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1 Le jeudi 8 novembre 2007
2 [Déclaration de l'accusé]
3 [Audience publique]
4 --- L'audience est ouverte à 8 heures 59.
5 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
7 l'affaire, s'il vous plaît.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour, Madame et Messieurs les
9 Juges. Affaire IT-03-67-T, le Procureur contre Vojislav Seselj.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
11 Bien. En ce jeudi 8 novembre 2007, je salue toutes les personnes présentes.
12 Je salue Mme Dahl qui représente l'Accusation; je salue M. Seselj; je salue
13 M. Le Greffier; Mme la Juriste de la Chambre; je salue également l'huissier
14 qui nous assiste; ainsi que les interprètes; et ainsi que les officiers de
15 sécurité. Comme vous le savez aujourd'hui, c'est la journée qui est
16 consacrée à la déclaration de l'accusé au titre de l'article 84 bis du
17 Règlement. Donc la Chambre a alloué à M. Seselj toute la journée, toute la
18 matinée, à savoir donc quatre heures de temps pour sa déclaration.
19 Avant de donner la parole à M. Seselj, une intervention, Mme Dahl ?
20 Mme DAHL : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, deux choses; une à
21 propos de la sécurité, l'autre en ce qui concerne la déclaration de M.
22 Seselj ce matin. Hier, pendant ma déclaration liminaire, il y a eu un
23 incident que j'ai vu du coin de l'œil et ça concernait un garde de sécurité
24 et des gens qui se trouvaient dans la galerie publique, il y avait une
25 espèce de contact ou de communication avec M. Seselj, et je voudrais que
26 vous donniez des instructions à M. Seselj pour qu'il s'abstienne d'une
27 quelconque communication avec les personnes qui seraient dans la galerie du
28 public, que ce soit des amis à lui ou des gens qu'il n'aime pas. Je ne
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1 connais pas les détails de cet incident, mais j'ai bien vu qu'il y avait
2 une intervention du garde de sécurité qui écartait de la main quelqu'un de
3 la galerie du public pour qu'il la quitte.
4 La deuxième chose, c'est une demande qu'on mette M. Seselj en garde avant
5 qu'il ne fasse sa déclaration. S'il dit quoi que ce soit qui soit de nature
6 à l'incriminer ou qui peut être utilisé contre lui au cours de ce procès,
7 que ceci reçoive une certaine valeur probante parce que vous savez que
8 c'est dangereux, c'est risqué de se défendre soi-même. Quelque part un
9 accusé peut s'incriminer et je vais, moi en tout cas retenir quoi que ce
10 soit qui sera dit par lui contre lui.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Compte tenu de ce que vous avez dit, je vais lire
12 l'article 84 bis pour la bonne compréhension de tout le monde, y compris
13 des personnes qui suivent cette audience. Article 84 bis tiré du Règlement
14 de procédure et de preuve :
15 "Déclaration de l'Accusé.
16 "(A) après les déclarations liminaires des parties ou si, en application de
17 l'article 84, la Défense choisit de présenter sa déclaration liminaire
18 après celle, le cas échéant, du Procureur, l'accusé peut faire, dans la
19 version française, une déposition mais, dans la version anglaise, une
20 déclaration s'il le souhaite, avec l'accord de la Chambre de première
21 instance et sous le contrôle de cette dernière. L'accusé n'est pas tenu de
22 faire une déclaration solennelle et n'est pas interrogé quant à la teneur
23 de sa déposition.
24 "(B) la Chambre de première instance statue sur l'éventuelle valeur
25 probante de la déposition."
26 De ceci, la Chambre en tire la conclusion que l'accusé peut intervenir
27 après que le Procureur ait fait sa déclaration liminaire avec l'accord de
28 la Chambre, sous le contrôle de la Chambre, l'accusé n'est pas tenu à faire
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1 une déclaration solennelle et n'a pas à répondre à aucune question sur ce
2 qu'il a pu dire. Et le paragraphe (B) indique que la Chambre statuera
3 éventuellement sur la valeur probante de ce qu'il peut dire.
4 Voilà ce que dit l'article 84 bis.
5 Concernant l'incident qui a eu lieu, j'ai vu, effectivement, hier qu'il y
6 avait un garde qui s'agitait un peu. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Ce
7 garde fera certainement un rapport écrit à sa hiérarchie qui transmettra à
8 la Chambre ce qui s'est passé.
9 Monsieur Seselj, je vous donne la parole.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, Mme Dahl se sert
11 encore de contrevérités et d'interventions inadéquates, probablement pour
12 user de mon temps. Elle n'a pas été capable d'utiliser ses quatre heures,
13 elle a parlé pendant moins de trois heures et maintenant elle m'envie le
14 fait de pouvoir parler pendant quatre heures et peut-être même plus. Hier
15 il n'y a pas eu d'incident du tout. Il est arrivé qu'un homme dans le
16 public s'était assis ici juste en face de moi, et pendant tout le temps il
17 n'arrêtait pas de me regarder d'une façon que j'ai considéré comme étant
18 provocatrice. Peut-être cela n'était-il pas le cas. J'ai pensé qu'une chose
19 s'était passée avec Korchnoi lors du match en échec avec Karpov puis avec
20 Spassky. Je ne sais plus si c'était aux Philippines, à l'époque. Et j'ai
21 attiré l'attention du gardien. Le gardien est intervenu et ils ont déplacé
22 cet homme-là dans une autre rangée. Il n'est arrivé rien d'autre. Je ne
23 vois pas pourquoi faire autant d'histoires d'un rien du tout.
24 Alors vous avez pu voir que lorsque la Chambre ou le Procureur enfreint mes
25 droits, je sais très bien me battre pour défendre mes droits. Et encore ne
26 parlons pas de ce cas où j'aurais fait une erreur ou je pourrais faire une
27 erreur pour m'inculper moi-même. Je vais parler de faits que cela m'inculpe
28 ou pas, peu importe. Je n'ai pas du tout ce genre de considération. Je ne
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1 vais pas me gêner par rapport à vos opinions concernant mes positions, mon
2 comportement et mes activités au fil des 15 ou 20 années écoulées. Cela ne
3 m'intéresse guère. J'ai les mêmes opinions aujourd'hui comme cela a été le
4 cas il y a 15 ou 17 ans, et je les ai perfectionnées davantage encore. Mais
5 comme vous avez commencé me faire perdre mon temps précieux de façon dénuée
6 de pertinence, je voudrais vous dire quelque chose d'important, brièvement.
7 Je suis entré en contact avec mes collaborateurs et ils ont trouvé une
8 agence Matiko à Belgrade. Cette agence est chargée de tâches de traduction
9 vers les langues étrangères. Ça se trouve à la rue Proleterski Solidarnosti
10 63; le numéro de téléphone 334-1335.
11 Ils sont capables de faire traduire mes deux livres, sur lesquels
12 j'insiste, d'ici à la fin janvier pour 25 000 euros. Ce prix pourrait être
13 réduit de 4 ou 5 000, au cas où le Greffe ferait parvenir les parties de
14 "L'idéologie du nationalisme serbe" qui ont été traduites déjà par
15 l'Accusation, et j'ai à peu près estimé qu'il s'agissait du tiers de ce
16 livre. Ce qui fait que cette tâche que vous m'avez confiée la fois passée,
17 je m'en suis chargé comme il se doit. J'espère qu'à l'avenir, je n'aurai
18 pas à faire le travail du Greffe ou du bureau du Procureur.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci pour cette information concernant la
20 traduction du livre. Alors maintenant vous avez la parole pour votre
21 intervention en application du Règlement. Donc je vous donne la parole.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je n'ai nullement
23 l'intention de blesser ou de vexer qui que ce soit en personne ici, aussi
24 je dis que ceci est un tribunal illégal et illégitime. Moi je parle de
25 l'institution qui a été, contrairement au droit, en 1993 mise sur pied par
26 le Conseil de sécurité des Nations Unies en violant directement le droit
27 coutumier international. Le Conseil de sécurité l'a fait suite à un dictat
28 des Etats-Unis d'Amérique qui, ces années-là, était une superpuissance
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1 mondiale sans conteste, et les autres membres permanents du Conseil de
2 sécurité sans discuter faisaient tout ce que ces Etats-Unis demandaient. De
3 façon inadéquate, les membres du Conseil de sécurité se sont référés au
4 chapitre 7 de la Charte des Nations Unies qui parle de la mise en place ou
5 de la sauvegarde de la paix internationale ou de la paix dans certaines
6 zones, mais c'est la première fois qu'un tribunal dans l'histoire de
7 l'humanité a été mis sur pied pour servir d'outil de sauvegarde ou de
8 maintien de la paix.
9 Donc dès le début cela n'a pas été la justice qui a été poursuivie,
10 mais une justice tout à fait spécifique qui, à présent, dans la théorie
11 politique s'appelle la Pax Americana à l'image de l'appellation qui était
12 celle de l'époque, à savoir opération de pacification de la part de
13 l'empire romain et qu'on appelait Pax Romana. Ce Tribunal, en sus du fait
14 d'avoir été mis sur pied de façon contraire aux droits, a une orientation
15 tout à fait anti-Serbes. La preuve en est dans le fait qu'un très grand
16 nombre de Serbes ont été poursuivis devant ce Tribunal par rapport aux
17 membres des autres groupes ethniques. Ensuite, les Serbes, de façon
18 régulière, se voient faire l'objet de peines bien plus grandes que cela
19 n'est le cas des Musulmans, des Croates et autres.
20 Ce Tribunal a eu une mission, et cette mission est réalisée par les
21 jugements rendus, pour falsifier l'histoire serbe récente. Un exemple
22 drastique de cette falsification de l'histoire serbe récente est le fait de
23 proclamer qu'il y a eu un génocide à Srebrenica en inventant le fait qu'il
24 y a eu 7 ou 8 000 Musulmans prisonniers de guerre exécutés là-bas. Bien
25 entendu, la vérité est tout à fait autre. On a trouvé au total 2 500
26 cadavres, et ils ont fouillé tout le terrain; ils ont tout creusé, tout
27 excavé. On a fait une liste des cimetières et les enquêteurs très assidus,
28 sur ces 2 500 cadavres, ont constaté qu'il y en avait 800 qui ont été tués
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1 entre 1992 et 1995 du côté des forces musulmanes. Et il faut savoir aussi
2 qu'un grand nombre de soldats musulmans ont été tués à l'occasion de la
3 percée opérée et qu'une partie est morte ou décédée dans des conflits entre
4 les Musulmans eux-mêmes.
5 Il a été communiqué ce fait au Parlement hollandais et les officiers
6 hollandais ont constaté sur les lieux qu'il y a eu crime. Je ne conteste
7 pas le fait que crime il y ait eu. Il a été exécuté 1 000 prisonniers de
8 guerre. C'est terrible et c'est horrible, mais ce n'est pas un génocide.
9 Cela a été fait intentionnellement pour dire que le peuple serbe est
10 génocidaire afin que la Cour internationale de Justice reprenne ce type de
11 qualification dans ses jugements. Et il est ridicule de penser qu'un
12 génocide ait pu arriver ou survenir dans un petit endroit, dans une petite
13 municipalité. Un génocide aurait été s'il y avait eu, par exemple,
14 exécution de toute une population ou exécution de 2 500 000 en Bosnie, mais
15 il y a là un petit groupe à Srebrenica qui a été exécuté. Alors il y a eu
16 abus dans une zone protégée par les Nations Unies pour être proclamé comme
17 étant un groupe protégé aux termes de la convention relative au génocide.
18 Alors cela a marché, et grâce à des gens comme moi et -- moi-même,
19 cela ne passerait jamais auprès du peuple serbe. Pourquoi me juge-t-on ici
20 ? Parce-ce que je suis devenu insupportable aux yeux des Américains et à
21 leurs alliés en Serbie, parce que dès 2002 on a déjà vu qu'il y avait
22 danger de me voir moi-même et mon parti politique faire tomber, faire
23 échouer, ce régime de mafieux que les Américains ont mis sur pied ou sur
24 place après le 5 octobre 2000. Les Américains veulent assurer leurs
25 poulains pour les sécuriser au pouvoir, afin de réaliser les autres
26 objectifs anti-Serbes, pour nous priver du Kosovo, puis plus tard la
27 Vojvodine, et que sais-je encore.
28 Pourquoi les Américains et leurs alliés occidentaux sont-ils contre nous
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1 autres les Serbes ? Parce que nous sommes un petit peuple insoumis, et
2 parce que nous sommes proches des Russes ethniquement, de par les liens
3 d'alliés, d'alliance, et par toutes sortes d'autres liens. Nous sommes des
4 Russes d'origine. Nous sommes des Slaves de l'est, et nous n'avons pas
5 honte de ces origines, à la différence des Slaves catholiques, qui ont
6 renoncé à leurs origines et qui ont accepté de s'opposer à la Russie, de
7 faire de soi des ennemis de la Russie. Nous ne l'avons pas fait. Nous
8 sommes des alliés à ces Russes, et nous sommes des Russes de petite taille
9 dans les Balkans. C'est pour cela que les alliés nous détestent et essayent
10 de nous anéantir.
11 On a dressé contre moi un acte d'accusation des plus dénué de sérieux. Vous
12 m'avez dit, Monsieur le Président, lorsque vous avez été Juge de la mise en
13 état, que j'ai toujours exprimé la volonté d'établir un dialogue direct
14 avec l'Accusation pour tirer au clair les points litigieux de cet acte
15 d'accusation, et que je leur apprenne aussi comment rectifier certaines
16 inexactitudes pour ce qui est des données biographiques qui me concernent,
17 et l'Accusation fuit cela comme la peste, ce type de dialogue. Ma
18 condition, c'était de faire en sorte que mes collaborateurs soient
19 présents, et que tout soit filmé avec des caméras.
20 L'acte d'accusation a été vite fait, bien fait, bâclé. Cet acte
21 d'accusation a été dressé par des gens maladroits, incapables, dénués de
22 compétence juridique, et c'est la raison pour laquelle cela abonde
23 d'erreurs que je me ferai un plaisir d'utiliser pour démontrer
24 l'incompétence du bureau du Procureur de La Haye.
25 Dès le début on dit qu'entre 1981 et 1984, j'ai enseigné les sciences
26 politiques en ma qualité d'assistant à l'Université de Sarajevo. C'est une
27 bêtise incroyable. Est-ce que dans vos pays les assistants enseignent les
28 sciences politiques ou quelque autre matière que ce soit ? Les assistants
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1 sont chargés des exercices. Ce sont les professeurs, les agrégés, les
2 professeurs à titre ordinaire ou extraordinaire qui enseignent. Moi,
3 j'étais vers la fin de mes études, et lorsque j'ai été chassé de la chaire,
4 j'étais collaborateur scientifique, c'est ce qui correspond à un professeur
5 assistant.
6 Alors, on a dit que j'ai commencé comme communiste. C'est pas vrai. J'ai
7 commencé comme un bébé. Je suis devenu communiste lorsque j'étais dans la
8 puberté. C'est là que j'ai été reçu dans les rangs du Parti communiste.
9 J'avais moins de 17 ans. J'ai été mis à la porte de ce Parti communiste de
10 façon spectaculaire dès que j'ai cessé d'être adolescent. Et puis ils ont
11 fait un spectacle de ma mise à la porte.
12 Alors, pourquoi cela a-t-il été mis ici ? Vous le savez, nous avons vécu
13 sous un régime communiste, qui était de caractère totalitaire sous la
14 dictature de Tito, et là-bas il était habituel de voir des jeunes gens
15 admis dans toutes les organisations politiques qui étaient placées sous la
16 coupe du Parti communiste, et une fois arrivés à maturité, ils étaient
17 reçus au Parti communiste. Ils recevaient les meilleurs élèves, les
18 étudiants. C'était le système en place. Le marxisme était le seul point de
19 vue qui était autorisé s'agissant du monde et de sa perception, et qui
20 était enseigné à toutes les écoles. Lorsque j'ai commencé à penser de ma
21 tête, je me suis insurgé contre le communisme. Etant donné que je n'ai pas
22 commencé en tant que communiste, mais que j'ai commencé déjà bébé, et que
23 bébé, j'étais déjà très problématique.
24 Le bureau du Procureur aurait dû donc remonter bien plus loin dans mon
25 passé et dire ce que j'ai fait comme bébé, ce que j'ai fait dans l'école
26 primaire, ce que j'ai fait en tant qu'étudiant à la faculté, et ainsi de
27 suite.
28 On dit aussi qu'en me faisant critique vis-à-vis du régime communiste vers
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1 le début des années 1980, j'ai établi des liens étroits avec des
2 nationalistes, un groupe de nationalistes serbes. Quel groupe de
3 nationalistes serbes ? Il n'y a pas eu du tout de groupe de nationalistes
4 serbes à l'époque. Ils essaient de façon intentionnelle de prendre ou de
5 situer un groupe de nationalistes serbes dans les années 1980 et proclamer
6 ce groupe comme étant la cause de tous les maux dans les Balkans, et ce
7 groupe, ils essaient même de l'identifier avec l'Académie des sciences et
8 des arts serbe tout entière.
9 Avec qui suis-je entré en contact ? Avec Ljubomir Tadic, le père du
10 président serbe actuel, et avec Boris Tadic aussi, avec l'épouse de
11 l'époque de Boris Tadic, Veselinka Zastavnikovic, et c'est là que j'ai été
12 arrêté, à l'occasion de conférence de Milovan Djilas, et j'ai été relâché
13 de prison à ses côtés en 1984. J'ai été aux côtés de Milovan Djilas, j'ai
14 fréquenté les traîtres serbes notoires Nebojsa Popov, Vesna Pesic, Vuk
15 Draskovic. J'ai fréquenté Dobrica Cosic qui, récemment dans l'un de ses
16 livres, dit qu'il se trouvait être père spirituel de Zoran Djindjic, et il
17 n'a jamais dit de lui-même qu'il était nationaliste. Pas un seul d'entre
18 eux n'a jamais dit qu'ils étaient des nationalistes serbes. Ils ne se sont
19 pas exprimés en tant que tel. Ils étaient dans la filière de l'école
20 Praksis d'opinion ou de pensée. C'était une façon de voir marxiste le monde
21 qui nous entoure.
22 Or, je me suis exposé dès ces années-là comme étant un nationaliste serbe,
23 je suis le seul intellectuel serbe qui, dans les années 1980 de façon
24 publique et ouverte, à tout endroit et à tout point de vue, ai dit que
25 j'étais un nationaliste serbe. On m'a interdit mes livres. C'est la raison
26 pour laquelle je n'ai pas pu me trouver du travail, et c'est la raison pour
27 laquelle j'ai été persécuté de toutes sortes de façons. Cela ne veut pas
28 dire qu'il n'y a pas eu d'autres nationalistes serbes. Il y en a eu. Des
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1 millions de gens se trouvaient être des nationalistes serbes, mais parmi
2 les intellectuels serbes, il n'y en a pas eu un seul à avoir suffisamment
3 de courage pour dire en public, bomber le torse et dire : "Je suis
4 nationaliste serbe." Il n'y en a pas eu un seul à avoir dit : "Je suis
5 anticommuniste." Il n'y en a pas eu des gens comme ça. Et s'ils avaient
6 critiqué le communisme ou l'ordre communiste, ils le faisaient à
7 l'intérieur de cette idéologie marxiste.
8 Je suis donc fier d'avoir été pendant toutes ces années le seul à avoir été
9 le seul nationaliste serbe s'étant exposé en tant que tel. Pourquoi les
10 autres ne l'ont-ils pas fait ? Ils avaient peur des mesures de répression
11 de la part du régime communiste. Les nationalistes étaient persécutés de la
12 façon la plus terrible, je n'avais pas peur. Je n'ai pas peur non plus de
13 nos jours. Je n'ai jamais eu peur. Je n'ai jamais eu peur de rien sur cette
14 terre, et pour moi il n'y a eu que deux limitations dans mes activités.
15 Comme le dirait Immanuel Kant, ce qui me limite, c'est ma loi morale à
16 l'intérieur et le ciel couvert d'étoiles au-dessus de ma tête. Rien
17 d'autre. Pas les tribunaux, pas les législations, pas la force, pas l'Etat,
18 pas non plus les institutions internationales. Rien ne saurait me limiter
19 lorsque j'estime qu'il y a comportement immoral, injuste ou contraire au
20 droit, et j'en suis fier.
21 Quand vous vous penchez sur l'acte d'accusation, vous pouvez voir plusieurs
22 autres éléments ridicules. Au paragraphe 4, on dit qu'en juin 1990, j'ai
23 créé le Parti du Renouveau national serbe. Ça, c'est un mensonge
24 incroyable. Je n'ai jamais été membre d'un parti qui s'appellerait Parti du
25 Renouveau serbe. Le Parti du Renouveau serbe, le 6 janvier, pas en juin
26 1990 mais le 6 janvier 1990, a été mis sur pied avec Mirko Jovic par Vuk
27 Draskovic. Moi, je n'ai jamais été membre de ce Renouveau national serbe,
28 et le Renouveau national serbe n'a jamais été rebaptisé pour faire un
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1 mouvement chetnik serbe. Ça, la Serbie tout entière le sait.
2 Mais Mme Dahl s'en fiche du fait que devant toute la Serbie j'ai une
3 preuve irréfutable que c'est un mensonge. Ils n'en font que peu de cas. Et
4 ce n'est pas le seul mensonge. Je vais vous illustrer les autres. On dit
5 plus loin : En décembre 1990, son parti a eu près de 100 000 votes. C'est
6 un mensonge. Mon parti n'a pas participé aux élections de 1990, il n'a pas
7 participé du tout. Mon parti s'appelait le Mouvement chetnik serbe. Et le
8 régime communiste, qui n'avait pas encore été réformé, et qui était dirigé
9 par Slobodan Milosevic, a refusé l'enregistrement de ce mouvement chetnik
10 serbe en tant que parti politique, ce qui fait que nous n'avons pas pu
11 participer aux élections. Et moi, en personne de la prison - donc dans des
12 prisons de Milosevic - j'ai déposé ma candidature aux présidentielles de la
13 part d'un groupe de citoyens. Et j'étais en prison lorsqu'on a communiqué
14 en public que j'avais déposé ma candidature. Et en tant qu'individu proposé
15 par un groupe de citoyens, j'ai eu 100,000 votes.
16 Peut-être cela vous semble-t-il dénué de sérieux, mais pour moi,
17 c'est sérieux. Ça prouve le manque de sérieux dans la rédaction de cet acte
18 d'accusation. Plus loin, on dit que, très rapidement après cela, les
19 autorités de la RSFY ont interdit le Mouvement chetnik serbe. Mensonge.
20 Jamais personne n'a interdit le Mouvement chetnik serbe. Ça n'a pas été
21 interdit, on a juste refusé de l'enregistrer en tant que parti politique,
22 parce que le ministère de la Justice a dit qu'un tel parti politique ne
23 saurait être enregistré sous ce nom. Ça a continué à déployer ses
24 activités, il y avait même le journal "La Grande-Serbie" qui était publié.
25 Les autorités ne s'en sont pas mêlées au niveau de la Fédération, c'était
26 de la compétence des autorités de la Serbie.
27 Ensuite, on dit dans le paragraphe - toujours de l'acte d'accusation
28 - qu'après la création du Parti radical serbe, or le Parti radical serbe a
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1 été créé par la réunification du Mouvement chetnik serbe et du Parti
2 radical populaire le 23 février 1991, et on dit qu'aux meetings quotidiens
3 pendant la campagne électorale, j'ai convié à l'unité des Serbes et à la
4 guerre contre les ennemis historiques, à savoir contre la population des
5 groupes ethniques, Musulmans, Croates et Albanais sur le territoire de
6 l'ex-Yougoslavie. Ça, c'est un mensonge des plus absolus. Je vous rappelle,
7 nous sommes en février 1991. J'ai toujours appelé à l'unité des Serbes, je
8 le fais de nos jours encore, mais à l'époque, je n'ai jamais appelé à la
9 guerre. Je n'ai jamais appelé à la guerre tant qu'il n'y avait pas de
10 défense du peuple serbe en jeu.
11 -- vis-à-vis d'ennemis variés traditionnels, les Allemands et le
12 Vatican en premier lieu, et leurs serviteurs sur les territoires
13 yougoslaves. Parce que cette guerre, où nous, Serbes, avons été
14 temporairement battus, nous ne nous sommes pas battus contre les Musulmans
15 et les Croates et les Albanais, nous nous sommes battus contre leurs
16 patrons : le Vatican, l'Allemagne, l'Amérique, l'OTAN, et ainsi de suite.
17 Et dans la phase finale de cette guerre, c'est l'OTAN qui est intervenue en
18 direct, parce que les serviteurs ont perdu le pouvoir d'agir, les
19 marionnettes n'ont plus pu faire grand-chose.
20 Et alors, comme on ne peut m'attribuer aucun crime dans le concret,
21 et c'est pour rien qu'on a entendu cette histoire qui fend le cœur - si
22 c'est vrai, ça m'a aussi ému, je ne sais pas si c'est vrai - une mère
23 musulmane qui serait restée sans ses deux enfants, qui auraient été tués,
24 ses deux petits enfants. Et ce récit a duré une demi-heure. Et c'est ça
25 l'exemple véritable de cette sale propagande. Où est la preuve du meurtre
26 de ces deux petits enfants qui serait placé en corrélation avec moi. De
27 quelle façon suis-je impliqué ? Est-ce que c'est parce que j'ai voulu la
28 guerre ? Est-ce parce que j'ai causé la guerre, et cela a été un événement
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1 qui s'est produit ? Et on va voir ça a d'abord été un meurtre et si je
2 suis, en quelque façon que ce soit, impliqué.
