1991. J'ai l'impression qu'il n'a

 26   pas du tout changé d'avis, qu'il est toujours de la même opinion.

 27   Pourrions-nous être d'accord sur ce point ?

 28   R.  Non, nous ne parlons pas de deux choses identiques. Le président


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  1   Tudjman, dans cette partie que vous avez citée à l'instant, a de façon

  2   précise indiqué de quelle façon on avait résolu le problème national

  3   ethnique en ex-Yougoslavie, soit par le traité de Versailles ou voire

  4   encore par les conquêtes de la soldatesque serbe suite à leur victoire

  5   pendant la Première Guerre mondiale, et non seulement au détriment des

  6   Croates mais aussi au détriment des Hongrois qui sont restés un demi

  7   million dans la région du Banat, ou des Volksdeutschers qui ont vécu en

  8   Vojvodine, et ils n'avaient pas le droit de repasser en Vojvodine alors

  9   qu'elle était sous l'Empire austro-hongrois auparavant.

 10   On a arraché une grande partie du territoire, mais écoutez, si vous voulez

 11   une réponse, je vais vous la donner la réponse. Ici dans ce texte, il parle

 12   d'histoire. Or, ici il dit que le fait est que la population croate va

 13   disparaître en Bosnie-Herzégovine si celle-ci venait à être créée telle

 14   qu'elle a été créée à présent, et c'est une vérité.

 15   Q.  Je vous ai demandé si l'opinion était identique. Vous n'étiez pas

 16   d'accord avec moi. Vous avez dit "non," donc je note et nous allons passer

 17   à autre chose.

 18   M. STRINGER : [interprétation] Maintenant, s'il vous plaît, Monsieur le

 19   Président, j'aimerais que nous reprenions les vidéos que nous avions

 20   essayées de voir dans le prétoire numéro I, juste avant la pause.

 21   Q.  Donc plusieurs interviews que vous avez données à la BBC, Monsieur le

 22   Général Praljak, lorsqu'il faisait le documentaire, "La mort de la

 23   Yougoslavie," il s'agit de vidéos, nous allons les passer à l'écran.

 24   Peut-être pourriez-vous plutôt regarder l'écran devant vous, et je pense

 25   que vous arriverez aussi à suivre.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 28   "Nous allons revenir sur ce sujet plus tard, mais j'aimerais qu'on parle du


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  1   problème d'un côté de communication sur le plan de la coopération politique

  2   et militaire avec Izetbegovic et l'armée musulmane. D'autre part, le

  3   commandement à Zagreb vous a apporté son soutien. Alors est-ce que vous

  4   pouvez nous donner le récit ? Une réunion spécifique, des réactions, un

  5   récit en somme ?

  6   Écoutez, les réunions, elles ont été très nombreuses. Le soutien consistait

  7   à voir d'abord quelles étaient les intentions en présence, ils étaient très

  8   préoccupés par le fait de voir qu'avant la guerre on était alliés

  9   militaires, et les options pour ce qui est de l'aménagement du territoire

 10   étaient tout à fait à l'opposé. Ils étaient plus proches de la vision des

 11   Serbes que des Musulmans. Soit nous allions procéder à une modification de

 12   la constitution pour avoir une égalité en droit, soit on allait faire une

 13   sécession. Quand vous avez de la défiance, vous ne pouvez pas tout

 14   simplement --"

 15   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 16   M. STRINGER : [interprétation]

 17   Q.  Général, avant de passer à la vidéo suivante, j'ai une question à vous

 18   poser. Nous avons vu les opinions qui étaient exprimées par le président

 19   Tudjman, à la fois dans son livre et le compte rendu de la réunion

 20   présidentielle. Maintenant, j'aimerais vous demander votre opinion et vos

 21   objectifs en ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, ce que vous y avez

 22   fait.

 23   Vous dites ici :

 24   "Pour être honnête, l'option politique des Serbes en ce qui concerne la

 25   Bosnie-Herzégovine était plus proche de celle des Croates que celle des

 26   Musulmans."

 27   Voici ce que je vous affirme, j'ai l'impression que vous nous dites que

 28   l'option des Serbes qui était la séparation, l'établissement de territoires


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  1   ethniques autonomes, était plus proche de l'option et de l'alternative des

  2   Croates, telles que vous, et que ceci faisait partie peut-être d'un plan

  3   pour essayer d'avoir une Grande-Serbie d'un côté et d'une Grande-Croatie de

  4   l'autre côté. Est-ce que c'est ça que vous êtes en train de nous dire quand

  5   vous dites que votre alternative était plus proche de l'alternative des

  6   Serbes que d'autres ?

  7   R.  Non. Enfin, je ne peux pas tomber d'accord sur le fait d'affirmer que

  8   les deux textes qu'on a vus, où M. Tudjman est en train de parler de deux

  9   choses, comme vous le dites. Je dis que cela n'est pas du tout cela. Ici,

 10   il ne s'agit pas d'une séparation ethnique au sein de la Bosnie-

 11   Herzégovine. De votre acte d'accusation découle le fait qu'il y a eu un

 12   nettoyage ethnique, mais il s'agit d'entretiens au parlement de la Bosnie-

 13   Herzégovine au tout début, avant la guerre, parce que les Serbes ne

 14   parlaient en public de ce qu'ils préparaient. Ce qu'ils préparaient est une

 15   autre chose mais on parle des options publiques, et ils parlaient de la

 16   Bosnie-Herzégovine aménagée de façon à devenir une communauté de trois

 17   peuples constitutifs sur pied d'égalité. La pierre d'achoppement entre

 18   Izetbegovic et Karadzic, c'était le fait de voir Izetbegovic depuis lors,

 19   et par la suite affirmer que la Bosnie-Herzégovine devait être un Etat

 20   civil avec un vote, un homme, une voix, ce sont -- permettez-moi de vous le

 21   dire, ce sont des questions qui sont de l'unitarisme qui ne procèdent pas à

 22   la protection des intérêts ethniques, soit on dit ce sera un Etat civil ou

 23   une guerre civile, d'ailleurs la guerre civile est venue par la suite. Ce

 24   que je vous affirme maintenant est ce que j'ai affirmé à l'époque, c'est

 25   que de ce point de vue-là sans élargir le sujet sur les niveaux ethniques

 26   qu'il s'agissait d'émettre sur une Bosnie-Herzégovine tel que cela avait

 27   été proposé par les négociateurs internationaux, à commencer par Cutileiro

 28   et en enchaînant avec les autres.


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  1   Q.  Je vous posais une question à propos de vos propres propos, Monsieur

  2   Praljak, lorsque vous avez dit que votre option ou l'option croate était

  3   plus proche de ce que voulaient les Serbes. Ce qui nous amène à la question

  4   suivante, vous avez dit ensuite.

  5   "L'unicité était totalement hors de propos," vous l'avez dit à plusieurs

  6   reprises d'ailleurs. Vous rejetez le modèle d'un Etat unitaire pour la

  7   Bosnie-Herzégovine, ce modèle d'un homme, une voix, et tous ceux qui

  8   étaient de votre côté, tout comme les Serbes d'ailleurs, voulaient

  9   l'établissement d'une unité autonome, d'un espace autonome séparé pour les

 10   Croates en Bosnie-Herzégovine. C'est ce que vous dites lorsque vous dites

 11   "qu'il n'est pas question d'unicité" ?

 12   R.  Je n'ai jamais dit que l'unité était hors de question. L'unité c'est

 13   une toute autre notion que l'existence d'un Etat unitaire qui n'est pas la

 14   meilleure solution pour trois peuples puisque l'un d'entre eux -- Dans ses

 15   livres, Tudjman le démontre tout à fait clairement, l'un d'entre eux finira

 16   par disparaître.

 17   Q.  Excusez-moi de vous avoir interrompu. Je vous pose des questions

 18   maintenant concernant votre point de vue. Vous avez parlé du point de vue

 19   du président Tudjman, vous en avez beaucoup parlé dans ce procès, mais ici

 20   vous êtes témoin, et je voudrais qu'on connaisse votre point de vue.

 21   Lorsque Slobodan Praljak dit à la BBC qu'il y a cette unicité qui était

 22   hors de question, je vous pose la question, Monsieur le Témoin, de savoir

 23   ce que ça veut dire, est-ce que ça veut dire que vous rejetez le système de

 24   l'Etat unitaire de la Bosnie-Herzégovine et que vous préconisez à la place

 25   une séparation basée sur l'autonomie, un territoire pour des personnes

 26   différentes. N'est-ce pas vrai ?

 27   R.  C'est exact, à l'époque je défendais cette position, et je la défends

 28   toujours. Je pense qu'en Bosnie-Herzégovine cela est une catastrophe qui a


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  1   été mise sur pied parce qu'un peuple qui a commis un grand nettoyage

  2   ethnique s'est vu conférer une république, et les deux autres peuples se

  3   sont retrouvés entassés et les Croates disparaissent sur le plan

  4   démographique, et tout un chacun peut anticiper leur disparition. De

  5   manière tout à fait claire et limpide, je défends la position suivante, la

  6   Bosnie-Herzégovine aurait dû être conçue et organisée d'emblée comme la

  7   Suisse s'est organisée. La Suisse, Monsieur le Juge Trechsel, ne m'en

  8   voudra pas, je ne pense pas qu'en aucun jour on peut aboutir à un même

  9   stade que le niveau d'organisation de la Suisse, mais ça aurait dû être le

 10   modèle qui aurait dû être suivi pour la Bosnie-Herzégovine.

 11   Malheureusement, ce n'est pas ce qui s'est produit, et malgré la médiation

 12   de la communauté internationale, ce qui a été fait est malheureusement

 13   quelque chose qui a créé un Etat qui n'est pas viable. Je maintiens ce que

 14   j'avais dit.

 15   M. STRINGER : [interprétation] Passons maintenant au prochain extrait, la

 16   séquence vidéo suivante.

 17   [Diffusion de la cassette vidéo]

 18   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 19   "A ce moment-là, la question-clé qui se posait est de savoir quel sera cet

 20   Etat que nous aurons à partir du moment où nous aurons vaincu dans cette

 21   guerre. Nous ne voulions pas faire d'abord la guerre et l'accord par la

 22   suite. Nous voulions d'abord savoir pourquoi nous combattions, il y a là

 23   cette question de sincérité ou de manque de sincérité. Cette option qui est

 24   tout à fait claire, si nous ne pouvons pas parvenir à un accord sur le plan

 25   constitutionnel, si vous souhaitez que nous soyons des citoyens de deuxième

 26   ordre, à ce moment-là nous sommes prêts à opérer une sécession."

 27   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. STRINGER : [interprétation]


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  1   Q.  Bien, c'est l'étape suivante. Vous avez dans une certaine mesure

  2   été d'accord avec moi -- enfin vous avez indiqué quel était votre point de

  3   vue et comment la Bosnie-Herzégovine devait être configurée de façon

  4   interne, et ici vous indiquez, je vous pose la question que vous, le HVO,

  5   votre co-accusé, le président Tudjman, Gojko Susak, étaient prêts à exercer

  6   une option militaire de façon à créer cette espace vital croate distinct,

  7   ce côté séparé, parce que comme vous l'avez dit, l'unicité ou l'unité était

  8   hors de question, de sorte qu'une sécession militaire, comme vous l'avez

  9   dit ici, c'était vraiment ce que la guerre avec l'ABiH concernait, n'est-ce

 10   pas vrai ? 

 11   R.  Nous sommes d'accord sur très peu de choses et même sur les points sur

 12   lesquels vous prétendez que nous sommes d'accord, nous ne sommes pas

 13   d'accord. Monsieur le Procureur, nous ne sommes d'accord sur rien. Soit

 14   vous ne souhaitez pas comprendre le problème, soit bien entendu dans le

 15   cadre des tests de votre acte d'accusation vous essayez de favoriser telle

 16   ou telle position. Je ne suis pas d'accord avec vous, et je ne suis pas

 17   d'accord avec votre interprétation de cette partie-là des choses.

 18   Ce que je dis là c'est suite à mon entretien avec Izetbegovic à Mostar en

 19   1992. J'en ai déjà parlé. J'ai eu cet entretien avec lui --

 20   Q.  Et cette interview a eu lieu après la guerre ?

 21   R.  Non. L'entretien, mais le sujet de mes mots, je reprends cette

 22   conversation que j'ai eue avec M. Izetbegovic en 1992 et qui portait sur la

 23   question qui était de savoir si la Bosnie-Herzégovine devait être unitaire.

 24   D'une manière métaphorique, je dis que M. Izetbegovic dans le cadre de ses

 25   options politiques, à partir d'un combat commun entre l'ABiH et le HVO, il

 26   faisait part de sa thèse qu'il réitérait disant qu'il nous fallait

 27   combattre les Serbes, et puis à partir du moment où nous les aurons

 28   vaincus, même si je ne savais pas comment on allait les vaincre, et M.


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  1   Izetbegovic le savait encore moins que moi puisqu'il n'arrêtait pas de

  2   négocier, à partir de ce moment-là nous verrons comment aménager cet Etat.

  3   Je lui ai demandé puisque -- c'est écrit d'ailleurs ici mais vous n'avez

  4   pas pris cet extrait --

  5   Q.  Excusez-moi, Général, je sais que vous nous avez déjà parlé de cette

  6   discussion avec M. Izetbegovic de sorte que je vais essayer de -- je vous

  7   interromps pour que nous puissions aller un peu plus vite.

  8   Ce que vous avez dit dans l'interview ici, pour l'essentiel c'était

  9   une question fondamentale. Izetbegovic voulait combattre d'abord et se

 10   mettre d'accord plus tard sur un cadre et les autres voulaient d'abord

 11   qu'on se mette d'accord sur un cadre, et ensuite combattre sur cette base.

 12   Est-ce que j'ai bien compris votre déposition sur ce point ?

 13   R.  Si c'est exact. J'ai demandé que -- j'ai dit que la mort est

 14   quelque chose de trop difficile, qu'il faut d'abord voir quel est le plan,

 15   se mettre d'accord et après aller le réaliser. Ici il n'est pas question de

 16   sécession d'une partie de la Bosnie-Herzégovine pour opérer une annexion ou

 17   rattachement à la Croatie, mais que j'avais anticipé qu'il allait y avoir

 18   un conflit parce que nous n'allions nous soumettre à personne comme nous

 19   l'avons toujours été par le passé.

 20   Q.  Et le fait est qu'aucun accord avec Izetbegovic ou avec le gouvernement

 21   de Sarajevo n'a jamais été conclu avant ça, n'est-ce

 22   pas ? Répondez-moi par "oui ou par non," s'il vous plaît.

 23   R.  Malheureusement, quant à l'accord avec Izetbegovic, et c'est ce que

 24   j'affirme ici et vous avez pu le voir, vous avez vu comment il a toujours

 25   cherché à tromper et comment il a menti toujours. Il a accepté une forme

 26   d'accord -- attendez, attendez, permettez-moi au moins de terminer une

 27   partie des choses. Vous ne pouvez pas ramener tout à un oui ou un non. Ce

 28   n'est pas dans une situation binaire. Monsieur, si vous voulez que je vous


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  1   rapporte une réponse, j'essaie de vous répondre par une réponse brève.

  2   Au départ, il ne voulait pas de plan, Izetbegovic --

  3   Q.  Ce n'est pas la question que je vous pose, Général. Je vous ai demandé

  4   s'il y avait accord ou non. Il n'y en avait pas et nous savons tous qu'il

  5   n'y en avait pas.

  6   R.  Quel moment, quand ? Il y a eu un accord en 1993, plan Vance-Owen, puis

  7   ils se sont retirés, puis il y a eu un accord --

  8   Q.  Excusez-moi, Mon Général, mais nous parlerons de Vance plus tard, le

  9   fait que ça n'a jamais été réalisé, parce que les trois parties ne l'ont

 10   jamais accepté et ceci n'est jamais devenu opérationnel en tant

 11   qu'instrument international ou en tant que traité international.

 12   Ce que je vous dis, et vous êtes libre de ne pas être d'accord avec

 13   moi et il est probable que vous ne le serez pas, mais ce que je vous dis,

 14   Général, c'est que lorsque vous faites cette déclaration ici dans cette

 15   interview, à savoir que nous ne pouvons pas être d'accord : "En ce qui

 16   concerne la constitution, si vous voulez que nous soyons des citoyens de

 17   deuxième classe, alors nous sommes prêts à faire sécession du point de vue

 18   militaire", vous avez dit cela à la personne qui vous a interviewé à la

 19   BBC, en tant que déclaration d'Izetbegovic. Ce que je vous dis, c'est que

 20   est-ce que la guerre avec l'ABiH, certainement dans le secteur d'Herceg-

 21   Bosna, concernait précisément ceci, à savoir l'objectif du HVO d'imposer

 22   une vision d'un espace vital distinct, séparé au sein de la Bosnie-

 23   Herzégovine, de son territoire. C'était finalement ce que visait cette

 24   guerre, n'est-ce pas vrai ?

 25   R.  Vous employez un terme étrange, "l'espace vital." En allemand, les

 26   connotations sont très négatives, "lebensraum." Donc je ne saurai pas

 27   accepter cela. Nous ne cherchions pas dans ce sens-là un espace vital. Nous

 28   cherchions précisément ce que je suis en train d'affirmer : Ne pas être des


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  1   citoyens de seconde zone dans l'état que nous sommes en train de créer. Si

  2   quelqu'un cherche à nous assujettir comme a souhaité à le faire les Serbes

  3   et l'armée de Bosnie-Herzégovine, les deux, à ce moment-là, nous nous

  4   battrons.

  5   Je le regrette et je vous le dirais, je regrette qu'on ait créé la

  6   Bosnie-Herzégovine que nous avons aujourd'hui à Washington et je n'aurais

  7   pas signé. Tout simplement, on nous a forcés. Les puissances qui ont

  8   toujours dirigé notre dessein, nous a forcés à signer quelque chose qui est

  9   injuste, qui n'a rien à voir avec le sens commun.

 10   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi. Je voudrais faire une

 11   petite correction au compte rendu. Puisqu'il s'agit d'un terme allemand, je

 12   ne sais pas si quelqu'un sera d'accord. Le terme est "lebensraum", "raum",

 13   et non pas "traum," ce qui serait possible mais qui veut dire quelque chose

 14   de tout à fait différent. C'est "lebensraum," "r-a-u-m." La référence que

 15   vous avez faite, Monsieur Praljak, du point de vue politique c'est "volk

 16   ohne raum." C'est une des phrases-clés employées par les Nazis. Seriez-vous

 17   d'accord avec cela ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. M. le Procureur a employé ce terme. Il a

 19   dit que les Croates recherchaient un "lebensraum," c'est-à-dire cet espace

 20   vital. Mais c'est une accusation très lourde, et ce n'est pas exact.

 21   L'exact, c'est ce que je suis en train de dire. Je maintiens entièrement ce

 22   que j'ai dit, et je rejette uniquement les différentes interprétations. Ne

 23   pas être un citoyen de seconde zone, c'est ça qui est l'essentiel dans son

 24   propre état. Le droit à l'égalité, c'est un droit à l'équité, c'était ça la

 25   position que j'ai défendue. Puis hélas, autre chose s'est produite.

 26   M. STRINGER : [interprétation]

 27   Q.  Et il y a eu des dépositions dans le présent procès d'un certain nombre

 28   de témoins, je pense que vous avez parlé de cela également, qu'avec le


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  1   temps, du point de vue démographique, le pourcentage ou la proportion ou la

  2   population croate en Bosnie-Herzégovine était en diminution et que c'est

  3   pour cette raison que le système unitaire ou un vote par personne pour vous

  4   ne pouvait pas fonctionner pour la Bosnie-Herzégovine, parce que les

  5   Croates ou le peuple croate serait toujours mis en minorité dans un tel

  6   système; est-ce exact en supposant que les personnes pourraient toujours

  7   voter selon des critères ethniques, bien entendu ?

  8   R.  Oui, mais il y a des intérêts nationaux sur le plan économique et

  9   autre. L'Empire ottoman, l'Autriche, l'Italie, nous avons plein d'empires

 10   et d'entités, et le résultat en est que nous avons une diaspora qui est

 11   quasiment plus grande que n'ait le nombre de personnes vivant sur le

 12   territoire initial, la Croatie, donc aux Etats-Unis et ailleurs. La

 13   population croate s'est réduite depuis le traité qui a été signé depuis la

 14   fin de la guerre, tout simplement parce que vous avez des lois naturelles,

 15   certaines lois naturelles qui s'imposent dans une société et les paroles en

 16   l'air et les belles conférences organisées par des gens qui souhaitent

 17   ignorer l'histoire imposent des solutions qui peuvent entraîner un peuple

 18   dans une situation catastrophique, et c'est ce qui est arrivé aux Croates

 19   de Bosnie-Herzégovine.

