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1 (Jeudi 11 avril 2002.)
2 (L'audience est ouverte à 9 heures 30 - Audience publique.)
3 (Questions relatives à la procédure.)
4 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice?
5 M. Nice (interprétation): John Drewienkiewicz est un témoin qui va
6 permettre le versement au dossier d'un grand nombre de pièces à
7 conviction, notamment celles fournies dans ce que nous avons appelé "les
8 classeurs". Les classeurs ne sont pas encore totalement prêts, mais ils le
9 seront très bientôt.
10 Le résumé de la déclaration de ce témoin me préoccupe un petit peu; nous
11 en avons discuté avec le Juriste hors classe avant Pâques, date à laquelle
12 normalement ce témoin aurait dû être entendu. Ce dernier a fait une
13 déclaration très longue, détaillée, que les Juges ont sans doute entre les
14 mains et l'accusé également. Et je suppose que l'accusé a préparé sa
15 défense sur la base de cette déclaration.
16 La déclaration a ensuite été revue, et certains passages ont été un petit
17 peu modifiés: certains ajoutés, d'autres expurgés. Je pense qu'il serait
18 préférable de travailler sur la base de ce que connaît l'accusé, mais il y
19 a certains passages ajoutés. Je suis en train de dire que nous allons
20 travailler sur la base d'un document très complet, très étudié, en phase
21 d'achèvement d'élaboration. Pour l'instant, nous n'avons ni pagination ni
22 numéro de paragraphe.
23 Je peux commencer en l'absence de ce document, car pour commencer nous
24 pouvons parler d'un certain nombre d'éléments contextuels qui seront
25 aisément traités même sans disposer du document.
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1 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous aimerions donc que le
2 témoin pénètre dans le prétoire.
3 M. Nice (interprétation): Son nom est extrêmement difficile à prononcer et
4 à écrire. Il me dit d'ailleurs que même en Pologne dont il est originaire,
5 les gens trouvent que son nom est difficile à épeler et, en général, on
6 l'appelle "le général DZ", à savoir la première et la dernière lettre de
7 son patronyme.
8 M. Robinson (interprétation): Pouvons-nous nous servir de ce diminutif?
9 M. Nice (interprétation): Je pense qu'oui.
10 (Le témoin, M. Karol John Drewienkiewicz, est introduit dans le
11 prétoire.)
12 M. le Président (interprétation): Je demande au Témoin de prononcer la
13 déclaration solennelle.
14 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai
15 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
16 M. le Président (interprétation): Vous pouvez-vous asseoir, Monsieur.
17 (Interrogatoire principal du témoin, M. Karol John Drewienkiewicz, par M.
18 Nice.)
19 M. Nice (interprétation): Votre nom est-il Karol John Drewienkiewicz?
20 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui.
21 Question: Et on vous appelle parfois "DZ" étant donné la longueur et la
22 complexité de votre nom?
23 Réponse: C'est exact.
24 Question: Avez-vous la moindre objection à ce que l'on s'adresse à vous
25 dans ce prétoire grâce à ce diminutif, compte tenu de la difficulté de la
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1 prononciation de votre nom?
2 Réponse: Pas du tout.
3 Question: Général, nous allons parler anglais et cela pose une petite
4 difficulté. En effet, nos conversations, entretiens sont interprétés, donc
5 il est nécessaire de faire attention de ne pas parler trop vite, notamment
6 à ne pas faire succéder les questions et les réponses trop rapidement. Il
7 y a un moyen pour résoudre cette petite difficulté, c'est de passer sur le
8 canal 5, canal français, de laisser une paire d'écouteurs sur la table à
9 volume réduit, cela vous permettra d'entendre à quel moment
10 l'interprétation est terminée, et donc à quel moment vous pouvez répondre
11 à mes questions. Mais bien sûr, tout cela en évitant les interférences.
12 Les documents que ce Témoin va présenter sont en train d'arriver. En voici
13 quelques-uns dont je demande à M. l'huissier de les distribuer dans le
14 prétoire, et nous disposerons des classeurs dans cinq minutes environ.
15 (L'huissier s'exécute.)
16 Général, s'agissant des éléments contextuels, nous allons en traiter assez
17 rapidement.
18 Vous avez été militaire de carrière, d'abord dans le génie et, en fin de
19 carrière, vous avez obtenu le grade de général de brigade, comme nous le
20 savons déjà, n'est-ce pas? Est-ce exact?
21 Réponse: C'est exact.
22 Question: Paragraphe 2, en 1989, étiez-vous secrétaire du Comité exécutif
23 de l'état-major du Royaume-Uni? Après quoi, vous avez été nommé en 1995
24 directeur chargé de l'appui au quartier général de l'OTAN. En 1996, vous
25 avez commencé à travailler en rapport avec l'ex-Yougoslavie, c'est-à-dire
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1 au quartier général de l'IFOR à Sarajevo. Est-ce exact?
2 Réponse: C'est exact.
3 Question: En 1999, vous êtes devenu commandant de la SFOR à Zagreb et vous
4 êtes retourné à Heidelberg en août 1997, pour retourner à Sarajevo en
5 janvier 1998, en tant que conseiller militaire aux Hauts représentants
6 civils et vous avez occupé ce poste pendant six ou sept mois. Est-ce
7 exact?
8 Réponse: C'est exact.
9 Question: Puis, vous avez travaillé à l'école de l'état-major pendant un
10 certain temps?
11 Réponse: Non, non. Là, nous ne suivons pas la chronologie.
12 Question: Excusez-moi. En effet, vous deviez être nommé au poste
13 d'instructeur à l'école de l'état-major et cette nomination a été retardée
14 parce que vous avez été détaché auprès de l'Organisation pour la Sécurité
15 à la Coopération Européenne, à savoir l'OSCE, n'est-ce pas?
16 Réponse: C'est exact.
17 Question: Paragraphe 6: vous avez pris votre retraite de l'armée. En ce
18 moment, vous occupez toujours un poste à l'OSCE, à Sarajevo, en Bosnie,
19 n'est-ce pas?
20 Réponse: C'est exact.
21 Question: Nous parlerons également de votre travail au Kosovo.
22 Réponse: Oui.
23 Question: Vous avez commencé à travailler pour l'OSCE à Vienne, en octobre
24 1998. A ce moment-là, un accord avait été conclu entre Holbrooke et M.
25 Milosevic, si j'ai bien compris, n'est-ce pas?
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1 Réponse: J'ai cru comprendre qu'un accord avait été conclu, en effet, mais
2 l'accord avait été signé par Bronislaw Geremek, le responsable de l'OSCE,
3 et M. le ministère Jovanovic, ministre des Affaires étrangères de
4 Yougoslavie.
5 Réponse: A ce moment-là, au moment où vous avez commencé à travailler pour
6 l'OSCE, quelles étaient vos fonctions précises?
7 Réponse: Au départ, j'ai été détaché par le ministère des Affaires
8 étrangères britannique auprès de la délégation britannique travaillant à
9 l'OSCE et j'avais pour tâche d'aider le personnel permanent de l'OSCE à
10 planifier l'opération dont était chargée la Mission de vérification au
11 Kosovo. Donc, au départ, j'étais responsable de la planification.
12 M. Nice (interprétation): Les classeurs viennent d'arriver; ils peuvent
13 donnent être distribués.
14 (Intervention de l'huissier.)
15 M. le Président (interprétation): Les interprètes demandent un exemplaire
16 du résumé sur lequel vous vous fondez en ce moment.
17 M. Nice (interprétation): Il n'est pas encore arrivé. J'aimerais que soit
18 remis au Témoin l'exemplaire qui est en la possession du Greffe. Je crois
19 comprendre qu'en ce moment, les interprètes sont en train également de
20 recevoir un exemplaire de ce résumé.
21 Mme Ameerali (interprétation): Le classeur se verra affecté la cote P94.
22 M. Nice (interprétation): Premier intercalaire du classeur 94, je vous
23 prie; j'aimerais que ce document soit placé sur le rétroprojecteur.
24 Monsieur le Président, je vois que, si je ne m'abuse, ce que le général a
25 sous les yeux actuellement est un exemplaire du résumé. C'est bien cela,
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1 Général?
2 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui.
3 M. Nice (interprétation): Je crois savoir que ce n'est pas la pratique en
4 général en vigueur dans ce Tribunal. Quel est le point de vue de cette
5 Chambre? Les Juges pensent-ils que le général peut garder ce document sous
6 les yeux?
7 M. le Président (interprétation): Maître Kay, étant donné la longueur du
8 document, qu'en pensez-vous?
9 M. Kay (interprétation): S'il s'agit de notes réalisées par lui, c'est
10 tout à fait acceptable, mais s'il s'agit de notes prises par des tiers, il
11 faudrait lui retirer ce document.
12 M. Nice (interprétation): Le Témoin va devoir traiter de très, très
13 nombreuses questions.
14 M. Kay (interprétation): Oui, mais...
15 M. le Président (interprétation): S'il s'agit d'une déclaration à laquelle
16 il a donné son agrément et compte tenu du fait qu'il comporte 84 pages et
17 299 paragraphes, il semble très difficile d'interroger ce témoin au sujet
18 de ce document sans lui permettre de l'avoir sous les yeux. Quant aux
19 règles anciennes, elles s'appliquaient à des témoins qui traitaient d'un
20 nombre très réduit d'éléments de preuve. Ici, il s'agit d'un témoin qui va
21 devoir traiter de très nombreuses questions.
22 M. Kay (interprétation): Peut-être serait-il plus facile de demander au
23 Témoin s'il s'agit de notes prises par lui? Cela permettrait d'éliminer
24 toute ambiguïté.
25 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice?
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1 M. Nice (interprétation): Je vais poser la question au Témoin.
2 Monsieur le Témoin, est-ce la déclaration que vous avez faite à l'origine?
3 M. Drewienkiewicz (interprétation): Ce document est une copie d'un rapport
4 qui est le rapport du gouvernement serbe.
5 M. Nice (interprétation): Non, non, je ne parle pas de ce document, je
6 parle du document que vous avez sous les yeux, que vous examinez en ce
7 moment, de votre résumé. Vous l'avez bien sous les yeux?
8 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, oui.
9 Question: Ce document est-il votre déclaration et comment a-t-il été
10 élaboré?
11 Réponse: En juin de l'an 2000, je suis venu ici, j'avais sur moi toutes
12 les notes que j'avais prises à l'époque des faits. Je les ai passées en
13 revue; avec l'aide de ces notes, j'ai décrit ce que j'avais vu et les
14 circonstances dans lesquelles les événements se sont déroulés. Et une
15 déclaration, qui est en fait la synthèse d'un processus qui a duré six
16 jours, a été établie suite à cela; synthèse que j'ai lue, ligne par ligne
17 et à laquelle j'ai donné mon plein accord en tant que représentatif de ce
18 qui s'était passé pendant six jours d'entretien ici. Entretien que j'ai
19 donc mené avec l'aide des notes que j'avais prises à l'époque dans un
20 certain nombre de carnets.
21 Question: Avant Pâques... Ah non, je refais la même erreur. En tout cas,
22 êtes-vous venu témoigner ici avant Pâques?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Je vous demanderai de relire cette déclaration et pouvez-vous
25 nous dire si des éléments y ont été ajoutés par vous, des éléments
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1 préparés par vous, élaborés par vous, qui figurent donc actuellement en
2 italiques dans la version définitive du texte?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Je pense que c'est tout ce dont nous avons besoin.
5 Réponse: D'autres documents ont été mis à ma disposition avant Pâques.
6 M. Nice (interprétation): Dont certains d'entre eux étaient des relations
7 de réunions auxquelles j'avais participé et des documents que je n'avais
8 pas vus avant. J'ai donc passé ces documents en revue, je les ai
9 identifiés quand c'était nécessaire, j'ai fait les commentaires qui
10 s'imposaient. Tout cela s'est passé avant Pâques.
11 M. le Président (interprétation): Maître Kay, y a-t-il quelque chose que
12 vous vouliez ajouter?
13 M. Kay (interprétation): Non, tant que le document est reconnu par toutes
14 les personnes dans le prétoire.
15 M. le Président (interprétation): Mais ce n'est pas la déposition du
16 Témoin.
17 M. Kay (interprétation): En effet.
18 M. le Président (interprétation): C'est un aide-mémoire dont le Témoin se
19 servira pour témoigner.
20 M. Kay (interprétation): Cela l'aidera pour donner les paragraphes
21 auxquels il fait référence.
22 M. le Président (interprétation): Et également à traiter d'un certain
23 nombre de questions lorsqu'elles seront abordées.
24 M. Kay (interprétation): Oui.
25 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, la question est de
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1 savoir si le Témoin peut être autorisé à faire référence à la déclaration
2 qu'il a sous les yeux. Vous l'avez entendu décrire cette déclaration, il
3 l'a lue ligne par ligne. Normalement, comme vous le savez, les témoins ne
4 sont pas autorisés à utiliser ce genre de résumé, à les avoir devant eux
5 pendant qu'ils témoignent oralement mais, compte tenu du détail et de
6 l'importance du volume de ce document, il peut être bon pour le Témoin de
7 l'avoir sous les yeux pour se rafraîchir la mémoire.
8 Souhaitez-vous faire une remarque?
9 M. Milosevic (interprétation): C'est votre affaire. Je vois que nous
10 venons de recevoir plusieurs kilogrammes de documents.
11 M. le Président (interprétation): Très bien.
12 M. Nice (interprétation): Le Témoin a un document sous les yeux qui ne
13 comporte pas une numérotation des paragraphes. Je demande donc qu'on
14 remplace ce document par celui que je vais lui remettre et dont les
15 paragraphes sont numérotés.
16 Général, nous reprenons donc notre entretien au paragraphe 8. Dans le
17 classeur, il s'agit de l'intercalaire 1, de la pièce à conviction 94,
18 référence du Bureau du Procureur 2790. C'est une déclaration du
19 gouvernement serbe qui date du 13 octobre, qui relate la situation
20 générale au Kosovo au cours d'une séance du gouvernement qui était
21 présidée par M. Milutinovic et qui reprend les propos tenus entre le
22 Président Milosevic et l'ambassadeur Holbrooke. Nous n'avons que peu de
23 temps pour traiter de cette question. Nous reprenons également les
24 paragraphes 9 et 10, je vous demande quels sont vos commentaires sur la
25 question.
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1 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je n'ai vu ce document qu'avant Pâques
2 de cette année, je ne connaissais pas le document à l'époque. Il ne m'a
3 pas été présenté alors que j'étais au Kosovo.
4 Je fais remarquer qu'il est question de l'établissement d'une police
5 communale municipale représentative de la population locale. Si ceci avait
6 été fait, je pense qu'un grand nombre de problèmes constatés aurait pu ne
7 pas se poser.
8 Selon l'expérience qui est la mienne, je peux dire que ceci n'a jamais été
9 fait, je crois qu'il n'a jamais été déclaré que ce serait fait d'ailleurs.
10 Des entretiens que l'on peut placer un peu sur le même plan et qui avaient
11 pour but de faire intervenir des experts en médecine légale pour traiter
12 des problèmes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ne
13 permettent pas de décrire l'expérience qui a été la mienne et celle d'un
14 certain nombre de personnes lorsque nous avons découvert les meurtres, la
15 tuerie de Racak. A l'époque, l'équipe de médecine légale n'a pas été
16 autorisée à terminer son travail et n'a pas eu accès au site, c'est ce que
17 l'on voit au paragraphe 10.
18 Question: Quant aux dates, qu'en pensez-vous?
19 Réponse: Les dates qui figurent dans ce document, le calendrier en
20 question n'a pas été communiqué à l'OSCE à Vienne, à l'époque, pour autant
21 que je le sache.
22 Question: Intercalaire 2, à présent. Référence du Bureau du Procureur:
23 1404. Il s'agit de l'accord du 16 octobre qui, je crois, est l'un des
24 trois documents de travail constituant l'intégralité de cet accord.
25 Aux chapitres 1 et 4, vous avez des commentaires sur deux paragraphes.
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1 Chapitre 1, paragraphe 9, d'abord, si vous le voulez bien.
2 Réponse: Oui, dans ce document, il est question de coopération. Je me
3 réfère beaucoup, je me suis beaucoup référé à ce document pendant mon
4 travail au Kosovo puisqu'il correspond au mandat de la mission de
5 vérification. Le niveau de vérification obtenu est décrit comme étant
6 total; or, cela n'a pas été le cas. Notamment, lorsque nous souhaitions
7 que les vérificateurs, les observateurs fournis par les Etats participants
8 arrivent, le problème des visas se posait toujours et permettait de la
9 part de Belgrade de freiner ou retarder leur arrivée. Et lorsque j'ai
10 passé en revue les installations médicales, j'ai recommandé à l'OSCE de se
11 fournir un hélicoptère d'évacuation provenant de Suisse. La mission, à ce
12 moment-là, demandait à pouvoir accéder à l'espace aérien de façon à
13 pouvoir atterrir sur l'aéroport de Pristina au Kosovo; cette autorisation
14 a été refusée, de sorte que nous n'avons jamais été en mesure d'utiliser
15 cet hélicoptère médical, dont nous pensions avoir besoin. Ceci se trouve
16 au chapitre 4, paragraphe 6 de l'accord.
17 J'étais présent à un moment où le ministre adjoint Sainovic s'est vu
18 soumettre cette requête et, à la demande qui lui a été présentée, il a
19 répondu non de la façon la plus claire qui soit.
20 Question: Intercalaire 3. Référence du Bureau du Procureur: 1426.
21 Ce document est un accord pour demander que des mesures soient prises afin
22 de contraindre la Yougoslavie à respecter la Résolution 1199 des Nations
23 Unies.
24 Paragraphe 1: sur la réduction du nombre de policiers, vous avez un
25 commentaire?
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1 Réponse: Oui. Ce paragraphe déclare que le nombre de policiers sera réduit
2 au Kosovo à partir de février 1998.
3 Au paragraphe 5, il est déclaré que l'armée yougoslave retournera dans ses
4 casernes, à l'exception d'un groupe dont la taille correspondait à trois
5 compagnies; ce qui, à mon avis, signifiait que 400 hommes, à peu près,
6 c'est-à-dire le nombre d'hommes correspondant à trois compagnies, allaient
7 être chargés de la protection des lignes de communication dans des lieux
8 précis.
9 Ensuite, au paragraphe 8, il est stipulé que l'armée yougoslave et les
10 dirigeants du MUP, de la police, autrement dit les commandants de l'armée
11 et de la police, allaient faire des rapports hebdomadaires au sujet de
12 l'armement, de leurs actions, de leurs effectifs, et rendre compte
13 immédiatement à l'OSCE et à la KDOM de tout déploiement qui sortirait du
14 cadre de ces dispositions.
15 Sur la base de ces trois déclarations, nous avons sans cesse demandé des
16 déclarations complémentaires d'abord, au sujet des déploiements de l'armée
17 et de la police. Je peux vous dire que nous n'avons jamais réellement
18 obtenu de déclaration valable stipulant quel était l'état réel de
19 déploiement de l'armée et de la police.
20 Question: Nous allons traiter de l'historique de la KDOM dans quelques
21 instants, mais passons d'abord à un autre document: l'intercalaire 4,
22 référence du Bureau du Procureur 1428.
23 Est-ce un document de la mission d'observation de la mission de l'OSCE?
24 Réponse: Oui.
25 Question: La base donc d'un nouvel accord qui allait être signé le 25
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1 octobre et qui limitait le nombre de policiers aux barrages routiers et
2 postes d'observation. Nous avons donc ce document; pouvez-vous nous dire
3 ce qu'il signifie?
4 Réponse: Ce document, encore une fois, a été évoqué de très nombreuses
5 fois. Il n'était pas très clair à l'époque et je n'ai jamais très bien
6 compris s'il s'agissait d'un accord en bonne et due forme, ou d'un
7 document secondaire à un accord, ne faisant que rendre compte de la
8 situation en vigueur en octobre 1998. Mais nous l'avons utilisé pour
9 apprécier le nombre d'hommes, le niveau d'occupation aux barrages
10 routiers, ainsi que dans d'autres lieux qui, à l'époque, nous semblaient
11 être tenus par un nombre trop important d'hommes. Donc la réduction des
12 effectifs n'a pas eu lieu réellement.
13 Question: Maintenant, nous allons parler du document qui porte la date du
14 25 octobre et qui nous fait avancer un peu dans le temps, s'agissant des
15 événements.
16 Le paragraphe 14, d'abord, en quelques mots. Vous avez participé à une
17 mission d'enquête, le 17 octobre, n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Vous avez participé à une rencontre -c'est stipulé au paragraphe
20 15- qui s'est tenue à Belgrade, et, le 16, vous nous dites que vous avez
21 participé à une rencontre où quelqu'un s'est présenté à vous en tant que
22 ministre des Affaires étrangères et responsable de la liaison avec l'OSCE.
23 Il s'agissait de Mme Ratkovic, n'est-ce pas?
24 Réponse: C'est exact.
25 Question: Avez-vous entendu des requêtes lors de cette réunion? Vous a-t-
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1 on dit que vous étiez… ou plutôt vous êtes-vous vu soumettre des requêtes
2 que vous ne souhaitiez pas satisfaire?
3 Réponse: Oui. L'objet de notre voyage à Belgrade et à Pristina consistait
4 à vérifier les conditions et de voir si celles-ci correspondaient au plan
5 établi par la mission de vérification; donc c'était un petit peu une
6 mission d'enquête. On ne nous a pas donné le pouvoir de négocier
7 précisément sur un accord particulier. Je crois que la réunion, à laquelle
8 j'ai assisté à Belgrade, avait pour but de discuter en fait les détails de
9 l'accord en question, dont je viens de dire que je n'étais pas mandaté
10 pour le faire. Pas plus que M. Sandrock qui m'accompagnait.
11 Donc, cela se passait moins de 48 heures après mon arrivée à Vienne; je
12 n'étais pas en mesure de négocier sérieusement un accord d'une telle
13 importance et nous avons posé des questions plutôt que discuter du détail
14 de l'accord.
15 Question: Paragraphe 17: vous faites un certain nombre de demandes pour la
16 liberté de circulation?
17 Réponse: Oui, nous avions en fait un certain nombre d'éléments que nous
18 souhaitions soumettre à nos interlocuteurs pour que la mission puisse
19 travailler plus rapidement. Nous demandions des logements, nous demandions
20 toute une série de cartes géographiques. Nous demandions que soit localisé
21 l'emplacement des mines à notre intention.
22 Nous demandions une accélération de l'obtention des visas pour le moment
23 où nous discutions et pour l'avenir. Nous souhaitions donc conclure un
24 accord sur la liberté de circulation de nos représentants et nous
25 souhaitions nous assurer que la police et l'armée du Kosovo sachent que
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1 nous arrivions, parce que nous étions censés faire le voyage de Belgrade à
2 Pristina le lendemain matin et, bien sûr, nous souhaitions éviter toute
3 difficulté liée éventuellement à la possession par nous des documents
4 exigés.
5 Question: En quelques phrases -paragraphes 17 et 18-, je voudrais savoir
6 si la situation en ce qui concerne les visas était satisfaisante ou non?
7 Réponse: Eh bien, nous avons trouvé un accord satisfaisant, c'est-à-dire
8 dans la mesure où les gens qui étaient sur le terrain savaient qui nous
9 étions, savaient que nous arrivions, mais, en ce qui concerne les visas,
10 nous avons continué à connaître des difficultés. Le processus était
11 toujours lent et jamais nous n'avons obtenu le moyen rapide d'obtenir des
12 visas à entrées multiples pour notre personnel. Ceci retardait parfois, et
13 souvent même, l'arrivée de personnes importantes de deux semaines.
14 Question: Passons au paragraphe 19. Une seule chose au sujet de ce
15 paragraphe: à votre arrivée et suite aux discussions, notamment avec
16 l'attaché militaire du Royaume Uni, M. John Crossland, quelle a été votre
17 évaluation du nombre de chaînes de commandement dont vous pouviez voir le
18 fonctionnement sur le terrain?
19 Réponse: A l'époque, en octobre 1998, John Crossland m'a dit que, vu sa
20 présence sur le terrain depuis plus d'un an, il m'a dit que, pour lui, il
21 existait deux chaînes de commandement différentes. Il y en avait une qui
22 s'appliquait à l'armée et l'autre à la police.
23 Question: Résumons les paragraphes 20 à 22, ou 23: vous êtes allé de
24 Serbie à Pristina en véhicule motorisé. Vous avez constaté que l'attitude
25 de la population locale était négative et parfois même menaçante?
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1 Réponse: C'est exact. Et la situation était particulièrement problématique
2 dans les villes, sur le chemin, au fur et à mesure que nous nous
3 rapprochions du Kosovo. Les habitants de cet endroit étaient hostiles et
4 faisaient des gestes vers nous au moment où nous étions arrêtés aux feux
5 rouges.
6 Question: Et quelle était la couleur de votre véhicule qui permettait de
7 l'identifier?
8 Réponse: A ce moment-là, il était blanc.
9 Question: Et ultérieurement?
10 Réponse: Eh bien, ultérieurement, nous avons eu des problèmes
11 d'identification et il s'est produit que les véhicules blancs ont essuyé
12 des tirs en revenant d'un endroit où il y avait eu des échanges de tirs
13 entre le MUP et l'armée de libération du Kosovo, parce que le MUP avait
14 des véhicules bleus, verts et blancs. J'ai donc recommandé que nous
15 repeignions nos véhicules blancs en orange, couleur beaucoup plus
16 reconnaissable et distinctive. Donc nous avons décidé de circuler en
17 orange.
18 Question: A Pristina -paragraphes 23 à 24-, je voudrais savoir si vous
19 avez rencontré le dirigeant de ce que l'on appelait "le Conseil exécutif
20 temporaire, Zoran Andjelkovic?
21 Réponse: Effectivement.
22 Question: Pouvez-vous nous faire part de votre opinion qui s'est forgée
23 rapidement quant à sa véritable autorité et au véritable pouvoir qu'il
24 détenait?
25 Réponse: Il s'est présenté en disant qu'il était le chef du Gouvernement
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1 temporaire et du Conseil exécutif, mais nous n'avons jamais été en mesure
2 d'obtenir aucune action concrète de sa part. Il ne semblait disposer en
3 réalité d'aucun pouvoir exécutif et jamais, en tout cas, il n'a fait quoi
4 que ce soit qui ait eu un résultat quelconque. Nous avons eu l'impression
5 que c'était une figure de proue, un symbole tout simplement.
6 D'autre part, nous avons appris qu'il avait été convoqué à Belgrade,
7 rappelé à Belgrade ultérieurement, en octobre, mais nous n'avons jamais
8 appris pourquoi. Mais, en tout cas, son comportement et sa capacité
9 d'obtenir des résultats ne se sont nullement améliorés suite à cet
10 événement.
