Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 19 mai 2006

  2   [Conférence de mise en état]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 23.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, pourriez-vous citer

  7   le numéro de l'affaire.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il

  9   s'agit de l'affaire IT-03-67-PT, le Procureur contre Vojislav Seselj.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 11   Monsieur Seselj, est-ce que vous m'entendez dans une langue que vous

 12   comprenez ?

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Présentations. A commencer par

 15   l'Accusation.

 16   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Du

 17   côté de l'Accusation, je m'appelle Hildegard Uertz-Retzlaff, et je

 18   comparais ici en compagnie de M. Dan Saxon et de notre commis aux

 19   audiences, Mme Ana Katalinic.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame Uertz-Retzlaff.

 21   Pour la Défense. Je vois que, Monsieur Seselj, bien sûr, nous savons

 22   que vous vous défendez vous-même, mais que Me Van der Spoel, le conseil

 23   commis d'office, est également présent.

 24   Y a-t-il un sujet que l'une ou l'autre des parties aimerait évoquer qui

 25   sorte des thèmes habituellement abordés en conférence de mise en état ?

 26   Monsieur Seselj, y aurait-il un point précis dont vous aimeriez que nous

 27   débattions ?

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai 12 questions à aborder dans le cadre de

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  1   cette Conférence de mise en état, mais ce ne sont pas des sujets rares ou

  2   sortant de l'ordinaire. Ce sont des questions tout à fait courantes dans le

  3   cadre d'une Conférence de mise en état.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Dans ces conditions, nous allons

  5   d'abord passer en revue l'ordre du jour que j'avais à l'esprit pour voir si

  6   tel ou tel point doit y être ajouté, auquel cas vous aurez la possibilité

  7   d'en faire la proposition.

  8   Madame Uertz-Retzlaff, y a-t-il des points précis que vous aimeriez aborder

  9   et qui peut-être ne me sont pas venus à l'esprit ?

 10   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Juge, la seule question

 11   supplémentaire qui ne figure pas à l'ordre du jour et qui relève du point

 12   4, c'est la question liée au système "e-court." Autrement dit, le fait de

 13   savoir si les pièces à conviction seront présentées par le biais du système

 14   "e-court."

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 16   Pour commencer, j'aimerais annoncer aux parties, si elles ne le

 17   savent pas encore, que le 4 mai 2006, le Président a rendu une décision par

 18   laquelle la présente affaire est assignée à la Chambre numéro I, composée

 19   de M. le Juge Moloto, M. le Juge Robinson et de moi-même. C'est moi qui ai

 20   été désigné en tant que Président de cette Chambre et le 12 mai, je me suis

 21   désigné Juge de la mise en état.

 22   J'annonce également aux parties qu'il est fort probable que la Chambre qui

 23   jugera cette affaire se compose en définitive de M. le Juge Robinson, de

 24   moi-même et d'un Juge ad litem qui doit encore être nommé et affecté à

 25   cette affaire. En effet, il est à prévoir que

 26   M. le Juge Moloto siègera dans une autre affaire.

 27   C'était la première annonce que j'avais à faire. J'en arrive

 28   maintenant à la deuxième. J'aimerais, Monsieur Seselj, que nous parlions de

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  1   votre santé et de vos conditions de détention actuelles. Avez-vous quelque

  2   chose à dire à cet égard ? Je vous demanderais d'annoncer d'abord la

  3   question dont vous traiterez pour obtenir mon autorisation d'en parler.

  4   Dites-moi quels sont les points que vous aimeriez aborder dans le cadre de

  5   ce sujet.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Récemment, j'ai subi un certain nombre

  7   d'examens médicaux; un examen du cœur, un scanner, un électrocardiogramme

  8   et une échographie. Tous ces examens ont donné d'excellents résultats. Ma

  9   tension artérielle est excellente. On a également examiné ma colonne

 10   vertébrale qui va bien. Ce qui m'a beaucoup étonné, c'est qu'il y a un

 11   mois, les autorités de la prison ont décidé que mon épouse ne pouvait plus

 12   entrer dans la salle réservée aux visites, s'il n'y a pas un engagement

 13   spécifiant qu'elle n'informerait personne de mon état de santé. J'ai eu

 14   peur, immédiatement, je me suis effrayé et j'ai eu l'impression que le

 15   Tribunal me préparait l'annonce d'une maladie grave. Monsieur Orie, j'ai

 16   soumis des écritures aujourd'hui demandant que vous ordonniez au Greffe et

 17   au responsable compétent, d'obtenir un rapport complet sur mon état de

 18   santé.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, je comprends que

 20   vous avez soumis une requête qui sera examinée.

 21   Pour le compte rendu d'audience, je demande qu'en anglais figure bien

 22   mon nom et non le nom du Juge Agius. C'est une erreur qu'il importe de

 23   corriger. Nous avons compris que vous avez déposé une requête. Je vous

 24   rappelle quelles sont les compétences du Greffe et les conditions dans

 25   lesquelles vous avez la possibilité de faire connaître des accords que vous

 26   auriez avec des décisions du Greffe. Nous verrons ce qui figure dans cette

 27   requête. Pouvez-vous en dire quelques mots ?

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Cette requête compte dix pages, qui est

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  1   la limite du nombre de pages qui m'a été imposé, malheureusement, je n'ai

  2   pas eu l'autorisation de communiquer avec le Greffe et je n'ai donc pas pu

  3   obtenir une appréciation de mes écritures.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, compter les mots,

  5   n'importe qui peut le faire. On commence par un et on s'arrête à la fin des

  6   écritures. J'ai remarqué que vous avez dit que votre requête comptait fort

  7   probablement dix pages, mais plus de dix pages, cela dépasse le nombre de

  8   mots qui est le nombre limite, à savoir,

  9   3 000 mots qui vous a été demandé.

 10   J'ajoute ce qui suit : vous n'êtes pas dans l'obligation de rédiger 10

 11   pages. Le nombre de 10 pages, c'est la limite maximale d'une requête. Je

 12   remarque aussi que dans certaines de vos écritures on trouve de nombreuses

 13   répétitions, vous êtes réellement très prolixe. Si vous continuez à

 14   présenter vos arguments de façon aussi répétitive, si vous continuez à vous

 15   montrer aussi prolixe que vous l'avez été d'après moi dans les requêtes

 16   présentées à ce jour, la Chambre pourrait fort bien réduire le nombre

 17   maximum de mots qui vous est autorisé pour chacune de vos requêtes. Je vous

 18   conseille vivement de ne plus présenter de requêtes aussi répétitives et

 19   aussi longues, auquel cas nous les recevrons, bien entendu, et y ferons

 20   droit si toutes les conditions requises sont satisfaites.

 21   En revanche, si vous continuez à vous montrer aussi prolixe et répétitif,

 22   il est fort probable que nous réduirons le nombre limite de pages et de

 23   mots qui vous a été assigné. Je répète encore une fois que 10 pages, c'est

 24   le nombre maximal qui a été fixé pour les requêtes présentées dans toutes

 25   les affaires. Ce qui, bien entendu, laisse tout pouvoir aux Chambres

 26   concernées de modifier le nombre en question si les circonstances

 27   l'exigent.

 28   En tout état de cause, nous allons nous pencher sur vos écritures. Je viens

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  1   de vous rappeler quelle était la procédure en la matière. Par conséquent,

  2   toute nouvelle écriture de votre part devra faire figurer en bas de page de

  3   la dernière page le nombre de mots que compte la requête en question.

  4   Y a-t-il d'autres points sur votre santé, Monsieur Seselj, dont vous

  5   aimeriez parler ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, mais j'aurais quelque chose à dire eu

  7   égard aux conditions de détention.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous en prie, veuillez aborder

  9   ce point.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai un problème important au quartier

 11   pénitentiaire. Je veux parler des Serbes qui sont prisonniers au quartier

 12   pénitentiaire sans parler des Albanais, des Macédoniens, des Croates ou des

 13   autres qui ne me posent aucun problème.

 14   Monsieur Orie, j'exige que l'on sépare rapidement des prisonniers normaux,

 15   tous les prisonniers d'appartenance ethnique serbe, qui ont conclu des

 16   accords avec l'Accusation en se trahissant et en acceptant d'être de faux

 17   témoins dans d'autres affaires. Si la chose n'est pas faite dans les plus

 18   brefs délais, vous pourrez vous attendre à des règlements de compte

 19   sanglants entre nous au quartier pénitentiaire. C'est la raison pour

 20   laquelle j'ai pris le soin de vous en avertir dans les délais. Les

 21   problèmes en question sont réellement importants; il faut absolument que

 22   vous écartiez tous ces faux témoins et tous ces traîtres de notre

 23   environnement.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Avez-vous présenté une requête dans

 25   ce sens au Greffe et aux autorités du quartier pénitentiaire ?

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai demandé verbalement au directeur de la

 27   prison qu'il écarte ce genre de personnes du groupe dont je vous ai parlé.

 28   Je parle de Miodrag Jokic. C'est le seul qui est concerné dans le groupe

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  1   dont je fais partie. Mais aujourd'hui j'ai également soumis des écritures à

  2   ce sujet que j'ai adressées à la Chambre de première instance et où je

  3   présente la même demande. J'ai réussi à faire transmettre cette exigence au

  4   directeur de la prison, il y a une vingtaine de jours.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le Greffe a déjà reçu ces

  6   écritures, Monsieur Seselj ? Ces écritures sont-elles toujours au quartier

  7   pénitentiaire ou sont-elles allées plus loin ? Est-ce que vous le savez ?

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne sais pas. Mon obligation c'est de

  9   remettre mes écritures au garde qui est de permanence à mon étage, quant

 10   aux suites qui sont données à ce document, je ne les connais pas et je ne

 11   suis pas en état de les connaître d'ailleurs.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le compte des mots a-t-il été fait pour

 13   ce document ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est la première fois qu'un Juge appelle mon

 17   attention sur le nombre de mots. Jusqu'à présent, ce dont on me parlait

 18   c'était la limite de dix pages.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si cela vous avait intéressé, et si cela

 20   vous intéresse toujours, vous pouvez obtenir tous les renseignements à ce

 21   sujet puisque apparemment vous n'êtes pas au courant.