 20   Q.  Le 29 juin, voici ce que vous avez dit concernant les objectifs ou les

 21   aspirations que vous suiviez. Vous disiez :

 22   "Nous espérions --"

 23   Et ceci est à la page 42 159 du compte rendu, ligne 22 :

 24   "Nous espérions tout le temps que les dirigeants comprendraient enfin que

 25   les Croates en Bosnie-Herzégovine voulaient seulement une chose, c'était

 26   l'autonomie dans la région qui aurait pu constituer 17 à 18 % du territoire

 27   de la Bosnie-Herzégovine, une région dans laquelle il aurait eu une

 28   majorité absolue ou relative égale à toutes les autres. C'était tout, rien


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  1   d'autre, seulement cela. Il y avait également certains liens du point de

  2   vue humain."

  3   Est-ce que vous vous rappelez cette déposition ? Voulez-vous que je vous la

  4   lise à nouveau ?

  5   R.  Je me souviens de ma déclaration et certains documents viennent à

  6   l'appui, des entretiens avec la délégation française à Zagreb. Nous

  7   n'arrêtions pas de répéter cela à l'infini. C'était notre exigence

  8   naturelle. Rien n'a changé entre-temps, si ce n'est que nous ne sommes plus

  9   à raison de 18, 19 %. En fait ce n'est même pas exact, parce qu'il y a

 10   beaucoup de Croates d'Allemagne ou autres qui ne sont pas venus à ces

 11   recensements. Donc on le prend pour l'argent comptant, mais ce n'est pas

 12   exact.

 13   Q.  Donc au sein de cette région autonome où des Croates allaient avoir une

 14   majorité absolue ou relative, ceci était envisagé, parce que du point de

 15   vue de leur majorité en termes de population, les Croates auraient été

 16   autonomes pour ce qui est de l'autonomie de gouvernement ? Ils pouvaient

 17   gouverner ce territoire également, n'est-ce pas ?

 18   R.  Monsieur, il ne s'agit pas de Croates sur ce territoire. En fin de

 19   compte, c'est depuis Cutileiro qu'on en parle. La règle qui s'appliquerait,

 20   c'est la règle d'une démocratie de citoyen. Donc la seule chose c'est que

 21   dans ce cas-là, la protection des autres populations sur le même

 22   territoire, ça devrait être identique à la protection des Croates qui se

 23   retrouvent ailleurs à l'extérieur de ce territoire. C'est ainsi qu'on peut

 24   protéger les citoyens et on peut avoir une gouvernance raisonnable, mais la

 25   manière dont a procédé, ce n'est simplement pas exact. Cet état n'est pas

 26   viable tel qu'il est aujourd'hui.

 27   Q.  Ainsi ce que vous vouliez, c'était un territoire autonome au sein de la

 28   Bosnie-Herzégovine où les Croates pouvaient avoir une majorité absolue ou


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  1   relative, mais où il y aurait la protection de minorités qui vivaient

  2   également dans ce territoire; c'est bien ça que vous dites ?

  3   R.  Non, il ne s'agit pas de minorités, il s'agit de citoyens placés sur un

  4   pied d'égalité. Ce ne sont pas des minorités. Vous ne pouvez pas avoir

  5   trois peuples constitutifs en l'espace d'un Etat et en faire en même temps

  6   des minorités nationales. Soyons sérieux. Donc l'Etat, il aurait fallu

  7   l'aménager conformément à ce qui était prévu par les facteurs

  8   internationaux en fin de compte, à savoir soit des cantons, soit d'autres

  9   entités, je ne sais pas, des républiques, peu importe le nom. Mais comment

 10   protégerait-on les intérêts nationaux de chacun des peuples, c'était ça

 11   l'important.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander à la

 13   Chambre d'intervenir, parce que j'essaie d'obtenir des réponses du général,

 14   je pense que j'ai le droit d'avoir ceci, et il perd son temps en allant

 15   bien au-delà de ce que je lui demande. Donc je voudrais demander à la

 16   Chambre de première instance d'intervenir.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, le Procureur vous pose des

 18   questions difficiles, mais qui sont essentielles. Alors si vous n'êtes pas

 19   d'accord avec la question qui vous pose, vous dites : Je ne suis pas

 20   d'accord. A ce moment-là, s'il veut que vous complétiez votre réponse, il

 21   va vous dire : Pourquoi, et à ce moment-là vous développez, parce que le

 22   Procureur a du temps, donc il veut l'utiliser à bon escient son temps.

 23   Quand il sent que vous ne répondez pas exactement à ce qu'il veut, il

 24   essaie à nouveau de vous recaler sur sa question et, en désespoir de cause,

 25   il s'adresse à la Chambre pour vous dire : Voilà le problème. Alors comme

 26   vous êtes dans la phase du contre-interrogatoire, vous dites : "Je suis

 27   d'accord" ou "Je ne suis pas d'accord" ou "je ne sais pas" ou "Je ne

 28   comprends pas." Puis s'il veut à ce moment-là que vous précisiez, il vous


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  1   demande de préciser.

  2   Alors vous avez noté que depuis presque une heure je ne suis pas intervenu.

  3   J'ai laissé faire le Procureur alors que le sujet est important, donc je

  4   laisse le Procureur continuer. J'aurai peut-être des questions à poser,

  5   mais pour le moment essayez de répondre précisément à la question du

  6   Procureur. Si vous estimez que cette question appelle des précisions, vous

  7   lui dites. Vous dites : "Je ne suis pas d'accord ou "Je pourrais répondre,

  8   mais il me faut du temps," puis là vous verrez bien ce qu'il veut.

  9   Alors on continue.

 10   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Mme PINTER : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Stringer, cher

 12   collègue.

 13   On ne le trouve pas dans le compte rendu quelle est la cote de la vidéo que

 14   nous avons regardée, les deux extraits. Nous ne trouvons pas cela dans le

 15   compte rendu. Il n'y a pas de cote, donc nous ne pouvons pas retrouver dans

 16   le e-court.

 17   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Madame. La

 18   première séquence était P 09447 ou c'était une partie de ceci. La vidéo,

 19   elle-même, est plus longue. Et la deuxième séquence était P 09488.

 20   Q.  Général, je voudrais revenir un moment sur ce que vous avez dit dans

 21   votre déposition concernant votre objectif ici aux fins d'une région

 22   autonome où les Croates seraient en majorité absolue ou relative. Seriez-

 23   vous d'accord avec moi qu'un tel secteur, pour qu'il existe, devrait avoir

 24   une frontière identifiée, précise ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'une telle région, telle que

 27   vous l'envisagez et dont vous avez parlé, ne serait pas une entité

 28   temporaire au sein de la Bosnie-Herzégovine, mais qu'est-ce que vous


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  1   envisagiez c'était un secteur autonome permanent pour le peuple croate en

  2   Bosnie-Herzégovine ?

  3   R.  Oui, ça devrait être quelque chose de permanent. Nous avons accepté les

  4   différentes propositions internationales allant dans ce sens.

  5   Q.  Seriez-vous aussi d'accord avec moi que de façon à pouvoir réaliser et

  6   maintenir cette majorité relative ou absolue des Croates, il serait

  7   nécessaire de contrôler, avec le temps, la composition ethnique de ce

  8   territoire ?

  9   R.  Qu'entendez-vous par contrôler la composition ethnique ou nationale ?

 10   Je ne comprends pas comment vous entendez ce concept. Qu'est-ce que c'est ?

 11   Q.  En fait, c'est bien ce que je vous demande. Etant donné les tendances

 12   qui faisaient jour au cours des décennies où les Croates allaient ailleurs

 13   et des Musulmans rentraient dans le secteur venant d'ailleurs, de façon à

 14   maintenir cette zone autonome croate, peut-être pourriez-vous nous dire

 15   comment on se proposait de faire pour que la population croate maintienne

 16   cette majorité ?

 17   R.  Rien n'était prévu dans ce sens, car ce type de contrôle, à moins que

 18   l'on reprenne des systèmes fascistes ou nazis, ce contrôle ne pouvait pas

 19   avoir lieu. La seule chose qu'on dit, c'est que c'est de cette manière-là

 20   qu'on empêchera l'exode du peuple croate vers la France, l'Allemagne, la

 21   Suisse, et cetera, la Croatie. Donc ils seront en mesure de bénéficier de

 22   leur droit en tant que citoyen et en tant que Croates. Comme cela n'a pas

 23   eu lieu, vous n'avez quasiment plus de Croates à Sarajevo qui à 95, 96 %

 24   bosnienne, et c'est un des résultats d'un manque de compréhension de

 25   quelque chose que tout un chacun qui a fait de l'histoire sait, tous les

 26   historiens le savent.

 27   Mme ALABURIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Stringer. Juste une

 28   correction page 25, ligne 3.


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  1   Le général Praljak parlait de Sarajevo et non pas de Mostar, comme cela

  2   figure en compte rendu d'audience. Est-ce exact ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact, et j'aurais pu parler de

  4   "Zenica" ou de toute une série d'autres villes. Ce serait donc une

  5   protection, une sauvegarde contre le départ. Il faut savoir que ces départs

  6   sont quasiment massifs.

  7   M. STRINGER : [interprétation]

  8   Q.  Général, je vous pose la question suivante assurément sur la base de la

  9   situation qui régnait en 1991 et 1992 et en 1993, de façon à réaliser cette

 10   région croate autonome où les Croates se retrouveraient en majorité absolue

 11   ou relative, qu'est-ce qui était absolument nécessaire du point de vue de

 12   la possibilité de contrôler la démographie ? Est-ce que c'était que la

 13   population musulmane devait être déplacée, les non-Croates, hors de ces

 14   secteurs de façon à faire pencher la balance ethnique de nouveau dans le

 15   sens croate ? N'est-ce pas vrai ? Est-ce que ce n'est pas ça qui était

 16   nécessaire ?

 17   R.  Vous voulez dire les écarter comme vous avez écarté les Indiens

 18   d'Amérique ? Non, nous n'avions pas cette option. C'était tout à fait le

 19   contraire en fait. La création de l'Herceg-Bosna et dans le cas de nos

 20   combats comme vous avez pu voir de nombreux exemples, les Croates ont

 21   protégé de nombreux Musulmans sur le territoire. Sur le plan militaire,

 22   civil, judiciaire, il n'y a jamais eu de différence de fait, donc, s'il

 23   vous plaît, ne transférez pas vos propres modèles sur les Croates, ne les

 24   imputez pas. Votre interprétation est inexacte. Vous insinuez des choses,

 25   et je refuse ce type d'échanges à moins que vous m'ayez présenté une preuve

 26   à l'appui de ce que vous dites.

 27   Q.  Bien, je vais vous poser la question directement, Général. On a parlé

 28   de nombreux endroits tel que Prozor en octobre 1992 et Gornji Vakuf en


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  1   janvier, les événements à Mostar et en Bosnie-Herzégovine tout au long de

  2   1993, nous avons vu qu'il y avait des centaines, des milliers de Musulmans

  3   qui ont été expulsés de chez eux et mis dans des camps et chassés. Ce que

  4   je vous dis c'est que tout ceci faisait partie du besoin de votre côté et

  5   du côté de vos collègues dans le HVO de créer une zone autonome croate où

  6   le peuple croate serait en majorité, majorité absolue ou relative. N'est-ce

  7   pas ce dont il s'agit pour tous ces crimes qui ont eu lieu, il s'agit de la

  8   création d'une zone croate en Bosnie-Herzégovine ?

  9   R.  Non, absolument non. Ce n'était pas le cas à Prozor. A 90 % après

 10   l'incident, les gens sont revenus et l'incident a été causé par les

 11   Musulmans. Gornji Vakuf a été divisé. Mostar, qui d'après votre

 12   interprétation aurait dû être la partie centrale de l'Herceg-Bosna, a été

 13   divisé en deux parties. Dans la partie musulmane, il y avait 140 Croates,

 14   et dans la partie croate au moins 7 000 Bosniens. Tout ce que vous avancez

 15   est inexact, et vous maintenez juste ce flot de paroles en l'air.

 16   Q.  Parlons des réfugiés musulmans qui sont arrivés d'autres lieux en

 17   Bosnie-Herzégovine après avoir été expulsés et chassés par la VRS, l'armée

 18   serbe. Comme point de départ --

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai une question de suivi, Monsieur Praljak.

 20   Le Procureur vous a posé toute une série de questions sur l'entité

 21   géographique qui aurait pu être créée où les Croates auraient une majorité

 22   ou une majorité relative, alors en l'écoutant, je me suis demandé s'il ne

 23   faisait pas un parallèle avec la Vojvodine car on a vu tout à l'heure dans

 24   le livre de M. Tudjman, il y a tout un paragraphe sur la Vojvodine. Comme

 25   vous le savez, Monsieur Praljak, puisque c'est un fait de notoriété

 26   publique, je peux l'évoquer, la Vojvodine est une province autonome serbe

 27   où de mémoire il y aurait 25 groupes ethniques différents et six langues

 28   officielles utilisées, dont le hongrois. Le hongrois est une langue


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  1   utilisée en Vojvodine, mais la Vojvodine est une province autonome.

  2   Est-ce que vous, vos camarades ou d'autres, pensez peut-être à faire de

  3   l'Herceg-Bosna une province autonome au sein de la Bosnie-Herzégovine ?

  4   Etait-ce une hypothèse qui avait été évoquée ou bien le schéma Herceg-Bosna

  5   n'a rien à voir avec la Vojvodine ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Justement c'est ce qui a servi de fondement à

  7   la réflexion portant sur l'organisation de la Bosnie-Herzégovine, il

  8   s'agissait de créer des provinces autonomes. Vous avez bien eu connaissance

  9   de la chose, en Vojvodine avant la Deuxième Guerre mondiale il y avait plus

 10   d'un demi million de Hongrois, un demi million d'Allemands, d'origine

 11   Vojvodienne, de cent et quelque milliers de Croates dans la Backa et le

 12   Srem, il y avait des Juifs aussi et ainsi de suite, des Roumains également,

 13   et on a créé une province autonome. Les Serbes ont été -- enfin ils étaient

 14   les plus nombreux à titre individuel mais maintenant je ne sais plus me

 15   souvenir du chiffre, mais je pense qu'il ne dépassait pas 35 à 36 % par

 16   rapport au total de la population. Dans cette République socialiste de

 17   Yougoslavie, il y avait déjà des modèles en place. Le Kosovo aussi était

 18   partie intégrante de la Serbie et était aussi une province autonome avant

 19   qu'ils ne réussissent à faire autrement. Le Sandzak était une province

 20   autonome, il y avait un mouvement antifasciste dans le Sandzak pendant la

 21   Deuxième Guerre mondiale, ensuite ça a été divisé entre la Serbie et le

 22   Monténégro, il y a eu six régions données à la Serbie et deux au

 23   Monténégro, et à Kotari aussi en 1918, et pendant la Deuxième Guerre

 24   mondiale ça avait constitué une unité à part indépendamment du Monténégro.

 25   A chaque fois qu'il y a eu manque de respect de ce principe d'autonomie et

 26   à chaque fois qu'on a vu faire quelque chose d'unitariste, la population

 27   minoritaire disparaissait, c'est automatique, c'est normal.

 28   Je crois qu'après la Deuxième Guerre mondiale, ce sont les Hongrois qui ont


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  1   le plus pâti. Ils étaient 1 300 000 en Slovaquie. Ils étaient nombreux en

  2   Transylvanie, M. le Juge à vos côtés le sait mieux que moi. Ils avaient un

  3   million et demi en Roumanie, un demi million en Yougoslavie, en réalité la

  4   Hongrie a été dépossédée de grosses parties de sa population, et après la

  5   Deuxième Guerre mondiale il y a eu les Sudètes qui ont déménagé et cetera.

  6   Franjo Tudjman a fait des recherches pour proposer que de telles

  7   choses ne se produisent pas. Les solutions logiques existaient déjà. La

  8   solution logique aurait été des provinces autonomes en Bosnie-Herzégovine,

  9   qu'on appelle cela cantons, qu'on appelle cela provinces autonomes, peu

 10   importe comment vous l'appelez. L'essentiel, c'est que l'organisation

 11   constitutionnelle garantissait à l'intention de toute population et de tout

 12   groupes ethniques l'exercice de ce qui constitue son être plein et entier

 13   pour qu'ils ne déménagent pas. On a eu la Turquie, puis le Royaume de

 14   Yougoslavie et puis on a eu la Yougoslavie et le nombre des expatriés

 15   croates est monté à 3 500 000, et c'est une catastrophe.

 16   Messieurs les Juges, en termes simples, tout ceci, ce sont des récits qu'on

 17   veut placer sous, et dire que des réflexions politiques sont des activités

 18   criminelles. Ça n'a rien à voir, il y a eu des traitements sur pied

 19   d'égalité, notamment vis-à-vis de ce peuple musulman, et ce, bien entendu,

 20   avant que la spirale de la guerre ne nous fasse arriver à des choses, des

 21   atrocités qui sont horrifiantes pour tout homme, mais à aucun moment au

 22   niveau des personnes avec qui je me suis entretenu il n'y a eu cela. La

 23   question qui se posait c'était de savoir comment faire les choses pour que

 24   ce qui s'est produit ne se produise pas. Ce qui s'est produit justement

 25   c'est quand on fait un plan de Déclaration islamiste pour avoir un pays

 26   unitariste et quand on veut vous placer et faire de vous un peuple de

 27   deuxième ordre. Or, nous, on en a eu assez d'être dans le deuxième ordre.

 28   On a perdu au niveau de la Bosnie-Herzégovine. On a fait un Etat qui


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  1   n'a aucune logique, et c'est grâce à la pensée politique américaine que ça

  2   s'est fait.

  3   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  4   Q.  Général, lorsqu'on parle de tout cela, je dis cela pour le compte

  5   rendu, lorsqu'on parle de cette région autonome croate dont vous avez parlé

  6   dans votre déposition en juin, en fait ce dont on parle c'est le territoire

  7   de la Communauté croate d'Herceg-Bosna n'est-ce pas, qui ensuite est

  8   devenue la République croate d'Herceg-Bosna ? C'était ça qui était envisagé

  9   comme étant cette région autonome croate dont vous nous venez de nous

 10   parler ?

 11   R.  Non. L'Herceg-Bosna a été créée en tant qu'organisation défensive. Sur

 12   toute partie de la Bosnie-Herzégovine, il y avait suffisamment de Croates

 13   pour pouvoir s'associer et créer ce qui était considérée comme une

 14   résistance armée contre l'épuration ou l'extermination. Mais pour ce qui

 15   est de la pensée relative à la Bosnie-Herzégovine, tant que je le sache,

 16   certaines parties de l'Herceg-Bosna étaient censées devenir parties

 17   intégrantes de cette province autonome constituée par les Croates.

 18   Q.  Je vais en revenir à ma première question, enfin la question que

 19   j'allais vous poser plus tôt. Revenons à 1991, 1992, voire 1993. Vous nous

 20   avez parlé de ce que vous avez appelé l'occupation ethnique, le fait qu'un

 21   grand nombre de Musulmans soient arrivés dans les territoires croates

 22   venant d'ailleurs, chassés par les Serbes. Vous souvenez de nous avoir

 23   parlé de tout cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Très bien, pour réaliser cette région autonome croate et pour

 26   réaliser les majorités qui étaient envisagées, il aurait fallu au minimum

 27   re-déplacer ces personnes, leur faire quitter les territoires et les

 28   renvoyer voire chez elles ou ailleurs, mais en tout cas les chasser de ce


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  1   territoire croate, n'est-ce pas ?

  2   R.  Le fondement de tout aménagement de la Bosnie-Herzégovine de façon

  3   logique, certes, consistait d'abord à annihiler les résultats de la guerre

  4   qu'on a connue afin que tout le monde retourne chez soi, et annuler les

  5   purifications ethniques ou les départs des gens par peur, donc faire en

  6   sorte que tout un chacun puisse revenir là où il résidait. Malheureusement

  7   c'est encore l'une des options humanistes constamment réitérées, mais qui

  8   n'a jamais conduit à son terme. Ensuite les gens se fichent de ce qui se

  9   passe, tout le monde est rentré chez soi pour avoir par exemple créé un

 10   autre Frankenstein qui --

 11   Q.  Très bien. Certaines parties d'Herceg-Bosna, ce territoire croate où le

 12   HVO exerçait son pouvoir ou exerçait son pouvoir militaire et dans ces

 13   territoires, il aurait fallu aussi modifier la composition démographique,

 14   mais cela pour des Musulmans qui habitaient là depuis très longtemps,

 15   depuis des générations à Jablanica et à Stolac, par exemple ?