3 On se sert ici de construction disant qu'il y a eu entreprise
4 criminelle commune au sujet de laquelle le bureau du Procureur, de façon
5 artificielle, établit une corrélation de ma personne avec. Et on énumère,
6 de façon arbitraire, on a complété les noms. On a mis Radmilo Bogdanovic
7 dedans, qui lui, fin mars ou début avril 1991, a déposé sa démission aux
8 fonctions de ministre de l'Intérieur, et il n'a pas eu de fonction
9 importante, il a été député au parlement pendant quelques années qui ont
10 suivi. Ensuite, on a mis Milan Babic, alors on peut se servir de celui-ci
11 aujourd'hui, de l'autre le lendemain.
12 Mais il a été impossible d'avoir une entreprise où j'aurais eu une
13 implication quelconque avec les individus mentionnés, parce que, avec
14 certains d'entre eux, j'étais en hostilité directe. Il y en a que je n'ai
15 jamais rencontré. Pour certains, j'ai demandé leur révocation, comme, par
16 exemple, c'est le cas du ministre Kadijevic de l'époque, et ainsi de suite.
17 Je ne vais pas vous fatiguer avec les explications en long et en large pour
18 ce qui est des relations que j'ai eues avec ces différentes personnes, je
19 l'ai expliqué dans mon témoignage dans le procès de Slobodan Milosevic, et
20 comme vous avez déjà rendu une décision pour ce qui est de faire en sorte
21 que mon témoignage et sa transcription soient versés au dossier, je ne m'y
22 suis pas opposé, et il n'est point nécessaire que je le répète, vous l'avez
23 déjà. Je me propose maintenant de parler de la construction en tant que
24 tel. Cette construction relative à ma participation à l'entreprise
25 criminelle commune, en tant que forme de perpétration de délit au pénal, a
26 été mise sur pied comme étant une pratique du Tribunal pénal de La Haye
27 dans tous les procès où les inculpés sont des Serbes, bien que s'agissant
28 de celle-ci, il n'y ait aucun fondement statutaire. En termes simples, le
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1 statut du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ne connaît pas
2 ce type de détermination. Ceux qui ont construit cela, ceux qui l'ont
3 promu, l'ont fait afin de faire introduire le principe de la responsabilité
4 objective qui a été rejetée depuis belle lurette dans le droit du monde
5 civilisé. De plus, ceci sert de fondement afin de pouvoir, dans le cadre
6 des différents procès, procéder de manière arbitraire à l'encontre des
7 groupes entiers en jugeant tel ou tel accusé. Donc des groupes entiers se
8 voient accusés et jugés.
9 De manière arbitraire, on choisit les participants à ces
10 constructions. Et la preuve qu'il s'agit d'un choix arbitraire, vous la
11 trouverez si vous vérifiez dans mon acte d'accusation la liste des
12 participants, dans l'acte d'accusation de Milosevic, de Babic, de Martic,
13 et cetera, donc c'est plutôt arbitraire, parce qu'il y a toute une série de
14 noms qui ont été utilisés et qui sont employés. Donc afin de définir ce
15 groupe, cette entreprise criminelle commune, on déclare qu'il y a eu un
16 objectif, mais lui, on le prouve par des conséquences, des destructions de
17 guerre. Leur identification est faite de manière extrêmement sélective, et
18 toujours au détriment des intérêts serbes ou des Serbes. Donc ce qui
19 ressort, c'est que seuls les Serbes ont commis des crimes, seuls les Serbes
20 ont détruit, ont pillé, ont détruit des objets destinés au culte, et
21 cetera. Des crimes ont eu lieu dans le cadre d'une guerre, et des crimes
22 ont été commis par des participants de toutes parts, toutes les parties qui
23 ont pris part à la guerre, tous ont commis des crimes de la même nature. Et
24 la seule chose qui est possible ici, c'est de quantifier le crime, et non
25 pas de qualifier le crime de manière différente.
26 Produire le faux des faits historiques, donc les falsifier, et manipuler de
27 manière délibérée des témoins mensongers de procès en procès, on cherche à
28 déclarer les Serbes les principaux coupables de la guerre, et de tout ce
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1 que la guerre a apporté. On affirme que c'est de manière planifiée,
2 délibérée, que les crimes ont été commis par les Serbes dans la recherche
3 de la réalisation de leurs objectifs politiques, et de manière si
4 persévérante et si brutale ont fait cela, et enfin, on se retrouve dans une
5 situation où tout Serbe qui, de quelque manière que ce soit, ait pris part
6 à des efforts de guerre serbes peut tout simplement être déclaré
7 participant à l'entreprise criminelle commune. En tant que membre de cette
8 entreprise, on peut donc le juger pour tous les crimes qui ont été commis
9 du côté serbe, indépendamment de savoir s'il ait jamais entendu qu'un crime
10 ait été commis quelque part ou s'il ait connu les auteurs de ce crime.
11 Par conséquent, peu importe les auteurs ou les complices des actes
12 prohibés, leurs ordonnateurs ou leurs acolytes. Le seul fait qui est
13 important c'est que ces criminels sont des participants à des efforts de
14 guerre serbes, même si objectivement ils leur ont fait du tort. Des
15 participants à des efforts de guerre ont commis divers crimes, par là même,
16 cela veut dire que tous les autres qui ont pris part à des efforts de
17 guerre sont coupables même s'ils n'étaient pas d'accord avec les crimes,
18 même s'ils se sont même opposés à la perpétuation de ces crimes. Donc, on
19 impose la notion de responsabilité pénale pour des actes commis par
20 d'autres avec des actes avec lesquels l'accusé n'avait rien à voir, donc de
21 là à établir la responsabilité du peuple serbe dans sa totalité, il ne
22 reste qu'un pas.
23 Pour ce qui est de l'entreprise criminelle commune, pour ce qui est
24 de cette construction, il n'y a là aucun fondement dans le droit
25 international pas plus que dans les juridictions interne. Le Statut du
26 Tribunal de La Haye ne connaît pas non plus cette notion, cette catégorie
27 et la pratique le connaît uniquement depuis le jugement en appel de Dusko
28 Tadic du 15 juillet 1999. A partir de ce moment-là, il y a eu beaucoup
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1 d'errements, on a cherché à définir la substance de cette construction, on
2 a cherché à se demander s'il s'agissait d'un objectif, d'un plan, d'une
3 intention ou d'une entreprise commune. Or, ce ne sont pas des synonymes
4 même si les Chambres de ce Tribunal cherchent à représenter ces termes
5 comme étant des synonymes. Dans le Statut, on insiste sur la responsabilité
6 individuelle pénale, en revanche, la construction de l'entreprise
7 criminelle commune introduit le principe de la responsabilité collective,
8 par là, on élargit les compétences statutaires du Tribunal et on élargit la
9 notion de la responsabilité pénale. Il n'est plus nécessaire de prouver que
10 les soi-disant complices aient partagé le même dessein. Il suffit de dire
11 que l'un des auteurs aurait pu commettre le crime, et en ayant la
12 conscience des conséquences, un tel aurait assumé la responsabilité
13 volontairement.
14 Puisque cette manière d'établir la responsabilité individuelle n'a
15 pas été prise en compte en temps pertinent et sur le territoire pertinent
16 dans la loi pénale yougoslave. A aucun moment, aucun de ces accusés ne
17 pouvait savoir qu'il se livrait à la commission d'un acte criminel. Il n'y
18 avait pas de conscience de la nature prohibée de l'acte, donc cette
19 construction viole le principe de nullum crimen sine lege et les
20 possibilités de sanctionner de manière pénale sont illimitées,
21 imprévisibles. Donc les poursuites pénales dépendent exclusivement du choix
22 arbitraire et des intérêts et des finalités politiques. Au lieu de chercher
23 à établir le règne du droit, la dominance du droit, le tribunal pénal
24 yougoslave ainsi permet aux procureurs de créer de nouvelles normes
25 arbitraires qui violent les principes d'équité et de justice.
26 Une justice retardée est une justice déniée, les procès devant le
27 Tribunal de La Haye durent très longtemps, on attend le début du procès
28 très longtemps et la présentation des moyens dure extrêmement longtemps.
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1 Les Juges du Tribunal de La Haye ont élargi le principe de la
2 responsabilité du supérieur hiérarchique. Ils l'ont fait de leur propre
3 chef et ils ont justifié cela de manière tout à fait arrogante.
4 Publiquement, ils se sont opposés à tous leurs critiques, à tous les
5 contestataires. Pour que l'entreprise criminelle commune soit crédible, on
6 s'est servi des faux les plus transparents pour l'approuver. On a cherché à
7 inventer, inventer ou exagérer des crimes. D'une manière unilatérale on les
8 a sélectionnés afin de dissimuler les crimes qu'on fait les adversaires
9 serbes lors de la guerre. On a qualifié de criminels certains individus et
10 on a prouvé cela uniquement a posteriori. C'est de manière systématique
11 qu'on a changé la nature des faits historiques et la soi-disant vérité, la
12 vérité entre guillemets, est créée uniquement selon la volonté et les
13 protagonistes du nouvel ordre mondial. Le contexte historique des
14 événements balkaniques, de la guerre balkanique, en fait n'intéresse
15 personne au tribunal de la guerre. Les Juges du Tribunal de La Haye
16 exécutent sans condition le dictat américain, ils ne cherchent pas à se
17 poser des questions ethniques ou autres.
18 Tous les crimes américains qui ont été commis lors de leurs
19 différentes interventions militaires avec leurs avions super modernes, avec
20 leurs bombes à l'uranium appauvri, ce n'est qu'une réalisation ultime de la
21 justice suprême tandis que les adversaires des Américains ne sont que des
22 criminels. Le Tribunal de La Haye s'est même livré à des enquêtes portant
23 sur des crimes qui ont été commis lors de l'agression américaine menée
24 contre la Serbie, puis ils ont renoncé à cela en affirmant qu'il n'y avait
25 pas d'éléments justifiant les poursuites. Là est la preuve de la justice du
26 Tribunal de La Haye. Pour que l'entreprise criminelle commune puisse
27 s'appliquer sur des participants à la guerre, on a inversé la cause et la
28 conséquence de la guerre. Des préjugés anti-serbes, des stéréotypes ont été
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1 mis en place en tant que point de départ de la justice politique de La Haye
2 et de la conclusion préliminaire a priori que les Serbes sont coupables de
3 tout ce qui s'est produit.
4 Donc à partir de ce moment-là, on a procédé à sélectionner des faits afin
5 d'étayer cette conclusion a priori. Puisque des faits pertinents manquent
6 régulièrement, alors, on se livre à des faux. Si des faits historiques sont
7 contraires --
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Pouvez-vous parler plus lentement parce que les
9 interprètes ont du mal à suivre.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais faire un effort.
11 M. LE JUGE LATTANZI : [interprétation] Je vous prierais aussi de parler
12 aussi un peu plus à basse voix. Je comprends, j'ai toute la compréhension
13 pour votre haute voix parce que moi aussi j'ai ce défaut. Mais on ne
14 réussit pas à entendre dans les écouteurs la traduction parce que votre
15 voix est trop haute. Merci beaucoup.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais faire un effort pour ralentir et pour
17 parler plus bas, je vous prie, de bien vouloir comprendre, Madame le Juge,
18 cela fait cinq ans que l'adrénaline monte en moi et c'est le jour où cette
19 adrénaline doit s'exprimer. Je vais faire un effort, mais il se peut que
20 j'oublie de devoir faire cet effort, donc ma voix deviendra peut-être trop
21 forte de nouveau.
22 Si les faits historiques sont contraires aux notions idéologiques des
23 créateurs du nouvel ordre politique, tant pis pour les faits. Puisque la
24 vérité historique, les principes éthiques n'ont aucune importance, la
25 manière volontariste de créer des règles dans le cadre des procès rappelle
26 des tribunaux inéquitables, totalitaires et c'est cela qui domine dans
27 l'approche du Tribunal de La Haye. Pour démontrer la culpabilité, le
28 fardeau devrait reposer sur le Procureur, l'accusé devrait être appelé à
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1 démontrer son innocence là où il est question de l'entreprise criminelle
2 commune du côté serbe, là où on affirme que l'accusé est membre de cette
3 entreprise criminelle commune, on ne cherche à prouver rien d'autre.
4 Le concept même de l'entreprise criminelle commune dépasse largement
5 l'individualisation de la responsabilité pénale, établit la responsabilité
6 collective, qui soi-disant parlerait de l'existence des entreprises, des
7 organisations criminelles et l'Etat serbe est mis dans cette catégorie.
8 Tout citoyen de la Serbie, de la République serbe ou de la République serbe
9 de Krajina peut se voir accusé d'avoir été membre de l'entreprise
10 criminelle commune de quelque manière qu'il ait pris part à l'effort de
11 guerre du peuple serbe. Par conséquent, s'il n'a pas été traître, s'il ne
12 s'est pas mis au service des services de Renseignement occidentaux de leurs
13 activités de sabotage, leurs activités subversives, les accusés serbes
14 n'ont aucun remède juridique, et souvent ils ne savent même pas de quoi on
15 les accuse, ils ne sont pas en mesure de contrer de manière efficace ce
16 dont on les accuse. Il s'agit des procès qui ne se sont pas fondés sur un
17 principe d'égalité; à l'encontre, le Tribunal de La Haye a mis en place
18 trois nouveaux concepts qui ne sont pas acceptables, trois nouvelles formes
19 de responsabilité : responsabilité objective, responsabilité par analogie
20 et responsabilité sur la base d'une culpabilité supposée.
21 Pour ce qui est du choix arbitraire des futurs accusés, de ceux qui seront
22 jugés, on se guide par des intérêts politiques du Procureur ou de ceux au
23 service desquels se trouve ce Procureur qui se représentent comme étant des
24 acteurs du maintien ou de la préservation et du rétablissement de la paix.
25 Devant le Tribunal de La Haye, on a évité intentionnellement de sanctionner
26 le crime contre la paix commis par des acteurs du démantèlement agressif de
27 la Yougoslavie, même si c'est cela le crime de base duquel découle tous les
28 autres crimes. L'entreprise criminelle commune principale n'a pu être que
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1 l'effondrement de l'Etat yougoslave dont les frontières étaient garanties
2 par l'acte final de la Conférence européenne d'Helsinki. Donc, sans
3 chercher à établir les responsabilités pour le début de la guerre civile,
4 sans chercher à poursuivre non seulement les acteurs nationaux mais
5 également des acteurs internationaux, avant tout Allemands et Vaticanais
6 qui ont aidé, qui ont été des acolytes et des complices, mais il n'y a pas
7 lieu de juger ceux qui se sont opposés à un démantèlement unilatéral de
8 l'Etat commun, de l'Etat fédéral, le long des frontières internes qui, à un
9 moment donné de l'histoire, de manière arbitraire, ont été tracés par des
10 communistes. Les Juges de La Haye et les Procureurs jusqu'à présent devant
11 ce Tribunal ont fait attention de manière très minutieuse en agissant par
12 les documents, pas le biais des témoins, ils ont fait attention à ne pas
13 nuire à des intérêts politiques des puissances occidentales et encore moins
14 de révéler leur participation directe aux crimes. Donc, de manière
15 malicieuse on a hypertrophié les crimes qui auraient été commis par des
16 individus du côté serbe. De manière artificielle, on leur attribue d'avoir
17 planifié par avance, des niveaux les plus élevés du pouvoir civil et
18 militaire, ces crimes.
19 J'ai rédigé cette petite introduction pour représenter de manière résumée
20 mon point de vue sur l'entreprise criminelle commune en tant que telle. A
21 présent, je vais essayer de me fonder sur la pratique, sur les événements
22 qui se sont produits pour vous montrer à quel point il est inapproprié
23 d'appliquer cette catégorie. Mme Dahl a parlé pendant presque trois heures
24 hier, elle m'a accusé d'avoir été pratiquement le principal acteur de la
25 genèse de la guerre, parce que j'ai tenu des discours incendiaires. Mais
26 celui qui est responsable du début de la guerre, c'est celui qui a pris
27 part à l'entreprise criminelle commune. Qui est responsable du fait que la
28 guerre a éclaté ? Celui qui a tenté de briser, de casser un Etat qui a
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1 existé depuis pratiquement 100 ans, un Etat yougoslave qui était
2 internationalement reconnu. Ou le responsable est celui qui a cherché à
3 empêcher le départ unilatéral de certaines entités fédérales. Donc, qui est
4 responsable ? Qui est coupable ?
5 L'entreprise criminelle commune a été commise par ceux qui ont œuvré pour
6 briser la Yougoslavie, et ce sont le Vatican et l'Allemagne avant tout. Par
7 la suite, les Etats-Unis d'Amérique ont rejoint leurs rangs. La Yougoslavie
8 n'aurait pas pu être brisée le long des frontières des entités fédérales.
9 Ces entités fédérales ont été mises sur place par le régime communiste. A
10 l'époque où cette décision a été prise, elle n'était pas légitime sur le
11 plan juridique. Vous savez, dans le monde moderne, la légitimité s'obtient
12 uniquement par la voie des élections, par le suffrage libre des citoyens,
13 et pas autrement. La dictature communiste a tracé les frontières de ces
14 entités fédérales. C'est elle qui les a créées après la Seconde Guerre
15 mondiale.
16 La Yougoslavie n'a pas existé depuis toujours. Avant la Première Guerre
17 mondiale dans les Balkans, on avait la Serbie, le Monténégro, puis
18 l'Autriche-Hongrie; puis au sud il y avait la Grèce, l'Albanie; à l'est, la
19 Bulgarie et la Roumanie. Avant le Première Guerre mondiale, il n'y avait
20 pas de Croatie, pas de Slovénie non plus, pas de Bosnie-Herzégovine, pas de
21 Kosovo-Metohija, pas de Vojvodine, et cetera. La Serbie victorieuse après
22 la Première Guerre mondiale comptait la Macédoine, le Monténégro et la
23 Vojvodine en son sein. Puis le régent serbe Alexandre Karadjordjevic a
24 accepté la demande des représentants populaires de l'Etat des Slovènes, des
25 Croates et des Serbes de venir rejoindre le royaume de Serbie. Au moment où
26 s'effondre l'Autriche-Hongrie, à Zagreb se rassemblent des représentants
27 serbes, slovènes et croates, des représentants populaires en novembre 1918,
28 et ils proclament l'Etat des Slovènes, des Croates et des Serbes et ils
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1 demandent que cet Etat rejoigne la Serbie. Cet état improvisé, personne ne
2 l'a reconnu dans le monde. Il a duré très brièvement, mais il est la preuve
3 que la Yougoslavie a été créée par l'unification de la Serbie d'une part,
4 donc qui englobait la Macédoine, la Vojvodine, le Monténégro et le Kosovo-
5 Metohija, et d'autre part l'Etat des Slovènes, des Croates et des Serbes.
6 Donc la Yougoslavie, si elle allait se décomposer, elle ne pouvait pas se
7 décomposer le long des frontières communistes. Elle ne pouvait pas se
8 décomposer pour en faire la Serbie d'avant la guerre, et les Slovènes,
9 Croates, Serbes d'autre part, parce que là encore, les Serbes avaient été
10 l'un des peuples constitutifs. Les Serbes se sont unifiés à eux-mêmes, et
11 en plus il y avait les Slovènes et les Croates. Donc, le premier Etat de
12 cet ordre a été appelé le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.
13 Et puis en 1920 -- 1929, après un coup d'Etat du 6 janvier, le roi
14 Alexandre qui a dissout le parlement et les partis politiques, il a
15 rebaptisé l'Etat pour en faire la Yougoslavie. Cette Yougoslavie était
16 composée de neuf régions administratives et non pas autonomes, puis il y a
17 eu des compromis avec les Croates. Donc deux régions administratives et
18 puis d'autres parties ont été rassemblées pour créer la Banovina croate peu
19 avant la guerre, mais finalement on a pas réussi à l'appliquer. On n'a pas
20 eu le temps de le faire.
21 Hitler a commis l'agression contre l'Etat unitaire yougoslave. Il a tenté
22 tout d'abord par la voie pacifique, il a essayé de faire en sorte que cet
23 Etat rejoigne le pacte tripartite, et le gouvernement de l'époque composé
24 des politiciens serbes et croates a signé cette adhésion au pacte
25 tripartite, mais le peuple serbe s'y est opposé, il est descendu dans la
26 rue pour s'y opposer. Il y a eu un coup d'Etat, et Hitler a attaqué la
27 Yougoslavie.
28 Il a occupé la Yougoslavie, et ce faisant, il a divisé son territoire
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1 pratiquement le long des frontières que nous connaissons aujourd'hui, donc
2 les frontières qu'ont adoptées les Américains pour diviser la Yougoslavie.
3 Donc la Slovénie a été partagée entre l'Allemagne et l'Italie; on a
4 proclamé le soi-disant Etat indépendant de Croatie sur le territoire de la
5 Croatie, de la Bosnie-Herzégovine et du Srem d'aujourd'hui; la Serbie s'est
6 trouvée directement occupée par l'Allemagne; puis l'Allemagne et la Hongrie
7 se sont partagé la Vojvodine. Le Kosovo et la Metohija ont été rattachés à
8 la Grande-Albanie, et c'est la Bulgarie qui a obtenu le reste. Mais les
9 lignes de partage sont les mêmes, anti-Serbes. Le peuple serbe pendant la
10 guerre a connu deux mouvements antifascistes, un, nationaliste, donc il
11 s'agissait de l'armée royaliste, et puis l'autre mouvement était
12 communiste. Les alliés ont apporté leur soutien aux communistes, ils ont
13 négocié avec Staline, et grâce à cela uniquement, les communistes l'ont
14 emporté. Mais les Croates, comment se sont-ils comportés ? Quel est le rôle
15 qu'ils ont joué ? En 1941, pratiquement, ils étaient tous favorables à
16 Hitler. Des officiers allemands témoignent que l'armée allemande qui est
17 arrivée à Zagreb a été accueillie avec autant de joie, que seul l'accueil
18 qui a été réservé à Hitler dans son village natal d'Autriche peut être
19 comparé à cela.
20 Donc l'Italie de Mussolini également, les Croates se sont joints à Hitler.
21 La Légion croate, avec 10 000 soldats, a combattu à Stalingrad, et
22 pratiquement tous ont été tués ou ont été faits prisonniers à cette
23 occasion. Donc telle est la substance de nos conflits d'aujourd'hui.
24 Les communistes, quant à eux, ont suivi la tradition du Komintern, et ils
25 ont adopté un projet explicitement anti-serbe. Tout d'abord, ils se sont
26 mis à créer des nouvelles nations, inventer des nouvelles inventions, pour
27 réduire, minimiser le pourcentage des Serbes en Yougoslavie, puis en
28 Macédoine, ils ont trouvé un terrain favorable à cela, la population
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1 macédonienne est une sorte de transition entre les Serbes et les Bulgares,
2 très proche des Serbes d'un côté, et très proche des Bulgares de l'autre
3 côté, mais il n'y a pas vraiment de prise de conscience très articulée. Ils
4 parlent une langue chtokavienne qui a la base de la langue serbe moderne,
5 d'ailleurs. Et il n'y a jamais eu de problème, véritablement, avec les
6 Macédoniens. Cependant, les communistes ont inventé également la nation
7 monténégrine, et les dirigeants communistes du Monténégro ont forcé les
8 gens à se déclarer Monténégrins.
9 Et puis, 20 ans après la Seconde Guerre mondiale, on a inventé la
10 nation musulmane, mais ce sont des serbes de religion musulmane qui se sont
11 convertis à l'Islam pour toutes sortes de raisons. Ils ont épousé cette
12 religion après le règne Ottoman, et pourquoi pas, finalement, s'ils l'ont
13 adoptée. Mais cette religion ne pouvait pas modifier leur appartenance
14 ethnique. Ce sont les communistes qui l'ont modifiée.
15 Et puis vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les communistes
16 ont fédéralisé la Yougoslavie. Puisqu'un génocide avait été commis contre
17 le peuple serbe, plus d'un million de Serbes avait été tués, la plupart
18 tués par des fascistes croates qu'on a appelé des Oustachi, des cléro-
19 fascistes, qui avaient à leur tête le Vatican. Des prêtres catholiques
20 romains, il y en a eu énormément qui ont pris part directement, qui ont
21 égorgé de leurs propres mains des membres du peuple serbe. Vous avez des
22 témoignages. Des volumes et des volumes de livres qui ont été consacrés à
23 cela, des tonnes de documents. Je pense qu'il n'y a pas lieu que je
24 démontre encore une fois cela ici.
25 Une fois que ce génocide a été commis, les communistes ont tenté de
26 mettre sur pied une politique de réconciliation nationale, mais dans le
27 contexte d'un régime totalitaire, et ils ont cherché à niveler tout ce qui
28 s'était produit dans la Seconde Guerre mondiale. Ils ont essayé de mettre
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1 sur pied un état où il y aurait une espèce d'équilibre entre les six
2 entités. Et c'est ainsi qu'on a créé la République de Croatie, la
3 République populaire de Croatie, l'une des entités fédérées. Mais comment
4 est-ce qu'on l'a constituée ? On a réuni des hommes politiques, des
5 divisions politiques serbes et croates de cette région, et ils se sont mis
6 d'accord que l'entité fédérale croate allait exister, mais que le peuple
7 serbe et le peuple croate allaient être sur un pied d'égalité dans cette
8 entité, et qu'ils allaient être tous les deux des facteurs constitutifs.
9 Que signifie la catégorie de facteur constitutif en Yougoslavie du peuple
10 en tant que catégorie constitutive ? Cela veut dire que personne, contre la
11 volonté de ce peuple, ne peut prendre la décision de son statut, sans qu'il
12 apporte son aval, même si cette autre instance est plus nombreuse ou plus
13 importante. Donc les Croates n'ont jamais bénéficié du droit
14 constitutionnel de modifier le statut des Serbes au sein de l'entité
15 fédérée croate. Peut-être est-ce quelque chose qui ne vous est pas
16 familier, peut-être est-ce que c'est quelque chose que vous n'avez pas
17 rencontré jusqu'à présent. Je vais essayer de vous l'expliquer.