 22   Nous recevrons cette requête. Vous venez d'appeler notre attention sur

 23   cette requête à deux reprises, et je rappelle encore une fois que personne

 24   ne vous incite de quelque façon que ce soit à rédiger vos requêtes sur 10

 25   pages. Comme je l'ai déjà dit, la Chambre examinera, bien entendu, vos

 26   écritures, mais je répète que si elles sont trop répétitives et si vous

 27   vous montrez trop prolixe, de nouvelles limites vous seront imposées.

 28   Madame la Greffière, j'ai une question à vous poser. Pouvez-vous nous dire

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  1   si ces écritures ont déjà été reçues, si vous en avez eu connaissance ?

  2   Bien. Monsieur Seselj, en tout état de cause, nous verrons ce qu'il en est

  3   et examinerons votre requête. Le cas échéant, je vous demanderais de vous

  4   exprimer de nouveau à ce sujet sinon, nous agirons dans le respect du

  5   Règlement.

  6   D'autres questions au sujet de vos conditions de détention, Monsieur

  7   Seselj ?

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, j'exige que vous mettiez en

  9   œuvre les nouvelles restrictions à partir d'aujourd'hui, mais que vous ne

 10   les appliquiez pas aux écritures que vous avez reçues jusqu'à ce matin.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, cela figure au compte rendu

 12   d'audience.

 13   D'autres questions par rapport à vos conditions de détention, Monsieur

 14   Seselj ?

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour ma part, j'ai passé en revue un

 17   certain nombre de points que j'aimerais rapidement évoquer ici de façon à

 18   m'assurer que je n'ai rien oublié. L'asthme et les allergies dont vous

 19   souffrez, vous n'en avez pas parlé aujourd'hui. Je suppose que cela ne pose

 20   donc pas de nouveau problème. Le rhume des foins, même chose. La qualité de

 21   l'air, la structure du bâtiment, vous n'en avez pas parlé. Je crois savoir

 22   que l'on vous a déménagé de votre ancienne cellule dans une nouvelle

 23   cellule de façon à vous éloigner des travaux, du chantier en cours à

 24   l'extérieur ?

 25   Avez-vous d'autres points à évoquer s'agissant de votre état de santé et de

 26   vos conditions de détention, Monsieur Seselj ?

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, eu égard à l'asthme et aux

 28   allergie, j'en souffre en permanence. J'ai parlé de cela l'année dernière

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  1   lorsque j'ai demandé qu'on me rapatrie dans le quartier pénitentiaire des

  2   Nations Unies. Maintenant tous les prisonniers sont dans le même bâtiment.

  3   L'ancien bâtiment n'est plus utilisé, donc je ne présente plus cette

  4   demande car je ne pense pas que vous allez construire un bâtiment à mon

  5   intention.

  6   S'agissant de l'asthme et de mes allergies, je prends les médicaments qui

  7   m'ont été prescrits et je m'adapte aux circonstances que je ne peux pas

  8   changer. Il est vrai qu'on m'a installé dans un bâtiment où n'entre pas la

  9   poussière du chantier à l'extérieur, bien que la chose se soit tout de même

 10   passée hier.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Vous avez raison de penser que je

 12   ne vais pas faire ouvrir un nouveau bâtiment pour vous.

 13   Passons maintenant à un autre point à l'ordre du jour, la communication.

 14   Quelque chose à dire au sujet de la communication qui n'a pas encore été

 15   évoquée par écrit ?

 16   Monsieur Seselj, je suis en mesure de vous faire savoir que la Chambre

 17   œuvre énergiquement en ce moment à l'élaboration d'une décision portant sur

 18   ce problème de communication où seront évoquées les questions de langue et

 19   de format de présentation électronique ou non. Nous sommes à l'œuvre avec

 20   la plus grande énergie. J'ai lu pas mal d'écritures à ce sujet. Je vous

 21   demande d'être assuré que cette question est en train de recevoir

 22   l'attention pleine et entière de la Chambre qui espère pouvoir rendre une

 23   décision sur ce point dans les plus brefs délais.

 24   Une autre des parties a-t-elle des questions particulières au sujet

 25   de la communication ?

 26   M. SAXON : [interprétation] Monsieur le Juge, le seul renseignement

 27   supplémentaire que nous pouvons fournir en sus des arguments déjà

 28   développés dans les écritures dont vous avez eu connaissance, c'est que si

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  1   une décision est rendue rapidement quant au format des documents qui feront

  2   l'objet de la communication, bien, nous pouvons prévoir un début très

  3   rapide de la communication de nouveaux documents au titre de l'article

  4   66(A)(ii). Si nous sommes autorisés à communiquer par format électronique,

  5   nous pensons que la communication devrait s'achever au plus tard à la fin

  6   du mois de juillet.

  7   L'Accusation, Monsieur le Juge, pense avoir satisfait à ses

  8   obligations au titre de l'article 68 du Règlement. Dans les délais requis,

  9   comme vous le savez sans doute, depuis l'année 2003, l'Accusation s'est

 10   efforcée de communiquer tous les documents à décharge à l'accusé. L'accusé

 11   a accepté les documents qui lui étaient communiqués dès lors qu'ils

 12   l'étaient en B/C/S et en copie papier. L'Accusation s'est efforcée très

 13   sincèrement de communiquer à l'accusé --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Saxon, nous connaissons toute

 15   cette histoire dont il a beaucoup été question dans les écritures de

 16   l'accusé. Je ne pense pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de nouveau qu'il

 17   vaille la peine de porter à mon attention aujourd'hui.

 18   Bien entendu, si la décision qui sera rendue stipule que ce format de

 19   communication est acceptable, le problème sera réglé. Peut-être sera-t-il

 20   nécessaire de communiquer un nouveau jeu de documents déjà communiqué à

 21   l'accusé dans le nouveau format éventuellement prescrit par la Chambre. Le

 22   cas échéant, mais je vous invite à attendre la décision après quoi nous

 23   savons que vous aurez besoin de quelque temps pour nous dire quels sont les

 24   délais dans lesquels vous pourrez communiquer l'ensemble des documents.

 25   D'autres points au sujet de ce thème ?

 26   Monsieur Seselj, avez-vous quelque chose à dire au sujet des documents

 27   communiqués sur papier ? Et n'oubliez pas ce que j'ai dit au sujet de la

 28   décision qui sera rendue très rapidement.

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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, j'ai quelque chose à dire, Monsieur Orie,

  2   que je n'ai pas encore dit jusqu'à présent.

  3   Lors de chaque Conférence de mise en état, depuis pratiquement

  4   trois ans et davantage, littéralement lors de chacune des Conférences de

  5   mise en état, votre prédécesseur, M. le Juge Agius, et vous-même avez

  6   constamment dit que les documents qui devaient m'être communiqués le

  7   seraient dans le format que je demande, à savoir, sur papier et dans la

  8   langue que je demande, à savoir, en B/C/S. Or, cela n'a jamais été fait. Je

  9   ne vous reproche rien, mais j'appelle votre attention sur cette expérience

 10   assez négative que j'ai vécue.

 11   Deuxième point : j'insiste sur le fait que cette communication doit

 12   se faire en B/C/S. Car, si les accusés Hitlériens du tribunal de Nuremberg

 13   ont pu recevoir tous leurs documents en allemande, je ne vois pas comment

 14   vous pourriez me dénier ce droit.

 15   Par ailleurs, il faut que les documents me soient communiqués sur

 16   papier.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, vous êtes

 18   répétitif. Vous revenez sur des arguments déjà présentés. Je comprends que

 19   vous tenez à appeler mon attention sur le fait que vous serez déçu si une

 20   décision n'est pas rendue plus rapidement par la Chambre actuelle que cela

 21   n'a été le cas avec la Chambre précédente. Vous aurez une décision

 22   rapidement, je le répète encore une fois.

 23   Y a-t-il d'autre point dans le cadre de la question de la

 24   communication des pièces ?

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie, Monsieur Seselj.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je me vois tenu d'appeler votre attention sur

 28   le fait que dès lors que l'on parle de communication au titre de l'article

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  1   68 du Règlement qui porte sur les éléments de preuve, l'Accusation a pour

  2   obligation de s'efforcer par tous les moyens de trouver les éléments à

  3   décharge de même qu'elle le fait pour les éléments à charge, car, en tant

  4   que Procureur et dans le cadre d'un système judiciaire où les deux parties

  5   ont les mêmes droits, c'est un droit de l'accusé. Or l'Accusation --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, je vous interromps.

  7   S'agissant de la communication au titre de l'article 68, paragraphe 1, qui

  8   porte sur les éléments à décharge, les documents supplémentaires à

  9   communiquer sont abordés largement dans les écritures déjà soumises.

 10   Avez-vous quelque chose d'autre à dire à ce sujet, Monsieur Seselj ?

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne peux qu'insister sur la communication de

 12   21 documents relatifs aux exhumations à Prijedor, communication qui a été

 13   faite, alors que Prijedor est très loin de quelques endroits où j'aurais pu

 14   éventuellement commettre un crime. Aucun des cadavres de Prijedor ne peut

 15   avoir le moindre lien avec des victimes qui pourraient m'être imputé. Les

 16   cadavres qui me sont imputés dans l'acte d'accusation me suffisent

 17   largement. Je ne vois pas comment maintenant je pourrais m'occuper des

 18   cadavres exhumés à Prijedor. Je n'ai pas le don d'ubiquité, Monsieur le

 19   Juge Orie.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff, avez-vous

 21   connaissance de 21 documents relatifs à des exhumations à Prijedor ?

 22   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Et le

 23   fait de communiquer ces documents au titre de l'article 68 avait un

 24   objectif bien précis, car les rapports fournis par l'organisation qui était

 25   l'auteur de ces rapports s'est vue confronter à une mise en cause de la

 26   validité de ces rapports. Nous avons découvert que

 27   M. Seselj était tout à fait au courant, car certains rapports d'exhumation

 28   directement liés aux charges pesants contre lui viennent de ce même

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  1   organisme.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me permets de vous interrompre.