 16   R.  Non, c'est tout à fait inexact. Si on avait voulu modifier la situation

 17   ethnique à Stolac, en 1992 on n'aurait pas rendu possible le retour de la

 18   totalité des Musulmans vers leur foyer et on n'aurait pas aidé, je n'aurais

 19   pas aidé à ce qu'ils créent leurs forces armées, leurs brigades à eux, et

 20   combattre à nos côtés. Vous avez vu ces documents ici, pas même le plus

 21   dément des penseurs n'aurait envisagé de faire quoi que ce soit pour ce qui

 22   est d'expulser quelque population que ce soit au sein de la Bosnie-

 23   Herzégovine. Ce qui s'est passé en 1993 a des causes tout à fait autres, et

 24   ces causes-là relèvent déjà de ce qui a généré la guerre.

 25   Q.  Troisièmement, bien sûr, pour conserver cette composition démographique

 26   où il y aurait une majorité relative ou absolue, il serait aussi bien utile

 27   sans doute que des Croates venant d'autres territoires ou d'autres régions

 28   de Bosnie-Herzégovine viennent habiter dans cette région autonome croate


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  1   dont vous venez de nous parler, donc l'établir d'abord et ensuite faire

  2   venir d'autres Croates venant d'ailleurs ? Cela aurait aidé à conserver la

  3   majorité nécessaire, n'est-ce pas ?

  4   R.  Non. D'après ce que je sais de ces plannings d'officier par la

  5   communauté internationale, on n'a pas placé d'unité cantonale ou quoi que

  6   ce soit d'autre. Il ne s'agissait pas de faire partir quelqu'un ou faire

  7   arriver quelqu'un à tel endroit, mais on est partis du recensement de la

  8   population datant de 1991.

  9   Q.  Je ne vous demande pas quels étaient les projets de la communauté

 10   internationale. Je vous demande quels étaient les buts et les politiques

 11   mises en œuvre par le HVO, et le HVO avait comme but et comme politique le

 12   fait de faire venir d'autres Croates qui se trouvent en Bosnie-Herzégovine

 13   en Herceg-Bosna pour renforcer les rangs croates de ces territoires qui

 14   étaient des territoires

 15   croates ?

 16   R.  C'est inexact. C'est une insinuation qui ne se fonde sur aucune espèce

 17   de preuve. Vous parlez en l'air.

 18   Q.  Bien, voici ce que je vous affirme : afin de réaliser ou de conserver

 19   un contrôle démographique quelconque, ce qui pourrait être envisagé au

 20   départ tout simplement c'est la violence. Par la violence, on chasse les

 21   gens de leur foyer, et je vous affirme que vous et vos co-accusés ainsi que

 22   le président Tudjman savaient même en 1991, on le voit dans les réunions,

 23   que lorsque vous parliez de la création d'une région autonome croate,

 24   contrairement au cadre constitutionnel légal de la Bosnie-Herzégovine, il

 25   faudrait avoir recours à la violence afin de chasser les non-Croates de

 26   cette région, n'est-ce pas ?

 27   R.  Je n'ai aucune idée de ce que vous êtes en train de nous raconter.

 28   Pouvez-vous poser des questions, une série, où est-ce qu'on l'a dit, où


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  1   est-ce qu'on a parlé de la province croate, qui a donné ça en premier, qui

  2   est-ce qui a donné l'ordre de faire déménager des populations ? Si vous ne

  3   passez pas au concret, je ne pourrai pas parler de questions ou répondre à

  4   des questions qui peuvent avoir des éléments dans l'histoire américaine,

  5   des références peut-être justifiées, mais pas chez nous.

  6   Q.  Je reprends vos mots, lorsque vous nous parlez de ce que vous vouliez.

  7   L'autonomie dans la région, territoire de Bosnie-Herzégovine où il y aurait

  8   une majorité relative ou absolue. Donc, pour réaliser cela, pour conserver

  9   un contrôle démographique, faut-il avoir recours à la violence parce qu'il

 10   va falloir empêcher les gens de partir ou de rester, enfin de se déplacer

 11   comme ils veulent; n'est-ce pas ?

 12   R.  Non, c'est tout à fait inexact. Mais dites-moi, dans quel pays y a-t-il

 13   -- on a plein de migration de par le monde, en Angleterre, en Amérique, en

 14   France. Si vous empêchez 10 millions de vos citoyens d'avoir des droits

 15   civils, vous en faites de la main d'œuvre bon marché, peut-être l'avez-vous

 16   fait, peut-être auriez-vous pu procéder à ce type d'analyse en Amérique.

 17   Nous, on s'en est tenu, mais écoutez, attendez, on s'en est tenu --

 18   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, ici un argument a

 19   lieu mais seulement d'un côté. Je ne vais pas accepter des remarques

 20   personnelles qu'il est en train de m'adresser. Je demande à la Chambre de

 21   première instance de suppléer en mettant un peu d'ordre dans tout cela.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Ne faites pas de commentaires personnels sur ce qui

 23   a pu se passer aux Etats-Unis, en France, en Hongrie ou je ne sais où. Le

 24   Procureur vous pose des questions sur l'Herceg-Bosna. Il a une thèse et il

 25   vous la martèle sans cesse. Vous pouvez être d'accord avec lui ou pas

 26   d'accord. J'ai cru comprendre que vous n'étiez absolument pas d'accord.

 27   Vous lui dites, "je ne suis pas d'accord," et puis vous lui laissez poser

 28   ses questions.


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  1   Mais je suis obligé de vous poser une question de suivi. A plusieurs

  2   reprises, le Procureur dit majorité ou majorité relative. En l'écoutant je

  3   me pose la question de savoir, est-ce que dans l'Herceg-Bosna il y avait

  4   une majorité ou une majorité relative de Croates ? Si je me pose la

  5   question, c'est parce que je me transpose dans la Vojvodine où dans cette

  6   province autonome de la Vojvodine, les Serbes étaient 65 %, et les Hongrois

  7   14 %, il y avait une majorité de Serbes, et malgré cela, ils étaient

  8   autonomes. Est-ce que l'Herceg-Bosna pouvait fonctionner avec une majorité

  9   qui aurait pu être des Musulmans mais avec une forte présence croate.

 10   Or, quand le Procureur vous pose la question, j'ai l'impression que dans

 11   son esprit, la majorité en Herceg-Bosna était Croate. Vous êtes d'accord

 12   avec lui ou pas ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] L'Herceg-Bosna n'avait pas les frontières dont

 14   on parle ici. Supposons, supposons qu'il y ait une Herceg-Bosna --

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, je vous pose une question précise.

 16   Quand vous parlez de l'Herceg-Bosna, est-ce que la majorité, il y avait des

 17   Croates ou bien y avait des Croates peut-être 40 %, mais les Musulmans

 18   étaient plus nombreux ? C'est ça que je veux savoir. Parce qu'en Vojvodine,

 19   les Serbes étaient majoritaires, ils étaient à 62 %, 62, 65 %. Alors est-ce

 20   qu'en Herceg-Bosna il y avait une majorité croate ? Oui ou non ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Mais, Monsieur le Juge Antonetti,

 22   regardez : En 1918, lorsque les Serbes traversent le Danube, il n'a pas

 23   plus de 35 à 37 % de Serbes en Vojvodine, ensuite ils imposent une

 24   administration où les Hongrois déménagent, où un demi million d'Allemands

 25   partent chez eux, où les Croates vont chez eux et lorsqu'ils créent une

 26   province autonome, ils sont 65 %. C'est ce que nous voulions éviter. C'est

 27   de cela qu'il s'agit. Donc là où nous étions majoritaire, par exemple, la

 28   province à Odzak, Posavina et l'Herzégovine occidentale, là il y a une


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  1   majorité absolue de population croate. C'est sur cette majorité absolue de

  2   la population croate qu'il a été créé, au désespoir des Serbes, ce dont on

  3   parle ici la banovina croate. Et dans cette partie, la banovina croate,

  4   lorsqu'elle a été créée, il y avait une majorité absolue de la population

  5   croate là.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Le Procureur vous pose une deuxième question,

  7   mais là vous n'avez pas répondu. Il vous a posé --c'était clair et net. Il

  8   vous demande si vous puis ceux du HVO, voire Tudjman et les autres, n'avez

  9   pas comme volonté politique de peupler ces régions par des Croates en les

 10   faisant venir, par exemple, de Croatie pour augmenter les chiffres. C'est

 11   ce que le Procureur essaie de vous demander. Alors vous êtes d'accord avec

 12   lui ou pas ? Quelle est votre réponse ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, trois fois "non". Ici dans ce texte qu'on

 14   pourrait lire dans cette interview, c'est de cela que je parle. Mais il

 15   faudrait le montrer dans son intégralité. Si on a le temps de le faire,

 16   faisons-le.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur Stringer, je vous redonne la parole.

 18   Donc il répond "non" à la question que vous aviez posée sur l'idée que vous

 19   avez qu'ils aient voulu augmenter le nombre de Croates à en faisant venir

 20   de Croatie.

 21   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 22   Q.  La pièce suivante, Général Praljak, est la 3D01279.

 23   R.  Je ne l'ai pas celui-là.

 24   M. STRINGER : [interprétation] Il s'agit du classeur suivant. Nous avions

 25   l'intention de le distribuer précédemment. En fait, c'est toujours le même

 26   sujet de toute façon.

 27   Mais peut-être que nous pourrions faire la pause, ainsi on pourrait

 28   distribuer les classeurs et reprendre avec les classeurs.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. De toute façon, on était près de la pause.

  2   Alors on va faire notre pause de 20 minutes et on reprendra après

  3   avec le nouveau classeur.

  4   --- L'audience est suspendue à 15 heures 38.

  5   --- L'audience est reprise à 16 heures 06.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise. Monsieur Stringer.

  7   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Q.  Général, la pièce suivante que je crois que vous avez là devant vous,

  9   3D01279. Il s'agit là de l'un des numéros d'un journal intitulé "Le soldat

 10   croate" dont vous avez parlé lors de votre interrogatoire principal. Je

 11   voulais simplement me servir de ceci pour introduire l'idée qu'il y avait

 12   d'autres façons de voir au sein du peuple croate ou parmi la population

 13   croate en Bosnie-Herzégovine en ce qui concerne la structure et les

 14   relations entre les Croates et les Musulmans. Je remarque dans cet article

 15   publié dans cette revue qu'à la toute dernière page de votre version, il

 16   s'agit de la toute dernière page de l'original, et pour l'anglais, c'est la

 17   page 25, cet article, au tout dernier paragraphe, parle du fait que :

 18   "Les Serbes font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher qu'il y ait

 19   toute possibilité de vivre ou de coexister avec les deux autres groupes

 20   nationaux à l'avenir."

 21   Voyez-vous cela ?

 22   R.  Oui. Les Serbes font tout pour que, oui, à l'avenir, ne puissent

 23   choisir, oui.

 24   Q.  Le texte se poursuit un peu plus bas, et je le dis aussi pour le compte

 25   rendu, il s'agit du 28 août 1992. Le texte se poursuit en disant :

 26   "La Communauté croate n'est pas en train de tenter de tirer avantage

 27   de la situation de guerre pour porter préjudice ou imposer les solutions

 28   politiques à l'organisation future de l'ABiH. Au contraire, elle coopère et


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  1   participe aux entretiens sous l'égide de la Communauté européenne, qui sont

  2   basés sur l'organisation de l'Etat en cantons. Toutefois, il est

  3   intéressant de voir qu'il y a des tentatives pour causer des ruptures au

  4   sein des organes politiques croates en formant les unités de la force de

  5   défense croate HOS, qui préconisent une Bosnie-Herzégovine unifiée comme

  6   étant leur objectif."

  7   Brièvement sur ce point, Général, vous avez fait une référence à un

  8   point au cours de votre interrogatoire principal à ce HOS. Je voulais

  9   simplement vous demander rapidement ceci : Seriez-vous d'accord avec moi

 10   que pendant cette période qui va de la mi-1992, et peut-être même un peu

 11   plus tôt, il y avait cette HOS, qui était une milice formée d'un grand

 12   nombre, à la fois de Croates et de Musulmans, qui étaient unifiés au sein

 13   de cette milice particulière appelée "HOS" ?

 14   R.  En quoi consiste votre question ?

 15   Q.  Est-ce que cette milice appelée "HOS" était composée de Croates et de

 16   Musulmans ensemble ?

 17   R.  Oui, tout comme le HVO. Cependant, le HOS, c'est une armée du Parti de

 18   droits croate, un parti politique. L'idée de base du HOS, c'est de

 19   poursuivre la politique de l'Etat indépendant de Croatie, y compris en

 20   partie la politique menée par Ante Pavelic. En d'autres termes, la Bosnie-

 21   Herzégovine et la Croatie, d'après eux, constituaient un seul Etat. Donc

 22   c'est la Croatie qui s'étend jusqu'à la Drina, pas la Bosnie-Herzégovine,

 23   et les Musulmans sont des Croates d'une autre confession. Donc c'est le

 24   fondement politique du Parti de droits croate qui, pendant la période de

 25   guerre, a créé le HOS. Et nous, pour notre part, comme nous avions des vues

 26   politiques tout à fait différentes, nous avons rencontré pas mal de

 27   problèmes avec eux. Mais Izetbegovic, tant qu'il avait besoin d'eux, les

 28   reconnaissait.


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  1   Q.  Et pour ce qui est des différences de politiques, cet article ici

  2   indique que l'une des différences de politique était que le HOS préconise

  3   une Bosnie-Herzégovine unifiée, et à ce que je comprends, ceci est

  4   différent de la vision de Bosnie-Herzégovine qui était prévue par le HVO.

  5   R.  Non, Monsieur, vous n'avez pas raison. Le Parti de droits croate ne

  6   recevait que 5 % des voix lors des élections en Croatie et zéro voix en

  7   Bosnie-Herzégovine. Et là il dit que -- il n'est pas exact. Il n'y a que

  8   l'Etat croate jusqu'à la Drina, d'après le HOS, la Bosnie-Herzégovine et la

  9   Croatie constituent un seul et même Etat qui voit en les Musulmans des

 10   Croates, et cela depuis l'assemblée constitutive de 1921, au moment où on a

 11   créé la Yougoslavie, la SHS. Sur les 24 députés, 21 Musulmans se

 12   déclaraient comme Croates. Il y en avait deux qui n'ont pas voulu se

 13   déterminer, et un qui ne s'est pas déclaré croate. Donc c'est sur la base

 14   de ces fondements qu'ils ont poursuivi une politique qui n'est pas

 15   réaliste, qui est stupide et qui était dénuée de fondement véritable. Et

 16   ça, ça s'inscrit dans la tradition de la NDH ou de la Croatie indépendante.

 17   Q.  La pièce suivante --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, le document que M. Stringer vous

 19   montre est important, et je remercie M. Stringer de vous le soumettre.

 20   Quand on lit le dernier paragraphe, il semble qu'il y a deux aspects

 21   croates, l'un qui est incarné par le HOS et l'autre par tout le reste. Le

 22   HOS, vous dites, représente 5 % du corps électoral en Croatie et zéro

 23   pourcent en Bosnie-Herzégovine. Si j'ai bien compris ce que vous dites, le

 24   HOS voulait un Etat unifié, et cet Etat unifié, c'est Croatie et Bosnie-

 25   Herzégovine, un seul Etat.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Et les autres Croates, les autres, le HVO, eux, sont

 28   dans la lignée de la Communauté européenne, c'est-à-dire ils veulent une


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  1   Bosnie-Herzégovine organisée comme un Etat, mais un Etat constitué de

  2   cantons. C'est-à-dire, si je comprends bien le texte, il y aurait donc la

  3   République de Croatie, qui est un Etat, il y aurait la République de

  4   Bosnie-Herzégovine, qui est un autre Etat, mais dans la République de

  5   Bosnie-Herzégovine, il y a des cantons dont les fameux 3, 8 et 10, qui

  6   seraient à majorité croate. Est-ce bien cela que dit le texte ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact. Comme se lit le texte dans la suite, la

  8   HZ HB ou les Croates de Bosnie, jamais de par le passé n'ont manqué de

  9   loyauté à l'égard de la Bosnie-Herzégovine, à l'égard de l'Etat. Ils ont

 10   défendu une partie considérable du territoire et de la population. C'est de

 11   manière efficace qu'ils résistent à l'agression. Puis dans la suite que la

 12   HZ HB n'essaie pas de tirer profit de la guerre, ne cherche pas à préjuger

 13   d'une solution politique pour l'avenir de la Bosnie-Herzégovine.

 14   Mais en revanche, elle coopère, elle participe de manière

 15   constructive à une négociation sous l'égide de la Communauté européenne.

 16   Puis les trois cantons, d'après le recensement, les Croates ils étaient

 17   peut-être à peu près 60 % par --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Je -- permettez-moi de vous couper.

 19   Ce texte qui est paru le 28 août 1992, je ne sais pas qui l'a rédigé,

 20   mais quand on remonte dans le texte où l'on parle des Serbes, et d'après ce

 21   que je crois comprendre, on dit que les Serbes ont pratiqué un nettoyage

 22   ethnique comme solution, mais ça, ce n'est pas la solution de la Communauté

 23   croate; est-ce que c'est bien ce qui est écrit dans le texte ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact, Monsieur le Président Antonetti.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc si je comprends bien, en 1992, au mois d'août,

 26   il y a un texte quasi officiel puisque ça sort du "Soldat croate," où il y

 27   a une référence au nettoyage ethnique par les Serbes, mais ceci est

 28   condamné par les Croates qui disent que ce n'est pas la solution. Vous êtes


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  1   d'accord ou pas ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Entièrement, c'était notre position, et c'est

  3   ainsi que nous nous sommes comportés.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Enfin moi, c'est ce que je lis. Monsieur Stringer,

  5   c'est vous qui avez soulevé le lièvre.

  6   Donc je vous redonne la parole.

  7   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Q.  Est-il vrai que le HOS reconnaissait la légitimité ou la direction du

  9   gouvernement de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo et que ceci était l'un des

 10   aspects qu'il mettait en contradiction avec le HVO ?

 11   R.  Non, ce n'est pas exact.

 12   Q.  Bien.

 13   R.  Nous reconnaissions leur autorité également. Le HOS, hélas, a reçu pas

 14   mal de gens très brillants et très bien qui voulaient combattre. Mais

 15   politiquement, c'était une option indéfendable. Puisque politiquement ce

 16   n'était pas acceptable comme option et puisque des armées politiques

 17   n'avaient pas le droit d'exister, au prix d'efforts considérables pour ce

 18   qui est du HVO, nous avons réussi à démanteler le HOS. Beaucoup de jeunes

 19   hommes égarés au départ sont passés dans les rangs du HVO.

 20   Q.  La pièce suivante est P 00524. Il s'agit du compte rendu d'une réunion

 21   du Conseil de défense nationale qui a eu lieu le 26 septembre 1992.

 22   Général, vous étiez présent à cette réunion et vous avez déjà déposé au

 23   sujet de cette réunion --

 24   R.  Monsieur Stringer, excusez-moi, toutes mes pages sont vierges dans la

 25   version croate.

 26   Q.  Passez à la page 17.

 27   R.  Je ne peux pas rien voir, je n'ai que le texte en anglais.

 28   Oui, excusez-moi. Oui, c'est bon.


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  1   Q.  Je regarde la page 17 du texte anglais et je vais vous demander,

  2   Général, pour vous, ça devrait être -- je me réfère au numéro ERN, il

  3   devrait s'agir de la page dont les numéros se terminent par 2856 pour le

  4   numéro ERN, 2856. Je vais vous relire ce que vous avez dit. Vous avez dit :

  5   "Monsieur le Président, nous avons des menaces directes en Croatie de tous

  6   ces états-majors. Ils rejettent tout entretien possible concernant

  7   l'Herceg-Bosna ou quelque chose d'analogue. Ils le font ouvertement aux

  8   tables du restaurants ainsi que secrètement à Baska Vode, à Brela…"

  9   Alors je saute un passage, et je vais plus loin :

 10   "Telles que les choses apparaissent maintenant et étant donné le fait que

 11   des gens s'installent dans le territoire de Travnik et au-delà, je crains

 12   que nos chances ne soient pas bonnes au moment où la guerre sera terminée.

 13   Il y aura une modification très grande de la structure ethnique. Et pour

 14   résoudre cela par la guerre, la question des droits civils, les droits

 15   internationaux, et cetera, il sera difficile pour pouvoir, sous une forme

 16   quelconque, expulser la population qui s'y trouve sans expulser ces

 17   personnes qui n'auront pas la majorité."

 18   Donc, Général, ceci revient à ce dont je vous parlais tout à l'heure avant

 19   la suspension de séance concernant la nécessité de contrôler ou de gérer la

 20   structure démographique ou ethnique dans ces territoires que vous vouliez

 21   être territoire croate autonome, et ici dans cette réunion ce que vous

 22   dites, c'est qu'un obstacle à cela, c'est le fait que vous avez un grand

 23   nombre de réfugiés et qu'il sera difficile de les expulser et sans les

 24   expulser, vous n'allez pas avoir de majorité. Donc je comprends que ceci

 25   veut dire, Général, que vous avez considéré que l'expulsion de ces gens

 26   était nécessaire pour pouvoir créer ce secteur autonome croate; c'est bien

 27   cela ?