11 Question: Paragraphe 25: avec des personnes telles que M. l'ambassadeur
12 Walker, il devait participer à ce qu'on avait appelé "la mission chargée
13 de la coopération", une instance qui existait mais qui, à votre avis,
14 s'est révélée de peu d'utilité?
15 Réponse: Oui, c'est exact.
16 Question: Donc cette organisation n'a pas eu beaucoup d'impact?
17 Réponse: Non, il n'en est rien sorti, aucune action concrète. Les réunions
18 se sont faites de plus en plus rares puisque cela ne menait absolument à
19 rien. La commission a été réunie une dernière fois au début mars 1999,
20 après un incident à la frontière au cours duquel il y a eu une violation
21 grave de la Convention de Vienne à l'encontre de nos hommes, de notre
22 personnel et de leurs véhicules. Une réunion a été, à ce moment-là,
23 organisée dans le cadre de cet organe; une réunion qui a ressemblé à
24 toutes les autres réunions de cette organisation, elle a réuni beaucoup de
25 monde, elle a duré très longtemps mais n'a mené à rien.
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1 Question: Intercalaire n°5, très rapidement: à Pristina, est-ce qu'il y
2 avait quatre bâtiments principaux détenteurs de l'autorité? Est-ce qu'il y
3 avait le bâtiment de l'administration civile, le quartier général de la
4 police auquel vous avez eu accès, le quartier général de l'armée et le
5 principal quartier général de la police où les membres de l'OSCE n'ont
6 jamais pu se rendre?
7 Réponse: Oui, c'est exact. Je suis désolé, ce croquis est un peu grossier;
8 j'aurais fait mieux si je savais à quoi il allait servir.
9 Question: Peu importe. C'est un croquis sur lequel nous reviendrons si
10 cela s'avère nécessaire. Revenons à votre déclaration. Inutile de parler
11 de la liste des représentants, cela pourra être fait si certains le
12 souhaitent.
13 Paragraphe 29, maintenant: le 29 octobre 1998, vous êtes allé en voiture
14 de Pristina à Pec?
15 Réponse: C'est exact.
16 Question: Qu'avez-vous remarqué en ce qui concerne la présence de la
17 police?
18 Réponse: Eh bien, il y avait beaucoup de policiers sur le terrain, le long
19 des routes, de la route que nous avons empruntée. Mais là où il y avait
20 des points de contrôle, on nous a fait passer d'un simple geste sans que
21 nous ayons à nous arrêter. Cependant, il y avait plus de policiers que je
22 ne l'aurais pensé.
23 Question: Les uniformes et ce qui figurait sur les uniformes, pouvez-vous
24 nous en parler?
25 Réponse: Eh bien, tous les policiers avaient des uniformes bleus, ce à
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1 quoi je m'attendais. Le mot de "policije", figurait en blanc sur les
2 uniformes, parfois dans le dos, parfois sur le devant de l'uniforme. Ceci
3 semblait correspondre au fait que plus nous allions vers l'Est, vers Pec,
4 plus les policiers étaient armés.
5 Et à cet endroit, on voyait plus de gens, de policiers qui portaient la
6 mention "Milicija" sur leurs uniformes. L'essentiel des uniformes étaient
7 bleus.
8 Question: Pendant ce trajet qui a duré, je crois, environ 5 heures,
9 qu'avez-vous pu constater dans les champs? Est-ce qu'il y avait des gens
10 qui travaillaient dans les champs?
11 Réponse: Ce qui était remarquable dans ce trajet, c'est qu'il n'y avait
12 strictement personne dans les champs. On était en octobre, je me serais
13 attendu à voir des personnes travailler dans les champs. Surtout que la
14 région que j'ai traversée est une région essentiellement agricole. A un
15 seul endroit, j'ai vu ou rencontré un Albanais à l'extérieur de sa maison.
16 Il était au volant d'un tracteur dans un village. Il était assez pressé et
17 souhaitait continuer son chemin. Il n'était donc pas très enclin à
18 s'arrêter pour me parler.
19 Question: Paragraphe 31: est-ce qu'il vous a indiqué le chemin vers la
20 maison, la maison familiale d'une famille?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Je crois que cela se trouve à l'Est de Decani?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Donc au sud de Pec?
25 Réponse: Je suis allé jusqu'à Pec. Ensuite, j'ai pris la direction du Sud,
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1 en empruntant la route qui relie Pec à Prizren et à Decani, où il y avait
2 eu de nombreux exemples de destructions. J'ai tourné à l'est, je suis allé
3 à l'est du village, et là j'ai rencontré une famille qui était prête à
4 m'ouvrir sa porte et à me montrer leurs conditions de vie.
5 Question: Pouvez-vous nous faire part de vos observations?
6 Réponse: Dans tout le village de Decani, tous les portails des cours, des
7 maisons, avaient été fermés, ils étaient fermés à double tour. Là où ils
8 étaient ouverts, c'est parce qu'ils avaient été détruits, ils avaient été
9 ouverts par la force.
10 La famille que j'ai rencontrée, qui a accepté de m'ouvrir sa porte et de
11 me faire entrer dans sa cour, cette famille vivait dans une seule pièce de
12 sa maison au rez-de-chaussée, parce que le toit de la maison avait été
13 brûlé, il n'y avait plus de fenêtre à cet endroit-là. Eux vivaient dans
14 une seule pièce. Les vitres de la pièce étaient remplacées par les
15 feuilles de plastique. J'ai pu m'entretenir avec eux parce que l'un des
16 membres de cette famille parlait allemand, et moi, je parlais allemand.
17 Question: Pendant ce même trajet, toujours sur la route Pristina-Pec,
18 quelles observations avez-vous pu faire en ce qui concerne les dégâts que
19 vous avez rencontrés, toujours sur la base de votre expérience militaire?
20 Réponse: Pendant tout le trajet, j'ai pu constater que chaque fois qu'il
21 était possible qu'une position pouvait servir à s'y placer pour couvrir la
22 route, eh bien, la position en question avait été détruite. Et les murs
23 qui se situaient entre le village et la route avaient été détruits
24 généralement; tous les murs parallèles à la route avaient généralement été
25 détruits parce que cela aurait pu assurer une couverture. C'est quelque
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1 chose que l'on pouvait attendre d'une force armée qui craignait les
2 embuscades et qui souhaitait ainsi les éviter.
3 Question: Vous avez observé autre chose: paragraphe 33. Ceci, vous l'avez
4 ajouté à votre déclaration avant Pâques. Vous parlez à ce moment-là des
5 ponts.
6 Pouvez-vous nous faire part de vos observations au sujet des ponts et dans
7 un contexte militaire?
8 Réponse: Moi, j'ai été très frappé de voir tous les ponts en état. Ceci
9 différait beaucoup de ce que j'avais vu précédemment en Bosnie. Moi, en
10 tant que spécialiste du génie, je sais les avantages que l'on peut tirer
11 d'un bon réseau routier avec des ponts en état. Je sais les avantages que
12 cela donne à des forces armées qui disposent d'une bonne mobilité. Etant
13 donné que les forces yougoslaves étaient très mobiles, j'ai été surpris
14 qu'apparemment, personne n'a essayé de détruire les ponts, j'étais surpris
15 que les insurgés n'aient pas tenté de le faire pour réduire la mobilité
16 des forces yougoslaves. Si cela avait été fait, cela aurait diminué la
17 possibilité pour les forces yougoslaves de se déplacer d'un endroit à
18 l'autre. Ceci aurait ainsi diminué leur pouvoir, leur capacité. J'en ai
19 déduit qu'à ce moment-là, l'UCK, l'Armée de libération du Kosovo, n'avait
20 pas les ressources nécessaires ou les connaissances nécessaires pour
21 détruire des ponts.
22 Question: Merci. Vos impressions sur Pristina et ses habitants, s'il vous
23 plaît? Paragraphe 34.
24 Réponse: A Pristina, cela grouillait de monde quand nous y sommes arrivés
25 en octobre 1998. Mais quand on se promenait dans les rues, on constatait
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1 que beaucoup de gens, en particulier ceux qui portaient les habits
2 caractéristiques des Albanais du Kosovo, donc tous ces gens-là avaient
3 l'air assez craintif: ils n'osaient pas affronter, regarder les gens dans
4 les yeux ou nous regarder dans les yeux lorsque nous les croisions.
5 Question: Dans le contexte de cette observation générale et sur la base
6 des contacts que vous avez eus avec des Serbes, comment avez-vous été
7 reçus par les Serbes ou les Albanais du Kosovo à ce moment-là?
8 Réponse: Eh bien, globalement, nous avons été bien reçus de tous les
9 côtés. Nous avons eu l'impression que l'on pensait vraiment que les
10 bombardements de l'OTAN avaient été imminents et que ce risque s'était
11 éloigné suite à l'accord passé aux fins de déploiement de la mission de
12 vérification du Kosovo. De ce fait, la plupart des gens, en tout cas au
13 niveau officiel, étaient heureux de nous voir arriver.
14 Question: Le 21 octobre, vous êtes rentré à Vienne. Le 2 novembre, vous
15 avez été nommé chef adjoint de la mission?
16 Réponse: Oui, c'est exact. Et, dans cet intervalle, j'étais à Vienne où
17 j'ai participé à la mise au point de la Mission de vérification du Kosovo.
18 Il s'agissait de trouver les équipements nécessaires et de faire appel aux
19 différentes personnes dont les candidatures avaient été présentées par les
20 Etats participants.
21 Question: Donc il s'agissait d'un exercice logistique très important?
22 Réponse: Oui, d'autant plus que l'OSCE met en place ces missions de
23 manière ad hoc. Il ne s'agit pas, lorsqu'on parle de l'OSCE, d'une unité
24 qui dispose de ses hommes, de son équipement radio, etc., et qui est en
25 mesure de monter dans un avion, d'arriver sur place et de commencer sa
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1 mission. Nous, quand nous travaillons, il faut que nous trouvions tout:
2 radios, véhicules, etc. Il fallait faire en sorte de trouver un
3 hébergement pour les membres de la mission. Donc un exercice beaucoup plus
4 lent et difficile.
5 Question: Une chose au sujet du paragraphe 37: le rôle principal de la
6 Mission de vérification de la mission de l'OSCE, quel était-il en ce qui
7 concernait les élections et la vérification?
8 Réponse: Eh bien, cela découlait directement de l'accord original. Le rôle
9 de cette mission était d'assurer la mission avec les autorités locales, de
10 surveiller l'organisation d'une élection et de contrôler, de mener à bien
11 des vérifications au sujet des armes et des forces présentes sur le
12 terrain.
13 Question: Paragraphe 38 du résumé. Nous voyons qu'en ce qui concerne cette
14 mission de vérification, elle était composée de la façon suivante: il y
15 avait un certain nombre d'adjoints au chef de la mission, dont chacun
16 avait une fonction de liaison qui était définie par M. l'ambassadeur
17 Walker?
18 Réponse: C'est exact. Moi, j'étais chargé des opérations, j'étais
19 l'adjoint au chef de mission chargé des opérations, mais d'autres adjoints
20 au chef de la mission étaient chargés d'assurer la liaison avec les
21 autorités serbes, avec la police, avec la communauté albanaise, etc.
22 Question: Nous pouvons prendre note du fait que vous avez indiqué le nom
23 des personnes concernées et passer directement au paragraphe 43.
24 Il n'y a pas eu de personne nommée et qui a été chargée de la police et de
25 la justice jusqu'à la fin décembre 1998?
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1 Réponse: Oui, il y a eu un flottement, un temps mort avant la nomination
2 de l'adjoint du chef de mission chargé des questions de police; si bien
3 que la nomination de la personne concernée, acceptée par l'OSCE, n'a eu
4 lieu qu'à la fin décembre. La personne concernée est arrivée à la fin du
5 mois de janvier; jusqu'à cette date, j'ai moi-même été chargé de traiter
6 des questions de police, alors qu'en fait, ce n'était pas ce que je
7 m'attendais à faire au départ.
8 Question: Ceci m'amène à la fin du paragraphe 45. Etant donné que ce rôle
9 supplémentaire vous avait été imposé, est-ce que vous avez été en mesure
10 de vous forger une opinion quant au niveau de coopération qui existait
11 entre la police et la VJ?
12 Réponse: Oui. Comme je l'ai dit, au départ, cela ne devait pas être ma
13 mission, mais j'ai bien dû le faire puisque personne ne l'avait fait. Et
14 puis, de toutes façons, cela se recoupait avec mon travail, le travail que
15 je faisais avec l'armée yougoslave. Dans le cadre de mes activités, il
16 m'est apparu de plus en plus clairement que les activités de la police
17 étaient intimement liées, de plus en plus, aux activités de l'armée.
18 Pendant la période que j'ai passé au Kosovo, il m'est apparu manifeste que
19 la police et l'armée avaient commencé à opérer de plus en plus étroitement
20 dans le cadre de diverses opérations, plutôt que de travailler séparément
21 avec chacune leur chaîne de commandement. Pendant la période que j'ai
22 passée sur place, il m'a semblé que leurs chaînes de commandement se sont
23 rapprochées jusqu'à fusionner.
24 Question: Paragraphe 47: dans le cadre de votre rôle d'adjoint du chef de
25 mission chargé des opérations et dans le cadre de l'assistance que vous
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1 apportiez à l'ambassadeur Walker, je voudrais savoir si vous avez
2 également absorbé les différentes KDOM?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Je voudrais que vous nous expliquiez de quoi il s'agit et très
5 rapidement nous dire quelles KDOM ont été absorbées et les autres noms?
6 Réponse: Il s'agissait de missions d'observation diplomatique du Kosovo,
7 il s'agissait d'avant-postes des différentes ambassades présentes à
8 Belgrade, et ces KDOM faisaient directement rapport à leur ambassade à
9 Belgrade, travaillaient sur le terrain. Ces KDOM ont été mises en place
10 très rapidement, assez rapidement du moins à la fin de l'été 1998.
11 Elles étaient composées essentiellement de militaires qui, dans le cadre
12 de leur système national, ont reçu l'ordre de se rendre à Belgrade et,
13 ensuite, de se déployer à partir de Belgrade. Leur mission était limitée à
14 l'établissement de rapports, à la communication d'informations. Et, en
15 octobre 1998, ils étaient sur le terrain, représentaient une force assez
16 consistante si l'on peut dire.
17 La KDOM la plus importante était celle des Etats-Unis, commandée par
18 l'ambassade des Etats-Unis. Il y avait une KDOM pour le Royaume-Uni qui
19 relevait de l'ambassade du Royaume-Uni. Ultérieurement, nous avons vu des
20 KDOM pour la France, la Russie et le Canada. Des KDOM qui avaient une
21 taille plus ou moins importante. Ils disposaient de véhicules corrects, de
22 bonne communication.
23 Mais, en fait, ces KDOM ne coopéraient pas véritablement. En tout cas, ils
24 n'avaient pas un niveau de coordination quand je m'y suis rendu pour la
25 première fois en octobre, car soit on voyait les cinq, soit on en voyait
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1 aucun.
2 L'idée était qu'au fur et à mesure de la montée en puissance de la Mission
3 de vérification du Kosovo, les KDOM s'y incorporaient, seraient absorbées
4 par la Mission de vérification du Kosovo.
5 Ceci a, en effet, eu lieu jusqu'à un certain point. Nous avons absorbé,
6 incorporé la KDOM du Royaume-Uni, de la France, ainsi que de la Russie et
7 du Canada au cours d'une certaine période de temps. Quant à la KDOM des
8 Etats-Unis, qui comptait au départ 60 personnes et qui en a compté ensuite
9 jusqu'à 120, nous l'avons absorbée dans une certaine mesure mais pas dans
10 son intégralité, parce qu'il y a une partie de la KDOM américaine qui est
11 restée indépendante pendant toute la période passée au Kosovo. Il y avait
12 également une KDOM de l'Union européenne qui est restée indépendante, mais
13 elle n'était pas d'une taille très importante.
14 Question: Quel a été le résultat de cela?
15 Réponse: Les résultats engrangés par les différentes KDOM étaient peu
16 probants. On parlait d'une certaine inefficacité. Nous nous entretenions
17 avec eux, mais nous n'échangions pas nos informations avec eux, ils ne le
18 faisaient pas non plus vis-à-vis de nous. Cela rendait les choses un peu
19 compliquées, floues.
20 La raison pour laquelle la KDOM des Etats-Unis a gardé un personnel qui
21 était spécialement dévoué à son fonctionnement; c'est qu'il fallait
22 apporter une aide à l'ambassadeur Hill dans le cadre de ses efforts
23 diplomatiques. Je pense qu'un groupe de 30 personnes est resté, et
24 composait la KDOM des Etats-Unis.
25 Question: Nous passons au paragraphe 52. Nous parlons de la structure de
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1 la police. Dans la région, il y avait 5 régions, mais en fait la police
2 disposait de 7 unités, c'est bien cela?
3 Réponse: Oui, cela était dû au fait que certaines régions étaient d'une
4 taille telle, elles étaient assez longues et assez étroites. Il était
5 assez difficile de se rendre dans tels ou tels endroits. S'il n'y avait eu
6 qu'un centre, qu'une seule base, il aurait été difficile pour les forces
7 de s'y déployer de façon rapide.
8 Question: Donc les sept unités de police se trouvaient où?
9 Réponse: Il y en avait une pour chacune des cinq régions que nous avons
10 évoquées. Mais cette région dont je parlais qui était longue et étroite,
11 avait Pristina au nord et Urosevac au sud et c'est pourquoi une force de
12 police distincte a été placée à Urosevac et l'autre était placée à
13 Djakovica.
14 Question: Je vous remercie. Les autres régions étaient Prizren, Pec,
15 Mitrovica?
16 Réponse: Oui, et Gniljane.
17 Question: Le KVM n'a-t-il pas établi cinq centres régionaux?
18 Réponse: C'est exact. Nous voulions refléter les délimitations
19 administratives dans la mesure du possible, car il y avait des
20 représentants de l'administration au niveau régional, il fallait bien
21 qu'on les ait pour interlocuteurs. Nous avons donc essayé de nous en tenir
22 au découpage administratif déjà en place.
23 En dessous de cette structure régionale, nous avions l'intention de mettre
24 sur pied des centres plus petits, subordonnés au centre régional, dans
25 chacune des municipalités. Nous les aurions appelés "centres de
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1 coordination". L'idée était d'assurer une présence telle sur le terrain,
2 que dès qu'il se passait quelque chose, nous soyons à même d'envoyer, dans
3 les quelques minutes qui suivaient, des observateurs sur place.
4 Il fallait que les patrouilles se trouvent sur le terrain afin qu'elles
5 accumulent des informations très précises sur ce qui prévalait sur le
6 terrain et pour établir de bonnes relations de travail et de coopération
7 avec les personnes qui se trouvaient sur le terrain.
8 Question: Paragraphe 54: nous parlons de façon assez générale des
9 patrouilles menées de nuit par les KVM, est-ce que cela s'est déroulé dans
10 de bonnes conditions?
11 Réponse: C'était assez dangereux. Nous avions décidé d'avoir donc des
12 véhicules orange; nous pouvions nous en servir de façon utile pendant la
13 journée, mais à la nuit tombée tous les véhicules deviennent noirs. Moi-
14 même et d'autres, nous n'étions pas particulièrement enclins à ce que les
15 patrouilles se fassent de nuit; nous souhaitions que la situation se
16 stabilise quelque peu. C'était l'hiver; il n'y avait que dix heures
17 pendant lesquelles il faisait à peu près jour, et il y avait en fait
18 beaucoup d'activités de la part de la KDOM pendant la journée. Mais pas
19 vraiment pendant la nuit; les patrouilles se faisaient principalement
20 pendant la journée. Je crois que les deux camps en ont profité.
21 Question: Regardons le paragraphe 56. Est-ce que je peux vous demander
22 d'expliquer brièvement ce qui apparaît dans la dernière phrase du
23 paragraphe qui, en fait, reprend ce qui s'est passé à l'issue d'une
24 réunion que vous avez tenue avec Sean Burns, qui était le responsable de
25 la KDOM des Etats-Unis.
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1 La dernière phrase fait état du fait qu'il y a eu des menaces proférées
2 par l'UCK. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus?
3 Réponse: Oui. Nous avons compris que l'une des raisons pour lesquelles il
4 n'y avait pas eu d'accord avec les Albanais du Kosovo, c'était que
5 l'accord qui avait déjà été signé à Belgrade…, enfin, il y avait une
6 menace qui avait été émise publiquement et qui indiquait que tout Albanais
7 du Kosovo qui traiterait directement avec l'ambassadeur Hill, ou avec qui
8 que ce soit d'autre représentant la communauté internationale afin de
9 limiter les activités de l'UCK, serait abattu. En fait, suite à cela,
10 aucun accord n'a été passé du côté albanais, à quelque niveau ce que ce
11 soit. Je crois que c'était un des facteurs qui ont contribué à cette
12 situation dont nous parlons.
13 Question: Nous parlons, au paragraphe 57, de soucis administratifs qui
14 retardent l'établissement des KVM; nous y reviendrons si cela s'avère
15 nécessaire.
16 Nous passons maintenant au paragraphe 59. Nous nous penchons sur la
17 structure qui permettait la transmission de rapports, qu'ils vous soient
18 destinés ou qu'ils soient destinés à d'autres?
19 Réponse: Oui. Nous avions besoin de locaux assez importants. Il nous
20 fallait une base de travail assez importante. Les banques, les hôtels
21 étaient des bâtiments tout à fait satisfaisants mais, pour pouvoir occuper
22 ces locaux, il fallait passer des contrats, établir ces contrats; il
23 fallait que des accords interviennent, mais cela prenait bien sûr beaucoup
24 de temps. Cela n'a pas pu être mené à bien aussi rapidement que nous
25 l'aurions souhaité. C'était l'un des facteurs qui a fait qu'un certain
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1 retard a été pris. Etant donné que la plupart de ces bâtiments étaient la
2 propriété de l'Etat, ces contrats devaient tous repartir vers Belgrade, ce
3 qui prenait encore plus de temps. Jamais, nous n'avons décelé quelque
4 volonté que ce soit de rendre les choses plus simples ou plus rapides.
5 Dans le cadre de nos installations, sur le terrain, au niveau de chaque
6 centre régional et à mon niveau à Pristina, trois personnes ont été
7 désignées: l'une étant chargée d'être officier de liaison avec le VJ, sur
8 une base quotidienne, l'autre étant chargée d'établir des liaisons avec le
9 MUP et la troisième étant chargée d'établir un lien avec l'UCK. Ces
10 personnes étaient désignées comme étant les personnes les plus compétentes
11 que nous avions parmi nos rangs. Nous nous tournions vers elles pour
12 savoir ce qui pouvait se produire à l'avenir.
13 Question: Vous revenez sur cela dans votre déclaration, je ne vais pas
14 vous demander à ce stade de nous donner tous les noms des personnes que
15 vous évoquez.
16 Nous passons maintenant au paragraphe 63. Je pense que, lors des réunions,
17 on prenait des notes pour vous, n'est-ce pas? C'est à peu près le système
18 que vous aviez mis en place?
19 Réponse: Oui. En fait, l'objectif était que je puisse me rappeler la
20 teneur de la réunion plus tard. L'objectif était également que je puisse
21 passer ces notes au chef de mission et aux adjoints pour que la
22 coordination soit aussi efficace que possible. Nous nous réunissions au
23 début de chaque journée et nous quittions ces réunions avec une liste de
24 choses à faire; il était important que tous les autres soient tenus
25 informés de ce qui se passait, de ce qui devait être fait. Effectivement,
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1 des notes étaient prises et le compte rendu était diffusé aussi rapidement
2 que possible auprès des personnes compétentes.
3 Question: Nous revenons sur le paragraphe 64: je crois qu'il y avait tous
4 les jours, au poste de police, à 9 heures du matin, une réunion à Pristina
5 pour assurer la liaison avec le MUP. Que se passait-il exactement?
6 Réponse: Eh bien, presque toujours, la réunion nous permettait de passer
7 en revue tous les incidents qui avaient pu se produire au cours des
8 dernières 24 heures. Exemples: attaque provoquée par l'UCK à cet endroit
9 précis, des tirs ont été échangés. Il n'était pas possible de parler du
10 déploiement des forces de police sur le terrain; nous demandions parfois
11 cette information, mais elle nous était très rarement transmise. On ne
12 nous parlait jamais des changements qui devraient intervenir, au niveau du
13 déploiement sur le terrain. Ce n'était pas vraiment un échange qui avait
14 lieu, ce n'était pas vraiment le genre de réunions auquel nous nous
15 attendions.
16 Question: Nous passons aux paragraphes 65 et 66.
17 Pouvez-vous nous dire quelques mots sur Sreten Lukic?
18 Réponse: Sreten Lukic s'est présenté à moi comme étant le général
19 responsable de la police au Kosovo. Il se considérait de façon générale
20 comme étant trop haut placé pour rencontrer les officiers de liaison. J'ai
21 réussi à le rencontrer en quelques occasions, mais il était très rare que
22 quiconque soit autorisé à rencontrer Lukic. Il était impossible d'entamer
23 des conversations de fond avec cet homme.
24 Question: Sur la base de votre expérience militaire et de votre expérience
25 des systèmes communistes, vous vous êtes dit, je crois, à l'époque que les
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1 autorités serbes essayaient presque quotidiennement de rédiger des
2 rapports de situation sur ce qui se produisait?
3 Réponse: C'est exact. En tout cas, nous le faisions, nous essayions
4 d'avoir ce type de rapport avec toutes les personnes que nous
5 rencontrions. Notamment, lors des réunions, de longues listes étaient
6 lues, elles étaient tirées de rapports préparés antérieurement; les
7 rapports essayaient de faire état de ce qui s'était produit au cours de la
8 journée ou des journées écoulées.
9 M. Nice (interprétation): Intercalaire 6, s'il vous plaît. Référence de
10 l'accusation 1439, un document que vous n'aviez pas vu avant votre
11 déplacement ici, avant Pâques de cette année?
12 Le document porte l'en-tête de "la République de Serbie - ministère de
13 l'Intérieur - poste de police Pec"; il est daté du 28 décembre 1998. Avez-
14 vous des observations à faire?
15 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je n'ai jamais vu ce document
16 auparavant. Je ne l'ai vu que peu de temps avant Pâques, mais ce document
17 vient conforter mon opinion selon laquelle il y avait des rapports de
18 situation établis sur une base quotidienne par les autorités serbes. Si
19 vous lisez ce document, vous vous apercevrez que l'objectif est de
20 démontrer ce que fait l'OSCE, on n'essaie pas d'aider l'OSCE de quelque
21 façon que ce soit. Nous sommes décrits, nous l'OSCE, en des termes qui ne
22 nous caractérisent en rien comme une force amie plutôt comme une force
23 ennemie.