  3   Est-ce que ces documents relèvent de ce que vous appelez généralement votre

  4   devoir de communication ?

  5   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Ce sont des

  6   documents relevant de l'article 68 du Règlement, et c'est dans ce cadre que

  7   nous les avons communiqués.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsqu'une décision sera rendue sur le

  9   format et la langue à utiliser dans les documents communiqués au titre de

 10   l'obligation qui pèse sur l'Accusation, comme je l'ai déjà dit, nous

 11   espérons rendre cette décision rapidement, bien, à ce moment-là vous

 12   pourrez déterminer, Madame Uertz-Retzlaff, si les efforts déjà accomplis

 13   par vous sont suffisants ou si vous devez en fournir d'autres.

 14   D'autres questions, Monsieur Seselj, dans le cadre de la communication des

 15   documents ?

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. J'ai remarqué - et je n'ai pas encore fait

 17   état de cela dans quelque écriture que ce soit, je n'ai pas demandé de

 18   règlement de cette question - mais j'ai remarqué que l'Accusation appose la

 19   mention confidentielle. Sur des documents même tout à fait insignifiants,

 20   80 % des documents qui m'ont été communiqués portent la mention

 21   confidentielle sans la moindre justification. C'est totalement absurde.

 22   Deuxième commentaire : l'Accusation s'est efforcée de me faire porter 14

 23   registres énormes qui contiennent des documents relevant de l'article 92

 24   bis. J'en ai sorti les documents qui sont en langue serbe, et j'ai retourné

 25   le reste à l'Accusation. Des documents en anglais ne me sont d'aucune

 26   utilité. Ma Défense ne s'intéressait jamais à de tels documents. Vous

 27   pouvez également décider de me faire communiquer des documents en langue

 28   chinoise; après tout, vous pouvez faire ce que vous voulez. J'ai le droit

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  1   de recevoir les documents communiqués en serbe, mais vous pouvez décider

  2   que nous vivons sur la planète Mars, sur Jupiter, ou ailleurs, tout est

  3   possible.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, je comprends bien que

  5   vous ne voyez aucune utilité à ce que des documents vous soient remis en

  6   rapport avec l'article 92 bis. Je vous donnerais la possibilité de vous

  7   exprimer encore une fois.

  8   J'indique au préalable que pour bien comprendre les documents

  9   relevant de l'article 92 bis, ces documents doivent être rédigés en

 10   anglais, car les Juges de la Chambre ne lisent pas la langue parlée par les

 11   témoins.

 12   S'agissant de votre deuxième observation, je prendrai la liberté de

 13   vous rappeler que ce Tribunal applique un règlement bien précis et que dès

 14   lors qu'il peut y avoir contradiction entre votre règlement et celui du

 15   Tribunal, la Chambre appliquera le règlement du Tribunal.

 16   D'autres points ? Monsieur Saxon.

 17   M. SAXON : [interprétation] Rapidement, Monsieur le Juge. L'accusé se

 18   plaint du fait qu'un grand nombre de documents qui lui ont été communiqués

 19   par l'Accusation portent la mention "confidentiel."

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 21   M. SAXON : [interprétation] Or, ceci est tout à fait justifié, même si

 22   peut-être l'expression préférable à utiliser serait "documents

 23   n'appartenant pas au domaine public." Je crois me rappeler qu'en mars 2003,

 24   le Juge président de l'époque, M. le Juge Schomburg, a émis une ordonnance

 25   destinée à l'Accusation selon laquelle tous les documents communiqués à

 26   l'accusé devraient portés la mention faisant déjà partie du domaine public,

 27   ce qui permettrait à l'accusé de ne pas considérer et traiter ces documents

 28   comme des documents sensibles ou confidentiels, et que les autres documents

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  1   devraient portés la mention ne faisant pas partie du domaine public, ce qui

  2   implique pour l'accusé l'obligation de les traiter comme des documents

  3   sensibles ou confidentiels. Voilà l'éclaircissement que je voulais

  4   apporter. C'est pour cette raison que nous faisons figurer cette mention

  5   sur les documents communiqués à l'accusé.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je suppose que pour qu'il y ait

  7   changement de la réglementation appliquée de la part des Juges de la

  8   Chambre, il ne suffit pas d'entendre les arguments et la demande de M.

  9   Seselj, mais également les justifications d'un tel changement éventuel.

 10   Avez-vous d'autres choses à dire, Monsieur Seselj ? Non. J'interprète votre

 11   silence comme signifiant que vous n'avez plus rien à évoquer au sujet de la

 12   communication des documents.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai quelque chose à dire. J'ai quelque chose à

 14   ajouter.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas, répondez aux questions que

 16   je vous pose. Ne gardez pas le silence. Je vous en prie.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, vous ne tenez sans doute pas

 18   compte du fait que je dois attendre la fin de l'interprétation. Alors, il

 19   est possible à cause de cela qu'il y ait un petit retard dans ma réaction,

 20   mais cela n'est pas de mon fait; c'est en raison de l'interprétation.

 21   Etant donné le grand nombre de documents que j'ai reçus qui portent la

 22   mention "confidentiel," j'ai quelques difficultés à communiquer avec mes

 23   collaborateurs qui travaillent avec moi à ma défense. Avec l'autorisation

 24   du Greffe, j'ai eu par le passé la possibilité d'examiner 2 000 ou 3 000

 25   pages de documents portant la mention confidentielle que j'ai pu

 26   communiquer à mes collaborateurs sans les rendre public.

 27   Depuis un an, cela ne m'est plus autorisé. Donc, je dispose d'un

 28   grand nombre de documents portant la mention confidentielle, que je ne peux

Page 502

  1   pas faire parvenir à mes collaborateurs qui, par conséquent, sont empêchés

  2   de disposer de documents pertinents par rapport à ma défense qu'ils ne

  3   peuvent pas assurer convenablement.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour autant que je le sache, c'est l'un

  5   des sujets abordé dans une requête qui va être examinée par la Chambre.

  6   Comme je l'ai déjà dit, la Chambre va rendre une décision par rapport à

  7   chacune de ces requêtes, et il convient d'attendre que ces décisions soient

  8   rendues.

  9   Avez-vous d'autres remarques à faire au sujet de la communication ?

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Au sujet de la communication ? Non.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ces conditions, j'aborde le point

 12   suivant, à savoir, la date où commencera le procès.

 13   Monsieur Seselj, d'après ce que nous pouvons constater aujourd'hui, votre

 14   procès ne débutera pas avant le prononcé du jugement dans une autre

 15   affaire. Or, ce jugement devrait être prononcé avant la fin du mois de

 16   septembre. Il est raisonnablement permis de penser que votre procès

 17   pourrait commencer aux environs du début octobre. Voilà, je tenais à vous

 18   en informer.

 19   D'autres commentaires sur ce point, en dehors du fait, et je l'ai bien

 20   compris que, d'après vous, Monsieur Seselj, cette date est trop tardive. Je

 21   sais que vous avez évoqué ce point dans une de vos écritures.

 22   Madame Uertz-Retzlaff.

 23   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Juge, je ne sais pas si

 24   vous souhaitez que l'Accusation s'exprime dans le cadre de ce point sur le

 25   nombre estimé de témoins et la durée estimée pour le procès.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, en effet.

 27   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Nous avons déposé auprès du Greffe

 28   pour enregistrement officiel notre plus récente liste de témoins. Ce dépôt

Page 503

  1   a eu lieu le 9 mai 2006. Elle n'est pas encore traduite et n'a pas encore

  2   été communiquée à M. Seselj.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous parlerons dans un instant des

  4   dépôts de documents et des traductions.

  5   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Nous avons une liste qui compte

  6   actuellement 52 témoins, que nous aimerions entendre de vive voix, et 66

  7   témoins relevant de l'article 92 bis; au total, 118 témoins qui seront

  8   soumis à un contre-interrogatoire.

  9   Par ailleurs, sur notre liste de témoins figurent également les noms

 10   de quatre témoins décédés pour lesquels nous présenterons une déposition

 11   écrite. La Chambre pourrait également souhaiter entendre un enquêteur qui

 12   pourrait témoigner au sujet des conditions dans lesquelles ces dépositions

 13   ou déclarations ont été recueillies.

 14   Sur notre liste de témoins, nous avons également huit témoins pour

 15   lesquels nous avons demandé que leurs dépositions soient reçues en

 16   l'absence de contre-interrogatoire, mais nous attendons toujours une

 17   décision définitive sur ce point.

 18   S'agissant maintenant du temps estimé par l'Accusation pour la durée de

 19   l'interrogatoire principal et du contre-interrogatoire, d'après nos

 20   calculs, ce temps devrait atteindre 327 heures pour la présentation des

 21   arguments de l'Accusation, à raison de trois heures et 50 minutes de

 22   témoignages par jour et de cinq jours par semaine, ce qui ferait 94 jours

 23   pour la présentation des arguments de l'Accusation, autrement dit, à peu

 24   près 19 semaines, soit un peu moins de cinq mois. D'après nos estimations,

 25   nous pensons qu'une durée à peu près égale devrait être impartie à M.

 26   Seselj pour la présentation de ses arguments.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous donnerons quelque temps à M. Seselj

 28   pour soumettre une appréciation du temps qu'il estime nécessaire pour la

Page 504

  1   présentation de ses arguments. J'indique d'ailleurs à votre intention,

  2   Madame Uertz-Retzlaff, tout comme à l'intention de M. Seselj, que la

  3   Chambre considère ces chiffres comme étant des propositions, des

  4   appréciations, et elle décidera ultérieurement de recourir éventuellement à

  5   son droit discrétionnaire pour déterminer une durée différente.

  6   J'aurais une question à vous poser : les huit témoins pour lesquels vous

  7   parlez d'absence de contre-interrogatoire, est-ce qu'ils comptent au nombre

  8   des 66 que vous avez cités précédemment, où est-ce qu'ils s'ajoutent à ces

  9   66 ?

 10   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Ils s'ajoutent au 66.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui fait 74 plus 52 --

 12   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Non, non, non. Moins les quatre

 13   témoins décédés, cela fait 126, au total.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Merci de ce renseignement.