 28   R.  Non, c'est totalement incorrect. J'affirme qu'il n'est pas autorisé de


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  1   modifier une composition ethnique par la guerre de quelque partie de

  2   Bosnie-Herzégovine qu'il s'agisse, je parle de structures ethniques. Il ne

  3   s'agit pas d'expulsions ici, d'expulsions de personnes qui vivaient là mais

  4   malheureusement de ce qui a été créé par la guerre, avec l'autorisation de

  5   la communauté internationale. On n'a pas le droit de modifier la structure

  6   ethnique par la guerre. Je parle là d'un des éléments des droits

  7   élémentaires du droit international dans la mesure où je le connais.

  8   Là ce qu'on voit au tout début et où je parle des états-majors de

  9   l'ABiH de Brela, de Basko Voda en Croatie. A l'époque on entendait affirmer

 10   ouvertement qu'il ne pouvait pas toucher aux Serbes et qu'ils étaient

 11   impuissants devant les Serbes mais que là où les Croates étaient

 12   majoritaires, ils allaient faire installer des Musulmans et comme ça les

 13   Croates ne seraient plus majoritaires.

 14   Je n'arrêtais pas de dire que ce n'est pas une modification de

 15   structure ethnique qui devait permettre de terminer la guerre et c'était ça

 16   l'objectif politique des Serbes qui est formulé clairement ici.

 17   Q.  Bien. Ce que vous reconnaissez, Général, c'est qu'avec la présence de

 18   tous ces Musulmans à cet endroit-là constituait bien un obstacle à la

 19   création d'une majorité, d'une zone avec une majorité croate, n'est-ce pas

 20   ? Tout au moins les données démographiques constituaient à ce moment-là un

 21   obstacle à la possibilité de créer une majorité, un territoire à majorité

 22   croate dans ce secteur ?

 23   R.  Non, Monsieur. Nous avons la majorité mais vous avez des expulsés, des

 24   déplacés, des ethniquement nettoyés qui se sont installés dans des contrées

 25   qui ne leur appartenaient pas et ils ne pouvaient pas rester à flotter dans

 26   l'air, et ont pris possession des appartements et des maisons qui

 27   appartenaient aux autres. Ils ont modifié l'image de la composition

 28   ethnique et ce n'est pas autorisé dans le droit international. Je disais si


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  1   cette guerre devait se terminer par la violation du droit international,

  2   bien sûr si nous autorisons la guerre entre la Suisse et l'Inde et si 50

  3   millions d'Indiens viennent s'installer en Suisse, ce n'est pas acceptable

  4   parce qu'il n'y aura plus de Suisses sur place. C'est de cela que je parle,

  5   si quelqu'un les expulse.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, M. Stringer vous pose une question

  7   très pertinente. Il vous dit dans sa question que les réfugiés ont créé une

  8   nouvelle situation. Comment vous allez résoudre cette situation ? Et moi je

  9   regarde après vous ce que dit M. Susak. Regardez ce qu'il dit, très

 10   intéressant. Il dit qu'il y a 20 000 réfugiés à Mostar et que les ordres

 11   viennent de Sarajevo pour en quelque sorte créer de nouvelles brigades

 12   musulmanes, à Mostar, Capljina, Stolac. Donc M. Susak dit : "Voilà, il y a

 13   20 000 Musulmans de plus à Mostar." Quand vous rajoutez ces 20 000

 14   Musulmans à ceux qui sont déjà là, la majorité croate n'existe plus à

 15   Mostar.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous êtes -- comment comptiez-vous régler le

 18   problème ? Le Procureur pense que vous alliez le régler par l'épuration

 19   ethnique. Qu'est-ce que vous dites ? Comment alliez-vous régler ce problème

 20   parce que là à cause des réfugiés vous n'avez plus la majorité croate.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, pas du tout. Ce que je dis ici c'est que

 22   c'est ce qui se passera et si cela se passe sur le plan du droit, il sera

 23   difficile d'expulser ces gens de là-bas. Il n'y a pas de forme. Si vous

 24   acceptez que l'on viole le droit international et qu'on enfreigne la loi,

 25   qu'on vous occupe, alors il n'y a plus de solution. Vous avez un Etat civil

 26   de citoyens et puis vous perdez le pays. La solution c'est de faire

 27   respecter le droit international, il faut faire mettre fin à la guerre.

 28   Tout un chacun doit avoir la possibilité de retourner dans son foyer.


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  1   Sinon, il se produira ce qui c'est hélas produit, 200 000 Croates de la

  2   Republika Srpska n'y vivent plus. Nous avons une guerre injuste qui s'est

  3   terminée d'une manière injuste et moi je suis ici au banc des accusés,

  4   accusé de l'avoir créé même si je me suis battu contre cela. Nous avons

  5   toujours dit aux négociateurs internationaux, essayons de bien comprendre

  6   le problème d'emblée, personne ne l'a compris. Les puissants ont trouvé une

  7   solution, et après on cherche des coupables mais le coupable ce n'est pas

  8   moi, le coupable de cette solution. En 1991, je voyais venir cela, je

  9   cherchais à l'empêcher, et maintenant voilà je suis coupable de cela.

 10   Mais nous ne pouvions pas résoudre ce problème, nous savions que nous ne

 11   pouvions pas. Nous avons accueilli ces gens. Nous leur avons fourni des

 12   vivres, nous les avons pris en charge. Nous n'avons expulsé ni chassé

 13   personne. Bien sûr, après il y a eu des déplacements de population au fur

 14   et à mesure qu'il y a eu la guerre mais ce n'est pas possible, mais pas à

 15   cause d'une position croate, qu'elle soit politique ou militaire. Sur les

 16   deux plans, nous n'avons cherché qu'à nous défendre, bien sûr dans le cadre

 17   des négociations internationales ils ont toujours perdu même si nous étions

 18   les premiers signataires. A chaque fois c'est la loi du plus fort qui

 19   prévaut, hélas.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Procureur.

 21   M. STRINGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, merci.

 22   Q.  Général, le passage que je voudrais maintenant vous montrer se trouve à

 23   la page 23 du texte anglais qui dans votre version est la page qui se

 24   termine par les chiffres 2888.

 25   Alors, Général, dans cette partie du compte rendu, le président Tudjman

 26   parle de ses discussions avec M. Eagleburger, M. Vance et M. Owen, puis il

 27   y a discussion d'un conseil auquel vous-même et le général Bobetko deviez

 28   participer. Et là ensuite Tudjman dit au milieu de la page 23 :


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  1   "Nous dirons ouvertement à Izetbegovic lorsqu'il vient ici ce que nous

  2   avons dit dès le début. Il ne peut y avoir aucune discussion pour ce qui

  3   est qu'ils établissent un gouvernement militaire et civil dans les secteurs

  4   qui se trouvaient précédemment dans la Banovina croate."

  5   Maintenant, Général, je vais vous poser cette question, à savoir que le

  6   président Tudjman dit ceci parce que, en fait, ces secteurs sont censés

  7   entrer dans le territoire croate autonome dont on parle jusqu'à maintenant

  8   qui était lui-même basé sur la réinstallation des Croates de Banovina ?

  9   R.  Non, Monsieur. La Banovina croate englobait la Croatie tout entière. On

 10   ne parle pas des parties de la Banovina croate qui étaient en Bosnie-

 11   Herzégovine et qui ont été créées du fait d'une majorité croate très

 12   évidente. Il ne dit pas à M. Izetbegovic qu'il ne s'efforce pas de faire en

 13   sorte par la force comme ça a été fait à Mostar, Rama ou ailleurs de créer

 14   une autorité à soi qui serait musulmane, mais on dit enfin Sancevic est

 15   ambassadeur de la Croatie en Bosnie-Herzégovine celui qu'on mentionne ici.

 16   Une fois de plus il est question d'organiser quelque chose qui serait censé

 17   fonctionner en tant qu'Etat de Bosnie-Herzégovine, et non pas de faire cela

 18   par la force, à commencer par les Serbes ou ensuite par les soins des

 19   Bosniens, et ce, bien sûr par la force.

 20   Q.  Oui, ce qui est écrit ici c'est que le président de la Croatie décide

 21   que la présidence de Bosnie-Herzégovine ne va pas avoir rien à dire en ce

 22   qui concerne les autorités qui vont être établies dans ces régions ? Ce

 23   n'est pas son pays à Tudjman ? Pourquoi est-ce qu'il s'en occupe ?

 24   R.  C'est ainsi que se comportait la communauté internationale ainsi que M.

 25   Eagleburger. S'il est vivant, il faudrait le faire venir ainsi que Vance et

 26   Owen. Dans la solution de la question liée à la Bosnie-Herzégovine, ils

 27   recherchaient de façon durable à refaire reconnaître Franjo Tudjman comme

 28   étant quelqu'un d'influent. Donc Mate Boban, Prlic et autres vont être des


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  1   représentants du peuple pour décider, mais lui représente ces opinions

  2   publiques et politiques. Si Vance-Owen et Eagleburger n'acceptaient pas les

  3   choses telles quelles, on lui aurait dit, M. Franjo Tudjman, mettez-vous de

  4   côté, on va résoudre la chose. Alors la question a été fort compliquée et

  5   ça s'est étendu sur des années. On demandait à Franjo Tudjman de prendre

  6   une participation active à tout ceci, rien d'autre.

  7   Q.  En septembre 1992, lorsque cette discussion a eu lieu, le gouvernement

  8   militaire et civil, en tout cas le gouvernement civil dans des régions qui

  9   se trouvent en Bosnie-Herzégovine en ce qui concerne la constitution seront

 10   sous le coup d'une présidence de guerre puisqu'il y a un état de guerre qui

 11   a été déclaré, n'est-ce pas ? N'y a-t-il pas déjà un cadre qui existe pour

 12   ce qui est de la création d'un gouvernement civil légitime en Bosnie-

 13   Herzégovine ?

 14   R.  Je pense que cela peut être pris de la sorte. Cette autorité civile

 15   était faite partant des résultats des élections. On a partout créé une

 16   autorité partant des résultats des élections et non pas comme on le fait

 17   dans les démocraties occidentales, là où le vainqueur décide de tout. Dans

 18   la HZ HB, les parties sont entrées dans l'autorité proportionnellement aux

 19   résultats et indépendamment du fait d'avoir pu créer une autorité tout

 20   seule, parce qu'il l'a emporté sur ces territoires, le HDZ a toujours fait

 21   participé le SDA à l'autorité. Ça a été le cas à Rama Vakuf et Mostar,

 22   comme vous avez pu le voir d'ailleurs, il s'agissait d'une façon plus

 23   démocratique.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Les Juges ont des questions à poser. Je crois qu'il

 25   y a le Juge Prandler, et après j'aurais quelque chose à dire.

 26   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

 27   Président.

 28   J'aimerais revenir en arrière de quelques pages. En fait, il s'agit du même


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  1   compte rendu mais la page 17 sur 71, ainsi que le 18 sur 71. Dans ce

  2   passage, Monsieur Praljak, vous abordez la question des réfugiés, ensuite

  3   je cite :

  4    "Au sein du gouvernement, il y a eu certaines discussions selon

  5   lesquelles les réfugiés de Bosnie-Herzégovine devraient être autorisés à

  6   rentrer en Croatie comme ils le peuvent, comme ils le veulent étant donné

  7   qu'ils sont déjà sur un territoire où se trouve le peuple croate."

  8   Ensuite on poursuit :

  9   "Ensuite de Croatie, sous la pression de la communauté

 10   internationale, ils devaient être envoyés aux frontières, et puis qu'ils

 11   aillent au diable."

 12   Tout d'abord c'était votre idée, les envoyer au diable pour dire les

 13   choses un peu crûment -- parce qu'ensuite vous poursuivez, pour dire, et je

 14   cite, qu'il y a eu une grande modification de leur structure ethnique.

 15   Ensuite page suivante, à la page 18, vous poursuivez en disant, et je cite

 16   :

 17   "…il sera difficile de chasser les gens de ces endroits sous quelque

 18   forme que ce soit. Si on n'arrive pas à les chasser, on n'arrivera pas à

 19   avoir de majorité dans cette région."

 20   Donc je répète, "si on ne les chasse pas, il sera impossible d'avoir

 21   une majorité sur place."

 22   Voici ma question : c'est votre opinion à l'époque, d'après vous, ces

 23   réfugiés devraient être envoyés dans d'autres pays, et quelles étaient les

 24   solutions que vous favorisiez à l'époque ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Prandler, je n'ai jamais dit

 26   nulle part qu'ils aillent au diable, enfin je ne sais pas ce qu'on vous a

 27   traduit. J'ai dit qu'il fallait les mettre à la frontière et envoyer où on

 28   savait. C'est une mauvaise traduction.


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 13  pagination anglaise et la pagination française.

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  1   Autre chose encore, je vais vous donner mon opinion qui n'a pas été

  2   adoptée. Mon opinion était à l'époque, et de nos jours encore, la suivante,

  3   étant donné que la Croatie avait à l'époque plus de 500 ou 600 000

  4   réfugiés, et qu'elle était occupée comme on sait, et ainsi de suite, ma

  5   position était celle-ci, les réfugiés devaient être envoyés aux frontières

  6   vers la Slovénie, la Hongrie et de le faire de façon humanitairement [phon]

  7   admise. Je disais que nous ne pouvons plus en recevoir, qu'il fallait les

  8   envoyer vers l'Europe, parce que j'ai affirmé à l'époque, et j'affirme de

  9   nos jours également, que lorsqu'ils verraient l'envergure du problème,

 10   quand ça tombe sur des grands Etats tels que l'Allemagne, la France et

 11   ainsi de suite, quand ça leur tombe dessus, tout ces réfugiés, ces pays

 12   participeraient bien plus à la solution morale juste et équitable de ce

 13   problème bosno-herzégovien. C'était mon opinion. Vous avez pu voir,

 14   Monsieur le Juge, combien la Hongrie était sous le fardeau des réfugiés qui

 15   demandaient à ce qu'ils rentrent en Croatie. Alors une fois qu'on prend en

 16   charge le problème, personne ne prend soin du fait quel est le fardeau cela

 17   représente, combien cela coûte, et comment cela va se terminer, ce que je

 18   pensais c'est qu'il fallait résoudre la chose de façon à ce que les autres

 19   pays voient une partie du problème pour que celui-ci soit résolu le plus

 20   rapidement possible.

 21   Je n'ai pas dit, "au diable," c'est une erreur de traduction. Pour ce qui

 22   est de ces traductions, des fois on peut par exemple chasser ou expulser,

 23   ça peut paraître rude, mais ce n'était pas l'idée en tant que telle. Le

 24   fait demeure qu'au cas où on ne résoudrait pas de façon équitable le

 25   problème de l'occupation des réfugiés, on aurait une guerre de conquête qui

 26   finirait par modifier la structure de la population et le tout ensemble se

 27   solderait par une catastrophe politique et morale, c'était ce qui était en

 28   train de nous arriver. Mais le comportement à l'égard des réfugiés, nous


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  1   l'avons déjà expliqué ici, mon opinion à moi ainsi que celle des autres.

  2   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Praljak.

  3   Cela me suffit, votre réponse me suffit. Merci.

  4   M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voulais remarquer

  5   une chose, à savoir que la traduction est tout à fait erronée. La fin de ce

  6   passage en version anglaise en page 17 sur 71, dit, "depuis la Croatie sur

  7   la pression de la communauté internationale, ils devraient être envoyés à

  8   la frontière et qu'ils aillent au diable." Mais en version croate ça

  9   n'existe pas. Dans l'original croate, il est dit que de Croatie sur la

 10   pression de la communauté internationale qu'ils soient placés à la

 11   frontière et envoyer où on saurait les envoyer. Il fallait les laisser

 12   passer par la Croatie et sous la pression de l'opinion publique

 13   internationale, qu'ils soient mis à la frontière et envoyés où on savait

 14   les envoyer. C'est justement ce que le général vient de vous dire. Merci.

 15   Et un autre problème encore. Certaines pages du document ont été versées au

 16   dossier comme élément de preuve. D'après le nombre de pages où il est fait

 17   référence au prétoire électronique, il est donné des numéros de pages en

 18   anglais. Or, dans les versions croates c'est le désordre. Les numéros ERN

 19   ne suivent pas la séquence normale et la teneur de l'intervention du

 20   général Praljak s'enchaîne sur une dizaine de pages plus tard. On ne sait

 21   plus se débrouiller là, cette pièce à conviction il faudrait la revoir et

 22   voir quelles sont les pages qui ont été versées au dossier et quelles sont

 23   les pages qui ne l'ont pas été y compris les erreurs de traduction. Merci.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : -- je voulais vous poser une question sur les pages

 25   22 et 23.

 26   Tout à l'heure, M. le Procureur vous dit dans sa question : Pourquoi le

 27   président Tudjman s'est occupé de ce qui se passait en Bosnie-Herzégovine,

 28   et vous, très vite, vous avez dit : Parce qu'on lui avait demandé, puis


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  1   vous avez continué et êtes passé à autre chose. Alors en vous écoutant, je

  2   me suis dit : Mais ce qu'il vient de dire est très important, parce que si

  3   M. Tudjman s'occupe de ce qui se passe en Bosnie-Herzégovine, ça ne peut

  4   pas être par le souci qu'il a de recréer cette fameuse banovina, mais ça

  5   peut être également par le fait qu'on lui a demandé de s'en occuper, et ça,

  6   c'est ce que vous avez dit. Alors ma question est très simple : Quel

  7   élément de preuve avez-vous en votre possession qui vous permette de dire

  8   que M. Tudjman s'occupait de ce qui se passait en République de Bosnie-

  9   Herzégovine parce que c'est la communauté internationale qui lui avait

 10   demandé de s'en occuper et de jouer un rôle ? Vous avez des éléments de

 11   preuve de cela ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] J'en ai. Prenez le commencement. Pourquoi

 13   Eagleburger et Vance-Owen s'entretiendraient à tant de reprises ? Pourquoi

 14   le convoquaient-ils à toutes les sessions à Genève dans le nombre qu'on a

 15   eu ? Et si on ne reconnaît pas la HZ HB, pourquoi convoquait-on Mate Boban,

 16   pourquoi est-il intervenant sur pied d'égalité à toutes les négociations

 17   pour ce qui est de l'aménagement intérieur de la Bosnie-Herzégovine au côté

 18   d'Alija Izetbegovic ? Si Franjo Tudjman avait voulu faire ce genre de

 19   chose, pourquoi l'ambassadeur Stancevic, l'ambassadeur de la République de

 20   Croatie, serait-il envoyé en Bosnie-Herzégovine ? Donc pourquoi les

 21   ambassadeurs américains ou britanniques ou français vont-ils voir Franjo

 22   Tudjman ? Parce qu'ils réclament sa présence et ses opinions et Mate Boban,

 23   bien entendu, et les autres en bas, vont signer des documents ou ne vont

 24   pas les signer. Du fait qu'il puisse apporter des suggestions, ça ne veut

 25   rien dire, puisqu'il a reconnu la Bosnie-Herzégovine et il a envoyé

 26   l'ambassadeur Stancevic là-bas et il s'entretient comme des centaines de

 27   gens l'ont fait pour présenter des centaines d'opinions ou de propositions

 28   très souvent stupides, mais bon, c'est à cela que cela se réduit.


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  1   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes dans le

  2   prétoire. Je tiens à rectifier une erreur de compte rendu.

  3   Page 52, ligne 8, le général a dit : "S'ils n'avaient pas reconnu la

  4   communauté croate d'Herceg-Bosna, pourquoi convoquaient-ils Mate Boban à

  5   ces négociations ?" Or, le compte rendu dit le HDZ, et non pas la HZ HB.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact. A toutes ces négociations à

  7   compter du tout début, avant même la reconnaissance de la Bosnie-

  8   Herzégovine et le plan Cutileiro -- mais on l'a fait, cela. Les Croates ont

  9   été les premiers à signer. Ils n'ont pas remis en question la Bosnie-

 10   Herzégovine. Ils demandent un minimum de correction politique et morale

 11   pour qu'un peuple qui est constitutif et souverain soit placé sur un pied

 12   d'égalité. C'est tant et si bien clair qu'ici je ne sais plus qu'est-ce

 13   qu'on saurait dire en plus.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, si je comprends bien, l'insistance

 15   de M. Tudjman sur les affaires intérieures de la République de Bosnie-

 16   Herzégovine serait due, selon vous, à la demande expresse de la communauté

 17   internationale afin qu'il puisse débloquer la situation. C'est ça que vous

 18   voulez dire ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, c'est justement cela. On le

 20   demandait, il formulait des propositions, mais son option politique était

 21   la suivante : La Croatie a reconnu la Bosnie-Herzégovine, il y a un

 22   ambassadeur là-bas. Alors s'ils demandent à ce que soit créé un comité et

 23   que ce comité réclamé par la communauté internationale de la part des

 24   Croates, alors il dit que ce soit Bobetko et Praljak, pour ce qui est des

 25   questions militaires, puis on enverra un homme politique. Alors c'est la

 26   Croatie qui envoie là-bas ces gens-là pour aider à trouver une solution.

 27   Bien sûr, c'est tombé à l'eau, ça aussi.

 28   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie.