18 Imaginez que Mme Christine Dahl et moi-même, que nous faisions partie
19 d'une communauté sociale, qu'il existe dans cette communauté des règles qui
20 régissent notre comportement, nos droits, nos obligations, et cetera. Et
21 puis, nous respectons ces règles, notre communauté fonctionne. Et puis, à
22 un moment donné, un élément perturbateur se manifeste, quelqu'un essaie de
23 modifier le statut des membres de cette communauté. Il nous dit : Mais nous
24 allons vous mettre en minorité. Imaginez, moi, j'ai 120 kilos, et Mme Dahl
25 en a 90, et, sur la base des 120 kilos, je dis : mais moi, je compte 120
26 voix, et vous, avec 90 kilos, vous allez bénéficier de 90 voix. Et moi,
27 avec mes 120 voix, je vous mettrai toujours en minorité, et je vais vous
28 dire : désormais, votre statut n'est plus le même. Maintenant, vous êtes en
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1 minorité. Vous êtes une minorité. Voilà. C'est exactement ce qui s'est
2 passé en Croatie à partir du moment où Tudjman est arrivé au pouvoir.
3 Tudjman, par un acte unilatéral, a modifié la constitution croate. Aux
4 termes de cette constitution, les Serbes ont perdu leur statut de peuple
5 constitué. Ils sont devenus une minorité nationale. Et les Serbes n'ont pas
6 pu accepter cela, s'y résigner, et c'est la cause de la guerre civile dans
7 l'entité fédérée croate.
8 Selon la constitution de l'ex-Yougoslavie, pas une seule des unités
9 fédérales n'avait le droit de se détacher du pays. Il était considéré que
10 le droit à l'autodétermination et à la sécession ne pouvait se manifester
11 qu'au moment de la création de la Fédération après la Seconde Guerre
12 mondiale, et que par la suite, ce problème ne pouvait plus être évoqué. Or,
13 il le pouvait. La Slovénie a pu se séparer de la Yougoslavie, car la
14 Slovénie n'a aucun problème interne qui ne soit réglé, plus de 90 % de sa
15 population est slovène, et cetera. Elle aurait dû discuter avec l'Etat
16 fédéral sur des questions financières et économiques, c'était le seul
17 problème à régler au moment de la sécession, mais la Slovénie n'avait pas
18 le droit de se séparer de la Yougoslavie. La Croatie n'aurait pas eu le
19 droit de faire sécession de la Yougoslavie et de changer son statut, sans
20 l'accord des Croates et des Serbes résidant sur le territoire de cette même
21 Croatie.
22 Si les Serbes résidant en Croatie avaient accepté la sécession de la
23 Croatie par rapport à la Yougoslavie, la Croatie aurait été dissoute;
24 toutefois, sans le consentement des Serbes, ce n'était pas possible, et
25 c'est dans ces conditions qu'a été créée l'unité constitutive croate. La
26 République de Croatie, lorsqu'elle a été créée après la Seconde Guerre
27 mondiale, reposait sur un principe, à savoir l'impossibilité de modifier
28 son statut à l'initiative de qui que ce soit. L'exemple des communistes en
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1 Bosnie-Herzégovine était très illustratif. La majorité serbe existait en
2 dépit du génocide auquel avait procédé la Bosnie-Herzégovine, et donc tout
3 cela relevait de la Serbie. Territorialement, le but était, nous dit-on à
4 présent, de créer une Grande-Serbie, donc il était préférable de séparer
5 cette Grande-Serbie en plusieurs unités territoriales. La Bosnie-
6 Herzégovine s'est créée en tant qu'unité fédérale dans laquelle trois
7 peuples étaient égaux : les Serbes, les Croates et les Musulmans. Les
8 Musulmans n'étaient pas considérés comme un peuple et une nation; ils
9 étaient considérés comme un groupe ethnique particulier, distinct, parce
10 qu'ils étaient de religion islamique et ils étaient très conscients de leur
11 identité. Cela ne fait aucun doute, je ne conteste pas ce fait, il y avait
12 une conscience collective parmi les Musulmans de Bosnie qui reposait sur la
13 religion islamique. Ce n'était pas une nation, un peuple, c'était un groupe
14 ethnique distinct, avec une religion particulière.
15 Donc il y avait trois peuples constitutifs, et selon la constitution,
16 ces trois peuples étaient des entités constitutives de la République. Alors
17 qu'est-ce que cela signifie ? Lorsque les questions liées au statut des uns
18 et des autres devaient être résolues, il n'était pas possible que l'une ou
19 l'autre de ces entités vainque une autre entité sur la base des voix
20 obtenues dans les urnes. La Bosnie-Herzégovine pouvait se séparer de la
21 Yougoslavie uniquement si les représentants politiques des Serbes, des
22 Croates et des Musulmans l'acceptaient. D'un point de vue juridique, il
23 était impossible pour les Musulmans et pour les Croates de s'entendre pour
24 faire sécession dans ces conditions en obtenant une majorité électorale par
25 rapport aux Serbes. Donc légalement, la situation était intenable et les
26 choses se sont par conséquent faites de façon illégale, c'est pourquoi les
27 Serbes ont dû réagir.
28 Si la Bosnie-Herzégovine s'était séparée de la Yougoslavie, les
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1 Serbes auraient pu se séparer de la Bosnie-Herzégovine. Pourquoi pas ? Sur
2 la base de la possibilité pour les Musulmans et les Croates de se séparer
3 de la Yougoslavie, les Serbes qui résidaient depuis des siècles n'étaient
4 pas autorisés à se séparer de la Bosnie-Herzégovine, où voit-on la logique
5 de tout cela ? Des éléments étrangers sont intervenus. Le Vatican,
6 l'Allemagne ont fait irruption dès janvier 1991 dans cette histoire, dès
7 l'adoption du plan Vance pour la Krajina serbe. Ils ont fait irruption en
8 vue de reconnaître l'indépendance de la Croatie. Les Juges, je n'ai rien à
9 vous enseigner à ce sujet, il existe un principe du droit international qui
10 est appliqué depuis longtemps, selon lequel l'indépendance des Etats
11 nouvellement créés est reconnue, l'indépendance et la souveraineté ne
12 peuvent être reconnues que sur un territoire qui est contrôlé par un
13 gouvernement central. Lorsque l'indépendance de la Croatie a eu lieu, cette
14 reconnaissance de l'indépendance ne pouvait concerner que le territoire
15 sous le contrôle du gouvernement central de Zagreb à ce moment-là. Cette
16 reconnaissance ne pouvait pas concerner un quelconque autre territoire.
17 Dans le cas de la Bosnie-Herzégovine, même chose. L'indépendance ne pouvait
18 être reconnue en même temps que la souveraineté que sur la partie du
19 territoire contrôlé par le gouvernement d'Izetbegovic à partir de Sarajevo.
20 Les Nations Unies, conformément au dictat américain, ont modifié
21 cette façon d'appréhender le droit international et ont reconnu des Etats
22 qui ne pouvaient pas être reconnus, qui ne devaient pas être reconnus.
23 C'est ce qui a conduit à cette guerre civile sanglante qui s'en est suivie.
24 La guerre civile s'est terminée au détriment des Serbes, et sur le plan
25 historique, elle ne pouvait pas durer très longtemps.
26 L'entreprise criminelle commune a été organisée par ceux qui ont
27 voulu le démantèlement de la Yougoslavie, pas par nous qui nous sommes
28 opposés à ce démantèlement de la Yougoslavie, qui nous sommes opposés à ces
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1 sécessions unilatérales.
2 L'acte d'accusation abonde d'endroits où je suis présenté comme un
3 partisan de la Grande-Serbie, j'aurais insisté pour la création de la
4 Grande-Serbie. Ceci me met en rapport direct avec la commission des crimes
5 évoqués dans l'acte, et cela ne fait que montrer que l'Accusation ne
6 comprend absolument pas l'idée de la Grande-Serbie. Le Procureur ne
7 comprend pas ce dont il parle. Madame, Messieurs les Juges, vous pouvez
8 vous en assurer vous-mêmes, personne ne peut être accusé d'avoir défendu
9 l'idée de la Grande-Serbie plus que moi-même, personne dans la République
10 serbe n'a défendu la Grande-Serbie, hormis le Parti radical serbe, c'est
11 l'idéologie même de notre parti. Je suis le créateur moderne de cette
12 idéologie, mais c'est une idéologie qui n'est pas nouvelle en tant que
13 telle, elle est moderne mais enracinée très profondément dans le passé.
14 Elle trouve ses origines dans un passé qui a plus de 300 ans. Cette
15 idéologie signifie l'unité parmi tous les Serbes.
16 Hier, Mme Dahl a dit à tort que j'aurais défendu l'existence d'une
17 Grande-Serbie homogène; c'est un mensonge. Lorsqu'elle a évoqué les pays
18 qui devaient faire partie de la Grande-Serbie, elle a délibérément, se
19 fondant sur mes discours et le programme de notre parti, elle a
20 délibérément omis de dire -- lorsqu'elle a dit que la Grande-Serbie devait
21 inclure le Kosovo-Metohija, la Vojvodine, la Macédoine, la Bosnie-
22 Herzégovine, Dubrovnik, la Dalmatie, la Lika, la région de Banja, du
23 Kordun, elle a évoqué les Serbes orthodoxes, les Serbes catholiques, les
24 Serbes musulmans, les Serbes athées, mais elle ne l'a pas indiqué dans le
25 détail. Les uns ne vont pas sans les autres. La Grande-Serbie est un
26 objectif qui trouve son origine dans un passé très lointain. Afin de
27 réaliser cet objectif, il ne nous est jamais venu à l'esprit d'expulser un
28 million, deux millions ou trois millions de personnes de leur lieu de
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1 résidence. Nous voulions simplement développer la conscience nationale.
2 Nous voulions convaincre toutes ces populations qu'elles étaient Serbes,
3 nous voulions leur démontrer qu'elles étaient Serbes, et que d'autres,
4 s'ils les représentaient, ne pouvaient le faire qu'à tort.
5 Nous parlons la même langue, vous parlez de notre langue en
6 l'appelant B/C/S, en fait, c'est la langue serbe dont vous parlez, il n'y a
7 pas d'autres langues dans notre partie du monde, seule existe la langue
8 serbe. Il n'y a pas de langue croate. La langue croate a existé, on en
9 trouve des traces qui ont des répercutions jusqu'à nos jours, mais elle
10 s'appelle le kajkavien alors que la langue serbe est le chtokavien, ces
11 deux langues étant des langues slaves. Nous sommes tous des Serbes qui
12 parlons chtokavien. Au cours des siècles passés, l'élément identificateur
13 sur le plan linguistique a été l'élément slave. Les peuples slaves sont
14 arrivés dans les Balkans, je veux parler des Serbes et des Croates. Il n'y
15 a pas d'autres groupes ethniques qui y soient venus, il n'y en a que deux.
16 Les Slovènes faisaient partie d'un Etat existant avant l'arrivée de ces
17 deux peuples.
18 En 1054, le schisme chrétien a eu lieu, deux tiers des Serbes à ce
19 moment-là relevaient de l'Eglise catholique occidentale, un tiers relevant
20 de la patriarchie byzantine, c'est-à-dire de l'église orientale. Et ensuite
21 au XIIIe siècle, les Serbes ont créé l'Eglise orthodoxe slave qui a été
22 mise sur pied d'égalité avec toutes les autres églises slaves. Au XIVe
23 siècle, cette église se développe et les Serbes catholiques la rejoignent,
24 et son influence s'étend depuis le nord de l'Albanie jusqu'aux rives de la
25 Dalmatie. Donc dans tous ces territoires vivaient des Serbes catholiques,
26 lorsque les Serbes ont été envahis par les Turcs. Cette chute était
27 inévitable. En 1389, suite à la bataille du Kosovo, les Turcs prennent le
28 contrôle, et les Serbes deviennent un Etat qui fait partie de l'empire
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1 Ottoman -- les choses ne se sont pas passées dans les mêmes conditions que
2 lors de l'invasion de la Hongrie et d'autres pays par les Turcs. Les Serbes
3 ont continué à résider sur les territoires où ils résidaient précédemment.
4 Ils ont même eu une influence plus importante que par le passé, car dans
5 les périodes de paix, les Turcs se sont efforcés de démontrer leur
6 tolérance religieuse.
7 Alors que l'Eglise catholique a vu dans l'invasion ottomane de la
8 Serbie une nouvelle chance de développer son influence en occident,
9 l'Autriche, la Hongrie et d'autres ont aidé l'Eglise dans cette idée. Tout
10 a été fait, y compris avec l'aide de Venise, pour prévoir l'arrivée de
11 grandes quantités de blé dans les territoires qui en manquaient, et dire
12 aux populations que seuls les Serbes pourraient s'y opposer. La littérature
13 serbe abonde de tels exemples. Dans l'empire autrichien, un Serbe ne
14 pouvait pas accéder au plus haut grade de l'armée s'il ne se convertissait
15 pas au préalable au catholicisme, même chose dans la République de Venise.
16 Et donc pendant des siècles et des siècles, les Serbes n'ont cessé de se
17 convertir au catholicisme.
18 Au début du XIXe siècle, il n'y avait pas de peuple croate. Il
19 existait un certain degré d'autonomie en Autriche, mais elle se réduisait à
20 trois régions, trois petits territoires, Zagreb, Varazdin et Krizevci. Donc
21 le Zagreb d'aujourd'hui et ses banlieues sont concernés par ce que je suis
22 en train de dire, mais tout cela ne représente pas la Croatie entière. La
23 Croatie réelle se situe entre la région de Cetina, de Gvozd et la Save. Et
24 elle a complètement disparue sous la domination ottomane. Les Croates sont
25 donc partis pour l'Autriche, aujourd'hui il y en a pas mal qui vivent dans
26 la région de Fradiste non loin de Vienne. A l'heure actuelle, on voit
27 l'origine des Croates en Slovaquie. Il y a des villages où on trouve des
28 traces de langue croate parlée et nous savons que les Croates s'y sont
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1 implantés au cours des XVIe et XVIIe siècles. Ils se sont déplacés en Europe
2 en fuyant les Turcs. Les Turcs ont lancé des expéditions de pillage sur les
3 territoires qu'ils ne parvenaient pas à occuper et au fur et à mesure
4 qu'ils pillaient ces régions, ils emprisonnaient les populations. Et c'est
5 dans ces conditions que les Croates ont fini par disparaître.
6 La noblesse croate s'est installée en Hongrie à partir du secteur de
7 Zagreb qu'elle avait quitté. Les Slovènes étaient présents mais la noblesse
8 croate s'est imposée à eux. Et au jour d'aujourd'hui, le kajkavien est lié
9 à ce développement de la conscience qui s'est développée dans ces
10 populations au début du XIXe siècle, mais il n'y avait pas de Croates. Il
11 n'y avait pas de mouvement croate au début du XIXe siècle. Il y avait un
12 mouvement illyrien, comme on l'appelait, qui était dirigé par quelqu'un qui
13 était Allemand avec l'aide de la Cour de Vienne, qui voulait créer un
14 mouvement national unifié rassemblant le plus grand nombre possible de
15 Serbes, mais le nom de mouvement serbe est inadapté parce que l'Etat serbe
16 venait à peine de se créer. Donc le nom de mouvement illyrien est beaucoup
17 plus acceptable. Nous n'avons rien contre ce mouvement qui n'a pas existé
18 très longtemps. Donc cette dénomination n'a pas durée très longtemps non
19 plus.
20 Les premières publications en langue kajkavienne, au moment de la
21 création du mouvement, au moment de l'élaboration de l'idée yougoslave,
22 était l'évêque Strossmayer, qui était un Allemand et qui agissait sur
23 instruction de la cour. Nous voulons rassembler tous les Serbes, disait-on,
24 qu'ils soient Orthodoxes ou Catholiques; mais dans cette dénomination de
25 Yougoslaves, on voyait apparaître une nouvelle conception et l'Etat serbe
26 s'est tourné vers le Royaume de Serbie pour développer cette conception.
27 C'est seulement vers la fin du XIXe siècle qu'une croatisation plus intense
28 a commencé sous la direction de l'Eglise catholique romaine et le premier
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1 congrès catholique s'est tenu à Zagreb en 1900. Ce congrès a proclamé que
2 tous ceux qui parlaient serbe et qui étaient de religion catholique étaient
3 Croates et que donc, dans les Balkans, tous les Catholiques étaient des
4 Croates. C'est à partir de ce moment-là que commence un mouvement de
5 croatisation artificielle qui pose de plus en plus problème et tout cela
6 est le fruit d'une action artificielle, comme je viens de le dire, on
7 trouve de nombreux documents démontrant ce fait qui sont cités dans
8 l'ouvrage dont je suis l'auteur et qui permettent donc d'étayer la thèse
9 que je suis en train de vous soumettre.
10 Ce qu'il ne faut perdre de vue dans ce contexte c'est le premier projet de
11 création des terres serbes qui date de 1683 et qui a été défendu par le
12 comte Djordje Brankovic après la grande guerre à l'issue de laquelle
13 l'armée croate s'est emparée de Skopje au sud de ces territoires. L'empire
14 autrichien était d'accord avec cela; il a même nommé le comte Brankovic
15 comme dirigeant serbe, et selon la tradition, c'était un poste équivalent à
16 un poste de vice-roi dans la tradition occidentale. Puisque l'Autriche n'a
17 pas réussi à réaliser ses ambitions entières et que le général Piccolomini
18 est mort, il a fallu que Djordje Brankovic se défende contre une forme
19 d'isolation des plus importantes dans la ville de Heb sur les terres
20 tchèques. Arsenije Gagovic, dirigeant du monastère Piva, a présenté aux
21 représentants de l'Etat russe le projet que nous pouvons baptiser projet de
22 Grande-Serbie, qui visait à regrouper tous les Serbes présents sur les
23 territoires balkaniques. Un projet similaire a été envoyé par le prêtre
24 métropolite serbe, Stevan Stanimirovic, en 1804 à l'empire russe.
25 Le Procureur du Tribunal s'efforce d'établir un lien entre Garasanin qui
26 préconisait déjà cette idée au sein du peuple serbe, sans parler de
27 l'influence qu'a eue l'occupation des Serbes par les Turcs, alors que le
28 projet de Grande-Serbie insiste sur l'unification des territoires serbes
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1 sous occupation turque et sous occupation austro-hongroise, ainsi que sous
2 occupation de Venise lorsque la République de Venise était présente sur ces
3 territoires. Voilà d'où vient la différence. Je vais ralentir un peu ma
4 lecture. Je n'ai pas pu tout écrire, mais je tiens à dire tout ce que je
5 voulais vous dire aujourd'hui. Donc je pense que je vais m'exprimer avec
6 les mots qui sont les miens plutôt que de continuer à lire ce qui est écrit
7 sur le papier.
8 S'agissant du projet de Grande-Serbie, Miletic y a longuement réfléchi; la
9 Grande-Serbie, dans les années 1980 et 1990, était un projet défendu par
10 Dragutin Ilic, le frère de Vojislav Ilic, l'un des plus grands poètes
11 serbes à ce jour, qui était publié en 1903.
12 Sur le front de Salonique également en 1916 et 1917, 1918, dans les années
13 1920, le Parti radical serbe de Belgrade a publié un magazine qui avait
14 pour titre Grande-Serbie pendant de nombreuses années. Donc la Grande-
15 Serbie est une idée qui a été défendue par de nombreux intellectuels un peu
16 partout. Il existait un club d'intellectuels serbes et également certains
17 des membres du mouvement de Ravna Gora qui préconisaient et défendaient
18 l'idée de la Grande-Serbie, mais cela n'a jamais été une idée qui aurait
19 été à la base d'un mouvement politique quelconque, parce que le mouvement
20 Ravna Gora insistait sur une nouvelle création d'une Yougoslavie unifiée,
21 et son dirigeant, le général Dragoljub Mihaljovic, était un dirigeant de
22 l'armée royale sur les terres de la patrie. Dans la tradition populaire, on
23 appelait ces partisans de la Grande-Serbie des Chetniks, ainsi que les
24 membres de cette armée parce que leurs opérations militaires au début de la
25 Seconde Guerre mondiale trouvaient leur origine dans la guérilla chetnik.
26 Par conséquent, cette idée de la Grande-Serbie n'a rien à voir avec
27 Slobodan Milosevic ou l'un quelconque des personnages dont les noms
28 figurent dans l'acte d'accusation comme étant un prétendu participant à
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1 l'entreprise criminelle commune en rapport avec ma personne. L'idée de
2 Grande-Serbie, en 1990, a vécu une période de renouveau grâce à nous, le
3 Mouvement chetnik serbe, ainsi que le Mouvement radical serbe, et le
4 magazine Grande-Serbie a commencé à paraître à plus de 3 000 exemplaires,
5 et sa publication a duré 17 ans. Elle avait de nombreux lecteurs parce que
6 nous distribuions ce magazine gratuitement à la population.
7 J'aimerais préciser un point avant la pause, de façon à ensuite examiner le
8 mémoire préalable au procès de l'Accusation après la pause. J'ai été accusé
9 d'avoir prononcé fréquemment des discours haineux. Cette accusation de
10 discours haineux n'a aucun précédent en droit international. Le Procureur
11 n'est même pas capable de définir le sens qu'il donne à cette expression de
12 discours haineux exactement. Le Conseil de l'Europe a parlé de discours
13 haineux depuis 2001 et plusieurs recommandations ont été faites en rapport
14 avec ce concept, sur le fond il importerait, dit-on, d'éviter tout discours
15 haineux dans les médias et on insiste sur le fait que si l'on ne se plie
16 pas à cette règle d'éviter un discours haineux, on doit pouvoir encourir
17 des peines de prison, mais d'autres formes de répression de discours
18 haineux sont présentées et proposées également. La construction de toutes
19 pièces que constitue cette idée de discours haineux se fonde sur un certain
20 nombre d'exemples de lutte contre l'expansion de la haine raciale dans le
21 droit anglo-saxon.
22 En Angleterre, lorsqu'on a essayé de développer cette idée de haine raciale
23 et d'intolérance raciale ou religieuse, certaines difficultés se sont
24 présentées. La Chambre des Lords n'a pas pu voter le projet de loi parce
25 qu'elle considérait que c'était une atteinte à la liberté d'expression.
26 Le Procureur déclare que l'idée de discours haineux a été appliquée
27 par le Tribunal international pour le Rwanda. Or, plusieurs jugements ont
28 été prononcés, et je n'en ai pas eu sous les yeux un seul qui m'ait été
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1 envoyé. On m'en a envoyé un certain nombre en serbe pour que je puisse en
2 prendre connaissance, mais je n'ai pas trouvé trace de cela dans ces
3 jugements. Donc au Rwanda, le Grand état-major a été créé, cela est
4 incontestable, 800 000 personnes ont été tuées, ce qui signifie qu'un
5 groupe national entier a pratiquement été tué.
6 Le génocide, ça n'a rien à voir avec un crime de guerre. C'est un concept
7 différent. Dans le cas de génocide, il faut apporter la preuve du dolus
8 specialis, alors que ce n'est pas nécessaire lorsque l'on met en jugement
9 d'autres crimes, des crimes qualifiés autrement. Pour que quelqu'un puisse
10 être accusé de génocide, il faut prouver l'intention génocidaire, alors que
11 si l'on parle d'autres accusés, d'accusés qui auraient donné des ordres
12 pour que d'autres soient tués, nous sommes en présence de quelque chose de
13 tout à fait différent. Il y a des gens qui ont été condamnés par le
14 Tribunal du Rwanda pour avoir incité à tuer des Tutsi. Par exemple, le
15 maire d'une ville où tous les Tutsi ont été tués a été à l'origine des
16 crimes commis. Les gens au pouvoir appelaient à l'extermination d'un groupe
17 ethnique entier dans ces circonstances.
18 Cela ne s'est pas passé dans les Balkans. Rien de tel n'a eu lieu. Il
19 n'y a pas eu génocide, et vous ne pouvez pas m'imputer une incitation à la
20 commission de crimes, directement ou autrement. Vous avez besoin
21 d'intervenir puisque l'acte d'accusation a été rédigé. Il faut qu'il y ait
22 une action qui s'ensuive. Il faut que quelque chose se fasse suite à cela,
23 et plusieurs mois plus tard, sinon plusieurs années plus tard, c'est ce qui
24 se passe. Le point le plus important de ce que je suis en train de dire est
25 le suivant : le génocide a eu lieu au Rwanda en 1994. On ne peut donc pas
26 appliquer la pratique du Tribunal international du Rwanda qui a jugé ces
27 crimes pour juger les crimes présumés qui me sont imputés. Le Procureur ne
28 peut pas trouver le moindre exemple dans les jugements du Tribunal du
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1 Rwanda pour ce faire. Il s'efforce, il essaie d'établir un lien entre moi
2 et le tribunal de Nuremberg, par exemple. A Nuremberg, on ne parlait pas de
3 droit international à proprement parler, car il s'agissait d'un tribunal
4 militaire qui était dirigé par les puissances victorieuses, et quatre
5 puissances uniquement; la Russie; l'Amérique; la France; et l'Angleterre.
6 Certains Etats participant à la coalition anti-hitlérienne ont demandé de
7 pouvoir participer aux jugements, mais cela n'a pas été accepté. La
8 Yougoslavie l'a demandé, entre autres, mais sa demande a été rejetée.
9 Alors, je dis qu'il n'y a jamais eu un tribunal à proprement parler qui se
10 soit trouvé dans la situation de celui-ci. Il y a eu jugement par le
11 tribunal de Nuremberg à l'époque. Une liquidation s'en est suivie. Je suis
12 d'accord que tous les accusés méritaient la peine qu'ils ont subie, sur un
13 plan moral leurs crimes ont été prouvés. Julius Streicher a été jugé,
14 c'était un haut fonctionnaire paramilitaire du Parti nazi, et il s'est
15 lancé dans la persécution des Juifs. C'est l'un des principaux responsables
16 de la persécution des Juifs. Il ne cessait à demander la liquidation de
17 tous les Juifs. C'était l'un des défenseurs les plus enflammés de
18 l'Holocauste. Il a participé à la destruction d'un certain nombre de
19 synagogues. Il a frappé les Juifs déjà prisonniers.