 15   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'aimerais simplement ajouter qu'à

 16   première vue, lorsque vous vous pencherez sur ces chiffres, vous estimerez

 17   peut-être que le temps prévu pour leur interrogatoire est relativement

 18   limité. Ceci est lié au fait que, y compris pour les témoins que nous

 19   voulons entendre de vive voix, nous avons l'intention d'établir des

 20   déclarations écrites en application de l'article 89(F) du Règlement, et que

 21   nous déposerons une requête dès que ces déclarations écrites nous seront

 22   présentées, demandant à la Chambre de première instance de présenter par

 23   écrit -- à l'accusé de présenter les arguments qui ne sont pas liés aux

 24   arguments de l'interrogatoire principal par écrit.

 25   Voilà ce que je voulais ajouter.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci. D'autres choses à dire sur

 27   ce sujet, Monsieur Seselj, s'agissant du début de votre procès ?

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur Orie. D'abord, le début du mois

Page 505

  1   d'octobre, je ne pense pas qu'il soit trop tard. Je suis plein d'énergie,

  2   je suis au mieux de ma forme. Je pense que je vais vivre encore très, très

  3   longtemps. Mais je crois que tous les délais raisonnables s'agissant du

  4   début du procès ont largement été dépassés. La Chambre précédente n'a

  5   absolument pas tenu compte de ce fait. J'ai bel et bien l'intention

  6   d'interroger tous les témoins, tous les 66 témoins qui seront présentés au

  7   titre de l'article 92 bis du Règlement. Premier point. Je n'ai absolument

  8   pas confiance dans les conseils de la Défense, qui les ont interrogés dans

  9   d'autres affaires précédemment. Car en général, ce sont des personnes

 10   payées par le Tribunal qui n'ont rien fait pour aller contre les souhaits

 11   du Greffe ou de la Chambre parce qu'ils ne souhaitaient offenser personne.

 12   Puis, ils sont entendus dans mon affaire dans des conditions très

 13   différentes de celles dans lesquelles ils ont été entendus dans les

 14   affaires précédentes.

 15   Quant aux quatre témoins décédés, si le début de mon procès ne cesse

 16   d'être reporté à une date ultérieure, vous verrez de nombreux autres

 17   témoins qui vont mourir entre-temps. Il arrive à des gens de mourir tous

 18   les jours un peu partout sur notre planète. Nous ne pourrons pas contre-

 19   interroger les personnes décédées, et leurs déclarations écrites n'ont

 20   aucune validité à mes yeux. Je ne pourrai pas les interroger; c'est ce qui

 21   compte pour moi. De toute façon, je pense que tout cela, ce sont de faux

 22   témoignages.

 23   Un enquêteur est mort entre-temps également. Je regrette que vous

 24   n'en ayez pas tenu compte.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'abord, je vous invite à parler un peu

 26   moins vite pour les interprètes.

 27   Deuxièmement, il y a des règles qui régissent l'admission des

 28   déclarations préalables de témoins décédés. Cette Chambre appliquera

Page 506

  1   pleinement ces règles.

  2   Troisièmement, si pour une raison ou pour une autre, vous déclarez

  3   vouloir contre-interroger tous les témoins relevant de l'article 92 bis,

  4   dont les déclarations préalables auront été soumises à la Chambre par

  5   écrit, il vous faudra appeler l'attention de la Chambre en quelques mots

  6   sur les raisons précises qui justifient votre demande. Vous devrez

  7   également énumérer les sujets qui feront l'objet de votre contre-

  8   interrogatoire. Ceci aidera les Juges de la Chambre beaucoup plus que la

  9   présentation d'observations générales déjà consignées au compte rendu

 10   d'audience. Bien entendu, nous avons compris que vous étiez favorable à un

 11   contre-interrogatoire des témoins relevant de l'article 92 bis.

 12   Avez-vous quelque chose à ajouter ?

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur Orie. Si vous me permettez

 14   d'avoir des contacts normaux avec mes collaborateurs juridiques, et bien,

 15   pour chacun de ces 62 témoins, je vais vous expliquer par écrit pourquoi je

 16   conteste leurs déclarations et quels sont les éléments qui me permettent de

 17   dire qu'ils disent des contrevérités.

 18   De plus, les témoins que veut citer l'Accusation, les huit témoins

 19   dont on a parlé, et bien, je suis totalement opposé à cette pratique. Parce

 20   qu'il faut que je les interroge moi-même pour voir si leurs déclarations

 21   sont crédibles ou pas.

 22   L'Accusation nous dit qu'il faudrait qu'il y ait cinq jours

 23   d'audience par semaine. Il existe des raisons médicales très importantes

 24   qui expliquent pourquoi je veux que l'on se limite à trois jours d'audience

 25   par semaine. J'ai beaucoup de problèmes médicaux. J'ai été opéré du dos. Je

 26   ne peux pas resté assis pendant de longues périodes parce que j'ai mal au

 27   dos. Puis, troisièmement et quatrièmement, je me défends moi-même, donc,

 28   j'ai besoin de deux jours par semaine pour avoir des contacts avec mes

Page 507

  1   enquêteurs, mes collaborateurs, pour pouvoir contre-interroger efficacement

  2   les témoins à charge.

  3   Etant donné que ce précédent existe déjà, je vous rappelle l'affaire

  4   Milosevic, je demande que l'on limite ou que l'on établisse comme règle

  5   qu'il y aura trois jours d'audience par semaine en l'espèce, en raison des

  6   circonstances spéciales de cette affaire.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci a été bien consigné au compte rendu

  8   d'audience, Monsieur Seselj. Les Juges se pencheront sur cette question.

  9   Est-ce qu'il y a d'autres choses que vous souhaitiez nous dire au

 10   sujet du début du procès, de l'ouverture du procès.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je n'ai rien à ajouter s'agissant de

 12   l'ouverture du procès.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Maintenant, passons à l'autre

 14   point, au point suivant à l'ordre du jour, la date de dépôt des écritures.

 15   La pratique en espèce, c'est qu'un document n'est officiellement

 16   enregistré, n'est officiellement déposé, qu'à partir du moment où ce

 17   document est disponible aussi bien en anglais que dans sa traduction

 18   éventuelle, si nécessaire, dans la langue de l'accusé. En conséquence, la

 19   date de signature de la décision, une date que l'on trouve sur la page de

 20   garde et sur la dernière page de la décision, cette date, c'est rarement la

 21   même que la date à laquelle la décision est rendue ou déposée. Cette

 22   pratique découle d'une instruction, d'une consigne donnée oralement par M.

 23   le Juge Schomburg.

 24   Cette pratique - et je rends par la présente une décision orale - va

 25   être modifiée. Je demande que le Greffe dépose les écritures en espèce,

 26   conformément à la procédure suivie dans les autres affaires entendues par

 27   le Tribunal, c'est-à-dire que les documents sont enregistrés officiellement

 28   le jour où ils sont fournis dans une des langue du Tribunal. Les délais

Page 508

  1   commenceront à courir à partir de la date où les parties en présence auront

  2   reçu les traductions, ce qui signifie que pour l'accusé, les délais

  3   commenceront à courir à partir de la date de réception pour lui de la

  4   traduction dans sa langue maternelle, et que pour l'Accusation, les délais

  5   commenceront à courir à partir du moment où l'Accusation recevra la

  6   traduction des documents en anglais.

  7   Voici ce que j'avais à dire au sujet des dates d'enregistrement des

  8   écritures.

  9   Etant donné que nous nous rapprochons de l'ouverture du procès, je

 10   voudrais savoir s'il y a eu des discussions au sujet de points d'accord, de

 11   faits qui peuvent faire l'objet d'accord. Je voudrais savoir si

 12   l'Accusation ou la Défense ont réfléchi aux faits constatés judiciairement

 13   dans d'autres affaires. Bien entendu, puisque le procès va s'ouvrir avec la

 14   présentation des moyens à charge, je me tourne d'abord vers l'Accusation.

 15   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 16   Au tout début de cette affaire, nous avons soumis quatre faits essentiels,

 17   fondamentaux à M. Seselj pour savoir s'il était d'accord avec ces faits. Il

 18   a été prêt à -- d'ailleurs, il a voulu en parler lors d'une Conférence de

 19   mise en état. Je crois que cela s'est passé en 2003. A ce moment-là, on lui

 20   a dit que le moment n'était pas venu de le faire. Le Juge de la mise en

 21   état lui a dit qu'il ne fallait pas aborder cette question à moment-là. Je

 22   me demande si on pourrait revenir sur ce point devant la Chambre de

 23   première instance.

 24   L'autre chose que je souhaiterais vous dire, c'est que du fait que

 25   nous n'avons pas de contact direct avec l'accusé, nous sommes en train de

 26   travailler à une requête portant sur les faits admis, une requête qui sera

 27   assez longue, puisqu'elle ne comportera pas moins de 400 faits. Quatre-

 28   vingt pour cent de ces faits ont trait à la désintégration de l'ex-

Page 509

  1   Yougoslavie, et le reste des faits a trait à certaines municipalités bien

  2   précises, ainsi qu'à la nature dont les événements se sont déroulés, se

  3   sont reproduits en Bosnie-Herzégovine. Nous déposerons ladite requête la

  4   semaine prochaine.

  5   Voilà tout ce que je peux vous dire sur ce point.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame Uertz-Retzlaff.

  7   Monsieur Seselj --

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mme Uertz-Retzlaff ne dit pas la vérité.

  9   L'Accusation n'a pas soumis cela en 2003, mais en avril ou en mai 2004.

 10   J'ai voulu présenter mon point de vue au sujet de ces quatre faits, mais le

 11   Juge Agius ne m'a pas autorisé à le faire. Je ne suis parvenu à présenter

 12   mon point de vue qu'au sujet d'une de cette question. Il m'interrompait

 13   beaucoup plus que vous ne le faites vous, M. Orie. Je dois vous le dire.