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  1   Q.  En fait, la communauté internationale a demandé l'assistance ou la

  2   participation de M. Tudjman, parce qu'ils savaient qu'en tant que président

  3   de la Croatie, c'était lui qui dictait la politique au sein du HZ HB, ils

  4   savaient qu'il tirait les ficelles et que c'était Mate Boban la marionnette

  5   en fait et qu'en tout ce qui concerne les problèmes graves, surtout en ce

  6   qui concerne les négociations internationales, c'était Tudjman qui prenait

  7   les décisions au nom du HVO et du HZ HB. C'est bien cela, n'est-ce pas ? Il

  8   tirait les ficelles.

  9   R.  Non. Si vous aviez montré la vidéo jusqu'au bout, vous auriez vu que je

 10   disais que j'avais informé Franjo Tudjman qu'on passerait par la Neretva.

 11   Alors si quelqu'un règne là, je n'aurais pas à informer Franjo Tudjman et

 12   je venais de l'informer. Je lui ai dit : J'y vais et, Monsieur Tudjman, à

 13   vous de faire ce que bon vous semble, et ainsi de suite. Donc l'Herceg-

 14   Bosna, du point de vue politique, et Mate Boban, en tant que numéro un dans

 15   cette communauté, étaient autonomes. Il est vrai que Franjo Tudjman tenait

 16   compte et avait pour mission constitutionnelle de tenir compte des intérêts

 17   de la population croate et il est exact aussi de dire que nous autres en

 18   Bosnie-Herzégovine avions un rôle. Souvent on cédait, parce que la

 19   communauté internationale obligeait Franjo Tudjman à faire des choses, je

 20   l'explique dans le texte. Les intégristes croates voulaient qu'il n'y ait

 21   pas d'Etat croate et ils cédaient, parce que -- et je suis d'avis qu'il

 22   n'était pas juste et équitable de céder. Mais comme je l'ai déjà dit, quand

 23   quelqu'un est plus fort, vous devez plier l'échine.

 24   Q.  Veuillez, s'il vous plaît, maintenant passer à la page 54 de la version

 25   en anglais. Pour vous, Général Praljak, il s'agira de la page 2 865 du

 26   compte rendu qui porte la cote P 00524. Nous allons revenir au HOS.

 27   Dans ce passage, Gojko Susak prend la parole. On parle d'une personne qui

 28   s'appelle Prkacin, je crois qu'on l'a déjà mentionné. Vous l'avez mentionné


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  1   plusieurs fois, je crois, lors de votre interrogatoire principal lorsqu'on

  2   parlait d'une unité qui a été amenée pour essayer d'arriver à Jajce en

  3   octobre 1992. C'est bien cet homme-là ?

  4   R.  C'est exact.

  5   Q.  Très bien. Donc, ils parlent de ce Prkacin qui est à Zagreb, qui porte

  6   un uniforme croate, on parle du grade qu'il arborait, et Tudjman dit :

  7   "Vous n'avez qu'à lui envoyer la police militaire, s'il en a une --"

  8   Donc ils ne sont pas très contents de sa conduite, le fait qu'il arbore cet

  9   uniforme.

 10   Ensuite si on passe à la page suivante, vous dites et je cite :

 11   "Monsieur le Président, s'il vous plaît, je tiens à dire que les choses ne

 12   sont pas si simples. Très ouvertement, nous avons utilisé M. Prkacin,

 13   personnellement et en coopération avec d'autres personnes, pour détruire le

 14   HOS là-bas. Il a fait du bon boulot là-bas."

 15   Le président dit :

 16   "Et il est quoi, général de division ?"

 17   Vous répondez :

 18   "Personne n'en parle, personne ne l'a dit. C'est comme ça qu'il se nomme.

 19   C'est le grade qu'il s'est donné. Alija Izetbegovic lui a offert le grade

 20   de général de division quand il l'a invité là-bas."

 21   Et vous poursuivez en disant :

 22   "Néanmoins, quand on avait besoin de lui et de ses troupes, il était

 23   disponible prêt à faire tout ce qu'on lui demandait. D'un autre côté, on

 24   peut dire, et ça a été répété une dizaine de fois, que le problème du HOS

 25   vient juste d'être résolu ici à Zagreb…"

 26   Lorsque vous dites que personnellement et en coopération avec d'autres,

 27   vous avez instrumentalisé M. Prkacin, l'avez utilisé pour détruire le HOS,

 28   à quoi faites-vous allusion ici, s'il vous plaît ? Qu'avez-vous fait pour


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  1   détruire le HOS en Bosnie-Herzégovine ?

  2   R.  Ce qu'on pense exactement, c'est que le HOS est une armée irrégulière,

  3   une armée de parti. Par exemple, si quelqu'un venait faire quelque chose au

  4   sein du HVO et que vous seriez amené à le punir, il prenait son fusil, il

  5   allait au HOS et il se plaçait sous la protection d'une autre armée. S'il

  6   venait à voler quelque chose ou commettre quelque autre acte répréhensible,

  7   il s'en allait vers le HOS. Et on ne pouvait plus tolérer la chose au début

  8   de la guerre, bien sûr, mais cette situation impossible était de façon

  9   incontrôlable. Il était déjà difficile de maintenir l'ordre, mais quand

 10   vous aviez deux armées, où l'une des deux avait un leader politique et on

 11   ne sait pas auprès de qui il répond de ces agissements et aucune autorité

 12   de la Bosnie-Herzégovine ou Herceg-Bosna n'a autorité, alors M. Prkacin est

 13   allé là-bas en ma demande et à la demande de quelqu'un d'autre aussi et on

 14   lui a dit que cela conduirait à une catastrophe plus grande encore. En

 15   cette qualité d'homme raisonnable, il a accepté la chose et le problème a

 16   été tranché.

 17   Pour ce qui est de la Croatie, il --

 18   Q.  Désolé de vous interrompre, mais j'aimerais vous parler un petit peu

 19   des événements et entrer au HOS en Bosnie-Herzégovine. Le commandant du

 20   HOS, jusqu'à un moment qui a eu lieu juste avant cette réunion qui était le

 21   26 septembre 1992, le commandant du HOS en Bosnie-Herzégovine était un

 22   homme appelé Blaz Kraljevic; c'est bien cela ?

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Il est vrai, n'est-ce pas, qu'environ six semaines avant cette

 25   conversation qui a eu lieu au palais présidentiel, ce Kraljevic a été

 26   assassiné. On lui a tiré dessus avec d'autres dans la zone de Mostar en

 27   août 1992, n'est-ce pas ?

 28   R.  Alors "tué" ou "abattu," il faut le comprendre, parce qu'on venait


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  1   d'entamer une enquête qui n'est pas terminée. Il est mort, c'est sûr, mais

  2   a-t-il été abattu, je ne sais pas vous le dire, et je ne voudrais pas

  3   l'affirmer avant que la justice ne dise son mot, et de là à savoir quand

  4   est-ce que le droit finirait par dire son dernier mot, là je ne sais pas

  5   vous éclairer.

  6   Q.  Mais vous savez exactement ce qui s'est passé là-bas ? Il est tombé

  7   dans une embuscade et on lui a tiré dessus, on l'a tué, n'est-ce pas ?

  8   R.  Non, ce n'est pas vrai. Je n'en sais pas suffisamment long, et je pense

  9   que vous ne le savez pas non plus. L'enquête judiciaire doit donner son

 10   mot. Elle a été entamée, elle n'est pas terminée. Tout le reste, ce serait

 11   des conjectures ou des racontars, et je ne veux pas m'aventurer à faire une

 12   chose pareille.

 13   Q.  Mais la fin de Blaz Kraljevic a signé la fin du HOS. Quand on a détruit

 14   Blaz Kraljevic, on a détruit le HOS, n'est-ce pas ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Très bien.

 17   R.  Au contraire. La situation s'était détériorée et il a fallu faire bien

 18   plus d'efforts pour que la situation telle qu'elle s'est présentée, parce

 19   qu'il y a eu ces rumeurs, les racontars, enfin qu'on mette un terme

 20   pacifique à la chose afin qu'il n'y ait pas pire encore que ce qu'on a

 21   connu comme situation.

 22   Q.  Lorsque vous dites que vous avez utilisé M. Prkacin pour la destruction

 23   du HOS, qu'est-ce que vous lui avez demandé de faire exactement ?

 24   R.  M. Prkacin, c'est quelqu'un d'autonome et, indépendamment de ce qu'on

 25   dit "se sont servis de," ce n'est pas vrai. M. Prkacin, on s'est entretenu

 26   avec de façon claire pour lui demander de venir là-bas et se pencher sur

 27   une situation impossible avec deux armées en présence. Au cas où il y

 28   aurait des conclusions de tirées, et ces conclusions, je les ai suggérées


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  1   en avançant des exemples, donc s'il venait à s'assurer que mes positions,

  2   pas les miennes seulement, mais celles de Boban étaient bonnes et

  3   correctes, qu'il vienne aider à surmonter la situation. Et de ce point de

  4   vue, il a aidé. Alors "se servir de Prkacin," non, c'est un terme erroné.

  5   Pour ce qui est de ce type d'entretien, il arrive que des termes erronés

  6   soient utilisés. Mais ce n'est pas trop erroné, mais disons que --

  7   Q.  L'assassinat de Blaz Kraljevic était tout à fait dans l'intérêt du HVO,

  8   n'est-ce pas, à l'époque ?

  9   R.  Je ne suis pas d'accord de dire qu'il s'agissait d'un "assassinat." On

 10   ne peut pas en parler avant que l'enquête n'ait pas été menée à son terme.

 11   Il faut que la justice se prononce. Je ne pense pas que ce soit dans

 12   l'intérêt de qui que ce soit de tuer. Que l'on résolve la situation, oui,

 13   mais que l'on tue quelqu'un, non. Je n'accepte pas que le HDZ soit une

 14   organisation qui chercherait à résoudre des situations par des assassinats,

 15   non, je ne suis pas d'accord, pas du tout.

 16   Q.  La mort de Blaz Kraljevic était vraiment dans l'intérêt du HVO, n'est-

 17   ce pas vrai ?

 18   Général, dites-nous, si vous voulez qu'on suspende l'audience.

 19   R.  Non, non, nous pouvons continuer.

 20   Non, non, je ne peux pas accepter votre interprétation. M. Blaz Kraljevic

 21   c'était quelqu'un qui est venu de l'émigration d'Australie. Il traînait

 22   derrière lui une histoire un peu bizarre et un passé bizarre. Je dois dire

 23   que j'ai eu des conflits avec M. Blaz Kraljevic à Capljina. C'était tout à

 24   fait clair. Il ne pouvait pas y avoir deux commandants sur le territoire où

 25   je me trouvais, donc ça c'était clair. Mais pour ce qui est des

 26   assassinats, écoutez, j'avais des positions tout à fait tranchées, c'est

 27   vrai, mais que toute discussion houleuse trouve son issue dans un

 28   assassinat, non. Ce que j'ai appris, c'est nombre de ses membres ont


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  1   compris l'illusion. Il paradait avec ses uniformes, il a rassemblé des gars

  2   excellents, mais aussi des gens qui se sont livrés à des activités

  3   inacceptables qui étaient protégées. On pouvait rien. On ne pouvait rien

  4   contre eux, ça aussi c'est vrai.

  5   Mais il y avait des gens excellents parmi eux.

  6   Q.  Après la mort de Blaz Kraljevic, un grand nombre de soldats du HOS qui,

  7   à ce moment-là, sont venus pour rejoindre le HVO; n'est-ce pas vrai ? Le

  8   HVO était plus fort en vertu du fait que le HOS avait été détruit, n'est-ce

  9   pas ?

 10   R.  Même avant la mort de Blaz Kraljevic le HVO a été rejoint par un nombre

 11   considérable d'hommes qui sont venus du HOS. J'ai eu l'occasion de

 12   m'entretenir avec eux, vous avez des entretiens individuels et j'ai

 13   rencontré des groupes. M. Primorac, Cano Stanak [phon], qui est un exemple

 14   excellent et avec tout son groupe. Il est passé dans -- donc le HOS, il y

 15   avait de tout. Vous aviez des hommes excellents capables de combattre et

 16   prêts à combattre pour une Bosnie-Herzégovine juste, mais aussi des gens

 17   rassemblés par Blaz Kraljevic ou par d'autres dans son entourage.

 18   Heureusement, ça c'est bien résolu finalement, sauf que l'armée de Bosnie-

 19   Herzégovine a donné à Prkacin, je pense que c'est Izetbegovic qui lui a

 20   donné ce grade ça correspondait à leurs intérêts qu'il y ait le HOS et ils

 21   traitaient le HOS comme partie de leurs forces armées, mais nous ne le

 22   faisions plus.

 23   Q.  Le document suivant qui a trait à cette question est le document P

 24   10983. Il s'agit d'un article tiré d'une publication appelée "Borba." C'est

 25   le 8 septembre 1992. Il est question de cet aspect de la mort de Blaz

 26   Kraljevic. A la page 2 du texte anglais, on dit :

 27   "Mais précisément au moment --"

 28   C'est à partir --


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  1   "C'est précisément le moment où le général de corps d'armée Blaz

  2   Kraljevic a été tué, dont le nom de combat était 'flèche,' a été tué le 9

  3   août à Kresevo, près de Mostar. A ce moment-là, des nouvelles concernant le

  4   conflit entre le HVO et les unités musulmanes, mais également entre le HVO

  5   et les forces de la défense croate HOS ont commencé à faire les grands

  6   titres. Ceci équivalait à un blocage de nouvelles. Les unités du HOS,

  7   disait-on, ont reconnu la légitimité et la légalité des autorités

  8   militaires et civiles du commandement de Sarajevo, tandis que les unités du

  9   HVO ne voulaient pas le faire."

 10   Et un peu plus bas, on dit :

 11   "Le jour précédant son assassinat ce qui, pour lequel de nombreuses

 12   personnes en Herceg-Bosna blâmaient directement le HVO, Kraljevic a

 13   déclaré, par exemple, que le conseil de la Défense croate était seul à

 14   blâmer pour les conflits entre les Musulmans et le HVO à Travnik. 'Nous

 15   combattons pour un Etat qui sera libre. Il n'est pas important de savoir si

 16   les frontières sont à la Drina ou de telle ou telle manière, un peu plus

 17   comme si, un peu plus comme ça, tout dépend de la volonté des Croates et du

 18   peuple musulman qui vivent là. Et à partir du moment de Starcevic jusqu'à

 19   maintenant il a été clair que tout le monde qui avait une connaissance

 20   quelconque de l'histoire de la Croatie et du Parti des droits croates qui

 21   avait toujours été un parti de Musulmans et de Catholiques.'"

 22   Il poursuit et il dit :

 23   "Ce jour même, après que Kraljevic ait été criblé de balles, son

 24   adjoint, le colonel Ivica Primorac, a été transféré des rangs du HOS dans

 25   les rangs du HVO."

 26   Je voudrais maintenant vous parler du document suivant, ensuite --

 27   Mme ALABURIC : [interprétation] Excusez-moi. Je m'excuse auprès de

 28   mon collègue et aux Juges de la Chambre.


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  1   Le document P 10983 ne figure pas dans le prétoire électronique.

  2   C'est le document que vient de lire mon confrère.

  3   J'ai une deuxième observation à faire. Il s'agit d'un nouveau

  4   document. Les Juges de la Chambre ont édicté des règles empêchant le

  5   Procureur d'introduire des nouveaux documents à ce stade, donc il serait

  6   correct de la part de M. Stringer de nous préciser pourquoi il utilise ce

  7   document. Est-ce que cela à a voir avec la crédibilité du témoin.

  8   Mme PINTER : [interprétation] Une autre question. Vu la nature des

  9   questions qui sont posées au général Praljak, est-ce que cela veut dire que

 10   le Procureur, même si cela ne figure pas dans l'acte d'accusation, estime

 11   que le général Praljak est responsable de la mort de Blaz Kraljevic ? Il

 12   s'agit là d'une manière d'étendre l'acte d'accusation, puisque cela ne

 13   figure pas dedans. Nous n'avons rien vu à ce sujet dans l'acte

 14   d'accusation, et nous n'avons pas non plus été informés du fait qu'on

 15   allait interroger le témoin de cette manière-là le général Praljak, sur son

 16   éventuelle responsabilité. J'aimerais donc que le Procureur nous explique

 17   pourquoi il pose ces questions. Autrement, j'estimerais qu'il s'agit de

 18   conjectures.

 19   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, en répondant à ce qui

 20   vient d'être dit par Mme Alaburic, ce document, me dit-on, est bien dans le

 21   système du prétoire électronique e-court, ou en tout cas, il y est

 22   maintenant. C'est l'un des plus récents documents que nous avons ajoutés au

 23   cours des derniers jours, mais on me dit qu'il est bien là. Et si nous

 24   présentons ce document après la déposition du général Praljak, à ce moment-

 25   là, nous ferons comme nous l'avons toujours, à savoir que nous indiquerons

 26   pour quelle raison il a été présenté comme élément de preuve.

 27   Puis en réponse aux remarques faites par Mme Pinter, j'ai examiné cette

 28   partie comme rentrant dans le cadre de l'entreprise criminelle commune lors


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  1   de notre contre-interrogatoire. Nous avons ce qu'a dit le général Praljak

  2   au Conseil de Défense nationale lors de sa réunion où il disait qu'il

  3   utilisait Prkacin pour détruire le HOS. L'Accusation n'est pas prête à

  4   faire des allégations plus précises que cela. Toutefois, il est extrêmement

  5   pertinent à notre avis par rapport à la question de l'entreprise criminelle

  6   commune pour ce qui est de la destruction d'une unité qui, en fait, avait

  7   une allégeance à la Bosnie-Herzégovine ce qui, à notre avis, n'était pas la

  8   politique du HVO. Donc nous n'allons pas développer l'acte d'accusation.

  9   Notre position, c'est que tout ceci a directement trait à l'existence d'une

 10   entreprise criminelle commune, au fait de favoriser ces objectifs et à la

 11   participation du général à cela.

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Si je puis m'adresser à vous ainsi qu'à mes

 13   confrères et mes consœurs, au moment où nous échangions ces points de vue,

 14   on a vu s'afficher dans le prétoire électronique le document dont nous

 15   avons parlé. Donc ma première objection est caduque, la situation est

 16   changée maintenant.

 17   Puis pour ce qui est de ma deuxième objection, la décision prise par la

 18   Chambre de première instance précise que c'est par avance qu'il convient

 19   d'annoncer l'intention de présenter de nouveaux documents. Autrement, dans

 20   son ensemble, il n'y aurait pas de sens dans la position de la Chambre. Si

 21   on acceptait de nouveaux documents dans le cadre du contre-interrogatoire,

 22   même si ces documents ne répondaient pas aux règles édictées de la Chambre,

 23   à ce moment-là, en fin de compte, peu importe est-ce que ce document sera

 24   versé à la fin ou non, puisque les questions ont été posées en se fondant

 25   sur les documents. Donc nous aurons les réponses et, de manière indirecte,

 26   le document serait susceptible de devenir une pièce. 

 27   Si la Chambre se rappelle la teneur de cette décision, je pense qu'il est

 28   tout à fait clair que le Procureur doit par avance annoncer pour quelle


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  1   raison il se sert de nouveaux documents. Merci.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Stringer, s'il s'agit d'un nouveau

  3   document, vous ne nous l'avez pas indiqué. Il y a une

  4   raison ?

  5   M. STRINGER : [interprétation] Nous n'avons pas à le faire, Monsieur le

  6   Président. Nous sommes libres d'utiliser tous les documents que nous

  7   voulons lorsqu'il s'agit d'un contre-interrogatoire. Quant à savoir si nous

  8   l'avons présenté comme élément de preuve au dossier, cela ça reste à voir.

  9   Ça peut l'être si nous voulons et à ce moment-là on informera. On verra

 10   quelle est la décision. Si c'est quelque chose --

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez, Monsieur Stringer. De mémoire, la Chambre

 12   a rendu une décision sur les nouveaux documents, où on a dit, je n'ai pas

 13   le texte sous les yeux, mais on a dit que lorsque lors du contre-

 14   interrogatoire on introduit un nouveau document, ce document ne peut servir

 15   que pour tester la crédibilité du témoin. Or, là ce n'est pas sur la

 16   crédibilité, c'est sur l'entreprise criminelle.

 17   M. STRINGER : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, sa déposition

 18   sur ce point a trait à l'entreprise criminelle commune. Mais la déposition,

 19   à l'évidence, constitue des éléments de preuve. Pour nous, c'est hautement

 20   pertinent, cet aspect, pour ce qui est de l'existence d'une entreprise

 21   criminelle commune.