20 Il a détruit la synagogue de Nuremberg de ses mains. C'est l'un des
21 principaux organisateurs de la Nuit de cristal. Il n'a donc pas été
22 condamné pour un crime de parole, mais pour avoir participé à
23 l'extermination des Juifs au moment où le mot "génocide" ne figurait pas
24 encore dans le droit international, la convention sur le génocide n'ayant
25 été adoptée qu'après la Seconde Guerre mondiale. Ce dont on parlait à
26 l'époque, c'était de l'extermination des Juifs. Alors, comment est-ce que
27 le Procureur du TPIY peut me comparer à cela ? Comment est-ce que
28 l'Accusation, et elle semble le faire de façon délibérée, peut oublier
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1 qu'un homme a été jugé à l'époque ? Je veux parler de Hans Fritzsche qui
2 était l'un des principaux responsables de la propagande, qui était le bras
3 droit de Goebbels au sein du Reich allemand. C'était le chef du ministère
4 de la Propagande. Il a supervisé 2 300 journalistes personnellement. Tous
5 les journaux parus en Allemagne à l'époque du temps du pouvoir nazi étaient
6 sous son contrôle. Hans Fritzsche, après Goebbels, a été l'un des
7 principaux défenseurs du Reich. Il a été libéré malgré la défense du Reich
8 qu'il a promue activement dans tous les médias, et malgré la politique
9 raciale et totalitaire qu'il a appliquée, et cetera, de même que la
10 politique de conquête qu'il a défendue. Comment est-ce qu'un jugement du
11 tribunal de Nuremberg peut donc être pris pour base par le Procureur ici ?
12 Ce qui s'est passé, c'est que quelqu'un a eu un avis dissident, il l'a
13 exprimé par rapport à la libération de Fritzsche, et il est intéressant de
14 remarquer, d'étudier les arguments qu'il a avancés dans le cadre de son
15 avis dissident contre la libération de Fritzsche. Les Américains, les
16 Français et un autre juge se sont opposés à ces arguments, et l'homme a été
17 acquitté. Je ne suis pas sûr que j'aurais le temps de vous présenter tous
18 les détails de cela avant la pause, car j'aimerais parler de quelque chose
19 qui est encore plus important, et il me reste un certain temps, mais j'ai
20 déjà utilisé pas mal de temps. Donc je reviendrai peut-être sur ce point
21 plus tard, cette question de l'avis dissident et des arguments présentés
22 par le juge Nikitchenko à Nuremberg dans un texte qui compte trois pages.
23 Je vois que nous approchons de l'heure de la pause. Cela fait une heure et
24 demie que je parle.
25 Je pense que sur les discours haineux, j'aurais quelque chose à
26 ajouter après la pause. La pause est d'une demi-heure, n'est-ce pas ?
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Non, il est 10 heures 30. En règle générale
28 j'avais l'habitude de faire une pause de 20 minutes, mais à l'avenir je
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1 pense faire 15 minutes. Vous voulez une pause de combien de temps, puisque
2 c'est vous qui parlez ? Il vous faut combien de temps pour vous reposer.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Dix minutes me suffise, Monsieur le
4 Président.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors on va faire une pause de 15 minutes. Voilà.
6 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
7 --- L'audience est reprise à 10 heures 52.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous avez la parole.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est avec quelques propos que j'ai l'intention
10 de parler de ce crime reproché. qui est le discours de la haine. Alors, en
11 sus du fait que cela soit inventé, un nouveau délit au pénal qui n'a jamais
12 existé auparavant, pour ce qui est du droit coutumier international, cela
13 ne peut pas exister non plus pour ce qui est de la perpétration physique
14 par le biais du discours haineux. Je vais vous citer à cet égard deux
15 exemples de la pratique judiciaire américaine : il y a Brandenberg contre
16 Ohio. La Cour suprême des Etats-Unis d'Amérique, le 9 juin 1960, a conclu
17 qu'il n'est pas punissable que de s'employer en faveur d'un comportement
18 contraire au droit, mais une incitation directe à la perpétration d'un
19 délit au pénal. Et pour ce qui est du cas Chaplinsky contre New Hampshire,
20 le discours qui était contraire à la loi se devait, de façon directe et
21 momentanée, donc direct, engendrer la violence.
22 En essayant de quelque façon que ce soit de m'inculper pour ce qui est d'un
23 discours de la haine et de la perpétration par ce biais d'un délit au
24 pénal, le représentant de l'Accusation à cet effet prend des extraits de
25 mes discours, de mes textes et les arrache à leur contexte. Je tiens à vous
26 rappeler que le fait que dans la littérature souvent citée du Cardinal
27 Richelieu : Donnez-moi une phrase de quelque texte que ce soit, et moi je
28 trouverai dedans suffisamment de raisons pour faire guillotiner son auteur.
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1 Je paraphrase, ce n'est peut-être pas à la lettre qu'il l'a dit ainsi.
2 Alors, un incitateur doit connaître la personne d'incitée. Il doit y avoir
3 donc une intention délibérée. Il n'y a pas d'incitation fortuite.
4 Alors, non seulement dans l'acte d'accusation et dans le mémoire
5 préalable, il n'y a guère de définition de ce qu'est un discours de la
6 haine, un discours haineux, mais il n'y a pas de délit concret qui aurait
7 été commis du fait de ce discours. On énumère bon nombre de délits au pénal
8 commis par allez savoir qui ou allez savoir à quel endroit, mais il n'y en
9 a pas un seul d'indiqué qui aurait fait la suite ou la conséquence directe
10 de mon discours haineux. Il n'y a pas eu incitation directe à la
11 perpétration d'un délit au pénal.
12 Alors, il n'y a pas de liens subjectifs ou objectifs entre les
13 complices. Très souvent il n'y a pas d'auteur de connu. Il n'y a pas
14 d'incitation directe pour ce qui est de la perpétration individuelle au
15 pénal, il n'y a pas le fait d'aider à sa perpétration, il n'y a pas
16 d'association criminelle, rien de tout cela n'existe. Rien de tout cela
17 n'existe, et du reste, on ne saurait prendre le droit pénal pour
18 l'interpréter par des analogies au détriment de l'accusé.
19 Je me propose maintenant de me référer au mémoire préalable de
20 l'Accusation et sa partie finale qui constitue en réalité une version
21 élargie de l'acte d'accusation. Je ne vais pas perdre mon temps d'abord sur
22 l'acte d'accusation et puis sur cette partie-là. Et à cet effet, je me
23 propose de reprendre point par point le fait que cela est rédigé de façon
24 inadéquate, que cela ne correspond pas à des faits véridiques, et que cela
25 est actuellement dénué de fondement. Dans le premier point, il est dit que
26 dans la période pertinente, j'ai été l'un des hommes politiques les plus
27 éminents en ex-Yougoslavie et que j'avais une puissance politique ou une
28 influence politique considérable. C'est absolument faux. Mon parti
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1 politique n'était pas du tout enregistré en 1990. En 1990, c'est à trois
2 reprises que j'ai été emprisonné pour avoir organisé des manifestations,
3 parce que ces manifestations n'ont pas plu au régime, et pour d'autres
4 raisons également, bien sûr, mais c'était pour des raisons uniquement
5 politiques.
6 Alors, comment quelqu'un qui n'a pas de parti politique parlementaire
7 pourrait avoir une influence politique considérable. En 1991, il y a eu
8 enregistrement de ce Parti radical serbe; mais jusqu'au mois de juillet de
9 la même année, nous étions un parti extraparlementaire. A des élections
10 complémentaires organisées dans une unité électorale à Belgrade, fin juin
11 1991, j'ai été élu député. Et pendant toute cette année 1991, pendant toute
12 l'année 1992, j'ai été le seul député du Parti radical serbe au parlement,
13 qui compte lui, 250 députés. Autrement dit, mon influence, mon pouvoir
14 politique pouvait s'exprimer à l'échelle un pour 250.
15 Je le dis rien que pour vous montrer à quel point le bureau du
16 Procureur manque de sérieux. Ils disent que j'ai participé à la
17 formulation, aux préparatifs et à la réalisation d'une entreprise
18 criminelle commune. Alors, comment ai-je pu prendre part à la formulation,
19 préparatifs et mise en œuvre ? Pendant que Milosevic m'avait mis en prison
20 peut-être ? C'est là que j'avais planifié différentes choses, mais je n'en
21 ai pas planifié une seule avec lui. J'ai planifié le fait de le faire
22 tomber du pouvoir. Et on dit que je voulais faire expulser les non-Serbes
23 de certains territoires en RSFY, en Croatie et ailleurs. Mais en 1991, 1992
24 et dans tous mes discours politiques, en m'employant en faveur d'une
25 Grande-Serbie et en parlant des territoires que doit englober la Grande-
26 Serbie, j'ai parlé d'unité fraternelle et d'unité des Serbes orthodoxes,
27 catholiques et musulmans et protestants. Je l'ai fait en ma qualité de
28 membre de l'opposition, non pas comme étant quelqu'un faisant partie du
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1 régime. Jusqu'en 1998, je n'ai jamais été partie intégrante du régime en
2 place.
3 C'est complètement nébuleux que de dire au paragraphe 2 que c'est
4 sous ma direction, à moi et à mes collaborateurs, que les instances
5 militaires et policières ont participé à la prise du pouvoir dans les
6 municipalités sur le territoire tout entier de la Croatie et de la Bosnie-
7 Herzégovine. Alors, la JNA, l'armée et la police étaient sous ma
8 direction, sous ma coupe ? Mais si j'avais eu cette influence à l'égard de
9 l'armée et de la police, j'aurais pris le pouvoir dès 1991, moi. Pourquoi
10 voulez-vous que j'aie attendu, si tout cela avait été sous ma coupe, je
11 n'aurais pas eu besoin d'élections.
12 Alors, armer en secret des civils serbes. Qui est-ce qui l'a fait ?
13 D'où voulez-vous que j'aie pu prendre ces armes pour armer dans le secret,
14 clandestinement, des civils serbes ? Alors, proclamation de régions
15 autonomes en Croatie ou dans l'unité fédérale de Bosnie-Herzégovine. Le
16 peuple l'a proclamé spontanément. Qui peut inciter une telle masse de
17 personnes à un comportement politique si elles ne s'étaient pas senties
18 même menacées pour des raisons variées ? Lorsque Tudjman est venu au
19 pouvoir, tout de suite dans la Croatie entière, il y a eu toute la
20 symbolique Oustachi qui est bien connue du peuple serbe depuis la Deuxième
21 Guerre mondiale. Encore au parlement croate, il y a un député qui va saluer
22 les autres avec un salut fasciste. Au parlement croate. Alors à quoi
23 voulez-vous que les Serbes s'attendent encore ?
24 Qu'ils restent les bras croisés comme en 1941 où ils ont paisiblement
25 attendu ce génocide. Qui pouvait s'attendre à ce que les prêtres
26 catholiques romains prennent les couteaux en main et aillent égorger eux
27 mêmes ? Personne ne pouvait s'y attendre, mais après l'expérience de la
28 Deuxième Guerre mondiale, personne parmi les Serbes ne pouvait rester les
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1 bras croisés et attendre que la destinée qu'il a connue dans l'histoire se
2 répète une fois de plus. C'est ça le problème crucial.
3 On dit d'un nettoyage systématique de la population musulmane, croate
4 et autre non-serbe. Où est-ce que cela a-t-il été fait ce nettoyage
5 systématique ? Je n'exclue pas la possibilité, pour ma part, qu'il y ait eu
6 des délits pénaux d'expulsion, mais il y a eu une guerre civile. Il s'est
7 produit une guerre civile entre les Serbes orthodoxes, les serbes
8 catholiques et les serbes musulmans. Et le fait qu'il y ait eu cette
9 guerre, en soi, a généré de grands déplacements de la population. Les gens
10 s'en allaient là où ils se sentaient plus en sécurité. Comme dans toute
11 guerre civile, il y a eu des crimes de commis, mais tout crime porte un nom
12 et un prénom. Il n'y a pas un seul crime pour lequel on ne serait connaître
13 le nom de son auteur, le nom de ses complices, quels qu'ils soient,
14 d'ailleurs.
15 Alors quelles sont ces mesures restrictives sur ces territoires, mesures
16 restrictives et discriminatoires à l'égard de cette autre population et
17 d'où aurais-je pu tirer le pouvoir de le faire ? Si je n'ai pas eu le
18 pouvoir, je ne pouvais rien faire, si ce n'est parler.
19 Pour ce qui est de mes éléments concrets de responsabilité, on dit d'abord
20 que j'ai incité à commettre des crimes de guerre en demandant la création
21 d'un Etat, avec des Serbes uniquement à l'intérieur et une dominance des
22 Serbes, qui serait la Grande-Serbie, et la frontière occidentale, elle
23 était censée aller sur la ligne Karlobag-Karlovac-Ogulin-Virovitica, pour
24 englober de grandes parties de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie, bien
25 sûr. Alors, si la Yougoslavie se désintègre, elle peut se désintégrer en
26 parties constitutives, donc en territoire serbe, d'une part, et en
27 territoire croate et autre, d'autre part. Pourquoi la Yougoslavie se
28 démantèlerait-elle suivant les frontières des républiques à l'intérieur ?
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1 Parce que ça n'a jamais été formulé. Ça n'a jamais été reconnu
2 internationalement comme étant des frontières. Il n'y avait des frontières
3 internationales que pour ce qui est de la Yougoslavie. C'était garanti par
4 la conférence de l'OSCE, et ce droit a été bafoué.
5 Alors, à la place de ces frontières internationalement reconnues, on ne
6 peut pas en proclamer unilatéralement de nouvelles. On ne peut pas parler
7 de frontières nouvelles qu'en parlant de frontières administratives, cela
8 n'est pas adapté, cela n'est pas conforme aux principes élémentaires du
9 droit international. On dit aussi que, de façon publique et systématique,
10 pour ce qui est de générer la peur chez les non-Serbes, pour ce qui est des
11 Croates et des Musulmans, en disant que ce sont les ennemis des Serbes,
12 pour intensifier une ambiance qui a dégénéré en violence vis-à-vis de
13 populations non-Serbes, on dit que j'ai encouragé à commettre des crimes,
14 tels qu'énumérés à l'acte d'accusation. Pourquoi voulez-vous que je fasse
15 générer la crainte et la haine, alors que c'est une chose qui est déjà
16 survenue, ou qui se déroulait sous nos yeux ? Le fait que le premier homme
17 croate ait dit que la Croatie allait faire sécession vis-à-vis de la
18 Yougoslavie, ça avait déjà généré la peur et la haine. Parce que si Tudjman
19 n'avait pas souhaité la sécession de la Croatie, il n'y aurait pas eu de
20 guerre. Tudjman a déclaré lui-même qu'il n'y aurait pas eu de guerre si les
21 Croates ne l'avaient pas voulue. Cette déclaration a déjà été citée à
22 maintes reprises. S'il n'y avait pas eu de séparatisme croate, il n'y
23 aurait pas eu de guerre. Il y aurait eu pas mal de problèmes pour ce qui
24 est de la politique à l'intérieur de l'Etat pour réglementer les relations,
25 pour satisfaire à tous les intérêts, mais c'est une question de processus
26 politique, cela. Ceux qui avaient voulu la sécession de la Croatie ont
27 généré la guerre. Ceux qui avaient voulu que la Bosnie-Herzégovine fasse
28 sécession ont également engendré la guerre.
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1 Pour ce qui est maintenant des ennemis serbes, j'ai parlé seulement de
2 faits historiques, pour ma part. Les faits historiques disent que les
3 Croates ont été un outil de manipulation pour ce qui est de l'Eglise
4 catholique romaine. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Croates ont
5 été les alliés sincères et loyaux de Hitler jusqu'en 1943. Et ils ont
6 commencé à changer de camp lorsqu'ils ont vu que Hitler allait perdre la
7 guerre et ils sont allés faire partie des unités de partisans. Il n'y en a
8 que très peu de Croates qui étaient des antifascistes sincères dès 1941. Le
9 soulèvement contre Hitler et ses alliés n'est survenu que sur les
10 territoires où il y avait des Serbes orthodoxes.
11 Les Musulmans, pendant la Deuxième Guerre mondiale, ont été
12 instrumentalisés par les Croates, et en grande partie ont participé aux
13 crimes commis par les Croates, mais pas tous les Musulmans. Il y a eu des
14 Musulmans qui ont été partisans et il y a eu des Musulmans chetniks. Il y
15 avait un voïvode chetnik qui était musulman : Ismet Pupovac, il avait un
16 détachement de 2 000 Chetniks musulmans sous ses ordres. Et le vice-
17 président du comité national du Mouvement de la Ravna Gora de Draza
18 Mihajlovic était un Musulman, Mustafa Mulalic. Après la guerre, les
19 communistes l'ont jugé aux côtés de Draza Mijhajlovic. Je n'ai fait que
20 présenter les vérités historiques; la vérité historique ne saurait être
21 dissimulée. La vérité historique doit être répétée sans cesse, expliquée
22 sans cesse, et étudiée sans cesse, afin que l'on en tire des enseignements
23 à l'avenir.
24 Là où l'on dissimule les vérités historiques, les peuples sont
25 condamnés à voir cette histoire se répéter.
26 En recrutant, organisant, finançant et apportant son soutien, et
27 encourageant, incitant à s'enrôler, pour ce qui est des volontaires serbes,
28 alors, en effet, j'ai rassemblé, organisé des volontaires serbes, et en ma
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1 qualité de président du Parti radical serbe, dont faisait partie également
2 partie le Mouvement chetnik serbe, je les ai envoyés au front. Ils ont
3 participé aux combats. Cependant, ici, il convient de faire la distinction
4 entre certaines choses. Les volontaires du Parti radical serbe s'appelaient
5 les Chetniks serbes. Ce n'étaient pas les seuls Chetniks serbes dans cette
6 guerre. Les adversaires serbes appelaient tous leurs adversaires Chetniks,
7 mais il y a eu les membres du Mouvement du Renouveau serbe et du Parti
8 démocratique serbe qui se disaient également Chetniks, et allez savoir
9 encore les membres de quels autres partis. Donc il y a eu une grande
10 identification des Serbes avec les Chetniks. Plus personne ne voulait dire
11 de soi et s'identifier à l'appartenance, à l'autre option qui a gagné la
12 Deuxième Guerre mondiale aux côtés des partisans. Alors, je puis avoir une
13 responsabilité morale pour ce que, pendant la guerre, ont éventuellement
14 fait, commis les volontaires du Parti radical serbe, ceux que le Parti
15 radical serbe a pris dans Belgrade pour les envoyer au front.
16 Mais on doit limiter à cela la formulation. On a dit tout le temps
17 Chetniks. Et quand chaque fois on a dit Chetnik, on a dit un homme à
18 Seselj. Et à chaque fois qu'on a dit que c'était quelqu'un à Sesejl,
19 c'était véritablement un homme à Sesejl. Qu'est-ce que cela veut dire, tout
20 cela ? Après ce procès, il peut arriver que l'on voie les procureurs, les
21 Juges, le personnel, deviennent des hommes à Seselj, et je m'efforcerai de
22 faire en sorte, je ne sais pas si ça va pouvoir se faire. Mais qu'est-ce
23 que ça veut dire, les hommes à Seselj ? Il faut qu'on tire la chose au
24 clair. Les volontaires du Parti radical serbe, pendant la guerre, ont
25 participé uniquement dans les rangs de l'armée populaire yougoslave et,
26 ultérieurement, dans les rangs de l'armée serbe de la République de la
27 Krajina serbe et de l'armée serbe de la Republika Srpska.
28 Il n'y en a eu que très peu dans la police de la Krajina serbe et dans la
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1 police de la Republika Srpska. Jusqu'au mois de juillet 1991 seulement, les
2 volontaires du Parti radical serbe allaient sur le front, indépendamment de
3 la JNA. Je suis fier de leur grande victoire à Borovo Selo, le 2 mai 1991,
4 sur la police croate qui s'est attaquée par surprise à ce village. Depuis
5 que la JNA est entrée en guerre en 1991, donc au mois de juillet, nulle
6 part, pas un seul des volontaires du Parti radical serbe n'a participé à
7 cette guerre, en dehors des rangs de la JNA. L'armée, elle, a désigné une
8 caserne pour les volontaires du Parti radical serbe. Ça s'appelle Bubanj
9 Potok et c'est à Belgrade. Nous avons rassemblé nos volontaires, et nous
10 les avons envoyés là-bas. Ils avaient là-bas une formation. C'est là qu'ils
11 recevaient des uniformes. Et chaque volontaire du Parti radical serbe avait
12 vu inscrit des temps d'ancienneté ou des périodes d'ancienneté dans son
13 livret de travail. Jamais un volontaire du Parti radical serbe n'a été
14 identifié comme étant personnellement l'auteur de quelque crime de guerre,
15 pas un seul, et je vais le démontrer ultérieurement. Je le répète, pas un
16 seul.
17 On dit que j'ai encouragé et incité des groupes et des individus au sein
18 des forces serbes, dans la JNA, l'armée de Yougoslavie, la TO serbe,
19 l'armée serbe de la Krajina, l'armée de la Republika Srpska, la TO de la
20 Serbie-et-Monténégro, les forces locales de la police, les services de la
21 Sûreté de l'Etat, la police à Martic, les milices, et cetera, et cetera, et
22 que je les aurais tous encouragés et incités. A quoi ? Encouragé à inciter
23 certains d'entre eux à commettre des crimes ? Comment ? Si je les ai
24 encouragés, je les ai encouragés à vaincre dans la guerre. Je n'ai
25 encouragé personne à commettre des crimes. Il y a trop de discours de ma
26 part et d'allocutions à l'égard des combattants serbes en disant qu'il
27 fallait se comporter en chevalier à l'égard des prisonniers de guerre, des
28 prisonniers, des femmes, des enfants, et cetera, et l'Accusation a tout
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1 cela, je lui ai communiqué cela en 2003 déjà, il y a une traduction en
2 anglais, mais ils n'en ont rien à faire de tout cela. Alors, on doit que
3 j'ai encouragé des volontaires à d'autres institutions serbes à commettre
4 des crimes. Alors, attendez, le Parti radical serbe avait une cellule de
5 Crise qui avait été nommée cellule de Guerre et le Procureur se réfère sans
6 cesse à ce QG de Guerre. Qu'a-t-il fait ce QG de Guerre ? Vous pouvez
7 l'apprendre au mieux partant de sa composition. Il y avait dix à 15
8 personnes à y siéger, quatre ou cinq femmes, entre autres, il n'y avait
9 qu'un seul officier de réserve du reste, un pilote réserviste, Zoran
10 Drazilovic, et tous les autres hommes étaient des gens qui avaient fait
11 leur service militaire régulier, et il n'y en avait pas un seul à avoir un
12 grade d'officier. Alors, que voulez-vous qu'ait pu faire ce QG de Guerre,
13 commander ?
14 Non. Il a fait -- enfin, il a procédé à l'organisation des volontaires et à
15 leur rassemblement dans la Serbie, leur acheminement vers Belgrade, et
16 ensuite vers la caserne de Boban Potok. Ce QG de Guerre a essayé parfois de
17 trouver des quantités de cigarettes et autres produits. Il a veillé à ce
18 que chaque volontaire bénéficie d'années d'ancienneté, s'il venait à être
19 tué on organisait son enterrement, on organisait une aide à l'intention de
20 sa famille, ainsi de suite. Ce QG de Guerre parfois essayait, s'il y avait
21 des cas d'indiscipline, d'intervenir par des moyens et des mesures
22 politiques et morales aux fins d'influer sur la solution du problème. Ce QG
23 de Guerre n'avait pas de pouvoir. La seule sanction pouvant être prononcée
24 était l'exclusion des rangs du Parti radical serbe, pas une autre sanction
25 autre ou différente; et il n'y a pas eu de violation disciplinaire ou
26 d'enfreinte disciplinaire. Nous avons exclu du Parti radical serbe des
27 personnes, et là il pouvait plus être envoyé au front en tant que
28 volontaire, au cas où il aurait volé, au cas où il se serait saoulé, au cas
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1 où il aurait été indiscipliné, et ainsi de suite. Nous n'avons jamais eu un
2 seul cas de crime sérieux de commis, à étudier nous-mêmes, et
3 officiellement nous n'avons jamais été informés de la commission d'un crime
4 grave, et le bureau du Procureur n'a aucun élément de preuve à cet effet.
5 Maintenant, étant donné que le bureau du Procureur ne dispose pas
6 d'éléments de preuve pour ce qui est des deux premières années de guerre,
7 pour ce qui est des crimes, persécutions et autres, pour des raisons
8 politiques dans l'acte d'accusation il est inséré un cas de Hrtkovci en
9 Vojvodine, et on dit que j'ai publiquement incité à l'expulsion de citoyens
10 du groupe ethnique croate dans certaines parties de la Vojvodine. Ça ne
11 s'est pas passé vraiment ainsi. Je n'ai pas publiquement incité à les
12 expulser. J'ai promis des expulsions lorsque je serais venu au pouvoir.
13 J'ai promis des mesures de représailles parce que Tudjman avait chassé plus
14 de 200 000 Serbes des territoires en Croatie qui étaient sous son contrôle
15 à lui, et au nom de mon parti dans ma campagne électorale, j'ai lancé une
16 promesse électorale, à savoir des mesures de représailles. Et si j'ai
17 convié quelqu'un à procéder à des représailles, c'est le régime de l'époque
18 qui avait refusé de procéder à des mesures de rétorsion, et après les
19 députés se sont opposés au parlement pour ce qui est de cette exigence que
20 j'avais formulée. Alors, le bureau du Procureur voudrait démontrer que j'ai
21 incité directement des gens à accéder ou à procéder à des persécutions.