 14   Enfin, tout cela s'est passé en 2004, et ce n'était pas au tout début.

 15   Deusio, je n'ai absolument pas évité les contacts avec l'Accusation.

 16   Pas du tout, au contraire. J'étais prêt à leur parler à condition, bien

 17   entendu, que mes associés juridiques puissent être là aussi, puis qu'on

 18   enregistre tout en vidéo. Mais ils ne veulent pas que mes associés

 19   juridiques soient là. Ils m'offrent Van der Spoel, mais je ne veux de lui

 20   pour rien au monde. Il n'a pas le droit de prononcer une seule parole pour

 21   me défendre. Voilà pourquoi on est dans l'impasse.

 22   En fait, c'est l'Accusation qui est responsable de tout.

 23   Maintenant, s'agissant des faits qu'ils vont vous proposer, je

 24   voudrais vous demander de me fixer une date butoir raisonnable afin que je

 25   puisse répondre sur tous ces faits par écrit, et je le ferai avec l'aide de

 26   mes collaborateurs juridiques.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une fois que nous aurons reçu cette

 28   requête, il faudrait qu'elle soit traduite. Puis, vous aurez ensuite, tout

Page 510

  1   le loisir d'y répondre. Dans cette réponse, il faudra vous concentrer, il

  2   faudra tenir compte des critères qui gouvernent la recevabilité des faits

  3   déjà admis dans d'autres affaires. Parce qu'à ce moment-là, il ne convient

  4   pas de se lancer dans une longue discussion sur la véracité ou non de ces

  5   faits. Reconnaître que des faits sont des faits admis signifie que sans

  6   entendre d'éléments de preuve supplémentaires la Chambre peut les adopter

  7   comme étant des faits avérés. Ce qui n'empêche d'ailleurs nullement la

  8   Défense de les attaquer, ces faits, de les contester. Dans de telles

  9   circonstances, la Défense doit bien avoir à l'esprit les raisons qui font

 10   que d'autres Chambres de première instance ont adopté ces faits, ont

 11   reconnu ces faits. De plus, la Défense doit réfléchir à la manière dont

 12   elle souhaite utiliser les ressources qui lui ont été attribuées, les

 13   ressources de temps aussi.

 14   Nous vous entendrons sur ce point, Monsieur Seselj, dès que vous

 15   aurez reçu une traduction de la requête de l'Accusation.

 16   Est-ce qu'il y a d'autres questions qui se posent s'agissant des

 17   points d'accord ou des faits admis dans d'autres affaires ? Je comprends,

 18   vous accusez le Procureur. Vous lui dites que c'est par sa faute qu'il n'y

 19   a pas eu contact avec vous. Si je suis bien informé, des deux côtés on

 20   souhaitait que des contacts soient noués, et la question de vos

 21   collaborateurs juridiques, bien entendu, est une des questions que la

 22   Chambre examine actuellement.

 23   Madame Uertz-Retzlaff.

 24   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Une précision.

 25   Mme Katalinic a retrouvé la date de la Conférence de mise en état pour

 26   laquelle nous avons discuté de cette question. C'était le

 27   14 juin 2004. M. Seselj avait raison; je m'étais trompée. J'avais donné la

 28   mauvaise année.

Page 511

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je pense que vous avez bien reconnu

  2   qu'il avait remarqué l'erreur que vous aviez commise et qu'il l'a corrigée.

  3   Vous pouvez lui en savoir gré.

  4   Est-ce qu'il y a d'autres sujets en rapport avec les faits admis dans

  5   d'autres affaires ? Non.

  6   Dans ces conditions, je vais passer au point suivant sur mon ordre du jour,

  7   celui des mesures de protection. Je ne sais pas si on peut parler de cela

  8   en audience publique.

  9   Madame  Uertz-Retzlaff, nous nous rapprochons de plus en plus de

 10   l'ouverture du procès. Est-ce qu'il y a des questions que l'Accusation

 11   souhaite soulever au sujet des mesures de protection, des mesures de

 12   protection dont vous souhaitez qu'elles soient octroyées ou bien qu'elles

 13   soient conservées ?

 14   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, effectivement. Ce type de

 15   questions se pose maintenant. Il y en a deux que je souhaite aborder en

 16   audience publique. Ensuite, il faudra qu'on passe à huis clos.

 17   La première question que je souhaiterais aborder ici, c'est que nous

 18   attendons toujours une décision relative à une demande de certification

 19   d'appel suite à des mesures de protection qui nous ont été refusées. Notre

 20   demande a été déposée il y a pas mal de temps. D'autre part, il y a

 21   toujours la septième mesure de protection déposée par l'Accusation qui n'a

 22   pas encore reçu de réponse. Puis, il y a également ce qui concerne les

 23   témoins pour lesquels nous n'avons pas encore demandé de mesures de

 24   protection mais cela ne saurait tarder.

 25   Enfin, il y a une question que je souhaiterais aborder à huis clos partiel,

 26   parce que cela a trait à des écritures que nous avons déposées suite à une

 27   ordonnance urgente de la Chambre. M. Seselj y a répondu il y a quelques

 28   jours. On m'a demandé de changer le statut de ces écritures. C'est les

Page 512

  1   écritures numéro 145. On m'a demandé à ce qu'on les traite de manière

  2   confidentielle. Je voudrais en parler à huis clos partiel.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel. Je pense

  4   qu'il est inutile de passer à huis clos total.

  5   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, un huis clos partiel suffira.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Fort bien.

  7   [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette question qui a été qualifiée

  9   d'urgente, la Chambre, effectivement, la juge urgente. Ce que je vous

 10   propose de faire, c'est d'attendre la fin de la présente Conférence de mise

 11   en état pour voir s'il est toujours nécessaire de traiter de cette

 12   question.

 13   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bien. Je m'exécuterai.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Audience publique.

 15   [Audience publique]

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, est-ce que vous

 17   souhaitiez nous parler des mesures de protection, nous faire part

 18   d'éléments qui ne figurent pas dans vos écritures ?

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Oui, Monsieur Orie. Il y a quelque chose

 20   dont je voudrais parler, et que j'ai n'ai pas évoqué précédemment ni par

 21   écrit ni par oral.

 22   Dans ce Tribunal international, on a malheureusement vu apparaître une

 23   catégorie. Une catégorie de personnes, c'est-à-dire, les témoins protégés,

 24   des gens qui sont au chômage dans leurs pays, qui ont des problèmes sociaux

 25   et qui ont adopté, qui ont choisi d'adopter ce rôle de témoin protégé, de

 26   façon à obtenir un hébergement et logement dans un pays étranger, obtenir

 27   un logement, un travail. Puisqu'ils bénéficient de mesures de protection,

 28   ils peuvent aller faire des faux témoignages dans de nombreuses affaires.

Page 513

  1   L'Accusation, vraiment, dépasse toutes les bornes, et a demandé à très

  2   nombreuses reprises des mesures de protection. Je n'ai jamais menacé un

  3   seul témoin. Je menacerai les témoins quand ils viendront ici lorsque je

  4   les contre-interrogerai, en montrant que ce sont des menteurs. Mais on ne

  5   peut pas dire que je ne les ai jamais menacés physiquement. C'est absurde.

  6   C'est moi qui suis menacé. L'Accusation essaie de m'empêcher de me

  7   défendre. On essaie de me donner aussi peu de temps que possible pour

  8   préparer mes contre-interrogatoires. C'est la seule raison pour laquelle

  9   j'insiste, et c'est la seule raison pour laquelle ils demandent, ils

 10   exigent ces mesures de protection.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'entends bien. Monsieur Seselj,

 12   cela ne m'intéresse pas d'attendre des déclarations comme celle que vous

 13   venez de nous faire; tous les témoins sont des menteurs, et cetera, et

 14   cetera. C'est à vous de déterminer, à vous de nous montrer que les témoins

 15   ne disent peut-être pas la vérité. Parce que nous ignorons sur quoi va

 16   porter leur déposition. Une fois qu'ils sont dans le prétoire vous pouvez

 17   contre-interroger les témoins, les faire contre-interroger, et ensuite, on

 18   peut en arriver à une conclusion. La procédure prévoit des limites. Vous

 19   aurez tout à loisir de mettre en évidence les éventuels mensonges d'un

 20   témoin. Cependant, rien ne sert de se lancer dans les élucubrations sur ce

 21   que les témoins vont nous dire à l'avance, parce que la Chambre n'y peut

 22   rien tant qu'elle ne connaît pas la nature de la déposition des témoins.

 23   J'ai remarqué que c'était une de vos marottes, que vous aviez pour coutume

 24   d'affirmer que les témoins mentaient, qu'on leur avait donné consigne de

 25   mentir, et cetera. Premièrement, ce sont là des propos qui sont assez

 26   insultants. Je vais donc vous demander d'attendre la déposition desdits

 27   témoins, d'attendre le contre-interrogatoire. Si vous êtes convaincu

 28   effectivement que certains témoins mentent, ce sera à vous, au moment du

Page 514

  1   contre-interrogatoire, de le montrer, de montrer qu'ils mentent

  2   effectivement.

  3   Enfin, je le répète, faire des déclarations de portée générale sur

  4   les témoins qui dans leur globalité mentiraient, affirmer que les témoins

  5   sont des témoins professionnels, qu'on les a formés et coachés pour mentir,

  6   cela ne fait nullement avancer.

  7   Est-ce qu'il y a d'autres questions que vous souhaitiez évoquer au sujet

  8   des mesures de protection, Monsieur Seselj ?

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur Orie. J'ai déjà reçu un grand

 10   nombre de déclarations venant de témoins protégés. Je ne vais en citer

 11   aucun puisque la mention confidentielle est apposée sur ces déclarations,

 12   mais je dois dire qu'il y a un témoin à charge qui n'est pas protégé, mais

 13   qui lui aussi ment. Un de ces témoins affirme qu'avant le meeting de

 14   Subotica, j'ai dansé le kolo [phon].

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, j'ai déjà dit que cela

 16   ne nous servait nullement d'entendre des déclarations de portée générale au

 17   sujet de mensonges, des mensonges des uns ou des autres. J'ai dit qu'il

 18   fallait attendre la déposition des témoins ou attendre les requêtes,

 19   l'issue de la requête 92 bis de l'Accusation. A ce moment-là, vous pourrez

 20   nous dire si lesdites déclarations peuvent être versées au dossier ou si

 21   vous souhaitez les contre-interroger ces témoins parce que vous estimez que

 22   leurs déclarations sont fausses. Nous attendrons vos arguments à ce moment-

 23   là.