 22   Le général Praljak a dit que lors d'une réunion avec le général

 23   Tudjman, il avait participé à quelque chose concernant le HOS. Nous savons

 24   que la position du HOS et Blaz -- nous savons qui c'était, Blaz Kraljevic.

 25   Le général a nié savoir que Kraljevic avait été assassiné ou tué ou comment

 26   il était mort. Ce document qui a été présenté maintenant partant de

 27   l'hypothèse qu'il allait soutenir qu'il --

 28   M. KHAN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai entendu ce qui était


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  1   dit comme réponse par mon confrère de très éloquent à l'objection qui lui a

  2   été présentée en ce qui concerne la mort de Blaz Kraljevic. Je note que

  3   l'Accusation, avec tout le respect que je lui dois, semble en quelque sorte

  4   faire marche arrière lorsqu'il dit qu'ils ne sont pas disposés à faire des

  5   allégations plus précises qu'ils ne l'on fait. Quand vous reverrez le

  6   compte rendu, vous verrez à ce moment-là quel est le but des questions de

  7   mon confrère. Il paraît de façon patente que ce que mon confrère voulait

  8   faire, c'était une allégation selon laquelle le général Praljak, d'une

  9   certaine manière, d'une certaine façon, sous une certaine forme, avait eu

 10   connaissance, voire peut-être avait ordonné, en tous les cas était au

 11   courant de meurtre de telle personne. Mon confrère a dit, mais il y a un

 12   moment, qu'il pensait que le général Praljak en savait davantage qu'il n'en

 13   dit.

 14   Monsieur le Président, ce n'est pas à l'Accusation, pour ce qui est de

 15   s'acquitter de ses obligations qui sont très lourdes, de prouver leur thèse

 16   au-delà d'un doute raisonnable pour essayer de le faire par des

 17   insinuations ou en laissant peser ne fusse que l'ombre d'un soupçon. S'ils

 18   ont des éléments de preuve, il faut qu'ils les présentent. S'ils n'ont pas

 19   d'éléments de preuve, l'allégation ne devrait pas être faite.

 20   Voilà ce que je voulais dire. Mes confrères de la Défense, à de

 21   nombreuses occasions, se sont plaints pour ce qui est du temps disponible

 22   aux parties, de consacrer le temps que nous avons passé sous cet aspect

 23   étant donné le fait que la réponse du général Praljak, à moins qu'il y ait

 24   des points très claires par rapport à ce que le général Praljak a nié, en

 25   ce qui concerne sa participation, je pense que nous devrions poursuivre.

 26   Voilà mon argument, Monsieur le Président.

 27   M. STRINGER : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, j'ai été

 28   extrêmement prudent sur ce point. Le général a dit ceci lors d'une réunion.


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  1   Si le général avait dit : "J'ai utilisé Prkacin pour la destruction HOS."

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas dit "je." Ce qui est écrit c'est

  3   "nous."

  4   M. STRINGER : [interprétation] Je ne vais pas discuter avec le témoin.

  5   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  6   M. STRINGER : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Laissez M. Stringer dire ce qu'il a à dire et vous

  8   n'avez pas à interrompre M. Stringer.

  9   Bien, Monsieur Stringer, terminez ce que vous vouliez dire.

 10   M. STRINGER : [interprétation] J'ai lu au général ses propres paroles, à

 11   savoir qu'il dit :

 12   "Je voudrais dire que ce n'est pas si simple et, m'exprimant

 13   ouvertement, nous avons utilisé M. Prkacin personnellement et en

 14   coopération avec d'autres aux fins de détruire les forces du HOS, là-bas."

 15   Maintenant j'ai demandé au général de nous dire comment il avait

 16   employé M. Prkacin. Cela était juste de lui demander cela. Je n'ai pas

 17   d'état d'âme pour ce qui est de présenter nos arguments au général, et si

 18   je voulais lui dire qu'il est responsable du meurtre de Kraljevic, je

 19   l'aurais fait. Mais j'ai été prudent en lisant le texte de ce qu'il avait

 20   dit, en donnant au général la possibilité d'expliquer exactement ce qu'il

 21   voulait dire quand il l'a dit. Pour nous, ça n'a pas d'importance de savoir

 22   qui a tué Kraljevic. Ce qui compte pour l'Accusation sur ce point, c'est

 23   qu'au palais de la présidence, un général de division de l'armée croate, un

 24   membre du Conseil de la Défense nationale dit au président de la Croatie

 25   qu'il s'est servi d'autres personnes pour détruire le HOS. Maintenant je

 26   lui pose la question de savoir si la destruction du HOS était basée sur le

 27   fait qu'il y avait des politiques différentes entre le HOS et ses

 28   dirigeants et le fait que c'était dans l'intérêt du HVO.


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  1   Donc peu m'importe de savoir si le général est impliqué ou non dans

  2   le meurtre de Blaz Kraljevic. Ce qui m'intéresse, c'est son rôle dans la

  3   destruction du HOS et j'ai été très prudent, je crois, en me limitant à

  4   cela.

  5   M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Kovacic.

  7   M. KOVACIC : [interprétation] Si je puis, pour enchaîner sur l'objection

  8   soulevée par ma consoeur, d'une manière ou d'une autre, il s'agit d'une

  9   nouvelle accusation. C'est de manière claire que le Procureur le dit. C'est

 10   pertinent pour l'existence de l'entreprise criminelle commune. Le général

 11   Praljak a mentionné ce qu'il a mentionné dans le procès-verbal sur le HOS

 12   et sur Blaz Kraljevic. Par conséquent, le Procureur s'en sert eu égard à

 13   l'entreprise criminelle commune. Mais penchons-nous sur cela une seconde,

 14   s'il vous plaît, Monsieur le Président, Messieurs les Juges. Si l'histoire

 15   de la mort de Blaz Kraljevic est à ce point importante, au point que

 16   l'appréciation de l'existence de l'entreprise criminelle commune en dépend

 17   en partie, au moins il aurait fallu mentionné cela dans l'acte

 18   d'accusation.

 19   Et un autre détail particulièrement important à mes yeux. Cette équipe de

 20   Défense a en sa possession pas mal de documents sur Blaz Kraljevic, sa

 21   mort, différents rapports portant sur sa mort, sur les rumeurs qui ont

 22   circulé, et cetera. Lorsque nous avons dressé la liste 65 ter, nous n'avons

 23   pas ressenti le besoin de faire figurer ce document sur la liste. Pourquoi

 24   ? Parce que personne ne se voit reprocher l'assassinat de Blaz Kraljevic.

 25   En aucun cas cela ne peut être important par rapport à l'existence

 26   d'entreprise criminelle commune ou autre crime reproché. Donc ça manque

 27   totalement de pertinence. Or, maintenant voilà l'histoire de Blaz Kraljevic

 28   qui apparaît.


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  1   Je pense que mon client peut répondre à cette question. Nous n'allons

  2   pas l'empêcher, mais ça n'a rien à voir avec rien. Ça manque de pertinence,

  3   ça nous fait gaspiller du temps, et cetera. Alors une autre chose, puisque

  4   le Procureur se fonde sur les rumeurs, il faut que je vous dise une chose :

  5   En Bosnie-Herzégovine, nous avons beaucoup travaillé sur le terrain. Nous

  6   connaissons au moins, et je n'exagère pas -- c'est moi qui témoigne

  7   maintenant, je sais, au moins 30 histoires qui circulent publiquement sur

  8   les circonstances de la mort de Blaz Kraljevic. Dans chaque milieu, chaque

  9   village, vous entendrez une autre version des faits. Comme vient de le dire

 10   le général Praljak, officiellement l'enquête et les poursuites n'ont pas

 11   été terminées. Jusqu'à présent personne ne peut affirmer quelles ont été

 12   les circonstances de la mort de Blaz Kraljevic. Je vous remercie.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : M. Stringer nous a expliqué pourquoi il avait posé

 14   la question.

 15   Alors, Monsieur Praljak, vous nous avez dit : Je réponds à toutes les

 16   questions. Alors M. Stringer vous dit : Devant M. Tudjman, vous avez dit

 17   que vous aviez utilisé M. Blaz Kraljevic -- non, M. Prkacin pour détruire

 18   le HOS, et M. Stringer veut savoir cette destruction était motivée par

 19   quoi. Donc c'est ça le fond. On n'est pas en train de parler de

 20   l'assassinat de M. Blaz Kraljevic. Ce que l'Accusation veut savoir et la

 21   Chambre aussi, c'est pourquoi vous avez voulu détruire le HOS. Parce que

 22   ça, devant M. Tudjman, vous ne l'expliquez pas. Alors dites-nous pourquoi

 23   vous avez utilisé Prkacin pour détruire le HOS.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Encore une fois, certes on trouve dans le

 25   texte le terme de servir de ou utiliser, mais il faut l'entendre de la

 26   manière suivante : Prkacin à l'époque, ou à peu près à cette époque, est le

 27   commandant du HOS pour la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Le HOS existe

 28   en Croatie en tant qu'armée. Je ne sais pas si vous avez vu, c'est tout


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  1   récent que l'Etat croate soit parvenu à démanteler le HOS puisqu'ils

  2   avaient leur état-major, leurs généraux et puis leurs unités. Donc, l'Etat

  3   croate n'avait pas suffisamment de puissance dès le départ, d'avoir deux

  4   armées.

  5   Deuxièmement, Prkacin est le chef militaire du HOS pour la Bosnie-

  6   Herzégovine et pour la Croatie. On ne peut pas l'utiliser. On peut le

  7   convaincre. Le numéro 2, Primorac, il est mentionné ici. C'est le numéro 2

  8   du HOS en Bosnie-Herzégovine. Lui, il a compris ce qui, en plus du combat,

  9   était en train de se produire dans cette organisation. Quand ils sont

 10   devenus conscients que nous étions conscients de ce qui était en train de

 11   se passer, à savoir que l'existence des deux armées en parallèle

 12   engendraient une recrudescence de la criminalité et une impossibilité de

 13   combattre ensemble, ils ont aidé à ce qu'en bonne partie le HOS

 14   disparaisse, enfin, soit versé dans le HVO. Et regardez.

 15   D'une part, on nous dit qu'il y a l'accusation que Franjo Tudjman,

 16   dans ses idées politiques, estime que la Bosnie-Herzégovine fait partie du

 17   territoire croate, et puis d'autre part, nous nous opposons au HOS, nous

 18   nous opposons à ce parti politique qui voit la Bosnie-Herzégovine comme

 19   partie intégrante d'un grand Etat croate allant jusqu'à la Drina où il n'y

 20   a pas de Serbes. Attendez. Il n'y a pas de Serbes dans cette option

 21   politique, dans cette vision de l'Etat. C'est la politique de l'Etat

 22   indépendant de la Croatie, politique d'Ante Pavelic sur le plan politique.

 23   Donc nous tous, à l'époque, nous avions froid dans le dos en voyant ça. Cet

 24   homme est arrivé d'Australie, il a émergé là-bas et à ce moment-là, ceux

 25   qu'il défendait pouvaient entrer dans une catastrophe totale.  

 26   Je n'ai rien à voir avec son destin, mais j'ai travaillé de manière intense

 27   avec le numéro 2 du HOS, Ivica Primorac, pour la Bosnie-Herzégovine, numéro

 28   2 avec Prkacin par la voie de conversations pour qu'il comprenne où cela


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  1   allait nous mener sur le plan de l'organisation, de l'ordre de l'Etat de

  2   Bosnie-Herzégovine, la HZ HB. J'en suis fier, je m'en félicite. J'y ai

  3   contribué. Je n'étais pas seul. Il y avait Boban qui a travaillé là-dessus

  4   et je ne vais pas énumérer maintenant tous ceux -- ce serait une

  5   catastrophe. Deux armées ? On avait du mal à avoir une armée et à maîtriser

  6   la situation et après vous aviez des bandits qui viennent voler des

  7   électroménagers ou autres après différentes actions et puis, c'est eux qui

  8   avaient ce camp à Dretelj, j'ai réussi à le démanteler en ayant recours à

  9   la force, fusil contre fusil.

 10   Des canons, des mitrailleuses anti-aériennes. J'étais prêt à les

 11   utiliser. Eux, ils avaient leur propre camp. Enfin, je vous en prie.

 12   M. STRINGER : [interprétation]

 13   Q.  Général ---

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] On peut faire une pause, Monsieur le Président

 15   ?

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. On va faire 20 minutes de pause.

 17   --- L'audience est suspendue à 17 heures 29.

 18   --- L'audience est reprise à 17 heures 51.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.

 20   Monsieur Stringer, vous avez la parole.

 21   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Je vais passer au sujet suivant, enfin à la pièce suivante plutôt, et je

 23   vais vous montrer une vidéo. Vous avez vu un passage de cette vidéo lors de

 24   votre déposition. C'est un discours que vous avez fait à Zenica, en

 25   décembre 1992, mais j'aimerais montrer une séquence supplémentaire et vous

 26   posez quelques questions à propos de cette séquence.

 27   Il s'agit de la pièce P 00842 qui se trouve dans Sanction. Je vais laisser

 28   la séquence aller pendant un bon moment. Il y aura certains passages que je


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  1   devrais d'abord demander de passer en accéléré, mais je vais poursuivre,

  2   laisser la séquence se dérouler normalement, il y en a pour quelques

  3   minutes.

  4   Q.  Avant de commencer, j'aimerais savoir si vous vous souvenez du discours

  5   auquel j'ai fait allusion. Ce discours de Zenica en décembre 1992, vous

  6   vous en souvenez ?

  7   R.  En partie oui, enfin je sais pour l'essentiel ce que j'ai dit.

  8   Q.  Bien. Nous allons donc montrer cette séquence. C'est un discours que

  9   vous nous avez montré. Vous disiez aux soldats de ne pas fumer de

 10   cigarettes pendant la cérémonie. C'est l'incident auquel je fais allusion

 11   et on va maintenant voir cette séquence.

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 14   "Pour la patrie, prêts à se battre.

 15   Les soldats en chœur : Prêts.

 16   Je vais brièvement vous présenter les invités qui sont présents

 17   aujourd'hui. Le co-président de la HZ HB, M. Dario Kordic, le général

 18   Praljak, le général Ante Prkacin; le commandant de la zone opérationnelle,

 19   le colonel Tihomir Blaskic; le secrétaire de la Communauté croate d'Herceg-

 20   Bosna, M. Zvonko Popovic; M. Zvonko [phon] Sakic; le président du HDZ,

 21   Josip Pojavnik; le co-président du HDZ, Zvonko Popovic; Veronika Malbasic;

 22   et le président du bureau de la défense, Jozo Jerkic."

 23   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 24   M. STRINGER : [interprétation]

 25   Q.  Bien. Juste avant de poursuivre, j'ai quelques questions à vous poser,

 26   Monsieur Praljak. Il va parler plus tard, mais le général Prkacin, celui

 27   qu'on a vu au départ, c'est bien celui dont on a parlé au début de la

 28   journée ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Et les drapeaux que l'on voit, il y en a un d'ailleurs qui flotte en

  3   haut du bâtiment derrière les orateurs, s'agit-il de drapeaux de la

  4   République de Croatie, --

  5   R.  Non.

  6   Q.  -- est-ce une variation de la bannière croate; de quel drapeau s'agit-

  7   il?

  8   R.  C'est le drapeau du peuple croate en Bosnie-Herzégovine. Ce n'est pas

  9   le drapeau de la République de Croatie.

 10   Q.  Est-ce le drapeau de la Communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 11   R.  Enfin je pense qu'il n'y a pas eu de décret proclamant par la HR HZ la

 12   création de forme d'expression de l'Etat, ni hymne ni drapeau. C'était le

 13   drapeau du peuple croate en Bosnie-Herzégovine, sans plus.

 14   Q.  La chanson que vous avez entendue, est-ce l'hymne national de la

 15   Croatie ?

 16   R.  Oui, c'est l'hymne national croate, et entre autres, c'est l'hymne du

 17   peuple croate. C'est ce que chante le Croate en Amérique, en Australie, en

 18   Bosnie-Herzégovine, en Croatie. C'est aussi l'hymne national croate en

 19   Croatie, mais c'est plus que cela. C'est l'hymne national du peuple croate.

 20   C'est le chant de cérémonie officiel.

 21   [Diffusion de la cassette vidéo]

 22   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 23   "Je jure que j'accomplirai mes missions de façon loyale et honorable,

 24   missions qui sont confiées aux membres du HVO, et c'est de façon

 25   consciencieuse et responsable que je me soumettrai aux ordres officiels et

 26   commandements. Je jure que je sacrifierai jusqu'à ma vie pour protéger et

 27   défendre ma patrie, l'Herceg-Bosna, son droit à la survie ainsi que la

 28   totalité de ces citoyens.


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  1   Soldats --"

  2   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

  3   M. STRINGER : [interprétation] Bien.

  4   Q.  Nous avons entendu la prise de serment. On en parle plus par la suite,

  5   mais s'agit-il de la prise de serment de la brigade de Jure Francetic à

  6   Zenica ?

  7   R.  C'est exact.

  8   Q.  Il s'agit donc d'une brigade qui était sous le commandement du colonel

  9   Tihomir Blaskic à l'époque qui était à la tête du commandement de la zone

 10   opérative, n'est-ce pas ?

 11   R.  Exact.

 12   Q.  Donc si un Musulman voulait rejoindre les rangs de cette brigade pour

 13   combattre, aurait-il dû prêter serment pour jurer fidélité à sa patrie,

 14   l'Herceg-Bosna ?

 15   R.  Je ne sais pas s'il y avait eu des Musulmans là, mais je sais qu'il y a

 16   eu beaucoup de Musulmans au sein du HVO. C'était un serment provisoirement

 17   formulé pour l'Herceg-Bosna. Je n'y vois rien de mal. On aurait pu passer

 18   la chose sous silence ou pas. Je ne peux pas vous répondre exactement à

 19   votre question.

 20   Q.  Jure Francetic était un Oustacha -- un commandant oustacha bien connu

 21   du temps de la Deuxième Guerre mondiale, n'est-ce pas ?

 22   R.  Il y a eu une formation d'oustachi professionnelle sur le territoire de

 23   la Bosnie-Herzégovine, donc ce n'était pas une partie politique, c'est une

 24   unité. Il a été tué en 1943, ce Jure Francetic lorsqu'on a abattu son

 25   avion.

 26   Q.  Connaissez-vous le nom de l'homme qui a demandé aux soldats de faire ce

 27   serment ?

 28   R.  Non, je n'arrive pas à m'en rappeler. Je le sais probablement, mais


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  1   maintenant vu sous cet angle-ci, non. Il se peut que je puisse m'en

  2   souvenir si je voyais la photo ou si on me donnait  le nom, mais maintenant

  3   ça ne me revient pas.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  6   "Soldats, sous-officiers, officiers, je vous félicite le fait d'avoir prêté

  7   solennellement serment.

  8   Jure Francetic, chevalier croate, s'est battu du côté des Serbes au front

  9   de Salonika. Il a défendu le peuple croate et musulman. Il a expulsé les

 10   Chetniks de Sarajevo de la Romanija et de la rive gauche de la Drina. Nous,

 11   qui sommes ses suiveurs, nous ne voulons rien d'autre. J'estime que c'est

 12   l'objectif également de l'armée du peuple musulman, parce que ce n'est

 13   qu'ensemble que nous pouvons mettre un terme à ces plans sanglants des

 14   Chetniks. En cette occasion, je vous souhaite un joyeux Noël et je bénis

 15   cette nouvelle année de 1993 avec le vœu que les fêtes prochaines soient

 16   accueillies dans la paix et la liberté, parce que notre patrie, la Bosnie-

 17   Herzégovine, nous le demande. Je demanderais maintenant au commandant de la

 18   3e Zone opérationnelle de Bosnie-Herzégovine, M. Tihomir Blaskic, de

 19   prendre la parole.

 20   L'unité de la Défense de l'Herceg-Bosna et au nom de l'état-major du HVO et

 21   en mon nom personnel, chers frères combattants, soldats du HVO, commandants

 22   et sous-officiers, cher peuple croate et estimée délégation de la

 23   municipalité de Zenica, je vous adresse mes félicitations les plus sincères

 24   pour ce qui est du serment solennel que vous venez de prêter aujourd'hui.

 25   Merci.

 26   C'est une journée historique, mais je dois vous dire que pour nous, le

 27   moment historique, c'est lorsque le peuple croate a ressenti bien avant, à

 28   savoir que le moment est venu de prendre l'arme à la main pour défendre son


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  1   existence et que c'est l'arme au poing qu'il faut se battre pour rester sur

  2   sa terre et chez soi. Vous venez de prêter ce serment le 13 août lorsque la

  3   mission la plus complexe vous attend, celle de défendre aux côtés des

  4   citoyens de la ville de Jajce et vous avez participé à la défense des

  5   territoires croates, non pas seulement Jajce, mais Zepca et autres

  6   territoires où le commandement vous a envoyés. Donc l'événement

  7   d'aujourd'hui est un événement historique, mais un événement dans la suite

  8   d'événements qui constituent un processus de création de l'armée du peuple

  9   croate, qui est, certes, très importante."