22 C'est là la falsification que fait le bureau du Procureur et je me propose
23 d'y revenir plus tard pour aller plus en détail et pour étudier le détail
24 de cette question.
25 Voyez-vous, page 5, ils citent mes propos dans un discours où il est
26 question du territoire que doit englober la Grande-Serbie, puis ils
27 omettent la fraternité limitée des Serbes orthodoxes, catholiques,
28 protestants, musulmans et athées. Ensuite, ils exposent, ils parlent, ils
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1 reprennent d'un de mes discours de la fin de l'année 1990, une mise en
2 garde. Et pour ce qui est de la phrase : "C'est nous les Chetniks serbes,
3 nous lançons un message à Franjo Tudjman et à la nouvelle direction
4 Oustachi croate de ne pas jouer des jeux avec la population serbe. Il
5 s'agit du territoire serbe." Vous avez tout cela traduit, page 5 du mémoire
6 préalable de l'Accusation. Je m'adresse aux interprètes là, puisqu'ils me
7 mettent en garde, disons que je parle, je lis trop rapidement.
8 Bref, ils affirment que par là, j'ai de nouveau commis un crime. Mais
9 quand est-ce que cela s'est produit ? C'était à la fin de l'année 1990. A
10 la fin de cette année-là, l'année 1990, en prononçant un discours, j'ai
11 obtenu pour conséquence que quelqu'un en 1991, 1992 ou 1993, commette un
12 crime de guerre ? Mais ceci n'a rien à voir avec le bons sens. C'est
13 complètement insensé. En 1990, je mets en garde Tudjman de ne pas jouer de
14 jeux avec le peuple serbe, car nous n'allons pas accepter que le territoire
15 sur lequel vit la population serbe soit séparé de sa mère patrie, de la
16 Yougoslavie. Donc, en temps voulu, je n'ai pas dit de ne pas jouer à la
17 guerre. Je veux empêcher la guerre. Je lui adresse des mises en garde très
18 fortes. Je le menace même pour qu'il abandonne cette intention qu'il a.
19 Ensuite, on m'attribue d'autres choses. Là encore, il s'agit d'un de
20 mes discours qui date de la même époque. "Il est le plus important qu'en
21 même temps de la fédération yougoslave on ne voit pas partir les Slovènes
22 et les Croates." Tout d'abord, il faut que partent les Slovènes et après,
23 celui qui se trouvait au pouvoir à Belgrade amputera la Croatie le long de
24 l'ancienne ligne donc, Karlobag-Ogulin-Karlovac-Virovitica. Et nous tous,
25 nous autres, Serbes, Catholiques, Orthodoxes, Musulmans, Athées et autres,
26 nous vivrons ensemble dans la concorde là-dedans."
27 Mais je vois à ce moment-là qu'il est difficile de préserver la
28 Yougoslavie. Donc, c'est l'année 1990. Et je me dis si les Slovènes et les
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1 Croates doivent partir, que partent tout d'abord les Slovènes parce qu'il
2 n'y a pas de questions en suspens entre nous. Moi, je m'étais opposé à
3 l'intervention de l'armée en Slovénie. Je m'étais opposé au bain de sang en
4 Slovénie. Ça a été causé par le ministre de la Défense de l'époque,
5 Kadijevic et par Ante Markovic, un Croate qui était le premier ministre
6 yougoslave à l'époque. Il voulait par la force empêche la Slovénie de
7 partir. Mais moi, en tant que démocrate, je m'y suis opposé. Je me suis dit
8 si les Slovènes, la population slovène veut partir, qu'elle parte au plus
9 vite. Mais les puissances occidentales n'ont pas voulu laisser faire, ils
10 voulaient que les Croates partent ensemble pour que l'objectif criminel de
11 l'Allemagne et du Vatican se réalise, à savoir que les frontières du régime
12 communiste de l'époque, donc les mesures arbitraires soient confirmées.
13 Mais ça, on ne pouvait autoriser ça, on ne pouvait pas accepter cela. Si
14 les Croates ne voulaient pas vivre en Yougoslavie, mais alors procédons à
15 l'amputation. Mais cette idée ne vient pas de moi. Le roi Alexandre
16 Karadjordjevic, en 1929, s'était posé cette question. Il y a réfléchi, il y
17 a pensé. Il a dit si les Croates ne veulent pas vivre en Yougoslavie, mais
18 la Yougoslavie peut se passer d'eux, seulement il faut procéder à
19 l'amputation. Et je ne vois pas pourquoi cette idée serait illégitime, je
20 ne vois pas pourquoi ce serait une idée criminelle ? En particulier si
21 c'est en 1990 qu'on l'a exprimée.
22 Là encore, il cite encore un de mes propos dans la suite : "Pour ce qui
23 nous concerne, les Croates peuvent quitter la Yougoslavie quand ils le
24 veulent." Je suis fier d'avoir dit ça. Donc je ne force pas les Croates à
25 partir. Mais s'ils veulent partir, je ne vais pas les garder par la force.
26 Puis je dis : "A tout moment, dès qu'ils le souhaitent, ils peuvent partir,
27 mais très franchement, très ouvertement, ils doivent savoir qu'ils
28 n'emporteront pas avec eux, ne serait-ce qu'un pouce de terre serbe; là où
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1 il y a des sites serbes, que ce soit des camps, des églises, des fosses
2 communes, des villages, des églises détruites ou autre, ils ne pourront pas
3 emporter cela. Car si nous acceptions cela, nous devrions avoir honte. Donc
4 ce n'est pas à cette condition-là que les Croates peuvent créer leur état;
5 ils peuvent le créer uniquement si on respecte la frontière qui va de
6 Karlobag au sud jusqu'à Karlovac au nord. Tout ce qui se trouve de l'autre
7 côté à l'est est Serbe."
8 Mais encore aujourd'hui, je maintiens la même chose. Nous n'avons pas pu
9 réaliser cela puisque des forces obscures occidentales se sont opposées à
10 cela. Mais si j'avais été commandant d'une armée, en temps utile, j'aurais
11 donné l'ordre que l'armée se retire de Slovénie, qu'elle se retire du
12 territoire en Croatie où il n'y a pas de Serbes qui vivent, puis j'aurais
13 dis aux Croates : Si vous voulez rester en l'espace de la Yougoslavie, on
14 va créer un état démocratique d'égalité des citoyens, mais si vous voulez
15 opérer une sécession, partez avec la partie du territoire qui vous
16 appartient. Mais qu'est-ce qui est de plus logique à ce moment-là ? Il n'y
17 avait qu'un seul problème qui s'est posé : le destin, l'histoire ne m'a pas
18 permis d'arriver au pouvoir à temps. C'est le seul problème qui s'est posé.
19 Si j'étais arrivé au pouvoir à temps, tout se serait passé différemment. En
20 fait, je cherche à convaincre les Slovènes à partir le plus vite possible
21 et le Procureur cite mes propos. Je dis : Mais vous, les Slovènes, à vos
22 yeux, la Serbie -- ou pour vous, la Serbie constitue une puissance que vous
23 ne pouvez pas vaincre parce qu'eux ils se targuaient d'être très grands,
24 très importants, et cetera, mais ils auraient jamais eu leur état si la
25 Serbie ne les avait pas libérés pendant la Première Guerre mondiale. Avant
26 1918, la Slovénie n'avait jamais eu d'état. Ils ont toujours, de par le
27 passé, été uniquement des comtés ou des duchés sur le territoire
28 autrichien.
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1 Donc tant que nous sommes prêts à vous laisser partir, partez. Après
2 vous ne pourrez plus le faire, puisque après nous allons créer une
3 Serboslavie à partir de la Yougoslavie. Donc je cherche à convaincre les
4 Slovènes à partir le plus vite possible, et ce, pour une raison simple. A
5 partir du moment les Slovènes seront partis, on se mettra plus facilement
6 d'accord sur le maintien du reste de la Yougoslavie parce que, dans les
7 années 1980, il faut savoir que les dirigeants politiques slovènes ont été
8 les principaux éléments perturbateurs en Yougoslavie. C'est eux qui
9 voulaient transformer de la Yougoslavie en confédération, c'est eux qui
10 voulaient toute une série d'autres choses qui étaient inacceptables.
11 Donc pour ce qui est de l'année 1990, l'Accusation cite mes propos.
12 D'autres propos parlent de mes menaces, de mes invitations à punir, et
13 cetera, mais toutes mes menaces sont conditionnelles. Si ceci, alors cela,
14 donc par conséquent, ce sont des mises en garde, ce sont des
15 avertissements, ce ne sont pas des incitations. Car si ça avait été des
16 incitations, c'était uniquement des incitations à des événements qui
17 allaient se produire un, deux, trois ans plus tard. Et je le dis très
18 clairement à un endroit, c'est lorsque je prends la parole à la télévision
19 d'Etat en décembre 1990.
20 J'explique, à cet endroit, comment il faut punir les Croates pour les
21 crimes qui ont été commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Donc les
22 Croates, s'ils décident de prendre la voie du séparatisme, il faut les
23 punir de la manière dont on punit dans le monde civilisé. On punit des
24 peuples pour des crimes qu'ils commettent ou que leurs régimes commettent
25 dans une situation de guerre, et cette punition c'est la perte du
26 territoire. Et il y a beaucoup d'autres choses que je dis là-bas, mais le
27 Procureur l'a omis. "Nous, nous sommes un peuple chevaleresque nous, les
28 Serbes. Nous n'allons pas nous venger sur la tête des femmes et des
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1 enfants. Nous ne commettons pas de génocide, nous ne tuons pas. Si nous
2 nous vengeons, alors nous allons nous venger de cette manière que nous
3 allons faire perdre du territoire à nos adversaires. Nous allons l'emporter
4 sur eux dans une guerre."
5 Mais nous n'avons pas souhaité cette guerre. Personne dans le peuple serbe,
6 en 1990, 1991, pas l'âme qui vive ne souhaitait une guerre. La guerre a été
7 souhaitée par ceux qui voulaient opérer une sécession de la Yougoslavie.
8 "Et maintenant on me dit que j'ai cherché à humilier le peuple croate. J'ai
9 dit que 80 000 Oustachi ont été rassemblés par le nouveau chef oustachi
10 Tudjman, et qu'ils ne constituaient pas un danger pour nous. Et c'est vrai;
11 ce n'était pas un danger pour nous." Encore aujourd'hui, la Krajina serbe
12 serait libre si les Américains n'avaient pas pris part à l'opération en
13 1995. Et au Kosovo, s'il n'y avait pas eu d'agressions américaines, les
14 Serbes y seraient. Qu'on appelle cela la Serbie, la Grande-Serbie ou la
15 Yougoslavie, on aurait toujours cet Etat si les Américains, les Allemands,
16 le Vatican ne s'y étaient pas immiscés.
17 Puis, je mets en garde les "pan-Islamistes bosniens" - tout ça c'est au
18 point 7 - "qu'ils nous fassent la guerre à nous, les Serbes ? Mais
19 récemment on leurs a dit : Ecoutez, ne faites pas ça, n'acceptez pas que
20 les Musulmans soient instrumentalisés entre les mains criminelles croates
21 comme ceci leur est arrivé pendant la Première et la Deuxième guerres
22 mondiales. Faites attention, ne vous mêlez pas de ce conflit croato-serbe.
23 Si les Croates vous utilisent de nouveau, la vengeance serbe sera terrible.
24 Vous ne vous arrêterez pas avant d'avoir atteint l'Anatolie."
25 Puis, c'est une mise en garde en 1991, avant que la guerre n'éclate en
26 Bosnie. Je les mets en garde, et je dis aux pan-Islamistes bosniens cela,
27 je ne m'adresse pas à des Musulmans dans leur totalité, ce n'est pas à eux
28 que je dis qu'ils ne vont pas s'arrêter avant d'avoir atteint l'Anatolie.
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1 Dès le début des années 1980, j'avais mis en garde contre ces tendances
2 pan-islamistes en Bosnie-Herzégovine. J'ai montré du doigt ce danger, mais
3 nulle part vous ne me verrez dire du mal de la religion islamique, comme
4 vous avez essayé de faire. Moi je respecte pleinement l'Islam, mais je suis
5 un adversaire intraitable de tout fondamentalisme. Aujourd'hui c'est le
6 fondamentalisme et l'extrémisme islamique qui est le plus dangereux, mais
7 du côté chrétien, si on remarquait les mêmes tendances, je m'y opposerais
8 de la même façon. Je parle de pan-Islamistes maintenant, de
9 fondamentalistes, d'extrémistes, d'autres termes que j'emplois à d'autres
10 endroits.
11 Mais ce qui est le plus important c'est qu'un an avant que la guerre
12 n'éclate en Bosnie, je mets en garde, je dis qu'il ne faut pas que cette
13 guerre éclate. Donc je suis un faiseur de paix. Certes, j'emploie des
14 termes un peu plus forts mais, hélas, on ne m'a pas écouté. Si on m'avait
15 écouté -- on ne m'a pas écouté, non pas parce que j'étais puissant, parce
16 j'étais fort, mais parce qu'ils ne me prenaient pas au sérieux à l'époque.
17 Ils minimisaient mon importance, ils disaient j'étais un dissident
18 communiste qui avait passé ma vie dans les prisons, et cetera. Il a fallu
19 pas mal de temps pour que, sur le plan politique, je gagne de l'influence
20 et de la puissance. A ce moment-là, je n'en avais pas encore, il fallait
21 que je fasse mes preuves à ce moment-là.
22 Puis une autre mise en garde. Tous ceux qui n'ont pas la conscience
23 tranquille doivent avoir peur, peur devant nous les Serbes. Et encore
24 aujourd'hui, je maintiens cela. Il faut que ces gens nous redoutent encore
25 aujourd'hui. De par l'histoire, nous avons trop pardonné, nous les Serbes.
26 Si les Croates décident de commettre un nouveau génocide contre les Serbes,
27 non seulement nous allons nous venger pour toute victime, mais nous allons
28 également leur demander de rendre compte pour des victimes des guerres
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1 mondiales précédentes. Là où nous ne sommes pas, là où nous ne pouvons pas
2 nous défendre, nous allons nous ranger là où les Croates sont les plus
3 faibles. Tout simplement, nous parlons le langage du pouvoir, de la
4 puissance.
5 Mais je n'invite pas les Serbes à tuer des Croates, des femmes, des
6 enfants, non, c'est une mise en garde, un avertissement. Il y en a eu qui
7 étaient plutôt des plaisanteries. A un moment donné pour un journal, j'ai
8 donné un entretien et j'ai menacé, j'ai dit que nous avions des sous-marins
9 fluviaux, et que nous allions utiliser la Save pour atteindre le cœur de
10 Zagreb. Il y a eu des plaisanteries comme ça, mais tout ceci a eu pour
11 objectif de lancer un avertissement, un nouveau génocide allait se produire
12 contre les Serbes. C'était un danger très réel. Sur la scène politique, il
13 y avait tous les protagonistes qui avaient commis le génocide pendant la
14 Seconde Guerre mondiale. Le Vatican, l'idéologie oustachi et le régime
15 oustachi de Franjo Tudjman à Zagreb. De l'émigration, il a fait venir les
16 plus durs de l'émigration oustachi. Susak, l'un d'entre eux, est devenu son
17 ministre de la Défense, le chef de l'émigration oustachi au Canada, Susak.
18 Donc, certes, mes propos sont assez fermes et forts, mais ils
19 correspondent au contexte historique et politique dans lequel ils sont
20 prononcés. Un avertissement plus doux n'aurait pas été possible à ce
21 moment-là, parce qu'il n'aurait pas produit d'effet. Hélas, celui-ci non
22 plus n'a eu d'effet. Il s'est avéré que c'était en vain que j'avais averti.
23 Là encore, je menace : "S'ils tentent un nouveau génocide contre le peuple
24 serbe" - point 8 - "nous nous vengerons," et cetera, "nous leur demanderons
25 de rendre compte," et cetera. Mais à plusieurs endroits, j'ai dit en quoi
26 consistera notre vengeance. J'ai dit que nous n'allons pas refaire ce qui
27 avait été fait par les Oustachi contre les Serbes.
28 Je menace, par exemple, les Chetniks vont frapper contre Zagreb, ils
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1 utiliseront toute leur force si on massacre la population civile serbe.
2 Mais c'était une menace réelle que l'on massacre la population serbe qui
3 n'était pas offensive. Mais dès que Tudjman est arrivé au pouvoir, 200 000
4 Serbes se sont enfuis de Croatie. Ce n'est pas étonnant, parce que tout de
5 suite on a commencé à les limoger, à les harceler, des mesures ont été
6 prises contre les Serbes immédiatement. Donc la question qui se pose dans
7 cette guerre est, qui a été le premier à commettre des crimes ? Ce sont les
8 Croates qui se sont mis les premiers à tuer des Serbes. Les Musulmans en
9 Bosnie, ils ont été les premiers à commencer à tuer des Serbes. Ils ont tué
10 le père d'un jeune marié devant l'église orthodoxe serbe de Sarajevo au
11 moment de la noce, du mariage. L'un des criminels musulmans s'est approché
12 et il a tué le père du marié. Mais c'est cela qui a causé le bain de sang
13 et le conflit. Il s'en est tiré impuni. Il y a quelques mois, on a tenté de
14 le traduire en justice, il y a un an peut-être. Je ne sais pas exactement.
15 Je ne crois pas qu'il a été condamné. Enfin, je n'ai pas vraiment suivi de
16 près ce procès.
17 Donc à chaque fois que politiquement ou militairement les Serbes
18 agissaient, c'était toujours en réaction à quelque chose qui avait été fait
19 par quelqu'un d'autre. On prive les Serbes de leur statut constitutionnel,
20 ils demandent l'autonomie. Tudjman veut se séparer de la Yougoslavie, les
21 Serbes veulent rester en Yougoslavie, où ils veulent se rattacher à la
22 Serbie, de même en Bosnie-Herzégovine. Donc il y a eu des mesures
23 séparatistes des Musulmans et des Croates, et plus cela s'intensifiait, et
24 plus ça devenait ouvert et explicite, plus les Serbes réagissaient pour
25 chercher l'autonomie et l'indépendance par rapport à ces pouvoirs, ces
26 autorités séparatistes. Je dis que : "la Bosnie est incontestablement
27 serbe, cela ne plait pas aux fondamentalistes musulmans, si ça ne leur
28 plait pas, il faudra plier bagage." Mais je parle là d'extrémistes, de
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1 fondamentalistes, pas de Musulmans, et le Procureur a parmi ses documents,
2 entre autres, l'appel que j'ai lancé aux Musulmans, je leur dit : "Frères
3 Serbes…" Ça a été publié également dans mes livres, dans la Grande-Serbie.
4 Ça a été publié à plusieurs reprises, et c'est quelque chose que j'ai dit
5 en 1990. C'est avec beaucoup de chaleur que je m'adresse aux Musulmans,
6 beaucoup d'amour. Je cite les grandes personnalités à travers l'histoire
7 musulmane qui étaient conscients de leur appartenance nationale serbe.
8 D'ailleurs, la noblesse musulmane est consciente encore aujourd'hui de son
9 origine serbe, voire même Alija Izetbegovic s'est déclaré serbe dans les
10 années 1950 et 1960, tant qu'on n'a pas inventé la nation musulmane. Ils
11 sont originaires de Sabac, qui est à côté de Belgrade. Donc, ce sont des
12 faits historiques incontestables. C'est notoire. On n'a pas à le prouver.
13 Vous n'allez pas vous amuser à me prouver qu'il y a la langue croate et la
14 langue bosniaque, mais enfin c'est complètement absurde.
15 "La population loyaliste doit toujours bénéficier de tous les droits
16 civiques, toutes les libertés." Là il n'y a rien qui pose problème. Puis je
17 dis que c'est dans sa racine que la serbité est menacée, mais tout cela est
18 vrai. A Osijek, on a tué le chef de la police croate, Kir. Et pourquoi ?
19 Parce qu'il s'opposait à ce que les Oustachi s'en prennent à des civils
20 serbes. Il a été tué, lui. Qui était là en poste ? Qui était le numéro 1 ?
21 Glavas ou peu importe. Peu importe le nom maintenant. Telle a été
22 l'ambiance, ambiance de grande peur, d'insécurité, et mes menaces, ce sont
23 des avertissements.
24 Bien entendu, moi, je n'ai pas été écouté par l'armée. L'armée n'a pas
25 voulu se retirer des zones qui étaient exclusivement slovènes ou croates.
26 Tout aurait été mieux si elle avait opéré ce repli, ce retrait.
27 Mais les généraux, ils avaient leur rêve, ils voulaient préserver la
28 Yougoslavie et leur puissance politique, leur influence. Ils ont même créé
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1 leur parti, la Ligue des Communistes, Mouvement pour la Yougoslavie. Tous
2 les généraux devaient être membres de ce parti. C'était une obligation.
3 Maintenant, le Procureur évoque mes techniques de propagande. C'est assez
4 ridicule, ce qu'ils disent, mais comme nous allons avoir dès le mois de
5 décembre leur soi-disant expert, Oberschall, ce sera vraiment un plat de
6 résistance pour moi de contre-interroger cet homme et de prouver qu'il
7 n'est absolument pas un expert.
8 Puis on parle de stéréotypes nationaux. On dit que c'est le fait de
9 recourir aux termes tels que Oustachi et pan-islamistes musulmans, mais ce
10 ne sont pas des stéréotypes. C'est une réalité. L'idéologie oustachi est
11 toujours forte. Elle le sera tant que le Vatican sera là pour mener une
12 action contre le peuple serbe. Si nous avions cédé, nous les Serbes, il y a
13 un siècle, si nous avions accepté de devenir des Catholiques, les Croates
14 n'existeraient pas aujourd'hui. Il y a deux siècles, trois siècles, le
15 Vatican a envoyé Juraj Krizanic, un Serbe catholique en Russie. Il a été
16 dépêché là-bas sur la cour russe. Il y est resté pendant une dizaine
17 d'années ou plus. Il avait pour mission de convaincre la cour russe
18 d'accepter le catholicisme, ou tout simplement de reconnaître l'autorité
19 suprême du Pape, enfin de le faire reconnaître par l'Eglise orthodoxe
20 serbe. A partir de ce moment-là, le Vatican aurait pu gouverner tous les
21 Slaves. Ils étaient mêmes prêts à renoncer à la Pologne, à remettre la
22 Pologne dans sa totalité à la Russie, à condition que l'Eglise orthodoxe
23 russe se place sous l'autorité du Vatican.
24 Ce sont des choses très graves. Dans la science, ça a été prouvé
25 depuis longtemps. Ce ne sont pas du tout des clichés ou des stéréotypes.
26 L'idéologie oustachi est toujours vivante, active. Elle se cache peut-être
27 un petit peu par rapport aux années 1990, 1991, mais ça n'enlève rien à sa
28 force aujourd'hui.
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1 J'ai pris un petit peu plus de temps pour me consacrer à des questions de
2 principe, il faudra maintenant que j'abrège un petit peu pour en venir à
3 des questions qui vont peut-être vous intéresser un peu plus. Mais
4 permettez-moi d'ajouter ceci : l'Accusation affirme que dans la diffusion
5 de la propagande, j'ai été aidé par des médias qui étaient placés sous le
6 contrôle d'un autre membre de l'entreprise criminelle commune, à savoir
7 Slobodan Milosevic, le président de Serbie. Ils disent que c'est lui qui
8 m'a donné accès aux médias.
9 A Belgrade, il y a un hebdomadaire qui s'appelle "Vreme" qui a commencé à
10 sortir en 1990, ses journalistes sont des agents de la CIA, donc des
11 renseignements américains et d'autres services de renseignements
12 occidentaux. Ils sont toujours publiés simplement parce que c'est
13 l'étranger qui les finance, Soros et des fondations anti-serbes autres.
14 Alors, cet hebdomadaire, "Vreme", "le temps", vers la fin de l'année 1992
15 ou en 1993, a publié un livre. L'un des auteurs est Jasminka Milivojevic,
16 je ne me souviens pas du nom de l'autre. "Mise à l'écran des élections",
17 c'est ça le titre de ce livre. Ils ont procédé à l'analyse de la
18 participation des différents partis politiques en 1992, et ils ont prouvé
19 que, parmi les principaux partis politiques, le Parti radical serbe a eu le
20 moins accès aux médias, était le moins représenté dans les médias, et
21 surtout dans les médias du régime, les médias contrôlés par l'Etat. Donc ce
22 parti a été le moins représenté, mais c'était une étude scientifique, donc
23 ce sont des preuves, et en plus qui ont été publiées par un journal qui
24 m'était adverse. Et le Procureur affirme le contraire. Mais là n'est pas la
25 substance.
26 Moi, j'ai vraiment eu le moins d'accès aux médias, moi et mon parti. Mais,
27 je me suis servi de la manière la plus efficace du temps qui a été mis à ma
28 disposition par ces médias. L'autre ne savait pas le faire. Mais pour
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1 chacun de ces dirigeants, chefs d'autres partis politiques, je les ai
2 toujours vaincus, dans tous les duels, tous les représentants du régime.
3 Jamais moi-même je n'ai été vaincu lors d'un de ces duels. Et c'est de là
4 qu'on a cette impression, le fait que j'ai été capable de faire des choses
5 fantastiques. Je m'en félicite. Je parle logiquement, de manière concise,
6 je fonde mes arguments historiquement, factuellement, je ne raconte jamais
7 de bêtises, on me connaît comme étant tel.