 24   Est-ce qu'il y a d'autres choses que vous souhaitiez nous dire au sujet des

 25   mesures de protection, Monsieur Seselj ?

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 28   Est-ce qu'il y a d'autres questions que les parties souhaitent aborder en

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  1   dehors de celles que j'ai moi-même évoquées ?

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Seselj.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, au départ j'avais dit vouloir aborder 12

  5   questions, mais maintenant, il n'y en a plus que six, suite à toutes les

  6   questions que vous avez abordées. Maintenant je souhaiterais les aborder

  7   une par une.

  8   Il y a la question de mes collaborateurs juridiques qui n'a pas été

  9   résolue parce que le Greffe veut que ceux qui m'aident, les membres de mon

 10   équipe juridique répondent aux obligations qui sont imposées au conseil de

 11   la Défense, s'agissant de leurs compétences.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'abord des décisions ont été prises sur

 13   ce point. Nous avons déjà examiné cette question à l'envi. Nous allons voir

 14   s'il est nécessaire d'y revenir encore une fois et s'il est nécessaire de

 15   prendre des décisions supplémentaires sur ce point. Tout ceci figure dans

 16   des écritures, Monsieur Seselj. Tout ceci a été développé. Dans cette

 17   mesure, il n'est pas nécessaire de soulever la question à nouveau lors

 18   d'une Conférence de mise en état. Attendez, je vous prie, les décisions

 19   rendues par la Chambre qui vont venir bientôt.

 20   Est-ce que vous avez autre chose à dire en dehors de cette question de

 21   votre équipe juridique ?

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, oui. Il y a encore cinq questions que je

 23   souhaiterais aborder. Je parle vite, Monsieur Orie, et il est inutile de me

 24   demander de me presser. On ne m'a pas autorisé à présenter d'objections

 25   quant à l'acte d'accusation. J'ai déposé une requête de 50 pages qui m'a

 26   été renvoyée et on m'a demandé de produire une requête de dix pages au

 27   maximum. J'ai demandé confirmation pour pouvoir en faire appel à la Chambre

 28   d'appel et la Chambre de première instance numéro II, mais on n'a jamais

Page 516

  1   répondu à ma requête.

  2   De plus, j'ai consulté mes assistants juridiques et ils ont déclaré

  3   qu'aussi bien l'Accusation que la Chambre de première instance numéro II

  4   m'avaient induit en erreur, s'agissant de la date butoir de la présentation

  5   de cette objection, parce que ce n'est qu'à partir de février que j'ai reçu

  6   toutes les pièces jointes à l'acte d'accusation modifié, donc la date

  7   butoir, elle aurait dû être calculée à partir de février.

  8   Je vous demande de vous pencher sur cette question, si vous estimez

  9   qu'effectivement on m'a induit en erreur, il faudrait fixer une autre date

 10   butoir, une autre échéance.

 11   Troisièmement, il y a une autre question à laquelle il n'a pas encore

 12   répondu c'est celle du financement de ma défense. Lors de la dernière

 13   Conférence de mise en état, le Juge Agius a donné pour consigne au greffier

 14   de trouver une solution à cette question.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Procédons par ordre, question par

 16   question. Il a été consigné au compte rendu d'audience que vous estimez

 17   avoir été induit en erreur par la Chambre de première instance numéro II

 18   s'agissant de l'échéance et de la date avant laquelle vous auriez dû

 19   déposer vos exceptions préjudicielles, s'agissant de l'acte d'accusation.

 20   Nous allons nous pencher sur cette question.

 21   Ensuite vous nous parlez du financement de votre défense, tout ceci a fait

 22   l'objet d'écritures. La Chambre va traiter de cette question, de cette

 23   requête -- et un instant, je procède à une petite vérification. Il

 24   s'agissait de vos écritures numéro 124, déposées le 16 janvier. Nous allons

 25   y répondre dès que possible.

 26   Autre chose ? Il me semble que vous en êtes déjà au cinquième ou peut-être

 27   au quatrième point. Non, en fait tout cela a été évoqué par écrit.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Encore deux questions.

Page 517

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y, Monsieur Seselj.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] La question des photocopies n'a pas encore

  3   trouvé de solution. Lors de la dernière Conférence de mise en état, j'ai

  4   dit au Juge Agius que j'avais environ 1 000 pages de documents manuscrits

  5   extrêmement denses que je devais photocopier pour les remettre à mes

  6   associés juridiques afin qu'ils puissent m'aider à préparer ma défense. Or,

  7   le Juge a répondu qu'il essaierait de trouver une solution à cette

  8   question. Cela n'a pas encore été fait et j'attends toujours.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La Chambre a été informée du fait

 10   que vous n'avez pas fait de demande. Vous n'avez pas demandé à ce que l'on

 11   installe une photocopieuse au quartier pénitentiaire ce qui vous

 12   permettrait de faire ces photocopies. Je pars du principe où j'imagine que

 13   vous estimez que le Tribunal doit vous fournir cette photocopieuse, or

 14   jusqu'à présent la position du Tribunal -- ici je parle du côté

 15   administratif de la chose -- le Tribunal estime qu'il n'est nullement dans

 16   l'obligation de vous fournir cette photocopieuse et que c'est à vous de

 17   faire en sorte de disposer d'une photocopieuse.

 18   Vous le savez peut-être puisque nous avons déjà pris contact avec le Greffe

 19   sur ce point, c'est une question dont nous sommes conscients. Je vois qu'en

 20   septembre 2005 déjà vous aviez soulevé cette question. Vous avez de nouveau

 21   évoqué la question le 24 janvier 2006, et tout cela remonte initialement au

 22   27 novembre 2003.

 23   Je consulte mes notes. Un instant, je vous prie.

 24   Le 24 janvier 2006, M. le Juge Agius vous a fait savoir qu'il avait été

 25   décidé au cas où vous souhaiteriez photocopier des documents, que c'était à

 26   vous de vous organiser à cette fin. D'ailleurs, ce jour-là, M. le Juge

 27   Agius vous a rappelé que vous n'aviez pas demandé de certification en appel

 28   contre la décision rendue précédemment sur ce sujet. A ce moment-là, vous

Page 518

  1   avez répondu en disant que vous ne demandiez pas au quartier pénitentiaire

  2   de photocopier ces documents à votre intention, mais que vous estimiez que

  3   la Chambre, le Tribunal avait pour responsabilité de vous fournir les

  4   dispositifs, les machines nécessaires pour préparer votre défense. Sur ce,

  5   M. le Juge Agius vous a invité à déposer une requête sur cette question

  6   pour peu que les arguments qui y seraient contenus diffèrent

  7   considérablement des arguments déjà présents dans vos écritures

  8   précédentes. Voilà ce que j'ai à vous rappeler sur ce point.

  9   D'autres questions, Monsieur Seselj ?

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, je fais référence au Statut, et

 11   je demande avec insistance que me soient fournis les moyens de ma défense.

 12   Je continuerai à insister pour présenter cette demande.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, la question a été

 14   réglée. Vous n'avez pas demandé de certification pour présenter un appel.

 15   La question a été évoquée une nouvelle fois le 26 janvier 2006. On vous a

 16   demandé de présenter une requête contenant des arguments différents car la

 17   Chambre se refuse à rendre des décisions portant sur des requêtes contenant

 18   des arguments déjà présentés précédemment. Vous êtes, une nouvelle fois,

 19   invité à agir de la sorte au cas où cela serait justifié. Je ne vous y

 20   incite en aucun cas, mais je pense que si vous avez des raisons justifiant

 21   de vous adresser une nouvelle fois à la Chambre sur ce point, avec des

 22   arguments nouveaux, vous devez être invité à pouvoir le faire.Monsieur

 23   Seselj, d'autres questions ?

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Une autre question, Monsieur Orie, que

 25   j'aimerais évoquer est la suivante : elle porte sur le fait que des actes

 26   illégaux du Greffe ont été protégés par Chambre d'instance II. La Chambre a

 27   rendu une décision selon laquelle le conseil qui m'avait été commis

 28   d'office ne pouvait l'être qu'à deux conditions : son nom devait figurer

Page 519

  1   sur la liste des conseils des Tribunaux internationaux et il devait parler

  2   le serbe. Le Greffe n'a pas respecté cette décision.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, cette question a été

  4   évoquée peut-être pas 10 fois, mais en tout cas au moins cinq fois par

  5   écrit. Encore une fois, je me rends compte que vous la soumettez une

  6   nouvelle fois. Il n'est pas nécessaire d'en discuter à nouveau au cours de

  7   la présente Conférence de mise en état.

  8   Avez-vous d'autres points, Monsieur Seselj ?

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, vous ne m'avez pas compris. Je

 10   ne suis pas en train d'évoquer le problème du conseil qui m'a été affecté

 11   d'office, la question que je soulève, c'est le fait que la Chambre de

 12   première instance a protégé un acte illégal de la part du Greffe. En effet,

 13   l'homme qui a été nommé d'office est un homme qui ne satisfait pas à deux

 14   critères fondamentaux régissant le choix des conseils de la Défense.

 15   Pour répondre à ma requête, la  Chambre de première instance numéro II a

 16   ensuite effacé, supprimé ces deux critères qui conditionnaient le choix du

 17   conseil de la Défense. Ces deux critères ont donc été effacés de la liste

 18   des critères considérés comme conditions préalables. J'appelle votre

 19   attention sur cette pratique illégale du Tribunal.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Seselj, Monsieur Seselj, je

 21   vous arrête un instant. Est-il vrai quand dans votre demande de révocation

 22   de la décision vous affectant, un conseil commis d'office, à savoir, dans

 23   votre requête 125, cet aspect de la chose est largement évoqué et traité en

 24   détail.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est exact, Monsieur Orie. Mais l'objet de mon

 26   observation aujourd'hui, c'est le fait que la Chambre de première instance

 27   a enfreint un article du Règlement. Cela n'a rien à voir avec ce que j'ai

 28   déjà dit jusqu'à présent. La Chambre de première instance insiste pour que

Page 520

  1   la loi ne soit pas violée après quoi c'est elle-même qui viole en effaçant

  2   des critères qui figuraient dans la liste des critères appliqués par le

  3   Greffe.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous pensez que la Chambre a

  5   compétence pour punir n'importe qui. Je comprends votre argument, mais ce

  6   n'est pas peut-être tout à fait vrai.