24 M. Kwon (interprétation): Etes-vous à même de lire le BCS, le Serbe?
25 M. Drewienkiewicz (interprétation): Malheureusement pas. J'ai dû lire les
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1 textes dans la version traduite.
2 M. Kwon (interprétation): Je vous remercie.
3 M. Nice (interprétation): Paragraphe 68, on parle des centres de fusion.
4 Pourriez-vous nous en dire un peu plus?
5 M. Drewienkiewicz (interprétation): Le centre de fusion visait à
6 centraliser toutes les informations qui étaient transmises et de les
7 rassembler, de les synthétiser, pour essayer de comprendre la situation
8 générale qui prévalait, essayer de comprendre ce qui pouvait se produire,
9 identifier des indices qui permettraient de comprendre ce qui allait se
10 produire.
11 C'était également sur cette base que les responsables de mission
12 essayaient de savoir s'il y avait respect ou non-respect de l'accord
13 RFY/OSCE. Nous étions préoccupés par le fait que des individus sur le
14 terrain ne soient pas à même de savoir si, oui ou non, un incident sur le
15 terrain correspondait à un respect ou non-respect de l'accord évoqué. Au
16 départ, nous pensions qu'il y aurait peu d'incidents qui correspondraient
17 à un non-respect patent de l'accord. Nous pensions que ce type de
18 questions devait être traité par les chefs de mission. Nous pensions que
19 c'était aux chefs de mission de dire officiellement si, oui ou non, il
20 fallait qu'il y ait établissement d'un respect ou non-respect de l'accord;
21 et cela remontait à Belgrade et à Vienne.
22 Tous les soirs, les centres de fusion essayaient de synthétiser les
23 informations sous la forme de livres bleus, diffusés auprès des chefs de
24 mission, de leurs adjoints afin qu'ils puissent tenir le lendemain matin
25 leurs réunions de la journée.
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1 Question: Je crois que le 18 novembre, l'ambassadeur Walker vous a déclaré
2 que le général Dusan Loncar avait été désigné comme coordinateur des
3 liaisons existantes entre la RFY et l'OSCE. N'est-ce pas exact?
4 Réponse: C'est exact. J'avais l'impression qu'il avait été désigné parce
5 que Andjelkovic n'était pas assez efficace. Il y avait aussi un lien entre
6 Loncar et Walker. En effet, Loncar avait eu affaire avec Walker en
7 Slavonie orientale, lorsque Loncar s'y trouvait quand Walker était
8 responsable de la mission Andjelkovic.
9 Question: Nous allons maintenant passer au paragraphe 70? Pourriez-vous
10 nous faire part de votre avis quant au général Loncar?
11 Réponse: Il était parfaitement au courant de ce qui se passait. Il
12 semblait avoir établi un système de communication très efficace, notamment
13 avec les personnes qui se trouvaient sur le terrain. C'était généralement
14 lui qui était le premier informé de tout incident qui se produisait.
15 Par ailleurs, il semblait être à même d'obtenir rapidement des décisions
16 depuis Belgrade, que ce soit par le biais d'un coup de fil ou par d'autres
17 biais. Parfois, il me disait qu'il avait passé la nuit à faire un aller-
18 retour vers Belgrade.
19 Question: Vous préfériez ne pas, je crois, rencontrer l'UCK mais vous avez
20 pour la première fois rencontré le commandement de l'UCK en janvier 1999,
21 n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui, au départ, je pensais que cela ne contribuerait pas à
23 l'établissement de bonnes relations avec les représentants de la Serbie.
24 Je pensais que si l'on me voyait avec des commandants de l'UCK qui
25 étaient, on le savait, de forts bons communicants qui utilisaient très
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1 habilement la télévision, je pensais que cela ne servirait pas notre
2 cause. J'ai désigné des personnes chargées d'établir des contacts
3 quotidiens avec l'UCK. Et puis, il est apparu très tôt que les Serbes
4 considéraient Walker comme étant un anti-Serbes convaincu, il répugnait de
5 plus en plus à entrer en contact avec les autorités serbes.
6 Question: Nous passons maintenant au paragraphe 73. Je ne crois pas que
7 j'ai quelques questions à vous poser sur le paragraphe 72.
8 Donc paragraphe 73, vous deviez rencontrer le chef de l'état-major serbe
9 Perisic à Belgrade. Je crois que cette rencontre devait se tenir aux
10 alentours du 25 novembre. Mais vous vous êtes aperçu qu'il avait été démis
11 de ses fonctions.
12 Réponse: C'est exact. La réunion a eu lieu mais nous avons rencontré le
13 général Ojdanic; l'objectif de cette réunion était de faire un bilan de la
14 situation, essayer d'établir quel était le déploiement de la VJ au Kosovo.
15 Nous voulions obtenir une déclaration détaillée sur ce point qui pouvait
16 nous servir de référence pour nos inspections, nos missions de
17 vérification à venir mais, jamais, nous n'avons pu disposer de ce type
18 d'information; et nous avons dû nous appuyer, pour travailler, sur un
19 document portant sur le contrôle des armes, qui avait été remis à l'OSCE
20 dans un contexte totalement différent. Nous nous sommes mis d'accord pour
21 utiliser ce document comme référence dans le cadre de notre travail.
22 Question: Est-ce que, de par cette réunion, vous n'avez pas pu établir
23 qu'il y avait eu des exercices de formations militaires?
24 Réponse: Oui. En fait, nous discutions du nombre de soldats qui étaient
25 sortis des casernes. A ce moment-là, il a été déclaré que les exercices
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1 traditionnels, réalisés à l'extérieur des casernes, auraient lieu et que
2 les soldats, tour à tour, iraient faire une mission sur le terrain au
3 Kosovo, remplaçant les soldats qui se trouvaient déjà en poste au Kosovo.
4 Il y aurait donc un système de rotation mis en place.
5 Il était important pour nous, dans un tel contexte, d'identifier les zones
6 qui seraient utilisées pour ces exercices militaires. Il fallait que nous
7 puissions les localiser très précisément. Il est apparu à terme que ces
8 zones d'entraînement n'étaient pas des zones officiellement délimitées,
9 n'étaient pas des zones militaires à proprement parler. Il est apparu,
10 simplement, que des terrains dégagés étaient utilisés à des fins
11 d'entraînement militaire. Très souvent, ces exercices avaient lieu près de
12 villages où l'on savait que l'UCK était présente.
13 Bien sûr, si vous passez à côté d'un blindé et que quelqu'un tire sur
14 vous, vous pouvez répondre et l'on parlera d'autodéfense. Et ce qui est
15 bien certain, c'est que ces exercices de formation étaient très
16 intimidants pour la population locale. Nous avons passé un certain temps
17 au Kosovo et, au fil du temps, il est apparu que ces exercices réalisés à
18 l'extérieur des casernes prenaient une dimension de plus en plus
19 importante.
20 Pour la rotation des soldats -j'en ai parlé à l'époque-, j'ai dit que,
21 certes, c'était faisable mais il fallait garder un oeil sur cela. Si des
22 soldats quittaient le Kosovo et que d'autres entraient, c'était une chose,
23 mais il ne fallait pas qu'il y ait, de cette façon, accroissement des
24 troupes qui se trouvaient au Kosovo. C'est l'un des facteurs qui a été
25 retenu dans le cadre des accords d'octobre. J'ai essayé de mettre en place
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1 un mécanisme par lequel nous nous assurions que cela ne se produirait pas,
2 mais ce mécanisme a été refusé.
3 Question: Je crois que vous avez essayé d'obtenir une rencontre avec le
4 commandant du Corps de Pristina, M. Pavkovic et il a refusé cette
5 proposition.
6 Réponse: J'ai dit à Ojdanic que si ce n'était pas de ses compétences, je
7 voulais m'entretenir avec la personne qui était responsable sur le
8 terrain. On m'a déclaré, lorsque j'ai fait cette proposition, qu'elle
9 n'était pas envisageable.
10 Question: Je vous demande maintenant de bien vouloir vous pencher sur le
11 paragraphe 78. Est-ce que vous pourriez nous parler du degré de
12 coopération qui existait entre le MUP et la VJ? Quelle était la situation
13 en matière de renforcement du lien de commandement? Quelle était votre
14 opinion pour ce qui est du fonctionnement de la chaîne de commandement?
15 Réponse: A partir du moment où Ojdanic a pris la tête du commandement, les
16 liens entre l'armée et la police ont été se renforçant. J'avais eu
17 l'impression, lors de conversations avec le prédécesseur de Ojdanic,
18 Perisic, qu'il y avait tout de même une distinction entre les opérations
19 de l'armée et les opérations de la police. Mais, au fil de ma mission au
20 Kosovo, il m'est apparu qu'il n'y avait plus cette distinction et que les
21 liens étaient extrêmement étroits.
22 Question: Je crois que nous allons maintenant en venir au paragraphe 82.
23 Ai-je vraiment besoin de vous poser une question? Oui. Il y a eu une
24 réunion, le 4 décembre, à Pristina. Au paragraphe 84, on voit qu'au cours
25 de cette réunion, Loncar a émis des critiques à l'égard des KVM?
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1 Réponse: C'est exact. Cette réunion n'a pas permis de savoir ce que nous
2 allions faire ensuite. Elle a, en fait, servi de séance de lecture de tout
3 ce qui s'était passé depuis le mois d'octobre et de tous les incidents qui
4 s'étaient produits depuis le mois d'octobre.
5 J'ai essayé d'expliquer que nous n'étions pas sur le terrain malgré
6 l'accord qui avait été signé. J'ai manifesté ma volonté de discuter de ce
7 que nous allions faire à l'avenir, plutôt que de revenir sur ce qui
8 s'était déjà passé.
9 Question: Je crois que Loncar, à un moment donné, a dû répondre à un
10 appel?
11 Réponse: C'est exact. Il nous a expliqué qu'il devait avoir cette
12 conversation. Il n'a pas dit: "Je rappellerai plus tard", il a dit: "C'est
13 Sainovic". Donc il m'est apparu clairement qu'on l'appelait pour lui
14 donner des instructions. Il a donc pris cet appel mais, lorsque nous
15 sommes revenus à la réunion, aucune référence n'a été faite sur ce qui
16 avait pu être échangé entre les deux hommes.
17 Question: Paragraphe 86, à présent. Loncar a déclaré quelles étaient les
18 questions qui le préoccupaient le plus. Il a notamment identifié un
19 certain nombre de régions: à Malisevo, la tension est grande apparemment
20 et il y a, d'après lui, un centre d'activité de l'UCK. Il parlait
21 également de Podujevo, n'est-ce pas exact?
22 Réponse: Oui, il parle également de Decani. Pour ce qui est de Decani et
23 Malisevo, cela se trouve à l'ouest du Kosovo. Il s'agissait de zones où il
24 y avait eu beaucoup d'incidents violents pendant l'été. Podujevo était une
25 région que l'on ne connaissait pas et dont on n'avait pas encore fait
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1 état. C'était important, car cela se trouvait au nord de Pristina, et
2 c'était vraiment le cordon ombilical qui reliait Pristina au reste de la
3 Serbie.
4 Il y a eu des actes opportunistes perpétrés par l'UCK qui avançait et qui
5 essayait de s'assurer le contrôle des accès routiers, qui se livrait à des
6 actes de tirs. Ils tiraient au hasard. Bien sûr, cela préoccupait
7 énormément le général Loncar, les positions qui avaient été établies par
8 la VJ, au cours de l'été, qui avaient été abandonnées suite aux accords
9 d'octobre. La VJ, après octobre, est retournée dans ses casernes. Ses
10 différentes positions étaient progressivement occupées par l'UCK. Loncar
11 souhaitait que nous intervenions et que nous obtenions de l'UCK qu'il
12 quitte ces positions; il souhaitait que nous convainquions l'UCK de ne pas
13 adopter ce comportement opportuniste.
14 Question: Il manifestait également un intérêt assez vif pour la façon dont
15 le KVM s'y prendrait pour décrire et dénoncer les activités de l'UCK?
16 Réponse: C'est exact. Lui-même faisait toujours référence à l'UCK comme
17 étant ce que l'on appelle "l'UCK", si vous voulez. J'ai essayé d'utiliser
18 des termes très neutres lorsque j'étais en discussion avec lui, lorsque je
19 parlais de ces forces. J'essayais de les décrire de façon précise et
20 neutre.
21 Question: Nous sommes donc au mois de décembre. Au paragraphe 89, vous
22 dites qu'à cette époque, le KVM n'avait pas de contacts réguliers avec
23 l'UCK. Ces contacts ont peut-être été établis par la suite mais, à
24 l'époque, vous n'aviez qu'une flotte assez restreinte de véhicules?
25 Réponse: C'est exact.
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1 M. Nice (interprétation): Vous indiquez que, six semaines après l'accord,
2 votre mission de vérification ne se déroule pas comme elle le devrait?
3 M. Drewienkiewicz (interprétation): C'est exact. La nécessité première
4 était de renforcer nos rangs et de nous équiper. Nous essayions d'aller
5 voir les constructeurs automobiles pour leur demander: "Ecoutez, si vous
6 avez des véhicules disponibles, si oui, nous les prenons".
7 M. le Président (interprétation): Je crois que nous allons faire une
8 pause. Nous reprenons à 11 heures 30.
9 Je vais vous demander, pendant la pause, de ne pas vous entretenir avec
10 qui que ce soit de la teneur de votre déposition. Ne vous entretenez pas
11 non plus avec des membres de l'équipe du Bureau du Procureur.
12 (L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 24.)
13 M. le Président (interprétation): Poursuivez Monsieur Nice.
14 M. Nice (interprétation): Je pense que, le 9 décembre, vous êtes allé
15 inspecter la caserne de la Brigade de Pristina, n'est-ce pas?
16 M. Drewienkiewicz (interprétation): C'est exact.
17 Question: Que s'est-il passé? Pouvez-vous nous le dire en quelques
18 phrases?
19 Réponse: J'ai commenté à demander au général Loncar s'il voulait venir
20 avec moi en lui disant ce qu'il allait faire et il a répondu qu'il ne
21 souhaitait pas m'accompagner. J'ai donc emmené un groupe de vérificateurs
22 jusqu'à la caserne, nous sommes arrivés à la porte d'entrée. Nous dit que
23 nous venions inspecter les lieux et nous nous sommes vu opposer un refus.
24 Nous avons donc attendu à la porte de la caserne et, finalement, le
25 commandant de la base est arrivé à la porte de la caserne, et nous avons
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1 discuté avec lui de la nécessité de procéder à cette inspection. Je lui ai
2 dit qu'il s'agissait de quelque chose d'important compte tenu des accords
3 qui avaient été conclu, et il m'a répondu qu'il n'avait pas le moindre
4 intérêt pour cette inspection. Je suis donc resté à cet endroit une heure
5 et demie et, pendant cette heure et demie, on a continué à nous refuser
6 l'entrée de la caserne. Après quoi, nous sommes remontés à bord de nos
7 véhicules, nous avons circulé autour de la caserne en prenant des
8 photographies, de façon très visible, pour établir quels étaient les
9 équipements présents dans la caserne.
10 Question: Et puis, ce même soir, vous êtes allé à une réunion qui, je
11 crois, se déroulait dans le restaurant qui était au dernier étage du
12 bâtiment de l'OSCE?
13 Réponse: Oui, c'était une réunion entre le ministre-adjoint, Sainovic, et
14 le chef de la mission, le général Loncar, et moi-même étant présent.
15 L'objet de cette rencontre était d'accélérer l'approbation de la demande
16 de la KVM mais elle n'a eu aucun effet. En effet, Sainovic a rejeté toutes
17 les demandes qui lui ont été soumises et a donné lecture d'une longue
18 liste de protestations au sujet de ce que faisait la communauté
19 internationale. Il a dit, de façon plus précise, que nous devions cesser
20 de soutenir l'armée de libération du Kosovo et que la communauté
21 internationale devait cesser d'apporter un soutien financier à l'UCK à
22 partir des banques occidentales. Dans mon esprit, il ne faisait aucun
23 doute que la personne qui était la plus importante, du côté serbe, était
24 le ministre-adjoint Sainovic; et mes yeux ont croisé ceux du général
25 Loncar, à plusieurs reprises, lorsque Sainovic haranguait la communauté
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1 internationale. J'ai remarqué, à ce moment-là, que le général Loncar
2 faisait quelques grimaces par rapport aux déclarations les plus
3 outrancières de Sainovic.
4 Question: Votre liaison avec le gouvernement, à Belgrade, était M.
5 Pellnas?
6 Réponse: C'est exact.
7 Question: Au paragraphe 93, en quelques mots, je crois qu'il a identifié
8 Sainovic comme la personne avec laquelle vous deviez travailler. Nous
9 sortons un peu de la chronologie pour revenir au 29 novembre: date à
10 laquelle Walker avait écrit une lettre présentant un certain nombre de
11 demandes et vous avez accordé une certaine importance à cette lettre.
12 Réponse: Oui, c'était une lettre que j'ai eue en main lorsqu'il s'agissait
13 simplement d'un projet; et, dans cette lettre, il était dit par Walker ce
14 que ce dernier souhaitait obtenir pour remplir son mandat. Cette lettre a
15 été adressée à Milosevic car on pensait que c'était à ce niveau que les
16 choses devaient se traiter.
17 Par la suite, Sainovic s'est plaint du fait que Walker ait envoyé cette
18 lettre mais c'est ce qui s'est passé.
19 Question: Je pense que votre impression générale au sujet Walker, et du
20 fait qu'il se soit adressé à l'accusé, était assez particulière. Quelle
21 était cette impression?
22 Réponse: Walker avait le sentiment qu'il aurait dû accéder plus facilement
23 à l'accusé. Il avait le sentiment qu'on l'adressait à des gens de niveau
24 insuffisant pour des questions qui auraient dû, en fait, être traitées à
25 un niveau supérieur. Et le résultat de cela, c'est que les gens avec
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1 lesquels Walker avait des contacts prétendaient, très souvent, que telle
2 ou telle requête qui leur était soumise ne pouvait être résolue qu'à un
3 niveau de compétence supérieure; ce qui bien sûr n'aurait pas été le cas
4 si Walker avait pu entrer plus régulièrement en contact avec l'accusé.
5 Question: Paragraphe 96, après quoi nous reviendrons au paragraphe 94.
6 Vous organisez une inspection pour répondre au schéma défini par Ojdanic,
7 le 27 novembre, et vous attendez deux semaines avant de vous rendre à
8 Prizren pour inspecter la caserne?
9 Réponse: Oui, je pensais que rien ne devait être tenté avant d'avoir la
10 possibilité de disposer d'ordres valables sur toute la chaîne de
11 commandement pour entamer des discussions. Nous avons donc attendu deux
12 semaines avant de procéder à notre première inspection. Là encore, avant
13 d'y procéder, j'ai eu une réunion à Pristina au cours de laquelle mon
14 objectif consistait à établir les modalités de cette inspection.
15 Question: Paragraphe 98, le 14 décembre, il y a violation du cessez-le-
16 feu.
17 Réponse: Oui. Ceci s'est passé non loin de la frontière albanaise entre
18 Prizren et la frontière albanaise. En gros, nous avons obtenu des premiers
19 rapports par le biais du bureau de Loncar, indiquant que plusieurs
20 terroristes avaient été tués; cette information nous est parvenue aussi du
21 bureau de Pellnas à Belgrade, lui-même ayant obtenu cette information de
22 Sainovic.
23 A ce moment-là, la KVM a été invitée à aller voir ce qui s'était passé.
24 Nous avons pris contact avec la KVM de Prizren et nous avons demandé que
25 des gens soient envoyés sur place. Des patrouilles se sont rendues là où
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1 les actes en question avaient eu lieu et y sont allés plusieurs heures
2 après alors qu'il faisait encore jour.
3 Mes représentants ont pu confirmer que cette violation s'était produite
4 pendant la nuit, dans les premières heures de la matinée, et mes
5 représentants ont pu se rendre en trois lieux différents où ils ont vu des
6 corps sans vie et pas mal d'équipements.
7 Cette action est apparue comme ayant été le fait de l'armée de libération
8 du Kosovo qui voulait former une colonne et qui s'était rendue sur une
9 position de l'armée yougoslave dans le cadre d'une embuscade. L'UCK a subi
10 des tirs avant de se retirer et, finalement, 34 membres de l'UCK ont été
11 tués au cours de l'embuscade.
12 Le rapport indiquait que 9 Albanais, 9 membres de l'armée de libération du
13 Kosovo avaient été faits prisonniers, dont une femme. Les membres des
14 patrouilles ont photographié les corps qui se trouvaient en divers lieux,
15 mais n'ont pu voir aucun endroit où des prisonniers étaient gardés. Plus
16 tard, les prisonniers sont apparus…
17 Question: Oui?
18 Réponse: …ont été mentionnés dans la déclaration. Est-ce que je devrais
19 parler de cela en quelques phrases?
20 Question: Oui.
21 Réponse: Au moment en question, je crois que l'embuscade était légitime,
22 mais ce qui nous inquiétait c'est que les 34 personnes n'avaient pas
23 toutes été tuées au cours de l'embuscade. Nous voulions savoir si
24 certaines d'entre elles n'avaient pas été tuées plus tard au cours d'une
25 poursuite.
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1 En fait, la plupart des membres de l'armée de libération du Kosovo que
2 nous avons photographiés portaient l'uniforme de l'UCK et plus tard, on
3 nous a dit que 145 personnes composaient la colonne, ce qui correspondait
4 au nombre de paquetages qui ont été trouvés sur les lieux, et cela a été
5 confirmé ensuite par les récits de l'UCK, notamment des prisonniers.
6 Question: Paragraphe 101: il est question du commandant Bozidar Delic?
7 Réponse: Oui, c'était un commandant de brigade que nous rencontrions très
8 souvent sur le terrain, ses forces étaient le plus souvent au contact avec
9 les membres de l'UCK au cours d'affrontements. Nous avions le sentiment
10 qu'il était le commandant de brigade le plus compétent. La région était
11 une région difficile et notre impression était qu'il connaissait bien son
12 travail.
13 Question: Il avait des contacts avec l'UCK qui, à votre avis, différaient
14 en qualité des autres contacts ou absence de contacts?
15 Réponse: Oui lorsque je dis "contacts", je ne veux pas parler de réunion
16 mais de contacts armés: ces forces combattaient. Dans la région d'Urosevac
17 un peu plus à l'est, l'activité militaire était moins importante. Les
18 forces de l'armée yougoslave et du MUP à cet endroit avaient des contacts
19 moins nombreux avec l'UCK et donc moins d'expérience de ce genre
20 d'affrontements.
21 A mon avis, c'est l'une des raisons qui explique qu'à Racak les choses
22 n'ont plus pu être maîtrisées car le commandant sur le terrain, à mon
23 avis, n'avait pas la même expérience que celui qui commandait à Prizren.
24 Question: Paragraphe 102: le même jour, 14 décembre, des tirs contre le
25 bar "Panda" de Pec, au cours duquel quatre adolescents serbes sont tués et
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1 sept blessés. Quelle était votre impression sur la base de l'expérience
2 que vous aviez acquise sur le terrain?
3 Réponse: A ce moment-là, les deux incidents ont été reliés l'un à l'autre
4 par les observateurs sur le terrain. Pas par nous mais par les gens qui
5 étaient chargés de décrire ce qui se passait. L'embuscade a eu lieu dans
6 les toutes premières heures de la matinée et plus tard dans la journée.
7 Cet événement très négatif s'est déroulé à Pec. A mon avis, il n'y avait
8 pas de lien entre les deux événements; c'était un concours de
9 circonstance, car l'attaque en question était une attaque due à l'UCK qui
10 a réagi à l'embuscade qu'elle-même avait subi 12 ou 14 heures plus tôt à
11 la frontière et, à mon avis, cela indiquait l'absence de commandement et
12 de contrôle de la part de l'UCK.
13 Question: Paragraphe 104, en quelques mots: le 15, vous demandez à Loncar
14 de voir les prisonniers, il confirme que ces prisonniers sont détenus par
15 lui, mais refuse de dire où ils se trouvent et indique que vous ne pourrez
16 pas les voir.
17 Réponse: C'est exact.
18 Question: Paragraphe 105: les Etats-Unis fournissent des armes à l'UCK. Et
19 quelle en est la preuve? Quelle est la preuve de cette accusation faite
20 par Loncar?
21 Réponse: Parmi les armes qui ont été trouvées sur le site de l'embuscade,
22 il y avait des armes à infrarouge, utilisables donc la nuit. La réunion
23 est devenue très houleuse avec Loncar qui s'est mis à accuser les Etats-
24 Unis d'armer l'UCK. Walker n'ayant rien à voir avec cette déclaration, la
25 réunion a dégénéré et s'est transformée en match de hurlements des deux
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1 côtés.
2 Question: Paragraphe 107: le 19 décembre, une réunion a lieu au cours de
3 laquelle on demande au colonel Kotur quelles sont les unités de l'armée
4 yougoslave stationnées au sud de Podujevo.
5 Réponse: Oui, c'était une unité qui avait quitté la caserne pour
6 participer à un entraînement. Un lien peut être établi avec le départ de
7 la caserne d'une unité qui s'est déplacée, du sud de Podujevo au nord de
8 Pristina, dans l'intention de procéder à des manśuvres d'entraînement.
9 Puisque toute la région située à l'ouest de Podujevo était composée de
10 villages majoritairement peuplés par les Albanais, j'ai déclaré à l'époque
11 -et je l'ai dit à plusieurs reprises- que se rendre pour des manśuvres
12 dans cette zone était une forme de provocation, puisque se rendre sur les
13 lieux avec des véhicules blindés ne pouvait que provoquer des troubles.
14 Donc j'ai conseillé de ne pas agir de la sorte.
15 Au cours des événements suivants…
16 Question: Pouvons-nous avancer un petit peu?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Paragraphe 109: vous demandez à Loncar, le 20 décembre, de
19 définir précisément les limites du plan d'entraînement. Vous ne recevez
20 jamais de réponse?
21 Réponse: C'est exact. En effet, j'étais d'avis que, si des unités étaient
22 autorisées à quitter la caserne pour s'entraîner, nous devrions en être
23 informés et savoir quelles étaient les limites de la zone dans laquelle
24 ces unités s'entraînaient. Ceci aurait été parfaitement normal dans un
25 contexte normal. C'était le genre de détails que je demandais à obtenir,
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1 mais je n'ai jamais obtenu ces renseignements.
2 Question: Paragraphe 110: vous circulez dans la région, vous rencontrez le
3 colonel Radovic qui participait à un entraînement, vous lui demandez
4 quelles sont les limites de la zone?
5 Réponse: Oui. Encore une fois, il me produit une carte géographique et
6 fait un geste très vague de la main en disant: "Voilà quelle est la zone
7 d'entraînement". Je lui réponds: "Cette région, manifestement, recouvre
8 des zones peuplées uniquement par des Albanais du Kosovo. Si vous procédez
9 à des manśuvres d'entraînement dans ces villages, il est très probable que
10 cela sera considéré comme une provocation." Il répond: "Oui? Eh bien, dans
11 ce cas, nous exercerons notre droit à la légitime défense". Et ceci a
12 marqué la fin de la rencontre avec cet homme.