 10   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 11   M. STRINGER : [interprétation] O.K.

 12   Q.  Nous avons entendu quelques références à la patrie comme étant

 13   l'Herceg-Bosna. Tihomir Blaskic parle du Conseil de la Défense  croate

 14   comme étant l'armée populaire des Croates. Donc en 1992, le conflit est

 15   déjà en cours, il y a eu le conflit à Prozor, mais ici on voit la création

 16   d'une unité militaire purement croate dont la fonction est de protéger

 17   l'Herceg-Bosna sans s'occuper de quoi que ce soit d'autre que l'Herceg-

 18   Bosna, par exemple, la République de Bosnie-Herzégovine en tant que telle.

 19   Donc il s'agit d'une armée croate pour la patrie croate, rien de plus ?

 20   R.  Ce n'est pas exact. Ici, si vous avez bien prêté une oreille attentive,

 21   on parle de Jure Francetic en tant que combattant au front Salonika, et le

 22   front de Salonika, c'est la Première Guerre mondiale. Les Serbes se battent

 23   là-bas du côté des forces qui l'ont emporté pendant la Première Guerre

 24   mondiale. Donc Jure Francetic a été un combattant de Salonika et un des

 25   poids lourds, et ce sont des faits notoirement connus de l'histoire du

 26   peuple serbe.

 27   Deuxièmement ici on parle de citoyens dans le texte. Il est expressément

 28   dit "citoyens." Puis dans ce type de choses, malheureusement, la


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  1   mobilisation et la mort des gens, c'est lié à la réalisation de droits

  2   nationaux, de droits ethniques.

  3   Il parle de la présence d'une délégation de Zenica, je ne pense pas que ce

  4   soit seulement d'une population croate. Je ne sais pas s'il y a des

  5   musulmans dans la foule.

  6   Par conséquent, si l'on tient compte du fait qu'il y a un début d'une

  7   guerre sanglante, à savoir des conquêtes serbes, c'est une rhétorique qui

  8   est tout à fait admissible et qui n'a rien en soi qui pourrait être

  9   considéré comme quelque chose de mauvais. Alors pour ce qui est de

 10   l'Herceg-Bosna --

 11   L'ACCUSE PRLIC : [interprétation] Je dois dire que je n'ai pas remarqué que

 12   les propos de M. Praljak aient été traduits pour ce qui est de la version

 13   originale, à savoir les propos où il y a la présence à cette assemblée

 14   d'une délégation de la municipalité de la ville de Zenica. Je n'ai pas

 15   relevé la chose dans la version anglaise, mais comme M. Praljak vient de le

 16   redire, j'interviens juste pour la traduction.   

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est très important et je demande à ce que

 18   l'on ajoute le fait que l'Herceg-Bosna est mentionnée à chaque fois sous

 19   deux formes, à savoir dans une bonne partie de l'histoire, l'Herceg-Bosna,

 20   c'est identique à la Bosnie-Herzégovine. Je peux vous dire que pour ce qui

 21   est de Franjo Tudjman, dans le livre qu'on a sauté, il parle de l'Herceg-

 22   Bosna en parlant de Bosnie-Herzégovine. C'est une façon de s'exprimer pour

 23   la Bosnie-Herzégovine qui fait partie d'une période déterminée de

 24   l'histoire. Quand on parle de l'Herceg-Bosna du point de vue historique,

 25   c'est équivalent à la Bosnie-Herzégovine. C'est ainsi que nous l'appelions.

 26   Ensuite vous avez l'Herceg-Bosna dans une deuxième forme, qui a longuement

 27   été débattue d'ailleurs pour ce qui est des aspects organisationnels

 28   faisant partie de cette dernière guerre.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, M. Prlic vient de nous dire, car il

  2   manie excellemment l'anglais, rien ne lui échappe, il dit qu'il y avait des

  3   représentants de la municipalité de Zenica lors de cette prestation de

  4   serment. Effectivement, cela ne figure pas dans le texte anglais. Partant

  5   du constat qu'il y avait des représentants dans la municipalité de Zenica,

  6   est-ce que cela veut dire qu'il y avait des Musulmans qui étaient présents

  7   lors de cette manifestation ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui c'est exact, Monsieur le Juge Antonetti.

  9   Si vous le permettez, j'aimerais prendre une minute --

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc vous me dites qu'il y avait des Musulmans qui

 11   étaient là. Bien. Quand les personnes chantent l'hymne croate, car vous

 12   avez reconnu à une question de M. Stringer que c'était l'hymne croate, ces

 13   Musulmans qui sont là, comment ils ressentent cela ? Ils trouvent ça

 14   naturel ou bien c'est une ingérence par rapport à l'hymne officiel de la

 15   République de Bosnie-Herzégovine ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Antonetti, l'Herceg-Bosna à

 17   l'époque n'a pas son hymne. Malheureusement, il n'y a pas le mot de hymne

 18   et l'hymne actuel a été rédigé par quelqu'un de la communauté

 19   internationale. La Bosnie-Herzégovine, à ce moment-là, n'a pas son hymne.

 20   Ça c'est l'hymne du peuple croate, ce n'est pas l'hymne de je ne sais qui.

 21   Pour être tout à fait sincère, il n'est pas question de guerre dans ce

 22   texte. C'est assez modéré comme paroles. C'est aussi l'hymne de l'Etat

 23   croate de Croatie, mais c'est beaucoup plus que cela, c'est l'hymne du

 24   peuple croate et c'est chanté de nos jours encore de façon tout à fait

 25   normale à bien des cérémonies. C'est le deuxième hymne de la Bosnie-

 26   Herzégovine. On joue l'hymne de la Bosnie-Herzégovine, ensuite la

 27   population a le droit de chanter son chant solennel. Ce n'est plus l'hymne,

 28   mais c'est le chant solennel, parce qu'il n'y a pas d'Etat qui déclarerait


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  1   cela comme étant l'hymne de l'Etat. Mais la Bosnie-Herzégovine, à l'époque,

  2   n'a pas d'hymne ni de chant solennel.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Parce que vous avez compris que pour le Procureur,

  4   c'est un élément à charge, cet hymne qui est chanté, mais là vous nous

  5   dites qu'à l'époque il n'y avait pas d'hymne officiel. C'est votre réponse

  6   ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact, exact.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Et on a vu un deuxième groupe où il y a une guitare

  9   et il y a des gens qui chantent. Ils chantent quoi, eux ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas. Il faudrait peut-être que je

 11   réécoute. Je n'ai pas prêté l'oreille. Ils chantent l'hymne, je pense, et

 12   ils ont dû jouer l'hymne aussi.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Non, c'est autre chose. C'est un chant.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas.

 15   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Je m'excuse. Peut-être une rectification

 16   au compte rendu, mais je peux attendre l'intervention du Juge.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie. Je ne vais pas

 18   dire "les dames d'abord", je ne pense pas que ce soit le cadre pour cela.

 19   Mais je tiens à dire que lors d'un des discours qui a été fait au début de

 20   cette séquence vidéo, l'orateur parle des représentants de la ville de

 21   Zenica et de la municipalité de Zenica, on ne peut pas dire que ceci ne

 22   figure pas dans le compte rendu. Ensuite, l'adjoint du chef de Zenica est

 23   mentionné aussi au départ.

 24   Je pense qu'il y a peut-être eu un petit oubli ou une négligence.

 25   L'ACCUSE PRLIC : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [aucune interprétation]

 27   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Je voudrais procéder à une correction du

 28   compte rendu.


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  1   Page 76, lignes 8 et 9, et c'est placé en corrélation avec le serment prêté

  2   par les soldats, le général a dit qu'on fait référence dans ce serment aux

  3   citoyens. Au compte rendu, on dit "citizens". Je rappelle aux Juges de la

  4   Chambre et aux autres dans ce prétoire un débat que nous avons eu avec

  5   l'avocat Buntic, qui a été un témoin de la Défense du Dr Prlic, et il me

  6   semble que nous avions tiré au clair la distinction à faire pour ce qui est

  7   de ces notions en langue croate. En langue croate, il y a "citoyens", que

  8   l'on traduit par "résidents", et il y a la notion de "nationaux", que nous

  9   traduisons par "citizens", "citoyens". La distinction est importante, et

 10   pour ce qui est du général Praljak et du serment prononcé, il est question

 11   des citoyens, donc des résidents, non pas des ressortissants de l'Herceg-

 12   Bosna en tant que membres d'un Etat. Merci.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. Il est question de la totalité

 14   des gens qui se trouvent sur le territoire en question. Tous les citoyens

 15   seront défendus. C'est cela, l'important. On ne défendra pas que des

 16   Croates, mais on défendra la totalité des citoyens.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Procureur.

 18   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 19   J'écoute l'anglais, et je crois que dans la cabine anglaise les interprètes

 20   ne sont pas tout à fait d'accord avec ce qui est dit dans le prétoire et ce

 21   qui est -- et leur interprétation du terme. Enfin, je ne vais pas aller

 22   plus en détail parce que je ne pense pas que ce soit très utile.

 23   Q.  J'aimerais maintenant parler de quelque chose que vous avez dit

 24   précédemment. Vous êtes en train de nous dire que lorsqu'ils parlent

 25   d'Herceg-Bosna ici, ils parlent en fait de

 26   Bosnie-Herzégovine ?

 27   R.  Bien sûr, il faudrait maintenant que je réécoute tout ceci, mais dans

 28   les actes historiques, dans les documents historiques, dans les livres de


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  1   Franjo Tudjman que nous avons parcourus à la va-vite, il est très souvent

  2   utilisée cette notion d'Herceg-Bosna pour coïncider avec la notion de

  3   Bosnie-Herzégovine. C'est --

  4   Q.  Voici ce que je vous affirme, si vous êtes en train de dire que lorsque

  5   l'on fait référence à l'Herceg-Bosna en faisant référence en fait à toute

  6   la Bosnie-Herzégovine, je pense que ce n'est pas correct de votre part. Ce

  7   n'est basé sur absolument rien. C'est quelque chose de parfaitement nouveau

  8   que vous venez de dire.

  9   Q.  Non, je vous ai dit exactement qu'il faudrait que je réécoute tout

 10   ceci. Je ne peux pas vous dire ce que cet homme avait dans son esprit,

 11   enfin, ce qu'il voulait dire exactement, mais dans les documents

 12   historiques, même ceux de Franjo Tudjman, je peux vous donner le numéro de

 13   la page, il parle dans un paragraphe de l'Herceg-Bosna, et dans un autre de

 14   Bosnie-Herzégovine, mais il parle du même territoire de l'Etat. Ce sont

 15   deux notions qui, dans la littérature et dans le parlé, avaient la même

 16   teneur. Ce sont des notions qui avaient la même teneur.

 17   Q.  Bien. Lorsque --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, un petit détail, une question

 19   totalement accessoire.

 20   On a vu tout à l'heure M. Kordic. Je l'ai bien regardé, et j'ai vu qu'il

 21   était habillé en militaire, il avait une tenue militaire. M. Kordic avait

 22   une fonction municipale élective. Est-ce à dire qu'à l'époque, il y avait

 23   une confusion dans les genres, ou on était civil et militaire, il n'y avait

 24   pas de distinction à faire ? Car sinon, comment expliquer que M. Kordic est

 25   en tenue militaire ?

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Oui, j'aimerais que l'on revoie ce

 27   passage, s'il vous plaît, Monsieur Stringer, parce que si je me souviens

 28   bien, c'est une personne qui est un petit peu derrière les militaires et


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  1   qui est en civil. Je l'ai vu comme ça. Je l'ai vu en civil. On a vu la même

  2   chose, mais on a vu des choses différentes, pourrions-nous revoir --

  3   M. STRINGER : [interprétation] Oui. Je pense qu'on peut regarder le cliché

  4   qui est à l'écran maintenant. On voit l'orateur qui est derrière le micro.

  5   Derrière à gauche, avec les lunettes, c'est Kordic.

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Je ne me suis pas trompé. C'est bien M. Kordic qui a

  8   les lunettes noires et qui est en tenue militaire. Dites "Da", que ce soit

  9   enregistré.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux --

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, pourquoi il est en tenue militaire ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dis "oui". Parce qu'il a un grade. Et je

 13   peux vous expliquer la chose avec précision, parce que j'y ai pris part

 14   moi-même.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Parce qu'en 1992, les Serbes ont constamment

 17   demandé des négociations au sujet de Sarajevo, dans Sarajevo et ainsi de

 18   suite, et il est allé -- enfin, celui qui est allé à ces négociations,

 19   c'était Tihomir Blaskic. C'a duré des jours et des jours, et pour être tout

 20   à fait sincère, on savait que ça n'allait mener à rien, mais on ne pouvait

 21   pas travailler sur l'organisation du HVO. Et moi, Monsieur le Juge, j'ai

 22   prié Mate Boban de donner à Kordic un grade, parce que les Serbes ne

 23   l'auraient pas accepté en sa qualité de négociateur pour aller là-bas et

 24   perdre son temps à ces négociations de charlatan afin que Blaskic, lui,

 25   puisse se consacrer à la Défense. Mate Boban a prêté une oreille attentive

 26   à ce que je disais, et Kordic s'est vu attribuer un grade. Autrement, il

 27   n'aurait pas été accepté comme interlocuteur lors de ces entretiens qui ont

 28   duré des jours et des jours. Et Blaskic, lui, a eu le temps entre-temps de


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  1   se consacrer à la défense. C'est là la vérité.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Monsieur le Procureur.

  3   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   Nous pouvons revenir en arrière, mais je tiens à dire pour le compte rendu,

  5   je pense que tout le monde a le compte rendu -- enfin, le script dans son

  6   classeur, l'orateur présente Dario Kordic comme étant le vice-président de

  7   l'Herceg-Bosna. On pourra y revenir, mais c'est dans le compte rendu. De

  8   plus, le général était là, et il peut me corriger si je me trompe, mais les

  9   autres civils qui ont été présentés sont tous dans la structure du HVO ou

 10   du HDZ, plutôt comme faisant partie d'une autre structure gouvernementale.

 11   Q.  N'est-ce pas ?

 12   R.  Il me faudrait tout d'abord expliquer comment je suis arrivé à être

 13   présent à cette cérémonie, et en fait je ne connaissais pas trop ces

 14   choses-là, mais si vous m'y autorisez.

 15   Sinon, je sais pertinemment qu'il y a eu des représentants musulmans

 16   présents venus de Zenica, mais je peux vous expliquer par quel moyen je

 17   suis arrivé moi-même à cette cérémonie.

 18   Q.  Oui, très bien. Pour le compte rendu, vous dites qu'il y avait des

 19   représentants musulmans présents. Est-ce que vous êtes en train de nous

 20   dire qu'il y en avait qui étaient là, derrière les orateurs sur l'estrade,

 21   où se trouvent-ils exactement ?

 22   R.  Je ne le sais pas, je ne peux pas vous le dire. Je ne sais pas s'ils

 23   étaient sur la scène, mais je sais, des conversations qui ont eu lieu qu'il

 24   y a eu des Musulmans.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Bien, nous allons maintenant poursuivre la

 26   séquence.

 27   [Diffusion de la cassette vidéo]

 28   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]


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  1   "On est parti du HDZ Bosnie-Herzégovine qui a su trouver ces repères, le

  2   premier en ces temps difficiles…"

  3   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

  4   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'Ignjac

  5   Kostroman. Je crois que vous savez très bien quel était son rôle au sein du

  6   HVO du HZ HB. Nous le connaissons, tout le monde sait qui il est, ce n'est

  7   pas disputé. Nous pouvons peut-être passer en accéléré à l'orateur suivant

  8   et ne pas écouter que cette personne a à dire.

  9   Maintenant il s'agit d'un prêtre qui prend la parole, nous avons déjà vu

 10   cette séquence. Le Juge Antonetti avait demandé si dans les unités du HVO

 11   il y avait des prêtres, et vous nous avez dit que non, donc je vais là

 12   aussi passer en accéléré les propos de ce prêtre.

 13   Q.  Considérez-vous qu'il était correct qu'un prêtre s'adresse à l'unité

 14   lors de cette prestation de serment ? 

 15   R.  Non, je n'ai pas estimé que ce n'était pas approprié. Il n'y a pas de

 16   raison de considérer que c'est mal approprié compte tenu des circonstances,

 17   un Etat qui s'effondre, on est en train d'essayer de garder la vie sauve.

 18   M. STRINGER : [interprétation] Très bien, poursuivons en accéléré.

 19   Il s'agit maintenant de Dominik Sakic, il s'agit d'une personnalité du HVO

 20   ou du HDZ local. On n'a pas besoin d'écouter ce qu'il a à dire, et nous

 21   allons en venir à votre propre discours, Monsieur Praljak.

 22   [Diffusion de la cassette vidéo]

 23   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 24    "MM. les soldats, MM. les sous-officiers, MM. les officiers, je vous

 25   félicite de cette prestation de serment à votre peuple. On nous a dit

 26   beaucoup de bien de vous. MM. les militaires, on ne fume pas lorsqu'on est

 27   au garde-à-vous, jetez vos cigarettes. Messieurs, l'idée du peuple est une

 28   grande idée. Il ne fait pas aussi froid que cela nous semble, et, c'est


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  1   cette cérémonie ne s'étend pas au-delà de ce qu'elle devrait, ne fumez pas,

  2   retenez-vous. Il y a des peuples qui comptent plus de membres que nous,

  3   mais qui ne disposent pas de leur Etat. Pour avoir un Etat, pour se doter

  4   un Etat, il faut s'y consacrer, ce n'est pas la mère c'est un enfant qu'il

  5   faut chérir, qu'il faut aider tous les jours au quotidien. Gardez cela à

  6   l'esprit dans votre vie de tous les jours, dans votre combat également.

  7   Cette idée et l'idée du peuple croate dépendent de ce que nous investirons

  8   dans cette idée.

  9   Joyeux Noël, bonne année, ayez à l'esprit vos camarades qui ne sont

 10   plus parmi nous. Que Dieu vous bénisse."

 11   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 12   M. STRINGER : [interprétation]

 13   Q.  Général, vous vous adressez à une unité. Vous les mentionnez par le nom

 14   de son commandant, le général Blaskic, comme étant l'armée du peuple

 15   croate. Ici, vous parlez à deux reprises, vous énoncez qu'on ne peut pas si

 16   facilement constituer un Etat, tous les jours on doit consacrer ces idées à

 17   cette création d'un Etat.

 18   Maintenant, est-il vrai, Général, que cet état auquel vous vous

 19   référez, cette entité dont vous avez mentionné, ce n'est pas l'Etat de la

 20   Bosnie-Herzégovine mais plutôt vous vous référez à un secteur autonome

 21   croate et c'est de cela que vous avez parlé aujourd'hui, à savoir si ça

 22   s'appelle Herceg-Bosna ou autrement avec un nom différent, c'est bien cet

 23   Etat-là ?

 24   R.  C'était Zenica, ce que j'affirme à Zenica que nous sommes en

 25   train de créer l'Etat croate, Monsieur le Procureur, non. Mon discours est

 26   tout à fait clair. Je suis prêt à souscrire à chacun des mots prononcés

 27   dans ce discours. Premièrement, qu'ils ne fument pas, tous les mots

 28   jusqu'au dernier mot, je ne changerai pas une seule virgule à ce discours.


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  1   Q.  Si un général de division de l'armée croate qui est également

  2   membre du Conseil de Défense nationale de la République de Croatie

  3   s'adresse à une unité telle que celle-ci à Zenica, et parle d'un Etat, ceci

  4   pourrait considérer comme une très forte provocation, n'est-ce pas, à

  5   l'égard de personnes qui ne sont pas membres de cette unité ou qui ne

  6   souhaitent pas s'associer avec l'Etat ou à l'Etat croate ?