  7   En tout cas, votre observation figure au compte rendu d'audience,

  8   Monsieur Seselj. C'est un point que vous considérez pertinent et c'est un

  9   argument nouveau par rapport aux arguments présents dans votre requête 125.

 10   Nous l'examinerons pour voir si ce point mérite une attention de la part de

 11   la Chambre. C'est au compte rendu d'audience.

 12   Autre chose, Monsieur Seselj ?

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'appelle actuellement votre attention en

 14   quelques mots sur quelque chose que vous avez dit aujourd'hui, Monsieur

 15   Orie. Vous insistez pour dire que je ne cesse de présenter les mêmes

 16   arguments, de parler des mêmes sujets. Ce que je fais, c'est appeler

 17   également votre attention sur la pratique de ce Tribunal, qui est tout à

 18   fait manifeste à la lecture de nombreux jugements et décisions rendus par

 19   un certain nombre de Chambres, à savoir que l'accusé a pleinement le droit

 20   d'évoquer à plusieurs reprises le même point. C'est un des droits de la

 21   Défense. La Chambre de première instance peut, bien sûr, changer d'avis.

 22   Toutes sortes de choses peuvent changer et évoluer au fil du temps, mais

 23   les points de repères ne peuvent pas changer. C'est pleinement mon droit

 24   d'évoquer à plusieurs reprises la même chose tant que ce sujet relève du

 25   Règlement. Même si je n'ai pas de nouveaux arguments à présenter, je suis

 26   pleinement en droit de revenir sur un argument déjà présenté.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est votre avis, Monsieur Seselj.

 28   Je peux d'ores et déjà vous dire que je ne suis pas d'accord avec vous sur

Page 521

  1   ce point. Je ne suis pas d'accord quant au droit, qui serait le vôtre, de

  2   revenir incessamment sur les mêmes points. Vous avez peut-être remarqué, en

  3   écoutant ce que j'ai dit jusqu'à présent, que lorsqu'une affaire est

  4   transférée d'une Chambre à une autre, de nouveaux Juges commencent à agir

  5   et se penchent en détail sur ce qui a été fait jusqu'au jour où ils

  6   interviennent dans l'affaire. Il n'est pas nécessaire de revenir sur ce que

  7   vous avez déjà dit précédemment.

  8   D'autres questions, Monsieur Seselj ?

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce sera tout.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci met un terme à la présente

 11   Conférence de mise en état. Je vais rendre quelques décisions orales.

 12   D'abord, une décision qui fait suite aux écritures numéro 144 soumises à la

 13   Chambre.

 14   La Chambre de première instance saisie de la requête présentée à la Chambre

 15   de première instance numéro II, demandant une décision sur toutes les

 16   questions évoquées par le Pr Vojislav Seselj dans le cadre des Conférences

 17   de mise en état.

 18   Requête numéro 144, déposée le 18 avril 2006, par laquelle l'accusé évoque

 19   un certain nombre de questions dont il affirme qu'elles n'ont pas fait

 20   l'objet d'une décision de la part de la Chambre de première instance.

 21   Le 26 avril 2006, l'Accusation a répondu à cette requête en affirmant que,

 22   je cite : "Toutes questions susceptibles d'une quelconque pertinence pour

 23   l'Accusation ont déjà fait l'objet, ou pour le moins font l'objet

 24   actuellement de discussions en cours ou commencées précédemment dans le

 25   cadre des débats actuels."

 26   La Chambre de première instance s'est penchée sur les écritures très

 27   détaillées de l'accusé et remarque la majorité des points évoqués par

 28   l'accusé dans celles-ci ont soit déjà fait l'objet d'une décision de la

Page 522

  1   part de la Chambre de première instance soit font l'objet d'un débat

  2   actuellement en cours. La seule question dont la Chambre de première

  3   instance a déterminé qu'elle ne relevait pas de l'une ou l'autre de ces

  4   deux catégories, c'est l'affirmation de l'accusé selon laquelle le mot

  5   "Your Honours" a été ajouté à la version anglaise du compte rendu de la

  6   première Conférence de mise en état bien qu'il n'ait pas été prononcé par

  7   l'accusé.

  8   L'accusé est en droit d'affirmer, comme il le fait dans ses écritures,

  9   qu'aucune décision n'a été rendue sur ce point par une Chambre de première

 10   instance. Il a tout à fait raison de dire que le compte rendu d'audience de

 11   la première Conférence de mise en état en date du 25 mars 2003, fait

 12   figurer dans son texte, les mots anglais "Your Honour."

 13   Lors de la Conférence de mise en état du 14 juin 2004, au compte

 14   rendu d'audience, page 261, l'accusé cite les mots suivants, je cite par

 15   ailleurs : "J'ai examiné les comptes rendus d'audience des conférences de

 16   mise en était qui m'ont été soumis en anglais. La teneur consignée aux

 17   comptes rendus d'audience ne reprend pas mes propos. Les mots 'Your Honour'

 18   sont même utilisés et consignés dans ce compte rendu d'audience. Or, c'est

 19   une expression que je n'ai jamais utilisée, car dans mon pays utiliser les

 20   mots 'M. le Juge,' ou 'Mme le Juge' est une façon tout à fait courtoise de

 21   s'adresser à des Juges. C'est également le cas pour les Musulmans et les

 22   Croates dans mon pays. Je ne saurais autoriser les interprètes à déformer

 23   mes propos de cette façon. En Serbe, il est suffisamment courtois de dire

 24   'M. le Juge'. C'est d'ailleurs la seule façon dont les avocats, l'accusé et

 25   les procureurs s'adressent aux juges d'un tribunal. Toute autre formule n'a

 26   pas lieu d'être."

 27   La Chambre de première instance apprécie la courtoisie de l'accusé

 28   dans sa langue, et tient à souligner que les mots utilisés par les

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  1   interprètes vers l'anglais sont également la formule de politesse

  2   couramment utilisée en anglais dans de telles circonstances. Elle fait

  3   remarquer qu'interpréter ne signifie pas reprendre littéralement les mots

  4   de l'orateur. Elle souligne, par ailleurs, qu'elle ne tient en aucun cas en

  5   entrer dans un débat ou dans une discussion portant sur les questions

  6   d'interprétation ou de traduction à moins que la question évoquée n'est une

  7   incidence concrète sur l'affaire, ce qui n'est pas le cas en espèce. La

  8   Chambre de première instance rejette la requête de l'accusé, Monsieur

  9   Seselj, vous affirmez vouloir faire preuve de courtoisie et affirmez

 10   n'avoir en aucun cas l'intention de dire que le refus d'utiliser le mot

 11   honorable soit en quelque façon que ce soit une expression de moindre

 12   respect de votre part pour la Chambre.

 13   En dépit de cela la Chambre de première instance rejette votre

 14   requête.

 15   Elle fait également remarquer que l'accusé s'est plaint de ne pas

 16   avoir reçu les séquences vidéo des audiences qu'il a le droit de recevoir

 17   suite à la requête de la Chambre de première instance numéro 19, en date du

 18   30 septembre 2003, déposée le 1er octobre de la même année.

 19   La Chambre de première instance a consulté le Greffe et a reçu les

 20   reçus de transmissions des documents. Il a été remarqué à ce moment-là

 21   qu'aucun reçu papier n'existait pour la seconde comparution initiale du 3

 22   novembre 2005. La Chambre de première instance en a été informée et prendra

 23   les mesures nécessaires dans les plus brefs délais.

 24   La Chambre de première instance considère que toute autre question

 25   faisait l'objet de requête encore en cours, elle a répondu comme elle le

 26   doit à la présente requête.

 27   Je m'apprête maintenant à rendre une décision orale portant sur votre

 28   requête 145, Monsieur Seselj.

Page 524

  1   La Chambre de première instance a été saisie de la requête portant

  2   demande à la Chambre de première instance II de faire débuter dans des

  3   délais urgents le procès du Pr Vojislav Seselj, déposé par M. Seselj le 20

  4   avril 2006.

  5   La Chambre considère que cette requête comporte des expressions et

  6   déclarations que l'on peut qualifier d'obscènes. Toute requête comportant

  7   ce genre d'expressions est considérée comme abus de procédure par la

  8   Chambre de première instance qui ne juge pas nécessaire de l'examiner,

  9   suite à la directive du 14 novembre 2005, IT/240.

 10   La Chambre de première instance vous conseille, Monsieur Seselj,

 11   d'éviter, à l'avenir, l'usage de tels termes. Je répète ce que j'ai déjà

 12   dit par ailleurs, à savoir que toute répétition que l'on pourrait constater

 13   dans vos requêtes où une trop grande prolixité de votre part sera jugée

 14   comme inacceptable par la Chambre. Si vous souhaitez revenir sur cette

 15   question, il vous est conseillé de circonscrire les arguments que vous

 16   présentez en évitant toute répétition, de ne pas être trop prolixe, trop

 17   verbeux, dans votre manière de vous exprimer et de veiller à ce que le

 18   nombre de pages de votre requête ne dépasse pas 5, en tout cas, pour le

 19   sujet dont je suis en train de parler.

 20   Je vais finalement rendre une décision au sujet de vos écritures, de

 21   votre requête 145.

 22   La Chambre de première instance a été saisie d'une demande à

 23   l'Accusation en vue d'une ordonnance urgente de la Chambre portant sur la

 24   requête présentée par la Défense à la Chambre de première instance II en

 25   vue d'un début urgent du procès du Pr Vojislav Seselj, requête déposée le

 26   27 avril 2006.

 27   La Chambre fait remarquer que la réponse de l'accusé à la demande de

 28   l'Accusation date du 17 mai 2006.