13 Question: Paragraphe 112: le 24 décembre, une colonne de l'armée
14 yougoslave et du MUP quitte Pristina?
15 Réponse: Oui, pour la première fois, c'est un moment très important où des
16 effectifs très nombreux quittent la caserne de Pristina pour se diriger
17 vers la région située à l'ouest de Podujevo et attaquer les positions,
18 occupées à l'origine, en octobre, par l'armée yougoslave. Armée yougoslave
19 qui s'était ensuite retirée de ses positions dans lesquelles, au cours des
20 semaines suivantes, l'UCK s'était infiltrée. Donc la colonne en question
21 avait pour but d'attaquer l'UCK sur ses positions et c'est ce qu'elle a
22 fait.
23 Question: Paragraphe 113: vous remarquez à votre retour de Pristina quelle
24 est la composition de la colonne?
25 Réponse: Oui, cette colonne retournait à la caserne à la fin de la
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1 journée. Et, dans cette colonne, on pouvait constater que les véhicules de
2 l'armée yougoslave et du MUP étaient mélangés. Cela m'a paru bizarre à
3 l'époque, car cela m'a semblé indiquer que les unités étaient donc des
4 unités composites et non distinctes. Moi, je me serais attendu à ce que
5 l'armée yougoslave compose une colonne et le MUP une autre colonne, mais
6 voir un véhicule de la police suivi de deux véhicules de l'armée, suivis
7 d'un autre véhicule de la police m'a indiqué que les deux forces, à mon
8 avis, agissaient sous le même commandement.
9 Question: Ce jour-là, une réunion ou plusieurs réunions ont lieu entre
10 l'ambassadeur Walker, Loncar, vous-même et Sainovic?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Et au cours d'une de ces rencontres, vous parlez de l'action
13 militaire à venir?
14 Réponse: Au cours de cette réunion, il est déclaré que ceci est la
15 dernière action militaire qui sera nécessaire.
16 Question: Merci. Le même jour, le colonel Mijatovic a un contact avec
17 quelqu'un par téléphone?
18 Réponse: Oui, le colonel Mijatovic était le responsable de la liaison avec
19 la police. Au cours d'une conversation téléphonique avec nous, où nous
20 avons demandé s'il ne fallait pas qu'il y ait une réunion de liaison avec
21 cet homme, il répond: "Non, non, non, nous n'avons pas besoin d'une telle
22 réunion ce matin parce que rien de particulier ne se passe". Puisque
23 l'attaque du village de Gornja Lapastica était en cours à ce moment-là,
24 cela a considérablement réduit la crédibilité que cet homme avait à mes
25 yeux pour la suite.
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1 Question: Paragraphe 117: rencontres avec Lukic pour établir un rapport et
2 discuter des effectifs du MUP présents à Malisevo. Vous proposez une
3 réduction de ces effectifs?
4 Réponse: Oui, Malisevo se trouvait assez loin à l'ouest et disposait d'une
5 présence policière assez substantielle. On pouvait parler d'une garnison
6 de la police plutôt que d'un commissariat. La présence de policiers en si
7 grand nombre était dissuasive pour les Albanais qui auraient,
8 éventuellement, voulu retourner dans les villages de la zone; donc j'ai
9 proposé une réduction des effectifs de police à cet endroit, policiers qui
10 en outre agissaient de façon très agressive. Lukic répond: "Non, je ne
11 réduirai pas la présence policière à cet endroit". J'ai donc acquis
12 l'impression très claire qu'il avait la possibilité de décider de réduire
13 ces forces policières mais il a répondu qu'il n'avait pas compétence pour
14 le faire et qu'il devait s'adresser à ses supérieurs.
15 Question: Paragraphe 118: première réunion que vous avez avec Walker et
16 l'UCK, la nuit, si je ne m'abuse?
17 Réponse: Oui, l'après-midi du 25 décembre, la situation se tend encore une
18 fois. Walker et moi-même, nous nous rendons à Podujevo, et Walker décide
19 d'aller personnellement rencontrer le commandant local de l'UCK. Ce qui
20 était une décision un peu différente de la pratique en vigueur jusqu'à ce
21 moment-là. Nous sommes donc allés dans ce village où se trouvait l'UCK, la
22 rencontre a eu lieu et c'est à ce moment-là que nous avons commencé à
23 laisser nos officiers de liaison auprès de l'UCK pour communiquer plus
24 rapidement avec elle grâce à nos moyens de communication.
25 Question: Paragraphe 120: vous parlez du fait que, le 29 décembre, vous
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1 recevez un rapport disant que la situation est calme, et vous dites que
2 l'on peut comparer cette situation à celle qui s'est produite un mois
3 auparavant lorsqu'un meurtre avait suscité un intérêt particulier.
4 Réponse: Oui, je pense que c'est un commentaire, un simple commentaire
5 consistant à revenir sur le passé et à constater qu'à la fin du mois de
6 décembre, des actions très violentes, beaucoup plus violentes que celles
7 qui pouvaient avoir eu lieu trois semaines auparavant, étaient considérées
8 comme complètement courantes.
9 Question: Paragraphe 121: Sainovic est vu à Pristina mais il n'a aucun
10 contact avec vous et avec l'UCK?
11 Réponse: En effet, Loncar me dit qu'il rencontre souvent Sainovic et, une
12 heure plus tard, il m'annonce que je peux le rencontrer également
13 puisqu'il l'a vu. Il était donc clair que Sainovic n'était pas à Belgrade
14 mais à Pristina mais Sainovic n'a pas saisi l'occasion et a refusé de
15 rencontrer Walker ou de traiter directement avec la Mission de
16 vérification du Kosovo. C'est Loncar qui a continué à jouer le rôle
17 d'intermédiaire avec nous.
18 Question: Et les relations se sont finalement rompues?
19 Réponse: Oui, en effet.
20 Question: Sainovic et Walker, après Racak… Pièce à conviction suivante,
21 s'il vous plaît, intercalaire 7.
22 Général, nous traiterons maintenant d'un certain nombre de pièces qui,
23 bien sûr, seront examinées par la Chambre dans les plus brefs délais parce
24 que leur lecture, ici, prendrait beaucoup trop de temps. Ce document est
25 un document que vous n'aviez pas vu auparavant je crois?
Page 2861
1 Réponse: C'est exact, c'est la version serbe d'un rapport au sujet de
2 rencontres entre le général Loncar et moi-même au mois de décembre et je
3 ne l'ai vu qu'avant Pâques de cette année mais je ne me souviens pas de
4 cette réunion.
5 Son aspect important, je pense, réside dans le fait que le rapport est
6 très précis et qu'à ce moment-là on utilise l'expression "effectif
7 disproportionné". Or, c'est le moment où nous discutions des actes commis
8 par les forces yougoslaves dans la région située à l'ouest de Podujevo. Et
9 ceci, parce que très souvent les forces de la RFY avaient utilisé des
10 armes lourdes contre des villages où se trouvaient des civils; par
11 exemple, des mortiers qui étaient utilisés ou des tanks, des chars,
12 envoyant des obus de cent millimètres, plutôt que de se contenter
13 d'utiliser des fusils-mitrailleurs.
14 Question: Nous voyons au bas de la page que vous parlez de forces
15 disproportionnées, mais par ailleurs, vous dites que l'ensemble du rapport
16 est tout à fait fidèle à la réalité.
17 Réponse: Oui, en effet.
18 Question: Un récit fidèle de la réunion. Merci. Avez-vous obtenu
19 l'autorisation de rendre visite aux prisonniers?
20 Réponse: Non, ces demandes de contacts avec l'UCK étaient renouvelées
21 fréquemment, notamment des demandes de rencontre avec les prisonniers
22 capturés lors d'embuscade à la frontière. Nous demandions à les voir pour
23 vérifier leurs conditions d'existence et notre neuvième réponse a été
24 rejetée.
25 Question: Paragraphe 125: détérioration de la situation, nous sommes à fin
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1 décembre à Podujevo, un vieil homme serbe essuie des tirs, si je ne
2 m'abuse.
3 Réponse: Oui, ceci a débouché sur une discussion dans le bureau de Walker
4 entre Loncar et Kotur. Quant à la façon dont la récupération pouvait se
5 faire, nous étions inquiets à ce sujet car nous savions que ce village
6 était peuplé d'un grand nombre d'Albanais du Kosovo et que, par
7 conséquent, l'arrivée d'une force importante de la police et de l'armée ne
8 pouvait qu'aggraver la situation. Si je me souviens bien, les Serbes
9 avaient tiré sur des Albanais qui eux-mêmes avaient tiré sur eux dans le
10 cadre d'une opération qui, néanmoins, restait une opération locale.
11 Loncar décrit un plan lors de cette rencontre en disant que 15 véhicules
12 vont être envoyés pour récupérer le corps. Notre réponse a consisté à dire
13 qu'une délégation moins nombreuse serait moins provocatrice et permettrait
14 plus rapidement de résoudre l'incident.
15 Nous pensions que nous nous étions entendus sur le fait que cette
16 récupération du corps qui était bien sûr importante se ferait avec un
17 profil bas. Nous discutions de la nature des véhicules qui seraient
18 utilisés, et également pour savoir si nos véhicules seraient utilisés ou
19 si d'autres véhicules seraient utilisés, et au cours de la discussion le
20 téléphone sonne et on nous dit qu'en fait l'opération se déroule comme
21 prévu à l'origine, c'est-à-dire qu'un grand nombre de policiers à bord de
22 véhicules blindés ont pénétré dans le village et que des combats ont
23 commencé dans le village.
24 Walker perd patience vis-à-vis du général Loncar et lui dit: "A quoi cela
25 sert-il de discuter, dans le détail, de diverses modalités possibles pour
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1 réduire la violence, alors que des opérations se mènent derrière notre dos
2 en fait?".
3 La mauvaise humeur s'exprime au cours de la réunion. Et au moment où nous
4 étions sur le point de partir, Kotur se tourne vers moi et dit: "On ne
5 peut pas faire confiance à la police" et ajoute "la main droite ne sait
6 pas ce que fait la main gauche". Et Loncar répond en disant que la police
7 suit les ordres de sa chaîne de commandement. Mais moi, j'ai eu
8 l'impression que ce n'était pas le cas.
9 Question: Il aurait fallu une action indépendante de la part du commandant
10 de Podujevo, selon vous?
11 Réponse: Oui. En fait, tout ce qui se faisait dans cette zone se faisait
12 en présence de l'armée yougoslave qui avait des armes lourdes sur le
13 terrain et donc menait une opération sans que les gens qui étaient là pour
14 apporter leur soutien avec des armes le cas échéant, sans que ces
15 personnes apportent leur coopération et participent à cela aurait été tout
16 à fait inhabituel.
17 Question: Vous avez eu un congé de cinq ou six jours entre le 30 décembre
18 et le 6 janvier 1999. Nous allons maintenant examiner une autre pièce à
19 conviction, intercalaire 8, référence Bureau du Procureur 1567. C'est un
20 rapport de l'OSCE qui relate les actions d'une journée au cours de
21 laquelle vous étiez encore en congé, mais vous pouvez en parler néanmoins.
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et il est question particulièrement de la zone de Racak à la
24 page…
25 Réponse: Oui, il s'agit de la première indication dans un rapport de
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1 l'OSCE sur l'augmentation des activités de la police dans la zone de
2 Racak. On y mentionne un point d'observation à l'hôpital psychiatrique et
3 on dit que, de là, on pouvait voir la route qui allait de Stimlje à Suva
4 Reka en passant par les hauteurs de Dulje, zone où il y avait des
5 affrontements entre l'UCK et les forces de sécurité yougoslaves.
6 Question: Nous n'avons encore entendu aucun témoin au sujet de Racak; ce
7 sera une première.
8 Réponse: Oui.
9 Question: Lorsque nous verrons ce plan, par votre intermédiaire ou par le
10 biais d'un autre témoin, on constatera que l'hôpital psychiatrique est un
11 point très caractéristique de cet endroit?
12 Réponse: Oui, cela se trouve à la périphérie de Stimlje et, quand on
13 regarde vers l'ouest à partir de l'hôpital psychiatrique, on a une vue sur
14 les champs, une vue très dégagée vers le sud et vers Racak. Et vers
15 l'ouest.
16 Question: Intercalaire 9: nouveau rapport de l'OSCE, établi trois jours
17 plus tard, le 6 janvier. Il traite de la journée du 5?
18 Réponse: Oui, il s'agit des premières informations que nous avons reçues
19 nous informant qu'un policier avait été vu portant une tenue grise dans la
20 zone de Decani. C'est la première fois qu'on a vu ces unités de police
21 spéciales en action à Rogovo, à la fin janvier.
22 Et, d'autre part, on indique ici que la situation, en ce qui concerne
23 l'approvisionnement en vivres est délicate. Ceci est reflété par les
24 discussions que j'ai eues avec le HCR des Nations Unies, qui s'occupait
25 d'acheminer de la nourriture dans cette zone pendant toute la période.
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1 Question: Page 2: c'est le passage concernant le district de Pec. On
2 mentionne un policier habillé en gris.
3 Paragraphe 137: à partir du début janvier, vous avez commencé à recevoir
4 des informations relatives à des barrages routiers?
5 Réponse: Oui. C'est la première fois qu'on a vu entrer en action les
6 civils serbes dans la zone située au sud de Pristina, au sud et au sud-
7 ouest. Ces barrages établis sur les routes étaient mis en place par des
8 personnes locales, des sortes de miliciens; beaucoup d'entre eux portaient
9 des cagoules. Le résultat de leurs actions était de couper toute
10 communication entre Pristina et le sud de cette ville, si bien qu'il n'y
11 avait plus de contact possible entre Pristina et Skopje.
12 Question: Le paragraphe suivant est le paragraphe 138. Quelle a été
13 l'explication donnée par les autorités?
14 Réponse: On m'a dit qu'il s'agissait d'une manifestation tout à fait
15 spontanée de la population civile, qui voulait protester contre l'inaction
16 du gouvernement face à l'UCK. Je me suis rendu sur place pour voir de quoi
17 il retournait et j'ai vu des paramilitaires serbes qui circulaient dans
18 des voitures Golf, qui portaient des cagoules, des passe-montagnes, qui
19 arboraient des kalachnikovs. On les voyait arriver; ils haranguaient la
20 foule, les civils afin de les persuader de mettre en place un barrage sur
21 la route. Cette organisation des barrages, j'ai pu la voir en oeuvre à un
22 ou deux endroits.
23 Ce qui est intéressant c'est que là, c'est une des rares fois où l'on a vu
24 des manifestations de désordre dans la population civile et où la police
25 n'est pas intervenue. Généralement, il y avait suffisamment de policiers
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1 pour répondre à toute activité s'opposant au maintien de l'ordre, mais là,
2 il était intéressant de constater que la police n'était pas là.
3 Question: Paragraphe 140. Non, finalement, nous n'allons pas parler de ce
4 paragraphe.
5 Passons au 141: le 8 janvier, il y a une réunion avec Loncar, n'est-ce
6 pas?
7 Réponse: Oui. Il s'agissait des réunions habituelles que j'avais avec
8 Loncar. Au cours de cette réunion, il a reçu un coup de téléphone, suite à
9 quoi il m'a annoncé qu'il y avait eu un incident. Peu après, le colonel de
10 la police, Mijatovic, est entré dans la pièce et nous a dit que trois
11 policiers avaient été tués. Cela se passait dans la zone de Dulje, qui se
12 trouve dans une zone en hauteur, près de Stimlje, entre Suva Reka et
13 Stimlje. Il a dit qu'il y avait eu une embuscade qui avait pris pour cible
14 une patrouille de policiers et que les trois policiers avaient été tués.
15 Ceci est important parce qu'il s'agissait là de l'attaque la plus
16 importante, de jour, de la part de l'UCK, que nous ayons apprise, contre
17 la police. C'était donc la manifestation d'une escalade dans la violence.
18 Question: Nous allons passer à la pièce à conviction qui se trouve à
19 l'intercalaire n° 10, référence 1580. Voilà encore un document que vous
20 n'aviez pas vu jusqu'à une date récente?
21 Réponse: Oui, effectivement, il s'agit là d'un document qui relate cette
22 réunion. Comme vous l'avez dit, je n'avais pas vu ce document avant Pâques
23 de cette année. L'objectif de cette réunion, c'était de parler de la
24 situation qui avait suivi la mise en place des barrages sur les routes par
25 les paramilitaires.
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1 Question: Afin de procéder par ordre et de ne pas aller trop vite, on voit
2 sur la première page votre nom et on voit que vous exprimez des
3 préoccupations au sujet des barrages établis sur les routes. Pouvez-vous
4 poursuivre?
5 Réponse: Oui. Au cours de cette réunion, j'ai dit que nous obtenions des
6 informations de la part de nos hommes sur le terrain, selon lesquelles
7 l'armée yougoslave pillait les maisons lorsqu'elle procédait à un
8 ratissage de certaines zones et j'ai insisté sur le fait que ces pratiques
9 n'étaient pas acceptables et allaient discréditer les forces yougoslaves.
10 J'ai dit qu'il fallait enquêter sur ces agissements et donner des
11 instructions adéquates afin que cela ne se reproduise plus.
12 Ensuite, nous avons parlé du nombre de soldats de la VJ qui étaient sortis
13 de leur caserne. A ce sujet, j'ai rappelé que l'accord initial qui, pour
14 nous, était toujours l'accord en vigueur, cet accord stipulait qu'il y
15 avait trois compagnies qui étaient autorisées mais qu'au sud de Podujevo,
16 on constatait qu'il y avait un quatrième lieu où l'on pouvait constater un
17 grand nombre de soldats de la VJ qui n'étaient pas dans leur caserne.
18 Question: Passons à la page 5, de la pièce à conviction. La réunion a été
19 interrompue, n'est-ce pas?
20 Réponse: Oui, c'est en effet à ce moment-là.
21 Question: Paragraphe 6?
22 Réponse: Oui, paragraphe 6, c'est pendant cette discussion que Loncar a
23 été informé au téléphone que trois policiers avaient été tués. Loncar a
24 souhaité que nous utilisions des chars et pas la police pour trouver les
25 assassins. Il est important de constater que, moi, je n'ai pas réagi à
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1 cela parce qu'il était bouleversé, c'était manifeste. Quand il a fait
2 cette déclaration, je n'ai pas pensé que c'était véritablement ce qu'il
3 avait l'intention de faire. Effectivement, nous étions en présence d'un
4 incident très grave et ils allaient tout simplement prendre toutes les
5 mesures nécessaires pour retrouver les assassins. Sa réaction m'a paru
6 naturelle vu les circonstances.
7 Question: Avant d'abandonner cette pièce à conviction, un peu plus bas,
8 sur cette même page, on voit que vous avez eu l'expérience, plus ou moins
9 intéressante, d'apprendre ce que l'on écrivait à votre sujet. Après ces
10 événements, on voit ici que vous utilisez la KVM pour promouvoir votre
11 propre carrière?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de s'appesantir à ce sujet
14 puisque, déjà, à l'époque, vous étiez général de brigade. Mais dites-nous
15 qu'elle a été votre réaction?
16 Réponse: Moi, j'étais quand même assez fâché parce que j'avais été dans
17 les Balkans pendant 22 des 28 mois précédents, depuis octobre 1996. Et je
18 pensais que ceci était dû au fait que l'on me connaissait à l'OSCE, que
19 l'on me faisait confiance. On savait que j'étais capable de traiter avec
20 les organisations civiles, j'étais en prise directe avec la situation
21 locale. Je pensais qu'il fallait prendre toutes les mesures nécessaires
22 pour empêcher une escalade de la situation et des débordements. C'est la
23 raison pour laquelle j'avais été prêt à participer à cette mission, après
24 en avoir été prévenu 6 heures à l'avance, alors que je m'apprêtais
25 justement à devenir professeur dans une institution d'enseignement. Donc,
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1 moi, ce n'était pas du tout la façon dont je voyais les choses.
2 Question: Bien. Ensuite, paragraphe 143, référence du Bureau du Procureur
3 2794, intercalaire n° 11. Il s'agit là d'un communiqué de presse qui a été
4 publié pour condamner la violation du cessez-le-feu?
5 Réponse: Oui, ceci est important parce que, souvent, on affirme que nous
6 ne condamnions pas les actions des insurgés lorsqu'il y en avait mais que
7 nous condamnions uniquement les actions des forces yougoslaves.
8 Or, il apparaît clairement, ici, que nous condamnons une violation grave
9 du cessez-le-feu, cet incident au cours duquel trois policiers ont été
10 tués; plus bas, on voit que la KVM estime que ce type de violation du
11 cessez-le-feu sape les chances d'arriver à une solution politique du
12 conflit. On a là une déclaration tout à fait claire qui indique que nous
13 ne nous sentions pas du tout en accord avec les insurgés.
14 Question: Revenons au résumé: il s'agit des négociations, paragraphe 144,
15 les prisonniers de la VJ, les négociations au cours des cinq jours
16 suivants?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Sans entrer dans les détails s'il vous plaît.
19 Réponse: Oui, ce qui est important ici c'est de savoir que nous avons fait
20 beaucoup d'efforts pour obtenir la libération de huit soldats de la VJ qui
21 avaient été capturés par l'armée de libération du Kosovo et, à plusieurs
22 reprises, nous avons pensé que l'armée et la police allaient attaquer
23 violemment cette position. Nous nous sommes interposés entre les
24 belligérants, nous avons essayé de calmer les esprits. Moi-même, j'ai
25 dormi par terre dans mon bureau pendant trois nuits afin d'être là au cas
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1 où il y aurait des appels téléphoniques. Et au bout du compte, suite à des
2 négociations très longues, nous avons obtenu la libération de ces huit
3 soldats et nous avons été en mesure de les emmener de cette zone
4 montagneuse pour qu'ils puissent rejoindre leur famille.
5 Question: Passons à la pièce à conviction suivante, pièce 1582, selon la
6 référence du Bureau du Procureur, intercalaire n°12, concernant les
7 rapports il y en avait des rapports journaliers et des rapports
8 périodiques qui résumaient ces rapports journaliers?
9 Réponse: Oui, c'est exact. Ces rapports périodiques s'intéressaient à un
10 sujet en particulier et, ici, on parle de la réunion entre le chef de
11 mission adjoint Keller, qui assistait Walker, et avec le vice-premier
12 ministre Sainovic; et ceci montre bien que Sainovic avait un pouvoir
13 important sur ce qui se passait au jour le jour.
14 Ici, on parle également de la situation des forces de la VJ qui étaient
15 sorties de leur caserne et cela correspondait à environ six compagnies
16 alors que, d'après l'accord passé, le maximum aurait dû être trois
17 compagnies.
18 Question: On va examiner ce document, si vous le permettez.
19 Réponse: Oui.
20 Question: De quelle page s'agit-il?
21 Réponse: Paragraphe 4.
22 Question: Bien.
23 Réponse: Deuxième paragraphe de la partie n°4, on voit -je cite-: "que les
24 patrouilles de la KVM ont signalé qu'il y avait un déploiement de la VJ
25 qui représentait l'équivalent d'un Bataillon". (Fin de citation.)
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1 Ceci nous a permis de déduire qu'il y avait trois compagnies de plus que
2 celles qui étaient autorisées; donc trois plus trois, cela fait six.
3 Question: Dernière page du document -au cas où l'on souhaite retrouver, à
4 un moment donné, cette information- à l'époque il y avait 682 membres de
5 la KVM sur place, n'est-ce pas?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Paragraphe 149: il s'agit de l'échange des huit soldats de la VJ
8 contre neuf membres de l'UCK.
9 Réponse: Oui. A ce moment-là, on a constaté un apaisement de la situation
10 et on a commencé à voir que la VJ et le MUP commençaient à retrouver le
11 chemin des casernes, surtout autour de Mitrovica. A l'époque, on a estimé
12 qu'il s'agissait là d'un signe encourageant et c'était indéniablement le
13 résultat de négociations extrêmement ardues sur le terrain.
14 Question: Mais vous avez reçu un rapport qui était plutôt moins
15 encourageant.
16 Réponse: Oui, effectivement. J'ai reçu un coup de téléphone de la part de
17 l'attaché militaire des Etats-Unis à Belgrade, il m'a indiqué qu'il avait
18 observé une colonne de blindés sur la route principale menant de Belgrade
19 à Nis. Il m'a dit que cette colonne avait déjà dépassé Nis et se trouvait
20 à environ 30 kilomètres du Kosovo.
21 Ceci se passait au moment où nous étions en train d'essayer d'obtenir la
22 libération des huit soldats de la VJ de l'endroit montagneux où ils
23 étaient détenus. Il nous a apparu donc que la situation risquait d'être
24 compliquée si on voyait apparaître des forces militaires venant de
25 l'extérieur. J'ai évoqué la question avec le général Loncar qui m'a assuré
Page 2872
1 que ses troupes n'allaient pas entrer au Kosovo et j'ai dit: "Bien, mais
2 en tous cas ce n'est pas le message approprié que vous nous donnez ainsi
3 en déployant des forces de ce type aussi près du Kosovo, alors que nous
4 essayons de trouver une solution, de négocier la situation".
5 Question: Pièce à conviction suivante; nous n'allons pas nous pencher sur
6 une partie précise de ce document mais il s'agit d'un document de huit
7 pages, intercalaire n°13, référence du Bureau du Procureur 2795, qui
8 s'intitule "Embuscade des prises d'otages, 8 au 9 janvier 1999".
9 Ceci nous relate la capture des soldats, les négociations qui ont entraîné
10 leur libération, etc., vous en avez parlé.
11 Ce rapport, qui l'a établi?
12 Réponse: Il a été établi par l'un des officiers de liaison qui
13 travaillaient sous mes ordres. Ce rapport a été préparé parce que je l'ai
14 demandé; j'estimais en effet que nous ayons bien clairement à l'esprit la
15 chronologie de toute cette affaire parce qu'à ce moment-là, nous étions
16 tous très fatigués et nous risquions d'oublier où nous en étions.
17 Question: S'il est nécessaire d'apprendre les détails de cet échange, on
18 peut se référer à ce document?
19 Réponse: Oui, moi, je l'ai utilisé à l'époque comme aide-mémoire. Il n'a
20 cessé d'être mis à jour et vous avez la version définitive sous les yeux.
21 En tout cas, cela reflète bien notre état d'esprit sur le terrain à
22 l'époque.
23 Question: Pièce à conviction à l'intercalaire 14: Rapport quotidien en
24 date du 11 janvier 1999, qui parle de la journée du 10 janvier.