  7   R.  Monsieur le Procureur, toutes sortes de choses sont possibles

  8   avec l'être humain, mais là, nous parlons de l'homme raisonnable doté de

  9   bon sens, et là, je suis un citoyen de Bosnie-Herzégovine né sur le

 10   territoire de Bosnie-Herzégovine, grandi en Bosnie-Herzégovine à Zenica où

 11   il n'y a pas beaucoup de Croates, c'est là que cela se passe. Avant cela,

 12   j'ai défendu Travnik, après la chute de Jajce dans le cadre d'un combat

 13   commun. Je suis prêt à signer aujourd'hui ce texte. On n'y trouvera rien

 14   qui soit contraire à quelque règle, à quelle loi que ce soit ou aux règles

 15   de morale.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : La question du Procureur était très

 17   importante. Il nous présente un document qu'on a déjà vu. Rappelez-vous, je

 18   vous avais posé une question sur le garçon qui tient le drapeau, et je vous

 19   avais demandé si dans l'armée croate il y avait des jeunes mineurs dont je

 20   me souviens très bien de cette vidéo. Mais là, la question du Procureur,

 21   elle est très importante. Vous tenez un discours et dans le discours, vous

 22   parlez de la création d'un Etat. Alors la question elle est la suivante :

 23   est-ce que vous vous référez à l'Etat de la République de Bosnie-

 24   Herzégovine ou à l'Etat de l'Herceg-Bosna ? Alors sous la foi du serment, à

 25   quel Etat vous vous référez quand vous dites ces mots ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pensais à ce moment-là à l'Etat de

 27   Bosnie-Herzégovine. Je peux prêter 100 fois le serment, il y avait 80 % de

 28   Musulmans à l'époque, je pense d'ores et déjà à Zenica, et le HVO est en


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  1   train de mettre sur pied une unité pour combattre pour la Bosnie-

  2   Herzégovine. Donc ce n'est pas le drapeau de la Croatie, c'est un drapeau

  3   du peuple croate en Bosnie-Herzégovine. Ce sont des unités qui combattront

  4   pour défendre Zenica et ses contrées contre l'agresseur serbe et on y pense

  5   qu'à la Bosnie-Herzégovine. Une autre question maintenant, c'est comment on

  6   en organisera la Bosnie-Herzégovine. Il y a deux questions de fond.

  7   Combattre pour la Bosnie-Herzégovine. Deuxièmement, pour quelle Bosnie-

  8   Herzégovine. Sans arrêt, on fait la confusion entre ces deux choses. Oui,

  9   pour la Bosnie-Herzégovine, mais de quelle Bosnie parlons-nous ? Une

 10   Bosnie-Herzégovine où le peuple croate sera placé sur un pied d'égalité

 11   complètement avec les deux autres peuples. Donc il s'agit uniquement

 12   d'avoir un Etat viable et de ne pas compromettre la mise en minorité

 13   systématique du peuple croate et sa disparition. C'est ce qui est en train

 14   de se produire aujourd'hui.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Mon collègue a une question à poser.

 16   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Praljak, savez-vous si la

 17   Bosnie-Herzégovine avait un hymne national ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] La Bosnie-Herzégovine, non, n'avait pas

 19   d'hymne, Monsieur le Juge Trechsel. Il y avait l'hymne yougoslave, et à

 20   l'intérieur de la Yougoslavie, seuls, pour autant que je le sache, les

 21   Croates avaient leur hymne national et les Slovènes, me semble-t-il, de

 22   temps à autre, chantaient leur hymne. "Dieu de la justice", l'hymne serbe

 23   n'était pas autorisé en Yougoslavie et l'hymne croate était autorisé dans

 24   différentes localités. A midi, on pouvait chanter et il y avait l'hymne

 25   "Hej Slaveni," l'hymne officiel yougoslave.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

 27   M. STRINGER : [interprétation] Bien. Merci.

 28   Q.  Nous allons maintenant passer à l'orateur suivant, Général. Bien que je


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  1   croie qu'il ne soit pas nécessaire d'écouter son discours, il s'agit de

  2   Ante Prkacin. Nous avons le texte. Je pense qu'il n'est peut-être pas

  3   nécessaire d'écouter son discours. Ceci concerne Jure Francetic. Après

  4   cela, nous arrivons à Dario Kordic. Ce que je voulais, c'était que l'on

  5   présente la partie relative à Dario Kordic.

  6   [Diffusion de la cassette vidéo]

  7   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  8   "Vous devez savoir pourquoi vous faites ce que vous faites.

  9   Chers frères croates, chers militaires croates, je vous salue au nom de la

 10   HZ HB ainsi qu'au nom du plus grand fils du peuple croate d'Herceg-Bosna,

 11   le président de la HZ HB, M. Mate Boban. Ces jours-ci vous avez eu

 12   l'occasion d'entendre des messages expliquant quel est l'objectif de notre

 13   lutte, disant que nous luttons pour la libération et pour une solution

 14   politique apportée au peuple croate. Nous ne souhaitons plus jamais refaire

 15   les erreurs du passé. Aujourd'hui nous sommes réunis ici lors de cette

 16   cérémonie solennelle à la prestation de serment de la Brigade de Jure

 17   Francetic. Les soldats croates sont des soldats audacieux comme nous le

 18   savons et nous sommes ici pour dire que nous nous acquitterons de notre

 19   mission de tout cœur comme cela a été fait de par le passé au nom de nos

 20   familles et nos enfants qui méritent un meilleur avenir. Vive la HZ HB.

 21   Joyeux Noël, joyeuses fêtes. Pour la patrie, soyons prêts."

 22   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 23   M. STRINGER : [interprétation]

 24   Q.  Regardons pour commencer les deux premières lignes de ce discours. Il

 25   salue les soldats au nom de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et au nom

 26   du peuple croate d'Herceg-Bosna, du fils le plus important du peuple croate

 27   de l'Herceg-Bosna, Mate Boban. Maintenant le fait est que toutes les

 28   références qui sont faites dans ces divers discours à Herceg-Bosna sont des


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  1   références qui sont faites précisément à cela, Herceg-Bosna, la Communauté

  2   croate d'Herceg-Bosna et pas la Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

  3   R.  J'essaie de m'asseoir plus proprement, mais j'ai mal au dos.

  4   Dario Kordic, bien sûr, à l'époque, était un petit peu succinct et

  5   fortement engagé, disons, comme politicien. Vous ne pouvez pas, par des

  6   discours politiques, mobiliser des gens pour qu'ils aillent sacrifier leur

  7   vie. Ce n'est pas aussi facile. Mais ce que dit Dario Kordic, il dit :

  8   Libération et solution politique. Donc si vous avez bien entendu, il parle

  9   de la libération de Bosnie-Herzégovine, mais dans le cadre de la libération

 10   de la Bosnie-Herzégovine, il convient de trouver une solution politique, et

 11   c'est ce qu'il a à l'esprit, que les Croates ne soient plus assujettis --

 12   Q.  Excusez-moi, Général. Je vais répéter ma question. Ma question est

 13   celle-ci : Etes-vous d'accord avec vois que toutes les références qui sont

 14   faites ici à Herceg-Bosna sont des références précisément à cela, Herceg-

 15   Bosna, et qu'on n'a pas l'intention de faire une référence à la Bosnie-

 16   Herzégovine, ce que vous avez suggéré précédemment, n'est-ce pas vrai ?

 17   R.  Ça je ne sais pas s'il pense à l'Herceg-Bosna en tant que Bosnie-

 18   Herzégovine ou à un projet visant à libérer la Bosnie-Herzégovine pour lui

 19   permettre de se maintenir jusqu'au bout. Qu'est-ce qu'il a à l'esprit à ce

 20   moment-là, Dario Kordic, ça je ne sais pas, mais "Herceg-Bosna" ça peut

 21   signifier les deux choses. En tant qu'une structure temporaire du peuple

 22   croate jusqu'à une solution finale pour la Bosnie-Herzégovine, également un

 23   terme de remplacement pour la Bosnie-Herzégovine, un équivalent donc. Mais

 24   il parle de libération et de solution politique, donc on pourrait estimer

 25   qu'il entend la Bosnie-Herzégovine lorsqu'il dit "Herceg-Bosna," parce

 26   qu'il parle de la libération du pays et dans ce cadre une solution

 27   politique pour les Croates. Si ça été bien traduit, je l'ai entendu et on

 28   peut le réécouter si vous voulez.


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  1   Q.  Bien, Général, je ne sais pas pourquoi vous voulez défendre Dario

  2   Kordic. Moi, ce que je vous suggère, c'est qu'il est clair que Dario Kordic

  3   n'avait aucun intérêt quel qu'il soit à des solutions politiques quelles

  4   qu'elles soient autres que l'autonomie et la séparation de la République de

  5   Bosnie-Herzégovine. Nous savons tous les deux que ceci est bien vrai,

  6   n'est-ce pas ?

  7   R.  Non, vous en savez peut-être davantage que moi. Ce que vous affirmez,

  8   je ne le sais pas. On ne trouve dans aucun document quant au sens qu'avait

  9   dans sa tête Dario Kordic. Comment le savoir ? Ce que j'entends ici, c'est

 10   la libération et une solution politique. La "libération," ça concerne la

 11   Bosnie-Herzégovine et une solution politique, cela veut dire quelle est la

 12   position du peuple croate en Bosnie-Herzégovine. Pour autant que je l'ai

 13   connu, à cet égard, il était conséquent, il cherchait à mettre en œuvre ce

 14   qui était décidé sur le plan politique. Je n'en sais pas plus. Dario Kordic

 15   devait respecter les conclusions et les décisions signées par les

 16   représentants habilités du peuple croate en Herzégovine. 

 17   Q.  Bien, Général. Tout à fait à la fin, et ceci va être ma dernière

 18   question concernant cette vidéo. Nous ne l'avons pas eu par interprétation

 19   en anglais, peut-être pas en français non plus, mais je comprends que dans

 20   la langue qu'il parle, le serbo-croate, Kordic dit les mots tout à fait à

 21   la fin de "Za dom," Z-a-d-o-m, et que tous les autres soldats répondent :

 22   "Spremni." Il est vrai, n'est-ce pas, que comme déclaration d'une Oustachi,

 23   si vous voulez, depuis la Deuxième Guerre mondiale à l'époque, c'est une

 24   façon de parler qui est d'une provocation très forte en particulier en

 25   l'utilisant à Zenica en décembre 1992, n'est-ce pas ?

 26   R.  Je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que le serbo-croate existe.

 27   Dario Kordic s'exprime en croate. Ça c'est une des raisons pour lesquelles

 28   cette guerre a éclaté. C'est parce qu'on se dit : Ces petits peuples, si


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  1   petits, ils n'ont pas séparé les langues. C'est ce qui a donné lieu à ce

  2   type de situations, parce que les animaux qui sont de moindre taille n'ont

  3   pas les mêmes droits que les grands.

  4   Q.  Général, je veux reformuler la question pour vous.

  5   R.  Oui, je vous répondrai. Alors pour la patrie, tenons-nous prêts.

  6   Effectivement, les oustacha et les "domobrani" ont employé cette phrase,

  7   mais c'est quelque chose qui a été employé avant également dans la

  8   pratique. Est-ce qu'ici ils souhaitent se référer au salut utilisé par

  9   l'Etat indépendant de Croatie, la NDH, ou à des salutations qui ont été

 10   utilisées lors des rebellions, par exemple, dans la région de la Lika

 11   précédemment, je ne voudrais pas rentrer dans cela.

 12   Aussi si vous m'y autorisez, prenez Kraljevic. Il portait l'insigne U

 13   et l'uniforme noir oustacha. Donc tous ceux qui venaient de l'extérieur

 14   disaient : "Voyez-vous les Croates sont tous des oustachas." C'est ce qui a

 15   pu être catastrophique pour nous même si l'oustachisme [phon] s'est terminé

 16   depuis longtemps pour les Croates. Donc il faudrait peut-être distinguer un

 17   petit peu ces choses-là.

 18   M. STRINGER : [interprétation] A moins qu'il n'y ait d'autres questions

 19   concernant la vidéo, Monsieur le Président, je suis prêt à passer à la

 20   pièce suivante.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Juste une question technique.

 22   On voit sur l'écran ce drapeau. Dans le drapeau, il y a trois

 23   couleurs, le rouge, le blanc, le bleu et on voit le damier dans le blanc.

 24   Du temps de la République socialiste de la Bosnie-Herzégovine, est-ce qu'il

 25   y avait le damier ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Et du temps de la République socialiste de la

 28   Bosnie-Herzégovine, le drapeau, c'était le rouge, le blanc et le bleu ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors c'était lequel ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces trois couleurs étaient mélangées. Pour les

  4   Serbes, blanc, rouge, bleu; blanc, bleu, rouge pour d'autres républiques.

  5   Depuis la Révolution française, il y a ces trois couleurs. Enfin ce sont

  6   toujours les mêmes trois couleurs et au milieu il y avait bien sûr l'étoile

  7   à cinq branches, l'étoile rouge. Cela étant dit, en Croatie, on tolérait le

  8   blason historique croate dans certaines occasions. Mais ça ce n'est pas le

  9   blason de la République de Croatie, ça c'est le blason historique croate.

 10   Le drapeau croate de l'Etat de Croatie ne se présente pas comme ce que nous

 11   voyons, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Et ultime question. Vous nous avez dit il y avait

 13   des représentants musulmans. Pourquoi on ne leur a pas donné la parole ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Justement je voulais l'expliquer, Monsieur le

 15   Président, Messieurs les Juges.

 16   Je suis venu assister à cette cérémonie, parce que Prkacin m'avait

 17   demandé de nous rendre à la prison de Zenica, parce qu'il voulait

 18   intervenir au profit de quelqu'un. J'étais son chauffeur. Pendant qu'il

 19   négociait là-bas, en tant que chauffeur, j'ai engagé une conversation. Il

 20   est allé d'abord à la mairie pour entendre la version des Musulmans pour

 21   savoir de quoi ils étaient coupables et tout ça. Donc c'est de là qu'on

 22   nous a invité à cette cérémonie. Je n'ai pas honte, je vous ai dit ce que

 23   j'avais à dire à ce sujet. Mais je n'étais pas vraiment au courant. J'ai vu

 24   des Musulmans, mais pourquoi on ne leur a pas donné la parole et tout ça,

 25   je n'ai pas participé à l'organisation de cette cérémonie.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Mais cette cérémonie avait été organisée par qui ?

 27   Qui était le maître d'œuvre de la cérémonie ? Le colonel Blaskic ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Le HVO, c'est exact, Blaskic. C'est donc cette


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  1   unité de Zenica, c'est lui l'organisateur.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

  3   M. STRINGER : [interprétation]

  4   Q.  Général, le document suivant qui se trouve dans le classeur devrait

  5   être la pièce 3D00482. Vous avez dit au sujet de ce document dans votre

  6   déposition dès le 7 mai. Je disais donc 3D00482. Il s'agit là d'un compte

  7   rendu d'une réunion qui a eu lieu le 15 janvier 1993.

  8   R.  Le 13 janvier, le 13 janvier, date de la réunion.

  9   Q.  Je me corrige. Donc le 13, c'était la date de la réunion, ensuite le

 10   compte rendu et la liste que nous regardons sont datés de deux jours plus

 11   tard, le 15 janvier. Ces notes -- il y a là des discours auxquels vous avez

 12   participé avec le général Quesnot, qui était le chef d'état-major de la

 13   présidence de la République française d'après ce document, comme vous

 14   l'avez indiqué, réunion qui était tenue le 13 janvier pour cela, la réunion

 15   elle-même. Et je voudrais appeler votre attention sur certaines remarques

 16   que vous avez faites.

 17   Pour commencer, je note que sur la première page au deuxième

 18   paragraphe, il est indiqué qu'à cette réunion vous apparaissez en votre

 19   qualité de général de division et d'assistant du ministre de la Défense de

 20   la République de Croatie et vous étiez là avec d'autres personnes de grade

 21   élevé dans l'armée croate.

 22   Passant à la page suivante, je vais vous montrer le paragraphe qui commence

 23   par les mots :

 24   "D'après l'opinion du général Praljak, une telle situation en Bosnie-

 25   Herzégovine va durer pendant une très longue période."

 26   Vous voyez cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Et vous parlez des Serbes, des dirigeants serbes et des promesses


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  1   qu'ils ont faites à leur population, ensuite vous dites :

  2   "En ce qui concerne les Musulmans, un Etat commun -- en fait, un Etat

  3   musulman a été promis. Il y a des nombreux morts dans le cadre du nettoyage

  4   ethnique et maintenant ils sont en train d'essayer de capitaliser sur leurs

  5   victimes. La position croate a été claire depuis le début, le territoire

  6   qui appartient aux Croates correspond aux frontières de la Banovina

  7   Hrvatska, synchronisé avec le recensement de 1981. Le recensement de 1991

  8   n'est pas valable. Les Croates sont en faveur d'une Bosnie-Herzégovine en

  9   tant qu'Etat ayant son intégrité ainsi que les droits des Croates en tant

 10   que nation. Les résultats des Croates et les Musulmans, c'est qu'ils ont

 11   toute une série d'objectifs au sein des droits politiques qui sont les

 12   leurs. Les Croates luttent pour un Etat de Bosnie-Herzégovine qui aurait

 13   l'autonomie en faveur des Croates tandis que les Musulmans luttent pour un

 14   Etat civil, de caractère civil."

 15   Maintenant juste pour répondre à la deuxième partie de cette phrase,

 16   Général, je vous suggère que ce que vous dites ici est cohérent par rapport

 17   à ce que vous avez dit à plusieurs reprises tout au long de votre

 18   déposition, à savoir que l'autonomie pour les Croates est un objectif pour

 19   les Croates de Bosnie-Herzégovine qui veulent l'autonomie et qui ne veulent

 20   pas exister dans un Etat civil ou militaire en Bosnie-Herzégovine; est-ce

 21   exact ?

 22   R.  C'est entièrement exact. Je n'étais jamais d'accord pour faire partie

 23   d'un Etat unitaire qui en fait met fin à l'existence du peuple dont je suis

 24   membre, et je suis prêt à souscrire à cela aujourd'hui. Je vous ai dit

 25   l'intégralité de cela, je pense que cela a du sens. La Banovina, cela

 26   concerne uniquement sa partie en Bosnie-Herzégovine et adaptée au

 27   recensement, ça peut être moins grand. Les Musulmans veulent être la

 28   majorité, les Serbes veulent 80 % du territoire, or les Croates souhaitent


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  1   qu'il leur revienne d'après la constitution, à savoir une forme d'autonomie

  2   sur le territoire où ils constituent la majorité ou la majorité absolue.

  3   Bien entendu avec les autres, avec qui ils cohabitent sur ce territoire, je

  4   suis prêt à souscrire entièrement à ce que dit ce texte. Je pense que c'est

  5   correct, que c'est juste politiquement, que c'est doté de bon sens. Je n'ai

  6   rien à ajouter.

  7   Q.  Vous avez l'air de suggérer, Général, qu'il y a eu une modification

  8   légère par rapport à ce que vous venez de dire et ce qui vous est attribué

  9   dans ce document ou ce qui est relaté dans ce document. Ce que vous dites

 10   dans ce document, c'est que le territoire de ce secteur autonome qui

 11   appartient aux Croates ici correspond aux frontières de la Banovina

 12   Hrvatska de sorte que ce vous dites ici c'est deux choses, qu'il va y avoir

 13   un territoire croate autonome et qu'en fait ce territoire va être

 14   l'équivalent du territoire qui était la Banovina au sein de la Bosnie-

 15   Herzégovine. Est-ce que ce n'est pas ce que vous dites clairement ?

 16   R.  Cela correspond naturellement aux frontières de la Croatie mais dans la

 17   partie qui revient à la Bosnie-Herzégovine, mais il dit, par rapport au

 18   recensement de 1981, c'est moins que la Banovina puisque nous avons déjà

 19   perdu plusieurs pourcents de nos ressortissants de la population. C'est

 20   moins grand que la Banovina parce que voilà d'ores et déjà nous ne sommes

 21   plus la majorité comme nous l'étions en 1939, à certains endroits, et les

 22   Croates prônent une Bosnie-Herzégovine unie en tant qu'Etat, prônent le

 23   respect du peuple croate en tant que peuple constitutif. C'est ce que j'ai

 24   dit à la plus grande délégation française. C'est clair, comme de l'eau de

 25   roche, et c'est la politique dont je leur fais part. C'est la politique de

 26   la Croatie, de Franjo Tudjman, de Gojko Susak, et de Jadranko Prlic et de

 27   nous tous. Donc éléments constitutifs, c'est ça que ce sont les Croates,

 28   que ce soit les Musulmans ou l'occupation à l'agression serbe, ne cherchez


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  1   pas à nous nuire avec tout cela où la communauté internationale qui laisse

  2   périr les gens et après c'est moi qui en suis coupable, le responsable.

  3   Q.  Et --

  4   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Pourriez-vous vous calmer, s'il vous

  5   plaît, Monsieur Praljak. Calmez-vous.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis calme.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est 19 heures, c'est l'heure de terminer. On

  8   continuera demain avec ce document certainement, parce qu'il des questions

  9   importantes à poser à partir dudit document, donc nous aurons l'occasion de

 10   revenir.

 11   Comme vous le savez, demain, nous sommes du matin, donc nous allons nous

 12   retrouver dans quelques heures pour l'audience qui va débuter à 9 heures du

 13   matin.

 14   Sur ce, je souhaite à tout le monde une bonne fin de soirée et nous nous

 15   retrouverons demain matin.

 16   [Le témoin quitte la barre]

 17   --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mardi 18 août 2009,

 18   à 9 heures 00.

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