8 Ni Kostunica, ni Tadic, ni Micunovic, ni je ne sais pas qui, personne
9 d'entre eux n'a jamais été à ma hauteur. Ce qui m'a empêché le plus,
10 entravé le plus, c'était les médias du régime, c'était les médias de
11 Milosevic. Et en particulier dans ces périodes où je l'ai attaqué de la
12 manière la plus vigoureuse. Et je l'ai attaqué toujours quand il a cédé
13 face aux puissances occidentales. Il cède aux Américains et moi, je me
14 lance, je l'attaque, lui et son régime.
15 Le Procureur dit que j'étais parfaitement conscient de ma capacité d'avoir
16 une influence sur les gens par la voie de mes discours. Mais bien entendu,
17 tout homme politique cherche à avoir un impact sur son public. Le succès de
18 tout homme politique est mesuré par l'impact qu'il peut avoir. Mais comment
19 est-ce que j'ai eu de l'influence ? Par mes paroles, par ce que je disais.
20 Et ça ne peut pas être des phrases en l'air, parce que vous savez les gens
21 écoutent un petit peu les plaisanteries, et puis des formules toutes
22 faites, mais la saturation vient très vite. Il faut que ce soit
23 intelligent, bien articulé, bien développé, si on veut avoir vraiment un
24 impact sur son auditoire. Mme Dahl a tenu un discours ici hier, elle a
25 cherché les faits, à susciter des émotions, et cetera. Est-ce qu'elle a pu
26 avoir de l'effet ? Non, parce que ça n'a pas semblé convainquant à un
27 auditoire large.
28 Vous savez, les gens reconnaissent, ils savent distinguer entre ceux qui
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1 disent la vérité et ceux qui ne la disent pas. C'est dans les yeux de
2 quelqu'un qu'on lit la vérité. Tout comme d'après le regard de quelqu'un,
3 vous pouvez savoir si quelqu'un ment, souvent on peut le faire. Quelqu'un
4 cherche à éviter le regard, il se cure le nez, enfin c'est comme ça qu'on
5 sait qu'il ne dit pas la vérité. Donc je dois être coupable parce que j'ai
6 un impact sur la population.
7 On dit que je disais à mes volontaires qu'il fallait qu'ils tuent les Turcs
8 ou les Oustachi. Ils ont trouvé un imbécile parmi les témoins, je ne sais
9 pas de qu'il est question exactement, peut-être que cela sera rendu public
10 plus tard, que j'aurais publié une déclaration disant que j'appelais les
11 Musulmans des Turcs. Jamais, jamais, je n'ai appelé les Musulmans des
12 Turcs. Jamais de ma vie. Et il n'existe pas une seule preuve de cela,
13 hormis peut-être un faux témoin que le bureau du Procureur va fait
14 comparaître. Quand j'entendais quelqu'un dans mon parti utiliser le terme
15 de Turcs, cela arrivait quelquefois, je lui demandais de se corriger. Il
16 n'y a pas la moindre preuve démontrant cela.
17 Seul un primitif totalement ignorant peut appeler les Musulmans des
18 Turcs. Bien sûr, il est arrivé que les Musulmans de Bosnie se soient
19 identifiés aux Turcs de temps en temps, lorsque les Turcs étaient au
20 pouvoir, mais cela fait belle lurette que les Turcs n'exercent plus de
21 pouvoir en Bosnie. Et les Bosniaques ont conservé la langue serbe, ils ne
22 sont jamais parvenus à maîtriser la langue turque. Il y en a ici ou là qui
23 peut-être ont réussi à apprendre le turc, mais ils sont rares. Les
24 Musulmans de Bosnie ont continué à utiliser, à propager le folklore serbe,
25 les chants, les poèmes, et cetera.
26 Le Procureur m'accuse d'avoir exercé une influence publique et aussi
27 une influence morale. Je cite le paragraphe 21 de son mémoire préalable au
28 procès. Ecoutez, il faut qu'un homme qui veut avoir une influence publique
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1 soit également une autorité en matière morale. Comment suis-je devenu une
2 autorité morale ? Parce que je n'ai jamais cédé par rapport à l'injustice,
3 je n'ai jamais rien volé, je n'ai jamais rien fait qui était contraire à la
4 morale. J'ai toujours agi d'une façon qui a fait de moi une autorité
5 morale. C'est la seule façon d'y parvenir et il faut beaucoup de temps pour
6 y parvenir, il faut des années et des années, des dizaines d'années. A La
7 Haye d'ailleurs depuis mon arrivée, je n'ai fait que développer et
8 accroître mon autorité morale. Aujourd'hui, mes pires ennemis politiques me
9 respectent d'ailleurs, et je remercie le Tribunal de La Haye pour cela, mon
10 autorité morale aujourd'hui est invulnérable, invincible.
11 Le Procureur affirme : "Seselj savait ou aurait dû savoir que ses
12 discours publics ou sur le terrain ne pouvaient que pousser ses partisans
13 et ses volontaires à commettre des actes de violence." C'est curieux, les
14 termes utilisés par le Procureur, actes de violence. Dans une guerre, qui
15 a-t-il donc que des actes de violence. Pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas
16 écrit actes criminels, ça aurait été beaucoup plus clair.
17 Est-ce que j'ai encouragé les soldats serbes sur tous les fronts pour
18 qu'ils se battent en héros ? Oui, bien sûr. Mais on ne trouvera nulle part
19 la moindre preuve du fait que j'aurais incité à un crime quelconque. Et il
20 y a de nombreuses preuves du fait que j'ai parlé de tous les crimes et que
21 j'ai appelé les membres des autres formations à ne plus commettre de
22 crimes. Je ne vais pas dire que je n'ai pas attaqué telle ou telle personne
23 pour avoir commis des crimes. Les médias serbes -- l'opinion serbe est très
24 au courant de cela. Je ne vais pas mettre en cause ma personnalité en niant
25 ce fait. Bien sûr que j'ai cité un certain nombre de personnes, mais à
26 moins qu'il ne s'agisse de Vuk Draskovic, le meilleur ami de Carla del
27 Ponte à Belgrade, je n'ai rien fait de répréhensible. Vuk Draskovic est le
28 meilleur ami de Carla del Ponte d'un côté, et par ailleurs, il m'impute
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1 toute sorte de crimes. Nous verrons au cours du procès ce qu'il en est
2 exactement. Et nous verrons quel est le rôle joué par Carla del Ponte dans
3 la dissimulation des crimes et des criminels dès lors que les crimes
4 visaient la Garde serbe, des crimes atroces qui sont tous imputés aux
5 volontaires du Parti radical serbe. Mais puisque aucun membre du Parti
6 radical serbe ne peut se voir reprocher le moindre crime, on les impute aux
7 forces serbes de façon générale qui sont présentées comme responsables de
8 tout et on parle des hommes d'Arkan, des hommes Djindjic, des Guêpes jaunes
9 ou de toutes sortes d'autres formations qui portent des noms divers et
10 variés.
11 Par ailleurs, l'Accusation va faire venir des témoins qui prétendront que
12 j'ai encouragé à tuer tous les enfants de couples mixtes, que lors d'un
13 meeting à Subotica en public, j'aurais dit qu'il fallait assassiner tous
14 les enfants de couples mixtes. Contre cela, ici, je ne vais pas me
15 défendre. Je souhaite que vous m'accusiez et que dans un des points du
16 jugement il soit indiqué clairement que j'ai été condamné parce que j'ai
17 ordonné que les enfants des couples mixtes soient assassinés. Il y avait 5
18 000 personnes présentes à ce meeting de Subotica, ces personnes savent que
19 ce que dit le Procureur est contraire à la vérité, toute la Serbie sait que
20 c'est contraire à la vérité. Vous ne me sauriez me rendre un meilleur
21 service que de me condamner en affirmant que j'ai dit cela, alors qu'en
22 Serbie tout le monde sait que je ne l'ai pas dit et d'ailleurs que je
23 n'aurais pas pu le dire. Je vous invite à me condamner pour cela. Ce sera
24 un service historique que vous me rendriez.
25 Plus loin, le Procureur affirme que : "Nombre de volontaires du Parti
26 radical serbe et du Mouvement chetnik serbe étaient des criminels bien
27 connus." Et en note de bas de page, on évoque un témoin. Mais alors
28 pourquoi est-ce que vous ne convoquez pas à la barre ces personnes, faites
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1 dire à quelqu'un en public qu'un tel et un tel était un criminel notoire,
2 il a été mis en prison pour tel acte il a été mis en prison pour tel acte
3 criminel, et ensuite il est devenu un volontaire du Mouvement radical
4 serbe. Personne n'a effectué une meilleure sélection des volontaires que le
5 Mouvement radical serbe, c'est seulement chez nous qu'un volontaire ne
6 pouvait être admis en tant que volontaire que s'il avait déjà effectué son
7 service militaire, à l'exception des femmes, parce qu'il y avait pas mal de
8 femmes qui étaient volontaires aussi chez nous. C'est seulement chez nous
9 que l'on procédait à des vérifications pour voir s'ils n'étaient pas
10 alcooliques, s'ils n'étaient pas toxicomanes, s'ils n'avaient pas un casier
11 judiciaire, et cetera, et cetera.
12 Et maintenant, on se contente de cette phrase générale, c'était des
13 criminels bien connus. S'ils étaient des criminels bien connus, donnez leur
14 nom. L'opinion connaît les noms des volontaires.
15 Ce que le Procureur présente comme un problème également c'est le fait que
16 j'aurais assisté à une réunion de l'assemblée au cours de laquelle était
17 présent les dirigeants du Parti radical serbe, le 25 juillet 1990. Cela
18 semble poser problème au bureau du Procureur. Mais moi, je suis fier
19 d'avoir été là-bas et, bien sûr, j'y étais.
20 On m'accuse aussi d'avoir été à l'origine de la création des régions
21 autonomes serbes. Moi, je soutenais l'idée de la création de ces régions
22 autonomes serbes, je suis fier d'avoir défendu cette idée.
23 Compte tenu du temps qui court, je vais maintenant traiter plus précisément
24 des accusations retenues contre moi. J'aurais pu, bien sûr, consacrer
25 davantage de temps à traiter de ces questions plus générales et des
26 structures du Parti radical serbe, et cetera, mais je suis sûr que je
27 manquerai de temps pour le faire. Donc je vais maintenant passer en revue
28 les unes après les autres les charges retenues contre moi. Je pense que
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1 nous avons encore quelque temps avant la pause, n'est-ce pas ?
2 Alors, Vukovar, novembre 1991. Les volontaires du Parti radical serbe
3 étaient à Vukovar, c'est indiscutable, et le Parti radical serbe est encore
4 fier aujourd'hui de leur comportement. Les volontaires du Parti radical
5 serbe se sont d'abord battus à Borovo Selo, il y a un endroit de l'acte
6 d'accusation où le Procureur me reproche cela également. Ils défendaient
7 les civils serbes là-bas. Il y a même eu un cessez-le-feu, une trêve qui a
8 été signée à ce moment-là, un genre d'accord de paix avec les autorités
9 civiles locales.
10 Les barrages routiers ont été retirés à ce moment-là, les volontaires
11 sont restés à Borovo Selo, la situation était relativement calme et à ce
12 moment-là les Croates à bord d'autobus avec de nombreux policiers ont fait
13 irruption dans Borovo Selo et ils se sont mis à tirer immédiatement. Ce ne
14 sont pas les Croates qui ont été attaqués à Borovo Selo, ce sont les
15 Croates qui ont attaqué. Les premières victimes, le premier à mourir a été
16 Vojislav Milic qui était originaire des environs de Valjevo. C'était un
17 volontaire qui plus tard a fait partie des Aigles blancs, mais à ce moment-
18 là ils ne s'appelaient pas les Aigles blancs, ils s'appelaient les insurgés
19 du Mouvement serbe. J'étais le seul volontaire du Renouveau serbe, il y
20 avait 16 volontaires du Parti radical serbe qui se sont trouvés sur le
21 front à un certain moment sans armes et lui a été tué. Les autres ont
22 entendu les coups de feu, ils ont saisi leurs armes et ils ont combattu les
23 policiers croates. Seize d'entre eux ont réussi à l'emporter sur une
24 centaine au moins de policiers croates, ou même peut-être étaient-ils plus
25 nombreux, en tout cas les 16 en question étaient des jeunes gens pleins de
26 bravoure et je suis fier de leur attitude.
27 Et plus loin dans l'acte d'accusation, on dit que le 12 novembre, ou à peu
28 près à cette date, je suis arrivé à Vukovar pour rendre visite aux
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1 volontaires et rehausser le moral des troupes et que lors de ce meeting qui
2 s'est tenu dans une maison de la rue Nova au numéro 81, où se trouvait le
3 poste de commandement de la JNA et de la Défense territoriale des Serbes de
4 la région. Donc j'ai assisté à ce meeting avec d'autres dirigeants du Parti
5 radical serbe et des officiers de la JNA dont les noms sont fournis,
6 notamment : Sljivancanin, le capitaine Radic et d'autres, voilà ce qu'on
7 peut lire dans l'acte d'accusation. Or, cette réunion, ce meeting n'a
8 jamais eu lieu. Le poste de commandement de la 1ère Brigade des Gardes était
9 une tente dans la périphérie de Vukovar, et c'est là que s'exerçait le
10 commandement de la Bridage des Gardes, puis le colonel Mile Mrksic a
11 organisé un dîner à mon intention, j'y ai assisté. A ce dîner se trouvaient
12 ses principaux officiers, le colonel d'armée Panic, chef d'état-major de la
13 1ère Brigade de Gardes qui m'a proposé son casque en cadeau parce que
14 j'étais venu avec un casque tout petit, enfin ce n'est pas le casque qui
15 était trop petit pour moi, c'est ma tête est grande, et ce casque ne me
16 donnait pas une allure acceptable.
17 Donc, le général d'armée Panic m'a proposé son casque à lui en cadeau. Un
18 grand nombre d'officiers assistaient à ce dîner mais la réunion dont parle
19 le bureau du Procureur est une construction de toutes pièces. L'Accusation
20 a découvert un mensonge qui fonctionne avec la CIA et affirme avoir surpris
21 des conversations derrière une porte entr'ouverte et avoir pris de notes
22 sur un carnet de notes. Ce sont le genre de mensonges sur lesquels s'appuie
23 le bureau du Procureur de ce Tribunal. Moi, je dis que c'est indigne que
24 pas un seul Oustachi n'aurait dû pouvoir être autorisé à quitter Vukovar
25 vivants. Et le bureau du Procureur a appelé des témoins pour leur demander
26 de dire que j'aurais fait une allocution publique devant les troupes. Je
27 n'ai jamais prononcé un tel discours devant les troupes, je n'ai pas visité
28 les soldats de Vukovar parce que cela est devenu impossible. Tous les
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1 groupes supérieurs à deux ou trois hommes étaient empêchés de circuler
2 parce que les Croates bombardaient à l'aide d'obus de mortier incessamment.
3 Il n'y a pas eu de réunions publiques, pas de meetings, pas d'allocutions,
4 rien de ce genre. Je n'essaie même pas de répliquer à cette accusation du
5 bureau du Procureur selon laquelle j'aurais dit que pas un seul Oustachi ne
6 devait quitter Vukovar vivants. De la même façon que l'on peut souhaiter la
7 mort de tous les nazis, j'aurais pu parler de mort pour les Oustachi. Même
8 il n'est pas possible que je l'aie fait à ce moment-là dans les conditions
9 indiquées parce que je n'ai pas pu assister à une telle réunion. Et même
10 observation de ma part pour le fait que j'aurais dit qu'il fallait tuer
11 tous les prisonniers de guerre.
12 On affirme également que les volontaires du Parti radical serbe ont
13 participé à la liquidation des prisonniers de guerre à Ovcara et à
14 Velepromet. Moi, je dispose de déclarations de six chauffeurs d'autobus qui
15 ont témoigné avoir été des volontaires du Parti radical serbe de Serbie dès
16 la libération de Vukovar. Ces hommes sont entrés chez eux à toute vitesse
17 pour changer de tenue, prendre un bain, et cetera. Certains d'entres eux
18 ont peut-être passé encore quelque temps à Vukovar. Peut-être certains y
19 sont-ils restés, mais s'ils l'ont fait, ils l'ont fait parce qu'ils l'ont
20 décidé personnellement. Un procès très important est en cours à Belgrade au
21 sujet de ce qui s'est passé à Ovcara. Il n'y a qu'un seul volontaire du
22 Parti radical serbe en cause, c'est Zoran Katic, entre autres. Le jugement
23 à son égard a été un jugement d'acquittement. Lisez donc le texte de
24 jugement prononcé par la cour spéciale de Belgrade.
25 Le bureau du Procureur de ce tribunal poursuit en disant que Milan
26 Lancuzanin, surnommé Kameni, était un Chetnik convaincu. Oui, il était
27 convaincu, mais il a été la première victime de mon procès par ce Tribunal.
28 Parce que le régime traître pro-occidental de Belgrade a fait des
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1 marchandages avec le bureau du Procureur de La Haye pour condamner Milan
2 Lancuzanin, Kameni, à tout prix, même s'il n'était responsable d'aucun
3 crime. Je ne sais pas qui sont les personnes réellement responsables. Je ne
4 connais pas leurs noms. J'affirme que pas un seul volontaire du Parti
5 radical serbe n'a participé aux assassinats d'Ovcara et de Velepromet, et
6 j'affirme que Kameni n'a rien fait dans ce contexte. Lorsque je lui ai posé
7 des questions plusieurs années plus tard, il a juré devant moi sur tout ce
8 qu'il avait de plus sacré qu'il n'avait rien fait et je le crois, c'est un
9 homme honorable. Mais ce n'était pas un des volontaires du Parti radical
10 serbe envoyés à Vukovar, il était né à Vukovar. Il a commandé le
11 détachement de la Défense territoriale de Vukovar, Leva Supoderica, en tant
12 que capitaine de réserve de première classe de la JNA, et il a commandé ses
13 propres concitoyens à ce moment-là, alors que le commandant de la Brigade
14 des Gardes a décidé plus tard que les volontaires du Parti radical serbe
15 qui se trouvaient dans la caserne de Bubanj Potok devaient être rattachés à
16 ce détachement, et donc c'est de cette façon que le détachement en question
17 est passé sous le commandement de la 1ère Brigade des Gardes.
18 A ce moment-là, Milan Lancuzanin, surnommé Kameni, a effectivement rejoint
19 le Parti radical serbe, après en avoir été volontaire, et il est donc
20 devenu adhérent ou membre du parti. Je l'ai élevé au grade de voïvodat,
21 parce que c'était un homme plein de bravoure, plein de courage au combat,
22 et en le faisant voïvode, j'ai récompensé sa bravoure au combat. Ceci n'est
23 mentionné nulle part dans les documents du bureau du Procureur.
24 De façon à me faire au moins porter moralement la responsabilité des crimes
25 d'Ovcara, il faudrait apporter la preuve que ce sont bien des volontaires
26 du Parti radical serbe qui sont responsables de ces actes. Or, s'ils
27 étaient rentrés en Serbie avant les crimes en question, je n'ai évidemment
28 aucune responsabilité morale à cet égard.
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1 J'ai entendu parler du crime plus d'un an plus tard, peut-être même deux
2 ans plus tard, par rapport à l'heure des événements. Quelqu'un a parlé de
3 Topola comme ayant un lien avec la commission de ces crimes. Moi, je ne me
4 rappelle aucun homme qui s'appellerait Topola. Il n'est pas impossible
5 qu'un homme portant ce surnom ait fait partie des volontaires, mais s'il
6 est resté à Vukovar après la libération de Vukovar, tout ce qu'il y faisait
7 était de sa responsabilité personnelle. Je ne suis pas chargé de courir
8 derrière chacun des volontaires pour voir ce qu'il fait une fois que la
9 mission qui lui a été confiée s'est achevée, mission confiée par le Parti
10 radical serbe.
11 Le bureau du Procureur affirme que j'ai envoyé plus tard ce même
12 Topola à la guerre en Bosnie-Herzégovine. Ceci est contraire à la vérité.
13 Parce que tout homme qui se serait rendu coupable d'une grave infraction à
14 la discipline en Slavonie était exclu du Parti radical serbe, et nous ne
15 l'aurions envoyé nulle part par la suite. Il était exclu. Il ne faisait
16 plus partie du Parti radical serbe. Je vous citerais un exemple, celui de
17 Vojin Vuckovic, surnommé Zuca, qui était très indiscipliné en Slavonie et
18 qui lui-même a dit qu'il avait quitté le Parti radical serbe parce qu'il
19 n'en appréciait pas la politique. La politique ne lui disait rien, ne lui
20 plaisait pas. Mais, bien sûr, l'Accusation va chercher toutes sortes de
21 prétextes pour présenter les choses autrement.
22 Alors, s'agissant de Vocin, aucun crime n'a été commis là-bas par un
23 quelconque volontaire du Parti radical serbe. La seule chose qui est vraie,
24 c'est que le commandant sur les lieux était Radovan Novacic, c'était un
25 homme très bien, plein d'honneur, qui a perdu une jambe à la guerre, et qui
26 n'a commis aucun crime. Les volontaires du Parti radical serbe, à l'époque
27 des crimes présumés, défendaient Masic, Sagovina, et Masic-Sagovina c'était
28 le dernier rempart, la dernière voie de retraite ouverte aux forces serbes.
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1 Onze de nos volontaires, et même une jeune femme, Dusica Nikolic, ont
2 souffert énormément à cet endroit. Plusieurs de ces volontaires ont été
3 blessés avant d'être faits prisonniers. Dusica Nikolic a été faite
4 prisonnière, emmenée dans une prison. Ils ont été torturés dans cette
5 prison pendant plusieurs mois. Ils ont été traités de façon absolument
6 inacceptable, mais six mois après leur incarcération, aucune de ces
7 personnes n'avait été jugée.
8 Alors, certains crimes ont eu lieu en Slavonie occidentale, et un
9 crime a été commis à Vukovar, à Ovcara et Velepromet. Un groupe d'officiers
10 a été jugé. On a appelé les responsables présumés la troïka de Vukovar, le
11 commandant de la Brigade des Gardes, Mile Mrksic, a été condamné. Radic a
12 été acquitté, Sljivancanin a été condamné, mais il y a une chose que ce
13 procès n'a pas permis d'établir, à savoir qui a donné l'ordre de remettre
14 aux autorités civiles les volontaires qui se trouvaient à l'hôpital de
15 Vukovar, qui a ordonné qu'ils soient remis aux autorités civiles de la
16 région autonome de Slavonie, du Baranja et du Srem occidental. Cet ordre
17 n'aurait pas pu venir du commandant de la Brigade des Gardes. Il n'a pas pu
18 être donné non plus par le commandant de la Brigade de Kragujevac. Il a été
19 donné par celui qui a exercé le commandement après la libération de
20 Vukovar. Le Tribunal n'a même pas essayé de se prononcer sur ce sujet. Mais
21 moi, je vais vous le dire aujourd'hui. Je vais vous dévoiler un secret
22 important.
23 Les crimes de Vukovar sont tous liés les uns aux autres. Le général
24 Aleksandar Vasiljevic, chef du service de sécurité militaire de la JNA, est
25 venu sur place en personne pour organiser ce crime. Pourquoi ? Parce que la
26 haute direction de la JNA croyait encore, à cette époque-là, à la
27 possibilité d'une intervention américaine, intervention américaine qui
28 aurait pu avoir pour résultat la restauration de l'importance de la JNA
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1 dans la restauration d'un ordre antérieur, un ordre public correspondant à
2 celui qui avait cours à l'époque du régime de Tito. En 1990, ces hommes ont
3 créé leur propre mouvement, le Mouvement pour la Yougoslavie était le nom
4 de ce mouvement qui était dirigé par le général à la retraite Branko
5 Mamula, par Veljko Kadijevic, Blagoje Adzic, Aleksandar Vasiljevic, qui en
6 étaient les principaux membres de ce nouveau parti, et il a commencé à
7 fonctionner en 1991 et dans la période ultérieure.
8 La direction de l'armée et le service de sécurité militaire de
9 l'armée avaient besoin de crimes, de crimes imputables aussi bien à des
10 Serbes qu'à des Croates, de façon à trouver là une justification suffisante
11 pour une intervention militaire qui pourrait faire tomber du pouvoir aussi
12 bien Milosevic à Belgrade, que Franjo Tudjman à Zagreb. Le service de
13 sécurité militaire a organisé la commission de crimes des deux côtés à la
14 fois. La sécurité militaire a été à l'origine de l'explosion du bâtiment
15 municipal qui était mis à la disposition des Juifs de Zagreb. Ce service de
16 sécurité militaire était à l'origine de l'explosion du cimetière juif de
17 Zagreb, qui avait pour but de tourner l'opinion publique mondiale contre
18 Tudjman.
19 Même chose pour les crimes qui ont été provoqués du côté serbe, car ils
20 avaient également pour but d'ouvrir la voie à un règlement de comptes avec
21 les nationalistes serbes.
22 Aleksandar Vasiljevic en personne a fait venir les Aigles blancs en
23 Slavonie occidentale. Les Aigles blancs ont été amenés sur place en
24 contradiction avec les voies utilisées d'habitude par les volontaires du
25 Parti radical serbe lorsqu'ils se rendaient quelque part sur le front. La
26 caserne de Bubanj Potok et les autobus officiels de la JNA ont été utilisés
27 en Slavonie occidentale. Le commandant de la Défense territoriale de la
28 Slavonie occidentale, qui était un colonel d'active, Jovan Trbojevic, a eu
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1 son rôle à jouer. Voilà quelle était la voie normale pour envoyer des
2 volontaires à un endroit ou un autre, mais Vasiljevic lui, il avait ses
3 propres voies. Aleksandar Vasiljevic a retiré à la banque de Vukovar
4 plusieurs millions de marks allemands. C'était un butin qu'il devait
5 normalement rendre au service de sécurité militaire à la banque yougoslave,
6 mais il ne l'a jamais fait. Toute trace de cet argent a disparu.