25 Réponse: Oui.
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1 Question: Un passage nous intéresse plus particulièrement et a trait au
2 potentiel dans les opérations de combat de la VJ et du MUP.
3 J'aimerais que l'on regarde d'un peu plus près ce paragraphe. Cela figure
4 dans la partie relative à l'évaluation de la situation dudit rapport.
5 A la première page, on peut voir que les tensions restent vives dans la
6 zone de Stimlje, suite à deux embuscades.
7 Réponse: Oui. Excusez-moi, j'ai trouvé. "Les tensions restent vives dans
8 la zone de Stimlje, suite à deux embuscades des patrouilles du MUP au
9 cours des derniers jours. Il y a de très nombreuses forces de la VJ et du
10 MUP dans la zone. On constate l'acheminement d'un appui logistique; ceci
11 semble indiquer qu'ils sont préparés -et non pas réparés, comme indiqué
12 ici-, préparés à rester sur place pendant une période longue".
13 Et ensuite, pour Pec, c'est différent.
14 Question: Fort bien.
15 Réponse: Dans ce rapport, on décrit également des endroits où la KVM a
16 essayé de se rendre sur les lieux pour voir ce qui se passait et a
17 commencé à constater qu'on mettait un obstacle à sa liberté de
18 circulation. Là, c'est le premier signe de cette tendance.
19 Question: Maintenant, intercalaire n°15: référence 1584. Nous avons ici un
20 rapport complémentaire au rapport quotidien?
21 Réponse: Oui. Vous avez ici un document, disons, irrégulier. C'était le
22 genre de rapports que l'on établissait si l'on estimait qu'il convenait
23 d'informer tout le monde d'une modification de la situation en matière de
24 sécurité. Etant donné qu'on constatait que la VJ et le MUP avaient
25 augmenté le niveau de leurs activités, on a envoyé ce rapport pour que
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1 tout le monde en soit bien informé.
2 Question: Intercalaire 16, maintenant. Nous avons ici, pour ce document
3 portant la référence 1586 du Bureau du Procureur, nous avons ici quelque
4 chose qui a trait à une réunion qui a eu lieu entre vous-même et le
5 général Loncar, le 11 janvier.
6 Réponse: Oui, encore un document que je n'avais jamais vu avant mars de
7 l'an 2002. Il s'agit de notre dernière réunion au cours de cette période
8 de cinq jours, qui avait pour objectif de faire descendre les huit soldats
9 de la montagne. Ici encore, on fait référence au fait que tout est fait à
10 la demande du ministre Sainovic.
11 Question: Je crois que c'est à la page 2 et aussi à la page 3, n'est-ce
12 pas?
13 Réponse: Oui, c'est exact. Oui, je cite: "Nous voulons résoudre la
14 situation de manière pacifique, conformément à ce qui a été convenu par
15 Hill, ambassadeur américain, Walker et Sainovic."
16 Question: Merci. Intercalaire 17: Rapport concernant la période du 12
17 janvier, rapport de l'OSCE?
18 Réponse: Oui, on indique ici qu'entre Pristina et Prizren, il y a une
19 augmentation de l'activité de la VJ, zone de Stimlje. On constate des
20 déplacements de véhicules blindés dont des chars.
21 Question: Page 2, paragraphe 4 dudit document, tout ceci est donc ce qui
22 va mener à Racak, n'est-ce pas?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Est-ce que vous vous souvenez quel était l'état d'esprit au sein
25 de l'OSCE? Est-ce qu'il y avait une certaine inquiétude qui se manifestait
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1 dans vos rangs?
2 Réponse: Oui. A ce moment-là, nous étions assez présents à l'ouest, c'est-
3 à-dire dans les trois comtés du Kosovo qui se trouvent à l'ouest de la
4 région. Il s'agissait des endroits où les combats avaient été les plus
5 violents pendant l'été. Dans le reste du Kosovo, nous n'étions pas très
6 présents, à l'est du Kosovo.
7 Question: Pourquoi?
8 Réponse: Eh bien parce qu'il ne s'agissait pas là d'une région où l'on
9 avait enregistré des problèmes très graves ni où l'on avait constaté une
10 présence très nombreuse de l'UCK. Donc, au fur et à mesure de notre
11 installation sur place, nous avons accentué notre présence dans les zones
12 qui nous paraissaient les zones prioritaires. La zone de Racak et de la
13 zone de Stimlje ne se situaient pas encore dans une zone où nous étions
14 très présents. Avec la détérioration de la situation dans ces endroits,
15 nous y avons envoyé plus de monde, mais ceci a eu lieu dans une zone où
16 nous étions moins présents qu'à Pec, à Decani, à l'ouest donc, parce que
17 dans ces endroits la situation avait été très problématique: donc nous y
18 avions été présents depuis plus longtemps en plus grand nombre.
19 Question: La pièce suivante se trouve à l'intercalaire 18. On parle d'une
20 autre réunion tenue entre les Serbes. Vous n'avez vu ce document que très
21 récemment?
22 Réponse: C'est exact. Cela décrit simplement la situation telle qu'elle a
23 été perçue par un autre membre de la KVM, à la date du 11 janvier.
24 Question: Vous étiez présent à cette réunion?
25 Réponse: Je n'étais pas présent.
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1 Question: Ah, c'est exact. Vous n'étiez pas présent. Nikolaeu était
2 présent?
3 Réponse: C'est exact. Cela permet simplement de voir quelle était la
4 situation telle que perçue par d'autres que moi-même le 11 janvier.
5 Question: Est-ce que cela corrobore ce que vous avez pu remarquer?
6 Réponse: Tout à fait.
7 Question: Ce document permet donc de confirmer un certain nombre de
8 choses, si cela s'avère nécessaire.
9 Paragraphe 160: les neuf prisonniers de l'UCK ont reçu la visite de votre
10 adjoint, il me semble, ou de l'un de vos officiers de liaison, un certain
11 Ciaglinski.
12 Réponse: C'est exact.
13 Question: Nous aurons peut-être l'occasion d'entendre M. Ciaglinski, mais
14 que vous a-t-il dit suite à la visite qu'il a rendue à ces prisonniers?
15 Réponse: Ce paragraphe fait référence aux neuf membres de l'UCK qui
16 avaient été faits prisonniers le 9 décembre, lors d'une embuscade près de
17 la frontière. En janvier, on nous a informés du fait que nous pouvions
18 leur rendre visite, que nous pouvions savoir de qui il s'agissait et que
19 nous pouvions nous entretenir avec eux dès lors que tout cela était mené à
20 bien par quelqu'un de très discret. C'est la raison pour laquelle j'ai
21 envoyé Richard Ciaglinski rendre visite à ces prisonniers. C'était
22 quelqu'un avec qui j'étais en contact quotidiennement.
23 Ciaglinski s'est immédiatement rendu à Nis. Il a pu rencontrer ces neuf
24 prisonniers. Ils ont déclaré, et cela a confirmé ce que nous avons pu
25 apprendre à ce moment-là, qu'ils faisaient partie d'une colonne de
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1 remplacement de l'UCK qui faisait passer de l'approvisionnement de
2 l'Albanie au Kosovo. Ils ont déclaré qu'ils avaient été recrutés contre
3 leur gré, qu'ils s'étaient rendus en Albanie où ils n'avaient reçu qu'une
4 formation de deux jours avant d'être envoyés sur le terrain dans le cadre
5 de cette mission d'approvisionnement. Ils ne savaient pas très bien
6 comment utiliser leurs armes, ce qui fait que, lorsqu'ils sont tombés dans
7 cette embuscade, au milieu de la nuit, ils ont lâché leurs fusils et se
8 sont mis à courir.
9 L'entretien que Ciaglinski a eu avec ces prisonniers lui a permis
10 d'établir que 90 hommes avaient pu s'enfuir, que 30 autres avaient été
11 faits prisonniers ou tués.
12 Ciaglinski a rendu une autre visite à ces prisonniers à une date
13 ultérieure et, par la suite, ces hommes ont été échangés suite au fait que
14 huit soldats de la VJ avaient eux-mêmes été rendus à l'armée serbe plus
15 tard.
16 Question: En fait, c'est après Racak que cela s'est passé, n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui. En fait, je me suis étonné du fait qu'il n'y avait pas eu
18 utilisation par les médias du fait que ces prisonniers de l'UCK n'avaient
19 pas été décrits en tant que tels, mais il me semblait qu'ils auraient pu
20 être utilisés pour nuire à l'image de l'UCK à l'époque. Vous vous
21 rappellerez sans doute ce qui a été dit par les médias à l'époque: ils
22 disaient que la VJ faisait face à un ennemi implacable plutôt qu'à ces
23 groupes de garçons terrorisés.
24 Question: Intercalaire 19: Rapport de l'OSCE pour la journée du 13
25 janvier.
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1 Ce qui nous intéresse, c'est la situation dans la zone de Racak et son
2 évolution. Je crois que ce qui nous intéresse se trouve à la deuxième
3 page, deuxième paragraphe: on parle de l'aide humanitaire.
4 Réponse: Oui. "Centre régional de Pristina; les membres de ce centre se
5 rendent dans des villages de la région de Stimlje, les vérificateurs ont
6 trouvé 30 personnes à Belince, plus de 100 à Racak et 680 dans un autre
7 village lui se trouve aussi dans la région de Stimlje.
8 Question: Est-ce que cela a donné lieu à des préoccupations au sein de
9 l'OSCE? Est-ce que cela a préoccupé l'OSCE d'apprendre qu'autant de
10 personnes avaient été emmenées?
11 Réponse: A ce stade, quand il y avait déploiement d'activité par les
12 forces serbes, il était assez coutumier que les habitants quittent la zone
13 et qu'ils soient accueillis par les villages voisins, cela s'était produit
14 auparavant, cela s'était produit dans le courant de l'été et cela était
15 relativement coutumier, je le répète.
16 Bien sûr que cela nous préoccupait, nous étions en constant contact avec
17 le HCR et transmettions ce type d'informations, afin qu'il puisse apporter
18 une aide alimentaire à ces personnes.
19 Question: Sur cette même page, deuxième ligne, quand on parle de la
20 sécurité et de sa situation, on fait référence au fait qu'il y a eu tir
21 nourri. Est-ce que c'était là aussi quelque chose qui préoccupait les
22 forces en présence?
23 Réponse: Vous savez, un blindé a environ 50 à 60, peut tirer jusqu'à 50 ou
24 60 fois. Ce qui veut dire que s'il y a des tirs de cette nature, ce n'est
25 pas simplement une réponse à une situation et pas un tir bien ciblé, je
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1 pensais qu'il y avait là aussi réponse bien disproportionnée par rapport
2 au tir d'armes légères qui avait été entendu. Si vous voyez exactement
3 quelle est la personne qui tire sur vous et si vous avez un char à votre
4 disposition, vous pouvez peut-être tirer quelques balles en direction de
5 la personne qui vous vise. Mais de vider votre cartouchière, me paraît un
6 peu disproportionné.
7 Question: Merci. Paragraphes 165 et 166: nous passons aux événements du 13
8 janvier et nous intéressons au camp de l'UCK de Stari Trg. On parle d'une
9 conférence de presse?
10 Réponse: Oui, cela était lié à la libération des huit soldats de la VJ; et
11 cela décrit comment nous nous trouvions dans un endroit, tandis que Walker
12 se trouvait ailleurs et établissait un contact téléphonique avec les uns
13 et les autres. Tout cela se passait alors qu'avait lieu la remise en
14 liberté des huit soldats de la VJ.
15 Question: On voit quelle est votre réaction quand un porte-parole de l'UCK
16 essaie de déqualifier ces hommes comme étant des prisonniers de guerre et
17 dit que ces hommes ont été traités de façon satisfaisante. Vous choisissez
18 une terminologie quelque peu différente et dites qu'il s'agissait de
19 soldats en détention.
20 Réponse: Oui, je ne voulais pas qu'on me cite comme disant qu'il
21 s'agissait de prisonniers de guerre, je pensais que cela pourrait donner
22 au conflit une tournure que je ne considérais pas à l'époque comme
23 justifiée. J'ai simplement dit qu'il s'agissait de personnes détenues
24 contre leur volonté.
25 Question: Paragraphe 167, on s'aperçoit que vous vous apercevez au moment
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1 de leur libération de ces soldats, qu'ils présentent des marques de coup,
2 ils ont des ecchymoses. Vous dites qu'ils semblent terrifiés.
3 Réponse: Oui, ils étaient terrifiés. Et ce n'est que lorsque nous leur
4 avons dit que nous étions là pour les emmener qu'ils ont commencé à
5 comprendre qu'ils n'allaient pas être maltraités de quelque façon que ce
6 soit.
7 Question: Très bien. Nous passons à l'intercalaire 20. Il s'agit d'un
8 rapport de l'OSCE, rapport assez long. L'une des phrases qui nous
9 intéresse est assez illisible, parce qu'elle se trouve dans un pli du
10 papier, mais vous pourrez nous aider à nous y retrouver.
11 Réponse: Bien. La synthèse commence par la phrase: "C'était de façon
12 générale une journée assez calme, même s'il y a eu beaucoup de mouvements
13 de la VJ dans notre zone d'opération, du fait des célébrations de la
14 nouvelle année serbe". Je crois que c'est ce que dit cette première phrase
15 qui n'apparaît pas très clairement. Mais on voit la date du 14 janvier
16 apparaître en haut de la page, nous indiquons que c'est une journée assez
17 calme, ce qui montre qu'il n'y a pas eu une espèce de crescendo continu
18 dans la zone de Racak; il y avait des événements ponctuels, sporadiques,
19 auxquels nous réagissions et les événements de Stimlje et de Racak ont
20 fait partie de ces incidents mais ils n'ont pas été pris par nous comme
21 étant ceux qui devaient attirer toute notre attention et sur lesquels nous
22 devions nous concentrer à l'époque.
23 Question: Paragraphes 169 et 170: on fait état d'une réunion où l'on
24 évoque les incidents de Stimlje. Vous décidez d'envoyer Maisonneuve sur
25 place pour mener une enquête.
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1 Il apparaît, par ailleurs, qu'un membre de la KVM a été blessé dans la
2 zone de Decani, que son véhicule a été la cible de tirs et que vous avez
3 dû vous rendre sur place pour traiter cette question de façon urgente?
4 Réponse: Oui. En fait, il y a eu deux incidents bien distincts. L'un s'est
5 produit dans la zone de Stimlje, l'autre beaucoup plus près de là où nous
6 étions à Pec, à Decani. Pour ce qui est du premier incident, j'ai envoyé
7 Maisonneuve sur place. Stimlje ne faisait pas partie de sa zone de
8 compétence, mais se trouvait juste à côté de la sienne; donc il
9 connaissait bien la région. Je lui ai demandé de s'y rendre pour voir
10 exactement ce qui se passait à Stimlje.
11 De mon côté, je suis parti pour essayer de voir ce qui s'était passé à
12 Decani où deux des nôtres avaient été abattus.
13 Question: Nous allons passer à l'intercalaire 21.
14 Il s'agit d'un document d'une page, d'un communiqué de presse de l'OSCE
15 qui parle des tirs ouverts délibérément sur vos véhicules à Decani, le 15
16 janvier. On indique que les forces de l'UCK se trouvant dans la zone
17 avaient reconnu que c'étaient leurs forces qui étaient responsables de ces
18 tirs et des blessures reçues par les vôtres?
19 Réponse: Oui. Vous voyez que cela a été dit quelques jours plus tard, le
20 21 janvier. Lorsque deux des nôtres ont été blessés, nous n'avons pas pu
21 établir clairement quels étaient les auteurs de cette attaque et moi, je
22 soupçonnais tout un chacun. J'étais convaincu qu'il pouvait s'agir des
23 membres de l'un ou de l'autre camp.
24 Il y a eu beaucoup d'entretiens avec les membres de l'UCK et ils ont fini
25 par reconnaître que c'étaient bien leurs hommes qui avaient tiré. Nous
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1 avons fini par dire qu'il fallait qu'ils le reconnaissent publiquement et
2 nous avons fixé la date à laquelle nous souhaitions les entendre dire
3 publiquement ce qu'ils avaient fait; ils n'ont pas pu s'y conformer. Donc
4 nous avons fait ce communiqué, nous avons indiqué que c'était l'UCK qui
5 était responsable de ce qui s'était passé, mais il nous a fallu cinq jours
6 pour établir les choses de façon précise et, pendant ce temps-là, bien
7 sûr, d'autres incidents se sont produits.
8 Question: Nous passons au paragraphe 172. Le 15 janvier, Ciaglinski et
9 d'autres ont eu une discussion avec le MUP dans la zone de Decani.
10 Réponse: C'est exact. En fait, vous avez dans ce paragraphe une
11 explication détaillée de l'incident au cours duquel deux vérificateurs ont
12 été blessés. Je crois avoir déjà suffisamment parlé de cela.
13 Question: Très bien.
14 Paragraphe 173: nous parlons de Racak, nous en venons aux événements de
15 Racak. Ce qui s'est passé le 15 janvier, c'est qu'il y a eu une offensive
16 menée contre le village. Des chars de la VJ, des Praga ont été observés
17 sur les collines surplombant le village?
18 Question: C'est exact. C'est une opération qui a commencé dans la matinée
19 du 15 janvier. Il y a eu ouverture du feu sur Racak et sur d'autres
20 villages qui se trouvaient dans la zone et qui ont été pris pour cibles.
21 Il y avait des chars, des Praga, qui sont des pièces d'artillerie
22 antiaérienne, des canons lourds antiaériens qu'on utilise sur le sol; ce
23 sont des armes avec lesquelles on peut tirer très rapidement. C'est avec
24 ces équipements qu'on tirait sur Racak et sur d'autres villages de la
25 région.
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1 Ceux qui se trouvaient dans les environs ont dit que la VJ tirait depuis
2 les collines et que le MUP se déplaçait sur le terrain à pied. Cela n'est
3 possible que si les troupes qui avancent sur le terrain à pied savent
4 pertinemment qu'elles sont couvertes par les tirs d'armes environnantes.
5 Il faut qu'il y ait un très haut degré de coordination pour que des
6 troupes s'avancent ainsi sur le terrain.
7 Question: Peut-être vous demanderai-je de jeter un coup d'śil sur une
8 carte à grande échelle, qui est en train d'être préparée. Pour le moment,
9 nous allons essayer d'avancer un petit peu et nous allons passer à
10 l'intercalaire 22. Ce qui m'intéresse est en haut, à gauche.
11 Réponse: On peut voir les deux routes qui se rejoignent vers Stimlje;
12 puis, il y a une route qui part vers l'ouest, vers Suva Reka. Le village
13 de Racak se trouve ici, au sud-ouest; je l'indique avec le pointeur.
14 L'offensive s'est déroulée ici. Les chars et les Praga tiraient sur cet
15 ensemble de villages qui se trouvent à l'ouest de ce plateau élevé, qui
16 s'étend toujours à l'ouest. Donc les positions de la VJ étaient parallèles
17 à la route principale, pour ce qui est de leurs positions au nord, et les
18 villages eux se trouvaient au nord-ouest et jusqu'au sud-est de ces
19 plateaux que j'évoquais tout à l'heure.
20 Question: Peut-être que nous pourrons dès aujourd'hui apporter une aide
21 supplémentaire aux Juges de la Chambre, peut-être pourrons-nous disposer
22 dès aujourd'hui de cette carte dont je parlais mais, en attendant, nous
23 devons continuer.
24 Vous nous avez fait un récit général. Mais revenons à ce qui a été dit au
25 paragraphe 175. Vous avez parlé de Maisonneuve. Lorsqu'il a été envoyé sur
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1 place, qu'a-t-il pu constater?
2 Réponse: Il est parti directement pour Racak. Je pense qu'il lui a fallu
3 un peu plus d'une heure pour atteindre Racak après m'avoir quitté. Une
4 fois qu'il est arrivé sur place, à la fin de l'après-midi, il a vu que la
5 VJ se retirait de la zone. Il est donc entré dans le village et il a reçu
6 un certain nombre d'informations de la part des villageois qui lui ont dit
7 qu'il y avait eu des morts. Il n'a pas eu de précision mais "il ne lui ne
8 semblait pas qu'il y en ait eu beaucoup", lui disaient les villageois, des
9 arrestations et des blessés. A ce moment-là, il a demandé ce qui pouvait
10 être fait pour venir en aide à la population locale. Et les villageois lui
11 ont dit que c'était les blessés qui avaient besoin de soins. C'est ce
12 qu'il a essayé, tout de suite, de faire. La nuit est tombée. C'est aux
13 blessés qu'il administrait les premiers soins.
14 Question: On vous a dit donc que des personnes avaient été arrêtées. Est-
15 ce que c'était quelque chose d'habituel?
16 Réponse: Ce n'était pas inhabituel à l'époque. A diverses occasions, nous
17 avions entendu parler de l'arrestation de personnes. Nous avions entendu
18 dire qu'elles étaient interrogées parfois et ces personnes refaisaient
19 apparition par la suite. Elles disaient qu'effectivement, elles avaient
20 été interrogées, de façon très exhaustive, par les forces de la sécurité.
21 Ces personnes, généralement, avaient été passées à tabac mais elles
22 ressortaient vivantes toujours de leur détention. Mais pour Maisonneuve,
23 qui était sur place le vendredi soir, le problème, c'était vraiment celui
24 posé par les blessés. C'était le principal problème.
25 Question: Cela est évoqué dans la pièce suivante, que nous allons
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1 brièvement regarder. Il s'agit de celle qui se trouve à l'intercalaire 23.
2 C'est le Rapport de l'OSCE pour la journée du 15 janvier. Il me semble que
3 l'on parle de ces hommes dont il est dit qu'ils ont été arrêtés?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Page 2, je crois.
6 Réponse: A la page 2, à peu près vers le milieu de la page, il y a un
7 petit paragraphe où l'on peut lire qu'il y a eu cinq blessés, qu'une femme
8 et qu'un jeune homme ont été transportés à l'hôpital de Stimlje. Le porte-
9 parole de l'UCK a demandé ce que pouvait faire l'OSCE. Cet homme a déclaré
10 qu'il fallait qu'il sache s'il pouvait ou non faire descendre cette femme
11 et ce jeune homme de la colline où ils avaient trouvé refuge. On apprend,
12 par la suite, que trois autres civils blessés sont évacués.
13 Si vous revenez maintenant à la première page de ce document, vous vous
14 apercevez que le responsable du centre régional de Prizren indique que
15 l'incident de Stimlje, décrit ci-dessous, est une violation très nette de
16 l'accord. Cela est dit par le responsable d'un centre régional. Cela a
17 donc beaucoup d'importance. C'est une déclaration très forte parce que je
18 vous ai expliqué tout à l'heure que c'était au chef de mission de
19 constater s'il y avait respect ou non-respect de l'accord.
20 Question: Ce même document fait état du nombre total de KVM en place à
21 l'époque. Je crois que cela apparaît à la dernière page, n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui. Il y a également note faite du fait que l'une des
23 patrouilles sur le terrain a recueilli une déclaration d'un villageois qui
24 lui a donné une liste de 21 hommes qui ont été détenus par le MUP et qui
25 ont été emmenés à la prison d'Urosevac. Est-ce que vous voulez que je vous
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1 trouve ce passage?
2 Question: Je vous en prie mais, en fait, ce n'est pas franchement
3 nécessaire puisqu'il y a répétition de ce qui a pu déjà être dit. On peut
4 établir qu'à ce moment-là, il y a environ 854 hommes membres de la KVM,
5 n'est-ce pas exact, à comparer avec les 2.000 hommes dont il était prévu
6 qu'ils constituent les forces de la KVM?
7 Réponse: Est-ce que je peux regarder le document à nouveau?
8 Question: C'est sur la dernière page.
9 Réponse: Là, on parle du centre régional de Prizren. On dit qu'il y a 285
10 hommes dans ce centre. On ne parle pas du nombre d'hommes qui constituent
11 la mission.
12 Question: Vous pourrez peut-être nous aider et confirmer, de fait, que les
13 forces de la KVM, à l'époque, étaient bien inférieures à ce qu'elles
14 devaient être.
15 Réponse: Vous faites référence au document suivant, qui est un rapport qui
16 émane de Pristina, du responsable de l'OSCE. Nous établissons
17 effectivement que nous sommes au nombre de 854, effectivement, à la date
18 du rapport.
19 Question: Vous avez dit qu'il y avait dans ces rapports des déclarations
20 très fortes, très claires. Est-ce qu'à cette époque, une certaine
21 préoccupation commence à se manifester?
22 Réponse: Eh bien, nous n'avions pas l'impression d'être confrontés aux
23 incidents les plus graves depuis notre arrivée. Je crois que cela apparaît
24 dans le rapport qui a été rédigé dans le courant de la nuit.
25 Question: Nous passons à l'intercalaire 24, pièce de l'accusation 1598.
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1 Réponse: C'est un rapport qui a été établi tard, dans la nuit du vendredi,
2 donc sans doute après 21 heures. Ce type de rapport était envoyé à Vienne
3 aux premières heures de la matinée. Ce rapport fait état de la perception
4 qui était la nôtre à minuit, à Pristina. Je pense que cela vaut la peine
5 de noter que nous essayons de nous en tenir à ce que nous avions pu
6 établir. Nous ne proposons pas d'hypothèse, nous ne proposons que des
7 faits avérés. Les premiers rapports que nous recevions pouvaient parfois
8 être quelque peu exagérés, donc nous essayions toujours de nous en tenir à
9 ce que nous savions effectivement.
10 Question: A la page 2, paragraphe 4, vous expliquez quelque chose à propos
11 de Racak: vous dites que les vérificateurs ont pu observer qu'un civil
12 albanais et que cinq civils blessés étaient évacués.
13 Réponse: Oui. Et la KVM a également reçu des rapports non confirmés qui
14 provenaient de la zone; les habitants déclarant que les hommes avaient été
15 séparés des femmes et des enfants, et qu'une vingtaine d'hommes avaient
16 été arrêtés. Mais ceci reste à confirmer". (Fin de citation.)
17 Donc vous voyez que nous voulons absolument nous en tenir à ce que nous
18 savons effectivement, mais vous voyez aussi que nous avons pu voir qu'il y
19 avait des chars de la VJ et des véhicules blindés qui ouvraient le feu sur
20 des villages se trouvant dans la zone, par exemple Malpolje et Petrova.
21 M. Nice (interprétation): Et l'on établit ici que vos hommes sont au
22 nombre de 854, alors qu'au départ c'était une équipe de 2.000 hommes
23 prévus?
24 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui. Et vous voyez qu'après trois mois
25 sur le terrain, sur une mission qui devait s'étaler sur douze mois, nous
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1 n'avons même pas encore atteint la moitié de nos effectifs
2 M. le Président (interprétation): Je crois que peut-être le moment est
3 bien choisi pour faire une pause.
4 Nous suspendons l'audience et nous nous retrouvons à 14 heures 30.
5 (L'audience, suspendue à 12 heures 53, est reprise à 14 heures 30.)