Page 525

  1   La Chambre déclare nulle et non avenue la demande de l'Accusation.

  2   Voilà les décisions que je souhaitais présenter oralement.

  3   Monsieur Seselj, auriez-vous le désir d'ajouter quelques mots à ce

  4   stade de la Conférence de mise en état ?

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Orie, je tiens à éviter de vous

  6   lasser, cela me facilitera le travail d'ailleurs, je n'ai pas besoin de

  7   vous présenter une requête de cinq pages. Je peux vous dire immédiatement

  8   ce que je souhaite vous dire en quelques mots : j'exige que l'Accusation me

  9   fasse remettre un exemplaire des lettres d'adieu de Milan Babic.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela est une autre question, qui n'a

 11   rien à voir avec les différents sujets dont je viens de parler dans mes

 12   décisions orales. J'ai dit que si vous deviez revenir sur la question, il

 13   vous fallait le faire en cinq pages, mais c'était dans le cadre d'un sujet

 14   différent.

 15   S'agissant de la requête que vous venez de présenter, nous n'allons

 16   pas rendre de décision à ce sujet. Nous avons appris que nous étions en

 17   droit d'attendre dans des délais assez brefs un rapport complet nous

 18   donnant toute information sur cette question. Nous avons l'intention

 19   d'attendre d'obtenir ce rapport, puisqu'il nous a été dit que ce rapport

 20   allait nous être fourni rapidement, afin de voir si ce rapport sera public

 21   ou pas, et si, comme nous le pensons, ce rapport comportera tout

 22   renseignement nécessaire.

 23   J'ajouterais que la Chambre ne souhaite pas vous suivre dans vos

 24   spéculations quant à ce que pourrait contenir une note d'adieu, si c'est

 25   bien une note d'adieu qu'il s'agit, ce serait une erreur de formuler de

 26   telle spéculation. J'ajouterais qu'au cas où une éventuelle note d'adieu

 27   contiendrait bien les formules que vous attendez à y voir figurer - même si

 28   rien n'indique que tel doit être le cas pour le moment - mais en tout cas

Page 526

  1   vous avez laissé entendre que vous pensiez y trouver un certain nombre

  2   d'information factuelle, bien, dans ce cas, dès que l'Accusation aura

  3   connaissance du contenu de cette éventuelle note d'adieu, elle vous sera

  4   très certainement communiquée au titre de l'article 68(i) du Règlement.

  5   Autre chose, Monsieur Seselj ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Seselj.

  8   Madame Uertz-Retzlaff.

  9   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Trois points, Monsieur le Juge :

 10   premièrement, nous n'avons pas connaissance de l'existence d'une telle

 11   lettre d'adieu, et comme vous l'avez dit, une enquête va permettre de faire

 12   la lumière sur ce point. Je souhaiterais simplement confirmer que nous ne

 13   disposons d'aucun document de ce genre.

 14   Deuxièmement, j'ai déjà parlé du système de prétoire électronique, e-court.

 15   Le 14 juin 2005, l'Accusation a déposé une liste provisoire de pièces à

 16   conviction qui comptaient quelques 2 271 éléments. Entre-temps, nous avons

 17   préparé notre dernière liste de témoins, la liste définitive, plutôt la

 18   liste des pièces à conviction, je reprends, qui contient quelques 2 400

 19   pièces. Nous allons déposer cette liste la semaine prochaine.

 20   Bien entendu, il convient maintenant de préparer ces pièces pour leur

 21   présentation dans le prétoire, et c'est pour la raison pour laquelle nous

 22   souhaiterions ardemment savoir si on va utiliser le système de prétoire

 23   électronique ou pas.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'après ce que je sais, Madame Uertz-

 25   Retzlaff, l'affaire Seselj n'est pas une affaire pour laquelle on va

 26   utiliser le système de prétoire électronique.

 27   Si je me trompe, Madame la Greffière d'audience, n'hésitez pas à me

 28   corriger, mais peut-être vous n'en savez rien encore parce que le Greffier

Page 527

  1   d'audience qui doit travailler dans cette affaire n'est pas disponible

  2   aujourd'hui. Il a été remplacé par une de ses collègues.

  3   Je vais me renseigner. Si les choses se présentent différemment de ce

  4   que je viens de vous dire, je vous le ferai savoir.

  5   Autre chose ? Troisième point ?

  6   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. Troisième point : c'est quelque

  7   chose que j'ai déjà évoqué, mais j'aimerais pour cela que nous passions à

  8   huis clos partiel.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel.

 10   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 11  [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité partiellement levée par une ordonnance de la Chambre]

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y, Madame Uertz-Retzlaff.

 13   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. Les écritures 145 de M. Seselj

 14   sont des écritures qu'il a complétées avec ses écritures du 3 mai 2006.

 15   Cela présente une question qui n'a pas encore été résolue, selon nous,

 16   contrairement à ce qui dit la Chambre de première instance, parce que nous

 17   estimons que les écritures 145, je m'appuie là-dessus pour le dire sur deux

 18   phrases, (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

Page 528

  1  (expurgé)

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous interromps, Madame Uertz-

  3   Retzlaff. Je vois que vous attirez notre attention sur le caractère

  4   éminemment répréhensible du libellé de ces écritures. J'en ai déjà parlé à

  5   M. Seselj. Je lui ai dit qu'il n'était pas utile de se lancer dans des

  6   allégations de portée générale sur ce type de question. Mais si je ne me

  7   trompe, votre requête se limitait à la confidentialité de ces écritures ou

  8   de l'éventualité de poursuite pour outrage. Vous le voyez, nous avons bien

  9   compris ce que vous vouliez nous dire. Vous vouliez que ces écritures

 10   soient déposées à titre confidentiel étant donné le langage extrêmement

 11   virulent qui y figure. Mais selon moi, aucune demande n'a officiellement

 12   été faite. Si vous estimez que la question n'a pas trouvé de réponse,

 13   veuillez nous redire ce que vous attendez de nous, en dehors de

 14   l'interdiction pour quiconque que d'accéder à ce document, puisque cela ne

 15   va pas être accessible, puisque le document n'a pas été accepté, n'a pas

 16   été déposé, enregistré officiellement.

 17   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Le problème c'est que cela se répète

 18   dans la réponse supplémentaire de M. Seselj. Page 7. Il est écrit que ces

 19   écritures 145 ont fait l'objet d'une conférence de presse. Avant même le

 20   dépôt des écritures, ces écritures ont été rendues public lors d'une

 21   conférence de mise en état. Alors, il faut mettre un terme à ce genre de

 22   pratique. Ceci a été rendu public lors d'une conférence de presse. C'est la

 23   raison pour laquelle nous avons déposé notre deuxième requête pour lui

 24   imposer un conseil, parce que ce type de comportement doit s'arrêter. Je

 25   voulais attirer votre attention sur ce point.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Que voulez-vous dire par là ?

 27   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'est la raison pour laquelle nous

 28   avons déposé notre deuxième requête demandant la commission d'office d'un

Page 529

  1   conseil. Nous avons demandé que seul le conseil soit autorisé à déposer des

  2   requêtes.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'entends bien. Cependant, si ces

  4   informations, ces rumeurs, enfin peu importe si ceci fait l'objet d'une

  5   conférence de presse organisée par un tiers

  6   -- je ne sais pas qui a organisé cette conférence de presse. Dans les

  7   écritures, il n'est pas précisé qui a tenu ces propos lors de la conférence

  8   de presse. S'il s'agissait d'un des collaborateurs juridiques de l'accusé,

  9   cela pourrait constituer un motif pour réfléchir à nouveau au statut de ces

 10   personnes, mais, de toute façon, les choses ne me paraissent pas aussi

 11   limpides que vous semblez le dire, parce que même s'il y avait imposition

 12   d'un conseil de la Défense, même si on refusait l'intervention des associés

 13   juridiques de l'accusé, je ne vois pas très bien pourquoi cela permettrait

 14   de mettre un terme à ce genre de pratique que je considère tout comme vous

 15   comme inacceptable.

 16   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Juge, je souhaite vous

 17   informer simplement de ce qui figure à la page 7, dernier paragraphe des

 18   écritures supplémentaires de M. Seselj, qui nous dit qu'Aleksandar Vucic,

 19   le porte-parole de son équipe d'expert, est la personne qui a mentionné ces

 20   écritures. C'est lui qui a révélé ces écritures.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne l'avais pas remarqué. Nous allons

 22   effectivement y prêter attention et nous pencher sur cette question. Donc,

 23   vous ne pouvez pas considérer que cette partie de la requête fera l'objet

 24   d'une décision, puisque j'avais officiellement déclaré que la requête était

 25   nulle et non avenue.

 26   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour vous, cela a un rapport avec le

 28   fait que M. Seselj assure lui-même sa propre défense.

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  1   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. C'est quelque chose que je

  2   souhaitais vous signaler.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est clair.

  4   Maître Van der Spoel, pour l'instant, il n'y a aucun motif pour vous faire

  5   intervenir. Cependant, puisque vous êtes ici, je voudrais savoir si vous

  6   souhaitez attirer notre attention sur quoi que ce soit ?

  7   Je vous donne maintenant la parole.

  8   M. VAN DER SPOEL : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Juge. Non,

  9   pour l'instant rien. Merci.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Van der Spoel.

 11   J'avais oublié qu'il fallait que nous retournions en audience publique

 12   auparavant.

 13   [Audience publique]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il me semble que nous sommes maintenant

 15   de nouveau en audience publique. Il y a une chose : c'est que lorsque nous

 16   étions à huis clos partiel, j'ai demandé à Me Van der Spoel s'il souhaitait

 17   évoquer une question quelle qu'elle soit. J'aurais dû le faire en audience

 18   publique. Je précise que je lui ai posé la question et qu'il a dit qu'il ne

 19   souhaitait pas intervenir, qu'il n'avait rien à dire pour l'instant.

 20   Ceci met un terme à notre Conférence de mise en état.

 21   L'audience est levée.

 22   --- L'audience de la Conférence de mise en état est levée à

 23   16 heures 02.

 24  

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 28