7 Aleksandar Vasiljevic était venu sur place pour témoigner en tant que
8 témoin public dans le procès de Milosevic. Une partie de sa déposition
9 s'est faite à huis clos partiel, mais la majorité s'est faite en audience
10 publique. L'Accusation ne lui a jamais demandé de témoigner en revanche
11 durant le procès intenté à la troïka de Vukovar. Pourquoi ? Pourquoi est-ce
12 que cet homme n'a pas été appelé à témoigner contre moi ? J'aurais beaucoup
13 apprécié. Le bureau du Procureur ne lui a pas demandé de faire ça, parce
14 que ce n'est pas la vérité qui l'intéresse. Ce qui intéresse le bureau du
15 Procureur, c'est de me poursuivre en justice pour des motifs politiques et
16 autres. Le bureau du Procureur n'a absolument rien à faire des crimes qui
17 ont été organisés à Ovcara et en Slavonie occidentale.
18 En mai 1993, des menaces importantes de coups d'Etat militaires ont existé.
19 Borisav Jovic ainsi que d'autres l'a confirmé, ce fait. La mobilisation en
20 Serbie n'a pas réussi en 1991 parce que Milosevic avait peur d'un putsch
21 militaire, c'est la raison pour laquelle son régime n'a rien fait pour
22 organiser la mobilisation des citoyens. Il a préféré s'appuyer uniquement
23 sur les volontaires pour les verser dans les rangs de la JNA, parce qu'il
24 savait que la direction militaire ne pourrait pas instrumentaliser les
25 volontaires aux fins de mener à bien un coup d'Etat militaire, or c'était
26 l'objectif qui était le sien. La réaction à la mobilisation en Serbie ne
27 s'est fait à quelques pourcents au Monténégro. La population a accepté la
28 mobilisation à 100 %, et cela ne vient pas du fait que les Serbes sont des
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1 lâches. Cela vient du fait que le régime serbe ne voulait pas un succès
2 plein et entier de la mobilisation, et que bien sûr plusieurs partis
3 politiques agissaient contre cette mobilisation pour défendre leurs propres
4 intérêts. Toutefois, lorsque le danger d'un coup d'Etat militaire a disparu
5 en 1998, alors les Serbes ont répondu à 100 % à l'appel de mobilisation,
6 parce que les Serbes sont un peuple de braves, un peuple de héros prêts à
7 défendre leur pays en toutes circonstances. Ce ne sont pas des lâches,
8 contrairement à ce que l'Accusation essaie de dire à l'image d'eux que le
9 bureau du Procureur essaie de donner en 1991.
10 Aleksandar Vasiljevic a été jugé à Belgrade en raison du scandale de
11 Zagreb, mais il n'a été condamné qu'à une peine faible, et tout cela
12 n'était qu'une énorme entreprise de dissimulation. Plusieurs scandales ont
13 eu lieu, Opera, entre autres, et d'autres affaires. Ceux qui connaissent
14 les services de sécurité militaire savent bien ce qui constitue le plus
15 grand danger pour la sécurité de l'Etat.
16 Alors, Bijeljina maintenant. Il n'y a jamais eu de volontaires du Parti
17 radical serbe à Bijeljina. Au cours du conflit opposant les Serbes et les
18 Musulmans à Bijeljina en avril 1992 ou peut-être jusqu'à la fin mars, des
19 représentants locaux du Parti radical serbe ont participé aux
20 affrontements. Je veux parler notamment de Mirko Blagojevic de Bijeljina,
21 qui a participé à cet affrontement, mais sans jamais commettre le moindre
22 crime. Les hommes d'Arkan et les hommes de Mauzer, qu'on ne vienne pas me
23 parler d'eux. Pas un seul membre du Parti radical serbe en revanche n'a été
24 envoyé à Bijeljina. Pas un seul, je vous le dis, et donc je ne vois pas
25 pourquoi j'aurais besoin de parler de Bijeljina.
26 Même remarque pour Brcko. Au cours des combats à Brcko, il n'y a pas eu un
27 seul volontaire du Parti radical serbe. Il y a des endroits où les
28 volontaires du Parti radical serbe étaient nombreux. Or, il est intéressant
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1 que les charges retenues contre moi dans l'acte d'accusation ne reposent
2 que sur des endroits où ils n'étaient pas présents. Parlons de Skelani et
3 d'autres endroits, de Niksic et d'autres, mais ça, ça ne fait pas l'objet
4 d'une seule accusation contre moi. Vous avez utilisé des lieux, des
5 localités où ne se trouvait pas un seul volontaire du Parti radical serbe.
6 Et puis : "Il y a ce lien établi entre les volontaires de Seselj et
7 les Tigres d'Arkan." Ça, c'est indigne. Il n'y a jamais eu action
8 coordonnée ou conjointe entre les volontaires du Mouvement radical serbe et
9 les Tigres d'Arkan. Les volontaires du Parti radical serbe avaient des
10 instructions très strictes leur imposant de ne pas se mêler aux hommes
11 d'Arkan où que ce soit, de ne pas se mêler à quelque moment que ce soit aux
12 Guêpes jaunes, ou aux hommes de Mauzer, ou aux Aigles blancs, aux hommes de
13 Mauzer, aux Aigles blancs ou à la Garde serbe, et à toutes les variétés de
14 ces formations, entre autres les Bérets rouges. Des instructions politiques
15 strictes étaient données aux volontaires du Parti radical serbe à cet
16 effet. Pourquoi ? Parce que nous avions des raisons importantes pour donner
17 de telles instructions, mais je ne vais pas en discuter ici, car je n'ai
18 pas obligation de le faire. Ce n'est pas ce que je vous dois. Je vais
19 parler des accusations qui ont été retenues contre moi pour des crimes et
20 autres.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : [chevauchement] -- la pause. Je crois que
22 malheureusement, on ne peut pas faire une pause de moins de 20 minutes à
23 cause du temps pour le changement de la bande. A l'issue de la pause à 12
24 heures 40, nous reprendrons donc l'audience et a priori aux environs de 13
25 heures 45 vous aurez eu quatre heures d'audience.
26 Donc grosso modo, il vous reste une heure et quelques pour terminer. Voilà
27 ce que voulais vous indiquer.
28 Nous nous retrouvons dans 20 minutes.
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1 Mme LE JUGE LATTANZI : Je voulais demander à M. Seselj s'il pouvait quand
2 même être si gentil et finir dix minutes, une quart d'heure avant, parce
3 qu'après on a encore une autre audience, deux d'entre nous. Donc s'il
4 pouvait finir pour 1 heure 30 ou 35, je lui serais très, très
5 reconnaissante.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous nous retrouvons donc dans 20 minutes.
7 --- L'audience est suspendue à 12 heures 21.
8 --- L'audience est reprise à 12 heures 40.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise à 12 heures 40. Je
10 donne la parole à M. Seselj.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je continuer ?
12 Je me propose d'en terminer avec ma déclaration de l'accusé jusqu'à 1
13 heure 30 afin de répondre aux nécessités exprimées par Madame le Juge
14 Lattanzi. Mais j'espère qu'en autre occasion lorsque j'aurai besoin de
15 rallonger de 20 minutes un contre-interrogatoire, j'espère que vous aurez
16 de la compréhension à mon égard également. Merci.
17 J'ai commencé à parler des événements à Bosanski Samac. Effectivement, là-
18 bas il y a eu plusieurs individus qui avaient, auparavant été des
19 volontaires du Parti radical serbe, entre autres, Srecko Radovanovic,
20 surnommé Debeli. Il était tellement bon combattant, si mes souvenirs sont
21 bons, qu'il est devenu commandant de la brigade ou adjoint de commandant de
22 la 2e Brigade de la Semberija, je n'arrive plus à m'en souvenir exactement.
23 Alors, comment se sont-ils trouvés là-bas ? Après la libération de Vukovar,
24 et Srecko Radovanovic se trouvait être un volontaire en Slavonie, l'armée
25 avait choisi les plus aptes des volontaires et leur a proposé d'aller
26 suivre un entraînement spécial. Je ne sais plus où se trouvait ce
27 campement. Et Srecko Radovanovic s'est adressé à moi pour me demander
28 quelle était mon opinion. Je suis tombé d'accord pour ce qui était d'aller
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1 à cet entraînement, et après cette formation, il est parti, et un groupe où
2 il n'y avait pas que des membres du Parti radical serbe a été envoyé à
3 Samac à bord d'hélicoptères de la JNA. C'est ainsi que, de façon régulière,
4 il faisait partie à part entière de la JNA. Je ne sais pas s'il y a eu des
5 crimes de commis à Samac ou pas, mais je sais que Srecko Radovanovic jamais
6 n'a commis aucun crime de guerre.
7 Et bien que j'aie eu des conflits avec lui sur d'autres sujets au
8 sein du Parti radical serbe, et il a dû quitter le parti, et cetera. Mais
9 lui n'est certainement pas un tribunal de guerre. Alors, Dragan Djordjevic,
10 surnommé Crni, et d'autres, ça, je ne sais pas qui c'est. On dit que
11 Slobodan Miljkovic, surnommé Lugar, appartenait au service de Sûreté de
12 l'Etat de Serbie. Je ne le sais pas. Je sais qu'à un moment donné, il s'est
13 affilié au Parti radical serbe à Kragujevac, mais il a vite été expulsé, et
14 ensuite il a été tué dans un conflit avec un membre de la Sûreté de l'Etat.
15 Alors, de là à savoir ce qui s'est passé dans tout cela, je ne le sais pas,
16 et en l'occurrence, cela m'intéresse peu.
17 Pour ce qui est de Zvornik, tout d'abord, le bureau du Procureur mentionne
18 un rassemblement ou un meeting à Zvornik en mars 1992, où j'aurais
19 prétendument tenu un discours, et dit : "Chers frères chetniks, notamment
20 vous de l'autre côté de la Drina, c'est vous qui êtes les plus courageux.
21 Nous allons nettoyer la Bosnie de ses profanes, et nous allons leur montrer
22 la route vers l'est. C'est là qu'ils doivent appartenir." Alors, eux, ils
23 n'ont pas dit "infidèles" ils ont dit "païens". Alors, je pense vous avoir
24 déjà dit que je ne suis pas capable de m'exprimer de façon aussi primitive.
25 Je tiens des discours enflammés. Ils peuvent même inciter à la guerre, mais
26 ils ne sont jamais aussi bêtes, parce que quand j'étais à l'école primaire,
27 même là, je ne m'exprimais pas de façon aussi primitive, parler de païens,
28 ou de gens qui ne savent pas ce que c'est qu'une divinité. D'abord, les
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1 Musulmans, je ne les ai jamais considérés comme étant des païens, ou des
2 gens qui ne savaient pas ce c'était une divinité.
3 L'Islam est une religion qui constitue une suite directe du Judaïsme
4 et de la Chrétienté. Ils connaissent l'Ancien et le Nouveau Testament. Ils
5 ne reconnaissent pas Christ comme étant un dieu, mais ils savent que c'est
6 un prophète de Dieu. Et Mohammed, dans le Coran, dit que Isha [phon], le
7 fils de Jérémiah [phon] jusqu'à la fin des temps viendra juger les uns et
8 les autres. C'est juste un primitif qui peut dire cela en mon nom,
9 quelqu'un qui n'a aucune éducation en matière religieuse, ou quoi que ce
10 soit d'autre. Alors, je pouvais parler de pan-islamistes et d'intégristes,
11 je ne pouvais pas les qualifier de "païens" mais je pouvais les qualifier
12 d'"impurs". Alors ça, c'est un problème qui est celui de vos traducteurs.
13 Parce que depuis la création de ce Tribunal, il y a énormément de Croates à
14 embaucher pour ce qui est des employés du territoire de l'ex-Yougoslavie,
15 il y a beaucoup plus de Croates que de Serbes, Musulmans, Albanais,
16 Macédoniens, et le reste tout ensemble. C'est une politique du Tribunal. Le
17 Tribunal est bien entendu anti-Serbes et je n'en suis guère étonné.
18 Mais le problème survient lorsque l'on parle de traduction, parce
19 qu'en application des accords de Vienne, en 1850, à l'occasion des réunions
20 d'intellectuels éminents Serbes et Croates, les Croates ont accepté le
21 serbe comme étant leur langue littéraire, parce que leur langue a été
22 négligée. Ils parlaient soit le latin, soit le hongrois, soit l'allemand.
23 Ils n'avaient pas de littérature dans leur propre langue. Donc ils ont
24 accepté la langue serbe, et à partir du moment où ils ont accepté cette
25 langue, ils ont commencé à la déformer avec des expressions artificielles.
26 Et de nos jours encore, ils fabriquent des mots nouveaux. Et des fois, il
27 faut investir des efforts énormes pour comprendre la signification de leurs
28 propos. Parce que vous avez ici des prisonniers croates, des détenus. Quand
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1 ils sortent d'ici, au bout de quelques années, ils ne sauront plus parler
2 cette langue nouvellement créée en Croatie. En langue serbo-croate, il y a
3 une différence très nette entre "pogani" et "pagani". "Pagani", les païens,
4 ce sont des gens qui ont plusieurs divinités. "Pogan," c'est une espèce
5 d'excrément, d'impureté. Je ne vais pas me servir d'un terme plus vulgaire.
6 Et là, la différence est très nette. Donc, l'erreur peut être faite par des
7 traducteurs. J'aurais pu parler d'excréments intégristes, mais parler de
8 païens, non, je ne suis pas si bête. C'est impossible.
9 Aux yeux du Procureur, cela était possible, et aux yeux des
10 traducteurs, cela est possible aussi, ils ont déformé la langue serbe, et
11 tous les jours ils inventent des mots nouveaux. Les volontaires du Parti
12 radical serbe ont participé en début avril 1992 à la libération de Zvornik.
13 Auparavant, Zvornik était prise par des formations paramilitaires
14 musulmanes. En mars et avril 1992, tout ce qui n'était pas JNA, c'était des
15 formations paramilitaires. Les Serbes ont dû fuir Zvornik. Ensuite, dans
16 une contre-offensive, les Serbes ont pris Zvornik, et il y a eu
17 participation des volontaires du Parti radical serbe, sous le commandement
18 de la JNA. Il y a eu deux groupes de volontaires : l'un a été envoyé depuis
19 Belgrade, de notre QG de guerre, dont j'ai parlé, et l'autre a été créé par
20 le comité municipal de notre parti à Loznica. Et ces groupes se sont
21 trouvés à Zvornik à compter du 8 avril, jusqu'à la chute de cette ville
22 forteresse. C'est une place sur les hauteurs de Zvornik, et c'est en
23 dernier lieu que c'est tombé le 23 avril. Alors, c'est là que les
24 volontaires sont revenus, et il est resté un tout petit groupe pour
25 sécuriser la ligne de front, face à Tuzla. Mais ce groupe aussi est revenu
26 durant la première quinzaine du mois de mai.
27 Lorsque la JNA n'est retirée de la Bosnie-Herzégovine, à savoir le 19
28 mai, à Zvornik, il n'y avait plus eu du tout de volontaires du Parti
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1 radical serbe. Les volontaires ont participé uniquement au combat. Nulle
2 part, les volontaires du Parti radical serbe, ni à Zvornik ni ailleurs,
3 n'ont tenu des centres de détention, n'ont tenu des prisonniers, n'ont mis
4 en détention, mis aux arrêts ou quoi que ce soit de ce genre, absolument
5 nulle part. Or, ici, on dit : les forces serbes, y compris les volontaires.
6 On ne peut pas identifier les volontaires du Parti radical serbe comme
7 étant des auteurs de crimes, alors ils se servent de la notion plus large
8 en disant forces serbes, parmi lesquelles il y avait des volontaires. Or,
9 c'est une construction ridicule. Les volontaires du Parti radical serbe qui
10 ont été envoyés depuis Belgrade ont été commandés par Miroslav Vukovic
11 Cele. Au mois de mai, il a quitté Zvornik, fin mai 1992, il était avec moi
12 à Podgorica, et il a été blessé dans un attentat. On a jeté une grenade sur
13 moi, et l'un des volontaires a eu la présence d'esprit -- ils étaient à
14 proximité, ils étaient là pour sécuriser la réunion, et il a donné un coup
15 de pied à cette grenade pour la balancer sous une voiture. Miroslav Vukovic
16 a dit que c'était lui qui l'avait fait. Là aussi, il y a eu contestation.
17 Un autre homme de Pancevo a dit que c'était lui qui l'avait fait, mais nous
18 avons attribué ce fait à Miroslav Vukovic. Et Miroslav Vukovic a été blessé
19 du fait d'éclats de grenade. J'ai été blessé moi aussi, mais je n'ai pris
20 qu'un éclat. Et lui, il a été blessé aux deux jambes, et au bas-ventre.
21 Alors, c'est ce qui prouve que fin mai ou deuxième quinzaine de mai, il ne
22 pouvait pas être à Zvornik.
23 Alors, de là à savoir ce qui s'est passé par la suite là-bas, point
24 n'est utile de me fatiguer avec. Nous avons remporté la victoire dans les
25 combats pour Zvornik. Si maintenant quelqu'un par la suite est venu
26 enfreindre les lois, il doit être poursuivi. Stratégiquement, Zvornik,
27 c'était une ville très importante pour la Republika Srpska, c'est pour cela
28 qu'il fallait libérer Zvornik. Il fallait arracher Zvornik aux mains des
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1 Musulmans et des formations paramilitaires musulmanes. Pour ce qui est de
2 ce qui s'est produit par la suite, doit en assumer la responsabilité celui
3 qui a commis des crimes. A vous de le déterminer. Mais ce qui m'intéresse,
4 c'est de savoir comment on va mettre cela en corrélation avec moi. Ça ne va
5 pas pouvoir se faire partant du concept d'entreprise criminelle commune.
6 Maintenant, pour ce qui est de Sarajevo, il y a trois sites qui sont
7 en corrélation avec trois hommes. D'abord, il y a Ilijas. Et je vais tout
8 d'abord procéder à des raccourcissements. On aura le temps lors de
9 l'audition des témoins de l'Accusation de se pencher sur les détails.
10 Vasilije Vidovic, surnommé Vaske, était un volontaire du Parti radical
11 serbe à Benkovac, en Dalmatie, en 1991. Il s'est battu en héro.
12 A la fin de la guerre, suite au plan Vance, il est revenu dans sa localité
13 natale, qui s'appelle Ilijas. Il n'a pas été envoyé là-bas par le Parti
14 radical serbe. Au début de la guerre à Ilijas, il a été formé une unité
15 dont il a été commandant. Jamais le Parti radical serbe n'a envoyé vers
16 cette unité des volontaires de Belgrade. Et pendant la guerre, j'ai
17 effectivement visité deux fois Ilijas. J'ai rendu visite à son unité. J'ai
18 une confiance tellement illimitée à en cet homme, que lorsque les Serbes
19 ont dû quitter après les accords de Dayton cette localité d'Ilijas, je l'ai
20 emmené à Belgrade et je l'ai nommé chef de mes effectifs de sécurité
21 personnelle. Pour moi, c'est quelqu'un de moral sans tache aucune.
22 Je ne crois pas qu'il ait pu commettre quelque crime que ce soit, et
23 quand bien même ce serait le cas, qu'est-ce que cela peut bien avoir à
24 faire avec moi ? Alors, on dit qu'il avait un crâne humain sur sa voiture.
25 Est-ce qu'on a déterminé si c'était un vrai crâne ou un crâne en matière
26 plastique ? Si c'était un vrai, de quand datait-il ? Alors, on prétend que
27 c'était le crâne d'un Musulman. Mais alors sur le capot il devrait y avoir
28 un casque musulman, et ça vous l'avez passé sous silence. Sur le crâne, on
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1 avait mit un casque bleu de la FORPRONU des Nations Unies, et si Vaske
2 Vidovic voulait faire peur à quelqu'un avec ce crâne, ce n'était pas les
3 Musulmans, parce qu'eux il n'y en avait pas dans son entourage. Il y avait
4 les forces des Nations Unies. Maintenant, si faire peur aux forces des
5 Nations Unies est un crime de guerre, vous pouvez inaugurer ou mettre en
6 place, créer ce crime au pénal également.
7 On affirme qu'il a commis des crimes vis-à-vis de civils ou vis-à-vis
8 de détenus. Je crois qu'il n'est point nécessaire de le commenter, mais ce
9 sont là des inventions pures et simples. Alors s'agissant des volontaires
10 du Parti radical serbe au début de la guerre sur le territoire de Sarajevo,
11 il y en a eu à Grbavica. Les volontaires là-bas sont arrivés sous le
12 commandement de Branislav Gavrilovic, Brne. Il est venu personnellement à
13 bord d'un hélicoptère de la JNA. Les forces militaires musulmanes et les
14 volontaires se sont battus pour Grbavica.
15 Il y a eu un groupe de volontaires qui s'est fait capturé à Hrasno.
16 C'est la continuation de Grbavica. Il y avait un grand péril de les voir
17 tous abattus, et Gavrilovic m'a appelé à Belgrade pour intervenir à Pale,
18 pour demander de l'aide. Je l'ai fait. Puisque vous avez des conversations
19 téléphoniques mises sur écoute, vous devez le savoir. Lorsque Grbavica a
20 été fermement mise sous l'autorité des Serbes, les volontaires sont revenus
21 à Belgrade, en Serbie. Mais Branislav Gavrilovic étant né à Sarajevo, il
22 est resté dans sa ville natale, puis il est passé à Ilidza pour faire
23 partie des rangs de la Brigade d'Ilidza dans les rangs de la VRS.
24 On dit que là-bas quatre prisonniers auraient été malmenés par lui, et il y
25 en aurait eu un de tué, un Serbe notamment qui faisait partie des rangs des
26 forces musulmanes. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable d'en discuter. Je
27 ne pense pas que ce soit le cas. Quand bien même cela serait le cas,
28 pourquoi aurais-je à me pencher dessus ? Peut-être avait-il des raisons
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1 particulières privées datant d'avant la guerre. Qui sait ? Alors, on
2 m'attribue tout cela en vrac, et maintenant il faudrait que je me penche
3 sur ce qui s'est passé. Pour ce qui me concerne, il ne s'est rien passé du
4 tout parce que lui à ce moment-là n'était pas un volontaire du Parti
5 radical serbe.
6 Slavko Aleksic au début de la guerre était membre du Parti démocratique
7 serbe, et il était responsable de ce Parti démocratique serbe à Novo
8 Sarajevo. Lorsque la guerre a éclaté, il s'est avéré être très courageux et
9 un brave. Il est vite devenu un officier de l'armée de la Republika Srpska.
10 Il a tenu le point le plus névralgique du front de Sarajevo, à savoir le
11 cimetière des Juifs. Il y avait tous les jours des combats acharnés à ce
12 niveau-là. Le Parti radical serbe est fier de son héroïsme, mais ce n'était
13 pas un volontaire que nous avons envoyé de Belgrade vers le front. C'était
14 un homme de Sarajevo. C'est en 1992 qu'il est devenu membre du Parti
15 radical serbe. Dans son unité, il n'y avait pas de volontaires du Parti
16 radical serbe que nous aurions envoyé depuis la Serbie. Il avait des
17 volontaires, mais venus des pays différents. Il y avait des Russes; il y
18 avait des Bulgares; il y avait de Roumains; des Grecs; il y avait même un
19 Japonais. J'ai même personnellement fait la connaissance de ce Japonais.
20 Tous les crimes éventuellement attribués à Slavko Aleksic ont été inventés
21 de toutes pièces, ça a été attribué à lui de façon tout à fait erronée. Je
22 n'ai pas de raison pour le moment personnellement de le défendre, parce que
23 lorsque Biljana Plavsic a trahi la Republika Srpska, lui il a suivi après
24 cela Biljana Plavsic, et j'ai interrompu tout contact avec lui. Il m'a déçu
25 sur le plan politique, mais pendant la guerre c'était un combattant sans
26 reproche.
27 Mostar. D'abord, comprenons-nous bien. En Herzégovine, il y avait deux
28 groupes de volontaires. Premier groupe 1992 à Mostar sous le commandement
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1 d'Oliver Dennis Barrett, qui est albanais de nationalité, et qui s'appelle
2 en fait Mujo Bunjaku, c'est son vrai nom. Ce n'est pas moi qui l'ai forcé à
3 changer de nom. Moi, je le respectais, je considérais que c'était un homme
4 d'honneur, mais lui personnellement pour une raison ou pour une autre a
5 décidé de choisir le nom Oliver Dennis Barrett selon un héros de "Une
6 histoire d'amour". Vous vous rappellerez peut-être ce film tourné en 1966,
7 qui a eu un très grand succès et qui s'appuyait sur ce roman d'amour. Il
8 est resté là-bas jusqu'en mai 1992. En mai 1992 il était avec moi à la
9 réunion de Podgorica, et il a été blessé gravement par la grenade qui a été
10 lancée à cet endroit ce jour-là. Il a eu des blessures importantes aux
11 jambes. Il est rentré à Belgrade. C'est Branislav Vakic qui a pris le
12 commandement en Herzégovine. Vous n'imputez pas un seul crime, ni à Oliver
13 Dennis Barrett ni à celui qui lui a succédé. Vous imputez ces crimes à des
14 gens qui n'avaient pas le moindre rapport avec le Parti radical serbe, et
15 vous dites qu'ensuite j'en suis responsable.
16 Un certain Arsen Grahovac, ça vous le citez. Vous dites qu'il faisait
17 partie du Mouvement chetnik-serbe, qu'il tenait un petit café qui
18 s'appelait Ravna Gora, et que ce café était fréquenté par des hommes du
19 Parti radical serbe. Moi, ce Arsen Grahovac, je ne l'ai jamais rencontré de
20 ma vie, mais mes collaborateurs ont fait des recherches de très fouillées
21 sur sa vie. Arsen Grahovac était membre du Parti serbe du Renouveau. A
22 Nevesinje, il était candidat aux élections municipales pour ce parti, pour
23 ce Mouvement de Renouveau serbe. Il a été tué en 1993. Nevesinje était une
24 place forte du Mouvement de Renouveau serbe. Il y avait trois fois plus de
25 députés du Mouvement de Renouveau serbe provenant de Nevesinje que de
26 députés du Parti démocratique serbe.