6 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, c'est à vous.
7 M. Nice (interprétation): Mon Général, intercalaire 25, référence du
8 Bureau du Procureur 1602. Nous avons, ici, un exemple d'un rapport
9 d'information, fait chaque matin à l'OSCE.
10 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, il s'agit d'un exemple du
11 briefing qui a été fait le matin du 16 janvier 1999. Voici donc la vision
12 que nous avions de la situation au niveau de la mission ce matin-là, et
13 l'on remarque qu'il y a plus d'un commentaire ici.
14 Nous parlons donc d'une matinée qui avait suivi une journée difficile,
15 pour laquelle il y a eu nombre d'incidents qui étaient d'une assez grande
16 importance. A cette époque, cependant, on n'a pas estimé que Racak était
17 l'endroit où les événements étaient les plus importants.
18 Question: Ce document se présente sous la forme de plusieurs pages. Nous
19 avons, ici, une carte où sont indiquées les zones à problème et les
20 incidents qui ont eu lieu. Ensuite, les pages suivantes?
21 Réponse: Eh bien, sur chaque page, ensuite, on trouve les commentaires qui
22 ont été faits au sujet de l'endroit concerné. Par exemple n°5. Au n°5, on
23 voit la description qui a été faite à ce moment-là.
24 On indique que "l'attaque a commencé près de Stimlje vers 7 heures du
25 matin; Racak et trois autres villages ont subi une offensive. Les combats
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1 et les pilonnages ont été très importants pendant toute la journée et
2 cette attaque suit ce qui s'est produit la semaine dernière avec l'attaque
3 par l'UCK d'une patrouille du MUP. Il est probable que cette bataille va
4 se poursuivre demain. Les patrouilles de la KVM se voient interdire
5 l'accès sur la zone".
6 Question: On parle, au n°4, de Racak, n'est-ce pas? On parle de conflits
7 dans la zone de Stimlje?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Il s'agit, ici, de roulements dans les effectifs de la police?
10 Réponse: Oui. En fait, là, ce qui nous préoccupait, ce qui nous
11 interrogeait, c'était de savoir si on faisait venir des policiers dans la
12 zone de Stimlje, ou bien s'il s'agissait tout simplement de la rotation
13 habituelle du personnel. Parce que, généralement, on trouvait sur les
14 positions de la police les mêmes personnes qui, ensuite, étaient
15 remplacées par d'autres qui venaient prendre la relève et les autres
16 partaient se reposer pendant quelques jours. C'est ce qui explique ce qui
17 figure sur cette page et ce commentaire.
18 Question: Merci. Je crois que vous avez ensuite eu une conversation?
19 Réponse: Oui. Dans la soirée du vendredi, j'ai essayé d'entrer en contact
20 téléphonique avec le général Loncar. Je n'ai pas réussi à le joindre. J'ai
21 parlé avec le colonel Kotur.
22 Question: Il s'agit de la pièce qui se trouve à l'intercalaire 26; c'est
23 cela, n'est-ce pas?
24 Réponse: Oui. Au milieu, on trouve les notes. Je crois qu'ici, c'est ce
25 que j'ai dit, mes propos qui ont été pris en note par les gens qui se
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1 trouvaient à cet endroit. On indique, ici, que l'autre zone qui
2 m'inquiétait était la zone de Stimlje où l'on avait eu des informations
3 selon lesquelles l'artillerie antiaérienne avait été utilisée sur le
4 terrain contre les villages.
5 "Il ne s'agit pas d'une action de la police telle que l'on peut
6 l'entendre. Cela ressemble beaucoup à ce que l'on a vu cet été. Il faut
7 que ce genre d'agissements s'arrête immédiatement. Vous devez communiquer
8 ce message à votre hiérarchie. Les opérations, dans cette zone, doivent
9 cesser immédiatement et l'ordre doit être donné dans ce sens. Utiliser des
10 armes antiaériennes contre les villages, les femmes et les enfants, cela
11 ne constitue pas une action de police. L'ambassadeur Walker va contacter
12 vos supérieurs demain, après cette conversation que j'ai aujourd'hui avec
13 vous à 23 heures 20. Le 15 janvier 1999".
14 Voici donc la façon dont les événements évoluaient et la façon dont ils
15 ont été enregistrés.
16 M. le Président (interprétation): Mon Général, on vous demande de ralentir
17 lorsque vous donnez lecture d'un document.
18 M. Nice (interprétation): Nous avons vu, dans les différentes pièces qui
19 nous ont été montrées au cours de votre déposition, que votre mission a
20 fait l'objet de beaucoup de prudence parce que vous saviez, l'expérience
21 vous l'avez montré, que parfois les premiers rapports étaient plus
22 pessimistes que la réalité. Or, ici, c'est exactement l'inverse qui s'est
23 produit.
24 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, c'est exact. Nous savions
25 pertinemment que, parfois, on peut aggraver une situation en réagissant de
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1 manière excessive à des informations initiales. Et cela s'était produit en
2 décembre, indéniablement en décembre 1998.
3 Nous avions reçu des rapports très inquiétants mais, après enquête, on
4 s'est rendu compte que la situation était moins catastrophique que ne
5 l'indiquaient ces rapports. Nous ne cessions d'insister auprès de nos
6 personnels sur le terrain qu'il convenait de faire connaître les faits, et
7 uniquement les faits dont ils étaient témoins. Et on leur disait que
8 lorsque quelqu'un venait les voir en disant que quelque chose d'atroce
9 venait de se produire, il fallait bien qu'ils spécifient dans leur rapport
10 qu'il s'agissait de quelque chose qui leur avait été relaté; ils devaient
11 bien faire la différence entre ce genre de choses et les choses donc ils
12 avaient été témoins personnellement.
13 Question: Passons maintenant au paragraphe 180.
14 Le 16 janvier, avez-vous reçu des rapports relatifs ou des informations
15 relatives à des victimes supplémentaires?
16 Réponse: Oui. Le matin du 16, nous avons commencé à recevoir des
17 informations selon lesquelles la situation à Racak était pire que ce que
18 l'on avait pensé à l'origine. Et chacun de ces rapports, en soi, n'était
19 pas suffisant pour nous inciter à entrer en action, mais ces rapports, ces
20 informations venaient de tellement de sources différentes, qui
21 paraissaient indépendantes, que tout ceci était très inquiétant. D'autre
22 part, à l'ouest, à Decani, la situation devenait de plus en plus tendue à
23 nouveau. On faisait part d'échanges de tirs.
24 Il apparaissait donc qu'en ce début de journée, on était confrontés à deux
25 situations particulièrement inquiétantes.
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1 Question: Nous allons parler du paragraphe 181; en tout cas, il y aura une
2 partie de ce paragraphe sur lequel nous pourrons passer rapidement.
3 Il est 11 heures 15 du matin, en ce 16 janvier. Vous vous entretenez avec
4 Ciaglinski et Loncar?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Vous parlez de Decani, Racak et Podujevo?
7 Réponse: A ce moment-là, je me suis rendu au bureau du général Loncar, en
8 compagnie de Richard Ciaglinski. Quand nous avions fixé cette réunion, je
9 lui avais dit que je souhaitais parler de ces trois questions. Et au
10 moment même où nous sortions de notre bâtiment pour traverser jusqu'au
11 bâtiment du général Loncar, eh bien, à ce moment-là, nous recevions de
12 plus en plus d'informations selon lesquelles c'était à Racak que le
13 problème était le plus criant.
14 J'étais toujours inquiet au sujet de Decani parce que c'est là que nous
15 avions eu deux blessés parmi les nôtres. Et à ce moment-là, j'estimais que
16 ces deux personnes avaient été blessées par la police serbe et qu'il
17 s'était agi d'une tentative d'impliquer l'UCK; il s'agissait de faire
18 porter la responsabilité de l'UCK. En fait, je me trompais mais, à ce
19 moment-là, c'était ce que je pensais.
20 Question: Vous avez demandé des comptes à Loncar au sujet de Decani,
21 n'est-ce pas, plutôt que d'autres choses?
22 Réponse: Non. Non, non. On a commencé par parler de Decani, mais, très
23 vite, on s'est intéressé à Racak. Comme je l'ai déjà dit, nous commencions
24 à recevoir ces rapports et j'ai dit qu'il fallait que je parle de ce qui
25 était en train de se passer à Racak. Il a pris un air tout à fait
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1 innocent; il était très calme dans sa manière d'évoquer cet événement. Ce
2 n'était pas sa façon d'être habituellement.
3 Question: Et je crois que, quand vous lui avez fait part de ces
4 allégations, il a dit: "Mais nous? Impossible!".
5 Réponse: Oui, c'est à peu près ce qu'il a dit.
6 Question: Que lui avez-vous répondu?
7 Réponse: Je lui ai dit: "C'est quand on a ce genre de comportements qu'on
8 finit à La Haye!". Cela l'a rendu totalement furieux; il a dit: "Comment
9 osez-vous me dire cela?". Je lui ai répondu: "Mais les choses deviennent
10 vraiment graves et c'est dans cette direction que l'on va; il faut bien
11 que vous compreniez de quoi il retourne".
12 Question: Maintenant, nous allons passer à l'intercalaire n°27, un rapport
13 de l'OSCE qui traite de Decani.
14 Réponse: Oui.
15 Question: On parle de la réunion au cours de laquelle on a parlé de
16 Decani.
17 Réponse: Oui, et puis on parle aussi de Stimlje, au paragraphe 4.
18 Question: Et ici, on voit que vous expliquez que Walker et vous-même
19 alliez procéder à une enquête et que l'étape suivante, ce serait que –je
20 cite- "les vôtres seront à La Haye".
21 Réponse: Oui, j'ai déclaré que nous avions reçu des informations au sujet
22 de villages où il y avait eu des personnes tuées. J'ai dit qu'il
23 s'agissait de femmes, d'enfants, de personnes âgées, et j'ai parlé au nom
24 de Walker, parce qu'il avait dit qu'il fallait être tout à fait ferme.
25 J'ai dit que lui et moi allions y aller personnellement et qu'ensuite,
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1 l'étape suivante serait que ces hommes seraient envoyés à La Haye. Enfin,
2 c'est à peu près ce que l'on a dit.
3 Question: Mais peut-être pouvez-vous le lire?
4 Réponse: "Loncar a dit qu'il ne fallait pas dire que le travail de la
5 police, habituellement, était de nature provocatrice. Moi, j'ai répondu en
6 disant qu'il ne s'agit pas de travail habituel de la police lorsque l'on
7 voit les gens tirer avec des armes antiaériennes sur la population". Il a
8 ensuite dit que ce qui s'était passé à Decani, lorsque les nôtres avaient
9 été blessés, c'était de notre faute. C'était nous qui avions tout
10 organisé, c'était un coup monté. Et moi, j'ai répondu en termes bien
11 sentis à cela. Ensuite, il a donné sa version des événements.
12 Question: Au paragraphe 7, est-ce que vous lui dites que vous allez aller
13 à Stimlje?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Pour vérifier qu'il y avait de nouvelles actions de provocation
16 à Decani, qu'il fallait que cela s'arrête. Vous lui avez rappelé sa
17 déclaration, lorsqu'il avait dit que, "si les prisonniers de la VJ étaient
18 libérés, les hommes retourneraient dans leur caserne". Or, comme
19 maintenant les soldats avaient été libérés, leurs camarades n'étaient
20 retournés dans leur caserne?
21 Réponse: Oui. La première impression que nous avons eue, à la fin de cet
22 incident, deux jours avant, lorsque nous avons libéré ces soldats qui sont
23 descendus de la montagne, nous avons pensé que ceci permettrait d'apaiser
24 la situation et que les soldats retrouveraient le chemin de leur caserne.
25 Or, manifestement, cela n'avait pas eu lieu. Le vendredi, en effet, on
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1 avait assisté à cette action dans la zone de Stimlje-Racak. Une fois
2 encore, je lui ai répété combien ils avaient le droit d'avoir de soldats
3 en dehors des casernes et à l'intérieur des casernes et combien il y en
4 avait effectivement à l'extérieur des casernes.
5 Question: Maintenant, nous allons procéder un peu plus rapidement. Je
6 crois que vous avez déjà parlé du caractère disproportionné de la riposte
7 et de l'utilisation d'artillerie antiaérienne dans cette situation qui
8 était tout à fait injustifiée. Maintenant, examinons l'autre facette de
9 cette réunion ou, plutôt, un document qui présente l'autre version des
10 faits, intercalaire n° 28, un document que vous avez découvert très
11 récemment.
12 Réponse: Oui.
13 Question: Et je crois qu'au paragraphe 183, on voit que l'on mélange les
14 événements de Decani, ceux de Stimlje et ceux de Racak?
15 Réponse: Oui, je crois que ceci s'explique parce que la personne qui
16 faisait office de secrétaire, de rapporteur, et qui a signé ce document,
17 ce n'était pas la personne habituelle. Je pense que les personnes qui, en
18 temps normal, travaillaient avec le général Loncar n'étaient pas présentes
19 lors de cette réunion car cette réunion avait été organisée au dernier
20 moment. Elle n'avait pas été véritablement prévue comme étant une réunion
21 habituelle. On voit qu'il y a eu une certaine confusion.
22 Question: Au bas de la première page, début de la deuxième page, on voit
23 que vous adoptez, d'après Loncar et d'après le rapporteur, une attitude
24 très dure et vous présentez vos arguments au général Loncar. On dit que
25 vous empêchez l'autre partie de présenter ses propres arguments et ses
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1 propres faits. Arrêtons-nous un instant. Examinons la façon dont vos
2 interlocuteurs ont réalisé le compte rendu de cette réunion et les
3 événements qui se produisaient, qui impliquaient la VJ. Est-ce que l'on y
4 parle, ici, de ce qui s'est passé à Racak? C'est intéressant de le
5 constater.
6 Réponse: Oui. Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de mentions qui soient
7 faites de cet événement.
8 Question: Maintenant, on parle de la note que le général Loncar a envoyée
9 à Walker, demandant à ce que les membres de la KVM rendent les armes et le
10 général DZ n'avait pas l'intention de risquer la vie des siens. Il
11 exigeait le retrait de l'armée de Podujevo. Il y avait également une
12 exigence au sujet des opérations de Decani pour qu'elles arrivent à leur
13 terme. On parle de deux membres de la KVM qui ont été blessés. On ne sait
14 pas qui est responsable, puis on parle de l'opération dans la zone de
15 Stimlje. On dit que des hommes, des femmes et des enfants ont été tués,
16 vous l'avez indiqué, et l'on dit que vous alliez vous rendre sur le
17 terrain. C'est effectivement ce qui s'est passé. A la page suivante, on
18 dit que vous les avez prévenus que ce serait mauvais pour les leurs.
19 Réponse: Oui, c'est exact.
20 Question: Et au paragraphe 3, on voit que le général Loncar estime que
21 vous aviez une vision tendancieuse de la situation, que ceci se reflète
22 dans votre décision de vous rendre sur place avec un grand groupe de
23 journalistes, qu'il aurait mieux valu procéder à l'enquête et faire venir
24 les journalistes plus tard.
25 Réponse: C'est ce qui a été dit fait mais, en fait, ce n'était pas
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1 faisable, parce qu'on n'était pas en mesure de contrôler là où se
2 rendaient les journalistes. Il était clair que les journalistes avaient
3 décidé de se rendre à cet endroit, quoi qu'on fasse de notre côté. Moi, je
4 pensais qu'il était important que le général Loncar vienne avec nous pour
5 qu'il puisse convenir de ce que l'on voyait sur place plutôt que de
6 s'appuyer sur des informations transmises par la presse.
7 Question: Au bout du compte, il est venu avec vous?
8 Réponse: Non. Au bout du compte, il n'est pas venu avec nous.
9 Question: Au bas de la page, on dit que vous étiez nerveux, que vous avez
10 refusé le café qui vous était offert, et qu'ensuite, vous vous êtes calmé.
11 Est-ce que vous étiez nerveux ou est-ce que vous étiez furieux?
12 Réponse: Moi, j'étais furieux. J'ai refusé d'accepter le café que l'on me
13 donnait, parce que je savais pertinemment que cela traduirait bien
14 l'appréhension que j'avais de cette affaire, qui me paraissait très
15 sérieuse.
16 Question: Au paragraphe 183, vous notez qu'on a réalisé moins
17 d'exemplaires de ce document que d'ordinaire. Est-ce que c'est important
18 cela?
19 Réponse: Cela nous montre que les gens qui s'occupaient d'ordinaire du
20 secrétariat n'étaient pas là ce jour-là; il y a eu moins d'exemplaires
21 faits que d'ordinaire, si bien que ce rapport a été envoyé à moins de
22 monde. Cela semble montrer qu'ils savaient que l'affaire était très
23 sensible parce que, quand on essaie de réduire la divulgation d'un fait,
24 on limite le nombre de copies.
25 Question: Et donc, dans ce document, on ne voit pas de narration des
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1 événements de la part du côté serbe?
2 Réponse: Non.
3 M. Nice (interprétation): Passons à un autre document.
4 M. Kwon (interprétation): Vous êtes en train d'utiliser un document,
5 Monsieur Nice, rédigé en serbe, qui n'est pas un document que le Témoin
6 nous a amené. Pourriez-vous nous dire où est-ce que vous avez obtenu ces
7 documents?
8 M. Nice (interprétation): Je ne peux pas, d'emblée, vous fournir la source
9 exacte de ce document. Je le ferai en temps utile, mais ce sont des
10 documents qui nous sont généralement fournis par des sources tout à fait
11 satisfaisantes. Vous pourrez le voir: ces documents portent des
12 signatures, des sceaux, etc. Mais je ne peux pas, comme ça, à l'instant,
13 vous dire d'où cela vient exactement.
14 M. Kwon (interprétation): Merci.
15 M. Nice (interprétation): Sans doute, Mme Graham, qui s'occupe de cela,
16 pourra-t-elle me le dire très bientôt. Peut-être même tout de suite, à
17 l'instant? Non, je vois qu'elle aura besoin d'encore quelques secondes,
18 mais nous y reviendrons très bientôt.
19 Nous allons passer à la pièce à conviction suivante, qui figure à
20 l'intercalaire suivant, en l'occurrence: intercalaire n°29. Nous avons ici
21 un document émanant de l'OSCE, le 16 janvier.
22 Mon Général, est-ce que ce document a une importance particulière?
23 M. Drewienkiewicz (interprétation): Permettez-moi d'examiner le document
24 pour me rafraîchir la mémoire.
25 Oui. Ici, c'est la version de mes officiers, les officiers de mon état-
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1 major, sur cette réunion dont nous venons de prendre connaissance, de la
2 perspective que les Serbes en ont eu.
3 Question: Donc inutile de s'y attarder?
4 Réponse: Oui, je pense qu'on a suffisamment parlé.
5 Question: Vous nous avez expliqué que vous vous apprêtiez à aller à Racak
6 et que Loncar, quelle qu'ait été sa réaction initiale, ne vous a
7 finalement pas accompagné. Lorsque vous êtes arrivé sur place -paragraphe
8 185-, avez-vous trouvé beaucoup de monde?
9 Réponse: Oui, nous avons traversé Stimlje; là, il y avait beaucoup de
10 policiers serbes. Ensuite, de Stimlje, il y a encore un ou deux
11 kilomètres, un kilomètre et demi jusqu'à Racak; là, il y avait beaucoup de
12 journalistes de tous les pays. Il n'y avait, dans le village de Racak, pas
13 de forces serbes; il y avait un certain nombre de gens de l'UCK, sept ou
14 huit, si je me souviens bien, et ils étaient un petit peu partout dans le
15 village.
16 Question: Vous avez dessiné une carte, mais entre-temps, j'ai pu obtenir
17 une copie réduite des photographies aériennes. Que préférez-vous utiliser?
18 Réponse: Je pense qu'il vaut mieux utiliser une photographie aérienne qui
19 sera sans doute mieux que mes pauvres croquis.
20 Question: Je vais demander à ce que l'on distribue les exemplaires en
21 couleurs de ces documents aux amici de la Chambre, ainsi qu'à l'accusé. Il
22 y a d'autres exemplaires en couleurs, ainsi que des exemplaires en noir et
23 blanc.
24 Je crois qu'on en est à 71 ou 72 pour ce qui est des intercalaires. 72?
25 Bien. Donc ceci viendra se glisser dans le classeur après l'intercalaire
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1 73.
2 Je sais, mon Général, que vous avez déjà vu cette carte qui va être
3 produite par le truchement d'un autre témoin, que nous n'avons pas encore
4 entendu, si bien que cette carte porte des annotations qui ne nous
5 intéressent pas aujourd'hui. Nous, ce qui nous intéresse essentiellement,
6 c'est la carte en tant que telle.
7 Réponse: Oui.
8 Question: Vous avez trois feuilles de papier. Nous avons une vue aérienne
9 générale qui nous montre la zone dans son ensemble. Peut-être serait-il
10 utile de donner des informations aux Juges et au public au sujet de la
11 géographie de l'endroit, en plaçant la carte que j'ai en main sur le
12 rétroprojecteur.
13 Veuillez, s'il vous plaît, nous expliquer l'itinéraire que vous avez
14 emprunté, là où vous êtes arrivés et nous montrer le village. Et puis,
15 ensuite, nous passerons aux autres cartes lorsqu'il conviendra d'entrer
16 plus dans les détails.
17 (Intervention de l'huissier.)
18 Réponse: Cette route est la grande route qui monte jusqu'à hauteur de
19 Dulje. Ici, on voit la ville de Stimlje. Et à partir de Stimlje, la route
20 menant à Racak passe par ici. Et Racak se trouve ici, dans cette zone.
21 Question: Poursuivons. L'hôpital psychiatrique que vous avez évoqué se
22 trouve où?
23 Réponse: A peu près ici… Ah! Excusez-moi. Plutôt ici.
24 Question: Nous pouvons donc passer sans doute maintenant à la carte à plus
25 grande échelle en omettant les annotations qui sont celles d'un témoin à
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1 venir.
2 Est-ce Racak ou la municipalité de Stimlje?
3 Réponse: La municipalité de Stimlje où l'on peut voir davantage de
4 détails, étant donné l'échelle plus importante de la carte.
5 Question: Donc on voit bien Stimlje sur cette carte?
6 Réponse: Oui. Le cercle rouge indique les positions à partir desquelles
7 les tirs ont visé Racak. Notamment, la crête que vous voyez ici, qui fait
8 face à l'ouest, Racak étant dans cette zone. Vous pouvez voir qu'elle
9 s'étend, qu'elle s'écarte de la route qui se trouve ici.
10 L'annotation que l'on voit ici, le n°6, indique un ravin dans lequel nous
11 sommes allés. Donc pour pénétrer dans le village, nous sommes passés par
12 cette route, nous avons garé dans ce coin ici et ensuite, nous sommes
13 montés jusqu'au ravin qui figure sous l'annotation 6.
14 Question: Je passe maintenant à la carte qui a l'échelle la plus grande de
15 toutes les cartes que nous avons exposées, où l'on voit Racak en tant que
16 telle. En fait, c'est une vue aérienne, ce n'est pas une carte. On voit la
17 route, la crête qui figure en rouge.
18 Je vous demanderai de reprendre votre récit en laissant ce document sur le
19 rétroprojecteur.
20 Vous êtes arrivés dans le village. Où étaient les membres de l'UCK?
21 Réponse: Ils étaient répartis un peu partout dans le village. Il y en
22 avait quelques-uns à l'entrée du village, à l'est, au sud de l'endroit où
23 se trouve la mosquée, je crois. Je crois que la mosquée est ici, donc
24 l'entrée du village se trouve à peu près ici. Nous en avons vu quelques-
25 uns ici et, au fur et à mesure que nous avancions dans le village, le long
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1 de cette route, nous en avons vu trois ou quatre en uniforme qui portaient
2 des armes.
3 Question: Le point que vous venez d'indiquer, on y voit une autre route ou
4 piste qui s'écarte sur la droite mais, apparemment, c'est la seule route
5 qui mène à Racak.
6 Quelle est sa situation? Pouvez-vous nous aider sur ce point?
7 Réponse: La route menant à Racak utilisée par les véhicules est celle qui
8 se trouve ici, qui ensuite tourne à droite et se poursuit dans cette
9 direction. Mais cette route-ci est beaucoup moins visible sur le terrain.
10 Question: Lorsque vous êtes arrivés… Enfin, je vais peut-être un peu trop
11 vite. Lorsque vous êtes arrivés dans le village, les premiers signes de ce
12 qui s'était passé, je crois, ont été la découverte du corps d'un homme
13 dans une ferme?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Pouvez-vous nous montrer l'endroit où il a été découvert?
16 Réponse: C'est à peu près dans cette zone-ci et juste après le coin que
17 l'on voit ici. Nous sommes entrés dans la cour et le corps gisait sur le
18 sol.
19 Question: Le corps était dans quel état?
20 Réponse: C'était le corps d'un homme âgé dont la tête avait été coupée.
21 Question: Lorsque vous êtes retournés dans le village ensuite, dans une
22 autre partie du village, avez-vous remarqué des tranchées qui venaient
23 d'être creusées?
24 Réponse: Nous nous sommes dirigés vers l'ouest, à partir du coin qui se
25 trouve ici, en remontant les flancs de la colline et, lorsque nous sommes
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1 arrivés à la zone boisée de la colline, nous avons trouvé toute une série
2 de tranchées qui avaient au moins 50 mètres de long et qui étaient
3 tournées vers l'est. En d'autres termes, c'était un demi-cercle qui
4 faisait face à cette direction et qui recouvrait tout le terrain, à
5 découvert, au nord du village.
6 Question: Si la vidéo qui a été produite peut être diffusée ici, je
7 voudrais qu'on voie cette vidéo. J'en ai parlé avant le déjeuner. Elle
8 montre ce système de tranchées.
9 Mais je pense que vous avez des souvenirs et des notes de cela et que vous
10 pouvez nous faire des commentaires à ce sujet?
11 Réponse: Oui, j'ai pris quelques notes à l'époque, pensant que ceci
12 pouvait être une zone où des combats s'étaient déroulés. S'il y avait eu
13 des combats, il devrait y avoir des cartouches ou d'autres éléments
14 prouvant que cette zone avait été occupée, comme par exemple des mégots de
15 cigarettes, des papiers pour rouler les cigarettes, ou des choses de ce
16 genre; ce qu'on trouve normalement comme débris sur un champ de bataille.
17 Ou les restes de munitions ou des restes d'uniformes.
18 Question: Bien.
19 Réponse: Et rien de tout cela n'a été découvert, c'était tout à fait
20 clair.
21 Question: Je ne voulais pas que l'on diffuse la vidéo immédiatement,
22 merci, mais nous allons y venir dans quelques secondes. Merci d'éteindre
23 la machine.