27 Alors, vous dites que cet homme a commis des crimes. Je ne sais pas s'il
28 les a commis. Je n'en sais rien, mais si l'on parle d'Ubarak ou Sutina
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1 comme étant un lieu où des crimes auraient été commis, le bureau du
2 Procureur m'a communiqué des documents qui émanent du tribunal cantonal de
3 Mostar ou du tribunal de district de Mostar qui montrent que ce tribunal
4 avait émis un acte d'accusation contre 30 Serbes pour des crimes commis à
5 Ubarak et à Sutina. Ces 30 personnes sont originaires de Mostar, de
6 Nevesinje ou des villages environnants, pas un seul qui viendrait de
7 Serbie. Donc, le bureau du Procureur invente un discours que j'aurais
8 prononcé à Nevesinje en 1991 ou 1992. Ça, ça n'a jamais existé. Je n'ai
9 jamais tenu le moindre meeting en cet endroit.
10 Le bureau du Procureur parle d'un certain Zdravko Kandic qui aurait
11 commandé les volontaires du Mouvement radical serbe et du Parti radical
12 serbe. Je n'ai jamais fait la connaissance d'un homme portant ce nom. C'est
13 quelqu'un qui habite là-bas. Ce n'est pas un volontaire qui vient de
14 Serbie. Vous, au bureau du Procureur, vous l'avez entendu. Hier, on a
15 essayé de me communiquer quatre CD sur lesquels on trouve les propos tenus
16 par un certain nombre de suspects durant leurs auditions, et en particulier
17 Zdravko Kandic. Le Procureur sait très bien que ce n'est pas quelqu'un qui
18 vient de Serbie. Il sait que ce n'est pas moi qui l'aie envoyé sur les
19 lieux. Alors, qu'est-ce qu'on veut que j'aie à voir avec lui ?
20 On parle aussi de Teleca Lastva, cela n'a aucun rapport avec moi. Je ne
21 sais même pas si un crime n'a été commis là-bas, mais en tout cas aucun
22 rapport avec moi, ni avec le Parti radical serbe.
23 Lipovaca, quel rapport y a-t-il avec les volontaires du Parti radical serbe
24 ? Vous parlez des volontaires du parti de Draskovic. Pourquoi ? Parce
25 qu'apparemment des petits bébés ont été assassinés, et vous, ça vous
26 arrange de penser que je suis celui qui aurait donné l'ordre criminel de
27 tuer ces petits bébés, qui aurait donné un tel ordre à mes volontaires.
28 Comment peut-on être plus vil qu'en se livrant aux tentatives qui sont
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1 celles du bureau du Procureur ? Je n'ai jamais entendu parler d'un seul des
2 crimes qui est évoqué dans l'acte d'accusation dressé contre moi. Je parle
3 de l'acte d'accusation définitif.
4 Finalement, disons quelques mots de Hrtkovci, parce que j'aurais quelques
5 petites choses à dire à ce sujet très rapidement. Il y a un seul point qui
6 est exact, c'est que durant le premier semestre de 1992, j'ai dit en public
7 en Serbie, dans le cadre de ma campagne électorale, qu'il faudrait des
8 mesures de rétorsion. Plus de 200 réfugiés serbes avaient fui le régime de
9 Tudjman pour venir en Serbie. La Serbie était dans un état terrible. Ces
10 réfugiés n'avaient pas suffisamment à manger. Ils n'avaient pas de toit sur
11 la tête. Il fallait, en tout cas c'est ce que je pensais, trouver une
12 solution rationnelle. C'est la raison pour laquelle au cours de la campagne
13 électorale du Parti radical serbe en 1992, j'ai dit ce que j'ai dit.
14 Toutefois, j'ai également prononcé une allocution à Hrtkovci le 6 mai. Vous
15 avez ce discours enregistré sur CD. Il est publié à deux reprises dans des
16 ouvrages dont je suis l'auteur, une fois il y a quelques années, et une
17 deuxième fois tout récemment dans mon nouvel ouvrage "L'apprenti du Diable,
18 le Pape Jean Paul II." Nous voyons donc quel est le programme que je
19 défendais. Il n'est pas vrai que j'ai donné lecture d'une liste de noms.
20 L'un de nos membres a donné lecture de la liste des Croates qui avaient
21 quitté Hrtkovci pour se rendre en Croatie depuis pas mal de temps, et qui
22 avaient rejoint la Garde nationale croate de Tudjman, donc voilà quels sont
23 les noms qu'on trouvait sur cette liste. En Vojvodine, il n'y a eu aucune
24 attaque contre la population civile où que ce soit. Il y a eu des incidents
25 ponctuels avant ce meeting et après ce meeting, mais la police a enquêté et
26 a fait toute la lumière sur ces incidents, et cela a été annoncé durant le
27 meeting.
28 Un assassinat avait eu lieu, mais il n'avait rien à voir avec ce dont je
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1 suis en train de parler, et vous savez que pour qu'un crime soit traité par
2 le Tribunal pénal de l'ex-Yougoslavie de La Haye, il faut qu'il ait été
3 commis dans le cadre d'un conflit armé, n'est-ce pas ? C'est la première
4 condition. Et deuxièmement, il faut qu'il y ait une attaque généralisée et
5 systématique. Or là, il n'y a pas eu d'attaque. Ça c'est un point clair,
6 alors que les incidents en question se sont déroulés dans la rue, et dans
7 d'autres lieux publics ça c'est inévitable quand on a un grand nombre de
8 réfugiés qui viennent de Croatie, des Serbes expulsés par le régime de
9 Tudjman. Mais qu'est-ce que cela a à voir avec moi ? J'ai adressé un
10 rapport de près de 400 pages qui a été élaboré par mes collaborateurs aux
11 responsables du Tribunal. Je l'ai fait pour apporter ma contribution aux
12 objections que j'élève par rapport à l'acte d'accusation. Vous pouvez
13 l'examiner et le lire de façon détaillée, vous verrez le nombre d'ouvrages
14 cités dans ces documents, mais le point le plus important, c'est que pas un
15 seul Croate n'a été déporté hors de Serbie, pas un seul Croate n'a été
16 expulsé hors de Serbie. La propriété des Croates vivant en Serbie n'a pas
17 été confisquée. Il y a eu simplement des échanges de propriété entre
18 Croates et Serbes, et l'Eglise catholique romaine a toujours agi en tant
19 que médiatrice, aucun accord n'a jamais été conclu tant que l'Eglise
20 catholique, par ses propres voies, n'avait pas vérifié ce qu'il en était de
21 la propriété que les Serbes laissaient derrière eux en Croatie, et lorsque
22 l'Eglise estimait que les Serbes avaient une propriété convenable, un
23 échange pouvait avoir lieu, et ce sont toujours les Croates qui s'en sont
24 mieux sortis que les Serbes à l'issue de ces échanges.
25 J'ai déjà dit ce que je pensais au sujet de ce que le bureau du Procureur
26 affirme quant aux enfants de couples mixtes, j'aurais dit qu'il fallait les
27 tuer, puis il y aussi un autre incident de fer à cheval qui a été cité par
28 le bureau du Procureur. Ça, c'est une comédie digne de Minimax, parce que
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1 c'était les communistes à l'époque qui avaient des préjugés anti-serbes,
2 qui présentaient les Chetniks serbes comme des assassins, des gens qui
3 coupaient la gorge de certaines personnes. C'est comme ça que les
4 communistes les montraient à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale. Dans
5 cette émission de la télévision Minimax, on me demande si les Chetniks
6 coupent toujours la gorge de certaines personnes, et j'ai répondu très
7 rapidement : "Bien sûr, mais on ne leur coupe plus la gorge avec des
8 couteaux. On leur coupe la gorge avec des chausse-pieds rouillés, donc vous
9 voyez les victimes de cela auraient attrapé le tétanos, ce qui aurait pu
10 être plus grave que de se voir couper la gorge." Voilà, c'est de l'humour
11 noir peut-être, peut-être que cela ne vous plait pas, moi-même, il y a deux
12 ans quand j'ai revu cette émission - d'ailleurs je l'ai écrit dans un des
13 ouvrages dont je suis l'auteur - j'ai dit ce que j'en pensais, mais
14 l'Accusation a trouvé un faux témoin qui déclare que c'est un propos que
15 j'aurais tenu en public à un meeting à Subotica, que j'aurais dit que :
16 "Nous allions couper la gorge des Croates, leur arracher les yeux avec un
17 chausse-pied rouillé." Quand je parle de chausse-pied, je ne parle pas de
18 Croates dans le même contexte. Jamais, évidemment.
19 Alors, Madame, Messieurs les Juges, j'ai encore quelques mots à dire dans
20 les 22 minutes qui restent. Quatre ans de détention ont constitué une
21 violation systématique des droits qui sont les miens, ce qui est tout à
22 fait évident. Cela bien sûr entache l'intérêt que l'opinion peut avoir,
23 ainsi que la crédibilité et l'intégrité morale et juridique du Tribunal
24 pénal international, même si son action était légitime et légale. Cela a
25 fini de démolir le droit de ce Tribunal de me traiter en accusé et de me
26 mettre en jugement. Il est tout à fait clair qu'il s'agit d'une procédure
27 abusive qui ne s'appuie que sur le pouvoir discrétionnaire des Juges de la
28 Chambre, et qu'il n'y aura pas jugement de l'accusé que je suis. En
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1 revanche, il y aura violation de tous mes droits en tant qu'accusé. Cela
2 fait cinq ans que j'attends ce procès, donc il est impossible de parler de
3 procès équitable après un tel temps d'attente, et toutes les tentatives qui
4 seront faites par la Chambre pour me juger ne peuvent que constituer une
5 violation de la légalité des droits et des sentiments qui sont les miens.
6 Les violations de mes droits sont très graves. Donc, il sera impossible à
7 la Chambre et au Tribunal de conserver son intégrité, sauf à exercer son
8 droit discrétionnaire de déclarer nul et non avenu l'acte d'accusation.
9 Depuis plus de cinq ans, je fais l'objet de torture systématique. Alors, en
10 quoi se composent ces désagréments, ces ennuis ? Tout au long de ma
11 détention, ce qu'on appelle un délai raisonnable a été dépassé et largement
12 dépassé. Il n'y a pas un avocat au monde qui ne confirmera pas que cela
13 fait longtemps que la notion de délai raisonnable est dépassée. A deux
14 reprises, on m'a refusé tout contact avec ma famille proche immédiate,
15 d'abord pendant sept mois, puis ensuite pendant deux mois. Aucun contact
16 téléphonique et aucun autre contact de quelque nature qu'il soit. Pendant
17 quatre ans on a tenté de m'imposer un conseil contre mon gré. D'abord cela
18 m'a causé une forte perturbation mentale et la procédure a été très
19 coûteuse. La procédure judiciaire a été entamée avec une Chambre
20 néerlandaise. J'ai dû trouver des gens qui assureraient la défense de mes
21 intérêts. La Chambre néerlandaise voulait m'imposer un conseil et pendant
22 quatre ans j'ai été empêché de communiquer avec mes collaborateurs
23 juridiques régulièrement. Au début, on a aussi refusé de me communiquer les
24 documents en serbe et sur papier. Il a fallu quatre ans pour venir à bout
25 de cette tentative de m'imposer la communication électronique. Ensuite, on
26 a limité la longueur autorisée de mes requêtes. La Chambre a d'ailleurs, en
27 agissant ainsi, outrepassé ses pouvoirs car ce n'est pas un acte juridique
28 qui peut faire l'objet d'une recommandation juridique. Donc cela n'a rien à
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1 voir avec l'application du Statut ou du Règlement de procédure et de
2 preuve.
3 S'agissant du nom de certains membres du Greffe et de leurs actions
4 délictueuses, je tiens à dire que j'ai été empêché de parler et on m'a
5 retiré le micro et la parole. Tous les comptes rendus d'audience ont été
6 expurgés, ce qui est encore une fois contraire à la loi, personne au Greffe
7 ne peut empêcher que quelqu'un soit jugé par le public. En juin 2005, on
8 m'a appris qu'une initiative avait été prise, qui était à mon encontre,
9 j'étais accusé d'avoir manqué de respect au Tribunal, et je ne sais pas
10 quel est le contenu exact de la requête parce que tout cela s'est fait
11 secrètement. Donc, je ne sais pas pourquoi le Procureur a lancé cette
12 procédure d'outrage au tribunal à mon encontre. A la fin 1995, la Chambre a
13 émis une ordonnance de saisie de documents en ma possession, documents qui
14 m'avaient été précédemment communiqués par l'Accusation. Je ne sais pas
15 encore aujourd'hui quel était le contenu de ces documents, je n'ai pas eu
16 le temps de les lire, mais tout cela s'est fait dans les conditions
17 suivantes, des gens ont fait irruption dans ma cellule, se sont saisis des
18 documents en question, et aujourd'hui on me dit que le Greffe a stocké ces
19 documents quelque part. Je ne sais pas où ils sont, je ne sais pas ce
20 qu'ils contiennent.
21 En application de l'article 68(i) du Règlement, tout document qui risque
22 être à décharge doit m'être communiqué, cela n'a pas été le cas. Ce que
23 j'ai reçu est négligeable par rapport à l'ensemble des documents que
24 l'Accusation va utiliser. J'ai été contraint pendant ces cinq ans de subir
25 des pressions systématiques et très pénibles, de la coercition, comme le
26 font tous ceux qui n'acceptent pas un plaidoyer de culpabilité avec
27 l'Accusation ou qui n'acceptent pas de témoigner contre d'autres accusés.
28 Pas mal de faux témoignages ont eu lieu. Il y a eu aussi des assassinats,
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1 un groupe d'officiers accusé de crimes à Srebrenica, le colonel d'armée
2 Dragan Jokic a été amené ici alors qu'il aurait déjà dû être jugé, il a été
3 contraint de témoigner mais n'a pas signé d'accord de plaidoyer et
4 puisqu'il a refusé de témoigner, même sous pression, la procédure d'outrage
5 a été lancée à son encontre.
6 L'intimidation, les pressions, toutes autres formes de méthodes coercitives
7 sont très courantes de la part du bureau du Procureur. Ce sont des gens qui
8 considèrent quelqu'un très rapidement comme un suspect potentiel et qui
9 sont tout à fait enclins à le mettre en accusation. Des gens viennent
10 témoigner, après avoir conclu un accord avec le bureau du Procureur,
11 viennent témoigner contre moi, mais lorsque le Tribunal de La Haye ne peut
12 plus les menacer de poursuites contre eux, ils refusent de devenir des faux
13 témoins. L'Accusation promet à d'autres personnes que s'ils témoignent
14 contre moi, leurs familles seront transférées à l'étranger, qu'elles seront
15 relogées, et cetera, et cetera. Ces gens-là acceptent, ils vendraient leur
16 âme au diable quoi, qu'il en soit, puis, ils s'affairent que le bureau du
17 Procureur du Tribunal les ont trompés, qu'ils n'obtiennent rien de ce qui
18 leur a été promis, et donc, ils refusent de témoigner.
19 En dépit des décisions de principe, Monsieur Antonetti, en tant que Juge
20 chargé de la période préalable au procès, les questions de financement de
21 ma défense ne sont toujours pas encore résolues, je vous dois le dire. Par
22 ailleurs, l'une des formes de harcèlement et d'exaction c'est cette
23 décision de la Chambre de première instance de poursuivre la procédure pour
24 outrage en raison des accusations proférées par moi à l'égard du bureau du
25 Procureur. Il est dit dans cette décision que cela aura lieu dès la fin de
26 mon procès, cela n'a aucun sens. Il faut traiter de cela de façon urgente.
27 Sur le plan administratif, un grand nombre de mes écritures m'ont été
28 retournées en raison de leurs contenus insultants. J'admets avoir dit
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1 certaines choses insultantes, j'ai donné consigne à mes collaborateurs
2 d'écrire un certain nombre de choses au sujet de Van der Spoel, que la
3 Chambre a essayé de m'imposer en qualité de conseil, mais ces documents ne
4 peuvent pas m'être restitués sur décision administrative. La Chambre doit
5 rejeter au préalable mes écritures, expliquer sa décision et la motiver. Le
6 Greffe, ici, reprend des compétences qui, en fait, sont celles de la
7 Chambre de première instance. On m'a interdit de prononcer des noms aux
8 Conférences de mise en état au prétexte que peut-être il s'agissait de
9 témoins protégés, ce qui est un non-sens absolument incroyable.
10 Il y a trop de témoins qui bénéficient de mesures de protection. C'est
11 inconcevable pour un procès équitable et régulier. Il est illégal de
12 retarder la révélation d'identité des témoins à 30 jours avant le début du
13 procès aux motifs que le premier témoin fait démarrer le procès. Le procès
14 a commencé hier. Il est tout à fait illégal de décider que l'identité d'un
15 témoin ne peut m'être révélée que 30 jours avant qu'il ne témoigne. Il y a
16 des fondements à cela dans le Règlement. L'acte d'accusation à mon encontre
17 est désormais réduit. Mais en fait, il ne l'est pas. La Slavonie
18 occidentale, Bijeljina, Brcko, et cetera, et cetera, ont été enlevés, mais
19 le bureau du Procureur n'a pas réduit le nombre de témoins et entend
20 continuer à évoquer les mêmes crimes comme base de l'acte d'accusation,
21 donc je ne sais pas si je dois me défendre contre tel ou tel aspect
22 exactement. Puis, ce procès a commencé sans que soit respectée l'une
23 quelconque des procédures préalables au procès qui normalement est
24 prescrite.
25 Depuis la déclaration liminaire de l'Accusation hier, il est tout à fait
26 clair que je suis jugé, que l'acte d'accusation dressé à mon encontre l'a
27 été en raison de l'idéologie nationaliste que je défends et que tout cela
28 se résume à mon idéologie nationaliste et aux allocutions prononcées par
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1 moi, qui diffusaient cette idéologie nationaliste dont je suis fier.
2 Avec cet acte d'accusation mensonger, le bureau du Procureur m'a aidé à
3 rendre mon idéologie encore plus subtile et à la mettre en forme de façon
4 encore plus perfectionnée depuis cinq ans. Je suis particulièrement
5 reconnaissant au bureau du Procureur de m'avoir permis de souffrir pour mon
6 idéologie. Avec ce procès, mon idéologie du nationalisme serbe ne pourra
7 plus être arrachée de l'esprit de la population serbe. Cette idéologie qui
8 est la mienne va s'étendre avec des racines de plus en plus profondes. Ma
9 vie ne m'importe plus guère. C'est mon idéologie qui est en vie et c'est
10 elle qui vivra pendant des siècles et des siècles après ma mort.
11 Mais pour que cette idéologie soit puissante et forte, il faut qu'elle
12 puisse apporter la preuve qu'elle a une architecture et que celui qui la
13 défend et prêt à souffrir pour elle. Et je suis reconnaissant au Tribunal
14 de La Haye de m'avoir donné l'occasion de souffrir pour mon idéologie.
15 J'exprime simplement quelques regrets à l'égard des auteurs du Statut du
16 TPIY qui n'ont pas envisagé l'application de la peine de mort, ce qu'a pu
17 vivre avec fierté et dignité en restant debout, mon ami Saddam Hussein,
18 j'aurais pu en agissant comme lui, apposer un sceau définitif sur mon
19 idéologie. Je serais devenu immortel. Etant privé de cette possibilité, la
20 seule chose qui me reste c'est de faire appel à vous pour que vous veillez
21 bien à prononcer une peine aussi sévère que possible, la peine la plus
22 dure, la plus sévère. Plus la peine sera sévère, plus mon idéologie sera
23 forte.
24 J'ai vécu assez longtemps, mais je veux que mon idéologie soit immortelle.
25 Je l'ai déjà rendue immortelle en lui apportant la sagesse, l'enracinement
26 profond dans la réalité historique, l'anti-mondialisation qui la
27 caractérise, en faisant de cette idéologie une forme d'opposition très
28 nette à l'homogénéisation de la planète à la mode américaine, je suis
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1 opposé à cela et je suis opposé également à l'Union européenne, quant à
2 l'OTAN, je suis l'un de ses pires ennemis. C'est la raison pour laquelle
3 d'ailleurs je suis jugé, c'est la première raison et je pense que c'est une
4 bonne idée.
5 A la fin de mon exposé, j'aimerais vous rappeler un grand ouvrage de
6 littérature, "Guerre et Paix," de Leo Tolstoy, qui rappelle les
7 circonstances dans lesquelles les soldats de Napoléon entrent dans Moscou,
8 Moscou est en feu, et ces soldats arrêtent un groupe d'hommes russes qu'ils
9 mènent à l'exécution. Parmi ces Russes arrêtés se trouvent le comte Pierre
10 Berukhov qui a les mains ligotées et qui se rend avec les mains ligotées
11 sur le lieu de son exécution. A un certain moment, il éclate de rire, un
12 rire tout à fait sincère et le comte Bezukov dit : "Ils pensaient qu'ils
13 pouvaient me ligoter. Ils pensaient qu'ils pouvaient ligoter mon âme
14 mortelle." Ce Tribunal de La Haye et le bureau du Procureur pensent qu'ils
15 peuvent me condamner, qu'ils peuvent condamner mon idéologie nationaliste,
16 et moi, je réponds par un grand rire fort : Ha, ha, ha. Vous ne pouvez rien
17 faire contre mon âme immortelle. Vous ne pouvez rien faire contre
18 l'idéologie nationaliste immortelle qui est la mienne. Il est possible que
19 je meure bientôt, mais si je le ferai, je mourrai de rire en raison du
20 caractère risible et ridicule de cet acte d'accusation, du caractère
21 risible de ce Tribunal, du caractère risible des Etats-Unis et des autres
22 puissances occidentales qui sont derrière ce Tribunal ridicule.
23 Je vous remercie de votre attention.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc, Monsieur Seslej, vous avez terminé, en
25 l'application de l'article 84 bis, votre déclaration.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne reçois pas la traduction.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Je recommence. Je viens de dire que vous avez
28 terminé votre déclaration en application de l'article 84 bis. Je vous
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1 remercie d'avoir bien voulu réduire le temps qui vous a été accordé. Bien
2 entendu, lorsqu'en cas de nécessité vous aurez besoin du temps
3 supplémentaire, nous vous le donnerons. Je ne peux terminer cette audience
4 sur la conclusion à laquelle vous êtes arrivé. Sachez que ce Tribunal ne
5 vous condamnera pas ou vous acquittera en fonction d'une idéologie, mais à
6 partir d'éléments de preuve apportés par le Procureur qui, au-delà du doute
7 raisonnable, devront être donc confortés. Et votre responsabilité, le cas
8 échéant, sera déterminée uniquement en fonction des éléments de preuve à
9 l'issue d'un procès où vous-même apporterez vos propres éléments comme vous
10 l'avez fait, d'ailleurs sur certains points relatés dans le mémoire
11 préalable. Sachez, en ce qui me concerne - et je pense pouvoir le dire au
12 nom de mes collègues - vous avez en face de vous trois Juges qui sont
13 totalement indépendants et qui ne jugeront qu'en fonction d'un dossier.
14 Voilà ce que je tenais à vous dire. Ce qui s'est passé avant le début de ce
15 procès est une chose; ce procès sera autre chose.
16 Nous nous retrouverons, comme vous le savez, le 11 décembre, puisque le 11
17 décembre un témoin est donc prévu sur trois jours; le témoin Oberschall.
18 Nous sommes en train de réfléchir sur l'heure exacte du commencement de
19 l'audience. De mémoire, je pense que c'est le matin; ce sera mardi,
20 mercredi et jeudi matin, mais le cas échéant, pour des raisons liées au
21 fait que les trois juges qui sont devant vous ont parallèlement un autre
22 procès, il se peut qu'à se moment-là, afin de leur permettre de faire une
23 jonction entre les deux procès, il leur faudrait au moins une heure de
24 répit entre les deux affaires, et qu'à ce moment-là on soit amené à
25 commencer l'audience à 8 heures 30. Mais cela nous vous le dirons parce
26 qu'il faut qu'on délibère dessus.
27 Madame Dahl, oui, je vous donne la parole.
28 Mme DAHL : [interprétation] Oui, nous avons indiqué que nous aurions un
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1 témoin portant sur les faits incriminés pour le troisième jour dans le cas
2 où la déposition de M. Oberschall se fera sur deux jours. Je pense que,
3 comme nous allons avancer dans le procès, nous allons pouvoir voir quelle
4 sera notre vitesse de croisière et voir combien de temps tout ceci nous
5 prendra. Je suis, en tout cas, assez parcimonieuse quand il est du temps
6 que j'utilise dans le prétoire et je fais attention de prévoir quelqu'un
7 d'autre dans le cas où cela irait plus vite.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme il me reste une minute avant 13 heures 30, je
9 tiens à vous rappeler, Madame Dahl, que je demande -- ce n'est pas un
10 souhait, c'est une exigence, que lorsque le premier témoin viendra, vous
11 mettiez à la disposition de la Chambre un dossier avec les documents, de
12 telle façon qu'également M. Seselj ait aussi ce propre dossier, parce que
13 le système e-court étant trop compliqué pour quelqu'un qui se défend tout
14 seul, il ne pourra pas regarder en même temps et manipuler l'écran pour
15 rechercher les documents. Donc il faudrait et il faudra qu'il y a, dans ce
16 dossier, tous les documents. Et puis moi, personnellement, je travaille
17 également sur des documents écrits.
18 Voilà, il est 13 heures 30. Je vous remercie et je vous dis au 11 décembre.
19 --- L'audience est levée à 13 heures 29 et reprendra le mardi 11 décembre
20 2007.
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