24 Réponse: Donc ma conclusion a consisté à penser que cette tranchée n'avait
25 pas servi dans le cadre de combats.
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1 Question: Y a-t-il eu examen de la scène du crime à ce moment-là?
2 Réponse: Non, nous n'avions pas de spécialistes compétents dans notre
3 groupe. Cependant, en partie, en raison de cela, nos photographes ont été
4 invités à filmer, sur vidéo, tout ce que nous pouvions voir. Et c'est ce
5 qui a été fait.
6 Question: Dites-nous simplement -avant que nous passions à l'intercalaire
7 30 qui sera peut-être une répétition puisque nous avons vu les vues
8 aériennes, l'intercalaire 30 étant une carte ou un plan- ce que vous avez
9 vu plus tard?
10 Réponse: Cela, c'était plus tard. J'ai dessiné un croquis à ce moment-là,
11 en juin 2000.
12 Question: Merci. Vous étiez avec l'ambassadeur Walker et des représentants
13 de la presse. Que s'est-il passé?
14 Réponse: La presse, évidemment, a pris des photographies et a demandé à
15 Walker de faire une déclaration. Il s'est rendu sur les lieux. Il a pris
16 des notes de ce qu'il a vu et a fait une déclaration à l'époque. Mais
17 c'était une déclaration très factuelle, sans imputation de l'acte à qui
18 que soit à ce moment-là.
19 Question: Vous nous avez dit avoir découvert le corps d'un vieil homme
20 décapité. Je vais vous demander, dans quelques instants, de nous en dire
21 un peu plus à ce sujet, mais quelle était l'attitude des villageois qui
22 avaient survécu? L'attitude générale?
23 Réponse: Ils étaient extrêmement choqués, nerveux, terrorisés. J'ai eu le
24 sentiment que l'UCK n'était pas la bienvenue dans le village et qu'elle
25 s'imposait aux villageois, plutôt que d'être accueillie de façon positive
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1 par les villageois.
2 Question: L'UCK était présente?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Et les villageois étaient présents également?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Vous avez pu voir quels étaient les rapports entre l'UCK et les
7 villageois?
8 Réponse: Oui, ils ne se parlaient pas. Il n'y avait pas de bavardages ou
9 d'échanges de cigarettes ou de choses de ce genre entre eux. Ils avaient
10 tendance à s'éviter.
11 Question: Avez-vous demandé aux villageois de vous relater, à ce moment-
12 là, ce que l'UCK avait fait la veille?
13 Réponse: Le récit? Je ne me rappelle pas exactement…
14 Question: Il semblerait que la réponse à ma question soit oui?
15 Réponse: La réponse est oui.
16 Question: Mais ces entretiens se sont déroulés grâce à un interprète?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Et vous avez parlé à plusieurs villageois, si vous vous en
19 rappelez?
20 Réponse: Nous avons parlé à plusieurs villageois qui se trouvaient sur les
21 lieux ou que nous avons rencontrés sur les flancs de la colline, et nous
22 nous sommes servis d'un interprète du HCR qui se trouvait là. Nous avons
23 donc conversé avec un certain nombre de personnes présentes qui nous ont
24 proposé leur version des faits.
25 Question: S'il y avait cohérence dans les différentes versions qui vous
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1 ont été proposées, pouvez-vous nous dire quelle était la nature du récit
2 qui a été fait au sujet des actes de l'UCK?
3 Réponse: Les récits étaient cohérents et ils disaient que l'UCK avait
4 quitté le village lorsque les forces serbes y avaient pénétré mais qu'il
5 n'y avait pas eu de combats. Les villageois semblaient assez amers au vu
6 du fait que l'UCK était restée suffisamment longtemps dans le village pour
7 créer des troubles mais pas suffisamment pour régler les problèmes qui se
8 posaient.
9 Question: Peut-être pourrions-nous maintenant voir la vidéo, Monsieur le
10 Président? La vidéo dure 30 minutes. Les extraits durent un peu moins
11 longtemps. Pour des raisons techniques, je n'ai pas pu préparer ces
12 extraits comme j'aurais dû le faire. Cependant, j'en ai déjà vu quelques-
13 uns avec le témoin auparavant. Il s'agit de la pièce à conviction… Je
14 crois qu'elle n'a pas de cote spécifique.
15 Peut-être, pourrait-on lui affecter une cote?
16 Mme Ameerali (interprétation): Pièce à conviction 95.
17 M. Nice (interprétation): Merci. Je suppose que cette pièce sera recevable
18 dans son intégralité en tant que pièce 95. L'extrait qui va être diffusé
19 maintenant pourrait être à la pièce 95A, l'intégralité de la vidéo pouvant
20 être vue plus tard par ceux qui le désirent. Pouvons-nous maintenant
21 diffuser l'extrait?
22 (Diffusion de la vidéo.)
23 Général, pouvez-vous nous dire, au fur et à mesure du défilement des
24 images, ce que l'on voit sur cette vidéo?
25 Réponse: On montre les flancs de la colline ici, et vous voyez que l'on
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1 franchit les tranchées. Vous pouvez voir un paysage de campagne à
2 découvert et les résultats des actions de l'artillerie serbe sur les
3 maisons, en arrière plan.
4 Question: Je crois que c'est vous que l'on voit ici?
5 Réponse: Oui, je porte un anorak jaune. Walker porte un anorak bleu, des
6 lunettes également. Ici, nous atteignons les tranchées, nous franchissons
7 ces tranchées. On voit une tranchée qui va de gauche à droite. Et on
8 continue à gravir les flancs de la colline jusqu'au ravin.
9 Question: Vous deviez sans doute vous attendre à découvrir ce que vous
10 avez découvert dans le ravin, à ce moment-là, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui, nous savions que nous allions y découvrir un certain nombre
12 de corps.
13 Question: Dans le reste de la vidéo, on voit les images des corps, n'est-
14 ce pas?
15 Réponse: Oui, je crois que c'est le cas. Oui, en effet.
16 Question: Demain, nous verrons un autre extrait de cette vidéo. En tout
17 cas, cette vidéo sera versée au dossier à un moment ultérieur du procès.
18 Quand vous êtes arrivé aux tranchées, qu'avez-vous découvert? Pas aux
19 tranchées, mais au ravin.
20 Réponse: Nous avons suivi un sentier qui était bordé d'un muret des deux
21 côtés, puis nous avons atteint le sommet de la colline. A ce moment-là,
22 nous nous sommes trouvés à découvert et nous avons découvert un ravin dans
23 lequel se trouvaient les corps de 24 hommes, qui avaient tous été abattus.
24 J'ai eu le sentiment que la plupart d'entre eux avaient reçu une ou
25 plusieurs balles dans la partie supérieure du corps, la tête ou le cou.
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1 Ils portaient tous des vêtements civils; nous n'avons vu aucun uniforme,
2 nous n'avons pas vu d'armes non plus. Dans le ravin, il n'y avait rien qui
3 indiquait qu'il y ait eu des combats, rien par exemple qui ressemble à des
4 douilles ou à des cartouches. La plupart des corps que j'ai vus étaient
5 ceux d'hommes âgés. A l'époque, j'ai cru qu'ils avaient dans les 50 ou 60
6 ans; il est possible qu'ils aient été un peu plus jeunes, mais en tout
7 cas, il n'y avait pas de jeunes gens. Il est possible qu'ils aient eu dans
8 la quarantaine, mais pas moins.
9 Question: Nous allons maintenant traiter de quelques pièces à conviction
10 avant de parler de la conférence de presse.
11 Réponse: J'aimerais ajouter, si vous me le permettez, que les chaussures
12 et les vêtements que portaient ces hommes n'étaient pas ceux auxquels on
13 pense d'habitude lorsqu'on pense à des gens qui habiteraient à la
14 campagne. Ils portaient des Wellington, des Macintosh, ce genre de
15 chaussures qui n'est pas habituel à la campagne. Pas mal d'entre eux
16 avaient aussi un couvre-chef blanc qui, là encore, n'est pas le genre de
17 couvre-chef que nous avions l'habitude de voir lorsque nous nous rendions
18 dans les lieux où se trouvait l'UCK.
19 Question: J'aimerais maintenant que nous prenions l'intercalaire 31,
20 référence Bureau du Procureur 1558. C'est un article de journal qui évoque
21 les victimes et qui traite de la période allant du 8 au 20 janvier. Donc
22 c'est l'original d'un journal.
23 Réponse: Oui, c'est une déclaration faite par la police au sujet des
24 victimes découvertes pendant cette période. Je crois que c'est la
25 traduction d'un article de journal. La période s'étend du 8 au 20 janvier.
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1 Donc Racak est incluse dans cette période, puisque Racak a eu lieu le 15.
2 Si vous lisez les dates indiquées dans le rapport, il semble qu'un
3 officier de police ait été blessé le 15 janvier et qu'aucun rapport de
4 meurtre n'ait été fait.
5 Question: C'est en page 2, en haut de la page 2, n'est-ce pas?
6 Réponse: Oui. L'officier de police était né en 1969. Il a été blessé
7 légèrement au cours d'une attaque terroriste commise non loin du village
8 de Racak, le 15 janvier. Il semble donc qu'alors que 45 Albanais avaient
9 été tués et 5 blessés, un policier serbe avait été blessé; ce qui encore
10 une fois n'indique pas qu'il y ait eu des combats entre deux parties à cet
11 endroit. Cela, pour moi, indique que les tirs étaient dirigés contre les
12 Albanais. Si les gens qui se trouvaient sur la colline de Racak avaient
13 résisté, je pense que l'on aurait trouvé plus de blessés. Plus, en tout
14 cas, qu'un seul policier.
15 Question: Monsieur le Président, je pense que j'étais un peu trop
16 impatient avec l'extrait de la vidéo: si j'avais attendu un petit peu, on
17 aurait pu voir les images de l'extrait suivant.
18 Peut-on redémarrer la vidéo à partir de l'endroit où elle s'est arrêtée?
19 On me fait signe que oui. Je demande donc sa diffusion.
20 (Diffusion de la vidéo.)
21 Ces images sont-elles celles du ravin ou d'un autre endroit?
22 Réponse: Oui, nous gravissons la colline, nous atteignons le ravin et nous
23 commençons par découvrir une ou deux personnes, puis un groupe plus
24 important de personnes, de corps entassés les uns sur les autres. Ici, on
25 voit Walker.
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1 Question: En bleu?
2 Réponse: En bleu, oui.
3 Question: Vous avez déjà fait les remarques que vous aviez à faire au
4 sujet des chaussures?
5 Réponse: Oui. Ici, nous voyons cette pile, cet entassement de cadavres.
6 C'est donc apparemment à cet endroit que les hommes sont tombés. On ne
7 trouve aucun signe de déplacement des corps. On ne voit pas non plus le
8 moindre signe d'enlèvement des vêtements. En effet, les balles semblent
9 avoir traversé les vêtements et les trous dans les vêtements correspondent
10 aux blessures, à l'emplacement des blessures sur le corps.
11 On voit aussi ces anoraks de couleur claire qui semblent ne pas
12 correspondre tout à fait à ce que porteraient des gens qui habitent à la
13 campagne ou dans les collines.
14 Question: Avez-vous découvert des signes de résistance ou de défense de la
15 part de ces hommes qui ont été abattus?
16 Réponse: Aucun, aucun signe indiquant qu'ils aient répliqué aux tirs.
17 Question: Bien, cela suffit sans doute. Nous avons bien montré tout ce
18 qu'il y avait à montrer, je pense.
19 Réponse: Je le pense également.
20 (Fin de la diffusion de la vidéo.)
21 Question: Je remercie l'équipe chargée de l'audiovisuel.
22 Nous pouvons passer à l'intercalaire 32. Ce sont des notes prises sur le
23 moment, n'est-ce pas? C'est un rapport de l'OSCE? Référence C, il y a un
24 paragraphe qui porte l'annotation C. Je pense que c'est un rapport rédigé
25 par vous, n'est-ce pas, ou par quelqu'un de votre équipe?
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1 Réponse: J'aimerais regarder de plus près. Le paragraphe portant
2 l'annotation C, que l'on trouve en bas de la première page, décrit ce que
3 j'ai vu mais je ne pense pas qu'il ait été nécessairement rédigé par moi
4 parce qu'il a été rédigé, je crois, deux ou trois jours plus tard, dans le
5 cadre d'un rapport officiel envoyé à Vienne; le but étant d'être
6 particulièrement précis dans la description des faits contrairement à la
7 presse.
8 Question: Nous voyons une référence, ici, au fait qu'un homme a été abattu
9 par une balle dans la tête avec des signes de tirs à bout portant compte
10 tenu de l'aspect de la blessure.
11 Réponse: Oui, je n'ai pas vu cela mais ce qui figure, ici, est une
12 synthèse des observations faites par tous les membres de l'équipe.
13 Question: Je pense que la conclusion est qu'une exécution s'est produite à
14 cet endroit?
15 Réponse: Oui. Ceci figure en haut de la page suivante -je cite-: "Les
16 observations enregistrées en détail dans le paragraphe C permettent à la
17 KVM de conclure que des civils ont manifestement été exécutés. La KVM a
18 décrit ces faits comme étant un massacre et a attribué la responsabilité
19 de ce massacre aux forces de sécurité du gouvernement de la RFY".
20 Question: Je pense que vous êtes ensuite retourné à Pristina?
21 Réponse: Oui, nous avons redescendu la colline, et on a demandé à Walker
22 d'aller parler aux habitants les plus âgés du village qui y étaient
23 encore. C'est ce qu'il a fait de son propre chef. A ce moment-là, le reste
24 d'entre nous n'a pas pu quitter les lieux. Nous sommes donc restés sur
25 place, nous avons parlé avec les villageois qui se sont présentés et qui
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1 souhaitaient converser avec nous. Ensuite, nous avons quitté le village.
2 Je suis parti avec Walker et, dans le véhicule où nous nous trouvions,
3 nous sommes convenus de tenir une conférence de presse plus tard, ce soir-
4 là, à Pristina.
5 Question: Avant de parler de la conférence de presse, qui n'est pas
6 mentionnée dans la déclaration imprimée, pourrions-nous nous référer aux
7 coups de téléphone qui ont été passés à l'époque par un certain nombre de
8 personnes sur des téléphones portables? Pouvez-vous faire des commentaires
9 à ce sujet?
10 Réponse: Oui. Il y a eu pas mal de coups de fil passés sur les portables
11 en haut de la colline. Je me rappelle très bien que l'assistant de Walker
12 a voulu passer un coup de fil. Je ne me rappelle pas qui il appelait mais
13 la transmission était mauvaise à cet endroit, donc le coup de fil n'a pu
14 être passé.
15 Question: Avez-vous téléphoné vous-même?
16 Réponse: Non.
17 Question: Pouvez-vous nous donner des détails quant au contenu des
18 conversations téléphoniques faites par d'autres?
19 Réponse: Je crois que l'assistant de Walker essayait d'appeler l'OTAN à ce
20 moment-là. En tout cas, je suis pratiquement sûr que c'était un Américain
21 qu'il avait au bout du fil, mais je n'ai aucune certitude quant à
22 l'identité précise de la personne à qui il parlait. En tout cas, il a
23 décrit la scène découverte sur cette colline.
24 Question: Parlons maintenant de la conférence de presse, si vous le voulez
25 bien. Comment s'est-elle déroulée?
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1 Réponse: Nous sommes, ensuite, retournés à Pristina. Walker avait parlé
2 aux journalistes lorsque nous étions sur les flancs de la colline en se
3 contentant de décrire les faits tels qu'il les avait vus sur place.
4 Ensuite, nous sommes retournés à Pristina et avons organisé une conférence
5 de presse. Et dans le temps qui s'est écoulé entre notre arrivée à
6 Pristina et la tenue de la conférence de presse, un certain nombre d'entre
7 nous ont téléphoné à leur capitale respective pour rendre compte du fait
8 que quelque chose d'affreux s'était produit. Moi, j'ai appelé Londres et
9 j'ai dit que quelque chose de terrible avait eu lieu.
10 Question: Savez-vous si d'autres personnes ont passé des coups de fil?
11 Réponse: Oui, j'ai fait savoir à Walker que la conférence de presse aurait
12 lieu, comme il l'avait demandé et, quand j'ai pénétré dans son bureau, il
13 était lui-même au téléphone.
14 Question: Avez-vous entendu ce qu'il disait au téléphone?
15 Réponse: Je crois qu'il parlait avec Richard Holbrooke. Je me souviens des
16 mots qu'il a prononcés -je cite-: "Dick, tu peux dire au revoir à ton Prix
17 Nobel pour la paix!" (Fin de citation.)
18 Question: Y a-t-il eu imputation de la responsabilité à quelqu'un de
19 particulier?
20 Réponse: Oui, lors de la conférence de presse, dans la première
21 déclaration ou en réponse à des questions posées ensuite, Walker a dit
22 qu'effectivement, il croyait qu'il s'agissait d'un massacre et
23 qu'effectivement il croyait que les forces de sécurité yougoslaves étaient
24 responsables de cette tuerie. Donc, à ce moment-là, il a effectivement
25 imputé la responsabilité de ce crime aux forces de sécurité yougoslaves.
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1 Question: Loncar ne vous avait pas accompagné, en dépit du fait qu'il
2 avait dit qu'il le ferait. Avez-vous eu des contacts avec lui le 16?
3 Réponse: Oui, il est effectivement venu dans mon bureau pour me dire qu'il
4 avait besoin de discuter avec moi de ce qui s'était passé. Il m'a dit
5 qu'il venait d'apprendre ce qui s'était passé par la conférence de presse
6 et qu'il estimait que les choses ne s'étaient pas bien passées, que
7 Belgrade lui avait donné pour instructions de transmettre ce message. Il a
8 insisté beaucoup pour dire que Walker, au cours de la conférence de
9 presse, n'avait pas signalé que tout ce qui s'était passé à Racak n'était
10 qu'une réaction à l'assassinat antérieur des trois policiers, qu'il
11 n'avait pas dit que tout ce qui s'était passé à Racak était dû au fait que
12 des policiers étaient allés à Racak à la recherche des responsables de
13 l'assassinat de trois policiers, qui avait eu lieu auparavant.
14 C'est ce qu'il souhaitait dire. Donc plutôt que de décrire ce qui s'était
15 passé à Racak au cours des dernières 24 heures, il souhaitait plutôt
16 justifier la présence des forces de sécurité yougoslaves dans le village
17 et non commenter les événements qui avaient eu lieu. Il souhaitait
18 indiquer que c'étaient des événements qui s'étaient produits en réaction.
19 M. Nice (interprétation): Intercalaire 33: il s'agit bien d'une
20 déclaration faite à la presse. Mais avant cela, je voudrais revenir à la
21 question qui m'a été posée par le Juge Kwon. Je me propose de répondre à
22 votre question demain matin.
23 M. Kwon (interprétation): Cela me convient parfaitement.
24 M. Nice (interprétation): Nous trouvons, à l'intercalaire 33, une
25 déclaration à la presse. C'est ce que je disais à l'instant. Vous pouvez
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1 faire un commentaire là-dessus?
2 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui. Eh bien, c'est une déclaration
3 qui a été faite le 16, en dépit du fait qu'il est indiqué ici "14
4 janvier". On peut bien voir ce qui apparaît ensuite: on parle de ce qui
5 s'est passé hier, le 15 janvier.
6 Il s'agit d'une déclaration qui émane des autorités de la RFY et cela a
7 été rédigé après la conférence de presse donnée le soir par Walker, à
8 Pristina. Je me souviens que cette conférence de presse avait commencé
9 vers 18 heures et a duré environ une demi-heure.
10 Question: Nous n'allons pas lire les documents; s'ils nous intéressent,
11 nous pourrons en faire une lecture en diagonale. Mais quelle est
12 l'importance de ce document? Vous pouvez tout de même nous le dire?
13 Réponse: Eh bien, c'était un document anti-Walker; on ne peut pas dire le
14 contraire. Cela établit ce qu'a fait Walker et on parle ensuite des
15 autorités judiciaires compétentes en train de mener à bien leurs
16 obligations légales. Mais cela ne touche pas la question de l'étendue du
17 massacre. On ne dit pas que 30 personnes ont été abattues; je trouve cela
18 absolument frappant, quand on pense que des listes de policiers blessés
19 étaient établies. Il y a eu un incident au cours duquel 46 Albanais du
20 Kosovo ont été abattus, et on pense que cela ne vaut pas la peine d'être
21 mentionné; je trouve cela assez étonnant.
22 Question: Au premier paragraphe, on voit une explication sommaire qui est
23 donnée: on dit que "la police a essayé d'arrêter des terroristes qui
24 avaient abattu des policiers dans le cadre d'une attaque terroriste"?
25 Réponse: Oui, c'est cela. On parle du fait que les terroristes ont lancé
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1 une attaque à l'aide d'armes automatiques, de lance-roquettes portatifs,
2 de mortiers. C'est exactement le contraire que j'ai pu constater sur le
3 terrain. Et cela contredit également ce qui a pu être transmis comme
4 information antérieurement.
5 Question: Nous passons maintenant à l'intercalaire 34.
6 Monsieur le Président, la question posée par le Juge Kwon me fait me
7 rendre compte que, pour essayer de gagner du temps, j'ai dévié de ma
8 pratique habituelle, à savoir que je n'ai pas fait placer sur le
9 rétroprojecteur chacun des documents originaux afin que chacun puisse voir
10 lesdits documents.
11 Je vais donc demander à ce que l'on revienne à cette pratique; j'aimerais
12 que les documents originaux soient brièvement placés sur le
13 rétroprojecteur. C'est donc le document original en BCS qui doit être
14 placé sur le rétroprojecteur. Ensuite, nous nous pencherons ensemble sur
15 la version de ce document en anglais.
16 Voilà, ce document peut maintenant être remplacé par sa version en
17 anglais.
18 Est-ce qu'il s'agit là d'un rapport établi par la RFY, faisant état d'une
19 réunion entre vous-même et Loncar? C'est un document que vous n'avez pas
20 vu avant Pâques, n'est-ce pas?
21 Réponse: C'est exact. J'ai vu ce document juste avant Pâques. Cela me
22 rappelle que le général Loncar était venu d'abord à mon bureau, ensuite
23 nous sommes partis ensemble vers le bureau de Walker. Et nous avons repris
24 la discussion au cours de laquelle auparavant Loncar avait protesté contre
25 ce qu'avait dit Walker lors de la conférence de presse. Et je crois qu'il
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1 y a dans ce document des éléments qui corroborent ce que je dis.
2 Walker a soumis un rapport officiel, et il a dû exprimer sa surprise vis-
3 à-vis du fait que… Pardon! Loncar a soumis un rapport sur l'incident, il a
4 exprimé sa surprise quant à notre perception des événements. Cette
5 présentation a été faite par le chef de mission lors d'une conférence de
6 presse; et lors de cette conférence de presse, le chef de mission de la
7 KVM…
8 Question: Vous lisez trop vite, Général.
9 Réponse: Excusez-moi. Donc Loncar dit qu'il n'est absolument pas normal
10 qu'aucune référence n'ait été faite au fait que, du côté serbe, il y avait
11 eu invitation faite à la KVM de vérifier ce qui avait été fait le 10
12 janvier. Effectivement, Loncar se plaint du fait qu'on ne fait pas
13 référence à la proposition qui avait été faite par les autorités serbes,
14 qui avaient invité la KVM à aller vérifier sur place ce qui s'était passé
15 le 10 janvier, à savoir que les policiers avaient été tués.
16 Ensuite, cela continue en bas de la page. Il y est dit –je cite-
17 "l'incident s'est produit du fait de l'action organisée de terroristes qui
18 luttent contre les activités de la police". (Fin de citation.)
19 Il y a donc affirmation selon laquelle c'est un scénario préparé à
20 l'avance, qui a été mis sur pied pour tromper la KVM.
21 Question: En bas de la troisième page et en haut de la quatrième, on
22 établit de quelle façon Walker, suite à un certain nombre d'interventions,
23 est resté ferme dans la thèse qu'il soutenait, à savoir qu'il s'agissait
24 tout simplement d'une exécution sommaire de personnes âgées, de civils qui
25 avaient été tués à bout portant. Walker avait déclaré par ailleurs qu'il
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1 s'agissait là d'une affaire qui revenait –cela ne faisait aucun doute- au
2 Tribunal de La Haye. Et le Tribunal devant s'en mêler. Ensuite, on parle
3 des informations fournies au gouvernement d'autres pays?
4 Réponse: C'est exact. Walker, en cette occasion comme en d'autres, avait
5 déclaré que le Procureur devait immédiatement pouvoir bénéficier de visa
6 d'entrée, le Procureur de ce Tribunal bien sûr. Cela permettrait au
7 Procureur et à ses adjoints de pouvoir voir ce qu'il en était sur le
8 terrain. Ce type de déclaration n'a jamais été suivi d'effet, jamais cela
9 ne s'est produit.
10 Question: Il y a des explications brèves. Enfin, non, je suis trop
11 subjectif. Il y a des explications qui sont données mais il n'y a pas eu
12 de rapport détaillé fait sur ce qui s'était passé, n'est-ce pas?
13 Réponse: Non, aucun rapport détaillé n'a jamais été établi et jamais
14 aucune réponse n'a été donnée à la suggestion selon laquelle une enquête
15 poussée devait être lancée. Il avait été notamment suggéré que les
16 commandants qui étaient à l'époque en poste, devaient être suspendus de
17 leurs fonctions pendant l'enquête. Tout cela avait été recommandé. Tout
18 cela, eh bien, personne n'en a tenu compte.
19 Question: Nous passons maintenant à l'intercalaire 35.
20 Messieurs les Juges, je pense que vous allez vous poser la question de la
21 source de ce document; je vous donnerai la même réponse.
22 Non, je ne vous parle pas, Général. Je parle aux Juges.
23 Pour ce qui est de la question de la source de ce document, je me propose
24 de vous donner plus d'informations demain matin.
25 Nous avons maintenant sous les yeux un document dont l'apparence nous
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1 semble tout à fait familière. Là, nous parlons d'une réunion d'information
2 qui s'est tenue le lendemain, le 17 janvier.
3 Réponse: Oui, ce jour-là, je n'étais pas au quartier général mais je sais
4 qu'effectivement c'est la réunion d'information qui a été organisée. Moi,
5 j'étais déjà parti ce matin-là pour Stimlje. Mais je crois que les faits
6 sont assez clairement énoncés.
7 Alors, il s'agit du paragraphe 3, indiqué comme étant le paragraphe 4. Il
8 est indiqué ici: "La KDOM de l'Union européenne a fait état qu'un grand
9 nombre de civils locaux, environ 45, avaient été abattus à proximité de
10 Racak. Une majorité de ces hommes semblaient être des non-combattants. Le
11 général Loncar a été informé de ces massacres, directement par Walker. Les
12 survivants…" et là je dois dire que je n'ai pas pris part à ces rapports
13 mais "…ont fait état du fait qu'il avait reconnu des civils serbes de la
14 zone de Stimlje parmi les hommes revêtus d'uniforme du MUP; ils avaient
15 également reconnu des membres locaux du MUP. Ils ont déclaré que toutes
16 ces personnes avaient pris part au massacre. Par ailleurs, ils ont fait
17 état que d'autres étaient revêtus de l'uniforme de la VJ, ils étaient
18 vêtus en noir et ils portaient des passe-montagnes sur leur visage. Ils
19 ont déclaré que ces hommes avaient également pris part au massacre".
20 Mais je dois préciser ici que je n'ai moi-même jamais pris part aux
21 discussions au cours desquelles ces informations ont été données.
22 M. Nice (interprétation): A la fin de cet ensemble d'augmentation, nous
23 passons à la feuille qui porte l'intitulé "Evaluation de la situation". Il
24 s'agit d'une évaluation qui a été réalisée par un officier qui était
25 chargé de faire un rapport, n'est-ce pas?
Page 2920
1 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui. A la dernière phrase, on voit
2 quelque chose qui dit "qu'il est nécessaire de faire venir des troupes
3 supplémentaires dans la zone de Stimlje. On voit bien de quelle façon les
4 troupes étaient déplacées à l'intérieur du Kosovo". Je crois que cette
5 phrase indique bien que, quelle que soit la situation critique qui
6 prévalait à Stimlje et à Racak, il y avait également ailleurs des
7 incidents qui se produisaient.
8 Il ne s'agissait pas d'un incident isolé se produisant dans un contexte
9 relativement stable. Non, il y avait bien des mouvements dans d'autres
10 régions; et il fallait que ces mouvements et ces déplacements soient
11 surveillés et que des rapports soient établis sur ces déplacements.
12 M. le Président (interprétation): Un commentaire. L'évaluation qui est
13 faite ici nous intéresse peut-être.
14 Pourriez-vous nous aider, Général? Je parle de l'évaluation de la
15 situation qui est faite pour la journée du 17 janvier, page K0223030. Cela
16 commence par les mots suivants: "La zone autour de Stimlje est un
17 véritable brandon, est un point très chaud avec la découverte de plus 40
18 cadavres à Racak. Nous nous attendons à ce que l'UCK prenne des mesures de
19 représailles contre les forces qui se trouvent dans l'en zone et contre
20 les cibles qui se présentent dans le Kosovo. Le massacre apparent qui a eu
21 lieu dans le village de Racak indique que des civils serbes aient pu y
22 prendre part. Des soldats professionnels ou des forces du MUP devraient
23 normalement mener à bien de telles atrocités, étant donné les accords que
24 cela suppose. L'OSCE se trouve au Kosovo. Par conséquent, les observations
25 qui ont été faites par des villageois, de civils serbes, tendent à
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1 démontrer que ceux qui sont responsables n'étaient pas des forces
2 contrôlées par le Gouvernement qui ne peut donc pas être tenu responsable
3 pour leurs actions". Pouvez-vous nous donner plus d'informations sur ce
4 point?
5 M. Drewienkiewicz (interprétation): Bien des hypothèses ont été émises sur
6 ce point. Nous n'avons pas pu, par la suite, corroborer ce qui est évoqué
7 ici. C'est une évaluation qui est faite de la situation mais, quand on
8 fait une évaluation de la situation, en fait, la personne qui est chargée
9 de mener à bien cette évaluation essaie, à un moment précis, d'envisager
10 ce qui peut se produire à l'avenir. Cela suppose qu'il se lance dans
11 toutes sortes d'hypothèses parce qu'il essaie de savoir ou de deviner ce
12 qu'il va se produire ultérieurement. Tout ce dont nous avons parlé jusqu'à
13 présent sont des choses factuelles mais, dans le rapport d'évaluation, le
14 rédacteur du rapport essaie de lire les cartes, si vous voulez, et essaie
15 de voir quelles pourraient être les implications du rapport qu'il vient de
16 rédiger. Il s'agit pour lui d'essayer d'attirer l'attention du responsable
17 des missions sur la zone où la présence de la mission pourrait être
18 nécessaire.
19 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.
20 M. Nice (interprétation): Paragraphes 202 et suivants, nous y viendrons
21 très rapidement. Vous vous êtes rendu à Stimlje le 17 janvier. Maisonneuve
22 se trouvait à Racak, il était chargé d'observer la situation sur place.
23 Ensuite, vous vous êtes rendu au poste de police et vous y avez rencontré
24 Bogoljob Janisevic et une femme, un juge, Mme Danica Marinkovic de
25 Pristina. C'est bien cela, n'est-ce pas?
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1 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, c'est exact. Cette réunion, nous
2 en avions convenu la veille, lors de la réunion avec Loncar. Loncar avait
3 déclaré: "Ecoutez, nous devons encore nous rendre sur place et assumer nos
4 obligations légales". Nous nous étions mis d'accord pour que j'entre en
5 contact avec les personnes qui devaient se rendre sur le terrain pour
6 essayer de calmer un petit peu le jeu et d'empêcher que la situation
7 devienne une situation critique.
8 Question: Pourriez-vous nous dire quelle a été la réaction de cette femme
9 juge?
10 Réponse: Elle pensait qu'elle devait se rendre sur place avec un grand
11 nombre de policiers pour assurer sa sécurité personnelle. Moi, je lui
12 disais qu'elle serait beaucoup plus en sécurité si elle nous accompagnait
13 et si elle n'était pas suivie justement de toute une troupe de policiers.
14 Parce que je pensais qu'à la lumière de ce qui venait de se passer, un
15 grand groupe de policiers serait ressenti comme une provocation, plus que
16 comme autre chose, et je pensais qu'elle n'avait absolument pas besoin
17 d'une escorte policière puisque nous étions là pour garantir sa sécurité.
18 Question: Est-ce qu'elle s'en est remis à vos conseils? Est-ce qu'elle a
19 choisi de ne pas être accompagnée de policiers?
20 Réponse: Non. Lorsque je suis entré dans le détail et que je lui ai dit:
21 "Ecoutez, si vous allez sur le terrain avec des policiers, non seulement
22 vous allez vous mettre en danger, mais vous allez lancer un nouveau cycle
23 de violence. Il y aura encore des blessés, encore des morts". Elle a dit:
24 "Si cela doit être le cas, qu'il en soit ainsi".
25 Moi, à ce stade, j'avais déjà pris les mesures nécessaires pour que mes
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1 collaborateurs se rendent dans le village, et je lui ai dit: "Ecoutez, si
2 vous êtes absolument déterminée à vous rendre dans le village, accompagnée
3 d'une grande escorte policière, vous devez au moins me donner le temps de
4 retirer mes collaborateurs de la zone parce que vous devez comprendre que,
5 si vous agissez ainsi, il y aura des coups de feu et des tirs qui seront
6 essuyés".
7 Elle a fini par donner un ordre au commandant de la police qui se trouvait
8 dans la pièce avec nous. Elle lui a demandé de donner un ordre: il fallait
9 que les policiers se rendent dans le village. Et c'est là que j'ai dû me
10 tourner vers Ciaglinski, je lui ai demandé de prendre son poste-émetteur
11 pour avertir mes collaborateurs de la nécessité de quitter le village mais
12 il n'a même pas eu le temps d'avertir toutes les personnes qui se
13 trouvaient sur place de quitter le village.
14 Question: Je crois que, ce que vous aviez prévu, s'est effectivement
15 passé, n'est-ce pas, lorsque cette personne s'est rendue dans le village
16 avec son escorte?
17 Réponse: L'UCK se trouvait dans le village. La présence de l'UCK était
18 assez importante. Suite à cela, elle n'a pas pu se rendre dans le village.
19 L'un des véhicules qui l'accompagnaient a -je crois- été atteint par une
20 grenade lancée au moyen d'un lance-roquettes. Le convoi a dû faire demi-
21 tour et faire une nouvelle tentative le lendemain.
22 Question: Intercalaire 36, s'il vous plaît.
23 (Intervention de l'huissier.)
24 Nous parlons maintenant du 18 janvier.
25 Réponse: C'est la déclaration du gouvernement yougoslave qui dit que
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1 Walker est une persona non grata. Il reçoit un ultimatum et il doit
2 quitter les lieux dans les prochaines 48 heures?
3 Question: Au-dessus de cela, on voit un certain nombre d'observations qui
4 portent sur ce Tribunal qui n'est pas compétent pour le Kosovo et pour
5 tout ce qui s'y produit, n'est-ce pas?
6 Réponse: C'est exact; une observation que je partageais pas.
7 Question: Très bien. Nous passons maintenant à l'intercalaire n°37:
8 Rapport journalier pour la journée du 18 janvier.
9 Réponse: Ce rapport émane d'Orahovac. Ce qu'il essaie de dire, c'est qu'il
10 ne fallait pas être totalement obsédé par ce qui se passait. Il était
11 important que, dans le reste de la région, la KVM continue sa mission
12 aussi normalement que possible. Il était important de mener à bien nos
13 activités de collecte d'informations et d'établissement de rapports.
14 Question: Il y a quelque chose que je n'ai pas évoqué, mais cela semble
15 assez apparent après tout ce que nous avons lu et vu sur la séquence. Vous
16 ne portiez jamais d'armes, n'est-ce pas?
17 Réponse: Non, nous ne portions pas d'armes.
18 Question: Vous étiez complètement désarmés?
19 Réponse: Complètement.
20 Question: Même si certains de vos véhicules étaient équipés de certains
21 équipements légers?
22 Réponse: Nous avions des Peugeot, des véhicules tout à fait habituels. Et
23 puis des jeeps qui étaient blindées, comme nous les appelions en riant; en
24 fait, le châssis était un peu renforcé et les vitres un peu plus épaisses
25 que d'habitude, ce qui ralentissait la balle mais qui ne l'empêchait pas
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1 d'atteindre une personne si elle était visée. La jeep avait des portes un
2 peu plus robustes que d'habitude, mais il ne s'agissait en aucun cas de
3 véhicules blindés au sens propre du terme. Ce n'étaient pas des véhicules
4 qui en imposaient, en aucun cas.
5 Question: Nous passons à l'intercalaire n°38.
6 Je vais demander d'abord que le document original soit placé sur le
7 rétroprojecteur, ainsi chacun pourra le voir; ensuite, nous verrons la
8 version anglaise de ce document.
9 Mon Général, il s'agit bien ici, n'est-ce pas…?
10 Réponse: Il s'agit de ce qui a été rédigé par les autorités de la RSFY à
11 propos d'une réunion qui s'est tenue entre Loncar et moi-même, le 19
12 janvier, soit -ai-je besoin de le préciser?- deux jours après le dimanche
13 au cours duquel le juge d'instruction et moi-même avons débattu de la
14 nécessité pour elle de se rendre à Stimlje, accompagnée d'une centaine de
15 policiers.
16 Question: Nous voyons en bas de la première page, notamment dans la
17 traduction, au n°2, votre récit de ce qui s'est passé; et vous expliquez
18 ce vous a dit le juge Danica Marinkovic?
19 Réponse: Oui. Moi, je disais simplement qu'il y avait tentative en fait de
20 faire monter encore d'un cran le niveau de violence. En fait, au cours de
21 ces réunions, il était devenu tout à fait coutumier de rentrer dans le
22 détail de ce qui s'était passé. Au départ, nous avions essayé de nous
23 cantonner à des descriptions générales, mais cela n'avait pas du tout duré
24 et, désormais, un grand degré de détails était exigé du général Loncar et
25 de ses collaborateurs.
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1 On se rendait donc toujours dans ces réunions avec tous les papiers
2 possibles et imaginables; et on s'attendait à se voir poser toutes sortes
3 de questions. Il ne suffisait pas de dire: "Ecoutez, arrêtez de vous
4 livrer à ces pillages" ou "Essayez de prendre des mesures qui empêcheront
5 vos hommes de piller!". Il fallait dire: "Merci de prendre des mesures qui
6 empêcheront de se livrer à des actes de pillage, tels que ceux qui se sont
7 déroulés mercredi dernier à tel ou tel endroit, avec telles ou telles
8 personnes". Il fallait toujours être à même de fournir un grand degré de
9 détails.
10 Question: Nous voyons à la page 3, au point 3.1, une référence qui est
11 faite non seulement au fait que Walker est déclaré persona non grata, mais
12 on voit également qu'il est indiqué quelque chose à propos du Procureur
13 Louise Arbour, Procureur de ce Tribunal?
14 Réponse: Oui. L'objectif de cette réunion était de voir quelles pouvaient
15 être les intentions du gouvernement yougoslave, notamment, pour ce qu'il
16 en était de Walker. Evidemment, le fait que Walker ait été déclaré persona
17 non grata avait eu un effet assez spectaculaire et, bien sûr, cela avait
18 eu un impact sur notre capacité à mener à bien notre mission. Nous étions
19 préoccupés par le fait que Walker ne soit que l'une des personnes qui
20 allaient être déclarées comme personnes non désirables. Walker avait
21 décidé de rester à Pristina, de ne pas trop se faire remarquer. Nous
22 pensions qu'il pouvait y avoir tentative de raid sur les locaux à
23 Pristina, les locaux de la KVM, et qu'il y aurait peut-être tentative
24 d'appréhender Walker. Il semblait important de faire toute la lumière sur
25 ce que les intentions des uns et des autres pouvaient être.
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1 Question: A la page suivante, on voit une référence faite à l'IRA et à
2 l'UCK. C'était quelque chose qui se produisait souvent, n'est-ce pas?
3 Réponse: Oui, on établissait souvent un parallèle entre l'IRA et l'UCK.
4 Là, on parlait du fait que l'UCK ne pouvait être considérée comme une
5 armée.
6 Moi, j'ai déclaré que, dans le cadre de nos opérations en Irlande du Nord,
7 ce qui nous préoccupait le moins, c'était de savoir comment il fallait
8 désigner l'IRA. Mais c'est effectivement quelque chose qui était souvent
9 évoqué.
10 Question: Y a-t-il eu un rapport détaillé fait sur la façon dont toutes
11 ces personnes étaient mortes?
12 Réponse: Aucun rapport de ce genre.
13 Question: Merci. Nous en venons maintenant à l'intercalaire… Excusez-moi
14 un instant. Nous passons au 21 janvier.
15 L'ambassadeur s'entretient avec vous, suite à une réunion qui s'est tenue
16 avec Sainovic?
17 Réponse: Oui, il s'agit d'un appel téléphonique et, au cours de cet appel,
18 Walker m'a dit que Sainovic l'avait informé de ce qu'il avait appelé
19 "l'issue tout à fait satisfaisante de l'opération de Racak", opération
20 s'étant déroulée dans l'après-midi du 15 janvier. A cette date, le
21 gouvernement yougoslave ne reconnaissait en rien que quelque chose de très
22 grave s'était produit, qu'un acte répréhensible avait été commis.
23 Question: Nous passons à l'intercalaire 39, référence de l'accusation
24 2800.
25 Il s'agit d'un rapport que vous avez rédigé qui couvre la période
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1 s'étendant jusqu'au 19 janvier?
2 Réponse: Effectivement, nous avons là encore un rapport détaillé portant
3 sur les incidents qui se sont produits dans d'autres zones du Kosovo, y
4 compris une opération menée conjointement par le MUP et par la VJ, dans la
5 zone de Gllogovac qui se trouve, à peu près, au centre du Kosovo. On fait
6 état d'une très grande violence et je pense pouvoir dire que c'était très
7 représentatif de ce qui se passait à l'époque. Encore une fois, je peux
8 dire que Stimlje n'était pas un incident isolé.
9 Question: Nous passons à l'intercalaire 40.
10 Passons sur un certain nombre de réunions que vous avez eues, de
11 déplacements. Ce qui nous intéresse, c'est la situation générale.
12 Maintenant, c'est un rapport du 28 janvier qui fait état d'un événement
13 qui a eu lieu à Djakovica, n'est-ce pas?
14 Réponse: Effectivement.
15 Question: C'est dans la partie supérieure du document que cela se trouve?
16 Réponse: Oui, en fait, c'est au bas de la page 2. "Un certain nombre
17 d'incidents ont eu lieu sur la zone frontalière de Djakovica à Prizren.
18 Vers minuit, le 27 janvier, une patrouille de police comptant six hommes a
19 essuyé des tirs et a riposté sur un groupe d'hommes armés dans la zone de
20 Djakovica." C'est la zone, près de Prizren, à l'ouest, près de l'Albanie.
21 "Deux policiers ont été blessés et deux membres de l'autre groupe,
22 apparemment l'UCK, ont été tués".
23 Je pense que cet événement est lié à l'événement qui a eu lieu à Rogovo,
24 24 heures plus tard, parce que, tout ceci se déroulait dans la même zone.
25 M. Nice (interprétation): Et Rogovo, c'est un lieu où un incident
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1 important a eu lieu, qui est peut-être passé inaperçu à cause d'autres
2 événements, n'est-ce pas? Est-ce que l'on pourrait voir des photographies?
3 M. le Président (interprétation): Il est 16 heures. Je me demande si les
4 interprètes accepteraient que nous travaillions jusqu'à 16 heures 10.
5 Les interprètes: Oui.
6 M. le Président (interprétation): Merci.
7 M. Nice (interprétation): Paragraphe 216: Rogovo?
8 M. Drewienkiewicz (interprétation): Permettez-moi de revenir à ce qui
9 s'est passé en début de journée, lorsque nous avons rencontré les
10 responsables des centres régionaux.
11 Chaque fois qu'on les rencontrait, il se passait une catastrophe mais, en
12 tout cas, on nous a dit qu'il s'était passé quelque chose de grave à
13 Rogovo. C'était à seulement quelques minutes de trajet en voiture depuis
14 Prizren. Je m'y suis rendu tout de suite, dès que je me suis rendu compte
15 que les informations que nous recevions étaient de plus en plus
16 alarmantes. On apprenait qu'il y avait des morts et que l'incident était
17 véritablement très grave. Lorsque je suis arrivé dans ce village, à
18 environ 13 heures 20, Loncar était sur place. Il était visible que c'est
19 lui qui donnait les ordres. Il a donné des instructions à des policiers
20 qui étaient à cet endroit. Nous sommes allés le voir. Il a répondu aux
21 questions que nous lui posions. On a compris que c'était lui qui
22 commandait. Il y avait là des policiers de deux sortes.
23 Il y avait ceux que je qualifierais "de policiers ordinaires", qui
24 portaient des uniformes bleus, et il y avait également un groupe d'hommes
25 qui portaient des salopettes grises, des sortes de tenues de saut; il me
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1 semble qu'ils avaient des écussons ou des épaulettes. J'ai eu l'impression
2 qu'il s'agissait d'hommes appartenant à des unités antiterroristes parce
3 que nous n'avions encore jamais vu d'hommes portant ce type d'uniforme et
4 se livrant à des activités de police. De plus, ils paraissaient en
5 meilleure forme, ils paraissaient mieux formés, mieux armés que les
6 policiers ordinaires. Au moment où nous étions là, eux étaient sur le
7 départ.
8 Nous nous sommes tenus en dehors d'un complexe et c'est là qu'on nous a
9 gardés jusqu'à ce qu'un juge d'instruction vienne de Djakovica. Il a
10 procédé à une inspection des lieux. Je dois dire que son inspection a été
11 vraiment brève et des plus sommaires, vu ce qu'il y avait à l'intérieur.
12 Mais lorsque nous sommes entrés dans la cour, lorsqu'on nous a permis
13 d'entrer dans la cour de cette ferme, nous avons vu un minibus dans lequel
14 se trouvaient cinq corps. Il y avait deux corps à l'extérieur.
15 Question: Je pense qu'il sera plus facile, même si cela sera peut-être
16 assez pénible pour certains, d'examiner les photographies qui se trouvent
17 à l'intercalaire 71. Peut-être pourrez-vous nous relater les événements
18 pendant que nous examinons ces photographies.
19 Il y a, en tout, sept photographies ou six. Choisissez celles qui vous
20 permettent le mieux de relater les événements. La photographie dont la
21 cote se termine par le chiffre 59, représente le bus.
22 Réponse: Ici, on voit ce que j'ai vu lorsque je suis entré dans la cour.
23 Comme on peut le remarquer, à l'intérieur du bus, vous avez un certain
24 nombre de cadavres. Et il y a des flaques de sang, ici, à l'endroit que
25 j'indique. Et le sang qui est dans le bus se déverse dans ces flaques. A
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1 ce moment-là, dans le bus, il y avait cinq cadavres. Il y avait deux
2 cadavres à proximité du bus. Il y avait cinq autres cadavres dans un
3 appentis non loin de là et, au moment où nous nous trouvions sur place, on
4 procédait au rassemblement des corps. On avait l'impression d'assister à
5 une scène de fin de partie de chasse.
6 Et ici, vous voyez ce policier -que je vous indique du doigt- et on voit
7 très bien que l'uniforme qu'il porte n'est pas l'uniforme d'un policier
8 ordinaire; c'est la salopette que j'ai décrite, la salopette gris clair.
9 Question: Vous nous avez parlé de l'uniforme de ces gens que vous avez vus
10 à votre arrivée, des gens en meilleure forme, qui portaient ces uniformes.
11 C'est ce dont vous parliez?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Et on voit presque le brassard qu'il porte?
14 Réponse: En tout cas, ce qu'on voit sur ce brassard, c'est qu'il est
15 rouge, blanc et bleu.
16 Question: Il y avait des armes à feu à côté des corps: avez-vous des
17 explications à ce sujet?
18 Réponse: Les armes ont été placées à côté des corps, mais, à ce moment-là,
19 les corps avaient déjà été déplacés. J'ai compté 12 armes, alors qu'il y
20 avait 25 morts. Le général Loncar m'a dit que tout le monde, tous ces gens
21 étaient armés, mais j'ai mis un point d'honneur à compter le nombre
22 d'armes et il n'y en avait que 12.
23 Question: Est-ce que les chaussures présentent un intérêt particulier sur
24 ce site?
25 Réponse: Eh bien, on constate ici que cet homme porte des bottes en
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1 caoutchouc. Ce ne sont pas les chaussures idéales pour traverser les
2 collines. Ici, nous avons quelqu'un qui est chaussé de ses savates, comme
3 celui-ci. Donc je ne sais pas ce qu'il faisait au moment où cela s'est
4 produit, mais, en tout cas, il n'était pas en tenue de combat.
5 Question: Il y a une autre photographie, un plan général. Là, nous voyons
6 des uniformes supplémentaires. Non, je ne pense pas à cette photographie
7 mais à l'autre.
8 Réponse: Oui, effectivement, cette photographie-ci, en haut de cette
9 photographie. Ici, on voit les différents uniformes: ici, nous avons un
10 soldat de la VJ et, là, l'homme qui porte cette tenue de saut. Vous avez
11 ici un uniforme de combat de la police ordinaire et, là, vous avez l'agent
12 de la circulation.
13 Ceci nous donne une idée de la diversité des uniformes, de la différence
14 entre ces uniformes. Ceux que l'on voyait d'ordinaire, c'étaient ceux-ci
15 que je vous indique, ces deux-là. Le troisième portait un uniforme que
16 l'on ne rencontrait que rarement.
17 Question: Au centre de la photographie, en vert?
18 Réponse: Eh bien, il s'agit d'un soldat de l'armée yougoslave. Je pense
19 que c'était un des soldats qui escortaient Loncar.
20 Question: Maintenant, reportons-nous à l'intercalaire n°41.
21 Réponse: Ici, nous avons un rapport depuis Prizren au centre régional de
22 Pristina. On décrit ici les événements de Rogovo, au cours desquels, comme
23 je l'ai déjà dit, 25 Albanais ont été tués et un policier a été tué, un
24 policier serbe.
25 Question: Ce rapport, établi au moment des faits, nous rapporte...
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1 Réponse: Oui, on peut le lire: "La force utilisée était disproportionnée.
2 Il n'y avait pas de membres de l'UCK. Peu de signes indiquent qu'il y a eu
3 riposte. Il n'y avait pas d'armes lourdes. D'autre part, on peut se poser
4 des questions quant à la présence du MUP dans ce village, à 6 heures du
5 matin: d'où venait l'UCK, etc. Voici les questions qui figurent dans ce
6 rapport que je viens de lire.
7 Il y a quelque chose qui mérite réflexion. Premièrement, ces 25 personnes
8 qui ont trouvé la mort du côté albanais, eh bien, cela ne correspond pas à
9 ce qui se passe lorsqu'il y a des tirs, des combats, entre deux parties
10 belligérantes. On peut s'attendre à voir dans ces situations autant de
11 blessés que de morts, voire même plus de blessés que de morts. Il était
12 donc inhabituel de constater que personne n'avait été blessé lors de ces
13 échanges de tirs. Ceci nous a amenés à penser ou à soupçonner que peut-
14 être tout le monde n'avait pas été tué au moment des combats.
15 M. Nice (interprétation): Personne n'a été capturé vivant?
16 M. Drewienkiewicz (interprétation): En effet. Et si l'on examine le nombre
17 d'impacts de balle sur le minibus et l'état du bus, eh bien, on voit que
18 les forces de sécurité n'ont pas retenu leurs coups. Le juge d'instruction
19 a mis au maximum 1 heure 5 pour inspecter les lieux. Vous avez vu, d'après
20 les photographies, qu'on pataugeait dans le sang, dans la boue; donc une
21 étude scientifique d'une scène de crime de ce style aurait dû prendre
22 beaucoup de temps, mais cela n'a pas été le cas, ou ne semble pas avoir
23 été le cas.
24 J'en conclus donc que les personnes qui ont été tuées avaient peut-être
25 des liens avec l'UCK, pour certaines d'entre elles, mais il semble que ces
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1 personnes n'aient pas opposé une résistance importante ou n'aient pas
2 riposté. Sinon, il y aurait eu plus de blessés du côté des policiers.
3 M. le Président (interprétation): Oui?
4 M. Nice (interprétation): Nous avons traité de beaucoup de questions avec
5 le Témoin et, étant donné que nous avons parlé de l'OSCE, quand nous
6 aurons d'autres témoins qui parleront de cela, nous irons beaucoup plus
7 vite.
8 Bien que cela ne soit pas tout à fait pratique, le Témoin pourra nous
9 rejoindre de nouveau lundi parce que demain nous n'allons pas siéger
10 l'après-midi.
11 M. le Président (interprétation): Nous allons siéger de 9 heures à 13
12 heures, donc pas une journée d'audience complète. De combien de temps
13 avez-vous besoin, à votre avis?
14 M. Nice (interprétation): Je pense en avoir terminé de l'interrogatoire
15 principal d'ici la première pause; peut-être même la seule pause.
16 M. le Président (interprétation): Fort bien.
17 Nous suspendons l'audience et nous nous retrouverons ici même demain à 9
18 heures, mon Général.
19 (L'audience est levée à 16 heures 15.)
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